tag:theconversation.com,2011:/au/topics/el-nino-20589/articlesEl Niño – The Conversation2023-10-04T18:39:57Ztag:theconversation.com,2011:article/2147792023-10-04T18:39:57Z2023-10-04T18:39:57ZMaladies transmises par les moustiques, météo et climat : des liaisons dangereuses<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551419/original/file-20231002-17-o3uqig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C1024%2C671&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aedes aegypti est une espèce d'insectes diptères, un moustique qui est le vecteur principal de la dengue, de l'infection à virus Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune.</span> <span class="attribution"><span class="source">U.S. NAVY </span></span></figcaption></figure><p>Lors de la crise sanitaire liée au SARS-CoV-2, nos sociétés ont pris conscience de l’importance et de l’utilité des outils mathématiques et statistiques pour <a href="https://theconversation.com/comment-estimer-levolution-du-Covid-19-malgre-des-donnees-de-contaminations-de-qualite-limitee-177777">caractériser la propagation d’une maladie</a> dans la population générale, prévoir ses conséquences en termes de santé publique et anticiper les répercussions économiques à court terme. Au-delà du Covid-19, les maladies propagées par les moustiques, dont <a href="https://theconversation.com/podcast-zootopique-des-maladies-qui-sacclimatent-208678">l’aire de répartition s’élargit régulièrement</a> sous l’influence du changement climatique, représentent aujourd’hui une menace émergente. </p>
<p>Dans notre dernier travail, récemment publié dans la revue <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adf7202"><em>Science Advances</em></a>, nous avons revisité l’analyse des liens entre maladies transmises par des moustiques, météorologie et climat. À la clé, un enjeu de santé publique : la mise en place de systèmes d’alerte précoce aiderait à mieux se préparer à ces épidémies.</p>
<h2>Dengue et chikungunya de plus en plus au nord</h2>
<p>Avec le réchauffement climatique et la survenue <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">d’évènements El Niño</a> plus fréquents, l’augmentation des cas de <a href="https://theconversation.com/les-changements-globaux-aggravent-le-risque-dexpansion-du-paludisme-115951">maladies transmises par des moustiques</a> devient un sujet brûlant. Longtemps cantonnées dans les régions tropicales ou équatoriales, elles commencent à pointer leur nez sous des latitudes plus tempérées.</p>
<p>Quelques exemples :</p>
<ul>
<li><p>Épidémie de chikungunya <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/chikungunya">dans le nord de l’Italie en 2007 et en 2017</a></p></li>
<li><p>Flambée de <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/dengue">dengue en 2012 sur l’archipel de Madère</a> avec de nombreux cas de dengue importés en Europe</p></li>
<li><p><a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">Invasion du sud de la France</a> par <em>Aedes Albopictus</em>, le célèbre moustique tigre, connu pour transmettre des <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=arbovirose">arboviroses</a> c’est-à-dire des maladies, transmises par des arthropodes dont les moustiques, comme la dengue, Zika ou le chikungunya.</p></li>
</ul>
<p>Tous ces exemples témoignent d’une montée de risques sanitaires qui nous étaient jusque-là étrangers. En 2022, Santé Publique France, a recensé <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/dengue/documents/article/surveillance-des-arboviroses-en-france-metropolitaine-nette-augmentation-des-cas-de-dengue-autochtone-en-2022">près de 70 cas autochtones de dengue dans le sud de la France</a>.</p>
<p>Il y a quelques jours à peine, les Parisiens du 15<sup>e</sup> ont eu dû faire face à une <a href="https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/cas-de-dengue-a-paris-une-operation-de-demoustication-prevue-dans-la-nuit_60085898.html">démoustication en règle de leur arrondissement</a> pour réduire les risques de transmission, du virus de la dengue importé, par les nombreux moustiques tigres qui ont colonisé cet arrondissement. </p>
<h2>Climat, météo, facteurs socio-économiques… des épidémies complexes</h2>
<p>Pour anticiper les épidémies de maladies propagées par les moustiques et mettre en place des systèmes d’alerte précoce efficaces, nous devons comprendre le rôle que jouent les principaux facteurs environnementaux dans les épidémies passées, notamment celles qui ont été observées dans les pays où ces maladies sont endémiques.</p>
<p>Or, la dynamique de ces maladies résulte de relations complexes entre vecteurs (moustiques), humains, leur statut immunitaire, les facteurs socio-économiques, les effets de l’environnement sur les moustiques… Malgré cette complexité, il existe un consensus dans la communauté scientifique sur le fait que les facteurs climatiques, la température, l’humidité et les précipitations sont des déterminants importants de ces épidémies. </p>
<ul>
<li><p>Les précipitations sont nécessaires pour créer des habitats propices aux larves de moustiques. </p></li>
<li><p>Une humidité adéquate permet une activité élevée des moustiques adultes et améliore les taux de survie.</p></li>
<li><p>La température affecte aussi le taux de piqûre et le développement du pathogène dans les populations de moustiques, ce qui va influencer le taux de transmission de la maladie.</p></li>
</ul>
<p>En plus de ces variables climatiques locales, le climat global, notamment les oscillations à grande échelle de type El Niño, influence aussi la dynamique de ces maladies.</p>
<h2>Des maladies cycliques</h2>
<p>Pour mieux comprendre les dynamiques épidémiques de ces maladies, l’approche méthodologique consiste à suivre dans le temps l’évolution du nombre d’individus atteints, ce qui est souvent fait par les systèmes de santé. Cela permet, dans un second temps, d’analyser les motifs temporels récurrents. </p>
<p>Et de fait, l’étude de nombreuses séries temporelles a montré que ces dynamiques sont marquées par une forte saisonnalité : on observe une épidémie chaque année, plus ou moins au même moment de l’année, mais d’intensité variable. De manière tout aussi systématique, des composantes multiannuelles de deux à quatre ans ont été mises en évidence.</p>
<p>Une fois ces composantes périodiques estimées, des approches statistiques vont permettre de déterminer la présence de corrélations avec les composantes trouvées sur les séries temporelles météorologiques et/ou climatiques.</p>
<h2>Quand la corrélation ne suffit pas</h2>
<p>Au cours de notre recherche, nous avons été confrontés à deux problèmes méthodologiques. Le premier est qu’il n’est pas toujours simple de quantifier ces liens, notamment parce qu’ils peuvent fortement évoluer dans le temps. Par exemple, en utilisant les données mensuelles de cas de dengue en Thaïlande sur 34 années, nous n’avons pas détecté de corrélations significatives entre le nombre de cas et les oscillations El Niño, car ces corrélations apparaissent seulement lors des évènements El Niño de forte ampleur. </p>
<p>Pour pallier ce problème, des outils statistiques appropriés sont nécessaires. Nous avons proposé d’utiliser la <a href="https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/apprentissage-face-la-malediction-de-la-grande-dimension/transformees-et-bases-ondelettes">décomposition en ondelettes</a>, qui permet de déterminer quelles sont les composantes récurrentes dans un signal et surtout comment ces composantes évoluent dans le temps. L’approche peut se généraliser avec deux signaux, et permet de déterminer quelles composantes et quelle récurrence temporelles ils partagent, <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.0020106">comme l’expliquait notre article paru en 2005</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Graphe de gauche : Incidence de la dengue en Thaïlande entre 1982 et 2016. Graphe de Droite : Composantes périodiques obtenues. Ce graphe représente le spectre d’ondelette, c’est-à-dire la répartition de la variance simultanément dans le domaine temporel (axes des abscisses) et dans le domaine des périodes (axe des ordonnées). Les fortes variances sont codées en rouge et les faibles en blanc. Les valeurs statistiquement significatives sont à l’intérieur des courbes pointillées. Cette figure montre qu’il y a une forte composante périodique à 1 an, la composante saisonnière, présente pendant quasiment toute la période d’observation, mais aussi des composantes temporelles récurrentes à 2-3 ans et à 3-4 ans qui sont elles plus discontinues.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Le second problème est que l’analyse d’ondelette met en évidence des liens aussi bien avec les variables climatiques locales qu’avec les variables climatiques globales, sans pouvoir distinguer le rôle de chacune. Il est bien connu en statistiques que si A est corrélé à B et si A est corrélé à C, alors B et C sont corrélés, du fait qu’ils sont tous les deux corrélés à A. Pour regarder le véritable lien entre B et C, il faut donc corriger l’effet de A en faisant appel à la « corrélation partielle ».</p>
<h2>Distinguer l’influence locale et globale du climat</h2>
<p>Nous avons généralisé cette démarche en utilisant la « cohérence partielle », calculée avec les ondelettes. Cela nous a permis de quantifier les liens non stationnaires (c’est-à-dire, évoluant dans le temps) entre le nombre de malades observés et une variable climatique locale donnée, en contrôlant les effets des variables climatiques globales. Et inversement, de quantifier les liens non stationnaires entre le nombre de malades et une variable climatique globale en contrôlant les effets des variables climatiques locales.</p>
<p>Une fois ces deux problèmes techniques résolus, nous avons appliqué notre méthodologie à plus de 200 séries temporelles de dengue et de malaria observées à travers le monde (Asie, Amérique Centrale, Amérique du Sud, Afrique subsaharienne). Nous avons ainsi analysé les composantes temporelles de ces séries, que nous avons comparées avec les facteurs climatiques globaux et locaux. Et nous montrons que le climat local (température, précipitations ou humidité) influence seulement la composante saisonnière de la maladie, alors que les composantes multiannuelles sont, quant à elles, associées au climat global (El Niño par exemple).</p>
<p>Ce résultat est très général : il se vérifie quel que soit la maladie étudiée (dengue, malaria), quel que soit le continent considéré, quel que soit l’échelle géographique utilisée (ville, sous-provinces, provinces, sous-régions, régions, pays) et reste vrai pour quasi tous les nombreux couples de variables climatiques locale-globale analysés.</p>
<p>En plus d’une approche méthodologique originale, ce travail met en lumière qu’il y a des informations complémentaires dans les variables climatiques locales et les variables climatiques globales comme El Niño. Ces informations devront être prises en considération dans l’amélioration des systèmes d’alerte précoce. Par exemple, avec nos résultats, nous nous attendons à ce que la température ait des effets différents lors d’une année El Niño par rapport à une année La Niña.</p>
<p>Bien sûr, il faut garder à l’esprit que ces facteurs climatiques ne sont pas les seuls à fortement influencer ces épidémies. Les facteurs socio-économiques comme la disponibilité de l’eau courante et l’urbanisation, ainsi que le statut immunitaire de la population sont importants. Toutes ces informations devront être prises en considération pour l’amélioration des systèmes d’alerte précoce.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214779/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Cazelles a reçu des financements de l'Agence National de la Recherche (ANR). </span></em></p>Les maladies transmises par les moustiques progressent sous l’influence du climat. Des analyses statistiques poussées des données épidémiologiques permettraient de mieux prévoir les flambées.Bernard Cazelles, Ecologie, Epidemiologie, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2109352023-08-10T21:17:07Z2023-08-10T21:17:07ZPourquoi les températures pourraient battre des records au cours des prochains mois<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541880/original/file-20230809-14-1w2bbr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Variations des températures à la surface de la terre (différence juin 2023 avec la moyenne des 15 années précédentes).</span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Comme dit l’adage bien connu des climatologues « Climate is what you expect, weather is what you get » (« Le climat c’est ce que l’on attend, le temps c’est ce que l’on obtient »). </p>
<p>Les phénomènes météorologiques locaux sont difficiles à prévoir car ils fluctuent rapidement sous l’influence de processus non linéaires et chaotiques, tandis que l’évolution du climat global sur le plus long terme repose sur des phénomènes physiques bien connus qui sont généralement prévisibles. Les prochains 12-18 mois devraient être assez exceptionnels en termes de températures, suite à un alignement de phénomènes locaux et globaux qui se combinent.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/e0vj-0imOLw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Visualisation simplifiée des variations météorologiques sur la tendance de fond climatique (Ole Christoffer Haga/NRK).</span></figcaption>
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<p>Avec mon équipe dont la spécialité est l’étude par satellites de l’évolution de l’atmosphère, j’analyse chaque jour des <a href="https://youtu.be/daGzrgrpAYc">millions de données vues du ciel</a> pour surveiller les températures sur terre comme sur la mer, partout autour du globe terrestre, et pour mesurer les concentrations des gaz présents dans l’atmosphère. Ces dernières semaines à partir des cartes satellites, nous avons aussi pu observer les records de chaleur qui ont été battus dans de nombreux pays, <a href="https://www.noaa.gov/news/earth-just-had-its-hottest-june-on-record">comme rapportés par les agences météorologiques</a> et les médias.</p>
<p>Un marqueur important a fait les gros titres : il s’agit de l’augmentation de la température moyenne globale de 1,5 °C par rapport à l’époque préindustrielle. Une valeur repère dans l’accord de Paris sur le climat, qui a été <a href="https://climate.copernicus.eu/tracking-breaches-150c-global-warming-threshold">dépassée plusieurs jours cet été</a>. Serait-il possible que cette valeur soit également dépassée quand il s’agira de calculer la moyenne annuelle des températures globales pour l’année 2023 ? </p>
<h2>Forçages naturels et anthropiques</h2>
<p>Pour comprendre l’évolution des températures, il faut tenir compte du fait que notre climat est complexe : il dépend des interactions entre les activités humaines, l’atmosphère, la surface terrestre et la végétation, la neige et la glace, et les océans. Le système climatique évolue sous l’influence de sa propre dynamique interne, mais dépend également de facteurs externes, qu’on appelle les « forçages radiatifs », et qui sont exprimés en watts par mètres carrés (W/m<sup>2</sup>). </p>
<p>Le terme <em>forçage</em> est utilisé pour indiquer que l’équilibre radiatif de la Terre est déstabilisé, et le terme <em>radiatif</em> est lui convoqué car ces facteurs modifient l’équilibre entre le rayonnement solaire entrant et le rayonnement infrarouge sortant de l’atmosphère. Cet équilibre radiatif contrôle la température à différentes altitudes. Un forçage positif implique une augmentation de la température à la surface de la Terre, et à l’inverse un forçage négatif implique une diminution.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540835/original/file-20230802-19-3uejph.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les quatre types de forçages radiatifs dont il faut tenir compte pour expliquer les variations du climat.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les forçages externes sont à la fois causés par des phénomènes naturels tels que les <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-quel-est-le-role-des-eruptions-volcaniques-91681">éruptions volcaniques</a> et les variations du rayonnement solaire, mais également par des modifications de la composition atmosphérique imputables à l’homme (les gaz à effet de serre et les particules liés aux activités humaines). Comprendre les changements climatiques observés depuis une trentaine d’années implique de pouvoir distinguer les modifications liées aux activités humaines de celles associées aux variations naturelles du climat. Les principaux forçages qui vont intervenir et s’additionner sont :</p>
<ul>
<li><p>Le forçage lié aux <a href="https://www.swpc.noaa.gov/products/solar-cycle-progression">variations de l’activité solaire</a>, qui entraîne des changements du rayonnement solaire qui atteint la Terre. Lorsque le Soleil est plus actif (maximum solaire), il émet davantage de rayonnement. Ce forçage est faible (de + à -0,3 W/m<sup>2</sup>) mais dure assez longtemps. Son cycle principal est d’environ 11 ans. Il trouve son origine dans les changements du champ magnétique solaire qui se caractérisent par des variations dans le nombre de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tache_solaire">taches solaires</a> et d’autres phénomènes solaires. </p></li>
<li><p>Le forçage lié aux <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-quel-est-le-role-des-eruptions-volcaniques-91681">éruptions volcaniques</a>, qui peut être très intense et est en général négatif de -1 à -5 W/m<sup>2</sup>, mais de courte durée (un à deux ans). Les éruptions volcaniques peuvent avoir un impact significatif sur le climat en raison de l’injection de grandes quantités de cendres, de gaz et de particules dans l’atmosphère.<br>
Tous les volcans n’ont pas un impact sur le climat global, cela dépend de la taille et de la puissance de l’éruption, de l’altitude/de la latitude auxquelles les gaz et les cendres sont éjectés, ainsi que des conditions météorologiques locales. L’étude des éruptions volcaniques passées nous a appris que l’impact le plus significatif est associé à des éruptions proches de l’équateur qui injectent du SO<sub>2</sub> haut dans l’atmosphère, par exemple le Mont Pinatubo (Philippines) en 1991. Ce gaz se transforme en gouttelettes d’acide sulfurique (H<sub>2</sub>SO<sub>4</sub>) qui constituent un écran pour la radiation solaire traversant l’atmosphère. </p></li>
<li><p>Le forçage lié à l’excès de gaz à effet de serre, en particulier le <a href="https://climate.nasa.gov/vital-signs/carbon-dioxide/">dioxyde de carbone</a> (CO<sub>2</sub>), le <a href="https://climate.nasa.gov/vital-signs/methane/">méthane</a> (CH<sub>4</sub>), le protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) et les chlorofluorocarbures (CFC), qui sont transparents à la lumière solaire mais absorbent une partie du rayonnement thermique émis par la surface terrestre. Au fil du temps, les activités humaines, telles que la combustion de combustibles fossiles, la déforestation et l’agriculture, ont entraîné une augmentation significative des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
L’accumulation de ces gaz à effet de serre, qui absorbent davantage de rayonnement thermique émis par la Terre et piègent plus de chaleur dans l’atmosphère, entraîne un forçage radiatif positif, estimé à +3 W/m<sup>2</sup>. Il s’agit donc du forçage le plus important car il n’est pas transitoire comme celui associé aux volcans.</p></li>
<li><p>Le forçage négatif lié aux <a href="https://www.climat-en-questions.fr/reponse/aerosols-et-climat-par-olivier-boucher/">aérosols d’origine anthropique et naturelle</a>. Les aérosols sont de petites particules en suspension dans l’atmosphère qui absorbent, diffusent ou réfléchissent la lumière solaire. Elles proviennent des écosystèmes (embruns marins, sables, poussières, cendres volcaniques, aérosols biogéniques) et d’activités humaines comme la combustion de fiouls fossiles, le brûlage de la biomasse et les feux de forêt, l’élevage des animaux et l’usage d’engrais.
