tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/climatisation-29680/articlesclimatisation – The Conversation2023-09-06T17:39:29Ztag:theconversation.com,2011:article/2126492023-09-06T17:39:29Z2023-09-06T17:39:29ZComment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/546469/original/file-20230905-15-qibn1a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=47%2C23%2C7892%2C5273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/lJ51y_WOVvw">Afif Ramdhasuma/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/direct-vague-de-chaleur-le-mercure-depassera-les-30-degres-sur-la-quasi-totalite-de-l-hexagone-cet-apres-midi-selon-meteo-france_6042092.html">records de chaleur</a>. De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des <em>data center</em>, perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de <a href="https://doi.org/10.1049/iet-est.2015.0050">chaleur extrême</a>. Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles.</p>
<p>Nous sommes <a href="https://scholar.google.com/citations?user=_C33NmEAAAAJ&hl=en">chercheurs en ingénierie</a> et <a href="https://scholar.google.com/citations?user=q0jrPekAAAAJ&hl=en">nous étudions</a> comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de récupérer et de réutiliser cette chaleur efficacement.</p>
<p>Même sans pic de chaleur, aucune machine n’est parfaitement efficace. Toutes subissent des frictions internes en fonctionnement, qui dissipent de la chaleur. Or plus il fait chaud à l’extérieur, plus la température du dispositif sera élevée. </p>
<p>Ainsi, les <a href="https://support.apple.com/en-us/HT201678">téléphones portables</a> et les autres appareils équipés de <a href="http://www.nrel.gov/docs/fy13osti/58145.pdf">batteries lithium-ion</a> ne fonctionnent pas aussi bien au-delà de 35°C — ceci afin d’empêcher la surchauffe et le stress thermique pour les composants électroniques.</p>
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<p>Des systèmes de refroidissement innovants, par exemple basés sur <a href="https://ieeexplore.ieee.org/abstract/document/6188826">fluides à changement de phase</a> contribuent à maintenir les appareils à des températures raisonnables, mais dans la plupart des cas, la chaleur reste dissipée dans l’air. Le problème subsiste : plus l’air environnant est chaud, plus il est difficile de maintenir l’appareil suffisamment froid pour qu’il fonctionne efficacement. </p>
<p>En outre, plus les machines sont proches les unes des autres, plus la chaleur dissipée aux alentours est importante. </p>
<h2>Déformation des matériaux</h2>
<p>Les températures élevées dues aux conditions météorologiques ou à la chaleur dissipée par les machines elles-mêmes peuvent entraîner la déformation des matériaux utilisés. Un effet qui se comprend aisément au niveau moléculaire. </p>
<p>À <a href="https://chem.libretexts.org/Bookshelves/General_Chemistry/CLUE%3A_Chemistry_Life_the_Universe_and_Everything/05%3A_Systems_Thinking/5.1%3A_Temperature">l’échelle moléculaire</a>, la température se traduit par la vibration des molécules. Plus il fait chaud, plus les molécules qui composent l’air, le sol et les matériaux des machines vibrent et s’agitent.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/sNvMfuOvHwg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Lorsque le métal est chauffé, ses molécules vibrent plus rapidement, et elles s’éloignent les unes des autres : le métal se dilate.</span></figcaption>
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<p>À mesure que la température augmente et que les molécules vibrent davantage, l’espace moyen entre elles s’accroît : c’est ainsi que la plupart des matériaux se dilatent en chauffant. C'est le cas sur les routes : le goudron se dilate, se rétracte, et <a href="https://www.heraldnet.com/news/heat-wave-melted-county-roads-buckled-sidewalks/">finit par fissurer</a>. Ce phénomène peut également se produire dans les matériaux qui constituent nos ordinateurs et nos véhicules. </p>
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<img alt="Sol fissuré" src="https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546473/original/file-20230905-15-3o4w2r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le bitume se fissure sous l’effet de la chaleur, car les températures élevées augmentent la distance entre les molécules, ce qui provoque la dilatation et la déformation du matériau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/cnOMHANKNX8">Zoshua Colah/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Retards de voyage et risques pour la sécurité</h2>
<p>Les températures élevées peuvent également modifier les propriétés des huiles de moteur, voire des défaillances. Par exemple, si la température augmente de 17 °C lors d’une vague de chaleur, la viscosité d’une huile standard de moteur — son épaisseur — peut <a href="https://wiki.anton-paar.com/kr-en/engine-oil/">tripler</a>. </p>
<p>Or les fluides tels que les huiles de moteur deviennent plus fluides en chauffant : s’il fait trop chaud, l’huile risque de ne pas être assez épaisse pour lubrifier les pièces du moteur et les protéger efficacement contre l’usure.</p>
<p>À l’inverse, l’air contenu dans les pneus se dilate par temps chaud, et la pression des pneus augmente, ce qui peut <a href="https://www.athensreview.com/news/impact-of-excessive-heat-on-tires/article_31542372-3169-11ee-a135-3711984fefc6.html">accroître l’usure et le risque de dérapage</a>. </p>
<p>Les avions ne sont pas non plus conçus pour voler à des températures extrêmes. En effet, lorsqu’il fait chaud, l’air se dilate et occupe plus d’espace : il est moins dense. Cette <a href="https://www.washingtonpost.com/business/2023/08/01/climate-change-extreme-heat-is-making-air-travel-worse/51ae039c-3077-11ee-85dd-5c3c97d6acda_story.html">densité de l’air réduite</a> diminue le poids que l’avion peut transporter en vol, ce qui peut entraîner d’importants <a href="https://www.usatoday.com/story/travel/airline-news/2023/07/14/extreme-heat-airplane-flight-delay-cancellation/70415739007/">retards</a> ou des annulations.</p>
<h2>Dégradation des batteries</h2>
<p>De façon générale, l’électronique des téléphones portables, ordinateurs personnels et autres centres de données se compose de nombreux matériaux qui réagissent différemment aux changements de température. Comme ils sont proches et dans des espaces restreints, s’ils se déforment différemment les uns des autres, cela peut entraîner une <a href="https://www.pcmag.com/news/asus-confirms-thermal-stress-is-killing-the-rog-ally-sd-card-reader">usure prématurée et une défaillance</a>.</p>
<p>Les batteries lithium-ion des voitures et des appareils électroniques se dégradent plus rapidement à des températures élevées, parce que celles-ci <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpowsour.2013.05.040">augmentent la vitesse des réactions chimiques au sein des batteries</a>. Notamment, les réactions de corrosion qui consomment le lithium réduisent la capacité de stockage de la batterie. Des recherches récentes montrent que les véhicules électriques maintenus à 32 °C <a href="https://www.recurrentauto.com/research/what-a-c-does-to-your-range">peuvent perdre environ 20 % de leur autonomie</a>.</p>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/la-realite-physique-du-monde-numerique-158884">data center</a>, des bâtiments remplis de serveurs stockant des données, doivent dissiper d’importantes quantités de chaleur afin de maintenir leurs composants au frais. Lorsqu’il fait très chaud, les ventilateurs travaillent plus dur pour que les puces ne surchauffent pas. Dans certains cas, des ventilateurs puissants ne suffisent plus à refroidir l’électronique. </p>
<p>Pour maintenir la fraîcheur dans les data centers, l’air sec qui arrive de l’extérieur est souvent envoyé à travers un matériau humide. L’eau s’évapore dans l’air et absorbe la chaleur, ce qui refroidit l’air. Cette technique, appelée « refroidissement évaporatif ou adiabatique », est généralement un <a href="https://doi.org/10.1080/01457632.2018.1436418">moyen économique et efficace</a> de maintenir l’électronique à une température raisonnable. </p>
<p>Mais le refroidissement par évaporation peut nécessiter une <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/abfba1">quantité importante d’eau</a>. C’est un problème dans les régions où l’eau est rare, où cette eau pour le refroidissement s’ajoute à l’<a href="https://theconversation.com/la-chasse-au-gaspillage-dans-le-cloud-et-les-data-centers-196669">utilisation déjà intense des ressources intense</a> des centres de données. </p>
<h2>Les climatiseurs en difficulté</h2>
<p>Les climatiseurs peinent à fonctionner efficacement lorsqu’il fait très chaud à l’extérieur… au moment où l’on en a le plus besoin. </p>
<p>En effet, lorsqu’il fait chaud, les compresseurs des climatiseurs doivent travailler plus fort pour <a href="https://home.howstuffworks.com/ac.htm">envoyer la chaleur des bâtiments vers l’extérieur</a>, ce qui augmente de manière disproportionnée la consommation et la <a href="https://doi.org/10.1029/2021EF002434">demande globale d’électricité</a>.</p>
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<img alt="Façade avec de nombreux climatiseurs" src="https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546478/original/file-20230905-15-hnkx92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les vagues de chaleur peuvent mettre à rude épreuve les climatiseurs qui tâchent de dissiper la chaleur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/ePghIEczhnI">Alexandre Lecocq/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Au Texas, par exemple, chaque augmentation de 1 °C entraîne une hausse <a href="https://www.iea.org/commentaries/keeping-cool-in-a-hotter-world-is-using-more-energy-making-efficiency-more-important-than-ever">d’environ 4 % de la demande d’électricité</a>. </p>
<p>Les fortes chaleurs entraînent ainsi une augmentation stupéfiante de 50 % de la demande d’électricité l’été dans les pays les plus chauds, ce qui augmente la menace de pannes et de <a href="https://www.washingtonpost.com/climate-environment/2022/07/11/texas-record-heat-ercot-power-grid/">pénuries d’électricité</a> — en plus d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre.</p>
<h2>Comment prévenir les dommages causés par la chaleur</h2>
<p>Les vagues de chaleur et l'élévation des températures dans le monde entier posent d’importants problèmes à court et à long terme pour les populations comme pour les infrastructures. Heureusement, il y a des choses que l’on peut faire pour minimiser les dégâts.</p>
<p>Tout d’abord, il faut idéalement conserver les machines dans un espace frais, <a href="https://doi.org/10.1016/j.heliyon.2023.e16102">bien isolé</a> ou à l’abri de la lumière directe du soleil. </p>
<p>De plus, on peut utiliser pendant les heures creuses les appareils à forte consommation d’énergie ou de recharger votre véhicule électrique — lorsque la consommation d’électricité est moindre. Cela permet de limiter les problèmes d’approvisionnement d’électricité au niveau local.</p>
<h2>Réutiliser la chaleur</h2>
<p>Les scientifiques et les ingénieurs développent enfin des moyens d’utiliser et de recycler ces grandes quantités de chaleur dissipée par les machines. Par exemple, on peut utiliser la chaleur résiduelle des data center <a href="https://www.euronews.com/green/2023/03/16/from-heating-swimming-pools-to-vertical-farms-data-centres-are-proving-useful-but-is-it-en">pour chauffer de l’eau</a>.</p>
<p>La chaleur dissipée pourrait également alimenter des systèmes de climatisation, comme les <a href="https://www.energy.gov/eere/amo/articles/absorption-chillers-chp-systems-doe-chp-technology-fact-sheet-series-fact-sheet">refroidisseurs à absorption</a>, qui utilisent l’énergie de la chaleur pour alimenter les refroidisseurs grâce à une série de processus chimiques et de transfert de chaleur.</p>
<p>Dans les deux cas, l’énergie nécessaire pour chauffer ou refroidir provient d’une chaleur qui est d’ordinaire perdue. La <a href="https://doi.org/10.1016/j.energy.2011.07.047">chaleur résiduelle des centrales électriques pourrait en principe couvrir 27 % des besoins en climatisation des habitations</a>, ce qui réduirait la consommation globale d’énergie et les émissions de carbone.</p>
<p>Les chaleurs extrêmes affectent de nombreux aspects de la vie moderne, et les vagues de chaleur ne vont pas disparaître pas dans les années à venir. Cependant, il est possible de faire en sorte que la chaleur travaille pour nous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212649/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Plus il fait chaud, plus les appareils mécaniques et électroniques ont du mal à garder la tête froide.Srinivas Garimella, Professor of Mechanical Engineering, Georgia Institute of TechnologyMatthew T. Hughes, Postdoctoral Associate, Massachusetts Institute of Technology (MIT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1672222021-09-07T18:28:25Z2021-09-07T18:28:25ZCovid : comment se protéger simplement de la transmission aérienne du virus<p>Alors que la rentrée scolaire a eu lieu, que le télétravail est revenu sur le devant de la scène, la diffusion rapide du Covid via son dernier variant en date Omicron inquiète. Beaucoup se posent des questions sur les risques à se retrouver à plusieurs dans des espaces confinés – lieu de travail, transport en commune, etc.</p>
<p>Présence et viabilité du coronavirus SARS-CoV-2 dans l’air, situations propices à son accumulation, lutte contre sa propagation… Voici ce qu’il faut retenir de sa capacité de transmission et ce qu’il faut faire pour se protéger.</p>
<h2>Deux vecteurs de contamination</h2>
<p>Inconnu il y a deux ans, le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la pathologie infectieuse respiratoire Covid-19 (pour CoronaVIrus Disease 2019), est désormais mieux compris.</p>
<p>Après les hésitations initiales sur son mode de contamination, il est maintenant établi qu’il se retrouve principalement dans les sécrétions nasales ou orales. Celles-ci sont excrétées dans l’air lorsque l’on parle, tousse, éternue ou simplement respire, sous deux formes :</p>
<ul>
<li><p>des gouttelettes (dont la taille va de 1 µm à 1 mm), qui vont se déposer par gravité au sol ou sur des surfaces à courte distance (moins de 2 mètres),</p></li>
<li><p>des aérosols, autrement dit des particules bien plus fines (quelques millièmes de µm à 100 µm), pouvant être transportés dans l’air au-delà de 2 mètres. Contrairement aux gouttelettes plus grosses, les aérosols sont capables rester en suspension plusieurs minutes – <a href="https://www.pnas.org/content/117/22/11875">voire plusieurs dizaines de minutes</a>, et <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2021SA0018.pdf#page=56">même indéfiniment</a>, pour les plus fines, après évaporation dans un environnement clos à l'air stagnant.</p></li>
</ul>
<p>Soulignons qu’il n’existe pas de frontière nette entre gouttelettes et aérosols : entre 1 à 100 µm, en particulier, les gouttelettes peuvent avoir des comportements relevant d’un mode et/ou de l’autre, en fonction des conditions.</p>
<h2>Quatre voies de transmission</h2>
<p>Gouttelettes et aérosols émis par une personne malade sont les deux premiers vecteurs dont disposent les virus respiratoires pour en contaminer une autre. Les premières peuvent gagner ses voies respiratoires, sa bouche ou ses yeux si la distance est inférieure à deux mètres ; les seconds peuvent atteindre ses voies respiratoires, y compris à une distance supérieure à deux mètres.</p>
<p>La contamination peut également se faire par contact physique, une fois que les gouttelettes et aérosols contenant des particules virales se sont déposés sur une surface. Le contact peut être direct : par exemple lorsqu’un individu contaminé serre la main d’une autre personne, après avoir par exemple toussé dans sa main ou s’être mouchée, laquelle va ensuite porter sa propre main à son visage.</p>
<p>Il peut encore être indirect, via une surface contaminée (ou « fomite », soit un vecteur passif de transmission de maladie) : notamment lorsque l’on touche une poignée de porte contaminée, puis que l’on porte, là encore, sa main à son visage.</p>
<h2>La transmission à distance confirmée</h2>
<p>La transmission à distance a fait l’objet de nombreuses études et hypothèses récemment passées en revue par l’Anses <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2021SA0018.pdf">dans une bibliographie</a>. Cet état des connaissances montre qu’il existe un solide faisceau d’arguments en faveur de la réalité de cette voie de transmission par aérosols chargés de particules infectieuses.</p>
<p>Une étude réalisée en condition de laboratoire a en premier lieu démontré que le SARS-CoV-2 pouvait effectivement survivre sous forme aérosolisée, <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmc2004973">tout comme le premier SARS-CoV</a>. De plus, sa transmission par voie aérienne a été <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-021-21918-6">démontrée expérimentalement</a> chez le furet et le hamster.</p>
<p>La transmission du virus chez l’humain apparaît également possible. Elle a notamment été signalée entre <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/27/5/21-0514_article">personnes placées en quarantaine dans des chambres d’hôtel adjacentes</a>, suggérant une diffusion par le système de climatisation. Le génome du virus a d’ailleurs été détecté dans les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-020-76442-2">filtres de centrales de traitement de l’air (CTA) et conduits d’aération</a> d’hôpitaux où se trouvaient des patients atteints du Covid-19.</p>
<p>Des cas de contamination à distance mettant en cause les flux d’air ont même été rapportés par exemple en Chine <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32240078/">dans un restaurant</a> et <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2770172">dans un bus</a>.</p>
<h2>Densité d’occupation et durée de présence augmentent le risque</h2>
<p>Il est pour l’instant encore impossible de déterminer la part respective de chaque voie de contamination. Ce qui est établi, c’est que dans un environnement clos et mal aéré et/ou ventilé où se tiennent un ou plusieurs individus contaminés, la quantité de particules virales va s’accumuler jusqu’à atteindre des concentrations suffisantes pour infecter d’autres individus. Plus la densité d’occupation est élevée, plus le public est présent sur une durée prolongée, plus le risque augmente – surtout lorsque le masque n’est pas porté.</p>
<p>Le SARS-CoV-2 peut subsister dans l’air jusqu’à 3 heures, tout en perdant <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.9b04959">la moitié de son activité au bout d’une heure environ</a> – ceci en condition expérimentale à 65 % d’humidité relative et à 21-23 °C, ce qui correspond à une ambiance intérieure d’hiver, voire de mi-saison. Faibles températures et humidités relatives extrêmes (inférieure à 40 % ou supérieure à 85 %) lui permettent de persister plus longtemps.</p>
<p>Il est en revanche sensible aux UV : 90 % des virus aérosolisés à partir d’un substitut salivaire soumis à un rayonnement UV similaire à celui du soleil en été <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32525979/">sont neutralisés au bout de huit minutes</a>.</p>
<h2>Limiter la présence virale dans l’air</h2>
