tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/methanisation-33105/articlesméthanisation – The Conversation2024-02-22T08:35:31Ztag:theconversation.com,2011:article/2237642024-02-22T08:35:31Z2024-02-22T08:35:31ZAu nom du paysage ? Éoliennes, méthaniseurs… pourquoi les projets renouvelables divisent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/576174/original/file-20240216-24-i9vagu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au-delà des nuisances, les opposants aux projets d'énergie renouvelables invoquent souvent des arguments d'ordre esthétique.</span> <span class="attribution"><span class="source">isamiga76 / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La vue, le bruit, ou encore l’odeur. Les arguments des opposants aux projets d’implantation d’infrastructures <a href="https://theconversation.com/fr/topics/energies-renouvelables-22981">d’énergies renouvelables</a> (ENR) renvoient de plus en plus systématiquement à la perception de l’environnement, qu’elle soit sensible ou esthétique.</p>
<p>C’est du moins le constat de l’enquête que je mène depuis 2021 au <a href="https://www.u-picardie.fr/habiterlemonde/">laboratoire Habiter le Monde</a> (Université de Picardie), à travers l’analyse de près de 1500 questionnaires et l’observation de réunions publiques dans six villes qui connaissent des projets d’implantation d’ENR en Hauts-de-France, Touraine et Alsace.</p>
<p>Nous avons ainsi noté que l’argumentation des opposants se cristallise autour d’une notion en particulier : le paysage, et cela, d’une façon qui vient l’esthétiser. L’atteinte au paysage apparaît ainsi comme le premier argument brandi par les <a href="https://www.larep.fr/griselles-45210/actualites/c-est-moche-et-ca-pollue-contre-l-implantation-d-eoliennes-des-opposants-forment-une-chaine-humaine-pres-de-montargis_14327905/">opposants aux projets éoliens</a>, de <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-methanisation-a-t-elle-mauvaise-presse-88280">méthanisation</a> ou photovoltaïques.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<p>La dimension esthétique, renvoyant à des nuisances visuelles, olfactives ou sonores, est souvent la première nommée, citée par plus de 90 % des répondants. Elle arrive bien avant les questions économiques (prix du foncier, finances de la commune), avant les enjeux de production et d’approvisionnement énergétique et même avant les problématiques écologiques.</p>
<p>À y regarder de plus près, ce phénomène révèle, en creux, une conception de l’environnement spécifiques à nos sociétés, mais aussi, l’importance des valeurs hygiénistes, et, enfin, une conception de la technologie et un rapport au politique fondé sur la défiance.</p>
<h2>Une « nature » sacralisée et des paysages à préserver</h2>
<p>Les opposants aux projets ENR affirment qu’il faut préserver le paysage local en l’état. Celui-ci, considéré comme « beau », révèle un rapport singulier à l’environnement. En effet, cette façon de penser le paysage tend à réduire l’environnement à la seule notion de « nature ».</p>
<p>Ils perçoivent cette nature ainsi conçue comme un ensemble d’écosystèmes harmonieux et pacifiés dans lequel, en plus d’être « beaux », la faune, la flore et les éléments coopéreraient dans un équilibre parfait, et où l’être humain est conçu comme une menace.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.</em> <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Au cœur de cette conception, on retrouve l’idée d’un paysage sacralisé et immuable, <a href="https://hal.science/hal-03937667/document">comme si les écosystèmes étaient eux-mêmes éternels</a>.</p>
<p>Pour quelque naïve et simpliste que cette perception puisse paraître, elle est majoritaire parmi les réponses que nous recueillons. La défense du paysage rejoint sur ce point l’argument écologique de préservation de la biodiversité. Défendre le premier revient à défendre la seconde, assimilée à la « nature ». Les porteurs de ce discours, <a href="https://theconversation.com/vers-un-tournant-rural-en-france-151490">très souvent néoruraux</a>, sont également opposés à la chasse et bien souvent en conflit avec les agriculteurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/576858/original/file-20240220-20-xt7cww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576858/original/file-20240220-20-xt7cww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576858/original/file-20240220-20-xt7cww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576858/original/file-20240220-20-xt7cww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576858/original/file-20240220-20-xt7cww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576858/original/file-20240220-20-xt7cww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576858/original/file-20240220-20-xt7cww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’espace rural accueille une diversité de réalités sociales.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Clarisse Croset/Unsplash</span></span>
</figcaption>
</figure>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vers-un-tournant-rural-en-france-151490">Vers un tournant rural en France ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Sur cette base, on comprend que les projets d’ENR viennent perturber l’harmonie perçue de la “nature”. En portant atteinte aux paysages, <a href="https://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1996_num_14_75_3684">ils créent ce que Daniel Céfaï appelle une situation problématique</a>.</p>
<p>On ne pourra que noter le paradoxe et l’écart entre d’un côté la dénonciation d’une anthropisation jamais atteinte dans l’histoire et la création d’une perception locale de l’environnement comme un havre harmonieux, immaculé à préserver, <a href="https://journals.openedition.org/paysage/28125">comme si l’être humain n’était pas déjà producteur de ces mêmes paysages</a>.</p>
<h2>Un hygiénisme d’opposition</h2>
<p>Cette esthétisation de l’argumentation des opposants aux projets ENR renvoie également à une valeur croissante des sociétés occidentales depuis le XVIII<sup>e</sup> siècle : <a href="https://theconversation.com/lhistoire-coloniale-francaise-et-lobsession-hygieniste-48914">l’hygiène</a>. Le paysage n’est pas seulement considéré comme un havre de biodiversité en équilibre intemporel, mais aussi comme propre, ne devant pas être sali.</p>
<p>La problématique du propre et du sale est surtout perceptible dans les oppositions aux unités de <a href="https://theconversation.com/dechets-alimentaires-a-quoi-va-servir-le-nouveau-tri-a-la-source-221052">méthanisation</a> et concerne moins les parcs photovoltaïques ou les éoliennes.</p>
<p>Pour les méthaniseurs, dans la perspective hygiénico-esthétique, ce sont surtout les odeurs qui sont dénoncées par les opposants. Les odeurs et toutes les représentations du sale qui naissent de la comparaison systématique des unités de méthanisation avec des estomacs de vache. Gaz, fermentation dans la cuve et stockage des matières premières, souvent des déchets organiques, les boues issues des cuves, le « digestat » : Cet ensemble nourrit la définition du sale associé à ce mode de production énergétique qui vient alors souiller le paysage local.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-methanisation-est-elle-vraiment-un-levier-pour-lagroecologie-222425">La méthanisation est-elle vraiment un levier
pour l’agroécologie ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Par-delà, la problématique de la souillure et des odeurs, ce sont également les infrastructures de la méthanisation qui, bien que moins hautes ou étendues que l’éolien ou le photovoltaïque, sont dénoncées pour leur laideur.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/576860/original/file-20240220-18-3a83e4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576860/original/file-20240220-18-3a83e4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576860/original/file-20240220-18-3a83e4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576860/original/file-20240220-18-3a83e4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576860/original/file-20240220-18-3a83e4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576860/original/file-20240220-18-3a83e4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576860/original/file-20240220-18-3a83e4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une unité de méthanisation agricole.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jérémy-Günther-Heinz Jähnick</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une perception magico lyrique de la production d’énergie</h2>
<p>Enfin, cette opposition esthétisée révèle, globalement, une défiance profonde vis-à-vis du monde politique ainsi qu’une ignorance des techniques de production d’énergie. Pour nombre d’opposants, derrière l’interrupteur électrique se cacheraient les décisions d’un pouvoir politique tout puissant.</p>
<p>Les risques de pénurie de l’année 2022 n’étaient pour eux qu’une mise en scène manipulatrice de l’opinion pour cacher les « vrais » problèmes. D’autant que selon ce type d’opposants, la <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/29/ange-pottin-philosophe-des-sciences-le-nucleaire-francais-est-pense-comme-une-energie-deconnectee-de-l-emprise-terrestre_6213678_3232.html">France est vue comme autonome grâce à son parc nucléaire</a>.</p>
<p>Ignorance et conception magico lyrique de la production d’énergie se croisent ici pour alimenter un discours de protection des paysages.</p>
<p>Dans cette logique, la plupart des opposants nient aux ENR toute efficacité énergétique. Sur cette base d’inefficience technique, est mobilisé un <a href="https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre-2017-4-page-15.htm">soupçon généralisé à l’ensemble des projets engagés par les élus</a>.</p>
<ul>
<li><p>D’un côté, les ENR ne seraient pas du tout écologiques et/ou produiraient peu d’énergie</p></li>
<li><p>De l’autre, la véritable raison d’être des projets serait l’enrichissement des élus, de l’agriculteur sur les terres duquel le projet prendra place, ou encore de l’entreprise exploitante qui touche des subventions.</p></li>
<li><p>Dans ces conditions, ils ne considèrent pas les projets ENR comme d’intérêt public, ni même d’intérêt écologique.</p></li>
</ul>
<p>Enfin, comme <a href="https://journals.openedition.org/paysage/20723">nous avons pu l’écrire ailleurs</a>, la contradiction de l’intérêt public des projets, la mise en cause de leur efficacité énergétique mobilise également tout un discours pseudoscientifique qui vient appuyer les soupçons.</p>
<p>Ces trois niveaux d’argumentation sont plus ou moins intriqués chez les répondants de notre enquête. Leur entrecroisement dessine des profils d’opposants plus ou moins radicaux. La convergence des trois niveaux d’argumentation est néanmoins corrélée – et d’autant plus radicale – que la trajectoire sociospatiale des individus est urbaine.</p>
<p>Pour tous, les enjeux de production d’énergie, d’approvisionnement sont subordonnés à leur rapport au paysage, à la préservation de leur environnement, loin derrière un quelconque intérêt général. Les ENR sont bien sûr loin d’être la panacée en matière de production d’énergie. Comme tout mode de production, elles portent des limites techniques et des nuisances diverses.</p>
<p>Mais à l’heure où le monde et la France, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/12/15/la-planete-qui-n-a-jamais-eu-aussi-chaud-qu-en-2023-n-a-jamais-consomme-autant-de-charbon_6205957_3244.html">loin d’être entrée dans une quelconque transition énergétique</a>, consomme <a href="https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere">toujours plus d’électricité</a> et en consommeront <a href="https://www.geo.fr/environnement/vers-une-augmentation-massive-de-la-consommation-delectricite-en-france-quelles-consequences-215024">encore plus dans les années à venir</a>, à l’heure où les effets du changement climatique commencent seulement à se faire sentir, des compromis esthétiques raisonnés ne seraient-ils pas un prix à payer pour produire une énergie, si ce n’est totalement décarbonée, tout au moins locale ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223764/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabrice Raffin a reçu des financements de ADEME, Ministère de l 'Ecologie.</span></em></p>Les projets d’énergies renouvelables cristallisent toutes sortes de tensions. Derrière les raisons invoquées par leurs opposants, la conception d’un paysage esthétisé et intouchable.Fabrice Raffin, Maître de Conférence à l'Université de Picardie Jules Verne et chercheur au laboratoire Habiter le Monde, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2224252024-02-22T08:35:28Z2024-02-22T08:35:28ZLa méthanisation est-elle vraiment un levier
pour l’agroécologie ?<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1036&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1036&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1036&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1302&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1302&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1302&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Couverture de l’ouvrage Idées reçues sur la méthanisation agricoles, paru le 12 octobre 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Le Cavalier Bleu Editions</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>C’est l’un des débouchés industriels de la <a href="https://theconversation.com/dechets-alimentaires-a-quoi-va-servir-le-nouveau-tri-a-la-source-221052">collecte des biodéchets</a> obligatoire depuis le 1er janvier 2024. Ce sont les agriculteurs qui ont été les premiers pionniers de la méthanisation, qui constitue aujourd’hui un enjeu sociétal, à la croisée de l’économie, du social et de l’environnemental.</em></p>
<p><em>L’ouvrage <a href="http://www.lecavalierbleu.com/livre/idees-recues-methanisation-agricole/">« Idées reçues sur la méthanisation agricole »</a>, paru en octobre 2023 au Cavalier Bleu Éditions et dirigé par Aude Dziebowski, Emmanuel Guillon et Philippe Hamman, entreprend de démystifier les idées reçues véhiculées tant par les pro que par les anti méthanisation.</em></p>
<p><em>Nous en reproduisons ci-dessous un chapitre. Malgré son intérêt, la méthanisation agricole ne se résume pas à une « énergie verte » et questionne les évolutions des mondes ruraux dans leur globalité. C’est notamment le cas pour l’agroécologie, où la méthanisation est généralement vue comme levier. La réalité, comme souvent, est plus complexe.</em></p>
<p><em>L’ouvrage a également fait l’objet d’une présentation lors d’une journée d’étude dédiée, dont une captation est <a href="https://www.youtube.com/live/D5PLwpAwKsE?si=x_a7M1vQOrqi3aAy">accessible en ligne</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les articles scellant l’union de la méthanisation avec l’agroécologie se multiplient dans les médias professionnels agricoles (par exemple <a href="https://www.entraid.com/articles/methanisation-agroecologie-engie">ici</a> ou <a href="https://www.agrosolutions.com/agroecologie-developpement-methanisation/">là</a>), en même temps que le sujet s’immisce dans les canaux grand public <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/agroecologie-les-limites-de-la-methanisation-8324437">comme la radio</a> et justifie l’émergence de programmes de recherche dédiés, à l’instar de <a href="https://solagro.org/images/imagesCK/files/methalae_10_pages.pdf">MéthaLAE</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lobligation-de-tri-des-biodechets-va-t-elle-enfin-faire-decoller-la-methanisation-en-france-221272">L’obligation de tri des biodéchets va-t-elle enfin faire décoller la méthanisation en France ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Agroécologie : de quoi parle-t-on ?</h2>
<p>D’importants débats épistémologiques demeurent sur la polysémie de l’agroécologie et les conditions de sa mise en œuvre, a fortiori puisque la notion n’embarque pas les mêmes implications selon l’échelle de gouvernance considérée. Au niveau international, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) <a href="https://www.fao.org/family-farming/detail/fr/c/1263888/">décrit l’agroécologie comme</a> :</p>
<ul>
<li><p>« une solution qui peut contribuer à transformer les systèmes alimentaires en appliquant les principes écologiques à l’agriculture et en veillant à une utilisation régénérative des ressources naturelles et des services écosystémiques, tout en répondant au besoin de systèmes alimentaires socialement équitables. »</p></li>
<li><p>« L’agroécologie réunit une science, un ensemble de pratiques et un mouvement social : elle se présente maintenant comme un domaine transdisciplinaire qui couvre l’ensemble des dimensions écologique, socio-culturelle, technologique, économique et politique des systèmes alimentaires. »</p></li>
<li><p>« Les pratiques agroécologiques mettent à profit, préservent et améliorent les processus biologiques et écologiques dans la production agricole, afin de réduire l’utilisation d’intrants commerciaux (combustibles fossiles…) et de constituer des écosystèmes agricoles plus diversifiés, plus résilients et plus productifs »</p></li>
</ul>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<p>Tout en concluant qu’« il n’existe pas de limite claire universellement admise quant à ce qui est agroécologique et ce qui ne l’est pas », la FAO précise ce qu’elle considère comme 13 principes agroécologiques : le recyclage, la réduction des intrants, la santé du sol, la santé et le bien-être animal, la biodiversité, les effets de synergie, la diversification économique, la production conjointe de connaissances autochtones et scientifiques, les valeurs sociales, l’équité, la connectivité, la gouvernance des terres et ressources naturelles, et enfin la participation.</p>
<h2>D’abord un cas d’étude pour pays émergents</h2>
<p>En France, la définition proposée par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire converge. Pour les deux instances, l’agroécologie consiste aussi, au-delà de l’intensification des systèmes naturels, à l’intégration de nouvelles technologies innovantes… une orientation high-tech bien loin du modèle de développement socio-économique promu à la genèse de l’agroécologie, dès les années 1970.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560">Une vraie souveraineté alimentaire pour la France</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>En effet, c’est à cette période qu’émergent les premières recherches (par exemple en <a href="https://portals.iucn.org/library/node/21358">France en 1983</a> ou au <a href="https://books.google.fr/books/about/A_Handbook_on_Appropriate_Technology.html?id=ZwYoAAAAMAAJ&redir_esc=y">Canada en 1979</a>) de synergies entre agroécologie et méthanisation. On retrouve plusieurs cas d’études dans les pays en voie de développement, qui sont à la recherche de nouveaux modèles pour s’assurer une autosuffisance alimentaire de qualité et adaptée aux milieux, tout en cherchant à produire leurs propres énergies dans un monde où les pays développés imposent leurs dépendances au pétrole, au charbon et au nucléaire.</p>
