tag:theconversation.com,2011:/au/topics/ressources-halieutiques-21154/articlesressources halieutiques – The Conversation2023-10-11T13:50:20Ztag:theconversation.com,2011:article/2118812023-10-11T13:50:20Z2023-10-11T13:50:20ZRaréfaction des sardinelles rondes en Afrique du Nord-Ouest : comment éviter l'effondrement<p>La pêche artisanale est un secteur refuge ou de reconversion pour de nombreux agriculteurs et éleveurs victimes du changement climatique dans le Sahel. Mais au cours des quatre dernières décennies, la tendance à la surexploitation a causé la diminution de 20 à 50 % des quantités de poissons présents dans les eaux sénégalaises, et par conséquent la qualité de vie des pêcheurs. Cette diminution a surtout concerné les poissons de fonds dits <a href="https://doi.org/10.1051/alr/2017046">“démersaux”</a>, alors que l'abondance des petits poissons pélagiques (comme les sardinelles) fluctuait principalement sous <a href="https://doi.org/10.1111/fog.12218">l’effet des conditions climatiques</a>. Mais depuis 2021, les captures de sardinelles rondes dans la sous-région <a href="https://doi.org/10.1016/j.fishres.2023.106873">ont chuté</a> en-deça du dixième de ce qu'elles étaient à leur apogée, en 2011. Ce qui pourrait indiquer un effondrement prochain de cette pêcherie (en science halieutique l'effondrement sera acté si cette situation s'étale sur <a href="https://doi.org/10.1111/j.1467-2979.2005.00181.x">4 années consécutives</a>).</p>
<p>La sardinelle ronde est historiquement une des principales espèces capturées et transformées artisanalement en Afrique du Nord et de l'Ouest. Elle contribue à la fois en quantité et en qualité à <a href="https://www.isblue.fr/la-recherche/projets-de-recherche/projet-emblematique-omega/">l’alimentation</a> des populations <a href="https://www.nature.com/articles/s43016-022-00643-3">sahéliennes</a>. Elle est source d'omega 3, une molécule nécessaire au maintien des fonctions vitales et en particulier pour le développement du <a href="https://www.lanutrition.fr/bien-dans-sa-sante/les-complements-alimentaires/les-principaux-complements-alimentaires/les-complements-correcteurs-de-l-alimentation/les-omega-3/le-dha-lallie-sante-de-votre-cerveau">cerveau</a>. </p>
<p>Les qualités de la sardinelle ronde en font également une espèce de choix pour la fabrication des farines de poissons dont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308597X22002378?via%3Dihub">la demande</a> ne cesse de grimper sur le marché mondial. Mais depuis quelques années, les consommateurs sénégalais et mauritaniens ont constaté la raréfaction des sardinelles rondes, souvent absentes des étalages. </p>
<p>Au Sénégal, les quantités annuelles débarquées fluctuaient de 100 000 à 250 000 tonnes <a href="https://doi.org/10.1111/fog.12218">dans les années 2010</a>, mais stagnent autour de 10 000 tonnes depuis 2020. Nous cherchons ici à interpréter ces changements à la lumière de nos <a href="https://doi.org/10.1016/j.pocean.2018.03.011">récentes recherches</a> sur les migrations de cette espèce dans la sous région.</p>
<h2>Disparition progressive des sardinelles rondes</h2>
<p>A l’ouverture du <a href="https://www.imrop.mr/symposium-international-sur-les-petits-pelagiques-dans-la-zone-nord-ouest-africaine-exploitation-diversification-des-usages-et-effets-des-changements-climatiques/#:%7E:text=L%E2%80%99IMROP%20organisera%20%C3%A0%20Nouakchott%2C%20du%2024%20au%2026,de%20gestion%2C%20leurs%20gouvernances%20et%20leurs%20retomb%C3%A9es%20socio%C3%A9conomiques.">symposium international sur les petits pélagiques dans la zone nord-ouest africaine</a> tenu à Nouakchott en mai 2022, un industriel fustigeait les “extrémistes écolo” qui proposeraient des quotas de pêche trop bas. </p>
<p>Lors de ce même symposium, nous avons appris pourtant <a href="https://www.fao.org/documents/card/en/c/CB0490FR">la chute vertigineuse des captures de sardinelles rondes</a> à l’échelle de la sous-région, passant de 425 561 tonnes en 2018 à 49 550 tonnes en 2021.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/j.pocean.2018.03.011">Les récents développements</a> de la recherche océanographique ont permis d’étudier la migration des sardinelles sous l’angle de la modélisation biophysique, c’est-à-dire de modéliser leurs déplacements directement à partir de la dynamique des courants, du plancton et des poissons eux-mêmes, indépendamment des données de pêche. Les résultats suggèrent l'existence d’une grande diversité de routes migratoires mais seule une faible proportion de poissons effectue la migration complète historiquement décrite et classiquement admise.</p>
<p>La vision proposée par le modèle, corroborée par les données obtenues auprès des artisans pêcheurs sénégalais, est celle d’une grande proportion de sardinelles rondes basées en Mauritanie qui déborderait au gré des courants et des saisons vers le nord ou vers le sud. Aussi, le modèle suggère une extension au large des sardinelles variable selon les saisons, mais une densité toujours plus forte dans la zone côtière. </p>
<p>En résumé, cette étude a montré que le cœur de la population des sardinelles rondes, la zone la plus dense, centre de gravité des migrations saisonnières qui alimente les pays voisins, se situerait dans la frange côtière des eaux mauritaniennes. Ce qui explique les <a href="https://doi.org/10.1016/j.fishres.2016.10.009">captures exceptionnelles</a> qui y sont réalisées depuis l’avènement des usines de farine de poissons en Mauritanie.</p>
<h2>Développement des usines de farine de poisson</h2>
<p>Depuis 2012, l'industrie de farine de poisson dans la sous-région a connu un développement rapide, surtout en Mauritanie (environ 40 usines sur 650 km de côte) relativement au Sénégal et en Gambie (environ 10 usines sur 550 km de côte). En Mauritanie, ce développement a eu <a href="https://doi.org/10.1016/j.fishres.2016.10.009">un effet particulièrement notoire</a> sur la distribution et l’intensité de l’effort de pêche. Avant, la Mauritanie passait des accords avec des bateaux-usines étrangers, les autorisant à exploiter ses eaux hauturières, c'est à dire au-delà de 7 miles nautiques (environ 14 km) des côtes. Lorsque la densité de poissons chutait, les bateaux étrangers se redéployaient vers d’autres régions du monde.</p>
<p>Pour des raisons de valorisation et de domestication des ressources halieutiques et de développement économique local, les politiques nationales entre 2013 et 2016 <a href="https://doi.org/10.1016/j.fishres.2016.10.009">ont encouragé</a> l’installation des usines à terre. </p>
<p>Malheureusement, ce changement de paradigme a amplifié le problème de surexploitation des sardinelles rondes. En effet, les usines sont devenues de nouveaux acheteurs capables chacune d’engloutir quotidiennement des quantités considérables de poissons. Pour les alimenter en poissons frais, des accords ont été passés successivement avec le Sénégal puis la Turquie sous l’appellation “affrètement coque nue”. </p>
<p>Dans les deux cas, ces flottes sont autorisées à pêcher dans la zone côtière, où les sardinelles rondes et autres espèces se concentrent, comme expliqué plus haut.</p>
<p>Le mécanisme de régulation de l'effort de pêche qui pouvait se mettre en œuvre avec la pêche hauturière étrangère en cas de baisse des captures devient difficile pour le cas des bateaux côtiers travaillant dans le cadre d'un affrètement. En effet, ceux-ci opèrent pour le compte d'usines de farine localisées le long des côtes et qui demandent un ravitaillement permanent, ce qui est possible en Mauritanie en puisant dans la riche zone côtière.</p>
<h2>Surexploitation de la sardinelle</h2>
<p>Pour mieux comprendre ce qui se joue dans cette sous-région, imaginons une métaphore simple. Pensez à une grande baignoire remplie d'eau, dans laquelle se trouvent deux tuyaux, l’un qui arrive près du fond et l’autre à mi-hauteur. L'eau de la baignoire représente l’ensemble des sardinelles rondes de la sous-région. La pêche qui s’exerce dans la zone côtière mauritanienne équivaut à pomper l’eau de la baignoire par le tuyau qui arrive près du fond. </p>
<p>En revanche, la pêche qui s’exerce dans les autres zones, donc au large de la Mauritanie ou bien dans les zones adjacentes nord et sud, reviendrait à pomper l’eau par le tuyau à mi-hauteur. Si l’on pompe à la fois dans les deux tuyaux, le tuyau à mi-hauteur sera asséché avant celui du fond. Et donc avant que les captures ne diminuent dans la zone côtière mauritanienne, elles tomberont très bas dans les autres zones. </p>
<p>Cela est dû au fait que dans le modèle, les sardinelles se déplacent sans cesse, mais se trouvent en moyenne plus souvent dans la zone côtière de la Mauritanie. Cette métaphore illustre un phénomène appelé <a href="https://blog.nature.org/2016/05/11/hyperstability-the-achilles-heel-of-data-poor-fisheries/">“hyperstabilité des captures”</a>, souvent observé dans les pêcheries à travers le monde. </p>
<p>Ainsi, il apparaît évident que l’établissement des usines de farines de poissons a créé une situation qui menace la population de sardinelles rondes en créant une demande sans limite alimentée par une exploitation intense dans la zone côtière mauritanienne. </p>
<p>La prise en compte des résultats scientifiques dans les mesures de gestion est un processus très long. Dès 2014, les scientifiques <a href="https://www.fao.org/3/i5284b/i5284b.pdf">avaient tiré la sonnette d’alarme</a> sur le risque de surexploitation des espèces migratrices induit par ces nouvelles pratiques. </p>
<p>Depuis 2014, différents travaux <a href="https://doi.org/10.1016/j.marpol.2022.105294">halieutiques</a>, <a href="https://doi.org/10.1016/j.marpol.2016.11.008">bioéconomiques</a> et <a href="https://doi.org/10.3917/med.193.0113">socio-économiques</a> publiés par des scientifiques mauritaniens et sénégalais ont également tiré la sonnette d’alarme. Mais les mesures prises, avec une faible coordination des gouvernements des pays concernés, se sont révélées inadaptées ou insuffisantes pour empêcher l’effondrement annoncé par les scientifiques de la population de sardinelle ronde.</p>
<h2>Que faire ?</h2>
<p>Une régulation concertée et informée de la pêche au niveau des Etats est plus que jamais nécessaire. Si les sardinelles rondes se retrouvent le plus souvent en Mauritanie, elles <a href="https://doi.org/10.1016/j.pocean.2018.03.011">traversent les frontières maritimes</a>, du Maroc à la Guinée.</p>
<p>Les récentes constatations sur la diminution de la sardinelle ronde au Sénégal nous poussent à croire que cette espèce devrait figurer à minima dans l’annexe 2 de la convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (<a href="https://www.cms.int/sites/default/files/instrument/CMS_text_fre.PDF">CMS</a>), c'est-à-dire la liste des espèces devant faire l’objet d’accords entre les pays traversés. </p>
<p>Face à cette responsabilité partagée, il faut une gestion collective reposant par exemple sur un système de suivi de l’effort de pêche harmonisé au niveau sous-régional. Autrement dit, il faut renforcer la mission de coopération de la commission sous-régionale des pêches (CSRP), organisation intergouvernementale qui pourrait par exemple appuyer à l'attribution d'écocertification - processus par lequel un organisme évalue et atteste qu'un produit, un service et une entreprise respecte des normes environnementales spécifiques - aux pêcheries qui, par leur réglementation, favorisent la gestion commune, et donc leur durabilité. Bien sûr, un accord explicite des dits gouvernements est nécessaire, bien que déjà acquis sur le principe par les signataires de la CMS.</p>
<p>Enfin, il faut respecter les habitats essentiels des sardinelles rondes comme leurs zones de reproduction et de nurseries. Le <a href="https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2011-3-page-133.htm">Banc du Sahara</a>, le <a href="https://mava-foundation.org/fr/article/banc-darguin-au-croisement-de-la-conservation-du-developpement-et-de-la-finance/">Banc d'Arguin</a> et la <a href="https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/1172?&id=1172&lang=en">Petite Côte</a> sont par exemple trois sites clefs identifiés. Il convient de mieux les étudier pour comprendre leurs vulnérabilités. La zone côtière mauritanienne devrait faire l’objet d’une attention particulière en raison de son rôle important pour les capacités de renouvellement de cette espèce migratoire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211881/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Le développement des usines de poisson a augmenté la pression sur la sardinelle ronde à travers la multiplication des bateaux senneurs, qui opèrent dans la zone côtière, pour leur ravitaillement.Timothée Brochier -, Océanologue, Institut de recherche pour le développement (IRD)Cheikh Baye Braham, Chercheur en océnographie, Institut Mauritanien de Recherche Océanographique et des PêchesModou Thiaw, Maître de Recherche en écologie halieutique, Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA)Patrice Brehmer, Chercheur, Socio-ecosystèmes marins, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1684212021-10-10T16:42:42Z2021-10-10T16:42:42ZEn Polynésie française, la recherche et les populations locales font cause commune pour préserver les cônes marins<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/422667/original/file-20210922-19-j5n5i7.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C17%2C1185%2C867&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Collection de cônes collectés dans le milieu naturel, chez une habitante des Tuamotu. </span> <span class="attribution"><span class="source">Camille Mazé (juillet 2021)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avez-vous déjà entendu parler des cônes marins – <a href="https://www.aquaportail.com/taxonomie-famille-273-conidae.html"><em>Conidae</em></a> pour les spécialistes ? En tout cas, vous les avez certainement déjà croisés. Arborant de beaux motifs et des couleurs variées, ces mollusques gastéropodes sont très appréciés des collectionneurs pour leurs coquilles.</p>
<p>Comme beaucoup d’autres espèces marines vivantes, les cônes sont aujourd’hui menacés par les impacts anthropiques et les fragilités environnementales liées au changement global. Ce contexte renforce la vulnérabilité de la biodiversité marine et des ressources prélevées par les sociétés humaines.</p>
<p>De nombreux cônes sont d’ailleurs déjà inscrits sur la liste rouge de <a href="https://www.iucn.org/fr">l’Union internationale pour la conservation de la nature</a> dont le congrès s’est tenu à Marseille début septembre 2021.</p>
<p>Les venins de prédation et de défense du cône contiennent par ailleurs des centaines de peptides bioactifs – des conotoxines – dont le pouvoir thérapeutique est jugé important pour le traitement de plusieurs maladies humaines telles que le cancer, les maladies neurodégénératives, l’épilepsie et la gestion de la douleur chronique. Ils pourraient donc devenir un puissant antalgique, avec moins d’effet d’accoutumance que la morphine.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423810/original/file-20210929-26-1wepjq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423810/original/file-20210929-26-1wepjq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423810/original/file-20210929-26-1wepjq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423810/original/file-20210929-26-1wepjq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423810/original/file-20210929-26-1wepjq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423810/original/file-20210929-26-1wepjq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423810/original/file-20210929-26-1wepjq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Étal de coquillages sur le marché de Papeete.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Camille Mazé (juillet 2021)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Partant de ce double constat, le <a href="http://www.criobe.pf/recherche/recherche-projets/polycone/">projet Polycone</a> associe plusieurs disciplines et crée un lien avec les gestionnaires de ressources marines et les communautés locales.</p>
<p>L’objectif est de bâtir un plan inédit d’exploitation et de gestion durable des cônes marins dans le respect du <a href="https://www.cbd.int/abs/doc/protocol/nagoya-protocol-fr.pdf">protocole de Nagoya</a>. Entré en vigueur le 12 octobre 2014, ce dernier concerne notamment l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation.</p>
<p>En juillet dernier, ce projet a été présenté au président de la République française <a href="https://50anscriobe.fr/visite-emmanuel-macron-au-criobe/">au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe)</a>, en tant que première tentative mondiale pour développer un modèle intégré, éthique et durable d’utilisation des cônes marins pour l’exploitation de leurs molécules toxiques (venins).</p>
<p>Au cœur de la démarche se trouve le transfert équitable de connaissances de la science vers la société et l’industrie.</p>
<h2>Une exploitation qui menace leur survie</h2>
<p>Si les molécules de ces mollusques gastéropodes intéressent aujourd’hui la recherche, celle-ci appréhende avec prudence les perspectives d’exploitation des toxines, les conditions d’extraction et de collecte des venins ainsi que les retombées médicales, pharmacologiques, dermatologiques, physiologiques, éco-toxicologiques et donc, industrielles.</p>
<p>Malgré ses potentiels, la ressource est en effet rarement disponible, que ce soit pour les chercheurs ou les sociétés pharmaceutiques. Et le venin lui-même est pour l’heure majoritairement obtenu à partir de glandes à venin disséquées – avec parfois jusqu’à cent spécimens sacrifiés pour l’isolement d’une seule conotoxine – ce qui n’est pas durable et éthiquement discutable.</p>
<p>De plus, les molécules sont le plus souvent synthétisées. Il convient dès lors de développer des méthodes de collecte et d’extraction des venins non létales pour les cônes. L’enjeu est aussi de produire davantage de recherche fondamentale sur leur adaptation ainsi que leur capacité de survie et de reproduction en aquarium dans la perspective éventuelle d’un développement en aquaculture. En ce sens, une centaine de cônes ont déjà été prélevés dans le milieu naturel et mis en aquarium par nos chercheurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423317/original/file-20210927-25-y9yohe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423317/original/file-20210927-25-y9yohe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423317/original/file-20210927-25-y9yohe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423317/original/file-20210927-25-y9yohe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423317/original/file-20210927-25-y9yohe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423317/original/file-20210927-25-y9yohe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423317/original/file-20210927-25-y9yohe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cônes prélevés dans le milieu naturel et mis en aquarium au Criobe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Valentin Raymond (juillet 2021)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423320/original/file-20210927-19-70120t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423320/original/file-20210927-19-70120t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423320/original/file-20210927-19-70120t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423320/original/file-20210927-19-70120t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423320/original/file-20210927-19-70120t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423320/original/file-20210927-19-70120t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423320/original/file-20210927-19-70120t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Valentin Raymond (juillet 2021)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cela devrait permettre d’affiner les connaissances sur les propriétés des venins, notamment issus d’espèces endémiques. L’un des objectifs est de constituer une banque de venins à destination des scientifiques.</p>
<h2>La gestion des ressources en question</h2>