Toutes ces particules font écran à l’insolation mais cette fois dans les basses couches de l’atmosphère. Même si les incertitudes sur le total du forçage radiatif lié à la présence d’aérosols restent élevées, les estimations actuelles indiquent un forçage radiatif total négatif de -0,5 W/m<sup>2</sup>. Sans la pollution par les aérosols, la Terre serait donc encore plus chaude qu’elle ne l’est déjà !</p></li>
</ul>
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<h2>L'influence d'El Niño sur les températures</h2>
<p>En plus des forçages radiatifs, il faut aussi tenir compte de la variabilité naturelle du système couplé océan-atmosphère, et en particulier du phénomène ENSO (El Niño Southern Oscillation), avec sa <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">composante chaude El Niño</a> et sa composante froide La Niña. Ces phénomènes sont les principaux facteurs de variation d’une année sur l’autre, dont il faut tenir compte quand on analyse la tendance à long terme au réchauffement de la surface de la mer. </p>
<p>Ces événements climatiques périodiques sont des phénomènes naturels, qui se caractérisent par des fluctuations de température entre l’océan et l’atmosphère dans l’océan pacifique équatorial. En général, les vents alizés soufflent d’est en ouest le long de l’équateur, poussant les eaux chaudes de la surface de l’océan Pacifique vers l’ouest, où elles s’accumulent près de l’Indonésie et de l’Australie. L’eau froide remonte alors du fond de l’océan dans l’est du Pacifique, en remplaçant l’eau chaude, ce qui entraîne des eaux relativement fraîches à la surface des côtes sud-américaines. </p>
<p>Lorsque le phénomène <a href="https://theconversation.com/fr/topics/el-nino-20589">El Niño</a> survient, les alizés faiblissent ou s’inversent, ce qui réduit leur force ou les fait souffler d’ouest en est, ce qui permet à l’eau chaude accumulée dans l’ouest du Pacifique de se déplacer vers l’est en suivant l’équateur. Le réchauffement de la surface de la mer dans l’est du Pacifique provoque alors une augmentation de plusieurs degrés de la température de l’eau, avec de vastes répercussions sur les conditions météorologiques et climatiques à l’échelle mondiale.</p>
<p>Ces phénomènes peuvent durer plusieurs mois ou plusieurs années, et leur intensité est variable. Ils perturbent la météo localement (plus de pluies à certains endroits, plus de sécheresses à d’autres) et influencent le climat global, en particulier lors d’évènements El Niño intenses.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Evolution des phénomènes El Niño (en rouge) et La Niña (en bleu), en mesurant les températures de surface de la mer sur une zone rectangle définie dans le Pacifique." src="https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541896/original/file-20230809-13146-hzx8dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Evolution des phénomènes El Niño (en rouge) et La Niña (en bleu), en mesurant les températures de surface de la mer sur une zone rectangle définie dans le Pacifique.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Quelles températures pour les prochains mois ?</h2>
<p>Reprenons un à un les différents éléments décrits ci-dessus, et regardons ce qu’il en est en ce moment :</p>
<ul>
<li><p>L’activité solaire approche de son maximum, du coup l’effet de réchauffement causé par une augmentation du rayonnement solaire est plus prononcé. Ceci conduit à une légère augmentation des températures moyennes, estimée à +0,1 °C.</p></li>
<li><p>Au niveau de l’activité volcanique, il s’est passé un évènement complètement exceptionnel : le volcan sous-marin Hunga Tonga qui a <a href="https://youtu.be/NCyg9GLq61g">violemment érupté en janvier 2022</a> a envoyé environ 150 millions de tonnes (soit l’équivalent de 60 000 piscines olympiques…) de vapeur d’eau <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2022GL099381">directement dans la stratosphère</a>, qui s’est depuis répartie tout autour de la terre. Les simulations numériques montrent que ceci contribuera à réchauffer légèrement la surface terrestre (l’eau étant un puissant gaz à effet de serre), bien qu’il soit encore difficile de dire de <a href="https://www.carbonbrief.org/tonga-volcano-eruption-raises-imminent-risk-of-temporary-1-5c-breach/">combien et sur quelle durée</a>.</p></li>
<li><p>Les gaz à effet de serre ont continué à s’accumuler, c’est le forçage radiatif qui domine tous les autres et conduirait déjà à une augmentation moyenne de +1,5 °C s’il n’y avait pas les aérosols pour tempérer un peu (-0,3 °C).</p></li>
<li><p>Depuis quelques années le contenu total en aérosol a tendance à diminuer, principalement car les véhicules polluent moins (ce qui est une bonne nouvelle !), c’est particulièrement le cas en Chine, en Europe de l’Ouest et aux États-Unis. Cette année, on observe aussi un moindre transport du sable du Sahara sur l’océan, qui d’habitude fait écran à la radiation solaire, ce qui explique en partie les températures élevées mesurées dans l’atlantique nord au début de l’été.</p></li>
<li><p>Après trois années en régime La Niña un évènement El Niño est en train de s’installer. À ce stade on ne sait pas encore s’il sera intense (comme en 2015-2017) ou modéré, et combien de temps il durera, mais on prévoit que les températures océaniques devraient être plus élevées pendant les 12-18 prochains mois par rapport aux trois années précédentes.</p></li>
</ul>
<h2>Tous les paramètres réunis pour des records de chaleur</h2>
<p>En conclusion, tous les paramètres sont réunis pour que nous battions des records de températures au cours des prochains 12-18 mois. Du coup, les 1,5 °C en moyenne globale, soit la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris sur le climat, pourrait être dépassés sans attendre 2030, avec les incidences sur les systèmes naturels et humains bien documentées dans le <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_Volume_french.pdf">rapport spécial du GIEC 2019</a>.</p>
<p>Une augmentation de 1,5 °C ne semble pas énorme, mais il faut se souvenir que 70 % de notre planète est couverte d’eau, qui a une inertie thermique supérieure à la terre et se réchauffe moins vite. De plus, le réchauffement est inégalement réparti et les hautes latitudes se réchauffent beaucoup plus vite que les tropiques, avec des pics de 4° attendus sur ces régions.</p>
<p>Est-on sûr que cela va se passer ? Non, mais la probabilité qu’on dépasse dès maintenant un seuil qu’on pensait atteindre <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/figures/summary-for-policymakers/figure-spm-8">entre 2025 et 2040</a> est importante. Comme les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, il faudrait que des phénomènes naturels soient à l’œuvre au cours des prochains mois pour contrecarrer la tendance prévue. </p>
<p>Par exemple si le phénomène El Niño s’avère moins puissant qu’envisagé, ou si un autre volcan envoyait du SO<sub>2</sub> massivement dans toute l’atmosphère, alors seulement dans ce cas de figure les records de températures pourraient ne pas être battus dès maintenant. À plus long terme, l’avenir nous dira quand les fluctuations naturelles domineront les contributions anthropiques pour expliquer les variations de température, selon l’efficacité des mesures prises dans le cadre des accords internationaux pour réguler le climat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210935/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathy Clerbaux a reçu des financements du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales, France) et du programme européen H2020 (ERC-advanced IASI-FT) pour financer les travaux de recherche de son équipe.</span></em></p>Avec la conjonction de phénomènes solaires, volcaniques et climatiques couplée aux émissions de gaz à effet de serre, tous les paramètres sont réunis pour que des records de température soient battus ces prochains mois.Cathy Clerbaux, Directrice de recherche au CNRS (LATMOS/IPSL), professeure invitée Université libre de Bruxelles, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2094402023-07-12T21:11:59Z2023-07-12T21:11:59ZLes océans surchauffent, voici ce que cela signifie pour l’humain et les écosystèmes du monde entier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/536655/original/file-20230710-34168-nnqgad.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C8%2C1805%2C1220&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les effets de la chaleur de l'océan indien sur les terres littorales. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://coralreefwatch.noaa.gov/product/5km/index_5km_sst.php">NOAA Coral Reef Watch</a></span></figcaption></figure><p>Depuis la mi-mars 2023, le mercure à la surface des océans <a href="https://climatereanalyzer.org/clim/sst_daily/">grimpe à des niveaux inégalés</a> en 40 ans de surveillance par satellite, et l’impact néfaste de cette surchauffe se ressent dans le monde entier.</p>
<p>La mer du Japon est plus chaude de 4 degrés Celsius par rapport à la moyenne. La mousson indienne, produit du fort contraste thermique entre les terres et les mers, a été bien <a href="https://www.aljazeera.com/news/2023/6/8/monsoon-reaches-indias-kerala-after-longest-delay-in-seven-years">plus tardive</a> que prévu.</p>
<p>L’Espagne, la France, l’Angleterre et l’ensemble de la péninsule scandinave ont enregistré des niveaux de précipitations <a href="https://joint-research-centre.ec.europa.eu/jrc-news-and-updates/severe-drought-western-mediterranean-faces-low-river-flows-and-crop-yields-earlier-ever-2023-06-13_fr">très inférieurs à la normale</a>, probablement en raison d’une vague de chaleur marine exceptionnelle dans l’est de l’Atlantique Nord. Les températures à la surface de la mer y ont été supérieures à la moyenne de 1 à 3 °C depuis la côte africaine jusqu’à l’Islande. </p>
<p>Et sur le continent européen, la vague de chaleur est actuellement insoutenable, tandis que l'on bat tous les records. </p>
<p>Que se passe-t-il donc ?</p>
<p><a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a> est en partie responsable. <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">Ce phénomène climatique</a>, qui se développe actuellement dans l’océan Pacifique équatorial, se caractérise par des eaux chaudes dans le centre et l’est du Pacifique, ce qui atténue généralement l’alizé, un vent régulier des tropiques. Cet affaiblissement des vents peut affecter à son tour les océans et les terres du monde entier.</p>
<p><iframe id="AOdoU" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/AOdoU/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Mais d’autres forces agissent sur la température des océans.</p>
<p>À la base de tout, il y a le réchauffement climatique, et la <a href="https://climate.nasa.gov/">hausse des températures</a> à la surface des <a href="https://images.theconversation.com/files/533088/original/file-20230621-16119-v4sxij.png">continents comme des océans</a> depuis plusieurs décennies du fait des activités humaines augmentant les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Le graphique montre les températures de surface de la mer ces 22 dernières années. L’année 2023 est nettement supérieure aux années précédentes" src="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les températures de surface de la mer sont nettement supérieures à la moyenne depuis le début de la surveillance par satellite. La ligne noire épaisse correspond à 2023. La ligne orange correspond à 2022. La moyenne 1982-2011 correspond à la ligne médiane en pointillés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://climatereanalyzer.org/clim/sst_daily/">ClimateReanalyzer.org/NOAA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La planète sort également de <a href="https://meteofrance.com/comprendre-climat/monde/el-nino-et-la-nina">trois années</a> consécutives marquées par La Niña, le phénomène météorologique inverse d’El Niño, et donc caractérisé par des eaux plus froides qui remontent dans le Pacifique équatorial. La Niña a un effet refroidissant à l’échelle mondiale qui contribue à maintenir les températures de surface de la mer à un niveau raisonnable, mais qui peut aussi masquer le réchauffement climatique. Lorsque cet effet de refroidissement s’arrête, la chaleur devient alors de plus en plus évidente.</p>
<p>La banquise arctique était également <a href="https://nsidc.org/arcticseaicenews/">anormalement basse</a> en mai et au début du mois de juin, un autre facteur aggravant pour le mercure des océans. Car la fonte des glaces <a href="https://oceanservice.noaa.gov/facts/sea-ice-climate.html">peut augmenter</a> la température de l’eau, du fait des eaux profondes absorbant le rayonnement solaire que la glace blanche renvoyait jusque-là dans l’espace.</p>
<p>Tous ces phénomènes ont des effets cascades visibles dans le monde entier.</p>
<h2>Les effets de la chaleur hors norme de l’Atlantique</h2>
<p>Au début du mois de juin 2023, je me suis rendue pendant deux semaines au <a href="https://www.norceresearch.no/en">centre pour le climat NORCE</a> à Bergen, en Norvège, pour y rencontrer d’autres océanographes. Les courants chauds et les vents anormalement doux de l’est de l’Atlantique Nord rendaient anormalement chaude cette période de l’année, où l’on voit normalement des pluies abondantes deux jours sur trois.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/secheresses-historiques-que-nous-enseignent-les-archives-190503">Sécheresses historiques : que nous enseignent les archives ?</a>
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<p>L’ensemble du secteur agricole norvégien se prépare désormais à une sécheresse aussi grave que celle de 2018, où les rendements ont été inférieurs de <a href="https://bg.copernicus.org/articles/17/1655/2020/">40 % par rapport à la normale</a>. Notre train de Bergen à Oslo a eu un retard de deux heures car les freins d’un wagon avaient surchauffé et que les températures de 32 °C à l’approche de la capitale étaient trop élevées pour leur permettre de refroidir.</p>
<p>De nombreux scientifiques ont émis des hypothèses sur les causes des températures anormalement élevées dans l’est de l’Atlantique Nord, et plusieurs études sont en cours.</p>
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<p>L’affaiblissement des vents a rendu particulièrement faible l’<a href="https://www.rts.ch/meteo/chronique/14076926-un-anticyclone-des-acores-a-la-peine.html">anticyclone des Açores</a>, un système de haute pression semi-permanent au-dessus de l’Atlantique qui influe sur les conditions météorologiques en Europe. De ce fait, il y avait <a href="https://atmosphere.copernicus.eu/what-saharan-dust-and-how-does-it-change-atmosphere-and-air-we-breathe">moins de poussière du Sahara</a> au-dessus de l’océan au printemps, aggravant ainsi potentiellement la quantité de rayonnement solaire sur l’eau. Autre facteur possible aggravrant la chaleur des océans : la diminution des émissions d’origine humaine d’<a href="https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/motscles/savoirPlus/aerosols.html">aérosols</a> (particules fines en suspension dans l’air) en Europe et aux États-Unis au cours des dernières années. Si cette baisse a permis d’améliorer la qualité de l’air, elle s’accompagne d’une réduction – encore peu documentée – de l’<a href="https://www.umr-cnrm.fr/spip.php?article924">effet de refroidissement</a> de ces aérosols.</p>
<h2>Une mousson tardive en Asie du Sud</h2>
<p>Dans l’océan Indien, El Niño a tendance à provoquer un réchauffement de l’eau en avril et en mai, ce qui peut <a href="https://hal.science/tel-01319603/">freiner la mousson indienne</a> dont l’importance est cruciale pour diverses activités.</p>
<p>C’est sans doute ce qui s’est passé avec une mousson <a href="https://www.reuters.com/world/india/indias-stalled-monsoon-gain-momentum-3-4-days-weather-officials-2023-06-20/">beaucoup plus faible</a> que la normale de la mi-mai à la mi-juin 2023. Ce phénomène risque de devenir un <a href="https://theconversation.com/inde-et-pakistan-se-preparer-a-des-canicules-encore-plus-intenses-183373">problème majeur</a> pour une grande partie de l’Asie du Sud, où la plupart des cultures sont encore irriguées par les eaux de pluie et donc fortement dépendantes de la mousson d’été.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme s’abritant sous un parapluie pour se protéger de la chaleur de Delhi" src="https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’Inde a connu des températures étouffantes en mai et juin 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/new-delhi-india-may-9-2022-2167051459">Shutterstock</a></span>
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<p>L’océan Indien a également connu cette année un <a href="https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230615-%C3%A0-l-approche-du-cyclone-biparjoy-plus-de-100-000-personnes-%C3%A9vacu%C3%A9es-en-inde-et-au-pakistan">cyclone intense</a> et lent dans la mer d’Oman, ce qui a privé les terres d’humidité et de précipitations pendant des semaines. Des études suggèrent que lorsque les eaux se réchauffent, les tempêtes ralentissent, gagnent en force et attirent ainsi l’humidité en leur cœur. Une série d’effets qui, à terme, peut priver d’eau les masses terrestres environnantes, et augmenter ainsi le risque de sécheresse, d’incendies de forêt comme de vagues de chaleur marines.</p>
<h2>En Amérique la saison des ouragans en suspens</h2>
<p>Dans <a href="https://theconversation.com/atlantic-hurricane-season-2023-el-nino-and-extreme-atlantic-ocean-heat-are-about-to-clash-204670">l’Atlantique</a>, l’affaiblissement des alizés dû à El Niño a tendance à freiner l’activité des ouragans, mais les températures chaudes de l’Atlantique peuvent contrebalancer cela en donnant un coup de fouet à ces tempêtes. Il reste donc à voir si, en persistant ou non l’automne, la chaleur océanique pourra l’emporter ou pas sur les effets d’El Niño.</p>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/el-nino-is-coming-and-ocean-temps-are-already-at-record-highs-that-can-spell-disaster-for-fish-and-corals-202424">vagues de chaleur marine</a> peuvent également avoir des répercussions considérables sur les écosystèmes marins, en <a href="https://theconversation.com/comment-le-rechauffement-risque-de-tuer-le-corail-48217">blanchissant</a> les récifs coralliens et en provoquant ainsi la mort ou le déplacement des espèces entières qui y vivent. Or les poissons dépendant des écosystèmes coralliens nourrissent un milliard de personnes dans le monde.</p>
<p>Les récifs des îles Galápagos et ceux situés le long des côtes de la Colombie, du Panama et de l’Équateur, par exemple, <a href="https://coralreefwatch.noaa.gov/">sont déjà menacés de blanchiment et de disparition</a> par le phénomène El Niño de cette année. Sous d’autres latitudes, en mer du Japon et en Méditerranée on constate également une perte de biodiversité au profit d’espèces invasives (les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10750-014-2046-7">méduses géantes</a> en Asie et les <a href="https://theconversation.com/en-mediterranee-linquietante-invasion-du-poisson-lion-predateur-redoutable-120782">poissons-lions</a> en Méditerranée) qui peuvent prospérer dans des eaux plus chaudes.</p>
<h2>Ces types de risques augmentent</h2>
<p>Le printemps 2023 a été hors norme, avec plusieurs événements météorologiques chaotiques accompagnant la formation d’El Niño et des températures exceptionnellement chaudes dans de nombreuses eaux du monde. Ce type de phénomènes et le réchauffement global des océans comme de l’atmosphère s’autoalimentent.</p>
<p>Pour diminuer ces risques, il faudrait mondialement réduire le réchauffement de base en limitant les émissions excessives de gaz à effet de serre, comme les combustibles fossiles, et <a href="https://biodiv.mnhn.fr/fr/news/rapport-de-synthese-du-giec-2023-resume-aux-decideurs">évoluer vers une planète neutre en carbone</a>. Les populations devront également <a href="https://www.un.org/fr/climatechange/climate-adaptation">s’adapter à un climat qui se réchauffe</a> et dans lequel les événements extrêmes sont plus probables, et apprendre à en atténuer l’impact.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209440/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Annalisa Bracco a reçu des financements de la National Science Foundation, la National Oceanic and Atmospheric Administration et du Department of Energy américain.