<p>À présent, l’agriculteur issu de pays développés s’engage dans cette voie, particulièrement en France. Il se retrouve ainsi au cœur de la transition écologique en cherchant à dégager un équilibre entre ses intérêts économiques et la préservation du milieu naturel.</p>
<h2>Le développement d’une filière européenne</h2>
<p>En Europe, le recours à la méthanisation répond d’abord à la volonté de produire de l’énergie « verte » et, ensuite, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en particulier pour les méthanisations à base d’effluents. L’usage de l’agroécologie convoque d’autres critères, comme la gestion des adventices (mauvaises herbes) sans produits phytosanitaires, le bouclage des cycles de l’azote et du phosphore, ainsi que l’impact sur la biodiversité. Bien qu’important, ce dernier point reste encore mal compris.</p>
<p>Les synergies requièrent inévitablement de l’espace pour se déployer, tout en reposant sur de nouveaux itinéraires techniques qui peuvent modifier les rotations, à l’image de l’introduction des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), des dates de semis et de récolte, ainsi que les traitements phytosanitaires et fertilisations associés. Une modification spatio-temporelle s’observe sur les paysages, qui affecte la disponibilité des ressources pour la faune et la flore (par exemple, types et périodes de couvert, d’alimentation).</p>
<p><em>[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.</em> <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>De fait, le vivant s’adapte plus ou moins facilement à ces nouvelles modalités d’exploitation de l’espace au risque d’influencer les dynamiques des populations (par exemple, répartition, attractivité/ répulsion spécifique, risques de mortalité issue de dates précoces de fauche).</p>
<p>Au-delà de l’aspect écologique, trois opportunités de compétitivité apparaissent, qui instaurent un nouvel équilibre en matière de création de profits, de rentes et de filières face aux pressions exercées par les filières puissantes et stabilisées, comme les coopératives dominantes multinationales financiarisées.</p>
<p>– Premièrement, comme l’a démontré le <a href="https://shs.hal.science/halshs-02886217/document">projet de recherche Métha’Revenus</a>, la production énergétique accorde un complément de revenu et un gain d’autonomie à l’agriculteur. Avec la cogénération, il obtient en plus de la chaleur qui lui permet de sécher sa biomasse à faible coût sur son exploitation (exemple des céréales).</p>
<p>– Deuxièmement, les économies d’intrant se perçoivent aussi en récupérant du digestat (soit la matière obtenue après digestion anaérobie dans un méthaniseur). Les rendements sont améliorés de 20 à 25 % sur les cultures en agriculture biologique (AB) (céréales, prairies), ainsi que la fertilité des sols (davantage de vers de terre et de matières organiques). Elles permettent d’assurer la transition vers l’AB, dont l’objectif est d’atteindre les 25 % de surface agricole si l’on se réfère à la stratégie européenne Farm to Fork. Cependant, son usage se heurte au potentiel de fertilisation en azote et en phosphore qui peut limiter fortement les rendements des sols.</p>
<p>– Troisièmement, les certifications environnementales qui se rattachent à ces initiatives constituent une nouvelle forme de segmentation du marché permettant de capter de nouvelles sources de profit et de gagner en indépendance financière. Il conviendra tout de même de rester prudent car tous ces avantages peuvent inciter à l’intensification de l’agroécologie et engendrer des effets pervers.</p>
<p>Pour bénéficier de ces opportunités, l’agriculteur se doit de complexifier considérablement la gestion de son exploitation <a href="https://www.cairn.info/l-agriculture-francaise-une-diva-a-reveiller--9782759222391.htm">à partir de nouvelles compétences </a> : l’expérimentation et l’apprentissage, individuels ou « de paysans à paysans », deviennent des <a href="https://www.cairn.info/revue-pour-2018-2-page-193.htm">facteurs clés de réussite</a>.</p>
<p>Ils permettent une résilience singulière de chaque exploitation, qui devient plus agile pour faire face aux anticipations et répondre aux pressions systémiques subies. Cela n’est possible que grâce à une réorganisation du travail de l’agriculteur qui aspire à une meilleure qualité de vie. Certes, mais à quel prix ?</p>
<h2>Une méthanisation chronophage</h2>
<p>Deux craintes omniprésentes dans la culture agricole peuvent s’objectiver avec la mise en œuvre et le suivi d’un projet de méthanisation agricole individuel : le coût et la disponibilité de la main d’œuvre, et la difficulté à se libérer du temps. Si elle peut permettre de gagner du temps sur la conduite de certaines activités (par exemple, la manutention du fumier et du lisier), voire même alléger considérablement la charge de travail des agriculteurs insérés dans des projets collectifs, la méthanisation peut au contraire se révéler chronophage dans le cas de projets individuels, a fortiori s’agissant des éleveurs, puisque sa mise en œuvre exige une vigilance et une disponibilité de tous les instants.</p>
<p>Pris en étau entre la gestion de leur ferme et la maintenance de leur unité de méthanisation, il n’est pas rare que les agriculteurs doivent engager un nouveau salarié à plein temps, dans une dynamique de supervision constante ; ici, la mobilisation du temps de gestion peut être conséquente, alors que certains des bénéfices attendus n’arriveront qu’à moyen/long terme. Cette forme d’agriculture articulée autour des compétences des agriculteurs est <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2013-4-page-76.htm">« intensive en main d’œuvre »</a> : encore faut-il trouver du personnel qui soit à la fois formé et compétent en matière de méthanisation, un obstacle couramment rencontré dans l’activité agricole.</p>
<p>D’où la nécessité d’apprendre également à s’organiser et travailler en collectif afin d’avoir accès à certaines ressources cruciales, parmi lesquelles l’insertion dans des réseaux d’agriculteurs pour la circulation de connaissances et l’accompagnement rigoureux d’interlocuteurs qualifiés – on pense à la création d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-economie-rurale-2018-2-page-73.htm">réseau national de fermes de référence avec l’Association des méthaniseurs de France</a>.</p>
<p>En résumé, ce nouveau modèle de développement se heurte à celui, dominant, qui souhaite conserver ses propres standards en matière de financement, d’assurance, de taille critique acceptable selon le droit de l’environnement. Les enjeux en matière d’innovation sont importants. L’alliance méthanisation et agroécologie, reposant sur des techniques d’expérimentation singulières, de partage d’information communautaire et des innovations sur mesure – incluant high- et low-tech –, se confronte aux institutions financières et juridiques qui prônent la standardisation.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/oZTvMaRgYyM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une approche sociologique de la méthanisation agricole (Aude Dziebowski/Youtube, 2023)</span></figcaption>
</figure>
<h2>De l’agriculture à l’énergiculture</h2>
<p>Il existe cependant un large spectre de profils d’agriculteurs qui évoluent entre deux paradigmes opposés, des modèles alternatifs – non productivistes – jusqu’au modèle d’énergiculture. Dès lors, certains modèles privilégiés en France sont là pour contribuer à la transition énergétique, mais non forcément écologique.</p>
<p>Dans de telles conditions, ceux souhaitant profiter de ces synergies sont à l’heure actuelle en minorité et leurs faibles revenus <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2013-4-page-76.htm">les rendent inaudibles</a> pour ces institutions. Se pose alors la question de l’intervention des politiques publiques pour contrer cette vision monolithique de la transition.</p>
<p>En effet, le tandem méthanisation-agroécologie porte à la fois des enjeux identitaires, culturels et de territorialité, interrogeant la sphère démocratique. Ce faisant, il s’agit de penser de nouvelles structures de gouvernance décentralisées laissant une place de choix à chacun dans la réappropriation des outils techniques et dans la prise de décision collective en matière de « bonnes trajectoires » de gestion des ressources.</p>
<p>Un cadre multiscalaire permettrait à l’agriculteur de restaurer son image professionnelle et sa relation à la société civile par le biais de son engagement dans la transition écologique.</p>
<h2>Le risque de contestation locale</h2>
<p>Pour autant, son intégration à échelle micro-locale peut s’avérer à double tranchant : cette visibilité renouvelée peut, dans le cas où son projet de méthanisation devient un <a href="https://www.cairn.info/revue-economie-rurale-2022-3-page-21.htm">objet de politisation contestataire locale</a>, l’exposer à de vives critiques au sein du tissu territorial de proximité, entraîner sa mise au ban et renforcer une solitude professionnelle, une pression réglementaire et socio-environnementale et une défection populaire <a href="https://hal.science/hal-03449707">déjà largement déplorées au sein du monde agricole</a>.</p>
<p>En butte à l’hostilité de certains de leurs pairs et/ou à la contestation citoyenne puisqu’ils façonnent un paysage des énergies renouvelables déjà en proie à une acceptabilité sociale fragile, les agriculteurs engagés dans la méthanisation courent également un risque social.</p>
<p>Des verrous sociotechniques demeurent, qui nous rappellent l’importance de penser toute l’intrication des différentes échelles de gouvernance des pratiques agroécologiques, de l’exploitation au territoire, sans oublier le rôle prégnant des organismes professionnels agricoles (négoces, coopératives, syndicats agricoles, Chambres d’agriculture) et des systèmes alimentaires et énergétiques.</p>
<p>Devant de telles tensions, on assiste à une montée en puissance du lobbying de la part des agriculteurs minoritaires pour faire face aux décisions politiques : des communautés d’intérêt s’organisent en syndicats et réseaux d’agriculteurs (par exemple, le <a href="https://www.civam.org/civam-oasis/">CIVAM de l’Oasis</a>) de manière à créer leurs propres standards et références, et proposer un encadrement technique conforme aux règles de l’agroécologie autour d’un système d’échange adapté (par exemple, approvisionnement contre digestat) pour pallier la hausse des coûts des coproduits et renforcer l’autonomie.</p>
<p>Finalement, cette réappropriation du pouvoir d’agir permet aux agriculteurs investis dans l’agroécologie de renforcer leur modèle productif, de monter en qualité et de trouver une symbiose entre leur environnement et leur activité économique, facilitant leur conversion à une activité plus intégrée (la méthanisation, l’agriculture biologique, etc.) dans laquelle ils sont autonomes et maîtrisent tous les outils… à l’inverse de l’énergiculteur qui, bien qu’initialement animé par une recherche d’autonomie, devient un prestataire de services.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222425/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La méthanisation agricole ne se résume pas à une « énergie verte ». Parfois vue comme un levier pour l'agroécologie, la réalité est, comme souvent, est plus complexe.Aude Dziebowski, Doctorante en sociologie des mondes ruraux, Université de StrasbourgEmmanuel Guillon, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Romain Debref, Maître de conférences, Université de Reims Champagne Ardenne, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Yves Leroux, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2212722024-01-25T09:55:07Z2024-01-25T09:55:07ZL’obligation de tri des biodéchets va-t-elle enfin faire décoller la méthanisation en France ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570710/original/file-20240122-15-tacfxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une unité de méthanisation agricole</span> <span class="attribution"><span class="source">Jérémy-Günther-Heinz Jähnick </span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) impose depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2024 à tous les professionnels de trier les biodéchets, et en particulier aux collectivités locales de fournir des solutions de collecte des biodéchets aux particuliers.</p>
<p>De quoi accélérer le développement de la méthanisation en France ? En tout cas de quoi sérieusement reconfigurer le secteur : jusqu’alors, la méthanisation était surtout pratiquée en milieu rural par des agriculteurs.</p>
<p>Elle tend désormais à se développer en <a href="https://theconversation.com/micro-methaniseurs-la-solution-pour-mieux-valoriser-les-dechets-en-ville-81723">milieu urbain</a>, péri-urbain et industriel avec même, parfois, des innovations inattendues comme la micro-méthanisation dans des conteneurs maritimes. Tour d’horizon.</p>
<h2>Un besoin de valorisation croissant</h2>
<p>Jusqu’au 30 décembre 2023, les organisations générant moins de cinq tonnes de déchets par an n’avaient pas d’obligation de les trier. Mais depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2024, tous les professionnels sont concernés sans seuil minimum.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<p><a href="https://alchimistes.co/obligation-compostage-dechets-alimentaires/#entreprises">Même les plus petits</a> : restaurants proposant moins de 150 couverts par jour, hôtels de moins de 100 lits, points de vente alimentaires de moins 900 mètres carré, cantines scolaires de moins de 350 élèves ou Ehpad de moins de 70 résidents…</p>
<p>Du côté des particuliers, ceux-ci ne sont formellement pas obligés à trier, mais <a href="https://theconversation.com/dechets-alimentaires-a-quoi-va-servir-le-nouveau-tri-a-la-source-221052">fortement incités à le faire</a> parce que les communes ont l’obligation depuis 2024 de leur fournir une solution de collecte des biodéchets. La <a href="https://www.fnade.org/ressources/documents/source/1/4866-ANALYSE-PROSPECTIVE-FNADE-D-ORIENTATION-DES-FLUX-DE-DECHETS-A-HORIZON-2050-VDEF.pdf">croissance du flux de biodéchets à traiter</a> devrait ainsi s’accélérer au cours des prochaines années.</p>
<p>Une croissance qui va profiter au <a href="https://theconversation.com/lhistoire-peu-connue-du-compost-en-france-de-la-chasse-a-lengrais-a-la-chasse-au-dechet-220411">compostage</a> et à la méthanisation, deux solutions préconisées par les pouvoirs publics pour valoriser les biodéchets.</p>
<p>En tant qu’outil de la transition énergétique et compte tenu de la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc">Stratégie Nationale Bas-Carbone de la France</a>, la méthanisation devrait logiquement être privilégiée par les entreprises et les collectivités locales convaincues par le besoin de décarbonisation.</p>
<h2>Quel modèle d’affaires pour la méthanisation ?</h2>
<p>La méthanisation est un processus de conversion de la matière organique en biogaz, c’est-à-dire en méthane d’origine biologique. Son essor répond à des enjeux d’économie circulaire – réduction et recyclage des biodéchets – et de décarbonisation de l’économie – baisse des émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p><em>[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</em></p>
<p>Il existe évidemment des enjeux d’aménagement du territoire et d’emploi dans les territoires ruraux qui <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-territoires-doivent-semparer-de-la-bioeconomie-76243">sous-tendent le développement territorial de la méthanisation</a>.</p>
<p>De fait, aujourd’hui la méthanisation est principalement pratiquée par des <a href="https://eci-sig.ademe.fr/adws/app/bb11ce07-5cc9-11eb-a8fe-7dd6c4f9bb1d/index.html">exploitations agricoles situées en milieu rural</a>. Leurs intrants sont les effluents d’élevage, certains <a href="https://www.youtube.com/watch?v=vZJ1Di_BuP8">déchets agricoles</a> ou agroalimentaires et les <a href="https://agriculture.gouv.fr/quest-ce-quune-culture-intermediaire-vocation-energetique">cultures intermédiaires à vocation énergétique</a> (CIVE), plantées et récoltées entre deux récoltes principales afin d’être valorisées dans les usines de méthanisation.</p>
<p>Les méthaniseurs peuvent être exploités par des agriculteurs seuls ou encore par des groupements dont la taille peut aller de <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/dechets/ces-agriculteurs-du-finistere-veulent-transformer-les-biodechets-en-energie-et-en-engrais-ca985cb6-644e-11ee-84ee-9e4a9c99baa2">quelques agriculteurs</a> à <a href="https://www.lepopulaire.fr/peyrat-de-bellac-87300/agriculture/la-methanisation-a-grande-echelle-le-pari-de-74-agriculteurs-de-haute-vienne-et-de-l-indre_13684935/">plusieurs dizaines</a>. Ces groupements sont souvent nécessaires pour rassembler le capital nécessaire à la construction de l’unité et surtout disposer d’un volume suffisant de matière organique pour alimenter le méthaniseur.</p>
<p>En effet, la matière première est stratégique dans le modèle d’affaires du biogaz. Il faut trouver un volume de déchets suffisant car les unités doivent fonctionner au maximum de leur capacité pour être rentables. Il faut également que la matière ait un pouvoir « méthanogène » le plus élevé possible pour produire le maximum de biogaz. Or, des différences existent <a href="https://www.cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2013-3-page-44.html">entre les différents types de biodéchets</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/571137/original/file-20240124-23-pemai3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571137/original/file-20240124-23-pemai3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571137/original/file-20240124-23-pemai3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571137/original/file-20240124-23-pemai3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571137/original/file-20240124-23-pemai3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571137/original/file-20240124-23-pemai3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571137/original/file-20240124-23-pemai3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nombre d’unités de méthanisation par région et répatition sectorielle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ADEME-SINOE/Business Geografic -- Ciril GROUP</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Quelques unités de <a href="https://eci-sig.ademe.fr/adws/app/bb11ce07-5cc9-11eb-a8fe-7dd6c4f9bb1d/index.html">méthanisation non agricoles existent aujourd’hui en France</a>, en particulier en <a href="https://www.arec-idf.fr/prometha/la-filiere-francilienne/etat-des-lieux/#notedbdp">Ile-de-France</a>, mais leur nombre est dérisoire par rapport à l’ensemble des unités en fonctionnement.</p>
