tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/generation-y-37647/articlesgénération Y – The Conversation2023-12-11T20:43:57Ztag:theconversation.com,2011:article/2182902023-12-11T20:43:57Z2023-12-11T20:43:57ZDonnées personnelles : comment nous avons peu à peu accepté d’en perdre le contrôle<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/563997/original/file-20231206-15-l9fpxn.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1352&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La génération née entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, plus optimiste face au développement des technologies abandonne probablement plus facilement une part de contrôle sur ses données personnelles.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/photographie-de-silhouette-de-lhomme-1tnS_BVy9Jk">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Dans quelle mesure les différentes générations sont-elles plus ou moins sensibles à la notion de surveillance ? Un regard sur les personnes nées au tournant des années 80 et 90 montre que ces dernières abandonnent probablement plus facilement une part de contrôle sur les données personnelles et n’ont sans doute pas eu totalement conscience de leur grande valeur.</em></p>
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<p>Peut-être qu’à l’approche des <a href="https://lcp.fr/actualites/jeux-olympiques-gerald-darmanin-defend-l-usage-de-la-videosurveillance-algorithmique">Jeux olympiques de Paris</a>, avez-vous vaguement protesté lors de la mise en place d’un fichier vidéo algorithmique ? Et puis avez-vous haussé les épaules : un fichier de plus. Peut-être par résignation ou par habitude ? Comme d’autres, vous avez peut-être aussi renseigné sans trop vous poser de questions votre profil MySpace ou donné votre « ASV » (âge, sexe, ville) sur les chats Caramail au tournant des années 1990-2000 et encore aujourd’hui vous cliquez quotidiennement sur « valider les CGU » (conditions générales d'utilisation) sans les lire ou sur « accepter les cookies » sans savoir précisément ce que c’est.</p>
<p>En effet, peut-être, faites-vous partie de ce nombre important d’individus nés entre 1979 et 1994 et avez-vous saisi au vol le développement de l’informatique et des nouvelles technologies. Et ce, sans forcément vous attarder sur ce que cela impliquait sur le plan de la surveillance des données que vous avez accepté de partager avec le reste du monde…</p>
<h2>World Wide Web</h2>
<p>Pour se convaincre de l’existence de cette habitude rapidement acquise, il suffit d’avoir en tête les grandes dates de l’histoire récente de l’informatique et d’Internet : Apple met en 1983 sur le marché le premier ordinateur utilisant une souris et une interface graphique, <a href="https://www.macg.co/aapl/2019/11/quand-apple-france-presentait-la-souris-de-lisa-en-1983-109435">c’est le Lisa</a>.</p>
<p>Puis le World Wide Web est <a href="https://home.cern/fr/science/computing/birth-web">inventé par Tim Berners-Lee en 1989</a>, <a href="https://www.c3iparis.fr/histoire-internet/">36 millions d’ordinateurs sont connectés à Internet en 1996</a>, Google est <a href="https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/09/27/32001-20180927ARTFIG00001-google-a-20-ans-1998-cette-annee-si-speciale-pour-l-industrie-des-nouvelles-technologies.php">fondé en 1998</a> et Facebook <a href="https://www.europe1.fr/technologies/En-2004-Facebook-ressemblait-a-ca-643360">est lancé en 2004</a>. L’accélération exponentielle d’abord des machines elles-mêmes, puis des réseaux et enfin du partage de données et de la mobilité a suivi de très près les millennials.</p>
<p>La génération précédente, plus âgée, a parfois moins l’habitude de ces outils <a href="https://sites.ina.fr/cnil/focus/chapitre/2/medias">ou s’est battue contre certaines dérives initiales, notamment sécuritaires</a>. La suivante, qui a été plongée immédiatement dans un monde déjà régi par l’omniprésence d’Internet et des réseaux, en connaît plus spontanément les risques (même si elle n’est pas nécessairement plus prudente).</p>
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<p><em>Comment habiter ce monde en crise, comment s’y définir, s’y engager, y faire famille ou société ? Notre nouvelle série « Nos vies modes d'emploi » explore nos rapports intimes au monde induits par les bouleversements technologiques, féministes et écologiques survenus au tournant du XXIe siècle.</em></p>
<p><em>À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/les-amis-notre-nouvelle-famille-217162">Les amis, notre nouvelle famille ?</a></em></p>
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<h2>Un certain optimisme face à l’informatique</h2>
<p>Probablement du fait de ce contexte, la génération née entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990 est aussi celle qui est la plus optimiste face au développement des technologies.</p>
<p>Cet état de fait apparaît d’autant plus clairement que la « génération Z », plus jeune, est <a href="https://www.alrc.gov.au/publication/for-your-information-australian-privacy-law-and-practice-alrc-report-108/67-children-young-people-and-attitudes-to-privacy/generational-differences-in-attitudes-to-privacy/">marquée généralement par une plus grande apathie voire un certain pessimisme</a> notamment quant au devenir des données personnelles.</p>
<p>En effet, aujourd’hui, les plus jeunes, déjà très habitués à l’usage permanent des réseaux sociaux et aux surveillances de toute part, se trouvent très conscients de ses enjeux mais font montre d’une forme de résignation. Celle-ci se traduit notamment par le « privacy paradox » <a href="https://www.jstor.org/stable/44820900">mis en lumière par certains sociologues</a> et qui se traduit par une tendance paradoxale à se réclamer d’une défense de la vie privée tout en exposant très largement celle-ci volontairement par l’utilisation des réseaux sociaux.</p>
<p>A contrario, cette confiance en la technologie se manifeste spécialement par une forme de techno-optimisme, y compris lorsqu’il s’agit de <a href="https://journals.openedition.org/ress/623">l’usage de données personnelles</a>. Cet état d’esprit se traduit dans de nombreux domaines : lorsqu’il s’agit de <a href="https://acteurspublics.fr/articles/sondage-pour-2-francais-sur-3-le-numerique-est-une-priorite-pour-ameliorer-notre-systeme-de-sante">l’usage des données de santé</a> par exemple ou plus généralement quant à l’utilisation des technologies pour régler des problèmes sociaux ou humains <a href="https://www-cairn-info.docelec.u-bordeaux.fr/revue-green-2022-1-page-27.htm">comme le réchauffement climatique</a>.</p>
<h2>La priorisation de valeurs différentes</h2>
<p>Cet optimisme est aussi visible lorsqu’il s’agit d’évoquer les <a href="https://theconversation.com/fiches-s-et-autres-fichiers-de-police-de-quoi-parle-t-on-vraiment-148640">fichiers policiers ou administratifs</a>. S’il n’existe pas de données précises sur l’acceptation des bases de données sécuritaires par chaque tranche d’âge, il n’en demeure pas moins que la génération des 30-45 ans n’est plus <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/data/sous-giscard-la-creation-de-la-cnil-apres-un-safari_149753">celle de l’affaire Safari</a> dont l’éclatement, après la révélation d’un projet de méga-fichier par le ministère de l’Intérieur, <a href="https://www.gouvernement.fr/partage/9870-creation-de-la-commission-nationale-de-l-informatique-et-des-libertes-cnil">a permis la naissance de la CNIL</a>.</p>
<p>Cette génération a, au contraire, été marquée par des événements clés tels que les attentats du 11 septembre 2001 ou la crise économique de 2009.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/i_k8ozkY2I4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La CNIL fête ses 40 ans.</span></figcaption>
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<p>Ces événements, et plus généralement le climat dans lequel cette génération a grandi et vit aujourd’hui, la conduisent à être, d’après les études d’opinion récentes, <a href="https://www.leparisien.fr/politique/notre-grande-enquete-sur-les-francais-la-famille-et-la-securite-au-coeur-de-leurs-preoccupations-21-10-2023-FOGHMCJXUNEKZLYAJJOENJMKLM.php">plus sensible aux questions de sécurité que d’autres</a>. Elle entretient ainsi un rapport différent à la sécurité, moins encline à subir des contrôles d’identité répétés (<a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/02/13/controles-d-identite-les-jeunes-7-fois-plus-controles-que-le-reste-de-la-population_5079101_4355770.html">qui sont bien plus fréquents chez les plus jeunes</a>) mais plus inquiète pour l’avenir et plus sensible aux arguments sécuritaires.</p>
<p>Cet état d’esprit favorise en conséquence une plus grande acceptation encore des fichiers et aux dispositifs de sécurité qui sont perçus comme des outils nécessaires à l’adaptation aux nouvelles formes de délinquance et de criminalité, par exemple à <a href="https://leclaireur.fnac.com/article/237256-jo-2024-les-francais-largement-favorables-a-lutilisation-de-cameras-intelligentes/">l’occasion de l’organisation des futurs Jeux olympiques et paralympiques en France</a> ou rendus utiles pour <a href="https://www.liberation.fr/planete/2020/04/03/l-espace-public-quasi-militarise-devient-un-laboratoire-securitaire_1784168/">permettre la gestion d’une pandémie comme celle du Covid-19</a>.</p>
<h2>De l’acceptation à l’accoutumance</h2>
<p>Les deux phénomènes – optimisme face au développement des technologies et sensibilité à la question sécuritaire – sont d’autant plus inextricables qu’il existe un lien important entre usages individuels et commerciaux des technologies d’une part et usages <a href="https://theconversation.com/la-reconnaissance-faciale-du-deverrouillage-de-telephone-a-la-surveillance-de-masse-184484">technosécuritaires d’autre part</a>. En effet, les expériences en apparence inoffensives de l’utilisation récréative ou domestique des technologies de surveillance (caméras de surveillance, objets connectés, etc.) favorisent l’acceptabilité voire l’accoutumance à ces outils qui renforcent le sentiment de confort <a href="https://esprit.presse.fr/actualites/asma-mhalla/un-etat-de-surveillance-permanent-43127">tant personnel que sécuritaire</a>.</p>
<p>La génération des trentenaires et quadra actuelle, très habituée au développement des technologies dans tous les cadres (individuels, familiaux, professionnels, collectifs, etc.) et encore très empreinte du techno-optimisme de l’explosion des possibilités offertes par ces outils depuis les années 1990 est ainsi plus encline encore que d’autres à accepter leur présence <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen/zoom-zoom-zen-du-mardi-04-avril-2023-7028156">dans un contexte de surveillance de masse</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cet état d’esprit favorise en conséquence une plus grande acceptation encore des fichiers et aux dispositifs de sécurité qui sont perçus comme des outils nécessaires à l’adaptation aux nouvelles formes de délinquance et de criminalité.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.moon-event.fr/les-nouvelles-tendances-technologies/maxim-hopman-iayklkmz6g0-unsplash/">Maxim Hopman/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>La <a href="https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/cge/barometre-numerique-2022.pdf?v=1675075293">pénétration très importante de ces dispositifs</a> dans notre quotidien est telle que le recours aux technologies même les plus débattues comme l’intelligence artificielle peut sembler à certains <a href="https://www.lepoint.fr/societe/menace-ou-progres-les-francais-face-a-l-intelligence-artificielle-18-04-2023-2516712_23.php">comme le cours normal du progrès technique</a>. Comme pour toutes les autres générations, l’habituation est d’autant plus importante que <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_cliquet">l’effet cliquet</a> conduit à ne jamais – ou presque – remettre en cause des dispositifs adoptés.</p>
<h2>L’existence de facteurs explicatifs</h2>
<p>Partant, la génération des 30-45 ans, sans doute bien davantage que celle qui la précède (encore marquée par certains excès ou trop peu familiarisée à ces questions) que celle qui la suit (davantage pessimiste) développe une forte acceptabilité des dispositifs de surveillance de tous horizons. En cela, elle abandonne aussi probablement une part de contrôle sur les données personnelles dont beaucoup n’ont sans doute pas totalement <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/de-l-importance-de-la-valeur-de-nos-donnees-837808.html">conscience de la grande valeur</a>.</p>
<p>Au contraire, les réglementations (à l’image du <a href="https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees">Règlement général sur la protection des données</a> adopté en 2016 et appliqué en 2018) tentant de limiter ces phénomènes sont parfois perçues comme une <a href="https://www.cnil.fr/sites/cnil/files/atoms/files/barometre_ifop_rgpd-2018.pdf">source d’agacement</a> au quotidien voire comme un <a href="https://www.institutmontaigne.org/publications/donnees-personnelles-comment-gagner-la-bataille">frein à l’innovation</a>.</p>
<p>Sur le plan sécuritaire, l’acceptabilité de ces fichages, perçus comme nécessaires pour assurer la sécurité et la gestion efficace de la société, pose la question de la confiance accordée aux institutions. Or, là encore, il semble que la génération étudiée soit moins à même de présenter une défiance importante envers la sphère politique <a href="https://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/83-des-jeunes-francais-n-ont-pas-confiance-en-la-politique-17729/">comme le fait la plus jeune génération</a>.</p>
<p>Demeurent très probablement encore d’autres facteurs explicatifs qu’il reste à explorer au regard d’une génération dont l’état d’esprit relativement aux données personnelles est d’autant plus essentiel que cette génération est en partie celle qui construit le droit applicable aujourd’hui et demain en ces matières.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218290/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yoann Nabat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les expériences en apparence inoffensives des technologies de surveillance ont favorisé l’acceptabilité voire l’accoutumance à ces outils.Yoann Nabat, Enseignant-chercheur en droit privé et sciences criminelles, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2178532023-11-30T16:49:59Z2023-11-30T16:49:59ZJardinage urbain : quand les citadins de 30-40 ans renouent avec la nature<p>Ces dernières années, les jardins urbains se sont multipliés dans plusieurs villes et agglomérations de France. On recense aujourd’hui à peu près 400 fermes urbaines, portées par une panoplie de structures telles des associations professionnelles, ainsi que <a href="https://www.inrae.fr/actualites/sols-nourrir-monde">1 303 jardins collectifs</a> sur près de 1 000 hectares en Île-de-France, dont 697 jardins familiaux et 338 jardins partagés.</p>
<p>Ces chiffres montrent que, durant les dernières années, ces initiatives rencontrent une forte popularité qui témoigne d’une évolution significative des modes de vie et d’une envie d’intégration des espaces verts au cœur même des environnements urbains.</p>
<p>Cela est particulièrement vrai dans la tranche d’âge des 30-40 ans, qui a développé une <a href="https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/talents-et-ressources-humaines/articles/millenial-survey-2020.html">conscience accrue vis-à-vis des enjeux de développement durable</a> et de leur impact sur les territoires au sein desquels ils évoluent. Dans ce sens, le jardinage urbain permet de contribuer à la durabilité environnementale en cultivant localement de la flore ou des herbes comestibles. Ainsi, c’est une action que les 30-40 ans conçoivent comme permettant de réduire leur empreinte carbone et de promouvoir la biodiversité en milieu urbain à leur niveau.</p>
<h2>Améliorer le bien-être</h2>
<p>Ce besoin de reconnexion à la nature de la génération Y peut aussi être expliqué par le fait que cette génération a grandi et évolué dans un cadre ultra urbanisé où la nature est devenue un élément lointain, souvent accessible seulement en dehors des zones urbaines. Cette rupture spatiale les pousse à chercher des moyens de se reconnecter à la nature au sein même des villes.</p>
<p>Pour la Génération Y, la santé mentale et le bien-être sont aussi devenus des priorités. Ainsi, se reconnecter à la nature devient un moyen de <a href="https://journals.openedition.org/bagf/10316">réduire le stress et d’améliorer le bien-être</a> à travers des actions peu contraignantes. Autrement dit, dans un monde de plus en plus urbanisé, ce loisir devient une échappatoire à la vie citadine.</p>
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<p>Ces jardins et fermes urbaines leur permettent ainsi retrouver le plaisir du jardinage en cultivant des micro-parcelles en potagers ou en espaces fleuris. D’ailleurs, <a href="https://www.lesentreprisesdupaysage.fr/les-francais-et-leur-jardin-barometre-2022/">75 % des Français considèrent le jardinage comme une activité de plaisir</a>, toutes tranches d’âge confondues, même si cette préférence est plus marquée chez les femmes (31 %) que chez les hommes (25 %).</p>
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<img alt="Vue d’un jardin urbain" src="https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Environ 75 % des Français considèrent le jardinage comme une activité plaisir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/arselectronica/7485805680">Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Samantha, médecin généraliste de Montreuil (Seine-Saint-Denis), apprécie par exemple de se rendre tous les samedis matin dans l’un des <a href="https://www.montreuil.fr/environnement/montreuil-est-notre-jardin/jardins-familiaux-jardins-partages">39 jardins urbains partagés</a> de la ville, à quelques mètres de son domicile :</p>
<blockquote>
<p>« J’aime toucher la terre, ça me transporte ailleurs où c’est plus vert, plus propre et plus apaisant. En plus, il y a toujours quelqu’un pour papoter de choses simples de la vie. »</p>
</blockquote>
<p>Nelly, agent dans un établissement, abonde dans le même sens :</p>
<blockquote>
<p>« Ces jardins c’est la preuve qu’on peut faire ressortir de la terre des aliments si on prend juste le temps de venir. C’est un beau sentiment. Je n’y connaissais rien avant mais vu que dans les quartiers il y a des fans de jardinage, ils m’ont appris pas mal de choses et partagé quelques conseils. »</p>
</blockquote>
<p>Au-delà de cette envie de se reconnecter avec la terre, le jardinage urbain et les fermes urbaines permettent en effet de renforcer également la création de liens sociaux, ce qui est particulièrement apprécié des usagers. Ainsi, ces espaces deviennent des lieux qui reflètent une aspiration collective à construire des communautés au sein des métropoles françaises.</p>
<p>Damien, en recherche d’emploi, en atteste :</p>
<blockquote>
<p>« C’est beau de voir qu’un groupe de personnes s’occupe d’une parcelle. On est tous différents mais quand on parle de jardinage, on ne sent pas cette différence. On veut tous la même chose, faire pousser des fleurs et des herbes comestibles. »</p>
</blockquote>
<p>Ces témoignages illustrent les atouts des jardins urbains, non seulement sur le volet environnemental mais aussi sur le volet social avec la création de liens entre personnes ne se connaissant pas et venants d’horizons différents.</p>
<h2>Une enveloppe de 17 millions d’euros</h2>
<p>Dans ce contexte, les acteurs publics, à travers différentes actions, vont pousser vers la démocratisation des jardins et des fermes urbaines. Dans le cadre du plan « France relance » et plus spécifiquement sur le volet « agriculture », le gouvernement a ainsi alloué, au niveau national, une <a href="https://www.prefectures-regions.gouv.fr/ile-de-france/Region-et-institutions/L-action-de-l-%C3%89tat/Agriculture-foret-developpement-rural-et-alimentation/France-relance-3-59-M-pour-soutenir-les-projets-de-jardins-partages-et-d-agriculture-urbaine">enveloppe de 17 millions d’euros</a> dont 3,59 millions d’euros pour l’Île-de-France et une contribution de 500 000 euros dédiées spécifiquement à la ville de Paris.</p>
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<img alt="Vue d’un jardin urbain dans le parc de Bercy à Paris" src="https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les acteurs de l’agriculture urbaine ont reçu une aide de 17 millions d’euros dans le cadre du plan « France relance ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Parc_de_Bercy_@_Paris_%2827157351173%29.jpg">Guilhem Vellut/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Pour conclure, au cœur de cités urbaines envahies par le béton et un rythme de vie effréné, les jardins et les fermes urbaines arrivent comme un élan de liberté et un nouveau souffle pour les citadins en quête de verdure pour renouer avec la terre. Ce plaisir retrouvé à travers une immersion dans une biodiversité en pleine ville permet aussi aux citadins de créer des liens entre eux, loin des différences de points de vue et de catégories socioprofessionnelles.</p>
<p>L’implication de l’État à travers des mesures d’encouragement sur le plan financier vient en soutien de cet engouement de la génération Y qui a ainsi toutes les chances de perdurer ces prochaines années.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217853/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ouiam Kaddouri ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les citadins de la génération Y apprécient de se reconnecter à la nature à proximité de leur domicile mais aussi de tisser des liens sociaux dans leur quartier.Ouiam Kaddouri, Enseignante-chercheuse en gestion et en stratégie, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2072332023-06-07T19:38:30Z2023-06-07T19:38:30ZLa mode unisexe, un révélateur des divergences sociétales sur le genre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/530561/original/file-20230607-23-wyv9v0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=111%2C0%2C1013%2C718&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">44&nbsp;% des représentants de la Génération Z déclarent acheter exclusivement des vêtements conçus pour leur propre sexe, contre 54&nbsp;% chez les représentants de la génération Y.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.wallpaperflare.com/woman-and-man-posing-for-photoshoot-man-and-woman-wearing-white-t-shirts-at-daytime-wallpaper-ztwro/crop">Wallpaperflare.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Jouer avec les limites du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/genre-22050">genre</a> n’est pas un exercice nouveau dans <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/mode-l-habit-fait-il-encore-le-genre-4134367">l’industrie et l’histoire de la mode</a>. Toutefois, les frontières ont été repoussées plus loin depuis le début du XXI<sup>e</sup> siècle. En effet, cette mode multigenre habituellement présente dans le milieu artistique (par exemple dans la musique pop chez <a href="https://www.liberation.fr/musique/2013/03/22/bowie-sur-demesure_890605/">David Bowie</a>, <a href="https://www.lesinrocks.com/musique/prince-androgyne-de-genie-70715-28-04-2016/">Prince</a> ou <a href="https://www.vogue.fr/vogue-hommes/article/harry-styles-couverture-vogue-us">Harry Styles</a> pour ne citer qu’eux) est de plus en plus présente dans les magasins, les défilés et les placards des (plus jeunes) consommateurs.</p>
