tag:theconversation.com,2011:/au/topics/sante-publique-23257/articles
santé publique – The Conversation
2024-03-27T16:48:28Z
tag:theconversation.com,2011:article/221152
2024-03-27T16:48:28Z
2024-03-27T16:48:28Z
Mieux comprendre les maladies cardio-neurovasculaires avec l’hémodynamique
<p>Première cause de décès dans le monde, les maladies cardio-neurovasculaires représentent l’ensemble des troubles affectant le cœur et les vaisseaux sanguins. En France, elles sont la deuxième cause de décès après les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cancer-20834">cancers</a>, en étant responsables de plus de 140 000 morts chaque année. </p>
<p>Elles causent un nombre important de maladies et de décès précoces, d’hospitalisation, et de handicap acquis. Jusqu’à 50 000 personnes font un arrêt cardiaque soudain chaque année, dont environ 5 % survivent. En 2021, <a href="https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-cardiovasculaires/article/maladies-cardiovasculaires">5,3 millions de personnes étaient traitées pour une maladie cardio-neurovasculaire</a>, dont plus de 443 000 pour maladie aiguë. Parmi ces maladies, la cardiopathie coronarienne désigne un dysfonctionnement du cœur provoqué par le rétrécissement ou l’obturation des artères qui le nourrissent (les artères coronaires, qui dessinent une couronne autour du muscle cardiaque).</p>
<p>La physique peut s’avérer forte utile pour comprendre les aspects physiologiques et cliniques (en complément de l’angiologie). L’hémodynamique (ou « dynamique du sang »), du grec haima, « le sang » et dunamis, dunamikos, « la force », est la science des propriétés physiques de la circulation sanguine en mouvement dans le système cardio-vasculaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/584793/original/file-20240327-28-z6uu31.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/584793/original/file-20240327-28-z6uu31.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=267&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/584793/original/file-20240327-28-z6uu31.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=267&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/584793/original/file-20240327-28-z6uu31.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=267&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/584793/original/file-20240327-28-z6uu31.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/584793/original/file-20240327-28-z6uu31.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/584793/original/file-20240327-28-z6uu31.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Harvey, Bernoulli et Poiseuille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les pionniers de cette discipline sont d’abord médecins avant d’être physiciens. Daniel Bernoulli, médecin de formation, a écrit son Traité <em>Hydrodynamica</em> après ses réflexions sur le mouvement du sang dans les veines et sur la pression artérielle. La double formation en médecine et en physique de Poiseuille lui fait écrire Le Mouvement des liquides dans les tubes de petits diamètres.</p>
<p>Dans l’ouvrage <em>De Motu Cordis</em>, <a href="https://www.reseau-canope.fr/corpus/video/harvey-et-la-circulation-sanguine-140.html">Harvey</a> fait la première description complète du système circulatoire. Il décrit notamment le sens de circulation et le rôle exact des valvules veineuses. On sait aujourd’hui que le système circulatoire est constitué de pompes de différentes natures (cardiaque, musculaire veineuse, abdomino-thoracique) et de conduits en forme de tubes (les vaisseaux sanguins). Les pompes font circuler le sang depuis les artères jusqu’à la microcirculation créant un <a href="https://www.reseau-canope.fr/corpus/video/coeur-et-vaisseaux-50.html">système de circulation aller et retour</a> à sens unique.</p>
<p>Au premier abord, la discipline sous-jacente de l’hémodynamique est la mécanique des fluides et plus précisément la rhéologie : la science qui étudie la déformation des écoulements sous l’effet d’une contrainte appliquée.</p>
<p>Le sang est une suspension liquide de « particules » (globules rouges, blancs, plasmocytes…) dans le plasma, c’est-à-dire un mélange hétérogène de particules solides dans un liquide. L’existence d’une phase « solide » et d’une phase « liquide » rend complexe la définition d’un modèle physique réaliste pour le décrire. Le sang est un fluide non newtonien c’est-à-dire que sa viscosité n’est pas indépendante de la contrainte. Dans les fluides non newtoniens, la viscosité peut changer lorsqu’elle est soumise à une force pour devenir plus liquide ou plus solide.</p>
<h2>Mieux comprendre l’hypertension ou les anévrismes</h2>
<p><a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/du-coeur-aux-poumons-lincroyable-mecanique-des-fluides-humains">L’hémodynamique permet une compréhension</a> et caractérisation de maladies comme l’hypertension, l’athérosclérose, les anévrismes cérébraux et les anévrismes de l’aorte.</p>
<p>La modélisation hémodynamique permet la conception de dispositifs médicaux implantables utilisés dans le traitement de ces maladies (organes artificiels, tubes, et cathéters, implants vasculaires)</p>
<p>On peut réaliser des modèles numériques de biomécanique de la circulation sanguine. Citons par exemple des <a href="https://www.m2p2.fr/actualites-298/actualites-du-laboratoire-de-recherche-m2p2-456/le-m2p2-developpe-un-projet-pluridisciplinaire-et-multi-partenaires-mettant-la-modelisation-mathematique-des-fluides-au-service-de-la-medecine-cardiaque-21717.htm">modèles physique et mathématique de valve aortique</a>.</p>
<p>Des chercheurs de l’EPFL ont développé un <a href="https://www.swissinfo.ch/fre/toute-l-actu-en-bref/epfl--une-simulation-virtuelle-du-coeur-pour-un-meilleur-diagnostic/43240632">modèle de « cœur »</a> sur ordinateur susceptible un jour d’aider les médecins à mieux diagnostiquer ou prévenir les maladies cardiaques.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/giKf4AjRndg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La simulation numérique pour les écoulements sanguins/Université de Montpellier.</span></figcaption>
</figure>
<p>En réalité, l’utilisation des paramètres hémodynamique est quotidienne en médecine : on surveille la pression artérielle, la fréquence cardiaque, ou, plus spécifiquement notamment en soins intensifs le débit cardiaque, les pressions de remplissage du cœur gauche. Concrètement, lorsqu’on mesure sa tension artérielle, on réalise en fait une expérience d’hémodynamique. Parmi les paramètres essentiels dont dépend l’hémodynamique, on peut mentionner l’énergie cardiaque, le volume sanguin, la respiration, le diamètre des vaisseaux et leur résistance, et la viscosité sanguine.</p>
<p>Le cœur, en jouant le rôle de pompe circulatoire de l’organisme doit assurer un débit cardiaque minimal pour le bon fonctionnement des organes. Il s’adapte également à tout effort physique ou situation de maladie. La fonction cardiaque est en harmonie avec les fonctions vasculaires, qui, plus que de simples tuyaux, régulent la pression sanguine via une réduction ou une augmentation de leur diamètre, phénomènes appelés vasoconstriction et vasorelaxation.</p>
<p>L’évaluation des paramètres hémodynamique est nécessaire au cours de l’évaluation d’un patient. C’est le quotidien du médecin vasculaire, qui doit évaluer la bonne perfusion des organes, la recherche de sténoses (rétrécissement du calibre artériel) ou d’occlusions d’artères. Un des principaux examens d’évaluation est l’échographie Doppler vasculaire. Cet examen permet de visualiser les artères en échographie et utilise <a href="https://www.youtube.com/watch?v=vKOc3jM7ZB8">l’écho Doppler</a> pour évaluer les vitesses d’écoulement sanguin. Ces données combinées sont essentielles pour comprendre l’hémodynamique artérielle locale. Par exemple, une sténose va se caractériser par une accélération locale des vitesses circulatoires et un ralentissement en aval de la sténose.</p>
<p>Précisément, les contraintes de cisaillement pariétal dans le contexte des vaisseaux sanguins, tels que les artères, représentent les forces de frottement exercées par le sang sur la paroi interne des vaisseaux. Cette contrainte est générée par le flux sanguin qui circule à travers les vaisseaux. Elle est déterminée par la viscosité du sang et la vitesse du flux sanguin. Une des thématiques de recherche actuelle en imagerie menée dans le service de médecine vasculaire à l’hôpital européen Georges Pompidou (APHP, Paris) est de développer une mesure fiable de ces contraintes. Ces mesures pourraient nous aider à mieux caractériser le profil de risque des plaques d’athérosclérose car on sait que les contraintes de flux exercées sur ces plaques jouent un rôle dans le processus de rupture de plaque, à l’origine de la plupart des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux.</p>
<p>En conclusion, l’étude de l’hémodynamique est ancienne et toujours en amélioration via de nouvelles techniques d’exploration. Les avancées technologiques nous permettent un regard toujours renouvelé dans la compréhension des mécanismes physiologiques et pathologiques de la circulation sanguine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221152/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
L'hémodynamique est la science des propriétés physiques de la circulation sanguine. Il est très important de l'étudier pour comprendre les maladies cardio-neurovasculaires.
Waleed Mouhali, Enseignant-chercheur en Physique, ECE Paris
Guillaume Goudot, Maître de conférence universitaire - Praticien Hospitalier, Université Paris Cité
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/225599
2024-03-25T16:36:13Z
2024-03-25T16:36:13Z
Pourquoi prendre le métro nous expose à davantage de particules fines
<p>Prendre le métro accroît-il notre risque de faire des AVC ? S’il y a quelque temps, une telle affirmation aurait pu sembler saugrenue, les études réalisées sur les taux de particules fines du métro parisien légitiment désormais une telle question. Afin de comprendre pourquoi, il faut d’abord s’attarder sur ce que sont ces particules fines, et la façon dont nous pouvons les mesurer.</p>
<p>Le terme « particules fines » désigne tous les aérosols solides et semi-volatiles en suspension dans l’air, ayant une taille allant de quelques nanomètres (nm), c’est-à-dire un milliardième de mètre à quelques centaines de micromètres (µm), c’est-à-dire un millionième de mètre. Pour comparer, le diamètre d’un cheveu est d’environ 70 µm et celui d’un globule rouge est de 7 µm. La mesure de la taille et de la concentration de ces particules fines est devenue un enjeu sanitaire du fait des nombreuses pathologies qu’elles génèrent lors des épisodes de pollution atmosphérique.</p>
<h2>La mesure des particules fines</h2>
<p>En France, les mesures de surveillance de la pollution sont menées par les agences de surveillance de la qualité de l’air (<a href="https://www.atmo-france.org/article/laasqa-de-votre-region">AASQA</a>), qui, pour les particules fines, se concentrent sur leurs concentrations massiques par m<sup>3</sup>. Y sont mesurées les PM<sub>10</sub> (masse cumulée de toutes les particules inférieures à 10 µm) et les PM2.5 (particules inférieures à 2,5 µm). La mesure des particules fines a commencé il y a 45 ans pour les PM<sub>10</sub>, suivie, une vingtaine d’années plus tard, par celles des PM2.5. Mais cette échelle de mesure pose de plus en plus question, car elle minimise la contribution des particules très fines et ultrafines respectivement inférieures à 1 µm et 0,1 µm.</p>
<p>L’intérêt pour les particules ultrafines est, de fait, plus récent, depuis les premiers travaux médicaux sur leur dangerosité jusqu’à la reconnaissance par la communauté scientifique depuis une dizaine d’années de la nécessité de les mesurer.</p>
<p>Pour le moment, nous nous contenterons cependant de scruter l’échelle des PM2.5 qui présente un compromis entre la nécessité de mesurer les plus petites particules et celle d’avoir une référence de mesure. La norme actuelle est de ne pas dépasser une moyenne annuelle de 25 µg/m<sup>3</sup>. L’OMS a récemment publié de nouveaux objectifs : 5 µg/m<sup>3</sup> en moyenne sur l’année et 15 µg/m<sup>3</sup> en valeur limite journalière. Pour aller vers ces recommandations, la Commission européenne vient d’abaisser en février 2024 la moyenne annuelle à <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/air-quality/">10 µg/m³</a>
.</p>
<h2>Mesurer les particules fines du métro</h2>
<p>Voici pour ce qui est des échelles de mesure. Mais vient ensuite une autre question, tout aussi importante : où effectuer ces mesures ?</p>
<p>Les normes de la qualité de l’air ne concernent que l’air ambiant extérieur. Néanmoins, il semble raisonnable de proposer d’étendre ces valeurs aux enceintes souterraines des métros et des trains, puisque l’air qui y circule provient d’une ventilation naturelle à partir de l’air en surface. De plus, les transports en commun sous-terrain sont utilisés quotidiennement par un grand nombre d’usagers : avec <a href="https://www.ratpdev.com/fr/groupe">12 millions de déplacements</a> chaque jour pour ce qui concerne la RATP. Dès lors la question de la qualité de l’air de ces lieux sous-terrain <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/les-francais-utilisent-toujours-plus-les-transports-en-commun-1152214#:%7E:text=Au%20niveau%20national%2C%20le%20mode,et%20le%20TER%20(18%20%25).">où transitent 72 % de la population française</a> est tout sauf négligeable.</p>
<p>Dans l’attente de normes qui ne sont toujours pas établies, différentes équipes scientifiques ont mené depuis une vingtaine d’années des études dans différents réseaux de métro, n’étant pas satisfaits des informations souvent rassurantes que donnaient certains opérateurs de ces réseaux.</p>
<h2>Pourquoi la qualité de l’air n’est pas bonne dans le métro ?</h2>
<p>Si l’on se penche maintenant sur la situation de la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935115301705">qualité de l’air de la plupart des métros du monde entier, on constate rapidement qu’elle n’est pas bonne</a>. Cette réalité a en fait deux causes majeures :</p>
<ul>
<li><p>Le prélèvement de l’air extérieur, qui s’effectue souvent depuis des grilles au ras de la chaussée. L’air est alors très chargé des particules fines directement issues du trafic routier (moteurs, freins, pneus). Ainsi la pollution de l’air dans le métro ne peut être inférieure à celle de l’air extérieur.</p></li>
<li><p>La génération de particules fines liées à l’activité du métro. Ces particules proviennent principalement du freinage, mais aussi de l’usure des roues et des rails, de l’effritement naturel du ballast et de la voute des tunnels. Le passage des rames peut aussi entraîner un ressoulèvement des particules.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’usure des rails et les systèmes de freinage du métro peut aggraver l’exposition aux particules fines des usagers.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Falgui%C3%A8re_Paris_Metro_Station.jpg">Planespotter1/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les études précédemment menées considèrent la valeur globale en PM2.5 et en PM<sub>10</sub>. Elles sont localement représentatives de ce que respirent les usagers, mais ne permettent pas d’estimer la contribution du métro par comparaison à un voyage qui aurait été effectué à pied en air extérieur. Pour mesurer cela, nous avons introduit la notion de sur-pollution, c’est-à-dire la contribution uniquement liée au métro, qui est obtenue en soustrayant aux mesures effectuées dans les stations celles de l’air extérieur à proximité.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Plusieurs campagnes ont été menées de manière indépendante par rapport à la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) pour évaluer cette sur-pollution. La plus récente a été réalisée avec les équipes du magazine « Vert de Rage » diffusé sur France 5, en utilisant des capteurs mobiles Pollutrack, qui servent normalement à <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/5/529">cartographier l’air extérieur de Paris</a>. La stratégie a consisté à effectuer les mesures pour toutes les stations du métro parisien aux heures de pointe, et à les comparer aux mesures à l’extérieur. Certaines stations mal ventilées présentent des valeurs de sur-pollution de plusieurs dizaines de µm/<sup>3</sup>, comme Charonne, Javel ou Pont de Neuilly, ainsi que certaines lignes où les rames de métro génèrent une usure significative des rails, telle la ligne n°5.</p>
<p>Une valeur moyenne d’environ 15 µg/m<sup>3</sup> a été obtenue en considérant toutes les stations souterraines, qui s’ajoute à la valeur moyenne d’environ 15 µg/m<sup>3</sup> de l’air ambiant parisien. Ainsi les usagers doublent en moyenne leur exposition aux particules fines journalière lorsqu’ils sont dans le métro.</p>
<p>Ce concept de sur-pollution pourrait être utilisé pour une première approche de normes dans l’air intérieur, en prenant en compte le temps d’exposition à cette sur-pollution et en l’ajoutant à l’exposition moyenne à l’air ambiant. Par exemple, 1h30 d’exposition dans les enceintes souterraines par jour augmenterait l’exposition moyenne journalière d’un citoyen de 1 µg/m<sup>3</sup>, ce qui devient significatif au regard des nomes de l’OMS. Bien sûr, un tel calcul n’est qu’une valeur moyenne, sachant que des valeurs bien plus élevées peuvent être obtenues pour les lignes de métros les plus polluées.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7BDiUQFpHFg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Extrait de l’émission Vert de Rage consacrée aux particules fines du métro.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Qualité de l’air extérieur</h2>
<p>On le voit bien, la qualité de l’air dans les métros est donc intrinsèquement liée à la qualité de l’air extérieur. Dès lors, pour bien comprendre les causes originelles de la pollution de l’air, il faut considérer les différentes sources qui en altèrent la qualité en fonction des lieus de vie. Les activités industrielles et de constructions et le trafic (routier, aérien et maritime) sont les sources les plus souvent mises en avant, mais le chauffage au bois collectif et individuel, ainsi que la formation d’aérosols secondaires issus des épandages agricoles sont aussi des <a href="https://www.mdpi.com/1424-8220/20/4/1111">sources majeures</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/peut-on-promouvoir-le-chauffage-au-bois-au-nom-de-lenvironnement-222828">Peut-on promouvoir le chauffage au bois au nom de l’environnement ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>La pollution aux particules fines peut être locale, mais aussi importée suivant la direction et de la force des vents. Les situations anticycloniques sont celles qui favorisent la stagnation des polluants près des sources. Des vents de quelques m/s favorisent la dispersion de la pollution mais aussi son transport, sans toutefois la résoudre totalement. Les meilleurs alliés pour lutter contre la pollution sont de forts vents pour disperser les particules fines et les pluies fortes pour les rabattre au sol.</p>
<p>Certains lieux sont de surcroit plus propices à de forts taux de pollution, en fonction des activités industrielles, de la densité de pollution et de la topographie locale. À l’échelle de la France, la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, est un des endroits les plus pollués à cause de l’implantation d’activités très génératrices de particules fines en fond de vallée mal ventilée.</p>
<p>Paris est aussi une ville très polluée de fait de la forte concentration urbaine, du trafic routier, et de la configuration de la ville qui engendre une forte variabilité à l’échelle du km. Le périphérique reste l’endroit le plus pollué, mais le Nord et l’Est de Paris sont nettement plus pollués que l’Ouest du fait de la configuration de la ventilation de la ville avec notamment la présence de rues canyons où la pollution peut s’accumuler. Ainsi, Paris connaît un <a href="https://www.mdpi.com/1424-8220/23/20/8560">nombre de jours de dépassement de la recommandation de l’OMS qui va entre 100 et 200 par an</a> selon la localisation dans la ville. Ce résultat montre l’importance de l’emplacement des bouches de prélèvement de l’air pour les enceintes souterraines, ce qui n’est pas considéré actuellement pour le renouvellement de l’air alors que cela a des conséquences sur la santé des usagers des transports en commun.</p>
<h2>Conséquences sanitaires</h2>
<p>Face à cet enjeu-là, la recherche médicale progresse aussi : Les effets sanitaires des particules fines sont de mieux en mieux connus, bien que de nouvelles études augmentent encore régulièrement le nombre de pathologies liées à la pollution. Les effets à court terme concernent les crises d’asthme, l’augmentation des AVC et des crises cardiaques, et même la <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/14/8/1222">mortalité liée au Covid-19</a>.</p>
<p>Les effets à long terme sont mis en évidence à partir de nombreuses études épidémiologiques sur lesquelles l’<a href="https://www.who.int/fr/news/item/22-09-2021-new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">OMS</a> s’est basée pour fixer ses recommandations en PM2.5. Ces effets se manifestent notamment par une augmentation des allergies sévères, des <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/10/17/la-pollution-de-l-air-exterieur-est-cancerigene-pour-l-oms_3497663_3244.html">cancers</a>, des maladies neurodégénératives, et du diabète de type 2. Les particules carbonées ultrafines, toxiques pour l’organisme, une fois entrées par les voies respiratoires, se retrouvent dans pratiquement tous les organes du corps humain.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-toutes-les-particules-fines-nont-pas-les-memes-effets-sur-la-sante-161261">Pollution de l'air : toutes les particules fines n’ont pas les mêmes effets sur la santé</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>En conclusion, comment améliorer la qualité de l’air ?</h2>
<p>Ces fléaux semblent d’ailleurs grandissants du fait notamment des concentrations en particules ultrafines qui semblent en augmentation, alors que celles en plus grosses particules diminuent. Ceci s’explique par le fait que les sources sont toujours là, mais que la nature de la production des particules a changé à cause de l’évolution de leur mode de production (évolution des rejets des moteurs diesel et du chauffage au bois).</p>
<p>Alors que faire ? Cette évolution n’est pas inexorable. Pour les enceintes souterraines, il faut améliorer les systèmes de freinage des rames, mieux gérer le renouvellement de l’air, et travailler sur des techniques de dépollution de l’air. Des expérimentations et des installations commencent à se mettre en place. À noter toutefois qu’un système d’extraction d’air, même s’il favorise le renouvellement de l’air dans les enceintes souterraines, rejette la pollution à l’extérieur et ne fait donc que déplacer le problème.</p>
<p>Pour la qualité de l’air extérieur, il faudrait limiter les émissions, notamment avec l’interdiction des moteurs diesel et des véhicules lourds en ville, la limitation du chauffage au bois dans les zones à forte densité de population, et la régulation des épandages agricoles en fonction du transport de leurs effluves par les vents.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L'intérieur d'une voiture ne protège en rien de la pollution aux particules fines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jfgornet/4067266583">Jean-François Gornet/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si certains pourraient être tentés de faire primer la protection individuelle au bien collectif en remplaçant leurs trajets en métro ou RER par un même trajet en voiture, cette solution ne serait ni bénéfique individuellement ou collectivement car l'habitacle de la voiture ne protège en rien de la pollution aux particules fines. À certains endroits, comme les arrêts aux feux de circulation ou les embouteillages, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231015001193">l'exposition peut même y être jusqu'à 29 fois plus élevées</a> qu'à l'extérieur. </p>
<p>Enfin, le problème d’exposition aux particules fines est surtout critique les jours de forte pollution lors de situations anticycloniques. Il pourrait être proposé de limiter les activités lors de ces journées. Le port de masques FFP2 pourrait aussi être recommandé dans les enceintes souterraines pour les personnes les plus fragiles. Toutes ces actions impliquent une participation citoyenne constructive pour que chacun s’approprie ces règles afin que nous respirions mieux dans les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225599/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Baptiste Renard est membre du conseil scientifique de RESPIRE. Après avoir débuté ses travaux sur la mesure de la pollution de l'air dans le métro parisien, il a été sollicité comme consultant pour la société Aerophilee SAS qui a notamment développé un appareil de dépollution pour grands volumes, et par les sociétés Pollutrack et MeteoModem qui vendent des compteur d'aérosols.</span></em></p>
48% des Français prennent le métro. Ils sont de ce fait davantage exposés aux particules fines, ce qui augmente à court terme les risques de les crises d’asthmes, d'AVC et de crises cardiaques.
Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherches, Université d’Orléans
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/225841
2024-03-15T10:15:05Z
2024-03-15T10:15:05Z
Pourquoi il y a une pénurie mondiale de vaccins contre le choléra
<p>_En février 2024, l'Organisation mondiale de la santé a annoncé que l'Afrique australe était confrontrée à la <a href="https://www.savethechildren.net/news/southern-africa-four-fold-surge-cholera-cases-puts-tens-thousands-children-risk-cyclone-season">flambée régionale</a> de choléra la plus meurtrière depuis au moins dix ans. L'épicentre de la catastrophe se trouve au Malawi, au Zimbabwe et au Mozambique, où les cas de choléra ont plus que <a href="https://www.savethechildren.net/news/southern-africa-four-fold-surge-cholera-cases-puts-tens-thousands-children-risk-cyclone-season">quadruplé</a> entre 2022 et 2023. Plus de 1 600 décès ont été signalés dans ces trois pays. </p>
<p><em>D'ores et déjà, 2024 menace d'être une nouvelle année dévastatrice pour le choléra dans la région, le <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/01/29/le-changement-climatique-fait-flamber-le-cholera-en-afrique_6213704_3212.html">réchauffement climatique</a> et les pluies et tempêtes exceptionnellement fortes ayant favorisé la propagation de la maladie. Le Zimbabwe, le Mozambique et le Malawi ont signalé plus de <a href="https://www.savethechildren.net/news/southern-africa-four-fold-surge-cholera-cases-puts-tens-thousands-children-risk-cyclone-season">13 000</a> cas de la maladie jusqu'à présent en 2024.</em></p>
<p><em>La bactérie du choléra se transmet par la consommation d'aliments et d'eau contaminés par les selles d'une personne infectée. Les vaccins oraux permettent d'endiguer les épidémies et de limiter la propagation de la maladie. Mais il y a une pénurie mondiale de vaccins.</em></p>
<p><em>Entre janvier 2023 à janvier 2024, 14 pays ont demandé en urgence <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)00467-7/fulltext">76 millions de doses</a> de vaccin oral contre le choléra. Seules 38 millions de doses étaient disponibles. Les stocks <a href="https://reliefweb.int/report/world/global-cholera-vaccine-stockpile-runs-empty-16-countries-report-outbreaks">se sont épuisés</a> au début de l'année 2024.</em></p>
<p><em>Nadine Dreyer s'est entretenue avec la vaccinologue Edina Amponsah-Dacosta au sujet de l'impact de la pénurie de vaccins et de ce qui est fait pour sécuriser les stocks en prévision de futures épidémies sur le continent.</em>_</p>
<h2>Les stocks mondiaux de vaccins oraux contre le choléra sont épuisés. Pourquoi ?</h2>
<p>Contrairement aux vaccins administrés régulièrement, comme ceux contre la rougeole, le vaccin contre le choléra est mis au point en fonction des besoins : lors d'épidémies et de crises humanitaires, par exemple. </p>
<p>Le financement est <a href="https://www.pih.org/article/why-global-cholera-vaccine-shortage-goes-unnoticed-despite-high-demand#:%7E:text=There's%20limited%20funding%20to%20purchase,by%20EuBiologics%20in%20South%20Korea.">limité</a> pour l'achat de vaccins contre le choléra, ce qui restreint la production. </p>
<p>Il n'existe qu'un seul vaccin recommandé pour la vaccination de masse lors des épidémies de choléra: <a href="http://eubiologics.com/eng/sub2_1.php">Euvichol-Plus</a>.</p>
<p>Ce vaccin est fabriqué exclusivement par EuBiologics, une société biopharmaceutique internationale basée à Séoul, en Corée du Sud.</p>
<p>La capacité de production de cette société est limitée. Ainsi, lorsque le besoin en vaccin augmente, la demande dépasse la production.</p>
<p>Il n'y a donc généralement qu'un stock limité disponible. </p>
<p>Traditionnellement, il n'y a pas eu de flambées épidémiques dans plusieurs pays en même temps, comme c'est le cas actuellement en <a href="https://www.afro.who.int/health-topics/disease-outbreaks/cholera-who-african-region#:%7E:text=Depuis%20le%20d%C3%A9but%20de%20la,ratio%20de%20fatalit%C3%A9%20de%202,4%25.">Afrique australe et orientale</a> ainsi que dans certaines parties de la <a href="https://who-global-cholera-and-awd-dashboard-1-who.hub.arcgis.com/">Méditerranée orientale, des Amériques et de l'Asie du Sud-Est</a>.</p>
<p>C'est l'une des principales raisons de la pénurie actuelle.</p>
<p>EuBiologics a identifié certaines étapes du processus de fabrication qui pourraient être affinées et raccourcies, tout en garantissant que le vaccin reste sûr et efficace.</p>
<p>Une version simplifiée et peu coûteuse d’<a href="https://www.ivi.int/euvichol-s-simplified-formulation-of-oral-cholera-vaccine-licensed-by-korean-regulatory-agency/">Euvichol-S</a>, a été approuvée par l'Organisation mondiale de la santé et contribuera à atténuer la pénurie. Plus de 15 millions de doses d'Euvichol-S sont attendues en 2024. </p>
<h2>Que fait-on pour remédier à la pénurie de vaccins en Afrique australe ?</h2>
<p>Plusieurs stratégies ont été mises en place pour lutter contre l'épidémie.</p>
<p>Tout d'abord, en octobre 2022, <a href="https://www.who.int/news/item/19-10-2022-shortage-of-cholera-vaccines-leads-to-temporary-suspension-of-two-dose-strategy--as-cases-rise-worldwide">l'OMS a temporairement suspendu le schéma de vaccination standard à deux doses</a> en faveur d'une dose unique afin d'épuiser les stocks existants.</p>
<p>Deux doses assurent une protection de deux ou trois ans, mais une seule dose reste sûre et efficace. Avec une seule dose, nous sommes en mesure d'assurer un certain niveau de sécurité jusqu'à un an ou un peu plus, ce qui, espérons-le, sera suffisant pour vaincre les épidémies actuelles.</p>
<p>Deuxièmement, des pays comme la Zambie et le Zimbabwe ont pris des mesures pour donner la priorité à la distribution des vaccins dans les zones qui en ont le plus besoin. </p>
<p>Un exemple de zone prioritaire serait une zone dévastée par la sécheresse ou les inondations, présentant un taux élevé de transmission et aucun accès à l'eau potable et à l'assainissement.</p>
<p>L'année dernière, les cas de choléra ont augmenté au Malawi et au Mozambique à la suite du <a href="https://www.savethechildren.net/news/southern-africa-four-fold-surge-cholera-cases-puts-tens-thousands-children-risk-cyclone-season#:%7E:text=Last%20year%2C%20cholera%20cases%20surged,and%20ended%20in%20mid%2D2023.">cyclone Freddy</a>, le cyclone tropical ayant la plus longue durée de vie de l'histoire. Il a traversé le sud de l'océan Indien pendant plus de cinq semaines en février et mars. </p>
<h2>La mise au point de nouveaux vaccins contre le choléra progresse-t-elle ?</h2>
<p>En Afrique, moins de <a href="https://www.dst.gov.za/index.php/media-room/latest-news/4149-boosting-local-vaccine-manufacturing-capacity#:%7E:text=Africa%20products%20than%201,critical%20vaccines%20to%20save%20lives.">1%</a> des doses de tous les vaccins sont fabriquées localement.</p>
<p>Pendant la pandémie de COVID-19, les pays africains ont été relégués en <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8276532/">queue de peloton</a> pour l'obtention de vaccins salvateurs. Cela nous a fait réaliser que nous devions disposer de notre propre capacité de production locale.</p>
<p>Dans le cas du choléra, nous constatons qu'il est risqué de dépendre d'un seul fabricant en Corée du Sud alors que la plupart des épidémies se produisent dans plusieurs pays africains.</p>
<p>Le problème a été reconnu et des mesures ont été prises pour y remédier. De nombreux investissements ont été réalisés pour augmenter <a href="https://www.dst.gov.za/index.php/media-room/latest-news/4149-boosting-local-vaccine-manufacturing-capacity">la capacité de production de vaccins contre le choléra</a>. </p>
<p>Deux fabricants entrent en jeu au niveau mondial, l'un en Afrique du Sud et l'autre en Inde.</p>
<p><a href="https://www.ivi.int/biovac-signs-deal-with-ivi-to-develop-and-manufacture-oral-cholera-vaccine-for-african-and-global-markets/">Biovac</a>, une société biopharmaceutique basée au Cap, a reçu des capitaux d'investissement pour développer des vaccins contre le choléra et d'autres maladies.</p>
<p>Elle a conclu un accord novateur de licence et de transfert de technologie avec l’<a href="https://www.biovac.co.za/wp-content/uploads/2022/11/Biovac-IVI-OCV-Technology-Transfer-Press-Release-23-Nov-2022.pdf">International Vaccine Institute</a>, une organisation internationale à but non lucratif dont le siège se trouve en Corée du Sud, pour la fabrication du vaccin.</p>
<p>Le premier lot de vaccins fera l'objet d'essais cliniques entre 2024 et 2025, et les licences devraient être accordées à partir de 2026. Cela signifie que nous ne verrons pas de vaccins contre le choléra fabriqués localement avant 2026.</p>
<p>En Inde, la société pharmaceutique <a href="https://www.science.org/content/article/world-s-stockpile-cholera-vaccine-empty-relief-way">Biological E</a> prévoit de fabriquer la version simplifiée d'Euvichol-plus. </p>
<p>Mais la vaccination ne remplace pas l'approvisionnement en eau potable, l'assainissement adéquat et les bonnes pratiques d'hygiène.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225841/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Edina Amponsah-Dacosta bénéficie d'un financement de recherche dans le cadre du Research Scholars Program de Gilead Sciences.</span></em></p>
Le stock mondial de vaccins contre le choléra est épuisé, ce qui est préoccupant pour l'Afrique australe. Quelles sont les raisons et les mesures prises pour remédier aux pénuries en Afrique ?
Edina Amponsah-Dacosta, Research Officer / EIDM Specialist, University of Cape Town
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/225222
2024-03-06T16:08:15Z
2024-03-06T16:08:15Z
Les acides gras oméga-3 sont liés à une meilleure santé pulmonaire
<p>Les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-acides-gras-om%C3%A9ga-3">acides gras oméga-3</a> suscitent un grand intérêt chez les patients et les cliniciens en raison de leurs <a href="https://doi.org/10.3945/an.111.000893">potentiels effets protecteurs sur la santé</a>, y compris sur la santé pulmonaire. Dans une étude publiée récemment, mes collègues et moi-même avons constaté qu’un apport alimentaire plus élevé en acides gras oméga-3 est lié à une <a href="https://doi.org/10.1016/j.chest.2023.09.035">meilleure fonction pulmonaire et une survie plus longue</a> chez les patients atteints de <a href="http://www.maladies-pulmonaires-rares.fr/">fibrose pulmonaire</a>, une maladie respiratoire chronique.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lalimentation-positive-cest-sinspirer-du-regime-mediterraneen-et-limiter-le-sucre-222821">L’alimentation positive, c’est s’inspirer du régime méditerranéen et limiter le sucre</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Présents dans les aliments tels que le poisson et les noix, ainsi que dans certains compléments alimentaires, les <a href="https://chem.libretexts.org/Courses/Willamette_University/WU%3A_Chem_199_-_Better_Living_Through_Chemistry/01%3A_Chemicals_in_Food/1.04%3A_Macro-_and_Micronutrients/1.4.02%3A_Fats_and_Cholesterol">acides gras oméga-3</a> sont des graisses polyinsaturées qui sont des nutriments essentiels pour l’homme. Ils remplissent plusieurs fonctions importantes dans l’organisme, telles que la structuration des cellules et la régulation de l’inflammation.</p>
<p>Les chercheurs pensent que deux acides gras oméga-3, <a href="https://doi.org/10.1042/bst20160474">l’acide docosahexaénoïque et l’acide eicosapentaénoïque, ou DHA et EPA</a>, sont les plus bénéfiques pour la santé en général. Lorsque l’organisme les décompose, leurs sous-produits présentent des <a href="https://doi.org/10.1016/j.atherosclerosis.2020.11.018">effets anti-inflammatoires</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/en-2024-le-nutri-score-evolue-pourquoi-et-que-faut-il-en-retenir-221697">En 2024, le Nutri-score évolue : pourquoi, et que faut-il en retenir ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Chemical structure of EPA and DHA" src="https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=507&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=507&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=507&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=637&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=637&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577668/original/file-20240223-26-i1nth6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=637&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">l’EPA (pour l’anglais eicosapentaenoic acid) et le DHA (pour l’anglais docosahexaenoic acid) sont deux acides gras oméga-3 particulièrement bénéfiques pour la santé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://med.libretexts.org/Courses/Allan_Hancock_College/Introduction_to_Nutrition_Science_(Bisson_et._al)/07%3A_Lipids/7.04%3A_Fatty_Acid_Types_and_Food_Sources">Minutemen/Wikimedia via LibreTexts</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Je suis <a href="https://scholar.google.com/citations?user=QeKA8ZoAAAAJ&hl=en">pneumologue</a> à la faculté de médecine de l’université de Virginie (aux États-Unis), et mon équipe de recherche et moi-même travaillons à l’identification des facteurs de risque susceptibles de contribuer au développement de la <a href="https://asso-fpf.com/">fibrose pulmonaire</a>. Dans cette maladie, le tissu pulmonaire cicatrisé peut entraîner une insuffisance respiratoire et la mort.</p>
<p>Nous avons examiné si des niveaux plus élevés de DHA et d’EPA dans le sang de patients atteints de fibrose pulmonaire dans différents groupes de personnes participant à des travaux de recherche aux États-Unis étaient liés à la progression de la maladie. Nous avons constaté que les patients ayant des niveaux plus élevés d’acides gras oméga-3 dans leur sang présentaient un <a href="https://doi.org/10.1016/j.chest.2023.09.035">déclin plus lent de la fonction pulmonaire et une survie plus longue</a>. Il est à noter que ces résultats ont persisté même après la prise en compte d’autres facteurs tels que l’âge et les maladies concomitantes.</p>
<h2>Pourquoi c’est important</h2>
<p>Il existe actuellement <a href="https://doi.org/10.1111/crj.13466">très peu de traitements</a> pour la fibrose pulmonaire. Et ceux qui existent ont des effets secondaires importants. Nos résultats suggèrent que l’augmentation des acides gras oméga-3 dans le régime alimentaire d’un patient peut ralentir la progression de cette maladie dévastatrice.</p>
<p>Les chercheurs étudient le rôle de la nutrition dans de nombreuses autres maladies. Mais ce rôle reste peu étudié dans les maladies pulmonaires chroniques, y compris la fibrose pulmonaire. Notre étude ainsi que d’autres travaux de recherches suggèrent que des <a href="https://doi.org/10.1183/13993003.00262-2023">modifications au niveau de l’alimentation</a> peuvent influencer la trajectoire de cette maladie et améliorer la capacité du patient à tolérer le traitement.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/AGr4wrmiWXI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Réunion sur la fibrose pulmonaire organisée le 8 février 2024 par le Centre de référence des maladies pulmonaires rares (de l’adulte) – OrphaLung, sous la coordination du Pr Vincent Cottin (Hôpital Louis Pradel, HCL).</span></figcaption>
</figure>
<p>Par ailleurs, d’autres études menées sur des souris ont mis en lumière la façon dont les acides gras oméga-3 peuvent <a href="https://doi.org/10.1186/1471-2466-14-64">protéger contre la fibrose pulmonaire</a> en régulant l’activité des cellules inflammatoires et en ralentissant la formation de tissu cicatriciel dans les poumons.</p>
<h2>Ce que l’on ne sait pas encore</h2>
<p>Comme nous n’avons pas pu mesurer les taux d’acides gras oméga-3 dans le sang qu’à un seul moment, nous n’avons pas pu déterminer si l’évolution de ces taux au cours du temps est corrélée à l’évolution de la fibrose pulmonaire.</p>
<p>Il est donc essentiel de savoir si l’augmentation des niveaux d’acides gras oméga-3 dans le sang aura un effet significatif sur la vie des patients atteints de fibrose pulmonaire. Ces taux d’acides gras oméga-3 pourraient ne pas avoir d’effet direct sur la fibrose pulmonaire et pourraient simplement être le reflet de modes de vie et de régimes alimentaires plus sains.</p>
<p>Des essais cliniques sont donc nécessaires pour déterminer si les acides gras oméga-3 sont bénéfiques pour les patients atteints de maladies respiratoires.</p>
<h2>Les prochaines étapes</h2>
<p>Nous prévoyons de poursuivre nos recherches pour déterminer si les acides gras oméga-3 ont un effet protecteur contre la fibrose pulmonaire.</p>
<p>Plus précisément, nous espérons déterminer le mécanisme par lequel des apports enrichis en oméga-3 affectent les poumons des patients atteints de fibrose pulmonaire.</p>
<p>Il s’agit là d’étapes importantes pour identifier les patients qui pourraient être particulièrement réceptifs aux thérapies à base d’oméga-3 et pour faire progresser ces traitements vers des essais cliniques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225222/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Kim est financé par le National Institute of Health et la Chest Foundation.</span></em></p>
Les acides gras essentiels présents, entre autres, dans le poisson et les fruits à coque sont bénéfiques pour la santé. Les chercheurs découvrent aussi leur rôle positif en cas de fibrose pulmonaire.