<p>La problématique de la contamination aérienne est donc surtout à considérer dans des environnements intérieurs mal ou peu ventilés/aérés, avec un taux et/ou une durée d’occupation important, en présence d’activités physiques ou vocales soutenues, et de surcroît en l’absence de port du masque. Des conditions qui peuvent correspondre à certains établissements recevant du public comme les salles de classe d’école, les restaurants, les bars, les discothèques, les salles de sport les salles de concert, les toilettes publiques…</p>
<p>Pour prévenir les risques de contamination, le port du masque combiné à une <a href="https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%20149">ventilation ou aération optimale</a> doit permettre de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2021SA0018.pdf">diminuer la présence du virus</a> dans l’air.</p>
<p>Pour savoir quand il convient de renouveler l’air d’une pièce, la concentration en dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) est un bon indicateur. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande un seuil de 800 ppm au-delà duquel aération ou ventilation est nécessaire.</p>
<p>Il est bon de se rappeler que l’aération des locaux est de toute façon une bonne pratique : on sait que pour un enfant, une concentration en CO<sub>2</sub> supérieure à 1000 ppm subie sur toute une journée a des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3548274/">effets sur la performance psychomotrice</a> et augmente la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20075060/">fréquence des symptômes liés à l’asthme</a>.</p>
<p>Mais si il est difficile d’assurer un renouvellement de l’air permettant d’atteindre ces seuils, comment tout de même réduire la présence du virus dans l’air ?</p>
<h2>Purificateur d’air or not purificateur d’air ?</h2>
<p>La question du recours à des purificateurs d’air (de type unités mobiles, qui aspirent et traitent l’air d’une pièce) est devenue prégnante. En 2017, l’Anses identifiait plusieurs technologies émergentes d’épuration (ozonation, plasma froid, catalyse, photocatalyse et ionisation), mais il n’a pas été possible de démontrer leur efficacité et innocuité en conditions réelles d’utilisation, certaines pouvant même être à l’origine de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2012SA0236Ra.pdf">l’émission de polluants secondaires dans l’air intérieur</a>.</p>
<p>Le cas de la purification par filtration est différent. Développés et éprouvés depuis des années, les filtres à haute efficacité HEPA (<em>high efficiency particulate air</em>) H13 ou H14 (et équivalent) notamment sont capables de capter les particules chargées du virus incluant les plus fines. Le recours <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=1014">à cette technologie)</a> est à envisager lorsque ventilation ou aération d’un local s’avèrent insuffisantes.</p>
<p>Attention toutefois à bien respecter les conditions d’utilisation comme à se doter du nombre adéquat d’épurateurs d’air en fonction du volume de la pièce à considérer… comme au faux sentiment de sécurité qu’ils peuvent entraîner.</p>
<p>Quoiqu’il en soit, ces installations ne peuvent en aucun cas se substituer aux apports d’air neuf. La ventilation et/ou l’aération des espaces clos, associée(s) au port du masque, restent les actions incontournables pour limiter la présence du virus dans l’air – et donc les risques liés à cette voie de transmission.</p>
<p>Concernant les autres voies impliquant un contact, le maintien des mesures barrières (incluant la distanciation physique, le lavage des mains et le nettoyage des sols, surfaces et objets) reste des leviers de prévention primordiaux.</p>
<hr>
<p><em>Matteo Redaelli, coordinateur scientifique dans l’unité d’évaluation des risques liés à l’air dirigé par Valérie Pernelet-Joly a également contribué à cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167222/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Pernelet-Joly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il est désormais bien établi que le virus du Covid se transmet par voie aérienne. Comment s'en prémunir ? Voici les moyens simples d’évaluer et minimiser au maximum les risques.Valérie Pernelet-Joly, Cheffe de l’unité Évaluation des risques liés à l’air, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1648762021-08-31T18:50:45Z2021-08-31T18:50:45ZComment l’hydrogène peut contribuer à l’autonomie énergétique des îles… en produisant du froid<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/413100/original/file-20210726-13-9adqh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C6%2C2048%2C1238&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Test de l’installation RECIF permettant de régénérer froid et électricité grâce au stockage de l’hydrogène fabriqué avec de l’énergie solaire, à l’Université de Polynésie française, Tahiti.</span> <span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L’hydrogène permet de transporter et stocker l’énergie, et est aujourd’hui considéré comme un axe majeur de développement de notre futur mix énergétique. En territoire insulaire, sa production locale à partir de ressources d’origine renouvelable trouve tout son sens. Au-delà de l’axe bien maîtrisé de production d’électricité à partir de l’hydrogène stocké potentiellement sur de longues durées, nous développons actuellement un système qui permettrait aussi la production simultanée de froid.</p>
<p>Il s’agit donc de développer un système autonome permettant d’assurer la fourniture en électricité et en climatisation d’un logement ou local tertiaire situé en territoire insulaire. Le soleil est la source d’énergie primaire : l’énergie électrique produite par des panneaux photovoltaïques est utilisée directement ou stockée dans des batteries pour des besoins court terme, ou sous forme d’hydrogène pour des besoins plus long terme.</p>
<p>Au moment où l’on a besoin d’électricité, on utilise une pile à hydrogène : l’hydrogène réagit avec l’oxygène de l’air de manière contrôlée. Cette réaction permet donc la production d’électricité, mais aussi d’eau et de chaleur, car elle est « exothermique ».</p>
<p>Cette chaleur (de même que celle produite lors de la réaction d’électrolyse de l’eau lors de la phase de stockage) peut être stockée à son tour, ce qui permet de l’exploiter ultérieurement pour la transformer en froid, sans apport extérieur d’énergie. Le « réacteur thermochimique » est lui-même intégré dans une pompe à chaleur traditionnelle, l’ensemble étant conçu pour permettre une optimisation fonctionnelle dans toutes les conditions opératoires, en présence et en absence d’énergie solaire.</p>
<h2>Le défi de l’énergie dans les régions isolées</h2>
<p>Dans la plupart des régions, les réseaux énergétiques sont interconnectés pour améliorer leur stabilité. À l’échelle européenne par exemple, ceci permet d’équilibrer une région où il y aurait un surplus de production d’électricité (beaucoup de vent par exemple) avec des régions où il y aurait momentanément un déficit de production.</p>
<p>Les régions isolées, et en particulier les îles, constituent un cas particulier puisqu’elles sont par nature isolées des réseaux continentaux. Ces régions ont donc des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zones_non_interconnect%C3%A9es_au_r%C3%A9seau_m%C3%A9tropolitain_continental">systèmes de gestion de l’énergie</a> bien particuliers, et peuvent notamment être gérées grâce à des « microréseaux isolés ». Cette isolation des réseaux électriques limite considérablement le taux de pénétration des énergies intermittentes, comme les énergies solaires et éoliennes par exemple.</p>
<p>L’idée du stockage de l’électricité produite par des énergies renouvelables intermittentes à l’aide du vecteur hydrogène dans ces microréseaux n’est pas nouvelle. L’originalité réside ici dans le couplage des trois vecteurs électricité, thermique et hydrogène pour la trigénération : production d’électricité, production de chaleur et/ou production de froid. Cette approche doit permettre notamment d’augmenter les rendements énergétiques des piles à combustible et des électrolyseurs d’eau, et de manière générale du système complet, en valorisant la chaleur produite lors des réactions électrochimiques.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413103/original/file-20210726-19-nsug53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Schéma de principe du dispositif RECIF : l’électricité générée grâce à l’énergie solaire photovoltaïque est utilisée pour charger des batteries ou générer de l’hydrogène (solutions de stockage) ou pour alimenter des pompes à chaleur ou des bâtiments. Ce système électrique est couplé à un système thermique de stockage et de production de froid.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Notre système a tout d’abord été <a href="https://www.femto-st.fr/fr">conçu, réalisé</a>, <a href="https://www.h2sys.fr/fr/">optimisé et testé à Belfort</a>. Il a été ensuite conteneurisé et a pris le bateau direction Tahiti. Arrivé début 2021, il a été installé sur le site de l’Université de Polynésie française, au <a href="http://gepasud.upf.pf/">laboratoire GEPASUD</a> pour les phases de test et d’évaluation opérationnelle du système en conditions d’usage réelles. En effet, Tahiti est un site à la fois insulaire et tropical, où la ressource solaire est abondante toute l’année, mais caractérisée par une forte intermittence et où la climatisation représente une part importante de la consommation globale d’électricité.</p>
<h2>La variété des technologies de stockage, clef de voûte d’un système résilient</h2>
<p>Pour compenser la fluctuation des énergies intermittentes, des éléments de stockage sont indispensables. Les techniques de stockage <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/91172_rapport-potentiel-stockage-energie.pdf">sont très variées</a> et <a href="https://www.lavoisier.fr/livre/environnement/le-stockage-de-l-electricite/edf-r-et-d/descriptif-9782743023010">se caractérisent</a> par leur nature (électrique, chimique, mécanique, thermique notamment) et par leurs performances en termes de rendement, de capacité de stockage, de temps de charge/décharge et de réaction, de durée de vie, d’autonomie et de retour sur investissement. La diversité des cahiers des charges est telle qu’il n’existe pas un système de stockage « idéal ».</p>
<p>Face aux limites des systèmes existants de stockage thermique et électrique, une <a href="https://www.mdpi.com/2673-4141/2/2/11">nouvelle approche scientifique</a> proposant la définition et l’optimisation d’un système complexe intégrant plusieurs composants aux caractéristiques différentes et complémentaires est ici explorée, dans ce projet RECIF. Les procédés de stockage thermochimique, les piles à combustible et électrolyseurs couplés à un stockage d’hydrogène constituent, dans ce cadre, des solutions innovantes et prometteuses.</p>
<p>Les procédés thermochimiques <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0360544220321162">sont particulièrement pertinents</a> pour le stockage/production de froid de par leur flexibilité de fonctionnement et leur forte densité énergétique effective de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0360544220321162">stockage</a>. De tels procédés sont basés sur des réactions chimiques solide/gaz renversables, c’est-à-dire que l’on peut les effectuer dans un sens ou dans l’autre selon les conditions d’opération. Ils permettent in fine de stocker de l’énergie, thermique ou mécanique sous la forme d’un potentiel chimique afin de permettre une production différée directe de froid.</p>
<p>Ainsi, il est possible de valoriser l’énergie thermique libérée par les réactions électrochimiques existantes au sein des piles à combustible et des électrolyseurs, dans un objectif ultime d’augmentation significative de leur <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02972731/document">« efficience énergétique »</a> (plus large que la seule « efficacité énergétique », car incluant également des notions de recyclabilité et d’analyse en cycle de vie).</p>
<p>Un système d’intelligence artificielle pilote les flux énergétiques au sein du système complet, en intégrant la prévision de la ressource solaire et de la demande en électricité et froid à différentes échéances. L’objectif de cet outil de gestion, en développement, est d’utiliser au mieux les caractéristiques de chaque sous-système, dans l’objectif d’en maximiser l’efficience énergétique et économique ainsi que la durabilité.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été coécrit avec Sébastien Faivre, ingénieur et Président directeur général chez H2SYS, Belfort</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164876/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniel Hissel apporte son concours scientifique à l'entreprise innovante H2SYS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Driss Stitou a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche dans le cadre de divers projets sur le stockage thermochimique </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pascal Ortega a reçu des financements de l'ANR.</span></em></p>De nouveaux systèmes à base d’hydrogène permettent non seulement de stocker de l’électricité, mais aussi de générer du chaud et du froid.Daniel Hissel, Professeur des Universités, Directeur-Adjoint fédération nationale hydrogène CNRS, Responsable équipe SHARPAC/FEMTO-ST, Université de Franche-Comté – UBFCDriss Stitou, Ingenieur de Recherche CNRS, HDR - Thermodynamique, Energetique, Procédés de conversion/stockage thermochimique, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Pascal Ortega, Professeur en Physique, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1442462020-08-26T17:43:02Z2020-08-26T17:43:02ZLa géothermie, une solution à la hausse des températures<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/354625/original/file-20200825-18-3xw4ve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C10%2C1196%2C833&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des habitants de Colmar se rafraîchissent sous des fontaines pendant une vague de chaleur, le 7 août 2020.</span> <span class="attribution"><span class="source">Sébastien Bozon/AFP</span></span></figcaption></figure><p>La période de janvier à juillet 2020 est la plus chaude qu’ait connue la France depuis le début de l’enregistrement des <a href="http://www.meteofrance.fr/actualites/84365403-juillet-2020-mois-encore-chaud-debut-d-annee-le-plus-chaud-jamais-observe">relevés de température</a>. L’augmentation de la température moyenne globale pourrait atteindre « 6,5 à 7 °C en 2100 » par rapport à l’ère préindustrielle (1850 à 1899) indique le scénario pessimiste de Climeri France. Les vagues de chaleur devraient également progresser en <a href="https://climeri-france.fr/wp-content/uploads/2019/09/DP_confpresse_CMIP6.pdf">intensité et en fréquence</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/354608/original/file-20200825-23-xninqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La géothermie profonde.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1065&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1065&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/354609/original/file-20200825-15-1sgtk71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1065&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La géothermie de surface.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span></span>
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<p>La possibilité de rafraîchir ou refroidir des bâtiments en été est déjà indispensable pour certains lieux (hôpitaux, maisons de retraite…). Elle va devenir déterminante pour les constructions et rénovations actuelles, si l’on veut éviter qu’elles soient obsolètes dans 20 ans en raison de températures insupportables. Mais comment conjuguer ce besoin de fraîcheur avec l’impératif de sobriété énergétique ?</p>
<p>Il existe un moyen de produire du frais et du froid en été, écologique, économique et qui s’intègre harmonieusement à son environnement : la géothermie. Du grec <em>geo</em> (« la Terre ») et thermos (« la chaleur »), elle désigne à la fois la science qui étudie les phénomènes thermiques internes du globe terrestre, et la technologie qui vise à les valoriser.</p>
<p>Plus connue pour la production de chaleur ou d’électricité, on oublie parfois que la stabilité des températures du sous-sol peut aussi contribuer à refroidir.</p>
<h2>Produire du froid avec la géothermie, comment ça marche ?</h2>
<p>La géothermie de surface (à une profondeur inférieure à 200 mètres) permet de créer du chaud à l’aide d’une pompe à chaleur mais également du froid, avec ou sans pompe. À ces profondeurs, ce n’est pas la température élevée du sous-sol que l’on cherche à valoriser, mais plutôt sa stabilité au cours des saisons. Deux systèmes sont couramment utilisés en la matière : la pompe à chaleur en mode climatisation pour obtenir du froid actif, et le géocooling pour générer du frais.</p>
<p>La première consiste à prélever la chaleur du bâtiment via l’évaporateur. Le compresseur rehausse ensuite le niveau de température afin d’évacuer cette chaleur, par échange avec le sous-sol, frais.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/354550/original/file-20200825-14-1r2labh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/354550/original/file-20200825-14-1r2labh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/354550/original/file-20200825-14-1r2labh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/354550/original/file-20200825-14-1r2labh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/354550/original/file-20200825-14-1r2labh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/354550/original/file-20200825-14-1r2labh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/354550/original/file-20200825-14-1r2labh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma de fonctionnement d’une pompe à chaleur à compression en mode climatisation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span></span>
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<p>Le rapport entre l’énergie frigorifique produite par la pompe à chaleur et l’énergie électrique consommée est appelé coefficient de performance (COP). Il est de l’ordre de 4, c’est-à-dire que pour 4 kWh de froid produits, 1 kWh électrique est utilisé par la pompe à chaleur.</p>
<p>La production de frais par géocooling permet quant à elle de répondre aux besoins de « confort d’été », notamment pour les secteurs résidentiel et tertiaire. L’eau chaude, circulant dans le plancher rafraîchissant du bâtiment, est refroidie par la mise en contact indirecte avec le liquide frais issu du sous-sol et réintroduite dans le plancher, ce qui diminue la température de l’air ambiant par le sol – ici, la pompe à chaleur n’est pas sollicitée. L’énergie nécessaire au fonctionnement du dispositif est donc réduite à l’électricité consommée par les circulateurs des deux boucles de fluide. Ce système permet ainsi d’obtenir des coefficients de performance très élevés de 10 à 50 suivant les cas (jusqu’à 50 kWh de frais produits pour 1 kWh électrique consommé).</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Schéma de principe du géocooling pour rafraîchir.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span></span>
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</figure>
<h2>Du froid et du frais décarbonés</h2>