<p>L’augmentation des volumes de biodéchets à traiter dans les métropoles peut amener ce type de méthanisation à se développer, tout comme les <a href="https://projet-methanisation.grdf.fr/la-methanisation/la-methanisation-quest-ce-que-cest/les-typologies-des-sites-en-injection">unités agricoles territoriales</a> situées à proximité des grands centres urbains, et qui pourraient gérer tout à la fois des déchets agricoles et des déchets urbains.</p>
<h2>Zones industrielles et toits d’hypermarchés</h2>
<p>Dans la mesure où la méthanisation est essentiellement rurale et que le gisement de biodéchets est plutôt urbain, de nouveaux acteurs se positionnent avec des stratégies d’implantation encore jamais vues : dans des zones industrielles et même sur le toit d’hypermarchés en milieu urbain !</p>
<p>La start-up Bee & Co, par exemple, propose des unités de micro-méthanisation dans des conteneurs maritimes. Un tel équipement a été <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/de-lassiette-a-lelectron-veolia-teste-la-methanisation-ultra-locale-a-marseille-2039362">installé à Marseille par Véolia sur le toit d’un centre commercial</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/571141/original/file-20240124-29-jmn6ds.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571141/original/file-20240124-29-jmn6ds.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571141/original/file-20240124-29-jmn6ds.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571141/original/file-20240124-29-jmn6ds.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571141/original/file-20240124-29-jmn6ds.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571141/original/file-20240124-29-jmn6ds.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571141/original/file-20240124-29-jmn6ds.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">De petites unités de méthanisation peuvent être installées dans des conteneurs maritimes. De quoi les installer partout.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>On assiste également à un redécoupage des fonctions. Par exemple, jusqu’alors, l’<a href="https://projet-methanisation.grdf.fr/cms-assets/2021/09/GUIDE-HYGIENISATION-VF-sept21.pdf">hygiénisation des biodéchets</a> – c’est-à-dire l’élimination des agents pathogènes par un processus de réchauffement des biodéchets à 70 °C – était réalisée à la ferme. Or, on assiste depuis quelques temps à la création d’unités spécialisées dans ce domaine, qui <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/dechets/faire-du-gaz-avec-nos-dechets-de-table-d15dd78e-99d1-11ee-97d2-9b86ef7e3954">pré-traitent les biodéchets avant de les envoyer chez les méthaniseurs</a>.</p>
<p>Cette réorganisation des fonctions permet de traiter davantage de biodéchets, de façon plus industrielle et en réalisant des économies d’échelle.</p>
<p>De nouveaux collecteurs et transporteurs de déchets sont également apparus. C’est le cas de <a href="https://actu.fr/normandie/le-havre_76351/elle-valorise-les-dechets-de-la-coquille-saint-jacques-une-entreprise-du-havre-recompensee_47233562.html">Bin’Happy</a>, entreprise créée au Havre et qui se développe actuellement sur toute la Normandie.</p>
<p>Outre les économies d’échelle, c’est la proximité à la fois géographique et relationnelle qui est recherchée par les opérateurs.</p>
<h2>Des méthaniseurs oui, mais loin des yeux</h2>
<p>Réussir un projet de méthanisation ne va pas de soi. Lorsque la distance entre les habitations et l’unité de méthanisation n’est pas considérée comme suffisante par les citoyens, cela peut créer de la contestation.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/ca-sent-le-gaz-pour-la-methanisation-en-france-68401">L’opposition aux projets de méthanisation</a> prend souvent la forme du phénomène <a href="https://www.scienceshumaines.com/syndrome-nimby-et-interet-general_fr_10872.html">NIMBY, pour « Not in my backyard »</a> (ce que l’on pourrait traduire par « Pas de ça chez moi »).</p>
<p>Ce à quoi les opposants ajoutent d’autres arguments, tels que des problèmes d’odeurs ou de trafic de camions accru que les projets de méthanisation peuvent engendrer <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-methanisation-a-t-elle-mauvaise-presse-88280">pour les riverains</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-methanisation-a-t-elle-mauvaise-presse-88280">Pourquoi la méthanisation a-t-elle mauvaise presse ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Pour autant, il ne faut pas réduire l’opposition des riverains au seul phénomène NIMBY. Une <a href="https://journals.openedition.org/espacepolitique/6619">étude</a> a montré que l’acceptation sociale d’un projet de méthanisation au niveau local dépend de la juste répartition des bénéfices et des inconvénients.</p>
<p>Autrement dit, d’une bonne gestion du projet qui passe par une participation active des habitants, et non pas une simple consultation « descendante », ainsi que de la confiance et de la transparence entre les promoteurs du projet et les résidents.</p>
<p>Car la méthanisation n’est pas seulement un projet énergétique, c’est un projet de territoire. C’est ce qu’est venu récemment rappeler une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1462901122002076">autre étude</a>, qui rappelle que la méthanisation implique des décisions qui affectent le développement, l’environnement et la population locale d’un territoire.</p>
<p>Alors comment faire ? Une piste serait le renforcement des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09640568.2019.1680158">gouvernances territoriales</a> afin de s’assurer que ces décisions soient prises de manière « inclusive », en tenant compte des besoins et des aspirations de tous les acteurs locaux.</p>
<p>Cela passe par une plus grande implication des citoyens qui va au-delà de la simple consultation. Par exemple grâce au financement participatif, qui a l’avantage d’associer de façon active les habitants et de redistribuer les bénéfices de l’unité. C’est ainsi que des éleveurs de vaches laitières en Loire-Atlantique, à Blain, ont réussi à mobiliser les investisseurs privés pour <a href="https://fr.enerfip.eu/placer-son-argent/investissement-bioenergie/biogaz-de-l-isac/">financer la construction de l’unité de méthanisation de biogaz de l’Isac</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221272/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>La chaire "Modèles entrepreneuriaux en agriculture", dirigée par Roland Condor, a reçu des financements de la Région Normandie, de Cerfrance Normandie et du Crédit Mutuel Normandie.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sebastien Bourdin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Jusqu’alors, la méthanisation a surtout été déployée en France par le secteur agricole. L’obligation de tri des biodéchets peut-elle l’aider à se généraliser, malgré l’opposition récurrente des riverains ?Sebastien Bourdin, Professeur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieRoland Condor, Titulaire de la chaire « Modèles entrepreneuriaux en agriculture », EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2210522024-01-25T09:54:59Z2024-01-25T09:54:59ZDéchets alimentaires : à quoi va servir le nouveau tri à la source ?<p>Le 1<sup>er</sup> janvier 2024 est entrée en vigueur l’obligation, pour toutes les collectivités, de <a href="https://infos.ademe.fr/economie-circulaire-dechets/2024/le-tri-a-la-source-des-biodechets-cest-maintenant/">proposer à leurs habitants une solution de tri à la source</a> et de valorisation de leurs biodéchets : autrement dit, de l’ensemble de leurs déchets alimentaires et déchets verts.</p>
<p>En France, les biodéchets représentaient en 2017 83kg par habitant et par an, correspondant à <a href="https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/4351-modecom-2017-campagne-nationale-de-caracterisation-des-dechets-menagers-et-assimiles.html">1/3 de nos ordures ménagères</a>. Précisons que l’enjeu actuel pour les collectivités porte surtout sur les déchets alimentaires, produits par toute la population ; les déchets verts étant dans la majorité des cas traités sur place ou grâce à des solutions déjà existantes.</p>
<p>Si elle exige pour les consommateurs et les collectivités de s’y adapter, cette nouvelle étape dans le tri des déchets est <a href="https://theconversation.com/dechets-verts-et-alimentaires-des-detritus-sous-exploites-77112">indispensable</a> d’un point de vue énergétique et environnemental, puisqu’elle va d’une part éviter une incinération et un enfouissement qui n’avaient pas lieu d’être, et d’autre part générer des bénéfices environnementaux pour la production d’énergie et l’agriculture : ces biodéchets auront en effet deux destinations principales, les <a href="https://theconversation.com/lhistoire-peu-connue-du-compost-en-france-de-la-chasse-a-lengrais-a-la-chasse-au-dechet-220411">amendements organiques</a> et le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/methanisation-33105">biométhane</a>.</p>
<h2>Où en est-on ?</h2>
<p>La mise en place de cette réglementation est le fruit d’un long processus débuté il y a une dizaine d’années. En 2010, le Grenelle II de l’environnement initiait le processus, puis la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/loi-relative-transition-energetique-croissance-verte-tepcv">loi de transition écologique pour la croissance verte</a> du 17 août 2015 fixait une échéance de tri des biodéchets pour tous les producteurs (et non seulement les gros producteurs non ménagers) au 1<sup>er</sup> janvier 2025.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<p><a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?qid=1528981579179&uri=CELEX:32018L0851">L’Union européenne</a> a ensuite repris cette mesure pour l’appliquer à l’ensemble des États-membres et en a avancé l’échéance à 2024. Les collectivités connaissaient donc le changement à venir depuis 2015. Pourtant, en décembre 2023, seuls 30 % de la population française, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), est couverte par une solution de tri à la source de ses biodéchets. Ce chiffre devrait atteindre les 40 % courant 2024.</p>
<p>Parmi les freins qui expliquent ce retard, on peut citer l’extension parallèle des consignes de tri pour la poubelle jaune à emballages. Certaines collectivités ont priorisé cette question, repoussant à 2024 celle des biodéchets. En outre, la loi n’étant pas punitive pour les collectivités qui ne mettraient pas en place ce tri, la seule sanction qui s’appliquent à elles est indirecte : la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000042910922">taxe générale sur les activités polluantes</a> (TGAP), qui s’applique aux poubelles noires, augmente depuis 2019 et jusqu’en 2025 passant de 17€/tonne à 65€/tonne pour les installations de stockage de déchets non dangereux.</p>
<p>Les collectivités ont donc intérêt, en principe, à en diminuer le volume en sortant les biodéchets. Pourtant, la mise en place de la gestion de ce nouveau flux représente, elle aussi, un coût important pour la collectivité. Les solutions de tri à la source et la valorisation impliquent en effet des investissements, qui sont accompagnés par l’État via des fonds dédiés aux biodéchets, comme le <a href="https://aides-territoires.beta.gouv.fr/aides/bab0-soutenir-le-tri-a-la-source-et-la-valorisatio/">Fonds vert en 2024</a>.</p>
<h2>Deux formes de tri à la source</h2>
<p>Pour la mise en place du tri des biodéchets, deux choix s’offrent aux collectivités : la gestion de proximité ou la collecte – au porte à porte ou via des bornes d’apport volontaire proches de leurs logements, dans lesquels les citoyens viennent déposer leurs déchets.</p>
<p>Dans le premier cas, il s’agit d’un compostage individuel ou partagé dans les résidences où c’est adapté : les déchets sont compostés sur place – un processus d’une durée de 9 mois – puis sont utilisés par les habitants eux-mêmes sur leurs espaces verts – potager, plates-bandes, pots de fleurs, pelouse…</p>
<p>Dans le second cas, les biodéchets sont collectés et envoyés vers une unité de traitement : soit une compostière industrielle, soit un méthaniseur.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Restes de repas, épluchures, coquilles d’œufs… Les déchets alimentaires étant assez spéciaux à traiter, les plates-formes doivent pour y être autorisées obtenir des agréments sanitaires : ce sont des ensembles de protocoles et de règles à respecter pour s’assurer qu’il n’y a aucun risque pour la santé des humains et des animaux (hygiénisation, montée en température et surveillance des potentiels pathogènes). Ces installations requièrent donc des équipements spécifiques.</p>
<h2>Matière organique pour restaurer nos sols</h2>
<p>Commençons par l’usage le plus répandu, à savoir le compostage. En plein air ou plus rarement à l’intérieur, la matière se transforme en compost au cours d’un processus qui dure entre 4 et 6 mois : l’activité des micro-organismes fait monter en température les biodéchets jusqu’à 70 °C, ce qui vient dégrader la matière organique. S’ensuivent des phases de maturation qui aboutissent à l’obtention d’une matière stable et d’un compost mûr.</p>
<p>Ce compost est ensuite revendu au milieu agricole et va servir à enrichir le sol en matière organique, afin de lui conférer une meilleure rétention de l’eau et limiter l’érosion des sols. Un enjeu crucial de préservation des sols et des cultures, dans un contexte de fréquence accrue des épisodes de sécheresse. Il diminue en parallèle les besoins en engrais, dont l’usage augmente à mesure que les sols se dégradent.</p>
<h2>Méthanisation pour la souveraineté énergétique</h2>
<p>L’autre possibilité pour la valorisation des biodéchets est la méthanisation : sous l’action de micro-organismes naturellement présents dans les biodéchets, la matière organique est dégradée lors d’un processus appelé fermentation anaérobique. Cette dégradation est réalisée en conditions contrôlées et en enceinte fermée qui permet l’absence d’oxygène, contrairement au compostage qui est une réaction aérobie.</p>
<p>De cette réaction est obtenue du biogaz ainsi qu’une fraction solide – le digestat – qui est généralement recompostée ou épandue directement sur des sols agricoles. Contrairement au compostage, la méthanisation ne monte pas suffisamment en température pour hygiéniser les déchets alimentaires. Les installations doivent donc investir dans des équipements supplémentaires pour cette étape obligatoire de traitement.</p>
<p>Cette production de biogaz, réinjectée dans les réseaux, constitue un substitut du gaz naturel importé et répond donc à un enjeu de souveraineté énergétique – le gaz naturel représente <a href="https://www.grdf.fr/institutionnel/role-transition-ecologique/gaz-energie-avenir/gaz-mix-energetique">16 % du mix énergétique en France et 42 % de notre consommation en chauffage</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lobligation-de-tri-des-biodechets-va-t-elle-enfin-faire-decoller-la-methanisation-en-france-221272">L’obligation de tri des biodéchets va-t-elle enfin faire décoller la méthanisation en France ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Choix territorial, enjeu foncier et acceptabilité</h2>
<p>Mais le choix va surtout répondre à des enjeux territoriaux. En effet, la répartition des unités de traitement déjà existantes s’inscrit dans une logique historique : dans les zones qui pratiquaient et pratiquent l’élevage, les méthaniseurs sont nombreux puisque le besoin en compost est faible tandis que la méthanisation permet de valoriser les effluents d’élevage ou les résidus de culture chez les céréaliers.</p>
<p>Dans le sud de la France, les plates-formes de compostage sont plus plébiscitées puisque les cultures sont plutôt maraîchères (vergers, viticulture, etc.). L’enjeu d’installation des plates-formes étant de bien s’assurer du besoin territorial de la matière produite, le but n’étant pas de produire du compost à Lille pour l’envoyer à Marseille.</p>
<p>Au fur et à mesure du développement de la filière émergent des enjeux importants sur le foncier avec une forte concurrence entre les secteurs : où installer les nouvelles plates-formes ? Comment adapter l’existant ? A cela se mêlent des enjeux d’acceptabilité, ces solutions pouvant générer des nuisances selon l’endroit où elles se trouvent. Généralement les installations de traitement de déchets sont éloignées des aires d’habitation.</p>
<p>À ce stade, aucune des deux n’est plus préconisée que l’autre. Des études menées par l’Ademe sont en cours sur l’analyse cycle de vie complète de chaque procédé afin d’évaluer les coûts environnementaux associés à chacun au regard des bénéfices qui en découlent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221052/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Muriel Bruschet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La nouvelle obligation du tri à la source pour les collectivités, encore peu mise en œuvre, est pourtant indispensable.Muriel Bruschet, Référente Nationale Biodéchets, Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1253912019-10-28T19:25:22Z2019-10-28T19:25:22ZCarburants de synthèse, biocarburants, kérosène vert… De quoi parle-t-on exactement ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298547/original/file-20191024-170489-pwucpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C218%2C4300%2C2413&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/colorful-petrol-pump-filling-nozzles-isolated-556957450?src=ywpdSffum14Dhd5Mz3VC-Q-1-4">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Ces dernières années, de nouveaux types de carburants (« renouvelables », « verts » ou « alternatifs ») ont fait leur apparition, certains promettant un plus grand respect de l’environnement.</p>