John Kim, Assistant Professor of Medicine, University of Virginia
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/223881
2024-02-29T09:37:14Z
2024-02-29T09:37:14Z
Aliments ultra-transformés : comment ils modèlent notre agriculture
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/576539/original/file-20240219-24-gj7jpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les aliments ultra-transformés façonnent l'agriculture mais leur rôle reste peu questionné</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/bucharest-romania-april-28-fast-food-190944998">Radu Bercan/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Notre alimentation est une chaîne avec de nombreux maillons, de la semence à l’agriculteur jusqu’au consommateur.</p>
<p>Mais alors que des débats de plus en plus passionnés émergent sur l’avenir de notre modèle agricole, un maillon de cette chaîne reste peu questionné : celui de l’industrie de transformation qui produit un très grand nombre d’aliments ultra-transformés (AUT) vendus en masse dans nos super et hypermarchés. Sans visage médiatique, cette étape peu évoquée est pourtant décisive.</p>
<p>Si le grand public a de plus en plus conscience que ces produits sont néfastes pour la santé, il est sans doute plus ignorant de la façon dont les aliments ultra-transformés modèlent notre agriculture.</p>
<p>Il n’est pas le seul. Pendant longtemps, les scientifiques et décideurs politiques se sont surtout focalisés sur l’amont (producteurs) et l’aval (consommateurs). On a ainsi fait porter tout le poids de la qualité des systèmes alimentaires sur les agriculteurs, trop souvent accusés d’être responsables de la dégradation de l’environnement, mais aussi sur le consommateur accusé de faire des mauvais choix ou de ne pas avoir assez d’activité physique pour sa santé.</p>
<p>Pourtant, les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/sd.2899?af=R">agro-industriels jouent un rôle majeur en milieu de chaîne</a>, en stimulant en amont une agriculture de qualité ou pas, et en proposant aux consommateurs des aliments de qualité ou pas. Aussi, ce sont bien eux qui jouent un rôle majeur sur la durabilité des systèmes alimentaires et la plupart des agriculteurs comme des consommateurs ne font que s’adapter à ces acteurs du milieu de la chaîne qui ont coopté une grande partie de la valeur. Voici comment.</p>
<h2>Les aliments ultra-transformés sont beaucoup consommés alors que nocifs pour la santé</h2>
<p>Commençons par un constat paradoxal : les <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/13/7433">produits ultra-transformés sont toujours très consommés</a> malgré leur impact néfaste pour la santé humaine.</p>
<p>À ce jour, près de 200 études épidémiologiques (dont près de 80 études de cohorte longitudinale) convergent dans le même sens : une consommation excessive d’AUT est associée à des risques significativement accrus de dérégulations métaboliques, maladies chroniques et/ou mortalité précoce toutes causes confondues. Or les <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/13/7433">français adultes consomment près d’un tiers de calories ultra-transformées/jour, et les moins de 18 ans 46 %</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ZUa4lYwKOQs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Pour prendre conscience du nombre d’AUT que nous mangeons, il faut regarder la liste des ingrédients des aliments que nous consommons. Car un AUT se définit par la présence d’au moins un marqueur d’ultra-transformation (MUT), des composés purifiés qui permettent de modifier le goût, la couleur, l’arôme et/ou la texture d’un aliment.</p>
<p>Ils sont d’origine strictement industrielle et sont obtenus par synthèse en laboratoire ou par fractionnement excessif des matrices alimentaires (« cracking ») afin d’en extraire les briques élémentaires. On en distingue <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S088915752100048X">deux grandes catégories</a> : les additifs cosmétiques (texturants, émulsifiants, modificateurs de goût, colorants..) et les non-additifs, qui incluent les arômes (naturels, de synthèse et extraits), les protéines, sucres, gras et fibres ultra-transformés par exemple le dextrose, le sucre inverti, le sirop de glucose, certains isolats de fibres ou de protéines ou des graisses hydrogénées ou inter-estérifiées, mais aussi des procédés technologiques très drastiques et récents qui modifient beaucoup les matrices alimentaires comme la cuisson-extrusion et le soufflage, appliqués surtout aux féculents.</p>
<p>Ces MUTs sont ensuite :</p>
<ul>
<li><p>soit recombinés entre eux dans de nouvelles matrices alimentaires qui n’existent pas dans la nature, avec peu de vrais ingrédients alimentaires non ultra-transformés. C’est ce qu’on appelle les « fake foods », par exemple les confiseries industrielles ou beaucoup de steaks végétaux qui peuvent n’être composés que de MUTs, ressemblant au final plus à de la chimie comestible.</p></li>
<li><p>soit ajoutés à de vrais ingrédients alimentaires non ultra-transformés pour en corriger ou exacerber certaines propriétés sensorielles, comme c’est le cas pour de nombreux plats préparés prêts à l’emploi ou beaucoup d’aliments des fast foods.</p></li>
</ul>
<p>Pour la santé humaine, c’est l’ensemble de l’AUT qui pose problème, pas un seul MUT, que l’on pourrait remplacer ou transformer. Cette réalité souligne ainsi l’importance d’avoir donc une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0924224419301025">approche globale des aliments transformés</a>, d’autant plus que ceux-ci sont aussi néfastes pour le vivant dans son ensemble à travers leur mode de production.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<h2>Les exigences de l’industrie pour s’approvisionner en matières premières</h2>
<p>Une des raisons du succès des AUT n’est pas un mystère : ils sont <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/renewable-agriculture-and-food-systems/article/abs/compliance-of-french-purchasing-behaviors-with-a-healthy-and-sustainable-diet-a-1yr-followup-of-regular-customers-in-hypermarkets/7F7D6FA2A96693704B39AFE524E8B892">globalement moins chers que les aliments non-ultra-transformés</a>, souvent prêts à l’emploi et très facilement accessibles. Mais comment cela se fait-il ?</p>
<p>D’abord car ils utilisent des MUTs produits à partir du fractionnement de quelques espèces végétales et produits animaux, ce qui permet d’atteindre des prix très bas. Ainsi, un sirop de glucose coûte dix fois moins cher que du sucre de table, et un arôme de fruit de synthèse infiniment moins cher que de vrais fruits.</p>
<p>Mais, nous l’avons vu, les aliments ultra-transformés comprennent aussi de vrais ingrédients non-ultra-transformés. Vu la grande distribution et le succès planétaire de ces aliments, ces ingrédients doivent être produits avec une qualité constante et disponibles toute l’année quelle que soit la saison. Il s’agit par exemple du sucre de table (betterave et canne à sucre), d’huile de palme et de tournesol, de céréales, de soja… ou bien, pour les produits animaux, des préparations industrielles à base d’œufs, de la viande des fast food et de nombreux plats préparés, de certains fromages industriels…</p>
<p>Au final, ce sont donc bien peu d’ingrédients animaux comme végétaux qui composent l’essentiel des aliments vendus. Sur les 6000 espèces végétales cultivées à des fins alimentaires, par exemple 9 d’entre elles représentent 66 % de la production agricole totale.</p>
<p>Pour ces ingrédients dominants que l’on retrouve dans les aliments ultra-transformés de la grande distribution, plusieurs exigences sont de mise : ils doivent être disponibles toute l’année et se conserver longtemps, donc certifier d’un haut niveau de sûreté alimentaire en termes de toxicologie et de conservation. Pour remplir ce cahier des charges, point de secret : l’agriculture et l’élevage intensifs sont les plus qualifiés comme les moins onéreux.</p>
<h2>Les agricultures permettant de produire à bas coûts des produits standardisés</h2>
<p>L’industrie a de fait fortement favorisé la dynamique de spécialisation et de standardisation de production agricole avec un petit nombre d’espèces cultivées en masse dans une région donnée. Des pratiques agroécologiques telles que les mélanges d’espèces (graminées et légumineuses) ou de variétés (deux variétés de blé) ne sont pas compatibles avec les exigences de l’agro-industrie. La faible valeur ajoutée des produits commercialisés a aussi poussé à une concentration géographique des productions (économie d’agglomération), un agrandissement des exploitations agricoles pour obtenir des économies d’échelle.</p>
<p>Ces systèmes de production intensifs et spécialisés sont à l’origine d’émissions importantes de gaz à effet de serre et de composés azotés dans l’air, de nitrates dans l’eau, ainsi que de pollutions dans les sols et de pertes de biodiversité. Les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-017-0429-7">technologies « intelligentes » du génie génétique ou de l’agriculture de précision promues par ce modèle intensif</a> (le bon produit, à la bonne dose, au bon endroit et au bon moment) ne remettant pas en cause le niveau de spécialisation et de simplification, ne permettent pas à elles seules d’enrayer les pollutions : pesticides <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723067876">et azote</a> par exemple.</p>
<p>La production de MUTs a donc un coût important pour la santé globale, notamment pour les <a href="https://theconversation.com/les-aliments-ultratransformes-sont-aussi-tres-mauvais-pour-la-planete-140869">sécurités nutritionnelles et alimentaires :</a> si les AUT sont des calories bon marché, avec un haut niveau de sécurité sanitaire et très accessible partout sur la planète, cela se fait au détriment de l’environnement, de la biodiversité, de la santé humaine et du social et de l’économie.</p>
<p>Cette optimisation purement économique à court terme est possible car les coûts cachés de ce système ne sont pas intégrés dans le prix de la nourriture : si l’on devait payer pour les conséquences néfastes de notre système alimentaire sur la santé (maladies liés à la malbouffe) et l’environnement (pollutions, émissions de gaz à effet de serre), notre alimentation coûterait deux fois son prix actuel, <a href="https://www.fao.org/newsroom/detail/hidden-costs-of-global-agrifood-systems-worth-at-least--10-trillion/fr">soit 170 milliards d’€ en France</a>.</p>
<p>Outre la filière de l’agriculture biologique, quelques industriels de la transformation ou distribution commencent à s’approvisionner à partir de modes de production moins intensifs voire agroécologiques, que ce soit <a href="https://www.omie.fr/">à titre individuel</a>, ou dans le cadre d’<a href="https://bleu-blanc-c%C3%BAur.org/">associations</a> ou de <a href="https://agricultureduvivant.org/">mouvements</a>. C’est une avancée, mais seulement à condition que les matières premières ne soient pas utilisées pour fabriquer des AUT.</p>
<h2>Consommer moins d’aliments ultra-transformés est nécessaire pour soutenir une agriculture agroécologique</h2>
<p>Agriculteurs, consommateurs et acteurs des politiques publiques doivent prendre conscience de cette interdépendance entre agriculture intensive au fort coût environnemental comme sanitaire et consommation d’aliments ultra-transformés.</p>
<p>Pour les consommateurs, savoir que les <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/en/articles/cagri/full_html/2022/01/cagri210174/cagri210174.html">modèles d’agriculture les plus impactant sur l’environnement</a> sont ceux qui permettent de produire à bas coût des AUT est un argument supplémentaire pour en réduire la consommation. En effet, le dernier <a href="https://www.mangerbouger.fr/manger-mieux/s-informer-sur-les-produits-qu-on-achete/comprendre-les-informations-nutritionnelles-et-les-etiquettes/les-aliments-ultra-transformes-pourquoi-moins-en-manger">Plan National Nutrition</a> Santé n°4 le recommande déjà pour des raisons de santé. Ce serait un moyen pour les consommateurs de soutenir une agriculture agroécologique d’intérêt pour l’environnement, dont les produits ne contiennent pas de MUTs nocifs pour la santé à long terme. Le choix du consommateur pourrait être facilité par l’utilisation d’applications proposant le <a href="https://www.mangerbouger.fr/manger-mieux/s-informer-sur-les-produits-qu-on-achete/comprendre-les-informations-nutritionnelles-et-les-etiquettes/les-aliments-ultra-transformes-pourquoi-moins-en-manger">score Nova</a>.</p>
<p>Les agriculteurs subissent des injonctions contradictoires. D’une part, les citoyens et politiques publiques leur demandent de mettre en place des pratiques agroécologiques (diversification des cultures, haies…), d’autre part, les logiques économiques sous-tendues par l’industrie conduisent à des <a href="https://classiques-garnier.com/systemes-alimentaires-food-systems-2023-n-8-varia-paradigm-changes-of-the-food-system.html">systèmes agricoles simplifiés basés sur un petit nombre d’espèces produites de manière standardisées</a>.</p>
<p>Faire porter le fardeau des problèmes environnementaux sur les agriculteurs est donc très exagéré. Les politiques publiques devraient donc aussi concerner les <a href="https://classiques-garnier.com/systemes-alimentaires-food-systems-2023-n-8-varia-paradigm-changes-of-the-food-system.html">acteurs intermédiaires</a> qui de fait façonnent et soutiennent les modèles d’agriculture qu’elles veulent éviter. Par ailleurs, un approvisionnement en matières premières issues de pratiques agroécologiques n’a pas non plus beaucoup de sens si c’est pour fractionner à l’extrême les matières premières brutes, puis ajouter des MUTs aux aliments industriels, dégradant au final la valeur santé globale des aliments. Ainsi, du bio ultra-transformé, hors-saison et importé n’a aucun sens pour la santé globale. Là encore, les politiques publiques ont un rôle à jouer pour éviter de telles dérives.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223881/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Duru est membre des conseils scientifiques de Bleu Blanc Coeur et de Pour une Agriculture Du Vivant </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anthony Fardet est membre des comités scientifiques de MiamNutrition, The Regenerative Society Foundation, Centre européen d'excellence ERASME Jean Monnet pour la durabilité, Projet Alimentaire Territorial Grand Clermont-PNR Livradois Forez et l'Association Alimentation Durable. Il est aussi adhérent et/ou membre des associations GREFFE, AuSI, Collectif Les Pieds dans le Plat et ANIS Etoilé. Il a été membre du comité scientifique de Siga entre 2017 et 2022.</span></em></p>
Si les méfaits pour la santé des aliments ultra-transformés sont de plus en plus connus. L'impact de ces produits sur notre modèle agricole l'est moins. Il est pourtant colossal.
Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae
Anthony Fardet, Chargé de recherches HC, UMR 1019 - Unité de Nutrition humaine, Université Clermont Auvergne, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/223946
2024-02-27T16:13:54Z
2024-02-27T16:13:54Z
Dans les hôpitaux, le mal-être des soignants face à l’accélération du rythme de travail
<p>Depuis l’an 2000, en France, <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/infographies-comment-la-france-a-perdu-pres-de-80-000-lits-d-hospitalisation-publics-en-vingt-ans_4833931.html">environ 80 000 lits d’hospitalisation complète ont été fermés</a>, représentant un quart de la capacité d’accueil des hôpitaux. Cette évolution vise à favoriser une hospitalisation plus brève, connue sous le nom d’« ambulatoire » où les patients entrent le matin à l’hôpital, reçoivent leurs soins, et repartent dans la journée.</p>
<p>Cette tendance à accélérer la prise en charge s’inscrit dans une <a href="https://www.researchgate.net/publication/281512421_Post-NPM_Reforms_or_Administrative_Hybridization_in_the_French_Health_Care_System">logique d’amélioration de l’efficience et de la rentabilité des hôpitaux</a>, en lien avec les réformes inspirées du <a href="https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=XFphDAAAQBAJ&oi=fnd&pg=PT4&dq=nouveau+management+public%3B+h%C3%B4pitaux">nouveau management public</a> (NMP), un modèle de gestion qui vise à importer des pratiques du secteur privé dans les organisations publiques. Le NMP permettrait de rendre plus performants les hôpitaux publics, en s’appuyant sur des principes tels que l’optimisation des ressources, le renforcement de la compétitivité face aux structures privées, et <a href="https://journals.openedition.org/quaderni/735">l’amélioration de la capacité de rendement</a>. L’application de ce nouveau modèle de gestion a des répercussions sur le terrain, comme nous avons pu le constater lors de <a href="https://www.researchgate.net/publication/372988846_Ethical_Implications_of_Acceleration_Perspectives_From_Health_Professionals">l’enquête</a> que nous avons réalisée, fondée sur des entretiens avec divers professionnels de santé ainsi que des observations menés <a href="https://inria.hal.science/tel-03553270/">entre 2017 et 2020</a>.</p>
<h2>Des mesures pour réduire les dépenses</h2>
<p>Les réformes, notamment la <a href="https://sante.gouv.fr/professionnels/gerer-un-etablissement-de-sante-medico-social/financement/financement-des-etablissements-de-sante-10795/article/financement-des-etablissements-de-sante">transition d’un budget global à une tarification à l’activité (T2A)</a> en 2004-2005, ont redéfini les incitations financières dans le système hospitalier. Ce changement a instauré une relation entre le volume d’activité réalisé et le financement des établissements, encourageant ainsi une augmentation du nombre de patients pris en charge pour obtenir des fonds liés à l’activité.</p>
<p>Parallèlement, l’émergence des pôles d’activités médico-économiques, initiée par <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000606537/">l’ordonnance du 2 mai 2005</a> et confirmée en <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000020879475">2009</a> par une loi portant réforme de l’hôpital, a ajouté une dimension nouvelle.</p>
<p>Les pôles placent les médecins, en tant que chefs de pôles, au cœur des pratiques budgétaires. Ils jouent un rôle déterminant dans l’établissement et la réalisation des objectifs financiers des hôpitaux. La performance est devenue la pierre angulaire de ces changements, répondant à l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM).</p>
<p>Une des conséquences de ces réformes est la <a href="https://inria.hal.science/tel-03553270/">mise en avant d’objectifs de performance quantitatifs</a> tels que la réduction des durées moyennes de séjour, l’augmentation du taux d’occupation des lits et l’augmentation du taux d’activité médicale, incitant les professionnels de santé à <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/AAAJ-12-2019-4309/full/html">accélérer le <em>turn-over</em> des patients</a>.</p>
<h2>La rentabilité est associée à l’accélération du <em>turn-over</em></h2>
<p>Cette accélération du rythme s’inscrit dans le concept plus large d’<a href="https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/04/15/la-fuite-en-avant-de-la-modernite_1333903_3260.html">« accélération sociale »</a> et de <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/alienation_et_acceleration-9782707182067">« stabilisation dynamique »</a> du sociologue allemand Hartmut Rosa.</p>
<p>L’accélération sociale est définie par Hartmut Rosa comme une tendance de la société moderne à accélérer dans trois domaines principaux : les innovations technologiques, les normes culturelles, et nos rythmes de vie (en réalisant davantage d’actions par unité de temps). Ces processus d’accélération créent un stress chez les individus qui doivent constamment s’adapter à ce rythme effréné caractéristique de la modernité. Afin d’expliciter le processus de stabilisation dynamique, Rosa compare les systèmes capitalistes à un vélo.</p>
<p>Pour maintenir un équilibre, il faut pédaler en continu, aller de l’avant, et augmenter la vitesse sinon le vélo risque de basculer. Dans le contexte des entreprises, cette tentative pour maintenir une stabilité et rester en place se traduit par une intensité de travail croissante. Les décisionnaires voient dans cette accélération une opportunité, associant la rapidité à la rentabilité. Cependant, cette vision occidentale industrialisée du temps, axée sur l’optimisation, peut conduire à des effets néfastes pour les salariés.</p>
<h2>Des effets néfastes sur les soignants</h2>
<p>Du point de vue des soignants, les soins nécessitent du temps, de la lenteur afin d’être présents pour les patients et leur famille. Cependant, cette dimension relationnelle n’est pas toujours possible en raison du manque de temps. On constate alors une <a href="https://www.jstor.org/stable/44875693">érosion de l’éthique du soin</a>. Une cadre de santé, Sylvie, chargée de coordonner les équipes soignantes, a déploré lors de nos entretiens « la perte de cette dimension relationnelle essentielle ». Cette réalité alimente chez elle un sentiment d’insatisfaction au travail.</p>
<p>L’accélération du <em>turn-over</em> des patients a aussi un impact sur le bien-être au travail des soignants. « Cela crée du stress pour tout le monde », affirme Olivier, un autre cadre de santé interviewé lors de notre enquête. Plus le <em>turn-over</em> est élevé, plus la charge de travail des médecins, des internes et des paramédicaux est importante et plus la fatigue se fait sentir, et peut entraîner des cas de dépression, d’absentéisme et de burn-out. Une infirmière, Sara, nous a expliqué que pendant les six premiers mois après son embauche, une fois par semaine, en rentrant du travail dans sa voiture, elle pleurait juste pour des choses stupides, témoignant de l’impact émotionnel de la charge et du rythme de travail intense. Aujourd’hui, elle prévient ses nouveaux collègues qu’elle forme des défis qui les attendent, soulignant la réalité difficile de ce contexte de travail.</p>
<p>Les professionnels se sentent souvent traités comme des automates, semblables à des machines et alertent sur le risque de déshumanisation des soignants. Plusieurs cadres de santé comparent maintenant l’hôpital à une chaîne de production dans une usine.</p>
<h2>Une spirale vicieuse qui crée de la désorganisation collective</h2>
<p>L’accélération du <em>turn-over</em> des patients crée donc non seulement une pression accrue mais aussi une désorganisation collective. En effet, plus l’absentéisme augmente, plus les infirmiers doivent faire des heures supplémentaires et raccourcir leur temps de repos avant leur prochain tour de travail. L’accélération peut donc devenir une spirale vicieuse, brouillant les frontières entre la vie privée et professionnelle des infirmiers.</p>
<p>Camille, une infirmière qui est employée depuis deux ans et demi à l’hôpital, a déjà fait 150 heures supplémentaires. Elle précise que « cela représente plus d’un mois d’heures supplémentaires ». Tandis que sa responsable a réussi à lui octroyer des jours de congé, elle lui conseille de ne pas répondre si l’hôpital l’appelle car il est probable qu’on lui demande de revenir de son congé pour apporter son aide au fonctionnement des services de l’hôpital. Camille estime que « ce type de management est déshumanisant ».</p>
<p>Du point de vue des cadres de santé, cette gestion les pousse à prendre des décisions managériales qui vont à l’encontre de leurs valeurs, générant un sentiment de ne pas respecter les infirmiers, de les manipuler et de les utiliser pour faire face à l’absentéisme. Pour Nathalie, le rôle de cadre de santé voudrait de respecter leur vie personnelle, de respecter les horaires, mais « ce n’est tout simplement pas possible ». Alors, nous confie-t-elle, elle se retrouve régulièrement « contrainte de les épuiser ».</p>
<p>L’impact de ces effets sur les soignants ne fait guère de doute aujourd’hui, en raison d’une littérature scientifique et d’une presse importante. Pourtant, le gouvernement a reporté à 2028 la fin du caractère central de la tarification à l’activité dans le financement des hôpitaux et n’a pas fait d’annonce concernant un plan stratégique visant à assurer le bien-être des professionnels de santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223946/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Agathe Morinière ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Plus le turn-over des patients est élevé, plus la charge de travail des soignants est importante et entraîne stress, dépression, absentéisme et cas de burn-out.
Agathe Morinière, Maître de conférence (Professeur assistant), EM Lyon Business School
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/223571
2024-02-21T11:45:55Z
2024-02-21T11:45:55Z
Plan Ecophyto : tout comprendre aux annonces du gouvernement
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/576541/original/file-20240219-30-szydzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour comprendre ce qui se joue à travers les indicateurs Ecophyto défendus par les uns ou les autres, il faut d'abord définir de quoi on parle.</span> <span class="attribution"><span class="source">USAID Egypt / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Face aux manifestations des agriculteurs début 2024, le gouvernement français a annoncé une <a href="https://www.publicsenat.fr/actualites/environnement/pause-du-plan-ecophyto-cest-une-grave-erreur-pour-la-biodiversite-mais-aussi-pour-les-agriculteurs">« mise à l’arrêt » du plan Ecophyto</a> jusqu’au salon de l’Agriculture fin février. Cette pause devait permettre de revoir les indicateurs utilisés pour évaluer la <a href="https://theconversation.com/pour-en-finir-avec-les-pesticides-il-faut-aussi-des-agriculteurs-dans-les-champs-106978">baisse de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques</a> (pesticides appliqués sur les cultures) en France.</p>
<p>Certains indicateurs développés au niveau européen étaient fortement mis en avant avec le soutien de certains syndicats d’agriculteurs. À l’inverse, des organisations de défense de l’environnement et de la santé défendaient l’indicateur NoDU, indicateur actuel du plan Ecophyto. Le gouvernement a finalement tranché le 21 février, avec l'annonce par Gabriel Attal de <a href="https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/pesticides-lindicateur-de-mesure-conteste-par-les-agriculteurs-est-abandonne-2077724?xtor=CS4-6235">l'abandon du NoDU, au profit de l'indicateur européen HRI-1</a>.</p>
<p>Comment s’y retrouver dans cette jungle d’acronymes ?</p>
<p>En tant que membres du Comité Scientifique et Technique du plan Ecophyto, comité indépendant des pilotes du plan, nous avons notamment pour mission de guider le choix des indicateurs. Dans ce texte, nous souhaitons préciser la nature de ces derniers et en clarifier les enjeux.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-et-sante-les-agriculteurs-ont-ete-sont-et-seront-les-principales-victimes-de-ces-substances-223102">Pesticides et santé : les agriculteurs ont été, sont et seront les principales victimes de ces substances</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>À l’origine des indicateurs, un besoin d’évaluation</h2>
<p>La mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques nécessitent la définition d’indicateurs quantitatifs. Mais pour construire des indicateurs pertinents, il faut faire des choix quant à la nature de ce que l’on mesure, et à la façon dont on le définit.</p>
<p>Du fait de ces choix, les indicateurs, y compris agro-environnementaux, sont par nature <a href="http://www.agro-transfert-rt.org/wp-content/uploads/2016/03/Evaluation-agri-environnementale-et-choix-des-indicateurs.pdf">imparfaits</a>. Une quantification des ventes décrira imparfaitement la toxicité et l’écotoxicité des produits, mais même un indicateur spécifique de la toxicité pose le problème de la définition des écosystèmes et espèces touchées : humains, insectes, faune du sol ou des cours d’eau… tous sont différents par leur exposition, mais surtout par leur sensibilité aux différentes substances actives.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Face à cette complexité, il est utile de se rappeler qu’un indicateur doit éclairer une décision. Il faut trouver un compromis entre pertinence et accessibilité des données mobilisées pour le calculer.</p>
<h2>Les ventes de produits phytopharmaceutiques en France comme prérequis</h2>
<p>Devant la difficulté de connaître l’utilisation de produits dans les champs, il a été choisi, aux niveaux français comme européen, de mesurer les ventes au niveau des distributeurs, par année civile.</p>
<p>Il faut garder à l’esprit que la quantification des ventes ne permet pas de suivre les pratiques agricoles en temps réel, puisque les produits sont achetés à l’avance et que les agriculteurs adaptent leur utilisation au statut agronomique de leurs parcelles (mauvaises herbes, maladies, infestations par des insectes…).</p>
<p>En France, le suivi des ventes a été rendu possible par la création de la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074220/LEGISCTA000006195230/2021-02-14">redevance pour pollutions diffuses</a> (RPD) en 2008, qui est une taxe payée par les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques. Sa mise en œuvre a permis l’enregistrement de toutes les ventes de produits phytopharmaceutiques en France dans une base de données (<a href="https://www.eaufrance.fr/actualites/mise-en-ligne-du-site-bnv-d-tracabilite">BNVD</a>).</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/en-france-une-taxation-des-terres-agricoles-qui-favorise-leur-artificialisation-216194">En France, une taxation des terres agricoles qui favorise leur artificialisation</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>À partir des données de vente, plusieurs indicateurs ont été proposés dans le débat public. Nous les présentons brièvement ci-après.</p>
<h2>La quantité de substance active (QSA)</h2>
<p>La QSA correspond à la masse totale de substances actives dans les produits vendus au cours d’une année civile. Sa simplicité d’utilisation apparente voile un travers majeur : elle cumule des substances ayant des doses d’application par hectare très différentes, ce qui revient à additionner des choux et des carottes.</p>
<p>Par analogie, c’est comme si l’industrie pharmaceutique additionnait les masses de médicaments ayant des posologies radicalement différentes. Or, pour les traitements phytopharmaceutiques, les « posologies » varient fréquemment d’un facteur 1 à 100. Des substances potentiellement très toxiques, mais actives à beaucoup plus faible dose peuvent ainsi se retrouver « masquées » par d’autres substances.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La simplicité d'utilisation de l'indicateur QSA est entachée d'un problème de taille : elle cumule des substances ayant des doses d'application par hectare très différentes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LeitenbergerPhotography</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par exemple, les insecticides sont généralement efficaces à très faibles doses. Par conséquent, ces derniers ne représentent que 1,8 % de la QSA moyenne annuelle sur la période 2012-2022, alors qu’ils représentent environ 15 % des traitements.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-bioinsecticides-miracle-ou-mirage-147050">Les bioinsecticides, miracle ou mirage ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Par ailleurs, l’industrie phytopharmaceutique tend à produire des substances de plus en plus légères pour une efficacité donnée. Par conséquent, la QSA peut baisser au cours du temps sans que cela soit lié à une diminution du nombre de traitements, ou à une baisse de toxicité des substances utilisées.</p>
<p>Par exemple, un herbicide en cours d’homologation serait efficace à un gramme par hectare, soit plus de 1000 fois moins que le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/glyphosate-40177">glyphosate</a>, efficace à plus d’un kilogramme à l’hectare. Si cette substance venait à remplacer les herbicides actuels, et notamment le glyphosate, la QSA pourrait baisser soudainement d’un tiers, sans que les pratiques ni leur toxicité potentielle n’aient changé.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/glyphosate-et-apres-ou-va-le-droit-des-pesticides-219999">Glyphosate et après : où va le droit des pesticides ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Le nombre de doses unité (NoDU)</h2>
<p>Le <a href="https://agriculture.gouv.fr/quest-ce-que-le-nodu">NoDU agricole</a> est l’indicateur de référence du plan Ecophyto depuis sa création en 2008. Historiquement, il a été construit par des scientifiques d’INRAE en lien avec les pouvoirs publics pour pallier les faiblesses de la QSA.</p>
<p>Sans rentrer dans les détails, on peut dire qu’il corrige le problème de la grande diversité des doses auxquelles sont utilisées les substances actives, en divisant chaque quantité de substance commercialisée par une dose de référence à l’hectare, appelée « dose unité » (DU).</p>
<p>Le NoDU correspond ainsi au cumul des surfaces (en hectares) qui seraient traitées à ces doses de référence. Cette surface théorique est supérieure à la surface agricole française, puisque les cultures sont généralement traitées plusieurs fois.</p>
<p>Le calcul de la dose unité, complexe et détaillé au paragraphe suivant, s’appuie sur les doses maximales autorisées lors d’un traitement (doses homologuées). Ces doses sont validées par l’Anses sur la base de l’efficacité et de la toxicité et écotoxicité de chaque produit.</p>
<p>Dans le NoDU, les substances appliquées à une dose inférieure à 100 g par hectare sont bien prises en compte : elles représentent la large majorité du NoDU. Dans la QSA au contraire, les quelques substances appliquées à plus de 100 g par hectare représentent la grande majorité de la QSA et invisibilisent les autres substances.</p>
<h2>Le calcul de la dose unité, ou quand le diable est dans les détails</h2>
<p>Bien que les indications données par le NoDU permettent de caractériser l'évolution du recours aux produits phytopharmaceutiques, il pose néanmoins des problèmes, liés notamment à la complexité du calcul des doses unités.</p>
<p>Commençons par préciser que lorsqu’une substance est présente dans plusieurs produits commercialisés, chaque produit va être homologué sur plusieurs cultures et pour différents usages, potentiellement à différentes doses. </p>
<p>La dose unité est définie, de manière complexe mais précise, comme la moyenne des maxima, par culture, des doses homologuées pour une substance une année civile donnée. Cette moyenne est pondérée par la surface relative de chaque culture en France.</p>
<p>Chaque année, le NoDU est calculé avec les doses unités de l'année et les NoDU des années précédentes sont recalculés avec ces doses unités pour éviter que les changements réglementaires affectent les tendances observées. </p>
<p>Le calcul des doses unités, tout à fait justifié du point de vue conceptuel, entraîne en pratique d'importantes difficultés :</p>
<ul>
<li><p>la définition est difficile à comprendre, ce qui en soi est un problème pour un indicateur aussi important ; </p></li>
<li><p>l’utilisation des surfaces de culture implique d’attendre la publication de ces valeurs, ce qui retarde d’autant le calcul du NoDU. Pourtant, tenir compte des surfaces cultivées n’a <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu">qu’un impact très faible sur le résultat obtenu au niveau national</a>. C'est également un frein à la généralisation du calcul à d'autres échelles géographiques ;</p></li>
<li><p>l’utilisation des maxima des doses homologuées <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu/file">augmente la sensibilité du calcul</a> aux évolutions réglementaires, ainsi qu’aux erreurs potentiellement présentes dans les bases de données.</p></li>
</ul>
<p>Cependant, et malgré les évolutions de surfaces de culture et de réglementation d'une année à l'autre, l’utilisation des doses unités d’une année ou d’une autre ne font varier la valeur du NoDU que de <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu/file">quelques pourcents au niveau national</a>.</p>
<h2>Notre proposition pour simplifier le NoDU</h2>
<p>Pour faciliter la compréhension et le calcul du NoDU, tant au niveau régional qu’européen, nous recommandons de définir la dose unité d'une substance comme la médiane de toutes ses doses homologuées – plutôt que la moyenne des maxima des doses homologuées par culture, pondérée par la surface relative de chaque culture.</p>
<p>Cette modification ne remettrait pas en cause le principe général du NoDU pour caractériser les ventes des produits phytopharmaceutiques en tenant compte des doses homologuées.</p>
<p>Enfin, les variations du NoDU en fonction l’année de calcul des doses unités deviendraient indétectables. De plus, nous avons montré que l’indicateur résultant est <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu/file">extrêmement corrélé au NoDU actuel</a>. De sorte que même si les valeurs absolues sont différentes, les évolutions restent identiques.</p>
<h2>Bilan du plan Ecophyto à l’aune du NoDU</h2>
<p>Depuis 2009, première année de collecte des données de vente, le NoDU a augmenté de 15 à 20 % jusqu’en 2014, puis s’est stabilisé jusqu’en 2017. S'en est suivi deux années exceptionnelles d'augmentation (stockage en 2018) puis de diminution (déstockage en 2019) liées à l'annonce, en 2018, de l'augmentation de la RPD au 1er janvier 2019. Depuis 2020, la valeur du NoDU s'est alors stabilisée à nouveau à un niveau proche de celui de 2009-2012.</p>
<p>Cette dernière baisse pourrait être liée à l’augmentation de la RPD en 2019 mais aussi à des conditions climatiques globalement défavorables aux pathogènes et aux ravageurs ces trois dernières années.</p>
<p>La relative stabilité du NoDU pour l'ensemble des substances entre 2009 et 2022 peut donner une impression d'immobilisme. Cependant, le plan Ecophyto prévoit aussi le calcul du NoDU sur la base plus restreinte des substances identifiées dans le code du travail comme <a href="https://www.anses.fr/fr/content/substances-canc%C3%A9rog%C3%A8nes-mutag%C3%A8nes-et-toxiques-pour-la-reproduction-cmr">cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction</a> (CMR) aux effets avérés ou supposés (CMR1) ou suspectés (CMR2). Ces substances particulièrement toxiques doivent en effet être éliminées en priorité.</p>
<p>Or, le NoDU pour les CMR1, les plus dangereuses, a baissé de 88 % entre 2009 et 2020 (voir graphe ci-dessous), avant <a href="https://agriculture.gouv.fr/une-nouvelle-strategie-nationale-en-construction-sur-les-produits-phytopharmaceutiques">d’approcher 0 % en 2022</a>. Les CMR dans leur ensemble ont vu leur NoDU diminuer de 40 % entre 2009 et 2020. Cette baisse met en évidence les changements importants permis par l’évolution réglementaire d’une part, et par l’adaptation des agriculteurs à ces évolutions d’autre part.</p>
<p>Autrement dit, oui, le NoDU a été utile pour quantifier la limitation de l’usage des produits phytopharmaceutiques dangereux. De plus, et contrairement à ce qui aurait pu arriver, cette élimination des produits les plus dangereux, et potentiellement les plus efficaces, n’a pas entraîné une augmentation des traitements dans leur ensemble.</p>
<p>C'est d'autant plus remarquable que l'interdiction de traitements de semences (par exemple <a href="https://theconversation.com/faut-il-simplement-interdire-les-neonicotino-des-pour-en-sortir-184268">néonicotinoïdes</a> sur colza), non inclus dans le NoDU, a sans doute entraîné l'utilisation de traitements en végétation (par exemple contre les altises à l'automne) qui eux sont comptabilisés dans le NoDU. Il faudrait donc profiter de la réflexion actuelle sur les indicateurs pour intégrer l’ensemble des substances actives utilisées pour les traitements de semences dans le calcul.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-les-alternatives-existent-mais-les-acteurs-sont-ils-prets-a-se-remettre-en-cause-146648">Pesticides : les alternatives existent, mais les acteurs sont-ils prêts à se remettre en cause ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>HRI, F2F… Les indicateurs européens</h2>
<p>Au niveau européen, d’autres indicateurs ont été proposés : les <a href="https://agriculture.gouv.fr/les-indicateurs-de-risque-harmonises-etablis-au-niveau-europeen">HRI-1 et 2 (Harmonized Risk Indicator, prévu par la directive n°2009/128)</a> et les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/21/le-parlement-europeen-adopte-a-une-large-majorite-la-strategie-de-la-ferme-a-la-fourchette_6099346_3244.html">F2F-1 et 2</a> (Farm to Fork, prévu dans la stratégie de la Ferme à la Table).</p>
<p>Les indicateurs HRI-1 et F2F-1 sont jumeaux, puisqu’ils ne diffèrent que par l’éventail des substances prises en compte et par les périodes de référence considérées. Tous deux prennent en compte la masse de substances actives, comme le fait la QSA, mais en les pondérant en fonction de leur appartenance à des groupes de « risque » : 1 pour les substances de faible risque, 8 pour les substances autorisées, 16 pour les substances dont l’interdiction est envisagée, et enfin 64 pour les substances interdites.</p>
<p>Ces indicateurs européens sont problématiques pour plusieurs raisons :</p>
<ul>
<li><p>tout d’abord les masses ne sont pas rapportées à des doses d’usage ;</p></li>
<li><p>de surcroît, en France, environ 80 % des substances vendues sont par défaut classées dans le second groupe (substances « autorisées »), ce classement est donc peu discriminant ;</p></li>
<li><p>enfin, les valeurs de pondération utilisées pour le calcul de ces indicateurs sont arbitraires et ne sont étayées par aucun résultat scientifique.</p></li>
</ul>
<h2>Faut-il en finir avec le NoDU ?</h2>
<p>Le NoDU n'est aujourd’hui utilisé qu'en France mais il suffirait de simplifier son calcul, tel que nous le proposons, pour le rendre utilisable à l’échelle européenne.</p>
<p>Les doses maximales autorisées par application peuvent varier entre pays européens, la dose unité pourrait donc correspondre à la médiane de toutes les doses homologuées en Europe. Le calcul serait simple, pertinent et applicable partout en Europe. Cette méthode pourrait aussi être utilisée pour calculer l’évolution des ventes pour chaque groupe de « risque » défini actuellement au niveau européen.</p>
<p>Une autre option acceptable pourrait être que les indicateurs européens soient modifiés pour utiliser, au sein de chaque groupe, un équivalent au NoDU et non une masse totale de substance. C'est fondamentalement ce que l’agence environnementale allemande propose dans son <a href="https://www.umweltbundesamt.de/sites/default/files/medien/11740/publikationen/factsheet_zum_hri1.pdf">rapport de mai 2023</a> bien qu'elle critique aussi les coefficients de pondération du HRI-1.</p>
<p>Par ailleurs, il apparaît difficile d’embrasser la complexité de la question de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques avec un unique indicateur. Idéalement, il faudrait que le plan Ecophyto se dote d’un panel d’indicateurs complémentaires permettant de décrire :</p>
<ul>
<li><p>l’intensité de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ;</p></li>
<li><p>les services agronomiques rendus par les produits phytopharmaceutiques ;</p></li>
<li><p>les risques pour la santé humaine ;</p></li>
<li><p>les risques pour la biodiversité.</p></li>
</ul>
<p>Quelles que soient les options choisies, le comité alerte sur la nécessité de conserver un indicateur prenant en compte les doses d’usage, tel que le NoDU. Cet indicateur doit continuer d'une part d'être appliqué à l’ensemble des ventes pour caractériser la quantité totale de traitement et d'autre part d'être appliqué aux substances les plus préoccupantes pour quantifier l’effort d'arrêt des substances les plus dangereuses.</p>
<hr>
<p><em>Pour citer cet article : Barbu Corentin, Aulagnier Alexis, Gallien Marc, Gouy-Boussada Véronique, Labeyrie Baptiste, Le Bellec Fabrice, Maugin Emilie, Ozier-Lafontaine Harry, Richard Freddie-Jeanne, Walker Anne-Sophie, Humbert Laura, Garnault Maxime, Omnès François, Aubertot JN. « Plan Ecophyto : tout comprendre aux annonces du gouvernement », The Conversation, 21 février 2024.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223571/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Corentin Barbu est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements de l'ANR et du plan Ecophyto. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexis Aulagnier est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne-Sophie Walker est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Baptiste Labeyrie est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emilie Maugin est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Fabrice Le Bellec est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Omnes représente l'OFB au sein du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Freddie-Jeanne Richard est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Harry Ozier-Lafontaine est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Noël Aubertot est président du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marc Gallien est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maxime Garnault est chargé de mission au sein du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Véronique Gouy Boussada est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laura Humbert est chargée de mission pour le Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p>
Comment s’y retrouver dans la jungle des indicateurs du plan Ecophyto, QSA, NoDU, HRI… et en quoi posent-ils problème ? L’éclairage de plusieurs experts du Comité scientifique et technique du plan.