<p>Pour générer du froid actif, on considère que les installations de géothermie de surface rejettent en moyenne moins de 10 g de CO<sub>2</sub> par kWh de froid produit (émissions associées à la consommation électrique de la pompe à chaleur, hypothèse d’un COP à 4, valeurs en kgCO<sub>2</sub>/kWh issues de la <a href="https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/base-carbone-complete-de-lademe-en-francais-v17-0/#:%7E:text=La%20Base%20Carbone%20est%20une%20base%20de%20donn%C3%A9es,%C3%A0%20un%20objet%2C%20une%20mati%C3%A8re%2C%20ou%20un%20service%29.">base de données carbone de l’ADEME</a>. Les ¾ des besoins thermiques sont ainsi couverts par une énergie gratuite et locale puisée dans le sous-sol.</p>
<p>Avec le géocooling, 1 kWh de frais produit entraîne l’émission de 0,77 g de CO<sub>2</sub> dans l’hypothèse d’un coefficient de performance de 50, ce qui est réellement minime. Disponible localement, la géothermie de surface n’implique pas de transport. Par nature, elle est consommée là où elle est produite. Il s’agit donc d’une solution de production de frais et froid durable et proche.</p>
<h2>Du froid et du frais compétitifs</h2>
<p>Sous réserve de disposer d’émetteurs adaptés, c’est le même système géothermique, équipé d’une pompe à chaleur réversible, qui produit du froid actif et du chaud.</p>
<p>Certes, le coût d’investissement pour ces dispositifs est important : à titre indicatif, l’Ademe l’estime, en fonction des technologies adoptées, de <a href="https://www.geothermies.fr/sites/default/files/inline-files/guide-pratique-geothermie%20pour%20chauffer%20et%20rafraichir%20sa%20maison.pdf">13 000 à 19 000 €</a> pour une maison récente de 130 m<sup>2</sup> occupée par 4 personnes.</p>
<p>En revanche, les coûts d’exploitation sont ensuite réduits, grâce à la faible consommation électrique liée aux performances élevées de la pompe à chaleur, et ainsi plus déconnectés des fluctuations des prix du marché. Le temps de retour sur investissement des installations de géothermie produisant du chaud est estimé <a href="http://www.afpg.asso.Fr/Wp-Content/Uploads/2015/04/AFPG_ETUDE_PAC_2014_WEB.pdf">entre 8 et 13 ans</a>, sachant que la durée de vie de ces installations est longue – <a href="https://www.geothermies.fr/sites/default/files/inline-files/couts-energies-renouvelables-et-recuperation-donnees-2019-010895.pdf">50 ans pour les forages, de 17 à 25 ans</a> pour les pompes à chaleur.</p>
<p>Si un même système produit du chaud et du froid, l’investissement initial est alors amorti plus rapidement.</p>
<h2>Une intégration harmonieuse</h2>
<p>Disponible presque partout, de façon continue, la géothermie une fois installée est invisible (pas d’espace de stockage, d’unités extérieures de climatisation…). Cela rend la solution particulièrement pertinente pour la rénovation de bâtiments patrimoniaux.</p>
<p>Ainsi, c’est le choix qui a été fait par la <a href="https://www.geothermies.fr/outils/guides/chauffer-et-rafraichir-avec-une-energie-renouvelable-geothermie-tres-basse-energie">ville de Blois</a>, <a href="https://www.geothermies.fr/outils/guides/geothermie-une-energie-performante-et-durable-pour-les-territoires-6-bonnes-raisons">entre autres</a>, en 1982 pour la rénovation de la Halle aux grains.</p>
<p>Une solution « discrète » devait permettre de chauffer et refroidir les 4 880 m<sup>2</sup> de cet espace culturel, classé monument historique. Plus de 30 ans de retour d’expérience sur ce système qui fournit du chaud et du froid révèlent qu’il a été possible de conjuguer confort des utilisateurs et motivations écologiques et économiques. La géothermie a permis de diviser par 2,5 la facture énergétique du bâtiment (par rapport à un chauffage électrique et une climatisation) et d’éviter l’émission de 186 tonnes de CO<sub>2</sub> par an.</p>
<p>Autre avantage de la géothermie pour produire du froid dans les villes en été : elle contribue à réduire le phénomène d’îlots de chaleur urbain. Ces élévations localisées des températures sont en effet accrues par l’usage des climatiseurs. Ils rejettent à l’extérieur des bâtiments une quantité de chaleur supérieure à celle extraite de l’intérieur. Avec la géothermie, la chaleur est stockée dans le sous-sol et contribue donc à rafraîchir l’atmosphère urbaine.</p>
<p>Dans un contexte d’augmentation des besoins en refroidissement et rafraîchissement pour les bâtiments, la géothermie offre une solution durable, compétitive et adaptable aux enjeux urbains. Une option à creuser à l’heure où la mobilisation de toutes les énergies renouvelables est nécessaire pour l’adaptation au changement climatique.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://fr.linkedin.com/in/fannybranchuharling/fr-fr">Fanny Branchu</a> a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mikael Philippe ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La géothermie constitue une solution peu carbonée et compétitive pour rafraîchir ou refroidir les bâtiments, en évacuant la chaleur dans le sous-sol.Mikael Philippe, Docteur énergéticien, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1440962020-08-06T20:44:15Z2020-08-06T20:44:15ZDossier : Santé, habitat, travail… ce que nous fait la canicule<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/351589/original/file-20200806-14-7p2kej.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sous la morsure du soleil estival. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>C’est un phénomène extrême devenu habituel : dès le mois de juin, la France doit désormais faire face à des épisodes caniculaires à répétition. Nous sommes entrés ce jeudi 6 août dans une nouvelle suite de jours très chauds. Les dérèglements climatiques globaux expliquent en grande partie cette récurrence qui met à rude épreuve notre santé. Et pour mieux comprendre comment la canicule nous affecte, nous vous proposons de (re)découvrir un ensemble d'articles qui abordent les aspects sanitaires, économiques, juridiques et sociétaux de cette réalité brûlante. </p>
<h2><a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504">Canicule et urbanisme : arrêtons de densifier nos villes !</a></h2>
<p>Si la densification des zones urbaines vise à préserver les espaces naturels, ses effets sont extrêmement néfastes lors des épisodes caniculaires, amenés à se multiplier.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351574/original/file-20200806-14-1e4d62l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351574/original/file-20200806-14-1e4d62l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351574/original/file-20200806-14-1e4d62l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351574/original/file-20200806-14-1e4d62l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351574/original/file-20200806-14-1e4d62l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351574/original/file-20200806-14-1e4d62l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351574/original/file-20200806-14-1e4d62l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une grande part des revêtements urbains accentue la hausse des températures.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tricky Shark/Shutterstock</span></span>
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<h2><a href="https://theconversation.com/ce-que-le-dereglement-climatique-fait-a-la-sante-des-travailleurs-131322">Ce que le dérèglement climatique fait à la santé des travailleurs</a></h2>
<p>En marge des aspects économiques, le réchauffement climatique pose de sérieuses questions en termes de santé au travail.</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/la-canicule-accroit-lenvie-de-boissons-sucrees-120454">Pourquoi la canicule accroît l’envie de boissons sucrées</a></h2>
<p>Comprendre dans quelle mesure et de quelle façon les consommateurs réagissent aux changements climatiques peut limiter les conséquences négatives d’une mauvaise alimentation sur la santé publique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284312/original/file-20190716-173338-1i4ipb7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C6000%2C3979&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284312/original/file-20190716-173338-1i4ipb7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284312/original/file-20190716-173338-1i4ipb7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284312/original/file-20190716-173338-1i4ipb7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284312/original/file-20190716-173338-1i4ipb7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284312/original/file-20190716-173338-1i4ipb7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284312/original/file-20190716-173338-1i4ipb7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un homme lit l'étiquette d'une bouteille de Coca-Cola, San Juan Teotihuacán, Mexique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/wOhOp92KKMc">Jordan Crawford/Unsplash,</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/boom-de-la-climatisation-des-pistes-pour-eviter-la-surchauffe-planetaire-119960">Boom de la climatisation : des pistes pour éviter la surchauffe planétaire</a></h2>
<p>L’Agence internationale de l’énergie estime que le nombre de climatiseurs dans le monde devrait passer de 1,6 milliard d’unités à 5,6 milliards en 2050.</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/lesquels-de-nos-organes-sont-les-plus-menaces-par-la-canicule-119563">Lesquels de nos organes sont les plus menacés par la canicule ?</a></h2>
<p>Notre corps est capable de réguler sa température de façon très efficace, mais les épisodes de canicule peuvent mettre à mal certains organes si l’on n’y prend pas garde…</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/281662/original/file-20190627-76709-1rc5jnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C25%2C5699%2C3802&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/281662/original/file-20190627-76709-1rc5jnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/281662/original/file-20190627-76709-1rc5jnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/281662/original/file-20190627-76709-1rc5jnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/281662/original/file-20190627-76709-1rc5jnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/281662/original/file-20190627-76709-1rc5jnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/281662/original/file-20190627-76709-1rc5jnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En période de chaleur, il faut se rafraîchir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/FtZL0r4DZYk">MI PHAM/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/144096/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Une sélection d’articles pour mieux comprendre les effets des épisodes caniculaires à répétition.Jennifer Gallé, Cheffe de rubrique Environnement + Énergie, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1324832020-07-19T19:09:18Z2020-07-19T19:09:18ZContre la clim, concevoir des « villes éoliennes » en zone tropicale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/339147/original/file-20200602-133855-1ononuw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C20%2C1865%2C1227&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quartier La Possession à La Réunion.</span> <span class="attribution"><span class="source">Antoine Perrau</span></span></figcaption></figure><p>Les 140 pays de la zone tropicale abritent <a href="https://www.scienceshumaines.com/la-condition-tropicale_fr_25134.html">34 % des habitants de la planète</a> et occupent une part beaucoup plus conséquente que les pays des latitudes moyennes dans l’accroissement actuel de la population mondiale.</p>
<p>Dans le contexte de crise climatique et sanitaire, se pose dans ces régions où les épisodes de grande chaleur se multiplient la <a href="https://theconversation.com/boom-de-la-climatisation-des-pistes-pour-eviter-la-surchauffe-planetaire-119960">question de la climatisation</a>, qui représente une dépense énergétique colossale et engendre des problèmes de qualité de l’air. Comment réduire au maximum son usage et favoriser une conception passive et plus saine des bâtiments ?</p>
<p>Poursuivre cet objectif exige un travail de conception à l’échelle du bâtiment, avec des protections solaires et une ventilation naturelle efficaces. Mais également à l’échelle du quartier et de la ville, pour favoriser les écoulements d’air, et non les réduire. L’idée est de promouvoir un « urbanisme éolien ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1151646330076434434"}"></div></p>
<h2>Des bâtiments naturellement ventilés</h2>
<p>La conception d’un édifice en climat tropical repose sur ce que l’on appelle le concept de l’arbre : l’occupant doit ressentir la même sensation de confort thermique qu’à l’ombre d’un arbre, à savoir un système d’air ventilé et une protection solaire efficace.</p>
<p>La convection (c’est-à-dire ici le transfert de chaleur entre l’air et le corps humain) liée à la vitesse de l’air représente <a href="https://www.eyrolles.com/BTP/Livre/traite-d-architecture-et-d-urbanisme-bioclimatiques-9782281192902/">entre 35 % et 50 % des échanges du corps humain</a>, en fonction de son intensité. Ceci souligne l’importance fondamentale de la ventilation naturelle dans le confort, que ce soit à l’échelle du quartier ou du bâtiment dans lequel on vit ou l’on travaille. La conception bioclimatique en milieu tropical humide repose, en partie, sur l’optimisation de celle-ci.</p>
<p>Pour ressentir les effets « rafraîchissants » d’une vitesse d’air en climat chaud et humide, celle-ci doit être a minima de l’ordre de 1 mètre par seconde. Garantir de telles conditions implique de maîtriser la « chaîne de la ventilation naturelle » est donc essentielle : il faut assurer une vitesse minimale de circulation de l’air sur l’occupant et dans le bâtiment à partir d’une vitesse initiale connue, issue de la station météo de référence la plus proche. Pour cela, il faut concevoir un bâtiment qui tienne compte d’obstacles tels que la topographie du terrain, sa rugosité, l’urbanisme environnant, la forme bâtie, ou l’organisation interne des bâtiments, autant d’éléments qui peuvent freiner ou empêcher la circulation du vent.</p>
<p>Il s’agit donc au préalable d’assurer une bonne conception thermique et aéraulique du bâtiment, avec une ventilation naturelle des espaces habitables doublée d’une bonne conception thermique de l’enveloppe du bâtiment et de ses abords.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1143664916726976514"}"></div></p>
<h2>Une expérimentation de ville éolienne à La Réunion</h2>
<p>Mais un bâtiment bien ventilé ne suffit pas. Pour pérenniser sa performance dans le temps, il faut éviter que les constructions à venir autour ne viennent altérer cette circulation d’air à l’échelle de son environnement proche.</p>
<p>La littérature est riche en exemples de villes prenant en compte la ventilation de leur trame urbaine, depuis l’Antiquité avec Vitruve vers – 15, en passant de nos jours par Masdar city ou Hongkong dans leurs plans d’urbanisme.</p>
<p>On constate toutefois qu’aucune ne se préoccupe vraiment de la ventilation des bâtiments dans cette trame, c’est-à-dire qu’elles ne tiennent compte que de l’échelle urbaine et pas de l’échelle bâtiment. La ville est ainsi ventilée, mais sans pouvoir garantir que les immeubles qu’elle abrite le soient. Le recours à la climatisation risque alors de s’imposer sans autre alternative possible.</p>
<p>C’est à ce travail que nous nous sommes attachés pour concevoir une <a href="https://www.leureunion.fr/en/projets/zac-coeur-de-ville-possession/">Zone d’aménagement concerté (ZAC) à La Possession</a>, une commune localisée au nord-est de l’île de La Réunion, située en climat tropical humide. À terme y est prévue l’implantation de 1700 logements, ainsi que les services et équipements liés. La première phase est achevée et a déjà fait l’objet d’une reconnaissance internationale avec un second prix aux <a href="https://www.construction21.org/france/data/sources/users/5/docs/180926-lmazpress-la-possession-ecoquartier-centre-ville-prime-aux-green-solutions-awards.pdf">Green Solutions Awards</a> lors de la COP 24.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/339154/original/file-20200602-133933-1995wqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/339154/original/file-20200602-133933-1995wqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/339154/original/file-20200602-133933-1995wqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/339154/original/file-20200602-133933-1995wqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/339154/original/file-20200602-133933-1995wqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/339154/original/file-20200602-133933-1995wqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/339154/original/file-20200602-133933-1995wqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue aérienne du quartier.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Forme des bâtiments et organisation de la ville</h2>
<p>Pour penser ce quartier de 34 hectares en tenant compte de l’enjeu éolien, nous avons développé une stratégie « aéroclimatique » fondée sur la prise en compte de l’environnement existant, d’une intégration des effets topographiques (plaine, talweg, colline, montagne), d’une réflexion à toutes les échelles (de l’environnement lointain, de l’organisation de la ville, de la forme du bâtiment et de son organisation intérieure).</p>
<p>En effet, le site du projet ne bénéficie pas d’un fort potentiel de ventilation compte tenu de sa position géographique sous le vent de l’île. Une optimisation de la conception était donc indispensable, ce qui a motivé le choix d’une étude aéraulique poussée et le recours à la simulation en soufflerie physique avec le laboratoire Eiffel.</p>
<p>Nous avons superposé cette stratégie aéroclimatique à la stratégie urbaine en plusieurs étapes : nous avons tout d’abord élaboré des scénarios d’aménagement qui ont été validés ou modifiés par les échanges avec un expert aéraulique. Ceci nous a permis de définir des organisations différenciées : bâtiments plots (typologie de bâtiment où la largeur est équivalente à la profondeur et à la hauteur), bâtiments en forme de barres (bâtiments plus longs que larges et de profondeur inférieure à 12 mètres ici), échelle bâtie (variation de la hauteur bâtie de R+1 à R+6). Il est en effet établi qu’une variété de hauteurs favorise le potentiel de ventilation d’un quartier, là où les règles urbaines des plans locaux d’urbanisme (PLU) préconisent trop souvent des hauteurs uniformes dans une zone.</p>
<p>Ce travail fait, nous sommes passés à l’échelle des bâtiments pour optimiser leur morphologie au regard de leur potentiel de ventilation naturelle, dans cette trame urbaine préalablement définie.</p>
<p>Par exemple, nous avons précisé des principes de formes architecturales de type plots organisées autour d’un patio central ou en forme de U ouvert vers les vents dominants. Nous avons par ailleurs implanté les bâtiments en décalage les uns par rapport aux autres selon la direction des vents, afin d’éviter ce que l’on appelle les effets de masque, lorsqu’un bâtiment tiers vient « protéger » du vent le bâtiment considéré et donc empêcher sa ventilation. L’ensemble de ces différents choix permet au final d’obtenir un confort thermique sans recours à la climatisation.</p>
<p>Le plan du quartier a ainsi pu être finalisé et transcrit réglementairement : ces dispositions sont désormais opposables aux tiers dans le Plan local d’urbanisme, afin de préserver le potentiel de ventilation naturelle de chaque construction dans la trame urbaine du quartier.</p>
<h2>La ville éolienne tropicale, un concept à transposer</h2>
