tag:theconversation.com,2011:/ca-fr/topics/video-44652/articlesvidéo – La Conversation2023-11-21T14:39:11Ztag:theconversation.com,2011:article/2143172023-11-21T14:39:11Z2023-11-21T14:39:11ZFaire le mauvais buzz sur les réseaux sociaux, ça vous tente ? Voici comment !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/559387/original/file-20231114-25-wra0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C989%2C750&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parce qu'elles prennent l'esprit au dépourvu, les ruptures de cadre sont des facteurs potentiels de dégradation des relations sociales.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://semji.com/fr/guide/quest-ce-qu-un-bad-buzz/">Faire l’objet d’une popularité négative et incontrôlable sur Internet</a>, c’est-à-dire « faire le mauvais buzz », ça peut arriver à n’importe qui, même aux gens les mieux intentionnés.</p>
<p>C’est manifestement ce qui est arrivé aux trois personnes dont je présente ici les cas embarrassants, avec le projet de décrypter les raisons de leur mauvaise fortune. Mon objectif n’est pas de mettre en cause la valeur de leurs idées ou de leurs combats (féminisme, LGBTisme ou antispécisme), mais plutôt d’examiner leurs stratégies de communication à partir de mon point de vue d’<a href="https://professeurs.uqam.ca/professeur/genest.sylvie/">artiste anthropologue</a>.</p>
<p>Plus spécifiquement, je souhaite mettre en lumière les <a href="https://ifftb.com/wiki/cadrage-effet-de/">effets de cadrage</a> qui les ont desservies et que je soupçonne être la principale cause de l’énorme dégât de commentaires désobligeants qui ont été formulés à leur endroit, avec atteinte à leur réputation sur les réseaux sociaux. </p>
<p>Construit sur les fondements de mon étude du <a href="https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/27428">changement d’état d’esprit</a>, cet article s’intéresse aux ruptures de cadre provoquées par des communicateurs malhabiles ainsi qu’aux répercussions psychiques de leurs prestations sur l’humeur d’internautes mal préparés à cette expérience. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-talk-shows-quon-aime-des-machines-a-broyer-la-dignite-198044">Les talk-shows qu’on aime : des machines à broyer la dignité ?</a>
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<h2>La « théorie des cadres » en communication</h2>
<p>Les techniques de <a href="https://books.openedition.org/editionsehess/10320?lang=fr">cadrage</a> et de <a href="https://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2006-4-page-377.htm">recadrage</a> soutenues par les principes fondamentaux de la communication sont utilisées en psychiatrie, en thérapie familiale, en publicité, en arts et en gestion médiatique des comportements sociaux ou privés, principalement. </p>
<p>La théorie générale qui sous-tend ces différentes applications est souvent attribuée au sociologue Erving Goffman, dont la pensée sur le sujet fait l’objet du livre intitulé <a href="http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Les_Cadres_de_l%E2%80%99exp%C3%A9rience-2094-1-1-0-1.html">« Les cadres de l’expérience »</a>. Le principe central de cette théorie est que <a href="https://tactics.convertize.com/fr/definitions/framing-effect-effet-de-cadrage">« nous réagissons différemment aux messages ou aux choix que l’on nous soumet en fonction de la manière dont on nous les présente »</a>.</p>
<p>La théorie des cadres est toutefois antérieure aux travaux de Goffman. Elle prend racine dans l’œuvre de l’anthropologue Gregory Bateson et de ses partenaires de l’<a href="https://www.cairn.info/l-ecole-de-palo-alto--9782130606628.htm">École de Palo Alto</a>. Cette équipe de recherche a établi des rapports significatifs entre <a href="http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/bateson/eco-esprit/2-3-0-formes-pathologies-relations2.htm">pathologies de la communication et pathologies des relations sociales</a>. </p>
<p>C’est sous le nom de <a href="https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-2001-1-page-229.htm">« syndrome trancontextuel »</a> que Bateson a regroupé les réactions émotives et psychiques observées chez des personnes confrontées à l’expérience brutale d’une rupture de cadre – ou d’une « transgression » des contextes de communication – lorsque celle-ci se produit dans le cours d’un échange significatif. C’est cette épreuve cognitive à la fois troublante et risquée que parodie avec humour la scène suivante construite sur le modèle de la « caméra cachée ».</p>
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<p>Si les ruptures de cadre peuvent provoquer le rire lorsqu’elles sont mises en scène, elles peuvent aussi entraîner la perplexité, la colère ou même la <a href="https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/430">souffrance psychique</a> lorsqu’elles se produisent dans la réalité.</p>
<h2>Trois buzz négatifs</h2>
<p>Les trois vidéos qui suivent présentent des cas d’espèce dont les conséquences sur les internautes sont facilement discernables grâce à la présence visible de commentaires, d’apartés et de réactions exprimées au moyen de <a href="https://dictionnaire.lerobert.com/dis-moi-robert/raconte-moi-robert/mot-jour/meme.html">mèmes</a>, comme celui que constitue le <a href="https://www.rtl.fr/culture/cine-series/qui-etait-juan-joya-borja-alias-el-risitas-l-homme-derriere-le-rire-culte-d-internet-7900026236">rire culte de l’humoriste espagnol El Risitas</a>. </p>
<p>Le premier cas est celui d’une entrevue donnée par Typhaine D, une militante dont l’apostolat est de <a href="https://typhaine-d.com/index.php/actualites/234-manifeste-de-la-feminine-universelle">promouvoir une langue « féminine universelle »</a>.</p>
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<p>L’effet déjanté de ses prestations, que ce soit dans la vidéo ci-dessus ou dans une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=v4J3m7VnlS8">conférence TEDx Talks de 2022</a>, est une conséquence de sa manière d’enchevêtrer des cadres discursifs réciproquement incompatibles sans avoir l’air de s’en apercevoir : celui du débat d’idées et celui de la comédie burlesque. Pour les personnes qui en ressentent les effets, il en résulte un paradoxe qui les coince entre des émotions contradictoires, comme en témoignent les commentaires laissés sous ses vidéos :</p>
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<li><p>😂 Franchement, j’ai beaucoup ri ! Puis après je me suis souvenu que cette personne existe pour de vrai et qu’elle n’est pas internée en psychiatrie…</p></li>
<li><p>😵💫 Il n’y a pas de mot assez fort pour décrire le malaise que j’ai éprouvé durant cette vidéo… </p></li>
<li><p>🤔 Je n’ai pas su définir si c’était de l’humour ou un exposé féministe. Je ne sais pas s’il faut que je pleure ou que je rigole ?</p></li>
</ul>
<p>Le deuxième cas concerne Arnaud Gauthier-Fawas, responsable d’une association militante pour les <a href="https://www.inter-lgbt.org/">droits des personnes LGBT</a>.</p>
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<p>Le paradoxe avec lequel il faut composer ici est à la fois d’ordre <a href="https://journals.openedition.org/lcc/180">perceptif</a> (comme dans une illusion d’optique) et <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/paradoxe/2-paradoxes-scientifiques/">cognitif</a> (comme lorsque deux visions du monde s’opposent). L’échange auquel on assiste est déconcertant parce qu’il met en doute notre capacité d’évaluer la réalité sur la seule base de nos perceptions : bien qu’on puisse être d’avis que Gauthier-Fawas présente bien l’apparence d’un <em>homme blanc</em>, il faut réviser notre estimation en conséquence de l’arbitraire de son identité psychique : « <em>Je ne suis pas un homme, monsieur ! Je ne suis pas blanc</em> ! » L’effet surréaliste qui en résulte pour l’observateur est comparable à celui qu’entraîne la contemplation du célèbre tableau de Magritte, <a href="https://artshortlist.com/fr/journal/article/trahison-des-images-magritte">La trahison des images (1928)</a>.</p>
<p>Le troisième et dernier cas s’alimente à la source de plusieurs performances médiatiques de Solveig Halloin, activiste <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-rurales-2022-2-page-58.htm">végétaliste</a> se portant, entre autres, à la <a href="https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/qui-est-solveig-halloin-la-militante-activiste-qui-a-fait-le-buzz-dans-touche-pas-a-mon-poste-2112721">défense des animaux d’abattage</a>.</p>
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<p>Le mode paradoxal sur lequel s’exprime cette militante – notamment lorsqu’elle affirme « <em>se battre</em> pour que la violence cesse » – garantit à lui seul l’apparition du syndrome de Bateson chez ses interlocuteurs. En sublimant la cause animale qu’elle défend, Solveig Halloin franchit le seuil critique qui relie le profane au sacré, forçant dès lors une promiscuité de sens choquante entre <a href="https://www.facebook.com/watch/?v=343310679576397">élevage et holocauste</a>. Cela appelle des commentaires acides à lire sous plusieurs de ses <a href="https://www.youtube.com/watch?v=rJIOez7-G_s">vidéos</a>.</p>
<h2>Trois cadres rompus</h2>
<p>Ces trois cadres rompus de la communication entraînent des réactions à classer dans des catégories distinctives du syndrome transcontextuel de Bateson. Le premier cas – qui fait sauter les frontières entre le sérieux du débat et le jeu du théâtre – exploite les effets déroutants d’un changement de règles qui survient en plein cours d’un événement social significatif. Les personnes qui s’aventurent sur un tel terrain doivent savoir qu’elles entreprennent un <a href="https://web.archive.org/web/20220718093758id_/https://journals.openedition.org/communication/7002">jeu sans fin</a>, c’est-à-dire un jeu « qui ne peut pas engendrer de l’intérieur les conditions de son propre changement ».</p>
<p>Le deuxième cas – qui abolit les <a href="http://www.lyber-eclat.net/lyber/korzybski/glossaire.html">différences entre la carte des perceptions et le territoire de l’expérience</a> – exploite les effets pervers d’un changement de niveau d’abstraction non maîtrisé. </p>
<p>Le troisième cas – qui culbute le sacré dans la cour du profane et vice-versa – exploite les effets catastrophiques d’un changement de paradigme, lequel commande une conversion irréversible de l’humanité tout entière. Ce dernier type de rupture peut causer des troubles psychiques d’une très grande gravité.</p>
<h2>Les réseaux sociaux comme « méta cadre » de communication</h2>
<p>Parce qu’elles prennent l’esprit au dépourvu, les ruptures de cadre sont des facteurs potentiels de dégradation des relations sociales. Lorsqu’on les envisage dans le « méta cadre » des réseaux sociaux, toutefois, leurs conséquences pathologiques se trouvent diminuées par les ripostes créatives de personnes (youtubeurs, tiktokeurs, instagrameurs et autres influenceurs) pratiquant l’art de la <a href="https://www.cairn.info/la-boite-a-outils-du-dialogue-en-entreprise--9782100798711-page-96.htm"><em>métacommunication</em></a>, c’est-à-dire l’art de « communiquer sur la communication ». </p>
<p>Grâce à la mise en abîme que leurs <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/region-zero-8/segments/chronique/195001/technologie-youtube-tendance-musique-reaction-video">« vidéos de réaction »</a> accomplissent dans nos esprits – c’est-à-dire grâce à des « vidéos de vidéos » dans lesquelles on peut observer des « réactions humaines à des réactions humaines » – notre sort collectif sur les réseaux sociaux s’en trouve amélioré par la présence de dispositifs nous indiquant comment nous conduire en cas de rupture de cadre : <em>Attention ! Indignez-vous ici ! Riez maintenant ! Soyez méfiant en tout temps !</em></p>
<p>Par leur capacité à recadrer les communications cabossées, ces méta vidéos confirment – au grave détriment de malheureux attiseurs de rumeurs – l’une des plus belles hypothèses de Bateson : « chaque fois qu’on introduit une confusion dans les règles qui donnent un sens aux relations importantes, on provoque une douleur et une inadaptation qui peuvent être graves. Or, si on peut éviter ces aspects pathologiques, l’expérience a des chances de déboucher sur la créativité ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214317/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvie Genest est membre de l'Institut de recherches et d'études féministes (IREF) de l'Université du Québec à Montréal ; de SAS-Femmes, Collectif de recherches et d'actions pour la sécurité, l'autonomie et la santé de toutes les femmes ; et du Laboratoire de recherche en relations interculturelles (LABRRI) de l'Université de Montréal.</span></em></p>Faire l’objet d’une popularité négative et incontrôlable sur Internet, ça peut arriver à n’importe qui, même aux gens les mieux intentionnés.Sylvie Genest, Professeure à la Faculté des arts, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2125732023-10-01T15:44:11Z2023-10-01T15:44:11ZPeut-on détecter automatiquement les deepfakes ?<p>En mars 2022, environ un mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une vidéo de Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, est diffusée sur une chaîne nationale ukrainienne. Dans cette vidéo, le président demande à son peuple de rendre les armes et de rentrer dans leurs familles. Cette vidéo a rapidement été identifiée comme un deepfake à cause de sa <a href="https://www.wired.com/story/zelensky-deepfake-facebook-twitter-playbook/">faible qualité</a> et aura donc eu peu de répercussions sur les combats, mais cet exemple illustre parfaitement les dangers que peuvent poser les deepfakes.</p>
<p>Un <a href="https://theconversation.com/fr/topics/deepfake-120434">deepfake</a> est une vidéo dans laquelle le visage ou l’expression d’un individu a été volontairement modifié, afin d’altérer son identité ou ses propos. Les techniques permettant de modifier les expressions faciales ne datent pas d’hier, puisqu’il existe, par exemple, un <a href="https://cseweb.ucsd.edu/%7Eravir/6998/papers/p187-blanz.pdf">article scientifique</a> de 1999 utilisant des modèles 3D pour reconstruire et modifier des visages. Les deepfakes ont de nombreuses applications légitimes, par exemple dans le <a href="https://studios.disneyresearch.com/2020/06/29/high-resolution-neural-face-swapping-for-visual-effects/">cinéma</a>, la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=QiiSAvKJIHo">publicité</a> et même plus récemment la <a href="https://developer.nvidia.com/maxine">compression vidéo</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/QiiSAvKJIHo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo de David Beckham parlant 9 langues dans une vidéo pour <em>Malaria Must Die</em>.</span></figcaption>
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<p>Cependant, soutenus par l’essor du <em>deep learning</em> (une branche de l’intelligence artificielle dont le mot deepfake tire son nom), des modèles de génération de deepfakes grand public ont été développés. Ces modèles permettent à n’importe qui de créer gratuitement des deepfakes de bonne qualité et ainsi d’usurper n’importe quelle identité dans des vidéos. Aujourd’hui, les deepfakes sont notamment <a href="https://www.wsj.com/articles/fraudsters-use-ai-to-mimic-ceos-voice-in-unusual-cybercrime-case-11567157402">utilisés dans des arnaques</a> dans lesquelles l’identité de personnes de confiance est usurpée, poussant les victimes à effectuer des virements en pensant connaître leur interlocuteur.</p>
<p>Si, il y a quelques années, une vidéo pouvait toujours être considérée comme authentique, ce n’est aujourd’hui plus le cas. On peut aussi se pose la question : peut-on détecter automatiquement ces fausses vidéos grâce à l’intelligence artificielle… alors qu’elles sont elles-mêmes générées par des IA ?</p>
<h2>Comment modère-t-on les deepfakes sur les réseaux sociaux ?</h2>
<p>La modération des vidéos deepfake sur les réseaux sociaux est un sujet compliqué qui demande le développement de nouveaux outils.</p>
<p>Généralement, la modération des vidéos permet de filtrer les contenus violents ou haineux en <a href="https://transparency.fb.com/enforcement/detecting-violations/technology-detects-violations/">utilisant des modèles d’intelligence artificielle</a> spécifiquement entraînés à détecter ce genre de contenu. Cependant, dans le cas d’un deepfake, la vidéo peut être en apparence tout à fait inoffensive et ne pourra donc pas être détectée par ce genre de modèle. Par exemple, une vidéo de Volodymyr Zelensky demandant aux Ukrainiens de capituler n’a en apparence rien qui puisse justifier une suppression ; celle-ci ne devient un problème que lorsque l’on sait qu’il s’agit d’un deepfake.</p>
<p>Dans les cas où les modèles d’intelligence artificielle ne sont pas capables de modérer les contenus, les réseaux sociaux s’appuient sur leurs utilisateurs ou des <a href="https://transparency.fb.com/enforcement/detecting-violations/how-review-teams-work/">modérateurs humains</a> pour filtrer le contenu. Mais encore une fois, ce genre de modération ne peut pas se transposer aux deepfakes, puisque les <a href="https://www.theguardian.com/technology/2023/aug/02/humans-can-detect-deepfake-speech-only-73-of-the-time-study-finds">humains ne sont pas capables de détecter les deepfakes avec une grande précision</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/clonage-de-voix-et-synthese-vocale-des-ia-qui-parlent-presque-comme-des-humains-205668">Clonage de voix et synthèse vocale : des IA qui parlent (presque) comme des humains</a>
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<p>Les outils de modération n’étant pas adaptés pour lutter contre les deepfakes, de nouveaux outils ont dû être développés, justifiant l’émergence d’un nouveau domaine de recherche : la <a href="https://arxiv.org/pdf/2103.00484.pdf">détection automatique de deepfake</a>.</p>
<h2>Des détecteurs passifs</h2>
<p>Les détecteurs sont généralement également basés sur le <em>deep learning</em> et peuvent être passifs ou actifs.</p>
<p>L’objectif d’un détecteur passif est de prédire si une image a été modifiée ou non sans connaître son origine. Un tel détecteur peut être utilisé par un utilisateur de réseau social, par exemple, pour tester la légitimité d’une vidéo en cas de doute.</p>
<p>Pour ce faire, le détecteur va utiliser des caractéristiques jugées comme discriminantes, c’est-à-dire qui permettent de distinguer facilement les deepfakes des images originales. Par exemple, en remarquant que les premiers deepfakes ne clignaient jamais des yeux, des chercheurs ont proposé de <a href="https://arxiv.org/pdf/1806.02877.pdf">compter la fréquence des clignements</a>. En dessous d’un certain seuil, les vidéos étaient alors étiquetées comme deepfakes.</p>
<p>Malheureusement, les modèles de génération se sont améliorés depuis, et ce genre de méthode n’est plus efficace, ce qui a poussé les chercheurs à développer de nouvelles techniques. Ainsi, la plupart des techniques récentes n’utilisent pas de connaissances d’experts, c’est-à-dire des caractéristiques choisies par l’homme, mais entraînent plutôt des modèles de <em>deep learning</em>, à l’aide de <a href="https://openaccess.thecvf.com/content_ICCV_2019/papers/Rossler_FaceForensics_Learning_to_Detect_Manipulated_Facial_Images_ICCV_2019_paper.pdf">grandes bases de données</a> contenant des vidéos étiquetées « real » ou « fake », à trouver leurs propres caractéristiques discriminantes.</p>
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<p>Le problème majeur de ces techniques est qu’elles ne sont efficaces que pour détecter les deepfakes générés avec les méthodes utilisées pour constituer la base de données d’entraînement : elles ne se généralisent donc pas bien à des méthodes « inédites » de générations de deepfakes. Ce problème est récurent avec les modèles de <em>deep learning</em>, bien que des <a href="https://openaccess.thecvf.com/content_CVPRW_2020/papers/w39/Khalid_OC-FakeDect_Classifying_Deepfakes_Using_One-Class_Variational_Autoencoder_CVPRW_2020_paper.pdf">propositions</a> récentes commencent à y apporter des solutions.</p>
<h2>Les détecteurs actifs : protéger l’image avant qu’elle ne soit détournée</h2>
<p>À l’inverse d’un détecteur passif, un détecteur actif permet de protéger l’image originale avant que celle-ci ne soit modifiée. Ce genre de détecteurs est beaucoup moins populaire que les détecteurs passifs, mais pourrait notamment permettre aux journalistes de protéger leurs images et ainsi d’éviter que celle-ci ne soit reprise à des fins de désinformation.</p>
<p>Une première méthode pour protéger une image consiste à y ajouter un filigrane, c’est-à-dire un message caché, qui peut être ensuite extrait de l’image. Ce message peut par exemple <a href="https://arxiv.org/pdf/2009.09869.pdf">contenir des informations sur le contenu original de la vidéo</a>, ce qui permet de comparer le contenu actuel de l’image avec celui caché. Dans le cas d’un deepfake, ces deux informations ne devraient pas concorder.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/550037/original/file-20230925-24-chu55b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550037/original/file-20230925-24-chu55b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550037/original/file-20230925-24-chu55b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550037/original/file-20230925-24-chu55b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550037/original/file-20230925-24-chu55b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=859&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550037/original/file-20230925-24-chu55b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=859&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550037/original/file-20230925-24-chu55b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=859&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le filigrane d’un billet de 20 euros, visible en transparence. Les filigranes sont utilisés depuis 1800 en France pour éviter la contrefaçon de billets de banque.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Watermarks_20_Euro.jpg">Manfred Sauke, Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Une autre méthode de détection active consiste à appliquer une « attaque adverse » sur l’image afin d’empêcher la création de deepfakes. Une attaque adverse est une perturbation imperceptible d’une image, similaire à un filigrane, qui pousse un modèle de deep learning à l’erreur.</p>
<p>Par exemple, une attaque adverse ajoutée sur un panneau de signalisation « stop » pourrait perturber un modèle de deep learning qui n’y verrait pas un panneau-stop, <a href="https://institut-europia.eu/lattaque-adverse-une-fragilite-des-systemes-dia-une-arme-pour-les-cyberdelinquants/">mais par exemple une limitation à 130 km/h</a>.</p>
<p>Dans le cas des deepfakes, une attaque adverse peut <a href="https://www.ecva.net/papers/eccv_2022/papers_ECCV/papers/136740053.pdf">perturber le générateur</a> de deepfakes et ainsi l’empêcher de produire un résultat de qualité.</p>
<p>Le problème des méthodes de détection actives est qu’elles modifient l’image et donc détériorent sa qualité, puisque les modifications appliquées aux pixels ne sont pas naturelles. De plus, les messages cachés étant de faible intensité, ils peuvent facilement être retirés, bien que leur suppression nécessite de réduire encore davantage la qualité de l’image, réduisant les chances que le deepfake soit confondu avec une image réelle.</p>
<h2>Le chat et la souris</h2>
<p>Le problème de la détection de deepfakes est encore aujourd’hui non résolu et risque malheureusement de ne jamais l’être complètement. En effet, les domaines de la détection et de la génération de deepfakes s’adaptent en permanence aux innovations de l’autre, avec un avantage évident pour la génération qui a toujours un coup d’avance sur la détection.</p>
<p>Ce constat ne signifie pas pour autant qu’investir dans la détection est une mauvaise idée. Les deepfakes disponibles sur Internet sont rarement issues des modèles de génération dernier cri et sont possiblement détectables. Dans le cas où un modèle de génération récent venait à être utilisé, la meilleure arme restera probablement de vérifier l’information véhiculée par la vidéo en utilisant différentes sources.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212573/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Beuve a reçu des financements de l'Agence de l'innovation de défense (AID). </span></em></p>Ces fausses vidéos qui semblent vraies sont générées avec des systèmes d’intelligence artificielle. Peut-on automatiser leur détection ?Nicolas Beuve, Doctorant en détection automatique de vidéo deepfake, INSA RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2033472023-04-27T17:58:04Z2023-04-27T17:58:04ZBoxe : comment mieux comprendre les combats pour aider les athlètes grâce à l’analyse vidéo<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/523223/original/file-20230427-801-b00y1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5734%2C3828&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour augmenter les performances, l'analyse vidéo peut être très utile.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/bZeIqHOOxYA">Chris Kendall </a></span></figcaption></figure><p>Du 15 au 26 mars 2023 se sont déroulés les <a href="https://www.ffboxe.com/les-mondiaux-feminins-2023-en-direct/">championnats du monde féminin</a> de boxe anglaise à New Delhi en Inde, et les <a href="https://www.ffboxe.com/les-bleus-aux-championnats-du-monde-amateurs-masculins-2023/">championnats masculins</a> se dérouleront du 1<sup>er</sup> au 14 mai 2023 à Tashkent en Ouzbékistan.</p>