</span></em></p>Sécheresse en Europe, fonte des glaces, retardement de la mousson indienne, canicule océanique et réchauffement climatique. Tous ces phénomènes s’auto-alimentent.Annalisa Bracco, Professor of Ocean and Climate Dynamics, Georgia Institute of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1874112022-07-26T21:20:14Z2022-07-26T21:20:14ZDes données inédites sur les interactions entre les mégafeux et le phénomène El Niño<p>Les incendies de forêt sont un phénomène qui touche pratiquement tous les milieux végétalisés de la Terre depuis des millions d’années. Cependant, au cours des dernières décennies, la planète a connu une activité inédite en la matière, avec des dégâts immenses qui ont touché et touchent la Méditerranée, <a href="https://theconversation.com/comment-les-forets-de-yellowstone-se-sont-regenerees-apres-les-terribles-feux-de-1988-187312">l’Amérique du Nord</a> et du Sud, l’Asie du Sud-Est, <a href="https://theconversation.com/images-de-science-les-mega-feux-australiens-144592">l’Australie</a> et même la Sibérie.</p>
<p>Cette année 2022 témoigne déjà de l’impact d’incendies massifs : la superficie totale brûlée en Europe pour la saison des feux de 2022 serait déjà quatre fois supérieure à la moyenne (en prenant la période 2006-2021 comme référence), selon les données du <a href="https://effis.jrc.ec.europa.eu/">Système européen d’information sur les feux de forêt</a> (EFFIS).</p>
<p>En plus de causer des dommages directs aux écosystèmes et aux populations locales, les incendies de forêt entraînent l’émission d’énormes quantités de polluants dans l’atmosphère.</p>
<p>À l’échelle mondiale, les émissions dues aux feux de forêt <a href="https://theconversation.com/ou-sont-passees-les-400-millions-de-tonnes-de-co-rejetees-par-les-incendies-australiens-130323">perturbent le cycle du carbone</a> et induisent un intense <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/climate-forcing">forçage radiatif</a> ; ce terme désigne un déséquilibre dans le bilan radiatif terrestre, soit l’énergie reçue et perdue par le système climatique. Ces émissions influencent aussi la température, les nuages et les précipitations, et entraînent une dégradation de la qualité de l’air dont on estime qu’elle est responsable de 339 000 décès humains par an.</p>
<h2>Mieux prendre en compte les effets des incendies sur le climat</h2>
<p>Ces incendies de forêt représentent aujourd’hui l’un des processus les plus mal compris du système terrestre. Ce que l’on sait, c’est qu’en émettant des <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">gaz à effet de serre</a> et des aérosols (minuscules particules de fumée) affectant le rayonnement dans l’atmosphère, ils provoquent des perturbations du climat mondial comme régional.</p>
<p>Toutefois, l’ampleur de ces effets demeure très incertaine. Les modèles actuellement utilisés pour prédire l’évolution du climat – comme ceux sur lesquels s’appuient les rapports du <a href="https://www.ipcc.ch/">GIEC</a> – n’incluent pas de représentations des effets des incendies de forêt ou le font encore trop imprécisément.</p>
<p>En l’absence de modèles capables de représenter avec précision les influences du changement climatique sur les feux de forêt et, à leur tour, les influences de la pollution générée par les feux de forêt sur le climat – on parlera ici de « rétroactions feu-climat » – les prévisions du changement climatique à venir pourraient souffrir de biais importants.</p>
<h2>Les feux et le phénomène El Niño</h2>
<p>Les émissions dues aux incendies n’ont pas seulement le potentiel d’influencer le climat à long terme, elles peuvent également modifier les conditions météorologiques à court terme dans différentes parties du globe. Il s’agit là encore d’un sujet scientifique mal compris, malgré l’existence de quelques études.</p>
<p>Notre équipe de climatologues de Grèce et du Royaume-Uni a récemment conduit une <a href="https://centreforwildfires.org/news/simulations-show-large-human-made-wildfires-in-indonesia-impact-on-el-nino-weather/">série d’expériences</a> pour tenter d’apporter de nouveaux éléments de compréhension sur cette question.</p>
<p>Ces travaux ont porté sur un ensemble de simulations inédites incluant des événements marqués du phénomène <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a> ; ils ont permis de quantifier l’impact des émissions intenses provenant d’incendies de forêt au-dessus de l’Asie équatoriale lors d’épisodes marqués du phénomène El Niño au cours des dernières décennies.</p>
<h2>Des saisons sèches plus longues en Asie</h2>
<p>El Niño est un <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">phénomène qui modifie les régimes climatiques</a> dans la région du Pacifique, ainsi que d’autres régions du monde. L’une des conséquences de ces épisodes concerne notamment une saison sèche plus profonde et plus longue en Asie équatoriale. Les impacts sont très importants pour les sociétés de ces zones géographiques.</p>
<p>Lors des récents « grands » épisodes El Niño, comme en 1997 et 2015, ce phénomène s’est combiné à l’expansion du défrichage des terres agricoles, provoquant de vastes incendies dans des zones dominées par la présence de la tourbe. Ces incendies, qui comptent parmi les plus importants de la planète, attirent l’attention des scientifiques et des médias en raison de la couverture de fumée qu’ils produisent dans toute la région pendant plusieurs semaines ; ces épisodes ont un impact sur la santé de millions de personnes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="La fumée des feux de forêt plane sur la campagne" src="https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La saison des incendies 2015 en Indonésie a laissé derrière elle une traînée de fumée qui a atteint le monde entier.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nasaearthobservatory/23451153146">NASA/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<figcaption><span class="caption">L’air de Singapour pollué par les incendies en Indonésie (vidéo Euronews, septembre 2015).</span></figcaption>
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<p>La littérature s’est jusqu’à présent concentrée sur l’ampleur de ces émissions de fumée provoquées par El Niño et sur leurs graves répercussions sur la santé. Cependant, il y a eu étonnamment peu de recherches portant sur la rétroaction climatique imputable au forçage radiatif majeur provoqué à cette occasion.</p>
<p><a href="https://centreforwildfires.org/news/simulations-show-large-human-made-wildfires-in-indonesia-impact-on-el-nino-weather/">L’hypothèse des nouveaux travaux</a> est que ces émissions de fumées peuvent influencer de façon radicale les conditions atmosphériques dans le Pacifique occidental et donc modifier le développement du phénomène El Niño lui-même.</p>
<p>C’est la première fois que l’impact des émissions intenses de fumées au-dessus de l’Asie équatoriale sont étudiés dans le cadre de <a href="https://centreforwildfires.org/news/simulations-show-large-human-made-wildfires-in-indonesia-impact-on-el-nino-weather/">simulations climatiques d’une très grande complexité</a>. Celles-ci ont permis aux chercheurs de comparer le développement des événements El Niño avec et sans la présence d’importantes émissions de feux de friches en provenance d’Asie équatoriale ; la saison intense des feux de 1997 a été prise comme cas test.</p>
<h2>L’impact des feux de forêt sur El Niño</h2>
<p>Les résultats suggèrent que les émissions intenses de fumée entraînent un fort réchauffement de l’atmosphère inférieure au-dessus de l’Asie équatoriale, ce qui renforce la convection locale (mouvement ascendant de l’air), la quantité de nuages et les précipitations sur le continent maritime.</p>
<p>Cela a pour effet de déplacer la couverture nuageuse vers l’ouest dans le Pacifique et de renforcer considérablement la <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/walker-circulation">« circulation de Walker »</a>, qui est le schéma typique de circulation de l’air dans la basse atmosphère tropicale. Cela s’oppose à la circulation typique d’El Niño dans le Pacifique (qui correspond à un affaiblissement de la circulation de Walker) et entraîne une rétroaction négative sur l’événement El Niño lui-même.</p>
<p>Les chercheurs ont ainsi constaté que l’événement El Niño est affaibli d’environ 25 % en moyenne en raison des émissions de feux de forêt que l’événement El Niño lui-même produit.</p>
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<h2>Mieux prévoir les épisodes El Niño</h2>
<p>En plus d’être une indication de l’impact climatique que peuvent avoir ces saisons exceptionnelles d’incendies provoquées par El Niño en Indonésie, ces résultats ont également des implications claires pour la prévisibilité d’El Niño.</p>
<p>La prise en compte de l’impact des émissions accrues liées aux incendies de forêt pendant les grands événements El Niño peut influencer de manière significative la progression et l’intensité d’El Niño lui-même.</p>
<p>De manière plus générale, ces résultats ouvrent la voie à d’autres études de ce type pour examiner les implications de la pollution générée par les incendies sur la circulation atmosphérique, les précipitations et les températures, dans diverses régions du monde, à la fois sur des échelles de temps courtes (météo) et longues (climat).</p>
<p>L’amélioration des prévisions météorologiques et climatiques résultant d’une meilleure représentation des incendies de forêt dans les modèles devrait conduire à une prise de décision plus éclairée et à une meilleure qualité des informations météorologiques/climatiques disponibles tant pour les citoyens et que pour les acteurs économiques.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007 pour accélérer et partager les connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, le Fonds AXA pour la Recherche a soutenu près de 700 projets dans le monde entier, menés par des chercheurs originaires de 38 pays. Pour en savoir plus, consultez le site AXA Research Fund ou suivez-nous sur Twitter @AXAResearchFund.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187411/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthew Kasoar a reçu des financements du Leverhulme Trust, par l'intermédiaire du Leverhulme Centre for Wildfires, Environment and Society. Les capacités de modélisation climatique évoquées dans cet article ont été fournies par le Joint Weather and Climate Research Programme, un partenariat stratégique entre le Met Office britannique et le Natural Environment Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Apostolos Voulgarakis ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si les feux de forêt se multiplient, ils demeurent l’un des phénomènes les plus mal compris sur Terre. De nouvelles recherches montrent qu’ils peuvent perturber le climat régional et mondial.Apostolos Voulgarakis, AXA Chair in Wildfires and Climate Director, Laboratory of Atmospheric Environment & Climate Change, Technical University of CreteMatthew Kasoar, Research Associate at the Leverhulme Centre for Wildfires, Environment and Society, Imperial College LondonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1604252022-01-05T18:43:54Z2022-01-05T18:43:54ZLes océans bientôt dotés de jumeaux virtuels, pour quoi faire ?<p>De la bourrasque de vent ou de la vaguelette déferlante aux phénomènes climatiques globaux, l'océan et l'atmosphère sont en interaction à toutes les échelles. Ces échanges et rétroactions complexes et non linéaires sont depuis longtemps connus pour favoriser l'émergence de phénomènes téléconnectés et de désastres naturels – par exemple, l'influence de El Niño et La Niña sur des évènements météorologiques distribués sur l'ensemble de la planète. Ils jouent en permanence sur les aspects fondamentaux de la vie, l'évolution des espèces et l'écologie des systèmes.</p>
<p>En parallèle, l'activité humaine a crû au point de transformer directement le contenu et la redistribution thermique des océans avec des implications assez nettes sur sa capacité d'absorption du dioxyde de carbone et son acidification.</p>
<p>Cette modification du contenu et de la redistribution thermique des océans et son inertie pourront également affecter la fréquence des tempêtes, les distributions de leurs localisations et de leurs pistes privilégiées d'occurrence, leurs tailles, intensités et vitesses de déplacements.</p>
<p>Quoiqu’aux conséquences souvent observables et maintenant mieux quantifiées, ces variations demeurent difficiles à parfaitement modéliser et comprendre. S'il est admis que l'océan réagit et interagit en symbiose avec l'atmosphère, son avenir et l'évolution des équilibres du système climatique restent largement incertains. </p>
<p>Le lancement de <a href="https://fr.unesco.org/ocean-decade">la décennie de l'océan</a> en 2021 par les Nations unies, les espoirs fondés sur l'économie bleue et les volontés politiques de produire de l'innovation justifient donc le lancement de grandes initiatives nationales et internationales pour le développement de nouveaux outils, tels que la mise en place de jumeaux numériques.</p>
<h2>Modéliser et comprendre l'océan grâce au numérique</h2>
<p>Il est en effet tout naturel que le numérique tienne une place de choix dans ces nouvelles démarches. Les architectures futures doivent donner lieu à l'exploitation et la valorisation de toutes les sources potentielles d'observations, l'accès simplifié aux différents travaux de simulations numériques, et favoriser la mise en oeuvre de méthodes d'apprentissage profond et d'intelligence artificielle pour combiner données et modèles. Les jumeaux numériques futurs intégreront tous ces efforts, pour regrouper vite les informations sur l'état de l'océan, permettre visualisation et rapides évaluations, possiblement reconnaître des situations similaires dans les catalogues d'observations et/ou de simulations, afin de conforter et aider aux décisions.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1442414975549534212"}"></div></p>
<p>Ainsi, derrière ce mantra de « jumeaux numériques » se cachent des efforts variés de la part des producteurs de données, des chercheurs, des instances internationales… avec le développement d'outils plus ou moins sophistiqués visant à optimiser l'exploitation des capacités numériques croissantes, en matière de calculs intensifs ou de brassages de données. Combinés avec les masses d'observations et d'analyses déjà accumulées, les précisions et prévisions des modèles s'améliorent afin de mieux anticiper l'évolution de l'état de l'océan, c'est-à-dire des contenus en chaleur, sel et niveau d'oxygène ou du degré d'acidification.</p>
<p>Cela demeure toutefois souvent insuffisant, avec un horizon de prévisions fiables encore trop proche. Aujourd'hui, le vœu est de fournir la description de l'océan la plus cohérente possible et aux plus hautes résolutions spatio-temporelles nécessaires, pour des objectifs et applications en temps quasi réels jusqu'aux prédictions climatiques à long terme.</p>
<h2>Favoriser la coopération internationale sur les océans</h2>
<p>Il faut savoir qu'il y a encore peu d'années, les données marines étaient souvent difficiles à trouver, accessibles uniquement grâce à des conventions particulières et ne bénéficiant pas de protocoles d'accès garantis et de formats homogènes. Ces obstacles sont maintenant largement levés grâce à des protocoles qui assurent la diffusion et les échanges de données.</p>
<p>Cela permet d'homogénéiser la qualité et les méthodes, ce qui facilite la coopération entre les grands centres internationaux, couvrant à la fois la définition des instruments futurs, la définition optimale de nouveaux réseaux d'observations et l'intégration et la diffusion de données et analyses (entre les différents centres d'observation, CNES, ESA, NASA, JAXA, Météo-France, ECMWF, NOAA, JAMSTEC, Ifremer, etc.). </p>
<h2>Outils précieux pour les chercheurs et les citoyens</h2>
<p>Les jumeaux numériques doivent se consolider avec ces capacités accrues pour exploiter conjointement l'ensemble des jeux de données, et utiliser plus efficacement des ensembles de simulations numériques et l'assimilation des observations. Les plateformes jumeaux numériques favoriseront et renforceront les travaux des jeunes générations de chercheurs pour mieux répondre aux questions scientifiques majeures : en particulier, elles permettront d'améliorer l'horizon de prédiction des modèles pour construire des projections à plusieurs mois et années.</p>
<p>Cela doit également encourager des analyses et des prises de décisions plus locales, possiblement citoyennes, ou encore la définition de services mieux ciblés par l'utilisation de ces ensembles de données nationales, européennes et internationales. Tout cela s'articulant avec de grandes initiatives comme <a href="https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/destination-earth">Destination Earth</a>, à l'échelle européenne, pour développer les nécessaires infrastructures numériques (calcul, stockage, réseaux…).</p>
<p>L'augmentation du réalisme et de la précision des simulations et prévisions numériques, fondées principalement sur la résolution de systèmes d'équations pouvant décrire les évolutions spatio-temporelles des variables sous l'influence de forçages divers, permettra les utilisations plus directes des observations et de méthodes d'intelligence artificielle. </p>
<p>Reconnaissance de récurrences et enchaînements dynamiques, évaluations d'analogies dans les situations passées, identification ou inférence de précurseurs, seront, en autre, les éléments essentiels pour construire et améliorer les nouveaux outils statistiques et contribuer à mieux exploiter les couples données-modèles. </p>
<h2>Appréhender des questions plus complexes</h2>
<p>Les méthodologies d'intelligence artificielle émergent effectivement rapidement pour améliorer largement les modes traditionnels de prévisions, corrections des biais et sensibilités aux conditions initiales.</p>
<p>Ainsi, ces jumeaux numériques doivent-ils contribuer à aborder conjointement des questions plus complexes, relatives aux évolutions jointes des propriétés physiques, chimiques, géologiques et biologiques des océans, sous les contraintes environnementales et socio-économiques des activités humaines.</p>
<p>On citera l'occurrence, l'intensité et la distribution des efflorescences algales d'origine naturelle ou amplifiées par des pollutions terrestres, restent des questions encore mal comprises et difficiles à résoudre. Pour exemple, l'extension et l'évolution de la grande ceinture des sargasses de l'Atlantique : des proliférations locales extrêmes sont aujourd'hui observées, empêchant la lumière de pénétrer et limitant l'oxygène disponible, affectant le développement des organismes marins et également les activités touristiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1112839651642015744"}"></div></p>
<p>À l'avenir, les jumeaux numériques auront donc pour vocation de servir les développements d'approches interdisciplinaires, incluant sciences dures, sociales, économiques et juridiques, facilitant les constructions des outils nécessaires aux aides aux décisions, par exemple sur les pollutions pétrochimiques ou encore les déchets plastiques, ou pour définir des sanctuaires marins.</p>