<p>La première tranche de travaux est maintenant achevée et nous a permis d’en faire l’évaluation. Ce nouveau quartier, grâce à ses préconisations urbaines, laisse la part belle aux jardins, aux modes de transports doux et aux respirations entre bâtiments, eux aussi essentiels au confort des habitants.</p>
<p>Le résultat est satisfaisant sur de nombreux aspects, mais la complexité de l’aéraulique dans la conception d’un bâtiment a montré quelques dysfonctionnements pour certaines réalisations (porosité trop faible, forme architecturale non efficace). Ceci a mis en évidence la nécessité impérative pour les architectes d’intégrer l’ingénierie aéraulique dès la genèse de leurs projets en co-conception dès la phase d’esquisse, où se dessinent des choix déterminants pour le potentiel de ventilation d’un bâtiment.</p>
<p>Ce travail nous a permis de montrer la possibilité de définir et valider le concept de ville éolienne tropicale dans laquelle le « droit à la ventilation naturelle » pour tous serait assuré. Ceci réduit de manière notable le recours aux systèmes actifs énergivores, l’impact carbone de la ville et la concentration des polluants.</p>
<p>Il est aussi envisageable de transposer une partie de ces concepts dans les villes tempérées, de plus en plus soumises aux conséquences du réchauffement climatique.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est republié dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132483/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Perrau est gérant de LEU Réunion bet urbaniste de la ZAC Coeur de Ville. Il est également membre du think tank LETCHI piloté par l’ADEME.</span></em></p>Face à la chaleur insupportable qui s’abat certaines zones du monde, concevons des villes naturellement ventilées, plutôt que d’empirer la situation par la climatisation.Antoine Perrau, Chercheur en architecture, École Nationale Supérieure d'Architecture Montpellier (ENSAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1230182019-09-08T18:36:55Z2019-09-08T18:36:55Z« Stades verts », l’intenable promesse de la Coupe du monde au Qatar<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/291082/original/file-20190905-175696-ygbskb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C702&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Maquette de l'Education City Stadium, à Doha, construit spécialement pour le Mondial.</span> <span class="attribution"><span class="source">Fifg / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>2 décembre 2010, « une date qui restera marquée par l’infamie » pour les générations futures face au désastre écologique qu’elles auront certainement à subir ? S’il est tentant de mobiliser ici la fameuse phrase de Roosevelt, après l’attaque de Pearl Harbor par l’aviation japonaise le 7 décembre 1941, sans doute semble-t-elle un peu excessive. Mais l’est-elle tant que cela si l’on y réfléchit bien ? Le 2 décembre 2010, le comité exécutif de la Fédération internationale de football (FIFA) a effectivement désigné le Qatar comme pays organisateur de la Coupe du monde 2022, donnant lieu au passage à une <a href="https://www.eurosport.fr/football/coupe-du-monde/2022/une-mauvaise-decision_sto2567718/story.shtml">désapprobation publique</a> du président des États-Unis Barak Obama.</p>
<p>Un choix pour de nobles raisons, a-t-on dit avec force : développer le football dans une région peuplée et fervente de football, frustrée de vivre sa passion uniquement par le biais d’écrans TV. Après tout, pourquoi pas ? Très rapidement, toutefois, de multiples controverses n’ont cessé de jeter le doute sur la pertinence du choix politique de la FIFA, d’autant que d’autres pays (dont les États-Unis, mais aussi le Japon et l’Australie), aux infrastructures sportives largement plus développées, étaient également sur les rangs.</p>
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<figcaption><span class="caption">La FIFA a voté : Russie en 2018 et Qatar en 2022 (vidéo AFP, 2010).</span></figcaption>
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<p>Depuis cette désignation, de plus en plus de <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/attribution-du-mondial-2022-au-qatar-platini-laisse-libre-a-l-issue-de-sa-garde-a-vue_2084920.html">zones d’ombre</a> pèsent sur la compétition à venir, qui se déroulera du 21 novembre au 18 décembre 2022, dans l’un des pays les plus riches de la planète, et qui n’aurait probablement pas hésité à recourir à des manœuvres de corruption et de déstabilisation, en bref de manipulation, pour « décrocher la timbale ». Les <a href="https://www.20minutes.fr/sport/2086207-20170614-coupe-monde-2018-ong-denonce-exploitation-ouvriers-impliques-construction-stades">conditions de travail</a> des ouvriers qui construisent les stades ont par ailleurs été dénoncées.</p>
<p>Mais c’est surtout sur l’empreinte écologique de la compétition que les polémiques devraient rapidement se déporter, alors même que l’<a href="http://www.rfi.fr/emission/20190809-une-alerte-giec-epuisement-terres">urgence climatique</a> fait de moins en moins de doute, mois après mois.</p>
<h2>Plus de sueur en 2022</h2>
<p>La critique la plus féroce provient en effet du choix d’une zone géographique marquée par des conditions météorologiques inadaptées pour la pratique du football de très haut niveau. Traditionnellement, les différents mondiaux sont programmés tous les quatre ans à la fin des saisons des championnats européens et sud-américains, soit entre juin et juillet. La température extérieure minimale au Qatar est alors de 30 °C, mais elle peut atteindre 45 °C, voire plus. La FIFA n’a donc eu d’autre choix que d’imposer aux différentes fédérations nationales un déplacement de la Coupe du monde en novembre et décembre, au moment où les températures avoisinent « seulement » les 25 °C, obligeant ainsi tous les championnats européens à introduire une coupure fâcheuse d’au moins sept semaines dans leur propre déroulement.</p>
<p>Malgré tout, il est apparu évident qu’un système de climatisation de chacun des stades s’imposerait pour éviter que les joueurs suffoquent sur le terrain. C’est donc un ensemble de 12 stades avec des ambiances rafraîchies que le Qatar a dû construire ou rénover pour faire face aux exigences de la FIFA, en faisant fi de toute considération écologique. Mais le pays n’est-il pas déjà le roi des émissions massives de CO<sub>2</sub> ?</p>
<p>Selon la Banque mondiale, le Qatar est le pays qui <a href="https://data.worldbank.org/indicator/en.atm.co2e.pc">rejette le plus de CO₂ par habitant</a> dans l’atmosphère, environ 45,4 tonnes par habitant en 2014, alors que la moyenne mondiale s’élève à 5 tonnes par habitant. Ceci est dû à un style de vie (et de consommation) très énergivore, que l’on retrouve dans d’autres pays du Golfe. De ce point de vue, la Coupe du monde 2022 soulève des questions qui ne permettent pas de véritablement rompre avec ce que nous pourrions appeler le <em>syndrome Dubai</em>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/291071/original/file-20190905-175696-1yzpyql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/291071/original/file-20190905-175696-1yzpyql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/291071/original/file-20190905-175696-1yzpyql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/291071/original/file-20190905-175696-1yzpyql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/291071/original/file-20190905-175696-1yzpyql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/291071/original/file-20190905-175696-1yzpyql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/291071/original/file-20190905-175696-1yzpyql.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Qatar rejette presque 10 fois plus de CO₂ par habitant dans l’atmosphère que la moyenne mondiale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">EQRoy/Shutterstock</span></span>
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<p>Ainsi, les 12 stades construits ou rénovés témoignent d’une exubérance architecturale et d’une surenchère dans l’usage iconique de l’image comme arme médiatique face aux pays voisins. Ceci est d’autant plus vrai depuis la <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/pourquoi-le-qatar-est-mis-au-ban-par-l-arabie-saoudite-et-ses-allies_1915121.html">crise diplomatique</a> qui oppose l’Arabie saoudite et le Qatar (juin 2017), avec la menace de créer le canal Salwa qui transformerait le Qatar en île. Face à ces tensions, il apparaît que le Qatar souhaite utiliser la Coupe du monde 2022 pour s’affirmer internationalement au plan géopolitique.</p>
<h2>Presqu’île artificielle</h2>
<p>Si l’exubérance architecturale peut être vue comme une simple vitrine commerciale, avec une conséquence limitée sur l’environnement, il n’en va pas de même pour le fonctionnement proprement dit des stades. En effet, leur usage opérationnel va se heurter au problème majeur de rafraîchissement de l’air qui, par nature, génère des dépenses énergétiques significatives. Gros consommateurs d’électricité, les climatiseurs sont responsables d’une hausse des températures dans les grands centres urbains puisqu’ils rejettent à l’extérieur la chaleur qu’ils ont pompée pour refroidir un logement ou un bureau.</p>
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<figcaption><span class="caption">« The Future of Cooling », vidéo de l’Agence internationale de l’énergie (en anglais).</span></figcaption>
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<p>Certes, le Qatar a cherché à développer des solutions astucieuses pour réduire les dépenses énergétiques liées au rafraîchissement des stades. Par exemple, le Doha Port Stadium est édifié sur une presqu’île artificielle, ce qui permet aux eaux du golfe Persique tout autour d’alimenter le système de climatisation. Il n’en reste pas moins que ces solutions ne peuvent couvrir tous les besoins.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation du projet de construction du Doha Port Stadium (vidéo 7 Sports, 2018).</span></figcaption>
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<p>Le système de climatisation des stades s’appuie majoritairement sur des <a href="http://www.ecolopop.info/2011/01/qatar-2022-des-stades-climatises-a-l%E2%80%99energie-solaire/12633">panneaux solaires</a>, mais leur rendement obligera certainement à développer des étendues significatives pour créer un confort suffisant à la fois pour les joueurs et pour les plus de 500 000 places disponibles dans les 12 stades.</p>
<p>Des chercheurs britanniques ont réalisé une <a href="http://eprints.whiterose.ac.uk/80962/">modélisation thermique</a> pour évaluer les besoins en termes de climatisation afin d’assurer le respect à la fois de l’indice de stress thermique et des seuils de confort aérothermique. Une estimation de 1 000 km<sup>2</sup> de panneaux solaires paraît ici réaliste pour faire face aux exigences de climatisation, ce qui représente un dixième de la surface totale du Qatar (11 437 km<sup>2</sup>). Ramené à l’échelle de France, cela signifierait recouvrir plus que la région Midi-Pyrénées de panneaux solaires ! Il est donc indubitable que des sources d’énergie rejetant du CO<sub>2</sub> seront nécessaires pour rafraîchir les stades, à moins que le Qatar ne se tourne vers la centrale nucléaire Barakah aux Émirats arabes unis.</p>
<h2>Publicité académique pour les « stades verts »</h2>
<p>On voit par conséquent que l’idée parfois défendue d’une Coupe du monde totalement écologique est avant tout une action efficace de communication qui cherche à vendre un Qatar 2022 respectueux de l’environnement. On pourrait citer par exemple le National Priority Research Programme (NPRP), financé par le Qatar National Research Fund (QNRF), à l’origine d’une contribution académique où les auteurs, pourtant universitaires, se livrent à une présentation quasiment publicitaire des <a href="https://www.europeanjournalofsocialsciences.com/issues/PDF/EJSS_55_4_09.pdf">« stades verts »</a>.</p>
<p>L’un des effets d’annonce les plus médiatiques reste celui de la présence de « stades démontables » après la compétition, ce qui a donné lieu à de très nombreux commentaires élogieux sur différents sites Internet. Or, il s’agit <a href="https://le10sport.com/football/des-stades-demontables-et-climatises-au-qatar-39561">pour l’instant</a> d’un seul stade, le Ras Abu Aboud Stadium, construit avec des matériaux de récupération (dont des conteneurs maritimes), <a href="https://www.linfodurable.fr/environnement/un-stade-tout-en-conteneurs-pour-le-mondial-2022-2194">entièrement démontable</a>, transportable et réutilisable en plusieurs arènes sportives et culturelles. Quid des autres stades ? Le mystère reste entier et les rumeurs courent sur le possible don de l’équivalent de <a href="https://www.ostadium.com/news/1282/le-qatar-va-offrir-170000-sieges-apres-la-cm-2022">170 000 places</a> à l’Afrique après Qatar 2022…</p>
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<figcaption><span class="caption">Le Ras Abu Aboud, un stade démontable (vidéo SportBuzzBusiness, 2017).</span></figcaption>
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<p>On connaît la ferveur populaire, voire la liesse, que génère chaque Coupe du monde. Faut-il ici rappeler que la finale de juillet 2018, opposant la France à la Croatie, a été vue par <a href="http://www.lefigaro.fr/le-scan-sport/2018/12/21/27001-20181221ARTFIG00130-mondial-2018-plus-d-un-milliard-de-telespectateurs-ont-suivi-la-finale.php">1,1 milliard de téléspectateurs</a> à travers le monde ? Les fans se soucient sans doute peu de la « logistique » invisible que sous-entend chaque compétition, et même si <a href="http://www.transition-europe.eu/fr/news/lenvironnement-grand-perdant-de-la-coupe-du-monde-de-football-2018">certaines voix</a> s’élèvent pour stigmatiser le drame écologique qui va se jouer à la fin 2022, il est peu probable qu’elles soient entendues.</p>
<p>Le ministre de l’Environnement du Qatar a d’ailleurs rassuré les esprits chagrins en octobre 2018 : le bilan carbone de Qatar 2022 sera <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Mondial-2022-le-qatar-promet-un-bilan-carbone-neutre/952595">« neutre »</a>, grâce à un équilibre obtenu entre les émissions de gaz à effet de serre et la capacité des écosystèmes à les absorber. Un discours rôdé, qui satisfait pleinement les instances dirigeantes de la FIFA, mais laisse planer le doute sur la réalité des faits. Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? Hélas oui, mon regretté poète…</p>
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<figcaption><span class="caption">« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », Léo Ferré.</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/123018/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles Paché ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À elle seule, la climatisation à prévoir pour l’évènement nécessiterait de recouvrir un dixième du pays de panneaux solaires.Gilles Paché, Professeur des Universités en Sciences de gestion , Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1199602019-07-17T21:23:19Z2019-07-17T21:23:19ZBoom de la climatisation : des pistes pour éviter la surchauffe planétaire<p>Face aux canicules à répétition, la climatisation devient de plus en plus indispensable : elle améliore nos conditions de vie ainsi que la productivité économique. Mais le soulagement qu’elle offre instantanément est contrebalancé par des effets environnementaux néfastes.</p>
<p>Quelles sont les tendances de consommation des climatiseurs dans le monde ? Quel est l’impact environnemental et quelles solutions adopter ? Pour répondre à ces questions, nous nous appuierons sur les données d’Enerdata et celles du <a href="https://www.iea.org/futureofcooling/">rapport de l’Agence internationale de l’énergie</a> publié en 2018 sur le sujet.</p>
<h2>Une activité économique en plein boom</h2>
<p>Moins d’un tiers des ménages possède un climatiseur dans le monde. Mais certaines régions sont davantage équipées que d’autres. Aux États-Unis ou au Japon, 90 % des foyers possèdent un tel équipement. Et la Chine compte désormais plus d’un tiers des climatiseurs du monde, avec un taux d’équipement des ménages de 60 %. Une part nettement supérieure aux 8 % observés pour les 2,8 milliards de ménages vivant dans les régions les plus chaudes. En Europe, 20 % des ménages en moyenne possèdent une climatisation, et seulement 5 % des Français.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=227&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=227&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/282893/original/file-20190705-51258-8f7bf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=227&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le boom de la climatisation est mondial.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carine Sebi à partir des données de l’Agence internationale de l’energie et d’Odyssee</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>La tendance des ventes de climatiseurs atteste que ces écarts se réduisent. Celles-ci ont augmenté de 15 % entre 2017 et 2018, tout particulièrement dans les économies émergentes (Chine, Brésil, Inde, Indonésie et Mexique), qui enregistrent des épisodes de chaleur de plus en plus extrêmes. Le nombre de climatiseurs installés dans le monde a ainsi augmenté de 40 %, et presque doublé en Asie depuis 2010.</p>
<h2>Une croissance énergétique très rapide</h2>
<p>La climatisation représente une part de plus en plus importante de la consommation électrique du secteur du bâtiment – qui comprend les secteurs résidentiel et tertiaire. Au niveau mondial, elle est responsable de 12 % des émissions de CO<sub>2</sub> émises dans ce secteur.</p>
<p>En Arabie saoudite, elle compte pour 73 % de la consommation électrique du secteur, contre 23 % aux États-Unis ou en Inde. En Europe, la climatisation ne pèse que 2 %, mais on observe une tendance de croissance annuelle marquée depuis 2000 (3,5 % par an). Un taux qui reste modeste par rapport aux évolutions observées en Asie : 12 % par an depuis 2000 pour la Chine, 11 % pour l’Inde ou encore 9 % pour l’Indonésie.</p>
<p>Le Japon fait figure d’exception avec une consommation stable depuis 2000 : le marché de la climatisation étant presque saturé (90 % de taux d’équipement), le volume de climatiseurs installés évolue peu ; et le remplacement des vieux équipements par des équipements plus efficaces améliore la performance énergétique du parc.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/282894/original/file-20190705-51297-iwhhpo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Refroidir, une pratique très énergivore.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carine Sebi à partir des données d’Enerdata</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<h2>Des systèmes électriques mis à rude épreuve</h2>
<p>Au moment le plus fort du dernier épisode caniculaire en France, en juin, RTE annonçait qu’un pic de consommation électrique « de période estivale » avait été atteint (59 436 MW) du fait de l’utilisation accrue des climatiseurs et des ventilateurs. RTE indiquait que chaque degré au-dessus des normales de saison correspondait à une consommation additionnelle électrique <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/canicule-le-pic-de-consommation-electrique-a-ete-atteint-jeudi-a-12h40_3510291.html">équivalente à celle de la ville de Bordeaux</a>. En Chine, la climatisation représente lors de ses journées les plus chaudes jusqu’à la moitié de la demande de pointe d’électricité du pays.</p>
