tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/anxiete-30927/articlesanxiété – The Conversation2024-01-24T17:14:53Ztag:theconversation.com,2011:article/2152382024-01-24T17:14:53Z2024-01-24T17:14:53ZAnxiété, dépression… Les fausses couches engendrent des problèmes psychologiques encore trop souvent négligés<p>En moyenne, une femme sur deux est confrontée à une fausse couche dans sa vie, selon les chiffres du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Certaines en subissent même plusieurs au cours de leur existence.</p>
<p>De nombreuses recherches ont été menées pour déterminer les causes des fausses couches et améliorer leur prise en charge médicale. En revanche, leurs conséquences en termes de santé mentale demeurent peu étudiées.</p>
<p>Pour mieux les comprendre, notre équipe a mené un travail de recherche au sein de la population française. Voici ce que ces travaux nous ont appris.</p>
<h2>Les fausses couches concernent jusqu’à un quart des grossesses</h2>
<p>Selon le <a href="https://www.gynerisq.fr/wp-content/uploads/2013/12/2014_CNGOF_Pertes-foetales.pdf">CNGOF</a>, une fausse couche se définit par l’expulsion spontanée d’un embryon ou d’un fœtus avant la 22<sup>e</sup> semaine d’aménorrhée (qui constitue le seuil de viabilité en France). Une fausse couche est dite « précoce » lorsqu’elle survient avant la 14<sup>e</sup> semaine, et tardive si elle se produit entre la 14<sup>e</sup> et la 22<sup>e</sup> semaine d’aménorrhée. La prévalence des formes précoces est élevée, touchant 12 à 24 % des grossesses. Les formes tardives sont plus rares, et concernent 1 % des grossesses.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/fausses-couches-a-repetition-le-point-sur-les-causes-et-la-prise-en-charge-215951">Fausses couches à répétition : le point sur les causes et la prise en charge</a>
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<p><a href="https://theconversation.com/fausses-couches-a-repetition-le-point-sur-les-causes-et-la-prise-en-charge-215951">Les causes des fausses couches sont nombreuses</a>. Citons notamment, pour les fausses couches précoces, un âge maternel ou paternel supérieur à 35 ans, des problèmes de réplication du matériel génétique de l’embryon, la consommation de tabac, d’alcool, une exposition aux radiations. Les causes des fausses couches tardives sont généralement obstétricales et gynécologiques, et cet évènement peut se produire de façon unique ou se répéter au cours de différentes grossesses.</p>
<p>Si le traitement médical des fausses couches est désormais bien connu, leurs conséquences psychologiques le sont moins. Pourtant, elles ne sont pas négligeables.</p>
<h2>Dépression et troubles anxieux</h2>
<p>Quand une fausse couche survient au cours d’une grossesse investie très tôt par le couple, elle marque l’interruption brutale de projections dans l’avenir, pour soi, pour son projet de vie et de famille.</p>
<p>Les <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1521-6934(06)00156-8">rares travaux de recherche</a> qui ont été menés au niveau international indiquent que les femmes qui ont vécu une fausse couche peuvent développer non seulement des symptômes anxieux ou dépressifs, mais aussi des états de stress post-traumatiques.</p>
<p>Des études prospectives ont elles aussi révélé l’existence de symptômes dépressifs et majoritairement anxieux 13 mois après une fausse couche. <a href="https://www.doi.org/10.111/j.1471-0528.2007.01452.x">D’autres recherches</a> ont montré que les scores de dépression, qui culminent à 6 mois, baissent ensuite progressivement, excepté pour les femmes qui ne parviennent pas à accéder à la maternité. Pour ces dernières, la symptomatologie dépressive persiste, avec un rebond entre 7 et 12 mois.</p>
<p>Les conséquences psychologiques de la fausse couche <a href="https://sonar.ch/hesso/documents/315236">dépendent de divers paramètres</a> : accès à l’information, niveau de reconnaissance par les soignants de la perte vécue, insatisfaction quant à l’accompagnement prodigué, ou encore soutien social reçu, notamment par le partenaire. Nos propres travaux ont par ailleurs permis d’identifier que les séquelles psychologiques de la fausse couche peuvent être assimilées à un trouble de l’adaptation, un trouble fréquent en psychiatrie.</p>
<h2>Fausse couche et trouble de l’adaptation</h2>
<p>Le trouble de l’adaptation survient lorsqu’une personne a du mal à s’ajuster à un évènement de vie éprouvant. Transitoire, il est parfois banalisé, alors même qu’il nécessite une prise en charge psychologique adaptée, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20865099/">compte tenu de son association à un risque suicidaire élevé</a>.</p>
<p>Dans notre étude, nous avons comparé les scores au questionnaire du trouble de l’adaptation (<a href="https://www.psychology.uzh.ch/dam/jcr:15220404-d1b2-4d9a-9661-f1709b4ca3f4/ADNM_20_Homepage_English.pdf">ADNM-<em>Adjustment Disorder New Module</em> – 20 items</a>) de personnes ayant vécu une fausse couche et de personnes ayant vécu un autre évènement de vie difficile, tel que le décès d’un proche, une rupture, etc.</p>
<p>Les résultats montrent que les personnes ayant vécu une fausse couche présentent le même niveau de difficultés psychologiques que celles ayant vécu un autre évènement de vie stressant. De plus, l’analyse des réponses au questionnaire révèle que 60 % des personnes ayant vécu une fausse couche présentent un trouble de l’adaptation.</p>
<p>Parmi les facteurs étudiés lors de cette étude, nous nous sommes aussi intéressés aux compétences psychologiques, telles que les capacités de régulation émotionnelle. Nous avons observé que des compétences psychologiques plus faibles étaient associées à un plus haut niveau de trouble de l’adaptation. Ces résultats suggèrent de possibles axes de travail à proposer à nos patients, basés sur les <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-therapies-comportementales-cognitives-et-emotionnelles-129883">thérapies cognitivo-comportementales</a>.</p>
<h2>Travailler sur les émotions et la relaxation</h2>
<p>La psychoéducation pourrait aider les couples concernés par une fausse couche à développer des outils afin de mieux identifier leurs émotions, les exprimer puis les réguler en retrouvant du contrôle sur celles-ci.</p>
<p>Concrètement, il s’agirait de proposer des consultations ou des ateliers en groupes au cours desquels les couples seraient informés sur les émotions (colère, tristesse, stress) qu’ils peuvent ressentir suite à cet évènement. Ils pourraient également être invités lors de ces temps, <a href="https://doi.org/10.1016/j.amp.2014.12.001">à trouver des ressources pour y faire face</a>.</p>
<p>Proposer des techniques de relaxation permettrait au patient de se centrer sur les sensations corporelles agréables et sur le sentiment de détente associé, <a href="https://doi.org/10.1016/j.encep.2014.07.001">et ainsi de diminuer leur anxiété</a>.</p>
<p>Lors de l’évaluation psychologique, questionner le patient sur la façon dont la fausse couche vient s’inscrire dans son parcours et son projet de vie peut également permettre de dégager d’autres thématiques de travail. Il est important de déceler un éventuel sentiment de culpabilité, reposant sur des croyances ou des représentations en lien avec la fausse couche (« j’aurais dû me reposer davantage », « tout est de ma faute »).</p>
<p>Ces dernières pourraient être prises en charge grâce à des techniques de restructuration cognitive, une approche qui permet de travailler sur la prise de conscience par le patient de ses pensées négatives et lui apprend à transformer ces pensées par d’autres pensées, plus rationnelles et plus neutres.</p>
<p>Qui plus est, envisager la fausse couche comme un trouble de l’adaptation permet aussi de proposer des thérapies structurées sur les souvenirs douloureux de l’évènement, telles que la thérapie narrative. Cette dernière, aussi appelée thérapie d’exposition par la narration, permet au patient de revenir en détail sur l’évènement douloureux en précisant les émotions, les sensations corporelles, les pensées et les comportements qui l’ont traversé.</p>
<p>L’exposition répétée à ce script narratif, en séance, dans un lieu sécurisé, est l’une des bases de la thérapie cognitivo-comportementale et permet de « digérer » émotionnellement les évènements difficiles. De la même manière, la <a href="https://presse.inserm.fr/canal-detox/lemdr-pour-traiter-le-stress-post-traumatique-vraiment/">thérapie EMDR (<em>eye movement desensitization and reprocessing</em>)</a> pourrait être proposée.</p>
<h2>Une loi pour mieux prendre en charge les couples confrontés à une fausse couche</h2>
<p>Fréquentes, les fausses couches sont parfois banalisées par l’entourage et les soignants. Elles n’en restent pas moins des évènements douloureux, dont la prise en charge psychologique, dans les mois qui suivent, est cruciale.</p>
<p><a href="https://www.vie-publique.fr/loi/288561-fausses-couches-accompagner-les-femmes-victimes-loi-7-juillet-2023">Pour favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche</a>, une nouvelle loi a été promulguée le 8 mars 2023.</p>
<p>Ce texte prévoit la mise en place d’un « parcours interruption spontanée de grossesse », associant médecins, sages-femmes et psychologues, hospitaliers et libéraux, afin d’améliorer le suivi médical et psychologique des personnes confrontées à une fausse couche, à partir du 1<sup>er</sup> septembre 2024. Inclure les partenaires dans la prise en charge permettra de ne plus méconnaître leur ressenti face à cet évènement de vie, et de les impliquer dans la prise en charge proposée.</p>
<p>Ladite prise en charge consiste notamment en un accès facilité à un suivi psychologique, pouvant se faire via le programme <a href="https://monsoutienpsy.sante.gouv.fr/">Mon Soutien Psy</a> (dans ce cas, sages-femmes et médecins peuvent prescrire des séances). La formation des soignants sur les répercussions psychologiques de la fausse couche, et sur la douleur que cela peut engendrer, sera aussi renforcée.</p>
<p>La loi prévoit également de pouvoir bénéficier d’indemnités journalières sans délai de carence pendant leur arrêt maladie, ce qui constitue un progrès important pour le droit des femmes.</p>
<p>Parallèlement à cette évolution législative, les recherches sur les difficultés d’adaptation à la suite de la fausse couche doivent se poursuivre. Grâce aux connaissances qu’elles permettront d’accumuler, il sera possible de proposer des programmes de prise en charge spécialisés pour aider les couples à surmonter au mieux cette épreuve.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215238/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexis Vancappel a reçu des financements de l’IRCCADE (Institut de recherches cognitive et
comportemental sur la dépression et l’anxiété).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christelle Lefort ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les conséquences psychologiques des fausses couches ont longtemps été sous-estimées. Elles peuvent pourtant être dévastatrices pour les femmes concernées, et pour leur couple.Alexis Vancappel, Maître de conférences en psychologie, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2200042024-01-15T15:22:20Z2024-01-15T15:22:20ZLa pilule contraceptive a aussi un effet sur le cerveau et la régulation des émotions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567188/original/file-20231221-19-oxth15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C988%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, peuvent accéder au cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les contraceptifs oraux, aussi appelés pilules contraceptives, sont <a href="https://doi.org/10.18356/1bd58a10-en">utilisés par plus de 150 millions de femmes à travers le monde</a>. Environ un tiers des adolescentes en <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/82-003-x/2015010/article/14222-eng.pdf">Amérique du Nord</a> et en <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">Europe</a> les utilisent, ce qui en fait le médicament le plus prescrit aux adolescentes.</p>
<p>Il est bien connu que les contraceptifs oraux ont le pouvoir de modifier le cycle menstruel des femmes. Mais ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils ont aussi accès au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>En tant qu’étudiante au doctorat et professeure en psychologie à l’UQAM, nous nous sommes intéressées à l’influence des contraceptifs oraux sur les régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous avons publié nos <a href="https://doi.org/10.3389/fendo.2023.1228504">résultats dans le journal scientifique <em>Frontiers in Endocrinology</em></a>.</p>
<h2>La pilule, comment ça fonctionne ?</h2>
<p>Il existe plusieurs méthodes de contraception hormonale, mais le type le plus courant en Amérique du Nord est la pilule contraceptive, plus spécifiquement les <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">contraceptifs oraux combinés</a> (COC). Ils sont constitués de deux hormones artificielles simulant un estrogène (généralement l’éthinyl estradiol) et la progestérone.</p>
<p>Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">peuvent accéder au cerveau</a>. Elles se lient à des récepteurs dans différentes régions et signalent au cerveau de diminuer la production d’hormones sexuelles endogènes. C’est ce phénomène qui mène à l’arrêt de la cyclicité menstruelle, empêchant l’ovulation.</p>
<p>C’est donc dire que tout au long de l’utilisation des COC, le corps et le cerveau des utilisatrices ne sont pas exposés aux fluctuations d’hormones sexuelles typiquement observées chez les femmes naturellement cyclées.</p>
<h2>Les effets cérébraux de la pilule : les neurosciences à la rescousse !</h2>
<p>Lorsqu’elles commencent la prise de COC, les adolescentes et les femmes sont informées de divers effets secondaires, principalement physiques (nausées, maux de tête, variations de poids, sensibilité à la poitrine). Pourtant, il n’est généralement pas abordé que les hormones sexuelles accèdent au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>Des études ont d’ailleurs associé l’utilisation de COC à de <a href="https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2018.02.019">moins bonnes performances de régulation émotionnelle</a> et à un <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">risque plus élevé de développer des psychopathologies</a>.</p>
<p>De plus, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir de <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpsychires.2011.03.006">troubles liés à l’anxiété et au stress chronique</a>. L’utilisation des COC étant très répandue, il importe de mieux comprendre leurs effets sur l’anatomie des régions du cerveau qui sous-tendent la régulation émotionnelle.</p>
<p>Nous avons ainsi conduit une étude ayant pour objectif d’examiner les effets des COC sur l’anatomie des régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous nous sommes intéressées aux effets liés à leur utilisation actuelle, mais aussi aux effets possiblement durables, à savoir si les COC pouvaient affecter l’anatomie du cerveau – même après avoir cessé leur utilisation.</p>
<p>Pour ce faire, nous avons recruté quatre profils d’individus en santé, soit des femmes qui utilisent actuellement des COC, des femmes qui ont utilisé des COC dans le passé, des femmes qui n’ont jamais utilisé quelconque méthode de contraception hormonale et des hommes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="imagerie résonance magnétique" src="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de faire l’analyse de la morphologie de certaines régions du cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>À l’aide de l’imagerie cérébrale, nous avons trouvé que seules les femmes qui utilisent actuellement des COC présentaient un cortex préfrontal ventromédian légèrement plus mince que les hommes. Cette partie du cerveau est reconnue comme étant essentielle à la régulation des émotions comme la peur. La littérature scientifique montre que <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0502441102">plus cette région est épaisse, meilleure est la régulation émotionnelle</a>.</p>
<p>De ce fait, les COC pourraient altérer la régulation des émotions chez les femmes. Bien que nous n’ayons pas testé directement le lien entre la morphologie cérébrale et la santé mentale, notre équipe se penche actuellement sur d’autres aspects du cerveau et de la santé mentale, ce qui permettra de mieux comprendre les découvertes anatomiques actuelles.</p>
<h2>Un effet actuel, mais pas durable : une histoire de dose</h2>
<p>Nous avons tenté de mieux comprendre ce qui pourrait expliquer l’effet de l’utilisation actuelle des COC sur cette région du cerveau. Nous avons découvert que cela était associé à la dose d’éthinyl estradiol. En effet, parmi les utilisatrices actuelles de COC, seules celles qui utilisaient un COC à faible dose (10-25 microgrammes), mais pas à dose plus élevée (30-35 microgrammes), étaient associée à un cortex préfrontal ventromédian plus mince.</p>
<p>Cela peut sembler surprenant : une plus faible dose était liée à un effet cérébral…</p>
<p>Sachant que tous les COC réduisent les concentrations d’hormones sexuelles endogènes, nous proposons que les récepteurs à estrogènes de cette région cérébrale pourraient être insuffisamment activés lorsque de faibles niveaux d’estrogène endogène sont combinés à un faible apport en estrogène exogène (éthinyl estradiol).</p>
<p>À l’inverse, des doses plus élevées d’éthinyl estradiol pourraient aider à obtenir une liaison adéquate aux récepteurs à estrogènes dans le cortex préfrontal, simulant ainsi une activité modérée à élevée similaire à celle des femmes ayant un cycle menstruel naturel.</p>
<p>Il est important de noter que cette plus faible épaisseur de matière grise était spécifique à l’utilisation actuelle des COC : les femmes ayant utilisé des COC dans le passé ne présentaient pas d’amincissement comparativement aux hommes. Notre étude soutient donc la réversibilité de l’influence des COC sur l’anatomie cérébrale, notamment sur l’épaisseur du cortex préfrontal ventromédian.</p>
<p>En d’autres termes, l’utilisation de COC pourrait affecter l’anatomie cérébrale, mais de manière réversible.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>Bien que notre recherche n’ait pas d’orientation clinique directe, elle contribue à faire progresser notre compréhension des effets anatomiques liés à l’utilisation des COC.</p>
<p>Loin de nous l’idée de vouloir que les femmes cessent d’utiliser leur COC : il serait beaucoup trop hâtif et alarmant d’avoir ce genre de discours.</p>
<p>Il importe également de se rappeler que les effets répertoriés dans notre étude semblent réversibles.</p>
<p>Notre objectif est de promouvoir la recherche fondamentale et clinique, mais également d’accroître l’intérêt scientifique en matière de santé de la femme, un domaine encore trop peu étudié.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220004/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Brouillard est membre étudiante du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Elle détient une bourse d'études doctorales des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-France Marin est chercheure régulière au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, professeure au département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal et professeure associée au département de psychiatrie et d'addictologie de l'Université de Montréal. Elle a été soutenue par une bourse salariale du Fonds de recherche du Québec - Santé (2018-2022) et est actuellement titulaire d'une Chaire de recherche du Canada sur la modulation hormonale des fonctions cognitives et émotionnelles (2022-2027). Le projet dont il est question dans l'article est subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada et a reçu l'appui de fonds de projets pilotes du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et du Réseau de bio-imagerie du Québec. </span></em></p>Les contraceptifs oraux modifient le cycle menstruel ; ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils accèdent aussi au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.Alexandra Brouillard, Doctorante en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Marie-France Marin, Professor, Department of Psychology, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2097322024-01-04T15:49:00Z2024-01-04T15:49:00ZL’activité physique, un outil thérapeutique pour traiter la dépendance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541260/original/file-20230804-15-8qg771.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=55%2C0%2C6189%2C4095&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Notre revue scientifique indique que les personnes qui intègrent des activités physiques dans leur traitement pour la dépendance connaissent une réduction plus significative de leur consommation de substance par rapport à celles qui n'en incluent pas.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Pexels cottonbro studio)</span>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>L’activité physique est reconnue pour ces nombreux bienfaits, <a href="https://www.acsm.org/docs/default-source/publications-files/acsm-guidelines-download-10th-edabf32a97415a400e9b3be594a6cd7fbf.pdf">autant au niveau de la santé physique que mentale</a>. Elle peut, entre autres, réduire le taux de mortalité, le risque de nombreuses maladies chroniques ainsi qu’améliorer les symptômes de dépression et d’anxiété.</p>
<p>Il existe aussi un autre aspect bénéfique à considérer : nous avons observé que l’activité physique peut également contribuer à diminuer la consommation de drogue et d’alcool. </p>
<p>En tant que kinésiologue et candidate au doctorat en science de l’activité physique, cette découverte a renforcé ma passion pour ce domaine de recherche. Dans cet article, je vais vous expliquer comment notre équipe de recherche sommes parvenus à ce résultat. </p>
<p>Nous avons d’abord conduit une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0283861#pone.0283861.ref014">revue systématique de la littérature</a> scientifique, c’est-à-dire une compilation et analyse de toutes les études portant sur l’activité physique et la dépendance. </p>
<p>Nous avons choisi de ne pas inclure le tabac dans notre revue en raison de sa sur-représentation dans les études <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1360-0443.2012.04034.x">liées à l’effet de l’activité physique</a>. Nous nous sommes concentrés sur l’alcool et les autres drogues, car bien que le tabac puisse mener à une dépendance, celle-ci est singulièrement différente des autres substances au niveau fonctionnel ainsi qu’au niveau des traitements.</p>
<p>Ainsi, un total de quarante-trois articles incluant plus de 3 135 personnes suivant un traitement pour la dépendance ont été analysés. La plupart des études proposaient des interventions en activité physique trois fois par semaine, pendant une heure. L’activité physique la plus utilisée a été la course, suivie par l’entraînement en musculation, le vélo et le yoga. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/contre-la-depression-lexercice-peut-etre-plus-efficace-que-les-therapies-ou-la-medication-201257">Contre la dépression, l’exercice peut être plus efficace que les thérapies ou la médication</a>
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<h2>Des dépendances communes</h2>
<p>Pour des raisons complexes et encore mal comprises, la consommation de drogue et d’alcool, courante en Occident, peut parfois amener à un état de dépendance. Cet état se nomme <a href="https://mcc.ca/fr/objectifs/expert/key/103/">trouble de l’usage de substance</a>. Il s’agit d’un trouble de santé mentale diagnostiqué et défini par le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3767415/">DSM-5</a> comme étant la persistance de la consommation de substances malgré l’apparition de symptômes cognitifs, comportementaux et physiologiques. On note par exemple l’incapacité de remplir ses obligations majeures au travail, à l’école ou au domicile ; des symptômes de sevrage lors de la cessation ou encore une haute tolérance lors de la consommation.</p>
<p><a href="https://bdso.gouv.qc.ca/docs-ken/multimedia/PB01671FR_portrait_sante_mentale2015H00F00.pdf">Les dépendances touchent environ 18 % de la population québécoise</a>. Les <a href="https://bdso.gouv.qc.ca/docs-ken/multimedia/PB01671FR_portrait_sante_mentale2015H00F00.pdf">plus courantes</a> sont celles liées à l’alcool (53 %), au cannabis (5 %), et aux autres drogues telles que les opioïdes ou l’héroïne par exemple (13 % des dépendances). </p>
<p>Sortir d’une situation de dépendance, seul ou accompagné, peut être difficile. <a href="https://nida.nih.gov/publications/drugs-brains-behavior-science-addiction/treatment-recovery">On estime qu’entre 40 à 60 % des personnes vont rechuter plusieurs fois avant d’atteindre leur objectif personnel de consommation</a>. En effet, certaines peuvent vouloir diminuer leur consommation sans vouloir nécessairement atteindre la complète sobriété. Les traitements psychologiques ou pharmacologiques restent encore peu efficaces sur la diminution des symptômes de dépendance. On estime qu’entre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0376871616308675?via%3Dihub">35 à 54 % des personnes vont atteindre une rémission complète à la suite d’un traitement</a> tout dépendant de la sorte de traitement suivi. </p>
<p>C’est pourquoi il est important de trouver de nouvelles façons de soigner les personnes ayant des dépendances. </p>
<h2>Les trois-quarts des études observent une amélioration à la suite de la pratique d’une activité physique</h2>
<p>Parmi les traitements pour contrer les dépendances, l’activité physique est considérée comme une avenue thérapeutique potentielle, vu ses bienfaits au niveau physiologique, psychologique ou encore social. </p>
<p>Nous avons ainsi découvert que 75 % des études montraient une plus grande diminution de la consommation de substance chez les personnes qui pratiquaient des activités physiques pendant leur traitement de dépendance comparativement à celles qui n’en pratiquent pas. </p>
<p>Par ailleurs, un effet a aussi été observé au niveau du <em>craving</em>, un symptôme central dans la dépendance et qui peut grandement influencer la rechute. Il est défini comme un manque intense souvent ressenti pendant le sevrage d’une substance. Les trois-quarts des études montraient que les personnes pratiquant de l’activité physique pendant leur traitement ressentaient moins de symptômes de manque. </p>
<p>Ce dernier résultat est très important, car il montre l’importance de l’activité physique d’un point de vue thérapeutique, soit le pouvoir d’aider concrètement les personnes pendant leur traitement et d’améliorer l’issue de celui-ci. </p>
<h2>Meilleure pour la santé mentale</h2>
<p>Un deuxième point que nous avons relevé est le fait que le traitement pour la dépendance incluant de l’activité physique s’avérait plus efficace pour la santé mentale. L’activité physique en complémentarité avec le traitement pour la dépendance a amélioré les symptômes de dépression et d’anxiété. </p>
<p>En effet, les symptômes de dépression se sont améliorés dans plus de la moitié des études, et les symptômes anxieux, dans plus de 70 %. Ces résultats sont cliniquement utiles, car ces troubles sont souvent présents chez cette population, et peuvent fortement influencer le rétablissement. </p>
<h2>Un outil peu coûteux</h2>
<p>Les équipes en dépendance vont prioriser les symptômes reliés directement à la dépendance (comme le <em>craving</em>) souvent par manque de temps ou de ressources, une réalité incontournable dans les centres de dépendances. Ainsi, l’activité physique pourrait être un outil peu coûteux, demandant peu de ressources et apportant des bénéfices considérables, tant pour contrer la dépendance elle-même que la dépression et l’anxiété.</p>
<p>Notre recherche montre l’importance, autant pour les personnes ayant une dépendance que pour les intervenants et les professionnels de la santé qui travaillent avec cette clientèle, d’ajouter de l’activité physique dans les traitements. </p>
<p>Il s’agit d’une option thérapeutique efficace, peu coûteuse, faisable et bénéfique pour les personnes souhaitant diminuer leur consommation et améliorer, en même temps, leur santé mentale et physique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209732/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Piché est membre de la fédération des Kinésiologues du Québec. Elle a reçu des financements de l'Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal, des Fonds de recherche en Santé du Québec et de l'Institut universitaire sur les dépendances. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ahmed Jerome Romain a reçu des financements de la Fondation de l'Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal et du Fonds de Recherche en Santé du Québec</span></em></p>L’activité physique pourrait influencer le traitement des personnes ayant une dépendance. Il s’agit d’une option thérapeutique efficace et peu coûteuse.Florence Piché, Phd candidat, Université de MontréalAhmed Jerome Romain, Professeur adjoint en promotion de l'activité physique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2198622023-12-27T16:27:21Z2023-12-27T16:27:21ZL’anxiété stimule-t-elle vraiment la créativité?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/565497/original/file-20230905-19-xuho6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C487%2C5145%2C3245&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les voyages créatifs impliquent souvent d'entrer dans l'inconnu - et de le faire seul.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/man-on-a-mission-royalty-free-image/1369468881?phrase=minimalism+minimal+surreal+journey">DNY59/iStock via Getty Images</a></span></figcaption></figure><p>Aux États-Unis, les troubles anxieux touchent environ un <a href="https://www.nimh.nih.gov/health/statistics/any-anxiety-disorder">tiers de la population</a>. Il n’est donc pas surprenant qu’un grand nombre d’artistes et d’écrivains souffrent également <a href="https://www.inserm.fr/dossier/troubles-anxieux/">d’anxiété</a> et de dépression.</p>
<p>Mais alors que certains critiques considèrent les peintures saisissantes de Vincent Van Gogh et les poèmes confessionnels de Sylvia Plath <a href="https://www.thecollector.com/sylvia-plath-famous-poet/">comme le résultat direct de leur psychose et de leur dépression</a>, j’ai tendance à être moins romantique à ce sujet. Je considère que leur brillante production s’est produite en dépit de leur angoisse mentale, plutôt qu’à cause d’elle.</p>
<p>Dans mon nouveau livre, <a href="https://rowman.com/ISBN/9781538170380/Afraid-Understanding-the-Purpose-of-Fear-and-Harnessing-the-Power-of-Anxiety"><em>Afraid</em></a>, j’explore l’interaction entre la peur, l’anxiété et le travail créatif.</p>
<p>Elles sont plus étroitement liées qu’on ne le pense : selon la situation, la peur et l’anxiété peuvent inspirer ou entraver. Mais lorsque l’anxiété devient envahissante, le travail créatif est souvent bloqué.</p>
<h2>L’anxiété comme obstacle</h2>
<p>Si l’anxiété peut entraver le travail créatif, c’est d’abord parce qu’elle détourne l’attention nécessaire vers des peurs et des inquiétudes.</p>
<p>Si un écrivain craint de perdre son emploi, il lui sera plus difficile de se concentrer sur son travail. L’anxiété excessive court-circuite toutes les tâches non liées à la menace, et les gens régressent <a href="https://www.verywellmind.com/learning-brain-vs-survival-brain-6749311">vers un mode de survie de base</a>. L’essentiel de l’attention, de la réflexion et des émotions sera consacré à la gestion de la source du danger, qu’elle soit réelle ou imaginaire. Et les esprits créatifs sont particulièrement doués dans ce dernier domaine.</p>
<p>Parce que les peurs sont centrées sur la survie, les <a href="https://www.psychologytoday.com/us/blog/fixing-families/202212/are-you-too-routinized-too-rigid-maybe-youre-anxious">gens deviennent moins flexibles et plus méfiants</a> lorsqu’ils sont effrayés et anxieux. Dans ces moments-là, il est beaucoup plus intéressant de suivre un chemin connu que de prendre des risques et de s’aventurer dans l’inconnu. Inutile de préciser qu’une aversion pour l’inconnu ne mène pas souvent à des percées créatives !</p>
<p>Une autre façon dont la peur peut entraver la créativité est liée à la crainte d’être rejeté.</p>
<p>Les amis, la famille, les collègues et les critiques <a href="https://www.theatlantic.com/business/archive/2014/10/why-new-ideas-fail/381275/">résistent souvent</a> aux idées inhabituelles ou à celles qui s’écartent des normes artistiques établies. Outre l’envie et la concurrence, ces réactions réflexes <a href="https://doi.org/10.1098/rstb.2009.0134">sont également logiques du point de vue de l’évolution</a> : les normes et les modes de pensée convenus favorisent l’harmonie du groupe. L’histoire est remplie de rejets, de moqueries et d’oppressions à l’encontre d’idées et de styles nouveaux jugés trop « excentriques » – les peintres <a href="https://www.famsf.org/stories/memorable-rejections-monet-and-the-artists-struggle-part-one#">Claude Monet</a> et <a href="https://truthout.org/articles/honoring-radical-women-worldwide-who-have-positively-changed-history/">Frida Kahlo</a> et l’auteur <a href="https://www.pbs.org/wgbh/americanexperience/features/whaling-biography-herman-melville/">Herman Melville</a> ont tous été sévèrement critiqués, rejetés ou persécutés par leurs contemporains.</p>
<p>Pour créer quelque chose de vraiment original, un artiste doit souvent rompre avec le statu quo.</p>
<p>Il est donc naturel que toute entreprise créative suscite la peur de la critique, du rejet ou de l’échec. Le chemin le moins fréquenté peut être plus dangereux. Elle peut même s’avérer infructueuse. Et parfois, on le paye de sa vie : <a href="http://www.pbs.org/empires/thegreeks/keyevents/399.html">Socrate a été exécuté</a> parce qu’on l’accusait de corrompre les jeunes par ses questions, tandis que le philosophe italien Giordano Bruno <a href="https://blogs.scientificamerican.com/observations/was-giordano-bruno-burned-at-the-stake-for-believing-in-exoplanets/">a été brûlé à mort, en raison de ses affirmations hérétiques</a> selon lesquelles la Terre n’était pas le centre de l’univers.</p>
<h2>Quand l’anxiété inspire</h2>
<p>Il ne s’agit pas de dire que pour être artiste, il faut être aussi détendu que possible. Un certain niveau d’anxiété peut être utile.</p>
<p>Alors que la terreur peut vous paralyser, l’ennui et la langueur peuvent <a href="https://link.springer.com/referenceworkentry/10.1007/978-3-319-01384-8_288">réduire votre motivation à néant</a>.</p>
