tag:theconversation.com,2011:/au/topics/decryptage-28164/articlesdécryptage – The Conversation2024-01-24T17:14:09Ztag:theconversation.com,2011:article/2216902024-01-24T17:14:09Z2024-01-24T17:14:09ZComment travaille le Conseil constitutionnel ?<p>Le Conseil constitutionnel doit remettre une importante décision de constitutionnalité à propos de la loi immigration portée par Gérald Darmanin. Quelles sont les méthodes de travail de cette juridiction trop souvent perçue comme obscure et politique ? Parfois décrites comme « secrètes », pour rester loin des pressions partisanes, elles n’en sont pas moins <a href="https://www.librairiedalloz.fr/livre/9782275019284-contentieux-constitutionnel-des-droits-fondamentaux-1e-edition-michel-verpeaux-bertrand-mathieu/">codifiées et méthodiquement arrêtées</a> par des textes fondamentaux, comme l’ordonnance portant <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000705065">loi organique du 7 novembre 1958</a> relative au fonctionnement du Conseil constitutionnel.</p>
<h2>Une procédure plus qu’un contentieux</h2>
<p>Le Conseil constitutionnel est d’abord « saisi » par des autorités politiques. Il peut s’agir de députés ou sénateurs (plus de 60 sont requis), des présidents des deux assemblées, du premier ministre ou du président de la République. Ces autorités lancent alors un délai d’examen par le <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/saisir-le-conseil/qui-peut-saisir-le-conseil-constitutionnel">Conseil de la conformité de la loi à la Constitution</a>, qui ne peut excéder un mois.</p>
<p>Conformément à l’article 61 de la Constitution, les juges constitutionnels disposent d’un mois, après enregistrement de la saisine au greffe, pour rendre une décision.</p>
<p>La saisine pour la loi immigration a été faite en l’occurrence par le président de la République, la présidente de l’Assemblée nationale et les députés et sénateurs de la gauche.</p>
<p>Comme tous les juges, ceux qui forment le Conseil constitutionnel suivent une procédure avant de rendre leur jugement. Néanmoins les concepts de contentieux, parties, instruction, mémoires ou contradiction ne sont pas adaptés à cette juridiction d’un type particulier. Ainsi, le vocabulaire normal de la justice n’est pas utilisé pour le Conseil constitutionnel, tant son office est particulier.</p>
<p>Ayant à juger une question purement objective, c’est-à-dire ne s’intéressant qu’à la conformité́ d’une norme à une autre dans l’intérêt du Droit, le Conseil constitutionnel ne tranche pas un contentieux entre parties. Il se prononce en droit sur la constitutionnalité́ de la loi mais ne donnera pas raison ou tort aux partis politiques qui s’affrontent.</p>
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<p>Ces raisons expliquent le particularisme de la procédure qui conduit au rendu de la décision ; les robes d’avocats ne bruissent pas dans des salles des pas perdus animées où des dossiers papiers s’amoncellent. Les ambiances sont plutôt à l’exact inverse : un peu entre la chambre parlementaire et la juridiction, les couloirs feutrés moquettés laissent le silence régner entre les bureaux fermés des neuf membres et de leurs services, qui communiquent par échanges informels au cours de nombreuses réunions, avant de parvenir à une décision consensuelle dans la salle des délibérés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/au-conseil-constitutionnel-les-anciens-presidents-de-la-republique-pourraient-ils-etre-les-remparts-des-droits-et-libertes-195377">Au Conseil constitutionnel, les anciens présidents de la République pourraient-ils être les remparts des droits et libertés ?</a>
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<h2>Un principe du contradictoire aménagé</h2>
<p>La décision suit une procédure de fabrication, une véritable « instruction », mais il n’y a pas d’opposition de points de vue entre deux « parties » opposées. Il est difficile d’imaginer au Conseil constitutionnel un « demandeur » et un « défenseur » de la loi comme dans n’importe quel litige, puisque gouvernement et Parlement ont, ensemble, construit une loi et qu’il n’y a donc pas à proprement parler de « parties au procès ».</p>
<p>Pourtant, depuis 1993, par le truchement de <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/la-qpc-et-le-parlement-une-bienveillance-reciproque">Robert Badinter</a>, les groupes parlementaires ont la possibilité de venir exposer un point de vue sur un dossier, mais peu s’en sont emparés.</p>
<p>C’est donc le <a href="https://www.gouvernement.fr/secretariat-general-du-gouvernement-sgg">secrétariat général du gouvernement</a>, actuellement Claire Landais, qui vient dialoguer avec le secrétariat général du Conseil constitutionnel, Jean Maïa, dont nous allons voir qu’il joue un rôle central.</p>
<p>Dans le cas qui nous occupe, la réunion a dû être particulièrement originale, entre un secrétariat général du gouvernement censé défendre la constitutionnalité de la loi, et un secrétaire général du Conseil constitutionnel qui a suivi de près les aveux d’inconstitutionnalité tenus par le <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/20/loi-immigration-les-mesures-susceptibles-d-etre-censurees-par-le-conseil-constitutionnel_6206980_3224.html">président de la République en personne, la première ministre Elisabeth Borne et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Laurent Fabius rappelle le rôle du Conseil constitutionnel (Public Sénat, 11 janvier).</span></figcaption>
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<p>Les « fiches » du secrétariat général du gouvernement quant à la constitutionnalité de la loi sont censées être préparées bien en amont de la prise de décision, afin de donner des pistes au Conseil constitutionnel pour comprendre le processus qui a conduit à adopter la loi. Dans le cas présent, la secrétaire générale se retrouve dans une position politique compliquée. Outre ces discussions de couloirs, la procédure est bien formalisée autour de plusieurs temps forts et acteurs clefs.</p>
<h2>Des acteurs clés</h2>
<p>Le Conseil constitutionnel est composé de <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-membres/statut-des-membres">neuf membres</a>, surnommés « les Sages » par les médias, dont le président de l’institution, Laurent Fabius, qui a un collaborateur personnel attaché à l’organisation de son agenda.</p>
<p>Ils sont nommés pour un mandat de neuf ans et renouvelés par tiers tous les trois ans. Trois membres, dont le président, sont nommés par le président de la République, trois autres par le président de l’Assemblée nationale, et les trois derniers par le président du Sénat.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/570894/original/file-20240123-15-bpuebm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570894/original/file-20240123-15-bpuebm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570894/original/file-20240123-15-bpuebm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570894/original/file-20240123-15-bpuebm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570894/original/file-20240123-15-bpuebm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570894/original/file-20240123-15-bpuebm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570894/original/file-20240123-15-bpuebm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les neuf « Sages » du Conseil Constitutionnel.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-membres">Conseil Constitutionnel</a></span>
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<p>Si le président Laurent Fabius est la figure médiatique de l’institution, son rôle ne saurait masquer l’ascendant d’un homme sur l’organisation des travaux : le secrétaire général, aujourd’hui <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-conseil-constitutionnel/les-services-du-conseil">Jean Maïa</a>. Il est nommé par décret du président de la République, sans durée de temps indicative. Devant s’adapter telle une vigie au renouvellement régulier des membres, il veille plus longuement que les autres à la continuité des travaux de l’institution.</p>
<p>C’est lui qui rédige les fiches informatives, qui renseigne les points juridiques clés, qui prépare le projet de « Commentaire aux Cahiers », <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/publications/les-nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel">publications phares</a> de l’institution, pour expliquer, déminer, dé-politiser. Son œuvre pédagogique est <a href="https://www.librairiedalloz.fr/livre/9782130631255-contentieux-constitutionnel-francais-4e-edition-guillaume-drago/">cardinale</a> pour qu’une décision soit rendue. Sans lui, point de rendez-vous qui tienne, sans lui, pas de colonne vertébrale.</p>
<p>Il est tout et il n’est rien ; autorité administrative et technique, le secrétaire général n’est pas membre de l’institution et ne peut donc rien faire « en son nom ». Tel un administrateur d’une assemblée, il prépare mais n’écrit pas. Le membre rapporteur du texte (nommé par les neuf membres en cooptation pour organiser les travaux de manière équitable) est le seul à préparer « l’avant-projet de décision ».</p>
<h2>Un combat inégal</h2>
<p>Le Conseil constitutionnel est aussi un adepte du temps précontentieux et deux services clés, la documentation et le service juridique, suit les travaux parlementaires dès la rentrée de l’Assemblée nationale et du Sénat.</p>
<p>Ce travail en amont est important notamment pour connaître la procédure ayant conduit à l’adoption des futures lois potentiellement déférées à la haute institution, prendre connaissance de celles-ci et rechercher les dispositions qui pourraient être inconstitutionnelles, avant même que les parlementaires (ou d’autres autorités) ne les évoquent.</p>
<p>En préparant le débat de constitutionnalité, les services – chapeautés par le secrétaire général et le membre rapporteur, souvent nommé « pré-rapporteur » de lois dont la saisine est pressentie – s’émancipent de la critique politique nécessairement contenue dans les mémoires de saisine.</p>
<p>Ces derniers ne font autre chose que de continuer la joute de l’intérêt général devant un juge qui ne peut trancher qu’à partir d’éléments juridiques dépassionnés. Dans ce combat inégal, le Conseil constitutionnel doit toujours faire gagner le droit et le rechercher, là où les artifices, les atours du vocabulaire de communication des gouvernants, noient le <a href="https://www.cairn.info/fiches-de-culture-juridique--9782340029897-page-221.htm">discours légistique</a>.</p>
<h2>Un jour fatidique</h2>
<p>Les débats au sein de la haute instance conduisent à rendre une décision de justice d’une manière très originale : par délibération « collégiale ».</p>
<p>La décision n’est pas rendue « au nom du peuple français » comme pour les autres juges (assise, judiciaire, administratif par exemple), mais elle n’est pas rendue non plus au nom d’une seule personne (comme les arrêtés ministériels ou autres décisions administratives). Elle est rendue au nom de l’intégralité des membres présents, au moins sept, lors de la délibération.</p>
<p>Ainsi, le rapporteur arrive avec un avant-projet qu’il présente ; c’est un moment de grand oral important, à l’image d’un ministre qui vient défendre son projet dans un Conseil des ministres ; il faut emporter avec soi la conviction des huit autres membres de l’instance. Pour éviter toute pression politique, le nom du membre rapporteur reste secret dans toutes les affaires. Ainsi, aucune fuite n’a permis d’identifier qui rapportera sur la loi immigration.</p>
<p>Sont présents autour de la table en U – l’ordre protocolaire autour du président est arrêté en fonction des années de nomination –, le greffe, pour consigner ce qui est dit, le service juridique et le secrétaire général pour éclairer les débats.</p>
<p>Ce n’est qu’une fois que les neuf membres sont d’accord avec ce qui est présenté que la décision peut être prise ; dans le cas contraire, les membres discutent point par point avec le rapporteur du texte sur la rédaction qui sera adoptée et qui fera consensus.</p>
<p>Tout y est pesé ; le poids juridique, l’impact politique, les remous médiatiques. Chaque président a imprimé son style, Robert Badinter pour la juridictionnalisation (soit le fait de remettre à une juridiction le contrôle d’une situation), Laurent Fabius pour la communication.</p>
<h2>Une décision déceptive</h2>
<p>Aujourd’hui, la décision à rendre contient une <a href="https://www.leparisien.fr/politique/decision-du-conseil-constitutionnel-sur-la-loi-immigration-des-experts-redoutent-une-dimension-politique-22-01-2024-V6ZUCLACFJCJ3MLFQ4PA2JLZBE.php">charge politique inédite</a>. Le gouvernement attend du Conseil constitutionnel qu’il « nettoie » le texte des addenda venant du groupe Les Républicains, auquel il a concédé politiquement.</p>
<p>Œuvrant à la manière du projet de loi de réforme des retraites – dont les censures par le juge constitutionnel étaient prévisibles et portaient précisément sur les <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/04/14/retraites-ce-que-le-conseil-constitutionnel-a-garde-ou-ecarte-des-differentes-saisines_6169591_4355770.html">mesures sociales</a> censées servir la dureté de la réforme – le gouvernement engage donc le juge à son corps défendant dans une <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/17/incompetence-des-juges-absence-d-independance-reelle-les-entorses-du-conseil-constitutionnel-a-la-democratie_6211253_3232.html">querelle politique</a>.</p>
<p>Pour autant, la décision à venir générera nécessairement de la déception de part et d’autre, puisqu’en portant un regard juridique sur la loi, elle n’apportera pas de solution au débat politique.</p>
<p>On l’aura compris, les membres sont accompagnés par des services et dirigés par un rapporteur qui travaillent sur le projet de loi depuis de longues semaines, épluchant les travaux parlementaires, les différentes versions du texte, les jurisprudences antérieures du juge constitutionnel, de manière à concilier deux textes fondamentaux : la loi voulue par le pouvoir politique et la Constitution du peuple français.</p>
<p>L’une assure la confiance politique du pays en ses gouvernants le temps d’un mandat, l’autre assure la protection d’une ligne fondamentale de droits humains qui traverse les âges.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221690/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Charlène Bezzina ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le Conseil constitutionnel est une juridiction souvent perçue comme obscure et politique malgré un protocole très codifié et singulier, dans le paysage juridique français. Décryptage.Anne-Charlène Bezzina, Constitutionnaliste, docteure de l'Université Paris 1 Sorbonne, Maître de conférences en droit public à l'université de Rouen, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2075482023-06-18T15:32:55Z2023-06-18T15:32:55ZDécryptage : comment les spéculateurs tirent profit des turbulences bancaires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531700/original/file-20230613-17-cpd6cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C13%2C1270%2C837&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les turbulences boursières créent des opportunités pour certains investisseurs.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/illustrations/bourse-économie-mondiale-boom-4785086/">Gerd Altmann/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Lorsqu’une société cotée en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/bourse-25542">bourse</a> est en difficulté, les spéculateurs peuvent parier agressivement sur la baisse de la valeur de ses actions et engranger du profit sur le malheur des autres. Les turbulences dans le secteur bancaire américain, survenues mi-mars après les <a href="https://theconversation.com/faillite-de-la-silicon-valley-bank-pourquoi-les-risques-dune-nouvelle-crise-financiere-restent-limites-201650">déboires de la Silicon Valley Bank</a> (SVB), en sont un bon exemple.</p>
<p>Au cours de la dernière semaine d’avril et de la première semaine de mai, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/actions-26034">actions</a> des banques régionales PacWest Bankcorp et Western Alliance Bancorporation avaient ainsi <a href="https://www.nytimes.com/2023/05/04/business/pacwest-stock.html">chuté fortement</a>, jusqu’à entraîner la suspension de leur cotation à Wall Street. En cause : une vulnérabilité des dépôts identifiée par les investisseurs qui ont multiplié ce type de pari à la baisse malgré une communication rassurante des banques ciblées.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1653434819211325447"}"></div></p>
<p>Plus largement, les fonds d’investissement qui détenaient une partie importante d’actions de banques régionales américaines ont également connu des turbulences au cours de la même période. Depuis mi-mars, le cours du fonds SPDR (S&P Regional Banking) a par exemple perdu <a href="https://finance.yahoo.com/quote/KRE/">près de 25 % de sa valeur</a>. Cette forte baisse de la valeur, <a href="https://www.nasdaq.com/articles/unusual-put-option-trade-in-spdrr-sp-regional-bankingsm-etf-kre-worth-$11376.00k">liée à des mouvements financiers inhabituels</a>, illustre la pression importante exercée par les spéculateurs.</p>
<h2>Fonction corrective</h2>
<p>D’une manière générale, les spéculateurs peuvent profiter de ces tendances négatives de deux manières.</p>
<p>La première est la vente à découvert : un spéculateur emprunte une action à une autre institution et est obligé de la rendre à son propriétaire initial après une période donnée. Par exemple, supposons que le prix actuel d’une action est de 100 euros, mais qu’un spéculateur pense qu’il est susceptible de baisser. Il peut emprunter l’action (moyennant une commission de quelques centimes) et promet de la rendre dans un mois.</p>
<p>Au moment de l’emprunt, le spéculateur vend l’action sur le marché libre et l’achète à nouveau plus tard, afin de la restituer. Si le prix baisse pendant cette période, le spéculateur profite de cette baisse. Ainsi, si le prix a baissé à 90 euros, le spéculateur gagne 10 euros.</p>
<p>La deuxième façon dont les spéculateurs peuvent profiter de la baisse de la valeur des actifs et des entreprises consiste à négocier des produits dérivés, c’est-à-dire des titres indexés sur le cours d’un autre actif (sous-jacent), le plus souvent d’une autre action. Il existe également des produits dérivés qui permettent de vendre titre à une donnée et à un prix fixé à l’avance.</p>
<p>Dans ce cas, le spéculateur peut bénéficier de manière significative d’une baisse des prix. Par exemple, un il peut prévoir de vendre 100 euros un titre dans trois mois. Si le prix a effectivement baissé au bout de 90 jours, le spéculateur réalise un bénéfice de 10 euros (moins le coût de la conclusion du contrat de vente).</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>L’activité de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/speculation-27900">spéculation</a> est souvent perçue de manière négative. Cependant, elle remplit un rôle correctif sur les marchés financiers. Supposons qu’un actif soit surévalué. Les investisseurs qui comprennent la juste évaluation de l’actif peuvent négocier sur cette « information négative » afin de rapprocher le prix des fondamentaux.</p>
<h2>Spirale négative</h2>
<p>Le problème survient lorsque les spéculateurs parient que leurs opérations excessives rendront l’opération encore plus rentable. Dans l’exemple des banques régionales présenté précédemment, les spéculateurs peuvent se livrer à des ventes à découvert excessives qui entraînent une baisse des prix en dessous de la valeur fondamentale, ou « vraie », de l’entreprise.</p>