<p>Ainsi, la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/mode-23119">mode</a> « unisexe », considérée ici comme une mode « dégenrée », incluant des vêtements pouvant être par des hommes tout comme des femmes, ou une mode « cross genré » où les femmes portent des vêtements initialement destinés aux hommes et vice versa, se généralise. Cette tendance croissante chez les jeunes générations, notamment les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/generation-y-37647">générations Y</a> (entre 24 et 40 ans) et la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/generation-z-46146">génération Z</a> (entre 8 et 23 ans) <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Product-gender-perceptions-and-antecedents-of-Fugate-Phillips/cdefc80b571ffcbf39c2d29fa30cc8fab65bf84e">pourrait même définir l’avenir de l’industrie et même de la société elle-même</a>.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CHilTlShMqu","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>Les consommateurs de la génération Z sont généralement associés aux nouvelles idées et attitudes sur le sexe et le genre. Un <a href="https://www.wundermanthompson.com/insight/gen-z-goes-beyond-gender-binaries-in-new-innovation-group-data">rapport</a> indique que 33 % de la génération Z et 23 % de la génération Y pensent que le sexe n’est pas une caractéristique déterminante d’un individu. Dans le même rapport, 56 % des personnes interrogées déclarent connaître quelqu’un qui utilise des pronoms non genrés. Concernant les comportements d’achat, 44 % d’entre eux ont déclaré acheter exclusivement des vêtements conçus pour leur propre sexe, contre 54 % chez les représentants de la génération Y.</p>
<h2>Une dichotomie entre designers et consommateurs</h2>
<p>Dans ce contexte, de nombreuses marques de mode ont entamé un processus de « dégenrisation » de leurs stratégies de conception, de merchandising et de communication – notamment en ce qui concerne les <a href="https://www.stylight.fr/Magazine/Fashion/Mode-Unisexe-7-Marques-A-Connaitre-Pour-Des-Vetements-Sans-Genre/">vêtements</a>, les <a href="https://www.luxurydaily.com/louis-vuitton-launches-new-unisex-cologne-perfume/">parfums</a> et <a href="https://www.cosmopolitan.fr/bijoux-unisexe-collection,2073516.asp">bijoux</a>. Cependant, le commerce vestimentaire reste principalement bigenré (collections homme et femme). En témoignent les magasins de mode traditionnellement séparés par catégorie de genre. Qui plus est, malgré cette nouvelle tendance de fluidité des genres dans la mode, il existe peu de recherche académique concernant cette mode de consommation.</p>
<p>Mes collègues et moi avons récemment publié deux articles scientifiques sur ce sujet. Pour notre premier <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17569370.2020.1816317?journalCode=rffp20">article</a>, publié en 2020, nous avions recruté 263 participants auxquels nous avons demandé d’observer une série de photos. Sur chaque cliché étaient représentés un homme et une femme portant la même tenue vestimentaire, autrement dit des photos de mode unisexe.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Ces 263 participants ont été divisés en deux groupes : le premier groupe a observé ces photos sans avoir aucune précision de l’expérimentateur ; au second, il a été précisé que ces photos représentaient des vêtements unisexes. Nos résultats ont montré que ni le label « unisexe » ni la masculinité/féminité du vêtement n’avaient d’importance dans l’intention d’achat des consommateurs, seuls l’esthétique et le style vestimentaire importaient.</p>
<p>Pour cet <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17569370.2020.1816317?journalCode=rffp20">article</a>, nous avons également demandé à un groupe de designers d’imaginer, en utilisant la technique du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/design-thinking-43749"><em>design thinking</em></a>, un vêtement unisexe. Nos résultats ont montré que les designers se focalisaient sur le contexte social, la masculinité/féminité du vêtement et l’orientation sexuelle du consommateur plutôt que sur le style et l’esthétique. Ce premier article montre donc la dichotomie de l’approche du vêtement unisexe par les consommateurs et les designers.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1664008624681697281"}"></div></p>
<p>Dans notre deuxième <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/JFMM-03-2022-0047/full/html">article</a> sur ce sujet publié en 2022, nous avons essayé de comprendre les facteurs impliqués dans l’achat de produits de mode du sexe opposé. Après une série d’entretiens individuels avec treize femmes cisgenres (qui se reconnaissent le même genre que celui déclaré à l’état civil à la naissance) des générations Y et Z, nous avons exploré et cartographié la motivation et l’expérience d’achat des consommatrices pour la mode au rayon homme.</p>
<p>Les résultats ont permis de définir un modèle de comportement d’achat : avant l’achat, une motivation de non-conformité. Ici, nos participantes nous ont partagé vouloir aller au-delà (et pas forcément à l’encontre) de ces normes trop féminisées et stéréotypées de la femme. Ensuite, nos participantes ont insisté sur le temps investi lors de l’achat. Elles ont toutes – décrit un mode d’achat plus rapide et moins complexe au rayon homme. Enfin, après l’achat, les consommatrices ont insisté sur la satisfaction d’avoir trouvé un style vestimentaire qui correspondait à leur identité propre, et non à une identité que la société et/ou l’industrie leur imposaient.</p>
<h2>Au-delà de la mode</h2>
<p>Au bilan, ces travaux de recherche révèlent donc l’existence de deux fossés : d’abord, entre les designers qui se focalisent sur un contexte social et les consommateurs qui se concentrent sur l’esthétique ; puis entre les plus jeunes générations qui jouent avec la fluidité des genres et les moins jeunes générations qui ont eu l’habitude d’évoluer dans une société et une industrie de la mode bigenrée.</p>
<p>L’actualité récente indique que ce dernier fossé, particulièrement profond, dépasse largement le champ de la mode. En avril dernier, le chanteur Bilal Hassani, porte-drapeau revendiqué de la communauté LGBT, <a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/menace-le-chanteur-bilal-hassani-annule-son-concert-prevu-ce-mercredi-a-metz_5753576.html">recevait des menaces de mort</a> et était contraint d’annuler un concert à Metz sous la pression des mouvances catholiques. À l’inverse, quelques mois plus tôt, une professeure de philosophie britannique <a href="https://www.standard.co.uk/news/uk/university-of-sussex-obe-higher-education-twitter-university-and-college-union-b963107.html">démissionnait de ses fonctions</a> après la révolte de ses étudiants qui l’accusait de transphobie pour avoir organisé un débat sur le genre sexuel.</p>
<p>Seuls l’écoute, le respect et la discussion semblent aujourd’hui permettre de réconcilier les deux camps. Car, comme l’écrivait la militante américaine <a href="https://www.goodreads.com/quotes/9776070-in-diversity-there-is-beauty-and-there-is-strength">Maya Angelou</a>, c’est dans la diversité que résident la beauté et la force.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207233/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurore Bardey ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des travaux de recherche révèlent l’existence d’un double fossé entre designers et consommateurs mais aussi entre les générations.Aurore Bardey, Associate Professor in Marketing, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1928752022-10-23T15:26:50Z2022-10-23T15:26:50ZLa notion de « génération Z » entrave l’intégration des jeunes sur le marché du travail<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/490842/original/file-20221020-22-h06yww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=109%2C120%2C1080%2C724&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les parcours individuels, la transmission d’un métier et l’impression de faire partie d’une équipe comptent bien davantage que les supposées caractéristiques d’une tranche d’âge.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/en/photo/1628482">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Classer les salariés en « générations X, Y, ou Z » pose question. On s’aperçoit bien vite qu’il n’y a <a href="https://www.pole-emploi.fr/employeur/des-conseils-pour-gerer-vos-ress/generations-x-y-z--un-rapport-au.html">pas d’accord</a>, sur les <a href="https://www.amplitude-formation.com/generations-x-y-z-leurs-differences-face-au-travail/">limites chronologiques</a> ou sur les qualités et défauts supposés de chaque génération : vivre à une même époque ne suffit pas à définir une <a href="https://www.persee.fr/doc/agora_1268-5666_2001_num_26_1_1924">expérience commune</a> à toute une classe d’âge et les <a href="http://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2021/09/Rapport_Harris_-_Le_coeur_des_Francais_2021_Challenges.pdf">enquêtes</a> empiriques vont à l’encontre des clichés sur une supposée spécificité des jeunes générations. Les « boomers » se sont, par exemple, vus <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33548903/f27.item">reprocher</a> dans les années 1970 certains traits communs avec ceux attribués aujourd’hui aux générations Y ou Z.</p>
<p>Des travaux sociologiques ont déjà tenté de rendre compte des conflits entre <a href="https://theconversation.com/fr/topics/generations-39137">générations</a> sur un lieu de travail, comme ceux de Stéphane Beaud et Michel Pialoux dans les usines de Sochaux-Montbéliard. Dans l’industrie, une partie des ouvriers nés après la Deuxième Guerre avaient tenté en leur temps d’autres <a href="https://editions-croquant.org/temoignages/782-les-vies-prolongees-des-usines-japy-le-travail-ouvrier-a-beaucourt-de-1938-a-2015.html">expériences de travail</a> et la plupart n’ont pas voulu que leurs enfants deviennent ouvriers. Le contexte culturel post 1968 et, localement, les changements organisationnels et les fermetures d’usines, expliquent en partie leur déception face au travail et des <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/retour_sur_la_condition_ouvriere-9782707169761">relations difficiles</a> avec les plus jeunes générations, parfois plus diplômées que leurs pairs avec la création du baccalauréat professionnel.</p>
<p>Ces travaux, à la suite desquels nous inscrivons les <a href="https://injep.fr/wp-content/uploads/2018/09/rapport-2017-02-rapports-jeunes-travail-v2.pdf">nôtres</a>, montrent aussi que les conflits entre générations découlent souvent des politiques RH. Alterner des phases sans embauches de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/jeunes-21920">jeunes</a>, puis de recrutements précaires, traiter différemment jeunes et anciens, les séparer voire les opposer, penser que le diplôme peut remplacer l’expérience et tout un tas d’autres pratiques conduisent à la méfiance, une moindre transmission du métier et à un accroissement des divergences.</p>
<p>Si enfermer tous les jeunes sous une même étiquette peut, certes, fournir un outil de gestion pratique, cela reflète mal la diversité des situations ni la complexité des processus qui façonnent le rapport au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/travail-20134">travail</a>. Il ne faudrait pas oublier de prendre en compte les parcours individuels ainsi que l’importance de la transmission d’un métier et de l’intégration au sein du collectif de travail pour donner un sens aux efforts consentis au quotidien.</p>
<h2>Effet de parcours ou de génération ?</h2>
<p>Le rapport au travail est notamment structuré par la position sociale. Les jeunes peu diplômés des régions touchées par le chômage soulignent plus que les autres <a href="https://injep.fr/wp-content/uploads/2018/09/rapport-2017-02-rapports-jeunes-travail-v2.pdf">l’importance d’avoir un emploi</a>, et cela vaut aussi bien pour les générations X, Y ou Z. Les plus diplômés ont, eux, davantage de marges de manœuvre pour expérimenter et trouver l’activité qui leur convient.</p>
<p>Des études longitudinales (c.-à-d., qui suivent les mêmes personnes dans le temps) montrent, en outre, que les <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2022-2-page-7.htm">priorités peuvent évoluer</a> avec les premières confrontations au monde du travail. Lors de la recherche d’un premier emploi beaucoup souhaitent trouver un travail qui a du sens à leurs yeux, qui correspond à un domaine qui les passionne ou qui offre de bonnes rémunérations. Au bout de 3 à 5 ans ils mettront plutôt en avant la bonne ambiance de travail ou la recherche d’un équilibre, comme premier critère d’un emploi satisfaisant. C’est là plus un effet de trajectoire que de génération.</p>
<p>La socialisation professionnelle plus ou moins aboutie au sein d’un collectif de travail doit permettre de justifier ou non les efforts consentis et de construire puis d’entretenir l’intérêt pour une activité particulière. Deux illustrations issues d’entretiens informels pour une enquête en préparation sur le rapport au travail dans les entreprises des technologies de l’information et de la communication en témoignent.</p>
<h2>Moments de changements</h2>
<p>Un jeune ingénieur UX designer (il a pour mission de diminuer au maximum les questions que peut se poser l’utilisateur d’un site Internet) a fait plusieurs stages dans des start-up. S’il en a apprécié l’ambiance, il déplorait l’absence de contacts avec d’autres personnes exerçant la même activité ainsi qu’un manque d’organisation. Des appels d’offre sur lesquels l’équipe avait beaucoup travaillé ont, par exemple, été manqués suite à un dépôt trop tardif.</p>
<p>Pour son premier poste, il a ensuite choisi une entreprise qui propose des services numériques aux amateurs et collectionneurs de bandes dessinées. Pourtant lui-même passionné par le neuvième art, il découvre que là encore son travail reste peu reconnu. Ses projets sont systématiquement critiqués par le créateur de l’entreprise qui finit cependant par les adopter, faute d’alternatives techniques viables. D’autres tâches (de marketing, de saisie) occupent une part croissante de son temps. L’absence de progression dans son métier le conduit à douter de ses choix de carrières.</p>
<p>Il démissionne alors pour intégrer la filiale spécialisée en UX design d’un grand groupe. Le travail sur de gros projets, avec d’autres UX designers ayant des expériences et formations différentes, lui permet de renouer avec son intérêt initial pour la spécialité. Il n’envisage plus de changer de travail.</p>
<p>L’autre exemple est celui d’un Français parti à 19 ans étudier dans une capitale étrangère. A cause de l’épidémie liée au coronavirus, il n’a pas pu faire de stage dans son cursus. Après sa licence, pour connaître le monde du travail et gagner un peu d’argent, il se fait embaucher par une plate-forme de livraison de repas pour laquelle il doit gérer, depuis l’étranger, les livreurs français. Pris en charge par une collègue expérimentée il apprend vite et est bien noté.</p>
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<p>La capacité de ses collègues plus âgées à jongler avec plusieurs écrans d’ordinateurs tout en maintenant une bonne ambiance dans l’équipe et avec les livreurs l’enthousiasme. Il peut donner du sens à son travail en trouvant des moyens d’arranger la vie et le travail des livreurs qu’il apprécie.</p>
<p>Toutefois, arrive le moment ou pour augmenter la rentabilité, l’entreprise restructure le service et les algorithmes. Ses collègues les plus expérimentées trouvent d’autres emplois et les marges de manœuvre avec les livreurs disparaissent. Plusieurs salariés du service se mettent en arrêt pour burn-out. La reprise d’un master devient alors un moyen de fuir cet emploi devenu sans intérêt.</p>
<h2>Un âge de transition</h2>
<p>La jeunesse comme <a href="https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/sociologie-jeunesse-1">âge spécifique</a> entre l’adolescence et l’âge adulte est une construction récente comme l’expliquent les travaux du sociologue Olivier Galland. Elle a d’abord concerné les hommes de la bourgeoisie qui, au XIX<sup>e</sup> siècle, quittaient leur famille pour les études. Ce temps de liberté, d’expérimentation des idées, du mode de vie, de la sexualité, questionnait peu le futur travail, déterminé par les études et l’origine familiale.</p>
<p>A partir des années 1960, ce modèle va petit à petit se démocratiser avec l’extension des études supérieures. Les transformations structurelles du marché du travail (moins d’ouvriers, plus de professions intermédiaires et de cadres), l’apparition de nouvelles filières et de nouveaux métiers et, à partir de la fin des années 1970, la montée du chômage, font que la recherche de soi et l’interrogation sur l’avenir se portent de plus en plus sur la carrière envisagée. La plupart des jeunes salariés doivent passer par une période, plus ou moins longue suivant le diplôme, de précarité.</p>
<p><iframe id="Hhmoz" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/Hhmoz/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>La promesse d’un emploi stable et d’une progression de carrière en contrepartie de la docilité et d’un fort investissement au départ s’avère de plus en plus illusoire. La situation que vivent les nouveaux entrants sur le marché du travail est paradoxale : ils doivent, avec moins de repères que leurs aînés, trouver leur voie et faire leur place, alors même que la stabilité professionnelle et les collectifs de travail capables de transmettre un métier font plus souvent <a href="https://www.cairn.info/les-risques-du-travail--9782707178404-page-147.htm">défaut</a>.</p>
<p>En réaction, certains jeunes peuvent développer un rapport au temps paradoxal. Alors qu’ils savent par expérience, notamment les plus modestes, qu’un CDI reste indispensable pour faire des projets à long terme (développer un métier, fonder une famille), certains craignent, de s’enfermer trop précocement dans une voie dont ils ne <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/23/quete-de-sens-immediatete-mobilite-accrue-le-rapport-des-jeunes-au-travail-une-revolution-silencieuse_6110648_3234.html">perçoivent pas l’intérêt</a>.</p>
<p>Ceux qui en ont les moyens peuvent alors multiplier les expériences d’emploi et de formation. D’autres, à qui ne sont proposés que des emplois sans intérêt et mal payés, finissent par concevoir l’intérim comme un moyen de gagner un petit peu plus d’argent et de temps pour des activités plus valorisantes. Cette période reste toutefois vécue comme <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2007-4-page-96.htm">transitoire</a>, jusqu’au moment où l’on pourra enfin trouver sa place.</p>
<p>Catégoriser et traiter chaque âge en fonction de clichés pas toujours validés par l’observation peut ainsi opposer les salariés, empêcher la coopération entre les âges et finalement rendre l’intégration des jeunes plus difficile. Il semble que ce ne soit pas un baby-foot ou des journées de bénévolat offertes à des associations qui vont fidéliser les jeunes entrants, mais la transmission d’un métier et la construction collective d’un <a href="https://www.anact.fr/les-dimensions-collectives-de-la-qualite-de-vie-au-travail">sens positif au travail</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192875/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Loriol ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Classer les salariés en classe d’âge, c’est oublier de considérer les trajectoires individuelles et l’esprit d’équipe qui donnent sens aux tâches du quotidien.Marc Loriol, Directeur de recherche CNRS, sociologue, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1729972021-12-09T18:16:58Z2021-12-09T18:16:58Z« Le numérique et nous » : Petite philosophie du selfie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/436077/original/file-20211207-19-i50j40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1607%2C807%2C3280%2C1974&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Écho et Narcisse (John William Waterhouse, 1903, Walker Art Gallery, Liverpool).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Narcisse_(mythologie)#/media/Fichier:John_William_Waterhouse_-_Echo_and_Narcissus_-_Google_Art_Project.jpg">Wikipédia</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/601af61a46afa254edd2b909/61add94745d15e001361087b" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p><iframe id="tc-infographic-569" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/569/0f88b06bf9c1e083bfc1a58400b33805aa379105/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p><em>Comment définir et mieux comprendre les rapports que nous entretenons avec le numérique et ses outils ? Quelles interactions avons-nous vraiment avec notre téléphone et nos tablettes ? Dans une série de quatre podcasts intitulée « Le numérique et nous » réalisés avec le Collège des Bernardins, nous allons essayer de mieux définir les liens qui nous rattachent au numérique dans notre vie quotidienne.</em></p>
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<p>Qui n’a jamais cédé à la tentation du selfie ? Face à cette pratique si répandue, si banale de nos quotidiens connectés, les discours pathologisants ou moralisateurs sont nombreux.</p>
<p>Pourtant, le mythe de Narcisse et les philosophes nous apprennent autre chose sur ce désir de capturer sa propre image : notre identité en construction permanente trouve peut-être dans ce geste une façon d’évoluer et d’inviter les autres à enrichir cette narration de soi.</p>
<p>Jacopo Bodini, chercheur en philosophie à l’Université Jean Moulin Lyon 3, en collaboration avec le département « Humanisme numérique » du Collège des Bernardins, nous éclaire sur ce sujet.</p>
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<p><em>Crédits, conception, Fabrice Rousselot et Sonia Zannad. Réalisation, Romain Pollet. Chargé de production, Rayane Meguenni.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172997/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jacopo Bodini ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Que dit le selfie de la façon dont nous construisons notre identité, dont nous nous confrontons au monde ?Jacopo Bodini, Chercheur en philosophie à l'Université Jean Moulin Lyon 3, Collège des BernardinsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1638372021-07-05T18:11:32Z2021-07-05T18:11:32ZLes tiers-lieux, une solution au télétravail subi ?<p>Les périodes de déconfinement rappellent les salariés aux bureaux, parfois selon des formules hybrides, de façon un peu expérimentale. Un mélange entre télétravail et instauration du <em>flex office</em> a pour l’heure les faveurs des entreprises, qui optimisent par là même leur charge immobilière. Dans un <em>flex office</em>, personne n’a de bureau attitré : chacun s’installe, comme à la bibliothèque, là où il trouve de la place. Cette pratique déplaît à la majorité des salariés et se montre inadaptée au contexte sanitaire.</p>
<p>L’avenir du bureau peut alors se chercher du côté des tiers-lieux, qui se posent comme une alternative aux déçus du télétravail. Répondant à des enjeux territoriaux, environnementaux et sociaux, ils suscitent l’intérêt des promoteurs immobiliers et des décideurs politiques.</p>
<p>Les sénateurs de la majorité ont d’ailleurs proposé en février dernier <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/le-senat-veut-creer-des-titres-bureau-sur-le-modele-du-titre-restaurant-pour-perenniser-le-recours-au-teletravail.N1060599">l’instauration d’un « ticket-bureau »</a> susceptible d’accompagner l’essor de la fréquentation des tiers-lieux sous le parrainage des employeurs. Il s’agirait de reprendre le modèle du ticket-restaurant déjà en place.</p>
<p>Dans le cadre de sa troisième enquête « Mon bureau post-confinement », la <a href="http://workplace-management.essec.edu/">Chaire Workplace Management de l’ESSEC Business School</a> a enquêté sur les rapports recomposés aux espaces de travail à l’aune de l’expérience désormais bien plus répandue du télétravail, parfois subi, parfois souhaité.</p>
<p>Cette enquête sur les représentations liées à l’immobilier de bureau fait le point sur l’appréhension des tiers-lieux par les salariés selon les facteurs sociologiques susceptibles d’influencer leur expérience.</p>
<p>Elle a été réalisée entre le 21 et le 30 avril 2021 en ligne, auprès d’un échantillon de 1868 employés et utilisateurs de bureaux. Parmi eux, 58 % de femmes et 42 % d’hommes, âgés en moyenne de 39 ans. 75 % appartiennent à la génération Y (<a href="https://hbr.org/2017/08/a-survey-of-19-countries-shows-how-generations-x-y-and-z-are-and-arent-different">nés entre 1984 et 1996</a>). </p>