Corentin Barbu, Chargé de recherche sur le contrôle des ravageurs et maladies des grandes cultures, Inrae
Alexis Aulagnier, Chercheur postdoctoral, projet APCLIMPTER au Centre Emile Durkheim, Sciences Po Bordeaux
Anne-Sophie Walker, Ingénieure de recherche, Inrae
Baptiste Labeyrie, Ingénieur de recherche en arboriculture, Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CTFIL)
Emilie Maugin, Ingénieure recherche conseil en horticulture, Astredhor (Institut technique de l’horticulture)
Fabrice Le Bellec, Directeur de l'unité de recherche HortSys, Cirad
François Omnes, Chef du Service Usages et Gestion de la Biodiversité à l'Office français de la biodiversité
Freddie-Jeanne Richard, Enseignante chercheuse en écologie et comportement des invertébrés, Université de Poitiers
Harry Ozier-Lafontaine, Directeur de Recherche INRAE, Inrae
Jean-Noël Aubertot, Senior research scientist, Inrae
Marc Gallien, Chargé de prévention de la santé et de la sécurité au travail, DREETS de Normandie
Maxime Garnault, Ingénieur de recherche, Inrae
Véronique Gouy Boussada, Ingénieur de l'Agriculture et de l'Environnement, HDR, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/222330
2024-02-05T15:15:57Z
2024-02-05T15:15:57Z
Pesticides : vers une meilleure reconnaissance des effets sur la santé des enfants d’agriculteurs
<p>Le 1<sup>er</sup> février dernier, pour répondre à la colère des agriculteurs, Gabriel Attal, le premier ministre, a pris un certain nombre de <a href="https://www.gouvernement.fr/actualite/produire-et-proteger-des-nouvelles-mesures-pour-lagriculture-francaise">mesures</a>, parmi lesquelles la « mise à l’arrêt » du <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest">plan Écophyto</a>. Pour rappel, ce plan avait pour but de réduire progressivement de 50 % l’utilisation des pesticides sur le territoire français, d’ici à 2025.</p>
<h2>Suspension du plan Écophyto, à rebours des engagements de l’État</h2>
<p>Cette annonce s’inscrit à rebours des engagements pris par l’État, des objectifs du plan Écophyto et des attentes de la population. « La réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques (<em>c’est-à-dire les pesticides dans le langage courant, ndlr</em>) constitue une attente citoyenne forte et une nécessité pour préserver notre santé et la biodiversité », peut-on ainsi lire sur la <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest">page dédiée du ministère de l’agriculture</a>.</p>
<p>Les organisations non gouvernementales (ONG) de défense de l’environnement déplorent, de leur côté, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/01/la-suspension-du-plan-ecophyto-un-signal-desastreux-selon-les-ong-de-defense-de-l-environnement_6214293_3244.html">« le signal désastreux »</a> envoyé par la suspension du plan Écophyto?</p>
<p>Nombre d’ONG et d’associations militent, en particulier, pour la reconnaissance des effets sanitaires liés à l’exposition aux <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pesticides-25901">pesticides</a> chez les agriculteurs et au sein de leurs familles.</p>
<p>C’est le cas, par exemple, du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest. Le 4 décembre 2023, à Rennes, l’association organisait une <a href="https://victimepesticide-ouest.ecosolidaire.fr/vers-une-reconnaissance-des-tumeurs-cerebrales-comme-maladie-professionnelle-liee-aux-pesticides/">conférence de presse</a> pour demander la création d’un nouveau <a href="https://www.inrs.fr/publications/bdd/mp.html">tableau des maladies professionnelles</a> spécifique aux tumeurs cérébrales dont le risque serait accru par l’exposition aux pesticides.</p>
<p>Ce tableau s’appuierait notamment sur l’expertise scientifique collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) <a href="https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/">« Pesticides et santé, nouvelles données »</a> rendue en 2021.</p>
<h2>Présomption de lien entre tumeurs au cerveau et exposition aux pesticides</h2>
<p>Par rapport à son précédent rapport sur le sujet qui datait de 2013, l’Inserm a fait passer de « faible » à « moyen » la <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-synthese.pdf#page=72">« présomption d’un lien entre exposition aux pesticides et de tumeurs du système nerveux central »</a> pour les populations agricoles. Cela concerne deux catégories de tumeurs du cerveau en particulier : les <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Tumeurs-du-cerveau/Les-tumeurs-du-cerveau/Types-de-tumeurs">gliomes et les méningiomes</a>.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>En épidémiologie, la « présomption d’un lien » signifie qu’on observe une association entre un facteur particulier – ici, une exposition aux pesticides – et un effet sur la santé – ici, la survenue de tumeurs du cerveau.</p>
<p>Néanmoins, il convient de préciser que la présomption d’un lien ne constitue pas une preuve définitive de causalité. On parle de « présomption de lien moyenne » quand il existe au moins une étude de bonne qualité qui montre une association statistiquement significative.</p>
<p>La demande du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest a pour objectif de faciliter l’obtention d’une réparation financière pour les personnes ayant été exposées, du fait de leur travail, à des pesticides et qui ont développé une pathologie de ce type.</p>
<h2>Un long parcours pour obtenir une reconnaissance et une réparation</h2>
<p>De nombreux rapports publics ou travaux de sciences sociales décrivent les obstacles auxquels doivent faire face les victimes du travail pour obtenir une telle réparation. Nous avons récemment publié un livre intitulé <a href="https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100424380">« L’agriculture empoisonnée, le combat des victimes des pesticides »</a> (aux éditions des Presses de Sciences Po), dans lequel nous analysons en particulier les difficultés que rencontrent les travailleuses et travailleurs agricoles exposés aux pesticides.</p>
<p>Ils ne connaissent pas toujours leurs droits et sont confrontés à des professions médicales souvent mal formées aux enjeux médico-administratifs des maladies professionnelles. De plus, il peut être compliqué pour eux de se revendiquer victimes de produits qu’ils ont volontairement utilisés en tant qu’exploitants et chefs d’entreprises, même sous l’incitation de nombre d’organismes agricoles.</p>
<p>Leurs parcours de reconnaissance est un long combat qui bénéficie du soutien de leurs familles, de journalistes, d’avocats et d’associations environnementales ou de victimes (le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, <a href="https://www.phyto-victimes.fr/">Phyto-victimes</a> notamment).</p>
<p>S’il est difficile d’obtenir une réparation pour des victimes d’expositions toxiques professionnelles, cela est quasiment impossible pour les victimes d’expositions environnementales.</p>
<p>En effet, les maladies environnementales sont souvent multifactorielles, à délai de latence long. Et comme il n’existe pas de système de réparation basé sur la présomption d’origine comme pour les maladies professionnelles, les victimes doivent engager des procédures juridiques civiles où les exigences de preuves de causalité qui leur sont demandées sont insurmontables.</p>
<h2>Une première avancée avec le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides</h2>
<p>Les données scientifiques mettant en cause le rôle des pesticides dans l’apparition de certaines maladies chez l’adulte mais aussi <a href="https://presse.inserm.fr/une-etude-de-linserm-sinteresse-au-lien-entre-le-risque-de-leucemie-pediatrique-et-le-fait-dhabiter-a-proximite-de-vignes/67576/">chez l’enfant</a> sont de plus en plus nombreuses.</p>
<p>Face à ce constat, les autorités ont décidé en 2020 la <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-soc/l15b1597_rapport-fond">création</a> d’un <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/">Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides</a> (FIVP).</p>
<p>La principale innovation de ce fonds est d’ouvrir la possibilité d’une indemnisation facilitée pour les enfants atteints d’une pathologie parce qu’au moins un de leurs parents a été exposé aux pesticides en raison de son activité professionnelle. On parle d’ <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/le-fonds-dindemnisation/">« enfants exposés aux pesticides pendant la période prénatale »</a> parce que l’exposition du père ou de la mère pourrait être associée à un risque accru de maladie de l’enfant.</p>
<p>La présomption d’un lien entre ces expositions et une augmentation de risque existe pour les <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-synthese.pdf#page=72">tumeurs cérébrales</a> et pour les <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-resume.pdf">leucémies</a>. Les experts du Fonds considèrent également que les <a href="https://www.chu-poitiers.fr/specialites/chirurgie-pediatrique/fentes-labiales-palatines-et-labiopalatines/">fentes labio-palatines</a> et les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0160412018302022">hypospadias</a> (les <a href="https://www.chu-nantes.fr/hypospadias">hypospadias</a> sont des anomalies génitales qui touchent les garçons) font partie des maladies pour lesquelles une présomption de lien existe.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/glyphosate-sur-quelles-pathologies-portent-les-soupcons-et-avec-quels-niveaux-de-preuves-217583">Glyphosate : sur quelles pathologies portent les soupçons et avec quels niveaux de preuves ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>La création du FIVP est une véritable avancée dans l’ouverture des droits pour les victimes d’expositions environnementales. Cependant, comme le montrent les travaux en sciences sociales sur les <a href="https://hal.science/hal-03287005">victimes du travail</a> et plus largement sur les <a href="https://booksandideas.net/IMG/pdf/20100601_warin.pdf">droits sociaux</a>, il ne suffit pas que des droits soient ouverts pour qu’ils soient saisis et activés par leurs bénéficiaires potentiels.</p>
<p>Entre 2021 et 2022, le Fonds n’a ainsi reçu que douze demandes d’indemnisation pour des pathologies pédiatriques d’enfants exposés durant la période prénatale. (Précisément, son rapport d’activité 2021 fait état de <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/wp-content/uploads/2022/10/Rappoct-dactivite-2021-FIVP.pdf#page=4">sept premières demandes</a>. Selon le <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/wp-content/uploads/2023/08/Rapport-activite-FIVP-2022-12261.pdf#page=7">rapport 2022</a>, trois dossiers d’enfants ont été traités dans l’année et cinq nouveaux dossiers sont parvenus en 2022).</p>
<p>Pour les familles, les obstacles pour faire reconnaître la maladie de leur enfant et son origine sont très nombreux. De plus, les pathologies pédiatriques lourdes déclenchent souvent un besoin de comprendre l’origine du mal – « pourquoi moi ? pourquoi mon enfant ? » – Les parents font face à des savoirs épars et loin d’être maîtrisés par l’ensemble des pédiatres.</p>
<p>Surtout, les parents peuvent hésiter à explorer plus avant cette question de la causalité du fait des enjeux de responsabilité morale qu’elle soulève : pour un parent, incriminer sa propre exposition toxique comme cause de la maladie de son enfant peut entraîner un sentiment fort de culpabilité.</p>
<h2>Au CHU d’Amiens, une première consultation pour les familles concernées</h2>
<p>Pour aider les familles concernées par ces enjeux médico-administratifs, scientifiques et moraux, le <a href="https://www.chu-amiens.fr/patients-et-visiteurs/services-et-contacts/medecine/centre-regional-pathologies-professionnelles-environnementales-crppe-amiens/">Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales des Hauts-de-France (CRPPE HDF) du Centre Hospitalo-Universitaire Amiens Picardie</a> a mis en place une consultation dédiée en octobre 2023.</p>
<p>Les <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_mig_f10_crppe.pdf">CRPPE</a> sont des structures hospitalières expertes dans l’évaluation des expositions environnementales et professionnelles et l’établissement de leur imputabilité dans la genèse des maladies. En d’autres termes, les spécialistes tentent d’établir si l’exposition à certaines substances présentes dans l’environnement de vie des patients a pu augmenter le risque de survenue de leur maladie.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/notre-microbiote-intestinal-cible-collaterale-des-pesticides-focus-sur-les-effets-du-chlorpyrifos-215247">Notre microbiote intestinal, cible collatérale des pesticides : focus sur les effets du chlorpyrifos</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>La consultation du CRPPE HDF – site d’Amiens repose sur un dispositif de repérage et d’accompagnement des familles dont un enfant est atteint d’une des pathologies susceptibles d’ouvrir droit à une réparation via le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides.</p>
<p>Cela implique une collaboration avec les praticiens spécialisés en chirurgie et oncologie pédiatrique du CHU d’Amiens de manière à identifier les familles concernées. Ces dernières ont accès à une consultation durant laquelle le responsable du CRPPE évalue les expositions professionnelles et environnementales des parents, et émet un avis expert consultatif sur l’imputabilité de celles-ci dans la genèse de la pathologie de leur enfant.</p>
<p>L’accent est mis sur les multiples facteurs à l’origine de la maladie, parmi lesquels l’exposition aux pesticides peut, ou non, avoir joué un rôle. Le cas échéant, le responsable du CRPPE présente les possibilités de réparation et aide la famille à constituer son dossier médico-administratif.</p>
<h2>Affranchir les parents du sentiment de culpabilité</h2>
<p>La consultation est aussi le moyen d’aider les familles à s’affranchir du sentiment de culpabilité qui les habite, en insistant sur la responsabilité collective de notre société dans l’utilisation des pesticides qui a été reconnue par la création du Fonds.</p>
<p>Cette consultation est également l’occasion d’expliquer aux familles les grands principes de la prévention du risque chimique. Le responsable insiste aussi sur le fait que supprimer ou contrôler collectivement le danger – en l’occurrence les pesticides à risque – est, de très loin, bien plus efficace que modifier les équipements de protection ou les comportements individuels.</p>
<p>Première de son genre en France, on peut espérer que cette consultation fera des émules dans d’autres régions grâce au CRPPE, et contribuera, comme d’autres dispositifs (par exemple <a href="https://stopauxcancersdenosenfants.fr/institut-citoyen-de-recherche-et-de-prevention-en-sante-environnementale/">l’Institut citoyen de recherche et de prévention en santé environnementale</a>) à une meilleure reconnaissance des dégâts induits par les pesticides sur la santé des humains et, en particulier, celle des enfants.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/colere-des-agriculteurs-ce-qui-etait-coherent-et-cohesif-est-devenu-explosif-222066">Colère des agriculteurs : « Ce qui était cohérent et cohésif est devenu explosif »</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Pour l’heure, ce type de consultation reste centré sur les cas d’expositions périnatales professionnelles, faute de dispositifs d’indemnisation prévus pour d’autres expositions périnatales potentiellement favorisées par l’utilisation de pesticides, par exemple pour des foyers qui vivent à proximité de cultures sur lesquelles ces produits sont épandus.</p>
<p>Les (rares) données épidémiologiques sur les effets de ces expositions sur la santé des enfants, <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-resume.pdf">citées notamment dans le rapport de l’Inserm</a>, incitent à ne pas écarter ces pathologies de la réflexion sur la prise en charge collective des dégâts causés par le recours massif à la chimie de synthèse en agriculture. Il s’agit là d’un enjeu de santé publique et d’équité entre les victimes des pesticides.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222330/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Giovanni Prete a reçu des financements de l'Anses (APR EST) et du Labex Tepsis. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Elodie Haraux, Jean-Noël Jouzel et Sylvain Chamot ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Un enfant peut être atteint d’une pathologie parce qu’un de ses parents a été exposé aux pesticides dans un cadre professionnel. Obtenir une reconnaissance et une réparation est un long parcours.
Giovanni Prete, Maître de conférence en sociologie, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux et Lisis (délégation Inrae), Université Sorbonne Paris Nord
Elodie Haraux, Service de chirurgie de l'enfant, CHU Amiens Picardie Laboratoire Peritox UMI-01, CURS Université Jules Verne Picardie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Jean-Noël Jouzel, Chercheur CNRS, sociologie, science politique, Sciences Po
Sylvain Chamot, MD, PhD student Péritox (UMR_I 01) ; UPJV/INERIS , Université de Picardie Jules Vernes & CHU Amiens Picardie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/222031
2024-01-31T16:01:30Z
2024-01-31T16:01:30Z
Hausse des cas d’infection invasive au streptocoque A : comment il se propage, et les symptômes à surveiller
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/571469/original/file-20240122-27145-c07mvm.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C48%2C1968%2C1488&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une augmentation des cas d’infection causée par le streptocoque du groupe A a été observée dans plusieurs pays, dont le Canada.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID))</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Une hausse rapide des cas de maladies graves à streptocoque du groupe A — également appelé Streptococcus pyogenes ou streptocoque A — a récemment fait la une des médias. Le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2042368/grippe-Covid-symptome-maldie-infection">nombre de décès</a> dus à cette infection est aussi plus élevé que d’habitude, y compris chez les enfants, et les gens se demandent pourquoi et comment ces infections se propagent, et quels sont les symptômes à surveiller.</p>
<p>Peu après la diminution du nombre d’infections par la Covid-19 dans le monde, on a assisté à une <a href="https://www.bbc.com/news/health-64122989">hausse considérable</a> du nombre de patients diagnostiqués avec des maladies causées par le streptocoque du groupe A dans différentes régions de la planète.</p>
<p>Au Canada, Santé publique Ontario signale actuellement une forte augmentation des cas <a href="https://www.publichealthontario.ca/-/media/Documents/I/2023/igas-enhanced-epi-2023-2024.pdf">d’infections invasives à streptocoque du groupe A</a>. Une <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON429">hausse similaire</a> a été constatée dans plusieurs pays d’Europe, touchant principalement les enfants de moins de 10 ans.</p>
<p>Pourquoi cette bactérie est-elle soudainement devenue un enjeu mondial ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, il est essentiel de connaître certaines caractéristiques de la maladie. Le streptocoque du groupe A affecte exclusivement les humains et se propage par des <a href="https://doi.org/10.1016/S2666-5247(21)00332-3">gouttelettes en suspension dans l’air ainsi que par contact de personne à personne</a>. <a href="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"></a></p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue microscopique d’une bactérie du groupe A Streptococcus" src="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le streptocoque du groupe A possède plusieurs facteurs qui favorisent l’infection et lui permettent d’envahir et de coloniser différents tissus, et d’y survivre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi les maladies causées par cet organisme, on trouve des infections des voies respiratoires telles que l’amygdalite et la pharyngite (symptômes de <a href="https://www.cdc.gov/groupastrep/diseases-public/strep-throat.html">l’angine streptococcique</a> classique), ainsi que des infections cutanées superficielles et d’autres, connues sous le nom de <a href="https://doi.org/10.4103%2F1947-2714.101997">pyodermite</a>.</p>
<p>Dans certains cas, le streptocoque A peut engendrer des infections invasives mettant la vie des patients en danger, telles que la <a href="https://www.healthlinkbc.ca/sites/default/files/documents/healthfiles/hfile60-f.pdf">fasciite nécrosante</a>, la <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/medecine-septicemie-8149/">septicémie</a> (empoisonnement du sang) et le <a href="https://www.cdc.gov/groupastrep/diseases-public/streptococcal-toxic-shock-syndrome.html">syndrome de choc toxique streptococcique</a>.</p>
<p>Pour causer un aussi large éventail de maladies dans différentes parties du corps, la bactérie dispose de plusieurs facteurs qui favorisent l’infection et lui permettent d’envahir et de coloniser différents tissus et d’y survivre. Il s’agit notamment de molécules, telles que les superantigènes, les exotoxines et les adhésines, qui aident les agents pathogènes à échapper au système immunitaire de l’hôte.</p>
<p>Un nouveau variant du streptocoque du groupe A, nommé M1UK, <a href="https://doi.org/10.1016/S1473-3099(19)30446-3">a été d’abord rapporté au Royaume-Uni</a>, où il a été associé à une augmentation des cas de scarlatine et d’infections invasives.</p>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-023-36717-4">bactéries de la sous-lignée M1UK</a> possèdent la capacité de stimuler l’expression du superantigène SpeA grâce à une seule mutation génétique. La surproduction de SpeA pourrait être responsable de la hausse de la transmission et de la survie du pathogène, ainsi que de l’agressivité de la maladie, bien que cela soit encore à l’étude.</p>
<h2>Comment expliquer le pic de cas actuel ?</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1542/peds.2009-2648">Environ 10 % des enfants d’âge scolaire</a> sont porteurs de cette bactérie dans la gorge et les voies respiratoires supérieures, sans présenter de symptômes, et développent avec le temps une certaine immunité contre le streptocoque A.</p>
<p>Pendant la pandémie de Covid-19, il est probable que les enfants n’aient pas été exposés autant qu’à l’habitude à cette bactérie, de sorte que leur système immunitaire n’est <a href="https://doi.org/10.1016%2FS0262-4079(21)00716-8">sans doute pas aussi performant pour lutter</a> contre celle-ci et qu’ils pourraient y être plus vulnérables.</p>
<p>La propagation de la nouvelle souche M1UK pourrait être également à l’origine de l’augmentation du nombre de cas, mais cela demeure à vérifier.</p>
<h2>Doit-on s’inquiéter de cette hausse ?</h2>
<p>De manière générale, les Canadiens n’ont pas à s’inquiéter outre mesure, car les infections graves dues au streptocoque du groupe A sont rares.</p>
<p>Toutefois, il est important de prendre l’angine à streptocoque au sérieux, de consulter un médecin et de se méfier des symptômes qui pourraient indiquer une infection invasive. Sans traitement, cette bactérie peut engendrer divers problèmes, tels que des infections invasives.</p>
<p>Comment se protéger et quand consulter un médecin ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un professionnel de la santé hors cadre prélève un échantillon de la gorge d’une jeune fille" src="https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un test de dépistage rapide permet de diagnostiquer l’angine à streptocoque. En cas de résultat positif, on peut prescrire des antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme le streptocoque du groupe A est courant et que de nombreux porteurs sont asymptomatiques, il est difficile de ne pas y être exposé. On recommande une bonne hygiène des mains, de se couvrir quand on tousse et qu’on éternue, de rester à la maison si on est malade et de ne pas envoyer ses enfants à l’école s’ils ont très mal à la gorge.</p>
<p>Si vous pensez souffrir d’une <a href="https://www.aboutkidshealth.ca/Article?contentid=11&language=French">infection à streptocoque</a>, notamment si vous avez la gorge douloureuse et de la difficulté à avaler, si vous avez de la fièvre, un gonflement des amygdales ou une éruption cutanée, consultez un médecin de famille afin de déterminer s’il s’agit d’une infection à streptocoque du groupe A. Un <a href="https://www.healthlinkbc.ca/tests-treatments-medications/medical-tests/rapid-strep-test-strep-throat">test de dépistage rapide</a> peut être effectué en prélevant un échantillon dans la gorge. S’il s’avère positif, le médecin peut prescrire des antibiotiques.</p>
<p>Les infections invasives à streptocoque du groupe A sont très dangereuses et constituent une urgence médicale, même si les premiers symptômes ne sont pas toujours clairs. Il peut s’agir de fièvre, de frissons, de symptômes grippaux, de nausées ou de vomissements, mais surtout d’infections cutanées rouges et chaudes qui peuvent être très douloureuses et se répandre rapidement.</p>
<p>Des données solides indiquent que des <a href="https://doi.org/10.1542/peds.105.5.e60">maladies virales antérieures, telles que la varicelle</a>, peuvent prédisposer à l’infection invasive au streptocoque A. On devrait surveiller de près les enfants atteints de varicelle pour s’assurer qu’ils n’en souffrent pas.</p>
<p>Actuellement, il n’y a pas de vaccin contre le streptocoque du groupe A, alors qu’il en existe un contre la varicelle. De nombreuses équipes de recherche dans le monde, <a href="https://www.mccormicklab.ca/">dont la nôtre</a>, travaillent à la mise au point d’un vaccin contre le streptocoque A.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222031/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John McCormick reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du Conseil des sciences naturelles et de l'ingénierie du Canada (CRSNG) et de la Fondation Leducq.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Juan Manuel Diaz reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada.
</span></em></p>
L’augmentation du nombre de maladies graves causées par les streptocoques du groupe A est préoccupante. Voici pourquoi et comment elle se propage, et quels sont les symptômes à surveiller.
John McCormick, Professor of Microbiology and Immunology, Western University
Juan Manuel Diaz, Postdoctoral Associate, department of Microbiology and Immunology, Western University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/221664
2024-01-30T16:12:02Z
2024-01-30T16:12:02Z
Alcool : et si vous faisiez le point ?