<p>Désormais, le refroidissement de nos lieux de vie aggrave le réchauffement climatique.</p>
<p>Tout d’abord, une part importante des climatiseurs vendus ou déjà installés dans le monde sont très énergivores. Ils consomment beaucoup d’électricité, majoritairement produite à l’aide de <a href="https://theconversation.com/comment-expliquer-la-hausse-de-la-consommation-de-charbon-dans-le-monde-110625">charbon</a>, dont l’exploitation est très émettrice en CO<sub>2</sub>.</p>
<p>Les plus gros utilisateurs de climatisation dans le monde font malheureusement partie de ceux dont le mix électrique s’avère le plus polluant, comme l’Arabie saoudite ou la Chine. Bien que les États-Unis aient un indice carbone de leur production d’électricité significativement plus faible que ces deux pays, ils sont les plus gros émetteurs de CO<sub>2</sub> du fait du volume d’électricité généré pour satisfaire ce besoin.</p>
<p>Les tendances montrent que ce phénomène s’amplifie. En Chine, les émissions de CO<sub>2</sub> liées à l’usage de climatisation ont été multipliées par cinq entre 2000 et 2017.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=187&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=187&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=187&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=235&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=235&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/282896/original/file-20190705-51273-g6s4e4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=235&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Émissions de CO₂ liées à la production d’électricité et à l’usage de la climatisation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carine Sebi à partir des données d’Enerdata (graphique de gauche) et de l’Agence internationale de l’énergie (graphique de droite)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Les climatiseurs utilisent d’autre part des fluides frigorigènes comme réfrigérant dont le potentiel de réchauffement climatique est élevé lorsqu’ils sont rejetés dans l’atmosphère. Certains composés sont jusqu’à plusieurs milliers de fois plus réchauffant que le CO<sub>2</sub>. Ces gaz ne doivent pas sortir des climatiseurs, mais il existe des risques de fuite au cours de la fabrication, de la maintenance, ou lors de pannes.</p>
<h2>Peut-on atténuer les effets pervers ?</h2>
<p>Il est cependant possible de freiner certains effets pervers.</p>
<p>Il s’agit d’une part de décarboner l’énergie servant à alimenter les bâtiments – pour lesquels la climatisation représente une part grandissante de la consommation énergétique. Le développement global des énergies renouvelables devrait permettre une telle décarbonation.</p>
<p>Il est également impératif que l’architecture s’adapte aux changements climatiques, pour le neuf (surtout en Asie) et pour l’existant (en Europe et Amérique du Nord). L’isolation et le choix des matériaux utilisés, mais aussi la possibilité de protéger les fenêtres contre le rayonnement solaire sont autant de solutions permettant de réduire fortement les besoins en climatisation.</p>
<p>Il faut noter par ailleurs que l’efficacité énergétique des climatiseurs varie considérablement d’un pays à l’autre : les équipements vendus au Japon et dans l’Union européenne sont généralement 25 % plus efficaces que ceux vendus aux États-Unis et en Chine. Optimiser leur consommation pourrait réduire de moitié leur croissance en demande énergétique, grâce notamment à la mise en place de normes et d’étiquetages obligatoires portant sur le rendement énergétique.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/283725/original/file-20190711-173360-ct7c1t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le graphique de l’Agence internationale de l’énergie ci-dessus indique que l’amélioration de l’efficacité énergétique des climatiseurs a permis d’éviter une augmentation de la consommation énergétique de cet usage de 20 % depuis 2000 au niveau mondial.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Agence internationale de l’énergie</span></span>
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<p>Enfin, il faut renforcer la réglementation portant sur les fluides frigorigènes, utilisés depuis une trentaine d’années. L’utilisation de la première génération de gaz (chlorofluorocarbure ou CFC) a été interdite en 1987 dans le cadre du protocole de Montréal, en raison de leur effet destructeur pour la couche d’ozone.</p>
<p>La génération actuelle de réfrigérants (hydrofluorocarbure-HFC) a un impact très faible sur la couche d’ozone mais contribue en revanche fortement à l’effet de serre. L’inclusion des HFC dans le protocole de Montréal a été finalement actée en novembre 2018 dans le cadre de l’<a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/world-takes-stand-against-powerful-greenhouse-gases-implementation">Accord de Kigali</a> ; ce dernier vise une réduction de l’usage du HFC de 80 % d’ici 2038-2047.</p>
<p>Au sein de l’Union européenne, cela se traduit par la mise en place la réglementation (F-Gaz) en 2006, intégralement remplacée en 2015. Cette dernière est censée accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre en interdisant à terme les HFC toujours utilisés sur le marché du froid.</p>
<p>Enfin, et comme toujours, l’adoption de comportement vertueux fait également partie de l’équation et doit permettre de réduire la consommation de la climatisation. L’Ademe conseille ainsi que la pièce soit à une <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-chaud-dehors-frais-dedans.pdf">température de 26 °C au plus bas</a> et qu’il n’y ait pas plus de 5 à 7 °C de différence entre intérieur et extérieur. C’est aussi un moyen de faire baisser sa facture d’électricité, car une température ambiante <a href="https://conseils.xpair.com/consulter_savoir_faire/20-faits-optimiser-chauffage-climatisation/fait-13-climatisation-1-degre-trop-bas-surconsommation.htm">trop basse de 1 °C</a> (si la température ambiante est de 23 °C au lieu de 24 °C) fait augmenter de 12 à 18 % la consommation énergétique annuelle de l’installation de climatisation.</p>
<h2>3,5 fois plus de climatiseurs d’ici 2050</h2>
<p>L’Agence internationale de l’énergie estime que le nombre de climatiseurs dans le monde passerait de 1,6 milliard d’unités à 5,6 milliards d’ici 2050.</p>
<p>On s’attend à ce que cette augmentation soit particulièrement sensible dans les économies émergentes comme en Inde où la climatisation pourrait représenter 45 % de la demande de pointe en électricité en 2050, contre 10 % aujourd’hui.</p>
<p>D’importants investissements dans de nouvelles centrales électriques seront nécessaires pour répondre à cette demande de pointe pendant la nuit, période au cours de laquelle il est impossible de satisfaire la demande à partir du solaire photovoltaïque par exemple.</p>
<p>Espérons également que les industriels de la climatisation trouveront une alternative aux fluides frigorigènes. Pour l’heure, la solution de remplacement envisagée serait le HFO (HydrFluorOoléfines) qui a un très faible potentiel d’effet de serre. Cependant, un des produits de dégradation des HFO présente un <a href="https://www.multitanks.com/fr/blog/communique-de-presse-de-greenpeace-sur-les-gaz-hfo-n12">pouvoir herbicide</a> et persiste très longtemps dans l’eau et les sols…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119960/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carine Sebi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Agence internationale de l’énergie estime que le nombre de climatiseurs dans le monde devrait passer de 1,6 milliard d’unités à 5,6 milliards en 2050.Carine Sebi, Associate Professor and Coordinator of the "Energy for Society" Chair, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1199432019-07-14T19:02:00Z2019-07-14T19:02:00ZCette chaleur insoutenable qui menace les régions tropicales<p>45,9 °C dans le Gard le 28 juin dernier, soit la température la <a href="http://www.meteofrance.fr/actualites/73726667-record-absolu-de-chaleur-battu-45-9-c-dans-le-gard-du-jamais-vu-en-france">plus chaude jamais mesurée en France</a>, toutes saisons confondues… Le record précédent, en août 2003, n’était « que » de 44,1 °C.</p>
<p>Que le changement climatique entraîne une augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur est presque devenu un <a href="https://www.lci.fr/meteo/rechauffement-climatique-pourquoi-les-canicules-seront-plus-intenses-et-plus-frequentes-2125104.html">lieu commun</a>. Les températures observées durant les épisodes de fortes chaleurs estivales aujourd’hui considérés comme exceptionnels pourraient même <a href="https://www.larecherche.fr/climat-cop22/des-bulletins-m%C3%A9t%C3%A9orologiques-extr%C3%AAmes-%C3%A0-pr%C3%A9voir">devenir la norme</a> d’ici quelques décennies. Pourtant, les implications futures à l’échelle mondiale ne sont pas toujours suffisamment prises en considération.</p>
<p>Les quelque 15 000 morts attribués à la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Canicule_europ%C3%A9enne_de_2003">canicule de 2003 en France</a> peuvent apparaître comme un lointain mauvais souvenir. Après tout, avec une bonne hydratation et la climatisation, une canicule est un désagrément supportable, non ? Les pays tropicaux connaissent d’ailleurs régulièrement des températures bien supérieures et s’en accommodent… <a href="https://www.lci.fr/international/plus-de-50-c-rationnement-de-l-eau-des-dizaines-de-morts-en-inde-une-canicule-extreme-2124281.html">plus ou moins</a>.</p>
<p>Si les pays des moyennes et hautes latitudes semblent disposer d’importantes marges d’adaptation pour faire face au réchauffement, qu’en est-il des pays des régions tropicales qui connaissent déjà des niveaux de chaleur relativement dangereux durant les mois les plus chauds ? Est-il bien réaliste de supposer qu’à l’avenir leurs populations s’adapteront, moyennant quelques investissements judicieux ?</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/282843/original/file-20190705-51273-1vb9eyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Température au thermomètre-globe mouillé ( °C), moyenne des mois les plus chauds calculée sur la période 1980-2009, avec seuils de dangerosité ISO (1989). L’encadré montre la capacité de travail possible pour différents niveaux d’activité, pour des travailleurs jeunes et en pleine santé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://archive.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg2/WGIIAR5-Chap11_FINAL.pdf">IPCC 2014</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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</figure>
<h2>Humidité et chaleur ne font pas bon ménage</h2>
<p>Rappelons que le corps humain évacue sa chaleur en excès par rayonnement infrarouge, conduction et évaporation de la transpiration. Si la dissipation de chaleur n’est pas assez efficace, la température du corps s’élève et peut atteindre un niveau intolérable pour l’organisme. On parle alors d’un <a href="https://www.annualreviews.org/doi/full/10.1146/annurev-publhealth-032315-021740">état de stress thermique</a>, potentiellement létal dans les cas extrêmes.</p>
<p>Or plus l’air est humide, moins l’évaporation de la transpiration est efficace et plus il est difficile de refroidir le corps par ce mécanisme. La seule température de l’air est donc parfois un mauvais indicateur des risques de stress thermique. Il faut également tenir compte, entre autres, de l’humidité de l’air.</p>
<p>Si l’on sait que de fortes chaleurs durant une période prolongée diminuent la <a href="http://www.theurbanclimatologist.com/uploads/4/4/2/5/44250401/dunneetal2013reductionslaborheatstress.pdf">capacité de travail</a> et augmentent la mortalité, il est toutefois délicat d’établir des prédictions : le degré de tolérance à la chaleur dépend de l’âge, du sexe, de l’état de santé général, de l’habillement et du degré d’activité physique.</p>
<h2>Des conditions potentiellement mortelles</h2>
<p>Les projections des modèles climatiques globaux en cas de poursuite de fortes émissions de gaz à effet de serre (GES) montrent que, d’ici la fin du siècle, environ 70 % de la population mondiale (pour un scénario de croissance démographique menant à 12 milliards d’habitants en 2100) pourrait être exposée plus de 20 jours par an à des conditions de température et d’humidité <a href="http://centaur.reading.ac.uk/71263/1/Mora_etal_heatwaves.pdf">potentiellement mortelles</a>. De telles conditions pourraient même devenir la norme presque toute l’année dans les régions tropicales humides, et ce dès le milieu du siècle pour l’Afrique de l’Ouest, le Sud-Est asiatique ou encore le nord du Brésil.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/282844/original/file-20190705-51288-1l9t37x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Distribution géographique du nombre de jours par an avec des conditions de température et humidité potentiellement mortelles, en 1980 et pour les scénarios RCP4.5 (émissions moyennes de GES) et RCP8.5 (fortes émissions de GES) en 2050 et 2100. Les résultats correspondent à la moyenne des simulations de 20 modèles climatiques globaux.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://maps.esri.com/globalriskofdeadlyheat/#">Université d’Hawai à Manoa</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des projections réalisées avec des modèles climatiques régionaux pour le pourtour du <a href="http://eltahir.mit.edu/wp-content/uploads/2015/10/nclimate2833.pdf">golfe Persique</a>, l’<a href="https://advances.sciencemag.org/content/advances/3/8/e1603322.full.pdf">Asie du Sud</a> et l’<a href="https://www.nature.com/articles/s41467-018-05252-y">Est de la Chine</a> montrent que la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Wet-bulb_temperature">température humide</a> pourrait régulièrement dépasser 30 °C, un niveau considéré comme extrêmement dangereux… voire parfois excéder 35 °C, le seuil maximal physiologiquement supportable par un être humain en bonne santé au repos à l’ombre.</p>
<p>En outre, ces projections pourraient être en <a href="https://www.pnas.org/content/pnas/107/21/9552.full.pdf">deçà du possible</a>. La sensibilité climatique, c’est-à-dire l’amplitude de l’augmentation de température globale en réponse aux émissions de gaz à effet de serre, pourrait en effet avoir été <a href="https://www.carbonbrief.org/guest-post-why-results-from-the-next-generation-of-climate-models-matter">sous-estimée</a> par les modèles, peut-être très <a href="https://www.nature.com/articles/s41561-019-0310-1?fbclid=IwAR0zRW3UCCcvZyVz-Or7XKWCLiIlG2i28zjsrw2RPNh8al6vKapXYp78av0">fortement</a>.</p>
<h2>L’air conditionné, la fausse bonne idée</h2>
<p><a href="https://www.annualreviews.org/doi/full/10.1146/annurev-publhealth-032315-021740">Face à cela</a>, certains préconisent notamment le développement massif de l’air conditionné. Or la climatisation des bâtiments représente déjà environ 10 % de la <a href="https://webstore.iea.org/the-future-of-cooling">consommation électrique globale</a>. Du fait de la hausse du niveau de vie dans les pays en développement la demande d’énergie pour la climatisation pourrait plus que tripler à horizon 2050.</p>
<p>Satisfaire cette demande impliquerait une production additionnelle d’électricité équivalente à celle des États-Unis, de l’Union européenne et du Japon réunis… sans même tenir compte de l’extension des zones et des périodes de l’année où la climatisation serait nécessaire, de l’augmentation de la consommation énergétique des appareils avec la hausse des températures et de l’impact négatif du changement climatique <a href="https://www.nature.com/articles/nclimate2903">sur la production électrique</a>.</p>
<p>Par ailleurs, compte tenu du mix énergétique mondial actuel, très largement dominé par l’<a href="https://www.connaissancedesenergies.org/bp-statistical-review-world-energy-2018-les-chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-180614">usage des combustibles fossiles</a>, la généralisation massive de la climatisation risque fort de renforcer les émissions de gaz à effet de serre, et donc le réchauffement. Sans oublier que les fluides frigorigènes (CFC, HCFC, HFC) utilisés par la majorité des climatiseurs actuels sont eux-mêmes des GES extrêmement puissants…</p>
<p>Aujourd’hui, plus de 90 % des foyers aux États-Unis et au Japon sont équipés de l’air conditionné, contre <a href="https://www.iea.org/newsroom/news/2018/may/air-conditioning-use-emerges-as-one-of-the-key-drivers-of-global-electricity-dema.html">seulement 8 %</a> des 2,8 milliards de personnes vivant dans les régions les plus chaudes du monde. Cependant, la généralisation de la climatisation à tous les lieux de vie en zone tropicale, pour des centaines de millions de personnes, semble donc assez peu réaliste en pratique : les besoins en énergie seraient colossaux, les coûts probablement prohibitifs, et cela ne résoudrait pas la question du travail en extérieur. Par ailleurs, tenter de générer de la fraîcheur pour les seuls êtres humains n’empêchera pas les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-007-9241-8">animaux d’élevage</a>, les <a href="http://www.rfi.fr/france/20190629-degats-vignes-france-canicule-chaleur">cultures</a> et plus largement la <a href="http://www.lefigaro.fr/sciences/2018/12/20/01008-20181220ARTFIG00228-des-dizaines-de-milliers-de-chauves-souris-meurent-de-chaud-en-australie.php">faune</a> et la flore d’être également durement touchés par les chaleurs extrêmes.</p>
<p>En cas de poursuite de fortes émissions, les régions tropicales actuellement densément peuplées deviendraient donc extrêmement inhospitalières d’ici la fin du siècle, ou même dès le milieu du siècle pour le Sud-Est asiatique et le pourtour du golfe de Guinée par exemple. Il existe un risque non négligeable que les conditions climatiques à venir dans ces régions dépassent les capacités d’adaptation, avec les conséquences que l’on peut imaginer, tant sur les plans économique que sanitaire.</p>
<p>Une perspective sans commune mesure avec certaines estimations d’un coût global du changement climatique somme toute très limité (à peine <a href="https://academic.oup.com/reep/article/12/1/4/4804315">quelques points de pourcentage du PIB mondial</a>) et qui souligne la nécessité absolue de parvenir à limiter drastiquement les émissions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119943/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Didier Roche a reçu des financements du CNRS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Noëlle Woillez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si nous voyons en France les vagues de chaleur s’intensifier, leurs conséquences ne seront pas les mêmes dans les régions tropicales, qui connaissent déjà des températures difficilement supportables.Marie-Noëlle Woillez, Chargée de recherche sur les impacts du changement climatique, Agence française de développement (AFD)Didier Roche, Chercheur, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1193352019-06-25T19:47:54Z2019-06-25T19:47:54ZS’inspirer de l’architecture traditionnelle pour faire face à la canicule<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/280971/original/file-20190624-97785-1ogwa5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=74%2C5%2C1772%2C1080&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au cours du siècle, les températures moyennes dans certaines zones de la péninsule arabique pourraient avoisiner les 60° C.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/erwinb/4159979618/">Erwin Bolwidt/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Alors que la France subit depuis quelques jours un épisode de canicule particulièrement intense, certaines régions du monde sont habituées de longue date à une telle chaleur. Ce qui ne les empêche pas d’être aussi exposées à la hausse des températures : que ce soit dans la Péninsule arabique, en Iran ou en Irak, elles pourraient atteindre dans les prochaines années des niveaux insupportables.</p>