<p>Un combat de boxe amateur se déroule sur un ring carré pendant 3 rounds de 3 minutes chacun avec 1 minute de récupération entre chaque round. Le vainqueur du combat est désigné par le vote de 3 à 5 juges situés autour du ring qui évaluent le nombre de coups de qualité sur la cible, la domination par supériorité technico-tactique et la compétitivité (exprimée par l’activité et l’engagement).</p>
<p>Dès lors, les athlètes doivent être capables de contrôler l’espace sur le ring, gérer le temps, imposer un rythme à leur adversaire, proposer un style de boxe varié, offensif et agressif, créer de l’incertitude, et proposer des moyens de défense.</p>
<p>A la fin de chaque round, les juges évaluent les deux boxeurs avec une note allant de 7 à 10 en se basant sur les critères de jugement évoqués. Avec le projet <a href="https://perfanalytics.fr/">PerfAnalytics</a>, nous accompagnons la Fédération Française de Boxe qui souhaite objectiver l’évaluation de la production des boxeurs au cours des combats. La démarche consiste à collecter des données en entraînement et en compétition pour numériser et analyser les déterminants de la performance, identifier des caractéristiques individuelles afin de proposer des clefs d’adaptations spécifiques à la concurrence, aux différentes catégories de poids, aux forces et faiblesses révélées des athlètes français.</p>
<p>C’est dans ce contexte que la Fédération nous a invités à déployer un système de captation inédit sur le <a href="https://olympics.com/fr/infos/boxe-tournoi-pre-selection-equipe-de-france-2024-programme-ou-regarder">tournoi de présélection équipe de France 2024</a> en février dernier. Ce système, composé de caméras synchronisées avec des accéléromètres fixés aux poignets des athlètes, a permis de quantifier le nombre de percussions produites et subies, et les positions et déplacements des deux athlètes au cours des combats.</p>
<h2>Détecter automatiquement les coups portés</h2>
<p>Enregistrer des vidéos de combats pendant les entraînements ou lors des compétitions permet de les traiter ultérieurement et de les utiliser comme support afin de discuter d’aspects techniques avec les athlètes. Cela permet de revenir sur des moments précis du combat, d’analyser les techniques employées et d’identifier les points à améliorer pour renforcer les performances des athlètes.</p>
<p>Par extension, visualiser avec précaution ces vidéos et compter manuellement l’ensemble des percussions permet de fournir une première objectivation de la performance, mais reste une tâche ardue et longue quand elle est faite par les analystes vidéo. Lors du tournoi de présélection, nous avons observé pour des catégories de poids différentes en moyenne 489 coups échangés par combat, avec 55 coups par minute.</p>
<p>Des méthodes automatiques issues d’algorithmes de vision par ordinateur peuvent être envisagées pour alléger la tâche des analystes afin d’identifier les coups par la reconnaissance de la posture et des mains des athlètes. Cependant, utilisées seules, ces méthodes amènent très souvent à la production de faux-positifs et faux-négatifs, qui correspondent soit à des actions mal identifiées comme étant des coups, ou au contraire à un manque de détection des véritables coups.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=376&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=376&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523217/original/file-20230427-22-lxy6ss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=376&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Estimation automatique des centres articulaires à partir de la vidéo par un réseau neuronal de reconnaissance de la posture humaine (OpenPose, CMU). Au total 25 points articulaires sont disponibles par sujet détecté dans l’image (arbitre inclus).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aussi, pour garantir la précision d’une détection automatique et rapide des coups durant la compétition officielle, les membres de la fédération ont installé des capteurs par centrale inertielle aux poignets des combattants pour toutes les rencontres. Les centrales inertielles permettent de mesurer en 3D l’accélération linéaire et angulaire à des cadences atteignant le centième de seconde.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1058&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1058&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523218/original/file-20230427-14-wmx252.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1058&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Centrale inertielle positionnée sous les gants des boxeurs. Ces capteurs autonomes, miniatures et sans-fils permettent d’enregistrer en temps réel les accélérations linéaires et angulaires selon les trois axes x, y, et z.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces capteurs ont été synchronisés à l’image près avec des caméras vidéo qui filmaient le ring sous différents angles pour identifier les moments précis correspondant aux coups portés.</p>
<p>Au total, sur plus de 3 millions d’images captées, 21 474 séquences ont pu ainsi être isolées automatiquement sur 31 matchs.</p>
<h2>Caractériser les coups manuellement nécessite des ressources humaines importantes</h2>
<p>Isoler automatiquement tous les coups d’une compétition permet de quantifier les performances des athlètes et de calculer la cadence des coups portés, ce qui donne une mesure générale de la dynamique de chaque round. En revanche, il arrive que des erreurs d’identification apparaissent, l’accélération et l’orientation mesurées de l’avant-bras ne discriminant pas totalement les coups réels des mouvements de garde ou de décontraction musculaire.</p>
<p>De plus, isoler les coups ne permet pas de caractériser quel type de coup est effectué (crochet ou direct par exemple), et de savoir, par exemple, quels enchaînements ont été efficaces face à certains·e·s adversaires.</p>
<p>Caractériser ces coups demande de visualiser chacun d’entre eux pour les analyser précisément et les classer dans des catégories décidées à l’avance. Dans ce but, nous avons développé un outil optimisé de visualisation et annotation permettant de rejouer une courte séquence animée indiquant si le coup détecté est valide, et, si c’est le cas, quelle était la cible de celui-ci ainsi que le résultat : touché, manqué ou bloqué. Grâce à cet outil, des analystes de la Fédaration Française de Boxe ont pu caractériser au total 16086 coups en excluant environ un quart des coups totaux (mauvaises détections) cela leur a pris environ 37h.</p>
<h2>Estimer automatiquement la position des boxeurs sur le ring</h2>
<p>Les méthodes issues de l’analyse vidéo automatique continuent d’offrir des perspectives intéressantes d’extraction d’information sur le déroulement du combat et la performance des boxeurs.</p>
<p>En combinant les vues de plusieurs caméras fixes, il est possible de calculer la localisation 3D des centres articulaires (genoux ou chevilles) détectés dans l’image. Mais, comme évoquée, la fiabilité des systèmes de reconnaissance automatique de la posture humaine n’est pas encore adaptée aux conditions réelles de la compétition. Plus simplement, il est aussi possible de n’utiliser qu’une seule caméra dès lors qu’un objet plan est identifié dans la scène comme le carré du ring par exemple. Dans ce cas, l’information extractible est alors réduite à ce plan, mais continue de permettre d’envisager des métriques utiles comme la position relative des boxeurs ou la distance parcourue par chacun d’eux. Cette approche “monoculaire” permet d’aborder des méthodes plus robustes et fournir des résultats plus rapidement. On peut alors se satisfaire du flux vidéo lié à la diffusion des matchs en direct bien que les changements de caméras et mouvements du cadrage (zooms et déplacements) continuent de rendre la tâche d’analyse automatique complexe.</p>
<p>Il existe donc un compromis à observer entre analyse fine, fiabilité et disponibilité des données traitées. Nous avons donc dans un premier temps effectué les analyses dans un cadre monoculaire afin de respecter les délais restreints attendus par la fédération et garantir un niveau de fiabilité.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=147&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=147&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=147&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=185&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=185&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523224/original/file-20230427-645-shm795.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=185&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Représentation des positions des boxeurs en 2D vue du dessus du ring. Exemple de heatmap (à gauche) et du temps passé en pourcentage dans des zones du ring 4b lors d’un round de 3 minutes (à droite).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>À partir des centres articulaires approximatifs estimés pour chaque boxeur par la méthode choisie de reconnaissance automatique de la posture humaine (OpenPose, CMU), nous ne retenons que les chevilles. En les assimilant à leur projection sur le sol, le centre des deux chevilles est calculé à chaque image, délivrant une position unique pour chaque boxeur sur le ring.</p>
<p>On remarque sur cette figure, que le boxeur bleu est resté majoritairement au centre du ring et que son adversaire coin rouge lui s’est déplacé dans une zone plus large autour de lui. Sur ce round le combat s’est déroulé majoritairement au centre et très peu dans les cordes.</p>
<h2>Utilité des données capturées : analyse en profondeur pour l’identification de nouveaux indices de la performance</h2>
<p>C’est la première fois que la Fédération Française de Boxe a entrepris une expérimentation de cette ampleur durant une compétition de niveau élite, hors d’un environnement limité en laboratoire. Au-delà des premiers résultats et rapports fournis aux staffs techniques, la constitution d’un jeu de données vidéos annotées est une contribution précieuse.</p>
<p>La richesse des informations collectées in situ permet de mieux caractériser la réalisation des performances et d’évaluer les mécanismes de concurrence.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=252&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=252&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=252&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=317&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=317&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523225/original/file-20230427-24-34at4r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=317&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Exemple de rapport produit sur un round à partir des caractérisations des coups.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il est par exemple possible de produire des rapports de combat (Figure 5) qui peuvent aider à analyser une performance. Le but est d’identifier le rapport de force qui oscille sous l’effet des actions simultanées des adversaires. La question est d’identifier les facteurs et événements qui se conjuguent en phénomènes ou mécanismes associés à l’issue finale (victoire ou défaite). Une meilleure compréhension des contextes de charge compétitive permettra aussi de mieux adapter les charges d’entraînement et de préciser l’importance des temps de récupération. En combinant différentes sources (biomécanique, contraintes, milieux, etc.), nous établirons de nouveaux déterminants, physiques et physiologiques, du risque et de la performance.</p>
<p>Une des prochaines perspectives à terme est l’utilisation de ces informations collectées pour l’entraînement d’algorithmes de détection et caractérisation automatique des coups à partir de flux vidéos uniquement afin d’aboutir à une solution sans aucun capteur qui soit robuste et fiable même en compétition.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs souhaitent remercier la Fédération Française de Boxe et particulièrement les membres de sa Cellule Performance : Lionel Brézéphin, Chloé Lesenne, Gauthier Rispal, ainsi que Pierre Leroy (Inria) et Alexandre Schortgen (Irmes/Inria).</em></p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/ProjetIA-20-STHP-0003">Analyse in situ de la performance</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203347/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ont reçu des financements du Programme Prioritaire de Recherche ANR (<a href="https://anr.fr/ProjetIA-20-STHP-0003">https://anr.fr/ProjetIA-20-STHP-0003</a>). Le projet PerfAnalytics est financé par l'ANR.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bruno Fruchard, Lionel Reveret et Thibault Goyallon ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les scientifiques mettent en place de nouvelles techniques d’analyse de combats pour aider les boxeurs et les entraîneurs à améliorer leurs performances.Guillaume Saulière, Biostatisticien , Institut national du sport de l'expertise et de la performance (INSEP)Bruno Fruchard, Chercheur spécialisé en Interaction Humain-Machine (ISFP), InriaLionel Reveret, Chercheur INRIA, spécialisé dans l'analyse du mouvement, InriaThibault Goyallon, Computer vision research engineer, PhD in biomechanics, InriaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1915562023-02-06T16:28:43Z2023-02-06T16:28:43ZVoici pourquoi nous rions lorsque quelqu’un tombe, selon la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/508433/original/file-20230206-31-53ypc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C47%2C7940%2C2610&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nous ne rions pas de la souffrance ni de la détresse de l’autre; nous réagissons à la surprise, à l’incongruité et à l’expression ahurie de l’autre, en ayant décodé qu’il n’est pas en détresse ni ne s’est vraiment fait mal.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Qui d’entre nous ne s’est jamais esclaffé de rire en apercevant un ami trébucher sur le trottoir, se cogner la tête en se relevant ou manquer une marche en montant l’escalier ? </p>
<p>Je suis la première à me déclarer coupable de cette réaction ! Je tiens d’ailleurs à m’excuser (encore) à ma collègue Janie pour ce fou rire sans fin que j’ai eu lorsqu’elle s’est écroulée au ralenti, comme par petites secousses qui ont semblé interminables, ses jambes engourdies, pour la voir finalement aboutir sur le plancher.</p>
<p>Maladresses, déséquilibres, chutes. C’est le matériel de base des péripéties de Charlie Chaplin, des prestations burlesques avec des pelures de bananes et des émissions de type <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dr%C3%B4le_de_vid%C3%A9o#:%7E:text=Dr%C3%B4le%20de%20vid%C3%A9o%20est%20une,jours%20envoy%C3%A9s%20par%20les%20spectateurs."><em>Drôle de vidéos</em></a> dans lesquelles on aperçoit des enfants tomber et des gens « s’enfarger » ! Témoins de ces scènes, nous rions de bon cœur, souvent de façon incontrôlable. </p>
<p>Est-ce que nous ne devrions pas éprouver de l’empathie pour l’autre qui, après tout, se retrouve dans une situation de vulnérabilité qui peut être potentiellement humiliante ? Rassurez-vous, nous ne rions pas nécessairement par manque d’empathie ni par sadisme.</p>
<p>Comme psychologue clinicienne experte dans le domaine de la régulation des émotions, je vous propose d’apporter un éclairage sur les ingrédients dans ces situations qui ont un grand potentiel de déclencher nos rires souvent bienveillants.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme glisse dans un escalier enneigé" src="https://images.theconversation.com/files/508435/original/file-20230206-15-1sdsvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/508435/original/file-20230206-15-1sdsvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=611&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/508435/original/file-20230206-15-1sdsvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=611&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/508435/original/file-20230206-15-1sdsvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=611&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/508435/original/file-20230206-15-1sdsvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=768&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/508435/original/file-20230206-15-1sdsvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=768&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/508435/original/file-20230206-15-1sdsvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=768&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nous rions de bon cœur lorsque nous sommes assurés que la personne qui a fait une chute ne s’est pas blessée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>L’imprévisibilité et l’incongruité</h2>
<p>Le premier de ces ingrédients est l’effet de surprise. Plus spécifiquement, c’est de voir une personne surprise par une situation de la vie quotidienne, alors que tout était sous contrôle pour elle quelques secondes avant. La situation inattendue nous surprend et crée un écart avec le prévisible, <a href="https://doi.org/10.1016/0093-934X(83)90002-0">avec ce qu’on s’attendait à voir</a>.</p>
<p>Cette situation incongrue souligne nos erreurs de prédictions : on prédisait que la suite de X serait Y et, finalement, la suite s’impose de façon inattendue via B. Nous avons fait une erreur dans notre prédiction de ce qui allait survenir. Ce n’est plus cohérent. Rire de la situation serait une manière de résoudre l’incongruité en formulant une nouvelle <a href="https://doi.org/10.1162/jocn.2006.18.11.1789">interprétation comique plus cohérente de ce dont nous sommes témoin</a>.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/reel/Cj-ni5Ljbf4/ ?utm_source=ig_web_copy_link","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<h2>L’expression du visage</h2>
<p>Face à cette situation surprenante et incongrue, notre cerveau part à la recherche d’informations qui nous permettront d’interpréter ce qui se passe et de réagir en conséquence. Qu’est-ce que le visage de la personne qui trébuche nous communique ? Ce qu’on va y décoder va être déterminant de notre réaction.</p>
<p>Une étude <a href="https://doi.org/10.1016/j.neuropsychologia.2014.06.029">a exploré cette avenue de recherche</a> auprès de participants qui devaient visionner 210 images représentant trois types de visages : </p>
<ul>
<li><p>des visages exprimant un air perplexe ; </p></li>
<li><p>des visages exprimant de la souffrance ou de la colère ; et </p></li>
<li><p>des personnes avec le corps placé dans des positions malencontreuses, sans que le visage ne soit visible (p.ex. visage caché par des skis ; ou encore la tête montrée de profil avec le visage caché par le bras de la personne). </p></li>
</ul>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/BIv-yUXggjp/ ?utm_source=ig_web_copy_link","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>Un surplus de 20 images de paysages avait été ajouté à travers l’ensemble des photos, pour confondre les participants quant au but de l’étude. Il était demandé aux participants d’appuyer sur un bouton chaque fois qu’apparaissait une image de paysage, et leur activité cérébrale était enregistrée durant la tâche. Les participants devaient également indiquer à quel point ils trouvaient chaque image drôle.</p>
<p>Au terme de l’étude, les participants ont évalué les images présentant les visages perplexes comme étant plus drôles que les images sur lesquelles les visages exprimaient de la souffrance ou de la colère, et plus drôles que les images sur lesquelles on voyait des corps dans des positions burlesques mais sans voir l’expression du visage. Les données cérébrales ont également soutenu l’expression du visage comme étant un ingrédient à la base de notre hilarité dans ces situations saugrenues. </p>
<p>Ainsi, lorsqu’on perçoit de la perplexité dans l’expression du visage de la victime de maladresse (air interloqué, surpris, ahuri), cette information met la table pour déclencher notre fou rire. Par contre, si on peut lire dans l’expression du visage de la souffrance ou de la colère, on sera alors touché par la détresse de la victime de la chute, empathique à sa détresse, ce qui nous préviendra de rire. Nos circuits neuronaux auraient donc la capacité de reconnaître et d’apprécier les éléments drôles des situations de malchance, en analysant le contexte comme étant non-menaçant. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/PT4fATKBkRI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>Et si c’était moi…</h2>
<p>Être témoin de la situation malencontreuse d’une autre personne nous pousse à nous imaginer nous-mêmes dans cette même situation. « Et si c’était moi… ? » </p>
<p>On s’identifie à ce qu’elle vit et à ce qu’elle doit ressentir. Cet exercice d’empathie peut rapidement activer en nous des enjeux de malaise, d’impuissance, d’humiliation et de honte. Le rire permet alors d’extérioriser notre soulagement de ne pas être à la place de cette personne malchanceuse. </p>
<p>Soyons pardonnés de rire dans des situations comiques de maladresse d’autrui ! Nous ne rions pas de la souffrance ni de la détresse de l’autre ; nous réagissons à la surprise, à l’incongruité et à l’expression ahurie de l’autre, en ayant décodé qu’il ne soit pas en détresse ni ne s’est vraiment fait mal. </p>
<p>Au plaisir de vous faire rire après m’être empêtrée les pieds dans une craque de trottoir !</p>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/191556/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Geneviève Beaulieu-Pelletier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Qui d’entre nous ne s’est jamais esclaffé de rire en apercevant un ami trébucher sur le trottoir, se cogner la tête en se relevant ou manquer une marche en montant l’escalier ? Voici pourquoi.Geneviève Beaulieu-Pelletier, Psychologue, conférencière et professeure associée, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1865282022-08-18T17:36:38Z2022-08-18T17:36:38ZSérie vidéo : Métavers, le gouffre énergétique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/475449/original/file-20220721-14484-pc9lbv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">illustration</span> </figcaption></figure><p>2021, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, annonce qu’il souhaite créer un métavers. Dans ce docufiction, Gaïa, une jeune fille achète un casque de réalité virtuelle afin de découvrir ce nouveau monde. Finira-t-elle bloquée dans le métavers ? Une métaphore de notre société bloquée dans un système aux impacts environnementaux désastreux, constitué d’un acteur discret mais majeur : le numérique.</p>
<p>Fabrice Flipo, historien des sciences et techniques à l’Institut Mines-Télécom Business School nous donne les clés pour comprendre ces impacts.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/wJpqmsxLfkw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Métavers, le gouffre énergétique.</span></figcaption>
</figure>
<hr>
<p><em>Un film réalisé par Marie Origas et Nawel Boulmane.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186528/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabrice Flipo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le numérique a bien une réalité physique et un impact majeur sur l’environnement.Fabrice Flipo, Professeur en philosophie sociale et politique, épistémologie et histoire des sciences et techniques, Institut Mines-Télécom Business School Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1865272022-08-17T17:47:10Z2022-08-17T17:47:10ZSérie vidéo : Quand l’art crée la femme orientale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/472859/original/file-20220706-9520-29mx18.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C0%2C815%2C492&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">The Interior of the Palm House de Carl Blechen (1834)</span> <span class="attribution"><span class="source">Carl Blechen</span></span></figcaption></figure><p>Au début du XIX<sup>e</sup> siècle, un mouvement artistique prend son essor à travers les différentes campagnes de colonisation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient : l’Orientalisme. Ce courant construit une image de l’Orient bien différente de la réalité basée sur la vision de l’artiste occidental. En particulier, les femmes orientales sont un sujet privilégié par les artistes, source d’inspiration et de fantasmes. À la fois sensuelle et fragile, la femme orientale peut être aussi dangereuse, étant le fruit d’une culture non civilisée et violente.</p>