<p>Ouverts et partagés, ces jumeaux numériques seront les instruments capables d'identifier les altérations majeures, évaluer les causes et scénariser les conséquences. Cela contribuera à définir des stratégies pour contrer ou atténuer les dépassements de seuils les plus dévastateurs, afin d'assurer au mieux la pérennité des espaces maritimes.</p>
<h2>Jumelles numériques pour scruter l’océan</h2>
<p>Avec ces objectifs principaux, les jumeaux numériques Océan vont se constituer d'un ensemble de méthodes et de simulations pour que scientifiques ou citoyens puissent réaliser et tester divers scénarios, avec des retours d'expériences encore mieux pris en compte, telles les apparitions et évolutions de conditions environnementales inhabituelles ou amplifiées – comme les sargasses aux Antilles.</p>
<p>De manière collective et possiblement participative, les différents éléments de surveillance et suivi des habitats marins seront intégrés, intensifiant les échanges et retours d'expériences afin d'améliorer outils et méthodes d'analyse des impacts et augmenter les horizons des prévisions, principalement pour les évènements les plus extrêmes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1351433243816550400"}"></div></p>
<p>Pour imager le propos, ce sont donc plutôt des jumelles numériques qui seront élaborées, disponibles pour tous et effectivement dédiées à mieux détecter et scruter certains effets locaux associés à un enchaînement de causes, pas forcément toutes d'origines locales. </p>
<p>Même avec le bénéfice des outils de simulations et de l'intégration de l'ensemble de données toujours de meilleures qualités, cela reste un pari, nécessaire, mais encore très ambitieux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160425/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bertrand Chapron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Modéliser les mouvements océaniques avec toujours plus de précision nous permettra d’anticiper à court et plus long terme son avenir et les phénomènes associés.Bertrand Chapron, Docteur en mécanique des fluides, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/684482017-01-17T21:10:03Z2017-01-17T21:10:03ZPrévoir les changements climatiques à 10 ans, le nouveau défi des climatologues<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/152939/original/image-20170116-22302-zgfzen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le climat à la loupe. </span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2017, qui se tient du 7 au 15 octobre, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr">Fetedelascience.fr</a>.</em> </p>
<hr>
<p>Un an après l’<a href="https://theconversation.com/laccord-de-paris-ou-le-choix-de-la-methode-douce-52597">Accord de Paris</a>, l’objectif est plus que jamais de mettre en œuvre la réduction drastique et rapide des émissions de <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">gaz à effet de serre</a>, responsables du réchauffement du climat. L’urgence de l’action, enfin reconnue par tous les pays, vient de ce qu’au rythme actuel (plus de 45 milliards de tonnes de CO<sub>2</sub> par an), les émissions cumulées engendreraient un réchauffement de 2 °C dans 20 ans seulement.</p>
<p>Une telle action internationale demande d’abord des outils de suivi : mesure des émissions, mesure du CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère, mesure des échanges avec les puits de carbone que sont l’océan et la biosphère continentale. Elle demande également de prévoir l’évolution du climat dans les prochaines décennies.</p>
<p>Ce dernier point est un véritable défi car les variations « naturelles » du climat se superposent à la tendance due aux émissions engendrées par les activités humaines. Et, de la même façon que l’arrivée du printemps n’est pas linéaire – elle se fait à travers une alternance de jours plus chauds (anticyclones) et plus froids (dépressions) de laquelle émerge peu à peu l’effet de l’ensoleillement qui augmente – le réchauffement du climat ne l’est pas non plus (voir la figure ci-dessous).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=586&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=586&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149844/original/image-20161213-1596-2rjybr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=586&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution de la température moyenne annuelle de la Terre de 1880 à 2014. La courbe en rouge est une moyenne glissante de cinq ans et fait ressortir les variations décennales du climat.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Source NOAA</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les variations décennales du climat</h2>
<p>Les climatologues connaissent de mieux en mieux l’origine de ces variations « naturelles » internes au climat : d’une année sur l’autre, ce peut être l’alternance des phénomènes <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño/La Niña</a> dans l’océan Pacifique ou celle d’anomalies chaudes et froides de part et d’autre de l’océan Indien ; d’une décennie sur l’autre, cela peut être l’alternance entre une phase chaude et une phase froide de l’oscillation décennale de l’Atlantique Nord ou de celle du bassin Pacifique (voir la figure ci-dessous).</p>
<p>Une constante cependant : ces variations à l’échelle de quelques années à quelques décennies – les climatologues parlent de variations « décennales » – font intervenir l’océan. Grâce à son importante capacité calorifique – l’océan se réchauffe à la fois moins vite et plus longtemps que l’atmosphère par exemple – il peut stocker l’essentiel de la chaleur liée aux variations du climat.</p>
<p>À titre de comparaison, les 70 kilomètres de la colonne atmosphérique contiennent autant d’énergie que les deux premiers mètres de l’océan. Ce dernier faisant en moyenne 4000 mètres de profondeur, on comprend dès lors que 93 % de la chaleur additionnelle due aux activités humaines y soit stockée. De la même façon, cette gigantesque capacité calorifique joue un rôle tampon pour les variations du climat.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149848/original/image-20161213-1594-16i8aim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149848/original/image-20161213-1594-16i8aim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149848/original/image-20161213-1594-16i8aim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149848/original/image-20161213-1594-16i8aim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149848/original/image-20161213-1594-16i8aim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149848/original/image-20161213-1594-16i8aim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149848/original/image-20161213-1594-16i8aim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149849/original/image-20161213-1594-1sacv8p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149849/original/image-20161213-1594-1sacv8p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149849/original/image-20161213-1594-1sacv8p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149849/original/image-20161213-1594-1sacv8p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149849/original/image-20161213-1594-1sacv8p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149849/original/image-20161213-1594-1sacv8p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149849/original/image-20161213-1594-1sacv8p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’oscillation décennale de l’Atlantique Nord. a) Structure spatiale qui montre un maximum de variation au sud du Groenland. b) Évolution de l’indice de l’AMO de 1870 à 2010. La période d’indice négatif dans les années 1970-1980 correspond à une sécheresse marquée au Sahel.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Distinguer les types de variations</h2>
<p>Ces modulations décennales naturelles et internes au climat sont relativement faibles à l’échelle de la planète : elles se traduisent par quelques dixièmes de degré sur la température globale. Néanmoins, elles peuvent contrecarrer pour quelque temps (10-15 ans) le réchauffement dû aux émissions de gaz à effet de serre provoquées par les activités humaines.</p>
<p>C’est pourquoi les acteurs de la gouvernance climatique mondiale ont absolument besoin de connaître ces évolutions pour pouvoir ajuster leurs actions.</p>
<p>Prenons un exemple : si les oscillations naturelles du climat tendent vers un refroidissement, nous pourrons alors avoir l’impression que nos actions de limitation du réchauffement climatique portent leurs fruits plus rapidement que prévu et, du coup, relâcher nos efforts. Inversement, si les variations naturelles tendent vers un réchauffement, nous pourrons avoir l’impression que nos actions sont sans effet et, du coup, soit les abandonner, soit les intensifier inutilement.</p>
<h2>Des prévisions essentielles pour les sociétés</h2>
<p>Au-delà des négociations des <a href="https://theconversation.com/cop-50019">COP</a>, anticiper ces variations décennales du climat a un intérêt très marqué au niveau économique et social. On pense, par exemple, à la <a href="https://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/178-sahel-une-secheresse-persistante">sécheresse persistante du Sahel</a> dans les années 1970-1980 qui a été attribuée à une phase froide l’oscillation décennale de l’Atlantique Nord (voir la figure ci-dessus). Anticiper la prochaine phase froide représente dès lors un enjeu fondamental pour que les sociétés concernées puissent s’organiser.</p>
<p>De la même façon, les producteurs d’énergie souhaitent connaître les investissements qu’ils pourront faire pour les 20 années à venir. Cela concerne, par exemple, la disponibilité en eau pour de futurs barrages, le débit des rivières pour le refroidissement des centrales nucléaires à implanter ou encore l’évolution des vents moyens pour l’énergie éolienne.</p>
<p>Pour répondre à ces attentes, le <a href="https://www.wcrp-climate.org/">Programme mondial de recherches sur le climat</a> a initié la mise en place de services climatiques, dont la faisabilité scientifique, technique et sociale est en cours d’exploration. Un <a href="http://misva.sedoo.fr">service pilote</a> dédié à l’agriculture a ainsi vu le jour en Afrique de l’Ouest.</p>
<p>Grâce à cette capacité d’anticipation plus fine que les projections basées sur le seul effet des émissions dues aux activités humaines, les prévisions décennales pourront aider à la prise de décision concernant l’adaptation au changement climatique. Elles pourront ainsi permettre d’identifier les régions qui auront besoin d’aide en premier pour affronter les changements climatiques.</p>
<p>Mais si ces besoins sociaux et économiques sont clairs, la prévision décennale n’est pas encore opérationnelle, au sens où le sont aujourd’hui les prévisions météorologiques et saisonnières.</p>
<p>Pour des prévisions climatiques à l’échelle de la décennie, les chercheurs doivent relever trois défis : comprendre les mécanismes à l’œuvre, les observer et les modéliser.</p>
<h2>Comprendre les variations internes et externes</h2>
<p>Le premier défi consiste donc à comprendre les origines de ces variations décennales du climat, qu’elles soient internes ou externes. Nous avons déjà décrit les sources de variabilité interne (comme l’oscillation décennale de l’Atlantique Nord ou du bassin Pacifique).</p>
<p>Si ces phénomènes internes sont difficiles à comprendre – ils font intervenir des processus physiques complexes, à grande échelle d’espace et de temps, pour lesquels les observations directes font souvent défaut –, ils sont néanmoins essentiels car potentiellement prévisibles, ce qui n’est pas le cas des sources externes.</p>
<p>Les variabilités naturelles externes sont dues aux éruptions volcaniques et aux variations du soleil. Lors d’une éruption volcanique, les poussières et gaz éjectés restent dans la haute atmosphère (la stratosphère) pendant plusieurs mois : cela provoque un « effet parasol » qui limite le rayonnement solaire, entraînant un refroidissement global mais temporaire du climat. En 1991, l’éruption du Pinatúbo avait ainsi <a href="http://www.insu.cnrs.fr/node/5428">entraîné un refroidissement</a> de près de 0,5 °C pendant 6 mois.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/150117/original/image-20161214-5942-101uml9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/150117/original/image-20161214-5942-101uml9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=529&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/150117/original/image-20161214-5942-101uml9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=529&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/150117/original/image-20161214-5942-101uml9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=529&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/150117/original/image-20161214-5942-101uml9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=665&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/150117/original/image-20161214-5942-101uml9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=665&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/150117/original/image-20161214-5942-101uml9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=665&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Pinatubo, juste après l’explosion principale du 15 juin 1991.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pinatubo#/media/File:Pinatubo_ash_plume_910612.jpg">Wikimédia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’échelle décennale, les variations du soleil sont essentiellement dues au cycle des taches solaires. Outre une fréquence observée de 11 ans relativement stable, il existe des périodes de plus faible activité solaire qui peuvent durer plusieurs décennies. Le <a href="https://www.unifr.ch/geoscience/geographie/ssgmfiches/glacier/2406.php">petit âge glaciaire</a> du XVII<sup>e</sup> siècle est, par exemple, probablement dû à la conjonction d’une forte activité volcanique et d’une absence de taches solaires.</p>
<p>L’autre source de variations externes du climat est liée à l’activité humaine et concerne notamment les émissions de gaz à effet de serre ; ces dernières sont continues, de même que leur effet climatique. Il y a aussi les émissions de poussières (en particulier celles générées par l’exploitation du charbon) qui ont, elles, connu d’importantes variations.</p>
<p>Au cours de l’après-guerre, par exemple, on a constaté une forte augmentation de l’utilisation du charbon et par conséquent des émissions de poussières entraînant « l’effet parasol » ; ce phénomène est ainsi venu contrecarrer le réchauffement lié aux émissions de gaz à effet de serre des années 1950-1960. À l’inverse, dans les années 1970, les lois sur la qualité de l’air instaurées aux États-Unis et en Europe ont contribué à l’accélération du réchauffement en limitant drastiquement ces émissions « refroidissantes » (voir la première figure).</p>
<h2>Observer et reconstruire</h2>
<p>Le second défi concerne les observations, essentielles pour comprendre ces variations. Or nous n’avons que peu d’observations avec le recul temporel suffisant, en particulier au niveau de l’océan dont le rôle est central.</p>
<p>La <a href="http://www.climat-en-questions.fr/reponse/observation-climat/connaitre-levolution-passee-climat-par-elsa-cortijo-valerie-masson-0">« reconstruction » du passé</a> est donc une activité de recherche très active. Le travail d’enquête des chercheurs va de l’utilisation d’indicateurs indirects du climat – comme les archives environnementales (stalagmites, cernes de croissance des arbres, coraux, coquillages…) et historiques – à l’utilisation de modèles numériques du climat contraints par les quelques observations dont nous disposons depuis 100 ans.</p>
<p>Les observations de l’océan, acteur clé du climat, sont également essentielles. Mais son opacité, qui fait qu’on ne peut pas observer ses profondeurs depuis la surface, oblige à mener ces observations in situ, soit en campagne en mer avec un bateau océanographe, soit en déployant des réseaux de bouées automatiques (on pense au réseau Argo) ; soit encore par satellite pour certaines mesures, comme la température de surface de la mer ou le niveau de la mer. Cette difficulté technique explique pourquoi nous avons peu de données, en particulier dans les régions éloignées comme le Pacifique sud ou l’océan circumpolaire Antarctique.</p>
<h2>Modéliser pour « simuler » le climat</h2>
<p>Le troisième défi concerne la modélisation du climat pour l’horizon décennal, qui s’appuie sur la compréhension des mécanismes et les observations.</p>
<p>La modélisation du climat représente une entreprise titanesque qui a commencé à la fin des années 1960 avec l’arrivée des premiers ordinateurs. Il s’agit en effet de résoudre les équations des écoulements fluides sur toute la planète, en 3 dimensions et avec le plus de détails possibles : le nombre d’opérations à réaliser est gigantesque et seuls les plus puissants supercalculateurs peuvent simuler le climat dans toute sa complexité.</p>
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<figcaption><span class="caption">La modélisation du climat (csipsl, 2013).</span></figcaption>
</figure>
<p>Du fait des propriétés chaotiques de la circulation de l’atmosphère et de l’océan, il faut en outre de nombreuses simulations qui diffèrent très légèrement dans leur état initial pour explorer la distribution des futurs possibles. C’est pourquoi les prévisions décennales seront d’abord probabilistes comme le sont les prévisions saisonnières et météorologiques aujourd’hui. Il faut en effet se souvenir que quand Météo-France nous dit qu’il va pleuvoir demain, c’est que 80 simulations de prévision sur 100 le montrent. Mais il se peut qu’il ne pleuve pas !</p>
<p>Il apparaît donc aujourd’hui essentiel d’établir des ponts entre les scientifiques qui mettent au point les prévisions décennales (et qui en connaissent les limites) et les utilisateurs futurs (qui connaissent le risque que fait courir l’aléa climatique sur leur activité). C’est tout l’enjeu des services opérationnels en cours d’élaboration partout dans le monde ; ces derniers ont pour ambition de transformer ces prévisions en facteur de risque pour de nombreux secteurs et, in fine, en outil d’aide à la décision.</p>
<hr>
<p><em><a href="http://cerfacs.fr/annuaire/cassou/">Christophe Cassou</a> du <a href="https://theconversation.com/institutions/cerfacs-2810">Cerfacs</a> est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68448/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Guilyardi a reçu des financements du CNRS, de l’Union européenne, de l’Agence nationale de la recherche, du Belmont Forum, de l’Université de Reading et du NERC britannique. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Juliette Mignot a reçu des financements du CNRS, de l’Union européenne, de l’Agence nationale de la recherche et de l’IRD.
