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Statue of Liberty, New York City. VisualHunt

Afficher ses valeurs : une présentation de soi

Dire agir au nom de valeurs

Peut-on dans un même temps « poursuivre » des valeurs libérales, comme la réussite individuelle, et des valeurs sociales, comme la protection des plus fragiles ? Le débat est singulièrement d’actualité en France, même si ce type de projet est historiquement récurrent.

La réponse est bien entendu totalement différente si l’on se place du point de vue de la cohérence entre valeurs professées ou du point de vue de la cohérence entre valeurs professées et engagements effectifs d’activités, comme peuvent les approcher l’analyse historique et l’expérience ordinaire.

La question se pose à tous les niveaux : politique, économique, social, managérial..etc. Le discours des responsables d’organisations ou d’institutions, petites et grandes, est « naturellement » surinvesti en valeurs déclarées ; ce discours, s’auto-qualifiant souvent sur le registre du progrès, de la modernité, de la réforme entend jouer une fonction de distinction au profit de l’acteur qui énonce ces valeurs comme siennes, au détriment des acteurs avec lesquels il est potentiellement en concurrence ou en conflit.

Il est particulièrement fréquent dans des conjonctures de conquête ou de conservation du pouvoir : il en est un des outils.

Valeurs professées et valeurs agies relèvent d’espaces d’activités différents, même si ces espaces coexistent en situation.

Le présent texte, se situant dans une perspective d’analyse des activités et des discours ordinaires a pour objectif de clarifier les contours de ces espaces, et de mettre à distance le discours que les acteurs tiennent sur leurs propres « pratiques ». Il distingue valeurs-en-acte, valeurs mentalisées et valeurs déclarées. Il fait en particulier l’hypothèse que les discours que les acteurs tiennent sur les valeurs qui les feraient agir sont d’abord des exercices de présentation de soi Il s’interroge sur ce qu’il peut y avoir de commun à ces différentes acceptions, et sur les fonctions personnelles et sociales de la mobilisation des « valeurs ».

Penser que les valeurs fondent les actes est une croyance

Cette croyance est la plus répandue qui soit : elle envahit nos échanges quotidiens comme les programmes politiques. Elle est constitutive de notre culture : nos valeurs « fonderaient » nos actes. Cette posture domine la culture occidentale, savante et populaire. Elle est directement en lien avec le paradigme distinguant et hiérarchisant discours, pensée, action.

Pourtant, aucun fait ne permet de valider une telle croyance ; pas plus que les savoirs ne « s’appliquent » dans les actions, les valeurs ne sont « mises en œuvre » dans les actes. Par contre, elles leur sont souvent associées : elles constituent des référents pour les activités de pensée ou des références pour les activités de communication qui les accompagnent. Ces phénomènes sont subjectifs/sociaux : ce sont les sujets, individuels et collectifs, qui se représentent à eux-mêmes et à autrui leurs référents et leurs références comme étant ce qui détermine leurs actes.

Perpétuer la croyance selon laquelle ce serait les valeurs qui fonderaient les actes peut avoir des conséquences sociales. Confrontée à des problèmes de violence « endogène », la « société » les interprète souvent comme des carences de « transmission » de valeurs dans la famille ou à l’école. Se limiter à cette interprétation peut être risqué : en mettant en cause uniquement les agents éducatifs sans s’interroger sur le lien entre rapports sociaux et violence (Classes laborieuses, classes dangereuses 1958 Chevalier), cette attitude peut contribuer elle-même à la perpétuation de formes de violence endémiques.

Parler d’éthique et substituer cette dernière à la traditionnelle morale ne change rien à l’affaire : se référer à l’éthique ne fait que renforcer les phénomènes d’injonction de valeurs sociales en les subjectivant. Cette référence apparaît dans des contextes où les valeurs morales considérées comme traditionnelles sont susceptibles d’être frappées d’obsolescence (Terrenoire J.P. 1991) ; mais le nouveau discours ainsi énoncé peut se démonétiser autant que celui qu’il remplace (Terrenoire Sève, 9-10).

