tag:theconversation.com,2011:/africa/topics/urbanisation-21482/articlesurbanisation – The Conversation2024-02-04T15:33:54Ztag:theconversation.com,2011:article/2209602024-02-04T15:33:54Z2024-02-04T15:33:54ZComprendre les mobilités sociales dans l’Afrique d’aujourd’hui<p>Dans une époque de montée des inégalités, rendre compte des formes de mobilité sociale est un enjeu crucial pour les sociétés contemporaines.</p>
<p>En Afrique, les sociétés sont aujourd’hui largement marquées à la fois par leur jeunesse et par de <a href="https://www.cepremap.fr/publications/lafrique-des-inegalites-ou-conduit-lhistoire/">hauts niveaux d’inégalité</a>. À travers le continent, les frustrations sociales et économiques de la jeunesse sont d’ailleurs régulièrement pointées comme des <a href="https://theconversation.com/young-africans-could-disrupt-authoritarian-states-but-they-dont-heres-why-218179">ressorts importants des dynamiques sociopolitiques</a>, qu’il s’agisse de <a href="https://www.jstor.org/stable/90018191">mouvements sociaux</a>, de <a href="https://www.cmi.no/publications/7420-after-the-uprising-including-sudanese-youth">soulèvements populaires</a> ou du soutien des citoyens à des <a href="https://www.bbc.com/afrique/region-66695998">coups d’État</a>.</p>
<p>Or, interpréter les formes et les contours des mobilités sociales auxquelles peuvent prétendre les jeunesses africaines requiert de comprendre les sociétés du continent comme des espaces sociaux structurés par différents systèmes d’inégalité entrelacés.</p>
<p>Les écarts de condition au sein d’une jeunesse <a href="https://www.theafricareport.com/221141/why-africas-youth-is-not-saving-democracy/">plurielle</a> sont évidemment ancrés dans des inégalités de ressources économiques, mais aussi culturelles et sociales. Ces inégalités se trouvent également imbriquées à d’autres qualités des individus, comme leur identité de genre, division majeure ici comme ailleurs des espaces sociaux, ou leur identité régionale – on sait la saillance dans nombre de contextes africains du fait ethno-régional.</p>
<p>Inévitablement entremêlées, ces différentes ressources et qualités sociales structurent ou conditionnent ce qu’on peut désigner comme les <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-476-05142-4_25">« chances de vie »</a>, selon la formule de Max Weber, c’est-à-dire les opportunités d’accéder aux biens et aux formes de vie désirables dans une société donnée.</p>
<h2>Des espaces sociaux en mouvement</h2>
<p>Une première difficulté pour penser les mobilités sociales africaines découle du fait que les sociétés du continent se transforment aujourd’hui rapidement. Ainsi, certaines formes de mobilité intergénérationnelle ne font qu’accompagner des transformations plus globales.</p>
<p>Par exemple, l’élévation du niveau d’instruction d’une génération à l’autre, <a href="https://www.unesco.org/fr/articles/faq-comment-les-pays-africains-ameliorent-ils-la-qualite-de-leur-education">régulièrement constatée à travers le continent</a>, n’est pas nécessairement synonyme de trajectoires familiales ascendantes. Elle doit être contextualisée par rapport à l’élévation générale du niveau d’éducation sur le continent. Avoir obtenu le bac ou son équivalent dans les années 1970 ou dans les années 2020 n’a pas la même signification sociale et ne se traduit pas de la même manière en niveau et en style de vie. Certaines trajectoires pouvant d’abord apparaître comme des formes de reproduction sociale ne le sont donc qu’en partie.</p>
<p>On retrouve un phénomène analogue dans la situation de bien des jeunes paysans africains. En effet, ceux-ci s’engagent aujourd’hui dans l’agriculture dans des sociétés globalement marquées par un exode rural et un déclassement social des paysans. Une telle dynamique est observable à travers le continent depuis plusieurs décennies. Elle affecte désormais fondamentalement la valeur sociale et la signification de la condition paysanne : sous la reproduction peut se loger une forme de déclassement.</p>
<p>Comprendre les mobilités sociales contemporaines demande donc de s’interroger à la fois sur l’évolution des conditions d’existence et des styles de vie, mais aussi sur leur signification et sur les formes de reconnaissance sociale qui peuvent être ou non attachées aux positions sociales – d’où la notion d’<a href="https://www.berghahnbooks.com/downloads/intros/NoretSocial_intro.pdf">im/mobilités sociales</a>, proposée pour évoquer de telles dynamiques paradoxales où s’entremêlent reproduction et mobilité sociales.</p>
<h2>Des mobilités « latérales » ou « transversales »</h2>
<p>Au Bénin, bon nombre de conducteurs de « taxis-motos » sont issus de milieux ruraux, et évoluent entre ville et campagne, retournant à intervalles réguliers vers leur village d’origine, où sont restés vivre femme(s) et enfants. Partageant souvent à plusieurs des logements exigus et pour le moins sommaires lors de leurs séjours en ville, ils maximisent ainsi leurs possibilités d’épargne et d’investissement dans leurs projets d’avenir.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lavenir-du-transport-urbain-au-senegal-passe-t-il-par-les-motos-taxis-134940">L’avenir du transport urbain au Sénégal passe-t-il par les motos-taxis ?</a>
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<p>D’autres jeunes ruraux, moins nombreux qu’en ville à <a href="https://theconversation.com/au-benin-ces-enfants-qui-quittent-lecole-pour-apprendre-un-metier-201490">achever leur scolarité</a>, tenteront eux aussi l’aventure urbaine, et se feront ouvriers, ou encore revendeurs de bien achetés à crédit, en espérant voir leurs affaires progresser peu à peu.</p>
<p>Ainsi, de nombreux hommes et femmes s’affranchissent progressivement de la condition paysanne, et passent d’une situation de pauvreté rurale aux quartiers populaires d’une grande ville du continent. Là, certains parviendront certes à s’élever dans l’espace social en mettant à profit une compétence professionnelle reconnue. Mais pour une nette majorité, ce seront les petits commerces ou les emplois peu qualifiés du précariat urbain, dans l’incertitude de l’économie dite « informelle », ou dans les nouvelles « zones économiques spéciales » au cœur des stratégies d’industrialisation du continent.</p>
<p>De tels déplacements dans l’espace social ne peuvent pas toujours être réduits à des « gains » ou à des « pertes » sur une échelle sociale unidimensionnelle. Ils gagnent plutôt à être appréhendés comme des déplacements « latéraux » entre milieux populaires, ruraux et urbains, ou « transversaux », lorsqu’ils s’accompagnent d’une légère ascension sociale.</p>
<p>En effet, la croissance urbaine et la réduction de la part de la population active dans l’agriculture, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/roiw.12037?casa_token=vIgEmtK4rvEAAAAA%3AlCib6eZnpjsrCNK34AqJr_Q7120wTsxKGfi-pCNNPFPqlshuL4klC-b8iFXCN45FgXILWxFK60QvY3Qe">attestée à travers le continent</a> au-delà de la diversité des situations nationales, correspondent évidemment à une dynamique sociale majeure, dont les implications culturelles vont bien au-delà de la structure professionnelle, car l’urbanisation affecte en profondeur les styles de vie.</p>
<p>Pour autant, si l’on considère la mobilité sociale comme une altération des « chances de vie », lorsque des individus peu scolarisés issus des campagnes rejoignent les couches pauvres de la société (péri-) urbaine, cela ne modifie pas fondamentalement leurs conditions d’existence, ni leurs « chances » d’accumuler des richesses ou d’accéder à des revenus suffisants.</p>
<p>Les exemples de ce type de situation abondent. À <a href="https://www.cairn.info/revue-cahiers-d-etudes-africaines-2022-1-page-319.htm">Kinshasa</a>, les salariés précaires de l’économie informelle vivent de maigres revenus et souvent dans des conditions de grande précarité qui s’avèrent au final peu différentes de celles des milieux ruraux qu’ils ont parfois quittés pour tenter leur chance en ville.</p>
<p>L’accès à la ville demande par ailleurs bien souvent de mobiliser des relations familiales plus ou moins éloignées, qui fourniront le point de départ d’un réseau de relations à reconstruire : ressources économiques et <a href="https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1980_num_31_1_2069">« capital social »</a> sont souvent étroitement imbriqués dans les trajectoires de mobilité sociale entre ville et campagne.</p>
<p>Mais au final, les classes populaires urbaines sont exposées dans bien des cas à des formes comparables d’incertitude sur leur destin social que leurs équivalents ruraux. Ainsi, bien des mobilités sociales dans les régions inférieures de l’espace social sont en fait des déplacements courts, plus ou moins « latéraux », qui voient les individus changer de secteur d’activité et d’environnement, sans que ne soient fondamentalement affectées leurs « chances de vie ».</p>
<h2>L’éducation en question</h2>
<p>Au cœur de bien des trajectoires sociales ascendantes – surtout masculines – dans la deuxième partie du XX<sup>e</sup> siècle, l’éducation est toujours aujourd’hui susceptible de produire des effets de mobilité sociale ascendante, quoique de manière moins immédiate qu’il y a quelques décennies.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/au-benin-ces-enfants-qui-quittent-lecole-pour-apprendre-un-metier-201490">Au Bénin, ces enfants qui quittent l’école pour apprendre un métier</a>
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<p>Au <a href="https://books.google.be/books?hl=fr&lr=&id=mxidDwAAQBAJ&oi=fnd&pg=PA70&dq=%22education+and+social+im/mobility+in+Niamey%22">Niger</a> et en <a href="https://www.cairn.info/revue-autrepart-2015-2-page-241.htm">République démocratique du Congo</a>, parmi d’autres exemples possibles, l’accès à l’emploi salarié privé ou public se fait difficilement sans faire jouer des relations : valoriser les titres scolaires demande aussi un certain capital social.</p>
<p>Dans les exploitations agricoles du nord de l’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/03057070.2010.485790">Afrique du Sud</a>, de jeunes diplômés universitaires zimbabwéens cueillent des fruits aux côtés de migrants plus anciens, établis sur place et travailleurs permanents des mêmes exploitations. Leurs titres universitaires ne semblent pas leur avoir permis une insertion professionnelle stable dans la société zimbabwéenne, et leur trajectoire sociale à venir reste indécise.</p>
<p>Pour autant, l’éducation reste massivement investie à travers le continent. Et le niveau des titres scolaires et universitaires s’élève régulièrement au fil du temps dans toutes les couches moyennes de la population, ces fameuses « classes moyennes » africaines dont l’avènement est célébré par les institutions internationales, mais dont <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/00020397221089352">l’hétérogénéité reste considérable</a>, et les contours incertains.</p>
<p>Ceci dit, différents travaux, menés en <a href="https://core.ac.uk/download/pdf/39831301.pdf">Afrique de l’Ouest</a> ou <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13600818.2015.1110568">centrale</a>, ont montré que la possession de titres scolaires, et plus encore universitaires, restait un vecteur de stratification sociale important à travers le continent. Mais le lien entre éducation et mobilité sociale ascendante semble bien s’être distendu. Pour le dire autrement, l’éducation n’est plus un ascenseur social aussi puissant aujourd’hui que dans les décennies ayant suivi les indépendances.</p>
<p>En outre, le développement massif, au cours des dernières décennies, d’un secteur éducatif privé a peu à peu introduit une stratification économique de l’offre d’enseignement, les écoles privées proposant souvent une formation davantage prisée des couches moyennes et supérieures de la population.</p>
<p>Au niveau universitaire, le coût des formations publiques a progressivement augmenté parallèlement au développement de l’offre privée. De nouvelles barrières économiques à l’accès à l’enseignement supérieur ont été introduites. Ainsi, les étudiants aux origines modestes ou issus du monde rural font désormais face non seulement à une distance culturelle avec l’enseignement supérieur, mais aussi à des obstacles économiques à la poursuite de leurs études.</p>
<h2>Des mobilités complexes</h2>
<p>La figure de l’entrepreneur s’étant fait « tout seul » hante les discours sur la mobilité sociale, en Afrique et au-delà. Pour autant, si les ascensions sociales fulgurantes existent bel et bien, la plupart des mobilités dans l’espace des positions sociales sont des déplacements courts, façonnés par les différentes ressources, économiques et sociales, que des individus aux conditions d’existence très différentes, peuvent assembler.</p>
<p>Du Niger et du Nigeria à l’Ouganda, la République démocratique du Congo et l’Afrique du Sud, les recherches réunies dans le volume <a href="https://www.berghahnbooks.com/title/NoretSocial"><em>Social Im/mobilities in Africa</em></a> que j’ai eu l’occasion de diriger documentent pour l’essentiel des trajectoires de mobilité sociale incertaines et instables, qui ne subvertissent que rarement les écarts de condition et de statut importants qui impriment aujourd’hui leur marque sur la dynamique des sociétés africaines.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220960/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joël Noret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les mobilités sociales en Afrique s’avèrent souvent « courtes » et instables, sur un continent où le lien entre éducation et opportunités d’ascension sociale persiste mais se distend.Joël Noret, Professeur d'anthropologie, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1978152023-02-13T20:37:28Z2023-02-13T20:37:28ZComment les villes peuvent faire face au risque d’inondations, l’exemple de Grenoble<p>En France métropolitaine, <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/prevention-des-risques-naturels">deux tiers des 36 000 communes sont exposées à une menace naturelle</a>. Une personne sur quatre et un emploi sur trois sont potentiellement menacés par le risque inondation, dont les conséquences humaines et économiques en font le <a href="https://theconversation.com/face-aux-inondations-la-tres-urbanisee-ile-de-france-en-premiere-ligne-60341">risque majeur au niveau national</a>. Dans ce contexte, le risque historiquement existant, couplé au changement climatique en cours, conduit à se questionner sur les efforts d’atténuation mais aussi d’adaptation des territoires.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507924/original/file-20230202-10513-pj5mdx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507924/original/file-20230202-10513-pj5mdx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507924/original/file-20230202-10513-pj5mdx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507924/original/file-20230202-10513-pj5mdx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507924/original/file-20230202-10513-pj5mdx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507924/original/file-20230202-10513-pj5mdx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507924/original/file-20230202-10513-pj5mdx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cartographie des territoires à risque important d’inondations en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Deuxième cycle de la directive inondation</span></span>
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<p>Nous avons mené dans ce contexte deux thèses jumelles, l’une en hydroclimatologie et l’autre en économie sur le cas des <a href="https://theconversation.com/comment-la-gestion-des-risques-lies-aux-inondations-a-evolue-en-france-49243">inondations</a> dans la métropole de Grenoble (Université Grenoble Alpes, IGE/PACTE). La <a href="https://www.theses.fr/2022GRALU014">première</a> s’intéresse à l’évolution des précipitations extrêmes dans les Alpes du Nord françaises depuis 1950 et à l’horizon 2100. <a href="http://www.theses.fr/s237057">La seconde</a> étudie les enjeux de l’adaptation au changement climatique d’un territoire à forte présence industrielle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505357/original/file-20230119-25-kb1s64.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">Extrait de la BD « Réveil climatique »</span></span>
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<h2>Deux rivières majeures</h2>
<p>La plaine de Grenoble est associée à un <a href="https://www.fetedelascience.fr/sites/default/files/2022-11/Eureka_Reveil%20climatique_version_web.pdf">risque d’inondation singulier</a> : elle est traversée par deux rivières majeures – l’Isère et le Drac – drainant toutes deux une large région des Alpes du Nord françaises, et compte une centaine de torrents descendant des massifs du Vercors, de la Chartreuse et de Belledonne.</p>
<p>Au long de son <a href="https://theconversation.com/une-plongee-pleine-denseignement-dans-deux-si%C3%A8cles-dinondations-60389">histoire</a>, cette plaine a connu plusieurs événements dévastateurs. L’enjeu des inondations a constitué une variable déterminante dans les choix d’aménagements de l’époque et dans la façon dont la plaine s’est urbanisée. Depuis le milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, aucune crue de rivière d’ampleur exceptionnelle ne s’est produite. En parallèle, des travaux majeurs d’endiguement, de busage et de sécurisation ont été menés (160 km de digues aujourd’hui). Le danger présent est ainsi celui d’un effacement, au fil des années, de la culture et de la mémoire du risque. </p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505358/original/file-20230119-20-qfw045.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">Extrait de la BD « Réveil climatique »</span></span>
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<p>Si l’évolution en cours des températures est bien perçue et connue des acteurs du territoire, les tendances sur les précipitations extrêmes et les crues dans le contexte du changement climatique sont beaucoup plus incertaines, en particulier dans les Alpes du Nord françaises qui se situent au carrefour des influences climatiques atlantiques et méditerranéennes. </p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Précipitations extrêmes et pluies extrêmes</h2>
<p>Nos travaux ont mis en évidence une augmentation des précipitations extrêmes (pluie et neige) depuis 1950 sur les bassins versants du Drac à Grenoble et sur le bassin de l’Arc (vallée de la Maurienne). Sur ces régions, pour lesquelles les extrêmes proviennent principalement des masses d’air en provenance de la Méditerranée, le niveau de précipitation qui survenait en moyenne une fois tous les dix ans en 1950 est désormais atteint en moyenne une fois tous les trois ans aujourd’hui. </p>
<p>Même si de telles hausses ne semblent pas être observées plus au nord des Alpes, l’élévation en altitude de la limite entre pluie et neige contribue à la progression des pluies extrêmes. Le niveau de pluie qui arrivait en moyenne une fois tous les dix ans en 1950 est atteint en moyenne une fois tous les trois ans aujourd’hui sur le bassin versant de l’Isère à Grenoble au printemps. Ainsi, l’Isère à Grenoble a connu plusieurs crues décennales au printemps ces 20 dernières années en 2001, 2010 et 2015.</p>
<p>Nous avons aussi étudié les torrents de l’agglomération grenobloise à partir d’une <a href="https://doi.org/10.3390/w14040548">base d’événements historiques</a> recensant les principaux épisodes de crue sur la Métropole depuis 1850. Nous observons une augmentation de la fréquence des crues torrentielles dommageables sur le territoire de l’agglomération. Tendance qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs dont l’évolution du climat, mais aussi l’augmentation de l’exposition des actifs à la suite de l’urbanisation des versants et de la plaine, et la capacité grandissante à recenser les événements.</p>
<h2>L’économie du territoire en question</h2>
<p>Dans ce cadre, le futur économique du territoire devient questionné par trois dimensions : le changement climatique et ses effets locaux, le devenir de l’écosystème industriel local déjà présent, et ses perspectives de développement qui se traduisent via les stratégies locales (plan local d’urbanisme, schéma directeur de l’énergie, stratégie économique et attractivité, etc.).</p>
<p>La Métropole de Grenoble <a href="https://plateforme-iet.auvergnerhonealpes-entreprises.fr/informations-economiques/publications/schema-directeur-des-espaces-economiques-metropolitains-une-vision-strategique-a-10-ans-pour-accueillir-et-accompagner-les-entreprises">abrite 220 000 emplois et compte six filières industrielles</a> avec une forte présence de la microélectronique et de l’énergie. Dans un territoire où l’eau traverse tout l’espace métropolitain, l’adaptation de l’écosystème industriel requiert une approche systémique, au-delà des zones inondables, et explorant les interdépendances entre les acteurs économiques. </p>
<p>Cette approche spatiale se couple à un processus temporel de flexibilisation des politiques industrielles pour tenir compte des réalités géophysiques du territoire. <a href="https://www.isere.gouv.fr/Publications/Mises-a-disposition-Consultations-enquetes-publiques-concertations-prealables-declarations-de-projets/Consultation-du-public/Autres-consultations-du-public/Strategie-locale-de-gestion-des-risques-d-inondation-du-TRI-de-Grenoble-Voiron">50 % de la population et des emplois</a> du périmètre TRI Grenoble-Voiron seraient en effet exposés à un risque inondation.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505361/original/file-20230119-13-ofd5p5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les politiques flexibles pour une adaptation. Elles sont capables d’afficher des points d’inflexion vers des scénarios viables quand le risque devient inacceptable.</span>
<span class="attribution"><span class="source">link.springer.com/article/10.1007/s10584-012-0444-2</span></span>
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<h2>Analyses à petite échelle</h2>
<p>Une adaptation viable et efficace suppose des interventions connectées avec les réalités du territoire. Pour ce faire, nous couplons la littérature scientifique et l’analyse du territoire à l’étude de « micro-scènes » présentant un enjeu d’inondation et la présence d’intérêts économiques et industriel. Nous nous sommes ainsi penchés sur trois micro-scènes afin de produire des conclusions susceptibles d’informer la décision locale : </p>
<ul>
<li><p>Le Verderet, un torrent anthropisé et busé en dessous de la ville de Grenoble, qui malgré une histoire riche de sécurisation, reste source d’aléas torrentiels avec des temps de réaction courts. </p></li>
<li><p>Athanor, une installation de traitement et d’incinération des déchets critique pour le quotidien du territoire, pour sa transition énergétique et exposée au risque de crues de l’Isère. </p></li>
<li><p>La Presqu’île scientifique : lieu de confluence de l’Isère et du Drac et pôle stratégique de concentration d’activités de recherches scientifiques, technologiques et des réseaux critiques.</p></li>
</ul>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505362/original/file-20230119-24-w9y9jg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Extrait de la BD et réseau hydrographique de la métropole de Grenoble (Source de la carte : GAM).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’étude des scènes montre des résultats diversifiés. Le cas du Verderet souligne la différence entre les enjeux hydrauliques liés aux grandes rivières (Isère et Drac) et ceux liés aux torrents : malgré une trajectoire « grise » de sécurisation, le risque reste présent et appelle à considérer des solutions adaptatives et non uniquement curatives. </p>
<p>La scène d’Athanor montre le niveau d’interdépendance entre les installations stratégiques et les ambitions du territoire conduisant à des immobilités critiques au niveau spatial. </p>
<p>Enfin, la Presqu’île invite à reconsidérer les priorités de la zone entre le besoin de se développer économiquement, et celui de réduire la vulnérabilité au risque.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505363/original/file-20230119-25-rstks0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Extrait de la BD « Réveil climatique »</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505364/original/file-20230119-15-r25b8l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505364/original/file-20230119-15-r25b8l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505364/original/file-20230119-15-r25b8l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505364/original/file-20230119-15-r25b8l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505364/original/file-20230119-15-r25b8l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505364/original/file-20230119-15-r25b8l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505364/original/file-20230119-15-r25b8l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Extrait de la BD « Réveil climatique »</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les enseignements de ces micro-scènes et les tendances climatiques observées sont utiles pour construire des stratégies d’adaptation viables et durables sur le territoire de la Métropole de Grenoble.</p>
<hr>
<p><em>Antoine Blanc, auteur de la thèse en hydroclimatologie, a contribué à la rédaction de cet article. Le livre « Réveil climatique » est <a href="https://www.fetedelascience.fr/sciences-en-bulles-reveil-climatique">disponible gratuitement</a> en ligne.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197815/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>La thèse en sciences économiques fait partie du projet climat-métro porté par l'Université Grenoble Alpes et Grenoble Alpes Métropole. Cette thèse est financée par la région AURA dans le cadre de l'IND-EX.
Cette thèse se déroule au laboratoire de sciences sociales PACTE et l'Institut des Géosciences de l'Environnement IGE de Grenoble.</span></em></p>Le risque d’inondations progresse dans la métropole de Grenoble avec le changement climatique. Un enjeu qui impose à la métropole d’adapter son économie, et notamment son industrie.Mohammed Kharbouche, Doctorant en économie au sein du laboratoire Pacte, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1981412023-01-19T11:48:20Z2023-01-19T11:48:20ZPourquoi il est grand temps de quitter les villes<p><em>Si le processus d’urbanisation globalisée ne semble pas vouloir marquer le pas, le géographe Guillaume Faburel nous invite à considérer le débranchement urbain dans son texte « Vider les villes ? », dont nous vous proposons des extraits. Retrouvez cette réflexion et bien d’autres dans <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/ecologies-9782348076886">le livre collectif « Écologies. Le vivant et le social », publié aux éditions de la Découverte</a>.</em></p>
<hr>
<p>Vider les villes ? Voilà bien a priori une hérésie. La ville, c’est le progrès et l’émancipation. Tous les grands moments de notre civilisation y sont chevillés, des cités-États aux villes-monde et métropoles d’aujourd’hui. Pourquoi diable vouloir les vider ?</p>
<p>Simplement parce que tous les mois à travers le monde l’équivalent d’une ville comme New York sort de terre. À moins de croire dans le solutionnisme technologique et le durabilisme des transitions, il est temps de rouvrir une option envisagée dès les années 1970 : la désurbanisation de nos sociétés. Voici peut-être l’unique solution face à la dévastation écologique. Un seul « s » sépare demeure et démesure, celui de notre propre survie.</p>
<p>Aujourd’hui, 58 % de la population mondiale est urbaine, soit près de 4,4 milliards d’habitants (dont presque 40 % résidant aux États-Unis, en Europe et en Chine), contre 751 millions en 1950. Cette proportion est même annoncée à 70 % en 2050 par l’Organisation des Nations unies (ONU).</p>
<p>[…]</p>
<p>Avec plus de vingt millions d’habitants, Mumbaï a vu sa superficie bâtie presque doubler entre 1991 et 2018, perdant ainsi 40 % de son couvert végétal. Dhaka, dont la population de l’agglomération excède aussi vingt millions d’habitants, a vu disparaître 55 % des zones cultivées, 47 % des zones humides et 38 % du couvert végétal entre 1960 et 2005. Pendant que la superficie bâtie augmentait de 134 %.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne de Dacca, capitale du Bangladesh, la ville la plus densément peuplée au monde, avec 43 797 habitants au km carré. Elle manque d’espaces verts et l’air y est irrespirable pour ses 15 millions d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Plus près de nous, le Grand Paris est le chantier d’aménagement le plus important de l’histoire de la capitale depuis le Second Empire (XIX<sup>e</sup> siècle), avec pas moins de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires, cent soixante kilomètres de tunnels à percer, soixante-huit gares à construire, quatre-vingt mille logements par an à sortir de terre.</p>
<p>En France d’ailleurs, la population urbaine a augmenté de 20 % entre 1960 et 2018, pour officiellement dépasser les 80 % de la population hexagonale en 2020, ramenés toutefois à 67 % en ne tenant plus uniquement compte de l’influence des villes mais aussi de la taille des peuplements (critère de densité des constructions). Près de la moitié vit dans l’une des vingt-deux grandes villes (dont quatre millionnaires en nombre d’habitants), à ce jour officiellement dénommées métropoles. Et, depuis ces centres métropolitains jusqu’aux couronnes périurbaines, comme dans un bon tiers des périmètres de villes moyennes et d’inter-communalités (elles-mêmes grossissantes par volontarisme réglementaire), l’urbanisation croît deux fois plus vite en surface qu’en population (et même trois fois dans les années 1990, soit annuellement la taille de Marseille, un département tous les dix ans, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en cinquante ans).</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<h2>La métropolisation du monde</h2>
<p>Les foyers premiers ainsi que le modèle principal de cette croissance sont assurés par les grandes agglomérations, au premier chef les sept villes-monde (New York, Hongkong, Londres, Paris, Tokyo, Singapour et Séoul) et leurs épigones, cent vingt métropoles internationales. Elles représentent en cumul 12 % de la population mondiale pour 48 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il y a donc du capital à fixer et de la « richesse » à produire… À condition de continuer à grossir. Tokyo a déjà un PIB supérieur à celui du Canada, Paris à celui de la Suisse…</p>
<p>Engagée depuis une quarantaine d’années dans les pays occidentaux, la métropolisation représente le stade néolibéral de l’économie mondialisée : polarisation urbaine des nouvelles activités dites postindustrielles et conversion rapide des pouvoirs métropolitains aux logiques de firme marchande.</p>
<p>Elle incarne l’avantage acquis ces dernières décennies par les grandes villes : articulation des fonctions de commandement (ex : directions d’entreprises) et de communication (ex : aéroports, interconnexions ferroviaires, etc.), polarisation des marchés financiers (ex : places boursières et organismes bancaires), des marchés d’emplois de « haut niveau » – que l’Insee qualifie de métropolitains depuis 2002 (conception-recherche et prestations intellectuelles, commerce interentreprises et gestion managériale, culture et loisirs) ou encore de marchés segmentés de consommation (tourisme, art, technologies…).</p>
<p>[…]</p>
<h2>Une empreinte environnementale et sanitaire déplorable</h2>
<p>Or, occupant seulement 2 % de la surface de la Terre, le fait urbain décrit produit 70 % des déchets, émet 75 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), consomme 78 % de l’énergie et émet plus 90 % de l’ensemble des polluants émis dans l’air pour, souvenons-nous, 58 % de la population mondiale.</p>
<p>Pour les seuls GES, vingt-cinq des cent soixante-sept plus grandes villes du monde sont responsables de près de la moitié des émissions urbaines de CO<sub>2</sub> – la fabrication du ciment représentant près de 10 % des émissions mondiales, en augmentation de 80 % en dix ans. À ce jour, 40 % de la population urbaine mondiale vit dans des villes où l’exposition à la chaleur extrême a triplé sur les trente-cinq dernières années.</p>
<hr>
<p>
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<strong>
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<a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504">Canicule et urbanisme : arrêtons de densifier nos villes !</a>
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<p>Plusieurs mégapoles s’enfoncent annuellement de plusieurs centimètres sous le poids de la densité des matériaux de construction et du pompage des nappes phréatiques (Mexico, Téhéran, Nairobi, Djakarta…). La prévalence des maladies dites de civilisation est nettement plus importante dans les grandes villes, responsables de quarante et un millions de décès annuels à travers le monde (cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète et obésité, troubles psychiques et maladies mentales).</p>
<p>Enfin, selon le Fonds monétaire international, à l’horizon de la fin du siècle, 74 % de la population mondiale (annoncée en 2100 urbaine à 80 %) vivra des canicules mortelles plus de vingt jours par an. Un point de comparaison : la canicule de 2003 en France, 15 000 morts, en dix-huit jours. D’ailleurs, en France, les pollutions atmosphériques des grandes villes sont responsables de 50 000 morts annuellement.</p>
<p>Le secteur du bâtiment-travaux publics (BTP), toutes constructions confondues (mais à 90 % dans les aires définies comme urbaines), représente 46 % de la consommation énergétique, 40 % de notre production de déchets et 25 % des émissions de GES. L’autonomie alimentaire des cent premières villes est de trois jours (98 % d’alimentation importée) et Paris, par tous ses hectares nécessaires, a une empreinte écologique trois cent treize fois plus lourde que sa propre superficie.</p>
<p>[…]</p>
<p>Si l’on croise les données de nos impacts écologiques avec celles des limites planétaires, on constate que l’empreinte moyenne de chaque Français va devoir être divisée par quatre à six pour prétendre à la neutralité carbone à horizon de 2050. Pour ce faire, loin du technosolutionnisme ambiant et du durabilisme du verdissement, l’autonomie, comprise comme autosubsistance et autogestion, est le seul moyen de se figurer l’ensemble de nos pressions et de les contenir par l’autodétermination des besoins, au plus près des ressources et de leurs écosystèmes. Ceci, sans pour autant négliger nos interdépendances sociales et quelques-unes de nos libertés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458411/original/file-20220418-118857-54wjei.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pancarte sur une statue indique « Grand Péril Express » à côté d’un drapeau du mouvement Extinction-Rebellion lors d’une manifestation contre les projets d’urbanisation des terres agricoles en Île-de-France, devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 10 octobre 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas Samson/AFP</span></span>
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<p>Or pour faire autonomie, toute ville devrait produire 100 % de son énergie, qui plus est renouvelable (or, à ce jour, Lyon, Bordeaux ou Rennes n’en produisent par exemple que 7 % à 8 % , non renouvelables), remettre en pleine terre entre 50 % et 60 % des sols pour la production vivrière et le respect du cycle de l’eau (à ce jour, entre 1 % et 1,5 % dans les villes labellisées Métropoles françaises), ou encore restituer aux écosystèmes au moins 15 % des sols urbanisés pour la biodiversité. Tout ceci est infaisable morphologiquement et, quoi qu’il en soit, impensable dans le cadre d’une ville devenue médiation première du capital.</p>
<p>Nous n’avons en fait pas d’autre choix que de nous affranchir des grandes centralités et de leurs polarités, comme certains espaces périurbains commencent à le faire ; en déconcentrant et en relocalisant, en décentralisant, sans omettre de décoloniser quelques habitudes et modes de vie.</p>
<p>Mais comment passer de l’ère de taire l’inconséquence de nos écologies urbaines à l’âge du faire des géographies posturbaines, sans pour autant rétrécir la société par le jeu des identités et le retour de quelques barbelés ? Quelles sont les conditions d’une désurbanisation sans perte d’altérité, et sans oublier cette fois la communauté biotique ?</p>
<h2>Bientôt, le débranchement urbain ?</h2>
<p>Cette autre géographie est d’ores et déjà en construction, à bas bruit. Les espaces plus ouverts, ceux des campagnes, offrent d’autres possibilités, sous condition de révision de quelques comportements, particulièrement ceux liés à nos mobilités, connectivités et divertissements. En France, cela correspond au foisonnement d’alternatives au sein des espaces dessinés par les treize mille petites villes et petites villes de proximité, bourgs et villages centre, auxquels il faut ajouter les milliers d’autres villages, hameaux et lieux-dit : néoruralités qui connaissent leur septième vague d’installation, néopaysanneries dynamiques, zones à défendre, communautés existentielles/intentionnelles, écolieux et fermes sociales…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vers-un-tournant-rural-en-france-151490">Vers un tournant rural en France ?</a>
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<p>Permaculture et autosubsistance vivrière, chantiers participatifs et autoconstruction bioclimatique, épiceries sociales ambulantes et médiathèques villageoises itinérantes, fêtes locales et savoirs vernaculaires… sont clairement ici en ligne de mire. Et l’on pourrait imaginer des foires locales aux logements, puisque près de trois millions sont vacants dans les périphéries, alors que ce secteur est prétendument en crise. Et, toute cette effervescence ne concerne pas moins de 30 % du territoire hexagonal.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/506055/original/file-20230124-24-rmc7wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paru le 12 janvier 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editionsladecouverte.fr/ecologies-9782348076886">Éditions de la Découverte</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Là serait la raison du débranchement urbain : cesser d’être les agents involontaires des méga-machines urbaines en recouvrant de la puissance d’agir, non plus pour faire masse contre la nature mais pour faire corps avec le vivant. Le triptyque habiter la terre, coopérer par le faire, autogérer de manière solidaire peut constituer la matrice d’une société écologique posturbaine. À condition de vider les villes, les grandes, et de cheminer enfin vers le suffisant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198141/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Faburel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si 58 % de la population mondiale est urbaine, il y a incompatibilité de ce mouvement d'urbanisation avec la sauvegarde de la planète.Guillaume Faburel, Professeur, chercheur à l'UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1980072023-01-19T11:48:18Z2023-01-19T11:48:18ZComment avoir envie de préserver une nature dont on s’éloigne de plus en plus ?<p>Comment les jeunes générations, actuelles et futures, peuvent-elles faire preuve d’empathie et désirer préserver un monde naturel menacé par les activités humaines, quand ce monde disparaît de plus en plus vite et que ces adultes de demain le connaissent de moins en moins ?</p>
