tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/agroforesterie-25133/articlesagroforesterie – The Conversation2024-03-21T15:41:48Ztag:theconversation.com,2011:article/2213742024-03-21T15:41:48Z2024-03-21T15:41:48ZAu Mexique, comment une épidémie du caféier a accéléré la déforestation<p>Le café et le <a href="https://theconversation.com/quand-le-boom-du-cacao-au-liberia-pousse-a-la-deforestation-212576">cacao</a> font aujourd’hui partie de notre quotidien, mais la hausse de la demande mondiale pour ces deux produits tropicaux a des conséquences environnementales majeures. Traditionnellement cultivés au sein même de la forêt tropicale, dans des systèmes agroforestiers où les arbres fournissent aux plants de café l’ombre nécessaire à leur développement, café et cacao <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11625-014-0282-4">contribuent désormais de manière importante à la déforestation</a>.</p>
<p>Dans les tropiques, <a href="https://www.cifor.org/knowledge/publication/5167/">l’extension des zones agricoles est la première cause de déforestation</a>. Or les régions tropicales hébergent la majeure partie des <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1890/070193">espèces animales et végétales</a> sur notre planète : la perte de forêts tropicales a bien entendu un impact sur le réchauffement climatique, mais elle représente aussi une érosion irrémédiable de la biodiversité.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quand-le-boom-du-cacao-au-liberia-pousse-a-la-deforestation-212576">Quand le boom du cacao au Liberia pousse à la déforestation</a>
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<p>Les agroforêts <a href="https://www.profor.info/sites/profor.info/files/Coffee_Case%20study_LEAVES_2018.pdf">reculent depuis plusieurs décennies devant l’extension des monocultures</a>. Ces écosystèmes qui concilient production agricole et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167880913001424">préservation d’une partie de la forêt et de la biodiversité</a> qu’elle héberge, sont-ils donc voués à disparaître ? Comprendre les menaces qui pèsent sur ces systèmes culturaux est essentiel afin de limiter la déforestation en zone tropicale, mais les politiques agricoles ont aussi une responsabilité dans ces évolutions.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="photo de traces oranges sur une feuille de café" src="https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570573/original/file-20240122-15-qbmsk7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La rouille du caféier.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rouille_du_caf%C3%A9ier#/media/Fichier:Hemileia_vastatrix_uredinial_pustules.png">Par Carvalho et al./Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>La crise de la rouille du caféier au Mexique est une illustration de la vulnérabilité des systèmes agroforestiers et des conséquences environnementales parfois malheureuses de politiques agricoles. <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ajae.12441">Dans une étude récente</a>, nous nous sommes penchés sur les conséquences de cette maladie causée par un champignon microscopique (Hemileia vastatrix), sur la déforestation au Mexique, qui a augmenté en moyenne de 32 % par an entre 2012 et 2018, en particulier dans les zones où était pratiquée l’agroforesterie.</p>
<p>Mais la maladie n’est pas seule en cause : la déforestation accrue est aussi pour partie la conséquence de la stratégie de lutte sponsorisée par le gouvernement, qui repose sur le remplacement des caféiers traditionnels par des hybrides robustes à la rouille.</p>
<h2>Une épidémie massive</h2>
<p>Pour le comprendre, revenons sur la culture du café au Mexique. 9<sup>e</sup> producteur mondial en 2011, le pays produit principalement du café de qualité, de type arabica. Contrairement à ses voisins passés massivement à la monoculture de café de type robusta, le Mexique <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/64/5/416/2754235">comptait encore en 2012 80 % de plantations de café sous couvert arboré</a>, les plans d’arabica craignant le soleil à l’inverse des caféiers robusta.</p>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12571-015-0446-9">En 2012, une épidémie de rouille massive</a> a affecté le pays, probablement favorisée par des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0261219419303928">températures minimales élevées</a> et un mauvais état d’entretien des plantations alors que les prix internationaux du café étaient très bas.</p>
<p>Le champignon pathogène était présent au Mexique depuis plusieurs décennies, mais son évolution était jusqu’alors contenue : la violence de l’épidémie de 2012 a pris de court l’ensemble des acteurs. Entre 2012 et 2018 la rouille a gagné la quasi-totalité des exploitations du pays. Cette maladie ne tue pas les caféiers mais réduit drastiquement et durablement leur production en limitant leur capacité de photosynthèse.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571464/original/file-20240125-23-wcfkkt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Propagation de l’épidémie au niveau des municipalités, à partir de 2012.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://doi.org/10.1111/ajae.12441">Calculs des auteurs à partir de statistiques fournies par le SIAP, Mexique.</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Des cultivars résistants pour répondre à la crise</h2>
<p>Face à la crise du secteur, la réponse du gouvernement mexicain a consisté à promouvoir, à partir de 2014, le remplacement des caféiers traditionnels de type arabica, sensibles à la rouille, par des cultivars issus de croisement d’arabica et de robusta. Ces hybrides héritent des robusta la caractéristique de résister à la rouille.</p>
<p>Dans le cadre de ce programme nommé PROCAFE, des aides financières ont été versées aux producteurs afin de subventionner l’achat de plans, et aux pépinières pour qu’elles produisent en masse les cultivars résistants.</p>
<p>Mais ce programme mis en place pour répondre à l’urgence présente deux limites majeures : d’une part la résistance des nouveaux cultivars peut être contournée par la rouille, comme cela <a href="https://apsjournals.apsnet.org/doi/10.1094/9780890546383.009">a déjà été observé au Honduras et au Costa Rica</a>, d’autre part ces caféiers croisés de robusta sont mieux adaptés aux conditions de plein soleil qu’au couvert arboré.</p>
<p>Le programme a ainsi contribué à l’accélération de la déforestation au sein des agroforêts et leur transition vers la monoculture.</p>
<h2>Estimation de l’infestation</h2>
<p>En théorie, un choc négatif sur la production agricole, climatique ou épidémique comme dans le cas de la rouille, a un effet ambigu sur la déforestation. Il peut dans certains contextes <a href="https://www.jstor.org/stable/26269558">limiter la pression sur les forêts</a> en réduisant la profitabilité des exploitations agricoles et en induisant plus d’exode rural, ou à l’inverse <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1910719117">inciter les agriculteurs à accroître la surface de leurs exploitations</a> pour retrouver un niveau de production comparable à celui d’avant le choc.</p>
<p>Pour montrer l’effet causal de l’épidémie de rouille sur la déforestation au Mexique, nous avons utilisé dans notre étude la variabilité locale et temporelle du déclenchement de l’épidémie.</p>
<p>Nous avons également exploité le délai de mise en place du programme PROCAFE afin de tenter de cerner la responsabilité de cette politique agricole dans la transformation des zones de production de café.</p>
<h2>Déforestation accrue</h2>
<p>Nous avons utilisé les données statistiques sur le volume de production de café par municipalité pour détecter le déclenchement local de l’épidémie, en l’absence de données de suivi phytosanitaire. Nous avons pris comme signal d’infestation le constat de deux années consécutives de production anormalement basse, puis avons mesuré la déforestation à l’aide de <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1244693">données satellites renseignant l’évolution du couvert forestier</a> à une résolution fine de 30m par 30m, et croisé ces données avec une carte d’utilisation des sols produite par l’institut national statistique mexicain.</p>
<p>Les données de déforestation utilisées définissent un seuil de 5 mètres de hauteur pour distinguer un arbre d’autres types de végétation. Les plants de café en monoculture ne dépassent pas 5 mètres et ne peuvent être confondus avec des forêts. En revanche, les agroforêts denses traditionnelles où les caféiers sont cultivés sous couvert arboré, sont considérées comme de la forêt.</p>
<p>Nos résultats révèlent une progression de la déforestation plus forte dans les municipalités affectées par l’épidémie. Elle ne s’accompagne pas d’une hausse de la superficie agricole, mais a lieu pour partie au sein de zones boisées déjà consacrées à l’agriculture, c’est-à-dire très probablement des agroforêts… de café.</p>
<p>La déforestation est plus marquée dans l’État de Oaxaca qui comptait avant la crise une plus forte proportion de café cultivé en agroforesterie. Il semble donc que la crise de la rouille ait contribué à la diminution du couvert forestier dans les agroforêts de café.</p>
<h2>Politiques agricoles et incitations</h2>
<p>La responsabilité du programme PROCAFE est difficile à quantifier, mais différents éléments convergent pour établir sa contribution dans l’accélération de la transition des systèmes de culture traditionnels vers de la monoculture.</p>
<p>La diminution de couvert forestier est plus marquée à partir de 2014, soit après le lancement du programme PROCAFE, et touche à partir de cette date toutes les municipalités dans lesquelles la culture du café est pratiquée, qu’elles soient ou non touchées par l’épidémie.</p>
<p>Sachant que les subventions du programme visaient aussi le remplacement préventif des plants de café arabica susceptibles d’être infectés, la promotion et la subvention de cultivars hybrides a ainsi sans doute contribué à intensifier la production caféière et la déforestation dans les zones de café.</p>
<p>Les épidémies frappant les cultures agricoles sont vouées à se multiplier avec le changement climatique, qui diminue les défenses naturelles des organismes en les soumettant à un stress accru. Pour protéger les agroforêts, il est nécessaire de mieux prendre en compte les conséquences de long terme et les effets environnementaux des politiques agricoles, et donc d’anticiper les prochaines crises.</p>
