tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/dinosaures-21007/articlesdinosaures – The Conversation2023-12-19T19:20:49Ztag:theconversation.com,2011:article/2192682023-12-19T19:20:49Z2023-12-19T19:20:49ZQuels âges avaient les dinosaures ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/563916/original/file-20231206-25-khhda0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C3%2C1160%2C794&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un tibia d’Ornithomimosaure provenant du gisement d’Angeac-Charente, et une lame mince pour étudier les cernes de croissance dans la section de l’os.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://images.cnrs.fr/photo/20230040_0001">@ Laurence Godart / DIM PAMIR / CNRS</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Voici une section de tibia d’un « dinosaure autruche », ou Ornithomimosaure. Ce nom donné par les paléontologues signifie en grec « lézard qui imite l’oiseau », en raison de la ressemblance morphologique superficielle du squelette de ce dinosaure à celui des autruches modernes. Les Ornithomimosaures ont vécu au Crétacé (entre 140 millions et 66 millions d’années). Ces <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195667115300847">bipèdes portaient des plumes</a> et pouvaient atteindre <a href="https://www.nature.com/articles/nature13874">jusqu’à 11 mètres de long</a>.</p>
<p>L’Ornithomimosaure propriétaire de ce tibia d’environ 50 cm de long provient du gisement d’Angeac-Charente, en Charente. Ce gisement, daté du Crétacé inférieur (140 millions d’années), a révélé des dizaines de milliers d’ossements, représentant les squelettes désarticulés de différentes espèces de dinosaures, dont <a href="https://bioone.org/journals/geodiversitas/volume-44/issue-25/geodiversitas2022v44a25/Vertebrate-paleobiodiversity-of-the-Early-Cretaceous-Berriasian-Angeac-Charente-Lagerst%C3%A4tte/10.5252/geodiversitas2022v44a25.full">plusieurs espèces de grands dinosaures herbivores et deux grandes espèces de dinosaures carnivores, mais également de tortues, de crocodiles, de lézards, de reptiles volants, d’amphibiens, de poissons, ou encore de mammifères</a>. L’ensemble de ces fossiles ont été déposés et enfouis pendant une durée relativement courte, ce qui permet d’affirmer que ces différentes espèces cohabitaient au sein d’un même écosystème, dont l’environnement était un <a href="https://www.idunn.no/doi/full/10.1111/let.12394">marécage d’eau douce subtropical</a>.</p>
<p>Parmi l’ensemble de ces restes fossilisés, les os attribués à l’Ornithomimosaure sont les plus abondants, en particulier les fémurs et les tibias. Au moins 70 individus d’une même population ont été enfouis à cet endroit. Ils avaient des tailles très différentes, comme en attestent les fémurs et tibias retrouvés qui mesurent de 20 à 50 centimètres.</p>
<p>Si les plus grands fémurs et tibias appartiennent probablement à des individus âgés, quels âges avaient-ils exactement ? Étaient-ils arrivés à maturité ? Combien d’années étaient nécessaires aux plus petits individus pour atteindre la taille des plus grands ?</p>
<h2>Compter l’âge des dinosaures comme celui des arbres</h2>
<p>Depuis 50 ans, les <a href="https://www.app.pan.pl/article/item/app28-225.html">paléontologues étudient l’âge des dinosaures</a>. En effet, connaître l’âge précis d’un individu est un prérequis indispensable pour de nombreux domaines de recherche tels que la biologie du développement — qui étudie comment les organismes croissent et se développent, ou encore la dynamique des populations — qui étudie les fluctuations du nombre d’individus au sein d’une population au cours du temps.</p>
<p>Pour connaître précisément l’âge d’un dinosaure, il faut plonger au cœur de ses os. Chez l’ensemble des vertébrés, la croissance osseuse ralentit et peut même cesser de façon cyclique et saisonnière. L’interruption de la croissance osseuse est visible dans l’épaisseur de l’os, matérialisée sous la forme d’une ligne concentrique sombre, qui rappelle les cernes des arbres. On appelle ces structures des lignes d’arrêt de croissance. De la même façon qu’une durée d’un an sépare deux cernes successifs dans le tronc d’un arbre, deux lignes d’arrêt de croissance successives dans un os indiquent qu’un an s’est écoulé.</p>
<p>Pour estimer les âges de cette population, nous avons donc sectionné 13 tibias et 7 fémurs d’Ornithomimosaure et compté leurs lignes d’arrêt de croissance. Nous avons ensuite mis en relation ces données d’âge avec plusieurs indicateurs de la taille du dinosaure, par exemple la circonférence de la surface externe de l’os. Ceci revient à établir un « modèle » de la croissance de cet animal.</p>
<p>Nous avons ensuite appliqué ce modèle de croissance à 294 fémurs et tibias d’Ornithomimosaures d’Angeac-Charente : connaissant leur taille, on peut maintenant estimer leur âge à partir du modèle sans avoir besoin de les sectionner.</p>
<p>Nos estimations, encore préliminaires, montrent que les plus jeunes individus étaient âgés de un à deux ans et les plus vieux individus de 18 à 20 ans. Ces derniers avaient achevé leur croissance comme le montre l’espacement entre deux lignes d’arrêt de croissance successives qui diminue jusqu’à devenir infime pour les plus grands fémurs et tibias sectionnés. Le profil d’âge du troupeau est fortement asymétrique avec une surreprésentation des individus les plus jeunes centrée autour de 5-9 ans. Nous pensons qu’une mortalité accrue débutant à partir de 6-7 ans pourrait être la cause de cette distribution asymétrique.</p>
<p>Ces données biologiques d’âge et de croissance seront confrontées à des données isotopiques du carbone, de l’oxygène, du calcium et du strontium mesurées dans une cinquantaine de fémurs couvrant l’ensemble de la gamme de taille (et donc d’âge) observée. Ces données isotopiques permettent notamment de retracer les régimes alimentaires. Ainsi il sera possible de comprendre si ces individus partageaient ou non les mêmes ressources environnementales en fonction de leur stade de croissance ; par exemple si les plus jeunes individus avaient un régime alimentaire différent ou non des individus les plus âgés. Cela permettra de comprendre, <em>in fine</em>, comment s’intégrait cette espèce au sein de l’écosystème d’Angeac-Charente.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219268/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean Goedert a reçu des financements du DIM PAMIR. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ronan Allain a reçu des financements du MNHN, du département de La Charente, de la communauté d'agglomération de Grand Cognac, et de la Mairie d’Angoulême. </span></em></p>Combien de temps vivaient les dinosaures ? À quel âge étaient-ils « adultes » ?Jean Goedert, Post-doctorant en paléontologie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Ronan Allain, Maître de conférences en paléontologie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1766262022-02-22T14:28:40Z2022-02-22T14:28:40ZUn œuf remarquablement bien conservé révèle ce que les oiseaux ont hérité des dinosaures<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/446601/original/file-20220215-19-m95n6d.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C0%2C3922%2C2497&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Reconstitution artistique d’un bébé oviraptoridé dans son œuf.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Julius Csotonyi)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les oviraptorosaures forment un <a href="https://www.britannica.com/animal/Oviraptorosauria">groupe de dinosaures qui ressemblaient à des oiseaux</a> et faisaient partie de la lignée ancestrale de dinosaures dont sont issus les oiseaux. Les oviraptorosaures marchaient sur deux pattes, avaient un puissant bec édenté et étaient recouverts de plumes.</p>
<p>L’une des premières espèces connues, <em>Oviraptor philoceratops</em>, a été découverte dans les années 1920 à la suite de <a href="https://core.ac.uk/download/pdf/18225666.pdf">la mise au jour d’un squelette à côté d’un nid qui contenait des œufs</a> dans des roches du Crétacé du désert de Gobi, en Mongolie. Les paléontologues de l’époque ont supposé que l’animal était mort en tentant de dévaliser le nid d’un autre dinosaure. Son nom signifie « voleur d’œufs ».</p>
<p>Ce n’est qu’au milieu des années 1990, <a href="https://doi.org/10.1126/science.266.5186.779">grâce à un autre fossile</a>, qu’on a compris qu’<em>Oviraptor</em> était en fait mort alors qu’il prenait soin de ses propres œufs. Depuis, plusieurs découvertes importantes d’œufs et de nids d’oviraptorosaures ont aidé les paléontologues à reconstituer les habitudes de reproduction et de nidification de ces dinosaures si particuliers qui ressemblent à des oiseaux.</p>
<p>En 2021, la dernière découverte de ce type a révélé le <a href="https://doi.org/10.1016/j.isci.2021.103516">squelette incroyablement bien préservé d’un oviraptorosaure recroquevillé dans son œuf</a>. Notre groupe de scientifiques du Canada, de Chine et du Royaume-Uni a dirigé l’étude de ce fossile chinois vieux de 70 millions d’années et connu sous le nom de « Baby Yingliang ».</p>
<h2>Baby Yingliang</h2>
<p>Baby Yingliang est le premier squelette d’un bébé dinosaure qui permet de voir précisément la position de l’embryon dans son œuf. Bien que les restes d’autres embryons aient déjà été trouvés à l’intérieur de leur œuf, leur position n’était pas claire, car ils étaient désarticulés ou avaient de nombreux os manquants.</p>
<p>Dans le cadre de notre étude du fossile d’oviraptorosaure, nous avons remarqué une caractéristique longtemps considérée comme unique aux oiseaux et qui concerne la façon dont l’embryon est placé dans l’œuf avant l’éclosion. Chez Baby Yingliang, son dos est recourbé dans l’extrémité arrondie de l’œuf et sa tête est contre l’abdomen, la queue étant enroulée contre l’extrémité pointue. Les pattes sont tellement repliées qu’elles se trouvent de part et d’autre de la tête et du haut du corps. L’embryon ressemble à un poussin quelques jours avant l’éclosion.</p>
<p>Les embryons d’oiseaux se replient toutefois davantage que ce que nous avons constaté chez Baby Yingliang. Juste avant l’éclosion, la tête se glisse sous l’aile et se place sur l’épaule, une position qui aide au bêchage et à la sortie de l’œuf. Peut-être que Baby Yingliang aurait été complètement replié tel un oiseau s’il avait vécu un peu plus longtemps – sa position suggère néanmoins que de telles postures embryonnaires sont d’abord apparues chez les dinosaures avant d’être transmises aux oiseaux.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="illustration en couleur d’un embryon de dinosaure recroquevillé dans son œuf" src="https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/446610/original/file-20220215-25-5aj620.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Reconstruction artistique de Baby Yingliang.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Lida Xing/Shoulin Animation)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Comportements d’incubation</h2>
<p>Il existe d’autres caractéristiques relatives aux œufs que les oiseaux ont héritées des oviraptorosaures. Il s’agit notamment de la structure des couches de la coquille, de la forme de l’œuf (une extrémité est plus pointue), des <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-018-0646-5">pigments qui donnent leur couleur</a> aux œufs et <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0142829">du style de nid ouvert</a>. Même le comportement d’incubation appelé couvaison, où le parent s’assoit sur ses œufs, longtemps considéré comme réservé aux oiseaux, existait chez ces dinosaures.</p>
<p>La découverte il y a environ 25 ans d’un fossile étonnant, et quelques autres du même type faites depuis, a permis d’observer le squelette d’un <a href="https://bioone.org/journals/american-museum-novitates/volume-2018/issue-3899/3899.1/A-Second-Specimen-of-Citipati-Osmolskae-Associated-With-a-Nest/10.1206/3899.1.short">parent oviraptorosaure accroupi sur ses œufs à la manière d’un oiseau</a>.</p>
<p>Ce qui est intéressant, c’est que les oviraptorosaures agençaient leurs œufs dans le nid d’une manière particulière, différente de celle des oiseaux. Les œufs, qui se trouvaient souvent à plus de 30 dans un nid, étaient placés en deux ou trois anneaux superposés, et orientés comme les rayons d’une roue de vélo. Si ces dinosaures utilisaient la chaleur de leur corps pour couver leurs œufs comme les oiseaux d’aujourd’hui, cette disposition était peut-être cruciale pour exposer tous les œufs au corps du parent dans l’espace central de l’anneau.</p>
<p>Les quelques fossiles d’oviraptorosaures en train de couver qui ont été découverts jusqu’à présent proviennent tous d’espèces de 100 kilos ou moins, qui ne devaient pas dépasser la taille d’une autruche. L’espèce à laquelle appartenait Baby Yingliang devait également être de cette taille : l’œuf de 17 centimètres devait peser un demi-kilogramme et faisait partie d’un agencement d’œufs formant un peu plus d’un demi-mètre de diamètre. Les <a href="https://doi.org/10.1038/nature05849">oviraptorosaures géants</a>, qui sont assez rares, étaient beaucoup plus gros, tout comme l’étaient leurs œufs et leurs nids.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="photographie d’un cercle d’œufs fossilisés" src="https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/446611/original/file-20220215-13-f501m4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un nid d’oviraptorosaure géant fossilisé en Chine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Kohei Tanaka)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Œufs géants, nids immenses</h2>
<p>En 2017, j’ai fait partie d’une équipe qui a étudié un autre squelette d’embryon, connu sous le nom de « Baby Louie ». Le squelette a été découvert avec un groupe d’œufs appartenant à une <a href="https://doi.org/10.1038/ncomms14952">nouvelle espèce d’oviraptorosaure géant, que nous avons nommé « Beibeilong »</a>. Ces œufs de dinosaures, les plus gros jamais trouvés, mesuraient plus de 45 centimètres de long et pesaient plus de cinq kilogrammes chacun. D’après leur taille, la femelle devait peser plus de 1 100 kilogrammes, et le diamètre du nid était d’environ deux mètres.</p>
<p>Si l’on présume que Beibeilong se comportait comme les autres espèces d’oviraptorosaures, une question évidente se pose : comment ce mastodonte pouvait-il s’asseoir sur le nid sans écraser ses œufs ?</p>
<p>En 2018, avec une autre équipe de recherche, <a href="https://doi.org/10.1098/rsbl.2018.0135">nous avons examiné les œufs et les nids d’espèces d’oviraptorosaures</a> dont le poids allait de 50 kilos à celui du Beibeilong. Nous avons constaté que la coquille des œufs de Beibeilong n’était sans doute pas assez solide, avec ses deux millimètres d’épaisseur, pour supporter tout le poids de l’animal.</p>
<p>Nous avons remarqué que si les œufs de presque toutes les espèces d’oviraptorosaures étaient disposés en anneau avec un espace central libre, la taille de cet espace était relativement plus grande chez les espèces géantes comme Beibeilong. Cela conduit à penser que ces espèces géantes construisaient leur anneau d’œufs différemment des plus petites, de sorte qu’il y avait beaucoup d’espace au centre pour supporter le poids du corps tout en réduisant probablement le contact avec les œufs.</p>
<h2>Des oiseaux et des dinosaures</h2>
<p>Les oiseaux ont hérité un grand nombre de leurs caractéristiques apparemment uniques des dinosaures. Des œufs et des nids fossilisés ont révélé chez les oviraptorosaures des caractéristiques associées à la reproduction semblables à celles des oiseaux.</p>
<p>On sait maintenant que plusieurs caractéristiques liées à la ponte, notamment les comportements d’incubation, ont été transmises de dinosaures, comme les oviraptorosaures, aux oiseaux. La récente découverte de Baby Yingliang permet de voir de manière unique la position embryonnaire à l’intérieur de l’œuf, laquelle ressemble remarquablement à celle d’un embryon d’oiseau qui s’apprête à éclore.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176626/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Darla K. Zelenitsky a reçu des financements du CRSNG. </span></em></p>Baby Yingliang est un embryon d’oviraptorosaure parfaitement conservé. Les découvertes découlant de l’étude de ce fossile révèlent les liens entre les dinosaures et les oiseaux.Darla K. Zelenitsky, Associate Professor, Dinosaur Paleobiology, University of CalgaryLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1751992022-01-30T19:09:20Z2022-01-30T19:09:20ZCe dinosaure était-il bipède ou quadrupède ? Comment savoir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/443042/original/file-20220127-8422-4gj6lo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C0%2C2041%2C1361&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Squelettes de _Dromaeosaurus albertensis_ exposés au _Natural History Museum_ de Londres.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/11327456@N00/120035623">James Offer/flickr</a></span></figcaption></figure><p>Dès la découverte des premiers dinosaures fossiles au début du XIX<sup>e</sup> siècle, des questions se sont posées au sujet de leur posture : sur deux pattes, ou sur quatre pattes ? Face à un <em>Diplodocus</em> ou à un T. rex, peu d’hésitation. Mais pour de nombreux autres, le message des os n’est pas aussi limpide. Alors comment les paléontologues font-ils pour déterminer quelle pouvait être la posture de ces créatures du passé ?</p>
<h2>Des erreurs corrigées au fil du temps</h2>
<p>Parlons-en du premier dinosaure connu ! Il s’agit de <em>Megalosaurus</em>, alias « grand lézard », qui vivait au Jurassique moyen (il y a env. 168-166 millions d’années) dans l’actuelle Angleterre et dont la description scientifique date de 1824.</p>
<p>À cette époque, William Buckland, son descripteur, ne possédait qu’une mâchoire pourvue de plusieurs dents, ainsi que des vertèbres et os longs des membres. Les premières représentations le figurent en lézard géant, d’une quinzaine de mètres de long, et donc en quadrupède avec les pattes disposées sur les côtés. Suite aux découvertes ultérieures, et notamment aux travaux de Richard Owen, les dinosaures ne sont plus représentés avec des pattes écartées du corps latéralement, mais avec des membres plus verticaux. C’est dans cette posture quadrupède érigée que <em>Megalosaurus</em> est représenté au <em>Crystal Palace Park</em> de Londres, où sont exposées en 1853 des reconstitutions grandeur nature de dinosaures. Aujourd’hui, les paléontologues savent que cette espèce, qui mesurait 6 à 7 mètres de long, était en réalité bipède.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gauche : le dinosaure est sur 4 pattes, il ressemble à un gros varan, avec des pattes et un corps massif et une tête plus fine ; Droite : deux dinosaures dressés sur leurs pattes arrières, avec deux pattes avant très petites, l’allure est plus élancée" src="https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=169&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=169&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=169&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=212&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=212&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442898/original/file-20220127-28-1slm3eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=212&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Représentations de <em>Megalosaurus</em>, dans une version quadrupède du <em>Crystal Palace Park</em> (gauche) et bipède (droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gauche : Cgp Grey/Flickr ; Droite : LadyofHats/Wikimedia commons</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’autres erreurs de reconstitution ont ainsi été corrigées au cours du temps et de l’avancée des connaissances en paléontologie. C’est le cas par exemple pour l’<em>Iguanodon</em>, représenté comme un quadrupède massif, puis comme un bipède dont la queue trainait par terre et enfin, aujourd’hui, comme un quadrupède capable d’être facultativement bipède (comme dans le dessin animé de Disney <em>Dinosaure</em>).</p>
<p>Ces changements de posture accompagnent également un changement dans la perception des dinosaures qui s’est produit dans les années 70, notamment lorsqu’il a été reconnu que les oiseaux sont bien des dinosaures. On est passé d’une image de créatures lourdes assez amorphes à celle d’animaux dynamiques relativement agiles.</p>
<h2>D’abord bipèdes ! Puis plusieurs retours à la quadrupédie</h2>
<p>Les dinosaures sont un groupe intéressant pour étudier les transitions posturales. Ils montrent en effet au moins quatre cas de transition de la bipédie à la quadrupédie : chez les sauropodomorphes (groupe du <em>Diplodocus</em>) et à au moins trois reprises chez les ornithischiens (autres herbivores tels que <em>Triceratops</em>, <em>Stegosaurus</em> et <em>Ankylosaurus</em>).</p>
<p>En effet, les premiers dinosaures étaient bipèdes. Une hypothèse suggère d’ailleurs que les dinosaures doivent leur succès évolutif, et donc leur grande et rapide diversification (radiation) dès le début du Trias, aux avantages liés à leur posture bipède. Ils auraient ainsi été plus rapides et agiles que leurs contemporains, les pseudosuchiens, groupe représenté actuellement par les crocodiliens. Cette hypothèse porte le nom <a href="https://youtu.be/BZR96Y5Rgr4">d’hypothèse de la supériorité locomotrice</a>.</p>
<p>Mais lorsque l’on devient massif, la bipédie n’est plus forcément la posture la plus avantageuse, d’où les retours à la quadrupédie.</p>
<h2>Comment nous renseignent les os ?</h2>
<p>Il y a un certain nombre de caractéristiques au niveau du squelette des membres qui permettent de distinguer la posture des dinosaures. C’est notamment le cas de rapports de longueurs et de la présence de certaines structures osseuses, telles que des attaches musculaires. Ces attaches sont en effet généralement relativement plus développées chez les quadrupèdes sur l’humérus (os du bras), l’ulna (ou cubitus, os de l’avant-bras) et moins développées sur le fémur (os de la cuisse), où s’attachent les muscles de la queue. Les dinosaures quadrupèdes ont également des membres antérieurs proportionnellement plus longs et des métatarsiens (os du pied) plus courts que les dinosaures bipèdes. La masse musculaire des bipèdes se concentre en effet davantage vers le haut des membres postérieurs, éloignant le centre de gravité de l’animal du sol, ce qui permet notamment des mouvements rapides et de meilleures capacités de course.</p>
<p>Les pieds sont positionnés verticalement sous le bassin chez les dinosaures quadrupèdes tandis qu’ils sont plus proches de la ligne médiane du corps (qui passerait verticalement au milieu du corps) chez les bipèdes, comme chez l’humain chez qui le genou est plus près de cette ligne que le haut de la cuisse. En effet, éloigner les pieds de la ligne médiane chez un bipède lui ferait perdre beaucoup de stabilité, du fait de la répartition du poids sur seulement deux membres et de son centre de masse situé plus en arrière du corps et plus loin du sol.</p>
<p>Le passage bipède-quadrupède chez les dinosaures est généralement lié à une forte augmentation de taille, si bien que des caractéristiques liées à un poids massif sont souvent associées à celles liées à la quadrupédie et il n’est pas toujours évident de les distinguer. Par exemple, les formes géantes présentent un allongement encore plus marqué des membres antérieurs.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Allosaurus : les os sont plus fins et plus courbés ; Giraffatitan : les os sont plus massifs et plus droits" src="https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=340&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=340&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442904/original/file-20220127-16-1gk5otr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=340&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Membres postérieurs du théropode <em>Allosaurus</em> (bipède) et du sauropode <em>Giraffatitan</em> (quadrupède géant) en vue postérieure (à gauche) et de profil gauche (à droite) montrant les membres plus verticaux chez <em>Giraffatitan</em> et les différences de proportions entre les os des membres.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://gspauldino.com/HunteriaBrachio.pdf">Romain Pintore, illustrations modifiées à partir de G. S. Paul et F. Trip & G. S. Paul (1988)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>La détermination de la posture s’appuie généralement sur l’identification de plusieurs de ces différentes caractéristiques anatomiques. Elle nécessite d’avoir une bonne représentation des proportions globales du squelette et donc des restes assez complets. Cependant, des chercheurs ont tenté de trouver des caractéristiques permettant de prédire si un organisme était bipède ou quadrupède à partir d’un seul os. C’est ce qu’a fait une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/joa.13598">équipe internationale</a> sur le fémur. Leur étude permet non seulement de mettre en évidence les caractéristiques morphologiques liées à une augmentation de taille (comme les extrémités de l’os plus robustes chez les plus massifs) et liées à un changement de posture (comme un os plus courbé chez les bipèdes), mais aussi de les différencier. Comme quoi, avec un seul os, on peut parfois en apprendre beaucoup !</p>