<p>Il existe un niveau d’anxiété idéal qui permet d’exploiter la motivation et la cognition et de concentrer toute l’attention sur la tâche à accomplir.</p>
<p>Alors que la date limite de rédaction de <em>Afraid</em> approchait à grands pas, j’ai ressenti une pointe d’anxiété qui m’a propulsé jusqu’à la ligne d’arrivée : J’ai décidé de me retirer dans un centre de villégiature près des montagnes de Tucson pendant deux semaines et de travailler 12 heures par jour pour terminer le livre. L’angoisse de ne pas respecter la date limite a suffi à m’inciter à m’atteler à la tâche.</p>
<p>Et puis il y a le spectre de la mort.</p>
<p>Les génies comme Michel-Ange et Charles Dickens étaient immortels, leurs coups de pinceau et leurs mots sont devenus éternels.</p>
<p>Le travail créatif est un moyen d’atteindre un certain niveau d’immortalité – l’art, les livres et les articles vivent au-delà de la date de péremption.</p>
<p>L’anthropologue américain Ernest Becker a affirmé que la peur de la mort <a href="https://doi.org/10.1177/0146167213490804">motivait les humains à composer</a> des histoires, des mythes et des légendes sur l’au-delà et l’immortalité, et qu’elle a inspiré de grandes œuvres architecturales comme les pyramides égyptiennes.</p>
<p>Cette peur existentielle <a href="https://theconversation.com/i-want-to-stare-death-in-the-eye-why-dying-inspires-so-many-writers-and-artists-128061">a également motivé les auteurs et les artistes</a> à rechercher une forme d’immortalité à travers leurs œuvres. Je trouve quelque peu réconfortant qu’après ma mort, certaines de mes découvertes scientifiques et certains de mes écrits puissent continuer à vivre à travers d’autres personnes.</p>
<p>D’ailleurs, vous lirez peut-être cet article longtemps après ma disparition…</p>
<h2>Ce que vous pouvez et ne pouvez pas contrôler</h2>
<p>Le travail créatif implique la traversée d’un paysage mental plein d’écueils, qu’il s’agisse d’explorer son imagination, ses souvenirs, ou d’échafauder sa réflexion. L’échec menace toujours.</p>
<p>Cette incertitude peut susciter la peur et le doute.</p>
<p>Il est intéressant de noter que la peur est uniquement axée sur la survie, alors que la créativité fonctionne au mieux <a href="https://www.simplypsychology.org/maslow.html">lorsque les besoins fondamentaux de survie sont satisfaits</a>. En outre, la peur est une émotion primitive, alors que l’art, la science et la culture font partie des capacités les plus évoluées de l’humanité.</p>
<p>Mais la peur et la créativité sont également similaires en ce sens qu’elles possèdent toutes deux des processus automatiques et intuitifs. Les meilleures œuvres d’art ne sont pas le seul résultat d’une pensée logique. Comme un fœtus, l’art grandit à l’intérieur de l’artiste de manière autonome tandis que l’artiste continue à le nourrir ; lorsque le moment est venu, l’accouchement se produit. La peur est elle aussi essentiellement autonome : lorsque vous remarquez qu’une voiture fonce sur vous, vous bondissez hors de la route avant de réfléchir aux intentions du conducteur.</p>
<p>En ce sens, les gens ne contrôlent pas totalement leur peur et leur créativité. Pour que les deux fonctionnent de manière productive, une harmonie équilibrée doit exister entre l’inconscient et le conscient.</p>
<h2>Cultiver sa créativité</h2>
<p>Il existe néanmoins des éléments de votre conscience que vous pouvez influencer.</p>
<p>Si vous voulez créer quelque chose mais que vous vous sentez <a href="https://theconversation.com/the-5-000-year-history-of-writers-block-190037">inhibé par le syndrome de la page blanche</a>, l’hésitation ou l’insécurité, réfléchissez au type de peur qui vous retient.</p>
<p>S’agit-il de la peur de l’échec ou du jugement ? La peur de votre propre critique intérieur ? Ou y a-t-il un autre défi quotidien ou une autre responsabilité qui accapare la majeure partie de votre attention ?</p>
<p>Une fois que vous avez identifié la source de l’anxiété, voyez si vous pouvez recadrer la peur d’une manière objective qui vous libère de ses entraves. Vous pouvez peut-être considérer l’échec comme une possibilité, mais en fin de compte comme quelque chose qui ne vous tuera pas : vous pourrez toujours réessayer.</p>
<p>Une autre option consiste à faire appel aux <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8992377/">circuits de la récompense</a> de votre cerveau, par exemple, en pensant aux résultats positifs possibles de votre travail, y compris l’accès à une forme d’immortalité. Vous pouvez également utiliser le réseau de la peur à votre avantage, en vous souvenant d’une échéance, d’une promotion qui pourrait dépendre de votre travail ou de la sensation désagréable de ne pas avoir terminé une tâche. Le fait de diviser le travail en plusieurs parties le rendra plus réalisable et moins effrayant.</p>
<p>Parfois, un changement de décor peut aider. Lorsque je suis partie pour terminer <em>Afraid</em>, j’ai choisi le désert, non seulement parce que le paysage m’inspire, mais aussi parce qu’il y a aussi quelque chose dans cette géographie radicalement différente qui me permet de me vider la tête de tout le désordre de la vie quotidienne dans le Michigan.</p>
<p>De même qu’il existe de nombreux chemins à emprunter dans le cadre d’une activité créative, il existe une série de stratégies permettant de combattre ou d’utiliser toutes les petites peurs qui surgissent en cours de route.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219862/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arash Javanbakht ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un psychiatre explique les nombreuses façons dont l’anxiété peut entraver, colorer ou contraindre la créativité.Arash Javanbakht, Associate Professor of Psychiatry, Wayne State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2169292023-11-09T16:43:28Z2023-11-09T16:43:28ZLe zombie, monstre préféré du XXIᵉ siècle ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/558381/original/file-20231108-17-ht8uxu.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C1020%2C684&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Adaptée d'une bande-dessinée, la série _The Walking Dead_ comprend 11 saisons. Elle raconte l'histoire d'un petit groupe de survivants dans un monde post-apocalyptique en proie à une invasion de zombies.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.amc.com/shows/the-walking-dead--1002293">AMC</a></span></figcaption></figure><p>Le zombie serait-il le monstre emblématique du XXI<sup>e</sup> siècle ? Certains chercheurs ont remarqué une augmentation du nombre de fictions apocalyptiques mettant en scène ces êtres faits de chair en décomposition <a href="https://www.euppublishing.com/doi/pdf/10.7227/GS.0003">depuis les années 2000</a>.</p>
<p>Longtemps confiné à la paralittérature, le zombie connaît à présent une audience nouvelle ; plus respectable qu’avant, il a été récupéré par la BBC qui en a fait une série (<em>In the Flesh</em>, 2013), ou encore par un auteur américain couronné de plusieurs prix littéraires, Colson Whitehead (<em>Zone One</em>, 2011). Le mort-vivant serait-il en train de zombifier la culture canonique ? C’est ce que suggère le titre de l’ouvrage de Seth Grahame-Smith, <em>Pride and Prejudice and Zombies</em> (<em>Orgueil et Préjugés et Zombies</em>), réécriture parodique du célèbre roman de Jane Austen, porté à l’écran en 2016. Enfin, le blockbuster <em>World War Z</em> (2013), adapté du best-seller de <a href="https://www.calmann-levy.fr/livre/lintegrale-z-9782360510702/">Max Brooks</a>, avec Brad Pitt en héros triomphant, a consacré la contagion de la culture populaire par le fléau zombie, qui se confirme plus récemment avec le film <em>Vincent va mourir</em>, sorti sur les écrans français le 15 novembre 2023, qui emprunte aux codes du film de zombies. Sans compter l'incontournable série <em>The Walking Dead</em>, inspirée des bandes-dessinées du même nom - 11 saisons déjà diffusées, et un spin-off à venir. </p>
<p>Comment expliquer un tel succès ? En ces temps de pandémie, le zombie nous rappelle à quel point nous sommes vulnérables à une contagion planétaire, lui qui se répand comme une traînée de poudre, suscitant réactions de panique et stratégies de survie plus ou moins efficaces. Le réchauffement climatique ranime également la crainte d’un « virus zombie » libéré par le permafrost sibérien, menace conservée intacte pendant des millénaires, soudainement mise au jour par la fonte des glaces. Le zombie est une métaphore polyvalente, qui incarne diverses anxiétés de son époque.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/a2-KBFmjxMw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>Zombies, différences ethniques et transgression des frontières</h2>
<p>De ses origines haïtiennes à aujourd’hui, le zombie a changé de visage à de multiples reprises. Il désignait au commencement les victimes de sortilèges vaudous, qui pouvaient aussi bien ranimer les morts, que détruire la conscience d’un être vivant pour en faire une chose malléable. À ce titre, le zombie est aussi une figure du lavage de cerveau, d’un homme vidé de sa substance spirituelle. Dans le contexte esclavagiste nord-américain, il est devenu une métaphore de l’esclave revenu d’entre les morts, ou mort parmi les vivants, rendu semblable à une chose par un labeur harassant et inhumain dans les champs de coton. Puis, lors de la Grande Dépression de la fin du XIX<sup>e</sup> siècle (1873-1896), poursuivie quelques années après par la crise de 1929, le <a href="https://compass.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/soc4.12053">zombie a changé de couleur</a>, passant du noir au blanc, pour devenir un symbole des travailleurs blancs précaires et paupérisés par le ralentissement de la machine capitaliste. Aujourd’hui encore, les zombies sont liés aussi bien à l’exclusion sociale qu’aux différences ethniques.</p>
<p>L’héritage ethnique du zombie se retrouve dans la représentation de la crise migratoire des pays pauvres du sud vers les pays du Nord. À ce titre, les récits de zombies sont une métaphore ambivalente : sont-ils favorables aux migrants, représentés par les non infectés fuyant le fléau, avec qui lecteurs et spectateurs se trouvent en empathie ? Ou bien diabolisent-ils au contraire la <a href="https://www.researchgate.net/publication/345481055_Dehumanized_and_demonized_refugees_zombies_and_World_War_Z">figure du migrant zombie</a> ? Comme le migrant, le zombie est un « autre » perçu comme un danger, un être qui menace de nous envahir et de nous transformer en lui-même, altérant notre identité (la série britannique <em>In The Flesh</em> montre bien comment les morts-vivants incarnent des peurs xénophobes).</p>
<p>Le zombie déferle comme les vagues migrantes, sans qu’il semble possible de mettre fin à sa course à l’aide d’un quelconque mur, tôt ou tard franchi par les damnés. L’une des affiches spectaculaires du blockbuster <em>World War Z</em> montre un empilement invraisemblable de goules, tenant en équilibre par un miracle de la gravité, tentant de rejoindre l’hélicoptère qui comprend des hommes encore en vie. L’image du mur qui cède face à la vague des zombies est topique dans les représentations du genre, et ne peut qu’évoquer d’autres murs et frontières destinés, partout dans le mur, à repousser les indésirables. De ce point de vue, les morts-vivants sont évidemment politiques, et les chercheurs des <em>cultural studies</em> anglo-américaines ont tendance à décrypter le zombie comme un objet culturel révélateur de tendances progressistes ou conservatrices.</p>
<h2>Zombies et crise écologique</h2>
<p>Si le zombie consacre l’échec des frontières à contenir les migrants, il renvoie aussi à l’échec de l’être humain à contenir la crise climatique. Dans le livre <em>World War Z</em>, signé Max Brooks, les réfugiés remontent du Sud vers le Nord, car les zombies gèlent dans le grand Nord ; difficile de ne pas songer aux mouvements migratoires causés par le réchauffement planétaire. L’auteur donne également la voix à un militant écologique :</p>
<blockquote>
<p>« Vous voulez savoir qui a perdu la Guerre des Zombies ? Qui l’a vraiment perdue, je veux dire ? Les baleines. »</p>
</blockquote>
<p>Image de la sixième extinction massive, la guerre des zombies métaphorise nos préoccupations environnementales. De même, les cendres qui recouvrent la surface de la Terre, visibles depuis l’espace, sont dues aux corps des zombies que l’on fait brûler partout dans le monde ; mais une telle fumée ne peut qu’évoquer la pollution. Dans <em>Zone One</em>, les cendres des zombies retombent sur le corps des héros comme des résidus d’une marée noire (Whitehead, 90). Enfin, le zombie en tant que corps carnassier renvoie également à notre consommation de viande, souvent pointée du doigt aussi bien pour des raisons d’exploitation animale, que <a href="https://academic.oup.com/isle/article-abstract/22/3/507/2357462">pour les émissions de CO₂ qu’elle implique</a>.</p>
<h2>Zombies, exploitation et société de consommation</h2>
<p>Corps dévorants, les morts-vivants sont aussi des consommateurs forcenés, images de nous-mêmes face au dernier I-Phone. Le zombie mange tout ce qu’il peut trouver, sans conscience ni discernement : à ce titre, il peut symboliser le rapport au monde induit par un capitalisme effréné, poussant à <a href="http://pilotprojectspilotprojects.com/Dendle_Barometer.pdf">consommer toujours plus</a>. Dans les films de zombies, depuis le classique de George Romero, <em>La Nuit des morts-vivants</em> (1968), il n’est pas rare de voir les héros se ruer sur les grands magasins pour dévaliser les provisions, accompagnés de caddies remplis par la crainte de manquer. De même, les héros se réfugient parfois dans de grands centres commerciaux, pensant échapper à la menace en soutenant un état de siège. Mais ce n’est pas en s’enfermant dans un gigantesque supermarché que les héros parviennent à s’en sortir, et la société de consommation n’offre qu’un refuge transitoire.</p>
<p>Le zombie, à la fois mort et vivant, renvoie aussi au système financier néolibéral, qui, tout en révélant de plus en plus ses limites, <a href="https://press.princeton.edu/books/paperback/9780691154541/zombie-economics">continue d’imposer ses règles</a>. L’idée que nous serions soumis à la loi d’un système moribond a sans doute inspiré les manifestants <a href="https://www.youtube.com/watch?v=RMsgN2WF0-M">déguisés en morts-vivants</a> lors du mouvement « Occupy Wall Street ».</p>
<p>Amy Bride <a href="https://research.manchester.ac.uk/en/studentTheses/zombies-spectres-and-a-great-vampire-squid-monsterized-capitalism">montre comment</a>, lors de la crise de 2008, une banque insolvable néanmoins soutenue par le gouvernement, comme Goldman Sachs pendant la crise des subprimes, a été désignée dans les médias comme une « banque zombie », prête à infecter les marchés financiers (Bride, 2019). La crise financière a ainsi entraîné une nette inflation de vocables formés à partir du mot « zombie » pour désigner les errements du néolibéralisme.</p>
<p>Corps et dents, les morts-vivants sont des métaphores polysémiques, qu’ils renvoient aux flux migratoires, au réchauffement climatique, à la spéculation financière, ou encore au lavage de cerveau. De plus en plus, les zombies intègrent le vocabulaire courant dans le monde anglo-américain : ainsi nos homologues parlent de « zombie forest », « zombie energy », ou encore « zombie enterprises. » À n’en pas douter, la langue française devrait être rapidement infectée par les goules.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216929/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Célia Mugnier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le zombie est une métaphore polyvalente, qui incarne diverses anxiétés de son époque.Célia Mugnier, ATER en études culturelles, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2149252023-10-13T13:32:56Z2023-10-13T13:32:56ZIndicateurs précoces de la démence : 5 changements de comportement à surveiller après 50 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551837/original/file-20230929-24-as88uw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=146%2C251%2C6514%2C4290&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des changements de comportement tels que l’apathie, la difficulté à maîtriser ses pulsions ou une attitude socialement inappropriée peuvent indiquer un risque de démence chez les personnes âgées de plus de 50 ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>On relie souvent la démence à des troubles de la mémoire, notamment lorsqu’une personne âgée pose les mêmes questions ou égare des objets. En réalité, les individus atteints de démence présentent non seulement des problèmes dans d’autres domaines de la cognition, comme l’apprentissage, la réflexion, la compréhension et le jugement, mais aussi des <a href="https://www.alzint.org/u/World-Alzheimer-Report-2021.pdf">changements de comportement</a>. </p>
<p>Il est important de comprendre ce qu’est la démence et comment elle se manifeste. Je n’imaginais pas que les comportements étranges de ma grand-mère étaient le signe avant-coureur d’une maladie bien plus grave. </p>
<p>Elle devenait facilement agitée si elle ne parvenait pas à accomplir des tâches telles que la cuisine ou la pâtisserie. Elle prétendait voir une femme dans la maison, alors qu’en réalité, il n’y avait personne. Elle se méfiait également des autres et cachait des objets dans des endroits bizarres. </p>
<p>Ces comportements ont persisté pendant un certain temps avant qu’un diagnostic de démence ne soit posé.</p>
<h2>Troubles cognitifs et comportementaux</h2>
<p>Lorsque les changements cognitifs et comportementaux interfèrent avec l’autonomie fonctionnelle d’un individu, celui-ci est considéré comme atteint de démence. En revanche, si ces changements n’entravent pas l’indépendance d’une personne, mais qu’ils affectent néanmoins ses relations et son rendement au travail, on parle respectivement de <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/maladies-apparentees_trouble-cognitf-leger.pdf">troubles cognitifs légers (TCL)</a> et de <a href="https://doi.org/10.1186/s13195-021-00949-7">trouble du comportement léger</a>. </p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9169943/">Les troubles légers cognitifs et comportementaux peuvent se produire ensemble</a>, mais chez un tiers des personnes qui développent une démence de type Alzheimer, les symptômes associés au comportement surgissent <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.jagp.2019.01.215">avant le déclin cognitif</a>. </p>
<p>Il peut être utile de repérer ces changements de comportement, qui apparaissent plus tard dans la vie (50 ans et plus) et marquent un changement persistant par rapport à des habitudes bien ancrées, afin de mettre en œuvre des traitements préventifs avant que des symptômes plus graves ne se manifestent. En tant que doctorante en sciences médicales, mes recherches se concentrent sur les comportements problématiques qui surviennent à un âge avancé et qui indiquent un risque accru de démence. </p>
<h2>Cinq signes comportementaux à rechercher</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Illustration de cinq changements de comportement pouvant indiquer un risque de démence" src="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La détection des changements de comportement peut être utile pour mettre en œuvre des traitements préventifs avant l’apparition de symptômes plus graves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Daniella Vellone)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous pouvons observer <a href="https://doi.org/10.3233%2FJAD-160979">cinq comportements principaux</a> chez nos amis et parents plus âgés qui <a href="https://doi.org/10.1186/s13024-023-00631-6">peuvent justifier une attention particulière</a>. </p>
<h2>1. Apathie</h2>
<p>L’<a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12370">apathie</a> est une baisse d’intérêt, de motivation et de dynamisme.</p>
<p>Une personne apathique peut négliger ses amis, de sa famille ou de ses activités. Elle peut manquer de curiosité pour des sujets qui l’auraient normalement intéressée, perdre la motivation d’agir en fonction de ses obligations ou devenir moins spontanée et énergique. Elle peut également sembler manquer d’émotions par rapport à ce qui la caractérise et donner l’impression que plus rien ne lui importe.</p>
<h2>2. Dysrégulation affective</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2023.03.074">dysrégulation affective</a> comprend des symptômes d’humeur ou d’anxiété. Une personne qui présente une dysrégulation affective peut développer une tristesse ou une instabilité de l’humeur ou devenir plus anxieuse ou préoccupée par des choses routinières telles que des événements ou des visites.</p>
<h2>3. Maîtrise des pulsions</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12016">perte de maîtrise des pulsions</a> est l’incapacité à retarder la satisfaction et à gérer son comportement ou ses pulsions.</p>
<p>Une personne qui présente une incapacité à gérer ses pulsions peut devenir agitée, agressive, irritable, capricieuse, contestataire ou facilement frustrée. Elle peut se montrer plus têtue ou rigide, au point de ne pas vouloir considérer d’autres points de vue et d’insister pour obtenir ce qu’elle veut. Parfois, elles peuvent développer une désinhibition sexuelle ou des agissements intrusifs, présenter des comportements répétitifs ou des compulsions, se lancer dans les jeux d’argent ou le vol à l’étalage, ou éprouver des difficultés à réguler leur consommation de substances telles que le tabac ou l’alcool.</p>
<h2>4. Inadaptation sociale</h2>
<p>L’<a href="http://dx.doi.org/10.1017/S1041610217001260">inadaptation sociale</a> comprend les difficultés à respecter les normes sociétales dans les interactions avec les autres.</p>
<p>Une personne socialement inadaptée peut perdre le discernement dont elle disposait auparavant quant à la façon de s’exprimer ou de se comporter. Elle peut cesser de se préoccuper des conséquences de ses paroles ou de ses actes sur les autres, discuter ouvertement de sujets intimes, parler à des inconnus comme s’ils lui étaient familiers, dire des grossièretés ou manquer d’empathie dans ses interactions avec autrui.</p>
<h2>5. Anomalies de perception ou de pensée</h2>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1038/s44220-023-00043-x">anomalies de perception ou de pensée</a> renvoient à des croyances et à des expériences sensorielles fortement ancrées dans l’esprit des gens.</p>
<p>Un individu dont les perceptions ou les pensées sont perturbées peut se méfier des intentions d’autrui ou craindre que d’autres lui fassent du mal ou lui volent ses biens. Il peut aussi dire qu’il entend des voix, parler à des personnes imaginaires ou voir des choses qui n’existent pas.</p>
<p>Avant de considérer l’un de ces comportements comme le signe d’un problème plus grave, il est important d’exclure certaines causes potentielles de changement de comportement, telles que les drogues ou les médicaments, d’autres maladies ou infections, les conflits interpersonnels ou le stress, ou encore la réapparition de symptômes psychiatriques associés à un diagnostic antérieur de troubles mentaux. En cas de doute, il est peut-être temps de consulter un médecin. </p>
<h2>Les effets de la démence</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un jeune homme entourant de ses bras un homme plus âgé" src="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains types de changements de comportement méritent une attention particulière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Beaucoup d’entre nous connaissent quelqu’un qui a souffert de démence ou qui s’est occupé d’une personne atteinte de démence. Ce n’est pas surprenant, car on prévoit que cette maladie touchera un <a href="https://www.ctvnews.ca/health/nearly-one-million-canadians-will-live-with-dementia-by-2030-alzheimer-society-predicts-1.6056849#:">million de Canadiens d’ici 2030</a>.</p>
<p>Les personnes âgées de 20 à 40 ans peuvent penser qu’il leur reste des dizaines d’années avant de souffrir d’une telle pathologie, mais il est important de comprendre qu’il s’agit d’un processus qui implique plusieurs personnes. En 2020, des partenaires de soins – y compris des membres de la famille, des amis ou des voisins – ont consacré <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/Landmark-Study-1-Path-Forward-Alzheimer-Society-of-Canada-2022-wb.pdf">26 heures par semaine</a> à aider les Canadiens âgés atteints de démence. Cela équivaut à 235 000 emplois à temps plein ou à 7,3 milliards de dollars par an. </p>
<p>Ces chiffres devraient tripler d’ici 2050. Il est donc important de chercher des moyens de compenser ces prévisions en prévenant ou en retardant la progression de la démence.</p>
<h2>Identifier les personnes à risque</h2>
<p>Bien qu’il n’existe actuellement aucun moyen de guérir la démence, des progrès ont été réalisés dans la <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/comment-traiter-les-troubles-neurocognitifs">mise au point de traitements</a> qui <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/suis-je-atteint-dun-trouble-neurocognitif/comment-obtenir-un-0">peuvent être plus efficaces à un stade précoce de la maladie</a>. </p>
<p>D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre les symptômes de la démence au fil du temps ; par exemple, l’<a href="https://www.can-protect.ca/">étude en ligne CAN-PROTECT</a> évalue de nombreux facteurs contribuant au vieillissement du cerveau. </p>
<p>En identifiant les personnes à risque de démence par la détection des changements cognitifs, fonctionnels et comportementaux survenant plus tard dans la vie, on peut non seulement prévenir les conséquences de ces changements, mais aussi éventuellement la maladie ou sa progression.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214925/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniella Vellone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La démence ne se manifeste pas uniquement par des troubles de la mémoire. Les personnes qui en sont atteintes peuvent également présenter des problèmes d’apprentissage, de compréhension et de jugement, mais aussi des changements de comportement.Daniella Vellone, Medical Science and Imaging PhD Candidate, University of CalgaryLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2012572023-09-19T13:50:50Z2023-09-19T13:50:50ZContre la dépression, l’exercice peut être plus efficace que les thérapies ou la médication<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/518032/original/file-20230328-14-6q6w90.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’exercice physique peut s'avérer plus efficace contre la dépression que les médicaments ou la thérapie cognitivo-comportementale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Unsplash/Anupam Mahapatra)</span></span></figcaption></figure><p>Les problèmes de santé mentale, dont la dépression ou l’anxiété, affectent des millions de personnes à travers le monde. Depuis la Covid-19, les personnes disant avoir une excellente ou une très bonne santé mentale a diminué au Canada, passant de 55 % en juillet 2020 à 68 % en 2019. De manière générale, la pandémie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33794717/">a exacerbé la détresse psychologique</a> dans le monde. </p>
<p>Les troubles de santé mentale <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673615003906">coûtent cher tant à l’individu qu’à la société</a>. </p>
<p>Si les traitements traditionnels tels que la thérapie et la médication peuvent être efficaces, notre <a href="https://bjsm.bmj.com/content/early/2023/02/16/bjsports-2022-106195?rss=1">nouvelle recherche</a> souligne l’importance de l’exercice physique dans la prise en charge des problèmes de santé mentale.</p>
<p>Publiée dans le <a href="https://bjsm.bmj.com/content/early/2023/02/16/bjsports-2022-106195?rss=1"><em>British Journal of Sports Medicine</em></a>, notre étude a recensé plus d’un millier d’essais cliniques portant sur les effets de l’activité physique sur la dépression, l’anxiété et la détresse psychologique. Elle a montré que l’exercice physique est un moyen efficace de traiter les problèmes de santé mentale.</p>
<h2>Plus dur, plus rapide, plus fort</h2>
<p>Nous avons recensé 97 articles, qui portaient sur 1 039 essais cliniques comptant 128 119 participants. Nous avons constaté qu’une activité physique de 150 minutes par semaine (marche rapide, haltérophilie, yoga, etc.) réduit considérablement la dépression, l’anxiété et la détresse psychologique.</p>
<p>Les améliorations les plus importantes (telles que déclarées par les participants) ont été observées chez les personnes souffrant de dépression. Mais des bénéfices évidents ont aussi été observés pour toutes les populations, en santé ou pas.</p>
<p>Nous avons constaté que plus l’intensité de l’exercice est élevée (marcher à un rythme soutenu, par exemple), plus il est bénéfique. De plus, les bénéfices de la pratique de l’exercice physique s’accroissent après six à douze semaines. L’amélioration de la santé mentale profite d’une pratique à long terme.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1627380770233876480"}"></div></p>
<h2>Quel est le degré d’efficacité ?</h2>
<p>Nos résultats suggèrent que l’exercice physique est environ 1,5 fois plus efficace que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4804177/">médicamention</a> ou la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29451967/">thérapie cognitivo-comportementale</a> pour combattre la dépression et l’anxiété. </p>
<p>En outre, l’exercice physique est moins <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-psychiatric-sciences/article/excess-costs-of-depression-a-systematic-review-and-metaanalysis/8F8EE6D5D23F62C56A302EAB378F7B4D">coûteux</a> que la médication, il provoque moins d’<a href="https://www.healthdirect.gov.au/antidepressant-medicines#side-effects">effets secondaires</a> et offre au contraire des gains supplémentaires pour la <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-13-813">santé physique</a> : contrôle du poids, santé cardiovasculaire, osseuse et cognitive. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’exercice est moins coûteux que les médicaments et présente moins d’effets secondaires.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://images.unsplash.com/photo-1580058572462-98e2c0e0e2f0?ixlib=rb-4.0.3&ixid=MnwxMjA3fDB8MHxwaG90by1wYWdlfHx8fGVufDB8fHx8&auto=format&fit=crop&w=1742&q=80">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Pourquoi ça marche</h2>
<p>L’exercice physique aurait un impact à court et à long terme sur la santé mentale pour de multiples raisons. Tout d’abord, des endorphines et de la dopamine sont libérées dans le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5928534/">cerveau</a> tout juste après la séance d’exercices. </p>
<p>À court terme, cela contribue à améliorer l’humeur et à atténuer le <a href="https://psycnet.apa.org/record/2006-10949-005">stress</a>. À long terme, la libération de neurotransmetteurs <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31586447/">favorise les changements dans le cerveau</a> qui contribuent à l’humeur et à la cognition. Cela fait diminuer l’inflammation et renforce la fonction immunitaire. </p>
<p>L’exercice régulier peut permettre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1087079218301023">d’améliorer le sommeil</a>, qui joue un rôle essentiel dans la dépression et l’anxiété. Il permet de développer une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0134804">meilleure estime de soi et un sentiment d’accomplissement</a>, bénéfiques pour les personnes qui luttent contre la dépression. </p>
<p>Les résultats corroborent donc le rôle crucial de l’exercice dans la gestion de la dépression, de l’anxiété et de la détresse psychologique. </p>
<p>Certaines directives cliniques reconnaissent déjà le rôle de l’exercice — par exemple, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33353391/">directives cliniques australiennes et néo-zélandaises</a>, qui suggèrent des médicaments, une psychothérapie et des changements dans le mode de vie, telle la pratique d’exercices.</p>
<p>Les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0004867412466595">médicaments</a> et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33353391/">psychothérapie</a> demeurent plus souvent prescrits que l’exercice physique. Cela peut s’expliquer par le fait que l’exercice est difficile à prescrire et à contrôler en milieu clinique. De plus, les patients peuvent être réticents, parce qu’ils manquent d’énergie ou de motivation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/netflix-psychiatrist-phil-stutz-says-85-of-early-therapy-gains-are-down-to-lifestyle-changes-is-he-right-195567">Netflix psychiatrist Phil Stutz says 85% of early therapy gains are down to lifestyle changes. Is he right?</a>
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<h2>Ne faites pas cavalier seul</h2>
<p>Il est important de noter que si l’exercice physique peut être un outil efficace pour recouvrer ou maintenir la santé mentale, les personnes souffrant de problèmes de santé mentale devraient travailler avec un professionnel de la santé pour élaborer un plan de traitement complet — plutôt que de se lancer seules dans un nouveau programme d’exercice. </p>
<p>Un plan de traitement peut inclure une combinaison d’approches liées au style de vie, telles que l’exercice régulier, une alimentation équilibrée et la socialisation, ainsi que des traitements tels que la psychothérapie et les médicaments. </p>
<p>L’exercice physique est un outil puissant et accessible pour gérer les problèmes de santé mentale — et le mieux, c’est qu’il est gratuit et qu’il s’accompagne de nombreux autres avantages pour la santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201257/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ben Singh reçoit un financement de la Société internationale du comportement, de la nutrition et de l'activité physique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carol Maher reçoit des fonds du Medical Research Future Fund, le National Health and Medical Research Council, la National Heart Foundation, le SA Department for Education, le SA Department for Innovation and Skills, Healthway, le Hunter New England Local Health District, le Central Adelaide Local Health Network et LeapForward.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jacinta Brinsley ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Faire de l’exercice physique 150 minutes par semaine serait environ 1,5 fois plus efficace contre la dépression que les médicaments ou la thérapie cognitivo-comportementale.Ben Singh, Research fellow, University of South AustraliaCarol Maher, Professor, Medical Research Future Fund Emerging Leader, University of South AustraliaJacinta Brinsley, Postdoctoral research fellow, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2107722023-09-07T15:17:15Z2023-09-07T15:17:15ZLa littératie médicale permet aux patients de mieux comprendre leur état de santé et favorise leur bien-être<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541036/original/file-20230803-19-ji9w80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C992%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les médecins ne sont pas nécessairement de bons vulgarisateurs ou n’ont pas toujours le temps d’expliquer tout dans les moindres détails. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Qu’est-ce qu’un pontage ? Quels sont les risques liés à ma chirurgie cardiaque ? Le domaine de la santé peut être difficile à comprendre et à expliquer. </p>
