tag:theconversation.com,2011:/au/topics/microbes-40722/articlesmicrobes – The Conversation2024-01-24T16:29:39Ztag:theconversation.com,2011:article/2209232024-01-24T16:29:39Z2024-01-24T16:29:39ZÀ quelle fréquence devez-vous laver vos draps et vos serviettes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568705/original/file-20231109-17-a2kns6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7536%2C5026&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lorsque vous vous séchez, vous déposez des milliers de cellules cutanées et des millions de microbes sur la serviette</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/laundry-fresh-woman-smelling-towel-after-2246392501">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Tout le monde semble avoir un avis différent sur la fréquence de lavage des serviettes et des <a href="https://7news.com.au/video/lifestyle/cleaning/dr-karl-on-how-often-you-should-wash-our-sheets-bc-6320410318112">draps</a>. Alors que de nombreuses personnes se demandent si quelques jours ou quelques semaines suffisent, une enquête menée au Royaume-Uni a révélé que <a href="https://www.bbc.com/news/newsbeat-61259074">près de la moitié des hommes célibataires</a> ne lavaient pas leurs draps pendant une période pouvant aller jusqu’à quatre mois d’affilée.</p>
<p>Il est évident que quatre mois, c’est trop long, mais quelle est la fréquence idéale ?</p>
<p>La literie et les serviettes sont des articles très différents et doivent donc être lavées à des intervalles différents. Alors qu’une semaine ou deux suffisent généralement pour les draps, il est préférable de changer les serviettes tous les deux jours.</p>
<p>De toute façon, qui n’aime pas la sensation que procurent des draps propres ou l’odeur d’une serviette fraîchement lavée ?</p>
<h2>Pourquoi vous devriez laver vos serviettes plus souvent</h2>
<p>Lorsque vous vous séchez, vous déposez des milliers de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2018.02362/full">cellules cutanées</a> et des millions de <a href="https://www.ajicjournal.org/article/S0196-6553(23)00402-9/fulltext">microbes</a> sur la serviette. Et comme vous utilisez votre serviette pour vous sécher après une douche ou un bain, elle reste souvent humide.</p>
<p>Chaque nuit, vous laissez également une grande quantité de peaux mortes, de microbes, de sueur et d’huiles <a href="https://theconversation.com/your-bed-probably-isnt-as-clean-as-you-think-a-microbiologist-explains-163513">sur vos draps</a>. Mais à moins que vous ne produisiez une transpiration nocturne excessive, votre literie n’est pas mouillée après une nuit de sommeil.</p>
<p>De plus, les serviettes sont fabriquées dans un matériau plus épais que les draps et ont donc tendance à rester humides plus longtemps.</p>
<p>En quoi l’humidité pose-t-elle problème ? Les serviettes mouillées sont un terrain propice à la prolifération des bactéries et des moisissures. <a href="https://www.qld.gov.au/housing/public-community-housing/public-housing-tenants/looking-after-your-home/safety/mould">Ces dernières</a> adorent les environnements <a href="https://www.asthmaandlung.org.uk/living-with/indoor-air-pollution/allergies">humides</a>. Et bien qu’elles ne soient pas nécessairement visibles (il faudrait une croissance importante pour pouvoir les voir), elles peuvent donner lieu à une odeur désagréable.</p>
<p>Outre les odeurs, l’<a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/infections/can-clothes-and-towels-spread-germs/">exposition à ces microbes</a> dans vos serviettes et draps peut provoquer de l’<a href="https://aafa.org/allergies/types-of-allergies/insect-allergy/dust-mite-allergy/">asthme</a>, des irritations cutanées allergiques ou d’autres <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/11/4/04-1094_article">infections cutanées</a>.</p>
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<img alt="Un couple en train de changer les draps de leur lit." src="https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les gens ne sont pas toujours d’accord sur la fréquence à laquelle il faut changer les draps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/black-couple-changing-bed-sheet-together-1051726535">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Quelle est donc la fréquence idéale ?</h2>
<p>Pour la literie, cela dépend de plusieurs facteurs, par exemple si vous prenez un bain ou une douche juste avant de vous coucher, ou si vous vous mettez au lit après avoir transpiré pendant une longue journée et que vous prenez votre douche le matin. Dans ce dernier cas, vous devrez laver vos draps plus fréquemment. Règle générale, une fois par semaine ou toutes les deux semaines suffisent.</p>
<p>Les serviettes devraient idéalement être changées plus fréquemment – environ tous les deux jours – alors que vous devriez remplacer votre débarbouillette après chaque utilisation. Comme elle est complètement mouillée, elle le restera plus longtemps et retiendra davantage de cellules cutanées et de microbes.</p>
<p>En lavant vos serviettes à une température élevée (par exemple, 65 °C), vous <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34465009/">éliminerez de nombreux microbes</a>. Si vous souhaitez économiser de l’énergie, vous pouvez utiliser une température plus basse et ajouter une tasse de vinaigre à l’eau de lavage. Le vinaigre tuera les microbes et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8231443/">empêchera les mauvaises odeurs</a> de se développer.</p>
<p>Nettoyez régulièrement votre machine à laver et séchez le pli dans le caoutchouc après chaque lavage, car c’est un autre endroit où les microbes aiment proliférer.</p>
<h2>Serviettes malodorantes</h2>
<p>Vous lavez régulièrement vos serviettes, mais les mauvaises odeurs persistent ? Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que vous les avez laissées dans la machine à laver trop longtemps après le lavage. Surtout s’il s’agit d’un cycle à l’eau chaude, la période pendant laquelle les serviettes restent chaudes et humides permet aux microbes de se développer. En <a href="https://textbookofbacteriology.net/growth_3.html">laboratoire</a>, le nombre de ces bactéries peut doubler toutes les 30 minutes.</p>
<p>Il est important de suspendre votre serviette pour la faire sécher après utilisation et de ne pas la laisser dans la machine à laver après la fin du cycle. Si possible, étendez vos serviettes et votre literie au soleil. Elles sécheront ainsi complètement rapidement et conserveront cette agréable odeur de coton frais et propre. La sécheuse est une bonne option en cas de mauvais temps, mais il est toujours préférable de les étendre dehors dans la mesure du possible.</p>
<p>Par ailleurs, même si votre serviette est destinée à être lavée, ne la jetez pas dans la corbeille à linge si elle est encore mouillée, car elle constitue un endroit idéal pour la prolifération des microbes. Le temps que vous fassiez votre lessive, la serviette et le reste des vêtements à proximité risquent d’avoir acquis une senteur désagréable. Et il peut être difficile de redonner à vos serviettes une odeur de propreté.</p>
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<img alt="Une jeune femme chargeant une machine à laver." src="https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6709%2C4476&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les serviettes doivent être lavées plus souvent que les draps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-woman-taking-laundry-out-washing-1727564893">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Qu’en est-il des serviettes et des draps « autonettoyants » ?</h2>
<p>Certaines entreprises vendent des serviettes « à séchage rapide » ou des serviettes et des draps « autonettoyants ». Les serviettes à séchage rapide sont fabriquées à partir de matériaux synthétiques tissés de manière à sécher rapidement. Cela permet d’éviter la prolifération des microbes et des mauvaises odeurs qui se développent lorsque les serviettes restent humides pendant de longues périodes.</p>
<p>Mais la notion de produits autonettoyants est plus complexe. La plupart de ces produits contiennent du <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/chem-2016-0005/html">nanoargent</a> ou du cuivre, des métaux antibactériens qui tuent les micro-organismes. Les composés antibactériens stoppent la croissance des bactéries et peuvent être utiles pour limiter les odeurs et réduire la fréquence à laquelle vous devez nettoyer vos draps et serviettes.</p>
<p>Cependant, ils n’élimineront pas la saleté comme les huiles, les squames et la sueur. Même si j’aimerais beaucoup que les draps et les serviettes se nettoient tout seuls, la réalité est tout autre.</p>
<p>En outre, l’emploi excessif d’antimicrobiens <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6636436/pdf/idr-12-1985.pdf">tels que le nanoargent</a> peut <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2021.652863/full">favoriser la résistance des microbes</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220923/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rietie Venter a reçu des fonds de divers organismes de financement nationaux et internationaux.</span></em></p>Alors qu’une semaine ou deux suffisent généralement pour les draps, il est préférable de laver les serviettes tous les deux jours. Voici les explications d’un microbiologiste.Rietie Venter, Associate professor, Clinical and Health Sciences, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2163202023-10-27T13:25:06Z2023-10-27T13:25:06ZJe suis microbiologiste. Voici ce que je surveille quand vient le temps de manger<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/555635/original/file-20230928-17-d1ixap.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C0%2C6689%2C4476&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quand on mange dans un buffet, on court le risque d’être victime d’une intoxication alimentaire.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/chafing-dish-food-1020163570">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Environ <a href="https://www.ukri.org/news/food-safety-network-to-tackle-9-billion-food-poisoning-challenge/#:%7E:text=Food%20poisoning%20key%20facts%3A,foodborne%20illness%20in%20the%20UK">2,4 millions de personnes</a> sont victimes d’intoxication alimentaire chaque année au Royaume-Uni, principalement à la suite d’une contamination virale ou bactérienne. La plupart d’entre elles <a href="https://www.nhsinform.scot/illnesses-and-conditions/infections-and-poisoning/food-poisoning/">se rétablissent en quelques jours sans traitement</a>, mais <a href="https://bmjopengastro.bmj.com/content/7/1/e000377">ce n’est pas le cas de toutes</a>.</p>
<p>En tant que microbiologiste, je suis sans doute plus consciente que la majorité des gens du risque d’infection d’origine alimentaire. Voici quelques-unes des choses auxquelles je suis attentive.</p>
<h2>En plein air</h2>
<p>Je mange rarement en plein air, que ce soit dans le cadre de pique-niques ou de barbecues, car le risque d’intoxication alimentaire augmente à l’extérieur.</p>
<p>Pour ne pas tomber malade, il est essentiel de se laver les mains lorsqu’on manipule de la nourriture, mais on ne trouve pas souvent de l’eau courante chaude et du savon dans un parc ou sur une plage. On peut utiliser du gel désinfectant (c’est mieux que rien), mais cela n’élimine pas tous les germes.</p>
<p>En outre, la nourriture attire toutes sortes de créatures volantes et rampantes – mouches, guêpes, fourmis, etc. – qui peuvent transmettre des germes, comme <em>E. coli</em>, <em>Salmonella</em> et <em>Listeria</em>, à vos aliments.</p>
<p>Il est essentiel de conserver les denrées périssables au froid et couvertes, car les germes peuvent doubler en nombre si on laisse les aliments se réchauffer à 30 °C pendant plus de deux heures. Pour les barbecues, la viande doit être bien cuite et l’on recommande l’utilisation d’un thermomètre pour éviter les intoxications. Ne consommez pas de viande hachée (burger) dont la température interne <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/conseils-generaux-salubrite/temperatures-securitaires-cuisson-interne.html">est inférieure à 71 °C</a>.</p>
<h2>Buffets</h2>
<p>Sachant dans quelles conditions les bactéries se développent dans les aliments, je suis très soucieuse de la sécurité alimentaire des buffets chauds et froids.</p>
<p>À l’intérieur, les aliments peuvent être exposés à la contamination par des insectes, de la poussière et, surtout, des personnes. Quand on mange dans un <a href="https://www.fda.gov/food/buy-store-serve-safe-food/serving-safe-buffets">buffet</a>, on court le risque d’être victime d’une intoxication alimentaire.</p>
<p>La contamination résulte du contact des convives avec la nourriture, et les germes peuvent être pulvérisés par des personnes qui éternuent ou toussent à proximité des aliments. Même à l’intérieur, il faut tenir compte de la contamination par les insectes, tels que les mouches ou les guêpes, qui se posent sur des mets non couverts. Les germes peuvent également provenir de l’air, qui renferme des bactéries, des champignons et des virus.</p>
<p>Je regarde toujours l’heure lorsque je participe à un buffet, car il existe une <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/salubrite-aliments-saisonniers/salubrite-aliments-pendant-fetes.html">règle des deux heures</a> en matière de restauration : les aliments périssables deviennent impropres à la consommation en deux heures s’ils ne sont pas conservés couverts et réfrigérés. Le problème, c’est que les buffets sont souvent disposés avant l’arrivée des convives, si bien qu’il est difficile de savoir quand les plateaux de viande cuite, de fruits de mer, de salades, de desserts et de fruits et légumes présentés de manière appétissante ont été placés sur les tables.</p>
<p>Pour les buffets chauds, tels que ceux que proposent certains hôtels pour le petit-déjeuner, j’évite la nourriture tiède, car les bactéries responsables des intoxications se développent rapidement si les aliments sont conservés à une température inférieure à 60 °C. Les mets chauds doivent être servis chauds, c’est-à-dire <a href="https://www.fda.gov/food/buy-store-serve-safe-food/serving-safe-buffets">à 60 °C minimum</a>. En cas de doute sur la sécurité de la nourriture, je choisis à contrecœur du pain fraîchement grillé et de la marmelade emballée individuellement.</p>
<h2>Les huîtres</h2>
<p>Il y a des aliments que je ne mange jamais, et les fruits de mer crus, comme les huîtres, en font partie. Les huîtres se nourrissent par filtration et peuvent accumuler des germes, tels que la bactérie Vibrio et le norovirus, dans leurs tissus.</p>
<p>L’aspect, l’odeur et le goût d’une huître contaminée par Vibrio n’ont rien de particulier, mais on peut tomber gravement malade en la consommant. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains estiment qu’environ 80 000 personnes contractent une infection à cette bactérie en mangeant des huîtres crues et que, rien qu’aux États-Unis, 100 personnes <a href="https://www.cdc.gov/foodsafety/communication/oysters-and-vibriosis.html">meurent de la vibriose</a> chaque année.</p>
<p>Il est également possible de développer une intoxication alimentaire avec des coquillages crus (palourdes, moules, bourgots, coques). Je les consomme toujours bien cuits, car la chaleur tue les germes nocifs.</p>
<h2>Salades en sachet</h2>
<p>Je ne mange jamais de salades en sachet, étant donné que la sécurité des salades fraîches constitue un de mes domaines de recherche. On a trouvé que la salade en sachet peut contenir des germes responsables d’intoxications alimentaires tels qu’<em>E. coli</em>, <em>Salmonella</em> et <em>Listeria</em>.</p>
<p>Mon équipe <a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/aem.02416-16">a constaté</a> que lorsqu’on donne du jus de feuilles de salade à ces agents pathogènes, cela multiplie leur prolifération par mille, même si le sac de salade est réfrigéré. En outre, le jus de salade rend les germes plus virulents et donc plus aptes à provoquer une infection.</p>
<p>Pour les amateurs de salade alarmés par cette information, la plupart des salades en sachet sont sûres si on les conserve au réfrigérateur, qu’on les lave (même celles prêtes à l’emploi) et qu’on les mange le plus rapidement possible après l’achat.</p>
<p>S’il y a du « jus » de salade, il faut la jeter.</p>
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<img alt="An open bag of lettuce" src="https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550872/original/file-20230928-15-irzk45.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">S’il y a du « jus » de salade, il faut la jeter.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/open-bag-salad-lettuce-carrots-white-528025258">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Pratiques culinaires</h2>
<p>J’ai ma liste de choses à faire et à ne pas faire.</p>
<p>Pour les denrées périssables, je vérifie régulièrement la date limite de consommation. Si celle-ci n’est pas dépassée et que l’emballage semble gonflé, ou si, après l’avoir ouvert, je constate que l’aspect ou l’odeur de l’aliment est étrange, je le jette, car il pourrait avoir été contaminé.</p>
<p>Je n’utilise jamais les mêmes planches à découper pour les aliments crus et cuits, et je me lave automatiquement les mains avant et après la manipulation de la nourriture.</p>
<p>Une des pratiques que j’évite à tout prix, c’est réchauffer du riz cuit. Le riz cru peut contenir des spores de <em>Bacillus cereus</em>, un germe responsable d’intoxications alimentaires.</p>
<p>Bien que la cuisson tue les cellules de <em>Bacillus</em>, les spores survivent. Si on laisse le riz refroidir et reposer à température ambiante, les <a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/food-and-diet/can-reheating-rice-cause-food-poisoning/#:%7E:text=Yes%2C%20you%20can%20get%20food,been%20stored%20before%20it%E2%80%99s%20reheated">spores se transforment en bactéries</a>, dont le nombre augmentera rapidement, car le riz est un bon milieu de culture pour le <em>Bacillus</em> à température ambiante.</p>
<p>Le <em>Bacillus</em> issu du riz produit des toxines qui, quelques heures après l’ingestion, provoquent des vomissements et des diarrhées pouvant durer jusqu’à 24 heures.</p>
<h2>Et le resto ?</h2>
<p>Ma grande connaissance de la sécurité alimentaire m’incite à faire la queue en premier aux buffets, à être prudente lorsque je mange mon petit-déjeuner à l’hôtel et à surveiller l’horloge pour savoir à quelle fréquence les aliments périssables sont remplacés. Je ne rapporte jamais les restes de mon repas au restaurant dans un <em>doggy bag</em> (le délai de deux heures est généralement dépassé), même s’ils sont destinés à un animal de compagnie.</p>
<p>L’avantage d’être microbiologiste est que nous savons comment éviter les intoxications et, de ce fait, les gens ne sont jamais inquiets de manger ce que nous avons préparé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216320/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone a déjà bénéficié d'un financement du BBSRC pour ses travaux de recherche sur la salade.</span></em></p>Vous ne verrez plus jamais la salade en sachet de la même façon.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2158732023-10-18T17:04:12Z2023-10-18T17:04:12ZPourquoi bien se brosser les dents prévient des maladies graves, grâce à de bonnes bactéries<p><em>Il est normal d’avoir des bactéries dans la bouche. Mais certaines d’entre elles s’avèrent nocives et sont associées à toute une série de problèmes de santé. Glenda Davison, scientifique médicale et Yvonne Prince, microbiologiste (Cape Peninsula University of Technology) <a href="https://www.mdpi.com/2227-9059/11/1/3">mènent des recherches</a> sur la cavité buccale. Elles expliquent pourquoi il est si important de respecter une bonne hygiène bucco-dentaire.</em></p>
<hr>
<h2>Une mauvaise hygiène bucco-dentaire peut-elle entraîner des pathologies graves ?</h2>
<p>La présence de communautés de bactéries nocives au niveau de la cavité buccale <a href="https://www.frm.org/nos-publications/questions-de-sante/lien-entre-hygiene-buccale-et-sante">a été associée</a> à des <a href="https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-du-foie-et-de-la-v%C3%A9sicule-biliaire/manifestations-cliniques-des-maladies-du-foie/pr%C3%A9sentation-des-maladies-du-foie">maladies du foie</a>, à de l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/insuffisance-renale/">insuffisance rénale</a>, à des cancers, à des maladies cardiovasculaires et à de l’<a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/hypertension">hypertension</a>.</p>
<p>La <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/medicine-and-dentistry/oral-cavity">cavité buccale</a> est la porte d’entrée du <a href="https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/les-faits-en-bref-troubles-digestifs/biologie-de-l%E2%80%99appareil-digestif/%C5%93sophage">tractus gastro-intestinal</a> (<em>couramment appelé tube digestif, ndlr</em>) et de l’ensemble de l’organisme.</p>
<p>Comme l’intestin, la bouche abrite plusieurs colonies de bactéries, de champignons, de virus et de <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_6/Idt/00554.pdf">protozoaires</a>. La bouche héberge d’ailleurs la deuxième communauté microbienne la plus importante chez l’homme, après l’intestin.</p>
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<p>Plus de 700 espèces de microorganismes résident dans la bouche. De nouvelles technologies, telles que <a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/cmr.17.4.840-862.2004">l’analyse de l’ARNr 16S</a> (<em>également appelé ARN ribosomique 16S, ndlr</em>) ont permis aux chercheurs d’étudier leur composition génétique et leur arbre généalogique.</p>
<p>Ces microbes se trouvent partout dans la bouche : à l’intérieur et autour des dents, dans les gencives, sur la langue, au niveau du palais et dans la salive. Ils restent généralement stables tout au long de notre vie. Mais si l’équilibre de cette communauté bactérienne est rompu, les bactéries nocives peuvent devenir dominantes. Cela peut entraîner des saignements des gencives et favoriser des maladies de la sphère buccodentaire comme la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK279593/">gingivite et la parodontite</a>.</p>
<p>(<em>On parle de gingivite en présence d’une inflammation de la gencive. Celle-ci évolue en parodontite si l’inflammation s’étend à d’autres tissus qui soutiennent les dents, ndlr)</em>.</p>
<h2>Comment des problèmes bucco-dentaires peuvent-ils entraîner d’autres maladies ?</h2>
<p>On sait que les variations de pH – acidité ou alcalinité – (<em>c’est-à-dire le caractère plus ou moins acide, ndlr</em>), comme les variations de température et d’oxygène dans la cavité buccale entraînent une croissance anormale de certains groupes de bactéries. Celles-ci sont généralement inoffensives. Néanmoins, quand ces bactéries deviennent dominantes, elles peuvent provoquer des maladies.</p>
<p>Cette perturbation du <a href="https://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/microbiome/">microbiote</a> buccal provoque une inflammation et le développement lent d’une parodontite ainsi que des saignements des gencives et des caries. Lorsque la maladie gingivale détruit la gencive et commence à éroder l’os, des molécules inflammatoires appelées <a href="https://www.cancer.org/cancer/managing-cancer/treatment-types/immunotherapy/cytokines.html">cytokines</a> peuvent pénétrer dans la circulation sanguine.</p>
<p>Ces substances chimiques activent les cellules immunitaires et peuvent conduire à une inflammation chronique de bas grade associée à la survenue de maladies comme le <a href="https://www.inserm.fr/dossier/diabete-type-2/">diabète de type 2</a>, l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/atherosclerose/">athérosclérose</a> (caractérisé par un épaississement des artères) et bien d’autres pathologies, voire même de l’obésité. Les bactéries peuvent également se déplacer depuis les gencives vers les tissus environnants et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2213453018301642?via%3Dihub">libérer des toxines</a> qui peuvent se répandre dans tout le corps.</p>
<p>De la même manière, l’intestin héberge plus de 1 000 espèces de bactéries qui résident dans le gros intestin et jouent un rôle essentiel dans la digestion, l’absorption, l’immunité et dans la protection contre les toxines et les bactéries nocives.</p>
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<p>Les êtres humains ne peuvent pas vivre sans un microbiote intestinal sain et diversifié. Si cette communauté de microbes bien équilibrée est perturbée et que son équilibre n’est pas rétabli, des troubles gastrointestinaux peuvent survenir.</p>
<p>Des recherches récentes ont établi un lien entre un microbiote intestinal anormal et des pathologies aussi diverses que des <a href="https://www.inserm.fr/dossier/maladies-auto-immunes/">maladies auto-immunes</a>, l’obésité, les maladies cardiovasculaires et même la maladie d’Alzheimer.</p>
<h2>D’où viennent les bactéries présentes dans l’organisme ?</h2>
<p>Tout commence avec nos microbes, de minuscules organismes qui font partie de notre corps et qui s’avèrent essentiels à la santé des êtres humains. Le corps humain compte <a href="https://www.voanews.com/a/research-estimates-we-are-only-about-43-percent-human/4932876.html">39 000 milliards de microbes</a>, soit davantage que les quelques 30 000 milliards de cellules humaines, selon certaines estimations, qui composent notre organisme. Ces microbes colonisent quasiment tous les organes et interstices du corps humain. On les trouve dans l’intestin, la peau, les poumons, le liquide séminal et vaginal, les yeux, le cuir chevelu et la bouche.</p>
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<p>Chacun de ces organes ou tissus possède son propre environnement et attire différents microorganismes qui s’adaptent à cet environnement et en font leur foyer. Ces organismes vivent en synergie les uns avec les autres ainsi qu’avec les tissus environnants. Si cette relation est perturbée, elle peut entraîner une maladie.</p>
<p>La plupart de ces microbes nous viennent de notre mère. Ils pénètrent dans notre corps à la naissance. L’utérus est stérile. Mais pendant que le bébé progresse dans le canal au moment de l’accouchement pour sortir vers le monde extérieur, des bactéries et d’autres microbes colonisent le nouveau-né et créent ainsi un écosystème unique appelé <a href="https://www.sciencefocus.com/the-human-body/human-microbiome">microbiome humain</a>.</p>
<p>Au fur et à mesure que nous grandissons et commençons à explorer le monde, ces microorganismes deviennent de plus en plus diversifiés et variés. Ils sont influencés par nos régimes alimentaires, nos modes de vie, nos interactions avec des animaux et notre environnement. Il est important de maintenir cet équilibre qui limite le risque de développer des maladies.</p>
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<h2>Que faut-il faire pour limiter ces risques ?</h2>
<p>Une bonne hygiène dentaire comprend des examens dentaires réguliers et une prévention de l’accumulation de plaque dentaire par un brossage des dents régulier. Il convient aussi d’éviter les aliments riches en glucides et en sucre, qui peuvent entraîner une augmentation des caries.</p>
<p>(<em>On appelle <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/carie-dentaire/comprendre-caries-dentaires">plaque dentaire</a> un enduit composé de protéines issues de la salive, de déchets alimentaires et de bactéries. En se multipliant et en se densifiant, ces bactéries forment le tartre, ndlr</em>).</p>
<p>Pour favoriser l’équilibre des bactéries dans la bouche, il est recommandé d’inclure dans notre régime alimentaire des aliments riches en <a href="https://www.medicalnewstoday.com/articles/301506">antioxydants</a>, comme des fruits frais et des légumes.</p>
<p>Les dentistes recommandent également d’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/08037051.2019.1680270">éviter les bains de bouche antibactériens</a>, dont il a été démontré qu’ils perturbent l’équilibre des microbes. Une utilisation excessive de ces produits peut entraîner des déséquilibres et stimuler le développement des espèces de bactéries susceptibles de provoquer des maladies.</p>
<p>Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S188276162200028X?via%3Dihub">niveaux élevés de stress</a> et le <a href="https://www.cell.com/heliyon/fulltext/S2405-8440(20)30619-8">manque d’activité physique</a> ont également été associés à des perturbations de l’équilibre du microbiote oro-intestinal. Il est donc recommandé d’adopter un régime alimentaire équilibré, associé à un temps de repos suffisant et à une bonne hygiène dentaire.</p>
<p>La bouche est la porte d’entrée de l’intestin et du reste de l’organisme. Il est important de veiller à l’harmonie des microbes qui y vivent pour réduire le risque de survenue de certaines maladies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215873/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Glenda Mary Davison est financée par la Fondation sud-africaine pour la recherche médicale et occupe la chaire intérimaire DSI-NRF SARChI sur la santé cardiométabolique, financée par Nedbank.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yvonne Prince ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Nous négligeons souvent notre hygiène bucco-dentaire. Des recherches ont pourtant montré que la présence de bactéries nocives dans la bouche peut augmenter le risque de survenue de certaines maladies.Glenda Mary Davison, Associate Professor, Cape Peninsula University of TechnologyYvonne Prince, PhD in Biomedical Science (Microbiology), Cape Peninsula University of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2126812023-09-08T13:04:14Z2023-09-08T13:04:14ZUne mouche à fruit atterrit dans votre vin. Pouvez-vous tout de même le boire ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545839/original/file-20230824-25-c2ho4q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=18%2C0%2C6039%2C4014&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Que faire si une mouche à fruit se noie dans votre verre de vin? Connaissant les endroits peu ragoûtants où ces insectes se tiennent, peut-on encore le boire?