<p>Autrement dit : comment se sentir en lien avec d’autres êtres vivants ou milieux si nous ne les avons jamais côtoyés ?</p>
<p>Les rapports de l’IPBES documentent ce recul du vivant et nous alertent : aujourd’hui, <a href="https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf">75 % de la surface des écosystèmes continentaux et 40 % des océans</a> ont été fortement dégradés ; un million d’espèces sont menacées d’extinction à brève échéance.</p>
<h2>Une expérience du non-humain qui s’amenuise</h2>
<p>Dans un ouvrage très remarqué publié en 2005, <a href="https://richardlouv.com/books/last-child/"><em>Last Child in the Woods</em></a> (traduit en français sous le titre <a href="https://www.editionsleduc.com/product/2112/9791028516802/le-dernier-enfant-dans-la-foret"><em>Une enfance en liberté</em></a>), le journaliste états-unien Richard Louv dressait le constat d’une jeunesse de plus en plus éloignée des espaces naturels et des activités de plein air.</p>
<blockquote>
<p>« Notre société enseigne aux jeunes à éviter toute expérience directe avec la nature. »</p>
</blockquote>
<p>Une situation qui n’épargne pas la France, comme l’ont souligné des travaux rendus publics en 2015, montrant que pendant les jours d’école, <a href="http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2015/30-31/2015_30-31_3.html">39 % des enfants de 3 à 10 ans ne jouaient jamais en plein air</a> et que seuls 50 % des enfants pratiquaient des jeux en plein air au moins 2 jours d’école par semaine. Un phénomène de <a href="http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Les_%25C3%25A9motions_de_la_Terre-9791020908070-1-1-0-1.html">« déconnexion »</a> aux lourdes conséquences (obésité, troubles du déficit de l’attention…).</p>
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<img alt="Une petite fille souffle sur une fleur de pissenlit" src="https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C112%2C2986%2C1832&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les enfants comme les adultes passent de moins en moins de temps à l’extérieur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Unsplash/Caroline Hernandez</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Dans son ouvrage, Richard Louv choisissait de mettre un nom sur ce phénomène, depuis fréquemment repris pour décrire un quotidien en voie d’artificialisation accélérée : le « trouble de déficit de nature ». Ce « trouble » ne désigne pas un diagnostic médical, mais un ensemble de symptômes, signes cliniques et conséquences, de la tendance de nos sociétés modernes à s’isoler toujours davantage dans une sphère qui éloigne, voire « éteint », l’expérience du monde non humain.</p>
<p>Il est important de rappeler ici que cet éloignement touche toutes les tranches d’âge.</p>
<p>Dans une <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/fee.2540">étude publiée en décembre 2022</a>, une équipe de l’Université de Leipzig a matérialisé cet éloignement en calculant la distance qui séparait les individus d’éléments naturels : selon leurs évaluations, cette distance a augmenté de 7 % ces vingt dernières années. Toujours selon leurs calculs, dans le monde, les individus vivraient en moyenne à 10 km environ d’une zone naturelle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<h2>Aux sources du déficit de nature</h2>
<p>Parmi les différentes causes avancées pour rendre compte de cette déconnexion, arrêtons-nous sur les trois principales.</p>
<p>Il y a d’abord le phénomène de l’artificialisation des sols, élément central dans la perte de biodiversité. Ce processus <a href="https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/4784-objectif-zero-artificialisation-nette-zan-et-contribution-de-l-ademe.html">croît en France 3,7 fois plus vite que la population depuis 1981</a>, réduisant d’autant l’expérience du monde naturel des individus.</p>
<p>Avec désormais <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806684">80 % de la population française vivant dans des « unités urbaines »</a> (plus ou moins grandes), nous nous coupons toujours davantage du monde naturel et possiblement non domestiqué.</p>
<p>Vient ensuite la <a href="https://www.babelio.com/livres/Terrasson-La-peur-de-la-nature--Au-plus-profond-de-notre-in/356842">culture des peurs</a> : nous avons « peur » et éprouvons même une aversion envers certains éléments de la nature.</p>
<p>Peur de la nuit, des animaux sauvages, des insectes, de toucher l’herbe, de marcher pieds nus, de se promener seul·e. Peur du visqueux, de l’humide, de ce qui est mort… Mais aussi détestation de la pluie, du froid, du vent, de tout élément naturel sur lequel nous n’avons pas prise.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cessez-davoir-peur-des-araignees-elles-sont-fascinantes-et-bienveillantes-112095">Cessez d'avoir peur des araignées, elles sont fascinantes... et bienveillantes !</a>
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<p>Ce refoulement lie <a href="https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1992_num_21_1_3045">l’expérience de « nature » au sentiment de « danger »</a>. Accompagnée d’un sentiment d’insécurité dans les zones urbaines, cette peur participe à surprotéger les enfants et à les contraindre à privilégier l’intérieur « sécurisé » au dehors « dangereux ». Une enquête, rendue publique en 2018 et conduite dans plus d’une dizaine de pays en Europe et en Amérique du Nord, évoquait à ce propos des « générations indoor », passant littéralement leur vie à l’intérieur.</p>
<p>Il faut enfin évoquer la virtualisation du monde : hors du travail, nous passons plus de <a href="https://www.bva-group.com/sondages/hyperconnexion-ecrans-sondage-bva-fondation-april/">4h par jour devant des écrans</a> et le nombre d’appareils connectés à domicile dans les pays de l’OCDE <a href="https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2019/03/Lean-ICT-Report_The-Shift-Project_2019.pdf">a quintuplé entre 2012 et 2022</a> (passant de 10 à 50).</p>
<p>Cette virtualisation favoriserait la sédentarisation et contribuerait à de multiples troubles liés à nos modes de vie actuels (maladies cardiovasculaires, obésité, diabète de type II, dépression, anxiété et stress, fatigue mentale, irritabilité et agressivité…).</p>
<h2>En pleine amnésie environnementale</h2>
<p>Autre phénomène qui explique et amplifie la déconnexion : ce que des spécialistes en écopsychologie, cette discipline qui analyse les relations entre psychologie et écologie, ont identifié comme une <a href="https://psycnet.apa.org/record/2009-02973-008">« amnésie générationnelle environnementale »</a>, amenant chaque nouvelle génération à considérer comme « normale » le milieu dans lequel elle grandit.</p>
<p>S’opère ainsi un glissement constant de la « référence » du milieu qui se traduit par l’oubli (dû à une absence de vécu) de son état antérieur. <a href="http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Les_%C3%A9motions_de_la_Terre-600-1-1-0-1.html">Dans son ouvrage sur les « nouveaux mots pour un nouveau monde »</a>, le philosophe australien Glenn Albrecht parle à ce propos d’« écoagnosie ».</p>
<blockquote>
<p>« Avec une expérience si limitée de la nature à transmettre à la génération suivante, chaque génération accepte une nature objectivement appauvrie comme étant la norme […], la nature finit par s’évanouir et il y a une extinction de l’expérience. »</p>
</blockquote>
<p>Cette question à la fois philosophique, politique et « éco-nomique » se pose d’ailleurs au sujet des imaginaires possibles d’un monde au sein duquel il s’agirait de retrouver notre place. Après deux siècles de transformation profonde, où pourrait se situer la référence d’une société « naturelle » ?</p>
<p>Cette situation inédite dans la longue histoire de l’humanité nous appelle à repenser profondément nos modes de vie, mais bien plus encore nos manières de faire-monde.</p>
<p>Faire-monde, c’est rebâtir une « diplomatie des interdépendances » entre êtres vivants, pour reprendre les termes du philosophe Baptiste Morizot dans son ouvrage <a href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/sciences-humaines-et-sociales-sciences/manieres-detre-vivant"><em>Manières d’être vivant</em></a> (2020). Il s’agit d’assurer une compréhension mutuelle et un partage ajusté du milieu, loin des écueils de la domination humaine et de l’appropriation de la terre. Faire-monde, c’est aussi reprendre part intégrale au tissu du vivant, que nous défendrons d’autant mieux que nous le connaissons et l’aimons.</p>
<h2>Des outils de « reconnexion » à explorer</h2>
<p>Partout en France, des ateliers et des stages d’<a href="https://afecop.com/">écopsychologie pratique</a> ou de <a href="https://www.jose-corti.fr/titres/biophilie.html">biophilie</a> proposent de ranimer ces liens au vivant et à notre ressenti d’interdépendance.</p>
<p>Nombreux sont aussi les guides à suivre pour ouvrir la réflexion et imaginer quelles voies cette reconnexion pourrait prendre : citons à nouveau Baptiste Morizot, mais aussi le photographe <a href="https://theconversation.com/avec-la-panthere-des-neiges-admirer-la-vie-sauvage-sans-la-deranger-174373">Vincent Munier</a> ou l’<a href="https://www.ledevoir.com/lire/570498/litterature-francaise-une-anthropologue-dans-la-gueule-de-l-ours">anthropologue Nastassja Martin</a> ; et, du côté des « classiques », bien sûr, le poète et naturaliste <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/thoreau-l-arpenteur-1308444">Henry David Thoreau</a>, dont l’ouvrage <em>Walden ou la vie dans les bois</em> (paru en 1854) est devenu une bible pour les écologistes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue en noir et blanc de la « baie de Thoreau »" src="https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505206/original/file-20230118-7110-bw59k2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La « baie de Thoreau », le lieu en pleine forêt du Massachusetts (États-Unis) où l’auteur de <em>Walden</em> édifia sa maisonnette pour vivre dans la nature deux années durant (photo noir et blanc datant de 1908).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://loc.gov/pictures/resource/cph.3a40169/">Detroit Publishing Co./Library of Congress</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certains pourront être aussi curieux de voir comment <a href="https://distribution.arte.tv/fiche/RITUELS_DU_MONDE">d’autres cultures</a> – on pense par exemple aux spiritualités asiatique, amérindienne ou africaine – développent une approche des relations au non-humain <a href="https://theconversation.com/la-nature-une-idee-qui-evolue-au-fil-des-civilisations-158045">différente, stimulante</a>.</p>
<p>Il faut souhaiter que ces changements deviennent accessibles à tous les âges, dans tous les milieux (scolaire, universitaire, institutionnel, collectif, privé, carcéral) et toutes les classes sociales, notamment en rendant plus visibles les cycles et processus naturels, en ouvrant l’espace des possibles aux imaginaires et modes de vie alternatifs (comme les écolieux, ou les ZAD par exemple).</p>
<p>Et aussi en expérimentant des techniques alternatives de production, consommation, partage de savoirs et savoir-faire collectifs, de création de communs, à l’image de la philosophie low-tech qui <a href="https://theconversation.com/avec-la-low-tech-penser-et-agir-par-dela-la-technique-185184">promeut des innovations simples et sobres</a>.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://afecop.com/team/yoan-svejcar/">Yoan Svejcar</a>, chercheur-praticien indépendant en écopsychologie, est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198007/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Couillet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la déconnexion des individus vis-à-vis des espaces naturels et des espèces animales s’intensifie, des pistes existent pour renouer avec le non-humain.Romain Couillet, Professeur des universités, chercheur multi-disciplinaire, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1904782022-10-09T15:05:39Z2022-10-09T15:05:39ZAu Mexique, la course folle à l’habitat social et son échec retentissant<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/488833/original/file-20221008-57809-7tvd4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C14%2C3150%2C1978&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vue d'un nouveau grand développement de logements sociaux bon marché pour les travailleurs à faible revenu à Iztapalapa, une communauté pauvre dans la banlieue de Mexico.
</span> <span class="attribution"><span class="source">D Busquets/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pour faire face aux besoins de logement de sa population modeste, le Mexique a décidé au début des années 1990 de <a href="https://journals.openedition.org/cal/7434">confier à la promotion immobilière privée la responsabilité de produire massivement une offre d’habitat social</a> en accession à la propriété. Les <em>organismes nationaux de logement</em>, qui étaient auparavant en charge de la production d’habitat social dans le pays, seraient désormais uniquement responsables d’octroyer des prêts hypothécaires aux ménages modestes afin qu’ils puissent acquérir un logement social directement sur le marché.</p>
<p>Véritablement déployée à partir des années 2000, cette politique du logement recommandée par la Banque mondiale aurait permis la construction de quelque dix millions de logements. <a href="https://jorgetaboada.wixsite.com/jorgetaboada/alta-densidad">Des ensembles géants d’habitat social</a> comptant plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de très petites maisons individuelles (et parfois de logements collectifs, après 2012), d’une superficie souvent inférieure à 40 m<sup>2</sup>, ont été construits en périphérie des villes, loin des équipements, des services et des zones d’emploi, sur des terrains acquis à faible coût par des promoteurs immobiliers. L’activité de ces derniers s’est vue dopée par ce nouveau marché du logement social.</p>
<p>Si la production massive a concerné l’ensemble du territoire national, elle a été particulièrement intense dans les États situés le long de la frontière avec les États-Unis, ainsi que dans l’aire métropolitaine de Mexico ou celle de Guadalajara, la grande métropole du centre-ouest du pays.</p>
<h2>Logements abandonnés et vandalisés</h2>
<p>Réussite apparente sur le plan quantitatif et soutien indéniable pour l’économie nationale, la construction massive a rapidement montré ses limites. En raison de la mauvaise qualité des logements, de l’insuffisance de services et d’équipements, mais aussi de l’insécurité dans les quartiers (un problème en réalité généralisé au Mexique, bien au-delà des ensembles d’habitat social) et des difficultés économiques rencontrées par les ménages pour rembourser leur prêt et faire face en particulier aux dépenses élevées de transport, les nouveaux quartiers géants d’habitat social sont entrés en crise de façon très précoce.</p>
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<p>La manifestation la plus visible de ces difficultés a été le <a href="https://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-47263282">très grand nombre de logements rapidement abandonnés par leurs habitants</a> (qui cessaient de rembourser leur crédit) puis vandalisés, au point d’être souvent réduits à l’état de ruine.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484636/original/file-20220914-7253-8qtg32.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dans l’aire métropolitaine de Tijuana, de très nombreux logements ont a été abandonnés par leurs habitants. Ils sont ensuite, la plupart du temps, vandalisés et laissés à l’état de ruine. Les ménages qui ne peuvent partir doivent cohabiter avec cette réalité difficile.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CPV, IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Cette problématique de l’abandon a été mise en lumière de façon implicite par le recensement de 2010 qui a pour la première fois comptabilisé les logements inoccupés. <a href="https://www.researchgate.net/publication/295919643_Lo_que_dicen_las_viviendas_deshabitadas_sobre_el_censo_de_poblacion_2010">Le taux de vacance est apparu important à l’échelle nationale</a> (14 %) mais plus encore pour les communes fortement réceptrices d’habitat social durant les années 2000. Dans ce contexte, l’Institut du fonds national du logement des travailleurs (INFONAVIT), principal organisme public national de logement pourvoyeur de crédits à l’accession au Mexique, s’est retrouvé confronté à un volume d’impayés considérable, véritable menace pour sa santé financière.</p>
<p>Cette situation l’a conduit à mettre en place un dispositif spécifique, celui des <a href="https://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:010069656">logements dits « récupérés »</a>. Cela sera la seule véritable intervention émanant d’une institution publique durant les années 2010 afin de tenter d’endiguer la crise des quartiers géants d’habitat social. Une fois revenus dans le giron de cette institution, les logements abandonnés étaient mis aux enchères par lots à un faible coût, puis achetés et réparés par des promoteurs privés ou des opérateurs spécifiques apparus à la faveur de ce nouveau marché du logement « récupéré ». Ils étaient finalement vendus à nouveau à des ménages bénéficiaires de crédits hypothécaires de l’Institut, pour un prix inférieur à celui des logements sociaux neufs. Entre 2015 et 2020, quelque 95 000 unités ont été recommercialisées de la sorte.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484637/original/file-20220914-25-wr740z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484637/original/file-20220914-25-wr740z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484637/original/file-20220914-25-wr740z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484637/original/file-20220914-25-wr740z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484637/original/file-20220914-25-wr740z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484637/original/file-20220914-25-wr740z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484637/original/file-20220914-25-wr740z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans l’État de Basse-Californie, une entreprise d’impact social s’est spécialisée dans le rachat de maisons abandonnées. Elle les répare et les revend ensuite, à un prix inférieur à celui des logements sociaux neufs, à des ménages qui bénéficient en général d’un prêt hypothécaire octroyé par le principal organisme national de logement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CPV, IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Faute d’interventions pour rénover les quartiers d’habitat social en profondeur, le problème est demeuré entier. Il s’est même aggravé car dans le même temps, la <a href="https://www.elfinanciero.com.mx/empresas/aumenta-22-abandono-de-las-viviendas-en-el-pais-durante-la-ultima-decada/">politique de production massive a poursuivi sa course folle</a>, donnant naissance à de nombreux autres quartiers. En raison de l’impact très positif sur l’économie nationale et de l’existence de besoins en logement toujours énormes, il n’était en effet pas question, malgré les problèmes rencontrés, de « stopper le train du logement social », selon l’expression fréquemment utilisée au Mexique.</p>
<p>L’introduction de critères environnementaux dans la production d’habitat social, en particulier l’« hypothèque verte », <a href="https://www.omicsonline.org/open-access/the-mexican-experience-in-the-social-housing-sector-and-programs-for-green-housing-2168-9717.1000124.php?aid=26585">ce crédit à l’accession destiné à financer l’acquisition d’un logement doté d’éco-technologies</a>, n’a rien changé. Elle a en tout cas valu au Mexique d’être récompensé au plan international pour la contribution de son modèle de logement social au développement durable et à la lutte contre le changement climatique…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484638/original/file-20220914-18-k77uy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484638/original/file-20220914-18-k77uy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484638/original/file-20220914-18-k77uy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484638/original/file-20220914-18-k77uy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484638/original/file-20220914-18-k77uy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484638/original/file-20220914-18-k77uy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484638/original/file-20220914-18-k77uy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Depuis 2012, les logements sociaux neufs sont tous dotés de chauffe-eau solaires permettant à leurs habitants de faire des économies d’énergie. Sur le terrain, l’impact de cette mesure est toutefois très mitigé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CPV, IRD</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>La fin implicite du modèle de production massive d’habitat social</h2>
<p>À partir de 2020, <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/12/au-mexique-le-changement-de-regime-d-amlo_5434844_3210.html">Andres Manuel Lopez Obrador</a>, le nouveau président de gauche élu au 2018 a engagé une réorientation majeure de la politique nationale du logement en redonnant une place à la production de l’habitat par les ménages eux-mêmes (l’auto-construction ou auto-production de l’habitat), <a href="https://uneseuleplanete.org/L-039-habitat-participatif-en-Amerique-du-Sud">solution traditionnellement mise en œuvre en Amérique latine par les classes populaires pour accéder au logement</a>.</p>
<p>Les prêts hypothécaires octroyés par l’INFONAVIT (300 000 à 500 000 par an au cours des deux dernières décennies), jusqu’alors destinés à l’acquisition d’un logement social livré clé en main par un promoteur privé, peuvent désormais être employés pour financer des projets d’auto-construction/production de logement.</p>
<p><a href="https://mexiconewsdaily.com/news/housing-restoration-project-has-ambitious-goal-175000-units-in-four-years/">Le modèle de récupération et revente de logements abandonnés</a> a également été reformulé. Les logements abandonnés ne seront plus cédés à des acteurs privés mais demeureront propriété de l’INFONAVIT jusqu’à leur revente, une fois réparés. Des projets de rénovation urbaine intégrale seront par ailleurs mis en œuvre dans certains quartiers prioritaires.</p>
<p>Des interventions sont également prévues, en concertation avec les habitants, en faveur des espaces publics, des équipements et services, ainsi que pour mieux intégrer les quartiers à la ville. Enfin, si l’INFONAVIT reste aux commandes, d’autres acteurs seront désormais impliqués : au plan national, le ministère du Développement agraire, territorial et urbain <a href="https://www.gob.mx/sedatu/que-hacemos">(SEDATU)</a> et à l’échelle locale, les gouvernements locaux (en particulier au niveau municipal), jusqu’à présent oubliés dans le modèle de récupération des logements. Le secteur privé n’est évidemment pas en reste : dans chaque périmètre d’intervention, l’INFONAVIT a prévu de s’associer avec un promoteur privé afin de réparer et commercialiser les logements abandonnés, ainsi que d’exécuter les interventions urbaines prévues dans le master plan.</p>
<h2>De l’abandon des logements à leur occupation irrégulière</h2>
<p>Dix ans après le début de prise de conscience du problème, la problématique des quartiers d’habitat social a toutefois évolué. Bon nombre de logements abandonnés par leurs propriétaires sont désormais <a href="https://www.proceso.com.mx/reportajes/2022/3/21/invasiones-despojos-de-vivienda-efecto-colateral-del-aifa-282865.html">habités de façon irrégulière par des occupants sans droits ni titre</a>. Ceux-ci sont le plus souvent des familles dans le besoin dont la présence est tolérée, voire encouragée par les habitants eux-mêmes et qui perçoivent alors indûment un loyer pour le logement occupé. On peut également trouver des migrants au projet d’entrée aux États-Unis contrarié, ou bien encore des individus liés au crime organisé (qui gangrène le pays) qui utilisent les logements inoccupés pour <a href="https://www.proceso.com.mx/nacional/2018/8/11/en-tlajomulco-aparecen-mas-narcofosas-encuentran-los-restos-de-cinco-personas-210277.html">abriter des activités illicites ou criminelles</a>.</p>
<p>Cette nouvelle réalité des quartiers d’habitat social risque fort de compromettre les interventions prévues dans le cadre de la nouvelle stratégie d’INFONAVIT, toujours très centrée sur la problématique des logements abandonnés : afin de récupérer ces derniers pour les réparer et les revendre, il va en effet falloir, dans un premier temps, résoudre la question épineuse de leurs occupants irréguliers (particulièrement sensible pour le gouvernement d’Andrés Manuel Lopez Obrador, le président qui s’est appuyé sur le vote des classes populaires). Beaucoup des ménages pauvres et travailleurs du secteur informel qui vivent illégalement dans les logements expriment le souhait de les acquérir. Ils n’ont cependant ni les moyens ni la possibilité d’accéder aux crédits proposés par les organismes nationaux de logement, réservés pour l’instant essentiellement aux salariés.</p>
<p>En réalité, les autorités mexicaines se retrouvent aujourd’hui confrontées dans les ensembles géants d’habitat social à un défi qu’elles connaissent bien, et de longue date : celui de la <a href="https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_1991_num_51_1_1598">régularisation de la propriété dans les quartiers d’urbanisation informelle et irrégulière</a>, à l’origine de la majeure partie des espaces urbains actuels au Mexique. La problématique est d’autant plus semblable que bon nombre de quartiers géants d’habitat social reliés en théorie aux réseaux d’eau et d’électricité et dotés en principe d’équipements et d’espaces publics <a href="https://www.latimes.com/projects/la-me-mexico-housing/">souffrent en réalité de carences aiguës et multiples</a> dans ces domaines.</p>
<p>Présentée à l’origine comme la seule option viable pour permettre de loger le plus grand nombre et en finir avec l’urbanisation irrégulière et ses multiples maux, la politique d’habitat social a donc apporté au Mexique autant de problèmes que de solutions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190478/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Paquette Vassalli coordonne actuellement le volet Mexique d’un projet de recherche et de coopération technique sur les grands quartiers d’habitat social dégradés au Mexique et au Chili, financé par le Fonds de coopération Chili Mexique et destiné au Mexique au Ministère du développement territorial, agraire et urbain (SEDATU). Le projet vise à assurer une meilleure compréhension de la problématique afin d’améliorer les interventions de rénovation.</span></em></p>La politique d’habitat social lancée au début des années 1990 au Mexique semble avoir apporté autant de problèmes que de solutions.Catherine Paquette Vassalli, Chercheur, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1898062022-10-04T17:53:37Z2022-10-04T17:53:37ZÀ Marseille, les transports maritimes polluent les quartiers parmi les plus pauvres de la ville<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/484053/original/file-20220912-20-j1pjnu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C173%2C6831%2C4826&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Paquebot de croisière d’une capacité de 5 200 passagers, dans le port de Marseille en 2021. La pollution générée par les activités de ce type de navire affecte tout particulièrement les quartiers pauvres de la ville.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/20211113.Ports_of_Marseille.-026.jpg">Bybbisch94, Christian Gebhardt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le 19 juillet 2022, la municipalité de Marseille a initié une pétition pour interdire, lors des périodes de pics de pollution à l’ozone, l’accueil des bateaux de croisière les <a href="https://marsactu.fr/avec-sa-petition-contre-la-pollution-marseille-veut-peser-sur-la-regulation-des-croisieres/">plus polluants</a>.</p>
<p>Intitulée « Stop à la pollution maritime en Méditerranée », elle a été signée, à ce jour, par environ 50 000 personnes et s’accompagne d’une vidéo du maire de la ville, Benoît Payan qui introduit <a href="https://www.marseille.fr/mairie/stop-pollution">son propos par ces termes</a> : « Marseille suffoque. On sent, on voit, on respire la pollution ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1564672296748347392"}"></div></p>
<p>La photographie, accompagnant la pétition, montre un panache noir issu d’un navire, masquant le panorama habituel de la ville. Cette pétition s’inscrit dans une dynamique, datant d’une dizaine d’années, de <a href="https://reporterre.net/A-Marseille-vent-de-fronde-contre-les-bateaux-de-croisiere">mobilisations</a> au sujet de la présence des paquebots de croisière dans la ville et de leurs impacts sur la qualité de l’air et de l’environnement, en général.</p>
<h2>38 % des émissions d’oxyde d’azote proviennent des navires</h2>
<p>Le 14 juin 2022, le collectif Stop Croisières et Extinction Rebellion ont empêché, durant quelques heures, l’entrée d’un des plus grands paquebots américains dans le port. L’association Cap au Nord, rassemblant des habitant·e·s des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> arrondissements, œuvre à la prise en compte de la pollution atmosphérique dans leurs quartiers.</p>
<p>Cette pollution que l’on « sent, voit et respire » fait l’objet de mesures scientifiques, afin de l’objectiver, menées par l’<a href="https://www.atmosud.org/article/atmosud">observatoire de la qualité de l’air en région Sud-PACA</a> (AtmoSud) en collaboration avec des laboratoires de recherche d’Aix-Marseille Université, tels que le laboratoire de Chimie de l’Environnement (LCE) <a href="https://www.scipper-project.eu">(voir par exemple le projet en cours SCIPPER)</a>.</p>
<p>Les médias locaux ont largement repris les données des associations. D’après une estimation du collectif Stop Croisières concernant la zone portuaire des bassins est de la ville, <a href="https://marsactu.fr/avec-sa-petition-contre-la-pollution-marseille-veut-peser-sur-la-regulation-des-croisieres/">38 % des émissions</a> d’oxyde d’azote proviennent des navires (un taux quasi équivalent à celui du <a href="https://theconversation.com/pauline-pourquoi-lessence-des-voitures-et-des-avions-pollue-184111">trafic routier</a>) et <a href="https://marsactu.fr/les-cheminees-flottantes-font-tousser-marseille/">10 % des PM<sub>10</sub> ou particules fines</a>.</p>
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<p>Les campagnes de mesures menées par Atmosud mettent en évidence <a href="https://www.atmosud.org/publications/quelle-qualite-de-lair-pour-les-riverains-des-ports-de-nice-et-marseille">deux autres résultats majeurs</a>. Le premier montre une pollution dite « de panache », impactant certains quartiers selon les vents dominants, durant une durée déterminée. Le second souligne que les polluants mesurés (dioxyde de soufre SO<sub>2</sub> ; oxyde d’azote NO<sub>x</sub> et les particules fines, PM 10) ne se retrouvent pas, de manière continue, en quantité supérieure aux normes en vigueur en milieu urbain. Les auteurs du rapport notent également que d’autres sources polluantes s’ajoutent à celles maritimes, relatives aux transports et aux activités urbains.</p>
<p>L’impact de ces pollutions maritimes sur la santé reste difficile à appréhender car il s’inscrit dans le contexte d’une mauvaise qualité de l’air en général. Celle-ci, quelle que soit sa source, peut impacter, de la même manière, les individus (pathologies respiratoires, maladies cardiovasculaires, cancers…). Les organisations mondiales de la santé alertent, depuis longtemps, sur les effets néfastes de la pollution de l’air en <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/10558?lang=fr">termes de mortalité et de morbidité</a>.</p>
<p>Les impacts sanitaires résultent d’effets cumulés, <a href="https://www.liberation.fr/sciences/2015/09/03/une-etude-revele-la-dangerosite-de-l-effet-cocktail-des-molecules_1374910/">appelés effet-cocktail en ce qui concerne les polluants chimiques</a> qui articulent des polluants d’origines diverses et dont la mesure reste complexe à réaliser.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-en-ville-cartographie-microcapteurs-et-sciences-participatives-152276">Pollution de l’air en ville : cartographie, microcapteurs et sciences participatives</a>
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<h2>Un problème de santé environnementale</h2>
<p>Face à ces impacts négatifs, les acteurs économiques développent un certain nombre de réponses. À l’échelle locale, le Grand Port autonome de Marseille collabore, en partie, à l’élaboration des mesures, développe des branchements électriques et d’autres technologies moins polluantes et incite, <a href="https://marsactu.fr/pollution-de-lair-costa-croisieres-veut-se-racheter-une-conduite-a-marseille/">par des exonérations de taxes portuaires</a>, à l’accueil des compagnies qui ont des pratiques jugées respectueuses de l’environnement.</p>
<p>À l’échelle internationale, l’Organisation maritime internationale a approuvé très récemment, le 10 juin 2022, la création pour l’ensemble de la Méditerranée, d’une <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/creation-dune-zone-faibles-emissions-soufre-en-mediterranee">zone de contrôle</a> des émissions d’oxydes de soufre et de particules (<a href="https://mer.gouv.fr/accord-trouve-pour-la-zone-de-controle-des-emissions-doxydes-de-soufre-seca-pour-la-mediterranee">zone dite Seca</a>). Le combustible utilisé doit avoir une teneur en soufre qui ne dépasse pas les 0,1 % en masse.</p>
<h2>Une configuration classique</h2>
<p>Ces réponses, de la part des acteurs économiques, <a href="https://hal-mines-paristech.archives-ouvertes.fr/hal-00518428">sont récurrentes</a> dans le cadre des problèmes de santé environnementale. Très souvent, la solution technique est priorisée, telle que le raccordement électrique ou l’installation de <a href="https://www.journalmarinemarchande.eu/actualite/shipping/le-nombre-de-navires-equipes-de-scrubbers-a-double-en-un-an">« scrubbers »</a>, hottes mobiles captant les émanations lorsque les bateaux sont à quai.</p>
<p>La seconde réponse est de mettre en place des procédures de certification dites « environnementales » qui émanent des <a href="https://www-cairn-info.lama.univ-amu.fr/revue-sociologies-pratiques-2005-1-page-97.htm">acteurs économiques eux-mêmes</a>, justifiant de leur engagement.</p>
<p>Enfin, une troisième stratégie consiste à discuter des mesures scientifiques, à émettre des doutes sur les méthodologies employées et <a href="https://www.cairn.info/revue-mots-2021-3-page-9.htm">à entretenir une controverse</a> sur les alertes sanitaires tout en initiant des concertations avec les acteurs locaux, à l’instar d’une charte Ville-Port dans le <a href="https://www.marseille-port.fr/index.php/charte-ville-port">cas marseillais</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/moi-president-e-regle-n-9-lobbys-a-tout-prix-173275">« Moi, président·e » : Règle n°9, lobbys à tout prix</a>
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<h2>L’imaginaire économique d’une ville</h2>
<p>En effet, le port est historiquement le poumon économique de la ville et s’est orienté au début des années 2000, en accueil de bateaux de croisière. En 2018, 1,8 million de voyageurs auraient fait escale à Marseille, pour des retombées économiques estimées à <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/marseille_en_resistances-9782348042270">310 millions d’euros pour la même année</a>.</p>
<p>Ce poids économique repose sur une nouvelle construction symbolique de la ville, longtemps en déprise économique et jouissant d’une « mauvaise » réputation, notamment en ce qui concernait le <a href="https://presses-universitaires.univ-amu.fr/lhistoire-portuaire-marseillaise-chantier">fonctionnement même de son port</a>. Aujourd’hui, le club des croisiéristes marseillais présente Marseille, comme une ville « dynamique, moderne et réinventée » en lien avec le front de mer réaménagé en zone touristique.</p>
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<img alt="Vue sur le quai des Belges depuis la grande roue (Marseille, France)" src="https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue sur le quai des Belges depuis la grande roue, Marseille, 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Marseille_20160813_08.jpg">Georges Seguin (Okki)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<h2>La croisière, une activité au cœur du renouvellement urbain</h2>
<p><a href="https://theconversation.com/venise-au-pic-de-la-crise-comment-sortir-de-lultra-dependance-au-tourisme-135210">L’activité croisiériste</a> s’inscrit dans un secteur de la ville soumis à un un important programme de renouvellement urbain, <a href="https://euromediterranee.fr/">l’opération d’intérêt national Euromed</a>, œuvrant <a href="https://www.editionsparentheses.com/IMG/pdf/p225_marseille_euromediterranee.pdf">depuis 1995</a> à développer l’économie locale en construisant un vaste parc immobilier d’affaires, des structures commerciales, des logements et des espaces publics.</p>
<p>La partie est du domaine portuaire s’articule aux projets d’Euroméditerranée avec l’installation de zones commerciales et d’équipements culturels. L’essor du port de croisières a accompagné, et réciproquement, le renouvellement urbain des quartiers arrière-port, qui sont historiquement des <a href="https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1997_num_52_5_279624_t1_1195_0000_001">quartiers populaires</a>.</p>
<p>Ce renouvellement génère des transformations socio-démographiques au profit de catégories sociales plus aisées et diplômées. En 2018, au sein du II<sup>e</sup> arrondissement, la part des cadres et professions intellectuelles supérieures (20 %) et des professions intermédiaires (24 %) se rapproche de celle des <a href="https://www.agam.org/wp-content/uploads/2022/04/13002-Marseille-par-quartier.pdf">employés et ouvriers (49 %)</a>. Les deux autres arrondissements, potentiellement impactés par la pollution maritime, sont les XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> arrondissements. Si le XVI<sup>e</sup> présente une sociographie équivalente à celle du second (où l’augmentation des cadres s’est faite plus précocement), le XV<sup>e</sup> reste le plus pauvre (comprenant 67 % d’employés et d’ouvriers).</p>
<h2>Des aménagements urbains et un arrière-port responsables de nuisances</h2>