<p>Certains lieux, comme <a href="http://gulfnews.com/news/uae/environment/temperature-shoots-up-to-52-degree-celsius-in-al-ain-and-other-parts-of-uae-1.118206">Al Ain</a>, aux Émirats arabes unis, ou encore le Koweït, connaissent déjà des températures dépassant les 50 °C. Et <a href="http://nature.com/articles/doi:10.1038/nclimate2833">selon une étude publiée en 2016</a>, les effets du changement climatique et la hausse des émissions de gaz à effet de serre pourraient pousser la température moyenne autour des 55 ou même 60 degrés.</p>
<p>Aujourd’hui, de nombreux résidents du Golfe trouvent refuge dans les maisons, les centres commerciaux ou les voitures climatisées. Mais à mesure que montent les températures, augmente aussi le besoin de rafraîchir les lieux de vie d’une façon moins onéreuse, plus durable et moins énergivore. L’histoire de la région offre heureusement une source d’inspiration architecturale très riche pour combattre la canicule.</p>
<h2>Une histoire de la chaleur</h2>
<p>Historiquement, la population du Golfe se composait de paysans vivant près d’oasis dans des villages agricoles, de Bédouins campant dans leur tente en plein désert, ou encore de résidents des villes. Compte tenu de la <a href="https://www.un.org/development/desa/en/news/population/world-urbanization-prospects.html">tendance globale</a> à l’urbanisation, regardons de plus près comment ce dernier groupe surmontait la chaleur.</p>
<p>Les bâtiments traditionnels des villes et des villages du Golfe sont conçus pour maximiser l’ombre, diminuer le gain thermal issu de la radiation solaire, réguler la température des bâtiments et faciliter la circulation de l’air. À l’origine de ces effets, une combinaison astucieuse de matériaux de construction, d’emplacement et de conception.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99725/original/image-20151026-18446-rbk4b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99725/original/image-20151026-18446-rbk4b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99725/original/image-20151026-18446-rbk4b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99725/original/image-20151026-18446-rbk4b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99725/original/image-20151026-18446-rbk4b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99725/original/image-20151026-18446-rbk4b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99725/original/image-20151026-18446-rbk4b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une combinaison de matériaux naturels.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/erwinb/4158964098/sizes/l">Erwin Bolwidt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des éléments naturels comme le calcaire et la vase – dans certains cas mélangés à des plantes du désert locales – fournissent un matériau de construction capable de réguler les températures des bâtiments. Le matériau en lui-même absorbe l'humidité en conditions humides, qui peut ensuite s’évaporer pendant les journées chaudes et ensoleillées pour fournir un léger effet de refroidissement. La texture sableuse et la couleur des bâtiments réduisent en outre l’absorption et l’émission de chaleur rayonnante.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99707/original/image-20151026-18458-192vxlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99707/original/image-20151026-18458-192vxlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99707/original/image-20151026-18458-192vxlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99707/original/image-20151026-18458-192vxlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99707/original/image-20151026-18458-192vxlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99707/original/image-20151026-18458-192vxlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99707/original/image-20151026-18458-192vxlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des ruelles étroites pour maintenir la fraîcheur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/felibrilu/5534583869/sizes/l">Felibrilu/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les constructions traditionnelles sont placées à proximité les unes des autres, séparées par des ruelles étroites. Cela signifie que le rapport de la surface exposée au soleil par rapport au volume total du bâtiment est minimisé, limitant les pics de chaleur pendant la journée.</p>
<p>De nombreuses structures traditionnelles comprennent également une cour intérieure, où l’on trouve souvent des arbres et un puits d’eau. Cette cour est entourée de toutes parts par des chambres ou des murs, pour maximiser la zone d’ombre au cours de la journée et créer un espace de convivialité le soir venu. Lorsque le soleil écrase le milieu de journée, la cour intérieure fonctionne comme une cheminée : elle envoie l’air chaud vers le haut et le remplace par l’air plus frais des pièces attenantes – encourageant ainsi une circulation de l’air et créant un effet rafraîchissant.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99692/original/image-20151026-18446-1ksjh0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99692/original/image-20151026-18446-1ksjh0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99692/original/image-20151026-18446-1ksjh0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99692/original/image-20151026-18446-1ksjh0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99692/original/image-20151026-18446-1ksjh0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99692/original/image-20151026-18446-1ksjh0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99692/original/image-20151026-18446-1ksjh0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les moucharabieh, pour une meilleure circulation de l’air.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/seier/2078287373/sizes/l">seier+seier/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Le verre n’est pas un matériau répandu dans ces bâtiments traditionnels. Une pièce compte généralement deux fenêtres externes : une toute petite, située tout en haut du mur et maintenue ouverte pour permettre à l’air de circuler et laisser entrer la lumière naturelle. Une seconde, plus large, et fermée par des volets de bois, avec des rainures pour permettre qu’un courant d’air pénètre dans la pièce tout en préservant l’intimité. Certaines pièces possèdent aussi des fenêtres qui donnent sur la cour intérieure pour un meilleur rafraîchissement. Enfin, le moucharabieh – fenêtre en saillie avec treillis en bois sculpté, généralement située aux étages supérieurs d’un bâtiment – permet une meilleure circulation de l’air ainsi qu’une meilleure vue.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99724/original/image-20151026-18443-j0ohjs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99724/original/image-20151026-18443-j0ohjs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=701&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99724/original/image-20151026-18443-j0ohjs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=701&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99724/original/image-20151026-18443-j0ohjs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=701&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99724/original/image-20151026-18443-j0ohjs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99724/original/image-20151026-18443-j0ohjs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99724/original/image-20151026-18443-j0ohjs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La tour éolienne crée de la ventilation naturelle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/felibrilu/5534589927/sizes/l">Felibrilu/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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</figure>
<p>Certains immeubles sont dotés d’une tour éolienne, qui crée une ventilation naturelle par la circulation de l’air frais. Les ruelles étroites leur permettaient d’être recouvertes dans la plupart des cas par des matériaux légers provenant de palmiers dattiers pour éviter la lumière directe du soleil. Cela a permis une meilleure circulation de l’air entre les rues et les cours des bâtiments, via les pièces.</p>
<p>Toutes ces caractéristiques permettent de garder les bâtiments traditionnels au frais. Mais une question demeure : comment appliquer ces méthodes aux villes d’aujourd’hui ?</p>
<h2>Des bâtiments modernes… et chauds</h2>
<p>Les édifices actuels du Golfe sont principalement construits en verre réfléchissant, béton et asphalte, ce qui se traduit par des températures qui grimpent en flèche pendant la journée, en raison d’une forte réflexion, ou d’une haute absorption, et d’une émission élevée de chaleur rayonnée.</p>
<p>Grâce à la recherche et aux progrès dans le domaine des matériaux de construction et de dallage, de conception, de planification urbaine, d’isolation et d’usage des énergies renouvelables, les villes du Golfe pourraient conserver un mode de vie confortable, tout en émettant moins d’émissions carbone et en utilisant moins d’énergies fossiles.</p>
<p>La ville de Masdar aux Émirats arabes unis a ainsi tenté de combiner certaines traditions architecturales aux technologies modernes en augmentant le nombre de zones à l’ombre, en créant des rues étroites et en construisant une tour éolienne.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99736/original/image-20151026-18446-12j16d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99736/original/image-20151026-18446-12j16d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99736/original/image-20151026-18446-12j16d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99736/original/image-20151026-18446-12j16d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99736/original/image-20151026-18446-12j16d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99736/original/image-20151026-18446-12j16d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99736/original/image-20151026-18446-12j16d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Fonctionnement du puits de chaleur.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
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<p>Le recours à l’isolation pourrait également restreindre le besoin d’air conditionné et la consommation d’électricité. D’ici là, des matériaux nouveaux ou naturels – qui absorbent la moisissure et accentuent la capacité thermique (c’est-à-dire la propension du matériau à maintenir des températures plus basses par des températures plus hautes) – pourraient réguler le gain de chaleur et faciliter le processus de rafraîchissement naturel.</p>
<p>J’ai développé une nouvelle technologie (brevetée) afin de réguler les températures des édifices dans des conditions d’extrême chaleur, en utilisant un puits de chaleur dans le sol. Il permettra au sol d’échanger de la chaleur avec l’enveloppe du bâtiment, réduisant ainsi son gain thermique lors des journées chaudes.</p>
<p>Au cours des dernières années, les pays du Golfe ont commencé à prêter attention aux énergies renouvelables et aux mesures durables. La recherche et le développement devraient progresser davantage dans ce domaine si l’on veut que les populations puissent vivre confortablement dans les conditions climatiques attendues, tout en diminuant leur dépendance à la consommation de carburants fossiles ainsi que leurs émissions de CO<sub>2</sub>.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119335/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Amin Al-Habaibeh ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans le Golfe persique, où les températures devraient exploser au cours du XXIᵉ siècle, l’architecture traditionnelle pourrait aider les populations à s’adapter à cette chaleur.Amin Al-Habaibeh, Professor of Intelligent Engineering Systems, Nottingham Trent UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1022852018-09-04T19:07:55Z2018-09-04T19:07:55ZChangement climatique : entre adaptation et atténuation, il ne faut pas choisir<p>Que faire face à la hausse des températures ? Donner la priorité à l’atténuation ou à l’adaptation ?</p>
<p>Cette question est revenue au premier plan après un été <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/jean-jouzel-face-changement-climatique-fenetre-de-tir-tres/00085683">particulièrement désastreux</a> sur le plan climatique dans plusieurs pays de l’hémisphère nord ; et plus généralement au regard des <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/22070/EGR_2017.pdf?isAllowed=y&sequence=1">objectifs ambitieux</a> en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés depuis 2015 par l’Accord de Paris.</p>
<p>Ce choix n’en est cependant pas un, les deux approches étant également nécessaires.</p>
<p>Sans efforts d’atténuation – à savoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre – rapides et intenses, l’adaptation pourrait <a href="https://www.researchgate.net/publication/257142249_Limits_to_adaptation">devenir de plus en plus difficile</a> dans de nombreux endroits du globe, et pour longtemps. Mais la variabilité et les normes climatiques qui se modifient sur la planète année après année démontrent, par ailleurs, le caractère indispensable de l’adaptation.</p>
<p>Paradoxalement, alors que les mesures d’adaptation au changement climatique ont un impact très concret et rapide sur la vie quotidienne, elles sont toutefois moins bien connues aujourd’hui que celles relatives à l’atténuation.</p>
<h2>De multiples formes d’adaptation</h2>
<p>Si l’objectif de l’atténuation est bien connu et mesurable, les critères d’une adaptation réussie le sont moins.</p>
<p>Dans certains cas, une adaptation « incrémentale » ne changera pas fondamentalement les systèmes et les approches, comme lorsqu’il s’agit d’avancer la date des <a href="https://theconversation.com/des-vendanges-de-plus-en-plus-precoces-sous-leffet-du-changement-climatique-56697">des vendanges dans l’année</a> par exemple.</p>
<p>Dans d’autres cas, des adaptations « transformationnelles » impliqueront des modifications importantes d’activités ou la <a href="https://journals.openedition.org/developpementdurable/11320">réaffectation de zones entières</a>. Si ces dernières mesures sont plus ardues à établir, les premières ne sont pas nécessairement spontanées. Les formes d’adaptation sont diverses, de même que les événements qui les suscitent.</p>
<p>Face à ces phénomènes, la recherche académique s’est mobilisée : des réseaux internationaux prônent <a href="https://www.weadapt.org/">des échanges de connaissances</a>, soulignant la nécessité de faire collaborer scientifiques et acteurs de terrain pour observer sur place les comportements et réactions face aux situations concrètes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1031528808665554945"}"></div></p>
<h2>Des acteurs différents</h2>
<p>Adaptation et atténuation se distinguent également au niveau des domaines de recherche et des professions impliquées.</p>
<p>Pour réduire les émissions, les procédés techniques sont centraux, même s’ils restent insuffisants sans incitations économiques et politiques, et sans changements de comportement des consommateurs. En matière d’adaptation, l’organisation de l’action sur le plan territorial, sectoriel ou sanitaire a la plus grande importance, soutenue par l’apport de modifications techniques (comme des normes de construction), de même que des incitations économiques et réglementaires.</p>
<p>S’il peut être nécessaire de construire des digues face à la montée des eaux, l’adaptation consistera aussi à modifier les critères d’habitat, anticiper les canicules et inondations dans des zones urbaines, envisager des changements dans l’agriculture et la foresterie en tenant compte des délais naturels de mise en œuvre (la croissance des arbres par exemple), travailler sur les assurances, s’accorder sur des règles pour des déplacements de personnes et les impacts sur les biens.</p>
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<p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/inondations-et-canicules-quelles-solutions-pour-y-faire-face-en-ville-91790">Inondations et canicules : quelles solutions pour y faire face en ville ?</a>
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<p>Des apprentissages sont possibles, comme le montre la <a href="http://www.ipcc.ch/pdf/special-reports/srex/IPCC_SREX_FR_web.pdf">diminution relative du nombre de victimes</a> liées à des événements extrêmes dans le monde. Toutefois, le nombre de personnes affectées et les dommages matériels sont en croissance, et les prévisions ne sont pas bonnes.</p>
<p>C’est que, tant pour l’adaptation que pour l’atténuation, il est difficile d’agir aujourd’hui en prévision d’impacts futurs. D’où la nécessaire mise en évidence des bénéfices attendus pour des actions d’atténuation et d’adaptation. Ces bénéfices différant dans les deux domaines.</p>
<p>Réduire les émissions, c’est notamment améliorer la santé en diminuant la pollution de l’air ou encore augmenter l’indépendance énergétique par l’utilisation d’énergie renouvelable. Préparer l’adaptation, c’est souvent augmenter la résilience face à des impacts qui se produisent déjà, voire profiter de certains avantages d’un climat qui se modifie. Beaucoup de grandes entreprises l’ont d’ailleurs compris et font réaliser des études sur <a href="https://www.greenbiz.com/article/reporting-climate-risk-major-business-opportunity">leur vulnérabilité climatique</a> par des cabinets spécialisés.</p>
<h2>Face aux inégalités</h2>
<p>Tant dans le domaine de l’atténuation que de l’adaptation, le manque de connaissances et l’inertie des comportements représentent des freins importants.</p>
<p>Il est vrai que le changement climatique <a href="http://www.cnrseditions.fr/societe/7524-ladaptation-au-changement-climatique.html">impose des changements structurels</a> dans les sociétés, et rebat en partie les cartes en termes d’avantages et de désavantages. Dans le cas de l’atténuation, la dépendance fondamentale au secteur des énergies fossiles s’est avérée constituer un frein massif aux transformations. Dans celui de l’adaptation, les résistances sont plus diversifiées au vu des différents phénomènes impliqués, mais apparaissent également.</p>
<p>On peut remarquer à ce sujet que les relations de ces deux domaines aux inégalités économiques et sociales sont pour ainsi dire inverses.</p>
<p>Les émissions sont causées de façon disproportionnée par les plus riches, <a href="https://d1tn3vj7xz9fdh.cloudfront.net/s3fs-public/file_attachments/mb-extreme-carbon-inequality-021215-fr.pdf">tant au niveau international que national</a>. L’atténuation doit donc concerner en priorité ces acteurs. En revanche, face aux impacts, la richesse permet souvent de diminuer la vulnérabilité, que ce soit par l’instauration de protections ou en se déplaçant vers des zones aux conditions plus favorables. Différentes sortes de pauvreté et de vulnérabilité (âge ou état de santé notamment) influent défavorablement sur la capacité à réagir face à des stress climatiques.</p>
