tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/bien-etre-29815/articlesbien-être – The Conversation2024-03-28T08:58:50Ztag:theconversation.com,2011:article/2204292024-03-28T08:58:50Z2024-03-28T08:58:50ZPeut-on être trop heureux pour se préoccuper du climat ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567573/original/file-20240102-29-1brw8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le bien-être social participe à la prise de conscience climatique... mais seulement jusqu'à un certain point.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/homme-couple-amour-femme-9750932/">Koolshooters / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Notre bien-être est-il toujours bon pour la planète ? Le <a href="https://www.coe.int/t/dg3/socialpolicies/socialcohesiondev/source/Trends/Trends-20_fr.pdf">bien-être social</a> est un concept qui englobe à la fois la santé mentale et physique, les relations interpersonnelles ainsi que le sentiment d'appartenance à la communauté. Il est essentiel pour que les individus se sentent capables et motivés à agir. À cet égard, il constitue donc un levier précieux pour agir contre le changement climatique.</p>
<p>Mais en excès, il peut aussi se transformer en frein : car si aucune limite n’est mise, la quête d’un bien-être absolu par quelques-uns peut entraver la quête de durabilité de tous. Où tracer la ligne ? À partir de quand cet excès de bien-être peut-il avoir des effets délétères ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-liens-sociaux-sont-essentiels-pour-le-bien-etre-voici-sept-manieres-deviter-lisolement-205466">Les liens sociaux sont essentiels pour le bien-être. Voici sept manières d’éviter l’isolement</a>
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<p>Pour le comprendre, il faut déjà en finir avec le mythe de l’humain purement rationnel : <em>Homo œconomicus</em> reste un <em>Homo sapiens</em> guidé par la chimie de son cerveau. Effet rebond, inégalités sociales et <a href="https://theconversation.com/fr/topics/bulle-de-filtre-23254">bulles de filtres</a> sur les réseaux sociaux renforcent nos comportements les plus dommageables au plan environnemental.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/face-au-changement-climatique-faire-de-la-peur-un-moteur-et-non-un-frein-200876">Face au changement climatique, faire de la peur un moteur et non un frein</a>
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<p>Surtout, il convient de réintégrer les inégalités socio-économiques dans notre approche du progrès social. Des politiques publiques visant à l’amélioration du bien-être pourraient faire partie de la solution, à condition de cibler les populations qui en ont le plus besoin. Comprendre : à condition de ne pas alimenter de nouveaux comportements incompatibles avec la crise climatique chez les autres.</p>
<h2>Le bien-être social, bon pour la planète… jusqu’à un certain point</h2>
<p>La capacité des citoyens à agir face aux crises climatique et environnementale va dépendre de leurs compétences, de leurs motivations et de leurs envies personnelles. Autant de facteurs <a href="https://www.mdpi.com/2673-8392/2/3/79">influencés par le bien-être social</a>. Et de fait, la littérature scientifique suggère que les pays qui ont un niveau de bien-être social élevé <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0960148121000070">créent un environnement propice à l’engagement des citoyens</a> dans la lutte contre le changement climatique.</p>
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<p>En effet, les citoyens en bonne santé sont plus susceptibles de participer activement à des initiatives écologiques, tandis que ceux qui bénéficient d’un réseau social solide et d’un bon niveau d’éducation ont tendance à être mieux informés et à <a href="https://www.librairie-sciencespo.fr/livre/9780192893307-development-as-freedom-amartya-sen/">s’engager davantage dans des pratiques soutenables</a>. Le développement de la santé, de l’éducation ou de l’accès à Internet favorise aussi le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0360544223011854">développement des énergies renouvelables</a>, par exemple.</p>
<h2>En finir avec <em>Homo œconomicus</em></h2>
<p>En 1992, l’économiste Manfred Max-Neef présentait une <a href="https://www.researchgate.net/figure/Matrix-of-Needs-and-Satisfiers-Max-Max-Neef-1992b-206-7_tbl2_237428304">matrice des neuf besoins humains fondamentaux</a>. On y retrouvait : l’affection, la compréhension, la créativité, l’identité, la liberté, les loisirs, la participation, la protection et la subsistance.</p>
<p>Pour répondre efficacement à ces besoins, Max-Neef identifiait quatre catégories existentielles, où se déclinent les neuf besoins précédents :</p>
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<li><p>l’être (soit des qualités comme le fait d’avoir une bonne santé physique ou mentale),</p></li>
<li><p>l’avoir (soit des choses telles que la nourriture, un logement…),</p></li>
<li><p>le faire (soit des actions, comme le fait de se reposer ou de travailler),</p></li>
<li><p>et enfin l’interaction (par exemple participer à la vie de la communauté)</p></li>
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<p>L’apport de Max-Neef a été de dépasser la vision qui prédominait jusqu’alors, consistant à considérer notre espèce comme <em>Homo œconomicus</em> – soit un individu rationnel jamais rassasié qui va privilégier l’accumulation de toujours plus de biens matériels, dont les besoins illimités ne seront jamais pleinement satisfaits.</p>
<p>Car au cœur de cette conception se trouve un dilemme crucial : une croissance illimitée du bien-être social de chacun est-elle souhaitable pour lutter contre le changement climatique ?</p>
<p>Les besoins fondamentaux tels que la subsistance, la protection, et la liberté sont globalement atteints dans de nombreux pays du monde, même si cela est encore loin d’être acquis partout : <a href="https://www.un.org/en/exhibits/page/sustainable-development-goals">selon les Nations unies</a>, 731 millions de personnes luttent encore pour satisfaire les besoins humains les plus élémentaires. En parallèle, dans des pays développés, de plus en plus d’individus ayant satisfait leurs besoins fondamentaux se tournent <a href="https://www.scirp.org/journal/paperinformation?paperid=108876">vers des expériences de consommation hédoniste</a>.</p>
<h2>Quand la recherche du plaisir atteint un point critique</h2>
<p>Le concept de Max-Neef se rapporte à des comportements observés dans le règne animal. Comme les humains, les autres mammifères adoptent des comportements qui leur procurent du plaisir, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3004012/">ce qui suggère des similitudes dans le circuit de la récompense du cerveau</a>.</p>
<p>Le lien entre le plaisir anticipé et les récompenses retardées, comme démontré par des expériences sur la <a href="https://planet-vie.ens.fr/thematiques/animaux/systeme-nerveux-et-systeme-hormonal/le-circuit-de-la-recompense">réponse dopaminergique chez le singe</a>, met en évidence un mécanisme d’apprentissage et de motivation, qui existe chez l’homme comme chez le singe.</p>
<p>Le plaisir anticipé y est associé dans le cerveau à la libération de dopamine, <a href="https://www.cairn.info/revue-l-annee-psychologique-2022-2-page-339.htm">ce qui nous motive biologiquement à obtenir la récompense</a> souhaitée. Les gains matériels peuvent ainsi contribuer à notre bien-être en nourrissant des émotions positives ainsi que notre satisfaction psychologique.</p>
<p>Chez l’homme, cette tendance à rechercher le plaisir a atteint un point critique à travers l’émergence de la <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/La-Societe-de-consommation">société de consommation</a>. Les sociétés qui ont internalisé les valeurs du consumérisme ont atteint un stade du développement où elles tirent tellement de plaisir de leurs modes de vie qu’elles ne se rendent pas toujours compte du mal qu’ils leur causent.</p>
<p>Elles sont prises dans un <a href="https://books.google.fr/books?id=FS6sDwAAQBAJ&printsec=copyright">cycle sans fin d’extraction, de transformation, de production, de transport, de consommation et d’élimination</a>, juste pour satisfaire un besoin de plaisir.</p>
<h2>Bulles de filtre et effet rebond</h2>
<p>À l’heure du numérique, cette recherche du plaisir se joue désormais sur le terrain des réseaux sociaux. Chaque notification, partage ou « like » peut déclencher une petite libération de dopamine, <a href="https://amplifyingcognition.com/the-neuroscience-behind-social-media-dependence-and-how-to-overcome-it/">activant notre circuit de la récompense et renforçant notre engagement</a> sur ces plates-formes. Les algorithmes qui régissent nos fils d’actualité ne font pas autre chose : ils nous fournissent un flux de contenu personnalisé qui correspond à nos comportements et intérêts antérieurs, <a href="https://books.google.fr/books/about/The_Filter_Bubble.html?id=-FWO0puw3nYC">créant ainsi un effet de chambre d’écho</a>.</p>
<p>Par exemple, si votre activité sur les médias sociaux est centrée sur la « fast fashion », les voitures de luxe et les destinations de voyage exotiques, vous aurez moins de chances d’être exposés à des contenus sur les achats d’occasion, les véhicules électriques ou l’écotourisme local.</p>
<p>Cela illustre la manière dont les « bulles de filtre » peuvent renforcer les comportements préjudiciables à l’environnement. Elles nous permettent d’habiter un espace numérique réconfortant qui nous confronte rarement aux réalités inconfortables ou à l’urgence de la dégradation de l’environnement.</p>
<p>Il peut sembler contradictoire que l’amélioration du bien-être social entraîne une diminution de la sensibilisation du public. Mais il est facilement admis dans d’autres domaines, comme l’économie, qu’une amélioration technologique, en permettant une baisse des prix, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800914002055">stimule une hausse de la consommation dans un autre domaine</a> à travers un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666784321000267">effet rebond indirect</a>. Ainsi, les consommateurs peuvent dépenser les économies réalisées grâce à leur nouvelle chaudière plus économe en énergie pour partir plus loin en vacances à l’étranger – et émettre davantage de CO<sub>2</sub> du fait du voyage en avion.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/leffet-rebond-quand-la-surconsommation-annule-les-efforts-de-sobriete-197707">L'effet rebond : quand la surconsommation annule les efforts de sobriété</a>
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<p>Comme <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1462901104000371">l’a souligné la chercheuse Brenda Boardmann</a> dans des travaux sur l’efficacité énergétique dans les foyers britanniques, les gains d’efficacité réalisés ont été effacés par la multiplication des appareils et leur gain de taille et de puissance. « À un moment donné, la société devra reconnaître que des niveaux de vie toujours plus élevés menacent notre capacité à limiter le changement climatique et, par conséquent, réduisent notre qualité de vie future », écrivait-elle.</p>
<h2>Prioriser les personnes les plus défavorisées</h2>
<p>Tout ceci possède de fortes implications politiques. Il peut être éclairant de transposer ici le concept de « iatrogénie », terme médical où il s’agit des effets secondaires involontaires provoqués par un traitement ou une intervention médicale. Car si le traitement (dans ce cas, la recherche perpétuelle du bien-être) non seulement ne guérit pas (ou ne sensibilise pas à l’environnement) mais conduit en fait à de nouveaux problèmes (tels que l’aggravation des crises climatique et environnementale), peut-être devrions-nous arrêter ce traitement ?</p>
<p>C’est la question que nous posons, <a href="https://nouveautes-editeurs.bnf.fr/accueil?id_declaration=10000000900241&titre_livre=Happy_End">inspirés par les réflexions de Nicolas Hazard</a>, qui traçait un parallèle entre croissance économique et traitement médical – et leurs effets indésirables pour la santé du patient ou pour celle de la planète.</p>
<p>Autrement dit, les gouvernements n’ont pas besoin d’accroître éternellement le bien-être social pour atténuer le changement climatique. Au contraire, une approche plus ciblée pourrait être adoptée en donnant la priorité aux groupes sociaux dont les niveaux de bien-être sont plus faibles. Cette stratégie garantirait une allocation plus efficace des ressources pour maximiser l’impact environnemental, tout en améliorant le développement social global et le bien-être individuel de ces populations.</p>
<p>Prenons un exemple concret. Le choix de passer d’un <a href="https://theconversation.com/stationnement-des-suv-nos-voitures-sont-elles-devenues-obeses-222547">SUV gourmand en essence à une voiture compacte et économe</a> en carburant est une décision écologique cohérente pour la planète, mais elle n’est peut-être pas à la portée de tout le monde, surtout si vous avez un budget serré et que vous dépendez de votre véhicule pour vos déplacements quotidiens.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567600/original/file-20240102-19-nrcu9p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567600/original/file-20240102-19-nrcu9p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567600/original/file-20240102-19-nrcu9p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567600/original/file-20240102-19-nrcu9p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567600/original/file-20240102-19-nrcu9p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567600/original/file-20240102-19-nrcu9p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567600/original/file-20240102-19-nrcu9p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Changer de véhicule pour acquérir par exemple une voiture électrique n’est pas un geste écologique à la portée de tout le monde.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rathaphon Nanthapreecha</span></span>
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<p>En réalité, il existe un lien direct entre le niveau de vie et la pression sur l’environnement. Plus une personne sera riche, plus elle aura tendance à polluer, <a href="https://wir2022.wid.world/www-site/uploads/2021/12/Summary_WorldInequalityReport2022_French.pdf">comme l’a montré un rapport publié en 2022</a>. Au niveau mondial, les 10 % de personnes les plus riches sont responsables de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre, alors que les 50 % les plus pauvres n’en sont responsables qu’à hauteur de 12 %.</p>
<p>Pour susciter un changement plus large, il est important de créer une vision convaincante de l’avenir qui incite les gens à prendre part au changement. Adopter un régime végétarien ou conduire un véhicule électrique sont des mesures importantes, mais insuffisantes si notre volume de consommation total reste inchangé. Et cela d’autant plus si ces options plus respectueuses de l’environnement ne sont accessibles qu’à quelques privilégiés.</p>
<p>Un changement de paradigme s’impose, qui nécessite des choix politiques forts et l’union des consommateurs autour des préoccupations écologiques. Nous devons construire un <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-justice_environnementale_vers_de_nouvelles_injustices_sociales_damien_bazin-9782343176741-63583.html">cadre écologique inclusif qui reconnaisse les besoins de tous</a> sans marginaliser les comportements individuels ni ignorer nos différences.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220429/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Doctorante à l'Université Côte d'Azur, membre du Laboratoire GREDEG-CNRS et membre du laboratoire LEGI de l'Ecole Polytechnique de Tunisie, Université de Carthage. </span></em></p>Le concept de bien-être social permet de comprendre pourquoi, en dépit des progrès réalisés pour répondre aux besoins humains les plus fondamentaux, la crise climatique est toujours là.Abir Khribich, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2236862024-02-26T15:47:24Z2024-02-26T15:47:24ZQuiet quitting : ce que nous apprend TikTok sur les « démissionnaires silencieux »<p>Après le <a href="https://theconversation.com/le-mystere-de-la-grande-demission-comment-expliquer-les-difficultes-actuelles-de-recrutement-en-france-173454">« big quit »</a> ou grande démission, le <a href="https://theconversation.com/quiet-quitting-au-dela-du-buzz-ce-que-revelent-les-demissions-silencieuses-192267"><em>quiet quitting</em></a> ou démission silencieuse apparaît en juillet 2022. L’institut de sondage <a href="https://www.gallup.com/workplace/398306/quiet-quitting-real.aspx">Gallup</a> désigne avec ce terme les personnes qui « ne se surpassent pas au travail et se contentent de répondre à la description de leur poste ». La démission silencieuse reflète-t-elle un désengagement progressif de l’individu vis-à-vis de ses tâches professionnelles ? Serait-elle un préliminaire au changement professionnel ?</p>
<p>Pour tenter de comprendre ce phénomène censé être silencieux, nous sommes allées enquêter dans un endroit plutôt bruyant : TikTok. Y ont été analysées toutes les vidéos postées entre juillet et décembre 2022, ainsi que leurs commentaires, qui ressortaient en entrant les mots-clés « quiet quitting » ou « démission silencieuse ».</p>
<p>Les vidéos présentent une grande variété de profils, ce dans le monde entier. L’<a href="https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1993_num_105_1_2525_t1_0132_0000_2">analyse</a> textuelle manuelle puis <a href="https://www.lexicool.com/text_analyzer.asp">automatisée</a> que nous avons menée, et qui a fait l’objet d’une communication au congrès 2023 de l’Association francophone de gestion des ressources humaines (<a href="https://www.agrh.fr/actes-des-congrs">AGRH</a>), a permis de mettre en lumière quelques traits majeurs du phénomène.</p>
<h2>Raisonnables ou fainéants ?</h2>
<p>« Ne plus s’investir », « pas d’implication », <a href="https://www.tiktok.com/@thelizjane/video/7134760912354905350">« se déconnecter des valeurs de l’entreprise »</a>, « se définir autrement que par le travail ». Celles et ceux s’inscrivant dans une démission silencieuse témoignent en premier lieu d’une perte de sens et d’un mal-être au travail. Les signes manifestes de cette démission silencieuse sont un désengagement, une démotivation, un détachement vis-à-vis du travail. Parmi leurs souhaits figurent la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle et un meilleur respect de leur sphère privée. La démission silencieuse peut même être présentée comme allant de soi : il s’agirait juste de <a href="https://www.tiktok.com/@scottseiss/video/7136571129325489451?q=Cartel%20Pagel%20quiet%20quitting&t=1706866481233">« faire son travail normalement »</a>, de « travailler de manière raisonnée » ; elle est même revendiquée quelquefois avec virulence.</p>
<p><div data-react-class="TiktokEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.tiktok.com/@scottseiss/video/7136571129325489451"}"></div></p>
<p>Certains continuent alors d’œuvrer normalement mais sans dépasser certaines limites qu’ils se fixent : <a href="https://www.tiktok.com/@yorchbesos/video/7138120624739716358?q=yoch%20besos%20quiet%20quitting&t=1707468055064">« pas d’heure supplémentaire »</a>, « pas de tâches additionnelles ». Ils indiquent « faire le strict minimum » ; ils peuvent aussi, sciemment, « rendre les travaux en retard », ou même revendiquent un « non-respect des horaires ».</p>
<p>Beaucoup jouent avec les limites de ce qu’il est possible de (ne pas) faire. « Faire des pauses » est autorisé, mais en faire trop est peu professionnel, voire prohibé. La question est celle de la frontière, floue, entre ce qu’établit le salarié et ce qui est acceptable par l’employeur. Souvent, le démissionnaire silencieux est qualifié comme tel car la limite, si elle est franchie, l’est de façon difficilement perceptible ou peu répréhensible. On parle ici de comportements de « retrait ».</p>
<p>Des approches plus critiques vis-à-vis des démissionnaires silencieux émanent alors de personnes se présentant comme étant en position de management. Pour ces dernières, le démissionnaire silencieux est paresseux, <a href="https://www.tiktok.com/@kevinolearytv/video/7136748485453434155?q=mr.%20wonderful%20quiet%20quitting&t=1706865446780">« fainéant »</a>. Il manquerait d’ambition, serait en train de « tromper son employeur ». Il aurait un comportement contre-productif, serait une perte de temps pour l’entreprise : d’ailleurs il <a href="https://www.tiktok.com/@mattwalsh_/video/7153769990234049835?q=matt%20walsh%20quiet%20quitting&t=1706868610225">« ne souhaite pas évoluer »</a>.</p>
<p><div data-react-class="TiktokEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.tiktok.com/@kevinolearytv/video/7136748485453434155"}"></div></p>
<h2>Se mettre en retrait</h2>
<p>Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer la démission silencieuse. La première est relative à une rémunération en deçà du niveau espéré étant donné le travail accompli : le souhait est de <a href="https://www.tiktok.com/@ioli_dice/video/7135270119088950533?q=Ioli%20dice%20quiet%20quitting&t=1706867168230">« travailler à la hauteur de [« son »] salaire »</a>. Une injustice perçue serait ainsi réparée.</p>
<p>Une autre famille de raisons concerne la surcharge de travail ressentie. Le démissionnaire silencieux n’a « pas de temps, pas de vacances » ; il souffre de « surmenage ». Il peut également avoir pour sentiment qu’il n’a <a href="https://www.tiktok.com/@michou_bidoo/video/7137197496081665285?q=michou%20bidoo%20quiet%20quitting&t=1706867490571">« pas de reconnaissance de [« son »] employeur sur [« son »] travail »</a>. Certaines raisons invoquées concernent également des enjeux sociétaux auxquels ils réagissent : un <a href="https://www.tiktok.com/@laurabienetreautravail/video/7142538268892990726">« malaise profond [« inhérent au »] monde du travail »</a> dans son ensemble ; une « réflexion et [une] remise en question post-Covid » ; ou encore la <a href="https://www.tiktok.com/@jobhackeuse/video/7138093854682615046?q=laura%20d%C3%A9mission%20silencieuse&t=1706867641173">« suite de la grande démission »</a>.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/reel/Cxu3MvbqsT1","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>Quand cela prend la forme d’un comportement de retrait, est-ce une phase amont du <a href="https://www.cairn.info/reconstruire-sa-vie-professionnelle--9782130607687.htm">changement professionnel</a> ? Ces démissionnaires silencieux seraient, peut-être, dans un <a href="https://sci-hub.se/10.1016/j.childyouth.2010.06.006">désinvestissement organisationnel</a> progressif. Le comportement de retrait pourrait être une <a href="https://portaildocumentaire.inrs.fr/Default/doc/SYRACUSE/132324/les-conduites-de-retrait-comme-strategies-defensives-face-au-harcelement-psychologique-au-travail-3-?_lg=fr-FR">protection utilisée par l’individu</a>, une stratégie de désinvestissement psychologique pour, par exemple, se prémunir d’un éventuel <a href="https://www.researchgate.net/publication/227634716_The_Measurement_of_Experienced_Burnout">burn-out</a>.</p>
<p>En attente d’un changement, nos tiktokeurs maintiendraient un niveau d’activité minimal. Ils pourraient également <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/105348229190011Z">calculer leur implication</a> au travail pour s’engager davantage dans leur sphère privée, nommant alors cette posture par un terme en vogue. Enfin, parce qu’ils seraient sur le départ, en fin de contrat par exemple, ils se désengageraient naturellement de l’organisation et de leur travail. Nous avons donc ici plusieurs hypothèses quant aux suites de leurs parcours qu’une recherche plus approfondie, longitudinale, permettrait de creuser.</p>
<h2>Pour les RH repérer les signaux faibles</h2>
<p>Cette recherche ouvre néanmoins des perspectives aux gestionnaires des ressources humaines pour détecter des transitions professionnelles avant leur survenue effective.</p>
<p>En amont d’un changement professionnel, des signaux faibles sont émis. La démission silencieuse pourrait être l’un d’entre eux. En identifiant le désinvestissement même peu apparent, le refus de prendre des responsabilités, de faire des heures supplémentaires, le gestionnaire des ressources humaines peut détecter les individus à réengager dans le collectif de travail. Il peut aussi faciliter leur transition professionnelle, qu’elle soit interne ou externe à l’organisation.</p>
<p>Notre recherche ne permet pas de conclure définitivement sur le long terme : les démissionnaires silencieux peuvent décider de partir ou pas, de continuer à se comporter ainsi ou pas. Et le réseau social étudié est non exempt de limites et de biais. La richesse des verbatim, la diversité des répondants, la cohérence des données et de leur analyse avec la littérature relative au changement professionnel en fait cependant un matériau tout à fait passionnant notamment pour appréhender un phénomène se revendiquant comme silencieux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223686/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La démission silencieuse fait malgré tout parler sur TikTok, un matériau exploité par nos experts pour mieux comprendre le phénomène.Sylvie Rascol-Boutard, Maître de conférences HDR en sciences de gestion, Université de MontpellierAurélia El Yacoubi, Doctorante en Sciences de Gestion, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2214842024-01-26T14:56:06Z2024-01-26T14:56:06ZL’IA apprend à analyser les communications des poulets pour nous aider à comprendre leurs gloussements<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570212/original/file-20240116-21-fbzgp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C6000%2C3970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les poulets sont des communicateurs hors pair.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Vous êtes-vous déjà demandé de quoi parlent les poulets ? Les poulets sont des communicateurs doués ; leurs gloussements, leurs cris et leurs roucoulements ne sont pas des sons aléatoires, mais un système linguistique complexe. Ces cris sont leur façon d’interagir avec le monde et d’exprimer leur joie, leur peur et de se transmettre des repères sociaux.</p>
<p>Comme pour les humains, le « langage » des poulets varie en fonction de l’âge, de l’environnement et, étonnamment, de la <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0010639">domestication</a>, ce qui nous permet de mieux comprendre leurs <a href="https://doi.org/10.3390/ani11020434">structures sociales</a> et leurs comportements. La compréhension de ces vocalisations peut transformer notre approche de l’aviculture, en améliorant le bien-être et la qualité de vie des poulets.</p>
<p>Nos recherches à l’université Dalhousie appliquent l’intelligence artificielle (IA) pour décoder le langage des poulets. Ce projet devrait révolutionner notre connaissance de ces créatures à plumes et de leurs méthodes de communication, en nous offrant une fenêtre sur leur monde qui nous était jusqu’à présent fermée.</p>
<h2>Traducteur de poulet</h2>
<p>L’utilisation de l’IA et de l’apprentissage automatique dans ce domaine revient à disposer d’un traducteur universel pour le langage des poulets. L’IA peut analyser de grandes quantités de données audio. Comme le montrent nos recherches, qui doivent encore faire l’objet d’une évaluation par les pairs, nos algorithmes apprennent à reconnaître les schémas et les nuances dans les <a href="https://doi.org/10.1101/2023.12.26.573338">vocalisations des poulets</a>. La tâche n’est pas simple : les poulets émettent toute une gamme de sons dont la hauteur, la tonalité et le contexte varient.</p>
<p>Mais grâce à des techniques avancées d’analyse des données, nous commençons à déchiffrer leur code. Cette percée dans le domaine de la communication animale n’est pas seulement une réussite scientifique ; c’est aussi un pas vers un traitement plus humain et plus empathique des animaux d’élevage.</p>
<p>L’un des aspects les plus intéressants de cette étude est la compréhension du contenu émotionnel de ces sons. Grâce au traitement du langage naturel (TLN), une technologie souvent utilisée pour déchiffrer les langues humaines, nous apprenons à interpréter l’<a href="https://doi.org/10.3390/s21020553">état émotionnel des poulets</a>. Sont-ils stressés ? Sont-ils contents ? En comprenant leur <a href="https://doi.org/10.3390/ani12060759">état émotionnel</a>, nous pouvons prendre des décisions plus éclairées concernant leurs soins et leur environnement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une personne en combinaison blanche tenant un iPad et entourée de poulets" src="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Comprendre les expressions des poulets aura un impact sur la façon dont ils sont élevés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Communication non verbale chez les poulets</h2>
<p>Outre les vocalisations, nos recherches portent également sur les indices non verbaux permettant d’évaluer les émotions des poulets. Nous avons ainsi étudié le clignement des yeux et la température du visage. La manière dont ces éléments peuvent constituer des <a href="https://doi.org/10.1101/2022.01.31.478468">indicateurs fiables</a> de l’état émotionnel des poulets est analysée dans une publication préliminaire (pas encore évaluée par les pairs).</p>
<p>En utilisant des méthodes non invasives telles que la vidéo et l’imagerie thermique, nous avons observé des changements de température autour des yeux et de la tête, ainsi que des variations dans le comportement de clignement des yeux, qui semblent être des réponses au stress. Ces résultats préliminaires ouvrent de nouvelles voies pour comprendre comment les poulets expriment leurs sentiments, tant sur le plan comportemental que physiologique, ce qui nous fournit des outils supplémentaires pour évaluer leur bien-être.</p>
<h2>Des volailles plus heureuses</h2>
<p>Ce projet dépasse le cadre de la curiosité intellectuelle ; ses <a href="https://doi.org/10.1101/2022.07.31.502171">retombées sont réelles</a>. Dans le secteur agricole, la compréhension des vocalisations des poulets est un moyen d’améliorer les pratiques d’élevage. Les agriculteurs peuvent utiliser ces connaissances pour créer de meilleures conditions de vie, ce qui se traduit par des poulets plus sains et plus heureux. Cela peut en retour avoir un effet sur la qualité des produits, la santé des animaux et l’efficacité globale de l’exploitation.</p>
<p>Les résultats de cette recherche peuvent également être appliqués à d’autres domaines de l’<a href="https://doi.org/10.1016/j.measurement.2022.110819">élevage</a>, ce qui pourrait déboucher sur des avancées dans la manière dont nous interagissons avec une variété d’animaux de ferme et dans les soins qui leur sont prodigués.</p>
<p>Mais nos travaux ne se limitent pas aux pratiques agricoles. Ils pourraient influencer les politiques en matière de bien-être animal et de traitement éthique. L’évolution de notre connaissance de ces animaux nous incite à <a href="https://doi.org/10.3390/agriengineering5010032">plaider pour leur bien-être</a>. Cette étude modifie la façon dont nous envisageons notre relation avec les bêtes, en privilégiant l’empathie et la compassion.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un homme introduit sa main dans un poulailler rempli de poulets" src="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La compréhension de la communication et du comportement des animaux peut avoir une influence sur les politiques en matière de bien-être animal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Unsplash/Zoe Schaeffer)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>IA éthique</h2>
<p>L’utilisation éthique de l’IA dans ce contexte crée un précédent pour les futures applications technologiques dans le domaine de la science animale. Nous démontrons que la technologie peut et doit être employée pour <a href="https://doi.org/10.1007/s44230-023-00050-2">favoriser le bien-être de tous les êtres vivants</a>. C’est une responsabilité que nous prenons au sérieux ; nous veillons à ce que nos avancées en matière d’IA soient conformes aux principes éthiques et au bien-être des sujets de notre étude.</p>
<p>Les retombées de nos recherches s’étendent également à l’éducation et aux efforts de conservation. En comprenant les méthodes de communication des poulets, nous acquérons des connaissances sur le langage aviaire en général, offrant ainsi une perspective unique sur la complexité des systèmes de communication animale. Ces enseignements peuvent s’avérer essentiels pour les défenseurs de l’environnement qui œuvrent à la protection des espèces d’oiseaux et de leurs habitats.</p>
<p>En poursuivant nos avancées dans ce domaine, nous ouvrons les portes d’une nouvelle ère dans l’<a href="https://doi.org/10.3389/fvets.2021.740253">interaction entre l’animal et l’homme</a>. Notre quête pour <a href="https://doi.org/10.20944/preprints202309.1714.v1">décoder le langage des poulets</a> est plus qu’une simple recherche universitaire : c’est un pas vers un monde plus empathique et plus responsable.</p>