<p>Notre étude illustre la fragilité des systèmes agroforestiers, menacés par le développement des monocultures industrielles. Les agroforêts permettent pourtant de concilier agriculture et préservation d’une partie de la biodiversité et constituent une source de <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2023212118">moyens de subsistance diversifiés</a> pour les populations autochtones. Leur préservation va donc au-delà des aspects environnementaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221374/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’épidémie de rouille de 2012 et la stratégie de lutte du gouvernement ont accru la déforestation dans le sud du pays, en accélérant la transition des agroforêts de café vers la monoculture.Isabelle Chort, Professeur d'économie, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Berk Öktem, Doctorant en sciences économiques, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1798502022-03-30T18:13:40Z2022-03-30T18:13:40ZDans le bassin arachidier du Sénégal, l’agroforesterie tente de retrouver sa place<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/454730/original/file-20220328-23-16kmxhu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un agriculteur dans sa parcelle d’arachide en cours de reboisement grâce à la technique de régénération naturelle assistée (RNA). Les jeunes arbres qui poussent spontanément dans les parcelles sont sélectionnés, marqués et élagués afin de stimuler une croissance verticale, permettant le déploiement des cultures sous la canopée en saison des pluies.</span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Du 7 février au 15 mars 2022, la <a href="https://theconversation.com/au-senegal-la-grande-caravane-de-lagroecologie-reprend-la-route-176575">Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal</a> (DyTAES) – réseau qui fédère l’ensemble des acteurs de l’agroécologie du pays – a entrepris une grande caravane pour rencontrer les agriculteurs et agricultrices du pays.</p>
<p>Après les <a href="https://theconversation.com/avec-la-caravane-de-lagroecologie-au-senegal-dans-la-zone-des-niayes-pour-aborder-la-gestion-de-leau-177076">Niayes</a> et la <a href="https://theconversation.com/quelle-agroecologie-pour-le-sahel-rencontre-avec-les-agropasteurs-du-nord-senegal-177850">zone sahélienne du Nord-Sénégal</a>, la caravane DyTAES a parcouru le bassin arachidier, une vaste zone d’agriculture pluviale située au centre du pays.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte des 45 départements du Sénégal de 2008 à 2021.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9partements_du_S%C3%A9n%C3%A9gal#/media/Fichier:Senegal,_administrative_divisions_in_colour_2.svg">Amitchell125 / Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Au cours des cinq étapes réalisées dans la zone – Ndiob, Fatick, Kaolack, Koungheul et Bambey –, les personnes rencontrées ont souligné l’urgence de lutter contre la salinisation des terres et de replacer l’arbre au cœur des systèmes de culture.</p>
<h2>Le bien nommé « bassin arachidier »</h2>
<p>Quittant la zone sahélienne et pastorale, la caravane progresse vers le sud le long d’un gradient bioclimatique marqué par une pluviométrie croissante et des paysages de plus en plus arborés. Passé la ville sainte de Touba, s’ouvre le bassin arachidier, une zone d’agriculture pluviale où les communautés Sérères cultivent des céréales sèches (mil, maïs, sorgho) et des légumineuses (arachide, niébé) en intégrant des activités d’élevage.</p>
<p>Traditionnellement, l’arbre constituait le véritable pivot du terroir du bassin. Les champs étaient constellés d’espèces ligneuses de différentes familles (Mimosacées, Bombacacées, Combrétacées) qui fertilisaient les sols, guérissaient les populations et alimentaient le bétail.</p>
<p>En particulier, les acacias de l’espèce <em>Faidherbia albida</em> (appelés aussi Kaad) fournissent des gousses nourrissantes en saison sèche et stimulent le développement des cultures de mil et d’arachide en saison des pluies. Olivier Roupsard, chercheur au Cirad, étudie les propriétés de cet arbre depuis de nombreuses années :</p>
<blockquote>
<p>« Faidherbia est l’arbre emblématique par excellence de l’agroforesterie des zones sèches : grâce à son cycle inversé, il garantit un fourrage très apprécié des animaux au moment crucial (en saison sèche) et n’entre pas en compétition avec les cultures en saison humide, ni pour l’eau, ni pour la lumière : au contraire, il les fertilise ! »</p>
</blockquote>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une parcelle d’arachide dans la commune de Ndiob. Une fois les fleurs fécondées, l’arachide enterre ses gousses où se développent les précieuses cacahuètes. L’essor des exportations d’huile d’arachide à partir des années 1960 a fait du bassin arachidier la première région agricole du Sénégal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">De haut en bas et de gauche à droite : Chandelles de mil prêtes à être récoltées au mois d’octobre. Pilage du mil pour séparer les grains du rachis. Récolte de l’arachide au mois d’octobre. À Niakhar, au cœur du bassin arachidier, une équipe de chercheurs Cirad-ISRA-IRD étudie l’impact du kaad (en arrière-plan sur la photo) sur les rendements du mil et de l’arachide. Conséquence de la pression démographique croissante, les kaad subsistent mais ne sont pas renouvelés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<p>Le flan sud-ouest du bassin arachidier est bordé par les fleuves Sine et Saloum, dont les eaux rejoignent la mer au niveau du delta du Saloum. Classé patrimoine mondial de l’Unesco, ce delta est un refuge pour les oiseaux migrateurs venus d’Europe et l’un des plus grands réservoirs de mangrove d’Afrique. Il sert également de lieu de reproduction et de croissance juvénile pour de nombreuses espèces de poissons. À chaque marée haute, l’eau salée fait incursion dans les terres et se mélange à l’eau douce dans un dense réseau de chenaux, jusqu’à 100 km dans les terres. Les populations des villes de Fatick et de Kaolack exploitent abondamment le sel qu’ils commercialisent partout au Sénégal.</p>
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<span class="caption">Une pirogue s’enfonce dans un dédale de boolong formé par les palétuviers. Les mangroves du Sine Saloum abritent une diversité exceptionnelle d’espèces d’oiseaux et poissons. Elles protègent également les terres contre les intrusions marines et l’érosion côtière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad ; Marie-Liesse Veirmeire/Cirad</span></span>
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</figure>
<h2>Déforestation, surpompage et salinisation… une note salée pour le bassin arachidier</h2>
<p>Les personnes consultées par la DyTAES ont souligné une régression significative des savanes arborées et des mangroves du bassin arachidier. Avec l’augmentation de la population, les besoins en bois-énergie et en terres cultivables ne cessent de croître. La dégradation des ressources forestières a été amorcée par la politique d’intensification de la culture de l’arachide menée par l’État sénégalais à partir des années 1960 : abattage des arbres, recours à la monoculture et aux engrais minéraux… ces changements ont entraîné une importante dégradation de la fertilité des sols et une vulnérabilité accrue face au changement climatique.</p>
<p>Dans les zones attenantes au delta du Sine Saloum, la montée des océans a provoqué des intrusions marines qui ont transformé des pans entiers du territoire en zones stériles. Dans l’arrondissement de Tattaguine, le pourcentage de terres salinisées atteint plus de 40 %. Le déficit vivrier qui s’est installé a engendré une pauvreté et un exode massif des populations vers les centres urbains.</p>
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<span class="caption">Dans la région de Fatick, le surpompage a provoqué la baisse et la salinisation des nappes phréatiques. Les sols salés occupent plus de la moitié des terres arables. Mal utilisée, l’eau devient source de déséquilibres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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</figure>
<p>À partir des années 1990, la crise du secteur de l’arachide a conduit le gouvernement sénégalais à construire de nombreux forages et à promouvoir le maraîchage dans le bassin arachidier. Cette politique de diversification économique et alimentaire a abouti à la multiplication de petits périmètres irrigués en marge des zones habitées. Le recours au maraîchage a apporté une indéniable amélioration du cadre de vie des populations, en particulier des femmes. Il dépend toutefois d’une ressource en eau dont l’avenir se révèle plus qu’incertain. Hamet Diallo, chef de projet pour l’ONG Gret, nous alerte :</p>
<blockquote>
<p>« Dans 25 ans, il n’y aura plus d’eau pour l’agriculture si nous continuons ainsi. »</p>
</blockquote>
<p>Le surpompage entraîne une baisse progressive des nappes phréatiques et par endroit leur salinisation, diminuant ainsi l’accès à l’eau dans les périmètres irrigués. Un diagnostic réalisé par le Gret a estimé que la consommation en eau des populations des communes de Notto Diobass et Tassette dépasse de 593 % ce que le rechargement naturel des nappes permet.</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">En marge des cultures pluviales, des périmètres d’agriculture irriguée se développent autour des 1200 forages qui composent le bassin arachidier, comme ici à Pout Ndoff, près de la ville de Thiès. La privatisation récente des forages étatiques a abouti à une augmentation du prix de l’eau agricole. Cela a conduit un nombre croissant de producteurs et productrices à réduire, voire abandonner, leur activité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454741/original/file-20220328-23-pg6ko6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454741/original/file-20220328-23-pg6ko6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=575&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454741/original/file-20220328-23-pg6ko6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=575&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454741/original/file-20220328-23-pg6ko6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=575&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454741/original/file-20220328-23-pg6ko6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=722&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454741/original/file-20220328-23-pg6ko6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=722&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454741/original/file-20220328-23-pg6ko6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=722&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Visite par la DyTAES du périmètre maraîcher agroécologique de Nderep (département de Bambey). Dans ce périmètre de 4 hectares, l’ONG AgriSud International accompagne 123 productrices et producteurs en transition vers l’agroécologie. Parmi les techniques promues par l’ONG, on peut citer les haies d’acacia melifera, le compostage, l’intégration des arbres fertilitaires, l’utilisation de biopesticides, les pépinières sur pilotis (en bas à gauche) et l’utilisation de filets anti-insectes (en bas à droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laure Diallo/Enda Pronat, Thierno Sall/Enda Pronat</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>S’appuyer sur la « régénération naturelle assistée »</h2>