</span></em></p>Pour s’adapter aux changements climatiques à venir, des prévisions plus fines que les projections basées sur le seul effet des émissions générées par l’homme, sont aujourd’hui nécessaires.Éric Guilyardi, Directeur de recherches au CNRS et à l’Université de Reading (Grande-Bretagne), Laboratoire d’océanographie et du climat, Institut Pierre-Simon Laplace, Sorbonne UniversitéJuliette Mignot, Océanographe à l’IRD, membre du laboratoire LOCEAN, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/646352016-09-02T04:38:38Z2016-09-02T04:38:38Z2016, toujours plus chaud<p>La vague de chaleur tardive qui vient de traverser la France s’inscrit dans le contexte d’une année 2016 relativement chaude jusqu’à présent, indiquent les observations de Météo-France. Et l’on note, d’autre part, que la température moyenne du globe est nettement repartie à la hausse depuis 2014.</p>
<p>Le 21 juillet dernier, une température de 54 °C a été relevée à Mitribah au Koweït. Si les conditions d’observation sont validées par l’<a href="http://public.wmo.int/en">Organisation météorologique mondiale</a>, il pourrait s’agir de la température la plus élevée jamais observée en Asie. Non loin de là, dans le sud-est de l’Irak, une température de 53,9 °C était mesurée, établissant un nouveau record national.</p>
<p>Ces températures exceptionnelles sont emblématiques de juillet 2016 qui, selon L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique <a href="http://www.noaa.gov/">(NOAA)</a>, est le mois de juillet le plus chaud qu’ait connu la planète depuis le début des mesures en 1880, à 0,87 °C au-dessus de la moyenne du XX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Comme le mois de juillet est en moyenne le mois de l’année où la température mondiale est la plus chaude, il s’agit même de la température mensuelle la plus élevée jamais observée tous mois confondus.</p>
<h2>Multiplication des vagues de chaleur</h2>
<p>La NOAA conclut encore que la température moyenne mondiale sur la période janvier-juillet n’a jamais été aussi élevée que cette année. À l’échelle des continents, c’est vrai également pour l’Asie, l’Océanie et l’Amérique du nord. Pour l’Afrique et l’Europe, la température moyenne sur janvier-juillet 2016 se situe respectivement en 2<sup>e</sup> et 3<sup>e</sup> position. Les records pour ces deux continents sont très récents puisqu’ils ont été établis au cours des années 2010.</p>
<p></p>
<p>Les événements chauds ont été nombreux depuis le début de l’année à travers le globe, parmi lesquels des températures anormalement élevées sur l’Arctique jusqu’au mois de mai, et des vagues de chaleur exceptionnelles sur la <a href="http://www.meteofrance.fr/actualites/35905150-asie-vague-de-chaleur-exceptionnelle">péninsule indochinoise</a> en avril et en <a href="http://www.meteofrance.fr/actualites/37533426-vague-de-chaleur-en-europe-de-l-est-et-en-turquie">Turquie et Europe de l’est en juin</a>.</p>
<p>En 2016, certaines régions ont cependant connu des vagues de froid, comme une grande partie de l’est de l’Asie au mois de janvier, avec même des <a href="https://www.theguardian.com/world/2016/jan/25/deaths-japan-taiwan-snow-ice-chaos-asia">records absolus pour 24 stations météorologiques chinoises</a>.</p>
<h2>Records de chaleur à répétition</h2>
<p>Les quatre courbes ci-dessous représentent l’anomalie de la température planétaire sur la période 1880-2016 par rapport à la période de référence 1901-2000, selon quatre jeux de données.</p>
<p>Ces jeux peuvent différer de quelques centièmes de °C, selon les données prises en compte. Par exemple, les scientifiques Kevin Cowtan (université de York) et Robert Way (université d’Ottawa)
<a href="http://www-users.york.ac.uk/%7Ekdc3/papers/coverage2013/series.html">intègrent l’Arctique</a> dans leurs analyses, contrairement à la <a href="http://www.ncdc.noaa.gov/monitoring-references/faq/anomalies.php">NOAA</a>.</p>
<hr>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/135948/original/image-20160830-28235-12i3h6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/135948/original/image-20160830-28235-12i3h6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/135948/original/image-20160830-28235-12i3h6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/135948/original/image-20160830-28235-12i3h6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/135948/original/image-20160830-28235-12i3h6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/135948/original/image-20160830-28235-12i3h6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/135948/original/image-20160830-28235-12i3h6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Anomalie de la température moyenne globale annuelle estimée selon 4 jeux de données : <a href="http://www.ncdc.noaa.gov/monitoring-references/faq/anomalies.php">NOAA</a>, <a href="https://crudata.uea.ac.uk/cru/data/temperature/">HadCRUT4</a>, <a href="http://www-users.york.ac.uk/%7Ekdc3/papers/coverage2013/series.html">Cowtan & Way</a> et <a href="http://data.giss.nasa.gov/gistemp/">GISTEMP</a>, par rapport à la moyenne du XX<sup>e</sup> siècle (1901-2000). Les valeurs sont fournies sur la période 1880-2015, et une estimation pour 2016 a été ajoutée au jeu de la NOAA.</em></p>
<hr>
<p><br>
Malgré une moins bonne couverture de la planète par les instruments de mesure en début de période, les différents jeux de données montrent un très bon accord. L’année 2015 a été la plus chaude depuis le début de la période commune d’observations (1880), battant nettement le record précédent établi… en 2014 ! Depuis 1998, le record de température est battu en moyenne tous les 4 à 5 ans.</p>
<h2>Quelle température moyenne en 2016 ?</h2>
<p>Tentons d’estimer, avec les observations dont nous disposons jusqu’à présent, quelle pourrait être la température moyenne mondiale pour l’année 2016.</p>
<p>Quel que soit le jeu de données utilisé, la température moyenne annuelle ne s’écarte jamais de plus de 0,11 °C de la température mesurée sur les 7 premiers mois de l’année.</p>
<p>Selon les données de la NOAA, la température moyenne pour la période janvier-juillet 2016 a été 1,03 °C plus élevée que pour le XX<sup>e</sup> siècle. On peut donc conclure que la température moyenne mondiale de 2016 devrait se situer entre 0,92 et 1,14 °C au-dessus de la moyenne du XX<sup>e</sup> siècle. En d’autres termes, il est probable que 2016 batte le record de 2015 (0,90 °C).</p>
<p>Pour autant, dès l’automne 2015, les climatologues s’attendaient à ce que 2016 soit l’une des années les plus chaudes jamais observées, voire la plus chaude. Le coupable ? Le phénomène <a href="http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/comprendre-le-climat-mondial/el-ninola-nina">El Niño</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Décryptage vidéo du phénomène El Niño (Le Temps, 2015).</span></figcaption>
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<p>Ce dernier se produit de manière irrégulière, tous les 2 à 7 ans, et se traduit notamment par un réchauffement de l’océan Pacifique équatorial à partir d’avril/mai ; ses effets culminent vers la fin de l’année pour décroître lentement, puis disparaître vers le milieu de l’année suivante.</p>
<p>Le cycle de vie d’El Niño s’étale donc sur 2 années consécutives au cours desquelles la température du globe connaît un accès de fièvre. C’est la conjonction du réchauffement planétaire de long terme et d’El Niño qui explique le record de 2015 et celui, probable, de 2016.</p>
<h2>Action de l’homme et variabilité climatique</h2>
<p>Parmi les 15 années les plus chaudes sur la planète depuis le début des observations, 13 ont eu lieu depuis l’an 2000.</p>
<p>Une <a href="http://www.nature.com/articles/srep19831">étude récente</a> a montré qu’une telle multiplication d’années chaudes n’a qu’une chance sur 10 000 de se produire dans un climat « stable », c’est-à-dire sans changement climatique de long terme. Or, aucun facteur naturel n’a suffisamment évolué depuis le début des observations pour modifier significativement le climat sur le long terme.</p>
<p>Cette étude montre donc qu’il est extrêmement improbable que le climat de la planète ait changé sans action de l’homme. La modélisation climatique, qui repose sur les lois de la physique, permet une approche différente.</p>
<figure> <img src="http://www.climate-lab-book.ac.uk/files/2016/05/spiral_optimized.gif"><figcaption>Le réchauffement climatique en 30 secondes grâce au GIF créé par le scientifique Ed Hawkins.</figcaption></figure>
<p>Ainsi, le <a href="http://ipcc.ch/">Giec</a> concluait dans son 5<sup>e</sup> rapport d’évaluation <a href="http://ipcc.ch/report/ar5/wg1/">de 2013</a> que les modèles climatiques ne peuvent pas représenter le réchauffement récent sans prendre en compte l’augmentation des gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère du fait des activités humaines.</p>
<p>En d’autres termes, l’essentiel de la tendance au réchauffement d’environ 1 °C observée depuis le début du XX<sup>e</sup> siècle s’explique par l’action de l’homme. Ce réchauffement s’accompagne d’une augmentation du nombre de jours chauds et d’une diminution du nombre de jours froids depuis 1950.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>La nécessité de limiter le réchauffement climatique est maintenant bien identifiée, et s’est traduite en particulier par l’<a href="https://theconversation.com/cop21-ce-quil-faut-retenir-de-laccord-de-paris-52257">Accord de Paris</a> obtenu à l’issue de la COP21 en décembre 2015.</p>
<p>Cet accord incite notamment à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C au-dessus du niveau préindustriel, reconnaissant que cela réduirait largement les risques et les impacts du changement climatique. »</p>
<p>Dans la foulée de cet accord, le Giec a également été invité à préparer un « <a href="https://www.ipcc.ch/report/sr15/">rapport spécial</a> en 2018 sur les impacts d’un réchauffement de 1,5 °C et les évolutions d’émissions de gaz à effet de serre correspondantes ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Une carte interactive des émissions de CO₂ depuis le début de la révolution industrielle (Aurélien Saussay, 2015).</span></figcaption>
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<p>En assimilant les 20 premières années d’observation de la NOAA (1880-1899) à l’ère préindustrielle, l’année 2015 se situait déjà à près de 1,1 °C de réchauffement. Toujours en 2015, la concentration de dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) dans l’atmosphère, qui était d’environ 285 ppm (partie par million en volume ; 1 ppm de gaz à effet de serre représentant 1 cm<sup>3</sup> dans 1 m<sup>3</sup> d’air) en 1850, a passé le cap symbolique des 400 ppm. Cette hausse se poursuit actuellement.</p>
<p>Même dans le scénario où les émissions humaines de CO<sub>2</sub> tombent à zéro dès 2060, il faut s’attendre à ce que la température du globe se réchauffe d’environ 1 °C supplémentaire d’ici à la fin du siècle, soit au total 2 °C de plus que le niveau préindustriel. De toute évidence, <a href="https://theconversation.com/limiter-le-rechauffement-de-la-planete-a-1-5-c-la-question-qui-brule-59507">limiter le réchauffement à 1,5 °C</a>, mais aussi nous adapter à des conditions potentiellement plus chaudes, représente un immense défi auquel nous ne pourrons nous soustraire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/64635/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pour ses recherches sur le climat, David Salas y Mélia a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche, de l’Institut national des sciences de l’univers (CNRS) et de la Commission européenne.</span></em></p>Les températures moyennes mondiales poursuivent leur hausse et 2016 est en bonne position pour briser le record de 2015 comme année la plus chaude jamais observée.David Salas y Mélia, Climatologue, chercheur au Centre national de recherches météorologiques, Météo FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/604152016-06-17T04:36:45Z2016-06-17T04:36:45ZLa prévention, seule arme efficace contre les méga-incendies en Indonésie<p>L’incendie géant qui a ravagé près de 600 000 hectares de forêts dans la région de Fort McMurray au Canada a suscité une émotion partagée dans le monde par ses ravages écologiques et les déplacements massifs de population qu’il a entraînés. Aujourd’hui, les émanations de gaz toxiques et la forte présence de particules dans l’air retardent encore le retour de près de 10 000 habitants.</p>
<p>S’ils trouvent souvent leur origine dans des phénomènes naturels (foudre, sècheresse), certains de ces incendies géants sont aussi d’origine anthropique ; ils peuvent parfois résulter d’un mélange des deux, comme en Australie ou en Indonésie.</p>
<p>Devant l’impact considérable de ces catastrophes, naturelles ou non, et le gigantisme des surfaces en jeu, les moyens de lutte même les plus sophistiqués semblent dérisoires. C’est sur la prévention que doivent converger les efforts de recherche et les politiques publiques de gestion des espaces naturels, agricoles et industriels.</p>
<h2>Récurrence inquiétante en Indonésie</h2>
<p>En Indonésie, pays tropical technologiquement moins avancé que le Canada et géographiquement plus fragmenté (on y compte 13 000 îles), les incendies géants <a href="http://blog.cifor.org/37578/dissiper-la-fumee-causes-et-consequences-des-incendies-en-indonesie?fnl=fr">surviennent de manière régulière</a> depuis des décennies dans les îles de Sumatra et Bornéo, au pic de la saison sèche, en juillet.</p>
<p>Au cours de l’été 2015, un phénomène El Niño – d’une amplitude et d’une durée exceptionnelles – a accentué la durée et l’étendue (et donc les effets) de ces incendies, qui provoquent désormais des problèmes récurrents de santé publique et des dommages naturels considérables. Selon le ministre indonésien de l’Environnement et des Forêts, les incendies ont brûlé environ 1,7 million d’hectares de terres à Sumatra et à Bornéo. La Banque mondiale <a href="http://www.worldbank.org/en/news/press-release/2015/12/15/indonesia-improved-government-spending-can-spur-higher-growth-in-2016">évalue</a> à près de 2 % du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2015, le montant des dégâts estimés à 14 milliards d’euros, soit plus du double des dépenses de reconstruction après le tsunami dévastateur de 2004.</p>
<p>Déterminer les causes et responsabilités, et donc les solutions à apporter aux incendies indonésiens, est un défi considérable auquel s’attellent le gouvernement, les ONG, les secteurs agricole et forestier et l’ensemble de la société civile, non seulement en Indonésie, mais aussi dans les pays riverains (Singapour, Malaisie), victimes directes des fumées et de leurs conséquences.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’air de Singapour pollué par les incendies en Indonésie (vidéo Euronews, septembre 2015).</span></figcaption>
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<h2>Brûler pour nettoyer</h2>
<p>Tous les agriculteurs du monde savent que le feu reste l’outil le moins cher et le plus efficace lorsqu’il s’agit de nettoyer un terrain après une culture ou de défricher des espaces naturels.</p>
<p>La culture itinérante sur brûlis est encore pratiquée par de nombreuses communautés paysannes dans le monde intertropical. Elle est le plus souvent maîtrisée par les agriculteurs : les incendies sont déclenchés pour une raison précise (chasse, écobuage, recyclage des déchets agricoles) et à une période déterminée de l’année, généralement à la fin d’une saison sèche.</p>
<p>Toutefois, des évènements météorologiques exceptionnels associés aux changements climatiques, comme la persistance d’une saison sèche exceptionnellement liée à <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/el-nino-lenfant-terrible-du-climat-est-de-retour">El Niño</a>, rendent délicate la maîtrise de cette pratique traditionnelle et viennent alors perturber un équilibre fragile entre espaces naturels et terres agricoles.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/126254/original/image-20160613-12948-jbo0rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/126254/original/image-20160613-12948-jbo0rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/126254/original/image-20160613-12948-jbo0rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/126254/original/image-20160613-12948-jbo0rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/126254/original/image-20160613-12948-jbo0rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/126254/original/image-20160613-12948-jbo0rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/126254/original/image-20160613-12948-jbo0rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sur cette image satellite du 24 septembre 2015, on distingue la fumée des incendies sur les côtes de Bornéo et de Sumatra.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NASA Earth Observatory</span></span>
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<h2>Pas de solution durable sans cartographie précise</h2>
<p>Même si les outils satellitaires atteignent désormais une précision amplement suffisante pour pouvoir détecter et dater les débuts d’incendies et fournir des cartes en <a href="http://fires.globalforestwatch.org/home/#v=map&x=115&y=0&l=5&lyrs=Active_Fires">temps réel</a>, ils demeurent <a href="http://blog.cifor.org/28703/les-satellites-peuvent-induire-en-erreur-decideurs-politiques-mefiez-vous?fnl=fr">insuffisants</a>, en l’absence d’un relevé cadastral national actualisé et partagé, pour renseigner sur l’identité des propriétaires fonciers comme sur les limites légales des parcs naturels ou des concessions agricoles, minières ou forestières.</p>
<p>Les cartes accessibles dans le domaine public sont issues de différents ministères ou autorités régionales/locales et leurs limites ne se superposent pas toujours. En outre, bien peu de ces cartes disponibles vont pouvoir donner des informations réactualisées sur la nature de la couverture végétale : il importe pourtant d’être capable de différencier les forêts primaires ou faiblement perturbées par l’activité humaine des forêts dégradées ou des recrus forestiers très anthropisés.</p>
<p>Une image satellite, aussi précise soit-elle, ne pourra renseigner à elle seule sur la valeur de conservation ou le stock de carbone constitué par un périmètre forestier donné.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/126383/original/image-20160613-29205-mgw09b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cartographie participative en 3D.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gaillard</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Aussi, de nombreuses ONG sociales et environnementales – comme Greenpeace ou <a href="http://www.forestpeoples.org/fr/topics/environmental-governance/participatory-resource-mapping">Forest People Program</a> – et <a href="https://www.ifad.org/documents/10180/06e86da8-863f-4505-bbb8-0bec60ad33ba">des projets</a> de développement agricole s’impliquent dans la « planification du paysage » en accord avec les communautés locales, avec la cartographie participative comme premier outil de conservation et de développement agricole durables.</p>
<h2>Un moratoire sur les extensions de plantations ?</h2>
<p>La planification communautaire du paysage prévoit de préserver des espaces protégés, identifiés et précisément cartographiés, dont la valeur de conservation en matière de biodiversité ou de stockage du carbone est établie et acceptée.</p>
<p>D’autres espaces vont être dédiés à l’exploitation agricole écologiquement intensive, en créant un paysage en mosaïque. Contraindre ou proscrire l’exploitation agricole n’aura pas forcément d’effet direct sur la fréquence et l’importance des incendies, qui éclatent souvent au sein de zones déforestées depuis longtemps et n’abritant pas d’activité agricole.</p>
<p>Attirer les investissements destinés à l’expansion des plantations forestières, d’hévéas ou de palmiers à huile vers des zones très dégradées (plus de 10 millions d’hectares en Indonésie) pour éviter d’empiéter sur les espaces forestiers protégés offre sans doute une <a href="http://www.wri.org/our-work/project/forests-and-landscapes-indonesia">solution</a>. L’idée va toutefois se heurter à de complexes problèmes de droit du sol : une concession peut être abandonnée depuis des décennies, mais toujours avoir un propriétaire légalement enregistré.</p>
<p>Le feu est aussi un outil bien pratique pour se débarrasser de déchets agricoles et industriels, augmentant d’autant le risque de déclenchement d’incendies géants lorsqu’il échappe à tout contrôle. Les projets de valorisation de la biomasse sous forme <a href="http://ur-biowooeb.cirad.fr/actualites/collaboration-sur-les-biocarburants-pour-reduire-les-emissions-de-carbone-de-l-industrie-aeronautique">d’agrocarburants</a> (biogaz, éthanol) vont donner, en les intégrant dans une économie circulaire, une valeur marchande à ces déchets (paille de riz, déchets de scieries) : il devient alors plus rentable de les collecter pour les transformer que de les brûler à ciel ouvert.</p>