<h2>Et à partir de représentations de l’animal entier ?</h2>
<p>Des chercheurs ont modélisé la position du centre de masse (CoM) chez divers dinosaures. Une <a href="https://www.researchgate.net/profile/Susannah-Maidment/publication/265733436_What_drove_reversions_to_quadrupedality_in_ornithischian_dinosaurs_Testing_hypotheses_using_centre_of_mass_modelling/links/5823064d08aeb45b588916f4/What-drove-reversions-to-quadrupedality-in-ornithischian-dinosaurs-Testing-hypotheses-using-centre-of-mass-modelling.pdf">équipe anglo-canadienne</a> a étudié cela chez plusieurs ornithischiens chez lesquels une position trop antérieure du CoM, rendant naturellement la locomotion bipède impossible, a permis d’identifier un mode de locomotion quadrupède. Cette étude a également suggéré que le développement d’excroissances au niveau du crâne, mais également du dos et de la queue (telle la massue des ankylosaures) avait pu avoir un rôle important dans l’évolution de la position du CoM, en le tirant vers l’avant pour les collerettes et cornes par exemple, et ainsi de la posture, au moins au sein des cératopsiens (comme <em>Triceratops</em>).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gauche : dinosaure bipède penché vers l’avant, le CoM est proche de la hanche, aligné avec la pointe du pied ; Droite : dinosaure sur 4 pattes, le CoM est au niveau du ventre, entre les deux articulations des pattes avant et arrières" src="https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=127&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=127&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=127&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=159&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=159&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442907/original/file-20220127-18-7w3z8l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=159&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Reconstitution des silhouettes et de la position du centre de masse (ainsi que des articulations de l’épaule et de la hanche) chez le cératopsien primitif <em>Psittacosaurus</em> (inféré bipède, gauche) et le cératopsien plus dérivé <em>Chasmosaurus</em> (inféré quadrupède, droite). Échelles : 1 mètre.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00114-014-1239-2">Alexandra Houssaye, modifié d’après Maidment et al. (2014)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des changements de posture au cours de la croissance ?</h2>
<p>Une équipe internationale a également analysé si des critères pouvaient permettre d’étudier des changements de posture au cours de la croissance. Ces <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/pala.12451">chercheurs</a> ont ainsi suggéré, sur la base des circonférences des humérus (os du bras) et fémur (cuisse), un changement de posture de quadrupède à bipède chez le sauropode primitif <em>Mussaurus</em> et chez le cératopsien primitif <em>Psittacosaurus</em>. <em>Mussaurus</em> et <em>Psittacosaurus</em> occupent des positions dans l’arbre évolutif des dinosaures proches de là où des transitions évolutives de la posture (entre adultes de différentes espèces et non entre juvéniles et adultes d’une même espèce) semblent s’être produites (passage bipédie-quadrupédie chez les sauropodomorphes et chez les cératopsiens). Cette découverte suggère ainsi que ces caractères posturaux juvéniles auraient ensuite été retenus chez les adultes au cours de l’évolution.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Éclosion : dinosaure entièrement quadupède ; 1 an : quadrupède, mais la posture commence légèrement à se redresser et les pattes avant à rétrécir ; Adulte : bipède, les pattes arrières, la posture reste penchée vers l’avant" src="https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=139&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=139&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442917/original/file-20220127-28-1bzconi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=139&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Reconstitutions de <em>Mussaurus</em> à éclosion, à un an et adulte, marquées par un changement de posture de quadrupède à bipède au cours de la croissance.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-44037-1">Alexandra Houssaye, modifié d’après Otero et al. (2019)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Et si on n’a pas de squelette ?</h2>
<p>En plus des caractéristiques morphologiques, les empreintes peuvent aussi être un très bon indicateur quant à la posture. L’étude des empreintes s’appelle l’ichnologie. Malheureusement, il reste très difficile d’associer de façon précise des empreintes au dinosaure qui les a laissées. Elles permettent néanmoins de caractériser la locomotion de groupes de dinosaures identifiés à un rang taxonomique plus large (comme le genre ou la famille).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Photo d’une portion de pierre marquée de trois jeux d’empreintes ; un dessin de la zone permet de les mettre en évidence" src="https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442914/original/file-20220127-4708-9xk1dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pistes de sauropodes du Jurassique du Maroc. LM : main gauche (left manus), RP : pied droit (right pes).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.researchgate.net/profile/Jens-Lallensack/publication/330703643_Forelimb_Orientation_and_Locomotion_of_Sauropod_Dinosaurs_Insights_from_the_Middle_Jurassic_Tafaytour_Tracksites_Argana_Basin_Morocco/links/5dfb9241299bf10bc368afee/Forelimb-Orientation-and-Locomotion-of-Sauropod-Dinosaurs-Insights-from-the-Middle-Jurassic-Tafaytour-Tracksites-Argana-Basin-Morocco.pdf">Alexandra Houssaye, modifié d’après Lallensack et al. (2018)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Chez les sauropodes, de nombreuses empreintes de mains chez des formes petites à moyennes montrent une orientation latérale, tandis qu’elles sont davantage orientées vers l’avant chez des formes de grandes tailles. Cela a conduit des chercheurs à suggérer une réduction de la mobilité de la main liée à l’augmentation de la taille du corps ou causée par l’ossification continue des articulations avec l’augmentation de l’âge des individus. Ces <a href="https://www.researchgate.net/profile/Jens-Lallensack/publication/330703643_Forelimb_Orientation_and_Locomotion_of_Sauropod_Dinosaurs_Insights_from_the_Middle_Jurassic_Tafaytour_Tracksites_Argana_Basin_Morocco/links/5dfb9241299bf10bc368afee/Forelimb-Orientation-and-Locomotion-of-Sauropod-Dinosaurs-Insights-from-the-Middle-Jurassic-Tafaytour-Tracksites-Argana-Basin-Morocco.pdf">chercheurs</a> ont également mis en évidence, en comparant les empreintes de mains et de pieds, qu’une orientation plus antérieure des mains était également utilisée à des vitesses plus élevées, permettant au membre antérieur d’être lui aussi impliqué dans la propulsion de l’animal. En effet, la propulsion est toujours essentiellement assurée par les membres postérieurs chez les quadrupèdes. De plus, leur étude a montré un découplage dans les variations de posture et d’orientation des membres antérieurs et postérieurs, reflétant probablement des différences anatomiques et fonctionnelles marquées. Donc même sans squelette, on arrive à obtenir des informations sur la posture.</p>
<p>Ainsi, de nombreuses études sont en cours pour tenter d’élucider la posture des dinosaures, qu’il s’agisse de préciser la locomotion de formes pour lesquelles il n’y a plus d’ambigüité entre bipédie et quadrupédie, ou de comprendre le mode de locomotion de formes dont la posture reste bien plus énigmatique. Il y a notamment encore du travail avec toutes ces formes essentiellement quadrupèdes, mais capables de se déplacer de façon bipède et celles essentiellement bipèdes, mais capables de se mouvoir de façon quadrupède. Car elles ne sont pas rares ! Les études combinées de diverses équipes de recherche utilisant des approches différentes permettent au fur et à mesure de compléter nos connaissances dans ce domaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175199/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Houssaye a reçu des financements du CNRS et de l'ERC</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Romain Pintore ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dinosaures sont-ils bipèdes ou quadrupèdes ? Pour répondre à cette question, les paléontologues peuvent s’aider de plusieurs indices, squelettiques mais pas que !Alexandra Houssaye, Chercheuse Paleobiologie/Morphologie fonctionnelle, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Romain Pintore, Doctorant en Paléobiologie et Morphologie Fonctionnelle, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1635472021-06-29T15:00:52Z2021-06-29T15:00:52ZAvant la chute de l’astéroïde qui a causé leur extinction, les espèces de dinosaures étaient déjà sur le déclin<p>Il y a 66 millions d’années, dans la péninsule du Yucatán au Mexique s’écrase un <a href="https://arxiv.org/abs/1403.6391">astéroïde d’environ 12 kilomètres de diamètre</a>. Cet impact provoque une explosion dont on a peine à imaginer l’ampleur : l’équivalent de la puissance de plusieurs milliards fois celle de la bombe atomique larguée à Hiroshima. La plupart des animaux du continent américain sont tués immédiatement. L’impact déclenche également des tsunamis mondiaux. De plus, des tonnes et des tonnes de poussières sont éjectées vers l’atmosphère, plongeant la planète dans l’obscurité. Cet « hiver nucléaire » voit donc l’extinction d’un très grand nombre d’espèces végétales et animales. Parmi ces dernières, les plus emblématiques : les dinosaures. Mais avant ce cataclysme, comment se portait ce groupe ? C’est la question à laquelle nous avons essayé de répondre dans notre étude dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-021-23754-0"><em>Nature Communications</em></a>.</p>
<p>Nous nous sommes intéressés à six familles de dinosaures, les plus représentatives et les plus diversifiées de la période du Crétacé, notamment ces 40 derniers millions d’années. Trois étaient carnivores : les Tyrannosauridae, les Dromaeosauridae (comptant dans leurs rangs les fameux vélociraptors, rendus célèbres par les films <em>Jurassic Park</em>) et les Troodontidae (des petits dinosaures proches des oiseaux). Les 3 autres familles que nous avons étudiées étaient herbivores : les Ceratopsidae (représentés notamment par les <em>Triceratops</em>), les Hadrosauridae (la plus riche de toutes les familles en termes de diversité) et les Ankylosauridae (représentés en particulier par l’ankylosaure, une sorte de « tank » en armure osseuse avec une queue en massue).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/408816/original/file-20210629-18-ci9req.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Apparence possible d’un Ankylosaurus basé sur la reconstruction du squelette de Carpenter 2004 et des photographies de fossiles.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ankylosaurus#/media/Fichier:Ankylosaurus_dinosaur.png">Mariana Ruiz Villarreal LadyofHats/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Notre but était de déterminer à quel rythme ces familles se diversifiaient (formation d’espèce) ou s’éteignaient (disparition d’espèces). Nous savions que toutes ces familles avaient survécu jusqu’à la fin du Crétacé marquée par la chute de l’astéroïde.</p>
<h2>1 600 fossiles analysés</h2>
<p>Pendant cinq ans, nous avons compilé toutes les informations connues sur ces familles afin de tenter de déterminer combien et quelles espèces comptaient chaque groupe. Le travail était fastidieux, car nous avons inventorié la plupart des fossiles connus pour ces six familles, ce qui représentait plus de 1 600 individus pour environ 250 espèces. Plusieurs difficultés se posent pour chaque fossile : arriver à bien catégoriser l’espèce et le dater correctement. </p>
<p>Heureusement, ce travail a été réalisé avec d’éminents paléontologues (Guillaume Guinot, Mike Benton et Phil Currie). Dans le milieu scientifique, par souci de traçabilité, chaque fossile reçoit un numéro unique, ce qui nous permet de le suivre dans la littérature scientifique au fil du temps. C’était un travail de fourmi, car un premier auteur peut lui attribuer une date et une espèce, puis un autre va le réétudier et en faire une autre analyse, etc. On a donc dû prendre des décisions. Si nous avions trop de doutes, nous éliminions le fossile de l’étude.</p>
<p>Une fois chaque fossile bien catégorisé, nous avons utilisé un modèle statistique afin d’estimer le nombre d’espèces en fonction du temps, et ce pour chaque famille. Nous avons donc pu retracer au fil des millions d’années (de -160 à -66 millions d’années) les espèces qui apparaissaient et celles qui disparaissaient et estimer, toujours pour chaque famille, les taux de spéciation et d’extinction au cours du temps.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/408821/original/file-20210629-28-wwteqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">a) Dynamique des taux de spéciation (bleu) et d’extinction (rouge) à travers le temps pour les six familles de dinosaures. b) Dynamique du taux de diversification net à travers le temps. Les lignes pleines indiquent les taux moyens, tandis que les zones ombragées indiquent l’intervalle de crédibilité à 95 %.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fabien Contamine</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Pour estimer les taux de spéciation et d’extinction, plusieurs biais ont dû être pris en compte. Le registre fossile est en effet biaisé. Il est inégal dans le temps et dans l’espace, et certains groupes ne se fossilisent pas bien. C’est un problème bien connu en paléontologie lorsque l’on veut estimer la dynamique de la diversité passée. Compte tenu de ces problèmes, les modèles modernes et sophistiqués peuvent prendre en compte l’hétérogénéité de la préservation dans le temps et entre les espèces. Ce faisant, le registre fossile devient plus fiable pour estimer le nombre d’espèces à un moment donné. Mais il est important de rester prudent, car nous parlons d’estimations, et ces estimations peuvent changer avec un registre fossile plus complet par exemple, ou avec de nouveaux modèles analytiques.</p>
<h2>Le déclin des herbivores a précédé celui des carnivores</h2>
<p>Dans cette étude, nos résultats montrent que, 10 millions d’années avant la chute de l’astéroïde, à partir de – 76 millions d’années, le nombre d’espèces de dinosaures était en fort déclin. Ce déclin est particulièrement intéressant parce qu’il est mondial, et qu’il affecte aussi bien les groupes carnivores comme les tyrannosaures, que les groupes herbivores comme les tricératops. Il se retrouve également dans l’ancien (Europe, Asie, Afrique et Australie) et le nouveau monde (les Amériques). Il y a encore une certaine hétérogénéité dans la réponse. Certains ont fortement décliné comme les ankylosaures et les cératopsiens, et seule une famille (les troodontides) sur les six montre un très faible déclin, qui se situe dans les 5 derniers millions d’années.</p>
<p>Qu’est-ce qui a pu provoquer ce fort déclin ? À cette époque, la Terre a subi un <a href="https://www.nature.com/articles/ncomms5194">refroidissement global de 7 à 8 °C</a>.</p>
<p>Nous savons que les dinosaures ont besoin d’un climat chaud pour leur métabolisme. Comme on peut l’entendre souvent, ils n’étaient pas des animaux ectothermes (à sang froid) comme les crocodiles ou lézards. Ni endothermes (à sang chaud), comme les mammifères ou oiseaux. Ils étaient mésothermes, un système entre les reptiles et les mammifères et avaient besoin d’un climat chaud pour maintenir leur température et ainsi réaliser des fonctions biologiques de base comme les activités métaboliques. Cette baisse a donc dû les impacter très fortement.</p>
<p>Il est à noter que nous avons trouvé un déclin décalé entre les herbivores et les carnivores. Les mangeurs d’herbe ont décliné légèrement avant les mangeurs de viande. Le déclin des herbivores aurait provoqué celui des carnivores. Donc, d’après notre modèle, dès que des herbivores s’éteignent, les carnivores disparaissent, c’est ce que l’on appelle des extinctions en cascade. En effet, les herbivores sont des espèces clés dans les écosystèmes (même aujourd’hui dans les savanes en Afrique par exemple). Beaucoup d’espèces « gravitent » autour des espèces herbivores. Leur extinction entraîne souvent des extinctions d’autres espèces dépendant de ces herbivores.</p>
<p>La grande question qui reste en suspens : que se serait-il passé si l’astéroïde ne s’était pas écrasé ? Les dinosaures se seraient-ils éteints de toute façon, de par ce déclin déjà amorcé, ou auraient-ils pu rebondir ? Très difficile à dire. Beaucoup pensent que s’ils avaient survécu, les primates et donc les humains ne seraient jamais apparus sur Terre. Un fait important est qu’un éventuel rebond de la diversité peut être très hétérogène et dépendre du groupe, de sorte que certains groupes auraient survécu et d’autres non. Les hadrosaures, par exemple, montrent une certaine forme de résilience au déclin et auraient pu, peut-être, se rediversifier après le déclin.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, on pourrait dire que les écosystèmes à la fin du Crétacé étaient sous pression (détérioration climatique, changement majeur de végétation), et que l’astéroïde a été le coup de grâce. C’est souvent le cas dans la disparition des espèces : elles sont d’abord en déclin, sous pression, puis un autre évènement intervient et achève alors un groupe qui pouvait être au bord de l’extinction avant cet évènement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163547/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien Condamine ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si l’astéroïde a bien provoqué la fin brutale des dinosaures, une étude très récente montre que leur déclin avait commencé 10 millions d’années auparavant.Fabien Condamine, Chercheur au CNRS en Phylogénie et Evolution Moléculaire, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1616922021-06-15T17:07:55Z2021-06-15T17:07:55ZEn Provence, ils ont marché sur Terre avant les dinosaures<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/405383/original/file-20210609-14808-19cggm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1399%2C1053&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De nouvelles pistes fossiles de reptiles anté-dinosauriens ont été découvertes en Provence et analysées par une nouvelle méthode d’investigation (photogrammétrie 3D). La barre blanche indique 10&nbsp;centimètres.</span> <span class="attribution"><span class="source">Jean-Sébastien Steyer, MNHN</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p><em>Le format « Images de science » vous propose de décrypter une photographie particulièrement signifiante d’un point de vue scientifique, de la décrire et d’en comprendre les enjeux.</em></p>
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<p>Si on aime la Provence pour son vin, ses cigales et son art de vivre, on la connaît moins pour ses richesses naturelles : un patrimoine unique (faune, flore et géodiversité) intimement lié à l’histoire insolite et les paysages de cette terre coincée entre Méditerranée, Alpes et couloir rhodanien. Parmi ce patrimoine, de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0031018221002212">nouveaux fossiles datés du Paléozoïque</a> (Permien moyen, il y a environ 265 millions d’années), récemment découverts, permettent de mieux comprendre l’évolution des espèces et des écosystèmes avant les dinosaures.</p>
<h2>D’exceptionnelles traces fossilisées d’un animal en train de marcher</h2>
<p>Il s’agit de traces d’activités biologiques fossilisées : lorsque les animaux se déplacent sur un substrat assez meuble, ils laissent leurs empreintes au sol. Avec un peu de chance, ces empreintes peuvent se recouvrir d’argile fine et se fossiliser avec le temps. Ces traces fossilisées, dites « ichnofossiles » (du grec <em>ikhnos</em> : la trace) sont exceptionnelles. Les paléontologues les utilisent pour tenter d’identifier l’animal, mais aussi sa locomotion et l’environnement de l’époque : comme les fossiles plus « classiques » (os, dents, carapaces, etc.), les ichnofossiles sont de précieux indices pour mieux comprendre l’évolution des espèces.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/405402/original/file-20210609-14594-jnni7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/405402/original/file-20210609-14594-jnni7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/405402/original/file-20210609-14594-jnni7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/405402/original/file-20210609-14594-jnni7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/405402/original/file-20210609-14594-jnni7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/405402/original/file-20210609-14594-jnni7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/405402/original/file-20210609-14594-jnni7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Traces fossiles <em>Hyloidichnus</em>, Permien de Gonfaron, avec doigts et trace de queue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste/MNHN</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dans les roches argileuses rouges (grès et pélites) de la région de Gonfaron, dans le Var, nous avons en effet découvert des pistes fossiles attribuées à des insectes, des reptiles et des amphibiens ainsi que des fossiles : un véritable écosystème figé qui se dévoile peu à peu, au fur et à mesure de nos fouilles. Parmi nos trouvailles, des pistes de reptile très bien conservées présentent même des traces de queue et de griffes : elles permettent de reconstituer la démarche de l’animal passé par là il y a 265 millions d’années.</p>
<h2>Des traces de doigts pour comprendre la locomotion… et la morphologie du corps</h2>
<p>Plus précisément cette piste nommée <em>Hyloidichnus</em> correspond à des traces laissées par un représentant des captorhinides, groupe de reptile disparu. Lointains cousins des dinosaures, les captorhinides ressemblaient à des varans et pouvaient atteindre des tailles considérables comme le montrent d’autres fossiles découverts en Afrique.</p>
<p>Nos découvertes de Gonfaron montrent que ces reptiles, pourtant très anciens, se déplaçaient sur la terre ferme avec agilité et souplesse, utilisant leurs pattes avant et arrière à la fois pour la traction et la propulsion, et en ondulant légèrement le corps tandis que la queue servait à l’équilibre. Ces quadrupèdes dynamiques pouvaient même courir en s’appuyant sur la base des doigts uniquement (c’est la « semi-digitigradie ») comme le fond de nombreux reptiles modernes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/405384/original/file-20210609-14804-h87qx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/405384/original/file-20210609-14804-h87qx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=290&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/405384/original/file-20210609-14804-h87qx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=290&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/405384/original/file-20210609-14804-h87qx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=290&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/405384/original/file-20210609-14804-h87qx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=364&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/405384/original/file-20210609-14804-h87qx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=364&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/405384/original/file-20210609-14804-h87qx7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=364&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dessin de la piste <em>Hyloidichnus</em> avec la trace de la queue au centre (flèches rouges).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Antoine Logghe/MNHN</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>La photogrammétrie, de l’imagerie 3D en paléontologie</h2>