<p>Pour reconstituer les parcs agroforestiers du bassin arachidier, plusieurs projets ont recours à une technique appelée « régénération naturelle assistée » (RNA).</p>
<p>La RNA consiste à encourager les communautés à mettre en défens et accompagner la croissance des jeunes arbres qui apparaissent spontanément dans les parcelles cultivées. Oumar Sylla, représentant de l’ONG Symbiose, a présenté une expérience en RNA réalisée dans les départements de Nioro et de Kaffrine :</p>
<blockquote>
<p>« Nous avons abandonné le reboisement qui mobilisait beaucoup de ressources et avait un taux de réussite très faible, pour adopter la RNA. »</p>
</blockquote>
<p>De 2016 à 2021, le projet a permis de protéger 10 000 arbres sur une surface de 998 ha, avec moins de 800 euros par ans. Le retour de l’arbre dans les terroirs s’accompagne de nombreux effets bénéfiques : amélioration de la fertilité des sols, diminution de l’érosion, régénération de la biodiversité et retours des pluies.</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Entre 2016 et 2021, l’ONG Enda Pronat a accompagné la régénération naturelle assistée (RNA) de 944 hectares de terres dans trois communes du bassin arachidier (Tattaguine, Diouroup, Diarrere). Des conventions locales de gestion durable des ressources naturelles ont été mises en place afin que les populations protègent les arbres issus de la RNA.</span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">À Ngouloul Sérère (département de Fatick), Diatta Diouf utilise des pneus recyclés pour concentrer les apports de fumier et d’eau au niveau des racines de ses pieds de piment. La cherté et la rareté de l’eau a conduit certains producteurs du bassin arachidier à innover pour économiser la moindre goutte d’eau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’agroécologie comme projet holistique</h2>
<p>Les caravaniers ont rencontré des pionniers qui abordent l’agroécologie dans sa globalité. Ils interviennent de façon coordonnée dans des domaines complémentaires – agriculture, élevage, énergie, formation – à l’échelle de leur ferme ou de leur territoire.</p>
<p>Lors de l’étape de Kaolack, l’agroécologiste Moustapha Mbow a offert une visite du Grenier du Saloum, une ferme-école qui forme les agricultrices et agriculteurs de demain à l’arboriculture fruitière, l’élevage (bovins, caprins, oies, poulets locaux…), le maraîchage, les grandes cultures (mil, maïs, arachide) et la transformation et commercialisation des produits agricoles.</p>
<p>À Ndiob, les caravaniers ont été accueillis par Oumar Ba, un maire qui a fait de sa commune une référence internationale en matière d’agroécologie. Oumar Ba a exposé clairement sa vision et son engagement :</p>
<blockquote>
<p>« Je souhaite faire de Ndiob une commune verte et résiliente à travers un processus de développement endogène, inclusif et respectueux des droits des personnes vulnérables. »</p>
</blockquote>
<p>La commune promeut un large éventail de leviers : RNA, reboisement, énergie solaire, fourneaux améliorés, « Tolou Kër », technique du « Zaï », unités artisanales de transformation de produits locaux et conventions locales de gestion durable des ressources naturelles. L’action holistique du maire de Ndiob a été primée à Rome par la FAO et à Marrakech lors du sommet Africacités.</p>
<p>À Fatick, les chercheurs de l’ISRA et du Cirad ont réalisé une prospective territoriale à l’issue de laquelle ils ont identifié 8 scénarios pour l’avenir du département. La méthode prospective s’appuie sur une vision systémique des facteurs de changement d’un territoire. Elle permet de replacer la transition agroécologique dans un processus de changement plus vaste.</p>
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<span class="caption">Le Tolou Kër (ici à Tiaffoura, région de Fatick) est un modèle de ferme intégrée qui se multiplie au Sénégal, avec le soutien de l’Initiative pour la relance de la grande muraille verte. Sur une série de cercles concentriques, on trouve de l’élevage (poulailler central), du maraîchage, des cultures de plantes aromatiques et médicinales et de l’arboriculture (agrumes, arbres fertilitaires). Ces différentes composantes se complètent pour construire un écosystème riche et nourrir plusieurs familles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De haut en bas et de gauche à droite : Une femme transformatrice de Ndiob présente à la DyTAES les savons naturels qu’elle fabrique. La technique du Zaï permet de doubler les rendements du mil en semant ce dernier dans des poquets amendés avec du fumier. Oumar Ba, maire de Ndiob, a su attirer de nombreux financements extérieurs pour donner vie à sa vision d’une commune verte et résiliente. Lors de l’étape de Fatick, les caravaniers ont découvert les résultats d’une prospective participative menée par le Cirad et l’ISRA. La future DyTAES locale de Fatick s’appuiera sur ce travail pour construire un plan territorial de transition agroécologique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad ; Malick Djitté/Fongs</span></span>
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<p>Des idées plein les têtes, la caravane quitte le bassin arachidier et continue sa progression vers le Sud. Prochaines et dernières étapes : la Casamance et le Sénégal oriental.</p>
<hr>
<p><em>Laure Brun Diallo (Enda Pronat), Mame Farma Ndiaye Cissé (Isra), Banna Mbaye (Isra), Dienaba Sall Sy (Isra), Louis-Étienne Diouf (AgriSud International), Ousseynou Dieng (AgriSud International), Jean-Michel Sene (Enda Pronat), Thierno Sall (Enda Pronat), Mamadou Sow (Enda Pronat) et Malick Djitté (Fongs) ont collaboré à l’élaboration de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179850/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les étapes de la caravane évoquées dans cet article ont été organisées par les membres de la DyTAES avec l’appui financier du projet Desira fair Sahel (Union Européenne / AFD) de AgriSud International (ENABEL, AFD, Région Nouvelle Aquitaine) et de MISEREOR, Union Européenne, WFD, Caritas France, Broederlijk Delen, FAO. Raphael Belmin accompagne le développement de la DyTAES en tant que scientifique et photographe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Astou Diao Camara et Marie-Liesse Vermeire ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Nouvelle étape de notre découverte de l’agroécologie sénégalaise en compagnie de la DyTAES.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradMarie-Liesse Vermeire, Chercheuse en écologie du sol, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1749442022-01-23T17:28:50Z2022-01-23T17:28:50ZClimat, biodiversité : le retour gagnant des arbres champêtres<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/441468/original/file-20220119-21-1egdc9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La vallée de Villé (67) travaille au maintien de paysage diversifiés, associant arbres champêtres et prairies permanentes.</span> <span class="attribution"><span class="source">Geoffrey Mesbahi (2019)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><em>Covid-19, urbanisation galopante, péril sur la biodiversité… la forêt apparaît ces dernières années comme le refuge par excellence, un lieu pour retisser des liens avec le vivant, une « nature » en voie de disparition. Dans un monde chahuté, quelle place allons-nous accorder aux forêts, s’interroge cette série. Après un premier épisode sur <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-foret-francaise-a-besoin-dun-traitement-de-fond-177006">l’état des espaces forestiers en France</a>, on se penche sur le rôle clé que peuvent jouer les arbres dans les champs.</em> </p>
<hr>
<p>Depuis le milieu du XX<sup>e</sup> siècle, <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/biodiversite/depuis-1950-70-des-haies-ont-disparu-des-bocages-francais-7146722">70 % des haies</a> ont été détruites pour augmenter la productivité des fermes françaises.</p>
<p>Pourtant, on leur reconnaît aujourd’hui de nombreux bénéfices économiques, écologiques mais aussi agronomiques… À l’heure de la mobilisation contre les dérèglements climatiques et le recul de la biodiversité, quel rôle joueront ces espaces dans le développement d’une agriculture mieux adaptée aux changements globaux ?</p>
<h2>Abattre les arbres pour produire davantage</h2>
<p>Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les arbres ont été vu comme un frein au <a href="http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/44507_1">développement agricole de la France</a>.</p>
<p>Afin d’augmenter la productivité des fermes, le remembrement a été mis en place par l’État, de <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/1971-les-bretons-alertent-sur-les-dangers-de-la-disparition-des-haies">gré ou de force</a>. Les haies ont été arrachées pour assembler de petites parcelles voisines en une grande parcelle, permettant d’augmenter la surface cultivable et de simplifier le travail des agriculteurs.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/sOESTqT0yNk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">1950-1970 : quand les haies se sont taillées. (Ina/Franceinfo, 2021).</span></figcaption>
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<p>On reproche alors aux arbres d’entraver la bonne circulation des engins agricoles : difficile pour les tracteurs de passer dessous, difficile de slalomer entre les troncs pendant le labour, obligation de multiplier les allers-retours avec de petits semoirs, pulvérisateurs et autres moissonneuses-batteuses.</p>
<p>Les arbres peuvent aussi constituer un frein au bon développement des cultures. Leur ombre créer un retard de croissance : lors de la moisson, les grains sont moins mûrs et donc de moins bonne qualité. <a href="https://afpf-asso.fr/revue/fourrages-et-agroforesteries?a=2248">Dans les prairies</a>, les plantes légumineuses, riches en protéines, se développent moins à l’ombre du feuillage, pouvant occasionner un fourrage à la valeur nutritive moindre.</p>
<h2>Agriculture vivrière, agriculture de rente</h2>
<p>En parallèle, l’agriculture française <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-02432779">s’est inscrite dans la mondialisation</a>. Les fermes se sont spécialisées, permettant de baisser les coûts de production, abandonnant ainsi leur système économique semi-autarcique. Les arbres ont souvent perdu de leur intérêt, puisque les éleveurs ont moins besoin de produire eux-mêmes leur bois de chauffe, ou de stocker leurs pommes et noix pour l’hiver.</p>