<h2>Une approche forcément pluridisciplinaire</h2>
<p>La recherche agronomique doit proposer aux décideurs publics et privés des initiatives conciliant développement agricole durable et préservation des zones à haute valeur de conservation. Toutefois, ces solutions n’impliqueront pas l’achat d’avions bombardiers d’eau ou le recrutement massif de soldats du feu : le problème est bien trop vaste pour être traité par la seule lutte anti-incendies…</p>
<p>Étant donnée la complexité de la situation, il est indispensable de mettre en place des recherches pluridisciplinaires associant agronomes, forestiers, spécialistes du foncier et des exploitations familiales, chercheurs en sciences sociales, experts en télédétection, etc. Celles-ci devront s’appuyer sur des partenariats multilatéraux alliant acteurs privés des filières, société civile et pouvoirs publics, condition sine qua non pour étouffer les feux qui continuent à couver en Indonésie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60415/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alain Rival ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Régulièrement touché par d'immenses feux d’origine humaine et naturelle, l’archipel indonésien doit attaquer cette menace grandissante sur de multiples fronts en privilégiant la prévention.Alain Rival, Directeur régional pour l’Asie du Sud-Est insulaire, correspondant de la filière palmier à huile, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/610952016-06-16T04:42:32Z2016-06-16T04:42:32ZCette crise de l’eau qui met le Venezuela en danger<p>Le Venezuela est confronté à de graves pénuries, faisant craindre une <a href="http://www.crisisgroup.org/en/regions/latin-america-caribbean/andes/venezuela/b033-venezuela-unnatural-disaster.aspx">crise humanitaire</a> dévastatrice pour ce pays d’Amérique du Sud pourtant si riche en pétrole. Nourriture, soins, liquidités, électricité et eau sont soit rationnés, soit non disponibles au moment même où le gouvernement de Nicolás Maduro se trouve également confronté à une récession profonde et à une intense sécheresse.</p>
<p>La <a href="http://www.nasdaq.com/markets/crude-oil.aspx?timeframe=2y">chute de 50 %</a> du prix du pétrole sur le marché international, pour ce pays qui tire <a href="http://www.opec.org/opec_web/en/about_us/171.htm">95 %</a> du revenu de ses exportations de cette ressource, a fait considérablement reculer les progrès réalisés au milieu des années 2000 dans la <a href="http://revista.drclas.harvard.edu/book/poverty-reduction-venezuela">lutte</a> contre la pauvreté et les inégalités.</p>
<p>Mais les difficultés du pays vont bien au-delà de cette dépendance à l’or noir. Depuis <a href="https://theconversation.com/venezuela-election-maduro-claims-close-victory-but-opposition-to-challenge-13384">son élection en 2013</a> à la suite du décès d’Hugo Chávez, Maduro a en effet échoué à résoudre les problèmes liés à une mauvaise gestion économique, à une planification défaillante ainsi qu’à la corruption.</p>
<p>Son gouvernement a poursuivi une politique de <a href="https://www.project-syndicate.org/commentary/heterodox-economics-venezuela-collapse-by-ricardo-hausmann-2016-05">prix élévés</a> et de <a href="http://www.economist.com/blogs/graphicdetail/2016/02/graphics-political-and-economic-guide-venezuela">contrôles de changes</a> qui a alimenté l’inflation, les marchés noirs et les pénuries. Dans sa quête d’élaboration du socialisme du XXI<sup>e</sup> siècle, le gouvernement vénézuélien a également engagé de trop coûteux <a href="http://venezuelanalysis.com/tag/expropriations">programmes de nationalisation</a>.</p>
<p>Des milliards de dollars sont en effet susceptibles d’être réclamés par les entreprises nationalisées pour des affaires d’expropriations et de saisies foncières, tandis que l’accumulation de factures et de contrats non payés ont entraîné la spéculation ; et la compagnie pétrolière nationale, PDVSA, pourrait bien <a href="http://www.reuters.com/article/us-oil-pdvsa-debt-analysis-idUSKCN0W00DA">ne plus pouvoir payer</a> les intérêts de ses dettes.</p>
<h2>Pénuries dramatiques</h2>
<p>Le rationnement perpétuel de l’eau est la parfaite illustration des ambitions, des limites et, au final, des échecs d’Hugo Chávez – et par conséquent de Nicolás Maduro. Face à une sévère sécheresse déclenchée en mars dernier par <a href="https://theconversation.com/el-nino-is-over-but-has-left-its-mark-across-the-world-59823">El Niño</a>, le gouvernement n’aura pu faire autrement que de <a href="http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-03-16/venezuela-to-shut-down-for-a-week-as-electricity-crisis-mounts">prolonger les vacances de Pâques</a>, de fermer tous les centres commerciaux et d’écourter une semaine ouvrée courant avril.</p>
<p>Ces mesures ont été prises pour économiser l’électricité, car le niveau des eaux du <a href="http://www.wsj.com/articles/water-shortage-cripples-venezuela-1459717127">barrage électrique de Guri</a> – qui fournit 65 % de l’électricité du pays – est exceptionnellement bas.</p>
<p>Aujourd’hui, tout comme en 2007 et en 2010, ces réserves <a href="http://www.nbcnews.com/id/34827034/ns/world_news-venezuela/t/venezuela-starts-nationwide-energy-rationing/#.V0xRbZN96T8">ont chuté</a>, passant de 244 mètres au-dessus du niveau de la mer à 240 mètres, <a href="http://www.reuters.com/article/us-venezuela-energy-idUSKCN0WY5TK">limite</a> qui oblige à ralentir la production en mettant à l’arrêt les huit turbines produisant 5 000 mégawatts.</p>
<h2>Une histoire troublée</h2>
<p>Le Venezuela est riche en eau, mais ses réserves sont <a href="http://www.ipsnews.net/2014/06/venezuelans-thirsty-in-a-land-of-abundant-water/">mal placées</a>. Selon des estimations officielles, 85 % des stocks se trouvent dans la partie sud-est du pays, où réside seulement 10 % de la population. À l’inverse, seules 15 % des ressources en eau se situent dans le nord du pays, où l’urbanisation est galopante et où se concentre le gros de la population.</p>
<p>Les investissements dans les infrastructures des années 1950 et 1960 ont amélioré l’approvisionnement en eau, permettant à 80 % des foyers d’y avoir accès. Mais ces développements n’ont pas permis de contenter la demande grandissante et la consommation moyenne de <a href="https://books.google.fr/books?id=_BqpcXQcFgMC&pg=PA150&lpg=PA150&dq=350+litres+per+day+venezuela&source=bl&ots=YOwhjCc6AH&sig=qpqUwKocuZVPVr4sR-_aN0vqrCw&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwiYrbrZkYTNAhWIDBoKHbu-C4wQ6AEIHDAA#v=onepage&q=350%20litres%20per%20day%20venezuela&f=false">350 litres d’eau par jour</a> et par habitant (<a href="http://venezuelanalysis.com/news/11822">450 litres</a> pour les quatre millions d’habitants de Caracas).</p>
<p>En 1989, la célèbre grogne au sujet des rationnements, des services publics défaillants, de la pollution, de l’approvisionnement clandestin et de la détérioration de la qualité a conduit à la création d’un nouveau cadre réglementaire. Ce dernier a enclenché la décentralisation de la gestion de l’eau au profit de dix structures régionales coordonnées par une nouvelle agence : <em>Empresa Hidrológica de Venezuela</em> (<a href="http://www.hidroven.gob.ve/">Hidroven</a>).</p>
<p>Pour l’agglomération surpeuplée de Caracas, l’approvisionnement était assuré par <em>Hidrocapital</em>, une compagnie créée en 1991 et qui avait décidé de faire de la rénovation des aqueducs acheminant l’eau de la rivière Tuy une priorité. Mais les difficultés et l’instabilité sociale se sont poursuivies à travers tout le pays au cours des années 1990. Et l’hostilité de la population à l’égard de la politique de privatisation des services de l’eau a compliqué l’afflux de capitaux étrangers.</p>
<h2>Les années Chávez</h2>
<p>Comme pour tout le reste, la politique de gestion de l’eau a connu de profondes transformations pendant la présidence de Chávez. Le gouvernement prit ainsi des décisions radicales pour régler le problème de l’approvisionnement en eau des bidonvilles, base électorale du président.</p>
<p>À la suite d’une <a href="http://www.ine.es/censo2001/">étude menée en 2001</a> par l’Institut national des statistiques, on découvrit que sur les 335 agglomérations du pays, 231 n’avaient aucun accès à l’eau courante et que huit millions de personnes étaient dépourvues d’installations sanitaires. Une loi fut adoptée par décret présidentiel. Dans la lignée de <em>l’empowerment</em> populaire et de la <a href="http://www.open.ac.uk/researchcentres/osrc/events/geographies-of-power-a-lecture-on-venezuela-by-doreen-massey">« nouvelle géométrie du pouvoir »</a> souhaités par le gouvernement, cette loi offrit de décentraliser la politique de l’eau en s’appuyant sur 7 000 structures locales (des associations gérant ce dossier au niveau des quartiers) en lien avec la compagnie nationale des eaux, Hidroven.</p>
<p>Il incomba donc aux populations locales d’identifier leurs besoins et les investissements à réaliser. Parallèlement à cette relocalisation de la gestion des services, le gouvernement <a href="http://www.unrisd.org/80256B3C005BCCF9/%28httpAuxPages%29/1D4EF25E12C57738C1257D9E00562542/$file/Buxton.pdf">nationalisa</a> des secteurs clés de l’économie, à l’image de celui de l’électricité en 2007.</p>
<h2>Promesses non tenues</h2>
<p>La vision de Chávez de communautés s’assumant et d’une énergie nationale autosuffisante a, comme les plans de ses prédécesseurs dans les années 1990, échoué à améliorer la situation. Pour l’eau et l’électricité, les investissements, estimés à <a href="http://www.wsj.com/articles/water-shortage-cripples-venezuela-1459717127">10 milliards pour l’eau</a> et 60 milliards pour l’électricité au cours de la dernière décennie, n’ont pu répondre aux besoins d’une population et d’une économie en plein développement.</p>
<p>La gestion des problèmes a souffert d’un fort <em>turnover</em> ministériel et d’un manque d’efficacité technique, tandis que la gabegie administrative prospéra en l’absence de véritable contrôle. Comme ce fut le cas pour d’autres initiatives relatives à la <a href="http://venezuelanalysis.com/analysis/2129">démocratie participative</a> voulue par Chávez, les associations locales de gestion de l’eau furent mal gérées. </p>
<p>Le pays se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. La faillite financière empêche le gouvernement de pouvoir investir massivement dans le secteur de l’eau, tandis que la crise politique continue à renvoyer les problèmes de gestion et de conservation des ressources au second plan.</p>
<p>Les conséquences sanitaires d’une telle situation sont en outre préoccupantes. En conservant l’eau qui se fait rare, les foyers vénézuéliens, déjà en position de vulnérabilité, pourraient s’exposer encore davantage aux risques de maladies véhiculées par les moustiques comme <a href="http://wwwnc.cdc.gov/travel/notices/alert/zika-virus-venezuela">Zika</a>, la fièvre jaune, la dengue ou le <a href="https://www.cdc.gov/chikungunya/">chikungunya</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61095/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julia Buxton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les pénuries qui frappent régulièrement les Vénézuéliens illustrent les profonds dysfonctionnements de gestion des ressources naturelles dont le pays est pourtant riche.Julia Buxton, Professor of Comparative Politics, Central European UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/594322016-05-25T04:39:43Z2016-05-25T04:39:43ZTrente années d’observations pour mieux comprendre les récifs coralliens<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/123229/original/image-20160519-4481-bxhdjl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Corail Pocillopora et sa nuée de poissons demoiselles bleu-vert en Polynésie française.</span> <span class="attribution"><span class="source">Lauric Thiault</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les récifs coralliens doivent faire face à une multitude de perturbations, qu’elles soient naturelles ou liées aux activités humaines. Ces dernières, comme la surpêche ou encore l’aménagement côtier, ont largement contribué à dégrader ces écosystèmes marins. Certaines régions ont été fortement touchées par ces désordres d’origine anthropique, à l’image des Caraïbes, où le corail a disparu progressivement pour laisser place <a href="http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/412460/les-coraux-des-caraibes-pourraient-disparaitre-d-ici-20-ans">aux algues</a>.</p>
<p>Les bouleversements causés par les activités humaines ne sont toutefois pas les seuls à menacer les récifs ; ces derniers font face, et ce depuis très longtemps, à une multitude de perturbations naturelles transitoires, mais récurrentes. L’évènement <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a> actuellement en cours en constitue un parfait exemple et <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/10/08/le-corail-menace-par-el-nino_4785099_3244.html">ses conséquences</a> sur les récifs coralliens sont aujourd’hui assez bien connues. Ce phénomène climatique, qui prendra fin l’année prochaine, reviendra dans 5 à 7 ans.</p>
<p>Quelles traces ces événements naturels laissent-ils sur les récifs ? Ceux-ci sont-ils assez résistants pour supporter la récurrence de telles perturbations ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123231/original/image-20160519-4484-wgnnnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123231/original/image-20160519-4484-wgnnnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123231/original/image-20160519-4484-wgnnnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123231/original/image-20160519-4484-wgnnnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123231/original/image-20160519-4484-wgnnnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123231/original/image-20160519-4484-wgnnnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123231/original/image-20160519-4484-wgnnnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Banc de chirurgiens dans la passe de Rangiroa (Polynésie française). À la période de reproduction, les poissons se retrouvent en masse pour disséminer leurs œufs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lauric Thiault</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Trois décennies d’observations</h2>
<p>S’il est difficile de dire aujourd’hui à quoi ressembleront les récifs dans plusieurs dizaines d’années, il est possible de profiter des observations réalisées par le passé pour comprendre la façon dont ils s’adaptent sur le long terme.</p>
<p>En consultant le suivi scientifique réalisé au cours des trois dernières décennies par les chercheurs du <a href="http://www.criobe.pf/">Criobe</a> sur le récif de Tiahura (situé à Moorea en Polynésie française), on observe comment d’importantes perturbations naturelles – telles les invasions de l’étoile de mer mangeuse de corail, <em>Acanthaster planci</em>, les blanchissements coralliens ou encore les cyclones – ont pu affecter les écosystèmes.</p>
<p>Ces perturbations sont à l’origine d’importants changements dans les fonds sous-marins, provoquant chez le corail des phases récurrentes de déclin et d’essor.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123849/original/image-20160524-25239-14mowrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Yannick Chancerelle/Criobe</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Si, après chaque perturbation, les ensembles coralliens recolonisent une grande partie des fonds marins (presque 50 %), les espèces de coraux dominantes changent d’une perturbation à l’autre. Ainsi, les coraux branchus du genre Acropora, omniprésents en 1979, ont-ils décliné après chaque nouvelle perturbation, laissant la place aux genres Pocillopora et Porites qui semblent <a href="http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00338-009-0515-7">plus résistants</a>.</p>
<p>L’effet de ces perturbations ne concerne, bien sûr, pas les seuls coraux et impacte également les communautés de poissons. De manière évidente, les espèces corallivores et celles qui dépendent directement de ces structures pour s’abriter sont les plus sensibles aux variations de la couverture corallienne.</p>
<p>Ainsi, au cours des trois dernières décennies, et alors même que la richesse spécifique est restée stable sur le récif de Tiahura, l’identité, l’abondance et le rôle des espèces de poissons dans la chaîne alimentaire ont été continuellement modifiés, si bien que l’image actuelle du récif est bien éloignée de celle initialement observée lors du premier suivi de 1979.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123805/original/image-20160524-25239-1eydjfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123805/original/image-20160524-25239-1eydjfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123805/original/image-20160524-25239-1eydjfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123805/original/image-20160524-25239-1eydjfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123805/original/image-20160524-25239-1eydjfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123805/original/image-20160524-25239-1eydjfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123805/original/image-20160524-25239-1eydjfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Banc de perches pagaies dans les récifs coralliens de Polynésie française. On distingue ici d’autres espèces, comme les poissons-chirurgiens et les poissons-papillons.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Yannick Chancerelle/Criobe</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des perturbations qui se combinent</h2>
<p>Un facteur important apparaît au fil des années d’observation : la combinaison de perturbations qui peut être fatale aux récifs. Dans l’Indo-Pacifique, les communautés de poissons et la couverture corallienne montrent généralement une réaction conjointe aux perturbations, déclinant ou récupérant simultanément. Le récif de Tiahura semble réagir différemment après avoir subi deux perturbations très importantes en moins de quatre ans : d’abord l’invasion massive d’acanthasters en 2006, puis un cyclone en 2010.</p>
<p>Résultat de ces deux agressions, la couverture corallienne a brutalement chuté, ne représentant plus, et ce pour la première fois, que moins de 10 % des fonds marins. La densité de la plupart des groupes de poissons a alors chuté de manière dramatique.</p>
<p>Plusieurs <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2014/05/140513161632.htm">études</a> à l’échelle globale ont récemment montré que le nombre d’espèces dans un écosystème reste stable dans le temps, mais que l’identité et la prévalence de ces espèces changent beaucoup plus qu’on ne le pensait. <a href="http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00338-015-1371-2">Nos résultats</a> vont dans le même sens et soulignent l’importance des perturbations naturelles dans la dynamique temporelle des écosystèmes coralliens.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123233/original/image-20160519-4490-16fdmh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123233/original/image-20160519-4490-16fdmh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123233/original/image-20160519-4490-16fdmh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123233/original/image-20160519-4490-16fdmh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123233/original/image-20160519-4490-16fdmh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123233/original/image-20160519-4490-16fdmh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123233/original/image-20160519-4490-16fdmh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les ensembles coralliens abritent 30 % de la biodiversité marine connue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas Vignaud</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les ensembles coralliens possèdent une histoire complexe, au cours de laquelle peuvent se produire plusieurs perturbations impactant la dynamique naturelle des récifs. Cette histoire est un facteur important, et largement sous-estimé, pour expliquer la structure actuelle des communautés de poissons récifaux. Les suivis sur le long terme, comme celui effectué à Tiahura, sont actuellement les seuls outils permettant de mettre en évidence cette histoire, indispensable aux stratégies de gestion pour augmenter ou maintenir la résilience des récifs coralliens.</p>