<p>Afin d’éviter de nouvelles <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Trag%C3%A9die_des_biens_communs">« tragédies des communs »</a>, l’économiste <a href="https://laviedesidees.fr/Elinor-Ostrom-par-dela-la-tragedie-des-communs.html">Elinor Ostrom</a> a mis en évidence la capacité des communautés à s’auto-organiser pour gérer durablement les ressources. Dans ce contexte, il convient d’être attentif à la fois à l’écologie des cônes ainsi qu’aux contextes socioculturels et aux modes de gestion des espèces sauvages par les communautés humaines.</p>
<p>En raison de la perturbation de l’habitat et des faibles densités de la plupart de ces espèces, face à la difficulté de synthétiser artificiellement et de collecter leurs venins, il est essentiel de faire en sorte que l’exploitation du cône ne conduise pas à son extinction.</p>
<p>Il s’agit aussi de penser la gestion des ressources dans le cadre d’une justice environnementale, en s’assurant notamment que l’usage des molécules de cônes ne profite pas à un groupe social dominant au détriment d’autres – en l’occurrence des communautés qui vivent sur des territoires où les cônes font l’objet de collectes.</p>
<p>À partir des pratiques historiques et des capacités d’action présentes et futures des communautés locales, deux scénarios sont explorés : élevage et reproduction en aquaculture ; aires protégées pour la collecte dans le milieu naturel.</p>
<h2>La Polynésie française, un terreau favorable</h2>
<p>Située au sein de la plus grande région indo-pacifique, la Polynésie française recense <a href="https://www.researchgate.net/publication/346528827_Inventaire_des_Conidae_de_Polynesie_francaise_de_la_zone_cotiere_a_l%E2%80%99etage_bathyal">environ 1/8ᵉ de toutes les espèces connues</a> de cônes.</p>
<p>Certaines espèces de cônes sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne sont présentes nulle part ailleurs, notamment aux Marquises. La Polynésie française est donc idéalement positionnée pour développer une gestion durable et une utilisation équitable de cette ressource qui, pour l’heure, est abondante et d’une grande richesse.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423807/original/file-20210929-18-1quu69s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423807/original/file-20210929-18-1quu69s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423807/original/file-20210929-18-1quu69s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423807/original/file-20210929-18-1quu69s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423807/original/file-20210929-18-1quu69s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423807/original/file-20210929-18-1quu69s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423807/original/file-20210929-18-1quu69s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jeune femme récoltant des coquillages à Tikehau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Camille Mazé (juillet 2021)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les communautés autochtones et locales de Polynésie française possèdent une expérience inédite de gestion durable des ressources naturelles à travers la pratique du <a href="https://theconversation.com/le-rahui-polynesien-au-secours-de-lenvironnement-73382">Rāhui</a>.</p>
<p>L’anthropologue <a href="https://www.auventdesiles.pf/auteur/bambridge-tamatoa/">Tamatoa Bambridge</a>, qui porte aujourd’hui le projet de <a href="https://rahuicenter.pf/">Rāhui Center</a>, a bien décrit cette pratique de jachère traditionnelle propre à la Polynésie (pas seulement française : Hawaï, île de Pâques, îles Cook, Nouvelle-Zélande), en expliquant en quoi elle constitue une véritable institution.</p>
<h2>Le Rāhui, pratique traditionnelle remise au goût du jour</h2>
<p>Le Rāhui permet de poser une interdiction temporaire de prélèvement d’une ressource (agricole ou lagunaire) sur un territoire insulaire. Il revenait en effet à un groupe (un clan, une famille élargie ou une chefferie) d’interdire l’accès à un espace et le prélèvement d’une ressource pendant une période variable.</p>
<p>Cette pratique politique et institutionnelle a été mise à mal par la colonisation, mais elle connaît aujourd’hui un renouveau, en regard de la montée en puissance des objectifs de durabilité environnementale, liant l’écologique et le social.</p>
<p>Cette pratique collective tient compte des interdépendances entre les humains et leur environnement. Elle correspond ainsi, bien avant l’heure, à l’idée de « gestion écosystémique » ou « adaptative » censée pallier les risques d’extinction des ressources naturelles et des sociétés qui en dépendent.</p>
<h2>Des savoirs locaux pour gérer les ressources</h2>
<p>Tandis que les communautés polynésiennes révèlent leur aptitude à gérer collectivement et de manière adaptative certaines ressources naturelles, tout l’enjeu est de ne pas reproduire les erreurs du passé ou certaines actuelles. La mobilisation des savoirs locaux est alors indispensable en vue d’atteindre la gestion soutenable des ressources marines.</p>
<p>En ce sens, les recherches anthropologiques permettent de mieux saisir les relations qui se nouent entre ces communautés et les coquillages, et les savoirs qui en résultent. Il s’agit notamment d’appréhender les usages et représentations des coquillages – dont les cônes – parmi lesquels l’artisanat et l’alimentation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422669/original/file-20210922-19-1oeo9j0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422669/original/file-20210922-19-1oeo9j0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422669/original/file-20210922-19-1oeo9j0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422669/original/file-20210922-19-1oeo9j0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422669/original/file-20210922-19-1oeo9j0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422669/original/file-20210922-19-1oeo9j0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422669/original/file-20210922-19-1oeo9j0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Femme des Tuamotu travaillant le coquillage pour en faire des bijoux ou des objets d’artisanat (Rangiroa, passe de Tiputa).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Camille Mazé (juillet 2021)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mais au-delà de la bonne connaissance de ces coquillages et des lieux où ils se trouvent, ces derniers revêtent également une importance symbolique et historique.</p>
<p>Ainsi, ce qui est aujourd’hui appelé « ressources » – avec en filigrane les notions de « bien commun », de propriété et de marchandisation – doit être pensé dans toutes ses dimensions et construit collectivement comme « un commun », avec les entreprises qui les exploitent et les communautés locales.</p>
<p>C’est la raison pour laquelle le <a href="http://www.criobe.pf/recherche/recherche-projets/polycone/">projet Polycone</a> va explorer plusieurs scénarios, allant de la création d’aires marines gérées avec les communautés locales sur le modèle du Rāhui, jusqu’au développement de fermes aquacoles basées sur l’acquisition de connaissances en biologie et l’innovation en biotechnologies.</p>
<p>À ce titre, il est essentiel de reconstituer l’histoire des filières d’exploitation des ressources marines en Polynésie française – telle la filière perlière – afin d’identifier les leviers et les blocages à la mise en œuvre d’une trajectoire durable.</p>
<h2>Repenser notre gouvernance de « la nature »</h2>
<p>Ces approches intégrées passent par une <a href="https://theconversation.com/destruction-creatrice-pour-en-finir-avec-les-contresens-118614">déconstruction critique, créatrice et constructive</a> de nos manières de penser notre rapport au vivant et de gouverner la nature.</p>
<p>Les humanités environnementales, en étroite interaction avec les sciences du vivant et de la terre, nous aident dans cette tâche aujourd’hui devenue nécessaire et urgente pour dépasser les clivages entre nature et culture, humain et non-humain, science et politique encore largement dominants dans la pensée et les pratiques de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168421/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le projet Polycone a reçu des financements du Belmont Forum, de l’Agence nationale pour la recherche (France), de la National Science Foundation (États-Unis), de la Délégation à la recherche (Polynésie française), de la Direction des ressources marines (Polynésie française), de l’Université de la Rochelle pour le doctorat en sciences sociales de Valentin Raymond (UMR 7266 LIENSs) codirigé par Camille Mazé et Alexander Mawyer, du Center for Pacific Islands Studies, de la School of Asian and Pacific Studies, de l’University of Hawai’i at Mānoa (États-Unis).</span></em></p>Un projet de recherche transdisciplinaire tente de développer un modèle global, éthique et durable pour exploiter les cônes marins en Polynésie française.Camille Mazé, Chercheuse CNRS, chargée de recherche en science politique appliquée aux sciences de l’environnement (UMR7266 LIENSs), La Rochelle UniversitéValentin Raymond, Doctorant en anthropologie et science politique (LIENSs - UMR 7266), La Rochelle UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1547722021-02-11T20:31:38Z2021-02-11T20:31:38ZLes poissons « rares », ces oubliés de la conservation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/383715/original/file-20210211-13-120aghk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’aiguillat commun. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Certains poissons communs n’ont quasiment plus de secrets pour les chercheurs tandis que d’autres cachent encore bien des mystères.</p>
<p>En mer du Nord, nous nous sommes intéressés, dans le <a href="https://www.fondationbiodiversite.fr/la-frb-en-action/programmes-et-projets/le-cesab/free/">cadre du projet scientifique FREE</a>, à des poissons peu décrits dans la littérature scientifique. Ces travaux ont donné lieu en 2020 à une <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2020.1600">publication dans la revue <em>Royal Society Publishing</em></a>.</p>
<h2>La rareté fonctionnelle, qu’est-ce que c’est ?</h2>
<p>Nos résultats ont permis de classer les espèces de poissons selon leur niveau de « rareté fonctionnelle ». Le critère de « rareté » n’est pas ici déterminé en fonction du nombre d’individus appartenant à une population donnée, mais d’une rareté dans les rôles écologiques exercés par ces poissons dans l’écosystème où ils vivent.</p>
<p>Parmi les plus distincts, on trouve les requins et les raies. Les cinq espèces présentant les traits écologiques les plus rares étant le requin-hâ, l’aiguillat commun, les émissoles (requin de fond), le congre, la grande castagnole (poisson perciforme).</p>
<p>Ces poissons, pour la plupart très sensibles à la pression de pêche, apprécient tout particulièrement les eaux froides, profondes et marquées par une forte salinité. Ils s’accommodent mieux des environnements stables, car ils sont plus vulnérables aux changements du fait de leur cycle de vie long.</p>
<h2>Un long cycle de vie</h2>
<p>Les espèces fonctionnellement rares se distinguent par des caractéristiques écologiques très peu répandues dans la communauté où ils évoluent ; ils s’inscrivent en marge par rapport au fonctionnement majoritaire en vigueur chez leurs congénères.</p>
<p>Cette originalité peut, par exemple, se manifester dans les stratégies développées pour se nourrir, concerner l’âge à maturité sexuelle, la taille des œufs ou le comportement des individus adultes vis-à-vis de leur progéniture.</p>
<p>La tendance est que plus les espèces sont fonctionnellement distinctes et plus ces dernières présentent une maturité sexuelle tardive et une faible fécondité. Leur progéniture est peu nombreuse, mais de grande taille et mobilise une forte attention « parentale » chez les individus adultes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/383716/original/file-20210211-17-6qe112.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/383716/original/file-20210211-17-6qe112.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/383716/original/file-20210211-17-6qe112.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/383716/original/file-20210211-17-6qe112.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/383716/original/file-20210211-17-6qe112.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/383716/original/file-20210211-17-6qe112.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/383716/original/file-20210211-17-6qe112.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Congre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">SUBnormali Team</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Rares et indispensables</h2>
<p>S’ils appartiennent à la face la moins visible de la biodiversité, et donc souvent la moins étudiée, il est fondamental de s’intéresser à ces « originaux ». On a en effet constaté que ces poissons sont très souvent au sommet de la chaîne alimentaire.</p>
<p>On comprend aisément que leur disparition pourrait déstabiliser le fonctionnement de tout l’écosystème, avec une répartition différente des flux de nutriments et donc d’énergie disponible pour les communautés de poissons et une modification associée de la chimie de l’eau (azote, carbone, oxygène…). Leur absence pourrait aussi conduire à l’arrivée d’espèces invasives et à un éventuel bouleversement des habitats marins.</p>
<p>La conservation de ces espèces constitue désormais une priorité pour assurer la résilience des écosystèmes marins : on sait qu’une communauté marine dotée d’une biodiversité riche a une capacité de restauration supérieure face aux perturbations qu’une communauté pauvre en biodiversité.</p>
<h2>Un rebond des populations dans un contexte perturbé</h2>
<p>Nos travaux conduits en Mer du Nord ont d’autre part <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2020.1600">mis en évidence un rebond</a>, après des décennies de surpêche, de ces espèces fonctionnellement rares.</p>
<p>Ce rebond des populations s’explique en partie par le suivi des ressources halieutiques organisé en mer du Nord, grâce aux campagnes océanographiques d’évaluation IBTS (International Bottom Trawling). Il semble donc que les politiques de réduction de la pression de pêche engagées depuis les années 1990 et la recherche sur une meilleure sélectivité des engins ont porté leurs fruits.</p>
<p>Néanmoins certaines des espèces de poissons les plus fonctionnellement distinctes ont poursuivi leur déclin en mer du Nord avec des espèces en situation très critique, comme le pocheteau gris – la plus grande raie au monde – ou encore l’aiguillat commun, requin pour qui l’aire de répartition semble avoir été divisée par deux en seulement 30 ans en mer du Nord.</p>
<p>Il faut également prendre en compte les changements environnementaux globaux, comme le réchauffement climatique. En mer du Nord, les eaux de surface ont connu une hausse de 1,6 °C ces <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1365-2664.2008.01488.x">25 dernières années</a> engendrant ainsi des modifications notables de la diversité des assemblages de poissons.</p>
<p>Au-delà d’une description de ces espèces « rares » en mer du Nord et de leur évolution dans un contexte de changements globaux et de pression sur les ressources, nos travaux montrent l’intérêt d’introduire le critère de « rareté fonctionnelle » dans les plans de conservation des écosystèmes. L’importance des espèces fonctionnellement rares pour la bonne santé des milieux marins peut s’avérer inversement proportionnelle à leur rareté.</p>
<hr>
<p><em>Marie Levasseur (Ifremer) a contribué à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/154772/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud Auber a reçu des financements de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (programme CESAB - projet FREE).</span></em></p>La rareté fonctionnelle, un domaine que les scientifiques commencent tout juste à explorer.Arnaud Auber, Chercheur en écologie des communautés, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1267042019-11-14T19:36:03Z2019-11-14T19:36:03ZQui veut la peau du concombre de mer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301243/original/file-20191112-178480-1ph6p8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C8%2C1856%2C1097&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trois types de concombre de mer (holothuries) ont été inscrites comme espèces menacées d'extinction.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/concombre-de-mer-concombre-mer-2064541/">kevskoot/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Trois espèces de concombre de mer viennent d’être inscrites sur la <a href="https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/environnement/34804-la-cites-protege-des-requins-raies-et-concombres-de-mer">liste des espèces menacées d’extinction</a> de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).</p>
<p>De quoi s’agit-il et pourquoi cette <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Holothurie">espèce</a>, également appelée holothuries à mamelles, ou bêches-de-mer, concerne particulièrement la France et ses pêcheurs outre-Atlantique ?</p>
<h2>Un animal marin très prisé</h2>
<p>Le concombre de mer est un animal marin <a href="https://wwz.ifremer.fr/peche/Le-monde-de-la-peche/Les-ressources/ou/Les-profondeurs/Benthique">benthique</a> (qui vit fixé au sol ou se déplace en rasant le fond), vivant à proximité du fond des mers et océans, des lacs et cours d’eau. Comme c’est le cas pour d’autres animaux marins : les oursins, les étoiles de mer ou encore la raie ou la sole.</p>
<p>Le concombre de mer est un vrai symbole de la mondialisation. Il est pêché par plus de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-2979.2010.00397.x">70 territoires différents</a> et chaque océan, chaque mer, abrite, au moins, une pêcherie de concombre de mer. Les premières traces de consommation au cours des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2019.00152/full">banquets royaux chinois</a> datent de la Dynastie Ming (1368-1644) et ont pris toute leur place au cours de la Dynastie Qing (1644-1912).</p>
<p>Or, aujourd’hui, cet animal subit une forte pression du fait d’une surpêche tentant de répondre à une très forte demande, notamment en Chine où il est un ingrédient des plats traditionnels, et qui concerne directement certains territoires comme la petite communauté française de Saint-Pierre et Miquelon. Dans ce petit territoire, on en pêche environ 1 400 tonnes et 100 000 tonnes au niveau mondial selon la FAO.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301245/original/file-20191112-178520-1u55ws0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301245/original/file-20191112-178520-1u55ws0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301245/original/file-20191112-178520-1u55ws0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301245/original/file-20191112-178520-1u55ws0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301245/original/file-20191112-178520-1u55ws0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301245/original/file-20191112-178520-1u55ws0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301245/original/file-20191112-178520-1u55ws0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pour ce territoire, seule implantation française en Amérique du Nord, le concombre de mer présente une nouvelle opportunité commerciale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pascal Le Floc’h</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une nouvelle opportunité commerciale</h2>
<p>Pour ce territoire, seule implantation française en Amérique du Nord, le concombre de mer présente une nouvelle opportunité commerciale.</p>
<p>Situé à 25 km au sud de Terre neuve, l’archipel comprend deux communes, Saint-Pierre et Miquelon-Langlade. La population recensée se maintient à plus de 6 000 habitants (5 467 à Saint-Pierre et 614 à Miquelon). Si les crustacés, principalement le crabe des neiges et le homard, sont les espèces privilégiées des pêcheurs, le concombre de mer bouleverse la hiérarchie des produits ciblés depuis peu, notamment après avoir connu un premier effondrement des ressources.</p>
<p>Dans les années 80, l’effondrement du stock de morue en Atlantique Nord-Ouest a conduit le gouvernement du Canada à la fermeture de pêcheries dès 1992, provoquant l’arrêt de milliers d’emplois à Terre-Neuve. Cette décision a directement touché Saint-Pierre et Miquelon dont l’unique industrie était alors l’exploitation du stock de ressources halieutiques (les ressources marines vivantes exploitées à titre commercial), principalement la morue.