<p>Les productions agricoles sont désormais des cultures de rente et non des cultures vivrières, même si de nombreux agriculteurs ont maintenu un potager, un verger ou quelques animaux pour leur consommation personnelle.</p>
<p>Aujourd’hui, les arbres souffrent souvent d’une image désuète, tandis qu’une <a href="https://afpf-asso.fr/revue/fourrages-et-prairies-2-0">agriculture plus technologique se développe</a>, là encore complexifiée par la présence d’arbres : pilotage automatique des engins agricoles, surveillance des cultures par drones et satellites, etc.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=223&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=223&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=223&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=280&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=280&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440779/original/file-20220113-13-1t2txl2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=280&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ces photos aériennes ont été prises au même endroit, à Léhon en Bretagne. À gauche, dans les années 1950 et à droite en 2018. La perte d’arbres et l’agrandissement des parcelles agricoles y sont clairement visibles, ainsi que l’urbanisation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">remonterletemps.ign.fr</span></span>
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<h2>Des conséquences négatives pour la biodiversité… et pour nous</h2>
<p>Les conséquences les plus connues de ces abattages d’arbres concernent l’environnement. Les haies <a href="https://ofb.gouv.fr/haies-et-bocages-des-reservoirs-de-biodiversite">nourrissent et abritent</a> en effet des oiseaux et des arthropodes, mais aussi du gibier comme le lapin de garenne ou la bécasse.</p>
<p>L’arrachage des haies crée de grandes surfaces <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00885959/document">favorables au ruissellement de l’eau</a>, surtout en hiver lorsqu’il n’y a aucune culture en place et que les précipitations sont importantes. Ce ruissellement emporte la terre des champs dans les rivières, induisant une baisse de la qualité de l’eau mais aussi une baisse de productivité du champ.</p>
<p>Enfin, l’arrachage des arbres champêtres entraîne la perte de paysages typique à certaines régions : le bocage normand, les frênes têtards du marais poitevin, ou encore les <a href="http://vergers.parc-vosges-nord.fr/verger-nature/le-verger-haute-tige-joyau-naturaliste-et-patrimonial.html">vergers hautes tiges des Vosges du Nord</a> font partie du patrimoine et constituent une source d’attractivité touristique.</p>
<p>La biodiversité, la qualité de l’eau et le patrimoine sont difficilement chiffrables, ce qui peut expliquer qu’il a été pendant longtemps difficile de voir les effets négatifs de l’arrachage des arbres. Aujourd’hui, les haies sont surtout <a href="http://www.polebocage.fr/-Les-bocages-et-les-haies-en-France-.html">concentrées dans l’Ouest et le Centre de la France</a>, dans des régions où l’élevage s’est maintenu.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=652&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=652&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=652&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=820&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=820&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440874/original/file-20220114-13-145wvq1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=820&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte présentant la densité des haies en France métropolitaine (2007).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.polebocage.fr/-Les-bocages-et-les-haies-en-France-.html">Inventaire forestier national (IFN)</a></span>
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</figure>
<h2>L’arbre champêtre, un allier contre le réchauffement</h2>
<p>On sait désormais que les arbres ont des avantages pour les agriculteurs, ce qui pourrait inciter à leur retour dans nos campagnes.</p>
<p>Les arbres créent un microclimat, protégeant les cultures et les animaux du vent, du soleil, et de la chaleur. Ils permettent donc de limiter <a href="https://parasol.projet-agroforesterie.net/">l’effet des intempéries</a> sur les productions agricoles. Les arbres agroforestiers <a href="https://doi.org/10.1111/sum.12517">stockent le carbone atmosphérique</a> dans leurs troncs et branches, mais aussi et surtout dans le sol. Le carbone du sol est important pour les cultivateurs, puisqu’il augmente la fertilité et la réserve en eaux, permettant de meilleurs rendements.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/441469/original/file-20220119-21-r54tmn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/441469/original/file-20220119-21-r54tmn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/441469/original/file-20220119-21-r54tmn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/441469/original/file-20220119-21-r54tmn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/441469/original/file-20220119-21-r54tmn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/441469/original/file-20220119-21-r54tmn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/441469/original/file-20220119-21-r54tmn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À Lusignan (86), des équipes de l’Inrae replantent des arbres au sein des prairies pour nourrir les vaches laitières tout en protégeant l’environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Geoffrey Mesbahi (2021)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En élevage, les arbres favorisent le bien-être animal en <a href="https://agriculture.gouv.fr/agroforesterie-des-arbres-pour-favoriser-le-bien-etre-animal">fournissant des abris</a> et des endroits où se frotter. Plusieurs programmes de recherche étudient actuellement l’utilisation d’arbre comme fourrage, ce qui peut être particulièrement intéressant en été lorsque les prairies perdent en valeur nutritive et ne poussent quasiment plus. Enfin, les arbres sont aussi une source de nectar et de pollen, pouvant intéresser les apiculteurs.</p>
<p>Enfin, <a href="https://umrh-bioinfo.clermont.inrae.fr/Intranet/web/uploads/siteweb/1215%20CAP20-25%20Chalenge%201%20Livrable%20%206_Agroforesterie.pdf">l’avantage économique de l’agroforesterie</a> est désormais démontrés. Cultiver du blé et des merisiers en agroforesterie produit par exemple 17 % de biomasse (blé et bois) de plus que de les cultiver sur deux parcelles distinctes.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’arbre, une ressource fourragère. (Parc naturel régional des Vosges du Nord, 2021).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Plantations stratégiques</h2>
<p>Les nouvelles plantations d’arbres sont désormais réfléchies pour être adaptées aux engins et ne plus gêner le travail des agriculteurs. <a href="https://www.agroforesterie.ch/informations-pour-la-pratique/29399-2/">L’orientation des lignes d’arbres</a> est définie selon que l’agriculteur souhaite éviter de faire de l’ombre à ses cultures pour maximiser leur croissance (orientation nord-sud), ou au contraire apporter de l’ombre pour protéger des excès de soleil (orientation ouest-est).</p>
<p>L’arbre champêtre augmente ainsi la résilience de l’agriculture face au changement climatique. Et il se plante aujourd’hui de plus en plus d’arbres en milieu agricole, autour et au cœur des parcelles, notamment <a href="https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/profils/entreprises/programme-plantons-haies">grâce au programme « Plantons des haies ! »</a> et un accompagnement <a href="https://agriculture.gouv.fr/francerelance-50-meu-pour-planter-7-000-km-de-haies-en-2-ans">à la fois économique et technique</a>. </p>
<p>Il est aussi important de repenser l’économie entourant des haies après leur implantation : les haies fournissent des services à toute l’humanité (séquestration de carbone, maintien de la biodiversité, épuration de l’eau…), les agriculteurs ne devraient donc pas être les seuls à en assurer l’entretien.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174944/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Geoffrey Mesbahi a reçu des financements de la Fondation de France.</span></em></p>Pour augmenter les rendements agricoles, les haies ont été largement détruites au XXᵉ siècle. Mais face aux dérèglements environnementaux, les arbres font leur retour dans les champs.Geoffrey Mesbahi, Postdoctorant, ingénieur en agronomie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1654032021-09-27T20:44:48Z2021-09-27T20:44:48ZAgroforesterie, intrants, labour… comment améliorer le bilan carbone de l’agriculture<p>L’agriculture et le changement dans l’utilisation des terres contribuent pour <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_chapter11.pdf">24 % aux émissions de gaz à effet de serre</a>. Les chercheurs estiment que cette part augmentera de <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/IPCC-Special-Report-1.5-SPM_fr.pdf">30 à 40 %</a> d’ici à 2050. L’enjeu est donc de contrebalancer avec une séquestration de carbone plus importante afin de transformer les agrosystèmes en puits de gaz à effet de serre.</p>
<p>Pour déterminer ce rôle, il suffit, dans les grandes lignes, de prendre en compte les gaz puisés dans l’agrosystème et de les comparer à ceux émis par ce même agrosystème. Pour cela, il faut mesurer l’accumulation du carbone dans le sol, les quantités de méthane (CH<sub>4</sub>) et de protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) relâchées dans l’atmosphère, ainsi que tout le CO<sub>2</sub> provenant des pratiques agricoles : labour, plantation, récolte, installation et utilisation de l’irrigation, application des produits agrochimiques, de fertilisants et de chaux.</p>
<p>Sachant que le CH<sub>4</sub> et le N<sub>2</sub>O sont des gaz à effet de serre respectivement <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_full.pdf">34 et 298 fois plus puissants que le CO₂</a>, il suffit de convertir toutes ces émissions en équivalent CO<sub>2</sub> pour estimer le potentiel de réchauffement planétaire net et comparer entre les différentes méthodes de gestions agricoles.</p>