<p>Les perturbations naturelles pourraient <a href="http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2013/11/typhons-cyclone-et-r%C3%A9chauffement-climatique.html">s’intensifier</a> en nombre et en puissance dans un futur proche. Ce qui s’est passé à Tiahura va donc se reproduire. Ainsi, la connaissance du passé des récifs coralliens peut nous aider à mieux gérer leur futur. Il faudra toutefois ajouter à cela l’influence des activités anthropiques survenant à une échelle locale (pêche, agriculture) ou globale (hausse de la température ou acidification des eaux).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/59432/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Lamy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plusieurs décennies de suivi scientifique du récif de Tiahura (Polynésie française) auront permis aux chercheurs de mettre en évidence la manière dont les coraux changent au gré des perturbations.Thomas Lamy, Chercheur en écologie et évolution, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/536802016-01-25T20:53:36Z2016-01-25T20:53:36ZForêts mondiales : cinq situations à suivre de près<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/109182/original/image-20160125-19657-1o1shs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une exploitation de pulpe de bois à Sumatra (Indonésie). </span> <span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’année passée aura été charnière pour les forêts, avec de bonnes et de moins bonnes <a href="http://alert-conservation.org/issues-research-highlights/2015/12/30/alerts-three-most-important-conservation-trends-in-2015-1">nouvelles</a>. Les douze mois à venir seront tout aussi cruciaux avec, en particulier, cinq situations à suivre de près. Pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin, je conseille la lecture de l’<a href="http://news.mongabay.com/2016/01/whats-ahead-for-rainforests-in-2016-10-things-to-watch/?n3wsletter">analyse</a> de Rhett Butler.</p>
<h2>1. La forte chute du prix des marchandises</h2>
<p>Les répercussions du ralentissement de l’économie chinoise pourraient être fortes pour les zones forestières. La Chine a en effet tenu un rôle central – et <a href="http://e360.yale.edu/feature/chinas_appetite_for_wood_takes_a_heavy_toll_on_forests/2465/">agressif</a> – dans l’exploitation des ressources minières, des énergies fossiles et du bois, tout particulièrement dans des pays en voie de développement à travers l’Asie pacifique, l’Amérique latine, l’Afrique et la Sibérie. Pékin a ainsi soutenu des projets de développement de routes et d’infrastructures dans des zones reculées et sauvages ; ces projets ont souvent ouvert une <a href="http://e360.yale.edu/feature/as_roads_spread_in_tropical_rain_forests_environmental_toll_grows/2485/">boîte de Pandore</a> environnementale, causant de sérieux dommages aux écosystèmes forestiers et à la biodiversité en général.</p>
<p>Avec la <a href="http://news.mongabay.com/2015/12/how-does-the-global-commodity-collapse-impact-forest-conservation/">chute des prix</a> de nombreuses ressources naturelles, les forêts pourraient bénéficier cette année d’un répit. Les acteurs de la conservation pourraient se saisir de cette pause pour créer de <a href="http://www.biopama.org/">nouvelles zones protégées</a> et promouvoir la <a href="https://theconversation.com/global-roadmap-shows-where-to-put-roads-without-costing-the-earth-30815">planification</a> de l’usage des terres dans les espaces les plus fragiles sur le plan environnemental. L’Afrique, en proie à une <a href="https://theconversation.com/massive-road-and-rail-projects-could-be-africas-greatest-environmental-challenge-51188">fièvre minière et routière</a> devrait à ce titre constituer une priorité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=594&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=594&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=594&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=746&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=746&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=746&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un champ pétrolifère au Congo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
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<h2>2. Une grande sécheresse signée El Niño</h2>
<p>La dramatique sécheresse <a href="https://theconversation.com/godzilla-el-nino-time-to-prepare-for-mega-droughts-46673">boostée par le phénomène El Niño</a> n’est pas finie – loin de là. Les conditions météorologiques inhabituelles à l’œuvre dans le Pacifique continuent de l’alimenter. Ceci devrait conduire à de fortes périodes de sécheresse et à des incendies, notamment en <a href="http://www.popsci.com/node/227497">Amérique centrale et du Sud et en Asie</a>.</p>
<p>L’Indonésie a été tout particulièrement frappée, subissant d’impressionnants feux de forêts et de tourbières qui n’ont pas manqué de faire <a href="http://www.pri.org/stories/2015-10-26/toxic-haze-threatens-millions-southeast-asia">suffoquer</a> une bonne partie de l’Asie du Sud-Est. Sur une base quotidienne, ces feux ont rejeté autant de CO<sub>2</sub> que l’<a href="http://news.mongabay.com/2015/10/carbon-emissions-from-indonesias-peat-fires-exceed-emissions-from-entire-u-s-economy/">économie des États-Unis</a> toute entière.</p>
<h2>3. L’implosion de l’économie brésilienne</h2>
<p>Si l’économie chinoise marque le pas, celle du Brésil, autrefois si prometteuse, semble être entrée dans un <a href="http://www.economist.com/news/leaders/21684779-disaster-looms-latin-americas-biggest-economy-brazils-fall?zid=309&ah=80dcf288b8561b012f603b9fd9577f0e">véritable âge de glace</a> ; un retournement étonnant pour une nation si riche en terres et ressources naturelles.</p>
<p>Il est toutefois assez difficile de prédire les conséquences d’une telle situation pour les forêts tropicales, celle d’Amazonie et aussi la très endommagée <a href="http://www.dpi.inpe.br/referata/arq/26_Miltinho/Ribeiro_et_al_biocons_2009_authorscopy.pdf">forêt atlantique brésilienne</a>, une zone de biodiversité qui a été dramatiquement entamée et fragmentée.</p>
<p>La monnaie brésilienne, le réal, ayant très fortement chuté, les marchandises destinées à l’export – le bois, le soja, le bétail, le pétrole et les minéraux – seront plus compétitives au niveau international, ce qui va dans le sens d’une exploitation accrue des forêts.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Abattage des arbres de mangrove en Amérique latine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
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<p>D’autre part, les investisseurs brésiliens et étrangers auront certainement tendance à redoubler de prudence en cas de ralentissement économique. Les projets de nouvelles infrastructures ou d’exploitation des terres – à l’image des gigantesques <a href="http://dams-info.org/en">barrages</a> prévus sur l’Amazone – risquent de s’en trouver ralentis.</p>
<p>L’implosion de l’économie brésilienne pourrait tout aussi bien conduire à l’éviction politique de la présidente <a href="https://en.Wikipedia.org/wiki/Dilma_Rousseff">Dilma Rousseff</a> qui s’est plutôt montrée favorable à la défense de l’environnement. Rousseff fit ainsi tout son possible pour contrer les tentatives d’assouplir le code forestier brésilien – un cadre légal crucial pour garantir la protection des zones forestières. Cette dernière décennie, les taux de déforestation en Amazonie ont chuté de <a href="https://e360.yale.edu/digest/brazilian_deforestation__falls_sharply_in_past_eight_years/3609/">plus de 75 %</a>, mais les lobbies agricoles et industriels ont récemment remis en cause les contrôles gouvernementaux relatifs à l’usage des terres, ceux-là mêmes qui ont permis le recul de la déforestation.</p>
<h2>4. Les nouveaux engagements zéro déforestation</h2>
<p>Une bonne nouvelle concerne les engagements pris par de grandes firmes multinationales – productrices ou consommatrices d’huile de palme, de pulpe de bois, de soja et d’autres marchandises – pour <a href="https://theconversation.com/how-global-forest-destroyers-are-turning-over-a-new-leaf-22943">lutter contre la déforestation</a>. Les pressions d’ONG environnementales et de consommateurs concernés par la préservation des forêts furent ici tout à fait déterminantes.</p>
<p>Si cela a constitué globalement une réelle avancée, l’Indonésie et la Malaisie – deux pays qui produisent à eux seuls 85 % de l’huile de palme mondiale – semblent toutefois farouchement déterminées <a href="https://theconversation.com/how-global-forest-destroyers-are-turning-over-a-new-leaf-22943">à démanteler ces accords</a> zéro déforestation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108146/original/image-20160114-2359-1hg5ojx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108146/original/image-20160114-2359-1hg5ojx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=784&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108146/original/image-20160114-2359-1hg5ojx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=784&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108146/original/image-20160114-2359-1hg5ojx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=784&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108146/original/image-20160114-2359-1hg5ojx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=985&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108146/original/image-20160114-2359-1hg5ojx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=985&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108146/original/image-20160114-2359-1hg5ojx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=985&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La biodiversité d’Asie du Sud-Est est l’une des plus riches de la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(c) Rhett Butler/Mongabay.com</span></span>
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<p>Le problème reste donc entier : l’Indonésie et la Malaisie veulent pouvoir continuer à déforester de larges zones pour y produire de l’huile de palme et de la pulpe de bois, ce que les accords zéro déforestation mettent à mal. L’Indonésie prévoit ainsi d’abattre <a href="http://alert-conservation.org/issues-research-highlights/2014/8/31/indonesia-plans-to-clear-14-million-hectares-of-native-forest?rq=plantation">14 millions d’hectares</a> de forêts sur son territoire d’ici à 2020. Il s’agit là d’un enjeu de tout premier plan : si les grandes compagnies commencent à amender ces accords zéro déforestation, il faudra que les défenseurs de la cause environnementale s’y opposent et le fasse savoir.</p>
<h2>5. La mise en œuvre de l’Accord de Paris</h2>
<p>J’ai pu assister lors de la récente COP21 de Paris à deux avancées majeures pour les forêts. Il fut question, premièrement, de l’<a href="http://news.mongabay.com/2015/12/cop21-agreement-prominently-addresses-protection-of-earths-forests/">adoption</a> d’un accord formel pour mettre en œuvre l’initiative REDD (« reducing emissions from deforestation and forest degradation »).</p>
<p>Cela signifie, du moins en théorie, que des fonds internationaux devraient commencer à alimenter les projets de conservation des forêts : ralentir la déforestation, encourager la régénération des zones forestières et promouvoir une exploitation plus durable – tout cela allant dans le sens d’une réduction des émissions de CO<sub>2</sub> pour tenter de limiter le changement climatique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108138/original/image-20160114-2370-wacylu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108138/original/image-20160114-2370-wacylu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108138/original/image-20160114-2370-wacylu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108138/original/image-20160114-2370-wacylu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108138/original/image-20160114-2370-wacylu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108138/original/image-20160114-2370-wacylu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108138/original/image-20160114-2370-wacylu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Au Suriname (Amérique du Sud), un chercheur d’or exploite illégalement une parcelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
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<p>Cette initiative représente bien sûr véritable avancée, mais il faut désormais passer aux choses concrètes. Des nations riches comme les États-Unis, le Japon et l’Australie devront ainsi <a href="https://theconversation.com/australia-talks-the-talk-but-will-it-walk-the-walk-to-save-rainforests-34145">revoir à la hausse</a> leur aide financière en faveur des projets REDD, tout spécialement dans les zones tropicales.</p>
<p>Deuxièmement, les différentes Parties de la COP se sont accordées sur la nécessaire limitation du réchauffement climatique à 2 °C d’ici à la fin du siècle – en tâchant même de le limiter à 1,5 °C. C’est un accord est aussi exceptionnel qu’extrêmement ambitieux. Or le temps n’est plus à l’autosatisfaction et l’Accord de Paris ne pourra être efficace que si les nations réduisent de manière drastique leurs émissions de gaz à effet de serre et <a href="http://alert-conservation.org/issues-research-highlights/2015/12/4/conserving-tropical-forests-could-get-us-halfway-to-solving-global-warming">préservent leurs forêts</a>.</p>
<h2>Les forêts, essentielles pour nous tous</h2>
<p>La conservation des forêts est cruciale à la bonne santé de la planète. En les protégeant, on préserve la biodiversité, permettant ainsi aux écosystèmes d’être mieux <a href="https://theconversation.com/the-scariest-part-of-climate-change-isnt-what-we-know-but-what-we-dont-45419">adaptés au changement climatique</a>. Les vastes étendues de forêts capturent les précipitations et offrent aux espèces un <a href="http://www.preventionweb.net/files/11519_CCreport.pdf">refuge</a> pour s’abriter durant les vagues de chaleur, les incendies, les tempêtes et autres phénomènes extrêmes.</p>
<p>Protéger et régénérer les forêts pourraient également avoir un impact énorme sur le climat, car les forêts contribuent à refroidir la surface de la Terre, tout en émettant des milliards de tonnes de vapeur d’eau qui provoquent une grande part des précipitations.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108136/original/image-20160114-2372-e7u3gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108136/original/image-20160114-2372-e7u3gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108136/original/image-20160114-2372-e7u3gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108136/original/image-20160114-2372-e7u3gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108136/original/image-20160114-2372-e7u3gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108136/original/image-20160114-2372-e7u3gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108136/original/image-20160114-2372-e7u3gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans la forêt amazonienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Surtout, les zones forestières peuvent rapidement absorber et stocker une grande quantité de carbone. Il a été récemment estimé qu’un effort concerté pour stopper la déforestation et régénérer les forêts dans des zones tropicales dégradées pourrait nous permettre d’atteindre la <a href="http://www.srs.fs.usda.gov/pubs/ja/ja_zhou006.pdf">moitié de notre objectif mondial</a> en termes de réduction des émissions de carbone dans les cinquante prochaines années.</p>
<p>En 2016, il nous faudra donc garder présent à l’esprit que ces écosystèmes forestiers en péril nous sont vitaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53680/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bill Laurance receives funding from the Australian Research Council and other scientific and philanthropic organisations. He is director of the Centre for Tropical Environmental and Sustainability Science at James Cook University and founder and director of ALERT--the Alliance of Leading Environmental Researchers & Thinkers.</span></em></p>De la sécheresse alimentée par El Niño au ralentissement des économies brésiliennes et chinoises, que réservent les mois qui viennent pour les zones forestières ?Bill Laurance, Distinguished Research Professor and Australian Laureate, James Cook UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/536232016-01-24T22:08:10Z2016-01-24T22:08:10Z2015 aura bien été l’année la plus chaude jamais enregistrée<p>2015, une nouvelle année de record de températures. C’est ce qu’ont affirmé de concert <a href="http://www.nasa.gov/press-release/nasa-noaa-analyses-reveal-record-shattering-global-warm-temperatures-in-2015">la Nasa</a> et la NOAA (L’Agence océanique et atmosphérique américaine) en rendant publiques, le 20 janvier dernier, de nouveaux résultats. Ces derniers indiquent que la moyenne globale des températures de surface – la mesure utilisée par les scientifiques pour évaluer la température d’année en année – fut, et de loin, la plus chaude jamais enregistrée.</p>
<p>Ces résultats ont également montré que le différentiel avec la précédente année la plus chaude – à savoir 2014 – figure comme le plus important jamais relevé. </p>
<p>De telles données montrent que le réchauffement climatique se porte bien (ce qui n’a rien d’une bonne nouvelle). Ces températures indiquent, en outre, que la soi-disant <a href="https://theconversation.com/is-the-global-warming-hiatus-over-45995">« pause »</a> dans le réchauffement climatique s’explique davantage par <a href="http://columbia.us1.list-manage.com/track/click?u=0ebaeb14fdbf5dc65289113c1&id=39215007b2&e=f5e4029708">la variabilité naturelle</a> que par le ralentissement ou l’inversion du phénomène d’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. </p>
<p>Comment ceci a-t-il impacté les événements météorologiques de l’année qui vient s’écouler ? </p>
<h2>Les signes d’une planète plus chaude</h2>
<p>Comme on pouvait s’y attendre, les records de températures hautes ont été observés un peu partout dans le monde l’an passé. Des épisodes de <a href="http://www.timeslive.co.za/local/2016/01/20/Drought-high-maize-prices-challenge-South-African-white-pap-supremacy">sécheresse sévère</a> accompagnés d’<a href="http://earthsky.org/earth/2015-worst-us-wildfire-year-on-record">incendies</a> se sont multipliés. </p>
<p>Bien qu’un peu moins impressionnantes, des <a href="http://www.thenational.ae/uae/uaes-torrential-rain-brings-flooding-cancelled-flights-and-one-death">pluies torrentielles</a> se sont produites, témoignant elles aussi du réchauffement global. L’air plus chaud a en effet la capacité de retenir une plus grande quantité de vapeur d’eau – environ 4 % supplémentaire pour une augmentation d’un degré Fahrenheit –, ce qui peut conduire à de fortes précipitations. </p>
<p>Ces preuves tangibles des effets du changement climatique étaient attendues et annoncées par les climatologues, considérant les émissions continues de gaz à effet de serre, notamment celles du dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) libéré par la combustion des énergies fossiles. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108790/original/image-20160120-26089-1ma47jt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Schéma de la NOAA montrant les anomalies de températures sur une base annuelle (les barres bleues et rouges) en degrés Celsius, ainsi que les concentrations de dioxyde de carbone relevées à Mauna Loa (Hawaï). Ces données se basent sur les valeurs du XXe siècle. En pointillé, les valeurs estimées pour l’ère préindustrielle (avant 1750), avec son échelle en orange à droite pour le dioxyde de carbone montrant une valeur de 280 ppmv (parties par millions en volume). Les données les plus récentes excèdent les 400 ppmv. En ce qui concerne les températures, la valeur pour 2015 est d’un degré Celsius plus élevée que les niveaux pré-industriels.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Kevin Trenberth/John Fasullo</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le schéma ci-dessus montre clairement qu’au fil des années les records de chaleur ont été battus à maintes reprises. Une situation qui fait écho aux prévisions des modélisations du climat. </p>
<p>Ces nouvelles données permettront de dissiper toutes les hypothèses qui rejetaient l’existence d’un réchauffement global en s’appuyant sur l’existence d’une pause (un « hiatus ») dans la hausse de la moyenne globale des températures de surface. Si pause il y a eu entre 1999 et 2013, cela est bien plutôt imputable à la variabilité naturelle du climat. </p>
<h2>Le rôle d’El Niño</h2>