S’est alors posée la question de la diversification des activités économiques pour les communautés touchées par l’épuisement d’un stock de ressources marines vivantes.</p>
<p>Dans le cas des petites économies insulaires, la voie pour une reconversion est plus étroite qu’à l’échelle des territoires continentaux. C’est pourquoi Saint-Pierre et Miquelon ne peut totalement abandonner l’exploitation des ressources halieutiques, même si le modèle d’une pêche artisanale apporte une contribution économique et sociale plus réduite que celle du modèle industriel.</p>
<p>C’est à la fin des années 2000 que deux petits navires-artisans exploitent alors un nouveau gisement dans les eaux de l’archipel, celui du concombre de mer (<em>Cucumaria frondosa</em>).</p>
<h2>Vers un nouvel effondrement ?</h2>
<p>Sur le territoire de Saint-Pierre et Miquelon, moins de 500 tonnes de concombre de mer étaient capturées de 2008 à 2014. Rapidement, la production atteint 1 000 tonnes de 2015 à 2017, pour atteindre 1 400 tonnes en 2018. Cette rapide accélération répond à une forte attractivité d’un marché mondial surtout situé en Chine. Elle inquiète également les scientifiques quant au risque d’un nouvel effondrement d’un stock d’une ressource naturelle, 30 ans après celui de la Morue en Atlantique Nord-Ouest.</p>
<p>La dernière évaluation de l’Ifremer, en 2019, (diagnostic sur l’holothurie (<em>Cucumaria fondosa</em>) de la ZEE de St Pierre et Miquelon) recommande de réduire les captures et d’adopter une approche de précaution. C’est donc à une nouvelle tragédie des communs, en référence à un <a href="https://www.jstor.org/stable/1724745?seq=1#page_scan_tab_contents">article célèbre</a> de Garrett Hardin (1968), que nous assistons.</p>
<p>En effet, l’holothurie (concombre de mer de la famille des échinodermes) présente un rôle écologique fondamental puisque de par son mode de nutrition elle participe au recyclage des matières détritiques, à l’aération du sol, à la limitation de l’eutrophisation (un phénomène de pollution provoquée par un apport trop élevé de nutriments favorable au développement des algues notamment). Elle participe donc à la structuration des habitats d’autres espèces. De plus, comme tout autre être vivant elle appartient à un réseau trophique, c’est-à-dire la chaîne alimentaire entre les espèces d’un écosystème, qui fait d’elle et de ses juvéniles une source d’alimentation pour d’autres individus (prédation majeure par l’étoile de mer). Son rôle écologique est primordial et sa disparition peut avoir des conséquences catastrophiques pour un écosystème.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/YXOw-abYkZU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le rôle du concombre de mer sur l’écosystème.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Le processus de circulation du concombre</h2>
<p>Une fois pêché, cet animal marin est vendu après avoir subi un processus de transformation dont les quatre principales étapes sont : le tranchage, l’éviscération, la cuisson et le séchage.
Cependant, l’enchaînement de ces éléments n’est pas identique et linéaire, il dépend des connaissances locales, des traditions, de l’espèce pêchée et du niveau de développement du territoire où se déroule le processus.</p>
<p>Cela laisse place à une diversité de techniques de transformation pour aboutir à différents produits : le tégument séché de concombre de mer (qui est de loin le produit le plus répandu sur les marchés), plus largement connu sous le nom de « bêche-de-mer ».</p>
<p>La bêche-de-mer est ensuite exportée vers une « plate-forme de réexportation ». Ces « plates-formes » reçoivent des bêches-de-mer de tous les territoires producteurs et les réexportent vers d’autres marchés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301236/original/file-20191112-178498-1yxaqy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301236/original/file-20191112-178498-1yxaqy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301236/original/file-20191112-178498-1yxaqy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301236/original/file-20191112-178498-1yxaqy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301236/original/file-20191112-178498-1yxaqy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=489&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301236/original/file-20191112-178498-1yxaqy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=489&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301236/original/file-20191112-178498-1yxaqy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=489&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Bateaux de pêche, Saint-Pierre et Miquelon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lucie Chopot</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Hongkong, plaque tournante de la bêche de mer</h2>
<p>La principale plate-forme est Hongkong, commercialisant près de 4 000 tonnes de bêche-de-mer séchées et 2 500 tonnes congelées sur l’année 2016, pour une valeur totale de <a href="https://doi.org/10.1016/j.rsma.2017.12.003">294 millions d’US dollars</a>.</p>
<p>Le prix varie en fonction de l’espèce transformée. La valeur la plus élevée est accordée à une holothurie japonaise (<em>Apostichopus japonicus</em>). Son prix oscille entre 300 US dollars et 1 900 US dollars le kilogramme. Pour les autres espèces de concombre de mer, l’échelle tarifaire est plus modeste, de 60 à moins de 400 US dollars par kilo.</p>
<p>Les holothuries forment une des cinq classes du phylum marin des <a href="https://www.mnhn.fr/sites/mnhn.fr/files/atoms/files/bulletin_ndeg_271-sept._2017.pdf">échinodermes</a>, qui comprend également les étoiles de mer, les oursins, les ophiures et lys de mer. On comptabilise 1 700 espèces d’holothuries. La majorité des espèces est benthique, se déplace peu. Elles peuvent se retrouver entre 1 et 1 000 mètres de profondeur.</p>
<h2>Des toxines très appréciées</h2>
<p>Face au danger, elles émettent dans le milieu des « tubes de cuvier ». Ce sont des filaments blanchâtres stockés à l’intérieur de l’animal et émis en cas de prédation. Leur émission agit comme un mécanisme de défense physique (filaments gluants et adhésifs) mais aussi chimique car ils libèrent, par la même occasion, des toxines appelées « holothurines ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301774/original/file-20191114-26202-1f0vr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301774/original/file-20191114-26202-1f0vr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301774/original/file-20191114-26202-1f0vr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301774/original/file-20191114-26202-1f0vr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301774/original/file-20191114-26202-1f0vr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301774/original/file-20191114-26202-1f0vr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301774/original/file-20191114-26202-1f0vr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les tubes de Cuvier : le moyen de défense des concombres de mer.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tubes_de_Cuvier#/media/Fichier:Holothuria_sanctori_Cuvieran_Tubes.jpg">Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’holothurie est considérée comme un produit à haute valeur nutritionnelle car elle présente une haute teneur en protéines (5 à 12 % du poids vif), son tégument présente un fort taux de collagène et elle est majoritairement pauvre en lipides.
Elle est riche en divers minéraux, vitamines et acides aminés essentiels. Elle est consommée en Asie dans des <a href="https://www.mnhn.fr/sites/mnhn.fr/files/atoms/files/bulletin_ndeg_271-sept._2017.pdf">plats traditionnels</a> en sec (trépang) ou fermenté.</p>
<p>Les propriétés nutritionnelles et les fonctions écologiques de l’espèce encouragent une concentration des activités de pêche sur les stocks identifiés à l’échelle planétaire.</p>
<h2>Limiter la surpêche</h2>
<p>Une exploitation séquentielle est en œuvre pour alimenter ce marché devenu très attractif. Près de 40 % des pêcheries d’holothurie étaient sous moratoire en 2011, principalement pour cause de surpêche. Les populations d’holothuries de haute qualité ont été décimées. Des espèces de plus faible qualité font désormais l’objet de pêches ciblées.</p>
<p><a href="https://wwz.ifremer.fr/manchemerdunord/content/download/121758/file/RA%202017%20HMMN_Final.pdf">Une mission scientifique menée par Ifremer en 2017</a> a produit une première évaluation des stocks de concombre de mer de la zone de pêche de l’archipel français. Le rapport préconise de limiter les captures à moins de 1 200 tonnes (Ifremer, 2019). Seul le préfet de Saint-Pierre et Miquelon détient le pouvoir de décision sur la fixation du quota annuel, fixé à 1 600 tonnes en 2017, 1 400 tonnes en 2018, relevé à 1 500 tonnes en 2019.</p>
<p>Sans garde-fou, c’est à une exploitation de type minière jusqu’à épuisement total du stock qu’est soumis le concombre de mer de l’archipel français.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304238/original/file-20191128-178071-avfwh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304238/original/file-20191128-178071-avfwh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304238/original/file-20191128-178071-avfwh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304238/original/file-20191128-178071-avfwh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304238/original/file-20191128-178071-avfwh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304238/original/file-20191128-178071-avfwh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304238/original/file-20191128-178071-avfwh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet article s’inscrit dans le cadre du colloque #Iles2019 du 14 au 19 octobre qui s’est tenu à Brest, Ouessant, Molène et Sein, co-organisé par la Fondation de France, l’Université de Bretagne occidentale et l’Association des Îles du Ponant. Premier réseau de philanthropie en France, la <a href="https://www.fondationdefrance.org/fr">Fondation de France</a> réunit, depuis 50 ans et sur tous les territoires, des donateurs, des fondateurs, des bénévoles et des acteurs de terrain. A chacun, elle apporte l’accompagnement dont il a besoin pour que son action soit la plus efficace possible.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126704/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Le Floc'h est porteur du projet Atlantiles soutenu par la Fondation de France.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lucie Chopot est membre du projet Atlantiles soutenu par la Fondation de France.</span></em></p>Sans garde-fou, c’est à une exploitation de type minière jusqu’à épuisement total du stock qu’est soumis le concombre de mer à Saint-Pierre et Miquelon.Pascal Le Floc’h, Maitre de conférence, économiste, Université de Bretagne occidentale Lucie Chopot, Etudiante ingénieure, Montpellier SupAgroLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1180602019-06-06T19:57:58Z2019-06-06T19:57:58ZS’inspirer des traditions polynésiennes pour préserver l’océan<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/278180/original/file-20190605-40738-1l9jdtp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Introduire des pratiques de gestion durable de l'océan est devenu impératif. Ici, vue sous un épais radeau de sargasses (algues brunes).</span> <span class="attribution"><span class="source">Sandrine Ruitton/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Un <a href="http://www.fao.org/3/a-i5555f.pdf">tiers</a> des stocks de poissons est surexploité à l’échelle mondiale ; <a href="http://www.mission-economie-biodiversite.com/publication/marin">plus de 150 millions de tonnes</a> de plastiques polluaient l’océan en 2018 ; les coraux sont <a href="https://www.nationalgeographic.fr/environnement/les-recifs-coralliens-pourraient-disparaitre-avant-2050">massivement menacés</a> d’extinction d’ici 2050… L’heure n’est plus à la surprise en ce qui concerne l’horizon alarmant qui guette le poumon bleu de la planète.</p>
<p>Pourtant, des initiatives locales de gestion des espaces marins apparaissent prometteuses. Que nous apprennent-elles sur la gouvernance des ressources naturelles partagées ? Comment s’en inspirer à plus grande échelle, en particulier dans les zones au-delà des juridictions nationales, qui couvrent pas moins de 60 % de la surface océanique ?</p>
<h2>À Tahiti, la renaissance d’un rāhui marin</h2>
<p>Quelle ne fut pas la surprise des navigateurs anglais de passage sur des îles de l’actuelle Polynésie française à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle lorsqu’ils découvrirent différentes pratiques du <a href="https://hal-univ-perp.archives-ouvertes.fr/hal-01298590/document">« rāhui »</a> ! De William Anderson, témoin d’un interdit temporaire sur l’abattage des porcs édicté par un chef allié local en amont de l’arrivée d’un navire anglais… Ou encore de James Morrison, qui décrit des embargos sur les zones maritimes en temps de pénurie, cérémonieusement levés des mois à des années plus tard une fois les ressources régénérées.</p>
<p>Fortes d’une tradition orale, ces pratiques anciennes s’apparentent à la mise en jachère de ressources communes. Elles trouvent une forme nouvelle dans les sociétés polynésiennes modernes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/278176/original/file-20190605-40747-1ol67o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/278176/original/file-20190605-40747-1ol67o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/278176/original/file-20190605-40747-1ol67o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/278176/original/file-20190605-40747-1ol67o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=351&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/278176/original/file-20190605-40747-1ol67o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/278176/original/file-20190605-40747-1ol67o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/278176/original/file-20190605-40747-1ol67o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=441&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Reportage sur le rāhui à Teahupo'o, réalisé à l'occasion de la COP 21.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dailymotion.com/video/x38luwd">Polynésie 1ère</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À Teahupo’o, commune au sud-est de l’île de Tahiti dans l’océan pacifique, un rāhui est formellement <a href="https://www.dailymotion.com/video/x38luwd">mis en place en 2014</a>. Un comité de gestion à spectre large est alors constitué, réunissant le maire et les services publics, des agriculteurs, des pêcheurs, les métiers du tourisme, des riverains, écoles, des représentants culturels et de l’environnement. Ensemble, ils délimitent une zone de rāhui de 700 hectares, décident des règles et optent pour l’interdiction complète de son accès hormis sur une étroite portion littorale.</p>
<p>Le rāhui de Teahupo’o porte déjà ses fruits. Les suivis écologiques « montrent une reprise substantielle de la densité de poissons […] et une augmentation de leur biomasse ». Le comité de gestion et la population « sont fiers de leur rāhui qu’ils considèrent comme une adaptation contemporaine [d’anciennes pratiques] ». À l’aune de ces constats, le rāhui est renouvelé en 2017 pour une période de trois ans.</p>
<p>Cette expérience illustre une volonté et une dynamique communes de préserver à une échelle locale l’océan et ses ressources.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-rahui-polynesien-au-secours-de-lenvironnement-73382">Le « rahui » polynésien au secours de l’environnement</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Le prisme des communs</h2>
<p>Dans la lignée des travaux de la politologue et économiste Elinor Ostrom, lauréate du prix Nobel d’économie en 2009, les « communs » caractérisent des modèles de gestion de ressources partagées où une communauté d’usagers et/ou d’intérêt élabore des règles spécifiques afin d’assurer un usage durable des ressources communes.</p>
<p>Le rāhui de Teahupo’o renvoie à de nombreux égards à ces dynamiques. Les différents membres concernés par l’espace marin « font communauté » pour décider collectivement de règles qu’ils s’approprient et respectent. La surveillance est prise en charge par les mêmes parties prenantes et les sanctions sont progressives. En résulte un écosystème préservé dont les usagers prennent soin.</p>