<p>Pour calculer le coût carbone des pratiques agricoles dominantes aujourd’hui, il faut également tenir compte de leurs émissions directes en CO<sub>2</sub>. Selon des études menées au <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10705-004-7356-0">sud du Brésil</a> et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167198716300435">aux États-Unis</a>, le coût carbone des pratiques agricoles représente une quantité non négligeable de CO<sub>2</sub>, capable de monter jusqu’à 800 et 2 000 kg ha-1 an-1.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419978/original/file-20210908-19-h8mqfe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Schéma qui montre comment estimer si un agrosystème est une source ou un puits de gaz à effet de serre : il faut mesurer la fixation du carbone dans le sol, la quantité de CH₄ et de N₂O relâchée dans l’atmosphère, ainsi que tout le CO₂ provenant des pratiques agricoles : labour, plantation, récolte, installation et utilisation de l’irrigation, application des produits agrochimiques, de fertilisants et de chaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Réduire les intrants</h2>
<p>Partant de ce constat, il s’agit avant tout de déterminer quelles pratiques agricoles adopter pour transformer les sols en puits de gaz à effet de serre – et non en source.</p>
<p>Premier élément à prendre en compte, le sol peut devenir une source de gaz à effet de serre dès lors qu’il y a un <a href="https://www.uncclearn.org/wp-content/uploads/library/fao198.pdf">apport excessif d’intrants</a>, car les microorganismes telluriques se nourrissent de tous ces apports et les recrachent sous forme de GES.</p>
<p>D’autant plus quand la terre est saturée en eau par l’irrigation et tassée par les machines, car la disponibilité d’oxygène se fait rare, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/sum.12281">entraînant la méthanisation (processus responsable pour la production de CH₄) et la dénitrification (un de processus responsable pour la production de N₂O)</a>. Néanmoins, ces flux de méthane restent faibles voire parfois négatifs si les sols ont une bonne structure et ne sont pas inondés.</p>
<p>En outre, la mise en place et l’usage de l’irrigation représentent 47 à 63 % du bilan carbone tandis que la fertilisation et l’application de calcaire <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412004000832">montent jusqu’à 35 %</a>. Des proportions variant en fonction des intrants utilisés et de leur apport annuel. Pour atténuer le changement climatique causé par l’agriculture, la solution la plus évidente semble donc être la réduction des intrants, avec des épandages plus raisonnés.</p>
<h2>L’agroforesterie et les légumineuses</h2>
<p>D’autres pratiques agricoles sont néanmoins tout aussi importantes pour passer d’une source à un puits de gaz à effet de serre.</p>
<p>C’est notamment le cas de l’agroforesterie, adoptée par certaines exploitations agricoles. Elle consiste à utiliser des cultures de couverture, pour lesquelles le stockage de carbone <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/gcb.15342">dépasse son équivalent CO₂ libéré dans l’atmosphère</a> en matière d’émissions de N<sub>2</sub>O, et améliore la structure du sol avec des émissions négatives de CH<sub>4</sub>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419980/original/file-20210908-27-u0ppgt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Deux systèmes agricoles contrastant, se comportant comme source (à gauche) et puits (à droite) de gaz à effet de serre, selon les émissions de CO₂, CH₄ et N₂O ainsi que la séquestration du carbone du sol.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est aussi le cas de l’utilisation des légumineuses. Ces plantes s’associant à des bactéries fixatrices d’azote, elles favorisent le stockage de carbone dans le sol et permettent de substituer une partie de la fertilisation minérale, réduisant ainsi les émissions de protoxyde d’azote.</p>
<p>Sur une plantation de maïs par exemple, produire des légumineuses en tant que culture de couverture en hiver <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167198714002207">peut diviser par trois les émissions de N₂O</a> et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167880918303712">augmenter le stockage du carbone</a> davantage que la fertilisation minérale.</p>
<p>Par ailleurs, en maintenant l’humidité et la structure du sol, des pratiques telles que l’agroforesterie et les cultures de couverture apportent une alternative pour diminuer l’irrigation.</p>
<h2>Abandonner le labour</h2>
<p>Cependant, transformer un agrosystème en puits de gaz à effet de serre n’est pas toujours évident. Par exemple, le labour, pratique qui consiste à retourner la terre avant le semis, n’a pas forcément le même impact sur les GES.</p>
<p>En milieu tempéré, le labour n’a que peu d’effet sur le stock de carbone du sol car les basses températures en début de printemps ralentissent l’activité microbienne et la décomposition de la matière organique du sol.</p>
<p>En revanche, en milieu tropical où les températures restent favorables, la déstructuration du sol par le labour stimule les microorganismes à décomposer la matière organique du sol, ce qui libère des GES.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419981/original/file-20210908-25-u1ukys.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Exemple d’agriculture conventionnelle et de ses pratiques impliquées telles la monoculture, le labour du sol et la forte dépendance des intrants qui contribuent à augmenter les émissions de gaz à effet de serre et à réduire la séquestration du carbone du sol, faisant du système agricole une source de gaz à effet de serre (à gauche). Exemple de pratiques agroécologiques telles que culture de couverture, semis direct, culture intercalaire, légumineuses et agroforesterie qui contribuent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre et à augmenter la séquestration du carbone du sol, faisant du système agricole un puits de gaz de gaz à effet de serre (à droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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</figure>
<p>Pour des pratiques agricoles sans labour, les émissions de N<sub>2</sub>O <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167198716300435">sont très largement compensées</a> par le stockage de CO<sub>2</sub>, contrebalançant les 375 à 616 kg d’équivalent carbone émis par hectare et par an par les 2063 à 3940 kg d’équivalent carbone fixés dans le sol par hectare et par an. Cela représente rien de moins qu’un stockage de carbone cinq à six fois supérieur aux émissions ! Le labour au contraire diminue nettement cette capacité du sol à puiser du carbone dans ces zones tropicales.</p>
<p>D’autre part, le labour constitue aussi un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412004000832">coût additionnel de CO₂</a> quand l’utilisation du diesel pour les machines est prise en compte (35,3 kg d’équivalent carbone par hectare et par an en conventionnel et 5,8 kg en semis direct).</p>
<h2>Du champ à l’assiette</h2>
<p>N’oublions pas par ailleurs que les émissions de gaz à effet de serre ne s’arrêtent pas à la production, mais continuent aussi lors des transports, de la transformation, de l’emballage et de la redistribution de produits.</p>
<p>Il s’agit donc de changer radicalement les pratiques agricoles, en commençant par les champs. Les pratiques évoquées plus hauts – l’utilisation des cultures de couverture, légumineuses, cultures intercalaires, agroforesterie, et abandon du labourage du sol – auraient un triple effet économique, social et environnemental : renforcer un système agroalimentaire biologique et durable, respectueux de la biodiversité, permettre une cohabitation équilibrée entre agriculture et environnement, tout en rendant les agriculteurs moins dépendants de grosses compagnies industrielles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165403/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Certaines pratiques vertueuses permettraient d’atténuer la contribution massive de l’agriculture aux émissions de gaz à effet de serre.Murilo Veloso, Enseignant-chercher en Science du Sol, Unité AGHYLE, Campus de Rouen, UniLaSalleColine Deveautour, Enseignante-Chercheuse en Ecologie microbienne des sols, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/712402017-02-16T21:30:38Z2017-02-16T21:30:38ZAbeilles en danger : n’oublions pas de protéger les espèces sauvages<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/156970/original/image-20170215-27394-1ejmgut.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les abeilles sont des pollinisateurs majeurs, essentiels à la plupart des plantes que l’on trouve en France. Ici, une anthidie (Anthidium spp.) butinant la lavande. </span> <span class="attribution"><span class="source">Benoît Geslin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Dans l’imaginaire collectif, « l’abeille » renvoie en général à la seule abeille domestique européenne, <em>Apis mellifera</em>. Pourtant, il existerait aujourd’hui entre <a href="http://base.dnsgb.com.ua/files/book/Agriculture/Beekeeping/Thep-Bees-of-the-World.pdf">17 et 25 000 espèces</a> d’abeilles sauvages dans le monde. On ignore encore bien des aspects de leurs modes de vie, de l’état de leurs populations et des menaces qui pèsent sur elles, bien que leur déclin à l’échelle mondiale <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v540/n7632/full/nature20588.html">commence à faire consensus</a>.</p>
<p>En Europe, la récente <a href="http://cmsdata.iucn.org/downloads/erl_of_bees_low_res_for_web.pdf">liste rouge</a> des abeilles européennes recense 1 965 espèces sur le continent, dont 9,2 % sont estimées en risque d’extinction. Il s’agit probablement d’une estimation basse, le manque de données empêchant d’évaluer le statut de 57 % des espèces d’abeilles sauvages européennes.</p>
<p>Sur le seul territoire métropolitain français, les dernières estimations portent la diversité des abeilles sauvages à environ <a href="http://oabeilles.net/wordpress/osmia/osmia-numeros-entiers/">965 espèces</a>, dont le statut en termes de conservation et de répartition est pour la plupart inconnu.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/156806/original/image-20170214-25969-wjxulw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/156806/original/image-20170214-25969-wjxulw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/156806/original/image-20170214-25969-wjxulw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/156806/original/image-20170214-25969-wjxulw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/156806/original/image-20170214-25969-wjxulw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/156806/original/image-20170214-25969-wjxulw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/156806/original/image-20170214-25969-wjxulw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Boîte de tri d’abeilles sauvages (Anthophila) capturées en région parisienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Benoît Geslin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le manque de connaissance (et de reconnaissance) de cette multitude d’abeilles sauvages est problématique. Ces dernières, par leur rôle souvent prépondérant dans le processus de pollinisation, sont en effet essentielles à la reproduction de très nombreuses plantes.</p>