<p>Ces situations sociales contrastées s’expriment dans les formes urbaines, entre nouveaux logements, logements rénovés et habitats dégradés ; entre des zones industrielles plus ou moins entretenues et actives. Dans le cadre <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/18162">d’une enquête</a> menée en 2016 auprès d’habitant·e·s de ces quartiers, Brigitte Bertoncello et Zoé Hagel ont mis en évidence l’expression de nuisances essentiellement liées aux infrastructures « d’arrière-port » et d’aménagements urbains : passages en continu des camions, présence d’anciens et nouveaux sites pollués, zones d’emplacements pour les containers et les déchets des BTP… Les autrices parlent ainsi d’un front de mer « recomposé présenté comme une vitrine » reléguant « plus loin populations et activités disqualifiées ».</p>
<p>On peut supposer, sans études sanitaires précises à ce jour, que les nuisances provenant de ces activités de logistique s’ajoutent à la mauvaise qualité de l’air ponctuelle émanant des navires, impactant, entre autres, des populations pauvres, dont on sait que les conditions de vie et d’habitat affectent, plus fortement, leurs <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1280972">morbidité et espérance de vie</a>.</p>
<h2>Un panache de fumée sur les inégalités</h2>
<p>Les pollutions maritimes, telles qu’éprouvées à Marseille, ne sont pas seulement caractéristiques d’un problème d’orientation économique. Elles sont également révélatrices de ce que l’économiste Ignacy Sachs appelait, dans les années 1990, un <a href="https://theconversation.com/lecodeveloppement-le-developpement-durable-autrement-114377">« mal développement »</a> que l’on pourrait désigner de « mal développement urbain ».</p>
<p>D’un côté, le paquebot symbolise la vitrine de la ville « méditerranéenne durable de demain » et de l’autre, il occulte avec son panache de fumée, les dysfonctionnements de cette économie qui relègue, plus loin, à l’abri de la carte postale, ses externalités négatives.</p>
<p>Celles-ci ont pourtant des effets sur la santé des habitant·e·s et sur l’habitabilité de leur lieu de vie. Les injonctions environnementales, les mobilisations mais aussi les formes de résistance de ces quartiers qui restent, en partie, populaires laissent présager de futurs compromis qu’il va falloir trouver et qui ne semblent pas encore dessiner une ville totalement « réinventée ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189806/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carole Barthélémy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pollution maritime relève d’un problème de santé environnementale. Décryptage à Marseille.Carole Barthélémy, Maîtresse de conférences en sociologie de l'environnement, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1886192022-08-11T17:39:05Z2022-08-11T17:39:05ZL’urbanisation anarchique, facteur aggravant des incendies dans les Landes<p>Si la sécheresse et la chaleur exceptionnelles que connaît la France cet été sont l’élément déclencheur des grands incendies toujours en cours dans le massif des Landes de Gascogne, le drame prend aussi sa source dans les tendances lourdes de la démographie et les lacunes de l’aménagement du territoire.</p>
<p>Cet épisode met en évidence les limites d’une gestion du risque principalement réactive, fondée sur la réponse rapide et massive aux départs d’incendie.</p>
<p>En effet, la stratégie de lutte contre les incendies de forêts repose actuellement sur deux piliers complémentaires : l’aménagement forestier et la lutte contre les feux déclarés. La doctrine en vigueur mise sur la surveillance des forêts et l’intervention la plus rapide possible des secours sur les feux naissants par des moyens terrestres et aériens. Cette stratégie est rendue possible par l’aménagement des massifs forestiers pour créer des accès, des points d’eau, etc. Dans le massif landais, le dispositif de défense contre l’incendie (DFCI) permettant ces aménagements a été mis en place à la suite des grands incendies de la <a href="https://www.dfci-aquitaine.fr/qui-sommes-nous/presentation">décennie 1940</a>. La DFCI est financée pour partie par les propriétaires forestiers et fonctionne largement grâce à leur participation.</p>
<p>Cette organisation basée sur la complémentarité forestiers – pompiers, modernisée au fil du temps, s’est avérée particulièrement efficace en éteignant très rapidement la plupart des incendies et en <a href="https://observatoire-risques-nouvelle-aquitaine.fr/feux-de-foret/risques-nouvelle-aquitaine-des-indicateurs-de-frequence-et-de-superficie-des-feux-de-foret-accessibles-a-tous/">limitant les superficies brûlées</a> malgré un nombre important de départs de feu. Mais ce système, bien adapté au contexte d’un massif forestier exploité de façon intensive et d’une région rurale peu densément peuplée, se trouve aujourd’hui mis en échec par le changement climatique et l’urbanisation.</p>
<h2>80 % des incendies se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations</h2>
<p>L’augmentation des températures et la plus grande fréquence des épisodes caniculaires sont sans conteste à l’origine d’une aggravation du risque d’incendie. Moins médiatisées mais tout aussi importantes, l’urbanisation et l’attractivité de la région depuis une cinquantaine d’années (notamment du littoral et de la <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5760981#titre-bloc-7">Gironde</a>), contribuent elles aussi à une aggravation graduelle du risque. D’abord en générant davantage d’activités sources d’incendies dans ou à proximité des forêts : barbecues mal éteints, feux de chantiers de BTP, mégots jetés en bord de route… Rappelons que <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/prevention-des-feux-foret">près de 95 % des causes sont humaines</a> et qu’en France, 80 % des incendies se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations.</p>
<p>Dans le même temps, l’urbanisation dans les zones à risque signifie aussi mécaniquement l’augmentation des victimes et des dégâts potentiels, surtout lorsque cette urbanisation se fait sous forme de prolifération anarchique au contact de la forêt : en Nouvelle Aquitaine un habitant sur deux vit dans une zone peu dense et, selon l’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4270175">Insee</a> ce sont ces zones qui connaissent la plus forte croissance démographique. L’urbanisation s’est étalée autour des bourgs, dans des hameaux isolés, le long des voies de communication et génère la multiplication des zones de contact entre habitat et forêt.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=486&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=486&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=486&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=611&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=611&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478761/original/file-20220811-21-2nuikr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=611&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vue aérienne de l’étalement urbain à Landiras (Gironde).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Géoportail</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les incendies actuels montrent à quel point cette urbanisation complique le travail des secours face à un incendie de grande ampleur. La présence de nombreux quartiers et hameaux éparpillés contraint les secours à gérer la mise en sécurité de milliers de personnes et les oblige à disperser leurs moyens pour protéger les maisons dans une logique défensive, au détriment d’une stratégie offensive permettant de maîtriser plus rapidement la progression du feu.</p>
<p>Pire encore, les secours ne peuvent pas toujours intervenir à temps. L’exemple de l’incendie qui, en 2018, a fait 85 morts dans la petite ville de Paradise en Californie, l’illustre de façon dramatique : l’avancée rapide du feu, démarré aux environs de 6 heures du matin, a pris la <a href="https://hazards.colorado.edu/quick-response-report/collective-action-in-communities-exposed-to-recurring-hazards">population et les autorités par surprise</a> et n’a pas laissé le temps d’évacuer, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=96Aw-mGxrzA">piégeant de nombreux habitants</a> dans leur maison ou leur voiture.</p>
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<h2>Une efficacité de la lutte contre les feux victime de son succès apparent</h2>
<p>Dans ce contexte, la gestion des incendies telle que mise en place jusqu’à présent dans le massif landais, présente plusieurs défauts. Le premier est de s’attaquer principalement aux symptômes et de ne s’attaquer que marginalement à la source du problème. Pourtant la litanie des incendies de l’été en France offre une bonne vision de la diversité des causes humaines d’incendies : déséquilibré pyromane, panne d’un véhicule, braises échappées d’un camion pizza, étincelles au passage d’un train, travaux en forêt, feu d’artifice, jet de mégot, etc.</p>
<p>Une action plus efficace sur ces sources de départ de feu supposerait la remise en cause de certaines activités, des changements de pratiques individuels et collectifs, plus de sensibilisation, des contrôles, etc. Or dans ce domaine, l’efficacité de la lutte contre les feux déclarés constatée jusqu’à présent s’est finalement avérée contre-productive et a alimenté une <a href="https://www.researchgate.net/publication/254734365_The_Dragons_of_Inaction_Psychological_Barriers_That_Limit_Climate_Change_Mitigation_and_Adaptation">forme de déni</a> face aux alertes sur l’aggravation des risques.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Maisons en forêt à la Teste de Buch, vue prise depuis la dune du Pilat (Gironde)" src="https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478768/original/file-20220811-21-w78fq6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Maisons en forêt à la Teste de Buch, vue prise depuis la dune du Pilat (Gironde).</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Bouisset, 2017</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Nos <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=-0w_EAAAQBAJ">enquêtes auprès d’habitants et d’élus locaux</a> dans le massif landais ont ainsi montré que beaucoup considéraient le problème des incendies comme bien maîtrisé : plus le dispositif réduisait les surfaces brûlées plus le risque était invisibilisé et moins il paraissait inquiétant.</p>
<p>Or, le deuxième défaut du dispositif qui rejoint le premier, est son coût croissant, non seulement pour les propriétaires forestiers mais également pour l’État et surtout les collectivités qui, au niveau national, financent les services d’incendie et de secours pour un montant supérieur à <a href="http://www.senat.fr/rap/l21-163-329-2/l21-163-329-22.html">5 milliards d’euros en 2020</a>.</p>
<p>En France, la politique d’extinction <a href="https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/centre-ressources/changement-climatique-et-extension-des-zones-sensibles-aux-feux-forets">absorbe les 2/3 des financements</a> consacrés aux incendies. Mais là encore, plus le dispositif est efficace, plus son financement est difficile à justifier dans un contexte de budgets contraints : à quoi bon consacrer davantage de moyens à un problème qui occasionne peu de dégâts ?</p>
<h2>Des outils d’aménagement du territoire peu mobilisés</h2>
<p>La confiance excessive dans l’efficacité du dispositif de gestion des incendies explique aussi que les outils disponibles en matière d’aménagement du territoire sont peu ou mal mobilisés dans le massif landais. Seules <a href="https://www.gironde.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement-risques-naturels-et-technologiques/Prevention-des-risques-naturels-et-technologiques/Les-risques-en-Gironde/Le-risque-feux-de-foret">13 communes</a> sont dotées de Plans de prévention du risque incendie de forêt (<a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/PPR_feux_de_foret_complet_0.pdf">PPRIF</a>).</p>
<p>Établis sur prescription du préfet, ils peuvent interdire les constructions nouvelles dans les zones les plus à risque, les subordonner au respect de certaines mesures de sécurité et même imposer des travaux de sécurisation des constructions existantes. Mais beaucoup d’acteurs du massif landais, à commencer par de nombreux maires, ont jusqu’à présent considéré <a href="https://hal.uvsq.fr/UMR5319/halshs-01816075">l’outil comme trop contraignant</a> car contrariant de façon excessive les projets d’urbanisation. Sans que l’État fasse preuve non plus d’une grande volonté à les voir se généraliser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Jardin non débroussaillé, la végétation arrive au contact de la maison" src="https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478767/original/file-20220811-23-5qqn2f.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Labenne (Landes) : jardin non débroussaillé, la végétation arrive au contact de la maison.</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Bouisset 2018</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>De la même façon, la réglementation impose aux propriétaires de <a href="https://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/obligations-legales-de-debroussaillement-old-a11438.html">débroussailler</a> un périmètre de 50 mètres autour de leur maison. En évitant que les bâtiments soient au contact direct de la végétation, cette mesure permet de mieux les protéger et de faciliter l’action des secours. Or malgré des campagnes de <a href="https://www.dfci-aquitaine.fr/je-suis-un-particulier/autour-de-la-maison/debroussaillement">sensibilisation</a> nombreux sont les résidents de communes forestières qui ne respectent pas pleinement ces consignes, voire les ignorent.</p>
<p>De leur côté, communes et services de l’État montrent souvent peu d’empressement à faire appliquer rigoureusement cette réglementation contraignante. Or cette négligence accroît la vulnérabilité des populations et des constructions, tout en compliquant l’intervention des secours.</p>
<h2>À l’heure du changement climatique : anticiper les risques</h2>
<p>Les <a href="http://foris.fao.org/static/pdf/fm/5thIWFConference2011.pdf">leçons tirées</a> de ce qui se passe ailleurs dans le monde indiquent qu’il est illusoire de croire que le simple renforcement des dispositifs actuels de gestion des incendies par toujours plus de moyens d’extinction, suffira à affronter le double défi du changement climatique et de l’urbanisation.</p>
<p>Sans action sur les causes, sans intégration du risque dans la prise de décision en matière d’aménagement du territoire et sans prise de conscience des populations et des pouvoirs publics locaux, le coût de la lutte deviendra exorbitant et sa capacité à assurer la protection des populations et celle des forêts de plus en plus incertaine au fur et à mesure que le changement climatique s’intensifiera. Car les techniques de lutte sont largement impuissantes face aux grands incendies.</p>
<p>Alors que la gestion actuelle mise surtout sur la réactivité face à l’événement, il est indispensable de penser davantage dans une logique anticipatrice, à long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188619/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christine Bouisset a reçu des financements publics de la Région Nouvelle Aquitaine dans le cadre du projet de recherche RiTTA - Risques et transformations territoriales en Aquitaine dans le contexte du changement climatique (2015-2018).</span></em></p>Les grands incendies qui dévastent actuellement les Landes reflètent aussi les défauts d’une urbanisation à outrance et les lacunes de l’aménagement du territoire.Christine Bouisset, Maître de conférences en géographie, membre du laboratoire TREE - Transitions Energétiques et Environnementales, UMR 6031 CNRS, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1844252022-07-27T13:04:39Z2022-07-27T13:04:39ZIl faut repenser notre manière d’habiter le fleuve Saint-Laurent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/470329/original/file-20220622-22-t9b505.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C7%2C983%2C658&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des maisons construites le long du fleuve Saint-Laurent, à La Malbaie. Les techniques d’enrochement et de bétonisation utilisées pour protéger les terrains privés et les sites industriels des fluctuations du niveau de l’eau réduisent la biodiversité des rives.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le fleuve Saint-Laurent est d’une richesse incommensurable. Drainant à lui seul un <a href="https://wwf.ca/stories/5-amazing-facts-about-the-st-lawrence-river/">quart des réserves d’eau douce de la planète</a>, il forme l’un des plus vastes écosystèmes au monde.</p>
<p><a href="https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=204378&type=bien">Depuis des temps immémoriaux, sa navigation a joué un rôle prépondérant dans le développement culturel, économique et social du continent :</a> il constitue aujourd’hui le principal repère patrimonial commun des peuples autochtones, des descendants des premiers colons européens et des nouveaux arrivants qui habitent sa région.</p>
<p>Principal vecteur de l’urbanisation de l’est de l’Amérique du Nord, <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/2986">la privatisation de ses rives à des fins résidentielles, commerciales et industrielles continue toutefois d’appauvrir les générations futures</a>. Centrée sur une logique d’exploitation exclusive aux plus riches, elle génère des nuisances écologiques importantes et entraîne un coût de gestion du risque considérable pour l’État québécois. <a href="https://glslcities.org/wp-content/uploads/2015/05/Brochure-Alliance_Final_BR_SPREAD.pdf">Les accès publics au fleuve sont, de leur côté, nettement insuffisants.</a></p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
<hr>
<p>Ainsi, afin de définir l'avenir de notre fleuve, il nous paraît nécessaire d’entamer un vaste projet citoyen avec tous les acteurs concernés : les gouvernants nationaux, provinciaux et municipaux, la communauté scientifique, la société civile, les entreprises ainsi que les communautés locales et translocales qui habitent le long du fleuve. Nous proposons de concevoir ensemble un projet qui réponde aux <a href="https://www.umontreal.ca/transition/onu/">objectifs de développements durables des Nations unies</a> ainsi qu’aux principes des droits humains et des <a href="https://www.un.org/development/desa/indigenouspeoples/wp-content/uploads/sites/19/2018/11/UNDRIP_F_web.pdf">droits des peuples autochtones</a>.</p>
<p>Piloté par un groupe de chercheurs et de professionnels à l’Université de Montréal, dont je fais partie, le projet <em>Fluvialités</em> de la <a href="https://www.unesco-paysage.umontreal.ca/fr/">Chaire Unesco en paysage urbain</a> réunit les savoirs scientifiques et citoyens dans des actions concrètes qui pourront être implantées au courant de la prochaine décennie. Ces actions concernent l’ensemble du bassin hydrographique du Saint-Laurent, en se focalisant plus spécifiquement sur les zones habitées à proximité des rives du fleuve.</p>
<p>Le projet entend concevoir plusieurs stratégies d’aménagement paysager et de design écosystémique, une approche qui vise l'intégrité et la viabilité des écosystèmes. Il souhaite aussi repenser les cadres constitutionnels, législatifs et réglementaires, ainsi que les normes sociales qui définissent aujourd’hui notre relation collective à cette vaste étendue d’eau.</p>
<h2>Inondations et érosions</h2>
<p>Depuis quelques années, les changements climatiques accroissent le risque d’inondations le long du fleuve et de ses affluents, en raison d’une intensification des précipitations sur l’ensemble du bassin hydrographique et de l’élévation des océans. </p>
<p>On tente d’amenuiser le risque par l’artificialisation des berges. Or, les techniques d’enrochement et de bétonisation utilisées pour protéger les terrains privés et les sites industriels des fluctuations du niveau de l’eau réduisent la biodiversité des rives, en plus de limiter leur accessibilité à la population.</p>
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<img alt="Rangée de maisons donnant sur un cours d’eau" src="https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/473652/original/file-20220712-30699-qtvy73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’artificialisation des berges le long du fleuve Saint-Laurent avec des techniques d’enrochement et de bétonisation réduisent la biodiversité des rives.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>La <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_Volume_french.pdf">hausse globale d’un ou deux degrés Celsius prévue dans les prochaines décennies</a> suffira à faire monter le niveau de l’eau de plusieurs mètres en de nombreux endroits. En touchant les quartiers résidentiels et sites industriels situés à proximité des rives, les inondations mettent en péril plusieurs vies humaines <a href="https://ceriu.qc.ca/system/files/2018-02/A2.5_L.Dasilva_0.pdf">et peuvent causer des dégâts matériels représentant des milliards de dollars</a>. </p>
<p>Toutes les municipalités situées le long du fleuve seront affectées, soit directement, soit indirectement, par les conséquences de cette hausse du niveau de l’eau.</p>
<p>Une quantité phénoménale de <a href="https://ici.radio-canada.ca/amp/1170964/inondations-pollution-debris-ordures-environnement-contamination">débris et de produits chimiques se retrouvent de plus dispersés par le courant</a>, ce qui pollue l’écosystème fluvial, mais aussi les terres et les nappes phréatiques du bassin hydrographique. Le processus d’érosion des berges s’en retrouve déjà accéléré, et menace ainsi un nombre croissant d’habitats naturels riverains. Il favorise les glissements de terrain et le rejet de substances toxiques dans l’environnement.</p>
<p>Ce scénario est aujourd’hui bien connu des chercheurs et des décideurs politiques. Or, malgré <a href="https://www.planstlaurent.qc.ca">d’excellents travaux</a> pour évaluer les multiples risques et proposer des stratégies d’aménagement pour mitiger ceux-ci, il n’existe à l’heure actuelle aucun projet qui offre une vision d’aménagement à long terme de l’ensemble du fleuve Saint-Laurent.</p>
<p>Il nous paraît donc primordial que les connaissances actuelles et à venir sur les risques naturels et humains soient mises en œuvre rapidement. Nous devons repenser de manière radicale notre rapport à l’habitat fluvial du Saint-Laurent, des Grands Lacs à l’océan Atlantique. </p>
<h2>Une tendance mondiale</h2>
<p>Premier projet du genre au monde, <em>Fluvialités</em> , initié en 2021-2022, s’inscrit dans une <a href="https://living-with-rivers.com">tendance globale pour une gouvernance mondiale des grands fleuves</a></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/473651/original/file-20220712-26-jbm29t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue de Montréal de la Rive-Sud. La majorité des citoyens du Québec vivent au bord du fleuve Saint-Laurent, comme les Montréalais.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Nous nous inspirons de projets tels que <a href="https://archive.arch.ethz.ch/studio-basel/publications/books/switzerland-an-urban-portrait.html">« Switzerland : an Urban Portrait »</a> du Studio Basel, la <a href="https://submarinechannel.com/lagos-wide-close/">recherche sur la métropole de Lagos, au Nigeria</a>, menée par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas, <a href="https://ecoleanthropocene.universite-lyon.fr">l’Ecole de l’anthropocène</a>, dirigée par le géographe français Michel Lussault, et la vision de l’urbaniste italienne Paola Viganò pour une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=T2GvZAWwew4">Métropole horizontale</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/T2GvZAWwew4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La vision de l’urbaniste italienne Paola Viganò pour une Métropole horizontale.</span></figcaption>
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<p>Ces démarches font écho à une pratique grandissante dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture de paysage. En abordant les enjeux de sociétés à plusieurs échelles, ces disciplines arrivent aujourd’hui à produire des solutions concrètes pour la société et l’environnement, tout en favorisant le développement économique. Les projets qui découlent de ces connaissances sont plus à même d’atteindre les objectifs de durabilité.</p>
<h2>Un réseau multidisciplinaires</h2>
<p><em>Fluvialités</em> fera l’objet d’une première phase de consolidation jusqu’en 2023-2024. Nous visons la constitution d’un réseau de chercheurs universitaires, d’organismes à but non lucratifs, de représentants des communautés riveraines et d’entreprises soucieuses du devenir du fleuve.</p>
<p>Nous comptons réaliser une première consultation publique sur les aspirations citoyennes en 2024-2025. Celle-ci s’inspire d’exercices de démocratie interactive sur les enjeux environnementaux récemment menés en <a href="https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr">France</a> et au <a href="https://www.climateassembly.uk">Royaume-Uni</a>.</p>
<p>En parallèle, nous constituons un atlas numérique des savoirs scientifiques, sociaux et culturels du fleuve. Ces activités se traduiront entre autres par des activités d’enseignement universitaire et collégial selon une approche de recherche-création où les étudiants et les étudiantes participent au changement.</p>
<p>Des équipes pédagogiques, composées d’experts locaux et internationaux, conduiront ainsi des ateliers de planification et d’aménagement sur différentes sections du fleuve ainsi que sur des contextes comparables à l’international.</p>
<p>Le développement durable et inclusif du fleuve Saint-Laurent mérite notre attention. Si son développement se poursuit tel qu’aujourd’hui, cela aura des conséquences néfastes sur les populations et l’environnement en Amérique du Nord. Il faut mettre en place une stratégie transnationale pour le développement inclusif et durable du fleuve et de notre société.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184425/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Shin Koseki ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le développement durable et inclusif du fleuve Saint-Laurent est essentiel. Un laissez-faire prolongé aura des conséquences néfastes sur les populations et l’environnement.Shin Koseki, UNESCO Chair Professor in Urban Landscape, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1821012022-07-12T18:32:18Z2022-07-12T18:32:18ZPourquoi réhabiliter des friches urbaines est moins coûteux qu’il n’y paraît<p>Face à la prise de conscience de l’importance de préserver nos sols, la reconversion des friches urbaines est devenue ces dernières années un enjeu central de la lutte contre l’artificialisation. Il faut dire que celle-ci a augmenté, entre 1981 et 2019, de 71 %, pour une croissance démographique de <a href="https://www.strategie.gouv.fr/publications/objectif-zero-artificialisation-nette-leviers-proteger-sols">seulement 19 %</a>. </p>
<p>Dans le cadre de la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043956924">loi climat et résilience</a>, le gouvernement a fixé un objectif à horizon 2050 de « zéro artificialisation nette » afin de mettre un terme à cette fuite en avant. L’enjeu est crucial, car il implique de cesser de considérer le sol comme un simple support de construction, afin de lui redonner sa valeur de <a href="https://theconversation.com/pourquoi-il-est-si-important-de-preserver-la-sante-de-nos-sols-175934">ressource vivante non renouvelable</a> qui remplit des fonctions essentielles, y compris pour la vie humaine.</p>
<p>Parmi les leviers censés aider à atteindre cet objectif, la réhabilitation de ces lieux désaffectés occupe une place centrale. En lieu et place d’une extension urbaine incontrôlée, il s’agit désormais d’opter pour une certaine « sobriété foncière » : avant d’urbaniser les surfaces agricoles, privilégions celle à disposition au sein des villes. C’est-à-dire, tous ces espaces anciennement dédiés à une activité et éventuellement pollués de ce fait, puis abandonnés pour différentes raisons : une entreprise qui a fait faillite et n’a pas de repreneur, une délocalisation, la fermeture d’une caserne ou d’un hôpital… </p>
<p>La France en compte une quantité difficile à chiffrer (de l’ordre de 150 000 ha de sites potentiellement en friches selon l’Ademe) et en <a href="https://www.adu-lille-metropole.org/productions/une-approche-renouvelee-des-lieux-vacants-dans-la-metropole-lilloise/">constant renouvellement</a>, sur l’ensemble du territoire même si certaines régions historiquement industrielles, comme le croissant Nord-Est, l’Auvergne-Rhône-Alpes ou l’Île-de-France, en abrite davantage que d’autres.</p>
<p>Au premier abord, la reconversion paraît tomber sous le sens, mais c’est rarement l’option favorisée par les acteurs en quête d’un site pour leur projet, car elle implique de coûteux travaux de remise en état du site. À y regarder de plus près, pourtant, la réhabilitation des friches peut apporter bien d’autres bénéfices, comme l’a mis en évidence l’Ademe.</p>
<h2>Une dépollution qui varie en fonction de l’usage</h2>
<p>Pour le comprendre, précisons d’abord ce que signifie la remise en état d’une friche : il peut s’agir d’une part, en cas de bâtiments présents sur le site en question, de déconstruction voire de désamiantage au préalable. Puis, de dépollution des sols.</p>
<p>Or celles-ci diffèrent selon l’usage auquel la collectivité ou l’acteur privé concerné souhaite destiner le lieu (logement, commerces, parcs, centrale photovoltaïque…). En France, on adopte en effet une logique d’évaluation des risques, c’est-à-dire que le degré de dépollution dépend des risques sanitaires associés à ce que l’on fera du lieu. Un site dédié au logement, dans lequel le temps d’exposition d’enfants ou de personnes âgées est très important, impliquera une dépollution forcément plus poussée qu’un site transformé en un simple espace vert.</p>
<p>Certaines zones particulièrement chargées en polluants exigeront par ailleurs une décontamination systématique indépendamment de l’objectif poursuivi.</p>
<h2>Mille et une méthodes pour dépolluer les sols</h2>
<p>En quoi consiste alors ces méthodes si coûteuses – la dépense est très variable mais est estimée, en moyenne, <a href="https://librairie.ademe.fr/sols-pollues/2424-reconversion-des-friches-polluees-au-service-du-renouvellement-urbain-enseignements-technico-economiques.html">à 360 000 euros par hectare</a>, actualisation prévue à la rentrée 2022)— qui freinent parfois les projets de reconversion ?</p>
<p>Notons en premier lieu que tous les sols sont dépolluables, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils retrouveront leur état initial. Il existe différentes techniques pour mener le processus, adaptées à la variété de polluants que l’on peut rencontrer : pour des polluants volatils comme le carburant (par exemple dans une ancienne station-service) ou les solvants (par exemple dans une ancienne blanchisserie ou industrie textile), il « suffira » de nettoyer le sol directement en place, sans excavation, en y injectant de l’air afin d’entraîner les polluants, le filtrer afin rejet à l’atmosphère pour les récupérer. Plusieurs variables peuvent entrer en jeu : si la pollution est trop accrochée, il sera par exemple nécessaire de chauffer le flux d’air.</p>
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<p>D’autres techniques consistent à stimuler les bactéries présentes dans le sol, c’est-à-dire les organismes qui ont résisté ou se sont développées à la suite de la contamination. Les identifier puis les booster permettra de dégrader la pollution – c’est une méthode qui fonctionne notamment avec les hydrocarbures (carburants ou huiles légères). Dans certains cas, l’excavation de la terre avant traitement sur place sera quand même nécessaire.</p>
<h2>Des bénéfices économiques à moyen et long terme</h2>
<p>Le coût initial de telles opérations est incontestablement susceptible de générer à court terme un déficit économique. En théorie, une entreprise très polluante qui quitte volontairement un lieu est censée se charger de la remise en état du site, mais ce n’est pas le cas d’activités moins contaminantes. Et il existe des cas complexes, où la pollution s’accumule depuis des siècles, rendant difficile l’imputation à une seule société de tout le passif des lieux. Ou alors dans les cas de faillite.</p>
<p>À plus long terme toutefois, la remise en état d’une friche peut s’avérer génératrice de nombreuses externalités positives, comme l’a mis en évidence l’Ademe à travers Bénéfriches : fruit d’un travail de longue haleine sur le sujet, cet outil vise à orienter les acteurs dans leurs choix d’aménagement, notamment face au dilemme entre le renouvellement et l’extension urbaine en <a href="https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/3772-evaluer-les-benefices-socio-economiques-de-la-reconversion-de-friches-pour-lutter-contre-l-artificialisation-outil-benefriches.html">comptabilisant les avantages et les inconvénients de chaque option et d’en tirer un bilan</a>).</p>
<p>Prenons l’aspect économique dans un premier temps : si l’investissement initial est conséquent, l’option de la réhabilitation aura souvent des retombées à moyen ou long terme : il est par exemple susceptible d’améliorer l’attractivité d’un lieu, de recréer des centralités au cœur des villes et donc d’en améliorer le cadre de vie. Les riverains d’une friche réhabilitée pourront ainsi voir dans bien des cas leurs logements revalorisés. Elle peut également générer des économies en infrastructures : en cas d’extension urbaine, connecter le nouveau quartier à la ville impliquera de recréer des routes, des trottoirs, de tirer des réseaux d’électricité et d’eau. Et de les entretenir pendant des dizaines d’années. Pour les usagers et les habitants, le coût des déplacements sera lui aussi minimisé.</p>
<p>Ainsi, à Sevran, en Île-de-France, où la ville a converti la friche industrielle Kodak en parc paysager à haute valeur écologique, le calculateur évalue les bénéfices nets socio-économiques à 23,6 millions d’euros, dont 90 % reviennent aux riverains qui voient leur qualité de vie mais également la valeur de leur bien immobilier augmenter.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/frqCTramRdM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Nature 2050 | Le projet de la Friche Kodak à Sevran (CDC Biodiversité, le 4 mars 2021).</span></figcaption>
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<p>Un autre aspect est à considérer dans la décision : un projet qui exige par son usage moins de dépollution, donc un investissement moins important, n’est pas forcément intéressant à plus long terme, car il générera moins de recettes. Prenons le cas de l’espace vert, par rapport aux logements ou aux commerces. Les projets proposant des usages mixtes peuvent donc s’avérer plus intéressants.</p>
<h2>Bénéfices socioenvironnementaux</h2>
<p>Les atouts de la réhabilitation ne se mesurent toutefois pas qu’à l’aune d’indicateurs économiques : Bénéfriches tient également compte des impacts en matière d’intérêt général. Préserver une surface agricole, c’est maintenir du carbone dans les sols et la capacité à en stocker à long terme. Recréer des espaces en nature en ville peut permettre de restaurer des fonctions écologiques du sol ou encore reconstituer des corridors écologiques. Éviter des déplacements en voiture entraîne une réduction des émissions des gaz à effet de serre et donc une atténuation du changement climatique. Sans parler des bénéfices sur la santé qu’aura la présence d’espaces verts en centre-ville, par exemple.</p>
<p>Toujours dans le cas de la friche de Sevran, l’outil a également mis en évidence l’amélioration de la qualité de l’air, la création d’un îlot de fraîcheur et la préservation de la biodiversité… Tous ces effets paraissent relever du simple « bon sens », mais l’objectif poursuivi par Bénéfriches est de les mesurer, pour un projet donné, en se fondant sur des études qui font consensus. Et l’outil est applicable à tout projet de renouvellement urbain portant sur la densification ou la reconversion de friches.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182101/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Chateau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La dépollution et le réinvestissement de friches urbaines apparaissent au premier abord plus chers que l’extension urbaine. Mais ce n’est pas forcément le cas à long terme.Laurent Chateau, Coordinateur friches, Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1833172022-05-19T19:27:14Z2022-05-19T19:27:14ZDix circonstances qui mènent à une nouvelle pandémie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/463765/original/file-20220517-20211-sg6kvl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=67%2C11%2C7409%2C3161&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La population humaine, en pleine croissance, est sous la menace de pandémies de nature inédite du fait même de son développement incontrôlé.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/blurred-crowd-unrecognizable-street-1652886169">Aleksandr Ozerov / Shutterstock </a></span></figcaption></figure><p>Épidémies et pandémies ne sont, malheureusement, pas nouvelles. Un simple coup d’œil à l’histoire de l’humanité suffit à montrer que la lutte de notre espèce contre les maladies infectieuses a été constante. Sans parler du récent Covid, la peste noire, le choléra, la tuberculose, la grippe, la typhoïde ou la variole ne sont que quelques exemples de celles qui ont laissé des traces indélébiles…</p>
<p>Chaque maladie nécessite une action spécifique et la mise en œuvre de différents mécanismes de prévention, de réponse et de traitement. C’est pourquoi il est essentiel d’identifier les origines et les modes d’apparition des agents pathogènes.</p>
<p>À cet égard, environ 60 % des maladies infectieuses émergentes signalées <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4230840/">dans le monde sont des zoonoses</a> (qui sont transmises entre les animaux et les humains). On estime qu’environ un milliard de personnes dans le monde tombent malades et que des millions meurent chaque année à la suite d’événements zoonotiques. Et sur plus de 30 nouveaux agents pathogènes humains détectés au cours des dernières décennies, 75 % <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5960580/">ont pour origine des animaux</a>.</p>
<p>L’émergence récente de plusieurs zoonoses – grippe aviaire H5N1, grippe aviaire H7N9, VIH, Zika, virus du Nil occidental, syndrome respiratoire aigu sévère (SARS), syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), Ebola ou Covid-19 (SARS-CoV-2) enter autres – a fait peser de graves menaces sur la santé humaine et le développement économique mondial.</p>
<p>Elles sont généralement imprévisibles, car beaucoup ont pour origine des animaux et sont causées par de nouveaux virus qui ne sont détectés qu’après coup. Cependant, il existe au moins dix facteurs dont nous savons déjà avec certitude qu’ils sont liés à l’émergence d’une future épidémie ou pandémie. Les voici réunis et expliqués ci-dessous.</p>
<h2>1. Guerres et famines</h2>
<p>Les préjudices causés par la guerre sont évidemment nombreux et complexes : les morts, les blessures et les déplacements massifs de populations pour fuir les combats sont les plus évidents. Mais l’émergence d’épidémies infectieuses est également étroitement liée aux conflits.</p>