<p>La gestion durable de l’océan dépasse toutefois largement les échelles locales au niveau desquelles les communs sont généralement pensés. Elle touche des usages concurrentiels – pêcheries, énergies off-shore, exploitation des ressources minières, etc. – et des préoccupations multiples – gestion des polluants, conservation de la biodiversité, etc. Aborder ces problématiques par les communs permet de porter un regard neuf sur cette question.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/277588/original/file-20190603-69059-cy0rxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/277588/original/file-20190603-69059-cy0rxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/277588/original/file-20190603-69059-cy0rxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/277588/original/file-20190603-69059-cy0rxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/277588/original/file-20190603-69059-cy0rxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/277588/original/file-20190603-69059-cy0rxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/277588/original/file-20190603-69059-cy0rxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Banc de poissons comètes saumons, expédition Sargasses 2017.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sandrine Ruitton/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Au large, des espaces marins partagés</h2>
<p>Malgré sa connectivité écologique, l’océan est parsemé de frontières juridiques invisibles. La <a href="https://www.un.org/depts/los/convention_agreements/texts/unclos/unclos_f.pdf">Convention</a> des Nations unies sur le droit de la mer (dite de Montego Bay, 1982) situe à plus de 200 miles nautiques des côtes (370 km) les zones « au-delà de la juridiction nationale ». Ces espaces « partagés » ne peuvent pas être soumis à la souveraineté des États.</p>
<p>La haute mer, qui correspond à la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Colonne_d%27eau">colonne d’eau</a>, est principalement régie par le principe de liberté des mers hérité du XVII<sup>e</sup> siècle, alors que les fonds marins et leurs ressources minérales (la « Zone ») portent le statut de « patrimoine commun de l’humanité ». Cela soumet leur exploration et leur exploitation à l’obtention d’un permis décerné par l’<a href="https://www.isa.org.jm/fr/contractants-des-fonds-marins">Autorité internationale des fonds marins</a>. Les règles qui régissent ces espaces communs dépendent aussi des secteurs – transport, pêche, mines, etc.</p>
<p>Aujourd’hui, il n’existe pas de mécanisme permettant de traiter leur gestion de manière intégrée, notamment sur les questions de protection de la biodiversité. Les mandats sont dispersés. Pour n’en citer que quelques-uns : une vingtaine d’organisations régionales de gestion de la pêche (<a href="https://www.cbd.int/doc/meetings/mar/soiom-2016-01/other/soiom-2016-01-fao-19-en.pdf">ORGP</a>) établissent des normes pour réguler certaines pêcheries en haute mer ; l’<a href="http://www.imo.org/fr/Pages/Default.aspx">Organisation maritime internationale</a> gère, entre autres, le transport et les pollutions d’origine maritime ; différentes <a href="http://www.aires-marines.fr/Partager/Mers-regionales-et-accords-internationaux">Conventions pour les mers régionales</a> visent à protéger, au niveau régional, les environnements marins, en englobant parfois des zones hors juridictions nationales.</p>
<p>Face à cette fragmentation des acteurs et des institutions, une <a href="https://www.un.org/bbnj/">conférence intergouvernementale</a> s’est ouverte en septembre 2018 à l’ONU pour négocier l’élaboration d’un accord sur la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale. Qu’apportent finalement les communs à ces réflexions ?</p>
<h2>Haute mer et fonds marins : qui est concerné ?</h2>
<p>Les communs nous invitent d’abord à nous pencher sur les communautés qui utilisent ou s’intéressent aux ressources partagées.</p>
<p>Aujourd’hui et au-delà des juridictions nationales, les communautés concernées par la haute mer et les fonds marins sont loin d’être homogènes. Les acteurs sont divers et nombreux. <a href="https://advances.sciencemag.org/content/4/6/eaat2504">À titre d’exemple</a>, 3 620 bateaux ont été identifiés en 2016 comme ayant pêché en haute mer, parmi lesquels 77 % sont issus de six pays (Chine, Taiwan, Japon, Indonésie, Espagne, Corée du Sud).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=818&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=818&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=818&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1028&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1028&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/277584/original/file-20190603-69055-n70gz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1028&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le plancton, champion de la biodiversité sur la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christian Sardet/Tara Oceans/CNRS/Chroniques du Plancton</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Près d’une <a href="https://www.isa.org.jm/fr/contractants-des-fonds-marins">trentaine de permis</a> a été distribuée par l’Autorité internationale des fonds marins à des États ou des entreprises sponsorisées par leur gouvernement pour l’exploration des modules polymétalliques, des sulfures polymétalliques et des agrégats ferromanganèses riches en cobalt dans les fonds marins.</p>
<p>Dans l’ensemble, ces usages sont aux mains d’une poignée d’États et d’acteurs du secteur privé. La communauté internationale est souvent invoquée quand il s’agit de traiter de la gouvernance des zones au-delà de la juridiction nationale. Quand <a href="https://www.eunomia.co.uk/reports-tools/plastics-in-the-marine-environment/">80 %</a> des déchets plastiques dans l’océan sont d’origine terrestre et que <a href="https://www.ufz.de/index.php?en=36336&webc_pm=34/2017">90 %</a> proviennent de dix fleuves, d’autres insistent sur la responsabilité de tout un chacun.</p>
<p>Au-delà des communautés « d’origine » issues du monde maritime, l’humanité entière forme alors une communauté de destin dont le sort est lié à l’océan. C’est notamment le message porté depuis 2018 par <a href="http://www.catherinechabaud.fr">Catherine Chabaud</a>, navigatrice engagée, dans son appel <a href="https://oceanascommon.org">« Océan, bien commun de l’humanité »</a>.</p>
<p>Identifier et saisir ces multiples communautés d’usagers et d’intérêts, comprendre leurs rapports ainsi que leur mobilisation dans la gestion de l’océan constituent des pistes de réflexion indispensables.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/fhd2rAbQNaA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<h2>Comment éviter l’accaparement des ressources ?</h2>
<p>Les communs nous invitent aussi à dépasser la propriété privée exclusive et à réfléchir en termes de faisceaux de droits, construits en fonction des besoins. Cette grille est particulièrement prometteuse pour les ressources marines génétiques, qui peuvent être accaparées selon la logique du « premier arrivé, premier servi ». Les secteurs d’activités qu’elles attisent sont nombreux. Industries pharmaceutiques, biotechnologiques et alimentaires investissent dans la bio-prospection afin de récolter des matériaux pour développer des produits pouvant faire l’objet de licences.</p>
<p>Aujourd’hui, aucun brevet n’a été déposé sur un organisme génétique présent uniquement dans des zones au-delà de la juridiction nationale. Mais l’analyse des licences sur les ressources marines, quelle que soit leur origine, révèle d’ores et déjà des dynamiques de domination. 84 % des brevets seraient détenus sur un grand échantillon de ressources marines génétiques par des entreprises privées, et près de la moitié par le seul groupe chimique allemand <a href="https://www.basf.com/fr/fr.html">BASF</a>.</p>
<p>Protéger les ressources marines de ces phénomènes d’accaparement, c’est mettre en place un ensemble d’outils juridiques qui lient les partenaires, permettent l’accès à de l’information partagée et écartent les clauses d’exclusivité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/277590/original/file-20190603-69071-rk10p2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/277590/original/file-20190603-69071-rk10p2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/277590/original/file-20190603-69071-rk10p2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/277590/original/file-20190603-69071-rk10p2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/277590/original/file-20190603-69071-rk10p2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/277590/original/file-20190603-69071-rk10p2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/277590/original/file-20190603-69071-rk10p2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Chaîne de diatomées pennée et aquarelle. Groupe d’algues le plus riche en espèces, les diatomées produisent, via la photosynthèse, presque autant d’oxygène que les forêts tropicales.</span>
<span class="attribution"><span class="source"> Sophie Marro et Christian Sardet/Tara Oceans/CNRS/Chroniques du Plancton, aquarelle Céline Bricard</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Au-delà des États, au-delà du marché</h2>
<p>Les communs ouvrent des questions pertinentes sur la gouvernance de l’océan. Comme pour le climat, un des grands défis est de sortir des logiques <em>top-down</em> afin de mener à une mobilisation à tous les niveaux.</p>
<p>Les débats engagés à l’ONU autour de la protection de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales font écho à ces enjeux. Qui est concerné par ces biens communs planétaires ? Qui doit participer à leur gouvernance ? Comment imaginer de nouvelles modalités hybrides en commun qui traversent les échelles et mobilisent l’ensemble des acteurs ?</p>
<p>Ces questions sont ouvertes et méritent, en la journée mondiale de l’océan du 8 juin et bien au-delà, toute notre attention.</p>
<hr>
<p><em>À lire, pour aller plus loin : <a href="https://www.auventdesiles.pf/catalogue/collections/sciences-humaines/communs-et-oceans-le-rahui-en-polynesie/">« Communs et océan : le rāhui en Polynésie »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/118060/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Pollutions, surexploitations, compétitions, l’avenir de l’océan est alarmant. Alors que la journée du 8 juin lui est dédiée, apprenons des initiatives locales pour sa gestion durable.Stéphanie Leyronas, Chargée de recherche sur les communs, Agence française de développement (AFD)Janique Etienne, Chargée de mission « eaux internationales » Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM), Agence française de développement (AFD)Nadège Legroux, Doctorante AFD-SENS, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1129232019-03-09T17:23:16Z2019-03-09T17:23:16ZFin de la pêche électrique : un pas décisif vers des pratiques plus durables<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/263000/original/file-20190309-86678-ifu7r2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1192%2C892&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique. </span> <span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>En 1376, seulement six ans après son apparition, les pêcheurs de casiers envoyèrent une pétition au roi Édouard III à propos du déclin des populations de poissons engendré par un nouvel engin destructeur, le chalut qui « détruit les fleurs de la terre sous les eaux, et aussi les bancs d’huîtres, de moules et aussi les autres poissons qui servent de nourritures aux prédateurs ». </p>
<p>Ils ajoutaient que ce gâchis profitait bien peu à tous : « Par cet instrument, les pêcheurs prélèvent dans de nombreux endroits une quantité de petits poissons dont ils ne savent que faire, et ils nourrissent et engraissent leurs cochons avec, endommageant les communs et engendrant la destruction des pêcheries. » </p>
<p>Le roi décréta qu’il fallait l’utiliser en eaux profondes, mais le chalut ne fut pas interdit.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/interdiction-du-chalutage-profond-une-belle-victoire-et-quelques-concessions-62645">Interdiction du chalutage profond : une belle victoire et quelques concessions</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Surexploitation généralisée</h2>
<p>Le chalut est un filet en forme d’entonnoir, traîné par des câbles reliés au navire (appelé chalutier). Son efficacité a contribué à sa popularité dans le monde de la pêche et il permet aujourd’hui de réaliser plus de la moitié des captures mondiales des côtes, à plus de deux kilomètres de profondeur. </p>
<p>Il est également considéré comme une cause de <a href="https://www.nature.com/articles/nature11410">perturbation majeure des fonds marins</a> et de <a href="https://www.springer.com/la/book/9783319210117">destruction de la biodiversité</a>. Parfois surnommés les « bulldozers », les chalutiers opèrent sur tous les plateaux continentaux du monde, là où se développent une faune et flore particulièrement riches. Si le fond est meuble, les sédiments seront mis en suspension ; s’il est solide, les structures vivantes, telles les coraux froids ou chauds ou les herbiers, seront détruites. Des forêts animales marines incroyables de beauté et de complexité, résultant d’une vie benthique importante, sont détruites et les habitats transformés en <a href="https://www.springer.com/la/book/9783319210117">déserts sous-marins</a>.</p>
<p>Dès son introduction en tant que technique de pêche, le chalut a été perçu comme un engin de destruction de l’habitat des fonds sous-marins. Une innovation récente a encore « amélioré » l’efficacité de ces engins dans un contexte de surexploitation généralisée dans les eaux européennes : la pêche électrique. Le déploiement de cette nouvelle méthode, par ailleurs interdite dans la plupart des pays de pêche du monde (y compris en Chine) a permis depuis 2007 d’équiper les navires d’électrodes qui envoient une impulsion électrique dans le sédiment afin d’en déloger les animaux qui y vivent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261963/original/file-20190304-92292-u1wuiv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261963/original/file-20190304-92292-u1wuiv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261963/original/file-20190304-92292-u1wuiv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261963/original/file-20190304-92292-u1wuiv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261963/original/file-20190304-92292-u1wuiv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261963/original/file-20190304-92292-u1wuiv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261963/original/file-20190304-92292-u1wuiv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261964/original/file-20190304-92286-1hkluvg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261964/original/file-20190304-92286-1hkluvg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261964/original/file-20190304-92286-1hkluvg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261964/original/file-20190304-92286-1hkluvg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261964/original/file-20190304-92286-1hkluvg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261964/original/file-20190304-92286-1hkluvg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261964/original/file-20190304-92286-1hkluvg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les Pays-Bas se sont distingué ces dernières années dans cette pratique peu durable : alors qu’ils ne devraient disposer que de 14 licences de chalut électrique, ce sont dans la réalité 84 de leurs navires qui en sont pourvus. Ce regain (illégal) d’efficacité rend la compétition avec les autres pêcheurs européens déloyale. </p>
<p>Ainsi les pêcheurs français sont-ils obligés de reporter leur effort de pêche en Manche pour éviter la cessation d’activité. Ils dénoncent une méthode de pêche irresponsable aux conséquences dangereuses pour l’ensemble de l’écosystème et l’équilibre économique du secteur.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261967/original/file-20190304-92295-jpqdrp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261967/original/file-20190304-92295-jpqdrp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261967/original/file-20190304-92295-jpqdrp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261967/original/file-20190304-92295-jpqdrp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261967/original/file-20190304-92295-jpqdrp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261967/original/file-20190304-92295-jpqdrp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261967/original/file-20190304-92295-jpqdrp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261965/original/file-20190304-92304-cmpd4q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261965/original/file-20190304-92304-cmpd4q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=319&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261965/original/file-20190304-92304-cmpd4q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=319&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261965/original/file-20190304-92304-cmpd4q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=319&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261965/original/file-20190304-92304-cmpd4q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=401&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261965/original/file-20190304-92304-cmpd4q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=401&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261965/original/file-20190304-92304-cmpd4q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=401&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261966/original/file-20190304-92307-izh5by.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261966/original/file-20190304-92307-izh5by.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261966/original/file-20190304-92307-izh5by.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261966/original/file-20190304-92307-izh5by.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261966/original/file-20190304-92307-izh5by.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261966/original/file-20190304-92307-izh5by.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261966/original/file-20190304-92307-izh5by.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La fin de la pêche électrique pour 2021</h2>