<p>Ces stéréotypes, au fil des décennies, se sont installés dans l’imaginaire collectif et perdurent encore dans les représentations actuelles. Comment cette définition de la femme orientale a été imposée par l’art occidental ? Et en quoi a-t-elle été déterminante dans ses représentations populaires contemporaines ? Nous avons rencontré Alain Messaoudi, chercheur au Centre d'histoire internationale et atlantique de Nantes Université et historien de
l’orientalisme, et Mariem Guellouz, sociolinguiste à l’Université de Paris et danseuse, pour répondre à ces questions.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/yNMbnVT1ZVE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Quand l’art crée la femme orientale.</span></figcaption>
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<hr>
<p><em>Réalisation : Sirine Ben Younes et Pierre Tousis.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186527/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Connaissez-vous l’orientalisme ? Ce courant artistique a construit une image de l’Orient bien différente de la réalité basée sur la vision de l’artiste occidental.Mariem Guellouz, Maîtresse de conférences en sciences du langage, Université Paris CitéAlain Messaoudi, Maître de conférences en histoire contemporaine, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1865252022-08-16T17:43:57Z2022-08-16T17:43:57ZSérie vidéo : « MusicIAlité », l'intelligence artificielle, un instrument comme un autre ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/472851/original/file-20220706-13-59gvoi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C1804%2C1003&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photo tirée du documentaire « Musicialité ».</span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L'usage de l'intelligence artificielle en musique est en plein essor. Les questions autour de l'expansion de ce genre d'outils sont nombreuses : où se placent les musiciens dans leur collaboration avec l’intelligence artificielle ? Peut-on qualifier une IA de créative ? Comment définit-on la créativité ? </p>
<p>Pour tenter de répondre à ces questions, Ninon Devis, doctorante au sein de l'équipe ACIDS à l’IRCAM, et Maxime Mantovani, artiste en résidence dans la même équipe, tissent un portrait de l'intelligence artificielle dans la musique tout en nuances. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/vKULju6czL8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">MusicIAlité - L'intelligence artificielle, un instrument comme un autre ?</span></figcaption>
</figure>
<hr>
<p><em>Réalisation : Joachim Taïeb et Clara Müller.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186525/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ninon Devis ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une IA peut-elle créer de la musique ?Ninon Devis, Doctorante à l'IRCAM et au Sorbonne Center for Artificial Intelligence, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1812902022-04-21T18:03:37Z2022-04-21T18:03:37ZQuand la gastronomie en vient à se digitaliser…<p>Pour la première fois depuis la création de <em>Top Chef</em>, émission phare de M6, le menu des gagnants de l’épreuve « La guerre des restos » en 2022 est proposé à la livraison à domicile sur la plate-forme Uber Eats. Poussé aussi par la pandémie, le monde de la gastronomie a dû innover en développant des services de vente à emporter et de livraison à domicile, qui étaient jusqu’alors l’apanage de la restauration rapide.</p>
<p>Des chefs triplement étoilés comme <a href="https://www.sortiraparis.com/hotel-restaurant/restaurant/articles/233771-les-plats-de-guy-savoy-en-livraison-et-a-emporter">Guy Savoy</a>, <a href="https://www.ubereats.com/fr/store/ducasse-chez-moi/64klPdMATPa3R8kumw8Adg">Alain Ducasse</a> et <a href="https://anne-sophie-pic.com/envie-de-rester-a-la-maison-pic/">Anne-Sophie Pic</a> se sont mis à digitaliser leur offre, en proposant en ligne des plats gastronomiques ou bistronomiques pour une dégustation à domicile. En décembre dernier, on pouvait ainsi entendre au <a href="https://www.tf1info.fr/conso/video-tendance-votre-repas-du-reveillon-livre-a-domicile-2205918.html">20 heures de TF1</a> :</p>
<p>« De nombreux Français ont décidé de passer le réveillon chez eux, mais cela n’empêche pas de se faire plaisir. Certains restaurants et traiteurs l’ont bien compris. Depuis le confinement, ils vous livrent, clé en main, des dîners parfois gastronomiques. »</p>
<p>La conception de ces dispositifs reste cependant particulièrement difficile pour la haute gastronomie, connue pour sa prudence vis-à-vis de l’utilisation des technologies et pour l’importance qu’elle accorde à la tradition et à l’héritage.</p>
<p>Notre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296322003290?CMX_ID=&SIS_ID=&dgcid=STMJ_AUTH_SERV_PUBLISHED&utm_acid=29887939&utm_campaign=STMJ_AUTH_SERV_PUBLISHED&utm_in=DM245737&utm_medium=email&utm_source=AC_">travail de recherche</a>, mené auprès des professionnels du secteur et de consommateurs, montre cependant qu’il y a là une véritable opportunité de développement. À condition de concentrer ses efforts au bon endroit.</p>
<h2>« Perdre le contrôle » ?</h2>
<p>Une première étude qualitative, réalisée auprès de 15 chefs de restaurant et experts de la haute gastronomie, nous a permis de mieux comprendre la notion d’expérience gastronomique digitalisée. Cinq étapes du parcours client lui sont associées : la commande en ligne, le <em>click and collect</em>, le déballage du paquet, le réchauffage et, enfin, l’expérience de dégustation.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/457971/original/file-20220413-26-4ml9ew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Déguster à domicile des plats d’Anne-Spohie Pic est maintenant chose possible.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Anne-Sophie_Pic_par_Claude_Truong-Ngoc_mars_2014.jpg">Claude Truong-Ngoc/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Face à ce parcours singulier, chefs et experts interrogés ont exprimé leurs craintes d’une « perte de contrôle ». L’expérience gastronomique en restaurant commence, en effet, par la découverte du menu, qui invite à la discussion avec le personnel en salle, est suivie par l’attente des plats, la dégustation dans l’ordre choisi par le chef, et se termine par le paiement de l’addition. Dans le cas d’une expérience gastronomique digitalisée, l’étape du paiement a lieu avant la dégustation, ce qui laisse présager un plus grand risque pour le client qui commande en ligne. Julien Guèze, chef pâtissier chez Pierre Gagnaire le formule ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Nous aimons connaître les gens, nous nous adaptons à ce qu’ils aiment. Et passer par une plate-forme va à l’encontre de cela, car nous sommes moins en contact direct avec les clients. »</p>
</blockquote>
<p>Les enquêtés se sont également exprimés sur quatre dimensions fondamentales de l’expérience gastronomique digitalisée : l’<em>informativité</em>, qui couvre les informations fonctionnelles acquises par les consommateurs tout au long du parcours ; le <em>divertissement</em>, qui se réfère au plaisir immédiat issu de l’expérience ; la <em>présence sociale</em>, qui fait référence à la chaleur et à la sociabilité ressenties lors de l’expérience ; et les <em>aspects sensoriels</em>, qui se rapportent aux qualités esthétiques des stimuli impliqués dans l’expérience.</p>
<h2>Pour quoi se donner du mal ?</h2>
<p>Celles-ci ont aussi été questionnées quantitativement auprès de 217 Français consommateurs de gastronomie. Nous avons pour cela créé un site fictif de commande en ligne d’un repas gastronomique.</p>
<p>L’étude confirme l’influence positive de la présence d’éléments verbaux et surtout visuels du site web sur l’évaluation de l’expérience gastronomique digitalisée. Les consommateurs considèrent que ce type d’expérience devrait à la fois provoquer des réactions cognitives (liées à l’informativité du site), affectives (en particulier, le divertissement), sociales et sensorielles.</p>
<p>De manière plus inattendue, les résultats indiquent que les impressions sont influencées positivement par les étapes de réchauffage et de dégustation des plats, mais qu’elles sont influencées négativement par la commande en ligne. Autre résultat surprenant, bien que les chefs et experts interrogés dans l’étude qualitative aient déclaré se donner beaucoup de mal pour rendre extraordinaire le moment de déballage du paquet, les consommateurs ne semblent prêter que peu d’attention à cet aspect. En somme, leur attention semble davantage focalisée sur les difficultés liées à la commande en ligne.</p>
<h2>Le chef, et seulement le chef</h2>
<p>Ces dernières années, les chefs ont compris l’intérêt de communiquer sur les réseaux sociaux afin d’attirer les clients et de créer des liens pour les fidéliser. Le service de livraison apparaît comme un moyen supplémentaire de diversifier la clientèle. Nos recherches montrent en effet que le numérique permet au consommateur non habitué de se familiariser avec certains codes de la gastronomie. Cela l’incite par la suite à prendre la décision de vivre une expérience gastronomique dans un restaurant.</p>
<p>Ce service semble finalement répondre au désir d’immédiateté et de simplicité de l’individu post-moderne. Mais cela suppose que la navigation sur le site de commande en ligne soit une expérience agréable. Les chefs doivent prendre conscience qu’il ne s’agit pas seulement de proposer un service de livraison, mais qu’il faut penser le digital comme une expérience gastronomique totalement intégrée.</p>
<p>Les chefs semblent devoir mettre en avant leurs plats comme des œuvres d’art et exprimer leurs valeurs via des éléments visuels et verbaux dont nos travaux ont montré l’influence. Nous suggérons même d’inclure des vidéos à chaque étape du parcours client. Et le choix des contenus ne doit pas être laissé aux concepteurs de sites, car seul le chef est à même de transmettre à ses clients l’expérience gastronomique qu’il souhaite leur offrir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181290/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eline Jongmans a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche dans le cadre du programme "Investissements d’avenir" (ANR-15-IDEX-02) ainsi que des financements liés à des appels à projets de l'Université Grenoble Alpes (ex. Initiatives de Recherche Stratégiques ).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maud Dampérat est membre de la Chaire Transition Alimentaire de l'Université Lyon 2 et de l'Institut Paul Bocuse. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florence Jeannot, Marielle Salvador et Mariem El Euch Maalej ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les grands chefs restent dans l’ensemble réticents, mais les nouvelles pratiques en ligne présentent pourtant des opportunités pour conquérir de nouveaux clients !Florence Jeannot, Associate Professor in Marketing, INSEEC Grande ÉcoleEline Jongmans, Maitre de conférences en marketing, Université Grenoble Alpes (UGA)Marielle Salvador, Enseignant chercheur, comportement du consommateur, marketing de l'alimentation, Institut Paul Bocuse Mariem El Euch Maalej, Associate professor of marketing, PSB Paris School of BusinessMaud Dampérat, Professeur, Université Lumière Lyon 2 Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1803472022-04-04T18:35:57Z2022-04-04T18:35:57ZVidéo : « Et si… la technologie nous rendait immortels ? »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/456100/original/file-20220404-9425-1ria8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1917%2C1077&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Capture d'écran de la vidéo : « Et si la technologie nous rendait immortels »</span> <span class="attribution"><span class="source">Anthony Barthélémy / Universcience / The Conversation France </span></span></figcaption></figure><figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/1eHKLnhaxWs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Et si… la technologie nous rendait immortels ?</span></figcaption>
</figure>
<p>Les premières applis permettant de « converser » avec un proche disparu font leur arrivée sur le marché. Une véritable économie de l’« immortalité numérique » commence à poindre. Tout cela repose sur les progrès en intelligence artificielle, couplés à l’accès sans cesse étendu à nos données personnelles… Doit-on craindre le potentiel addictogène d’un monde virtuel où les êtres chers ne meurent jamais ?.. Les questions autour des enjeux éthiques de l’immortalité numérique sont posées à Laurence Devillers, professeure en intelligence artificielle à Sorbonne Université et chercheuse CNRS et Laurent Bibard, philosophe, diplômé de Sciences Po Paris et directeur de la filière Management et philosophie à l’ESSEC.</p>
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<p><em>Réalisation : Anthony Barthélemy. Coordination éditoriale : Yseult Berger et Benoît Tonson. Production : Universcience, en partenariat avec The Conversation France 2022.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180347/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Créer des doubles virtuels immortels : quelles sont les conséquences sur notre rapport à la vie et à la mort ?Laurence Devillers, Professeur en Intelligence Artificielle, Sorbonne UniversitéLaurent Bibard, Professeur en management, titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité, ESSEC Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1749072022-01-16T17:18:01Z2022-01-16T17:18:01ZVidéo : « Et si… on arrêtait de travailler »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/440961/original/file-20220116-24-k7qa1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1917%2C1080&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Capture d'écran de la vidéo « Et si... on arrêtait de travailler »</span> <span class="attribution"><span class="source">Le blob, l’extra-média</span></span></figcaption></figure><p>Perte de sens, bullshit jobs, uberisation… Le plein emploi serait un mythe à déconstruire, selon le sociologue Raphaël Liogier, qui préfèrerait voir l’humain s’épanouir dans l’activité plutôt que dans le productivisme. Mais parmi les organisations humaines, y a-t-il plus fort que le travail pour structurer sa personnalité et son rapport aux autres, interroge Frédérique Debout, psychologue et chercheuse ?</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/UwgYQK5aBZo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Et si… on arrêtait de travailler/Le blob, l’extra-média.</span></figcaption>
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<p><em>Réalisation : Anthony Barthélémy. Coordination éditoriale : Yseult Berger, Benoît Tonson. Production : Universcience, en partenariat avec The Conversation France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174907/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans cette nouvelle vidéo, un sociologue et une psychologue s’interrogent sur la nature même du travail, faut-il l’abolir ou plutôt le changer ?Frédérique Debout, Maîtresse de conférences en psychopathologie et psychodynamique du travail, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Raphaël Liogier, professeur en Sociologie, Sciences Po AixLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1743472022-01-10T19:55:34Z2022-01-10T19:55:34ZLa carte la plus précise de la Voie Lactée s'enrichit encore<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/440097/original/file-20220110-19-6i1dq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4233%2C2367&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'astrométrie permet de dresser des cartes du ciel.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Jztmx9yqjBw">Ryan Hutton/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’Agence spatiale européenne (ESA) vient de sortir la dernière version de la carte la plus précise de la Voie Lactée. </p>
<p>Outre la position des étoiles, leur mouvement, leur brillance et leur couleur, elle contient de plus en plus de détails sur leurs propriétés physiques comme leur température de surface, leur composition chimique, leur âge notamment, qui permettent d'aborder des grandes questions scientifiques. </p>
<p>Ces informations permettent de comprendre l'histoire de notre galaxie, et en particulier l'impact des mécanismes d’accrétion (ou de «fusion») de galaxies naines sur la formation et l'évolution de la Voie Lactée. Ce nouveau catalogue offre également le plus grand catalogue d’<a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/voie-lactee-etoiles-binaires-sont-partout-autour-nous-85926/">étoiles binaires</a>, donne les propriétés de millions d'étoiles variables, des informations sur la <a href="https://theconversation.com/explorer-lecosysteme-interstellaire-116016">matière interstellaire</a>, mais aussi les caractéristiques d’<a href="https://theconversation.com/retour-de-la-sonde-hayabusa-2-sur-terre-de-la-poussiere-dastero-de-plein-les-yeux-145144">astéroïdes dans le système solaire</a> et celles de galaxies et quasars dans l'Univers très lointain. </p>
<p>Il offre ainsi une moisson de données utiles à tous les champs disciplinaires de l'astrophysique.</p>
<p>Le satellite astrométrique Gaia de l’Agence spatiale européenne a été lancé le 19 décembre 2013. Il opère depuis un balayage systématique du ciel dans le but de le cartographier, pour une durée initialement prévue de 5 ans. Les conditions technologiques permettant le fonctionnement de la mission étant toujours opérationnelles, elle sera poursuivie jusqu’en 2025.</p>
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<a href="https://theconversation.com/recenser-toutes-les-etoiles-dans-le-voisinage-du-soleil-162947">Recenser toutes les étoiles dans le voisinage du Soleil</a>
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<p>L’astrométrie est la branche la plus ancienne de l’astronomie, qui vise à mesurer les positions et les mouvements des astres. Sur la voûte céleste, on ne mesure évidemment pas les distances à l’aide d’un mètre, tout se traduit par une mesure d’angle, entre deux astres, ou entre un astre et une position de référence définie sur le ciel. La force de Gaia est sa capacité à mesurer des angles minuscules. Doté de deux télescopes dont la position relative est très stable, ainsi que d’un détecteur à 1 million de pixels, et situé en dehors de l’atmosphère terrestre qui brouille l’observation, le satellite Gaia peut ainsi résoudre des détails angulaires aussi petits que trois milliardièmes de degrés (la taille d’une pièce d’un euro vue depuis la Lune). Cette précision inégalée permet à Gaia de mesurer la position des étoiles et leur déplacement sur la voûte céleste, et d’estimer leur distance par la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parallaxe#Mesure_de_distance_des_astres_par_la_parallaxe_annuelle">méthode de la parallaxe</a>, pour presque deux milliards d’étoiles dans la Voie lactée.</p>
<p>Le déplacement de la Terre autour du Soleil en une année induit un mouvement apparent des étoiles, appelé effet de parallaxe. Ce déplacement apparent est inversement proportionnel à la distance de l’étoile : plus elle est proche, plus son déplacement semble grand, de la même façon que l’arbre à proximité de la voie ferrée semble plus se déplacer que la montagne éloignée pour le voyageur en train. L’étoile la plus proche, Proxima du Centaure, a un déplacement apparent qui couvre un angle très petit : prenons le degré, la petite graduation d’un rapporteur, et divisons-la par 5140, et nous aurons une idée de son déplacement apparent au cours de l’année.</p>
<h2>Une extraordinaire moisson de données</h2>
<p>Les données du satellite sont traitées au sol par le Data Processing and Analysis Consortium (DPAC), dans lequel de nombreuses équipes françaises sont impliquées à tous les niveaux de la chaîne de traitement des données. Il en ressort des <a href="http://cdsweb.u-strasbg.fr/gaia">catalogues successifs</a>, appelés DR pour « data release », qui sont publiés au cours de la mission : DR1 en septembre 2016, DR2 en avril 2018, puis DR3 en juin 2022.</p>
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<figcaption><span class="caption">Découvrez les cartes du ciel présentées par Céline Reylé à l’observatoire de Besançon, Des observatoires astronomiques (Lieux de Science épisode 1, Grand Labo).</span></figcaption>
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<p>Les trois premiers catalogues ont déjà impacté fortement tous les champs de la discipline astrophysique, avec près de 5 000 résultats publiés dans des revues scientifiques spécialisées (découvertes de nouveaux astres par milliers tels que des naines blanches, des naines brunes, des astéroïdes…). Chaque nouveau catalogue offre la promesse de nouvelles découvertes. Il apporte une précision, une exactitude et une homogénéité qui constituent des avancées majeures dans la connaissance de la Voie lactée, et au-delà.</p>
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<a href="https://theconversation.com/on-peut-enfin-voir-le-trou-noir-au-centre-de-notre-galaxie-et-cest-un-exploit-182982">On peut enfin voir le trou noir au centre de notre galaxie et c’est un exploit</a>
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<h2>Un long chemin entre les observations et les données publiées</h2>
<p>La production de chaque catalogue est un projet à part entière. Il apporte un nouveau niveau de complexité qui demande la conception et la mise en œuvre de méthodes innovantes dans le traitement des données. Les raisons en sont l’augmentation du nombre d’observations à traiter, la production de nouveaux paramètres astrophysiques à chaque version, ainsi que l’amélioration de la précision des mesures qui nécessite de considérer des effets de plus en plus fins.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/440094/original/file-20220110-21-1qas2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440094/original/file-20220110-21-1qas2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=162&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440094/original/file-20220110-21-1qas2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=162&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440094/original/file-20220110-21-1qas2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=162&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440094/original/file-20220110-21-1qas2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=203&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440094/original/file-20220110-21-1qas2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=203&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440094/original/file-20220110-21-1qas2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=203&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Densité d’étoiles sur la voûte céleste observées par Gaia, à gauche, et prédite par le modèle de la Voie lactée utilisé dans le simulateur de Gaia, basé sur le modèle de la Galaxie de Besançon, à droite. Les régions de plus forte densité, dans le centre de la Voie lactée et le plan galactique, sont représentées en rouge. Celles de plus faible densité sont en bleu.</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Reylé, Gaia DPAC, ESA</span></span>
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<p>Enfin, chaque catalogue exige la validation de données plus nombreuses et plus précises, par exemple en comparant avec d’autres observations ou avec des simulations calculées à partir de modèles. Ainsi, plus de deux années s’écoulent entre le moment où les dernières observations sont acquises et la livraison du catalogue à la communauté scientifique (pour être plus précis, le catalogue est libre d’accès à tous, pas seulement les scientifiques, même si ce sont eux surtout qui vont l’exploiter).</p>
<h2>L’aventure continue</h2>
<p>Le DPAC travaille maintenant à la production de DR3 dont la publication est prévue au printemps 2022. Il sera suivi de deux autres, DR4 fin 2025 et DR5 fin 2030. Un saut supplémentaire sera effectué avec ces derniers catalogues, avec de nouveaux produits ajoutés. DR3 sera ainsi complété par des paramètres physiques tels que la température, le rayon, la masse…) de 300 millions d’étoiles, des courbes de lumière de sept millions d’étoiles variables, des paramètres orbitaux d’étoiles binaires, des classifications morphologiques de deux millions de galaxies et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Quasar">quasars</a>, un catalogue dédié aux Nuages de Magellan. DR4 quant à lui s’accompagnera du catalogue très attendu de dizaines de milliers d’exoplanètes, principalement des planètes géantes gazeuses.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174347/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Céline Reylé ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le satellite Gaia permet de dresser des cartes extrêmement précises de notre galaxie, et d'étudier notamment sa formation ou des exoplanètes.Céline Reylé, Astronome à l'Institut UTINAM, Observatoire des Sciences de l'Univers THETA Franche-Comté Bourgogne., Université de Franche-Comté – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1652062021-08-09T17:49:54Z2021-08-09T17:49:54ZQuand les expériences de réalité virtuelle donnent envie de voyager…<p>Si on en croit l’Organisation mondiale du tourisme, <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/tourisme-de-masse-manne-ou-calamite">95 % des touristes mondiaux se concentrent sur 5 % des terres</a> émergées. Cela n’est pas sans <a href="https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284422197">risques</a> : saturation, pression sur les infrastructures, cohabitation difficile avec les habitants…</p>