<p>Or, si la valeur de marché des banques concernées devient « trop basse », elles auront plus de mal à satisfaire les déposants et les investisseurs restants. Une spirale négative peut alors s’enclencher : l’activité spéculative entraîne une baisse des prix, ce qui incite les déposants à se retirer davantage, ce qui, à son tour, entraîne d’autres mouvements à la baisse de la valeur des actions. La probabilité d’une faillite bancaire augmente alors.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/garantir-les-depots-bancaires-de-facon-illimitee-une-nouvelle-arme-contre-les-crises-202278">Garantir les dépôts bancaires de façon illimitée : une nouvelle arme contre les crises ?</a>
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<p>En outre, les banques sont des institutions financières importantes et fortement interconnectées. Autrement dit, les problèmes d’une banque peuvent facilement s’étendre à d’autres. La raison en est que les banques se prêtent beaucoup les unes aux autres et sont exposées aux mêmes types de risques. Ainsi, un excès d’activité spéculative peut amplifier le prix de la baisse des capitaux propres des banques et propager les problèmes à d’autres institutions bancaires.</p>
<p>Depuis début 2022, la banque centrale américaine (la Réserve fédérale, ou Fed) <a href="https://theconversation.com/fed-et-bce-deux-rythmes-mais-une-meme-strategie-contre-linflation-185059">relève progressivement ses taux directeurs</a> (taux auxquels elle prête de l’argent aux banques commerciales) afin de lutter contre les niveaux record d’inflation. Cette politique monétaire constitue une nouvelle contrainte pour les banques régionales en difficulté : les emprunts auprès de la Fed deviennent plus coûteux. Les enseignes, qui payent davantage pour les fonds dont elles ont besoin, pourraient donc répercuter cette hausse sur le taux des leurs prêts commerciaux et restreindre ainsi la demande de crédit de leur client et leur activité. Les banques régionales pourraient donc rester dans le giron des spéculateurs dans les prochains mois.</p>
<p>Pour ce qui est de l’Europe, il existe un risque supplémentaire d’entraîner les coûts du crédit à la hausse. Les banques se sont en effet progressivement détournées de la banque centrale européenne (BCE) à mesure que les taux remontaient à partir de mi-2022. Les établissements ont par ailleurs remboursé des <a href="https://www.reuters.com/markets/europe/euro-zone-banks-repay-another-366-bln-euros-ecb-loans-2023-02-10/">centaines de milliards de prêts quasi gratuits</a> obtenus ces dernières années dans un contexte de taux très bas. Cette moindre offre de liquidité de la part de la BCE pourrait donc alimenter à son tour une augmentation des coûts et restreindre la performance économique des banques.</p>
<p>Autant de perspectives qui pourraient favoriser les paris des investisseurs à la baisse, et donc les opérations spéculatives comme aux États-Unis.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207548/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Teodor Dyakov ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Depuis mi-mars, les marchés financiers américains connaissent des mouvements inhabituels. En cause : les investisseurs qui parient sur une aggravation des difficultés du secteur bancaire.Teodor Dyakov, Associate Professor in Finance, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1485122020-11-29T17:52:24Z2020-11-29T17:52:24ZCryptographie : comment ma carte à puce résiste-t-elle aux attaques ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/370585/original/file-20201120-23-fqo8hx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=57%2C32%2C5406%2C3587&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les cartes à puces sont utilisées partout&nbsp;: cartes bleues, téléphones, transports…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/sim-card-tweezers-563217385">N E O S i A M / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Une solution pour protéger son argent contre le vol est de le mettre dans un coffre-fort, basé sur la solidité du coffre et du mécanisme de protection, par exemple un cadenas et une clé. Vous ouvrirez le coffre… si vous avez la bonne clé.</p>
<p>En informatique, un cryptosystème est l’équivalent du coffre-fort : basé sur la solidité d’un mécanisme de protection dit « cryptographique » et la connaissance d’une donnée particulière que l’on appelle également « clé ». Ce système sert à protéger des données stockées ou échangées, par exemple des informations d’identité, bancaires ou empreinte digitale.</p>
<p>Lorsqu’on essaie de déchiffrer un message en cachette parce qu’on ne connaît pas la clé, on fait de la « cryptanalyse » : c’est la manière utilisée pour mettre en défaut un cryptosystème, c’est-à-dire de l’attaquer.</p>
<h2>Comment marche une carte à puce ?</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368252/original/file-20201109-13-w0vrry.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une scytale : le message chiffré est inscrit sur une bandelette de papier, il faut un bâton de diamètre adéquat pour le déchiffrer.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/51/Skytale.png/1024px-Skytale.png">Luringen/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Les premiers mécanismes cryptographiques que l’on connaît remontent à l’Antiquité. Ces mécanismes visaient à garantir la confidentialité des messages échangés en temps de guerre : pour éviter qu’un adversaire ne les lise, ceux-ci étaient préalablement chiffrés. À cette époque, le chiffrement et le déchiffrement pouvaient être effectués « à la main » par une personne possédant l’information secrète et la clé pour la déchiffrer. Pour les cryptosystèmes les plus anciens, la clé pouvait être par exemple un bâton du bon diamètre, la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scytale">« scytale »</a>,</p>
<p>ou un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiffrement_par_substitution">simple code secret</a>, comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiffre_des_francs-ma%C3%A7ons">chiffre « pigpen » des francs-maçons</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368253/original/file-20201109-13-1vvm4a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368253/original/file-20201109-13-1vvm4a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=543&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368253/original/file-20201109-13-1vvm4a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=543&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368253/original/file-20201109-13-1vvm4a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=543&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368253/original/file-20201109-13-1vvm4a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=683&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368253/original/file-20201109-13-1vvm4a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=683&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368253/original/file-20201109-13-1vvm4a3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=683&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Grille de chiffrement « pigpen », avec le code correspondant à « wikipedia » en bas.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiffre_des_francs-ma%C3%A7ons#/media/Fichier:Pigpen_for_Wikipedia.png">Dake/Wikimedia</a></span>
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<p>L’histoire des codes secrets a beaucoup évolué au fil du temps, et de nos jours le chiffrement d’un message ne se fait plus « à la main », mais nécessite la puissance de calcul des ordinateurs et sa fiabilité est assurée par des principes mathématiques prouvés. Les clés secrètes sont devenues des séquences de plusieurs centaines, voire milliers de bits… c’est-à-dire un nombre de plus de mille chiffres.</p>
<p>L’évolution de la cryptographie a également permis de répondre à d’autres besoins de nos temps modernes : la confidentialité permet d’assurer que l’information ne soit pas divulguée, l’intégrité permet d’assurer qu’elle n’est pas modifiée, l’authentification permet d’assurer que la communication s’effectue avec la bonne personne ou le bon système et la <a href="https://moodle.utc.fr/pluginfile.php/16777/mod_resource/content/0/SupportIntroSecu/co/CoursSecurite_15.html">non-répudiation</a> empêche de nier le fait d’avoir bien été l’auteur d’un certain message.</p>
<p>Par exemple, lorsque nous effectuons un achat dans une boutique, nous souhaitons autoriser une transaction du bon montant, de notre compte vers celui du bon marchand, tout en gardant inaccessibles nos informations privées. Le marchand lui, souhaite être payé par le bon client, et ne souhaite pas que quelques minutes plus tard le client puisse nier d’avoir effectivement payé. La carte bancaire qui effectue des communications chiffrées avec le terminal du marchand joue un rôle important dans l’affaire, permettant de garantir une bonne partie de ces besoins.</p>
<p>La carte à puce, grâce à sa mémoire interne et sa capacité de calcul autonome, peut être en effet utilisée comme cryptosystème. Elle peut stocker des clés, ainsi que toute sorte de donnée électronique, et, une fois connectée à un terminal qui l’alimente en énergie, elle a la capacité d’effectuer des calculs cryptographiques.</p>
<p>C’est en réalité un petit ordinateur intégré dans une puce de quelques millimètres carrés. C’est pour cela qu’on l’appelle « système embarqué ».</p>
<h2>Des failles dans le coffre-fort</h2>
<p>Malgré tout, cela n’est pas toujours suffisant. Posséder un bon coffre-fort n’a pas d’intérêt, si sa combinaison traîne sur un papier posé à côté ou si la clé du cadenas est juste glissée sous le paillasson.</p>
<p>Il peut aussi exister des failles dans un cryptosystème si tout n’a pas été bien pensé. Afin d’assurer la confiance dans leur produit, les développeurs de cartes à puce demandent un certificat auprès d’un organisme de confiance. L’<a href="https://www.ssi.gouv.fr/">Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information</a> (ANSSI) est le schéma de certification étatique français, mais il existe aussi des schémas dans d’autres pays, ainsi que des schémas privés. Le certificat est attribué au développeur sur la base d’un <a href="https://www.ssi.gouv.fr/administration/produits-certifies/cspn/les-centres-devaluation/">rapport technique d’évaluation</a>.</p>
<p>Le développeur s’adresse donc à un laboratoire comme le nôtre, le le <a href="https://www.leti-cea.fr/cea-tech/leti/Pages/innovation-industrielle/innover-avec-le-Leti/CESTI.aspx">CESTI du CEA-Leti</a> situé à Grenoble, constitué d’une équipe d’experts aux compétences complémentaires – les « évaluateurs » – qui va plancher sur la sécurité du système embarqué dans son ensemble, afin de vérifier que tout a bien été pensé et qu’aucune faille n’existe. Aujourd’hui, les systèmes embarqués sont présents dans beaucoup d’applications, telles que les clés de voiture, les badges d’accès ou les cartes de transport, mais seules les cartes à puce ayant un certificat de bon niveau sont susceptibles d’être utilisées dans des marchés à haut risque, par exemple les cartes bancaires ou les passeports électroniques. Les évaluateurs s’assurent aussi que le produit est conforme aux spécifications et que le système n’a pas de faille de conception : cela revient à s’assurer que le métal du coffre-fort a la bonne épaisseur et que la combinaison est assez complexe par exemple.</p>
<h2>Quelles stratégies pour attaquer un cryptosystème ?</h2>
<p>Mais ce n’est pas tout. La fiabilité dépend aussi de l’environnement du cryptosystème. Posséder un bon coffre-fort n’a pas d’intérêt, si un attaquant près du coffre est capable de faire exploser la porte à l’aide de dynamite, ou d’écouter les sons émis par la gâchette de la serrure avec un stéthoscope. Il faudrait soit garantir que le coffre-fort est bien enfermé et inaccessible, soit montrer qu’il peut résister à toutes les attaques d’un adversaire déterminé et très inventif.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368262/original/file-20201109-17-1uoj0uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368262/original/file-20201109-17-1uoj0uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368262/original/file-20201109-17-1uoj0uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368262/original/file-20201109-17-1uoj0uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368262/original/file-20201109-17-1uoj0uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368262/original/file-20201109-17-1uoj0uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368262/original/file-20201109-17-1uoj0uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une carte SIM vue aux rayons X.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:SIM-Card_X-ray_contrast.jpg">Joerns/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Dans le cas d’un système embarqué tel que la carte à puce, il est difficile de s’assurer de son caractère inatteignable. En effet, tout le monde a dans sa poche une carte bancaire, une carte vitale ou un passeport. Une carte à puce même bien protégée est un objet qui circule dans un monde potentiellement hostile, où un attaquant peut décider d’« exploser sa carte » ou d’« écouter les sons émis par la puce ». Un pirate moderne utilisera plutôt un laser pour perturber le bon fonctionnement de la puce et obtenir des effets non appropriés, tandis que la mesure du courant de consommation via un oscilloscope remplacera avantageusement le stéthoscope. Avec un peu de finesse, ces techniques peuvent s’avérer payantes.</p>
<p>Les attaques connues sur les cartes à puce sont classées en deux catégories : les attaques logicielles, où l’adversaire utilise les bogues du système, et les attaques physiques, par perturbation ou par observation, où il a la possibilité d’agir sur l’environnement du système.</p>
<p>Imaginons par exemple qu’une carte bancaire vérifie que le code PIN saisi par un utilisateur soit correct : interrompre cette vérification grâce à un faisceau lumineux (le fameux laser), qui va perturber la puce au bon moment, peut faire accepter par la carte n’importe quel PIN. C’est une attaque « par perturbation ».</p>
<p>Un peu plus discrète, une attaque « par observation » va par exemple consister à mesurer le temps de réaction de la puce lorsqu’elle vérifie le fameux PIN : imaginons que la vérification s’arrête quand le premier chiffre du PIN saisi est faux (pas la peine de vérifier les chiffres suivants !), elle mettra alors plus de temps si seul le dernier chiffre est faux. Le temps de réponse aidera l’attaquant à trouver le bon PIN.</p>
<p>Dans le même esprit d’« observation », la consommation de puissance d’une puce peut être mesurée à l’aide d’un oscilloscope pendant qu’elle effectue un calcul cryptographique complexe : la puce consomme plus ou moins selon la nature du calcul qui est exécuté. Lorsque ce calcul utilise des morceaux de clé, la consommation varie suivant les valeurs de ces morceaux qu’on peut donc deviner en observant la consommation.</p>
<p>En tant qu’évaluatrices de la sécurité d’une carte à puce, nous nous mettons dans la peau d’un hypothétique attaquant et nous tentons d’imaginer toutes les façons d’accéder au cryptosystème et de le mettre en défaut.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148512/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Véritables coffres-forts modernes, les cartes à puces sont conçues pour résister aux attaques. Décodage avec des spécialistes en cryptographie.Cécile Dumas, Ingénieur-chercheur, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)Eleonora Cagli, Ingénieur Chercheur, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1288262019-12-12T17:48:46Z2019-12-12T17:48:46ZRégimes spéciaux : quel coût pour l’État ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/306681/original/file-20191212-85367-v3jwtj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C15%2C1005%2C665&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les droits spécifiques comme la possibilité de partir en retraite plus tôt coûteraient entre 2 et 3&nbsp;milliards d’euros par an au contribuable.</span> <span class="attribution"><span class="source">Christophe Archambault / AFP</span></span></figcaption></figure><p>Aujourd’hui, si 80 % des actifs dépendent du régime général des salariés du privé, il existe encore d’autres grands types de régimes des retraites : le régime de la fonction publique subdivisé en fonction publique d’État, fonction publique territoriale et hospitalière ; les 11 régimes des indépendants ; et enfin une vingtaine de régimes spéciaux propres à un métier ou à un secteur d’activité qui ne relève ni de la fonction publique ni des indépendants.</p>
<p>Si ces derniers offrent tous des retraites plus avantageuses (la palme revenant de loin aux sénateurs, puisqu’un euro cotisé leur assure sur fonds publics 6 euros de prestation, contre 1,5 euro dans le régime général), ils restent numériquement anecdotiques, à l’image de celui de l’Opéra de Paris et de la Comédie française, ou en voie d’extinction comme le régime des mineurs.</p>
<p>Les enjeux de financement public ne concernent vraiment que trois régimes : celui des industries électriques et gazières (IEG) qui regroupe 158 entreprises comme EDF et Engie, celui de la SNCF et celui de la RATP.</p>
<h2>Des avantages toujours importants</h2>
<p>Les pensions des régimes spéciaux sont aujourd’hui plus élevées que dans la fonction publique, elles-mêmes supérieures au secteur privé. Ainsi pour les nouveaux retraités de 2017, la pension brute moyenne en équivalent carrière complète s’élève à 3 592 euros pour les IEG, à 2 636 euros à la SNCF et à 3 705 euros à la RATP contre 2 206 euros pour les fonctionnaires civils de l’État.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=162&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=162&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306672/original/file-20191212-85428-1g0rfbo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=162&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-07/20190716-rapport-regimes-speciaux-retraite.pdf">Cour des comptes, selon les données des régimes.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces écarts, qui s’expliquent en partie par des écarts de qualification, se sont accrus depuis 2010. Selon la <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-07/20190716-rapport-regimes-speciaux-retraite.pdf">Cour des comptes</a>, les écarts sont significatifs puisque les retraités ayant accompli une carrière complète nés entre 1940 et 1946 perçoivent, à la RATP et de la SNCF une pension supérieure de 24 % de celle des anciens salariés du secteur privé des transports.</p>
<p>Quant à la pension de réversion, versée au conjoint ou à la conjointe en cas de décès, elle est, comme dans la fonction publique, versée sans condition d’âge ou de ressources.</p>
<p>Autre différence majeure, l’âge conjoncturel moyen de départ à la retraite est toujours plus bas : en 2017 il est de 57,7 ans pour les IEG, 56,9 ans pour la SNCF et 55,7 ans pour la RATP, contre 61 ans dans la fonction publique civile d’État et la fonction publique territoriale, et 63 ans dans le régime général. Si l’on constate en 10 ans une élévation de un à deux ans pour l’ensemble des régimes, l’écart avec la fonction publique ne se réduit pas, l’âge conjoncturel de départ ayant même augmenté plus vite dans la fonction publique.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306673/original/file-20191212-85422-5uqy5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-07/20190716-rapport-regimes-speciaux-retraite.pdf">Cour des comptes, selon les estimations par les régimes des âges conjoncturels de départ à la retraite</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il faut toutefois noter qu’il n’y a pas de différence dans l’espérance de vie à 60 ans des hommes entre ces régimes : celle des retraités du privé estimée en 2010 à 22,9 ans dans les IEG, 22,1 ans à la SNCF, 22,0 ans à la RATP et, selon l’Insee, à 22,4 ans au sein de la population française, il en est de même quand on compare des catégories professionnelles proches (cadres, employés, ouvriers).</p>