<p>Après un long combat mené par <a href="http://www.bloomassociation.org/">l’ONG Bloom</a> contre cette pratique de pêche, une étape a été franchie le 13 février dernier à Strasbourg, les négociateurs représentant les trois institutions européennes (Parlement, Conseil et Commission) étant parvenus à un accord : la pêche électrique sera totalement interdite aux navires de pêche de l’Union européenne dans toutes les eaux qu’ils fréquentent, y compris en dehors de l’UE, au 30 juin 2021.</p>
<p>Cette décision devrait aider à retrouver le chemin de la durabilité pour le milieu marin, mais également pour nombre de pêcheurs, une profession en mutation qui aura bien du mal à <a href="http://www.cnrseditions.fr/sciences-de-la-terre/7517-the-ocean-revealed.html">affronter le futur</a> si elle n’évolue pas. Et cette évolution ne se fera pas en électrifiant les chaluts, mais en innovant et en investissant dans la recherche. </p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/surpeche-et-changement-climatique-la-mediterranee-et-la-mer-noire-en-premiere-ligne-111688">Surpêche et changement climatique : la Méditerranée et la mer Noire en première ligne</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>À l’heure de l’intelligence artificielle, il est grand temps que les engins de pêche, hérités d’un lointain passé lointain où les ressources semblaient infinies, s’améliorent. Il faut des engins capables de prélever sans détruire les espèces non désirées, protégées, ou encore les habitats et les forêts animales marines. Au Canada, la pêche à la morue se pratique par exemple dans certaines zones à l’aide de casiers, ce qui ne produit aucun rejet, aucun impact sur les habitats et des revenus améliorés pour les pêcheurs. </p>
<p>La promotion des pêches artisanales, économes en énergie fossile, respectueuses de la biodiversité et des habitats marins doit devenir une priorité. Une alimentation de la mer durable dans des écosystèmes marins protégés et en bonne santé sera l’enjeu des dix prochaines années.</p>
<hr>
<p><em>Retrouvez l’intégralité de la BD de Capucine Dupuy et Terreur graphique sur <a href="http://www.bloomassociation.org/bd">le site de l’association Bloom</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112923/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Cury ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La promotion des pêches artisanales, plus respectueuses de la biodiversité et des habitats marins, doit devenir une priorité.Philippe Cury, Senior research scientist, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1116882019-02-21T23:11:12Z2019-02-21T23:11:12ZSurpêche et changement climatique : la Méditerranée et la mer Noire en première ligne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/260186/original/file-20190221-195873-ka8dza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vente de sardines sur le Vieux-Port, à Marseille en 2014. </span> <span class="attribution"><span class="source">Sylvie Bredeloup/IRD</span></span></figcaption></figure><p><em>À l’occasion des <a href="https://www.ird.fr/contenu/lird-celebre-ses-75-ans">75 ans de l’Institut de recherche pour le développement</a> (IRD), nous publierons tout au long de l’année une série d’articles mettant en avant les travaux des scientifiques dans le domaine de la « science de la durabilité ». Ou comment la recherche peut contribuer à un développement aussi durable que possible. Cet article copublié avec la <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/">Fondation pour la recherche sur la biodiversité</a>.</em></p>
<hr>
<p>À mesure que les émissions de gaz à effet de serre augmentent, les températures des océans augmentent de concert. Du plancton aux oiseaux, en passant par les poissons, ce phénomène modifie significativement toutes les composantes des écosystèmes marins.</p>
<p>Un des effets les plus documentés de ce réchauffement concerne la migration des espèces vers les pôles : elle se traduit par une diminution de la biodiversité marine dans la zone intertropicale. Mais de nombreux autres facteurs influent sur les communautés d’espèces, comme leur exploitation non durable par la pêche, par exemple.</p>
<p>La surexploitation est responsable d’impacts négatifs sur les populations de poissons, dont la diminution d’abondance peut avoir une incidence négative sur les oiseaux marins, comme le montrent plusieurs études (en <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00056/16770/14307.pdf">2011</a> et en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960982218314180">2018</a> par exemple).</p>
<p>Une proportion croissante des populations de poissons – un tiers des populations pêchées en 2015 – est ainsi surexploitée, tandis que 60 % sont exploitées à leur maximum de production, selon les <a href="http://www.fao.org/3/i9540fr/I9540FR.pdf">données</a> les plus récentes de la FAO ; seules 7 % des populations sont sous-exploitées.</p>
<p>Or, l’océan reste une source essentielle d’approvisionnement en protéines pour des millions de personnes dans le monde, en particulier dans les pays en développement et dans les petits États insulaires. Au cours des six dernières décennies, la consommation mondiale de poissons a augmenté plus rapidement que la croissance démographique humaine, et plus rapidement que la consommation de viande.</p>
<h2>Des scénarios pour les écosystèmes marins</h2>
<p>Selon les projections de la FAO et de l’OCDE, la pression de la demande en poissons <a href="http://www.fao.org/3/I9705EN/i9705en.pdf">ne fera qu’augmenter</a> à l’horizon 2030. Il est donc critique de réussir à mettre en place une gestion soutenable des pêches, notamment parce que les impacts négatifs du changement climatique rendent la tâche encore plus complexe : certains modèles prévoient ainsi une diminution de la biomasse des poissons allant <a href="https://www.biorxiv.org/content/early/2018/11/09/467175">jusqu’à 25 %</a> d’ici la fin du siècle, si les émissions de gaz à effet de serre devaient s’intensifier.</p>
<p>Pour estimer les impacts des changements climatiques combinés à ceux des pratiques de pêche actuelles, une équipe de scientifiques dont je fais partie <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304380017302661">a étudié neuf écosystèmes</a> marins à l’échelle mondiale, pour lesquels des modélisations de pointe ont pu être développées à haute résolution.</p>
<p>Notre équipe a utilisé ces modèles pour chaque écosystème, et les a utilisés comme autant de laboratoires d’expérimentations virtuelles permettant de tester les impacts de différents scénarios combinés de changement climatique et de pêche.</p>
<p>L’objectif de cette étude est d’apporter un éclairage scientifique à la prise de décisions afin d’adapter les politiques de gestion des pêches au changement climatique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Surveillance des débarquements la pêche industrielle aux Seychelles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thibaut Vergoz/IRD</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Effets en cascade</h2>
<p>Ces recherches pionnières permettent d’étudier des phénomènes extrêmement difficiles à anticiper : en raison des multiples effets en cascade et des rétroactions possibles entre les espèces d’un même écosystème, les effets conjugués du climat et de la pêche sont au premier abord incertains.</p>
<p>Par exemple, si le changement climatique réduit l’abondance des petits « poissons-fourrages », qui nourrissent des prédateurs, et que ces prédateurs sont eux-mêmes des cibles de la pêche, comment les différentes populations vont-elles être impactées ?</p>
<p>Les interactions entre les espèces peuvent, selon les cas, amplifier les effets négatifs de la pêche et du climat, les atténuer ou, au contraire, produire des effets antagonistes, créant de véritables « surprises écologiques ». L’effondrement de la population de sardines au large de la Namibie et son remplacement par des méduses et des gobies est un exemple tristement célèbre d’impacts non anticipés de la surexploitation et du changement climatique (voir à ce sujet deux études, parues en <a href="http://science.sciencemag.org/content/329/5989/333">2010</a> et <a href="https://www.ingentaconnect.com/content/umrsmas/bullmar/2013/00000089/00000001/art00013%3bjsessionid=2p0o9cuikhp45.x-ic-live-02">2013</a>).</p>
<h2>Trois zones très vulnérables</h2>
<p>Il ressort de notre étude comparative qu’il faut s’attendre à davantage de synergies négatives entre la pêche et le changement climatique, notamment dans trois écosystèmes (sur les neuf modélisés) : à savoir, la mer Noire, la Méditerranée et la zone du courant de Benguela, au large de l’Afrique du Sud.</p>
<p>Selon la dernière évaluation de la FAO, la mer Noire et la Méditerranée sont les régions maritimes les plus surexploitées au monde, avec un taux record de 62 % de stocks surexploités. Dans ces deux régions, il est à prévoir que l’état de la biodiversité se dégrade davantage avec le changement climatique, si des mesures de gestion ne tentent pas de changer de cap, notamment en réduisant la pression de pêche.</p>
<p>Dans le Benguela sud, la situation est sensiblement différente. Si la gestion des pêches est davantage précautionneuse dans le cadre d’une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0079661110001205">approche écosystémique</a> des pêches, les impacts du changement climatique et de la pêche diffèrent grandement selon les zones et peuvent créer des situations de surexploitation locale.</p>
<p>En effet, le changement climatique induit depuis plus d’une décennie un déplacement progressif des stocks de petits poissons pélagiques (sardines, anchois) vers l’est de la côte sud-africaine. Et dès à présent, on constate des signes d’épuisement local de ces poissons dans la région du Cap, à l’ouest du pays où, historiquement, les pêcheries de petits pélagiques étaient concentrées. Ces déplacements d’espèces ont des conséquences sur le reste de l’écosystème marin, en particulier sur leurs prédateurs. Ainsi, les populations d’oiseaux, notamment les Fous du Cap et les <a href="https://theconversation.com/young-african-penguins-are-dying-because-they-cant-find-the-fish-they-need-72613">manchots du Cap</a>, s’amenuisent de manière inquiétante.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1090236828878364672"}"></div></p>
<h2>Des effets différents selon les poissons</h2>
<p>Les multiples scénarios que nous avons étudiés dans le cadre de notre projet de recherche montrent des sensibilités différentes des poissons, selon leur place dans l’écosystème, aux effets combinés de la pêche et du climat.</p>
<p>Dans le contexte du changement climatique, les gestionnaires des pêches risquent d’avoir davantage de difficultés à restaurer les stocks surexploités de grands poissons démersaux (vivant au-dessus du fond des mers), tels que la morue ou le merlu, comparativement aux petits poissons pélagiques. Les mesures de gestion visant à la diminution de la pression de pêche sur ces grandes espèces de poissons prédateurs risquent de ne pas atteindre le niveau d’effets positifs attendus.</p>
<p>Ce phénomène s’est produit notamment dans l’un des écosystèmes de notre étude, dans l’est de la Nouvelle-Écosse, au Canada : l’effondrement de la morue et d’autres démersaux constaté au début des années 1990 s’est <a href="http://www.dfo-mpo.gc.ca/Library/324232.pdf">inscrit durablement dans le temps</a> malgré la fermeture de la pêche démersale. On peut aussi citer l’écosystème du Humboldt, au large du Pérou, avec une population de merlus qui ne parvient pas à s’accroître à nouveau malgré un moratoire de 2 ans entre 2002 et 2004. Cet arrêt de la pêche s’est révélé <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S092479630700190X?via%3Dihub">trop court</a> pour produire des résultats probants sur la restauration du stock, avec la conjonction de conditions environnementales <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924796308002960">non favorables</a>.</p>
<p>Pour les petits poissons pélagiques, les synergies négatives entre le changement climatique et la surexploitation augmentent leur risque d’effondrement. Leur position dans la chaîne alimentaire et les écosystèmes les rend très sensibles à un grand nombre de perturbations. Pourtant, on a longtemps considéré que les petits pélagiques étaient résistants à la surexploitation, mais de nombreux exemples d’effondrement de stocks rapportés dans différentes mers du monde remettent en cause cette idée.</p>
<p>Citons ici encore le cas célèbre de la sardine de la côte Namibienne, ou celui de l’anchois de la mer Noire dont l’abondance a <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2017.00110/full">lourdement chuté</a> au tournant des années 1990 du fait notamment de la surpêche. Plus proche de nous, en France, la pêche à l’anchois dans le Golfe de Gascogne a dû cesser entre 2005 et 2010, le temps que la biomasse retrouve un niveau suffisant.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Banc de thons à nageoires jaunes dans l’océan Indien.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marc Taquet/IRD/Ifremer/</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Réviser les politiques de pêche</h2>
<p>À la lumière des résultats de nos travaux, les mesures de restauration des stocks de poissons, qui incluent la baisse de l’effort de pêche, l’instauration d’aires marines protégées ou la mise en place de moratoires saisonniers ou pluriannuels de pêche, doivent être révisées dans le contexte du changement climatique qui interagit avec les impacts de la pêche.</p>
<p>À l’aune du changement climatique, certains principes de précaution concernant les politiques de pêche pourraient ainsi être établis, s’appuyant sur les deux résultats suivants :</p>
<ul>
<li><p>Quelle que soit la stratégie de pêche considérée dans cette étude, les risques de synergies négatives avec le changement climatique sont plus importants pour les espèces à la base de la chaîne alimentaire, que sont les petits pélagiques. Cela signifie qu’en augmentant l’effort de pêche sur ces poissons, il faut s’attendre à des impacts négatifs plus prononcés que ceux prévus par les modèles classiquement utilisés en gestion des stocks de poissons.</p></li>
<li><p>Lorsque des mesures spécifiques sont mises en place pour réduire l’impact de la pêche sur les espèces au sommet de la chaîne alimentaire que sont les grands démersaux, il faut s’attendre à une reconstruction des stocks plus lente que prévu par les modèles classiques.</p></li>
</ul>
<hr>
<p><em>Pour aller plus loin : <a href="https://lemag.ird.fr/fr">lemag.ird.fr</a>. Hélène Soubelet, Jean‑François Silvain, Hugo Dugast, Julie de Bouville, de la <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/">FRB</a>, et Agnès Hallosserie, de l’<a href="https://www.ipbes.net/">IPBES</a>, ont participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111688/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yunne Shin a reçu des financements de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). </span></em></p>Comment évaluer pour les prévenir les effets conjugués de la hausse des températures et des pratiques de pêche non durables ? Un projet de recherche a identifié des zones particulièrement vulnérables.Yunne Shin, Chercheuse en écologie marine, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/616562016-06-27T20:39:31Z2016-06-27T20:39:31ZCalamars, pieuvres et seiches : pourquoi leur nombre ne cesse d’augmenter<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/128358/original/image-20160627-28354-1bym7fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C3%2C668%2C427&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les calamars, à l’image des autres céphalopodes, sont de plus en plus nombreux à peupler les océans. </span> <span class="attribution"><span class="source">Kristina Vackova/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les populations de calamars, seiches et pieuvres connaissent une véritable explosion de par le monde. Ces créatures à la croissance rapide et aux grandes capacités d’adaptation sont parfaitement équipées pour faire face aux ruptures induites par les effets les plus marqués du changement climatique et de la surpêche. C’est ce que révèlent des travaux que mes collègues et moi-même avons récemment rendus publics dans la revue <a href="http://www.sciencedirect.com/science/journal/09609822"><em>Current Biology</em></a>.</p>