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/fruit-fly-swimming-red-wine-wasnt-2283078405">Anne Webber/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Vous vous servez un verre de votre sauvignon blanc préféré et vous vous apprêtez à en déguster une gorgée lorsqu’une mouche à fruits s’y pose. L’insecte est manifestement mort. Mais compte tenu de ce que vous savez sur les endroits où ces bibittes se tiennent, vous vous demandez si vous pouvez boire ce verre en toute sécurité.</p>
<p>Malgré leur nom à consonance agréable, les mouches à fruits (espèces <em>Drosophila</em>) se nourrissent d’aliments en décomposition. Elles vivent dans les poubelles, les tas de compost ou tout autre lieu où il y a de la nourriture, y compris les canalisations. Les aliments en décomposition regorgent de germes qu’une mouche peut ramasser au passage et déposer partout où elle atterrit.</p>
<p>Ces <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0362028X22084745">bactéries</a> comprennent <em>l’E. coli</em>, <em>la Listeria</em>, <em>la Shigella</em> et <em>la Salmonella</em>, chacune d’entre elles pouvant provoquer une infection grave, même chez des personnes en bonne santé. Vous vous rendez compte que la mouche à fruits vient peut-être de déposer des microbes potentiellement mortels dans votre vin, vous le jetez donc dans l’évier et vous vous servez un autre verre.</p>
<p>Cependant, les preuves scientifiques suggèrent que vous venez de gaspiller du bon vin. Le vin contient généralement entre 8 et 14 % d’éthanol et a un pH d’environ 4 ou 5 ; un pH inférieur à 7 est considéré comme acide.</p>
<p>L’alcool est bien connu pour son effet inhibiteur sur les germes et c’est l’une des raisons pour lesquelles le vin peut être conservé si longtemps. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9754789/">Plusieurs</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20629891/">études</a> de <a href="https://www.mdpi.com/2304-8158/9/7/936">laboratoire</a> ont également montré que les effets combinés de l’alcool du vin et des acides organiques, tels que l’acide malique, peuvent empêcher la croissance <em>d’E. coli</em> et <em>de Salmonella</em>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="E coli bacteria" src="https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/545266/original/file-20230829-17-jfb8mc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le vin est connu pour inhiber la croissance des germes, tels que l’E. coli.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-illustration/escherichia-coli-bacterium-e-gramnegative-rodshaped-1026248248">Kateryna Kon/Shutterstock</a></span>
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<p>Le fait que les germes transmis par la mouche à fruits dans le vin puissent provoquer une infection <a href="https://www.ift.org/news-and-publications/food-technology-magazine/issues/2021/may/columns/food-safety-and-quality-infectious-doses-of-foodborne-illness">dépend</a> du nombre de bactéries déposées (la « dose infectieuse ») et de la capacité métabolique des germes. Le vin dans lequel la mouche à fruits a plongé était également réfrigéré, ce qui, pour certaines bactéries responsables des intoxications alimentaires, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2016.01151/full">perturbe leur métabolisme au point</a> de les empêcher de proliférer.</p>
<p>Tous les types de vin (rouge, blanc ou rosé, qu’ils soient réfrigérés ou à température ambiante) sont naturellement antibactériens. Les germes qu’ils peuvent contenir risquent de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20629891/">se détériorer</a>, ce qui réduit leur capacité d’infection. Cela suggère que si les germes déposés dans le vin par les mouches peuvent être présents à une dose suffisamment élevée pour provoquer une maladie, ils ne sont pas susceptibles d’occasionner une infection, car ils sont trop dégradés. Il est donc fort probable que le vin contaminé puisse être bu sans effet néfaste, qu’il sorte du réfrigérateur ou non.</p>
<h2>Ensuite, il faut affronter le corps</h2>
<p>S’ils ne sont pas altérés directement par le vin, les germes encore vivants provenant du dépôt de la mouche à fruits rencontreront les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7684463/pdf/WJG-26-6706.pdf">fluides très acides de l’estomac humain</a>.</p>
<p>Les germes responsables des intoxications alimentaires sont très sensibles à l’acide, qui endommage leur ADN, et l’acide gastrique peut même les tuer. Dans l’estomac, ils doivent également franchir d’autres barrières mortelles telles que les enzymes digestives, le mucus qui les emprisonne et les défenses toujours vigilantes du système immunitaire. Il est <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7553086/pdf/fmicb-11-556140.pdf">peu probable que les germes déposés par les mouches puissent déclencher une infection</a>.</p>
<p>À moins que vous n’ayez une phobie des germes, je vous conseille d’enlever la mouche et de boire le vin. Si vous voulez un supplément de protéines, vous pouvez même avaler la mouche !</p>
<p>Il est peu vraisemblable que la mouche à fruits modifie le goût du vin, même si elles sont plusieurs. Votre système digestif traitera simplement la bestiole comme n’importe quelle autre protéine. Santé !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212681/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un microbiologiste explique quel est le risque pour votre santé de boire un bon sauvignon blanc bien frais dans lequel une mouche à fruit s’est posée.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2115702023-09-01T13:14:34Z2023-09-01T13:14:34ZVoici comment vous débarrasser de vos pellicules, selon la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542623/original/file-20230706-25-n7njvh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C995%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les pellicules sont principalement causées par la levure _Malassezia_. Cette levure vit sur la peau de la plupart des gens, soit à la surface, soit dans l’ouverture du follicule pileux, la structure qui entoure la racine et la mèche d’un cheveu.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/dander-that-causes-itching-scalp-373934782">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Les pellicules peuvent être sèches, comme des flocons de neige, ou grasses, avec des amas jaunes. Jusqu’à la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK551707/">moitié</a> des adultes ont souffert de cette affection du cuir chevelu à un moment ou à un autre ; vous connaissez donc certainement ces squames et les démangeaisons qu’elles provoquent. </p>
<p>Les pellicules peuvent être <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1439-0507.2008.01624.x">embarrassantes</a>. Elles peuvent affecter de nombreux aspects de la vie des gens, tels que leurs relations sociales, la façon dont ils se coiffent et les vêtements qu’ils portent.</p>
<p>Ce problème ne date pas d’aujourd’hui. En fait, les pellicules existent depuis des millénaires et ont été <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2181905/">décrites</a> par des médecins grecs. Nous ne savons pas avec certitude si nos ancêtres étaient aussi gênés par les pellicules que nous le sommes maintenant. Mais ils se sont intéressés aux causes de cette affection.</p>
<h2>Qu’est-ce qui cause les pellicules ?</h2>
<p>Les pellicules sont principalement causées par la levure <a href="https://www.cell.com/cell-host-microbe/pdf/S1931-3128(19)30106-4.pdf"><em>Malassezia</em></a>. Cette levure vit sur la peau de la plupart des gens, soit à la surface, soit dans l’ouverture du follicule pileux, la structure qui entoure la racine et la mèche d’un cheveu.</p>
<p>La levure se nourrit de sébum, l’hydratant naturel sécrété par les glandes sébacées pour empêcher le dessèchement de la peau. Ces glandes sont attachées à chaque follicule pileux et les cheveux fournissent un micro-environnement sombre et couvert, idéal pour la prolifération de la levure.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Schéma d’une coupe transversale de la peau montrant le follicule pileux et d’autres structures cutanées" src="https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La levure responsable des pellicules vit à la surface de la peau et dans l’ouverture du follicule pileux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>En se développant, la levure libère des molécules qui irritent la peau et perturbent son processus normal de renouvellement. Les cellules se regroupent et apparaissent sous forme de flocons blancs. En cas d’excès de sébum, celui-ci peut se mélanger aux cellules et donner aux pellicules un aspect jaune.</p>
<p>Le lien entre les pellicules et la levure a été établi il y a près de 150 ans. La première personne à avoir identifié et décrit cette levure en <a href="https://www.cell.com/cell-host-microbe/pdf/S1931-3128(19)30106-4.pdf">1874</a> est Louis-Charles Malassez (dont elle porte le nom).</p>
<h2>Pourquoi ai-je des pellicules ?</h2>
<p>Comme la <em>Malassezia</em> est présente chez la plupart des gens, pourquoi certaines personnes ont-elles des pellicules et d’autres non ? Cela dépend d’une série de facteurs.</p>
<p>Il s’agit notamment de la qualité de la barrière cutanée. La levure peut pénétrer plus profondément si la peau est endommagée d’une manière ou d’une autre, par exemple en cas de coup de soleil. D’autres facteurs incluent votre immunité et des causes externes, tels que les produits de soins capillaires que vous utilisez.</p>
<p>La façon dont la <em>Malassezia</em> se développe dépend également de l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4864613/">équilibre</a> des autres micro-organismes qui vivent sur votre peau, tels que les bactéries.</p>
<h2>Comment se débarrasser des pellicules ?</h2>
<p>Les pellicules sont principalement traitées avec des shampooings <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0939641123000292?via%3Dihub">antifongiques</a> et des traitements du cuir chevelu pour freiner la croissance de la <em>Malassezia</em>. Ces shampooings contiennent le plus souvent de la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34575891/">pyrithione de zinc</a> (ou ZnPT). Le sulfure de sélénium, le kétoconazole et le goudron de houille sont d’autres antifongiques couramment présents dans les shampooings. </p>
<p>Vous pouvez également traiter les pellicules à l’aide de masques et de gommages qui contribuent à restaurer la barrière du cuir chevelu en réduisant l’inflammation et l’irritation. Mais comme ces produits n’ont pas d’action antifongique, les pellicules risquent de réapparaître.</p>
<p>Les remèdes maison <a href="https://www.healthline.com/nutrition/ways-to-treat-dandruff#7.-Omega-3s">comprennent</a> l’huile d’arbre à thé, la noix de coco ou d’autres huiles, et le miel. Il existe des preuves à l’appui de leur utilisation, principalement des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35642120/">études</a> qui montrent que les extraits d’ingrédients botaniques peuvent réduire la croissance de la levure en laboratoire. Mais la qualité et la composition de ces ingrédients varient considérablement.</p>
<p>Il subsiste également un risque d’aggraver le problème en fournissant davantage d’huiles que la levure appréciera, ce qui déséquilibrera encore plus les micro-organismes du cuir chevelu et entraînera une plus grande irritation.</p>
<p>Il est donc préférable de s’en tenir aux produits commerciaux.</p>
<h2>Pourquoi mes pellicules reviennent-elles ?</h2>
<p>Vos pellicules risquent de réapparaître si les principes actifs de votre shampooing n’atteignent pas le bon endroit, à la bonne concentration, pendant le temps nécessaire pour tuer la levure. </p>
<p>Nos <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36842718/">recherches</a> sur les produits à base de pyrithione de zinc ont montré que ceux-ci parvenaient à atteindre la surface de la peau. En revanche, ils se retrouvent de manière moins fiable dans les follicules pileux, un endroit plus difficile d’accès.</p>
<p>Nous avons constaté que la pyrithione de zinc semblait <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35631659/">cibler</a> la partie supérieure des follicules plutôt que leur profondeur. </p>
<p>Ce phénomène peut donc permettre d’expliquer pourquoi les pellicules reviennent sans cesse. Il se peut que le principe actif de votre shampooing soit incapable d’atteindre la levure à l’origine de vos pellicules.</p>
<p>Nous ne savons pas encore comment faire en sorte que les formulations existantes pénètrent plus profondément.</p>
<h2>Qu’en est-il des traitements futurs ?</h2>
<p>Nous verrons probablement de nouvelles formulations de shampooings antipelliculaires et de traitements du cuir chevelu qui délivreront mieux le principe actif là où il est requis, c’est-à-dire au cœur des follicules pileux.</p>
<p>Nous pouvons aussi nous attendre à de nouvelles substances actives, telles que les enzymes <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28766952/">anhydrases carboniques</a>. Celles-ci pourraient cibler la croissance de la levure d’une manière différente des principes actifs actuels.</p>
<p>Nous commençons également à assister à la mise au point de crèmes et de lotions visant à renforcer l’équilibre de la flore cutanée, à l’instar de produits similaires pour l’intestin. Il s’agit notamment de prébiotiques (compléments ou nutriments pour la flore cutanée) ou de probiotiques (produits qui contiennent de la flore cutanée). Cependant, nous avons encore <a href="https://www.mdpi.com/2079-9284/8/3/90/htm">beaucoup à apprendre</a> sur ces types de formulations.</p>
<h2>En bref</h2>
<p>Les pellicules sont gênantes, le traitement est efficace, mais il peut nécessiter des séances répétées. Nous espérons pouvoir mettre au point des shampooings améliorés qui délivrent mieux le principe actif là où il est requis.</p>
<p>Mais nous devons trouver un équilibre. Nous ne voulons pas éliminer tous les micro-organismes de notre peau.</p>
<p>Ceux-ci sont importants pour notre immunité, notamment en empêchant les microbes pathogènes de s’installer. Ils aident également la peau à produire des peptides antimicrobiens (protéines courtes) qui nous protègent de ces agents pathogènes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211570/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sean Mangion est également étudiant en médecine à l'Université de Sydney.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lorraine Mackenzie ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les pellicules existent depuis des milliers d’années. Voici comment vous débarrasser des vôtres.Lorraine Mackenzie, Associate Professor, Clinical and Health Sciences, University of South AustraliaSean Mangion, PhD Candidate, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2105842023-08-17T20:55:24Z2023-08-17T20:55:24ZContamination des eaux de baignade et des coquillages par des matières fécales : comment identifier les sources<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542341/original/file-20230811-4652-cuo4vf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6627%2C3348&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avant d'aller nager, assurez-vous de la qualité de l'eau.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/E9PJO_vL3E8">Todd Quackenbush/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Des micro-organismes tels que les bactéries et les virus sont présents dans les milieux aquatiques (eaux côtières, rivières, lacs…), en <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-022-18274-w">quantité et diversité variables</a>, <a href="https://www.science.org/doi/epdf/10.1126/science.1261359">parfois très élevées</a>.</p>
<p>Certains de ces micro-organismes peuvent être pathogènes pour l’Homme et donc rendre malades, non seulement, des baigneurs mais aussi les consommateurs de coquillages. En effet, les bivalves — huîtres, moules ou palourdes — se nourrissent de plancton : ils filtrent et concentrent ainsi les bactéries et les virus présents dans les eaux. </p>
<p>La majorité de ces micro-organismes pathogènes sont d’origine fécale. Ils sont issus du tube digestif de l’Homme et des animaux, à l’image des salmonelles, des Campylobacter, de certains <em>Escherichia coli</em> (<em>E. coli</em>) pouvant être pathogènes, ou des virus entériques humains tels que les norovirus qui sont connus pour être des agents responsables d’infections ou de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/537274/document_file/tiac_donnees_2021.pdf">toxi-infections alimentaires</a>.</p>
<p>En 2021, 8,3 % des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) déclarées étaient dues à la consommation de coquillages. Les virus entériques ont été suspectés d’être responsables de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/537274/document_file/tiac_donnees_2021.pdf">75 % de celles-ci</a>.</p>
<p>Ces micro-organismes pathogènes sont souvent apportés aux eaux côtières par les rejets anthropiques en amont. Ils ont été par exemple retrouvés dans des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2018.02443/full">zones côtières et leurs bassins versants en France</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bacteries-virus-quels-sont-les-risques-a-nager-en-piscine-ou-en-eaux-vives-206624">Bactéries, virus… Quels sont les risques à nager en piscine ou en eaux vives ?</a>
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<p>Le risque de contamination des eaux côtières par ces micro-organismes pathogènes ne peut pas être estimé par leur recherche directe en raison de leur grande diversité, de leur présence souvent en faible nombre et du coût et du temps nécessaires pour ces analyses.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543033/original/file-20230816-21-p6ihb3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les sources d’apports bactériens en zone côtière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>À la recherche des bactéries</h2>
<p>Aussi, au niveau international, une alternative a été retenue pour évaluer la qualité sanitaire des eaux de surface et des lots de coquillages. Elle consiste à rechercher et quantifier des indicateurs bactériens de contamination fécale : les <em>E. coli</em> et les entérocoques intestinaux par culture, qui signent la présence d’une pollution fécale, et donc la possible présence de micro-organismes pathogènes. </p>
<p>Pour préserver la santé humaine, selon la réglementation européenne, le classement des <a href="https://baignades.sante.gouv.fr/baignades/editorial/fr/controle/directive2006_7_CE.pdf">zones de baignade</a> (pendant la saison balnéaire), des <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32004R0854#d1e32-300-1">zones conchylicoles</a> (<a href="https://www.atlas-sanitaire-coquillages.fr/">zones d’élevage des coquillages</a>, suivies toute l’année) et des <a href="https://www.pecheapied-responsable.fr/">zones de pêche à pied</a> repose sur la recherche et la quantification de ces indicateurs dans les eaux ou les coquillages. </p>
<p>Des concentrations élevées de ces indicateurs peuvent conduire à des déclassements ou fermetures de ces différentes zones et nécessiter une purification des coquillages des zones conchylicoles ou un reparcage de ceux-ci <a href="https://littoral.ifremer.fr/Reseaux-de-surveillance/Environnement/REMI-REseau-de-controle-MIcrobiologique">avant leur commercialisation</a>. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="pêche à pied devant une falaise" src="https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542985/original/file-20230816-29-334n3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La pêche à pied peut être un vecteur de contamination, car les coquillages ingèrent et concentrent les microbes présents dans des eaux éventuellement contaminées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/106274573@N04/51047351381/in/photolist-2ng35tL-JsJ6fy-JJpwyJ-2kLT26X-jDMBt-hswQrt-8rJp1b-jDMBr-EhZhPm-dwZip-5WbBVR-oVYwvx-RHpoKm-X1F3xk-nAExa-6hS1Tc-8rYhMZ-TnVZfT-UFqKum-NCWJSG-psm1pv-dbmR1w-XhZoot-N8kERc-NCWJKN-okhHgQ-5hcQyK-2egVcsQ-cEuLUS-ijk7kX-UxGs22-qg1tu5-iirP8z-2jh7PNw-Tgh31C-ikQWUX-i9LKmR-qfDgmF-fp4sNg-iudENr-o8u8gH-pfM9cY-2bnxy3Y-7Fvt3x-qMb4Ho-Q65kro-QALyw3-7S7Yp3-7S4M7p-qfwstJ/">Nicolas Torquet, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le classement des eaux de baignade en 2022 en Europe montre que la <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/european-bathing-water-quality-in-2022/">France est classée en 21ᵉ position si on prend en compte le paramètre « proportion des eaux classées en qualité excellente »</a>. Sur les 2074 zones de baignade en eau de mer et les 1296 en eau douce suivies en France, 77,9 % et 73,2 % des zones de baignade ont été respectivement classées en qualité excellente et 97,0 % et 89,3 % en qualité suffisante, avec une légère dégradation de la qualité sanitaire des eaux <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/european-bathing-water-quality-in-2022/france/@@download/file/Bathing%20water%20country%20FR%20final.pdf">depuis 2019</a>.</p>
<h2>Identification des sources de contamination fécale</h2>
<p>Dans un objectif d’amélioration de la qualité sanitaire des eaux et des coquillages, il est nécessaire de mettre en place des actions préventives et curatives pour limiter les pollutions d’origine fécale. Aussi, la discrimination et la hiérarchisation des sources de contamination sont devenues prioritaires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un parc à huîtres" src="https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543187/original/file-20230817-25-qc11u7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Tables à huîtres dans une zone conchylicole.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aourégan Terre-Terrillon, Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour identifier une pollution microbiologique et son origine, la première étape consiste à évaluer la contamination en <em>E. coli</em> des eaux et des coquillages de la zone concernée mais également plus en amont au niveau des eaux de rivières des bassins versants pouvant les impacter. La deuxième étape consiste à identifier la provenance de cet indicateur de contamination fécale.</p>
<p>Pour identifier les sources de ces bactéries, on utilise des méthodes regroupées sous le terme de <a href="https://academic.oup.com/femsre/article/38/1/1/509509"><em>Microbial Source Tracking</em></a> (<em>MST</em> ou traçage des sources microbiennes, TSM). </p>
<p>On pourrait penser que l’approche la plus adaptée consisterait à isoler les E. coli dans les zones suivies et à les comparer à celles isolées dans des sources bien identifiées (humaines ou animales). Mais <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/abs/10.1139/cjm-2020-0244?af=R">ceci n’est pas efficace</a> en raison des faibles taux de génotypes permettant de distinguer les sources et de classifications correctes en pratique.</p>
<p>À l’Ifremer, depuis 2005, nous avons retenu l’approche basée sur la recherche de marqueurs microbiologiques ciblant l’ADN de bactéries par amplification génique (la désormais célèbre PCR quantitative) et développé ou utilisé des marqueurs bactériens associés à une source de contamination précise : par exemple des marqueurs Porc, Ruminant (bovin et ovin), Oiseaux sauvages et même plus récemment Phoque. </p>
<p>À titre d’exemple, voici comment le <a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/AEM.02343-08">marqueur Porc</a>, dénommé Pig2Bac, a été développé. Il a été <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0043135413005496">validé au niveau international</a> et a été utilisé dans de nombreuses études aussi bien en France que dans d’autres pays.</p>
<p>Nous avons d’abord collecté un grand nombre de fèces et de lisiers de porcs dans des exploitations porcines en France. Nous en avons extrait l’ADN bactérien puis amplifié les séquences d’ADN correspondant aux bactéries de l’ordre des Bacteroidales, sélectionnées pour être des bactéries anaérobies majoritaires de la flore intestinale des animaux à sang chaud et des humains, pour certaines d’entre elles, spécifiques d’un hôte (ici, porcin) et ne se multipliant pas dans l’environnement. </p>
<p>Nous avons ensuite comparé ces séquences à d’autres séquences de bactéries du même ordre mais identifiées dans d’autres sources : humaines, bovines et aviaires.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="infographie décrivant la méthode : échantillonage, extraction d’ADN, amplification d’ADN et marqueurs bactériens, discrimination de sources" src="https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=872&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=872&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=872&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1095&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1095&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543028/original/file-20230816-29-1x3g2e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1095&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Méthode d’identification des sources de matières fécales grâce à des marqueurs génétiques. Sur cette illustration, à titre d’exemple, les sources de matières fécales identifiées à la dernière étape sont humaine et porcine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0043135417302877">Michèle Gourmelon et Elsa Couderc, inspiré de Nshimyimana et coll., Water Research 2017, créé avec Piktochart</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des séquences de bactéries présentes spécifiquement chez les porcs ont ainsi été identifiées. Des amorces de PCR qui ciblent ces séquences ont ensuite été dessinées. Puis, nous avons vérifié que le marqueur Porc donnait des résultats positifs dans les échantillons d’origine porcine (évaluation de la sensibilité), et négatifs dans les échantillons d’autres origines (évaluation de la spécificité). Nous avons ainsi montré que ce marqueur avait une sensibilité de 100 % et une spécificité de 99 %. Ces très bons résultats ont donc permis de valider ce marqueur de contamination porcine.</p>
<p>Cependant, pour qu’un marqueur soit pertinent, il doit présenter une persistance dans les eaux, similaire à celle de l’indicateur <em>E. coli</em>. Nous avons donc suivi au laboratoire pendant plusieurs jours les concentrations du marqueur Pig2Bac et de <em>E. coli</em> dans une eau douce et une eau marine artificiellement contaminées par du lisier de porcs. Ce marqueur et d’autres que nous avons également testés persistaient généralement un peu moins longtemps dans les eaux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0043135411003460?via%3Dihub">que <em>E. coli</em> dénombré par culture</a> : il ciblerait donc plutôt une contamination fécale récente. Toutefois, il est important de considérer que les conditions variables de température, salinité, oxygénation de l’eau ont une influence sur la persistance de ces bactéries et qu’il est difficile d’extrapoler ces résultats à une recherche dans l’environnement naturel.</p>
<p>Ce marqueur ainsi que ceux d’autres sources sont utilisés <a href="https://academic.oup.com/femsre/article/47/4/fuad028/7191838">dans des études scientifiques</a> et en routine par des laboratoires d’analyse des eaux pour répondre aux demandes des gestionnaires des eaux. </p>
<p>Pour être plus confiants dans les résultats d’identification des sources, on ne peut que recommander de rechercher en parallèle plusieurs cibles d’une même source et de différentes sources ; on parle dans ce cas de l’utilisation d’une « boite à outils TSM » ou <em>MST-toolbox</em>. Des marqueurs Bacteroidales et des composés chimiques, des stanols fécaux, ont ainsi donné des résultats intéressants <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969717319526">lors d’un suivi sur plusieurs sites</a>. </p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468584420300155">marqueurs mitochondriaux</a> qui ciblent directement l’ADN de l’hôte, les virus entériques et certains bactériophages ou virus de bactéries, ainsi que les composés chimiques ingérés tels que la caféine et les médicaments en santé humaine ou vétérinaire peuvent aussi être utilisés. </p>
<p>De plus, on peut <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2021.697553/full">comparer des communautés bactériennes dans les sources</a> et les <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/es201118r">eaux</a> par des méthodes de séquençage haut débit.</p>
<p>L’approche <em>Microbial Source Tracking</em> continue à s’enrichir par la description et la validation de nouveaux marqueurs, ainsi que par l’intégration des derniers développements technologiques pour <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8660560/">mieux cibler les agents recherchés</a>. Ces développements et les intégrations de nouvelles méthodes ne peuvent qu’améliorer l’identification des sources de contamination fécale dans l’environnement et donc au final la qualité des eaux et des coquillages.</p>
<p>En conclusion, pour un bon usage des marqueurs et une identification correcte des sources, il est essentiel : de bien connaître la zone d’étude sur laquelle ils sont recherchés ; de prendre en compte l’influence des facteurs tels que la pluviométrie, qui peuvent aggraver les pollutions ; de remonter aux rivières identifiées comme pouvant impacter le site de baignade ou la zone conchylicole étudiés ; d’associer si possible plusieurs marqueurs complémentaires et de les rechercher dans plusieurs prélèvements d’un même site et dans les eaux en amont dans des conditions contrastées, plutôt que de réaliser une simple recherche ponctuelle peu discriminante.</p>
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<p><em>Je tiens vivement à remercier Anne-Marie Pourcher de l’Inrae pour la relecture de cet article ainsi que tous ceux qui ont participé aux études ayant permis de développer et de valider les marqueurs de contamination fécale présentés ici.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210584/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michèle Gourmelon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Afin de mieux assurer la qualité des eaux de baignade et des coquillages, il faut d’abord identifier les sources de contamination microbiologique, souvent d’origine fécale.Michèle Gourmelon, Chercheure en bactériologie et en écologie microbienne, principalement en zone côtière, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2083292023-07-17T19:21:33Z2023-07-17T19:21:33ZDes draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…<p><em>Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfer ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le <a href="https://theconversation.com/serie-1-pourquoi-est-on-plus-malade-en-voiture-lorsque-lon-part-en-vacances-208258">mal des transports amplifiés lors des départs en vacances</a> aux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les <a href="https://theconversation.com/serie-1-des-draps-a-la-telecommande-tele-la-verite-sur-les-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">dangers microbiologiques méconnus des hôtels</a>, les « traditionnels » coups de soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.</em></p>
<hr>
<p>Pour la plupart d’entre nous, séjourner dans une chambre d’hôtel est soit une nécessité – si vous êtes en voyage d’affaires – soit quelque chose de plus exotique, attendu avec impatience puisque synonyme de vacances ou d’une excursion plus large. </p>
<p>Je suis microbiologiste, mon regard est un peu différent… Et si je vous disais qu’il y a de fortes chances que votre chambre d’hôtel, malgré son état apparemment impeccable (à l’œil nu), <a href="https://www.eurekalert.org/news-releases/922575">ne soit pas si propre que cela</a> ? Ce n’est pas une question de prix. Une chambre dans un établissement coté ne sera pas forcément moins sale.</p>
<p>En effet, la personne qui a séjourné dans « votre » chambre avant vous (et tous ceux qui vous auront précédé) aura déposé des bactéries, des champignons et des virus sur tout le mobilier, les tapis, les rideaux et les diverses surfaces. Combien il reste de ces germes abandonnés un peu partout dépend de l’efficacité avec laquelle votre <a href="http://www.europeancleaningjournal.com/magazine/articles/european-reports/bacteria-that-breed-in-hotel-rooms">chambre est nettoyée</a> par le <a href="https://www.today.com/money/hotel-maids-how-much-how-little-do-they-really-clean-1D80287464">personnel de l’hôtel</a>. Et, de façon plus générale, soyons honnêtes, ce qui est considéré comme propre par un hôtel peut être différent de <a href="https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/dirty-spots-in-hotel-rooms_n_5ae09906e4b061c0bfa4356d">ce que <em>vous</em> considérez comme propre</a>.</p>
<p>En général, l’évaluation de la propreté d’une chambre d’hôtel est basée sur <a href="https://www.jstor.org/stable/26330308">des observations visuelles et olfactives</a> – et non sur la microbiologie des lieux… Tout invisible qu’elle soit, c’est d’elle que viennent les éventuels risques d’infection. Je vous invite à petit tour dans le monde des germes, des insectes et autres virus pour découvrir ce qui pourrait se cacher là.</p>
<h2>Tout commence à l’ascenseur…</h2>
<p>Avant même d’entrer dans votre chambre, considérez les boutons d’ascenseur de l’hôtel comme des foyers microbiens… Ils sont pressés en permanence par une foule de gens différents, qui n’ont pas forcément eu l’occasion de se laver les mains récemment. Ils ont ainsi pu déposer au passage une fraction des micro-organismes présents au bout de leurs doigts ; micro-organismes qui gagneront ensuite les doigts de la personne qui vient de le toucher. </p>
<p>Même chose pour les poignées de porte, qui peuvent être tout aussi contaminées si elles ne sont pas désinfectées régulièrement. Avant de vous toucher le visage, de manger ou de boire, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25005587/">lavez-vous les mains</a> ou utilisez un gel désinfectant !</p>
<p>Les <a href="https://www.rd.com/list/ways-your-hotel-room-could-be-making-you-sick/">infections les plus courantes attrapées dans les chambres d’hôtel</a> sont les maux de ventre – diarrhées et vomissements. Mais l’on peut aussi être contaminé par divers <a href="https://www.everydayhealth.com/cold-and-flu/surprising-ways-hotels-can-make-you-sick.aspx">virus respiratoires</a>, et développer rhume, une pneumonie… ainsi que le nouveau venu qu’est le <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/28/3/21-2318_article?ACSTrackingID=USCDC_333-DM72795&ACSTrackingLabel=Latest%20Expedited%20Articles%20-%20Emerging%20Infectious%20Diseases%20Journal%20-%20December%2029%2C%202021&deliveryName=USCDC_333-DM72795">Covid</a>.</p>