<p>En effet, interpréter les informations médicales demande un niveau de littératie élevé pour les patients et les membres de leur famille. Dans ce cas, lorsque l’on parle du développement de la littératie médicale (ou littératie en santé ; <em>health literacy</em> en anglais), c’est le fait, pour un patient, de pouvoir lire, écrire et parler de son état de santé et des différentes étapes à venir pour favoriser son bien-être personnel. </p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs provenant de l’éducation, de la psychologie, de la santé et de la médecine. La littératie médicale est un domaine que nous développons ensemble depuis quelques années.</p>
<h2>Mieux comprendre pour pouvoir prendre sa santé en main</h2>
<p>Dans le domaine médical, développer les compétences en littératie est lié au fait :</p>
<ul>
<li><p>de lire et de comprendre des informations médicales (ex. : qu’est-ce qu’un anévrisme ?) ; </p></li>
<li><p>d’annoter des documents, d’écrire des notes pour soi-même ou des questions pour le médecin (quels sont les risques liés à ma chirurgie cardiaque ?) ; </p></li>
<li><p>de parler au médecin, d’écouter les informations mentionnées par celui-ci et de les comprendre à l’oral.</p></li>
</ul>
<p>Le but pour les patients est de pouvoir prendre leur propre santé en main et de savoir ce qui s’en vient ou ce qui doit être fait. </p>
<p>Très souvent, les patients vont aller chercher de l’information par eux-mêmes sur Internet. Par contre, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5471568/">informations disponibles en ligne ne sont pas nécessairement fiables ou à jour</a>. Il peut aussi y avoir un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1761906/">problème de lisibilité</a>, c’est-à-dire que les patients ne vont pas nécessairement comprendre ce qu’il est écrit. </p>
<p>C’est d’ailleurs souvent le problème avec les documents disponibles pour les patients, que ce soit sur le web ou en format papier : ils ne sont pas assez compréhensibles et le langage utilisé est souvent complexe. </p>
<p>Selon le National Institute of Health et différents organismes du domaine de la santé, les documents remis aux patients devraient avoir un niveau de lisibilité similaire à celui qu’un élève de <a href="https://www.chudequebec.ca/chudequebec.ca/files/ad/ad7c7c71-ed00-4767-9726-a0b9d4865778.pdf">sixième année du primaire peut lire et comprendre</a>. Par contre, dans les faits, à cause de la complexité du jargon médical, il est extrêmement difficile d’atteindre ce niveau.</p>
<h2>Des vidéos à la rescousse</h2>
<p>Pour pallier cette difficulté, et pour aider les patients et leur famille à comprendre <a href="https://youtu.be/XqeHmTE-uWE"><em>Les différentes étapes de la chirurgie cardiaque</em></a>, nous avons créé des vidéos informatives, vulgarisées et fiables. Elles sont gratuites et disponibles sur YouTube. Ces vidéos font partie du <a href="https://lavoixdunord.ca/2023/02/23/a-la-recherche-dune-plus-grande-comprehension-des-patients/">design de recherche d’un projet en littératie médicale qui est actuellement en cours</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XqeHmTE-uWE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les différentes étapes de la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
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<p>La première vidéo, <a href="https://youtu.be/xZLSocQ0NPo"><em>Avant la chirurgie cardiaque</em></a>, permet de distinguer le chirurgien cardiaque du cardiologue. Il y a également toute une section sur comment se préparer pour une chirurgie cardiaque et ce qu’il est important de savoir avant de subir une opération à cœur ouvert. </p>
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<figcaption><span class="caption">Avant la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
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<p>La deuxième vidéo, <a href="https://youtu.be/Qii7tS_tgio"><em>Pendant la chirurgie cardiaque</em></a>, essaie de répondre aux questions suivantes : que se passera-t-il dans la salle d’opération ? Quels sont les différents types de chirurgie cardiaque ? Pourquoi ai-je besoin d’une chirurgie cardiaque ?</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Qii7tS_tgio?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Pendant la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
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<p>La troisième vidéo, <a href="https://youtu.be/7P0gF_F5uQo"><em>Après la chirurgie cardiaque : à l’hôpital</em></a>, informe les patients sur ce qui se passe aux soins intensifs, après les soins intensifs, les médicaments à prendre, les émotions ressenties, les exercices à faire le plus rapidement possible, etc. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7P0gF_F5uQo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Après la chirurgie cardiaque : à l’hôpital.</span></figcaption>
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<p>La quatrième vidéo, <a href="https://youtu.be/IKO3t3890kQ"><em>Après la chirurgie cardiaque : le retour à la maison</em></a>, ne devait pas être créée au départ. Par contre, à la lumière des questions et des commentaires de patients <a href="https://lavoixdunord.ca/2021/05/10/bien-comprendre-pour-mieux-se-retablir/">d’une recherche précédente</a>, nous avons voulu leur donner une voix. En effet, trop souvent, les patients ont peur de poser des questions parce qu’ils ne veulent pas déranger le médecin, ont peur d’avoir l’air stupide ou se disent que le problème va passer… Si un patient est inquiet, il doit communiquer avec le bureau de son médecin. </p>
<p>Cette vidéo répond entre autres aux questions suivantes : à quoi devez-vous vous attendre lorsque vous retournez à la maison après avoir subi une chirurgie cardiaque ? Comment prendre bien soin de vous-même ? Qu’est-il permis de faire ? Qu’allez-vous vivre comme émotions ? </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/IKO3t3890kQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Après la chirurgie cardiaque : le retour à la maison.</span></figcaption>
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<h2>Le pouvoir de la vulgarisation</h2>
<p>Toutes les vidéos ont été créées et approuvées par une équipe de chercheurs interdisciplinaire en éducation et en psychologie, un chirurgien cardiaque, un cardiologue, une médecin de famille et un infirmier. Elles sont également disponibles en <a href="https://www.youtube.com/@isabellecarignan">anglais</a> en entier et par sections.</p>
<p>L’accès à des informations médicales fiables, de qualité et à jour est en lien direct avec tout ce qui touche le consentement libre et éclairé. En effet, comme patient, lorsque vous signez le document pour approuver une intervention médicale, le médecin spécialiste – ou un professionnel de la santé – doit s’assurer que vous comprenez bien dans quoi vous vous engagez. Comprenez-vous ce qu’il arrivera dans la salle d’opération ? Le type de chirurgie que vous allez subir ? Les risques associés ?</p>
<p>Le but des vidéos était de répondre au quoi et au pourquoi pour les patients et les membres de la famille. Il faut toujours garder en tête que le patient est un élève qui apprend par rapport à sa condition médicale. De plus, les médecins ne sont pas nécessairement de bons vulgarisateurs ou n’ont pas toujours le temps d’expliquer tout dans les moindres détails. </p>
<p>Voilà pourquoi il est important de créer des outils de vulgarisation fiables, peu importe le domaine médical, pour que les patients puissent s’éduquer par eux-mêmes et bien assimiler les informations. </p>
<p>En comprenant bien ce qui l’attend, le <a href="https://miceapps.com/client/EventAttendeeAbstracts/view_published_abstract/512/13418/92108">niveau d’anxiété baisse chez le patient</a>, car il se sent plus en contrôle. Enfin, le développement des compétences en littératie médicale permet aux patients de prendre des décisions libres et éclairées par rapport à leur propre santé. </p>
<p><em>Les auteurs tiennent à souligner la très grande contribution de Paul-André Gauthier, Ph.D., consultant en santé et en nursing. Il a participé activement à la rédaction de cet article, à la création des vidéos et il est cochercheur dans nos projets de recherche en littératie médicale</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210772/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Carignan a reçu du financement du Consortium national de formation en santé (CNFS) à titre de professeure associée à l'Université Laurentienne. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Adèle Gallant, Annie Roy-Charland, Marie-Christine Beaudry et Rony Atoui, MD, MSc, FRCSC, FACS ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le développement des compétences en littératie médicale permet aux patients de prendre des décisions plus réfléchies par rapport à leur propre santé. Mais un accompagnement adéquat est nécessaire.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire en éducation, Université TÉLUQ Adèle Gallant, Doctorante en psychologie, Université de MonctonAnnie Roy-Charland, Professeure titulaire en psychologie, Université de MonctonMarie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Rony Atoui, MD, MSc, FRCSC, FACS, Cardiac Surgeon and Full Professor at NOSM University, Northern Ontario School of Medicine Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2125582023-08-30T16:28:49Z2023-08-30T16:28:49ZTroubles psy : pourquoi les médicaments peuvent améliorer les effets des psychothérapies<p><a href="https://doi.org/10.1093/ije/dyu038">L’anxiété et la dépression</a> sont les troubles de santé mentale les plus répandus dans le monde : <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/depression">environ 280 millions de personnes souffrent de dépression</a>, et <a href="https://www.nimh.nih.gov/health/statistics/any-anxiety-disorder">1 personne sur 3 sera victime</a>, à un moment ou un autre de son existence, d’un trouble correspondant aux critères diagnostiques d’un trouble anxieux. Heureusement, <a href="https://www.nhs.uk/mental-health/conditions/depression-in-adults/treatment/">les options de traitement efficaces</a> <a href="https://www.nhs.uk/mental-health/conditions/anxiety/types-of-anxiety/">ne manquent pas</a> : on peut notamment citer les médicaments, la psychothérapie, les modifications de mode de vie et la neurostimulation.</p>
<p>Souvent, médecins et thérapeutes recommandent d’ailleurs à leurs patients <a href="https://evidence.nihr.ac.uk/alert/combined-drug-and-psychological-therapies-may-be-most-effective-for-depression/">de mettre en œuvre plusieurs approches simultanément </a>, en associant par exemple une thérapie et un traitement médicamenteux. Ce conseil découle de l’idée que si la personne traitée réagit correctement à l’une ou l’autre des approches prescrites, le bénéfice aurait été retardé d’autant (ou aurait été moindre) si lesdites approches avaient été employées l’une après l’autre. </p>
<p>Néanmoins, historiquement, la plupart des études scientifiques menées pour évaluer l’efficacité des traitements destinés à soigner les troubles psychiques ont été conçues <a href="https://doi.org/10.1002/wps.20701">pour tester chaque approche individuellement</a>. Elles consistent généralement à comparer les effets d’un traitement fourni à des patients par rapport à la situation d’un groupe témoin, ayant reçu un placebo (dans le cas des médicaments) ou été placé sur liste d’attente (dans les cas d’une psychothérapie).</p>
<p>Étant moi-même <a href="http://www.canlab.pitt.edu/home/people/">psychologue clinicienne</a> et <a href="https://scholar.google.com/citations?user=7wB91zsAAAAJ&hl=en">chercheuse en neurosciences</a>, j’ai travaillé à intégrer les connaissances de ces deux domaines afin d’élargir le champ des options thérapeutiques disponibles pour les personnes souffrant de dépression, d’anxiété et de troubles associés. </p>
<p>Mes recherches m’ont appris que lorsque l’on conçoit un plan de prise en charge, il est important d’accorder une attention minutieuse à façon dont vont s’articuler les traitements médicamenteux et les thérapies comportementales. Une telle combinaison est en effet à même de procurer aux patients <a href="https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2018.09.004">un bénéfice plus important que lorsque les approches sont employées individuellement </a>. Voici pourquoi.</p>
<h2>Neuroplasticité et traitement</h2>
<p>Les avancées scientifiques récentes menées pour élucider les causes de la <a href="https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2021.05.008">dépression</a>, <a href="https://doi.org/10.2147/IJGM.S413176">de l’anxiété</a> ainsi que <a href="https://doi.org/10.1016/j.mehy.2005.05.007">d’autres troubles liés au stress</a> suggèrent que les changements et les altérations de la neuroplasticité sont des contributeurs essentiels de ces pathologies.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/quest-ce-que-la-plasticite-cerebrale-141907">La neuroplasticité</a> fait référence à la capacité que possède notre cerveau à s’ajuster en permanence, de manière flexible, à notre environnement, lui-même en constante évolution. <a href="https://theconversation.com/cognitive-flexibility-is-essential-to-navigating-a-changing-world-new-research-in-mice-shows-how-your-brain-learns-new-rules-204259">Il s’agit d’un composant essentiel de l’apprentissage</a>. Des études menées sur les animaux, en laboratoire, ont révélé l’existence, dans des contextes de stress chronique, de déficits de la neuroplasticité. Dans de telles situations, les scientifiques ont observé des modifications au niveau des voies moléculaires et neuronales. Ils ont par exemple constaté une diminution du nombre de synapses (les « points de contact entre les neurones », qui leur permettent de communiquer). </p>
<p>Ces changements pourraient être en lien <a href="https://doi.org/10.1038/s41380-019-0615-x">avec les schémas mentaux</a> présents chez les individus victimes de dépression et d’anxiété, ainsi qu’avec les symptômes dont ils souffrent, tels que la diminution de leur capacité à penser, ressentir et agir de manière flexible. Les changements observés en cas de tels déficit de neuroplasticité pourraient aussi influer sur la manière de penser, de se souvenir ou d’interpréter les informations disponibles, en les biaisant vers le négatif.</p>
<p>Divers travaux scientifiques ont démontré que de nombreux traitements agissant sur la biologie des patients s’avèrent efficaces pour prendre en charge de tels patients. C’est par exemple le cas des médicaments ou de la neurostimulation, <a href="https://doi.org/10.1038/tp.2013.30">qui peuvent améliorer</a> <a href="https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2021.05.008">ou modifier la neuroplasticité</a>. Certains changements de mode de vie, comme le fait de pratiquer régulièrement une activité physique, peuvent avoir des effets similaires. </p>
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<p>Si les scientifiques considèrent qu’il s’agit là d’éléments clés dans la réduction des symptômes, le problème est que les symptômes ont souvent tendance à réapparaître lorsque ces interventions sont interrompues. Ce type de rechute concerne tout particulièrement les approches médicamenteuses. Dans le cas des antidépresseurs et des anxiolytiques (médicaments anti-anxiété), qu’il s’agisse de <a href="https://doi.org/10.1038/s41380-022-01824-z">molécules anciennes</a> ou <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2019.1189">plus récentes</a>, les taux de rechute augmentent peu de temps après l’arrêt du traitement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan d'une main tenant une pilule à côté d'un verre d'eau sur une table" src="https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544652/original/file-20230824-27-homnj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les patients peuvent voir leurs symptômes réapparaître après avoir arrêté de prendre des antidépresseurs ou des anxiolytiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/unrecognizable-man-holding-a-pill-in-front-of-a-royalty-free-image/1297835134">Vasil Dimitrov/E+ via Getty Images</a></span>
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<p>Les traitements comportementaux, tels que la psychothérapie, introduisent en revanche de nouvelles compétences et habitudes <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.psych.57.102904.190044">dont les effets peuvent être plus durables</a>. En conséquence, les avantages qui en découlent se maintiennent au-delà de la phase la plus intense du traitement. </p>
<p>Des séances régulières, pendant plusieurs mois, <a href="https://theconversation.com/cbt-dbt-psychodynamic-what-type-of-therapy-is-right-for-me-171101">avec un thérapeute </a> peuvent ainsi aider de nombreux patients à apprendre à faire face aux symptômes négatifs dont ils souffrent, et à aborder les circonstances de leur existence d’une manière différente. Toutefois, cet apprentissage est dépendant de leur neuroplasticité : celle-ci est nécessaire pour que de nouvelles voies cérébrales bénéfiques découlant de la thérapie puissent être forgées et conservées.</p>
<p>Forts de ces constats, certains scientifiques ont donc émis l’hypothèse que l’amélioration ou la modulation de la neuroplasticité grâce à des interventions biologiques (comme la prise de médicaments) pourrait non seulement réduire les symptômes, mais aussi ouvrir une <a href="https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2018.09.004">fenêtre d’opportunité</a> permettant de potentialiser les effets d’interventions comportementales comme la psychothérapie. Cette plasticité accrue pourrait bénéficier à des interventions basées sur l’apprentissage, telles que la <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-therapies-comportementales-cognitives-et-emotionnelles-129883">thérapie cognitivo-comportementale</a> ou la thérapie d’exposition, et en améliorer les résultats à long terme.</p>
<p>Pour le comprendre, on peut imaginer que les voies cérébrales dont nous parlons sont en quelque sorte des routes. Les traitements biologiques sont capables de transformer un ensemble de chemins peu connectés, mais très bien tracés (les pensées, les peurs et les habitudes « inutiles » des patients), en un réseau dense de routes interconnectées et fraîchement bitumées. </p>
<p>Les traitements comportementaux peuvent quant à eux être vus comme des entraînements réguliers à la conduite, qui visent à apprendre à emprunter un sous-ensemble spécifique de ces nouvelles routes ; un sous-ensemble qui mène les patients à adopter des perspectives plus équilibrées d’eux-mêmes et du monde qui les entoure. À force de s’entraîner, ils finissent par être capables d’emprunter sans effort ces nouvelles routes… Et sans avoir besoin de GPS, ce qui garantit que ces parcours désormais familiers seront facilement accessibles à l’avenir, ce qui empêcher le retour de l’anxiété et de la dépression.</p>
<h2>Rechercher les synergies</h2>
<p>La conception de traitements combinés visant à promouvoir explicitement une synergie est relativement nouvelle, mais un nombre croissant de preuves étayent son efficacité. Quelques exemples spécifiques sont particulièrement remarquables.</p>
<p>Tout d’abord, certaines études ont montré que la <a href="https://doi.org/10.1097%2FHRP.0000000000000183">D-cyclosérine</a>, un antibiotique utilisé pour traiter la tuberculose, pourrait être capable <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.3955">d’améliorer l’efficacité de la thérapie d’exposition destinée à lutter contre les troubles anxieux</a>, en aidant les patients à maîtriser leurs peurs. La D-cyclosérine pourrait également <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2022.3255">renforcer les effets antidépresseurs de la stimulation magnétique transcrânienne</a>, un type de neurostimulation qui cible les cellules nerveuses à l’aide de champs magnétiques.</p>
<p>Plusieurs études suggèrent que la combinaison de la neurostimulation avec des approches cognitivo-comportementales (telles que la thérapie cognitivo-comportementale ou l’entraînement au contrôle cognitif) <a href="https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2018.09.004">pourrait réduire la dépression et de l’anxiété sur de plus longs termes</a>.</p>
<p>De même, de faibles doses de kétamine, un médicament aux effets antidépresseurs rapides utilisé en anesthésie générale, peuvent être utilisées pour <a href="https://ajp.psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp.20220216">« amorcer la pompe »</a> afin de faciliter les nouveaux apprentissages. Avec mon équipe, nous avons démontré qu’après l’administration d’une dose unique de kétamine, la pratique d’exercices informatiques quotidiens de 30 à 40 minutes pendant quatre jours, augmentait la durée des effets antidépresseurs de ce médicament. Cette durée était <a href="https://doi.org/10.1001/jamanetworkopen.2023.12434">9 fois plus importante que lorsque la kétamine était prise seule</a> (les symptômes étaient réduits pendant 90 jours, contre 10 jours avec la molécule seule).</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/dYN64GJzGfc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les scientifiques explorent le potentiel des psychédéliques pour traiter divers troubles mentaux (vidéo en anglais).</span></figcaption>
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<p>Enfin, l’utilisation de molécules possédant des propriétés psychédéliques, comme la psilocybine ou la MDMA, fait aussi l’objet de recherches, afin d’évaluer leur potentiel en tant que compléments à la psychothérapie. Les avantages thérapeutiques de ces <a href="https://doi.org/10.1007/s11920-022-01363-y">thérapies assistées par psychédéliques </a> (sous surveillance médicale) sont attribués aux effets rapides de telles molécules, qui sont capables de <a href="https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.1121-22.2022">renforcer la neuroplasticité </a> et de modifier la conscience. Les chercheurs pensent que ces effets de court terme favorisent l’expérimentation par les patients de nouveaux points de vue et perspectives, qu’ils peuvent ensuite, avec l’aide des psychothérapeutes, intégrer à leur vision du monde.</p>
<p>La mise au point de traitements combinés, guidée par les connaissances acquises grâce aux neurosciences, semble donc avoir un grand potentiel. Cependant, il est important de souligner dans certains cas, utiliser différentes approches peut avoir des effets antagonistes, et ainsi <a href="https://doi.org/10.1016/S0272-7358(97)00084-6">réduire les avantages à long terme que pourrait présenter une psychothérapie menée seule </a>. </p>
<p>Une étude sur le trouble panique a par exemple démontré que les patients qui avaient appris des techniques de psychothérapie tout en prenant des médicaments anxiolytiques <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/192707">présentaient un plus grand risque de rechute </a> après l’arrêt de leur traitement que ceux qui avaient uniquement effectué une psychothérapie.</p>
<p>Des essais cliniques soigneusement conçus et des suivis à long terme sont donc indispensables pour comprendre pleinement comment combiner approches biologiques et comportementales, afin de développer les traitements les plus efficaces, accessibles, sûrs et durables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212558/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rebecca Price est financée par le National Institute of Mental Health et le Laurel E. Zaks Memorial Research Fund. Elle est également l'inventrice d'un brevet déposé par l'université de Pittsburgh concernant les traitements bio-comportementaux synergiques de l'anxiété et de la dépression.</span></em></p>Pour traiter les troubles psychiques, mieux vaut combiner diverses approches plutôt que de s’en tenir à un seul type de prise en charge. En cause, la plasticité cérébrale. Explications.Rebecca Price, Associate Professor of Psychiatry and Psychology, University of PittsburghLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2050902023-07-11T14:48:11Z2023-07-11T14:48:11ZCourse à pied, fabrication de pain : traverser la pandémie grâce à de nouvelles passions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526903/original/file-20230517-18592-xkares.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C995%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage. </p>
<p>Chercheuses en psychologie, nous avons mené avec notre équipe de recherche <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">trois études durant la pandémie de Covid-19</a> afin d’examiner les bienfaits reliés au développement de nouvelles passions en contexte d’adversité. </p>
<p>Nous avons trouvé que les personnes ayant développé une passion harmonieuse ont vécu des émotions agréables et ont réussi à se désengager d’une activité passionnante irréalisable, ce qui les a amenés à ressentir du bien-être psychologique. </p>
<p>Les personnes ayant développé une passion obsessive, quant à elles, ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être (symptômes anxieux et dépressifs). </p>
<h2>Les passions ne sont pas toutes égales</h2>
<p>Prenons l’exemple d’Alex et de Charlie, deux personnages fictifs, afin d’illustrer les différents types de passion. Durant la pandémie, Alex a développé une passion pour la cuisine. Chaque soir, il adorait préparer une nouvelle recette et passer du temps en famille autour de bons repas. Dans la ville voisine, Charlie a quant à elle développé une passion pour le ski. Souhaitant participer à des compétitions, elle s’entraînait sur une base régulière et elle se sentait coupable les jours où elle ne skiait pas. Elle négligeait également ses études afin d’optimiser sa performance et se sentir fière d’elle dans son sport favori.</p>
<p>Alex et Charlie ont tous deux développé une passion pour une nouvelle activité, c’est-à-dire que cette activité aimée est devenue une partie de leur identité et ils y ont investi beaucoup de temps et d’énergie. Toutefois, ils ne se sont pas engagés dans cette activité de la même manière, ce qui a affecté différemment leur santé mentale. En effet, il existe <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0022-3514.85.4.756">deux types de passion</a>. </p>
<p>La <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion harmonieuse</a> est bien intégrée aux autres sphères de vie des individus. Ainsi, elle interfère peu avec leur travail, leurs loisirs ou leurs relations interpersonnelles. C’est le cas d’Alex, qui passe du temps en famille tout en poursuivant sa passion pour la cuisine. De plus, les personnes ayant une passion harmonieuse sont en mesure de se désengager de leur activité passionnante au besoin, par exemple lors d’un confinement qui les empêche de la pratiquer. </p>
<p>Au contraire, la <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion obsessive</a> est caractérisée par un besoin incontrôlable de pratiquer l’activité aimée. Les personnes ayant une passion obsessive basent souvent leur estime de soi sur leur performance dans leur activité passionnante, comme Charlie qui ne peut s’empêcher de skier.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="personne debout sur une piste de ski" src="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Durant la pandémie, les personnes ayant développé une passion obsessive ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Le rôle des émotions agréables et désagréables</h2>
<p>Alors que la passion harmonieuse d’Alex risque de lui procurer de nombreux bienfaits, la passion obsessive de Charlie pourrait engendrer des conséquences négatives sur sa santé mentale. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">Nos études</a> ont montré que les liens entre les types de passion et la santé psychologique peuvent être partiellement expliqués par la présence d’émotions agréables et désagréables. </p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780124072367000012">émotions agréables</a> permettent d’ouvrir ses horizons et de développer des ressources personnelles (p. ex., la présence attentive, qui réfère à la capacité d’être conscient de ses états internes et de son environnement) qui pourront être utilisées pour faire face aux situations stressantes. Les émotions désagréables ont également leurs fonctions. Par exemple, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0749597818305193">culpabilité</a> nous permet de reconnaître des comportements immoraux. Cependant, elles peuvent être associées à un repli sur soi et à des problèmes de santé psychologique.</p>
<p>Nos résultats indiquent que les personnes qui ont poursuivi une passion harmonieuse préexistante durant la pandémie et ceux qui en ont développé une nouvelle vivaient davantage d’émotions agréables, ce qui menait à un bien-être psychologique accru (satisfaction de vie, bonheur et trouver un sens à son existence). Au contraire, les personnes qui ont poursuivi une passion obsessive (préexistante et nouvelle) vivaient un peu de bien-être, mais surtout des émotions désagréables et des symptômes anxieux et dépressifs. </p>
<h2>Développer sa capacité à se désengager d’une passion</h2>
<p>La capacité à se désengager d’une passion est importante pour la santé mentale. Durant la pandémie, les personnes qui se désengageaient plus facilement de leur passion irréalisable, comme le voyage ou l’entraînement en salle, vivaient moins de symptômes d’anxiété et de dépression. </p>
<p>Nos résultats indiquent que le développement d’une nouvelle passion harmonieuse pourrait faciliter le désengagement face à une ancienne passion irréalisable qu’il est nécessaire de délaisser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme assise dans un avion" src="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Favoriser la résilience grâce à la passion</h2>
<p>Il est important de souligner que les passions peuvent être des facteurs de résilience. Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. Pendant la pandémie, le développement de nouvelles passions (surtout harmonieuses) était un facteur de protection important pour la santé mentale. </p>
<p>Cela appuie les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jopy.12774">résultats d’autres études récentes</a> portant sur l’importance des passions harmonieuses pour promouvoir la résilience. En période de stress, il est donc bénéfique de prioriser les activités que l’on aime et de développer de nouveaux intérêts pour promouvoir sa santé mentale tout en veillant à ce que ces activités passionnantes soient intégrées de façon harmonieuse aux autres sphères de vie.</p>
<p>Bien que nos recherches ne se soient pas poursuivies après les confinements reliés à la pandémie, d’autres études ont montré que les passions harmonieuses ont tendance <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10902-018-0059-z">à perdurer dans le temps</a>. Ainsi, il est fort probable que les passions harmonieuses développées durant la pandémie se maintiennent et continuent d’être bénéfiques à la santé psychologique encore aujourd’hui !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205090/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Cimon-Paquet a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et des Fonds de recherche du Québec - Société et culture.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Holding a reçu des financements de Canadian Social Sciences and Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Virginie Paquette ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Durant la pandémie, de nombreuses personnes ont développé une passion alors que d’autres ont dû abandonner une activité passionnante. Ces passions ont joué un rôle dans la santé psychologique.Catherine Cimon-Paquet, Candidate au doctorat, conférencière et chargée de cours, Département de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Anne Holding, Chercheuse postdoctorale en motivation humaine, New York UniversityVirginie Paquette, Stagiaire postdoctorale en psychologie organisationnelle/industrielle, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2041652023-05-15T10:18:35Z2023-05-15T10:18:35ZStressé au travail ? Mieux vaut en rire !<blockquote>
<p>« L’humour renforce notre sentiment de survie et préserve notre santé mentale. »</p>
</blockquote>
<p>Cette phrase de <a href="https://www.kobo.com/ww/en/audiobook/my-autobiography-36">Charlie Chaplin</a> résume assez bien l’article que nous vous proposons ici. Au quotidien, l’humour nous aide à nous accommoder des situations de stress. Le pouvoir de la satire permet de rediriger l’attention vers des questions majeures, à l’image du film <em>Don’t look up</em> inspiré de notre inaction face au changement climatique. Le long métrage évoque la chute prochaine d’une comète qui va s’écraser sur terre et produire l’extinction des êtres humains sans que ceux-ci ne s’en soucient. Les contestations de la réforme des retraites passent aussi parfois par le rire, lorsqu’on peut par exemple lire sur une <a href="https://theconversation.com/manu-tu-nous-mets-64-on-te-mai-68-ce-que-les-slogans-disent-de-notre-histoire-sociale-200207">pancarte</a> <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/reforme-des-retraites-les-murs-ont-la-parole-analyse-d-un-politologue-2740382.html">« 16-64, une bière, pas une carrière »</a>.</p>
<p>L’<a href="https://theconversation.com/topics/humour-24698">humour</a> semble ainsi une formidable parade à tout évènement dramatique, voire grave. Il y a 60 ans, <a href="https://psycnet.apa.org/record/1964-04369-000">Freud</a> expliquait que son usage est un mécanisme de défense contre les émotions déplaisantes. Il contiendrait une force thérapeutique capable de briser les tabous et ayant des <a href="https://www-tandfonline-com.bases-doc.univ-lorraine.fr/doi/full/10.1080/14650045.2012.668723">effets de légèreté et de soulagement</a>.</p>