<p>On estime que la pollinisation animale affecte directement les rendements et/ou la qualité des productions de <a href="http://www.ipbes.net/article/press-release-pollinators-vital-our-food-supply-under-threat">75 %</a> des cultures agricoles majeures dans le monde (la plupart des fruits, des fruits secs, mais aussi le café ou le colza). Or les activités humaines affectent, voire menacent, de nombreuses espèces d’abeilles sauvages.</p>
<h2>Les pollinisations, les pollinisateurs, les abeilles</h2>
<p>Pour bien saisir les enjeux liés aux abeilles sauvages, il faut revenir sur quelques fondamentaux de la pollinisation.</p>
<p>Au sens strict, celle-ci correspond au transfert des gamètes « mâles » (contenues dans le grain de pollen) vers la structure reproductrice « femelle » des fleurs. Le pollen peut être transporté par le vent, et même l’eau. Mais pour plus de <a href="http://www.uv.mx/personal/tcarmona/files/2016/08/Ollerton-et-al-2011.pdf">80 % des plantes terrestres</a>, ce transport est effectué par un animal.</p>
<p>Dans le monde, on recense ainsi plus de <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1600-0706.2010.18644.x/abstract">300 000</a> espèces ayant un rôle dans la pollinisation des plantes à fleurs. On y trouve des mammifères, comme certaines chauves-souris, des lézards et même des oiseaux, à l’image des colibris. Mais la plupart de ces espèces pollinisatrices sont des insectes.</p>
<p>Parmi eux, la majorité des pollinisateurs se trouve <a href="http://www.pnas.org/content/113/1/146.abstract">chez quatre grands ordres</a> : les lépidoptères (papillons), les coléoptères (comme la <a href="https://upload.Wikim%C3%A9dia.org/Wikim%C3%A9dia/commons/thumb/8/8c/Green_beetle_on_flower2.jpg/404px-Green_beetle_on_flower2.jpg">cétoine dorée</a>), les diptères (les syrphes, par exemple) et les hyménoptères.</p>
<p>C’est au sein de ce dernier groupe que l’on trouve les abeilles, comprenant donc plusieurs dizaines de milliers d’espèces. Ce sont des <a href="http://www.nature.com/articles/ncomms8414">pollinisateurs majeurs</a>, en nombre d’espèces et en efficacité à polliniser, pour la plupart des plantes sauvages et cultivées que l’on trouve dans les milieux tempérés comme la France.</p>
<h2>Mille et une abeilles</h2>
<p>À la différence des abeilles domestiques, qui sont élevées à grande échelle <a href="http://agriculture.gouv.fr/les-chiffres-cles-de-lapiculture">pour produire du miel</a>, les abeilles sauvages ne produisent pas de miel à proprement parlé, mais le plus souvent un mélange de nectar et de pollen nommé « pain de pollen ». Elles sont toutes différentes dans leurs formes, leur régime alimentaire, leur mode de nidification ou leur cycle de vie.</p>
<p>Ainsi, en zone tempérée, la majorité des abeilles sont solitaires : la femelle nourrit seule son couvain et ne rentre en interaction avec d’autres individus de son espèce qu’au moment de l’accouplement. Leurs nids peuvent être construits sous terre dans des tunnels, mais également dans des tiges de bois creux, dans des murs de pierre ou même, pour les espèces dites « hélicophiles », dans des coquilles d’escargots.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/156593/original/image-20170213-23372-b8kus9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/156593/original/image-20170213-23372-b8kus9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/156593/original/image-20170213-23372-b8kus9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/156593/original/image-20170213-23372-b8kus9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/156593/original/image-20170213-23372-b8kus9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/156593/original/image-20170213-23372-b8kus9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/156593/original/image-20170213-23372-b8kus9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certaines abeilles nichent dans le sol, comme cet andrène (Andrena cineraria).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Benoît Geslin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, comme chez les oiseaux, il existe de nombreuses espèces qui, au lieu de construire leurs propres nids, vont pondre dans le nid des autres : on parle d’abeilles coucous (« cleptoparasites »).</p>
<p>Parmi toutes ces espèces sauvages, on en trouve certaines très généralistes dans leur alimentation – comme le bourdon terrestre (<em>Bombus terrestris</em>) qui se nourrit d’une grande diversité de fleurs – mais également des espèces très spécialisées qui ne butinent que sur une seule et unique famille de plante. C’est le cas de la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ZNZJLOdBJDQ&list=PL3BpXHVhM1NmbJIXyXMz1ksgSxgij2O9x">mellite de la lysimaque</a> (<em>Macropis europaea</em>). Comme son nom l’indique, cette espèce est spécialiste de la lysimaque : en plus d’en récolter le pollen, elle collecte et utilise l’huile produite par les fleurs de cette plante pour nourrir son couvain.</p>
<h2>Une menace étendue</h2>
<p>On le voit, les menaces qui pèsent aujourd’hui sur les abeilles concernent un ensemble d’organismes beaucoup plus large et une réalité bien plus complexe, que le simple cas de l’abeille domestique. Les dernières estimations indiquent que plus de <a href="http://www.ipbes.net/article/press-release-pollinators-vital-our-food-supply-under-threat">40 %</a> des pollinisateurs invertébrés seraient en voie d’extinction.</p>
<p>Bien sûr, des crises sanitaires très médiatisées, comme celle du <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.201000075/full">syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles</a>, représentent des enjeux économiques importants pour l’apiculture et des enjeux écologiques et agronomiques plus larges, les colonies d’abeilles domestiques contribuant fortement à la pollinisation. Le coût de la production agricole dépendant directement de la pollinisation est ainsi estimé entre <a href="http://www.ipbes.net/article/press-release-pollinators-vital-our-food-supply-under-threat%20de%20dollars">235 et 577 milliards</a> par année.</p>
<p>Il est cependant primordial de lever la confusion, fort répandue, entre le cas de l’abeille domestique et l’ensemble des autres espèces d’abeilles. Et l’idée reçue selon laquelle l’installation de ruches <a href="http://www.paris.fr/actualites/paris-se-mobilise-pour-les-abeilles-3488">serait systématiquement une action bénéfique</a> pour « les » abeilles doit être, par exemple, fortement nuancée : <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0065250416300563">il existe des cas</a> où l’introduction de ruches d’abeilles domestiques vient fragiliser davantage, par une augmentation de la concurrence pour les ressources florales notamment, les nombreuses espèces d’abeilles sauvages déjà en difficulté…</p>
<h2>Protéger les abeilles sauvages</h2>
<p>On sait aujourd’hui que les activités humaines sont à l’origine de déclins importants au sein des populations de pollinisateurs, et notamment des abeilles… <a href="http://science.sciencemag.org/content/347/6229/1255957">là où les données sont disponibles</a> et permettent de conclure. Mais, d’une manière générale, on ne sait que très peu de choses sur l’état des abeilles sauvages : en Europe, pour plus de <a href="http://ec.europa.eu/environment/nature/conservation/species/redlist/downloads/European_bees.pdf">57 % des espèces</a>, le manque de données sur l’état des populations empêche de statuer sur leur statut de conservation.</p>
<p>Les facteurs impliqués dans ce déclin <a href="http://science.sciencemag.org/content/347/6229/1255957">sont multiples</a> : on peut citer la disparition des ressources florales dans les paysages, l’utilisation massive de pesticides ou encore la circulation accélérée de pathogènes.</p>
<p>Pour parvenir à enrayer ce déclin et agir pour les milliers d’espèces d’abeilles sauvages du monde, les recommandations proposées dans la <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v540/n7632/full/nature20588.html">littérature</a> et <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/images/decisionspubliques/IPBES/resumes_ipbes_2016/rapport_V_longue_BD.pdf">récemment synthétisées</a> par des experts internationaux pour la plateforme <a href="http://www.ipbes.net">IPBES</a>, supposent des réformes assez radicales des modèles agricoles. Il faudrait ainsi réduire fortement l’usage de produits phytosanitaires, faire place à des cultures plus diversifiées, être plus respectueux des habitats situés autour des champs, voire recomplexifier le paysage agricole, avec des formes d’agroforesterie notamment.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"823473211274883073"}"></div></p>
<p>En zones urbaines, maintenir des réseaux d’habitats propices aux abeilles sauvages (sites de nidification, ressources florales) constitue une autre piste, qui implique de repenser la manière dont sont gérés les <a href="http://www.insectes.org/opie/pdf/1481_pagesdynadocs4bbf4d0206b23.pdf">espaces verts</a> publics et privés.</p>
<p>On le voit, il s’agit de réfléchir plus généralement à l’aménagement des territoires et à la place dévolue aux abeilles et aux pollinisateurs sauvages. C’est donc un chantier bien plus complexe que la simple introduction de ruches et tout à fait central pour le futur de la biodiversité et de l’agriculture.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71240/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoît Geslin a reçu des financements d’Aix Marseille Université et des OHM Bassin minier de Provence et Littoral pour étudier la question de la pollinisation. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Aleksandar Rankovic ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si l’on connaît bien l’abeille domestique, on compte plus de 20 000 espèces d’abeilles sauvages dans le monde ! Encore mal connues, elles sont pourtant essentielles aux écosystèmes.Benoît Geslin, Maître de conférences en écologie, Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, Aix-Marseille Université (AMU)Aleksandar Rankovic, Research Fellow Biodiversity and Science-Society Interactions, IddriLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/552592016-02-25T21:59:01Z2016-02-25T21:59:01ZÀ quoi ressemblera l’agroforesterie de demain ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/112769/original/image-20160224-29156-6anu0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À Roquefixade, dans l’Aude, les haies structurent toujours le paysage. </span> <span class="attribution"><span class="source">E.T/Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Pour l’agroforesterie, l’un des défis futurs consistera à instaurer une bonne entente entre voisins. Dans l’agriculture contemporaine industrielle, l’arbre est un ennemi, comme en témoignent l’océan de blé de la Beauce ou celui des rizières du Bangladesh. Pour atteindre leurs objectifs de production, les monocultures de l’agronomie conventionnelle du XX<sup>e</sup> siècle ont simplifié à outrance les paysages agraires. Plus de <a href="http://www7.inra.fr/dpenv/pointc46.htm">haies</a>, plus d’arbres qui pourraient gêner les travaux des champs. On a voulu consacrer le maximum d’espace aux cultures saisonnières et limiter les arbres aux plantations forestières et aux vergers.</p>