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<img alt="Porte d’entrée d’un hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bienvenue au paradis des germes…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/bedroom-door-entrance-guest-room-271639/">Pexels/Pixabay</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De façon contre-intuitive peut-être, <a href="https://ami-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jam.15121">les toilettes et salles de bains sont un espace relativement plus sûr</a>. Elles sont en effet généralement nettoyées plus soigneusement que le reste de la chambre et s’avèrent ainsi souvent être les environnements les moins colonisés sur le plan bactériologique dans les hôtels. </p>
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<p>Seuls points à surveiller de la salle de bains : le verre à dents, déjà. S’il n’est pas jetable, lavez-le avant de l’utiliser (le gel douche ou le shampoing font parfaitement l’affaire). On ne peut jamais être vraiment sûr qu’il a été nettoyé correctement. Et à nouveau les poignées de porte, qui peuvent également être colonisées par des agents pathogènes provenant de mains non lavées ou de gants de toilette sales…</p>
<h2>Où se cache le danger ?</h2>
<p>Toute la literie peut évidemment elle aussi accueillir des visiteurs indésirables. <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/9/20-1435_article">Une étude réalisée en 2020</a> a montré qu’après l’occupation d’une chambre par un patient présymptomatique atteint de Covid-19, de nombreuses surfaces étaient fortement contaminées par le virus. Les draps, la taie d’oreiller et la housse d’édredon étaient particulièrement touchés. </p>
<p>Si <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">les draps et les taies d’oreiller</a> sont normalement changés entre deux occupants, ce n’est pas le cas des couvre-lits : ce qui signifie que ces tissus peuvent devenir des réservoirs invisibles d’agents pathogènes – <a href="https://www.indy100.com/science-tech/beds-more-germs-than-toilet">autant sinon plus qu’un siège de toilettes</a>. Cependant, <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">parfois</a>, <a href="https://www.insideedition.com/investigation-finds-sheets-werent-changed-between-guests-at-some-new-york-hotels-60419">les draps</a> ne sont <a href="https://www.frommers.com/tips/health-and-travel-insurance/hotels-dont-always-change-the-sheets-between-guests#:%7E:text=Sheets%20are%20usually%20changed%20between,they%20aren%E2%80%99t%20washed%20regularly.">pas changés entre les hôtes</a>, et là… il peut donc être préférable d’apporter les vôtres.</p>
<p>Mais une chambre d’hôtel, ce n’est pas qu’un lit. On pense moins à ce qui se trouve sur le bureau, la table de nuit, le téléphone, la bouilloire, la <a href="https://www.nature.com/articles/srep17163?utm_medium=affiliate&utm_source=commission_junction&utm_campaign=CONR_PF018_ECOM_GL_PHSS_ALWYS_DEEPLINK&utm_content=textlink&utm_term=PID100087244&CJEVENT=7cf55981c74311ed82a0034b0a18ba73">machine à café</a>, l’interrupteur ou la <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/hotel-room-tests-uncover-high-levels-of-contamination-1.1160859">télécommande de la télévision</a>… Or toutes ces surfaces ne sont pas toujours désinfectées entre les clients.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Télécommande sur un lit d’hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À manipuler avec attention : les télécommandes font partie des objets les plus contaminés des chambres d’hôtel !</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/remote-control-on-pink-fabric-5202948/">Pexels/Karolina grabowska</a></span>
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</figure>
<p>Des virus (norovirus responsable de diarrhées, SARS-CoV-2 du Covid, etc.) peuvent subsister sous forme infectieuse pendant des jours sur les surfaces dures. Et l’intervalle de temps typique entre les changements de chambre est souvent <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">inférieur à 12 heures</a>.</p>
<p>Les tissus d’ameublement des coussins, chaises, rideaux ou stores sont, enfin, difficiles à nettoyer et peuvent n’être désinfectés que lorsque l’hôtellerie doit enlever des taches visibles.</p>
<h2>Les invités non sollicités</h2>
<p>Si tous ces germes et ces surfaces sales ne suffisent pas, il faut aussi penser aux <a href="https://theconversation.com/punaises-de-lit-apprendre-a-les-detecter-pour-eviter-les-piqures-184437">punaises de lit</a> (<em>Cimex lectularius</em>). Ces insectes suceurs de sang ont un aspect brun-argenté et mesurent généralement de un à sept millimètres de long. Ils sont experts dans l’art de se cacher dans de petits espaces étroits et sont capables de rester dormants sans se nourrir pendant des mois.</p>
<p>Les petits espaces en question comprennent les fissures et les crevasses des bagages, des matelas et de la literie. <a href="https://www.cdc.gov/parasites/bedbugs/faqs.html">Les punaises de lit</a> sont répandues en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Asie – et sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0278431920301201">souvent présentes dans les hôtels</a>. Et ce n’est malheureusement pas parce qu’une chambre a l’air propre et sent bon qu’il n’y a pas de punaises de lit dans ses entrailles…</p>
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<img alt="Femme de chambre préparant un lit." src="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Merci de ne pas utiliser les coussins d’ornement comme oreiller…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/woman-in-black-blazer-and-white-dress-shirt-arranging-the-bed-6466496/">Pexels/Cottonbro studio</a></span>
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<p>Heureusement, les <a href="https://www.nhs.uk/conditions/bedbugs/">piqûres de punaises de lit</a> ne semblent pas susceptibles de transmettre de maladies à notre espèce… Par contre, les zones de piqûre peuvent s’enflammer et s’infecter.</p>
<p>Pour détecter la présence de punaises de lit, des piqûres rougeâtres découvertes au matin et des taches de sang sur les draps sont les signes d’une infestation active (utilisez une crème antiseptique sur les piqûres). D’autres signes peuvent être trouvés sur le matelas, derrière la tête de lit et à l’intérieur des tiroirs et de l’armoire : des taches brunes peuvent être des restes d’excréments. </p>
<p>Informez l’hôtel si vous pensez qu’il y a des punaises de lit dans votre chambre. Et pour éviter de les emporter avec vous lors de votre départ, nettoyez soigneusement vos bagages et vos vêtements avant de les ouvrir chez vous.</p>
<p>Étant donné que les chambres des hôtels de haut standing sont généralement utilisées plus fréquemment, une chambre plus chère dans un hôtel cinq étoiles n’est pas nécessairement synonyme de plus grande propreté, car les frais de nettoyage des chambres réduisent les marges bénéficiaires. Quel que soit votre lieu de séjour, emportez un paquet de lingettes antiseptiques et utilisez-les sur les surfaces dures de votre chambre. </p>
<p>Les consignes d’hygiène basiques restent de mise même en vacances ! Lavez-vous ou désinfectez-vous souvent les mains, surtout avant de manger ou de boire. Enfin, emportez des pantoufles ou des chaussettes épaisses afin d’éviter de marcher pieds nus sur les moquettes des hôtels, connues pour être un autre <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">point chaud de la saleté</a>…</p>
<p>Avec ces quelques précautions en tête, profitez tout de même de votre séjour !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Elles nous paraissent être des havres de paix, le point de chute idéal en vacances. Mais les chambres d'hôtel sont surtout un nid douillet pour les microbes ! Le point de vue d'une microbiologiste…Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2045052023-05-03T20:46:05Z2023-05-03T20:46:05ZVous prenez votre téléphone aux toilettes ? Les microbes vous disent merci !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522826/original/file-20230425-22-2hs75n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C1917%2C1405&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La sale vérité à propos de l'usage du portable aux toilettes…</span> <span class="attribution"><span class="source">Canva/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Nous l’emmenons partout, au lit, aux toilettes, dans le métro… Pour beaucoup, « le » consulter est la première action de la journée. Il s’agit bien sûr du téléphone portable. <a href="https://doi.org/10.3390/microorganisms11020523">Plus de 90 % de la population mondiale en possède ou utilise un aujourd’hui</a>, et beaucoup d’entre nous ne pourraient plus s’en passer…</p>
<p>Si utile qu’il soit, ce compagnon n’est pas exempt de tout reproche – notamment sanitaire. Les préoccupations liées à leur utilisation portent généralement sur la <a href="https://www.securite-routiere.gouv.fr/reglementation-liee-aux-risques/reglementation-du-telephone-au-volant">distraction qu’ils peuvent causer au volant</a>, les effets possibles de <a href="https://theconversation.com/telephone-portable-et-cancer-quand-la-science-contredit-loms-125501">l’exposition aux radiofréquences</a> ou la <a href="https://theconversation.com/laddiction-aux-ecrans-un-diagnostic-valide-qui-est-touche-194398">dépendance qu’ils peuvent engendrer</a>. Un autre type de risque est souvent oublié : celui de l’infection microbienne ! Il est pourtant <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-93622-w">bien réel</a>.</p>
<p>D’où viennent ces germes qui les colonisent ? <a href="https://yougov.co.uk/topics/society/articles-reports/2019/02/28/most-britons-use-their-phone-toilet">Une enquête réalisée au Royaume-Uni en 2019</a> a révélé que la plupart des gens utilisaient leur téléphone aux WC. Il n’est donc pas surprenant de découvrir que des analyses ont révélé que les précieuses machines étaient <a href="https://cals.arizona.edu/news/why-your-cellphone-has-more-germs-toilet">plus sales que les sièges des toilettes</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/que-risque-t-on-en-sasseyant-sur-des-toilettes-publiques-105465">Que risque-t-on en s’asseyant sur des toilettes publiques ?</a>
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<hr>
<p>Nous donnons également régulièrement nos téléphones aux enfants (qui ne sont pas vraiment réputés pour leur hygiène) pour qu’ils jouent avec. Nous mangeons aussi en les utilisant et nous les posons sur toutes sortes de surfaces (sales)… Nous parlons (postillonnons) dessus, y compris lorsque nous sommes malades. Voilà autant de situations pouvant permettre à des microbes de s’y installer à demeure, et d’y trouver de la nourriture dont ils auront besoin pour subsister.</p>
<p>On estime que les gens touchent leur téléphone des <a href="http://static.peerj.com/press/previews/2014/06/447.pdf">centaines</a>, voire des <a href="https://dscout.com/people-nerds/mobile-touches">milliers</a> de fois par jour. Et si beaucoup d’entre nous se lavent régulièrement les mains après être allés aux toilettes, avoir cuisiné, fait le ménage, les courses ou jardiné, il est beaucoup plus improbable que nous envisagions de nous laver les mains <a href="https://www2.deloitte.com/content/dam/insights/articles/us175371_tmt_connectivity-and-mobile-trends-interactive-landing-page/DI_Connectivity-mobile-trends-2022.pdf">chaque fois que nous le touchons</a>.</p>
<p>Mais étant donné à quel point les téléphones peuvent être contaminés par des pathogènes de toutes sortes, il est peut-être temps de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19267892/">penser davantage à leur hygiène</a>…</p>
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<h2>Germes, bactéries et virus…</h2>
<p>Nos mains ramassent constamment des bactéries et virus, et sont <a href="https://www.cdc.gov/handwashing/when-how-handwashing.html">reconnues comme un moyen commun</a> pour <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK144014/#parti_ch7.s3">contracter une infection</a>. Il en va de même pour les téléphones que nous touchons. De nombreux travaux ont <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-022-14118-9">étudié le fait qu’ils puissent être colonisés par des micro-organismes</a> et ont confirmé la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7196688/">possibilité qu’ils puissent être contaminés</a> par des cohortes de champignons, bactéries et autres micro-organismes potentiellement pathogènes.</p>
<p>Parmi les plus couramment trouvées chez les bactéries, on compte <em>E. coli</em>, qui provoque des diarrhées (et qui, soit dit en passant, provient des excréments humains), des <em>Staphylococcus</em>, qui infectent la peau, des <em>Actinobacteria</em>, qui peuvent causer la tuberculose et la diphtérie, des <em>Citrobacter</em>, responsables d’infections urinaires douloureuses, et des <em>Enterococcus</em>, connues pour causer des méningites. Des <em>Klebsiella</em>, <em>Micrococcus</em>, <em>Proteus</em>, <em>Pseudomonas</em> et <em>Streptococcus</em> ont également été identifiées et peuvent toutes avoir des effets néfastes sur la santé humaine. Des analyses menées sur une cinquantaine de téléphones avaient révélé la présence de <a href="http://static.peerj.com/press/previews/2014/06/447.pdf">plus de 7000 types de bactéries différentes</a>.</p>
<p>De façon assez problématique, il apparaît que beaucoup de ces bactéries pathogènes présentes sont <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6130244/">souvent résistantes aux antibiotiques</a>, ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas être traitées avec des traitements conventionnels. C’est inquiétant, car elles peuvent provoquer des infections cutanées, intestinales et respiratoires potentiellement graves.</p>
<p>Il y a toujours la solution de nettoyer votre portable avec des lingettes antibactériennes ou de l’alcool… mais il est établi qu’il peut toujours être recolonisé après. Pour avoir une quelconque efficacité, la <a href="https://www.mdpi.com/2076-2607/11/2/523">désinfection</a> doit donc être une <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-022-14118-9">habitude régulière</a>.</p>
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<img alt="Femme portant un pull jaune et nettoyant l’écran de son téléphone avec une lingette" src="https://images.theconversation.com/files/522184/original/file-20230420-23-ne9bdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522184/original/file-20230420-23-ne9bdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522184/original/file-20230420-23-ne9bdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522184/original/file-20230420-23-ne9bdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522184/original/file-20230420-23-ne9bdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522184/original/file-20230420-23-ne9bdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522184/original/file-20230420-23-ne9bdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nettoyer régulièrement son téléphone devrait être une habitude ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/coronavirus-global-epidemic-woman-disinfecting-phone-1677416521">Volurol/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Mais les bactéries ne sont pas les seuls hôtes indésirables de nos téléphones : il y a les virus aussi… car le plastique qu’ils contiennent peut abriter et <a href="https://www.clinicalmicrobiologyandinfection.com/article/S1198-743X(15)01034-4/fulltext">transmettre des virus</a>. Certains, comme le virus du rhume, peuvent vivre sur des surfaces en plastique dur pendant une semaine. D’autres, tels que le SARS-CoV-2 (responsable du Covid-19), le rotavirus (un virus gastrique très infectieux qui affecte généralement les bébés et les jeunes enfants), le virus de la grippe et le norovirus (provoquant de graves infections respiratoires et intestinales) peuvent persister sous une forme infectieuse pendant plusieurs jours.</p>
<h2>Nettoyez votre téléphone !</h2>
<p>Dès le début de la pandémie de Covid, les agences de santé publique nationale ont publié des <a href="https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/protection-contre-les-risques/coronavirus-comment-bien-nettoyer-son-smartphone">directives pour promouvoir le nettoyage et la désinfection des téléphones portables</a> – qui, tout comme les poignées de porte, les distributeurs automatiques de billets et les <a href="https://theconversation.com/from-the-bed-sheets-to-the-tv-remote-a-microbiologist-reveals-the-shocking-truth-about-dirt-and-germs-in-hotel-rooms-202195">boutons d’ascenseur</a>, ont été identifiés comme des <a href="https://www.clinicalmicrobiologyandinfection.com/article/S1198-743X(15)01034-4/fulltext">réservoirs d’infection</a>.</p>
<p>En particulier, des inquiétudes ont été exprimées quant à leur rôle potentiel dans la propagation de pathogènes dans les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7196688/">hôpitaux et les établissements de santé</a>, ainsi que dans les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5466825/">écoles</a>.</p>
<p>Autant d’arguments qui viennent appuyer l’idée que nettoyer son portable doit devenir une habitude régulière. La Commission fédérale des communications des États-Unis recommande même un <a href="https://www.fcc.gov/consumers/guides/how-sanitize-your-phone-and-other-devices">nettoyage quotidien</a> du téléphone, entre autres appareils, notamment parce que nous sommes toujours dans une période de pandémie active pour le Covid et que ce virus est résistant, capable de survivre plusieurs jours des surfaces pourtant hostiles a priori comme le plastique.</p>
<p>Utilisez des <a href="https://www.fcc.gov/consumers/guides/how-sanitize-your-phone-and-other-devices">lingettes désinfectantes ou antiseptiques, ou des sprays à base d’alcool</a>, quotidiennement si possible. Ils doivent contenir au moins 70 % d’alcool pour désinfecter efficacement les boîtiers et les écrans tactiles – et n’oubliez pas les tranches et le dos ! S’il est dans une coque, <a href="https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/protection-contre-les-risques/coronavirus-comment-bien-nettoyer-son-smartphone">pensez à le sortir régulièrement</a> pour le nettoyer entièrement.</p>
<p>Le silicone, le plastique et même le cuir des coques supportent tout à fait le passage d’une eau chaude légèrement savonneuse (à rincer ensuite) en utilisant un chiffon microfibre ou un tissu propre imbibé.</p>
<p>Ne vaporisez pas les désinfectants directement et gardez les liquides à l’écart des points de connexion ou des autres ouvertures du téléphone. Évitez absolument d’utiliser de l’eau de Javel ou des nettoyants abrasifs, détergents, etc, qui à force peuvent endommager coque et écran. Et lavez-vous soigneusement les mains après avoir terminé.</p>
<p>Réfléchir davantage à la manière dont (et où) vous utilisez votre téléphone vous aidera à limiter sa colonisation par des germes… et le risque de vous faire contaminer ensuite par votre propre portable. Il y a ainsi quelques habitudes simples qui peuvent être pertinentes. Lorsque vous n’êtes pas chez vous, gardez par exemple votre téléphone dans votre poche ou dans votre sac. Faites votre liste de choses à faire sur papier plutôt que de consulter sans cesse vos notes ou des applications. Touchez votre téléphone avec des mains propres – lavées à l’eau et au savon ou désinfectées avec un désinfectant pour les mains à base d’alcool…</p>
<p>Il y a d’autres choses que vous pouvez faire pour éviter que votre téléphone ne devienne une source d’agents pathogènes : ne le partagez pas avec d’autres si vous êtes malades et contagieux et ne l’avez pas désinfecté au préalable. Si des enfants sont autorisés à jouer avec, désinfectez-le dès que possible ensuite.</p>
<p>Prenez l’habitude de ranger votre téléphone lorsqu’il n’est pas utilisé, puis de vous désinfecter ou de vous laver les mains. Vous pouvez également désinfecter de temps en temps votre chargeur, puisque vous y êtes…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204505/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Notre portable nous suit partout : dans la rue, à table, aux toilettes… jusqu'à notre lit. Pensez-vous à le nettoyer ? Pensez maintenant aux microbes qui y prospèrent… Les bonnes pratiques à adopter.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2004032023-03-06T19:29:55Z2023-03-06T19:29:55ZThiomargarita magnifica : une bactérie géante qui rend visible l’invisible<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/513734/original/file-20230306-1820-kco62o.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C938%2C702&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vue d’un des sites de mangrove où Thiomargarita magnifica a été identifiée en Guadeloupe. </span> <span class="attribution"><span class="source">Silvina Gonzalez-Rizzo</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Généralement, les bactéries sont des organismes considérés comme simples, minuscules et ne pouvant être vus qu’au microscope. La plupart des espèces bactériennes mesurent environ 2 micromètres de long. Ce sont des organismes procaryotes, c’est-à-dire qu’ils ne possèdent pas de noyau et leur ADN se trouve libre dans le cytoplasme de la cellule. </p>
<p>La plupart des bactéries sont des organismes unicellulaires (formés d’une seule cellule entourée d’une membrane) mais il existe aussi des bactéries pluricellulaires composées d'au moins deux cellules formant souvent des filaments.</p>
<p>Certaines bactéries, sont toutefois remarquablement grandes : on les appelle <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/9780470015902.a0020371.pub2">« bactéries géantes »</a>. Elles sont visibles à l’œil nu et ont des tailles cellulaires de l'ordre de dizaines, voire de centaines de micromètres. </p>
<p>C'est au sein de cette dernière famille que nous venons de découvrir une nouvelle espèce spectaculaire dans les sédiments marins des mangroves de Guadeloupe : <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abb3634">une bactérie géante unicellulaire, d'un centimètre de long</a>, qui peut s’attraper avec une pince à épiler ! Elle est 5000 fois plus grande qu’une bactérie standard et 20 fois plus large que les autres bactéries géantes identifiées auparavant. </p>
<p>De plus, elle possède une structure relativement complexe pour une bactérie. Parmi ces caractéristiques particulières, son ADN est compartimenté dans des petites vésicules, défiant ainsi le concept même de cellule bactérienne.</p>
<h2>Une bactérie plus grande qu'une mouche</h2>
<p>Les bactéries du genre <em><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11544351/">Thiomargarita</a></em> sont considérées comme les plus grandes bactéries connues dans la nature.</p>
<p>La première espèce de ce genre de bactéries géantes visibles à l'oeil nu <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10205058/">a été identifiée en 1999</a> dans les eaux de Namibie. Ces bactéries, appelées <em>Thiomargarita namibiensis</em>, ont une forme sphérique d'un diamètre moyen compris entre 100 et 300 µm, allant jusqu'à 750 µm. Ces cellules sont entourées d'un mucus formant des chaînes linéaires. De nombreux granules de soufre contenus dans les cellules réfractent la lumière, les faisant apparaître ainsi comme un collier de perles blanches à la surface des sédiments (d'où son nom <em>Thiomargarita</em> signifiant «perle de soufre»).</p>
<p><a href="https://ami-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1462-2920.2005.00832.x">D'autres bactéries géantes</a> ont ensuite été identifiées, dont certaines composées de centaines de cellules formant des filaments pluricellulaires de plusieurs centimètres de long.</p>
<p>A la différence des bactéries géantes découvertes par le passé, cette nouvelle espèce de bactérie découverte en mangrove, que nous avons nommée <em>Thiomargarita magnifica</em> en raison de sa grande taille (pour magnus : « grand »), est une seule et unique cellule allongée, d’une longueur moyenne d'un centimètre, faisant d'elle la plus grande bactérie unicellulaire jamais identifiée à ce jour. </p>
<p>Cette bactérie géante se trouve attachée sur des feuilles de palétuviers immergées et en décomposition sur la surface de sédiments de mangroves. Il s'agit d'une bactérie peu abondante donc pouvant passer inaperçue. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513383/original/file-20230303-27-ht14k0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513383/original/file-20230303-27-ht14k0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513383/original/file-20230303-27-ht14k0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513383/original/file-20230303-27-ht14k0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513383/original/file-20230303-27-ht14k0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=411&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513383/original/file-20230303-27-ht14k0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=411&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513383/original/file-20230303-27-ht14k0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=411&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Photographie de nombreuses Thiomargarita magnifica attachées à une feuille de palétuvier en décomposition prise à la loupe binoculaire. Chaque filament blanc est une bactérie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Silvina Gonzalez-Rizzo</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette bactérie une morphologie filiforme caractérisée par une forme allongée ressemblant à une « tige » sur la majeure partie de sa longueur, suivie d'un rétrécissement progressif vers l'extrémité apicale (son sommet) formant des bourgeons. Seules les parties les plus apicales se ferment complètement pour former des cellules distinctes en forme de bâtonnets, en nombre variable (entre 1 à 4 cellules) selon la taille du filament. La longueur de filaments est comprise entre 5 et 17 mm, pouvant atteindre jusqu’à 20 mm (2 cm) pour les filaments les plus longs. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=112&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=112&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=112&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=141&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=141&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513709/original/file-20230306-27-c075tp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=141&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Reconstruction 3D par rayons X de Thiomargarita magnifica montrant sa morphologie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.M. Volland</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De plus, des observations à la loupe binoculaire ont montré que les cellules en forme de bâtonnets (situées dans la partie apicale du filament) peuvent se détacher et être libérées dans l'eau, suggérant que ces bactéries se multiplient par bourgeonnement. Ce cycle de vie asymétrique est très similaire au cycle de vie bien décrit chez la bactérie modèle aquatique <em><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0966842X17300586">Caulobacter crescentus</a></em>. </p>
<p>Des études approfondies seront nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes moléculaires de ce mode de division encore méconnus chez les bactéries géantes de ce type. </p>
<h2>Un « macro »-microbe très complexe</h2>
<p>Au-delà de sa taille, des analyses plus poussées en génomique et biologie cellulaire ont montré que cette bactérie a des caractéristiques hors du commun. Tout d’abord, elle possède environ 12 000 gènes, soit 3 fois plus qu’une bactérie standard. La taille de son génome est équivalent à la taille du génome de la levure, et contient plus de gènes que certains champignons.</p>
<p>Elle a également un grand nombre de copies de son génome. Là où une bactérie classique se limite à quelques copies, <em>Thiomargarita magnifica</em> peut contenir jusqu’à 700 000 copies par cellule, soit plus d’ADN qu’une cellule humaine ! Cette polyploïdie, qui fait référence au nombre de copies du génome, peut expliquer la croissance cellulaire globale de cette bactérie et le besoin local de la machinerie moléculaire. Cependant, la compréhension des mécanismes de régulation d'un si grand nombre de copies du génome reste encore à élucider. </p>
<p>De plus, nous avons observé que l’ADN et les ribosomes (la machinerie cellulaire) sont renfermés dans des petites vésicules (ou petits paquets entourés d'une membrane), baptisés « pépins » en raison de leur ressemblance avec les petites graines des fruits, alors que dans la plupart des bactéries, l’ADN flotte librement dans le cytoplasme. </p>
<p>L'ensemble de ces caractéristiques exceptionnelles qui ont été décrites pour la première fois chez une bactérie montre le degré de complexité que peut avoir une cellule bactérienne considérée souvent comme «simple». </p>
<h2>« Ne pas se diviser pour mieux régner »</h2>
<p>Au cours des trois dernières décennies, <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-53047-5_3">d’énormes progrès</a> ont été accomplis dans la compréhension de la division cellulaire de bactéries. Ces recherches se sont fortement appuyées sur des organismes modèles, tels que <em>Escherichia coli</em>, <em>Bacillus subtilis</em> et <em>Caulobacter crescentus</em>, en raison de l'abondance des outils génétiques disponibles pour ces organismes. </p>
<p>En revanche, les études de biologie cellulaire des bactéries non cultivables se développant en milieux extrêmes sont encore rares.</p>
<p>Ainsi, l'analyse du génome de cinq cellules uniques de <em>T. magnifica</em> a permis d’observer l’absence de nombreux gènes liés à la division cellulaire et la présence de nombreux gènes codant pour des protéines d'élongation cellulaire. </p>
<p>Il est ainsi possible qu'un nombre accru de gènes d'élongation cellulaire, associé à l'absence de gènes clés de division cellulaire, soit responsable de la production des filaments exceptionnellement longs de cette bactérie. </p>
<p>Comprendre comment et quand les cellules décident de se diviser et comment ces processus fondamentaux ont été conservés, ou « réinventés », au cours de l'évolution sont des questions d’intérêt fondamental pour la recherche.</p>
<p>La découverte de cette nouvelle bactérie met en relief l’incroyable diversité du monde microbien, et leurs adaptations potentielles permettant de coloniser de nouveaux environnements. <em>Thiomargarita magnifica</em> est ainsi la première bactérie permettant de rendre les choses invisibles… visibles et ainsi dépasser les idées préconçues pour mieux comprendre les mécanismes évolutifs du vivant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200403/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Silvina Gonzalez-Rizzo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une bactérie est un microbe, donc par définition invisible à l’œil nu. Pourtant la découverte de bactéries géantes vient rebattre les cartes de notre classification du vivant.Silvina Gonzalez-Rizzo, biologiste moléculaire, écologie microbienne, Université des AntillesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1994782023-02-17T14:55:09Z2023-02-17T14:55:09ZChampignons, virus, bactéries… Voici ce qu’a trouvé une microbiologiste dans les spas – et ce n’est pas ragoûtant<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/510131/original/file-20230214-22-2mqek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C21%2C3600%2C2376&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quand on entre dans un jacuzzi, tout ce qu'on a sur notre peau se dépose dans l’eau chaude qui tourbillonne autour de nous.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pendant des siècles, les humains se sont baignés dans des eaux publiques. Parfois pour se laver, mais plus souvent pour le plaisir. Dans la Grèce antique, les bains étaient pris dans de l’eau douce, ou dans la mer, perçue comme un lieu sacré dédié aux dieux locaux et s’y baigner était considéré comme un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2557448/pdf/medhistsuppl00037-0011.pdf">acte de culte</a>.</p>
<p>Ce sont toutefois les Romains qui ont créé des aqueducs d’État pour permettre la construction de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11830439/">bains publics à grande échelle</a>. Ceux-ci étaient principalement utilisés pour la relaxation, mais aussi pour des plaisirs intimes. Eh oui, c’est souvent dans les bains publics que les Romains s’adonnaient à des <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-399017/The-steamy-truth-Roman-Bath.html">actes coquins</a>, parfois avec les esclaves préposés aux bains.</p>
<p>Deux millénaires plus tard, nous aimons toujours les bains publics, même si beaucoup de gens ont désormais leur propre spa, ou bains à remous, dont les ventes ont connu une <a href="https://www.theguardian.com/news/2021/apr/12/bubble-trouble-thieves-hot-tub-craze-whirlpool-baths">forte hausse</a> <a href="https://www.lesoleil.com/2022/05/14/un-autre-gros-ete-pour-les-pisciniers-db7abfb1597e6c86e82a82ff805b6f7a">pendant la pandémie</a>.</p>
<p>Pour ceux qui n’en ont pas à la maison, il y a la salle de sport ou le spa du coin. Et de nombreux hôpitaux en possèdent un. En effet, les bains à remous sont communément utilisés à des fins thérapeutiques pour soulager et traiter l’inflammation des articulations chez des personnes atteintes de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1754027/">rhumatisme ou d’arthrose</a>. L’usage d’un spa est souvent considéré comme une expérience de luxe, à la fois relaxante et régénératrice.</p>
<p>La chaleur de l’eau du bain dilate naturellement les vaisseaux sanguins, ce qui aide les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4049052/">muscles à se détendre</a> et soulage les articulations douloureuses. En plus d’être apaisantes physiquement, l’eau chaude bouillonnante et la compagnie de personnes qui partagent l’expérience avec nous peuvent également engendrer un bien-être psychologique.</p>
<h2>Bactéries, virus et champignons</h2>
<p>Il ne faut toutefois pas oublier que quand on entre dans un bain à remous, tout ce qu’on a sur notre peau se dépose dans l’eau chaude qui tourbillonne autour de nous. <a href="https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/hot-tub-germs_n_5268919">Cela inclut</a> les quelque 100 mg de <a href="https://www.cuh.nhs.uk/patient-information/bowel-control/">matières fécales</a> qui se trouvent généralement entre nos fesses. Ainsi, lorsqu’on se détend dans l’eau chaude, il est fort probable qu’on respire ou avale les <a href="https://www.medicinenet.com/what_diseases_can_you_get_from_a_hot_tub/article.htm">bactéries, les virus et les champignons</a> du corps de son compagnon de spas.</p>
<p>Plus il y a de personnes dans le bain, plus le taux de matières fécales et de sueur (et d’urine si quelqu’un a fait pipi dans l’eau) est élevé. Et ces dépôts servent de nutriments aux bactéries.</p>
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<img alt="Une femme prend des photos dans un bain à remous" src="https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« J’adore quand on échange des matières fécales. ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.alamy.com/small-group-of-female-friends-enjoying-a-weekend-away-they-are-taking-a-group-selfie-while-sitting-in-a-hot-tub-image244340274.html?imageid=B3F3C810-62AA-4E14-B14A-5B0EF34D7C59&p=386705&pn=1&searchId=1766fcdba780ec00b8395ff08531181f&searchtype=0">(DGLimages/Alamy Stock Photo)</a></span>