<h2>Financements publics en hausse</h2>
<p>Si les cotisations salariales et patronales qui assurent l’équilibre du régime général ne permettent pas aux trois régimes d’être financés, il existe des différences notables entre eux. Ainsi, l’ensemble de ces cotisations représentent 68 % de pensions de retraite pour les IEG, mais seulement 36 % à la SNCF et 41 % à la RATP.</p>
<p>Dans le détail, les salariés cotisent à hauteur de 12,73 % de leur salaire dans les IEG, à 9,06 % à la SNCF et à 12,95 % à la RATP, contre 11,31 % dans le régime général du secteur privé.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306675/original/file-20191212-85376-5z8gbh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-07/20190716-rapport-regimes-speciaux-retraite.pdf">Comptes de la CRP RATP, de la CPRP SNCF et de la CNIEG.</a></span>
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<p>Chez les employeurs, les entreprises des IEG versent des cotisations supérieures de 70 % de celles des employeurs du privé et la SNCF de 30 %, la RATP versant des cotisations équivalentes aux employeurs privés. Pour les trois régimes, l’équilibre du système est toujours assuré in fine sur fonds publics.</p>
<h2>Subvention démographique</h2>
<p>Selon les dernières données concernant l’année 2017, ces financements publics s’élevaient au total à 5,5 milliards d’euros, soit 28 % des retraites dans le cas des IEG, 62 % à la SNCF et 59 % à la RATP, en hausse au cours de la dernière décennie (+8 points pour le régime de la RATP, +5 points pour le régime de la SNCF et +2 points pour celui des IEG). `</p>
<p>Pour les IEG, le financement public passe par la contribution tarifaire d’acheminement (CTA) une taxe affectée payée par tous les consommateurs (à l’exception des personnels et des retraités des IEG), représentant plus d’1,5 milliard d’euros en 2017. Pour la SNCF et la RATP il s’agit d’une dotation annuelle de l’État, respectivement de 3 280 et 681 millions d’euros, pour ce total de financement public d’équilibre de 5,5 milliards d’euros.</p>
<p>Une part importante du financement public compense le déficit démographique de ces régimes, car leur ratio nombre de cotisants/retraités est plus dégradé que la moyenne nationale ce qui implique, dans un régime par répartition, une subvention dite démographique. En effet, le régime général concerne 18 millions d’actifs pour 15 millions de pensionnés, mais les trois régimes comptent tous plus de retraités que de cotisants.</p>
<p>Ainsi les IEG versent 175 000 pensions (dont environ 135 000 de droits directs et 40 000 réversions) pour 140 000 salariés, la SNCF 261 000 pensions (dont 177 000 de droit direct) pour 143 000 cotisants et la RATP 46 000 pensions (dont 35 000 de droit direct) pour 42 000 cotisants.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=145&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=145&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=145&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=183&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=183&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306678/original/file-20191212-85367-1dd2jjh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=183&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-07/20190716-rapport-regimes-speciaux-retraite.pdf">Cour des comptes, d’après les données des régimes.</a></span>
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<p>La subvention publique s’explique donc en partie par cette subvention démographique qui représente en 2017 environ 60 % du total des financements publics (2,2 milliards d’euros) à la SNCF, un tiers chez les IEG, (800 millions d’euros), mais seulement 10 % des financements publics à la RATP (80 millions d’euros au plus). Au total, pour les trois régimes, on peut estimer la subvention démographique à un peu plus de moitié des financements publics (environ 3 milliards d’euros).</p>
<h2>Droits spécifiques</h2>
<p>Connaissant le coût du financement public pour chacun des trois régimes à savoir 1,5 milliard pour l’IEG, 3,3 milliards pour la SNCF et 700 millions pour la RATP, ainsi que le coût de la compensation démographique, il est aisé d’en déduire le coût des avantages catégoriels octroyés par les trois régimes pour les contribuables, comme la possibilité de partir plus tôt à la retraite.</p>
<p>Toujours en 2017, il est au total de 2,5 milliards, soit 700 millions pour l’IEG, 1,1 milliard pour la SNCF et 700 millions pour la RATP. Il représente environ 55 % des droits spécifiques des régimes IEG et SNCF et même 100 % des droits spécifiques versés par le régime de la RATP (au moins 260 millions d’euros).</p>
<p>Les <a href="https://www.ladepeche.fr/2019/12/11/retraites-edouard-philippe-detaille-la-reforme-voici-ce-qui-nous-attend,8597253.php">grandes lignes</a> de la réforme des retraites annoncées le 11 décembre par le premier ministre Édouard Philippe prévoient une lente convergence des régimes de retraite vers un régime universel à points qui ne s’appliquera vraiment que <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/reforme-des-retraites-voici-le-calendrier-de-janvier-2020-a-2066_fr_5df12933e4b0b75fb5368407">dans plusieurs années</a>.</p>
<p>D’ici là les avantages catégoriels de ces trois grands régimes spéciaux salariés resteront financés par les contribuables à hauteur de 2 à 3 milliards d’euros par an.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128826/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Pichet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En 2017, 5,5 milliards d’euros ont été dépensés par l’État pour financer le déséquilibre démographique et les droits catégoriels des trois grands régimes spéciaux de retraite.Éric Pichet, Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/757892017-04-09T19:21:21Z2017-04-09T19:21:21ZDécrypter le « langage non verbal » des politiques, cette pseudo-science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164495/original/image-20170407-29403-fpdqob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le sacro-saint geste…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/quinnanya/4389266896/in/photolist-7FS98s-9du5CH-edeThY-dsnyaT-6RtTmF-9PRPQP-a5HADz-8EgQkN-85Nvwn-7GwcbE-7Gwcho-7GwcdJ-oHBmjq-7Gwcfq-oY55fQ-aRdvap-fFEkZ8-2GFK7-HV9Sk-djC2aL-4V45NV-7MyY1U-8dK36X-5RD7Hg-rEZhMN-7CD596-dTQ5aT-R517bV-d4eN87-ckLaWq-4WFo8B-8EdFpi-dTQg52-6rWXHp-dTVRiy-cfCyTG-4eBarw-77SQAE-77ZkxR-7R7VBL-8b96aq-6yaxfy-4SBJVB-5yBCmP-7R7UTL-5cC4m1-35BZG6-7jcnWa-7R7Vpd-7R4Dqp">Quinn Dombrowski/Fickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le décryptage du « langage non verbal » constitue une lubie médiatique qui a le vent en poupe en période électorale. L’inaltérable Jacques Séguéla vient de confier doctement à <em>L’Express</em> « qu’un débat, c’est 70 % de faciès, 15 % de gestuelle et 15 % de discours » ; tout un programme, 36 ans après la « Force tranquille » mitterrandienne !</p>
<p>Les simili-théories promettant de « lire les gestes d’autrui » marquent en tout cas une inquiétante éclipse de la parole politique, et <a href="http://bit.ly/2nWNcvT">un désaveu terrible de celle-ci</a>.</p>
<h2>À chaque débat et meeting politique, ses chroniqueurs et ses décrypteurs</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/164497/original/image-20170407-29365-1fl1zg1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/164497/original/image-20170407-29365-1fl1zg1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=896&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/164497/original/image-20170407-29365-1fl1zg1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=896&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/164497/original/image-20170407-29365-1fl1zg1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=896&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/164497/original/image-20170407-29365-1fl1zg1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1126&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/164497/original/image-20170407-29365-1fl1zg1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1126&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/164497/original/image-20170407-29365-1fl1zg1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1126&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nicolas Sarkozy en 2007.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/gpaumier/512003668/in/photolist-Mf9Rs-a7KBzp-a7P5BU-F16o4-5hJXZg-K4mGV-bm7c3P-aoiDMW-39VTYo-565tKk-9UM8hj-4JGftP-63GAAi-Nuxdr-9EPs91-8yvCBn-9Rome7-MQ9rs-rpxgQf-fMRctH-9okHzJ-5aYpCR-asvXg1-astnMi-Mf9SA-asw2R9-asthog-asvWvL-5oWvWM-8R9JcQ-asvV3d-asthR2-5aYqCv-4uPgw3-astniV-68nLjT-astzV2-astobM-HqnWk-5b3G9q-astmQV-7CdsV4-br9xe9-Mf9X5-6V1ZKm-6jYNv8-CMAz3-brad3E-bE4vj4-cyj2gC">Guillaume Paumier/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Nicolas Sarkozy était un « bon client » pour <a href="https://communication.revues.org/1931">les « gestuologues »</a> de toute obédience. Mais la relève est assurée, avec un Macron tour à tour « gaullien » et « christique ». À côté de ceux qui glosent ses propos, des analystes à la petite semaine se font maintenant fort de « décrypter sa gestualité », qui en dirait plus que ses discours.</p>
<p>Bras ouverts, doigts pointés, menton volontaire, tout cela nous dévoilerait les pensées secrètes et dispositions cachées de notre présidentiable en puissance. Ces oracles s’attachent aussi aux autres candidats ; quant aux récentes élections américaines, elles ont donné à ces analyses comportementalistes leur pleine démesure.</p>
<p>La gestualité politique, fille de la <a href="http://www.cnrtl.fr/definition/chironomie">chiromonie athénienne</a>, est un serpent de mer sémantique. Comment si un geste, à lui seul, révélait des intentions dissimulées et dévoilait une nature profonde. Ce comportementalisme niais a pourtant ses adeptes. La parole politique est-elle tellement dévaluée que lorsque nos élus s’expriment, il importerait de « couper le son » et de se concentrer sur leur gestualité ? En tout cas, bien des candidats ont leurs « coachs gestuels » qui leur enseignent comment se tenir, quelles postures adopter à la tribune pour prétendument emporter les suffrages…</p>
<p>Mais « l’obsession gestuelle » a aussi contaminé l’entreprise, via la formation en communication, le recrutement et le coaching. S’autoproclamant best-sellers, la farine éditoriale « morpho-gestuelle », « synergologique » ou la drolatique « grammaire gestuelle » (du regretté <a href="http://bit.ly/2oR2qCX">Joseph Messinger</a>) rencontrent leurs publics. Ceux-ci, dépourvus du capital académique nécessaire pour déceler la faiblesse méthodologique et les incohérences multiples de cette prose, la lisent comme des « horoscopes relationnels », y cherchant des trucs et des ficelles pour « mieux communiquer », et être plus efficaces en présence d’autrui.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/164500/original/image-20170407-27621-7gr5qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/164500/original/image-20170407-27621-7gr5qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/164500/original/image-20170407-27621-7gr5qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/164500/original/image-20170407-27621-7gr5qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/164500/original/image-20170407-27621-7gr5qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/164500/original/image-20170407-27621-7gr5qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/164500/original/image-20170407-27621-7gr5qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Donald Trump en février 2017.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/gageskidmore/33140914725/in/photolist-SuxRkt-RUJDuS-SiioF6-RftJc8-SfHiCb-SuxDRB-RcQCKo-SfHmrs-RftMdZ-SfGp1Y-SuySVF-Siipcr-Suy3kp-Suy1J8-SfG1YG-SuxZg8-Sii3e4-SfHg2Q-SuyVkR-SfGZKY-RftBFn-RUJwFb-SfHhhW-SfHfA9-RftKGc-Suy5TR-Siidna-SfH8NG-RftEWR-SqSHCG-SqT96E-SfFUPY-RcPB3C-RUJvqf-RfsEEk-Rfu9yV-SfGqf1-RftGpk-RUHJzy-RftyVn-SuxxHz-RcQBxy-SiifXv-SqTz5h-SqSDbf-Rftyvz-LHijmy-MrFsJ8-Nsw3BS-NDDxSu">Gage Skidmore/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Car la promesse se situe là : prendre l’ascendant sur nos interlocuteurs, les mettre à nu en « lisant leur non-verbal à livre ouvert ». Leur fonds de commerce ne se niche-t-il pas dans les rapports sociaux à enjeux, la politique, la séduction, le recrutement, la négociation commerciale ? À écouter ces gourous, les paroles mentiraient presque toujours, et le corps nous trahirait sans cesse.</p>
<p>D’où la sournoise prise de contrôle d’autrui sous-jacente, via les trucs donnés pour être « impactant » au bureau et mieux draguer au bar du coin. Demain, serons-nous tous coupables à un moment ou à un autre du délit de « sale geste », qui verra le pouce des recruteurs se baisser, parce que nous aurons eu le malheur de croiser les bras ou de ne pas sourire ?</p>
<p>De l’obsession de la « lisibilité » des gestes à l’éclipse de la parole…</p>
<p>Promues par la « quête de sens », l’exigence de lisibilité et la frénésie du « décryptage » de bien des médias, ces pseudosciences brouillent les cartes de la scientificité, détournant les codes rhétoriques académiques, revendiquant le statut de la haute théorie, tout en se vendant en marque déposée, sites dédiés et attachées de presse à la clé. Et jamais aucun gage n’est donné à l’Université, qui est pourtant l’instance de production et de légitimation de la science.</p>
<p>Ces nouveaux « gourous relationnels » n’ont cure des mille subtilités symboliques qui constituent une relation, patiemment étudiées par des générations de chercheurs. Les pseudo-théoriciens du <a href="http://bit.ly/2p9XpnY">décodage du non-verbal</a> brandissent l’universalité des émotions et la lisibilité infaillible de la gestualité comme des fétiches à grelots, pour asséner leurs assommantes « découvertes » sur des relations décontextualisées et privées du sens des mots.</p>
<p>Plus de secret, plus de zones d’ombre, ni doute ni hésitations, tout est « écrit » dans la posture et sur le visage. Fillon a cillé, il est coupable ! Dans la série américaine <em>Lie to Me</em>, <a href="http://bit.ly/2oMt8iy">Tim Roth alias Cal Lightman</a> fait embastiller des suspects pour moins que ça. Et on ressort la tarte la crème des « 7 % de sens seulement à allouer à la parole » !</p>
<p>Examiner ces « chiromancies de la gestualité » avec une grille un tout soit peu rigoureuse amène à percevoir une incroyable série de carences méthodologiques, disqualifiant de facto leur prétention théorique. Ainsi, les gestes, fétichisés ad nauseam, y sont détachés du texte et du contexte. Exeunt le texte, et le contexte de production du sens. Les ouvrages de <a href="https://communication.revues.org/858">la prétentieuse « synergologie »</a> montrent des bonhommes en pâte à modeler se grattant la nuque et croisant jambes et bras. Et de cela, on devrait tirer des lois universelles !</p>
<p>Ignorantes du champ théorique qu’elles se piquent d’étudier, les pseudosciences du non verbal fétichisent Paul Ekman (le père des « émotions universelles ») tout en n’accordant aucune valeur aux gestes conventionnels et culturels ; être plus modeste et scrupuleux préempterait une part du business…</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/164501/original/image-20170407-29365-16z6psl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Jean-Luc Mélenchon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/pierre-selim/8913182067/in/photolist-ezCouT-ezFD85-bMLh2D-bMLnkt-byREau-bMLmJr-ezCgon-e1ptr7-ezCkyB-9fh7GT-bNWQxc-braepE-faXMUD-br9w3J-bE4CPK-br9y3b-br9ELo-bE4AB4-auTJp9-dBxPt5-bNWQLD-nHgBKY-br9FTd-bE4uAT-bE4yEe-bA3daQ-bvXwUw-bAyhUC-rtWSZM-bE4xTD-bPsVUX-bE4vFK-bE4vj4-bAyhEC-br9xe9-brad3E-br9xyN-9XYnG9-bPsWKx-bAycPh-br9AVW-bPsSrP-bAybWE-c2gcVQ-bA3czU-bE55Rc-bA3e2o-bE5c9a-bE5ar2-brabYA">Pierre-Selim/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>De même, ces pesantes « grammaires gestuelles » corrèlent gestes et émotions sans que les études et expérimentations administrant la preuve de tout cela ne soient jamais citées. On a l’impression que des lapins sont tirés de chapeaux. Un geste, une mimique correspondent à un sens univoque, et silence dans les rangs ! Macron brandit le poing, quel homme ! Mélenchon fronce les sourcils, il est pugnace… Relents de physiognomonie…</p>
<h2>Une terrible guerre froide relationnelle…</h2>
<p>En filigrane de ces « simili-théories », on perçoit une « démoralisation » des rapports sociaux, qui deviennent un jeu de dupes, un poker menteur, une guerre froide relationnelle. Alors que la toute-puissance octroyée par ces pseudosciences exprime surtout l’impuissance de ceux qui sont contraints d’utiliser ces « horoscopes » pour tenter de trouver du sens aux relations, et un peu d’assurance dans celles-ci.</p>
<p>Signe (ou symptôme) des temps, tout cela marque l’entrée en force des postulats du libéralisme dans les relations. Pour tous ces obsédés gestuels, celles-ci se doivent d’être rentables, efficaces, transparentes, grâce à ce décodage systématique qui n’aboutit qu’à décerveler les rapports humains, les « désociologiser » et à les déritualiser.</p>
<p>Éclipse de la pensée critique, et avènement, avec ces « gourous relationnels » d’un nouvel obscurantisme. En attendant, soyons attentifs aux discours et aux programmes – c’est-à-dire à l’essentiel – et arrêtons de fétichiser la gestualité politique, chausse-trappe interprétative et vraie voie démagogique…</p>
<hr>
<p>Dernier ouvrage : <em>Enquête sur le business de la communication non verbale. Une analyse critique des pseudosciences du « langage corporel</em>, <a href="http://bit.ly/2nlUoET">EMS, 2017</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75789/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Lardellier est auteur de « Enquête sur le business de la communication non verbale.
Une analyse critique des pseudosciences du « langage corporel» , EMS, 2017</span></em></p>Arrêtons de décoder… les gestes des candidats. Les expressions du corps sont culturelles. Elles proviennent d’un contexte et d’un milieu social.Pascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne France-Comté, Chercheur à Propedia (Groupe IGS, Paris), PropediaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/681042016-11-08T10:13:21Z2016-11-08T10:13:21ZLa crypto quantique débarque<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/144817/original/image-20161107-4688-h7o4w4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un exemple de dispositif qui permet d’implémenter un protocole de distribution quantique de clé, basé sur l’utilisation de photons transmis à travers une fibre optique. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nist.gov/news-events/news/2007/06/new-quantum-key-system-combines-speed-distance">NIST/Wikimedia </a></span></figcaption></figure><p><strong>Cet article est publié en collaboration avec le <a href="http://binaire.blog.lemonde.fr/">blog Binaire</a></strong></p>
<p><em>La tâche est plus vieille que</em> Le Monde <em>: A (comme Angela) souhaite communiquer un message à B (comme Barack) tout en empêchant E (comme Edward) de l’intercepter. Nous savons faire avec des techniques sophistiquées de cryptographie comme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiffrement_RSA">RSA</a>. Mais il paraît que la mécanique quantique va ouvrir de nouvelles possibilités. Nous avons demandé à un ami, Alexei Grinbaum, ce qu’il en est.