<p>En ce début de XXI<sup>e</sup> siècle, le renouveau de l’agroforesterie montre qu’il faut renverser la tendance : partir du postulat que l’arbre et les cultures peuvent faire bon ménage et rechercher toutes les options permettant de favoriser au mieux cette cohabitation. D’autant que les mentalités sont en train d’évoluer : l’agroforesterie a désormais sa place dans <a href="http://agriculture.gouv.fr/fiches-explicatives-sur-le-verdissement-de-la-pac">les politiques agricoles européennes</a> et se trouve recommandée comme l’une des options permettant de lutter contre le changement climatique tout en s’y adaptant.</p>
<h2>À la recherche de la synergie écologique</h2>
<p>Il faut néanmoins prendre en compte le fait qu’arbres et cultures ne sont pas toujours compatibles. Il existe des cas où des phénomènes de concurrence apparaissent : si des racines superficielles des arbres envahissent un champ, si l’ombre des arbres est trop intense ou si des composés volatils émis par les arbres compromettent la croissance des cultures.</p>
<p>Mais ces phénomènes de concurrence doivent être mis en face d’éventuels mécanismes de complémentarité. Si la présence des arbres permet de protéger une parcelle du vent, par exemple, il est astucieux d’être prêt à renoncer à quelques rangs de cultures à proximité des arbres. Si ces derniers permettent de favoriser les auxiliaires de certaines cultures et ainsi de diminuer l’utilisation de pesticides, même chose. Ou encore, lorsque des haies bien entretenues permettent de limiter l’érosion du sol, protéger la biodiversité ou les nappes phréatiques.</p>
<p>Tout l’art de l’agroforesterie du futur consistera donc à rechercher tous ces mécanismes de synergie écologique et les favoriser, que ce soit dans une parcelle de céréales, les berges d’une rivière, ou à l’échelle du <a href="http://afac-agroforesteries.fr/wp-content/uploads/2015/02/article-bocage-Odile-Marcel-revue-Sites-et-Monuments.pdf">paysage d’un bocage</a>, par exemple.</p>
<h2>Des milliers d’espèces à tester</h2>
<p>L’utilisation des arbres en production agricole peut aller beaucoup plus loin, notamment lorsque l’arbre lui-même produit de l’alimentation. Et ceci ne concerne pas que les fruits de nos desserts. On connaît en France le châtaignier des Cévennes, mais qui se souvient de l’époque où la farine de châtaigne assurait une importante production de pain ?</p>
<p>Dans la zone tropicale, les arbres sources d’alimentation sont légion. Que l’on pense aux <a href="http://www.fruits-journal.org/articles/fruits/pdf/2006/01/i6005.pdf">feuilles du baobab</a> consommées en Afrique, aux haricots du néré ou au beurre de karité. Les arbres peuvent aussi produire du fourrage pour les animaux, du nectar pour les abeilles, des écorces ou des racines médicinales, etc. Pour toutes ces productions, il faut réinventer l’aménagement de l’espace rural afin que les arbres utiles y trouvent leur place en association avec les autres activités agricoles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112760/original/image-20160224-32745-1ni5ixv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Néré dans la savane du Burkina Faso. Les graines contenues dans les fruits de cet arbre sont très riches en protéines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wiktionary.org/wiki/n%C3%A9r%C3%A9#/media/File:Parkia_biglobosa_Burkina.jpg">Vitellaria/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il faut aussi identifier les bonnes variétés, parfois sélectionnées depuis des générations par des agriculteurs avertis, et continuer à les améliorer, les diffuser à grande échelle. Il existe des milliers d’espèces d’arbres tropicaux qui sont rarement mises en culture et ne sont récoltées qu’à l’état sauvage, par exemple le prunier d'Afrique. Un immense champ d’investigation pour les productions arborées agroforestières s’ouvre devant nous, notamment dans les pays tropicaux.</p>
<p>Ce sont aussi les cultures à associer aux arbres qu’il faut améliorer. Par exemple celles qui sont tolérantes à l’ombre (certaines variétés de haricots, des tubercules comme les ignames) et cohabiteraient naturellement avec des arbres afin de créer une authentique « agriculture multi-étagée ». Ainsi pourrait-on faire d’une pierre deux coups : diversifier les productions dans l’intérêt des agriculteurs tout en faisant jouer aux arbres le rôle important qu’ils peuvent avoir en tant que « puits de carbone » pour atténuer les effets du changement climatique.</p>
<p>Mais là encore, de nombreuses questions demeurent : combien faut-il d’agroforêts pour compenser les émissions de gaz carbonique dues à la déforestation tropicale ? Peut-on contribuer au stockage de carbone dans le sol, reconnu comme essentiel pour lutter contre le changement climatique, avec les arbres de l’agroforesterie ? Quelles sont les espèces les plus performantes pour assurer cette fonction tout en assurant une production alimentaire ou de bois d’œuvre ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55259/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Torquebiau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Troisième et dernier volet de notre série sur l’agroforesterie, cette méthode ancestrale qui opère un retour remarqué sous nos latitudes.Emmanuel Torquebiau, Chercheur en écologie tropicale et agroforesterie, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/552572016-02-24T22:07:50Z2016-02-24T22:07:50ZL’agroforesterie en exemples gagnants<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/112883/original/image-20160225-15156-1gqgt00.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parc agroforestier au Cameroun. </span> <span class="attribution"><span class="source">E.T/Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’arbre se trouve au cœur des premières expériences agricoles menées par l’homme : dès le néolithique, ce dernier se livrait à l’abattis-brûlis, pratique consistant à défricher des parcelles de forêt pour y implanter des cultures, puis à laisser la jachère reconstituer le sol et la forêt après quelques années de culture. Et, depuis la nuit des temps, l’homme élève des animaux de manière nomade ou semi-nomade sur des terrains de parcours, grandes formations naturelles où les parties tendres des arbres et arbustes (le brout) jouent un rôle primordial dans l’alimentation du bétail, surtout pendant les saisons sèches.</p>
<p>En raison de l’exploitation immodérée des ressources naturelles dans le monde d’aujourd’hui, ces pratiques traditionnelles ne sont plus en équilibre avec le milieu. Il en subsiste toutefois de nombreuses traces dans l’agroforesterie contemporaine. Les <a href="http://books.openedition.org/irdeditions/3336?lang=fr">arbres fourragers</a> constituent ainsi une grande part de la ration alimentaire des troupeaux du Sahel et d’autres zones semi-arides. Les « agroforêts » tropicales, où l’on associe plusieurs strates arborescentes, des cultures de sous-bois et parfois de l’élevage, témoignent de la domestication ancienne des forêts par l’homme.</p>
<h2>Les multiples services agricoles de l’arbre</h2>
<p>Dans les paysages ruraux d’aujourd’hui, surtout en zone tempérée, les marques de cette proximité entre forêt et agriculture ont presque toutes disparu, mais l’arbre a néanmoins gardé sa place ici et là. Le bocage, les haies, les vergers fruitiers à cultures associées de la vallée de l’Isère, en France, les brise-vent de cyprès de la vallée du Rhône ou les vignes qui grimpent sur des arbres au Portugal et en Sicile, l’association entre céréales, élevage porcin et chênes dans la <em><a href="http://www1.montpellier.inra.fr/safe/conferences/Paris/4-Gerry%20Lawson%20APCA-Europe-Fr.pdf">dehesa</a></em> espagnole, sont autant de témoins d’une agriculture forestière.</p>
<p>Dans ces paysages, l’arbre crée de l’hétérogénéité. Il participe à la conservation de la biodiversité et contribue au fonctionnement équilibré des agro-écosystèmes auxquels il appartient. Enfin, et surtout, l’arbre est impliqué dans <a href="https://theconversation.com/attenuation-adaptation-50680">l’adaptation</a> aux modifications du climat, en contribuant à la <a href="https://theconversation.com/resilience-51449">résilience</a> de ces espaces face à l’aléa climatique. Il atténue aussi le changement climatique en cours, en <a href="https://theconversation.com/les-forets-tropicales-des-puits-de-carbone-hautement-vulnerables-54281">fixant du carbone</a> grâce à son importante biomasse aérienne et souterraine.</p>
<p>Les plantations de caféiers ou de cacaoyers sous arbres d’ombrage sont l’un des exemples contemporains d’agroforesterie les plus spectaculaires. On en trouve en Amérique latine, au Cameroun, au Ghana, en Indonésie. Sous ombrage, la production de fruits est de qualité et si les rendements sont légèrement inférieurs à ceux des plantations industrielles de plein soleil, le revenu final est meilleur pour l’agriculteur car les investissements de plantation, en produits phytosanitaires, eau d’irrigation, main d’œuvre, sont réduits. Les arbres d’ombrage produisent aussi du bois, tout en fixant et améliorant le sol. <a href="http://www.fao.org/docrep/005/y2328f/y2328f10.htm">Le café</a> et le cacao « agroforestiers » sont aujourd’hui recherchés dans le monde entier.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112594/original/image-20160223-16447-q9rrpg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Agriculture « multi-étagée » dans le delta du Nil en Égypte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">E.T/Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Les champions agroforestiers</h2>
<p>Les jardins agroforestiers, tels ceux d’Indonésie, constituent peut-être le nec plus ultra de l’agroforesterie : une couche supérieure de végétation, composée de grands arbres, recouvre des arbres plus petits, des arbustes, des lianes, des palmiers et diverses plantes, lesquelles forment ainsi plusieurs strates superposées, plus ou moins tolérantes à l’ombre.</p>