<p>Ces produits ont-ils vraiment différents des carburants traditionnels issus du pétrole ? Et est-il correct d’affirmer qu’un carburant est « vert » ? Voilà une problématique complexe qui nécessite d’abord de se mettre au point sur les mots.</p>
<p>Dans tous les cas, on parle ici d’une seule et même chose : des carburants liquides utilisés pour le transport. Si on évoque souvent les carburants liquides pour le transport aérien, ils concernent également les transports routier et maritime.</p>
<p>Disons-le de suite, le terme « vert » doit nous inviter à la plus grande prudence. Argument de communication, il n’est en aucun cas une garantie d’amélioration environnementale, tant d’un point de la manufacture du dit carburant que d’un point de vue de son usage et de sa fin de vie.</p>
<h2>Les carburants liquides de transport</h2>
<p>Un carburant liquide fait référence à une matière composée de molécules combustibles ou génératrices d’énergie pouvant être exploitées pour créer de l’énergie mécanique.</p>
<p>La plupart des carburants liquides largement utilisés dans le monde sont dérivés de combustibles fossiles – le plus souvent du pétrole (<a href="https://www.studentenergy.org/topics/transport-fuels">à plus de 80 %</a>) mais aussi du gaz naturel ou du charbon. Il existe toutefois des variantes, comme l’éthanol ou le biodiesel, issus de la « biomasse », un terme désignant des ressources végétales renouvelables.</p>
<p>Le pétrole n’est pas directement exploitable : mélange très hétérogène de molécules chimiques, il faut le <a href="https://www.worldcat.org/title/petroleum-refining-technology-and-economics/oclc/880863069">raffiner</a>. Ces opérations vont permettre de séparer efficacement les composants du pétrole en fractions valorisables tels que des produits non énergétiques (bitume, lubrifiants, etc.) ou énergétiques (diesel, essence, kérosène, mazout de chauffage mais aussi fioul lourd pour le transport maritime).</p>
<p>Les carburants liquides utilisés pour le transport sont des mélanges d’hydrocarbures (molécules composées de carbone et d’hydrogène, saturées, insaturées ou aromatiques), obtenus par raffinage pétrolier ; ils se différencient par leur nombre d’atomes de carbone constitutifs, leur température d’ébullition mais aussi par certaines de leurs propriétés physico-chimiques (viscosité, température d’inflammabilité). L’essence présente ainsi des chaînes d’hydrocarbures plus petites que celles du diesel.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298531/original/file-20191024-170475-fkdhoi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Illustration schématique du raffinage pour l’obtention de carburants liquides de transport.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aurore Richel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les carburants de synthèse</h2>
<p>Les carburants de synthèse, également appelés « carburants synthétiques », correspondent également à des mélanges d’hydrocarbures ; mais obtenus cette fois à partir d’autres ressources que le pétrole. Notamment le charbon, le gaz naturel, la biomasse végétale ou encore certains types de déchets ménagers ou industriels.</p>
<p>Ces ressources subissent une première conversion thermochimique (à très hautes températures) qui va les transformer en un mélange de monoxyde de carbone (CO) et de dihydrogène (H<sub>2</sub>). Ce mélange va ensuite être traité pour donner aboutir à un carburant de synthèse : soit de l’essence, du diesel ou bien du kérosène. C’est ce que l’on nomme <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/book/10.1002/9783527635603">procédé de Fischer-Tropsch</a>.</p>
<p>Mis au point dans les années 1920, ce procédé a connu une exploitation massive durant la Seconde Guerre mondiale en Allemagne où l’on produisait des dizaines de milliers de barils par jour de carburants liquides au départ de charbon (assurant ainsi plus de 50 % des besoins totaux en combustibles et plus de 90 % des besoins en carburants pour l’aviation). À la fin du conflit, les usines allemandes de production de ces carburants ayant été très endommagées par les bombardements alliés, le procédé tomba en désuétude. Un regain d’intérêt apparaît dans les années 1950 en Afrique du Sud. Ces unités sont toujours opérationnelles et couvraient au début des années 2000 plus des deux tiers des besoins combustibles du pays. La société Sasol est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs en production de carburants de synthèse par le procédé de Fischer-Tropsch.</p>
<p>En fonction de la nature de la matière première, on parlera de filières « CTL » (<em>Coal-to-Liquid</em>, désignant l’obtention de carburants de synthèse grâce au charbon), « BTL » (<em>Biomass-to-Liquid</em>, quand la matière première est de la biomasse) ou « GTL » (<em>Gas-to-Liquid</em> pour les productions basées sur du gaz naturel). Ces filières sont parfois décrites génériquement par l’abréviation « xTL ». Le « diesel xTL » est ainsi un mélange d’hydrocarbures obtenus par ce procédé de Fischer-Tropsch au départ de diverses matières premières. Le diesel GTL (produit par Shell) correspond par exemple à un mélange d’hydrocarbures de type diesel, obtenus grâce à du gaz naturel.</p>
<p>Les fluctuations des cours du pétrole, combinées à des stratégies géopolitiques, économiques et de sécurisation de filières d’approvisionnement ont, depuis les années 2000, positionné le procédé Fischer-Tropsch comme une option prioritaire. Shell a ainsi ouvert l’un des plus grands sites de production (de type GTL) au Qatar en 2011. Et la Chine caracole toujours en tête des projets de type CTL (au départ de charbon).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298532/original/file-20191024-170493-uu90es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Illustration du procédé de Fischer-Tropsch.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aurore Richel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les e-carburants</h2>
<p>Également carburant de synthèse, l’e-carburant est massivement développé par le groupe allemand Audi. Il repose sur une séquence d’étapes de production intégrant en préliminaire l’utilisation de dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>), capté de l’atmosphère ou de rejets industriels et d’hydrogène (H<sub>2</sub>) obtenu par électrolyse de l’eau. Le méthane (analogue du gaz naturel) ainsi obtenu est ensuite traité conventionnellement par le procédé de Fischer-Tropsch. Le carburant de synthèse obtenu se décline en e-essence, e-diesel, etc.</p>
<p>La réaction qui permet de combiner le CO<sub>2</sub> et l’hydrogène pour en former du méthane (et de l’eau) est connue sous le nom de réaction de Sabatier. Déjà identifiée pour produire du méthanol, elle a connu un regain d’intérêt dans la perspective des <a href="https://ntrs.nasa.gov/archive/nasa/casi.ntrs.nasa.gov/20120001775.pdf">voyages habités sur Mars</a>, permettant de produire au départ des gaz de l’atmosphère de la planète Mars de l’eau et du méthane de synthèse, exploitable directement comme carburant.</p>
<p>Cette option de production de carburants de synthèse est aussi désignée sous le concept anglais de « power-to-fuel » (PtG). Promu par des États comme le Danemark, l’Allemagne ou la France, il permettrait d’offrir une voie de stockage et de valorisation de l’électricité excédentaire. Diverses options sont également opérationnelles, notamment via l’exploitation du CO<sub>2</sub>qui proviendrait des rejets des unités de biométhanisation des déchets organiques. Notons également que <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/bbb.1758">divers projets</a> étudient aussi la possibilité d’utiliser directement le biogaz issu de biométhanisation pour obtenir des carburants liquides par le procédé de Fischer-Tropsch.</p>
<h2>Carburants avancés, alternatifs</h2>
<p>Les carburants alternatifs, aussi connus sous le nom de « carburants avancés » font par définition référence à toutes les options de carburants liquides issus de ressources autres que les ressources fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon).</p>
<p>Un carburant alternatif peut donc être un biocarburant (carburant produit au départ de la biomasse), un carburant produit au départ de déchets ou sous-produits (qu’ils soient organiques ou pas). Le terme de carburant avancé fait aussi référence aux options de stockage « chimique » de l’électricité, comme les batteries par exemple. Un carburant alternatif peut aussi faire référence à des gaz comme l’hydrogène, le méthane, etc.</p>
<p>Si la langue anglaise ne reconnaît que le terme de <em>biofuel</em> pour désigner un carburant élaboré à partir de la biomasse, la langue française affiche une plus grande variété. L’appellation de « biocarburant » côtoie ainsi celle d’agro-carburant, de carburant végétal, de carburant vert, de carburant de première ou de seconde génération ou encore de carburant cellulosique. Tout cela revient peu ou prou à la même chose, même s’il existe de subtiles différences entre bioéthanol et biodiesel comme le montre la figure ci-dessous.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298944/original/file-20191028-113991-sqxrqd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Illustration schématisée de la production de bioéthanol au départ de la biomasse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aurore Richel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La production de bioéthanol repose sur des ressources végétales qu’elles soient à vocation primaire alimentaire (comme le blé, le maïs, la canne à sucre) ou non (cultures dédiées comme le miscanthus, le bois, les déchets agricoles, etc.). On fabrique ce carburant grâce à une fermentation de certaines molécules renouvelables (de type « sucres ») contenues dans ces ressources végétales permettant d’obtenir de l’éthanol. À la pompe, l’indication E10 fait ainsi référence à une essence contenant 10 % en volume de bioéthanol.</p>
<p>Le biodiesel est, quant à lui, produit au départ de ressources renouvelables riches en lipides (huiles, graisses) contenues dans des plantes spécifiques (comme le colza, le tournesol mais surtout le palmier à huile) ou provenant des filières de recyclage (huiles usagées). Les algues sont aussi des matrices de choix pour l’obtention de ce carburant. La production de biodiesel se fait par voie chimique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=338&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=338&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298945/original/file-20191028-113953-fxys6m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=338&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Illustration schématisée de la production de biodiesel au départ de la biomasse ou d’huiles usagées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aurore Richel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On le voit, les carburants alternatifs au départ de ressources renouvelables sont largement diversifiés ; elles se distinguent non seulement par leur procédé de production (fermentation pour les bioalcools, voie chimique pour le biodiesel, procédé thermochimique et Fischer-Tropsch pour les carburants de synthèse, etc.) mais aussi par la nature des intrants utilisés (végétal et organique pour les biocarburants et certains carburants de synthèse, mais aussi de l’eau et du CO<sub>2</sub> pour les e-carburants).</p>
<h2>Le cas du kérosène</h2>
<p>Dans la figure ci-dessous, on voit également apparaître toutes les options de kérosène alternatif (en bleu foncé). Si le cas des carburants liquides pour le transport routier est déjà bien complexe, les choses se corsent encore un peu plus quand on aborde le thème des carburants liquides pour le transport aérien !</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298946/original/file-20191028-113944-h3fpym.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Schéma (simplifié et non exhaustif) des options de production de carburants liquides alternatifs pour le transport.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aurore Richel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certains kérosènes sont ainsi produits grâce à des plantes riches en sucres (comme la canne à sucre) tandis que certains autres reposent sur la transformation d’huiles (algues, plantes oléagineuses). Certains kérosènes sont produits par le procédé de Fischer-Tropsch et pourraient être obtenus au départ de CO<sub>2</sub> et de H<sub>2</sub>, tandis que d’autres s’orientent vers l’utilisation de micro-organismes novateurs dans des approches de fermentation (la voie biochimique du schéma). En fonction des flux de manières premières renouvelables dans certaines zones du globe (on pense à l’abondance de la canne à sucre au Brésil), certaines entreprises manufacturent donc des kérosènes différents.</p>
<p>Rappelons enfin pour conclure que l’adjectif « vert » souvent accolé au kérosène peut prêter à confusion. En effet, pour le non-expert, difficile de savoir si l’on fait référence à la nature « végétale » du matériel utilisé, au fait que ce kérosène émet moins de gaz à effet de serre sur son usage ou sa manufacture, ou à une autre raison plus commerciale. Dans tous les cas, il conviendrait plutôt d’exploiter un terme scientifique rigoureux tel que « kérosène alternatif » ou « kérosène avancé ».</p>
<hr>
<p><em>Retrouvez d’autres décryptages sur le blog <a href="http://www.chem4us.be/tendances/carburants/">Chem.4.us</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125391/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurore Richel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un décryptage à l’aide de la chimie pour enfin s’y retrouver à la pompe.Aurore Richel, Full Professor, Chemistry of Renewable Resources, Université de LiègeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1099612019-02-07T22:05:47Z2019-02-07T22:05:47ZLes énergies renouvelables, un secteur aux contours trop flous<p>La COP24 en Pologne a déçu et inquiété, apparaissant bien loin de la gravité des enjeux climatiques. Le mouvement des gilets jaunes illustre de son côté combien la fiscalité sur l’énergie est politiquement et socialement sensible.</p>
<p>La transition énergétique dans laquelle sont engagées nos sociétés est pourtant indispensable. Il s’agit de sortir des énergies carbonées (pétrole, gaz, charbon) ou présentant de forts risques de catastrophes (nucléaire) pour aller vers des énergies renouvelables.</p>
<p>Mais qu’entend-on exactement par « énergies renouvelables » ? Le secteur englobe en effet des <a href="http://www.annales.org/gc/2018/gc134/2018-12-1.pdf">réalités très diverses</a>, aux effets parfois contradictoires.</p>
<h2>Une multiplicité de définitions</h2>
<p>Dès que l’on cherche à établir ce que recouvre exactement l’expression « énergies renouvelables », on bute sur une multiplicité de définitions.</p>
<p>Dans ses statuts, L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) les <a href="https://irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Publication/2018/May/IRENA_Corporate_sourcing_2018.pdf">définit par exemple</a> ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Toute forme d’énergie produite à partir de sources renouvelables et de manière durable. »</p>
</blockquote>
<p>Dans une telle définition, le bois constitue donc une énergie renouvelable. Encore faut-il qu’il soit exploité de manière durable, ce qui n’est pas forcément le cas. Plus problématique encore, le <a href="http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/47204/LETURCQ.pdf?sequence=1">bois peut constituer une énergie carbonée</a>, puisque l’exploitation de cette ressource s’accompagne nécessairement d’émissions de gaz à effet de serre, réduisant le pouvoir « capteur de CO<sub>2</sub » des arbres de la forêt ainsi exploitée. Cela va donc à l’encontre des objectifs fixés dans le cadre de la transition énergétique, en l’occurrence la réduction des émissions de carbone.</sub></p>
<p>De son côté, l’Observatoire des énergies renouvelables (<a href="http://www.energies-renouvelables.org/accueil-observ-er.asp">Observ’ER</a>) désigne comme « renouvelables » les énergies qui :</p>
<blockquote>
<p>« […] n’engendrent pas ou peu de déchets ou d’émissions polluantes, participent à la lutte contre l’effet de serre et les rejets de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère, facilitent la gestion raisonnée des ressources locales, génèrent des emplois ».</p>
</blockquote>
<p>Le nucléaire émet peu de CO<sub>2</sub> et fournit un grand nombre d’emplois locaux : faut-il alors le placer dans la catégorie des énergies renouvelables ?</p>
<h2>Les impacts environnementaux</h2>
<p><a href="https://www.greenpeace.fr/energies-renouvelables-france/">Greenpeace</a> a introduit un nouvel aspect dans la définition de ces énergies : la dimension catastrophique (liée en partie à leur dimension locale). Celle-ci est incomparablement plus faible pour les renouvelables que pour les fossiles – on pense ici aux incendies de plates-formes pétrolières <em>offshore</em> par exemple – ou dans le nucléaire.</p>
<p>Nouveau cas problématique, celui de l’hydroélectricité ; car la construction de barrages modifie profondément – voire détruit – les écosystèmes locaux, pose des questions aux scientifiques quant à son <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-016-1039-3">impact sur la biodiversité</a>. Certains estiment donc que cette forme d’énergie, même si elle repose sur l’eau qui apparaît comme un facteur renouvelable, doit être <a href="https://www.fne.asso.fr/dossiers/barrages-hydrauliques-trop-d%E2%80%99obstacles-pour-la-vie-des-cours-d%E2%80%99eau">limitée dans la taille de ses exploitations</a>, voire être exclue de la liste.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"940125465859239936"}"></div></p>
<p>Un problème de nature similaire se pose avec la méthanisation, qui recouvre des aspects <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/fiche-technique-methanisation-201502.pdf">tant favorables que défavorables</a> pour l’environnement, puisqu’il s’agit d’une production d’énergie à partir de ressources renouvelables (les intrants étant composés de déchets organiques, agricoles ou issus de l’industrie alimentaire). Si elle permet la valorisation des déchets et la réduction des émissions, la méthanisation reste un procédé délicat, et l’installation ainsi que les aires de stockage des intrants et des digestats (c’est-à-dire ce qui reste une fois le processus achevé) doivent être éloignés des sources d’eau potable et des habitations.</p>