Binaire</em></p>
<p><br><strong>Partager un secret avec une clé secrète</strong></p>
<p>Le lecteur de Binaire n’aura guère de difficulté à imaginer que le message soit une suite de 0 et 1. La méthode imbattable consiste à utiliser une « clé de chiffrement jetable ». C’est une séquence de 0 et de 1, aléatoire et au moins aussi longue que le message à transmettre. Supposons qu’Angela souhaite transmettre le message « 11111 » à Barack et que la clé aléatoire, tenue secrète, soit « 10110 ». Alors Angela intervertit le premier, le troisième et le quatrième bits du message (comme l’indiquent les 1 dans la clé) et publie en clair « 01001 ». Barack, qui connaît la clé secrète, intervertit les mêmes trois bits et reconstruit le message « 11111 ». Edward n’a aucune chance de rétablir ce message en ayant accès à la seule transmission chiffrée.</p>
<p><strong>Mais une clé qui se renouvelle sans cesse !</strong></p>
<p>Un problème est que la clé est « jetable ». Si par aventure Angela l’utilisait plusieurs fois, Edward finirait par la découvrir en faisant des analyses statistiques.</p>
<p>Ce que l’on aimerait, c’est un monde idéal où Angela et Barack disposeraient d’une source illimitée de clés. Imaginons qu’ils possèdent deux pièces de monnaie, A et B, qui, lorsqu’on les lance, tombent sur pile, qu’on comprendra comme « 0 », ou sur face, le « 1 », de façon aléatoire, mais, par un coup de magie, à chaque fois les deux tombent du même coté. S’ils pouvaient disposer de telles pièces, Angela et Barack pourraient jouer à pile ou face autant de fois qu’ils le souhaitent et se fabriquer sans limites des clés secrètes. Un détail : dans notre monde, à notre échelle, de telles pièces magiques n’existent pas. Alors ? Patience.</p>
<p><strong>Mieux encore une clé qu’il serait inutile de voler !</strong></p>
<p>Nous devons aussi garantir qu’Edward ne puisse intercepter le message en se procurant un troisième clone de la même pièce. Attaquons-nous à cette dernière condition. Pour y trouver une solution, nous allons tirer profit d’une valeur que l’on ne rencontre pas souvent dans un problème de sciences : la liberté !</p>
<p>Supposons qu’Angela et Barack possèdent deux pièces de monnaie magiques, A1 et A2 pour la première, B1 et B2 pour le second. Pour obtenir un bit, Angela choisit <em>librement</em> entre A1 et A2 et lance la pièce. Barack fait de même avec B1 et B2. Ils vont recommencer autant de fois qu’ils le souhaitent. Les quatre pièces sont magiques : à chaque coup, si Angela choisit A1 et Barack B1, les deux pièces disent la même chose ; idem dans les cas (A1, B2) et (A2, B1) ; mais dans le cas (A2, B2), les pièces disent le contraire l’une de l’autre. Bref, le résultat individuel ne dépend que du choix local d’Angela ou Barack, mais la relation entre ces choix dépend de ce que font A et B conjointement.</p>
<p>Maintenant Angela et Barack peuvent construire une clé secrète. Pour Angela, c’est juste la séquence de bits que lui indiquent les pièces. Pour Barack, il garde le bit que lui donne sa pièce dans trois cas, et il l’intervertit dans le cas (A2,B2). Ce mécanisme garantit que le message ne sera pas intercepté par Edward. Car, même s’il est capable de cloner une pièce d’Angela, il ne connaît pas le choix de Barack. S’il lance un clone de A1 au moment où Angela choisit – toujours librement ! – de jouer A2, alors ce lancement simultané, et de A1 (cloné) et de A2 entrave le libre arbitre de Barack, puisqu’aucune valeur ne peut être attribuée à ses pièces (rappelons que A1=B2, mais A2≠B2, d’où la possibilité de contradiction).</p>
<p><strong>Oui, mais si tout cela n’existe pas ?</strong></p>
<p>À notre échelle, de telles pièces magiques n’existent pas. Des corrélations aussi parfaites entre elles sont en réalité inatteignables. Et puis la liberté des agents elle aussi est douteuse. Mais à l’échelle de l’infiniment petit, la cryptographie quantique pallie d’une manière spectaculaire à ces défauts.</p>
<p>À la place des pièces, la cryptographie quantique utilise des paires de particules quantiques intriquées, souvent des photons. Grâce à un phénomène, l’<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Quantum_entanglement.">intrication quantique</a>, on arrive à des corrélations imparfaites, certes, mais proche de plus de 80 % de celles qu’ont les pièces de monnaie dans le monde idéal. En se servant alors de la propriété de <a href="http://www.asmp.fr/travaux/gpw/philosc/rapport2/3-Bricmont.pdf">non-localité quantique</a>, c’est-à-dire d’un lien simultané entre deux phénomènes distants, séparés dans l’espace, Angela et Barack arrivent à partager des bits avec une corrélation suffisamment forte pour que la communication reste protégée contre les intrusions. En plus, Edward ne peut s’immiscer entre Angela et Barack et intercepter leurs communications à cause d’une propriété de l’intrication quantique dont le nom fort à propos est « monogamie » : à chaque particule, pas plus d’un partenaire intriqué à la fois !</p>
<p>Plus de 80 %, ce n’est pas idéal. Pourtant on prouve que c’est suffisant pour que les <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Quantum_key_distribution">protocoles quantiques de distribution des clés secrètes</a> puissent assurer la protection parfaite de la communication entre Angela et Barack.</p>
<p><strong>Un enjeu de recherche colossal</strong></p>
<p>Où en sommes-nous dans la réalisation pratique de ces procédés ? Depuis peu, la sécurité absolue qu’offre la cryptographie quantique est vraiment devenue atteignable. Nous entrons dans une ère où les expériences scientifiques, mais aussi des produits technologiques et industriels, se développent de plus en plus rapidement. L’Europe se prépare à lancer un nouveau financement gigantesque de ce secteur à la hauteur de 1 milliard d’euros. Bientôt, la cryptographie quantique prendra le relais des techniques conventionnelles de cryptage. Signalons qu’au moment où sort ce billet, un <a href="http://journals.aps.org/prl/abstract/10.1103/PhysRevLett.117.190501">nouveau record de distance</a> (plus de 400 km entre les points A et B) vient d’être publié.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68104/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexei Grinbaum est l'auteur de "Mécanique des étreintes, Intrication quantique", éditions Les belles Lettres</span></em></p>Si Angela veut faire part d’un secret à Barack, comment faire pour que Edward n’intercepte pas le message ? Les protocoles quantiques de distribution de clés secrètes vont leur sauver la mise…Alexei Grinbaum, Chercheur au LARSIM (Laboratoire des Recherches sur les Sciences de la Matière), Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/551642016-02-22T22:02:42Z2016-02-22T22:02:42ZLa biopiraterie, qu’est-ce que c’est ?<p>La biopiraterie n’est pas un phénomène nouveau, mais il a refait parler de lui ces dernières années et encore <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/02/01/des-chercheurs-francais-accuses-de-biopiraterie_4856892_3244.html">tout récemment</a> à mesure que les progrès de la génétique dévoilent le potentiel des bioressources. La biopiraterie désigne le fait pour certains chercheurs ou organismes de recherche de prendre à d’autres – des communautés isolées ou des habitants des pays pauvres le plus souvent – et ce sans autorisation officielle des ressources biologiques. Les cas de biopiraterie impliquent en général différents pays.</p>
<p>Un autre terme, moins chargé politiquement, est également employé : il s’agit de la « bioprospection ». Ce dernier est plus largement utilisé dans la littérature scientifique et par les équipes de recherche qui mènent leurs travaux dans le respect et la légalité. Les termes de « ressources biologiques » ou « bioressources » recouvrent une grande variété de choses : minéraux, semences, espèces animales et végétales, gènes de plantes ou d’animaux, produits chimiques, protéines et autres éléments qui peuvent être isolés pour être utilisés dans des procédés industriels, des médicaments, des parfums, etc. La biopiraterie est liée sur le plan historique à la colonisation, beaucoup des anciennes colonies ayant vu nombre de leurs bioressources leur échapper. On pensera ici au poivre, au sucre, au café, à la quinine, ou encore au caoutchouc qui ont eu, et ont encore, un impact économique mondial considérable.</p>
<p>Au cœur de cette problématique de la biopiraterie se trouve la question du droit de propriété. Car les brevets et autres marques déposées sont vivement contestés par les organisations internationales du commerce, certains groupes multinationaux et différents États. Si pendant de nombreuses années l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce <a href="https://www.wto.org/french/tratop_f/trips_f/t_agm0_f.htm">(ADPIC) </a> a été utilisé pour prévenir et régler ce type de problèmes, la situation a dernièrement évolué.</p>
<h2>Un cas de biopiraterie : le « basmati » de RiceTec</h2>
<p>On peut revenir ici sur un cas de biopiraterie impliquant plusieurs pays avec l’affaire du brevet accordé en 1997 à <a href="http://www.ricetec.com/about-us/">RiceTec</a>, une compagnie basée au Texas (et propriété de la famille royale du Lichenstein). RiceTec avait acquis des semences auprès d’une banque de gènes publique du Colorado qui conserve des graines du monde entier pour la sélection végétale et la recherche. Pendant plusieurs années, les ingénieurs en génétique de RiceTec ont mené des travaux pour mettre au point un riz long grain qui aurait les mêmes propriétés gustatives que le basmati et pourrait pousser aux États-Unis.</p>
<p>En 1994, RiceTec a déposé une demande de brevet pour ce riz auprès du <a href="http://www.uspto.gov/">USPTO</a>, le bureau américain des brevets et marques de commerce, et a vu sa demande acceptée en 1997. Le brevet pour cette semence comportait une vingtaine de revendications qui concernaient directement le riz basmati, de la propagation des graines à la façon de le cuisiner, autant de caractéristiques régionales du riz basmati cultivé en Inde et au Pakistan. Lorsque des groupes de militants et les autorités indiennes ont découvert que RiceTec avait breveté le riz basmati, aliment de base par excellente en Inde, l’opposition n’a pas manqué de prendre de l’ampleur.</p>
<p>Les opposants au brevet ont dénoncé un cas de biopiraterie : pour eux, RiceTec allait tirer profit de ce brevet pour revendiquer la propriété de toutes les sortes de riz basmati, obligeant les agriculteurs indiens à payer des sommes exorbitantes pour se fournir en graines tout en forçant les consommateurs à n’acheter que du riz en provenance des États-Unis.</p>
<p>Ces accusations ne sont pas tout à fait exactes, dans la mesure où le droit des brevets américains ne s’applique qu’aux États-Unis. En outre, la souche développée par RiceTec a été conçue pour être cultivée en Amérique du Nord et non en Asie. À la suite de cette affaire, de nombreuses voix politiques et médiatiques indiennes ont réclamé la mise en place de structures juridiques capables de protéger les cultures et les produits d’exportations du pays, citant les cas du neem, du tamarin, du curcuma ou encore du thé Darjeeling, autant de plantes qui ont fait l’objet de dépôts de brevet par des entreprises étrangères pour l’exploitation lucrative de leurs qualités nutritives ou médicinales.</p>
<h2>Le recours aux indications géographiques</h2>
<p>Lors de cette affaire, la possibilité de faire valoir des <a href="http://www.wipo.int/geo_indications/fr/about.html">indications géographiques</a>, telles que prévues dans l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) aux États-Unis, a été évoquée ; mais l’Inde ne disposait pas à l’époque des structures juridiques adéquates pour y faire référence. En outre, le riz basmati n’est pas seulement cultivé en Inde, mais également au Pakistan.</p>
<p>Aux États-Unis, des avocats spécialisés dans le droit de propriété ont rapidement souligné qu’en l’absence de lois portant sur les indications géographiques, les autorités indiennes ne pouvaient attaquer rétroactivement RiceTec par ce biais. L’entreprise s’est néanmoins trouvée contrainte de revenir sur certaines de ses revendications : quatre années durant, la Fondation de recherche pour la science, la technologie et l’écologie (RFSTE) de Delhi ainsi que le gouvernement indien ont fait appel auprès de l’USPTO et <a href="http://www.nytimes.com/2001/08/25/business/india-us-fight-on-basmati-rice-is-mostly-settled.html">15 des 20 revendications</a> du brevet déposé par RiceTec ont été annulées. Il a en outre été décidé que RiceTec ne pourrait utiliser le mot « basmati » pour ses variétés de riz. Depuis 2001, nombre de gouvernements ont modifié leurs cadres juridiques pour mieux protéger leurs ressources biologiques.</p>
<p>On le voit, la biopiraterie est un problème sérieux qui risque de durer. À l’heure du changement climatique, nombre de compagnies agroalimentaires travaillent sur des brevets relatifs à des semences résistantes à la sécheresse, à la chaleur ou au sel tandis que des chercheurs tentent de rassembler les connaissances disponibles sur ces mêmes gènes pour les partager librement afin d’éviter que des caractéristiques essentielles ne soient brevetées. La biopiraterie est ainsi devenue un enjeu à la fois politique, social et économique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55164/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Janna Rose ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le débat sur le partage des avantages tirés de l’exploitation des bioressources s’est intensifié ces dernières années avec les progrès de la recherche en génétique.Janna Rose, Chercheuse en développement durable, sciences sociales et technologie, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/544252016-02-15T05:42:23Z2016-02-15T05:42:23ZL’initiative « 4 pour 1 000 », qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/111312/original/image-20160212-29190-1k79aj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Accroître les réservoirs de carbone organique, un des enjeux pour l’agriculture, grande émettrice de gaz à effet de serre. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/56218409@N03/16254496661/in/photolist-qLmxyr-9rtg9v-fEdzQt-fEvaF1-fEz9xd-9tNMne-fEvb2o-h8dJZ9-fEz9oC-9kQjae-8t9w3q-f8upSC-bMjCua-fEz9d5-nHtHyg-gjUfUJ-o6xdBP-nPYCU7-h8dCDc-fPQmMY-8Lq63V-gge2Nu-nTvfXF-7cE9Ev-h4Wf1L-nP6DR6-o3h5MZ-h4XtzQ-nYijY3-9rtfec-bXrwzC-7cJ3h9-7YPjos-hzNate-ha1viv-rLvxtf-gctZow-9Zrji9-h8dFyv-h18qun-7cJ5kY-scxS2s-zxauUu-dgEVgb-aea14e-h7VNR1-7yHcV2-ripowv-e5cnJU-f8kSz9">Matthias Ripp/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Présentée par le ministre de l’Agriculture Stéphane le Foll lors de la <a href="http://agriculture.gouv.fr/contribution-de-lagriculture-la-lutte-contre-le-changement-climatique-lancement-dun-projet-de">conférence</a> « L’agriculture intelligente face au climat » en mars 2015, <a href="http://4p1000.org">l’initiative</a> « 4 pour 1 000 » compte à ce jour quelque 170 signataires (des États, des organisations internationales, des établissements de recherche, des ONG, des universités, des organisations professionnelles, des fondations…). Ses premiers résultats sont actuellement présentés à la COP22 de Marrakech. </p>
<p>L’ambition de ce projet international est de fournir un cadre scientifique, organisationnel, et politique pour une transition vers une agriculture productive, résiliente, s’appuyant sur une gestion appropriée des sols.</p>
<h2>De vastes réservoirs de carbone</h2>
<p>Les sols fournissent en effet de nombreux services essentiels à la vie sur Terre : support des productions alimentaires, purification de l’eau, habitat pour une grande diversité d’organismes (vers de terre, champignons, bactéries…), régulation du climat, etc. La matière organique, majoritairement composée de carbone, régule la qualité de ces services : davantage de matière organique, davantage de diversité biologique, et généralement, davantage de matière organique, davantage de fertilité et donc une production accrue. Ces composés organiques arrivent aux sols par la croissance des plantes (arbres, arbustes, cultures) qui récupèrent le CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère et le transforment en matière organique et qui, à leur mort, enrichissent les sols en carbone.</p>
<p>À l’échelle de la planète, la quantité de carbone organique stocké dans les sols (jusqu’à 30 centimètres de profondeur), est plus importante que la quantité de CO<sub>2</sub> de l’atmosphère. Des évolutions minimes de ce vaste réservoir du sol peuvent avoir des conséquences majeures, à la fois sur la productivité agricole, mais aussi sur le cycle mondial du CO<sub>2</sub>, l’un des principaux <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">gaz à effet de serre</a> (GES) responsable du réchauffement climatique.</p>
<h2>L’agriculture, émettrice de GES</h2>
<p>Lutter contre la diminution du stock de carbone organique des sols, augmenter la taille de ce réservoir représentent des enjeux majeurs pour relever le triple défi de la sécurité alimentaire pour nourrir une population croissante, de l’adaptation des systèmes de production aux changements environnementaux, et de la diminution des gaz à effet de serre produit par les sols.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/111339/original/image-20160212-29180-1i9m5kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/111339/original/image-20160212-29180-1i9m5kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=665&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/111339/original/image-20160212-29180-1i9m5kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=665&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/111339/original/image-20160212-29180-1i9m5kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=665&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/111339/original/image-20160212-29180-1i9m5kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=836&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/111339/original/image-20160212-29180-1i9m5kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=836&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/111339/original/image-20160212-29180-1i9m5kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=836&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Prélèvements à Madagascar pour évaluer le stock de carbone.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.L. Chotte/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Actuellement, la concentration de GES est en <a href="https://www.wmo.int/media/fr/content/les-concentrations-de-gaz-%C3%A0-effet-de-serre-battent-de-nouveaux-records">constante augmentation</a>, faisant peser une lourde menace sur la vie de notre planète. L’<a href="http://www.fao.org/news/story/fr/item/216994/icode/">agriculture</a> n’est pas étrangère à cette augmentation puisque le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat considère que prés d'un quart de ces gaz à effet de serre sont dus aux activités liées à l’usage des sols (agriculture, forêt). Il convient donc de toute urgence de réduire ces émissions pour tous les secteurs économiques (transports, industrie, usage des sols…), mais aussi de mettre en œuvre des actions concrètes qui permettent de retirer de l’atmosphère tout ou une partie de ces gaz à effet de serre qui s’y accumulent chaque année.</p>
<p>Un accroissement annuel du réservoir du carbone organique des sols de 4 pour 1 000 (0,4 %) permettrait de compenser l’augmentation nette actuelle des émissions de CO<sub>2</sub> vers l’atmosphère. L’initiative « 4 pour 1 000 » répond à cet enjeu. Elle a pour objectif d’encourager le stockage du carbone dans les sols par des pratiques agricoles adaptées aux conditions locales (nature du sol, type de climat, pratiques des agriculteurs, politiques agricoles).</p>
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<figcaption><span class="caption">Les sols pour la sécurité alimentaire et le climat.</span></figcaption>