<p>En 2006, des <a href="https://theconversation.com/pour-vaincre-le-cholera-il-faut-surtout-un-reseau-deau-potable-decent-104893">épidémies de choléra</a> ont été signalées dans 33 pays africains, dont 88 % dans des pays touchés par des conflits. Ces dernières années, plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique ont connu des épidémies infectieuses comme conséquence directe de la guerre, exacerbées par les pénuries de nourriture et d’eau, les déplacements et les dommages causés aux <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/19/10783">infrastructures et aux services de santé</a>.</p>
<h2>2. Changement d’affectation des terres</h2>
<p>Le changement d’affectation des sols est une modification majeure de l’écosystème directement induite par les populations humaines. Les conséquences sont très larges.</p>
<p>Ces altérations peuvent en effet affecter la diversité, l’abondance et la distribution des animaux sauvages et les rendre plus sensibles aux infections par des agents pathogènes. En outre, en créant de nouvelles possibilités de contact, ils facilitent la circulation et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29466832/">propagation des pathogènes entre les espèces</a>, ce qui peut au final conduire à une infection humaine.</p>
<p><strong>3. Déforestation</strong></p>
<p>Par la déforestation et la fragmentation des forêts, nous favorisons l’extinction des espèces spécialistes de ces habitats et le développement, l’installation d’espèces plus généralistes. Certaines <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25392474/">espèces sauvages qui sont les hôtes d’agents pathogènes</a>, en particulier les chauves-souris et d’autres espèces de mammifères comme les rongeurs, sont relativement plus abondantes dans les paysages ainsi transformés, tels que les écosystèmes agricoles et les zones urbaines, que dans les sites adjacents non perturbés.</p>
<p>L’établissement de pâturages, de plantations ou d’exploitations d’élevage intensif à proximité des lisières forestières peut également <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3223631/">accroître le flux d’agents pathogènes de la faune sauvage vers l’homme</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=193&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=193&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=193&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=242&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=242&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462441/original/file-20220511-12-mlmrt3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=242&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Zone déboisée de l’Amazonie brésilienne.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/area-illegal-deforestation-vegetation-native-brazilian-1156323865">Tarcisio Schnaider/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>4. urbanisation et croissance démographique incontrôlées</h2>
<p>L’évolution de la taille et de la densité de la population par l’urbanisation affecte là encore la <a href="https://theconversation.com/laugmentation-de-la-population-mondiale-responsable-des-crises-sanitaires-174983">dynamique des maladies infectieuses</a>. Par exemple, la grippe tend à présenter des épidémies qui persistent davantage <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aat6030">dans les régions urbaines plus peuplées et plus denses</a>.</p>
<h2>5. Le changement climatique</h2>
<p>Le changement climatique augmente le risque de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412015300489">transmission virale inter-espèces</a>. De nombreuses espèces de virus sont encore inconnues, mais sont susceptibles d’avoir la capacité d’infecter notre espèce. Heureusement, la grande majorité d’entre elles circulent actuellement de manière silencieuse chez les mammifères sauvages.</p>
<p>Toutefois, la hausse des températures attendue avec le changement climatique entraînera des migrations massives d’animaux à la recherche de conditions environnementales plus douces, ce qui facilitera l’émergence de « points chauds de biodiversité » (zone biogéographique menacée comptant au minimum 1500 espèces végétales et animales endémiques). S’ils atteignent des zones à forte densité de population humaine, principalement en Asie et en Afrique, de nouvelles possibilités de propagation zoonotique à l’homme apparaîtront.</p>
<p>Selon des prévisions récentes fondées sur des scénarios de changement climatique, d’ici 2070, la transmission de virus entre espèces <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-022-04788-w">sera multipliée par 4 000 environ</a>.</p>
<h2>6. Mondialisation</h2>
<p>La mondialisation a facilité la propagation de nombreux agents infectieux aux quatre coins du monde.</p>
<p>La transmission des maladies infectieuses est le meilleur exemple de la porosité croissante des frontières. La mondialisation et la connectivité accrue <a href="https://theconversation.com/pour-arreter-le-variant-omicron-fermer-les-frontieres-nest-pas-la-solution-172746">accélèrent l’émergence potentielle d’une pandémie</a>, et sa diffusion rapide, en raison du mouvement constant des micro-organismes par le biais du <a href="https://globalizationandhealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12992-021-00677-5">commerce et des transports internationaux</a>.</p>
<h2>7. Chasse, commerce et consommation de viande de brousse</h2>
<p>La transmission des zoonoses peut se produire à n’importe quel point de la chaîne d’approvisionnement en viande de brousse, de la chasse en forêt au lieu de consommation. Les pathogènes qui ont été transmis à l’humain à partir de la viande de brousse sont nombreux et comprennent, entre autres, le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7123567/">VIH, le virus Ebola, le virus simien spumeux et le virus de la variole du singe</a>…</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2649%2C1923&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2649%2C1923&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462440/original/file-20220511-25-ggpviy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une vue du marché de Tomohon en Indonésie, où les animaux sauvages sont échangés pour la consommation.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/tomohon-indonesia-snake-stall-extreme-market-1609828087">Sony Herdiana/Shutterstock</a></span>
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<h2>8. Trafic illégal d’espèces et marchés d’animaux sauvages</h2>
<p>Un écosystème présentant une grande richesse en espèces réduit le taux de rencontre entre les individus sensibles et infectieux, ce qui diminue la probabilité de transmission des agents pathogènes. À l’inverse, les marchés d’animaux vivants et autres enclos cachés du commerce illégal sont des lieux où les espèces les plus diverses sont entassées dans des cages surpeuplées.</p>
<p>Dans ces conditions, non seulement ils partagent le même espace malsain et contre nature, mais aussi les ectoparasites et les endoparasites vecteurs de maladies. Les animaux saignent, bavent, défèquent et urinent les uns sur les autres : ce qui entraîne l’échange de micro-organismes pathogènes et de parasites, forçant ainsi des <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(21)00112-1/fulltext">interactions entre espèces qui n’auraient jamais dû se produire</a>.</p>
<h2>9. Évolution microbienne</h2>
<p>Les micro-organismes évoluent constamment, naturellement et en réponse aux pressions de sélection directes et indirectes de leur environnement. Un exemple bien établi est celui des virus de la grippe A, dont le réservoir ancestral est le gibier d’eau, à partir duquel ils ont réussi à infecter d’autres types d’animaux.</p>
<p>Le développement mondial de nombreux types de résistance aux antimicrobiens chez les <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance">agents pathogènes humains courants</a> est une démonstration claire de l’énorme capacité des micro-organismes à s’adapter rapidement.</p>
<h2>10. Effondrement des systèmes de santé publique</h2>
<p>Au cours des dernières décennies, dans de nombreux pays, on a assisté à un retrait progressif du soutien financier aux systèmes de santé publique.</p>
<p>Cela a décimé l’infrastructure essentielle nécessaire pour faire face aux épidémies soudaines. L’émergence récente et rapide de nouvelles menaces de maladies infectieuses, telles que le Covid-19, associée à la résurgence de maladies plus anciennes, comme la rougeole et la tuberculose, a des <a href="https://www.bmj.com/content/375/bmj.n2374">implications importantes pour les systèmes de santé publique mondiaux</a>.</p>
<p>Nous devons être conscients que la préparation à d’éventuelles épidémies et pandémies futures nécessite une étude approfondie et consciencieuse des facteurs potentiels qui facilitent l’émergence des maladies infectieuses. Une analyse minutieuse et critique permettra de concevoir de futures stratégies de prévision et de prévention.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183317/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raúl Rivas González no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.</span></em></p>Dix facteurs entraînent, historiquement, de nouvelles pandémies. Voici comment guerre, déforestation ou trafic illégal d’espèces protégées par exemple mettent en danger la santé mondiale.Raúl Rivas González, Catedrático de Microbiología, Universidad de SalamancaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1817312022-05-02T19:06:14Z2022-05-02T19:06:14ZObjectif ZAN : comment tenir les comptes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/460788/original/file-20220502-22-pepqrx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1536&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les parcs urbains sont-ils des espaces artificiels ou non ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/97758145@N08/15565450385">William Chevillon/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Pendant la campagne présidentielle, un <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/les-communes-touristiques-appellent-adapter-lapplication-du-zan">collectif d’élus publiait un « manifeste aux candidats »</a>, appelant notamment à « adapter l’application du <a href="https://theconversation.com/zero-artificialisation-nette-des-sols-le-dernier-rendez-vous-manque-de-nicolas-hulot-101540">Zéro Artificialisation Nette</a> » (ou ZAN) pour relancer durablement le tourisme dans leurs territoires.</p>
<p>Cet appel témoigne à nouveau de l’inquiétude que génère cet objectif national (qui implique de renaturaliser autant d’espace que ceux artificialisés à l’échelle nationale) auprès des collectivités.</p>
<h2>Les enjeux du ZAN</h2>
<p>Pourtant, le ZAN semble à première vue une avancée majeure dans la prise en compte des enjeux écologiques dans l’aménagement des territoires. En effet, la perte et la fragmentation des habitats naturels sont désormais reconnues comme le <a href="https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf">principal facteur de l’effondrement de la biodiversité</a>. L’étalement urbain et l’intensification des usages des sols ont en outre des effets négatifs en termes climatique, social et économique.</p>
<p>En France, ce sont entre <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/artificialisation-des-sols">20 et 30 000 hectares</a> d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) qui disparaissent chaque année en raison de l’étalement urbain, y compris dans les <a href="https://www.iddri.org/sites/default/files/PDF/Publications/Catalogue%20Iddri/D%C3%A9cryptage/201902-IB0219-AC%20artificialisation%20France_0.pdf">zones en décroissance démographique</a>. Si l’on considère plus largement l’ensemble de l’occupation intensive de l’espace par des activités humaines, <a href="https://naturefrance.fr/indicateurs/part-du-territoire-occupe-par-les-ecosystemes-peu-anthropises">c’est près de 47 % du territoire national qui peut être considéré comme anthropisé</a>.</p>
<p>Si la régulation de la consommation foncière a progressivement été prise en charge par les lois relatives à l’urbanisme, la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000043957221">loi Climat et Résilience de 2021</a> a pour atout d’articuler la nécessité de maîtrise de l’artificialisation avec la conservation de la biodiversité. Elle définit ainsi l’artificialisation en prenant en compte les fonctions écologiques réalisées par les sols (<a href="https://theconversation.com/la-biodiversite-des-sols-nous-protege-protegeons-la-aussi-88538">essentielles au maintien de la biodiversité</a>), et fixe l’objectif ZAN à l’horizon 2050.</p>
<p>Toutefois, les effets d’une loi dépendent fortement de ses modalités d’application. C’est notamment par décret en Conseil d’État que devra (à une échéance pour l’heure inconnue) être fixée « la nomenclature des sols artificialisés ainsi que l’échelle à laquelle l’artificialisation des sols doit être appréciée dans les documents de planification et d’urbanisme ».</p>
<h2>Comment va-t-on comptabiliser l’artificialisation ?</h2>
<p>La méthode de calcul de l’artificialisation est un enjeu crucial, car il détermine le niveau d’ambition de la politique. Justement, le <a href="http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/logl2201338d_projet-decret-nomenclature_zan.pdf">projet de décret relatif à cette nomenclature</a> a été soumis à consultation du public en mars 2022.</p>
<p>On y apprend que l’artificialisation sera comptabilisée au niveau des documents de planification et d’urbanisme et qu’elle se limite aux espaces terrestres. Sur le plan technique, les comptes seront tenus à partir de 2031 grâce à « l’occupation des sols à grande échelle » (<a href="https://artificialisation.developpement-durable.gouv.fr/bases-donnees/ocs-ge">OCSGE</a>), une base de données de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) qui s’appuie sur un modèle séparant la couverture du sol et son usage.</p>
<p>Ces données, en cours de production, présenteront l’avantage d’être spatialement précises (dès 200m<sup>2</sup> pour les zones bâties et 2500 m<sup>2</sup> pour les objets situés hors zone construite) et régulièrement mises à jour, un bon compromis pour suivre les évolutions à l’échelle des documents d’urbanisme.</p>
<p>Ce système de suivi de l’occupation du sol permet de distinguer 14 types de couvertures (des zones imperméables bâties aux formations arborées de feuillus) et 17 catégories d’usage des sols (par exemple des usages agricoles, routiers ou de service logistique). Le choix de classer les catégories en « artificiel » ou « non artificiel » est ensuite le fruit du croisement entre la couche de couverture et celle des usages… mais aussi de négociations politiques.</p>
<h2>Les espaces verts urbains, naturels ou artificialisés ?</h2>
<p>Par exemple, dans le projet de décret, les espaces verts non arborés à usage urbain (qui comprennent notamment les espaces de pelouses des parcs urbains, mais aussi les terrains sportifs en herbe) sont considérés comme artificiels.</p>
<p>On peut alors légitimement se demander si ce choix ne découragerait pas les initiatives favorisant la nature en ville. Si déconstruire un espace bétonné (comme un parking) pour y installer un jardin urbain n’est pas compté comme une désartificialisation dans le bilan du ZAN, pourquoi les collectivités s’engageraient dans cette voie ?</p>
<p>Cette ambiguïté s’explique notamment par les limites de l’OCSGE. Les végétations non arborées sont décrites en deux postes : les « formations herbacées » et les « autres formations non ligneuses » (qui englobent les espaces à végétation plus haute mais dépourvus d’arbres). Les données du modèle de couverture de l’OCSGE ne distinguent pas le caractère plus ou moins naturel de ces espaces. Par exemple, un stade sportif en herbe sera interprété comme un espace de végétation herbacée. Considérera-t-on pour autant que la transformation d’un parking en un terrain de football est une action de désartificialisation ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Carte aérienne dont les terrains correspondant aux différents espaces sont mis en couleurs ; la carte de gauche est presque entièrement colorée, celle de droite l’est presque deux fois moins" src="https://images.theconversation.com/files/460018/original/file-20220427-16-d063l7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460018/original/file-20220427-16-d063l7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460018/original/file-20220427-16-d063l7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460018/original/file-20220427-16-d063l7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460018/original/file-20220427-16-d063l7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460018/original/file-20220427-16-d063l7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460018/original/file-20220427-16-d063l7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le jeu de données du SCOT du bassin d’Arcachon permet de tester différents scénarios. À gauche, les espaces végétalisés non arborés à usage urbain sont comptés comme artificialisés. À droite, ils sont exclus. Ce choix a une incidence forte sur les objectifs de réduction de l’artificialisation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Brian Padilla et collègues/MNHN</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le choix de classer les espaces verts non arborés à usage urbain parmi les espaces artificialisés rappelle également que, selon leur intégration dans les trames écologiques et leurs modalités de gestion, les <a href="https://sciencepress.mnhn.fr/sites/default/files/articles/hd/naturae2020a10pdfa_0.pdf">espaces verts urbains ne sont pas toujours favorables à la biodiversité</a>.</p>
<h2>Les carrières, espaces non artificialisés ?</h2>
<p>Le projet de décret propose un choix bien plus surprenant : les surfaces correspondant aux activités de carrières seraient considérées comme non artificialisées. Pourtant, quel que soit le type d’exploitation, ces activités impliquent généralement un <a href="https://www.unpg.fr/accueil/nos-activites/comment-sont-ils-produits/les-carrieres-terrestres/">décapage des terres de couverture pour extraire le gisement</a>.</p>
<p>La durée des exploitations dure le plus souvent entre 20 et 30 ans, mais de nombreuses exploitations sont prolongées bien au-delà, parfois jusqu’à plus de 100 ans. Pendant toute cette période, les fonctions des sols sont réduites au minimum, si bien qu’il semble inconcevable que ces surfaces ne soient pas considérées comme artificialisées au regard de la loi.</p>
<p>D’autant plus qu’au total, ce sont près de <a href="https://www.mineralinfo.fr/fr/ressources-minerales-france-gestion/carrieres-france">3 300 carrières représentant environ 110 000 ha de surface au sol qui sont concernées</a>. Une enveloppe confortable à déduire des objectifs ambitieux de la loi si le projet de décret demeure en l’état.</p>
<h2>Le risque de la simplicité : se tromper d’objectif</h2>
<p>Pour atteindre le ZAN, il est nécessaire de tenir les comptes : quels espaces ont été artificialisés, lesquels ont été au contraire restaurés en faveur de la biodiversité ?</p>
<p>Disposer de données à l’échelle nationale est un atout pour mieux territorialiser cet objectif ambitieux, mais il faut être conscient des limites imposées par l’exercice : les modèles décrivant la couverture et les usages du sol progresseront avec le temps.</p>
<p>Les outils à disposition offrent toutefois des options qu’il faut considérer. Il serait par exemple pertinent de ne plus compter uniquement en termes de surface, mais d’associer un coefficient d’artificialisation à chacune des catégories, de manière à rendre compte de l’intensité de l’artificialisation et de la fonctionnalité des sols concernés. Le caractère artificiel ne serait alors plus dichotomique, mais suivrait un gradient. Cela pourrait par exemple donner un poids plus important dans les comptes du ZAN aux espaces fortement imperméabilisés (des zones bâties) par rapport aux espaces verts urbains.</p>
<p>Si la simplicité d’une approche binaire et surfacique a ses vertus, elle se heurte à un écueil majeur : la biodiversité est un objet complexe. Alors que l’objectif du ZAN vise à enrayer son effondrement, une mise en garde s’impose : à trop simplifier, on peut atteindre le ZAN sur le plan comptable en oubliant, de nouveau, de préserver les espaces favorables au vivant.</p>
<hr>
<p><em>Les décrets attendus ont finalement été adoptés par le Conseil d’État le vendredi 29 avril 2022, après la rédaction de cet article. Les choix discutés ici ont été fixés : les espaces verts urbains non arborés sont classés comme sols artificialisés, alors que les carrières en exploitation le sont comme non artificialisées.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181731/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Brian Padilla a reçu des financements du MTES/FRB dans le cadre du programme ITTECOP. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Fanny Guillet a reçu des financements du MTES/FRB dans le cadre du programme ITTECOP</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Salomée Gelot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le plan Zero Artificialisation Nette vise à renaturaliser un espace pour chaque espace artificialisé. Mais la détermination artificiel ou non-artificiel fait encore débat.Brian Padilla, Ingénieur recherche et expertise en écologie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Fanny Guillet, sociologue, chargée de recherche au CNRS, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Salomée Gelot, Recherche et expertise dans le cadre de la séquence ERC et le ZAN, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1759342022-02-28T19:33:27Z2022-02-28T19:33:27ZPourquoi il est si important de préserver la santé de nos sols<p>Nous n’en sommes pas forcément conscients, mais le sol est avant tout un milieu vivant, qui contient plus d’un quart des espèces animales et végétales connues sur notre planète. </p>
<p>Chaque mètre carré abrite des milliers d’animaux invertébrés tels que les vers de terre ou les fourmis, plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers d’espèces de champignons et de bactéries. Ce sont plus de 115 000 espèces de bactéries qui ont été identifiées grâce à leur ADN dans les sols de France (voir l’<a href="https://leclub-biotope.com/fr/librairie-naturaliste/1076-atlas-francais-des-bacteries-du-sol">Atlas français des bactéries du sol</a>).</p>
<p>La vie de ces écosystèmes est l’assurance d’un sol en bonne santé, qui assure des fonctions essentielles pour produire notre alimentation, lutter contre le changement climatique, limiter les inondations, réduire les pollutions, etc. Selon le <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/4/2020/06/SRCCL_SPM_fr.pdf">rapport spécial du GIEC « Changement climatique et terres émergées »</a>, les trois quarts de la surface des terres subissent pourtant l’exploitation ou l’occupation des humains, quand un quart est déjà considéré comme dégradé.</p>
<p>Préserver la biodiversité des sols agricoles et forestiers, mais aussi réhabiliter <a href="https://theconversation.com/le-sol-urbain-un-sol-fertile-a-rouen-des-etudiants-les-mains-dans-la-terre-163037">les sols urbains</a> aujourd’hui, c’est améliorer la capacité de nos sociétés à faire face à l’avenir. Cela implique en matière d’agriculture des changements de pratiques, notamment en « ré-alimentant » le sol en matières organiques et en diversifiant les cultures. <a href="https://theconversation.com/il-y-a-de-la-vie-dans-nos-sols-urbains-104649">En ville</a>, il s’agit de désimperméabiliser et de reconstituer des sols « sains » par des approches de génie pédologique et écologique.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1103391532109971459"}"></div></p>
<h2>Fonctions et services d’un sol en bonne santé</h2>
<p>Par sols « sains », on entend principalement des sols qui abritent une diversité d’organismes contribuant à sa fertilité, qui ne polluent pas leur environnement et qui sont riches en matières organiques. Les sols peuvent dans ces conditions remplir correctement leurs différentes fonctions écologiques.</p>
<p>Parmi les sept grandes fonctions que recensent les scientifiques, on peut citer par exemple la rétention, la circulation et l’infiltration de l’eau ou encore la rétention et la fourniture des nutriments aux végétaux, fonctions essentielles au maintien des écosystèmes et de leur capacité d’adaptation aux changements climatiques.</p>
<p>Ces fonctions sont <a href="https://theconversation.com/la-biodiversite-des-sols-nous-protege-protegeons-la-aussi-88538">aussi indispensables à l’humain</a> pour répondre à ses besoins fondamentaux. On parle ainsi de « services écosystémiques » rendus par les sols.</p>
<p>Des sols en bon état constituent en effet la première condition à la production de notre alimentation et à notre qualité de vie : ils apportent les nutriments et abritent les organismes grâce auxquels pousse notre nourriture – en limitant également maladies et ravageurs – ils contribuent à la régulation de la qualité de l’eau que l’on consomme, du climat local et global que l’on supporte – notamment en stockant 2 à 3 fois plus de carbone que l’atmosphère.</p>
<p>Tous ces formidables services et fonctions sont intimement liés et donnent à voir un sol vivant et dynamique essentiel à protéger.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1335177096805531649"}"></div></p>
<h2>Les menaces qui pèsent sur les sols</h2>
<p>Malgré son rôle majeur, le sol constitue pourtant une ressource non renouvelable à l’échelle de la vie humaine et subit de nombreuses pressions, pour beaucoup provoquées par les activités humaines – il faut 200 à plusieurs milliers d’années pour former 1 cm de sol.</p>
<p>Imperméabilisation, tassement engendré par la mécanisation des activités agricoles et forestières, excavation, pollutions par les pesticides, les produits chimiques et les plastiques, érosion liée à la déforestation… Ces dégradations sont le fruit de pressions nombreuses et croissantes : urbanisation galopante, demande alimentaire exponentielle ou développement des usages de la biomasse en alternative aux ressources fossiles.</p>
<p>Enfin, le réchauffement climatique en lui-même, notamment induit par le destockage de carbone dans les sols provoqués par les activités humaines, a également des effets néfastes sur les sols : les fortes précipitations qui s’intensifient dans ce contexte de changement climatique contribuent en particulier à leur érosion.</p>
<p>Résultat, chaque heure, <a href="https://www.fao.org/documents/card/fr/c/0937bd3d-dedd-43d6-956b-b804850a0ee7/">11 hectares de sols disparaissent en Europe</a> du fait de l’expansion urbaine – la France en tête. Avec pour conséquence une perte de biodiversité non sans impact sur la chaîne alimentaire, des eaux polluées, des sols moins fertiles et la multiplication des inondations et des glissements de terrain.</p>
<h2>Une prise de conscience européenne</h2>
<p>Pour faire face à cet enjeu, l’Union européenne s’est dotée d’une <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/qanda_21_5917">stratégie pour la protection des sols à l’horizon 2030</a>, dont les déclinaisons législatives devraient permettre d’offrir un cadre juridique aux sols à l’échelle de l’Union européenne au même titre que l’air, l’eau et l’environnement marin.</p>
<p>En France, la récente <a href="https://www.vie-publique.fr/eclairage/281953-loi-climat-et-resilience-des-avancees-et-des-limites#:%7E:text=La%20loi%20du%2022%20ao%C3%BBt,et%20de%20l%E2%80%99%C3%A9conomie%20fran%C3%A7aises.">loi « climat et résilience » du 22 août 2021</a> vient déjà renforcer ce besoin d’indicateurs opérationnels de suivi des fonctions écologiques (hydriques, climatiques, biologiques) et du potentiel agronomique des sols en inscrivant dans la loi l’objectif de Zéro artificialisation nette à l’horizon 2050 et la nécessité de suivre sa mise en œuvre.</p>
<p>Outre la préservation des espaces naturels et des sols forestiers, deux grands chantiers sont à mener : la restauration des sols agricoles dégradés et la réhabilitation des sols urbains artificialisés.</p>
<h2>Restaurer les sols agricoles dégradés</h2>
<p>En ce qui concerne l’agriculture, l’augmentation de la teneur en matière organique constitue un levier majeur pour améliorer la santé des sols. Si cette teneur varie en fonction de nombreux facteurs et notamment du climat, plusieurs pratiques vertueuses contribuent à la préserver : la présence de prairies permanentes ou temporaires, le retour au sol d’une partie des résidus de cultures, la réduction des périodes de sol nu par l’introduction de couverts végétaux, l’apport de produits résiduaires organiques tels que du compost ou des déjections animales, des aménagements de luttes contre l’érosion des sols comme les haies ou encore l’agroforesterie.</p>
<p>Bien sûr, la restriction aux stricts besoins des suppléments minéraux dans les élevages et des apports en pesticides et en engrais, et enfin le choix d’engrais phosphatés moins riches en cadmium permettent de leur côté de diminuer la contamination des sols agricoles.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1412682521578508290"}"></div></p>
<p>Au-delà des forêts et de l’agriculture, la gestion des jardins publics et privés doit elle aussi évoluer. Les jardins urbains s’avèrent ainsi souvent plus pollués que les sols agricoles ou ruraux : avec le développement des potagers, le risque de transfert dans la chaîne alimentaire doit être pris en compte.</p>
<p>Pour limiter la contamination des sols, il est important de sensibiliser les usagers à être vigilants au choix des parcelles cultivées d’une part, et d’autre part à éviter des fertilisants nocifs et à limiter l’usage des produits de protection des plantes, même bio.</p>
<h2>Réhabiliter des sols urbains dégradés</h2>
<p>Quand on évoque les sols urbains, il existe une grande diversité de situations, avec des sols plus ou moins dégradés car ils sont souvent déstructurés et tassés, ce qui déséquilibre leur composition en éléments minéraux et matière organique, et contiennent des polluants variés, qui affectent la biodiversité et le fonctionnement biologique des sols.</p>
<p>Des solutions techniques existent permettant de maintenir, voire restaurer, les fonctions écologiques des sols, notamment via des opérations de dépollution. Il s’agit de recréer des sols fertiles à partir de techniques de génie pédologique (construction ou reconstruction des horizons du sol – on parle aussi de « biotechnosols ») et/ou génie écologique (travail du sol et apport de plantes et micro-organismes).</p>
<p>D’autres solutions sont fondées sur des techniques de bioremédiation (phytomanagement, biodégradation, bio-immobilisation). Cela regroupe un ensemble de méthodes qui consistent à utiliser des micro-organismes, des champignons, des plantes ou des enzymes qui en dérivent pour réduire les teneurs en polluants dans un sol et conduire à une innocuité environnementale.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1377153709956689925"}"></div></p>
<h2>Promouvoir un développement urbain durable</h2>
<p>Au-delà de la restauration des sols agricoles et de la réhabilitation des sols urbains, différentes pistes sont envisageables pour promouvoir un développement urbain plus durable. Il est par exemple possible de réinvestir et de densifier les zones déjà bâties ou imperméabilisées, de concevoir des architectures urbaines économes en espace ou de prévoir des modes de gestion différenciée en recréant des espaces verts afin de favoriser les continuités écologiques et lutter contre les îlots de chaleur urbains ou encore limiter les inondations.</p>
<p>Dans un contexte de <a href="https://theconversation.com/limiter-lartificialisation-des-sols-pour-eviter-une-dette-ecologique-se-chiffrant-en-dizaines-de-milliards-deuros-166073">maîtrise de l’artificialisation</a> des sols et de tensions sur leur usage, la reconversion des friches urbaines constitue un véritable enjeu pour l’aménagement urbain durable basé sur une offre de logements adaptée aux besoins, éviter son étalement, maintenir son attractivité et permettre une adaptation aux changements climatiques. </p>
<p>Ces sites représentent en effet de réelles opportunités pour inscrire ces zones dans une trajectoire de sobriété et de résilience nécessaire à l’atteinte de l’objectif de zéro artificialisation nette inscrit dans la loi climat et résilience d’août 2021.</p>
<p>En tenant compte toutefois en amont de la pollution des milieux (eau, sol et air) impliquant la mise en place de projets de réhabilitation pour l’intégration d’espaces de nature et pour être en mesure de rendre des services écosystémiques en milieu urbain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175934/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Préserver la biodiversité des sols agricoles et forestiers, mais aussi réhabiliter les sols urbains, c’est améliorer la capacité de nos sociétés à faire face à l’avenir.Antoine Pierart, Ingénieur sols et prospective, Ademe (Agence de la transition écologique)Cécile Grand, Chef de projets sols et sites pollués, Ademe (Agence de la transition écologique)Thomas Eglin, Animateur thématique « biodiversité, sol et paysage », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1770142022-02-24T14:55:11Z2022-02-24T14:55:11ZPour favoriser la mixité sociale, il faut construire des écoles dans les centres-villes. Mais différemment<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447070/original/file-20220217-15-x7j0x3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2429%2C3246&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Spruce Street School, à New York, forme le socle d’un immeuble de 265 mètres qui compte 76 étages. La cour de récréation de l’école est installée en hauteur, au cinquième étage. En raison du coût foncier, il faut construire les écoles en centre-villes différemment.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Anne Cormier)</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>De centres des affaires presque exclusivement réservés aux activités commerciales et professionnelles, plusieurs centres-villes canadiens se transforment en lieux de vie habités. C'est le cas à Montréal où, même si elle est loin d'être atteinte, la mixité sociale en habitation <a href="https://montreal.ca/articles/metropole-mixte-les-grandes-lignes-du-reglement-7816">est fortement valorisée par l'administration municipale</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, la question de l'architecture scolaire en centre-ville doit être examinée. Cela, même – ou surtout – en tenant compte du déplacement de ménages vers de plus petites villes, <a href="https://journalmetro.com/actualites/montreal/2625021/exode-urbain-montreal-pandemie/">phénomène qui s'est accentué depuis la pandémie</a>. La présence d'écoles peut justement contribuer à redresser cette tendance. En effet, elles sont indispensables à l'habitabilité de quartiers inclusifs.</p>
<p>Mais quelles écoles faut-il construire en centre-ville alors que la valeur du terrain y est calculée en fonction du nombre maximum de mètres carrés constructibles et des revenus qu'il est possible d'en tirer ? Le modèle d'un édifice monofonctionnel est-il celui qui convient ?</p>
<p>Architecte et professeure à l'Université de Montréal, rattachée au <a href="https://leap-architecture.org">Laboratoire d'étude de l'architecture potentielle</a> (LEAP), je mène avec ma co-auteure Alexandra Paré un projet de recherche-création <a href="https://leap-architecture.org/recherche/larchitecture-scolaire-en-centre-ville-comme-espace-de-recherche-creationa/">qui traite de l'architecture scolaire en centre-ville</a>.</p>
<h2>Désert scolaire</h2>
<p>À Montréal, le cas de Griffintown est éloquent. <a href="https://montreal.ca/articles/griffintown-un-quartier-en-transformation-12827">La transformation de ce quartier du Sud-Ouest</a>, situé à la limite du centre-ville, a fait l'objet de débats dès les années 2000. Il se densifie à grande vitesse depuis le début des années 2010. Alors que des familles y sont installées depuis assez longtemps pour que leur progéniture soit en âge d'aller à l'école secondaire, Griffintown demeure dépourvu d'écoles publiques.</p>
<p>Créée en mars 2014, la <a href="https://www.facebook.com/primairegriffintown/">page Facebook «Pour une école primaire à Griffintown»</a> témoigne des représentations et des efforts des résidents pour que cet indispensable équipement public soit construit dans leur quartier. Presque une décennie plus tard, une école intégrée à un projet de logement communautaire devrait finalement voir le jour sur le site des Bassins du Nouveau Havre, toujours à Griffintown, d'ici la rentrée scolaire de 2023. Elle ne pourrait cependant accueillir que les premiers cycles du primaire.</p>
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<img alt="croquis montrant une école dans la ville" src="https://images.theconversation.com/files/447559/original/file-20220221-21-11m73ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447559/original/file-20220221-21-11m73ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447559/original/file-20220221-21-11m73ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447559/original/file-20220221-21-11m73ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447559/original/file-20220221-21-11m73ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447559/original/file-20220221-21-11m73ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447559/original/file-20220221-21-11m73ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le projet L'école du canal propose d'imaginer un ensemble regroupant école, logement et commerces à partir des caractéristiques physiques du quartier de Griffintown.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Étienne Beaudoin Mercier, Rosalyn Dunkley et John Jinwoo Han, Entre l'école et la ville, concours LEAP 2019)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Au centre-ville de Montréal, la situation est pour l'instant un peu moins catastrophique. Déjà, il est pourvu d'une école publique, l'école FACE située à proximité de l'Université McGill, qui est ouverte aux écoliers de la maternelle à la cinquième secondaire. De plus, deux projets sont en développement, l'un sur la rue de la Montagne, <a href="https://bpge.csdm.qc.ca/documents/PNE/Support_Visuel_VF.pdf">dans l'édifice qui abritait l'académie Bourget</a> et sur le terrain adjacent, et <a href="https://www.ledevoir.com/societe/education/569284/plan-b-pour-une-nouvelle-ecole-au-centre-ville">l'autre sur le site du Grand Séminaire de Montréal</a>.</p>
<h2>Une cour de récréation sur le toit</h2>
<p>L'architecture de ces écoles correspondra-t-elle encore au modèle que l'on connaît bien, celui d'un édifice monofonctionnel, à usage exclusif, équipé d'une cour de récréation au niveau du sol ?</p>
<p>Les <a href="https://bpge.csdm.qc.ca/documents/PNE/Support_Visuel_VF.pdf">documents accessibles en ligne</a> qui présentent le processus «Planifions notre école», auquel est soumis le projet de la rue de la Montagne, laissent entrevoir une volonté d'adaptation aux réalités foncières du centre-ville.</p>