<p>A contrario, de nombreux territoires restent par ailleurs privés des bienfaits du tourisme. Ceux-ci semblent toutefois profiter de la crise sanitaire. Depuis l’apparition du nouveau coronavirus, les voyageurs ont privilégié le tourisme domestique et des régions peu fréquentées. Recherche d’expériences authentiques en pleine nature et activités en plein air, ont été plébiscitées à l’été 2020.</p>
<p>En France, par exemple, le département de l’Aveyron a enregistré une <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/aveyron/rodez/aveyron-succes-du-tourisme-vert-pleine-crise-du-coronavirus-1865416.html">hausse de 14 %</a> de la fréquentation touristique au mois de juillet, par rapport à 2019 ; dans la Creuse, la fréquentation des familles françaises a <a href="https://www.lamontagne.fr/bordeaux-33000/actualites/le-covid-19-a-plombe-la-saison-touristique-en-limousin-comme-partout-en-nouvelle-aquitaine_13845746/">bondi de 23 %</a>.</p>
<p>Selon le <a href="https://wttc.org/Portals/0/Documents/Reports/2021/Global%20Economic%20Impact%20and%20Trends%202021.pdf">World Travel & Tourism Council</a>, ces tendances persisteront à court terme. Ce nouvel intérêt des touristes ouvre des perspectives pour des territoires jusqu’à présent peu fréquentés. À ce sujet, nos travaux suggèrent que les nouvelles technologies peuvent leur permettre de doper leur attractivité.</p>
<h2>Des monuments, des paysages, mais une faible fréquentation…</h2>
<p>Notre <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02507519/">étude</a> a porté sur la ville égyptienne de <a href="http://egypt.travel/fr/regions/nile-valley/el-menya">El Minya</a> qui occupe la troisième place, après <a href="https://egymonuments.gov.eg/en/world-heritage/ancient-thebes-and-its-necropolis">Louxor</a> et <a href="https://egymonuments.gov.eg/archaeological-sites/giza-plateau/">El Giza</a>, au classement des endroits riches en monuments. On y trouve des édifices pharaoniques, gréco-romains, islamiques mais aussi coptes ainsi que des musées et des châteaux. Les visiteurs profitent également de l’alternance de paysages magnifiques entre sites urbains, terres agricoles et désert, que l’on peut parcourir en bateau sur le Nil.</p>
<p>Malgré ces atouts, la publicité en Égypte et à l’étranger sur le gouvernorat de El Minya reste inexistante et l’endroit demeure peu fréquenté.</p>
<p>Notre enquête quantitative a été menée en 2019 auprès de 341 personnes de nationalité égyptienne, afin d’identifier les conditions d’efficacité du fait de vivre une expérience virtuelle de l’endroit pour décider les individus à s’y rendre.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=362&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=362&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=362&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=455&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=455&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413762/original/file-20210729-25-1d885qm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=455&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Certains enquêtés ont eu affaire à ce site Internet.</span>
<span class="attribution"><span class="source">capture d’écran</span></span>
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<p>Chacun des répondants a visité une des six versions des sites Internet créés pour El Minya. Celles-ci se différenciaient uniquement par leur degré d’interactivité et de vivacité. Des <a href="https://phdmontvr-4.jimdofree.com/">photos</a> ou des vidéos ou des <a href="https://phdmontvr-1.jimdofree.com/">visites virtuelles en 3D</a> pour les attractions touristiques étaient parfois incluses.</p>
<h2>Vivre l’ambiance</h2>
<p>Il en ressort que les touristes semblent apprécier vivre une expérience virtuelle avant de choisir une destination.</p>
<p>Certes, l’expérience peut varier d’un individu à l’autre : les caractéristiques personnelles (par exemple la préférence pour les informations visuelles, l’implication envers le voyage, la familiarité avec la technologie…) influencent l’intensité de cette expérience. Une tendance se dégage cependant.</p>
<p>En créant une expérience de « téléprésence », vidéos interactives et visites virtuelles en 3D déclenchent des états affectifs positifs, influencent positivement la valeur perçue de la destination et accroissent l’intention de visite. À l’inverse, les sites qui ne présentent que des photos en 2D ont suscité peu d’envie de visiter la destination.</p>
<p>Pour aller plus loin, des entretiens semi-directifs ont permis d’identifier les raisons de la préférence pour les visites virtuelles. Différents avantages ont été mis en avant par les enquêtés :</p>
<blockquote>
<p>« Avec la 3D, vous voyagez sur le site sans bouger de chez vous. »</p>
<p>« La 3D nous montre tout ce qui arrivera sur place. Grâce à la 3D, les choses sont plus concrètes, comme si elles étaient réelles. »</p>
<p>« Les visites en 3D sont très utiles, car on peut s’imaginer en pratiquant les activités disponibles. Si je me sens heureux pendant cette expérience en ligne, bien sûr je visiterai cette destination. »</p>
</blockquote>
<p>Faire ressentir les sensations d’une balade en pleine nature, sur mer, en milieu rural ou vivre l’ambiance de la production de produits locaux grâce à des vidéos à 360° ou des visites en 3D facilitent ainsi la prise de décision.</p>
<h2>Nouvelles perspectives</h2>
<p>L’utilisation de tels outils se développe et selon un <a href="https://www.bloomberg.com/press-releases/2020-02-13/augmented-reality-and-virtual-reality-ar-vr-market-size-is-expected-to-reach-usd-571-42-billion-by-2025-valuates-reports">rapport de Bloomberg</a>, publié le 13 février 2020, les produits de réalité virtuelle et de réalité augmentée représenteront d’ici 2025 un marché mondial de plus de 571,42 milliards de dollars.</p>
<p>Même s’il est difficile de prédire les comportements des touristes après la crise sanitaire, il semble indispensable pour le secteur de capitaliser sur l’évolution récente des comportements et d’aller dans le sens d’une utilisation croissante du numérique.</p>
<p>Les ventes d’outils de réalité virtuelle s’avèrent actuellement en hausse. Ils reflètent l’intérêt croissant des touristes mondiaux pour les expériences immersives et ouvrent de nouvelles perspectives aux destinations touristiques peu fréquentées.</p>
<p>De nombreux pays ont désormais mis en place des politiques et des plans visant à développer le <a href="https://www.unwto.org/fr/le-tourisme-dans-le-programme-2030">tourisme durable à l’horizon 2030</a>. Le <a href="https://www.nationalgeographic.com/travel/article/undertourism-overtourism-sustainable-destinations">« sous-tourisme »</a> est même devenu une tactique suscitant un intérêt croissant des marketeurs. Il s’agit d’encourager les voyageurs lassés par les destinations bondées à choisir des destinations touristiques moins fréquentées comme alternative. Nos travaux montrent que la réalité virtuelle semble un moyen efficace pour parvenir à cette fin.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165206/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>D’après une étude, pouvoir visiter virtuellement un endroit motive les touristes à prendre la décision de s’y rendre. Cela semble ouvrir des perspectives pour les territoires les moins visités.Yasmine Hashish, PHD- Lecturer at Faculty of Mass Communication, Cairo University, Cairo UniversityMarie-Christine Lichtlé, Professeur des Universités, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1647472021-07-22T23:42:33Z2021-07-22T23:42:33ZPourquoi et comment certaines vidéos deviennent virales<p>Comment les professionnels du marketing peuvent-ils rendre leurs médias viraux ? Notre <a href="https://www.researchgate.net/publication/341419251_Cross-Platform_Spillover_Effects_in_Consumption_of_Viral_Content_A_Quasi-Experimental_Analysis_Using_Synthetic_Controls">recherche</a>, publiée en mai 2020 dans la revue <em>Information Systems Research</em>, permet d’apporter plusieurs réponses à cette question.</p>
<p>Tout d’abord, nous avons découvert que publier des vidéos sur de <a href="https://www.emorybusiness.com/2020/09/25/why-posting-to-multiple-channels-drives-virality-of-online-videos/">multiples plates-formes en ligne les rendait plus virales</a>. Par exemple, si une vidéo publiée sur YouTube devient virale, la poster un peu plus tard (comme 10 jours après) sur une autre plate-forme telle que Vimeo contribue à diffuser encore davantage la vidéo sur la plate-forme centrale qu’est YouTube.</p>
<p>Ainsi, au lieu de cannibaliser l’attention à travers ces diverses plates-formes, proposer le média au public sur une nouvelle plate-forme encourage le bouche-à-oreille, qui finit par revenir vers la plate-forme centrale. Par exemple, le public de Vimeo peut communiquer avec les utilisateurs de YouTube et les pousser à voir ou à partager l’article.</p>
<p>Les professionnels du marketing et les créateurs de contenu peuvent donc stimuler cette viralité en établissant une stratégie omnicanal. En effet, le constat s’applique aux canaux comme Facebook, Instagram ou Snapchat : publier le a de grandes chances de stimuler l’intérêt pour ce contenu sur chaque canal individuel, au lieu d’atteindre un point de saturation qui doit être réparti à travers les plates-formes.</p>
<h2>Question de personnalité</h2>
<p>Mais la stratégie de diffusion n’est pas le seul déterminant de la viralité d’une vidéo : le type de contenu joue évidemment lui aussi un rôle décisif, tout comme la personnalité qui l’incarne.</p>
<p>Dans nos recherches, nous nous sommes concentrés sur des personnalités dans les vidéos orientées « discours », comme les chaînes TED Talks, Big Think et Fortune 500, mais aussi IBM, Wells Fargo et Apple. Nous avons utilisons le traitement automatique du langage naturel pour identifier 5 traits de caractère : l’ouverture à l’expérience, la conscienciosité, l’extraversion, l’agréabilité et le névrosisme, des éléments largement étudiés dans la littérature psychologique.</p>
<p>Il ressort que la meilleure combinaison semble être un mélange d’agréabilité faible et de névrosisme élevé. Cela peut paraître surprenant, car le cocktail de traits individuels inverse, agréabilité élevée et névrosisme faible, paraît plus positif.</p>
<p>Toutefois, il s’avère que la nature agressive des vidéos désagréables, qui remettent en question l’opinion des spectateurs, et le névrosisme, souvent associé au fait d’être passionné par un sujet, sont plus efficaces. Par opposition, les contenus désagréables sans passion ou les médias passionnés et agréables, mais sans véritable défi, sont bien moins efficaces que la combinaison mentionnée plus haut.</p>
<p>Pour illustrer ce phénomène, prenons deux TED Talks. Le premier s’intitule « Trois mythes sur l’avenir du travail (et pourquoi ils ne sont pas vrais) » et le deuxième « Comment inspirer les enfants à lire toute leur vie ». S’il existe des similitudes entre ces vidéos, comme le bénéfice du même public TED et un compte de vues presque identique pendant les premiers jours, sur le long terme, la première vidéo s’avère bien plus performante.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/2j00U6lUC-c?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">3 myths about the future of work (and why they’re not true) | Daniel Susskind (TED, 2018).</span></figcaption>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ERSZb2wHFDw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">How to inspire every child to be a lifelong reader | Alvin Irby (TED, 2018).</span></figcaption>
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<p>Bien que les deux conférenciers soient remarquablement passionnés, la première vidéo est plus désagréable, comme peut le suggérer son titre provocateur. Ainsi, davantage de confrontation peut s’avérer plus efficace si elle est associée aux émotions du névrosisme.</p>
<h2>Une arme contre les « fake news »</h2>
<p>Ces découvertes montrent qu’il existe des outils et des stratégies efficaces à destination des marketeurs pour promouvoir plus efficacement le contenu numérique. Par exemple, il suffit de connaître le degré d’exposition des cinq traits de personnalité mentionnés plus haut dans une vidéo pour prédire, avec une précision de 72 %, si des vidéos auront des performances supérieures à la moyenne comparable. De plus, les vidéos associées aux personnalités hautement performantes peuvent s’attendre à une hausse de 15 % de consommation cumulative par rapport aux vidéos avec des personnalités faiblement performantes.</p>
<p>Dans l’ensemble, nos travaux suggèrent en outre que l’analyse empirique peut effectivement contribuer à générer du contenu plus populaire, mais aussi à l’anticiper et à le développer. Ainsi, le processus créatif, souvent considéré comme purement intuitif et artistique, peut bénéficier d’un coup de pouce de « <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3366561">l’ingénierie de contenu</a> », qui incorpore une approche empirique au développement du contenu, ou de l’analyse empirique soutenue par des méthodes d’apprentissage automatique.</p>
<p>Il est vrai que cette viralité peut ne pas toujours être utilisée pour transmettre du contenu authentique ou socialement juste. Des plates-formes telles que YouTube ou Facebook pourraient donc elles-mêmes également examiner particulièrement les contenus impliquant des éléments hautement performants (des associations d’agréabilité faible et de névrosisme élevé, ou une présence sur diverses plates-formes différentes) afin de s’assurer de la véracité de ce genre de contenu en particulier. Cela pourrait notamment constituer une nouvelle arme contre les « fake news ».</p>
<hr>
<p>_Cette contribution, adaptée de sa version publiée en anglais sur le site <a href="https://www.hec.edu/en/knowledge/articles/when-videos-become-viral-why-how-and-what-consequences">Knowledge@HEC</a>, s’appuie sur les articles de recherche « <a href="https://pubsonline.informs.org/doi/abs/10.1287/isre.2019.0897">Cross-Platform Spillover Effects in Consumption of Viral Content</a> » et « <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3366561">Personality-Based Content Engineering</a> » de Haris Krijestorac, Rajiv Garg</p>
<p>(Goizueta Business School, Emory University) et Maytal Saar-Tsechansky</p>
<p>(University of Texas)_.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164747/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Haris Krijestorac ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une recherche montre que les contenus présentant des messages désagréables et mis en ligne sur de multiples plates-formes sont davantage susceptibles de faire le buzz.Haris Krijestorac, Assistant Professor, Information Systems, HEC Paris Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1634542021-07-05T18:13:25Z2021-07-05T18:13:25ZStreaming en direct : pourquoi tout le monde (même les politiques) se rue sur Twitch<p>Dédiée au live-streaming, la plate-forme Twitch – propriété de la multinationale américaine Amazon <a href="https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/08/25/32001-20140825ARTFIG00329-amazon-racheterait-twitch-pour-un-milliard-de-dollars.php">depuis 2014</a> – permet à ses usagers de produire et diffuser des vidéos en direct. Cette dernière a reçu un coup de projecteur début 2021 avec l’émission matinale « La Matinée est Tienne » de <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/29/twitch-pourquoi-tant-d-amour-pour-samuel-etienne_6068128_4408996.html">Samuel Étienne</a>. La revue de presse du journaliste de France Télévision, portée par son succès retentissant, a fait connaître Twitch au-delà de son public habituel d’amateurs de jeux vidéo.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1373018255296724997"}"></div></p>
<p>Les interventions répétées de personnalités politiques sur la plate-forme alimentent également les interrogations sur Twitch et son contenu. On peut citer pêle-mêle l’entretien de <a href="https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/francois-hollande-jean-castex-pourquoi-les-politiques-vont-ils-sur-twitch-1298093">François Hollande, puis de Jean Castex</a>, tous deux invités par Samuel Étienne, la chaîne Twitch créée par Gabriel Attal avec son <a href="https://www.francetvinfo.fr/politique/jean-castex/gouvernement-de-jean-castex/trois-questions-sur-sans-filtre-la-nouvelle-emission-lancee-sur-twitch-par-le-gouvernement_4310429.html">émission #SansFiltre</a>, les interventions organisées par un <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/projet-de-loi-climat-des-deputes-ecologistes-lancent-deux-semaines-de-debat-sans-filtre-sur-twitch_4353007.html">groupe de députés écologistes</a> au sujet de la Loi climat, ou plus récemment la rencontre entre les deux députés Denis Masséglia (LREM) et Ugo Bernalicis (LFI).</p>
<p>Alors qu’est-ce que Twitch, cette plate-forme qui attire des publics de plus en plus éclectiques ?</p>
<h2>De Justin.tv à Twitch : une plate-forme initialement dédiée au jeu vidéo</h2>
<p>Si on ne peut plus réduire les usagers de Twitch <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/twitch-cest-plus-que-du-jeu-1321827">aux seuls joueurs de jeux vidéo</a>, il faut reconnaître que ceux-ci ont fortement marqué les premiers temps du live-streaming. Le nom même de la plate-forme vient du champ lexical de la création vidéoludique. Les développeurs nomment <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Twitch_gameplay">« twitch gameplay »</a> une mécanique de jeu qui impose des réactions quasiment instantanées à ce qui se passe à l’écran. Ce qualificatif est tout particulièrement associé aux jeux vidéo de tir comme <em>Counter Strike</em> ou multijoueurs comme <a href="https://www.lepoint.fr/sport/tout-comprendre-du-phenomene-league-of-legends-19-05-2018-2219723_26.php"><em>League of Legends</em></a>.</p>
<p>Un rapide coup d’œil sur l’histoire de la plate-forme indique que le nom n’a probablement pas été choisi au hasard. Twitch était initialement la section dédiée aux jeux vidéo d’une plate-forme de diffusion appelée <a href="https://www.numerama.com/tech/535145-au-fait-pourquoi-twitch-sappelle-twitch.html">Justin.tv</a>, désormais disparue. La plate-forme prend son essor à partir de 2011 jusqu’à s’imposer sur le marché du live-streaming, surtout en Europe et en Amérique.</p>
<p>En France, les premiers streamers ont utilisé d’autres plates-formes que Twitch, comme <a href="https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/dailymotion-games-portail-streaming-dedie-jeu-video-n38635.html">Dailymotion</a> qui les rémunérait – plutôt généreusement pour l’époque – en fonction du temps de diffusion de publicité. Ce modèle économique lié aux annonceurs publicitaires est d’ailleurs toujours en vigueur sur d’autres plates-formes médiatiques comme Twitch ou YouTube, en complément d’<a href="https://www.numerama.com/business/425336-combien-dargent-gagne-t-on-sur-twitch-un-streamer-du-top-10-detaille-ses-revenus.html">autres modes de rémunération possibles pour les créateurs de contenus</a>.</p>
<p>Twitch est actuellement devenu le <a href="https://www.lesechos.fr/weekend/business-story/comment-twitch-est-devenu-le-roi-du-streaming-en-direct-1320453">site de live-streaming le plus utilisé</a>. L’étude des pratiques des streamers – dont certains sont usagers de la plate-forme depuis près de dix ans – est donc particulièrement intéressante. Les performances médiatiques que l’on observe actuellement sur Twitch ne ressemblent plus vraiment à celles d’il y a une dizaine d’années. Beaucoup de choses ont changé depuis les premiers temps du live-streaming, où les transmissions en direct pouvaient fréquemment pâtir des capacités réduites des connexions Internet. Avec le déploiement de l’ADSL, puis de la fibre, les possibilités du streaming se sont accrues, nécessitant un savoir-faire technique toujours plus complexe.</p>
<h2>Le streamer : un spécialiste de la technique et du spectacle</h2>
<p>Les compétences fondamentales des streamers relèvent de la maîtrise de supports informatiques, mais aussi de <a href="https://help.twitch.tv/s/article/recommended-software-for-broadcasting?language=fr">logiciels indispensables</a>. Le « set up », ou matériel, comporte généralement un ordinateur avec deux écrans, une caméra et un microphone. De plus, la gestion des fonctionnalités de logiciels additionnels et des paramètres de la plate-forme Twitch est déterminante. Streamer, c’est produire et diffuser instantanément une captation audiovisuelle, sous les yeux d’un public qui est là – et qui réagit – en même temps que l’on transmet sa vidéo.</p>
<p>Première étape nécessaire sur Twitch : <a href="https://help.twitch.tv/s/article/creating-an-account-with-twitch?language=fr">se créer un compte</a>. Celui-ci permet non seulement de regarder et participer aux streams en direct, mais aussi de lancer son propre live. La plate-forme agit donc comme un intermédiaire ou plutôt un agent de médiation qui capte, enregistre et hiérarchise les données de ses usagers en temps réel. Ce fonctionnement est à la base du modèle économique de la plate-forme, déjà mis en évidence par les chercheurs <a href="https://journals.openedition.org/ticetsociete/3540">Vincent Bullich et Benoît Lafon à propos de la plate-forme française Dailymotion</a>.</p>
<p>La deuxième étape complexifie déjà les choses : utiliser seulement Twitch ne suffit pas pour lancer un stream en direct. Il faut recourir à un logiciel de diffusion, comme <a href="https://www.twitch.tv/creatorcamp/fr-fr/twitch-music-getting-started/music-on-twitch-broadcasting-software/">Twitch Studio</a> ou <a href="https://www.xsplit.com">XSplit</a> ou encore <a href="https://obsproject.com">OBS</a>. Ces logiciels permettent la diffusion simultanée de différents flux audiovisuels qui proviennent de la captation de l’écran du jeu vidéo, de la webcam, ainsi que d’un ensemble d’autres incrustations possibles à l’écran comme une bannière, le logo d’un sponsor, le chat diffusé en direct…</p>
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<p>Il existe des tutoriels conçus par les streamers eux-mêmes à destination des néophytes qui souhaitent s’initier aux arcanes de l’élaboration d’un stream. Ils y expliquent notamment comment créer ses « overlays » ou ses « scènes » qui désignent la configuration des éléments visuels présents à l’écran lors de la diffusion en direct. Cette deuxième étape – bien plus laborieuse que la première – produit un feuilletage d’éléments visuels qu’il est possible d’organiser en amont, mais aussi de modifier à loisir lors du stream en direct.</p>
<p>Enfin, il est possible de mentionner brièvement une troisième étape qui consiste à <a href="https://www.lesechos.fr/weekend/business-story/trois-questions-a-zerator-star-de-twitch-1320460">produire des vidéos à partir de l’enregistrement du stream</a> et à les mettre en ligne sur YouTube. Elles y sont alors accessibles à tout moment pour les spectateurs qui auraient manqué la diffusion en direct, ce qui constitue un espace de médiatisation complémentaire <em>a postiori</em>.</p>
<h2>Le streaming en direct : une grammaire audiovisuelle à maîtriser</h2>
<p>Il suffit d’ouvrir la page d’accueil de Twitch pour avoir un aperçu du défi de lecture et de compréhension qu’implique le visionnage d’un stream. Par leurs tentatives plus ou moins réussies et leurs expériences, les streamers ont élaboré au fil des années ce qu’on pourrait qualifier de « grammaire », en empruntant ce mot à <a href="https://www.arche-editeur.com/livre/le-gai-savoir-de-lacteur-163">Dario Fo</a> quand il évoque la grammaire du masque des acteurs de la <em>Commedia dell’arte</em>. Les streamers se sont dotés de tout un bagage de connaissances qui constituent « un trésor accumulé, fixé par la pratique d’une infinité de représentations », pour reprendre les mots du grand dramaturge italien dans <em>Le Gai savoir de l’acteur</em> à propos des praticiens du théâtre d’improvisation. Cette grammaire relève de différentes strates de savoirs qui permettent de mieux comprendre ce qu’est le live-streaming.</p>