Ce n’est pas un hasard si le fondateur de Médecins sans frontières, Rony Brauman, parle ainsi de la conviction qu’il s’est « forgée au cours des années passées à MSF, que l’invocation éthique permet de ne pas penser » (Bonnafous-Boucher M., Pesqueux Y. dir., 1997, « Le phénomène éthique », Actes du colloque HEC-Collège International de Philosophie : L’évidence éthique, 128 p.) et si un responsable de ressources humaines en entreprise se demande « si la poursuite de la construction d’une éthique ne constitue pas un échappatoire à la souffrance de situations difficiles à vivre que l’on préfère éviter d’évoquer tant elles mettent en jeu non seulement des contraintes et des fonctionnements quotidiens moins nobles et moins agréables à contempler » (Delamaire dans Ignasse, Lenoir 1998, 53-54).

Valeurs-en-acte et préférences d’engagement dans les activités

Un premier usage de la notion de valeurs peut être repéré à partir de situations d’engagement d’activités. Dans beaucoup de cas en effet, l’engagement des sujets dans leurs activités ne donne pas forcément lieu de leur part ni à mise en représentation mentale ni à mise en discours, même s’il ne l’interdit pas. On pourra parler de préférences d’activité : pour un sujet et en situation, qu’est-ce qu’il importe de faire ou de réaliser ?

L’approche éthologique au sens large est alors pertinente : qu’est-ce que le sujet fait ? Quels sont ses comportements observables ? Quelles traces d’activité ? Pour la recherche les méthodes utilisables sont larges : méthodes ethnographiques, observations physiques, mesures, analyses de comportements, enregistrements, sélection de marqueurs linguistiques traduisant l’engagement..etc. Dans tous les cas, il s’agit de repérer ou de documenter l’intérêt pris par les sujets à leurs activités. La notion est alors proche des notions d’affect, d’ethos, de tendance d’activité ou d’action. On peut parler de valeurs-en- acte, c’est-à-dire de valeurs telles qu’on peut les inférer à partir du constat d’engagements d’activités, indépendamment des pensées ou des communications qui peuvent y être associées.

Ces préférences d’engagement se situent dans le champ des rapports-en-acte entre les sujets, leurs activités et leurs environnements. Elles se spécifient par l’introduction en situation d’un ordre, d’une hiérarchie : l’engagement dans une activité implique de fait un renoncement à d’autres activités possibles dans le même moment. Pour Lavelle, la préférence « est l’attribution de la valeur, l’opération par laquelle se constitue cet ordre hiérarchique qui montre la valeur à l’œuvre ».

Un bon exemple de ces valeurs-en-acte est donné par l’aménagement de l’habitat, espace organisateur d’activité par et pour ses habitants : le prix Pritzker d’architecture a été significativement attribué en 2018 à un architecte reconnaissant la participation-en-acte des habitants à la construction de leur habitation.

Les préférences d’activités sont le produit d’une histoire des sujets, et se transforment avec cette histoire. Elles les spécifient même si elles peuvent présenter un caractère individuel et/ou collectif. La notion d’ethos chez Bateson caractériserait un groupe humain dont les membres peuvent partager, souvent à leur insu les mêmes « façons », les mêmes « manières » physiques et sociales de se comporter. Les préférences d’engagement ne se transmettent pas par des discours, mais par la participation à des activités communes, et mieux encore par des émotions partagées par et dans ces activités, ce qui fait dire quelquefois que ces valeurs-là ne s’apprennent pas, mais se vivent.

Valeurs mentalisées et représentations d’actions

Dans d’autres cas, la notion de valeurs est utilisée pour désigner un travail mental effectué par les sujets individuels et collectifs qui construisent des représentations sur leurs propres engagements d’activités. On est alors dans le cadre de la conception d’actions, les actions étant définies comme des ensembles d’activités dotés d’une unité de sens par les sujets concernés. Les valeurs sont alors des représentations finalisantes, attributives de valeurs au sens de qualités ; ce sont les représentations que se font les sujets de ce qui, à leurs propres yeux, vaut « la peine » ou « le coup » d’être fait par eux dans une situation donnée.