<p>En tirant parti de l’IA, nous ne nous contentons pas de percer les secrets de la communication aviaire, mais nous établissons également de nouvelles normes en matière de bien-être animal et d’utilisation éthique des technologies. La période dans laquelle nous vivons est passionnante ; nous sommes à l’aube d’une conception nouvelle de la relation entre l’homme et le monde animal, et tout commence par le poulet.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221484/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Suresh Neethirajan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’intelligence artificielle peut traiter un grand nombre de vocalisations de poulets et identifier des schémas dans les communications entre volatiles.Suresh Neethirajan, University Research Chair in Digital Livestock Farming, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2196912024-01-17T14:46:59Z2024-01-17T14:46:59ZComment un simple vélo peut changer la vie des jeunes en milieu défavorisé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568465/original/file-20240109-19-24agn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C989%2C717&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’organisme Cyclo Nord-Sud a mis sur pied, en 2023, le projet pilote Construis ton vélo!.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Notre état de santé dépend en partie de nos modes de déplacement. Le temps que l’on consacre à nos trajets en vélo, en voiture ou en transport en commun peut en effet avoir un effet positif ou négatif sur notre santé physique et mentale.</p>
<p>Or, l’organisation de notre quartier favorise certains modes de transport plus que d’autres.</p>
<p>C’est le <a href="https://urbanisme.umontreal.ca/fileadmin/amenagement/URB/Realisations-etudiantes/Expo-des-finissants/EFFA-2012/Analyser/SICG.pdf">cas du quartier Saint-Michel à Montréal</a>, dont la planification urbaine est centrée sur la voiture. De plus, il s’agit de l’un des quartiers les plus défavorisés du Québec. Ainsi, les personnes qui ne possèdent pas de voiture dépendent des transports publics, ce qui leur impose des trajets plus longs et plus éprouvants.</p>
<p>En raison d’une circulation mal adaptée et dangereuse pour les déplacements actifs, le vélo est le grand absent des modes de transport dans Saint-Michel. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les habitants, puisque ce mode de transport favorise la participation sociale et présente de nombreux bénéfices pour la santé physique et mentale.</p>
<p>C’est dans cette visée que l’organisme <a href="https://cyclonordsud.org/">Cyclo Nord-Sud</a> a mis sur pied, en 2023, le projet pilote <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8WP3JOv963g"><em>Construis ton vélo !</em></a>, lauréat de l’Incubateur civique de la <a href="https://www.mis.quebec/">Maison de l’innovation sociale</a>.</p>
<p>Il s’agit d’un programme parascolaire offert aux jeunes d’une école secondaire du quartier Saint-Michel, encadré par des bénévoles responsables, soit leur professeur d’éducation physique et un coach en mécanique. Les élèves ont été amenés à construire leur vélo de A à Z en binôme pendant 18 semaines. Ils ont donc terminé le programme avec, en poche, un vélo assemblé et de multiples connaissances pratiques en mécanique vélo.</p>
<p>Notre équipe de chercheurs en kinésiologie du <a href="https://sap.uqam.ca/">département des sciences de l’activité physique</a> de l’UQAM a collaboré avec Cyclo Nord-Sud pour comprendre les effets du projet du point de vue des participants. Concrètement, nous avons mené des groupes de discussion avec les élèves et analysé ce qui a été exprimé. Ce travail a d’ailleurs fait l’objet d’une <a href="https://osf.io/preprints/osf/vys83">publication académique</a> dans la revue <em>Santé Publique</em>.</p>
<h2>L’approche humaine et le sentiment d’accomplissement</h2>
<p>Une retombée importante du programme est le sentiment de fierté et d’accomplissement. Ces sentiments, nourris par les relations que les jeunes ont entretenues avec les bénévoles encadrants, ont permis d’instaurer un climat d’apprentissage agréable non seulement entre les élèves, mais aussi avec le coach mécanique et l’enseignant.</p>
<p>Par exemple, un des jeunes exprimait avoir ressenti de la fierté lors des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Tout ce que je fais ici j’étais fier […] t’es tout le temps en train d’avancer et j’étais tout le temps près de finir mon vélo, j’étais fier de ça.</p>
</blockquote>
<h2>Un environnement d’apprentissage bienveillant</h2>
<p>Les jeunes ont souvent évoqué la différence entre être dans une salle de classe ou à l’école en général. L’ambiance plus libre des ateliers s’opposait ainsi à l’atmosphère scolaire plus rigide.</p>
<p>Ils ont également souligné l’effet relaxant des ateliers, et son rôle parfois thérapeutique. Le fait que ce soit une activité parascolaire pourrait expliquer le sentiment de bien-être exprimé par les jeunes.</p>
<p>Un participant exprimait d’ailleurs l’effet positif de l’attitude des bénévoles encadrants :</p>
<blockquote>
<p>Ce que j’apprécie aussi, c’est qu’il (l’enseignant) était là pour nous soutenir […] tu te sens pas inférieur et il est là pour t’aider, mais en même temps il est là pour apprendre avec toi, c’est ça que je trouvais très important.</p>
</blockquote>
<h2>Faire les choses pour soi, pas pour un vélo</h2>
<p>Les jeunes ont soulevé qu’avant de débuter le programme, leur motivation principale à y participer était d’avoir un vélo gratuit.</p>
<p>Or, leur motivation à se présenter aux ateliers a évolué au fil du temps : au-delà du vélo, l’ambiance agréable leur donnait envie de revenir chaque semaine.</p>
<p>Un jeune témoigne d’ailleurs qu’il revenait chaque semaine, car il avait toujours du plaisir pendant des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Moi, je dirais au début, c’était compliqué […] on savait pas beaucoup de choses […] mais y’avait la plupart de nos amis qui étaient là […] et ça veut dire que je savais que quand j’allais arriver ici, j’allais rigoler et m’amuser.</p>
</blockquote>
<h2>Être plus autonome pour bouger</h2>
<p>Plusieurs jeunes ont soulevé certaines difficultés à se déplacer en transport en commun, souvent dû au fait qu’ils habitent loin des lieux fréquentés.</p>
<p>En effet, les participants ont rapporté que les horaires d’autobus du quartier sont complexes et que les trajets sont longs.</p>
<p>Leur nouveau vélo est alors devenu un élément essentiel qui contribue positivement à leur autonomie de déplacement. Ils ont aussi identifié le vélo comme étant un moyen de favoriser leur participation sociale et leurs opportunités de participer à diverses activités.</p>
<p>À la question <em>Qu’allez-vous faire de votre vélo maintenant ?</em>, l’un des jeunes a répondu :</p>
<blockquote>
<p>Je sais que ça va m’être utile parce que je travaille pas loin, et ça peut me permettre de m’y rendre pendant l’été, de me prendre moins de temps, ou même d’aller au parc si j’ai envie, c’est utile dans la vie de tous les jours.</p>
</blockquote>
<p>Le programme <em>Construis ton vélo</em> désire se développer à plus grande échelle au Québec (sous réserve de financements) et s’améliorer.</p>
<p>À travers cette initiative, le vélo permet de réunit l’éducation et la santé. Et les participants gagnent en autonomie ainsi qu’en compétences.</p>
<p>Gageons que ce genre de programme, combiné à davantage d’infrastructures cyclables agréables et sécuritaires, pourrait contribuer à la santé et au bien-être de tout un chacun.</p>
<img src="https://counter.theconversation.com/content/219691/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Célia Kingsbury a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada. Elle travaille en collaboration avec l'organisme Cyclo Nord-Sud. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Paquito Bernard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cet article explore les retombées d’un projet pilote offert à des élèves en milieu défavorisé par l’organisme Cyclo Nord-Sud visant à promouvoir l’utilisation du vélo comme mode de transport.Célia Kingsbury, Candidate au doctorat en promotion de la santé, Université de MontréalPaquito Bernard, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2195592024-01-04T15:01:52Z2024-01-04T15:01:52ZAvoir des enfants rend-il plus heureux ? Voici ce qu'en dit la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/565820/original/file-20231214-23-m023ti.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C994%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le bonheur et l’épanouissement que l’on ressent en prenant cette décision dépendront de nombreux facteurs.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Dans plusieurs régions du monde, la <a href="https://doi.org/10.1007/s11205-011-9865-y">croyance dominante</a> stipule qu’avoir des enfants est la clé du bonheur, et que les personnes qui n’en ont pas sentent que leur existence n’est pas satisfaisante.</p>
<p>Mais est-ce vraiment le cas ? La réponse à cette question est à la fois simple et complexe. Le sentiment d’épanouissement que l’on ressent dans sa vie, que l’on décide ou non d’avoir des enfants, dépend d’une grande diversité de facteurs.</p>
<p>Examinons d’abord la réponse simple : non, nous n’avons pas besoin d’avoir d’enfants pour être <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1066480720911611">heureux et épanouis</a>.</p>
<p>Les études menées auprès de femmes qui ont choisi de ne pas devenir mères montrent que la plupart d’entre elles ont un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277539514001824">bon sens de l’identité et de l’individualité</a>. Elles ne se sentent pas définies par leur rôle au sein de la famille et estiment avoir <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0891243202238982">plus de liberté</a> et de maîtrise de leur corps, de leur vie et de leur avenir. Les femmes sans enfants font également état d’une plus grande <a href="https://doi.org/10.1177/0192513X07303879">stabilité financière</a>, même s’il n’est pas nécessaire d’avoir un <a href="https://www.jstor.org/stable/353143?origin=crossref">statut socio-économique</a> élevé pour être bien avec la décision de ne pas avoir d’enfants.</p>
<p>En moyenne, les femmes et les hommes qui n’ont pas d’enfants sont aussi <a href="https://doi.org/10.1207/S15374424JCCP2904_13">moins stressés</a>, et se déclarent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0165032721013926">plus satisfaits</a> de leur mariage.</p>
<p>Il existe peu de recherches sur les hommes célibataires et leur expérience de ne pas avoir d’enfants – et encore moins sur celle des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/15240657.2019.1559515">personnes transgenres ou queers</a>. Cependant, une étude portant sur des hommes ayant choisi de renoncer à la paternité a révélé que la plupart se déclarent contents de leur décision et se félicitaient de jouir d’une plus grande liberté dans leur vie. Seul un petit nombre d’entre eux ont exprimé des regrets quant à leur choix, principalement parce qu’ils ne <a href="https://www.bloomsbury.com/uk/chosen-lives-of-childfree-men-9780897895989/">laisseraient pas d’héritage</a>.</p>
<p>Toutefois, les hommes sans enfants risquent de voir leur <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0192513X07303879">degré de satisfaction générale diminuer</a> à un âge avancé s’ils ne <a href="https://academic.oup.com/esr/article-abstract/26/1/1/538246?redirectedFrom=fulltext">bénéficient pas d’un soutien social</a>.</p>
<h2>Le paradoxe de la parentalité</h2>
<p>C’est lorsqu’il s’agit de décider d’avoir ou non des enfants que les choses se compliquent un peu.</p>
<p>Si les parents peuvent sans aucun doute vivre heureux et épanouis, la satisfaction qu’ils éprouvent à l’égard de cette décision s’étale généralement dans le temps et peut également dépendre de multiples facteurs sur lesquels ils n’ont pas d’emprise.</p>
<p>Au début, beaucoup de parents ressentent une <a href="https://psycnet.apa.org/record/2010-13310-011">baisse temporaire de leur bien-être</a> après la naissance d’un enfant, un phénomène connu sous le nom de <a href="https://psycnet.apa.org/record/2013-21502-002">« paradoxe de la parentalité »</a>. En effet, un nouveau bébé peut entraver la satisfaction de nombreux besoins fondamentaux, tels que le sommeil, l’alimentation et les contacts avec les amis. Cette situation peut être source de mécontentement.</p>
<p>Les femmes hétérosexuelles <a href="https://doi.org/10.1111/j.1741-3737.2003.00574.x">se déclarent aussi plus malheureuses</a> que les hommes lorsqu’elles deviennent parents. Cela peut s’expliquer par le fait que la charge des soins tend à peser de manière disproportionnée sur elles.</p>
<p>Mais le fait de bénéficier d’un bon <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5222535/">soutien familial et social</a>, d’un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6294450/">co-parent actif et également investi</a>, et de vivre dans une région dotée de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/social-policy-and-society/article/abs/introduction-parenting-support-in-the-nordic-countries-is-there-a-specific-nordic-model/18BFF0AB8EACD27F826AEDB573AEB237">politiques de soutien au travail et à la famille</a> peut compenser le <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11205-011-9865-y">stress et les coûts liés à l’éducation des enfants</a>.</p>
<p>C’est probablement la raison pour laquelle les femmes norvégiennes <a href="https://link.springer.com/referenceworkentry/10.1007/978-3-319-69909-7_3710-2">ne font pas état</a> d’une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1053535705001733">perte de bonheur</a> lorsqu’elles ont des enfants, car la Norvège dispose de nombreuses politiques favorables à la famille qui permettent aux deux parents d’<a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0959353505051730">élever leurs enfants tout en menant une carrière</a>.</p>
<p>Bien qu’être parent puisse s’avérer difficile, il ne faut pas en conclure que le bonheur, la joie et une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956797612447798">vie plus épanouie</a> sont impossibles à atteindre. L’expérience parentale peut même engendrer une forme profonde de bien-être appelée « eudémonique ». Il s’agit du sentiment que votre vie vaut la peine d’être vécue, ce qui est différent du bonheur à court terme.</p>
<p>Les hommes comme les femmes peuvent ressentir un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11482-021-10020-0">bien-être eudémonique positif</a> lorsqu’ils <a href="https://doi.org/10.1177/0192513X18758344">deviennent parents</a>. Mais pour ces dernières, l’augmentation du <a href="https://psycnet.apa.org/journals/bul/140/3/846">bien-être eudémonique</a> dépend également de l’équilibre entre les tâches parentales et celles de leur partenaire.</p>
<h2>Faire face aux regrets</h2>
<p>Une autre préoccupation majeure est de savoir si on regrettera de ne pas avoir eu d’enfants.</p>
<p>Il est rassurant de constater que les recherches menées auprès de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1066480720911611">personnes âgées</a> n’ayant pas eu d’enfants montrent qu’un grand nombre d’entre elles se déclarent <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.2190/8PTL-P745-58U1-3330">comblées</a> et font preuve de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11205-015-1177-1">résilience</a> face aux problèmes de santé mentale.</p>
<p>Il semble que la principale clé pour être heureux de <a href="https://doi.org/10.1177/1066480716648676">sa décision d’avoir ou non des enfants</a> dépende du fait que l’on se sente maître de cette décision. Lorsqu’on a le sentiment d’avoir choisi sa voie, on tend à assumer ses décisions et à en tirer une plus grande satisfaction.</p>
<p>Mais que se passe-t-il si ce choix vous a été retiré, que vous vouliez un enfant sans pouvoir y parvenir ? Peut-on être heureux dans ce cas ? Notre étude montre que la réponse est un oui retentissant.</p>
<p>Nous nous sommes intéressés aux <a href="https://iacp.ie/files/UserFiles/00981%20IJCP%20Q1-23%20-%20Full_1.pdf">conséquences de l’infécondité</a> auprès de 161 femmes britanniques qui souhaitaient être mères sans avoir pu le devenir pour diverses raisons, telles que l’impossibilité de trouver un partenaire ou l’infertilité. Les participantes étaient âgées de 25 à 75 ans.</p>
<p>Nous avons constaté qu’en moyenne, le bien-être des participantes n’était pas différent de celui du public en général. Alors que 12 % d’entre elles vivaient mal cette situation (elles avaient l’impression que leur vie n’avait pas de but), 24 % s’épanouissaient psychologiquement, faisant état du niveau de santé mentale le plus élevé. Les autres ont connu des niveaux de bien-être modérés.</p>
<p>Il est intéressant de noter que, pour certains, les efforts déployés pour avoir un enfant se sont traduits par une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2468749920300764">croissance post-traumatique</a>. Cette notion fait référence aux changements psychologiques positifs qui surviennent après un événement traumatisant. Les femmes dont le niveau de bien-être est le plus élevé ont déclaré que de se concentrer sur de nouvelles possibilités dans leur vie, en dehors du fait d’être mère, les a aidées à améliorer leur bien-être.</p>
<p>Des études menées auprès d’hommes qui n’ont pas pu avoir d’enfants pour cause d’infertilité indiquent que nombre d’entre eux ont <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02646838.2010.544294">éprouvé de la tristesse</a> par la suite, même si cette tristesse s’est atténuée avec l’âge. Mais comme pour les femmes involontairement privées d’enfants, repenser leur identité et leur rôle dans la société en <a href="https://psycnet.apa.org/doi/10.1177/1097184X99002001002">dehors de la paternité</a> a aidé beaucoup d’entre eux à trouver un sens et une satisfaction à leur vie.</p>
<p>La parentalité conduit-elle au bonheur ? L’infécondité nous rend-elle malheureux ? La réponse à ces questions n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Le bonheur ou l’épanouissement que nous ressentons dépend de nombreux facteurs, dont beaucoup échappent à notre volonté. Si la manière dont on choisit de donner un sens à sa vie est effectivement un élément clé, le soutien social qui nous est apporté pour devenir parent et le climat politique dans lequel nous vivons le sont tout autant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219559/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’étude que nous avons menée montre clairement que l’on peut être heureux même si on souhaite avoir un enfant, mais qu’on n’y parvient pas.Trudy Meehan, Lecturer, Centre for Positive Psychology and Health, RCSI University of Medicine and Health SciencesJolanta Burke, Senior Lecturer, Centre for Positive Health Sciences, RCSI University of Medicine and Health SciencesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2178662023-11-20T10:50:15Z2023-11-20T10:50:15ZDes applications pour améliorer la qualité de vie au travail ? Prenez garde aux écueils !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/559890/original/file-20231116-26-r8nl42.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C7395%2C4140&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Wittyfit, Moodwork, Supermood ou encore Zestmeup proposent aux entreprises un accompagnement pour améliorer la qualité de vie au travail.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La dégradation de la santé des travailleurs en France est devenue au fil des années un sujet préoccupant. De nombreuses études font état d’un <a href="https://www.fr.adp.com/a-propos-adp/communiques-de-presse/stress-au-travail-salarie-francais.aspx">accroissement des risques psychosociaux</a>, avec une détérioration d’indicateurs comme le niveau de stress, la détresse psychologique ou encore l’épuisement professionnel.</p>
<p>Face à ces risques, les entreprises tentent parfois de reprendre la main sur la prévention de la <a href="https://theconversation.com/topics/sante-au-travail-132582">santé au travail</a> au moyen d’outils technologiques. Mano Mano, spécialiste du bricolage et du jardinage en ligne, <a href="https://www.lesechos.fr/thema/articles/comment-manomano-veille-sur-la-sante-mentale-de-ses-salaries-grace-a-mokacare-1868082">recourt par exemple à Moka.care</a> pour accompagner ses effectifs éparpillés et prendre soin de leur santé mentale.</p>
<p>Ces applications visant à l’amélioration de la <a href="https://theconversation.com/topics/qualite-de-vie-48280">qualité de vie</a> et des conditions de travail connaissent depuis quelques années un important développement. Elles se nomment Wittyfit, Moodwork, Supermood ou encore Zestmeup. Relativement peu connues encore, ces start-up se caractérisent par une forte dynamique de croissance et certaines, comme Moodwork, revendiquaient déjà <a href="https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-qualite-de-vie-au-travail-moodwork-leve-2meteuro-pour-accelerer-en-europe-77256.html">plus de 150 000 salariés accompagnés en 2020</a>.</p>
<p>Au-delà de leur promesse néanmoins, l’utilisation de ces outils comporte également le risque d’être exploités à des fins moins vertueuses, tombant malgré eux dans une logique d’individualisation des problèmes invisibilisant les enjeux organisationnels, ou bien en se trouvant pris dans des jeux de pouvoir dans lesquels leurs résultats se voient détournés.</p>
<h2>Des technologies prometteuses</h2>
<p>Nos <a href="https://www.cairn.info/revue-rimhe-2023-1-page-44.htm">travaux</a> ont montré que le contexte de la crise sanitaire a accentué, en même temps qu’une recherche du <em>care</em> en entreprise, la recherche d’outils de gestion du bien-être des équipes à distance. La numérisation d’aspects autrefois considérés comme subjectifs, tels que le bien-être, l’engagement et la satisfaction des employés, suscite un intérêt croissant. Fini le questionnaire papier traité à la main pour évaluer le bien-être des employés, ces technologies de l’information et de la communication (TIC) automatisent désormais la collecte, le traitement et la visualisation des données RH. Elles offrent tous les avantages (instantanéité, facilité d’usage, ergonomie, à coût réduit) et les fonctionnalités de services et de prestations adaptables à des plates-formes numériques.</p>
<p>De nouveaux indicateurs sont ainsi mis au service des gestionnaires des ressources humaines, des managers ou encore de leurs équipes sur la prévention de sa santé, ainsi qu’un ensemble de services : accès à un psychologue, fiches-conseils, webinaires, formations… Ces start-up de la « Happy technology » mettent en avant une meilleure santé mentale et le bonheur au travail. Elles cherchent à transformer la perception des risques psychosociaux en promouvant un bien-être au travail.</p>
<p>Les médias en ligne regorgent ainsi d’articles décrivant ces applications comme permettant aux employés de reprendre le contrôle sur leur bien-être au travail ou d’offrir au dirigeant la capacité de piloter le capital humain. Ces technologies sont présentées comme des outils émancipateurs et collaboratifs, modifiant la relation entre différents acteurs.</p>
<p>Elles sont aussi associées à une possible prise de pouvoir des utilisateurs sur leur santé et aussi, partiellement, sur l’organisation grâce à la capacité d’expression offerte. Les équipes obtiennent un outil qui doit libérer la parole au service de l’amélioration globale de la qualité de vie au travail. L’outil doit permettre de rassembler autour d’un sujet bien souvent clivant en permettant de mettre en accord un ensemble d’acteurs internes (dirigeant, syndicats…) ou externes à l’organisation (médecin du travail…).</p>
<p>Nous identifions toutefois deux risques majeurs en matière de prévention de la santé au travail.</p>
<h2>Déresponsabilisation de l’organisation</h2>
<p>Ces applications adoptent des approches variées pour aborder les risques psychosociaux au sein des entreprises. Certaines se concentrent sur l’adaptation de l’individu au travail, principalement à un niveau de prévention proche du curatif. C’est par exemple proposer une cellule d’écoute psychologique. D’autres visent à adapter le travail à l’individu, avec une approche plus primaire, où l’on cherchera davantage à agir sur l’organisation du travail dont l’employeur est le principal responsable. Elles proposent par exemple des diagnostics pour favoriser le dialogue social sur la prévention.</p>
<p>Le choix de tel ou tel d’outil de mesure en santé au travail n’est pas neutre et peut refléter les valeurs et choix stratégiques de l’organisation. Certains obstacles à l’intervention organisationnelle, liés souvent à un manque de volonté commune pour agir sur l’organisation du travail, favorisent une approche individualisante, parfois insuffisante.</p>
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<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Les applications encouragent en effet souvent les employés à effectuer un autosuivi de leur santé mentale. Cependant, cette approche psychologisante peut parfois négliger les aspects organisationnels des risques psychosociaux. Un psychologue nous explique ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« J’en vois qui me disent : “j’ai essayé la relaxation pour être mieux au travail mais je n’y arrive pas… ”. Ils culpabilisent alors encore plus de ne pas réussir à accéder à ce bien-être-là, comme s’ils en étaient responsables. »</p>
</blockquote>
<p>Bien que l’efficacité d’une approche centrée sur l’individu puisse avoir tout son sens, elle porte le risque de glisser vers une déresponsabilisation de l’organisation. Quand la gestion des données de santé s’en remet à l’organisation toutefois, d’autres écueils peuvent se faire montre.</p>
<h2>Des applications prises dans des jeux de pouvoir</h2>
<p>Les applications génèrent en effet et distribuent des informations entre différents acteurs, avec des statuts spécifiques. Cependant, comme l’ont bien identifié nos travaux, quand chaque acteur, tant interne qu’externe à l’organisation, tente de maximiser son influence, leurs intérêts divergents se reflètent alors dans la prévention de la santé au travail. La <a href="https://www.cairn.info/la-boite-a-outils-du-management--9782100795789-page-116.htm">maîtrise de l’information</a> constituant une source de pouvoir, les utilisateurs adaptent l’outil à leurs besoins, renforçant ainsi leur propre influence. Cela répond au questionnement de ce responsable RH :</p>
<blockquote>
<p>« Le problème que l’on a pu constater avec la plate-forme est que, au départ, les associés ne souhaitaient pas que l’on communique les résultats… On a un peu manqué de transparence. Et, pour notre part, on ne comprenait pas pourquoi, parce que les résultats étaient plutôt satisfaisants… »</p>
</blockquote>
<p>Cette appropriation centrée sur l’influence permet à l’utilisateur de consolider sa position au sein de l’organisation.</p>
<p>Les dirigeants peuvent en outre être réticents à partager des informations qui pourraient compromettre leur position. La peur de l’ampleur des problèmes potentiels peut les freiner ou les inciter à filtrer les données en fonction de leurs intérêts. « Quelle transparence et quelle véritable intention derrière l’utilisation des applications de qualité de vie au travail ? », peut-on se demander.</p>
<p>Pour se parer contre ces dérives possibles et aborder efficacement les risques psychosociaux au travail, il est essentiel de trouver un équilibre entre la responsabilisation individuelle et la transformation organisationnelle, en reconnaissant le rôle actif de l’individu et la capacité du groupe de travail à influencer son organisation. En outre dans cette lutte d’influence qui laisse planer des incertitudes quant à la véritable portée des actions entreprises, nous recommandons également qu’un mode de gouvernance transparent soit maintenu pour ne pas réduire les bénéfices potentiels de l’usage de ces technologies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217866/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Utiliser des applications pour agir sur la QVCT peut conduire les individus à culpabiliser plus que de raison, ou bien les dirigeants à les instrumentaliser à des fins personnelles.Nikolaz Le Vaillant, Doctorant en sciences de gestion, Université Bretagne SudMarc Dumas, Professeur en management et gestion des ressources humaines, Université Bretagne SudLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2152992023-11-16T17:27:50Z2023-11-16T17:27:50ZYoga, plus qu’un loisir, un travail sur soi ?<p>En 2021, le yoga comptait parmi les 18 pratiques corporelles les plus suivies par la population. Les dernières études statistiques effectuées par l’<a href="https://injep.fr/">Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire</a> (Injep) montrent ainsi que le nombre de pratiquant·e·s a triplé depuis 10 ans. De plus en plus plébiscité, il occupe aujourd’hui une place majeure en France, non seulement dans la sphère des loisirs mais aussi en entreprise ou <a href="https://theconversation.com/ecole-le-yoga-une-activite-a-mettre-au-programme-141714">à l’école</a>.</p>
<p>Ce contexte de massification pourrait laisser croire qu’il s’accompagne d’une uniformisation dans les manières de faire et de penser le « yoga ».</p>
<p>Plusieurs enquêtes récentes réalisées par des chercheur·e·s en sciences sociales tenant compte des contextes de pratiques et des profils des pratiquant·e·s semblent plutôt montrer l’existence non plus d’une, mais de plusieurs formes de yogas.</p>
<h2>Une pratique « psychocorporelle »</h2>
<p>Objet polymorphe de par la diversité de ses modalités de pratique, le <a href="https://theconversation.com/le-yoga-peut-il-aider-a-faire-face-aux-troubles-psychiques-96500">yoga</a> est « classé » par les chercheur·euse·s qui l’étudient, dans les pratiques dites « psychocorporelles » ou « psychospirituelles » favorisant un lien entre <a href="https://theconversation.com/le-yoga-modifie-le-cerveau-et-ameliore-la-sante-mentale-195064">« corps et esprit »</a>.</p>
<p>Le <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782351184400-aux-origines-du-yoga-postural-moderne-mark-singleton/">yoga postural moderne</a> est le résultat d’un mélange entre des formes anciennes de yoga indien, des pratiques occidentales telles que les gymnastiques ou le fitness, auxquelles s’ajoutent des formes de développement personnel, comme nous le développons dans une étude à paraître en 2024.</p>
<p>Il se distingue d’autres activités de « bien-être » par une alternance de postures dites « asanas » plus ou moins dynamiques, corrélées à une respiration particulière – le souffle – ainsi que des <a href="https://journals.openedition.org/assr/3121">moments de retour sur soi méditatifs</a>.</p>
<h2>Qui sont les yogi·e·s ?</h2>
<p>Cette massification du yoga en France invite à s’intéresser au profil de ses pratiquant·e·s et au sens donné à l’activité. Dans ce but, plusieurs enquêtes (<a href="https://sms.univ-tlse2.fr/accueil-sms/la-recherche/operations-structurantes/yogenre-quel-genre-de-yoga-normes-et-representations-des-pratiquant-es-de-yoga-en-france">YoGenre</a>, <a href="https://www.msh-lse.fr/projets/yogaprofs/">YogaProfs</a>, <a href="https://mshs.univ-toulouse.fr/projet-syframe-scolarisation-du-yoga-formations-et-rapports-au-metier-denseignant-cresco-ut3/">Syframe</a>) ont tenté de cerner les propriétés sociales de pratiquant·e·s du yoga.</p>
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<p>Les <a href="https://injep.fr/publication/les-pratiques-physiques-et-sportives-en-france/">données produites par l’Injep</a> sur 700 personnes révèlent tout d’abord que le yoga est majoritairement investi par les femmes (à 81,2 %) habitant dans de grands centres urbains, des classes moyennes supérieures et favorisées. 60,3 % vivent en effet dans une ville de plus de 100 000 habitant·e·s et 24,7 % entre 9 000 et 99 000. Leur niveau de diplôme est relativement élevé puisque 39,9 % ont au moins un Bac+3. Enfin, 31,6 % des adeptes ont entre 25 et 39 ans, 24,4 % entre 50 et 64 ans et 18,4 % entre 40 et 49 ans.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/553289/original/file-20231011-27-btycj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553289/original/file-20231011-27-btycj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553289/original/file-20231011-27-btycj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553289/original/file-20231011-27-btycj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553289/original/file-20231011-27-btycj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553289/original/file-20231011-27-btycj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553289/original/file-20231011-27-btycj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pratique « psychospirituelle ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/eZIE5ZFR7Cs">Conscious Design/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Ce cadrage statistique place donc le yoga comme une pratique privilégiée par les femmes d’une certaine élite sociale et économique par rapport aux caractéristiques de la population française globale. Les données récoltées indiquent aussi une diversité de pratiques yogiques ainsi que des objectifs associés (sportifs, bien-être, santé, etc.).</p>