<h2>Quel bureau idéal ?</h2>
<p>Interrogée sur sa vision d’un bureau idéal et adapté à ses besoins post-confinement, une très nette majorité (près de 80 %) de l’échantillon s’accorde sur une préférence pour le bureau attitré, qu’il soit fermé (63 %) ou en open space (16 %). Les espaces de travail non attribués ne reçoivent, eux, que 9 % des suffrages, autant que le télétravail exclusif à domicile.</p>
<p>Comme pour ce qui est du <a href="https://theconversation.com/le-teletravail-moins-bien-vecu-par-les-jeunes-les-femmes-et-les-employes-163190">vécu du télétravail</a>, des distinctions apparaissent cependant entre individus selon leur âge ou leur position hiérarchique. Alors que le bureau fermé séduit plus de la moitié de l’échantillon et accorde toutes catégories sociales, les avis divergent sur les autres espaces de travail.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les <em>flex office</em> ne sont pas forcément populaires auprès des salariés qui apprécient d’avoir un poste attitré.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
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<p>Les plus jeunes se montrent plus attirés que leurs aînés par le coworking (6,4 % contre 3 % environ parmi le reste de la population). En revanche, ils se montrent moins enclins au télétravail exclusif à domicile (4 % chez les Z, environ 10 % pour les X et les Y, et 7 % pour les baby-boomers).</p>
<p>Leur appétence relative pour le coworking souligne que ce n’est pas tant la fréquentation du bureau en tant que telle, que l’émulation et la concentration qu’on y trouve auprès d’éventuels collègues ou partenaires de travail qui les motive à retrouver des conditions matérielles plus encadrées.</p>
<p>Cela est confirmé d’ailleurs par leur réponse à la question suivante : « selon vous, quel sera l’intérêt principal de retourner au bureau dans le monde post-Covid-19 ? ». À cette question, les plus jeunes choisissent davantage que la moyenne les arguments de la concentration (15 %) et de la créativité (12 %), arguments qu’il attribuent également aux tiers-lieux.</p>
<p>La grande majorité de l’échantillon, toutes tranches d’âge confondues, sélectionne en premier lieu l’argument de la sociabilité : « c’est un lieu de rencontre, d’échange, de convivialité avec les collègues », ce qui marque, loin d’un engouement supposément massif pour le télétravail, l’expression d’un manque de tissu social associé à l’espace de travail.</p>
<h2>Le télétravail, de moins en moins populaire</h2>
<p>En 2020, les premières semaines de confinement ont donné lieu à des spéculations sur l’avenir radieux du télétravail, sur la solution miracle que représenterait le flex office, ou encore sur la mort prédite du bureau traditionnel.</p>
<p>Aujourd’hui, la tendance que l’on mesure s’avère défavorable aux alternatives les plus impersonnelles et favorable au bureau fermé et attribué. La popularité du télétravail chute fortement et passe en dessous des 10 %, alors qu’elle avoisinait les 25 % lors du premier confinement.</p>
<iframe title="L’engouement pour le télétravail du printemps 2020 s’essouffle." aria-label="Graphique à barres groupées" id="datawrapper-chart-JD1us" src="https://datawrapper.dwcdn.net/JD1us/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width : 0 ; min-width : 100 % !important ; border : none ;" height="400" width="100%"></iframe>
<p>L’alternative du coworking reste de son côté très peu envisagée par les répondants de cette enquête et ne dépasse jamais 5 %. Très peu d’entre eux déclarent toutefois avoir expérimenté cette solution auparavant (1,4 % de l’échantillon). 30 % de ceux qui l’ont testée la désignent comme idéale, ce qui en fait, à leurs yeux, le meilleur type d’espace de travail, devant tous les autres. Cette portion de l’échantillon reste principalement composée d’indépendants et de prestataires ou de cadres.</p>
<p>Pourtant, entre le domicile et le lieu de travail, le tiers-lieu se place en contrepoids de la relocalisation domestique du travail qu’ont occasionnée les épisodes de confinements. Les réticences et les motivations exprimées à l’égard de ce type de lieux trouvent un écho dans les expériences positives et négatives que cette année de confinements a permis d’acquérir.</p>
<p>Entre la créativité qu’y trouveraient les plus jeunes, l’espace qu’y trouveraient les moins bien logés, les ressources matérielles et numériques qu’y trouveraient les plus âgés, et la proximité qu’il permettrait, le tiers-lieu est en mesure de s’intégrer pleinement aux habitudes des travailleurs, quelle que soit leur profession. Encore faut-il qu’il prenne la forme adaptée aux publics qu’il vise.</p>
<h2>Nécessaire démocratisation</h2>
<p>À l’heure actuelle, si les tiers-lieux restent méconnus et si peu investis par les employés, c’est probablement en raison de l’homogénéité sociologique qui y est associée et qui s’avère même performative, comme le montre l’enquête. Les tiers-lieux ont pris principalement la forme d’espaces de coworking concernant dans un premier temps les indépendants, les autoentrepreneurs ou les start-up, et dans un second temps les salariés des entreprises du numérique.</p>
<p>La méconnaissance de ce paysage ralentit son expansion. L’appellation recoupe en effet <a href="https://francetierslieux.fr/">plusieurs réalités</a> et ne se résume <a href="https://hyperliens.societenumerique.gouv.fr/">plus</a> à l’espace de coworking, s’adressant à une cible jeune, créative, free-lance et urbaine. Aujourd’hui, la constellation des formes que prennent les tiers-lieux répond à des besoins identifiés et distincts, tant en termes de métiers que de réalités sociales.</p>
<p>Pour se déployer dans les meilleurs termes, la solution du tiers-lieu doit être plébiscitée notamment par les salariés et donc se démocratiser. Il faudra pour cela qu’elle dépasse l’image dominante du coworking et révèle ses autres facettes. À cette fin, elle devra d’une part faire l’objet d’une campagne de familiarisation auprès des publics visés, et d’autre part s’adapter à la diversité de ce public et à la diversité de ses attentes.</p>
<h2>Une journée en tiers-lieu</h2>
<p>Puisque les modes d’organisation du travail deviennent mixtes, nous proposions par ailleurs aux enquêtés d’établir la répartition d’une semaine idéale selon eux, en choisissant la distribution de leurs jours de travail sur un éventail de trois lieux (domicile, bureau, tiers-lieu). Les résultats obtenus confirment un besoin d’équilibre entre les formes de bureaux et les vertus professionnelles qui leur sont prêtées.</p>
<iframe title="Les plus jeunes souhaiteraient, dans l’idéal, passer une journée hebdomadaire dans un tiers lieu." aria-label="Barres empilées" id="datawrapper-chart-nI81R" src="https://datawrapper.dwcdn.net/nI81R/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width : 0 ; min-width : 100 % !important ; border : none ;" height="256" width="100%"></iframe>
<p>Toutes catégories confondues, les répondants à l’enquête optent majoritairement pour une partition relativement équilibrée entre travail au bureau (plus de 2 jours et demi) et travail à domicile (2 jours), additionnée d’environ une demi-journée en tiers-lieu.</p>
<p>Quelques variations apparaissent néanmoins selon les catégories d’âge. Les plus jeunes, par exemple, accorderaient dans l’idéal une place bien plus importante à la fréquentation d’un tiers-lieu, presque une journée complète hebdomadaire en moyenne. Si la fréquentation des tiers-lieux aurait tendance à décroître avec l’âge, celle des bureaux suit une direction inverse.</p>
<h2>Tiers-lieux et inégalités</h2>
<p>Le prisme générationnel ne doit cependant pas faire oublier l’influence du facteur hiérarchique sur la perception de l’espace de travail. La position hiérarchique que l’on occupe dans une entreprise conditionne de façon inégale la propension de chacun à fréquenter de tels espaces de travail et à organiser sa semaine à sa convenance.</p>
<p>Il reste ainsi à l’entreprise d’assurer à ses salariés les meilleures conditions matérielles relatives à leurs espaces de travail et d’assumer sa responsabilité à les leur fournir quel que soit leur statut et leurs préférences. En effet, le déferrement aux salariés du choix de leur espace de travail – comme pourrait le proposer l’instauration d’un « ticket-bureau » – est susceptible d’occasionner un dégagement de l’entreprise de ses responsabilités matérielles, immobilières et sociales envers eux.</p>
<p>Aujourd’hui, ce sont les employés, les salariés les plus isolés et les moins autonomes qui manifestent le plus le souhait de retrouver un espace de travail délimité et attitré. Ils souhaitent y retrouver un lien social mis à mal par la crise sanitaire. C’est de leurs attentes qu’il faudra tenir compte dans la détermination des futures politiques d’organisation du travail.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163837/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Entre le télétravail de moins en moins populaire et les inconvénients du bureau révélés par les confinements, les tiers-lieux pourraient s’avérer un bon compromis. Ils restent néanmoins méconnus.Ingrid Nappi, Professeur, titulaire de la Chaire « Immobilier & Développement Durable » et de la Chaire « Workplace Management », ESSEC Diane Le Luyer, Ingénieur de Recherche, Chaire Workplace Management, ESSEC Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1610402021-06-16T17:35:33Z2021-06-16T17:35:33ZGénération : un concept à utiliser avec modération ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/406150/original/file-20210614-73420-jfureg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=27%2C226%2C1998%2C1235&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'une des définitions du mot "génération" insiste sur l’homogénéité de destin que traduit le fait d’être né une année plutôt qu’une autre.(Photo de classe vers 1920/1930 - Photographe David et Vallois - Lycée Voltaire, Paris°</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Photo_de_classe_vers_1920-1930.jpg">Wikimedia Commons </a></span></figcaption></figure><p>Baby-boomers, millennials, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ration_Z#:%7E:text=La%20g%C3%A9n%C3%A9ration%20Z%20est%20la,bien%20install%C3%A9%20dans%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9.">génération Z</a>… Les termes se multiplient pour identifier des groupes au sein des sociétés occidentales et désigner des ensembles d’individus du même âge qui partageraient des pratiques et expériences communes, distinctes de celles et de ceux qui les ont précédés.</p>
<p>On peut penser que ce regain d’intérêt récent pour l’idée de générations, dans le <a href="https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2010-1.htm">monde scientifique</a> comme dans le <a href="https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/06/02/orientation-engagement-choix-de-vie-la-pandemie-experience-fondatrice-de-la-generation-z_6082463_4401467.html">grand public</a>, tient, au moins en partie, au contexte socio-économique du tournant du XXI<sup>e</sup> siècle où se trouve battue en brèche l’idée implicite d’une amélioration du niveau de vie entre parents et enfants (de « génération en génération », comme on dit).</p>
<p>Depuis le dernier quart du XX<sup>e</sup> siècle, l’entrée des jeunes sur le marché du travail, morcelée, incertaine, déstabilise l’ensemble du cycle de vie, conduisant à des difficultés pour se loger, fonder une famille, construire une carrière professionnelle, etc.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/y-aura-t-il-une-generation-covid-138339">Y aura-t-il une génération Covid ?</a>
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<p>Pourtant cette grille de lecture par « générations » est loin de faire consensus, ce qui tient autant au terme lui-même – semi-savant, il est couramment employé par scientifiques et profanes – qu’à sa polysémie : l’idée de génération peut désigner un âge de la vie (autour du passage à l’âge adulte généralement), une cohorte de naissance (l’ensemble des personnes nées la même année), les membres, souvent les descendants, d’une même famille, enfin l’écart temporel entre parents et enfants, notamment dans l’étude des phénomènes migratoires.</p>
<p>Revenir sur ces différents sens et leurs usages permet de situer les débats actuels sur l’existence de différentes générations, mais également de remettre en perspective l’idée d’une « génération Covid » qui a émergé récemment.</p>
<h2>Fêtes de conscrits</h2>
<p>L’idée de génération renvoie à (au moins) deux visions distinctes et quasi antagonistes du passage du temps. La première insiste sur l’homogénéité de destin que traduit le fait d’être né une année plutôt qu’une autre, ce que les démographes qualifient de cohorte.</p>
<p>Un exemple emblématique, superbement illustré et analysé par Michel Bozon (<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33712556.texteImage"><em>Les Conscrits</em></a>), est l’organisation en classes de conscrits qui a rythmé la vie des communautés villageoises françaises durant la majeure partie des deux derniers siècles.</p>
<p>Nés la même année, les jeunes hommes (et les jeunes femmes lorsqu’apparaissent, au XX<sup>e</sup> siècle, les conscrites) préparent ensemble le moment du tirage au sort (au XIX<sup>e</sup> siècle) ou du conseil de révision (au XX<sup>e</sup> siècle) en reproduisant rites et coutumes établies avant eux et qu’ils perpétuent, faisant du service militaire une cérémonie de passage à l’âge adulte.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Gd5nMnFu2t8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les conscrits de Villefranche-sur-Saône en 1955 (INA).</span></figcaption>
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<p>Après le service lui-même apparaissent les amicales, associations de conscrits composées d’individus nés la même année et habitant le village ou la ville, fondées quand ils ont 19 ans et s’éteignant à la mort du dernier survivant,</p>
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<p>« elles suivent toutes le même cycle d’activité : à leurs débuts, elles organisent surtout des bals et des activités sportives, puis, avec l’âge mûr, elles se consacrent davantage aux voyages organisés, aux banquets, aux parties de boules et de cartes. » (Bozon, p. 38).</p>
</blockquote>
<p>Aujourd’hui, l’entrée sur le marché du travail a remplacé le passage au service militaire mais l’idée reste la même : l’entrée dans la vie adulte, moment décisif à plus d’un titre, est à la fois un déterminant puissant de la trajectoire ultérieure et déterminé fortement par la date où elle a lieu (donc, lié, peu ou prou, à l’année de naissance).</p>
<h2>Se « faire une place »</h2>
<p>Il faut noter que cette première définition, qui insiste sur l’homogénéité de destin, renvoie autant à l’idée de continuité et de transmission, (comme dans le cas des conscrits) qu’à celle de rupture, qu’elle soit sociétale, « les baby-boomers », politique, la « génération Mitterrand » ou technique, « la génération des digital natives ».</p>
<p>C’est particulièrement clair lorsque l’on s’écarte du monde social pour d’autres univers, par exemple le monde de l’art ou de la politique, où le concept de génération est une forme de présentation de soi qui traduit la nécessité pour les nouveaux entrants de se démarquer de leurs ainés, symboliquement et littéralement : il leur faut se « faire une place » dans un milieu déjà bien structuré.</p>
<p>On le voit par exemple au sein du mouvement féministe, où l’affirmation d’une « troisième vague » dans les années 1990 a pu symboliser la nécessité de se démarquer des militantes du Mouvement de libération des femmes des années 1970 ; ou parmi les militants antiracistes des années 1980, où la notion de seconde génération de l’immigration n’est pas tant une manière de se distinguer de ses parents que d’affirmer un nouveau combat contre les discriminations.</p>
<p>On le voit également dans le monde de l’art, où la <a href="https://www.armand-colin.com/itw-video-delisa-capdevila-des-americains-paris">thèse récente d’Élisa Capdevila</a> montre comment les artistes américains des années 1960 à Paris (Niki de Saint Phalle, Phil Glass, etc.) se sont distingués des autres artistes américains venus se former auprès des maîtres de l’École de Paris qu’étaient Picasso, Matisse ou Brancusi, en s’affirmant comme une avant-garde artistique made in USA.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/-j3yTJIkbz4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Des Américains à Paris – Artistes et bohèmes dans la France de l’après-guerre (Armand Colin).</span></figcaption>
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<p>Dans une seconde acceptation, la notion de génération permet d’opérer un lien entre événement historique et expérience des individus. On passe alors de la dimension démographique (la cohorte) à la dimension historique : le fait de se situer collectivement par rapport à un événement majeur. On parle de « génération du feu », pour ceux qui ont combattu pendant la guerre de 14-18 ; de « génération Mai 1968 », pour ceux qui se sont mobilisés pendant ces événements.</p>
<p>Le sociologue allemand Karl Mannheim a théorisé cette notion en 1928 dans son célèbre ouvrage, <em>Le problème des générations</em> (<a href="https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1992_num_33_1_4136">traduit en français en 1990</a>, réédité en 2011). Il distingue la situation générationnelle (le fait d’être né au même moment) de l’unité générationnelle (le fait d’avoir conscience de faire l’expérience commune d’un événement).</p>
<p>Ce qui est important pour Mannheim est que l’identité de génération est pensée comme telle par les acteurs : ils ont conscience d’appartenir à une génération (de même que Karl Marx insiste sur la naissance de la conscience de classe ouvrière au XIX<sup>e</sup> siècle). C’est en cela que l’on peut parler d’une génération Covid à la lecture des nombreux témoignages de jeunes gens ayant le sentiment de <a href="https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/06/02/orientation-engagement-choix-de-vie-la-pandemie-experience-fondatrice-de-la-generation-z_6082463_4401467.html">faire partie d’une génération sacrifiée ou « meurtrie »</a>.</p>
<h2>Un groupe homogène ?</h2>
<p>Cependant, qui dit expérience commune, ne dit pas homogénéité du groupe. C’est pourquoi Jean‑François Sirinelli évoque <a href="https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2008-2-page-113.htm">« la pluralité des générations 68 »</a> pour distinguer les presque trentenaires nés pendant la guerre qui en fournirent les cadres du mouvement des baby-boomers, ces « piétons de 68 » pour qui mai 68 constitua l’événement politique fondateur. Enfin, seulement 12,25 % des Français ont accédé au Bac en 1966, et la jeunesse étudiante est donc sûrement la partie émergée de l’iceberg.</p>
<p>En définitive, le mot génération est aussi bien utilisé pour souligner les ressemblances que les différences, <a href="https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2010-1-page-44.htm">ce qui le rend à la fois utile et complexe</a> : dans certains cas, il permet d’insister sur les formes que prennent les différentes étapes de la vie et la façon dont certaines générations les vivent plus difficilement que d’autres ; dans d’autres, ce sont les mécanismes d’appartenance à une génération qui sont mis en lumière et la façon dont un même événement historique s’ancre dans l’esprit de ceux qui le vivent.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1319013767909343239"}"></div></p>
<p>Ces différentes acceptations du mot génération partagent pourtant des éléments – au-delà bien entendu de l’idée principale d’un « destin commun » – dont le principal est l’effet d’homogénéisation, qui accentue les liens entre ceux qui partagent une date de naissance ou le vécu d’un événement et minimise, voire masque totalement, les différences, tout particulièrement sociales, entre eux.</p>
<p>À ce titre, la situation des jeunes frappés par la crise provoquée par la Covid illustre parfaitement l’ambiguïté et les <a href="https://theconversation.com/avoir-20-ans-en-2020-quand-la-covid-19-revele-les-inegalites-entre-les-jeunes-148292">difficultés de maniement du concept</a> de génération. D’un côté, le mot permet d’insister sur les différences entre groupes d’âge au moment de la crise : l’impact est très différent en fonction du moment de la vie où chacun se situe. De l’autre côté, on va mettre en avant les fortes variations dans le vécu de la crise au sein d’une même génération (par exemple les plus jeunes), selon leur position dans la société : milieu social, lieu de vie à la campagne ou en ville, type d’emploi exercé, etc.</p>
<p>Au final, le concept de génération traduit une réalité aussi bien qu’il contribue à la créer. Surtout, dans des sociétés occidentales de plus en plus diverses mais aussi de plus en plus polarisées – socialement, économiquement, politiquement – il tend à écraser les différences pour fournir une grille de lecture simple des rapports sociaux. Utile, donc, mais à utiliser avec modération.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161040/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Angéline Escafré-Dublet a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lionel Kesztenbaum a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche.</span></em></p>Pour fournir une grille de lecture des rapports sociaux, le terme de génération n’aurait-il pas tendance à écraser les différences ? Est-il encore pertinent de l’utiliser ? Retour en définitions.Angéline Escafré-Dublet, Maîtresse de conférences en science politique, Université Lumière Lyon 2 Lionel Kesztenbaum, Chercheur, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1408872020-06-21T20:22:43Z2020-06-21T20:22:43ZLes jeunes diplômés, une chance pour la relance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/342215/original/file-20200616-23276-hg59bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C0%2C4186%2C2802&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, réussir signifie surtout être en cohérence avec ses valeurs et son ambition.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/successful-masters-phd-graduation-college-600w-499320640.jpg">Rawpixel.com / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Si certaines entreprises ont profité de la stupeur dans laquelle notre monde est plongé pour poursuivre, voire accélérer, leurs recrutements, une majorité plus attentiste ont gelé leurs embauches et décalé leurs décisions à la rentrée de septembre ou au premier janvier… autant dire aux calendes grecques pour un jeune diplômé forcément impatient.</p>
<p>Le marché de l’emploi, très <a href="https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/06/01/jeunes-diplomes-sur-le-marche-du-travail-la-generation-sacrifiee_6041375_1698637.html">favorable aux jeunes diplômés</a> depuis quelques années, a fait de l’attraction, la fidélisation et l’engagement des talents, l’une des <a href="https://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/ressources-humaines/gestion-de-carriere/0301887212510-guerre-des-talents-comment-attirer-et-fideliser-322020.php">préoccupations majeures</a> des dirigeants. Les entreprises ont déployé depuis près de 10 ans des moyens considérables pour recruter des candidats de valeur.</p>
<p>L’incertitude économique règne aujourd’hui, mais sur le plan démographique rien n’a changé : l’enseignement supérieur ne forme <a href="https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/les-grandes-ecoles-narrivent-pas-a-fournir-assez-de-diplomes-aux-entreprises-1030216">pas suffisamment de diplômés</a> pour répondre aux besoins de fonctionnement des économies mondiales.</p>
<p>En outre, les politiques de « stop-and-go » dans le recrutement ont démontré <a href="https://www.manpowergroup.fr/recrutement-stop-go-anticiper-la-reprise-pour-gagner-en-competitivite/">leurs faiblesses à long terme</a>. Les entreprises n’ont donc pas intérêt à freiner leurs relations avec les établissements d’éducation supérieure ni à stopper leurs embauches.</p>
<h2>Accompagner la quête de sens des jeunes</h2>