<p>Tout d’abord, il s’agit d’une grammaire gestuelle relative à la façon de se montrer lors d’un stream en direct. Il y a des manières d’annoncer un stream, de se présenter, de gérer la webcam, de parler, d’agir et de réagir dans ce contexte particulier où on est tout à la fois un joueur de jeu vidéo et un animateur. Cela nécessite pour le streamer des capacités d’oscillation de l’attention entre l’écran du jeu vidéo et celui du stream, en <a href="https://www.cairn.info/revue-television-2020-1-page-141.htm">particulier avec le chat qui constitue souvent un élément important de la performance de live-streaming</a>. Cette grammaire est également discursive : elle apparaît au sein du chat, mais aussi graphiquement quand on s’intéresse à la construction visuelle de l’écran. Elle réside, entre autres, dans des signes et un <a href="https://www.franceinter.fr/societe/les-dix-mots-cle-a-connaitre-pour-survivre-sur-twitch-quand-on-est-un-boomer">lexique dont la signification peut être hermétique à un public non initié</a>.</p>
<p>Bien qu’aucun manuel du live-streaming n’ait encore été édité, on peut constater une forme de rationalisation des pratiques, selon des habitudes qui s’effacent ou s’ancrent durablement dans les usages des streamers et des publics. De nombreux tutoriels insistent ainsi sur l’<a href="https://www.gamekult.com/actualite/tout-savoir-pour-se-lancer-dans-le-streaming-conseils-matos-explications-3050794231.html">importance d’acquérir un matériel audio performant</a> : si un écran pixelisé est agaçant, un son qui grésille est considéré comme carrément rédhibitoire pour le spectateur.</p>
<h2>Twitch : un agent de médiation qui rassemble des communautés ?</h2>
<p>Certains prêtent à Twitch une forte dimension communautaire. En effet, la plate-forme est un agent de médiation qui permet aux individus de se constituer en tant que public et collectif. Les usagers partagent un répertoire de références communes, de plaisanteries récurrentes et d’expressions vernaculaires. En parallèle, des évènements rythment la temporalité des contenus diffusés sur Twitch, comme des compétitions d’Esports ou bien des actions à l’initiative des streamers comme le <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/10/19/z-event-le-marathon-de-jeux-video-recolte-5-7-millions-d-euros-pour-amnesty-international_6056580_4408996.html">très médiatisé <em>Z Event</em></a>, projet caritatif organisé par Adrien Nougaret et Alexandre Dachary. Chaque jeu vidéo, chaque streamer, chaque catégorie ou encore chaque évènement a ses habitudes et ses propres usages.</p>
<p>Toutefois, au-delà du discours sur <a href="https://www.twitch.tv/creatorcamp/fr-fr/connect-and-engage/">l’aspect communautaire mis en valeur par la plate-forme elle-même</a>, il est intéressant de réfléchir à l’expérience spectatorielle du streaming en direct, qu’il soit ou non lié au jeu vidéo. C’est peut-être là que se situe l’innovation médiatique de Twitch, en comparaison avec d’autres formes de direct présentes à la télévision, à la radio ou sur d’autres plates-formes numériques comme YouTube. Les contenus audiovisuels issus du live-streaming sont élaborés et diffusés sous les yeux d’un public doté de la possibilité de réagir instantanément. <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/02/16/dans-les-recoins-de-twitch-le-monde-touchant-des-streamers-sans-spectateur_6070182_4408996.html">Le streamer et ses spectateurs</a> sont là en même temps et dans un même espace.</p>
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<p>La spectatorialité du streaming est liée à cette situation de communication particulière : le spectateur regarde le stream, mais peut aussi écrire dans le chat et s’adresser directement au streamer et aux membres du public. Le streamer, de son côté, doit savoir composer avec ce qui arrive, improviser et rebondir immédiatement selon ce qui se passe et ce qu’il peut lire dans le chat. En tenant compte de la complexité des compétences médiatiques et communicationnelles nécessaires sur Twitch, on peut mieux saisir pourquoi certaines tentatives – comme celles de chaînes télévisuelles ou d’acteurs médiatiques historiquement distincts du monde du live-streaming – ne <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/lemission-sansfiltre-de-gabriel-attal-fait-grincer-des-dents_fr_603a1d4bc5b6d7794adf29da">parviennent pas à convaincre</a> les usagers ordinaires de la plate-forme.</p>
<p>En guise d’exemple et pour conclure, nous pouvons mentionner le <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/on-a-regarde-ces-deputes-jouer-a-league-of-legends-et-on-manque-clairement-de-vocabulaire_fr_60c3b23be4b08ecb9af99b59">récent affrontement qui a opposé Denis Masséglia (LREM) et Ugo Bernalicis (LFI) sur League of Legends</a>. La partie a été filmée sur plateau et commentée par des streamers reconnus. S’il faut admettre la bonne connaissance du jeu par les deux députés, cette double confrontation – à la fois vidéoludique et politique – interroge sur les nouveaux usages du live-streaming.</p>
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<p>On peut se questionner sur la façon dont Twitch devient un lieu de fixation d’expérimentations médiatiques qui, tout en affleurant le champ de la communication politique, ne se revendiquent pas comme telles. À l’inverse, de remarquables projets, initiés depuis plus longtemps, soulignent les enjeux politiques et sociaux au sens large qui se jouent sur Twitch. On peut penser à l’<a href="https://linktr.ee/afrogameuses">association Afrogameuses</a> qui œuvre à une <a href="https://start.lesechos.fr/societe/egalite-diversite/afrogameuses-veut-valoriser-les-joueuses-et-streameuses-noires-1269485">meilleure représentation des streameuses et gameuses noires</a> dans le secteur du jeu vidéo.</p>
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<p><em>Pauline Brouard est doctorante en Sciences de l’information et de la communication, au sein de l’école doctorale Concepts et Langages de Sorbonne Université, et rattachée au laboratoire du GRIPIC. Sa thèse, menée sous la direction de Joëlle Le Marec, s’intéresse à des thématiques relatives à l’anthropologie du numérique, les performances et les fictions médiatiques informatisées.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163454/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pauline Brouard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Mais qu’est-ce donc que la plate-forme Twitch et pourquoi tout le monde semble vouloir à tout prix y diffuser ses vidéos ?Pauline Brouard, Doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, spécialisée dans les cultures digitales et les nouveaux médias numériques, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1614752021-06-17T17:13:51Z2021-06-17T17:13:51ZNon, la médiation scientifique n’est pas politiquement neutre<p>En tant que champ d’activités reliant la science et la société, la « médiation scientifique » regroupe un large ensemble de pratiques au périmètre incertain et en permanente évolution. Et c’est tant mieux, car c’est ce qui la maintient vivante, dynamique et créative, capable de s’adapter aux évolutions du monde et aux transformations de la société. Dans ces conditions, est-il tout de même possible de la définir sans l’enfermer ?</p>
<p>On oppose par ailleurs parfois l’idée de « médiation scientifique » à celle de « vulgarisation scientifique », ramenant cette dernière à une pratique descendante et un peu prosélyte dont les préoccupations seraient centrées sur les contenus scientifiques et techniques, et décrivant à l’inverse la médiation comme une démarche d’émancipation intellectuelle et sociale, centrée sur le dialogue avec les publics et la clarification de l’opinion. La différence est-elle si tranchée et la distinction si facile à faire ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/peut-on-se-former-a-la-mediation-scientifique-130727">Peut-on se former à la médiation scientifique ?</a>
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<p>Pour répondre à ces questions, il n’est pas suffisant <a href="https://youtu.be/_o4D9GOVlIs">d’observer</a> simplement les pratiques existantes et de les regrouper selon une typologie réduite à la description de leurs formats. Car, comme le rappelait déjà le <a href="https://www.groupe-traces.fr">groupe Traces</a> en 2010 dans son manifeste <a href="https://www.groupe-traces.fr/les-10-ans-du-manifeste-revoluscience"><em>Révoluscience</em></a>, qui prônait alors une médiation scientifique « autocritique, émancipatrice et responsable », la communication publique de la science n’est pas neutre. Ni dans ses impacts, ni dans ses intentions ; ni dans les messages qu’elle promeut, ni dans les valeurs qu’elle propose ; ni dans les publics auxquels elle bénéficie ni dans la place de la science qu’elle installe dans la société.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406834/original/file-20210616-3582-bqe4kk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Médiation scientifique : quels impacts sur quels publics ? Quelles intentions des médiateurs et médiatrices, et de leurs institutions ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ph. Levy, EPPDCSI (Universcience)</span></span>
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<p>C’est pour tenter de contribuer au traitement de ces problématiques que j’ai lancé la chaîne de vidéos <a href="https://www.youtube.com/channel/UC7JvuT2QTmf_eKce7uwSEjA"><em>Savoirs en Société</em></a> il y a 18 mois. En toile de fond des réflexions qui y sont proposées, le souci de promouvoir la <a href="https://theconversation.com/la-moulinette-hacher-menu-les-projets-de-culture-scientifique-121412"><em>réflexivité</em></a> des praticien·nes de la médiation scientifique, c’est-à-dire leur autoanalyse et leur autocritique dans une perspective d’amélioration des pratiques.</p>
<p>Une vidéo, en particulier, s’attache à clarifier les relations entre les nombreuses actions de communication publique de la science et à articuler les concepts de <em>communication</em>, <em>vulgarisation</em> et <em>médiation</em> scientifiques. Elle présente un modèle simple qui permet à la fois de construire une typologie des actions et de faire émerger deux formes distinctes de médiation scientifique : une forme <em>épistémique</em> (relative aux savoirs, à ce que l’on <em>sait</em>) et une forme <em>axiologique</em> (relative aux valeurs, à ce à quoi l’on <em>tient</em>).</p>
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<figcaption><span class="caption">Un modèle pour comprendre la médiation scientifique. www.savoirs-en-societe.ch.</span></figcaption>
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<p>En réalité, et au-delà de la typologie qu’il propose, ce modèle permet surtout de construire un cadre réflexif invitant les scientifiques engagé·e·s dans de telles actions à s’interroger sur leur rapport aux publics et aux savoirs, voire même à réfléchir à leur trajectoire personnelle dans le diagramme auquel s’adosse le modèle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404820/original/file-20210607-121132-1o4sniv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une grille de lecture pour clarifier les relations entre les différentes formes de communication publique de la science.</span>
<span class="attribution"><span class="source">R.E. Eastes</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette vidéo, comme l’ensemble de la chaîne, place ses réflexions dans le cadre théorique des « études de sciences » ou <a href="https://journals.openedition.org/lectures/11775">STS</a> (pour <em>Science and Technology Studies</em>), à savoir la branche des sciences humaines et sociales qui étudie la science et la technologie. Inspirée par ces dernières, la chaîne ne se contente donc pas d’observer et de décrire les actions de communication publique depuis l’intérieur des sciences, au sens où elle ne circonscrit pas ses réflexions aux « contenus scientifiques à disséminer », aux « messages à faire passer » ou à la manière « d’améliorer l’image de la science ». Elle adopte au contraire un point de vue symétrique qui permet d’apprécier les enjeux et de décrypter les rouages des relations science-technologie-société dans leur globalité ; exactement comment le font les STS lorsqu’elles s’attachent aussi bien à décrire la manière dont la société agit (ou réagit) sur la science que la manière dont la science transforme la société.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/pYGWt7Nuh9E?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Comment traiter des controverses sociotechniques dans la médiation scientifique ? www.savoirs-en-societe.ch.</span></figcaption>
</figure>
<p>Cette posture, portée par un nombre croissant d’acteurs et actrices de la culture scientifique, privilégie naturellement les formes de médiation qui <a href="https://www.raccoursci.com/astuce/communication-scientifique-et-questions-socialement-vives/">mettent la science en discussion</a>, qui créent du lien social et donnent du <a href="https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2006-3-page-87.htm"><em>pouvoir d’agir</em></a> à leurs publics.</p>
<p>En ce sens, elle se démarque de formes de communication de la science plus archaïques qui se donnent pour mission d’instruire les foules ou de les éduquer à la rationalité, selon l’approche connue sous le nom de <a href="https://www.affairesuniversitaires.ca/opinion/a-mon-avis/il-est-temps-de-se-debarrasser-du-modele-du-deficit/">« deficit model »</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-jeux-de-discussion-comprendre-et-se-comprendre-67322">Les jeux de discussion : comprendre et se comprendre</a>
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<p>Elle se démarque plus encore des approches plus agressives de la communauté rationaliste hétéroclite agrégée au mouvement <a href="https://www.cairn.info/histoire-et-philosophie-des-sciences--9782361060398-page-269.htm">zététique</a> qui, sous couvert de <a href="https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/01/20/influenceurs-science-foucart/">défense de la raison</a>, finit souvent par <a href="https://www.cairn.info/revue-zilsel-2020-2-page-15.htm">instrumentaliser le rationalisme scientifique</a> à des fins idéologiques, visant notamment la promotion du progrès technologique à tout prix ainsi que la tribune <a href="https://nofake.science/tribune">#NoFakeScience</a> a récemment été <a href="http://www.enroweb.com/blogsciences/index.php?post/2019/09/13/Journalisme-scientifique-NoFakeScience">accusée de le faire</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/zeteticiens-et-autres-debunkers-qui-sont-ces-vulgarisateurs-2-0-139768">Zététiciens et autres « debunkers » : qui sont ces vulgarisateurs 2.0 ?</a>
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<p>À cet égard, la posture défendue par la chaîne <a href="https://www.youtube.com/channel/UC7JvuT2QTmf_eKce7uwSEjA"><em>Savoirs en Société</em></a> reste pour le moment assez représentative de celle d’une grande partie de la communauté des acteurs et actrices de la médiation scientifique. Très consciente des enjeux socio-éducatifs et socioculturels associés à une certaine manière de <a href="https://www.persee.fr/doc/spira_0994-3722_2000_num_26_1_1485">« mettre la science en culture »</a>, cette communauté a en effet largement tendance à éviter d’interroger la dimension <em>politique</em> de ses activités.</p>
<p>Non qu’elle ne se préoccupe pas de l’émancipation et de l’inclusion sociale des publics et des « non-publics » ! C’est même là l’une de ses <a href="https://www.estim-mediation.fr/formation/mediation-scientifique-et-inclusion-sociale/">principales préoccupations actuelles</a>, comme en atteste la variété des <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02320462">projets</a> et <a href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/11329">formations</a> qui s’en revendiquent. Si nous employons ici le terme <em>politique</em>, c’est dans un sens beaucoup plus fort : celui des rapports de force et de pouvoir qui sont, souvent malgré nous, perpétués et renforcés par nos efforts de diffusion de la culture scientifique. Qui produit le savoir ? Qui le partage ? Qui en choisit les thèmes et les méthodes ? Au véritable bénéfice de qui ?</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406873/original/file-20210616-15-7ywjk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Lutter contre l’autocensure vis-à-vis des sciences et des techniques : un atelier de créativité technique à l’Espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes (ESPCI Paris, Vᵉ arrondissement).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Association Traces</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Car le monde de la culture scientifique, très corporatiste et soudé autour de ses missions, apparaît particulièrement enclin à éluder les questions susceptibles de le diviser ; au risque de friser parfois la <a href="https://www.universcience.fr/fr/universcience-partenaires/nos-partenaires/les-donateurs-du-fonds-universcience-partenaires/">pusillanimité</a> et le <a href="https://www.lejournaldesarts.fr/actualites/londres-le-parrainage-par-shell-dune-exposition-ecologique-fait-polemique-154023">paradoxe</a>, notamment au regard des sources de financement de ses activités. </p>
<p>Un malaise qu’il contourne en se concentrant sur la problématique de l’appropriation culturelle de la science par la société et en perpétuant les réflexions sur la nature des savoirs à partager, <a href="https://journals.openedition.org/lectures/1122">menée de plus longue date</a> par les actrices et acteurs de la vulgarisation scientifique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/un-musee-de-science-a-quoi-ca-sert-66787">Un musée de science… à quoi ça sert ?</a>
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<p>En restant dans une approche de la médiation scientifique essentiellement culturelle (dont témoigne l’usage ubiquitaire de l’expression « culture scientifique et technique »), en considérant que des médiateurs et des médiatrices scientifiques sont en capacité de faciliter l’émancipation de populations plus ou moins « éloignées de la science », mais surtout en n’interrogeant pas les rapports de pouvoir qui en découlent, cette posture ne reste-t-elle pas enfermée dans une sorte de deficit model « politique », deficit model qu’elle était pourtant parvenue à surmonter peu ou prou sur le plan culturel ?</p>
<p>Un imposant travail de <a href="https://sciences-critiques.fr/aux-racines-de-la-critique-des-sciences/">critique des sciences</a> existe pourtant dans le monde occidental depuis des décennies, et en France avec des auteurs comme <a href="https://sciences-critiques.fr/allons-nous-continuer-la-recherche-scientifique/">Alexandre Grothendieck</a>. Hormis au travers de ses formes les plus modérées, portée par des auteurs comme <a href="https://sciences-critiques.fr/pour-une-critique-de-science/">Jean‑Marc Lévy-Leblond</a> ou <a href="https://sciences-critiques.fr/pourquoi-comment-etre-critiques-de-sciences/">Jacques Testart</a>, la critique politique des sciences ne semble toutefois jamais avoir vraiment pénétré les réflexions et les pratiques du monde de la culture scientifique, restant plus ou moins cantonnée aux sphères <a href="http://science-societe.fr/mathieu-quet-innovation-editoriale-des-revues-de-critique-des-sciences/">académiques</a> ou <a href="https://www.partage-le.com/">anarchistes</a>, et transparaissant seulement dans quelques rares <a href="https://www.joursavenir.org/mission">initiatives confidentielles</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=94&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=94&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=94&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=118&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=118&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406889/original/file-20210616-3738-1vde8nj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=118&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des ponts existent toutefois entre ces réflexions et le champ des actions science-société. Ainsi celui que tente de bâtir le collectif <a href="http://www.alliss.org/">ALLISS</a>, qui vise à développer les coopérations entre les établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche d’une part, et le <a href="https://www.univ-rennes2.fr/article/assises-tiers-secteur-recherche-deux-rendez-vous-ligne">tiers secteur de la recherche</a> d’autre part, c’est-à-dire les activités de recherche associées aux secteurs non marchand et non lucratif (et donc non adossées à l’État ou à l’industrie). ALLISS promeut notamment le concept de <a href="https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-l-action-2020-1-page-79.htm">« médiation de recherche »</a>, pensé pour permettre aux citoyen·nes de se réapproprier les enjeux et les bénéfices de la recherche, notamment lorsqu’elle est soutenue par des fonds publics.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406961/original/file-20210617-24-1r6ob5y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">En-tête du site www.alliss.org.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Arrivés au terme de cet article, faisons le point. Si la médiation scientifique produit du sens, de la culture et de l’inclusion, est-il à ce point problématique qu’elle ne soit pas politiquement neutre ? Peut-être pas, en effet. Mais plus problématique, en revanche, serait de ne pas s’en apercevoir.</p>
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<p><em>Je tiens à remercier Bastien Lelu, Antoine Blanchard et Livio Riboli-Sasco pour les inspirations que je leur dois, les échanges qui ont motivé la rédaction de ce texte et leurs précieux conseils rédactionnels.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161475/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Richard-Emmanuel Eastes dispense du conseil, des formations et des conférences à la médiation scientifique dans le cadre de sa société Segallis (Suisse). Auteur de la chaîne Youtube <a href="http://www.savoirs-en-societe.ch">www.savoirs-en-societe.ch</a>, il est également co-fondateur des associations Les Atomes Crochus et Traces (Paris).</span></em></p>Si les intentions sociales, éducatives et culturelles de la médiation scientifique sont en général conscientes et réfléchies, leur dimension politique est-elle toujours suffisamment questionnée ?Richard-Emmanuel Eastes, Head of the academic development : University of applied science and arts Western Switzerland, Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1316212021-06-11T16:14:57Z2021-06-11T16:14:57ZPeut-on devenir meilleur au football en regardant des vidéos ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/405028/original/file-20210608-21-1j2k37n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C1274%2C901&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme d’autres footballeurs de sa génération, le n°7 du Borussia Dortmund Jadon Sancho (ici en train de marquer contre le RB Leipzig) est à la fois jeune, doué et à n’en pas douter gros consommateur de vidéo, ne serait-ce que lors des entraînements.</span> <span class="attribution"><span class="source">Martin Meissner / POOL / AFP</span></span></figcaption></figure><p>Kylian Mbappé, Jadon Sancho, Phil Foden… Les sélections nationales qui participeront en juin 2021 à l’Euro masculin de football comportent de nombreux jeunes joueurs très performants, voire, pour certains, déjà décisifs. Plus largement, le football mondial voit l’émergence, en sélection ou en club, de <a href="https://www.eurosport.fr/football/top-30-talents-les-plus-grands-espoirs-du-football-mondial-30-26_sto7755719/story.shtml">nombreux espoirs</a> tels que Ryan Cherki ou Amine Gouiri, dont les qualités footballistiques, éclatantes pour leur jeune âge, leur permettent de s’imposer. </p>
<p>Ces joueurs aussi juvéniles que doués appartiennent à la <a href="https://theconversation.com/generation-reine-des-neiges-contre-generation-z-159368">génération Z</a>, autrement dit celle des personnes nées entre 1997 et 2010, à une époque où <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ration_Z">« le numérique était déjà bien installé dans la société »</a>. Le développement des nouvelles technologies pourrait-il avoir influé sur leurs performances footballistiques ? </p>
<p>On sait que ces jeunes consomment d’importants volumes de contenus numériques. Or, le développement de l’offre vidéo en ligne permet aux passionnés de football d’accéder à une quantité sans précédent de contenus techniques. En outre, dans les centres d’entraînement, la vidéo fait désormais partie des outils utilisés par les formateurs. Au point qu’en mai 2021, le journaliste de L’Équipe, Pierre Prugneau s’interrogeait : <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Article/Faut-il-regarder-du-foot-pour-etre-bon-footballeur/1251114">« Faut-il regarder du foot pour être bon footballeur ? »</a>. </p>
<p>Peut-on vraiment imaginer qu’il existe un lien entre cette révolution numérique et les performances footballistiques de cette génération ? Pour examiner la crédibilité de cette hypothèse, penchons-nous sur la façon dont fonctionnent des neurones particuliers : les neurones miroirs.</p>
<h2>La vidéo, un outil pour les entraîneurs</h2>