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<p>En favorisant le développement des pratiques dites « séquestrantes » et en stimulant la création d’innovations techniques pour répondre à des enjeux locaux de sécurité alimentaire, cette initiative s’inscrit dans un enjeu global de réduction des quantités de GES émis annuellement et ainsi de lutte contre le réchauffement climatique.</p>
<h2>Des actions concrètes</h2>
<p>Pour permettre la mise en œuvre d’actions concrètes sur le terrain qui bénéficient à tous les secteurs de l’agriculture, l’initiative est articulée en deux volets. Le premier concerne la recherche et s’inscrit dans le cadre d’une coopération internationale portant sur quatre grands domaines :</p>
<ul>
<li>L’étude des mécanismes de séquestration et l’estimation du potentiel de stockage de carbone dans les sols. Ce potentiel diffère en effet entre un sol sableux et un sol argileux ; la dynamique d’accroissement varie également en fonction du climat.</li>
</ul>
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<figcaption><span class="caption">À Madagascar, des agriculteurs adoptent la pratique de l’agro-écologie.</span></figcaption>
</figure>
<ul>
<li>L’évaluation des pratiques « 4 pour 1 000 » et celles qui le sont moins.</li>
<li>La définition des modalités des choix politiques qui doivent accompagner la transition vers le déploiement des pratiques « 4 pour 1 000 ».</li>
<li>Le suivi et l’évaluation sur les stocks de carbone de la mise en œuvre de pratiques « 4 pour 1 000 ».</li>
</ul>
<p>L’autre volet porte sur un plan d’action impliquant États, organisations professionnelles et organisations de la société civile pour le déploiement des pratiques « 4 pour 1 000 » en apportant un soutien adapté aux conditions locales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/54425/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Luc Chotte ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Augmenter la capacité de stockage en carbone des sols, une piste prometteuse pour lutter contre le changement climatique.Jean-Luc Chotte, Directeur de recherches, directeur de l’UMR Eco&Sols, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/544872016-02-11T15:38:12Z2016-02-11T15:38:12ZLes ondes gravitationnelles, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/110948/original/image-20160210-12137-19gjvdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Simulation par ordinateur des ondes gravitationnelles produites lors de la fusion de deux trous noirs.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:When_Black_Holes_Collide.jpgv">Werner Benger</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’annonce, cet après-midi, selon laquelle des scientifiques du <a href="http://www.space.com/25455-ligo-documentary-film-complete-coverage.html">projet LIGO</a> aux États-Unis ont réussi à détecter dans l’espace des oscillations jusqu’ici théoriques connues sous le nom d’ondes gravitationnelles représente l’une des découvertes majeures du XXI<sup>e</sup> siècle en matière de physique. Mais de quoi s’agit-il ?</p>
<p>Pour mieux comprendre de quoi il retourne, revenons quelques siècles en arrière. En 1687, lorsqu’Isaac Newton a publié sa <a href="http://www.theguardian.com/science/2011/dec/12/isaac-newton-principia-mathematica"><em>Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica</em></a>, il envisageait la gravitation comme une force d’attraction entre deux masses : la Terre et la Lune, deux petits pois sur une table, etc. Ce que l’on s’expliquait moins bien à l’époque, c’était la façon dont cette force se diffusait. Il a fallu attendre 1798 pour que le scientifique britannique <a href="http://www.notablebiographies.com/Ca-Ch/Cavendish-Henry.html">Henry Cavendish</a> valide la théorie de Newton en mesurant la densité de notre planète.</p>
<p>Faisons à présent un bond jusqu’en 1916, quand Einstein exposait aux physiciens sa <a href="https://theconversation.com/how-einsteins-general-theory-of-relativity-killed-off-common-sense-physics-50042">nouvelle conception de l’espace, du temps et de la gravité</a>. Basée sur les travaux qu’il avait publiés en 1905, la théorie de la relativité générale réunissait ce que nous considérons communément comme deux entités distinctes – le temps et l’espace – en un concept unique d’« espace-temps ». </p>
<p>On peut considérer que l’espace-temps est le tissu de l’univers : tout ce qui se déplace le traverse et tout ce qui possède une masse le déforme. Plus la masse est importante, plus la déformation est prononcée. Cette déformation influe sur les mouvements des objets de masse inférieure. </p>
<p>Imaginons deux enfants, dont l’un est plus lourd que l’autre, en train de sauter sur un trampoline. L’enfant le plus lourd déforme davantage le tissu que l’autre, de telle sorte qu’un ballon placé à ses pieds suivra cette distorsion. De même, quand la Terre tourne autour du soleil, l’énorme masse de ce dernier déforme l’espace, obligeant notre petite planète à suivre tant bien que mal le chemin le plus « direct » dans un espace courbé. C’est pour cette raison qu’elle orbite autour de lui.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108310/original/image-20160115-7368-1hr8sts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108310/original/image-20160115-7368-1hr8sts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108310/original/image-20160115-7368-1hr8sts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108310/original/image-20160115-7368-1hr8sts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108310/original/image-20160115-7368-1hr8sts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108310/original/image-20160115-7368-1hr8sts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108310/original/image-20160115-7368-1hr8sts.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le trampoline, aussi récréatif qu’éducatif.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/trampoline-children-playing-infant-241899/">Cotrim/Pixabay</a></span>
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<p>Cette simple analogie nous permet de comprendre les bases de la gravité. Il ne reste plus qu’à franchir un petit pas, mais un pas très important, pour passer aux ondes gravitationnelles. Si l’un des enfants traîne un objet lourd sur le trampoline, des ridules apparaissent à la surface de celui-ci, comme lorsqu’on déplace notre main dans l’eau. Cependant, ces ondes disparaissent rapidement.</p>
<p>Tout objet traversant le tissu de l’espace-temps provoque ainsi des ridules ou des ondes, mais celles-ci disparaissent malheureusement très vite. Seuls les événements les plus violents produisent des déformations suffisamment conséquentes pour être détectées sur Terre. À titre d’exemple, la collision de deux trous noirs dotés d’une masse dix fois supérieure à celle du soleil provoquerait, en nous parvenant, une onde de déformation correspondant à 1 % du diamètre d’un atome. À cette échelle, elle occasionnerait une modification du diamètre de la Terre de l’ordre de 0,0000000000001 mètre (à titre de comparaison, une grosse marée provoque une distorsion d’un mètre dans le diamètre de notre planète).</p>
<h2>À quoi peuvent servir les ondes gravitationnelles ?</h2>
<p>Dans la mesure où ces ondes sont infimes et extrêmement difficiles à détecter, on peut se demander pourquoi il importe de s’y intéresser. En dehors de ma simple curiosité, deux raisons me viennent immédiatement à l’esprit. Tout d’abord, un siècle après l’hypothèse d’Einstein, confirmer leur existence validerait davantage sa théorie de la relativité générale.</p>
<p>De plus, cette confirmation ouvrirait de nouveaux horizons à la physique, comme l’astronomie des ondes gravitationnelles. En <a href="https://theconversation.com/lisa-pathfinder-will-pave-the-way-for-us-to-see-black-holes-for-the-first-time-51374">étudiant</a> les processus violents qui les ont engendrées, nous pourrions percevoir dans le détail certains événements, comme la création de gigantesques trous noirs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108307/original/image-20160115-7341-y1j25j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108307/original/image-20160115-7341-y1j25j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108307/original/image-20160115-7341-y1j25j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108307/original/image-20160115-7341-y1j25j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108307/original/image-20160115-7341-y1j25j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108307/original/image-20160115-7341-y1j25j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108307/original/image-20160115-7341-y1j25j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">LISA, l’interféromètre laser spatial du futur, pourrait examiner en détail les origines astrophysiques des ondes gravitationnelles.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:LISA-waves.jpg">NASA</a></span>
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</figure>
<p>Pour ce faire, il serait toutefois préférable de placer le détecteur d’ondes gravitationnelles en orbite. Le <a href="http://www.space.com/25455-ligo-documentary-film-complete-coverage.html">LIGO terrestre</a> a réussi à les capter par interférométrie laser, une technique qui consiste à diviser et envoyer un rayon laser dans deux directions perpendiculaires. Les deux trajectoires sont ensuite réfléchies par des miroirs jusqu’à leur point de départ. Si elles ont été perturbées par des ondes gravitationnelles, les rayons reconstitués sont différents des originaux. Les interféromètres spatiaux que l’on prévoit d’installer dans les dix ans à venir utiliseront des bras lasers d’une envergure d’un million de kilomètres.</p>
<p>A présent que leur existence est confirmée, on peut espérer que ces ondes permettront de résoudre quelques-uns des plus grands mystères scientifiques, notamment celui de la composition de la majeure partie de l’univers. Celui n’est constitué que de 5 % de matière ordinaire, mais de 27 % de matière noire et de 65 % d’énergie noire (nous les qualifions ainsi parce que nous ignorons quasiment tout d’elles). Les ondes gravitationnelles pourraient bien nous aider à sonder ces mystères, tout comme les rayons X puis les IRM ont fait avancer l’exploration du corps humain.</p>
<p><br>
<em>Traduit par Catherine Biros/<a href="http://www.fastforword.fr">Fast for Word</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/54487/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gren Ireson ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La détection des ondes gravitationnelles annoncée aujourd’hui confirme les prédictions d’Einstein et ouvre une ère nouvelle en physique. Au fait, les ondes gravitationnelles, qu’est-ce que c’est ?Gren Ireson, Professor of Science Education, Research Coordinator within the School of Education, Nottingham Trent UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/531332016-02-04T05:42:27Z2016-02-04T05:42:27ZLes dermocosmétiques, qu’est-ce que c’est ?<p>Un dermocosmétique, c’est avant tout un formidable concept marketing… Tout le monde en parle… Mais personne n’est capable d’en donner une définition précise. Et pour cause : le dermocosmétique n’est pas défini légalement.</p>
<p>Cette catégorie de cosmétiques née de l’imagination du pharmacien Pierre Fabre est totalement absente des 151 pages du <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/fr/ALL/?uri=CELEX%3A32009R1223">Règlement (CE) N°1223/2009</a>, la bible de tout service réglementaire. Vous n’y trouverez aucune définition du dermocosmétique. IL n’en reste pas moins un concept marketing qui a tellement bien fonctionné que le terme est passé dans le langage courant, sans pour autant que l’on sache exactement ce qu’il sous-entend. En un seul mot ou en deux mots, l’orthographe variant au gré des sociétés et des sites qui y font référence, le dermocosmétique est présenté comme une innovation utile, presque une panacée. Qu’en est-il vraiment ?</p>
<h2>« Conseil pharmaceutique »</h2>
<p>En toute transparence et en poursuivant l’œuvre de leur fondateur, les laboratoires dermatologiques Avène du groupe Pierre Fabre proposent sur leur site Internet dans un <a href="http://www.eau-thermale-avene.fr/le-lexique#/d">lexique</a> et à la lettre D les éléments suivants : « Dermo-cosmétique – Il n’existe pas de définition légale des produits de dermo-cosmétique. Les produits cosmétiques répondent en raison de leur technicité et de leur qualité à un problème particulier de peau ou de cheveu. Ils appartiennent, pour la plupart, à la catégorie des produits de « conseil pharmaceutique » et font parfois l’objet d’une recommandation de la part de médecins de type dermatologues, auprès de leurs patients ».</p>
<p>Le groupe L’Oréal, quant à lui, propose sa propre <a href="http://www.loreal.fr/media/beauty-in/beauty-in-cosm%C3%A9tique-active/le-march%C3%A9-mondial-de-la-dermo-cosm%C3%A9tique">définition</a>. Selon ce groupe :</p>
<blockquote>
<p>La dermo-cosmétique représente les produits qui répondent à des attentes spécifiques des peaux en alliant sécurité et efficacité et faisant l’objet d’une recommandation de la part des professionnels de la santé (médecins dermatologues, pédiatres, médecins esthétiques et pharmaciens). Traditionnellement, la distribution de ces produits se fait dans les circuits de distribution de la santé c’est-à-dire les pharmacies, les para-pharmacies, les drugstores, les cabinets médicaux ou les « médispas ».</p>
</blockquote>
<p>Cela laisse supposer au consommateur que les dermocosmétiques sont destinés aux sujets souffrant de pathologies cutanées (c’est ce que nous entendons par l’expression « attentes spécifiques ») et sont plus fiables que les cosmétiques vendus hors circuit médical.</p>
<p>Le même groupe tente une seconde définition, dans un glossaire mis en ligne sur le site des laboratoires de La Roche Posay. « Un produit dermocosmétique s’applique localement sur la peau, le cuir chevelu et les cheveux. Il conjugue une action cosmétique et dermatologique. Les soins dermocosmétiques sont formulés pour préserver la santé et la beauté de la peau et des cheveux. Ils aident à hydrater les peaux sèches, traiter un état pelliculaire, soulager le psoriasis. »…</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Cedrick Ledesma/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>La dermatologie est la branche de la médecine qui s’intéresse aux pathologies à manifestations cutanées ; le dermocosmétique, comme n’importe quel autre cosmétique, ne peut aucunement exercer d’action dermatologique. La définition légale du cosmétique (Chapitre I – article 2 du Règlement (CE) N°1223/2009) précise le lieu où il peut être appliqué et l’action qu’il peut exercer. Il n’est nullement fait mention d’une quelconque action dermatologique. Cette définition, propre à la marque, vise à induire le professionnel de santé en erreur en lui faisant croire que le dermocosmétique est une entité particulière, reconnue à part entière par le législateur et/ou les autorités de santé.</p>
<p>Enfin, toujours pour examiner la stratégie du leader mondial des cosmétiques dans ce domaine, notons que pour se démarquer de ses concurrents, L’Oréal a baptisé « Division cosmétique active », l’ensemble des marques du groupe vendues en pharmacie (Vichy, La Roche Posay, Skinceuticals, Roger&Gallet et Sanoflore). « La Division Cosmétique Active répond aux besoins des peaux « frontières », à mi-chemin entre « peaux saines et peaux à problèmes », dans tous les circuits de santé du monde entier : pharmacies, parapharmacies, drugstores, « médispas ».</p>
<p>L’évocation des « peaux à mi-chemin entre peaux saines et peaux à problèmes » peut faire sourire, relevant du concept évoqué par Jules Romains dans son ouvrage, <em>Knock ou le triomphe de la médecine</em> : « Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ». La médecine rationnelle n’obéissant qu’à la loi du « tout ou rien », une peau sera saine ou ne le sera point ! Pas de mi-chemin possible ! L’Oréal n’a cependant pas le monopole dans le domaine de la dermo-cosmétique dite active, en sont témoins, par exemple, les Laboratoires Dr Pierre Ricaud, du groupe Yves Rocher.</p>
<h2>Les dermocosmétiques sont-ils meilleurs que les autres ?</h2>
<p>Il est impossible de déclarer péremptoirement qu’un dermocosmétique est meilleur qu’un cosmétique. Il convient d’étudier scrupuleusement sa composition pour se faire une idée de son de son innocuité d’une part, de son efficacité d’autre part.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vendu en grandes et moyennes surfaces.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nivéa</span></span>
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<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Commercialisé en tant que dermocosmétique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eucerin</span></span>
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<p>En ce qui concerne le domaine de la protection solaire, la comparaison des ingrédients utilisés permet de se faire une idée de la qualité des produits en question. A la lecture des listes d’ingrédients apposées sur les emballages de deux cosmétiques, Nivea Sun spray protecteur hydratant 5O+ et Eucerin Sun spray 50+ (ce dernier étant le dermocosmétique), on se rend compte que les compositions sont totalement similaires… Les huit filtres utilisés sont exactement les mêmes. Les dix premiers ingrédients sont strictement identiques. La liste des ingrédients est plus longue côté cosmétique vendu en grande surface car le parfum est source de nombreux allergènes (listés comme le veut la réglementation). Les deux produits renferment de l’alcool, en quantité non négligeable ce qui est regrettable. La différence entre ces deux cosmétiques semble donc bien mince…</p>
<p>La même analyse peut être faite dans d’autres domaines. Si l’on compare des produits d’hygiène (shampooings, eaux micellaires…) en fonction du créneau de vente, on constatera que les compositions sont parfois extrêmement similaires voire carrément copier-coller.</p>
<p>L’atout certain des laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent des dermocosmétiques réside dans leur rigueur et leur capacité à respecter les <a href="http://www.cvo-europe.com/fr/qualite-reglementation/bpf-cosmetiques-iso-22716-une-nouvelle-exigence-reglementaire-avec-des-enjeux-majeurs">Bonnes Pratiques de Fabrication</a> qu’ils connaissent depuis longtemps et appliquent dans le cadre de la fabrication des médicaments. Une excellente technicité peut leur être reconnue. L’appellation dermocosmétique ne constitue pas pour autant un blanc-seing. L’analyse des ingrédients utilisés doit toujours prévaloir sur l’argumentaire marketing, aussi séduisant soit-il.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53133/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Vous avez dit dermo-cosmétiques ? Le terme, élément essentiel du marketing des sociétés du domaine, n’a en fait aucune définition légale. Rien ne prouve qu’ils sont meilleurs que les autres.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/518422016-01-12T05:39:21Z2016-01-12T05:39:21ZLa bioraffinerie environnementale, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/107755/original/image-20160111-7002-1aw2aoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un milliard de tonnes de déchets alimentaires sont produits annuellement dans le monde. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/stefan-szczelkun/8694158454/in/photolist-efgQpG-7V3Gcx-boxkfP-8ydVWt-9LXW2p-ay6wK7-9M1KoS-ay3PjV-bosR5x-8cbuvK-fpgvs9-bowZhB-57YoB3-ay6wGy-bovE2V-ybWS98-cikWQJ-bowR1g-8HaNbs-8cbuvz-97Lu8G-boxoRe-boxkxa-boxsAK-bouKdH-botLTr-ivA8cc-8wbwXn-bouRbD-boxcgP-bowcpR-botYwD-7WSk8u-bov14T-bouki2-bosrdi-bouXoz-bouaqV-bovUhX-bovmsz-bosuJD-7YwXfZ-bowE6r-botR5r-97Hn6K-pFJ8Le-97Hn4P-tPiEKW-97HmFD-7p3TTC">szczel/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>En France, près de la moitié des <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/chiffres-cles-dechets-201507_8500.pdf">800 millions de tonnes de déchets</a> produits chaque année sont des « biodéchets ». On appelle ainsi tous les résidus d’origine végétale ou animale : les déchets verts, les déchets de cuisine, les papiers et cartons, bref tout ce qui peut pourrir ou fermenter. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on les désigne également comme la « fraction putrescible » (ou fermentescible) des déchets. Ces derniers représentent un gisement de matières organiques biodégradables considérable.</p>