<h2>Une volonté de contrôle de soi</h2>
<p>Pour compléter ces statistiques, les enquêtes YoGenre et YogaProf ont également questionné le sens investi dans la pratique envisagée comme une démarche d’optimisation de soi.</p>
<p>Les adeptes s’inscrivent ici volontairement dans un processus de transformation qui visant à se sentir au mieux de leur forme corporelle et <a href="https://theconversation.com/le-yoga-peut-il-aider-a-faire-face-aux-troubles-psychiques-96500">psychique</a>. Ce processus se structure autour de formes d’autocontrôle du corps et des émotions, comme la recherche d’une maîtrise de soi, quelles que soient les situations vécues.</p>
<p>« Adopter une respiration propre au yoga », « mobiliser des techniques de méditation », « ancrer sa posture dans le sol » permettent ainsi de traverser plus facilement certaines émotions comme la colère ou la peur. Des comportements ascétiques sont également constatés notamment au travers de pratiques alimentaires spécifiques.</p>
<p>Certains aliments (viandes) ou substances (tabac, alcool) sont dès lors considérés comme néfastes. À l’inverse, le jeûne est clairement associé à une amélioration durable de soi.</p>
<h2>Une quête d’optimisation individuelle</h2>
<p>Dans un second temps, cette « amélioration de soi » donne au yoga une dimension plus performative. Il s’agit de la recherche d’une excellence corporelle (corps souple, agile, sensible, etc.) et cognitive (concentration, attention, lâcher-prise, etc.) dont le contrôle simultané de plusieurs actions corporelles et psychiques constitue un objectif central.</p>
<p>La thématique du « lien corps/esprit » s’inscrit pour ces individus dans un discours de l’effort comparable à celui que l’on repère chez les pratiquant·e·s de sports compétitifs. Il faut « s’améliorer », « aller plus loin dans le mouvement », « faire des postures de plus en plus compliquées », « être aligné·e ».</p>
<p>Si les maîtres-mots « s’écouter » et « ne pas se faire mal » irriguent nombre de discours et cours de yoga, ils ne s’opposent ainsi pas toujours à l’idée de « s’améliorer ».</p>
<p>Cette excellence corporelle et psychique est également repérable dans l’atteinte d’une conscience aiguë et extraordinaire de son propre corps ainsi qu’une hypersensibilité somatique : perception des organes, de la circulation sanguine, de l’énergie dans le corps et du relâchement musculaire.</p>
<h2>Quand le yoga s’invite à l’école</h2>
<p>L’enquête Syframe, qui combine 50 entretiens et 373 réponses à un questionnaire, a ciblé des pratiquant·e·s assidu·e·s de yoga qui œuvrent au développement d’un yoga éducatif : responsables associatifs, professeur·e·s privé·e·s de yoga et personnels de l’enseignement public pour la plupart (37), dont des enseignant·e·s exerçant aux niveaux primaire (6), secondaire (27) et supérieur (1).</p>
<p>En comparaison avec les chiffres de l’Injep, ces « passeurs et passeuses » de yoga pour enfants et adolescents sont pour 44 des 50 personnes interrogées des femmes, fortement diplômées, dont la moyenne d’âge se situe autour de 48 ans, issues en grande partie des classes moyennes. Elles exercent en revanche souvent leur activité hors des grandes métropoles françaises.</p>
<p>Menée entre 2019 et 2022, cette recherche montre comment le yoga, d’abord pratiqué pour soi dans le cadre du loisir, se mue en « techniques » – pour reprendre le terme de l’association <a href="https://rye-yoga.fr/"><em>Recherche sur le yoga en éducation</em></a> – mobilisées en classe (retour au calme, relaxation sur chaise avant évaluation, etc.), en activité motrice en tant que telle sur le temps scolaire et périscolaire ou comme support de projet spécifique avec les élèves (interdisciplinaire par exemple). Les postures de yoga et les consignes sont alors adaptées à l’âge des enfants ou adolescent·e·s.</p>
<h2>Des bienfaits perçus pour l’élève et l’enseignant</h2>
<p>Auparavant marginalisée dans le cadre scolaire, la pratique est aujourd’hui encouragée et même évaluable au baccalauréat. À ce titre, le yoga est vu comme un moyen d’agir sur le comportement des élèves (amélioration de l’attention ou du climat de classe, encouragement à la détente, etc.) selon leur profil, les <a href="https://journals.openedition.org/trema/7320">contextes éducatifs</a> et les échéances évaluatives.</p>
<p>Mais il constitue tout autant un moyen de façonner l’expérience pédagogique de l’enseignant·e, en agissant sur lui ou elle-même. Les techniques de yoga mobilisées régulièrement (sur le lieu de travail ou en dehors), transforment en effet la qualité perçue du travail et des relations avec ses élèves, ses collègues et ses supérieurs hiérarchiques : prise de distance vis-à-vis des tensions, prise en compte et écoute d’autrui, instauration d’un nouveau rapport au temps de travail, etc.</p>
<p>Plus précisément, le yoga est utilisé pour améliorer sa façon d’exercer sa profession, s’ajuster aux situations dans un contexte <a href="https://www.revue-interrogations.org/Entre-ajustement-et-renouvellement,757">où les conditions de travail sont vécues comme dégradées</a>. Loin d’être ici perçu seulement comme une pratique ascétique, le yoga devient le <a href="https://www.cairn.info/revue-travailler-2003-1-page-19.htm">support d’un travail émotionnel</a>, expressif et réflexif, qui aide à face aux épreuves professionnelles mais aussi quotidiennes.</p>
<h2>Redonner sa place au corps</h2>
<p>Programmer cette activité ou certaines de ses techniques pour favoriser la conscience respiratoire, le retour sur soi, l’attention sur les sensations ou plus largement sur son <a href="https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2014-1-page-57.htm">« espace intérieur »</a>, participe aussi à la transformation de la culture professionnelle dominante dans un univers scolaire où le corps est <a href="https://www.ehess.fr/fr/ouvrage/corps-redress%C3%A9">traditionnellement « redressé »</a>.</p>
<p>C’est en promouvant une approche « sensible » des corps, à l’instar de ce qui a pu être éprouvé pour soi en <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-du_souffle_au_corps_apprentissage_du_yoga_en_france_en_suisse_et_en_inde_caroline_nizard-9782343187495-64639.html">atelier de loisirs</a>, que le sens accordé au métier d’enseignant est renouvelé, renforcé. Mobiliser le yoga comme une nouvelle forme de <a href="https://journals.openedition.org/ejrieps/8222">socialisation corporelle attentive aux ressentis individuels</a> et plus largement à soi, représente un moteur non négligeable de ce yoga éducatif, parallèlement au sentiment d’instaurer des rapports sociaux plus apaisés.</p>
<h2>Une forme de socialisation</h2>
<p>L’ensemble de ces études soulignent que le yoga constitue aujourd’hui en France davantage qu’une simple activité de loisir.</p>
<p>Pour les sociologues, il est analysé comme le lieu où s’effectue un type de socialisation corporelle et relationnelle, qui prend une forme spécifique selon l’usage qui en est fait par des pratiquant·e·s de plus en plus diversifié·e·s.</p>
<p>Les résultats montrent également comment, dans la société contemporaine et dans la lignée des travaux de <a href="http://www.revue-interrogations.org/La-civilisation-des-moeurs-selon">Norbert Elias</a>, le contrôle émotionnel constitue une norme socialement située, autant d’un point de vue de la classe que du genre.</p>
<p>Le yoga illustre aussi l’individualisation des pratiques et des ressources sociales mobilisées pour répondre à de nouvelles exigences et traverser les épreuves qui <a href="https://www.revue-interrogations.org/Entre-ajustement-et-renouvellement,757">ponctuent un parcours</a> biographique.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215299/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mélie Fraysse a reçu des financements du labex Structuration des Mondes Sociaux de Toulouse et de la Maison des Sciences de l'Homme et de la Société Lyon/St Etienne dans le cadre des enquêtes YoGenre et YogaProfs . </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emilie Salamero a reçu des financements de la Maison des sciences de l'Homme et de la société de Toulouse, de l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation de Toulouse pour ces travaux sur le yoga à l'école. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie Doga a reçu des financements de la Maison des sciences de l'Homme et de la société de Toulouse, de l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation de Toulouse pour ces travaux de recherche sur le yoga à l'école.</span></em></p>La pratique, qui a explosé et s’étend aux sphères professionnelle et éducative, est envisagée comme une quête d’optimisation personnelle ou un moyen d’ajustement aux épreuves quotidiennes.Mélie Fraysse, Maîtresse de conférence en sociologie, Université de Toulouse III – Paul SabatierEmilie Salamero, Maîtresse de conférence en sociologie, Université de Toulouse III – Paul SabatierMarie Doga, Maîtresse de conférences en sociologie, Université de Toulouse III – Paul SabatierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2158272023-10-24T17:09:29Z2023-10-24T17:09:29ZLes nombreux bienfaits des animaux de compagnie pour les enfants - santé, bien-être, apprentissage…<p>Aujourd’hui, en France, les animaux font partie intégrante du quotidien de nombreuses familles : on considère <a href="https://www.la-croix.com/France/Francais-animaux-compagnie-5-chiffres-2022-10-04-1201236108">qu’un peu plus d’un foyer sur deux possèderait au moins un animal de compagnie</a> (majoritairement chien ou chat), et que plus d’un tiers des enfants de moins de 18 ans grandissent auprès d’animaux, après les avoir bien souvent côtoyés dès leurs premières années de vie. Les animaux domestiques <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08927936.2019.1621516">sont même souvent considérés comme des membres à part entière de la famille</a>.</p>
<p>Longtemps, cette présence animale au sein du foyer a été considérée comme « banale » – rappelons que les premiers signes de domestication du chien <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0022821">remontent à plus de 30 000 ans</a> – et ne revêtant pas un intérêt capital. Cependant, les choses ont commencé à changer au cours des dernières décennies : les recherches scientifiques nous ont en effet amené à repenser le rôle et la contribution que les animaux domestiques peuvent avoir sur l’humain, et en particulier sur les enfants.</p>
<h2>Des effets sur la santé</h2>
<p>En premier lieu, nous pouvons évoquer les effets sur la santé. Grandir avec un animal de compagnie, en particulier un chien, peut promouvoir l’activité physique des plus jeunes, et ainsi <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6124971/">réduire les risques associés à la sédentarité et aux temps passé devant les écrans</a>. Cela pourrait également permettre de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10231320">réduire les risques de développement de problématiques d’allergie ou d’asthme</a>.</p>
<p>Fait intéressant, dans une étude menée en 2020 pendant la pandémie de Covid-19, des chercheurs ont démontré que, là où la phase de confinement a eu des conséquences néfastes sur la qualité de sommeil des jeunes enfants, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33601475/">ceux ayant un animal de compagnie ne montraient pas ces perturbations</a>. La présence d’un animal de compagnie dans le foyer aurait donc des effets protecteurs.</p>
<p>Enfin, un bienfait central est l’effet anxiolytique que l’animal peut avoir, puisque la présence d’un animal de compagnie, même inconnu de l’enfant, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11817428/">permet de diminuer son stress en cas de situation inquiétante</a>, comme face à la perspective de devoir aller chez le dentiste. Cet effet anxiolytique se traduit par une baisse du rythme cardiaque et du niveau de cortisol – parfois appelée « hormone du stress ».</p>
<p>Par ailleurs, il a été démontré que le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19124024/">simple fait de regarder un chien dans les yeux déclenche chez l’humain la sécrétion d’ocytocine</a>, une hormone impliquée dans de nombreux processus physiologiques, et en particulier dans le contrôle des émotions et les mécanismes d’interaction sociale.</p>
<h2>Des bienfaits en matière de relations sociales</h2>
<p>Les sphères sociale et émotionnelle constituent un second champ sur lequel la vie avec des animaux domestiques a des bienfaits notables. Dès les années 1980 et 1990, les chercheurs ont pu constater que les enfants grandissant dans une famille ayant un animal de compagnie acquièrent de meilleures compétences sociales. Les enfants vivant dans des foyers abritant un animal ont par exemple des <a href="https://www.researchgate.net/publication/233654148_Pet_Ownership_Type_of_Pet_and_Socio-Emotional_Development_of_School_Children">capacités empathiques plus développées et font preuve de plus de comportements dits « prosociaux »</a> (comportements d’aide, de soutien ou de réconfort envers autrui) que les autres.</p>
<p>Si l’animal a un tel impact sur le développement de l’enfant, c’est parce qu’il lui donne l’opportunité, au travers des interactions et des diverses situations qu’ils vivent ensemble, de tester certains comportementaux sociaux et certaines formes d’interactions. Cet état de fait permet à l’enfant d’entraîner et affiner progressivement ses façons d’interagir avec autrui. Il en viendrait ainsi à garder les bons gestes et les bonnes formes d’interaction, et à délaisser celles qui font fuir l’animal.</p>
<p>Dans leur relation avec leur animal de compagnie, les enfants peuvent développer un lien émotionnel fort. L’animal domestique peut devenir une figure d’attachement, un partenaire non jugeant, un confident. Il est par ailleurs souvent identifié par la plupart des enfants de 5 ans <a href="https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674017528">comme l’une des figures les plus importantes de leur entourage</a>. Or, plus le lien avec ce dernier est fort, plus les bénéfices en découlant sont importants.</p>
<h2>Amélioration du bien-être et de l’estime de soi</h2>
<p>Avoir un animal serait promoteur de bien-être et d’estime de soi chez les enfants, et aurait aussi des effets protecteurs, par exemple, contre la dépression et la solitude.</p>
<p>Dans une étude menée elle aussi durant les confinements liés à la pandémie de Covid-19, des chercheurs ont ainsi observé que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33062838/">65 % des parents ayant un animal de compagnie chez eux affirment que ledit animal a eu des effets bénéfiques sur leur enfant durant cette période</a>, qu’il constitue une source de distraction, permet de réduire son sentiment de solitude ou encore allège son stress ou son anxiété.</p>
<p>Toutefois, comme mentionné précédemment, les bienfaits observés découlent avant tout de la qualité de la relation et de la force de l’attachement développé entre l’enfant et l’animal plutôt que du simple fait d’avoir un animal et de le côtoyer.</p>
<h2>De meilleurs apprentissages</h2>
<p>Les effets sur la santé et la sphère socioémotionnelle ont été les plus étudiés. Toutefois, des travaux suggèrent également que la présence d’un animal au sein du foyer peut aussi être une source d’apprentissage pour l’enfant.</p>
<p>Outre le fait que cette présence peut lui permettre d’appréhender certains concepts comme ceux liés aux cycles de la vie (naissance, enfance, reproduction, décès), grandir avec un animal l’amène à se soucier des besoins d’un autre et à expérimenter une inversion des rôles où il devient la personne qui prend soin d’autrui. <em>In fine</em>, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1300/J002v08n03_02">cela l’aiderait à développer son autonomie</a>.</p>
<p>Ces apports pourraient également s’étendre à d’autres éléments en matière d’apprentissage. En effet, certains chercheurs avancent que l’animal pourrait constituer une source de motivation à l’apprentissage du langage – pour communiquer avec lui et transmettre des commandes. De plus, la présence de l’animal lors des apprentissages <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.2752/175303712X13403555186172">pourrait non seulement aider l’enfant à se concentrer, mais aussi l’apaiser</a>, améliorant ainsi ses performances.</p>
<p>Une nouvelle forme de médiation a récemment été développée pour tirer parti de cet effet : la <a href="https://theconversation.com/pour-motiver-votre-enfant-a-lire-et-si-vous-adoptiez-un-chien-114234">lecture au chien</a>, qui consiste à ce que l’enfant lise à haute une histoire en s’adressant au chien. La présence apaisante, non jugeante et motivante du chien permettrait ici de faciliter l’apprentissage de la lecture chez de jeunes enfants apprenants ou rencontrant des difficultés. Ceci contribue d’ailleurs <a href="https://theconversation.com/des-chiens-dans-les-ecoles-la-mediation-animale-pour-prendre-soin-des-eleves-206715">au développement de la présence animalière, et notamment des chiens, dans les établissements scolaires</a>.</p>
<p>Enfin, la dernière sphère de bienfaits des animaux domestiques ne concerne pas simplement l’enfant, mais l’ensemble du foyer.</p>
<h2>Des bénéfices pour l’ensemble de la famille</h2>
<p>Comme évoqué précédemment, l’animal de compagnie devient bien souvent un membre à part entière de la famille. Au même titre que ces autres membres, <a href="https://us.sagepub.com/en-us/nam/family-theories/book258231">il pourra donc avoir une incidence sur les interactions et relations au sein de celle-ci</a>. Non seulement sa présence encourage les moments de vie communs, mais elle a aussi un effet dit de « catalyseur social » : l’animal vient motiver et faciliter les interactions positives entre les humains.</p>
<p>Plus généralement, il est fréquemment observé que les familles possédant un animal montrent un meilleur fonctionnement familial : <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8481684/">ils font preuve d’une meilleure adaptabilité (capacité à changer les règles, les rôles selon la situation) et d’une plus forte cohésion (liens émotionnels entre les membres)</a>.</p>
<p>Santé, bien-être, développement social et émotionnel, apprentissages… Grandir auprès d’un animal peut donc être source de nombreux bienfaits. Par ailleurs, ses effets pourront également rayonner sur l’ensemble de la famille.</p>
<p>Il faut cependant souligner que tous les enfants ne développent pas une relation privilégiée avec leur animal de compagnie. En outre, cette relation peut évoluer au fil du temps. Par ailleurs, certains enfants ont peu d’attrait pour les animaux, ou préfèrent certaines espèces plutôt que d’autres.</p>
<p>Avant d’accueillir un animal au sein de son propre foyer dans la perspective de faire bénéficier son enfant de sa présence, il est donc important d’évaluer correctement son envie. Les bienfaits liés à ce nouveau venu dépendront en effet avant tout de la relation et l’attachement que l’enfant tissera avec lui.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215827/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marine Grandgeorge a reçu des financements de différents organismes dont la Fondation AP Sommer, la Région Bretagne, l'association Handi'chiens, la Fondation MIRA, l'IFCE et l'université de Rennes.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Dollion a reçu des financements de la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, la région Bretagne, l'Association Handi'Chiens et la Fondaiton Mira. </span></em></p>Vivre avec des animaux peut être très enrichissant, en particulier pour les enfants. En effet, la relation qu’ils développent avec leurs compagnons à quatre pattes s’avère source de bénéfices variés.Marine Grandgeorge, Ethologie, Relation Homme - Animal, Médiation Animale, Développement typique et atypique, Université de Rennes 1 - Université de RennesNicolas Dollion, Maitre de conférences Psychologie du développement - chercheur au laboratoire C2S (EA 6391), Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2136252023-10-24T14:20:09Z2023-10-24T14:20:09ZUne visite au musée, la nouvelle pilule bien-être ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554090/original/file-20231016-28-1a079n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C986%2C655&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Est-ce que le simple fait d'être en contact avec de l'art a des effets spécifiques ?</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Nous sommes samedi matin. Tasse de café à la main, à peine réveillé, votre regard se perd vers l’horizon. Il pleut. Vous venez de vous décider. Cet après-midi, pour vous, ce sera le musée.</p>
<p>Et si, sans le savoir, vous veniez de prendre une bonne décision pour votre santé ?</p>
<p>C’est l’hypothèse qu’a émis l’association des <a href="https://www.medecinsfrancophones.ca/a-propos/lassociation/">Médecins francophones du Canada</a> en 2018, en lançant le <a href="https://www.mbam.qc.ca/fr/actualites/prescriptions-museales/">programme de prescriptions muséales</a> en partenariat avec le Musée des beaux-arts de Montréal. Aujourd’hui terminé, ce projet a permis à des milliers de patients de recevoir une ordonnance de leur médecin pour une visite au musée, en solo ou accompagné. La prescription visait à favoriser le rétablissement et le bien-être de patients pouvant, par exemple, être atteints de maladie chronique (hypertension, diabète), neurologique, ou encore de trouble cognitif ou de santé mentale. Le choix de prescrire était laissé à la discrétion du médecin.</p>
<p>Cinq ans plus tard, cette initiative pionnière a fait des petits, et nous voyons aujourd’hui fleurir de plus en plus d’activités muséales bien-être allant du <a href="https://www.mnbaq.org/en/activity/museo-yoga-1211">muséo-yoga</a> aux <a href="https://www.mam.paris.fr/fr/contempler-meditation-guidee-en-ligne">méditations guidées</a> avec les œuvres d’arts, en passant par la pratique de la <a href="https://www.beaux-arts.ca/magazine/votre-collection/lart-de-la-contemplation-lente-une-peinture-de-jean-paul-riopelle">contemplation lente</a> ou <em>slow looking</em>. </p>
<p>Les offres ne manquent pas et font grandir en chacun la même conviction : l’art nous fait du bien.</p>
<h2>Au-delà de la première impression</h2>
<p>Ces initiatives ont récemment fait la manchette dans des médiats nationaux des deux bords de l’Atlantique, tant en <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/museotherapie-je-crois-que-nous-sommes-dans-un-moment-de-bouillonnement-2414180">France</a> qu’au <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/gravel-le-matin/segments/entrevue/90530/visite-gratuite-musee-beaux-arts-montreal-ordonnance-medecin-sante">Canada</a>, et gagnent en visibilité auprès du grand public. Comme une conséquence de cette popularité, on peut lire de plus en plus d’affirmations parlant de la visite au musée comme un « antistress puissant », un « remède miracle contre le stress », ou encore comme ayant des « effets incroyables ».</p>
<p>Enthousiasmant !</p>
<p>En bonne neuroscientifique, je ne peux toutefois m’empêcher de me demander pourquoi, au vu des extraordinaires effets relaxants annoncés, les foules ne se bousculent pas aux portes de nos musées quotidiennement. </p>
<p>Autant de raisons pour aller jeter un œil aux rapports et études scientifiques récemment publiés sur le sujet.</p>
<h2>L’art fait du bien ? De l’intuition à l’observation</h2>
<p>En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé publiait un épais rapport colligeant des éléments de preuve concernant le rôle des activités artistiques et culturelles <a href="https://apps.who.int/iris/handle/10665/329834">pour favoriser la santé et le bien-être</a>. De façon remarquable, les auteurs de ce rapport tentent de s’affranchir d’une vision unifiée des bienfaits de l’art qui, tel un remède de grand-mère, constituerait une solution universelle aux problèmes de santé. </p>
<p>A la place, ceux-ci encouragent de nouvelles approches plus précises et rigoureuses, orientées sur l’observation des réponses psychologiques, physiologiques ou encore comportementales induites par certaines composantes spécifiques de l’activité artistique (engagement esthétique, stimulation sensorielle, activité physique).</p>
<h2>Acteur ou spectateur ?</h2>
<p>La spécificité de la visite au musée est d’être une activité artistique dite réceptive – c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas ici de produire de l’art (peindre, dessiner, composer). Elle présente toutefois l’avantage d’être accessible et déjà bien ancrée dans nos habitudes collectives, ce qui en fait une bonne candidate pour la prévention en santé.</p>
<p>La question est alors de savoir s’il suffit d’être exposé à de l’art pour bénéficier de ses bienfaits. Autrement dit, est-ce que le simple fait d’être en contact avec de l’art a des effets spécifiques ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme dans un musée" src="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Être exposé à l’art permettrait de vieillir en meilleure santé ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Des consommateurs de culture en meilleure santé</h2>
<p>Des recherches ont été conduites en Angleterre sur des échantillons de plusieurs milliers d’individus dont on a suivi les indicateurs de santé à long terme, et à qui on a demandé pendant 10 ans de rapporter leurs habitudes en <a href="https://www.elsa-project.ac.uk">termes d’activités culturelles et artistiques</a>.</p>
<p>Ces travaux montrent que les individus fréquentant régulièrement (tous les deux, trois mois et plus) les lieux de culture (théâtres, opéras, musées, galeries) présentent un risque de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/cultural-engagement-and-cognitive-reserve-museum-attendance-and-dementia-incidence-over-a-10year-period/0D5F792DD1842E97AEFAD1274CCCC9B9">démence</a> et de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6429253/">dépression</a> divisé par deux, et un risque de développer un <a href="https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/75/3/571/5280637">syndrome de fragilité gériatrique</a> (phénomène de déclin de la santé lié au vieillissement et associé à une perte de l’indépendance fonctionnelle) réduit d’environ 40 %.</p>
<p>Être exposé à l’art permettrait donc de vieillir en meilleure santé ?</p>
<p>Peut-être, mais il reste à confirmer que l’engagement culturel est la cause de l’amélioration des indicateurs de santé observés dans ces travaux. Pour cela, des études de cohorte et <a href="https://cihr-irsc.gc.ca/f/48952.html">essais cliniques contrôlés randomisés</a> sont nécessaires. Or, ce type d’étude est encore rare dans le domaine.</p>
<h2>À la recherche des principes actifs</h2>
<p>Par ailleurs, il reste une question, et de taille ! Celle du pourquoi… </p>
<p>Pourquoi l’art, et notamment l’art visuel, me ferait du bien. Qu’est ce qui se passe dans mon corps lorsque j’entre en contact avec une œuvre, comment ce contact me transforme et contribue à me maintenir en meilleure santé. Si tel est le cas.</p>
<p>C’est la question que s’est posée Mikaela Law chercheuse en psychologie à Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande, et ses collaborateurs en 2021. Ces chercheuses et chercheurs ont <a href="https://bmjopen.bmj.com/content/11/6/e043549.abstract">exploré la littérature scientifique</a> en quête d’études disponibles adressant la réponse physiologique aux arts visuels et son effet sur le stress rapporté par l’individu. </p>
<p>Certaines des études répertoriées dans ce travail montrent que le contact avec une œuvre est à même de diminuer la pression artérielle, la fréquence cardiaque et le cortisol sécrété dans la salive. De telles modifications traduisent une diminution de l’état de tension du corps, que l’on appelle aussi le stress. Un changement qui semble perçu par l’individu et se traduit par une diminution du stress dont il témoigne après l’exposition.</p>
<p>D’autres études, à l’inverse, n’observent rien. </p>
<p>Ainsi, si le contact avec l’art visuel est susceptible de provoquer la détente physique et psychologique du spectateur, celui-ci pourrait ne pas constituer une condition suffisante.</p>
<p>Cette conclusion nous invite donc à nuancer le discours et à approfondir la réflexion sur ce qui se passe au moment de la rencontre avec l’œuvre qui conditionne ses effets sur le psychisme de l’individu.</p>
<p>Aujourd’hui, nous sommes samedi…</p>
<p>Vous irez au musée c’est décidé. </p>
<p>Il est probable que cette décision soit une bonne décision pour votre santé. </p>
<p>Il est également probable que cela dépende du musée et de la façon dont vous visiterez. </p>
<p>Une chose est certaine par contre, c’est que vous augmentez fortement vos chances de passer une agréable journée !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213625/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emma DUPUY travaille en partenariat avec le musée des beaux-arts de Montréal et a reçu des financements de MITACs, de l'Université de Montréal, et des Fonds de Recherche du Québec.</span></em></p>Une visite au musée pour lutter contre la grisaille mentale ? Voici ce qu’en dit la science.Emma Dupuy, Postdoctoral researcher, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2147782023-10-10T21:20:33Z2023-10-10T21:20:33ZEnseigner en France, en Espagne, au Royaume-Uni : un bien-être professionnel qui se dégrade ?<p>Le Baromètre international de la santé et du bien-être des personnels de l’éducation (I-BEST) a pour objectif de mieux connaître les conditions de travail et le ressenti des personnels de l’éducation. Il a été mis en place en 2021 par le Réseau Éducation et Solidarité (RES) et la Fondation d’entreprise pour la santé publique (FESP), avec l’appui de l’Internationale de l’Éducation et la Chaire Unesco « ÉducationS et Santé », dans une finalité de promotion de la santé globale, et avec l’idée que l’équilibre physique et mental de ces professionnels est une condition essentielle d’une éducation de qualité.</p>
<p>En 2021, après 18 mois de pandémie, la <a href="https://www.educationsolidarite.org/nos-actions/barometre-international-de-la-sante-du-personnel-de-leducation/">première édition d’I-BEST</a> avait objectivé <a href="https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-met-la-sante-du-personnel-enseignant-sous-haute-tension-171620">l’épuisement des enseignants à travers le monde</a>. Deux ans plus tard, la deuxième édition du Baromètre s’est élargie à 11 territoires repartis sur 4 continents et plus de 26 000 personnels de l’éducation ont répondu à l’enquête en ligne. Parmi eux, 9 595 enseignent en France, 2 723 en Espagne et 2 524 au Royaume-Uni, trois pays d’Europe géographiquement et économiquement proches, mais avec des cultures différentes, et dont la langue est un marqueur fort.</p>
<p>Au sortir de la crise Covid-19, alors que l’année scolaire 2022-2023 <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000381091">marque pour l’école dans son fonctionnement un certain retour à la normale</a>, qu’en est-il du ressenti des enseignants en Europe ? Selon les territoires, leurs ressentis sont-ils similaires, nuancés ou franchement contrastés ?</p>
<h2>Des enseignants qui travaillent 40h par semaine en moyenne</h2>
<p>Sept enseignants sur dix sont des femmes dans les échantillons français, espagnol et britannique, ce qui reflète la féminisation très large du secteur de l’éducation en Europe. Les profils des enseignants des trois pays sont également similaires en âge et niveau d’enseignement (Figure 1), tout comme leur cadre de travail, avec des distributions assez proches en ce qui concerne la taille de l’établissement, le caractère urbain-rural du quartier environnant, le niveau de sécurité perçue au quotidien ou encore les temps de trajet domicile-travail.</p>
<p>L’Espagne se distingue toutefois par des classes plus souvent petites (moins de 20 élèves) et par une relative insatisfaction vis-à-vis des locaux et des conditions matérielles.</p>
<p>Le temps de travail effectif par semaine apparait partout important, supérieur en moyenne à 40 heures hebdomadaires, et même 48 heures au Royaume-Uni. Parallèlement, les enseignants britanniques se révèlent moins satisfaits de l’autonomie dans leur travail et de leurs relations professionnelles tant en équipe qu’avec la hiérarchie. Les réponses en France vont aussi dans le sens d’une crispation avec la hiérarchie, alors que le travail en équipe y est jugé plus favorablement.</p>
<p>En ce qui concerne les possibilités de formation, d’évolutions et le salaire, des trois pays, l’insatisfaction est systématiquement la plus répandue en France (Figure 2).</p>
<p>Avec plus d’un quart des enseignants concernés, la proportion de personnels victimes de violence au travail dans les 12 derniers mois est partout préoccupante : 25 % en Espagne, 27 % au Royaume-Uni, et 35 % en France.</p>
<p>L’équilibre vie professionnelle/vie personnelle est jugé un peu plus défavorablement en France et au Royaume-Uni qu’en Espagne : 6 enseignants sur 10 y sont insatisfaits de cet aspect contre 5 sur 10 en Espagne. Pourtant, une plus forte proportion d’enseignants espagnols sont amenés à apporter, en plus de leur travail, un soutien régulier à un proche : 7 sur 10 en Espagne, versus 1 sur 2 en France et au Royaume-Uni.</p>