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</figure>
<p>Comme on recommande aux propriétaires de spas de ne changer l’eau que <a href="https://www.piscinespa.com/actualites-reportages/comment-changer-leau-de-son-spa#:%7E:text=La%20r%C3%A8gle%20est%20de%20changer,utilis%C3%A9%20de%20fa%C3%A7on%20tr%C3%A8s%20r%C3%A9guli%C3%A8re.">tous les trois mois</a> environ, les bactéries se développent. Pour la sécurité microbiologique, la plupart de bains à remous qui font recirculer l’eau sont équipés de filtres qui éliminent les microbes et leur eau est traitée avec des microbicides (pour éliminer les germes) tels que le chlore, le brome ou d’autres désinfectants qui <a href="https://www.canada.ca/content/dam/canada/health-canada/migration/healthy-canadians/publications/healthy-living-vie-saine/water-recreational-recreative-eau/alt/pdf/water-recreational-recreative-eau-fra.pdf">contrôlent le nombre de bactéries</a>.</p>
<p>Ces produits chimiques sont toxiques et peuvent irriter la peau et les yeux. C’est pourquoi il est conseillé de prendre une douche après le bain à remous (avant aussi). La température de l’eau dans un bain à remous (environ 40 °C) peut également causer des problèmes de santé potentiellement graves, comme une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8548817/">surchauffe du corps</a>, qui peut entraîner une sensation de faiblesse ou même une perte de conscience, voire la noyade.</p>
<p>C’est particulièrement risqué pour les <a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/pregnancy/is-it-safe-to-use-a-sauna-or-jacuzzi-if-i-am-pregnant/">femmes enceintes</a> et les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8548817/">enfants</a>, ainsi que les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents, qui doivent toujours consulter leur médecin avant d’utiliser un spa. C’est pourquoi l’on conseille de ne pas faire des séances de plus de 15 minutes dans un spa et jamais sans surveillance.</p>
<h2>Sale ou dégoûtant ?</h2>
<p>Si les bains à remous privés sont relativement sûrs d’un point de vue microbiologique, les spas publics (dans des hôtels ou spas) peuvent être contaminés <a href="https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/960_ContaminationMicroSpasQc.pdf">par des bactéries infectieuses</a> (germes), surtout si l’eau est recyclée.</p>
<p>Le problème provient du fait que les usagers ne respectent pas les consignes d’hygiène personnelle et que le traitement de l’eau est inadéquat. Les bains publics mal entretenus peuvent causer des épidémies d’infections dues à des bactéries associées au corps humain qui survivent dans l’eau.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11095998/">Parmi celles-ci</a> figurent <a href="https://www.cdc.gov/ecoli/index.html">E.coli</a>, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK441868/#:%7E:text=Staphylococcus%20aureus%20is%20a%20gram,acquired%20and%20hospital%2Dacquired%20settings."><em>Staphylococcus aureus</em></a>, <a href="https://www.gov.uk/government/collections/pseudomonas-aeruginosa-guidance-data-and-analysis#:%7E:text=Pseudomonas%20aeruginosa%20is%20a%20Gram,it%20rarely%20affects%20healthy%20individuals."><em>Pseudomonas aeruginosa</em></a> et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK7619/"><em>Legionella pneumoniae</em></a>. Ces agents pathogènes du bain à remous <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/rwi.html">peuvent provoquer</a> des infections intestinales, des diarrhées, des septicémies, des <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/rwi/rashes.html">infections cutanées</a>, des infections des voies urinaires et respiratoires, telles que la maladie du légionnaire. La <a href="https://www.cdc.gov/legionella/wmp/control-toolkit/hot-tubs.html">bactérie Legionella</a> se retrouve régulièrement dans les gouttelettes d’eau présentes dans la vapeur des spas, et l’inhalation de cette vapeur contaminée peut causer une pneumonie potentiellement fatale.</p>
<p>Le risque d’infection lié aux spas est si important que les Centers for Disease Control américains ont publi des <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/hot-tub-user-information.html">recommandations</a> sur la manière de s’en prémunir.</p>
<p>Si l’on souhaite quand même profiter d’un bain à remous, peut-on vérifier s’il est sans danger pour la santé ? Certains signes manifestes nous permettent de savoir qu’un bain à remous est rempli de germes. Lorsque de l’urine et d’autres fluides corporels tels que la sueur se mélangent au chlore utilisé pour désinfecter l’eau des spas, cela crée un irritant, un produit chimique à l’odeur âcre appelé chloramine, qui provoque des douleurs aux yeux quand on se baigne dans une <a href="https://piscineinfoservice.com/traitement-eau/comment-eliminer-chloramines">piscine publique</a>.</p>
<p>Plus il y a de personnes qui laissent leurs fluides corporels dans l’eau, plus l’odeur de la <a href="https://poolonomics.com/chloramines/">chloramine</a> (semblable à celle de l’eau de Javel) sera forte et plus il y a de risques que le spa ne contienne pas assez de désinfectant et trop de bactéries. Par conséquent, si une forte odeur se dégage d’un bain à remous, il vaut peut-être mieux ne pas y entrer, même si l’eau semble propre et claire, bien que l’eau finit par devenir plus trouble quand elle n’est pas suffisamment traitée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199478/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Lorsqu’on se détend dans l’eau chaude d’un spa, il est fort probable qu’on respire ou avale les bactéries, les virus et les champignons des personnes qui partagent le bain avec vous.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1979212023-01-18T18:05:59Z2023-01-18T18:05:59ZLes microbes, ces précieux collaborateurs des parfumeurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/504626/original/file-20230116-16-vp6fjx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C4777%2C3536&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/woman-perfume-on-black-background-442146133">ALEX_UGALEK / Shutterstock </a></span></figcaption></figure><p>En 1882, le parfumeur Paul Parquet crée « Fougère Royale », une composition à base de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Coumarine">coumarine</a>, de mousse de chêne, de géranium et de bergamote lancée par la société Houbigant qui révolutionne le monde de la parfumerie.</p>
<p>Ce parfum est toujours commercialisé aujourd’hui. Les notes de tête (qui sont libérées pendant les 10 à 15 premières minutes) sont la lavande, la bergamote et la sauge sclarée. Les notes de cœur (qui apparaissent après 15 minutes) sont le géranium, l’héliotrope, l’œillet, la rose et l’orchidée. Et les notes de fond (après 2 heures) sont la mousse de chêne, la coumarine, la fève tonka, la vanille et le musc. Tous les composants odorants contenus dans le parfum, à l’exception de la coumarine, proviennent d’huiles essentielles obtenues à partir de sources naturelles.</p>
<p>Et en cela, « Fougère Royale » a été un pionnier : le premier à inclure une molécule de synthèse dans sa formule. Il a ainsi ouvert la voie à toute une série d’harmonies olfactives appelées « fougère », qui sont encore utilisées dans de nombreuses compositions de parfums pour femmes et pour hommes. La parfumerie moderne était née.</p>
<h2>Parfum naturel ou artificiel ?</h2>
<p>D’ici 2025, le marché mondial des parfums devrait représenter environ <a href="https://fr.statista.com/statistiques/505163/parfums-valeur-marche-mondial/">50 milliards d’euros</a>. Ils sont utilisés non seulement dans les cosmétiques et la parfumerie, mais aussi dans les industries alimentaire, chimique, agricole, du tabac et pharmaceutique.</p>
<p>Les procédés les plus courants pour produire des composés aromatiques sont l’extraction à partir de sources naturelles et la synthèse chimique. L’extraction à partir de sources naturelles, animales ou principalement végétales, n’est pas simple et présente de nombreux inconvénients. D’une part parce que la concentration de nombreux produits dans les plantes est faible et que leur disponibilité change en fonction des variations saisonnières. En outre, deux autres problèmes se posent : le risque de maladies des plantes et la stabilité du composé, qui est parfois médiocre.</p>
<p>La synthèse chimique, bien que relativement bon marché, peut nécessiter des catalyseurs toxiques ou l’utilisation de pressions et de températures élevées. De plus, elle manque généralement d’une régio et/ou énantiosélectivité adéquate par rapport au substrat, ce qui peut donner lieu à un mélange de produits.</p>
<p>Cela explique pourquoi il est de plus en plus intéressant d’utiliser des microbes pour fabriquer des parfums. Les micro-organismes peuvent aider en synthétisant des molécules à partir de zéro, ou en biotransformant une matière première relativement bon marché.</p>
<p>Prenez par exemple le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28089045/">limonène</a>. Le (+)-limonène est obtenu comme sous-produit de l’industrie des agrumes et possède un arôme unique d’agrume avec une forte odeur d’orange, il est donc couramment incorporé dans de nombreux produits de nettoyage, cosmétiques et parfums. Cependant, les prix des agrumes, de l’huile d’agrumes et du limonène fluctuent et augmentent constamment et l’échelle à laquelle le limonène entièrement synthétique est produit est limitée. Il est donc rentable de le produire à l’aide de certains micro-organismes génétiquement modifiés, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4786606/">tels que <em>Escherichia coli</em> et <em>Saccharomyces cerevisiae</em></a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/manufacturing-filling-perfume-bottles-factory-cosmetics-1073731682">Krista Krista/Shutterstock</a></span>
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<h2>Produire plus de patchouli</h2>
<p>Le patchouli est un parfum boisé, balsamique et camphré. Il est utilisé dans l’encens, les savons, les bougies et autres produits ménagers. En 2010, l’huile de patchouli <a href="https://eudl.eu/pdf/10.4108/eai.20-1-2018.2282082">s’est raréfiée</a> parce que le temps pluvieux en Indonésie, l’un des principaux producteurs, a entraîné une mauvaise récolte de la plante (<em>Pogostemon cablin</em>) qui la produit. Pour ne rien arranger, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre ont exacerbé les problèmes d’approvisionnement. </p>
<p>L’huile de patchouli est aujourd’hui produite par des méthodes agricoles traditionnelles et par distillation à la vapeur. Mais il n’est possible d’extraire que 2,2 à 3,8 kg d’huile à partir de 100 kg de feuilles séchées de patchouli.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502640/original/file-20221226-74258-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La surexploitation des arbres <em>Santalum</em> fait que l’offre de bois de santal ne peut répondre à la demande croissante du marché..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/santalum-album-stems-branches-twigs-dark-1754094020">IamBijayaKumar/Shutterstock</a></span>
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<p>Malheureusement, l’utilisation des plantes comme source de production d’huile implique une croissance lente et des compositions variables en fonction de l’emplacement géographique et des conditions climatiques. C’est pourquoi certaines sociétés de biotechnologie ont commencé à utiliser des levures et des bactéries modifiées pour produire du patchouli, un terpène responsable de <a href="https://www.mdpi.com/2073-4425/9/4/219">l’arôme typique du patchouli</a>. En 2014, la société Firmenich a lancé Clearwood, un produit riche et légèrement parfumé au patchouli destiné à l’industrie de la parfumerie et produit par biotechnologie microbienne.</p>
<h2>Des bactéries pour imiter le parfum de la rose et de la lavande</h2>
<p>Un autre exemple intéressant est l’arôme enivrant de la rose. Il est généré par un type d’alcool appelé 2-phényl éthanol, dont la demande augmente de 10 à 15 % chaque année. Lorsqu’il provient de sources naturelles, sa valeur marchande peut dépasser 1 000 euros/kg. Toutefois, ce composé odorant caractéristique peut également être produit par bioconversion de la 2-phénylalanine en 2-phényléthanol à l’aide de souches de levure telles que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29224193/"><em>Kluyveromyces marxianus</em> et <em>Saccharomyces cerevisiae</em> génétiquement modifiées</a>.</p>
<p>« Le Male » (1995) de Jean Paul Gaultier est peut-être le plus célèbre des parfums à base de lavande. L’un des principaux composés de l’huile essentielle de lavande est le linalol, qui est un ingrédient utilisé dans les parfums depuis de nombreuses années comme pour « Jicky » de Guerlain, lancé en 1889. Dans « Le Male », le linalool apporte un agréable parfum floral avec un soupçon de menthol. Aujourd’hui, il est courant d’utiliser des souches de différents micro-organismes tels que <em>Saccharomyces cerevisiae</em>, <em>Yarrowia lipolytica</em>, <em>Escherichia coli</em> et <em>Pantoea ananatis</em> qui ont été génétiquement modifiées pour <a href="https://microbialcellfactories.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12934-021-01543-0">produire efficacement du linalol</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Feuilles de la plante Pogostemon cablin dont on extrait l’essence de patchouli.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/close-living-vibrant-green-pogostemon-cablin-1479515657">Stephen Orsillo/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Production durable de bois de santal</h2>
<p>L’une des huiles essentielles les plus précieuses au monde est l’huile de bois de santal. Il se distingue par son arôme boisé, légèrement épicé et velouté. Elle est obtenue principalement à partir du bois de cœur de santal adultes (<em>Santalum album</em>, <em>Santalum austrocaledonicum</em> et <em>Santalum spicatum</em>) par distillation à la vapeur. « Coco » de Chanel, « Hypnotic Poison » de Dior ou « Crystal Noir » de Versace sont quelques-uns des parfums qui se distinguent par leurs notes de bois de santal. En raison des conditions et de la longue période de croissance des arbres <em>Santalum</em>, l’offre de bois de santal ne peut répondre à la demande croissante du marché, et la <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/le-santal-un-tresor-meconnu-cache-sur-une-ile-du-pacifique_1381111.html">surexploitation</a> a sérieusement menacé les ressources naturelles.</p>
<p>Heureusement, les efforts de génie métabolique ont permis d’obtenir des souches génétiquement modifiées de <em>Saccharomyces cerevisiae</em> qui produisent de <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acssynbio.9b00479">grandes quantités d’α- et de β-santalol</a>, deux des principaux composants de l’huile essentielle de santal qui confèrent des arômes boisés, doux, chauds et balsamiques.</p>
<p>Les exemples sont nombreux. En fait, d’autres souches génétiquement modifiées de <em>Saccharomyces cerevisiae</em> sont utilisées pour produire des substances odorantes intéressantes comme la (+)-ambreine, principal composant de l’ambre gris. L’ambre gris est une substance organique rare et très chère <a href="https://theconversation.com/ambar-gris-la-caca-de-cachalote-que-vale-su-peso-en-oro-156711">sécrétée par le système digestif du cachalot</a>. Elle est très demandée en parfumerie et souvent utilisée <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25846965/">comme fixateur dans les parfums pour faire durer l’odeur</a>. L’ambreine a une odeur légère, mais peut être oxydée pour produire de l’ambroxide qui est très prisé dans l’industrie de la parfumerie et est apprécié pour son odeur délicate et ses propriétés fixatrices. </p>
<p>Il existe sans aucun doute un grand potentiel pour que les micro-organismes génétiquement modifiés produisent des composés aromatiques qui sont très demandés en parfumerie. Ce système est certainement une alternative de production durable, écologiquement valable et économiquement rentable qui permettra d’équilibrer l’offre et la demande et de protéger les ressources naturelles disponibles sur la planète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197921/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raúl Rivas González no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.</span></em></p>Le potentiel des micro-organismes génétiquement modifiés pour produire des parfums très demandés en parfumerie est énorme.Raúl Rivas González, Catedrático de Microbiología, Universidad de SalamancaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1971232023-01-03T20:14:17Z2023-01-03T20:14:17ZLa fonte du permafrost de l’Arctique libère d’anciens virus : faut-il s’inquiéter ?<p>Une équipe de scientifiques français, allemands et russes a <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2022.11.10.515937v1">récemment réussi à faire revivre</a> des virus géants jusque-là enfouis dans le sol gelé de la Sibérie, et ce depuis des dizaines de milliers d’années.</p>
<p>Treize de ces virus (des genres <em>Pandoravirus</em>, <em>Megavirus</em>, <em>Pacmanvirus</em>, etc.) prélevés dans des échantillons de permafrost sibérien (pergélisol en français), ont pu être « réanimés ». Le plus « jeune » de ces Lazare avait 27 000 ans. Et le plus ancien – un <em>Pandoravirus</em> – s’approchait des 48 500 ans. Il s’agit, pour l’heure, du plus ancien virus à avoir été ressuscité.</p>
<p>Des résultats qui interrogent, à mesure que <a href="https://theconversation.com/rechauffement-climatique-et-phenomene-meteo-exceptionnel-decryptage-de-la-canicule-en-siberie-144252">la planète – et le Grand Nord – se réchauffe</a>… C’est ce qui a motivé cette étude, venue compléter de précédents travaux et combler un trou dans les données disponibles.</p>
<p>Le dégel du pergélisol libère en effet des matières organiques figées depuis des millénaires, notamment des bactéries et des virus, dont certains peuvent encore se reproduire. Or, alors que les rapports décrivant les bactéries trouvées dans ces zones gelées abondent, ils sont beaucoup plus limités sur les virus. Ce qui suggère à tort que de tels virus dits « zombies » sont rares et ne constituent pas une menace pour la santé publique.</p>
<p>L’étude sur ces treize revenants est un « Préprint », ses résultats doivent donc encore être examinés par d’autres scientifiques. Mais comme le soulignent les auteurs, il est d’ores et déjà « légitime de s’interroger sur le risque que d’anciennes particules virales restent infectieuses et soient remises en circulation par le dégel d’anciennes couches de permafrost ».</p>
<p>En effet, que savons-nous réellement à ce jour des risques que représentent ces virus zombies ?</p>
<h2>Fenêtre sur le passé</h2>
<p>En supposant que les échantillons récoltés n’aient pas été contaminés lors de leur extraction, les virus géants récupérés viennent littéralement du passé : plus précisément d’il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Et l’on parle de plusieurs genres différents de ces organismes particuliers.</p>
<p>De plus, ce n’est pas la première fois qu’un virus viable est détecté dans des échantillons de permafrost. Les études qui ont ouvert la voie à ces travaux remontent à 2014, quand était <a href="https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1320670111">détecté pour la première fois un <em>Pithovirus</em></a>, puis un <a href="https://www.pnas.org/doi/abs/10.1073/pnas.1510795112"><em>Mollivirus</em></a> un an plus tard. La possibilité de telles résurrections est donc réelle… Avec quelles conséquences pour la faune et la flore – et nous ?</p>
<p>Tous les virus retrouvés jusqu’à présent dans de tels échantillons sont des virus géants, à ADN, qui <a href="https://academic.oup.com/femsre/article/39/6/779/550971">n’affectent (en l’état actuel des connaissances) que les amibes</a> (organismes unicellulaires). Ils sont donc très différents des virus « classiques » (au génome beaucoup plus petit), qui touchent les mammifères par exemple, et il est très peu probable qu’ils représentent un danger pour l’être humain.</p>
<p>Si l’un de ces virus géants infectant les amibes, appelé <em>Acanthamoeba polyphaga mimivirus</em>, a été <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/12/2/05-0434_article">associé à une pneumonie chez l’Homme</a>, la relation de cause à effet entre les deux n’est pas établie. Il ne semble donc pas que les virus cultivés à partir d’échantillons de pergélisol constituent eux-mêmes une menace pour la santé publique. Mais ils ne sont pas les seuls à peupler ces sols congelés depuis des temps préhistoriques : sont également présentes des entités que l’on sait dangereuses pour notre espèce.</p>
<p>Un point préoccupant est que le dégel du pergélisol pourrait libérer les corps de personnes décédées depuis des décennies sinon des siècles des suites d’une maladie infectieuse. Ce qui pourrait donner aux <a href="https://www.livescience.com/2403-climate-threat-thawing-tundra-releases-infected-corpses.html">pathogènes responsables l’occasion de revenir</a>. Et les épidémies ne manquent pas dans l’histoire…</p>
<p>Celles qui inquiètent le plus les scientifiques sont, paradoxalement, liées à la seule maladie humaine à avoir été éradiquée au niveau mondial, grâce à la vaccination : la variole. Sa réintroduction, en particulier dans des zones difficiles à atteindre, pourrait déboucher sur une catastrophe sanitaire mondiale. Or, des preuves d’infection par la variole vieilles de 300 ans ont été <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc1208124">détectées dans des corps inhumés en Sibérie</a>…</p>
<p>Heureusement, il ne s’agit que de « séquences génétiques partielles », c’est-à-dire de fragments de l’ADN du virus trop abimés pour pouvoir encore infecter quelqu’un. Le virus de la variole survit cependant bien lorsqu’il est congelé dans de bonnes conditions, à -20 °C, mais seulement pendant <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-7643-7557-7_19">quelques décennies – et non des siècles</a>.</p>
<p>La grippe espagnole a aussi soulevé son lot de questions. Au cours des deux dernières décennies, les scientifiques ont en effet exhumé les corps de personnes emportées par cette pandémie il y a un siècle et <a href="https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.96.4.1651">enterrées dans le pergélisol d’Alaska</a> et au Svalbard, en Norvège. Son génome a pu être lu (séquencé), mais le virus de la grippe lui-même n’a pas pu être « cultivé » (ressuscité) en laboratoire à partir des tissus des défunts. Les virus de la grippe peuvent survivre au congélateur pendant au moins un an, mais <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3471417/">probablement pas plusieurs décennies</a>.</p>
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<h2>Les bactéries pourraient être plus problématiques</h2>
<p>Si les virus ne semblent pas être une menace de premier plan à l'heure actuelle, d’autres types d’agents pathogènes, comme les bactéries, pourraient toutefois poser davantage de problèmes.</p>
<p>Au fil des ans, plusieurs épidémies inattendues de fièvre charbonneuse (ou maladie du charbon), causée par <em>Bacillus anthracis</em>, ont en effet eu lieu en Sibérie notamment. Capable d’infecter notre espèce, cette bactérie est surtout dangereuse pour les herbivores et le bétail.</p>
<p>Une épidémie particulièrement importante a ainsi eu lieu à l’été 2016 dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie et a entraîné la <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fvets.2021.668420/full">mort de 2 350 rennes</a>. Cette épidémie a coïncidé avec un épisode particulièrement chaud dans le Grand Nord russe… L’explication privilégiée est que le pathogène a été libéré suite au dégel de la carcasse d’un animal mort du charbon jusque-là prise dans le permafrost. En plus des rennes, plusieurs dizaines d’habitants ont dû être hospitalisés et un enfant est décédé.</p>
<p>Les anciens foyers de charbon identifiés affectant les rennes en Sibérie <a href="https://nap.nationalacademies.org/catalog/25887/understanding-and-responding-to-global-health-security-risks-from-microbial-threats-in-the-arctic">remontent à 1848</a>. Au cours de ces épidémies, c'est souvent la consommation des animaux morts qui a causé la maladie chez les humains.</p>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10393-020-01474-z">D’autres hypothèses existent pour expliquer ces épidémies</a>, comme l’arrêt de la vaccination contre la maladie du charbon et la surpopulation de rennes.</p>
<p>Dangereuses pour les populations au niveau local, des épidémies de charbon déclenchées par le dégel du pergélisol ne devraient néanmoins pas avoir de conséquences lourdes au niveau mondial : <a href="https://europepmc.org/article/MED/19723532">l’infection des herbivores par la fièvre charbonneuse reste commune sur la planète</a>. Il est donc peu probable qu’elles entraînent une pandémie.</p>
<h2>Réémergence de résistances anciennes ?</h2>
<p>Une autre préoccupation est de savoir si des organismes résistants aux antimicrobiens pourraient être libérés dans l’environnement par le dégel des sols anciens.</p>
<p>De nombreuses études ont démontré que des gènes de résistance (aux antibiotiques, etc.) peuvent être <a href="https://fems-microbiology.org/femsmicroblog-microbes-antibiotic-resistance-genes-in-arctic-permafrost/">détectés dans des échantillons de pergélisol</a>. Ces gènes, que les bactéries se transmettent entre elles, leur permettent de devenir résistantes aux antibiotiques. Cela n’a rien d’étonnant, car de nombreux gènes de ce type ont évolué <a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/MMBR.00016-10">à partir d’organismes vivant justement dans le sol</a>.</p>
<p>L’environnement, notamment au niveau des rivières, est déjà fortement <a href="https://setac.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/etc.5289">contaminé par des organismes et des gènes de résistance divers</a>. Il est donc douteux que les bactéries rescapées du permafrost changent la donne à ce niveau, d’autant que les résistances utiles hier ne le sont pas forcément aujourd’hui…</p>
<p>Des données encourageantes, mais qui n’empêchent pas d’être prudents. Chaque nouvelle étude met en effet en lumière de nouveaux genres de virus capables de résister au temps, pris dans les sols gelés – ce qui incite à rester vigilant, sans tomber dans des scénarios catastrophes qu’aucun fait scientifique ne vient pour l’heure alimenter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197123/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Paul Hunter est consultant pour l'Organisation mondiale de la santé. Il reçoit des financements du National Institute for Health Research, de l'Organisation mondiale de la santé et du Fonds européen de développement régional.</span></em></p>Un virus a été réveillé en laboratoire après 50 000 ans passés dans le permafrost sibérien. Un phénomène qui peut se produire dans la nature suite au réchauffement climatique. Qu’en sait la science ?Paul Hunter, Professor of Medicine, University of East AngliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1933262022-12-01T17:24:23Z2022-12-01T17:24:23ZEmpêcher les amibes de se bunkériser pour mieux les éliminer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/498531/original/file-20221201-26-e8f6w0.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C2835%2C1909&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sur cette image obtenue par microscopie électronique à balayage (MEB), on peut voir deux amibes (Acanthamoeba polyphaga). L'amibe de droite est au stade de trophozoïte, capable de se déplacer. L'amibe de gauche est au stade kystique : entourée d’une paroi qui la protège, elle est en dormance.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/Details.aspx?pid=11900">CDC/ Catherine Armbruster; Margaret Williams</a></span></figcaption></figure><p>Lorsque leur environnement devient hostile, de nombreux microbes sont capables d’entrer dans une phase dormante, très résistante, y compris aux produits antimicrobiens. Appelée « kyste », cette forme leur permet d’attendre le retour de jours meilleurs. Cela pose un problème majeur lorsque les microorganismes concernés sont responsables de maladies, ou lorsqu’ils abritent en eux d’autres microbes potentiellement dangereux.</p>
<p>Pour parvenir à se débarrasser de ces microorganismes indésirables, il est essentiel de comprendre comment ils procèdent pour former de tels kystes, afin de les en empêcher ou de trouver des substances antimicrobiennes capables de détruire ces formes ultrarésistantes. Nous avons justement récemment réussi à décrypter comment l’amibe libre <em>Acanthamoeba castellanii</em>, responsable de graves encéphalites et d’infections oculaires, procède pour s’enkyster.</p>
<p>Nos travaux, <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-022-31832-0">publiés dans la revue <em>Nature Communications</em></a>, constituent un véritable atlas moléculaire des changements qui surviennent au cours de ce phénomène. Nous espérons qu’ils ouvriront des perspectives dans la recherche de nouvelles molécules anti-amibiennes destinées à mieux traiter les patients et à désinfecter plus efficacement les hôpitaux, les sites des industries agroalimentaires ou encore les eaux utilisées à des fins récréatives.</p>
<h2>Les amibes libres, un problème de santé publique</h2>
<p>Les amibes libres sont des êtres constitués d’une seule cellule appartenant au groupe des Protozoaires. On les trouve <a href="https://www.em-consulte.com/article/734748/amibes-libres-acanthamoeba-naegleria-balamuthia">dans les sols, dans l’eau, et même parfois dans l’air</a>. Certaines espèces sont dites amphizoïques, ce qui signifie qu’elles sont non seulement capables vivre de façon autonome dans l’environnement, mais aussi de parasiter certains êtres vivants, dont l’être humain. Dans ce dernier cas, elles peuvent être à l’origine de graves pathologies.</p>
<p>La plupart des touristes ont déjà entendu parler des diarrhées (amibiases) causées dans les pays chauds par l’amibe <em>Entamoeba histolytica</em>, qui contamine les eaux et certains aliments. Mais les amibes ne se rencontrent pas uniquement sous les tropiques. Dans les pays tempérés sévissent également des amibes pathogènes, telles que l’amibe <em>Acanthamoeba castellanii</em>, qui provoque de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC153146/">douloureuses inflammations de la cornée appelées kératites amibiennes</a>. Bien que rare, cette maladie peut être sévère et menacer la vision en cas de lésions profondes. Difficile à traiter si le diagnostic est tardif, elle survient généralement chez les porteurs de lentilles de contact mal entretenues, mais elle peut aussi se déclarer après un traumatisme de la cornée ou un contact avec de l’eau contaminée.</p>
<p>Les <em>Acanthamœba</em> sont aussi responsables (tout comme l’amibe <a href="https://www.em-consulte.com/article/734748/amibes-libres-acanthamoeba-naegleria-balamuthia"><em>Balamuthia mandrillaris</em></a>) d’encéphalites mortelles chez les patients immunodéprimés. Une autre espèce d’amibe, <em>Naegleria fowleri</em>, provoque quant à elle des méningo-encéphalites évoluant rapidement vers le coma et la mort.</p>
<p>Toutes ces amibes sont capables, comme de nombreux microorganismes, de se protéger très efficacement en se transformant en kystes, des formes dormantes très résistantes.</p>
<h2>Quand les microbes se bunkérisent</h2>
<p>Lorsque leur environnement devient hostile, certains microbes érigent des barrières imperméables faites de cellulose (molécule qui entre dans la composition des plantes) ou de chitine (molécule retrouvée dans la carapace des insectes ou des crustacés notamment) pour s’isoler. Certains organismes tels qu’<em>Acanthamoeba</em> synthétisent une paroi faite à la fois de cellulose et de chitine.</p>
<p>Sous cette forme appelée kystes (ou spores, si elle intervient dans la reproduction), leur activité métabolique est réduite, ce qui leur permet d’économiser leurs ressources et de survivre sur de longues périodes, en attendant que les conditions s’améliorent.</p>
<p>Isolés de l’environnement, les kystes formés par certaines amibes ne craignent ni le manque de nourriture, ni la dessication. Ils résistent également aux radiations ainsi qu’à de nombreux produits antimicrobiens. En laboratoire, des kystes d’<em>Acanthamoeba</em> sont restés vivants 24 ans à 4 °C !</p>
<p>Dès que les conditions redeviennent favorables, les kystes se retransforment en amibes actives, ce qui peut poser de sérieux problèmes de santé publique. On s’expose en effet à des résurgences d’infections par des microorganismes que l’on pensait avoir éliminés.</p>
<p>Par ailleurs, au-delà des maladies qu’elles provoquent directement, les amibes libres sont aussi des réservoirs de bactéries, dont certaines peuvent aussi causer des maladies.</p>
<h2>Les amibes et leurs bactéries</h2>
<p>Les amibes se nourrissent de bactéries qu’elles absorbent par phagocytose, autrement dit en les internalisant après les avoir « entourées ». Généralement, ces bactéries sont rapidement digérées, mais certaines d’entre elles, dites « résistantes aux amibes », peuvent survivre à ce processus. Certaines bactéries, telles que les légionelles, entrent dans l’amibe, consomment les éléments nutritifs qui s’y trouvent, se multiplient, puis induisent la destruction de leur hôte avant d’aller envahir d’autres cellules ou de vivre libres dans l’environnement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Image de synthèse d’une amibe avec son noyau et les bactéries hébergées" src="https://images.theconversation.com/files/492609/original/file-20221031-19-7u981p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492609/original/file-20221031-19-7u981p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492609/original/file-20221031-19-7u981p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492609/original/file-20221031-19-7u981p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492609/original/file-20221031-19-7u981p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=585&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492609/original/file-20221031-19-7u981p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=585&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492609/original/file-20221031-19-7u981p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=585&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Image de synthèse d’une amibe avec son noyau (en bleu) et les bactéries hébergées (en rouge).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anne Cantereau</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par ailleurs, il a été démontré que certaines bactéries deviennent plus virulentes et plus résistantes aux biocides et aux antibiotiques après leur passage dans les amibes.</p>