<p>D’un acteur à l’autre, la liste des énergies renouvelables pourra ainsi considérablement varier, à mesure qu’elle intégrera, ou non, l’hydroélectricité, le bois, la méthanisation et, surtout, le nucléaire. Et cela sans que l’on dispose de critères parfaitement clairs pour opérer ou non l’inclusion ou l’exclusion.</p>
<h2>Des acteurs et des technologies hétérogènes</h2>
<p>On peut donc douter de l’existence d’un secteur des renouvelables aux frontières bien définies.</p>
<p>Cette hétérogénéité en rejoint une autre, interne. Prenons, par exemple, le solaire qui se divise entre thermique (qui consiste à utiliser la chaleur du soleil pour réchauffer directement l’eau ou un gaz, ou pour produire indirectement de l’électricité par la condensation que l’échauffement du liquide ou du gaz provoque) et photovoltaïque (qui consiste à transformer les rayons du soleil en électricité grâce à des cellules composées d’un minerai spécial, majoritairement du silicium), et dont les technologies et les acteurs sont très différents. Il en va de même, à un degré moindre, des différences entre éolien terrestre et marin.</p>
<p>De plus, la taille des acteurs économiques impliqués dans ce secteur varie elle aussi fortement. On y trouve de grands groupes industriels internationaux (comme EDF-énergies nouvelles ou Vestas) et des PME (bureaux d’études, firmes de services, petits installateurs de panneaux solaires, etc.).</p>
<p>Les problèmes d’acceptabilité sociale créent une autre forme d’hétérogénéité entre énergies renouvelables. Ils se posent surtout pour l’hydraulique, pour des raisons de biodiversité́, et pour l’éolien (<em>onshore</em> comme <em>offshore</em>), notamment en raison de la protection des paysages et des effets possibles sur la faune, qu’elle soit aérienne ou marine.</p>
<h2>Un nouveau mix énergétique, mais lequel ?</h2>
<p>C’est dans ce contexte aux contours flous que les États doivent faire des choix en matière de transition énergétique.</p>
<p>La difficulté tient ici à ce que l’on connaît l’état de départ dont on veut se sortir – à savoir les énergies carbonées et à terme, probablement, le nucléaire – sans savoir vers quoi l’on se dirige exactement. Il s’agit d’élaborer un nouveau « mix énergétique » pour faire face aux défis du changement climatique. </p>
<p>En janvier 2019, le nucléaire représente ainsi plus de 70 % de la production d’électricité, l’hydraulique 12 %, le gaz (énergie fossile et importée) 10 %, contre environ 5 % pour l’éolien, le solaire, et les bioénergies, selon les chiffres publiés en direct <a href="https://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique">par RTE</a>. Engagé dans une transition écologique, notamment avec la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031044385&categorieLien=id">(LTECV)</a> du 18 août 2015, le gouvernement français cherche à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation énergétique, et notamment la consommation d’énergies fossiles, et à lutter contre la précarité énergétique. </p>
<p>Concernant le mix énergétique, ces objectifs sont certes chiffrés : la part des énergies renouvelables doit atteindre 23 % en 2020 et 32 % en 2030, et celle du nucléaire, dont la position dans le mix et l’avenir sont toujours sujet à débat, à 50 % d’ici 2025. </p>
<p>Mais ce nouveau mix énergétique poserait plusieurs problèmes. D’une part, on ne sait pas comment ces besoins seront couverts, et notamment par quelles sources d’énergies renouvelables et dans quelle proportion. L’incertitude porte, d’autre part, sur les conséquences industrielles de cette transition. En effet, il n’existe plus de constructeur industriel français dans le secteur (les entreprises françaises font seulement de l’installation et de l’exploitation). Le soutien public en faveur d’une meilleure intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique s’opère donc au prix d’un déficit de la balance commerciale. </p>
<p>Enfin, le développement de l’autoconsommation en électricité fait émerger de nouveaux acteurs – les ménages, les quartiers, les collectivités locales, qui deviennent des producteurs-consommateurs.</p>
<p>Les États doivent donc composer avec de multiples composantes. La France présente de ce point de vue une originalité : s’est constitué depuis 1993 un <a href="http://www.enr.fr/">Syndicat des énergies renouvelables</a> (SER) sans qu’il soit possible de dire si ce syndicat « représente » le secteur ou si le secteur existe parce qu’un syndicat le constitue !</p>
<p>On retrouve au sein de cette structure la même diversité avec de multiples filières (bioénergies, énergie éolienne, solaire, du sous-sol, hydroélectricité, énergies marines renouvelables), chacune d’entre elles étant subdivisées en sous-secteurs. Certaines sont entrées dans le syndicat puis ont repris leur indépendance, comme l’éolien pour lequel il existe désormais une organisation syndicale indépendante, France Énergie Éolienne.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1057071286118158336"}"></div></p>
<h2>Une transition incertaine</h2>
<p>Le développement d’une filière industrielle ne s’est pour le moment pas vraiment réalisé. En effet, les objectifs environnementaux de réduction des émissions de CO<sub>2</sub> ont plaidé pour un développement des renouvelables tout en encourageant un maintien fort du nucléaire dans le mix énergétique hexagonal et la Chine s’est assurée un quasi-monopole sur les panneaux photovoltaïques. </p>
<p>Les politiques énergétiques locales se développent quant à elles à un rythme très modéré : en atteste le « cas d’école » de la ville de Loos-en-Gohelle, engagée dans un projet de ville durable depuis 2001. Cette évolution laborieuse des pratiques s’explique probablement par la lente évolution du cadre juridique, l’autoconsommation collective demeurant par exemple à ce jour très <a href="http://www.photovoltaique.info/L-autoconsommation-collective.html">encadrée</a> en France.</p>
<p>Organiser la transition énergétique suppose donc aujourd’hui de faire converger plusieurs logiques : la politique énergétique nationale, la défense de l’environnement et une politique industrielle territoriale associant l’État et les acteurs économiques. En pratique, cette convergence reste hautement problématique pour les énergies renouvelables en France.</p>
<p>La transition est un jeu collectif dont l’État est un élément important, mais sans doute pas le pilote au sens fort. Elle s’opérera plutôt sur la base d’une négociation entre les différents joueurs de cette transition définissant ensemble un cadre juridique novateur, créatif et réactif face aux évolutions en cours.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109961/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’orientation vers un mix énergétique plus « vert » est compliquée par la définition délicate des « énergies renouvelables ».Hervé Dumez, Professeur à l’École polytechnique, directeur du Centre de recherche en gestion (École polytechnique) et de l’Institut interdisciplinaire de l’innovation, président de la Société Française de Management, École polytechniqueSandra Renou, Doctorante et chargée d'enseignement en sciences de gestion, École polytechniqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/882802017-12-21T21:41:14Z2017-12-21T21:41:14ZPourquoi la méthanisation a-t-elle mauvaise presse ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/200394/original/file-20171221-15874-15cubv9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Association de Défense du Pays de Nied, en juin 2014, lors de la mobilisation contre le projet d’usine de biométhanisation de Boulay (Moselle). </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/120411591362856/photos/a.125692194168129.21153.120411591362856/657834054287271/?type=3&theater">Page Facebook ADPN</a></span></figcaption></figure><p>Pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, responsable en partie du réchauffement climatique, le recours aux énergies renouvelables représente une alternative de plus en plus prisée. Cette énergie dite « verte » constitue une source inépuisable et désormais efficacement exploitable grâce aux nouvelles technologies.</p>
<p><a href="http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/2668/1023/energies-renouvelables-france-2016-suivi-directive-200928ce.html">De nombreux projets énergétiques</a> voient ainsi le jour chaque année en France, sous la forme de champs d’éoliennes, de fermes solaires, de centrales géothermiques ou encore d’unités de méthanisation.</p>
<p>S’ils contribuent au développement et à l’attractivité des territoires – en créant des emplois, en assurant des recettes fiscales ou des retombées positives en matière d’image pour les collectivités locales –, ces projets énergétiques font face sur le terrain à de nombreux défis, tout particulièrement au sujet de leur localisation et de leur intégration au sein du territoire.</p>
<p>L’opinion publique se déclare <a href="http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=2852">favorable à la transition énergétique</a>, mais il est très fréquent de rencontrer des oppositions de type « Nimby » (<em>Not In My Back Yard</em> ou « Pas dans mon arrière-cour ») : oui à ces installations… mais loin de chez moi !</p>
<h2>Une affaire de proximité(s)</h2>
<p>Les proximités – qu’elles soient géographiques ou relationnelles, pour faire référence aux travaux d’<a href="http://andre-torre.com/thematiques_recherche.php">André Torre</a> – permettent aux parties prenantes d’un projet de les activer pour assurer son bon déroulement et éviter les conflits.</p>
<p>Mais elles peuvent aussi être mobilisées pour contester ces projets (contre des pollutions visuelle ou sonore, une dépréciation immobilière, etc…). C’est le cas d’actions conduites par des associations de riverains/habitants (proximité géographique) et certaines associations de défense environnementale (proximité organisée).</p>
<p>Pour mieux comprendre ce phénomène de <em>nimbyisme</em> dans les projets de transition énergétique, nous avons analysé les discours de différents acteurs, et plus particulièrement ceux concernant des projets de méthanisation ; ces derniers suscitent en effet ponctuellement de vives tensions au sujet de leur localisation.</p>
<h2>L’exemple de la méthanisation</h2>
<p>Dans le cadre de <a href="http://www.detecte.org/">ce projet d’étude</a> du <a href="https://www.psdr.fr/">PSDR</a>, nous avons ainsi analysé les témoignages d’acteurs pour des projets de méthanisation dans le Grand Ouest français (Normandie, Bretagne et Pays de la Loire).</p>
<p>Nous avons recensé un corpus de 455 articles de presse du quotidien <em>Ouest-France</em> pour la période 2002–2016. À l’aide d’un logiciel d’analyse textuelle <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00924168/document">(Alceste)</a>, nous avons identifié que les discours défavorables à la méthanisation se traduisaient avant tout par une méfiance à l’égard des projets innovants. Nous avons ainsi constaté que le manque de communication de la part des porteurs de projet engendrait la méfiance de la population locale.</p>
<p>Ces deux témoignages recueillis illustrent cet aspect :</p>
<blockquote>
<p>« L’époque où l’on imposait des projets sans associer la population est révolue. Ce dont on a besoin, c’est d’établir un lien de confiance en informant durablement. »<br> • Un élu local de la commune de Poiré sur Vie, Vendée, le 09 février 2016</p>
<p>« On a le sentiment de ne pas avoir été entendus et l’on constate un manque de transparence dans les dossiers et les réponses apportées par les représentants de cette société. »<br> • Un habitant de la commune de Bannalec, Finistère, le 06 février 2013</p>
</blockquote>
<p>Nous avons également testé plusieurs hypothèses pour expliquer ce <em>nimbyisme</em> relatif à la méthanisation. Il apparaît clairement que les distances inférieures à 500 mètres entre l’unité et les premières habitations correspondent assez fortement avec les discours défavorables. L’hypothèse de la distance vécue ou perçue des riverains opposés à la méthanisation semble ici se vérifier.</p>
<h2>Réconcilier porteurs de projets et habitants</h2>
<p>Comment réconcilier les « nimbyistes » avec ces projets de transition énergétique ?</p>
<p>La croissance rapide de l’énergie éolienne et de la méthanisation au cours des dernières années a accru son empreinte dans le paysage, plaçant la question de l’acceptation des communautés locales au premier plan.</p>
<p>La coopération entre acteurs du développement pour ces énergies renouvelables et communautés locales est ici essentielle à la réussite de ces projets.</p>
<p>Et même si concertation des habitants ne signifie pas codécision, l’association des citoyens locaux à l’étape de la conception des projets peut créer de la confiance et éviter le sentiment d’injustice. Conduire l’acceptation nécessite d’expliquer comment le projet va se dérouler et quels impacts il est susceptible de générer.</p>
<p>Dans tous les cas, ignorer les préoccupations des citoyens concernant les impacts sonores, visuels et/ou olfactifs et d’éventuels risques – qu’ils soient sanitaires ou industriels – n’est pas une solution et se trouve bien souvent à l’origine de la montée des tensions.</p>
<p>Les inquiétudes doivent ainsi être levées de manière pédagogique et il n’est plus rare aujourd’hui de voir s’organiser des <a href="http://www.sudouest.fr/2017/10/18/une-visite-instructive-d-une-unite-de-methanisation-3872612-4318.php">visites d’unités de méthanisation</a>.</p>
<h2>Veiller à l’équité locale</h2>
<p>D’une manière générale, les objections peuvent être atténuées par une répartition équitable des avantages que procurent les infrastructures d’énergies renouvelables.</p>
<p>Cette « équité locale » peut prendre de multiples formes : une baisse des impôts locaux liée à l’augmentation des recettes fiscales des municipalités, une baisse du coût d’achat de l’électricité pour les citoyens, des dédommagements aux propriétaires localisés à proximité de l’installation, une propriété partielle ou totale d’un projet par des citoyens ou des groupes communautaires qui partagent alors les bénéfices, un durcissement de la loi pour éviter que ces installations vertes ne soient installées trop près des habitations.</p>
<p>Dans le même temps, ces avantages financiers ne doivent pas être utilisés pour minimiser les risques potentiels (sanitaires et fonciers) posés par les turbines ou les unités de méthanisation. Ces questions doivent être abordées indépendamment des avantages financiers.</p>
<p>On pourra enfin recommander de mettre en place un registre national dans lequel résidents, promoteurs et élus locaux peuvent avoir accès à l’éventail des avantages liés à ces projets de transition énergétique. Un tel dispositif permettrait en outre d’inciter les développeurs à réfléchir de manière plus critique sur ce qu’ils ont à offrir aux communautés locales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88280/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Raulin a reçu des financements du programme de recherche PSDR</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sebastien Bourdin a reçu des financements du programme de recherche PSDR <a href="https://www.psdr.fr/">https://www.psdr.fr/</a></span></em></p>Elle fait partie des énergies dites « vertes » mais soulève assez fréquemment l’hostilité des communautés locales. Quelles sont les raisons de ce rejet et comment le dépasser ?François Raulin, Ingénieur de recherche, Laboratoire Métis EM Normandie, EM NormandieSebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Institut du développement territorial (IDéT) – Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/817232017-09-03T20:36:07Z2017-09-03T20:36:07ZMicro-méthaniseurs : la solution pour mieux valoriser les déchets en ville ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/183193/original/file-20170823-13303-bi194p.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=160%2C0%2C825%2C438&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le micro-méthaniseur domestique mis au point par Homebiogas. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://homebiogas.com/">Homebiogas</a></span></figcaption></figure><p><em>Nous republions cet article dans le cadre de la 6e édition de <a href="http://www.reportersdespoirs.org/la-semaine-des-solutions">l’opération la France des Solutions</a>dont The Conversation est partenaire. Du 8 au 14 octobre retrouvez des solutions dans 50 médias de la France entière.</em></p>
<hr>
<p>Malmö (Suède) en 2001. <a href="http://www.terraeco.net/A-Malmo-des-ecolos-malgre-eux,11560.html">Un éco-quartier</a> de 18 hectares ouvre ses portes. Il étonne par son habitat varié, son objectif de 100 % d’énergies renouvelables et son tri des déchets ultramoderne. <a href="https://www.wedemain.fr/%C3%89tats-Unis-A-Ithaca-une-communaute-autonome-revisite-le-reve-americain_a2033.html">À Ithaca</a>, dans l’État de New York, un écovillage de 90 maisons tend avec succès vers une autonomie alimentaire et énergétique. En France, un <a href="http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/les-ecoquartiers">label ÉcoQuartier</a> existe pour souligner les efforts d’aménagement durable. On peut citer, parmi ses bénéficiaires, le <a href="http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/hede-bazouges-35-eco-quartier-fete-ses-10-ans-1109577.html">quartier des Courtils</a>, à Bazouges-sous-Hédé en Bretagne, qui a promu une politique très active d’économie d’énergie et de recyclage des déchets dans un cadre de vie favorisant le lien social.</p>
<p>Quatre milliards de personnes <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.URB.TOTL.IN.ZS">vivent aujourd’hui en ville</a> dans le monde. La population urbaine, qui augmente de près de 2 % par an, devrait représenter 70 % de la population mondiale en 2050.</p>
<p>Pour répondre aux besoins de cette population grandissante – en logements, en nourriture, en déplacements et en énergie – tout en relevant les défis du changement climatique, de la pollution de l’air et de la raréfaction des ressources naturelles, la ville se doit de repenser ses fonctionnalités et ses rapports à la nature et à l’écologie. <a href="http://www.metropolitiques.eu/La-ville-durable-nouveau-modele.html">Rendre la ville durable</a> est donc une nécessité.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/puMNzvcEW0Q?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Grâce à ses éco-quartiers, Malmö est la ville la plus durable d'Europe – Euronews.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Des villes très énergivores</h2>