<p>Que l’on ait, ou pas, relevé le <a href="https://theconversation.com/alcool-et-dry-january-relever-le-defi-de-janvier-est-toujours-benefique-meme-en-cas-dechec-220556">#DefiDeJanvier</a> (adaptation en français du terme anglo-saxon « Dry January ») également appelé « Mois sans alcool », cet évènement aura été l’occasion de faire le point sur sa consommation d’alcool.</p>
<p>En pratique, tout au long de l’année, on peut continuer à télécharger l’application <a href="https://dryjanuary.fr/lapplication-try-dry/">Try Dry</a> de #DryJanuaryFrance soutenue, entre autres, par la Fédération Addiction, un réseau d’associations et de professionnels de l’addictologie.</p>
<p>Cette application permet d’évaluer sa consommation d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/alcool-26411">alcool</a> de manière simple, en répondant au questionnaire AUDIT pour <strong>A</strong>lcohol <strong>U</strong>se <strong>D</strong>isorder <strong>I</strong>nventory <strong>T</strong> (en français, « test pour faire l’inventaire des troubles liés à l’usage d’alcool »). Le questionnaire est également mis à disposition en ligne par le <a href="https://www.addictaide.fr/parcours/audit/">Fonds Addict’AIDE</a>.</p>
<p>En fonction des résultats, il conviendra de se tourner vers son médecin traitant ou un autre professionnel de santé.</p>
<h2>Évaluer sa consommation d’alcool en 10 questions</h2>
<p>Simple et court – puisqu’il ne comprend que dix questions –, le questionnaire AUDIT est <a href="https://ijadr.org/index.php/ijadr/article/view/222">validé internationalement</a>. Comme son nom l’indique, ce test évalue votre consommation d’alcool mais aussi votre de risque de présenter un trouble associé à cette consommation, via un score qui vous est attribué une fois que vous avez répondu à toutes les questions.</p>
<p>Les trois premières questions traitent de la <em>consommation</em> du patient : sa fréquence, le nombre de verres d’alcool par occasion de boire, etc.</p>
<p>Les questions de 4 à 6 s’intéressent à la <em>dépendance à l’alcool</em> : la perte de contrôle, l’impossibilité de remplir ses obligations et le besoin d’alcool dès le matin ;</p>
<p>Enfin, les questions de 7 à 10 ciblent les <em>problèmes liés à l’alcool</em> : le sentiment de culpabilité, les regrets après avoir bu, les trous noirs ou <a href="https://theconversation.com/black-out-quand-les-souvenirs-se-dissolvent-dans-lalcool-129045">« black-out »</a> (quand on ne se souvient pas des évènements de la veille), le fait de s’être blessé ou avoir blessé quelqu’un (du fait de sa consommation) et d’avoir reçu des conseils pour réduire sa consommation.</p>
<p>Si le score est supérieur ou égal à 7 chez l’homme, et supérieur ou égal à 6 chez la femme, cela signifie qu’il y a un risque que la personne soit concernée par ce que l’on appelle « un trouble lié à l’usage de l’alcool ». Ce risque sera d’autant plus important que le score sera élevé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Capture d’écran de la page destinée à l’alcool du site Addict’AIDE, le village des addictions." src="https://images.theconversation.com/files/571953/original/file-20240129-15-aq22bi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571953/original/file-20240129-15-aq22bi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571953/original/file-20240129-15-aq22bi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571953/original/file-20240129-15-aq22bi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571953/original/file-20240129-15-aq22bi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571953/original/file-20240129-15-aq22bi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571953/original/file-20240129-15-aq22bi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Addictaide.fr est un portail qui permet aux personnes dépendantes, notamment à l’alcool, et à leurs proches de trouver des outils et des ressources pour ne plus être seuls face à l’addiction.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Trop de personnes dépendantes à l’alcool dans le déni</h2>
<p>Quand on aborde la question de l’alcool, l’image de l’ivrogne, de l’alcoolique décrit par l’écrivain Émile Zola reste bien ancrée en France. Et du fait de l’évolution des modes de consommation d’alcool – moins d’alcool régulier au cours des repas, plus d’alcoolisations ponctuelles importantes un à deux jours par semaine – de nombreux patients sont dépendants de l’alcool sans en avoir conscience et rejettent cette idée.</p>
<p>Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes adultes qui présentent plusieurs critères de dépendance à l’alcool et sont dans le déni. Cette façon de consommer de l’alcool semble également en <a href="https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/2/2024_2_1.html">augmentation chez les femmes de plus de 35 ans</a>.</p>
<p>Le phénomène n’épargne pas non plus les adolescents et ce, dès le collège. Selon une <a href="https://www.ofdt.fr/publications/collections/resultats/les-usages-de-substances-psychoactives-chez-les-collegiens-et-lyceens-resultats-enclass-2022/">enquête qui vient d’être publiée en 2024</a>, les épisodes d’alcoolisation ponctuelle importante concerneraient une part non négligeable des adolescents, dès les classes de 4<sup>e</sup> et de 3<sup>e</sup> au collège et un nombre important de lycéens.</p>
<p>Dans tous les cas, considérer les alcoolisations ponctuelles massives (terme préféré à l’anglicisme « binge drinking »), répétées deux à trois fois par semaine, comme une forme de dépendance à l’alcool pourra inciter certaines personnes concernées à modifier leur comportement et à réduire leur consommation.</p>
<p>La maladie alcoolique englobe la dépendance à l’alcool et les conséquences sur le plan physique et psychiatrique à moyen et à long terme. Considérer un alcoolique – le terme est, et reste, péjoratif – comme un malade à part entière est indispensable.</p>
<h2>Le trouble lié à l’usage de l’alcool (TUA)</h2>
<p>Dans la V<sup>e</sup> version du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (<a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2023-10/fiche_3.detecter_un_trouble_de_lusage_dalcool_tua__le_dsm-5.pdf">DSM V-TR</a>), la notion d’abus et dépendance a été supprimée. Aujourd’hui, on considère qu’ il existe un continuum avec un trouble <em>léger</em>, <em>modéré</em>, puis <em>sévère</em> lié à l’usage de l’alcool ou TUA, selon le nombre de critères de dépendance présents (au cours des 12 derniers mois).</p>
<p>En pratique, certains signes doivent alerter : une consommation quotidienne importante d’alcool, un comportement violent, des retentissements sur la vie familiale, sociale, professionnelle… Sur le plan physique, des sueurs ou tremblements le matin, des troubles du sommeil ou encore une <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/hypertension-arterielle-hta/definition-facteurs-favorisants">hypertension artérielle</a> peuvent être évocateurs d’un troublé lié à l’usage de l’alcool.</p>
<p>Malheureusement, la consommation d’alcool est rarement abordée lors des consultations de médecine générale, alors que cela devrait être systématique, comme pour le tabac. On rappellera que le tabac et l’alcool représentent deux facteurs de risque responsables, respectivement, de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/tabac-en-france-premieres-estimations-regionales-de-mortalite-attribuable-au-tabagisme-en-2015">75 000</a> et <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2020/consommation-d-alcool-en-france-ou-en-sont-les-francais">41 000 morts évitables chaque année en France</a>.</p>
<p>Il est essentiel de procéder à un <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-02/reco403_fiche_outil_2021_alcool_cannabis_tabac_cd_2021_02_11_v0.pdf">repérage précoce suivi d’une intervention brève</a> (notamment une évaluation des risques). Il est également primordial d’assurer un accompagnement durable afin de favoriser la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool !</p>
<h2>Un TUA associé à des complications médicales et psychosociales</h2>
<p>La consommation chronique d’alcool est à l’origine de <a href="https://www.alcoologie-et-addictologie.fr/index.php/aa/article/download/556/241/">nombreuses pathologies</a> associées <a href="https://hal-lara.archives-ouvertes.fr/hal-01570661/document">au TUA</a> : <a href="https://www.cancer-environnement.fr/fiches/nutrition-activite-physique/alcool-et-cancer/">cancers</a>, maladies de l’<a href="https://www.stop-alcool.ch/fr/l-appareil-digestif">appareil digestif</a>, <a href="https://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/168/?sequence=15">du cœur et des vaisseaux</a>, <a href="https://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/168/?sequence=11">du système nerveux</a>, des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0761842518301293">poumons</a>, etc.</p>
<p>Les conséquences sanitaires, sociales et économiques liées à la consommation d’alcool sont également majeures. Elle est à l’origine de <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-de-psychologie-sociale-2014-1-page-5.htm">violences</a> et d’accidents, sachant qu’un <a href="https://www.ofdt.fr/statistiques-et-infographie/series-statistiques/alcool-evolution-des-accidents-mortels-de-la-route/">accident mortel sur quatre sur la route</a> est attribué à l’alcool. Quant au coût économique, il est estimé à <a href="https://addictions-france.org/articles/cout-social-des-drogues-et-priorites-de-laction-publique/">102 milliards d’euros</a>.</p>
<h2>Un accompagnement anonyme, gratuit et dans la durée en centres de soins</h2>
<p>Il est important de faire le point avec un professionnel du champ sanitaire et social, afin d’assurer une prise en charge médico-psycho-sociale adaptée à chacun.</p>
<p>L’accompagnement par un médecin (généraliste, spécialiste), une structure de soins spécialisée en alcoologie ou une association d’entraide va permettre de prendre conscience de cette pathologie et de mettre en place un objectif d’abstinence ou de réduction de la consommation d’alcool.</p>
<p>Les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) présentent plusieurs spécificités : pluridisciplinarité des équipes (médecins, infirmiers, psychologues, professionnels socio-éducatifs, patients experts), accompagnement dans la durée, gratuité et possibilité d’anonymat. Ils sont financés par l’Assurance maladie et gérés soit par des associations, soit par des établissements publics de santé. </p>
<p>Ces centres s’adressent aux personnes ayant un TUA, ainsi qu’à leur entourage, qui peuvent les contacter directement. Mais la personne concernée peut aussi être orientée par son médecin. En charge de l’accueil, de l’information et de la prévention, les équipes pluridisciplinaires assurent aussi la prise en charge médicale, psychologique, sociale et éducative ainsi qu’un rôle d’orientation.</p>
<p>On peut trouver une liste de centres de soins proches de chez soi via <a href="https://drogues-info-service.fr/Les-drogues-et-vous/L-arret/Je-souhaite-me-faire-aider">Drogues-Info-Service</a> en indiquant son adresse, sa ville ou son département. Également par l’intermédiaire de l’<a href="https://www.addictaide.fr/alcool/annuaire/">annuaire</a> du portail Addict’AIDE.</p>
<h2>Des consultations d’addictologie et séjours à l’hôpital</h2>
<p>En fonction de l’intensité du TUA et de l’existence de complications sur le plan physique, psychologique ou psychiatrique, une hospitalisation pourra être nécessaire dans des structures hospitalières spécialisées.</p>
<p>Selon les territoires, les compétences d’addictologie sont présentes dans différents types d’établissements et le patient peut y recourir spontanément ou dans le cadre de son <a href="https://www.ameli.fr/assure/remboursements/etre-bien-rembourse/medecin-traitant-parcours-soins-coordonnes">parcours de soins</a>,en passant par son médecin traitant.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Capture d’écran de la page d’accueil du site Alcool-Info-Service.fr. Est inscrit son numéro 0980 980 930" src="https://images.theconversation.com/files/571946/original/file-20240129-19-uo2hen.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571946/original/file-20240129-19-uo2hen.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571946/original/file-20240129-19-uo2hen.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571946/original/file-20240129-19-uo2hen.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571946/original/file-20240129-19-uo2hen.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571946/original/file-20240129-19-uo2hen.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571946/original/file-20240129-19-uo2hen.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les personnes concernées par un problème avec l’alcool, ou leurs proches, peuvent solliciter Alcool Info Service, le service national d’aide à distance en matière d’alcool et de dépendances, par tchat ou téléphone 7j/7 au 0980 980 930 (appel anonyme et non surtaxé).</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il est également possible de se rendre à des consultations d’addictologie. On peut aussi se rapprocher de ce que l’on appelle les équipes de liaison et de soin en addictologie (<a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/addictions/article/les-equipes-de-liaison-et-de-soins-en-addictologie-elsa">ELSA</a>). Elles interviennent auprès des patients, aux urgences et pendant une hospitalisation, en soutien aux équipes soignantes, quand un problème avec l’alcool est mis en évidence.</p>
<p>Une hospitalisation de jour – la personne vient le jour à l’hôpital et rentre chez elle le soir – dans un service hospitaliser d’addictologie peut être envisagée. Cela permet de mener une évaluation pluridisciplinaire de la situation des patients, d’élaborer des projets thérapeutiques individualisés et de proposer des prises en charge adaptées.</p>
<p>L’hospitalisation de jour peut survenir de prime intention ou au décours d’une hospitalisation, également en situation de crise pour des patients connus. L’accompagnement proposé favorise le lien environnemental et familial.</p>
<p>Quant à l’hospitalisation complète en addictologie, elle peut être mise en place, en urgence ou de manière programmée, pour un sevrage, une évaluation ou pour des complications et/ou d’autres pathologies associées sur le plan physique ou psychiatrique.</p>
<p>Enfin, il existe des services de soins de suite et de réadaptation en addictologie. Ils accueillent les personnes, en relais d’une hospitalisation ou en accès direct, afin de réduire ou de prévenir les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques et sociales, et faciliter la réadaptation pour les patients.</p>
<h2>Le traitement du trouble lié à l’usage de l’alcool</h2>
<p>L’objectif du traitement du trouble lié à l’usage de l’alcool est soit l’abstinence (arrêt total de la consommation d’alcool), le sevrage alcoolique (sachant qu’un sevrage complet conduit à l’abstinence), soit la réduction de la consommation (fréquence et quantité d’alcool consommé). Il dépendra de la sévérité du trouble et de l’existence de complications qui peuvent nécessiter l’arrêt de toute consommation d’alcool.</p>
<p>Des <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/medicaments/utiliser-recycler-medicaments/medicaments-contre-la-dependance-l-alcool-0">médicaments peuvent aussi aider</a> au maintien de l’abstinence, à la prévention de la rechute ou à la réduction de la consommation, en complément d’un accompagnement psychothérapeutique.</p>
<p>En 2023, la Société française d’alcoologie a mis à jour ses <a href="https://sfalcoologie.fr/wp-content/uploads/RECOS-SFA-Version-2023-2-2.pdf">recommandations concernant le mésusage d’alcool</a>. Elle y détaille l’accompagnement psychothérapeutique, qui va des interventions brèves à l’entretien motivationnel, en passant par les thérapies cognitives et comportementales (TCC) et les <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2023-10/guide_agir_en_premier_recours_pour_diminuer_le_risque_alcool.pdf">psychothérapies</a> d’inspiration analytique, familiale ou basées sur les compétences psychosociales.</p>
<p>Nous ne sommes pas tous égaux face à la maladie alcoolique, qui est complexe et multifactorielle : les facteurs de vulnérabilité sont nombreux, et la prise en charge sera adaptée à chacun.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221664/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers est administrateur de la SFT, de l'IRAAT et de l'IREPS ARA.</span></em></p>
Une consommation élevée d’alcool peut conduire à un trouble de l’usage de l’alcool qui peut être associé à de graves complications. D’où l’importance de faire le point et de se faire suivre si besoin.
Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/221417
2024-01-23T16:38:45Z
2024-01-23T16:38:45Z
Substances à risque, sensibilité de la peau… se maquiller avec précaution
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570013/original/file-20240111-15-xw47nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=58%2C58%2C5548%2C3673&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les produits de maquillage sont souvent appliqués sur des zones sensibles du visage, comme la paupière, où la peau est plus fine, ce qui peut faciliter leur pénétration.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/eye-makeup-woman-applying-eyeshadow-powder-120600151">AlikeYou / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le maquillage a été l’un des cadeaux vedettes de Noël dernier, et il le sera certainement encore le 14 février, date de la Saint-Valentin. Mais même si on connaît les goûts et les besoins de la personne à qui on va offrir ce présent, il convient d’être prudent. Choisir des produits adaptés à chaque âge et à chaque type de peau est essentiel si on veut conserver une peau en bonne santé.</p>
<p>Le maquillage comme les autres produits cosmétiques – rouge à lèvres, crayon pour les yeux, ombre à paupières, poudre pour le visage, fard à joues, mascara… – se caractérise par des formulations complexes et il est disponible sous différents formats et textures. On trouve du maquillage liquide, semi-solide et solide (généralement sous forme de poudre). On doit faire sa sélection en tenant compte de son âge, de son type de peau, de son <a href="https://www.sfdermato.org/upload/scores/fitzaptrick-07c01cd700377584cb403f9135752e97.pdf">phototype</a>, également de la sensibilité, de l’élasticité et du degré d’hydratation de sa peau, du risque de faire une allergie après application du produit et d’autres paramètres. Les poudres, par exemple, peuvent facilement déshydrater la peau. Les personnes à la peau sèche devraient donc opter pour un autre format.</p>
<h2>Portes d’entrée dans l’organisme</h2>
<p>Attention ! Ces produits sont souvent appliqués sur des zones sensibles : autour des yeux où la peau est plus fine ainsi que <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-0-387-74901-3_4">sur les lèvres et les muqueuses</a> qui ne disposent pas de couche cornée pour empêcher la pénétration. De plus, le risque d’ingestion d’un produit pour les lèvres est plus élevé, car il peut facilement être entraîné à l’intérieur de la bouche par la salive et la langue.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568821/original/file-20240111-25-upafl3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les produits cosmétiques sont disponibles dans une large gamme de formats.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/es/fotos/brochas-de-maquillaje-rosas-y-negras-Kuaf9ch8wiw">Jessica Johnston/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La zone autour du nez est également critique. À cet endroit, les produits en poudre ou en brume, tels que les fards, brillants et enlumineurs, <a href="http://rc.rcjournal.com/content/respcare/50/3/367.full.pdf">peuvent être inhalés</a>, ce qui leur permet là encore de pénétrer très facilement dans l’organisme. Pour toutes ces raisons, la <a href="https://www.quechoisir.org/decryptage-produits-cosmetiques-les-fiches-des-molecules-toxiques-a-eviter-n2019/">sécurité des ingrédients utilisés dans les formulations de ces produits</a> est de la plus haute importance.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-cosmetiques-naturels-sans-parfum-sont-ils-sans-odeur-et-sans-danger-205349">Les cosmétiques « naturels » sans parfum sont-ils sans odeur… et sans danger ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Métaux lourds, nanomatériaux et autres substances nocives</h2>
<p>En effet, les produits de maquillage peuvent contenir des substances nocives <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35358731/">telles que des métaux lourds</a>. Malgré leur toxicité connue, certains de ces composés apparaissent dans des formules de maquillage sous forme d’impuretés ou de traces, sans être inclus dans la <a href="https://health.ec.europa.eu/system/files/2016-11/cosmetic_1223_2009_regulation_en_0.pdf">liste des ingrédients</a>.</p>
<p>(<em>On classe parmi les cosmétiques les produits de beauté comme le maquillage, mais aussi les produits d’hygiène. D’après le <a href="https://health.ec.europa.eu/system/files/2016-11/cosmetic_1223_2009_regulation_en_0.pdf#page=4">règlement européen concernant les cosmétiques</a>, les fabricants doivent obligatoirement mentionner sur les emballages la liste des ingrédients qui entrent dans la composition de leurs produits, ndlr</em>).</p>
<p>On a par exemple <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.yrtph.2014.02.003">repéré des produits de beauté</a> qui contenaient de l’arsenic, du cadmium, du chrome, du cobalt, du plomb, du mercure et du nickel (<em>les auteurs ont passé en revue des données publiées au niveau mondial. Ils ne ciblent pas spécifiquement des produits vendus en France, ndlr</em>). Certains de ces composés suscitent l’inquiétude comme le plomb, retrouvé dans des gloss, ou le nickel, le chrome et le cobalt identifiés, dans des concentrations élevées, dans certains fards à paupières notamment importés de Chine.</p>
<p>On a déjà trouvé des métaux lourds dans des <a href="https://www.bcpp.org/wp-content/uploads/2017/03/Report_Pretty-Scary_October_2009.pdf">jouets de maquillage pour enfants</a> (<em>les auteurs s'appuient sur des relevés faits en 2009, aux Etats-Unis, dans le cadre de Campaign for Safe Cosmetics, ndlr</em>). Il existe là un facteur aggravant qui vient du fait que la peau des enfants est plus fine et encore en développement. Elle est de ce fait plus vulnérable au passage des substances et elle risque davantage de réagir.</p>
<p>Une autre source d’inquiétude réside dans la présence de <a href="https://echa.europa.eu/fr/hot-topics/perfluoroalkyl-chemicals-pfas">substances perfluoroalkylées</a> (PFAS), qui augmentent la durabilité, améliorent l’étalement d’une émulsion et ont la capacité de former un film. <a href="https://setac.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/etc.4890">Il a été observé</a> que l’exposition répétée à ces substances chimiques est préjudiciable à la santé humaine. Une <a href="https://pubs.acs.org/doi/epdf/10.1021/acs.estlett.1c00240">étude récente</a> a révélé que les niveaux les plus élevés de PFAS sont détectés dans le maquillage résistant à l’eau, à l’huile ou aux vêtements ainsi que dans les produits longue durée.</p>
<p>Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7279536">nanomatériaux</a> ont également colonisé le monde glamour du maquillage. Ils améliorent la texture et l’expérience sensorielle. Si leur innocuité est encore à l’étude, on sait aujourd’hui qu’ils restent dans l’épiderme, sans pénétrer dans l’organisme.</p>
<p>Cependant, la situation est différente lorsque ces minuscules particules sont inhalées : elles <a href="https://health.ec.europa.eu/system/files/2022-08/sccs_o_239.pdf">peuvent alors provoquer des problèmes pulmonaires</a>. Le danger réside dans les produits en poudre ou en brume qui sont appliqués près de la zone nasale.</p>
<p>(<em>Quand un cosmétique contient un nanomatériau, dans la liste des ingrédients affichée sur l’emballage, le terme « nano » doit figurer après le nom de la substance en question. Mais en France, récemment, les autorités de santé ont <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/la-dgccrf-et-lansm-publient-une-note-dinformation-relative-la-definition-des-nanomateriaux">alerté</a> sur la présence de nanomatériaux non autorisés, et non mentionnés sur l’emballage, dans certains produits cosmétiques, ndlr</em>).</p>
<h2>À quel âge est-il conseillé de commencer à se maquiller ?</h2>
<p>Si l’on tient compte de tout ce qui précède, cela dépend de la maturité de la personne et des connaissances qu’elle a acquises sur ces produits. En général, il est déconseillé de commencer avant l’âge de 15 ou 16 ans : il faut connaître les ingrédients, savoir comment utiliser les différents produits et comment nettoyer sa peau après s’être maquillé.</p>
<p>L’utilisateur ou l’utilisatrice doit également adopter certaines règles d’hygiène, comme se laver les mains avant et après application du maquillage, laver correctement les brosses et les autres ustensiles qui servent à l’application et ne pas partager les produits avec d’autres personnes. De plus, il convient d’être attentif à l’apparition d’éventuels problèmes de peau.</p>
<p>Les adolescents et les jeunes qui s’initient au maquillage doivent acheter des produits adaptés à leur peau, qui est souvent plus grasse. Utiliser des produits inappropriés peut entraîner ou exacerber l’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/acne">acné</a> ou d’autres dysfonctionnements cutanés. En général, ils devraient opter pour des produits simples, hypoallergéniques, sans huile et sans parfum afin d’éviter toute irritation de la peau.</p>
<p>En règle générale, il est plus facile de suivre ces recommandations en achetant des cosmétiques fabriqués en Europe car on est alors sûr qu’ils sont fabriqués selon certaines normes. On peut aller plus loin et écarter les produits longue durée, ceux qui sont résistants à l’eau ou à d’autres éléments ou matériaux, et ceux qui nécessitent une application en continu.</p>
<p>Et n’oubliez pas d’utiliser des produits spécifiques si vous avez la peau sensible, car celle-ci risque davantage de réagir avec un produit de maquillage mal formulé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221417/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Parmi la vaste gamme de produits de maquillage disponibles sur le marché, certains sont plus susceptibles de contenir des composés toxiques ou d'irriter la peau.
Estefania Hurtado Gómez, Profesora Master Dermofarmacia UMH y CEO Mamanecó, Universidad Miguel Hernández
Isabel González-Álvarez, Profesor Titular Grado en Farmacia. Area de Farmacia y Tecnologia Farmaceutica. Dpto Ingenieria, Universidad Miguel Hernández
Marta González Álvarez, directora del Master de Dermofarmacia y Cosmética UMH, Universidad Miguel Hernández
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/219999
2024-01-22T15:31:50Z
2024-01-22T15:31:50Z
Glyphosate et après : où va le droit des pesticides ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/566247/original/file-20231218-21-76ww21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C12%2C2032%2C1348&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Épandage de pesticides dans les Yvelines, en France.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/yvelines/50342895677/">© Nicolas Duprey / CD 78</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>À l’heure où la Commission européenne a procédé au <a href="https://theconversation.com/le-glyphosate-revelateur-de-linfluence-des-lobbys-industriels-sur-la-science-reglementaire-215604">renouvellement de l’approbation du glyphosate</a> pour une période de dix ans, l’abstention de la France lors du vote interroge.</p>
<p>D’un côté, Foodwatch et Générations futures dénoncent une <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/11/16/glyphosate-la-decision-de-reautorisation-de-la-commission-europeenne-critiquee62005163244.html">« trahison »</a>, quand Greenpeace pointe le « manque de courage » du gouvernement. De l’autre, l’absence affichée de choix politique pourrait s’interpréter comme un refus, certes timide, de soutenir la proposition européenne.</p>
<p>Le regard sur les pesticides a, en effet, bien changé. S’ils ont été ce « parapluie chimique » à l’abri duquel les cultures industrielles se sont développées, aujourd’hui leurs effets <a href="https://theconversation.com/pesticides-et-biodiversite-les-liaisons-dangereuses-182815">délétères pour l’environnement</a> et la santé sont attestés par un nombre croissant d’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/liens-cancers-pediatriques-residence-vignes">études</a>.</p>
<p>Mais changer les modes de protection des cultures pour sortir de la dépendance aux pesticides chimiques revient à <a href="https://theconversation.com/pesticides-les-alternatives-existent-mais-les-acteurs-sont-ils-prets-a-se-remettre-en-cause-146648">bouleverser les modes de production agricole</a> majoritaires. Trancher en faveur de la transition agroécologique est un vrai choix politique, économique et citoyen difficile à assumer.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/glyphosate-vous-avez-dit-probablement-cancerogene-216947">Glyphosate : vous avez dit « probablement » cancérogène ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Le droit, qui encadre les conditions d’usage des pesticides et assure le contrôle des risques attachés à leur utilisation, est pourtant un puissant outil à mobiliser pour y parvenir. Les normes juridiques actuelles comprennent effectivement les possibilités de remettre en cause le modèle dominant.</p>
<p>La Constitution française reconnaît elle-même, dans la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/menu/droit-national-en-vigueur/constitution/charte-de-l-environnement">Charte de l’environnement</a>, que « certains modes de consommation ou de production » affectent « la diversité biologique, l’épanouissement de la personne et le progrès des sociétés humaines ». Le droit peut ainsi être un levier essentiel de la transition agroécologique.</p>
<p>Mais face aux intérêts de l’agro-industrie et à la nature diffuse des dommages, les règles relatives à la mise sur le marché et l’usage des pesticides sont largement désarmées. Les juges, saisis par la société civile, sont alors appelés à monter au front.</p>
<h2>Un droit désarmé</h2>
<p>Le droit européen des produits phytopharmaceutiques a pour objet aussi bien le contrôle de l’efficacité de ces produits que la prévention de leurs dangers pour la santé et l’environnement. La réglementation est stricte, puisque tous les produits destinés à protéger les végétaux doivent faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché et ne doivent pas présenter d’effet nocif immédiat ou différé sur la santé humaine et animale, pas plus que d’effets inacceptables sur la biodiversité et les écosystèmes.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Par ailleurs, les textes comme le juge affirment que « l’objectif de protection de la santé et de l’environnement […] devrait <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A32009R1107">primer</a> sur l’objectif d’amélioration de la production végétale ». C’est que la réglementation repose sur l’illusion d’une maîtrise complète des risques : on peut mettre sur le marché des produits dangereux puisque, dans les conditions d’usage préconisées, ils sont censés ne pas avoir d’effet nocif.</p>
<p>C’est peu dire que les conditions fixées par le droit ne sont pas respectées et ne peuvent pas l’être, sauf à repenser nos modèles de protection des cultures : c’est-à-dire réduire les quantités et la dangerosité, promouvoir l’usage de produits alternatifs moins dangereux, s’orienter vers d’autres modes de phytoprotection, mais aussi modifier les critères de sélection des semences pour les rendre <a href="https://theconversation.com/cereales-les-mils-meilleurs-allies-dune-agriculture-durable-nourriciere-et-resiliente-199051">plus résistantes aux parasites et maladies</a>.</p>
<p>On l’aura compris, vouloir atteindre les objectifs fixés par la réglementation, en termes de protection de la santé et de l’environnement, apparaît de nature à remettre en cause le système de production conventionnel le plus répandu, fondé sur l’utilisation de pesticides chimiques. L’enjeu est donc pour les industriels de désarmer le droit afin de le rendre inoffensif.</p>
<h2>Infiltrer le droit</h2>
<p>Pour ce faire, les efforts se portent principalement sur les données scientifiques produites lors des demandes d’autorisation. Si les stratégies sont diversifiées : données scientifiques faussées, <a href="https://theconversation.com/pesticides-et-sante-ne-pas-ignorer-ce-que-lon-sait-56405">production du doute</a>, mais l’une des plus discrète et efficace est probablement d’infiltrer le processus de production des normes techniques régissant notamment la conduite des évaluations.</p>
<p>La « science réglementaire » qui en est issue produit alors une vision tronquée, étroite, des effets des pesticides sur la santé et l’environnement, là où les études scientifiques et académiques, en adoptant une approche globale et systémique, montrent, au contraire, la diversité des facteurs de risques et la difficulté, voire l’impossibilité, de les <a href="https://www.inrae.fr/actualites/biodiversite-services-rendus-nature-que-sait-limpact-pesticides">contrôler</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-glyphosate-revelateur-de-linfluence-des-lobbys-industriels-sur-la-science-reglementaire-215604">Le glyphosate, révélateur de l’influence des lobbys industriels sur la « science réglementaire »</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Ce sont ainsi les fondements mêmes de la décision publique d’autoriser – ou non – la mise sur le marché d’un produit qui sont biaisés, alors même que cette décision, de nature politique résulte en principe d’une mise en balance des intérêts en présence.</p>
<h2>Contrepoids juridiques insuffisants</h2>
<p>En outre, les contrepoids juridiques que constituent les régimes de responsabilité pénale et civile sont largement inopérants en la matière.</p>
<p>Le droit pénal sanctionne en effet le non-respect des règles d’emploi des produits et vise ainsi les usagers, les agriculteurs en première ligne, et non les responsables de la conception et de la mise sur le marché des pesticides.</p>
<p>Quant au droit de la responsabilité civile, il est inapplicable du fait de l’impossibilité d’établir le lien de causalité indispensable entre l’usage d’un produit et la perte de biodiversité ou la pollution des nappes phréatiques notamment. Reste alors le recours aux juges amenés à contrôler l’action des pouvoirs publics.</p>
<h2>Des juges appelés au front</h2>
<p>Depuis quelques années, la contestation de l’inertie administrative en matière environnementale s’intensifie ; elle n’est pas seulement politique et sociale, mais aussi juridique. C’est ainsi que l’on assiste à une multiplication des procédures juridictionnelles qui s’explique, entre autres, par le travail des associations et l’élargissement de leurs conditions d’accès au prétoire.</p>
<p>Des affaires célèbres (<a href="https://laffairedusiecle.net/">« l’Affaire du siècle »</a>, notamment) ont, par exemple, conduit le juge administratif français à sanctionner la carence de l’État à respecter ses engagements pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES).</p>
<p>Dans le même sens, la Cour européenne des droits de l’homme est actuellement saisie de plusieurs recours dirigés contre les pays membres du Conseil de l’Europe et pointant leur <a href="https://www.echr.coe.int/documents/d/echr/fs_climate_change_fra">inaction climatique</a>.</p>
<h2>Des condamnations périodiques</h2>
<p>En matière de pesticides, les juridictions viennent régulièrement rappeler au gouvernement la nature de ses obligations. En 2023, la <a href="https://www.leclubdesjuristes.com/international/neonicotinoides-la-cour-de-justice-de-lunion-europeenne-siffle-la-fin-de-la-derogation-551/">Cour de justice de l’UE</a> et le <a href="https://www.conseil-etat.fr/actualites/neonicotinoides-pas-de-derogation-possible-a-l-interdiction-europeenne">Conseil d’État</a> ont, par exemple, jugé que les dérogations pour l’utilisation de néonicotinoïdes étaient illégales, dès lors que la Commission européenne avait formellement interdit ce type de pesticide.</p>
<p>Suivant la même logique, le Tribunal de l’Union a, le <a href="https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2023-10/cp230153fr.pdf">4 octobre 2023</a>, confirmé l’application du principe de précaution aux produits phytosanitaires, considérant que pour que la demande d’approbation d’une substance active soit refusée il suffit qu’une simple incertitude quant à la présence d’un risque pour la santé puisse être identifiée.</p>
<p>Enfin, dans une décision remarquable, le tribunal administratif de Paris a considéré le <a href="http://paris.tribunal-administratif.fr/Actualites-du-Tribunal/Espace-presse/Prejudice-ecologique-lie-a-l-utilisation-des-produits-phytopharmaceutiques-l-%C3%89tat-est-condamne">29 juin 2023</a> que l’État a méconnu les objectifs qu’il s’était lui-même fixés en matière de réduction de l’usage des pesticides et l’a condamné à réparer le préjudice écologique causé par ces produits.</p>
<p>La réponse du gouvernement ne s’est d’ailleurs pas fait attendre : le <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/02/28/pesticides-l-etat-ne-fixe-pas-d-objectif-de-reduction-des-produits-phytosanitaires-pour-le-nouveau-plan-ecophyto-2030_6163587_3234.html">nouveau plan Ecophyto</a> est vidé de ses objectifs chiffrés, par crainte que les juges ne rendent obligatoire ce qui avait été pensé, à l’origine, comme des affichages politiques sans conséquence.</p>
<h2>Prendre en compte les générations futures</h2>
<p>Les juges ne peuvent pas tout, l’affaire du <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/06/27/scandale-du-chlordecone-la-justice-reconnait-des-negligences-fautives-de-l-etat_6132239_3244.html">chlordécone</a> en atteste. Désormais saisis de ces questions environnementales, ils s’érigent néanmoins en gardiens des promesses politiques non tenues et en protecteurs des écosystèmes des générations futures.</p>
<p>Le tribunal administratif de Strasbourg a ainsi pu suspendre, le <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/11/07/dechets-toxiques-de-stocamine-le-droit-des-generations-futures-applique-pour-la-premiere-fois-par-la-justice_6198787_3244.html">7 novembre 2023</a>, l’arrêté qui prolongeait l’autorisation de stockage souterrain de produits dangereux non radioactifs, accordée pour une durée illimitée à la société des Mines de potasse d’Alsace (Stocamine).</p>
<p>Il a considéré qu’il fallait analyser davantage les alternatives à l’enfouissement de déchets au nom du droit à un environnement sain dont bénéficient les générations futures depuis une récente décision du <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/actualites/communique/decision-n-2023-1066-qpc-du-27-octobre-2023-communique-de-presse">Conseil constitutionnel</a>.</p>
<p>Audacieuse, l’interprétation est pour l’heure encore provisoire, dans l’attente d’un jugement sur le fond. Elle témoigne toutefois d’un réel changement d’appréhension des problématiques sanitaires et environnementales par les juridictions. Elles tentent d’interpréter les décisions administratives dont elles sont saisies en se projetant vers l’avenir et en analysant si les trajectoires de réduction de substances dangereuses sont bel et bien suivies par les autorités.</p>
<p>Ce type de raisonnement quasi probabiliste est complexe à mener, car il suppose aussi le recours à une expertise scientifique solide. En outre, les juges sont contraints par les règles de droit applicables au litige. L’engagement de la responsabilité de l’État, en ces matières comme ailleurs, répond en effet à des conditions strictes et notamment celle de la preuve du lien de causalité et celle du préjudice invoqué.</p>
<h2>Pour un retour du politique</h2>
<p>C’est parfois là qu’achoppe, en matière de pollution atmosphérique ou dans le dossier du chlordécone par exemple, le travail du juge. Celui-ci ne peut avoir réponse à tout et, parfois, seul un <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/09/glyphosate-theo-grataloup-porteur-de-graves-malformations-apres-une-exposition-prenatale-sera-indemnise_6193378_3244.html">fonds d’indemnisation</a> peut prendre le relais.</p>
<p>Au-delà du consensus social et des juridictions, la protection du climat, de l’environnement ou de la biodiversité nécessite des décisions politiques. L’interdiction des produits les plus dangereux, la prise en compte de l’incertitude, le principe pollueur-payeur sont d’ores et déjà prévus par le droit actuel. Reste au <a href="https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43161-rapport-enquete-echec-ecophyto.pdf">pouvoir politique</a> à s’en <a href="https://www.publicsenat.fr/actualites/environnement/budget-2024-le-gouvernement-renonce-a-la-hausse-des-taxes-sur-les-pesticides-et-lirrigation-en-agriculture">souvenir</a> et à l’appliquer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219999/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sara Brimo, en tant que titulaire de la Chaire « Observatoire Santé et Environnement - Analyse Juridique et InterdisciplinaiRe (OSE AJIR) » a reçu des financements de l'ANR.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Isabelle Doussan a reçu des financements de l'ANR. </span></em></p>
En réaction aux détournements du droit par les fabricants de pesticides, les juges deviennent progressivement des acteurs de la défense de la santé et de l'environnement.