<p>Or, si l’amibe s’enkyste, ces bactéries bénéficient elles aussi de la protection conférée par cette forme très résiliente. Cette situation constitue donc un second argument pour lutter contre les formes kystiques.</p>
<p>Plutôt que d’essayer de tuer les kystes, une stratégie payante pourrait être d’empêcher la formation de la paroi, ce qui rendrait les amibes sensibles aux antimicrobiens. Il faut pour cela comprendre dans le détail comment les amibes procèdent pour s’empaqueter de la sorte. C’est précisément l’objet de nos travaux.</p>
<h2>Re-étiquetage des protéines et modification de l’activité génétique</h2>
<p>En condition de stress, par exemple lorsqu’elle manque de nourriture, les amibes libres commencent par <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/5370298/">modifier certaines de leurs protéines</a>. Elles « retirent » en quelque sorte une « étiquette » chimique (en réalité, un groupe phosphate), ce qui va changer l’activité desdites protéines, qui vont alors induire l’expression de gènes pro-enkystement et réprimer les gènes anti-enkystement.</p>
<p>Pour comprendre l’enchaînement de ces processus, nous avons privé des amibes de nourriture afin de déclencher leur enkystement. Nous avons ensuite analysé les ARN qu’elles ont fabriqués au bout d’une heure, quatre heures et huit heures (produits à partir de l’information contenue dans les gènes, les ARN constituent en quelque sorte le « plan de montage » des protéines ; leur présence – ou absence – et leur quantité renseignent sur le niveau d’expression des gènes).</p>
<p>En parallèle, nous avons également examiné les modifications des « étiquettes » portées par les protéines des amibes. Celles-ci surviennent très rapidement, environ une heure après le début du « jeûne » forcé. Nos résultats indiquent que l’enkystement débute par une série de changements biochimiques qui touche de très nombreux gènes.</p>
<p>Parmi les conséquences notables de ces changements, les voies métaboliques impliquées dans la division cellulaire sont « mises en veille ». À l’inverse, l’activité de celles responsables de la fabrication des sucres augmente, ce qui s’explique probablement par la production de la paroi de cellulose du kyste (la cellulose étant un assemblage de sucres). Par ailleurs, durant l’enkystement, l’activité de dégradation des protéines s’accroît dans la cellule amibienne. En d’autres termes, la cellule « s’autodigère », et réutilise ses propres éléments pour se réorganiser.</p>
<p>Ces travaux, fruits d’une étroite collaboration entre notre laboratoire « Écologie et Biologie des Interactions », à Poitiers, et des collègues de l’Institut Pasteur de Paris, de l’Université de Vienne en Autriche et de l’Université de Copenhague au Danemark, ont permis de cartographier les changements qui, durant l’enkystement, affectent un très grand nombre d’ARN et de protéines amibiennes.</p>
<p>Ces résultats pourront être utilisés pour rechercher de nouvelles cibles anti-amibiennes efficaces contre les kystes. En outre, ils devraient vraisemblablement également aider à comprendre la chorégraphie moléculaire mise en jeu non seulement par les amibes <em>Acanthamœba</em>, mais aussi par d’autres espèces, ainsi que par d’autres protozoaires capables de s’enkyster, tels que les agents responsables de la toxoplasmose.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193326/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ascel Regis SAMBA LOUAKA a reçu un financement de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR JCJC AMOCYST). </span></em></p>Quand les conditions deviennent hostiles, de nombreux microbes forment des kystes, des formes dormantes leur permettant de survivre jusqu’à plusieurs décennies. Un problème quand on veut les éliminer…Ascel Regis Samba Louaka, Microbiologie, parasitologie, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1943732022-11-15T16:55:05Z2022-11-15T16:55:05ZGabriel : « Comment sont apparus les microbes et à quoi servent-ils ? »<p>Il y a très, très longtemps sur notre planète, la Terre, il n’y avait pas encore de la vie. Mais petit à petit, des microbes capables de se nourrir et de se reproduire sont apparus. Ils étaient vraiment minuscules, comme des gouttelettes de beaucoup moins d’un millimètre de longueur.</p>
<p>À cette époque-là, il n’avait pas grande chose à manger. Mais il existait déjà une source inépuisable d’énergie, notre Soleil. C’est alors qu’une invention extraordinaire a eu lieu chez certains microbes marins qu’on appelle cyanobactéries : elles sont devenues capables d’utiliser la lumière du Soleil pour fabriquer des aliments riches en énergie tels que les sucres et les graisses ; on appelle cette invention la photosynthèse. La production de grandes quantités de nutriments par les cyanobactéries a favorisé l’apparition d’autres microbes, qui ont profité de cette aubaine, et la vie est devenue de plus en plus variée.</p>
<p>La photosynthèse a également eu un impact énorme sur la composition de l’atmosphère puisqu’elle a permis de produire beaucoup d’oxygène à partir de l’eau. L’oxygène libéré a joué, plus tard, un rôle fondamental dans l’évolution des animaux. Ce gaz permet, grâce à la respiration, de récupérer, à partir des aliments digérés, la grande quantité d’énergie nécessaire pour exister et se reproduire. Les bactéries, et d’autres microbes tels que les amibes et les virus sont toujours présents sur notre Terre.</p>
<p>On peut quand même se poser la question suivante : comment sait-on que les microbes existent, étant donné qu’ils sont trop petits pour les voir à l’œil nu ? Il y a longtemps des scientifiques avaient soupçonné que les maladies étaient transmises par des germes invisibles, mais il a fallu attendre l’invention du microscope il y a 400 ans pour pouvoir confirmer leur existence.</p>
<p>Maintenant nous savons que les microbes peuvent nous rendre malades et même nous tuer (d’où l’intérêt de nous faire vacciner et d’avoir une bonne hygiène).</p>
<p>Mais depuis peu de temps, nous savons aussi qu’ils peuvent nous aider de différentes façons. En effet, chaque type d’animal vit avec une collection de bactéries différentes (il y a même plus de bactéries dans le corps d’un animal que de cellules vraiment à lui) ; elles se trouvent surtout dans le système digestif (bouche, estomac, intestin) où elles peuvent fournir des vitamines et aider à digérer la nourriture.</p>
<p>Nous sommes différents des autres animaux parce que ce que nous mangeons dépend en grande partie de notre culture. Par exemple, à cause de la restauration rapide, on trouve en général beaucoup moins de bactéries différentes – et bonnes pour la santé – dans les selles d’une personne en Amérique du Nord qu’en Afrique noire, où on mange beaucoup plus de produits naturels non traités (l’Europe, dont la France, se trouve entre ces deux extrêmes).</p>
<p>L’effet de ce qu’on mange sur nos bactéries a été clairement démontré par Tim Spector, professeur à Londres, qui, en 2015, a demandé à son fils Tom d’aller manger dans un <em>fast food</em> pendant 10 jours. L’analyse journalière de ses selles a révélé que pendant cette période il a perdu presque la moitié de ses bactéries et qu’elles étaient beaucoup moins variées.</p>
<p>Ce résultat prouve que la population bactérienne peut varier rapidement selon notre régime alimentaire. Il a été aussi montré, en utilisant des souris de laboratoire, que si on mange trop gras on augmente la quantité d’un type de bactéries qui favorise l’absorption de graisses dans l’intestin. En réalité la situation est plus complexe puisque, d’une part, les bactéries peuvent nous forcer à manger ce qu’elles préfèrent consommer et, d’autre part, notre intestin peut sélectionner les bactéries qui nous conviennent.</p>
<p>Heureusement, il est possible de rectifier la composition bactérienne, si elle n’est pas bonne, grâce au transfert de selles d’une personne saine vers le malade. Ce type de greffe a été utilisé aussi pour guérir des infections par bactéries résistantes aux antibiotiques et pour améliorer la condition d’enfants autistes. En résumé, les microbes peuvent être nos ennemis mais aussi nos amis.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194373/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juan Fontecilla ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les microbes que nous connaissons aujourd’hui sont le fruit de milliards d’années d’évolution, certains sont nocifs, d’autres indispensables à notre survie.Juan Fontecilla, Chercheur en biologie structurale, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1915522022-10-07T13:12:58Z2022-10-07T13:12:58ZApprivoiser le bleuetier sauvage (et ses microbes !)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/488545/original/file-20221006-22-5cvfi0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C18%2C4128%2C3095&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bleuetiers appartiennent à la famille des Éricacées, tout comme les rhododendrons ou la canneberge.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Simon Morvan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Avez-vous déjà résisté à un appétissant muffin aux bleuets ? Moi non plus !</p>
<p>Mais vous êtes-vous déjà demandé comment poussent ces petites baies bleues ?</p>
<p>L’essentiel des bleuets que l’on retrouve sur le marché provient du bleuetier en corymbe (<em>Vaccinium corymbosum</em>), un arbuste pouvant atteindre plus d’un mètre d’envergure. Le bleuetier en corymbe est planté en verger, comme les pommiers.</p>
<p>Cependant, mon projet de doctorat s’attarde sur la petite sœur de cette espèce : le bleuetier sauvage, ou bleuetier nain (<em>Vaccinium angustifolium</em>).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488361/original/file-20221005-24-4u7d8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Bleuetier sauvage prêt à être récolté.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Simon Morvan), Fourni par l’auteur</span></span>
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<p>Comme son nom l’indique, cette espèce est beaucoup plus petite – les buissons ne dépassent pas les 40 cm. On la retrouve à l’état natif à l’est de l’Amérique du Nord et elle est essentiellement cultivée dans le Maine aux États-Unis ainsi qu’au Québec et <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/15538362.2011.619130">dans les provinces maritimes du Canada</a>.</p>
<p>Contrairement aux bleuetiers en corymbe, il n’y a pas de plantation de bleuetiers sauvages. Les bleuetières sont établies dans des zones où les arbustes sont déjà implantés, typiquement en forêt boréale. Résistant bien au feu de forêt grâce à leur rhizome (organe souterrain semblable à une grosse racine), les bleuetiers sauvages sont parmi les premières plantes à repousser à la suite d’un incendie. Les exploitants profitent donc de ces feux, qui éliminent la plupart des autres végétaux, pour établir des bleuetières.</p>
<p>Au Québec, en 2015, 35 500 hectares étaient consacrés à la culture de ce fruit, soit un peu moins que la superficie de la ville de Sherbrooke (QC, Canada) ! La grande majorité des fruits sont congelés après la récolte et exportés à l’international. D’ailleurs, en 2020, le bleuet sauvage représentait la première exportation fruitière du pays, totalisant <a href="https://agriculture.canada.ca/sites/default/files/documents/2021-08/fruit_report_2020-fra.pdf">312 millions de dollars</a></p>
<p>Dans cet article, j’apporterai un éclairage sur cette culture particulière et sur le monde invisible, mais ô combien important, du souterrain végétal.</p>
<h2>Mais d’où vient cet engouement pour le bleuet ?</h2>
<p>Les qualités de ce fruit sont indéniables : un goût sucré et acidulé, une couleur bleue profonde, la taille d’un petit bonbon. Comment ne pas craquer ?</p>
<p>Le bleuet se situe également dans le top des fruits qui contiennent le plus haut taux d’antioxydants, ces molécules maintenant bien connues du grand public qui ont de nombreuses propriétés bénéfiques sur le <a href="https://academic.oup.com/advances/article/11/2/224/5536953">système vasculaire, cognitif, et glucorégulatoire</a> ! Cette caractéristique, le bleuet le doit aux anthocyanes, les molécules qui donnent la couleur bleutée à la peau du fruit. En raison de ce fort potentiel antioxydant, le bleuet est très populaire, notamment en Asie.</p>
<p>Pour faire face à une demande accrue, les exploitants sont donc à la recherche de pratiques agricoles permettant d’augmenter leur rendement en fruit.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488363/original/file-20221005-26-vo5tb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Machine agricole permettant l’épandage dans les bleuetières.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Simon Morvan), Fourni par l’auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le pouvoir des micro-organismes</h2>
<p>Il faut dire qu’à première vue, le bleuetier sauvage ne se facilite pas la vie. En effet, le sol dans lequel il s’épanouit n’est pas des plus accueillants.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488364/original/file-20221005-17-qmpzra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bleuetier sauvage (réellement sauvage) poussant quasiment à même la roche !</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Simon Morvan), Fourni par l’auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La plupart des nutriments essentiels à la plante (azote, phosphore et potassium) sont sous forme organique, c’est-à-dire que les atomes sont bloqués dans des molécules avec un squelette de carbone, <a href="https://www.canr.msu.edu/news/what_organic_fertilizers_mean_to_plants_and_soil">ne pouvant pas être directement absorbées par les plantes</a>.</p>
<p>De plus, le sol est acide avec un pH généralement autour de 4 ou 5, comparable à celui d’une <a href="https://www.clemson.edu/extension/food/food2market/documents/ph_of_common_foods.pdf">mangue pas mûre</a>. Ce faible pH augmente la disponibilité de minéraux tels que le fer ou l’aluminium. À pH neutre (pH = 7), ces métaux se fixent à des molécules organiques et sont ainsi bloqués, ou non disponibles. Cependant, quand le pH est faible, ils sont décrochés des molécules organiques, et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0016706116300908">deviennent disponibles</a>. Le problème, c’est qu’à trop forte concentration, ces métaux deviennent toxiques pour les végétaux. Dans ces conditions, on peut se demander comment cette plante fait pour survivre et, de surcroît, produire une baie aussi délicieuse.</p>
<p>Une partie de la réponse se trouve dans le sol, mais elle est invisible à l’œil nu. Il s’agit du monde fascinant des micro-organismes (dont les bactéries et champignons microscopiques). Dans ma recherche, je me suis intéressé aux communautés de champignons et de bactéries qui vivent dans le sol à proximité des racines. Cette zone est appelée <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11104-008-9568-6">rhizosphère</a>. Dans cette fine couche de sol, la plante travaille très fort. En effet, bien qu’on ait l’impression que les plantes sont passives parce qu’immobiles, on se trompe !</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488365/original/file-20221005-25-37sw9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Échantillon de sol contenant le rhizome et les racines d’un bleuetier sauvage. C’est à partir de ce type d’échantillon que l’ADN est extrait afin d’étudier les communautés microbiennes peuplant ce milieu.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Simon Morvan), Fourni par l’auteur</span></span>
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<p>Au niveau des racines, les plantes libèrent des molécules qui ont le pouvoir d’attirer ou de <a href="https://reader.elsevier.com/reader/sd/pii/S1360138517301991?token=75FDA57C9AB0D9B0395CD3755FDBCF5967AFF4BB921F737F480A299512CE7A80D3B4DE907FA818DD38939D87D2EF927A&originRegion=us-east-1&originCreation=20221004195524">repousser certains micro-organismes</a>. Mais cette relation n’est pas unilatérale. Les bactéries et les champignons peuvent également influencer la plante, et tout le monde en profite. On parle alors de symbiose. En d’autres termes, la plante et ses micro-organismes ne font qu’un, comme une équipe !</p>
<h2>Une symbiose indispensable</h2>
<p>Les bleuetiers appartiennent à la famille des Éricacées, tout comme les rhododendrons ou la canneberge. Cette famille à la particularité d’établir une <a href="https://www.elsevier.com/books/mycorrhizal-symbiosis/smith/978-0-12-370526-6">symbiose mycorhizienne</a> qui lui est propre. Du grec myco (champignon) et rhiza (racine), une mycorhize est une association entre un champignon et une racine de plante.</p>
<p>Dans le cadre de cette symbiose, les filaments du champignon (appelés hyphes) pénètrent à l’intérieur des racines et forment une sorte de pelote de laine, qui va occuper la quasi-totalité de l’espace racinaire. C’est au niveau de cette pelote que se joue le pourquoi de la symbiose : <a href="https://www.elsevier.com/books/mycorrhizal-symbiosis/smith/978-0-12-370526-6">l’échange de bons procédés</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488367/original/file-20221005-23-gmvgv8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488367/original/file-20221005-23-gmvgv8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488367/original/file-20221005-23-gmvgv8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488367/original/file-20221005-23-gmvgv8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488367/original/file-20221005-23-gmvgv8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=294&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488367/original/file-20221005-23-gmvgv8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=294&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488367/original/file-20221005-23-gmvgv8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=294&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Photographie et schéma de la colonisation mycorhizienne éricoïde. (a) Émergence d’hyphes du champignon Rhizoscyphus ericae de cellules racinaires épidermiques de Calluna vulgaris (Callune) (b) Diagramme d’un complexe d’hyphes à l’intérieur des cellules racinaires externes, typique d’une colonisation mycorhizienne éricoïde. La paroi externe (*) des cellules racinaire de surface est épaissie. Barre d’échelle = 25 μm.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(a) Photographie de DJ Read provenant de Smith and Read, 2008. (b) Diagramme tiré de Peterson et Massicotte, 2004</span></span>
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<p>Ces champignons possèdent un arsenal d’enzymes, des protéines capables de découper des molécules organiques et ainsi de libérer les nutriments qu’elles contiennent. Ces nutriments sont captés par les champignons, transportés jusqu’à la pelote à l’intérieur de la racine, puis échangés à la plante. En échange, la plante fournit du sucre qu’elle produit par photosynthèse. Cette association est si importante que certains chercheurs affirment que c’est grâce à elle que les plantes de la famille des Ericaceae peuvent pousser dans des conditions <a href="https://cpb-us-e1.wpmucdn.com/blogs.uoregon.edu/dist/c/8944/files/2014/10/Mitchell_ericoid-1hwn44o.pdf">peu adaptées aux plantes</a>.</p>
<p>D’autre part, ces champignons peuvent également protéger les bleuetiers des métaux toxiques (aluminium, fer) soit en les stockant, soit en <a href="https://cpb-us-e1.wpmucdn.com/blogs.uoregon.edu/dist/c/8944/files/2014/10/Mitchell_ericoid-1hwn44o.pdf">empêchant leur absorption par la plante</a>.</p>
<h2>Un travail de détective</h2>
<p>Le but de ma recherche était donc de dresser un portrait de ces micro-organismes et tenter de comprendre quels paramètres pouvaient avoir un impact sur leur présence. Grâce au séquençage de l’ADN présent dans le sol et les racines, nous avons pu avoir un aperçu global des champignons et bactéries présents dans ces milieux.</p>
<p>Nos résultats indiquent une prédominance du groupe de champignons capable de former des mycorhizes. Ce ne sont pas tous les champignons qui ont cette capacité ! Notre découverte suggère donc leur importance dans l’écosystème racinaire des bleuetiers.</p>
<p>Au niveau des bactéries, des espèces ayant un potentiel de fixation de l’azote atmosphérique ont également été trouvées en abondance. L’azote joue en rôle primordial dans le monde vivant, puisque toutes les protéines en sont constituées. Sans azote, pas de chlorophylle, donc pas de photosynthèse, et pas de croissance pour la plante. La fixation de l’azote atmosphérique par les bactéries consiste à capter l’azote présent dans l’air et de le rendre disponible, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2021.628379/full">autant pour elles-mêmes que pour la plante</a>. Dans un contexte de sol appauvri en nutriments, le bleuetier bénéficie ainsi grandement de ce type de bactéries à proximité de ses racines.</p>
<p>De futures études sont nécessaires afin de mieux comprendre l’écologie de ces microbes pour pouvoir un jour espérer bénéficier au maximum de leur service écosystémique et, ultimement, améliorer les rendements des cultures.</p>
<p>La prochaine fois que vous mangerez un muffin aux bleuets, vous l’apprécierez d’autant plus maintenant que vous connaissez la vie rude que ce petit arbuste mène !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191552/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Simon Morvan est membre du Centre de la Science de la Biodiversité du Québec (CSBQ). </span></em></p>Le bleuet sauvage, cette petite baie bleue qui ravit les papilles est très populaire en raison de ses qualités gustatives, mais aussi de ses bienfaits pour la santé. Mais comment est produit ce fruit ?Simon Morvan, Doctorant en Sciences Biologiques, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1884952022-09-22T18:43:17Z2022-09-22T18:43:17ZLa révolution microbienne racontée par Hector Lebrun, témoin privilégié du XIXᵉ siècle<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=574&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=574&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=574&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=721&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=721&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478580/original/file-20220810-4757-tzkp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=721&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Représentation schématique du concept One Health (Une seule santé).</span>
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<p>Depuis le début du XXI<sup>e</sup> siècle, un nouveau paradigme s’impose en infectiologie et en santé publique : <a href="https://theconversation.com/le-concept-one-health-doit-simposer-pour-permettre-lanticipation-des-pandemies-139549"><em>One Health</em></a> (une seule santé), basé sur la reconnaissance des interconnexions entre santé humaine, santé animale et état des écosystèmes. Il remplace celui de la théorie microbienne de Pasteur et Koch (XIX<sup>e</sup> s.) et constitue un retour partiel à l’antique théorie des miasmes d’Hippocrate, qui attribuait à l’environnement un rôle prédominant dans l’émergence des épidémies.</p>
<p>Ces changements de paradigme ont des implications majeures en santé publique : la théorie des miasmes avait servi de base aux politiques hygiénistes visant à assainir les villes, puis la théorie microbienne avait mis l’accent sur la lutte contre les agents pathogènes via la stérilisation des aliments, les antibiotiques et la vaccination. <em>One Health</em> recommande désormais d’agir également sur les conditions socio-économiques et environnementales favorisant les infections.</p>
<p>Pour mieux en saisir les implications, revenons sur la naissance de la théorie microbienne qui a façonné notre vision des pathogènes depuis plus d’un siècle avec pour guide un témoin privilégié de son développement, Hector Lebrun.</p>
<h2>Un savant généraliste</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Hector Lebrun penché sur un microscope" src="https://images.theconversation.com/files/478351/original/file-20220809-15346-vohb4s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478351/original/file-20220809-15346-vohb4s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478351/original/file-20220809-15346-vohb4s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478351/original/file-20220809-15346-vohb4s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478351/original/file-20220809-15346-vohb4s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478351/original/file-20220809-15346-vohb4s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478351/original/file-20220809-15346-vohb4s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Hector Lebrun (1866-1960) va s’intéresser à la microscopie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BUMP</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Hector Lebrun est un scientifique belge né en 1866. Il <a href="https://libstore.ugent.be/fulltxt/MEM10/000/000/231/MEM10-000000231_1913.pdf">étudie</a> les sciences naturelles à la Faculté des sciences du Collège Notre-Dame de la Paix à Namur (UNamur), obtient à l’Université de Louvain (UCL) un premier doctorat en médecine en 1893, puis un second en 1897 en sciences naturelles.</p>
<p>Entre 1898 et 1908, il réalise de nombreux séjours à l’étranger, tant en Europe qu’aux États-Unis. D’abord assistant à l’UCL, puis successivement aide-naturaliste et conservateur au Musée des sciences naturelles de Bruxelles, il est finalement nommé chargé de cours en anatomie et physiologie à l’Université de Gand.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484335/original/file-20220913-5271-1p0v15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dessins réalisés par Hector Lebrun sur base d’observations en microscopie. À gauche deux schistomomes, mâle et femelle, enlacés et à droite un ténia (ver solitaire).</span>
<span class="attribution"><span class="source">BUMP</span></span>
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</figure>
<p>Chercheur éclectique, savant généraliste, Lebrun s’intéresse à la reproduction des batraciens, aux techniques de microscopie, à la théorie de l’évolution, à l’archéologie et à la muséologie. Né dans un siècle malmené par les flambées épidémiques, il étudie aussi la question de l’immunité contre les maladies infectieuses.</p>
<p>C’est ainsi qu’en 1897, il publie un long article intitulé « <a href="https://www.urbm.be/research-groups/jean-jacques-letesson/publications">L’immunité dans les maladies microbiennes</a> » dans la <a href="https://www.rqs.be/app/views/index.php"><em>Revue des questions scientifiques</em></a> – fondée par la Société scientifique de Bruxelles et toujours éditée en collaboration avec l’UNamur. Ce texte résume les grandes polémiques scientifiques de l’époque et, rétrospectivement, éclaire la dynamique de la production du savoir par les pionniers de l’infectiologie.</p>
<h2>Théorie des miasmes et théorie de la contagion</h2>
<p>Remontons tout au début. Longtemps, et dans la plupart des civilisations, les épidémies ont été interprétées comme des messages ou des punitions divines. Dans la Rome ancienne, par exemple, Febris est la déesse de la fièvre. En cas de maladie, elle est honorée dans les temples qui lui sont dédiés.</p>
<p>Au VI<sup>e</sup> siècle avant J.-C., les philosophes grecs présocratiques inaugurent une approche « mécanistique » des maladies où l’environnement joue un rôle clé. Un siècle plus tard, le philosophe grec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hippocrate">Hippocrate de Cos</a>, considéré comme le père de la médecine, développe ce concept dans son traité <em>Airs, Eaux et Lieux</em>. Il y présente la maladie comme résultant des interactions de l’humain avec son environnement.</p>
<p>Cette vision va donner naissance à la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22475662/">théorie des miasmes</a>, qui explique la transmission des épidémies par le « mauvais air » et les émanations malsaines produites spontanément par la pourriture. Sur la base de cette théorie, défendue ensuite par le médecin grec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Galien">Claude Galien</a>, il est recommandé de lutter contre les miasmes par le feu et les aromates.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Tableau représentant la Peste en cavalier dans un nuage" src="https://images.theconversation.com/files/478390/original/file-20220809-16023-mvpk1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478390/original/file-20220809-16023-mvpk1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478390/original/file-20220809-16023-mvpk1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478390/original/file-20220809-16023-mvpk1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478390/original/file-20220809-16023-mvpk1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1078&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478390/original/file-20220809-16023-mvpk1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1078&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478390/original/file-20220809-16023-mvpk1f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1078&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La Peste (Arnold Böcklin, 1898) est représentée sous la forme d’un nuage chargé de miasmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Kunstmuseum Basel, Online Collektion</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Durant le XVI<sup>e</sup> siècle, le poète et médecin italien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Girolamo_Fracastoro">Girolamo Fracastoro</a>, s’appuyant sur des observations réalisées lors d’épidémies, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11612689/">propose en 1546 dans son ouvrage <em>De contagion</em> une théorie</a> selon laquelle la maladie nécessite un contact direct ou indirect (via les vêtements, etc.) entre individus pour se transmettre. Cependant, Fracastoro conçoit les germes comme de simples « substances corrompues » et reste fidèle à la tradition hippocrato-galénique.</p>
<p>Ce n’est qu’au XVII<sup>e</sup> siècle que, pour la première fois, des organismes microscopiques sont identifiés. Cette découverte est le fait du drapier néerlandais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoni_van_Leeuwenhoek">Antoni Van Leeuwenhoek</a> qui, pour vérifier la qualité de ses étoffes, avait amélioré les lentilles des microscopes. Ses microbes, observations inédites en biologie, sont cependant accueillis avec scepticisme…</p>
<p>Ainsi, en dépit des travaux de Fracastoro et Van Leeuwenhoek, la théorie des miasmes ne perd de son influence qu’à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. Il faut toutefois lui reconnaître d’avantageux effets : elle stimule notamment les grandes réformes sanitaires du milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, comme la construction d’importants réseaux d’égouts à Londres et Paris. Elle est donc à la base de l’assainissement des villes et d’une <a href="https://www.researchgate.net/publication/283361062_Twentieth_century_mortality_trends_in_England_and_Wales">importante diminution de la mortalité</a> due aux infections.</p>
<h2>La théorie microbienne de Pasteur et Koch</h2>
<p>Puis d’un coup, c’est le grand saut. En 25 ans à peine, le monde inconnu jusque-là de l’infiniment petit se dévoile… Lebrun décrit sa découverte et la fascination qu’exercent alors les microbes :</p>
<blockquote>
<p>Ils contribuent à nous faire vivre en attendant qu’ils nous dévorent</p>
<p>Ils nous entourent, nous englobent, nous disputent nos aliments.</p>
</blockquote>
<figure class="align-right ">
<img alt="Tableau montrant Pasteur observant un bocal dans on laboratoire au milieu de fioles" src="https://images.theconversation.com/files/479575/original/file-20220817-23-ssl6gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/479575/original/file-20220817-23-ssl6gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=728&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/479575/original/file-20220817-23-ssl6gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=728&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/479575/original/file-20220817-23-ssl6gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=728&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/479575/original/file-20220817-23-ssl6gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=915&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/479575/original/file-20220817-23-ssl6gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=915&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/479575/original/file-20220817-23-ssl6gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=915&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Son étude de moelle épinière de lapin enragé permet à Louis Pasteur de concevoir le vaccin contre la rage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Musée d’Orsay (A. Edelfelt)</span></span>
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</figure>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Pasteur">Louis Pasteur</a> fait partie de ceux qui ont révolutionné notre vision du vivant. En 1862, le <a href="https://journals.openedition.org/bibnum/443">chimiste français invalide expérimentalement l’antique théorie de la génération spontanée de la vie</a>. Il démontre en effet que la fermentation et la croissance des micro-organismes dans les bouillons de culture peuvent être prévenues si l’on évite les contaminations par la stérilisation.</p>
<p>Cette pratique va dès lors s’implanter dans les domaines de l’alimentation et en médecine, avec des effets notables. Par exemple, la <a href="https://meridian.allenpress.com/jfp/article-abstract/81/10/1713/104691/A-Brief-History-of-Milk-Hygiene-and-Its-Impact-on?redirectedFrom=fulltext">pasteurisation du lait</a>, qui s’impose au début du XX<sup>e</sup> siècle, va contribuer à réduire la mortalité infantile.</p>
<p>Puis, en 1879, une nouvelle découverte de Pasteur et ses collaborateurs <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3342039/">ouvre la voie à la conception de vaccins</a> : des volailles auxquelles on a inoculé des cultures vieillies du choléra des poules (causé par une bactérie du genre <em>Pasteurella</em>) non seulement ne meurent pas, mais en plus résistent ensuite à une infection par une culture pleinement virulente.</p>
<p>Enfin, le médecin allemand <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Koch">Robert Koch</a> et son collaborateur <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_L%C3%B6ffler">Friedrich Löffler</a> énoncent en 1890 une série de critères (les « postulats de Koch ») permettant d’établir une relation de cause à effet entre un microbe et une maladie.</p>
<p>Fusionnées, toutes ces avancées fondent la <strong>théorie microbienne</strong> qui postule que les infections sont des « maladies microbiennes » : elles résultent d’une contamination par des micro-organismes pathogènes. Ce nouveau paradigme supplante rapidement la théorie des miasmes et réoriente durablement les recherches en infectiologie. Celles-ci se focalisent désormais sur la découverte et la caractérisation des agents pathogènes ainsi que sur le développement de vaccins et la compréhension de leurs mécanismes d’action.</p>