<p>En <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/AMP.2006.20591005">sciences de gestion</a>, le sujet a pourtant rarement été pris au sérieux. Pandémie d’ampleur, mouvements sociaux, inquiétudes pour le pouvoir d’achat, <a href="https://theconversation.com/pourquoi-linflation-plombe-le-sentiment-de-bien-etre-des-francais-203712">anxiété</a> quant à l’avenir et aux conséquences du dérèglement climatique, ces sujets s’installent autant dans les entreprises que dans les foyers français. Quel rôle jouerait l’humour au milieu de ces <a href="https://theconversation.com/topics/anxiete-30927">évènements anxiogènes</a> ?</p>
<p>Notre <a href="https://hal.univ-lorraine.fr/hal-03447764">recherche</a> montre qu’au travail, l’usage de l’humour n’a pas le même effet sur son bien-être selon sa place dans la hiérarchie. Nous analysons un type d’humour dit <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fpspi0000041">« adaptatif »</a> Il désigne ces réactions que l’on peut avoir, confronté à une situation déplaisante que l’on va finalement apprécier comme drôle.</p>
<h2>Un régulateur du stress social</h2>
<p>Contrairement à des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10463280540000007">modèles d’estime de soi</a> assez répandus dans lesquels « l’hypothèse dominante est que les gens recherchent l’estime de soi simplement parce qu’une haute estime de soi est préférable à une faible estime de soi », la théorie du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0065260100800039">sociomètre</a> relie l’estime de soi à une forme de pression sociale. Il varie selon celle-ci de la même façon qu’un baromètre réagit à la pression atmosphérique. L’estime de soi découle alors d’une stabilité dans les interactions avec les autres mais également vis-à-vis de soi-même, et de nos propres réactions face aux situations, grâce notamment au maniement de l’humour.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/9cOKhAolkB8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Parmi les situations auxquelles nous sommes régulièrement confrontés en entreprise se trouve l’<a href="https://theconversation.com/topics/echec-47709">échec</a>. Une forme de résignation apparaît lorsqu’ils se répètent et lorsqu’on a le sentiment que nos efforts ne se traduisent pas par des résultats positifs. La situation semble incontrôlable, on se sent démuni. On parle dans ce cas d’ <a href="https://psycnet.apa.org/record/1976-20159-001">« impuissance apprise »</a>.</p>
<p>L’humour peut-il aider à en sortir ? Peut-il faire remonter le baromètre de l’estime de soi ?</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s’interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
<p><a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-entreprise-s-153/"><em>Abonnez-vous dès aujourd’hui</em></a></p>
<hr>
<p>Nos résultats, obtenus grâce à une enquête menée fin 2022 auprès de 532 salariés appartenant à des entreprises privées de l’hexagone, mettent en évidence à ce sujet une différence notable selon que l’on a ou non des responsabilités managériales.</p>
<h2>Réduire l’impuissance apprise par l’humour adaptatif</h2>
<p>Un ouvrier, un employé de bureau, un technicien ou tout autre individu n’exerçant pas de fonction de management aurait peu de risques d’être en situation d’impuissance apprise s’il fait l’usage d’un humour adaptatif dans un environnement professionnel générant du stress (charge de travail, procédures de mise en place, attente d’une réponse, etc.). Autrement dit, il se sentira moins résigné en situation d’échec sur une tâche s’il est capable de réguler les différents stresseurs par l’humour.</p>
<p>Par un jeu de mots prêtant à rire, un geste qui traduit avec justesse le caractère drôle de la situation de stress, même une simple expression clownesque du visage, il gonfle mécaniquement son estime de lui ce qui va l’inciter à davantage revoir la tâche sur laquelle il travaille actuellement et sur laquelle il bute. Il en viendra probablement à répéter la séquence et à progresser jusqu’à ce qu’il parvienne à réussir son travail. Pour paraphraser Chaplin, l’humour préserve bien la santé mentale du salarié en réduisant le risque de plonger dans une situation d’impuissance apprise.</p>
<p>L’estime de soi chez le salarié manager reste en revanche assez indifférente à sa capacité ou non à gérer des situations stressantes par l’humour. Sans doute est-ce parce que son niveau d’estime de lui est à l’origine, et certainement pour des raisons culturelles dans un contexte français, plus élevé que celui d’un employé dépourvu de fonction d’encadrement. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il prend fréquemment des décisions, parfois difficiles, qu’il est mis dans certaines confidences ou encore qu’il touche un bon salaire.</p>
<p>Comment prendre en compte de tels résultats sachant que <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.1982.4285559">l’impuissance apprise influence à la fois les résultats des employés et la performance de l’organisation</a> ? Notre étude montre finalement l’importance pour l’entreprise de laisser l’employé pratiquer son humour afin qu’il s’adapte mieux à son environnement à la faveur de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/9781118970843.ch223">sa bonne santé physique et mentale et de son bien-être social</a>.</p>
<p>Attention cependant à ce que cet humour ne dérive pas chez l’employé vers une attitude qui franchirait la frontière du respect et de la considération envers autrui. Outrepasser ces règles de bonne conduite impliquerait une violence comportementale, des mots ou des gestes déplacés qui deviendraient inacceptables pour celles et ceux qui en font les frais. Il s’agit donc pour les managers qui encadrent des employés de rester attentifs à de potentiels dérapages. L’enjeu est de trouver un équilibre, de savoir montrer l’exemple par une attitude mesurée, avoir un discernement de ce qui peut être dit ou non, fait ou non.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’humour permet d’augmenter l’estime de soi et de ne pas tomber dans la résignation devant les difficultés. Ce principe s’applique cependant davantage aux employés qu’aux managers.Pierre Garner, Maître de Conférences, Enseignant-chercheur en comportement organisationnel, Université de LorraineLoris Guery, Professeur des Universités en Sciences de Gestion, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044412023-05-12T13:46:19Z2023-05-12T13:46:19ZSyndrome du côlon irritable : la gravité en cause, selon une nouvelle étude<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522692/original/file-20230424-16-y8xuaf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C2%2C997%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les nombreux symptômes du syndrome du colon irritable comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>Je préfère ne pas essayer ce nouveau restaurant, pourquoi ne pas rester à la maison ce week-end ? </p>
<p>Je ressens à nouveau un inconfort, s’agit-il d’une crise ? </p>
<p>Cette situation me perturbe, je n’arrive pas à la contrôler… je préfère rentrer chez moi. </p>
</blockquote>
<p>Les personnes souffrant du <a href="https://cdhf.ca/fr/digestive-conditions/irritable-bowel-syndrome-ibs/">syndrome du côlon irritable</a> sont souvent confrontées à ce type de réflexion. Que ce soit votre cas ou celui de l’un de vos proches, <a href="https://cusm.ca/newsroom/article/ne-n%C3%A9gligez-pas-syndrome-du-c%C3%B4lon-irritable#:%7E:text=Le%20SCI%20est%20un%20trouble,de%20moins%20de%2050%20ans.">il s’agit de l’un des problèmes les plus courants poussant les patients à consulter un gastro-entérologue</a>. </p>
<p>Et si la cause exacte demeure inconnue, une nouvelle hypothèse, liée à la force de gravité, pourrait apporter un éclairage sur cette énigme et changer la manière dont nous la traitons. </p>
<h2>Un large éventail de symptômes</h2>
<p>D’un point de vue clinique, le syndrome du côlon irritable est défini comme un trouble fonctionnel chronique (c’est-à-dire qui ne peut être expliqué par des altérations morphologiques, métaboliques ou neurologiques) du gros intestin. Les nombreux symptômes comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal. </p>
<p>En outre, ces maux se recoupent souvent avec d’autres affections intestinales et digestives, telles que la constipation fonctionnelle, la <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=dyspepsie_troubles_digestifs_fonctionnels_pm">dyspepsie</a> et les brûlures d’estomac fonctionnelles. </p>
<p>Sa prévalence semble varier considérablement d’un pays à l’autre, allant de moins de 1 % en Inde à 10 % en Espagne et plus de 20 % aux États-Unis ou en Croatie. <a href="https://www.thelancet.com/journals/langas/article/PIIS2468-12532030217-X/fulltext">Une récente méta-analyse publiée dans la revue <em>The</em> Lancet_Gastroenterology and Hepatology_</a> a établi la fourchette entre 3,8 % et 9,2 %, selon les critères utilisés. </p>
<p>Cette étude a également montré qu’elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (12 % contre 8,6 %) et qu’elle est l’une des causes les plus importantes d’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15217162/">absentéisme au travail</a>.</p>
<p>Comme il s’agit d’un trouble fonctionnel, de nombreux facteurs peuvent en déclencher l’apparition : des épisodes d’anxiété ou de stress, des événements traumatisants, une légère inflammation ou divers facteurs psychosociaux peuvent être à l’origine de l’inconfort. Le syndrome du côlon irritable a toujours été considéré comme une sorte de « tiroir fourre-tout » des symptômes abdominaux.</p>
<h2>Une hypothèse de taille</h2>
<p>En d’autres termes, il n’existe pas d’origine unique au syndrome du côlon irritable, et c’est précisément la raison pour laquelle il est si complexe de s’y attaquer. Toutefois, le tableau pourrait s’éclaircir : comme indiqué plus haut, <a href="https://journals.lww.com/ajg/fulltext/2022/12000/gravity_and_the_gut__a_hypothesis_of_irritable.15.aspx"><em>The American Journal of Gastroenterology</em></a> a avancé une théorie non conventionnelle selon laquelle le syndrome trouverait son origine dans une incapacité d’adaptation de nos systèmes gastro-intestinal, musculo-squelettique, cardiovasculaire et vestibulaire (responsable de l’équilibre et de l’orientation dans l’espace) à la gravité. </p>
<p>Selon <a href="https://researchers.cedars-sinai.edu/Brennan.Spiegel">Brennan Spiegel</a>, directeur de la recherche sur les services de santé au Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles et auteur de l’étude, lorsque ces systèmes ne peuvent pas contrôler l’attraction de la gravité, cela peut entraîner des douleurs, des crampes, des vertiges, des sueurs, de la tachycardie et des problèmes de dos, qui sont tous des symptômes du syndrome du côlon irritable. Et ce phénomène peut même contribuer à la prolifération bactérienne dans l’intestin, un problème également lié au syndrome du côlon irritable. </p>
<p>L’intérêt de l’hypothèse de Spiegel est qu’elle relie les différentes explications entourant le syndrome du côlon irritable en utilisant la gravité comme fil conducteur. Des anomalies dans les mécanismes de résistance à l’attraction gravitationnelle du tractus gastro-intestinal (telles qu’un mésentère sous-développé ou faible – le pli de membranes qui relie l’intestin à la paroi abdominale) entraîneraient un affaissement des organes abdominaux et les symptômes du syndrome du côlon irritable.</p>
<h2>Sensibilité accrue à la douleur</h2>
<p>Une autre conséquence serait liée à une prolifération anormale des bactéries dans l’intestin due à un transit intestinal lent, entraînant une augmentation de la perméabilité intestinale, une inflammation et une surproduction de <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/serotonine-64573">sérotonine</a>. Ce neurotransmetteur joue non seulement un rôle clé dans la santé mentale, mais il est également lié à la motilité intestinale et à la fonction cardiovasculaire, tout en étant un puissant sensibilisateur à la douleur. </p>
<p>La colonne vertébrale, la cage thoracique, le diaphragme et les ligaments agiraient ensemble comme un « châssis » stabilisateur pour tous les viscères de la cavité abdominale. Si cette structure n’était pas en mesure de résister à la force g (l’accélération produite par la gravité terrestre sur un objet), il se produirait un étirement et un gonflement, ce qui activerait les neurones sensoriels de manière soutenue.</p>
<p>Une « sensibilisation périphérique » se produirait alors, amenant le patient à ressentir la douleur à des seuils très bas. Et ce, même en l’absence de tout stimulus apparent.</p>
<p>L’auteur de l’étude affirme que la présence de tous ces facteurs pourrait générer une émission à haute fréquence et à haute intensité de signaux de douleur vers le cerveau, et que ce dernier modifierait le comportement et l’état psychologique de la personne pour compenser l’état altéré. </p>
<p>L’existence d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Axe_intestin-cerveau">axe intestin-cerveau</a> intègre les systèmes nerveux et gastro-intestinal. Son dérèglement entraîne un cercle vicieux de sensations viscérales (douleurs, crampes, gonflements, picotements…) et d’hypervigilance. Cette dernière aggrave à son tour les symptômes gastro-intestinaux et l’anxiété liée à ces désagréments, connue sous le nom d’« anxiété viscérale ». Si l’hypervigilance est maintenue dans le temps, la personne peut atteindre un état d’épuisement vital.</p>
<h2>Facteurs de risque</h2>
<p>La susceptibilité au syndrome du côlon irritable serait donc déterminée par trois facteurs :</p>
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<li><p>La résistance de nos structures de soutien gastro-intestinales à la force g. </p></li>
<li><p>Notre capacité à détecter le stress viscéral causé par la gravité.</p></li>
<li><p>Notre niveau de vigilance par rapport à ce stress. </p></li>
</ol>
<p>Ainsi, une personne ayant une faible résistance mécanique, dont le système nerveux périphérique est très sensible à ces contraintes et qui, de surcroît, est constamment en alerte pour protéger le corps contre le stress gravitationnel – qu’il existe ou non – aura un risque plus élevé de développer le syndrome du côlon irritable.</p>
<p>Après avoir lu cette étude, on peut se demander si les astronautes souffrent de troubles gastro-intestinaux lors de leurs vols spatiaux dans des conditions de microgravité. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214552420300651?via%3Dihub">La réponse est oui</a> : ils souffrent souvent de reflux gastrique, de dyspepsie, de ballonnements, de diarrhée, de constipation et même de <a href="https://microbiomejournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40168-019-0724-4">modifications de leur microbiote intestinal</a>. </p>
<p>L’idée que le syndrome du côlon irritable est une conséquence de l’intolérance à la gravité pave la voie à de nouvelles perspectives, tant dans notre perception du syndrome que dans son traitement. Nous serions enfin en mesure d’organiser tous les facteurs ou pièces de ce grand casse-tête que représente le syndrome du côlon irritable, que nous n’avons pas réussi à résoudre jusqu’à présent, malgré de grands efforts. La poursuite des recherches permettra de renforcer ou d’infirmer cette hypothèse fascinante.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204441/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Et si le syndrome du côlon irritable avait pour origine une mauvaise adaptation du corps à la force de gravité ? Si elle était confirmée, cette explication changerait la façon dont nous le traitons.Elisabet Navarro Tapia, Coordinadora del Máster de Epidemiología y Salud Pública de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de ValenciaVicente Andreu Fernández, Director del Instituto de Investigación Biosanitaria de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de ValenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2023902023-04-03T17:51:02Z2023-04-03T17:51:02ZAnxiété face aux maths : comment aider un enfant à la surmonter<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517683/original/file-20230327-17-x27jmh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C1000%2C657&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le stress lié aux évaluations et aux examens peut être exacerbé si l'on insiste trop sur leur importance.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/student-studying-hard-exam-sleeping-on-1358191997">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0887618502002402">L’anxiété face aux maths</a> est un sentiment de tension et d’inquiétude qui interfère avec la capacité d’une personne à résoudre des problèmes dans cette discipline. Les chercheurs la <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2016.00508/full">distinguent de l’anxiété en général</a> ou de l’anxiété ressentie face aux examens, même si cela peut se recouper.</p>
<p>Cette anxiété liée aux <a href="https://theconversation.com/six-facons-de-faire-aimer-les-maths-a-votre-enfant-104008">maths</a> se développe en général suite à une série de mauvaises expériences qui enclenchent des <a href="https://theconversation.com/comment-surmonter-la-peur-des-maths-117300">schémas de pensée négatifs</a> par rapport à son potentiel en maths. Ces pensées peuvent se manifester par un évitement de cette matière ou une sensation d’impuissance dès qu’on est confronté à un devoir sur table.</p>
<p>C’est un problème commun à de nombreux jeunes et adultes que l’on peut observer aussi chez les enfants dès l’âge de 5 ans.</p>
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<a href="https://theconversation.com/maths-lecture-le-niveau-des-eleves-baisse-t-il-vraiment-198432">Maths, lecture : le niveau des élèves baisse-t-il vraiment ?</a>
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<p>Selon Jo Boaler, <a href="http://www.edweek.org/teaching-learning/opinion-timed-tests-and-the-development-of-math-anxiety/2012/07">professeur de mathématiques à l’université de Stanford</a>, en 2012, près de 50 % des adultes étaient angoissés par les mathématiques. Le <a href="https://www.education.vic.gov.au/school/teachers/teachingresources/discipline/maths/Pages/research_overcomingmathsanxiety.aspx">ministère de l’Éducation de l’État de Victoria, en Australie</a>, avance des proportions plus basses, entre 6 et 17 %. Toutefois, le taux moyen qu’on retrouve dans <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9780203998045-27/math-anxiety-cognitive-consequences-tutorial-review">l’ensemble des études universitaires</a> tourne autour de 20 %.</p>
<p>Que peut-on faire alors en tant que parent pour aider son enfant à surmonter ces appréhensions et <a href="https://theconversation.com/stress-des-examens-cinq-conseils-pour-en-faire-un-atout-117724">ne pas paniquer lors d’un devoir ou d’un examen</a> ?</p>
<h2>Valoriser les réussites pour renforcer la confiance</h2>
<p>La plupart des jeunes aimeraient réussir en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/mathematiques-24584">maths</a>. Quand ils sont très jeunes, ils perçoivent certainement combien c’est important pour leurs parents. S’ils sont plus âgés, ils savent que ce sera un facteur clé dans leur recherche d’emploi et pour faire carrière.</p>
<p>L’une des principales <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0734282908330580">sources de cette anxiété face aux maths</a> tient aux retours négatifs que les élèves reçoivent concernant leurs compétences, malgré toute la bonne volonté investie pour réussir en maths. Cela peut venir de simples comparaisons avec leurs camarades ou, de manière plus formelle, de mauvaises notes.</p>
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<a href="https://theconversation.com/maths-a-lecole-dou-vient-le-probleme-191691">Maths à l’école : d’où vient le problème ?</a>
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<p>Pour réduire ces tensions, l’important est de se concentrer sur les aspects positifs de chaque situation, en aidant votre enfant à bien identifier ce qu’il a réussi. Ces expériences sont essentielles pour <a href="http://hillkm.com/EDUC_712/Week_8/Wigfield_Tonks_Klauda_2009.pdf">ouvrir la voie à d’autres succès</a>.</p>
<p>Un des moyens faciles à mettre en œuvre pour que votre enfant prenne conscience de ses progrès consiste à lui demander de refaire une série d’exercices issus de la dernière voire de l’avant-dernière année scolaire. Au moment de la correction, mettez l’accent sur les points forts de son travail, pour l’aider à prendre confiance en lui. Ces expériences positives lui serviront d’appui pour aborder des tâches plus complexes.</p>
<h2>Des connaissances scolaires utiles au quotidien</h2>
<p>Le stress lié aux évaluations et aux examens peut être exacerbé si l’on insiste trop sur leur importance. Avant ces échéances, il est plus constructif d’expliquer à l’enfant qu’il ne sera pas jugé sur ces résultats. Si les tests à venir sont au centre de toutes les conversations, cela ne fera qu’augmenter la pression. Mieux vaut circonscrire les discussions aux moments de révisions.</p>
<p>Les parents peuvent être tentés de laisser les enfants gérer seuls leurs révisions, d’autant que les périodes de confinement où ils ont dû s’impliquer plus activement dans les questions d’enseignement ont pu créer des tensions. Toutefois, cette attitude n’est pas la plus propice à soulager l’angoisse des maths. Mieux vaut <a href="https://childmind.org/article/help-kids-with-math-anxiety/#doing-math-together-at-home">accompagner les plus jeunes dans leurs devoirs</a>. Quant aux plus âgés, l’essentiel est de leur montrer qu’on s’intéresse au travail qu’ils sont en train de faire. Les adolescents ne seront pas forcément très enthousiastes la première fois que vous leur proposerez votre aide mais c’est important de leur faire comprendre que vous êtes là s’ils ont besoin de vous et que vous ne cherchez pas à les juger.</p>
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<p>De cette manière, les jeunes réalisent la valeur que leurs parents accordent à leurs activités et croient dans leurs capacités d’apprentissage.</p>
<p>Il ne faut pas sous-estimer non plus la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10409289.2012.693430">manière dont l’attitude des parents face aux maths influence celle de leurs enfants</a>. Essayez d’avoir des conversations positives sur cette matière et la façon dont nous l’utilisons au quotidien. Vous pouvez par exemple mobiliser les maths avec eux pour déterminer quel serait l’achat le plus avantageux dans les rayons du supermarché, ou faire appel aux notions de longueur et de surface pour choisir la disposition des meubles dans une pièce de la maison. Cela peut aider à dissiper les appréhensions du type « c’est trop difficile », « ce sont des connaissances qui ne servent qu’à l’école ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202390/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Assez fréquente, la peur des maths peut se développer lorsque les enfants se comparent négativement à leurs camarades ou ont de mauvaises notes malgré leurs efforts. Quelques clés pour la dépasser.Ben Zunica, Lecturer in Secondary Maths Education, University of SydneyBronwyn Reid O'Connor, Lecturer in Mathematics Education, University of SydneyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1993392023-02-08T19:50:58Z2023-02-08T19:50:58ZRêverie compulsive : quand une capacité bénéfique devient pathologique<p>Malgré ce que l’on entend souvent, la <a href="https://theconversation.com/ne-vous-empechez-pas-de-revasser-120091">rêverie diurne peut être extrêmement utile</a>. Non seulement elle peut être un moyen de gérer l’ennui voire une source de plaisir, mais des recherches montrent que notre capacité à nous échapper mentalement du présent peut également stimuler la créativité, la résolution de problèmes et la planification, et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26192399/">fournir un antidote à la solitude</a>.</p>
<p>Le « rêve éveillé », lorsque défini comme les pensées qui ne sont pas liées à ce que vous faites en temps réel, occupe une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.2190/7K24-G343-MTQW-115V">bonne partie de votre vie éveillée</a> – en moyenne <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053810013001396">environ 30 % de votre temps</a> (d’après nos enquêtes). Cela fait partie de notre expérience consciente ordinaire et quotidienne. Il pourrait même s’agir d’un <a href="https://academic.oup.com/scan/article/12/7/1047/3574671?login=false">mode de fonctionnement par défaut de notre cerveau</a> auquel nous revenons, en particulier lorsque nous effectuons des tâches qui ne demandent pas beaucoup d’énergie cérébrale, de réflexion – simples, automatiques comme étendre le linge, etc.</p>
<p>Mais on estime que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9091653/">2,5 % des adultes</a> sont confrontés à des rêveries qui peuvent être considérées comme excessives, un trouble potentiel qui reste discuté et qui est connu sous le terme de « rêverie compulsive » (<em>maladaptive daydreaming</em>, en anglais). Les personnes concernées connaissent des épisodes de rêveries si nombreux et envahissants qu’ils interfèrent avec leur vie quotidienne. Ils altèrent la capacité d’attention (par exemple lors de la lecture d’un texte), influent sur la mémoire, etc.</p>
<h2>Qu’est-ce que la rêverie compulsive</h2>
<p>Cette forme de « rêve éveillé inadapté » diffère du simple rêve éveillé à plusieurs égards.</p>
<p>Contrairement aux rêveries typiques qui peuvent être fugaces (<a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2013.00415/full">quelques secondes</a>), les « rêveurs inadaptés » peuvent passer plusieurs heures d’affilée dans une seule rêverie. Selon une étude, ils passeraient en moyenne <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053810016300460">près de la moitié de leurs heures d’éveil</a> immergés dans des mondes imaginaires qu’ils ont progressivement construits. Ces mondes inventés sont souvent riches et complexes, avec des intrigues et des scénarios à plusieurs niveaux qui évoluent sur des années.</p>
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<p>Ces mondes alternatifs sont vivants et peuvent être gratifiants pour celui qui les développe… Mais le besoin de poursuivre ce fantasme <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0003448719302665">peut devenir compulsif, au risque possible d’entraîner une dépendance</a>. Dans le cas de la rêverie compulsive, l’envie de revenir à cet univers virtuel peut être forte et se muer en agacement lorsque cela n’est pas possible ou que cette activité est interrompue. Beaucoup ont d’ailleurs du mal à arrêter ou même à réduire le temps qu’ils passent « dans la Lune ».</p>
<p>Mais outre ce ressenti, le fait de donner autant d’importance (voire dans certains cas extrêmes la priorité) à des réalités alternatives et imaginaires au détriment des besoins physiques et sociaux peut créer des problèmes au travail, à l’école et dans le maintien de relations étroites. <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/15299732.2016.1160463">De nombreuses personnes souffrant de rêverie inadaptée</a> déclarent ainsi éprouver une détresse psychologique, des difficultés à dormir et un sentiment de honte à l’égard de cette activité, qu’elles peuvent être amenées à cacher aux autres.</p>
<p>Il est important de noter que ces rêveries éveillées et autres activités mentales immersives ne sont pas problématiques par définition. Ce qui rend la rêverie « inadaptée », c’est lorsqu’il devient difficile de la contrôler, lorsque le temps qui lui est consacré devient si important qu’il commence à empiéter sur celui de la vie réelle et lorsque son côté compulsif vient interférer avec des relations et des objectifs concrets importants.</p>
<h2>Pourquoi cela se produit-il ?</h2>
<p>Des chercheurs soupçonnent que les personnes confrontées à ces rêves éveillés compulsifs ont une aptitude innée aux <a href="https://journals.lww.com/jonmd/Abstract/2016/06000/Childhood_Antecedents_and_Maintaining_Factors_in.9.aspx">« fantaisies » immersives</a>. Beaucoup découvrent cette capacité tôt dans l’enfance, en réalisant que ces fantasmes peuvent être utilisés pour réguler la détresse. En créant un monde intérieur de confort, ils sont capables d’échapper à la réalité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une jeune fille est assise à son bureau à l’école, tout en regardant par la fenêtre en rêvassant" src="https://images.theconversation.com/files/499559/original/file-20221207-12015-bao1r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499559/original/file-20221207-12015-bao1r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499559/original/file-20221207-12015-bao1r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499559/original/file-20221207-12015-bao1r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499559/original/file-20221207-12015-bao1r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499559/original/file-20221207-12015-bao1r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499559/original/file-20221207-12015-bao1r8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Beaucoup découvrent leur capacité à développer mondes imaginaires et fantasmes dans l’enfance.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/little-sad-ukrainian-girl-sitting-classroom-2137605633">Halfpoint/Shutterstock</a></span>
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<p>Certains rêveurs inadaptés, mais pas tous, peuvent utiliser ce moyen comme une <a href="https://link.springer.com/article/10.1023/A:1020597026919">stratégie d’adaptation</a>. Par exemple, cette activité peut permettre de se distraire d’une réalité désagréable, ce qui peut aider à faire face à un traumatisme, à des événements de vie difficiles ou à l’isolement social. Mais cela peut conduire à un <a href="https://psycnet.apa.org/record/2022-69800-001">cercle vicieux</a> – le fait d’y recourir pour faire face à des émotions négatives alimentant le besoin de s’y plonger.</p>
<p>Cette pratique peut alors devenir un comportement addictif qui alimente les problèmes qu’elle était censée atténuer. Il n’est peut-être pas surprenant que la rêverie compulsive ait tendance à <a href="https://journals.lww.com/jonmd/Abstract/2017/07000/The_Comorbidity_of_Daydreaming_Disorder.4.aspx">se manifester parallèlement à d’autres troubles</a>, les plus courants étant le TDAH, l’anxiété, la dépression et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).</p>
<p>Il semble par ailleurs y avoir un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022395621000844">lien possible entre les TOC et la rêverie compulsive</a>. Une étude a révélé que plus de la moitié des participants souffrant de leurs rêves éveillés trop fréquents présentaient également des signes de TOC. Cela peut suggérer l’existence de mécanismes communs entre ces types de troubles, notamment les pensées intrusives, la dissociation et le manque de contrôle cognitif.</p>
<h2>Un trouble qui reste discuté</h2>
<p>Bien que la rêverie compulsive fasse l’objet d’une <a href="https://www.popsugar.co.uk/fitness/what-is-maladaptive-daydreaming-49001435">attention croissante en ligne</a> et dans les médias sociaux, elle n’est pas encore officiellement reconnue comme trouble dans les manuels de diagnostic psychiatrique.</p>
<p>Cela signifie que de nombreux professionnels de santé peuvent ne pas l’identifier, ce qui conduit à des diagnostics erronés ou au rejet des symptômes. Avec en conséquence le risque de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1053810011002030">davantage de détresse, d’isolement et de honte</a> pour les personnes concernées. Nombreux sont ceux qui se tournent vers les <a href="https://wildminds.ning.com/">forums en ligne</a> pour obtenir le <a href="https://www.reddit.com/r/MaladaptiveDreaming/">soutien et la reconnaissance de leurs pairs</a>, une pratique qui a ses propres risques.</p>
<p>Le fait que la rêverie compulsive ne soit pas reconnue comme un trouble psychiatrique signifie également que nous en savons peu sur les options de traitement.</p>
<p>Il existe une <a href="https://www.researchgate.net/profile/Eli-Somer/publication/322152657_Maladaptive_Daydreaming_Ontological_Analysis_Treatment_Rationale_a_Pilot_Case_Report/links/5a487f71a6fdcce1971c8750/Maladaptive-Daydreaming-Ontological-Analysis-Treatment-Rationale-a-Pilot-Case-Report.pdf">étude de cas documentée</a>, publiée par Éli Somer (qui a décrit ce trouble en 2002) dans une revue à comité de lecture, montrant qu’un homme de 25 ans a réussi à réduire de moitié le temps qu’il passait dans cette activité – de près de trois heures par jour à moins d’une heure et demie. Cette réduction a été réalisée sur une période de six mois en utilisant une combinaison de traitements psychologiques tels que la thérapie cognitivo-comportementale et la pleine conscience.</p>
<p>Bien que le traitement n’ait pas eu d’effet sur le caractère gratifiant de ses rêveries, il a signalé des améliorations dans son travail et son fonctionnement social, ainsi que dans ses obsessions sous-jacentes. Il est à espérer que la reconnaissance et la compréhension croissantes de ce phénomène permettront de proposer davantage d’options de traitement aux personnes qui en souffrent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199339/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Giulia Poerio ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le rêve diurne est une activité mentale normale… mais elle peut se faire pathologique lorsqu’elle est excessive. Qu’est-ce que la rêverie compulsive ? Quand peut-elle être devenir un trouble ?Giulia Poerio, Associate lecturer, University of SussexLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1985512023-01-26T18:10:24Z2023-01-26T18:10:24ZL’instabilité des revenus, une source de mal-être de plus en plus répandue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/506410/original/file-20230125-22-8la1n0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=46%2C40%2C3835%2C2543&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Uber, une entreprise emblématique de la _gig economy_.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:UBER_Eats_Delivery_Cyclist_Riding_Through_a_Busy_Oxford_Road_in_Manchester.jpg">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les entreprises de la <em>gig economy</em> (ou économie à la tâche) mettent régulièrement en avant la liberté dont jouissent leurs employés pour organiser leur emploi du temps comme l’une des principales raisons pour préserver le statut de travailleur indépendant (généralement des autoentrepreneurs en France). Le <a href="https://www.uber.com/us/en/u/flexibility/">site Internet d’Uber</a>, par exemple, recrute ses chauffeurs en valorisant la flexibilité que permet son application, le tout appuyé par des statistiques démontrant à quel point leurs chauffeurs tiennent à cette indépendance. D’autres acteurs comme les entreprises américaines de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plates-formes-31157">livraison</a> de nourriture <a href="https://dasher.doordash.com/en-us?source=dx_about_page&internal-referrer=legacy-signup">DoorDash</a> et <a href="https://www.instacart.com/company/shopper-community/10-items-or-less-the-importance-of-flexibility/">Instacart</a>, font appel aux mêmes arguments dans leur communication.</p>