Sara Brimo, Professeur Junior HDR en droit public, Université Paris-Panthéon-Assas
Isabelle Doussan, Directrice de Recherche en droit, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/220556
2024-01-12T16:18:02Z
2024-01-12T16:18:02Z
Alcool et Dry January : Relever le « Défi de Janvier » est toujours bénéfique, même en cas d’échec
<p>La nouvelle édition du Dry January, rebaptisée en français « Défi de Janvier », suit son cours dans notre pays, porté par les associations et les addictologues, en dépit du manque de soutien des pouvoirs publics.</p>
<p>Et la peur d’échouer ne constitue pas non plus une excuse valable, car même les personnes qui ne parviennent pas à respecter le contrat d’abstinence pendant un mois entier tirent des bénéfices de cette expérience. Explications.</p>
<h2>Comment est né le Dry January ?</h2>
<p>Lancé en 2012 au Royaume-Uni par l’association caritative <a href="https://alcoholchange.org.uk/get-involved/campaigns/dry-january">Alcohol Concern</a>, la campagne <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4684010/">Dry January</a> avait un triple objectif : initier un nouveau rapport à l’alcool, encourager ceux qui s’interrogent sur leur consommation d’alcool et enfin, donner l’envie d’un changement de comportement après un mois sans alcool positif et ludique.</p>
<p>Elle a remporté outre-Manche un succès grandissant, comptant plus de deux millions de participants trois ans après sa création, en 2015.</p>
<p>Soyons clair : ce challenge n’est pas une cure de « désintoxification », pas plus qu’il ne s’adresse aux alcoolodépendants. Au contraire, il se destine plutôt à ceux qui, sans réaliser les effets que cela peut avoir sur leur santé, boivent « un peu trop », « un peu trop souvent ». Autrement dit, qui se situent au-dessus des seuils recommandés par <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/alcool/documents/article/de-nouveaux-reperes-de-consommation-d-alcool-pour-limiter-les-risques-sur-sa-sante">Santé publique France</a>.</p>
<p>Le Dry january permet aux médecins d’évoquer avec leurs patients la question de l’alcool, parfois difficile à aborder de façon non invasive. C’est notamment l’occasion d’évaluer avec eux leur niveau de consommation, et de le réduire. Un objectif d’autant plus important que l’alcool est lié à plus de 60 pathologies médicales, incluant des cancers, le diabète, la dépression, et l’hypertension artérielle.</p>
<p>On sait depuis longtemps que s’abstenir temporairement d’ingérer de l’alcool peut avoir des effets bénéfiques sur la physiologie, et contribuer à améliorer le bien-être. Mais les facteurs influençant la réussite ou l’échec de l’observance d’une telle période d’abstinence demeuraient mal compris, tout comme la façon dont un éventuel succès pouvait affecter la consommation d’alcool ultérieure.</p>
<p>Pour mieux les cerner, le psychologue de la santé Richard de Visser et ses collaborateurs de l’université du Sussex ont mis sur pieds deux études, en 2015 et en 2019.</p>
<h2>Qu’apporte le Dry January ?</h2>
<p>En 2015, Richard de Visser et ses collègues ont sélectionné 1687 personnes inscrites sur le site <a href="https://alcoholchange.org.uk/get-involved/campaigns/dry-january">DryJanuary.org.uk</a> et les ont incluses <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26690637/">dans une étude prévue pour durer 6 mois</a>. Ils leur ont demandé de remplir un questionnaire (<a href="https://www.addictaide.fr/parcours/audit/">AUDIT</a>) afin de déterminer quels participants envisageaient de faire le Dry January (s’abstenir de boire de l’alcool pendant un mois), s’ils avaient prévu de le faire seul ou avec d’autres personnes, etc.</p>
<p>Ils devaient également évaluer, grâce à une échelle (l’échelle de Likert), leur efficacité à refuser de boire de l’alcool en tenant compte de trois paramètres : la pression sociale (« quand mes amis boivent »), le soulagement émotionnel (« quand je me sens inquiet »), la prise en compte d’une occasion précise (« quand je suis devant la TV »).</p>
<p>Au bout d’un mois, cette échelle d’autoefficacité à refuser de boire était complétée à nouveau, ainsi qu’au bout de 6 mois. À ce moment, il était également à nouveau demandé aux participants de compléter le questionnaire AUDIT.</p>
<p>Au total, sur l’ensemble des 1 684 personnes (479 hommes et 1 205 femmes) incluses dans l’étude, 857 (249 hommes et 608 femmes) ont répondu à l’ensemble des questions posées, soit 64,1 % des sujets retenus. Forts de ces résultats, les chercheurs ont pu déterminer qui avait suivi le DryJanuary, et durant combien de temps (exprimé en jours/semaines/mois).</p>
<p>Les résultats indiquent que 549 personnes ont relevé, et tenu, le défi du DryJanuary_ (pas d’alcool pendant un mois), ce qui représente 64 % de l’échantillon. Chez ces participants, les chercheurs ont constaté plusieurs choses :</p>
<ul>
<li><p>une augmentation de l’autoefficacité du refus de boire (dans les 3 domaines),</p></li>
<li><p>une diminution de la fréquence de consommation hebdomadaire d’alcool (1 jour de moins « sans alcool » par semaine),</p></li>
<li><p>une diminution de la fréquence des ivresses au cours du mois précédent (divisée par 2),</p></li>
<li><p>une diminution du nombre moyen d’unités d’alcool consommées par jour (passant de 3,8 à 3,1).</p></li>
</ul>
<p>Mais que s’est-il passé pour les personnes qui ne sont pas parvenues à remplir le contrat du <em>Dry January</em> ? Autrement dit, pour celles qui se sont inscrites, mais ne se sont pas abstenues de boire de l’alcool un mois durant ?</p>
<p>Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’exercice semble malgré tout avoir présenté des bénéfices. En effet, pour ces 308 participants qui n’ont pas réussi à relever le défi (36 % de l’échantillon), on constate néanmoins :</p>
<ul>
<li><p>une augmentation de l’autoefficacité du refus de boire (dans 2 domaines, « pression sociale » et « soulagement émotionnel »),</p></li>
<li><p>une diminution de la fréquence de consommation hebdomadaire d’alcool (moins de 1 jour de moins « sans alcool » par semaine),</p></li>
<li><p>une diminution de la fréquence des ivresses au cours du mois précédent (passant de 3,8 à 2,1),</p></li>
<li><p>une diminution du nombre moyen d’unités d’alcool consommées par jour (passant de 4,2 à 3,7).</p></li>
</ul>
<p>De plus, en <a href="https://www.sussex.ac.uk/broadcast/read/47131">questionnant l’ensemble des personnes qui ont suivi le DryJanuary</a>, on apprend que 88 % ont économisé de l’argent, 82 % réfléchissent davantage à leur consommation d’alcool, 80 % pensent qu’ils contrôlent mieux leur consommation, 76 % ont mieux compris quand et pourquoi ils boivent, 71 % ont réalisé qu’elles n’ont pas besoin d’un verre pour s’amuser, 71 % dorment mieux, 70 % ont amélioré leur état de santé général, 67 % ont plus d’énergie, 58 % ont perdu du poids, 57 % ont amélioré leur concentration, et 54 % ont constaté avoir une meilleure peau.</p>
<p>Soulignons cependant que ces travaux présentaient une limite : l’étude de 2015 était dépourvue de groupe contrôle, puisqu’elle ne portait que sur des personnes inscrites sur le site Internet DryJanuary. Pour y remédier, les auteurs ont mis en place une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32216557/">nouvelle étude prospective en ligne</a>, à l’aide de questionnaires, en janvier, février et août 2019.</p>
<h2>Des résultats confirmés</h2>
<p>Lors de cette nouvelle étude, les chercheurs ont comparé la situation de 1 192 participants au Dry January avec celle de 1549 adultes consommateurs d’alcool, mais ne participant pas au DryJanuary. Ces derniers ont été recrutés selon la méthode des quotas (appariement sur le sexe, l’âge et la région géographique).</p>
<p>Leur bien-être physique a été évalué, tout comme leur bien-être psychologique. Les chercheurs ont à nouveau évalué l’autoefficacité du refus de boire, et ont demandé aux participants de remplir un questionnaire destiné à évaluer leur consommation d’alcool.</p>
<p>Les personnes inscrites au Dry January, ainsi que celles qui ont essayé de s’abstenir de boire sans y être inscrites, ont été regroupées au sein d’un groupe portant l’étiquette « ont essayé le Dry January ». Le second groupe était constitué par celles qui n’étaient pas inscrit au Dry January et n’ont pas essayé de s’abstenir de boire.</p>
<p>Premier constat : les 1667 personnes du groupe « ont essayé le Dry January » (soit 60,8 % des participants) avaient des profils différents des 1074 personnes appartenant au groupe « n’ont pas essayé le Dry January ». Elles étaient en effet plus jeunes (45,4 ans vs 49,8 ans), possédaient un niveau socio-économique plus élevé, et étaient plus souvent de sexe féminin (75,3 % de femmes vs 50,9 %). Par ailleurs, au moment de leur inclusion dans l’étude, ces participants avaient un meilleur bien-être physique, se sentaient plus concernées par l’effet de l’alcool sur leur santé et par le contrôle de leur consommation.</p>
<p>En revanche, leur bien-être psychologique était plus faible que celui des membres du second groupe, et un plus grand nombre d’entre eux était considéré comme des buveurs « à risque » (score AUDIT-C plus élevé, de 8,5 vs 5,5). Parmi ces participants, 62,4 % ont réussi à ne pas boire pendant 1 mois. Leur bien-être physique et psychologique a augmenté, tout comme leur autoefficacité du refus de boire.</p>
<p>Six mois plus tard, ces 3 paramètres étaient restés stables et élevés. Conséquence : leur consommation d’alcool a diminué. De plus, ces personnes ont été plus nombreuses à s’engager dans une activité physique (48,7 % vs 23,8 %) et à manger de manière plus saine (52,3 % vs 28,2 %).</p>
<h2>Des enseignements à tirer pour la France</h2>
<p>Notre pays reste parmi les pays les plus consommateurs d’alcool au monde, se situant <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2020/consommation-d-alcool-en-france-ou-en-sont-les-francais">au 6<sup>e</sup> rang des 34 pays de l’OCDE</a>.</p>
<p>La consommation annuelle d’alcool pur, par habitant de 15 ans et plus, est de 11,7 litres, et près du quart des 18-75 ans (23,6 %) dépassaient les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/alcool/documents/article/de-nouveaux-reperes-de-consommation-d-alcool-pour-limiter-les-risques-sur-sa-sante">repères de consommation</a> en 2017. Si les chiffres de 2021 s’avéraient un peu meilleurs, la proportion des 18-75 ans concernée était alors encore de <a href="https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2023/11/2023_11_2.html">22 %</a>.</p>
<p>Ce n’est pas anodin, puisqu’on estime qu’en France, chaque année, ce sont pas moins de 41 000 décès (30 000 hommes et 11 000 femmes) qui peuvent être directement attribuables à l’alcool.</p>
<p>Dans des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7081577">travaux publiés en 2020</a>, des chercheurs ont identifié que les troubles de l’usage de l’alcool étaient associés à divers facteurs tels que la normalisation de l’alcool (le vin surtout) comme mode de socialisation, la fonction sociale de l’alcool, la difficulté de l’accès aux soins, l’absence du médecin généraliste dans la démarche d’accès aux soins, les co-addictions, et des questions liées au soutien familial.</p>
<p>On comprend bien en quoi le Dry January, qui s’inscrit dans une démarche de « dénormalisation » de la consommation d’alcool (du vin, en particulier), peut jouer un rôle pour améliorer la situation. Par ailleurs, le fait de suivre cet évènement à plusieurs, avec son conjoint, ses amis, constitue aussi un atout potentiel.</p>
<p>En 2019, les autorités sanitaires françaises ont donc décidé de mettre en place à leur tour le Dry January, via la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) et Santé publique France. Malheureusement, la tentative initiale des autorités sanitaires semble avoir fait long feu, pour plusieurs raisons.</p>
<h2>La crise du Covid-19 a laissé des traces</h2>
<p>À l’occasion du Dry January 2022, la <a href="https://www.ligue-cancer.net/sites/default/files/cp_sondage_dryjanuary_vf.pdf">ligue contre le cancer</a> a commandé une enquête à l’institut de sondage BVA, effectuée auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 français sélectionnés selon la méthode des quotas.</p>
<p>Les résultats ont révélé 31 % des Français des personnes interrogées dépassaient les seuils limites de consommation d’alcool recommandés par Santé publique France (rappelons qu’ils étaient 23,6 % en 2017 et 22 % en 2021). Les jeunes (18-24 ans) semblent particulièrement exposés : 78 % d’entre eux déclaraient boire de l’alcool, et 45 % en consommaient au-delà des recommandations.</p>
<p>L’impact de la crise sanitaire sur les comportements est flagrant : 17 % des participants à l’étude estimaient boire davantage depuis le début de la pandémie, un taux qui grimpe à 30 % parmi les personnes ayant une consommation à risque et à 28 % parmi les jeunes de 18 à 24 ans.</p>
<p>L’expression « Défi de janvier », traduction française du Dry January, semble bien trouvée, car il semble difficile de ne pas consommer d’alcool pendant 30 jours pour 29 % des Français et pour 59 % des gros buveurs. Mais paradoxalement, une large majorité des personnes interrogées reconnaissent les bénéfices d’une pause dans leur consommation d’alcool pendant 1 mois, que ce soit sur leur poids (89 %), leur énergie (88 %), leur concentration (85 %), leurs finances (84 %) ou leur sommeil (82 %).</p>
<p>Malheureusement, les pouvoirs publics ne semblent pas encore décidés à tirer parti de ces constats pour faire décoller le Dry January à la française.</p>
<h2>Une absence de soutien des pouvoirs publics</h2>
<p>Le 14 décembre 2023, le quotidien Le Parisien publiait une lettre adressée à Aurélien Rousseau, ministre de la Santé à cette époque, par 48 addictologues. Ces spécialistes demandaient formellement au gouvernement <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/drogue-addictions/defi-de-janvier-48-addictologues-appellent-le-gouvernement-a-soutenir-le-mois-sans-alcool_6238209.html">d’apporter son soutien au Dry January</a>. Selon eux, les bénéfices de cet événement « sont attestés dans les pays qui pratiquent des campagnes similaires depuis de nombreuses années ».</p>
<p>Ce courrier, écrit par le collège universitaire national des enseignants d’addictologie (CUNEA), soulignait aussi que « la confiance envers le gouvernement pour mener une politique cohérente et résolue » contre l’alcoolisme « est sérieusement altérée ».</p>
<p>La réponse du ministre avait été sans appel. Interrogé sur BFM-TV à propos du Dry January, il avait déclaré : <a href="https://www.bfmtv.com/politique/gouvernement/dry-january-le-ministre-de-la-sante-restera-sobre-mais-n-encourage-pas-les-francais-a-faire-de-meme_AD-202312140746.html">« je vais essayer de profiter de ce mouvement collectif pour ne pas consommer d’alcool […] mais à titre personnel je suis toujours très méfiant ou prudent quand on dit « Le gouvernement lance une campagne pour savoir comment vivre pendant un mois »</a>.</p>
<p>Si de toute évidence l’édition 2024 du Dry January ne bénéficiera pas d’un soutien plus important de la part du gouvernement <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/addictions/alcool/enquete-comment-le-lobby-de-l-alcool-et-du-vin-fait-tout-pour-limiter-l-ampleur-du-dry-january-f5eed272-8c14-11ed-9fb2-0b86ee40425f">que les précédentes</a>, cette opération a été saluée par un collectif de membres de la Société française de santé publique. Cette organisation a elle aussi, dans une <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/nous-demandons-un-soutien-affirme-des-pouvoirs-publics-au-dry-january_6208831_3232.html">tribune publiée dans le quotidien Le Monde</a>, appelé l’État à mettre en place une politique cohérente et déterminée afin de changer l’image que les Français se font de l’alcool.</p>
<h2>Attention aux contrefaçons</h2>
<p>Selon un <a href="https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/01/IFOP-DRY-JANUARY-Dec-2022.pdf">sondage IFOP effectué fin 2022</a>, un Français sur trois serait prêt à relever le défi du Dry January. En faites-vous partie ? Si tel est le cas, méfiez-vous des contrefaçons telles que le <a href="https://www.huffingtonpost.fr/life/article/dry-january-ces-addictologues-ne-recommandent-pas-la-version-alternative-du-damp-january_227828.html">#DampJanuary</a> (« janvier humide »).</p>
<p>Proposée par le lobby vino-viticole, il s’agit d’une version « allégée » du Dry january proposant de simplement « réduire » sa consommation d’alcool, dévoyant les objectifs initiaux de l’opération Dry January. En 2020 déjà, le #JanvierSobre appuyait une campagne centrée sur la modération, et non pas sur l’abstinence, avait introduit de la confusion dans les messages. Là encore, elle avait reçu le <a href="https://addictions-france.org/datafolder/uploads/2023/01/Decryptages-N-40-Un-Defi-releve-et-reussi-en-janvier-RV-2023.pdf#page=9">soutien du lobby alcoolier</a>, qui y voyait un moyen de promouvoir son propre discours, décorrélé des réalités scientifiques. En effet, rappelons-le pour conclure : les effets néfastes de l’alcool existent dès le premier verre !</p>
<p>Les recommandations de Santé publique France sont donc à suivre toute l’année, et pas seulement durant un mois…</p>
<hr>
<h2><em>Pour aller plus loin :</em></h2>
<p><em>La nouvelle édition du #DéfiDeJanvier est lancée, et 2 applications permettent à celles et ceux qui désirent faire une pause avec l’alcool d’être accompagnés :</em></p>
<p><em>- l’application <a href="https://dryjanuary.fr/lapplication-try-dry/">Try Dry</a> de <a href="https://dryjanuary.fr/a-propos-de-nous/">#DryJanuaryFrance</a> ;</em></p>
<p><em>- l’application <a href="https://defi-de-janvier.fr/application-mydefi/">MyDéfiDeJanvier</a>, qui propose un rendez-vous quotidien pour renforcer sa motivation et augmenter ses chances d’atteindre les objectifs que l’on s’est fixé.</em></p>
<p><em>Enfin, un <a href="https://dryjanuary.fr/janover-une-enquete-scientifique-sur-le-dry-january/">projet de recherche intitulé « Janover »</a> est mené par le Centre Hospitalier du Vinatier (Lyon), avec le soutien de l’<a href="https://www.e-cancer.fr/Institut-national-du-cancer/Appels-a-projets/Appels-a-projets-resultats/TABAC-JC22">Institut national du cancer (INCA_16467)</a>. Cette étude va permettre de connaître le profil des participants au Dry January, d’identifier les facteurs de « réussite » du défi, et d’évaluer son impact sur la consommation d’alcool et le bien-être.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220556/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers est administrateur de la SFT, de l'IRAAT et de l'IREPS ARA.</span></em></p>
Comme chaque année, l’opération « Dry January » propose de réfléchir à sa consommation d’alcool, et de la mettre entre parenthèses durant le mois de janvier. Les bénéfices à en tirer sont nombreux.
Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/218468
2024-01-10T18:58:10Z
2024-01-10T18:58:10Z
Pourquoi les sites qui proposent des calculs d’indemnisations après un accident ne sont pas forcément fiables
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/562692/original/file-20231130-25-655bi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C8805%2C5852&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes utilisant de tels services s’exposent à une exploitation indue de leurs données personnelles, notamment à des fins de démarchage.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis quelque temps se multiplient des sites Internet proposant aux victimes d’accidents la possibilité de calculer les indemnisations auxquelles elles pourraient prétendre. Ces calculateurs sont à fuir. Ils donnent des résultats bien peu sérieux, sont à la limite de la légalité, et risquent de conduire les victimes à faire de mauvais choix.</p>
<p>La victime d’un accident, d’une infraction, de certaines maladies a le droit à une indemnisation de ses préjudices, de la part du responsable, de son assureur, ou d’un organisme d’indemnisation. Le montant de celle-ci se détermine au terme d’un processus dont le déroulement suppose le concours de plusieurs acteurs spécifiquement formés. Un médecin expert examine d’abord la victime, indique – ce qui est primordial – si l’état de la victime est ou non consolidé, et évalue certains paramètres médico-légaux, comme le taux d’incapacité ou le degré des souffrances. Ensuite, le juriste, selon une <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_groupe_de_travail_nomenclature_des_prejudices_corporels_de_Jean-Pierre_Dintilhac.pdf">nomenclature précise</a> et aidé par des référentiels chiffrés, traduit les atteintes telles que décrites par le médecin ou attestées par les preuves fournies par la victime en une somme d’argent.</p>
<p>L’ensemble du processus ressemble à un <a href="https://aurelienbamde.com/2022/03/23/la-reparation-algorithmique-du-dommage-corporel-binaire-ou-ternaire/">grand algorithme</a>. Des sites Internet prétendent pouvoir indiquer l’indemnisation possible en fonction de quelques éléments saisis par la victime, ce qui semble très critiquable – cette critique ne concerne pas les logiciels destinés à être utilisés seulement par des professionnels formés, notamment des avocats, comme <a href="https://www.norma.software/">Norma</a> ou <a href="https://juri-solutions.fr/quantum/">Quantum</a>, qui ne sont que des aides au calcul, et non des prédictions d’un montant indemnitaire.</p>
<h2>Des résultats peu sérieux</h2>
<p>Le caractère algorithmique du calcul de l’indemnisation en cas de dommage corporel peut laisser penser que l’indemnisation des victimes est prévisible, une fois renseignées quelques informations, comme la perte de revenus, les frais médicaux, le taux d’incapacité, le degré de souffrances, l’âge de la victime…</p>
<p>Or, la victime, à moins d’avoir déjà été examinée par un médecin expert, ne peut renseigner convenablement le formulaire – l’expertise médicale est une spécialité pointue. Les formulaires soumis par les sites qui proposent des calculs d’indemnités en ligne sont frustes et négligent nombre de paramètres, à commencer par la date de consolidation (autrement dit, la date à laquelle l’état de la victime se stabilise), qui est <a href="https://www.labase-lextenso.fr/gazette-du-palais/GPL323q4">absolument cruciale</a>. Ils ne prennent pas en compte le fait que certaines sommes, notamment versées par la Sécurité sociale, doivent être déduites des montants indemnitaires. Les résultats ne peuvent donc être sérieux.</p>
<p>En outre, des <a href="https://shs.hal.science/CENTRE-FAVRE/hal-03246155v1">recherches</a> démontrent qu’à atteinte corporelle comparable, les conséquences indemnitaires peuvent varier dans des proportions très importantes (du simple au décuple). Chacun peut comprendre que l’amputation d’une main a des conséquences particulières pour le travailleur manuel, le pianiste, le parent de jeunes enfants, la personne malentendante s’exprimant en langue des signes, le paraplégique se déplaçant en fauteuil roulant manuel… Chiffrer convenablement les conséquences d’un dommage corporel suppose de prendre en compte la victime non seulement à hauteur de son atteinte physiologique, mais dans la globalité de sa personne, et dans l’écosystème que constitue son environnement.</p>
<p>La réparation des dommages obéit au respect du principe de <a href="https://www.lgdj.fr/le-principe-de-reparation-integrale-du-prejudice-9782731411867.html">la réparation intégrale</a>, qui a pour corollaire celui de l’individualisation de la réparation. Prétendre atteindre le degré de subjectivité requis à partir de quelques éléments objectifs recueillis dans un formulaire relève de la pensée magique.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<h2>Des sites à la limite de la légalité</h2>
<p>Certains de ces sites sont proposés par des cabinets d’avocat, d’autres par des officines d’experts d’assurés, encore appelées mandataires de victimes, qui sont des personnes qui, sans être avocats, se proposent d’accompagner les victimes dans leurs démarches indemnitaires. Le but réel de ces formulaires n’est absolument pas de fournir de l’information, mais de récupérer les coordonnées de victimes, avec d’autres données personnelles, afin de les démarcher activement pour qu’elles deviennent clientes.</p>
<p>Lorsque des avocats sont dans une telle démarche, ils sont à la frontière de ce que permet leur déontologie. <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000047774060">Un décret du 30 juin 2023</a> a créé un Code de déontologie des avocats. Au titre des principes essentiels de la profession se trouvent la conscience, la probité, la compétence, la prudence… qui semblent bien peu compatibles avec la création de logiciels à visée publicitaire, qui ne peuvent pas donner de résultats fiables. Si l’article 15 de ce décret prévoit que « la publicité et la sollicitation personnalisée sont permises à l’avocat si elles procurent une information sincère sur la nature des prestations de services proposées et si leur mise en œuvre respecte les principes essentiels de la profession », il semble que les courriels envoyés ne respectent pas les conditions posées.</p>
<p>Les sites qui ne sont pas tenus par des avocats pourraient enfreindre les règles posées par la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000508793">loi du 31 décembre 1971</a>. Celle-ci prévoit, en ses articles 54 et suivants, une restriction de l’activité de consultation juridique aux membres de certaines professions (avocats, notaires, professeurs de droit…) ; les mandataires de victimes ou experts d’assurés n’en font pas partie.</p>
<p>Certes, l’article 66-1 de la même loi dispose que la diffusion en matière juridique de renseignements et informations à caractère documentaire est libre. La frontière entre l’information et la consultation réside essentiellement dans la personnalisation de la réponse apportée à une question posée. Il ne fait nul doute que l’évaluation d’une indemnisation par ces sites est personnalisée, de telle sorte qu’il s’agit d’une consultation, non d’une information documentaire. Dès lors, si elle n’est pas exercée par une personne autorisée, elle est constitutive d’une usurpation de titre, réprimée par <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000021342951">l’article 433-17 du code pénal</a>.</p>
<p>En outre, des informations sensibles sont collectées par ces sites : non seulement des données à caractère personnel (âge, adresse de courriel…) mais aussi des données sensibles, car relatives à la santé (taux d’incapacité, évaluation des souffrances…). Or, nombre de calculateurs testés ne répondent pas aux exigences du RGPD (<a href="https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees">règlement général sur la protection des données</a>) ou à celles de la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000886460">loi informatique et liberté</a>, ne serait-ce que sur le consentement à la collecte des données.</p>
<h2>Les risques pour les victimes</h2>
<p>Les personnes utilisant de tels services s’exposent ainsi à une exploitation indue de leurs données personnelles, notamment à des fins de démarchage. Il y a plus grave : les résultats envoyés, qui sont nécessairement fantaisistes, peuvent ancrer dans l’esprit de la victime de faux ordres de grandeur quant à l’étendue de ses droits.</p>
<p>Or, c’est en principe l’assureur du responsable d’un accident qui réalise une première estimation des dommages et intérêts, pour faire une offre d’indemnisation – il s’agit même d’une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006839463">obligation en cas d’accident de la circulation</a>. La victime risque dès lors, si la simulation est inférieure à l’offre, d’accepter témérairement celle-ci alors même qu’elle serait insuffisante, ce qui vaut transaction et lui interdit de demander une indemnisation complémentaire une fois repentie de son erreur. À l’inverse, si la simulation est supérieure à l’offre, la victime sera incitée à refuser cette dernière, alors même qu’elle serait pleinement satisfaisante, pour s’engager dans un contentieux dont l’issue pourrait lui être défavorable.</p>
<p>Favoriser le règlement amiable et protéger les droits des victimes suppose que l’évaluation des dommages et intérêts soit réalisée par un professionnel formé et compétent, qui prendra le temps nécessaire pour individualiser son estimation, et donner un conseil avisé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218468/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Quézel-Ambrunaz a reçu des financements de l'Institut Universitaire de France. Son équipe a un partenariat de recherche rémunéré avec la société Norma, citée dans l'article, sans qu'il n'en tire de profit personnel. </span></em></p>
Les formulaires de renseignement des sites qui proposent des calculs d’indemnités en ligne négligent nombre de paramètres.
Christophe Quézel-Ambrunaz, Professeur de droit privé, Université Savoie Mont Blanc
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/220176
2024-01-08T16:58:09Z
2024-01-08T16:58:09Z
Activité physique et santé : faire du yoga suffit-il pour être en forme ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/566602/original/file-20231018-19-fw1xar.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1327%2C0%2C3810%2C3445&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le yoga est considéré comme une pratique d’intensité légère. Mais des études montrent que certaines postures et séquences, exécutées de manière dynamique, peuvent atteindre un niveau d’activité physique modéré voire dynamique.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/portrait-happiness-young-woman-practicing-yoga-690923704">LeonidKos/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La première image qui me vient à l’esprit lorsque je pense au yoga est celle d’une femme assise et concentrée, les jambes croisées. Elle reflète la sérénité. Et donc je me dis que ce n’est pas pour moi, car moi je cherche à brûler des calories avec des pratiques plus actives et énergiques.</p>
<p>Mais sur les réseaux sociaux, je tombe également sur des images de personnes célèbres dans des poses de yoga compliquées. Leurs corps reflètent la santé et la pleine forme. Ce qui m’amène à la question suivante : À elle seule, la pratique du yoga permet-elle d’atteindre ou de maintenir un niveau de forme suffisant ?</p>
<p>Pour savoir en quoi consiste le yoga et quels sont ses bienfaits, nous allons remonter à ses origines et voir les différentes façons de le pratiquer.</p>
<h2>De la pratique traditionnelle aux nombreuses variantes modernes</h2>
<p>Le terme “yoga” vient de l’hindou <em>juj</em>, qui signifie “union”, en référence à la connexion entre le corps, le mental et l’esprit. Apparue il y a plus de 3 000 ans, cette discipline est une activité essentielle dans la vie des hindous.</p>
<p>Après avoir été popularisé aux États-Unis dans les années 1960, le yoga s’est rapidement répandu en Occident. Aujourd’hui, on estime qu’un Américain adulte sur sept <a href="https://www.nccih.nih.gov/health/yoga-what-you-need-to-know">pratique le yoga</a>, ainsi que des centaines de millions d’autres personnes dans le monde.</p>
<p>La philosophie du yoga traditionnel envisage une approche holistique de la vie, avec pour objectif d’attendre une vie de plénitude en étant connecté à notre part spirituelle. Cependant, la pratique moderne du yoga s’est peut-être davantage concentrée sur l’aspect physique, en simplifiant et en adaptant les principes du concept traditionnel.</p>
<p>Dans une séance courante, les postures (<em>asanas</em>), la respiration (<em>pranayama</em>), la relaxation (<em>savasana</em>) et la méditation (<em>dhyana</em>) se succèdent.</p>
<p>En outre, il existe de nombreux types de yoga, des variantes plus douces et statiques, comme le yoga restaurateur, des versions plus spirituelles, comme le tantra yoga, en passant par des approches plus actives et énergiques, comme le <em>Power yoga</em>.</p>
<p>Le yoga peut même se pratiquer sur une planche de <em>paddle</em> (<em>SUP yoga</em>), suspendu au plafond (yoga aérien) ou dans un sauna (<em>Bikram yoga</em>).</p>
<h2>Quels sont ses bienfaits ?</h2>
<p>Si cette pratique perdure depuis des milliers d’années, si elle s’est transmise et répandue dans le monde entier et si elle devient de plus en plus populaire, c’est parce qu’elle présente de <a href="https://www.liebertpub.com/doi/10.1089/acm.2009.0044?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori:rid:crossref.org&rfr_dat=cr_pub%20%200pubmed">nombreux bienfaits pour la santé</a>. Les avantages du yoga sont notamment les suivants :</p>
<ul>
<li><p>Il améliore la santé <a href="https://theconversation.com/fr/topics/maladies-cardio-vasculaires-51547">cardiovasculaire</a> grâce au contrôle de la respiration.</p></li>
<li><p>Il peut améliorer l’équilibre et la souplesse.</p></li>
<li><p>Il peut être efficace pour augmenter la force musculaire.</p></li>
<li><p>Il améliore la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sante-mentale-22629">santé mentale</a>, en réduisant les symptômes de la dépression.</p></li>
<li><p>Il réduit les niveaux de stress et d’anxiété.</p></li>
<li><p>Il aide à gérer les douleurs chroniques.</p></li>
</ul>
<p>Toute personne en bonne santé peut profiter de ses bienfaits.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-sa-sante-mentale-et-son-bien-etre-quelles-activites-sportives-privilegier-214016">Pour sa santé mentale et son bien-être, quelles activités sportives privilégier ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>De plus, de nombreuses études attribuent des effets positifs liés la pratique du yoga dans différentes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0965229919319016">pathologies (<em>qui affectent les capacités cognitives et la santé mentale, ndlr</em>)</a>, pour des populations comme les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8957136/">femmes enceintes</a> ou les personnes âgées.</p>
<p>(<em>En France, le yoga fait partie des <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/activite-physique-sante/age-activite-physique">activités physiques conseillées par l’Assurance maladie à destination des seniors</a>, notamment pour rester souple et favoriser la mobilité des articulations, ndlr</em>).</p>
<h2>Alors, est-ce suffisant de faire du yoga ?</h2>
<p>Cependant, la pratique régulière du yoga peut ne pas suffire à maintenir sa santé physique à un niveau acceptable.</p>
<p>Les <a href="https://www.acsm.org/education-resources/trending-topics-resources/physical-activity-guidelines">recommandations de l’Académie américaine de médecine du sport</a> (ACSM) indiquent qu’un adulte devrait pratiquer au moins 150 minutes d’activité physique modérée ou 60 minutes d’exercice intense par semaine. En outre, cette activité physique doit comprendre un entrainement pour renforcer les principaux groupes musculaires deux fois par semaine, ainsi que des exercices d’assouplissement.</p>
<p>(<em>En France, le site officiel <a href="https://www.mangerbouger.fr/">mangerbouger.fr</a> émet des recommandations pour bouger davantage, tout en prenant soin d’adapter la pratique de l’activité physique aux différents âges et à toutes les étapes de la vie.
