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Le chef du NPD Jagmeet Singh célèbre sa victoire à l'élection partielle dans Burnaby-Sud, le 25 février 2019. La Presse Canadienne/Jonathan Hayward

Après sa victoire aux partielles, Singh à nouveau en selle… mais est-ce trop tard ?

Avec sa victoire à l'élection partielle fédérale dans Burnaby-Sud, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a l'occasion de dissiper certains doutes à l'extérieur du NPD et, plus important encore, au sein de son parti. Maintenant qu'il occupe un siège à la Chambre des communes, M. Singh peut relancer son leadership et passer à autre chose, après un début difficile à la tête du NPD.

Cette victoire aux élections partielles survient également à un moment fortuit, alors que la controverse sur SNC-Lavalin continue de miner la crédibilité du premier ministre Justin Trudeau auprès des électeurs progressistes. Par ailleurs, le discours de plus en plus populiste et anti-immigration du chef conservateur Andrew Scheer l'aliène potentiellement de l'appui des membres des communautés culturelles du Canada.

Comme n'importe quel chercheur de la gauche canadienne ou néo-démocrate qui souffre depuis longtemps peut vous le dire, chaque fois que le NPD démontre de la faiblesse, les experts et les commentateurs libéraux annoncent aussitôt son inévitable disparition et le retour du Canada au bipartisme.

Du déjà vu pour le NPD

Au fédéral, le NPD a frôlé la disparition politique en 1993 , lorsque son caucus a été réduit à neuf membres à la suite de la vague libérale de Jean Chrétien. Le NPD a persévéré et a continué de se battre. Et même si Singh avait perdu l'élection partielle, le NPD aurait survécu. Mais son passage à vide aurait probablement été prolongé et le leadership de Singh aurait été menacé.

Lorsque Singh a été élu chef du NPD élu de façon décisive en octobre 2017, les néo-démocrates et les progressistes au pays avaient raison d'être optimistes. Au cours de la campagne à la direction, il a galvanisé les partisans autour d'un message d'espoir qui rappellait celui de Jack Layton. Sa campagne a également laissé entrevoir qu'il pourrait faire des percées dans les banlieue diversifiées et riches en votes du Canada.

Presque immédiatement après son élection, cependant, les choses semblaient tourner au vinaigre pour le nouveau chef. Non seulement Singh a-t-il dû faire face à de multiples controverses au sein de son caucus, mais la collecte de fonds du NPD - déjà anémique à la suite des résultats décevants de l'élection fédérale de 2015 -a continué à décliner. Cette situation était particulièrement préoccupante en raison des coûts supplémentaires que le parti a dû assumer pour payer le salaire et les déplacements de M. Singh, coûts qui auraient été couverts par la Chambre des communes s'il avait déjà occupé un siège.

Un électorat polarisé

Singh a également dû faire face à la polarisation entre le Canada progressiste de Trudeau et celui de plus en plus fractionné prôné par les conservateurs.

L'un des défis pour Jagmeet Singh sera de s'assurer que les libéraux n'évincent pas le NPD en se faisant les uniques représentants des progressistes. Ici, Singh et son épouse Gurkiran posent avec le premier ministre Justin Trudeau au dîner de la Tribune de la presse parlementaire en 2018. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang

Il y a fort à parier que lors des prochaines élections fédérales, les libéraux se drapent à nouveau de vertus progressistes, ce qui aura pour effet d'exclure le NPD dans une course bipartite. Mais maintenant que Singh a un siège au Parlement, il sera mieux en mesure de faire partie du débat.

L'importance de cette victoire à l'élection partielle est qu'elle permet à Singh de tracer une ligne entre les 17 premiers mois de son leadership et la suite. Avant même le déclenchement de l'élection partielle, Singh avait déjà commencé à changer son entourage et ses orientations, ce qui est de bon augure pour son avenir.

En novembre, le NPD a annoncé que Jennifer Howard deviendrait la nouvelle chef de cabinet de Singh. Howard a occupé plusieurs postes au Cabinet dans les gouvernements manitobains de Gary Doer et de Greg Selinger, dont celui de ministre des Finances. Mais plus important encore, elle a occupé des postes de direction à tous les niveaux du NPD. Elle a l'expérience et les connaissances politiques qui faisaient jusqu'alors défaut.

Il est également important de se rappeler que Singh est encore relativement nouveau dans son emploi et qu'il a le temps de se réinventer. À cet égard, l'histoire récente du NPD peut fournir un contexte certain.

Layton a eu besoin de huit ans

Lorsqu'il a été élu chef du NPD en janvier 2003, Jack Layton était un politicien plus expérimenté, ayant été conseiller municipal de la ville de Toronto et du Grand Toronto pendant plus de 20 ans. Pourtant, il lui a quand même fallu huit ans pour créer les conditions qui ont permis au NPD de faire sa percée lors des élections fédérales de 2011.

L'ancien chef du NPD Jack Layton a eu besoin de huit ans avant que le parti ne connaisse le succès lors des les élections fédérales 2011. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck

Layton a évité certaines des premières erreurs de Singh, en choisissant son rival à la direction, le vétéran Bill Blaikie (pour qui je travaillais à l'époque) comme leader parlementaire, par exemple. Mais il a débuté avec un caucus beaucoup plus restreint, sans présence au Québec, et avec seulement une présence minimale en Ontario.

Il ne fait aucun doute que la première année de Singh ne s'est pas déroulée comme prévu. L'élan et l'enthousiasme qui ont entouré son élection à la tête du parti auraient pu stimuler les collectes de fonds, mobiliser les membres et aider à affirmer sa présence sur la scène nationale. Et le lent départ de Singh pourrait finir par hypothéquer sa capacité à connaître le succès.

Mais cette victoire à l'élection partielle lui donne l'occasion de changer le fil des événements, et de devenir un candidat aux prochaines élections fédérales.

This article was originally published in English

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