<p>Certes, en se contractant, le marché de l’emploi va résoudre en partie la question de l’attractivité et de la fidélisation des jeunes cadres dans les entreprises, mais la problématique de l’engagement en sera inversement plus aiguë :</p>
<ul>
<li><p>les jeunes diplômés qui auraient l’impression d’avoir eu moins de latitude pour choisir leur employeur, pourraient ne pas être autant engagés dans leurs missions, surtout si leurs attentes d’impact et d’utilité sociale ne sont pas satisfaites ;</p></li>
<li><p>les aspirations de ces jeunes vont rester les mêmes, voire vont se renforcer, et recruter en période tendue ne devrait pas exonérer les entreprises d’une réflexion sur leur rôle sociétal au-delà de la simple marche de leurs affaires.</p></li>
</ul>
<p>Sur les cinq dernières années, <a href="https://careers.edhec.edu/sites/careers/files/newgen_for_good_comment_les_jeunes_veulent_transformer_lentreprise_0.pdf">l’attrait des grandes entreprises a chuté</a> indiquant avant tout une désaffection pour la complexité que représentent ces types d’organisations. L’engouement pour les startups, mais plus encore pour les PME (petites et moyennes entreprises) des structures à taille humaine, traduit le désir de nos jeunes de mieux mesurer l’impact de leur travail, de se sentir plus collaborateurs et acteurs que salariés.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/342427/original/file-20200617-94101-lo94z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Extrait de l’étude « Comment la nouvelle génération va transformer l’entreprise ? » du NewGen for Good de l’EDHEC Business School (mai 2019).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://careers.edhec.edu/sites/careers/files/newgen_for_good_comment_les_jeunes_veulent_transformer_lentreprise_0.pdf">Careers.edhec.edu</a></span>
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<p>La volonté des jeunes d’être utile, d’avoir de l’influence dans l’entreprise, de participer aux décisions, d’avoir de l’impact, de faire la différence est une chance pour les entreprises, quelle que soit leur taille.</p>
<p>Ce besoin d’utilité a été renforcé en ce printemps confiné par des diplômés dont le souci de ne pas occuper de « <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/09/11/david-graeber-les-bullshit-jobs-se-sont-multiplies-de-facon-exponentielle-ces-dernieres-decennies_5353406_3234.html">bullshit jobs</a> » (« boulots à la con ») a été parfois mis en sourdine par des périodes de chômage partiel mal vécues.</p>
<p>Car loin du stéréotype d’une jeune génération qui serait « désenchantée » par l’entreprise, <a href="https://careers.edhec.edu/sites/careers/files/newgen_for_good_comment_les_jeunes_veulent_transformer_lentreprise_0.pdf">87 % des étudiants en management</a> en ont une vision positive et font confiance à la puissance d’action de l’entreprise pour changer le monde. Ils y font d’ailleurs souvent plus confiance qu’au pouvoir politique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/342428/original/file-20200617-94049-11yw1je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/342428/original/file-20200617-94049-11yw1je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/342428/original/file-20200617-94049-11yw1je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/342428/original/file-20200617-94049-11yw1je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/342428/original/file-20200617-94049-11yw1je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/342428/original/file-20200617-94049-11yw1je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/342428/original/file-20200617-94049-11yw1je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Extrait de l’étude « Comment la nouvelle génération va transformer l’entreprise ? » du NewGen for Good de l’EDHEC Business School (mai 2019).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://careers.edhec.edu/sites/careers/files/newgen_for_good_comment_les_jeunes_veulent_transformer_lentreprise_0.pdf">Careers.edhec.edu</a></span>
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<p>Aujourd’hui, on demande à l’entreprise d’être pourvoyeuse de sens, à la place des autres pourvoyeurs – école, armée, Église, politique – qui ont été un peu effacés.</p>
<p>L’entreprise est considérée par les jeunes comme un moteur d’innovations, mais c’est surtout pour eux le lieu d’une aventure collective qui permet de se dépasser. Et c’est là, la chance de la relance…</p>
<h2>La sincérité de l’engagement en question</h2>
<p>Mais si l’entreprise leur semble passionnante, ouverte, collaborative, c’est aussi sans naïveté qu’ils la jugent : elle n’est pas toujours juste, souvent complexe et verticale.</p>
<p>Elle leur semble le reflet d’un monde ancien, une organisation compliquée, trop hiérarchisée, contraignante sans que ces éléments soient toujours gages d’efficacité, de performance collective, ou d’épanouissement individuel.</p>
<p>D’ailleurs, <a href="https://careers.edhec.edu/sites/careers/files/newgen_for_good_comment_les_jeunes_veulent_transformer_lentreprise_0.pdf">61 % des jeunes générations</a> pensent que l’entreprise est amenée à se transformer en profondeur, notamment sur les thèmes des relations au travail, de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de la façon de traiter les problèmes.</p>
<p>Les jeunes avaient, avant ce printemps, un engagement sincère, mais parfois éphémère à l’entreprise avec une durée du premier poste ne dépassant que rarement 2 ans.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/342429/original/file-20200617-94078-1qa2siz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Extrait de l’étude « Comment la nouvelle génération va transformer l’entreprise ? » du NewGen for Good de l’EDHEC Business School (mai 2019).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://careers.edhec.edu/sites/careers/files/newgen_for_good_comment_les_jeunes_veulent_transformer_lentreprise_0.pdf">Careers.edhec.edu</a></span>
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<p>Si la crise diminue le risque d’un engagement éphémère, ce dernier peut se révéler moins sincère. C’est bien là le challenge du management de demain : cultiver l’engagement des jeunes collaborateurs autour de valeurs et d’un objectif partagés.</p>
<p>Pour cette nouvelle génération, réussir <a href="https://careers.edhec.edu/sites/careers/files/newgen_for_good_comment_les_jeunes_veulent_transformer_lentreprise_0.pdf">ne se limite plus à rester fidèle</a> à son entreprise (seulement 3 % le pensent), mais à être en cohérence avec ses valeurs (58 %) et son ambition (16 %).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/management-bienveillant-et-rse-ce-que-les-jeunes-generations-attendent-de-lentreprise-119544">Management bienveillant et RSE : ce que les jeunes générations attendent de l’entreprise</a>
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<p>La crise économique n’exonèrera donc pas les entreprises de la question du sens pour les jeunes générations. Dans leurs critères de choix pour s’engager dans une entreprise, arrivent en tête la diversité et l’inclusion, suivi de la responsabilité sociétale et environnementale.</p>
<p>Par ailleurs, le manque de contribution à l’intérêt général est l’une des plus fortes déceptions des jeunes salariés dans leur premier poste.</p>
<h2>À situation inédite… opportunité inédite</h2>
<p>Les nouvelles générations qui intègrent le monde du travail ont déjà commencé à changer quelques règles du jeu pour un modèle d’affaires plus durable.</p>
<p>On peut citer le <a href="https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/">« Manifeste étudiant pour un réveil écologique »</a>, initiative emblématique de cette génération, signé par plus de 32 000 étudiants de l’enseignement supérieur et dont les questionnements publics ont abouti aux réponses de 54 dirigeants de grandes entreprises sur leur démarche de responsabilité sociétale.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/sveuxE3IrCw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo présentant le Manifeste étudiant pour un réveil écologique ».</span></figcaption>
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<p>Les entreprises ne sont pas inactives face à cet appel à transformation : réduction du nombre d’échelons hiérarchiques pour <a href="https://www.lefigaro.fr/decideurs/management/avec-le-confinement-le-management-est-entre-dans-une-nouvelle-ere-20200510">Schneider Electric</a>, intégration d’éléments extra financiers dans la rémunération des dirigeants pour <a href="https://www.pwc.fr/fr/espace-presse/communiques-de-presse/2017/juin/l-integration-de-criteres-rse.html">Danone et le Crédit Agricole</a>, etc.</p>
<p>Dans la <a href="https://www.economie.gouv.fr/loi-pacte-croissance-transformation-entreprises">loi Pacte</a>, au-delà de l’intégration de la dimension RSE dans l’objet social de l’entreprise, la possibilité d’inscription d’une raison d’être spécifique dans ses statuts lui permet de préciser son projet collectif de long terme en tenant compte de l’ensemble de ses parties prenantes.</p>
<p>Ainsi, l’invitation de la loi Pacte à redéfinir la place de l’entreprise dans la société et les aspirations des nouvelles générations pour un monde économique durable ont semé les graines pour favoriser l’émergence d’un nouveau type de management que la crise actuelle peut accélérer.</p>
<p>Depuis quelques années on théorisait sur le <a href="https://www.forbes.fr/management/environnement-complexe-manager-son-organisation-en-mode-vuca/">monde « VUCA »</a> – volatile, incertain, complexe et ambigu – sans imaginer à quel point le printemps 2020 nous donnerait l’occasion de le pratiquer. Les entreprises recherchaient l’agilité organisationnelle et on sait aujourd’hui que ce n’est plus suffisant.</p>
<p>Certains pensent que ce virus <a href="https://business.lesechos.fr/directions-generales/strategie/organisation-des-entreprises/0603126079725-au-jour-le-jour-le-coronavirus-impose-de-nouvelles-regles-du-jeu-aux-organisations-337062.php">change les règles du jeu</a>. Surtout, il donne aux dirigeants l’occasion d’agir.</p>
<p>C’est un moment difficile, mais créateur d’opportunités de changement : pour les décideurs et les entreprises, c’est l’occasion de privilégier l’utilité sociale pour initier un modèle d’affaire durable et ne pas opposer la logique de rendement à la responsabilité sociétale. Recruter des jeunes diplômés reste en ce moment le plus sûr moyen d’y parvenir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140887/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Recruter la nouvelle génération de diplômés constitue la meilleure décision pour les entreprises. Mais la crise ne les exonèrera pas de la question du sens et de l’impact sociétal des emplois.Manuelle Malot, Directrice Carrières et NewGen Talent Centre, EDHEC Business SchoolGeneviève Houriet Segard, Docteur en démographie économique, Responsable d’études à l’EDHEC NewGen Talent Centre, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1303282020-01-30T17:37:15Z2020-01-30T17:37:15ZCosmétiques : les actions qui séduisent les millennials en magasin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/312003/original/file-20200127-81346-1oem1sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=105%2C8%2C5284%2C3579&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Près des trois quarts des millenials seraient prêts à utiliser une bouteille consignée.</span> <span class="attribution"><span class="source">Iakov Filimonov / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les « millennials », également appelés génération Y, sont les personnes nées entre 1980 et 2000. En France, selon <a href="https://blog.digimind.com/fr/insight-driven-marketing/marques-medias-reseaux-sociaux-millennials-francais-en-chiffres">Digimind</a>, il seraient environ 16 millions, soit un quart de la population active. Ce groupe de consommateurs adopte des comportements spécifiques qui présagent souvent des évolutions à venir d’autres tranches d’âges, telles que la génération X ou les personnes nées entre 1965 et 1980, en matière de consommation. Les millennials représentent donc un groupe de consommateurs particulièrement intéressant à étudier.</p>
<p>Le fait d’avoir grandi avec des technologies mobiles et connectées les rend en effet plus susceptibles d’adopter de nouveaux usages, de nouvelles pratiques. On appelle d’ailleurs également les millennials les « digital natives » ou la « génération Internet ». Selon une étude <a href="https://www.airofmelty.fr/combien-de-temps-par-jour-les-15-34-ans-passent-ils-a-surfer-sur-leur-mobile-a666477.html">Médiamétrie</a>, les 15-34 ans passent par jour 1h24 à surfer (consultation de sites ou d’applis) sur leur mobile (contre 46 minutes pour les français, toutes catégories d’âge confondues).</p>
<p>Pour les marques de <a href="https://www.cosmetiquemag.fr/">cosmétiques</a>, les millennials représentent un fort potentiel. Une <a href="https://books.audencia.com/index.php?lvl=notice_display&id=36153">étude quantitative</a> (via un questionnaire en ligne), réalisée dans le cadre du mastère spécialisé Stratégies marketing à l’ère digitale (SMED) d’Audencia, indique leurs réactions à différentes actions que les marques de cosmétiques vendues en grandes et moyennes surfaces (GMS) pourraient mettre en œuvre afin de conquérir et fidéliser ce segment de consommateurs spécifique. Mais avant, cette étude souligne que tous ne font pas leurs courses de la même façon au sein des rayons cosmétiques des GMS.</p>
<h2>Quatre approches différentes</h2>
<p>L’étude réalisée dans le cadre du SMED indique que 26 % des millennials interrogés prennent leur temps au sein des rayons cosmétiques en GMS et touchent les produits avant d’en choisir un (dont 91,2 % de femmes). De la même manière, 23,7 % flânent dans ces rayons sans liste d’achat et achètent leurs produits selon leur humeur et leurs envies (dont 67,7 % de femmes).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=272&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=272&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=272&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311959/original/file-20200127-81346-mxvv6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">Audencia</span></span>
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<span class="attribution"><span class="source">Audencia</span></span>
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<p>Une <a href="https://observatoirecetelem.com/wp-content/themes/obs-cetelem-V3/publications/2018/observatoire-cetelem-consommation-2018.pdf">étude européenne de l’Observatoire Cetelem</a> corrobore ces premiers résultats en indiquant que pour 57 % des 18-35 ans, faire du shopping est un plaisir (contre 42 % des plus de 35 ans). Ils dépensent dès lors le plus, selon <a href="https://www.servicesmobiles.fr/comprendre-les-millennials-grace-a-la-donnee-de-paiement-50897/">Joko</a> (appli de cashback) dans les enseignes de grande distribution (Leclerc, Carrefour et Auchan ; 45 % de leur portefeuille de dépenses) et sur Amazon.</p>
<p>L’étude réalisée dans le cadre du SMED par Charlotte Cauro indique également qu’à l’inverse, 36,6 % des millennials ne perdent pas de temps et vont droit au but au sein des rayons cosmétiques en GMS (dont 45,8 % d’hommes). Enfin, seulement 13,7 % se laissent aller à quelques extras en termes d’achats en fonction des promotions (dont 88,9 % de femmes). Par la suite, une analyse en composante principale a divisé les 12 actions étudiées que les marques de cosmétiques pourraient mettre en place en GMS en 4 groupes d’actions.</p>
<h2>Améliorer la proximité perçue</h2>
<p>Le premier groupe est relatif aux actions que les marques de cosmétiques en GMS pourraient mettre en place pour améliorer leur relation de proximité avec les millennials. Ainsi, 74,8 % des millennials interrogés seraient prêts à flasher le code-barre du produit acheté et un code-barre sur le ticket de caisse, afin de collecter des points pour recevoir de la marque à laquelle ce produit appartient des échantillons ou des mini produits gratuits, pour découvrir ainsi un peu plus cette marque et ses produits. 62,6 % souhaiteraient disposer de conseils et astuces beauté des marques vendues en GMS via une application à télécharger. 51,1 % voudraient quant à eux découvrir le produit et ses composants, sa marque et son histoire, via une application de jeu.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311961/original/file-20200127-81395-1j3u80d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">Audencia</span></span>
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<p>Ces résultats vont dans le sens d’une étude précédente réalisée par <a href="https://www.lsa-conso.fr/m-commerce-pourquoi-le-millennials-est-un-consommateur-different,264347">ComScore</a> qui indique que les 18-34 ans aiment les applis fonctionnelles, telles que Amazon, Gmail et Google Maps, ainsi que celles qui leur permettent de se divertir, telles que Facebook et YouTube.</p>
<h2>Travailler le packaging</h2>
<p>Deux groupes d’actions suivants sont relatifs au packaging des produits mais leurs objectifs sont différents. En premier lieu, les millennials souhaiteraient que les marques mettent en place des actions afin de réduire l’empreinte écologique des packagings de leurs produits.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311994/original/file-20200127-81395-isqnj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Près de 3 millennials sur 4 souhaiteraient pouvoir flasher le code-barre du produit pour accéder à plus d’informations et recevoir des échantillons gratuits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Iakov Filimonov/Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Ainsi, 71 % des millennials interrogés seraient prêts à utiliser une bouteille consignée et la remplir quand elle est vide directement en magasin, même si cela représente pour eux un coût en termes d’organisation et de logistique. 67,9 % seraient également enclins à rapporter leur flacon vide en magasin, afin que celui-ci s’occupe de son recyclage.</p>
<p>Dans une moindre mesure, les millennials souhaiteraient des actions relatives à la personnalisation des packagings. 55 % seraient prêts à acheter une bouteille collector, à un prix légèrement plus élevé, pour la remplir ensuite avec un système de berlingos. En revanche, seulement 30,5 % seraient prêts à participer à un atelier de cocréation avec la marque pour trouver le nouveau produit de l’année à venir ainsi que son packaging.</p>
<h2>Découvrir la marque et son univers</h2>
<p>Le troisième groupe d’actions est relatif à la découverte des marques de cosmétiques et de leur univers. 72,5 % des millennials interrogés voudraient découvrir les coulisses du développement d’un produit et 51,1 % les coulisses de sa commercialisation. <a href="http://mktforms.gtnexus.com/rs/979-MCL-531/images/GTNexus_millennials_Brand_Loyalty_Infographic_FR.pdf">L’étude menée par YouGov France pour GT Nexus</a> complète ce résultat en indiquant que 72 % des 18-34 n’hésitent pas à ne plus acheter leur marque préférée si celle-ci ne correspond plus à leurs valeurs : la qualité des produits, leur disponibilité, les conditions de travail des employés qui les produisent et la démarche éco-responsable de l’entreprise.</p>
<p>Les millennials accordent donc de plus en plus d’importance à ce qui se passe en amont, dans les coulisses de la marque, lors de la fabrication et l’acheminement des produits, ce qui influencent directement ces quatre raisons de non-achat. Les millennials souhaitent ainsi que les marques s’engagent en termes de qualité produit et de Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) et le montrent. Ils leur demandent de l’authenticité et de la transparence dans leurs démarches, engagements et actions. Ils souhaitent ainsi protéger leur santé et l’environnement. Une <a href="https://yuka.io/wp-content/uploads/social-impact/Mesure%20d%27impact%20-%20Yuka.pdf">étude menée par Yuka</a> a d’ailleurs souligné que 90 % des utilisateurs pensent que cette appli nutritionnelle peut pousser les marques et industriels à proposer de meilleurs produits.</p>
<h2>Créer de l’animation en et hors magasin</h2>
<p>Le quatrième groupe comprend des actions que les marques de cosmétiques pourraient mettre en œuvre afin de générer de l’animation en et hors magasin. 67,9 % souhaiteraient ainsi que ces marques proposent des pop-up stores (ou magasins éphémères) pour découvrir et essayer les produits et 59,5 % voudraient le faire dans un lieu plus insolite encore (lié par exemple au divertissement, à la culture ou à l’hôtellerie).</p>
<p>D’ailleurs, le <a href="http://www.topcom.fr/zoom/barometre-in-store-media-ipsos-comment-les-francais-font-leurs-courses-du-quotidien-par-quoi-sont-ils-influences/">baromètre Shopper d’In-Store Media avec Ipsos</a> a montré que les 18-34 ans sont plus influencés que la moyenne des Français par les animations réalisées par les marques et les informations données. Ils sont plus réceptifs au fait de pouvoir essayer un produit (64 % contre 56 %) et aux informations (écrans, affiches) délivrées (55 % contre 50 %).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311997/original/file-20200127-81357-1ovr2qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les 18-34 ans sont plus sensibles à la possibilité d’essayer un produit que leurs aînés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">TRMK/Shutterstock</span></span>
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<p>Il s’agit donc de moments privilégiés pendant lesquels les consommateurs sont ouverts et attentifs. Les marques et distributeurs doivent impérativement les exploiter afin de collecter des datas sur leurs consommateurs pour leur proposer ensuite une expérience toujours plus personnalisée. Enfin, seulement 39,7 % seraient intéressés par un linéaire innovant et visible (par exemple avec un néon ou un design soigné). Les linéaires actuels en GMS leur semblent donc satisfaisants en l’état afin de créer de l’animation en rayon.</p>
<p>L’étude réalisée dans le cadre du SMED montre donc que les millennials sont des « consom’acteurs » engagés qui souhaitent voir des évolutions de la part des marques et industriels, tant sur les produits délivrés (formules et packagings) que dans leurs prises de paroles. Dans un monde toujours plus digital où les consommateurs sont toujours plus connectés, les résultats de cette étude soulignent qu’il faut engager les consommateurs et leur faire prendre part à l’histoire de la marque qui s’écrit.</p>
<hr>
<p><em>Charlotte Cauro, diplômée d’Audencia, a participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130328/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les jeunes consommateurs hyperconnectés attendent notamment des marques qu'elles mettent à disposition plus d'informations sur l'empreinte écologique des produits.Anne Launois, Professeur associée, AudenciaCindy Lombart, Professeure de marketing, AudenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1206032019-07-21T22:55:48Z2019-07-21T22:55:48ZMillennials français et chinois : des rapports au luxe bien différents…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/284701/original/file-20190718-116557-ocuj8w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=91%2C73%2C892%2C586&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les jeunes Français ont grandi en apprenant à faire attention aux prix.</span> <span class="attribution"><span class="source">Syda Productions / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les millennials représentent de nos jours 38 % des consommateurs de produits de luxe dans le monde, voire 45 % à l’horizon 2025. Cette génération (dite aussi génération Y des 18–35 ans) s’est rapidement imposée comme une force d’achat puissante dans l’industrie du luxe. Ainsi, 30 % des ventes sont attribuées aux millennials et <a href="https://www.bain.com/insights/luxury-goods-worldwide-market-study-fall-winter-2017/">85 % de la croissance de la consommation de luxe</a> résulte des achats des jeunes adultes.</p>