<p>En effet, des locaux seraient partagés avec la communauté et l'une des toitures de l'édifice serait occupée par une cour de récréation et une classe verte. C'est un début. Afin de réaliser un nombre d'écoles qui soit à la hauteur des ambitions municipales en ce qui a trait à la mixité, des alternatives au modèle connu doivent être considérées.</p>
<p>Des modèles moins géophages que celui de l'édifice scolaire isolé existent. À Amsterdam, par exemple, <a href="https://scholenbouwen.be/en/projects/de-eilanden-montessori-school-amsterdam">l'école Montessori De Eilanden</a>, datant de 2002, conçue par l'architecte <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Herman_Hertzberger">Herman Hertzberger</a> occupe les deux premiers étages d'un édifice qui en compte cinq. Trois étages de logement couronnent l'édifice.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="croquis représentant une école dans la ville" src="https://images.theconversation.com/files/447557/original/file-20220221-23-usd8tr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447557/original/file-20220221-23-usd8tr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=237&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447557/original/file-20220221-23-usd8tr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=237&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447557/original/file-20220221-23-usd8tr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=237&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447557/original/file-20220221-23-usd8tr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447557/original/file-20220221-23-usd8tr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447557/original/file-20220221-23-usd8tr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le projet Tricycle tient compte des étapes de développement de l'enfant pour proposer une école à travers laquelle il découvre progressivement la ville.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Jade Beltran, Cindy Colombo et Raphaëlle Leclerc, Entre l'école et la ville, projet lauréat, concours LEAP 2019)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>À une tout autre échelle, dans le Financial District de Manhattan, à New York, la <a href="https://sprucestreetschool.org">Spruce Street School</a> forme le socle d'un immeuble de 265 mètres qui compte 76 étages. La cour de récréation de l'école est installée en hauteur, au cinquième étage. Elle est à la fois intégrée au volume de l'édifice et ouverte à l'air libre : les embrasures de ses murs sont équipées de grillages de protection plutôt que de fenêtres. Complété en 2010, l'édifice est reconnu pour l'architecture singulière de sa tour résidentielle qui est l'œuvre de l'architecte Frank Gehry alors que le socle où loge l'école a été conçu par la firme Swanke Hayden Connell Architects. En plus de l'entrée de l'école, du hall de la tour résidentielle et de l'accès au stationnement, le rez-de-chaussée abrite aussi un café. De part et d'autre du rez-de-chaussée, l'édifice est bordé de petits espaces publics végétalisés qui sont équipés de bancs, et dans le cas de la placette adjacente à l'entrée de la tour résidentielle, d'une fontaine.</p>
<h2>Une nouvelle école pour une nouvelle réalité</h2>
<p>Ces deux exemples d'édifices multifonctions sont loin d'être uniques et le fait qu'ils soient situés dans des contextes bien différents [- la densité d'habitants au m<sup>2</sup> carré de Manhattan est par exemple presque huit fois supérieure à celle d'Amsterdam qui, elle, est sensiblement inférieure à celle de Montréal -] démontre que de tels édifices peuvent répondre à différentes conditions urbaines.</p>
<p>Ces exemples illustrent la possibilité d'intégrer un programme d'école dans un édifice comprenant d'autres usages pour optimiser la densité construite. L'empreinte foncière peut être encore davantage minimisée par l'installation d'une cour de récréation en hauteur, comme c'est le cas à la Spruce Street School et dans d'autres écoles à Manhattan, ainsi que dans bien d'autres villes. Dans le quartier Limoilou à Québec, l'un des espaces de récréation de la nouvelle <a href="https://cssc.gouv.qc.ca/ecole/ecole-stadacona/">école Stadacona</a>, issue des travaux du <a href="https://www.lab-ecole.com">Lab-École</a>, sera installé en toiture.</p>
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<img alt="croquis d'une cour d'école avec enfants et bâtiment moderne" src="https://images.theconversation.com/files/447372/original/file-20220218-60506-1q1c4fv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447372/original/file-20220218-60506-1q1c4fv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447372/original/file-20220218-60506-1q1c4fv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447372/original/file-20220218-60506-1q1c4fv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447372/original/file-20220218-60506-1q1c4fv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447372/original/file-20220218-60506-1q1c4fv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447372/original/file-20220218-60506-1q1c4fv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L'un des espaces de récréation de la nouvelle école Stadacona, issue des travaux du Lab-École, sera installé en toiture.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Centre des services scolaires de la Capitale)</span></span>
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</figure>
<p>Si les exemples d'Amsterdam et de Manhattan associent tous deux école et habitation, d'autres combinaisons d'usages sont possibles. À Toronto, par exemple, <a href="https://www.canadianarchitect.com/torontos-new-masterplan-brings-social-infrastructure-to-downtown-neighbourhoods/">l'ensemble Canoe Landing</a> comprend deux écoles élémentaires qui partagent plusieurs espaces, un service de garde et un centre communautaire. La Ville-Reine sera aussi bientôt dotée <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1856248/centre-ville-toronto-scolaire-tdsb-lower-yonge-precinct">d'une nouvelle école élémentaire dans un ensemble immobilier de très grande densité</a>. Il est possible de concevoir bien d'autres exemples d'édifices abritant plusieurs usages qui se prêtent également au partage d'espaces intérieurs et extérieurs.</p>
<p>Il existe des alternatives au modèle architectural et urbain de l'édifice scolaire monofonctionnel de faible hauteur, équipé d'une cour de récréation au niveau du sol. Ils peuvent avoir un impact significatif sur l'avenir des centres-villes et <a href="https://cremtl.org/publication/entrevues/2016/mesurer-letalement-urbain-ses-effets-notre-environnement">contribuer à limiter un étalement urbain qui s'avère néfaste pour l'environnement</a>.</p>
<p>Quels centres-villes et quelle architecture scolaire en centre-ville souhaitons-nous ? La réponse appartient aux citoyens sans doute, mais aussi, sinon surtout, aux commissions scolaires, aux municipalités, aux différentes instances gouvernementales et aux promoteurs immobiliers.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177014/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Cormier a reçu des fonds du Conseil de recherche en sciences humaines (subvention de développement savoir - recherche-création). Elle contribue aux travaux de la Cellule facilitatrice immobilière de la Ville de Montréal.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexandra Paré ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plusieurs centres-villes se transforment en lieux de vie. Le modèle de l'édifice scolaire monofonctionnel est-il celui qui convient aux centres-villes ?Anne Cormier, Professeure titulaire, Université de MontréalAlexandra Paré, Doctorante en architecture, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1731022022-01-02T17:25:18Z2022-01-02T17:25:18ZEn 2022, tirons les leçons des controverses sur les origines du SARS-Cov-2<p>Le Covid-19 est probablement la pandémie et la maladie infectieuse la plus médiatisée de tous les temps. D’autres zoonoses – ces maladies dont l’agent infectieux est issu d’un animal – ont eu aussi un grand retentissement sociétal, comme le sida (virus HIV) qui tue encore plus d’un demi-million de personnes par an dans le monde. </p>
<p>Et d’autres maladies tout aussi terribles, comme le paludisme ou Ebola, frappent tout particulièrement les régions tropicales et on peut regretter qu’elles n’inquiètent guère les habitants et les dirigeants des puissants pays du Nord. </p>
<h2>Émergence du Covid-19, à chacun son hypothèse !</h2>
<p>La question de l’origine du Covid-19 a une part importante dans la médiatisation inédite de la pandémie. Les hypothèses se sont multipliées, évoquant aussi bien le passage naturel à l’humain depuis une chauve-souris – avec ou sans hôte intermédiaire (pangolin, civette, vison, chien viverrin, etc.) – que l’échappement d’un laboratoire de virologie dans la ville chinoise de Wuhan. </p>
<p>Chaque « corporation » y a été de son hypothèse : les scientifiques écologues, dont je suis, ont replacé l’émergence du Covid-19 dans le contexte de l’augmentation inquiétante des émergences de nouvelles maladies zoonotiques, <a href="https://theconversation.com/covid-19-ou-la-pandemie-dune-biodiversite-maltraitee-134712">causées par les atteintes à l’environnement</a>. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1243590148757078018"}"></div></p>
<p>Des journalistes ont alerté sur <a href="https://reporterre.net/Les-elevages-de-visons-en-Chine-a-l-origine-du-Covid-19-Les-indices-s-accumulent">le rôle possible des élevages animaux (notamment de visons)</a> comme réacteurs de sélection d’agents infectieux. </p>
<p>Quant aux biologistes moléculaires de laboratoire qui utilisent la transgenèse (insertion de gènes au sein de virus) comme outil de travail quotidien pour <a href="https://theconversation.com/origine-de-la-covid-19-lhypothese-de-laccident-de-laboratoire-doit-elle-etre-etudiee-dun-point-de-vue-scientifique-160825">comprendre la fonction de gènes ou de protéines spécifiques des virus</a>, ils se sont inquiétés du manque de transparence des travaux menés dans les laboratoires de Wuhan en Chine, ville présumée à tort ou à raison lieu d’émergence de la pandémie. Chacun voit donc midi à sa porte, en émettant le souhait (très idéalisé) d’un meilleur comportement dans son domaine sociétal d’intérêt. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/origine-de-la-covid-19-lhypothese-de-laccident-de-laboratoire-doit-elle-etre-etudiee-dun-point-de-vue-scientifique-160825">Origine de la Covid-19 : l’hypothèse de l’accident de laboratoire doit-elle être étudiée d’un point de vue scientifique ?</a>
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<p>Bien que de moindre intérêt, on peut également mentionner le développement de nombreuses publications, passablement complotistes, qui traquent les informations disponibles dans les courriers et documents des différents acteurs du domaine (groupes de recherche, OMS, chercheurs, etc.) ; et pensent y trouver les preuves de méfaits ou d’imprudences expliquant l’émergence de la maladie. </p>
<p>Enfin, pour compléter cette liste déjà trop longue, on doit aussi signaler des épisodes de politique internationale <a href="https://theconversation.com/donald-trump-les-maux-et-les-mots-du-virus-136530">incriminant tel ou tel personnage ou institution</a>, à tort ou à raison, mais pour des raisons d’adversité politique.</p>
<h2>Le concept central d’« une seule santé »</h2>
<p>Que penser de toutes ces hypothèses ? En fait, chacune d’entre elles, sauf sans doute celle de l’origine naturelle, fait passablement l’impasse sur les démarches scientifiques intégratives qui sont le futur indispensable des recherches sur les maladies infectieuses. </p>
<p>Depuis des années maintenant, biologistes et médecins ont forgé en recherche scientifique le concept d’<a href="https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/q-a-detail/one-health">« une seule santé »</a> (<em>One Health</em>) : la santé humaine dépend de celle de l’environnement et de celle des autres animaux. </p>
<p>Ce concept prend ainsi en compte toutes les hypothèses formulées pour permettre de juger à terme de leur vraisemblance à la lumière des éléments recueillis : agents infectieux inconnus ou émergents (virus, bactéries, protozoaires, etc.) dans leurs animaux réservoirs, rôle des élevages et trafics (qui concentrent et affaiblissent ces animaux réservoirs) ; enfin, rôle des laboratoires de biologie médicale qui devraient étudier cette problématique sans générer de risques supplémentaires. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1276121051420860421"}"></div></p>
<p>À ce dernier égard, il est particulièrement ironique de constater que les tenants des fuites de laboratoire de Wuhan mentionnent eux-mêmes la nécessité de juger du rôle des protéines spike des nouveaux variants (Omicron notamment) en les étudiant leur biologie <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/variant-omicron/variant-omicron-la-course-contre-la-montre-des-chercheurs-pour-percer-les-secrets-de-cette-mutation-preoccupante-du-virus_4865785.html">grâce à la transgenèse dans des lentivirus</a>. </p>
<p>Les expertises collégiales nationales (<a href="https://www.fondationbiodiversite.fr/mobilisation-de-la-frb-par-les-pouvoirs-publics-francais-sur-les-liens-entre-covid-19-et-biodiversite/">FRB</a>) et internationales (<a href="https://ipbes.net/pandemics">IPBES</a>) mentionnent toutes cette exigence absolue d’intégration « une seule santé » pour comprendre et juguler l’émergence de maladies dans le futur ! </p>
<p>Les humains ne vivent pas en vase clos et leur santé dépend évidemment de celle de leur environnement : il faut sans cesse le rappeler tant nos attitudes demeurent anthropocentriques et centrées sur les remèdes a posteriori chez les humains plutôt que sur les études intégratives a priori des crises sur les écosystèmes.</p>
<h2>À la recherche de nouvelles connaissances cruciales</h2>
<p>Pour prévenir l’émergence de nouvelles maladies, nous sommes donc directement dépendants des connaissances que nous avons sur la biodiversité : celle des agents infectieux et celle des animaux réservoirs. </p>
<p>Chaque étude récente de l’évolution des coronavirus montre que nous ne connaissons que des parents proches, mais pas immédiats, du SARS-CoV-2, tous localisés dans l’Asie du Sud-Est où l’origine de la maladie peut donc être vraisemblablement située. </p>
<p>À cet égard, l’émergence présumée à Wuhan (province d’Hubei) doit être réinterprétée en regard des détections bien plus précoces de la maladie déjà transmise en plusieurs points du globe, et notamment en Europe (dans cette <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10654-020-00716-2">étude française</a> notamment).</p>
<p>Cela signifie que les parents et précurseurs du SARS-CoV-2 ne sont pas encore connus et se trouvent quelque part dans des animaux ou humains de cette région. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1324253679256539136"}"></div></p>
<p>Depuis le début de la pandémie, de nouveaux résultats importants ont été acquis, avec la <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-021-21240-1">découverte de nouveaux coronavirus en Thaïlande</a>, <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-021-26809-4">au Cambodge</a> et <a href="https://www.researchsquare.com/article/rs-871965/v1">au Laos</a>. </p>
<p>Ces études sont cruciales, car elles permettent de dessiner à grands traits l’évolution de ces virus et de leurs caractéristiques biologiques. D’autres coronavirus déjà connus de chauve-souris rhinolophes, <a href="https://doi.org/10.1101/2021.12.05.471310">par exemple en Russie</a>, ont été par ailleurs testés pour leur capacité malheureusement positive à se fixer sur les protéines des cellules humaines et donc à constituer un risque potentiel.</p>
<p>Pour comprendre comment lutter efficacement contre le virus, il est en effet important de savoir sous quels régimes de sélection naturelle ces traits originels sont apparus. Pour empêcher de futures émergences, il est également primordial de connaître les animaux réservoirs impliqués et les éventuels hôtes intermédiaires.</p>
<h2>La quête de l’origine</h2>
<p>Comme tout un chacun le perçoit désormais, les virus évoluent rapidement et ce que l’on appelle « variants » sont le résultat de mutations apparaissant et se transmettant dans des populations colossales de virions. Pour mémoire, un malade infecté <a href="https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2020/11/24/covid-19-combien-un-etre-humain-infecte-par-le-sars-cov-2-renferme-t-il-de-particules-virales/">héberge de 1 à 100 milliards de virions</a> (nombre total de particules virales). </p>
<p>La population mondiale de SARS-CoV-2 compte donc des milliards de milliards de virions, issus d’autant d’épisodes de réplications dans nos corps avec à chaque fois la possibilité d’apparitions et de transmissions de mutations ! </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/il-y-a-10-ans-un-virus-proche-du-sars-cov-2-circulait-deja-au-cambodge-154397">Il y a 10 ans, un virus proche du SARS-CoV-2 circulait déjà au Cambodge</a>
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<hr>
<p>Mais l’origine de certains virus <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Recombinaison_virale">peut aussi être recherchée dans des évènements de recombinaisons</a> entre virions occupant les mêmes cellules de leur hôte, et générant des mosaïques à partir de virions différents. Si l’on ne connaît pas raisonnablement les virus dans la nature, il est illusoire de penser comprendre un jour leur origine.</p>
<p>Il a ainsi fallu <a href="https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1006698">quatorze ans pour identifier une localité en Asie d’où était issu le virus du premier SARS</a> qui, bien que moins pandémique, avait tout de même touché au moins 8000 personnes et causé plus de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_respiratoire_aigu_s%C3%A9v%C3%A8re">700 décès dans huit pays différents</a>. </p>
<p>Récemment encore, on s’est aperçu que le virus Ebola pouvait resurgir dans des populations humaines <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-021-03901-9">à la suite d’une « dormance » chez un individu apparemment « porteur sain »</a>. </p>
<p>Et certains biologistes imaginent actuellement que des variants très modifiés (comme Omicron) pourraient apparaître soudainement dans des populations humaines à la suite d’une longue évolution dans le corps de malades immunodéprimés, une <a href="https://www.france24.com/fr/afrique/20211202-covid-19-%C3%A0-l-origine-des-variants-la-piste-des-patients-immunod%C3%A9prim%C3%A9s">hypothèse néanmoins très spéculative</a>… </p>
<p>La biologie de terrain des virus et de leurs réservoirs est donc fondamentale à toute politique de santé publique. Aujourd’hui, de nombreuses équipes recherchent activement les précurseurs du SARS-CoV-2, mais encore sans succès immédiat.</p>
<h2>Le Covid-19, une zoonose parmi d’autres</h2>
<p>Il est désormais essentiel que la focalisation médiatique sur le Covid-19 ne devienne pas l’arbre qui cache la forêt. </p>
<p>Depuis 1940, le nombre d’émergences de maladies infectieuses ou de pic épidémiques a augmenté considérablement, et chacun a entendu le nom de plusieurs d’entre elles, apparues ou devenues épidémiques récemment : sida, Ebola, Nipah, MERS, SARS, maladie de Lyme, Zika, virus du Nil occidental, etc.</p>
<p>La fragmentation et la conversion effroyable des milieux, avec des millions d’hectares de forêts tropicales disparaissant chaque année, nous met en contact croissant avec la faune sauvage et donc les animaux réservoirs qui sortent du bois. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1228391003519934471"}"></div></p>
<p>La croissance exponentielle des centres urbains, les braconnages et trafics générés, les élevages industriels aux conditions sanitaires désastreuses et, enfin, les transports internationaux en croissance folle, représentent autant de facteurs de transferts d’agents infectieux vers les humains et d’émergence de maladies.</p>
<p>Voir la question des zoonoses émergentes uniquement comme un problème de gestion de laboratoire de recherche à Wuhan serait, on le comprend, très dangereusement réducteur. </p>
<p>Une telle focalisation nous empêcherait de prêter attention à tous les problèmes existants ou en devenir de santé environnementale. Près de nous, en Europe, qui se soucie par exemple de la maladie de Lyme, de la toxoplasmose ou de la leptospirose, alors que leur impact et leur gestion sont problématiques ? Ces agents infectieux ne se sont pas échappés de laboratoires mal gérés !</p>
<p>En 2022 comme à plus long terme, prendre en compte l’état de l’environnement doit rester une problématique majeure des politiques de santé publique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Grandcolas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La question de l’origine du Covid-19 occupe une place centrale dans la médiatisation inédite de la pandémie. Et questionne la manière dont les politiques de santé publique doivent s’orienter.Philippe Grandcolas, Directeur de recherche CNRS, systématicien, directeur de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (ISYEB), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1702262021-10-28T18:58:32Z2021-10-28T18:58:32ZAu Bénin, le développement urbain se nourrit d’expulsions<p>Construite sur une bande de terre de quelques kilomètres de large s’étirant entre la lagune et la mer, Cotonou, capitale économique du Bénin, est depuis longtemps un <a href="https://drive.google.com/file/d/19y4EHAwGnfyCM4oELjOVrRL5LhG8-j18/view">site d’implantation de pêcheurs</a> issus des populations côtières de la région. Aujourd’hui devenues le substrat de certains quartiers de la ville, ces communautés ont vu au cours des dernières décennies leurs lieux de vie progressivement gagnés par l’avancée du front urbain.</p>
<p>Dans les dernières années, les plans de réaménagement du littoral portés par le président Patrice Talon (en poste depuis 2016) ont globalement fait peu de cas des gens de peu ayant construit là leur existence. Arguant d’une nécessaire planification urbaine pour déloger parfois des quartiers entiers, cette politique du mépris menée au nom du développement fragilise en fait des fractions parmi les plus vulnérables de la population urbaine.</p>
<h2>Devenir réfugié dans son propre pays ?</h2>
<p>Peu après la mi-août 2021, assis au comptoir de la cafétéria « Carrefour des jeunes », à quelques mètres de la clôture de l’aéroport, je discutais avec quelques jeunes et moins jeunes hommes assis là d’un <a href="http://www.cadredevie.bj/informations/communiques-avis/item/301-communique-conjoint-mcvdd-mdgl-relatif-a-la-liberation-du-domaine-maritime-de-fiyegnon-1">communiqué ministériel</a> soudainement sorti mi-juillet et donnant un délai d’un peu plus d’un mois et demi aux habitants du quartier, connu comme « Fiyegnon 1 », pour plier bagage.</p>
<p>Entre colère et résignation, le petit groupe s’interrogeait sur la signification de leur citoyenneté face à une telle absence de concertation, tout en rappelant l’ancienneté du quartier : certaines familles étaient établies là depuis un demi-siècle, bien avant la construction des villas qui leur faisaient face désormais, à une époque où il n’y avait aux alentours que cocoteraies et parcelles de maraîchers… Comptant 623 ménages recensés et environ 3 000 habitants, le quartier était en 2021 densément peuplé, construit aussi bien « en dur » qu’en « matériaux précaires », selon la condition économique des ménages.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427218/original/file-20211019-24-617de4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427218/original/file-20211019-24-617de4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427218/original/file-20211019-24-617de4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427218/original/file-20211019-24-617de4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427218/original/file-20211019-24-617de4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427218/original/file-20211019-24-617de4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427218/original/file-20211019-24-617de4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La cafétéria « Carrefour des jeunes » à quelques mètres de la clôture de l’aéroport en août 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Noret</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>« Nous ne sommes quand même pas des coqs et des poules », suggérait Marius, étudiant en droit et tenancier de la cafétéria, exprimant le sentiment général des habitants d’être traités comme des animaux dont on pourrait disposer à sa guise…</p>
<p>« Dans mon propre pays, je vais devenir un réfugié ? C’est-à-dire, il n’y a pas la guerre ici, il n’y a pas la famine… mais quand on va déguerpir les gens, ils vont faire quoi ? Mettre les matelas sur la tête et partir et commencer à chercher un peu partout là où dormir ? Là tu deviens un réfugié, dans ton propre pays… », renchérissait un autre… « Quand on pense à ça, ça nous tape sur les nerfs »… Le petit groupe oscillait entre sentiments d’impuissance et de révolte.</p>
<h2>Très brève histoire d’un quartier de Cotonou</h2>
<p>En fait, ce qui était présenté dans le communiqué ministériel comme un quartier « illégal » avait été formé à l’origine par une communauté de pêcheurs. Ceux-ci avaient été installés en ces lieux au tournant de l’indépendance de 1960, après avoir été délogés du site qui devait abriter le palais présidentiel.</p>
<p>Ces pêcheurs (et travailleurs du port, situé non loin) et leurs ménages avaient alors rejoint là, en bout de piste de l’aéroport, et en concertation avec les autorités de l’époque, quelques familles déjà établies sur le site dans les décennies précédentes. L’ancienneté de leur occupation des lieux est notamment attestée par l’installation à cet endroit, en 1958, de divinités protectrices, des <em>vodoun</em> auprès desquels on pouvait venir chercher protection et solution aux problèmes du quotidien.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427219/original/file-20211019-20-1glzhom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427219/original/file-20211019-20-1glzhom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=275&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427219/original/file-20211019-20-1glzhom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=275&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427219/original/file-20211019-20-1glzhom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=275&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427219/original/file-20211019-20-1glzhom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427219/original/file-20211019-20-1glzhom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427219/original/file-20211019-20-1glzhom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Entourée d’un trait rouge, la zone de Fiyegnon 1, aujourd’hui détruite, soit environ huit hectares.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran Google Maps</span></span>
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</figure>
<p>La communauté relogée là s’y était trouvée suffisamment bien pour désigner leur nouveau quartier du nom de « Fiyegnon », c’est-à-dire « Ici est bon ». En 2021, le quartier continuait d’ailleurs d’être habité par de nombreux pêcheurs dépendant étroitement de la proximité avec la mer pour leurs moyens de subsistance, même si on y trouvait également d’autres profils de travailleurs et travailleuses de l’économie dite « informelle ».</p>
<p>Avec l’urbanisation progressive de la zone, le quartier a connu différentes opérations de viabilisation et de recasement depuis le début des années 2000, faisant en fait bel et bien partie à l’époque des plans d’aménagement urbain des autorités nationales et communales : le quartier bénéficie de raccordements à l’électricité et à l’eau, les habitants ont obtenu en 2004 et 2005 des « fiches de recasement » attestant des limites de leurs parcelles respectives, des voies rectilignes ont été tracées il y a une dizaine d’années et les contours des terrains revus en conséquence… Autant d’actes d’aménagement urbain et de reconnaissance étatique de la légitimité de l’occupation du lieu par ses habitants.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427221/original/file-20211019-26-1ar3qu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427221/original/file-20211019-26-1ar3qu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427221/original/file-20211019-26-1ar3qu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427221/original/file-20211019-26-1ar3qu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427221/original/file-20211019-26-1ar3qu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427221/original/file-20211019-26-1ar3qu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427221/original/file-20211019-26-1ar3qu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À l’avant-plan, le quartier de « Fiyegnon 1 », visé par l’opération de déguerpissement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Noret</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La zone a, il est vrai, été déclarée d’utilité publique en 2006 dans le cadre de la « Route des Pêches », projet d’aménagement au long cours de cette portion du littoral.</p>
<p>Mais les différentes moutures du projet prévoyaient, jusqu’aux rapports d’études d’il y a quelques années, l’intégration du quartier « Fiyegnon 1 » au projet, le tracé de la nouvelle route côtière ayant même été modifié à cette fin. Une expropriation ultérieure restait bien entendu possible, mais elle devrait alors être réalisée « contre juste et préalable indemnisation », selon la formule consacrée dans les textes juridiques béninois. Or, le communiqué ministériel de la mi-juillet évoquait la situation en de tout autres termes : il y était question d’occupation « illégale » des lieux, et de leur « libération » « sans délai »…</p>
<p>Contrairement aux déclarations médiatiques postérieures des autorités, aucun contact préalable n’avait été pris avec le chef du quartier, ni a fortiori avec les habitants. Aucune proposition de relogement ni d’indemnisation n’avait été formulée. Dans les semaines suivantes, les demandes d’entrevues du chef de quartier et de représentants des habitants auprès des autorités politiques et administratives concernées, de la commune de Cotonou à la présidence de la République, rencontrèrent un succès pour le moins mitigé. Aucune réponse ne vint de la présidence, de la mairie, ni des ministères concernés. Les seuls officiels qui acceptèrent de recevoir la délégation n’avaient en fait pas de véritable prise sur le dossier.</p>
<h2>Un traitement autoritaire des pauvres</h2>
<p>À Cotonou, l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon en 2016 a correspondu avec un élan nouveau donné au développement urbain. Sa présidence, aujourd’hui largement considérée comme marquée par un <a href="https://www.econstor.eu/bitstream/10419/205259/1/KOHNERT%26PREUSS2019.Benin%27s%20stealthy%20democracide.WP.10.10.19.pdf">virage autoritaire assumé</a>, a en effet correspondu à la mise en œuvre de <a href="https://www.jeuneafrique.com/mag/1062011/economie/benin-cotonou-petite-metropole-deviendra-grande/">chantiers urbains emblématiques</a>, engagés au pas de charge.</p>
<p>L’asphaltage des voies a été accéléré, les projets de redéploiement des quartiers centraux se sont multipliés, et l’aménagement du littoral a été repensé, avec l’idée de faire de Cotonou la « vitrine du Bénin ». Comme dans d’autres capitales ouest-africaines, <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/14/a-abidjan-des-habitants-deguerpis-par-la-construction-du-metro_6094554_3212.html">Abidjan</a> ou <a href="https://www.theguardian.com/world/2021/mar/12/class-divide-mass-demolitions-drive-poor-from-valuable-land-in-lagos">Lagos</a> notamment, ces projets ont abouti depuis 2017 à une série de « déguerpissements », visant à la fois des empiètements de constructions privées sur l’espace public, mais aussi des quartiers entiers, parfois parmi les plus vieux de la ville, ou construits dans des <a href="https://www.jeuneafrique.com/890319/societe/benin-au-marche-dantokpa-a-cotonou-tristesse-et-colere-apres-le-deguerpissement/">zones visées par des projets de développement urbain</a>.</p>
<p>Ce n’est que dans certains des projets les plus récents, menés dans les tout derniers mois, que le gouvernement a fini par prévoir des <a href="https://lanouvelletribune.info/2021/09/benin-ce-que-lexecutif-propose-aux-deguerpis-de-xwlacodji-et-de-la-route-des-peches/">dédommagements réels</a>, même si loin d’être alignés sur le prix du foncier à Cotonou.</p>
<p>Dans les dernières années, qu’il s’agisse de casser l’extension d’une boutique mordant sur le trottoir, de détruire un petit commerce occupant sans autorisation ce même trottoir (<a href="https://www.jeuneafrique.com/400856/societe/long-format-benin-a-cotonou-jungle-deguerpis/">tout en payant malgré tout simultanément une redevance à la mairie</a> lors du passage de ses agents collecteurs…), ou de déloger un quartier entier sans que le relogement des habitants ne soit véritablement planifié, ces entreprises ont systématiquement été promues par le gouvernement comme relevant de la « libération des espaces publics »… La formule prêterait à sourire si elle n’était pas en fait le masque d’une violence d’État s’exerçant sur les classes populaires et l’euphémisme vertigineux d’une politique urbaine du mépris.</p>
<p>La croissance urbaine représente bien entendu aujourd’hui pour bon nombre d’États d’Afrique subsaharienne un défi majeur. Il n’est évidemment pas question ici de contester à l’État béninois ses légitimes ambitions de développement urbain. Pour autant, le « développement » ne peut pas non plus devenir l’alibi d’une politique hostile aux citadins les plus pauvres, qui leur dénie leur droit à la ville. Ou, pour le dire avec les mots d’un désormais ex-habitant de Fiyegnon recontacté mi-octobre :</p>
<blockquote>
<p>« Développement, oui, infrastructures, oui, mais pas au prix de la déshumanisation… »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Fiyegnon dans les jours suivant la destruction. Au loin, des habitants fouillent les décombres. (photo prise par un habitant).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Le 13 septembre au matin, la zone déclarée « illégale » commença à être détruite, avec l’appui d’un important déploiement policier. Trois personnes décédèrent d’un problème cardiaque pendant la démolition, une situation analogue à celle qui s’était déjà produite <a href="https://www.academia.edu/37197597/GOUVERNEMENT_DES_ESPACES_PUBLICS_EN_BORDURE_D_EAU_AU_BENIN_UNE_ANALYSE_ORIENTEE_DANS_LA_PERSPECTIVE_DE_L_INEGALITE_ENVIRONNEMENTALE_A_COTONOU_pdf?auto=download">lors de la destruction du quartier Enagnon</a>, sur une autre portion du littoral cotonois, en 2017.</p>
<p>Dans les jours suivants, en dépit de fortes pluies, beaucoup d’habitants logeaient encore parmi les décombres, ne sachant où aller. Début octobre, avant l’évacuation complète des gravats, quelques dizaines de personnes étaient encore dans cette situation, revenant pour certaines d’entre elles seulement à la nuit tombée, afin de ne pas être vues. D’autres avaient trouvé à s’abriter temporairement dans les cours d’autres maisons du voisinage, d’autres encore étaient hébergées de façon provisoire par des parents ou des amis. Les mieux lotis avaient réussi à louer dans l’urgence un nouveau logement.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427223/original/file-20211019-28-150thrz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le site de la cafétéria « Carrefour des jeunes » aujourd’hui. Le sol est détrempé par la saison des pluies qui commence. (photo prise par un habitant). Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>« Je n’arrive pas à oublier », « j’ai du mal à dormir la nuit », « bien sûr que je suis en colère », « les gens souffrent énormément »… Les habitants avec lesquels je continue à correspondre sont manifestement éprouvés. Les forces de l’ordre surveillent toujours les lieux pour s’assurer qu’aucune construction temporaire ne réémerge, qu’aucune forme de petit commerce ne reprenne. Les habitants n’ont, à ce stade, été informés d’aucune possibilité de dédommagement.</p>
<p>Voulant croire que « le père ne saurait abandonner ses enfants », les représentants du quartier se sont désormais engagés dans une tentative d’interpellation médiatique du président, « Père de la Nation », qu’ils estiment mal informé et induit en erreur. Le cas de « Fiyegnon 1 » est pourtant loin d’être unique depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon, dont les projets de développement urbain semblent avant tout tournés vers le <a href="https://www.jeuneafrique.com/mag/1061964/politique/benin-jose-tonato-cotonou-doit-etre-une-etape-incontournable-sur-le-corridor-abidjan-lagos/">renforcement de l’attractivité internationale de la ville</a>.</p>
<p>En fait, la politique urbaine engagée depuis 2016 donne à voir une déclinaison africaine éloquente des contours tragiques que peut prendre une politique néolibérale de la ville, <a href="https://libcom.org/files/Lo%C3%AFcWacquant--PunishingthePoor.pdf">au sens que lui donne Loïc Wacquant</a> : complaisante à l’égard des riches, dure avec les pauvres. Au final, il est à craindre que le développement urbain de Cotonou ne converge avec un scénario, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247813513705">déjà bien connu dans les grandes villes africaines</a>, d’approfondissement, au travers des politiques urbaines, des inégalités sociales d’accès à la ville. Les désormais ex-habitants de « Fiyegnon 1 » n’ont pas fini de s’interroger sur le sens et les contours de leur citoyenneté…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170226/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joël Noret a reçu des financements du Fonds de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS, Belgique).</span></em></p>À Cotonou, la capitale économique du Bénin, un quartier entier vient d’être rasé par les autorités, sans compensation pour les habitants. Illustration d’un phénomène fréquent dans la région.Joël Noret, Professeur d'anthropologie, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1620672021-07-01T20:04:12Z2021-07-01T20:04:12ZQuartier, rue, bâtiment : immersion dans la ville rêvée de 2050<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/407519/original/file-20210621-34789-slktic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=47%2C21%2C1520%2C1099&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des passerelles pour créer du lien dans la ville de demain.</span> <span class="attribution"><span class="source">Étudiants du master spécialisé en marketing, design et création, Audencia Business School</span></span></figcaption></figure><p>En 2050, <a href="https://www.lesechos.fr/2018/05/en-2050-plus-de-deux-tiers-de-lhumanite-vivra-en-ville-990758">plus des deux tiers</a> de la population mondiale vivra en ville. Les études projettent qu’à cet horizon, la planète comptera 43 métropoles de 10 millions d’habitants. Des chiffres qui suscitent la réflexion : concrètement, que signifiera d’habiter de tels environnements et comment nous y préparer ?</p>