<p>Tous ces précieux indices ont été obtenus grâce à une méthode moderne d’imagerie 3D, la photogrammétrie, qui consiste à modéliser le moindre relief présent sur le fossile. Le spécimen est ainsi numérisé avec des courbes de niveau très précises, ce qui permet de relever le moindre détail concernant la morphologie des empreintes. Outre une observation plus fine, cette méthode permet aussi de calquer les traces sur les squelettes fossiles.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit avec Antoine Logghe, étudiant en master 2 de paléontologie au MNHN (CR2P/ISYEB) premier auteur de l’article scientifique cité en référence, qui correspond à une partie de son mémoire de master</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161692/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste a reçu des financements de MNHN, CNRS, SU, LABEX BCDiv, ANR, MEAE, National Geographic</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ce travail a été financé grâce aux programmes interdisciplinaires nommés RedPerm I et II, Action Transversale du MNHN, LabEx et Projet Fédérateur du MNHN. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>André Nel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De nouvelles pistes de reptiles fossiles vieilles de 265 millions d’années ont été découvertes en Provence. Elles datent d’avant les dinosaures.Romain Garrouste, Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (ISYEB), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)André Nel, Professeur au MNHN, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Jean-Sébastien Steyer, Paléontologue au CNRS, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1399882020-06-04T17:55:11Z2020-06-04T17:55:11ZPourquoi et comment les oiseaux font-ils leurs nids ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/339508/original/file-20200603-130907-1bsih0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La rémiz penduline et son nid très très douillet. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le nid des oiseaux, source d’inspiration et d’interrogation pour les poètes, les ornithologues et tous ceux que la nature interpelle, recouvre une réalité biologique complexe dont bien des aspects restent encore à découvrir.</p>
<p>Les oiseaux ont connu une formidable diversification depuis l’époque du Crétacé-Tertiaire (-66 à -65 millions d’années) et la disparition de la plupart des « dinosaures ». Leurs nids, que ce soit par leur conception, leur forme, leur taille, leur structure voire leurs fonctions, se sont également grandement diversifiés au cours de cette période.</p>
<h2>Les premiers nids, des incubateurs ?</h2>
<p>Parmi les vertébrés, les oiseaux ne sont pas les seuls à construire des nids : les reptiles (tortues, serpents, crocodiles, lézards…) et les mammifères le font aussi mais c’est bien chez les oiseaux que la diversité et l’élaboration de ces constructions atteignent leur apogée.</p>
<p>Chez les crocodiliens, plus proches parents vivants des oiseaux, les œufs sont pondus dans un nid creusé à même le sol, parfois agrémenté de débris végétaux ; alimenté par l’énergie solaire, cet abri fonctionne comme un incubateur.</p>
<p>L’homéothermie – cette capacité de l’organisme à produire sa propre chaleur, permettant à la femelle de couver directement ses œufs par contact corporel – s’est vraisemblablement mise en place progressivement dans la lignée des théropodes non-aviens (ces « dinosaures » plus proches parents des oiseaux), notamment via l’apparition et le développement des plumes. En ce sens, les <a href="https://www.nature.com/articles/378774a0">données fossiles</a> laissent à penser que certains théropodes non-aviens incubaient leurs œufs à la manière des oiseaux modernes. La généralisation de l’homoéthermie chez les oiseaux a entraîné une diversification de leurs nids, qui ont acquis de nouvelles fonctions.</p>
<p>De nos jours, les mégapodes que l’on rencontre en Australie et Papouasie Nouvelle-Guinée, bien qu’étant homéothermes, sont les seuls oiseaux à utiliser des nids-incubateurs. Certains d’entre eux, comme le leipoa ocellé (<em>Leipoa ocellata</em>), construisent d’énormes dômes végétaux pouvant atteindre 5 mètres de diamètre et 1 mètre de hauteur, entretenus tout au long de l’année par le mâle. La femelle y dépose ses œufs et la chaleur fournie par la matière en décomposition, contrôlée par le mâle, assure l’incubation des œufs.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CeYN_JE_sIk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« The Mallee Fowl » (leipoa ocellé) (CSIRO, 1957).</span></figcaption>
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<h2>Le nid, ce microhabitat autonome</h2>
<p>La maîtrise du vol aérien et l’homéothermie ont constitué des atouts considérables pour la colonisation de nouvelles niches écologiques par les oiseaux, tout en contribuant à la diversification des espèces. La capacité à construire dans des habitats variés a constitué un facteur d’émancipation supplémentaire vis-à-vis des contraintes du milieu naturel.</p>
<p>Le nid constitue en effet un microhabitat qui permet à la femelle de pondre ses œufs puis de les incuber, avec ou sans la participation du mâle, en s’affranchissant partiellement des conditions extérieures. La diversification des oiseaux – on compte plus de 10 700 espèces actuellement reconnues –, s’est accompagnée d’une diversification de leurs nids sans commune mesure avec ce qui est observé pour les autres vertébrés.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=898&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=898&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=898&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1129&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1129&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/339428/original/file-20200603-130934-tiye6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1129&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nids dans un palmier a Ouidah (Bénin).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/64449147@N00/15500594461">Loïc Pinseel/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>La fonction première du nid est de fournir un microhabitat favorable à la survie des œufs. L’évolution du nid, guidée par des contraintes multiples qui sont, outre de fournir un environnement thermique propice aux œufs, d’éviter la prédation et de résister aux intempéries, est sous l’influence de la sélection naturelle. La forme, l’aspect extérieur général, les capacités d’isolation thermique, l’emplacement et les matériaux choisis ont été, et sont encore, fortement sélectionnés.</p>
<p>Chez certaines espèces, le nid n’est pas simplement un microhabitat destiné aux œufs et aux oisillons, il est également un élément de la parade nuptiale. Ici, le ou les nids construits par le mâle sont destinés à attirer les femelles sur son territoire. Le choix du partenaire revenant à la femelle.</p>
<p>Chez le troglodyte mignon (<em>Troglodytes troglodytes</em>), un minuscule passereau commun dans nos régions, le mâle polygame construit entre six et douze nids, petites boules de mousse à ouverture latérale. La femelle visite plusieurs territoires occupés par les mâles, fixe son choix sur le nid qui lui convient le mieux et assure la finition intérieure. Il a été observé que les mâles qui construisent le plus grand nombre de nids sont aussi ceux qui ont le meilleur succès de reproduction.</p>
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<span class="caption">Troglodyte mignon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/167882645@N05/46805173944">Michel Penot/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<h2>Sans nid ou dans celui des autres</h2>
<p>Si tous les oiseaux pondent des œufs, tous ne construisent pas de nids. Certains, comme les chouettes, les hiboux ou les faucons, utilisent les nids construits par d’autres espèces, comme la corneille noire (<em>Corvus corone</em>) ou le pic vert (<em>Picus viridis</em>).</p>
<p>Le manchot empereur (<em>Aptenodytes forsteri</em>), habitant de l’Antarctique, dépose quant à lui son unique œuf sur ses pattes et le recouvre avec une couche de peau pour l’incuber, évitant à l’œuf tout contact avec la glace.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les mâles manchots couvent leurs œufs. (National Geographic Wild France, 2019).</span></figcaption>
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<p>Il existe également des oiseaux qui parasitent le nid d’autres espèces, s’affranchissant ainsi de l’incubation et de l’élevage des poussins. On les retrouve de par le monde et au sein de plusieurs familles et ordres, indiquant que ce comportement est apparu plusieurs fois au cours de l’évolution : les Anatidae (avec, par exemple, l’hétéronette à tête noire, <em>Heteronetta atricapilla</em>), les Cuculidae (dont le coucou gris, <em>Cuculus canorus</em>) ou les Passériformes (avec le vacher à tête brune, <em>Molothrus ater</em>, ou encore le Combassou du Sénégal, <em>Vidua chalybeata</em>).</p>
<p>Certaines espèces, comme le guillemot de troïl (<em>Uria aalge</em>) qui niche sur des falaises maritimes, ne construisent pas de nid du tout ; d’autres le réduisent à une simple cuvette creusée dans le sable, à l’instar du petit gravelot (<em>Charadrius dubius</em>) qui fréquente les plages et les bords de rivières.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le vacher à tête brune. (Dominique Lalonde Films Nature, 2018).</span></figcaption>
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<figcaption><span class="caption">Le petit gravelot. (Explore Croatia, 2020).</span></figcaption>
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<h2>Des coupes, des boules</h2>
<p>Beaucoup d’espèces, notamment parmi les Passeriformes, construisent leur nid à ciel ouvert.</p>
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<span class="caption">Nid de tchitrec azuré, <em>Hypothymis azurea</em>, à 50 cm du sol.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Le modèle général, celui d’une coupe ouverte, est décliné de mille façons tant par le choix des matériaux que par la taille, la hauteur, le degré de discrétion, et la forme de l’ouvrage, caractéristiques de chaque espèce.</p>
<p>Cependant, certaines espèces, comme la rémiz penduline (<em>Remiz pendulinus</em>) ou la mésange à longue queue (<em>Aegithalos caudatus</em>), construisent des nids en forme de boule dont la finition architecturale et la beauté émerveillent. Il en est de même dans les pays tropicaux avec les tisserins (<em>Ploceidae</em>), tisseurs de brins d’herbe, et les couturières (<em>Cisticolidae</em>), couseuses de feuilles, qui confectionnent leurs remarquables nids avec une telle dextérité qu’ils en tirent leurs noms vernaculaires.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le nid le plus doux du monde. (La Minute Nature, 2017).</span></figcaption>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=730&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=730&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=730&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=917&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=917&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/339454/original/file-20200603-130955-65g9fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=917&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Tisserin construisant son nid.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/7457894@N04/5678463358">Jerryoldenettel/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Une espèce de la famille des Ploceidae, le républicain social (<em>Philetairus socius</em>), construit un nid commun qui comporte plusieurs chambres où chaque femelle dépose sa ponte. Ce nid partagé est souvent très imposant (jusqu’à 4 mètres de haut et 7 mètres de long !), peut abriter jusqu’à une centaine de couples et sert à l’occasion de plate-forme pour les nids d’espèces plus imposantes, comme le Grand-duc de Verreaux (<em>Bubo lacteus</em>).</p>
<p>Le républicain social se rencontre dans des milieux extrêmement chauds de l’écozone du Kalahari (Afrique du Sud, Namibie et Botswana) et l’utilisation de ces nids communs avec plusieurs entrées permet de réguler la température des chambres grâce à la circulation de l’air.</p>
<p>Il existe cependant de fortes disparités de l’efficacité de la régulation thermique des chambres en fonction de la position centrale ou périphérique qu’elles occupent. Les couples les plus expérimentés ont généralement accès aux chambres centrales dont la thermorégulation est la plus efficace.</p>
<p>Par ailleurs, ce nid communautaire est également utilisé par d’autres espèces d’oiseaux, telles l’inséparable rosegorge (<em>Agapornis roseicollis</em>), l’amadine à tête rouge (<em>Amadina erythrocephala</em>) et le fauconnet d’Afrique (<em>Polihierax semitorquatus</em>). Les républicains sociaux entretiennent avec le fauconnet des relations complexes où se mêlent prédation et coopération : il arrive parfois que le fauconnet capture des poussins mais, dans le même temps, il éloigne par sa présence le Cobra du Cap (<em>Naja nivea</em>), principal prédateur de républicains sociaux qui peut consommer, en une fois, toutes les pontes d’un nid.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Weavers build huge communal nests in Kalahari » (nids de <em>Philetairus socius</em> au Kalahari) (Geobeats, 2013).</span></figcaption>
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<h2>Au creux des creux</h2>
<p>Un certain nombre d’espèces utilisent des cavités dans différents substrats (arbre, roche, sable) pour installer leurs nids. L’avantage de ces constructions réside dans une meilleure protection vis-à-vis des aléas météorologiques (vent, pluie, grêle) et des prédateurs.</p>
<p>Des espèces utilisent les cavités naturelles, comme l’étourneau sansonnet (<em>Sturnus vulgaris</em>) et la chevêche d’Athéna (<em>Athena noctua</em>). D’autres creusent elles-mêmes leurs nids. L’exemple le plus connu est celui des pics dont on compte environ 235 espèces. La cavité est souvent creusée dans un arbre dont le bois a été préalablement ramolli par l’action des champignons.</p>
<p>Il a même été démontré chez le pic à face blanche (<em>Leuconotopicus borealis</em>), vivant en Amérique du Nord, que les oiseaux peuvent inoculer volontairement un champignon, la tramète du pin (<em>Porodaedalea pini</em>), dans un arbre sain afin de pouvoir y creuser plus facilement leur cavité de nidification. Les nids de pics ont une grande importance écologique car ils sont utilisés, une fois abandonnés par une multitude d’autres espèces forestières – chauves-souris, calaos – si bien que les écologues les qualifient d’« espèces ingénieures ».</p>
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<span class="caption">Femelle pic à face blanche nourrissant ses oisillons.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://species.wikimedia.org/wiki/Leuconotopicus_borealis#/media/File:Picoides_borealis_-Mississippi,_USA_-feeding-8.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Certaines espèces creusent leurs nids, composés d’un tunnel qui aboutit à une chambre d’incubation, soit à flanc de coteaux (guêpier d’Europe, <em>Merops apiaster</em>), dans des fronts de carrières (hirondelle de rivage, <em>Riparia riparia</em>), ou encore des îles maritimes (puffin des Anglais, <em>Puffinus puffinus</em>, macareux moine, <em>Fratercula arctica</em>). À l’intérieur de la cavité, généralement peu aménagée, on note parfois la présence de plumes ou de duvets d’autres espèces.</p>
<h2>Quels matériaux pour construire un nid ?</h2>
<p>Le nid des oiseaux n’est pas un simple amas de matériaux mais, dans des biens des cas, un ouvrage complexe répondant à une succession des séquences comportementales sélectionnées pour favoriser le succès de la reproduction. Selon les espèces, le temps et l’énergie consacrés à sa construction varient toutefois énormément.</p>
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<span class="caption">Gobemouche gris.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gobemouche_gris#/media/Fichier:SpottedFlycatcheronfence.jpg">Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Certains, comme le gobemouche gris (<em>Muscicapa striata</em>), petit passereau migrateur commun en Europe, construisent des nids peu élaborés, rapides à édifier. Si ils ne résistent pas aux intempéries ou sont prédatés, de nouveau sont reconstruits dans la foulée. D’autres investissent davantage dans l’ouvrage, comme la mésange à longue queue dont le nid, évoqué précédemment, nécessite environ 18 jours de travail, alors que 2 à 6 jours suffisent au gobemouche gris.</p>
<p>Les matériaux utilisés répondent à des caractéristiques bien précises, permettant d’assurer une solidité suffisante à l’ouvrage et, pour le revêtement interne, une bonne isolation thermique, en particulier chez les espèces de petite taille.</p>
<p>Les matériaux naturels peuvent être d’origine animale (poils, plumes, toiles d’araignée), végétales (branches, brindilles, brins d’herbe, feuilles, mousses) ou autres (lichens). De plus en plus, notamment dans les villes, les oiseaux incorporent aussi des éléments d’origine humaine (bouts de plastique, brins de laine, mégots de cigarettes). Certaines espèces, comme les hirondelles, réalisent un mortier composé de boue et de salive pour édifier leur nid qui peut être utilisé plusieurs années. Les nids consommés en Asie – couramment appelés « nids d’hirondelle » – sont en fait construits par les salanganes, proche parents des martinets, et constitués de salive ou encore de salive mélangée à des algues.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Why bird’s nest soup is so expensive ? » (Pourquoi les soupes de nids d’oiseaux coûtent-elles tant d’argent ?) (Business Insider, 2019).</span></figcaption>
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<p>Certaines espèces garnissent leur nid de plantes aromatiques, une fois la construction achevée. C’est le cas de la mésange bleue (<em>Cyanistes caeruleus</em>) en Corse. <a href="https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2008.11.008">Des études</a> ont montré que cette habitude, qui a longtemps intrigué les ornithologues, était bénéfique aux poussins, les plantes aromatiques émettant des composés volatiles aux vertus antibactériennes et antiparasitaires.</p>
<h2>L’expérience de la construction</h2>
<p>Pour un peu moins de la moitié des espèces nichant en Europe, la femelle construit seule le nid et assure seule l’incubation. C’est le cas notamment des grives et des merles (genre Turdus). Le nid, lorsqu’il est utilisé comme un élément de la parade nuptiale comme chez le troglodyte mignon, est construit par le mâle. Cela ne concerne qu’un petit pourcentage d’espèces, environ <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/geb.12709">6 %</a>. Enfin, dans un grand nombre de cas <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/geb.12709">(49 %)</a>, la construction du nid résulte de la coopération entre le la femelle et le mâle, comme chez les hirondelles (Hirundinidae).</p>
<p>Les ornithologues ont longtemps pensé que le comportement inné était le seul impliqué dans la construction du nid, sans doute par analogie avec ce qui était observé chez les insectes bâtisseurs. Mais la réalité est sans doute plus complexe.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/339495/original/file-20200603-130917-vwpioe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Nid de pie bavarde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_bavarde#/media/Fichier:Daegu_hyanggyo_magpie_nest.jpg">Wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=jNVBzOBg9owC&oi=fnd&pg=PP1">Des observations</a> montrent ainsi pour la pie bavarde (<em>Pica pica</em>) que les oiseaux expérimentés construisent plus souvent un nid doté d’un toit que ne le font les jeunes pies se reproduisant pour la première fois.</p>
<p>De même, chez le tisserin à tête rousse (<em>Ploceus velatus</em>), il a été montré par une équipe de l’université d’Edinburgh que les mâles, polygames chez cette espèce, construisent plusieurs nids par saison de reproduction et qu’ils peuvent <a href="https://doi.org/10.1016/j.beproc.2011.06.011">changer de techniques de construction</a> d’un nid à l’autre. Cette équipe a également montré que l’habilité et l’efficacité de ces oiseaux bâtisseurs de nids très élaborés s’amélioraient avec l’expérience acquise par les individus.</p>
<p>Bien choisir le site où établir son nid est une composante essentielle du succès de la reproduction. Sélectionner le bon emplacement conditionne en effet la possibilité de trouver de la nourriture, un partenaire sexuel ou d’échapper aux prédateurs.</p>
<p>Là aussi, des études ont montré que les oiseaux étaient capables d’adapter leur comportement aux conditions locales. Chez la mouette tridactyle (<em>Rissa tridactyla</em>), un oiseau marin très colonial qui niche notamment sur les falaises abruptes de Bretagne, un couple nicheur ayant observé que des couples voisins avaient vu leurs couvées détruites par un prédateur, aura tendance à <a href="https://doi.org/10.1098/rsbl.2008.0291">changer de secteur de nidification</a> l’année suivante afin d’éviter le risque de prédation.</p>
<p>Le nid des oiseaux constitue, on le comprend, une innovation qui a probablement contribué au succès évolutif des oiseaux depuis quelque 65 millions d’années.</p>
<p>La confection de nids variés, parfois très élaborés, a permis d’offrir aux œufs et aux poussins une meilleure protection face aux risques météorologiques et à la prédation, ainsi qu’une maîtrise des conditions micro-climatiques favorables à leur survie, cela dans une grande diversité de conditions écologiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139988/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>S’ils ne sont pas les seuls à en bâtir, les nids des oiseaux se distinguent par leur immense diversité.Jérome Fuchs, Maître de conférences, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Jean-Marc Pons, Maître de conférences au Muséum national d'Histoire naturelle, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1168642019-07-03T20:31:56Z2019-07-03T20:31:56ZLa « sixième extinction » aura-t-elle lieu ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/275216/original/file-20190517-69209-1xtlwu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le mandrill (Afrique de l'ouest) est une espèce jugée vulnérable, victime de la chasse et de la déforestation.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/mandrill-mandrillus-sphinx-sitting-on-tree-726328891">Ondrej Prosicky/Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Nous serions entrés dans la <a href="http://www.la-librairie-vuibert.com/livre/9782311100617-la-6e-extinction-comment-lhomme-detruit-la-vie">« sixième extinction »</a>. L’expression est volontairement forte, et doit marquer les esprits, en faisant référence à la dévastatrice extinction permienne – la 3<sup>e</sup>, survenue il y a 252 millions d’années (Ma) –, entraînant la disparition de 95 % des espèces marines et peut-être de 70 % des espèces terrestres. En évoquant aussi la crise du Crétacé-Tertiaire – la 5<sup>e</sup>, dite « K-Pg », il y a 65 Ma –, et la disparition des dinosaures non-aviens.</p>
<p>Mais faire référence aux extinctions massives passées est-il juste ? Cet article interroge la rigueur scientifique du concept de sixième extinction, à manier avec précaution.</p>