Elles sont des conceptions du désirable qui ordonnent choix d’objectifs, stratégies, modes et moyens d’action. Le philosophe Polin parle de fin et la définit non pas comme « une simple valeur, mais une valeur choisie, une valeur réfléchie et chargée […] d’une intention pratique […] les fins sont des valeurs réévaluées ».

Les représentations finalisantes permettent l’attribution d’une qualité aussi bien à des objets, à des situations, à des sujets, à des événements qu’à des actions. Elles sont variables dans leur contenu et se transforment au fur et à mesure que se transforment les activités et les sujets.

La marque distinctive de ce travail est la présence donc d’opérations mentales, souvent appelée évaluations au sens large (notion de valuation chez J. Dewey). Il a éventuellement pour enjeu une alternative d’activités. Plus forte est la présence d’une telle alternative, plus ce travail de mentalisation semble important. Pour Curie, « S’il y a eu engagement, il y a eu dépassement d’un conflit » (2002, communication aux journées d’ergonomie de Bordeaux sur l’engagement).

Les représentations finalisantes sont « internes » aux sujets ; elles permettent la présentification d’activités et d’objets absents hic et nunc : expériences passées, éventuelles activités futures. Elles sont un lieu possible d’établissement de liens entre passé, présent et futur. Elles sont anticipatices (détermination d’objectifs, élaboration de projet) et/ou rétrospectives (évaluations au sens habituel).

Elles établissent un lien entre les représentations que les sujets se font de leurs activités et les représentations qu’ils se font d’eux-mêmes dans leurs activités. Ce sont aussi des représentations que les sujets s’adressent à eux-mêmes. De ce double point de vue elles relèvent des activités de conscience.

Pour Lavelle (ibidem), le propre de l’évaluation c’est de déterminer la valeur d’une chose et un tel caractère ne peut apparaître que dans son rapport avec « nous ».

De façon générale ces représentations relèvent des constructions de sens : dans le même temps, elles établissent des liens entre présent/passé/futur, entre sujets/activités/environnements,entre phénomènes mentaux/éprouvés/affects.

Le caractère personnel et auto-adressé des représentations finalisantes a été bien compris par certains chercheurs ou intervenants qui, plutôt que d’interroger directement les sujets sur leurs valeurs (attitude dominante qui ne recueille que des valeurs professées, déclarées, affichées), les interrogent sur les situations dans lesquelles « ils se sentent bien ». Ceci explique aussi le rapport spontanément fait par les sujets entre leurs propres personnes (leur « moi ») et les valeurs qu’ils « éprouvent ».

Valeurs déclarées et communications sur les engagements d’activité

Le terme de valeurs est utilisé encore aujourd’hui, et de plus en plus fréquemment, dans des situations où l’engagement des sujets dans leurs activités fait l’objet de discours, de communication, d’ostension à autrui.

C’est le cas des situations d’échange à des fins de présentation mutuelle, mais aussi d’écrits, privés ou publics relatifs à l’engagement des actions. Au niveau collectif, c’est le cas des communications interne et externe des responsables d’entreprises ou de collectivités. Au niveau plus individuel, et notamment en formation, ce peut être aussi le cas des situations d’analyse des pratiques, à l’occasion desquelles les participants disent souvent davantage ce qu’ils veulent faire que ce qu’ils font.

Dans ce genre de situation, un discours est tenu, par ceux qui l’énoncent, sur les valeurs censées les animer. On peut parler de valeurs dites, formalisées, affichées, signifiées. Nous parlerons de valeurs déclarées : celles-ci correspondent à ce que pour les sujets il importe de dire relativement à leurs engagements dans des activités.

Ce sont bien des communications. Les valeurs énoncées n’appartiennent pas au monde des constructions de sens des sujets qui les énoncent, mais à l’univers des significations qu’ils proposent à leurs destinataires, en vue d’influer sur les constructions de sens de ces derniers. C’est moins leur contenu qui compte que la fonction que leur donnent ceux qui les énoncent, et l’interprétation qu’en font ceux à qui ils s’adressent.