<p>En moyenne, la génération Z passe plus de <a href="https://www.meta-media.fr/2021/04/23/la-gen-z-generation-de-la-video-mobile-mais-pas-seulement.html">4,7 heures par jour</a> devant l’écran. Or s’agissant de football, elle a accès à une offre importante, avec des matchs de tous niveaux, mais aussi du contenu tels qu’<a href="https://www.youtube.com/channel/UCnmXSqqGTDg-2jYfuGdF-iQ?app=desktop&ucbcb=1">entraînements</a>, gestes techniques, <a href="https://www.youtube.com/user/wassfreestyle">freestyle</a>, etc. En outre, les jeux vidéo de football à succès comme Pro Evolution Soccer ou FIFA, vendus à des millions d’exemplaires, sont de plus en plus réalistes, tant par leurs graphismes qu’en termes de tactique. </p>
<p>In fine, les passionnés de foot disposent donc de nombreux outils pour observer actions, situations tactiques et gestes techniques. Cela a-t-il un impact sur les capacités des joueurs ? Les entraîneurs semblent le penser : les séances de vidéos sont de plus en plus utilisées dans les programmes d’entraînement, en vue d’améliorer les performances individuelles et collectives des footballeurs. Elles font aujourd’hui partie du quotidien du footballeur professionnel et de l’aspirant footballeur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les jeunes footballeurs ont davantage de moyens d’observer des situations de jeu que n’en avaient leurs aînés.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Régis le Bris, ancien joueur du Stade lavallois, responsable du centre de formation de Lorient et par ailleurs titulaire d’un doctorat en sciences et techniques des activités physiques, propose ainsi quatre à cinq séances de vidéos hebdomadaires <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Article/Faut-il-regarder-du-foot-pour-etre-bon-footballeur/1251114">aux jeunes footballeurs</a>. Selon lui, « le mimétisme est une méthode d’apprentissage qui a fait avancer beaucoup de joueurs. » </p>
<p>Peut-on vraiment apprendre en regardant ? Que se passe-t-il au niveau cérébral lors de l’observation d’une action, d’un mouvement ?</p>
<h2>Sous le jeu des neurones miroirs ?</h2>
<p>La pratique du football requiert plusieurs qualités liées aux habiletés motrices, sollicitant notamment la composante technique (maîtrise des contacts du ballon avec son pied, dribble…), la composante athlétique (endurance, vitesse, force…), la composante mentale et psychologique. De plus, à partir d’une perception (observation de scène), le joueur de football doit rapidement prendre une décision pertinente (habileté stratégique), dans des situations variées et fluctuantes, puis élaborer une réponse motrice et la réaliser correctement (habileté technique).</p>
<p>Comme tout athlète de haut niveau, le footballeur doit, dès l’amorce de mouvement de son adversaire, en anticiper l’intention et les conséquences, pour planifier sa propre réponse motrice. En d’autres termes, il doit « comprendre » rapidement l’action de son adversaire pour anticiper et être performant.</p>
<p>Lorsqu’une personne observe le geste d’un tiers, des neurones associés à l’exécution de ce même geste sont activés dans son cerveau, bien qu’elle ne l’effectue pas. Une des composantes cérébrales impliquées dans ce phénomène est désignée par le terme de « neurones miroir ». Ces neurones ont <a href="https://cogsci.ucsd.edu/%7Epineda/COGS260Mirroring/readings/Gallese%20et%20al.%20-%20action%20recognition%20in%20the%20premotor%20cortex.pdf">d’abord été découverts chez le singe</a> au milieu des années 1990. Des chercheurs qui étudiaient l’activité neuronale chez cet animal via des microélectrodes ont découvert que certains neurones de leur cortex prémoteur s’activaient non seulement lorsque les singes faisaient des mouvements de la main et de la bouche, mais aussi lorsqu’ils observaient leurs congénères faire ces mêmes mouvements.</p>
<p>Les neurones miroirs ont en effet pour propriété de s’activer à la fois lorsque le sujet effectue une action dirigée vers un but, et quand il observe cette même action sans l’exécuter. Le caractère invasif de l’exploration des caractéristiques physiologiques des « neurones miroirs » (implantations de microélectrodes) rend bien évidemment difficile l’étude de ces derniers chez l’être humain ; cependant, certaines données en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21782846/">imagerie cérébrale (IRMf)</a> suggèrent leur existence. </p>
<p>Ces neurones seraient impliqués dans l’exécution, la reconnaissance de l’action ainsi que dans sa compréhension. Le système miroir serait activement impliqué dans des tâches d’imitation. Il constituerait l’un des substrats de l’apprentissage moteur. </p>
<h2>Et au-delà des neurones miroirs ?</h2>
<p>Plus largement, l’observation d’une action entraîne, outre l’activation des neurones miroirs, des activations d’autres types de neurones, appartenant à un réseau appelé « réseau de l’observation de l’action » (« action-observation network »). De nombreuses <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30098990/">études</a> ont validé l’existence d’une activation de ce réseau et aussi du cortex moteur lors de l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4981639/pdf/nihms-774049.pdf">observation du mouvement</a>. Leurs résultats permettent d’affirmer que le fait d’observer quelqu’un en train de réaliser une action se traduit par une activation « automatique » des réseaux moteurs cérébraux sous-tendant la réalisation de cette action chez l’observateur, même en cas de lésion cérébrale, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23584173/">comme pour la paralysie cérébrale</a>. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-paralysie-cerebrale-premiere-cause-de-handicap-moteur-de-lenfant-123944">La paralysie cérébrale, première cause de handicap moteur de l’enfant</a>
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<p>L’ensemble des neurones activés par l’observation de l’action sont appelés parfois neurones visuomoteurs (les neurones miroirs sont une catégorie particulière de ce type de neurones). Il existe une autre catégorie de neurones, situés au niveau du sillon temporal supérieur du cerveau, qui participent aussi à ce lien visuomoteur en s’activant lors de l’observation de postures corporelles, de mouvements uniquement biologiques, et non lors de mouvement mécanique (mouvement d’une voiture par exemple). Ces neurones ne s’activent que lors de l’observation du mouvement biologique et non pas pendant l’exécution de ce dernier. Ils sont appelés « les neurones de détection du mouvement biologique ». </p>
<p>Ces propriétés visuomotrices, lors de l’observation d’action, permettraient de soutenir les phénomènes de « résonnance motrice » en permettant de prédire les conséquences de l’action observée (« motor prediction ») mais aussi de comprendre cette action (« motor understanding »). L’efficience de ces phénomènes visuomoteurs semble importante dans la performance des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/hbm.22455">athlètes de haut niveau</a> </p>
<h2>Que se passe-t-il pendant l’observation d’une action ?</h2>
<p>Des travaux d’imagerie ont montré que la réponse de notre cerveau à l’observation d’une action dépend directement de notre aptitude à réaliser celle-ci. Plus on la connaît, mieux on sait l’exécuter, et plus les réseaux cérébraux impliqués dans l’observation (action-observation network et les neurones miroirs) sont activés – <a href="https://discovery.ucl.ac.uk/id/eprint/3041/1/1243.pdf">alors qu’ils le sont peu si l’action est inconnue</a>. De même, plus nous sommes experts de l’action observée (autrement dit, plus cette action appartient à notre répertoire moteur) et plus nous comprenons celle-ci lorsque nous la regardons. Nous pouvons donc anticiper d’autant plus facilement et rapidement la réponse à apporter.</p>
<p>Par ailleurs, les activations des neurones visuomoteurs sont différentes en fonction de l’intention de l’observateur. Le niveau d’activation du réseau lié à l’observation du mouvement est en effet dépendant de l’intention de l’observateur face à cette action observée (imitation, reconnaissance ou suppression). Si nous observons une action dans le but de l’imiter, nos neurones seront plus activés lors de cette observation que si nous l’observons celle-ci « passivement », sans but. </p>
<p>Pour imaginer que le visionnage de scènes de football dans le cadre « d’entraînements vidéo » puisse influer sur la performance, il faut non seulement que les joueurs soient déjà assez experts dans les différents paramètres du football visionnés, mais aussi que ce visionnage soit « actif », c’est-à-dire avec l’intention de reproduire le geste technique, la scène visualisée, dans l’ambition de s’améliorer. Ce qui fait dire <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Article/Faut-il-regarder-du-foot-pour-etre-bon-footballeur/1251114">à Régis Le Bris</a> que « le mimétisme est une méthode d’apprentissage qui a fait avancer beaucoup de joueurs. Mais il faut qu’ils posent les bons critères d’analyse ». En effet, un visionnage « passif » n’entraîne pas d’apprentissage moteur. </p>
<h2>L’observation répétée pour favoriser la plasticité cérébrale ?</h2>
<p>Au cours des apprentissages, la structure du cerveau se modifie, en donnant plus de poids à certaines connexions entre neurones qu’à d’autres : c’est ce qu’on appelle la <a href="https://theconversation.com/quest-ce-que-la-plasticite-cerebrale-141907">plasticité cérébrale</a>. Celle-ci est façonnée en fonction des expériences vécues et de différents stimuli externes, comme la pratique répétée du geste. Plus un réseau cérébral est sollicité, plus il est plastique, et plus il est performant (c’est le principe de l’apprentissage moteur notamment). </p>
<p>Il apparaît que l’observation répétée d’un geste simple, d’un mouvement, influence positivement la plasticité, et la rend <a href="https://www.jneurosci.org/content/25/41/9339.long"> plus efficiente</a>. </p>
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<p>Cette propriété, liée à l’influence de l’observation du mouvement sur la plasticité cérébrale, est aujourd’hui exploitée dans le champ de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6517007/">rééducation neurologique de l’hémiplégie</a> faisant suite à un accident vasculaire cérébral. Outre des techniques classiques de rééducation motrices (mobilisations actives, passives…), certaines équipes proposent des thérapies par le miroir ou de l’observation d’actions via des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22708612/">vidéos</a>. </p>
<h2>Et chez le footballeur ?</h2>
<p>L’observation d’un tir ou de passes au football n’échappe pas aux règles énoncées précédemment, et lorsqu’une personne regarde un footballeur réaliser une passe ou un tir, son réseau neuronal d’observation de l’action (« action-observation network ») et son système <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7171376/">visuomoteur sont donc activés</a>. Cette activation cérébrale dépend ici aussi du <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnhum.2013.00851/full">niveau d’expertise « footballistique » de l’observateur</a>. </p>
<p>Sachant que le niveau d’activation des neurones visuomoteurs dépend à la fois de l’expertise et des intentions de l’observateur, on peut supposer que si des joueurs de football ont déjà une certaine expérience, et s’ils observent une action, un geste technique, à l’aide d’une vidéo avec l’intention de les reproduire, ils ont des chances d’améliorer leurs performances via un « entraînement » de leurs réseaux cérébraux visuomoteurs. </p>
<p>Un footballeur expert « comprend » mieux une action de football observée sur un écran qu’un footballeur novice. De ce fait, il anticipe mieux la réponse à donner. Autrement dit, l’observation passive d’une action, sans réelle expertise, est probablement peu efficace pour favoriser la plasticité cérébrale ; elle risque donc d’avoir peu d’effet sur l’amélioration des performances. En définitive, inutile d’espérer devenir le prochain Kylian Mbappé en vous contentant de regarder l’Euro sur votre écran !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131621/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mickaël Dinomais ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Visionner des vidéos de foot fait aujourd’hui partie intégrante de l’entraînement des joueurs, et certains coachs pensent que leurs performances en sont améliorées.Mickaël Dinomais, Professeur de médecine en Médecine Physique et Réadaptation, Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1617032021-06-02T13:44:43Z2021-06-02T13:44:43ZL’achat de MGM par Amazon marquera-t-il la fin du règne de Netflix ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/403234/original/file-20210527-15-1e8tt6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C7%2C4852%2C3246&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En achetant MGM, Amazon affiche clairement ses ambitions de détrôner Netflix et la course pour la première place sur le marché de la vidéo à la demande n’a jamais été aussi serrée.
</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>L’impitoyable guerre que se livrent les leaders mondiaux de la vidéo à la demande a atteint son paroxysme avec l’acquisition du mythique studio hollywoodien MGM (Metro Goldwyn Mayer) par le géant Amazon, le 26 mai, lors d’une transaction s’élevant à 8,45 milliards de dollars.</p>
<p><a href="https://www.journaldugeek.com/2020/12/22/mgm-les-studios-derriere-james-bond-sont-a-vendre/">La vente de MGM</a> est survenue après plus de six mois de négociations. Le studio américain, symbolisé par un « lion rugissant », était déjà affaibli par d’importantes difficultés financières avant que la pandémie et la fermeture prolongée des salles de cinéma ne lui portent un coup de grâce.</p>
<p>Malgré la faible valorisation boursière du studio MGM (estimée à seulement 5,5 milliards de dollars, il y a quelques mois), plusieurs géants de l’industrie numérique, dont Apple, étaient intéressés par son rachat. Mais c’est Amazon qui a remporté la mise et marqué l’histoire en devenant le premier acteur de l’industrie du « streaming » vidéo à acquérir un studio majeur d’Hollywood.</p>
<p>Amazon affiche ainsi clairement ses ambitions de détrôner Netflix. Le service Prime Video compte déjà près de 200 millions d’utilisateurs, talonnant de près l’entreprise californienne avec ses 208 millions d’abonnés. La course pour la première place sur le marché de la vidéo à la demande n’a jamais été aussi serrée.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/403158/original/file-20210527-22-1o5lthy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/403158/original/file-20210527-22-1o5lthy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/403158/original/file-20210527-22-1o5lthy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/403158/original/file-20210527-22-1o5lthy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/403158/original/file-20210527-22-1o5lthy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/403158/original/file-20210527-22-1o5lthy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/403158/original/file-20210527-22-1o5lthy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La bataille des géants de la vidéo sur demande.</span>
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<p>Nos intérêts de recherches portant sur la <a href="https://www.decouvrabilite-francophonie.net/">découvrabilité</a> et l’accès à une <a href="https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/services/diversite-contenus-ere-numerique/analyse-contenu-local-national.html">diversité de contenus en ligne</a> nous incitent à effectuer une veille régulière des transformations et des déséquilibres provoqués par les plates-formes de diffusion numérique qui contrôlent le marché mondial des biens et services culturels.</p>
<h2>Amazon s’offre la part du lion !</h2>
<p>À l’ère de la consommation multiplateformes, le moyen le plus efficace pour se démarquer et séduire un auditoire en quête permanente de nouveautés et d’une diversité de choix est d’étoffer et de renouveler régulièrement son catalogue. L’investissement dans l’acquisition ou la production de contenus originaux devient une munition importante dans la guerre des contenus exclusifs entre plates-formes.</p>
<p>La plate-forme qui ne peut pas offrir suffisamment et assez rapidement de contenu pour gagner et fidéliser des abonnés ne pourra pas rivaliser avec ses concurrents. D’ailleurs, le <a href="https://www.wsj.com/articles/amazon-would-add-james-bond-content-depth-in-expected-mgm-deal-11621980972?mod=article_relatedinline"><em>Wall Street Journal</em></a> observe que l’acquisition de MGM constitue un aveu de la difficulté qu’avait jusqu’ici Amazon à produire suffisamment de contenus pour satisfaire la demande des abonnés de son service Prime Vidéo.</p>
<p>Dans le <a href="https://cmf-fmc.ca/fr/futur-et-medias/articles/internet-un-gigantesque-club-video/">gigantesque club vidéo</a> qu’est devenu Internet, on ne peut plus miser uniquement sur la qualité du catalogue <a href="https://www.techradar.com/news/apple-tv-plus-is-betting-on-quality-over-quantity-for-its-shows">comme le fait par exemple Apple</a>, avec le service Apple TV+. Aux yeux des abonnés, le nombre de titres disponibles acquiert désormais autant, voire plus, d’importance que la qualité des contenus offerts.</p>
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<img alt="Logo de MGM avec le lion rugissant" src="https://images.theconversation.com/files/403236/original/file-20210527-17-ai413a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/403236/original/file-20210527-17-ai413a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/403236/original/file-20210527-17-ai413a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/403236/original/file-20210527-17-ai413a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/403236/original/file-20210527-17-ai413a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/403236/original/file-20210527-17-ai413a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/403236/original/file-20210527-17-ai413a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le catalogue des Studios MGM contient des œuvres cinématographiques qui ont remporté plus de 180 Oscars et 100 Emmys.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Amazon fait donc main basse sur un véritable trésor pour enrichir son catalogue, en obtenant la propriété intellectuelle exclusive de 4 000 longs métrages (dont <em>Le silence des agneaux</em>, <em>Hobbit</em>, <em>Le magicien d’Oz</em>, <em>Rocky</em>,<em>Terminator</em>, <em>La panthère rose</em>, et toute la saga James Bond). Il faut ajouter à cela environ 17 000 programmes télévisés de la MGM, avec des séries vedettes comme <em>Stargate</em>, <em>Vikings</em>,ou <em>La servante écarlate</em>. Ce catalogue contient des <a href="https://www.telerama.fr/cinema/amazon-capture-le-lion-de-la-mgm-et-son-riche-catalogue-6889487.php">œuvres cinématographiques</a> ayant gagné plus de 180 Oscars et 100 Emmys.</p>
<p>Par ailleurs, la croissance exponentielle des revenus générés par le commerce électronique et par l’utilisation des services d’infonuagique dans le contexte de la pandémie ont permis à Amazon de <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-04-29/premier-trimestre/amazon-triple-ses-profits.php">tripler ses profits</a> en 2020 et de connaître une hausse de 44 % de son chiffre d’affaires sur un an.</p>
<p>Ces résultats lui laissent ainsi une marge de manœuvre très confortable pour investir près de 11 milliards de dollars dans la production de contenu original. Amazon augmente ainsi de près de 40 % son offre par rapport à l’année précédente. Elle a investi également près de 465 millions de dollars dans la première saison de la série <em>Le seigneur des Anneaux</em>, déjà considérée comme la série télévisée la plus onéreuse de l’histoire.</p>
<h2>Un redécoupage du paysage audiovisuel</h2>
<p>Alors que des <a href="https://www.zdnet.fr/blogs/digital-home-revolution/1-milliard-d-abonnements-en-vue-pour-la-svod-39890149.htm">prévisions</a> anticipaient déjà en 2019 que le nombre d’abonnements aux services de vidéo à la demande devrait atteindre près d’un milliard à travers le monde, ces services ont connu un essor fulgurant durant la pandémie.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-salles-de-cinema-survivront-elles-a-la-crise-sanitaire-mondiale-146801">Les salles de cinéma survivront-elles à la crise sanitaire mondiale ?</a>
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<p><a href="https://www.csa.fr/Informer/Collections-du-CSA/Thema-Toutes-les-etudes-realisees-ou-co-realisees-par-le-CSA-sur-des-themes-specifiques/Les-etudes-corealisees-avec-le-CSA/Etude-Hadopi-CSA-La-multiplication-des-services-de-video-a-la-demande-par-abonnement">Une étude</a> récente du Conseil supérieur de l’audiovisuel en France conclut que le marché se structure désormais autour de quelques acteurs numériques mondiaux, qui renforcent leurs investissements dans la production locale. Ils poussent ainsi les acteurs historiques à revoir leurs stratégies de différenciation, grâce à d’ambitieuses opérations de rachat ou de fusion, de positionnement éditorial, d’agrégation de contenus exclusifs et de développement d’offres alternatives.</p>
<p>La démultiplication de l’offre oblige aussi les acteurs à composer avec de nouveaux profils de consommateurs (dont une forte proportion de jeunes) qui s’abonnent et se désabonnent régulièrement d’un service audiovisuel pour en tester d’autres.</p>
<p>Concurrencés par les géants du numérique, qui sont passés du statut de simples distributeurs et diffuseurs à celui de producteurs de contenus, les majors de l’industrie hollywoodienne ont dû faire preuve d’agilité et repenser leur modèle d’affaires.</p>
<h2>La course aux abonnés</h2>
<p>Le studio MGM était l’un des derniers pionniers de la production cinématographique américaine à ne pas s’être adossé à une plate-forme de vidéo en ligne ou à ne pas avoir créé son propre service de vidéo à la demande.</p>
<p>À titre d’exemple, <a href="https://www.theverge.com/2019/3/20/18273142/disney-fox-acquistion-final-hulu-marvel-streaming-21st-century">Disney a fait l’acquisition en mars 2019 de la 21st Century Fox</a> et a mis la main sur la plate-forme Hulu, avant même le lancement de son propre service Disney+. Ce dernier a passé le cap des 100 millions d’abonnés en un an, avec un catalogue enrichi des contenus des studios Fox, Pixar, Marvel ou Lucasfilm.</p>
<p>Autre exemple : après le rachat en 2018 du conglomérat Warner Media et après avoir lancé en mai 2020 sa plate-forme HBO Max, le <a href="https://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/medias-et-telecommunications/warner-media-et-discovery-forment-un-nouveau-geant-mediatique/624965">géant des télécommunications AT&T vient de décider de fusionner ses activités avec Discovery</a>. Il pourra ainsi investir davantage dans des contenus originaux et proposer plus de choix aux spectateurs avec de nouvelles expériences vidéo.</p>
<p>La stratégie agressive d’Amazon a de quoi faire trembler Netflix, dont le nombre de <a href="https://fr.statista.com/infographie/24678/nombre-de-nouveaux-abonnes-payants-de-netflix-par-trimestre-et-par-region/">nouveaux abonnés diminue</a> en raison d’un manque de renouvellement des contenus et d’une saturation sur certains marchés (notamment aux États-Unis et au Canada).</p>
<p>Parallèlement, avec l’achat de MGM et l’acquisition de son riche catalogue de films, il est fort à parier que le nombre de nouveaux abonnés d’Amazon Prime Video monte en flèche dans les prochains mois ou prochaines années. Amazon pourrait également priver ses principaux rivaux (Netflix, Disney+, HBO Max, Apple TV+) de l’exploitation des contenus exclusifs autorisés sous licence de son nouveau catalogue.</p>
<h2>Netflix prépare sa riposte</h2>
<p>Pour conserver sa position de leader, Netflix est contraint d’accélérer sa croissance sur des <a href="https://www.jeuneafrique.com/1114880/culture/netflix-lorgne-lafrique-francophone/">marchés prometteurs tels que l’Afrique francophone</a> et de diversifier ses services, en proposant des contenus inédits. La multinationale <a href="https://www.protocol.com/netflix-survey-nplus-show-playlists">a récemment sondé certains de ses utilisateurs</a> concernant une nouvelle plate-forme nommée N-Plus, qui pourrait proposer les fonctionnalités d’un réseau social (avec critiques et commentaires partageables entre amis ou avec la communauté), combinées à un site d’actualités incluant des balados, des listes de lectures personnalisées et des informations sur les prochaines productions.</p>
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<img alt="Une jeune femme devant son ordinateur regarde le menu de Netflix pour choisir un film" src="https://images.theconversation.com/files/403237/original/file-20210527-20-1ahcyum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/403237/original/file-20210527-20-1ahcyum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/403237/original/file-20210527-20-1ahcyum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/403237/original/file-20210527-20-1ahcyum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/403237/original/file-20210527-20-1ahcyum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/403237/original/file-20210527-20-1ahcyum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/403237/original/file-20210527-20-1ahcyum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Quelle sera la suite pour Netflix ? Il y a des rumeurs selon lesquelles la plate-forme serait intéressée à se lancer dans le jeu vidéo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>D’autres rumeurs circulent selon lesquelles le groupe californien nourrirait des ambitions pour le <a href="https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/jeux-video-jeux-video-nouveau-grand-chantier-netflix-87587/">marché du jeu vidéo</a> et envisagerait de lancer d’ici 2022 un service pour concurrencer Apple Arcade.</p>