<p>S’il est très difficile d’estimer à l’échelle mondiale le gisement des biodéchets, on sait cependant que les déchets alimentaires représentent à eux seuls plus d’un milliard de tonnes chaque année. Que faire de ces résidus ? Comment les traiter ? </p>
<h2>Incinération, mise à la décharge</h2>
<p>Tout au long du XX<sup>e</sup> siècle, on les a soit incinérés, soit mis en décharge. Mais on sait aujourd’hui que ces deux types de traitement sont peu efficaces : les biodéchets sont constitués en moyenne de 75 % d’eau, ce qui rend leur incinération très improductive, voire totalement inefficace en termes de récupération d’énergie thermique ; leur stockage en décharge est, quant à lui, source de risques de pollution. Leur conversion en ressource via la récupération du biogaz de décharge s’avère enfin difficilement optimisable : la masse gigantesque de déchets stockés au même endroit induit une biodégradation très lente et quelques fuites de biogaz, inévitables à l’échelle des décharges. </p>
<p>Les biodéchets pouvant être consommés par les micro-organismes pour lesquels ils représentent une source d’alimentation, il est préférable, et de loin, d’utiliser ces bactéries et <a href="http://edu.mnhn.fr/mod/page/view.php?id=1596">ces archées</a> dans des procédés mieux maîtrisables. Ce sont alors de véritables usines chimiques microscopiques que l’on va mettre en service pour transformer la matière organique des biodéchets en un gisement de ressources organiques précieuses.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/107783/original/image-20160111-6964-1pi8fen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/107783/original/image-20160111-6964-1pi8fen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/107783/original/image-20160111-6964-1pi8fen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/107783/original/image-20160111-6964-1pi8fen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/107783/original/image-20160111-6964-1pi8fen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/107783/original/image-20160111-6964-1pi8fen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/107783/original/image-20160111-6964-1pi8fen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plateforme de compostage de déchets verts.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Madeleine Carroué/Irstea</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Compostage, méthanisation</h2>
<p>Le compostage constitue la façon la plus ancienne de transformer les biodéchets en bioressources. Il consiste à transformer les biodéchets en compost, une ressource précieuse pour l’agriculture et le jardinage. La méthanisation, qui permet de convertir les biodéchets en gaz méthane, est un procédé apparu plus récemment. Contrairement au compostage, elle doit se réaliser en l’absence totale d’oxygène. Elle fait intervenir des micro-organismes spécialisés dans ce que l’on nomme la « digestion anaérobie ». C’est ce type de microbes qui constituent ce qu’on appelait naguère la flore intestinale et que l’on nomme à présent le <a href="http://www.inra.fr/Grand-public/Alimentation-et-sante/Tous-les-dossiers/Metagenome-intestinal">microbiote intestinal</a>. </p>
<p>Il est également possible de transformer les biodéchets en autre chose que du compost ou du méthane, grâce à un ensemble de procédés regroupés sous le terme générique de « bioraffinerie environnementale ».</p>
<h2>Les microbes au travail</h2>
<p>Le concept de bioraffinerie environnementale a été élaboré il y a quelques années pour regrouper tous les procédés permettant de transformer les biodéchets en bioressources, en incluant bien entendu les procédés les plus classiques que sont le compostage et la méthanisation, mais aussi tous ceux qui permettent d’obtenir d’autres types de ressources, comme <a href="http://www.novethic.fr/lexique/detail/agrocarburants.html">les biocarburants</a> ou les molécules pour la chimie verte.</p>
<p>La bioraffinerie est très largement fondée sur la digestion anaérobie, une famille de procédés dont fait également partie la méthanisation. Il se passe beaucoup de choses complexes dans un procédé de digestion anaérobie : c’est tout un écosystème microbien qui se met progressivement en place sur la matière à digérer, chaque groupe de microbes assurant un rôle bien particulier. </p>
<p>Un premier groupe, constitué de bactéries que l’on appelle hydrolytiques, va d’abord s’établir en adhérant à la matière solide. Grâce à des enzymes, il va en extraire de grosses molécules comme les protéines (en grande quantité dans les déchets de viande), les lipides (les matières grasses animales ou végétales), la cellulose (dans tous les déchets végétaux et très concentrée dans les papiers cartons), l’amidon (très présent dans les déchets de féculents), pour les transformer en molécules plus petites, des acides aminés, des acides gras, des sucres simples. Les grosses molécules sont les ressources des bactéries, les molécules plus petites, leurs déchets. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/107812/original/image-20160111-7002-ppilzm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/107812/original/image-20160111-7002-ppilzm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/107812/original/image-20160111-7002-ppilzm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/107812/original/image-20160111-7002-ppilzm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/107812/original/image-20160111-7002-ppilzm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/107812/original/image-20160111-7002-ppilzm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/107812/original/image-20160111-7002-ppilzm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des archées, micro-organismes produisant du méthane au cœur d’un bioprocédé, observées au microscope confocal à balayage laser.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Chrystelle Bureau/Irstea</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>À chaque étape sa production</h2>
<p>Comme dans tout bon écosystème, ces déchets ne sont pas perdus pour tout le monde : un autre groupe va prendre le relais des bactéries hydrolytiques en se servant de leurs déchets comme ressources. C’est le groupe des bactéries acidogènes qui vont produire elles aussi des déchets : des acides gras volatils (AGV), des alcools ainsi que du gaz carbonique (CO<sub>2</sub>) et du sulfure d’hydrogène (H<sub>2</sub>S). Et la chaîne se poursuivant, peu à peu les ressources des acidogènes s’épuisent et un autre groupe se nourrissant de leurs déchets prend le relais : ce sont les bactéries acétogènes qui consomment les AGV et les transforment en acide acétique (le principal composant du vinaigre qui est en fait un produit de bioraffinerie !) en CO<sub>2</sub> et en dihydrogène (H<sub>2</sub>). Quand la digestion anaérobie arrive à son terme, le dernier groupe à s’installer sur les déchets des acétogènes est constitué par des archées, que l’on nomme méthanogènes parce qu’elles vont produire, du méthane (CH<sub>4</sub>), mais également du CO<sub>2</sub> ; le mélange des deux composant ce que l’on nomme « biogaz ».</p>
<p>Différents facteurs physico-chimiques, par exemple la température ou le pH, permettent d’orienter les métabolismes et de favoriser certains groupes plutôt que d’autres. On peut ainsi orienter le procédé de bioraffinerie en fonction des matières que l’on veut produire : du bioéthanol ou des biomolécules pour la chimie verte comme le butyrate, le propionate ou le lactate en bloquant le processus à l’étape d’acidogénèse ; on produira de l’acétate, toujours pour la chimie verte, mais également du dihydrogène, utilisable par exemple dans une pile à combustible, en l’arrêtant à l’acétogénèse ; enfin, on conduira le procédé à son étape ultime, la méthanogénèse, pour produire du biogaz utilisable comme combustible ou même comme carburant.</p>
<p><br>
<em>Christian Duquennoi a récemment fait paraître <a href="http://www.quae.com/fr/r4746-les-dechets-du-big-bang-a-nos-jours.html">« Les Déchets, du big bang à nos jours »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/51842/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Duquennoi a reçu des financements de l'ANR, l'ADEME, la Région Ile-de-France, le Commissariat général à l'investissement (Programme Investissements d'Avenir).</span></em></p>Un ensemble de procédés, dont la méthanisation, permettent de transformer les biodéchets en ressources.Christian Duquennoi, Ingénieur de recherche, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/498242015-10-29T01:25:14Z2015-10-29T01:25:14ZL’écosophie, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/100128/original/image-20151029-15351-1hs9sn6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Stetind, la montagne nationale de Norvège. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/103069738@N06/9912050686/in/photolist-g6TRkC-g6Uwwk-g6Uw7c-g6TDaK-g6TD5V-g6U6x3-g6Uadj-g6Ua5U-g6TSeb-g6TX5y-g6Ub8L-g6TDLK-g6U6tW-g6UzLM-g6THf8-g6TR2b-g6TCuM-g6U5Vw-g6UvDZ-g6UAaT-g6TQT5-g6U4XE-g6Ub5j-g6UagW-g6UvjF-g6U6dW-g6UANX-g6U8Sd-g6U6qj-g6TGk2-g6TU4d-g6UyZM-g6UxtR-g6TSoE-g6TK5R-g6TRG9-g6UyPX-g6TFwZ-g6TF3c-g6UwMa-g6TVAS-g6U9Xu-g6U6hU-g6TT8W-g6U8ju-g6TXrf-g6U68f-g6U8ys-g6UCwM-g6UAsX">Frode Jenssen/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>L’écosophie ou <em>deep ecology</em> est, dans une large mesure, l’œuvre d’un seul homme : Arne Naess (1912-2009). Figure philosophique majeure en Norvège, Arne Naess est l’auteur d’une œuvre volumineuse qui lui aura valu une reconnaissance internationale et un certain nombre de distinctions honorifiques en tant qu’intellectuel, pacifiste, résistant de la Seconde Guerre mondiale et militant de la cause écologique. L’élaboration de la <em>deep ecology</em> constitue la dernière étape d’une longue vie de labeur, au cours de laquelle le philosophe se sera consacré successivement à l’empirisme sémantique, à la philosophie des sciences, à la logique et à la philosophie de la communication, à l’étude de la doctrine des sceptiques grecs, de la pensée de Baruch Spinoza, de Gandhi.</p>
<p>La <em>deep ecology</em> désigne principalement deux choses sous la plume d’Arne Naess : une philosophie de l’environnement, et un mouvement sociopolitique qui détermine les lignes directrices d’un engagement des citoyens en faveur de l’environnement. </p>
<h2>Un monde sans division</h2>
<p>À l’origine, prétend Arne Naess, rien n’existe si ce n’est un champ relationnel. Nous avons l’habitude d’introduire des distinctions, de découper le tissu de l’expérience, en isolant ici un « objet », là-bas un « sujet », ici quelque chose qui « vit », là-bas quelque chose qui est « inerte », etc. On admettra aussi qu’il peut y avoir des relations entre un « sujet » et un « objet », entre un « sujet » et un autre « sujet », entre l’« inerte » et le « vivant », mais l’on dira que la relation n’est pas très importante, qu’elle est accidentelle, contingente, parce que ce qui existe réellement existe toujours de manière séparée. </p>
<p>À l’inverse, Arne Naess défend l’idée que rien n’existe de manière séparée, qu’une chose n’existe qu’en vertu des relations qu’elle soutient avec le milieu dans lequel elle est plongée. Il existe un seul monde, sans division, parcouru de bout en bout de relations, peuplé de termes relatifs les uns aux autres, de telle sorte que toutes les distinctions que l’on introduit après coup constituent des falsifications de l’expérience telle qu’elle est donnée.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mer est grise… vraiment ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mtip/5029966003/in/photolist-8EtTDM-zhZzbj-zXvFg2-Af273i-zXr3kA-Af25Bc-zXr7fE-vngz9c-v5GhHJ-v5GhTS-v5Gcgw-vjXMob-v5PxT8-vjXXoG-v5PydB-v5PJkF-uqr5Cx-vnBmWT-uqgeEb-uqga3L-vnBvy2-uqr8U2-v5GcmE-vjY2K7-vnBp2V-vnBCc2-uqqZRD-uqgdzA-uqr2yg-vjXSAL-vmJUPd-vjXPd3-vmK4nf-vjXLX1-vnBuCV-v5PHaK-v5GeVh-uqr8rt-vngyKB-vnBrjv-vjXVj1-uqg5Wu-uqraJz-uqr6HZ-uqg6iG-uqgo6u-v5Pwsn-vnBAuz-uqr7xK-v5G1qd">CelloPics/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Arne Naess donne un exemple éclairant pour montrer qu’il n’y a pas de différence entre ce que le monde est et la façon dont nous en faisons l’expérience (Naess, 2012). Si nous contemplons la mer par un jour de mauvais temps et que nous nous disons à nous-mêmes : « la mer est grise ». L’on dira que, en l’occurrence, considérée en elle-même, la mer n’est pas grise : elle n’est ni grise, ni verte, ni bleue, parce qu’elle n’a pas de couleur du tout. Ce que nous appelons une « couleur » n’existe pas dans la nature. Tout ce qui existe et que nous prenons pour des couleurs ne sont que des ondes électromagnétiques transversales qui, lorsqu’elles frappent un oeil humain, ébranlent des fibres nerveuses à l’intérieur de l’oeil et finissent par être enregistrées par le cerveau comme sensation de telle ou telle couleur. </p>
<p>L’on dira encore qu’il faut bien distinguer entre ce que les choses sont en elles-mêmes (les qualités premières des choses), et ce dont un sujet fait l’expérience à leur contact comme étant leur couleur, leur chaleur, leur odeur, etc. (qualités secondes), lesquelles n’existent pas vraiment puisqu’elles dépendent de notre appareil de perception. Arne Naess considère que c’est exactement le contraire qui est vrai : les qualités premières des choses (leur forme, leur grandeur, tout ce qui est susceptible d’être mathématisé) sont de pures constructions intellectuelles, tandis que les qualités secondes, elles, existent véritablement.</p>
<h2>Tout est relation</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/andresmusta/8502423414/in/photolist-dXk9g9-g6UAaT-g6UvDZ-g6TQT5-g6U4XE-g6TK5R-g6Ub5j-g6UANX-g6UagW-g6TGk2-g6U8Sd-g6UyZM-g6UyPX-7FjtNe-4oXS4-5p3F5B-5p3FZe-5p3Fxz-7FonAE-qk35r3-9u3qLH-9u3qLK-9u3qLB-9u3qLD-qBr2tv-4BR91F-qzjAUQ-8Sk9uD-8Sk7dr-4oXSB-4oXSe-dCWBsU-8Skb4x-g6TU4d-g6TFwZ-g6TF3c-g6UxtR-g6TSoE-g6U6qj-g6U6dW-g6TRG9-g6UvjF-g6UCwM-g6TXrf-g6TWS9-g6UaEG-g6UAsX-g6U9Xu-g6TVAS-g6TH1k">andres musta/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La géométrie du monde n’est pas dans le monde, mais les qualités sensibles sont réelles, précisément parce que ce sont des propriétés relationnelles, qui émergent de la rencontre entre un sujet et un objet. Arne Naess va également s’efforcer de montrer que l’on peut dire la même chose des jugements de valeur que l’on prononce au sujet des choses. Les valeurs sont réelles parce qu’elles ne sont pas indépendantes de l’objet qui est évalué, il s’agit là aussi d’une propriété relationnelle. Tout ce qui est de l’ordre de la relation ou du processus détermine en tant que tel une position d’existence. </p>
<p>Quel est le bénéfice de ce genre de spéculation pour l’élaboration concrète d’une philosophie de l’environnement ? Si l’on parvient à montrer qu’il n’y a pas de rupture entre la manière dont nous expérimentons le monde et ce qu’il est véritablement, alors toute atteinte portée contre le monde constitue une atteinte portée contre soi-même. Détruire la nature, c’est appauvrir l’expérience que nous faisons du monde, c’est déchirer le tissu même de l’expérience : moins il y a de choses dont nous pouvons faire l’expérience dans leur diversité et dans la multiplicité des qualités qui sont les leurs, et plus notre propre vie se rabougrit, se recroqueville comme un escargot dans sa coquille, parce qu’il n’y a plus de dehors. </p>
<p>L’idée d’Arne Naess est de lier la protection de la nature, dans la diversité de ses composantes, à l’accomplissement de soi, à ce qu’il appelle la réalisation de Soi. Les êtres humains sont d’autant plus tout ce qu’ils peuvent être que la nature s’épanouit dans la richesse inépuisable de ses composantes. Il faut élargir le champ relationnel d’expériences, faire en sorte que les relations se multiplient, qu’elles se croisent, se prolongent, s’interpénètrent, ce qui implique de porter la nature à son plus haut degré d’épanouissement. Moyennant quoi cette position métaphysique permet effectivement de déterminer un programme écologique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/98729/original/image-20151017-25107-h1012x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/98729/original/image-20151017-25107-h1012x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/98729/original/image-20151017-25107-h1012x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/98729/original/image-20151017-25107-h1012x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/98729/original/image-20151017-25107-h1012x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/98729/original/image-20151017-25107-h1012x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/98729/original/image-20151017-25107-h1012x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Retrouvez ce texte dans son intégralité en consultant l’ouvrage collectif <a href="http://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100453190">« Guide des humanités environnementales »</a> (édité par Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman, Presses universitaires du Septentrion, 640 p., 40 €), 2015.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/49824/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hicham-Stéphane Afeissa ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En élaborant sa « deep ecology », le penseur Norvégien Arne Naess avance que rien n’existe de manière séparée et que toute atteinte contre le monde est une atteinte contre soi-même.Hicham-Stéphane Afeissa, Chercheur associé du laboratoire « Logiques de l’agir », Université de Franche-Comté – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/488442015-10-21T04:41:15Z2015-10-21T04:41:15ZL’écospiritualité, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/98725/original/image-20151017-25107-rrqiji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">DR</span></span></figcaption></figure><p>Parallèlement au mouvement d’écologisation du religieux, on assiste depuis les années 1980 à une spiritualisation croissante de l’écologie. De nombreuses voix s’élèvent pour dépasser le dualisme nature/culture, l’idée d’une nature-objet-ressource et le paradigme dominant de l’anthropocentrisme ; il s’agit de reconnaître une valeur intrinsèque, et donc des droits, à la nature, qui devient désormais sujet. En invitant l’homme à renouer avec son milieu de vie non-humain et à réhabiter la Terre, en communion avec elle et non contre elle, un certain nombre d’intellectuels et d’écologistes militants semblent vouloir intégrer une dimension spirituelle dans l’écologie.</p>
<p>L’hypothèse Gaïa, selon laquelle la Terre serait un être vivant, un vaste système naturel, dynamique et autorégulé, incluant la biosphère et favorisant la vie, témoigne – comme l’indique la référence à « Gaïa », le nom de la déesse de la mythologie grecque personnifiant la Terre – de l’influence des religions de la terre. Plusieurs universitaires ont souligné la teneur religieuse de cette théorie. Certains considèrent que <a href="http://archives.lesechos.fr/archives/2007/Enjeux/00235-055-ENJ.htm">James Lovelock</a> cherche à retrouver dans cette vision de la nature (d’ailleurs contestée sur le plan scientifique) une union mystique avec la Terre-Mère (voir Anne Primavesi, <em>Gaïa’s Gift</em>, 2003). D’autres rapprochent les théories Gaïa (ainsi que l’écologie radicale dans son ensemble) du néopaganisme, dont l’une des caractéristiques serait le panthéisme, à savoir l’idée d’une communion avec la nature, avec la Terre en tant qu’entité spirituelle (voir Yannick Cahuzac et Stéphane François, « Panthéisme, néopaganisme et antichristianisme dans l’écologie radicale »,_ Politica Hermetica_, 2013).</p>