<p>Des activités d’élevage, telles que basse-cour, petits ruminants, étangs de pisciculture, sont aménagées dans le sous-bois, à proximité des habitations. L’équilibre écologique de ces « agroforêts » est parfait, comparable à celui d’une forêt naturelle, notamment en raison de l’étonnante biodiversité qu’on y trouve. Ces mêmes principes d’« agriculture multi-étagée » sont aussi appliqués en Égypte, dans le delta du Nil. Des palmiers dattiers abritent trois couches superposées de cultures, en production intensive irriguée : des oliviers, des agrumes et des plantes potagères.</p>
<p>Dans les zones sèches d’Afrique, la pratique agricole la plus courante consiste à conserver dans les champs des arbres dispersés sous lesquels on entretient différentes cultures annuelles, par exemple du sorgo, du mil ou des légumineuses. Pendant la saison sèche, ces champs sont utilisés par le bétail.</p>
<p>Cette forme d’agriculture sempervirente, parfois appelée « parc agroforestier » est l’objet de toutes les attentions depuis quelques années car on lui reconnaît de multiples rôles bénéfiques, allant de la diversification des revenus à la protection du sol et de la préservation de la biodiversité jusqu’à une résilience améliorée face au changement climatique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=857&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112585/original/image-20160223-16455-19lup81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1077&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En Nouvelle-Zélande, élevage et plantations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">www.teara.govt.nz</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les zones tempérées, l’agroforesterie d’aujourd’hui prend des formes différentes. La Nouvelle-Zélande et l’<a href="http://agroforestry.org.au/main.asp">Australie</a>, par exemple, pratiquent l’élevage dans des plantations d’arbres. En France, outre la renaissance des haies rurales, on assiste à un renouveau de l’agroforesterie, sous forme d’alignements d’arbres dans des parcelles céréalières. Les recherches ont montré que de telles associations sont bénéfiques à la fois pour l’arbre et pour la culture, donc pour l’agriculteur. Et elles sont également favorables à la biodiversité, au climat et à l’environnement en général. L’arbre de l’agroforesterie, parfois appelé « arbre hors-forêt » a sans aucun doute de beaux jours devant lui.</p>
<p><br>
<em>Emmanuel Torquebiau est notamment l’auteur de <a href="http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=23970">« L’agroforesterie,
Des arbres et des champs »</a> (éd. L’Harmattan).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55257/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Torquebiau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Second volet de notre série sur l’agroforesterie, cette méthode ancestrale qui opère un retour remarqué sous nos latitudes.Emmanuel Torquebiau, Chercheur en écologie tropicale et agroforesterie, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/549742016-02-23T21:52:56Z2016-02-23T21:52:56ZL’agroforesterie, ou l’art de mettre des arbres dans les champs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/112547/original/image-20160223-16416-1582un6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des caféiers poussant sous ombrage en Tanzanie. </span> <span class="attribution"><span class="source">E.T/Cirad</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Mélanger des arbres avec des cultures. L’idée peut surprendre et fera bondir plus d’un agriculteur, mais c’est l’essence même de l’agroforesterie : planter des alignements de noyers dans un champ de céréales, cultiver des légumes sous un couvert arboré, entretenir des haies arbustives régulièrement espacées dans un champ, transformer un jardin potager en jardin-forêt, entourer les champs de haies pour former un bocage, faire pâturer des animaux dans un pré-bois…</p>
<p>L’agroforesterie est une pratique très ancienne. Au <a href="http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-pas-d-emission-en-raison-d-un-mouvement-de-greve-0">néolithique</a>, lorsque l’homme défriche des forêts pour les convertir en champs et se déplace à la recherche de nouvelles parcelles, il sait déjà que les arbres qui poussent pendant la jachère, cette phase de repos du sol, permettent de cultiver à nouveau quelques années plus tard. Dans les terrains de parcours où se déplacent les premiers pasteurs nomades, les animaux consomment surtout du brout, le fourrage des arbres.</p>
<h2>Une pratique incontournable du Sud</h2>
<p>De nos jours, l’agroforesterie est encore omniprésente dans les pays tropicaux. Le système de culture le plus répandu en Afrique consiste à entretenir des arbres dispersés dans les parcelles et cultiver entre les arbres. On l’appelle parfois « parc agroforestier » ou « agriculture sempervirente », et les arbres qui s’y trouvent ont de multiples usages : bois, nourriture, médicaments, fibres, fourrage, résine, latex, tannin, etc. On en utilise les feuilles, le bois, les fruits, mais aussi les racines, les branches, les fleurs… Dans ces parcelles, les arbres protègent le sol de l’érosion, en améliorent la fertilité, procurent de l’ombre aux plantes qui ne supportent pas le plein soleil, diminuent les effets néfastes du vent, concentrent l’humidité. Ils sont aussi un symbole de statut social et permettent de visualiser les limites de parcelles, de marquer la propriété. Sous l’arbre à palabres, l’Afrique discute et invente.</p>
<p>L’agroforesterie, ce sont aussi les jardins-forêts, agroforêts et forêts plus ou moins domestiquées que l’on trouve dans de nombreux pays en développement. Le café ou le gingembre, lorsqu’ils sont cultivés sous des arbres d’ombrage, le poivre, la vanille ou les ignames, lorsqu’ils poussent sur un arbre support, les pâturages sous cocotiers ou en milieu forestier, sont autant de cas d’agroforesterie. Les arbres fourragers, également, se comptent par centaines dans tous les pays chauds ; ils permettent d’assurer l’alimentation des troupeaux pendant la saison sèche. Les exemples sont innombrables et témoignent de l’importance de l’arbre dans le quotidien des populations rurales des pays du Sud.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112006/original/image-20160218-12817-1undrid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112006/original/image-20160218-12817-1undrid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112006/original/image-20160218-12817-1undrid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112006/original/image-20160218-12817-1undrid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112006/original/image-20160218-12817-1undrid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112006/original/image-20160218-12817-1undrid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112006/original/image-20160218-12817-1undrid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans la Beauce, des champs de céréales à perte de vue.</span>
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<p>L’agriculture des pays industriels, en revanche, a superbement éliminé l’arbre de ses préoccupations pendant la plus grande partie du XX<sup>e</sup> siècle, le laissant aux forestiers et arboriculteurs spécialisés, sous prétexte que les arbres gênaient les cultures et compliquaient la mécanisation. On connaît le résultat : l’océan de blé de la Beauce et la monotonie des paysages agricoles dépourvus de haies ou de champs complantés d’arbres. Heureusement, la tendance est en train de s’inverser. L’agroforesterie se fait une place en Europe, où l’on sait à présent produire du bois d’œuvre et des céréales sur une même parcelle. Les haies rurales sont enfin <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/7-reintegrer-l-arbre-dans-les-systemes-agricoles-reference-ademe-8183.pdf">réhabilitées</a>. On recommande l’utilisation de <a href="http://www.terraeco.net/Decouvrez-le-BRF-ce-compost,56087.html">« bois raméal fragmenté »</a>, des copeaux de jeunes branches d’arbres, pour servir d’engrais naturel et améliorer le fonctionnement des sols cultivés. Et dans l’hémisphère sud, Néo-zélandais et Australiens sont passés maîtres dans l’art de l’élevage associé aux plantations forestières.</p>
<h2>Une piste prometteuse face au changement climatique</h2>
<p>L’agroforesterie, par ailleurs, retient désormais l’attention de tous ceux qui cherchent des solutions pour <a href="http://www.springer.com/fr/book/9789401774604">lutter contre le changement climatique</a> – et s’y adapter – en modifiant l’utilisation des terres rurales. Les arbres sont en effet des « puits de carbone » : ils absorbent de grandes quantités de dioxyde de carbone atmosphérique (CO<sub>2</sub>), ce gaz à effet de serre en partie responsable du changement climatique. Celui-ci permet de fabriquer, via la photosynthèse, de la matière végétale. Lorsque celle-ci meurt (feuilles qui tombent, arbre en fin de vie…), elle est décomposée par les micro-organismes et transformée en matière organique (telle que l’humus), riche en carbone. Ce carbone piégé dans le sol, c’est autant de CO<sub>2</sub> qui n’est plus dans l’atmosphère, ce qui atténue le changement climatique. En outre, la matière organique du sol contribue également à en améliorer les propriétés, de sorte qu’il va mieux retenir l’eau et les nutriments dont les plantes ont besoin ; ce qui, cette fois, contribue à l’adaptation au changement climatique.</p>
<p>Les spécialistes du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ne s’y sont pas trompés : ils classent l’agroforesterie parmi les méthodes de mise en valeur du sol capables de renforcer simultanément l’adaptation au changement climatique et son atténuation, et la recommandent notamment dans leur volume sur l’Afrique, <a href="https://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg2/ar5_wgII_spm_fr.pdf">publié en 2014</a>. Lors de la COP21, l’agroforesterie était sur de nombreuses lèvres. Si tout va bien, les arbres devraient bientôt retrouver la place qu’ils n’auraient jamais du perdre dans la mise en valeur du sol par l’homme.</p>
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<em>Emmanuel Torquebiau est notamment l’auteur de <a href="http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=23970">« L’agroforesterie,
Des arbres et des champs »</a> (éd. L’Harmattan).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/54974/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Torquebiau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Préservation des sols, diversification des ressources, atténuation du changement climatique… La liste des avantages de l’agroforesterie est longue. Zoom sur une pratique qui amorce un retour en grâce.Emmanuel Torquebiau, Chercheur en écologie tropicale et agroforesterie, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.