<h2>Des indicateurs de santé au travail contrastés</h2>
<p>Les enseignants espagnols apparaissent un peu plus satisfaits globalement de leur travail que ceux de France ou du Royaume-Uni (Figure 3). Dans ces deux pays, moins d’un enseignant sur deux est « d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec l’affirmation « Dans l’ensemble, mon travail me donne satisfaction » contre plus de 7 sur 10 en Espagne. À noter que les enseignants en France déplorent quasi systématiquement une faible valorisation sociétale du métier : 97 % contre 86 % en Espagne et 84 % au Royaume-Uni.</p>
<p>Néanmoins, et faisant écho à la réserve des enseignants espagnols vis-à-vis de leurs conditions matérielles de travail, la proportion de ceux ayant été dans l’impossibilité de travailler à cause d’un problème de voix dans l’année écoulée est sensiblement plus élevée dans le pays : 41 % en Espagne, 26 % en France et 19 % au Royaume-Uni.</p>
<p>L’état de santé général des enseignants se maintient à un niveau favorable, avec un taux similaire dans les 3 pays de plus de 8 enseignants sur 10 qui le qualifient positivement. L’évaluation du bonheur, de la santé mentale et du sommeil est plus contrastée : ainsi les enseignants se situent sur une échelle de bonheur dans la vie plutôt positivement en Espagne (61 % de satisfaits), de manière intermédiaire au Royaume-Uni (53 %) et plus négativement en France (49 %).</p>
<p>La santé psychologique des enseignants apparait d’ailleurs fragilisée en France, et dans une moindre mesure au Royaume-Uni, avec près d’un personnel sur 2 qui y rapporte ressentir souvent, très souvent ou toujours des sentiments négatifs ; de même pour l’insatisfaction vis-à-vis du sommeil (Figure 4).</p>
<h2>Outils numériques : une bonne adhésion mais une pointe d’ambivalence</h2>
<p>Dans l’enseignement européen, la mise à disposition à titre professionnel d’outils numériques (ordinateur, tablette, connexion Internet…) apparait inégale selon les pays, les enseignants britanniques bénéficiant globalement de taux d’équipement meilleurs et la France de moins bon (Figure 5). En miroir, le taux d’utilisation systématique du matériel numérique personnel pour le travail va de 23 % au Royaume-Uni à 55 % en France.</p>
<p>Dans les trois pays, les outils numériques font partie du quotidien enseignant et l’adhésion est globalement bonne, puisque partout, au moins 8 enseignants sur 10 s’estiment à l’aise avec les outils numériques et considèrent qu’ils leur facilitent le travail. Cependant, tant en France qu’en Espagne et au Royaume-Uni, 4 enseignants sur 10 estiment que les outils numériques sont une source de stress. L’opinion est également partagée sur l’impact du numérique sur les relations avec les élèves et les familles : plus de 4 enseignants sur 10 dans les trois pays (même 6 sur 10 en France) expriment une réserve sur ce point.</p>
<h2>Des pistes d’amélioration différentes selon le pays</h2>
<p>I-BEST nous livre, en 2023, un tableau nuancé du bien-être professionnel et général des enseignants en France, au Royaume-Uni et en Espagne, mettant en lumière des marges de progression spécifiques au territoire.</p>
<p>Dans les trois pays, la lutte contre la violence à l’école et une meilleure valorisation du métier d’enseignant sont à renforcer. Mais aussi, l’accent gagnerait à être mis :</p>
<ul>
<li><p>en Espagne, sur les conditions matérielles d’enseignement, les possibilités d’évolution de carrière et la prévention des troubles de la voix ;</p></li>
<li><p>au Royaume-Uni, sur la charge de travail, les relations professionnelles, l’autonomie et l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle ;</p></li>
<li><p>et en France, sur les possibilités de formation et d’évolutions de carrière, le salaire, l’amélioration de la relation avec la hiérarchie, et toujours, l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle.</p></li>
</ul>
<p>Un meilleur accompagnement médical de la santé professionnelle est aussi une piste à considérer au Royaume-Uni et en France, alors que 95 % des enseignants de ces deux pays ne voient jamais la médecine du travail, contre 45 % en Espagne (dans ce pays, un tiers des enseignants bénéficie d’une consultation annuelle).</p>
<p>Étant donné les retombées sociétales majeures à court ou plus long-terme de la santé des enseignants, alors que le bien-être est indispensable au bien-faire, suivre les évolutions au plus près du terrain doit rester une priorité afin d’identifier de manière réactive les pistes d’amélioration.</p>
<hr>
<p><em>Remerciement : le Réseau Éducation et Solidarité et tous ses partenaires pour la mise en œuvre d’I-BEST ; Nathalie Billaudeau pour les statistiques et les figures ; Nathalie Billaudeau, Pascale Lapie-Legouis, Karim Ould-Kaci, Ange-Andréa Lopoa et Morgane Richard.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214778/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Noël Vercambre-Jacquot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment les enseignants se sentent-ils dans leur métier alors que l’année scolaire 2022-2023 marque un certain retour à la normale ? Quelques éléments de réponse avec le baromètre I-BEST 2023.Marie-Noël Vercambre-Jacquot, Chercheur épidémiologiste, Fondation d'entreprise pour la santé publiqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1971652023-09-18T10:24:53Z2023-09-18T10:24:53ZComment limiter la pollution sonore au bureau ?<p>Au-delà de la performance fonctionnelle, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/espace-de-travail-44481">espaces de travail</a> doivent désormais favoriser une expérience collaborateurs qui répond à leurs attentes de bien-être et de resocialisation. Car la période Covid les a dispersés, comme l’a notamment révélé le récent <a href="https://www.novethic.fr/actualite/social/conditions-de-travail/isr-rse/la-fin-de-l-age-d-or-du-teletravail-et-le-debut-du-rab-retour-au-bureau-151700.html">mouvement de limitation des possibilités de télétravail</a>. Les espaces de travail constituent donc de plus en plus des leviers d’engagement, d’attraction et de rétention.</p>
<p>En parallèle, l’acoustique est aujourd’hui davantage considérée comme un <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2009sa0333Ra.pdf">élément important du bien-être individuel</a> et de qualité de la vie collective au travail. Dans un contexte de prise de conscience généralisée de la dégradation de notre environnement et de ses impacts pour l’homme, la pollution sonore fait plus largement partie des nouvelles nuisances, <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/les_besoins_artificiels-9782355221262">multipliée par 10 depuis les années 1980</a> dans les pays développés.</p>
<h2>Un actif sur deux concerné</h2>
<p>En conséquence, près de <a href="https://www.bruitparif.fr/pages/Autresactualites/2022-06-30LeCNBpubliesonrapportd%E2%80%99activit%C3%A92021/2021-10-14--RapportAdemeCNBsurleco%C3%BBtsocialdubruit.pdf">10 millions d’individus en France</a> sont exposés en moyenne sur l’ensemble de la journée à un très fort niveau de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/bruit-29162">bruit</a>. Les conséquences sociales du bruit, toutes origines confondues, sont aujourd’hui évaluées à plus de <a href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/4815-cout-social-du-bruit-en-france.html">147 milliards d’euros par an</a> par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui alerte dans son <a href="https://presse.ademe.fr/2021/07/147-milliards-deuros-cest-le-cout-social-du-bruit-en-france-par-an.html">rapport</a> sur le sujet publié en 2021 :</p>
<blockquote>
<p>« Au-delà de l’idée que le confort sonore apporte un plus, il s’agit de comprendre que la pollution sonore est un problème de santé publique ».</p>
</blockquote>
<p>En plus de formes de surdités ou d’apparition d’acouphènes, une exposition sonore trop forte et/ou trop longue peut entraîner une perturbation du sommeil, du stress, de l’anxiété, des maux de tête ou même du retard dans les apprentissages.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-decibel-en-decibel-comment-le-bruit-gene-t-il-les-enfants-en-classe-161291">De décibel en décibel, comment le bruit gêne-t-il les enfants en classe ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Le monde de l’entreprise n’est évidemment pas épargné par ce phénomène. Aujourd’hui, <a href="https://www.sante-auditive-autravail.org/pdf/enquete-Ifop-JNA-SSAT-2022.pdf">environ un actif sur deux</a> se déclare personnellement gêné par le bruit sur son lieu de travail, un chiffre stable depuis plusieurs années. Selon les personnes concernées, les nuisances sonores engendrent de la fatigue (pour 66 % d’entre eux), du stress (56 %) ou encore des problèmes de compréhension dans la communication (48 %).</p>
<p><iframe id="xP7a9" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/xP7a9/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p><iframe id="Jl8V6" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/Jl8V6/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Pourtant, ces effets désirables ne sont pas une fatalité. Par exemple, une étude clinique menée en milieu hospitalier auprès d’un échantillon de patients dialysés a montré que, dans un espace traité par des solutions acoustiques adaptées, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1769725518305893">gêne sonore est divisée par deux et les maux de tête par dix</a>.</p>
<h2>Évaluer puis corriger</h2>
<p>Quelles sont ces solutions ? Tout d’abord, il est important de prendre conscience des enjeux au travers de systèmes de mesure de la nuisance sonore. Comme le montre l’étude menée auprès des dialysés, au-delà des tests de validation classiques des temps de réverbération ou des niveaux sonores moyens, il est aujourd’hui possible de quantifier l’impact de solutions acoustiques au regard de notions plus proches de la qualité de vie que du respect de normes souvent minimalistes dans leurs seuils.</p>
<p>Ces solutions logicielles vont quantifier la gêne et la fatigue auditive de l’ouïe d’un individu en tenant compte au mieux de sa vulnérabilité individuelle, de son environnement en usage, de son activité du moment et de sa durée d’exposition.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s'interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
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<p>Ensuite, après la mesure vient la correction. De nombreuses <a href="https://www.continuum-france.fr/">solutions techniques de parois</a>, panneaux muraux et plafonds, claustra et cloisonnettes mobiles ou fixes sont désormais disponibles. Les <a href="https://imtech.imt.fr/2020/01/07/une-fenetre-et-silence/">innovations</a> récentes concernent notamment des technologies qui prennent en compte les basses et très basses fréquences, particulièrement <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/orl/concerts-boites-de-nuit-gare-aux-sons-de-basse-frequence-qui-peuvent-causer-des-pertes-d-audition_140820">insidieuses et nocives pour la santé auditive</a>. L’amélioration de la perception sonore porte ainsi sur tout le spectre auditif.</p>
<p>De même, des « phones box » (cabines pour passer des appels) sont apparues avec la multiplication des visioconférences, y compris au bureau. Ce terme générique englobe tous les mobiliers acoustiques qui permettent de s’isoler des autres pour passer ses appels téléphoniques, des visios, seul ou même à plusieurs. Du simple fauteuil à la « bulle » de travail, ces espaces d’isolation deviennent entièrement équipés au niveau du mobilier, de l’éclairage, de la connectique, de l’aération et bien sûr de l’isolation sonore. Certains sont même autoportants, modulaires et déplaçables !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Exemple de cabine pour s’isoler dans un espace ouvert" src="https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Exemple de cabine pour s’isoler dans un espace ouvert.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Phoning_booth_Metro_Library_Council_jeh.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, apparaissent depuis peu des solutions d’alerte et de régulation sonore dans un milieu professionnel. Des dispositifs simples et légers, à l’image de celui proposé par la société danoise Jabra JN, indiquent en temps réel le niveau sonore et signalent visuellement si les seuils de tolérance sont dépassés, au travers d’indicateurs de couleur (vert, orange rouges). Ces nouveaux outils ont un <a href="https://www.jabra.fr/business/office-headsets/jabra-noise-guide">impact pédagogique</a>, et visent à influencer le comportement humain.</p>
<h2>Une responsabilisation individuelle et collective</h2>
<p>En effet, on observe qu’au-delà de la sensibilisation et de la prise de conscience, les collaborateurs se corrigent de manière autonome en cas de niveau sonore trop élevé et adoptent progressivement des comportements plus respectueux dans un espace collectif. C’est en tout cas ce que prouvent les <a href="https://www.continuum-france.fr/realisations-clients/acoustique-open-space/">récentes installations</a> en open space faites chez Orange Innovation et Orange France à Meylan (Isère).</p>
<p>Les messages sonores restent indispensables à notre activité cognitive. Cela dit, ils doivent véhiculer l’information au cerveau avec un minimum d’interférence avec des bruits parasites. Au-delà des quelques outils qui se déploient actuellement, à nous de nous responsabiliser, individuellement et collectivement pour respecter les équilibres naturels et en particulier celui de l’équilibre sonore, garant d’un confort acoustique qui améliore la qualité de la cognition, réduit l’irritabilité et améliore donc le rapport aux autres.</p>
<p>En réduisant la gêne sonore, c’est l’équilibre humain, l’état émotionnel, l’empathie, l’attention aux autres, la qualité de la relation et donc le mieux vivre ensemble qui en bénéficient. Un cercle vertueux d’épanouissement individuel et donc de performance collective dans l’entreprise.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.linkedin.com/in/franck-fumey-17658419/">Franck Fumey</a>, CEO chez Continuum, entreprise spécialisée dans les solutions acoustiques, a participé à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Picq ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Mesures, parois mobiles, phones box… Les organisations s’emparent d’une dimension du bien-être au travail qui a longtemps été négligée.Thierry Picq, Professeur et Directeur de l'Innovation, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2107722023-09-07T15:17:15Z2023-09-07T15:17:15ZLa littératie médicale permet aux patients de mieux comprendre leur état de santé et favorise leur bien-être<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541036/original/file-20230803-19-ji9w80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C992%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les médecins ne sont pas nécessairement de bons vulgarisateurs ou n’ont pas toujours le temps d’expliquer tout dans les moindres détails. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Qu’est-ce qu’un pontage ? Quels sont les risques liés à ma chirurgie cardiaque ? Le domaine de la santé peut être difficile à comprendre et à expliquer. </p>
<p>En effet, interpréter les informations médicales demande un niveau de littératie élevé pour les patients et les membres de leur famille. Dans ce cas, lorsque l’on parle du développement de la littératie médicale (ou littératie en santé ; <em>health literacy</em> en anglais), c’est le fait, pour un patient, de pouvoir lire, écrire et parler de son état de santé et des différentes étapes à venir pour favoriser son bien-être personnel. </p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs provenant de l’éducation, de la psychologie, de la santé et de la médecine. La littératie médicale est un domaine que nous développons ensemble depuis quelques années.</p>
<h2>Mieux comprendre pour pouvoir prendre sa santé en main</h2>
<p>Dans le domaine médical, développer les compétences en littératie est lié au fait :</p>
<ul>
<li><p>de lire et de comprendre des informations médicales (ex. : qu’est-ce qu’un anévrisme ?) ; </p></li>
<li><p>d’annoter des documents, d’écrire des notes pour soi-même ou des questions pour le médecin (quels sont les risques liés à ma chirurgie cardiaque ?) ; </p></li>
<li><p>de parler au médecin, d’écouter les informations mentionnées par celui-ci et de les comprendre à l’oral.</p></li>
</ul>
<p>Le but pour les patients est de pouvoir prendre leur propre santé en main et de savoir ce qui s’en vient ou ce qui doit être fait. </p>
<p>Très souvent, les patients vont aller chercher de l’information par eux-mêmes sur Internet. Par contre, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5471568/">informations disponibles en ligne ne sont pas nécessairement fiables ou à jour</a>. Il peut aussi y avoir un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1761906/">problème de lisibilité</a>, c’est-à-dire que les patients ne vont pas nécessairement comprendre ce qu’il est écrit. </p>
<p>C’est d’ailleurs souvent le problème avec les documents disponibles pour les patients, que ce soit sur le web ou en format papier : ils ne sont pas assez compréhensibles et le langage utilisé est souvent complexe. </p>
<p>Selon le National Institute of Health et différents organismes du domaine de la santé, les documents remis aux patients devraient avoir un niveau de lisibilité similaire à celui qu’un élève de <a href="https://www.chudequebec.ca/chudequebec.ca/files/ad/ad7c7c71-ed00-4767-9726-a0b9d4865778.pdf">sixième année du primaire peut lire et comprendre</a>. Par contre, dans les faits, à cause de la complexité du jargon médical, il est extrêmement difficile d’atteindre ce niveau.</p>
<h2>Des vidéos à la rescousse</h2>
<p>Pour pallier cette difficulté, et pour aider les patients et leur famille à comprendre <a href="https://youtu.be/XqeHmTE-uWE"><em>Les différentes étapes de la chirurgie cardiaque</em></a>, nous avons créé des vidéos informatives, vulgarisées et fiables. Elles sont gratuites et disponibles sur YouTube. Ces vidéos font partie du <a href="https://lavoixdunord.ca/2023/02/23/a-la-recherche-dune-plus-grande-comprehension-des-patients/">design de recherche d’un projet en littératie médicale qui est actuellement en cours</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XqeHmTE-uWE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les différentes étapes de la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
</figure>
<p>La première vidéo, <a href="https://youtu.be/xZLSocQ0NPo"><em>Avant la chirurgie cardiaque</em></a>, permet de distinguer le chirurgien cardiaque du cardiologue. Il y a également toute une section sur comment se préparer pour une chirurgie cardiaque et ce qu’il est important de savoir avant de subir une opération à cœur ouvert. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xZLSocQ0NPo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Avant la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
</figure>
<p>La deuxième vidéo, <a href="https://youtu.be/Qii7tS_tgio"><em>Pendant la chirurgie cardiaque</em></a>, essaie de répondre aux questions suivantes : que se passera-t-il dans la salle d’opération ? Quels sont les différents types de chirurgie cardiaque ? Pourquoi ai-je besoin d’une chirurgie cardiaque ?</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Qii7tS_tgio?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Pendant la chirurgie cardiaque.</span></figcaption>
</figure>
<p>La troisième vidéo, <a href="https://youtu.be/7P0gF_F5uQo"><em>Après la chirurgie cardiaque : à l’hôpital</em></a>, informe les patients sur ce qui se passe aux soins intensifs, après les soins intensifs, les médicaments à prendre, les émotions ressenties, les exercices à faire le plus rapidement possible, etc. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7P0gF_F5uQo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Après la chirurgie cardiaque : à l’hôpital.</span></figcaption>
</figure>
<p>La quatrième vidéo, <a href="https://youtu.be/IKO3t3890kQ"><em>Après la chirurgie cardiaque : le retour à la maison</em></a>, ne devait pas être créée au départ. Par contre, à la lumière des questions et des commentaires de patients <a href="https://lavoixdunord.ca/2021/05/10/bien-comprendre-pour-mieux-se-retablir/">d’une recherche précédente</a>, nous avons voulu leur donner une voix. En effet, trop souvent, les patients ont peur de poser des questions parce qu’ils ne veulent pas déranger le médecin, ont peur d’avoir l’air stupide ou se disent que le problème va passer… Si un patient est inquiet, il doit communiquer avec le bureau de son médecin. </p>
<p>Cette vidéo répond entre autres aux questions suivantes : à quoi devez-vous vous attendre lorsque vous retournez à la maison après avoir subi une chirurgie cardiaque ? Comment prendre bien soin de vous-même ? Qu’est-il permis de faire ? Qu’allez-vous vivre comme émotions ? </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/IKO3t3890kQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Après la chirurgie cardiaque : le retour à la maison.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Le pouvoir de la vulgarisation</h2>
<p>Toutes les vidéos ont été créées et approuvées par une équipe de chercheurs interdisciplinaire en éducation et en psychologie, un chirurgien cardiaque, un cardiologue, une médecin de famille et un infirmier. Elles sont également disponibles en <a href="https://www.youtube.com/@isabellecarignan">anglais</a> en entier et par sections.</p>
<p>L’accès à des informations médicales fiables, de qualité et à jour est en lien direct avec tout ce qui touche le consentement libre et éclairé. En effet, comme patient, lorsque vous signez le document pour approuver une intervention médicale, le médecin spécialiste – ou un professionnel de la santé – doit s’assurer que vous comprenez bien dans quoi vous vous engagez. Comprenez-vous ce qu’il arrivera dans la salle d’opération ? Le type de chirurgie que vous allez subir ? Les risques associés ?</p>
<p>Le but des vidéos était de répondre au quoi et au pourquoi pour les patients et les membres de la famille. Il faut toujours garder en tête que le patient est un élève qui apprend par rapport à sa condition médicale. De plus, les médecins ne sont pas nécessairement de bons vulgarisateurs ou n’ont pas toujours le temps d’expliquer tout dans les moindres détails. </p>
<p>Voilà pourquoi il est important de créer des outils de vulgarisation fiables, peu importe le domaine médical, pour que les patients puissent s’éduquer par eux-mêmes et bien assimiler les informations. </p>
<p>En comprenant bien ce qui l’attend, le <a href="https://miceapps.com/client/EventAttendeeAbstracts/view_published_abstract/512/13418/92108">niveau d’anxiété baisse chez le patient</a>, car il se sent plus en contrôle. Enfin, le développement des compétences en littératie médicale permet aux patients de prendre des décisions libres et éclairées par rapport à leur propre santé. </p>
<p><em>Les auteurs tiennent à souligner la très grande contribution de Paul-André Gauthier, Ph.D., consultant en santé et en nursing. Il a participé activement à la rédaction de cet article, à la création des vidéos et il est cochercheur dans nos projets de recherche en littératie médicale</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210772/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Carignan a reçu du financement du Consortium national de formation en santé (CNFS) à titre de professeure associée à l'Université Laurentienne. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Adèle Gallant, Annie Roy-Charland, Marie-Christine Beaudry et Rony Atoui, MD, MSc, FRCSC, FACS ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le développement des compétences en littératie médicale permet aux patients de prendre des décisions plus réfléchies par rapport à leur propre santé. Mais un accompagnement adéquat est nécessaire.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire en éducation, Université TÉLUQ Adèle Gallant, Doctorante en psychologie, Université de MonctonAnnie Roy-Charland, Professeure titulaire en psychologie, Université de MonctonMarie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Rony Atoui, MD, MSc, FRCSC, FACS, Cardiac Surgeon and Full Professor at NOSM University, Northern Ontario School of Medicine Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2050902023-07-11T14:48:11Z2023-07-11T14:48:11ZCourse à pied, fabrication de pain : traverser la pandémie grâce à de nouvelles passions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526903/original/file-20230517-18592-xkares.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C995%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage. </p>
<p>Chercheuses en psychologie, nous avons mené avec notre équipe de recherche <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">trois études durant la pandémie de Covid-19</a> afin d’examiner les bienfaits reliés au développement de nouvelles passions en contexte d’adversité. </p>
<p>Nous avons trouvé que les personnes ayant développé une passion harmonieuse ont vécu des émotions agréables et ont réussi à se désengager d’une activité passionnante irréalisable, ce qui les a amenés à ressentir du bien-être psychologique. </p>
<p>Les personnes ayant développé une passion obsessive, quant à elles, ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être (symptômes anxieux et dépressifs). </p>
<h2>Les passions ne sont pas toutes égales</h2>
<p>Prenons l’exemple d’Alex et de Charlie, deux personnages fictifs, afin d’illustrer les différents types de passion. Durant la pandémie, Alex a développé une passion pour la cuisine. Chaque soir, il adorait préparer une nouvelle recette et passer du temps en famille autour de bons repas. Dans la ville voisine, Charlie a quant à elle développé une passion pour le ski. Souhaitant participer à des compétitions, elle s’entraînait sur une base régulière et elle se sentait coupable les jours où elle ne skiait pas. Elle négligeait également ses études afin d’optimiser sa performance et se sentir fière d’elle dans son sport favori.</p>
<p>Alex et Charlie ont tous deux développé une passion pour une nouvelle activité, c’est-à-dire que cette activité aimée est devenue une partie de leur identité et ils y ont investi beaucoup de temps et d’énergie. Toutefois, ils ne se sont pas engagés dans cette activité de la même manière, ce qui a affecté différemment leur santé mentale. En effet, il existe <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0022-3514.85.4.756">deux types de passion</a>. </p>
<p>La <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion harmonieuse</a> est bien intégrée aux autres sphères de vie des individus. Ainsi, elle interfère peu avec leur travail, leurs loisirs ou leurs relations interpersonnelles. C’est le cas d’Alex, qui passe du temps en famille tout en poursuivant sa passion pour la cuisine. De plus, les personnes ayant une passion harmonieuse sont en mesure de se désengager de leur activité passionnante au besoin, par exemple lors d’un confinement qui les empêche de la pratiquer. </p>
<p>Au contraire, la <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion obsessive</a> est caractérisée par un besoin incontrôlable de pratiquer l’activité aimée. Les personnes ayant une passion obsessive basent souvent leur estime de soi sur leur performance dans leur activité passionnante, comme Charlie qui ne peut s’empêcher de skier.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="personne debout sur une piste de ski" src="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Durant la pandémie, les personnes ayant développé une passion obsessive ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Le rôle des émotions agréables et désagréables</h2>
<p>Alors que la passion harmonieuse d’Alex risque de lui procurer de nombreux bienfaits, la passion obsessive de Charlie pourrait engendrer des conséquences négatives sur sa santé mentale. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">Nos études</a> ont montré que les liens entre les types de passion et la santé psychologique peuvent être partiellement expliqués par la présence d’émotions agréables et désagréables. </p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780124072367000012">émotions agréables</a> permettent d’ouvrir ses horizons et de développer des ressources personnelles (p. ex., la présence attentive, qui réfère à la capacité d’être conscient de ses états internes et de son environnement) qui pourront être utilisées pour faire face aux situations stressantes. Les émotions désagréables ont également leurs fonctions. Par exemple, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0749597818305193">culpabilité</a> nous permet de reconnaître des comportements immoraux. Cependant, elles peuvent être associées à un repli sur soi et à des problèmes de santé psychologique.</p>
<p>Nos résultats indiquent que les personnes qui ont poursuivi une passion harmonieuse préexistante durant la pandémie et ceux qui en ont développé une nouvelle vivaient davantage d’émotions agréables, ce qui menait à un bien-être psychologique accru (satisfaction de vie, bonheur et trouver un sens à son existence). Au contraire, les personnes qui ont poursuivi une passion obsessive (préexistante et nouvelle) vivaient un peu de bien-être, mais surtout des émotions désagréables et des symptômes anxieux et dépressifs. </p>
<h2>Développer sa capacité à se désengager d’une passion</h2>
<p>La capacité à se désengager d’une passion est importante pour la santé mentale. Durant la pandémie, les personnes qui se désengageaient plus facilement de leur passion irréalisable, comme le voyage ou l’entraînement en salle, vivaient moins de symptômes d’anxiété et de dépression. </p>
<p>Nos résultats indiquent que le développement d’une nouvelle passion harmonieuse pourrait faciliter le désengagement face à une ancienne passion irréalisable qu’il est nécessaire de délaisser.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme assise dans un avion" src="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Favoriser la résilience grâce à la passion</h2>
<p>Il est important de souligner que les passions peuvent être des facteurs de résilience. Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. Pendant la pandémie, le développement de nouvelles passions (surtout harmonieuses) était un facteur de protection important pour la santé mentale. </p>
<p>Cela appuie les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jopy.12774">résultats d’autres études récentes</a> portant sur l’importance des passions harmonieuses pour promouvoir la résilience. En période de stress, il est donc bénéfique de prioriser les activités que l’on aime et de développer de nouveaux intérêts pour promouvoir sa santé mentale tout en veillant à ce que ces activités passionnantes soient intégrées de façon harmonieuse aux autres sphères de vie.</p>
<p>Bien que nos recherches ne se soient pas poursuivies après les confinements reliés à la pandémie, d’autres études ont montré que les passions harmonieuses ont tendance <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10902-018-0059-z">à perdurer dans le temps</a>. Ainsi, il est fort probable que les passions harmonieuses développées durant la pandémie se maintiennent et continuent d’être bénéfiques à la santé psychologique encore aujourd’hui !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205090/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Cimon-Paquet a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et des Fonds de recherche du Québec - Société et culture.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Holding a reçu des financements de Canadian Social Sciences and Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Virginie Paquette ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Durant la pandémie, de nombreuses personnes ont développé une passion alors que d’autres ont dû abandonner une activité passionnante. Ces passions ont joué un rôle dans la santé psychologique.Catherine Cimon-Paquet, Candidate au doctorat, conférencière et chargée de cours, Département de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Anne Holding, Chercheuse postdoctorale en motivation humaine, New York UniversityVirginie Paquette, Stagiaire postdoctorale en psychologie organisationnelle/industrielle, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2087702023-07-05T17:32:20Z2023-07-05T17:32:20ZBien-être au travail : et si les SCOP avaient tout compris ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/534787/original/file-20230629-19-puskmt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=127%2C26%2C1270%2C909&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le taux de pérennité à 5&nbsp;ans des SCOP a augmenté de 3&nbsp;points par rapport à 2021&nbsp;: il atteint 76&nbsp;% contre 61&nbsp;% pour l’ensemble des entreprises françaises. (Ici, l'ancienne usine Fralib de Gémenos (13), produisant des thés et infusions, qui s'est transformée en SCOP en 2014).