<p>En allant au-delà de son cœur d’activité pour se positionner dans l’industrie vidéoludique, la plate-forme prendrait un risque somme toute mesuré. Cela lui permettrait d’offrir un divertissement interactif avec des contenus mêlant fiction et jeu vidéo afin de susciter davantage l’engagement des utilisateurs et l’intérêt de nouveaux publics.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161703/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tchéhouali Destiny ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’investissement dans l’acquisition ou la production de contenus originaux devient une munition importante dans la guerre des contenus exclusifs que se livrent les plates-formes.Tchéhouali Destiny, Professeur en communication internationale, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1612952021-05-31T19:10:09Z2021-05-31T19:10:09ZPrint, audio ou vidéo : quels supports choisir pour mieux apprendre ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/402174/original/file-20210521-19-14phad2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C995%2C687&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bénéfices de l'imprimé sont tout particulièrement évidents pour les tâches complexes.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/beautiful-young-woman-lying-on-floor-648377878">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Pendant la pandémie, nombreux sont les professeurs d’université qui ont abandonné les traditionnels manuels de cours au profit de <a href="https://www.insidehighered.com/news/2021/02/24/faculty-turned-digital-materials-lieu-print-textbooks-after-pandemic-hit">documents numériques</a> ou de dispositifs multimédias.</p>
<p>En tant que <a href="https://www.american.edu/profiles/students/nbaron.cfm">professeur de linguistique</a>, j’ai comparé communications électroniques et textes imprimés sous l’angle des apprentissages. Le degré de compréhension des informations est-il le même selon qu’on les lit sur papier ou sur écran ? Et l’écoute ou le visionnage de contenus sont-ils aussi efficaces que la lecture de textes pour aborder un sujet ?</p>
<p>À ces deux questions la <a href="https://global.oup.com/academic/product/how-we-read-now-9780190084097?cc=us&lang=en&">réponse est en général « non »</a>, ce qui s’explique par tout un ensemble de facteurs dont une moindre concentration, un état d’esprit porté au divertissement et la tendance à faire plusieurs choses à la fois quand on est sur le web.</p>
<h2>Écran versus papier</h2>
<p>En ce qui concerne les textes d’au moins quelques centaines de mots, la lecture en est plus efficace <a href="https://theconversation.com/the-enduring-power-of-print-for-learning-in-a-digital-world-84352">sur papier</a> que sur écran, dans la majorité des cas. Un constat qui s’appuie sur une <a href="https://global.oup.com/academic/product/how-we-read-now-9780190084097?cc=us&lang=en&">foule de recherches</a>.</p>
<p>Les bénéfices de l’imprimé sont tout particulièrement évidents quand on passe de tâches simples – comme identifier l’idée principale d’un texte – à des tâches qui nécessitent une <a href="https://doi.org/10.1145/2858036.2858550">abstraction mentale</a> – comme en tirer des conclusions. La lecture sur papier augmente aussi la probabilité de <a href="https://doi.org/10.1080/00220973.2016.1143794">se souvenir de détails</a> – comme la couleur des cheveux d’un personnage – et de se rappeler <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyg.2019.00038">à quelle étape</a> de l’histoire tel ou tel événement s’est produit.</p>
<p>De nombreuses <a href="https://doi.org/10.1016/j.compedu.2018.08.001">études</a> montrent que les <a href="https://doi.org/10.1080/00220973.2017.1411877">élèves</a> pensent souvent qu’ils obtiendront de meilleurs scores à un test de compréhension s’ils lisent le texte en version numérique. Or il s’avère que leur réussite est supérieure lorsqu’ils en ont lu une version imprimée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lire-sur-papier-lire-sur-ecran-en-quoi-est-ce-different-112493">Lire sur papier, lire sur écran : en quoi est-ce différent ?</a>
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<p>Les spécialistes de l’éducation doivent bien tenir compte du fait que la méthode utilisée pour des tests standardisés influence les résultats. Ainsi, des études menées auprès de <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijer.2012.12.002">lycéens norvégiens</a> et de <a href="https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2018.12.007">collégiens américains</a> font état de résultats encore supérieurs quand les tests sont administrés sur papier. Dans l’étude américaine, les effets des tests numériques étaient plus marqués chez les élèves ayant de faibles résultats en lecture, les élèves apprenant l’anglais et les élèves inscrits dans des dispositifs spécialisés.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0197444">Avec mes collègues</a>, nous avons abordé la question <a href="https://doi.org/10.1016/j.tele.2016.11.008">sous un autre angle</a>. Plutôt que de faire lire un texte aux étudiants puis de leur soumettre un test, nous leur avons demandé comment ils percevaient globalement leurs apprentissages selon qu’ils utilisaient des supports de lecture imprimés ou numériques. Les lycéens et les étudiants ont massivement jugé que la lecture sur papier était plus propice à la concentration, à l’apprentissage et à la mémorisation que la lecture numérique.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1357608801294254086"}"></div></p>
<p>Les divergences entre les deux catégories de résultats sont en partie liées aux propriétés physiques du papier. Avec ce support, on a littéralement le texte entre les mains et une géographie visuelle de pages bien distinctes se dessine. La plupart des gens <a href="https://global.oup.com/academic/product/words-onscreen-9780199315765?cc=us&lang=en&">associent le souvenir de ce qu’ils ont lu</a> à l’endroit où cela se trouvait dans le livre ou sur la page.</p>
<p>Mais l’état d’esprit dans lequel on se situe, et <a href="https://doi.org/10.1016/j.paid.2016.02.043">« l’hypothèse de la superficialité »</a>, comme l’appellent les <a href="https://doi.org/10.1016/j.edurev.2018.09.003">chercheurs</a>, sont tout aussi importants.</p>
<h2>Podcasts et vidéos</h2>
<p>Avec la montée de la <a href="https://www.schoology.com/blog/flipped-classroom">classe inversée</a> – où les étudiants écoutent ou visionnent le contenu du cours avant de venir en classe – et l’augmentation du nombre de podcasts audio et de vidéos disponibles en ligne, de nombreux devoirs incluant des lectures ont été remplacés par l’écoute ou le visionnage de document. Un phénomène qui <a href="https://www.bayviewanalytics.com/reports/digitaltextsinthetimeofcovid.pdf">s’est accéléré</a> pendant la pandémie avec l’enseignement à distance.</p>
<p>Dans une enquête auprès de professeurs norvégiens et américains en 2019, ma collègue de l’université de Stavanger Anne Mangen et moi-même avons constaté que <a href="https://global.oup.com/academic/product/how-we-read-now-9780190084097?cc=us&lang=en&">32 % des enseignants américains</a> remplaçaient les textes par des documents vidéo et que 15 % faisaient de même avec des documents audio. Les chiffres étaient un peu plus bas en Norvège. Mais dans les deux pays, 40 % des participants qui avaient modifié leurs exigences au cours des cinq à dix dernières années ont déclaré donner moins de lectures obligatoires.</p>
<p>L’une des principales raisons du passage à l’audio et à la vidéo est que les étudiants refusent de faire ces lectures. Même si le problème <a href="https://psycnet.apa.org/record/2000-07173-017">est loin d’être nouveau</a> ; une étude de 2015 auprès de 18000 étudiants montrait que seulement 21 % d’entre eux réalisaient vraiment les lectures demandées.</p>
<p>L’audio et la vidéo peuvent sembler plus attrayants que le texte, et les professeurs ont donc de plus en plus recours à ces médias, par exemple en recommandant d’écouter une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=RKK7wGAYP6k">conférence TED</a> plutôt que de <a href="https://www.scientificamerican.com/article/how-language-shapes-thought/">lire un article</a> du même auteur.</p>
<h2>Contextes et objectifs</h2>
<p>Les psychologues ont montré que lorsque les adultes <a href="https://doi.org/10.1080/00221309.1989.9917764">lisent des articles d’actualité</a> ou des <a href="https://doi.org/10.2466/pr0.2001.89.3.483">textes de fiction</a>, ils s’en souviennent mieux que s’ils avaient accès au même contenu par voie audio.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1080/00986283.2010.488542">Des résultats similaires</a> ont été obtenus lors d’enquêtes auprès d’étudiants. <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyg.2013.00892">Un travail de recherche</a> confirme d’ailleurs qu’ils ont l’esprit plus vagabond en consultant des contenus audio qu’en lisant.</p>
<p>Avec des élèves plus jeunes, le constat est équivalent, à une nuance près. <a href="https://doi.org/10.1080/02702710590910584">Une étude menée à Chypre</a> a montré que les rapports entre les capacités d’écoute et de lecture s’inversent à mesure que les enfants progressent en lecture. Si, en primaire, les élèves avaient mieux compris ce qu’ils avaient écouté, c’était le contraire au collège.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1361259027267805184"}"></div></p>
<p>Les recherches sur l’apprentissage à partir de vidéos font écho à ce que l’on observe avec l’audio. Ainsi, des <a href="https://doi.org/10.1016/j.compedu.2019.103796">chercheurs espagnols</a> ont établi que les élèves en fin de primaire ou début de collège retenaient beaucoup mieux les informations lues que ceux qui avaient regardé des vidéos. L’hypothèse formulée par les auteurs est que les étudiants suivent les vidéos de manière plus superficielle parce qu’ils associent ce média au divertissement et non à l’école.</p>
<p>La recherche dans son ensemble a montré que les médias numériques sont associés à des caractéristiques et des pratiques qui peuvent limiter l’apprentissage. Cela inclut la tentation multitâche, l’absence de point de référence physique fixe, un usage moindre des annotations et une fréquence moins importante de révision de ce qui a été lu, vu ou entendu.</p>
<p>Les textes numériques, les podcasts et les vidéos ont tous un rôle éducatif à jouer, en particulier lorsqu’ils donnent accès à des ressources qui ne sont pas accessibles en format imprimé. Toutefois, pour maximiser les apprentissages selon la concentration et la réflexion nécessaires, les éducateurs et les parents ne devraient pas faire comme si tous les médias se valaient – même s’ils comportent les mêmes informations en définitive.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161295/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Naomi S. Baron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Avec la généralisation des cours à distance pendant la pandémie, les lectures recommandées sur papier ont souvent laissé place à des documents multimédias. Mais est-ce aussi efficace pour la mémoire ?Naomi S. Baron, Professor of Linguistics Emerita, American UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1527312021-01-18T19:56:06Z2021-01-18T19:56:06ZCaméras corporelles sur les policiers français : ce que nous apprend l’expérience des États-Unis et du Canada<p>L’introduction en France des caméras portables au sein des forces de sécurité (police, pompiers) est <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/14/police-les-cameras-pietons-vont-etre-generalisees-au-1er-juillet-2021_6052086_3224.html">d’actualité</a>. Sa mise en place, prévue à l’été prochain, vise a améliorer les relations citoyens-police et à accroître la transparence lors des interventions.</p>
<p>Toutefois, les avis issus du « terrain » divergent. Certains y sont <a href="https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/generalisation-des-cameras-pietons-pour-les-policiers-ce-nest-pas-un-probleme-on-est-transparent-assure-l-unsa-police_4202323.html">favorables</a>, au nom de la protection des droits des citoyens ; d’autres estiment au contraire qu’une telle mesure aurait des <a href="https://www.liberation.fr/france/2020/07/15/les-cameras-pietons-une-fausse-bonne-idee_1794325">effets négatifs</a> sur les interventions car elle instaurerait un climat de voyeurisme et de surveillance excessive de l’action des forces de l’ordre.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CSUbqVPs07s?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>En tout état de cause, il est opportun de s’interroger sur les recherches scientifiques effectuées à propos de cette thématique à l’international, aucun résultat d’étude scientifique menée en France n’étant disponible à ce jour. Rappelons que en France plus de 300 communes ont participé à une expérimentation menée de juin 2016 à juin 2018, qui a concerné uniquement les policiers municipaux. Cette expérimentation a fait l’objet d’un <a href="https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-des-actualites/2018-Actualites/Experimentation-de-l-emploi-des-cameras-mobiles-par-les-agents-de-police-municipale">rapport</a> destiné au ministère de l’Intérieur. Suspendu suite à l’absence d’encadrement juridique, le port des caméras-piétons a repris officiellement pour la police municipale dès la publication du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000038175494/">décret d’application du 27 mars 2019</a> qui complète la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037284329">loi du 3 août 2018</a> autorisant à nouveau l’usage des caméras-piétons par la police municipale.</p>
<p>En Europe, la pratique consistant à équiper les policiers de caméras est déjà appliquée dans plusieurs pays, notamment en <a href="https://www.dw.com/en/german-police-on-patrol-with-bodycams/av-50337218">Allemagne</a>, au <a href="https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-22-000-policiers-anglais-equipes-de-cameras-en-2017-66250.html">Royaume-Uni</a> et au <a href="https://www.nbcnews.com/id/wbna19750278#.We-NKEyiE_U">Danemark</a>. Mais pour l’instant, c’est aux États-Unis et au Canada que des études scientifiques ont été réalisées sur cette question.</p>
<h2>Quelles sont les études effectuées à ce sujet ?</h2>
<p>Rappelons d’abord qu’il est présumé que les caméras corporelles peuvent avoir un impact dissuasif tant sur les personnes faisant l’objet d’interventions que sur les policiers eux-mêmes : sachant que leur comportement est filmé, les policiers comme les citoyens agiraient d’une façon plus conforme aux attentes sociales liées à ce type de situation.</p>
<p>Une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10940-014-9236-3">étude</a> fait référence sur cette question : l’analyse des résultats de l’expérience <a href="https://www.theguardian.com/world/2013/nov/04/california-police-body-cameras-cuts-violence-complaints-rialto">conduite en 2013 à Rialto, en Californie</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"792441104692019201"}"></div></p>
<p>Ceux-ci ont révélé que l’emploi de la force par les policiers était deux fois moins fréquent parmi le groupe expérimental (les policiers qui portaient des caméras corporelles) et qu’il y avait eu une baisse de 87 % des plaintes pendant la période d’essai. C’est d’ailleurs cette expérimentation qui a fourni à l’administration Obama la légitimité́ nécessaire pour subventionner les services de police désirant acheter des caméras corporelles en signe de transparence envers la population.</p>
<p>Une étude de suivi qui a duré quatre années a indiqué que la baisse du recours à la force par la police s’est <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047235217303653?via%3Dihub">maintenue dans le temps</a>. Il est à préciser que la ville de Rialto a enregistré́ une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047235217303653?via%3Dihub">baisse spectaculaire des plaintes visant les policiers</a>. On observera le même effet dans d’autres villes américaines, <a href="https://doi.org/10.1007/s11292-015-9237-8">dont Mesa</a> (Arizona), à <a href="https://www.strategiesforpolicinginnovation.com/sites/default/files/spotlights/Phoenix%20SPI%20Spotlight%20FINAL.pdf">Phoenix</a> (également en Arizona), <a href="https://doi.org/10.1016/j.jcrimjus.2015.10.003">Orlando</a> (Floride), <a href="https://scholarlycommons.law.northwestern.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=7632&context=jclc">Las Vegas</a> (Nevada), <a href="https://www.urban.org/sites/default/files/publication/98461/the_milwaukee_police_departments_body_worn_camera_program_1.pdf">Milwaukee</a> (Wisconsin) et <a href="https://academic.oup.com/policing/article/12/1/66/2928179">Spokane</a> (État de Washington) ainsi que dans <a href="https://www.repository.cam.ac.uk/handle/1810/264739">sept autres villes non précisées</a>.</p>
<p>Une autre étude, publiée en 2014 par l’Université d’État de l’Arizona, présente les témoignages de 249 personnes ayant été en interaction avec des policiers portant des caméras corporelles.</p>
<p>Il en ressortait que les personnes qui étaient au courant de l’existence des caméras ont perçu les actions des policiers comme étant plus « justes » que celles des policiers qui n’en portaient pas.</p>
<p>Depuis les <a href="https://cebcp.org/wp-content/technology/BodyWornCameraResearch.pdf">premières revues de littérature publiées aux États-Unis</a>, une <a href="https://doi.org/10.1177/0004865816638909">deuxième série de recensions a été publiée afin de mettre à jour les informations</a>. Elles ont été suivies de dizaines d’articles scientifiques et de rapports d’évaluation. Tous ces travaux permettent de dresser <a href="https://doi.org/10.7202/1070513ar">plusieurs constats</a>.</p>
<p>La majorité des analyses empiriques a porté sur l’impact des caméras corporelles ou sur le comportement des personnes impliquées directement dans une intervention policière filmée ; très peu ont porté sur les enregistrements issus des caméras, à quelques exceptions près. En général, ces études portent d’ailleurs sur les biais potentiels liés à la présence des caméras corporelles.</p>
<p>Presque toutes les évaluations de l’impact des caméras corporelles mesurent généralement cet impact sur trois dimensions, qualifiées de « Big Three » : la résistance citoyenne, l’emploi de la force par la police et les plaintes envers des policiers.</p>
<p>Ainsi, trois études ont été conduites au Canada, à <a href="http://www.bwvsg.com/wp-content/uploads/2015/06/Edmonton-Police-BWV-Final-Report.pdf">Edmonton en 2015</a>, à <a href="http://torontopolice.on.ca/media/text/20160915-body_worn_cameras_report.pdf">Toronto en 2016</a> et <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/crimino/2020-v53-n1-crimino05397/1070513ar/">à Montréal en 2019</a>. Des effets positifs ont été observés : une plus grande facilité à évaluer la pertinence des plaintes envers les policiers, une diminution de l’agressivité et de l’impolitesse des citoyens (Edmonton) ainsi que la perception qu’il était adéquat que l’intervention soit filmée (Toronto).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"776623626191765504"}"></div></p>
<p>Il est précisé que l’impact des caméras corporelles dépendait toutefois de la situation et n’était pas généralisé à̀ toutes les interventions policières. Malgré cela, dans les trois cas, la présence des caméras ne s’est pas accompagnée d’une réduction significative en termes d’emploi de la force par la police.</p>
<h2>Des résultats contrastés</h2>
<p>Aux États-Unis, la baisse spectaculaire de l’emploi de la force observée à Rialto et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1477370816686120">ailleurs</a> a accéléré le déploiement des caméras corporelles, qui sont utilisées depuis sept ans par 95 % des polices des États-Unis. Les policiers portant des caméras corporelles auraient aussi davantage tendance à procéder à <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1098611116652850">l’arrestation du conjoint agresseur dans les cas de violence conjugale</a> et à effectuer globalement moins d’interpellations. Ce qui, dans le contexte de remise en question de la légitimité de la police, peut être interprété comme un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11292-015-9237-8">effet positif</a>.</p>
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<p>On a donc, d’un côté, des études neutres au Canada, et de l’autre des études positives aux États-Unis. Mais aucune étude négative à ce jour.</p>
<ul>
<li><p>Des études « neutres » au Canada : les services de police d’Edmonton (2015), de Toronto (2016) et plus récemment de Montréal (2019) n’ont pas observé́ de changement radical lors de leurs projets pilotes.</p></li>
<li><p>Des études positives : aux États-Unis, les caméras corporelles ont été associées à des baisses statistiquement significatives de l’emploi de la force, des plaintes envers les policiers, des agressions envers les policiers, des comportements entravant le travail policier et de la contestation judiciaire. Il est également <a href="https://www.researchgate.net/publication/321127770_The_effects_of_body-worn_cameras_BWCs_on_police_and_citizen_outcomes_A_state-of-the-art_review">noté</a> une amélioration de la productivité policière, de la satisfaction des citoyens des services offerts et du niveau de politesse des citoyens et des policiers lors des interventions.</p></li>
</ul>
<h2>Quelques conclusions provisoires</h2>
<ul>
<li><p>L’aspect culturel du pays est à considérer dans l’usage de l’outil : au Canada, les résultats sont à nuancer dans la mesure où les relations citoyens-police sont <a href="https://www.cairn.info/revue-droit-et-societe-2017-3-page-457.htm">très bonnes</a>. Celles-ci pourraient être un facteur déterminant dans la réussite de l’implémentation des caméras corporelles.</p></li>
<li><p>Les caméras corporelles ne pourraient avoir un impact significatif qu’aux endroits où la police agit de façon problématique.</p></li>
<li><p>La perception des caméras corporelles par les publics reste un élément déterminant pour une adoption de l’outil.</p></li>
</ul>
<p>Une <a href="https://dx.doi.org/10.1111/1745-9125.12179">étude récente</a> explore cette question. Wallace, White, Gaub et Todak (2018) rappellent que les caméras corporelles sont souvent présentées et comprises comme un outil de surveillance permettant aux organisations policières de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0967010615584256">démontrer la transparence de leur travail, et à la société d’examiner le travail des policiers</a> (Tanner et Meyer, 2015). Une autre <a href="http://europia.org/RIHM/V20N2/2-RIHM20(2)-Lollia.pdf">étude</a> (Lollia,2020) montre qu’il est utile avant tout d’agir sur la vision de ce type d’outils par les publics afin de transformer la perception d’un outil de surveillance en un outil de protection pour <a href="https://books.google.fr/books ?hl=fr&lr=&id=JSjgDwAAQBAJ">en assurer une meilleure acceptation</a>.</p>
<p>En tout état de cause, les futurs résultats scientifiques tirés des expérimentations des caméras-piétons sur la police française devraient pouvoir améliorer l’approche terrain en mettant en lumière, de façon encore bien plus explicite, les opportunités et faiblesses liées à cette technologie de terrain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152731/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Parallèlement à son activité de chercheur, Fabrice LOLLIA est fonctionnaire de police dans un service spécialisé de protection des personnes.</span></em></p>Les policiers français seront bientôt équipés de façon générale de caméras-piétons pour filmer leurs interventions. Une pratique déjà mise en œuvre outre-Atlantique depuis plusieurs années.Fabrice Lollia, Docteur en sciences de l'information et de la communication, chercheur associé laboratoire DICEN Ile de France, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1514252020-12-30T22:40:17Z2020-12-30T22:40:17Z« Les mystères du cerveau » : une table ronde à revoir en ligne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/372882/original/file-20201203-23-69rli2.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1278%2C720&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour son cinquième anniversaire, The Conversation France a organisé une série de cinq webinaires.</span> </figcaption></figure><p>Pour ses cinq ans, The Conversation a programmé cinq événements-débats entre septembre et novembre 2020.