<h2>L’immunité dans les maladies microbiennes</h2>
<p>Hector Lebrun est un témoin privilégié de l’émergence de ce consensus. À la fin des années 1890, il affirme sa prédominance :</p>
<blockquote>
<p>« Tout le monde est d’accord aujourd’hui pour reconnaître que les maladies infectieuses sont toutes d’origine microbienne. »</p>
</blockquote>
<p>Mais une question demeure : par quel mécanisme la vie des bactéries est-elle nuisible à la nôtre ?</p>
<p>Deux hypothèses s’affrontent encore. Pasteur prône une explication dite « vitaliste » : la maladie est causée par la multiplication des microbes dans le corps. D’autres sont partisans d’une explication chimique : elle résulte des poisons produits par la putréfaction, et les microbes ne sont que des « satellites inconstants et inoffensifs ». Ils pointent le fait que dans plusieurs maladies infectieuses (diphtérie, tétanos, choléra…), les microbes ne semblent pas disséminer dans le corps ou s’y multiplier intensément.</p>
<p>Cette controverse fut résolue par l’isolation dans des cultures bactériennes de substances extrêmement toxiques capables de reproduire chez l’animal les symptômes de ces maladies. Cette capacité des microbes à sécréter des toxines permettait de concilier les deux explications – restait à les caractériser chimiquement, ce qui n’était pas une mince affaire.</p>
<p>La persistance de l’activité des toxines après de fortes dilutions interroge… Lebrun mentionne qu’un milligramme de la toxine du tétanos « est mortel pour 500 millions de fois son poids de matière vivante », ce qui parait alors inconcevable. Certains postulent l’existence d’une « sorte de vibration, d’un ébranlement imprimé par le microbe aux molécules » responsable de cette toxicité. Encore plus mystérieux, ces toxines, inoffensives lorsqu’administrées par voie orale, sont souvent fatales quand injectée dans le sang… (L’existence de récepteurs spécifiques ne sera comprise que bien plus tard.)</p>
<p>Lebrun souligne une autre observation cruciale : l’évolution des agents infectieux, par exemple en les inoculant à d’autres animaux. Le microbe peut « perdre des propriétés, il peut en acquérir d’autres, et pourtant toujours rester le même ». Ces observations sont importantes pour comprendre la dynamique des épidémies… mais leur bonne compréhension demandera des avancées en génétique.</p>
<p>Enfin, le biologiste relate également des expériences suggérant que la plus grande virulence d’un agent pathogène découle de sa capacité à résister à nos défenses immunitaires. Encore une observation cruciale qui demandera des décennies de recherche avant de mener au concept de <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.0404758101">mécanisme d’échappement à la réponse immunitaire</a> (que les pathogènes acquièrent par coévolution avec le système immunitaire de leur hôte).</p>
<p>Fort de ces constats, Lebrun décrit ensuite les nouvelles stratégies de lutte contre les agents infectieux : d’une part le développement de l’hygiène en médecine permet d’éviter les contaminations, d’autre part des traitements novateurs émergent, comme la <a href="https://www.revuebiologiemedicale.fr/biologie-et-histoire/biologie-et-histoire-archives/331-renato-dulbecco-de-la-virologie-a-la-cancerologie-5.html">sérothérapie</a> (transfert du sérum d’un individu immunisé à une maladie). Son succès souligna l’importance d’élucider les acteurs impliqués dans l’immunité acquise naturellement (suite à une infection) ou artificiellement (par vaccination ou sérothérapie).</p>
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<img alt="Metchnikoff a son microscope, sur la paillasse de son laboratoire" src="https://images.theconversation.com/files/479577/original/file-20220817-14-xaw9yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/479577/original/file-20220817-14-xaw9yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/479577/original/file-20220817-14-xaw9yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/479577/original/file-20220817-14-xaw9yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/479577/original/file-20220817-14-xaw9yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/479577/original/file-20220817-14-xaw9yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/479577/original/file-20220817-14-xaw9yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Élie Metchnikoff (ici dans son laboratoire à l’Institut Pasteur de Paris, 1913) recevra le Nobel de Médecine en 1908 pour ses découvertes sur l’immunité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bibliothèque nationale de France</span></span>
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<p>Mais à cet égard, deux grandes théories s’opposent toujours : <strong>l’immunité des humeurs</strong>, soutenue par des chercheurs allemands dont Emil Adolf von Behring (qui développa les bases de la sérothérapie), qui postule l’existence dans le sang de substances chimiques bactéricides (capables de tuer les bactéries) et <strong>la théorie de la phagocytose</strong>, défendue par Elie Metchnikoff et l’Institut Pasteur, qui attribue l’immunité à des cellules capables d’englober et de détruire les bactéries.</p>
<p>Lebrun ne se contente pas de compiler les avancées de son temps, il les analyse en se fiant à son expertise. Il avance ainsi que « ni la théorie phagocytaire, ni la théorie des humeurs, prises séparément, ne peuvent expliquer l’immunité ». Il existerait « de nombreux et puissants moyens de défense » capables de synergie pour éliminer les microbes… Immunités humorale et cellulaire seront décrites par la suite : Lebrun avait vu juste.</p>
<h2>Une histoire sans fin</h2>
<p>Galvanisé par la rapidité des progrès, Lebrun est toutefois beaucoup trop optimiste à certains égards…</p>
<p>Le biologiste conclut en effet son texte avec l’espoir que l’on découvre « à bref délai » un sérum contre la tuberculose, causée par la bactérie <em>Mycobacterium tuberculosis</em> qui fait alors des ravages. Il faudra pourtant attendre les premiers essais sur l’humain en 1921 du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vaccin_bili%C3%A9_de_Calmette_et_Gu%C3%A9rin">vaccin bilié de Calmette et Guérin (BCG)</a>, développé à l’Institut Pasteur de Lille à partir d’une souche atténuée de bacille tuberculeux bovin (<em>Mycobacterium bovis</em>), pour disposer d’un vaccin conférant une protection partielle.</p>
<p>Aujourd’hui encore, en dépit de plus de 120 ans de recherche, <a href="https://www.cell.com/med/fulltext/S2666-6340(21)00380-9?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS2666634021003809%3Fshowall%3Dtrue">nous ne disposons toujours pas d’un vaccin pleinement protecteur contre la tuberculose</a>.</p>
<p>Une situation qui n’a rien d’exceptionnel : de nombreux agents pathogènes disposent de <a href="https://theconversation.com/comment-les-microbes-reussissent-ils-a-echapper-aux-vaccins-151401">mécanismes d’échappement à la réponse immunitaire</a> qui rendent problématique le développement de vaccins et invalident une approche de santé publique qui serait uniquement centrée sur le microbe. Quant à l’application du nouveau concept <em>One Health</em>, elle se heurte à l’absence d’une réelle stratégie sanitaire internationale ainsi qu’à la difficulté d’imposer une politique préventive en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité… L’histoire de la lutte contre les maladies infectieuses est donc loin d’être finie.</p>
<h2>Une approche méthodologique moderne</h2>
<p>L’article d’Hector Lebrun est une des nombreuses archives qu’a décidé de valoriser la <a href="https://www.unamur.be/bump">bibliothèque universitaire Moretus Plantin</a>. Consulter ces documents anciens, c’est retrouver l’état des connaissances au tournant du vingtième siècle… et se rendre compte de l’immensité des progrès engrangés dans les disciplines scientifiques, les contextes de recherche et les pratiques savantes adoptées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/479571/original/file-20220817-26-2spfmc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/479571/original/file-20220817-26-2spfmc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/479571/original/file-20220817-26-2spfmc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/479571/original/file-20220817-26-2spfmc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/479571/original/file-20220817-26-2spfmc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/479571/original/file-20220817-26-2spfmc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/479571/original/file-20220817-26-2spfmc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bibliothèque universitaire Moretus Plantin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BUMP</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ainsi, par exemple, s’étonne-t-on de ne croiser aucun nom féminin dans le texte du biologiste. La science, à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, est quasi exclusivement une histoire d’hommes. Un fait qui rappelle en creux que les femmes n’ont eu accès à l’enseignement supérieur et aux carrières qu’il permettait que très récemment. En Belgique, il fallut attendre les années 1880 pour que les universités de Liège, de Bruxelles et de Gand accueillent leurs premières étudiantes, 1920 pour l’Université (catholique) de Louvain, et 1953 pour celle de Namur.</p>
<p>De la même façon, les « hécatombes » de batraciens que Lebrun réalise dans le cadre de ses recherches sur l’appareil reproducteur démontrent combien l’expérimentation animale est une pratique qui a évolué. Dans son article, le biologiste présente des expériences sur des animaux infectés tels que lapin, chien et parfois même directement sur l’humain. C’est dire combien la recherche n’était pas encore encadrée par un arsenal législatif !</p>
<p>À d’autres égards, la synthèse de Lebrun relève d’une méthode extrêmement moderne en infectiologie. Le biologiste souligne l’importance de l’approche expérimentale pour tester les hypothèses. Tout comme aujourd’hui, les expériences sont réalisées à différents niveaux de complexité : <em>in vitro</em>, chez l’animal et même sur l’humain. Lebrun note ainsi déjà que les résultats des expériences d’infection diffèrent en fonction de l’hôte utilisé, ce qui met en évidence la spécificité d’hôte des agents pathogènes, le fait qu’ils soient adaptés à certains organismes.</p>
<p>Enfin, on est frappé par la pluridisciplinarité des travaux réalisés par les pionniers de l’infectiologie. Le développement des connaissances en microbiologie et en immunologie a reposé sur la maîtrise des techniques de chimie et de microscopie. Lebrun cite un grand nombre de collègues et décrit leurs travaux : la science est déjà une entreprise collective, en réseau, où l’on échange des informations et où l’on se critique. Ces commentaires, parfois acerbes, sont les germes de l’évaluation par les pairs.</p>
<p>De tels textes de science montrent à la fois qu’un monde sépare les XIX<sup>e</sup> et XXI<sup>e</sup> siècle… mais que cette distance n’est finalement pas si grande.</p>
<hr>
<p><em><strong>Pour aller plus loin</strong> : Écoutez les <a href="https://open.spotify.com/show/04zjP5tnkukaBcfE32uJTP">quatre podcasts HECTOR</a> qui explorent, à partir des archives et de l’itinéraire scientifique d’Hector Lebrun, des questions de science et de société : la place des femmes dans le monde de la recherche, les résistances à la théorie de l’évolution, les pratiques de l’expérimentation animale et la valeur de la parole des experts dans la sphère publique.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188495/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Muraille a reçu des financements de Fonds de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS), Belgique. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Céline Rase a reçu des financements du Fonds de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS) et de l'Institut Moretus Plantin (Belgique).</span></em></p>La crise du Covid a révélé les carences en culture scientifique – et en microbiologie. D’où l’intérêt de redécouvrir les travaux pionniers, notamment via le regard d’un expert du XIXᵉ, Hector Lebrun.Eric Muraille, Biologiste, Immunologiste. Directeur de recherches au FNRS, Université Libre de Bruxelles (ULB)Céline Rase, Chercheuse en histoire, Université de NamurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1887912022-08-31T13:05:54Z2022-08-31T13:05:54ZVoici comment gérer vos crottes de nez, selon la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/479217/original/file-20220815-704-uvaclw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=71%2C35%2C5901%2C3952&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Outre le fait que manger une crotte de nez est dégoûtant, cela revient à ingérer des germes contenus dans le mucus, des métaux toxiques et des contaminants environnementaux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Allez, avouez que vous le faites.</p>
<p>Que ce soit en compagnie d’un conjoint ou en cachette quand on croit que personne ne regarde, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7852253/">nous nous fouillons tous dans le nez</a>. Et les autres <a href="https://www.science.org/content/article/video-monkey-uses-tool-pick-her-nose">primates</a> le font aussi.</p>
<p>La stigmatisation sociale autour du curage de nez est très répandue. Mais devons-nous vraiment le faire… et où devons-nous mettre nos crottes de nez ?</p>
<p>En tant que scientifiques qui avons effectué des recherches sur les contaminants environnementaux – dans nos maisons, nos lieux de travail, nos jardins –, nous avons une bonne idée de ce que vous manipulez réellement lorsque vous glissez avec satisfaction votre doigt dans votre narine.</p>
<p>Voici ce que vous devez savoir avant de passer à l’action.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les enfants, qui n’ont pas encore appris les normes sociales, réalisent rapidement que la compatibilité entre un doigt et une narine est plutôt bonne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Qu’y a-t-il dans une crotte de nez ?</h2>
<p>Se curer le nez est une habitude tout à fait naturelle ; les enfants, qui n’ont pas encore appris les normes sociales, réalisent rapidement que la compatibilité entre un doigt et une narine est plutôt bonne. Mais il y a bien plus que de la morve là-dedans.</p>
<p>Pendant les <a href="https://www.lung.ca/lung-health/lung-info/breathing">quelque 22 000 cycles respiratoires quotidiens</a>, le mucus formant des crottes de nez constitue un filtre biologique essentiel pour capturer la poussière et les allergènes avant qu’ils ne pénètrent dans nos voies respiratoires, où ils peuvent provoquer une inflammation, de l’asthme et d’autres <a href="https://www.npr.org/sections/health-shots/2020/05/27/862963172/how-the-lost-art-of-breathing-can-impact-sleep-and-resilience">problèmes pulmonaires à long terme</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/savez-vous-ce-que-vous-ramenez-chez-vous-avec-vos-chaussures-dechaussez-vous-avant-dentrer-179416">Savez-vous ce que vous ramenez chez vous avec vos chaussures ? (Déchaussez-vous avant d’entrer…)</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Les cellules de vos voies nasales, appelées <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK553208/">cellules caliciformes</a> (ainsi nommées en raison de leur aspect en forme de coupe), produisent du mucus pour piéger les virus, les bactéries et la poussière contenant des <a href="https://doi.org/10.1006/toxs.1998.2549">substances potentiellement dangereuses</a> comme le <a href="https://wwwn.cdc.gov/TSP/ToxFAQs/ToxFAQsDetails.aspx?faqid=93&toxid=22">plomb</a>, l’amiante et le pollen.</p>
<p>Le mucus nasal et ses anticorps et enzymes constituent le système de <a href="https://erj.ersjournals.com/content/49/1/1601709">défense immunitaire de première ligne de l’organisme contre les infections</a>.</p>
<p>La cavité nasale possède également son propre microbiome. Parfois, ces populations naturelles peuvent être perturbées, ce qui entraîne diverses affections, telles que la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/2152656720911605">rhinite</a>. Mais en général, les microbes de notre nez aident à repousser les envahisseurs, en les combattant sur un champ de bataille de mucus.</p>
<p>La poussière, les microbes et les allergènes capturés dans votre mucus finissent par être ingérés lorsque celui-ci s’écoule dans votre gorge.</p>
<p>Ce n’est généralement pas un problème, mais cela peut exacerber l’exposition environnementale à certains contaminants.</p>
<p>Par exemple, le <a href="https://theconversation.com/the-verdicts-in-we-must-better-protect-kids-from-toxic-lead-exposure-41969">plomb</a> – une neurotoxine répandue dans la <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.1c04494">poussière domestique</a> et la <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2021.106582">terre à jardin</a> – pénètre le plus efficacement dans le corps des enfants par ingestion et digestion.</p>
<p>Ainsi, vous risquez d’aggraver des expositions toxiques environnementales particulières si vous reniflez ou mangez des crottes de nez au lieu de les expulser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Se décrotter le nez est officiellement connu sous le nom de rhinotillexomanie, et le terme mucophagie est utilisé pour désigner l’ingestion de ces crottes de nez poisseuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Que dit la science sur les risques qu’entraîne la chasse aux crottes de nez ?</h2>
<p>Le <a href="https://doi.org/10.1086/506401">staphylocoque doré</a> (<em>Staphylococcus aureus</em>, parfois abrégé en S. aureus) est un germe qui peut causer une variété d’infections légères à graves. Des études montrent qu’on le retrouve souvent <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejm200101043440102">dans le nez</a> (on parle de portage nasal).</p>
<p>Voici ce qu’une <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/infection-control-and-hospital-epidemiology/article/abs/nose-picking-and-nasal-carriage-of-staphylococcus-aureus/DC21FFA771693C772308530D2B1A1452">étude</a> a révélé :</p>
<blockquote>
<p>Le curage de nez est associé au portage nasal du S. aureus. Son rôle dans le portage nasal pourrait bien être un facteur déterminant dans certains cas. Surmonter l’habitude de se mettre le doigt dans le nez pourrait faciliter les stratégies de décolonisation du S. aureus.</p>
</blockquote>
<p>Se fouiller dans le nez peut également être associé à un <a href="https://cdn.mdedge.com/files/s3fs-public/CT106004010_e.PDF">risque accru</a> de transmission du staphylocoque doré vers les plaies, où il présente un risque plus grave.</p>
<p>Les antibiotiques ne fonctionnent pas toujours sur cette bactérie. Un article a <a href="https://cdn.mdedge.com/files/s3fs-public/CT106004010_e.PDF">montré</a> que :</p>
<blockquote>
<p>La résistance croissante aux antibiotiques exige des prestataires de soins de santé qu’ils évaluent les habitudes de leurs patients à se mettre les doigts dans le nez et qu’ils les éduquent sur les moyens efficaces de prévenir cette pratique.</p>
</blockquote>
<p>Le curage de nez pourrait également être un vecteur de transmission du <em>Streptococcus pneumoniae</em>, une cause fréquente de <a href="https://doi.org/10.1183/13993003.00599-2018">pneumonie</a> parmi <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7500738/">d’autres infections</a>.</p>
<p>En d’autres termes, se planter un doigt dans le nez est un excellent moyen d’enfoncer davantage les germes dans votre corps, ou de les répandre dans votre environnement avec votre doigt d’une propreté douteuse.</p>
<p>Il existe aussi un risque de lésions et d’abrasions à l’intérieur des narines, qui peuvent permettre aux bactéries pathogènes d’envahir votre corps. Le fait de se curer le nez de façon compulsive au point de se mutiler est appelé <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2173573521000855#:%7E:text=Rhinotillexomania%20is%20a%20term%20that,pathological%20habit%20of%20nose%20picking.&text=Nose%20picking%20is%20common%20in,injury%20in%20children%20and%20adolescents.">rhinotillexomanie</a>.</p>
<h2>Eh bien, je l’ai fait. Et maintenant ?</h2>
<p>Certains les mangent (le terme technique est <a href="https://www.healthline.com/health/eating-boogers#risks">mucophagie</a>, ce qui signifie « se nourrir de mucus »). Outre le fait que manger une crotte de nez est dégoûtant, cela revient à ingérer tous ces germes contenus dans le mucus, ces métaux toxiques et ces contaminants environnementaux dont nous avons parlé plus haut.</p>
<p>D’autres les essuient sur l’objet le plus proche, un petit cadeau que découvrira plus tard une autre personne. Répugnant… et c’est un excellent moyen de propager les germes.</p>
<p>Certains plus soucieux de l’hygiène et plus respectables utilisent un mouchoir en papier pour récupérer le tout, puis le jettent ensuite dans une poubelle ou dans les toilettes.</p>
<p>C’est sans doute l’une des options les moins mauvaises, si vous devez à tout prix vous curer le nez. Veillez simplement à vous laver les mains avec soin après vous être mouché ou vous être fouillé dans le nez, car tant que le mucus n’a pas complètement séché, les virus infectieux peuvent <a href="https://journals.asm.org/doi/full/10.1128/mSphere.00474-19">subsister</a> sur les mains et les doigts.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Certaines personnes plus soucieuses de l’hygiène et plus respectueuses utilisent un mouchoir en papier pour procéder au ramassage, puis le jettent ensuite dans une poubelle ou dans les toilettes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Aucun conseil au monde ne vous empêchera de poursuivre votre quête</h2>
<p>En secret, dans la voiture ou sur des serviettes de table, nous le faisons tous. Et à vrai dire, c’est vraiment satisfaisant.</p>
<p>Mais rendons hommage au travail inlassable accompli par nos remarquables nez, mucus et cavités sinusales, ces adaptations biologiques étonnantes. Et n’oublions pas qu’ils s’efforcent de nous protéger.</p>
<p>Votre nez fait des heures supplémentaires pour vous garder en bonne santé, alors ne lui rendez pas la tâche plus difficile en y coinçant vos doigts sales. Ne jouez pas les trouble-fêtes. Soufflez discrètement, jetez le mouchoir en papier de manière réfléchie et lavez-vous les mains tout de suite après.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188791/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor a reçu des financements via une subvention du gouvernement australien pour la science citoyenne (2017-2020), CSG55984 'Citizen insights to the composition and risks of household dust' (le projet DustSafe). Il est également bénéficiaire d'un financement du Conseil australien de la recherche. Il est professeur honoraire à l'Université Macquarie et employé à temps plein de l'EPA Victoria, nommé au rôle statutaire de scientifique environnemental en chef.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Michael Gillings a reçu des financements du Conseil australien de la recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Filippelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En secret, dans la voiture ou sur des serviettes de table, nous le faisons tous. Et pour être franc, c’est très satisfaisant.Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie UniversityGabriel Filippelli, Chancellor's Professor of Earth Sciences and Executive Director, Indiana University Environmental Resilience Institute, IUPUIMichael Gillings, Professor of Molecular Evolution, Macquarie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1816252022-05-03T18:38:21Z2022-05-03T18:38:21ZAlexandre : « C’est quoi un bon microbe ? »<p>Est-ce que tu t’es déjà demandé si tu étais bon ou mauvais, ou plus simplement gentil ou méchant ? On pourrait dire un peu des deux, selon les moments (même si je suis sûr que tu es le plus souvent très gentil). Eh bien, pour les « microbes » c’est un peu la même chose.</p>
<p>D’abord il faut savoir de quoi on parle. Sous ce nom de microbe, on regroupe tout un nombre d’organismes qu’on ne peut pas voir à l’œil nu, on dit qu’ils sont microscopiques, parmi lesquels des bactéries, des levures, des champignons et même des virus.</p>
<p>Dans le corps humain, ces micro-organismes sont regroupés sous le terme de microbiote et chez un adulte cela représente une masse de 1,5 à 2 kg, c’est plus que le poids de notre cerveau.</p>
<p>Ce microbiote est surtout localisé dans l’intestin, mais on trouve aussi beaucoup de microbes sur la peau, sur les yeux, dans la bouche, le nez, les poumons et même la vessie.</p>
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<img alt="Dessin localisant nos principaux microbiotes, à l’interface entre nos organes et le milieu extérieur (peau, bouche, intestin, poumons, etc.)" src="https://images.theconversation.com/files/428257/original/file-20211025-17-2k3pxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428257/original/file-20211025-17-2k3pxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428257/original/file-20211025-17-2k3pxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428257/original/file-20211025-17-2k3pxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428257/original/file-20211025-17-2k3pxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428257/original/file-20211025-17-2k3pxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428257/original/file-20211025-17-2k3pxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À chaque fois qu’un de nos organes est en contact avec le milieu extérieur, un microbiote spécifique se met en place : au niveau de notre bouche, notre peau ou nos poumons ou intestins.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Julie Borgèse/Inserm Mibiogate</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>On a longtemps pensé que le mieux à faire avec ces micro-organismes, c’était de les éliminer, mais on sait aujourd’hui que ce serait une grave erreur. D’abord il faut rappeler qu’en réalité, il y a très peu de microbes qui rendent malades à coup sûr, on les appelle les pathogènes. La plupart sont dits pathogènes opportunistes, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas tout le temps capables de nous infecter. Cela varie selon l’endroit où ils se développent, un peu comme une mauvaise herbe qui n’est mauvaise que parce qu’elle ne pousse pas où on veut, ou bien parce que des molécules (substances chimiques) produites par notre propre corps les stressent et les rendent agressifs.</p>
<p>On peut même porter dans ou sur notre corps des microbes pathogènes sans jamais être malades. Tout dépend de s’ils sont actifs ou non et de leur nombre.</p>
<p>En fait, beaucoup de microbes nous sont même nécessaires. D’abord, ils occupent des places qui, s’ils n’étaient pas là, pourraient être utilisées par des microbes pathogènes. Ensuite, ils aident notre corps à réagir et lutter contre d’autres microbes.</p>
<p>D’autre part, ces microbes, qui d’une certaine façon font partie de nous-mêmes et sont parfois considérés comme un organe à part entière, produisent des molécules qui nous sont indispensables comme des vitamines ou des acides biliaires nécessaires à la digestion.</p>
<p>En fin de compte, sans notre microbiote nous serions bien malades. Mais le plus étonnant, c’est qu’on a découvert que les microbes communiquent avec les cellules de notre corps, et cela dans les deux sens. Nos cellules sont capables de détecter les microbes sur et dans notre organisme. Cela est nécessaire au renouvellement des cellules de notre intestin et de notre peau et sert aussi à entraîner notre système immunitaire qui nous défend contre les agressions extérieures.</p>
<p>Des microbes de l’intestin seraient même capables de produire des molécules qui passent dans notre sang et agiraient sur notre cerveau et réguleraient notre faim et la prise de poids. Mais le plus étonnant, c’est que les microbes sont aussi capables de détecter les signaux que nos cellules produisent.</p>
<p>De cette façon, les microbes sont capables de sentir notre état de stress. Par exemple, on sait que les boutons d’acné se développent souvent quand on est stressé et on a vu que des bactéries de la peau peuvent sentir les molécules libérées par notre corps quand on est stressé et favoriser la formation de ces boutons. Alors, bon ou mauvais microbe, en réalité tout dépend du nombre, du lieu et de l’environnement. Je ne te dirai pas de ne pas te laver, mais il faut éviter de se doucher avec des gels trop agressifs et de se frotter fortement la peau.</p>
<p>C’est la même chose pour l’intestin, si des antibiotiques tuent une partie de notre microbiote, cela se passe mal et mieux vaut ne pas s’éloigner des WC. Dans la plupart des cas on s’entend très bien avec notre microbiote, il fait partie de nous et comme pour tous les êtres vivants, il faut le préserver.</p>
<hr>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181625/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc G.J. Feuilloley est membre de l'Université de Rouen Normandie (Unité de Recherche Communication Bactérienne et Stratégies Anti-infectieuses) et directeur de la Plateforme d'Innovation Cosmetomics@normandie</span></em></p>On a souvent l’idée que les microbes sont mauvais pour la santé, pourtant, sans certains d’entre eux, on ne pourrait pas vivre.Marc G.J. Feuilloley, Adjunct associate, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1806532022-04-14T18:37:34Z2022-04-14T18:37:34ZLes mystères du sirop d’érable : tout est dans la sève… et les microbes !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/458207/original/file-20220414-12-huglhv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C7%2C980%2C726&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les propriétés du sirop d’érable peuvent être influencées par différents facteurs, d’origine environnementale, végétale, microbiologique et technologique.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le goût du sirop d’érable demeure l’un des mystères les mieux gardés de la nature. Cette énigme réside, entre autres, dans la complexité chimique fine de cet aliment, qui est d’ailleurs très variable. Bien plus que du sucrose et de l’eau, le sirop d’érable contient en moyenne 2 à 3 % d’autres molécules qui contribuent à ses caractéristiques. Plus de <a href="https://doi.org/10.1016/j.foodchem.2021.131817">200 composés différents</a> ont été répertoriés à ce jour, ainsi que <a href="https://agriculture.canada.ca/fr/nouvelles-dagriculture-agroalimentaire-canada/realisations-scientifiques-agriculture/recherche-flaveur-du-sirop-derable">13 familles de flaveurs</a> (odeur et saveurs). Cependant, l’impact de ces composés sur la couleur, les flaveurs, la texture et les propriétés fonctionnelles du sirop d’érable, tel que le pouvoir antioxydant, n’est pas toujours bien connu.</p>
<p>Je suis une passionnée de sirop d’érable depuis de nombreuses années. Après une formation initiale en microbiologie, j’ai consacré ma thèse de doctorat au sirop d’érable. Maintenant professeure en science des aliments, je m’intéresse aux problématiques entourant la qualité des aliments. En particulier, je cherche à comprendre le rôle que jouent les microorganismes dans le contexte de la production de sirop d’érable et comment ils sont influencés par les différents paramètres du système acéricole.</p>
<h2>D’où provient toute cette complexité ?</h2>
<p>Le sirop d’érable provient exclusivement de la concentration de la sève. Or, les molécules que l’on retrouve dans la sève peuvent être d’origine végétale ou microbienne. Oui, des microbes sont aussi à l’œuvre dans les coulisses ! De plus, les diverses réactions chimiques qui se produisent au cours de l’évaporation déterminent la composition finale du sirop d’érable.</p>
<p>Ainsi, la complexité du sirop d’érable provient de l’apport de différents facteurs d’origine environnementale, végétale, microbiologique et technologique. Ces facteurs peuvent aussi parfois s’influencer mutuellement. Bien que l’on fabrique du sirop depuis des centaines d’années, l’effet exact de plusieurs de ces facteurs sur la composition et la qualité du sirop d’érable reste encore méconnu. Avec le passage progressif d’un mode de production artisanal à industriel, l’industrie acéricole est de plus en plus préoccupée par la qualité de ses produits et donc par la compréhension de ces facteurs.</p>
<p>Récemment, nous avons cherché à comprendre l’origine de certains problèmes de qualité, en particulier certains défauts de saveurs et de texture qui surviennent typiquement en fin de période de récolte, mais dont les manifestations varient annuellement et localement. Cette problématique est bien connue chez les producteurs acéricoles, mais les phénomènes biologiques impliqués ont été peu documentés dans la littérature scientifique.</p>
<h2>L’érable sort de son état de dormance le printemps venu</h2>
<p>Puisque la qualité du sirop est liée à la progression de la saison, notre regard s’est tout d’abord tourné vers l’influence des conditions météorologiques sur l’érable. Cet arbre est métaboliquement actif l’été et emmagasine des réserves dans ses racines à l’automne. Il entre ensuite en dormance pour l’hiver. Sous l’influence des conditions météorologiques, son métabolisme se réveille au printemps, menant à l’éclosion des bourgeons. Puisque les températures saisonnières varient d’une année à l’autre et d’une région à l’autre, nous avons mis au point un <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-018-32940-y">indice</a> basé sur les températures journalières qui reflète cet état de réveil de dormance chez l’érable à sucre. Cet indice est un peu comme un compte à rebours qui indique la quantité de chaleur prédite que l’arbre doit recevoir avant l’éclosion de ses bourgeons.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C0%2C976%2C666&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gouttelette de sève d’érable s’écoulant d’un robinet dans un seau pour produire du sirop d’érable" src="https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C0%2C976%2C666&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/457515/original/file-20220411-6515-ik4e58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le mystère entourant le goût du sirop d’érable réside entre autres dans la complexité chimique fine de cet aliment, qui est d’ailleurs très variable d’un sirop à l’autre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Il faut comprendre que les conditions météorologiques qui mènent à la coulée de la sève (alternance de gel et de dégel), ne sont pas les mêmes que celles qui mènent au réveil de dormance de l’arbre (nombre de jours de gel depuis l’automne et température chaude au printemps). Ainsi, d’une année et d’une région à l’autre, la récolte de la sève n’a pas nécessairement lieu exactement au même moment du cycle métabolique de l’arbre.</p>