Ces communications sont doublement des images : des images d’activités, et dans le même temps des images de soi proposées à autrui. Ce sont en fait des ostensions de soi à autrui par le biais des images proposées des activités dans lesquelles les sujets disent être engagées.

L’énoncé sur ses propres valeurs est ainsi souvent une démarche d’affirmation de soi, qui rentre dans les stratégies de positionnement réciproque des acteurs et des sujets sociaux.

Au niveau collectif la discussion sur les valeurs est un moyen très efficace pour accroître la cohésion d’un groupe social et la cohérence de son discours. L’affirmation de valeurs est souvent un outil de positionnement des groupes sociaux et acteurs collectifs. On est alors proche des notions de culture et d’identité collective. Dans les situations de conflit entre groupes humains on voit significativement réapparaître des discours surinvestis en valeur : ce fut le cas manifeste lors de la première guerre du Golfe avec les protagonistes du conflit, Saddam Hussein et Georges Bush.

Un caractère commun : les valeurs sont des doubles rapports

Que les valeurs soient en acte, mentalisées ou déclarées, elles présentent deux caractéristiques communes :

Ce sont des rapports entre sujets/activités/environnements.

Directement ou indirectement donc, les valeurs sont relatives à des engagements d’activité des sujets en situation. C’est dans l’activité que les objets du monde, physiques, sociaux, symboliques, font l’objet d’appréciations-en-acte, mentales, discursives. Ils deviennent « significatifs » dans et par l’activité.

Une activité singulière ne peut être comprise que située plus largement dans l’activité du sujet, à un moment de son histoire. Pour Lavelle (ibidem) ce serait l’être dans son rapport avec l’activité. Elle peut être potentielle, en cours, ou réalisée. Elle se situe au point de rencontre entre réel, actuel et potentiel.

Sans l’exercice d’une activité il n’y a pas de substrat possible pour les valeurs. De ce point de vue il n’existe aucune objectivité des valeurs : elles sont obligatoirement rapportées à des sujets et à des situations. Dans des démarches d’analyse des activités, les valeurs sont obligatoirement relatives à des rapports entre sujet/activités/environnements. L’implication du sujet peut être décrite comme un ensemble d’éléments mutuellement dépendants par et dans l’activité. La valeur, écrit encore L. Lavelle (ibidem, 248), « n’est ni un objet, ni un concept, et n’est connue que si elle est vécue ».

Les valeurs sont aussi des rapports entre ces rapports

La référence à Lavelle est là encore essentielle : dans son Traité des valeurs, il écrit de façon éclairante (ibidem,513) :

« La préférence qui exprime d’abord le rapport des choses avec moi exprime encore le rapport des choses entre elles en tant qu’elles ont du rapport avec moi. Ces deux sortes de rapports sont inséparables. Ainsi pourrait-on dire de la préférence qu’elle est un rapport entre les rapports. »

Utilisée dans des démarches d’analyse des activités, la notion de valeurs suppose obligatoirement l’établissement d’une comparaison entre plusieurs types de rapports sujets/activités/environnements. Comme déjà indiqué, s’engager dans une activité c’est renoncer à d’autres types d’activités que cette renonciation soit consciente, explicitée ou non.

« On peut dire que le mot valeur s’applique partout où nous avons affaire à une rupture de l’indifférence ou de l’égalité entre les choses, partout où l’une d’elles doit être mise avant une autre ou au-dessus d’une autre, partout où elle est jugée supérieure et mérite de lui être préférée »(Lavelle, ibidem,3).

Toutes les notions se situant dans l’espace sémantique des valeurs comportent la référence à un ordre à une échelle structurée par deux pôles permettant l’établissement de rapports, de comparaisons entre ces activités ou champs d’activités (Boltanski, Thevenot).

Les valeurs sont l’établissement d’un ordre ; elles sont forcément hiérarchiques, elles font système ; elles permettent la détermination de positions relatives au sein de ces systèmes.

Cet ordre peut éventuellement donner lieu a posteriori à quantification, comme on le voit dans le domaine de la fixation des prix ou de l’évaluation-mesure. On est alors en présence d’une sorte de quantification de la qualité.