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/alternative-libertaire/38176825802">Flickr/Levan Ramishvili</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reforme-des-retraites-82342">réforme des retraites</a> de 2023, qui entérine le report de l’âge légal de départ à 64 ans, soulève la question de la soutenabilité du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/travail-20134">travail</a>. Selon la Dares, la direction statistique du ministère du Travail, 37 % des salariés ne se sentaient pas capables, en 2019, de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. L’exposition aux risques professionnels – physiques ou <a href="https://theconversation.com/fr/topics/risques-psychosociaux-35370">psychosociaux</a> – explique notamment ce chiffre élevé.</p>
<p>Les <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/en-2023-les-embauches-se-stabilisent-et-les-difficultes-de-recrutement-augmentent">difficultés de recrutement</a> et les différentes formes de démission (<a href="https://theconversation.com/le-mystere-de-la-grande-demission-comment-expliquer-les-difficultes-actuelles-de-recrutement-en-france-173454">visible</a> ou <a href="https://theconversation.com/quiet-quitting-au-dela-du-buzz-ce-que-revelent-les-demissions-silencieuses-192267">silencieuse</a>) que connaissent de nombreuses entreprises s’expliquent en partie par les <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quelles-sont-les-conditions-de-travail-qui-contribuent-le-plus-aux-difficultes-de-recrutement">conditions de travail</a> perçues dans le secteur ou dans le poste proposé, et, plus globalement, par le déphasage entre les attentes des uns et les offres des autres. Deux années de crise Covid ont profondément <a href="https://corporate.apec.fr/home/nos-etudes/toutes-nos-etudes/bilan-2022-des-difficultes-de-recrutement-de-cadres.html">changé la donne</a>. Ce n’est donc pas pour rien si les spécialistes considèrent aujourd’hui la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) comme un <a href="https://www.preventica.com/presse/2023/preventica-paris-2023-le-bilan.pdf">facteur central d’attractivité</a>, de fidélisation et de performance de l’entreprise.</p>
<p>Face à cette situation, les auteurs de <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/cce92165fbf37551d78048a7f7ed8220/Dares-Analyses_Facteurs%20qui%20influencent%20la%20capacite%20%C3%A0%20faire%20le%20meme%20travail%20jusqu%27a%20la%20retraite.pdf">l’étude</a> de la Dares concluent :</p>
<blockquote>
<p>« Une organisation du travail qui favorise l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/autonomie-52709">autonomie</a>, la participation des salariés et limite l’intensité du travail tend à rendre celui-ci plus soutenable ».</p>
</blockquote>
<p>L’exposition aux risques, physiques ou psychosociaux, va de pair avec un sentiment accru d’insoutenabilité. L’autonomie et le soutien social (de la part des supérieurs, des collègues, ou des représentants du personnel) favorisent au contraire la soutenabilité, comme la participation à la prise de décisions atténue les impacts des changements organisationnels.</p>
<p>Ce type d’organisation se retrouve justement dans les sociétés coopératives et participatives (SCOP). Il s’agit de sociétés anonymes (SA) ou de société à responsabilité limitée (SARL) devenues « entreprises de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/economie-sociale-et-solidaire-22578">l’économie sociale et solidaire</a> » (ESS) par choix et par agrément. Les principes (but poursuivi autre que le profit, double projet humain et économique) et les règles de l’ESS (gouvernance, partage des bénéfices) sont ainsi inscrits dans leurs statuts. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=247&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=247&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=247&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=310&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=310&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534986/original/file-20230630-17-zuvny9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=310&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Finalités et règles de gouvernance et de partage propres aux SCOP.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans ces structures, les salariés sont les associés majoritaires : ils détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Le pouvoir y est exercé démocratiquement et les profits, les risques ou encore les compétences sont partagés. Les SCOP se distinguent ainsi des entreprises classiques par les finalités et les principes qui les guident, le statut d’associé ouvert à leurs salariés, et leur fonctionnement décisionnel, organisationnel et rétributif. La qualité de vie et le bien-être au travail sont au cœur du projet, et ne sont pas des enjeux secondaires ou optionnels.</p>
<p>Au terme de deux <a href="https://www.les-scop-bfc.coop/system/files/Synthe%25CC%2580se%2520Fact%25202021_0.pdf">enquêtes</a> menées auprès de 205 dirigeants et 554 collaborateurs (dans une recherche en partenariat avec la confédération générale des SCOP, la <a href="https://www.les-scop.coop/">CGSCOP</a>), nous avons effectivement pu constater une implication et un engagement au travail élevés, ainsi qu’un sentiment généralisé de bien-être.</p>
<h2>Pouvoir effectif</h2>
<p>Les dirigeants comme les coopérateurs expriment en moyenne des niveaux de bien-être élevés. Le tableau ci-dessous récapitule les auto-évaluations de nos répondants (note sur 10) :</p>
<p><iframe id="GArhN" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/GArhN/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Ce bien-être est favorisé par les pratiques coopératives (organisation du travail, de la décision, rétribution) qui jouent sur l’implication, l’engagement et le sentiment de sécurité des collaborateurs. Il impacte aussi la performance économique de l’entreprise.</p>
<p>Les salariés apprécient notamment leur pouvoir décisionnel. Le sentiment d’« empowerment », c’est-à-dire d’émancipation, de « prise de pouvoir », est en effet particulièrement élevé (8,32/10). D’après la chercheuse américaine Gretchen M. Spreitzer, c’est ce qu’éprouvent des salariés quand ils exercent un <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/256865">pouvoir effectif sur leur environnement professionnel</a>, à travers un sentiment de compétence, d’impact sur ce qui se passe dans leur entreprise, d’autonomie dans les décisions qui concernent leur travail, et de sens qu’ils trouvent à leur travail.</p>
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<p>Ainsi, même si les coopérateurs ne se saisissent pas tous de la même façon de leur droit à la parole et qu’en pratique la participation est variable, ces sociétés se caractérisent par une participation assez élevée des membres à la prise de décisions stratégiques et opérationnelles.</p>
<p>Pour les coopérateurs, il découle de ce pouvoir décisionnel le sentiment d’une réelle implication vis-à-vis de leur organisation. Le tableau ci-dessous montre les auto-évaluations des salariés concernant différents niveaux d’implication :</p>
<p><iframe id="anz5b" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/anz5b/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>On note enfin que les salariés-associés ont un niveau d’implication affective, d’implication normative, d’<em>empowerment</em> (à travers les sentiments de compétence, d’autonomie, et d’impact), et un sentiment de sécurité de l’emploi plus élevés que les salariés non-associés.</p>
<h2>Contrat psychologique</h2>
<p>Nos répondants estiment, globalement, que le contrat dit <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=SsLBAwAAQBAJ">psychologique</a> avec leur société est particulier et spécifique à ce type de structure. En effet, le contrat entre un salarié et une entreprise n’est pas seulement juridique : il est aussi moral. Ce que je peux donner (mes contributions) comme ce que je peux recevoir (les rétributions) va au-delà du contrat de travail. Par exemple, je donne ma loyauté en échange d’une qualité de vie au travail. C’est un « deal » que les salariés-associés estiment équilibré.</p>
<p>Notre étude dévoile l’importance des valeurs coopératives (soutien, partage, participation démocratique, droit à la parole, etc.) dans le contrat psychologique au sein des SCOP. Ces aspects « immatériels » du contrat permettent de compenser des aspects plus matériels (rémunération, formation, développement de carrière, etc.) pour lesquels les SCOP ne surpassent pas les entreprises traditionnelles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/535246/original/file-20230703-257505-6gxcoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/535246/original/file-20230703-257505-6gxcoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/535246/original/file-20230703-257505-6gxcoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/535246/original/file-20230703-257505-6gxcoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/535246/original/file-20230703-257505-6gxcoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/535246/original/file-20230703-257505-6gxcoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/535246/original/file-20230703-257505-6gxcoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’équilibre du contrat psychologique dans les SCOP.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En effet, les coopérateurs estiment que leur contrat « immatériel » a d’autant plus de valeur qu’il serait très difficile à retrouver ailleurs, dans les organisations classiques. De plus, cette composante immatérielle du contrat permet de prédire des variables clés telles que le bien-être des coopérateurs, ainsi que le sens élevé qu’ils accordent à leur travail.</p>
<h2>La nécessité d’un leadership « transformationnel »</h2>
<p>Cependant, pour tous, dirigeants comme coopérateurs, le niveau de bien-être dépend du style de leadership. Même si les collaborateurs sont associés et si le terme « gérant » ou « référent » est souvent préféré à « dirigeant » ou « manager », la présence d’un leader pour faire vivre le modèle coopératif reste nécessaire.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/535492/original/file-20230704-26-ampcml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les différences entre leadership « transformationnel » et « transactionnel ».</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les enquêtes menées révèlent l’importance du style de leadership adopté au sein de ces sociétés. Le style dit « transformationnel » (qui encourage l’autonomie, la reconnaissance et la valorisation de chaque membre) est en parfaite adéquation avec les valeurs et le fonctionnement des SCOP. Un tel dirigeant a donc une influence très positive sur le bien-être au travail de tous les membres, y compris le sien. En revanche, si son style est plutôt « transactionnel », ses comportements professionnels apparaissent comme peu adaptés au fonctionnement coopératif et incompatibles avec les aspirations des coopérateurs : ce style ne favorise d’ailleurs ni son propre bien-être, ni celui des autres.</p>
<p>Ces résultats mettent en évidence une spirale vertueuse, caractérisée non par des dispositifs très innovants, comme nous pouvions l’imaginer, mais par des grappes de pratiques organisationnelles et managériales humainement valorisantes et économiquement efficaces, guidées par des valeurs et finalités fortement ancrées dans les statuts, et non négociables. Si elle n’est pas exempte de faiblesses ni exonérée des contraintes que connaît toute entreprise, une des réussites de la SCOP, dans le contexte actuel, est de parvenir à associer le collectif (le « vivre ensemble » et la solidarité) et l’individuel (autonomie, responsabilité, développement), l’humain et l’économique. Oui, c’est possible !</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=224&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=224&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=224&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=282&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=282&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/535247/original/file-20230703-241559-6883q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=282&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La spirale vertueuse, organisée en cercles concentriques, des SCOP.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Selon le réseau des SCOP, on dénombrait, fin 2022, 2606 de ces structures, présentes dans tous les secteurs d’activité, qui pèsent 58137 emplois et 8,4 milliards de chiffre d’affaires. Ces entreprises coopératives ont en outre enregistré une <a href="https://www.les-scop.coop/chiffres-cles-2022">croissance de 11 % par rapport à 2021</a>. Le taux de pérennité à 5 ans a augmenté de 3 points par rapport à 2021 : il atteint 76 % contre 61 % pour l’ensemble des entreprises françaises. La solidité des SCOP reste donc un sérieux atout de l’économie française pour les politiques de l’emploi mais aussi celles visant à favoriser le bien-être au travail.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208770/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En associant davantage les salariés aux décisions, le modèle coopératif répond notamment au besoin de valeurs, de sens, de reconnaissance ou encore d’autonomie dans le travail.Claude Fabre, Maître de Conférences en Sciences de Gestion (spécialité ressources humaines), Université de MontpellierFlorence Loose, Maitre de Conférences en Psychologie Sociale, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2037122023-04-19T16:54:54Z2023-04-19T16:54:54ZPourquoi l’inflation plombe le sentiment de bien-être des Français<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520547/original/file-20230412-24-8zep2m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C70%2C1137%2C723&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Fin 2022, les grandes dimensions du bien-être subjectif retrouvaient des niveaux similaires à ceux enregistrés pendant la crise des «gilets jaunes».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.wallpaperflare.com/france-puteaux-travel-europe-arc-de-triomphe-people-street-wallpaper-eujbf">Wallpaperflare.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/inflation-28219">inflation</a> ne pèse pas seulement sur le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pouvoir-dachat-33467">pouvoir d’achat des Français</a>, mais aussi sur leur bien-être.</p>
<p>Depuis le premier trimestre de l’année 2022, l’indicateur de satisfaction des ménages de <a href="https://www.cepremap.fr/publications/le-bien-etre-en-france-rapport-2022/">l’Observatoire du bien-être</a>, rattaché au Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), est en effet en baisse.</p>
<p>À la fin de l’an passé, les grandes dimensions du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/bien-etre-29815">bien-être</a> subjectif ont retrouvé ainsi des niveaux similaires à ceux enregistrés pendant la crise des « gilets jaunes ». Elles sont identifiées grâce à vingt questions invitant les enquêtés à donner des notes entre 0 et 10, par exemple, « dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre santé ? », 0 valant pour « pas du tout satisfait » et 10 pour « complètement satisfait ».</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520809/original/file-20230413-28-imubj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Cette flambée d’insatisfaction s’appuie surtout sur l’inflation, qui a atteint <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6688595">+5,2 % en France au cours de l’année 2022</a>. La hausse des prix pèse fortement sur le sentiment de bien-être pour des raisons multiples. D’abord, dans un contexte où les <a href="https://www.latribune.fr/economie/france/salaires-une-augmentation-de-3-8-en-2022-gommee-par-l-inflation-951247.html">augmentations salariales restent inférieures au rythme de l’inflation</a>, elle pèse mécaniquement sur le pouvoir d’achat.</p>
<p>Ensuite, l’inflation crée de l’incertitude et brouille les anticipations que peuvent former les ménages concernant l’avenir. Enfin, les ménages sont très inégalement exposés à l’inflation, en particulier face aux prix de l’énergie et de l’alimentation, ce qui conduit à un impact disproportionné sur certains budgets.</p>
<h2>Une inquiétude face à l’avenir</h2>
<p>En d’autres termes, la perte de bien-être en 2022 paraît d’abord liée, pour la grande masse des ménages, à des inquiétudes quant à l’avenir.</p>
<p>Ainsi, l’indicateur de bien-être subjectif qui a le plus souffert dans l’année correspond à la question : « quand vous pensez à ce que vous allez vivre dans les années à venir, êtes-vous satisfait de cette perspective ? » Il a chuté de concert avec l’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6685893#documentation">indice synthétique de confiance des ménages</a> de l’Insee qui agrège différentes variables tel que l’opinion sur les niveaux de vie passés et anticipés, sur les perspectives de chômage ou sur l’opportunité d’épargner ou non.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520810/original/file-20230413-14-9dd3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Cette dégradation du bien-être se reflète notamment dans <a href="https://cepremap.shinyapps.io/twitter/">notre série d’indicateurs</a> de « sentiments » et d’émotions exprimées sur le réseau social Twitter. Entre 2015 et 2018, on constate une montée de la négativité. L’expression de la joie (courbe verte) était plus fréquente que celle des trois émotions négatives. Or, elle connait un point d’inflexion dans la deuxième partie de l’année 2016 et chute encore plus fortement en 2019 après la période des « gilets jaunes ».</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520811/original/file-20230413-28-9fh241.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Les deux séries d’émotions empruntent des trajectoires opposées, avec la montée des expressions d’émotions négatives et la chute des émotions positives. Même les déconfinements, qui coïncident avec un rebond significatif de nos autres indicateurs de bien-être subjectif, n’ont qu’un effet limité sur les expressions de joie, et cette courbe atteint son nadir au premier trimestre 2021, entre le deuxième et le troisième confinement. Ce n’est qu’à partir de l’été 2021 que les fréquences des deux types d’émotions ont commencé à se rapprocher (avec une plus haute fréquence des expressions de joie, et une moindre prévalence des émotions négatives).</p>
<p>Notons qu’au cours des semaines récentes, nous avons assisté à une forte augmentation des expressions de colère, en parallèle avec la contestation de la réforme des retraites.</p>
<h2>Les Français de plus en plus écoanxieux</h2>
<p>Au-delà de l’inflation et de la guerre en Ukraine, la menace climatique affecte également le bien-être de la population. Alors que moins de la moitié des Français plaçaient le réchauffement climatique parmi leurs deux premières préoccupations en 2016, c’est maintenant le cas de 60 % d’entre eux. Cette progression régulière illustre la prise de conscience grandissante par les Français de l’urgence de la crise climatique en cours.</p>
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<p>Cette <a href="https://theconversation.com/face-au-changement-climatique-faire-de-la-peur-un-moteur-et-non-un-frein-200876">écoanxiété pousse aujourd’hui les Français à agir</a> : 61 % de la population déclare ainsi participer activement à la lutte pour la protection de l’environnement. Plus d’un tiers des répondants estiment pouvoir faire davantage et seule une très faible fraction pense qu’il n’est pas vraiment utile d’agir individuellement. Notons d’ailleurs que les personnes qui indiquent la nécessité d’un investissement individuel maximal déclarent également un niveau de satisfaction dans la vie plus élevé que ceux qui évoquent un manque de moyens pour agir.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520812/original/file-20230413-14-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les Français estiment très majoritairement (73,2 %) que chacun doit s’investir le plus possible. Une part encore importante (13,5 %) estime ne pas disposer des moyens nécessaires pour agir à son niveau. Ainsi, une grande majorité de la population est consciente et s’inquiète des problèmes environnementaux, désire fondamentalement agir mais trouve difficile d’en faire davantage.</p>
<p>Les motivations entraînant l’action pro-environnementale des individus sont plus diversement réparties. Si 40 % de la population pense avant tout à laisser aux générations futures un environnement de qualité, la protection de la santé (25 %) ainsi que de la nature et des espèces animales et végétales (22 %) constituent ainsi des motifs d’action également.</p>
<h2>Une nostalgie du passé</h2>
<p>Comme nous l’avions relevé dans notre <a href="https://theconversation.com/le-sentiment-de-bien-etre-des-francais-est-aujourdhui-suspendu-a-linflation-180921">précédent baromètre</a> qui portait sur l’année 2021, l’inquiétude face à l’avenir a pour contrepartie le repli vers le passé. Nous posons depuis le début de notre enquête la question suivante : « certaines personnes aimeraient bien vivre dans une autre époque en France. Si vous aviez le choix, laquelle choisiriez-vous ? ».</p>
<p>Nous laissons à cette question la possibilité de répondre « l’époque actuelle », et de fait 27 % des répondants la choisissent. Les deux tiers des répondants choisissent des périodes passées, tandis que l’avenir n’attire que moins de 3 % des répondants. Or, on note un net décrochage des réponses en faveur des époques passées depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520813/original/file-20230413-16-z30jt4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Lorsqu’on demande de quelle période les interrogés sont le plus nostalgiques, beaucoup sélectionnent la décennie de leurs vingt ans. Plus qu’à un état de la France, c’est probablement à leur jeunesse passée qu’ils se reportent. Cependant, les années 1980 jouissent d’une popularité certaine, même auprès de personnes trop jeunes pour les avoir connues.</p>
<p>Enfin, comme l’an dernier, nous relevons que la sphère proche (familles, amis, relations professionnelles) constitue un autre refuge face aux inquiétudes. Les relations avec les proches et le sentiment de pouvoir en attendre du soutien restent ainsi des points de satisfaction importants. Au sein de notre jeu de questions, celles-ci attirent régulièrement les scores moyens les plus favorables.</p>
<hr>
<p><em>Mathieu Perona, directeur exécutif de l’Observatoire du bien-être du Cepremap, et Claudia Senik, directrice de l’Observatoire, ont rédigé les rapports <a href="https://www.cepremap.fr/publications/le-bien-etre-en-france-rapport-2020/">2020</a> et <a href="http://www.cepremap.fr/publications/le-bien-etre-en-france-rapport-2021/">2021</a> « Le Bien-être en France ». Le rapport <a href="https://www.cepremap.fr/publications/le-bien-etre-en-france-rapport-2021/">2022</a> sera présenté lors d’une <a href="https://www.cepremap.fr/publications/le-bien-etre-en-france-rapport-2022/">conférence en ligne</a> le 21 avril 2023</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203712/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claudia Senik ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Observatoire du bien-être du Cepremap enregistre une chute de la satisfaction des ménages en 2022. Un effet de la hausse des prix et des inquiétudes vis-à-vis de l’avenir.Claudia Senik, Directrice de l'Observatoire du bien-être du CEPREMAP, Professeur à Sorbonne Université et à Paris School of Economics, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2033202023-04-17T13:48:29Z2023-04-17T13:48:29ZSurmonter ses pensées négatives grâce à la méditation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520848/original/file-20230413-16-pn06q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C992%2C654&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les pensées négatives répétitives peuvent avoir un impact négatif sur la qualité du sommeil, réduire l’efficacité et entraver les capacités de prise de décision.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Vous arrive-t-il de vous retrouver pris dans un cycle sans fin de pensées négatives ? Peut-être ruminez-vous sur vos erreurs passées, vous inquiétez-vous excessivement de l’avenir ou imaginez-vous des scénarios catastrophes ? </p>
<p>Est-ce que parfois vous passez une excellente journée, tout se déroule bien, et puis votre cerveau vous dit « Rappelle-toi ce moment où tu t’es ridiculisé devant tout le monde ? Revivons ce moment pendant les 20 prochaines minutes ». Et soudainement, votre bonne journée se transforme en un festival de malaise.</p>
<p>Si c’est le cas, sachez que vous n’êtes pas seul. De nombreuses personnes luttent contre des pensées négatives répétitives, et cela peut avoir un impact important sur la santé mentale et le bien-être.</p>
<p>En tant que coordonnatrice du domaine d’expertise en proche aidance au <a href="https://www.creges.ca/">Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale</a>, je souhaite apporter un éclairage sur l’impact négatif des pensées négatives répétitives sur la santé mentale et physique des proches aidants.</p>
<h2>Les effets dévastateurs des pensées négatives répétitives</h2>
<p>Les <a href="https://www.researchgate.net/file.PostFileLoader.html?id=56492e8660614bd60f8b456a&assetKey=AS%3A296223585128448%401447636614233">pensées négatives répétitives (PNR)</a> sont un processus cognitif caractérisé par une réflexion persistante et intrusive sur les événements passés, communément connue sous le nom de rumination, et d’appréhensions quant aux possibilités futures, souvent appelées soucis.</p>
<p>Les PNR sont un schéma de pensée récurrent, indésirable et difficile à déloger qui est impliqué dans l’apparition et la perpétuation de divers troubles mentaux, tels que la dépression, l’anxiété et le syndrome de stress post-traumatique. De plus, les <a href="https://doi.org/10.1037/0033-2909.134.2.163">PNR ont été associées à une mauvaise santé physique et ont été liées à une probabilité accrue de problèmes de santé futurs</a>. Les PNR peuvent avoir un <a href="https://www.researchgate.net/file.PostFileLoader.html?id=56492e8660614bd60f8b456a&assetKey=AS%3A296223585128448%401447636614233">impact négatif sur la qualité du sommeil, réduire l’efficacité et entraver les capacités de prise de décision</a>. </p>
<p>Des études récentes ont révélé que l’intensité des PNR est liée à des <a href="https://doi.org/10.1016/j.pscychresns.2021.111353">changements dans la morphologie du cerveau</a>, conduisant à une diminution des capacités cognitives générales et augmentant le <a href="https://doi.org/10.1002/alz.12116">risque de développer la maladie d’Alzheimer</a>. Même à faible niveau, les PNR peuvent avoir des <a href="https://doi.org/10.3389/fnhum.2016.00534">effets néfastes sur les systèmes cardiovasculaire, nerveux autonome et endocrinien</a>.</p>
<p>Alors, quelle serait la stratégie la plus efficace pour gérer les PNR ? <a href="https://doi.org/10.1007/s12144-017-9665-x">Des recherches ont démontré une corrélation négative entre les PNR et la présence attentive</a>, ce qui implique qu’un faible niveau de présence attentive peut augmenter la susceptibilité aux PNR.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme réfléchit assise à son bureau devant son ordinateur" src="https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520847/original/file-20230413-20-oozz0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les pensées négatives répétitives sont un processus cognitif caractérisé par une réflexion persistante et intrusive sur les événements passés et d’appréhensions quant aux possibilités futures.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Voyage vers le présent : le pouvoir transformateur de la présence attentive</h2>
<p>La présence attentive peut être considérée comme une faculté ou une compétence mentale qui peut être développée par une pratique régulière. Elle consiste à cultiver une <a href="https://doi.org/10.1016/j.copsyc.2018.10.015">conscience bienveillante et réceptive du moment présent</a>, sans porter de jugement sur ce qui se passe. L’objectif est d’être pleinement engagé dans ce qui se passe maintenant, plutôt que de s’égarer dans le passé ou de s’inquiéter pour l’avenir. </p>
<p>Il existe deux styles principaux de pratique de la présence attentive : la <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyg.2014.01083">méditation d’attention focalisée et la méditation d’attention ouverte</a>. La méditation d’attention focalisée implique de choisir un objet spécifique, comme la respiration, et de porter toute son attention sur celui-ci. Chaque fois que l’esprit s’évade, on le ramène simplement à l’objet de la concentration. En revanche, la méditation d’attention ouverte consiste à être conscient de tout ce qui se produit dans le moment présent. Au lieu d’essayer de se concentrer sur un objet spécifique, on observe simplement tout ce qui émerge dans l’expérience, y compris les pensées, les émotions et les sensations physiques.</p>
<p>Mais que se passe-t-il dans le cerveau pendant ces pratiques ? Des études récentes ont révélé que seule la méditation d’attention focalisée <a href="https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2016.03.021">entraîne une désactivation du « réseau du mode par défaut »</a> – un réseau de zones cérébrales qui sont normalement actives lorsque nous ne sommes pas concentrés sur une tâche particulière. Ce réseau est impliqué dans la pensée en « état de repos », qui implique la pensée négative répétitive. En désactivant le « réseau du mode par défaut », la méditation d’attention focalisée peut aider à réduire ce type de pensée nuisible.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une jeune femme calme et paisible se reposant dans son fauteuil de bureau" src="https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520850/original/file-20230413-20-zmquvi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La méditation d’attention focalisée implique de choisir un objet spécifique, comme la respiration, et de porter toute son attention sur celui-ci. Chaque fois que l’esprit s’évade, on le ramène simplement à l’objet de la concentration.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Réduire les pensées négatives répétitives : une avancée pour les proches aidants</h2>
<p>Dans le cadre de <a href="https://www.creges.ca/publication/explorer-limpact-de-la-pratique-de-la-presence-attentive-mindfulness/">notre projet</a>, nous développerons et examinerons une intervention visant à réduire les PNR chez les proches aidants.</p>
<p>Selon un <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/pub/75-006-x/2020001/article/00007-fra.pdf">rapport récent</a>, plus de 8 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus, soit 25 % de la population, fournissent des soins à un membre de leur famille ou à un ami atteint d’une maladie chronique, d’un handicap ou de besoins liés au vieillissement.</p>
<p>Bien que l’aide apportée puisse être gratifiante, elle peut également être difficile et stressante, en particulier pour ceux qui fournissent des soins complexes ou intensifs. Le <a href="https://doi.org/10.1037/0033-2909.129.6.946">stress chronique</a> est une expérience courante pour les proches aidants et il peut avoir un impact sur leur santé et leur bien-être. <a href="https://doi.org/10.1017/S1041610219000243">Une enquête auprès des proches aidants</a> a révélé que leurs principaux besoins étaient la santé émotionnelle (58 %) et la santé physique (32 %). Les <a href="https://www.creges.ca/wp-content/uploads/2022/09/CREGES_Revue-narrative-Presence-attentive-Mindfulness-2022-4.pdf">PNR sont fortement associées au fardeau des aidants</a> et prédisent des impacts négatifs sur la santé physique et mentale des proches aidants.</p>
<p>Nous recruterons 100 proches aidants avec des niveaux élevés de PNR. L’intervention sera présentée aux participants sous forme de vidéos interactives qui les guideront dans la pratique de la méditation d’attention focalisée. Nous mesurerons les changements au niveau des PNR, du stress, de l’anxiété, de la dépression et de la qualité de vie avant et après l’intervention, ainsi que lors d’un suivi six mois après l’intervention.</p>
<p>Si l’intervention est efficace, elle pourrait servir de base au développement d’un outil innovant de surveillance et de réduction des PNR. Cet outil pourrait être déployé sous forme d’application mobile ou sur des plates-formes de réalité virtuelle, offrant aux proches aidants un accès à une intervention qu’ils peuvent utiliser à leur convenance. Cela pourrait considérablement étendre la portée de l’intervention, la rendant plus accessible et plus pratique pour les proches aidants qui n’ont peut-être pas le temps ou les ressources pour participer à des interventions en face à face traditionnelles.</p>
<p>Dans l’ensemble, le potentiel de l’intervention de méditation d’attention focalisée pour améliorer la santé mentale et physique des proches aidants, ainsi que le développement de nouveaux outils innovants, représente une avenue prometteuse dans le domaine des services de soutien aux proches aidants. Des recherches supplémentaires et la mise en œuvre de telles interventions pourraient considérablement améliorer la qualité de vie des proches aidants et des personnes aidées.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Fille nourrissant sa mère âgée de soupe" src="https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520852/original/file-20230413-26-dcab8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le stress chronique est une expérience courante pour les proches aidants et il peut avoir un impact sur leur santé et leur bien-être.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Après tout, pour reprendre les paroles du philosophe Marcus Aurelius, « le bonheur de votre vie dépend de la qualité de vos pensées ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203320/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anna Andrianova est travailleuse sociale, membre de l’Ordre professionnel des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec.