<p>La quantité très importante de déchets (1,3 milliard de tonnes par an dans le monde en 2012) produite par la population urbaine place les villes sous une pression environnementale, économique et sociale majeure. Parallèlement, la consommation énergétique des espaces urbains représente <a href="http://www.territoires-climat.ademe.fr/sites/default/files/publication_vers_des_villes_100_enr-web.pdf">près de 67 % du total mondial</a>.</p>
<p>Or en Europe, selon les pays, de <a href="http://siteresources.worldbank.org/INTURBANDEVELOPMENT/Resources/336387-1334852610766/What_a_Waste2012_Final.pdf">14 à 47 %</a> de ces déchets sont biodégradables ; dans les pays en voie de développement, cette part de biodéchets grimpe à plus de 60 %. S’ils peuvent générer des odeurs, des gaz à effets de serre, des <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/lixiviat.php4">lixiviats</a> et des problèmes sanitaires en cas de mauvaise gestion, les biodéchets sont aussi une ressource valorisable énergétiquement et agronomiquement. Ils représentent donc une richesse à exploiter pour les villes. La méthanisation est une manière de les valoriser.</p>
<h2>Le développement de la méthanisation</h2>
<p>La méthanisation est un procédé biologique qui dégrade la matière organique et produit un biogaz riche en méthane, lequel est utilisable pour produire de l’énergie, ainsi qu’un <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/digestat.php4">digestat</a> riche en azote assimilable par les plantes.</p>
<p>En <a href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Assyrie/106482">Assyrie</a>, on retrouve déjà, au X<sup>e</sup> siècle avant J.-C., des traces de bains chauffés avec du biogaz. <a href="http://web04.univ-lorraine.fr/ENSAIA/marie/web/ntic/pages/2007/degav.html">En Europe</a>, les premiers développements significatifs de la <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/fiche-technique-methanisation-201502.pdf">méthanisation</a> sont apparus beaucoup plus récemment, dans les années 1970, après les crises pétrolières. Plusieurs milliers de tonnes de déchets ont alors commencé à être traités, dans les fermes ou à l’échelle industrielle, dans des réacteurs de traitement appelés les <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/digesteur.php4">digesteurs</a>.</p>
<p>Dans d’autres parties du monde, la méthanisation s’est cependant développée à une échelle beaucoup plus petite, avec des micro-méthaniseurs de quelques mètres cubes, destinés à une utilisation domestique. Au début du XX<sup>e</sup> siècle, des digesteurs sont ainsi construits en Chine pour fournir de l’énergie à des villages ruraux éloignés de toute production d’énergie centralisée. Une croissance exponentielle de l’installation de ces systèmes a été notée à partir des années 1970 : on en relevait plus de 30 millions en <a href="http://moletta-methanisation.fr/diaporama/S13Mang.pdf">Chine</a> et en <a href="https://www.bioenergie-promotion.fr/42122/en-inde-le-biogaz-vient-en-aide-aux-intouchables-et-a-lenvironnement/">Inde</a> en 2007. <a href="https://www.researchgate.net/publication/293646897_Household_anaerobic_digesters_for_biogas_production_in_Latin_America_A_review">En Amérique latine</a>, l’aboutissement de milliers de projets de micro-méthanisation est prévu pour 2020.</p>
<h2>Des solutions multiples</h2>
<p>Les digesteurs existent principalement sous trois formes différentes : <a href="http://bit.ly/2vE8xNL">à dôme fixe</a> ou <a href="http://bit.ly/2x4hgMH">dôme flottant</a> ; il y a également le digesteur piston ou <a href="http://bit.ly/2iIBWEp">tubulaire</a>. Toutes ces technologies sont relativement rustiques. Il s’agit de limiter la consommation d’énergie intrinsèque à la technologie et d’éviter des opérations de maintenance technique complexes. Aucun équipement ne vient compléter le réacteur afin d’optimiser la réaction biologique : pas de brassage du déchet dans le réacteur, pas de maintien d’une température favorable (c’est-à-dire de 37 à 55 °C) par un chauffage extérieur. Pour pallier cette simplicité technique et assurer une production de biogaz efficace, les digesteurs sont le plus souvent enterrés : ils bénéficient ainsi de l’isolation naturelle du sol et évitent l’impact des variations climatiques sur les processus biologiques.</p>
<p>Le biogaz produit est utilisé directement en combustion pour la cuisine ou le chauffage, pour alimenter des unités de cogénération d’électricité, des lampes à biogaz ou encore des réfrigérateurs à gaz. Ces systèmes de micro-méthanisation rustiques sont très intéressants car ils permettent d’acquérir une certaine autonomie énergétique localement, à partir du recyclage de déchets. Cependant, leur efficacité environnementale est questionnable car il existe une forte suspicion de <a href="http://www.ineris.fr/centredoc/Rapport_Biogaz_web.pdf">fuites de biogaz</a> et donc d’émissions non-contrôlées de gaz à effets de serre.</p>
<p>Des solutions technologiques de micro-méthanisation, inspirées de ces systèmes rustiques, mais adaptées au contexte occidental, ont également été développées en Europe, aux États-Unis ou encore en Israël. Elles se veulent simples et peu encombrantes et visent à répondre à la transformation des déchets de quelques foyers ou d’un quartier, de restaurateurs, de grandes surfaces ou encore de petites industries agroalimentaires. Le <a href="https://www.bioenergie-promotion.fr/41855/nouveau-un-digesteur-domestique-pour-faire-son-biogaz-a-la-maison/">micro-méthaniseur domestique</a> proposé par la société Homebiogas, en est un bon exemple, tout comme celui testé en Angleterre dans le cadre d’un <a href="http://communitybydesign.co.uk/">projet communautaire</a> dédié à la valorisation circulaire des déchets de cuisine.</p>
<p>Des solutions plus intégrées existent aussi. On peut penser à ce container, transportable et duplicable, qui contient à la fois le réacteur biologique de méthanisation et les équipements techniques de valorisation du biogaz (notamment la génération d’électricité). Ce type de système est d’ores et déjà installé au Portugal (voir la vidéo ci-dessous).</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/qbJYeRkvpjI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation (en anglais) du système de recyclage des invendus alimentaires dans un supermarché portugais.</span></figcaption>
</figure>
<h2>De nombreux freins demeurent</h2>
<p>En France, plusieurs textes de loi sont favorables à l’élaboration de solutions au plus près des producteurs. C’est le cas de la réglementation sur la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000031066116&cidTexte=LEGITEXT000006074220">valorisation des biodéchets</a> des gros producteurs, ou encore, plus récemment, de la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031044385&categorieLien=id">loi du 17 août 2015</a> sur la transition énergétique pour la croissance verte, qui instaure l’obligation de généraliser le tri à la source des déchets à l’horizon 2025.</p>
<p>Néanmoins, de nombreux freins existent encore et limitent le déploiement des micro-méthaniseurs urbains. Il reste, malgré les quelques démonstrations pilotes citées précédemment, à démontrer que ces technologies sont suffisamment maîtrisées et robustes pour répondre aux exigences sanitaires, environnementales et sécuritaires européennes.</p>
<p>La réglementation n’est d’ailleurs à ce jour pas vraiment adaptée : en France, si un <a href="https://dechets-infos.com/compostage-de-proximite-un-projet-darrete-en-consultation-4914110.html">arrêté est en cours de révision</a> pour la mise en œuvre du compostage de proximité, il n’inclut pas la micro-méthanisation. Celle-ci doit donc faire l’objet d’une autorisation en tant qu’installation classée pour la protection de l’environnement (<a href="http://www.installationsclassees.developpement-durable.gouv.fr/">ICPE</a>), dont la complexité pourrait rebuter les porteurs de projets.</p>
<p>D’autre part, la performance environnementale et le coût global de réseaux urbains de micro-unités de méthanisation doivent être évalués. Enfin, l’implantation même de ces unités bouscule l’organisation des systèmes de gestion centralisée des déchets. Il convient donc de repenser les métiers associés à cette gestion. De même, dans un contexte décentralisé, l’exercice de la responsabilité de la collecte et du traitement de déchets doit-il rester du ressort des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tablissement_public_de_coop%C3%A9ration_intercommunale">EPCI</a> ou revenir aux communes ou encore à l’échelle des producteurs de déchets ?</p>
<p>Tous ces freins sont autant de questions que propose d’étudier le projet européen <a href="http://www.decisive2020.eu/">H2020 DECISIVE</a> afin de démontrer l’intérêt et la viabilité de ce nouveau paradigme de gestion décentralisée des biodéchets urbains.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81723/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Trémier a reçu des financements de l’Union européenne au travers du programme de recherche et d’innovation « Horizon 2020 » sous la convention N°689229. </span></em></p>La méthanisation est une technique bien connue de valorisation des déchets. Appliquée à l’échelle domestique, elle peut faire partie des solutions visant à réduire la pollution urbaine.Anne Trémier, Ingénieure de recherche, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/771122017-05-04T22:15:14Z2017-05-04T22:15:14ZDéchets verts et alimentaires : des détritus sous-exploités<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/167988/original/file-20170504-21616-uo5ks4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Intensifier la collecte des détritus alimentaires pour mieux valoriser les biodéchets. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-putting-banana-peel-recycling-bio-503886112">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En France, les « biodéchets » constituent environ 40 % des ordures ménagères. Ils regroupent les déchets verts et alimentaires issus de ressources naturelles animales ou végétales. Dans les déchets ménagers, ils sont constitués surtout des déchets de cuisine (épluchures de légumes, etc.), des déchets verts du jardin (tailles de haie, tonte de gazon, etc.) et des déchets en cellulose (essuie-tout, mouchoir en papier).</p>
<p>Les quantités de biodéchets produits par les foyers français représentent actuellement 18 millions de tonnes (Mt) par an : 30 % (5,1 Mt), essentiellement composés de déchets verts, sont gérés à domicile (paillage, compostage) ; 3,8 Mt de déchets verts sont collectés en déchèteries et 1,16 Mt en porte à porte. Les collectes de déchets alimentaires restent elles marginales.</p>
<p>Ces détritus peuvent être valorisés grâce au compostage et à la méthanisation ; mais dans tous les cas, un tri efficace à la source doit être assuré, or un peu plus d’une centaine de collectivités – soit seulement 7 % de la population – est concernée par une collecte séparée des biodéchets (déchets de cuisine). En 2015, la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte a fixé un taux de valorisation des déchets non dangereux à 65 %, accompagnée d’une réduction de la mise en décharge de 50 % à l’échéance 2025 en vue d’une gestion plus efficace de ces détritus.</p>
<h2>Priorité à la réduction des déchets</h2>
<p>La gestion des biodéchets s’intègre aujourd’hui dans une dynamique d’économie circulaire qui implique en premier lieu la prévention et la lutte contre le gaspillage alimentaire, la gestion de proximité (compostage domestique, compostage partagé), la gestion collective (collecte en apport volontaire, ou en porte-à-porte), le traitement et le retour au sol des biodéchets transformés.</p>
<p>Comme l’a montré une <a href="http://www.ademe.fr/etude-devaluation-gisements-devitement-potentiels-reduction-dechets-impacts-environnementaux-evites">récente étude</a>, la chasse au gaspillage alimentaire permet une réduction très efficace de la production de déchets.</p>
<p>De nombreuses initiatives menées sur le terrain témoignent de résultats encourageants ; on pourra citer à titre d’exemple cette opération impliquant 10 magasins de la grande distribution qui en l’espace de trois mois ont réussi à réduire leur gaspillage alimentaire de 22 % en moyenne, réalisant 70 000 euros d’économie. Et, en 2014, 20 foyers témoins sont parvenus à réduire de moitié leurs pertes et gaspillages alimentaires, représentant une économie de 60 euros par personne par an.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Mise en place d’un composteur collectif à Nantes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://capousseenamont.canalblog.com/archives/2015/04/13/31888112.html">Association Ça pousse en amont</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Mieux trier et bien collecter</h2>
<p>Les collectivités ont accès aujourd’hui à toute une palette d’outils pour la mise en œuvre du tri à la source des biodéchets : gestion de proximité (compostage domestique, partagé en pied d’immeubles ou à l’échelle d’un quartier) avec traitement in situ, collectes séparées (en porte à porte ou en apport volontaire) avec traitement centralisé (compostage industriel, méthanisation).</p>
<p>Si le compostage domestique est bien répandu et sa promotion assurée par les collectivités locales, la collecte séparée des biodéchets (déchets alimentaires) est aujourd’hui encore marginale en France. Seule une grosse centaine de collectivités a mis en place une collecte séparée de biodéchets (déchets de cuisine) en porte-à-porte ou apport volontaire.</p>
<p>Les principaux freins à cette collecte sont la crainte d’une augmentation du coût global de gestion, la crainte d’une faible participation des usagers ou encore de nuisances liées à la nature même des déchets concernés. Sur tous ces points, les expériences menées montrent que ces craintes ne sont pas fondées, et qu’une optimisation globale du service peut être menée, conjuguée à une communication efficace – valorisant le rôle des usagers dans une nouvelle organisation.</p>
<p>Les biodéchets sont à orienter d’abord en compostage domestique ou partagé, puis les déchets verts peuvent être collectés en déchèteries ou points de regroupement. Chaque collectivité doit aujourd’hui jouer un rôle dans l’accompagnement des ménages pour l’utilisation des composteurs : au-delà de la distribution de matériel, les usagers doivent aussi recevoir des informations sur la pratique.</p>
<p>Pour être efficaces, les options de tri et de récolte doivent correspondre aux spécificités locales. En milieu rural, par exemple, la faible production des biodéchets et la pratique historique du compostage domestique ne justifient pas toujours économiquement la mise en place d’une collecte séparée.</p>
<p>En ville, il peut être intéressant de proposer une alternative au compostage domestique avec le compostage partagé ; c’est le cas à Nantes où le site de compostage « Ça pousse amont », géré par une équipe de quartier avec un encadrement de Compostri (association professionnelle du compostage), regroupe 55 foyers. Une mutualisation des moyens avec les entreprises produisant des déchets organiques peut également être envisagée, permettant une maîtrise des coûts.</p>
<p>Notons pour conclure que <a href="http://www.ademe.fr/collectivites-comment-reussir-mise-oeuvre-tri-a-source-biodechets">des recommandations</a> et des informations concernant la <a href="http://lesactivateurs.org/formations/">formation des professionnels</a> sont aujourd’hui disponibles pour intensifier le tri à la source, élément-clé d’un recyclage réussi pour les déchets verts.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/77112/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël Guastavi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En provenance du jardin ou de la cuisine, les déchets verts et alimentaires peuvent être valorisés… à condition que le tri à la source de ces détritus soit bien mené.Raphaël Guastavi, Responsable du service « Mobilisation et valorisation des déchets », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/762432017-04-20T18:17:33Z2017-04-20T18:17:33ZPourquoi les territoires doivent s’emparer de la bioéconomie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/166106/original/file-20170420-20078-h3il7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1468&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Utiliser les ressources naturelles renouvelables sous toutes leurs formes.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/oregondepartmentofforestry/14492838086/in/photolist-o5FzQJ-jyk1zr-5EyEX5-eQcjHd-4U6RhP-65BCRS-4hSLAU-5Eun9i-5Eun8p-4nc9yY-5Eunaz-aFH8GZ-asqZKX-adHke6-29VLHN-k6dp-astDeN-SyUYPh-c5uhrb-cs6BwA-asqJio-GMoq2t-asrrQZ-4x2qFD-asu3HE-asoGNe-bPDU1n-bwgpYc-GYWrhF-55W5jP-asoaVt-asrtBK-asrr7B-5Fze9L-8T4Dsh-4t6LYz-d9sf2A-astQiq-astxTY-asu3LQ-bPDU3V-ge26n-asrtp8-6iKBjK-asr5w1-asrj4q-asu6BQ-9mHX2j-asrecb-5Fzf17">Oregon Department of Forestry/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La bioéconomie, c’est l’économie basée sur les ressources issues du monde vivant : agricoles, forestières, piscicoles ; mais aussi les déchets organiques et les produits de l’activité des micro-organismes.</p>
<p>L’usage croissant de cette notion, notamment dans les discours politiques, témoigne du fait que ces ressources du monde vivant (appelées « bioressources ») sont aujourd’hui en grande partie sous-exploitées. La moitié de l’accroissement naturel en forêt n’est par exemple pas valorisé (ce qui représente environ 50 millions de mètres cubes en France métropolitaine), tandis que les sols agricoles sont menacés de dégradation (on estime que 16 % des sols européens sont dégradés).</p>
<h2>Plus ou moins durable</h2>
<p>Historiquement, le terme de bioéconomie correspondait à une vision englobante visant à replacer la production au sein de l’écosystème ; une façon donc de promouvoir une économie soucieuse de <a href="http://www.decroissance.org/textes/grinevald.pdf">préserver le fonctionnement des systèmes naturels</a>.</p>
<p>Depuis, d’autres courants sont apparus, s’inscrivant pour certains à l’opposé de cette première définition. Ainsi, le <a href="http://leclubdesbioeconomistes.com/">Club des bioéconomistes</a> propose-t-il l’optimisation du potentiel de production permis par la photosynthèse pour répondre aux besoins (notamment alimentaires) croissants, sans considération pour les aspects écologiques autres que ceux nécessaires au maintien de la production.</p>
<p>Depuis 2012, date à laquelle la Commission européenne s’est <a href="http://ec.europa.eu/research/bioeconomy/index.cfm?pg=home">dotée d’une stratégie</a> en faveur de la bioéconomie, nombre de pays tentent de s’approprier ces nouvelles perspectives.</p>