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<h2>Sacralisation de la nature</h2>
<p>L’approche écospirituelle imprègne également l’éthique environnementale, qui devient une discipline académique aux États-Unis au début des années 1970. D’aucuns se demandent si, en accordant une valeur en soi – intrinsèque ou morale – à la nature, elle ne contribue pas à la sacraliser (voir Bérengère Hurand et Catherine Larrère, <em>Y-a-t-il du sacré dans la nature ?</em>, 2014). Elle semble en tout cas marquée par la recherche d’une sagesse, d’une écosophie, et comme toute éthique vécue, elle interpelle chaque personne dans l’intimité de son rapport au monde. En ceci, elle serait sans doute incomplète sans un horizon spirituel.</p>
<p>D’après le philosophe américain <a href="http://www.nonfiction.fr/article-1196-entretien_avec_holmes_rolston_iii.htm">Holmes Rolston</a>, « la vue de la Terre depuis l’espace délivre en tant que telle un impératif éthique, et elle est apparentée, en ce sens, à une expérience épiphanique, c’est-à-dire la révélation d’une transcendance qui inspire un sentiment de crainte respectueuse mêlée d’admiration – ce sentiment paralysant d’être dépassé par une puissance créatrice supérieure, qui nous enveloppe en nous assignant une position au sein de la création ». Cette révélation « donne l’impulsion au mouvement de conversion intérieure qui conduit, selon les mots de Saint Paul, à “se dépouiller du vieil homme” (les oripeaux du maître et possesseur) et à “revêtir l’homme nouveau” (la figure du protecteur et du gardien bienveillant de la création » (Hicham-Stéphane Afeissa, <em>Écosophies. La philosophie à l’épreuve de l’écologie</em>, 2009).</p>
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<p>Différente de l’éthique environnementale, l’écologie profonde du norvégien <a href="http://www.franceculture.fr/emission-l-essai-et-la-revue-du-jour-arne-naess-revue-le-rouge-le-blanc-2013-04-12">Arne Naess</a> est une écosophie holiste et biocentrique, développée à la fin des années 1970, notamment à partir de l’éthique spinoziste et de l’éthique non violente de Gandhi (<em>ahimsa</em>) ; elle pose que toutes les espèces sont dotées d’un droit à l’existence égal et que l’existence de chaque espèce est une fin en soi : « Le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non humain pour nos intérêts humains » (Arne Naess, <em>Écologie, communauté et style de vie</em>, 2012 [1976]).</p>
<p>Pour certains intellectuels, l’écologie profonde s’apparente à la religion en ce qu’elle repose sur un « culte de la vie » et « en vient à considérer la biosphère comme une entité quasi divine, infiniment plus élevée que toute réalité individuelle, humaine ou non humaine » (Luc Ferry, <em>Le nouvel ordre écologique. L’arbre, l’animal et l’homme</em>, 1992). D’autres la considèrent comme une religion de type gnostique accordant une grande importance à l’« auto-réalisation » et imprégnée d’un sacré ésotérique (voir Giovanni Filoramo in <em>Religion et écologie</em>, 1992), voire comme une forme de néopaganisme fondée sur la sacralisation de la nature.</p>
<h2>À la recherche d’une relation symbiotique</h2>
<p>Sujet, et même sujet de droit, la nature doit aussi l’être pour le philosophe Michel Serres, qui estime nécessaire « la passation d’un contrat naturel de symbiose et de réciprocité » (<em>Le contrat naturel</em>, 1992). La terre a, selon lui, besoin de la sagesse de l’homme, et il est urgent, face à la menace de mort collective, que l’humanité passe, à l’instar du contrat social, <a href="http://www.lefigaro.fr/debats/2007/11/16/01005-20071116ARTFIG00321-environnement-pour-un-retour-au-contrat-naturel.php">un contrat tacite</a> avec les objets inertes et les êtres vivants (en bref, tout ce qu’on appelle la nature) pour les déclarer sujets de droit ; ainsi seulement pourrait être fait justice à la nature. C’est que la terre, par ses limites et sa vulnérabilité, devient l’horizon commun aux êtres humains ; elle est ce qui les relie. Cette perspective d’une relation symbiotique inédite entre l’humanité et la planète Terre semble bien relever d’un projet spirituel.</p>
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<p>Dix ans plus tard, un autre penseur français, le philosophe des sciences Jean-Pierre Dupuy, constate notre incapacité à penser la catastrophe (<em>Pour un catastrophisme éclairé</em>, 2002) et met au jour l’illusion de la gestion optimale des risques. Influencé à la fois par <a href="http://www.liberation.fr/portrait/2003/01/04/book-emissaire_426772">la théorie mimétique</a> du philosophe français René Girard (<em>La violence et le sacré</em>, 1972) et par l’éthique de la responsabilité du philosophe allemand Hans Jonas, pour lequel seule une ascèse de la modération peut permettre à l’humanité d’éviter les catastrophes environnementales <a href="http://www2.ac-toulouse.fr/philosophie/forma/jonas_principe_responsabilite1.html">rendues possibles par la technique</a> (<em>Le principe responsabilité</em>, 1979), Jean-Pierre Dupuy juge indispensable que les sociétés humaines anticipent ces catastrophes afin qu’elles ne se produisent pas, en fixant des limites à l’extérieur d’elles-mêmes grâce à leur capacité d’« auto-transcendance ». Pour cela, le sacré – que pourtant nos sociétés modernes refoulent – serait indispensable en ce qu’il n’est pas discutable, venant d’un au-delà du social (<em>La marque du sacré</em>, 2009).</p>
<p><em>Retrouvez ce texte dans son intégralité en consultant l’ouvrage collectif <a href="http://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100453190">« Guide des humanités environnementales »</a> (édité par Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman, Presses universitaires du Septentrion, 640 p., 40 €).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/48844/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Choné ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De l’hypothèse Gaïa de James Lovelock aux thèses du philosophe des sciences Jean-Pierre Dupuy, on assiste depuis les années 1980 à un rapprochement entre écologie et spiritualité.Aurélie Choné, Maître de conférences en études germaniques, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/479562015-09-28T04:37:40Z2015-09-28T04:37:40ZLe dark web, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/95678/original/image-20150922-16692-qhf3s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/powtac/321232215/">powtac</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le <em>dark web</em> (« web sombre ») est une portion de la Toile à laquelle on accède par un logiciel. Une fois arrivé là, sites et autres services sont consultables à l’aide d’un navigateur, comme pour le web officiel. Certains sites demeurent cependant cachés : ils ne sont pas indexés et donc inaccessibles à moins d’en connaître l’adresse.</p>
<p>De nombreux sites marchands y font leurs affaires ; ils vendent principalement des produits illicites, drogues et armes à feu, payables en crypto-monnaie, le <a href="https://bitcoin.org/fr/">Bitcoin</a>. Dans le dark web, on a même pu se cotiser sur une <a href="http://www.digitaltrends.com/web/bitcoin-funded-assassination-market-website">plateforme</a> de financement participatif pour organiser des assassinats.</p>
<p>En raison de l’anonymat quasi total qui y règne, c’est une terre d’élection pour tous ceux qui cherchent à se faire oublier des gouvernements et de la justice. On y trouve ainsi des lanceurs d’alerte qui recourent au dark web pour communiquer avec les médias. Mais ce sont les <a href="http://www.wired.com/2014/12/80-percent-dark-web-visits-relate-pedophilia-study-finds/">pédophiles</a>, les <a href="http://edition.cnn.com/2015/05/12/politics/pentagon-isis-dark-web-google-internet/">terroristes</a> et les <a href="http://www.wired.com/2015/05/silk-road-creator-ross-ulbricht-sentenced-life-prison/">criminels</a> qui l’utilisent le plus.</p>
<h2>Pas vos oignons</h2>
<p>Il y a un certain nombre de façons d’accéder au dark web, en utilisant par exemple <a href="https://www.torproject.org/">Tor</a>, <a href="https://freenetproject.org/">Freenet</a> ou encore <a href="https://geti2p.net/en/">I2P</a>. Tor (initialement appelé <em>The Onion Router</em>, « le routeur oignon ») est le plus populaire, sans aucun doute à cause de sa facilité d’utilisation. Il se télécharge comme un ensemble de logiciels incluant une version de Firefox configurée spécifiquement pour son usage.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/au/topics/tor-network">Tor</a> garantit le <a href="https://www.torproject.org/about/overview">secret et l’anonymat</a> en acheminant les messages par un réseau de routeurs organisés en couches, et appelés « nœuds ». Comme le message saute d’un nœud à l’autre, il se trouve crypté de façon à ce que chaque relais ne repère que la machine qui a envoyé le message et celle qui va le recevoir.</p>
<p>Plutôt que d’utiliser des adresses web classiques, Tor se sert d’adresses dites « oignons », qui brouillent un peu plus encore la teneur des messages. Il existe même des versions spéciales de moteurs de recherche, comme Bing et Duck Duck Go, qui gèrent précisément ce type adresses.</p>
<p>Tor n’est cependant pas totalement anonyme. Quand on se rend sur un site, certaines données, telles que les noms d’utilisateurs et les adresses électroniques, sont partagées et donc potentiellement accessibles. Ceux qui veulent conserver un anonymat total doivent utiliser des services additionnels pour dissimuler leur identité.</p>
<p><figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/91706/original/image-20150813-25319-rgxop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le Bitcoin, conçu en 2009.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Antana / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure></p>
<p>Tous les services disponibles sur le dark web n’auraient pas bénéficié d’une telle popularité s’il n’y avait eu de monnaie pour les acheter. C’est-ce que le <a href="https://theconversation.com/au/topics/bitcoin">Bitcoin</a> a rendu possible. Une récente <a href="https://www.usenix.org/system/files/conference/usenixsecurity15/sec15-paper-soska-updated.pdf">étude</a> conduite par Kyle Soska et Nicolas Christin (chercheurs à la Carnegie Mellon University) a ainsi évalué que les ventes de médicaments sur le dark web s’élevaient pour les États-Unis à 100 millions de dollars par an. Tout ou presque a été payé à l’aide de la crypto-monnaie.</p>
<p>Le Bitcoin est devenu encore plus intraçable grâce à l’utilisation de services de « mixage », comme la Bitcoin Laundry, qui permettent des transactions totalement anonymes en mélangeant les Bitcoins en provenance de plusieurs adresses et de plusieurs utilisateurs pour empêcher la traçabilité des transactions.</p>
<h2>Sombre jusqu’à quel point ?</h2>
<p>Les développeurs de Tor, ainsi que certaines organisations comme l’Electronic Frontier Foundation (<a href="https://www.eff.org">EFF</a>), soutiennent que la majorité de ses utilisateurs sont des militants ou des gens simplement soucieux de protéger leur vie privée. Tor a été ainsi utilisé par le passé pour permettre les échanges entre les journalistes et les lanceurs d’alerte comme <a href="http://www.wired.com/2014/04/tails/">Edward Snowden</a>.</p>
<p>Mais en jetant un rapide coup d’œil sur <a href="http://thehiddenwiki.org/">Hidden Wiki</a> – le principal indice répertoriant les sites du dark web –, on s’aperçoit que la plus grande part des sites mentionnés concernent des activités illégales. Certains d’entre eux ne sont que de vastes escroqueries, il est donc difficile de dire s’il est facile ou non d’acheter des armes ou de faux passeports. Mais il existe indéniablement des sites du dark web où ces choses sont tout à fait possibles.</p>
<p>Bien que le dark web rende l’application des lois difficile, il y a eu de nombreuses arrestations mettant fin à des activités illégales et punissant les consommateurs. La plus retentissante fut sans doute celle de <a href="http://www.liberation.fr/ecrans/2015/01/12/ross-ulbricht-l-affaire-ecapone_1179217">Ross Ulbricht</a>, le propriétaire du site de vente de drogues, Silk Road.</p>
<p>Plus récemment, le FBI a <a href="https://nakedsecurity.sophos.com/2015/07/22/fbi-again-thwarts-tor-to-unmask-visitors-to-a-dark-web-child-sex-abuse-site/">arrêté</a> deux utilisateurs d’un site impliqué dans des violences sexuelles sur enfants, montrant ainsi que les autorités étaient désormais en mesure de découvrir les véritables adresses Internet des utilisateurs de Tor.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/47956/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Glance ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une plongée du côté obscur du web, où les lanceurs d’alerte côtoient les vendeurs de drogues.David Glance, Director of UWA Centre for Software Practice, The University of Western AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/477352015-09-23T04:33:22Z2015-09-23T04:33:22ZL’horloge moléculaire, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/95220/original/image-20150917-7512-13351y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'horloge moléculaire se fonde sur les variations de la séquence ADN.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Peut-on comprendre l’ensemble des liens de parenté entre tous les organismes vivants ? C’était, il y a 150 ans, le défi posé à Charles Darwin et repris par tous les évolutionnistes qui lui ont succédé. L’<a href="http://www.timetree.org/">arbre de la vie</a> (dit arbre phylogénétique) en est la représentation graphique. Aujourd’hui, les méthodes qui permettent de dessiner ses branches dépasseraient les attentes de l’auteur de <em>L’origine des espèces</em>. Les biologistes utilisent à cet effet une technique appelée <a href="http://www.nature.com/scitable/topicpage/the-molecular-clock-and-estimating-species-divergence-41971">horloge moléculaire</a>, qui permet de dévoiler le passé en déchiffrant les « histoires » écrites dans les gènes des organismes vivants.</p>
<p>À grande échelle, l’horloge moléculaire a permis aux paléontologues de dévoiler l’histoire de <a href="http://tolweb.org/tree/phylogeny.html">l’évolution</a> sur des millions d’années. Et à petite échelle, les épidémiologistes sont en mesure de retracer la <a href="http://www.bmj.com/about-bmj/resources-readers/publications/epidemiology-uninitiated/1-what-epidemiology">propagation des maladies</a> sur quelques décennies.</p>
<h2>Dater l’origine des espèces</h2>
<p>On l’a parfois baptisée « l’horloge de l’évolution » ou « l’horloge des gènes » : le concept d’horloge moléculaire a été forgé à partir de la notion d’hérédité. Tout être vivant est un réceptacle d’informations transmises par la génération précédente sous la forme de molécules comme l’ADN. Comme ces supports de stockage de l’information génétique changent progressivement au fil du temps, on peut les utiliser pour dater les changements évolutifs qui concernent chaque espèce et chaque individu.</p>
<p>Une métaphore pour illustrer le concept : imaginez un monastère isolé où un livre ancien est copié, génération après génération, par les moines. Un jour, l’un des religieux décide de s’aventurer à travers le vaste monde et finit par fonder un nouveau monastère, une copie du livre sous le bras.</p>
<p>Il poursuit le travail de copie pour que le livre puisse être transmis aux générations futures. Inévitablement, des erreurs mineures se glissent dans les pages copiées. Elles ne modifient pas le sens du livre, de sorte qu’elles ne sont pas remarquées ou corrigées. Par conséquent, les copies ultérieures accumulent <a href="http:%20//.%20www.evolution.berkeley.edu/evosite/evo101/IIE1cMolecularclocks.shtml">les changements</a>.</p>
<p>Des siècles plus tard, une chercheuse visite les deux monastères. Elle conclut qu’ils doivent avoir une origine commune parce que chaque établissement possède un livre tellement semblable qu’il serait impossible qu’il provienne de deux sources différentes. Elle voudrait savoir depuis quand les deux livres ont commencé à se distinguer : elle étudie donc les différences entre les deux textes. Comme c’est une professionnelle avertie, elle sait que ces variations (essentiellement, des changements orthographiques) surviennent à un <a href="http://phys.org/news/2008-11-probing-molecular-clock.html">rythme globalement constant</a> au fil du temps.</p>
<p>Elle constate qu’il y a 100 changements par page, chacun d’entre eux prenant 10 ans à apparaître. Il faut ensuite diviser le total par 2, puisque les différences proviennent de deux sources. Le calcul donne une origine commune aux deux livres remontant à 500 ans.</p>
<p>Que représente ce livre métaphorique ? C’est le génome d’un être vivant. Chaque chapitre est un gène, lui-même composée de séquences de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nucl%C3%A9otide">nucléotides A, T, C et G</a>. Les monastères sont les espèces, et les moines sont les individus appartenant à cette espèce. Les changements sont les mutations génétiques.</p>
<p>Il y en a de différentes sortes. Certains changements n’ont aucun effet sur la structure de l’ADN : on les dit <a href="http://www.nature.com/scitable/knowledge/library/neutrality-and-molecular-clocks-100492542">« neutres »</a>. Ce qui veut dire qu’ils s’accumulent dans la séquence génétique sans être corrigés ou mis au rebut par le processus de sélection naturelle. Depuis que nous pouvons déchiffrer le génome, nous pouvons nous servir de ces mutations pour pouvoir comparer les espèces et en déduire leur histoire évolutive.</p>
<h2>Le tic-tac incertain de l’ADN</h2>
<p>La complexité de la biologie, cependant, rend le fonctionnement de l’horloge moléculaire plus délicat à comprendre. Ainsi, trois facteurs de l’évolution peuvent fausser l’horloge moléculaire.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/92552/original/image-20150820-7225-19v5x4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/92552/original/image-20150820-7225-19v5x4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=445&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/92552/original/image-20150820-7225-19v5x4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=445&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/92552/original/image-20150820-7225-19v5x4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=445&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/92552/original/image-20150820-7225-19v5x4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=559&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/92552/original/image-20150820-7225-19v5x4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=559&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/92552/original/image-20150820-7225-19v5x4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=559&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dauphins et requins se ressemblent, mais ne sont pas des proches parents.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Tiger_shark#/media/File:Tiger_shark.jpg">Albert Kok</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Premièrement, l’évolution peut être convergente. Cela signifie que
différentes espèces ont évolué de façon indépendante vers une forme similaire, ce qui peut induire en erreur si on les considère comme proches parents. Par exemple, il serait erroné de penser que les requins et les dauphins ont des liens serrés de parenté parce qu’ils se ressemblent. Ils ont tout simplement des habitats et des proies comparables, ainsi que le même type de pression de sélection. La même chose peut arriver avec des séquences ADN.</p>