<p>L’histoire du vivant s’écrit surtout depuis le Cambrien, commencé il y a 542 Ma, et l’essor d’une vie animale laissant des traces fossiles. Depuis, on observe globalement une augmentation du niveau de biodiversité. Aussi, si des apparitions et des extinctions de taxons biologiques (c’est-à-dire espèces, genres ou familles) se produisent régulièrement, le bilan sur une période donnée est, en général, positif. À quelques exceptions près.</p>
<p>En 1982, les paléontologues David M. Raup et J. John Sepkoski identifient à partir des données fossiles disponibles quatre à cinq « extinctions massives », moments au cours desquels un nombre exceptionnel de disparitions complètes de taxons entraînent une chute du niveau de biodiversité. Elles se situent à la fin de l’Ordovicien (- 445 Ma), lors des derniers étages géologiques du Dévonien (-360 à -380 Ma), du <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08912963.2015.1103237">Permien</a> (- 252 Ma), du Trias (-201 Ma) et du Crétacé (-65 Ma). Ce sont les cinq « premières » extinctions massives.</p>
<h2>Les enseignements du passé</h2>
<p>Cependant, les auteurs n’ont analysé que des données de fossiles marins, alors plus nombreuses. Or, si la vie est encore majoritairement marine à l’Ordovicien, ce n’est plus le cas ensuite. Et le registre fossile des organismes terrestres témoigne parfois d’une autre histoire.</p>
<p>Les mammifères, par exemple, apparu au Mésozoïque (-252 à -65 Ma), ont traversé la plus fameuse des extinctions, la crise K-Pg, celle des dinosaures. Leur dynamique face à la crise est encore <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rstb.2015.0140">débattue</a>. Mais si l’extinction K-Pg a pu favoriser, ultérieurement, une diversification morphologique et écologique des mammifères, notamment placentaires, les grands groupes actuellement reconnus seraient apparus avant et auraient tous survécu (heureusement pour nous).</p>
<p>Sur une période plus longue, le <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/gto.12250">registre fossile</a> des végétaux terrestres est aussi surprenant. Vraisemblablement apparus au Silurien (-443 à -416 Ma), leur dynamique de diversification ne semble avoir été ralentie ni au Dévonien, ni au Crétacé, et seulement localement au Trias : la diversité des végétaux a été peu impactée par les extinctions massives survenues à ces périodes.</p>
<p>Au final, seule une extinction (à la fin du Permien) sur les cinq initialement identifiées aurait été à la fois massive, entraînant de nombreuses disparitions de taxons, et globale, touchant tous les types d’organismes, à une échelle planétaire. Ce qui classerait le phénomène actuel à la deuxième place, lui donnant un caractère encore plus exceptionnel… s’il correspondait véritablement, en comparaison, à une extinction massive.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/275179/original/file-20190517-69204-1n9etbj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/275179/original/file-20190517-69204-1n9etbj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=657&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/275179/original/file-20190517-69204-1n9etbj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=657&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/275179/original/file-20190517-69204-1n9etbj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=657&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/275179/original/file-20190517-69204-1n9etbj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=826&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/275179/original/file-20190517-69204-1n9etbj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=826&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/275179/original/file-20190517-69204-1n9etbj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=826&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les cinq extinctions massives passées et classiquement reconnues sont représentées par les lignes verticales rouges. Cependant, la plupart ne seraient pas globales, dans la mesure où leur impact sur la dynamique de la diversité végétale est moindre, sinon nulle. Seule la crise massive de la fin du Permien aurait concerné aussi le monde terrestre. Réciproquement, à partir de données paléobotaniques, on enregistre d’autres crises, par exemple à la fin du Carbonifère, non détectées à partir des données marines (lignes vertes).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Employer le conditionnel plutôt que le futur</h2>
<p>Dans leur <a href="https://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/essais/la-sixieme-extinction">livre phare</a> de 1995, le paléontologue Richard Leakey et le journaliste scientifique Roger Lewin annonçaient que jusqu’à 100 000 espèces <em>disparaîtront</em> chaque année d’ici la fin du XXI<sup>e</sup> siècle. Parler au conditionnel aurait été plus juste. Car il ne s’agissait pas d’une prédiction mais d’une anticipation quant à l’évolution future de la tendance actuelle.</p>
<p>Suivant une approche rétrospective, le chercheur en écologie et zoologie Gerardo Ceballos et ses collègues <a href="http://advances.sciencemag.org/content/1/5/e1400253">annonçaient de leur côté, en 2015</a>, que le taux d’extinction des vertébrés estimé à partir des extinctions enregistrées depuis 1900 <em>aurait</em> été 22 à 53 fois supérieures au taux « normal », estimé pour des époques plus anciennes à partir de données fossiles.</p>
<p>Ici aussi, la prudence est requise. Si une tendance à la hausse des taux d’extinction estimés semble confirmée, il reste délicat d’opposer directement des estimations obtenues sur <a href="https://www.nature.com/articles/nature09678">des intervalles de temps si différents</a> (de l’ordre du million d’années pour des données fossiles, de l’ordre du siècle pour des données actuelles).</p>
<p>Au total, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui suit l’<a href="https://www.iucnredlist.org/resources/summary-statistics#Summary%20Tables">état de la biodiversité</a>, enregistre pour 2019, 1 757 extinctions ou probables extinctions depuis 1500. Que l’on considère le nombre total d’espèces existant à la surface de la planète (au moins 2 millions), ou le nombre d’espèces suivies par l’UICN (98 510), on est encore loin des 75 % d’extinction caractérisant une extinction massive.</p>
<p>Assurément, la sixième extinction n’a pas encore eu lieu. Aura-t-elle lieu ?</p>
<p>En toute rigueur, il est difficile pour un scientifique de s’exprimer fermement sur l’avenir. Les prospectives scientifiques impliquent des hypothèses que seul le temps pourra ou non confirmer. En ce sens, extrapoler à partir de la crise de biodiversité actuelle pour conclure définitivement sur une extinction massive à venir manque de fondement scientifique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/275296/original/file-20190519-69174-19h49vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/275296/original/file-20190519-69174-19h49vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/275296/original/file-20190519-69174-19h49vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/275296/original/file-20190519-69174-19h49vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/275296/original/file-20190519-69174-19h49vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/275296/original/file-20190519-69174-19h49vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/275296/original/file-20190519-69174-19h49vi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">40 % des espèces d’insectes pourraient avoir disparu de la planète d’ici quelques décennies : une hypothèse qui reste à confirmer… sans pour autant nier la gravité de la tendance actuelle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/collection-beetle-grasshoppers-wasps-insects-general-1058244">Nathan B. Dappen/Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Discuter le concept de 6<sup>e</sup> extinction, est-ce du déni ?</h2>
<p>Non. En 2019, l’UICN liste 27 157 espèces menacées d’extinction. Soit près du tiers des espèces suivies ! C’est énorme. Mais il ne s’agit pas (encore) d’extinctions. En 2017, l’entomologiste <a href="https://journals.plos.org/plosone/article/authors?id=10.1371/journal.pone.0185809">Caspar Hallmann et ses confrères</a> évoquaient un déclin de plus de 75 % de la biomasse d’insectes en 27 ans sur des sites protégés en Allemagne. Le chiffre saisit car il évoque les extinctions massives ! Mais cela a pu survenir sans aucune extinction.</p>
<p>Les deux situations indiquent plus clairement le déclin démographique d’un grand nombre d’espèces. Celles-ci sont de plus en plus rares, sur une aire géographique de plus en plus réduite. Et ces déclins ont, sans intervention, l’extinction pour aboutissement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1124184537364422656"}"></div></p>
<p>C’est pourquoi en 2019, les biologistes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006320718313636?via%3Dihub#f0020">Francisco Sánchez-Bayo et Kris A.G. Wyckhuys</a> suggèrent que 40 % des espèces d’insectes pourraient avoir disparu de la planète d’ici quelques décennies. Mais l’hypothèse d’extinction spécule sur l’issue de la situation actuelle plutôt qu’elle n’en rend compte, car à ce jour les espèces concernées ne sont (pour la plupart) pas éteintes.</p>
<p>Il y aurait, dans cette distinction, une maigre consolation : peut-être arriverons-nous à prévenir les extinctions. Mais c’est là que le débat, en apparence sémantique, prend son sens, car prévenir l’extinction des espèces ne suffirait pas nécessairement.</p>
<p>Dans un écosystème, les espèces ne sont pas que des entités indépendantes et contingentes. Elles interagissent les unes avec les autres ; et avec leur environnement physico-chimique.</p>
<p>Elles remplissent une « fonction » : la production primaire, l’herbivorie, la prédation, la dégradation de la matière organique morte, la symbiose, le parasitisme, etc. Ces fonctions, combinées, participent au fonctionnement de l’écosystème entier. Si elles disparaissent, l’écosystème peut être perturbé et se dégrader. Par exemple, au-delà du service écosytémique qu’ils rendent à l’homme, la fonction des insectes pollinisateurs participe au maintien des végétaux pollinisés, à la base des chaînes alimentaires. Or ces fonctions peuvent disparaître sans extinction de l’espèce, lorsque les espèces ne sont plus suffisamment abondantes pour les assurer. Et c’est précisément ce qui se passe.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/275297/original/file-20190519-69209-cvuuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/275297/original/file-20190519-69209-cvuuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/275297/original/file-20190519-69209-cvuuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/275297/original/file-20190519-69209-cvuuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/275297/original/file-20190519-69209-cvuuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/275297/original/file-20190519-69209-cvuuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/275297/original/file-20190519-69209-cvuuh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Chaque espèce interagit avec d’autres, créant des chaînes sensibles aux variations de la biodiversité. Ici, un Colibri scintillant (Brésil) prélevant du nectar.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/glitteringthroated-emerald-amazilia-fimbriata-trochilidae-family-1275275056">Waldemar Manfred Seehagen/Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au final, le concept de sixième extinction paraît avoir plusieurs limites : il fait référence à des évènements passés, encore mal compris, notamment quant à leur ampleur ; il anticipe, dans une sorte de fatalisme, sur l’issue de la situation actuelle ; il focalise sur un phénomène (l’extinction) au risque d’en négliger un autre (le déclin démographique de nombreuses espèces, et ses conséquences sur le fonctionnement des écosystèmes).</p>
<p>Enfin, sur un autre registre, plus psychologique, il brandit la menace d’une catastrophe imminente, mais qui ne survient pas, au risque de biaiser la perception du déclin, bien réel, des espèces et de leurs fonctions. En comparaison, le concept de crise de biodiversité, plus proche de l’expérience de chacun – les hirondelles sont toujours là mais moins nombreuses qu’avant –, paraît plus pertinent.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit avec la précieuse collaboration de Borja Cascales-Minana, paléobotaniste, chargé de recherche CNRS au laboratoire Evo-Eco-Paleo (UMR Université de Lille-CNRS 8198).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116864/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maxime Pauwels a reçu des financements de Université de Lille, Centre National de la Recherche Scientifique, Agence Nationale de la Recherche, Région Hauts de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jessie Cuvelier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>6ᵉ extinction, une expression sans appel. Entre hypothèse et spéculation sur l’avenir, les auteurs optent pour la justesse scientifique. Sans minimiser pour autant la perte de biodiversité en cours.Maxime Pauwels, Enseignant-chercheur en écologie et évolution, Université de LilleJessie Cuvelier, Ingénieur d'études CNRS - chargée de collections, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1145302019-04-25T19:10:29Z2019-04-25T19:10:29ZAllons-nous connaître le même sort que les dinosaures ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/266583/original/file-20190329-70999-hsctgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C28%2C1000%2C534&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des géants vulnérables. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>« Pourquoi les dinosaures se sont-ils éteints ? » Chez les paléontologues comme chez les enfants férus de dinosaures, il y a consensus : un astéroïde de 10 km de diamètre s’est écrasé il y a quelque 66 millions d’années sur l’actuelle Amérique centrale. Cette chute a provoqué un nuage de poussière et de fumée : en se répandant dans la <a href="https://www.encyclopedie-environnement.org/air/la-haute-atmosphere/#4_Lheterosphere">haute atmosphère</a>, il a obscurci le soleil, refroidi la Terre et détruit la couche d’ozone, qui protège la vie des rayonnements cosmiques nocifs.</p>
<p>Ces effets ont duré plus d’une décennie, dévastant sur Terre plantes et planctons. Des ravages qui ont rapidement remonté la chaîne alimentaire, tuant d’abord les grands herbivores, incapables de se procurer suffisamment de nourriture, puis les carnivores, qui se sont vite trouvés dans la même situation. Une proportion ahurissante des espèces s’est alors éteinte : 75 % d’entre elles ont disparu – y compris tous les dinosaures « non-aviaires » (qu’on distingue des oiseaux, dinosaures eux aussi). Cet événement, baptisé <a href="https://samnoblemuseum.ou.edu/understanding-extinction/mass-extinctions/end-cretaceous-extinction/">« extinction Crétacé-Tertiaire »</a>, est l’une des cinq plus grosses extinctions connues au cours des <a href="https://cosmosmagazine.com/palaeontology/big-five-extinctions">500 derniers millions d’années</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266122/original/file-20190327-139341-1e31fjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266122/original/file-20190327-139341-1e31fjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266122/original/file-20190327-139341-1e31fjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266122/original/file-20190327-139341-1e31fjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266122/original/file-20190327-139341-1e31fjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266122/original/file-20190327-139341-1e31fjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266122/original/file-20190327-139341-1e31fjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Frise retraçant les différentes ères géologiques, depuis l’apparition des dinosaures jusqu’à nos jours.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://samnoblemuseum.ou.edu/understanding-extinction/mass-extinctions/end-cretaceous-extinction/">Sam Noble Museum, Université d’Oklahoma</a></span>
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</figure>
<h2>Une conjonction d’événements</h2>
<p>D’autres événements dramatiques coïncident toutefois avec la disparition des dinosaures. À peu près au même moment, en Inde centrale, une <a href="http://volcano.oregonstate.edu/deccan-traps">quantité colossale de volcans</a> ont craché plus d’un million de kilomètres cubes d’une lave mélangée à du soufre et du dioxyde de carbone : la chaleur de ce magma a modifié le climat et provoqué des pluies acides dans le monde entier. Entre temps, un ralentissement de l’activité tectonique sous-marine a conduit le niveau de la mer à monter à une vitesse jamais égalée dans l’histoire de la planète : un phénomène qui a dévasté les écosystèmes côtiers.</p>
<p>Cette conjonction d’événements a conduit à quelques <a href="http://www.extinctblog.org/extinct/2018/5/1/consensus-schmosensus-dead-dinosaurs-big-rocks-simple-stories">débats assez passionnés</a> pour déterminer la cause « réelle » de l’éradication des dinosaures. D’autant plus qu’à d’autres époques, des <a href="https://blogs.scientificamerican.com/history-of-geology/mass-extinctions-and-meteorite-impacts/">événements tout aussi dramatiques</a> sont survenus sans qu’ils semblent avoir causé autant de dégâts.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266090/original/file-20190327-139341-1kjoa7e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266090/original/file-20190327-139341-1kjoa7e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266090/original/file-20190327-139341-1kjoa7e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266090/original/file-20190327-139341-1kjoa7e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266090/original/file-20190327-139341-1kjoa7e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266090/original/file-20190327-139341-1kjoa7e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266090/original/file-20190327-139341-1kjoa7e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’une des cinq grandes extinctions.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-illustration/3d-illustration-brontosaurs-looking-upon-meteors-408550594">AuntSpray/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Mais peut-être faut-il poser la question autrement…</p>
<h2>Un changement profond et complexe</h2>
<p>De nouveaux éléments suggèrent que tous ces événements étaient peut-être liés et qu’on ne peut se contenter d’expliquer l’extinction du dinosaure comme un simple processus au cours duquel un phénomène malheureux est soudain tombé du ciel, anéantissant tout sur son passage. Il s’agirait plutôt de <a href="https://www.amnh.org/explore/news-blogs/research-posts/dinosaurs-fell-victim-to-perfect-storm-of-events-study-infers">changements profonds, complexes et interconnectés</a> aux systèmes globaux qui soutiennent la vie.</p>
<p>Vers la fin de la période du Crétacé, par exemple, la planète a connu une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/brv.12128">restructuration des écosystèmes terrestres</a>, qui les a rendus plus vulnérables à un effondrement catastrophique. Cette recomposition pourrait s’expliquer par de multiples modifications évolutives et écologiques liées au changement climatique, par la prédominance croissante des plantes à fleurs et par les fluctuations dans la diversité et l’abondance de certains groupes de dinosaures.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266105/original/file-20190327-139371-9n1fhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Empreintes de dinosaures dans une zone reculée de l’Arizona, aux États-Unis.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/dinosaur-tracks-remote-place-arizona-usa-421602853">Asif Islam/Shutterstock</a></span>
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<p>Cette complexité n’est pas non plus inhabituelle dans les extinctions de masse. Pour chacune des cinq grandes catastrophes mondiales, il existe <a href="https://evolution.berkeley.edu/evolibrary/article/massextinct_08">quantité de causes possibles</a>. Astéroïdes, volcans, changement climatique (refroidissement et réchauffement), l’évolution de nouvelles espèces telles que des plantes profondément enracinées qui ont transformé pour la première fois de la roche nue en un sol riche, et même les effets d’explosions d’étoiles proches.</p>
<h2>Astéroïdes, micro-organismes et méthane</h2>
<p>La plus grosse des extinctions massives, dite la « grande extinction », paraît encore plus complexe. Survenu à la fin du Permien-Trias, il y a 250 millions d’années, cet événement a tué 90 % des espèces sur Terre. Et l’on compte pas moins de sept événements catastrophiques associés à cette période dans l’histoire géologique. Pour n’en citer que quelques-unes : l’évolution de nouvelles souches de micro-organismes, un impact d’astéroïdes et une immense zone d’activité volcanique dans l’actuelle Sibérie – entrée en éruption pendant un <a href="https://www.nyu.edu/about/news-publications/news/2017/october/scientists-find-evidence-that-siberian-volcanic-eruptions-caused.html">million d’années</a>.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266119/original/file-20190327-139361-qicprp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le crinoïde carbonifère, ou « lys de mer », a considérablement diminué après la « grande extinction ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Permian%E2%80%93Triassic_extinction_event#/media/File:Agaricocrinus_americanus_Carboniferous_Indiana.jpg">Vassil/Wikipedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Mais les principaux changements se seraient produits dans les eaux. Le fond des océans émettait d’importantes quantités de méthane, les courants océaniques stagnaient, les niveaux de dioxyde de soufre, en augmentation, causaient la mort du phytoplancton – ensemble des organismes végétaux vivant en suspension dans l’eau –, et les <a href="https://www.smithsonianmag.com/smart-news/how-did-great-dying-kill-96-percent-earths-ocean-dwelling-creatures-180970992/">niveaux d’oxygène diminuaient</a>.</p>
<p>Sachant cela, on est surtout surpris d’apprendre que 10 % des espèces ont survécu, plutôt que de savoir que 90 % se sont éteintes !</p>
<h2>Temps précaires pour l’humanité</h2>
<p>Que cela implique-t-il pour la période que nous vivons aujourd’hui, qualifiée fréquemment de <a href="https://www.theguardian.com/environment/2017/jul/10/earths-sixth-mass-extinction-event-already-underway-scientists-warn">« sixième extinction »</a> ?</p>
<p>Au <a href="https://www.cser.ac.uk/">Centre pour l’étude des risques existentiels</a>, à l’Université de Cambridge, nous nous heurtons souvent au problème de nouvelles menaces, mondiales et « sans précédent ». Certaines d’entre elles, comme les risques liés aux armes nucléaires ou à l’intelligence artificielle, peuvent s’apparenter à des astéroïdes tombés du ciel, et on nous demande souvent lesquelles nous inquiètent le plus. Ce que l’étude des précédentes extinctions de masse nous enseigne, c’est que cette question est sans doute mal formulée.</p>
<p>La vie de l’humanité est bien plus précaire que l’on ne le croie. Elle dépend d’un grand nombre de systèmes globaux, depuis l’environnement qui nous fournit en nourriture, en eau, en air pur et en énergie, jusqu’à l’économie mondiale qui offre des biens et des services, où nous le souhaitons et quand nous le souhaitons.</p>