Après deux premiers événements maintenus en présentiel à <a href="https://www.youtube.com/watch?v=DoD0VGQS3oM&list=PLddrZn22OsmmWzYDc2El-5aHfIC5TYT3x&index=4">Paris</a>, sur le thème de l'école, et à <a href="https://www.youtube.com/watch?v=fcXoikdLZXY&list=PLddrZn22OsmmWzYDc2El-5aHfIC5TYT3x&index=3&t=6s">Grenoble</a>, sur le thème de l'appropriation de la ville, la suite des rencontres s'est faite virtuellement.</p>
<p>La première table ronde en ligne, « Les mystères du cerveau », initialement prévue à Marseille, a réuni :</p>
<ul>
<li>Anna Montagnini, chercheuse à l'Institut de Neurosciences de la Timone (CNRS/ Aix-Marseille Université); </li>
<li>Arnaud Norena, chercheur au Laboratoire de Neurosciences Sensorielles et Cognitives (CNRS/Aix Marseille Université); </li>
<li>Anne Kavounoudias, chercheuse au LNSC et maître de conférences (Aix Marseille Université).</li>
</ul>
<p>Avec ses 100 milliards de neurones, notre cerveau est un organe complexe dont nombre de facettes nous échappent encore. C’est par lui que passe toute notre perception : il reçoit et interprète les informations sensorielles, les combine pour nous proposer une reconstruction du monde qui nous entoure. Lorsque tout se passe bien, nous en venons à oublier ce rôle central. Mais que le cerveau dysfonctionne, et nous découvrons soudain à quel point notre rapport à la réalité dépend de lui. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ppTDVAi1l34?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Replay de la table ronde en ligne « Les mystères du cerveau » organisée le 12 novembre dernier, dans le cadre du cinquième anniversaire de The Conversation France.</span></figcaption>
</figure>
<p>De la perception des couleurs aux illusions d’optique en passant par les acouphènes et les membres fantômes, nos invités nous expliquent ce qui se passe lorsque notre cerveau nous joue des tours. Vous apprendrez également comment ces scientifiques étudient le cerveau chez l’animal et chez l’être humain et découvrirez que nous possédons un sixième sens, la proprioception, dont il ne fait pas bon être privé !</p>
<p>Bon visionnage !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/151425/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
(Re)-visionnez notre webinaire consacré au cerveau sur notre chaîne Youtube.Fabrice Rousselot, Directeur de la rédaction, The Conversation FranceBenoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceLionel Cavicchioli, Chef de rubrique Santé + Médecine, The Conversation FranceLou Biasutto, EditorLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1463572020-09-17T17:18:32Z2020-09-17T17:18:32ZVagues de picotements, transe, euphorie… Votre cerveau est-il sensible à l’ASMR ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/358695/original/file-20200917-24-1jo2hz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">file weq</span> </figcaption></figure><p>Le sigle « ASMR » est <a href="https://ahrefs.com/blog/top-youtube-searches/">la seconde requête la plus populaire au monde</a> sur le site d’hébergement de vidéos Youtube. Si ces quatre lettres ne vous sont pas familières, sachez qu’il s’agit de l’abréviation de l’expression anglophone <a href="https://www.ted.com/talks/craig_richard_asmr_the_whispered_revolution_of_relaxation">« autonomous sensory meridian response »</a>, qui peut être traduite par « réponse autonome sensorielle culminante ». </p>
<p>L'ASMR est un état émotionnel complexe, qui n’est pas expérimenté par tous. Il survient chez personnes qui y sont sensibles lorsqu’elles entendent, voient ou ressentent certains « déclencheurs » : chuchotements, mouvements délicats des mains, caresses légères… La sensation qui en résulte est décrite comme un picotement qui commence au sommet de la tête et peut s'étendre au cou et aux membres. Elle se présente sous forme de vagues et génère un état d'immersion : la personne se retrouve « en transe », ressentant euphorie et détente.</p>
<p>L'intérêt pour l'ASMR a explosé depuis que le terme a été inventé, voici une dizaine d’années. Tout a commencé par <a href="https://www.youtube.com/watch?v=IHtgPbfTgKc">une courte vidéo de chuchotement</a>. Publiée sur YouTube en 2009, elle est devenue virale. Onze ans plus tard, les vidéos des <a href="https://www.youtube.com/user/WhispersRedASMR">« ASMRtists »</a> (mot-valise anglais constitué des termes « ASMR » et « artist »), destinées à engendrer cet état de <a href="https://psycnet.apa.org/record/2018-45821-001">transe euphorique relaxante</a>, récoltent des millions de vues.</p>
<p>Malheureusement, l'enthousiasme de la recherche n’a pas été le même que celui du public, et on dénombre seulement une poignée d'articles scientifiques sur le sujet à l’heure actuelle. Afin de mieux comprendre ce phénomène complexe et alors que le futur de la recherche sur l’ASMR se dessine, notre équipe a mis en place un <a href="http://bit.ly/ASMR_NET">réseau scientifique destiné à mettre en relation personnes, idées et ressources</a>.</p>
<p>Voici ce que nous savons déjà.</p>
<h2>Des déclencheurs communs</h2>
<p>Tout le monde n’est pas capable de ressentir l’ASMR, mais ceux qui en font l'expérience relatent des similitudes dans ses effets. En premier lieu, l’ASMR se manifeste généralement dès l'enfance (les premiers exemples couramment cités sont les picotements ressentis lors des contrôles anti-poux à l'école ou lors du jeu de devinette « quelle lettre suis-je en train de tracer sur ton dos ? »). Il est intéressant de noter que lorsque les gens découvrent que l'ASMR est une chose « à part », ils rapportent souvent que, lorsqu’ils l’ont ressenti pour les premières fois, ils ont cru <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK453209/">soit que tout le monde avait déjà vécu la même expérience qu’eux, soit qu’ils étaient les seuls à l’avoir jamais ressenti</a>.</p>
<p>Seconde constatation : bien que les personnes sensibles à l’ASMR aient chacune leurs propres préférences, il existe des constantes remarquables dans les <a href="https://peerj.com/articles/3846/">déclencheurs de cet état émotionnel</a>. Les plus courants sont les touchers légers, le chuchotement, les paroles douces, le fait de se trouver très proche de l’individu qui leur manifeste une attention personnelle, les mouvements délicats des mains et la clarté de certains sons.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/--uP5ckfcz4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Quelques exemples de « déclencheurs ».</span></figcaption>
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<p>Les situations qui induisent l’ASMR reposent souvent sur une combinaison de plusieurs de ces déclencheurs. Il peut s’agir de se faire couper les cheveux, ou de regarder quelqu'un accomplir une tâche banale telle que le pliage du linge. Sans surprise, les vidéos ASMR les plus populaires simulent cette <a href="https://www.youtube.com/watch?v=gf_MqDBBMPI">superposition de déclencheurs</a>.</p>
<h2>Quand le cerveau picote</h2>
<p>L'ASMR a fait l'objet de trois études par imagerie cérébrale. L'une d'entre elles a examiné en temps réel les zones activées lorsque survenaient les picotements caractéristiques de cet état. Pour cela, dix participants sensibles ont pris place dans un appareil d’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf) et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6209833">ont été exposés à des vidéos censées déclencher l’ASMR</a>.</p>
<p>Ces travaux ont révélé une activation accrue des régions du cerveau impliquées dans les émotions, l'empathie et les <a href="https://sk.sagepub.com/reference/behavioralsciences/n72.xml">comportements affiliatifs</a> (qui permettent de transmettre au partenaire une <a href="https://journals.openedition.org/communicationorganisation/1979#:%7E:text=11*%20la%20capacit%C3%A9%20%C3%A0%20privil%C3%A9gier,%C2%BB%2C%20%C2%AB%20d%C3%A9sajustement%20%C2%BB%20ou%20%C2%AB">intention d'interaction sociale sécurisante</a>) durant les périodes où les picotements se produisaient. Ces résultats sont préliminaires et basés sur un échantillon de petite taille. Ils sont cependant intéressants, car les auteurs y comparent l'ASMR à des comportements de soins et de toilettage : cela suggère que l'ASMR activerait les voies neurologiques impliquées dans les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18662717/">liens socioémotionnels</a>. Cette idée est quelque peu soutenue par d’autres recherches, qui ont mis en évidence le fait que <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0196645">les personnes qui font l'expérience de l’ASMR peuvent se sentir davantage connectées aux autres</a>.</p>
<p>Deux autres études d'imagerie cérébrale ont adopté une approche différente. Elles ont examiné les différences d’activité cérébrale au repos (lorsque les personnes sont simplement allongées dans le scanner) chez des individus sensibles à l’ASMR, et chez des individus non sensibles. Les auteurs ont découvert que les personnes sensibles ont <a href="https://peerj.com/articles/7122/">des réseaux neuronaux moins distincts et plus intriqués</a> que les autres, ce qui suggère que l’ASMR pourrait se produire en raison d'une capacité réduite à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27196787">réprimer les réponses émotionnelles résultant des stimulations sensorielles</a>.</p>
<p>Ce résultat peut sembler négatif, mais ce n'est pas forcément le cas. Nous intégrons tous des informations provenant du monde extérieur (images, sons, odeurs), ce qui nous procure des expériences émotionnelles. Cependant, la manière dont sont intégrées ces informations et les émotions qui en résultent varie d’une personne à l’autre.</p>
<p>Être moins capable d'inhiber les connexions entre le monde extérieur et notre monde intérieur peut signifier vivre des expériences émotionnelles positives plus intenses. On peut avoir <a href="https://mp.ucpress.edu/content/27/1/61">la chair de poule</a> en entendant notre musique préférée, ou ressentir <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/hbm.24616">un puissant émerveillement</a> – ou d’autres émotions complexes – face à une œuvre d’art.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/IHtgPbfTgKc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L'une des premières vidéos ASMR jamais uploadées sur YouTube.</span></figcaption>
</figure>
<p>Les personnes qui sont sensibles à l’ASMR sont plus susceptibles de vivre des expériences multisensorielles complexes tels que des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6086079/">frissons musicaux</a> ou <a href="https://peerj.com/articles/851/">la synesthésie</a> (<em>ndlr : chez les gens affectés par cette « union des sensations », un seul stimulus sollicite simultanément plusieurs sens : les sons sont à la fois perçus en tant que tel et « vus » comme des <a href="http://writingscience.web.unc.edu/2017/09/synesthesia-colorful-sounds-and-flavored-colors/">couleurs en mouvement</a>, par exemple</em>). Malheureusement, les individus réceptifs à l’ASMR sont également plus susceptibles de faire l’expérience de la <a href="https://www.revmed.ch/RMS/2015/RMS-N-462/La-misophonie-ou-l-aversion-pour-le-bruit-a-propos-d-un-cas-clinique">misophonie</a>, (littéralement « haine du son »), une aversion pour les bruits produits par les autres.</p>
<h2>Plus empathique</h2>
<p>Outre les aspects neurologiques, les chercheurs ont exploré les autres différences entre personnes réceptives à l’ASMR et personnes non réceptives. Dans l'ensemble, les recherches suggèrent que les premières ont davantage tendance à vivre des expériences <a href="https://peerj.com/articles/8588/">plus immersives ou plus captivantes</a>.</p>
<p>Elles obtiennent aussi un score plus élevé pour le trait de personnalité <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2017.00247/full">« ouverture à l'expérience »</a>, qui reflète l'imagination, la curiosité intellectuelle et l'appréciation de l'art et de la beauté.</p>
<p>Elles sont enfin <a href="https://psycnet.apa.org/record/2017-49212-009">plus empathiques</a>, au moins concernant deux critères, à savoir la compassion et le souci des autres ainsi que la capacité à s’immerger dans leur imagination ou dans la fiction.</p>
<h2>Un outil de thérapie ?</h2>
<p>Un rapide coup d'œil aux commentaires des vidéos ASMR suffit pour se convaincre que cet état émotionnel est une réelle source de réconfort pour ceux qui visionnent ces films censés l’induire : ils améliorent leur humeur, soulagent leurs insomnies et vont même jusqu’à atténuer les effets de la solitude.</p>
<p>Certes, ces affirmations sont anecdotiques. Cependant nous disposons à présent de <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0196645">preuves scientifiques préliminaires</a> pour les étayer. Des réductions significatives du <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Ufyk1z62FVA">rythme cardiaque</a> de personnes sensibles à l’ASMR ont par exemple été enregistrées pendante qu’elles regardaient des vidéos destinées à déclencher cet état. Ces changements traduisent une réduction du niveau de stress comparables à celles observées lors de la méditation de pleine conscience ou de l’écoute de musique. Toutefois, la question de savoir si l'ASMR peut constituer une forme de thérapie efficace (et si elle devrait être utilisée comme telle) demeure pour l’instant sans réponse.</p>
<p>C'est une période passionnante pour la recherche sur l'ASMR, car nous ignorons encore énormément de choses… De futures études seront nécessaires pour déterminer si tout le monde a le potentiel de ressentir l'ASMR, si cette approche pourrait constituer une nouvelle forme de thérapie, etc. Espérons aussi que la recherche permettra un jour de déterminer pourquoi seules certaines personnes semblent capables d’expérimenter ce phénomène unique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146357/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Giulia Poerio ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cela fait dix ans que les premières vidéos d’ASMR ont été mises en ligne sur YouTube. Aujourd’hui, des millions d’utilisateurs visionnent ce type de contenus, source de détente. Qu’en dit la science ?Giulia Poerio, Associate lecturer, University of EssexLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1418042020-07-01T17:50:14Z2020-07-01T17:50:14ZTikTok et la question de l'influence chinoise aux Etats-Unis<p><a href="https://www.tiktok.com/fr/">TikTok</a> est une application de médias sociaux, propriété de l’entreprise chinoise <a href="https://www.bytedance.com/en/">ByteDance</a>. Née en septembre 2016 sous le nom de <a href="https://www.douyin.com/">Douyin</a>, elle a été adaptée aux marchés occidentaux en 2017 tout en conservant des réseaux indépendants afin de se conformer aux restrictions et exigences de la censure chinoise. </p>
<p>L’application semble d’apparence on ne peut plus inoffensive ; pourtant, selon le gouvernement américain, elle pose un problème de sécurité nationale. Au point que Donald Trump vient d'annoncer son intention de l'interdire. </p>
<p>Le principe de TikTok repose sur le partage de courtes vidéos. Elle <a href="https://www.tiktok.com/about?lang=fr">définit sa mission</a> de façon très sympathique :</p>
<blockquote>
<p>« TikTok est la destination incontournable pour les vidéos mobiles au format court. Nous avons pour mission de développer la créativité et d’apporter de la gaieté. »</p>
</blockquote>
<p>Avec <a href="https://www.blogdumoderateur.com/tiktok-2-milliards-telechargements/">2 milliards de téléchargements</a> sur les stores d’Apple et de Google, d’après une étude de <a href="https://sensortower.com/blog/tiktok-downloads-2-billion">Sensor Tower</a>, et un nombre d’utilisateurs actifs avoisinant le milliard (un nombre qui a <a href="https://www.rtl.fr/actu/futur/confinement-le-nombre-d-utilisateurs-de-tiktok-explose-7800370477">explosé durant le confinement mondial</a>), c’est un succès mémorable de l’Internet contemporain.</p>
<p>Selon des estimations du cabinet d’études eMarketer, le nombre d’Américains utilisant TikTok devrait <a href="https://www.emarketer.com/content/podcast-tiktok-is-apparently-future">dépasser la barre des 50 millions dès 2021</a>. Or 41 % des utilisateurs ont entre 16 et 24 ans. La propagation fulgurante de cette application « sous tutelle » du pouvoir chinois, sorte de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_de_Troie_(informatique)">cheval de Troie</a> intellectuel apte à « formater » un public influençable en distillant insidieusement – outre la censure assumée – des croyances et des valeurs bien éloignées de celle de l’oncle Sam provoque une grande inquiétude de l’administration américaine, qui a identifié <a href="https://thepostmillennial.com/china-owned-tiktok-is-a-national-security-threat-and-we-should-all-delete-it">cinq risques potentiels liés à TikTok</a>.</p>
<h2>Les risques « géopolitiques »</h2>
<p><em>Risques 1 et 2 : La collecte de données par les autorités chinoises</em></p>
<p>1 : La collecte de données sur les employés du gouvernement américain.</p>
<p>Ce premier risque a amené le sénateur Josh Hawley à présenter le 12 mars 2020 au Sénat un projet de loi <a href="https://www.hawley.senate.gov/senators-hawley-scott-introduce-legislation-ban-tiktok-government-devices">interdisant le téléchargement et l’utilisation de TikTok</a> sur les appareils du gouvernement fédéral. Hawley prévoit des exceptions pour des activités telles que les enquêtes des forces de l’ordre et la collecte de renseignements, mais si son texte était adopté, « aucun employé des États-Unis, officier des États-Unis, membre du Congrès, employé du Congrès, ou officier ou employé d’une société d’État » ne pourra télécharger ou utiliser TikTok ou toute autre application développée par ByteDance ou toute entité appartenant à ByteDance.</p>
<p>2 : La collecte de données sur les personnes américaines non employées par le gouvernement.</p>
<p><em>Risques 3 et 4 : La censure</em></p>
<p>3 : TikTok censure les informations émanant de Chine, à la demande de Pékin.</p>
<p>4 : TikTok censure les informations extérieures à la Chine, et ce à la demande de Pékin.</p>
<p><em>Risque 5 : La désinformation</em></p>
<p>5 : Les usagers peuvent diffuser de fausses informations fournies par le pouvoir chinois.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1220979369469935617"}"></div></p>
<p>Zynn, le clone de TikTok </p>
<p>Une autre application fait dernièrement parler d’elle outre-Atlantique. Elle s’appelle Zynn, elle ressemble à s’y méprendre à TikTok et, depuis le 27 mai 2020, <a href="https://sensortower.com/ios/rankings/top/iphone/us/all-categories?date=2020-05-27">elle est numéro un des applications gratuites sur l’AppStore</a> avec pas moins de trois millions de téléchargements en un mois… </p>
<p>Notons que cette application qui, aux yeux des autorités américaines, présente les mêmes problématiques que TikTok, a été, elle, retirée du Google PlayStore le mercredi 10 juin pour plagiats avérés. Il est vrai que son approche audacieuse du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Growth_hacking">growth hacking</a> – pour doper son lancement, elle a copié les <a href="https://www.ladn.eu/media-mutants/reseaux-sociaux/classement-10-plus-gros-influenceurs-francais-tiktok/">profils de stars de TikTok</a> comme <a href="https://www.tiktok.com/@addisonre?lang=fr">Addison Rae</a>, une personnalité suivie par près de 48,2 millions de personnes à ce jour – aura été assez difficile à camoufler…</p>
<p>S’agit-il d’une victoire pour TikTok contre son clone ? Le clone n’est-il qu’un leurre ? De toute façon, la problématique reste inchangée pour Washington et les autres États – qui ne semblent pas à ce jour s’émouvoir du succès de l’application chinoise. Ce qui est sûr, c’est que la grossièreté du plagiat de Zynn ne peut qu’interroger.</p>
<h2>Des failles réparées, et après ?</h2>
<p>En janvier 2020, une importante faille de sécurité de TikTok avait été détectée par les chercheurs en sécurité de <a href="https://research.checkpoint.com/2020/tik-or-tok-is-tiktok-secure-enough/">Check Point Research</a>. La faille offrait quatre possibilités d’actions malveillantes loin d’être anodines. Elle permettait à ceux qui sauraient l’utiliser :</p>
<ul>
<li><p>d’accéder au gestionnaire de vidéos des utilisateurs de TikTok ;</p></li>
<li><p>de publier des contenus à la place des usagers ;</p></li>
<li><p>de diffuser sur l’application des vidéos enregistrées en privé par les usagers ;</p></li>
<li><p>d’accéder au profil des membres du réseau et de récupérer leurs données personnelles.</p></li>
</ul>
<p>De quoi renforcer les craintes des autorités américaines sur le potentiel de nuisance de l’application, quand bien même le réseau social a corrigé la faille dans sa dernière version mise à jour. <a href="https://www.linkedin.com/in/luke-deshotels-b2313511/">Luke Deshotels</a>, ingénieur en sécurité au sein de TikTok, avait alors déclaré dans un communiqué relayé par <a href="https://www.theverge.com/2020/1/8/21050589/tiktok-patched-vulnerability-hackers-videos-china-bytedance-checkpoint">The Verge</a> :</p>
<blockquote>
<p>« TikTok s’est engagé à protéger les données de ses utilisateurs. Nous encourageons les chercheurs en sécurité à nous faire part en privé des <a href="https://www.panoptinet.com/cybersecurite-decryptee/cest-quoi-une-faille-zero-day.html">failles zéro-day</a>. […] Avant même la divulgation publique, Check Point avait reconnu que tous les problèmes signalés avaient été corrigés dans la dernière version de notre application. Nous espérons que cette résolution réussie encouragera une future collaboration avec les chercheurs en sécurité. »</p>
</blockquote>
<p>Cela pouvait-il pour autant rassurer les autorités américaines ? La réponse est clairement non. Les failles sont une chose. Le fait que l’application les a corrigées aussi rapidement donne certes une impression de transparence mais celle-ci ne change en rien la mainmise (censure, etc.) d’un régime autoritaire sur un réseau social qu’il laisse se distiller dans le monde « libre » selon ses règles. Ce réseau – d’une autre façon, mais au même titre que le site d’informations multilingue russe « Sputnik » – demeure une arme insidieuse d’influence massive…</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/_5DruVUcfyw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Les failles ne sont-elles pas, in fine, que des détails dont l’élimination ne résout nullement la réalité de deux mondes qui s’affrontent ? Rappelons-nous, pour mettre les choses en perspective, qu’en 2018 c’est une <a href="https://usbeketrica.com/article/version-censuree-google-chine-salaries-indignent-direction-recule">levée de boucliers des salariés de Google</a> qui avait contraint la firme à revenir sur sa proposition de se conformer aux exigences de censure du pouvoir chinoise. « La méthode TikTok » ne contourne-t-elle pas de fait, cette problématique pour, sans violence et subrepticement, se doter des moyens d’imposer une certaine vision du monde à l’Occident ?</p>
<p>La problématique demeure : celle d’un outil à la solde d’un régime autoritaire qui ne joue pas selon les mêmes règles du jeu que les régimes à prétention démocratique…</p>
<h2>La tentation d’un mésusage de TikTok, fantasme ou réalité ?</h2>
<p>« Le seul moyen de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu’elle s’interdit », avertissait Oscar Wilde.</p>
<p>La tentation de détournement d’usage d’un outil aussi fortement implanté dans le camp de la jeunesse « ennemie » est nécessairement élevée à Pékin. Ne faudrait-il pas être bien naïf de croire qu’un régime autoritaire n’en fasse pas un usage plus… actif ? À vous de juger.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/141804/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yannick Chatelain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans quelle mesure l’application chinoise TikTok, extraordinairement populaire chez les jeunes, spécialement aux États-Unis, offre-t-elle à Pékin un moyen d’influencer l’opinion américaine ?Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1399102020-06-02T17:35:54Z2020-06-02T17:35:54ZVidéo : Conférence en ligne, « la science face à l’urgence »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/339225/original/file-20200602-133860-xswt77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C5725%2C3837&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pipette faisant tomber un échantillon dans un tube à essai.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/pipette-dropping-sample-into-test-tube-571093666">Africa Studio / Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Face à une pandémie de Covid-19 qui a déjà causé plus de 350 000 morts et nécessité des mesures inédites de confinement pour plus de 40 % de la population mondiale, les scientifiques doivent s’adapter pour trouver médicaments et vaccins le plus rapidement possible.</p>
<p>Mais que veut dire <em>vite</em> pour la science ? Depuis l’apparition du SARS-CoV-2 fin 2019, aucun traitement vraiment efficace n’a encore été validé et aucun vaccin n’est attendu avant de nombreux mois. Quels sont les facteurs limitant la recherche et la production rapide de solutions ? Peut-on s’affranchir de certaines pratiques en temps de pandémie ?</p>
<p>Pour essayer de répondre à ces questions, The Conversation France et l’AUF (l'Agence Universitaire de la Francophonie) ont organisé le 20 mai 2020 une conférence en ligne sur le thème : « La science face à l’urgence. »</p>
<p>Cette conférence était animée par Benoît Tonson, journaliste scientifique. Eric Muraille, biologiste et immunologiste à l’Université Libre de Bruxelles (Belgique), et Alexandre Hocquet, historien des sciences à l’Université de Lorraine (France) répondaient à ses questions.</p>
<p>Si vous n’avez pas eu la possibilité d’assister à la conférence en direct, voilà la séance de rattrapage :</p>
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<figcaption><span class="caption">Conférence en ligne « La science face à l’urgence ».</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/139910/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comment les scientifiques du monde entier ont pu travailler dans cette période de crise ? Une conférence à voir et revoir.Eric Muraille, Biologiste, Immunologiste. Maître de recherches au FNRS, Université Libre de Bruxelles (ULB)Alexandre Hocquet, Professeur des Universités en Histoire des Sciences, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1395152020-05-27T18:16:01Z2020-05-27T18:16:01ZVidéo : Comment le savon agit-il sur les virus ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/337992/original/file-20200527-20260-6p0mpb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C34%2C3831%2C2550&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bulles de savon.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/pacensepatoso/5492325935/in/photolist-9nkB9K-6jLZRs-vjXZnw-8qxPjd-87bRma-3snSM-6hhQvg-6M8SFi-wouJwk-XJmWq-XJmsm-XJpuL-XJkuJ-XDX7R-sH7Gd-4m3qMh-GikvKz-bub2LC-7HgX9n-c3MvVs-42cFq-daeBXh-9vwjtU-u4rrFx-d2BZFJ-8J7NJh-p6Dnmk-oPqpLu-6E8nrM-HC13Yq-EUs7nB-rQnt7m-oa3jAi-6idcyB-sjwMes-as6cB2-oPqpk9-asrUMT-9FCiqz-daeJzc-6Qmy7F-7F2tbM-af5YSL-u4xrhR-7Xg7KU-9FFcLU-oPqprb-jr29yx-N91i2L-MPKhfu">Domingo Cáceres / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Nous entendons tous ce message : il faut se laver les mains pendant au moins 20 secondes pour réduire les risques de contagion par le SARS-CoV-2. Mais pourquoi ?</p>
<p>Lise Abiven <a href="https://theconversation.com/ces-savons-qui-font-la-peau-au-virus-134414">dans son article</a> nous a expliqué comment les tensioactifs, ces molécules contenues dans nos produits lavants, s’attaquent à l’enveloppe du virus et permettent de neutraliser leur potentiel viral. Dans cette vidéo, elle revient sur l’action des produits lavants et sur celle du gel hydroalcoolique et explique pourquoi il ne marche que sur des mains déjà assez propres.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Covid-19 : comment le savon agit-il sur les virus ? », de Lise Abiven.</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/139515/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lise Abiven ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Lise Abiven explique comment les savons, produits lavants et gels hydroalcooliques s’attaquent aux virus.Lise Abiven, Doctorante, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1383912020-05-12T19:18:13Z2020-05-12T19:18:13ZVidéo : Comprendre la pénurie des masques en France<p>Le déconfinement annoncé pose inévitablement la question du port de masques, « grand public », lavables et l’accessibilité d’autres, plus protecteurs, réservés aux personnels soignants ou aux personnes risquant plus fréquemment d’être infectées par la Covid-19. Face aux inconnues et aux données de santé fluctuantes, les Français·es s’interrogent particulièrement sur ces nouveaux objets censés éviter un éventuel « re-confinement ». Beaucoup de voix s’élèvent désormais pour critiquer la gestion du gouvernement quant à l’approvisionnement en masques, dont le nombre et la qualité ont été jugés insuffisants. À tel point que, comme le relève Arnaud Mercier dans <a href="https://theconversation.com/la-france-en-penurie-de-masques-aux-origines-des-decisions-detat-134371">son article</a>, « beaucoup parlent désormais de chaîne d’irresponsabilités ».</p>
<p>En s’appuyant sur la lecture complète de nombreux documents officiels, le chercheur établit une archéologie des choix de politique publique qui permet de comprendre comment la France se trouve aujourd’hui en situation de « pénurie ». Et présente ses principales hypothèses en vidéo.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Comment la France s’est-elle retrouvée en pénurie de masques ? » (Arnaud Mercier).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/138391/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud Mercier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Arnaud Mercier établit une archéologie des choix de politique publique qui permet de comprendre comment la France se trouve aujourd’hui en situation de « pénurie ».Arnaud Mercier, Professeur en Information-Communication à l’Institut Français de presse (Université Paris 2 Panthéon-Assas), Auteurs historiques The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.