<p>Cependant, cette génération est loin de refléter un groupe homogène d’individus avec les mêmes attentes, motivations par rapport aux produits ou services ou qui partagent tous les mêmes valeurs. C’est d’autant plus le cas si l’on prend en considération les différences géographiques et culturelles. C’est pourquoi nous avons conduit une étude en mai 2019 pour tenter de mettre en lumière les principales différences entre les millennials français et chinois dans leurs motivations à consommer des produits de luxe.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284691/original/file-20190718-116562-1979g74.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">30 % des ventes de produits de luxe sont attribuées aux millennials.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.bain.com/insights/luxury-goods-worldwide-market-study-fall-winter-2017/">Bain & Company (2017).</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>En Chine, des produits comme des symboles</h2>
<p>Les différences commencent par le contexte. La Chine compte plus de <a href="https://www.ft.com/content/f81ac17a-68ae-11e8-b6eb-4acfcfb08c11">350 millions de millennials</a>, soit cinq fois plus que les États-Unis. Cette génération va représenter 65 % de la croissance de la consommation chinoise à l’horizon 2020. À première vue, les millennials chinois ont en moyenne moins d’argent à dépenser, bien que cela soit aussi dû au niveau global de pauvreté qui est plus élevé dans leur pays. Cependant, parmi les Chinois vivant dans les grandes villes, nombreux d’entre eux disposent d’énormes sommes d’argent. En raison de la politique de l’enfant unique, les enfants de riches Chinois tirent un grand bénéfice <a href="https://search.proquest.com/openview/2b2cfec72dae116561c55525eb238171/1?pq-origsite=gscholar&cbl=2029644">des revenus de leurs parents</a>.</p>
<p>Ces individus ont de plus en plus la possibilité d’étudier à l’étranger et souhaitent en outre dépenser de l’argent pour des produits qu’ils adorent. En outre, la dépense des millennials chinois dans leur pays et à l’étranger est un des <a href="https://www.mckinsey.com/%7E/media/mckinsey/featured%20insights/china/how%20young%20chinese%20consumers%20are%20reshaping%20global%20luxury/mckinsey-china-luxury-report-2019-how-young-chinese-consumers-are-reshaping-global-luxury.ashx">leviers majeurs de la croissance mondiale</a> du marché du luxe. Les millennials chinois achètent des produits de luxe pour exprimer leurs opinions et styles, et les partager à travers les réseaux sociaux tout en ayant le <a href="http://www.bain.com.cn/pdfs/201801180441238002.pdf">sentiment d’être unique</a>. En outre, les jeunes Chinois acquièrent ces produits comme des symboles, car imprégnés de la culture occidentale, cette dernière considérée comme puissante, permettant à cette génération chinoise de <a href="https://search.proquest.com/openview/2b2cfec72dae116561c55525eb238171/1?pq-origsite=gscholar&cbl=2029644">démontrer son statut social élevé</a> et son niveau de richesse dans la société.</p>
<h2>Les Français font attention aux promotions</h2>
<p>La France, quant à elle, compte près de 16 millions de millennials, représentant un quart de sa population active. Cette génération a grandi dans le boom du dotcom et la récession due à la crise financière de 2008. Elle est donc plus regardante sur son budget disponible, contrairement aux millennials chinois ayant grandi dans un pays qui a connu, durant la même période, une croissance économique et une prospérité accrue. L’appréhension de l’avenir, en termes financiers, est différente en France et en Chine chez les millennials. Des <a href="http://www.newsroom-publicismedia.fr/les-millennials-sont-toujours-fans-des-produits-de-luxe/">études</a> montrent que 60 % des jeunes Français ne croient pas à la croissance de leurs revenus dans un avenir proche alors que les millennials chinois sont majoritairement très optimistes. Ceci explique le fait que les jeunes Français sont à l’affût des promotions, étant donné que le prix demeure un déterminant important pour eux.</p>
<p>En ce qui concerne la consommation de luxe, notre étude exploratoire sur les motivations à consommer du luxe intermédiaire dont les produits font partie du <a href="https://www.puf.com/content/Le_luxe">second cercle</a>, c’est-à-dire lié à l’image, auprès de 150 millennials français et 150 millennials chinois, a mis en exergue un certain nombre des spécificités.</p>
<h2>Les millennials français moins influençables</h2>
<p>Les millennials chinois sont plus susceptibles d’acheter des produits de luxe sous l’impulsion de la stimulation. En effet, ces derniers sont fortement influencés par les influenceurs et bloggeurs qu’ils suivent à travers les réseaux sociaux et qu’ils perçoivent comme des modèles. Ce phénomène existe aussi chez les millennials français, bien que ces derniers soient plus analytiques qu’impulsifs lorsqu’il s’agit d’acheter des produits de luxe coûteux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284698/original/file-20190718-116547-1np0umy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’achat d’impulsion caractérise davantage la consommation de produits de luxe des jeunes Chinois que des jeunes Français.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Moustache Girl/Shutterstock</span></span>
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<p>En outre, les millennials français se laissent influencer par leurs modèles dans leur motivation à consommer du luxe intermédiaire, sans pour autant que cela devienne un déterminant d’achat. En revanche, l’imitation a un effet majeur sur la décision d’achat de produit de luxe pour les jeunes Chinois, expliquant le fait qu’ils semblent être bien moins stimulés par des actions de marketing direct tels que des courriels, que par des actions promotionnelles portées par des célébrités adulées. Quant aux jeunes Français, l’effet de l’imitation est moindre : ils ressentent moins la pression de devoir ressembler à leurs modèles, et les actions de marketing direct dont ils sont la cible suscitent davantage une analyse préachat que post-achat.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/284695/original/file-20190718-116586-4ttbei.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs.</span></span>
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<p>Ainsi, la relation entre <a href="https://books.google.fr/books?id=KUymiv50tpQC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false">achat impulsif et achat analytique</a> peut bien décrire le comportement d’achat de produits de luxe intermédiaire des millennials français et chinois. Il semblerait aussi que les millennials français rêvent de posséder ces produits de luxe, alors que les millennials chinois finissent par en acheter davantage, même s’ils ne furent pas initialement motivés à le faire. C’est comme si les jeunes Français perdaient de leur intérêt pour acquérir un produit coûteux après l’avoir analysé alors que ledit produit constitue un réel déclencheur d’achat pour les jeunes Chinois.</p>
<h2>Quelles motivations demain ?</h2>
<p>Bien que le luxe soit une affaire de subjectivité et que les motivations des consommateurs soient multiples et complexes, il demeure intéressant pour les marques de luxe d’approfondir leur compréhension des différences entre les millennials de divers pays vis-à-vis des produits de luxe. D’autant plus que la prédominance de la marque comme déterminant clé de la décision d’achat de produits de luxe tend à diminuer au profit du produit, son design, ses procédés de fabrication et ses matières premières. C’est particulièrement le cas chez les <a href="https://www.mckinsey.com/%7E/media/mckinsey/featured%20insights/china/how%20young%20chinese%20consumers%20are%20reshaping%20global%20luxury/mckinsey-china-luxury-report-2019-how-young-chinese-consumers-are-reshaping-global-luxury.ashx">millennials chinois les plus jeunes</a>, sur lesquels les médias sociaux et les célébrités ont une influence décisive.</p>
<p>Ces produits servent-ils à faire émerger des sentiments positifs pour certains ? Évoquent de la jalousie, voire provoquent-ils le déplaisir pour d’autres ? Les millennials représentent le présent et le futur des marques de luxe, une cible qui devient notamment de plus en plus engagée et sensible aux <a href="https://omagazine.fr/les-milleniaux-semparent-du-luxe-explication-dun-phenomene-marketing/">questions environnementales et sociales</a>. Aussi, ces motivations et attitudes des millennials aujourd’hui vont-elles évoluer avec l’âge et l’expérience de ces derniers ? Ou resteront-elles au contraire immuables ?</p>
<hr>
<p><em>Cet article est basé sur les résultats d’une étude conduite, en mai 2019, par Johan Bietmann, Li Siqi, Liao Mingjing, et Jiang Tianyue que nous tenons à sincèrement remercier.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120603/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une étude exploratoire souligne qu’en France, les jeunes murissent davantage leurs décisions d’achat. Une question de contexte et de culture.Insaf Khelladi, Professeur Assistant en Marketing, ICN Business SchoolMaxime Koromyslov, Professeur de marketing, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1151912019-04-10T16:53:01Z2019-04-10T16:53:01ZLes quatre ancrages des stéréotypes générationnels<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/268392/original/file-20190409-2924-new3sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C989%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils réellement moins contrôlables que leurs aînés ? </span> <span class="attribution"><span class="source">Roman Samborskyi/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La parution récente du livre du journaliste Vincent Cocquebert, <a href="https://www.arkhe-editions.com/livre/millennial-burn-out/"><em>Millenial Burnout</em></a> : comment l’arnaque des générations consume la jeunesse) (éditions Arkhé) rappelle que la grille de lecture générationnelle est durablement installée dans la vie des entreprises. Elle rappelle aussi et surtout combien cette grille de lecture est erronée. Une génération n’est qu’un regroupement par âges d’individus appartenant à des classes sociales, à des territoires ou à des niveaux de qualification différents. C’est donc un regroupement artificiel, intuitif mais hétérogène, qui n’est pas capable d’expliquer des différences de comportements. Bref, les jeunes cadres ont plus de probabilité de ressembler à des cadres de tous âges qu’à d’autres jeunes.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268393/original/file-20190409-2931-13jdbt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268393/original/file-20190409-2931-13jdbt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=874&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268393/original/file-20190409-2931-13jdbt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=874&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268393/original/file-20190409-2931-13jdbt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=874&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268393/original/file-20190409-2931-13jdbt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1098&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268393/original/file-20190409-2931-13jdbt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1098&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268393/original/file-20190409-2931-13jdbt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1098&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p>Pourtant, les différences intergénérationnelles font toujours l’objet de discours abondants. Tout se passe comme si l’accès à une pensée rationnelle était ici impossible, et que l’épreuve des faits était sans effets. L’influence des générations fait donc partie des croyances qui forment l’arrière-scène de la pensée des organisations. Si ces croyances perdurent, c’est parce qu’elles contribuent à fournir aux individus des clés de compréhension du monde qui préservent leurs intérêts, leurs objectifs et, évidemment, leurs positions. C’est pourquoi il est important d’analyser ces croyances, d’identifier à quelles autres croyances elles sont associées et par quels processus elles sont ancrées dans les pratiques. Et nos travaux menés en 2014 puis en 2019 auprès de centaines de sondés révèlent que si les stéréotypes générationnels persistent, c’est probablement parce qu’ils sont stabilisés par quatre ancrages.</p>
<h2>Ancrage 1 : le stéréotype de la jeunesse</h2>
<p>Les croyances sur les caractéristiques des membres de la génération Y de 2014 sont les mêmes que celles des membres de la génération Z de 2019. Ces caractéristiques ne sont donc pas des traits différenciant chaque génération, mais une image uniforme du jeune à toutes les époques. C’est donc ici un stéréotype, une figure sociale ancienne du jeune dans la société française qui est révélée.</p>
<p>Traditionnellement, les enfants rejoignaient directement le statut d’adulte par le franchissement de trois frontières : l’accès à un premier emploi, le mariage et la fondation d’un nouveau foyer. Ces trois étapes étaient franchies simultanément car elles étaient articulées : l’accès à l’emploi rendait possible le financement d’un logement indépendant et le début d’une vie conjugale. Ces trois moments se sont progressivement dissociés durant le premier quart du XX<sup>e</sup> siècle : des individus ont quitté leurs familles sans être autonomes financièrement, par exemple pour faire des études. D’autres, inversement, ont différé le temps du mariage bien qu’ils avaient déjà un emploi. C’est dans la dissociation de ces frontières qu’est apparue la jeunesse comme un nouveau temps de la vie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268401/original/file-20190409-2927-1177nf5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268401/original/file-20190409-2927-1177nf5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268401/original/file-20190409-2927-1177nf5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268401/original/file-20190409-2927-1177nf5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268401/original/file-20190409-2927-1177nf5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268401/original/file-20190409-2927-1177nf5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268401/original/file-20190409-2927-1177nf5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les générations Y ou Z constituent finalement un regroupement artificiel, intuitif mais hétérogène.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Roman Samborskyi/Shutterstock</span></span>
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<p>Mais ce temps, qui s’est construit en opposition aux normes de la société traditionnelle, a été immédiatement perçu comme une déviance. Par définition, la jeunesse est un temps d’éloignement d’avec les normes ; il doit être éphémère et provisoire : les jeunes doivent cesser de déroger aux normes pour devenir adultes. L’image sociale de la jeunesse est, aujourd’hui, héritière de ce jugement initial.</p>
<h2>Ancrage 2 : les formations spécialisées</h2>
<p>Avoir participé à une formation est un bon révélateur de cette croyance en l’existence de spécificités générationnelles. C’est évidemment logique puisque ces formations sont précisément destinées à faire connaître les spécificités supposées des différentes générations. Il est indéniable que quelques consultants et formateurs ont joué un rôle important dans la propagation des croyances en matière de différences intergénérationnelles : ils ont actualisé le stéréotype de la jeunesse et construit une représentation contemporaine de la déviance supposée des jeunes en l’enrichissant d’éléments actuels : la technophilie, l’infidélité dans la relation d’emploi ou l’aspiration à une vie personnelle plus préservée.</p>
<p>Les raisons qui ont poussé ces consultants à investir ce domaine mériteraient d’être étudiées en elles-mêmes. Mais il ne faut sans doute pas passer sous silence leurs donneurs d’ordres : ces formations ont lieu à la demande et grâce au financement des entreprises. Elles répondent donc à un besoin. La mode, c’est-à-dire l’intérêt pour les sujets qui « font le buzz », est l’un de ces besoins mais il est superficiel. Si de telles formations ont lieu et si les entreprises acceptent de les financer, c’est sans doute parce qu’elles répondent aux besoins opérationnels de certains managers et aux besoins plus stratégiques de certains dirigeants.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268396/original/file-20190409-2912-v5bk5i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268396/original/file-20190409-2912-v5bk5i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268396/original/file-20190409-2912-v5bk5i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268396/original/file-20190409-2912-v5bk5i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268396/original/file-20190409-2912-v5bk5i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=449&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268396/original/file-20190409-2912-v5bk5i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=449&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268396/original/file-20190409-2912-v5bk5i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=449&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consultants et formateurs ont joué un rôle important dans la propagation des croyances concernant les jeunes générations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Matej Kastelic/Shutterstock</span></span>
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<h2>Ancrage 3 : le management</h2>
<p>Les managers qui vivent difficilement leurs fonctions sont ceux qui adhèrent le plus à l’image d’une jeunesse insubordonnée et incontrôlable. Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que les différences intergénérationnelles supposées hier entre les X et les Y, puis aujourd’hui entre les Y et les Z, sont avant tout des différences de positions hiérarchiques : les X étaient hier les managers des Y ; les Y sont aujourd’hui les managers des Z. On est évidemment tenté d’y voir une relation de causalité : les mauvais managers feraient porter la responsabilité de leurs échecs sur les caractéristiques de leurs subordonnés.</p>
<p>Sans exclure totalement ce scénario, il ne serait pas inutile de se pencher sur les contraintes qui pèsent sur les managers de premier niveau. Pour comprendre un manager, il n’est pas inutile de comprendre comment il est managé. Les managers de premier niveau, qui encadrent les plus jeunes salariés, sont les plus récents dans la fonction et les moins expérimentés. Ils jouent un rôle délicat : arbitrer entre des contraintes techniques et des enjeux gestionnaires, incarner la stratégie sans être proches des directions générales ou gérer des clients sans gérer les produits. Cet écheveau de contraintes est générateur de frustrations et d’incompréhensions dans les relations avec leurs subordonnés.</p>
<h2>Ancrage 4 : la transformation</h2>
<p>Pourquoi certains dirigeants, qui n’adhèrent pas au stéréotype des différences intergénérationnelles, pensent-ils que les entreprises devraient savoir s’adapter et que les comportements des plus jeunes devraient être appropriées par tous les salariés ? Les « jeunes » semblent des individus malaisés à encadrer, mais la « jeunesse » est plutôt une vertu. Elle est associée à l’innovation, au renouveau et à l’adaptabilité ; elle fait partie des qualités que les entreprises devraient posséder pour réussir. Elle serait donc à intégrer et à accueillir.</p>
<p>Mais l’appétence pour la flexibilité ferait aussi partie des caractéristiques des jeunes : ils verraient d’un meilleur œil les open-spaces, les flex-offices et le travail nomade ; ils seraient plus aisément mobiles d’un poste à un autre. Bref, l’acceptation des comportements prêtés aux jeunes pourrait receler la promotion, au nom de la jeunesse, d’une flexibilité dont aucune génération ne veut.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115191/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean Pralong ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’étude des caractéristiques prêtées aux générations Y ou Z laisse penser que les différences avec leurs aînés, largement exagérées, servent avant tout des intérêts bien précis…Jean Pralong, Professeur de Gestion des Ressources Humaines, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/977292018-06-04T21:40:46Z2018-06-04T21:40:46ZLuxe : quelles évolutions en 2018 et après ?<p>L’année 2017 a été extrêmement faste pour l’industrie du luxe, en particulier pour les marques françaises. Pour confirmer ce succès, elles vont toutefois devoir s’adapter à d’importants changements. Quelles sont les tendances à suivre en 2018 et au-delà ?</p>
<h2>2017 : des résultats records pour le luxe français</h2>
<p>LVMH, numéro un mondial du luxe, a réalisé 42,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 (en hausse de 13 % par rapport à 2016) avec un résultat net dépassant les 5 milliards d’euros et un cash-flow disponible de 4,8 milliards d’euros (+20 % par rapport à 2016).</p>
<p>Kering a de son côté réalisé 15,5 milliards d’euros de ventes (+25 % par rapport à l’an dernier) avec un résultat opérationnel courant atteignant presque les 3 milliards d’euros et un cash-flow libre opérationnel franchissant les 2,3 milliards d’euros. À fin 2017, l’activité luxe représente 71 % du chiffre d’affaires soit 10,8 milliards d’euros à fin 2017 pour un résultat opérationnel courant de 2,9 milliards d’euros (document financier 2017). La progression du pôle luxe est remarquable : +27,5 % de chiffre d’affaires et +50 % de résultat opérationnel courant. C’est certainement l’une des raisons qui ont motivé Kering à annoncer en janvier 2018 son recentrage stratégique pour devenir un <a href="https://theconversation.com/kering-retour-dun-pure-player-sur-le-luxe-90193"><em>pure player</em> dans le luxe</a>. Précisons que cette hausse spectaculaire incombe essentiellement à Gucci, avec ses 6,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+44,6 % par rapport à 2016).</p>
<p>La société Hermès annonce elle aussi une année 2017 (encore) exceptionnelle, avec 5,55 milliards d’euros de ventes, une marge opérationnelle en hausse de 13 % à 1,92 milliard d’euros (34,6 % des ventes, la plus haute du secteur !) et un résultat net en progression de 11 %.</p>
<p>Richemont, le groupe suisse clôturant ses comptes au 31 mars 2018, a toutefois présenté des chiffres décevants lors de l’Assemblée générale du 18 mai 2018 avec un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros en hausse de 3 % à taux courants pour un résultat opérationnel de 1,8 milliard d’euros et un résultat net de 1 221 millions d’euros. Soit une hausse de 1 % uniquement par rapport à l’exercice précédent.</p>
<h2>Une année 2018 qui débute sous les meilleurs auspices</h2>
<p>L’année 2017 s’est donc achevée sur d’excellents résultats pour tous les grands acteurs français du luxe. Et 2018 semble continuer sur cette lancée, avec une forte progression des ventes sur le premier trimestre : +10 % pour LVMH, +27,1 % pour <a href="http://www.kering.com/fr/communiques-de-presse/1er_trimestre_2018_-_un_nouveau_trimestre_de_tres_forte_croissance_du_chiffre">Kering</a> et +11 % pour Hermès.</p>
<p>La performance boursière suit la même trajectoire avec des cours de bourse qui atteignent des sommets. Au 1<sup>er</sup> juin 2018, LVMH cotait 301,90€, Kering 491,80€ et Hermès 607,60€. Du jamais vu ! Leurs capitalisations boursières se sont envolées. LVMH affiche 151 milliards d’euros de capitalisation et conserve la tête du podium du CAC 40, loin devant Total (140 milliards d’euros). Kering et Hermès affichent quant à eux respectivement 62,1 milliards d’euros et 63,3 milliards d’euros de capitalisation boursière au 1<sup>er</sup> juin 2018.</p>
<p>Des chiffres qui donnent le tournis et permettent d’envisager sereinement les changements à venir. Des changements profonds que les Maisons devront embrasser…</p>
<h2>Une stratégie digitale en plein essor pour toutes les marques de luxe</h2>