<p>En <a href="http://agriculture.gouv.fr/la-strategie-nationale-bioeconomie-remettre-la-photosynthese-au-coeur-de-notre-economie">France</a>, la bioéconomie s’entend comme « l’ensemble des activités liées à la production, à l’utilisation et à la transformation de bioressources. Elles sont destinées à répondre de façon durable aux besoins alimentaires et à une partie des besoins matériaux et énergétiques de la société, et à lui fournir des services écosystémiques ».</p>
<h2>Une nouvelle organisation</h2>
<p>Mais la bioéconomie, et sa recherche de durabilité, est avant tout une <a href="https://www6.inra.fr/ciag/content/download/6055/44958/file/Vol54-4-Callois.pdf">manière nouvelle de penser l’organisation économique</a>.</p>
<p>Remettre le vivant au cœur de l’économie, ce n’est pas seulement préférer des produits directement issus des processus vivants (biogaz plutôt que carburants fossiles, matières recyclables plutôt que minérales). C’est aussi penser la production de manière « organique » et donc sortir du schéma classique : exploitation de ressources, transformation, consommation, mise en déchet.</p>
<p>La recherche de durabilité et d’efficacité implique à la fois de valoriser chaque fois que faire se peut les coproduits et de maintenir le potentiel de production des écosystèmes à l’origine des bioressources. C’est le principe à la base de l’agroécologie, qui vise à renforcer la résilience des systèmes agricoles sans remettre en cause leur productivité, par exemple en favorisant un couvert végétal permanent (qui maintient la qualité des sols) et en introduisant des légumineuses (qui diminuent les besoins en engrais).</p>
<p>Une telle démarche implique de chercher au maximum à réutiliser sur place des coproduits qui passent d’un statut de déchet à un statut de ressource. C’est le cas typique de la méthanisation qui à partir de déchets organiques peut permettre à la fois une production d’énergie et un digestat aux propriétés fertilisantes. Ce principe de « circularité » peut s’étendre à bien d’autres filières.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/WaKmXkzu6RE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Des unités de micro-méthanisation à la ferme (Actu-Environnement, 2015).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Des emplois peu délocalisables</h2>
<p>Les implications de la bioéconomie sont profondes. Elles sont certes en grande partie technologiques (recherche de variétés végétales plus performantes, de nouveaux processus de transformation biologiques pour la chimie et les matériaux, développement de capteurs et de systèmes de monitoring fin des processus industriels), mais aussi organisationnelles et sociales.</p>
<p>Le développement à grande échelle de l’approche bioéconomique implique en effet un changement d’attitude tant de la part des producteurs (organisation circulaire de la production) que des consommateurs (changement de regard sur certains produits ayant le statut de déchets, comme les digestats issus de méthanisation).</p>
<p>Au-delà des aspects environnementaux, les enjeux économiques et sociaux sont considérables pour nombre de territoires qu’ils soient ruraux ou urbains : en recherchant l’efficacité par la circularité, l’emploi créé est par nature très peu délocalisable.</p>
<p>Le cas de l’énergie illustre bien l’ampleur du potentiel que représente le développement de la bioéconomie. Les bioénergies (bois-énergie, méthanisation, biocarburants) représentent à ce jour près de la moitié des énergies renouvelables et leur potentiel de développement est loin d’être pleinement exploité. Or, en France, l’énergie « perdue » dans les processus de transformation et de transport correspond peu ou prou à notre déficit commercial dans ce secteur.</p>
<p>Même si ce déficit est impossible à supprimer à court terme grâce aux bioénergies – pour des raisons à la fois structurelles (place des carburants fossiles et du nucléaire), économiques (coûts relatifs des énergies) et physiques (pertes lors des transformations énergétiques) –, une valorisation plus efficace de la chaleur et la poursuite du développement de ces bioénergies permettraient des créations d’emploi non négligeables.</p>
<p>Ainsi, le <a href="http://agriculture.gouv.fr/dynamiques-de-lemploi-dans-les-filieres-de-la-bio-economie">rapport 2016</a> du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux estime qu’un emploi direct peut être créé pour une production supplémentaire de 140 tonnes d’équivalents-pétrole. Ceci sans compter les emplois indirects et les gains possibles par une récupération plus efficace de la chaleur dissipée dans l’environnement (la chaleur représentant environ la moitié des besoins en énergie). Et l’on pourrait tenir des raisonnements similaires de même sur les pertes alimentaires, qui sont de l’ordre de 30 %.</p>
<h2>Repenser le lien au territoire</h2>
<p>Mais pour être pleinement capté, ce potentiel de création d’emploi nécessite d’adopter une approche systémique de la transition vers la bioéconomie.</p>
<p>La bioéconomie n’est pas la simple juxtaposition d’une agriculture plus durable, d’un secteur forestier plus développé et d’une meilleure valorisation des déchets organiques. Elle nécessite de penser les liens entre ces différents secteurs et les interactions avec les politiques d’aménagement et de formation nécessaires. C’est donc avant tout au niveau des territoires que se jouera cette transition, par la création d’infrastructures (réseaux de distribution notamment) pensées pour améliorer la circularité des filières, par une capacité à faire dialoguer les différentes parties prenantes (entreprises, résidents, associations) pour gérer les nuisances (réelles ou supposées), par une valorisation de toutes les compétences, des plus pointues aux moins qualifiées. Le rôle des acteurs publics locaux sera donc essentiel.</p>
<p>Car l’un des principaux effets de la bioéconomie n’est ni économique ni environnemental : il s’agit de pouvoir repenser le rapport au territoire et de remettre du lien social au cœur de l’économie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76243/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Marc Callois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La transformation de matières premières renouvelables pour répondre aux besoins alimentaires et énergétiques représente une opportunité inédite dont les territoires doivent s’emparer sans tarder.Jean-Marc Callois, Directeur du département « Territoires », InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/715432017-01-20T00:11:45Z2017-01-20T00:11:45ZTempête Eleanor : pourquoi certaines régions sont plus exposées aux coupures d’électricité<p>Le passage de la <a href="https://www.infoclimat.fr/bulletin-special-335-tempete-eleanor.html">tempête Eleanor</a> sur le Nord de la France a occasionné de violentes rafales de vent et impacté le réseau électrique par des chutes de branches et d’arbres sur les fils. Mercredi 3 janvier au matin, on comptait plus de <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/01/03/97001-20180103FILWWW00052-tempete-eleanore-200000-foyers-prives-d-electricite-a-9h00.php">200 000 foyers privés de courant</a> dans les régions touchées (Normandie, Hauts-de France, Île-de-France et Grand-Est).</p>
<p>Ces tempêtes, de même que les vagues de froid, soulignent certaines inégalités territoriales face aux coupures électriques ; les habitants de la campagne bretonne y sont, par exemple, davantage exposés que les Franciliens. Comment expliquer de telles disparités ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"948211172725219328"}"></div></p>
<h2>Réseaux des villes, réseaux des campagnes</h2>
<p>Il y a d’abord une inégalité géographique bien connue qui existe entre les équipements des villes de ceux des campagnes. Du fait de leur réseau électrique plus majoritairement aérien qu’en milieu urbain, les zones rurales ont été davantage impactées par ces coupures.</p>
<p>Si l’on compare la France à d’autres pays européens, l’Hexagone apparaît, avec ses <a href="http://www.caminteresse.fr/environnement/tempete-pourquoi-nenterre-t-on-pas-les-lignes-electriques-en-france-1139059/">44 % de lignes enterrées</a>, plutôt à la traîne. En Allemagne, cet enfouissement concerne 80 % des lignes et presque 100 % en Belgique et aux Pays-Bas.</p>
<p>Ces trois pays disposent d’un réseau de villes plus maillé que la France : l’habitat moins diffus favorise l’enfouissement du réseau électrique. Il faut cependant noter qu’entre 2010 et 2012, <a href="http://energie.lexpansion.com/prospective/reseau-electrique-les-difficultes-de-l-enfouissement_a-34-8053.html">plus de 80 % des nouvelles lignes</a> installées en France ont été enfouies.</p>
<p>Si les lignes enterrées semblent être la solution pour faire face aux tempêtes, elles demeurent néanmoins vulnérables en cas d’inondations. <a href="http://www.caminteresse.fr/environnement/tempete-pourquoi-nenterre-t-on-pas-les-lignes-electriques-en-france-1139059/">Lors de la tempête Xynthia</a>, en 2010, plusieurs lignes souterraines du littoral vendéen avaient été inondées, entraînant des coupures d’électricité.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ecHug-fbQds?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La Bretagne, une péninsule électrique (Image temps, 2011).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Bretagne et Provence-Côte d’Azur très exposées</h2>
<p>La seconde inégalité géographique, moins connue, se dessine entre certaines régions : un Breton ou un habitant de la région Provence-Côte d’Azur sera en effet plus exposé aux risques de coupures lors d’une vague de froid. Ces deux régions souffrent de problèmes identiques.</p>
<p>D’abord, elles <a href="http://rue89.nouvelobs.com/rue89-planete/2012/02/04/bretagne-eteins-la-lumiere-et-pas-seulement-en-hiver-229083">produisent peu d’électricité et possèdent un réseau électrique sous-dimensionné</a> par rapport aux besoins de leur population. Elles sont ensuite considérées comme des <a href="http://www.rte-france.com/fr/article/panorama-de-la-consommation-electrique-de-nos-regions">« péninsules électriques »</a> du fait de leur isolement géographique – elles se trouvent « au bout » du réseau de distribution électrique national.</p>
<p>Lors d’une précédente vague de froid, en 2009, ces deux régions avaient d’ailleurs été <a href="http://www.ladepeche.fr/article/2009/12/15/737716-risque-de-coupure-electrique-bretagne-et-paca-en-premiere-ligne.html">placées en alerte</a> par RTE (Réseau de transport d’électricité) ; les pouvoirs publics avaient alors appelé les habitants de ces régions à réduire leur consommation d’électricité entre 17h et 20h pour plusieurs jours consécutifs.</p>
<p>Contrairement à d’autres régions françaises équipées en centrales nucléaires (Normandie, Rhône-Alpes, Grand-Est notamment) ou bien desservies en électricité du fait de leur position de carrefour géographique (île-de-France, Centre-Val-de-Loire), les régions Bretagne et Provence-Côte-d’Azur dépendent fortement de l’importation d’électricité de régions limitrophes ou de pays voisins. La Bretagne ne produit ainsi que 15 % de son électricité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/153420/original/image-20170119-26550-1exzp4h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/153420/original/image-20170119-26550-1exzp4h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=565&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/153420/original/image-20170119-26550-1exzp4h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=565&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/153420/original/image-20170119-26550-1exzp4h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=565&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/153420/original/image-20170119-26550-1exzp4h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=710&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/153420/original/image-20170119-26550-1exzp4h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=710&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/153420/original/image-20170119-26550-1exzp4h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=710&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cette carte montre les disparités régionales existantes au niveau de l’équilibre entre l’offre et la demande en période de pointe de consommation d’électricité.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.observatoire-electricite.fr/La-gestion-de-la-pointe-garantie">Observatoire de l’industrie électrique (2010)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Quelles solutions ?</h2>
<p>Ces inégalités sont pourtant loin d’être une fatalité. Deux pistes se distinguent nettement.</p>
<p>En premier lieu, enterrer les lignes électriques afin de réduire l’inégalité entre les zones urbaines et rurales. Si, ces dernières années, la grande majorité des nouvelles lignes ont été enterrées, plus de la moitié du réseau d’électricité en France demeure aérien.</p>
<p>Bien sûr, enterrer l’ensemble du réseau électrique français serait beaucoup trop coûteux – il a été estimé à plus de <a href="http://www.caminteresse.fr/environnement/tempete-pourquoi-nenterre-t-on-pas-les-lignes-electriques-en-france-1139059/">100 milliards d’euros</a> par ERDF en 2012. Mais pourquoi ne pas systématiser l’enterrement des lignes passant à proximité directe d’espaces boisés afin de prévenir le risque de chutes de branches ? Il semblerait que cela soit le cas depuis peu dans certains départements ruraux, <a href="http://www.lepopulaire.fr/limoges/transport/2016/05/12/l-enfouissement-des-lignes-a-haute-tension-une-priorite-dans-le-departement_11909974.html">comme en Haute-Vienne</a> par exemple.</p>
<p>Il apparaît également essentiel de réduire notre dépendance à l’énergie nucléaire en développant largement les énergies renouvelables. La France reste en effet « prisonnière » de cette spécialisation énergétique initiée dans les années 1950 et fait face depuis quelques années à la vétusté de certaines centrales, comme celle de Fessenheim.</p>
<p>En période de vague de froid durable sur l’Europe de l’Ouest, si plusieurs centrales venaient à s’arrêter pour cause de dysfonctionnements, l’importation d’électricité des pays voisins pourrait ne pas suffire ; une partie du pays serait plongée dans le noir, Provence-Côte d’Azur et Bretagne en tête.</p>
<p>Pour cette dernière région qui, rappelons-le, n’a plus aucune centrale nucléaire en fonctionnement depuis la <a href="http://www.20minutes.fr/rennes/1880811-20160705-bretagne-brennilis-demantelement-centrale-nucleaire-eternise">fermeture de celle de Brennilis</a> en 1985, l’accent est mis sur la transition énergétique avec le développement de l’éolien, de la méthanisation et des panneaux solaires. En 2015, <a href="http://www.bretagne.ademe.fr/sites/default/files/files/Encarts/En-savoir-plus/energies-renouvelables-bretagne.pdf">plus de 11 % de l’énergie consommée</a> en Bretagne était d’origine renouvelable. D’ailleurs, un <a href="http://www.plan-eco-energie-bretagne.fr/upload/docs/application/pdf/2010-12/pacte_electrique_breton.pdf">« pacte électrique breton »</a> a été signé en 2010 entre l’État, la région, RTE, l’Ademe et l’Agence nationale de l’habitat pour répondre à ces enjeux.</p>
<p>Enfin, c’est l’ensemble de nos <a href="http://www.rte-france.com/sites/default/files/pictures/divers/rte-ecogestes_2.png">habitudes de consommation</a> qu’il est essentiel de revoir pour devenir moins énergivore en électricité et donc moins dépendant des risques associés aux aléas climatiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71543/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Raulin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Avec les vents violents qui soufflent sur la France, se repose la question des inégalités géographiques dans l’approvisionnement en électricité. La Bretagne apparaît particulièrement vulnérable.François Raulin, Ingénieur de recherche, Laboratoire Métis EM Normandie, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/707932017-01-08T20:37:55Z2017-01-08T20:37:55ZChangement climatique : comment expliquer la forte hausse des concentrations de méthane dans l’atmosphère ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/151932/original/image-20170106-18653-1whog3v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’élevage et le traitement des déchets contribuent aux émissions de méthane dans l’atmosphère. </span> <span class="attribution"><span class="source">Jennifer C./Flickr, CEA</span></span></figcaption></figure><p>Depuis plus de vingt ans, les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont connu une progression annuelle sans précédent. Les causes de cette augmentation sont encore incertaines, mais probablement d’origine « biogénique », c’est-à-dire liées à l’évolution de l’activité de micro-organismes vivants. C’est ce qui ressort du récent bilan proposé par le <a href="http://www.globalcarbonproject.org">Global Carbon Project</a>.</p>
<p>Si le méthane contribue moins que le CO<sub>2</sub> au changement climatique – ce dernier étant responsable à lui seul de 80 % du réchauffement constaté –, il s’agit néanmoins d’un puissant gaz à effet de serre ; son augmentation est donc inquiétante dans le contexte de la mise en place de l’Accord de Paris qui tente de contenir la hausse globale des températures.</p>
<h2>Une hausse sans précédent</h2>
<p>Depuis 2014, les concentrations de méthane atmosphérique <a href="http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/11/12/120207">suivent le rythme</a> du scénario climatique le plus pessimiste des experts du GIEC. Cette croissance accélérée par rapport à la période 2007-2013 contraste avec la relative stagnation des émissions de CO<sub>2</sub> liées aux activités humaines sur la même période ; elle accentue ainsi le poids relatif du méthane dans le changement climatique en cours.</p>
<p>C’est d’autant plus remarquable que cette récente augmentation vient s’ajouter à celle accumulée depuis la révolution industrielle : la concentration de méthane dans l’atmosphère a atteint en 2017 la valeur de 1850 ppb (pour parties par milliards) soit plus de 2.5 fois celle de 1750.</p>
<p>Trois articles publiés (en 2016 <a href="http://www.earth-syst-sci-data.net/8/697/2016/essd-8-697-2016.html">là</a> et <a href="http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/11/12/120207">là</a> et en 2017 <a href="https://www.atmos-chem-phys.net/17/11135/2017/acp-17-11135-2017.html">ici</a>) proposent la synthèse la plus complète à ce jour au sujet des sources et puits de méthane. Ce travail vient renforcer le bilan mondial de CO<sub>2</sub>, publié chaque année à l’initiative le Global Carbon Project.</p>