<p>Les hommes ont fortement entamé, et dans bien des cas épuisé, les ressources d’une pêche durable pour satisfaire les besoins alimentaires d’une population mondiale toujours plus dense. Si l’on se place du point de vue de la chaîne alimentaire, nous avons tendance à capturer en premier lieu les plus grands prédateurs <a href="http://science.sciencemag.org/content/279/5352/860">et, ensuite, les autres espèces</a>. Les pêcheurs ont ainsi visé les requins, les thons et les baleines, puis les poissons de taille moyenne comme les cabillauds, merlus et flétans qui vivent en général longtemps et ont une croissance lente.</p>
<p>L’espace vacant laissé par les poissons surpêchés peut être occupé par d’autres espèces, tout particulièrement les animaux qui prolifèrent rapidement, en tête desquels se trouvent les céphalopodes. Calamars, seiches et pieuvres évoluent sur une « voie rapide » : leur croissance est brève et leur durée de vie dure, en général, un ou deux ans. Ils pondent beaucoup d’œufs et ceux-ci présentent des taux de mortalité <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/book/10.1002/9780470995310">relativement bas</a> : les femelles pieuvres veillent patiemment au développement de leur progéniture tandis que les embryons de calamars sont protégés par une muqueuse protectrice. Ces caractéristiques permettent aux céphalopodes de s’adapter rapidement aux changements de leur environnement ; c’est ce qui s’est produit ces dernières décennies.</p>
<h2>Compter les céphalopodes</h2>
<p>Ces espèces demeurent mystérieuses et il est notoirement difficile de les compter. Pour avoir une idée juste et globale de leur abondance, nous nous sommes penchés sur les « taux de prises » – le nombre d’individus capturés par bateau – sur les soixante dernières années. Nous avons eu recours à un large ensemble de données portant sur 35 espèces différentes (dont 52 % de calamars, 31 % de pieuvres et 17 % de seiches) en provenance des principales zones océaniques. La plupart représentaient des espèces cibles pour les pêcheurs, les autres étant non recherchées ou constituant des prises accidentelles. Nous avons utilisé les données des pêcheries de même que celles de recherches particulières.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123797/original/image-20160524-25226-mh252c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les céphalopodes prospèrent en temps de surpêche.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/oceanexplorergov/11195946184/">NOAA Ocean Explorer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au cours de toutes nos travaux, nous avons mis à jour un accroissement réel et statistiquement significatif des populations de céphalopodes. Les calamars des grandes profondeurs et les seiches dont l’existence est plutôt statique prospèrent, de même que les calamars qui se déplacent au-dessus des fonds marins et ceux qui parcourent des milliers de kilomètres, de leurs zones de reproduction aux sites où ils trouvent leur nourriture. À l’heure où la biodiversité marine est <a href="http://science.sciencemag.org/content/347/6219/1255641">clairement menacée</a>, les céphalopodes semblent connaître un épanouissement inédit.</p>
<h2>Les changements climatiques et le boom des populations</h2>
<p>Le « calamar géant » constitue l’un des exemples les plus flagrants de ce phénomène. Aussi connu sous le nom de « calamar de Humboldt », il pèse en général de 1 à 2 kilos et son cycle de vie s’étale sur une année. On le rencontre dans les eaux chaudes du Pacifique Est où il a permis l’émergence d’une activité de pêche à petite échelle au Mexique, au Chili et <a href="https://www.sprfmo.int/assets/Meetings/Meetings-2013-plus/SC-Meetings/3rd-SC-Meeting-2015/Papers/SC-03-27-Biological-and-fishery-aspects-of-the-jumbo-squid-in-the-Peruvian-Humboldt-current.pdf">au Pérou</a>.</p>
<p>Mais un épisode de chaleur lié au phénomène El Niño suivit d’une saison froide causée par La Niña, retarde leur maturation et leur permet ainsi de vivre une année supplémentaire : leur cycle de vie atteint alors les deux ans. Au cours de cette seconde année, ils poursuivent leur croissance rapide pour atteindre à terme des tailles beaucoup importantes qu’à la normale. De fait, ces phénomènes climatiques ont permis l’émergence de vastes groupes d’animaux connaissant un cycle de vie allongé. Ils peuvent ainsi peser <a href="http://www.nrcresearchpress.com/doi/abs/10.1139/cjfas-2014-0386">entre 25 et 40 kilos</a>, soit 10 fois leur taille normale.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123796/original/image-20160524-25209-1svw1q2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un « calamar géant » de 24 kilos capturé au large des côtes californiennes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Giant_Homboldt_squid.jpg">Fish guy</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À la suite des épisodes El Niño/La-Niña de 1997 à 2000, ces calamars ont commencé à remonter le <a href="http://www.pnas.org/content/104/31/12948.abstract">long de la côte pacifique</a> vers le nord de la Californie ; ils ont atteint l’Alaska, ce qui a permis le développement actuel des plus importantes pêcheries de céphalopodes au monde. Les prises annuelles vont de <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/23308249.2015.1026226">600 000 à un million de tonnes</a>, ce qui constitue aujourd’hui une source de revenus très importante pour les communautés de ces zones du Pacifique.</p>
<p>Mais comme le passage du cycle de vie de ces calamars géants sur une ou deux année se fait en fonction de la température de l’eau ambiante, un autre épisode marqué d’El Niño pourrait mettre un terme à l’existence de ces animaux, les nouvelles populations retrouvant la taille moyenne de l’espèce. C’est d’ailleurs ce qui s’est récemment produit dans le <a href="http://www.livescience.com/17088-vanishing-humboldt-squid.html">golfe de Californie</a> au Mexique, mettant en grande difficulté les pêcheries locales ; et cela pourrait également arriver au Pérou et au Chili, des régions où l’on a connu ces derniers mois un épisode puissant d’El Niño.</p>
<h2>La planète des pieuvres ?</h2>
<p>L’explosion du nombre de calamars, seiches et pieuvres aura des conséquences intéressantes, à la fois pour leurs propres écosystèmes et pour les communautés humaines. D’un côté, ce phénomène pourrait être bénéfique aux requins et autres gros poissons qui dépendent de ces espèces pour se nourrir et de même s’avérer profitable à certains pêcheurs.</p>
<p>Les populations de céphalopodes sont cependant beaucoup moins stables que les poissons aux cycles de vie plus longs. Celles-ci connaissent généralement des phases successives d’expansion et de récession, leur biomasse <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0967064512000896">variant</a> grandement d’une année à l’autre ; cela rend toute prévision à leur sujet très délicate. Les revenus tirés de leur pêche sont donc tributaires de ces changements ; les risques économiques et ceux liés à la conservation des espèces se trouvent en outre souvent aggravés par le manque de coopération de communication entre les différents acteurs de l’industrie de la pêche.</p>
<p>À l’heure où les pêcheries s’intéressent toujours davantage aux céphalopodes, il devient crucial de bien gérer ces ressources pour leur éviter de connaître le même sort que de nombreuses espèces de poissons dont les stocks ont dramatiquement fondu.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61656/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexander Arkhipkin est membre du service des pêches des Îles Malouines.
</span></em></p>Si nombre de poissons victimes de la surpêche se font rares dans les océans, les céphalopodes, eux, prospèrent. De récents travaux nous permettent de mieux comprendre cette situation inédite.Alexander Arkhipkin, Honorary Research Fellow, School of Biological Sciences, University of AberdeenLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/605172016-06-14T04:40:22Z2016-06-14T04:40:22ZÉconomie bleue en Afrique : comment valoriser la richesse maritime<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/126179/original/image-20160610-29203-eiu4ga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1364&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les Seychelles, un des champions de l’économie bleue. </span> <span class="attribution"><span class="source">flickr</span></span></figcaption></figure><p><em>Second temps de notre mini-série sur les enjeux de « l’économie bleue » pour les pays africains. Aujourd’hui, les différentes stratégies continentales et nationales développées autour des richesses maritimes.</em></p>
<p>Sur le plan continental, l’<a href="http://au.int/en/">Union africaine</a> a conçu dès 2012 une <a href="http://bit.ly/1ssKjUD">stratégie maritime</a> intégrée qu’elle souhaite mettre en place d’ici à 2050. Concrètement, l’UA préconise la création d’un Centre africain pour l’économie bleue (ACBE) d’ici à 2023 et la création d’un guichet pour la promotion du secteur maritime au niveau de la Banque africaine d’investissement pour 2025.</p>
<p>L’Union africaine a également instauré lors de la <a href="http://summits.au.int/ar/sites/default/files/Media%20accreditation%20en%20ligne%2025%C3%A8me%20Sommet%20-17-04-15.pdf">Conférence</a> des chefs d’État et de gouvernement de Johannesburg de juin 2015, une « Journée africaine des mers et des océans » à célébrer chaque 25 juillet.</p>
<p>La croissance bleue pourrait se matérialiser par le développement de l’énergie marine, l’écotourisme, la modernisation des installations et de la gestion portuaire, la mise en valeur via la collaboration avec les populations autochtones de services de transports locaux et de fret, ou encore la création d’entreprises de pêche.</p>
<h2>Encadrer et protéger</h2>
<p>D’autres organisations, comme la Commission de l’Océan Indien (COI) et la Zone de paix et coopération de l’Atlantique Sud (ZOPACAS) se sont également emparées du sujet. La COI a ainsi établi, en avril 2015 à la suite d’une conférence régionale à Madagascar, une <a href="http://commissionoceanindien.org/fileadmin/resources/COPL012015/Point%203.2%20Annexe%201%20Note%20conceptuelle%20sur%20l%E2%80%99economie%20bleue.pdf">note</a> identifiant l’économie bleue à un « levier d’une croissance durable et innovante pour l’<a href="https://oceanindien.revues.org/1881">Indianocéanie</a> ».</p>
<p>La ZOPACAS et ses 24 membres, dont 21 États africains, a élaboré <a href="http://www.uneca.org/sites/default/files/PublicationFiles/blueeco-policy-handbook_fre.pdf">diverses stratégies</a> relatives à l’économie bleue afin d’encadrer juridiquement les ressources énergétiques marines et de protéger les écosystèmes fragiles, par la limitation de la pêche de fond par exemple. Il apparaît que le secteur de la pêche est <a href="http://www.uneca.org/fr/stories/leconomie-bleue-cest-lavenir-de-lafrique">plus productif</a> de 26 % en Tanzanie, de 150 % en Ouganda et de plus de 500 % à Madagascar au regard de la moyenne observée sur le continent.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/126184/original/image-20160610-29216-4mhjsi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/126184/original/image-20160610-29216-4mhjsi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/126184/original/image-20160610-29216-4mhjsi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/126184/original/image-20160610-29216-4mhjsi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/126184/original/image-20160610-29216-4mhjsi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1139&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/126184/original/image-20160610-29216-4mhjsi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1139&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/126184/original/image-20160610-29216-4mhjsi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1139&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">De retour de la pêche en Guinée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/julien_harneis/5526417719/in/photolist-9qmks8-8wLFxa-isNnX8-cNFsy3-a4Uk1Q-4SHbcE-7Spvmi-8QvZV4-8dhFqD-pY4Sku-cXrVfG-pHNoic-cACZej-qhSHkx-7xDntq-6WocG8-b8qzTi-6qa5o7-e4sRjY-crYC8o-9rPydx-pHQkGj-q8Ffvb-cXs1hA-pHM2mA-tZ2Xk-ap1ZKS-9bKoag-8JNhLc-8JNbHx-5SzCfD-gzyCj-e9rLfT-7etXFh-pH5Yec-5NYqjh-nPcZ9X-9cdfRA-pZZKAZ-cXs9Nh-dKKKQb-p3HkLt-cFxUv7-cXrX9m-bo3JAU-hXV447-pH2kt6-cXs43w-5Qy2va-hhkXK">Julien Harneis/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les stratégies des États sur le long terme devraient permettre l’insertion sociale de certaines catégories de populations vulnérables comme les jeunes et les femmes. En <a href="http://www.fao.org/docrep/016/i2727f/i2727f.pdf">Afrique de l’Ouest</a>, par exemple, ces dernières vendent près de 80 % des produits de la mer. La conférence de Luanda (Angola) en mars 2015 a été dans le même sens en s’intéressant à « l’<a href="http://agenda2063.au.int/en/events/1st-continental-conference-empowerment-african-women-maritime-luanda-angola">emploi des femmes africaines dans le secteur maritime</a> » ; il s’agit là d’une première pour le continent.</p>
<h2>Des stratégies nationales</h2>
<p>Les Seychelles se défissent comme les « <a href="http://www.unmultimedia.org/radio/french/2015/11/escale-seychelles/">pionniers de l’économie bleue en Afrique</a> », avec un <a href="http://www.mfa.gov.sc/static.php?content_id=36&news_id=967">programme</a> en six points concernant la pêche et l’aquaculture, le tourisme, les énergies renouvelables, le transport maritime, les ressources minérales et la sécurité maritime.</p>
<p>L’Afrique du Sud a pour sa part élaboré le projet <a href="http://www.operationphakisa.gov.za/operations/oel/pages/default.aspx">« Phakisa »</a> (« presser le pas » en sesotho) visant à libérer le potentiel économique des océans qui l’entourent en développant prioritairement : les activités de transports et de fabrications marines, l’exploration pétrolière et gazière en mer, l’aquaculture et les services de protection marine ainsi que la gouvernance maritime.</p>
<p>Mentionnons également des projets de <a href="http://www.operationphakisa.gov.za/operations/oel/pages/default.aspx">« carbone bleu »</a> (le dioxyde de carbone stocké dans les océans) à Madagascar et au Kenya. Le Kenya a d’ailleurs fait <a href="http://www.standardmedia.co.ke/article/2000166349/kenyan-eyeing-global-maritime-seat-to-promote-blue-economy">campagne</a> en 2015 pour occuper le secrétariat général de l’Organisation maritime internationale (OMI), menant à cette occasion une forte promotion de sa <a href="http://www.iora.net/media/158289/statement_from_kenya.pdf">politique économique bleue</a> via l’écotourisme et la gestion des loisirs et de l’environnement en milieu marin et corallien.</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/131638557" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p><em>Un exemple de projet de « carbone bleu » dans une mangrove malgache.</em><br></p>
<p>En Afrique de l’Ouest, des pays comme le Togo ou le Sénégal ont adopté des stratégies pour instaurer <a href="http://www.republicoftogo.com/Toutes-les-rubriques/Diplomatie/L-economie-bleue-pour-developper-l-Afrique">« une économie bleue durable, version marine de l’économie verte »</a> ; le Togo accueillera le prochain <a href="http://www.sommetdelome.org/">Sommet de Lomé</a> en octobre 2016 avec pour objectif l’adoption de la Charte africaine sur la sécurité marine ; pour le Sénégal, il s’agira de mettre sur pied une <a href="http://www.jo.gouv.sn/spip.php?article4968">Haute Autorité</a> » chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l’environnement marin (HASSMAR). Madagascar se penche de son côté sur un <a href="http://www.transport.gov.mg/wp-content/pdf/Port-echo-3.pdf">projet d’extension du port de Toamasina</a>.</p>
<p>Il est à souhaiter que le continent devienne bien plus qu’un simple exportateur de ressources naturelles ; il s’agit désormais d’être capable de produire des biens à valeur ajoutée et d’initier un développement qui dépasse des conceptions classiques en parvenant à conserver et exploiter de <a href="http://www.unric.org/fr/actualite/3692-odd-14--conserver-et-exploiter-de-maniere-durable-les-oceans-les-mers-et-les-ressources-marines-aux-fins-du-developpement-durable">manière durable</a> les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.</p>