<p>Au niveau international, les pays tropicaux sont plus sujets à des impacts forts, du fait de leur situation géographique et de leur dépendance plus grande aux systèmes naturels. Ils ont pourtant des émissions par habitant assez faibles et portent, pour la plupart d’entre eux, une responsabilité historique limitée dans le problème du changement climatique.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"758418371742470145"}"></div></p>
<h2>Des oppositions</h2>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-012-0398-4">Des oppositions peuvent aussi exister</a> entre adaptation et atténuation.</p>
<p>Le recours croissant à la <a href="https://www.iea.org/cooling/">climatisation</a> (pour s’adapter aux températures élevées) génère par exemple des consommations d’énergie (défavorables à l’atténuation). Sachant que le bénéfice du conditionnement d’air est privatif tandis que de la chaleur est généralement rejetée dans l’atmosphère.</p>
<p>Mais de tels cas restent marginaux et ces différences d’approche entre adaptation et atténuation rendent tout à fait possible – et nécessaire – de les mener de front.</p>
<p>Il importe de sortir d’une stérile opposition entre ces orientations, comme d’une superficielle juxtaposition de plans qui évoquent les deux domaines, sans mise en œuvre à un niveau assez concret depuis le « bas vers le haut ». Il faut notamment donner toute son ampleur à l’adaptation, qui pourrait bien à l’avenir s’autonomiser davantage de l’atténuation en étant conduite par des responsables et des acteurs spécifiques.</p>
<p>Ces deux aspects de la réponse au changement climatique resteront liés de plusieurs façons, ne serait-ce que parce que les impacts éprouvés peuvent cruellement stimuler la nécessité d’accroître les efforts d’atténuation.</p>
<p>Des plans d’adaptation <a href="https://www.eea.europa.eu/highlights/climate-change-adaptation-in-europe">existent à différents niveaux</a>, y compris <a href="http://www.acclimaterra.fr/rapport-page-menu/">pour la France</a>, en mettant à profit l’avantage sur l’atténuation de ne pas nécessiter d’accord mondial sur les efforts à consentir. Il importe d’en prendre connaissance et de multiplier les observations à la fois d’impacts et des réactions à ces impacts, pour les intégrer du mieux possible au présent et à l’avenir de nos sociétés.</p>
<hr>
<p><em>Edwin Zaccai et Romain Weikmans sont co-auteurs avec Valentine van Gameren de <a href="http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-L_adaptation_au_changement_climatique-9782707174697.html">« L’adaptation au changement climatique »</a>, aux éditions La Découverte (2014).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102285/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Edwin Zaccai a reçu des financements de l'Université Libre de Bruxelles, de divers organismes publics de recherches et de la Fondation Bernheim</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Romain Weikmans a reçu des financements de l'Université Libre de Bruxelles, de la Fondation Wiener-Anspach, de Wallonie-Bruxelles International, de la Belgian American Educational Foundation, et du Fonds de la recherche scientifique (F.R.S-FNRS).</span></em></p>La hausse des températures et ses conséquences néfastes sur les écosystèmes réclame d’anticiper ces changements et d’y faire face, deux approches distinctes mais désormais indissociables.Edwin Zaccai, Professeur, directeur du Centre d’études du développement durable (CEDD), Université Libre de Bruxelles (ULB)Romain Weikmans, Chargé de recherches du Fonds de la recherche scientifique (F.R.S.-FNRS) au Centre d’Études du Développement Durable, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/725562017-03-02T21:48:08Z2017-03-02T21:48:08ZEn finir avec le tout-béton en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/157388/original/image-20170217-10209-rr4sr1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À Dakar, au Sénégal. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/attawayjl/4565828942/in/photolist-7Xt4SE-9Lkb1b-yzNZsE-9JbkjE-7X6t6J-7CjHE9-7Z6L2a-tgopUM-9zjjti-7Z9WGm-7XpReB-9QtVzc-94S4GN-wsE4PC-e75KWB-te8WuE-7Z6MSt-bo1y8y-9JbnD3-7Z6F5g-9jBK67-7BxfQ8-e71pdU-nxfEBP-nxfLWx-ng4bZu-ng3V4H-nzjweZ-ng4hz9-nxfMPK-7WP95g-7WSt43-98zcjt-94P2kp-duRXCJ-duMxUr-7X7eKG-7XpQ7g-ng4gzU-ng4dEo-ng3U6v-nxySAL-nvv1f5-nvuRsA-ng463m-ng4bns-nxfDrn-nxhU2G-7Z6Ejk-dvMrKp">Jeff Attaway/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Dans sa quête de modernité, le bâtiment africain s’est malheureusement coupé de sa tradition bioclimatique séculaire, un ensemble de savoir-faire qui a permis aux habitants d’affronter des climats parfois extrêmes. Aujourd’hui, sur le continent, les constructions sont souvent <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/12/11/nous-avons-importe-en-afrique-un-urbanisme-inadapte_3529137_3212.html">mal adaptées</a> au climat chaud, thermiquement inconfortables et énergivores.</p>
<p>Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il est encore temps de faire mieux : d’après UN-Habitat, <a href="http://www.unep.org/sbci/pdfs/PromotingEEBEastAfrica.pdf">80 % des bâtiments</a> qui seront habités en 2050 ne sont pas encore construits. Et ces dernières années, architectes, entrepreneurs, ingénieurs et organismes internationaux se penchent avec passion sur la question, avec notamment des recherches dans le domaine des matériaux de construction innovants.</p>
<h2>Architectes, ONG, chercheurs</h2>
<p>Qu’ont en commun, <a href="http://www.hassanfathy.webs.com/">Hassan Faty</a>, <a href="http://www.kere-architecture.com">Francis Kéré</a>, et <a href="http://www.nleworks.com/about/team/">Kunlé Adéyemi</a> ? Ils sont architectes, célèbres, et tous travaillent à l’émergence d’un bâtiment africain fier et bien dans sa peau. Mais ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/4VUcj_s39wM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Interview de l’architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré (Louisiana Channel, 2014).</span></figcaption>
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<p>Nombreux sont ceux en effet qui démontrent la possibilité de construire des bâtiments mieux adaptés au climat africain, confortables sur le plan thermique et faisant appel à des matériaux locaux, économiquement abordables et respectueux de l’environnement ; et, pourquoi pas, esthétiques et modernes.</p>
<p>Si ces architectes ont une <a href="http://afrique.lepoint.fr/actualites/en-images-ces-architectes-africains-qui-montent-au-sommet-19-03-2014-1859616_2365.php">visibilité évidente</a> qui permet la médiatisation, des organismes internationaux et ONG <a href="http://energies2050.org/wp-content/uploads/2016/05/667_Guide_Bati_Durable_T1.pdf">communiquent</a> également pour défendre leurs causes, quand des ingénieurs et chercheurs contribuent, eux, dans leurs laboratoires, à la recherche des matériaux de demain.</p>
<h2>À la recherche des nouveaux matériaux</h2>
<p>On sait ainsi, grâce à leurs recherches, que la <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20130301-architecture-terre-une-solution-le-sahel">terre crue régule l’humidité</a> et que le béton (présent dans l’écrasante majorité des constructions urbaines), le verre et la tôle métallique – très utilisés en Afrique pour l’enveloppe et la toiture des bâtiments – sont des <a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/habitat-l-habitation-africaine-au-sud-du-sahara/1-des-constructions-edifiees-sans-technologies">accumulateurs de chaleur</a>.</p>
<p>Cette dernière caractéristique est à l’origine de l’inconfort thermique qui peut être ressenti aussi bien dans de majestueuses tours de verre que dans de modestes maisons. Et on comprend pourquoi la climatisation est autant utilisée dans un pays comme le Sénégal, où 84 % des gaz frigorifiques (HCFC et CFC) consommés le sont par des équipements de climatisation. Avec de sévères <a href="http://ademe.typepad.fr/files/7429_fluides-frigorig%C3%A8nes-fluor%C3%A9s_interactif_ok.pdf">conséquences</a> sur l’environnement.</p>
<p>Il faut également noter que la prédominance du matériau béton dans la construction est responsable du <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20130604-le-business-marchands-sable/">prélèvement intensif de sable de mer</a> et donc d’une importante érosion côtière destructrice des plages.</p>
<p>Ces constats posés, le défi consiste donc à trouver une authentique alternative pour varier l’offre de matériaux sur le marché du bâtiment africain et en finir avec la toute-puissance du béton. Il s’agit de chercher, formuler, tester, se tromper, recommencer… sans oublier d’observer et de tenir compte du bon sens des pratiques populaires. En effet, si les bétons de ciment ont été inventés par des ingénieurs, l’idée de leur ajouter de l’acier pour créer le fameux béton armé si résistant a été trouvée par… un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_b%C3%A9ton_de_ciment">jardiner</a>.</p>
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<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<h2>Le typha et après ?</h2>
<p>La recherche sur les matériaux locaux au sein des universités et écoles d’ingénieurs africaines est bien vivante, comme en témoignent de <a href="http://www.2ie-edu.org/assets/collection_acte_conference_eco_materiaux_2iE_2013.pdf">nombreux travaux</a>.</p>
<p>Ces dernières années, en Afrique subsaharienne, un matériau est ainsi l’objet de toutes les attentions : le <a href="http://www.vegetal-e.com/fr/actu_1707/tyccao-ou-l-or-vert-du-fleuve-senegal.html">typha</a>, ce roseau qui envahit les lacs et constitue d’ordinaire une source de problèmes écologiques majeurs. Or il se trouve que sa structure alvéolaire lui octroie d’excellentes propriétés d’isolation et de perméabilité à l’air. Il peut donc contribuer à améliorer fortement le confort thermique des bâtiments.</p>
<p>On peut citer par exemple le chercheur <a href="https://www.construirepourdemain.org/membre/dany-ayite/">Dany Ayite</a>, de l’université de Lomé qui a fait breveter ses travaux sur le béton de balles de riz (déchets de la riziculture) ou encore le <a href="https://semecity.bj/nos-programmes/formations/">X Tech Lab béninois</a>, qui planche sur la caractérisation des matériaux locaux, et propose des forums sur les matériaux de construction visant à dynamiser l’application des recherches.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"823874883214045186"}"></div></p>
<p>Aujourd’hui, le typha est notamment utilisé pour son potentiel d’isolation thermique pour les toitures (sous la forme de hourdis). Des entreprises et collectifs d’architectes comme le collectif d’architectes bioclimatique <a href="https://worofila.com/atelier/">Worofilia</a> au Sénégal ou encore l’entreprise de construction <a href="http://www.elementerre-sarl.com/">Élémenterre</a>, tâchent d’introduire de plus en plus de typha dans leurs toitures, et des programmes financés par le Fonds français pour l’Environnement mondial pour développement promeuvent l’essor d’une filière typha.</p>
<p>À l’heure actuelle, cependant, aucun matériau révolutionnaire ne permet encore aux habitants de Bamako – qui affiche 40 degrés sous le soleil d’avril – de profiter de leur maison bioclimatique non climatisée sans étouffer.La recherche fondamentale de nouveaux matériaux doit donc être encouragée, et d’autres domaines d’action peuvent également être mobilisés en attendant.</p>
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<p><em>L’article que vous parcourez vous est proposé en partenariat avec <a href="https://shows.acast.com/64c3b1758e16bd0011b77c44/episodes/64f885b7b20f810011c5577f?">« Sur la Terre »</a>, un podcast de l’AFP audio. Une création pour explorer des initiatives en faveur de la transition écologique, partout sur la planète. <a href="https://smartlink.ausha.co/sur-la-terre">Abonnez-vous !</a></em></p>
<iframe src="https://embed.acast.com/$/64c3b1758e16bd0011b77c44/16-les-nouveaux-ogm-debats-sur-les-manipulations-du-vivant?feed=true" frameborder="0" width="100%" height="110px" allow="autoplay"></iframe>
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<h2>Le défi de la formation</h2>
<p>Car au-delà des limites actuelles de l’innovation et des enjeux de transmission entre la recherche fondamentale et le grand public, plusieurs autres barrières de tailles se dressent lorsqu’on réfléchit à comment sortir du paradigme du tout béton en Afrique.</p>
<p>D’abord celles du droit et de la formation. Moins de 20 % des habitations bâties en Afrique Sub-saharienne font l’objet d’un permis de construire. La plupart des projets de constructions neuves d’habitations sont de fait lancés par des maçons et artisans directement sollicités par les particuliers. Ceux qui sont, sous d’autres latitudes, en fin de chaîne, entrant en action après les plans d’architectes, les plans de structures demeurent ici les premiers et seuls interlocuteurs des particuliers. Or ces maçons et bâtisseurs, pour l’immense majorité, apprennent directement leur métier auprès d’un maître, sans passer par les systèmes de formation classique, où ils pourraient se former aux normes en vigueur, mais également aux possibilités des nouveaux matériaux plus appropriés au dérèglement climatique. Là où le secteur tertaire (banque, hôtel) dépose des permis et fait appel des architectes, des maitrises d’ouvrage, l’habitat individuel est lui encore très largement dominé par un réseau non-formel travaillant uniquement le béton.</p>
<p>Trouver aujourd’hui des artisans capables, par exemple de faire de l’adobe (briques de terre mélangée à de la paille ou de l’herbe sèche), est de fait devenu un vrai défi, et la perte des savoir-faire est un autre problème de taille.</p>
<p>Ce manque de formation et cette perte de connaissance sur les façons traditionnelles de bâtir ne font qu’accroître le succès du béton, matériau qui permet à des gens peu formés de construire sans plan de structure. Le béton est ainsi la solution de la facilité, celui d’un matériau robuste, peu coûteux facile à acheter et à utiliser.</p>
<h2>Le béton et le ciment, objets de désir</h2>
<p>Mais si les savoir-faire traditionnels se sont perdus, c’est aussi car leurs réalisations ne sont plus tellement désirables. En Afrique de l’Ouest, le ciment et le béton sont devenus des marqueurs de développement synonymes, pour beaucoup, de prospérité. Dans cet imaginaire-là, l’habitat en terre est celui de la case rurale, qui paraît passé de mode et peu solide, là où des expressions comme « dur comme du béton » induisent une certitude de solidité et d’ancrage du côté du béton. Ces préjugés sont solides et peu importe si la terre a passé le test du temps, avec par exemple la <a href="https://whc.unesco.org/fr/list/119/">mosquée de Djingareyber</a> (Mali), érigée en terre crue au 14ème siècle, ou encore la <a href="https://whc.unesco.org/fr/list/192/">ville de Shibam</a>, cité d’adobe surnommée la Manhattan du désert et érigée au 16ème siècle, au Yémen.</p>
<p>Pour l’habitant d’Afrique de l’Ouest, le sac de ciment reste un objet de désir. Acheter ses sacs omniprésents dans les environnements péri-urbains, faire ses briques et bâtir sa propre maison reste une source d’épanouissement, de contentement et de fierté, quand bien même l’habitat final sera fort peu confortable du fait notamment de sa très mauvaise isolation.</p>
<p>Faire l’état des lieux de l’habitat africain de demain est donc plus que jamais synonyme de croisée des chemins. D’un côté, le nombre impressionnant de bâtiments pas encore sortis de terre pour abriter la population de 2050 rend possible un changement de paradigme pour sortir du tout-béton et faire en sorte que le quart de la population mondiale, qui sera alors africaine, ne soit pas mal logé face au dérèglement climatique.</p>
<p>De l’autre, les barrières économiques et mentales pour promouvoir des alternatives restent énormes. À ce carrefour entre le réel et le possible, une raison d’espérer réside peut-être dans le nombre grandissant d’architectes tout juste diplômés et résolus à se passer du béton. Ils peuvent être le trait d’union entre la recherche, les innovations d’architectes star comme Francis Kéré, ancien charpentier burkinabé devenu le premier lauréat en 2022 du <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/03/15/francis-diebedo-kere-prix-pritzker-2022-meme-les-plus-depourvus-ont-droit-au-confort-et-a-la-beaute_6117617_3246.html">Pritzker Price</a> (l’équivalent du Prix Nobel en architecture), et la société civile, les décideurs publics.</p>
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<p><em>Cet article s’inscrit dans le cadre d’un projet associant The Conversation France et l’AFP audio. Il a bénéficié de l’appui financier du Centre européen de journalisme, dans le cadre du programme « Solutions Journalism Accelerator » soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates. L’AFP et The Conversation France ont conservé leur indépendance éditoriale à chaque étape du projet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/72556/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Madiana Hazoume ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Mal adapté aux climats chauds, le béton domine pourtant sur tout le continent. Les chercheurs se mobilisent pour trouver des alternatives.Madiana Hazoume, Enseignante, chef de projets, responsable de la thématique « bâtiment et ville durables », IcamLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/654412016-09-19T04:43:14Z2016-09-19T04:43:14ZPar quoi passe l’efficacité énergétique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/138100/original/image-20160916-16991-5jh1sg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C187%2C3290%2C2040&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Oliver Thompson/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>D’ici à 2050, la demande énergétique mondiale devrait doubler. Les réseaux et la production actuelle ne pourront pas supporter cette charge sans un profond changement dans notre façon de consommer, qui passe notamment par une <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/05_-_Maitriser_la_demande_en_energie_et_promouvoir_l_efficacite_energetique.pdf">efficacité énergétique accrue</a>.</p>
<p>Pour bien comprendre les enjeux de l’efficacité énergétique, il convient de rappeler tout d’abord ce qu’est le « rendement énergétique ». Ce dernier désigne, dans un processus donné, le rapport entre la valeur énergétique produite et la valeur énergétique consommée. Un rendement de 100 % – sans aucune perte énergétique – serait un système idéal</p>
<p>La production d’électricité pour une centrale nucléaire se situe, par exemple, aux alentours de 33 % (<a href="http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/epr">jusqu’à 37 % sur les EPR</a>). C’est-à-dire que 33 % de l’énergie libérée est transformée en énergie électrique à destination du réseau.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138104/original/image-20160916-17036-1fimap2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138104/original/image-20160916-17036-1fimap2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138104/original/image-20160916-17036-1fimap2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138104/original/image-20160916-17036-1fimap2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138104/original/image-20160916-17036-1fimap2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138104/original/image-20160916-17036-1fimap2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138104/original/image-20160916-17036-1fimap2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Évolution de la consommation d’électricité en France de 1973 à 2014.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Engie.com</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’efficacité énergétique représente, elle, le rendement énergétique complet d’un système. Elle découle du rendement en fonction de ce à quoi l’énergie va servir. L’efficacité énergétique d’une maison concernera ainsi le chauffage, en prenant en compte le rendement énergétique des appareils, mais aussi l’isolation, la ventilation, etc.</p>