<p>En se penchant sur nos connaissances historiques et géologiques, il apparaît clair que de tels systèmes peuvent facilement basculer d’une phase à une autre, pour passer rapidement, et parfois irrévocablement, de la stabilité au chaos. Les scientifiques ont déjà défini comment cela risque de se passer en cas de phénomènes tels que des <a href="https://www.theguardian.com/environment/2018/oct/09/tipping-points-could-exacerbate-climate-crisis-scientists-fear">« points de basculement climatiques »</a> – où les effets du changement climatique commencent à s’autoalimenter et ne sont plus seulement le fruit de l’action humaine –, l’<a href="https://www.nytimes.com/2000/07/04/science/essay-lost-rivets-and-threads-and-ecosystems-pulled-apart.html">effondrement de l’écosystème</a> et l’<a href="https://www.bbc.co.uk/news/business-45523636">hyperinflation</a> – où des institutions économiques auparavant stables cessent de fonctionner et où la monnaie perd sa valeur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266115/original/file-20190327-139368-1pduy20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266115/original/file-20190327-139368-1pduy20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266115/original/file-20190327-139368-1pduy20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266115/original/file-20190327-139368-1pduy20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266115/original/file-20190327-139368-1pduy20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266115/original/file-20190327-139368-1pduy20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266115/original/file-20190327-139368-1pduy20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Point de basculement climatique ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/oil-refineries-polluting-carbon-cancer-causing-766204174">Roschetzky/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<h2>Une adaptation incertaine</h2>
<p>Un autre enseignement de ces événements passés est qu’aucune loi de la nature n’empêche ces transformations de s’étendre à l’échelle mondiale ou de devenir catastrophiques. Poussés assez loin, les systèmes globaux peuvent indéniablement s’effondrer dans une spirale mortelle, où les dommages causés à une espèce, un écosystème ou un processus environnemental provoqueront des problèmes pour d’autres, créant une rétroaction positive qui accélère le changement et le rend <a href="https://www.theatlantic.com/science/archive/2017/06/the-ends-of-the-world/529545/">autosuffisant</a>.</p>
<p>En effet, tandis que l’<a href="https://theconversation.com/scientists-finally-have-an-explanation-for-the-gaia-puzzle-99153">hypothèse de Gaïa</a>, très populaire, suggère que les systèmes globaux agissent pour promouvoir la stabilité générale de notre planète, il n’y a pas de preuve convaincante que la biosphère s’ajuste aux changements pour soutenir le maintien d’une vie complexe.</p>
<p>Selon une étude récente, l’une des raisons pour lesquelles la vie semble rare sur d’autres planètes est que <a href="https://phys.org/news/2016-01-aliens-silent-theyre-dead.html">son émergence</a> ne garantit en rien son développement. Sur ces planètes, la vie peut apparaître mais non se développer en raison de conditions trop hostiles. Et il n’est <a href="https://www.quantamagazine.org/cloud-loss-could-add-8-degrees-to-global-warming-20190225/">pas impossible</a> que la Terre se retrouve un jour dans une telle situation.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266116/original/file-20190327-139361-pwkrwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Changement profond.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/polar-bear-sow-cub-walk-on-703003783">FloridaStock/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il n’y a pas non plus de raison pour que les systèmes que nous avons nous-mêmes conçus soient moins fragiles. Nombre de nos institutions ont montré qu’elles étaient entièrement indifférentes au bien-être humain ; tant qu’elles peuvent servir les intérêts d’une maximisation du profit à court terme, de la participation électorale et d’autres objectifs, finalement inutiles, elles le font.</p>
<h2>Espèces spécialisées vs généralistes</h2>
<p>Tous ces éléments ne constituent pas forcément que des mauvaises nouvelles pour l’humanité. Certains théoriciens suggèrent que les effets catastrophiques d’une extinction de masse ont tendance à évincer les « espèces spécialisées » les plus adaptées à la période, et laissent les « espèces généralistes » les plus flexibles survivre, voire s’épanouir sous de <a href="https://www.theguardian.com/science/lost-worlds/2012/sep/20/dinosaurs-fossils">nouvelles formes</a>. Nous pouvons donc peut-être nous réconforter du fait que les humains se soient révélés des généralistes par excellence, capables de s’adapter pour survivre – sans forcément prospérer –, à tous les habitats de la Terre, et même dans l’espace.</p>
<p>Mais nous devrions également réfléchir au fait qu’une grande partie de cette flexibilité nous vient des technologies que nous avons créées, et non de notre biologie. Non seulement ce sont ces mêmes technologies qui nous conduisent à pousser toujours plus loin nos systèmes globaux, mais elles sont rapidement en train de dépasser les limites de <a href="https://theconversation.com/super-intelligence-and-eternal-life-transhumanisms-faithful-follow-it-blindly-into-a-future-for-the-elite-78538">notre propre compréhension</a>, tant elles se font complexes et sophistiquées.</p>
<p>En réalité, les utiliser et les entretenir requiert désormais une connaissance immense qui pourrait faire de chacun de nous des individus adaptés et spécialistes, justement la catégorie la plus vulnérable à une extinction de masse. Et ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114530/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Simon Beard a reçu des financements du Isaac Newton Trust et de la Fondation Templeton World Charity. Il est affilié au parti des démocrates libéraux pour lesquels il a déjà présenté une candidature de député.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lauren Holt travaille pour le Centre d’études sur les risques existentiels – qui reçoit des financement de la part du gouvernement britannique et des financements extérieurs – afin de mesurer les risques relatifs à des événements catastrophiques à l’échelle planétaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Paul Upchurch a reçu des financements du UK Research Council, et d’associations caritatives comme The Leverhulme Trust ou le National Geographic research. </span></em></p>De plus en plus d’éléments suggèrent que l’extinction des dinosaures a été le fruit d’une conjonction de transformations profondes sur Terre, comparables à celles que nous connaissons aujourd’hui.S. J. Beard, Senior Research Associate, Centre for the Study of Existential Risk, University of CambridgeLauren Holt, Research Associate, Centre for the Study of Existential Risk, University of CambridgePaul Upchurch, Professor of Palaeobiology, UCLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1110292019-02-25T21:07:42Z2019-02-25T21:07:42ZTempérature, stress et sexe : le changement climatique va-t-il masculiniser les poissons ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/257042/original/file-20190204-193217-kyyz5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C154%2C4245%2C2555&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors d’expériences conduites en laboratoire, des demoiselles tropicales ont vu leurs populations se masculiniser suite à une hausse des températures.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/azure-damselfish-chrysiptera-hemicyanea-saltwater-aquarium-1037688877?src=cxn5x5cjhAXDE9iyzw7HRw-1-0">Mirko Rosenau/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le changement climatique affecte directement la survie des individus mais également la distribution des espèces sur Terre. Ces changements conduisent par exemple à de nouvelles migrations, en particulier chez les espèces dites « ectothermes », c’est-à-dire dont la température du corps dépend de la température externe – par opposition aux espèces endothermes, parmi lesquelles figurent les mammifères.</p>
<p>Un exemple frappant de ces migrations concerne celui de la girelle-paon (<em>Thalassoma pavo</em>) de Méditerranée qui est en train de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-the-marine-biological-association-of-the-united-kingdom/article/mating-behaviour-of-the-newlyestablished-ornate-wrasse-thalassomapavo-osteichthyes-labridae-in-the-ligurian-sea-northwestern-mediterranean/8015CF1D177CD0C1D908148C663C1198">remonter du sud vers le nord-ouest</a>.</p>
<p>Une autre possible conséquence des variations de température concerne l’évolution du ratio entre mâles et femelles en fonction du climat. Et elle pourrait bien, dans certains cas, conduire à l’extinction d’espèces.</p>
<h2>Sexe, température, et survie</h2>
<p>Chez de nombreuses espèces – les reptiles et les poissons notamment – le déterminisme du sexe dépend en effet de la température externe !</p>
<p>Si celle-ci évolue de façon homogène sur la planète, certaines populations pourraient bien s’uniformiser en termes de sexe, ce qui aurait un impact direct sur la survie de l’espèce.</p>
<p>C’est d’ailleurs une hypothèse très sérieuse concernant la disparition des dinosaures. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15066448">Une étude de 2004</a> suggérait ainsi que la soudaine augmentation de la température terrestre, à la suite du choc d’une météorite, aurait mené à la production d’un seul sexe chez les dinosaures lors de la crise Crétacé-Tertiaire – cette extinction massive survenue il y a 65,5 millions d’années. On ignore toutefois si, comme chez de nombreux reptiles, le sexe des dinosaures était sous influence environnementale.</p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29316410">Une récente étude</a> a d’ailleurs montré que les hausses de température en Australie avaient conduit à la féminisation de certaines populations de tortues.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1088691751215398914"}"></div></p>
<h2>Demain, tous mâles ?</h2>
<p>Certaines populations de poissons seraient aussi exposées à ce phénomène, d’après des observations effectuées en eau douce et dans des conditions expérimentales, simulant une augmentation de la température.</p>
<p>Pour étayer ce phénomène, un suivi de plus de 70 ans dans le lac Thun en Suisse, chez l’ombre commun (<em>Thymallus thymallus</em>), a permis de mettre en évidence une masculinisation croissante des populations (atteignant 85 % de mâles en 2011) en lien direct avec la <a href="https://prodinra.inra.fr/?locale=en#!ConsultNotice:211235">hausse des températures</a>.</p>
<p>En conditions expérimentales de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18665231">nombreuses études</a> ont montré une masculinisation après exposition à des températures élevées et ceci chez différentes espèces comme le medaka, le saumon rouge, le pejerrey, le tilapia, le cardeau hirame ou encore le bar européen.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un suivi de plus de 70 ans dans le lac Thun, en Suisse, a mis en évidence la masculinisation des populations d’Ombres communs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ClearFrost/Gilles San Martin/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le stress en cause ?</h2>
<p>À l’heure actuelle, on ignore toutefois si de telles observations pourraient avoir lieu en milieu naturel chez les poissons marins. C’est tout l’objet de l’étude que nous allons mener cette année à l’Ifremer, en compilant les données de sex-ratio obtenues depuis les années 1980 chez quatre espèces : le bar, la sole, le merlu et le rouget, et en les comparant aux températures de surface en Méditerranée.</p>
<p>Le lien fonctionnel entre température et sexe pourrait être le stress. On sait depuis de nombreuses années que le cortisol – l’hormone majeure du stress – <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28804140">influence la production de stéroïdes sexuels</a> chez les animaux (dont l’homme). Chez les poissons, une hausse des températures peut être traduite par une hausse des niveaux de cortisol, conduisant à un rapport des sexes irrémédiablement biaisé vers les mâles.</p>
<p>Il reste encore beaucoup d’inconnues en ce qui concerne le lien entre température, stress et sexe. Ce sont ces mécanismes que <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jfb.13904">nous nous efforçons d’étudier</a> à l’heure actuelle. Les nouvelles techniques de dosage du cortisol, notamment dans les écailles, pourraient nous permettre d’en apprendre plus en milieu naturel.</p>
<h2>L’adaptation de la demoiselle tropicale</h2>
<p>Contrairement à de nombreux autres processus directement affectés par la température, il est heureusement possible que des populations de poissons marins parviennent à s’adapter à cette hausse des températures et à réguler la proportion de mâles et de femelles pour atteindre un équilibre, comme cela <a href="https://www.researchgate.net/publication/301644082_Transgenerational_plasticity_of_reproduction_depends_on_rate_of_warming_across_generations">a été montré expérimentalement</a> chez une demoiselle tropicale.</p>
<p>Chez cette dernière, une hausse soudaine de 1,5°C pendant le développement conduit bien à une production accrue de mâles, mais les descendants de ces populations ont un sex-ratio équilibré. Reste à savoir quelles seront les conséquences d’une augmentation progressive de la température de l’eau sur le sexe des espèces sauvages.</p>
<p>C’est dans cette optique, et en mesurant toutes les attentes liées à ce questionnement, que nous avons décidé d’étudier l’impact de ce phénomène sur les quatre espèces présentes en Méditerranée. En espérant apporter bientôt un maximum de réponses à ce nouveau défi écologique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111029/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benjamin Geffroy a reçu des financements de European Maritime and Fisheries Fund – 3S (Seabass Sex and Stress) n°4320175237. </span></em></p>Chez certaines espèces marines, la température de l’eau détermine le sexe. Le changement climatique pourrait ainsi affecter la proportion de mâles et de femelles chez certains poissons.Benjamin Geffroy, Research scientist, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1120752019-02-19T23:39:13Z2019-02-19T23:39:13ZEnvel, Élodie, Louis et Samson : « Nous voulons tout savoir sur les dinosaures »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/259748/original/file-20190219-43267-c7fkjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=158%2C0%2C6069%2C3527&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photo non contractuelle. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.freepik.com/free-vector/set-different-dinosaur-character_3313741.htm">Freepik</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Aujourd’hui dans « The Conversation Junior », nous consacrons un article spécial à propos des dinosaures suite à vos nombreuses questions. Merci à Envel, Élodie, Louis et Samson.</em></p>
<hr>
<h2>C’est quoi un dinosaure ?</h2>
<p>En découvrant des os étranges sous la terre, des os d’animaux très grands et avec des dents pointues, les scientifiques de l’université ont compris qu’avant, il y a très longtemps, vivaient des lézards terribles : les dinosaures.</p>
<p>Les dinosaures vivaient paisiblement sur terre, longtemps avant que les humains n’apparaissent. Certaines nageaient dans l’océan, d’autres marchaient dans les forêts, les jungles et les savanes aux grandes herbes. Quelques-uns pouvaient même voler. Il y en avait des petits, des grands et des très grands. Ce sont les ancêtres des oiseaux que nous voyons aujourd’hui comme les pigeons, les moineaux, les poules ou les autruches.</p>
<p>La plupart des dinosaures mangeaient des plantes toute la journée. Certains, cependant, mangeaient de la viande. Ils mangeaient des poissons ou d’autres dinosaures. C’est pour cela qu’ils font peur : les grandes dents de certains, avec des griffes tranchantes, leur donnaient la capacité de manger de la viande d’autres dinosaures.</p>
<h2>Pourquoi les dinosaures ont disparu ?</h2>
<p>On ne sait pas <em>pourquoi</em> les dinosaures ont disparu. En effet, rien ni personne n’a décidé de les faire disparaître mais c’est comme ça : au cours de l’histoire de la Terre, des êtres vivants apparaissent, d’autres disparaissent, c’est ce qu’on appelle l’évolution.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ClRM6DELlV8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Pourquoi les dinosaures ont disparu ? – 1 jour, 1 question.</span></figcaption>
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<h2>Comment les dinosaures ont disparu ?</h2>
<p>En voyant des traces sur le sol et sous la terre, les scientifiques ont pensé à deux explications :</p>
<ul>
<li>Une météorite venue de l’espace a déclenché une catastrophe sur Terre et presque tous les dinosaures sont morts. On a même trouvé un immense cratère au Mexique : c’est l’impact qu’a laissé cette énorme météorite. Mais une météorite comme celle-ci, cela n’arrive pas souvent !</li>
</ul>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/vNIhqR4AGwk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Comment ont disparu les dinosaures ? » (C’est pas sorcier).</span></figcaption>
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<ul>
<li>Le second coupable suspecté est une sorte d’énorme volcan dont on observe encore les traces en Inde qu’on appelle les <em>trapps du Deccan</em>. C’était un volcan grand comme deux ou trois fois la France ! Il a commencé à être actif juste avant que l’astéroïde ne soit arrivé sur Terre, émettant plein de gaz et de poussières qui ont assombri l’atmosphère et refroidi la Terre. Là aussi, une telle éruption volcanique est très rare et les scientifiques surveillent en permanence l’activité de la Terre pour vérifier que tout va bien.</li>
</ul>
<h2>Tous les dinosaures ont-ils disparus ?</h2>
<p>Toutes ces catastrophes ont entraîné l’extinction des dinosaures, mais aussi de plein d’autres espèces. Et tous les dinosaures ont-ils disparu ? Non ! En effet, on sait maintenant que les oiseaux qui nous entourent sont les arrière-arrière-arrière… arrière petits-enfants de certains dinosaures. Même les poules.</p>
<h2>Est-il possible de créer un dinosaure à partir de son ADN ?</h2>
<p>Il serait très difficile de cloner un dinosaure (comme dans le film <em>Jurassic Park</em>) voire de réussir à reconstruire son ADN complet à partir de fossiles. Selon un scientifique américain, il serait plus facile de partir d’un cousin proche du dinosaure, comme l’autruche, puisque les oiseaux sont les descendants de certains dinosaures.</p>
<p>À partir de l’ADN de l’autruche et de notre idée de ce à quoi un dinosaure devait ressembler, on pourrait essayer de faire quelque chose qui s’en approche. Les scientifiques disposent d’outils, qui permettent de modifier l’ADN. Mais pour l’instant, la science est encore vraiment très loin de permettre de transformer une autruche en T rex !</p>
<h2>Pourrait-on domestiquer un dinosaure ?</h2>
<p>Il est compliqué de domestiquer des animaux. Même l’autruche, qui est donc un lointain descendant des dinosaures, est un danger pour l’être humain : une autruche normale est deux fois plus grande et trois fois plus lourde que toi. Si un chien domestique peut être un danger quand il est dans une situation de panique, tu comprends que l’autruche, et encore moins le dinosaure, ne peuvent pas être des animaux de compagnie.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : tcjunior@theconversation.fr. Nous trouverons un.e scientifique pour te répondre.</em></p>
<p><em>Illustration : <a href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112075/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Levrier a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Guillaume Paris et Olivier Marty ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Quel fascinant sujet ! Pas étonnant que nous ayons reçu autant de questions sur ces géants disparus.Guillaume Levrier, Doctorant - CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po), Sciences Po Guillaume Paris, Chargé de Recherche CNRS en Sciences la Terre, Université de LorraineOlivier Marty, chercheur associé en sciences de l'éducation, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/990952018-07-09T20:48:45Z2018-07-09T20:48:45ZDans ces gisements exceptionnels, de fabuleux fossiles…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/226519/original/file-20180706-122250-18kic9p.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C11%2C1831%2C518&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ichtyosaure de Holzmaden (Jurassique inférieur, -180 Ma), Allemagne.</span> <span class="attribution"><span class="source">Sylvain Charbonnier</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre du <a href="http://paleo.mnhn.fr/fr/agenda/5eme-congres-international-de-paleontologie-fossil-week-396">5ᵉ Congrès international de paléontologie</a> qui se tient à Paris du 9 au 13 juillet 2018, organisé par le Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P), laboratoire sous tutelle du Muséum national d’Histoire naturelle et de Sorbonne Université, partenaires de The Conversation France.</em></p>
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<p>Connaissez-vous les Lagerstätten ? Ils sont la providence du paléontologue. Car quelle que soit l’époque considérée, les archives paléontologiques sont incomplètes et livrent le plus souvent, une information fragmentaire sur la biodiversité et les systèmes biologiques anciens. Pourtant, certains gisements à préservation exceptionnelle – aussi appelés Konservat-Fossil-Lagerstätten ou plus simplement Lagerstätten – constituent une exception précieuse en paléontologie.</p>
<p>Souvent qualifiés « d’instantanés à haute résolution », ces gisements sont une source d’information privilégiée et inégalée sur la biodiversité du passé. Ils sont réputés pour leurs fossiles particulièrement bien préservés grâce à la réunion de <a href="https://theconversation.com/la-taphonomie-quest-ce-que-cest-92564">conditions taphonomiques</a> exceptionnelles : enfouissement rapide, sédiment très fin, anoxie (manque de dioxygène) et intervention microbienne. Ils permettent non seulement de reconstituer avec précision l’anatomie et le fonctionnement des organismes mais aussi de comprendre l’organisation des paléoécosystèmes (interactions biologiques, réseaux trophiques). La qualité de préservation des organismes conservés dans les gisements de type Lagerstätte autorise des comparaisons très précises avec les faunes actuelles. Ces gisements fournissent donc des informations capitales pour reconstituer les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_phylog%C3%A9n%C3%A9tique">relations phylogénétiques</a> au sein des groupes biologiques.</p>
<h2>Cinquante gisements à conservation exceptionnelle</h2>
<p>Il existe une cinquantaine de gisements à conservation exceptionnelle dans le monde. Cette liste évolue très peu malgré la mode actuelle d’associer le mot <em>Lagerstätte</em> à tous les gisements paléontologiques présentant quelques fossiles sortant de l’ordinaire.</p>
<p>Le plus ancien Lagerstätte est probablement celui d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Faune_de_l%27%C3%89diacarien">Ediacara</a> (Australie ; moins 600 millions d’années) où l’on a trouvé parmi les premiers organismes multicellulaires complexes connus. Ces organismes énigmatiques ont été reconnus un peu partout sur Terre et sont morphologiquement distincts des formes de vie ultérieures. Du fait des difficultés pour établir des relations entre ces organismes, certains paléontologues ont suggéré qu’ils pourraient représenter une forme de vie éteinte ne ressemblant à aucun organisme vivant, une sorte d’expérience manquée de la vie multicellulaire.</p>
<p>Viennent ensuite les célèbres gisements liés à l’explosion cambrienne de la vie, à savoir les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Schistes_de_Burgess">Schistes de Burgess</a> (Canada, -505 Ma) et la fabuleuse <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Schistes_de_Maotianshan">faune de Chengjiang</a> (Chine, -520 Ma) qui est la plus ancienne. La liste des Lagerstätten s’étoffe ensuite dans l’ensemble des temps fossilifères pour atteindre une cinquantaine d’occurrences.</p>
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<span class="caption">Plante préservée dans un nodule de Montceau-les-Mines (Carbonifère supérieur, -300 Ma), France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvain Charbonnier</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Toutes les périodes géologiques possèdent des Lagerstätten plus ou moins célèbres en domaine continental et en milieu marin. Par exemple, à la fin du Paléozoïque, deux Lagerstätten (Carbonifère supérieur, -300 Ma) sont très connus pour leurs concrétions de carbonates de fer qui renferment des animaux et des plantes préservés en volume ; il s’agit de Mazon Creek aux États-Unis et de Montceau-les-Mines en France.</p>