<p>Dans une perspective africaine, il apparaît essentiel de « changer de paradigme » pour conserver les ressources marines à destination des générations futures en établissant des cadres de gestion et de transformation ; cela passe également, comme on l’a vu <a href="https://theconversation.com/economie-bleue-en-afrique-1-des-ressources-naturelles-tres-disputees-59506">dans notre premier article</a>, par le retrait des prédateurs internationaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60517/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Abdou Hassan est membre de l’Institut de recherche et d’enseignement sur la paix en Afrique (Thinking Africa).</span></em></p>Les États africains multiplient les initiatives continentales et nationales pour développer le secteur de l’économie maritime de manière durable.Adam Abdou Hassan, Enseignant chercheur, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/595062016-06-13T04:46:40Z2016-06-13T04:46:40ZÉconomie bleue en Afrique : des ressources naturelles très disputées<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/126154/original/image-20160610-29238-1ejtafa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En Somalie, un homme transporte ses marlins vers le marché de Mogadiscio. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/au_unistphotostream/8571826320/in/photolist-e4sRjY-crYC8o-9rPydx-q8Ffvb-cXs1hA-tZ2Xk-ap1ZKS-9bKoag-e9rLfT-5Qy2va-cXs9Nh-dKKKQb-cXrX9m-bo3JAU-hXV447-cXs43w-cNFsy3-a4Uk1Q-4SHbcE-pY4Sku-pHNoic-7xDntq-6qa5o7-pHQkGj-8JNbHx-8JNhLc-pHM2mA-5SzCfD-gzyCj-7etXFh-pH5Yec-5NYqjh-nPcZ9X-9cdfRA-pZZKAZ-p3HkLt-cFxUv7-pH2kt6-7yQ5sS-F9R8xx-71Xuwu-cXrcsy-a4Ru2Z-5Qa5g8-7yLikx-cXrLMb-3mkeoH-8P3MDh-cXshU9-5QC7Rf">AMISOM Public Information</a></span></figcaption></figure><p><em>Premier article de notre mini-série sur les enjeux de « l’économie bleue » pour les pays africains. Aujourd’hui, le poids des ressources maritimes pour le continent.</em></p>
<p>L’économie bleue est <a href="https://www.cairn.info/revue-esprit-2013-6-page-40.htm">au cœur de la mondialisation</a> : 90 % des échanges commerciaux entre les États s’effectuent par voie maritime et 95 % des communications mondiales s’opèrent par des réseaux sous-marins. L’économie bleue regroupe toutes les activités économiques menées dans les fleuves, les lacs, les berges, les rivages, les cours d’eau, les nappes souterraines, les eaux douces, les fonds marins, les mers, les océans etc.</p>
<p>Mais l’économie bleue, comme le souligne <a href="http://commissionoceanindien.org/fileadmin/resources/COPL012015/Point%203.2%20Annexe%201%20Note%20conceptuelle%20sur%20l%E2%80%99economie%20bleue.pdf">Günter Pauli</a>, renvoie aussi aux modèles de production des écosystèmes et de la résilience. Elle est ainsi axée sur l’entreprenariat social, favorisant un développement soucieux de l’environnement par la restriction des pertes et des émissions de carbone, les productions à faible coût favorisant emploi et croissance durables ; l’économie bleue se concrétise principalement avec l’aquaculture, la mariculture, les activités portuaires, l’écotourisme côtier, l’énergie bleue, les bioproduits marins ou encore la biotechnologie.</p>
<p>Domaine largement méconnu, ignoré ou sous-exploité, l’économie bleue peut être un robuste levier de développement pour le continent africain. L’Union africaine (UA) n’a pas manqué d’identifier cette opportunité : dans son <a href="http://agenda2063.au.int/fr/">agenda 2063</a>, elle la classe dans les « objectifs et domaines prioritaires des dix prochaines années », pointant l’exploitation de son vaste potentiel comme la première aspiration d’une « Afrique prospère ». La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) s’associe à cette vision, puisqu’elle voit dans l’économie bleue, tout comme le vice-président des Seychelles, Danny Faure, <a href="http://www.uneca.org/fr/stories/leconomie-bleue-cest-lavenir-de-lafrique">« l’avenir de l’Afrique »</a>. L’économie bleue pourrait devenir un véritable <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2005/03/A/12122">« or bleu »</a>.</p>
<p>Mais que représente-t-elle aujourd’hui en Afrique ? Profite-t-elle aux économies du continent ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/126162/original/image-20160610-29222-rcy5n7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/126162/original/image-20160610-29222-rcy5n7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/126162/original/image-20160610-29222-rcy5n7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/126162/original/image-20160610-29222-rcy5n7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/126162/original/image-20160610-29222-rcy5n7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/126162/original/image-20160610-29222-rcy5n7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/126162/original/image-20160610-29222-rcy5n7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Retour de pêche à Nouakchott, en Mauritanie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/m1key-me/14675718065/in/photolist-upnU2Y-ohSLQo-8dv2VY-7ahGu7-5NXA5E-aeouQa-omQTFP-isg4ih-qB4Ehd-nUJcU5-6NoGqD-pfM3vV-hTCevV-pY54uU-p4o5nq-EKJTh-skfCgq-e6bFFb-de3J4r-DTjeV-pbk2s8-auPYRt-6Uawmm-4vku23-oxyR9A-gkB1PX-9znhab-9qmks8-8wLFxa-isNnX8-cNFsy3-a4Uk1Q-4SHbcE-7Spvmi-8QvZV4-8dhFqD-pY4Sku-cXrVfG-pHNoic-cACZej-qhSHkx-7xDntq-6WocG8-b8qzTi-6qa5o7-e4sRjY-crYC8o-9rPydx-pHQkGj-q8Ffvb/">Michał Huniewicz/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une importance stratégique</h2>
<p>La dimension stratégique de l’économie bleue est une évidence pour l’Afrique. C’est d’ailleurs ce qui a poussé la CEA a publié en mars 2016 un <a href="http://www.uneca.org/sites/default/files/PublicationFiles/blueeco-policy-handbook_fre.pdf">« guide pratique »</a> sur le sujet qui s’inscrit dans la lignée de l’Agenda 2063 de l’UA.</p>
<p>On y apprend que sur les 54 États africains, 38 sont des pays côtiers et que plus de 90 % des exportations et importations africaines passent par la mer. Les eaux territoriales sous juridiction des États africains se déploient sur 13 millions de km² avec un plateau continental d’environ 6,5 millions de km² comprenant des zones économique exclusives (ZEE).</p>
<p>Il existe ainsi <a href="http://www.uneca.org/fr/publications/l%E2%80%99%C3%A9conomie-bleue-en-afrique-guide-pratique">« autre Afrique sous la mer »</a> pour reprendre l’expression de Carlos Lopes, et l’économie bleue devrait permettre selon l’UA d’établir une « nouvelle frontière de la renaissance de l’Afrique ».</p>
<p>S’il subsiste encore entre les États des problèmes relatifs à la <a href="http://www.peaceau.org/uploads/au2013-fr-delim-et-demarc-des-frontieres-en-afrique-consid-et-etudes-elec.pdf">délimitation et à la démarcation des frontières maritimes</a>, le secteur d’activité de la pêche emploie près de 12,3 millions d’Africains avec des perspectives qui se comptabilisent en milliards concernant la <a href="http://www.fao.org/3/a-i3917f.pdf">valeur des pêches locales</a>.</p>
<p>Le potentiel de l’économie bleue peut résorber la question nutritionnelle et la sécurité alimentaire de près de 200 millions d’Africains par « l’apport vital » des poissons de mer et d’eau douce considérablement sous-exploités. Avec une approche endogène, holistique et collaborative, l’on peut établir les fondements d’une « politique de développement bleu » qui associerait le changement climatique et un développement durable. Le continent bénéficie ainsi de gigantesques ressources maritimes et océaniques. Toutefois, nombre d’acteurs extérieurs menacent cette politique de développement.</p>
<h2>La menace de la pêche illégale</h2>
<p>Si des phénomènes naturels (comme l’augmentation du niveau des mers ou les ouragans) et humains (de la piraterie aux trafics d’armes et d’êtres humains) entravent les activités économiques bleues, l’une des menaces les plus importantes provient de la pêche illégale.</p>
<p>Se basant sur les flux financiers entrant et sortant d’Afrique, la <a href="http://www.uneca.org/sites/default/files/PublicationFiles/blue_economy_policy_handbook_fre.pdf">CEA</a> établit que, chaque année, l’Afrique perd 42 milliards de dollars en combinant notamment les revenus tirés de la pêche illégale et de l’exploitation clandestine de la forêt.</p>
<p>Le « <a href="http://www.grip.org/sites/grip.org/files/DESIGN/ACTUALITES/claire_kupper_notre_afrik_ndeg_48_octobre_2014.pdf">pillage industriel de l’économie bleue</a> » africaine par des navires européens, asiatiques et russes est une réalité. En <a href="http://www.grip.org/sites/grip.org/files/NOTES_ANALYSE/2014/NA_2014-08-04_FR_P-GUIBBAUD.pdf">Afrique de l’Ouest</a>, la perte économique est estimée entre 800 millions et 1,6 milliard de dollars par an.</p>
<p>La pêche illicite, non déclarée et non règlementée, est à l’origine de la paupérisation de la population et des mouvements de déplacements vers d’autres pays. Cette situation s’explique pour <a href="http://www.thinkingafrica.org/V2/portfolio/economie-bleue-et-pillage-des-ressources-halieutiques-en-afrique-kombe/">Jean-François Akandji-Kombé</a> par le fait que :</p>
<blockquote>
<p>[considérer] la mer comme un territoire économique est une nouveauté en Afrique. Parce que l’Afrique n’ayant pas eu, pendant très longtemps, les moyens d’exploiter la mer, les moyens d’abord de pouvoir politiquement dominer la mer, les États et peuples africains n’étaient pas des États, des peuples de la mer. Ils n’étaient pas tournés vers la mer, ils étaient plutôt tournés vers la terre.</p>
</blockquote>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xjTStGaGHxc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’UE a passé des accords avec certains pays du continent pour limiter la pêche illégale (vidéo Africanews, mai 2016).</span></figcaption>
</figure>
<p>L’Union européenne, ayant pris conscience de l’impact du pillage européen organisé des ressources halieutiques africaines et de ses conséquences politiques futures, s’efforce depuis quelques années de passer des <a href="http://ec.europa.eu/fisheries/cfp/international/agreements/index_fr.htm">accords de partenariat</a> de pêche. Ce fut notamment le cas avec le Cap-Vert, les Comores, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée-Bissau, le Libéria, Madagascar, la Mauritanie, le Maroc, le Mozambique, Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal et les Seychelles.</p>
<p>Le gouvernement chinois se distingue ici par son cynisme : <a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/01/11/l-afrique-se-mobilise-contre-les-pecheurs-chinois-illegaux_4845272_3212.html">partie prenante</a> du pillage des ressources marines africaines, La Chine s’est vu réclamer par 24 États africains l’<a href="http://m.voanews.com/a/african-countries-call-for-china-to-stop-illegal-fishing/3133482.html">arrêt de la pêche illégale en Afrique de l’Ouest</a> en décembre 2015 à Yaoundé.</p>
<p>Il apparaît ainsi essentiel pour les États africains d’élaborer des cadres stratégiques afin que leurs populations puissent réellement bénéficier de cette manne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/59506/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Abdou Hassan est membre de l’Institut de recherche et d’enseignement sur la paix en Afrique (Thinking Africa).</span></em></p>Les ressources maritimes représentent un incroyable potentiel de développement pour les pays africains. Mais de nombreuses menaces, dont la pêche illicite, doivent être gérées.Adam Abdou Hassan, Enseignant chercheur, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/584692016-04-28T04:33:52Z2016-04-28T04:33:52ZL’Union européenne va-t-elle enfin mettre un terme au chalutage profond ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/120553/original/image-20160428-28026-w3m9u3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Prises d’hoplostèthe orange, un poisson vivant entre 900 et 1 800 mètres de profondeur. </span> <span class="attribution"><span class="source">DR</span></span></figcaption></figure><p>Après des années de tergiversations, les négociations européennes pour un nouveau règlement sur le chalutage profond ont repris cette semaine. </p>
<p>Lors d’une réunion de la Commission des pêches du Parlement européen (<a href="http://www.europarl.europa.eu/committees/fr/pech/home.html">PECH</a>) mi-avril, son président Alain Cadec avait informé les membres qu’un nouveau cycle de négociations aurait lieu le 26 avril puis le 24 mai. Une occasion pour le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne (UE) de parvenir, enfin, à un accord sur le chalutage de fond dans l’Atlantique Nord-Est.</p>
<p>L’UE dépense actuellement plusieurs millions d’euros chaque année pour subventionner une flotte que beaucoup considèrent <a href="http://www.bloomassociation.org/en/une-peche-financee-par-nos-impots/">non viable économiquement</a>. </p>
<p>En cause, ces chalutiers qui traînent de grands filets sur les fonds marins, détruisant tout sur leur passage, y compris les coraux et les éponges qui nécessitent des milliers d’années pour se développer. <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:52012PC0371&from=EN">L’UE reconnaît</a> d’ailleurs elle-même que le chalutage « représente le risque le plus élevé de détruire les écosystèmes marins vulnérables et irremplaçables ». </p>
<h2>Une pêche non durable</h2>
<p>En dehors de la destruction des écosystèmes, certains experts considèrent que l’exploitation des poissons ciblés par le chalutage profond ne pourra <a href="https://marine-conservation.org/media/filer_public/2011/09/06/norse_et_al_2012_sustainability_of_deep-sea_fisheries.pdf">jamais être durable</a>. Les espèces ont en effet pour la plupart, une longue durée de vie, des taux de reproduction extrêmement lents ; le taux de prises accessoires, c’est-à-dire la partie indésirable ou non ciblée des captures des pêcheurs, est par ailleurs extrêmement élevé.</p>
<p>Le grenadier de roche et la lingue bleue, deux espèces ciblées par les chalutiers industriels, ont été placés l’année dernière sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et l’UE reconnaît que ce type de pêche « implique des niveaux élevés de prises accessoires », une moyenne de <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:52012PC0371&from=EN">20 à 40 % du poids débarqué</a>. </p>
<p>La réglementation aujourd’hui en vigueur a été reconnue comme inefficace et en juillet 2012 la Commission européenne a proposé l’élimination progressive du chalutage de fond. Pourtant, en décembre 2013, un vote en ce sens au Parlement européen a échoué de quelques voix (342 à 326 avec 19 abstentions). Une bataille interminable a suivi.</p>
<p>Les États membres divisés, le processus législatif a progressé lentement et a été ponctué par de nombreux retards. Si les discussions entre les 28 ministres de la pêche ont commencé en 2014, le processus ne s’est accéléré que <a href="http://www.eu2015lu.eu/en/actualites/articles-actualite/2015/07/conseil-agri/index.html">très récemment</a>, sous la présidence du Luxembourg.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/jZr-gOPY_z8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La pêche en eaux profondes (vidéo AFP, 2013).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Un changement dans l’opinion</h2>
<p>Une pétition lancée par <a href="http://www.bloomassociation.org/nos-actions/nos-themes/peche-profonde/">l’association Bloom</a>, qui a plaidé sans relâche pour l’interdiction du chalutage profond, a recueilli près d’un million de signatures. Cela a contribué à un changement dans l’opinion, en particulier de la part de la France, longtemps opposée à toute forme d’interdiction.</p>
<p>En novembre dernier, le Conseil de l’UE a proposé certaines mesures visant à encadrer la pêche profonde, y compris l’interdiction du chalutage de fond <a href="http://www.novethic.fr/breves/details/les-etats-de-lue-saccordent-sur-linterdiction-de-la-peche-en-eaux-profondes.html">en dessous de 800 mètres</a> de profondeur. <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2015.07.070">Certains experts</a> continuent de penser que cette mesure est insuffisante et préconisent une limite de 600 mètres.</p>
<p>Sous la pression de l’Espagne, le Conseil a supprimé <a href="http://www.savethehighseas.org/news/view.cfm?ID=642">les eaux internationales</a> de la proposition, ce qui reviendrait poursuivre le chalutage de fond en dessous de 800 mètres pour ces espaces.</p>
<h2>Conclure les négociations</h2>
<p>La finalisation d’un accord est une priorité pour <a href="http://francais.eu2016.nl/">la présidence néerlandaise</a> actuelle du Conseil. Avec l’aide de la Commission, le Conseil et le Parlement vont maintenant tenter de négocier un compromis dans le cadre d’un « trialogue ».</p>
<p>Une coalition d’organisations non gouvernementales a appelé pour <a href="http://eu.savethehighseas.org/wp-content/uploads/2015/12/20151208_NGO-letter_Deep-Sea-Regulation.pdf.">une conclusion rapide</a> de ces négociations. Les ONG demandent une interdiction de la pêche au chalut en dessous de 600 mètres, dans les eaux sous et au-delà des juridictions nationales. Selon eux, le règlement devrait également prévoir des évaluations d’impact et de fortes sanctions en cas de non-conformité. </p>