<p>Il existe cependant un désagrément lié à cette flexibilité excessive, et celui-ci est rarement abordé : au lieu de recevoir un salaire horaire, les travailleurs indépendants sont rémunérés pour chaque tâche effectuée, sans garantie de salaire minimum. Sans <a href="https://theconversation.com/fr/topics/revenus-27531">revenus</a> garantis, ces travailleurs sont victimes d’une « volatilité de rémunération », c’est-à-dire que leurs revenus sont soumis à des fluctuations fréquentes.</p>
<p>Dans trois études récentes, je me suis intéressé à l’impact de la volatilité de rémunération sur la santé des travailleurs. Il en ressort que cette irrégularité et les difficultés à anticiper les rentrées d’argent futures constituent de véritables situations de mal-être.</p>
<h2>« Frustrant et déprimant »</h2>
<p>Dans ma première <a href="https://psycnet.apa.org/record/2023-22176-001">étude</a>, j’ai fait appel à 375 <em>gig workers</em> travaillant pour le Amazon Mechanical Turk (MTurk), une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plates-formes-31157">plate-forme</a> web de production participative via laquelle les travailleurs effectuent des microtâches à faible valeur ajoutée (saisie informatique, etc.) en échange d’une rémunération. Comme ces travailleurs sont payés à des tarifs variables pour chacune des tâches qu’ils effectuent, ils subissent une instabilité dans leurs revenus. L’un des participants en témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« Je peux gagner 80 dollars une journée, et peiner à atteindre 15 dollars le lendemain. C’est totalement imprévisible. »</p>
</blockquote>
<p>En partant du principe qu’une journée de travail comprend huit heures, cela revient à passer d’une rémunération horaire de 10 dollars un jour à 1,88 dollar le lendemain.</p>
<p>Mes conclusions ont montré que les travailleurs à la tâche qui rendaient compte d’une plus grande volatilité de salaire rapportaient également davantage de symptômes physiques tels que des maux de tête, de dos ou encore d’estomac. En effet, une plus grande instabilité dans les revenus engendre une grande anxiété à l’idée de ne pas arriver à boucler les fins de mois.</p>
<p>Un participant à l’étude a expliqué aimer travailler depuis son domicile et avoir le loisir d’organiser lui-même son emploi du temps, mais a aussitôt nuancé :</p>
<blockquote>
<p>« MTurk est tellement imprévisible en termes de revenus et de charge de travail que cela en devient frustrant et déprimant. »</p>
</blockquote>
<p>Si la problématique de la volatilité de salaire présente une pertinence évidente pour les travailleurs à la tâche, ils ne sont néanmoins pas les seuls à en être victimes. Les employés qui comptent sur les pourboires, comme les serveurs et serveuses, les barmen et barmaids, les voituriers ou encore les coiffeurs et coiffeuses, se confrontent eux aussi à une rémunération qui change constamment.</p>
<h2>Des revenus globalement inférieurs à la moyenne</h2>
<p>Dans le cadre d’une deuxième étude, j’ai interrogé chaque jour pendant deux semaines 85 employés qui travaillent aux États-Unis et qui reçoivent des pourboires dans le cadre de leur activité. Mes questions portaient sur leurs revenus et leur bien-être. Le graphique ci-dessous, qui détaille le montant des pourboires reçus chaque jour par l’un des participants, retranscrit bien la forte instabilité subie par certains employés.</p>
<p><iframe id="bmj4I" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/bmj4I/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les résultats de l’étude indiquent par ailleurs que le fait de recevoir davantage de pourboires sur une journée n’entraîne pas nécessairement un meilleur ni un moins bon moral à l’issue de celle-ci. En revanche, une plus grande volatilité dans les pourboires sur les deux semaines de l’étude a engendré un plus grand nombre de symptômes physiques et davantage d’insomnies.</p>
<p>Une chose que les travailleurs à la tâche et ceux qui comptent sur les pourboires ont en commun est qu’ils perçoivent des revenus inférieurs à la moyenne. Si l’on peut dire que la volatilité de salaire n’est sans doute pas nocive en tant que telle, elle le devient lorsqu’elle est associée à une faible rémunération.</p>
<h2>La méditation ne sert pas à grand-chose</h2>
<p>Toutefois, on retrouve des tendances similaires dans ma troisième étude menée cette fois-ci auprès de 252 salariés occupant des postes à haute rémunération dans les domaines de la vente, de la finance et du marketing aux États-Unis. Commissions et bonus sont monnaie courante dans ces secteurs d’activité : ces travailleurs expérimentent donc eux aussi une volatilité dans leurs rémunérations, bien que celles-ci soient plus élevées.</p>
<p>Si les effets ne sont pas aussi prononcés parmi cette catégorie de travailleurs, j’ai tout de même observé le même schéma : les personnes confrontées à une plus grande instabilité dans leurs revenus sont aussi celles qui rapportent davantage de symptômes physiques et une moins bonne qualité de sommeil.</p>
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<p>J’ai également étudié la façon dont les travailleurs peuvent se protéger des effets néfastes de la volatilité de rémunération. La pleine conscience, par exemple, fait référence à la capacité d’un individu à se concentrer sur le moment présent, sans se soucier de l’avenir et sans penser au passé. Bien que les personnes capables d’adopter cet état aient tendance à faire preuve de <a href="https://www.nytimes.com/guides/well/be-more-mindful-at-work">résilience</a> face au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/stress-20136">stress</a>, elles se révèlent dans mon étude tout autant affectées par l’instabilité de leurs revenus.</p>
<p>Ces résultats montrent que la volatilité de rémunération présente les mêmes effets néfastes chez la plupart des individus. Le seul facteur qui réduit véritablement les effets observés de ce phénomène est le degré de dépendance d’un individu à des sources de revenus volatiles. Lorsque la part de revenus instables représente un pourcentage moindre du revenu global d’un individu, la volatilité de rémunération ne semble pas influer sur sa santé ou son sommeil.</p>
<h2>Coûts cachés</h2>
<p>Dès lors, que faire, alors ? Tout d’abord, le législateur se doit de prendre en considération les avantages mais aussi les inconvénients de ces nouveaux modes de travail. Les entreprises de la <em>gig</em> <em>economy</em> savent parfaitement mettre en lumière les avantages du statut de travailleur indépendant ; cependant, il comporte également des coûts cachés, qui ne reçoivent pas la même attention.</p>
<p>Comme l’a expliqué l’un des participants à mon étude :</p>
<blockquote>
<p>« Il n’existe pas de garde-fou qui garantisse aux travailleurs indépendants un revenu juste pour une tâche donnée. Or, vous vous en doutez, la question de la rémunération constitue la principale source de stress, d’angoisse et d’incertitude dans le travail. »</p>
</blockquote>
<p>Garantir une meilleure protection juridique aux travailleurs indépendants peut contribuer à instaurer ces garde-fous. En parallèle, les entreprises pourraient trouver un équilibre en réduisant la dépendance des travailleurs à des modes de rémunération volatils, en choisissant plutôt de leur proposer un salaire de base plus important. Selon les conclusions de mes études, cette stratégie devrait en effet affaiblir le lien de causalité entre volatilité de la rémunération et bien-être des travailleurs.</p>
<p>En résumé, il est clair que si les modes de travail rendus populaires par la <em>gig economy</em> présentent des avantages, nous devons également prendre en compte les coûts cachés et œuvrer à améliorer les conditions de travail de cette portion importante de la population.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198551/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gordon M. Sayre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une série d’études montre que l’irrégularité des rentrées d’argent détériore le bien-être au travail aussi bien chez les auto-entrepreneurs des plates-formes que parmi les postes à responsabilité.Gordon M. Sayre, Assistant Professor of Organizational Behavior, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1789592023-01-19T14:50:25Z2023-01-19T14:50:25ZLes défis d’être une personne proche aidante en milieu rural pendant la pandémie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/466426/original/file-20220531-16-hx3lis.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C995%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les mesures liées à la pandémie ont eu des répercussions majeures sur la santé et le bien-être des PPA qui demeurent en région rurale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une personne proche aidante (PPA) <a href="https://www.publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-003000/">se définit comme</a> « toute personne qui apporte un soutien à un ou à plusieurs membres de son entourage qui présentent une incapacité temporaire ou permanente de nature physique, psychologique, psychosociale ou autre, peu importe leur âge ou leur milieu de vie, avec qui elle partage un lien affectif, familial ou non ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-laide-les-proches-aidants-sont-epuises-et-nous-en-payons-tous-le-prix-121420">À l'aide! Les proches aidants sont épuisés et nous en payons tous le prix</a>
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<p>La pandémie vécue depuis mars 2020 a mené les PPA à <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2022-04-15/gerer-mon-risque.php">revoir leur rôle de soutien</a> dans le respect des consignes sanitaires émises par la santé publique. Pour plusieurs, cette situation a eu pour effet d’augmenter leurs responsabilités, exacerbant de ce fait leur niveau de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1704222/info-proche-aidant-covid-19-chsld-domicile-augmentation-demande">stress, d’anxiété, d’épuisement et de détresse</a>.</p>
<p>Leurs expériences varient en fonction de la nature du diagnostic de la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-003000/">personne aidée, de l’accompagnement requis, de l’aide et du soutien disponibles</a>, mais également <a href="https://doi.org/10.1177/23337214211025124">selon leur milieu (urbain ou rural) de vie</a>. À cet effet, des recherches suggèrent que l’accès aux services de soins est, de manière générale, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1837064/etude-iris-soins-sante-rural-outaouais-classement">moindre en région rurale qu’en région urbaine</a>.</p>
<p>Membres de la Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’UQAR, <a href="https://www.uqar.ca/recherche/la-recherche-a-l-uqar/unites-de-recherche/chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales/axes-de-recherche-chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales">nous nous sommes intéressées</a> aux conséquences de la pandémie sur la santé physique et mentale des PPA demeurant en milieu rural et prenant soin d’une personne ayant un trouble de santé mentale, du spectre de l’autisme ou un problème lié au vieillissement. <a href="https://qualaxia.org/wp-content/uploads/2022/06/quintessence-vol-13-no-03.pdf">Une étude a été menée entre les mois de mars et août 2021, principalement dans quatre régions du Québec, auprès de 68 PPA et 14 acteurs communautaires (intervenants et directeurs d’organismes)</a>.</p>
<p>Les principales variables d’intérêt étaient la santé globale des PPA, les changements de responsabilités occasionnés par la pandémie et le statut rural-urbain. Il existe plusieurs définitions de la <a href="https://doi.org/10.1177/23337214211025124">« ruralité » en recherche sur la santé</a>. Deux principaux éléments de définition ont été retenus ici, soit la densité de la population (moins de 100 000 habitants) et le code postal.</p>
<h2>Détresse chez les PPA qui demeurent en milieu rural</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">61,8 % des PPA et 92,8 % des acteurs communautaires considèrent que la pandémie a moyennement ou énormément fragilisé la santé globale des PPA.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les PPA estiment, dans une proportion de <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1913/">61,8 %</a>, que la pandémie a affecté leur <a href="https://www.infodimanche.com/actualites/actualite/402748/limpact-de-la-pandemie-sur-les-proches-aidants">santé physique et psychologique</a>. Depuis le début de la crise sanitaire, 35,5 % d’entre eux révèlent avoir vécu des symptômes s’apparentant à la dépression (tristesse, irritabilité, difficultés de concentration, découragement, sentiment d’inutilité) ou à l’anxiété (incertitude, peur de l’inconnu, sentiment de perte de contrôle).</p>
<p>Par ailleurs, 76,9 % des acteurs communautaires croient que la pandémie a engendré une grande détresse émotionnelle chez les PPA, particulièrement chez celles devant prodiguer des <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-06-01/l-epuisement-des-parents-fait-peur">soins soutenus</a> (en continu et sur du long terme), à un membre de leur entourage.</p>
<p>Les PPA qui rapportent avoir éprouvé une plus grande détresse psychologique indiquent aussi avoir ressenti davantage de symptômes physiques (courbatures, tensions musculaires, maux de tête, troubles digestifs). Celles qui prennent soin d’une personne présentant une autonomie fonctionnelle et un état de santé relativement stable ont été moins affectées par la crise.</p>
<p>Certaines ont pu conserver un soutien familial, social ou professionnel :</p>
<blockquote>
<p>Je parle au téléphone avec ma mère à tous les jours. J’ai aussi 4 sœurs, dont une qui s’implique beaucoup. Je sais que je peux l’appeler jour et nuit si j’ai besoin de quelque chose. Elle est vraiment touchée par ma situation et je sais que si j’ai besoin de quelque chose, je peux compter sur elle.</p>
</blockquote>
<p>D’autres ont pu maintenir ou adopter de saines habitudes de vie, leur permettant ainsi d’évacuer plus facilement leur stress et se changer les idées :</p>
<blockquote>
<p>Depuis le mois de mars, je me suis mise à faire de l’exercice, 1h de marche dehors, puis du tapis roulant, à peu près 30 minutes par jour et c’est très sain pour mon psychologique.</p>
</blockquote>
<h2>Portrait de la situation</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un échantillon de 68 PPA, soit 56 femmes et 12 hommes, provenant de différentes régions du Québec, ont participé à la première phase de cette étude qui consistait à remplir un questionnaire en ligne.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’étude révèle que la pandémie et les restrictions sanitaires ont suscité de <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1912/">nouvelles inquiétudes</a> chez les PPA demeurant en milieu rural.</p>
<p>D’une part, celles dont la personne aidée demeure à l’extérieur (logement autonome, ressource de type familial (RTF), ressource intermédiaire (RI), centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD)) ont dû <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-04-24/chsld-les-proches-aidants-veulent-que-quebec-assouplisse-les-regles">restreindre leurs contacts</a> et n’ont pu assurer les mêmes soins et offrir le même soutien qu’avant la pandémie. Cette situation a généré de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1697697/proche-aidant-chsld-quebec-appui-personne-agee-coronavirus">l’impuissance, de l’anxiété et des inquiétudes</a> chez les PPA, concernant la situation de leur proche.</p>
<p>D’autre part, les PPA qui <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1777960/quebec-vaccination-covid-19-handicape-autiste-deficience-ressource-supervisee">demeurent avec la personne aidée</a> ont vu leur charge de travail et leurs responsabilités s’accroître, particulièrement lors de la période de confinement :</p>
<blockquote>
<p>C’était d’organiser ses journées, de le surveiller pour ne pas qu’il passe 100 % de son temps sur l’ordi, de surveiller qu’il mange, qu’il prenne sa médic, qu’il se lave, qu’il s’habille, qu’il s’occupe de son chien, c’était tout ça. Donc c’était une surcharge de travail pour moi, vraiment une surcharge.</p>
</blockquote>
<p>Leur quotidien étant centré sur leur rôle de soutien, les PPA ont été privées des moments de répit ou de détente et ont vécu beaucoup d’isolement et de solitude. Ainsi, 40 % des PPA de l’étude croient que les mesures sanitaires les ont beaucoup ou énormément contraintes dans leur rôle d’aidants et 50 % estiment que ce rôle a présenté davantage de défis au quotidien.</p>
<h2>La particularité du milieu rural</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">61,4 % des PPA et 71,4 % des acteurs communautaires croient que la proche aidance se vit différemment en milieu rural et en milieu urbain.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les milieux ruraux, l’accessibilité réduite aux services de santé, en particulier aux services spécialisés, a été exacerbée par la pandémie. <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1916/">Les milieux ruraux sondés</a> ont été touchés par les mesures gouvernementales visant à limiter la propagation du virus : fermeture des ressources d’aide et de soutien, délestage de certaines activités et transitions de divers soins et services en mode virtuel.</p>
<p>Des <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1816567/deficience-intellectuelle-pandemie-pertes-acquis-services">personnes vulnérables</a> ont été privées d’accès à plusieurs ressources pourtant essentielles à leur bien-être physique et psychologique, alourdissant de ce fait les responsabilités des PPA déjà éprouvées. Le tiers révèle avoir dû s’impliquer davantage auprès de la personne aidée pour <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2021-09-22/ruptures-de-services/c-est-pire-que-jamais.php">combler le manque de services sur leur territoire</a>.</p>
<blockquote>
<p>Mon fils s’est détérioré. Les difficultés qu’on a rencontrées à cause de la pandémie ont augmenté. Son anxiété, sa rigidité, son agressivité ont pris de l’ampleur. Il s’est mis à avoir des comportements inappropriés, des rituels, des obsessions, des choses comme ça. On n’avait plus les services pour l’aider. Tout reposait sur nous. On est exténués.</p>
</blockquote>
<p>Plusieurs d’entre elles évoquent aussi leur difficulté à composer avec le surcroît de responsabilités occasionné par le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1856012/sante-pandemie-delestage-penurie">manque de disponibilité et d’accessibilité des ressources</a>. Le passage à des services en mode virtuel a représenté un défi supplémentaire pour ces milieux, où les <a href="https://www.ledroit.com/2021/12/06/internet-en-zone-rurale-le-parcours-dun-combattant-e3f3181e7a09ea96312c47f51c0d6dd3">problèmes de connectivité</a> ont empêché une utilisation optimale des plates-formes de télécommunication. De plus, plusieurs PPA estiment que les rencontres virtuelles se sont avérées plus ou moins adaptées à leurs besoins et à ceux de leur proche, rendant davantage complexe une juste évaluation de la gravité des situations.</p>
<blockquote>
<p>Son éducatrice voulait me donner un coup de main par Zoom, mais devant l’écran, souvent le comportement de l’enfant change. C’est attractif. Ma fille fait une fixation sur tout ce qui est électronique, donc aussitôt qu’on faisait une rencontre Zoom, elle se métamorphosait complètement, son caractère changeait, donc c’était pas du tout la même façon d’intervenir. Ça été problématique.</p>
</blockquote>
<h2>Des pistes de solutions</h2>
<p>La <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-835-01W.pdf">première Politique nationale</a> pour les personnes proches aidantes (2021) et les mesures du <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-835-11W.pdf">Plan d’action gouvernemental</a> en découlant offrent déjà des pistes de réflexion intéressantes (reconnaissance des compétences et des connaissances des PPA, adoption d’une approche de partenariat, développement d’environnements conciliants, promotion des ressources).</p>
<p>Il convient toutefois d’examiner comment intervenir de façon plus ciblée en tenant compte de la diversité des contextes de proche aidance et des réalités spécifiques aux milieux ruraux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178959/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Hélène Morin a reçu des financements de Fond institutionnel de recherche de l'Université du Québec (FIR-UQAR); Réseau intersectoriel de recherche en santé de l'Université du Québec (RISUQ); Ministère de l'économie et de l'innovation (MEI). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne-Sophie Bergeron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pandémie a eu des conséquences sur la santé physique et psychologique des personnes proches aidantes qui prennent soin d’une personne demeurant en région rurale.Marie-Hélène Morin, Professeure travail social, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Anne-Sophie Bergeron, Agente de recherche, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1925832023-01-11T17:42:02Z2023-01-11T17:42:02ZQui consomme du CBD en France, et pourquoi ?<p>Si vous n’avez pas suivi les rebonds <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/19/cbd-l-interdiction-en-france-jugee-illegale-par-la-justice-europeenne_6060333_3224.html">judiciaires</a> liés à l’autorisation du cannabidiol (CBD) en France, vous ignorez peut-être que <a href="https://theconversation.com/cbd-lessentiel-a-savoir-avant-den-prendre-171970">cette substance dérivée du cannabis</a> est désormais légale dans notre pays.</p>
<p>La justice française avait dans un premier temps interdit ce dérivé du cannabis, avant de faire machine arrière suite à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, qui a jugé cette position illégale au motif que cette substance « n’apparaît pas avoir d’effet psychotrope ni d’effet nocif sur la santé humaine ».</p>
<p>Le CBD est donc légalement en vente libre en France, et les boutiques qui en proposent sont nombreuses. Mais qui sont leurs clients, pourquoi consomment-ils ce produit ?</p>
<h2>Des effets thérapeutiques qui restent à établir</h2>
<p>Avant tout, il faut savoir que les effets thérapeutiques du CBD ne sont pas encore <a href="https://theconversation.com/cbd-lessentiel-a-savoir-avant-den-prendre-171970">solidement établis</a>, à l’exception de son intérêt dans le cadre de la prise en charge de certaines formes d’épilepsies pharmacorésistantes (actuellement, un seul médicament au CBD, l’Epidyolex, est autorisé en France).</p>
<p>Ses effets indésirables à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7052834/">forte dose</a>, en revanche, sont bien documentés, tout comme les risques d’<a href="https://www.karger.com/Article/FullText/507998">interactions médicamenteuses</a>.</p>
<p>Par ailleurs, les produits étiquetés « CBD » ne sont pas strictement contrôlés du point de vue de leurs constituants. De ce fait, les risques liés à la présence de contaminants de diverse nature sont à prendre en compte, qu’il s’agisse de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35987236/">métaux lourds</a>, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34997693/">cannabinoïdes de synthèse</a> ou de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35690015/">THC</a> (le THC, ou Δ9-tetrahydrocannabinol, est la principale molécule responsable des effets psychotropes du cannabis).</p>
<p>Soulignons que les produits qui contiennent du CBD ne doivent pas contenir <a href="https://www.conseil-etat.fr/actualites/l-interdiction-de-vendre-a-l-etat-brut-des-fleurs-et-feuilles-provenant-de-varietes-de-cannabis-sans-proprietes-stupefiantes-est-suspendue">plus de 0,3 % de THC associé</a>.</p>
<p>Enfin, rappelons que la voie fumée comporte des risques, notamment en raison des particules produites lors de la combustion (des travaux ont montré que la fumée d’un joint de cannabis produit <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-020-63120-6">trois fois plus</a> de matière particulaire qu’une cigarette de tabac à filtre, dont la nocivité est bien établie).</p>
<h2>Qui sont les consommateurs de CBD en France ?</h2>
<p>Des enquêtes menées au <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34350641/">Royaume-Uni</a>, aux <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32093530/">États-Unis</a> ou au <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33998872/">Canada</a> ont établi que les usagers de CBD l’utilisent souvent dans un objectif de réduction du stress ou de l’anxiété. Nos propres travaux ont également mis en évidence ce type d’usage en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34615556/">France</a>.</p>
<p>Nous avons également estimé que fin 2021, 69 % des adultes français avaient déjà entendu parler du CBD et que <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-022-14057-0">10 % en avaient déjà utilisé</a> (pour 3,3 %, cette utilisation avait eu lieu au moins plusieurs fois par semaine). Ces chiffres font écho à ceux de l’Institut de sondage Ifop : entre <a href="https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2021/06/Rapport_Ifop_Grams_Cannabis_2021.05.31.pdf">8 %</a> (mai 2021) et <a href="https://www.zeweed.com/sondage-ifop-zeweed-58-des-moins-de-35-ans-estiment-que-le-cbd-est-une-alternative-au-cannabis/?c=13ac35fba0ac">26 %</a> (janvier 2022) des adultes français en ont déjà consommé.</p>
<p>Les utilisateurs de CBD se retrouvent préférentiellement parmi les personnes les plus jeunes, les fumeurs de tabac ou de cannabis, les personnes qui s’estiment en moins bonne santé, et celles qui accordent du crédit aux médecines alternatives.</p>
<p>Une fois ces facteurs identifiés, nous avons cherché à voir si des sous-groupes pouvaient être distingués, par une méthode statistique de partitionnement des données (« clusterisation »). En résumé, nous avons identifié <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-022-14057-0">quatre sous-groupes d’usagers du CBD</a> correspondant à différents critères sociodémographiques (197 personnes concernées) :</p>
<ol>
<li><p>Des personnes âgées rurales et en mauvaise santé (33 usagers) ;</p></li>
<li><p>Des hommes en difficulté financière, en mauvaise santé, usagers d’alcool (25 usagers) ;</p></li>
<li><p>Des mères éduquées en bonne santé (71 usagers) ;</p></li>
<li><p>De jeunes fumeurs (68 usagers).</p></li>
</ol>
<p>Ces résultats révèlent l’existence d’une grande diversité d’usagers, probablement liée à une diversité des raisons motivant la prise de CBD. Parmi eux figure une importante proportion d’usagers de cannabis (34,2 % sont usagers de cannabis, dont 57 dans le groupe 4).</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34839070/">Cette situation n’est pas propre à la France</a>. Une explication pourrait être que le CBD permettrait de contrecarrer certaines conséquences découlant de l’usage du cannabis, notamment l’anxiété ou la paranoïa. Il est intéressant de souligner que les premières preuves cliniques de la réduction du stress par le CBD ont été apportées par une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/4609777/">étude portant sur le stress induit par le THC</a>.</p>
<p>Si l’interaction entre THC et CBD a depuis été plus largement étudiée, aucune conclusion tranchée n’a pour l’instant pu être apportée quant aux <a href="https://www.nature.com/articles/s41386-022-01478-z/">effets du CBD dans un tel contexte</a>. Cependant, les grandes lignes dessinées par ces travaux semblent aller dans le sens d’une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31580839/">modération des effets aigus du THC par le CBD</a>.</p>
<h2>Quelle relation entre usage de cannabis et usage de CBD ?</h2>
<p>Les effets potentiels du CBD concernant la modération des conséquences de l’usage de cannabis sont particulièrement intéressants dans le contexte français. En effet, dans notre pays, l’usage de cannabis « normal », c’est-à-dire contenant du THC, est interdit et criminalisé. De ce fait, les usagers de cannabis n’ont donc accès qu’au marché noir pour se fournir.</p>
<p>Or, les <a href="https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxmgz7.pdf">produits qu’on y trouve</a> contiennent des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30671616/">concentrations en THC de plus en plus élevées</a>. Autrement dit, ils sont de plus en plus dangereux, car le risque d’effets indésirables augmente, notamment le risque de psychose ou <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(22)00161-4/fulltext">d’usage problématique du cannabis</a> (« addiction »), sans même considérer les effets des possibles contaminations ou frelatages. L’incorporation de CBD (y compris sous forme de fleur) dans les pratiques des usagers de cannabis, notamment français, peut donc être considérée comme une stratégie de réduction des risques et des dommages.</p>
<p>À ce sujet, une étude menée aux États-Unis auprès d’usagers de cannabis a comparé les effets et la satisfaction liés à l’utilisation de fleurs « équilibrées » en THC et CBD comparés à l’utilisation de fleurs à dominante THC. L’usage des premières a été associé à des effets subjectifs positifs similaires à ceux des secondes. Cependant, l’emploi des fleurs « équilibrées » s’est avéré associé à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34467598/">moins de paranoïa et d’anxiété</a>. Soulignons toutefois qu’une <a href="https://www.nature.com/articles/s41386-022-01478-z">récente étude rigoureuse</a> n’a cependant pas confirmé ces résultats. D’autres travaux ont en revanche mis en évidence que le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33676073/">recours à du cannabis à dominante CBD (par rapport à la dominante THC) est associé à un usage plus « thérapeutique » et à des doses ou des fréquences moindres</a>.</p>
<p>Par une large enquête auprès d’usagers de CBD en France, nous avons mis en évidence que le recours au CBD, notamment sous forme fumée, pour réduire l’usage de cannabis existe dans notre pays et que <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2022.829944/full">les utilisateurs concernés le jugent efficace</a>.</p>
<p>La question de l’efficacité du CBD dans le cadre du trouble de l’usage de cannabis <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(20)30290-X/fulltext">a également été étudiée</a>. Dans ce contexte, des effets préliminaires ont été mis en évidence pour des doses quotidiennes supérieures ou égales à 400 mg. Une étude française a également montré un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35686188/">intérêt potentiel du CBD vapé</a> pour la réduction de l’usage de cannabis chez des personnes présentant une telle addiction.</p>
<h2>Le temps du pragmatisme</h2>
<p>Compte tenu notamment de ces résultats, il semble qu’il est temps de mettre en place un cadre législatif garantissant un accès à du CBD de qualité contrôlée en France. La diffusion d’informations fiables sur le CBD est également cruciale pour accompagner au mieux ce qui ressemble fort à un engouement populaire. Cette sensibilisation doit non seulement être mise en place dans les points de vente de CBD, mais aussi auprès des soignants.</p>
<p>Parallèlement, une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.904291/full">politique pragmatique</a> d’accès aux produits à base de cannabis, dans un cadre thérapeutique, doit selon nous également être mise en place.</p>
<p>Associé à une collecte de données en vie réelle, un tel dispositif pourrait profiter à la fois aux patients, aux professionnels de santé, aux scientifiques et aux décideurs politiques. Dans ces conditions, il deviendrait possible de maximiser les bienfaits de ces substances et usages, tout en minimisant leurs risques.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cbd-lessentiel-a-savoir-avant-den-prendre-171970">CBD : l’essentiel à savoir avant d’en prendre</a>
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<img src="https://counter.theconversation.com/content/192583/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tangui Barré reçoit des financements de l'ANRS|MIE (agence publique).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Clémence Casanova et Davide Fortin ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le cannabidiol ou CBD est désormais légal en France. Une enquête permet de mieux cerner les divers profils de ses consommateurs, et leurs motivations.Tangui Barré, Post-doctorant en épidémiologie et santé publique, InsermClémence Casanova, Post-doctorante en santé publique, Aix-Marseille Université (AMU)Davide Fortin, Économiste spécialisé sur le marché du cannabis - Aix-Marseille Université, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1954692022-11-28T19:03:13Z2022-11-28T19:03:13ZLe syndrome de la page blanche, vieux comme le monde<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/497681/original/file-20221128-26-ahv7rd.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=92%2C4%2C1483%2C791&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Malgré une image romantique, l'écriture peut se révéler fastidieuse. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Ann Patchett, qui a écrit huit romans et cinq ouvrages de non-fiction, affirme que, face au syndrome de la page blanche, on a parfois l’impression que la muse <a href="http://www.annpatchett.com/titles#/thisisthestoryofahappymarriage/">« est sortie fumer »</a>. Que vous soyez un romancier primé ou un lycéen chargé de rédiger une dissertation pour le cours d’anglais : la peur et la frustration liées à l’écriture n’épargnent personne.</p>
<p>Mon dernier livre, <a href="https://broadviewpress.com/product/a-writing-studies-primer/"><em>A Writing Studies Primer</em></a> (<em>Introduction aux études d’écriture</em>, non traduit), comprend un chapitre sur les dieux, déesses et saints patrons de l’écriture. Lors de mes recherches, j’ai été frappé par le fait que les écrivains ont toujours cherché l’inspiration et l’intercession des dieux.</p>
<p>En réalité, les écrivains frustrés qui se languissent d’une muse ou d’une aide venue du ciel adhèrent à une tradition vieille de 5 000 ans.</p>
<h2>Les premiers écrivains regardaient vers le ciel</h2>