<p>L’année 2015 se distingue en raison d’un <a href="https://theconversation.com/el-nino-a-lheure-du-rechauffement-planetaire-47645">épisode particulièrement fort</a> du phénomène El Niño ; celui-ci figure en effet parmi les trois plus puissants El Niño jamais enregistrés depuis le début des mesures (depuis la fin du XIX<sup>e</sup> siècle). C’est d’ailleurs l’influence de ce phénomène qui pourrait expliquer le différentiel avec 2014, année la plus chaude juste derrière 2015. </p>
<p>El Niño joue un rôle majeur au niveau régional en influençant les zones chaudes et sèches de même que la survenue de pluies torrentielles et d’ouragans ; le réchauffement climatique renforce tous ses effets. </p>
<p>Bien que la variabilité naturelle et la météorologie comportent de multiples facettes, la combinaison du réchauffement mondial avec El Niño domina les événements météorologiques de 2015, donnant lieu à des épisodes hors du commun : </p>
<ul>
<li><p>En mars 2015, le cyclone Pam (catégorie 5) dévasta l’archipel du Vanuatu (Océanie). La saison des tempêtes tropicales de l’hémisphère nord battit de fait tous les records, portée par une activité renforcée dans le Pacifique et un nombre inédit d’ouragans et de typhons de <a href="http://mashable.com/2015/10/22/hurricanes-typhoons-2015-photos/#RBZHpiOhLmqH">catégories 4 et 5</a>. Ceci eut des conséquences désastreuses, des inondations principalement, aux Philippines, au Japon, en Chine, à Taïwan et dans bien d’autres zones. En ce début 2016, une saison d’ouragans particulièrement vigoureuse a débuté dans l’hémisphère sud : plusieurs <a href="http://www.abc.net.au/news/2015-12-31/pacific-island-nations-battered-by-heavy-rains-and-strong-winds/7061982">îles du Pacifique</a> en ont déjà fait les frais, essuyant de fortes pluies et des vents violents. </p></li>
<li><p>À l’été, de multiples vagues de chaleur meurtrières se produisirent dans toute <a href="http://www.aljazeera.com/news/2015/07/records-smashed-europe-heatwave-continues-150706084031232.html">l’Eurasie</a> : en Europe (avec des températures estivales de plus de 38 °C à Berlin, 37 °C à Varsovie et 40 °C à Madrid), en Égypte, en Turquie, au Moyen-Orient (avec 46 °C en Iran), au Japon (où Tokyo a connu sa plus longue période au-dessus des 35 °C), en Inde (où des températures de 50 °C ont fait plus de <a href="http://www.cnn.com/2015/06/01/asia/india-heat-wave-deaths/">2 300 victimes</a>). </p></li>
</ul>
<ul>
<li><p>Au printemps, on assista dans l’hémisphère nord à des pluies et des inondations, <a href="https://theconversation.com/in-texas-floods-is-there-a-link-to-climate-change-42596">au Texas et en Oklahoma</a> tout particulièrement. Là encore, l’effet El Niño ne fait pas de doute. </p></li>
<li><p>Début octobre, la Caroline du Sud connut <a href="http://abcnews.go.com/US/charleston-south-carolina-soaked-worst-rains-1000-years/story?id=34233408">des inondations majeures</a>. Puis ce fut au tour de <a href="http://www.srh.noaa.gov/lmrfc/">la région du Mississipi</a> fin décembre. Pour la période de novembre à décembre 2015, il a plu trois fois plus qu’à la normale dans le Missouri (soit plus de <a href="http://climate.missouri.edu/news/arc/jul2015.php">38 centimètres</a>). </p></li>
<li><p>À la même période, en Amérique centrale, <a href="https://www.nasa.gov/feature/goddard/nasa-analyzes-paraguays-heavy-rainfall">au Paraguay</a> tout particulièrement, on a assisté à des pluies torrentielles et des inondations. Cet effet miroir entre les deux hémisphères – des inondations au nord et au sud – est caractéristique d’El Niño. De très importantes inondations ont également eu lieu à <a href="https://www.washingtonpost.com/news/capital-weather-gang/wp/2015/12/10/before-and-after-satellite-imagery-of-the-historic-flooding-in-chennai-india/">Chennai</a> et dans d’autres zones du sud-est de l’Inde (en novembre et aux premières semaines de décembre) en lien avec des températures exceptionnellement élevées dans le golfe du Bengale. </p></li>
<li><p>À l’opposé, <a href="http://www.thejakartapost.com/news/2015/07/10/indonesia-suffer-worst-drought-five-years-2015-agency.html">l’Indonésie</a>, l’Afrique du Sud et l’Éthiopie ont souffert de fortes sécheresses et de très importants incendies. En été, la sécheresse s’est poursuivie en <a href="https://theconversation.com/us/topics/california-drought">Californie</a> et tout le long de la côte ouest nord-américaine (de l’Alaska à l’ouest canadien) ; dans les États du Washington et de l’Oregon, <a href="https://theconversation.com/from-smokey-bear-to-climate-change-the-future-of-wildland-fire-management-45082">le coût</a> de la lutte contre les incendies a battu des records. Là encore, les caractéristiques atmosphériques d’El Niño déterminent quelles régions sont touchées par la sécheresse et quelles autres par les inondations. </p></li>
<li><p>Pour finir, Noël se caractérisa par une exceptionnelle douceur, comme en témoigne la côte est des États-Unis où les températures dépassèrent <a href="http://www.accuweather.com/en/weather-news/christmas-eve-record-warmth-ny/54313801">les 20 °C</a>. </p></li>
</ul>
<p>Ce à quoi nous avons assisté en 2015 deviendra très certainement commun pour les quinze prochaines années, avec bien sûr de grandes disparités d’une région du monde à l’autre. Ces douze derniers mois nous donnent une idée d’un futur sous l’influence du réchauffement climatique. </p>
<p>Ceci ne fait que renforcer l’importance du récent <a href="https://theconversation.com/accord-de-paris-sur-le-climat-lambition-na-pas-ete-sacrifiee-52255">Accord de Paris</a> qui a fixé un cadre clair pour lutter contre le changement climatique : le ralentir, le contenir et en planifier les conséquences.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53623/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kevin Trenberth ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Portée par un puissant El Niño et par le changement climatique, 2015 a battu tous les records de températures, faisant mentir les défenseurs de l’hypothèse d'une pause dans le réchauffement global.Kevin Trenberth, Distinguished Senior Scientist, National Center for Atmospheric Research Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/476452015-09-20T13:40:18Z2015-09-20T13:40:18ZEl Niño, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/476105/original/file-20220726-17-f4v2t0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Terre vue de l’espace. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/24354425@N03/14212310726/">Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Les récentes données rendues publiques par la Nasa et la NOAA l’ont confirmé : 2015 aura bien été l’<a href="https://theconversation.com/2015-aura-bien-ete-lannee-la-plus-chaude-jamais-enregistree-53623">année la plus chaude</a> jamais observée par les scientifiques. Ce réchauffement global – dû à la concentration dans l’atmosphère de gaz à effet de serre imputable en majeure partie aux activités humaines –, est actuellement accompagné d’un épisode particulièrement puissant du phénomène El Niño, avec une température de la mer anormalement élevée dans le Pacifique tropical.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/109543/original/image-20160128-27140-euoey4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=462&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Anomalies de température de la mer dans le Pacifique tropical pendant les quatre dernières semaines (du 27 décembre 2015 au 23 janvier 2016). Les zones en rouge montrent des températures au-dessus de la moyenne atteignant 3 °C. Cette distribution d’anomalies chaudes le long de l’équateur et le long des côtes des continents américains est typique d’El Niño. Cette année, l’eau chaude s’étend particulièrement loin vers l’ouest du Pacifique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NOAA</span></span>
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</figure>
<p>Ses effets ont commencé à se faire sentir cet été pour s’intensifier au fil des semaines, provoquant des anomalies météorologiques, comme un trio inédit de cyclones simultanés dans le Pacifique, un <a href="https://megha-tropiques.cnes.fr/fr/alex-un-ouragan-rarissime-observe-depuis-lespace">événement rarissime</a> et des pluies abondantes au nord de la Californie, mais encore limitées au sud.</p>
<p>Quelle est l’origine d’El Niño ? Qu’en savent les scientifiques ? Connaît-il une évolution sous l’effet du réchauffement climatique ?</p>
<h2>Un phénomène à l’impact global</h2>
<p>El Niño constitue la fluctuation la plus importante du système climatique et perturbe la circulation de l’atmosphère à l’échelle globale. On se trouve en présence de ce phénomène lorsque la température de la partie orientale du Pacifique tropical dépasse une certaine valeur seuil au-dessus de la moyenne.</p>
<p>En temps normal, les vents alizés soufflent sur le Pacifique tropical, entraînant les courants sous-jacents vers l’ouest. Ces courants transportent l’eau chauffée par le soleil des basses latitudes ; cette eau finit alors par s’accumuler dans les couches supérieures de l’océan Pacifique ouest, provoquant une élévation du niveau de la mer.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/95379/original/image-20150918-17689-1y3al7h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En temps normal, les vents alizés transportent l’eau chauffée d’est en ouest.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michael McPhaden/NOAA</span></span>
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</figure>
<p>L’eau chauffée s’évapore de la surface de l’océan, l’air humide et chaud (donc léger) s’élève. Une convection profonde sous forme d’énormes cumulonimbus s’ensuit et cause de fortes précipitations. Lorsque cet air ascendant atteint le sommet de la troposphère, il se trouve bloqué par la stratosphère, trop stable pour être pénétrée, et s’étale alors vers l’est, puis descend vers la surface plus froide du Pacifique est (dite « zone de subsidence »). Cette circulation est-ouest est appelée circulation de Walker.</p>
<h2>Ses effets sur l’atmosphère et l’océan</h2>
<p>La circulation de Walker est modifiée plusieurs fois par décennie, soit par un El Niño, soit par son phénomène opposé (froid), La Niña. Cette oscillation chaude-froide couplée à des variations de pression atmosphérique quasi périodiques est appelée ENSO (El Niño-Southern Oscillation).</p>
<p>Lors d’un El Niño typique, les alizés ralentissent et des coups de vent d’ouest soufflent épisodiquement sur le Pacifique ouest, générant le long de l’Équateur de larges ondes dans l’océan dont on peut voir la trace en surface grâce à des satellites qui mesurent l’élévation du niveau de la mer. Ces ondes déclenchent le transfert vers l’est du bassin de l’<a href="http://sealevel.jpl.nasa.gov/elnino2015/1997vs2015-latest-still.jpg">eau chaude accumulée à l’ouest</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/95381/original/image-20150918-17709-dc162v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/95381/original/image-20150918-17709-dc162v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/95381/original/image-20150918-17709-dc162v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/95381/original/image-20150918-17709-dc162v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/95381/original/image-20150918-17709-dc162v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/95381/original/image-20150918-17709-dc162v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/95381/original/image-20150918-17709-dc162v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Au cours d’un El Niño, la circulation de l’eau chauffée d’est en ouest se trouve modifiée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michael McPhaden/NOAA</span></span>
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</figure>
<p>Ce gigantesque transfert de chaleur induit en contrepartie une réduction des remontées d’eau froide des profondeurs (<em>“upwellings”</em>) à l’est, à l’Équateur et le long de la côte sud-américaine. Apparaissent alors de profondes anomalies de la température de la mer notamment le long de l’Équateur, de la ligne de changement de date jusqu’à la côte.</p>
<p>Lorsque la partie centrale du Pacifique s’échauffe au cours d’un El Niño, la convection atmosphérique, qui se trouve normalement au-dessus du Pacifique ouest dans la région des eaux chaudes, migre vers le centre du Pacifique. Le transfert de chaleur de l’océan à l’atmosphère associé à cette convection se traduit en précipitations inhabituelles dans la région normalement sèche du Pacifique tropical oriental. L’air se déplaçant d’ouest en est nourrit la convection, affaiblissant encore les alizés. Ce processus de rétroaction (<em>feedback</em>) amplifie le phénomène et assure le maintien de la convection atmosphérique profonde et des précipitations dans le Pacifique équatorial central. El Niño prend fin lorsque les changements océaniques causent une rétroaction négative qui renverse sa dynamique initiale.</p>
<h2>La météo perturbée aux États-Unis</h2>
<p>La redistribution de chaleur dans l’océan associée à El Niño crée une réorganisation majeure de la convection atmosphérique globale, perturbant fortement les conditions météorologiques, de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud, de l’Australie à l’Inde, de l’Afrique du Sud au Brésil.</p>
<p>À l’origine des effets de ces phénomènes tropicaux sur les États-Unis, on trouve un type particulier de connexions, appelées téléconnexions extratropicales, entre l’échauffement généré par El Niño dans le centre du Pacifique et l’Amérique du Nord. Cet échauffement excite un train d’ondes qui se propagent vers le nord et relient ainsi le centre du Pacifique équatorial à l’Amérique du Nord. Il en résulte un déplacement vers le nord du jet subtropical. Ce ruban de vents très forts en altitude et soufflant d’ouest en est contribue à la formation des orages aux latitudes moyennes au cours de l’hiver, provoquant généralement une série d’orages sur la Californie et le Sud-ouest américain. L’augmentation des précipitations ne semble exister qu’au cours d’épisodes <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v4/n2/full/nclimate2100.html">forts d’El Niño</a>.</p>
<p>Si les El Niño ont une signature assez typique dans les tropiques, leurs impacts sur l’Amérique du Nord varient beaucoup, car d’autres influences agissent de manière concomitante dans les latitudes tempérées. On peut cependant dire que les hivers qui suivent El Niño sont en général très doux dans l’ouest du Canada et le centre-nord des États-Unis, et <a href="http://www.pmel.noaa.gov/tao/elnino/impacts.html">particulièrement humides</a> dans le sud, de la Californie à la Floride en passant par le Texas.</p>
<h2>Et l’Europe ?</h2>
<p>Ici, les avis sont partagés et les conclusions restent mitigées. Bien que certaines études indiquent un impact d’El Niño sur le nord de l’Europe, les Îles britanniques et la Méditerranée, tout particulièrement pendant les mois de janvier et février qui suivent l’événement, ces effets sont relativement faibles. Surtout, ils <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1256/wea.248.04/abstract">varient</a> d’un événement à l’autre. Il n’existerait donc pas d’effet typique, à l’exception d’une grande variabilité météorologique hivernale. Quelques caractéristiques ont été cependant observées : des circulations cycloniques plus nombreuses en Europe centrale, un décalage vers le sud de la trajectoire des cyclones atlantiques, des situations de blocages dans le secteur Europe-Atlantique, ainsi que le déplacement vers le nord de la trajectoire des événements cycloniques de la région méditerranéenne influençant les précipitations dans cette région. Tous ces phénomènes restent cependant faibles et difficiles à détecter.</p>
<p>Cette absence d’effets majeurs, et surtout d’impacts typiques, s’explique en partie par le fait que d’autres facteurs entrent en compétition avec El Niño pour influencer l’évolution des situations météorologiques aux latitudes moyennes. Parmi ces facteurs, on retient les anomalies de température de la mer dans les régions extratropicales et l’Oscillation nord-atlantique (NAO). De plus, la grande distance entre la zone d’action énergétique d’El Niño dans le centre du Pacifique équatorial et l’Europe explique que les téléconnexions qui agissent sur l’Amérique du Nord (et du Sud de façon quasi symétrique), ne jouent pas pour l’Europe. Les seules <a href="http://www.mpimet.mpg.de/nc/en/communication/news/single-news/article/seasonal-predictability-over-europe-arising-from-el-nino-and-stratospheric-variability.html">connexions</a> constatées passent par la stratosphère et sont de fait assez lointaines.</p>
<h2>L’influence des gaz à effet de serre</h2>
<p>Après avoir pensé qu’il existait un El Niño canonique, voire deux, les scientifiques <a href="http://www.gfdl.noaa.gov/%7Eatw/yr/2015/capotondi_etal_variations2015.pd">s’intéressent</a> aujourd’hui à une variété de comportements récemment observés pour ce phénomène. De nombreuses années d’observation révèlent en effet une surprenante diversité d’El Niño : au niveau de son intensité, de sa longévité et surtout du déplacement des zones d’anomalie maximum de température. Ces variations sont-elles liées au changement climatique ? Il est <a href="http://www.cgd.ucar.edu/oce/markus/ENSOCLIV.pdf">encore trop tôt pour le dire</a>.</p>
<p>Il existe en effet une grande variabilité naturelle dans le Pacifique à l’échelle d’une décennie (appelée PDO – Pacific Decadal Oscillation), voire plus, qui peut <a href="https://theconversation.com/is-the-global-warming-hiatus-over-45995">masquer les variations</a> provoquées par le réchauffement du climat.</p>
<p>Les résultats des modèles climatiques suggèrent que les conditions moyennes du Pacifique vont évoluer vers un état plus chaud. Cela se traduira par une élévation de la température de la mer et une diminution des alizés, ce qui pourrait conduire à un El Niño quasi permanent ou à des épisodes plus intenses.</p>
<p>Certaines <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v4/n2/full/nclimate2100.html">prédictions climatiques</a> ainsi que des <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v3/n9/full/nclimate1936.html">reconstructions</a> d’El Niño passés ont fourni la preuve empirique que sous l’influence du réchauffement, les prochains El Niño pourraient être plus extrêmes. Elles suggèrent aussi un déplacement vers l’est de la zone où l’océan transfère de la chaleur à l’atmosphère. Cela impliquerait un déplacement des téléconnexions extratropicales vers l’est.</p>
<p>Mais les prédictions des modèles divergent quant aux variations d’intensité des téléconnexions : seront-elles différentes ? Plus marquées ? Il n’existe pas aujourd’hui de réponse simple à la question des variations des précipitations en Californie, par exemple, selon les changements prévisibles d’El Niño en liaison avec le réchauffement planétaire.</p>
<h2>Des prédictions toujours difficiles</h2>
<p>La sensibilité de l’atmosphère tropicale à la rétroaction entre les températures élevées de la mer et le ralentissement des alizés qui génère la convection atmosphérique dans le centre du Pacifique va-t-elle se poursuivre ?</p>
<p>Une telle rétroaction n’a pas eu lieu en 2014, alors même que les conditions favorables à un El Niño intense étaient réunies. La convection profonde n’a pas persisté dans le Pacifique central et les interactions entre l’atmosphère et l’océan normalement très fortes pendant El Niño n’ont pas joué leur rôle d’ancrage de la convection par l’intermédiaire des transferts de chaleur.</p>
<p>Ces résultats indiquent qu’il reste encore beaucoup à découvrir, même si des progrès scientifiques majeurs ont été accomplis ces dernières décennies à propos d’El Niño et du cycle de ENSO grâce à des programmes d’observations et de prédictions mis en place depuis le milieu des années 80 et poursuivis jusqu’à ce <a href="http://www.cpc.ncep.noaa.gov/products/analysis_monitoring/lanina/enso_evolution-status-fcsts-web.pdf">jour</a> </p>
<p>Notre capacité à prédire El Niño et l’existence de relations entre l’augmentation des gaz à effets de serre et ce phénomène météorologique reste encore limitée par la complexité de la dynamique de ce phénomène, comme l’a montré la prévision défaillante de 2014. Aux États-Unis l’hiver est en partie dominé par El Niño qui ne s’est pas encore développé en un « méga » El Niño comme certains le prédisent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/47645/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Gautier A reçu des financements de la NOAA, la NSF et le department de l'energie des Etats-Unis</span></em></p>El Niño constitue la fluctuation la plus importante du système climatique, perturbant la circulation de l’atmosphère à l’échelle globale.Catherine Gautier, Professor Emerita of Geography, University of California, Santa BarbaraLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.