Les conseils diffèrent pour les <a href="https://www.mangerbouger.fr/bouger-plus/a-tout-age-et-a-chaque-etape-de-la-vie/les-recommandations-et-conseils-pour-les-enfants-et-adolescents">enfants et les adolescents</a>, pour les adultes – <a href="https://www.mangerbouger.fr/l-essentiel/les-recommandations-sur-l-alimentation-l-activite-physique-et-la-sedentarite/augmenter/augmenter-l-activite-physique">pour qui il est recommandé de pratiquer au moins 30 min d’activités physiques dynamiques par jour</a>-, pour les <a href="https://www.mangerbouger.fr/bouger-plus/a-tout-age-et-a-chaque-etape-de-la-vie/les-recommandations-pour-les-adultes/rester-en-forme-apres-65-ans">seniors après 65 ans</a>, ou encore pour les <a href="https://www.mangerbouger.fr/bouger-plus/a-tout-age-et-a-chaque-etape-de-la-vie/les-recommandations-et-conseils-pour-les-personnes-en-situation-de-handicap2">personnes en situation de handicap</a>, ndlr</em>).</p>
<p>De tous ces aspects, il ressort que la souplesse est effectivement améliorée par les séances de yoga grâce aux postures de yoga ou <em>asanas</em>. <a href="https://www.bodyworkmovementtherapies.com/article/S1360-8592(21)00131-5/fulltext">Plusieurs études</a> ont constaté une amélioration de la souplesse au niveau des muscles ischiojambiers.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554624/original/file-20231018-15-unsy1j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/es/fotos/z0wyYVk-bBY">Dmitriy Frantsev</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En ce qui concerne le travail de force, certains <em>asanas</em> pourraient générer la même amélioration que des exercices réalisés avec des charges propres (avec le poids de notre propre corps).</p>
<h2>Postures d’activité intense</h2>
<p>Le yoga peut être considéré comme une activité d’intensité légère. Toutefois, une <a href="https://journals.lww.com/acsm-msse/fulltext/2016/08000/a_systematic_review_of_the_energy_cost_and.16.aspx">revue scientifique</a> a montré que certaines séquences d’<em>asana</em> – telles que la salutation au soleil ou <em>Surya Namaskar</em> – exécutées de manière dynamique, peuvent constituer un niveau d’activité physique modéré/dynamique.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29369813/">Plusieurs études</a> ont également comparé la pratique du yoga à d’autres activités aérobies telles que la marche ou le vélo stationnaire. D’après leurs conclusions, les améliorations de la santé cardiovasculaire sont similaires entre ces activités et le yoga pourrait être accepté comme une activité aérobique alternative.</p>
<p>(<em><a href="https://www.eufic.org/fr/une-vie-saine/article/la-difference-entre-lexercice-daerobie-et-danaerobie">On distingue les activités physiques d’aérobie et d’anaérobie</a>. Schématiquement, on classe les exercices physiques d’endurance – course, vélo, marche, natation, etc. – parmi les activités dites “aérobie” parce qu’elles impliquent une augmentation de la consommation d’oxygène par le corps, contrairement aux exercices physiques basés sur la force et la puissance qui, eux, sont regroupés dans les activités “anaérobie”, ndlr</em>).</p>
<p>Cependant, d’autres <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2219995/">études</a> obtiennent des résultats contraires. Le yoga dynamique pourrait en effet être considéré comme une activité physique d’intensité modérée et améliorer le système cardiovasculaire, mais seulement sous certaines conditions.</p>
<p>En résumé, les séances de yoga pourraient aider les personnes sédentaires ou en mauvaise forme physique à améliorer leur condition physique. Et elles pourraient être conformes aux recommandations de l’ACSM si elles sont pratiquées de manière dynamique et intensive.</p>
<p>Pour les sportifs ou les personnes les plus actives, le yoga pourrait être un complément idéal à leur pratique habituelle. Il leur permettra de travailler la respiration, la souplesse et le contrôle mental, que l’on entraine moins dans d’autres disciplines.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, il existe autant de types de yogas que de personnes, et chacun peut trouver celui qui correspond le mieux à ses goûts et à sa situation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220176/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ana Vanessa Bataller Cervero ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le yoga est considéré comme une activité physique d’intensité légère. Mais certaines de ses postures et pratiques se révèlent plus énergiques et se rapprochent des disciplines d’endurance
Ana Vanessa Bataller Cervero, Profesor en Biomecánica de la Actividad Física y del Deporte, Universidad San Jorge
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/219943
2023-12-17T15:42:51Z
2023-12-17T15:42:51Z
Loi immigration : quel sort pour l'aide médicale de l’État ? Ce que nous dit la recherche scientifique
<p>Alors que le <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/12/11/projet-de-loi-immigration-tout-ce-qui-a-change-entre-le-projet-initial-la-version-du-senat-et-le-texte-soumis-aux-deputes_6205115_4355770.html#huit-anchor-suppression-de-laide-medicale">projet de loi « immigration »</a> arrive ce lundi 18 décembre en commission mixte paritaire, la question se pose de savoir quel sort sera réservé à l’aide médicale de l’État (AME), cette couverture maladie dont peuvent bénéficier les étrangers en situation irrégulière.</p>
<p>L’AME se retrouve en effet au cœur de la séquence législative actuelle. Ce droit à l’accès aux soins et à la protection de la santé des personnes résidant sur le territoire français sans titre de séjour est fortement menacé depuis le début de l’examen du <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/287993-projet-de-loi-immigration-integration-asile-2023">« Projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration »</a>.</p>
<p>Le 7 novembre dernier, le Sénat vote la <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/09/aide-medicale-d-etat-trois-questions-sur-sa-suppression-votee-au-senat_6199192_4355770.html">suppression</a> de l’AME pour la remplacer par une simple aide médicale d’urgence, beaucoup plus restrictive et conditionnée au paiement d’un forfait annuel fixé par décret, alors que les <a href="https://www.la-croix.com/France/Immigration/Immigration-Edouard-Philippe-detaille-durcissement-mesures-soin-2019-11-05-1201058545">conditions d’accès à l’AME ont déjà été durcies en 2019</a>.</p>
<p>Elle est ensuite <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/29/projet-de-loi-immigration-les-deputes-retablissent-l-aide-medicale-d-etat_6203008_823448.html">rétablie</a> par la commission des lois de l’Assemblée nationale le 29 novembre.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dossier-limmigration-en-france-quels-enjeux-218289">Dossier : l’immigration en France, quels enjeux ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>L’AME sera-t-elle remise en question par la commission mixte paritaire composée de sénateurs et de députés, sachant que le gouvernement a pris l’engagement de la réformer sur la base notamment du <a href="https://www.vie-publique.fr/rapport/292122-laide-medicale-de-letat-rapport-officiel-claude-evin-patrick-stefanini">rapport établi par Claude Evin et Patrick Stefanini</a> ? À noter que d’autres dispositifs pourtant fondamentaux, tels que le <a href="https://sfsp.fr/suivre-l-actualite/les-actualites-generales-de-la-sante-publique/les-dernieres-actualites/20-espace-presse/64042-apres-l-ame-defendons-le-droit-au-sejour-pour-raisons-de-sante">titre de séjour pour raisons médicales délivré aux étrangers malades nécessitant une prise en charge</a>, sont également menacés.</p>
<h2>Un débat politique qui s’appuie peu sur les savoirs scientifiques et la parole des spécialistes</h2>
<p>Les arguments en faveur de l’accès des étrangers en situation irrégulière à la médecine de ville, et pas seulement à la médecine d’urgence, sont pourtant nombreux : mieux garantir le droit fondamental à la santé pour toutes et tous, éviter l’engorgement des services d’urgence, allouer les ressources plus efficacement, ou encore mieux prévenir et contrôler les maladies transmissibles.</p>
<p>Et contrairement à ce qui est <a href="https://www.icmigrations.cnrs.fr/defacto/defacto-031/">souvent avancé</a> dans le débat politique, l’argument dit <a href="https://academic.oup.com/eurpub/article/27/4/590/3966622">« économique »</a> est aussi en faveur de l’AME. Elle <a href="https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/284-une-analyse-des-consommations-de-soins-de-ville-des-personnes-couvertes-par-l-aide-medicale-de-l-etat.pdf">n’entraîne pas de surconsommation de soins</a> et minimiserait les coûts pour le système de santé en évitant la prise en charge tardive et plus onéreuse des pathologies. En d’autres termes : le coût de l’exclusion des étrangers en situation irrégulière des soins courants serait supérieur au coût de l’inclusion. Enfin, l’exemple de l’Espagne est là pour rappeler la dangerosité de telles mesures : instaurée en 2012, la restriction de l’accès aux soins des migrants a entraîné une <a href="https://doi.org/10.1016/j.euroecorev.2020.103608">hausse de leur mortalité</a>, l’accès ayant ensuite été rétabli en 2016.</p>
<p>Ces faits, documentés par les <a href="https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/245-le-recours-a-l-aide-medicale-de-l-etat-des-personnes-en-situation-irreguliere-en-france-enquete-premiers-pas.pdf">scientifiques</a> et largement relayés par les <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/02/l-appel-de-3-000-soignants-nous-demandons-le-maintien-de-l-aide-medicale-d-etat-pour-la-prise-en-charge-des-soins-des-personnes-etrangeres_6197818_3232.html">soignants</a>, les <a href="https://sfsp.fr/suivre-l-actualite/les-actualites-generales-de-la-sante-publique/le-dossier-du-mois/item/64041-impact-sur-la-sante-du-projet-de-loi-immigration">associations</a> et les <a href="https://www.srlf.org/article/suppression-laide-medicale-detat-ame">sociétés savantes</a>, semblent peu pris en compte dans le débat politique actuel.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/laide-medicale-detat-un-droit-republicain-sur-la-sellette-216211">L’aide médicale d’État, un droit « républicain » sur la sellette</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Un accès limité à la couverture santé pour les immigrés précaires, malgré les dispositifs existants</h2>
<p>Bien qu’ils bénéficient d’un droit à la protection de la santé, les immigrés en situation de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/precarite-26102">précarité</a>, en particulier ceux sans titre de séjour, n’ont souvent aucune couverture maladie effective. Parmi les causes les plus courantes figurent les <a href="https://www.medecinsdumonde.org/statement/rapport-2022-de-lobservatoire-de-lacces-aux-droits-et-aux-soins/">obstacles juridiques et administratifs</a>, les <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0192916">difficultés financières</a>, les <a href="https://doi.org/10.1186/s12889-020-08749-8">barrières linguistiques et les problèmes de communication</a> qui entravent la « navigation » dans le système social et de santé, la <a href="https://doi.org/10.1186/s12889-019-8124-z">discrimination dans l’accès aux soins</a> ou encore la <a href="https://doi.org/10.1016/j.socscimed.2011.08.016">peur d’être signalé aux autorités et potentiellement expulsé</a>.</p>
<p>En France, les immigrés en situation régulière (dont les personnes ayant le statut de réfugié et les demandeurs d’asile) ont droit au régime général de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/securite-sociale-21864">Sécurité sociale</a>. Ce sont les immigrés sans titre de séjour résidant sur le sol français depuis plus de trois mois qui peuvent quant à eux bénéficier de l’<a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3079">AME</a>, ce programme national de couverture maladie gratuite <a href="https://doi.org/10.4000/remi.5870">mis en place en 2000</a>.</p>
<p>L’AME permet de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074069/LEGISCTA000006142840/#LEGISCTA000006142840">bénéficier</a> d’une prise en charge à 100 % – avec dispense d’avance de frais et dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale – des soins médicaux et dentaires, des médicaments remboursés par la Sécurité sociale (sauf ceux « à service médical rendu faible »), des frais d’analyses, des frais d’hospitalisation et d’intervention chirurgicale, de certaines vaccinations et certains dépistages, ainsi que des frais liés à la contraception, à l’interruption volontaire de grossesse, etc. Pour bénéficier de l’AME, les personnes doivent fournir une preuve (i) d’identité, (ii) de résidence continue en France depuis au moins trois mois, et (iii) de faibles ressources financières (environ 10 000 € par an pour une personne seule).</p>
<p>L’enquête <a href="https://www.irdes.fr/recherche/enquetes/premiers-pas/actualites.html">Premiers pas</a> conduite par l’Institut de recherche en documentation et en économie de la santé (Irdes) en 2019 a montré que <a href="https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/245-le-recours-a-l-aide-medicale-de-l-etat-des-personnes-en-situation-irreguliere-en-france-enquete-premiers-pas.pdf">seules 51 % des personnes éligibles étaient effectivement couvertes par l’AME</a>. Ce constat alarmant s’applique plus particulièrement aux immigrés en situation de précarité, à l’instar de ceux suivis dans les Centres d’Accueil de Soins et d’Orientation (CASO) de Médecins du Monde en France : en <a href="https://www.medecinsdumonde.org/statement/rapport-2022-de-lobservatoire-de-lacces-aux-droits-et-aux-soins/">2021, 81 % des personnes éligibles suivies dans les CASO ne disposaient d’aucune couverture maladie</a>.</p>
<h2>Le projet Makasi : une recherche communautaire, participative et interventionnelle</h2>
<p>Garantir un meilleur accès à la couverture maladie pour les immigrés les plus précaires, souvent mal informés de leurs droits, représente donc un enjeu sociétal et de santé publique majeur. La <a href="http://journals.openedition.org/remi/24871">recherche communautaire, participative</a> et <a href="https://doi.org/10.1111/hex.13201">interventionnelle</a> peut aider à répondre à cet enjeu. Nous rapportons ici les <a href="https://doi.org/10.1016/j.socscimed.2023.116400">résultats d’une étude</a> sur l’impact d’une intervention de <a href="https://www.icmigrations.cnrs.fr/wp-content/uploads/2021/12/DF29.pdf">renforcement de la capacité d’agir</a> (<em>empowerment</em> en anglais) en matière de santé sur l’accès à la couverture maladie.</p>
<p>Entre 2018 et 2021, nous avons mené le projet <a href="https://www.projet-makasi.fr/">Makasi</a> auprès d’immigrés originaires d’Afrique subsaharienne en situation de précarité résidant en Île-de-France, une population marginalisée et vulnérabilisée, <a href="https://books.openedition.org/ined/876">dont l’état de santé se dégrade avec la durée de séjour en France</a>. Cette population tend en outre à être exclue du système de santé français en raison <a href="https://doi.org/10.1136/jech-2019-213394">d’une absence de couverture maladie et d’un accès limité aux soins et à la prévention</a>.</p>
<p>« Makasi » signifie « fort, costaud, résistant » en Lingala, une langue parlée dans les deux Congo.</p>
<p>Le projet <a href="https://www.projet-makasi.fr/">Makasi</a> a rassemblé les associations <a href="https://www.afriqueavenir.fr/">Afrique Avenir</a> et <a href="https://www.arcat-sante.org/">Arcat</a>, un groupe de pairs, ainsi que des équipes de recherche du <a href="https://www.ceped.org/">Ceped</a>, du <a href="https://dial.ird.fr/">LEDa-DIAL</a> et de l’<a href="https://iplesp.fr/equipes/eres">ERES</a>. Ce projet comportait trois dimensions principales :</p>
<ul>
<li><p>Un travail social et de médiation en santé réalisé en routine par Afrique Avenir et Arcat, dans une démarche d’<a href="https://doi.org/10.3917/cact.059.0009">aller-vers</a> ;</p></li>
<li><p>Une <a href="https://doi.org/10.1186/s12889-019-7943-2">intervention</a> innovante d’<a href="https://www.pulaval.com/livres/empowerment-et-intervention-developpement-de-la-capacite-d-agir-et-de-la-solidarite">empowerment</a> en matière de santé et de santé sexuelle proposée aux personnes éligibles. L’intervention Makasi – basée sur les principes de l’<a href="https://www.guilford.com/books/Motivational-Interviewing/Miller-Rollnick/9781462552795">entretien motivationnel</a> et associée à une orientation active et un bilan personnalisé en santé sexuelle – consistait en un entretien de 30 minutes avec une médiatrice dans un des camions des associations ;</p></li>
<li><p>Un travail de recherche basé sur des données collectées par questionnaire au moment de l’inclusion dans l’étude, puis 3 et 6 mois après ainsi qu’un volet qualitatif à partir d'observations et d'entretiens répétés avec les participants.</p></li>
</ul>
<h2>Un programme francilien qui a amélioré l’accès à l’AME pour les participants</h2>
<p>Cette démarche nous a permis d’atteindre des personnes en situation de grande précarité – souvent exclues des enquêtes sur la santé : précarité administrative (75 % n’avaient pas de titre de séjour), alimentaire (45 % avaient connu la privation alimentaire au cours du mois précédent l’enquête) ou encore liée au logement (69 % n’avaient pas de logement stable).</p>
<p>Nos résultats montrent d’abord que les taux de couverture santé étaient très faibles lors de l’inclusion des participants dans l’étude (c’est-à-dire avant la mise en place de l’intervention) : seulement 57 % d’entre eux étaient effectivement couverts, faisant écho aux faibles taux mis en évidence notamment dans l’enquête <a href="https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/245-le-recours-a-l-aide-medicale-de-l-etat-des-personnes-en-situation-irreguliere-en-france-enquete-premiers-pas.pdf">Premiers pas</a>.</p>
<p>En revanche, l’intervention <a href="https://www.projet-makasi.fr/">Makasi</a> a nettement contribué à améliorer l’accès des participants à la couverture maladie. Sans détailler les aspects méthodologiques, <a href="https://doi.org/10.1016/j.socscimed.2023.116400">disponibles ailleurs</a>, il est important de préciser ici que nous nous sommes donné les moyens de mesurer l’impact propre de l’intervention, c’est-à-dire indépendamment des autres facteurs influençant l’accès à la couverture maladie, par exemple la durée depuis l’installation en France ou la maîtrise de la langue française.</p>
<p>Ainsi, la probabilité de bénéficier d’une couverture maladie a augmenté de 18 points de pourcentage trois mois après avoir reçu l’intervention (passant de 57 % avant l’intervention à 75 % trois mois après), et de 29 points de pourcentage six mois après avoir reçu l’intervention (passant de 57 % avant l’intervention à 86 % six mois après).</p>
<p>L’enquête <a href="https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/244-etudier-l-acces-a-l-aide-medicale-de-l-etat-des-personnes-sans-titre-de-sejour.pdf">Premiers pas</a> avait identifié la durée de séjour en France comme le <a href="https://doi.org/10.1017/S1744133122000159">principal déterminant</a> de l’accès à l’AME : après 5 ans de résidence ou plus sur le territoire français, <a href="https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/245-le-recours-a-l-aide-medicale-de-l-etat-des-personnes-en-situation-irreguliere-en-france-enquete-premiers-pas.pdf">35 % des personnes sans titre de séjour ne bénéficiaient toujours pas de l’AME</a>.</p>
<p>À cet égard, nos résultats sont d’autant plus importants qu’ils montrent qu’une amélioration importante de l’accès à la couverture santé peut être obtenue en peu de temps – dans notre cas de trois à six mois, et indépendamment du nombre d’années passées en France – grâce à une intervention d’<em>empowerment</em> hors les murs.</p>
<p>Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce fort impact de l’intervention <a href="https://www.projet-makasi.fr/">Makasi</a> : l’orientation active des participants vers les services sociaux et de santé les mieux à même de répondre à leurs besoins en matière de protection sociale, mais aussi le renforcement de la capacité d’agir des participants en matière de santé, grâce notamment à un meilleur outillage en termes de connaissances des ressources sociales et de santé.</p>
<h2>Garantir et renforcer l’accès à la couverture santé des immigrés les plus précaires</h2>
<p>La couverture sanitaire n’est, par définition, pas universelle <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.l4160">si elle exclut les migrants sans titre de séjour</a>. Atteindre la couverture sanitaire universelle est pourtant l’un des <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_22_7153">objectifs que s’est fixé l’Union européenne</a> afin de faire face aux enjeux de santé mondiale.</p>
<p>Les propositions visant à restreindre, voire supprimer, l’accès à la couverture santé des étrangers en situation irrégulière ne sont fondées sur aucune base scientifique. Bien au contraire, l’expertise scientifique sur la question pointe le <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.o401">besoin d’identifier des stratégies visant à garantir un meilleur accès à la couverture maladie et aux soins aux immigrés en Europe</a>.</p>
<p>Avec le projet <a href="https://www.projet-makasi.fr/">Makasi</a>, nous avons montré qu’une intervention communautaire, en aller-vers, de renforcement de la capacité d’agir en matière de santé peut largement améliorer la couverture santé parmi les immigrés originaires d’Afrique subsaharienne en situation de précarité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219943/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Annabel Desgrées du Loû a reçu des financements de l’ANRS MIE pour la recherche
Makasi.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Gosselin et Marwân-al-Qays Bousmah ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
La suppression de l'aide médicale d'État pour les « sans-papiers » est au cœur de la loi « immigration » soumise à la commission mixte paritaire. Pourtant, la moitié des personnes éligibles ne bénéficie pas de l'AME.
Marwân-al-Qays Bousmah, Post-doctorant en économie et santé publique, Ceped, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Annabel Desgrées du Loû, Directrice de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Anne Gosselin, Chargée de recherche en démographie de la santé, Institut National d'Études Démographiques (INED)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/219258
2023-12-08T07:20:16Z
2023-12-08T07:20:16Z
Un nouveau rapport montre comment la lutte contre le changement climatique peut améliorer la santé publique en Afrique
<p>Les pays africains peuvent à la fois lutter contre le changement climatique et améliorer la santé publique en réduisant la pollution atmosphérique. Dans de nombreux cas, ces actions présentent également d'autres <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-017-0012-x">avantages sociétaux, économiques, environnementaux ou sanitaires</a>. </p>
<p>Le défi pour régler toutes ces questions ensemble réside dans le fait que ces domaines relèvent de la responsabilité de différents services gouvernementaux. Les processus internationaux relatifs au changement climatique, à la santé et au développement font souvent l'objet de discussions séparées. Cependant, pour la première fois, cette année, lors de la COP28, une journée entière sera consacrée à la discussion des liens entre le changement climatique et la santé. </p>
<p>En septembre 2023, l'Union africaine, le Programme des Nations unies pour l'environnement, la Coalition pour le climat et l'air pur et l'Institut de Stockholm pour l'environnement ont publié le rapport technique qui sous-tend <a href="https://www.ccacoalition.org/resources/full-report-integrated-assessment-air-pollution-and-climate-change-sustainable-development-africa">l'Évaluation intégrée de la pollution atmosphérique et du changement climatique pour le développement durable en Afrique</a> lors du Sommet africain sur le climat qui s'est tenu à Nairobi, au Kenya. </p>
<p>Le rapport identifie les mesures qui pourraient être prises dans toute l'Afrique à court, moyen et long terme pour faire face au changement climatique tout en améliorant la santé publique. Ces mesures réduisent l'exposition à la pollution atmosphérique toxique et permettent de réaliser d'autres priorités de développement énoncées dans l’<a href="https://au.int/en/agenda2063/overview">Agenda 2063</a> de l'Union africaine : l'Afrique que nous voulons.</p>
<p>Le rapport s'appuie sur <a href="https://www.ccacoalition.org/content/ccac-assessments">des preuves solides</a> selon lesquelles la pollution de l'air est un risque majeur pour la santé ; les causes de la pollution de l'air se recoupent fortement avec celles du changement climatique ; et il existe des <a href="https://www.ccacoalition.org/resources/opportunities-increasing-ambition-nationally-determined-contributions-through-integrated-air-pollution-and-climate-change-planning-practical-guidance-document">politiques et mesures</a> facilement accessibles et qui conviennent à chaque à chaque problème. </p>
<p>Nous avons été coprésidents, membres du comité de pilotage et coordinateurs de l'évaluation intégrée. Nous avons acquis des compétences en matière de changement climatique, de pollution atmosphérique, de santé publique, d'énergie et d'agriculture. Nous avons rejoint plus de 100 auteurs de 17 pays africains et des représentants des ministères chargés du changement climatique dans 35 pays pour produire le rapport. </p>
<p>Au fond, le rapport évalue la manière dont les actions en faveur du climat pourraient être mises en œuvre dans toute l'Afrique, ainsi que les avantages qui en découlent. Il montre que, grâce à 37 actions prioritaires, des centaines de milliers de décès prématurés pourraient être évités chaque année grâce à l'amélioration de la qualité de l'air. La contribution de l'Afrique au changement climatique s'en trouvera également réduite. </p>
<p>Le rapport met en évidence cinq raisons essentielles pour lesquelles ces actions devraient être prioritaires : </p>
<p>1) l'impact négatif de la pollution atmosphérique sur la santé dans toute l'Afrique</p>
<p>2) l'augmentation prévue des émissions en l'absence d'intervention </p>
<p>3) les avantages multiples de leur mise en œuvre</p>
<p>4) réduction des effets sur le climat en Afrique </p>
<p>5) pratiques en matière de mise en œuvre en Afrique</p>
<h2>La pollution de l'air est à l'origine de décès prématurés</h2>
<p>L'absence de mesures visant à réduire les principales sources d'émission prive les Africains de leur santé. L'Afrique est responsable d'environ <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%205-%20Aligning%20Air%20Quality%2C%20Climate%20Change%20And%20Development%20Objectives%20to%20Promote%20Action%20in%20Africa.pdf#page=9">4 %</a> des émissions mondiales de dioxyde de carbone à l'origine du changement climatique. La pollution atmosphérique qui en résulte a un impact important sur la santé publique. </p>
<p>En 2019, la pollution de l'air a <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=18">causé</a> 1,1 million de décès prématurés sur le continent. Les décès sont principalement dûs à la cuisson au bois et au charbon de bois (<a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=20">près de 700 000 décès prématurés</a>) et à la mauvaise qualité de l'air extérieur (<a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=20">près de 400 000 décès prématurés</a>).</p>
<p>La pollution de l'air affecte particulièrement les enfants. Environ 56 % des décès infantiles liés à la pollution atmosphérique surviennent en Afrique (<a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=21">383 000 décès infantiles</a>). </p>
<p>Les sources de pollution de l'air et les émissions responsables du changement climatique se chevauchent fortement en Afrique. Elles comprennent les combustibles utilisés pour la cuisson, les transports, la production d'électricité et les industries, l'agriculture et la gestion des déchets.</p>
<h2>L'inaction aggravera l'impact du changement climatique</h2>
<p>Sans action, la contribution de l'Afrique au changement climatique pourrait <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%202-%20Africa%E2%80%99s%20Future%20Under%20a%20Current%20Policy%20Trajectory.pdf#page=30">tripler</a> d'ici 2063. Les impacts sur la santé et le changement climatique pourraient <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%202-%20Africa%E2%80%99s%20Future%20Under%20a%20Current%20Policy%20Trajectory.pdf#page=30">s'aggraver</a> car l'impact de la pollution de l'air sur la santé ferait plus que doubler.</p>
<p>Sans intervention, le développement économique projeté, la population et l'urbanisation <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%202-%20Africa%E2%80%99s%20Future%20Under%20a%20Current%20Policy%20Trajectory.pdf#page=19">augmenteraient</a> considérablement la consommation de carburant et d'électricité et multiplieraient par plus de trois la demande en matière de transport, d'alimentation et de production de déchets.</p>
<h2>Cinq domaines d'intervention pour 37 actions en faveur du climat</h2>
<p>Des centaines de milliers de décès prématurés pourraient être évités chaque année grâce à l'action climatique en Afrique. <a href="https://www.ccacoalition.org/resources/full-report-integrated-assessment-air-pollution-and-climate-change-sustainable-development-africa">Lévaluation</a> a identifié 37 actions spécifiques dans cinq domaines qui pourraient freiner le changement climatique et réduire la pollution de l'air. Ces cinq domaines sont les suivants</p>
<ul>
<li><p>les transports</p></li>
<li><p>le secteur de la construction résidentielle</p></li>
<li><p>l'énergie et l'industrie</p></li>
<li><p>l'agriculture</p></li>
<li><p>les déchets. </p></li>
</ul>
<p>Si les 37 actions étaient mises en œuvre, les émissions de polluants atmosphériques les plus nocifs pour la santé pourraient être réduites de 35 % d'ici à 2030 et de 80 % d'ici à 2063. Cela permettrait de sauver la vie de 180 000 personnes qui auraient pu mourir prématurément chaque année d'ici à 2030, et de 800 000 d'ici à 2063. Les actions les plus efficaces sont les suivantes</p>
<ul>
<li><p>l'utilisation de combustibles et de technologies de cuisson propres, en particulier le passage à l'électricité comme source principale de combustible de cuisson </p></li>
<li><p>le contrôle des émissions des véhicules et l'utilisation accrue de véhicules électriques </p></li>
<li><p>le déploiement de l'électricité renouvelable et les mesures d'efficacité énergétique dans l'industrie et les entreprises</p></li>
<li><p>la transformation des pratiques de gestion dans l'agriculture et la réduction du brûlage à l'air libre des résidus de culture</p></li>
<li><p>meilleures pratiques de gestion des déchets, y compris éviter le brûlage à l'air libre des déchets et réduire la production de déchets.</p></li>
</ul>
<p>Les mêmes 37 actions peuvent réduire la contribution de l'Afrique au changement climatique de 20 % d'ici 2030 et de 60 % d'ici 2063.</p>
<h2>L'action climatique peut atténuer les précipitations et les températures extrêmes</h2>
<p>Les effets du changement climatique que l'Afrique subira sont principalement déterminés par les trajectoires d'émissions futures des autres continents qui émettent la majorité des gaz à effet de serre. Il est donc impératif pour la protection de la santé en Afrique que les autres régions réduisent rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre. </p>
<p>Cependant, les évaluations <a href="https://www.nature.com/articles/s41612-023-00382-7">montrent</a> que la mise en œuvre des 37 actions pourrait atténuer les effets négatifs du changement climatique régional sur les précipitations et les températures. C'est particulièrement le cas dans la région du Sahel. Cela permettrait de réduire considérablement la dégradation des sols et de préserver la production alimentaire.</p>
<h2>Amplifier l'action climatique</h2>
<p>Des mesures sont prises, mais elles doivent être rapidement renforcées. Les évaluations soulignent que toutes les actions recommandées sont actuellement mises en œuvre en Afrique. L'extension à l'ensemble de l'Afrique nécessite un programme continental sur la pureté de l'air, doté de ressources suffisantes. Le rapport recommande qu'un tel programme couvre l'élaboration et l'application de réglementations nationales, de normes régionales et d'un suivi transparent des progrès accomplis. </p>
<p>La Conférence ministérielle africaine sur l'environnement a <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/41324/AMCEN_English.pdf?sequence=1&isAllowed=y#page=7">insisté</a> pour que le <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/41324/AMCEN_English.pdf?sequence=1&isAllowed=y#page=13">programme air pur</a> soit coordonné par des initiatives nationales fortes, décliné aux communautés économiques régionales et à des niveaux de politiques publiques plus élevés.</p>
<p>La COP28 peut être utilisée pour accélérer les recommandations du rapport pour le développement durable en Afrique. Un engagement supplémentaire pour la mise en œuvre et le suivi de ces mesures, ainsi que de nouveaux financements et investissements pour atteindre une une plus grande échelle, permettraient de s'assurer que les actions de lutte contre le changement climatique profitent aux populations de tout le continent. </p>
<p>Brian Mantlana, responsable du changement climatique au Conseil pour la recherche scientifique et industrielle en Afrique du Sud, et Caroline Tagwireyi, consultante, Ampelos International Consultancy, Harare, Zimbabwe, ont contribué à cet article.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219258/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chris Malley reçoit des fonds de la Coalition pour le climat et l'air pur, créée par le Programme des Nations unies pour l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alice Akinyi Kaudia bénéficie d'un financement de la Coalition pour le climat et l'air pur du Programme des Nations unies pour l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Andriannah Mbandi bénéficie d'un financement de la Coalition pour le climat et l'air pur, créée par le Programme des Nations unies pour l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kevin Hicks reçoit un financement du Programme des Nations unies pour l'environnement, à travers la Coalition pour le climat et l'air pur.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philip Osano reçoit un financement du Programme des Nations unies pour l'environnement , à travers la Coalition pour le climat et l'air pur</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Youba Sokona reçoit un financement du Programme des Nations unies pour l'environnement, à travers la Coalition pour le climat et l'air pur</span></em></p>
L'Afrique peut limiter l'impact du climat sur la santé en prenant 37 mesures approuvées par les ministres de l'environnement.
Chris Malley, Research Fellow, Stockholm Environment Institute York Centre, University of York
Alice Akinyi Kaudia, Associate Lecturer, University of Nairobi
Andriannah Mbandi, Lecturer, South Eastern Kenya University
Kevin Hicks, Senior Research Fellow, University of York
Philip Osano, Research Fellow, Stockholm Environment Institute
Youba Sokona, Vice-président du GIEC et professeur honoraire, UCL
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/217645
2023-12-01T14:17:39Z
2023-12-01T14:17:39Z
COP28 : la crise climatique est aussi un enjeu de santé publique
<p>Le sommet sur les changements climatiques (COP28) a débuté jeudi dernier aux Émirats arabes unis et se poursuit jusqu’au 12 décembre. Avant même son lancement, ce sommet a fait l’objet de nombreuses critiques. Pourquoi ? Notamment parce que <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/802652/environnement-elephant-petrolier-salle-cop28">son organisation a été confiée à un PDG d’une compagnie pétrolière</a>. </p>
<p>Néanmoins, le calendrier dévoilé nous donne plusieurs raisons d’entrevoir une lueur d’espoir. L’une d’entre elles provient du fait qu’une journée (le 3 décembre) sera consacrée à des discussions quant aux effets des changements climatiques sur la santé. Une première mondiale. </p>
<p>Mais pourquoi devrions-nous donc nous intéresser à la dimension santé du problème ? </p>
<p>Doctorante en science politique à l’Université de Montréal, mes travaux portent sur la construction sociale des problèmes publics. Je m’intéresse notamment aux effets de cadrage de la crise climatique et leur rôle dans l’apport de changements de politique publique.</p>
<h2>Quels effets sur notre santé ?</h2>
<p>Si les liens entre santé et environnement ne sont pas nouveaux, les liens entre santé et changements climatiques relèvent quant à eux d’un phénomène plus récent. </p>
<p>Dans les années 80, on parlait déjà de supposés <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1524-4725.1988.tb03589.x">problèmes dermatologiques causés par le trou dans la couche d’ozone</a>. </p>
<p>Le lien avec les changements climatiques s’est toutefois fait plus tard, à la fin des années 2010. C’est à ce moment que le prestigieux journal médical <em>The Lancet</em> a publié un <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)60935-1/fulltext">rapport</a> indiquant que le réchauffement climatique constituait « la plus grande menace sanitaire mondiale du XXI<sup>e</sup> siècle ».</p>
<p>D’après ce même rapport, on souligne que le réchauffement climatique entraîne une intensification et une multiplication des évènements météorologiques extrêmes, lesquels peuvent être en retour dangereux pour notre santé. </p>
<p>Les inondations peuvent entraîner l’apparition de maladies transmises par l’eau, telles que le choléra ou la malaria. </p>
<p>Les sécheresses, en réduisant la productivité agricole, mènent quant à elles à de graves cas de malnutrition et de déshydratation. </p>
<p>Les vagues de chaleur ainsi que les feux de forêt endommagent notre système cardiorespiratoire et entraînent un ralentissement du rythme de travail ainsi que de la pratique de loisirs en extérieur. </p>
<p>Plus généralement, la hausse des températures nous expose davantage à des maladies transmises par des rongeurs ou à transmission vectorielle, comme la maladie de Lyme ou la dengue, car elle permet à certaines espèces animales d’étendre leur zone d’habitat dans des latitudes plus au nord du globe. </p>
<p>Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces risques sont inégalement répartis sur les territoires et peuvent se superposer les uns avec les autres. De telles expériences ont aussi des conséquences sur le plan psychologique, en entraînant notamment l’apparition du syndrome de stress post-traumatique.</p>
<h2>Parler de santé : une opération de communication efficace ?</h2>
<p>Depuis leur apparition sur l’agenda public et politique, les changements climatiques ont été essentiellement définis comme un problème environnemental ou économique. Or, la <a href="https://psycnet.apa.org/record/1982-30300-001">façon dont on cadre un problème détermine souvent les solutions</a> mises sur la table pour y répondre. </p>
<p>Aujourd’hui, on constate que les cadrages dominants montrent des signes d’essoufflement. À ce sujet, le <a href="https://www.ulaval.ca/developpement-durable/actualites/4e-editions-du-barometre-de-laction-climatique">Baromètre de l’action climatique</a> (constats du Groupe de recherche sur la communication marketing climatique de l’Université Laval) indique par exemple qu’un écart persiste entre les intentions de la population québécoise à en faire plus pour la crise climatique et sa prise d’actions concrètes. La mise en place de politiques climatiques efficaces soulève également encore des controverses et l’on constate la <a href="https://www.ouranos.ca/fr/projets-publications/communiquer-et-favoriser-engagement">présence d’une fatigue informationnelle sur l’enjeu</a>.</p>
<p>Plusieurs études, dont <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-023-15105-z">certaines réalisées au Canada</a>, montrent que le cadrage santé pourrait aider à contourner cette problématique. </p>
<p>La population étant déjà familière avec ces risques sanitaires dans d’autres contextes, <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-10-299">elle se sentirait plus concernée par la crise climatique</a> que lorsqu’elle est confrontée à une image d’un ours polaire sur une banquise qui fond. </p>
<p>Parler des cobénéfices santé – comme celui de prendre le vélo pour aller travailler parce que c’est bon pour la santé et la planète – permettrait aussi un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-012-0513-6">discours plus optimiste</a>. </p>
<p>De plus, des experts montrent que le cadrage santé rejoint une plus grande proportion de la population, <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-10-299">y compris les personnes considérées comme climatosceptiques</a>. </p>
<h2>Quels objectifs santé à la COP28 ?</h2>
<p>D’une part, les discussions du 3 décembre auront pour but d’élaborer des stratégies de financement pour décarboniser les systèmes de santé à travers le monde. À titre d’exemple, un <a href="https://aspq.org/app/uploads/2023/11/dunsky_decarbonation-sante_rapport_21-novembre-2023.pdf">récent rapport de l’Association pour la Santé publique du Québec</a> indique que le réseau de la santé est responsable de 3,6 % des émissions de gaz à effet de serre de la province (en particulier en raison du chauffage de l’air et de l’eau chaude sanitaire, de l’usage de gaz médicaux, mais aussi des transports de patients par ambulances, navettes et avions). On nous dit qu’il faudrait investir près de 3,8 milliards de dollars d’ici 2040 pour atteindre l’objectif zéro-émission dans le secteur. De ce fait, il existe une réelle nécessité de rendre les systèmes de santé moins énergivores. </p>
<p>D’autre part, on peut s’attendre à ce que les acteurs présents à la COP28 insistent pour une plus grande reconnaissance des effets des changements climatiques sur la santé afin que ceux-ci soient davantage pris en considération dans les plans gouvernementaux d’adaptation et autres initiatives. En 2021, un <a href="https://www.who.int/publications/i/item/9789240038509">sondage de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)</a> montrait que seulement 52 % des pays répondants possédaient un plan d’adaptation en santé et que 25 % étaient en train d’en développer un. </p>
<p>Le Canada, quant à lui, faisait partie des 23 % restants n’ayant aucun plan.</p>
<p>Cependant, il se pourrait bien que le vent soit en train de tourner, tant au niveau national qu’international. </p>
<p>Au pays, le <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/corporate/publications/chief-public-health-officer-reports-state-public-health-canada/state-public-health-canada-2022/report.html">rapport 2022 de l’administratrice en chef de la Santé publique du Canada</a> était par exemple dédié aux effets des changements climatiques.</p>
<p>De plus, les <a href="https://natural-resources.canada.ca/simply-science/canadas-record-breaking-wildfires-2023-fiery-wake-call/25303">feux de forêt sans précédent</a> durant l’été 2023 et la toxicité dans l’air qui s’en est suivie, ont possiblement engendré un changement de mentalité.</p>
<p>Dans les dernières années, les <a href="https://www.thelancet.com/countdown-health-climate">rapports du <em>Lancet Countdown</em></a> dénotent une hausse de la visibilité de l’enjeu dans les médias ainsi qu’une présence plus récurrente dans les débats à l’Assemblée générale des Nations unies. </p>
<p>Le fait que la COP28 fasse de la santé une de ses thématiques centrales est, somme toute, un pas dans la bonne direction.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217645/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alizée Pillod est affiliée au Centre d'Études et de Recherches Internationales de l'UdeM (CERIUM), au Centre de recherche sur les Politiques et le Développement Social (CPDS) et au Centre pour l'Étude de la citoyenneté démocratique (CECD). Ses recherches sont subventionnées par les Fonds de Recherche du Québec (FRQ). Alizée a aussi obtenu la Bourse départementale de recrutement en politiques publiques (2021) ainsi que la Bourse d'excellence Rosdev (2023). Elle a également été la coordonnatrice pour un projet financé par Ouranos et le MELCCFP sur la communication climatique en contexte pandémique.</span></em></p>
Le 3 décembre, la COP28 aura une journée consacrée aux discussions sur les effets des changements climatiques sur la santé, soit une première mondiale. En quoi est-ce important ? À quoi s’attendre ?