<h2>D’où vient le méthane atmosphérique ?</h2>
<p>Faire le bilan des sources et puits de méthane est ardu : le méthane est moins bien compris que le CO<sub>2</sub> et ses sources couvrent une gamme d’activités humaines plus large. On peut néanmoins classer ces sources en trois catégories.</p>
<p>Il y a d’abord les sources « biogéniques » (environ 65 %) : celles-ci concernent l’élevage, la culture du riz, la gestion des déchets solides ou liquides, les zones inondées naturelles, les termites, les lacs et fleuves, les <a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/rechfran/4theme/paleo/pergelisol.html">pergelisols</a>. Elles sont liées à la dégradation de la matière organique par des micro-organismes dans des environnements dépourvus d’oxygène.</p>
<p>Viennent ensuite les sources « thermogéniques » (environ 30 %) : elles concernent le dégazage naturel de la croûte terrestre et l’exploitation des combustibles fossiles ; elles sont liées à la formation lente de gaz naturel dans le sous-sol de la Terre. L’analyse du carbone 14 du méthane atmosphérique nous indique que <a>30 % environ</a> est d’origine fossile, mais la part naturelle de ces émissions <a>reste très incertaine</a> (et discutée !) aujourd’hui.</p>
<p>Enfin, on trouve les sources « pyrogéniques » (environ 5 %) : elles concernent les feux de forêts et de savanes et l’utilisation de biofuels ; elles sont liées au processus de combustion de biomasse.</p>
<p>Il faut noter que ces trois types de sources peuvent être naturelles ou liées aux activités humaines, ces dernières représentant plus de 60 % des émissions totales de méthane atmosphérique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/151831/original/image-20170105-18641-11sir7f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/151831/original/image-20170105-18641-11sir7f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/151831/original/image-20170105-18641-11sir7f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/151831/original/image-20170105-18641-11sir7f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/151831/original/image-20170105-18641-11sir7f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/151831/original/image-20170105-18641-11sir7f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/151831/original/image-20170105-18641-11sir7f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les multiples sources d’émissions de méthane.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.globalcarbonproject.org/methanebudget/16/files/MethaneInfographic2016.png">Global Carbon Project</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Comment expliquer la hausse des émissions ?</h2>
<p>Les raisons de cette augmentation du méthane dans l’atmosphère depuis la fin des années 2000 sont toujours discutées et il n’existe pas à ce jour de consensus autour d’un scénario unique pour en rendre compte. Il est néanmoins possible d’avancer plusieurs scénarios possibles.</p>
<p>Il est ainsi probable que la contribution dominante à l’anomalie positive des émissions vienne des sources biogéniques. C’est ce que suggère l’analyse du carbone 13 du méthane dont la concentration diminue dans l’atmosphère depuis 2007. En effet, les sources biogéniques apprécient peu le carbone 13 dans leurs processus biochimiques et en produisent moins que les autres sources. Une augmentation des sources biogéniques est donc associée à une diminution du carbone 13 du méthane atmosphérique.</p>
<p>On ne peut exclure non plus une augmentation des émissions liées aux combustibles fossiles, comme le suggère l’augmentation de la concentration d’éthane, une espèce co-émise avec le méthane dans le secteur industriel. Mais le bilan du Global Carbon Project ne montre cependant pas d’augmentation des émissions de méthane aux États-Unis alors que ces derniers ont fortement développé le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=H5_3sJoc9zk">« fracking »</a> dans l’exploitation du gaz de schiste.</p>
<p>Il faut également souligner que les émissions chinoises de méthane et leur augmentation depuis l’an 2000 ont été probablement surestimées par les inventaires d’émissions (qui estiment les émissions à partir de statistiques économiques) à cause d’une surestimation des émissions liées à l’exploitation du charbon et de leur variation dans le temps. L’<a href="http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/11/12/120207">étude</a> relatée ici a poussé les inventoristes à revoir récemment les facteurs entrant dans le calcul des émissions de méthane chinoises. <a>Un nouvel inventaire</a>, plus en accord avec les contraintes apportées par l’atmosphère, a ainsi été publié.</p>
<p>Du fait de la persistance de cette augmentation sur les huit dernières années, il est probable qu’une source biogénique liées aux activités humaines (élevage ou déchets) contribue de façon dominante, plutôt qu’à une source biogénique naturelle, telle que les zones humides. Mais des conditions humides ont persisté dans les tropiques entre 2007 et 2013, associée à <a href="http://www.pmel.noaa.gov/elnino/what-is-la-nina">des phénomènes la Niña récurrents</a>, pouvant créer des conditions favorables aux émissions de méthane. On ne peut ainsi pas exclure que les zones humides participent à l’augmentation des émissions de méthane dans les tropiques.</p>
<p>On le voit, il reste encore beaucoup d’incertitudes à lever.</p>
<h2>On peut agir rapidement</h2>
<p>Sans actions spécifiques, les émissions biogéniques de méthane ont de fortes chances de poursuivre leur hausse, compte tenu du changement climatique en cours et de la pression démographique. On pense ici aux émissions liées à l’élevage et les déchets dans un monde où la demande alimentaire croît avec la population mondiale, et où le régime carné fait de plus en plus d’adeptes parmi les classes moyennes émergentes, générant également de plus en plus de déchets.</p>
<p>Il y a aussi les zones humides des hautes latitudes dont les émissions pourraient augmenter avec le <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/pergelisol-le-piege-climatique">dégel lent mais inexorable</a> avec le réchauffement d’une quantité croissante de permafrost.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/1sK-zMAX_fE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La fonte du pergélisol, une bombe climatique (AFP, 2015).</span></figcaption>
</figure>
<p>S’il faut souligner les dangers du méthane, n’oublions cependant pas que sa courte durée de vie dans l’atmosphère (9 ans environ) combinée à son fort potentiel de réchauffement, nous offre une formidable opportunité d’atténuation du changement climatique. En effet, si nous réduisons les émissions de méthane maintenant, cela aura un impact rapide sur leur concentration dans l’atmosphère… y compris à des échéances compatibles avec les agendas politiques.</p>
<p>Aujourd’hui, des modes de production alimentaire qui prennent en compte les changements climatiques <a href="http://www.inra.fr/Entreprises-Monde-agricole/Resultats-innovation-transfert/Toutes-les-actualites/methane-chez-les-ruminants">sont étudiés et testés</a> dans de nombreux pays producteurs ; d’autre part, la récupération de biogaz à partir des activités agricoles et de la <a href="https://www.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/wg3/fr/tssts-10-3.html,%20http://agriculture.gouv.fr/methanisation-la-ferme-un-supplement-de-revenu-et-un-geste-pour-lenvironnement">gestion des déchets</a>, actuellement mise en œuvre dans les pays développés, pourrait être étendue à d’autres zones moins favorisées et contribuer à l’atténuation du changement climatique.</p>
<p>Outre le fait que ces solutions impactent moins directement nos modes de vie que celles destinées à réguler nos usages de la voiture ou du chauffage pour réduire les émissions de CO<sub>2</sub>, ces innovations peuvent également générer de l’activité économique et créer des emplois.</p>
<p>Aujourd’hui, pour rester dans la limite des 2 °C d’augmentation de la température moyenne planétaire, il n’est plus question de choisir entre CO<sub>2</sub> et méthane : il faut agir sur le CO<sub>2</sub> et sur le méthane.</p>
<hr>
<p><em>Marielle Saunois, Pep Canadell, Ben Poulter et Rob Jackson sont co-auteurs de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70793/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Bousquet a reçu des financements du Global Carbon Project (organisation de réunions scientifiques) et de la fondation BNP Paribas (infographies sur le cycle du méthane) et utilise les moyens de calculs nationaux et du CEA pour produire ses analyses. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marielle Saunois a reçu des financements de la Commission européenne sur des projets de recherche scientifique et utilise les moyens de calculs nationaux et du CEA pour produire ses analyses. </span></em></p>Les émissions atmosphériques de méthane, puissant gaz à effet de serre, ont fortement augmenté. Décryptage de cette situation avec deux chercheurs ayant contribué au récent bilan de ces émissions.Philippe Bousquet, Professeur, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), membre de l’Institut Universitaire de France, auteur contributif d’un chapitre des deux derniers rapports du GIEC, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Marielle Saunois, Enseignant-chercheur, Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/684012016-11-10T19:41:43Z2016-11-10T19:41:43ZÇa sent le gaz pour la méthanisation en France ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/145424/original/image-20161110-25097-1n7hl2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le fumier d’élevage, l’une des matières premières du processus de méthanisation. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/stanzebla/9254454763/in/photolist-SEmg-4bFJFL-85J4A2-8kSUsR-wb8bgh-s7jNi-7Hxcfe-8aScF5-dbaBFU-oZAKfh-ockqr-9SJBZh-3oAoCc-a2fJts-cXLEd-9SFKJp-dZzrQw-7QGgVx-h4uXTB-mC77Ce-dSSZ8s-bkVPbB-5NDHrs-8jGayS-8kmuCo-8TKc5i-dCWZzB-d1T6CY-7yt71T-dbaLKe-47wFi1-cWcEWS-7BSMwD-nAz9i-f6MuYT-dZzrdG-2AvqcU-7MFzPw-7BWyVN-EWmPF-5gbNTC-bDGuPw-buU7f6-mC5RPZ-6D4Hiz-BW4VE-cMabFW-9abLBq-dhZxym-64ZdXf">stanze/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>C’est <em>la</em> priorité de la transition énergétique : réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre dont la concentration dans l’atmosphère constitue l’une des causes du réchauffement climatique.</p>
<p>Pour y parvenir, la France s’est fixée des objectifs ambitieux qui prévoient notamment le développement des énergies renouvelables. Des objectifs trop ambitieux ? Selon un <a href="http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&cid=1250271687269">récent rapport</a> de l’Assemblée nationale, la France accumule en effet un réel retard en la matière.</p>
<p>Et parmi ces énergies « vertes », la méthanisation – qui permet de produire du gaz convertible en énergie (biogaz) et du compost à partir de déchets organiques – est tout particulièrement à la peine. Le rapport souligne ainsi « qu’il faut multiplier par quatre la puissance installée d’ici 2020 » afin de respecter les objectifs de la <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-loi-relative-a-la-transition-">loi relative à la transition énergétique</a>.</p>
<p>En 2014, Ségolène Royal annonçait le développement prochain de 1 500 installations d’unités de méthanisation d’ici à 2017 ; mais compte tenu du retard accumulé en 2014 et 2015, ces objectifs paraissent inatteignables, à moins d’augmenter sensiblement le rythme des installations, d’après une étude du <a href="http://www.xerfi.com/presentationetude/Le-marche-francais-du-biogaz-a-lhorizon-2020_6SCO38">cabinet Xerfi</a>.</p>
<p>Comment expliquer une telle situation ? Pourquoi la méthanisation ne décolle-t-elle pas en France ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/145327/original/image-20161109-19068-q7gifd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le cycle de la méhanisation.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/La-methanisation.html">Ministère de l’Environnement</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Passer les vitesses avec le frein à main enclenché</h2>
<p>En 2013, la France affichait une production de biogaz en énergie primaire de l’ordre de <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/88252_gisements-substrats-methanisation.pdf">465 ktep</a> (kilotonne d’équivalent pétrole) ; soit dix fois moins que le gisement des déchets mobilisables pour la méthanisation d’ici à 2030 !</p>
<p>Le <a href="http://www.eurobserv-er.org/pdf/baro212biogas.pdf">baromètre</a> d’EurObserv’ER, l’Observatoire européen des énergies renouvelables, estime que la France et le Royaume-Uni sont les pays parmi les plus prometteurs en matière de biogaz, en raison de leurs importantes surfaces agricoles, sources de gisement de déchets méthanisables comme le lisier, le fumier ou les cultures. Les acteurs du secteur disposent par ailleurs d’aides financières (Ademe et Plan biogaz, par exemple).</p>
<p>Mais ces mêmes acteurs (agriculteur, élu, opérateur de méthanisation, organisme consulaire, etc.) rencontrent de nombreux obstacles. En 2015, le cabinet d’étude E-Cube indiquait qu’environ un <a href="http://atee.fr/biogaz/etude-etat-des-lieux-de-la-filiere-biogaz-en-france-2015">projet de méthanisation sur trois</a> n’avait pas abouti et que 94 % des projets connaissaient des aléas financiers.</p>
<p>Les contraintes réglementaires peuvent également retarder la mise en œuvre d’un projet et avoir des répercussions financières lourdes. Il faut enfin considérer « l’acceptabilité » de tels projets, une dimension souvent peu ou mal abordée par les entrepreneurs.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/2vsRN-A98n8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Manifestation contre l’unité de méthanisation aux Etablières, sur la commune de la Roche-sur-Yon (Ouest-France).</span></figcaption>
</figure>
<h2>« Je n’ai rien contre la méthanisation mais… »</h2>
<p>La méthanisation provoque indéniablement son lot de crispations chez les riverains, et plus globalement chez les habitants des communes concernées. Parmi les arguments d’opposition : les mauvaises odeurs, le bruit, le risque d’explosion, l’augmentation du trafic routier, la dévalorisation immobilière des propriétés autour du site ou encore le risque d’invasion de mouches.</p>
<p>Ces craintes sont parfois justifiées, mais parfois amplifiées et même fantasmées ; le risque de mauvaises odeurs, par exemple, reste très limité puisque de nombreuses installations prévoient la construction d’un bâtiment à air filtré là où les déchets seront stockés.</p>
<p>Que ce soit justifié ou non, les conséquences d’une telle mobilisation peuvent être lourdes : à la <a href="http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/la-roche-sur-yon-85000/abandon-du-projet-de-methanisation-des-etablieres-4339429">Roche-sur-Yon en Vendée</a> (manque de transparence, installation prévue trop proche d’un lotissement) ou encore à <a href="http://france3-regions.francetvinfo.fr/alpes/isere/une-premiere-victoire-pour-les-opposants-la-methanisation-anthon-dans-le-nord-isere-902225.html">Anthon dans l’Isère</a> (dimensionnement trop important, risque de mauvaises odeurs), les projets ont dû être abandonnés.</p>
<p>Voilà que la méthanisation est à son tour touchée par le « nimbysme », ce néologisme venant de l’acronyme <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/nimby-not-in-my-back-yard-surtout-pas-chez-moi"><em>not in my back yard</em></a> (« surtout pas chez moi ») cher aux Anglo-saxons. Comme les éoliennes, la méthanisation est source de conflits à l’échelle locale du fait de son caractère innovant.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/NMJJB0DGRys?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le «nimbysme» vu par les Belges (Edora, 2015).</span></figcaption>
</figure>
<h2>L’acceptabilité sociale, clé du problème ?</h2>
<p>Ce manque de communication autour des projets de méthanisation – que les riverains peuvent interpréter comme un manque de transparence, une volonté de leur « cacher quelque chose » – est souvent pointée du doigt. On constate cependant que des réunions d’information et des visites d’unités de sont organisées plus régulièrement.</p>
<p>Soulignons ici que la réglementation en vigueur sur l’installation d’une unité de méthanisation en France exige que le digesteur – c’est-à-dire la cuve qui produit le biogaz – soit situé au minimum à… 50 mètres d’une habitation ! On peut donc aisément comprendre les inquiétudes des riverains résidant à cette distance, et notamment les craintes de <a href="http://www.qualitedeviebellengreville.fr/le-projet/qu-en-est-il-de-nos-habitations/">dévalorisation immobilière</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/145441/original/image-20161110-25055-1dc5tzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Unité de méthanisation située en Normandie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/107918004@N05/13605084055/in/album-72157643396194943/">Naskeo Environnement</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Alors, pourquoi ne pas revoir ce seuil métrique et l’augmenter ? Pourquoi ne pas baisser, voire éliminer, le seuil des 30 tonnes de matières traitées par jour qui n’exige pas, en deçà de cette limite, un enregistrement ou une autorisation en vue d’un <a href="http://www.lejournaldupaysyonnais.fr/2015/02/23/une-usine-de-methanisation-aux-etablieres/">classement ICPE</a> (Installations classées pour la protection de l’environnement), et donc une information du public obligatoire ?</p>
<p>Le développement de la méthanisation en France passe aujourd’hui par une meilleure communication de ses bénéfices environnementaux et des contraintes existantes auprès du public.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68401/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Raulin participe au programme de recherche « DETECTE » (<a href="http://www.detecte.org">www.detecte.org</a>) qui vise à l’amélioration de la connaissance des mutations actuelles et futures des territoires ruraux dans le contexte de la transition énergétique, en s’appuyant sur l’exemple de la méthanisation.
</span></em></p>La France est en retard dans le développement des énergies renouvelables, et tout particulièrement dans le domaine de la transformation des déchets organiques, pourtant très prometteur en France.François Raulin, Ingénieur de recherche à l’Institut du développement territorial (IDéT), Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.