<p>Pendant six mois, les étudiants du master spécialisé en marketing, design et création de l’école de commerce Audencia ont mené un projet dont l’ambition était de cartographier les grands enjeux de la ville d’ici 30 ans, et de formuler des propositions à plusieurs échelles.</p>
<p>Ils se sont fondés sur quatre sources principales : des interviews d’experts, une analyse quantitative des évolutions que les villes vont subir (écologiques, humaines, etc.), une analyse des imaginaires et une revue des solutions existantes.</p>
<p>Ils ont tiré de cette analyse trois catégories d’enjeux qui attendent les villes de demain : la gestion des ressources, les changements climatiques et les problématiques sociales. Face à ces défis, trois thématiques de solutions ont surgi : la création de lien social, la question du confort thermique et l’optimisation de l’espace et des ressources.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404564/original/file-20210604-10003-1ge717m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Trois grands enjeux pour la ville de demain.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Étudiants du master spécialisé marketing design et création, Audencia Business School</span></span>
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<p>Cette première phase d’immersion a permis de formuler la problématique suivante : et si nous vivions en 2050 dans une ville des saisons, capable de s’adapter aux différents cycles qui rythment la vie en société ? Le terme est polysémique, et les projets menés ambitionnent d’exploiter cette saisonnalité dans toutes ses dimensions : cycles de vie, adaptabilité, transformation naturelle des éléments, etc.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404565/original/file-20210604-23-1edryd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Quartier, rue et bâtiment : les trois échelles de travail.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Étudiants du master spécialisé en marketing, design et création, Audencia Business School</span></span>
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<p>Cette question implique un travail sur plusieurs échelles : l’analyse part ainsi du bâtiment, avant de poser la question des espaces de vie, de la rue et finalement du quartier.</p>
<h2>Le bâtiment : rénovation et expansion urbaine</h2>
<p>La première échelle, celle du bâtiment, est idéale pour traiter des enjeux du confort thermique. Le bâti des villes existant, il n’est pas envisageable de le raser pour reconstruire des édifices plus performants. Il convient donc de capitaliser sur les ressources présentes, en développant un système d’isolation capable de s’adapter aux variations de température, tout en préservant les surfaces habitables.</p>
<p>La solution doit offrir une modularité importante afin de s’adapter à la diversité du bâti, être complémentaire à ce qui est et facile à intégrer. Il s’agit d’isoler par l’extérieur, avec des panneaux de façade aux fonctions multiples.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=538&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=538&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=538&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=677&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=677&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404567/original/file-20210604-13-1goao9w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=677&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">image.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Étudiants du master spécialisé en marketing, design et création, Audencia Business School</span></span>
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<p>Trois façons de le faire :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.arkema.com/global/fr/webzine/post/saving-30-in-air-conditioning-costs-thanks-to-cool-roofing/">Une peinture thermochrome</a> pour améliorer le confort de vie des habitants, tout en réduisant les dépenses énergétiques. Ce type de démarche réduit de 30 % de la consommation d’énergie, prolonge la durée de vie de la façade et réduit l’influence de la météo sur le confort de vie.</p></li>
<li><p>Des façades végétalisées bioluminescentes pour combiner performance énergétique (isolation thermique mais aussi phonique) et <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/pot-plants-engineered-to-radiate-soft-green-light-offer-horticulture-a-bright-future-scientists-believe-s798vhppb">création d’une source lumineuse</a>.</p></li>
<li><p>Des biofaçades en microalgues pour créer une symbiose entre le bâtiment et la production de microalgues. Elles permettent notamment de générer un bouclier thermique, de prétraiter les eaux usées et de potentiellement améliorer la <a href="https://docs.google.com/document/d/1_0KCe98D0Xx_Dsd9gpY5YoObRQWNebAek6q7IbO6dcI/edit">qualité de l’air en utilisant du CO₂ ambiant</a>. Par son approche modulaire, cette solution est déclinable pour les toits en plus des murs.</p></li>
</ul>
<h2>L’habitat : design des espaces et modes de vie</h2>
<p>La deuxième échelle de travail, celle de l’habitat, propose une réflexion sur le lien social en 2050. Nous avons pour cela pris en compte quatre éléments, à savoir <a href="https://www.fondationdefrance.org/fr/7-millions-de-francais-confrontes-la-solitude-decouvrez-notre-enquete-annuelle">l’isolement des individus</a> et la désertion de <a href="https://theconversation.com/la-ville-post-pandemie-vers-une-reconquete-des-espaces-publics-148232">certains espaces publics</a>, la volonté de construire des lieux expérimentaux et la capitalisation sur le <a href="https://www.journaldunet.com/management/ressources-humaines/1496177-le-future-of-work-passera-par-un-meilleur-partage-des-connaissances-en-entreprise/">partage comme vecteur d’une économie de la connaissance</a>.</p>
<p>Nous proposons dans ce contexte un projet évolutif, calqué sur les conditions spatiales urbaines et les besoins des habitants. Le lien social de proximité est placé au cœur, avec le développement d’écosystèmes par quartiers, et le design repose sur la création de structures partagées.</p>
<ul>
<li>Les nids : des apports aux structures existantes pour élaborer un nouvel espace partagé à l’échelle de la copropriété. La nuit, ils sont en mesure d’illuminer de manière diffuse grâce à un éclairage basse consommation. Leur construction est fondée sur une structure en acier léger et une membrane en éthylène tétrafluoroéthylène (ETFE). Comparé au verre, l’ETFE ne pèse que 1/100 du poids de ce dernier, transmet plus de lumière, isole mieux et coûte de 24 à 70 % moins cher à installer.</li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404568/original/file-20210604-23-1houqvc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">image.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Étudiants du master spécialisé en marketing, design et création, Audencia Business School</span></span>
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<ul>
<li>Les promontoires : des espaces hybrides privés et professionnels sur des mi-hauteurs de bâtiments. Ils sont construits avec des passerelles en verre et des structures légères en acier.</li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="attribution"><span class="source">Étudiants du master spécialisé en marketing, design et création, Audencia Business School</span></span>
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<ul>
<li>La canopée : une sorte de repère dans la ville qui joue un rôle de signal, avec une identité visuelle forte. La création de passerelles permet de développer les liens entre immeubles, en utilisant les surfaces créées et les toits comme espaces semi-privés. La structure est en acier et peinture photochromique.</li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404571/original/file-20210604-27-pqn9nq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">image.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Étudiants du master spécialisé en marketing, design et création, Audencia Business School</span></span>
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<h2>La rue : fraîcheur et biodiversité en ville</h2>
<p>Troisième niveau de lecture de la ville, la rue, qui est porteuse de nombreux enjeux, est désormais la garante d’une forme de biodiversité, et doit apporter la fraîcheur, tout en créant de nouveaux lieux d’inclusivité et de partage.</p>
<p>L’objectif est de créer un continuum de température, avec un parcours de fraîcheur à travers un triptyque de solutions. Ces zones « cocons » redonnent aux arbres leurs lettres de noblesse et rendent l’expérience plus fluide, poétique et naturelle.</p>
<ul>
<li><p>Le coquelicot : un dispositif adossé aux arbres pour encourager la socialisation autour. L’arbre devient un « refuge », contre la chaleur et la pluie. La corolle d’air installée autour du tronc s’adapte à la météo.</p></li>
<li><p>Le papillon : un arrêt de bus revisité, qui constitue un espace de repos et de fraîcheur. Un système de réemploi de l’eau de pluie et des brumisateurs pour rafraîchir les passants.</p></li>
<li><p>La chrysalide : conjugaison de plusieurs coquelicots qui forment un lieu ombragé, frais et végétal pour les espaces de transition des citadins. L’installation permet le réemploi de l’eau de pluie et la mise en place de brumisateurs actifs.</p></li>
</ul>
<h2>Le quartier : fabrique de la ville et migrations climatiques</h2>
<p>La dernière échelle d’analyse de la ville en 2050 est celle du quartier. Un niveau d’analyse complexe, donc plus prospectif. L’intention est de briser la logique linéaire de la ville pour redessiner la logique urbaine en tenant compte de la potentielle arrivée massive de migrants climatiques.</p>
<p>Pour répondre à ces enjeux, l’école et la formation sont placées au cœur des centres-ville, pour intégrer et former tout en garantissant le mélange des générations.</p>
<p>La réponse se structure autour de trois principales briques :</p>
<ul>
<li><p>La ville intégratrice, un modèle d’organisation urbaine, applicable partout. Dans ce modèle, l’espace est divisé en différentes zones pour favoriser les échanges sociaux et empêcher l’isolement. Une zone pour accueillir les migrants en phase d’adaptation et une autre pour héberger les migrants intégrés et les locaux. Au cœur de chaque quartier, les campus regroupent écoles, centres de formation et de nombreux services de proximité. L’entrelacement des deux zones d’habitation fait la valeur de la ville intégratrice.</p></li>
<li><p>Le campus de quartier, un lieu central de rencontre et de partage, contribue à créer un nouveau système éducatif. C’est parce que la rencontre des populations se fait notamment par les enfants et la jeunesse que le campus a été choisi pour déterminer l’existence d’un quartier.</p></li>
<li><p>Et enfin, le bâtiment Lego. Sur le modèle de l’urbanisme transitoire, et pour faciliter l’hébergement des migrants qui viennent d’arriver, c’est une forme de logement d’urgence, modulable, aisément montable et démontable. Ces lots sont redistribuables et réutilisables par d’autres collectivités, quand les besoins ne sont plus là. Cela est rendu possible par la mise en place d’un système de commande, qui favorise le réemploi et la logique d’économie circulaire entre les collectivités.</p></li>
</ul>
<p>Le lien social, l’adaptabilité aux nouveaux contextes climatiques et l’intégration sont les enjeux majeurs qui ont guidé ce travail d’immersion dans la ville de 2050. Ces quatre projets proposent un futur souhaitable à différentes échelles de l’espace urbain. Les imaginaires explorés ont permis de cartographier les imaginaires actuels pour tenter de façonner la vision pour 2050 d’une ville soucieuse de son environnement, de ses habitants, et qui retisse des relations distendues par nos modes de vie contemporains.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162067/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Minvielle est membre du comité d'orientation de La Fabrique de la Cité. Il est aussi animateur de la Red Team des armées françaises. L'étude menée a été faite en partenariat avec la plateforme Leonard du Groupe Vinci.</span></em></p>Des étudiants ont imaginé comment la ville pourrait se transformer à différentes échelles pour répondre aux enjeux climatiques et sociaux de demain.Nicolas Minvielle, Spécialiste du design et de l'innovation, AudenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1628922021-06-18T09:01:45Z2021-06-18T09:01:45ZEn 20 ans, les risques de submersions marines des côtes ont augmenté de 50 %<p>Entre 1993 et 2015, les risques de submersion marine ont augmenté de près de 50 % à l’échelle mondiale : c’est ce que révèle l’étude internationale – coordonnée par l’IRD avec des chercheurs du CNES et de Mercator Océan – que nous venons de publier ce vendredi 18 juin 2021 dans la revue <em>Nature Communications</em>.</p>
<p>En combinant données satellitaires et modèles numériques, nous montrons que ces risques de submersion sont amenés à s’accélérer, notamment dans la zone intertropicale.</p>
<p>Cette situation s’explique par une combinaison de facteurs, dont l’élévation globale du niveau de la mer, mais aussi le déferlement des vagues sur les côtes, un phénomène majeur peu pris en compte jusqu’à présent dans les prévisions climatiques à cause de sa complexité.</p>
<p>La mer monte actuellement de 3 millimètres en moyenne environ par an ; selon les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre retenus, ce niveau pourrait les 80 cm à la fin du XXI<sup>e</sup> siècle !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1405308439589535748"}"></div></p>
<h2>Le rôle du changement climatique</h2>
<p>Les régions côtières situées à faible altitude – à l’image des côtes basses et sableuses d’Afrique de l’Ouest et des grands deltas comme la région du Gange Brahmapoutre – abritent près de <a href="https://www.ipcc.ch/srocc/">10 % de la population mondiale</a>.</p>
<p>Ces zones aux écosystèmes uniques et sensibles – à l’image des lagunes côtières qui abritent une riche biodiversité ou aux sols d’alluvions fertiles utilisés pour l’agriculture dans le delta du Mékong (Vietnam) – subissent l’érosion du littoral, phénomène est imputable aux activités humaines : déficit de sable sur le littoral à cause des barrages sur les rivières qui bloquent les apports, extraction de sable non contrôlée, affaissement du sol lié au pompage des nappes phréatiques et à l’urbanisation… Elles sont aussi exposées à l’élévation du niveau de la mer.</p>
<p>Et elles font également face à des aléas dévastateurs, que ce soit des épisodes de submersion et/ou d’inondation. On se souvient des tempêtes Katrina et Xynthia, qui ont frappé les États-Unis en 2005 et l’Europe en 2010 ; ou encore du Typhon Haiyan, plus gros cyclone tropical jamais mesuré, qui toucha l’Asie en 2013.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le super-typhon Haiyan s’abat sur les Philippines (Euronews/Youtube, novembre 2013)</span></figcaption>
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<p>Ces phénomènes épisodiques sont exacerbés par le réchauffement climatique et les pressions d’origine humaine – aménagements urbains et côtiers, développement des infrastructures touristiques et portuaires, urbanisation galopante et densification urbaine.</p>
<p>La ville de Miami (États-Unis) devrait ainsi devenir l’une des métropoles les plus exposées aux événements de submersion marine dans les années à venir.</p>
<p>Si l’ampleur et la fréquence de ces aléas restent incertaines, les scientifiques estiment que les pays de la zone intertropicale – comme ceux d’Afrique de l’Ouest et d’Asie du Sud-Est – seront particulièrement vulnérables, notamment car ils abritent des métropoles très peuplées sur des côtes basses, pas ou peu protégées – à l’inverse des Pays-Bas où un système de digues et dunes de protection pour faire face aux aléas climatiques extrêmes a été mis en place.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’érosion littorale depuis l’espace (IRD/Youtube, 2021).</span></figcaption>
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<h2>Les grandes vagues à la manœuvre</h2>
<p>Ces épisodes de submersion marine surviennent lorsque le niveau extrême des eaux côtières dépasse l’élévation maximale de la côte (dune, falaise, digue).</p>
<p>Leurs conséquences sont importantes : rupture des protections (brèches) et inondations de zones jusque-là épargnées, comme ce fut le cas lors de la tempête Xynthia en 2010 en France, ou lors du passage de Katrina aux États-Unis.</p>
<p>Les scientifiques ont observé que ce niveau extrême résulte d’une combinaison de plusieurs processus : le niveau régional de la mer, la circulation océanique, le transfert de masse des continents vers l’océan (calottes glaciaires, eaux terrestres, glaciers), la « surcote » (c’est-à-dire la surélévation du niveau d’eau par rapport au niveau de repos) durant les tempêtes due à la pression atmosphérique et aux vents, la marée et, enfin, les effets du déferlement des vagues.</p>
<p>Malgré le <a href="https://lemag.ird.fr/fr/les-vagues-chahutent-le-niveau-de-la-mer">rôle important que jouent les vagues océaniques</a> dans la détermination du niveau de la mer au niveau de la côte, leur contribution était jusqu’à présent largement négligée dans les modèles de prévision des risques de submersion, faute d’une précision suffisante de la topographie des côtes.</p>
<h2>Identifier les « points chauds »</h2>
<p>Dans notre étude, nous avons combiné l’utilisation d’un modèle numérique mondial inédit de niveau de la mer à la côte, incluant l’effet transitoire des vagues d’élévation de surface avec une nouvelle estimation des niveaux extrêmes atteints ; cela a pu être réalisé grâce à des données d’altimétrie satellitaire radar qui permettent de surveiller la hausse du niveau des mers et en tenant compte des ondes de marées, d’analyses du déferlement des vagues et des mesures de protection naturelles et artificielles des côtes.</p>
<p>Nous avons procédé à la quantification de l’augmentation mondiale des évènements de submersion marine pour la période de 1993 à 2015. Pour cela, nous avons précisé, grâce aux données satellitaires, deux paramètres clés de la topographie des côtes : la pente et l’élévation maximale subaérienne de ces espaces.</p>
<p>Le niveau extrême des eaux côtières a été calculé selon une résolution horaire, de façon à identifier le nombre potentiel d’heures de franchissement des protections littorales dans chaque zone sur une base annuelle.</p>
<p>Résultat : en 23 ans, le nombre d’heures par an de submersion marine agrégé au niveau mondial a augmenté de près de 50 %. Nous sommes passés de 10 000 heures par an à plus de 15 000 heures.</p>
<p>La combinaison des marées et des épisodes de grandes vagues (d’une dizaine de mètres au maximum) est le principal contributeur au franchissement épisodique des côtes.</p>
<p>Plusieurs « points chauds » ont été identifiés : le golfe du Mexique, le sud de la Méditerranée, l’Afrique de l’Ouest, Madagascar et la mer Baltique. Ici, l’augmentation des risques de submersion marine est plus élevée en raison des côtes basses et/ou non protégées (naturellement ou artificiellement).</p>
<h2>Une accélération dans les décennies futures</h2>
<p>Nos travaux comportent également un volet de prévision pour le XXI<sup>e</sup> siècle, qui s’appuie sur différents scénarios de hausse du niveau de la mer.</p>
<p>Le nombre d’heures de submersion potentiel pourrait augmenter fortement d’ici à la fin du siècle, avec un rythme plus rapide que l’élévation moyenne du niveau de la mer : c’est-à-dire que le poids de chaque millimètre de hausse n’est pas constant et augmente, et que le risque de franchissement des protections côtières s’accentue.</p>
<p>Cette accélération de la submersion marine est exponentielle et sera clairement perceptible dès 2050, quel que soit le scénario climatique.</p>
<p>À la fin du siècle, l’intensité de l’accélération dépendra des trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre, et donc de la hausse du niveau de la mer. En cas de fortes émissions, le nombre d’heures de submersions marines pourrait être multiplié par 50 fois par rapport à ce que nous connaissons actuellement.</p>
<p>Ces chiffres soulignent l’ampleur du défi à relever par la communauté internationale : les besoins de protection sont sans précédent ; il s’agit aussi de changer nos modes d’utilisation des zones littorales fortement exposées à ces aléas marins.</p>
<p>De plus en plus de régions seront exposées à ce risque, tout particulièrement ceux de la zone intertropicale, ainsi que le Nord-Ouest des États-Unis, la Scandinavie ou l’extrême-Est de la Russie.</p>
<p>Des études complémentaires devront être conduites, à des échelles locales et régionales, pour détailler ces projections mondiales. Ces dernières constituent une base solide pour proposer des mesures efficaces d’adaptation, tout principalement dans les points chauds identifiés.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.linkedin.com/in/cristelle-duos-98283681/?originalSubdomain=fr">Cristelle Duos (IRD)</a> est co-autrice de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162892/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rafael Almar ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cette accélération de la submersion marine est exponentielle et sera clairement perceptible dès 2050, quel que soit le scénario climatique.Rafael Almar, Chercheur en dynamique littorale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1571782021-03-29T17:32:33Z2021-03-29T17:32:33ZUrbanisation : pourquoi la connaissance de l’état des sols est essentielle<p>Septembre 2020 : le gouvernement français présente son plan « France-Relance » pour faire face à la crise économique provoquée par la Covid-19.</p>
<p>Le volet « écologie » du plan prévoit un <a href="https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/densification-renouvellement-urbain">fond de 300 M€</a> dédié au recyclage des friches. Une telle décision réaffirme la volonté croissante des autorités de mieux préserver les zones rurales de l’urbanisation, en construisant la ville « sur elle-même » et en favorisant la restauration de friches auparavant abandonnées.</p>
<p>En mars 2014, certaines dispositions de la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000028772256/2020-11-06/">loi ALUR</a> (Accès au logement et à un urbanisme rénové) avaient déjà exprimé cette nécessité. À cette date en effet, près de <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.URB.TOTL.IN.ZS?end=2019&locations=EU-FR&start=1960">80 % de la population française</a> était citadine. Notre pays doit ainsi faire face au phénomène de l’artificialisation des sols et à la perte de terres fertiles, conséquences de l’expansion des villes.</p>
<p>Reste que la qualité chimique des sols est souvent mal connue, tout particulièrement dans les zones urbaines. Au cours de leur histoire, les villes accueillent en effet de multiples activités artisanales et industrielles. Leurs sols sont soumis au dépôt d’émissions atmosphériques diverses : rejets des usines, trafic routier, chauffages collectifs et individuels… De plus, il s’agit souvent de remblais parfois constitués de matériaux préoccupants du point de vue environnemental.</p>
<p>Il est donc nécessaire de connaître ce qu’on appelle les « fonds pédogéochimiques » : pour un territoire donné, les concentrations naturelles d’éléments ou de substances persistantes dans le sol, en dehors de tout apport lié aux activités humaines, constituent le « fond pédogéochimique naturel » (FPGN). Le FPGN et les concentrations diffuses dues aux activités humaines constituent le « fond pédogéochimique anthropisé » (FPGA).</p>
<p>Ces concentrations diffuses proviennent des retombées des émissions atmosphériques, proches ou lointaines, des substances introduites par les pratiques agricoles ainsi que des zones étendues de remblais d’origine naturelle. Le FPGA est donc compris entre des seuils, appelés valeurs de fond, qui le distinguent du FPGN et des concentrations relevant des anomalies provoquées par les activités humaines.</p>
<p>Dans ce contexte, la <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/page/politique-gestion-sites-sols-pollues">politique nationale de gestion des sites et sols (potentiellement) pollués</a> s’appuie sur ces « fonds pédogéochimiques », en particulier dans les démarches de diagnostic de site et de gestion des terres excavées.</p>
<h2>Diagnostiquer les sites</h2>
<p>En cas de suspicion de pollution, le <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/diagnostic-site">diagnostic du site</a> permet d’évaluer son impact sur le sol, l’air et l’eau souterraine. Pour mesurer le degré de dégradation du sol, on le compare à des sols voisins sains, dits « témoins », et au fond pédogéochimique local.</p>
<p>Cette approche constitue l’une des composantes clés de la <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/methodologie-nationale-gestion-sites-sols-pollues">méthodologie de gestion des sites et sols pollués</a>, mise en place depuis 2007 par le ministère chargé de l’Environnement, avec l’appui du BRGM et de l’Ineris.</p>
<h2>Mieux valoriser les terres excavées</h2>
<p>La reconquête des friches passe souvent par <a href="http://terrass.brgm.fr/utilisation/faq/article/quel-est-le-statut-des-terres">l’excavation de grandes quantités de terres</a> qui prennent le statut de déchet dès qu’elles quittent les sites émetteurs, qu’elles soient polluées ou non. Longtemps, ces terres ont le plus souvent été stockées dans des centres d’enfouissement, lesquels arrivent parfois à saturation, notamment en Ile-de-France. Pour répondre à cette situation, l’Ineris et le BRGM ont produit des guides de caractérisation et de valorisation des terres excavées.</p>
<p>Dès 2012, le BRGM a spécifié que l’une des conditions nécessaires à cette valorisation repose sur la caractérisation des terres nécessitant d’être excavées et susceptibles d’être réutilisées, pour vérifier si leurs propriétés chimiques sont cohérentes avec le fond pédogéochimique, naturel ou anthropisé, local.</p>
<p>En 2020, cette approche a été consolidée dans deux <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/guide-valorisation-hors-site-terres-excavees">guides de valorisation hors site des terres excavées</a>, issues ou non de sites et sols pollués.</p>
<h2>Déterminer le « fond pédogéochimique »</h2>
<p>Les <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/bases-donnees-qualite-sols">bases de données disponibles sur les sols</a>, habituellement utilisées comme référence, ne couvrent pas l’ensemble du territoire, notamment les villes, et considèrent principalement les substances métalliques (plomb, cuivre, zinc, chrome, mercure, nickel…). Par conséquent, elles ne contiennent souvent pas d’analyses sur les molécules organiques toxiques persistantes dans l’environnement, telles que les polychlorobiphényles (PCB), les dioxines ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).</p>
<p>Ces bases de données ne répondent donc pas pleinement aux besoins des acteurs du domaine des sites et sols pollués pour estimer le FPGA.</p>
<h2>Une base de données constamment enrichie</h2>
<p>En 2009, l’Ademe et le BRGM ont vu dans l’opération <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/page/demarche-etablissements-sensibles">« Établissements sensibles »</a> une opportunité pour développer une base de données des analyses de sols urbains (appelée <a href="http://www.bdsolu.fr/">BDSolU</a>), spécialement dédiée à la détermination des fonds pédogéochimiques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/391831/original/file-20210325-17-109tnyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/391831/original/file-20210325-17-109tnyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/391831/original/file-20210325-17-109tnyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/391831/original/file-20210325-17-109tnyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/391831/original/file-20210325-17-109tnyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/391831/original/file-20210325-17-109tnyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/391831/original/file-20210325-17-109tnyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Améliorer la connaissance de la qualité chimique des sols.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alain Brunet</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’opération « Établissements sensibles » visait le diagnostic des établissements accueillant des populations vulnérables (enfants et adolescents) construits sur ou à proximité immédiate des <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/basias">anciens sites industriels ou activités de services recensés</a>. Répartis sur toute la France, ces établissements ont été construits à une époque où l’on ignorait certains enjeux sanitaires et environnementaux.</p>
<p>Conduite selon la méthodologie nationale de gestion des sites (potentiellement) pollués, cette démarche a permis de collecter les résultats de nombreuses analyses de sols témoins. L’objectif de BDSolU est de produire des valeurs de fonds pédogéochimiques, en particulier dans les zones urbaines, pour servir de référentiels lors de futurs diagnostics et en cas d’excavation de terres.</p>
<p>En plus des données récoltées durant cette opération « Établissement sensibles », BDSolU a aussi initié la bancarisation des données recueillies au cours d’autres projets. Et les collectivités disposant d’analyses de sols sont invitées à contribuer à l’alimentation de la base, avec l’aide de l’Ademe pour lancer de nouvelles collectes.</p>
<p>Toutefois, le processus de détermination des fonds pédogéochimiques demeure une opération complexe dépendant de nombreux paramètres (géologie, pédologie, occupation des sols…). Aujourd’hui, plusieurs méthodes coexistent et varient selon les auteurs et les contextes spécifiques de chaque pays.</p>
<p>En 2018, un <a href="http://www.bdsolu.fr/page/groupe-travail-valeurs-fonds">groupe de travail</a> soutenu par l’Ademe a produit deux guides de détermination des <a href="http://ssp-infoterre.brgm.fr/guides-determination-valeurs-fonds-sols-echelles-territoire-site">valeurs de fond à l’échelle d’un territoire et d’un site</a>. Pour autant, le calcul de ces valeurs fait encore l’objet de travaux de recherche.</p>
<p>Cette étude est désormais conduite dans le cadre du <a href="https://www.gissol.fr/">Gis-Sol</a> avec pour objectif d’aider les aménageurs à informer les populations, tout en favorisant de meilleures pratiques pour les diagnostics des sols et l’aménagement du territoire ; créé en 2001, le Gis-Sol, (Groupement d’intérêt scientifique-Sol) constitue et gère un système d’information sur les sols de France.</p>
<p>À terme, les urbanistes et les citadins devraient obtenir une compréhension toujours plus approfondie de la qualité des sols, que ce soit en matière de gestion des pollutions, de protection de la santé ou dans le cadre d’études d’impact, d’états des lieux, d’évaluations post-accidentelles ou encore de création de sols fertiles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157178/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le projet « Fonds pédogéochimiques urbains », animé par Jean-François Brunet, est chargé du développement de la BDSolU, en partenariat avec INRAe et eOde, avec la participation de MINES ParisTech ; ce projet est cofinancé par l’Ademe.</span></em></p>La qualité chimique des sols est souvent mal connue, tout particulièrement dans les zones urbaines.Jean-François Brunet, Ingénieur sites et sols pollués, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1550912021-02-24T19:15:53Z2021-02-24T19:15:53ZMéthode Miyawaki : pourquoi les « microforêts » ne sont pas vraiment des forêts<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/385925/original/file-20210223-23-1m8vpw7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C157%2C1809%2C1257&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une microforêt Miyawaki, 9 mois après sa plantation.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/11/Miyawaki_forest_-_9_months_after_planting.jpg">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Au cœur de nos agglomérations, nous sommes devenus une espèce assiégée, dépendante des énergies fossiles et du béton. Il semble que plus nous y prospérons, plus nous compromettons notre environnement naturel. Comme le dit si justement l’astrophysicien <a href="https://www.hubertreeves.info/">Hubert Reeves</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Nous menons une guerre contre la nature. Si nous la gagnons, nous sommes perdus. »</p>
</blockquote>
<p>En réaction, portées par une demande sociétale forte, nos villes ont l’ambition de restaurer des espaces naturels. Le béton cède un peu d’espace à la nature, et les villes se verdissent. Bien sûr, il s’agit d’une nature contrôlée. On ne laisse pas encore les parcs et les gazons évoluer sans intervention, mais on plante des arbres ! C’est même devenu un acte politique fort dans les grandes métropoles françaises.</p>
<p>Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, tout le monde sort sa pelle mécanique hydraulique, et <a href="https://theconversation.com/les-forets-urbaines-essentielles-aux-villes-de-demain-94335">c’est à qui en plantera le plus</a>. Il s’agit de remédier aux maux de la vie urbaine : <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-temperatures-grimpent-elles-en-ville-62786">îlots de chaleur</a>, pollution sonore, particules fines, <a href="https://theconversation.com/numerique-ville-et-nature-reconnecter-les-citadins-a-leur-environnement-146856">déconnexion avec l’environnement naturel</a>… pour ne citer que quelques exemples.</p>
<p>Planter un arbre – et le garder en vie – a toutefois un coût ; c’est un investissement sur le court et le long terme. Un problème que la microforêt promet de résoudre.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"986831238047649792"}"></div></p>
<h2>The winner takes it all</h2>
<p>Ce concept s’est développé au Japon, pays de la sylvothérapie par les bains de forêts, sous l’impulsion du botaniste <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Akira_Miyawaki">Akira Miyawaki</a>. Le principe est simple : laisser faire la nature en lui donnant simplement un coup de pouce au démarrage.</p>
<p>Concrètement, il s’agit de restaurer un « écosystème forestier » en plantant de jeunes arbres très serrés <a href="http://urban-forests.com/wp-content/uploads/2020/05/Urban-Forests-Compilation-%C3%A9tudes-Miyawaki-b%C3%A9n%C3%A9fices-VF.pdf">(3 au m² en moyenne)</a> et en privilégiant des espèces locales. La technique peut s’appliquer en ville, mais pas que. Ses promoteurs mettent en avant la croissance rapide des arbres et la restauration d’un « écosystème forestier » en quelques années, sans intervention humaine au-delà de la plantation. L’idée est séduisante et la rhétorique évocatrice, mais est-ce la panacée pour autant ?</p>
<p>Oui, une microforêt pousse vite, haut et (presque) sans entretien : c’est un gros avantage. Mais si elle pousse si haut si vite, c’est que les arbres cherchent tous à accéder le plus rapidement possible à la lumière, à l’eau et aux nutriments, avant que leurs voisins n’accaparent ces ressources.</p>
<p>Comme le chantait si bien ce groupe venu du Nord, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=92cwKCU8Z5c">« The winner takes it all »</a> : premier arrivé, premier servi ! En écologie, on appelle ce phénomène la compétition. C’est naturel, il n’y a pas lieu de s’en offusquer. Mais cela a une conséquence immédiate : c’est l’hécatombe.</p>
<p>Une des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11355-010-0117-0">rares études</a> menées en Europe sur l’efficacité de la « méthode de Miyawaki » fait état de 61 à 84 % de mortalité des arbres 12 ans après la plantation. Ce n’est pas un problème en soi, cela signifie seulement que toutes les jeunes pousses plantées dans une métropole ne donneront pas, à terme, des arbres. La nuance est de taille.</p>
<h2>La microforêt est à la forêt ce que le village est à la ville</h2>
<p>Si l’on ignore l’élimination des arbrisseaux les plus faibles, peut-on tout de même considérer que les arbres plantés constitueraient une forêt, aussi micro soit-elle ? Cela revient à se demander si un village est une microville.</p>
<p>Bien sûr, on retrouve beaucoup de similitudes entre le village et la ville. Des maisons proches les unes des autres, alignées le long de rues ; un centre un peu plus densément bâti que la périphérie ; une mairie, souvent une église, et pour les plus chanceux une boulangerie, voire un bureau du poste.</p>
<p>Mais quid de l’hôpital, de la médiathèque, de la gare ou du lycée ?</p>
<p>On ne les trouve souvent que dans les macrovillages, pour ne pas dire les villes. La ville se définit alors par le nombre de ses habitants autant que par la diversité des occasions d’interactions qu’ils peuvent avoir entre eux.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le monde d’après : les microforêts urbaines à Toulouse. (France 3 Occitanie/Youtube, 28 janvier 2021).</span></figcaption>
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<p>C’est la même chose pour une forêt ; elle se définit par la présence d’arbres, certes, mais également par la diversité des êtres vivants qu’elle héberge et par la complexité de leurs interactions. Ce sont celles-ci qui assurent le <a href="https://www.sfecologie.org/regard/regards-3-mouquet/">fonctionnement et la dynamique</a> de l’écosystème forestier.</p>
<p>Il ne fait aucun doute que les arbres jouent un rôle central dans la forêt, tant en matière de fonctionnement que de structure. Ils piègent du CO<sub>2</sub> dans leurs troncs et leurs racines grâce à la photosynthèse, protègent les sols contre l’érosion, font de l’ombre et transpirent, contribuant ainsi au rafraîchissement de l’atmosphère. Les arbres offrent également un habitat à une incroyable biodiversité qu’ils hébergent dans leurs houppiers ou leurs racines.</p>
<p>Il ne fait pas de doute non plus qu’une microforêt créée sur une friche industrielle ou un parking, si elle est constituée d’une forte densité de jeunes arbres, restaurera une partie de la biodiversité d’une forêt et des fonctions qui lui sont associées. Mais il ne s’agit pas d’une forêt pour autant.</p>
<h2>Un concept plus marketing que scientifique</h2>
<p>Parce qu’en écologie aussi, la taille compte. La littérature scientifique est abondante sur l’effet que la taille des forêts a sur leur fonctionnement et la biodiversité qu’elles hébergent. Pour les auteurs de ces travaux, il s’agissait d’évaluer l’effet de la <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1466-822X.2006.00197.x">fragmentation et de l’isolement des forêts</a> ou de la <a href="https://link.springer.com/journal/13595/topicalCollection/AC_404bb9a8fc2d99eb2c8a92210ea416f0">régénération spontanée</a> suite à la déprise agricole.</p>
<p>Les relations entre taille des forêts, biodiversité et fonctionnement de ces écosystèmes sont complexes, avec des effets de seuils. Mais dans la tendance générale, les petites forêts hébergent une biodiversité plus faible et sont beaucoup plus vulnérables aux perturbations que les grandes. Alors, quel avenir pour des microforêts insérées dans un milieu par nature hostile, la ville ?</p>