Elle a obtenu des bourses de recherche de l'Université Laval (Bourse d'excellence Nicolas-et-Suzanne-Zay, Bourse doctorale François-et-Rachel-Routhier de la Faculté des sciences sociales) ainsi que du Centre de recherche VITAM – Centre de recherche en santé durable.</span></em></p>La présence attentive, à travers la méditation d’attention focalisée, peut aider à surmonter les pensées négatives répétitives, améliorant ainsi la santé mentale et physique.Anna Andrianova, Coordonnatrice, Domaine d'expertise en Proche aidance, Centre de recherche et d'expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), Candidate au Ph.D. et chargée de cours, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1980072023-01-19T11:48:18Z2023-01-19T11:48:18ZComment avoir envie de préserver une nature dont on s’éloigne de plus en plus ?<p>Comment les jeunes générations, actuelles et futures, peuvent-elles faire preuve d’empathie et désirer préserver un monde naturel menacé par les activités humaines, quand ce monde disparaît de plus en plus vite et que ces adultes de demain le connaissent de moins en moins ?</p>
<p>Autrement dit : comment se sentir en lien avec d’autres êtres vivants ou milieux si nous ne les avons jamais côtoyés ?</p>
<p>Les rapports de l’IPBES documentent ce recul du vivant et nous alertent : aujourd’hui, <a href="https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf">75 % de la surface des écosystèmes continentaux et 40 % des océans</a> ont été fortement dégradés ; un million d’espèces sont menacées d’extinction à brève échéance.</p>
<h2>Une expérience du non-humain qui s’amenuise</h2>
<p>Dans un ouvrage très remarqué publié en 2005, <a href="https://richardlouv.com/books/last-child/"><em>Last Child in the Woods</em></a> (traduit en français sous le titre <a href="https://www.editionsleduc.com/product/2112/9791028516802/le-dernier-enfant-dans-la-foret"><em>Une enfance en liberté</em></a>), le journaliste états-unien Richard Louv dressait le constat d’une jeunesse de plus en plus éloignée des espaces naturels et des activités de plein air.</p>
<blockquote>
<p>« Notre société enseigne aux jeunes à éviter toute expérience directe avec la nature. »</p>
</blockquote>
<p>Une situation qui n’épargne pas la France, comme l’ont souligné des travaux rendus publics en 2015, montrant que pendant les jours d’école, <a href="http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2015/30-31/2015_30-31_3.html">39 % des enfants de 3 à 10 ans ne jouaient jamais en plein air</a> et que seuls 50 % des enfants pratiquaient des jeux en plein air au moins 2 jours d’école par semaine. Un phénomène de <a href="http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Les_%25C3%25A9motions_de_la_Terre-9791020908070-1-1-0-1.html">« déconnexion »</a> aux lourdes conséquences (obésité, troubles du déficit de l’attention…).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une petite fille souffle sur une fleur de pissenlit" src="https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C112%2C2986%2C1832&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les enfants comme les adultes passent de moins en moins de temps à l’extérieur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Unsplash/Caroline Hernandez</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Dans son ouvrage, Richard Louv choisissait de mettre un nom sur ce phénomène, depuis fréquemment repris pour décrire un quotidien en voie d’artificialisation accélérée : le « trouble de déficit de nature ». Ce « trouble » ne désigne pas un diagnostic médical, mais un ensemble de symptômes, signes cliniques et conséquences, de la tendance de nos sociétés modernes à s’isoler toujours davantage dans une sphère qui éloigne, voire « éteint », l’expérience du monde non humain.</p>
<p>Il est important de rappeler ici que cet éloignement touche toutes les tranches d’âge.</p>
<p>Dans une <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/fee.2540">étude publiée en décembre 2022</a>, une équipe de l’Université de Leipzig a matérialisé cet éloignement en calculant la distance qui séparait les individus d’éléments naturels : selon leurs évaluations, cette distance a augmenté de 7 % ces vingt dernières années. Toujours selon leurs calculs, dans le monde, les individus vivraient en moyenne à 10 km environ d’une zone naturelle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<h2>Aux sources du déficit de nature</h2>
<p>Parmi les différentes causes avancées pour rendre compte de cette déconnexion, arrêtons-nous sur les trois principales.</p>
<p>Il y a d’abord le phénomène de l’artificialisation des sols, élément central dans la perte de biodiversité. Ce processus <a href="https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/4784-objectif-zero-artificialisation-nette-zan-et-contribution-de-l-ademe.html">croît en France 3,7 fois plus vite que la population depuis 1981</a>, réduisant d’autant l’expérience du monde naturel des individus.</p>
<p>Avec désormais <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806684">80 % de la population française vivant dans des « unités urbaines »</a> (plus ou moins grandes), nous nous coupons toujours davantage du monde naturel et possiblement non domestiqué.</p>
<p>Vient ensuite la <a href="https://www.babelio.com/livres/Terrasson-La-peur-de-la-nature--Au-plus-profond-de-notre-in/356842">culture des peurs</a> : nous avons « peur » et éprouvons même une aversion envers certains éléments de la nature.</p>
<p>Peur de la nuit, des animaux sauvages, des insectes, de toucher l’herbe, de marcher pieds nus, de se promener seul·e. Peur du visqueux, de l’humide, de ce qui est mort… Mais aussi détestation de la pluie, du froid, du vent, de tout élément naturel sur lequel nous n’avons pas prise.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cessez-davoir-peur-des-araignees-elles-sont-fascinantes-et-bienveillantes-112095">Cessez d'avoir peur des araignées, elles sont fascinantes... et bienveillantes !</a>
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<p>Ce refoulement lie <a href="https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1992_num_21_1_3045">l’expérience de « nature » au sentiment de « danger »</a>. Accompagnée d’un sentiment d’insécurité dans les zones urbaines, cette peur participe à surprotéger les enfants et à les contraindre à privilégier l’intérieur « sécurisé » au dehors « dangereux ». Une enquête, rendue publique en 2018 et conduite dans plus d’une dizaine de pays en Europe et en Amérique du Nord, évoquait à ce propos des « générations indoor », passant littéralement leur vie à l’intérieur.</p>
<p>Il faut enfin évoquer la virtualisation du monde : hors du travail, nous passons plus de <a href="https://www.bva-group.com/sondages/hyperconnexion-ecrans-sondage-bva-fondation-april/">4h par jour devant des écrans</a> et le nombre d’appareils connectés à domicile dans les pays de l’OCDE <a href="https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2019/03/Lean-ICT-Report_The-Shift-Project_2019.pdf">a quintuplé entre 2012 et 2022</a> (passant de 10 à 50).</p>
<p>Cette virtualisation favoriserait la sédentarisation et contribuerait à de multiples troubles liés à nos modes de vie actuels (maladies cardiovasculaires, obésité, diabète de type II, dépression, anxiété et stress, fatigue mentale, irritabilité et agressivité…).</p>
<h2>En pleine amnésie environnementale</h2>
<p>Autre phénomène qui explique et amplifie la déconnexion : ce que des spécialistes en écopsychologie, cette discipline qui analyse les relations entre psychologie et écologie, ont identifié comme une <a href="https://psycnet.apa.org/record/2009-02973-008">« amnésie générationnelle environnementale »</a>, amenant chaque nouvelle génération à considérer comme « normale » le milieu dans lequel elle grandit.</p>
<p>S’opère ainsi un glissement constant de la « référence » du milieu qui se traduit par l’oubli (dû à une absence de vécu) de son état antérieur. <a href="http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Les_%C3%A9motions_de_la_Terre-600-1-1-0-1.html">Dans son ouvrage sur les « nouveaux mots pour un nouveau monde »</a>, le philosophe australien Glenn Albrecht parle à ce propos d’« écoagnosie ».</p>
<blockquote>
<p>« Avec une expérience si limitée de la nature à transmettre à la génération suivante, chaque génération accepte une nature objectivement appauvrie comme étant la norme […], la nature finit par s’évanouir et il y a une extinction de l’expérience. »</p>
</blockquote>
<p>Cette question à la fois philosophique, politique et « éco-nomique » se pose d’ailleurs au sujet des imaginaires possibles d’un monde au sein duquel il s’agirait de retrouver notre place. Après deux siècles de transformation profonde, où pourrait se situer la référence d’une société « naturelle » ?</p>
<p>Cette situation inédite dans la longue histoire de l’humanité nous appelle à repenser profondément nos modes de vie, mais bien plus encore nos manières de faire-monde.</p>
<p>Faire-monde, c’est rebâtir une « diplomatie des interdépendances » entre êtres vivants, pour reprendre les termes du philosophe Baptiste Morizot dans son ouvrage <a href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/sciences-humaines-et-sociales-sciences/manieres-detre-vivant"><em>Manières d’être vivant</em></a> (2020). Il s’agit d’assurer une compréhension mutuelle et un partage ajusté du milieu, loin des écueils de la domination humaine et de l’appropriation de la terre. Faire-monde, c’est aussi reprendre part intégrale au tissu du vivant, que nous défendrons d’autant mieux que nous le connaissons et l’aimons.</p>
<h2>Des outils de « reconnexion » à explorer</h2>
<p>Partout en France, des ateliers et des stages d’<a href="https://afecop.com/">écopsychologie pratique</a> ou de <a href="https://www.jose-corti.fr/titres/biophilie.html">biophilie</a> proposent de ranimer ces liens au vivant et à notre ressenti d’interdépendance.</p>
<p>Nombreux sont aussi les guides à suivre pour ouvrir la réflexion et imaginer quelles voies cette reconnexion pourrait prendre : citons à nouveau Baptiste Morizot, mais aussi le photographe <a href="https://theconversation.com/avec-la-panthere-des-neiges-admirer-la-vie-sauvage-sans-la-deranger-174373">Vincent Munier</a> ou l’<a href="https://www.ledevoir.com/lire/570498/litterature-francaise-une-anthropologue-dans-la-gueule-de-l-ours">anthropologue Nastassja Martin</a> ; et, du côté des « classiques », bien sûr, le poète et naturaliste <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/thoreau-l-arpenteur-1308444">Henry David Thoreau</a>, dont l’ouvrage <em>Walden ou la vie dans les bois</em> (paru en 1854) est devenu une bible pour les écologistes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue en noir et blanc de la « baie de Thoreau »" src="https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La « baie de Thoreau », le lieu en pleine forêt du Massachusetts (États-Unis) où l’auteur de <em>Walden</em> édifia sa maisonnette pour vivre dans la nature deux années durant (photo noir et blanc datant de 1908).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://loc.gov/pictures/resource/cph.3a40169/">Detroit Publishing Co./Library of Congress</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certains pourront être aussi curieux de voir comment <a href="https://distribution.arte.tv/fiche/RITUELS_DU_MONDE">d’autres cultures</a> – on pense par exemple aux spiritualités asiatique, amérindienne ou africaine – développent une approche des relations au non-humain <a href="https://theconversation.com/la-nature-une-idee-qui-evolue-au-fil-des-civilisations-158045">différente, stimulante</a>.</p>
<p>Il faut souhaiter que ces changements deviennent accessibles à tous les âges, dans tous les milieux (scolaire, universitaire, institutionnel, collectif, privé, carcéral) et toutes les classes sociales, notamment en rendant plus visibles les cycles et processus naturels, en ouvrant l’espace des possibles aux imaginaires et modes de vie alternatifs (comme les écolieux, ou les ZAD par exemple).</p>
<p>Et aussi en expérimentant des techniques alternatives de production, consommation, partage de savoirs et savoir-faire collectifs, de création de communs, à l’image de la philosophie low-tech qui <a href="https://theconversation.com/avec-la-low-tech-penser-et-agir-par-dela-la-technique-185184">promeut des innovations simples et sobres</a>.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://afecop.com/team/yoan-svejcar/">Yoan Svejcar</a>, chercheur-praticien indépendant en écopsychologie, est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198007/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Couillet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la déconnexion des individus vis-à-vis des espaces naturels et des espèces animales s’intensifie, des pistes existent pour renouer avec le non-humain.Romain Couillet, Professeur des universités, chercheur multi-disciplinaire, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1975952023-01-12T11:32:26Z2023-01-12T11:32:26ZÉcologie et justice sociale : pourquoi il faut faire advenir une autre économie pour le XXIᵉ siècle<p><em>Jamais les progrès réalisés par les sociétés humaines ne semblent avoir été aussi éclatants et jamais la menace de destruction de notre environnement n’aura été aussi grande. Partant de ce constat, l’économiste Éloi Laurent propose de réfléchir dans son nouveau livre, <a href="https://www.librairielalison.fr/livre/21712757-economie-pour-le-XXIe-si%C3%A8cle-manuel-des-trans--eloi-laurent-la-decouverte">« Économie pour le XXᵉ siècle »</a> (éditions de la Découverte), à la manière dont l’humanité pourrait s’assurer un passage vers les prochaines décennies… Il faudra commencer par revoir le logiciel économique qui a présidé aux destinées du siècle passé. Nous vous proposons de découvrir un passage de cet ouvrage, extrait de son introduction, paru début janvier 2023.</em></p>
<hr>
<p>Sommes-nous fabuleusement prospères ou irrémédiablement ruinés ? Avons-nous tout gagné ou tout est-il perdu ? En ce début de XXI<sup>e</sup> siècle, deux visions radicalement différentes du sort de l’humanité sur la planète Terre coexistent et paraissent se contredire.</p>
<p>La première vision insiste sur les remarquables prouesses des humains depuis leur avènement il y a quelque 7 millions d’années : jadis frêles créatures dépourvues de presque tout avantage biologique significatif, immergées dans un environnement hostile, nous voilà devenus en quelques milliers d’années – et plus encore au cours des deux derniers siècles – souverains de la nature, maîtres de la biosphère, seigneurs de la Terre. Propulsé par le pouvoir de la coopération sociale aux quatre coins du monde, le voyage de l’humanité vers la prospérité ne laisse pas d’impressionner.</p>
<p>[…]</p>
<p>L’autre point de vue est bien plus sombre et revient à penser que l’humanité est pour le moins décevante : en l’espace d’un siècle, et plus encore depuis 1950, nous avons réussi à détruire substantiellement notre propre habitat – la seule planète vivante connue dans l’univers –, dégradant les trois quarts des terres et les deux tiers des mers et océans, nuisant à notre propre bien‐être, à celui de nos descendants et descendantes, et aux autres espèces avec qui nous partageons la vie pour des gains de court terme largement illusoires au vu de leur coût écologique. </p>
<p>[…]</p>
<p>Comment faire sens de la coexistence de ces deux narrations concurrentes ? L’une est‐elle tout simplement fausse tandis que l’autre serait juste ? Pouvons‐nous les comprendre de concert, les réconcilier ?</p>
<p>Le premier rapprochement possible de ces deux récits fait valoir que l’un et l’autre ont leur part de vérité, ce qui les sépare vraiment est leur horizon temporel : ce qui fut un succès indéniable pendant des siècles se transforme sous nos yeux, depuis quelques décennies, en un échec irréfutable. Oui, la partie la plus favorisée d’entre nous a pu évoluer vers la prospérité, mais elle est occupée à détruire ses fondements mêmes et nous devons comprendre pourquoi. Comment le développement humain peut‐il aboutir à la destruction de l’humanité ? Quelles dynamiques sociales sont devenues dysfonctionnelles et nocives au point de menacer non seulement notre bien‐être, mais notre existence même ?</p>
<p>Une autre façon de rendre justice à la validité de ces deux récits est de considérer l’espace plutôt que le temps : aucune communauté humaine ne peut vivre durablement en dehors de la biosphère, de sorte que notre exceptionnel bien‐être est entièrement conditionné par notre environnement. Alors qu’on nous fait encore croire que nous dépendons de technologies hors sol, voire extraterrestres alimentées par une ingéniosité autosuffisante, nous approchons en fait des limites finies de l’hospitalité unique de notre planète « boucle d’or » qui semble faite pour nous, pour peu que nous en prenions soin.</p>
<p>Une chose en tout cas est avérée : nos systèmes sociaux – à commencer par nos systèmes économiques – sont devenus autodestructeurs, et l’avidité d’une partie des humains est devenue préjudiciable à la poursuite de l’aventure de l’humanité. C’est pourquoi nous devons trouver des moyens pratiques d’inverser la spirale social‐écologique vicieuse dans laquelle nous sommes pris (nous détruisons l’habitat qui nous contient) pour entrer dans un cercle vertueux où interdépendance écologique et coopération sociale se nourrissent mutuellement au lieu de s’entre‐dévorer. Et nous devons trouver ces moyens rapidement et les mettre en œuvre sans tarder. Tel est précisément l’objet de ce livre.</p>
<p>À son fronton figure un terme qui a désormais mauvaise presse dans une partie de l’opinion : celui de « transition », que j’entends conjuguer ici au pluriel et enrichir de la perspective de la justice. L’étymologie du mot « transition » l’éloigne de son acception courante de plus en plus péjorative, celle d’un processus graduel, timoré, édulcoré. La transition serait le nom hypocrite du renoncement. Mais <em>transitio</em> signifie tout autre chose : ce mot désigne en latin le passage, c’est‐à‐dire la voie étroite que l’humanité doit aménager dans la première moitié du XXI<sup>e</sup> siècle pour espérer pouvoir prolonger sa prospérité. </p>
<p>Ce livre soutient que ce passage vers la poursuite du voyage humain dans la seconde moitié de notre siècle existe bel et bien, mais qu’on ne pourra l’emprunter qu’à la condition d’un grand partage : des ressources, du pouvoir et de toute l’intelligence dont nous disposons. Et ce travail de partage doit se déployer sur de nombreux fronts en même temps : l’énergie, l’eau, l’air, le sol, le climat, la biodiversité, la santé, la vie même, et selon des modalités de justice diverses : la répartition, la redistribution, la participation, la reconnaissance.</p>
<p>[…] </p>
<p>Il ne s’agit pas, à l’évidence, d’un manuel d’économie standard ou ordinaire, mais c’est bien d’un manuel d’économie qu’il s’agit. C’est que l’économie standard s’est enfermée au cours des dernières décennies du siècle précédent dans une approche beaucoup trop étroite de la coopération sociale et du développement humain, fixée sur des obsessions abstraites telles que l’efficacité, la rentabilité ou la croissance, qui la rendent inopérante aujourd’hui. Ce faisant, elle a méprisé sa propre richesse, ignoré son écodiversité et négligé de s’interroger sur les conditions de possibilité de l’activité économique.</p>
<p>Cette économie du XX<sup>e</sup> siècle, qui est encore professée par l’écrasante majorité des économistes professionnels et pratiquée par les gouvernements du monde entier, s’est précisément cristallisée entre 1934 et 1936, sous l’influence croisée de Simon Kuznets et John Maynard Keynes, et sur le socle de l’économie néoclassique. Tandis que Kuznets inventait dans l’après‐coup de la Grande Dépression l’indicateur de référence censé mesurer la richesse collective, le produit intérieur brut (PIB), Keynes concevait l’instrument susceptible de le faire croître : la politique macroéconomique. Peu après la conférence de Bretton Woods, en novembre 1944, paraissait le second rapport Beveridge (« Le plein emploi dans une société libre »), liant croissance économique et plein emploi. </p>
<p>Croissance, politique macroéconomique et plein emploi : trois concepts mis au jour en une décennie de 1934 à 1944, et qui allaient former le triptyque du progrès social pour les quatre‐vingts années à suivre, jusqu’à maintenant.</p>
<p>Maintenant, où il apparaît de plus en plus clairement que cette économie du XX<sup>e</sup> siècle doit être dépassée, car elle sape les fondements du bien‐être humain en prétendant le réduire à l’accumulation individuelle de symboles monétaires pour les faire croître sans fin, sans conscience des limites planétaires ni des besoins communs. Faut‐il continuer à se forcer d’apprendre par cœur ce credo daté qui semble justement être la feuille de route de nos crises sociales et écologiques ? Ce serait une régression intellectuelle et, au fond, une perte de temps. Faut‐il alors se résoudre à évoluer dans des univers parallèles, où l’on apprend d’un côté les réalités physiques, biologiques et éthiques du monde tel qu’il est et se défait sous nos yeux et, de l’autre, des « modèles » économiques qui en font abstraction au nom de principes largement arbitraires ? Cette dissonance cognitive nourrit notamment dans la jeunesse un malaise grandissant : elle n’est ni saine, ni utile, ni tenable.</p>
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<p><iframe id="tc-infographic-569" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/569/0f88b06bf9c1e083bfc1a58400b33805aa379105/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le point de départ de ce manuel est donc le réel et, plus précisément, un constat désormais largement partagé : l’économie, dans ses formes actuelles, à la fois comme discipline intellectuelle (l’économie néoclassique mâtinée d’un keynésianisme de circonstance) et comme système d’organisation de la société (le capitalisme néolibéral numérique), fait courir un risque vital à l’humanité ; elle doit se réformer en profondeur en prenant acte de la nouvelle donne biophysique qu’elle a elle‐même engendrée et en se recentrant sur l’impératif de justice sociale qui a longtemps été sa raison d’être.</p>
<p>Le XXI<sup>e</sup> siècle a vraisemblablement commencé le 7 avril 2020 quand 4 milliards d’humains ont été confinés par la moitié des gouvernements de la planète pour les protéger d’un virus inconnu et mortel engendré, c’est désormais une quasi‐certitude, par la <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abp8715">destruction des écosystèmes et la marchandisation de la biodiversité</a>. À l’heure où ces lignes sont écrites, près de 20 millions de vies humaines ont été perdues du fait de la pandémie de Covid-19, et le virus n’a pas frappé au hasard : il a emporté les plus vulnérables et affaibli les plus fragiles.</p>
<p>L’économie au XXI<sup>e</sup> siècle doit donc être une économie encastrée, bornée par la biophysique en amont, avec, comme discipline frontière, <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807315761-economie-ecologique">l’économie écologique (qui étudie les flux de matières, les déchets, l’énergie, la biodiversité, les écosystèmes, etc.)</a>, et bornée en aval par la justice sociale, avec, comme discipline frontière, l’économie politique (qui met en lumière les inégalités sociales et mesure la qualité des institutions politiques). Et c’est une économie du bien‐être essentiel, qui articule les besoins humains universels aux contraintes écologiques planétaires en les projetant dans la durée. Il ne s’agit pas d’une dérobade devant l’économie du XX<sup>e</sup> siècle qui prévaut encore, mais d’une tentative de reconquête : il n’y a aucune raison de nommer « économie orthodoxe » la pensée dominante de ces quarante dernières années qui apparaît à bien des égards marginale au regard du temps historique. À dire vrai, l’encastrement social‐écologique de l’économie que je recommande ici a tout à voir avec les origines de la pensée économique, vieille de plusieurs milliers d’années.</p>
<p>D’abord, et aussi surprenant que cela puisse paraître au regard de l’impératif contemporain de croissance à outrance, la pensée économique a depuis toujours partie liée avec la notion de sobriété des désirs et des ressources. On trouve ainsi clairement exprimée chez Aristote – le fondateur, avec Xénophon, du raisonnement économique au IV<sup>e</sup> siècle avant notre ère – une opposition entre, d’une part, l’économie (le but de l’activité économique) et, d’autre part, la chrématistique (le moyen d’acquérir des ressources pour atteindre des objectifs économiques). Cette opposition se prolonge par une autre distinction éthique, encore plus cruciale, entre la bonne chrématistique et la mauvaise.</p>
<p>La bonne chrématistique est celle qui se trouve subordonnée à l’économie comprise comme l’acquisition des ressources nécessaires à la « bonne vie » du ménage (au « bien‐vivre », dirait‐on dans la culture latino‐américaine), le foyer étant considéré comme le lieu par excellence du raisonnement économique. La mauvaise chrématistique (qualifiée de « non naturelle » par Aristote) échappe quant à elle à la loi du besoin et se transforme en un appétit insatiable pour des ressources illimitées, y compris au moyen d’opérations financières risquées, telles que le crédit et le prêt à intérêt. Autrement dit, dès sa conceptualisation, l’activité économique est conçue par Aristote comme relevant de la sobriété, c’est‐à‐dire de la satisfaction des besoins humains essentiels.</p>
<p>Cette sobriété des origines fait aujourd’hui retour, dans les territoires français où l’eau se fait rare sous l’effet d’une sécheresse structurelle, en Europe où l’énergie vient à manquer, en Chine où l’air est empoisonné par la pollution. Et l’on comprend qu’économiser, ce n’est pas convertir la biosphère en ressources, c’est bien plutôt partager les ressources de la biosphère.</p>
<p>Qui plus est, l’économie entretient depuis longtemps une relation fructueuse avec la physique et ses lois. Depuis les travaux d’Adam Smith et de David Ricardo, l’économie a été fascinée par la précision quantitative et les lois universelles de la physique (nous savons aujourd’hui qu’Adam Smith a été influencé par Isaac Newton). Cette fascination s’est pleinement manifestée lorsque l’économie a tenté de se libérer de la philosophie et de la science politique au tournant du XX<sup>e</sup> siècle, cherchant à se présenter comme une science. C’est alors que l’économie s’est mise à rêver de devenir la physique du monde social.</p>
<p>Mais, depuis, l’économie a presque oublié la physique et la biologie, inventant un monde en circuit fermé où le soleil ne semble pas briller, où la croissance infinie est utile et souhaitable et où tout ce qui existe sur la planète, ce sont les abstractions de la comptabilité nationale : les ménages, les entreprises et les gouvernements. Au début du XXI<sup>e</sup> siècle, l’économie est en quelque sorte rattrapée par la physique et de nouveau surplombée par elle : le changement climatique a le pouvoir de détruire dans les prochaines décennies toutes les économies de la planète, y compris les plus développées, les plus efficaces et les mieux gérées. Ces économies sont tout autant conditionnées par les réalités biologiques et dépendantes des êtres de nature : elles se nourrissent au quotidien du monde vivant sans lequel elles s’assécheraient aussi sûrement que le bras mort d’un fleuve.</p>
<p>La « grande maison de la nature », que le biologiste allemand Ernst Haeckel avait en tête lorsqu’il a inventé le terme « écologie », impose toujours ses lois à la petite maison humaine qu’Aristote et Xénophon avaient à l’esprit lorsqu’ils ont inventé le mot « économie ». Ce ne sera jamais l’inverse, quel que soit le pouvoir des humains sur Terre. L’économie doit rouvrir les yeux sur sa condition écologique de la même manière qu’elle a su, récemment, sortir de sa cécité éthique.</p>
<p>À juste titre, <a href="https://www.economie.gouv.fr/facileco/arthur-pigou">Arthur Cecil Pigou</a> avait fait de la révolte contre l’injustice le cœur de la vocation des économistes : </p>
<blockquote>
<p>« L’émerveillement, selon Carlyle, est la source de la philosophie. Ce n’est pas l’émerveillement, mais plutôt l’indignation devant le sordide de rues misérables et de vies flétries, qui est la source de la science économique. » </p>
</blockquote>
<p>David Ricardo ou John Stuart Mill, architectes géniaux de l’économie politique, étaient eux aussi convaincus que l’inégalité était la question essentielle de leur discipline naissante. Mais, à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, cette économie politique centrée sur la justice a cédé la place à une soi‐disant « science économique » focalisée sur l’efficacité et largement aveugle aux injustices. D’abord discrètement à la fin des années 1970 puis triomphalement au début des années 2000, l’économie des inégalités a fait son grand retour après des décennies d’éclipse. Encore trop axée sur le revenu et la richesse monétaires, il lui manque un véritable ancrage terrien.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=979&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=979&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=979&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1231&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1231&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503951/original/file-20230111-448-u3weyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1231&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Paru le 5 janvier 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.librairielalison.fr/livre/21712757-economie-pour-le-xxie-siecle-manuel-des-trans--eloi-laurent-la-decouverte">Éditions de la Découverte</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’inverse, le domaine de l’environnement a été largement colonisé par l’économie du XX<sup>e</sup> siècle et mis en coupe réglée par l’efficacité et l’optimalité de l’« analyse coûts‐bénéfices ». À cet égard, il convient de lever une ambiguïté : les écosystèmes et la biodiversité ne sont pas surexploités faute de valeur économique, mais par la faute de la valeur économique. Le problème, en d’autres termes, n’est pas la valeur de la nature, mais la nature de la valeur. Ainsi du rapport Dasgupta sur l’« économie de la biodiversité » commandé par le gouvernement britannique et paru en 2021, qui soutient que la crise de la biodiversité résulte d’un « défaut d’optimalité » dans la « gestion de portefeuille des actifs naturels » dont l’humanité aurait la charge. <a href="https://www.pedagogie.ac-nice.fr/edd/attachments/article/344/20220707%20French%20Media%20Release%20Sustainable%20Use%20FINAL.pdf">Une étude récente</a> de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) montre que, alors qu’il existe aujourd’hui une cinquantaine de méthodes pour évaluer les différentes valeurs des ressources naturelles (culturelles, intrinsèques, etc.), les trois quarts des études existantes portent sur leur seule valeur « instrumentale » et négligent leur valeur relationnelle. L’horizon de l’économie du XX<sup>e</sup> siècle est bien désertique. </p>
<p>Ce mélange d’ignorance et de cannibalisation fait de l’économie du XX<sup>e</sup> siècle une discipline insoutenable dont ce manuel veut sortir en enchâssant question sociale et défi écologique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197595/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éloi Laurent ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il nous faut trouver des moyens pratiques d’inverser la spirale social‐écologique vicieuse dans laquelle nous sommes pris – nous détruisons l’habitat qui nous contient.Éloi Laurent, Enseignant à Sciences Po et à l’Université de Stanford, économiste senior à l’Observatoire français des conjonctures économiques, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1950642022-11-23T20:16:39Z2022-11-23T20:16:39ZLe yoga modifie le cerveau et améliore la santé mentale<p>Au cours de la dernière décennie, le yoga est devenu tendance, comme en témoigne la multiplication de ses déclinaisons, <a href="https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2017/08/27/le-yoga-victime-de-la-mode_5177092_4497916.html">plus ou moins fantaisistes</a>, ou encore la création, en 2015, d’une <a href="https://www.lemonde.fr//sport/video/2015/06/22/a-new-delhi-seoul-ou-paris-le-yoga-fete-sa-premiere-journee-internationale_4659321_3242.html">« Journée internationale du yoga »</a>.</p>
<p>On prête à cette discipline de nombreux bienfaits, et des travaux scientifiques ont cherché à évaluer ses effets sur la santé, ainsi que sa capacité à améliorer la situation de patients souffrant de diverses pathologies, tels que lombalgie, cancer ou problèmes cardiaques par exemple. Les conséquences de la pratique du yoga ont été étudiées non seulement dans la population générale, mais aussi auprès de populations spécifiques : adolescents, personnes souffrant de troubles mentaux, etc.</p>
<p>Les résultats semblent indiquer que faire du yoga se traduit effectivement par différents <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-BMAoaWBc2M">effets positifs sur la santé physique</a>. Cette pratique permet notamment <a href="https://doi.org/10.1186/s12966-019-0789-2">d’améliorer l’équilibre, la souplesse, ainsi que de renforcer les muscles</a> et le <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijcard.2014.02.017">cœur</a>. Le yoga pourrait également avoir un <a href="https://doi.org/10.1016/j.ctcp.2021.101446">effet bénéfique sur le système immunitaire</a>, et <a href="https://doi.org/10.1371%2Fjournal.pone.0238544">présenter un intérêt dans la gestion de la douleur</a>.</p>
<p>Qu’en est-il de la santé mentale ? On sait aujourd’hui que pour cette dernière, pratiquer une activité physique est bénéfique. Le yoga ne fait pas exception. Il a même un effet direct sur le cerveau. Explications.</p>
<h2>Le yoga améliore l’activité du cerveau</h2>
<p>Le yoga présente la particularité, par rapport à d’autres types d’activité physique, de conjuguer des séquences de mouvements avec des exercices de contrôle de la respiration et de régulation de l’attention. Dans une méta-analyse récente, autrement dit une analyse statistique de données publiées dans la littérature scientifique (une <a href="https://theconversation.com/meta-analyses-de-lart-de-bien-melanger-torchons-et-serviettes-81286">« analyse d’analyses »</a>), des chercheurs chinois ont décortiqué les résultats de 15 publications scientifiques ayant étudié les effets du yoga ainsi que de pratiques appartenant au même type d’activité physique « corps-esprit » (tai-chi-chuan ou taiji, qi gong, baduanjin, wuqinxi…). Dans ces divers travaux, les chercheurs avaient notamment utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour observer les effets du yoga sur le cerveau.</p>
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<p>L’analyse de l’ensemble des résultats de ces différentes études montre plusieurs améliorations chez les pratiquants de ces activités corps-esprit, parmi lesquelles une <a href="https://doi.org/10.3390/brainsci11020205">augmentation de la taille de certaines régions du cerveau ainsi que de leur activité</a>. Ces changements s’opèrent principalement au niveau du cortex préfrontal, de l’hippocampe, du lobe temporal, de l’insula et du cortex cingulaire, des structures essentiellement impliquées dans la régulation émotionnelle, la mémoire et le contrôle de soi. Les chercheurs ont également observé une meilleure connectivité fonctionnelle dans les réseaux cérébraux de haut niveau, comme celui du contrôle cognitif (régulant l’attention, l’inhibition, la mémoire de travail, etc.) et celui du mode par défaut (réseau des pensées et des émotions de soi et d’autrui).</p>
<p>Une autre méta-analyse a mis en évidence que les <a href="https://doi.org/10.1089/acm.2016.0334">modifications cérébrales observées en IRM pouvaient être liées à des modifications comportementales</a> (observées lors d’évaluations psychologiques de pratiquants du yoga par des questionnaires, des observations, ou des entretiens). Comment ces modifications cérébrales se répercutent-elles sur leur quotidien ?</p>
<h2>Le yoga diminue le stress</h2>
<p>Une méta-analyse portant sur 42 études s’est intéressée à l’effet de la pratique du yoga sur le stress. Le stress est une réponse biopsychologique se traduisant notamment par des symptômes physiologiques, des pensées négatives et un ralentissement cognitif. </p>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2017.08.008">Le yoga semble contribuer à la réduction de stress en diminuant la quantité de cortisol, principale hormone du stress</a>. Ces résultats restent à nuancer et nécessitent des études plus approfondies avec notamment plus de participants et des interventions de plus longues durées pour juger d’un effet à long terme du yoga sur le stress.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/-BMAoaWBc2M?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>En plus de cette modification hormonale, d’autres travaux indiquent que le yoga aurait un effet <a href="https://doi.org/10.3233%2FBPL-190084">sur l’activité du cortex frontal et du cortex pariétal du cerveau</a>. Le cortex frontal est associé au contrôle de soi et des émotions, tandis que le cortex pariétal est à l’origine du traitement et de l’intégration des informations sensorielles.</p>
<p>Cela s’expliquerait par le fait qu’une séance de yoga est ponctuée d’instants méditatifs où les pratiquants doivent fréquemment se concentrer sur leur respiration, sur une partie spécifique de leur corps ou encore sur ce qu’ils ressentent à l’instant présent. Ces <a href="https://doi.org/10.1016/S0022-3999(03)00573-7">moments de méditation</a> aideraient à mieux réguler l’activité de ces régions cérébrales, tandis que l’activité associée à la charge mentale ou au stress serait diminuée.</p>