<p>Le premier système d’écriture, le <a href="https://www.britannica.com/topic/cuneiform">cunéiforme</a>, est apparu à Sumer vers 3200 avant J.-C. pour garder trace des stocks de blé, des transactions, des biens immobiliers et des recettes. Les scribes utilisaient des tablettes d’argile pour enregistrer les informations – en somme, c’étaient les premiers tableurs Excel.</p>
<p>À l’origine, la déesse sumérienne du grain, <a href="https://www.worldhistory.org/Nisaba/">Nisaba</a> a été associée à l’écriture. Elle était représentée tenant un stylet en or et une tablette d’argile.</p>
<p>Comme il était courant pour chaque profession d’adopter un dieu ou une déesse tutélaire, la nouvelle classe des scribes a choisi Nisaba. Dans les <a href="https://www.jstor.org/stable/367648">écoles qui formaient les jeunes scribes</a>, les tablettes invoquent son nom – « Louée soit Nisaba ! » Les poètes vantaient son influence et <a href="https://twitter.com/anctxtmodtablet/status/1097890316458360832">prétendaient qu’elle donnait une belle écriture</a> aux étudiants assidus.</p>
<p>Son homologue égyptien était <a href="https://ancientegyptonline.co.uk/seshat/">Seshat</a>, dont le nom <a href="https://www.worldhistory.org/Seshat/">se traduit par</a> « femme scribe ».</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Sculpture en pierre d’une femme tenant un stylo" src="https://images.theconversation.com/files/488164/original/file-20221004-14-hoc6qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488164/original/file-20221004-14-hoc6qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488164/original/file-20221004-14-hoc6qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488164/original/file-20221004-14-hoc6qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488164/original/file-20221004-14-hoc6qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1006&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488164/original/file-20221004-14-hoc6qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1006&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488164/original/file-20221004-14-hoc6qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1006&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">A Louxor, en Égypte, une Seshat est gravée sur une statue du pharaon Ramsès II.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Luxor_temple_16.jpg">Jon Bodsworth/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Seshat, que l’on reconnaît à sa coiffe surmontée d’un papyrus stylisé et à son stylet dans la main droite, guidait les plumes de roseau des scribes tandis que les prêtres communiquaient avec le divin.</p>
<p>L’écriture consistait alors à communiquer avec les dieux, et les Grecs et les Romains ont perpétué cette tradition. Ils se sont tournés vers les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne, connues collectivement sous le nom de <a href="https://www.ancient-origins.net/myths-legends-europe/nine-muses-0013523">Muses</a>. Parmi elles, Calliope se distingue tout particulièrement, non seulement parce qu’un instrument de musique porte son nom, mais aussi parce qu’elle était considérée comme la première des sœurs pour son éloquence.</p>
<p>Les Muses <a href="https://www.wsj.com/articles/SB124242927020125473">ont depuis évolué</a> en une seule « muse » globale qui sert de source d’inspiration.</p>
<h2>Dieux et déesses mondiaux de l’écriture</h2>
<p>Les dieux et autres figures légendaires de l’écriture ne se limitent pas à la civilisation occidentale. En Chine, l’historien Cangjie, qui vivait au XVII<sup>e</sup> siècle avant Jésus-Christ, aurait créé les <a href="https://www.ewccenter.com/cangjie-and-the-invention-of-chinese-characters">caractères de la langue chinoise</a>. La légende veut qu’il ait été inspiré par le dessin des veines d’une tortue. À l’époque, les Chinois <a href="https://www.worldhistory.org/Oracle_Bones/">écrivaient souvent sur des carapaces de tortue</a>.</p>
<p>Selon une <a href="https://www.newworldencyclopedia.org/entry/Fu_Xi">histoire concurrente</a>, le héros folklorique Fuxi et sa sœur Nüwa auraient créé le système de caractères chinois vers 2000 avant J.-C. Pourtant, c’est le nom de Cangjie qui perdure dans la méthode de saisie cangjie, qui fait référence au système permettant aux caractères chinois <a href="https://www.cangjieinput.com/?lang=en">d’être tapés à l’aide d’un clavier QWERTY standard</a>.</p>
<p>En Inde, les écrivains invoquent encore le dieu hindou à tête d’éléphant <a href="https://www.denverartmuseum.org/en/blog/ganesha-chathurthi-birth-elephant-headed-god">Ganesh</a> <a href="https://www.thestatesman.com/features/common-writing-rooms-well-known-authors-lord-ganesh-1502544876.html">avant de mettre l’encre sur le papier</a>. Connu pour lever les obstacles, Ganesh peut être particulièrement utile à ceux qui luttent contre le syndrome de la page blanche. Il y a aussi <a href="https://www.worldhistory.org/Sarasvati/">Saraswati</a>, la déesse hindoue du savoir et des arts, réputée pour son éloquence.</p>
<p>En Méso-Amérique, la culture maya considère <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Itzamna">Itzamná</a> comme la divinité qui a fourni les piliers de la civilisation : l’écriture, les calendriers, la médecine et les rituels de culte. Sa représentation sous la forme d’un vieil homme édenté et sage indiquait qu’il n’était pas à craindre, une caractéristique importante pour quelqu’un qui encourage un processus anxiogène comme l’écriture.</p>
<h2>Les saints patrons de l’écriture</h2>
<p>Dans le christianisme, les <a href="https://theconversation.com/who-are-patron-saints-and-why-do-catholics-venerate-them-148508">saints patrons</a> servent de modèles et de défenseurs du ciel. Divers groupes – professions, personnes atteintes d’une certaine maladie et même des nations entières – adoptent un saint patron.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/st-brigid-the-compassionate-sensible-female-patron-saint-of-ireland-gets-a-lot-less-recognition-than-st-patrick-176659">Sainte Brigitte d’Irlande</a>, qui a vécu de 451 à 525, est la patronne des presses à imprimer et des poètes. Contemporaine du plus connu <a href="https://theconversation.com/10-things-to-know-about-the-real-st-patrick-92253">Saint Patrick</a>, sainte Brigitte a fondé un monastère pour femmes, qui comprenait une école d’art devenue célèbre pour ses manuscrits manuscrits et décoratifs, notamment le <a href="http://www.kildarearchsoc.ie/the-book-of-kildare/">Livre de Kildare</a>.</p>
<p>Après Sainte Brigitte en Irlande, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Colomba_d%27Iona">Saint Colomba</a>, qui a vécu de 521 à 597, a fondé l’influente abbaye d’Iona, une île au large des côtes écossaises. Érudit de renom, Saint Columba a transcrit plus de 300 livres au cours de sa vie.</p>
<p>L’influence des saints patrons dédiés à l’alphabétisation – la lecture et l’écriture – s’est poursuivie bien après le Moyen Âge. En 1912, le <a href="https://www.css.edu/">College of Saint Scholastica</a> a été fondé dans le Minnesota en hommage à <a href="https://d.lib.rochester.edu/teams/text/whatley-saints-lives-in-middle-english-collections-life-of-st-scholastica-introduction">Scholastique</a> (480-543), qui, avec son frère jumeau Benoît (mort en 547), aimait discuter des textes sacrés. Les deux saints patrons italiens ont été associés aux livres, à la lecture et à l’enseignement.</p>
<h2>Objets chargés de pouvoir</h2>
<p>Certains écrivains peuvent penser que les personnages surnaturels semblent un peu trop éloignés du monde physique. N’ayez crainte – il existe des objets magiques qu’ils peuvent toucher pour trouver de l’inspiration et de l’aide, comme les talismans. Dérivé du mot grec ancien <em>telein</em>, qui signifie « accomplir », il s’agissait d’un objet qui, comme une amulette, protégeait le porteur et facilitait la bonne fortune.</p>
<p>Aujourd’hui, vous pouvez acheter des talismans inspirés d’anciens symboles celtiques qui sont censés faciliter le processus d’écriture. En ligne, certains promettent « une inspiration naturelle et une aide dans tous vos efforts d’écriture ». D’autres font la publicité d’un produit similaire censé aider « à trouver le mot juste au moment le plus opportun ».</p>
<p>D’autres se tournent vers les pierres. Un [set cadeau de cristaux contre le syndrome de la page blanche propose sur un site marchand des cristaux d’agate, de cornaline, d’œil de tigre, de citrine, d’améthyste et de quartz clair pour aider ceux qui ont du mal à formuler des phrases.</p>
<h2>Qu’est-ce qui fait un écrivain ?</h2>
<p>Qu’est-ce qui a poussé à la création d’êtres et d’objets divins pouvant inspirer et intercéder en faveur des écrivains ?</p>
<p>Pour moi, ce n’est pas un mystère que les écrivains recherchent l’intervention divine depuis 5000 ans.</p>
<p>Bien sûr, compter le nombre de moutons ou de boisseaux de céréales peut sembler un travail routinier. Pourtant, au début des systèmes d’écriture, l’acte physique d’écrire était extrêmement difficile – et c’est l’une des raisons pour lesquelles les écoliers priaient pour obtenir de l’aide. Plus tard, l’acte de création – trouver des idées, les communiquer clairement et intéresser les lecteurs – pouvait donner l’impression que l’écriture était une tâche herculéenne. Paradoxalement, cette compétence complexe ne coule pas forcément de source, même avec beaucoup de pratique.</p>
<p>L’image romantique de <a href="https://theconversation.com/genius-in-the-garret-or-member-of-the-guild-60175">l’écrivain dans sa mansarde</a> ne rend pas justice à la réalité fastidieuse de la production de mots, l’un après l’autre.</p>
<p>Dans ses mémoires <a href="https://stephenking.com/works/nonfiction/on-writing-a-memoir-of-the-craft.html"><em>Sur l’écriture</em></a>, Stephen King déclare : « Les amateurs s’assoient et attendent l’inspiration, les autres de lèvent et se mettent au travail ». Sur la suggestion d’un ami, Patchett a attaché une <a href="http://www.annpatchett.com/titles#/thisisthestoryofahappymarriage/">feuille d’émargement à la porte de sa salle d’écriture</a> pour s’assurer qu’elle écrivait tous les jours.</p>
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<img alt="Homme assis sur une chaise, les jambes croisées, serrant les mains près du visage" src="https://images.theconversation.com/files/488166/original/file-20221004-19-q3cyfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488166/original/file-20221004-19-q3cyfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488166/original/file-20221004-19-q3cyfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488166/original/file-20221004-19-q3cyfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488166/original/file-20221004-19-q3cyfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488166/original/file-20221004-19-q3cyfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488166/original/file-20221004-19-q3cyfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pour le romancier Stephen King, l’écriture est une question de discipline et de routine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/horror-writer-stephen-king-at-the-w-hotel-wednesday-morning-news-photo/563552651?phrase=%22stephen%20king%22&adppopup=true">Richard Hartog/Los Angeles Times via Getty Images</a></span>
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<p>Quel que soit le degré d’accomplissement d’un écrivain, il sera inévitablement confronté au syndrome de la page blanche. L’auteur John McPhee, lauréat du prix Pulitzer, qui a commencé à contribuer au <em>New Yorker</em> en 1963, l’évoque dans un <a href="https://www.newyorker.com/magazine/2013/04/29/draft-no-4">article de 2013</a> : « Le syndrome de la page blanche. Il terrasse certains écrivains pendant des mois. Il terrasse certains écrivains à vie ». Un autre écrivain célèbre du <em>New Yorker</em>, Joseph Mitchell, a été frappé par le <a href="https://www.bbc.com/news/av/magazine-32602862">syndrome de la page blanche en 1964</a> et s’est contenté de s’asseoir et de fixer sa machine à écrire pendant 30 ans.</p>
<p>J’ai moi-même lutté avec la rédaction de cet article, l’écrivant et le réécrivant dans ma tête une douzaine de fois avant de taper le premier mot.</p>
<p>La poétesse et satiriste Dorothy Parker <a href="https://www.nytimes.com/interactive/projects/cp/obituaries/archives/dorothy-parker">a dit un jour</a> : « Je déteste écrire ; j’aime avoir écrit. »</p>
<p>Je suis comme vous, Dorothy.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195469/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joyce Kinkead ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Que vous soyez un romancier primé ou un lycéen chargé de rédiger une dissertation pour le cours d’anglais : la peur et la frustration liés à l’écriture n’épargnent personne.Joyce Kinkead, Distinguished Professor of English, Utah State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1950642022-11-23T20:16:39Z2022-11-23T20:16:39ZLe yoga modifie le cerveau et améliore la santé mentale<p>Au cours de la dernière décennie, le yoga est devenu tendance, comme en témoigne la multiplication de ses déclinaisons, <a href="https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2017/08/27/le-yoga-victime-de-la-mode_5177092_4497916.html">plus ou moins fantaisistes</a>, ou encore la création, en 2015, d’une <a href="https://www.lemonde.fr//sport/video/2015/06/22/a-new-delhi-seoul-ou-paris-le-yoga-fete-sa-premiere-journee-internationale_4659321_3242.html">« Journée internationale du yoga »</a>.</p>
<p>On prête à cette discipline de nombreux bienfaits, et des travaux scientifiques ont cherché à évaluer ses effets sur la santé, ainsi que sa capacité à améliorer la situation de patients souffrant de diverses pathologies, tels que lombalgie, cancer ou problèmes cardiaques par exemple. Les conséquences de la pratique du yoga ont été étudiées non seulement dans la population générale, mais aussi auprès de populations spécifiques : adolescents, personnes souffrant de troubles mentaux, etc.</p>
<p>Les résultats semblent indiquer que faire du yoga se traduit effectivement par différents <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-BMAoaWBc2M">effets positifs sur la santé physique</a>. Cette pratique permet notamment <a href="https://doi.org/10.1186/s12966-019-0789-2">d’améliorer l’équilibre, la souplesse, ainsi que de renforcer les muscles</a> et le <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijcard.2014.02.017">cœur</a>. Le yoga pourrait également avoir un <a href="https://doi.org/10.1016/j.ctcp.2021.101446">effet bénéfique sur le système immunitaire</a>, et <a href="https://doi.org/10.1371%2Fjournal.pone.0238544">présenter un intérêt dans la gestion de la douleur</a>.</p>
<p>Qu’en est-il de la santé mentale ? On sait aujourd’hui que pour cette dernière, pratiquer une activité physique est bénéfique. Le yoga ne fait pas exception. Il a même un effet direct sur le cerveau. Explications.</p>
<h2>Le yoga améliore l’activité du cerveau</h2>
<p>Le yoga présente la particularité, par rapport à d’autres types d’activité physique, de conjuguer des séquences de mouvements avec des exercices de contrôle de la respiration et de régulation de l’attention. Dans une méta-analyse récente, autrement dit une analyse statistique de données publiées dans la littérature scientifique (une <a href="https://theconversation.com/meta-analyses-de-lart-de-bien-melanger-torchons-et-serviettes-81286">« analyse d’analyses »</a>), des chercheurs chinois ont décortiqué les résultats de 15 publications scientifiques ayant étudié les effets du yoga ainsi que de pratiques appartenant au même type d’activité physique « corps-esprit » (tai-chi-chuan ou taiji, qi gong, baduanjin, wuqinxi…). Dans ces divers travaux, les chercheurs avaient notamment utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour observer les effets du yoga sur le cerveau.</p>
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<p>L’analyse de l’ensemble des résultats de ces différentes études montre plusieurs améliorations chez les pratiquants de ces activités corps-esprit, parmi lesquelles une <a href="https://doi.org/10.3390/brainsci11020205">augmentation de la taille de certaines régions du cerveau ainsi que de leur activité</a>. Ces changements s’opèrent principalement au niveau du cortex préfrontal, de l’hippocampe, du lobe temporal, de l’insula et du cortex cingulaire, des structures essentiellement impliquées dans la régulation émotionnelle, la mémoire et le contrôle de soi. Les chercheurs ont également observé une meilleure connectivité fonctionnelle dans les réseaux cérébraux de haut niveau, comme celui du contrôle cognitif (régulant l’attention, l’inhibition, la mémoire de travail, etc.) et celui du mode par défaut (réseau des pensées et des émotions de soi et d’autrui).</p>
<p>Une autre méta-analyse a mis en évidence que les <a href="https://doi.org/10.1089/acm.2016.0334">modifications cérébrales observées en IRM pouvaient être liées à des modifications comportementales</a> (observées lors d’évaluations psychologiques de pratiquants du yoga par des questionnaires, des observations, ou des entretiens). Comment ces modifications cérébrales se répercutent-elles sur leur quotidien ?</p>
<h2>Le yoga diminue le stress</h2>
<p>Une méta-analyse portant sur 42 études s’est intéressée à l’effet de la pratique du yoga sur le stress. Le stress est une réponse biopsychologique se traduisant notamment par des symptômes physiologiques, des pensées négatives et un ralentissement cognitif. </p>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2017.08.008">Le yoga semble contribuer à la réduction de stress en diminuant la quantité de cortisol, principale hormone du stress</a>. Ces résultats restent à nuancer et nécessitent des études plus approfondies avec notamment plus de participants et des interventions de plus longues durées pour juger d’un effet à long terme du yoga sur le stress.</p>
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<p>En plus de cette modification hormonale, d’autres travaux indiquent que le yoga aurait un effet <a href="https://doi.org/10.3233%2FBPL-190084">sur l’activité du cortex frontal et du cortex pariétal du cerveau</a>. Le cortex frontal est associé au contrôle de soi et des émotions, tandis que le cortex pariétal est à l’origine du traitement et de l’intégration des informations sensorielles.</p>
<p>Cela s’expliquerait par le fait qu’une séance de yoga est ponctuée d’instants méditatifs où les pratiquants doivent fréquemment se concentrer sur leur respiration, sur une partie spécifique de leur corps ou encore sur ce qu’ils ressentent à l’instant présent. Ces <a href="https://doi.org/10.1016/S0022-3999(03)00573-7">moments de méditation</a> aideraient à mieux réguler l’activité de ces régions cérébrales, tandis que l’activité associée à la charge mentale ou au stress serait diminuée.</p>
<h2>Le yoga améliore les symptômes anxiodépressifs</h2>
<p>L’anxiété est un débordement des capacités de régulation émotionnelle se manifestant par les symptômes retrouvés dans le stress. Elle ressemble à une inquiétude diffuse, associée notamment à des difficultés de concentration et d’endormissement. La dépression est quant à elle un trouble psychiatrique caractérisé par un dérèglement des émotions associé à un sentiment de tristesse ou de désespoir persistant, ainsi qu’à une perte d’intérêt et un repli sur soi. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149763414002012">Anxiété</a> et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149763412002059">dépression</a> sont associées à une modification de l’activité de l’amygdale, structure du cerveau notamment impliquée dans les émotions négatives.</p>
<p>Une méta-analyse portant sur 27 études menées sur des enfants et adolescents a étudié les effets du yoga sur les symptômes anxiodépressifs. Les participants sont soit des personnes typiques, soit des personnes avec des pathologies variées (pathologie ovarienne, pathologie cardiaque, troubles digestifs, etc.). Cette analyse a révélé que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32232017/">70 % de ces travaux montraient une amélioration de la santé mentale des jeunes suite à la pratique du yoga, et plus particulièrement de l’anxiété</a> et ces résultats sont à mettre en lien direct avec la <a href="https://doi.org/10.3390/brainsci11020205">diminution de l’activité de l’amygdale retrouvée chez les adultes pratiquants</a>. Ces effets bénéfiques sur les symptômes anxiodépressifs ont également <a href="https://doi.org/10.1080/13607863.2014.997191">été mis en évidence</a> <a href="https://doi.org/10.1002/da.22762">chez les adultes</a>, ainsi que <a href="https://www.aafp.org/pubs/afp/issues/2019/0515/p620.html">chez des personnes souffrant d’un trouble anxiodépressif</a>.</p>
<p>Les études dans ce champ de recherche étant encore récentes, elles sont encore peu nombreuses et hétérogènes dans leurs protocoles. Il est donc nécessaire de rester prudent sur l’interprétation des résultats. De plus, en cas de trouble anxiodépressif, la pratique du yoga ne se substitue pas à une prise en charge médicale et psychologique. Ces résultats suggèrent néanmoins que le yoga pourrait non seulement être utilisé en tant qu’activité physique, mais aussi pour améliorer la santé mentale.</p>
<h2>Le yoga améliore aussi les performances cognitives</h2>
<p>La pratique du yoga semble aussi avoir un impact sur les performances cognitives. Une méta-analyse publiée en 2020 et portant sur 13 articles montre qu’à la suite de séances de yoga, des adultes avec ou sans trouble cognitif présentaient des <a href="https://doi.org/10.1016/j.ctim.2020.102421">améliorations de leurs performances attentionnelles, mnésiques et d’inhibition</a>.</p>
<p>Ces améliorations pourraient être en lien avec les <a href="https://doi.org/10.3390/brainsci11020205">modifications cérébrales observées par imagerie cérébrale</a>, notamment l’augmentation de la quantité de matière grise dans l’hippocampe, le lobe temporal médial, le cortex préfrontal, l’insula et le cortex cingulaire, régions intimement liées aux performances cognitives. En outre, l’augmentation de l’activité des régions frontales du cerveau <a href="https://doi.org/10.3233%2FBPL-190084">est durable</a>. Les auteurs de ces travaux recommandent cependant de mener des études plus approfondies, sur des échantillons de plus grande taille et selon des protocoles standardisés (<a href="https://www.unicef-irc.org/publications/pdf/MB7FR.pdf#page=3">essais randomisés contrôlés</a>), afin d’améliorer la quantité et la qualité des données disponibles.</p>
<p>Il est important de noter que les améliorations observées semblent particulièrement dues aux exercices de pleine conscience et de méditation qui ponctuent les séances de yoga. Durant les séances, l’utilisation de ces exercices pourrait avoir un effet synergétique essentiel. Cela pourrait signifier que, pour observer les effets du yoga sur les symptômes anxiodépressifs et la cognition, il est nécessaire d’apprendre à diriger son attention sur l’instant présent et ses émotions. Par ailleurs, d’autres facteurs tels que le fait d’être en groupe durant les séances et d’avoir des interactions positives pourraient aussi contribuer à la diminution des symptômes anxiodépressifs.</p>
<p>Si vous souhaitez pratiquer le yoga et constater par vous-même ses effets, il vous reste à répondre à une question : lequel choisir ? Parmi les nombreux types de yoga existant, trois reviennent régulièrement dans les études que nous avons compulsées : le Hatha yoga, le Kundalini yoga ou le Kripalu yoga. Si vous deviez en choisir un pour commencer, c’est probablement l’un d’eux… Plus qu’à trouver un cours près de chez vous !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195064/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comme toute activité physique, le yoga est bon pour la santé. Cette discipline, qui associe le corps et l’esprit, a notamment des effets potentiellement intéressants sur les troubles anxiodépressifs.Marc Toutain, Docteur en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives - Laboratoire COMETE UMR-S 1075 INSERM/Unicaen, Université de Caen NormandieAnne-Lise Marais, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1860072022-07-03T17:09:52Z2022-07-03T17:09:52ZUne enquête nationale révèle l’état de santé mentale préoccupant des étudiants en médecine<p><a href="https://lactualite.com/sante-et-science/guerir-parfois-soulager-souvent-soigner-toujours/">« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. »</a> Cet adage bien connu des médecins illustre la réalité de leur métier : une confrontation quotidienne à des situations difficiles, à la maladie, à l’impuissance parfois et à la mort… Et si <a href="https://www.babelio.com/livres/Balint-Le-medecin-son-malade-et-la-maladie/37106.">« le premier médicament du médecin, c’est le médecin lui-même »</a>, il peut arriver qu’il soit lui aussi touché – d’autant plus dans le contexte actuel de pénurie et de grandes tensions du système de santé.</p>
<p>Ces difficultés qui semblent systémiques affectent tout particulièrement les usagers, mais les soignants ne sont pas épargnés pour autant. Les difficultés et le sentiment d’épuisement peuvent alors être majorés, en particulier chez les étudiants et les jeunes médecins, qui se trouvent en position de devoir compenser les failles du système au côté des autres professionnels de santé.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/epuisement-depression-suicide-comment-proteger-les-etudiants-en-medecine-79720">La question de la santé mentale des étudiants en médecine</a> a été mise sur le devant de la scène avec la publication d’une méta-analyse en 2016 dans la prestigieuse revue JAMA. Cette étude a compilé les données de près de 200 publications et a estimé que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27923088/">27 % des étudiants en médecine souffraient de symptômes dépressifs et 11 % d’idées suicidaires</a>. Elle a également mis en évidence le <a href="https://www.cairn-int.info/article-E_SPUB_145_0613--alcohol-tobacco-cannabis-anxiety-and.htm">manque de données françaises sur la question</a>, puisqu’il n’y avait qu’une seule étude française, parue en 2014.</p>
<h2>Des données françaises inquiétantes</h2>
<p>En réaction, les associations d’étudiants en médecine français <a href="https://www.anemf.org/">ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France)</a>, <a href="https://www.isnar-img.com">ISNAR-IMG (Inter syndicale nationale autonome représentative des Iinternes de médecine générale)</a> et l’<a href="https://isni.fr/">ISNI (Inter syndicale nationale des internes)</a>, en lien avec l’<a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/hopital/conditions-de-travail/lisncca-devient-les-jeunes-medecins">ISNCCA (l’Inter syndicat national des chefs de clinique assistant, désormais renommé « Jeunes médecins »)</a> ont réalisé une enquête en 2017. Cette dernière a retrouvé la <a href="https://www.anemf.org/blog/2017/06/13/enquete-sante-mentale-des-jeunes-medecins-2">présence de symptômes anxieux chez 62 % des étudiants, de symptômes dépressifs chez 28 % des étudiants et des idées suicidaires chez 23 %</a>. Nécessaire, cette enquête présentait des <a href="http://theconversation.com/pourquoi-la-souffrance-psychologique-des-etudiants-est-difficile-a-apprehender-149590">limites méthodologiques que nous avons déjà discutées</a>.</p>
<p>À sa suite, les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont commandé un <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/ministere/documentation-et-publications-officielles/rapports/sante/article/rapport-du-dr-donata-marra-sur-la-qualite-de-vie-des-etudiants-en-sante">rapport au Dr Marra (psychiatre accompagnant des étudiants depuis plus de 15 ans à l’université Paris Sorbonne puis à l’université de Créteil)</a>, paru en 2018, et qui a conduit à la création du <a href="https://cna-sante.fr/">Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNA)</a> présidé par cette spécialiste jusqu’en 2021.</p>
<p>Pour autant, la situation des étudiants et jeunes médecins continue d’être inquiétante. Ainsi une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013700620301640">étude de 2019</a> a retrouvé que 93,7 % d’entre eux « ont rapporté avoir été exposés au moins une fois à des violences hospitalières et 41,7 % à du harcèlement moral. Près de 80 % des internes et jeunes chefs déclarent travailler plus de 48 heures par semaine ». Par ailleurs, le taux suicide chez les internes, estimé à partir des suicides recensés par les médias, était le <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/la-sante-mentale-des-etudiants-en-medecine">triple de celui de la population générale</a> du même âge (33 pour 100 000 versus 11 pour 100 000 chez les 25-34 ans). Cependant il n’existe pas de données fiables sur le sujet.</p>
<p>La pandémie a conduit à un nouveau coup de projecteur sur la situation préoccupante de la santé mentale des futurs médecins. En fragilisant un système de soin sous vives tensions, la crise sanitaire est venue relever des souffrances dans un contexte où le mal-être des étudiants en médecine semblait déjà fréquent. Le <a href="https://cna-sante.fr/alerte-et-propositions-du-28-janvier-2021">CNA, en plus de ses missions de formation, de recherche, d’animation d’un réseau national et d’accompagnement des étudiants, a alerté à plusieurs reprises les autorités</a> sur le sujet et a émis des recommandations qui n’ont pas encore été suivies.</p>
<h2>Une enquête sur la santé mentale des étudiants en médecine en 2021</h2>
<p>Dans ce contexte difficile, les associations étudiantes (ANEMF, ISNAR-IMG et ISNI) ont décidé fin 2020 de produire une nouvelle enquête sur la santé mentale des étudiants en médecine et jeunes médecins. Cette enquête a eu lieu du 17 mai au 27 juin 2021, avec le soutien de la conférence des doyens de médecine de France. Les <a href="https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/sante-mentale-des-jeunes-medecins-quelles-propositions-pour-venir-en-aide-aux-etudiants-en">résultats ont été présentés lors d’un colloque à l’Assemblée nationale en octobre 2021</a>] et ont donné lieu à une publication dans une <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/inserm-03684443/">revue scientifique en mars 2022</a>.</p>
<p>Le questionnaire comportait plusieurs outils validés de la littérature scientifique permettant de mesurer la présence de symptômes dépressifs ou anxieux au moment de l’enquête, d’un épisode dépressif caractérisé dans les 12 derniers mois et la présence d’un syndrome d’épuisement professionnel (burnout).</p>
<p>Le <a href="https://spssi.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1540-4560.1974.tb00706.x">burnout est un syndrome décrit par le psychiatre Freundenberg en 1974</a> à propos de l’épuisement professionnel des soignants. Il a par la suite été popularisé par la psychologue Maslach qui a développé une échelle de burnout (<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/job.4030020205">Maslach Burnout Index, MBI</a>) comprenant trois sous-échelles : pour l'épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et l'accomplissement personnel). Le MBI a ensuite été adapté pour différentes populations.</p>
<p>Dans l’enquête, la <a href="https://www.dovepress.com/burnout-and-associated-factors-among-medical-students-in-a-public-univ-peer-reviewed-fulltext-article-AMEP">version étudiante du MBI</a> a été utilisée pour les deuxième et troisième années et la <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2702871">version soignante</a> pour les autres étudiants (externes et internes). La présence d’idées suicidaires sur les 12 derniers mois ainsi que l’humiliation ou des violences sexistes et sexuelles (VSS) pendant les études ont également été évaluées. Environ 12 000 étudiants ont répondu, soit 15 % de l’ensemble des étudiants en médecine de France. Les constats de cette étude sont particulièrement inquiétants.</p>
<p>Tout d’abord, en comparaison avec l’enquête de 2017, 75 % des étudiants avaient des symptômes anxieux sur les sept derniers jours (+13 %) et 39 % des symptômes dépressifs (+11 %). Ensuite, un étudiant ou jeune médecin sur quatre a souffert d’une dépression au cours de l’année et près d’un étudiant sur cinq a eu des idées suicidaires. À partir de la quatrième année, lorsque les étudiants se retrouvent immergés dans le système hospitalier, deux futurs médecins sur trois sont en burnout.</p>
<p>L’exposition à différentes formes de violences dans le milieu hospitalier interroge : un étudiant sur quatre déclare avoir été victime d’humiliation ou de harcèlement sexuel, et 4 % des futurs médecins ont subi une agression sexuelle, dans la majorité des cas à l’hôpital ! Enfin, en ce qui concerne les conditions de travail, plus de la moitié des internes déclarent travailler plus de 50h par semaine, alors même le maximum légal est de 48h.</p>
<h2>Un enjeu de santé publique</h2>
<p>La problématique étant ancienne, de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013700619302738?via%3Dihub">nombreux travaux ont été consacrés aux solutions possibles</a>. Le CNA avait notamment pour but de contribuer aux modifications institutionnelles et au <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/lancement-du-centre-national-d-appui-la-qualite-de-vie-des-etudiants-en-sante-49230">développement de structures d’aide aux étudiants dans chaque faculté de médecine</a>. Il proposait des recommandations pour élaborer des mesures d’accompagnement et de prévention en matière de santé mentale des étudiants en santé.</p>
<p>Suite au contexte, le <a href="https://www.letudiant.fr/educpros/enquetes/suppression-du-cna-une-decision-inattendue-mais-pas-tout-a-fait-definitive.html">gouvernement a décidé de « faire évoluer » le CNA</a> en un organe sous la double tutelle de directions générales des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé dans le cadre du plan national contre les violences sexistes et sexuelles.</p>
<p>On peut d’ores et déjà interroger le glissement sémantique d’une préoccupation pour la « qualité de vie » des futurs soignants à celle de la lutte contre les « violences sexistes et sexuelles » qui, si elle est indispensable, ne constitue qu’un aspect des multiples risques psychosociaux qui menacent la qualité de vie des étudiants en santé. Et si l’<a href="http://www.ove-national.education.fr/publication/ove-infos-n43-etre-etudiant-en-2020-entre-incertitudes-et-fragilites">institutionnalisation des missions de l’ancien CNA et son élargissement de fait à l’ensemble des étudiants est louable</a>, juste et nécessaire, il n’en demeure pas moins que les étudiants en santé présentent des problématiques spécifiques en lien avec les difficultés du système de santé. </p>