Alizée Pillod, Doctorante en science politique, Université de Montréal
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/218371
2023-11-28T13:01:09Z
2023-11-28T13:01:09Z
La résistance aux antibiotiques cause plus de décès que le paludisme et le VIH/sida réunis : ce que fait l'Afrique pour lutter contre cette épidémie silencieuse
<p><em>Chaque année, la <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance#:%7E:text=L'OMS%20a%20d%C3%A9clar%C3%A9%20que,de%20pathog%C3%A8nes%20r%C3%A9sistants%20aux%20m%C3%A9dicaments.">résistance aux antimicrobiens</a> - la capacité des microbes à survivre aux agents conçus pour les tuer - fait plus de victimes que le paludisme et le VIH/sida réunis. L'Afrique subit de plein fouet cette évolution, qui se nourrit d'inégalités et de pauvreté. Nadine Dreyer a demandé à Tom Nyirenda, chercheur scientifique ayant plus de 27 ans d'expérience dans le domaine des maladies infectieuses, ce que les organismes de santé du continent font pour lutter contre cette menace qui pèse sur le progrès médical.</em></p>
<h2>Qu'est-ce que la résistance aux antimicrobiens ?</h2>
<p>La résistance aux antimicrobiens se produit lorsque les bactéries, les virus, les champignons et les parasites changent au fil du temps et ne répondent plus aux médicaments (y compris les antibiotiques). Cela rend les infections plus difficiles à traiter et augmente le risque de propagation des maladies, de maladie grave et de décès. </p>
<p>En Afrique, la résistance aux médicaments est déjà un problème avéré pour <a href="https://africacdc.org/document-tag/amr/#:%7E:text=In%20Africa%2C%20AMR%20has%20already,%2C%20meningitis%2C%20gonorrhoea%20and%20dysentery.">le VIH, le paludisme, la tuberculose, la typhoïde, le choléra, la méningite, la gonorrhée et la dysenterie</a>. </p>
<h2>Quelle est l'ampleur du problème de la résistance aux antimicrobiens ?</h2>
<p>C'est l'une des <a href="https://www.who.int/fr/news-room/spotlight/ten-threats-to-global-health-in-2019">10 principales menaces mondiales</a> pour la santé publique qui risque de compromettre des années de progrès médical.</p>
<p>Près de <a href="https://www.fao.org/animal-health/our-programmes/antimicrobial-resistance-(amr)/fr">5 millions de décès</a> ont été associés à la résistance aux antimicrobiens en 2019. </p>
<p>C'est sur le continent africain que le fardeau est le plus lourd. </p>
<p>La première <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">évaluation complète</a> de la charge mondiale de la résistance aux antimicrobiens a estimé qu'en 2019, plus de 27 décès pour 100 000 étaient directement imputables à la résistance aux antimicrobiens en Afrique. Plus de 114 décès pour 100 000 personnes y ont été associés à cette résistance. </p>
<p>Dans les pays à revenu élevé, la résistance aux antimicrobiens a été directement à l'origine de 13 décès pour 100 000. Elle est associée à 56 décès pour 100 000 personnes.</p>
<p><a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">L'étude</a> a montré que les jeunes enfants sont particulièrement exposés. La moitié des décès survenus en Afrique subsaharienne en 2019 concernaient des enfants de moins de 5 ans.</p>
<h2>Comment les inégalités et la pauvreté interviennent-elles ?</h2>
<p>Dans de nombreux pays africains, la pauvreté et les inégalités favorisent la résistance aux antimicrobiens.</p>
<p>L'accès à une eau courante propre, à un assainissement adéquat et à une gestion sûre de l'eau est un défi majeur dans de nombreux hôpitaux et cliniques des pays africains. </p>
<p>De plus, il y a souvent un grave manque drastique de personnel de santé. Les services sont souvent débordés. En conséquence, les infections se propagent plus rapidement. Certaines de ces infections sont résistantes aux antibiotiques. </p>
<p>L'utilisation inappropriée des antibiotiques, l'insuffisance des ressources sanitaires et l'accès limité aux médicaments appropriés ont également alimenté la résistance aux antibiotiques en Afrique subsaharienne. </p>
<p>Les médicaments <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14787210.2023.2259106">de qualité inférieure et falsifiés</a>, en raison de leurs doses inférieures, peuvent permettre aux bactéries de s'adapter, de résister, de se développer et de se propager. Des études montrent que le continent africain est touché par ces produits médicaux. </p>
<p>La pénurie mondiale d'antibiotiques encourage également l'utilisation de médicaments de qualité inférieure.</p>
<p>En raison d'une faible réglementation, la prescription d'antibiotiques <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14787210.2023.2259106">en vente libre</a> est très répandue en Afrique subsaharienne. Les taux les plus élevés de prescription d'antibiotiques en vente libre ont été relevés en Érythrée (jusqu'à 89,2 %), en Éthiopie (jusqu'à 87,9 %), au Nigeria (jusqu'à 86,5 %) et en Tanzanie (jusqu'à 92,3 %). En Zambie, jusqu'à 100 % des pharmacies ont délivré des antibiotiques sans ordonnance. </p>
<h2>Y a-t-il de bonnes nouvelles ?</h2>
<p>Si la lutte contre la résistance aux antimicrobiens sur le continent africain est plus difficile que dans d'autres régions, de nombreux décès peuvent sont évitables. </p>
<p>Il y a eu quelques initiatives encourageantes pour protéger les systèmes de santé et les communautés contre la résistance aux antimicrobiens.</p>
<ol>
<li><p>L'Union africaine a mis en place le <a href="https://africacdc.org/download/african-union-framework-for-antimicrobial-resistance-control-2020-2025/">Cadre de l'Union africaine sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens</a>. Ce cadre vise à renforcer la recherche, à promouvoir les politiques, les lois et la bonne gouvernance, à améliorer la sensibilisation et à impliquer les organisations de la société civile.</p></li>
<li><p>La lutte contre la résistance aux antimicrobiens implique le développement de nouveaux antibiotiques tout en s'assurant qu'ils atteignent les personnes qui en ont besoin. C'est pour cela que des organisations comme le <a href="https://gardp.org/">Partenariat mondial de recherche-développement d'antibiotiques</a> ont été créées. Nous constatons des progrès encourageants pour un antibiotique contre la gonorrhée résistante aux médicaments, un <a href="https://www.who.int/news/item/22-06-2023-who-outlines-40-research-priorities-on-antimicrobial-resistance">agent pathogène hautement prioritaire</a>. </p></li>
</ol>
<p>Six sites sud-africains ont participé à l'essai clinique.</p>
<ol>
<li><p>La mesure et le suivi de la résistance aux antimicrobiens et de l'utilisation des antimicrobiens jouent un rôle essentiel. Là aussi, des progrès ont été accomplis. Le consortium <a href="https://africacdc.org/download/mapping-antimicrobial-resistance-and-antimicrobial-use-partnership-maap-country-reports/">Mapping AMR and AMU Partnership</a> a récemment publié 14 nouveaux rapports nationaux sur la situation en Afrique. </p></li>
<li><p>Le <a href="https://www.edctp.org/">Partenariat d'essais cliniques entre l'Europe et les pays en développement</a> finance la recherche clinique d'outils médicaux permettant de détecter, traiter et prévenir les maladies infectieuses liées à la pauvreté en Afrique subsaharienne. Le domaine vital de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK531478/#:%7E:text=Neonatal%20sepsis%20refers%20to%20an,middle%20and%20lower%2Dincome%20countries">septicémie néonatale</a> en fait partie.</p></li>
<li><p>Il est essentiel de modifier les comportements à l'égard des antibiotiques afin qu'ils soient utilisés à bon escient. Des organisations telles que <a href="https://www.reactgroup.org/news-and-views/news-and-opinions/2023-2/react-africa-conference-2023/">ReAct Africa and the South Centre</a> ont bien progressé sur cet aspect. </p></li>
</ol>
<p>Elles plaident pour une utilisation responsable des antibiotiques ainsi que pour des moyens de prévenir et de contrôler les infections bactériennes. </p>
<p>Au Kenya et dans d'autres pays africains, les champions de la résistance aux antimicrobiens sensibilisent les écoles, les universités, les cliniques et les communautés. </p>
<p>6.<a href="https://www.afro.who.int/regional-director/speeches-messages/strategic-imperative-boosting-local-pharmaceutical-production">Une initiative audacieuse</a> des pays africains pour établir et développer la fabrication locale de produits médicaux nécessite une réglementation stricte afin de ne pas alimenter la résistance aux médicaments avec des produits de qualité inférieure ou des contrefaçons. </p>
<h2>Que nous réserve l'avenir ?</h2>
<p>Les défis posés par la résistance aux antimicrobiens dans les pays africains sont énormes. Mais la dynamique de lutte contre ce phénomène est en train de se mettre en place. </p>
<p>Les étapes cruciales sont les suivantes</p>
<ul>
<li><p>un investissement accru</p></li>
<li><p>l'expansion des programmes de prévention et de contrôle des infections, y compris les bonnes pratiques de prescription clinique</p></li>
<li><p>l'amélioration de l'accès aux antibiotiques essentiels et aux outils de diagnostic</p></li>
<li><p>le développement de nouveaux antibiotiques capables de traiter les infections multirésistantes. </p></li>
</ul>
<p><em>Cet article fait partie d'un partenariat médiatique entre The Conversation Africa et la Conférence 2023 sur la santé publique en Afrique. L'auteur remercie Carol Rufell du Partenariat mondial pour la recherche et le développement des antibiotiques en Afrique pour sa précieuse contribution.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218371/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tom Nyirenda does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>
L'Afrique est plus touchée par la résistance aux antimicrobiens, largement alimentée par la pauvreté, mais des signes encourageants montrent que le continent prend des mesures pour la combattre.
Tom Nyirenda, Extraordinary Senior Lecture in the Department of Global Health, Stellenbosch University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/218465
2023-11-27T14:00:40Z
2023-11-27T14:00:40Z
Paludisme : deux vaccins révolutionnaires ont été mis au point, mais l'accès et le déploiement restent des obstacles majeurs
<p>_L'approbation de deux vaccins contre le paludisme - le vaccin RTS,S/AS01 en 2021 et le vaccin R21/Matrix-MTM en 2023 - permettra de contrôler et, à terme, d'éradiquer une maladie qui cause plus de <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/malaria#:%7E:text=Disease%20burden&text=cases%20in%202020.-,The%20estimated%20number%20of%20malaria%20deaths%20stood%20at%20619%20000,63%20000%20more%20malaria%20deaths.">600 000 décès</a> annuellement.
Près de <a href="https://www.who.int/initiatives/malaria-vaccine-implementation-programme#:%7E:text=Le%20premier%20vaccin%2C%20RTS,Programme%2C%20MVIP%2C%20sur%202019.">2 millions d'enfants</a> au Ghana, au Kenya et au Malawi ont été vaccinés avec le vaccin <a href="https://www.who.int/initiatives/malaria-vaccine-implementation-programme">RTS,S/AS01</a>. Il sera étendu à d'autres pays africains à partir du début de l'année prochaine.</p>
<p>_Le deuxième vaccin, <a href="https://www.ox.ac.uk/news/2023-10-02-oxford-r21matrix-m-malaria-vaccine-receives-who-recommendation-use-paving-way-global">R21/Matrix-MTM</a>, approuvé par l'Organisation mondiale de la santé en octobre, sera prêt à être déployé à la <a href="https://www.who.int/news/item/02-10-2023-who-recommends-r21-matrix-m-vaccine-for-malaria-prevention-in-updated-advice-on-immunization#:%7E:text=Haute%20efficacit%C3%A9%20lorsque%20donn%C3%A9%20juste,apr%C3%A8s%20a%203%2Dose%20s%C3%A9rieuse">mi-2024</a>.</p>
<p>Rose Leke, lauréate du <a href="https://virchowprize.org/2023-laureate/">Prix Virchow 2023</a>pour l'ensemble de son œuvre en faveur de la santé mondiale et figure de proue des protocoles vaccinaux, nous éclaire sur ces avancées.__</p>
<h2>Pourquoi les vaccins sont-ils importants pour l'Afrique ?</h2>
<p>Environ <a href="https://theconversation.com/we-could-eradicate-malaria-by-2040-says-expert-after-revolutionary-vaccine-is-approved-by-who-214798">40 millions d'enfants</a> nés chaque année dans les régions d'Afrique touchées par le paludisme pourraient bénéficier d'un vaccin. </p>
<p>Le vaccin RTS,S/AS01 réduit les décès dus au paludisme de <a href="https://www.who.int/news/item/06-10-2021-who-recommends-groundbreaking-malaria-vaccine-for-children-at-risk">30 %</a> et est particulièrement important pour les enfants, qui sont les plus exposés au risque de paludisme. Si 100 enfants peuvent mourir de paludisme grave, on pourrait en sauver 30. </p>
<p>Les mères qui ont fait vacciner leurs enfants au cours de la phase pilote ont exprimé leur reconnaissance pour le vaccin car il a empêché la mort de leurs enfants de <a href="https://www.who.int/news-room/feature-stories/detail/mothers-in-malawi-value-the-first-malaria-vaccine">paludisme grave</a>. </p>
<p>Le deuxième vaccin, <a href="https://www.who.int/news/item/02-10-2023-who-recommends-r21-matrix-m-vaccine-for-malaria-prevention-in-updated-advice-on-immunization">R21/Matrix-M</a>, est très efficace car il réduit les cas de paludisme de 75 %. Des <a href="https://theconversation.com/we-could-eradicate-malaria-by-2040-says-expert-after-revolutionary-vaccine-is-approved-by-who-214798">centaines de millions</a> de doses de ce vaccin peuvent être produites chaque année. </p>
<p>Il sera prêt à être déployé dès <a href="https://www.who.int/news/item/02-10-2023-who-recommends-r21-matrix-m-vaccine-for-malaria-prevention-in-updated-advice-on-immunization#:%7E:text=Haute%20efficacit%C3%A9%20lorsqu'il%20est%20donn%C3%A9%20juste,apr%C3%A8s%20a%203%2Dose%20s%C3%A9rie">la mi-2024</a>.</p>
<p>Ces deux vaccins sont de nouveaux outils, mais ils doivent être utilisés en complément avec les autres mesures dont nous disposons pour lutter contre le paludisme. Il s'agit notamment des moustiquaires et de l'administration d'antipaludiques aux enfants les plus exposés au risque de paludisme à des moments précis de l'année. </p>
<p>Si on ajoute le vaccin à ces mesures de manière efficace, on pourra progresser davantage vers <a href="https://theconversation.com/we-could-eradicate-malaria-by-2040-says-expert-after-revolutionary-vaccine-is-approved-by-who-214798">l'élimination du paludisme</a>. </p>
<h2>Comment toutes les communautés peuvent-elles en bénéficier ?</h2>
<p>Il y a une forte demande de vaccins antipaludiques, estimée entre <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">40 et 60 millions de doses</a> pour la seule année 2026. </p>
<p><a href="https://www.gavi.org/">Gavi</a>, l'Alliance du vaccin, a donné son feu vert au Bénin, à la République démocratique du Congo et à l'Ouganda parmi les 12 pays d'Afrique qui recevront les premières doses du vaccin. Ils se verront attribuer un total de <a href="https://cdn.who.int/media/docs/defaultsource/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">18 millions</a> de vaccins pour la période allant jusqu'à 2025. </p>
<p>Gavi est une organisation internationale créée en 2000 pour améliorer l'accès aux vaccins nouveaux et sous-utilisés pour les enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde.</p>
<p>Comme on peut le constater, la demande a été beaucoup plus importante que l'offre. Lorsque nous n'avions qu'un seul vaccin, le RTS/S, les quantités étaient limitées et l'OMS a dû développer un cadre équitable pour la distribution des doses limitées. </p>
<p>Les pays ont été classés par catégories. Ceux de la catégorie 1 étaient les plus nécessiteux et les premiers à être vaccinés.</p>
<p>Cela me préoccupait un peu. Si quelqu'un venait dans mon pays, pour administrer des vaccins dans un village de catégorie 1 et qu'à 20 km de là, dans un village de catégorie 2, un enfant ne pouvait pas être vacciné, cela poserait un problème sur le plan social et même politique. </p>
<p>J'étais <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/framework-for-allocation-of-limited-malaria-vaccine-supply.pdf?sfvrsn=35b12e4_2&download=true">coprésident</a> du groupe d'experts de l'OMS chargé d'étudier la question. Nous avons passé beaucoup de temps sur l'élaboration du <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">cadre</a>, en essayant de déterminer qui reçoit le vaccin et qui ne le reçoit pas. </p>
<p>Voici les principes que nous avons suivis :</p>
<ul>
<li><p>Les zones où les besoins sont les plus importants : là où la charge de morbidité due au paludisme est la plus élevée chez les enfants et où le risque de décès est le plus élevé.</p></li>
<li><p>Là où l'impact attendu sur la santé est le plus important : là où le plus grand nombre de vies peuvent être sauvées avec les doses limitées disponibles.</p></li>
<li><p>Les pays qui se sont engagés à faire preuve d'équité dans leurs programmes de vaccination.</p></li>
</ul>
<p>L'un des critères était qu'une fois le nouveau vaccin était introduit par les services de santé publique de routine dans une région donnée, l'accès <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">continu et durable</a> devait être maintenu. </p>
<h2>Pourquoi la fabrication locale est-elle si importante ?</h2>
<p>Pendant le <a href="https://www.wipo.int/wipo_magazine/en/2022/04/article_0005.html">COVID</a>, nous avons constaté que l'Afrique était en queue de peloton. Le meilleur moyen de garantir l'approvisionnement est de le fabriquer soi-même.</p>
<p>C'est pourquoi la fabrication de vaccins en Afrique est l'une des principales priorités des <a href="https://africacdc.org/news-item/a-new-deal-for-african-health-security/">Centres africains de contrôle des maladies</a>. </p>
<p>J'espère que de mon vivant, je verrai certains de ces vaccins produits sur le continent.</p>
<h2>Tous les gens ne veulent pas être vaccinés, n'est-ce pas ?</h2>
<p>D'après mon expérience en Afrique, la couverture vaccinale de routine est encore assez <a href="https://www.afro.who.int/health-topics/immunization#:%7E:text=Approximately%201%20in%205%20African,VPDs">faible</a>. Nous allons maintenant ajouter ce nouveau vaccin contre le paludisme. Si les taux de vaccination sont faibles, nous n'obtiendrons jamais l'impact souhaité. </p>
<p>Nous devons donc toujours encourager les mères à faire vacciner leurs enfants, et il faut vraiment mettre fin à l’<a href="https://www.researchgate.net/publication/366944062_The_impact_of_information_sources_on_COVID-19_vaccine_hesitancy_and_resistance_in_sub-Saharan_Africa">hésitation vaccinale</a>. </p>
<p>Il y a la <a href="https://journals.co.za/doi/full/10.10520/ejc-ajgd_v10_n1_1_a4">croyance</a> que ces vaccins étrangers vont tuer les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8115834/">enfants</a>. Mais que n'avons-nous pas importé ? Le lait ? Le savon ? Les sardines ? </p>
<h2>Pourquoi ces théories ne concernent-elles que les vaccins ?</h2>
<p>Les vaccins ont été tellement efficaces et <a href="https://www.afro.who.int/health-topics/immunization">l'impact</a> sur le continent africain a été tellement important.</p>
<p>La plupart d'entre nous, même vous et moi, aurions pu disparaître sans les vaccins. Nous devons informer les gens pour qu'ils se débarrassent de cette réticence à l'égard des vaccins qui existe sur tout le continent.</p>
<p><em>Cet article fait partie d'un partenariat médiatique entre The Conversation Africa et la Conférence 2023 sur la santé publique en Afrique.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218465/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rose Leke does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>
En deux ans, des avancées majeures contre le paludisme ont été réalisées avec deux nouveaux vaccins. Mais la demande excède largement l'offre, nécessitant une gestion délicate des déploiements.
Rose Leke, Professor of Immunology and Parasitology, Faculty of Medicine and Biomedical Sciences, Université de Yaounde 1
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/216211
2023-11-26T15:34:20Z
2023-11-26T15:34:20Z
L’aide médicale d’État, un droit « républicain » sur la sellette
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/561046/original/file-20231122-15-2sdw76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5970%2C3917&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2022, environ 400 000 personnes ont bénéficié de l'aide médicale d'Etat pour un coût représentant 0,5% de la dépense totale de l'Assurance maladie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/uomo-che-indossa-una-camicia-bianca-vt7iAyiwpf0">CDC / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/09/15/emmanuel-macron-annonce-un-projet-loi-sur-l-immigration-pour-debut-2023_6141806_823448.html">Promesse de campagne d’Emmanuel Macron</a>, le projet de loi immigration, qui sera examinée <a href="https://www2.assemblee-nationale.fr/agendas/les-agendas">au Parlement à partir de décembre</a>, ne devait initialement pas revenir sur les modalités de l’accès aux soins des personnes étrangères. Mais c’était un <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/didier-fassin/laide-medicale-de-letat-menacee/00108254">souhait de longue date de la frange droite de l’hémicycle</a> de modifier ce point. Les sénateurs Républicains ont donc introduit un <a href="https://www.senat.fr/amendements/commissions/2022-2023/304/Amdt_COM-3.html">amendement</a> venant transformer l’Aide médicale d’État (AME) en une Aide médicale d’urgence (AMU) et qui a été <a href="https://www.senat.fr/dossier-legislatif/pjl22-304.html">adopté</a>.</p>
<p>De quoi s’agit-il ? L’AME relève d’un système d’<a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2002-1-page-131.htm">aide médicale gratuite pour les personnes les plus précaires</a> qui existe depuis 1893 en France. Pendant un siècle, les étrangers résidant en France pouvaient bénéficier d’un accès aux soins : s’ils travaillaient, ils bénéficiaient de l’affiliation à l’assurance maladie générale ; sinon, ils pouvaient bénéficier de cette <a href="https://www.cnle.gouv.fr/de-1893-a-1999-de-l-assistance.html">Aide médicale gratuite</a>. En 1993, la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000530357">« Loi Pasqua »</a> vient imposer une condition de régularité de séjour pour bénéficier de cette aide « universelle ». Six ans plus tard, en 1999, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000198392/">l’Aide médicale d’État est créée</a>, répondant <a href="https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2023-10/20200505-rapport-entree-sejour-premier-accueil-personnes-etrangeres_0.pdf">pour la Cour des comptes</a> à un impératif humanitaire et sanitaire :</p>
<blockquote>
<p>« faisant de la France un des seuls pays européens à prévoir une couverture maladie minimale gratuite pour les personnes étrangères en situation irrégulière ».</p>
</blockquote>
<h2>Une aide « républicaine »</h2>
<p><a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/pourquoi-l-aide-medicale-de-l-etat-ame-est-remise-en-cause-6522207">L’AME est vue comme une aide « républicaine »</a> à un moment charnière où les aides « universelles » cessent de l’être réellement. Elle vise à (re)mettre le système de santé en accord avec les valeurs fondamentales de la République, notamment héritées de la philosophie des Lumières et qui se trouvent aujourd’hui inscrits dans la devise française.</p>
<p>Financée par l’État et renouvelable annuellement, l’AME s’adresse aux <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000041474140">étrangers en situation irrégulière</a> pouvant prouver leur présence en France depuis au moins trois mois. <a href="https://www.infomie.net/spip.php?rubrique368">Les mineurs</a> peuvent en bénéficier dès leur arrivée sur le territoire français. <a href="https://www.ameli.fr/assure/droits-demarches/situations-particulieres/situation-irreguliere-ame">Une condition de ressources</a> est également posée : le plafond de revenus à ne pas dépasser pour en bénéficier est le même que celui pour l’accès à la <a href="https://theconversation.com/le-systeme-de-sante-francais-est-il-toujours-aussi-solidaire-85195">complémentaire santé solidaire</a>, soit environ 9 700€ par an pour une personne seule en 2023.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/bnsSqMb9pkM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>L’AME permet à ses bénéficiaires d’accéder à une <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3079">prise en charge</a> à 100 % de leurs soins médicaux et hospitaliers dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale. Elle dispense également de l’avance des frais de santé. Actuellement, les <a href="https://www.ameli.fr/assure/remboursements/cmu-aides-financieres/aide-medicale-etat-soins-urgents">soins classiques de médecine de ville ou hospitalière sont pris en charge</a>, ainsi que la majorité des traitements, y compris contraceptifs. Tous les frais de santé ne sont néanmoins pas couverts par l’AME (sont exclus les frais de traitement et d’hébergement des personnes handicapées, frais d’examen de prévention bucco-dentaire pour les enfants, indemnités journalières, etc.) ce qui conduit certaines associations à parler de <a href="https://www.medecinsdumonde.org/ame-laide-medicale-detat/">couverture santé de second rang</a>.</p>
<p>Au contraire, <a href="https://www.senat.fr/leg/tas23-019.html">l’Aide médicale d’urgence</a>, telle que conçue par les sénateurs Républicains, vise à réduire au maximum l’accès aux soins pour les personnes en situation irrégulière aux seuls :</p>
<blockquote>
<p>« traitement des maladies graves et soins urgents dont l’absence mettrait en jeu le pronostic vital ou pourrait conduire à une altération grave et durable de l’état de santé de la personne ou d’un enfant à naître ».</p>
</blockquote>
<h2>Des économies par la suppression de l’AME ?</h2>
<p><a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/24/obession-de-la-droite-dure-l-aide-medicale-d-etat-est-devenue-un-sujet-de-debat-a-lrm_6012816_823448.html">L’opposition à l’AME est née en même temps que celle-ci</a>. Depuis, la question de sa suppression – ou a minima de sa réforme – est un véritable serpent de mer. <a href="https://seronet.info/article/sans-etat-dame-dix-ans-de-travail-de-sape-85591">Elle est discutée</a> lors de chaque nouvelle loi relative à l’immigration ou de l’adoption des lois de financement de la Sécurité sociale. <a href="https://www.securite-sociale.fr/home/dossiers/actualites/list-actualites/aide-medicale-de-letat--modifica.html">Ses conditions ont notamment été durcies en 2021</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/debat-la-grande-secu-mythe-ou-realite-177665">Débat : La « Grande Sécu », mythe ou réalité ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>À l’image du <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/cion_fin/l16b1244_rapport-information#_Toc256000001">rapport d’information</a> d’une députée républicaine déposé en 2021, plaidant notamment pour un recentrement de l’AME sur les soins urgents, les pourfendeurs de l’AME s’appuient sur un argument économique, prétextant régulièrement une « hausse incontrôlée des dépenses de santé ».</p>
<p>Or, le <a href="https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/AME.pdf">nombre de bénéficiaires est stable depuis plusieurs années</a>, bien que l’on constate une légère hausse post-Covid – environ <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/content/download/705304/file/Sant%C3%A9.pdf">7 % de bénéficiaires en plus en 2022</a> par rapport à 2020 et son coût est estimé à environ <a href="https://www.tf1info.fr/sante/immigration-l-aide-medicale-d-etat-ame-ne-represente-t-elle-que-0-4-des-depenses-de-sante-2272555.html">0,5 % des dépenses de santé</a>. Par ailleurs, comme le montre la Cour des comptes dans <a href="https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2023-10/20200505-rapport-entree-sejour-premier-accueil-personnes-etrangeres_0.pdf">son rapport précité</a> :</p>
<blockquote>
<p>« L’analyse du coût économique de l’AME est difficile à établir : il faudrait en effet pouvoir mesurer les coûts d’évitement de la propagation de maladies infectieuses ainsi que le coût des soins vitaux et urgents occasionnés par la non-prise en charge précoce des malades. »</p>
</blockquote>
<p>Ainsi, rien n’indique que la transformation de l’AME en AMU permettrait une baisse des coûts.</p>
<h2>Une violation d’un droit fondamental et des risques de santé publique</h2>
<p>Comme le rappelle la professeure de droit public <a href="https://books.openedition.org/putc/337">Christel Cournil</a>, l’accès aux soins est un droit fondamental qui découle du droit à la santé, garanti par la Constitution et par de grands principes universalistes d’après-guerre (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/menu/droit-national-en-vigueur/constitution/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946">alinéa 11 du Préambule de 1946 notamment</a>), confirmés par de multiples engagements internationaux (Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte sociale européenne…). De plus, pour la <a href="https://www.echr.coe.int/documents/d/echr/FS_Health_FRA">Cour européenne des droits de l’homme</a>, les États doivent s’assurer du droit à la vie, ce qui passe notamment par l’octroi des soins (obligations positives de l’article 2).</p>
<p>En France, depuis 2003, l’accès aux seuls soins urgents pour toute personne est prévu par le droit commun <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006908175">(article R.1112-13 du Code de la Santé publique</a>) :</p>
<blockquote>
<p>« Si l’état d’un malade ou d’un blessé réclame des soins urgents, le directeur prend toutes mesures pour que ces soins urgents soient assurés. Il prononce l’admission, même en l’absence de toutes pièces d’état civil et de tout renseignement sur les conditions dans lesquelles les frais de séjour seront remboursés à l’établissement. »</p>
</blockquote>
<p>Mais l’octroi des seuls soins urgents et vitaux peut sembler insuffisant : à terme, cela risque de conduire à une dégradation générale de l’état de santé de ces personnes par manque de <a href="https://theconversation.com/en-france-nous-sommes-tres-performants-dans-le-soin-mais-beaucoup-moins-en-matiere-de-prevention-146626">médecine préventive</a>. Dans un contexte de surcharge hospitalière, de nombreux médecins alertent sur le risque que les personnes ainsi privées de soins préventifs se présentent aux urgences <a href="https://basta.media/Aide-medicale-d-%C3%89tat-AME-la-droite-veut-empecher-les-personnes-etrangeres-de-se-faire-soigner">avec des problèmes de santé finalement beaucoup plus graves</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1711640206615384443"}"></div></p>
<p>Par ailleurs, il est de la responsabilité de la police municipale de s’assurer de la salubrité publique, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006164555">qui comprend la santé publique</a>. Or, avec la disparition de l’AME, les <a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/071123/l-intox-du-senat-sur-l-aide-medicale-d-etat">maladies risquent de se transmettre beaucoup plus rapidement</a>, pouvant conduire à une épidémie que ces autorités sont chargées de résorber.</p>
<p><a href="https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/non-a-la-suppression-de-l-aide-medicale-d-etat">De multiples associations alertent sur les risques</a> liés à une transformation de l’AME en AMU. C’est aussi le cas de <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/02/l-appel-de-3-000-soignants-nous-demandons-le-maintien-de-l-aide-medicale-d-etat-pour-la-prise-en-charge-des-soins-des-personnes-etrangeres_6197818_3232.html">nombreux médecins qui ont appelé à son maintien</a> puis <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/sans-papiers-3-500-medecins-promettent-de-desobeir-si-lame-est-supprimee-acf10d4a-80b7-11ee-a407-397218b61e71">à la désobéissance</a> si la réforme était menée à terme. Entre autres acteurs institutionnels, la <a href="https://theconversation.com/pour-la-creation-dun-defenseur-de-la-republique-86267">Défenseure des Droits</a>, Claire Hédon, se joint à ces protestations. Auditionnée par les rapporteurs de la Commission des lois de l’Assemblée nationale sur le projet de loi, <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/projet-de-loi-immigration-la-defenseure-des-droits-alerte-sur-les-graves-atteintes-aux-droits">elle a alerté sur les atteintes aux droits des étrangers</a>, notamment « en matière d’accès à la santé ».</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<h2>Adoption du texte du gouvernement contre suppression de l’AME ?</h2>
<p>Revenant sur un dispositif participant au plein respect des droits fondamentaux des étrangers, les Républicains placent cette suppression de l’AME au centre des négociations avec le Gouvernement. Cet amendement est en effet désormais au coeur d’une stratégie politicienne, malgré les retombées négatives concrètes qu’il risque d’engendrer. <a href="https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/immigration-les-senateurs-lr-font-un-pas-les-centristes-sur-les-metiers-en-tension">En échange de l’adoption de mesures proposées par le Gouvernement</a>, les Républicains ont gravé dans le texte « un certain nombre de marqueurs », notamment « le durcissement des conditions d’accès aux soins gratuits pour les étrangers malades ».</p>
<p>Les parlementaires de gauche semblent disposer d’une majorité insuffisante pour parvenir à revenir sur la proposition des sénateurs. Les regards sont donc désormais tournés vers le gouvernement qui peut déposer un amendement <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/synthese/fonctionnement-assemblee-nationale/travail-legislatif/l-exercice-du-droit-d-amendement">à tout moment de la procédure législative</a>.</p>
<p>Avant de se positionner, le gouvernement va sûrement attendre les conclusions de la <a href="https://www.aefinfo.fr/depeche/700601-elisabeth-borne-lance-une-mission-sur-l-aide-medicale-d-etat-confiee-a-claude-evin-et-patrick-stefanini">mission sur l’Aide médicale d’État</a> confiée à l’ancien ministre de la Santé, Claude Evin, et Patrick Stefanini, conseiller d’État honoraire – attendues le 2 décembre 2023. <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/utile-et-pas-si-couteux-voici-les-premieres-conclusions-du-rapport-sur-l-aide-medicale-d-etat-1976206">Le pré-rapport</a> semble indiquer que l’AME n’est ni trop chère, ni trop incitative. Des conclusions corroborant celles du <a href="https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/AME.pdf">précédent rapport public sur l’AME</a>, rendu en 2019 par l’Inspection générale des affaires scoiales (IGAS). Celui-ci démontrait que l’AME ne créait aucun appel d’air et qu’il serait risqué – et <em>in fine</em> coûteux – de réduire le panier de soins.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216211/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lilou Abou Mehaya ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Débat autour d’une transformation de l’Aide médicale d’État en Aide médicale d’urgence. Le point sur l’AME et les enjeux autour de sa suppression.
Lilou Abou Mehaya, Doctorante en Droit Public - Droit d'asile, Université de Bordeaux
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/214021
2023-11-12T16:20:38Z
2023-11-12T16:20:38Z
Pour améliorer votre santé, faites du sport !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554032/original/file-20231016-19-id5to4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C4672%2C3103&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’activité physique, même modérée, améliore la santé.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/lrQPTQs7nQQ">Jonathan Borba / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Nos sociétés modernes font face à un nombre croissant de patients souffrant non seulement de maladies chroniques, qu’elles soient pulmonaires, cardiovasculaires ou métaboliques (syndrome métabolique, diabète, obésité…), mais aussi de cancers. En plus de cette liste – qui n’est pas exhaustive – les pays occidentaux sont aussi confrontés au vieillissement de leurs populations. Résultat : les coûts de santé explosent.</p>
<p>Pourtant, un traitement/médicament très peu coûteux existe. Ses effets positifs sur certains symptômes, ainsi que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26606383/;https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16451303/;https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12535319/">sur la morbidité, l’autonomie et la qualité de vie des patients pour les maladies susmentionnées ou les personnes âgées</a>, sont scientifiquement établis. Il s’agit de l’exercice physique.</p>
<p>Régulièrement, de nouvelles études scientifiques démontrent le rôle bénéfique de la pratique régulière de l’activité physique dans la prévention ou le traitement de maladies. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la <a href="https://www.emro.who.int/fr/noncommunicable-diseases/causes/physical-inactivity.html">sédentarité constitue la première cause de mortalité évitable</a>. La pratique d’une activité physique modérée (marche, nage, jardinage…) au moins 3 h par semaine ou d’une activité intense (course à pied…) au moins 20 min, 3 fois par semaine diminue de 30 % le risque de mortalité prématurée.</p>
<p>En médecine, il est traditionnel de prescrire le traitement le plus efficace et présentant le moins de risques ou d’effets secondaires. L’exercice physique répond dans bien des cas à cette double exigence, pour peu qu’il soit bien calibré et exécuté ! Voici ce que nous dit la science de ses bienfaits.</p>
<h2>Effets de l’entraînement en endurance</h2>
<p>Dans la population générale, l’entraînement en endurance est connu pour conduire à des améliorations de l’aptitude physique. Ainsi, lorsque l’on est bien entraîné, on est capable de pratiquer une activité physique plus longtemps et/ou à plus haute intensité.</p>
<p>Ces meilleures performances après entraînement sont en partie liées <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11417427/">à des adaptations pulmonaires, cardiovasculaires et musculaires conduisant à une amélioration de notre capacité à consommer l’oxygène</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/554033/original/file-20231016-21-ti78b6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554033/original/file-20231016-21-ti78b6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554033/original/file-20231016-21-ti78b6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554033/original/file-20231016-21-ti78b6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554033/original/file-20231016-21-ti78b6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554033/original/file-20231016-21-ti78b6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554033/original/file-20231016-21-ti78b6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les entraînements en endurance améliorent les capacités pulmonaires et cardiaques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/mQVWb7kUoOE">Jenny Hill/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En effet, l’oxygène est le « comburant » majeur qui intervient dans les réactions fournissant de l’énergie à nos cellules musculaires, et l’entraînement en endurance améliore toutes les fonctions de l’organisme impliquées dans le prélèvement, le transport et l’utilisation de l’oxygène.</p>
<p>Ainsi, après entraînement, les aptitudes et capacités pulmonaires maximales (impliquées dans le prélèvement de l’oxygène) sont améliorées.</p>
<p>Si le débit cardiaque (impliqué dans le transport de l’oxygène et correspondant au produit de la fréquence cardiaque par le volume d’éjection systolique) demeure identique pour une intensité donnée après entraînement, ses modalités changent. En effet, avec l’entraînement en endurance, les cavités du cœur s’élargissent, ce qui permet d’envoyer plus de sang dans l’organisme à chaque battement cardiaque (le volume d’éjection systolique augmente). En conséquence, le cœur va battre moins vite après entraînement (diminution de la fréquence cardiaque) pour une intensité d’activité donnée.</p>
<p>Par ailleurs, comme la fréquence cardiaque maximale n’est quasiment pas affectée par l’entraînement, mais que le volume d’éjection est augmenté, le débit cardiaque maximal est fortement augmenté par l’entraînement en endurance. Cette adaptation cardiaque est de toute première importance pour l’approvisionnement en sang et donc en oxygène de l’organisme et des muscles en particulier.</p>
<p>Enfin, les muscles (striés squelettiques, impliqués dans le mouvement et qui <em>in fine</em> utilisent l’oxygène) sont aussi le siège de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11417427/">nombreuses adaptations</a>. Le nombre des petits vaisseaux sanguins (capillaires) qui irriguent le muscle est fortement augmenté par l’entraînement, ce qui améliore l’apport en oxygène dans le tissu. En outre, sous les contraintes de l’activité physique régulière, le muscle se « fortifie » : il devient un peu plus volumineux (légère hypertrophie des fibres musculaires) et plus fort.</p>
<p>Dernier point : tout « l’équipement musculaire » (autrement dit les voies métaboliques dites « aérobies ») qui sert à la combustion des carburants (glucides ou lipides) et du comburant (oxygène) pour fournir l’énergie nécessaire à la contraction musculaire est également amélioré.</p>
<h2>Exercice physique et maladies métaboliques</h2>
<p>Lorsqu’une personne atteinte par une maladie métabolique (<a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/pour-seviter-un-bide-cest-quoi-le-syndrome-metabolique/">syndrome métabolique</a>, diabète type 2, obésité…) pratique une activité physique, elle bénéficie de toutes les adaptations précédemment citées ; surtout, d’autres adaptations se produisent qui permettent de contrecarrer les effets néfastes de la pathologie.</p>
<p>En effet, lors de l’effort, le muscle consomme des lipides et surtout des glucides. De ce fait, ces substrats entrent dans les cellules musculaires pour être utilisés. Ils s’accumulent ainsi moins dans le sang, diminuant leur contribution à l’évolution de maladies métaboliques et cardiovasculaires. En conséquence, l’hyperglycémie, la résistance à l’insuline, l’intolérance au glucose, le mauvais cholestérol, l’hyperlipidémie et l’hypertension artérielle (entre autres) <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16451303/">vont diminuer</a>.</p>
<p>Tout ceci a vocation à réduire les risques et symptômes du syndrome métabolique, du diabète de type 2 et de l’obésité. Bien évidemment, si l’activité physique est assortie d’un régime alimentaire trop gras, trop salé et trop sucré, ces bénéfices seront perdus…</p>
<h2>Exercice physique et vieillissement</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="Photo d’un groupe de baigneurs avec une dame âgée souriante au premier plan." src="https://images.theconversation.com/files/554038/original/file-20231016-24-my1l6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554038/original/file-20231016-24-my1l6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554038/original/file-20231016-24-my1l6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554038/original/file-20231016-24-my1l6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554038/original/file-20231016-24-my1l6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554038/original/file-20231016-24-my1l6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554038/original/file-20231016-24-my1l6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’activité physique permet de lutter contre les symptômes de la dépression.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/Ya0-xIgbMwQ">Burçin Ergünt/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le vieillissement est inéluctable et il affecte tous les niveaux de l’organisme : pulmonaire, cardiaque, vasculaire et musculaire. La conséquence est imparable : l’aptitude physique diminue.</p>
<p>En revanche, ce qui est remarquable, c’est que les courbes des populations sédentaires, actives et très entraînées évoluent de manière quasiment parallèle. Ainsi, l’aptitude physique de personnes actives reste à tous les âges, supérieure à celle de personnes sédentaires.</p>
<p>En pratique on remarque que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10710351/">aptitudes physiques d’une personne sédentaire de 45 ans et d’une personne active de 65 ans sont similaires</a> ! L’enjeu est donc de rester actif tout au long de la vie. De cette façon, on peut espérer retarder l’apparition des pathologies liées à l’inactivité, telles que les maladies métaboliques.</p>
<p>Être actif physiquement peut non seulement faire vivre plus longtemps, mais mieux encore, <a href="https://theconversation.com/vieillissement-favoriser-lexercice-physique-pour-prevenir-le-risque-de-dependance-215024">cela permet de repousser l’entrée dans la dépendance</a>.</p>
<h2>Exercice physique et cancer</h2>
<p>Un cancer s’accompagne souvent d’une atrophie musculaire (cachexie), d’une perte de force et d’une fatigue chronique, entraînant l’inactivité. La maladie favorise aussi l’anxiété, voire la dépression. Tout concourt à une dégradation de la qualité de vie des patients. En outre, certains de ces traits peuvent être aggravés par les traitements comme la chimiothérapie.</p>
<p>À l’inverse, l’activité physique <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16451303/">permet de contrecarrer la plupart des effets délétères</a>).</p>
<p>Par ailleurs, des études épidémiologiques ont montré qu’un mode de vie actif incluant une activité physique régulière, protège contre le développement du cancer du côlon et du sein (<a href="https://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/80">réduction de 25 à 30 % du risque de survenue</a>) et que l’exercice physique, même après le diagnostic du cancer du sein, peut <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/am/pii/S000745512030343X">réduire le risque de décès lié à la maladie</a>.</p>
<h2>Exercice physique et anxiété, stress ou dépression</h2>
<p>Une étude scientifique a mis en évidence que des personnes qui avaient effectué une activité physique régulière montraient une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26606383/">réduction des symptômes de stress et d’anxiété</a>, par rapport à un groupe contrôle sans activité physique.</p>
<p>D’autres travaux ont aussi montré une relation inverse entre le niveau d’aptitude physique et les symptômes de dépression, et que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26606383/">l’activité physique régulière est associée à une incidence/prévalence plus faible de la dépression</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Groupe de personnes écoutant les instructions d’un entraîneur pendant une session d’activité physique en salle." src="https://images.theconversation.com/files/554041/original/file-20231016-23-dg782h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554041/original/file-20231016-23-dg782h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554041/original/file-20231016-23-dg782h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554041/original/file-20231016-23-dg782h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554041/original/file-20231016-23-dg782h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554041/original/file-20231016-23-dg782h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554041/original/file-20231016-23-dg782h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’activité physique permet de lutter contre le stress ou certains symptômes de la dépression.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rawpixel.com/image/106343/free-photo-image-yoga-exercise-group">Rawpixel.com</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Exercice physique et drépanocytose</h2>
<p>La <a href="https://www.inserm.fr/dossier/drepanocytose/">drépanocytose</a> est une maladie génétique qui induit la production d’une hémoglobine anormale. Parmi les conséquences, on note une anémie sévère qui réduit drastiquement l’aptitude physique des patients : les malades les plus gravement atteints ne sont pas capables de monter un étage d’escalier sans s’arrêter pour récupérer.</p>
<p>Par précaution en regard de certains risques liés à l’effort physique trop intense (crises vaso-occlusives, syndrome thoracique aigu), les patients sont trop souvent enfermés dans un comportement hypersédentaire.</p>
<p>Toutefois, si l’exercice physique est bien calibré, il s’avère non seulement sans risque, mais surtout bénéfique : nos études ont en effet démontré <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32681734/;https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30389037/">que tous les niveaux pulmonaires, cardiovasculaires et musculaires s’en trouvent améliorés</a>.</p>
<h2>Conclusion et perspectives</h2>
<p>Tous ces résultats indiquent à quel point les recommandations concernant la pratique régulière d’une activité physique sont importantes.</p>
<p>L’activité physique peut être utilisée de façon prophylactique, pour prévenir l’apparition ou l’aggravation d’une maladie, ou comme moyen thérapeutique, en étant intégrée à l’arsenal thérapeutique de prise en charge des patients, afin d’aider à éliminer ou soulager certains de leurs symptômes.</p>
<p>La question principale n’est plus de savoir si l’activité physique est bénéfique, mais plutôt d’en préciser le type, les doses, l’intensité, les modalités d’application et les indications selon les individus et les stades de la pathologie dont on vise à améliorer la prise en charge.</p>
<p>Une telle activité physique, régulière, structurée dans ses modalités de mise en place (temps, durée, type d’exercice, etc.) et individualisée devient un véritable « entraînement physique », dont l’objectif n’est pas de gagner des compétitions, mais bien d’éviter de perdre la santé !</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214021/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent A. Messonnier est membre senior de l'institut universitaire de France.</span></em></p>
De nombreuses études le montrent : l’exercice physique est bon pour la santé. Que l’on soit ou non en pleine forme, mieux vaut être actif que sédentaire. Voici ce que l’on sait des bénéfices obtenus.