<p>Au Jurassique, plusieurs Lagerstätten majeurs sont mondialement connus comme ceux d’Holzmaden (Allemagne, Jurassique inférieur), de La Voulte-sur-Rhône (France, Jurassique moyen) et de Solnhofen (Allemagne, Jurassique supérieur). Au Cénozoïque, il est possible de citer le Lagerstätte du Monte Bolca en Italie (Lutétien, -45 Ma), célèbre pour ces magnifiques poissons fossiles préservés en connexion anatomique. Ces gisements restent toutefois ponctuels et sont loin de livrer une image complète et globale de la vie marine au cours des temps géologiques. Ils se sont peu à peu constitués dans des environnements particuliers et ne reflètent pas la diversité des milieux marins existant à cette époque et colonisés par les organismes.</p>
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<span class="caption">Pieuvre de La Voulte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvain Charbonnier</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<span class="caption">Poisson du Monte Bolca, Muséum national d’histoire naturelle (Paris, France).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christian Lemzaouda</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Où les admirer ?</h2>
<p><strong><a href="https://www.mnhn.fr/">Muséum national d’Histoire naturelle</a>, Paris</strong>.</p>
<p>C’est dans la Galerie de Paléontologie qu’il est possible de voir une concentration de spécimens provenant de plusieurs célèbres gisements à conservation exceptionnelle : ichtyosaures et crocodiles d’Holzmaden (Jurassique supérieur, Allemagne), dinosaures, tortues et poissons de Canjuers (Jurassique supérieur, France), crustacés, poissons et ptérosaures des calcaires lithographiques de Solnhofen (Jurassique supérieur, France), poissons des Lagerstätten du Crétacé supérieur du Liban, poissons du Monte Bolca (Lutétien, Italie) arrivés France pendant la Révolution française. Les plantes fossiles sont à nouveau exposées depuis quelques années. Il est ainsi possible de voir des fougères et des prêles en provenance de Commentry (Stéphanien, France) qui, bien que n’étant pas reconnu comme un Lagerstätte majeur, a toutefois livré la célèbre libellule géante <em>Meganeura</em> (70 cm d’envergure !).</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Libellule géante <em>Meganeura</em> de Commentry (Carbonifère supérieur, -300 Ma), France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Lemzaouda, Charles Brongniart, P. Loubry</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226529/original/file-20180706-122280-1ly9o4b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226529/original/file-20180706-122280-1ly9o4b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226529/original/file-20180706-122280-1ly9o4b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226529/original/file-20180706-122280-1ly9o4b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226529/original/file-20180706-122280-1ly9o4b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226529/original/file-20180706-122280-1ly9o4b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226529/original/file-20180706-122280-1ly9o4b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p><strong><a href="https://www.autun.com/sortir-a-autun/les-lieux-de-loisirs/le-museum-dhistoire-naturelle">Muséum d’Histoire naturelle Jacques de la Comble</a>, Autun</strong></p>
<p>Situé dans le Morvan, ce muséum régional expose de nombreux échantillons paléontologiques du Carbonifère (Stéphanien de Montceau-les-Mines) et du Permien (Autunien d’Autun). Une salle entière est consacrée aux nodules du Lagerstätte de Montceau-les-Mines qui sont remis dans leur contexte paléoenvironnemental. Des plantes préservées en compression sur les schistes houillers associés aux nodules sont également à l’honneur avec quelques spécimens très spectaculaires.</p>
<p><strong><a href="http://www.museedesconfluences.fr/">Musée des Confluences</a>, Lyon</strong></p>
<p>Héritier du Musée d’histoire naturelle Guimet de Lyon, le Musée des Confluences est un musée d’histoire naturelle, d’anthropologie, des sociétés, et des civilisations. La paléontologie occupe une place importante dans le parcours permanent. Une vitrine très impressionnante est notamment consacrée au Lagerstätte de Cerin. Elle présente les fossiles les plus emblématiques : crocodiles, poissons, crustacés, échinodermes (étoiles de mer, comatules).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226530/original/file-20180706-122277-1637y9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226530/original/file-20180706-122277-1637y9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226530/original/file-20180706-122277-1637y9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226530/original/file-20180706-122277-1637y9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226530/original/file-20180706-122277-1637y9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226530/original/file-20180706-122277-1637y9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226530/original/file-20180706-122277-1637y9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vitrine sur le Lagerstätte de Cerin (Jurassique supérieur, -150 Ma), musée des Confluences (Lyon, France).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Garcin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p><strong><a href="http://www.jura-museum.de/index.php/en/">Jura-Museum</a>, Eichstätt (Allemagne)</strong></p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=855&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=855&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=855&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Crustacé décapode des Calcaires lithographiques de Solnhofen (Jurassique supérieur, -150 ma), Allemagne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christian Lemzaouda</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Situé en Bavière, ce musée est consacré aux fossiles issus des calcaires lithographiques de Solnhofen et d’Eichstätt. Il abrite notamment un spécimen d’<em>Archaeopteryx</em>, mais aussi de très nombreux autres fossiles (crustacés, poissons, crocodiles, ptérosaures…). Il a récemment acquis un très beau spécimen de <em>Juravenator</em> (dinosaure théropode). Le Musée est par ailleurs aménagé dans le château Willibaldsburg, siège des princes-évêques d’Eichstätt.</p>
<p><strong><a href="http://www.urweltmuseum.de/en/">Urweltmuseum Hauff</a>, Holzmaden (Allemagne)</strong></p>
<p>Des fossiles du Toarcien d’Holzmaden sont visibles sur place dans le célèbre musée Hauff. Dans ce musée familial et historique, il est possible d’admirer parmi les plus beaux fossiles extraits des schistes bitumineux d’Holzmaden : crocodiles, ichtyosaures avec parties molles préservées, plésiosaures, ptérosaures, poissons, crustacés, crinoïdes, ammonites… etc. Le gigantisme de certaines pièces paléontologiques est impressionnant : ichtyosaure de près de 8 m de longueur, concentration de crinoïdes fixés sur un bois flotté de 18 m de longueur. Le musée Hauff est incontournable dans la région d’Holzmaden : en plus des collections exposées, il est également possible de rechercher quelques fossiles dans les proches carrières, en respectant le patrimoine géologique bien entendu.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99095/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Charbonnier est Président de la Société Géologique de France, fondée en 1830 et reconnue d'utilité publique en 1832.</span></em></p>À l’occasion de la Fossil Week, plongée dans les entrailles de gisements exceptionnels par leur richesse et leur intérêt scientifique, les Lagerstätte.Sylvain Charbonnier, Maître de Conférences HDR; Responsable scientifique des collections de paléontologie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/990962018-07-08T21:24:13Z2018-07-08T21:24:13ZLes ostracodes : quelques microns, une carapace et 480 millions d’années d’histoire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/226504/original/file-20180706-122271-1gxjq36.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C21%2C1276%2C820&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ostracode vivant d’environ 0,6 mm de longueur, appartenant au genre Anchistrocheles Brady & Norman, 1889, collecté au large des côtes du Japon </span> <span class="attribution"><span class="source">Hayato Tanaka</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre du <a href="http://paleo.mnhn.fr/fr/agenda/5eme-congres-international-de-paleontologie-fossil-week-396">5ᵉ Congrès international de paléontologie</a> qui se tient à Paris du 9 au 13 juillet 2018, organisé par le Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P), laboratoire sous tutelle du Muséum national d’Histoire naturelle et de Sorbonne Université, partenaires de The Conversation France.</em></p>
<hr>
<p>Quand on vous dit « fossiles », vous répondez… Les dinosaures, immenses, effrayants. Mais il en existe d’autres, de taille infime, riches en secrets et vieux de millions, voire de milliards d’années. Celle, ou celui, qui scrute ces formes de vie invisibles est micropaléontologue. Un scientifique qui partage sa vie entre travail de terrain, laboratoire, et longues heures passées derrière le microscope.</p>
<p>Parmi ces microfossiles, les ostracodes. Leur surnom vous fera sourire : « pistaches à pattes ». Pistaches ? Parce qu’ils possèdent une carapace calcaire ovoïde faite de deux valves articulées sur le dos. À pattes ? Parce que leur carapace protège parties molles et pattes, qui émergent souvent des valves entrouvertes des formes vivantes.</p>
<p>Ces crustacés, pour la plupart pas plus grands qu’un grain de sable, peuplent les mers depuis le début de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordovicien">Ordovicien</a>. De vrais survivants ! Ils ont résisté aux <a href="http://geologie.mnhn.fr/biodiversite-crises/page4.htm">cinq crises biologiques majeures</a> qui ont jalonné les derniers 480 millions d’années de l’histoire de la Terre.</p>
<p>Il y a environ 350 millions d’années, au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Carbonif%C3%A8re">Carbonifère</a>, ces cousins des crabes et des crevettes partaient à la conquête des milieux d’eau douce. Mais il y a environ 252 millions d’années, à la transition entre les ères Paléozoïque et Mésozoïque, survient la troisième crise biologique de l’histoire de la Terre. Cette extinction Permien-Trias est la plus dévastatrice connue à ce jour. Elle va marquer un tournant crucial de leur histoire.</p>
<h2>Au Permien-Trias, une hécatombe du vivant</h2>
<p>En effet, la crise a dévasté les milieux marins et continentaux : bien que les chiffres restent débattus, on estime que plus de 90 % des espèces marines ont disparu au cours de ces événements. Les ostracodes n’ont pas été en reste : plus de 70 % de leurs espèces en milieu marin ont été éradiquées. Parmi les victimes, les <a href="http://fossilworks.org/cgi-bin/bridge.pl?a=taxonInfo&taxon_no=22961">Palaeocopida</a>, des ostracodes typiques des océans du Paléozoïque, caractérisés par un bord dorsal long, droit et un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dimorphisme_sexuel">dimorphisme sexuel</a> prononcé.</p>
<p>Si l’extinction Permien-Trias a été un cataclysme, elle est aussi à l’origine d’une restructuration profonde des écosystèmes, dont les conséquences sont visibles encore aujourd’hui. A la faune Paléozoïque, dominée par les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Brachiopoda">brachiopodes</a>, succède la faune Méso-Cénozoïque ou moderne caractérisée par les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bivalvia">bivalves</a>. Il en est de même pour les ostracodes : les Palaeocopida font place aux <a href="https://war.wikipedia.org/wiki/Cytheroidea">Cytheroidea</a> qui restent très abondants et diversifiés de nos jours.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226506/original/file-20180706-122247-o0khtr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226506/original/file-20180706-122247-o0khtr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226506/original/file-20180706-122247-o0khtr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226506/original/file-20180706-122247-o0khtr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226506/original/file-20180706-122247-o0khtr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=608&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226506/original/file-20180706-122247-o0khtr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=608&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226506/original/file-20180706-122247-o0khtr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=608&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ostracodes fossiles et récents, les barres d’échelle représentent 100µm, soit 0,1mm.
A à C, Palaeocopida du Permien (entre 270 et 250 millions d’années), A et B représentent les espèces Knightina hongfui (famille Kirkbyidae) et Permoyoungiella bogschi de Chine du Sud, C : Geffenina bungsamphanensis de Thaïlande.
D à F, ostracodes de grands fonds marins du Trias de Turquie (235 millions d’années), D : Gencella taurensis (Beecherellidae), E : Rectonariidae sp. 2, F : Striatobythoceratina sp. 1 (Bythocytheroidea).
G à I, Cytheroidea fossiles et récents, G : Cytheropteron eximium du Crétacé des Etats-Unis (90 millions d’années, H et I représentent des espèces récentes de Polynésie française, Tanella ochracea et Neocyprideis spinulosa.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteure</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les recherches actuelles sur ces organismes portent à la fois sur les causes et mécanismes de l’extinction du Permien-Trias, et sur la rapidité de la récupération des écosystèmes (ceci fait écho aux questions du monde moderne). Dans ce questionnement, les ostracodes ont récemment joué un rôle important en apportant quelques bémols à l’hypothèse très répandue, pour expliquer l’hécatombe des espèces, d’une super-anoxie océanique (très peu voire pas d’oxygène dans les environnements) et en montrant l’existence de zones refuges. Plus avant, de nouvelles interrogations émergent sur la base de travaux sur les fossiles, au premier rang desquels les ostracodes, qui montrent la survie exceptionnelle de certaines lignées en parallèle de la grande extinction.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226507/original/file-20180706-122268-4ewo3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226507/original/file-20180706-122268-4ewo3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=247&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226507/original/file-20180706-122268-4ewo3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=247&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226507/original/file-20180706-122268-4ewo3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=247&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226507/original/file-20180706-122268-4ewo3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=311&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226507/original/file-20180706-122268-4ewo3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=311&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226507/original/file-20180706-122268-4ewo3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=311&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma d’une plate-forme continentale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pline, Jmtrivial</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Tout au long de leur histoire, les ostracodes ont habité mers et océans, des zones littorales aux abysses. Pendant le Paléozoïque, les Palaeocopida y sont <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A8ce_ubiquiste">ubiquistes</a> mais d’autres familles se cantonnent aux zones de plus de 200 mètres de profondeur, sans lumière : Rectonariidae, Beecherellidae, Bythocytheridae. Longtemps, les chercheurs ont pensé que ces ostracodes avaient compté parmi les grandes victimes de la crise Permien-Trias, mais des études récentes laissent entrevoir une réalité bien différente.</p>
<h2>Refuges pour ostracodes</h2>
<p>Pour bien comprendre, il convient de garder en mémoire qu’au Permien et au Trias, la géographie du Globe est différente de l’actuelle : un continent unique, la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pang%C3%A9e">Pangée</a>, incisé dans sa partie orientale par deux grands bassins océaniques, la Paléo-Téthys au Nord et la Néo-Téthys au Sud, et entouré par l’Océan Panthalassa. Les travaux menés ont permis de caractériser les ostracodes du Permien et du Trias sur les plateaux continentaux. Ils nous montrent que des oasis de survie ont existé après l’extinction, grâce à la prolifération de bactéries photosynthétiques dans les milieux dévastés, apportant oxygène et nourriture aux faunes survivantes. Identifiés pour la première fois par l’étude des ostracodes, il a été montré que nombre d’autres groupes ont bénéficié de ces refuges.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226508/original/file-20180706-122259-6pfyo8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226508/original/file-20180706-122259-6pfyo8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226508/original/file-20180706-122259-6pfyo8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226508/original/file-20180706-122259-6pfyo8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226508/original/file-20180706-122259-6pfyo8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226508/original/file-20180706-122259-6pfyo8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226508/original/file-20180706-122259-6pfyo8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Reconstruction de la position des continents au Trias, environ 240 millions d’années (d’après www.scotese.com). En rouge, la Roumanie ; en jaune, la Turquie ; en vert, la Chine du Sud.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteure</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les localités où étudier les grands fonds marins de cette période sont rares : la Dobrogée à l’est de la Roumanie, certaines zones de Chine de Sud ou de Turquie. Bien que connus depuis de nombreuses années, les ostracodes de ces localités n’ont été caractérisés et leur grande importance comprise que récemment. Leur étude a montré que les familles Rectonariidae, Beecherellidae et Bythocytheridae ont non seulement survécu dans les milieux profonds, mais s’y sont diversifiées, comme en témoignent les nouveaux genres et espèces retrouvés jusqu’à la fin du Trias.</p>
<p>Parmi les Palaeocopida, seule la famille des Kirkbyidae a survécu dans les zones profondes : ubiquistes au Paléozoïque, ces organismes se replient dans les grands fonds après l’extinction, traduisant une restriction particulière de leur répartition environnementale. Ces nouvelles conclusions sont cruciales : elles témoignent de la stabilité des milieux marins profonds à long terme pendant tout l’intervalle de l’extinction et soulignent à nouveau l’urgence de repenser la super-anoxie, incompatible avec cet enregistrement fossile.</p>
<h2>Quand peut-on parler de faune moderne ?</h2>
<p>La restructuration des faunes d’ostracodes du Paléozoïque au Mésozoïque reste une <em>terra incognita</em> : en savoir plus nécessite une étude de leur phylogénie, qui est rendue délicat par le manque de caractères discriminants chez la plupart de ces animaux. Mais les avancées récentes repoussent toujours plus loin les limites de l’apparition de la faune moderne. La particularité des ostracodes du Trias est qu’ils ne sont plus paléozoïques, mais ne sont pour autant pas encore modernes : les premières formes qui domineront au Trias apparaissent plus de 7 millions d’années avant l’extinction Permien-Trias, suggérant que des mécanismes complexes encore inconnus auraient été à l’œuvre dans cette transition biotique.</p>
<p>Les ostracodes modernes ne se diversifient qu’au Jurassique et nos connaissances se limitent aux zones européennes, relativement faciles d’accès. Des travaux inédits révèlent toutefois que l’importance des zones extrême-orientales est largement sous-estimée : les formes modernes pourraient y être apparues dès la fin du Trias et auraient envahi les eaux européennes à la faveur d’une montée du niveau marin à la toute fin du Trias.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99096/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Béatrice Forel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pleins feux sur la « Fossil Week » ! Pour bien commencer la semaine, voici que les ostracodes entrent en scène…Marie-Béatrice Forel, Maître de Conférences, Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/815312017-10-22T21:08:13Z2017-10-22T21:08:13ZÀ propos des grandes crises d’extinction<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/189772/original/file-20171011-16660-trtc2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C68%2C1024%2C725&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une soixantaine de crises d’extinction ont été documentées. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/lizadaly/4542270068/in/photolist-7VojDb-cnWP8U-7gXokN-TUNEQ3-pmVKKM-9Dggzr-pmVKXa-nGUwUy-4tURrx-WgEc5n-d8uQsW-4xkaao-2p8Yhx-36fEa-4xkaty-jdzSh5-8pzJGo-d59qjL-a2vbgP-dWa6PE-dcqZ1a-4AqhmW-XsYFaR-eJXgC1-eDx2gV-8ugfsT-dYxhkw-7BwH9q-9t2bNJ-bwFR5h-fp648E-dXMAFv-7Vi8op-foQKy6-Wcredr-fp62LY-fp62vJ-7UZscQ-ewKWyV-p5HXDT-foQMtZ-fp63xq-dXTgv1-nUn65b-a8zjJ7-srANrh-73BSYZ-foQKKv-gAfpEP-7rBEVS">Liza/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les données de la géologie et de la paléontologie nous renseignent sur l’existence d’une soixantaine de crises d’extinction des espèces depuis 600 millions d’années environ.</p>
<p>Nous ne savons pas grand-chose sur ce qu’il s’est passé avant cette période, les espèces d’alors étant très peu fossilisables (en l’absence de squelettes externes et internes) et les traces éventuellement laissées ayant disparu. <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/geochimie/">La géochimie</a> nous apporte cependant de précieux renseignements, grâce au monde des bactéries et des <a href="http://planktonchronicles.org/fr/episode/protiste1-cellules-dans-la-mer/">protistes</a>.</p>
<p>Depuis cette époque, les fossiles retrouvés sont bien documentés et nous permettent une construction plus élaborée de « l’arbre du vivant ». La Terre est datée à 4,6 milliards d’années et l’apparition de la vie sur Terre à <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v537/n7621/full/nature19355.html">plus de 3,5 milliards d’années</a>. Celle-ci est apparue au sein de l’<a href="http://www.college-de-france.fr/site/gilles-boeuf/course-2014-01-07-11h00.htm">océan ancestral</a>, soit en milieu côtier chaud et peu profond, soit à plus grande profondeur autour des sources hydrothermales, selon diverses théories.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/189775/original/file-20171011-16660-1rxsu1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/189775/original/file-20171011-16660-1rxsu1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/189775/original/file-20171011-16660-1rxsu1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/189775/original/file-20171011-16660-1rxsu1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/189775/original/file-20171011-16660-1rxsu1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/189775/original/file-20171011-16660-1rxsu1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/189775/original/file-20171011-16660-1rxsu1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des traces de vers, découvertes au Brésil et datant d’environ 550 millions d’années, ont été récemment mises en évidence par des chercheurs de l’Université de Manchester.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.manchester.ac.uk/discover/news/half-a-billion-year-old-fossils-shed-new-light-on-animal-evolution/">Université de Manchester</a></span>
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</figure>
<h2>Cinq crises majeures</h2>
<p>Parmi ces 60 crises, cinq ont été particulièrement bien mises en évidence de par leur ampleur ; et elles ont fait l’objet d’un travail de redéfinition dans un <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v471/n7336/full/nature09678.html?foxtrotcallback=true">article publié</a> par la revue scientifique <em>Nature</em> en 2011 : ces crises majeures concernent ainsi l’extinction d’au moins les trois quarts des espèces vivantes, marines et continentales, sur un temps « court ».</p>