<p>Les <a href="https://www.letudiant.fr/educpros/enquetes/suppression-du-cna-une-decision-inattendue-mais-pas-tout-a-fait-definitive.html">questions relatives à la santé mentale des soignants ne sont ainsi plus traitées</a>.</p>
<p>L’étude de 2021 retrouve un certain nombre des facteurs associés au risque de dépression en lien avec l’environnement hospitalier sur lesquels il est possible d’agir : la précarité financière, le temps de travail excessif, l’exposition à des violences notamment sexistes et sexuelles… La plupart de ces revendications ont été déjà formulées par l’ANEMF, l’ISNI et l’ISNAR-IMG.</p>
<h2>Un problème qui s’aggrave ?</h2>
<p>Au travers de ces deux enquêtes en 2017 et en 2021, la question de l’aggravation de la santé mentale des futurs médecins se pose et nous espérons que la prochaine étude nationale évaluera les actions mises en place pour améliorer le bien-être des étudiants en médecine. Néanmoins, agir n’implique pas de proposer n’importe quelle mesure sans réfléchir. Le sujet est complexe et doit prendre en compte tant les complexités du système que les spécificités des acteurs :</p>
<ul>
<li><p>Confidentialité (secret médical renforcé),</p></li>
<li><p>Tabou de la santé mentale chez les professionnels de santé,</p></li>
<li><p>Rapports de pouvoir entre enseignants et étudiants qui peuvent rendre la parole difficile,</p></li>
<li><p>Impact direct de la santé mentale des futurs soignants sur la qualité des soins,</p></li>
<li><p>Et, plus récemment encore, l’épineuse question du <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/societe/il-y-avait-de-l-argent-a-se-faire-le-business-des-surdoues_2151187.html">business autour de la prise en charge du mal-être, comme cela a été récemment décrit pour les enfants à haut potentiel</a>.</p></li>
</ul>
<p>En cela, toute action devrait faire l’objet d’une évaluation sur le long terme, afin de garantir l’efficacité de la mesure proposée et l’intérêt des étudiants.</p>
<p>Les solutions ne s’inventent pas <em>ex nihilo</em> mais émergent d’un <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/quel-hopital-en-2030">travail de réflexion en tenant compte de la globalité des problèmes</a>. Elles ne sauraient se résoudre à de simples revendications syndicales ou à des actions judiciaires légitimes. Ceux qui décident de mesures techniques ou de légiférer en réaction aux problèmes qui émergent dans l’actualité encourent parfois le risque d’être déconnectées de la complexité des situations, voire de promouvoir des actions sur quelques composantes du système. Sauf à démontrer que ces interventions ciblées sont suffisantes pour faire évoluer le système vers un état plus souhaitable, il convient d’être prudent et se rappeler de cet autre adage <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Los_Angeles_2013#R%C3%A9pliques_c%C3%A9l%C3%A8bres">« plus les choses changent, plus elles restent les mêmes »</a>.</p>
<p>Ces mesures de changement, nécessaires en l’état actuel, nécessitent des expertises multiples : psychologique, psychiatrique, technique, administrative, pédagogique, médicale et éthique et se doivent avant toute chose d’être, au service des patients, des étudiants, futurs médecins et, <em>in fine</em>, de la société.</p>
<hr>
<p><em>En complément : si vous éprouvez une souffrance psychique, vous pouvez <a href="https://3114.fr/">trouver des ressources et conseils</a> et contacter des professionnels en appelant le 3114.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186007/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ariel Frajerman a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR-17-CE37-003-01EPI jeune) et par l'Agence Régionale de Santé (contrat ARS 2020-10-37- FRAJERMAN) Ile de France. Il est actuellement employé par l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP). Ariel Frajerman a rédigé des rapports pour la fondation Jean Jaurès et a collaboré avec les associations d'étudiants en médecine (ANEMF, ISNAR IMG et ISNI) pour une étude scientifique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Franck Rolland a été membre du bureau national de l'ANEMF en 2018, et du bureau national de l'ISNI entre 2019 et Janvier 2022. Il a fait partie du comité de direction du CNA de 2019 à 2021.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yannick Morvan a reçu des financements de l'université Paris Nanterre, de l'Inserm, du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences, de la Fondation de France, de la Fondation Pierre Deniker. Yannick Morvan est ou a été membre de différentes organisations professionnelles et scientifiques de ou impliquant des psychologues (AEPU, AFTCC, AFRC, APA, APS, IdPsy, IEPA, FFPP, RESPPET, SFP). Il est également membre du collège scientifique de l’Observatoire National de la Vie Etudiante (OVE) et du comité de parrainage du congrès de l’Encéphale. Yannick Morvan est sollicité comme expert par le cabinet Ernst & Young et a collaboré avec les associations d'étudiants en médecine (ANEMF, ISNAR IMG et ISNI) pour une étude scientifique.</span></em></p>La question du mal-être étudiant fait l’actualité mais ne prend pas toujours en compte les spécificités du secteur médical. Une étude apporte enfin des données précises. Et elles sont inquiétantes.Ariel Frajerman, Md- PhD, medical psychiatrist at Hopital Kremlin-Bicêtre, InsermRolland Franck, Interne en psychiatrie, psychologue clinicien, doctorant en éthique médicale, InsermYannick Morvan, Maître de conférences en psychologie, psychologue clinicien, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1814052022-04-26T19:47:08Z2022-04-26T19:47:08ZÊtre hypersensible : un avantage ou un inconvénient ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/459593/original/file-20220425-31598-tsuy3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=621%2C15%2C4268%2C3512&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'hypersensibilité est souvent associé à une vulnérabilité. Mais elle peut aussi être une force.</span> <span class="attribution"><span class="source">Veja/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La sensibilité est un terme qui revient souvent autour de nous – et souvent pour désigner des choses différentes. On peut parler de la sensibilité relative aux sensations, c’est-à-dire une aptitude à éprouver des perceptions. On peut également parler d’une susceptibilité à être affecté par la moindre action ou agression extérieure, etc.</p>
<p>Et au-delà de la simple sensibilité, certaines personnes sont décrites comme « hypersensibles ». Il s’agit cette fois de suggérer qu’elles sont particulièrement émotives, pleurent facilement devant des films romantiques ou sur des chansons tristes par exemple.</p>
<p>Ce terme d’<em>hypersensibilité</em>, <a href="https://trends.google.fr/trends/explore?date=all&geo=FR&q=hypersensibilit%C3%A9">répandu progressivement dans le grand public depuis plusieurs années</a>, renvoie généralement – de manière partiellement erronée – à l’hyperesthésie (au sens « d’avoir les sens en ébullition facilement ») et des émotions intenses anormalement fréquentes. Nous préférerons ici les termes de « sensibilité élevée » qui s’affranchissent de la connotation péjorative d’excès.</p>
<p>La manifestation de la sensibilité peut être interne, avec une réactivité physiologique ou une émotion, ou externe, avec un geste de recul par exemple. Elle est toujours liée à un élément déclencheur, interne (une pensée) ou externe (de l’environnement…) appelé stimulus.</p>
<p>Ces stimuli peuvent être de différentes natures : sociaux (appel d’un ami, collègue qui vient nous parler, inconnu qui nous interpelle dans la rue), émotionnels (souvenir d’une personne chère, câlin de notre animal de compagnie…), physiologiques (ventre qui gargouille, rythme cardiaque qui accélère…) ou sensoriels (auditifs, olfactifs, visuels…).</p>
<p>Quels qu’ils soient, nous y sommes exposés au quotidien et de manière continue. L’humain, reposant sur des ressources environnementales pour survivre, doit être capable de capter, d’intégrer et de traiter tous ces stimuli pour s’adapter.</p>
<p>Mais à un stimulus donné, nous ne réagissons pas tous de manière identique…</p>
<h2>Différences de sensibilité : de quoi s’agit-il ?</h2>
<p>La plupart des gens réagissent plus ou moins de manière identique aux mêmes stimuli, ceux qui réagissent plus fortement sont dits plus sensibles. Diverses théories ont tenté de décrire ces différences et elles ont été regroupées en 2016 sous le concept global de <a href="https://psycnet.apa.org/record/2015-18508-001">« sensibilité environnementale »</a>.</p>
<p>Ce dernier inclut notamment le concept de sensibilité au traitement sensoriel (<a href="https://hsperson.com/test/highly-sensitive-test/">SPS, mesurée par le questionnaire d’auto-évaluation HSPS</a>), qui se rapproche le plus, d’un point de vue théorique, de ce que l’on appelle l’hypersensibilité dans le langage courant. Il est introduit en 1997 par Elaine et Arthur Aron et suggère que la <a href="https://psycnet.apa.org/record/1997-05290-010">sensibilité est un trait de personnalité</a> caractérisé par :</p>
<ul>
<li><p>une plus grande profondeur du traitement de l’information,</p></li>
<li><p>une réactivité émotionnelle et une empathie accrues,</p></li>
<li><p>une plus grande conscience des subtilités environnementales,</p></li>
<li><p>une facilité à être surstimulé.</p></li>
</ul>
<p>Ce concept de sensibilité environnementale se veut également être un méta-trait, c’est-à-dire une dimension de la personnalité d’ordre supérieur, capturant et expliquant en partie les concepts psychologiques existants tels que l’introversion, la timidité, l’inhibition comportementale ou encore le tempérament réactif.</p>
<p>Cela a des implications fortes notamment concernant les thérapies, le diagnostic clinique de pathologies mentales ou encore la recherche de l’origine de certains troubles mentaux.</p>
<h2>La sensibilité élevée souvent associée à des effets négatifs</h2>
<p>Historiquement, la recherche sur la sensibilité environnementale s’est majoritairement intéressée aux vulnérabilités des individus. Ces vulnérabilités sont liées à de nombreux facteurs (génétiques, psychologiques ou physiologiques) et vont entraîner une sensibilité plus élevée à différents stimuli.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue d’artiste d’une double hélice d’ADN" src="https://images.theconversation.com/files/459596/original/file-20220425-26-qdefzq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/459596/original/file-20220425-26-qdefzq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/459596/original/file-20220425-26-qdefzq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/459596/original/file-20220425-26-qdefzq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/459596/original/file-20220425-26-qdefzq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/459596/original/file-20220425-26-qdefzq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/459596/original/file-20220425-26-qdefzq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le niveau de sensibilité est lié à de nombreux facteurs, notamment environnementaux, psychologiques et physiologiques mais aussi génétiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MiniStocker/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En d’autres termes, nos caractéristiques internes propres jouent sur l’effet que l’environnement va avoir sur nous. Par exemple, si un individu possède une certaine version d’un gène <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15654286/">associé à une expression réduite de la molécule du transporteur de sérotonine</a> (dite hormone du bonheur), il est plus susceptible, lors d’événements stressants, de <a href="https://ajp.psychiatryonline.org/doi/full/10.1176/ajp.2006.163.9.1588">développer des symptômes dépressifs</a>. Un facteur génétique couplé à des stimuli négatifs peut donc avoir des conséquences néfastes.</p>
<p>Mais on a constaté un biais dans les études menées. Étant donné la prépondérance de la recherche associant les vulnérabilités et sensibilité élevée, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19883141/">écrasante majorité des études</a> décrit des associations entre environnements négatifs (maltraitance infantile, insensibilité des parents, événements de vie négatifs…), sensibilité élevée et conséquences néfastes de cette dernière (prédisposition aux troubles mentaux ou encore faible qualité de vie).</p>
<p>On associe donc habituellement la sensibilité élevée à une forme de vulnérabilité, n’apportant que très peu de bénéfices au quotidien et favorisant l’apparition de complications dans les contextes négatifs. On peut notamment citer des liens entre sensibilité élevée et <a href="https://www.researchgate.net/publication/11029804_Behavioural_inhibition_and_symptoms_of_anxiety_and_depression_Is_there_a_specific_relationship_with_social_phobia">phobie sociale</a>, <a href="https://www.researchgate.net/publication/230777339_Sensory_Sensitivity_Attachment_Experiences_and_Rejection_Responses_Among_Adults_with_Borderline_and_Avoidant_Features">trouble de la personnalité évitante</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0191886905001911">anxiété et dépression</a>, <a href="https://psycnet.apa.org/record/2006-03378-010">stress auto-perçu</a>, <a href="https://psycnet.apa.org/record/2007-13420-006">agoraphobie</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0191886908001281">alexithymie et trouble du spectre de l’autisme</a> ou encore <a href="https://www.researchgate.net/publication/270516287_Is_the_relationship_between_sensory-processing_sensitivity_and_negative_affect_mediated_by_emotional_regulation">difficulté de régulation des émotions</a>.</p>
<p>Mais est-on réellement prédisposé à ces conséquences néfastes si on a une sensibilité élevée ?</p>
<h2>Un avantage adaptatif</h2>
<p>Des <a href="https://www.nature.com/articles/s41380-020-0783-8">recherches sur l’hérédité de la sensibilité révèlent que les influences génétiques expliquent 47 % de sa variance</a>, les 53 % restants sont dus aux influences environnementales. Ce qui indique que la sensibilité est un trait héritable. Or si elle est héritable, elle doit présenter un avantage adaptatif, même mineur (ou au moins, ne pas être invalidante), pour être conservée au fil des générations par la sélection naturelle.</p>
<p>Ce trait pourrait même être conservé par l’évolution depuis très longtemps, car il est également présent chez d’autres espèces de mammifères (une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0177616">mesure valide de la sensibilité chez les chiens est parue en 2017</a>).</p>
<p>Des <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.0805473105">simulations numériques et des recherches empiriques suggèrent en parallèle que la sensibilité élevée serait avantageuse si elle est présente dans 15 à 20 % de la population</a>, ce qui en fait un trait dépendant d’une fréquence basse. Cela reflète, au sein d’un groupe, le fait que les individus qui le composent peuvent opter pour diverses stratégies, notamment grâce à leurs différences de sensibilité, afin de mieux s’adapter aux variations de leur environnement et d’être plus attentifs.</p>
<h2>Vers de potentiels bénéfices</h2>
<p>Depuis plus d’une dizaine d’années, les effets positifs des environnements bénéfiques sur les individus dotés d’une sensibilité élevée sont plus étudiés.</p>
<p>En 2015, une <a href="https://www.researchgate.net/publication/273789708_Sensory-Processing_Sensitivity_predicts_treatment_response_to_a_school-based_depression_prevention_program_Evidence_of_Vantage_Sensitivity">étude portant sur le lien entre sensibilité élevée et réponse à un programme de prévention de la dépression</a> mené auprès d’adolescentes a montré que les personnes sensibles étaient plus réceptives à l’aide proposée. Mieux : les changements étaient significativement plus élevés pour les individus hautement sensibles.</p>
<p>En 2018, une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/2167702618782194">autre étude a révélé un lien entre sensibilité élevée et réponse à un programme d’intervention scolaire anti-harcèlement</a>. Non seulement le harcèlement a significativement baissé, mais les individus hautement sensibles ont presque exclusivement contribué à ce phénomène.</p>
<p>Ces études suggèrent donc que les individus hautement sensibles ont une meilleure capacité d’intégration de soi par rapport aux autres, de pensée réflexive ou encore d’apprentissage et de conscience.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des enfants souriants font du découpage à la maternelle" src="https://images.theconversation.com/files/459599/original/file-20220425-95080-hw4jm1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/459599/original/file-20220425-95080-hw4jm1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/459599/original/file-20220425-95080-hw4jm1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/459599/original/file-20220425-95080-hw4jm1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/459599/original/file-20220425-95080-hw4jm1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/459599/original/file-20220425-95080-hw4jm1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/459599/original/file-20220425-95080-hw4jm1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un environnement et une enfance positive sont des clés importantes pour permettre aux hypersensibles de développer tout leur potentiel.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wavebreakmedia/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces résultats sont en cohérence avec une <a href="https://www.researchgate.net/publication/322402052_Sensory_processing_sensitivity_and_childhood_quality%27s_effects_on_neural_responses_to_emotional_stimuli">étude d’imagerie cérébrale qui montre que les individus hautement sensibles, face à des stimuli émotionnels positifs ou négatifs, ont une activité cérébrale accrue</a> des régions liées à ces capacités (hippocampe, zone pariétale/frontale, cortex préfrontal…).</p>
<p>De plus, si on leur présente des images positives (s’ils ont eu une enfance positive), ils montrent une activation accrue des zones du calme, du traitement d’autrui (cortex insulaire) et de la réponse à la récompense (zone tegmentale ventrale, locus niger et noyau caudal) – cette dernière servant de motivation de base pour la survie et qui <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/7854_2015_387">peut être utilisée pour le plaisir y compris avec les substances addictives</a>.</p>
<p>Si on leur donne des images négatives, ce sont les régions liées au self-control (cortex préfrontal médian) et à l’autorégulation cognitive et émotionnelle qui sont suractivées.</p>
<h2>Tirer le meilleur parti de l’hypersensibilité</h2>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/nrn3119">Des recherches en addiction et troubles de l’humeur</a> ont montré le rôle du cortex préfrontal médian dans le self-control, et le contrôle accru de l’impulsion en réponse aux stimuli positifs est <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1369-1600.2009.00193.x">associé à la réduction de la prise de risque et d’addiction</a>.</p>
<p>Ce qui suggère que la haute sensibilité couplée à un environnement de développement favorable serait un facteur protecteur face aux addictions : les individus hautement sensibles seraient ainsi moins susceptibles d’avoir des comportements excessifs et problématiques (en lien avec Internet, les jeux en ligne ou d’argent…) ou de devenir dépendants après la consommation de stupéfiants.</p>
<p>Toutes ces études s’accordent sur le rôle clé que joue la qualité de l’enfance et de l’environnement. Les facteurs environnementaux contribuant à environ la moitié de la variance de sensibilité, limiter les expériences négatives (ou modérer les effets délétères) qui sont exacerbées par le trait de sensibilité est nécessaire.</p>
<p>Bien identifier le niveau de sensibilité des individus pourrait être utile pour estimer la réussite ou non des thérapies et programmes d’intervention – cette dernière étant un facteur de réussite, au point que la <a href="https://www.researchgate.net/publication/51819108_Therapygenetics_Moving_towards_personalized_psychotherapy_treatment">recherche en thérapie génétique</a> s’intéresse désormais à la psychothérapie personnalisée.</p>
<h2>Aider à l’épanouissement des hypersensibles</h2>
<p>Les études de la sensibilité environnementale contribuent ainsi déjà à expliquer les différences individuelles de développement dans certains contextes et pour les vulnérabilités à certaines psychopathologies. Elles peuvent également permettre une intervention précoce pour prévenir les développements anormaux d’individus hautement sensibles tout en les aidant à s’épanouir dans une société moderne, source de stimuli difficiles à gérer.</p>
<p>Elles permettront demain de mieux éclairer ce trait, tant au niveau des mécanismes neuronaux impliqués qu’au niveau de son origine ou de son association avec d’autres troubles.</p>
<p>La sensibilité élevée, ou hypersensibilité, peut donc être un atout précieux ! Loin d’être un trouble mental, elle est un trait dont le rôle dans les mécanismes d’adaptation à l’environnement est primordial. La richesse de ses implications évolutives, médicales, sociales s’esquisse ainsi dans les nombreux travaux en cours, en psychologie, biologie génétique et en neurosciences – de quoi déjà permettre aux individus concernés de passer outre les jugements souvent négatifs dont ils sont encore trop souvent l’objet.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181405/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Evan Giret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le terme est souvent péjoratif : être hypersensible, c’est pleurer pour un rien, « trop » ressentir les choses, etc. Mais on comprend désormais que ce trait a de vrais avantages évolutifs et sociaux.Evan Giret, Doctorant en psychologie au 2LPN (EA 7489), Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1803432022-04-03T16:14:40Z2022-04-03T16:14:40ZAnxiolytiques et somnifères augmentent-ils les risques d’accident du travail ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/455216/original/file-20220330-5217-u1yomu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C5%2C1543%2C875&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2015, la France était toujours au deuxième rang des pays européens en matière de consommation de benzodiazépines.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Boites_de_benzodiazépines.png">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Selon <a href="https://assurance-maladie.ameli.fr/qui-sommes-nous/publications-reference/assurance-maladie-risques-professionnels/rapports-annuels">l’Assurance-maladie – Risques professionnels</a>, plus d’un million d’accidents du travail (incluant les accidents de trajet) ont été reconnus en 2019 (la survenue de la Covid-19 a entraîné une baisse en 2020). Ce chiffre est globalement stable depuis 2014. Selon nos calculs, près de 4 % des employés ont été victimes d’accidents du travail en 2016.</p>
<p>Ces chocs sur la santé ne sont toutefois pas aléatoires et pourraient survenir plus fréquemment dans une population fragilisée, notamment au regard de son état de santé. La littérature montre en effet que des caractéristiques sociodémographiques prédisposent à la survenue d’un accident du travail, tels que le fait d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0927537102001367">être un homme ou d’être âgé de 25 à 35 ans ou de 55 ans et plus</a>.</p>
<p>Dans une <a href="https://erudite.univ-paris-est.fr/fileadmin/redaction/ERUDITE/Documents_de_travail/Documents_de_2022/WP_ERUDITE_02_2022-1.pdf">récente étude</a>, nous avons tenté d’évaluer l’influence de la prise de benzodiazépines, famille de médicaments particulièrement <a href="https://archiveansm.integra.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/%C3%89tat-des-lieux-de-la-consommation-des-benzodiazepines-Point-d-Information">consommés en France</a> comme anxiolytiques (alprazolam, bromazepam…) et somnifères (zolpidem, zopiclone…), sur le risque d’accident du travail. En effet, ces molécules possèdent des effets indésirables susceptibles d’augmenter le risque d’accident (troubles cognitifs, somnolence).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455221/original/file-20220330-5063-fy0ijr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Niveaux de consommation des benzodiazépines dans huit pays européens, en Doses définies journalières/1000 habitants par jour entre 2012 et 2015.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://dev4-afssaps-marche2017.integra.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Etat-des-lieux-de-la-consommation-des-benzodiazepines-Point-d-Information">L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (2017)</a></span>
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<p>Bien que <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2863043/fr/quelle-place-pour-les-benzodiazepines-dans-l-anxiete">leurs effets thérapeutiques soient attestés</a>, l’évolution de leur consommation reste surveillée par les autorités sanitaires, en raison de la consommation élevée en France au début des années 2000 d’une part (en 2015 la France est toujours au <a href="http://dev4-afssaps-marche2017.integra.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/%C3%89tat-des-lieux-de-la-consommation-des-benzodiazepines-Point-d-Information">deuxième rang en comparaison de huit autres pays européens</a>), et du fait de ces potentiels effets néfastes (troubles cognitifs, perte d’équilibre, mais surtout risque de dépendance lors d’un usage prolongé), d’autre part.</p>
<p>La diminution rapide de l’effet thérapeutique, en quelques semaines, et le risque de dépendance ont d’ailleurs conduit la Haute autorité de santé à publier des <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/pprd_2974193/fr/anxiete-les-benzodiazepines-uniquement-pour-une-courte-periode">recommandations</a> pour limiter les durées de traitement (12 semaines au maximum pour les <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2863043/fr/quelle-place-pour-les-benzodiazepines-dans-l-anxiete">anxiolytiques</a>, 4 semaines pour les <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2015058/fr/quelle-place-pour-les-benzodiazepines-dans-l-insomnie">somnifères</a>). Les diverses mesures (limitations des durées de traitement, restriction des prescriptions pour certaines molécules, intégration du respect de certaines recommandations dans la part variable de la rémunération des médecins) ont participé à la décrue de la consommation en France du début des années 2000 jusqu’à la pandémie de Covid-19 (qui a engendré une nette hausse de la consommation).</p>
<h2>Un surrisque à l’arrêt du traitement</h2>
<p>Dans notre étude, nous constituons une cohorte de personnes ayant été victimes d’au moins un accident du travail entre 2017 et 2019. Leur suivi permet d’estimer le risque d’accident dans les mois qui suivent la prise de ces médicaments.</p>
<p>Trois enseignements peuvent être tirés de cette étude. Tout d’abord, dans le mois qui suit la première prise de benzodiazépines, le risque d’accident du travail est plutôt réduit, par rapport aux périodes de non-consommation. L’explication peut être médicale (amélioration de l’état de santé du patient), même si cette hypothèse semble être infirmée par la nature des effets des benzodiazépines. Une autre explication est de nature professionnelle. La prise d’un médicament, dont on sait qu’il augmente le risque d’accident, peut conduire à une diminution (au moins temporaire) des activités les plus à risque, et à une augmentation de la vigilance. Les médecins peuvent également prescrire moins facilement ces médicaments aux salariés les plus exposés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/455219/original/file-20220330-5684-1ikvpys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455219/original/file-20220330-5684-1ikvpys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455219/original/file-20220330-5684-1ikvpys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455219/original/file-20220330-5684-1ikvpys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455219/original/file-20220330-5684-1ikvpys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455219/original/file-20220330-5684-1ikvpys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455219/original/file-20220330-5684-1ikvpys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Près de 4 % des employés ont été victimes d’accidents en 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/ouvrier-du-batiment-travailler-569126/">Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Ensuite, lorsque le traitement se prolonge au-delà de trois mois, cette réduction du risque disparaît. Le risque devient même positif chez les personnes de moins de 45 ans, ou pour les accidents ayant entraîné des arrêts compris entre 7 et 168 jours. Ce résultat correspond aux effets nocifs des benzodiazépines en cas de traitement prolongé au-delà des recommandations.</p>
<p>Enfin, à l’arrêt du traitement, et ce quelle que soit la durée, on observe un surrisque d’accident du travail. Ce dernier peut provenir d’une reprise de l’exposition au risque professionnel à la suite d’une diminution, ou d’un <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/medicaments/professionnels-de-sante/bon-usage-par-les-professionnels/article/le-bon-usage-des-benzodiazepines-par-les-professionnels-de-sante">effet rebond</a> du traitement (qui consiste en une aggravation des symptômes préexistants au traitement, et dont on sait qu’il est une conséquence possible de la prise de benzodiazépines).</p>
<p>Ces résultats appellent d’une part au respect des recommandations relatives aux durées de traitement par benzodiazépines, et d’autre part à une vigilance accrue au moment de l’arrêt du traitement. Les risques liés à la prise de ces médicaments sont connus et pourraient être mieux pris en compte par le médecin et par le salarié par une vigilance renforcée voire une adaptation du poste de travail ou des tâches associées. L’arrêt du traitement pourrait être progressif avec un suivi renforcé lors de la reprise des activités à risque.</p>
<h2>Distinguer consommation et surconsommation</h2>
<p>En outre, les conséquences d’un accident du travail peuvent être physiques bien sûr, mais également mentales (stress induit par l’accident lui-même mais aussi appréhensions liées au retour au travail). C’est pourquoi, dans une <a href="https://erudite.univ-paris-est.fr/fileadmin/redaction/ERUDITE/Documents_de_travail/Documents_de_2020/WP_ERUDITE_09_2020.pdf">autre étude</a>, nous étudions l’effet d’un accident de travail sur la consommation et la surconsommation de benzodiazépines (c’est-à-dire le dépassement des durées de traitement recommandées).</p>
<p>Pour ce faire, nous comparons une cohorte de victimes d’un accident du travail unique en 2016 à une cohorte de témoins, sans accident de 2007 à 2017, soit respectivement plus de 350 000 et plus de 1,1 million de personnes. L’originalité de la méthode économétrique repose sur l’utilisation d’un modèle en deux étapes, qui permet de distinguer les facteurs liés à la consommation de benzodiazépines et ceux liés à leur surconsommation.</p>
<p>Les résultats des estimations montrent une augmentation de 34 % de la probabilité de consommer des benzodiazépines à la suite d’un accident du travail. En revanche, une fois pris en compte les facteurs confondants et l’effet de sélection (c’est-à-dire le fait que l’on ne peut observer de surconsommation que chez ceux qui consomment), l’accident du travail entraîne une baisse de la probabilité de surconsommer (c’est-à-dire de consommer au-delà des durées de traitement recommandées) de 8 %.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455223/original/file-20220330-4833-2yaott.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un accident du travail augmente de 34 % la probabilité de consommer des benzodiazépines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/985817">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Une explication pourrait être une amélioration du suivi médical pour les personnes ayant été victimes d’un accident du travail. L’ampleur de l’effet (sur l’augmentation de la probabilité de consommer, puis sur la diminution de la probabilité de surconsommer) est quasiment deux fois plus importante pour les femmes que pour les hommes, alors qu’on sait que la consommation est largement supérieure chez les femmes.</p>
<p>Lorsque l’on prend en compte la durée de l’arrêt de travail consécutif à l’accident (qui donne une indication sur sa gravité), on observe un gradient dans l’effet sur la probabilité de consommer. Plus l’accident est grave et plus la probabilité de consommer des benzodiazépines dans l’année qui suit est élevée. Nos résultats démontrent également un effet positif des accidents ayant entraîné les arrêts de travail les plus longs (supérieurs à 45 jours, par rapport à ceux ayant entraîné des arrêts inférieurs à 8 jours) sur la probabilité de surconsommer des benzodiazépines dans l’année qui suit.</p>
<p>Cette étude distingue clairement les facteurs liés à la consommation de benzodiazépines de ceux liés à leur surconsommation. Alors que le non-respect des recommandations relatives aux durées de traitement par benzodiazépines reste une préoccupation majeure des autorités sanitaires, ces résultats sont plutôt rassurants quant au risque suite à un accident du travail. Cependant, une vigilance particulière s’impose pour les accidents les plus graves.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180343/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François-Olivier Baudot a reçu des financements de l'Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (contrat CIFRE).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thomas Barnay ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La prise de médicaments de la famille des benzodiazépines est associée à une baisse de la probabilité d’accident du travail au début du traitement, puis à une augmentation si les soins se prolongent.Thomas Barnay, Full Professor in Economics, ERUDITE, UPEC (on leave) / Visiting Professor, Health Care Policy Department, Harvard Medical School and French Harkness Fellow in Health Care Policy and Practice (The Commonwealth Fund) (2021-2022), Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)François-Olivier Baudot, Pharmacien, statisticien à la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie (CNAM), doctorant en économie de la santé (ERUDITE, UPEC), Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1793162022-03-23T19:24:44Z2022-03-23T19:24:44ZFace à la guerre, les électeurs français se rallient à Emmanuel Macron : pour combien de temps ?<p>Au déclenchement de la guerre en Ukraine, de nombreux <a href="https://www.ifop.com/publication/intentions-de-vote-a-lelection-presidentielle-et-impact-de-la-guerre-en-ukraine-sur-le-scrutin/">électeurs</a> semblent s’être ralliés au président Emmanuel Macron. Dans la vague 6 de l’enquête électorale du CEVIPOF réalisée début mars, ce dernier était crédité de <a href="https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/lenquete-electorale-francase-2022-enef-2022.html">30,5 %</a> d’intention de vote au premier tour. Cet effet de ralliement est alimenté par une profonde anxiété à propos de la guerre, et il pourrait donner à Emmanuel Macron un élan décisif lors de l’élection présidentielle d’avril.</p>