<p>Lorsque l’on compare des échantillons de sève et de sirop sur la base de notre indice de réveil de dormance plutôt que sur la période ou la date de coulée, on peut ainsi mieux comprendre les phénomènes biologiques. En effet, l’indice de réveil de dormance nous permet de comparer des échantillons en fonction de conditions météorologiques qui reflètent l’état métabolique de l’érable. Nous avons pu mettre en évidence qu’au-delà d’un certain point, la prévalence des problèmes de qualité augmente.</p>
<p>Parallèlement, à ce moment, des molécules qui contiennent de l’azote et du soufre <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-018-32940-y">augmentent rapidement dans la sève</a>. L’un de ces composés, l’<a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsysb.2022.893007/abstract">allantoate</a>, est une molécule riche en azote que l’érable emmagasine en réserve dans ses racines à l’automne. L’augmentation de cette molécule dans la sève au printemps pourrait donc correspondre au moment où le sol dégèle et que ses réserves deviennent accessibles.</p>
<h2>Des microbes à l’œuvre</h2>
<p>C’est ici que le scénario se complique et que les microbes entrent en scène. Lorsque l’on entaille l’érable, la sève est contaminée par les microorganismes de l’environnement. Certaines bactéries, levures et moisissures forment même des tapis microbiens, appelés biofilms, <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijfoodmicro.2006.01.004">à l’intérieur des tuyaux de récolte</a>.</p>
<p>Les microorganismes se nourrissent des nutriments présents dans la sève et en modifient la composition, ce qui fait varier les propriétés du sirop. Par exemple, les microorganismes produisent des enzymes qui transforment le sucrose en glucose et en fructose. Lors de l’évaporation, ces sucres réagissent avec les composés possédant une fonction chimique dite « aminée » ; ce sont les réactions de Maillard. Ces réactions produisent des pigments, menant à des sirops plus foncés. Les molécules formées par ces réactions chimiques varient selon les substrats et les conditions. Ils contribuent aux saveurs empyreumatiques du sirop d’érable, c’est-à-dire aux notes fumées, grillées et torréfiées.</p>
<p>Le rôle des microbes ne s’arrête pas à dégrader le sucrose. Nous avons démontré que puisque la sève à la fin du printemps est de plus en plus riche en nutriments tels que l’allantoate, cette sève peut supporter <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsysb.2022.893007/abstract">davantage la croissance</a> de certains microorganismes. En fait, certains microbes peuvent dégrader l’allantoate et utiliser l’azote qu’elle contient pour fabriquer une variété de molécules nécessaire à leur métabolisme.</p>
<h2>Le mystère se poursuit</h2>
<p>Pour rendre les choses encore plus complexes, l’allantoate est une molécule qui possède deux groupements aminés, et qui peut donc elle-même participer à la réaction de Maillard. Ainsi, si cette molécule n’a pas été complètement dévorée par les microorganismes dans la sève, elle peut aussi contribuer directement au développement de couleurs et de saveurs dans le sirop d’érable.</p>
<p>De plus, les communautés microbiennes de la sève sont très diverses ; nous y avons répertorié la présence de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsysb.2022.893007/abstract">141 genres microbiens</a>. Par conséquent, les effets sur la sève et ultimement sur le sirop, peuvent être aussi très variés. Cependant, l’effet des microorganismes n’est pas nécessairement une tragédie. En effet, un niveau de contamination intermédiaire et certains groupes microbiens en particulier ont été associés aux <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijfoodmicro.2011.12.007">sirops les plus appréciés</a>.</p>
<p>Est-ce que ces microbes contribuent aux saveurs désirables du sirop d’érable ou est-ce qu’ils s’y retrouvent simplement parce qu’ils ont un appétit pour les molécules les plus délicieuses de l’érable ? Cette question et bien d’autres concernant les facteurs qui influencent les propriétés fines du sirop d’érable et qui en déterminent la qualité ont de quoi occuper les chercheurs pour bien des années encore.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180653/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Filteau a reçu des financements du CRSNG, de Mitacs et du Centre Acer Inc. </span></em></p>Le mystère entourant le goût du sirop d’érable réside entre autres dans la complexité chimique fine de cet aliment, qui est d’ailleurs très variable d’un sirop à l’autre.Marie Filteau, Professeure en sciences des aliments, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1751672022-01-18T18:26:43Z2022-01-18T18:26:43ZCamille : « C’est quoi un blob ? »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/441323/original/file-20220118-15-7bzz3s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3840%2C2155&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un blob Physarum polycephalum. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Blob_(Physarum_polycephalum).jpg">Le Bernemi/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>En 2021, 4 500 classes de primaire, collège et lycée de France ont participé à une expérience menée par le spationaute Thomas Pesquet de l’Agence spatiale européenne. L’expérience s’est déroulée à bord de la Station spatiale internationale, qui tourne en orbite à environ 400 km d’altitude à la vitesse de 28 000 km/h. Il s’agissait d’étudier une étrange créature, tantôt en conditions de micropesanteur (pesanteur très faible de la station) dans le cadre d’une expérience intitulée « Blob-ISS », tantôt soumis à la gravité terrestre dans une expérience menée par les élèves et appelée <a href="https://missionalpha.cnes.fr/fr/elevetonblob-resultats-iss">#ElèveTonBlob</a>. Le nom vient d’un film américain d’horreur et de science-fiction de 1958 intitulé <em>The Blob</em> dans lequel un être extra-terrestre géant et gluant sème la terreur dans une ville de Pennsylvanie. Mais revenons sur Terre aujourd’hui.</p>
<p>Sais-tu qu’en te promenant dans une forêt de feuillus, voire dans un jardin, tu peux tomber nez à nez avec le blob ? C’est un organisme vivant d’aspect gélatineux ou compact. Dans les deux cas, il s’agit d’une seule et même cellule généralement grosse comme la main, mais qui peut devenir gigantesque. Il en existe beaucoup d’espèces. Celle qui nous intéresse ici et qui a été envoyée dans la station spatiale s’appelle <em>Physarum polycephalum</em>. Ce nom lui a été donné il y a longtemps, en 1822, par un mycologue, autrement dit un spécialiste des champignons. On la trouve sur les troncs d’arbres en décomposition, sous l’écorce ou les feuilles mortes de la litière. Tu la reconnaîtras à la couleur jaune du spécimen gélatineux, avec des veines à l’intérieur, ou brune du spécimen compact.</p>
<p>Le blob ressemble à un champignon mais ce n’est pas un champignon. Dans l’arbre du vivant, c’est un cousin des amibes, c’est-à-dire un organisme composé d’une seule cellule microscopique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les infos clés sur le blob, un génie sans cerveau (Arte).</span></figcaption>
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<p>Le blob passe par différentes formes au cours de son cycle biologique. Tout d’abord, il prend l’aspect gélatineux lorsqu’il se nourrit. Cette forme est appelée plasmode car la cellule contient des milliers de noyaux nécessaires à son fonctionnement. Sa couleur est jaune en raison de la présence de pigments. Dans la nature, il se nourrit, entre autres, de bactéries ou de champignons. Ses uniques prédateurs seraient les limaces et certains scarabées.</p>
<p>Pour être actif, il faut qu’il fasse bon ou chaud, jusqu’à environ 30 °C, et que le temps soit humide. La fourchette optimale serait entre 18 et 24 °C. S’il fait trop chaud ou trop froid, il entre en dormance en formant une masse compacte, le sclérote, qui restera ainsi pendant de longues périodes jusqu’à ce qu’il se remette à pleuvoir et que la température redevienne supportable.</p>
<p>Lorsque la nourriture est épuisée, le plasmode arrête de se nourrir et commence à se reproduire. À ce moment-là, chaque noyau à l’intérieur se divise en deux parties.</p>
<p>Les noyaux forment alors des spores contenues dans des sacs appelés sporanges, à l’extrémité d’un pied ressemblant à de la moisissure. Puis les sporanges s’ouvrent libérant énormément de spores qui se dispersent, emportées par le vent, et tombent sur le sol ou sur les arbres morts. Les spores s’ouvrent à leur tour en libérant des cellules microscopiques ressemblant à des amibes.</p>
<p>Si l’une d’entre elles en rencontre une autre de la même espèce, mais suffisamment différente, les deux fusionnent pour donner une cellule unique. C’est la reproduction sexuée. À l’intérieur, les noyaux fusionnent également et le noyau qui en résulte se met alors à se diviser d’innombrables fois en donnant au final des milliers de noyaux identiques. Dans le même temps, la cellule grandit jusqu’à former un plasmode qui deviendra alors visible, quelques fois géant.</p>
<p>Au laboratoire, le plasmode est cultivé en boîte de Petri sur des flocons d’avoine. Beaucoup d’expériences ont déjà été menées à travers le monde et notamment à l’université Paul Sabatier de Toulouse par l’équipe d’Audrey Dussutour du CNRS. L’une d’elles effectuée dans un labyrinthe a montré que le plasmode mémorise l’endroit où il se déplace et où se trouve la meilleure nourriture.</p>
<p>Quels sont les effets de la micropesanteur sur les déplacements du plasmode ? Pour y répondre, Thomas Pesquet a reçu quatre sclérotes dans une boîte hermétique et opaque au cours de l’été 2021 et les a réhydratés le 2 septembre, jour de la rentrée des classes, sans jamais ouvrir le couvercle. Pendant sept jours, une caméra placée à l’intérieur a pris une photo toutes les 10 minutes, au cours de deux protocoles, l’un appelé « exploration » où deux blobs étaient maintenus sans nourriture et le deuxième « exploitation » où deux autres blobs avaient la possibilité de consommer plusieurs sources de nourriture. Sur Terre, les classes sélectionnées par le CNES et l’Académie de Toulouse devaient mener les mêmes protocoles après avoir reçu un kit fin août et commencé la réhydratation le 11 octobre. Malgré des problèmes de fichiers vidéos inexploitables survenus à bord de la station, les films, les graphiques et les commentaires sur l’activation des plasmodes et leurs déplacements en conditions de micropesanteur et sur Terre sont partagés sur <a href="https://missionalpha.cnes.fr/fr/elevetonblob-resultats-iss">ce site</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175167/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Palka ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quelle est cette étrange créature ? Pas un animal, ni une plante, pas non plus un champignon. Le blob fascine par ses prouesses.Laurent Palka, Maître de conférences, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1685972021-09-23T20:20:08Z2021-09-23T20:20:08ZLes micro-organismes peuvent-ils nous aider à mieux nourrir la population mondiale ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/422926/original/file-20210923-27-1qdptyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C5180%2C3749&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Présents dans l’immense majorité des environnements, les micro-organismes peuvent améliorer l’efficacité de la production alimentaire.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/contaminated-food-concept-tainted-meal-poisoning-1422733514">Shutterstock / Giovanni Cancemi</a></span></figcaption></figure><p>Au cours du XXI<sup>e</sup> siècle, nous allons devoir relever un triple défi en matière de production alimentaire : nourrir une population toujours plus importante, tout en <a href="http://www.fao.org/3/ca2079en/CA2079EN.pdf">minimisant l’impact sur l’environnement</a> et en garantissant aux consommateurs la sécurité et la qualité des aliments qui arrivent sur leurs tables.</p>
<p>Il faudra pour cela accroître l’efficacité de la production. Pour y parvenir, des travaux de recherche ont révélé des alliés inattendus qui pourraient nous apporter leur aide : les micro-organismes. Voyons comment.</p>
<h2>Microbiomes et chaînes alimentaires</h2>
<p>Bactéries, archées, champignons, algues, virus… Dans tout environnement, différents micro-organismes coexistent, interagissant entre eux et avec leur environnement. Ils forment de ce fait des communautés microbiennes qui contrôlent de nombreux processus environnementaux fondamentaux (cycles du carbone, de l’azote, etc.). La compréhension de la façon dont ces communautés s’organisent peut nous aider à contrôler et à améliorer les processus les plus pertinents pour l’être humain.</p>
<p>Pour cette raison, l’étude des microbiomes suscite un intérêt scientifique important. Ces travaux s’appuient sur les nouvelles technologies de séquençage, lesquelles permettent d’identifier rapidement et de façon automatisée les micro-organismes présents dans les environnements d’intérêt ainsi que de leurs fonctions.
Ils fournissent les informations nécessaires pour comprendre les processus mis en œuvre par ces communautés en vue de tirer parti de leur potentiel biotechnologique.</p>
<p>Petite précision : on parle de microbiote pour désigner l’ensemble des micro-organismes <a href="https://www.eufic.org/fr/production-alimentaire/article/quest-ce-que-le-microbiome-et-pourquoi-est-il-important/">qui cohabitent en un même endroit</a>. Le terme microbiome a de son côté une <a href="https://microbiomejournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40168-020-00875-0">dimension « écosystémique »</a> tenant compte des interactions entre eux, de leurs dynamiques, des conditions environnementales qui les entourent, etc.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423051/original/file-20210923-17-womgel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Si l’attention se concentre souvent sur les micro-organismes qui vivent dans notre organisme (comme ceux qui forment le microbiote intestinal), les microbiomes qui existent dans l’environnement sont eux aussi importants pour notre bien-être, qu’il soit individuel ou collectif. C’est en particulier le cas des microbiomes associés à la chaîne agroalimentaire, de la production primaire au consommateur. On les trouve dans les sols, les plantes, les animaux, les industries de transformation et, dans une moindre mesure, dans le produit final.</p>
<p>Comprendre leur organisation et leurs fonctions peut aider à relever certains des défis auxquels est confrontée la production alimentaire.</p>
<h2>Microbiomes et traçabilité des aliments</h2>
<p>La surveillance des microbiomes dans les environnements de production alimentaire permet d’identifier les incidents à un stade précoce. C’est par exemple le cas des contaminations qui risquent de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214799320301405">compromettre la qualité et la sécurité des produits</a>.</p>
<p>Par ailleurs, étant donné que le type de micro-organismes présents dans certaines matières premières ou produits est conditionné par leur origine et leur environnement de transformation, le microbiome pourrait permettre de vérifier l’origine et l’authenticité de certains aliments.</p>
<p>Des scientifiques ont par exemple montré qu’il est possible de <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0184615">différencier l’origine de certains cépages</a> utilisés dans la production de vin ou de <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-00549-2">produits à base de levain</a> de celle d’autres cépages dont le processus de production est différent. Ces demandes pourraient être particulièrement pertinentes pour surveiller les produits bénéficiant d’une appellation d’origine protégée.</p>
<h2>Augmenter la valeur ajoutée des aliments grâce aux microbiomes</h2>
<p>Des micro-organismes peuvent également être utilisés pour contribuer à améliorer la qualité et la sécurité de la production alimentaire. On peut ainsi envisager d’utiliser comme <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32542314/">biopréservateurs et agents de biocontrôle</a> ceux qui sont capables d’inhiber la croissance d’autres micro-organismes, indésirables.</p>
<p>Ces biopréservateurs peuvent non seulement limiter les risques de contamination dans les chaînes de production de l’industrie alimentaire, mais aussi prévenir les maladies dans les cultures, le bétail et l’aquaculture. Ils peuvent également prolonger la durée de conservation des denrées.</p>
<p>Leur utilisation réduit l’impact économique et environnemental des maladies ou des contaminations, et rationalise l’emploi des désinfectants et des additifs alimentaires. Elle contribue à améliorer l’efficacité des systèmes de production, un impératif pour répondre à la demande alimentaire d’une population mondiale en croissance.</p>
<p>Parmi les micro-organismes intéressants, ceux utilisés pour produire des aliments fermentés comme la bière, le fromage, le yaourt, le kéfir ou les olives, entre autres, <a href="https://redbal.net/">méritent une mention spéciale</a>.</p>
<p>Traditionnellement, la fermentation visait uniquement à modifier les propriétés organoleptiques des aliments et à prolonger leur durée de conservation. Aujourd’hui, nous pouvons déterminer quelles sont les combinaisons de micro-organismes les plus optimales pour chaque processus de fermentation, en étudiant la façon dont ils se comportent au sein de communautés microbiennes complexes.</p>
<p>L’objectif est d’identifier des micro-organismes à la fois robustes et inoffensifs, capables de conférer au produit final les propriétés qui nous intéressent, que ce soit au point de vue organoleptique, nutritionnel, voire de la santé. En effet, les aliments fermentés contiennent un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32542314/">grand nombre de micro-organismes vivants</a>, dont certains peuvent être des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24912386/">probiotiques</a>, autrement dit apporter des bénéfices pour la santé une fois consommés.</p>
<h2>Des micro-organismes pour réduire les déchets alimentaires</h2>
<p>Accroître l’efficacité de la production alimentaire passe également par la réduction du volume de déchets générés tout au long de la chaîne de production. Là encore, les micro-organismes ont un rôle à jouer.</p>
<p>Comprendre comment les micro-organismes de notre microbiote intestinal métabolisent les composés présents dans certains déchets alimentaires peut aider à concevoir de nouveaux aliments sains à partir desdits déchets. L’inclusion de différents processus de fermentation dans les étapes de traitement des sous-produits de la chaîne de production alimentaire constitue également une option intéressante pour produire de nouveaux aliments.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421575/original/file-20210916-27-1iy08tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les micro-organismes utilisés pour produire de la bière, du fromage, du yaourt et du kéfir peuvent augmenter la valeur ajoutée des aliments.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/cabrales-cheese-handmade-bread-red-wine-256391629">Aidart/Shutterstock</a></span>
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<p>Certains sous-produits de l’industrie agroalimentaire contiennent en effet des ingrédients aux propriétés nutritionnelles intéressantes, bénéfiques à la santé, qui peuvent être valorisés. C’est par exemple le cas du lactosérum, riche en protéines. Certaines recherches se sont penchées sur la possibilité de l’utiliser pour fabriquer des <a href="http://valorizaciondesuero.es/">aliments à haute valeur ajoutée</a>. Les résidus provenant de la transformation des céréales, des fruits et des légumes, sont quant à eux riches en polyphénols et en fibres, des composés qui peuvent avoir une influence positive sur <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2020.581997/full">notre microbiote intestinal et notre santé</a>.</p>
<h2>L’alimentation du futur passera-t-elle par les micro-organismes ?</h2>
<p>Les micro-organismes ont souvent mauvaise réputation dans l’opinion générale. Considérés comme des ennemis, ils sont perçus comme synonymes d’infection et de contaminations. Pourtant, certains d’entre eux <a href="https://www.nature.com/articles/s41564-020-00857-w">ouvrent d’innombrables perspectives biotechnologiques</a>. À tel point qu’ils pourraient contribuer à apporter des réponses aux grands défis mondiaux, notamment ceux liés aux systèmes alimentaires.</p>
<p>Comprendre les capacités de certains micro-organismes et des microbiomes associés aux systèmes alimentaires peut aider à restructurer ces derniers pour produire des aliments sûrs et de qualité de manière durable, qui nourrissent et protègent la santé d’une population mondiale en croissance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168597/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lorena Ruiz García reçoit des fonds de recherche par l'intermédiaire du ministère des sciences, de l'innovation et des universités.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Abelardo Margolles reçoit ou a reçu des fonds de différents organismes de financement : plans régionaux de R&D de la Principauté des Asturies, plans de recherche de l'État, Programme H2020 et autres programmes de recherche de l'Union Européenne et du CSIC. Abelardo Margolles a reçu des fonds de plusieurs entreprises pour le développement de contrats de recherche. Abelardo Margolles détient des actions de la société technologique MicroViable Therapeutics (<a href="http://www.microviable.com">www.microviable.com</a>).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carlos Sabater Sánchez reçoit des fonds du Ministère de la Science et de l'Innovation (MICINN) - Ayudas para contratos Juan de la Cierva-formación 2019 (référence du contrat : FJC2019-042125-I).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Patricia Ruas Madiedo reçoit des fonds des Plans nationaux et régionaux de recherche et de développement, par le biais d'un concours.</span></em></p>Les micro-organismes pourraient diminuer le risque de contamination des produits alimentaires, corroborer leur origine, leur authenticité, améliorer leur valeur ajoutée ou même réduire les déchets.Lorena Ruiz García, Investigadora, Microbología, Alimentos y Salud, Instituto de Productos Lácteos de Asturias (IPLA - CSIC) Abelardo Margolles Barros, Instituto de Productos Lácteos de Asturias (IPLA - CSIC) Carlos Sabater Sánchez, Postdoctoral research fellow, Instituto de Productos Lácteos de Asturias (IPLA - CSIC) Patricia Ruas Madiedo, Investigadora Científica, Instituto de Productos Lácteos de Asturias (IPLA - CSIC) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1635092021-07-12T17:03:29Z2021-07-12T17:03:29ZCertains microbes produisent des produits chimiques utiles – voici comment les maths peuvent les aider<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/408852/original/file-20210629-22-fhr0zk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=31%2C23%2C5145%2C3422&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les sources chaudes de Yellowstone hébergent des microbes dont l’activité biologique génère des produits chimiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/7Azj1ufiOgA">Gary Yost, Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>L’homme exploite le pouvoir des microbes depuis des siècles, par exemple en utilisant la levure pour fabriquer du pain, de la bière, du yaourt et du vin par fermentation. Ces organismes vivants nous sont utiles, car ils effectuent des réactions chimiques dans leur vie quotidienne.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1122&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1122&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/408833/original/file-20210629-21-1sosi96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1122&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dans les sources chaudes de Yellowstone, la quantité de glycolate régit la relation entre de nombreuses bactéries sécrétant du glycolate et des bactéries incorporant du glycolate, comme <em>Synechococcus lividus</em> et les hétérotrophes filamenteux.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nsf.gov/od/lpa/news/03/images/y_stone_microbes.jpg">Microbe Wiki</a></span>
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</figure>
<p>Aujourd’hui, grâce aux microbes, nous pouvons produire de nombreux composés chimiques précieux, tels que les biocarburants (notamment le méthane et l’éthanol) et les produits médicaux (tels que les antibiotiques). Nous pouvons également utiliser des <a href="https://asm.org/Articles/2020/April/How-Microbes-Help-Us-Reclaim-Our-Wastewater">micro-organismes</a> pour recycler les eaux usées en éliminant la matière organique dissoute.</p>
<p>Au cours des dernières décennies, les scientifiques ont étudié comment les humains peuvent utiliser de nouveaux systèmes biologiques, qui n’existent pas dans la nature.</p>
<p>Par exemple, une bactérie peut être génétiquement modifiée <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-micro-022620-081059">pour agir comme un « biocapteur »</a>. En présence de certains composés comme le pétrole ou des agents pathogènes, elle pourra alors <a href="https://doi.org/10.3389/fbioe.2016.00011">devenir luminescente</a>.</p>
<p>Nous pouvons également modifier des espèces pour qu’elles collaborent avec d’autres microbes, afin de développer des systèmes biologiques nouveaux, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S095816691500107X">aux capacités améliorées</a>. Ainsi, l’utilisation de consortiums microbiens (ou copopulations) est <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S095816691500107X0">devenue plus courante</a>. En associant différents microbes issus de la bio-ingénierie, la nouvelle communauté peut accomplir des tâches différentes ou même dépasser celles qui sont possibles avec une seule espèce.</p>
<p>Par exemple, si l’une des deux espèces produit de l’acétate (qui est toxique) lorsqu’elle consomme du glucose pour accomplir une certaine tâche (comme la production d’un composé précieux), une deuxième espèce créée par génie biologique pour « manger » de l’acétate <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pcbi.1007795">pourrait être introduite pour détoxifier l’environnement</a>.</p>
<h2>Contrôler les microbes grâce aux mathématiques</h2>
<p>Ces efforts ont attiré l’attention non seulement des biologistes, mais aussi des théoriciens de l’informatique et des systèmes, ainsi que des mathématiciens.</p>
<p>En effet, des techniques numériques avancées nous aident à comprendre et à prévoir le comportement des systèmes biologiques. Il existe de nombreux <a href="https://ieeexplore.ieee.org/document/8361094">outils mathématiques</a> qui nous permettent, par exemple, d’étudier le comportement des systèmes décrits par un modèle, y compris leur stabilité et leur réaction aux influences extérieures. En procédant ainsi, il est possible d’imposer un comportement souhaité ou encore d’estimer les paramètres pertinents en temps réel pour optimiser le fonctionnement du processus biologique.</p>
<p>Les bactéries, par exemple, adorent le glucose : plus il y a de glucose dans leur environnement, plus elles se développent. Par conséquent, les scientifiques peuvent développer des algorithmes qui règlent la teneur en glucose pour ajuster la concentration ou le comportement de ces bactéries, en fonction des besoins des biologistes. Il est également possible de stimuler les microbes en utilisant la <a href="https://www.mdpi.com/2306-5354/7/4/151">lumière</a> ou des composés chimiques spécifiques.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=683&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=683&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=683&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=858&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=858&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/408841/original/file-20210629-24-c40nkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=858&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Illustration d’un bioréacteur contrôlé par un ordinateur.</span>
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</figure>
<p>Ces tâches ne sont pas aussi simples qu’il y paraît. En effet, les systèmes biologiques sont <a href="https://science.sciencemag.org/content/350/6259/386">intrinsèquement incertains</a> : de nombreux facteurs peuvent modifier le comportement de ces systèmes, et ils ne sont pas faciles à identifier. Les modèles mathématiques utilisés pour contrôler les systèmes biologiques peuvent donc être imprécis ou ne pas décrire un comportement ou une interaction entre une cellule et son environnement. Par conséquent, nous avons besoin d’algorithmes « robustes » : ils doivent fonctionner même si la réalité diffère légèrement du modèle.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/408836/original/file-20210629-20-ropk7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/408836/original/file-20210629-20-ropk7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/408836/original/file-20210629-20-ropk7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/408836/original/file-20210629-20-ropk7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/408836/original/file-20210629-20-ropk7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/408836/original/file-20210629-20-ropk7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/408836/original/file-20210629-20-ropk7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les deux digesteurs de la station d’épuration de Back River près de Baltimore, dans le Maryland. Les solides organiques arrivent dans les digesteurs et sont consommés par des microbes et transformés en méthane.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Digesters_-_Back_River_Wastewater_Treatment_Plant.jpg">Kristian Bjornard</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La complexité augmente lorsqu’on contrôle une communauté avec différents types de microbes. Par exemple, ils peuvent se disputer la nourriture disponible, ce qui pourrait entraîner l’extinction d’une des espèces de microbes. Un autre exemple est le « mutualisme » – où la survie d’une espèce dépend de la survie de l’autre.</p>
<p>Les algorithmes de contrôle qui visent la régulation d’une communauté doivent donc prendre en compte ces relations complexes afin de prendre des décisions qui assureront la survie de la co-population, pour, <em>in fine</em>, améliorer le procédé envisagé par les bioingénieurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163509/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alex Reis est membre de l'équipe Valse, Inria Lille Nord - Europe, où il est doctorant dans le cadre du défi Inria COSY (<a href="https://project.inria.fr/iplcosy/">https://project.inria.fr/iplcosy/</a>).</span></em></p>Les microbes produisent des antibiotiques, des biocarburants et nettoient les eaux usées. Contrôler leur production est une affaire pluridisciplinaire.Alex dos Reis de Souza, Doctorant en automatique, InriaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1608272021-05-21T13:33:24Z2021-05-21T13:33:24ZVoici comment les microbes pourraient communiquer avec des espèces extraterrestres<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/401079/original/file-20210517-21-17ri2qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6500%2C3279&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Voie lactée. Si des civilisations humaines ou humanoïdes ont peu de chance d’exister, peut-il y avoir dans l’espace d’autres formes de vie qui pourraient survivre?</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Les chercheurs du programme Search for Extra-Terrestrial Intelligence (Seti) essaient de répondre à cette question depuis 1959.</p>
<p>L’astronome américain Carl Sagan, comme plusieurs autres, croyait à l’existence d’autres civilisations humanoïdes et pensait que nous pourrions communiquer avec elles. Loin d’être convaincus, les sceptiques avancent que le manque de preuves sur de telles civilisations suppose qu’elles sont <a href="https://www.liebertpub.com/doi/10.1089/ast.2019.2149">extrêmement rares</a>.</p>
<p>Mais si ces civilisations humaines ou humanoïdes ont peu de chance d’exister, peut-il y avoir dans l’espace d’autres formes de vie qui pourraient y survivre et s’y adapter mieux que nous ? Et serait-il possible que ces autres formes de vie puissent communiquer entre elles ? Un Seti portant sur le non humain en quelque sorte. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0303264721000964?dgcid=author">Notre nouvelle étude</a>, publiée dans Biosystems, suggère que oui. Les microbes, tels que les bactéries, sont probablement les champions de la vie dans le cosmos — et ils sont beaucoup plus intelligents que nous le supposions jusqu’à présent. En fait, notre étude démontre que le programme Seti peut s’appliquer aux microbes en dehors de toute intervention humaine.</p>
<p>Pour bien comprendre les microbes, il faut s’ouvrir à l’idée que l’humain n’est pas le centre de l’Univers. Alors que, pour plusieurs, les microbes ne sont que des organismes unicellulaires à l’origine de maladies, la réalité est tout autre. Les microbes sont des organismes multicellulaires sans organisation rigide. La bactérie par exemple, forme avec des milliards de ses consœurs, des colonies capables de « réflexion » et de « prise de décisions ».</p>
<p>Une colonie bactérienne typique est l’équivalent d’un organisme cybernétique — un super cerveau — capable de résoudre des problèmes dans son environnement. Plus important encore, toutes les colonies bactériennes sur Terre sont interconnectées dans un super système bactérien global baptisé « bactériosphère ». Ce <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs101230100015">« site Web planétaire »</a> d’information génétique s’affaire depuis trois milliards d’années à réguler le flux des éléments organiques, une activité hors de portée des capacités humaines. Par exemple, il régule le cycle des nutriments essentiels comme le carbone, le soufre ou l’azote.</p>
<p>Les bactéries sont encore aujourd’hui les <a href="https://www.nature.com/articles/nmicrobiol201648">êtres vivants dominants sur Terre</a>. Retirez les bactéries de la biosphère et la vie s’éteindra graduellement. Par conséquent, les bactéries se prêtent sans doute davantage aux voyages et à la communication extraterrestres que nous. Une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2020.02050/full">récente étude</a> a démontré que les bactéries terrestres peuvent survivre dans l’espace pendant au moins trois ans, sans doute plus. Ajoutez à cela que les bactéries peuvent rester en dormance pendant des <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-020-17330-1?ftag=MSF0951a18">millions d’années</a>, et vous aurez une idée de la résilience des microbes.</p>