<p>Immédiatement, la question surgit : qu’est-ce qu’un temps « court » ? En géologie, il s’agit d’un temps de l’ordre du demi-million d’années. Par comparaison à la situation que nous connaissons aujourd’hui, les échelles de temps se bousculent !</p>
<p>Entre le temps géopolitique de l’humanité et le temps de la Terre, les distances sont vertigineuses. Voilà pourquoi « l’ère anthropocène » ne peut entrer dans l’échelle géologique. C’est en 2000 que l’on a vu apparaître cette notion, proposée par le néerlandais Paul Crutzen (Nobel de chimie en 1995) : à savoir une « ère » durant laquelle le plus puissant facteur de changements serait l’espèce humaine. Crutzen la faisait démarrer à la révolution industrielle, au moment de l’invention de la machine à vapeur. Si l’idée peut paraître séduisante, il semble toutefois plus prudent de la garder comme image.</p>
<p>Les crises d’extinction de la biodiversité ont toujours été multifactorielles et on a fait appel à diverses raisons, pouvant d’ailleurs bien souvent jouer en commun : impact de météorite géante, explosion « proche » de super nova, réchauffement brutal, effondrement des contenus de l’eau et de l’air en oxygène, volcanisme intense et gigantesques émissions de gaz à effets de serre, tremblements de terre et tsunamis violents, rencontres de continents, froid glacial prolongé, obscurcissement de la lumière solaire…</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"879112160185593857"}"></div></p>
<h2>La crise actuelle</h2>
<p>Il faut bien prendre en compte ces différentes caractéristiques des grandes crises d’extinction lorsque l’on parle de la « crise actuelle de la biodiversité ». <a href="http://www.wwf.fr/vous_informer/rapport_planete_vivante_2016/">Le rapport détaillé du WWF</a> d’octobre 2016 donnait bien le ton : son indice « planète vivante » indique une « réduction » de 58 % globalement, pour l’ensemble des écosystèmes (marins et continentaux), sur une très courte période de… 42 ans !</p>
<p><a href="http://www.wwf.fr/vous_informer/rapport_planete_vivante_2016/rapport_planete_vivante_2014/indice_planete_vivante/">Cet indice</a> est calculé sur l’effondrement du nombre des individus des populations de vertébrés (plus de 14 000 populations suivies pour 3 700 espèces). Certains écosystèmes sont particulièrement touchés, à l’image des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Eau_douce">milieux dulçaquicoles</a> (-81 % !) ou les grandes plaines d’Argentine.</p>
<p>Il faut souligner que nous parlons de diminutions du nombre des individus, pas d’extinctions. Elles pourraient, bien sûr, survenir à terme, mais cela prend un certain temps. À l’échelle d’une vie humaine, les extinctions sont rares et liées à des espèces endémiques très peu distribuées, sur des îles par exemple.</p>
<p>Les causes de ce phénomène d’érosion rapide de la biodiversité sont bien identifiées : destruction massive des écosystèmes, pollution généralisée – même à des endroits où l’humain n’est pas, à l’image des pôles) –, dissémination anarchique des espèces (la <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/un-elephant-dans-un-jeu-de-quilles-l-homme-dans-la-biodiversite-robert-barbault/9782020820752">« roulette écologique »</a>), surexploitation des espèces (pêche et forêts) et, enfin, ce changement climatique actuel beaucoup trop rapide qui <a href="http://books.openedition.org/cdf/3607">n’arrange pas les choses</a>.</p>
<p>La perte, les dégradations et les morcellements des habitats représentent la raison essentielle. Bien entendu, ces pertes de biodiversité sont très préoccupantes pour les services rendus par les écosystèmes et de nombreux travaux récents insistent sur la structuration des écosystèmes pour mieux résister aux différentes agressions actuelles, déclenchées par les activités humaines.</p>
<p>C’est bien le cercle vicieux dans lequel nous sommes engagés : les écosystèmes sont tous dégradés et donc moins capables de résister. À cause de la pression humaine, en accélération constante, le capital naturel diminue plus vite qu’il ne peut se régénérer. Les activités humaines et l’exploitation des ressources se sont tellement développées – en lien notamment avec la pression démographie – que les conditions écologiques ayant favorisé notre développement et notre croissance commencent aujourd’hui <a href="http://www.wwf.fr/vous_informer/rapport_planete_vivante_2016/">à se dégrader</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"792474903500947457"}"></div></p>
<p>Les travaux du groupe de chercheurs conduits par le <a href="http://science.sciencemag.org/content/347/6223/1259855">climatologue suédois Johan Rockström</a> ont défini des limites planétaires à nos impacts et nous annoncent que sur neuf altérations d’origine humaine qui touchent le système Terre, quatre ont déjà dépassé des seuils « supportables » ; ces derniers concernent les intrants azotés et phosphorés dans la biosphère, le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité.</p>
<p>Et dans un <a href="http://www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1704949114">article</a> publié en mai 2017, qui a fait couler beaucoup d’encre, nos collègues mexicains et américains rebondissent avec une longue étude très documentée sur l’accélération de la dégradation de la biodiversité. Ils parlent même d’« anéantissement biologique », de « défaunation » aux conséquences catastrophiques, en s’appuyant sur les données de l’Union internationale pour la conservation de la nature <a href="https://www.iucn.org/fr">(IUCN)</a> relatives à 27 600 espèces de vertébrés terrestres : 32 % d’entre elles ont décliné en population et répartition.</p>
<p>Ils se sont tout particulièrement intéressés à 177 espèces de mammifères terrestres, démontrant que 30 % d’entre elles ont perdu 30 % au moins de leur territoire ; plus de 40 % ont perdu au moins 80 % de leur répartition géographique depuis 1900 ! Ils en concluent que la sixième crise d’extinction est en cours et que la réalité dépasse encore les prévisions les plus pessimistes.</p>
<p>Il faut également faire mention d’une toute <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0185809">récente étude</a>, parue le 18 octobre 2017 dans la revue <em>PLoS One</em>, à propos du déclin des insectes volants ces trente dernières années en Europe.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"920758386194444289"}"></div></p>
<h2>Réduire notre impact</h2>
<p>Comment peut-on comparer la situation actuelle aux crises du passé ? La vraie question pouvant être formulée ainsi : combien de temps faut-il pour revenir à un état plus ou moins proche de l’initial, celui d’avant la crise ?</p>
<p>Les facteurs déclenchants des crises antérieures ont été analysés ; ils ne sont pas en cause dans ce qui se passe aujourd’hui. Ce sont bien les activités humaines qui sont responsables de la situation présente. Après des centaines de millions d’années durant lesquelles les grands facteurs de l’environnement – la température, l’oxygène disponible, la salinité de l’océan, la composition de l’air… – ont été les moteurs de l’évolution du vivant et de ses capacités adaptatives, c’est bien l’humain et ses bouillonnantes activités qui sont devenus la force essentielle !</p>
<p>En estimant les vitesses d’évolution, en tentant de prédire les trajectoires possibles et en planifiant les mécanismes, nous pourrions sans doute fortement réduire notre impact sur les espèces et les écosystèmes et ainsi sérieusement améliorer les coûts économiques et sociaux de nos activités sur la nature.</p>
<p>Aussi, doit-on changer : on parle beaucoup de « résilience », c’est-à-dire la capacité pour un écosystème agressé de retrouver une situation de « maintien de ses qualités » plus ou moins proche du stade d’avant l’agression. Mais n’oublions pas que pour qu’un écosystème puisse être résilient, encore faut-il qu’il n’ait pas disparu !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"913044388951085056"}"></div></p>
<p>Il doit tout d’abord résister à l’agression puis, avant de risquer de totalement disparaître, pourra-t-il peut-être entrer en résilience, ce qui prend un certain temps. Notons aussi que la situation de « basculement des écosystèmes » (qui désigne le basculement vers un état totalement différent de manière irréversible), fréquente au-delà d’un certain seuil de perturbation, demeure difficile à prévoir.</p>
<p>L’état de structuration de nos écosystèmes actuels, marins et continentaux, est-il suffisamment organisé pour résister ? Jusqu’où pouvons-nous accepter les <a href="https://www.nature.com/nature/journal/v486/n7401/full/nature11148.html">dégradations des espèces</a> et des écosystèmes ? De plus, on démontre maintenant qu’une biodiversité abondante et fonctionnelle est génératrice de <a href="https://www.nature.com/articles/ncomms15810">plus de biodiversité</a>. Ceci est très important à prendre en compte.</p>
<p>Il est grand temps de réagir et de considérer comme aussi importante que le changement climatique accéléré la perte de la biodiversité. Nous ne consommons que du biologique et ne coopérons qu’avec du biologique ! Aussi doit-on admettre une fois pour toutes notre indissociable relation à la vie sur la planète et à la biodiversité : chaque fois que nous l’agressons, nous nous auto-agressons (et notre économie trinque).</p>
<p>Pour une espèce qui a choisi de s’appeler <em>sapiens</em>, cela paraît bien stupide ! Méritons durant ce siècle ce terme dont nous nous sommes affublés, nous qui n’avons toujours pas dépassé le stade de l’<em>Homo faber</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81531/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles Bœuf ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Grâce à l’étude des fossiles, l’homme a connaissance d’une soixantaine de crises de la biodiversité. Parmi elles, cinq épisodes particulièrement marqués se distinguent.Gilles Bœuf, Biologiste, océanographe, professeur, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/829282017-09-07T20:43:48Z2017-09-07T20:43:48ZIl y a 140 millions d’années, la toute première fleur ressemblait à un magnolia<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/183768/original/file-20170829-10414-1ulaiau.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Cette fleur est l'ancêtre du magnolia… mais aussi du chêne, de l'herbe, de la tomate, de la jonquille, et de bien d'autres encore.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/ncomms16047">Hervé Sauquet et Jürg Schönenberger</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est republié dans le cadre de la Nuit Sciences et Lettres : « Les Origines », qui se tiendra le 7 juin 2019 à l’ENS, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez le programme complet sur le <a href="http://www.nuit.ens.fr/">site de l’événement</a>.</em></p>
<hr>
<p>La majorité des plantes qui peuplent la Terre disposent de fleurs. Mais l’histoire de leur origine reste largement mystérieuse. Les fleurs constituent aujourd’hui les organes sexuels de plus de 360 000 espèces de plantes vivantes, toutes issues d’un unique ancêtre commun.</p>
<p>Cette plante ancestrale – qui a existé à une époque comprise entre 250 et 140 millions d’années dans le passé – a produit les premières fleurs à une période où notre planète était plus chaude et plus riche en oxygène et en gaz à effet de serre qu’aujourd’hui. Une époque où prospéraient les dinosaures.</p>
<p>Ces derniers n’existent plus depuis 65 millions d’années. Et pourtant, nous en savons davantage sur l’apparence d’un <a href="http://www.nhm.ac.uk/discover/dino-directory/iguanodon.html">iguanodon</a> que sur celle de la fleur ancestrale !</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=818&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=818&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=818&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/180402/original/file-20170731-22126-8ddii2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cette plante aquatique trouvée en Espagne, vieille de 130 millions d’années, est le plus ancien fossile de fleur connu à ce jour.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.pnas.org/content/112/35/10985">Gomez et al/PNAS</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce manque de connaissances est en partie dû au fait que ces premières fleurs n’ont pas laissé de traces. Il faut en effet un concours de circonstances très particulier pour que les fleurs, qui sont des structures fragiles, puissent se fossiliser. Et puisqu’aucun fossile de fleur ne remonte à 140 millions d’années ou davantage, les scientifiques n’avaient qu’une idée limitée de ce à quoi pouvait ressembler l’ancêtre ultime… jusqu’à maintenant.</p>
<h2>Remonter l’arbre généalogique des plantes à fleurs</h2>
<p><a href="http://nature.com/articles/doi:10.1038/ncomms1604">Une nouvelle étude majeure</a>, menée par une équipe internationale de botanistes, est parvenue à établir la meilleure reconstruction, à ce jour, de cette fleur ancestrale. Pour cela, elle s’est concentrée moins sur les fossiles que sur l’étude des caractéristiques de 800 descendants, encore vivants aujourd’hui, de cette première fleur.</p>
<p>En énumérant les points communs et les différences entre diverses plantes à fleurs présentant un lien de parenté, on peut en effet déduire les caractéristiques de leurs ancêtres proches. Par exemple, sur toutes les espèces d’orchidées, les fleurs ont un effet miroir : les deux moitiés de chaque fleur sont symétriques (on parle de <a href="https://www.livescience.com/28547-surprising-orchid-facts.html">symétrie bilatérale</a>). On peut donc supposer que l’ancêtre des orchidées présentait cette caractéristique. De fil en aiguille, on peut ensuite comparer ces ancêtres entre eux et remonter un cran plus loin, et ainsi de suite, jusqu’à atteindre, éventuellement, la base de l’arbre généalogique des plantes à fleurs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/180559/original/file-20170801-29610-1vb00ce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les fleurs des orchidées sont symétriques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Joanna Dineva</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La fleur originelle ressemble, sous certains aspects, au magnolia moderne, avec ses multiples « pétales » (appelés techniquement des <a href="http://canope.ac-besancon.fr/flore/didactitiel/fleur/sepales_petales_tepales.htm">tépales</a>, techniquement) indifférenciés et disposés en cercles concentriques. On trouve, en son centre, plusieurs rangées d’organes sexuels, dont des <a href="http://www.futura-sciences.com/planete/definitions/botanique-etamine-2264/">étamines</a> et des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ovaire_(botanique)">ovaires</a>. Difficile de ne pas imaginer les anciennes espèces de pollinisateurs s’aventurer dans cette fleur, y collecter des grains de pollen et aider ainsi, sans le savoir, la plante à produire des graines.</p>
<h2>Une vie sexuelle controversée</h2>
<p>Cette nouvelle étude permet de trancher la question de savoir si les fleurs primitives avaient chacune un sexe, ou si, au contraire, les organes reproductifs mâle et femelle étaient réunis dans la même fleur. Les recherches menées jusqu’ici divergeaient sur ce point. D’un côté, l’un des plus anciens lignages de plantes à fleurs – qui ne survit aujourd’hui que sous la forme d’<em>Amborella</em>, un arbuste rare de Nouvelle-Calédonie – présente des fleurs qui sont <a href="http://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/317571">soit mâles, soit femelles</a>. De l’autre, dans la plupart des espèces modernes, les deux sexes sont présents dans la même fleur.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=576&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=576&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=576&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=724&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=724&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/180553/original/file-20170801-11960-18r0ips.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=724&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Toutes les espèces de fleurs qui existent de nos jours proviennent, à l’origine, d’une ancêtre unique, datant d’il y a environ 140 millions d’années.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://nature.com/articles/doi:10.1038/ncomms16047">Hervé Sauquet et Jürg Schönenberger</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les auteurs de l’étude viennent de trancher le débat en montrant que la fleur ancestrale était hermaphrodite. Ce qui signifie que les plantes à fleurs primitives pouvaient se reproduire en prenant soit le rôle du mâle, soit celui de la femelle. Une telle combinaison des sexes dans une même fleur peut constituer un avantage lorsqu’une plante s’installe dans un nouvel environnement : chaque individu unique peut ainsi être son propre partenaire. Et en effet, beaucoup d’espèces de plantes ayant colonisé des îles lointaines se sont révélées hermaphrodites. Peut-être cela a-t-il pu aider ces premières plantes à fleurs à s’imposer sur d’autres plantes.</p>
<h2>Le diable est dans les détails</h2>
<p>Malgré son apparente ressemblance avec certaines des fleurs que nous connaissons, l’ancêtre ultime nous réserve quelques surprises. Les botanistes ont longtemps pensé, par exemple, que les premières fleurs disposaient, en leur centre, de pétales disposés en spirale, comme on le voit sur des espèces modernes comme l’<a href="http://science.kennesaw.edu/jmcneal7/plantsys/jpegs/illflo.jpg">anis étoilé</a>.</p>
<p>Mais les dernières découvertes suggèrent fortement que les organes des premières fleurs étaient disposés, non pas en spirale, mais en séries de cercles concentriques (ou <a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/verticille-botanique/">verticilles</a>), comme sur les plantes modernes. Ces verticilles étaient toutefois plus nombreux sur la fleur primitive, ce qui suppose que les fleurs se sont simplifiées au fil du temps.</p>
<p>Paradoxalement, cette simplification de l’architecture des fleurs pourrait avoir doté les plantes modernes d’une base plus stable pour évoluer, mais aussi pour accomplir des tâches complexes. Parmi celles-ci, la possibilité d’une meilleure interaction avec certains insectes, comme c’est le cas pour les orchidées, ou la production de capitules, ces dizaines ou centaines de petites fleurs que l’on voit notamment dans la famille des tournesols.</p>
<p>Nous avons désormais une idée assez précise de ce à quoi pouvait ressembler l’une des premières fleurs. Mais nous savons peu de choses sur la façon dont cette fleur est apparue sur Terre. Et les étapes détaillées de son évolution restent également inconnues. Peut-être faudra-t-il attendre la découverte de nouveaux fossiles de fleurs, qui combleront le trou que représente pour l’instant la période allant de 250 à 140 millions d’années. Nous pourrions alors comprendre l’origine même du système sexuel le plus diversifié de notre planète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/82928/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mario Vallejo-Marin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Faute de fossiles, l’apparence des premières fleurs est longtemps restée inconnue. Mais en remontant l’arbre généalogique de certaines plantes, des scientifiques sont parvenus à percer le mystère.Mario Vallejo-Marin, Associate Professor in Evolutionary Biology, University of StirlingLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/733302017-02-21T08:09:40Z2017-02-21T08:09:40ZL’Anthropocène et l’échelle des temps géologiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/157549/original/image-20170220-15892-1hq2w21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C592%2C2196%2C1317&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Globe au paléozoïque. Museum of the Rockies, Bozeman, Montana.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/timevanson/9321607571">Tim Evanson/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La géologie est une discipline dans laquelle le temps joue un rôle fondamental. Il en est une colonne vertébrale. Comme, de plus, il couvre une durée de plus de 4 milliards d’années, il est nécessaire de le découper en tranches. Ces tranches sont plus ou moins épaisses (ères, périodes, époques…) et toutes servent à établir des corrélations entre des terrains parfois éloignés.</p>
<p>Depuis que la vie s’est répandue en abondance sur Terre, il y a 550 millions d’années, les ères, les systèmes et les étages sont distingués sur la base de leur contenu en fossiles, et généralement séparés par une grande crise du monde vivant.</p>
<p>Ainsi l’<a href="http://geologie.mnhn.fr/paleozoique.htm">ère paléozoïque</a> est séparée de l’<a href="http://geologie.mnhn.fr/mesozoique.html">ère mésozoïque</a> par la plus grande crise que le monde vivant ait connu (96 % des espèces sont alors éradiquées) et certains organismes emblématiques disparaissent à jamais telles les trilobites, ou certains groupes du microfossiles comme les Fusulines…</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/157544/original/image-20170220-15931-19lhzus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/157544/original/image-20170220-15931-19lhzus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/157544/original/image-20170220-15931-19lhzus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/157544/original/image-20170220-15931-19lhzus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/157544/original/image-20170220-15931-19lhzus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/157544/original/image-20170220-15931-19lhzus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/157544/original/image-20170220-15931-19lhzus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Trilobites <em>Selenopeltis buchii</em>, fossiles provenant du Maroc.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Trilobite_Selenopeltis_buchii.jpg">Kevin Walsh/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’ère mésozoïque est aussi séparée de l’<a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/cenozoique/">ère cénozoïque</a> par une autre grande crise biologique majeure qui voit la disparition de dinosaures non-aviens, des ammonites… Toutes ces crises du monde vivant sont associées à de profonds bouleversements de l’environnement (variation du niveau des mers de 100 à 200 m, changement du contenu de l’atmosphère en CO<sub>2</sub> et SO<sub>2</sub>, refroidissement ou réchauffement…). Les subdivisions plus fines de l’échelle des temps (étages) sont basées sur des principes identiques, mais généralement de moindre importance.</p>
<h2>Subdivisions</h2>
<p>L’établissement des différentes subdivisions et leur définition répondent donc à des méthodes et normes très précises. Elles sont gérées par des commissions de l’<a href="http://iugs.org/index.php?page=what-is-iugs">IUGS (International Union of Geological Sciences)</a>, dont l’un des objectifs est d’établir des standards afin que la communauté mondiale utilise des mots qui ont la même acception partout.</p>
<p>Les subdivisions de l’échelle des temps géologiques font partie de ces standards. La proposition de chaque nouvelle subdivision est instruite par un groupe de travail, qui la soumet à une sous-commission, puis à une commission et enfin au comité exécutif avant d’être ratifiée et finalement introduite dans l’échelle des temps.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/157548/original/image-20170220-15908-nlkulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/157548/original/image-20170220-15908-nlkulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/157548/original/image-20170220-15908-nlkulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/157548/original/image-20170220-15908-nlkulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/157548/original/image-20170220-15908-nlkulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/157548/original/image-20170220-15908-nlkulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/157548/original/image-20170220-15908-nlkulk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Procédure suivie pour modifier un nom ou un âge ou pour introduire/supprimer une subdivision, à parti d’un groupe de travail.