<p>Depuis l’article fondateur du politologue américain <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/american-political-science-review/article/abs/presidential-popularity-from-truman-to-johnson1/FBA184821B05C29F50256634B50440A8">John Mueller</a>, paru dans les années 1970, le phénomène dit de « ralliement autour du drapeau » (<em>rally round the flag</em>) est un thème central de la science politique. Le concept d’un « effet drapeau » repose sur l’idée selon laquelle les grandes crises internationales renforcent généralement la cohésion nationale, tant au niveau des élites politiques que chez les électeurs. Chez ces derniers, cela se traduit notamment par un soutien accru au président en exercice.</p>
<p>Plus récemment, cet effet a pu être identifié aux États-Unis pour le président George Bush au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001 : en quelques jours, la popularité du président américain avait bondi de <a href="https://www.jstor.org/stable/3649343">35 points</a>, dépassant le précédent record établi par son père après le lancement de l’opération <em>Desert Storm</em> (Tempête du désert) en 1991 en Irak (+18 points de popularité).</p>
<p>Dans le contexte de l’élection présidentielle 2022 en France, un aspect important de cet effet drapeau est lié aux inquiétudes des électeurs face à la guerre en Ukraine. Les résultats de la vague 6 du <a href="https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/resultats-et-decryptage-par-vague.html">Panel électoral</a> du Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (CEVIPOF) auprès d’un large échantillon national les 2 et 3 mars suggèrent que ces inquiétudes constituent un moteur important de la poussée de soutien enregistrée à l’occasion de cette enquête pour Emmanuel Macron.</p>
<h2>Sous le choc, les électeurs se tournent vers Macron</h2>
<p>Selon nos données, la guerre en Ukraine s’est imposée comme une préoccupation majeure pour 50 % des Français. Pour un autre tiers d’entre eux, la guerre est également un enjeu qui comptera dans leur choix de vote en avril, jusqu’à 55 % chez les électeurs de Macron. Dans un contexte marqué par ailleurs par la crainte d’une frappe nucléaire, une majorité écrasante (90 %) de répondants se dit très ou assez inquiète de la guerre et de ses conséquences.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/guerre-en-ukraine-de-leurope-en-miettes-a-leurope-en-blocs-179392">Guerre en Ukraine : de l’Europe en miettes à l’Europe en blocs ?</a>
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<p>Conformément à l’hypothèse d’un effet drapeau, au moment du déclenchement de la guerre, le président Macron a bénéficié d’un relatif consensus transpartisan <a href="https://www.franceinter.fr/politique/pas-encore-candidat-emmanuel-macron-engrange-des-ralliements-a-gauche-et-a-droite">à gauche comme à droite</a> de l’échiquier politique.</p>
<p>Il n’est pas surprenant, dans ce contexte, que le président sortant ait attendu la dernière minute pour se <a href="https://www.nytimes.com/2022/03/03/world/europe/macron-presidency-campaign-france-ukraine.html">déclarer</a> officiellement candidat, pour continuer de mettre en avant son action diplomatique et son rôle de « commandant en chef ».</p>
<p>Cet engagement international au premier plan de la crise a été par ailleurs renforcé par l’exercice actuel par la France de la présidence tournante de <a href="https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle/presidentielle-emmanuel-macron-mise-a-fond-sur-la-carte-europeenne-1380164">l’Union européenne (UE)</a>. Les images des dirigeants européens se rassemblant autour d’Emmanuel Macron pour un <a href="https://www.france24.com/en/europe/20220310-macron-hosts-eu-leaders-for-ukraine-crisis-talks-at-versailles">sommet à Versailles</a> consacré à la crise ukrainienne ont incontestablement contribué à asseoir un peu plus la stature présidentielle du chef de l’État.</p>
<p>Les voix dissonantes ont, au final, été assez peu nombreuses. Les candidats de la droite radicale, Marine Le Pen et Éric Zemmour, ont été contraints de soutenir à demi-mot l’action du président Macron, alors qu’ils ont par ailleurs eu à faire face aux conséquences de leurs <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/marine-le-pen-et-eric-zemmour-totalement-decredibilises-des-lors-qu-ils-ont-fait-allegeance-a-vladimir-poutine-dit-valerie-pecresse_4991586.html">positions pro-Poutine</a> et, dans le cas de Marine Le Pen, de ses <a href="https://www.bbc.com/news/world-europe-39478066">liens financiers</a> passés avec la Russie.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/guerre-en-ukraine-le-malaise-des-candidats-pro-russes-178057">Guerre en Ukraine : le malaise des candidats pro-russes</a>
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<p>Plus au centre de l’échiquier politique, Valérie Pécresse, la candidate des Républicains (LR), peine encore à se faire entendre dans la campagne après un <a href="https://www.franceinter.fr/politique/meeting-du-zenith-le-naufrage-de-valerie-pecresse">meeting très critiqué</a> à Paris le mois dernier. Plus important encore, la candidate du parti LR n’a toujours pas réussi à trouver son espace politique entre Emmanuel Macron et l’extrême droite.</p>
<h2>Une hausse substantielle de la cote de popularité de Macron</h2>
<p>Comme le suggère la vague 6 de l’enquête du CEVIPOF, face à Emmanuel Macron, aucun des autres candidats ne semble convaincre les électeurs qu’il ou elle pourrait faire mieux en tant que futur président. Pour environ 60 % des Français, les choses iraient même plus mal si l’un des candidats radicaux à gauche ou à droite remportait l’élection.</p>
<p>Malgré les griefs socio-économiques intérieurs et les frustrations liées à <a href="http://www.odoxa.fr/sondage/le-pouvoir-dachat-enjeu-central-de-la-presidentielle-2022/">l’augmentation du coût de la vie</a>, les Français semblent encore se rallier au chef de l’État. Les sondages ont montré une hausse substantielle de la cote de popularité d’Emmanuel Macron depuis le début de la guerre en Ukraine : ce dernier a gagné cinq points dans le <a href="https://www.lesechos.fr/elections/sondages/sondage-exclusif-la-cote-de-confiance-de-macron-fait-un-bond-avec-la-crise-en-ukraine-1390422">baromètre</a> ELABE-<em>Les Echos</em> de mars.</p>
<p>Cette hausse de popularité s’accompagne d’une augmentation de son potentiel électoral au premier tour. Selon la <a href="https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/resultats-et-decryptage-par-vague.html">vague 6 de notre enquête</a>, les intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron ont grimpé de quatre points au premier tour, passant de 26 % juste avant la guerre à 30,5 % les 2 et 3 mars derniers.</p>
<p>Nos données montrent que les électeurs qui se sont tournés vers Macron viennent de tous les horizons : sur l’ensemble des « nouveaux » électeurs qui se sont ralliés au président au début du mois de mars, environ un tiers (30 %) proviennent de l’un des candidats d’extrême droite, un cinquième (20 %) de la droite classique et un quart (25 %) de la gauche. Pour un dernier quart, il s’agit d’abstentionnistes potentiels ou de votes blancs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/453911/original/file-20220323-17-d20jih.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/453911/original/file-20220323-17-d20jih.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/453911/original/file-20220323-17-d20jih.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/453911/original/file-20220323-17-d20jih.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/453911/original/file-20220323-17-d20jih.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/453911/original/file-20220323-17-d20jih.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/453911/original/file-20220323-17-d20jih.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">D’où viennent les nouveaux électeurs de Macron début mars ? Panel éléctoral national conduit par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), vagues 6 (24-27 Février 2022) et 6bis (2-3 Mars 2022).</span>
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<h2>L’anxiété liée à la guerre est un facteur important</h2>
<p>En outre, <a href="https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/resultats-et-decryptage-par-vague.html">nos données</a> suggèrent que l’anxiété liée à la guerre constitue un facteur important de ces changements individuels. On observe des différences significatives en ce qui concerne le degré d’inquiétude des électeurs et leur perception des conséquences du conflit ukrainien.</p>
<p>Les électeurs qui ont rallié Emmanuel Macron depuis le début de l’invasion russe présentent un niveau d’anxiété beaucoup plus élevé. Parmi ceux qui se sont ralliés au président sortant, 55 % se disent très inquiets de la guerre, contre seulement 39 % parmi les électeurs restés fidèles aux autres candidats pendant la première semaine de l’invasion russe.</p>
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<span class="caption">Inquiétudes liées à la guerre chez les nouveaux électeurs d’Emmanuel Macron et les électeurs restés fidèles aux autres candidats. Panel électoral National conduit par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), vagues 6 (24-27 Février 2022) et 6bis (2-3 Mars 2022).</span>
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<p>Au début de la guerre, les craintes des électeurs concernent principalement un conflit plus large en Europe, beaucoup moins les conséquences économiques. L’effet de drapeau y apparaît assez fortement associé à la peur d’une extension du conflit. Parmi les électeurs qui se sont tournés vers Emmanuel Macron début mars, seulement 52 % se disent très inquiets des effets de la crise ukrainienne sur l’économie française, contre 43 % parmi ceux qui portent leur choix sur d’autres candidats. L’écart est plus important, en revanche, lorsque les électeurs envisagent un éventuel conflit plus large, avec une différence de 19 points entre les deux groupes.</p>
<h2>L’effet drapeau permettra-t-il à Emmanuel Macron de gagner en avril ?</h2>
<p>L’histoire nous a <a href="https://www.jstor.org/stable/3096071">appris</a> que les effets de ralliement ont généralement tendance à être éphémères et qu’ils ne permettent pas toujours aux candidats sortants de détourner l’attention du public des difficultés de politique intérieure.</p>
<p>Les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1475-682X.1994.tb00386.x">rubans jaunes</a> – du nom des symboles utilisés par les américains pour soutenir leurs troupes pendant la guerre du Golfe – ne donnent pas nécessairement un avantage durable à long terme au président en place.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-russie-et-nous-la-diplomatie-francaise-a-lheure-du-retour-de-la-guerre-en-europe-178323">La Russie et nous : la diplomatie française à l’heure du retour de la guerre en Europe</a>
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<p>Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les questions de politique nationale ont fait leur retour dans la campagne, en particulier sur les enjeux socio-économiques et le pouvoir d’achat. Lors de sa première réunion publique après l’annonce officielle de sa candidature, Emmanuel Macron a remis sous les feux de l’actualité une réforme des retraites potentiellement explosive qui témoigne, avec les mesures envisagées pour le RSA, d’un <a href="https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2022/article/2022/03/22/emmanuel-macron-assume-l-option-d-un-projet-social-dur-pour-l-election-presidentielle_6118594_6059010.html">projet social dur</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1505820277116227586"}"></div></p>
<p>Ce positionnement très libéral vise clairement à siphonner ce qu’il reste de l’électorat de droite classique à un moment où Valérie Pécresse apparaît en chute libre dans <a href="https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/resultats-et-decryptage-par-vague.html">notre enquête</a>, en baisse à 10,5 % des intentions de vote dans la vague 7 – désormais en cinquième position – et en recul de pas moins de cinq points depuis début février.</p>
<p>L’effet drapeau semble, toutefois, s’estomper : la vague 7 de notre panel, réalisée les 10-14 mars, donne 29 % d’intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron, en baisse de 1,5 point par rapport au début du mois.</p>
<p>Toute la question, dès lors, est de savoir si la situation internationale et les développements de la guerre en Ukraine dans les semaines à venir continueront de peser sur les anxiétés et les craintes, en faveur du président sortant. La <a href="https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/resultats-et-decryptage-par-vague.html">vague 7 de l’enquête du CEVIPOF</a> montre que les questions économiques sont aujourd’hui en tête des préoccupations des Français, devant la guerre.</p>
<p>Le <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/17/pour-faire-face-aux-consequences-de-la-guerre-en-ukraine-sur-l-economie-francaise-un-plan-de-resilience-a-7-milliards-d-euros_6117835_3234.html">plan de résilience</a> adopté en urgence par le gouvernement Castex tente très clairement de répondre aux inquiétudes sur le pouvoir d’achat et d’étouffer tout début d’incendie social.</p>
<p>Si Jean-Luc Mélenchon, à gauche, et, surtout, Marine Le Pen, à droite, bénéficient aujourd’hui d’une dynamique portée par les inquiétudes sur les prix et le coût de la vie, la proximité de l’élection ne laisse qu’une courte fenêtre de tir pour tenter de mobiliser sur ces enjeux. Les élections présidentielles françaises sont, on le sait, historiquement imprévisibles, mais le contexte international paraît encore donner à Emmanuel Macron des chances sérieuses de ré-élection en avril prochain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179316/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles Ivaldi a reçu des financements de l'Agence nationale de la Recherche (ANR).</span></em></p>L’anxiété liée à la guerre en Ukraine pousserait de nombreux électeurs à se rallier à Emmanuel Macron. Mais cela sera-t-il suffisant pour remporter l’élection ?Gilles Ivaldi, Chercheur en science politique, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1794322022-03-23T19:21:35Z2022-03-23T19:21:35ZSur Parcoursup, les émotions des lycéens influencent leurs choix<p>Depuis 2018, la plate-forme numérique Parcoursup permet aux lycéens d’enregistrer leurs vœux d’orientation dans l’enseignement supérieur et de postuler auprès des différentes formations. Ce portail participe à la régulation des inscriptions dans les universités et les écoles post-bac à partir de <a href="https://www.cairn.info/revue-l-annee-sociologique-2020-2-page-337.htm?contenu=article">critères d’admission</a> supposés égalitaires et socialement justes.</p>
<p>La procédure se déroule en <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15225">trois étapes</a>. Au premier semestre, les élèves de terminale préparent leur projet d’orientation motivé en s’informant sur les formations et les professions auxquelles celles-ci conduisent. Cette réflexion est censée être poursuivie au second semestre et concrétisée par l’inscription sur la plate-forme et la formalisation des vœux. Lors de la troisième étape, en juin et juillet, les lycéens reçoivent – ou ne reçoivent pas – des propositions d’admission de la part des établissements et doivent prendre des décisions en acceptant ou non ces propositions.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/orientation-post-bac-linevitable-stress-de-parcoursup-161036">Orientation post-bac : l’inévitable stress de Parcoursup ?</a>
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<p>Le dispositif Parcoursup obéit en apparence à une logique purement cognitive intégrant dans le processus d’affectation des lycéens leurs performances scolaires, les appréciations des enseignants, l’avis du conseil de classe sur la pertinence du projet d’orientation, leurs vœux d’orientation non hiérarchisés, les capacités d’accueil et exigences fixées par les établissements d’enseignement supérieur (examen des dossiers par les commissions des formations).</p>
<p>Ces ingrédients gérés par des algorithmes constituent la partie émergée de l’iceberg car, comme le fait toute personne accomplissant une transition scolaire ou professionnelle, les élèves mobilisent inévitablement des ressources socioaffectives pour faire face à cet événement institutionnalisé. De l’élaboration des vœux aux propositions d’admission, les émotions sont au cœur du dispositif et les prendre en considération conditionne notre compréhension de cette expérience qui constitue une sorte de prototype de ces transitions qui marqueront la vie professionnelle.</p>
<h2>Les émotions au cœur de l’orientation</h2>
<p>Comme le soulignent les travaux empiriques en psychologie depuis les années 1980, les émotions, loin d’être sources de troubles du comportement et du fonctionnement psychologique, jouent au contraire un <a href="https://journals.openedition.org/osp/748">rôle de guide</a>. Elles impulsent l’action de l’individu dans une direction déterminée, et orientent les processus cognitifs (attention, mémoire, raisonnement, décision…) afin d’assurer sa sécurité physique et psychologique. Agréables ou désagréables, les émotions aident le plus souvent les lycéens à se situer et faire des choix.</p>
<p>Les élèves sont ainsi conduits au cours de ces différentes étapes à anticiper leur avenir professionnel, à se fixer un objectif qu’ils désirent atteindre et, pour ce faire, à poursuivre plus ou moins explicitement les buts et objectifs intermédiaires les acheminant progressivement vers la vie professionnelle souhaitée. Franchir ces étapes ne se fait pas sur un coup de tête. Le choix rationnel peut mobiliser de nombreux processus : se poser des questions, identifier ses talents et appétences, rechercher des informations sur les formations et les métiers, sélectionner ces dernières avec pertinence, assimiler et coordonner les informations entre elles, accommoder les manières de se concevoir, et de concevoir certaines formations ou professions…</p>
<p>Tout au long de ces opérations, les émotions sont mobilisées. À tout moment, une information peut donner naissance à une émotion plus ou moins agréable selon qu’elle perturbe ou au contraire renforce le cours des choses ou les attentes de la personne. Cela peut être le cas par exemple d’une appréciation plus ou moins favorable émanant des instances scolaires sur le projet d’orientation de l’élève.</p>
<p>Les travaux empiriques montrent en effet que de telles appréciations suscitent des <a href="https://www.cairn.info/revue-enfance-2011-4-page-465.htm">émotions multiples</a> et d’intensité variable – tristesse, colère, anxiété, dégoût, honte, culpabilité mais aussi joie, exaltation, intérêt. En particulier, les émotions négatives apparaissent significativement plus intenses lorsque l’appréciation énoncée par l’instance scolaire contrarie les vœux d’orientation, que lorsqu’elle les entérine.</p>
<h2>L’anxiété, une place particulière dans l’orientation</h2>
<p>On sait par ailleurs que les décisions d’orientation et les activités qui lui sont associées peuvent être perçues comme anxiogènes par les élèves. L’anxiété est appréhension de ce qui pourrait advenir dans un futur plus ou moins proche, et l’orientation engage l’avenir de la personne souvent durablement. Rechercher des informations sur les formations et les professions nécessite de se confronter à la nouveauté. Si la nouveauté peut être source d’enthousiasme, elle est assez fréquemment source d’inquiétude. De même, faire le choix d’une orientation implique de renoncer à d’autres possibilités, ce qui peut induire la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0001879115000640">peur de se tromper</a>.</p>
<p>Ces activités d’orientation prennent en outre place dans un contexte de transition de l’enseignement secondaire vers l’enseignement supérieur, de transition de l’adolescence à l’âge adulte, auxquels elles préparent. <a href="https://www.jstor.org/stable/40375413">L’anticipation et le vécu de ces transitions</a>, en raison notamment des changements importants qui les escortent suscitent de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0001879121000154">multiples émotions</a>, parmi lesquelles de l’anxiété.</p>
<p>Ce sentiment d’insécurité n’est toutefois pas partagé de la même façon par tous les individus. Face aux enjeux de l’orientation, et lorsqu’il s’agit de se projeter mentalement dans son avenir scolaire et professionnel, les filles déclarent davantage de <a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-internationaux-de-psychologie-sociale-2012-2-page-249.htm">peur d’échouer</a>, de décevoir leurs parents, et de s’éloigner de leurs proches, dans le cadre de leur parcours scolaire et professionnel que les garçons. De même, les élèves de milieu sociologiquement peu favorisés éprouvent une peur d’échouer et de décevoir leurs parents plus élevée que ceux d’un milieu favorisé ou moyen.</p>
<h2>Le partage social, une ressource ?</h2>
<p>Lorsqu’elles sont confrontées à un évènement qui induit des émotions, les personnes mettent en œuvre différents moyens pour tenter d’y faire face. L’un d’entre eux consiste à <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/partage-social-des-emotions/">partager</a> avec les personnes de son entourage proche l’évènement et les émotions éprouvées qui y sont associées. Pour les lycéens, parler de Parcoursup, de l’orientation, des émotions qui y sont associées, avec leurs parents, leurs amis et amies proches, ou les acteurs jouant un rôle important dans l’orientation (enseignants et enseignantes, psychologues de l’éducation nationale…), peut procurer des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10775-019-09417-z">bienfaits psychologiques</a>.</p>
<p>Le partage social permet de renforcer les liens et d’obtenir du soutien afin d’être rassuré, de restaurer l’estime de soi, le sentiment de compétence et d’atténuer le sentiment de solitude éprouvé face à la situation. En s’appuyant sur le langage et les structures logiques de pensée, il contribue en outre à réorganiser l’information et créer du sens, à réorganiser les priorités et les objectifs, envisager la situation sous un angle nouveau, et adapter ses actions en conséquence.</p>
<p>L’efficacité de ce partage repose cependant sur la qualité des liens tissés avec l’entourage. Plus les adolescents perçoivent les relations avec ces personnes comme sécurisantes, plus ils pourront s’impliquer dans ce partage, et plus ils en tireront des bénéfices psychologiques.</p>
<p>Les bonnes décisions d’orientation au sein de Parcoursup ne sont donc pas seulement fondées sur des calculs supposés rationnels mais également sur la possibilité d’en débattre sereinement avec des personnes de confiance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179432/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle VIGNOLI a reçu des financements du Ministère de l'Enseignement Supérieur de la Recherche et de l'Innovation pour effectuer une recherche sur Parcoursup. L'article présent ne fait cependant pas référence aux données de cette recherche en cours sur Parcoursup et financée par le Ministère. Il s'appuie exclusivement sur des articles déjà publiés antérieurement. </span></em></p>Parcoursup, la plate-forme d’admissions post-bac, obéit en apparence à une logique purement rationnelle. Mais les émotions sont bel et bien au cœur de ce dispositif d’orientation. Comment les gérer ?Emmanuelle Vignoli, Maîtresse de conférences (HDR) en psychologie de l'orientation, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1785702022-03-17T14:49:23Z2022-03-17T14:49:23ZCyberviolences dans les relations intimes : il faut sensibiliser les jeunes aux signes précurseurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/450491/original/file-20220307-44826-i6w1qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C2%2C943%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jusqu’à 78 % des femmes rapportent avoir déjà subi un geste de cyberviolence de la part d’un partenaire ou d’un ex-partenaire intime.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La technologie joue un rôle crucial dans les relations intimes des jeunes adultes. Elle facilite la rapidité avec laquelle ils peuvent entrer en contact avec leur partenaire et assure une accessibilité constante à leur vie privée.</p>
<p>Malheureusement, les technologies peuvent être aussi utilisées pour surveiller, contrôler, harceler et mettre de la pression sur un (ex)partenaire. Pour ce faire, <a href="https://www.inspq.qc.ca/violence-conjugale/comprendre/cyberviolences-dans-les-relations-intimes">différents dispositifs technologiques</a> sont employés pour exercer ces formes de violence (ex. : géolocalisation, services de messagerie instantanée, chaîne de diffusion vidéo, réseaux sociaux). D’ailleurs, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0747563219302237?via%3Dihub">jusqu’à 78 % des femmes</a> rapportent avoir déjà subi un geste de cyberviolence de la part d’un partenaire ou d’un ex-partenaire intime.</p>
<p>Tout comme les autres formes de violences dans les relations intimes, les cyberviolences se manifestent bien souvent dès les premières relations. Il est donc crucial d’intervenir rapidement afin d’éviter que certains comportements n’escaladent et ne se cristallisent.</p>
<p>Les initiatives de sensibilisation, bien qu’elles soient utiles et importantes, sont fréquemment développées par des experts (chercheurs et planificateurs de programmes), alors que ce sont les jeunes qui sont les mieux positionnées pour développer des initiatives auxquelles elles peuvent s’identifier.</p>
<p>C’est dans cette mouvance que notre équipe a mobilisé une démarche participative pour développer une nouvelle campagne de sensibilisation aux cyberviolences en contexte de relations intimes. Des contenus de recherche vulgarisés, ainsi que des capsules vidéos seront disponibles dès la Journée internationale des droits des femmes (8 mars), sur les réseaux sociaux du Laboratoire d’Études sur la Violence et la Sexualité (<a href="https://www.facebook.com/Laboratoire-d%C3%A9tudes-sur-la-violence-et-la-sexualit%C3%A9-2368136546806450">Facebook</a>, <a href="https://www.instagram.com/lab_evs/?hl=en">Instagram</a> et <a href="https://www.tiktok.com/@lab_evs">TikTok</a>).</p>
<h2>Ampleur des cyberviolences en contexte de relations intimes</h2>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0747563219302237?via%3Dihub">Une recension systématique des écrits</a> sur les cyberviolences en contexte de relations intimes conduite par notre équipe a révélé que celles-ci touchent majoritairement les jeunes femmes. Ces cyberviolences sont associées à une panoplie de conséquences délétères affectant leur santé mentale. Notamment, les victimes peuvent ressentir de l’<a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1557085116654565">anxiété</a>, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29544168/">moins bonne estime de soi</a> et des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1557085116654565">idées suicidaires</a>.</p>
<p><a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10926771.2021.1994499">Des travaux de notre équipe montrent que 47,3 % des jeunes</a> ont vécu de la cyberviolence en contexte de relation intime dans la dernière année, dont 75,2 % étaient des filles. Ces expériences étaient fortement associées à de la <a href="https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/26030">détresse psychologique</a>.</p>
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<p>Dès qu’il voyait que je n’étais pas chez moi, à l’école ou au travail sur la carte Snapchat, il me posait 15 000 questions ! Si j’étais en mode fantôme, il commençait à se fâcher et m’insulter parce que je lui cachais supposément chez qui j’étais.</p>
<p>Pour lui, j’ai l’impression que c’est plus qu’un droit, c’est une obligation que je partage mes codes. Un « pacte » de confiance… Si je ne lui donnais pas mes codes, c’est obligatoirement que j’avais quelque chose à cacher.</p>
</blockquote>
<p>De plus, les cyberviolences sont souvent vécues en concurrence avec d’autres formes de violences dans les relations intimes, dites « traditionnelles » (psychologiques, physiques et sexuelles), ce qui peut exacerber leurs conséquences. Or, bien que les <a href="https://www.inspq.qc.ca/violence-conjugale/comprendre/cyberviolences-dans-les-relations-intimes">femmes âgées de 18 à 29 ans soient les plus à risque de subir des cyberviolences</a>, leurs réalités et leurs besoins en termes d’intervention demeurent encore méconnus.</p>
<h2>Mobiliser des jeunes femmes victimes de cyberviolences</h2>
<p>Concernée par la situation des cyberviolences en contexte de relations intimes et dans un souci de reconnaître l’expertise des femmes qui en ont vécu, notre équipe a mobilisé des femmes âgées entre 18 et 29 ans pour développer une campagne de sensibilisation.</p>
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<p>Ça fait vraiment du bien d’en parler avec vous et de se sentir comprise ! Ça faisait super longtemps que je ne m’étais pas replongée dans toute cette histoire, je croyais que ça allait être très difficile, mais c’est incroyable de voir à quel point ça fait du bien de se sentir véritablement comprise.</p>
</blockquote>
<p>Nos nombreuses consultations avec elles ont mené au développement de 14 capsules vidéo portant sur des thèmes reconnus comme prioritaires : les <a href="https://youtu.be/aXZT2BjfERA">différentes manifestations de la cyberviolence en contexte de relations intimes</a>, les <a href="https://youtu.be/1fo1h8DQTcs">signes précurseurs (red flags)</a>, le <a href="https://youtu.be/iCtVhyycRus">partage des codes d’accès en relation</a>, les <a href="https://youtu.be/vfDBMvUp4DM">façons de surmonter les obstacles liés à la recherche d’aide</a>, les <a href="https://youtu.be/eUITE0cunCM">moyens de prévenir ou de mettre fin aux situations de cyberviolence</a>, et le <a href="https://youtu.be/GIB_sL4LvE8">rôle clé des témoins</a>, des <a href="https://youtu.be/R1UFnRu3PxQ">proches</a> et des <a href="https://youtu.be/C7v-JRTLQa4">intervenantes</a> dans les parcours de recherche d’aide des victimes.</p>
<p>À titre d’exemple, la capsule vidéo sur les « red flags » illustre quelques signes qui devraient nous inciter à faire une introspection et à réfléchir sur notre relation afin d’éviter l’escalade de la cyberviolence. Des signes tels qu’un partenaire qui demande vos codes d’accès ou vous demande sans cesse à qui vous parlez sur les réseaux sociaux, qui remet en question votre malaise ou votre refus de répondre à ses questions, l’impression de marcher sur des œufs et le fait de ressentir plus souvent des émotions désagréables dans sa relation sont quelques « red flags » qui y sont abordés. La capsule vidéo se termine avec un message clair pour les victimes qui peuvent douter de leurs perceptions lorsqu’elles constatent certains signes dans leur relation : « Tu n’imagines pas des choses. Écoute-toi. »</p>
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<figcaption><span class="caption">Les signes précurseurs, ou « red flags », de la cyberviolence.</span></figcaption>
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<p>Au terme de cette démarche, notre équipe a fait état d’un constat important : donner la parole aux populations concernées est incontournable pour orchestrer les actions de prévention des violences faites aux femmes et de promotion des relations intimes positives et égalitaires.</p>
<h2>La prévention des cyberviolences en contexte de relations intimes</h2>
<p>Engager les jeunes dans l’élaboration des initiatives de prévention et de sensibilisation leur étant destinées contribue non seulement à accroître leur sentiment d’autonomisation, mais assure que les messages véhiculés répondent adéquatement à leurs besoins. Par ailleurs, il importe de miser sur des approches qui font appel aux témoins et aux confidentes potentielles afin de les outiller à intervenir de manière adéquate et sécuritaire face aux cyberviolences.</p>
<p>Les garçons et les hommes ont aussi un rôle clé à jouer en matière de prévention des cyberviolences en contexte de relations intimes et devraient être interpellés par les messages de sensibilisation. Conjointement avec les initiatives de sensibilisation, des contenus d’éducation à la sexualité qui abordent les relations intimes positives et égalitaires et qui misent sur le développement d’un esprit critique face à l’utilisation des technologies dans les relations intimes, peuvent contribuer à réduire les cyberviolences, et par le fait même, à une société plus égalitaire pour les jeunes générations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178570/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mylène Fernet a reçu des financements du Secrétariat à la condition féminine du Québec; FRQ-SC, CRSH, ACSPC.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span><a href="mailto:brodeur.genevieve@uqam.ca">brodeur.genevieve@uqam.ca</a> a reçu des financements du CRSH </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Martine Hébert a reçu des financements du programme des Chaires de recherche du Canada et du FRQ-SC.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Roxanne Guyon a reçu des financements du Conseil de Recherche en Sciences Humaines (CRSH) ainsi que des Fonds de Recherche du Québec - Société et Culture (FRQ-SC)</span></em></p>Les technologies de l’information jouent un rôle crucial dans les relations intimes des jeunes. Or, elles peuvent parfois être utilisées pour surveiller, contrôler et harceler une partenaire intime.Mylène Fernet, Professeure titulaire, Département de sexologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Geneviève Brodeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Martine Hébert, Professor, Department of Sexology, Université du Québec à Montréal (UQAM)Roxanne Guyon, Ph.D(c) sexologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.