Laurent A. Messonnier, Physiologiste de l’exercice, Laboratoire Interuniversitaire de Biologie de la Motricité, Université Savoie Mont Blanc
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/217213
2023-11-09T12:15:48Z
2023-11-09T12:15:48Z
Le microbiote et les polluants : des liaisons dangereuses ?
<p>Depuis quelques années, les médias et les produits présents sur les étagères de nos supermarchés vantent les propriétés étonnantes de notre microbiote, cet écosystème microbien avec lequel nous vivons une relation symbiotique étroite. Mais comme tous les organismes vivants, le microbiote est soumis aux polluants environnementaux sans que l’on en connaisse encore les conséquences sur son fonctionnement et sur la santé de son hôte. Pour prendre la mesure de cette réalité, l’étude des espèces aquatiques peut être particulièrement éclairante. </p>
<h2>L’essor de l’écotoxicologie</h2>
<p>Avant de comprendre comment, il est nécessaire de revenir un peu en arrière. </p>
<p>En <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11356-020-11236-7">1971</a>, dans un contexte de développement de l’industrie chimique et des risques écologiques associés, le chercheur français Jean-Michel Jouany donnait naissance à l’écotoxicologie. Cette discipline, à l’interface de la chimie et de la biologie, a pour objectif d’évaluer, de comprendre et de prédire l’impact des contaminants biologiques ou chimiques, sur les organismes, les populations, les communautés et les écosystèmes. </p>
<p>Les effets des polluants chimiques sur les organismes peuvent être analysés à différentes échelles, du gène à l’organisme, en passant par la cellule et le fonctionnement des organes. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1496149888358301706"}"></div></p>
<p>On parle par exemple de génotoxicité quand l’intégrité du matériel génétique est menacée. C’est le cas avec certains composants de colles ou de vernis tels que le dichlorométhane et le trichloréthylène, ainsi que la radioactivité ou les rayons UV. Cette action se manifeste par des mutations délétères de l’ADN et par l’apparition de cancers. </p>
<p>D’autres substances peuvent avoir un effet néfaste sur un type de cellule précis comme les neurones avec le méthanol et l’acétone ou encore un organe. Par exemple, les branchies des organismes aquatiques qui sont en contact direct avec leur environnement. </p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<p>Chez l’Homme, le foie est particulièrement sensible aux effets toxiques en raison de son rôle dans la transformation, l’élimination et de stockage des polluants chimiques parmi lesquels l’alcool et certains médicaments d’usage courant comme le paracétamol, certains antibiotiques (comme l’amoxicilline) ou les anti-inflammatoires non-stéroïdiens. </p>
<p>À une échelle supérieure, enfin, une substance chimique peut altérer des fonctions physiologiques essentielles comme la reproduction et l’immunité. Les métaux, la radioactivité, ou les perturbateurs endocriniens peuvent impacter le développement des organes reproducteurs, la production de gamètes (spermatozoïdes et ovules), ainsi que le développement et la survie de la descendance. Ils sont qualifiés de reprotoxiques. Enfin des composés comme les pesticides organochlorés ou les polychlorobiphényles (PCB) ont eux des effets dits « immunotoxiques » en altérant la capacité des organismes à faire face aux infections.</p>
<p>Mais dans cette approche globale qui souhaite étudier les effets des agents nocifs auxquels un organisme est exposé pendant sa vie, un organe primordial demeure grandement négligé.</p>
<h2>Le microbiote, pas un simple passager</h2>
<p>Cet organe, c’est le microbiote : l’ensemble des Archées, des bactéries, des champignons, des levures, des virus et des petits eucaryotes avec lesquels tout organisme vit en symbiose. Étymologiquement symbiose signifie « vivre ensemble » et englobe différents types de relations allant du mutualisme (relation mutuellement bénéfique) au parasitisme ou commensalisme (relation ni bénéfique, ni nuisible). </p>
<p>Quelques chiffres suffisent à montrer l'importance de cette symbiose. Chez l’Humain par exemple, longtemps, la communauté scientifique a considéré que le nombre de cellules bactériennes dépassait d’un facteur 10 le nombre de cellules humaines. Une <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0092867416000532">réévaluation récente</a> revoit ce rapport à la baisse et estime que chez un sujet masculin de 1,70m et 70 kg, on retrouve 39 000 milliards de bactéries, majoritairement dans l’intestin. </p>
<p>Ce chiffre est très proche des 30 000 milliards de cellules humaines qui constituent cet individu. Soit 13 bactéries pour 10 cellules humaines chez l’homme. Dû à quelques différences morphologiques (par exemple une taille moyenne plus faible pour un volume intestinal comparable) et physiologiques (par exemple un volume sanguin réduit de 20-30 %), ce rapport peut monter à 17 pour 10 chez les femmes. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xAOZU0VvsHE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Selon ces chiffres, notre microbiote pèserait environ 200 grammes. Un poids proche du rein (120 grammes) ou du cœur (330 grammes). Autre particularité, contrairement à ces organes « humains » qui sont formés de quelques types cellulaires possédant tous le même matériel génétique (environ 60 000 gènes), le microbiote contient plusieurs milliers d’espèces qui représentent un répertoire additionnel de près de 10 millions de gènes. Ce microbiote est en grande majorité constitué par la communauté microbienne qui colonise le système digestif de l’hôte et qui a attiré l’essentiel des recherches ; mais d’autres niches comme le système respiratoire, l’épiderme ou les organes sexuels possèdent également un microbiote spécifique. </p>
<p>Grâce aux progrès techniques depuis 15 à 20 ans, en particulier concernant le séquençage de l’ADN, l’étude des microbiotes est désormais possible chez toutes les espèces animales et végétales. Une véritable révolution en biologie qui introduit un niveau supérieur d’organisation du vivant remettant en cause la définition même d’individu : l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4540581/">holobionte</a>, soit l’association de l’organisme hôte et des microorganismes vivant en symbiose avec lui.</p>
<h2>Le microbiote face aux polluants</h2>
<p>Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5922317/">microorganismes symbiotiques</a> jouent un rôle important dans de nombreuses fonctions physiologiques qui vont de la production de nombreux composés que l’hôte est incapable de synthétiser (comme des acides gras, des vitamines ou des composés phénoliques), à l’établissement et au maintien du système immunitaire. Ils participent donc au bon état de santé de l’organisme hôte. Ce qui explique les <a href="https://www.nature.com/articles/npjbiofilms20163">liens possibles</a> entre perturbation du microbiote (dysbiose) et pathologies. Ces perturbations peuvent se manifester par un changement de composition du microbiote et/ou un changement dans son fonctionnement. </p>
<p>Actuellement les effets des polluants chimiques sur le microbiote humain restent peu connus car l’étude du microbiote est relativement récente, tout comme celle, nous l’avons vu des polluants chimiques.</p>
<p>Mais de nombreux travaux montrent déjà que, parmi les paramètres environnementaux induisant une dysbiose, la contamination chimique a un <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2022.810397/full">impact majeur</a>, particulièrement en milieu aquatique où les organismes sont fortement exposés aux pollutions d’origine humaine. En effet, le microbiote est généralement associé à des organes situés à l’interface entre environnement et individu comme l’épiderme, les voies respiratoires ou le tractus digestif. Ce qui fait du microbiote un acteur non négligeable dans l’impact possible d’un polluant sur l’organisme. </p>
<p>Les interactions polluants – microbiote peuvent être multiples. La capacité du microbiote à faire face ou non aux pollutions dépend en fait de sa diversité. Car plus une communauté est diversifiée et plus elle est susceptible de contenir un membre capable de s’adapter à cette contamination. Les polluants peuvent ainsi être métabolisés et transformés par certains partenaires microbiens. </p>
<p>Certaines substances comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) (par exemple le benzo[a]pyrène contenu dans les fumées de combustion incomplète de pétrole, de bois ou la fumée de cigarette), ou certains pesticides peuvent par exemple être éliminés ou rendus moins toxiques par certains microorganismes. Mais d’autres peuvent également favoriser l’absorption et les effets toxiques des polluants chimiques, comme le Mercure ou l’Arsenic. </p>
<p>Les polluants peuvent aussi déséquilibrer la composition et le fonctionnement du microbiote des organismes aquatiques. Le glyphosate, par exemple, favorise la croissance de bactéries pathogènes (Salmonella ou Clostridium) au détriment des souches bénéfiques (Bifidobacterium ou Lactobacillus). Si depuis 2014, l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11356-015-5763-1">écotoxicologie microbienne</a> se propose d’étudier les interactions entre polluants et communautés microbiennes dans leur environnement (air, eaux, sols), les liens entre environnement, partenaires symbiotiques et physiologie de l’hôte sont encore peu connus malgré l’importance médiatique du microbiote.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Bactérie de Salmonelle" src="https://images.theconversation.com/files/558041/original/file-20231107-28-bcf7zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558041/original/file-20231107-28-bcf7zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558041/original/file-20231107-28-bcf7zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558041/original/file-20231107-28-bcf7zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558041/original/file-20231107-28-bcf7zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558041/original/file-20231107-28-bcf7zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558041/original/file-20231107-28-bcf7zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Bactérie de Salmonelle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/niaid/5613656967/in/photolist-9y4sD6-515nt2-4XzXS-4XzPc-4XzU1-2gJmwwH-kEof4m-81nKWa-BSvtA-B2DPfC-2gNWZzD-81nJPx-663GS3-5DQgbE-WsdfKF-4YnKb1-8YbMM3-dVeve5-2hqmXos-e3YBMD-9ZYfDw-5u8Das-53tDY-6TZfqM-3pHaBz-53tQU-WsdmFP-53tJF-64T3R1-64T3s1-Y31K2d-4UVSaF-e4N6xe-9TwybC-bCiWPh-cpXPb5-4UVGDt-2n4jqtT-5TYVL9-dQu5BG-Dt1rw7-aUpZtv-eQhHES-GTjxqC-a589As-2bNCf7E-4ZXvEZ-93ydqD-oVXzdU-pSTbom">Niaid/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>De la santé des écosystèmes à la santé humaine</h2>
<p>Que ce soit la santé humaine ou la santé des espèces aquatiques, les microbes pathogènes ont longtemps attiré l’essentiel des travaux. Le rôle des partenaires bénéfiques, quant à lui, est encore peu étudié alors même que ces partenaires peuvent devenir néfastes face à une perturbation environnementale. Face à la diversité des polluants et l’émergence permanente de nouvelles molécules, il convient donc, en premier lieu, de considérer l’ensemble des compartiments biologiques et d’intégrer le microbiote à l’écotoxicologie. En second lieu, il est nécessaire d’étudier l’ensemble des constituants du microbiote et de définir leurs fonctions afin de comprendre et d’anticiper les effets des polluants. </p>
<p>Partant de ce constat, j’ai récemment introduit le concept de <a href="https://setac.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/etc.5592">« symbiotoxicité »</a>(par analogie avec les termes précédents de « génotoxicité », « reprotoxicité » ou « immunotoxicité ») Ce terme désigne la capacité d’un polluant à produire ses effets toxiques sur un organisme par l’intermédiaire de son microbiote. Cet objet d'étude permet de prendre en compte l’organe microbiote et se place à l’intersection entre l’écotoxicologie classique, l’écotoxicologie microbienne et l’étude des interactions symbiotiques entre organismes</p>
<p>En milieu aquatique, l’impact des modifications du microbiote face aux contaminations est particulièrement étudié chez des espèces consommées par l’Homme afin d’améliorer les pratiques, limiter les traitements pharmacologiques, etc. Parmi ces espèces, de nombreux mollusques bivalves, comme les huîtres, ont un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0966842X18301069?via%3Dihub">rôle crucial</a> dans le fonctionnement de leur écosystème et ont une valeur économique importante. </p>
<p>Or chez les huîtres, un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0958166921001452">microbiote sain</a> pourrait limiter l’installation de souches pathogènes, jouer un rôle dans la prévention de la dysbiose et aider au rétablissement de l’état de santé après un stress. Des effets non négligeables car bien souvent les pathogènes ont des effets néfastes en cascades sur la santé des consommateurs, des écosystèmes, les filiales économiques dépendant du commerce de produits de la mer. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un scientifique prélève des données sur tables d’ostréiculture de la baie de Bourgneuf" src="https://images.theconversation.com/files/558039/original/file-20231107-27-sewcct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558039/original/file-20231107-27-sewcct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558039/original/file-20231107-27-sewcct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558039/original/file-20231107-27-sewcct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558039/original/file-20231107-27-sewcct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558039/original/file-20231107-27-sewcct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558039/original/file-20231107-27-sewcct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Prélèvement de données sur tables d’ostréiculture de la baie de Bourgneuf.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anthony Bertucci</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La symbiotoxicité pourrait alors permettre d’identifier des polluants dont la présence favorise l’apparition et la diffusion de pathogènes dans l’environnement et ainsi révéler un mode d’action encore inconnu des polluants, mieux comprendre les conséquences physiologiques de cette exposition pour la santé des organismes vivants, le fonctionnement de leurs écosystèmes et <em>in fine</em> l’impact sur la santé humaine.</p>
<p>La symbiotoxicité pourrait alors permettre d’identifier des polluants dont la présence favorise l’apparition et la diffusion de pathogènes dans l’environnement et ainsi révéler un mode d’action encore inconnu des polluants, mieux comprendre les conséquences physiologiques de cette exposition pour la santé des organismes vivants, le fonctionnement de leurs écosystèmes et <em>in fine</em> l’impact sur la santé humaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217213/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anthony Bertucci ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Longtemps négligées, les interactions entre microbiote et polluants sont désormais un objet d'étude qui vise à mieux comprendre comment le microbiote peut être une porte d'entrée des polluants dans l'organisme.
Anthony Bertucci, Chercheur en écotoxicologie | Titulaire de la Chaire "Contaminants, Mer et Santé", Ifremer
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/216554
2023-10-30T16:17:24Z
2023-10-30T16:17:24Z
Les hommes déclarent qu'ils consacrent plus de temps aux tâches ménagères et qu'ils aimeraient en faire plus : enquête réalisée dans 17 pays
<p>Dans les pays du Sud, les femmes effectuent entre <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=7">trois et sept fois plus de tâches de soins</a> que les hommes. Ces tâches comprennent les travaux domestiques et se concentrent principalement sur les soins aux enfants. </p>
<p>Il faut espérer que cette situation évolue. Le <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf">Rapport 2023 sur la situation des pères dans le monde</a>, intitulé “Centrer les soins dans un monde en crise”, a exploré les expériences et l'implication dans les soins de 12 000 hommes et femmes, dont beaucoup sont des parents, dans 17 pays. L'enquête s'est penchée sur ceux qui s'occupent des soins, comment ils s'en occupent, pour qui, et sur ce que les hommes et les femmes pensent des soins.</p>
<p>Je suis l'un des cinq coauteurs du rapport, qui révèle une remarquable appréciation des soins de la part des personnes interrogées. Dans une enquête en ligne, ils ont massivement associé les soins à des termes positifs. L’“amour” est le mot le plus fréquemment mentionné dans tous les pays. </p>
<p>Parmi les autres mots fréquemment cités figurent “aide”, “protection”, “attention”, “responsabilité”, “santé”, “gentillesse” et “famille”.</p>
<p>La plupart des hommes ayant participé à l'enquête ont déclaré qu'ils effectuaient des tâches de soin et qu'ils étaient disposés à en faire davantage. Mais de nombreux obstacles se dressent sur leur chemin, notamment les normes sociétales et les contraintes financières. Si les résultats de l'étude laissent entrevoir des changements, ils montrent également que le rythme de ces changements est beaucoup trop lent. </p>
<h2>Pression croissante en faveur d'une plus grande égalité</h2>
<p>Au début de cette année, les États membres des Nations unies ont désigné à l'unanimité le 29 octobre <a href="https://www.un.org/fr/observances/care-and-support-day">journée internationale des soins et de l'assistance</a>. Cela veut dire qu'il y a de plus en plus de reconnaissance de la valeur des soins et du travail de soins et met en évidence le besoin urgent de répartir plus équitablement les responsabilités en matière de soins. </p>
<p>Fournir des soins à une autre personne peut être une expérience positive, favorisant l'empathie et des relations constructives. Cependant, la répartition inégale des <a href="https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_633115/lang--en/index.htm">soins</a> entre les hommes et les femmes entrave depuis longtemps la participation des femmes au travail rémunéré. </p>
<p>En 2018, l'Organisation internationale du travail a estimé que 606 millions de femmes en âge de travailler n'étaient pas en mesure de le faire en raison des tâches de soin non rémunérées. Et le lourd fardeau de ce travail de soins a eu des <a href="https://www.researchgate.net/publication/354252144_Women's_wellbeing_and_the_burden_of_unpaid_work">conséquences néfastes </a>sur le bien-être physique et mental des femmes.</p>
<h2>Aller dans la bonne direction</h2>
<p>Le rapport sur la situation des pères dans le monde révèle que les mères continuent d'assumer une plus grande part de responsabilité dans les tâches de soins, telles que le nettoyage, les soins physiques et émotionnels pour les enfants, la cuisine et les soins pour le/la conjoint(e). Les femmes ont déclaré avoir effectué 1,32 fois de plus de soins physiques aux enfants et avoir fait 1,36 de fois de plus de ménage que les hommes dans tous les pays étudiés dans le rapport. </p>
<p>Mais les pères de pays aussi divers que l'Argentine, l'Irlande, la Chine, la Croatie et le Rwanda ont également déclaré consacrer un nombre d'heures important à diverses tâches non rémunérées au sein du foyer.</p>
<p>L'étude sur la situation des pères dans le monde attribue cette évolution à plusieurs facteurs, dont l'impact du <a href="https://www.who.int/europe/emergencies/situations/covid-19#page=58">COVID-19</a>, l'évolution des normes sexospécifiques relatives à la prestation de soins et des facteurs structurels tels que les systèmes de soins et les politiques en matière de congé parental.</p>
<p>Dans 15 pays, entre 70 et 90 % des hommes sont d'accord avec l'affirmation suivante : “Je me sens autant responsable des tâches de soins que ma partenaire”. </p>
<p>Fait encourageant, dans certains pays comme <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf">l'Afrique du Sud (85 %) et le Rwanda (93 %)</a>, les hommes n'étaient pas d'accord avec l'affirmation suivante : “On ne devrait pas apprendre aux garçons à coudre, à cuisiner, à faire le ménage ou à s'occuper de leurs frères et sœurs”.</p>
<p>Les hommes plus conscients de leurs émotions et ouverts à solliciter un soutien émotionnel étaient <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=22">deux à huit fois</a> plus susceptibles de s'occuper d'un membre de leur famille que ceux qui n'étaient pas conscients de leurs émotions. </p>
<p>Les hommes qui passaient plus de temps à s'occuper des autres ressentaient un plus grand bien-être. Les personnes interrogées qui se sont déclarées satisfaites de leur participation à l'éducation de leurs enfants étaient <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=8">1,5 fois</a> plus susceptibles d'être d'accord avec l'affirmation “Je suis la personne que j'ai toujours voulu être” et de faire état d'un sentiment de gratitude dans la vie que les personnes interrogées qui ne se sont pas déclarées satisfaites de l'éducation de leurs enfants. </p>
<h2>Tout le monde doit participer</h2>
<p>Il est important de reconnaître que la prise en charge d'un enfant ne peut pas dépendre uniquement des efforts individuels. Les hommes et les femmes ont besoin du soutien des communautés, des systèmes de soins et des politiques pour prodiguer des soins de manière efficace. </p>
<p>Plus de la moitié des mères et des pères considèrent que <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=8">l'activisme</a> en faveur des politiques de congé pour soins est une priorité. Ce sentiment varie : 57 % des pères et 66 % des mères en Inde, et 92 % des pères et 94 % des mères au Rwanda soutiennent cette cause.</p>
<p>Les femmes sont plus enclines que les hommes à <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=54">donner la priorité aux politiques de soins</a>, au même titre que les politiques de santé et d'égalité entre les hommes et les femmes. Les préoccupations concernant le coût de la vie étaient sont assez répandues chez les deux sexe, avec un peu plus de femmes (58 %) que d'hommes (53 %) exprimant cette inquiétude. </p>
<p>L'étude a révélé qu'une proportion importante de personnes dans tous les pays ont déclaré <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=54">prendre des mesures </a> pour améliorer les politiques de soins. La majorité d'entre elles (74 %) ont discuté de la question avec leurs amis et leur famille, tandis que 39 % des femmes et 36 % des hommes ont signé ou partagé des pétitions en ligne. En outre, 27 % des femmes et 33 % des hommes ont participé à des manifestations appelant à l'amélioration des politiques de soins.</p>
<p>Les décideurs politiques ont un rôle important à jouer dans les réformes visant à améliorer le congé parental. De meilleures données permettent d'élaborer de meilleures politiques. Il faut donc disposer de statistiques plus précises sur, par exemple, le nombre de pères qui prennent un congé parental et la répartition du temps consacré aux soins entre les hommes et les femmes. </p>
<p>Il est essentiel de faciliter le partage des tâches ménagères entre les hommes si l'on veut que les pays <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=81">prospèrent</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216554/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Wessel Van Den Berg travaille pour Equimundo : Centre pour les Masculinités et la Justice Sociale</span></em></p>
Le dernier rapport sur la situation des pères dans le monde indique que dans 15 pays, entre 70 et 90 % des hommes se sentent autant responsables des tâches ménagères que leurs conjointes.
Wessel Van Den Berg, Research fellow, Stellenbosch University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/213267
2023-10-25T16:01:34Z
2023-10-25T16:01:34Z
Ce que vos mains disent de votre santé
<p>Nos mains en disent beaucoup sur l’état de notre santé, c’est un fait connu au moins depuis l’époque d’Hippocrate.</p>
<p>Au V<sup>e</sup> siècle avant notre ère, le célèbre philosophe et médecin grec, considéré comme le « père de la médecine moderne », décrivit pour la première fois une malformation digitale qui porte aujourd’hui son nom, <a href="https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/14401/1/Hippocratisme.rmdl.pdf">l’hippocratisme digital (ou clubbing, pour les anglo-saxons)</a>. Il avait remarqué la forme étrange des doigts de l’un de ses patients, par ailleurs atteint d’<a href="https://www.chuv.ch/fr/chirurgie-thoracique/cht-home/patients-et-famille/affections-du-thorax/infections-pleuro-pulmonaires/empyeme-pleural">empyème pleural</a> (une infection de la cavité pleurale, qui se traduit par la présence de pus dans l’espace situé entre les poumons et la membrane qui les entoure). Les ongles du malade ressemblaient à des cuillères posées à l’envers (<em>les dernières phalanges des personnes atteintes d’hippocratisme digital sont épaissies, et leurs ongles sont bombés et luisants, en « verre de montre », ndlr</em>).</p>
<p>Aujourd’hui encore, cette apparence est reconnue comme une caractéristique associée à diverses maladies : le doigt en baguette de tambour est associé non seulement à l’empyème, mais aussi <a href="https://my.clevelandclinic.org/health/symptoms/24474-nail-clubbing">à la fibrose kystique, à la cirrhose du foie et à des problèmes de thyroïde</a>.</p>
<p>Une autre modification de l’ongle qui peut être symptomatique d’une maladie est celle dite des « ongles de Lindsay » (ou <a href="https://www.larevuedupraticien.fr/image/ongles-equisegmentes-ou-ongles-de-lindsay">ongles équisegmentés</a>). Ces ongles sont à moitié blancs et à moitié brun rougeâtre. Environ <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/ccr3.4426">50 % des personnes atteintes de maladie rénale chronique</a> présentent ce type d’ongles, mais cette apparence peut aussi être un signe de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8183706/">cirrhose du foie</a> ou de la <a href="https://journal.chestnet.org/article/S0012-3692(15)41065-7/fulltext">maladie de Behçet</a>, une affection rare se traduisant notamment par une inflammation des vaisseaux sanguins.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/13153107/">Les ongles de Terry</a> sont une autre modification d’apparence des ongles pouvant être associée à diverses pathologies, telles que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6025669/">cirrhose du foie</a>, le diabète de type 2, l’insuffisance rénale ou encore l’infection par le VIH. Dans ce cas, un <a href="https://www.ccjm.org/content/ccjom/81/10/603.full.pdf">ou plusieurs ongles</a> des patients prennent un aspect de « verre dépoli ».</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Les ongles de Terry" src="https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Aspect typique de verre dépoli des ongles de Terry.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22101599">Hojasmuertas/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si les « ongles de Lindsay » ou les « ongles de Terry » évoquent davantage une enseigne de salon de manucure que la salle d’attente d’un généraliste, avec les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK559136/">« ongles de Muehrcke »</a>, plus de doute possible, nous sommes bien dans le domaine médical… Cette dénomination désigne des ongles traversés par une ou plusieurs lignes horizontales. Ces marques sur les ongles, qui indique une diminution de la concentration de protéine la plus abondante du sang, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK459198/">l’albumine</a>, peuvent être indicatrices, là encore, d’une <a href="https://www.amjmed.com/article/S0002-9343(10)00297-4/fulltext/%22">maladie rénale</a>.</p>
<p>Mais pas de panique : il arrive que les changements de couleur et de motif des ongles ne soient pas associés à de sinistres pronostics, et ne fassent que traduire le vieillissement. C’est par exemple le cas des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3038811/">ongles napolitains</a>, ainsi dénommés en raison de la présence de trois zones de couleur distinctes. Souvent observés chez les personnes de plus de 70 ans, ils ne sont pas source de préoccupation.</p>
<h2>Les paumes de la main</h2>
<p>Les ongles ne sont pas la seule partie de nos mains à même de révéler un état de santé dont il faut se préoccuper. Les paumes de nos mains ont aussi parfois des histoires à nous raconter.</p>
<p>Si vous constatez que vos paumes deviennent moites sans que vous ne vous sentiez particulièrement nerveux, sans avoir fait d’exercice physique, ou alors que les températures ambiantes ne sont pas particulièrement élevées, le problème vient peut-être de vos glandes sudoripares, et plus précisément des signaux nerveux qui les activent. Cela peut être bénin, auquel cas on parle d’<a href="https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2017/revue-medicale-suisse-556/evaluation-et-prise-en-charge-de-l-hyperhidrose">hyperhidrose primaire</a>. Mais des paumes anormalement moites – en parallèle d’une sudation excessive du visage, du cou et des aisselles – peuvent être le signe de problèmes thyroïdiens.</p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK279480/">L’hyperthyroïdie</a> est une affection résultant d’une production trop importante de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK500006/">thyroxine</a>, une hormone produite par la glande thyroïde, située à la base du cou. Un excès de thyroxine accélère les processus physiologiques, et peut être la cause de paumes trop moites. Heureusement, c’est facilement traité en administrant les bons médicaments.</p>
<p>Un changement plus préoccupant d’apparence des paumes des mains est l’apparition de petites zones de décoloration rouge ou violette, qui peuvent aussi être constatées sur les doigts. Ces traces peuvent être un signe d’<a href="https://www.nhs.uk/conditions/endocarditis/">endocardite bactérienne</a> (une inflammation de l’endocarde, la couche de cellules la plus interne du cœur), une maladie dont le <a href="https://bmccardiovascdisord.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12872-021-01853-6/%22">taux de mortalité est élevé</a>.</p>
<p>Ces décolorations se présentent sous deux formes : les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3603816/">nodosités d’Osler</a> et les <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.112.127787/">lésions de Janeway</a>. Les <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php">nodosités d’Osler</a> sont typiquement douloureuses, de couleur rouge et mesurent de 1 à 10 mm. Elles apparaissent sur les doigts durant quelques heures à quelques jours. Les lésions de Janeway sont quant à elles de <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=Janeway%20%28l%C3%A9sions%20de%29">forme irrégulière et de tailles variables</a>. On les observe typiquement sur les paumes durant quelques jours à quelques semaines, et elles ne sont pas douloureuses.</p>
<p>Ces deux modifications d’apparence des paumes des mains doivent être prises très au sérieux, et nécessitent de consulter rapidement son médecin.</p>
<h2>Fourmillements</h2>
<p>Des fourmillements dans la main qui ne passent pas peuvent être un signe de <a href="https://www.nhs.uk/conditions/carpal-tunnel-syndrome/">syndrome du canal carpien</a>. Cet inconfort est le signe que le nerf médian, un nerf majeur passant dans le poignet, est comprimé, ce qui provoque <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/syndrome-canal-carpien/comprendre-syndrome-canal-carpien">engourdissements, picotements ou douleurs</a>.</p>
<p>Le syndrome du canal carpien s’améliore généralement sans traitement, mais porter une attelle de poignet peut aider à soulager la pression qui s’exerce sur le nerf. Les personnes en surpoids ou enceintes sont plus à risque développer ce syndrome.</p>
<p>Les fourmillements de la main peuvent également être un signe de diabète. L’élévation du taux de sucre dans le sang qui survient dans cette pathologie provoque en effet des <a href="https://www.webmd.com/diabetes/peripheral-neuropathy-risk-factors-symptoms/">lésions nerveuses</a> se manifestant par des <a href="https://www.nature.com/articles/s41572-019-0092-1/%22">picotements ou des engourdissements</a> au niveau des extrémités des membres (« neuropathie diabétique »).</p>
<p>Tout le monde peut, à un moment donné, ressentir des fourmillements dans les mains. Mais si cela se produit fréquemment, ou si les fourmillements persistent dans le temps, il faut consulter un médecin.</p>
<h2>Longueur des doigts ?</h2>
<p>La longueur des doigts pourrait donner certaines indications sur le risque qu’un individu peut avoir de développer certaines maladies au fil du vieillissement.</p>
<p>Le ratio entre la longueur de l’index et celle de l’annulaire diffère en effet entre hommes et femmes. Chez les femmes, ces deux doigts sont de longueur sensiblement égale. Chez les hommes, en revanche, l’annulaire est généralement plus long que l’index. Certains auteurs ont émis l’hypothèse que cela pourrait être le résultat de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5296424/">différences d’exposition hormonale au cours du développement dans l’utérus</a>.</p>
<p>(<em>très débattue, <a href="https://twitter.com/jsmoliga/status/1471215934585151504">cette théorie est désormais contestée</a>, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15113628/">travaux initiaux</a> qui l’ont fondée <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-developmental-origins-of-health-and-disease/article/abs/digit-ratio-2d4d-and-amniotic-testosterone-and-estradiol-an-attempted-replication-of-lutchmaya-et-al-2004/6405DAB5B8788F047685858C1436CD44">n’ayant pas pu être répliqués</a>, ndlr</em>)</p>
<p>Cette relation annulaire plus longue que l’index pourrait être associée à de meilleures performances dans un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16403410/%22">certain nombre de sports</a>, chez les hommes comme chez les femmes. Mais elle pourrait aussi être associée à un risque plus élevé, chez les femmes uniquement cette fois, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18163515/">développer une ostéoarthrite du genou et de la hanche</a>.</p>
<p>Vous ne pouvez rien faire pour changer la longueur de vos doigts, mais vous pouvez limiter le risque de survenue de l’ostéoarthrite en veillant à maintenir un poids de forme, en pratiquant de l’activité physique, et en surveillant votre taux de sucre sanguin. Ces conseils de prévention sont d’ailleurs également valables pour la plupart des maladies…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213267/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Taylor ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Déjà à l’époque d’Hippocrate, les médecins examinaient les mains de leurs patients pour détecter certaines maladies. Aujourd’hui encore, elles peuvent refléter notre état de santé.
Adam Taylor, Professor and Director of the Clinical Anatomy Learning Centre, Lancaster University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.