<h2>Le yoga améliore les symptômes anxiodépressifs</h2>
<p>L’anxiété est un débordement des capacités de régulation émotionnelle se manifestant par les symptômes retrouvés dans le stress. Elle ressemble à une inquiétude diffuse, associée notamment à des difficultés de concentration et d’endormissement. La dépression est quant à elle un trouble psychiatrique caractérisé par un dérèglement des émotions associé à un sentiment de tristesse ou de désespoir persistant, ainsi qu’à une perte d’intérêt et un repli sur soi. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149763414002012">Anxiété</a> et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149763412002059">dépression</a> sont associées à une modification de l’activité de l’amygdale, structure du cerveau notamment impliquée dans les émotions négatives.</p>
<p>Une méta-analyse portant sur 27 études menées sur des enfants et adolescents a étudié les effets du yoga sur les symptômes anxiodépressifs. Les participants sont soit des personnes typiques, soit des personnes avec des pathologies variées (pathologie ovarienne, pathologie cardiaque, troubles digestifs, etc.). Cette analyse a révélé que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32232017/">70 % de ces travaux montraient une amélioration de la santé mentale des jeunes suite à la pratique du yoga, et plus particulièrement de l’anxiété</a> et ces résultats sont à mettre en lien direct avec la <a href="https://doi.org/10.3390/brainsci11020205">diminution de l’activité de l’amygdale retrouvée chez les adultes pratiquants</a>. Ces effets bénéfiques sur les symptômes anxiodépressifs ont également <a href="https://doi.org/10.1080/13607863.2014.997191">été mis en évidence</a> <a href="https://doi.org/10.1002/da.22762">chez les adultes</a>, ainsi que <a href="https://www.aafp.org/pubs/afp/issues/2019/0515/p620.html">chez des personnes souffrant d’un trouble anxiodépressif</a>.</p>
<p>Les études dans ce champ de recherche étant encore récentes, elles sont encore peu nombreuses et hétérogènes dans leurs protocoles. Il est donc nécessaire de rester prudent sur l’interprétation des résultats. De plus, en cas de trouble anxiodépressif, la pratique du yoga ne se substitue pas à une prise en charge médicale et psychologique. Ces résultats suggèrent néanmoins que le yoga pourrait non seulement être utilisé en tant qu’activité physique, mais aussi pour améliorer la santé mentale.</p>
<h2>Le yoga améliore aussi les performances cognitives</h2>
<p>La pratique du yoga semble aussi avoir un impact sur les performances cognitives. Une méta-analyse publiée en 2020 et portant sur 13 articles montre qu’à la suite de séances de yoga, des adultes avec ou sans trouble cognitif présentaient des <a href="https://doi.org/10.1016/j.ctim.2020.102421">améliorations de leurs performances attentionnelles, mnésiques et d’inhibition</a>.</p>
<p>Ces améliorations pourraient être en lien avec les <a href="https://doi.org/10.3390/brainsci11020205">modifications cérébrales observées par imagerie cérébrale</a>, notamment l’augmentation de la quantité de matière grise dans l’hippocampe, le lobe temporal médial, le cortex préfrontal, l’insula et le cortex cingulaire, régions intimement liées aux performances cognitives. En outre, l’augmentation de l’activité des régions frontales du cerveau <a href="https://doi.org/10.3233%2FBPL-190084">est durable</a>. Les auteurs de ces travaux recommandent cependant de mener des études plus approfondies, sur des échantillons de plus grande taille et selon des protocoles standardisés (<a href="https://www.unicef-irc.org/publications/pdf/MB7FR.pdf#page=3">essais randomisés contrôlés</a>), afin d’améliorer la quantité et la qualité des données disponibles.</p>
<p>Il est important de noter que les améliorations observées semblent particulièrement dues aux exercices de pleine conscience et de méditation qui ponctuent les séances de yoga. Durant les séances, l’utilisation de ces exercices pourrait avoir un effet synergétique essentiel. Cela pourrait signifier que, pour observer les effets du yoga sur les symptômes anxiodépressifs et la cognition, il est nécessaire d’apprendre à diriger son attention sur l’instant présent et ses émotions. Par ailleurs, d’autres facteurs tels que le fait d’être en groupe durant les séances et d’avoir des interactions positives pourraient aussi contribuer à la diminution des symptômes anxiodépressifs.</p>
<p>Si vous souhaitez pratiquer le yoga et constater par vous-même ses effets, il vous reste à répondre à une question : lequel choisir ? Parmi les nombreux types de yoga existant, trois reviennent régulièrement dans les études que nous avons compulsées : le Hatha yoga, le Kundalini yoga ou le Kripalu yoga. Si vous deviez en choisir un pour commencer, c’est probablement l’un d’eux… Plus qu’à trouver un cours près de chez vous !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195064/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comme toute activité physique, le yoga est bon pour la santé. Cette discipline, qui associe le corps et l’esprit, a notamment des effets potentiellement intéressants sur les troubles anxiodépressifs.Marc Toutain, Docteur en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives - Laboratoire COMETE UMR-S 1075 INSERM/Unicaen, Université de Caen NormandieAnne-Lise Marais, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1835152022-11-23T14:40:46Z2022-11-23T14:40:46ZDevenir parent en temps de pandémie : entre désarroi et bonheur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485982/original/file-20220921-10462-w7mlpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C998%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De nombreux articles ont mis en lumière les défis psychologiques et sociaux rencontrés par les femmes enceintes pendant la crise sanitaire. Cependant, la pandémie a aussi eu des aspects positifs pour certaines d'entre elles.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La grossesse est souvent synonyme de grande joie. Mais certaines femmes enceintes vivent aussi du stress ou de la détresse psychologique. Ces émotions peuvent affecter leur santé et leur bien-être, ainsi que celui de l’enfant en devenir.</p>
<p>La pandémie a exacerbé cette situation, selon <a href="https://doi.org/10.1016/j.psychres.2021.113912">diverses études</a>. Ses répercussions sur les femmes enceintes seraient dues, notamment, à la <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2020.07.126">diminution du soutien social</a>, conséquence directe des mesures sanitaires.</p>
<p>Notre équipe intersectorielle de chercheuses associées à la <a href="https://risuq.uquebec.ca/reseau-de-chaires/les-chaires/sante-des-familles/">Chaire en santé des familles</a> de l’Université du Québec (<a href="https://risuq.uquebec.ca/">RISUQ</a>) réunit des expertises en sociologie, en sciences du mouvement, en psychologie, en anthropologie et en biologie. Notre objectif principal est de mieux comprendre les facteurs protecteurs, comme la capacité d’adaptation au changement et les réseaux familiaux et sociaux, et ceux liés aux vulnérabilités, comme la précarité sociale, auxquelles font face les femmes enceintes et nouvelles mères, afin de mieux identifier les cibles et stratégies d’intervention et de prévention.</p>
<h2>La pandémie a impacté les besoins des femmes enceintes</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1186/s12884-021-03691-y">Des données qualitatives</a> et provenant d’<a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1841092/pandemie-impacts-femmes-enceintes-precarite">organismes communautaires</a> ont souligné les effets délétères de la diminution du soutien social et des contacts physiques pour les femmes enceintes et récemment mères. Ces distanciations sociales ont compliqué en particulier la célébration des différentes étapes associées à l’arrivée d’un nouveau-né, notamment avec les (futurs) grands-parents, la famille élargie ou les amis.</p>
<p>Des analyses préliminaires de l’étude en cours « Résilience et stress périnatal pendant la pandémie » (<a href="https://www.resppa.ca/">RESPPA</a>), menée auprès de femmes de différentes régions du Québec, a montré que celles ayant moins de support de leur partenaires avaient des niveaux d’anxiété (générale et en lien avec la grossesse) plus élevés ainsi que plus de symptômes de dépression. Cette étude est unique de par son devis longitudinal (suivi depuis le premier trimestre de la grossesse jusqu’à deux ans postnatal). Elle permettra d’explorer l’évolution de la santé psychologique au cours du temps (et des différentes vagues de la pandémie), et les facteurs qui peuvent modifier ou modérer positivement comme négativement l’effet de la pandémie sur la santé psychologique.</p>
<p>Les habitudes de vie telles que <a href="http://dx.doi.org/10.1136/bjsports-2018-100056">l’activité physique</a>, la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33508080/">nutrition</a>, et le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33571887/">sommeil</a> qui ont un effet particulièrement <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2020.07.126">protecteur</a> pendant la grossesse, ont aussi été <a href="https://doi.org/10.1016/j.midw.2021.102929">négativement affectées</a> par la pandémie. D’autre part, la perte de revenu, la distanciation sociale et l’isolement font partie des facteurs pouvant entraîner une détérioration des saines habitudes de vie et du bien-être. L’étude RESPPA pourra aussi explorer comment les habitudes de vie ont été affectées pendant la pandémie et si elles ont eu un effet protecteur sur le maintien du bien-être.</p>
<h2>L’importance d’une grossesse en santé</h2>
<p>L’expérience de la grossesse et de la transition vers la parentalité est intimement liée à l’environnement dans lequel vit la femme, ainsi qu’à des facteurs biologiques et génétiques. Selon le concept des origines développementales de la santé et des maladies (<a href="https://dohadsoc.org/fr/">DOHaD</a>), l’interaction de ces éléments influence la santé à long terme de la mère et de son enfant. Cette interaction peut être à l’origine de maladies cardiovasculaires, par exemple.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Médecin portant un masque de protection effectuant un dépistage par ultrasons pour une femme enceinte dans une clinique moderne" src="https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485985/original/file-20220921-15278-vgtple.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=397&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une approche intersectorielle permet de fournir des informations complémentaires importantes et une compréhension globale des facteurs protecteurs et de vulnérabilité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>En contexte de pandémie, l’étude du bien-être associé à la transition à la parentalité est cruciale pour mieux comprendre les facteurs associés, entre autres, au bien-être psychologique et à l’adoption ou au maintien d’un mode de vie sain pendant la grossesse. Ces facteurs peuvent notamment avoir un effet positif sur le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26691753/">fonctionnement du placenta</a>, organe essentiel au bien-être de la grossesse et du fœtus.</p>
<p>Nos travaux de recherche sur le placenta apportent ainsi un regard nouveau sur l’impact de la pandémie sur la grossesse et la santé des futures mères et de leur enfant. Ainsi, étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une <a href="https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/dossiers/recherche-intersectorielle/intersectorialite-une-definition/">approche intersectorielle</a> (bio-psycho-sociale) permet de fournir des informations complémentaires importantes et une compréhension globale des facteurs protecteurs et de vulnérabilité.</p>
<h2>Les côtés positifs de la pandémie</h2>
<p>Certaines femmes enceintes durant la pandémie disent avoir vécu une transition plus douce vers la parentalité. Par exemple, une <a href="https://doi.org/10.1007/s00737-021-01108-5">étude</a> a montré que la pandémie peut contribuer à resocialiser les personnes les plus à risque d’isolement social, à travers des contacts et réunions virtuels tels que les appels vidéo avec des amis, la famille et même des prestataires de soins de santé. Cet effet positif de la pandémie a été observé plus particulièrement chez les femmes enceintes à mobilité réduite ou celles ayant de la difficulté à accéder aux ressources communautaires existantes, comme les nouvelles arrivantes dont les réseaux sociaux sont limités.</p>
<p>En accord avec ces observations, d’autres analyses préliminaires de l’étude RESPPA ont révélé qu’au-delà des impacts négatifs, certaines femmes enceintes ont identifié des aspects positifs de la pandémie, comme, par exemple, l’augmentation du temps de qualité.</p>
<p>Dans un autre de nos projets intersectoriels, intitulé « Périnatalité et transition à la parentalité au temps de la Covid-19 : du social au moléculaire » (<a href="https://inrs.ca/linrs/direction-scientifique/programme-de-soutien-de-linrs-pour-des-projets-de-recherche-novateurs-dans-la-lutte-contre-la-Covid-19/">PériParP</a>) Laurence Charton, une des chercheuses principales, a réalisé des entrevues au Québec qui ont permis de mieux comprendre les expériences vécues par les femmes enceintes, les nouvelles mères et leur famille durant la pandémie. Il est ainsi entre autres ressorti que la mise en place du télétravail pendant la pandémie a facilité l’expérience de la grossesse pour certaines, notamment en leur évitant de devoir prendre les transports en commun ou en leur permettant de se reposer sans culpabiliser :</p>
<blockquote>
<p>Travailler de la maison. Ça change tout. De se dire « Si t’es trop fatiguée, tu peux prendre une sieste, tu peux continuer ton travail après ».</p>
</blockquote>
<p>Le télétravail durant les premiers mois suivant l’accouchement a également été vécu positivement par de nombreux parents, qui pour certains n’envisagent plus que ce mode de travail :</p>
<blockquote>
<p>C’est peut-être bizarre à dire, mais, moi, la pandémie, ça m’a comme arrangée dans le fond. Je retournerai pas travailler au bureau non plus […] C’est quelque chose que mon travail a mis en place pis je suis vraiment contente.</p>
</blockquote>
<h2>Un moment pour repenser sa vie et fonder une famille</h2>
<p>Alors que les médias et des études ont relevé les <a href="https://theconversation.com/Covid-19-hausse-des-problemes-de-sante-mentale-chez-les-femmes-enceintes-139358">effets négatifs de la pandémie</a>, certains individus rapportent plutôt que cette expérience leur a permis de repenser leur trajectoire de vie, notamment leur désir, ou non-désir, d’enfants.</p>
<p>La pandémie a permis aussi à certains couples, en ralentissant le rythme du quotidien, d’envisager avoir un enfant, comme le confiait par exemple une Montréalaise :</p>
<blockquote>
<p>Pendant le confinement, moi j’ai pas travaillé pendant un trois mois […] Pis là, honnêtement, ça comme été une pause, ça vraiment vraiment fait du bien. On dirait qu’à partir de là, je sentais que j’étais prête à vivre la maternité.</p>
</blockquote>
<p>Pour d’autres couples, déjà parents, la pandémie s’est présentée comme le « bon moment » pour agrandir leur famille, comme l’explique une mère rencontrée en Abitibi-Témiscamingue :</p>
<blockquote>
<p>C’est le meilleur moment, dans le fond pour en avoir un autre, bébé. Parce qu’on va rester chez nous de toute façon. On est obligé de le faire, fait que tant qu’à ça, tsé ! On va comme en profiter pour ! Fait que nous, c’est vraiment dans ce minding-là.</p>
</blockquote>
<p>Ces différentes observations et données soulignent la pertinence d’étudier de manière intersectorielle la santé et le bien-être périnatal. Ainsi, comprendre comment différents facteurs biologiques, psychologiques et sociétaux peuvent interagir pour favoriser ou altérer la santé et le bien-être de la mère, de l’enfant et de la famille permettra de mieux comprendre les facteurs protecteurs et de vulnérabilité vécus en temps de pandémie.</p>
<p>Nos résultats contribueront ainsi à la mise en place de stratégies d’intervention et de prévention pour favoriser le bien-être des familles en contexte de pandémie et de bouleversement social.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183515/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stephanie-May Ruchat a reçu des financements de l'UQTR, CIUSSS MCQ, Diabète Québec, REPAR, IRSC. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Herba est professeure à l’UQAM et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte Justine. Elle est aussi membre du RISUQ (Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec). L’étude RESPPA était financée par le Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec (RISUQ).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cathy Vaillancourt a reçu des financements de l’Université du Québec pour le Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec | RISUQ (dont nous sommes tous membres les co-autrices), une subvention du RISUQ et du FRQS-COVID pour l’étude RESPPA et du financement de l’INRS pour l’étude PériParP.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kelsey Dancause est membre du Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec | RISUQ – Chaire périnatalité et parentalité.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurence Charton est membre du Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec | RISUQ – Chaire périnatalité et parentalité. Elle a reçu du financement de l’INRS pour l’étude PériParP.
</span></em></p>Étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une approche intersectorielle (bio-psycho-sociale) permet de fournir une compréhension globale des facteurs protecteurs et de vulnérabilité.Stephanie-May Ruchat, professeur en sciences de l'activité physique, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Catherine Herba, Professeure agrégée en psychologie à l’UQAM et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, Université du Québec à Montréal (UQAM)Cathy Vaillancourt, Professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Kelsey Dancause, Professeure en sciences de l'activité physique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Laurence Charton, Sociodémographe, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1919742022-10-10T19:00:46Z2022-10-10T19:00:46ZQuelle est la température idéale pour être heureux ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/488478/original/file-20221006-20-thv8d1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C19%2C1270%2C938&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il est désormais bien établi que le temps ensoleillé influe positivement sur le bonheur…
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/756391">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les fortes chaleurs de cet été n’ont pas apporté que du malheur. Nos mauvais souvenirs d’estivant s’estompent pour ne garder que les bons, ceux d’un temps radieux hors canicule. Nous craignons maintenant d’avoir froid à <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/sobriete-energetique-comment-la-limite-pour-le-chauffage-a-ete-fixee-a-19c_5389855.html">19 °C, température maximum</a> recommandée par le gouvernement face aux risques de coupures cet hiver… Le thermomètre affecte en effet notre humeur et notre bien-être. Oui mais dans quelle mesure ? Pour le savoir, il nous faudrait aussi disposer d’un thermomètre des sentiments. Cela tombe bien : on en a un, et même plusieurs, qu’on peut alors relier à la température ambiante et à l’ensoleillement du moment.</p>
<p>Le premier thermomètre de ce genre a été imaginé par un fameux économiste irlandais, Francis Ysidro Edgeworth. Il l’a conçu sur le papier au début des années 1880 dans son maître ouvrage <em>Mathematical Psychics</em>. Son « hédonomètre », puisque c’est ainsi qu’il nomme sa <a href="https://socialsciences.mcmaster.ca/econ/ugcm/3ll3/edgeworth/mathpsychics.pdf">machine psychophysique</a>, enregistre la hauteur du plaisir de l’individu selon le « frémissement de ses passions ». Il est doté d’une sorte d’aiguille de sismographe qui oscille aux alentours de zéro lorsque la personne s’ennuie, jusqu’à tendre presque vers l’infini de trop rares fois. Edgeworth cherchait alors à armer la théorie économique d’un instrument de mesure de l’utilité, ou satisfaction, des individus.</p>
<p>Beaucoup plus tard et avec une ambition théorique moindre, des psychologues mais aussi des économistes se sont penchés sur les déterminants du bonheur avec une méthode très simple : demander aux individus d’exprimer leur satisfaction dans la vie, par exemple selon une échelle de 1 à 10. Cet hédonomètre du bien-être subjectif a été utilisé pour estimer l’influence de nombreuses variables comme le <a href="https://www.collectionreperes.com/economie_du_bonheur-9782348054648">revenu, le niveau d’étude, le nombre d’amis, la richesse du pays, etc</a>.</p>
<p>Il a aussi été employé il y a déjà presqu’un demi-siècle pour mesurer <a href="https://psycnet.apa.org/record/1984-12290-001">l’influence du beau temps</a>. 84 étudiants de l’Université de l’Illinois (États-Unis) ont été interrogés. Ceux appelés au téléphone pendant les premiers jours d’ensoleillement après une période de temps maussade se sont déclarés plus satisfaits de leur vie que leurs camarades questionnés au cours d’un jour de pluie succédant à une période de mauvais temps.</p>
<h2>Bénéfices physiologiques et sociaux</h2>
<p>Rien d’étonnant à ce résultat, mais il est un peu ennuyeux car il biaise par une variable transitoire l’évaluation de la satisfaction de la vie qui se veut une appréciation globale et sur la durée du bonheur des individus.</p>
<p>Par ailleurs, deux causes possibles peuvent être invoquées sans que l’on puisse les démêler. La première est physiologique. La luminosité agit sur le taux de sérotonine, un neurotransmetteur souvent appelé l’hormone du bonheur. Ou plutôt agirait car les preuves manquent encore. Doser la sérotonine passe par un prélèvement du liquide céphalorachidien, un geste médical à éviter sans bonne raison.</p>
<p>L’autre explication à l’effet bénéfique du soleil est d’ordre social. Le beau temps facilite des activités extérieures plaisantes, shopping ou plage par exemple. Les deux causes jouent sans doute en général et même simultanément quand on se retrouve par beau temps entre amis assis à la terrasse d’un café ou en famille lors d’un pique-nique à la campagne.</p>
<p>En tout état de cause, il est désormais bien établi que le temps ensoleillé influe positivement sur le bonheur, et ce pour nombreux pays occidentaux comme les <a href="https://psycnet.apa.org/record/2017-15583-010">États-Unis, le Canada</a>, <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/On-the-Sunny-Side-of-Life%3A-Sunshine-Effects-on-Life-K%C3%A4mpfer-Mutz/88df958d3dd712f4696dd4b7b846bcf011a7826a">l’Allemagne</a>, et <a href="https://psycnet.apa.org/record/2016-03305-007">l’Australie</a>. Mais cette influence reste modeste par rapport à d’autres variables testées comme vivre en couple, disposer d’un emploi ou ne pas souffrir de handicap. En réalité, nous avons même sans doute tendance à surestimer l’influence du soleil. Daniel Kahneman, le seul psychologue lauréat du prix Nobel d’économie à ce jour, a par exemple montré que les étudiants de l’Université du Michigan, où le temps est souvent pluvieux, avaient tendance à davantage à <a href="https://web.mit.edu/curhan/www/docs/Articles/biases/9_Psychological_Science_340_(Schkade).pdf">accorder plus l’importance au climat pour expliquer leur bien-être</a> que ceux de l’Université de Californie, et inversement.</p>
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<p>Aiguillonnés par la nécessité d’anticiper les effets du réchauffement climatique, les travaux portent moins depuis une vingtaine d’années sur le beau temps à travers ensoleillement que sur la température. Citons en particulier un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800904002940">travail économétrique</a> réalisé à partir d’observations sur 67 pays. Il montre sans surprise une préférence commune pour des températures plus élevées pour le mois le plus froid de l’année et des températures plus basses pour le mois le plus chaud. Ces observations sont tirées de la <a href="https://worlddatabaseofhappiness.eur.nl">World Base of Happiness</a>. Pas plus que <a href="https://www.collectionreperes.com/economie_du_bonheur-9782348054648">l’économie du bonheur</a> soit devenue une sous-discipline académique <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-economie-du-bonheur-claudia-senik/9782021186239">reconnue</a>, vous ne vous doutiez sans doute pas qu’une base de données mondiale du bonheur puisse exister.</p>
<h2>Préférences climatiques</h2>
<p>L’hédonomètre du bien-être subjectif mesurant des préférences exprimées est moyennement apprécié des théoriciens car il est sujet aux biais et erreurs traditionnels des enquêtes : influence de la formulation des questions et de leur ordre, impressions de l’interrogateur sur le déclarant, déclaration dépendante du moment choisi, trop petit nombre d’enquêtés, etc.</p>
<p>D’où la conception et le recours à des méthodes qui révèlent les préférences des individus sans les leur demander. La <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02282301/document">méthode des prix hédoniques</a> est la plus classique. Elle est utilisée pour déduire à partir de données observables indirectes les préférences des individus pour des biens hors marché, donc sans prix apparent. Par exemple ici, les préférences de température à partir des salaires et des dépenses liées au logement. L’intuition étant que les ménages acceptent de payer des prix plus élevés et de recevoir des salaires plus faibles pour vivre dans les localités qui correspondent à leurs préférences climatiques, toutes choses égales par ailleurs.</p>
<p>Un quatuor d’économistes a ainsi mis en évidence que le consentement à payer est plus élevé pour éviter un degré de chaleur excessive que celui <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/684573">pour éviter un degré de froid excessif</a>. Un trio, jouant de cette même méthode, s’est intéressé aux préférences de température selon les saisons. Sans surprise, elles penchent vers des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0095069617305843">hivers doux et des étés de chaleur modérée</a>. Sans surprise encore, il apparaît que ce trait est d’autant plus marqué que les personnes sont âgées. La malchance est qu’en général les régions d’hiver doux connaissent des étés chauds…</p>
<p>La boîte à outils des préférences révélées s’est enrichie récemment d’un nouvel hédonomètre grâce à l’ingéniosité d’un jeune économiste américain, Patrick Baylis. Il est parvenu à tracer la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0047272720300256">courbe de notre félicité en fonction de la température</a> grâce à une machine de son invention.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=929&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=929&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=929&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0047272720300256">Tableau tiré des travaux de Baylis (2020), page 50</a></span>
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</figure>
<p>Son principe est simple mais d’application laborieuse. Il nécessite de collecter un million de tweets géolocalisés, à en repérer pour chacun et chaque auteur dans la durée les mots exprimant un sentiment de bien-être et de mal-être et à les traduire dans un score synthétique. La phase la plus délicate consiste bien sûr à choisir parmi les termes employés, les mots de connotation positive et négative, et à leur donner une valeur pour calculer le score.</p>
<p>Afin d’obtenir des résultats plus solides, plusieurs méthodes ont été utilisées dont l’une observant et analysant même les émoticônes en plus des mots. Il suffit ensuite de rapporter cette prise de température des sentiments à la température du jour des messages écrits.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0047272720300256">Tableau tiré des travaux de Baylis (2020), page 35</a></span>
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</figure>
<p>La courbe obtenue par Patrick Baylis ressemble à un U renversé. En haut, un plateau entre 14 °C et 28 °C, une montée régulière pour y parvenir en partant de 0 °C et une descente à partir de 28 °C jusque vers 42 °C. On note donc bien encore une augmentation de bien-être lorsque la température est un peu moins fraîche, une sorte de bonheur de la chaleur.</p>
<p>Bien sûr, il ne faudrait pas croire cette courbe universelle. Elle a été établie à partir de données collectées aux États-Unis. Cet immense pays présente l’avantage d’une grande diversité de conditions climatiques. Du froid de l’Alaska aux hautes températures de l’Arizona en passant par la chaleur humide de la Nouvelle-Orléans et le régime tempéré du Wisconsin. Mais les particularités économiques, culturelles et sociales de cette région de l’Amérique du Nord rendent plus que délicate l’extrapolation des tendances observées au reste du monde.</p>
<p>88 % des logements étatsuniens par exemple sont <a href="https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=52558">équipés d’un climatiseur</a>. Conscient de cette difficulté Patrick Baylis a eu la bonne idée d’appliquer son hédonomètre à six autres pays de langue anglaise. Le U renversé, c’est-à-dire la préférence pour des températures modérées contre des températures froides ou chaudes, se retrouve en Australie et en Inde.</p>
<p>En revanche, en Afrique du Sud et aux Philippines, il manque une jambe au U : les basses températures ne sont pas moins préférées que les températures modérées. Pour le Kenya et l’Ouganda, les deux jambes ont carrément disparu : pas de différence discernable dans les sentiments exprimés en réponse aux différentes températures. Il faut donc rester circonspect. D’autant qu’à part l’Australie, les utilisateurs de Twitter dans ces pays représentent une portion faible et particulière, car plus aisée et éduquée, de la population.</p>
<h2>Oubliez Celsius et Fahrenheit !</h2>
<p>Il convient également de garder en tête que la température ne détermine pas à elle seule nos sentiments à l’égard du temps qu’il fait dehors. L’humidité joue aussi un rôle en particulier lorsque la température est élevée. Elle bloque l’évacuation de la chaleur corporelle par la sudation, ce qui augmente le risque de coup de chaleur.</p>
<p>Le temps gris, même si la température est clémente et qu’il ne pleut pas, exerce également une influence sur notre humeur. Mettre en évidence le rôle de la température toutes choses égales par ailleurs exige donc de prendre en compte, soit techniquement en économétrie de contrôler ces autres variables décrivant les conditions climatiques.</p>
<p>Notre jeune économiste a pris en compte la pluie dans ses calculs et sa courbe, c’est-à-dire que l’effet de la température est estimé qu’il pleuve ou non par ailleurs. Ce n’est pas complètement le cas pour l’ensoleillement qui n’est pas pris en compte en tant que tel et que la pluie ne résume pas. Le temps peut être gris sans qu’il pleuve. Et il pleut rarement quand le soleil brille, fort heureusement d’ailleurs car ce jour-là le diable bat sa femme et marie sa fille selon le dicton hérité d’une fameuse dispute entre Jupiter et Junon.</p>
<p>Pour mieux établir encore les liens entre la température et le bonheur, il faudrait abandonner les échelles mises au point par Anders Celsius et Gabriel Fahrenheit au début du XVIII<sup>e</sup> siècle, délaisser le thermomètre au mercure d’hier et au gallium d’aujourd’hui pour adopter le thermomètre-globe mouillé.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C1191%2C765&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Technicien militaire vérifiant un thermomètre-globe mouillé, qui permet d’anticiper les situations de stress thermique, sur la base navale de Corry, en Floride" src="https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C1191%2C765&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Technicien militaire vérifiant un thermomètre-globe mouillé, qui permet d’anticiper les situations de stress thermique, sur la base navale de Corry, en Floride.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:US_Navy_100524-N-5328N-671_Cryptologic_Technician_(Technical)_Seaman_Antron_Johnson-Gray_checks_the_wet_bulb_globe_temperature_meter.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Ce drôle d’instrument calcule selon l’humidité du moment la température humide (c’est-à-dire celle qui empêche l’évaporation de la sueur), détermine la température radiante grâce à une petite boule noire exposée à la lumière du jour, et enfin plus banalement mesure la température de l’air ambiant. Ne lui manque qu’un anémomètre pour observer la vitesse du vent ! Il combine les trois observations pour obtenir une valeur en degré WBGT (pour Web Bulb Globe Temperature). L’appareil est notamment utilisé sur certaines bases militaires et chantiers de construction pour évaluer le niveau de risque de stress thermique et recommander de ralentir le niveau d’activité, voire la cesser.</p>
<p>Vous pouvez vous aussi vous équiper de ce drôle d’appareil. Il existe des versions pas trop encombrantes et pas très chères. Vous pourrez alors construire votre base de données personnelles afin d’évaluer scientifiquement votre propre bien-être en fonction de cette température plurielle.</p>
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<p><em>François Lévêque a publié chez Odile Jacob <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-lere-des-entreprises-hyperpuissantes-touche-t-elle-a-sa-fin-157831">« Les entreprises hyperpuissantes. Géants et Titans, la fin du modèle global ? »</a>. Son ouvrage a reçu le <a href="https://www.melchior.fr/note-de-lecture/les-entreprises-hyperpuissantes-prix-lyceen-lire-l-economie-2021">prix lycéen du livre d’économie</a> en 2021</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191974/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De nombreux économistes ont étudié le lien entre niveau du thermomètre et satisfaction. Sans surprise, leurs études concluent sur une préférence pour des hivers cléments et des étés pas trop chauds.François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1901982022-10-04T13:20:13Z2022-10-04T13:20:13ZL’ergothérapie au bénéfice de la santé mentale des élèves<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/484114/original/file-20220912-22-lvfozc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C992%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les ergothérapeutes en milieu scolaire peuvent favoriser le bien-être des élèves par le biais d’activités importantes et porteuses de sens (jouer, pratiquer une activité physique, créer une oeuvre).</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La pandémie de Covid-19 a mis en évidence le <a href="https://doi.org/10.1007/s00787-021-01744-3">rôle important des activités et des routines pour la santé mentale des enfants et des jeunes</a>. Mais cet <a href="https://www.cse.gouv.qc.ca/publications/sante-mentale-enfants-ado-50-0512/">enjeu important de santé publique</a> ne date pas d’hier. Malheureusement, <a href="https://commissionsantementale.ca/ce-que-nous-faisons/enfants-et-jeunes/">peu d’enfants bénéficient des services requis à cet égard</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changements-climatiques-repenser-nos-actions-aujourdhui-pour-assurer-le-bien-etre-des-generations-futures-170690">Changements climatiques : repenser nos actions aujourd’hui pour assurer le bien-être des générations futures</a>
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</p>
<hr>
<p>Afin de contrer les diverses <a href="https://doi.org/10.1007/s00787-019-01469-4">barrières à l’accès aux services de santé mentale</a>, il est recommandé <a href="https://myaota.aota.org/shop_aota/product/900470U">d’intervenir directement dans les milieux de vie des jeunes, dont l’école</a>. <a href="https://myaota.aota.org/shop_aota/product/900470U">Les ergothérapeutes en milieu scolaire peuvent jouer un rôle important en ce sens</a>, notamment en favorisant leur participation et leur bien-être par le biais d’activités importantes et porteuses de sens (jouer, pratiquer une activité physique, créer une œuvre). Cependant, ces professionnels seraient peu appelés à agir en matière de santé mentale au <a href="https://cje-rce.ca/wp-content/uploads/sites/2/2019/03/RCE%CC%81_42-1_Jasmin-1.pdf">Québec</a> et <a href="https://www.caot.ca/document/3978/may_AEmai14.pdf">ailleurs au Canada</a>, ce qui peut s’expliquer par une méconnaissance de leur rôle dans ce domaine.</p>
<p>Je suis professeure en ergothérapie à l’Université de Sherbrooke et je m’intéresse aux services et interventions en ergothérapie destinés aux enfants et aux jeunes, spécialement dans le domaine de la santé mentale et dans les milieux scolaires et défavorisés. Des étudiantes et moi avons réalisé une recension des écrits, afin de relever les interventions efficaces et prometteuses que peuvent réaliser les ergothérapeutes en milieu scolaire en matière de santé mentale.</p>
<h2>Favoriser la participation dans la vie de tous les jours</h2>
<p>L’ergothérapie est une profession qui aide des personnes de tout âge à participer aux activités qu’elles souhaitent ou ont besoin de faire dans leur vie de tous les jours. Ces activités peuvent inclure manger, s’habiller, s’amuser, étudier, travailler, prendre soin, se reposer, etc. Les ergothérapeutes prennent en compte des facteurs à la fois personnels, environnementaux et <a href="https://www.caot.ca/document/4210/L%20-%20Les%20occupations%20et%20la%20sant%C3%A9%20(2008).pdf">occupationnels</a> pour analyser et améliorer la participation des personnes. En soutenant leur participation dans des activités valorisées et signifiantes, ces professionnels contribuent à favoriser leur santé mentale.</p>