<p>On comprend aisément que les bénéfices vantés des microforêts soient séduisants pour les citadins. Mais en tant qu’écologues, nous nous inquiétons de la manière dont sont « vendues » ces microforêts aux contribuables et à leurs représentants. Vendues, parce qu’il ne s’agit pas de science, malgré un discours qui pourrait le laisser penser.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1056802570193252352"}"></div></p>
<p>Plusieurs entreprises au discours bien rodé proposent leurs services pour restaurer les écosystèmes forestiers de manière frugale et respectueuse des équilibres naturels, en promettant de faire mieux que les méthodes traditionnelles et de restaurer la biodiversité des forêts. Elles appuient leurs promesses à grand renfort de photos sorties de leur contexte et de citations d’Akira Miyawaki.</p>
<p>Mais une photo n’est pas une preuve scientifique, pas plus qu’un argument d’autorité ne devrait primer sur les évidences scientifiques. Or, ce sont ces évidences qui manquent. On trouve bien quelques études présentant la <a href="https://pdfs.semanticscholar.org/f470/b842055abe3b73b70c02305102dcfc1b911c.pdf">dynamique de croissance des arbres ou du couvert végétal dans les microforêts</a> régénérée selon la méthode Miyawaki, mais elles n’incluent pas de témoins convaincants permettant d’affirmer que cette méthode fait mieux que les méthodes traditionnelles ou que les microforêts restaurent la biodiversité des « forêts primaires ».</p>
<p>Notre propos n’est pas de nier les très nombreux <a href="http://www.fao.org/resources/infographics/infographics-details/en/c/411348/">services écologiques rendus par les arbres et les forêts aux populations urbaines</a>, ni même de contester les enjeux de la végétalisation des villes. Seulement il faut appeler un chat un chat, un arbre un arbre, un bosquet un bosquet, et une forêt une forêt.</p>
<p>La microforêt est un concept a priori séduisant qui, bien utilisé, peut effectivement contribuer à la (re)végétalisation de nos villes, au bien-être des citadins et peut-être même à leur reconnexion avec leur environnement naturel. Mais une microforêt n’est pas une forêt, c’est au mieux un oxymore, au pire un moyen de se donner bonne conscience sous couvert de science.</p>
<hr>
<p><em>Lilian Marchand, qui est chercheur au centre de R&D Lyre de Suez à Bordeaux, a contribué à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155091/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bastien Castagneyrol a reçu des financements publics au travers de l’Agence nationale pour la recherche (ANR), du GIP Ecofor, des fonds France-Canada pour la recherche (FFCR) et de la commission européenne, ainsi que des financements privés (Fondation BNP Paribas).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annabel Porté a reçu des financements publics au travers de l’Inrae, de l’ANR, du programme cadre européen, du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christophe Plomion a reçu des financements publics au travers de l’Inrae, de l’ANR et du programme cadre européen.</span></em></p>Le concept de microforêt se répand petit à petit pour répondre à la bétonisation de nos existences. Au risque de détourner ce qui définit une forêt.Bastien Castagneyrol, Chercheur en écologie, InraeAnnabel Porté, Chercheure en écologie forestière, InraeChristophe Plomion, Chercheur en génétique, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1535832021-02-01T19:41:36Z2021-02-01T19:41:36ZDans le Sud de la France, des canicules de plus en plus mal vécues<p>Ce lundi 1<sup>er</sup> février 2021, Météo France a <a href="http://www.drias-climat.fr/document/rapport-DRIAS-2020-red3-2.pdf">dévoilé ses prévisions relatives au changement climatique</a> et à ses effets attendus pour les décennies à venir en France métropolitaine. Si l’ampleur de ces changements dépend des efforts déployés pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, il apparaît très clairement que le Sud de la France sera fortement touché par des vagues de chaleur plus longues et plus intenses. Si rien n’est fait pour enrayer ce dérèglement, atteindre les 50 °C en période estivale n’aura plus rien du record dans le pourtour méditerranéen…</p>
<p>On sait que les effets du réchauffement climatique sont déjà particulièrement sensibles dans les grandes villes. Les différences de températures provoquées par les îlots de chaleur urbains peuvent aller <a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504">jusqu’à 8 °C</a> entre une ville et les campagnes alentour. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas épargnées par la hausse des températures du fait de <a href="https://www.tameteo.com/actualites/actualite/les-zones-rurales-ressentent-deja-la-chaleur-de-l-urbanisation-avec-de-potentiels-dangers.html">telles concentrations urbaines à proximité</a>. Les densités de construction et de population ont une influence évidente, et pourtant la démographie urbaine ne cesse de croître : elle représente aujourd’hui 58 % de la population mondiale à ce jour, une part qui devrait atteindre les <a href="https://news.un.org/fr/story/2018/05/1014202">70 % en 2050 selon l’ONU</a>. En France, elle s’élève à 80 % en 2018, et même dorénavant s’élèverait à 95 % selon le nouveau périmètre d’aire urbaine proposé par l’Insee, <a href="https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BilanEssai/1/SP.URB.TOTL.IN.ZS/2018/2/x//sans/sansLogUni/Vert/11px/?">contre 60 % en 1960</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, des villes du monde entier adoptent des stratégies de résilience. Végétalisation des espaces urbains pour former <a href="https://theconversation.com/les-forets-urbaines-essentielles-aux-villes-de-demain-94335">« oasis » et « ville-forêt »</a>, optimisation énergétique des bâtiments ou encore régulation en temps réel de certaines activités <a href="https://nscn.eu/Copenhagen">selon des indices de pollution</a>. Avec parfois des mesures peut-être plus anecdotiques, comme l’arrosage des espaces publics et le <a href="https://www.lemonde.fr/transition-ecologique/article/2020/10/05/peindre-les-toits-en-blanc-pour-des-batiments-au-frais_6054804_179.html">blanchiment des toits</a>. Ces actions sont très souvent accompagnées de dispositifs de « sensibilisation » à <a href="https://www.youtube.com/watch?v=51BeXLjucWU">l’adoption de comportements dits écoresponsables</a>, du point de vue des pratiques de déplacement, de la consommation ou du recyclage.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1356265966632640513"}"></div></p>
<h2>Enquête sur le vécu climatique</h2>
<p>Selon plusieurs enquêtes récentes, les <a href="https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/le-climat-au-premier-rang-des-inquietudes-des-francais">trois quarts des Français et Françaises</a> déclarent de plus en plus ressentir les effets du changement climatique. Très peu de recherches qualitatives ont en revanche approfondi l’expérience concrète et sensible de tels ressentis dans les milieux urbains denses. Sans parler des inégalités générées, encore peu mises en lumière, par de <a href="https://www.theguardian.com/cities/2019/nov/21/re-greening-can-louisville-plant-its-way-out-of-a-heat-emergency">telles stratégies d’adaptation</a>.</p>
<p>Renseigner ces ressentis a été l’un des objectifs d’une enquête que nous avons menée en juillet 2019 auprès de 130 personnes de <a href="https://notreaffaireatous.org/une-enquete-inedite-sur-les-vecus-climatiques-dans-cinq-grandes-villes-francaises/">cinq villes du sud de la France</a> : selon les catégories de l’Insee, trois métropoles (Marseille, Montpellier et Toulouse), une grande ville (Nîmes) et une ville moyenne (Narbonne).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1283477853355597826"}"></div></p>
<p>Nous avons choisi ces villes pour deux raisons. D’une part car elles connaissent toutes ces dernières années un regain démographique supérieur à la moyenne nationale. Pour accueillir les nouvelles populations (étudiant·e·s, CSP+, retraité.e.s), la densification des quartiers centraux s’y accélère <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4218308">ainsi que l’étalement urbain et l’artificialisation des terres en périphérie</a>. D’autre part, les régions méridionales sont particulièrement <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-01/datalab-essentiel-202-risques-climatiques-janvier2020.pdf">exposées aux risques climatiques</a> (inondations, sécheresses, etc.), menaçant directement les <a href="http://www.grec-sud.fr/article-cahier/articles-du-cahier-ville/climat-et-ville-la-place-de-lecologie/">villes méditerranéennes et les populations qui les habitent</a>.</p>
<p>L’échantillon retenu des enquêté·e·s est proche de la population-mère de ces villes, malgré quelques écarts liés à la période de passation : une sous-représentativité des retraité·e·s et une surreprésentation des personnes sans emploi et de certaines CSP, particulièrement les « artisans, commerçants, chefs d’entreprise ».</p>
<h2>Les modes de vie urbains affectés</h2>
<p>70 % des personnes interrogées déclarent ressentir des effets du changement climatique. Les altérations dans le rythme des saisons, des épisodes intensifiés de chaleurs et des écarts brutaux de températures d’un jour à l’autre constituent les phénomènes les plus couramment mentionnés. C’est le constat dressé par ce Narbonnais : <em>« On est certain qu’il y a un changement. Quand, en avril, il fait 30 degrés et en juin, il fait 12 degrés, et après, 40 degrés… Et on manque de pluies, c’est très sec, on voit bien le changement. »</em> (quartier Cité, 45-59 ans, commerçant).</p>
<p>Plus largement, les périodes de canicule sont vécues par une partie comme de véritables « épreuves », tant physiques (crises d’asthme, conjonctivites régulières, fatigue) que psychologiques (sensations d’asphyxie ou d’étouffement). Ces épisodes suscitent aussi de nombreuses inquiétudes quant aux personnes les plus fragiles : « <em>Mon mari a eu des syncopes, il a perdu connaissance et c’est les pompiers qui l’ont relevé […] Ils l’ont gardé à l’hôpital, il avait commencé à délirer</em> » (quartier Noailles, Marseille, femme, plus de 74 ans, retraitée).</p>
<p>En regard de cette situation, 56 % des enquêté·e·s affirment déjà adapter leurs modes de vie en été. Les rythmes tendent à ralentir pour s’ajuster aux besoins vitaux. Les journées de travail sont moins intenses et l’essentiel des activités se concentre en matinée ou en soirée. Le reste du temps est passé dans des intérieurs aérés ou climatisés. Les espaces confinés et de foule sont largement évités : rues touristiques des centres-villes, grands espaces de loisirs…</p>
<p>Et si 68 % continuent à trouver leur ville agréable à vivre durant l’été, 30 % envisageraient de la quitter face à la dégradation de leurs conditions d’habitabilité : <em>« Clairement, j’aimerais bien vivre à la campagne. Là où il fait plus frais. Aussi pour la pollution car on respire vraiment un air qui est pas top ici »</em> (quartier Figuerolles, Montpellier, femme, 15-29 ans, étudiante).</p>
<p>Ce résultat questionne dès lors très directement les politiques d’urbanisation.</p>
<h2>Sensations d’asphyxie et de saturation</h2>
<p>Une impression partagée de dégradation des milieux de vie émerge, liée à la densification des centres urbains et à la bétonisation, non seulement des espaces interstitiels en ville mais également des terres agricoles en périphérie. Comme cette habitante, beaucoup se désolent du rythme élevé d’urbanisation des terres et des paysages : <em>« Oui, Montpellier change très, très vite, et surtout on construit énormément. On densifie tous les espaces libres qui existaient »</em> (quartier Ecusson, 45-59 ans, artisane).</p>
<p>D’autres ont pu témoigner de la minéralisation importante de leur environnement : « On a l’impression d’être dans une cuve de chaleur. Le béton réverbère » (quartier Bagatelle, Toulouse, 30-44 ans, employée). Sont aussi évoqués des sensations d’asphyxie liées aux pollutions, exacerbées par les chaleurs estivales et l’afflux de populations. <em>« Ici, tellement il fait chaud, vous risquez de tomber par terre. C’est un canyon. L’air ne circule pas »</em>, raconte un habitant de Nîmes (30-44 ans, sans activité professionnelle).</p>
<p>Or, si les efforts d’écologisation des villes sont parfois évoqués, le sentiment dominant reste que les politiques locales ont bien souvent des priorités contraires à la préservation des milieux de vie et à la soutenabilité des conditions de vie. En continuant d’urbaniser, les pouvoirs publics territoriaux sont par exemple accusés de privilégier les logiques d’attractivité de nouvelles populations et de touristes, au détriment des besoins d’habitant·e·s plus modestes.</p>
<p>Cela s’incarne non seulement dans la critique des grands projets emblématiques (comme Euroméditerranée à Marseille, Val Tolosa en banlieue toulousaine, Carré Sud à Nîmes…) mais également dans celle de plusieurs rénovations de quartier que les habitant·e·s estiment être des facteurs de gentrification de quartiers centraux métropolitains (réhabilitation de La Plaine à Marseille par exemple).</p>
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<figcaption><span class="caption">Euroméditerranée, ou la ville confisquée. Source : Politis.fr.</span></figcaption>
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<h2>Sentiments d’inquiétude et d’injustice écologique</h2>
<p>Plus des 2/3 des sondé·e·s affirment ressentir les conséquences du changement climatique. Ce constat génère chez beaucoup doute, crainte et colère, comme le partage cet étudiant marseillais : <em>« Ça me touche énormément, ça me met en colère. Quand tu te dis que tu peux rien y faire et qu’on est presque dans une impasse, ça me rend triste »</em> (quartiers Nord, 15-29 ans).</p>
<p>Des sentiments qui s’expliquent aussi par la croissance d’inégalités environnementales. La concentration d’espaces verts dans les quartiers aisés, par exemple, ou la vétusté énergétique des parcs immobiliers pour les populations les plus fragiles économiquement : <em>« Nous sommes dans des quartiers très anciens et dégradés, avec des habitants qui rencontrent en plus d’énormes difficultés sociales et de santé »</em>, relate une jeune employée de Narbonne (quartier Saint-Jean Saint-Pierre, 15-29 ans). Ce sentiment d’injustice, qui concerne surtout les populations les plus vulnérables (personnes âgées) ou démunies (classes populaires et migrants climatiques), est décrit par 88 % des personnes interrogées.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1135281141051777024"}"></div></p>
<p>L’avenir suscite alors inquiétude et anxiété. 83 % reconnaissent avoir déjà réfléchi à l’avenir de la planète et de l’humanité, en projetant sur l’avenir une intensification des phénomènes d’aujourd’hui : dérèglement continu du climat et grandes catastrophes naturelles, avancée des déserts en France et migrations des populations, accroissement des inégalités et conflits autour des ressources, effondrement généralisé du vivant : <em>« Tout sera décuplé au niveau pollution, et des catastrophes écologiques et environnementales. On n’agit pas assez vite, on va droit dans le mur »</em> (quartier La Cabucelle, Marseille, femme, 30-44 ans, employée).</p>
<p>Les expériences du changement climatique sont donc très prégnantes dans les milieux les plus densément urbanisés. Face aux défaillances imputées aux politiques, les personnes rencontrées en appellent à des engagements écologiques, collectifs mais aussi individuels, pour encourager a minima une autolimitation des besoins et une déconsommation des pratiques. En bref, retrouver un certain sens de la mesure et de la limite écologique dans les manières d’habiter et de vivre.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://theconversation.com/profiles/guillaume-faburel-990961">Guillaume Faburel</a> est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153583/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une enquête menée auprès d’habitants de cinq villes du Sud de la France révèle qu’ils ressentent le changement climatique, et que les phénomènes liés provoquent inquiétude et sentiment d’injustice.Fabian Lévêque, Doctorant en géographie et études urbaines - UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 Karl Berthelot, Doctorant en sociologie et études urbaines, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)Mathilde Girault, Docteure en études urbaines, Collegium de Lyon – RFIEALicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1506572020-11-24T22:06:21Z2020-11-24T22:06:21ZComment un village peut devenir une mégalopole : une équation pour l’histoire des villes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/371016/original/file-20201124-23-2vna0v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4472%2C2805&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La ville d'Athènes, capitale millénaire de la Grèce.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nikosniotis/10401366416/in/photostream/">Nikos Niotis, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Pourquoi certaines villes atteignent le rang de mégalopoles alors que d’autres stagnent ou disparaissent ? Pourquoi le petit oppidum gaulois de Lutèce est-il devenu la grande métropole qu’est Paris aujourd’hui alors qu’à quelques centaines de kilomètres de là, Autun, fondée par Auguste comme « sœur et émule de Rome » n’a pas dépassé les 20 000 habitants pendant 2000 ans ? C’est une des questions les plus débattues des sciences urbaines.</p>
<h2>Une loi historique sur la taille des villes</h2>
<p>En France, comme dans la plupart des pays du monde, la population urbaine est très inégalement répartie : une ville-monde, quelques grandes villes, un bon nombre de villes moyennes et beaucoup de petites villes. Mathématiquement, la théorie économique décrivait jusqu’ici cette répartition des populations urbaines au sein d’un pays par une loi statistique : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Zipf">loi de Zipf</a>. Énoncée en 1949 par <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/1097-4679(195007)6:3%3C306::AID-JCLP2270060331%3E3.0.CO;2-7">Georges Zipf</a>, cette loi stipule que si l’on classe les villes d’un pays selon leur population par ordre décroissant (la plus grande ville a donc le rang <em>r</em>=1), la population P d’une ville est inversement proportionnelle à son rang <em>r</em> :</p>
<blockquote>
<p><strong>Loi de Zipf (1949) :</strong> P=A/r</p>
</blockquote>
<p>Ainsi, la ville la plus peuplée d’un pays est-elle généralement deux fois plus grande que la deuxième, trois fois plus grande que la troisième, et ainsi de suite. Cette loi est donc la signature d’une organisation très hiérarchique des villes, avec en général une ville principale beaucoup plus grande que les autres. Cette régularité statistique observée pour de nombreux pays et à de nombreuses époques a déclenché de nombreuses études depuis plus d’un siècle.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/370818/original/file-20201123-15-1o9kzz3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/370818/original/file-20201123-15-1o9kzz3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/370818/original/file-20201123-15-1o9kzz3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/370818/original/file-20201123-15-1o9kzz3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/370818/original/file-20201123-15-1o9kzz3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/370818/original/file-20201123-15-1o9kzz3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/370818/original/file-20201123-15-1o9kzz3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Loi de Zipf, dite aussi loi de rang-taille. On ordonne la population des villes d’un pays (le rang r=1 correspond à la ville la plus peuplée) et on trace la population en fonction de son rang. On observe une courbe régulière qui suit la loi P=A/r.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Vincent Verbavatz et Marc Barthelemy</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Petits chocs quotidiens ou grandes révolutions : qu’est-ce qui marque la taille d’une ville ?</h2>
<p>Pour expliquer une telle répartition, une idée naturelle est de faire appel au hasard : les villes d’aujourd’hui sont la résultante d’un très grand nombre d’événements particuliers, qui ont fait prospérer certaines cités et disparaître quelques autres. C’est ainsi que <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Gabaix">Xavier Gabaix</a>, un économiste français, <a href="https://www.jstor.org/stable/2586883?seq=1">a proposé à la fin des années 90</a> une équation qui donne l’évolution de la population en fonction du temps et qui suggère que la loi de Zipf est essentiellement la conséquence naturelle du hasard des naissances et des migrations. Philosophiquement, cela revenait à considérer que les petits chocs du quotidien étaient responsables de l’inégalité des villes, par ailleurs inévitable : certaines villes réussissent et d’autres non. Le problème semblait réglé.</p>
<p>Cependant, la disponibilité et l’ouverture récentes de <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0183919">données démographiques et historiques précises</a> sur les villes a permis de montrer que la loi de Zipf n’était pas toujours vérifiée. Dans beaucoup de pays, en France notamment, on peut montrer que la loi de Zipf est une sorte d’illusion d’optique, une loi qui est facile à voir apparaître quand on se restreint à l’analyse d’un petit nombre de grandes villes. La répartition des populations urbaines est en réalité beaucoup plus complexe et peut varier dans le temps. De plus, les petits chocs du quotidien de Gabaix <a href="https://www.researchgate.net/publication/6662841_Rank_clocks">ne suffisent pas à expliquer</a> les grands chocs urbains historiques : ruée vers l’or, épidémies majeures, villes-nouvelles, déshérence industrielle. Si la répartition des villes est bien le résultat du hasard, encore faut-il savoir de quel hasard on parle : celui qui s’accumule tous les jours ou celui qui en très peu de temps bouleverse le paysage urbain.</p>
<p>En analysant les données démographiques et de migrations pour plusieurs pays et sur plusieurs périodes (France 2003-2008 ; 2012-2017 USA ; 2012-2016 Royaume-Uni ; 2012-2016 Canada), nous avons pu quantifier les différentes contributions à l’évolution de la population urbaine : le bilan démographique (naissances et décès), les migrations internationales, et les migrations interurbaines (les déménagements d’une ville à une autre dans le même pays). À partir de ces résultats, nous avons écrit une nouvelle équation qui décrit l’évolution temporelle des populations urbaines d’un pays.</p>
<h2>Des grands chocs décident du destin des villes</h2>
<p>Nous avons alors montré que ce sont les grands chocs migratoires interurbains qui gouvernent les variations temporelles des populations urbaines. Ces chocs sont rares mais suffisamment importants pour changer le destin des villes, les faire émerger ou disparaître. Par exemple, pendant la ruée vers l’or, la population de San Francisco passe d’un peu plus de 1000 à 150 000 habitants entre 1850 et 1870. Plus près de chez nous, la population du Creusot (d’ailleurs pas très loin d’Autun) est plus que décuplée entre 1831 et 1856 par l’implantation de la famille Schneider.</p>
<p>Nos travaux, <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-2900-x">publiés récemment dans la revue <em>Nature</em></a> permettent d’apporter un regard nouveau sur le destin des villes. Ce ne sont pas les petits mais les grands événements qui font la démographie urbaine et qui décident du sort des villes d’un pays. En particulier, ce sont les vagues de migrations urbaines, ponctuelles mais majeures, qui expliquent pourquoi certaines villes émergent et d’autres disparaissent.</p>
<p>Finalement, cette équation porte un message optimiste : elle montre que le destin d’une ville n’est pas figé et ne dépend pas uniquement de sa démographie. La réussite des villes s’explique davantage par des chocs extérieurs, éventuellement induits, et maîtrisables, que par l’accumulation d’effets strictement aléatoires et fatals. Les décisions de politique et de planification urbaine ont donc un rôle majeur à jouer pour renforcer l’attractivité d’une ville et peuvent complètement modifier sa dynamique d’évolution et son histoire future.</p>
<h2>Horloge des rangs</h2>
<p>Pour visualiser l’évolution de la population d’une ville au cours du temps, on peut représenter le rang <em>r</em> d’une ville (le « classement » de la ville par population) sous la forme d’une horloge. Pour chaque année, le cadran fait figurer le rang de la ville correspondant. Une ville qui ne change pas de rang est donc représentée par un cercle tandis que le rang d’une ville qui croît ou décroît relativement plus vite que les autres prend la forme d’une spirale. Plus la spirale est resserrée, plus le changement s’opère brutalement. Nos travaux prédisent que ces spirales resserrées arrivent beaucoup plus souvent qu’on ne le pensait jusqu’alors.</p>
<hr>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/370785/original/file-20201123-21-1wg1800.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/370785/original/file-20201123-21-1wg1800.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/370785/original/file-20201123-21-1wg1800.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/370785/original/file-20201123-21-1wg1800.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/370785/original/file-20201123-21-1wg1800.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/370785/original/file-20201123-21-1wg1800.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/370785/original/file-20201123-21-1wg1800.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Horloge des rangs. Sur cette représentation, on suit le rang <em>r</em> de plusieurs villes au cours du temps, c’est-à-dire le classement de chaque ville par population. La ville la plus à l’extérieure est la ville la plus peuplée (Paris de rang 1) et plus les villes se rapprochent du centre plus elles sont petites. Au cours du temps, on peut donc suivre l’évolution du rang d’une ville sous la forme d’une courbe le long de l’horloge. Ici, nous avons isolé quelques comportements typiques d’évolution de ville : (1) Deux villes dont le rang est stable sur 150 ans (Paris et Saint-Malo) ; (2) une ville dont la population croît plus vite que la moyenne (et dont le rang diminue) sans qu’il y ait de choc soudain majeur (Senlis) ; (3) une ville dont la population s’effondre en quelques années (Décazeville, ville houillère de l’Aveyron) ; (4) une ville dont la population explose en moins de 20 ans (Aigues-Mortes). Nos résultats éclairent la compréhension des chocs 3 et 4, qui échappaient jusqu’ici à l’analyse statistique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Vincent Verbavatz et Marc Barthelemy</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/150657/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Certaines villes prospèrent, d’autres disparaissent. Une étude récente montre que l’évolution urbaine tient davantage à des chocs extérieurs, peut-être maîtrisables, qu’au hasard des évènements.Vincent Verbavatz, Doctorant, Université Paris-SaclayMarc Barthelemy, Directeur de Recherche, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1468562020-10-11T16:43:51Z2020-10-11T16:43:51ZNumérique, ville et nature : reconnecter les citadins à leur environnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363119/original/file-20201013-21-16mlxfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C38%2C3625%2C2428&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En ville, les espaces naturels sont autant de possibilités d’expériences et de qualité d’être.</span> <span class="attribution"><span class="source">Marie-Elise Beyne</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’espace urbain est devenu le milieu dominant des êtres humains, et sa progression questionne aujourd’hui l’habitabilité des villes. L’imperméabilisation, la densité des constructions et des flux liés au modèle de la ville fonctionnelle contribuent à la perte de biodiversité, à la création d’îlots de chaleurs et à la pollution.</p>
<p>Le bien-être et la santé sont également mis à mal dans un contexte générateur d’anxiété. En bref, l’urbanisation des modes de vie favorise une déconnexion à la nature et à ses bienfaits multiples.</p>
<p>En parallèle, le développement du numérique et la vitesse de son déploiement dans la plupart des sociétés traduisent un désir de connexion qui interroge moins qu’il attire.</p>
<p>Si la déconnexion à la nature semble évoluer de pair avec la connexion numérique, une réflexion sur les implications psychologiques, sociales et urbaines s’impose pour mesurer les enjeux de cette évolution.</p>
<h2>Les bienfaits de la connexion à la nature</h2>
<p>Convaincues de l’urgence de reconnecter les citadins à la nature et de créer de nouvelles alliances urbaines, nous avons appelé <a href="https://theconversation.com/confinement-en-ville-pourquoi-lacces-a-la-nature-est-tout-simplement-vital-137500">avec des chercheurs du Groupe d’urbanisme écologique</a> à ouvrir les parcs pendant le confinement, en insistant sur l’importance de rester connecté à la nature pour des raisons tant psychologiques, sociales que sanitaires.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"994745448840728578"}"></div></p>
<p>En matière d’adaptation, la nature dans la ville joue un rôle essentiel. Parcs, jardins, potagers partagés, arbres, façades végétalisées sont autant de possibilités d’expériences, de ressourcement, de qualité d’être. La naturalité des villes crée des ambiances plus calmes, plus ventilées, rafraîchies et apaisées.</p>
<p>Elle permet une adaptation au dérèglement climatique tout en réintroduisant de la biodiversité. Elle crée un lien au vivant, au rythme du cycle de la nature et des ouvertures sur le paysage et l’horizon du monde terrestre. Elle renouvelle la qualité des espaces publics (en favorisant la rencontre et des pratiques plus libres) et offre de nouvelles aménités urbaines (cheminements piétons, jeux, assises, contemplations, etc.).</p>
<p>Elle permet une filiation avec le monde sensoriel, en démultipliant les expériences olfactives, sonores, visuelles, kinesthésiques, du toucher, mais aussi avec celui, métaphorique et émotionnel, <a href="https://www.cosmografia.fr/produit/oser-la-ville-sensible">par les sentiments esthétiques qu’elle suscite</a>.</p>
<p>La nature ouvre ainsi sur une possible ville plus respectueuse de l’écologie et du monde sensible urbain.</p>
<p>De nombreuses recherches soulignent les bienfaits de la nature sur la santé physique et psychologique. Bénéfique à l’imagination, la rêverie, la sensibilité, elle <a href="https://www.researchgate.net/publication/307507871_Handbook_of_Environmental_Psychology_and_Quality_of_Life_Research">crée un sentiment de sécurité et favorise des émotions positives</a>.</p>
<p>Elle encourage la réflexion, la concentration, la mémoire, la capacité à résoudre les problèmes, les apprentissages. Cette possibilité de ressourcement favorise le contrôle de soi et restaure la capacité à inhiber les comportements non adaptatifs comme l’agressivité.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1164218146112376836"}"></div></p>
<p>Ces facultés sont essentielles dans nos interactions avec nos différents cadres de vie qu’ils soient professionnels, scolaires, familiaux. L’accès à la nature offre la possibilité de <a href="https://www.researchgate.net/publication/17043718_View_Through_a_Window_May_Influence_Recovery_from_Surgery">mettre le stress à distance</a>. En ville, elle permet ainsi de s’abstraire de sources de stress épuisantes (le bruit, le trafic, la densité…), agit sur le lien social en <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0013916514536576">favorisant les comportements d’entraide</a> et surtout favorise le plaisir d’être dans l’espace urbain.</p>
<p>Dans un contexte de menace lié aux conséquences du dérèglement climatique sur la santé, la biodiversité et la qualité de vie, la nécessité de transformer nos comportements repose sur notre représentation et notre rapport à la nature.</p>
<p><a href="https://psycnet.apa.org/record/2001-14019-002">Différentes études</a> montrent que la proximité avec la nature est un prédicteur de comportements soutenables, de préoccupations environnementales, de bonheur, de bien-être, de satisfaction, d’attachement au lieu de vie, de souci de l’autre, de projection dans le futur. Cette connexion est donc vectrice de transformation de nos comportements.</p>
<h2>Quels enjeux liés à la déconnexion à la nature ?</h2>
<p>En se dégradant, l’état de notre environnement <a href="https://lalibrerit.ch/livre/9782840585886-pour-une-ecologie-interieure-renouer-avec-le-sauvage-marie-romanens-patrick-guerin/">affecte notre vie psychique</a>. Nos expériences s’actualisent dans des espaces artificialisés, ce qui déçoit nos attentes <a href="http://irep.ntu.ac.uk/id/eprint/13567/">sur le plan du « sens de soi »</a>.</p>
<p>Ce sont à la fois notre identité profonde et notre vitalité biologique qui sont affectées. Cela rejoint la <a href="http://www.thierry-guinhut-litteratures.com/article-edward-o-wilson-biophilie-108799762.html">théorie de la biophilie</a> proposée par le biologiste E.O. Wilson, qui considère que notre affinité instinctive pour la vie nous unit avec le monde vivant. Nous hériterions donc génétiquement d’une tendance innée à nous focaliser sur le processus vital.</p>
<p>Si la société urbaine s’est construite par un désir de culture en rupture avec la nature, la relation entre ville et campagne environnante a longtemps perduré. Aujourd’hui, l’extension sans limites des espaces urbains restreint les liens à la nature périphérique.</p>
<p>Nos modes et nos cadres de vie favorisent insidieusement une occupation grandissante des espaces intérieurs. Les activités devant écran qui s’y multiplient concourent à ce que <a href="https://extension.unh.edu/resources/files/Resource007361_Rep10598.pdf">l’écologue et naturaliste Robert Pyle appelait</a> déjà en 1978 une « extinction de l’expérience de nature ». Un effacement de l’attirance des sociétés occidentales pour la nature au profit d’autres modes de vie, d’autres expériences dans lesquelles les <a href="https://journals.openedition.org/developpementdurable/12096">nouvelles technologies ont une place importante</a>.</p>
<h2>Le numérique, entre progrès et menace</h2>
<p>Le rapport au numérique prend une place croissante dans nos sociétés.</p>
<p>Les objets connectés s’insèrent dans les espaces aménagés et les mobiliers urbains. Ils étendent et prétendent améliorer le fonctionnement urbain et faciliter nos pratiques des lieux et territoires. Pour autant, quelle connexion à la ville ces services numériques nous offrent-ils ? Notre <a href="https://www.editionsparentheses.com/IMG/pdf/p343_territoires_durables_extraits.pdf">recherche</a> sur le lien au paysage numérique a montré combien celui-ci était invisible aux yeux des citadins, qui ne perçoivent dans ces objets connectés que des attributs de la logistique urbaine.</p>
<p>Ils tendraient même à nous déconnecter de la ville et de ce qui fait l’urbanité : la civilité, soit la vie avec les autres, la citoyenneté, soit la vie politique, la citadinité, soit la vie en lien avec un lieu, la ville.</p>
<p>L’usage du smartphone, par exemple, transforme notre rapport au territoire : la marche est ralentie et les yeux orientés vers le sol, limitant notre champ visuel au profit de la mobilisation d’autres sens, comme le toucher ou le mouvement. Les liens à distance qu’ils permettent nous déconnectent du rapport aux autres dans le lieu où l’on se trouve. Ils favorisent même nos pratiques intimes (s’affaler, se gratter) dans l’espace public, créant une évolution des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Prox%C3%A9mie">proxémies</a>.</p>
<p>Le numérique tend ainsi à nous éloigner de notre ancrage à l’environnement dans lequel nous évoluons, lui-même de plus en plus déconnecté de la nature.</p>
<p>Le développement du numérique a trouvé un nouveau vecteur d’accélération depuis le confinement : travail à distance, école à distance, sport à distance ou skypéros. Une partie de ces pratiques seront pérennisées, la numérisation étant envisagée en France à l’échelle politique comme un vecteur majeur pour le développement économique et la transition énergétique.</p>
<p>Certains de leurs effets sont positifs, comme la baisse du trafic automobile et de la densité dans les transports en commun. D’autres nous semblent dangereux, comme le retrait social provoqué par l’enseignement scolaire ou universitaire à distance, qui va de pair avec un déclin des expériences en extérieur.</p>
<p>On observe ces évolutions comportementales à différentes échelles et dans différents espaces. Les rapports entre l’intérieur et extérieur, le public et le privé, la connexion numérique et urbaine ou à la nature entrent en tension. Ils redéfinissent les liens aux lieux, aux autres, à soi, et plus largement au monde vivant.</p>
<h2>Réancrage local et connexion au vivant</h2>
<p>La volonté d’hyperconnexion, de rapidité et performance de gestion, se déploie parallèlement à une aspiration citoyenne à rester connecté à la nature et ouvert au hasard. Ces deux orientations sociétales contradictoires suscitent des mouvements de contestation citoyenne, comme ceux <a href="https://doi.org/10.7202/1061876ar">contre la 5G et les compteurs Linky</a>, cherchant à limiter l’essor du numérique au nom de la protection écologique, de la santé et des libertés individuelles.</p>
<p>D’autres militent pour un essor numérique responsable (comme le « label NR » du même nom) pour limiter son empreinte écologique. Ce besoin de renouveau, également visible dans la « vague verte » des élections municipales, exprime le rejet des cadres et des modes de vie qui freinent les aspirations d’une partie des citoyens.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1253443058772971520"}"></div></p>
<p>La <a href="https://www.editionsparentheses.com/IMG/pdf/p343_territoires_durables_extraits.pdf">recherche que nous avons menée</a> sur les interactions entre les comportements urbains et les pratiques numériques dans la ville traduit la faible visibilité du numérique dans le paysage urbain. Notre rapport au lieu reste fortement marqué par des valeurs ontologiques (besoin d’ancrage individuel et social dans un lieu) et urbaines (citoyenneté, écologie, espaces publics, ambiances).</p>
<p>Nous avons observé une volonté de réancrage local et un désir de nature plus important pour se ressourcer, créer du lien, ressentir les lieux, se déconnecter de l’intensité urbaine, parfois aussi pour se connecter au monde numérique via son smartphone.</p>
<p>Plutôt que d’opposer les mondes ne faudrait-il pas chercher à réconcilier vivant, vie urbaine et numérique ?</p>
<h2>Rendre nos lieux de vie plus vivables</h2>
<p>L’« acceptabilité sociale », qui domine aujourd’hui le milieu de l’aménagement urbain, trouve sa limite dès lors qu’elle consiste à rendre acceptable ce qui n’est plus accepté. Nous l’avons dénoncé dans notre ouvrage sur la qualité urbaine : les indicateurs de qualité de vie ne correspondent pas aux indicateurs du bien-être de nos lieux de vie identifiés par la littérature scientifique.</p>