<p>Mi-avril, le président de PECH a appelé le rapporteur, <a href="http://www.europarl.europa.eu/meps/fr/114279/ISABELLE_THOMAS_home.html">Isabelle Thomas</a>, et les autres eurodéputés impliqués, à parvenir à un accord avec le Conseil le plus tôt possible. L’océan profond est aujourd’hui à la croisée des chemins. Lors des deux prochains mois, l’UE aura l’occasion de protéger l’un des espaces les plus riches et vulnérables de notre planète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/58469/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elisabeth Druel est affiliée à ClientEarth. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Glen Wright ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Désastreuse pour les écosystèmes marins, la pêche en eaux profondes fait l’objet de vifs débats à Bruxelles. Une nouvelle réglementation européenne encadrant cette pratique est attendue à l’été 2016.Glen Wright, Research Fellow, IddriElisabeth Druel, Ex-chargée d’études sur la gouvernance de la biodiversité marine, IddriLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/541232016-02-04T05:40:28Z2016-02-04T05:40:28ZNon, l’océan n’est pas le grand oublié des discussions internationales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/110154/original/image-20160203-5861-1apk1sh.JPEG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Carte de l’océan Atlantique, 1613. </span> <span class="attribution"><span class="source">Bibliothèque nationale de France</span></span></figcaption></figure><p>Les experts travaillant sur les questions marines regrettent souvent la faible prise en compte de l’océan et de ses enjeux environnementaux dans les discussions internationales. L’océan serait le grand oublié et sa conservation ne serait pas suffisamment au cœur des débats, en comparaison notamment des questions climatiques. Certains déplorent l’absence d’un GIEC ou d’un « Al Gore de l’océan », qui pourraient lui donner la place qu’il mérite dans le concert écologique des nations. Pourtant, l’histoire, ancienne comme récente, montre qu’il s’agit d’une perception largement erronée.</p>
<p>L’océan fait l’objet d’une concertation internationale depuis des siècles. La question de l’appartenance de la mer a, par exemple, très tôt agité les nations maritimes. L’océan est-il une chose nulle (<em>res nullius</em>) pouvant appartenir au premier occupant ou une chose commune à tous (<em>res communis</em>) ? Telle est la question sur laquelle se sont forgées les prémisses du <a href="http://www.librairiedalloz.fr/9782247134717-droits-maritimes-edition-2015-2016-jean-pierre-beurier/">droit international de la mer</a> et dont le principe de liberté, théorisé par <a href="http://www.u-paris2.fr/1374150441268/0/fiche___document/">Grotius dès 1609</a>, constitue toujours l’un des fondements essentiels.</p>
<h2>Alerte à la surexploitation</h2>
<p>Les inquiétudes sur le sort réservé aux espèces marines sont également pluriséculaires. Contestant le dogme de la mer inépuisable, William Welwood note en 1613 que la pêche risque de se tarir si tout le monde s’y livre sans contrôle. Dans son _<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95828m/f25.image.r=Trait%C3%A9%20du%20droit%20de%20la%20nature%20et%20des%20gens">Traité du droit de la nature et des gens</a> _ publié en 1732, Samuel von Pufendorf considère plus largement qu’« en abusant du pouvoir qu’il a sur les bêtes, l’homme cause en quelque façon un dommage à toute la société ».</p>
<p>D’abord réduites à quelques naturalistes et théoriciens éclairés, ces préoccupations vont trouver un écho planétaire en 1927 lorsqu’un rapport de la Société des Nations sur l’état des pêcheries souligne : « Les espèces marines utiles sont en voie de disparition et on ne réglemente pas internationalement leur situation, telle est la réalité qu’il convient de regarder en face ». Les mots peuvent aujourd’hui sembler maladroits – qu’est-ce qu’une espèce « utile » ? – mais le constat d’une surexploitation est sans appel.</p>
<p>Au cours du XX<sup>e</sup> siècle, l’océan fait encore figure de précurseur puisque les premiers développements du droit international de l’environnement lui sont largement consacrés. Les accords internationaux se multiplient alors pour réglementer la sécurité maritime, interdire les immersions de déchets en mer, encadrer les activités de pêche ou lutter contre la pollution d’origine terrestre. L’océan se trouve alors toujours au cœur des rendez-vous internationaux sur le développement durable. De nombreux développements lui sont consacrés en 1972 lors de la première Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement ; il en est de même à Rio en 1992, à Johannesburg en 2002 puis à Rio+20 en 2012, sans oublier le sommet de septembre 2015 au cours duquel sont adoptés les Objectifs de développement durable dont <a href="https://theconversation.com/lheure-de-la-mobilisation-pour-locean-a-t-elle-enfin-sonne-48923">l’un vise précisément</a> à « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ».</p>
<h2>Une gouvernance fragmentée</h2>
<p>Si les dernières décennies ont apporté à l’océan des centaines d’instruments juridiques et une place majeure au sein des sommets internationaux, pourquoi toujours considérer le sujet comme orphelin ? Cette perception s’explique selon nous par deux principaux effets d’optique qui, si l’on n’y regarde pas de plus près, peuvent laisser penser que l’océan est laissé pour compte.</p>
<p>En premier lieu, le cadre de gouvernance du milieu marin est particulièrement fragmenté, ce qui le rend illisible pour beaucoup. Fragmenté d’abord entre de très nombreux accords, internationaux et régionaux. Fragmenté ensuite entre plusieurs organisations ayant un mandat sur le milieu marin : Organisation maritime internationale, Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, Programme des Nations unies pour l’environnement, Autorité internationale des fonds marins, etc.</p>
<p>À l’inverse, et en schématisant quelque peu puisqu’il tend progressivement à devenir <a href="http://www.revue-projet.com/articles/2016-01-colombier-combes-mazounie-le-risque-est-de-considerer-la-question-reglee-apres-la-cop/">polycentrique</a>, le système de gouvernance du climat est unitaire et centralisé : une convention-cadre (la CNUCCC), un organisme scientifique (le GIEC) et un secrétariat, basé à Bonn. Dès lors, si l’on n’y prend pas garde, on a tendance à oublier que si l’année 2015 est certes médiatiquement marquée par la COP21, des dizaines de réunions intergouvernementales sont organisées aux quatre coins du monde avec pour objectif premier la conservation du milieu marin.</p>
<h2>Tout reste à faire</h2>
<p>Le second effet d’optique réside dans le fait que les États négocient de moins en moins de traités internationaux consacrés à l’océan. Non qu’ils s’en désintéressent, mais parce que l’édifice juridique est, à de rares exceptions sur lesquelles nous reviendrons dans une prochaine chronique, largement étoffé. D’un âge d’or durant lequel la communauté internationale s’est attachée à élaborer des accords pour la conservation du milieu marin, nous sommes passés à l’âge ingrat de mise en œuvre de ces normes, tâche évidemment bien plus complexe et autrement moins médiatique.</p>
<p>Le fait qu’on ne négocie quasiment plus de nouveaux textes peut ainsi laisser croire qu’il ne se passe rien, alors que c’est tout le contraire : c’est bien une fois que l’accord est adopté, lorsque les feux des projecteurs sont éteints, que débute l’essentiel. L’Ambassadrice française pour les négociations climatiques, Laurence Tubiana, ne s’y trompe pas lorsqu’elle déclare à propos de l’Accord de Paris : <a href="http://www.climatechangenews.com/2016/01/27/france-plans-renewed-climate-diplomacy-blitz-protect-paris-deal/">« Tout a été fait, mais tout reste à faire »</a>.</p>
<p>Il en est de même aujourd’hui pour l’océan : les règles essentielles sont là et il faut maintenant trouver les moyens – techniques, économiques, humains – de les appliquer. C’est ce à quoi s’attèlent, loin des regards citoyens et des lumières médiatiques, des centaines d’hommes et de femmes à travers le monde.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/54123/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
On n’accorderait pas assez d’attention au monde maritime, à sa conservation, à son exploitation. Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur du droit international nous dit pourtant le contraire.Julien Rochette, Coordinateur du programme océans et zones côtières, IddriLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/484672015-10-05T04:40:29Z2015-10-05T04:40:29ZCe petit poisson qui menace nos assiettes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/97125/original/image-20151003-23063-1sczuz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le goujon asiatique, une espèce invasive introduite en Europe dans les années 1960. </span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’apparition de nombreuses espèces invasives originaires des pays <a href="https://www.researchgate.net/publication/259138337_Geo-politics_and_freshwater_fish_introductions_How_the_Cold_War_shaped_Europe's_fish_allodiversity">communistes</a> au sein de l’ex-bloc soviétique est une conséquence collatérale peu connue de la Guerre froide. L’introduction accidentelle, depuis la Chine, du goujon asiatique dans les pays limitrophes de la mer Noire au cours des années 1960 en constitue un exemple frappant. </p>
<p>Petit par la taille, grand par le désastre écologique et économique qu’il provoque, le goujon asiatique a envahi de nombreux cours d’eau dans le monde. Il véhicule un parasite mi-animal mi-<a href="http://journal.frontiersin.org/article/10.3389/fmicb.2014.00062/abstract">champignon</a> – très probablement présent en Chine depuis des millions d’années – mortel pour la plupart des autres espèces de poissons. Comme vient de le démontrer une récente <a href="http://www.nature.com/emi/journal/v4/n9/full/emi201552a.html">étude</a> de l’IRD et de ses partenaires parue dans la revue <em>Emerging Microbes & Infections-Nature</em>, il propage une redoutable mycose, cousine de la fameuse <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v484/n7393/full/nature10947.html">chytride</a> qui a décimé les grenouilles et crapauds du monde entier ces dernières décennies. </p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/97126/original/image-20151003-23090-47rakt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/97126/original/image-20151003-23090-47rakt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/97126/original/image-20151003-23090-47rakt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/97126/original/image-20151003-23090-47rakt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/97126/original/image-20151003-23090-47rakt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/97126/original/image-20151003-23090-47rakt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/97126/original/image-20151003-23090-47rakt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le lac du sud-est de la Turquie envahi par le goujon asiatique.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Saumons et bars d’élevage menacés</h2>
<p>L’étude a démontré que l’introduction du goujon asiatique dans un bassin versant au sud-est de la Turquie a, en trois ans seulement, provoqué un déclin rapide des populations locales de poissons, pratiquement jusqu’à leur extinction (le nombre des individus chutant de 80 à 90 %). Ce parasite d’un autre âge, dont le petit poisson invasif est porteur sain, se situe à la frontière entre règne animal et champignon. Appelé <em>Sphaerothecum destruens</em> ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=P8sdr0LNdNg">agent rosette</a>, en raison de la forme de la pathologie dans les zones atteintes, cet agent d’un type encore inconnu il y a peu, est apparu au moment où les animaux et les champignons se sont différenciés, il y a plusieurs millions d’années.</p>
<p>Outre le grave problème écologique qu’il entraîne, le goujon asiatique a un impact économique potentiel plus inquiétant encore. Déjà responsable par le passé de la mortalité forte, jusqu’à 90 %, des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=P8sdr0LNdNg">saumons</a> des fermes aquicoles californiennes, sa découverte récente dans des élevages de bars situés en Turquie ne présage rien de bon. </p>
<p>Selon l’étude, et contrairement à ce qui avait été envisagé plus tôt, les estuaires peuvent servir de fronts de contacts avec des espèces d’eau douce ; la contamination par le biais d’agents infectieux d’espèces strictement marines comme le bar est donc possible. De plus, l’alimentation de ces poissons d’élevage avec d’autres, issus des rivières avoisinantes, a contribué à une potentielle surinfection. Or l’élevage de bars en Méditerranée, une industrie qui génère annuellement autour de 700 millions d’euros, représente un secteur très important pour des économies déjà affaiblies comme celles de la Grèce, de la Turquie et de certains pays du Maghreb. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/97127/original/image-20151003-23058-wl3nfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/97127/original/image-20151003-23058-wl3nfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/97127/original/image-20151003-23058-wl3nfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/97127/original/image-20151003-23058-wl3nfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/97127/original/image-20151003-23058-wl3nfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/97127/original/image-20151003-23058-wl3nfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/97127/original/image-20151003-23058-wl3nfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans les lacs étudiés, le goujon asiatique représente désormais 95 % des poissons pêchés.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Agir vite</h2>
<p>L’équipe de recherche qui a réalisé l’étude tire la sonnette d’alarme : le risque d’émergence mondiale de cette maladie est bien réel. Il devient urgent que les agences de santé animale et de protection de l’environnement se mobilisent afin de contenir la propagation rapide de ce pathogène en Europe et dans le reste du monde. Les outils diagnostiques sont en place, les évidences scientifiques sont robustes et des modèles <a href="http://www.nature.com/articles/srep10368">mathématiques</a> ont été établis afin de prédire l’évolution de cette épidémie dans les communautés de poissons.</p>
<p>Il reste toutefois à établir un rapprochement rapide entre les décideurs, les chercheurs et les consommateurs. Il convient tout d’abord d’établir une cartographie de l’étendue des <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v485/n7399/full/485446d.html">dégâts</a>, puis de contenir l’invasion du goujon asiatique grâce à des outils de gestions des ressources aquatiques déjà en place et, enfin, permettre un ajustement de la législation en cours qui consisterait à inclure l’agent rosette sur la <a href="http://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/oie-listed-diseases-2015/">liste</a> des pathogènes de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). </p>
<p>Depuis la <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v435/n7045/full/4351046a.html">découverte</a> en 2005 au Royaume-Uni de cette « association de malfaiteurs » entre goujon asiatique et pathogène, très peu a été fait pour le suivi de la maladie et de sa progression sur le territoire anglais, et ce malgré l’inquiétude exprimée par des parlementaires britanniques. Des enjeux économiques majeurs relatifs au transfert des stocks de poissons au sein de la Communauté européenne, comme l’obtention de certificats sanitaires, a conduit les autorités à se contenter de la seule éradication systématique des populations de goujon asiatique. Si cela va dans le bon sens, cela ne sera toutefois pas suffisant pour limiter le déclin de la diversité halieutique en Europe et le risque de débordements sur des espèces marines. </p>
<p>On se souviendra avec profit du cas de l’able de Heckel : cette espèce européenne endémique, historiquement très abondante, a disparu des eaux tchèques, slovènes, autrichiennes et allemandes suite à l’apparition du petit goujon asiatique…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/48467/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rodolphe Gozlan a reçu des financements du gouvernement britannique jusqu’en 2012, puis de l'Agence nationale de la recherche en 2013, mais aucun de ces financements n’est directement lié à cette étude récente.</span></em></p>Introduit dans les années 1960 en Europe, le goujon asiatique est le porteur sain d’une terrible mycose qui décime les autres poissons, faisant craindre le pire pour les bars de Méditerranée.Rodolphe Gozlan, Directeur de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.