<p>Aux États-Unis, des ergothérapeutes s’appuient sur l’approche <a href="https://www.rfre.org/index.php/RFRE/article/view/162/159">« Every Moment Counts »</a> pour promouvoir le bien-être mental des jeunes à l’école. Cette approche ergothérapique met l’accent sur la possibilité de vivre des expériences et des émotions positives en ciblant les habiletés des jeunes, mais aussi, et surtout, leur contexte environnemental ainsi que leurs activités. Every Moment Counts propose des interventions universelles, de groupe et individualisées.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="élèves mangent dans une cafétéria à l’école" src="https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484108/original/file-20220912-24-jf2ba0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un climat positif et convivial lors des repas favorise la participation et la socialisation des élèves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Dans le cadre de l’approche Every Moment Counts, des ergothérapeutes proposent le programme <a href="https://research.aota.org/ajot/article-abstract/72/3/7203205050p1/6436/The-Comfortable-Cafeteria-Program-for-Promoting?redirectedFrom=fulltext">« Comfortable Cafeteria »</a>, afin de créer un climat positif et convivial lors des repas, qui favorise la participation et la socialisation des élèves. Pour ce faire, de la formation et de l’accompagnement hebdomadaire sont offerts au personnel surveillant à la cafétéria. Selon une <a href="https://research.aota.org/ajot/article-abstract/72/3/7203205050p1/6436/The-Comfortable-Cafeteria-Program-for-Promoting?redirectedFrom=fulltext">étude</a>, ce programme est efficace pour améliorer les connaissances et les compétences du personnel surveillant à la cafétéria, ainsi que pour favoriser le plaisir et la convivialité chez les élèves lors des repas.</p>
<p>Les ergothérapeutes peuvent aussi utiliser et recommander des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32204773/">interventions axées sur l’activité</a>. Les plus probantes pour améliorer la santé mentale, les comportements et la participation sociale des jeunes incluraient l’utilisation du yoga, du sport, du jeu ou des arts créatifs.</p>
<h2>Répondre aux besoins sensoriels des élèves</h2>
<p>Les ergothérapeutes en milieu scolaire proposent fréquemment des interventions pour répondre aux besoins sensoriels des élèves, dans le but de soutenir leur bien-être, leur <a href="https://www.ontario.ca/fr/document/programme-de-la-maternelle-et-du-jardin-denfants-2016/reflexion-sur-lautoregulation-et-le-bien-etre">autorégulation</a> (ajustement du degré d’éveil selon l’activité ou la situation) et leur participation. Le <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0308022616639989?journalCode=bjod">« Sensory activity schedule »</a> en est un bon exemple. Il s’agit d’un programme d’activités et de modifications de l’environnement (s’asseoir sur un coussin d’air, être massé à l’aide d’un ballon thérapeutique), élaboré et appliqué en collaboration avec le personnel enseignant, et intégré dans la routine scolaire. Ce programme peut être recommandé auprès des élèves présentant des particularités sensorielles, dont les <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/AIA-05-2019-0015/full/html">élèves autistes</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un kinésithérapeute aide un petit garçon assis sur un ballon de gymnastique pendant une rééducation dans un hôpital pour enfants" src="https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484110/original/file-20220912-6429-8hk6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Certaines activités et modifications de l’environnement peuvent améliorer l’autorégulation des élèves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Des ergothérapeutes utilisent également le <a href="https://www.alertprogram.com/">« Alert Program »</a> pour aider des enfants d’âge scolaire à s’autoréguler. À travers ce programme, les élèves apprennent à reconnaître leur degré d’éveil et à utiliser des stratégies sensorimotrices (changer de position, manipuler une balle, faire des étirements) pour les aider à s’autoréguler, de manière socialement appropriée. Le personnel enseignant peut aussi être formé et accompagné pour implanter ce programme.</p>
<p>Des études soutiennent que le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19411243.2018.1432445">Alert Program peut améliorer l’autorégulation des élèves</a>. Il leur <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13632752.2014.903593">permet de mieux comprendre leur comportement, ainsi que d’appliquer des stratégies d’autorégulation</a>. Cela peut d’ailleurs <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0008417415627665">faciliter la gestion de classe</a>.</p>
<h2>Soutenir et accompagner le personnel scolaire, les parents et les pairs</h2>
<p>En ergothérapie, offrir de la <a href="https://research.aota.org/ajot/article-abstract/74/2/7402180050p1/6679/Interventions-Supporting-Mental-Health-and?redirectedFrom=fulltext">formation au personnel enseignant et aux parents</a> ainsi que des <a href="https://research.aota.org/ajot/article/74/2/7402180030p1/6676/Interventions-Within-the-Scope-of-Occupational">interventions auprès des élèves avec le soutien des parents et des pairs</a> fait partie des pratiques probantes pour favoriser la santé mentale, les comportements positifs et la participation sociale des enfants et des jeunes.</p>
<p>De l’accompagnement au personnel scolaire peut également être offert, notamment selon le <a href="https://www.google.ca/books/edition/Occupational_Performance_Coaching/8AfpDwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=0">« Occupational Performance Coaching »</a>. Dans le cadre de cette intervention, l’ergothérapeute guide la personne dans l’analyse des buts fixés, ainsi que dans la recherche et l’implantation de solutions pour les atteindre. En combinaison avec un atelier sur l’autorégulation, un projet pilote a révélé le potentiel de cette intervention pour <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0008417415627665">aider le personnel enseignant avec l’utilisation de stratégies d’autorégulation et la gestion de classe</a>.</p>
<h2>Encourager les enfants à jouer</h2>
<p>Les ergothérapeutes peuvent porter une attention spéciale au jeu des enfants, une <a href="http://www.portailenfance.ca/wp/modules/readaptation-a-bases-communautaires/jeux/">activité essentielle pour leur développement et leur bien-être</a>. Le programme <a href="https://www.learntoplayevents.com/">« Learn to play »</a> s’adresse aux enfants présentant des problèmes de développement et cible l’amélioration de leur jeu symbolique (« faire semblant ») et des habiletés associées. Ce programme serait efficace pour <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1440-1630.2012.01018.x">développer les habiletés sociales et langagières des élèves autistes</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="enfants jouent à la marelle dans la cour d’école" src="https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484111/original/file-20220912-22-26b15b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le jeu dans la cour de récréation améliore les interactions sociales et les habiletés de jeu des élèves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>De plus, le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19411243.2017.1325818">jeu dans la cour de récréation</a> peut être une intervention en ergothérapie. Il s’agit d’un contexte riche sur le plan sensorimoteur pour améliorer, entre autres, l’autorégulation, les interactions sociales et les habiletés de jeu des élèves. De l’équipement de jeu peut également être recommandé par l’ergothérapeute, favorisant ainsi l’inclusion et la participation de tous.</p>
<h2>Aider les jeunes présentant de l’anxiété</h2>
<p>Des ergothérapeutes offrent des interventions de groupe à des jeunes présentant de l’anxiété, dont les programmes <a href="https://nmcdn.io/e186d21f8c7946a19faed23c3da2f0da/5ef2e685c81348acbb22d12524a5a4be/files/59E1-A-McCarthy.pdf">« Group Mindfulness Therapy »</a> et <a href="https://acamh.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/camh.12270">« Kia Piki te Hauora »</a> (nom maori qui peut se traduire par « Accroître notre santé et notre bien-être »).</p>
<p>Group Mindfulness Therapy, un programme de pleine conscience, vise à renforcer les habiletés de pleine conscience, comme l’attention au moment présent, l’acceptation de soi et la compassion. Selon une étude, ce programme <a href="https://acamh.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/camh.12214">peut améliorer l’attention ainsi que réduire le stress et l’anxiété</a>.</p>
<p>Kia Piki te Haoura a pour but de promouvoir le bien-être psychologique par le biais d’activités quotidiennes et signifiantes (sommeil, activité physique, communication). Ce programme a démontré des <a href="https://acamh.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/camh.12270">effets positifs sur la satisfaction des jeunes concernant leur participation et leur niveau d’anxiété selon le point de vue du personnel enseignant</a>.</p>
<p>En somme, les ergothérapeutes peuvent favoriser la santé mentale des élèves en milieu scolaire en proposant des interventions qui améliorent leur participation, leur bien-être et leurs habiletés, de même que leurs expériences, leur routine et leur contexte scolaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190198/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Jasmin est professeure titulaire et directrice du programme d'ergothérapie de l'Université de Sherbrooke, ainsi que membre de l'Ordre des ergothérapeutes du Québec et de l'Association canadienne des ergothérapeutes. Elle a reçu, à titre de cochercheuse, des financements du Réseau de recherche en santé des populations du Québec et de l'Agence de santé publique du Canada. </span></em></p>En soutenant la participation des élèves dans des activités valorisées et signifiantes, les ergothérapeutes contribuent à favoriser leur santé mentale.Emmanuelle Jasmin, Professeure titulaire en ergothérapie, Université de Sherbrooke, Université de Sherbrooke Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1863372022-07-18T13:31:42Z2022-07-18T13:31:42ZLa douleur chronique : une maladie invisible trop souvent stigmatisée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/472394/original/file-20220704-20-fu5d1y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C992%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Même si la douleur chronique est reconnue comme une maladie à part entière par les scientifiques, celle-ci demeure largement sous-reconnue, sous-diagnostiquée et surtout accompagnée de nombreux préjugés.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Imaginez vivre avec des douleurs au quotidien, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Des douleurs tellement dérangeantes qu’elles viennent chambouler tout le cours de votre journée.</p>
<p>Malheureusement, c’est ce que des millions de personnes qui vivent avec de la douleur chronique doivent affronter, tous les jours. Et trop souvent, leur condition est stigmatisée, voire niée.</p>
<p>Doctorante en épidémiologie de la douleur chronique, j’ai l’opportunité de travailler avec des patientes et des patients partenaires. Avec une prévalence aussi élevée et des conséquences aussi multiples, il est plus que temps d’engager un vent de changement envers cette maladie entourée de préjugés.</p>
<h2>Les douleurs essentielles et les douleurs aiguës</h2>
<p>Avant de parler de douleur chronique, commençons par le début. Est-ce que la douleur entraîne toujours des conséquences aussi négatives ? Bien sûr que non. La douleur est essentielle à notre bon fonctionnement. Elle agit comme un <a href="https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2019/canadian-pain-task-force-June-2019-report-en.pdf">système d’alarme</a> pour nous avertir qu’un danger est présent.</p>
<p>Par exemple, si, par mégarde, on devait déposer notre main sur la plaque du four laissée ouverte et brûlante, un message de douleur sera envoyé à notre cerveau. Avant même que nous ayons le temps d’y penser, notre main sera retirée de la plaque chauffante, nous évitant une brûlure intense. Cette douleur nous permet donc d’avoir les réflexes nécessaires pour éviter le pire.</p>
<p>La douleur peut aussi durer un peu plus longtemps. C’est le cas, par exemple, à la suite d’une blessure, une opération ou une infection. <a href="https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2019/canadian-pain-task-force-June-2019-report-en.pdf">Ces douleurs vont souvent se résorber par elles-mêmes suivant un cycle normal de guérison</a> ou disparaîtront à l’aide de certains traitements. C’est ce qu’on appelle les douleurs aiguës. Des douleurs à court terme qui sont plutôt perçues comme un symptôme.</p>
<h2>La douleur chronique, une maladie aux impacts multiples</h2>
<p>Lorsque cette douleur persiste au-delà du temps normal de guérison, celle-ci n’est plus considérée comme un simple symptôme, mais comme une <a href="https://doi.org/10.1097/j.pain.0000000000000160">maladie à part entière</a>. C’est ce qu’on appelle la douleur chronique. La douleur chronique se définit comme une <a href="https://doi.org/10.1097/j.pain.0000000000001384">douleur qui persiste pour un minimum de trois mois</a>. Or, pour la grande majorité des personnes vivant avec cette maladie, les douleurs persistent pendant plusieurs années.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Œuvre « Displacement », par Chloe Fleisher, 13 ans, qui vit avec des douleurs chroniques. Présenté dans le cadre du concours d’art intitulé « Pain and mental health », ce dessin a remporté un prix décerné par la Société canadienne de la douleur en 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Marimée Godbout-Parent), Fourni par l’auteure</span></span>
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</figure>
<p>Chez ces personnes, le message douloureux fait en quelque sorte défaut. Celui-ci n’est plus présent pour nous avertir d’un danger, mais devient un fardeau en soi. La douleur chronique peut survenir à la suite d’un cancer, d’un accident, ou encore après une chirurgie. Malheureusement, il arrive aussi que l’on soit incapable d’en trouver la cause. Ce qui complique la tâche pour les traitements.</p>
<p>Bien que cette maladie demeure méconnue, elle affecterait près de <a href="https://doi.org/10.24095/hpcdp.31.4.04">20 % de la population canadienne</a>. Considérant que notre population est estimée à près de 39 millions en 2022, ceci voudrait dire qu’environ 7,5 millions de personnes vivent avec de la douleur chronique. À titre comparatif, 7,5 millions de Canadiennes et Canadiens équivalent à <a href="https://worldpopulationreview.com/canadian-provinces/quebec-population">l’entièreté de la population québécoise</a>. Un nombre impressionnant et inquiétant.</p>
<p>En plus d’affecter une grande partie de la population, la douleur chronique <a href="https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2019/canadian-pain-task-force-June-2019-report-en.pdf">engendre plus que des douleurs physiques</a>. Cette condition affecte le fonctionnement au quotidien, le bien-être psychologique, la qualité de vie, la vie sociale et le travail des gens qui composent avec cette maladie.</p>
<p>Imaginez avoir tellement de douleurs, que celles-ci diminuent votre capacité à travailler, à jouer avec vos enfants, à voir vos amis, à vous concentrer et affectent même votre capacité à faire des tâches du quotidien. Malgré le désir de la personne de demeurer active, le corps ne peut pas suivre. Alors, il n’est pas surprenant qu’en découlent des conséquences telles que de la fatigue, de la frustration, de la tristesse, de l’anxiété et de la dépression. Ainsi, le chevauchement constant entre les difficultés physiques, psychologiques et sociales, engendre une détresse profonde chez cette population.</p>
<h2>Une maladie stigmatisée</h2>
<p>En dépit des impacts importants qui y sont associés, la <a href="https://doi.org/10.1111/j.1526-4637.2011.01264.x">douleur chronique demeure largement stigmatisée</a>. En effet, les attitudes et croyances négatives selon lesquelles les personnes qui vivent avec de la douleur chronique <a href="https://doi.org/10.1080/24740527.2017.1369849">deviennent dépendantes de leurs médicaments, qu’elles ont souvent tendance à exagérer la gravité de leur état, qu’elles sont en réalité simplement paresseuses</a>, qu’elles ne veulent pas s’aider, sont très répandues.</p>
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<figcaption><span class="caption">La douleur chronique est une maladie bien réelle.</span></figcaption>
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<p>Sachant les conséquences multiples et la prévalence de cette maladie, pourquoi y a-t-il encore autant de préjugés et de stigmatisation envers ceux et celles qui souffrent de douleur chronique ?</p>
<p>C’est une question qui demeure en suspens. Pour certains, ce que l’on ne peut pas voir, n’existe pas. Comme la douleur est une expérience qui varie selon l’individu, que nous n’avons pas d’appareil spécifique pour la détecter ou que nous ne pouvons pas nécessairement la voir, la douleur peut paraître invisible. Nous avons plus de difficulté à éprouver de la <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpain.2013.11.002">sympathie ou de la compréhension pour des choses que l’on ne peut pas expliquer médicalement</a> à l’aide d’examens médicaux, de rayons X.</p>
<h2>Comment devenir un allié</h2>
<p>Ainsi, malgré les nombreuses explications des patientes et patients, ceux-ci doivent souvent composer avec des préjugés provenant tant des professionnels de la santé, que de leur entourage ou de la population générale. Plusieurs personnes qui vivent avec la douleur chronique ont effectivement le sentiment que leur douleur n’est pas comprise par leurs amis, leur famille, leurs employeurs ou même par leurs professionnels de la santé, ajoutant un sentiment d’impuissance, de tristesse et de colère. En plus de composer avec les difficultés qu’apporte la douleur chronique, les commentaires reçus ajoutent un fardeau inestimable sur ces gens.</p>
<p>Francine, qui vit avec de la douleur chronique depuis 15 ans reçoit, régulièrement ce type de commentaire de la part de son entourage :</p>
<blockquote>
<p>Bien voyons, ça fait juste 10 minutes que tu marches, tu es capable d’en faire plus. Force-toi donc un peu.</p>
</blockquote>
<p>Sylvie, qui vit avec de la douleur chronique depuis 17 ans, doit pour sa part composer avec les commentaires de son médecin :</p>
<blockquote>
<p>Vous êtes la seule patiente que je n’arrive pas à soulager avec des infiltrations en 40 ans, vous devriez peut-être consulter un psychologue à la place.</p>
</blockquote>
<p>Ces phrases, qui peuvent paraître inoffensives pour certains, sont souvent lourdes de sens pour ceux et celles qui les entendent au quotidien. L’acceptation de la maladie est une étape importante et difficile. Elle ne devrait pas être jumelée avec la composition de tels commentaires péjoratifs.</p>
<p>Sans être un expert dans le domaine, nous pouvons tous jouer un rôle, de près ou de loin, dans la vie de ces gens. Offrir une écoute active et compréhensive, ne pas porter de jugement rapide et reconnaître leur condition est déjà un pas énorme dans la bonne direction.</p>
<p>Le support et la communication avec l’entourage sont des éléments à ne pas négliger, qui peuvent certainement faire une différence positive.</p>
<hr>
<p><em>Cet article à été écrit en collaboration avec Sylvie Beaudoin et Christian Bertrand, patiente et patient partenaires</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186337/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marimée Godbout-Parent a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).</span></em></p>La douleur chronique est une maladie aux conséquences multiples qui méritent d’être abordées afin d’espérer des changements positifs pour les gens qui doivent composer avec cette condition.Marimée Godbout-Parent, Étudiante au doctorat recherche en sciences de la santé, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1860592022-07-05T18:51:01Z2022-07-05T18:51:01ZDans une entreprise, des employés satisfaits rendent aussi les investisseurs heureux<p>Le volume des actifs sous gestion qui intègrent un élément d’investissement socialement responsable (<a href="https://theconversation.com/fr/topics/investissement-socialement-responsable-isr-61559">ISR</a>) a connu une croissance exponentielle au cours de la dernière décennie, dépassant aujourd’hui <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/marches-financiers-l-esg-en-attente-d-un-signal-clair-916127.html">35 000 milliards de dollars</a>, soit environ 40 % de tous les actifs gérés professionnellement.</p>
<p>Ces investissements sont motivés par des stratégies qui prennent en compte au moins une dimension liée aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (<a href="https://theconversation.com/fr/topics/esg-88758">ESG</a>) dans la sélection du portefeuille. La question de savoir si ces stratégies d’investissement sont plus performantes que les autres reste une source de débat entre les universitaires et les praticiens.</p>
<p>Dans notre récente <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/0015198X.2022.2074241">recherche</a>, publiée dans le <em>Financial Analysts Journal</em>, nous nous concentrons sur un aspect de la responsabilité sociale des entreprises : la satisfaction des employés. En utilisant quatre décennies de données, de 1984 à 2020, nous constatons qu’un portefeuille orienté vers les entreprises dont la satisfaction des employés est la plus élevée surperforme de 2 à 2,7 % par an par rapport à un portefeuille moyen.</p>
<h2>Une prime de satisfaction ?</h2>
<p>C’est ce que montre la figure ci-dessous, qui compare la performance d’un investissement initial de 1 000 dollars dans un portefeuille de référence par rapport à un autre orienté dans des entreprises des employés les plus satisfaits.</p>
<p>Pour construire ce dernier portefeuille, nous avons utilisé la liste des « 100 meilleures entreprises pour lesquelles travailler » établie par le <a href="https://www.greatplacetowork.fr">Great Place to Work Institute</a>, parmi lesquels figurent par exemple Hilton, Cisco, Dropbox ou encore Delta Air.</p>
<p>Nous constatons en outre que cette surperformance s’observe pendant la plupart des périodes, mais qu’elle est la plus élevée pendant les périodes économiques difficiles, comme la crise financière.</p>
<p>Ces résultats sont cohérents avec l’idée que la satisfaction des employés reste sous-évaluée par le marché boursier, bien qu’ils soient bénéfiques pour l’entreprise et ses actionnaires – en particulier dans les périodes de crise. En effet, rendre les employés heureux implique des politiques coûteuses à court terme mais rentables à long terme, ce qui n’est pas forcément l’horizon des investisseurs.</p>
<p>[<em>Près de 70 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5">Abonnez-vous aujourd’hui</a>.</em>]</p>
<p>Les prix sur le marché boursier n’intègrent donc pas pleinement ces avantages à horizon plus long. Cependant, nos résultats montrent bien qu’investir dans des sociétés dotées d’une excellente culture d’entreprise permet d’obtenir un rendement nettement supérieur lorsque les avantages finissent pas se concrétiser.</p>
<h2>Le « E » et le « G » plus que le « S »</h2>
<p>Compte tenu de la surperformance significative des entreprises dont la satisfaction des employés est élevée, les fonds pourraient ainsi exploiter davantage cette information. Il existe d’ailleurs au moins un fonds de ce type. Le fondateur de l’un des premiers fonds socialement responsables, Jerome Dodson, avait lancé en 2005 le Parnassus Workplace Fund (devenu ensuite le Parnassus Endeavor Fund), dont les principaux critères d’investissement sont les facteurs de qualité du lieu de travail. Selon <a href="https://www.morningstar.com/funds/xnas/parwx/quote">Morningstar</a>, la performance du fonds est classée, depuis son lancement, parmi les meilleures de tous les fonds de croissance à grande capitalisation.</p>
<p>Dans une <a href="https://www.fastcompany.com/3006150/proof-profits-americas-happiest-companies-also-fare-best-financially">interview</a> de 2013, Dodson explique la raison de la grande différence de performance de son fonds autour de la crise financière, par rapport au marché :</p>
<blockquote>
<p>« Lorsque vous avez une satisfaction sur le lieu de travail, les employés sont prêts à faire plus d’efforts pendant les périodes difficiles. Je pense que chaque organisation a ses hauts et ses bas, mais les bas ne sont pas aussi prononcés parce que tout le monde se serre les coudes pour essayer de traverser la crise. Et, bien sûr, cette performance constamment plus engagée se révèle inévitablement dans les résultats de l’entreprise. »</p>
</blockquote>
<p>Nos résultats apparaissent cohérents avec ces idées. Cependant, une question importante reste sans réponse : pourquoi la surperformance de cet investissement socialement responsable basé sur la satisfaction des employés persiste-t-elle dans le temps ? L’une des raisons pourrait être que la plupart des fonds et des investisseurs se sont concentrés sur un filtrage d’exclusion/négatif (par exemple, l’exclusion des compagnies pétrolières) plutôt qu’un filtrage positif ou meilleur de la catégorie.</p>
<h2>Prendre en compte les facteurs qualitatifs</h2>
<p>Une autre raison pourrait être que les fonds responsables se sont davantage concentrés sur les dimensions « E » (environnement) et « G » (gouvernance) de la responsabilité sociale plutôt que sur l’aspect « S » (social). Et au sein de la dimension S, les investisseurs ont peut-être ciblé des facteurs tels que le ratio de rémunération et la diversité (de genre) plutôt que le bonheur des employés. En outre, la plupart des approches de l’investissement ESG sont principalement basées sur des scores ESG et des facteurs facilement quantifiables. Ces approches ignorent donc des facteurs qualitatifs importants tels que l’équité, le respect, la fierté et la camaraderie qui sont utilisés pour mesurer la satisfaction des employés.</p>
<p>Bien sûr, si les acteurs du marché se rendent compte de la valeur d’employés heureux et que le marché boursier l’évalue correctement, la surperformance des lieux de travail exceptionnels pourrait diminuer ou disparaître à l’avenir. Étant donné que les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304405X11000869">premières preuves</a> de la surperformance des lieux de travail exceptionnels ont été documentées il y a déjà plus de dix ans et qu’elles n’ont pas encore disparu, on peut cependant penser qu’elles ne sont pas près de disparaître.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186059/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une étude récente montre qu’un portefeuille orienté dans les entreprises réputées pour la satisfaction de leurs équipes enregistre une performance supérieure de 2 % à 2,7 % par an.Hamid Boustanifar, Professor of Finance, EDHEC Business SchoolYoung Dae Kang, Chief Vice Chairman, Bank of Korea Labor Union, PhD in finance, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1829042022-06-23T14:13:31Z2022-06-23T14:13:31ZTrop, c’est comme pas assez : combien d’heures devons-nous dormir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/467849/original/file-20220608-4949-z3dgvy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C9%2C6341%2C3592&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La plupart des gens ont du mal à se concentrer après une mauvaise nuit de sommeil.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La plupart des gens ont du mal à réfléchir après une mauvaise nuit : ils ont l’esprit embrouillé et ne parviennent pas à fonctionner comme d’habitude à l’école, à l’université ou au travail. Ils peuvent aussi avoir de la difficulté à se concentrer ou sentir que leur mémoire est défaillante. Or, des décennies de mauvais sommeil pourraient entraîner un déclin cognitif.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/un-lien-direct-est-etabli-entre-linsomnie-chronique-et-les-problemes-de-memoire-chez-les-personnes-agees-118433">Un lien direct est établi entre l’insomnie chronique et les problèmes de mémoire chez les personnes âgées</a>
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<p>Le manque de sommeil affecte également l’humeur et le comportement des gens, qu’il s’agisse de jeunes enfants ou de personnes âgées. Alors, combien devons-nous dormir pour que notre cerveau fonctionne bien à long terme ? Notre nouvelle étude, publiée dans la revue scientifique <a href="https://www.nature.com/articles/s43587-022-00210-2"><em>Nature Aging</em></a>, répond à la question.</p>
<p>Le sommeil est important pour maintenir un fonctionnement normal du cerveau. Le cerveau se réorganise et se recharge quand on dort. En plus d’éliminer les déchets toxiques et de renforcer le système immunitaire, le sommeil est également essentiel pour la « consolidation de la mémoire », au cours de laquelle de nouveaux segments de mémoire basés sur nos expériences sont transférés dans la mémoire à long terme.</p>
<p>Une quantité et une qualité de sommeil optimales permettent d’avoir plus d’énergie et de mieux se sentir. Cela aide également à développer la <a href="https://theconversation.com/six-ways-to-reboot-your-brain-after-a-hard-year-of-covid-19-according-to-science-151332">créativité et la faculté de réflexion</a>.</p>
<p>En observant des bébés âgés de trois à douze mois, des chercheurs ont constaté qu’un bon sommeil est associé à de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378378207001144">meilleurs résultats comportementaux</a> au cours de la première année de vie, comme le fait de pouvoir s’adapter à de nouvelles situations ou de réguler efficacement ses émotions.</p>
<p>Il s’agit de bases pour la cognition, notamment pour la « flexibilité cognitive » (la capacité de changer facilement de perspective), et elles sont liées au bien-être plus tard dans la vie.</p>
<p>La régularité du sommeil semble être liée au « réseau du mode par défaut » du cerveau, qui implique des régions actives quand on est éveillé sans être engagé dans une tâche précise, comme lorsqu’on se repose et que l’esprit vagabonde. Ce réseau comprend des zones <a href="https://www.jneurosci.org/content/jneuro/35/46/15254.full.pdf">essentielles pour la fonction cognitive</a>, telles que le cortex cingulaire postérieur (qui se désactive pendant les tâches cognitives), les lobes pariétaux (qui traitent les informations sensorielles) et le cortex frontal (impliqué dans la planification et la cognition complexe).</p>
<p>Certains signes indiquent que, chez les adolescents et les jeunes adultes, un mauvais sommeil serait associé à des <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-57024-3">modifications de la connectivité à l’intérieur de ce réseau</a>. Il s’agit d’un élément important, car le cerveau <a href="https://acmedsci.ac.uk/file-download/9487768">est encore en développement</a> à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte.</p>
<p>La perturbation de ce réseau peut avoir des répercussions sur la cognition, en interférant par exemple avec la concentration et le traitement basé sur la mémoire, ainsi qu’avec le traitement cognitif complexe.</p>
<p>Des modifications dans les cycles de sommeil, comme la difficulté à s’endormir ou à rester endormi, sont des caractéristiques importantes du processus de vieillissement. Ces perturbations pourraient très bien participer au déclin cognitif et aux troubles psychiatriques chez les personnes âgées.</p>
<h2>Combien d’heures faut-il dormir ?</h2>
<p>Notre étude a pour objectif de mieux comprendre les liens entre le sommeil, la cognition et le bien-être. En analysant les données de près de 500 000 adultes provenant de la <a href="https://www.ukbiobank.ac.uk/">UK BioBank</a>, nous avons constaté qu’un sommeil insuffisant ou trop long contribuait à la détérioration des performances cognitives d’une population d’âge moyen à avancé. Nous n’avons toutefois pas étudié les enfants et les adolescents, et comme leur cerveau est en développement, ils pourraient avoir des besoins différents.</p>
<p>Notre principale conclusion est que la durée optimale de sommeil est de sept heures, une durée supérieure ou inférieure apportant moins d’avantages pour la cognition et la santé mentale. En fait, nous avons constaté que les personnes qui dormaient sept heures obtenaient, en moyenne, de meilleurs résultats aux tests cognitifs (notamment pour la vitesse de traitement, l’attention visuelle et la mémoire) que celles qui dormaient moins ou plus. Par ailleurs, les gens ont besoin de nuits de sept heures de façon constante, sans trop de fluctuation.</p>
<p>Cela dit, nous réagissons tous de manière légèrement différente au manque de sommeil. Nous avons observé que la relation entre la durée du sommeil, la cognition et la santé mentale était influencée par la génétique et la structure du cerveau. Nous avons constaté que les régions du cerveau les plus touchées par le manque de sommeil comprennent l’hippocampe, bien connu pour son rôle dans <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21477602/">l’apprentissage et la mémoire</a>, et des zones du cortex frontal, qui participe la régulation des émotions.</p>
<p>Cependant, si le sommeil peut avoir une incidence sur notre cerveau, l’inverse pourrait aussi être vrai. Il est possible que le rétrécissement, lié à l’âge, des régions du cerveau impliquées dans la régulation du sommeil et de l’éveil contribue aux problèmes de sommeil qui se produisent à partir d’un certain âge. Cela pourrait, par exemple, diminuer la production et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12543278/">sécrétion de mélatonine</a>, une hormone qui aide à contrôler le cycle du sommeil, chez les personnes âgées. Cette découverte semble corroborer d’autres données qui laissent voir <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30039452/">l’existence d’un lien</a> entre la durée du sommeil et le risque de développer la maladie d’Alzheimer et la démence.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Image d’une femme âgée réveillée au milieu de la nuit" src="https://images.theconversation.com/files/461230/original/file-20220504-13-oa69st.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461230/original/file-20220504-13-oa69st.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461230/original/file-20220504-13-oa69st.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461230/original/file-20220504-13-oa69st.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461230/original/file-20220504-13-oa69st.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461230/original/file-20220504-13-oa69st.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461230/original/file-20220504-13-oa69st.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Qui n’a jamais vécu ça ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/60s-70s-asian-senior-woman-having-1180245385">(Shutterstock)</a></span>
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<p>Si sept heures de sommeil sont optimales pour protéger contre la démence, notre étude suggère que dormir suffisamment peut également contribuer à atténuer les symptômes de la démence en préservant la mémoire. Cela souligne l’importance de surveiller la durée du sommeil chez les patients âgés atteints de troubles psychiatriques et de démence afin d’améliorer leur fonctionnement cognitif, leur santé mentale et leur bien-être.</p>
<p>Que faire alors pour améliorer son sommeil afin d’optimiser la cognition et le bien-être au quotidien ?</p>
<p>Pour commencer, on doit s’assurer que la température et la ventilation de la chambre à coucher sont bonnes – la pièce doit être fraîche et aérée. On doit également éviter de consommer trop d’alcool et de regarder des films à suspense ou d’autres types de contenus qui stimulent avant d’aller au lit. Idéalement, on devrait être dans un état calme et détendu lorsqu’on essaie de s’endormir. Penser à quelque chose d’agréable et de relaxant, comme la dernière fois qu’on est allé à la plage, fonctionne pour beaucoup de gens.</p>
<p>Des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7425273/">solutions technologiques</a>, telles que des applications ou des dispositifs portables, peuvent aussi être bénéfiques pour la santé mentale ainsi que pour le suivi du sommeil et la constance de sa durée.</p>
<p>Pour profiter de la vie et fonctionner de manière optimale au quotidien, il convient de surveiller ses habitudes de sommeil afin de dormir régulièrement sept heures par nuit.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182904/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Barbara Jacquelyn Sahakian a reçu des financements du Leverhulme Trust et de la Fondation Lundbeck. Ses travaux de recherche sont menés dans le cadre des thèmes Santé mentale et Neurodégénération du NIHR Cambridge Biomedical Research Centre (BRC) et de la NIHR MedTech and in vitro diagnostic Co-operative (MIC). Elle est consultante pour Cambridge Cognition.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christelle Langley a reçu des financements du Leverhulme Trust.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jianfeng Feng et Wei Cheng ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Tant l’excès que le manque de sommeil peuvent perturber notre cognition.Barbara Jacquelyn Sahakian, Professor of Clinical Neuropsychology, University of CambridgeChristelle Langley, Postdoctoral Research Associate, Cognitive Neuroscience, University of CambridgeJianfeng Feng, Professor of Science and Technology for Brain-Inspired Intelligence, Fudan UniversityWei Cheng, Young Principal Investigator of Neuroscience, Fudan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.