<p>Le luxe avait pris du retard en matière digitale mais à présent les grandes marques développent une stratégie omnicanale. Si aujourd’hui les ventes se concrétisent encore principalement en magasin, plus de sept ventes sur dix sont toutefois influencées par des recherches en ligne. Au-delà des boutiques existantes, les maisons de luxe doivent capitaliser sur l’expérience en ligne. Il s’agit bien « d’expérience », car ces dernières veulent non seulement vendre en ligne mais surtout fédérer une communauté autour de valeurs et ont bâti leurs plates-formes Internet comme de véritables media.</p>
<p>Par exemple, le nouveau site d’<a href="http://www.hermes.com">Hermès</a>, lancé le 3 avril 2018, est conçu comme un « flagship digital » (« vaisseau amiral digital »), qui « réunit e-commerce et contenus sur une seule adresse ». Disponible dans 18 pays européens en français, anglais, espagnol et allemand, il se distingue par son contenu éditorial élaboré et singulier. La Maison y décline ses métiers ou collections (femme, homme, maison, bijouterie et accessoires bijoux, montres, parfums…) dans des rubriques où s’entremêlent des photos des créations, des textes soigneusement choisis mais aussi des vidéos aussi bien informatives qu’esthétiques voire humoristiques. Tous ces contenus nous font pénétrer dans les mondes d’Hermès en nous révélant les savoir-faire, le travail des artisans, les évènements… D’abord testé aux États-Unis et au Canada avant son lancement en Europe, le site devrait également être déployé en Chine d’ici à la fin de l’année.</p>
<p>La Chine reste d’ailleurs, pour toutes les grandes marques de luxe, un territoire à part, où les réglementations sont moins strictes au niveau éthique et protection des données, notamment. Il y est possible, par exemple, d’utiliser la reconnaissance faciale. En outre, la conservation et le traitement des données ne sont pas soumis au RGPD en vigueur depuis le 25 mai en Europe.</p>
<h2>Les ventes en ligne, nouveau relais de croissance pour le luxe</h2>
<p>La place prise par la vente en ligne se renforce. Selon la dernière étude McKinsey publiée en février 2018, <a href="https://www.mckinsey.com/industries/retail/our-insights/luxury-in-the-age-of-digital-darwinism">20 % des ventes devraient être réalisées en ligne en 2025</a>. Les marques de luxe investissent de plus en plus dans la transformation digitale. Ian Rogers, CDO (« chief digital officer ») de LVMH, précisait, dans un entretien aux Échos le 22 mai, à quelques jours de l’ouverture de VivaTech Paris 2018 :</p>
<blockquote>
<p>« Internet a changé la définition du mot “local”. Avant, local signifiait “près de chez moi”. Maintenant, “local” signifie “intérêt partagé” […] »</p>
</blockquote>
<p>Aujourd’hui les <a href="https://theconversation.com/instagram-le-reseau-social-de-la-mode-et-du-luxe-97121">images postées sur Instagram par les internautes sont d’importants vecteurs d’image de marque</a>, communiquant sur les aspects environnementaux ou éthiques par exemple. Ces instantanés se propageant très vite, les Maisons de luxe ont tout intérêt à co-construire cette image pour chacune de leurs marques. Les nominations et initiatives se succèdent donc, toujours plus nombreuses. La Maison Christian Dior Couture a annoncé début avril la <a href="https://www.cio-online.com/actualites/lire-jens-riewenherm-devient-cdo-de-christian-dior-couture-10246.html">nomination de Jens Riewenherm</a>, jusqu’alors directeur général de la plate-forme de vente d’articles de luxe <a href="https://www.mytheresa.com/en-us/"><em>MyTheresa</em></a>, comme Chief Digital Officer. Il devra développer la stratégie digitale chez Christian Dior.</p>
<p>Grâce au rachat de Yook-Net-à-porter (YNAP), Richemont, acteur majeur du luxe sur le secteur de la joaillerie et l’horlogerie (Cartier, IWC, Jaeger-LeCoultre, Van Cleef & Arpels…), va renforcer la distribution de ses produits en ligne et notamment développer les ventes de montres sur ce canal. Pour rappel, la société a annoncé le <a href="https://www.richemont.com/company-announcements-viewer.html?c=633&a=1">10 mai 2018</a> avoir reçu l’apport provisoire de 94,99 % des actions de YNAP Group SPA, après avoir obtenu le feu vert de l’autorité de régulation de la Bourse italienne pour son offre de rachat des 51 % qu’elle ne détenait pas encore. La transaction définitive a été avalisée lors de l’assemblée générale du 18 mai 2018.</p>
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<h2>Le développement durable, un défi à relever</h2>
<p>Conscientes de la raréfaction des ressources naturelles et de l’émergence de nouvelles préoccupations de leurs client·e·s, les Maisons de luxe affirment plus ou moins clairement leur politique et stratégie en matière de développement durable.</p>
<p>Le Groupe Kering est sans doute l’un des plus proactifs en la matière. Stella Mc Cartney (marque éponyme lancée par la créatrice Stella Mc Cartney, encore dans le portefeuille Kering en 2018 mais qui devrait bientôt retrouver son indépendance) a été une des marques pionnière, avec ses choix de <a href="https://www.stellamccartney.com/experience/fr/sustainability/materials-and-innovation/fibres-from-forests/">fibres innovantes</a> pour éviter la déforestation et l’utilisation de Re.Verso™, un cachemire régénéré, par exemple. Kering communique régulièrement en matière de développement durable que ce soit par le biais de sa <a href="http://www.kering.com/fr/dev-durable/fondation-dentreprise">fondationpour lutter contre les violences faites aux femmes</a>, lancée en 2009, ou à travers la décision d’arrêter d’utiliser la fourrure animale pour les collections Gucci à partir de 2018. Et, surtout, par la création d’un <a href="http://www.kering.com/fr/dev-durable/questcequunepl">compte de résultat environnemental (EP&L)</a> destiné à mesurer les impacts du groupe sur l’environnement. Kering met d’ailleurs gratuitement à disposition une application simplifiée intitulée My EP&L.</p>
<p>Ces démarches et initiatives, qui sont encore relativement confidentielles ou timides pour un certain nombre de Maisons semblent se propager. Toutes les grandes marques ou signatures ont créé un onglet développement durable sur leur plate-forme Internet. Elles communiquent grâce à des films sur le sujet, des témoignages… Ainsi Hermès partage la collection des films « Empreintes sur le monde » du réalisateur Frédéric Laffont. Il est intéressant de noter que les Millenials, ou « Génération Y », accordent de plus en plus d’importance au développement durable comme l’indiquait <a href="https://i-d.vice.com/en_uk/article/a3gm7j/talking-millennials-and-sustainability-with-suzy-menkes">Suzy Menkes, International Fashion Editor de Vogue</a> lors de la « Youth Fashion Summit » de 2016 à Copenhagen : « Millennials hold the key to a sustainable future » (les <em>Millenials</em> ont dans leurs mains la clé d’un futur « durable »).</p>
<p>Les membres de cette génération ont un plus grand souci de l’éthique, et demandent également plus de transparence. Ils veulent être mieux informés sur l’origine des textiles ou des matériaux utilisés et devenant les nouveaux consommateurs du luxe de demain. Les Maisons de luxe devront l’<a href="https://www.lesechos.fr/04/10/2017/LesEchos/22543-060-ECH_le-luxe-en-quete-d-un-modele-plus-ethique.htm">intégrer pleinement dans leur stratégie</a> et renforcer encore leurs actions et communication en la matière.</p>
<h2>Les Millenials et la génération Z, la nouvelle clientèle du luxe</h2>
<p>Les marques de luxe anticipent une transformation de leur clientèle. Selon Bain & Company, les Millenials ou « Génération Y » et la « Génération Z » (jeunes nés après 1995) devraient représenter en 2025 <a href="http://www.bain.com/about/press/press-releases/global-personal-luxury-goods-market-expected-to-grow-by-2-4-percent.aspx">45 % du marché mondial du luxe pour le segment « personal luxury goods »</a> (accessoires, vêtements, montres et bijoux, parfums et cosmétiques). Ce rajeunissement de la clientèle s’accompagne aussi d’un changement d’état d’esprit qu’on pourrait qualifier de « millenial state of mind », qui incite les Maisons de Luxe à réagir.</p>
<p>La plupart des marques de luxe ont identifié les attentes de cette génération, soucieuse de nouveauté et de service sans faille, totalement intégré. Elles ont d’ores et déjà adapté leur approche. Burberry, Balmain, Net-à-Porter pour ne citer que quelques exemples ont d’abord diffusé leurs contenus visuels sur Instagram, puis redirigé les utilisateurs sur WhatsApp et enfin ajouté des fonctionnalités spécialement dédiées à cette nouvelle génération dépendante de son téléphone portable. En offrant sur une même application la visualisation de contenu et la possibilité d’effectuer l’achat, elles augmentent considérablement la probabilité de concrétisation d’achat.</p>
<p>Ainsi, dans <em>Social Media Is Powering a New Retail Wave</em>, Matthew Woolsey, le directeur général de Net-a-Porter indique :</p>
<blockquote>
<p>« Le mobile est le principal point de contact pour la culture digitale. C’est ainsi que nous voyons le futur de l’expérience dans le luxe se développer. Finalement, la conversation au travers de plates-formes telles WhatsApp est instantanée, plus rapide qu’un e-mail et plus personnelle. »</p>
</blockquote>
<h2>L’innovation et la créativité, une priorité</h2>
<p>Développer des solutions alternatives pour faire face aux défis existants (raréfaction des ressources naturelles, utilisation des technologies, invention de nouveaux produits ou concepts…) tout en combinant les savoir-faire des artisans et les attentes des client·e·s… Le luxe va plus que jamais devoir faire preuve de créativité.</p>
<p>Pour y parvenir, de nombreuses Maisons ont déjà lancé des partenariats avec des écoles, des laboratoires de recherche… C’est notamment le cas de LVMH avec son programme <a href="https://www.lvmh.fr/talents/programme-inside-lvmh/">INSIDE</a> ou de Kering, qui a lancé en avril 2018 le premier MOOC (<em>massive open online course</em>) sur le thème <a href="https://www.futurelearn.com/courses/fashion-and-sustainability">« Fashion and sustainability : Understanding luxury fashion in a changing world »</a> en partenariat avec le London College of Fashion. Souvent en lien avec le digital, ces initiatives ont pour objectif de réfléchir à ce que sera le luxe de demain, à repérer et recruter des talents, à stimuler la créativité.</p>
<p>Bien que plus discrète, Hermès a également fait de l’innovation son fer de lance. Rappelons-le, en 2016, Hermès a été classée <a href="https://votreargent.lexpress.fr/bourse-de-paris/hermes-35eme-du-classement-forbes-sur-l-innovation_1824061.html">première entreprise française en innovation</a> dans le classement Forbes des 100 entreprises mondiales les plus innovantes (devant Iliad, Dassault Systèmes et Essilor). En 2018, la Maison a fait son apparition au Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH) à Genève, en affichant clairement « l’innovation au service de la créativité ».</p>
<h2>Les start-up, des partenaires privilégiés</h2>
<p>Certains groupes se rapprochent aussi de start-up. Plusieurs grandes Maisons de Luxe ont par exemple été séduites par la start-up française Euveka, qui a conçu le premier mannequin-robot évolutif et connecté, <a href="https://euveka.com/fr">Eminéo</a>. Cette technologie innovante et brevetée a été récompensée au dernier <a href="https://www.ces.tech/">Consumer Electronic Show</a> de Las Vegas, salon international majeur consacré aux nouvelles technologies. Elle permet de réaliser des prototypages personnalisés et uniques, en fonction de la morphologie simulée d’une personne, et ainsi d’éviter les gaspillages.</p>
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<p>Le <a href="https://vivatechnology.com/">salon Vivatech 2018</a> a accueilli en juin de nombreuses start-up collaborant déjà avec l’industrie du luxe, à l’instar de Southpigalle. Cette start-up, co-fondée par Olivier et Louis de Cointet et Henri d’Anterroches en 2015, a développé une solution de marketing cognitif permettant de converser sur différentes plates-formes (Messenger, emails, WhatsApp…). Grâce à l’intelligence artificielle, elle anticipe les demandes et les réponses à faire aux clients ou potentiels clients. Il lui est possible de savoir quel niveau de langage utiliser, à quel moment il faut passer de réponses faites par un Chatbot à une conversation avec un humain, etc.</p>
<p>LVMH a d’ailleurs ouvert en avril dernier la <a href="https://www.usine-digitale.fr/editorial/lvmh-installe-sa-maison-des-startups-a-station-f.N677859">Maison des Start-ups</a>, ainsi qu’un <a href="https://www.lvmh.fr/actualites-documents/actualites/groupe-lvmh-lance-programme-dacceleration-chez-station-f-accueillir-annee-50-startups-internationales-contribuer-a-innovation-luxe/">programme d’accélération chez Station F</a>. Le numéro un mondial y a même intégré des intrapreneurs par le biais de son programme DARE (Disrupt, Act, Risk to be an entrepreneur), une initiative déjà renouvelée plusieurs fois <a href="https://www.lvmh.fr/actualites-documents/actualites/disrupt-act-risk-to-be-an-entrepreneur-decouvrez-dare-programme-developpement-collaborateurs-base-lopen-innovation/">depuis son lancement en 2017</a>.</p>
<h2>Évolution ou révolution ?</h2>
<p>Le luxe a déjà amorcé sa transformation. Certes, le travail artisanal et le savoir-faire resteront un des atouts de ce secteur. Mais, pour conserver son positionnement en matière de qualité et de créativité sans cesse renouvelée grâce à ses directeurs artistiques, l’industrie du luxe devra oeuvrer à plusieurs niveaux.</p>
<p>Il s’agira non seulement de poursuivre le déploiement de sa stratégie digitale, mais aussi de prendre en considération les attentes des <em>Millenials</em> et de la génération Z, essentiels sur le segment des « personal luxury goods » (produits de luxe personnels), d’intégrer plus encore le développement durable, ainsi que de poursuivre ses investissements dans l’innovation, afin de découvrir de nouvelles matières et de nouveaux procédés ou techniques de production. Mais la transformation pourrait s’avérer plus profonde encore : les Maisons auront peut-être intérêt à penser de nouveaux modèles économiques. Voire, pourquoi pas, intégrer progressivement l’économie circulaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97729/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Chaboud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L'industrie du luxe va bien, et 2017 a été l'année de tout les records. Pour continuer sur cette lancée, les marques vont devoir faire évoluer leurs stratégies. Quels seront les facteurs du succès ?Isabelle Chaboud, Professeur associé d’analyse financière, d’audit et de risk management, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/967722018-05-23T20:51:31Z2018-05-23T20:51:31ZLe tissage est-il l’avenir de la recherche ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/219604/original/file-20180518-42245-fcstrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C7%2C4883%2C3225&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Métier à tisser.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/zigazou76/5567363790/in/photolist-9tYchS-9tVbAx-9tYdPC-9tVfHg-bgPpJp-9vjNYG-bgPnkn-9vjJvw-bgPui4-6ToRZu-23i1SVE-9AedW4-9AehzD-9Ahh91-WjJqE3-9vjQ5m-2w7Syf-9vjGR5-9AhdNb-fSy8jA-23G8AGb-fSzaZL-fSz2mW-fSzjYY-fSzejR-pNgmyM-fSznkv-fSzohn-fuwg5Y-fSz8RP-fSz5qF-fSzhxg-fSxJba-fSyrFV-fSyJE9-fSzu4J-fSzrjf-bgPq66-9FpFLC-aCTMT6-aCXDzb-YRBvX3-9vh2qa-YaGHzL-fSzpBM-XU77zA-fSzy7T-fSypvo-q4EGpL-XU77f7">Frédéric Bisson/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Des chercheur·e·s ont récemment interrogé la réalité de la vie doctorale au sein de la recherche en sciences de gestion. Certain·e·s collègues seniors soulignent la <a href="https://bit.ly/2I0tOYR">morosité et l’apeurement des doctorant·e·s d’aujourd’hui</a>, tandis que les intéressé·e·s revendiquent au contraire <a href="https://bit.ly/2wTpAAr">curiosité et esprit de collectif</a>.</p>
<p>Cet article n’a nullement la prétention de trancher entre ces deux visions. Il a simplement l’ambition d’étendre la réflexion au-delà du cas doctoral, et de poser une question plus large : comment penser l’avenir de la recherche dans un contexte de domination croissante du système d’évaluation par étoile ? Sommes-nous condamné·e·s au cynisme ? Comment conserver la curiosité, le goût du terrain et l’esprit de groupe portant une partie de la jeune génération de chercheur·e·s ? Cet article propose une piste de réflexion théorique ainsi qu’une mise en application pratique. Il suggère de voir les chercheur·e·s comme des tisserands.</p>
<h2>Quelques mots d’histoire</h2>
<p>Les Canuts (surnom donné aux tisserands de la Croix-Rousse) constituent une figure emblématique de l’industrie lyonnaise de la soie. La fabrique lyonnaise a connu ses débuts au XVI<sup>e</sup> siècle, pour atteindre son heure de gloire au XIX<sup>e</sup> siècle. Les Canuts tissaient la soie d’abord manuellement sur des métiers à la grande tire et à la petite tire, avant de travailler sur des métiers mécaniques Jacquard.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1340&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1340&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/219599/original/file-20180518-42242-1ikzmqi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1340&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Métier à tisser Jacquard (Musée Gadagne).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anissa Pomiès</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Bien que les métiers à tisser aient beaucoup évolué au cours des siècles, le principe du tissage reste le même. Il nécessite deux types de fils : les <a href="http://www.editions-lyonnaises.fr/index.php?page=shop.product_details&flypage=shop.flypage&product_id=17&category_id=1&manufacturer_id=0&option=com_virtuemart&Itemid=26&vmcchk=1&Itemid=26">fils de chaîne et les fils de trame</a>. Les fils de chaîne, parallèles les uns aux autres, sont séparés en deux nappes encroisées sur des baguettes rondes. La première nappe de fils de chaîne passe au-dessus de la baguette arrondie tandis que la deuxième nappe passe au-dessous. Entre ces deux nappes de fils, les tisserands passent une navette contenant le fil de trame. Ainsi, tisser revient à faire passer deux nappes de fils de chaîne alternativement en dessus et en dessous du fil de trame.</p>
<p>Lorsqu’on se penche sur l’histoire des Canuts, on peut lire qu’une première révolte a éclaté en novembre 1831. Les Canuts, propriétaires de leur propre métier à tisser, travaillaient pour des patrons (« les soyeux ») qui leur livraient la matière première et récupéraient le tissu une fois fini. Les Soyeux ayant refusé d’appliquer le tarif minimum garantissant une vie décente aux artisans canuts, ceux-ci se sont révoltés contre l’injustice sociale dont ils faisaient l’objet. Leur lutte était animée par une volonté d’établir des rapports plus justes dans l’industrie de la soie.</p>
<h2>L’héritage tisserand</h2>
<p>Que peut-on retenir de ce bref rappel historique ? Deux choses semblent particulièrement inspirantes pour le monde académique. Le premier élément concerne la technique même du tissage. Le tissage requiert l’utilisation conjointe de deux types de fils.</p>
<p>C’est du croisement des différences que peut naître une belle et solide pièce d’étoffe. C’est du croisement de perspectives différentes que peut naître une pensée riche et somptueuse. C’est de la pluridisciplinarité et de la prise au sérieux du discours d’acteurs divers (autres que les pairs) que peut émerger une connaissance belle et de qualité.</p>
<p>Le deuxième élément à retenir de l’histoire des Canuts est leur souci collectif de justice sociale. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de se prendre pour des Canuts ! N’oublions pas que leur révolte s’est traduite par une grève générale, des émeutes, une sévère répression, et des morts. En aucun cas cet article n’invite à la révolution, ni ne cherche à identifier l’équivalent des soyeux du XIX<sup>e</sup>.</p>
<p>Comme cela a été dit, les pressions sur la jeune génération de chercheur·e·s est plutôt le résultat d’un système complexe. En revanche, leur solidarité et leur volonté de justice sociale sont quant à elles inspirantes. Elles invitent à imaginer des moyens d’établir des relations horizontales entre chercheur·e·s. Elles poussent à se demander comment créer du lien entre les juniors qui ont des étoiles dans les yeux, et les seniors qui ont des étoiles sur leur CV.</p>
<h2>Mise en pratique</h2>
<p>Il serait trop facile de parler d’héritage sans se préoccuper de sa mise en œuvre, ou bien de suggérer à chacun.e de modeler sa conduite individuelle sur le modèle du tissage. Pour éviter ces écueils, il convient au contraire d’imaginer un moyen concret de faire revivre collectivement l’héritage des tisserands. Cet article défend l’idée que <strong>l’organisation d’événements inclusifs</strong> constitue un tel moyen, dont la journée de recherche sur le goût initiée par le <a href="http://lifestyle.em-lyon.com/research/">Centre de Recherche Lifestyle d’EM Lyon Business School</a> peut servir d’exemple.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/219600/original/file-20180518-42238-1gjfs8r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Session sur le vin (Anissa Pomiès, Pierre-Marie Chauvin, Bernard Ricolleau).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Organisée le 25 avril 2018 au sein du magnifique site du Musée Gadagne de Lyon, cette journée d’étude avait pour thème le goût, la production et la consommation de biens et services culturels. L’événement était découpé en quatre sessions autour des thèmes du vin, de la littérature, de la gastronomie et de la musique.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/219601/original/file-20180518-42207-132ct7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Affiche de l’événement « Taste Research Day ».</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Chaque session, réunissant deux chercheur·e·s de disciplines différentes, et un.e professionnel.le était conçue selon le principe du tissage. Les discours des deux chercheur·e·s représentaient les fils de chaîne, tandis que le discours praticien représentait le fil de trame. Ainsi, les intervenant·e·s ont pu tisser des pièces de connaissance en matière de vin, de littérature, de gastronomie, et de musique.</p>
<h2>Croiser les perspectives et promouvoir les relations horizontales</h2>
<p>Le croisement des profils a permis d’identifier des préoccupations communes par-delà les différences de champs académiques. Antoine Hennion (professeur de sociologie à l’École des Mines de Paris) et Massimo Airoldi (postdoctorant en marketing à EM Lyon Business School) ont tous deux exploré l’importance de la situation dans laquelle survient la consommation de musique. Des thématiques communes au monde académique et au monde professionnel ont également émergé.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/219602/original/file-20180518-42207-1b6ptrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Sélection de pains confectionnés par Jean Dupin.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Laura Dupin (doctorante en stratégie à EM Lyon Business School) et Jean Dupin (boulanger et professeur à l’Institut Paul Bocuse) ont tous deux évoqué les tensions qui traversent le métier d’artisan boulanger. Enfin, des objets d’étude et concepts se sont avérés transverses aux contextes empiriques. En effet, la figure de l’amateur de vin et ressemble à celle de l’amateur de musique, et les critiques littéraires ont une activité et un impact sur les consommateurs semblables à ceux des critiques vinicoles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/219603/original/file-20180518-42233-12cse4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le duo Le Couteau et l’Archet réalisant un spectacle de clôture.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Au-delà de rassembler des intervenant·e·s d’horizons divers, l’ambition de cette journée était d’établir des relations horizontales entre les participant·e·s. Ainsi, aucun « keynote speaker » (généralement un.e chercheur.e super star invité·e à faire un discours en séance plénière) n’a été convié. L’objectif était d’éviter d’amplifier la parole de celles et ceux que l’on entend déjà clairement du fait de leur succès dans le monde académique.</p>