<p>En réalité, plusieurs versions de la <a href="https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2019asbi.book..419K/abstract">théorie de la panspermie</a> — qui atteste que la vie microbienne existe et voyage à travers l’univers — vont dans ce sens. Des <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.3847/2041-8213/aaef2d">modèles</a> mathématiques récents ont démontré que les voyages microbiens sont possibles non seulement dans notre système solaire, mais à travers la galaxie.</p>
<h2>Le Seti microbien</h2>
<p>Comment fonctionne le Seti microbien ? Nous croyons que la « bactériosphère » peut vraisemblablement suivre les mêmes étapes que celles du programme Seti applicables à l’humain. La première étape du Seti « humain » est la capacité de lire des informations à l’échelle cosmique. Par exemple, en utilisant des télescopes radio, nous pouvons analyser le potentiel habitable de planètes éloignées.</p>
<p>La deuxième étape consiste à développer des technologies et une connaissance qui nous permettent de déterminer si les planètes habitables contiennent des traces de vie. Enfin, troisième point, avertir les extraterrestres intelligents de notre présence sur Terre et entrer en contact avec eux s’ils répondent à nos signaux.</p>
<p>L’image ci-dessous présente notre vision du Seti microbien. Les microbes ont une capacité limitée de lecture de l’information à l’échelle cosmique. Par exemple, la cyanobactérie peut lire seulement la portion de la lumière visible dans le spectre électromagnétique du Soleil (étape 1). Ce phénomène biologique est appelé <a href="https://www.bbc.co.uk/bitesize/guides/zpt4xfr/revision/1">phototropisme</a> et survient notamment quand une plante se tourne vers le soleil — ou vers toute autre source de lumière — ou s’en éloigne.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/400097/original/file-20210511-24-p5k1tw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/400097/original/file-20210511-24-p5k1tw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/400097/original/file-20210511-24-p5k1tw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/400097/original/file-20210511-24-p5k1tw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/400097/original/file-20210511-24-p5k1tw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/400097/original/file-20210511-24-p5k1tw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/400097/original/file-20210511-24-p5k1tw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Seti microbien.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’étape deux a ensuite été cruciale pour le développement de la vie sur Terre. Les <a href="https://www.cdc.gov/habs/pdf/cyanobacteria_faq.pdf">cyanobactéries</a> ont développé une biotechnologie sous forme de photosynthèse (qui transforme l’eau, la lumière du soleil et le dioxyde de carbone en oxygène et en nourriture.) D’éteinte, la planète est ainsi passée au stade vivant avec la « bactériosphère » qui résulte d’une longue évolution. La vie microbienne s’est complexifiée avec la création des plantes et des animaux pendant 600 millions d’années. Et malgré cela, les bactéries sont demeurées la forme de vie dominante sur Terre. La photosynthèse, en tant que technique bactériologique, a permis d’alimenter la vie sur notre planète.</p>
<p>L’étape trois porte sur l’attraction et la communication entre les microbes présentant des chimies similaires. Les microbes extraterrestres devraient pouvoir s’intégrer harmonieusement dans la « bactériosphère » terrestre s’ils possèdent eux aussi une chimie et un métabolisme à base de carbone, incluant de l’ADN, des protéines et d’autres biomolécules.</p>
<p>Le processus inverse est également possible. Les microbes sur Terre pourraient voyager dans l’espace sur des astéroïdes et implanter de la vie ailleurs dans le cosmos. De même, les humains, en tant que futurs voyageurs de l’espace, pourraient agir comme des vecteurs microbiens grâce au microbiome humain.</p>
<p>Pour bien apprécier le Seti microbien, nous devons comprendre le concept d’intelligence du point de vue de l’évolution. Cela nous permettra de mieux évaluer l’intelligence des bactéries et leurs capacités, dans le contexte du Seti humain et microbien. Certains biologistes avancent en effet que l’intelligence humaine ne représente qu’une partie du large spectre de l’intelligence de la Nature qui comprend les microbes et les plantes.</p>
<p>Il faut également remettre en question la notion de réussites technologiques comme uniques preuves de civilisations intelligentes. Selon le physicien <a href="https://www.theguardian.com/science/2020/mar/01/freeman-dyson-obituary">Freeman Dyson</a>, les civilisations extraterrestres très avancées technologiquement ont d’énormes besoins énergétiques. Ces besoins seraient comblés avec la construction de mégastructures — appelées Sphères de Dyson — bâties autour d’une étoile maîtresse pour en capter l’énergie. Et le meilleur moyen de découvrir ces mégastructures serait de déterminer ce qui bloque la lumière des étoiles.</p>
<p>Mais comme les autres civilisations humanoïdes semblent rarissimes, partir à la <a href="https://theconversation.com/what-are-the-odds-of-an-alien-megastructure-blocking-light-from-a-distant-star-49311">recherche de telles structures</a> s’avère inutile. Il serait bien plus profitable selon nous de chercher des traces biologiques comme preuves d’une vie microbienne sur des planètes habitables.</p>
<p>Une façon de continuer à explorer la vie extraterrestre serait de découvrir des gaz propices à la vie <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0004698172900765?via%3Dihub">dans l’atmosphère des planètes</a> ; tels le méthane et la phosphine qui sont générés par des microbes. La découverte de phosphine dans l’atmosphère de Vénus semblait d’ailleurs prometteuse. Elle a été <a href="https://www.washington.edu/news/2021/01/27/phosphine-venus-so2/">remise en question</a> depuis qu’une nouvelle étude a plutôt fait état de dioxyde de soufre. Mais il ne faut pas baisser les bras. Heureusement, le <a href="https://theconversation.com/how-hubbles-successor-will-give-us-a-glimpse-into-the-very-first-galaxies-45970">télescope spatial James Webb</a>, dont le lancement est attendu cet automne, devrait pouvoir détecter l’atmosphère des planètes en orbite autour des étoiles — autres que l’étoile du Soleil.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160827/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Predrag Slijepcevic a reçu des fonds de diverses organisations, dont le ministère de la santé, l'UE, la Royal Society et le British Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nalin Chandra Wickramasinghe ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une nouvelle étude soutient que nous devrions rechercher une vie microbienne plutôt que des extraterrestres de type humain.Predrag Slijepcevic, Senior Lecturer in Biology, Brunel University LondonNalin Chandra Wickramasinghe, Honorary Professor, University of BuckinghamLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1583322021-04-01T15:50:56Z2021-04-01T15:50:56ZL’ingrédient secret qui donne si bon goût au chocolat : des microbes fermenteurs !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/393161/original/file-20210401-23-1r32r90.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=94%2C43%2C5389%2C3768&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sous leurs dehors appétissants, les oeufs et les lapins en chocolat sont en fait des aliments fermentés.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>En pépites dans un biscuit, fondu dans une boisson chaude et sucrée ou moulé sous la forme d’un lapin de Pâques, le chocolat <a href="https://doi.org/10.1016/j.clnu.2018.05.019">est l’un des aliments les plus consommés</a> au monde.</p>
<p>Pourtant, peu de gens savent, même les plus grands amateurs, que le chocolat a quelque chose en commun avec le kimchi et le kombucha : ses saveurs sont le résultat d’une fermentation. Ce goût si familier et tant apprécié vient de minuscules micro-organismes qui aident à transformer les ingrédients bruts du chocolat en ce produit final riche et complexe.</p>
<p>Dans des laboratoires du Pérou jusqu’à la Belgique, en passant par la Côte d’Ivoire, des scientifiques autoproclamés <a href="https://scholar.google.com/citations?user=QjIM6yUAAAAJ&hl=en&oi=ao">chocolatiers, comme moi</a>, s’efforcent de comprendre comment la fermentation modifie la saveur du chocolat.</p>
<p>Parfois, nous créons des procédés de fermentation artificiels en laboratoire. D’autres fois, nous prenons des échantillons de fèves de cacao provenant de véritables fermentations « naturelles ». Souvent, nous transformons nos lots expérimentaux en chocolat et demandons à quelques heureux volontaires d’y goûter et de nous dire quelles saveurs ils détectent.</p>
<p>Après des décennies de tests comme celui-ci, les chercheurs ont résolu de nombreux mystères concernant la fermentation du cacao, notamment les micro-organismes qui y participent et la façon dont cette étape influence la saveur et la qualité du chocolat.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme tend la main vers les cabosses qui poussent sur le tronc d’un cacaoyer" src="https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392678/original/file-20210330-15-1c6otxd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un propriétaire de plantation en Côte d’Ivoire vérifie les cabosses sur l’un de ses cacaoyers.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/david-youant-a-plantation-owner-checks-his-cocoa-trees-in-news-photo/77612213">Issouf Sanogo/AFP</a></span>
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<h2>De la cabosse à la barre</h2>
<p>L’aliment que vous connaissez sous le nom de chocolat commence sa vie sous la forme de graines de <a href="https://doi.org/10.19103/as.2017.0021.01">cosses de fruits en forme de ballon de football</a> qui poussent directement sur le tronc de l’arbre <em>Theobroma cacao</em>. Cela ressemble à quelque chose que le Dr Seuss, un auteur pour enfants, aurait conçu. Mais il y a déjà <a href="https://doi.org/10.1038/s41559-018-0697-x">3 900 ans, les Olmèques d’Amérique centrale</a> avaient compris que la transformation de ces gousses géantes en une friandise comestible, comporte plusieurs étapes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme tient une gousse coupée en deux et montre les graines" src="https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=691&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=691&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=691&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=868&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=868&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392680/original/file-20210330-19-1h808e1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=868&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">A l’intérieur des gousses se trouvent les graines et la pulpe.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/close-up-on-cocoa-beans-in-a-halved-pod-on-septembre-25-news-photo/1270250558">Camille Delbos/Art In All of Us/Corbis via Getty Images</a></span>
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<p>D’abord, les travailleurs ouvrent le fruit aux couleurs vives et en extraient les graines et la pulpe. Les graines, désormais appelées « haricots », durcissent et s’égouttent pendant trois à dix jours avant de sécher au soleil. Les fèves sèches sont torréfiées, puis broyées avec du sucre et parfois du lait en poudre <a href="https://www.newfoodmagazine.com/article/1949/using-science-to-make-the-best-chocolate/">jusqu’à ce que le mélange soit si lisse</a> que vous ne pouvez plus distinguer les particules sur votre langue. À ce stade, le chocolat est prêt à être façonné en barres, en copeaux ou en confiseries.</p>
<p>C’est au cours de la phase de séchage que la <a href="https://doi.org/10.1080/10408690490464104">fermentation se produit naturellement</a>. L’arôme complexe du chocolat est dû à des <a href="https://doi.org/10.1021/jf0114177">centaines de composants</a>, dont beaucoup sont générés pendant la fermentation, soit durant le processus d’amélioration des qualités d’un aliment par l’activité contrôlée de microbes. Elle permet aux graines de cacao amères, autrement insipides, de <a href="https://doi.org/10.1080/10408390701719272">développer les riches saveurs associées au chocolat</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Des fèves en train de sécher remplissent des plateaux à l’extérieur sous un ciel bleu ensoleillé" src="https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392681/original/file-20210330-15-16bcdtk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les fèves sèchent au soleil dans une plantation à Madagascar, tandis que les microbes font leur travail.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/cocoa-harvest-on-the-millot-plantation-in-the-north-west-of-news-photo/590675091">Andia/Universal Images Group via Getty Images</a></span>
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<h2>Les micro-organismes au travail</h2>
<p>La fermentation du cacao est un processus en plusieurs étapes. Tout composé micro-organique produit en cours de route et qui transforme le goût des fèves modifiera également le goût final du chocolat.</p>
<p>La première étape de la fermentation est peut-être familière aux brasseurs amateurs, car elle fait intervenir des levures, dont certaines sont les mêmes que <a href="https://doi.org/10.1111/jam.13045">celles qui font fermenter la bière et le vin</a>. Tout comme la levure dans votre bière préférée, celle dans une fermentation de cacao produit de l’alcool en digérant la pulpe sucrée qui enrobe les fèves.</p>
<p>Ce processus génère des molécules au goût fruité appelées esters et des alcools au goût floral. Ces composés s’imprègnent dans les fèves et sont ensuite présents dans le produit final.</p>
<p>Au fur et à mesure que la pulpe se décompose, l’oxygène pénètre dans la masse en fermentation et la <a href="https://doi.org/10.1080/10408690490464104">population de levures diminue, laissant place aux bactéries, qui aiment l’oxygène</a>. Elles sont connues sous le nom de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bact%C3%A9rie_ac%C3%A9tique">bactéries acétiques</a>, car elles convertissent l’alcool généré par la levure en acide acétique.</p>
<p>L’acide pénètre dans les haricots, provoquant des changements biochimiques. La plante en germination meurt. Les graisses s’agglomèrent. Certaines enzymes décomposent les protéines en peptides plus petits, qui deviennent très « chocolatés » lors de la torréfaction qui suit. D’autres enzymes décomposent les <a href="https://doi.org/10.3389/fnut.2018.00087">molécules de polyphénols antioxydants</a>, <a href="https://doi.org/10.1093/jaoac/102.5.1388">pour lesquelles le chocolat est considéré comme un super aliment</a>. Par conséquent, contrairement à leur réputation, la plupart des chocolats contiennent très peu de polyphénols, voire pas du tout.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme au chapeau ratisse un grand plateau de graines de cacao en train de sécher" src="https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392682/original/file-20210330-13-1ygq6ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au fur et à mesure du séchage, différents micro-organismes émergent naturellement pour faire leur travail de préparation des fèves.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/man-dries-cacao-beans-at-a-plantation-in-jutiapa-news-photo/1001093156">Orlando Sierra/AFP</a></span>
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<p>Toutes les réactions déclenchées par les bactéries de l’acide acétique ont un impact majeur sur la saveur. Ces acides favorisent la dégradation des molécules de polyphénols, fortement astringentes et d’un violet profond, en produits chimiques de couleur brune au goût plus doux, appelés quinones. C’est ici que les fèves de cacao passent d’un goût amer à un goût riche et de noix. Cette transformation du goût s’accompagne d’un changement de couleur, du rouge violet au brun, et c’est la raison pour laquelle le chocolat que vous connaissez est brun et non violet.</p>
<p>Enfin, à mesure que l’acide s’évapore lentement et que les sucres sont épuisés, d’autres espèces – dont les <a href="https://doi.org/10.1080/10408690490464104">champignons filamenteux et les bactéries <em>Bacillus</em> sporulées</a> – prennent le relais.</p>
<p>Aussi essentiels que soient les microbes dans le processus de fabrication du chocolat, certains organismes peuvent parfois ruiner une fermentation. La prolifération de la bactérie sporulée <a href="https://doi.org/10.1016/j.foodres.2014.04.032"><em>Bacillus</em></a> est associée à des composés qui donnent un goût de rance et de fromage.</p>
<h2>Le terroir et ses microbes</h2>
<p>Le cacao est une fermentation sauvage : les agriculteurs s’appuient sur les microbes naturels présents dans l’environnement pour créer des saveurs uniques et locales. Cette pratique que l’on dit du « terroir » reflète les caractéristiques spécifiques d’un lieu. De la même manière que les raisins s’imprègnent du terroir régional, ces microbes sauvages, associés au processus particulier de chaque agriculteur, donnent aux haricots fermentés un goût du terroir.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Les mains d’un chocolatier retirent les bonbons finis d’un moule à chocolat" src="https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392683/original/file-20210330-23-1kgttxf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les chocolatiers haut de gamme sont pointilleux pour le traitement de leurs fèves.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/chocolate-production-royalty-free-image/175490857">twohumans/E+ via Getty Images</a></span>
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<p>La demande du marché pour ces <a href="https://damecacao.com/craft-chocolate-continue-to-grow/">fèves fines et d’une grande qualité est en hausse</a>. Les fabricants de chocolat gourmet à petite échelle sélectionnent à la main les fèves en fonction de leur terroir distinctif, afin de produire du chocolat avec une gamme impressionnante de nuances de goût.</p>
<p>Si vous n’avez connu le chocolat que sous la forme d’une barre attrapée à la caisse de l’épicerie, vous n’avez pas idée de la gamme et de la complexité que peut présenter un chocolat de très grande qualité.</p>
<p>Une barre de chocolat du domaine malgache d’Akesson peut rappeler les framboises et les abricots, tandis que les barres péruviennes du chocolatier canadien Qantu, fermentées à l’état sauvage, semblent avoir été trempées dans du sauvignon blanc. Pourtant, dans les deux cas, les barres ne contiennent rien d’autre que des fèves de cacao et du sucre.</p>
<p>Voilà le pouvoir de la fermentation : changer, convertir, transformer. Elle prend l’ordinaire et le rend extraordinaire, grâce à la magie des microbes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158332/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Caitlin Clark ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Après plusieurs tests, les chercheurs ont résolu de nombreux mystères concernant la fermentation du cacao et les micro-organismes qui donnent si bon goût au chocolat.Caitlin Clark, Ph.D. Candidate in Food Science, Colorado State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1539522021-01-27T19:40:53Z2021-01-27T19:40:53ZComment le microbiome peut nous aider à renforcer notre immunité contre la Covid-19<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/380548/original/file-20210125-19-snvfen.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C10%2C7200%2C4031&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les microbes présents dans l'intestin sont la clé d'une bonne santé.</span> <span class="attribution"><span class="source">Dr_Microbe/iStock/Getty Images Plus</span></span></figcaption></figure><p>Vous ne le savez peut-être pas, mais une armée de microbes travaillent fort pour vous afin de combattre les maladies et faire barrière aux virus, comme celui qui cause la Covid-19.</p>
<p>Au cours des deux dernières décennies, les scientifiques ont appris que notre corps abrite plus de cellules bactériennes que de cellules humaines. Cette communauté de bactéries – appelée le microbiome – ressemble à une entreprise : chaque espèce de microbe a sa fonction spécifique, mais elles travaillent toutes ensemble pour nous maintenir en bonne santé. Dans l’intestin, les bactéries équilibrent la réponse immunitaire contre les agents pathogènes. Ces bactéries veillent à ce que la réponse immunitaire soit efficace, mais pas trop intense, pour ne pas causer de dommages collatéraux.</p>
<p>Les bactéries présentes dans nos intestins peuvent déclencher une réponse immunitaire efficace contre les virus qui infectent non seulement l’intestin, comme les <a href="http://doi.org/10.3390/v10020096">norovirus</a> <a href="http://doi.org/10.1126/science.1258025">et les rotavirus</a>, mais aussi ceux qui infectent les poumons, comme le <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1019378108">virus de la grippe</a>.</p>
<p>Les microbes bénéfiques de l’intestin le font en ordonnant à des cellules immunitaires spécialisées de produire de puissantes protéines antivirales qui éliminent les <a href="https://doi.org/10.1016/j.cell.2020.04.022">infections virales</a>. Une personne qui serait dépourvue de ces bactéries intestinales bénéfiques n’aurait pas une réponse immunitaire aussi forte contre les virus. Dans un tel cas, les infections seraient incontrôlables.</p>
<p><a href="https://scholar.google.com/citations?user=4y55zc0AAAAJ&hl=fr">En tant que microbiologiste</a>, je suis fascinée par la façon dont les bactéries façonnent la santé humaine. L’un des principaux <a href="https://www.umassmed.edu/nutrition/melody-trial-info/">axes de ma recherche</a> consiste à découvrir comment les bactéries bénéfiques qui peuplent nos intestins combattent les maladies et les infections. <a href="https://doi.org/10.1101/2021.01.05.20249061">Mes travaux</a> les plus récents portent sur le lien entre un microbe en particulier et la gravité de la Covid-19 chez certains patients. Mon objectif est de trouver comment améliorer le microbiome intestinal grâce à l’alimentation afin de susciter la bonne réponse immunitaire, non seulement contre le SARS-CoV-2 mais aussi contre tous les agents pathogènes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377078/original/file-20210104-21-gqunkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les bonnes bactéries aident le système immunitaire à repousser les microbes nuisibles.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/illustration/good-bacteria-and-bad-bacteria-royalty-free-illustration/611994628?adppopup=true&uiloc=thumbnail_same_series_adp">chombosan/iStock/Getty Images Plus</a></span>
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<h2>Les bactéries sont nos amies</h2>
<p>La défense immunitaire est un phénomène biologique complexe. Cependant, comme notre corps est habité par des milliards de bactéries, de virus et de champignons, qui sont bénéfiques pour la plupart, l’activation de notre réponse immunitaire est étroitement régulée pour distinguer les microbes nuisibles des microbes utiles.</p>
<p>Nos bactéries aident à renforcer notre système immunitaire pour combattre les infections. Une étude déterminante a révélé que les souris traitées aux antibiotiques, qui éliminent les bactéries dans l’intestin, présentaient une réponse immunitaire altérée. Ces animaux avaient un faible nombre de globules blancs, une faible réponse des anticorps et une production insuffisante d’une protéine vitale pour <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1019378108">combattre l’infection virale et moduler la réponse immunitaire</a>.</p>
<p>Dans une <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0184976">autre étude</a>, des souris ont été nourries avec la bactérie <em>Lactobacillus</em>, couramment utilisée comme probiotique dans les aliments fermentés. Ces microbes ont permis de réduire la gravité de l’infection grippale. Les souris traitées par la bactérie <em>Lactobacillus</em> n’ont pas perdu de poids et n’ont subi que de légères lésions pulmonaires par rapport aux souris non traitées. De même, d’autres chercheurs ont découvert que le traitement des souris par <em>Lactobacillus</em> les protège contre différents <a href="https://doi.org/10.1038/srep04638">sous-types de</a> <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-017-17487-8">grippe</a> <a href="https://doi.org/10.1371/journal.ppat.1008072">virus</a> et contre le virus respiratoire syncitial humain – la <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-019-39602-7">principale cause de bronchiolite et de pneumonie virales chez les enfants</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377079/original/file-20210104-15-4sj7z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377079/original/file-20210104-15-4sj7z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377079/original/file-20210104-15-4sj7z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377079/original/file-20210104-15-4sj7z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377079/original/file-20210104-15-4sj7z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377079/original/file-20210104-15-4sj7z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377079/original/file-20210104-15-4sj7z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les aliments fermentés comme le kimchi, les betteraves rouges, le vinaigre de cidre de pomme, le yaourt au lait de coco, les cornichons et la choucroute peuvent contribuer à la production de bactéries bénéfiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/fermented-food-sampler-royalty-free-image/899304124?adppopup=true">marekuliasz/iStock/Getty Images Plus</a></span>
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<h2>Maladies chroniques et microbes</h2>
<p>Les patients atteints de maladies chroniques, notamment le diabète de type 2, l’obésité et les problèmes cardiovasculaires, ont un système immunitaire hyperactif lié à une altération du microbiome intestinal qui ne reconnaît pas un stimulus inoffensif.</p>
<p>Dans ces maladies chroniques, le microbiome intestinal est dépourvu de bactéries qui activent les <a href="https://doi.org/10.1126/science.1198469">cellules immunitaires</a> bloquant la réponse contre les bactéries inoffensives dans nos intestins. Une telle altération du microbiome intestinal est également observée chez les <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1002601107">bébés nés par césarienne</a>, les personnes ayant une mauvaise <a href="https://doi.org/10.1038/nature12820">alimentation</a> et les <a href="https://doi.org/10.1038/nature11053">personnes âgées</a>.</p>
<p>Aux États-Unis, 117 millions d’individus – environ la moitié de la population adulte – <a href="https://health.gov/our-work/food-nutrition/2015-2020-dietary-guidelines/guidelines/">souffrent de diabète de type 2, d’obésité, de maladies cardiovasculaires ou d’une combinaison de ces maladies</a>. Cela suggère que la moitié des adultes américains sont porteurs d’une armée microbienne défectueuse.</p>
<p>Les recherches menées dans mon laboratoire se concentrent sur l’identification des bactéries intestinales essentielles pour créer un système immunitaire équilibré, qui combat les infections bactériennes et virales mortelles, tout en tolérant nos bactéries bénéfiques.</p>
<p>Étant donné que le régime alimentaire affecte la diversité des bactéries dans l’intestin, il pourrait être utilisé comme traitement pour les maladies chroniques. C’est ce que <a href="https://www.umassmed.edu/nutrition/melody-trial-info/">mes études en laboratoire tentent de démontrer</a>. En utilisant différents aliments, les gens peuvent améliorer la capacité du microbiome à stimuler une réponse immunitaire saine.</p>
<p>Une fraction des patients infectés par le SARS-CoV-2 développent de graves complications qui nécessitent des soins intensifs. Qu’est-ce que beaucoup de ces patients ont en commun ? Ils sont <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6912e2.htm">âgés</a> et souffrent de maladies chroniques souvent liées à l’alimentation comme l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.</p>
<p><a href="http://doi.org/10.1016/j.jada.2008.12.019">Les personnes noires et celles qui ont des origines latines sont touchées de manière disproportionnée par ces maladies</a>. Ainsi, ce n’est pas une coïncidence si le <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6933e1.htm">plus grand nombres de décès liés à la Covid-19 ont été constatés dans ces communautés</a>. C’est le cas non seulement aux États-Unis, mais aussi en <a href="https://www.washingtonpost.com/world/europe/blacks-in-britain-are-four-times-as-likely-to-die-of-coronavirus-as-whites-data-show/2020/05/07/2dc76710-9067-11ea-9322-a29e75effc93_story.html">Grande-Bretagne</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377080/original/file-20210104-19-193c73w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377080/original/file-20210104-19-193c73w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377080/original/file-20210104-19-193c73w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377080/original/file-20210104-19-193c73w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377080/original/file-20210104-19-193c73w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377080/original/file-20210104-19-193c73w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377080/original/file-20210104-19-193c73w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les communautés minoritaires continuent de porter le poids de la pandémie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/alice-gaskins-holds-sign-that-says-this-virus-is-killing-news-photo/1215626113?adppopup=true">Blake Nissen pour le Boston Globe via Getty Images</a></span>
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<h2>Ces microbes qui prédisent la gravité de la Covid-19</h2>
<p>La pandémie de Covid-19 m’a incitée à réorienter mes recherches et à explorer le rôle du microbiome intestinal dans la réponse immunitaire trop agressive contre l’infection par le coronavirus.</p>
<p>Mes collègues et moi avons émis l’hypothèse que les patients gravement malades atteints du SARS-CoV-2 et souffrant d’obésité, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires présentent une altération du microbiome intestinal qui aggrave le <a href="https://theconversation.com/exercise-may-help-reduce-risk-of-deadly-covid-19-complication-ards-136922">syndrome de détresse respiratoire aiguë</a>.</p>
<p>Chez les patients atteints du SARS-CoV-2, on pense que le syndrome de détresse respiratoire aiguë, une lésion pulmonaire potentiellement mortelle, se développe à partir d’une réaction excessive et fatale de la réponse immunitaire. Ce phénomène inflammatoire appelé <a href="https://theconversation.com/blocking-the-deadly-cytokine-storm-is-a-vital-weapon-for-treating-covid-19-137690">tempête de cytokines</a> <a href="http://doi.org/10.1016/S2213-2600(20)30216-2">provoque une multiplication incontrôlable</a> de <a href="http://doi.org/10.1016/S2213-2600(20)30216-2">cellules immunitaires dans les poumons</a>.</p>
<p>Ces patients ne sont pas victimes du virus lui-même, mais de leur propre réponse immunitaire, qui provoque de <a href="http://doi.org/10.1007/s00134-020-05991-x">graves lésions pulmonaires, la défaillance de plusieurs organes</a> et éventuellement la mort.</p>
<p>Plusieurs études <a href="https://doi.org/10.1016/j.trsl.2020.08.004">publiées récemment</a> ont identifié chez les patients atteints de Covid-19 une altération du microbiome intestinal. Et certaines entreprises comme Seres Therapeutics, 4d Pharma PLC, Evelo Biosciences, VEDANTA bioscience et Finch Therapeutics attirent l'attention des investisseurs pour leurs recherches sur des thérapies par le microbiome pour des maladies intestinales inflammatoires, certains types de cancer et même la dépression. </p>
<p>Cependant, dans le cas de la Covid-19, ces études n’ont pas permis d’identifier quelles bactéries en particulier pourraient prédire la gravité de la maladie.</p>
<p>Pour répondre à cette question, nous avons recruté des patients atteints de la Covid-19, hospitalisés et présentant des symptômes allant de modérés à graves. Nous avons prélevé chez eux des échantillons de selles et de salive pour déterminer si la présence de certaines bactéries dans l'intestin, de même que dans le microbiome oral, pouvaient permettre de prédire la gravité de la maladie. Identifier ainsi des marqueurs du microbiome capables de prévoir les manifestations cliniques de la Covid-19 est essentiel pour établir l'ordre de priorité de traitement des patients.</p>
<p>Nous avons démontré <a href="https://doi.org/10.1101/2021.01.05.20249061">dans un article</a> non encore revu par les pairs, que la composition du microbiome intestinal est un plus puissant indicateur de la gravité de la Covid-19 que les conditions médicales du patient, plus couramment utilisées pour prévoir la trajectoire de la maladie. Plus précisément, nous avons identifié que la présence d’une bactérie dans les selles – appelée <em>Enterococcus faecalis</em> – était un indicateur fiable de la sévérité de la Covid-19. Sans surprise, <em>Enterococcus faecalis</em> est associé à de <a href="https://doi.org/10.1016/S0002-9440(10)61172-8">l'inflammation</a> <a href="https://doi.org/10.1053/j.gastro.2011.05.035">chronique</a>.</p>
<p>L’<em>Enterococcus faecalis</em> collecté dans les selles peut être cultivé en laboratoire. Ainsi, un test <em>E. faecalis</em> pourrait être un moyen rentable, rapide et relativement facile d’identifier les patients susceptibles d’avoir besoin de plus de soins pour améliorer leurs chances de survie.</p>
<p>Mais nos recherches ne permettent pas encore de déterminer clairement la contribution du microbiome altéré dans la réponse immunitaire à l’infection par le CoV-2 du SRAS. Une étude récente a montré que <a href="https://doi.org/10.1101/2020.12.11.416180">l’infection par le coronavirus déclenche un déséquilibre des cellules régulatrices</a>, qui sont <a href="https://doi.org/10.1111/imr.12170">essentielles à l’équilibre immunitaire</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153952/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ana Maldonado-Contreras reçoit des fonds du Helmsley Charitable Trust et son travail a été soutenu par l'American Gastroenterological Association. Elle a reçu la bourse de recherche postdoctorale du Charles A. King Trust. Elle est également membre du Comité de la diversité de l'Association américaine de gastroentérologie.</span></em></p>Une trop forte réaction immunitaire à un virus peut être mortelle et une trop petite le laissera nous infecter. Comment trouver le bon équilibre ? Le secret est peut-être dans notre microbiome.Ana Maldonado-Contreras, Assistant Professor of Microbiology and Physiological Systems, UMass Chan Medical SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.