<p>Le numérique a pénétré nos vies, nos espaces, nos relations aux autres et au monde, nos processus individuels. Les projets de villes dites « intelligentes » semblent néanmoins avoir oublié l’essentiel : la société urbaine et le vivant. Les individus, leur qualité d’être et de vie, devraient selon nous être davantage considérés dans la conception des villes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146856/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dorothée Marchand est membre de deux associations : l’ARPEnv (association pour la recherche en psychologie environnementale) et la Fédération française jardins nature et santé. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emeline Bailly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La ville et les citadins sont de plus en plus séparés de la nature. Une nouvelle relation est à inventer entre vie urbaine, vivant et numérique.Dorothée Marchand, Chercheure en psychologie environnementale, Centre scientifique et technique du bâtiment, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Emeline Bailly, Chercheure en urbanisme, Centre scientifique et technique du bâtiment, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1396862020-06-09T18:04:01Z2020-06-09T18:04:01ZVilles denses, villes vertueuses : un modèle indépassable ?<p>Depuis le début de la crise sanitaire, la forte densité de population est pointée comme un facteur de propagation du coronavirus. La concentration de très nombreuses personnes dans un espace restreint a d’ailleurs favorisé certains épicentres d’infection.</p>
<p>Face à ce risque, de nombreux habitants sont partis se mettre au vert, dans des logements plus grands, des environnements moins denses, estimant qu’il serait plus facile de s’aérer tout en respectant les consignes de distanciation sociale.</p>
<p>L’idée de dédensifier les villes a ainsi réémergé, ravivant un imaginaire rural fantasmé, marqué par une dichotomie entre villes denses et campagnes vides qui n’a plus vraiment de sens. Pour autant, la crise nous invite effectivement à questionner le mouvement de densification qui régit l’urbanisme depuis des décennies, et nous appelle à revenir à des densités plus raisonnables.</p>
<h2>Des zones rurales moins isolées qu’avant</h2>
<p>Le schéma qui oppose dans nos esprits la ville, dense et stressante, à la campagne, vide et reposante, ne correspond plus à la réalité, notamment parce que le rural côtoie de plus en plus les grandes villes. On vit en périphérie de la métropole, dans un cadre campagnard, avec maison et jardin, tout en profitant quotidiennement de la ville à proximité, où l’on travaille et où l’on sort.</p>
<p>Mieux desservies par les réseaux de transport qu’auparavant, les zones rurales ne sont d’ailleurs plus aussi protégées des virus que l’on peut le croire. Hommes et marchandises voyageant désormais de Hongkong à Los Angeles en moins de treize heures, les épidémies sont capables d’émerger à peu près n’importe où. Les nouveaux agents pathogènes ont tendance à arriver dans un premier temps dans les hubs mondiaux, mais ils peuvent rapidement atteindre des zones plus reculées et y proliférer en quelques heures.</p>
<p>Bien sûr, la faible densité des campagnes y ralentit la propagation des maladies, mais gardons en tête que les populations rurales disposent aussi de bien moins d’infrastructures pour les prendre en charge une fois la maladie contractée.</p>
<h2>L’idéal de la ville dense</h2>
<p>En outre, les frontières entre urbain et rural sont de plus en plus poreuses. En France, les territoires qui ne sont ni ville ni campagne mais empruntent à l’une et à l’autre connaissent depuis trente ans une forte croissance démographique, donnant lieu à un habitat et des rythmes de vie discontinus. Les zones rurales gagnent 0,7 % de population par an et abritaient en 2018 environ <a href="https://fr.statista.com/statistiques/473813/population-rurale-en-france/">20 % de la population française</a>.</p>
<p>Qu’elles soient péri-urbaines ou plus lointaines, ces campagnes suivent aujourd’hui leur propre logique de développement. Dépendantes des villes et des flux de la mondialisation tout en étant liées aux villages, au monde rural et aux paysages qui les environnent, elles offrent une interaction entre ces deux mondes qui séduit leurs résidents.</p>
<p>Malgré le repeuplement de ces zones, l’urbanisme a continué à encourager la densification des villes, dénigrant « l’étalement urbain ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1269915038158139392"}"></div></p>
<p>Les métropoles sont effectivement supposées <a href="https://www.vie-publique.fr/rapport/35230-requalifier-les-campagnes-urbaines-de-france-une-strategie-pour-la-ges">plus vertueuses sur le plan environnemental</a>, par leur capacité à optimiser les distances et les services. C’est dans la ville dense que la collectivité pourra produire au meilleur coût les services urbains dont les habitants ont besoin. Par elle, on pourra mieux préserver les espaces naturels. Pour elle, les architectes et les urbanistes inventeront de nouvelles combinaisons de matériaux, de conceptions et de solutions afin de répondre aux attentes des habitants : un habitat confortable, sain, sobre, intime, dans une ville équipée, connectée, sûre et mixte, au service d’une société apaisée, ouverte et responsable.</p>
<p>Parallèlement, le besoin de nouveaux logements ne cesse d’augmenter dans les métropoles, augmentant inexorablement la densité dans les villes. Un mouvement qui semble inéluctable.</p>
<h2>La densité, nécessité dépassée ?</h2>
<p>Dans sa version la plus élémentaire, le développement durable impliquerait donc le retour à la « vraie ville » et ses densités, confinant par ailleurs les campagnes à l’agriculture.</p>
<p>Trop d’analystes et de chercheurs se sont un peu facilement ralliés à la défense de cette conviction, qui prend parfois la tournure d’une croisade contre la péri-urbanisation, l’étalement urbain, la société péri-urbaine. Justifié par le développement durable, le discours contre les « étalés » est parfois si pesant qu’on a pu avec raison le qualifier de « racisme spatial ».</p>
<p>La pression est d’autant plus pénible lorsqu’un processus aussi nourri de débats publics et d’expertises scientifiques que le <a href="https://www.metropolitiques.eu/Grenelle-II-la-fin-de-l-etalement.html">Grenelle de l’environnement</a> débouche sur une loi qui proscrit l’étalement urbain.</p>
<p>Les crises sanitaires comme celles que nous traversons incitent pourtant à la dédensification, et nous rappellent qu’un retour aux densités « à l’ancienne » n’est pas souhaitable. On sait que les densités très fortes des premières grandes villes industrielles ont favorisé la propagation de maladies comme la diphtérie, la tuberculose, le botulisme, ou le saturnisme. Au-delà des enjeux sanitaires, les Français désireux de quitter les villes sont de plus en plus nombreux, et l’urbanisme doit s’adapter à cette demande d’une meilleure qualité de vie.</p>
<h2>Dédensifier Paris sans la gentrifier ?</h2>
<p>Pour autant, dédensifier une ville comme Paris sans en écarter encore davantage les populations les moins aisées reste un défi. Dans la capitale, les quartiers les plus aérés demeurent les plus embourgeoisés, où le parc de logement est essentiellement privé. Le parc de logement social de Paris intramuros, beaucoup plus dense, abrite quant à lui une majorité de catégories populaires.</p>
<p>Recréer un minimum de mixité sociale en Île-de-France impliquerait idéalement d’inciter des centaines de milliers de personnes de catégories sociales supérieures à quitter Paris intra-muros pour les communes de banlieue. Cela exigerait de rendre bien plus attractive la banlieue, en matière de qualité de vie et de densité, tout en y renforçant les pôles d’emploi.</p>
<p>Seul ce moyen permettrait de contrecarrer le processus bien engagé de gentrification que connaît le centre de l’agglomération. Plutôt que de défendre à tout prix une politique de logements permettant aux plus pauvres de rester dans Paris intra-muros, ce qui n’a jamais réellement fonctionné jusqu’ici, il s’agirait de donner envie aux populations les plus aisées de quitter Paris, entraînant une moindre demande et une moindre densité dans la capitale.</p>
<p>Une telle politique impliquerait qu’il existe une autorité métropolitaine ayant compétence d’urbanisme sur la partie urbanisée de la région parisienne, ce qu’aucun acteur local ne souhaite à l’heure actuelle. Difficile dans ces conditions d’agir.</p>
<p>Cette absence de volonté politique révèle combien le modèle de villes concentrées dans des métropoles qui s’est imposé en France ces dernières décennies est devenu une représentation collective, un horizon indépassable de l’urbanisme. Les risques qu’elle nous fait courir sur le plan sanitaire doivent pourtant nous décider à abandonner ce modèle et à revenir à des densités plus raisonnables – en France en tout cas. Cela n’implique pas de reconstruire une frontière entre villes et campagnes qui n’existe plus, mais de redonner sa place à un urbanisme périurbain et rural.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139686/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabriel Dupuy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La densité des villes est soupçonnée d’avoir participé à la propagation du virus. La crise questionne nos modèles d’urbanisme, trop centrés sur la densification des métropoles.Gabriel Dupuy, Professeur émérite d'Aménagement Université Paris1 Panthéon Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1374252020-06-02T17:35:50Z2020-06-02T17:35:50ZMieux comprendre la diffusion des virus entre les espèces<p>La pandémie de Covid-19 a ouvert une nouvelle ère dans la compréhension des maladies infectieuses et leur gestion à l’échelle mondiale. Une crise à laquelle nombre de pays ne s’étaient pas correctement préparés, se reposant sans doute sur les succès de l’antibiothérapie, de la vaccination de masse, de l’augmentation du niveau de vie et des systèmes de santé pour assurer la sécurité sanitaire de leurs concitoyens.</p>
<p>Rappelons-nous qu’au début du XX<sup>e</sup> siècle, les maladies infectieuses représentaient encore la principale cause de mortalité dans le monde. Aux États-Unis, l’espérance de vie était alors de 47 ans, <a href="https://www.nature.com/articles/35021206">avec une très forte mortalité infantile due aux maladies infectieuses</a>. Quelques décennies plus tard, ce fut au tour des maladies chroniques – comme le cancer ou les maladies cardiaques – de devenir les principales causes de mortalité dans les pays aux ressources économiques élevées, avec une espérance de vie de nos jours proche des 80 ans.</p>
<p>Mais, en ce début du XXI<sup>e</sup> siècle siècle, dérèglements climatiques et recul de la biodiversité redistribuent les cartes d’une santé mondialisée.</p>
<h2>Des barrières qui se franchissent</h2>
<p>La recherche sur les maladies infectieuses a changé de paradigme, prenant de mieux en mieux en compte les <a href="https://www.nature.com/articles/nature10762">éléments pathogènes présents dans les écosystèmes</a>.</p>
<p>Les barrières entre santé animale et humaine s’atténuent face au constat que deux tiers des pathogènes humains sont aujourd’hui issus d’un <a href="https://www.nature.com/articles/nature06536">transfert horizontal</a> de l’animal (sauvage ou domestique) vers l’homme.</p>
<p>Ces maladies infectieuses, dites « zoonotiques », constituent un <a href="https://www.nature.com/news/cost-of-human-animal-disease-greatest-for-world-s-poor-1.10953">véritable fardeau pour plus de 1 milliard d’individus</a> dans le monde ; elles se concentrent <a href="https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/21161">principalement dans les zones tropicales</a>, notamment en Afrique et dans le Sud-Est asiatique.</p>
<p>Dans un monde de plus en plus connecté, physiquement et virtuellement, les maladies infectieuses zoonotiques ont <a href="https://science.sciencemag.org/content/342/6164/1337.full">pris une nouvelle dimension</a>. La crise sanitaire du Covid-19, en modifiant profondément la perception du risque infectieux issu de l’animal, en constitue un exemple frappant.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/maladies-emergentes-dorigine-animale-dou-viendra-la-prochaine-menace-136208">Maladies émergentes d’origine animale : d’où viendra la prochaine menace ?</a>
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<h2>D’une espèce à l’autre</h2>
<p>Pour certaines de ces affections zoonotiques, les hommes représentent ce qu’on appelle un « cul-de-sac » épidémiologique. C’est le cas de la rage, dont le virus ne peut pas se transmettre d’humain à humain. Pour d’autres maladies, ils constituent des hôtes accidentels, pas assez compétents pour amplifier, transmettre le pathogène et créer une épidémie, comme dans le <a href="https://www.nature.com/articles/39057?proof=trueIn">cas de l’encéphalite spongiforme bovine</a>. Mais, dans de rares cas, les êtres humains constituent des hôtes offrant les conditions favorables à l’installation du pathogène. C’est vrai <a href="https://www.cdc.gov/vhf/ebola/history/summaries.html">pour le virus Ebola</a> et, ces derniers mois, le <a href="https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019">SARS-CoV 2</a>.</p>
<p>Les maladies nouvellement apparues (dites « émergentes) – dont <a href="https://www.oie.int/fr/pour-les-medias/une-seule-sante/">75 % sont zoonotiques</a> – pouvaient jusqu’à présent faire relativement peu de victimes. Que ce soit le SRAS, la grippe influenza H5N1, le virus Nipah, la fièvre de la vallée du Rift ou le MERS-CoV, ces affections ont cumulé, à elles cinq, moins de 4000 morts par an. Elles auront toutefois fortement déstabilisé les pays touchés et inquiété les autres.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/335132/original/file-20200514-77235-1c7w7sp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La civette palmiste, réservoir du coronavirus SARS-CoV-1, à l’origine de l’épidémie de SRAS de 2002-2003.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ac/Palm_civet_on_tree.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<figcaption><span class="caption">Ebola, portrait d’un virus tueur. (France 24, 2019).</span></figcaption>
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<p>Par son adaptation et sa diffusion rapide, la Covid-19 est en train d’écrire une nouvelle page de la gestion des maladies infectieuses émergentes, la quasi-totalité des pays du globe ayant été touchés, en une rapidité record. Selon un dernier bilan, consulté le 2 juin 2020, plus de 376 000 personnes sont mortes de ce coronavirus.</p>
<p>En opposition aux maladies zoonotiques émergentes, d’autres maladies infectieuses zoonotiques (comprendre celles impliquant l’animal dans sa chaîne de transmission) sont endémiques dans de nombreuses régions du monde.</p>
<p>Ces affections sont souvent négligées, malgré un nombre important de victimes (59 000 morts par an pour la rage et 30 000 pour la leishmaniose, par exemple) et <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1600-0579.2007.00476.x">intensifient souvent les cycles de pauvreté</a> pour des populations déjà vulnérables.</p>
<p>Citons enfin ces maladies infectieuses, non zoonotiques (qui n’affectent pas l’homme), mais impliquant toutefois l’animal dans leur transmission ; celles-ci peuvent engendrer des pertes animales et économiques importantes. Ce fut le cas en Chine, début 2019, avec le <a href="https://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/maladies-animales/african-swine-fever/">virus de peste porcine africaine</a>. Transmis par des suidés sauvages aux élevages de cochons, il a entraîné la mort de centaines de millions d’animaux.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le fléau de la peste porcine. (Radio Canada Info, 2019).</span></figcaption>
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<h2>Caractériser le « saut d’espèces »</h2>
<p>Face à toutes ces situations de saut de pathogène d’une espèce à l’autre, il est important de détailler les facteurs qui favorisent ces phénomènes et d’identifier les éléments inconnus à étudier. Le saut d’espèce, voilà un concept difficile à appréhender tant il désigne une <a href="https://science.sciencemag.org/content/312/5772/394">multiplicité de situations</a>. On peut toutefois distinguer deux grands types de sauts.</p>
<p>Il y a d’abord un saut d’espèces que l’on qualifiera d’« évolutif » : il correspond à l’émergence et à l’installation d’un pathogène au sein d’une nouvelle espèce (appelée dans ce cas « réceptrice ») à partir d’une espèce « émettrice » et après adaptation du pathogène à son nouvel hôte.</p>
<p>Les exemples récents, et les plus dévastateurs, de ce type de saut concernent, pour les hommes, la pandémie de sida ; et chez les non-humains, citons la décimation, au XX<sup>e</sup> siècle, de la population de lapins européens par la <a href="https://www.oie.int/doc/ged/D13973.PDF">myxomatose</a> ; et pour le XIX<sup>e</sup>, l’impact catastrophique de la peste bovine chez les ruminants africains. Si l’on remonte plus loin dans le temps, nombre de travaux indiquent que les maladies humaines majeures – rougeole, tuberculose ou variole notamment – sont issues d’un saut d’espèces (à partir d’animaux domestiques), il y de cela <a href="https://europepmc.org/article/med/16701375">plus de 10 000 ans</a>.</p>
<p>De nombreuses questions entourent ce phénomène.</p>
<p>En premier lieu, comment et pourquoi certains pathogènes sont capables d’infecter une nouvelle espèce et de s’y maintenir ? Pour le virologue Thijs Kuiken (Centre médical Erasme de Rotterdam), la probabilité qu’un virus devienne endémique dans une nouvelle population <a href="https://science.sciencemag.org/content/312/5772/394">dépend de trois processus</a> : les interactions interspécifiques entre hôtes émetteurs et récepteurs ; les interactions entre l’hôte et le virus chez l’espèce réceptrice ; les interactions entre individus chez l’espèce réceptrice. Si la transmission est possible, la connaissance du réseau de contacts est alors indispensable pour savoir si le virus va persister dans la population ou s’éteindre.</p>
<p>Ce type de saut s’oppose à celui, plus « écologique », où le pathogène franchit fréquemment la barrière des espèces, mais sans endémisation dans la population réceptrice. Ou, autrement dit, sans que l’espèce réceptrice puisse maintenir le pathogène sans contamination extérieure ; c’est notamment le cas pour le virus de la rage, qui affecte régulièrement de nombreuses espèces animales.</p>
<h2>Des stratégies d’infection variées</h2>
<p>Les pathogènes <a href="https://europepmc.org/article/med/16701375">adoptent différentes stratégies</a> pour infecter leurs hôtes. Ils peuvent être spécialistes et n’infecter qu’une seule espèce, comme le <em>Plasmodium falciparum</em> (l’un des cinq parasites responsables du paludisme) chez l’homme, ou généralistes et infecter un large spectre d’hôtes de différents ordres taxonomiques – comme la rage ou le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blastocystis">protozoaire <em>Blastocystis hominis</em></a>.</p>
<p>Les raisons de cette variabilité sont encore largement méconnues, mais certains facteurs, telles les routes de transmission indirectes, sont identifiés comme étant associés à une grande variété d’hôtes sensibles.</p>
<p>Même s’ils peuvent infecter différents hôtes, les pathogènes dits « généralistes » sont habituellement, mais pas toujours, moins bien adaptés aux espèces colonisées le plus récemment. Par exemple, la dose requise pour le virus de la rage issu du renard pour infecter les chiens sera un million de fois supérieure à celle nécessaire pour infecter d’autres renards.</p>
<p>Le saut d’espèces, qu’il soit plus « évolutif » ou « écologique », est encore un phénomène mal compris. En percevoir les mécanismes constitue une étape clé dans l’étude des maladies infectieuses humaines et animales.</p>
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<figcaption><span class="caption">Grandes tueuses : le paludisme. (Inserm, 2016).</span></figcaption>
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<h2>Les facteurs aggravants</h2>
<p>Depuis une cinquantaine d’années, on souligne le <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10393-006-0063-3">rôle des « écotones »</a> – ces zones de transitions entre deux types d’habitats – dans l’émergence de maladies infectieuses et la <a href="https://doi.org/10.1098/rstb.2011.0354">transmission interspécifique</a>.</p>
<p>La multiplication d’activités d’élevage à la périphérie d’espaces dédiés à la protection de la nature augmenterait ainsi considérablement le contact entre animaux sauvages et domestiques.</p>
<p>Parallèlement, la <a href="https://science.sciencemag.org/content/333/6042/569.abstract">démographie humaine croissante</a> génère une forte pression sur les milieux naturels. En Australie, l’émergence des virus Hendras et Menangle accompagne, par exemple, une déforestation massive et une agriculture en expansion modifiant l’habitat des chauves-souris, porteuses des virus, en les poussant à exploiter des <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/13/1/06-1342_article">arbres fruitiers en zones périurbaines</a>.</p>
<p>L’intensification de l’élevage à proximité des zones urbaines a également considérablement <a href="https://www.pnas.org/content/110/21/8399">réduit les obstacles à la transmission interspécifiques</a>. Près de 50 % de la population humaine vit désormais dans un environnement urbain, induisant une connectivité de plus en forte entre espaces ruraux dédiés à l’agriculture et zones citadines.</p>
<p>Un cas d’école décrit ainsi <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.ento.54.110807.090510">l’expansion géographique du virus de l’encéphalite japonaise</a> en Asie du Sud-Est en lien avec l’augmentation de l’irrigation des rizières, de l’élevage porcin et de la démographie humaine.</p>
<h2>Le rôle de la biodiversité et de l’homme</h2>
<p>Nombre de travaux scientifiques soulignent que <a href="https://www.nature.com/articles/nature09575">l’altération de la biodiversité</a> peut être responsable des évènements d’émergence des maladies.</p>
<p>Hormis le fait que la fragmentation de l’habitation, la déforestation, l’augmentation de l’agriculture et de l’élevage redistribuent totalement les contacts entre espèces, des mécanismes liés à l’épidémiologie du virus sont également en jeu.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-ou-la-pandemie-dune-biodiversite-maltraitee-134712">Covid-19 ou la pandémie d’une biodiversité maltraitée</a>
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<p>En effet, la disparition d’espèces sauvages enlève du système des individus et des espèces qui pourraient jouer le rôle de « cul-de-sac » épidémiologique, car moins adapté et moins capable d’amplifier et de transmettre le pathogène.</p>
<p>Par leur présence, ces individus et ces espèces sauvages permettraient ainsi de <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rstb.2016.0129">« diluer » la transmission des pathogènes</a>. Cette théorie de « l’effet dilution » suggère ainsi fortement que des stratégies de conservation pourraient avoir des effets bénéfiques sur la santé humaine et animale.</p>
<p>Malgré l’intérêt d’aligner stratégies de santé publique, vétérinaire et environnementale, cette théorie reste fortement débattue, car extrêmement dépendante du contexte… davantage d’espèces entraînant également un plus large panel de pathogènes. En d’autres mots, la biodiversité des hôtes peut diminuer le risque comme augmenter la transmission de chaque pathogène.</p>
<p>La compréhension des mécanismes de diffusion d’un pathogène nécessite souvent de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ele.12122">se placer à l’échelle de la communauté d’hôtes</a>. La notion de réservoir se complexifie pour les pathogènes généralistes, et souvent zoonotiques, nécessitant l’adoption d’un paradigme multispécifique. Les <a href="https://doi.org/10.1016/j.tree.2014.03.002">conditions du maintien de tels pathogènes dans un système</a> dépendent de la présence ou de l’absence d’une ou de plusieurs espèces hôtes, de la densité de ces espèces et de la fréquence des interactions au sein et entre ces espèces.</p>
<p>Cependant <a href="https://www.pnas.org/content/112/5/1464">peu d’études</a> montrent à ce jour la part relative de chaque espèce dans les dynamiques spatio-temporelles des maladies infectieuses. De même, les comportements humains et les pratiques culturelles, favorisant l’exposition d’une population à un nouveau pathogène, sont rarement intégrés dans les modèles de diffusion malgré leur importance dans les dynamiques épidémiologiques. Par exemple, la consommation de viande de poulet crue a entraîné des <a href="https://science.sciencemag.org/content/312/5772/394">cas mortels d’infection au H5N1</a> chez l’homme.</p>
<p>Il est temps désormais que la recherche traite sérieusement le rôle de la biodiversité et l’impact de sa détérioration sur nos sociétés, en lien notamment avec le risque infectieux dans le contexte de changement climatique. L’intégration des comportements humains (et de leur hétérogénéité) dans les modèles épidémiologiques est également un défi de recherche pour les années à venir.</p>
<p>Pour tout cela, il s’avère capital d’investir dans la formation d’experts internationaux, de mettre en place des approches holistiques et pluridisciplinaires pour comprendre les dynamiques qui animent les hommes, les animaux d’élevage et les animaux sauvages au sein de leurs environnements respectifs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Le projet de recherche <a href="https://group.bnpparibas/tempsforts/climate-biodiversity-initiative/projets">« HUM-ANI »</a> dans lequel s’inscrit cette publication a bénéficié du soutien de la <a href="https://group.bnpparibas/decouvrez-le-groupe/fondation-bnp-paribas/environnement">Fondation BNP Paribas</a> dans le cadre du <a href="https://group.bnpparibas/tempsforts/climate-biodiversity-initiative">programme Climate and Biodiversity Initiative</a></em>.</p>
<p><em>Vladimir Grosbois (Cirad) est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137425/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les travaux de recherche évoqués dans cet article ont pour cadre le projet HUM-ANI, mis en œuvre par l’IRD en partenariat avec le CIRAD, le CNRS, l’University of Zimbabwe, Chinhoyi University of Technology of Zimbabwe, University Nelson Mandela, Department of Veterinary Services of Zimbabwe, University of Oxford, Imperial College London, Zimbabwe National Parks. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Franck Prugnolle et Vladimir Grosbois ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le saut d’espèces est encore un phénomène mal compris. En percevoir les mécanismes constitue une étape clé dans l’étude des maladies infectieuses.Eve Miguel, Chercheuse en écologie et épidémiologie, Institut de recherche pour le développement (IRD)Franck Prugnolle, Directeur de recherche en écologie et évolution, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Vladimir Grosbois, Research scientist, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1352262020-04-09T19:22:23Z2020-04-09T19:22:23ZLa métropolisation, coupable idéale de la pandémie ?<p>La diffusion très rapide du coronavirus à partir de Wuhan (Chine) par des connexions aériennes intercontinentales, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, illustre l’idée que la mondialisation facilite la pandémie.</p>
<p>D’autres réflexions cherchent à relier cette diffusion à l’urbanisation planétaire et à ses différentes formes. Les foules denses de lieux typiquement urbains – comme les marchés ou les transports en commun – semblent avoir joué un rôle essentiel dans la diffusion initiale du Covid-19. À l’inverse, les images de villes vides, à l’arrêt, qui ont fait le tour du monde illustrent une suspension extraordinaire de l’urbanité et de ses logiques.</p>
<p>La ville serait-elle alors doublement victime du Covid-19 : d’abord touchée par ses habitants puis dans ses logiques de fonctionnement ?</p>
<p>Certains désignent la <a href="https://reporterre.net/La-metropolisation-du-monde-est-une-cause-de-la-pandemie">métropolisation</a>, cette concentration toujours accrue de richesses et d’habitants dans les plus grandes villes, comme l’une des causes de la crise sanitaire actuelle. Un <a href="https://www.ft.com/_origami/service/image/v2/images/raw">graphique</a> du <em>Financial Times</em> représentant ce qui ressemble à une course des grandes régions urbaines, semble conforter cette idée.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1245501213875015683"}"></div></p>
<p>Au-delà des apparences, souvent amplifiées par les lunettes grossissantes de la médiatisation, cette articulation métropoles-Covid-19 est-elle si évidente ?</p>
<h2>Les périphéries urbaines en première ligne</h2>
<p>Certaines formes de l’urbain seraient-elles particulièrement propices à la diffusion de la pandémie ? Dans son article, <a href="https://aoc.media/analyse/2020/03/25/lhumanite-habite-le-covid-19/">« L’humanité habite le Covid-19 »</a>, le géographe Jacques Lévy rappelle qu’« on pourrait s’attendre à ce que les grandes villes soient beaucoup plus touchées que les autres espaces », à cause de la concentration des infrastructures de mobilité et des interactions plus intenses et plus rapprochées qu’ailleurs.</p>
<p>Mais « les plus grandes densités de cas se rencontrent plutôt dans des villes petites et moyennes ou sur des bateaux de croisière et bien sûr, dans les maisons de retraite, dans des situations où ce ne sont pas les liens faibles typiques des grandes villes qui dominent et où les interactions supposant une interconnaissance représentent une grande part de l’ensemble des liens. »</p>
<p>Il propose l’hypothèse selon laquelle les zones plus denses seraient plus protectrices, en favorisant « une immunité particulière liée à une forte exposition permanente à des agents pathogènes multiples ». Inversement, il suggère que les « liens forts » basés sur l’interconnaissance, typiques des espaces d’urbanisation diffuse, pourraient y expliquer le développement précoce du Covid-19, en raison des contacts rapprochés que ces modes de sociabilité impliquent.</p>
<p>Dans un <a href="http://theconversation.com/outbreaks-like-coronavirus-start-in-and-spread-from-the-edges-of-cities-130666">article</a> synthétisant les connaissances acquises depuis la pandémie du SRAS en 2003, les chercheurs nord-américains Roger Keil, Creighton Connoly et S. Harris Ali mettent en avant, eux aussi, la vulnérabilité plus grande des espaces urbains périphériques face aux pandémies.</p>
<p>Ils dégagent trois types de causalités pour éclairer cette situation.</p>
<p>Tout d’abord, le rapprochement des zones urbaines des zones naturelles autrefois éloignées où résident les animaux réservoirs des virus responsables des nouvelles zoonoses. Ensuite, le rôle majeur des infrastructures de mobilité (aéroports, mais aussi routes logistiques globales) dans l’expansion spatiale du virus. Enfin, ils notent l’effet des failles du gouvernement urbain, qui peine souvent à s’adapter aux changements rapides de ces marges urbaines, à la fois pour surveiller les épidémies et pour y apporter les réponses sanitaires.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/outbreaks-like-coronavirus-start-in-and-spread-from-the-edges-of-cities-130666">Outbreaks like coronavirus start in and spread from the edges of cities</a>
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<p>Bien entendu, conforter ces diverses hypothèses implique l’accès à des données territoriales fines et des enquêtes adaptées, alors même que de nombreuses incertitudes entourent encore les statistiques sur la pandémie. Notons aussi la nécessité de bien cerner les temporalités et les rythmes qui structurent la diffusion des maladies.</p>
<p>Autrement dit, la spatialité des premières étapes de diffusion du Covid-19 ne sera sans doute pas la même que lorsque le virus aura touché la plus grande partie de la population, dans quelques semaines ou quelques mois.</p>
<h2>Des événements locaux accélérateurs</h2>
<p>Pour proposer des pistes d’analyse complémentaires, partons des cartes actuelles sur la présence de la maladie en France et en Europe, tout en sachant que le nombre de décès répertoriés ne représente qu’une part, difficile à évaluer à ce stade, des victimes réelles.</p>
<p>Les premières semaines de la diffusion du virus en France font ressortir la situation de la région de Mulhouse, l’un des premiers <em>clusters</em>, qui a joué un rôle majeur dans la diffusion du virus dans la région Grand Est. Un <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/27/mulhouse-scenario-d-une-contagion_6034722_3224.html">événement particulier</a>, le rassemblement de près de 2250 fidèles de l’église évangélique du 17 au 21 février, peut être considéré comme « super-propagateur » en raison de la concentration des fidèles dans un lieu fermé pendant cinq jours.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=537&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=537&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=537&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=675&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=675&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/324261/original/file-20200331-65518-1x1hg6n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=675&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nombre cumulé de décès par département au 29 mars 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Santé publique France</span></span>
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<p>D’autres événements comparables, tels que des <a href="https://www.nytimes.com/2020/02/27/world/europe/germany-coronavirus.html">carnavals</a> ou des <a href="https://www.ledauphine.com/sport/2020/04/03/coronavirus-le-match-ol-juve-a-t-il-fait-exploser-le-nombre-de-cas-dans-la-region">matchs</a>, ont joué un rôle similaire dans la diffusion du virus.</p>
<p>Ces événements favorisent l’extension de la pandémie dans une région donnée, et dessinent ainsi les contours d’une géographie singulière, en l’occurrence les villes moyennes de l’Est de la France. Pourtant, cela ne paraît pas dû – du moins pas uniquement – à des caractéristiques spécifiques de ces lieux, à des formes de sociabilité exclusive ancrées dans une logique de proximité.</p>
<p>Ces exemples mettent en évidence une autre composante essentielle du point de vue spatial : l’importance des visiteurs extérieurs qui ont à leur tour transporté la maladie dans d’autres lieux, parfois fort éloignés : Bretagne, Corse, Guyane, etc.</p>
<p>En première analyse, les épisodes de super-propagation du virus soulignent l’intensité des mobilités de nos sociétés. Ces mobilités peuvent se structurer majoritairement à des échelles locales mais très fréquemment elles s’inscrivent dans des échelles plus larges, ce que le géographe <a href="https://www.youtube.com/watch?v=BsaKg8bbgVQ">Michel Lussault</a> désigne sous le terme d’« hyperspatialité ».</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/BsaKg8bbgVQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le géographe Michel Lussault sur l’épidémie de Covid-19. (École urbaine de Lyon/Youtube, mars 2020).</span></figcaption>
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<h2>Des espaces tissés de liens</h2>
<p>Plus qu’à une analyse en termes de différenciation des territoires, voire d’inégalités entre les différents espaces, ces exemples conduisent à souligner les liens qui les connectent, à travers les échelles.</p>
<p>Ces caractéristiques spatiales sont à rapprocher de celle qu’identifie l’économiste et sociologue Pierre Veltz dans <a href="http://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/la-france-des-territoires-defis-et-promesses-2/"><em>La France des territoires, défis et promesses</em></a> (2019). Il y met en avant l’idée d’une société des liens choisis, dans un espace tissé de relations et de mobilités intenses qu’il dénomme « Ville France ».</p>
<p>Dans leur étude du système urbain français, les géographes Sandrine Berroir, Nadine Cattan et leurs collègues ont donné une <a href="http://journals.openedition.org/cybergeo/27945">illustration cartographique</a> forte de ces liens intenses structurant l’espace français. Ces représentations du système urbain constituent à notre avis un outil d’analyse utile pour comprendre les logiques spatiales du Covid-19 dans ce moment initial.</p>
<h2>L’interdépendance de nos territoires</h2>
<p>Gardons-nous du reste de voir dans cette organisation du territoire par des mobilités intenses une tare de notre organisation sociale, même si elle explique la diffusion rapide de la maladie.</p>
<p>C’est ce même maillage, par des TGV reliant de manière relativement efficace nos régions, qui permet un transfert aisé des malades vers des zones aujourd’hui moins touchées par la pandémie pour soulager celles qui ploient sous la première vague ; ce maillage produit de la solidarité et illustre l’interdépendance de nos territoires.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/326488/original/file-20200408-77975-pu26tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/326488/original/file-20200408-77975-pu26tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/326488/original/file-20200408-77975-pu26tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/326488/original/file-20200408-77975-pu26tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/326488/original/file-20200408-77975-pu26tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/326488/original/file-20200408-77975-pu26tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/326488/original/file-20200408-77975-pu26tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des malades en provenance de Paris arrivent à Quimper grâce un TGV médicalisé, le 5 avril 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fred Tanneau/AFP</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Si les chercheurs en sciences sociales ne peuvent prétendre contribuer directement à la connaissance des mécanismes biologiques de cette pandémie, la diffusion du Covid-19 entremêle toutefois des mécanismes biologiques et sociaux. Les logiques spatiales en sont une dimension essentielle. Les travaux des géographes sur l’urbain et sur la mobilité apportent, on le voit, une contribution utile à la compréhension des dynamiques du Covid-19.</p>
<p>À plus long terme, l’analyse des liens entre urbanisation, mobilité, gouvernance locale et diffusion de la pandémie pourra aussi contribuer à des réflexions visant à identifier les meilleures logiques d’organisation spatiale pour une humanité moins vulnérable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135226/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Verdeil ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au-delà des apparences, l’articulation métropoles-Covid-19 n’a rien d’évident.Éric Verdeil, Professeur de géographie et études urbaines, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.