<p>Chercheur·e·s internationalement reconnu·e·s et émergent·e·s ont participé en proportion égale. Chaque session comportait un.e senior et un.e junior, l’idée sous-jacente étant de faire naître des échanges mutuellement bénéfiques de ces paires inédites. Enfin, pendant les pauses, huit étudiant·e·s de EM Lyon ont présenté sous forme de poster leur mémoire de recherche portant sur le goût. Intégrer les étudiant·e·s constitue une façon de récompenser leur excellence et de jeter un pont entre recherche et enseignement.</p>
<p>Si la métaphore du tissage a inspiré cette journée de recherche, celle-ci ne constitue nullement une piste unique et définitive pour penser la recherche de demain. Elle défend simplement une recherche pluridisciplinaire et ouverte aux différences qui donne la parole à des acteurs hétérogènes, qu’ils soient chercheur·e·s, practicien·ne·s, ou étudiant·e·s.</p>
<p>Plus d’événements de ce type doivent être organisés afin que l’enthousiasme, le goût terrain, et la solidarité – valeurs chères à la jeune génération – demeurent (ou deviennent ?) les piliers de la recherche. C’est ainsi que la recherche de demain pourra être un jeu inclusif, audacieux, et éminemment subversif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96772/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anissa POMIES est membre du Centre de Recherche Lifestyle ayant organisé le Taste Research Day au musée Gadagne le 25 avril 2018. </span></em></p>Piste de réflexion théorique ainsi qu’une mise en application pratique, ce texte suggère de voir les chercheur·e·s comme des tisserands. Et donne un exemple d’événement inclusif tissant des liens.Anissa Pomiès, Professeur Assistant de Marketing, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/960952018-05-14T20:15:52Z2018-05-14T20:15:52ZManager les baby-boomers : voilà c’est fini !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218855/original/file-20180514-100725-11n8cyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C2%2C1932%2C1284&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La génération des baby-boomers à la retraite, s'avance celle des Z.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/M1jCmRxO7cY">Derek Thomson/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Génération d’après-guerre à qui tout a souri, les baby-boomers quittent la vie active. Leur management a vécu, et sera bientôt de <a href="https://theconversation.com/la-generation-y-prend-le-pouvoir-comment-gerer-ses-vieux-78540">l’histoire ancienne</a>. Retour sur ses spécificités.</p>
<h2>Une génération dorée</h2>
<p>La génération d’après-guerre a fait un parcours quasiment sans faute. Ces célèbres baby-boomers, nés entre 1945 et 1964, ont porté l’espoir de la reconstruction d’après-guerre et la croissance. Jeunes adultes révoltés en 1968, leur génération a toutefois fait l’objet, au sein des organisations, d’un management plutôt directif. Dans un contexte d’organisation du travail taylorienne, communication descendante et structure hiérarchique bien établies ont permis aux baby-boomers d’évoluer et de grimper les échelons.</p>
<p>Dans les années 90, les baby-boomers ont néanmoins vu émerger une difficulté : cohabiter avec la génération X, pour qui une communication plus transversale et un management plus participatif sont importants. Il a dès lors fallu composer avec un management inter-générationnel. Les baby-boomers ont réussi dans la société civile comme en politique. Ils quittent progressivement le monde du travail pour se consacrer à d’autres activités.</p>
<h2>La relève assurée ?</h2>
<p>Les médias, qui se font <a href="http://www.telerama.fr/radio/france-culture-ressuscite-mai-68-dans-le-quartier-latin,n5622454.php">échos du cinquantenaire des événements de mai 1968</a>, évoquent à juste titre le parcours de cette génération plutôt gâtée.</p>
<p>On peut, en retour, légitimement s’interroger sur le sens de la révolte de la génération montante, née après l’an 2000, dite <a href="https://theconversation.com/une-generation-z-en-quete-de-sens-87418">génération Z</a>, ou génération « zapping ». Les générations qui l’ont directement précédée, X et Y, auraient été peu enclines à se soumettre à l’autorité et plutôt individualistes : des théories tellement ressassées que l’on s’inquiète pour la génération Z…</p>
<p>Mimétisme vis-à-vis des baby-boomers ou malaise générationnel, cinquante ans après les événements de mai 68, les « Z » ont entrepris le blocage de plusieurs universités dès avril, en <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2018/04/13/greve-des-universites-mais-que-reclament-les-etudiants_a_23410458/">protestation à la réforme des universités</a>. Une révolte soudaine qui souligne bien que c’en est terminé pour les baby-boomers.</p>
<p>Les jeunes Z ont cru pouvoir faire entendre leur voix, mais leur mouvement est cependant de moindre ampleur que celui de leurs aînés, et ne reçoit pas un écho très important dans la presse. L’essoufflement gagne rapidement, malgré quelques incidents à Tolbiac et des affrontements avec les CRS à Nanterre. Après le déblocage de Nancy et Strasbourg, la faculté de Toulouse a été évacuée à son tour. Le mouvement n’aura a priori pas eu l’ampleur escomptée.</p>
<p>S’agit-il d’un défaut d’organisation, d’un manque de pugnacité de ces nouveaux rebelles dont les grands-parents étaient sur les barricades en 68 ? La grève de la SNCF, concomitante avec ce soulèvement étudiant n’est pas sans rappeler les grèves générales d’il y a cinquante ans. Rien à voir cependant. Changement d’époque probablement, de génération sûrement.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’une génération ?</h2>
<blockquote>
<p>« Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante ». (George Orwell)</p>
</blockquote>
<p>Les différences générationnelles, en termes d’attitudes, de carrières et d’aspirations, ont un impact sur les organisations et leur fonctionnement, et par conséquent, sur la gestion des ressources humaines, <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2011-3-page-227.htm">comme le montre Cécile Dejoux</a>. Mais qu’entend-on exactement par « génération » ?</p>
<p>Du point de vue démographique, une génération désigne un ensemble d’individus nés au même moment (soit la même année, soit dans un espace de temps similaire) : les sociologues parlent de cohorte. Une génération est considéré comme <a href="http://books.openedition.org/deps/873?lang=fr">« un regroupement d’individus du même âge, partageant les mêmes valeurs, dont les principales se sont formées autour de 20 ans »</a>.</p>
<p><a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/83625/millennials-rising-by-neil-howe-and-william-strauss/9780375707193/">Dans leurs ouvrages</a>, Strauss et Howe ont <a href="https://archive.org/stream/GenerationsTheHistoryOfAmericasFuture1584To2069ByWilliamStraussNeilHowe/Generations%20The%20History%20of%20America%27s%20Future%2C%201584%20to%202069%20by%20William%20Strauss%20%26%20Neil%20Howe#page/n3/mode/2up">défini les différentes générations</a> : celles des Vétérans (nés dans les années 1920-1945), des Baby Boomers (1946-1964), la Génération X (1965-1980) et la Génération Y (1981-2000).</p>
<p>En tant que grille d’analyse, l’approche générationnelle s’appuie sur trois principes essentiels :</p>
<ul>
<li><p>les membres d’une génération sont unis car ils vivent la même histoire au même moment de leur vie ;</p></li>
<li><p>chaque génération est « marquée » par ses expériences initiatrices, vécues au temps de sa jeunesse (c’est la notion de « marqueur générationnel ») ;</p></li>
<li><p>chaque génération reçoit en héritage les valeurs transmises par les générations qui l’ont précédée.</p></li>
</ul>
<p>On peut considérer que chaque génération véhicule une grande question dominante, qui induit des réponses philosophiques et des positions politiques pouvant être divergentes ou contradictoires.</p>
<p>Ces effets d’âge et de génération sont analysés à des fins statistiques et analytiques par des sociologues ainsi que par des chercheurs en marketing. Ils doivent néanmoins être relativisés. Toutefois, si l’effet générationnel n’est pas la clé qui ouvre toutes les portes de l’analyse des comportements, il constitue toutefois un outil de compréhension précieux.</p>
<h2>La génération montante : les « Z »</h2>
<p>La culture générationnelle se renforce depuis le baby-boom. Face aux changements globaux qui affectent l’ensemble des économies et pèsent notamment sur les classes d’âge les plus jeunes, cette forme d’identité se déploie aujourd’hui avec une ampleur inégalée, comme le montre le comportement de la génération Z.</p>
<p>Celle-ci <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/hashtag/la-generation-z-arrive-au-travail-pour-faire-la-revolution">bouscule les codes professionnels traditionnels</a>. Elle est présentée comme étant décomplexée, négociant tout, passant d’une entreprise à l’autre, sans être fidèle à aucune parce que considérant l’entreprise consomme ses ressources humaines. Elle estime ne pas devoir plus à l’entreprise que ce que son travail lui rapporte, et négocie pied à pied les avantages que l’entreprise procure sur le plan des salaires, des conditions de travail, des congés payés, de la prime d’intéressement et de participation, des horaires, des avantages en nature.</p>
<p>Les quatre valeurs véhiculées par Internet (l’apprentissage par tâtonnement, l’immédiateté, la gratuité, la force de la communauté) sont de réelles ruptures, qui affectent la relation au travail, le rapport à l’autorité et expliquent peut-être en partie les manifestations d’insatisfaction des étudiants !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96095/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Les baby-boomers sont désormais à la retraite. L’identité générationnelle de leurs successeurs s’est renforcée, jusqu’à l’arrivée de l’iconoclaste génération Z. Plus dure à manager que ses aînées ?Caroline Diard, Professeur associé en Management des Ressources Humaines et Droit - Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/943452018-04-22T19:39:33Z2018-04-22T19:39:33ZGénération Z : faut-il la manager ou la ménager ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/215820/original/file-20180422-75126-1wfal2u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=31%2C675%2C5135%2C2859&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ultra-connectée, la génération Z a un rapport à l'information différent de ses aînés.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/youth-social-media-technology-lifestyle-concept-380104630?src=9zQu0VM8quJdAueeQ9GE9g-1-0">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La notion de génération a évolué ces dernières décennies, ce qui doit nous amener à l’appréhender différemment que par les repères (im)posés par les agences de statistiques, à savoir des paliers linéaires de 25 ans. Aujourd’hui, cinq ans suffisent à modifier profondément les comportements et attitudes, que ce soit dans la vie quotidienne, face à l’apprentissage ou encore au travail. Il est évident que la montée en puissance de l’utilisation des technologies, tout comme leur intégration quasi systématique dans les sphères privées et professionnelles, est un catalyseur de la rupture qui s’opère.</p>
<p>L’ouverture au monde facilitée tout comme le concept d’« augmenté », que l’on peut accoler à tous les paradigmes (humain, réalité, compétence pour ne citer que ceux qui sont dans le périmètre des sciences de gestion), renforcent l’idée qu’un nouveau tome va s’écrire, après les générations Z. Celui-ci commencera avec l’arrivée des <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/vivement-demain/vivement-demain-12-fevrier-2017">Alphas</a>, totalement « imprégnés », bien avant leur naissance, de ces pratiques numériques et informationnelles. Le terme « tome » est approprié, car il ne s’agit nullement d’une page qui se tourne ou d’un chapitre qui se ferme. C’est bien une nouvelle histoire qui commence, et le manager, s’il veut assurer la pérennité de son service, a tout intérêt à la lire correctement.</p>
<h2>Ne pas confondre Y et Z</h2>
<p>Baptisée de la dernière lettre de l’alphabet, la génération « Z » semble marquer la fin d’un cycle. Alors que les « Y » ne juraient que par Facebook, la tendance change désormais : une étude portant sur 3 708 jeunes de la Génération Z révèle par exemple que les réseaux sociaux type Facebook <a href="https://diplomeo.com/actualite-sondage_generation_z_reseaux_sociaux">sont beaucoup moins utilisés par les jeunes Z</a>. Ces derniers leur préfèrent des plateformes collaboratives telles que <a href="https://www.snapchat.com/">Snapchat</a>, qui permet une forme d’instantanéité chère aux Z, tout en assurant un effacement des sujets mis en ligne au bout de 24h ou de deux lectures.</p>
<p>Autre différence entre Y et Z : chez les seconds, l’écriture regagne du terrain, même s’il faut encore composer avec les <a href="http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2017/07/27/37002-20170727ARTFIG00003-nous-n-avons-jamais-autant-ecrit-a-travers-l-histoire-de-l-humanite.php">squelettes consonantiques</a>, ces abréviations qui suppriment les voyelles (pcq pour « parce que », jspr pour « j’espère », jdcjdr, pour « je dis ça, je dis rien »)… Ainsi, 68 % des interrogés utilisent le texte pour communiquer avec leurs amis. À quoi s’ajoute un regain de la correspondance enfants-parents, qui deviennent des « copains 2.0 ». On n’aura jamais autant écrit… Notons tout de même que la communication avec les parents se fait essentiellement via Facebook Messenger (pour 80 %), malgré le désamour pour la plateforme. Sans doute dans un souci d’adaptation…</p>
<p>Les responsables des firmes telles que Facebook ont conscience de cette évolution des pratiques et de l’importance accordée à ces nouveaux outils par les jeunes, qui papillonnent de l’un à l’autre. Pour les séduire, Facebook a pour stratégie de converger vers ces plateformes, comme le révèle Adam Marki, directeur des agences chez Facebook, <a href="https://books.google.fr/books?id=SzFFDwAAQBAJ&pg=PT14&lpg=PT14&dq=%22Des+Z+consommateurs+aux+Z+collaborateurs%22+%22Notre+strat%C3%A9gie+chez+Facebook+est+de+converger+vers+ces+plateformes+%22&source=bl&ots=WDO73a0cQx&sig=opD8Bn6y4oz-4qp1iLvFDZy-jMY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwicos3Bt8baAhVlCcAKHXI0AToQ6AEIJzAA#v=onepage&q=%22Des%20Z%20consommateurs%20aux%20Z%20collaborateurs%22%20%22Notre%20strat%C3%A9gie%20chez%20Facebook%20est%20de%20converger%20vers%20ces%20plateformes%20%22&f=false">dans l’ouvrage d’Élodie Gentina et Marie-Ève Delécluse</a>. De nouvelles fonctionnalités, s’appuyant notamment sur l’intelligence artificielle, émergent dans les messageries. Ainsi, les bots, programmes informatiques dotés d’une personnalité, occupent actuellement le centre de ces politiques d’innovation. Ils visent à faciliter la vie de l’usager en l’aidant, par exemple, à trouver le partenaire idéal sur Meetic ou à gérer ses réservations sur Uber, KLM ou le réseau ferré.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/233985967" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
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<p><em>Que veulent les Z ? Élodie Gentina répond à la question pour Xerfi Canal.</em><br></p>
<h2>La névrose communicationnelle s’installe</h2>
<p>Si elle présente un intérêt certain, cette opulence d’informations et d’outils associés (smartphones essentiellement) a aussi des effets pervers.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/laddiction-au-smartphone-une-question-de-personnalite-64028">Addiction</a> à la mobilité, <a href="https://theconversation.com/mobile-deprime-et-e-anxiete-quand-les-reseaux-sociaux-nous-rendent-malades-84986">risque de maladies psychologiques</a> (dont certaines nouvelles, comme la <a href="http://www.lesoir.be/archive/recup/1504806/article/soirmag/soir-mag-sante/2017-05-17/nomophobie-c-est-grave-docteur">nomophobie</a>, une névrose liée à l’angoisse de se retrouver sans son smartphone ou sans réseau, et donc sans accès à l’information), déconcentration… Les chiffres sont parlants : 60 % des élèves envoient des SMS durant les heures de cours et ont besoin de consulter leur smartphone toutes les heures. Chaque jour, les utilisateurs <a href="https://fr.express.live/2014/10/09/combien-de-fois-consultez-vous-votre-smartphone-si-cest-moins-de-1-500-fois-par-semaine-cela-va-encore-exp-208420/">touchent en moyenne 221 fois</a> leur portable. Entre les mails, les réponses aux commentaires, les « like » et toute autre interaction, il est assez aisé d’arriver au compte rapidement…</p>
<p>Autres chiffres qui effraient : selon une enquête américaine de Common Sense Media, spécialisée dans l’analyse des médias et technologies familiales et des enfants, près de 46 % des bébés de <a href="http://cdn.cnn.com/cnn/2017/images/11/07/csm_zerotoeight_full.report.final.2017.pdf">moins de 2 ans</a> ont déjà utilisé un smartphone alors qu’ils n’étaient que 10 % en 2011. Quand on sait que Bill Gates a attendu que ses enfants aient <a href="https://www.francetvinfo.fr/sciences/high-tech/bill-gates-steve-jobs-quand-les-patrons-de-la-silicon-valley-interdisent-les-portables-et-les-reseaux-a-leurs-enfants_2514445.html">14 ans pour les autoriser à posséder un smartphone</a>, et que, récemment, un ancien cadre de Facebook a déclaré <a href="https://www.francetvinfo.fr/Internet/reseaux-sociaux/facebook/un-ancien-cadre-de-facebook-defend-a-ses-enfants-de-toucher-a-cette-merde_2511123.html">interdire à ses enfants de toucher au réseau social</a>, tout est dit…</p>
<p>La question de l’<a href="http://www.intercdi.org/laddiction-aux-ecrans-et-sa-sous-estimation-societale/">addiction aux écrans</a> est prise de plus en plus au sérieux. Outre un test, paru dans la revue scientifique <em>Computers in Human Behavior</em> et permettant de <a href="http://www.slate.fr/story/109041/nomophobie-questionnaire">mesurer son niveau de « nomophobie »</a>, des unités médicales spécialisées dans la cyberaddiction ont vu le jour dans certains grands hôpitaux tels que Marmottan ou Cochin.</p>
<h2>La hiérarchie à l’épreuve du numérique</h2>
<p>Le passage de l’hyperconnexion à l’ultraconnexion induit des <a href="http://www.cnrtl.fr/definition/habitus"><em>habitus</em></a> nouveaux. La télévision est désormais beaucoup moins regardée que le smartphone devant lequel il arrive aux Z de passer près de six heures par jour. Cette information, disponible de manière quasi permanente, est partagée et vérifiée, même si elle provient de leur hiérarchie. Ce qui n’est pas sans créer quelques tensions avec leurs managers… Ce qui est essentiel aux yeux des générations Z, c’est d’enrichir sans cesse l’information. Un point de rupture évident avec les autres générations pour qui la rétention d’information est parfois considérée comme un gage de survie dans l’organisation.</p>
<p>Avec de tels outils en leur possession, il vaut mieux, pour la hiérarchie, jouer la transparence (c’est, du reste, <a href="https://www.forbes.fr/management/pour-comprendre-la-generation-z-il-faut-repartir-de-la-base-la-famille/">ce que les Z attendent</a>) et les pousser à partager leurs connaissances, car ils peuvent réellement avoir une valeur ajoutée pour l’organisation. Dans ce contexte, le schéma du <a href="https://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/management/formation-elearning/manager-plusieurs-generations-4-cles-pour-relever-le-defi-59114.php">« tutorat inversé »</a>, au cours duquel les juniors coachent les seniors, paraît idoine. Il ne faut pas hésiter à solliciter leur intelligence acquise dans la gestion des existences simultanées, au sein des divers mondes virtuels parallèles qu’ils fréquentent via leurs multiples identités adossées. Quoi qu’en laissent percevoir leurs comportements, les générations Z sont orientées collectif, éthique et équitable. Pour le dirigeant qui saura ménager cette génération face à laquelle le compromis n’est pas envisageable, ces recrues constituent de formidables atouts. Et après tout, <a href="https://www.eveprogramme.com/2048/histoire-de-mots-quand-le-manager-et-la-menagere-font-affaire/">si l’on se réfère à leur étymologie</a>, manager ou ménager sont apparentés…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94345/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Richard Delaye est membre de l'IAS, de l'AGRH. </span></em></p>L’émergence du numérique bouleverse les rapports privés ou professionnels. Férues de digital, les nouvelles générations ont beaucoup à apporter aux organisations. Il faut juste savoir leur parler.Richard Delaye-Habermacher, Dean of Research and Innovation (IGS Group) - Professor in HR - LARA/ICD, PropediaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/893302018-01-03T22:44:10Z2018-01-03T22:44:10ZFaut-il adapter les pratiques de travail aux attentes des « Millénials » ? Le cas des cabinets d’audit et de conseil<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/200211/original/file-20171220-4968-8kxnef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Millénial au travail.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/189977/">Photo on VisualHunt.com</a></span></figcaption></figure><p>Les « millénials », nés en même temps que la démocratisation du net, devenus adultes avec la démocratisation des smartphones, ces technologico-natifs, avides de nouvelles expériences bouleversent aujourd’hui les modes de management des entreprises en créant des tensions contradictoires entre une approche managériale en vigueur hiérarchique et à visée prescriptive et l’ouverture à de nouvelles formes de management disruptif fondé sur la liberté et l’autonomie des collaborateurs pour permettre à l’entreprise et aux individus de se réinventer.</p>
<h2>Les attentes des « Millénials » par rapport au marché du travail</h2>
<p>Une étude récente publiée par le <a href="https://www.accenture.com/fr-fr/insight-gen-z-rising">cabinet Accenture en 2017</a>, montre que les grandes entreprises ne suscitent plus autant d’engouement auprès des jeunes diplômés ou de jeunes ayant une à deux années d’expériences. Cette étude révèle aussi que parmi ceux issus des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, 12 % seulement ont l’intention de rester plus de cinq ans dans leur premier emploi. Ces résultats interpellent : comment fidéliser ces futurs collaborateurs -ou ces consommateurs ? Quelles sont leurs attentes ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, la même étude avance que 83 % des jeunes diplômés s’attendent à ce que leur premier employeur accorde une attention particulière à leur formation, plus de la moitié d’entre eux considèrent l’environnement de travail épanouissant et collaboratif, même si la rémunération y est moins élevée, comme critère discriminant entre 2 offres d’emploi.</p>
<p>Outre la rémunération, leurs critères de sélection concernent : l’intérêt du travail et son caractère stimulant, l’environnement innovant, les opportunités de progression rapide, ainsi que des horaires de travail flexibles. Toutefois, cette flexibilité du travail est relative et doit s’accompagner d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.</p>
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<p>« Il y a un vrai travail de réflexion à mener de la part des grandes entreprises en lien avec la promesse employeur et la relation qu’elles doivent tisser avec ces jeunes collaborateurs. » explique Céline Laurenceau du cabinet Accenture.</p>
</blockquote>
<p>Une autre <a href="http://bit.ly/2tcfCGJ">enquête de la Cegos (2017)</a> révèle que : les Millénials considèrent que la rémunération est le facteur premier d’attractivité pour un poste, l’objectif étant de développer des compétences dans de bonnes conditions. De ce fait, ils doivent rapidement développer leurs compétences, cela leur permettra d’assurer un levier important d’adaptation permanente. Plus de la moitié d’entre eux se déclarent pro-actifs et sauront saisir rapidement de nouvelles opportunités d’emploi.</p>