Au total le champ sémantique des valeurs, au sens large, se spécifie par l’établissement ou la présence d’un rapport d’ordre, de hiérarchie pour des sujets dans un ensemble de rapports sujets/activités/environnements.

Une transformation solidaire ?

Malgré leur différence de statut, des liens peuvent être repérés entre valeurs-en-acte, valeurs mentalisées et valeurs déclarées dans le développement de l’activité globale d’un sujet. Ces liens apparaissent en particulier à l’occasion de leur transformation, et les émotions jouent un rôle essentiel dans cette transformation/intégration.

Plusieurs observations peuvent être faites sur ce plan :

  • Valeurs-en-acte, valeurs mentalisée et valeurs déclarées sont en perpétuelle transformation. Contrairement à la position « objectiviste » sur les valeurs, l’histoire des sujets individuels et collectifs montre à la fois une unité globale de leur activité et de leurs représentation de soi, et une constante évolution de leurs valeurs. La caractéristique d’unité dans les changements ressemble en tout point à la définition eriksonnienne de l’identité

  • Chaque fois que l’on constate de telles transformations, on constate également la présence de ruptures ou d’écarts entre le cours habituel d’activité du sujet et une expérience en cours, remettant en cause les rapports sujets/activités/environnements et leur hiérarchie.

  • Les émotions sont à la fois des ruptures/suspensions/transformations de l’activité en cours et des transformations des constructions de sens et éventuellement des verbalisations que les sujets opèrent à cette occasion. L’émotion est, aux yeux de P. Livet (2002,23) :

« La résonance affective, physiologique et comportementale d’un différentiel entre un ou des traits perçus (ou imaginés ou pensés) de la situation en cause, et le prolongement de nos pensées, imaginations, ou perceptions actuellement en cours. Ce différentiel est apprécié relativement à nos orientations affectives actuelles (désirs, préférences, sentiments, humeurs), que ces orientations soient déjà actives ou qu’il s’agisse de nos dispositions actuellement activables. Plus ce différentiel est important, plus l’émotion est intense. Il suppose une dynamique, qui peut simplement tenir à nos anticipations cognitives et perceptives, ou bien impliquer une mise en branle de nos désirs, ou enfin un engagement dans une action ».

  • Les émotions présentent de ce point de vue quatre caractères : elles sont individuelles et/ou partagées ; elles affectent les sujets de façon globale, quel que soit le domaine où sont apparus la rupture ou le différentiel ; elles peuvent avoir aux yeux des sujets un caractère relativement discret comme les « micro-émotions » à l’occasion d’échanges conversationnels, ou au contraire un caractère manifeste et reconnu, comme ce qu’il est convenu d’appeler les « expériences significatives » et mieux encore les « émotions fondatrices » ; elles sont vécues par les sujets comme des tensions, génératrices, au sens étymologique du terme (ex-movere), de nouvelles activités ou de nouvelles actions.

Les enjeux et fonctions de la mobilisation des valeurs

Si l’idée que ce sont les valeurs qui déterminent nos actes est une croyance souvent démentie on peut s’interroger sur la persistance de cette croyance. Quelles fonctions personnelles et sociales joue la mobilisation des « valeurs » ?

Pour aller plus loin dans cette direction, il faut probablement inverser le paradigme et considérer les valeurs comme des catégories de l’expérience humaine individuelle et collective.

Beaucoup de chercheurs et d’acteurs sociaux ont relevé que la référence aux valeurs joue souvent un rôle d’occultation des rapports sociaux et s’inscrit donc dans les stratégies réciproques des groupes sociaux.

Mais on peut d’interroger tout aussi bien sur les fonctions de l’adressage à soi des valeurs mentalisées, et sur les fonctions que cet adressage joue dans la reconnaissance du moi en activité. On peut s’interroger enfin sur les enjeux des engagements effectifs d’activités dans la création de situations de non-retour (ex : passage à l’acte).

Ce travail de problématisation à front renversé peut avoir des conséquences majeures sur la compréhension/qualification des violences contre soi et contre autrui, et cette compréhension peut à son tour accompagner des émotions/transformations d’attitudes.

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