<p>Deuxièmement, certains gènes peuvent évoluer rapidement. Les changements qui en résultent peuvent se traduire par une “réécriture” de la séquence (les généticiens appellent cela “saturation”) : cela bouleverse la relation proportionnelle entre le nombre des changements et le temps passé, et donc cela fausse l’horloge.</p>
<p>Dans le même ordre d’esprit, les sections du génome sont parfois dupliquées ou perdues, voire même transférées entre organismes qui ne sont pas des proches parents : c’est le <a href="http://www.nature.com/nrg/journal/v9/n8/abs/nrg2386.html">transfert horizontal de gènes</a>. Cela peut rendre la comparaison difficile. Pour minimiser ce genre de biais, il est tout de même possible de sélectionner rigoureusement les données pour le calcul.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=977&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=977&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=977&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1227&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1227&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/92555/original/image-20150820-7239-2pxulh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1227&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’arbre des vertébrés de Haeckel, 1879.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/30/Age-of-Man-wiki.jpg">Ernst Haeckel</a></span>
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</figure>
<p>Troisièmement, le taux des variations génétiques n’est pas toujours parfaitement cohérent. En effet, il y a différentes parties du génome qui évoluent à des rythmes différents, et ces taux ont, de plus, également changé au fil du temps. La solution adoptée par les généticiens est appelée la « calibration des fossiles ». Il s’agit de s’entendre sur un niveau de modifications génétiques que l’on connaît pour en déduire le temps écoulé. Pour certaines lignées évolutives, nous pouvons repérer la date d’apparition de l’ancêtre commun aux espèces apparentées tout simplement parce que nous avons un fossile de cet aïeul. Pour savoir combien de temps il a vécu, on utilise des techniques telles que <a href="http://www.evolution.berkeley.edu/evosite/evo101/IIE1aAtomicclocks.shtml">la datation radiométrique</a>.</p>
<p>Si nous connaissons la relation entre le moment de la divergence entre deux lignées et le niveau des changements génétiques qui les concernent, nous pouvons extrapoler cette relation à tout le reste de l’<a href="http://www.onezoom.org">arbre de l’évolution</a>, estimant, grâce à l’horloge moléculaire, les moments d’autres divergences.</p>
<p>Étant donné les incertitudes dans la datation des fossiles et les taux des changements évolutifs, l’horloge moléculaire ne peut pas être extraordinairement précise. Mais lorsqu’elle est utilisée correctement, les informations produites sont utiles : considérons simplement que le manque de précision reflète nos incertitudes sur le passé. Après tout, le processus d’apparition des espèces lui-même ne se fait pas en un instant, mais au fil de périodes de temps considérables.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/92553/original/image-20150820-7208-8qoya9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’ancêtre commun des humains et des chimpanzés vivait il y a 8 millions d’années.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/afrikaforce/5187976192">AfrikaForce/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Un exemple : affirmer que les chimpanzés et les humains ont divergé il y a 8 028 519 ans est moins utile que de dire que les deux lignées se sont séparées il ya 8 millions d’années, plus ou moins 300 000 ans. Après, il est possible d’affiner grâce à un calibrage plus serré des données.</p>
<h2>Dévoiler l’histoire du vivant</h2>
<p>L’horloge moléculaire a brossé un grand récit de l’évolution sur courtes et longues périodes. Par exemple, en 2012, les chercheurs ont démontré qu’à propos de l’épidémie de Sida en Inde, on pouvait remonter à l’ancêtre commun du virus impliqué <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0039819">il ya 40 ans</a>, et de cela, ils pourrait déduire la propagation de la maladie. Cet éclairage a permis de prédire où la maladie se propagerait, et rendu possible le déploiement préventif de ressources propre à sauver d’innombrables vies.</p>
<p>Les paléontologues utilisent la technique de l’horloge moléculaire pour dévoiler l’histoire du vivant, palliant, pour certains groupes d’espèces, le faible nombre de fossiles. Par exemple, nous savons grâce à elle que les pingouins descendent d’un <a href="http://rsbl.royalsocietypublishing.org/content/9/6/20130748">ancêtre</a> plutôt récent (géologiquement parlant), il ya environ 20 millions d’années. Tandis que la première forme cellulaire complexe que l’on sait avoir émergée de lignées bactériennes est datée d’il y a plus de 1,2 milliard d’années. Ces exemples élargissent notre connaissance de la dynamique de l’évolution.</p>
<p>Alors que nous continuons à progresser dans notre compréhension de l’évolution, nous pouvons espérer réaliser le projet de Darwin d’un Arbre de Vie. S’il ressuscitait, il serait enchanté du travail accompli, découvrant les détails de la parenté relativement récente des hippopotames et les baleines, ou les liens anciens entre <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1079665/">les bactéries et les mitochondries</a>. Avec l’horloge moléculaire, nous construisons l’arbre de vie, nous dessinons ses branches et jaugeons la profondeur de ses racines.</p>
<p><em>La <a href="https://theconversation.com/explainer-what-is-the-molecular-clock-46242">version</a> originale de cet article a été publiée sur The Conversation UK.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/47735/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alastair Tanner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Vous avez dit horloge moléculaire ? Les généticiens ont forgé cet outil de mesure de l'histoire évolutive des êtres vivants.Alastair Tanner, PhD student in Biological Sciences, University of BristolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/476452015-09-20T13:40:18Z2015-09-20T13:40:18ZEl Niño, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/476105/original/file-20220726-17-f4v2t0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Terre vue de l’espace. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/24354425@N03/14212310726/">Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Les récentes données rendues publiques par la Nasa et la NOAA l’ont confirmé : 2015 aura bien été l’<a href="https://theconversation.com/2015-aura-bien-ete-lannee-la-plus-chaude-jamais-enregistree-53623">année la plus chaude</a> jamais observée par les scientifiques. Ce réchauffement global – dû à la concentration dans l’atmosphère de gaz à effet de serre imputable en majeure partie aux activités humaines –, est actuellement accompagné d’un épisode particulièrement puissant du phénomène El Niño, avec une température de la mer anormalement élevée dans le Pacifique tropical.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Anomalies de température de la mer dans le Pacifique tropical pendant les quatre dernières semaines (du 27 décembre 2015 au 23 janvier 2016). Les zones en rouge montrent des températures au-dessus de la moyenne atteignant 3 °C. Cette distribution d’anomalies chaudes le long de l’équateur et le long des côtes des continents américains est typique d’El Niño. Cette année, l’eau chaude s’étend particulièrement loin vers l’ouest du Pacifique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NOAA</span></span>
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<p>Ses effets ont commencé à se faire sentir cet été pour s’intensifier au fil des semaines, provoquant des anomalies météorologiques, comme un trio inédit de cyclones simultanés dans le Pacifique, un <a href="https://megha-tropiques.cnes.fr/fr/alex-un-ouragan-rarissime-observe-depuis-lespace">événement rarissime</a> et des pluies abondantes au nord de la Californie, mais encore limitées au sud.</p>
<p>Quelle est l’origine d’El Niño ? Qu’en savent les scientifiques ? Connaît-il une évolution sous l’effet du réchauffement climatique ?</p>
<h2>Un phénomène à l’impact global</h2>
<p>El Niño constitue la fluctuation la plus importante du système climatique et perturbe la circulation de l’atmosphère à l’échelle globale. On se trouve en présence de ce phénomène lorsque la température de la partie orientale du Pacifique tropical dépasse une certaine valeur seuil au-dessus de la moyenne.</p>
<p>En temps normal, les vents alizés soufflent sur le Pacifique tropical, entraînant les courants sous-jacents vers l’ouest. Ces courants transportent l’eau chauffée par le soleil des basses latitudes ; cette eau finit alors par s’accumuler dans les couches supérieures de l’océan Pacifique ouest, provoquant une élévation du niveau de la mer.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En temps normal, les vents alizés transportent l’eau chauffée d’est en ouest.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michael McPhaden/NOAA</span></span>
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<p>L’eau chauffée s’évapore de la surface de l’océan, l’air humide et chaud (donc léger) s’élève. Une convection profonde sous forme d’énormes cumulonimbus s’ensuit et cause de fortes précipitations. Lorsque cet air ascendant atteint le sommet de la troposphère, il se trouve bloqué par la stratosphère, trop stable pour être pénétrée, et s’étale alors vers l’est, puis descend vers la surface plus froide du Pacifique est (dite « zone de subsidence »). Cette circulation est-ouest est appelée circulation de Walker.</p>
<h2>Ses effets sur l’atmosphère et l’océan</h2>
<p>La circulation de Walker est modifiée plusieurs fois par décennie, soit par un El Niño, soit par son phénomène opposé (froid), La Niña. Cette oscillation chaude-froide couplée à des variations de pression atmosphérique quasi périodiques est appelée ENSO (El Niño-Southern Oscillation).</p>
<p>Lors d’un El Niño typique, les alizés ralentissent et des coups de vent d’ouest soufflent épisodiquement sur le Pacifique ouest, générant le long de l’Équateur de larges ondes dans l’océan dont on peut voir la trace en surface grâce à des satellites qui mesurent l’élévation du niveau de la mer. Ces ondes déclenchent le transfert vers l’est du bassin de l’<a href="http://sealevel.jpl.nasa.gov/elnino2015/1997vs2015-latest-still.jpg">eau chaude accumulée à l’ouest</a>.</p>
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<span class="caption">Au cours d’un El Niño, la circulation de l’eau chauffée d’est en ouest se trouve modifiée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michael McPhaden/NOAA</span></span>
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<p>Ce gigantesque transfert de chaleur induit en contrepartie une réduction des remontées d’eau froide des profondeurs (<em>“upwellings”</em>) à l’est, à l’Équateur et le long de la côte sud-américaine. Apparaissent alors de profondes anomalies de la température de la mer notamment le long de l’Équateur, de la ligne de changement de date jusqu’à la côte.</p>
<p>Lorsque la partie centrale du Pacifique s’échauffe au cours d’un El Niño, la convection atmosphérique, qui se trouve normalement au-dessus du Pacifique ouest dans la région des eaux chaudes, migre vers le centre du Pacifique. Le transfert de chaleur de l’océan à l’atmosphère associé à cette convection se traduit en précipitations inhabituelles dans la région normalement sèche du Pacifique tropical oriental. L’air se déplaçant d’ouest en est nourrit la convection, affaiblissant encore les alizés. Ce processus de rétroaction (<em>feedback</em>) amplifie le phénomène et assure le maintien de la convection atmosphérique profonde et des précipitations dans le Pacifique équatorial central. El Niño prend fin lorsque les changements océaniques causent une rétroaction négative qui renverse sa dynamique initiale.</p>
<h2>La météo perturbée aux États-Unis</h2>
<p>La redistribution de chaleur dans l’océan associée à El Niño crée une réorganisation majeure de la convection atmosphérique globale, perturbant fortement les conditions météorologiques, de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud, de l’Australie à l’Inde, de l’Afrique du Sud au Brésil.</p>
<p>À l’origine des effets de ces phénomènes tropicaux sur les États-Unis, on trouve un type particulier de connexions, appelées téléconnexions extratropicales, entre l’échauffement généré par El Niño dans le centre du Pacifique et l’Amérique du Nord. Cet échauffement excite un train d’ondes qui se propagent vers le nord et relient ainsi le centre du Pacifique équatorial à l’Amérique du Nord. Il en résulte un déplacement vers le nord du jet subtropical. Ce ruban de vents très forts en altitude et soufflant d’ouest en est contribue à la formation des orages aux latitudes moyennes au cours de l’hiver, provoquant généralement une série d’orages sur la Californie et le Sud-ouest américain. L’augmentation des précipitations ne semble exister qu’au cours d’épisodes <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v4/n2/full/nclimate2100.html">forts d’El Niño</a>.</p>
<p>Si les El Niño ont une signature assez typique dans les tropiques, leurs impacts sur l’Amérique du Nord varient beaucoup, car d’autres influences agissent de manière concomitante dans les latitudes tempérées. On peut cependant dire que les hivers qui suivent El Niño sont en général très doux dans l’ouest du Canada et le centre-nord des États-Unis, et <a href="http://www.pmel.noaa.gov/tao/elnino/impacts.html">particulièrement humides</a> dans le sud, de la Californie à la Floride en passant par le Texas.</p>
<h2>Et l’Europe ?</h2>
<p>Ici, les avis sont partagés et les conclusions restent mitigées. Bien que certaines études indiquent un impact d’El Niño sur le nord de l’Europe, les Îles britanniques et la Méditerranée, tout particulièrement pendant les mois de janvier et février qui suivent l’événement, ces effets sont relativement faibles. Surtout, ils <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1256/wea.248.04/abstract">varient</a> d’un événement à l’autre. Il n’existerait donc pas d’effet typique, à l’exception d’une grande variabilité météorologique hivernale. Quelques caractéristiques ont été cependant observées : des circulations cycloniques plus nombreuses en Europe centrale, un décalage vers le sud de la trajectoire des cyclones atlantiques, des situations de blocages dans le secteur Europe-Atlantique, ainsi que le déplacement vers le nord de la trajectoire des événements cycloniques de la région méditerranéenne influençant les précipitations dans cette région. Tous ces phénomènes restent cependant faibles et difficiles à détecter.</p>
<p>Cette absence d’effets majeurs, et surtout d’impacts typiques, s’explique en partie par le fait que d’autres facteurs entrent en compétition avec El Niño pour influencer l’évolution des situations météorologiques aux latitudes moyennes. Parmi ces facteurs, on retient les anomalies de température de la mer dans les régions extratropicales et l’Oscillation nord-atlantique (NAO). De plus, la grande distance entre la zone d’action énergétique d’El Niño dans le centre du Pacifique équatorial et l’Europe explique que les téléconnexions qui agissent sur l’Amérique du Nord (et du Sud de façon quasi symétrique), ne jouent pas pour l’Europe. Les seules <a href="http://www.mpimet.mpg.de/nc/en/communication/news/single-news/article/seasonal-predictability-over-europe-arising-from-el-nino-and-stratospheric-variability.html">connexions</a> constatées passent par la stratosphère et sont de fait assez lointaines.</p>
<h2>L’influence des gaz à effet de serre</h2>
<p>Après avoir pensé qu’il existait un El Niño canonique, voire deux, les scientifiques <a href="http://www.gfdl.noaa.gov/%7Eatw/yr/2015/capotondi_etal_variations2015.pd">s’intéressent</a> aujourd’hui à une variété de comportements récemment observés pour ce phénomène. De nombreuses années d’observation révèlent en effet une surprenante diversité d’El Niño : au niveau de son intensité, de sa longévité et surtout du déplacement des zones d’anomalie maximum de température. Ces variations sont-elles liées au changement climatique ? Il est <a href="http://www.cgd.ucar.edu/oce/markus/ENSOCLIV.pdf">encore trop tôt pour le dire</a>.</p>
<p>Il existe en effet une grande variabilité naturelle dans le Pacifique à l’échelle d’une décennie (appelée PDO – Pacific Decadal Oscillation), voire plus, qui peut <a href="https://theconversation.com/is-the-global-warming-hiatus-over-45995">masquer les variations</a> provoquées par le réchauffement du climat.</p>
<p>Les résultats des modèles climatiques suggèrent que les conditions moyennes du Pacifique vont évoluer vers un état plus chaud. Cela se traduira par une élévation de la température de la mer et une diminution des alizés, ce qui pourrait conduire à un El Niño quasi permanent ou à des épisodes plus intenses.</p>
<p>Certaines <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v4/n2/full/nclimate2100.html">prédictions climatiques</a> ainsi que des <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v3/n9/full/nclimate1936.html">reconstructions</a> d’El Niño passés ont fourni la preuve empirique que sous l’influence du réchauffement, les prochains El Niño pourraient être plus extrêmes. Elles suggèrent aussi un déplacement vers l’est de la zone où l’océan transfère de la chaleur à l’atmosphère. Cela impliquerait un déplacement des téléconnexions extratropicales vers l’est.</p>
<p>Mais les prédictions des modèles divergent quant aux variations d’intensité des téléconnexions : seront-elles différentes ? Plus marquées ? Il n’existe pas aujourd’hui de réponse simple à la question des variations des précipitations en Californie, par exemple, selon les changements prévisibles d’El Niño en liaison avec le réchauffement planétaire.</p>
<h2>Des prédictions toujours difficiles</h2>
<p>La sensibilité de l’atmosphère tropicale à la rétroaction entre les températures élevées de la mer et le ralentissement des alizés qui génère la convection atmosphérique dans le centre du Pacifique va-t-elle se poursuivre ?</p>
<p>Une telle rétroaction n’a pas eu lieu en 2014, alors même que les conditions favorables à un El Niño intense étaient réunies. La convection profonde n’a pas persisté dans le Pacifique central et les interactions entre l’atmosphère et l’océan normalement très fortes pendant El Niño n’ont pas joué leur rôle d’ancrage de la convection par l’intermédiaire des transferts de chaleur.</p>
<p>Ces résultats indiquent qu’il reste encore beaucoup à découvrir, même si des progrès scientifiques majeurs ont été accomplis ces dernières décennies à propos d’El Niño et du cycle de ENSO grâce à des programmes d’observations et de prédictions mis en place depuis le milieu des années 80 et poursuivis jusqu’à ce <a href="http://www.cpc.ncep.noaa.gov/products/analysis_monitoring/lanina/enso_evolution-status-fcsts-web.pdf">jour</a> </p>
<p>Notre capacité à prédire El Niño et l’existence de relations entre l’augmentation des gaz à effets de serre et ce phénomène météorologique reste encore limitée par la complexité de la dynamique de ce phénomène, comme l’a montré la prévision défaillante de 2014. Aux États-Unis l’hiver est en partie dominé par El Niño qui ne s’est pas encore développé en un « méga » El Niño comme certains le prédisent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/47645/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Gautier A reçu des financements de la NOAA, la NSF et le department de l'energie des Etats-Unis</span></em></p>El Niño constitue la fluctuation la plus importante du système climatique, perturbant la circulation de l’atmosphère à l’échelle globale.Catherine Gautier, Professor Emerita of Geography, University of California, Santa BarbaraLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.