<p>Il ressort de ces différents résultats que les jeunes expérimentés ou diplômés recherchent des conditions singulières et de nouvelles pratiques de travail. Dans cette quête, l’entreprise est perçue comme un espace temps et lieu qui doit favoriser l’amplification de la capacité d’action individuelle grâce à la présence d’un environnement innovant et stimulant. Elle offre ainsi à chacun un espace pour amplifier son individualisation, se distinguer des autres par l’apprentissage et la formation sans pour autant s’isoler du collectif.</p>
<p>Dans cette nouvelle conception, l’action collective permet la création d’un ensemble d’opportunités permettant à chacun de se former pour construire l’édifice de l’étape d’après de son parcours professionnel et développer sa singularité. L’emploi est donc mort au profit de la valeur du travail.</p>
<p>La réponse à la question : « faut-il adapter les pratiques de travail aux Millénials ? » semble de fait évidente. Pour autant, il persiste des tensions contradictoires entre les objectifs de l’entreprise, la réalité du terrain et les modes de management. Le digital et l’innovation managériale, au cœur de la transformation des entreprises nécessitent une évolution profonde des pratiques de travail et des modes de management des entreprises et des cabinets qui les conseillent et auditent.</p>
<h2>De quels moyens disposent aujourd’hui les cabinets d’audit et de conseil pour attirer, séduire et retenir les Millénials ?</h2>
<p>La tension entre une approche managériale prescriptive en vigueur et les attentes de la part des jeunes diplômés ou expérimentés d’un nouveau mode de management plus collaboratif et flexible, sonne comme une évidence. L’adaptation du lieu de travail, le croisement des talents, l’adoption de méthodes collaboratives innovantes et la mise en œuvre des modes de management digitaux (cloud d’entreprise, réunion en visio-conférence, organisation des espaces de co-working, adaptation à l’environnement technologique des clients) au sein de lieux inspirants sont les principaux facteurs requis pour un management plus flexible et plus agile, en croisant les savoir-faire, la technologie, la data-analytics et la cybersécurité.</p>
<p>Pour autant, la technologie ne peut à elle seule être la solution aux nouvelles problématiques managériales. Il faut remettre l’humain au centre de toutes les préoccupations avec à la clé un management repensé, fondé sur la motivation des équipes et l’adoption d’attitudes et de comportements attendus par les jeunes collaborateurs.</p>
<p>C’est le début de la fin du management hiérarchique et cloisonné. Chez les <a href="http://bit.ly/2z3Ct6O">« big four »</a>, la tendance est à la réduction des lignes hiérarchiques et à l’aplatissement des structures favorisant un fonctionnement plus agile. Depuis quelques mois, elle s’accompagne de la suppression des bureaux des associés et leur transformation en open-space. La suppression de lieux physiques fixes est accompagnée par une remise en cause du statut même qui jadis était symbole d’autorité et de pouvoir co-actif. L’associé devient un leader capable de libérer du sens.</p>
<p>Dans la même lignée, l’intégration de nouvelles compétences dans les équipes rend l’organisation plus hybride. Il n’est plus rare de rechercher parmi les nouvelles recrues des : « critical thinkers », des designers, des « marketers » et des spécialistes de l’intelligence artificielle. La transversalité est devenue plus qu’un « buzz word » une valeur et un mode de management. Pour être attractif, les salles de sport, les services à la personne aux bureaux ne suffisent plus. Il faut adopter des modes de fonctionnement qui relèvent plus de la « startup » que la grande entreprise.</p>
<p>Ainsi, les cabinets d’audit et de conseil pour retenir leurs collaborateurs doivent adapter leur organisation au profil de la majorité de leurs collaborateurs de moins de 30 ans. Celle-ci doit leur permettre de participer directement ou indirectement à de grandes causes, leur assurer un confort social nécessaire à leur niveau d’attente et une flexibilité des horaires permettant de lier vie sociale et travail. Il en découle une adaptation nécessaire afin de porter l’attention sur la capacité des managers en charge des Millénnials à appréhender l’ensemble de ces exigences. Concrètement, cela passe par une adaptation du management et une évolution de l’encadrement des missions.</p>
<h2>La remise en cause de la dialectique action collaborative-contrôle managérial dans la relation Manager-Millénial ?</h2>
<p>Cette réflexion n’est pas nouvelle dans la mesure où <a href="http://bit.ly/2kPjjwA">Canals (2011)</a>, <a href="http://bit.ly/2kv4Fv9">Karsh et Templin (2013)</a> ont déjà étudié l’adaptation des organisations aux valeurs véhiculées par les baby-boomers, pour mieux les intégrer. Mais cette fois-ci un élément nouveau vient se rajouter aux idéaux : la technologie.</p>
<p>Les évolutions technologiques sont un vrai défi pour les cabinets d’audit et de conseil dans la mesure où les futurs salariés sont des individus nés avec des capacités intuitives leur permettant une facilité d’utilisation de ces outils. La difficulté principale pour les managers vient du fait que les Millénials ne considèrent pas leurs supérieurs hiérarchiques comme des experts dans la mesure où ils sont capables de trouver l’information technique par eux-mêmes dans un laps de temps très court.</p>
<p>Ils recherchent des guides pour avancer dans leur travail. Comme cela a été décrit par <a href="http://bit.ly/2kOcMlN">Brack (2012)</a> « ils considèrent davantage les managers comme des coachs et des mentors ». Ils s’attendent plus à un accompagnement auquel les managers ne sont pas préparés. Ce constat devrait conduire les cabinets d’audit et de conseils à évoluer vers des organisations autonomes autour d’équipes constituées de collaborateurs qui hiérarchiseraient eux même leur travail. Cette organisation par projet fondée sur une logique de coordination relationnelle et non hiérarchique, correspond bien au fonctionnement intellectuel des Millénials.</p>
<p><a href="http://bit.ly/2oXsfoD">Bannon, Ford, Meltzer (2011)</a> résument bien ce que c’est qu’un Millénial : un individu éduqué, socialement responsable, ouvert à la diversité, qui maitrise des technologies avancées et qui cherche un équilibre de vie et un contexte apprenant. Le métier de consultant en lui-même ne suffit plus pour faire rêver. Aux cabinets de réinventer le rêve !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89330/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La réponse à la question : « faut-il adapter les pratiques de travail aux Millénials ? » semble évidente. Exploration de ses implications dans le cas des cabinets de conseil.Yves-Alain Ach, Docteur en Sciences de Gestion - Ph.D in management sciences - Professeur de Finance, EMLV, Pôle Léonard de VinciSandra Rmadi Said, Professeur associé, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/785402017-06-12T20:13:55Z2017-06-12T20:13:55ZLa génération Y prend le pouvoir : comment gérer ses vieux ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/173157/original/file-20170609-4794-evjyx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Management intergénérationnel…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/91782/">tec_estromberg/Visual Hunt </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>« Ô jeunes gens ! Elus ! Fleurs du monde vivant,<br>
Maîtres du mois d’avril et du soleil levant,<br>
N’écoutez pas ces gens qui disent : soyez sages ![…]<br>
Eux, ridés, épuisés, flétris, édentés, chauves,<br>
Hideux ; l’envie en deuil clignote en leurs yeux fauves.<br>
Oh ! comme je les hais, ces solennels grigous !<br>
Ils composent, avec leur fiel et leurs dégoûts,<br>
Une sagesse pleine et d’ennui et de jeûnes,<br>
Et, faite pour les vieux, osent l’offrir aux jeunes ! »<br>
<strong>Extrait du recueil posthume « Océan », de Victor Hugo.</strong></p>
</blockquote>
<p>Lors de la passation de pouvoirs présidentiels, puis de la nomination du premier ministre, on aura entendu à maintes reprises, non ce poème de Victor Hugo, mais, l’alexandrin bien connu de Corneille : « la valeur n’attend point le nombre des années ». Certes l’<a href="http://bit.ly/2rBh7Ny">attelage exécutif est inédit d’un point de vue politique</a>, mais d’un point de vue générationnel il est cohérent. On notera d’ailleurs l’incommunicabilité entre un Bernard Cazeneuve fier de partir en DS pour montrer que les vieilles voitures ont tout de même du cachet et un Édouard Philippe qui ne relève pas puisqu’il se déplace le plus souvent à pied dans sa ville du Havre.</p>
<p>Pour une fois, un président de la République française n’accède pas à la fonction suprême à l’âge de la pré-retraite. Emmanuel Macron (à quelques mois près) appartient à la Génération Y.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/RJMQvQpRNiE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Génération Y.</span></figcaption>
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<p>Il en a certaines caractéristiques majeures qui lui ont été reprochées telles que l’impatiente, l’individualisme (opportunisme ?) ou encore un rapport à l’autorité (des partis ?) différent. En somme, lors de cette dernière élection présidentielle, il n’a pas suivi les codes, et il sembla continuer en nommant son premier ministre.</p>
<p>D’aucuns, parfois flétris, rarement édentés, mais souvent chauves et ridés, lui reprochent déjà son manque d’expérience. À 39 ans on a tout de même au moins une quinzaine d’années d’expérience professionnelle et c’est là qu’Emmanuel Macron marque peut-être un changement de paradigme : c’est lui le Boss maintenant. C’est un jeune qui dirige et les électeurs ont écarté lors des primaires puis de l’élection ses aînés.</p>
<h2>Changement total de perspective</h2>
<p>C’est un changement, si ce n’est de paradigme, <a href="http://bit.ly/2s4jHw6">au moins de perspective</a>, car depuis une dizaine d’année, l’on nous explique comment gérer les jeunes générations, notamment les Y, et qu’aujourd’hui, à travers Emmanuel Macron, Édouard Philippe ou hier Mathias Fekl pour la France, mais aussi demain <a href="http://bit.ly/2s4eQeH">Leo Varadkar en Irlande</a>, ce sont eux qui ont <a href="http://bit.ly/2rTPNbU">à manager les autres</a>.</p>
<p>Dans l’entreprise, l’on arrive également à ce point charnière où les générations Y sont arrivées à maturité et poussent pour prendre des postes à responsabilité là où <a href="http://bit.ly/2sm39jP">des organisations n’ont pas la flexibilité ou l’agilité</a> pour leur donner le pouvoir. On lit parfois dans les préfaces de trentenaires qui publient un mémoire de MBA, leurs patrons de vingt ans leurs aînés, les féliciter du courage qu’ils ont eu de reprendre leurs études, tandis que pour le diplômé, il s’agit simplement de rester connecté avec la réalité et de toujours progresser dans un monde où ne pas avancer c’est prendre du retard.</p>
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<figcaption><span class="caption">Qu'est-ce que la génération Y ?</span></figcaption>
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<p>On note également un fort <a href="http://bit.ly/2rdH6Y8">engouement pour les start-up et l’entrepreneuriat</a> qui sont des formes d’entreprise, au sens large d’<strong>aventure</strong>. Ces aventures extirpent les salariés du modèle d’évolution par l’ancienneté et donc de l’autorité issue de l’âge plutôt que de la compétence ou des résultats. Un génération Y à qui l’on va demander une lettre manuscrite pour un recrutement saura qu’il n’est pas jugé sur des critères objectifs et que ces <a href="http://bit.ly/1PuqUtB">pratiques surannées</a> sont le marqueur d’entreprises où sévit certainement une forme de népotisme ou d’arbitraire.</p>
<h2>L’autorité ne va plus de soi</h2>
<p>Cette probité qui a tant défrayé la chronique durant les élections est un autre marqueur de la génération Y pour laquelle l’autorité dans sa verticalité organisationnelle ne va pas de soi mais se fonde sur un <a href="http://bit.ly/2sKFTcS">réel pouvoir, c’est-à-dire sur des compétences et du charisme.</a></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=529&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=529&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=529&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=664&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=664&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/173156/original/file-20170609-4796-1wdl8wb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=664&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Savoir gérer des âgés…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f/photo/14574506078/20629f88b3/">Internet Archive/Visual Hunt</a></span>
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<p>Dans l’entreprise, les travers ordinaires et acceptés de directeurs paternalistes qui se permettent des <em>petites</em> réflexions sexistes ou des <em>petits</em> commentaires racistes, <em>pas bien méchants</em>, ne sont plus tolérés par les générations Y qu’ils soient au travail ou dans l’isoloir.</p>
<p>Alors si ces générations prennent le pouvoir, ce que cette élection présidentielle ne fait que mettre au grand jour, il faut certainement que la recherche en sciences de gestion qui s’est jusqu’ici concentrée sur la problématique du <strong>comment manager les jeunes</strong>, se demande désormais <strong><a href="http://bit.ly/2rU1tLQ">comment manager les vieux</a></strong>… si tant est que les jeunes chercheurs ne puissent s’appliquer les résultats à eux même pour convaincre leurs aînés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/78540/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandre Lavissière ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>On voit souvent le management inter-générationnel comme le management des Y ou Z. Avec un président de la génération X, un jeune président, le paradigme va peut-être changer. Comment le gérer ?Alexandre Lavissière, Enseignant-chercheur en management, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/756402017-04-19T19:36:32Z2017-04-19T19:36:32ZQuand je serai grand je voudrais être chercheur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164541/original/image-20170408-3845-tqmma8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le laboratoire de chimie moléculaire de l'Ecole Polytechnique à l'Université Paris Saclay.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/117994717@N06/16276695722/in/photolist-qNjjyS-RJf5zq-SydeGo-SKK7PN-SydeMU-kdfJux-pghoEs-SydeJs-qhnsqh-kdgcRK-qi4GAe-S7aSMt-qpiVVY-q4hbzf-RRxdv7-RRxdJJ-RRxdNb-r43uzP-rmdhWN-kdgvpc-v2FyEj-kdiBGh-m19BYT-RRxdrj-q4dAL6-kdjpUN-r3SNj2-saTpbX-TkGfyT-TkGfo2-moun8B-rRBt2D-pQYXn2-q4hDxm-rdWrjw-kdhMKp-t7M5qf-kdhMBP-kXDGXt-q4cWB2-qkvStn-rgNhHq-r8CMvT-qdNA1m-kdfLnv-puzvgM-kdhPP5-qKjy9g-kdhTSA-kdhTqo">Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2017, qui se tient du 7 au 15 octobre, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr">Fetedelascience.fr</a>.</em> </p>
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<p>« Tu fais ta thèse dans quoi toi ? »…</p>
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<p>Quand on est jeune chercheur aujourd’hui, telle est la question… et de plus en plus complexe est la réponse. Alors que les Anglo-saxons encensent ce qu’ils appellent le « multipotentiolate » lors de conférences TED grand public, en France on s’obstine à enfermer les doctorants dans des carcans méthodologiques et disciplinaires.</p>
<p>Mais alors pourquoi ce système disciplinaire rigide dans la recherche ? Comment les nouveaux chercheurs s’approprient-ils leur(s) terrain(s) et héritage(s) ?</p>
<h2>Décloisonnement et fin des étiquettes</h2>
<p>Tendance de fond : les sempiternelles disciplines voient leurs frontières s’évanouir ou du moins s’estomper, et certains universitaires s’en trouvent démunis. Une des explications à ce tournant radical est certainement du fait de cette jeunesse qui s’informe, se déforme et décloisonne ces « spécialités » dont leurs aînés étaient si fiers et auxquelles certains restent désespérément agrippés. En effet, dans les années 80 déjà, dans le monde anglo-saxon, le décloisonnement de la recherche fait apparaître de nouveaux champs de recherche trans-, inter- et pluridisciplinaires. C’est la naissance des « studies ».</p>
<p>Les doctorants du vingt et unième siècle, premières générations de <em>digital natives</em> sont tombés dans la toile quand ils étaient petits et refusent les étiquettes. Peut-être est-ce parce qu’ils saisissent toute la richesse de la pensée collective, tout en en mesurant les dangers ? Contrairement à ses prédécesseurs, le jeune chercheur aujourd’hui, n’a plus envie de choisir entre telle ou telle spécialité, entre telle ou telle méthodologie, entre tel ou tel pays. Il les veut tous.</p>
<p>Pourquoi choisir ? Puisque son accès au savoir est illimité grâce aux MOOC, aux TED’s, aux publications en ligne, bref aux <em>open sources</em>. Il a passé deux, trois masters et a emprunté plusieurs passerelles transdisciplinaires tout au long de ses études. Il a le droit d’hésiter et de diversifier ses expériences et il compte bien conserver ce privilège et le cultiver pendant son doctorat.</p>
<h2>Le chercheur « génération Y » joue avec l’instabilité</h2>
<p>Le parcours de formation « atypique » du jeune chercheur, semé d’embûches et de migrations, ne l’est plus tant que ça. Et il en sera de même dans sa vie professionnelle. Le jeune chercheur de la « génération Y » flirte avec l’instabilité qui devient, si ce n’est indispensable, du moins nécessaire pour appréhender les nouveaux objets de la recherche devenue nomade. Pourquoi alors ne pas disséquer un texte en latin comme on examine une branche d’ADN ? Un philosophe ne pourrait-il pas considérer l’impôt en Afrique ?</p>
<p>Lors de la Journée internationale des jeunes chercheurs en 2016, les doctorants avaient été invités à communiquer autour de l’interdisciplinarité dans toute sa richesse (<a href="http://jijc2016.event.univ-lorraine.fr/jijc_accueil.php">JIJC2016</a>). Cette année avec son thème, <a href="https://jijc2017.event.univ-lorraine.fr/">« Quelles questions pour quelles recherches ? »</a>, la JIJC remet ça en interrogeant la place du jeune chercheur au sein de la recherche.</p>
<h2>Poser les bonnes questions</h2>
<p>En 2017, il s’agira de se demander quelles questions scientifiques sont à l’œuvre dans les recherches : au nom de quoi faisons-nous des recherches ? Quels types de recherches sont sollicités par de telles questions ? Quelle est la place de la recherche fondamentale ? Quelle part est accordée à la recherche sur la société, aux recherches appliquées ou recherches d’action ? Face à la multiplication de concepts migrants, les champs de recherche ne doivent-ils pas être restructurés, ou destructurés ?</p>
<p>La méthode de maîtrise des disciplines est clairement définie par les institutions, notamment le Conseil National des Universités ou encore les concours de l’enseignement secondaire. Ce pose alors la question de la légitimation de ces nouveaux champs au sein d’une institution universitaire donnée. Ainsi les <em>cultural studies</em>, à la croisée de la sociologie, de l’anthropologie culturelle, de la philosophie, de l’ethnologie, de la littérature, des arts et d’autres disciplines, sont souvent critiquées en dehors du monde anglophone.</p>
<p>De même, alors que bon nombre d’équipes de recherche cantonnent leur recrutement à des agrégés, les champs de recherche peuvent-ils être aussi clairement délimités ? Ce mode de fonctionnement, certes historique, reste-t-il pertinent face aux questions de recherche qui évoluent au contact des nouvelles technologies ? Ces dernières ne permettraient-elles pas de s’affranchir des méthodes « classiques » de maîtrise de la discipline en dépassant les champs de recherche « traditionnels » ?</p>
<h2>Vers la recherche augmentée</h2>
<p>Évoluant dans des champs de recherche de plus en plus mouvants, peut-on se contenter d’une seule spécialisation ou doit-on complexifier, enrichir, augmenter les études ? Un exemple, les <em>gender studies</em> combinent les disciplines historiques, psychologiques, sociologiques ou encore médicales. De même, peut-on être chercheur sans considérer le contexte et les besoins de la société ? Ces questionnements sont d’autant plus valables lorsque la recherche s’interroge sur des questions d’actualités sociétales, et/ou liées au monde de l’entreprise.</p>
<p>Ainsi, on voit naître de plus en plus de collaborations et partenariats entre les chercheurs et des entités privées et/ou publics. Les Conventions Industrielles de Formation par la Recherche établissent par exemple un lien entre un prescripteur (en général une entreprise), un laboratoire de recherche et un doctorant.</p>
<p>Quelles peuvent être les méthodologies employées dans ces collaborations ? Comment concilier les méthodes du chercheur et les attentes d’un partenaire extérieur ? En somme : où s’arrête une discipline ? Ne devrait-on pas par ailleurs parler de domaines de recherche plutôt que d’aires disciplinaires ? La création d’équipes de recherches interdisciplinaires et/ou transdisciplinaires est-elle toujours nécessaire ? Si oui, quels sont les bénéfices de ce brassage entre les champs ?</p>
<p>Face à toutes ces questions, il conviendrait d’aller vers de nouvelles pratiques de recherche et de s’interroger sur la place des jeunes chercheurs aujourd’hui.</p>
<h2>Nouvelles pratiques de recherche, nouvelles interrogations</h2>
<p>Lors de la JIJC 2017, les jeunes chercheurs <strong>de toutes disciplines</strong> seront invités à réfléchir à ces questions autour de cinq axes :</p>
<ul>
<li><p>Quelle(s) posture(s) épistémologique(s) et déontologique(s) pour le chercheur aujourd’hui ?</p></li>
<li><p>L’aspect humain derrière la recherche : quelle(s) implication(s) pour le chercheur ?</p></li>
<li><p>Quelle(s) méthodologie(s) pour quelles recherches, où s’arrêtent les territoires disciplinaires ?</p></li>
<li><p>Inter/transdisciplinarité et apports de la recherche pour la société : comment concilier les points de vue ?</p></li>
<li><p>Comment la recherche interroge-t-elle son héritage ?</p></li>
</ul>
<p>Loin d’être une action isolée, ces considérations commencent à être étudiées en congrès internationaux et notamment lors de doctoriales innovantes (Exemple : les doctoriales de la Société des anglicistes de l’enseignement supérieur de 2017).</p>
<p>Des chercheurs plus aguerris s’efforcent également de définir « les désignations disciplinaires et leurs contenus » et d’interroger ce « paradigme des “studies” » (<a href="https://studies.hypotheses.org/">Colloque Paris 13–USPC, 18-20 janvier 2017</a>).</p>
<hr>
<p><em>C’est dans cette optique que la Journée internationale des Jeunes Chercheurs se tiendra le 16 juin 2017 sur le campus du Saulcy à Metz. Pour plus d’informations, les lecteurs curieux pourront visiter le <a href="https://jijc2017.event.univ-lorraine.fr/">site web de la manifestation</a>.</em></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=171&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=171&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=171&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/75640/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérémy Filet est un des organisateurs de la Journée Internationale des Jeunes Chercheurs 2017. Dans le cadre de son contrat doctoral, il prépare sa thèse au sein du laboratoire IDEA, et enseigne l'anglais à l'université de Lorraine.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lisa Jeanson est une des organisatrices de la Journée Internationale des Jeunes Chercheurs 2017. Elle est également doctorante en Cifre chez le Groupe PSA et au laboratoire PErSEUs à l'Université de Lorraine. </span></em></p>Comment travaillent et veulent travailler les doctorants chercheurs de la première génération des « digital natives » ?Jérémy Filet, Doctorant en civilisation Britannique du XVIIIème siècle, Université de LorraineLisa Jeanson, Doctorante en Ergonomie Cognitive, Groupe PSA/laboratoire PErSEUs, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.