<p>Améliorer l’efficience énergétique passe par la connaissance des données de consommation, <a href="http://www.pearson.fr/livre/?GCOI=27440100218470">« la conduite du changement »</a>, le choix des matériaux de construction et la mise en place de systèmes intelligents.</p>
<h2>Données et amélioration de la consommation</h2>
<p>Les matériaux ne sont pas la seule source de fuite énergétique dans un bâtiment. La disposition des appareils et l’usage que le personnel fait des radiateurs, des climatisations ou encore des ascenseurs peuvent être à l’origine de surconsommations importantes.</p>
<p>Dans une salle hébergeant des serveurs, on doit par exemple recourir à la climatisation pour maintenir la bonne température ; or la chaleur dégagée par ces serveurs pourrait être redirigée afin de chauffer le bâtiment. <a href="http://www.stimergy.net/">Stimergy</a> propose ainsi des plans de chauffage d’eau sanitaire grâce à la chaleur dégagée par leurs serveurs et estime réduire la consommation par deux en ce domaine.</p>
<p>De nouveaux services sont également proposés par <a href="http://www.bouyguesenergiesservices.com/">Bouygues énergies</a> ou <a href="http://www.metronlab.com/fr/">Metron</a> pour permettre, à partir d’une analyse détaillée des données du bâtiment, d’établir une proposition chiffrée et argumentée de programmes d’économie d’énergie selon les recommandations de l’<a href="http://www.ademe.fr/">Ademe</a>. Ces programmes peuvent être d’ordre social, matériel et/ou logistique.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/g6nuigMGGPQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Stimergy a mis au point une chaudière numérique pour recycler la chaleur issue des serveurs (YouTube, 2013).</span></figcaption>
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<h2>La conduite du changement</h2>
<p>Depuis plus d’une décennie, nous avons pris l’habitude de trier nos déchets. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, et nous avons appris, via les médias, les annonces municipales, etc. à en faire une pratique quotidienne. Ce processus global s’appelle « la conduite du changement » selon une terminologie empruntée au domaine du management.</p>
<p>Afin de sensibiliser le public à l’efficacité énergétique et aux économies d’énergie, il est nécessaire d’expliquer, de montrer, de donner des exemples. Cela concerne, par exemple, une meilleure utilisation des ampoules à économie d’énergie ou de la veille des ordinateurs ; on peut aussi s’initier aux logiciels de pilotage énergétique (on pense au <a href="http://www.bnextenergy.com/wp-content/uploads/InfoProduits/PlaquetteProduitsBnext.pdf">Dashboard de bnextenergy</a>). Ces derniers, couplés à un ensemble de capteurs disposés dans le bâtiment, donnent toutes les informations énergétiques et environnementales à l’utilisateur pour une meilleure gestion des dépenses.</p>
<p>On le voit, l’aspect humain représente un facteur essentiel pour la réussite de la transition énergétique. Et notre façon de consommer à un impact majeur sur le réseau. Mais il n’est pas nécessaire de modifier ou de pénaliser son confort pour réduire l’impact énergétique. De simples gestes – comme garder une chaleur constante chez soi ou éteindre le chauffage lorsqu’on aère une pièce – permettent de réduire sa consommation. La pose d’un thermostat pourra offrir une assistance technologique pour systématiser cette surveillance.</p>
<h2>Performance énergétique et matériaux</h2>
<p>Les bâtiments représentent 44 % de l’énergie consommée, devant les transports (32 %) et l’industrie (21 %). Pour connaître l’efficacité énergétique d’une construction, le <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Diagnostic-de-Performance,855-.html">diagnostic de performance énergétique</a> oblige d’évaluer la consommation énergétique du bâtiment.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=547&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=547&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=547&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=687&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=687&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138103/original/image-20160916-16991-1g6nujl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=687&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’étiquette du diagnostic de performance énergétique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Developpement-durable.gouv.fr</span></span>
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<p>Les <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Certificats-d-economies-d-energie,188-.html">certificats d’économie d’énergie</a> ont ainsi pour mission d’améliorer l’efficacité énergétique des secteurs du bâtiment résidentiel et tertiaire, des transports, de l’industrie et des réseaux.</p>
<p>Les matériaux utilisés influent évidemment sur l’efficacité énergétique, en permettant, par exemple, de limiter les fuites énergétiques. La rénovation du logement/bâtiment doit donc se faire en tenant compte des matériaux les plus performants, que ce soit dans l’isolation thermique, la restitution de chaleur, etc.</p>
<p>Pour aider les utilisateurs à établir un diagnostic énergétique de leur habitation, le gouvernement a mis en place un site qui, en collaboration avec l’Ademe, fournit des échantillons de fiche de rénovation estimant les coûts et les retours sur investissements (voir l’exemple de <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DGALN_Fiche_11_immeuble_1960_chauffe_gaz-2.pdf">cet immeuble de 1960 chauffé au gaz</a>).</p>
<p>Quant aux nouvelles constructions, elles se doivent d’être le moins énergivores possible et le mieux adaptées aux nouvelles technologies (énergies renouvelables, thermostat, isolation, véhicules électriques, etc.).</p>
<h2>Des appareils intelligents</h2>
<p>Une fois le bâtiment et ses appareils optimisés et le personnel sensibilisé, l’efficacité énergétique peut être encore améliorée à l’aide d’appareils intelligents. Ces derniers, grâce à leurs algorithmes dédiés et à des réseaux de communication à plus ou moins grande portée, adaptent leur consommation par rapport à leur environnement et le comportement des usagers.</p>
<p>C’est ainsi le cas des thermostats : un <a href="http://www.ween.fr/">système « intelligent » comme Ween</a> enregistrera par exemple votre position et vos préférences de température. Il pourra dès lors prévoir quand et comment activer le réseau domestique pour répondre aux critères de confort de l’utilisateur.</p>
<p>Il faut enfin mentionner les développements du <a href="http://smart--grid.net/"><em>smart grid</em></a>, ce réseau dont l’efficacité énergétique est assurée par une « surcouche » informatique d’intelligence artificielle et d’aide à la décision.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/-qc8DtTiY8s?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les réseaux électriques intelligents, c’est quoi ?</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/65441/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Guérard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La demande énergétique croissante requiert de profonds aménagements dans nos modes de consommation. C’est tout l’objet de l’efficacité énergétique.Guillaume Guérard, Enseignant-chercheur, département « Nouvelles énergies », ESILV, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/630272016-07-27T20:28:37Z2016-07-27T20:28:37ZLe prix à payer pour un monde toujours plus climatisé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/132072/original/image-20160726-7023-1xfumd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/122969584@N07/13778436885/in/photolist-mZy6fD-eatqUn-6e1hxU-cZg3d5-chfTqS-chfZK9-maC3Zq-ffwje3-pSrR7G-hEVit1-59hosm-bvZUNp-p4B3Ec-cn1u87-f5pXHi-asoGNe-dd7pQz-qRaALL-hVo5Uy-8dU8FR-e6aBWG-ccpb2N-2utJ2V-iYY2VJ-tMh85U-jPFN4K-dQJmPG-8xgPvA-qVYNpj-byJjYe-pYhnfs-nWDe99-94twN1-da9WAa-9S51Jx-fHTW1V-nb5MFb-ffwjcQ-2bgpmH-cuPpfS-ek2ELw-82GZE7-dEZgyF-qoEdmi-riNKP5-8Z2Muk-e87esa-ftCWrk-asoaVt-8GQwe6">CWCS/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Alors que la vague de chaleur qui traverse actuellement la France fait grimper les températures jusqu’à atteindre <a href="http://www.noaa.gov/oppressive-summer-heat-grips-large-portions-us">les 38 °C</a>, nous sommes bien contents de pouvoir nous soustraire à la canicule en restant à l’intérieur et en faisant fonctionner la climatisation. Et si vous pensez que 38 °C, c’est beaucoup, rappelez-vous de <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160520.OBS0971/jusqu-a-51-degres-l-inde-ecrasee-par-la-chaleur.html">l’Inde et de ses 52,4 °C</a> atteints en mai 2016 ! </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"876835166181871616"}"></div></p>
<p>Dans un <a href="http://www.pnas.org/content/112/19/5962.abstract">article</a> publié dans <em>Proceedings of the National Academy of Science</em> (PNAS), <a href="http://www.paulgertler.com/">Paul Gertler</a> et moi-même avons étudié l’énorme potentiel de développement de l’air climatisé. À mesure que les revenus progressent au niveau mondial et que les températures augmentent, l’achat d’appareils de climatisation croît pareillement pour atteindre des niveaux préoccupants.</p>
<p>En Chine, par exemple, ces ventes ont presque doublé au cours des cinq dernières années. Désormais, ce sont plus de 60 millions d’appareils de climatisation qui sont vendus annuellement dans l’Empire du Milieu, soit 8 fois plus qu’aux États-Unis.</p>
<p>On pourrait s’en réjouir : les gens ont davantage de moyens et la climatisation est d’un grand secours pour les jours chauds et humides. Mais cette dernière est aussi très énergivore. Dans une pièce climatisée, il faut ainsi <a href="http://energy.gov/energysaver/estimating-appliance-and-home-electronic-energy-use">10 à 20 fois plus</a> d’électricité que pour la même pièce munie d’un ventilateur.</p>
<p>Pour satisfaire cette demande croissante d’électricité, il va falloir investir des milliards dans les équipements ; cela signifie une hausse des émissions de CO<sub>2</sub>. Une <a href="http://www.wbur.org/hereandnow/2016/06/02/world-air-conditioners">récente étude</a> conduite par le <a href="http://www.lbl.gov/">Berkeley National Laboratory</a> souligne encore que climatiser requiert l’utilisation de gaz réfrigérants qui intensifient <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">l’effet de serre</a>.</p>
<h2>Le cas du Mexique</h2>
<p>Pour avoir une idée des conséquences de cette utilisation accrue de la climatisation, nous nous sommes penchés sur le cas du Mexique ; ce pays aux climats variés comprend à la fois des zones tropicales marquées par la chaleur et l’humidité, des déserts arides et des hauts plateaux. Les températures annuelles globales vont d’un maximum de 10 °C sur les hauts plateaux à un minimum de 26 °C dans la péninsule du Yucatan.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/131637/original/image-20160722-26835-2g7euj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/131637/original/image-20160722-26835-2g7euj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/131637/original/image-20160722-26835-2g7euj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/131637/original/image-20160722-26835-2g7euj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/131637/original/image-20160722-26835-2g7euj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/131637/original/image-20160722-26835-2g7euj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/131637/original/image-20160722-26835-2g7euj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Différences des températures moyennes (exprimées ici en degrés Fahrenheit) à travers le Mexique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Davis and Gertler, PNAS, 2015</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’équipement en climatisation varie considérablement à travers le pays : il est minoritaire dans les zones fraîches, et ce même pour les revenus les plus élevés dont le taux d’équipement ne dépasse pas les 10 %. Dans les zones au climat chaud, la situation est évidemment différente. Le taux d’équipement s’accroît en fonction des revenus, jusqu’à s’approcher les 80 %.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/132235/original/image-20160727-21561-183b30a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/132236/original/image-20160727-21591-13adj21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/132236/original/image-20160727-21591-13adj21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/132236/original/image-20160727-21591-13adj21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/132236/original/image-20160727-21591-13adj21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/132236/original/image-20160727-21591-13adj21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/132236/original/image-20160727-21591-13adj21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/132236/original/image-20160727-21591-13adj21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Revenus, climat et climatisation au Mexique. Premier graphique : les communes avec des degrés-jours de climatisation en dessous de la moyenne. Second graphique : les communes avec des degrés-jours de climatisation au-dessus de la moyenne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Davis and Gertler, PNAS, 2015. Copyright 2015 National Academy of Sciences, USA</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>À mesure que les Mexicains s’enrichissent, ils s’équipent davantage en systèmes de climatisation. Compte tenu de la hausse globale des températures, ce déploiement devrait aussi atteindre les zones plus tempérées. Selon nos calculs, dans quelques décennies seulement, presque tous les foyers situés en zones chaudes devraient être équipés.</p>
<h2>La climatisation au niveau mondial</h2>
<p>Nous pensons que cette tendance va s’étendre au reste du monde, et il suffit d’un rapide coup d’œil pour identifier les endroits chauds de la planète où le niveau de vie progresse. Dans notre étude, nous avons classé différents pays au regard de leur potentiel en matière d’équipement en climatisation. Nous avons établi <a href="http://www.investopedia.com/terms/c/colddegreeday.asp">ce potentiel</a> en multipliant le nombre d’habitants par les « degrés-jours de climatisation » – ou <em>cooling degree days</em> (<a href="http://www.investopedia.com/terms/c/colddegreeday.asp">CDDs</a>) – une mesure permettant d’évaluer les besoins énergétiques pour refroidir les bâtiments.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/132240/original/image-20160727-21564-13myr9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Davis and Gertler, PNAS, 2015. Copyright 2015 National Academy of Sciences, USA</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>L’Inde arrive en tête. Ce pays gigantesque possède une population quatre fois plus importante que celle des États-Unis. Et il y fait extrêmement chaud. Les degrés-jours de climatisation s’y élèvent à 3 120, contre seulement 882 pour les États-Unis. Ce qui signifie que le potentiel de climatisation indien est <a href="http://www.americanscientist.org/issues/pub/will-ac-put-a-chill-on-the-global-energy-supply">12 fois plus important</a> que celui des États-Unis.</p>
<p>Le Mexique se classe au 12<sup>e</sup> rang ; ses degrés-jours de climatisation sont bien moindres que ceux de l’Inde, de l’Indonésie, des Philippines et de la Thaïlande. Et si le PIB par habitant de ces pays est plus bas qu’au Mexique, notre étude indique qu’il suffira de quelques décennies pour qu’ils adoptent rapidement la climatisation.</p>
<h2>Pic de carbone</h2>
<p>Que signifient toutes ces informations en matière d’émissions de CO<sub>2</sub> ? Cela dépendra de la vitesse des avancées technologiques, à la fois pour les équipements de climatisation et pour la production d’électricité.</p>
<p>Les systèmes de climatisation utilisent <a href="http://www.energy.gov/sites/prod/files/2015/07/f24/Appliance%20and%20Equipment%20Standards%20Fact%20Sheet%207-15-15.pdf">moitié moins</a> d’énergie aujourd’hui que dans les <a href="http://www.energy.gov/articles/history-air-conditioning">années 1990</a>. Et les progrès en matière efficacité énergétique pourraient permettre de réduire encore bien davantage la facture d’électricité. De même, les évolutions attendues du côté de la production d’énergie grâce au solaire, à l’éolien et aux autres énergies renouvelables pourraient permettre d’atténuer ces émissions de CO<sub>2</sub>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/131660/original/image-20160722-26808-1q32c0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">À Shanghai, en Chine, eau et clim’ à tous les étages.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/question_everything/3391327991/in/photolist-5Y3n1i-9YdCTj-35d66-pxSJZS-gJhqw6-bkLs9h-6aFrEg-dvSpeS-eAxEHb-dUWxW3-6FqcnY-2o92Gy-985Dnz-6aLijq-6aGak2-7FpGYY-9RP8je-5EgfEC-5EbXEc-9QVPg4-5yW9Qg-4jtsF-6Fqkrm-4jAYPR-3KXGtr-kVNiss-85qdc5-r72Xq-5NQrHY-8oJih6-kVMm9R-nR5YFc-6Fmpox-5q935a-zpN1z-5WyZTm-ML7wZ-8muES-5oKTJp-8fKhpj-8NmByb-kVMdDv-5qdmNU-5t3U2U-5rzUqQ-kVLFva-HPgn8-7FSjy9-5vXed-acHgs">question_everything/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Pour l’économiste que je suis, le meilleur moyen de contrôle reste la taxe carbone. Une électricité plus coûteuse ralentirait l’adoption et l’usage de la climatisation, et <a href="http://qje.oxfordjournals.org/content/114/3/941.short">stimulerait l’innovation</a> dans le domaine de l’efficacité énergétique. Elle soutiendrait également le développement des énergies renouvelables.</p>
<p>Les pays où les revenus sont de faibles à moyens vont faire face à une demande accrue d’énergie dans les décennies à venir ; dans ce cadre, la taxe carbone est, à mes yeux, le système le plus efficace pour répondre à cette demande en ayant recours à des technologies durables.</p>
<p>Donner un prix au carbone permettrait aussi d’impulser des changements de comportement. Nos foyers et nos entreprises ont tendance à être très énergivores. Cela est en partie rendu possible par la gratuité des émissions de carbone. Une énergie plus coûteuse grâce à un prix du carbone donnerait davantage d’importance à la conception des bâtiments. Ombre, orientation, choix des matériaux, isolation : autant de facteurs qui agissent sur la consommation d’énergie. Et nous avons besoin d’efficacité si nous voulons rester au frais sans que la planète surchauffe…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/63027/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lucas Davis ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Températures en hausse, à l’image de cette vague de chaleur qui traverse actuellement la France, et niveau de vie en progrès, voici l’équation qui prédit une explosion de l’usage de la climatisation.Lucas Davis, Associate Professor, University of California, BerkeleyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.