Pour la question de l’Anthropocène, le chemin devrait être : du Groupe de travail (existant), soumission à la sous-commission du Quaternaire (non effectuée), commission de stratigraphie, etc.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IUGS</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>La procédure est longue, et suivie avec la même rigueur que celle utilisée par les États pour modifier une Loi.</p>
<p>Prenons l’exemple du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Quaternaire">Quaternaire</a>. Cette subdivision de l’échelle des temps, proposée en 1829 par Jules Desnoyers, a mis quelques décennies à s’imposer (le géologue britannique Lyell par exemple ne l’a jamais accepté). En 1982, après une décennie de discussion entre spécialistes, la sous-commission du Quaternaire décide de poser officiellement le problème de sa limite inférieure lors d’un congrès à Moscou. En 1995, l’américain William Berggren propose l’abandon du terme. Cela a été effectué en 2004 : il ne figure plus sur l’échelle internationale des temps géologiques du Congrès géologique international à Florence.</p>
<p>Quatre ans plus tard, le sujet est néanmoins repris et le mot Quaternaire est ré-introduit dans l’échelle internationale des temps, mais en tant que système cette fois, non plus en tant qu’ère. Il figure de nouveau sur l’échelle lors du congrès géologique suivant, à Oslo, en 2008. Néanmoins son cas n’est pas encore fixé car alors la limite inférieure reste sujette de débats, et sa limite n’est pas fixée, soit à 2,588 millions d’années, soit à 1,806 millions d’années, selon que l’étage <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9lasien">Gélasien</a> en fasse partie ou non. La décision finale sera prise en 2009 (Gibbard et Head, 2009). Entre 1982 et 2009, 27 ans auront été nécessaires pour que la communauté se mette d’accord sur ce standard international.</p>
<p>Un dossier respectant des critères précis peut donc être présenté à la commission <em>ad hoc</em>. Parmi les critères, certains sont géologiques (continuité sédimentaire, taux de sédimentation, etc.), d’autres sont bio-stratigraphiques (forte modification de la faune pendant une durée importante pour des fossiles abondants et diversifiés…), d’autres encore sont physico-chimiques (isotopiques, magnétiques…). Mais surtout, il faut des critères à la fois globaux et synchrones. Le synchronisme est capital car le repère sert, d’abord, à dater. Nous étudierons cette question dans un deuxième article, à paraître demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73330/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>DE WEVER Patrick est
- membre de la Société Géologique de France,
- Chairman de la International Commission Geohertage de l'International Union of Geological Sciences,
- membre de l'International Commission of Protected Areas de l'UICN,
- Membre du Groupe français de l'UICN pour le Patrimoine mondial etc.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stan Finney est secrétaire général de l'International Union of Geological Sciences</span></em></p>L’Anthropocène, ou « ère de l’humain » est un concept avancé par certains scientifiques, et devenu très populaire. Pour l’évaluer, passage en revue de la notion d’échelle des temps géologiques.De Wever Patrick, Professeur, géologie, micropaléontologie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Stan Finney, Professeur à Long Beach, Université de Californie et président de la Commission Internationale de Stratigraphique, California State University, Long BeachLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/656752016-09-23T04:43:47Z2016-09-23T04:43:47ZLa nature en 3D : l’histoire naturelle passe au numérique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/138584/original/image-20160921-29729-1fo9h3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Impression 3D grandeur nature (envergure 75 cm) de la libellule géante _Meganeura monyi_ du Carbonifère de Commentry (Allier).</span> <span class="attribution"><span class="source">Création CreaZaurus avec l'accord de Jean Marc Pouillon. Photographie Patrice Lebrun. </span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>The Conversation France travaille en partenariat avec l'émission de vulgarisation scientifique quotidienne « La Tête au carré », présentée et produite par Mathieu Vidard sur France Inter. L'auteur de cet article, Romain Garrouste, a parlé de ses recherches dans l'émission du 23 septembre 2016 avec Aline Richard, éditrice science et technologie pour The Conversation France. <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-23-septembre-2016">Vous pouvez réécouter l'émission en podcast</a>.</em></p>
<p>Après avoir occupé notamment l’espace médical, l’imagerie 3D est devenue utilisable pour un grand nombre d’applications diverses et variées. Elle occupe depuis peu une place à part dans l’histoire naturelle aussi bien dans la recherche que dans la diffusion des connaissances vers les publics dans les expositions et les <a href="http://cabinetdecuriosites3d.mnhn.fr/">musées d’histoire naturelle</a>, dépoussiérant quelque peu l’image parfois désuète de celle-ci.</p>
<p>Un paradoxe, car le design « cabinet de curiosité du XVIII<sup>e</sup> » est largement présent dans les magasins de décorations et d’ameublement, et a la faveur du public. Mais l’histoire naturelle doit effectivement renouveler son image auprès du public pour bien montrer son ancrage dans la science du XXI<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Précisons que l’imagerie 3D que nous allons évoquer n’a rien à voir avec la « 3D » proposée par la télévision et le cinéma, un effet relief qui accroît le réalisme des images de fiction et de certains documentaires, associé à une définition de l’image qui ne cesse d’augmenter (elle va dépasser bientôt la définition de l’œil humain).</p>
<h2>3D scientifique</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138588/original/image-20160921-21689-1vsqd44.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138588/original/image-20160921-21689-1vsqd44.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138588/original/image-20160921-21689-1vsqd44.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138588/original/image-20160921-21689-1vsqd44.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138588/original/image-20160921-21689-1vsqd44.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138588/original/image-20160921-21689-1vsqd44.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138588/original/image-20160921-21689-1vsqd44.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Hémiptère fossile tiré de l’ambre de l’Oise (Éocène, 53 millions d’années) taille réelle : 1 cm, impression 3D : 25 cm.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MNHN</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’image 3D « scientifique » qui nous intéresse ici est un modèle numérique informatisé, soit issu d’une création (sculpture numérique) soit une reconstruction d’un objet réel par divers procédés développés par l’industrie et l’imagerie médicale : il s’agit de scruter, reproduire, analyser, scanner, comprendre l’intérieur ou la surface d’un objet vivant ou inerte.</p>
<p>L’histoire naturelle, de la biologie à la préhistoire, s’est emparée de ces méthodes qui sont une sorte de nouveau paradigme technologique pour étudier de manière non destructive des échantillons inertes issus des anciennes collections ou des programmes de recherche en cours et les reproduire. C’est une manière de revisiter l’histoire naturelle et les collections.</p>
<p>Nous avons déjà parlé de son utilisation pour <a href="https://theconversation.com/les-charmes-discrets-des-insectes-fossiles-56029">étudier les inclusions d’insectes dans l’ambre</a>, avec de belles découvertes acquises ou en perspectives, comme celle récente apportant de nouveaux éléments d’explication de fossiles (ossements) aussi bien étudiés que <a href="http://www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/full/nature19332.html">ceux de notre chère Lucy</a>. Il y a des spécimens historiques précieux sur les étagères des réserves des musées, quelquefois de simples blocs de pierre laissant apparaître un bout de fossile, qui bénéficieraient grandement de cette technologie, sorte de dégagement virtuel permettant d’extraire des trésors scientifiques d’échantillons paraissant banals.</p>
<p>C’est bien la fonction première des collections patrimoniales et de leur préservation : permettre des avancées majeures grâce à des méthodes qui n’existaient pas encore au moment de leur collecte sans devoir aller à nouveau rechercher des spécimens. Cela concerne évidemment les fossiles, mais aussi, des espèces qui s’éteignent suite à la destruction de leurs habitats, de civilisations, voire suite à des changements dans les pratiques culturelles (espèces et artefacts).</p>
<p>Cela démontre aussi l’importance de ces spécimens par rapport à leur unique préservation sous forme de numérisation 3D : certains ont évoqué de jeter les spécimens après numérisation, ce qui équivaudrait à bloquer la science à ce niveau de technologie.</p>
<h2>Les méthodes d’imagerie et de reconstruction 3D</h2>
<p>Les méthodes sont multiples et se développent à grande vitesse, en exploitant les propriétés de la lumière, des ondes électromagnétiques de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Infrarouge">infrarouge lointain</a> aux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rayon_X">rayons X durs</a>, en passant par la lumière dite normale. Quelques appellations : microscopie confocale laser ; imagerie synchrotron ; cohérence optique (OCT) ; déconvolution ; fluorescence ou encore tomographie aux rayons X. Tous ces outils permettent de percer les matières les plus denses, à la façon d’une radio médicale classique.</p>
<p>On distingue les méthodes qui permettent de reconstruire des volumes à partir des surfaces (scanner surfacique et méthode photogrammétrique) et celles utiles pour étudier l’intérieur des échantillons. Ces dernières utilisent le plus souvent les rayons X dans des machines de plus en plus spécialisées : les tomographes à rayons X (CT Scan, ou Computer Tomography scanner). Celui du Museum national d’histoire naturelle (AST-RX) à Paris est l’un des CT Scan les plus perfectionnés pour <a href="http://www.ums2700.mnhn.fr/ast-rx/presentation">étudier les collections d’histoire naturelle</a>. Il ne cesse d’être utilisé pour étudier toujours plus de spécimens : le potentiel des collections du MNHN, parmi les plus importantes du monde, est immense.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138593/original/image-20160921-21723-1c3suah.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138593/original/image-20160921-21723-1c3suah.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138593/original/image-20160921-21723-1c3suah.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138593/original/image-20160921-21723-1c3suah.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138593/original/image-20160921-21723-1c3suah.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138593/original/image-20160921-21723-1c3suah.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138593/original/image-20160921-21723-1c3suah.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Charançon (coleoptere) scanné par le CT scan AST RX du MNHN provenant de l’ambre éocène de l’Oise (-53Ma).</span>
<span class="attribution"><span class="source">MNHN</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Ce qui nous intéresse ici c’est la possibilité de découper virtuellement un volume en tranches fines et même très fines (tomographie) et de le reconstituer dans un modèle numérique, qu’il soit vivant ou inerte (matériaux, cellules, tissus, partie de squelettes, fossiles, roches, artefacts archéologiques ou ethnologiques, etc.).</p>
<h2>Etude de l’œil d’une punaise</h2>
<p>Dernièrement j’ai eu la chance d’utiliser une machine hors norme pour étudier un œil d’une punaise, un insecte minuscule de 2,5 millimètres. La reconstruction se matérialise par un cube de 63 microns de côté (63 millièmes de millimètre) et permet de comprendre l’organisation complexe de cet organe. Cette prouesse a été permise grâce à une machine unique en France installée au <a href="http://www.cerege.fr/">CEREGE</a> d’Aix-en-Provence. Cette machine fait partie d’un pôle scientifique dédié aux nanotechnologies et ses impacts sur l’environnement, ce qui explique sa résolution extrême qui nécessite parfois plus de 24 heures de scanning.</p>
<p>Le plus remarquable des outils spectaculaires dédiés à des applications scientifiques analytiques réside dans l’utilisation de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rayonnement_synchrotron">lumière synchrotron</a>. Ces grands équipements (en France, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/SOLEIL">Soleil à Saclay</a> ou l’<a href="http://www.esrf.eu/">ESRF à Grenoble</a>) sont des accélérateurs de particules circulaires au périmètre de plusieurs centaines de mètres de long dont on exploite une propriété particulière : lorsque les particules élémentaires (comme les électrons) de la matière sont accélérées dans une partie courbée, elles dégagent de la lumière dans toutes les parties du spectre, dont des rayons X de plusieurs nature.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138595/original/image-20160921-21715-baaq7y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138595/original/image-20160921-21715-baaq7y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138595/original/image-20160921-21715-baaq7y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138595/original/image-20160921-21715-baaq7y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138595/original/image-20160921-21715-baaq7y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138595/original/image-20160921-21715-baaq7y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138595/original/image-20160921-21715-baaq7y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Fossile provenant de l’ambre Eocène de l’Oise (-53Ma).</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESRF</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Cette lumière est ensuite utilisée dans des « lignes de lumière » (<em>beamline</em>) où ses propriétés sont exploitées pour découvrir la nature et la structure fine d’échantillons divers et variés dans des sciences aussi diverses que la biologie moléculaire ou l’astrophysique. Avec tout un raffinement expérimental en plein développement, dans tous les domaines, des sciences du vivant à l’étude des fossiles, pour optimiser les méthodes et les résultats.</p>
<h2>L’impression 3D</h2>
<p>L’impression 3D est une application de toutes ces méthodes qui convergent vers la restitution « physique » des volumes numériques. On parle alors d’unité en voxel. Les voxels sont les pixels de la 3D : on cherche à les rendre de plus en plus petit, de leur affecter de plus en plus de propriétés et y associer des données (composition chimique, densité, etc.). Les algorithmes de calculs sont dont encore plus complexes que pour l’image 2D et demandent des capacités de calculs importantes, notamment des mémoires vives de compétition. Un bon PC de laboratoire d’un atelier de reconstruction 3D fait au minimum 64 Go de RAM, voire 128 Go pour traiter de grands lots d’images complexes.</p>
<p>L’impression est une sorte de robotique appliquée au « modélisme » piloté par des logiciels de lecture de modèles 3D, une technologie en plein développement. C’est actuellement un grand foisonnement de méthodes pour « imprimer » ces voxels avec des résines, de pâtes plastiques diverses que l’on amalgame, des lasers pour découper, etc. Certaines peuvent imprimer avec du béton (pour la construction, pas encore pour l’histoire naturelle !). Les résultats dépendent de la technologie, du modèle de départ et d’option de finitions qui sont souvent nécessaires (retouche, colorisation, montage de pièces, par exemple) selon le réalisme recherché.</p>
<h2>Une nouvelle muséologie des sciences</h2>
<p>Reste encore à former une nouvelle génération de chercheurs et d’opérateurs scientifiques 3D. Ils commencent à se saisir de ces nouvelles méthodes numériques fondées sur une bio informatique particulière pour renouveler la médiation des sciences et la muséologie. Des petites sociétés de services 3D se multiplient y compris autour de l’histoire naturelle, par exemple pour reproduire des dinosaures ou des insectes « géants »(<a href="http://www.crea-zaurus-3d.com/">CreaZaurus</a> ou <a href="http://www.cossima-productions.com/">Cossima Productions</a>).</p>
<p>Outre des impressions 3D réalistes à l’échelle souhaitée, ces technologies permettent d’envisager une autre réalisation spectaculaire : les représentations holographiques ou encore d’autres modes de projections 3D à inventer. Les représentations holographiques devraient se multiplier dans les musées, autant dans les espaces permanents que dans les espaces temporaires.</p>
<p>Et comme pour la plupart des technologies du numérique, il y déjà des prémisses pour une 4D, qui sera une autre aventure, mais un développement logique faisant intervenir le temps comme ultime dimension de l’imagerie numérique de nos modèles scientifiques virtuels. Dans tous les cas, comme pour toute modélisation, il s’agit de tenter de s’approcher le plus possible du « réel » reproductible pour la compréhension de notre monde. Et de mieux le partager.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65675/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste a reçu des financements du MNHN, CNRS, IPEV, LABEX BCDiv, National Geographic Society..</span></em></p>Grâce aux nouvelles technologies autour de la 3D, l’histoire naturelle se révèle dans ses détails insoupçonnés. Au bénéfice de la recherche comme du public des musées.Romain Garrouste, Chercheur à l'Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité UMR 7205 MNHN-CNRS-UPMC-EPHE, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/531362016-01-14T06:07:49Z2016-01-14T06:07:49ZLes dinosaures ne sont pas morts dans les cendres. Mais sous la boue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/108065/original/image-20160113-10417-go5id3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Monolophosaurus jiangi, découvert dans le province de Xinjiang en Chine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jsjgeology/15235234769">James St. John/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La découverte de centaines de fossiles de dinosaures extrêmement bien conservés en Chine dans les années 1990, certains dans les postures du moment même de leur mort, a tenu les scientifiques occupés. Leurs travaux ont permis de <a href="https://theconversation.com/feathered-dinosaur-death-site-revealed-as-animal-pompeii-22803">comparer</a> leur fin à celle de <a href="https://theconversation.com/pompeiis-stolen-frescoes-are-the-latest-case-in-a-long-history-of-neglect-24602">la cité romaine de Pompéi</a>, où les citoyens avaient été enfouis sous les cendres résultant de l’éruption volcanique du Vésuve.</p>
<p>Mais, même s’il s’agit là d’une comparaison plausible, à regarder de plus près les sédiments entourant la petite ville de <a href="http://www.davehone.co.uk/wp-content/uploads/2015/06/Rogers-et-al.-2015-Chinese-Pompeii-Lujiatun.pdf">Lujiatun</a> dans le nord-est de la Chine, où les fossiles ont été mis au jour, les cendres volcaniques pourraient bien ne pas être la cause de la mort des dinosaures.</p>
<h2>Des restes remarquables</h2>
<p>Les fossiles, figés dans le temps en squelettes en trois dimensions, sont véritablement uniques au vu de la plupart des autres dinosaures et oiseaux fossilisés de cette région pour la même période (il y 125 millions d’années). Ces derniers sont aplatis, même si l’on peut discerner des traces de plumes et de poils.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/92258/original/image-20150818-12443-19q47ji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une victime de l’éruption du Vésuve à Pompéi, pétrifiée et momifiée grâce à la cendre du volcan.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/schnappi/9870351964/">Pompeii10/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les dinosaures, les oiseaux et les petits mammifères de Lujiatun ont été trouvés parmi des rochers contenant de la cendre volcanique. Initialement, il semblait que tous avaient été enterrés ensemble après qu’une énorme éruption avait créé un nuage de cendres catastrophique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/92113/original/image-20150817-25727-1d6ijan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/92113/original/image-20150817-25727-1d6ijan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/92113/original/image-20150817-25727-1d6ijan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/92113/original/image-20150817-25727-1d6ijan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/92113/original/image-20150817-25727-1d6ijan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/92113/original/image-20150817-25727-1d6ijan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/92113/original/image-20150817-25727-1d6ijan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Fossile de Psittacosaurus.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Psittacosaurus_mongoliensis.jpg">Ghedoghedo</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un dinosaure à corne de la taille d’un chien, nommé <a href="http://www.amnh.org/exhibitions/permanent-exhibitions/fossil-halls/hall-of-ornithischian-dinosaurs/psittacosaurus"><em>Psittacosaurus</em></a> est le fossile le plus commun trouvé à Lujiatun. Les scientifiques ont déterré à la fois des individus isolés, et des petits groupes de cinq ou six juvéniles, semblant avoir été enfouis ensemble. La découverte d’un autre dinosaure,<a href="http://discovermagazine.com/2005/jan/meet-mei-long"><em>Mei long</em></a>, qui a été retrouvé courbé dans une position qui rappelle celle d’un oiseau couché a permis de suggérer que les animaux avaient été empoisonnés par des gaz volcaniques toxiques, puis enfouis.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=662&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=662&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/92147/original/image-20150817-5110-1cp3ymn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=662&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un dinosaure Mei long blotti en boule, presque parfaitement préservé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Mei_(dinosaur)#/media/File:Mei_Long.jpg">Cropbot</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Récemment, différents groupes de chercheurs ont examiné les sédiments qui ont révélé les fossiles de Lujiatun. Il ont émis l’hypothèse que <a href="http://volcano.si.edu/learn_galleries.cfm?p=13">des coulées boueuses d’origine volcanique</a>, dites lahars – mixture destructrice de débris éjectés d’un volcan et d’eau bouillante – ont submergé l’un des groupes de jeunes Psittacosaurus, tandis que l’autre spécimen de Psittacosaurus aurait été victime d’un type différent de débris volcanique. Cependant, nous ne connaissons pas précisément la localisation et le type de roches d’où provenaient les débris, il est donc difficile d’avoir une certitude.</p>
<p>C’est là le symptôme d’un problème plus large de la paléontologie chinoise, où beaucoup de fossiles sont tirés du sol par des collecteurs locaux. Les fossiles se retrouvent dans les musées sans les informations importantes sur le lieu exact des trouvailles.</p>
<h2>Correspondances entre fossiles et roches</h2>
<p>À l’été 2013, moi et mes collègues avons effectué une visite au village de Lujiatun. Nous voulions savoir d’où venaient exactement les fossiles et s’ils provenaient d’un seul évènement de destruction.</p>
<p>Nous avons réalisé une étude détaillée des sédiments riches en fossiles entourant le village. Après avoir identifié les roches d’où on avait tiré les fossiles, il est devenu clair qu’ils avaient en réalité été recouverts de multiples couches, signifiant plusieurs différents enterrements.</p>
<p>L’examen détaillé des roches sur le terrain et le travail au microscope ont montré que les sédiments étaient très riches en matériaux volcaniques, mais ne possédaient pas la combinaison de caractéristiques que l’on aurait pu espérer s’il s’agissait d’un dépôt produit par une éruption de cendres volcaniques (tombées des airs), par exemple, d’abondants morceaux de roche fondue.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/92257/original/image-20150818-12418-10as3ov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Coulée de boue après l’éruption du Mont St Helen aux États-Unis en 1982.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://de.wikipedia.org/wiki/Lahar#/media/File:MSH82_lahar_from_march_82_eruption_03-21-82.jpg">USGS</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous avons découvert que les sédiments provenaient essentiellement d’une source volcanique, mais avaient été, après, transportés par des flots d’eau. La preuve de cela réside dans les limites graduées du terrain et des fragments arrondis de roches. De même, certains ossements portent des signes montrant qu’ils ont été transportés.</p>
<p>Ainsi, <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0031018215001686">notre interprétation</a> pose que Lujiatun n’est pas du tout un Pompéi chinois. Certains dinosaures ont pu être tués par des éruptions fréquentes dans cette région, mais la plupart des fossiles trouvés sont des animaux et des groupes qui ont été submergés par des amas de cendres et des morceaux de roches volcaniques, voguant de-ci de-là, emmenés par des trombes d’eau. Les animaux ont été emportés par un flot tournant, à l’aspect de porridge, qui les a noyés dans son mouvement rapide.</p>
<p>Certains animaux conservés dans les dépôts de Lujiatun semblent avoir été en position de repos au moment de leur mort, mais il est clair que cela n’est pas le cas pour tous. Même pour ceux que l’on a retrouvés en boule : on peut discuter du fait qu’il s’agisse réellement d’une posture de sommeil. Puisqu’il n’y a pas de preuve que les multiples enterrements soient liés directement à un épisode volcanique ou d’autres éventuelles causes d’émissions de gaz toxique, il reste à établir si ces animaux étaient vivants lorsqu’ils ont été enfouis. Mais il semble assez clair, au vu de l’intégrité des spécimens, qu’ils ont été rapidement enterrés et pas transportés sur des distances considérables.</p>
<p>Les roches elles-mêmes contiennent une masse d’informations sur l’environnement où des dinosaures comme les Psittacosaurus vivaient et mourraient. De plus, des études comme la nôtre aident à souligner qu’il est important de considérer un terrain de fouilles dans sa globalité, et le caractère crucial du travail de terrain. Il est parfois bien facile de croire une belle histoire, bien racontée. Mais le monde est souvent plus complexe.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53136/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chris Rogers ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ah, la belle histoire ! Les dinosaures submergés par les cendres d’un volcan éruptif, comme à Pompéi… Mais une autre vérité émerge du terrain fouillé par des paléontologues dans un village chinois.Chris Rogers, PhD student in Geology, University of BristolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/482712015-09-30T04:34:26Z2015-09-30T04:34:26ZExtinctions de masse : comment la vie rebondit<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/96450/original/image-20150928-415-1dkutic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La valse des espèces, avec ses périodes d'extinctions, est partie intégrante de l'histoire de la vie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/people/wwworks/">woodleywonderworks/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Depuis la mort des dinosaures, la vie sur Terre n’avait jamais connu pareille pression mortelle. Nous sommes en effet rentrés dans ce que les scientifiques appellent la <a href="http://www.pnas.org/content/early/2017/07/05/1704949114">sixième grande extinction</a>. Et les humains pourraient bien être parmi les victimes, selon une <a href="https://theconversation.com/the-five-biggest-threats-to-human-existence-27053">récente étude</a>. Une telle extinction signifie la perte d’un très grand nombre d’espèces, ce qui creuserait un trou énorme dans les écosystèmes de la planète, mais laisserait la place à toutes sortes de formes de vie étranges et merveilleuses, susceptibles d’évoluer dans les niches écologiques laissées vacantes.</p>
<p>Pour savoir comment la vie rebondit après une extinction de masse, regardons vers le passé. Il y a eu cinq grandes extinctions de masse dans l’histoire de la Terre, la sixième étant celle que j’ai <a href="http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-32397220">proposée</a> avec des collègues. Notre hypothèse s’appuie notamment sur la comparaison des taux de variation dans l’histoire géologique des cinq extinctions. Et elle semble suggérer que, cette fois, les signes avant-coureurs sont réels.</p>
<p>Alors, faisons preuve de pessimisme et supposons que l’apocalypse va nous emporter. A quoi ressemblera la Terre après cet Armageddon ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"884756841321943041"}"></div></p>
<h2>La plus grande crise de l’histoire</h2>
<p>Il y a 251 millions d’années, lors du passage entre la période géologique du Permien et celle du Trias, le vivant connut la plus grande crise de son histoire : 90 % des espèces <a href="http://www.thamesandhudson.com/When_Life_Nearly_Died/9780500285732">disparurent</a> alors. Même les insectes subirent des pertes énormes, cas unique dans leur longue histoire.</p>
<p>La cause de cette méga-extinction est attribuée en grande partie aux effets de ce que les spécialistes appellent les « <a href="http://www.le.ac.uk/gl/ads/SiberianTraps/Introduction.html">traps de Sibérie</a> », éruptions volcaniques en série accompagnées d’énormes épanchements de lave et d’émissions de gaz à effet de serre dans ce qui est aujourd’hui le nord de la Russie. Cela a conduit à un réchauffement climatique, à l’acidification des océans, à la tombée de pluies acides sans oublier l’appauvrissement en oxygène des océans et la contamination par des métaux toxiques tels que le mercure. Imaginez les plus sombres prévisions climatiques qui sont produites aujourd’hui, et saupoudrez de quelques catastrophes supplémentaires.</p>
<p>La poignée d’espèces qui a survécu à la crise Permien-Trias a donné la vie à toutes les autres créatures ultérieures. Depuis, il n’y a pas eu de telle restructuration profonde des écosystèmes. Peut-être parce que la règle darwinienne de la « survie du plus adapté » a rendu les descendants plus robustes aux changements.</p>
<p><figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/86164/original/image-20150623-19397-l0u4t6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/86164/original/image-20150623-19397-l0u4t6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/86164/original/image-20150623-19397-l0u4t6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/86164/original/image-20150623-19397-l0u4t6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/86164/original/image-20150623-19397-l0u4t6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/86164/original/image-20150623-19397-l0u4t6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/86164/original/image-20150623-19397-l0u4t6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les trilobites ont prospéré pendant 270 millions d’années, mais n’ont pas survécu au Trias.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Trilobite_Heinrich_Harder.jpg">Heinrich Harder</a></span>
</figcaption>
</figure></p>
<p>A quoi notre planète ressemblait-elle à l’époque du <a href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/trias/99129">Trias inférieur</a> ? Sur une Terre qui ne comportait qu’un super continent, la <a href="http://www.nationalgeographic.fr/15778-au-debut-il-y-avait-la-pangee/">Pangée</a>, il faisait chaud – chaud comme l’enfer ! – et apparemment sans aucune vie sur de vastes étendues. Aux tropiques, la température de l’eau atteignait 45 degrés Celsius. Dans le vaste désert de la Pangée, il faisait probablement encore plus chaud.</p>
<p>À cause de cette chaleur, il n’y a pas de traces d’animaux terrestres, de reptiles marins et de poissons dans les registres fossiles, sauf pour les hautes latitudes, sans doute un peu plus fraîches. De ce fait, il existe plusieurs « lacunes » de plusieurs millions d’années chacune pour cette période géologique, sortes de trous dans la chronologie.</p>
<p>La majeure partie du charbon que renferme aujourd’hui la Terre provient de la transformation de grandes quantités de fougères de l’espèce <em>Glossopteris</em>, victime de la grande extinction. Une disparition qui a créé un trou de 12 millions d’années dans les archives des fossiles. Une série de « traces fongiques » sur des roches où l’on distingue un grand nombre de spores, serait également un signe de la catastrophe : d’énormes quantités de végétaux morts et de matières animales auraient été source de nourriture abondante pour les champignons. Globalement, la chaleur et la destruction des sols causées par les pluies acides (ces terrains ravinés auraient dégagé une <a href="http://geology.gsapubs.org/content/43/2/159.full">odeur de vanille</a>) auront rendu la planète inhabitable durant cette période.</p>
<p>Sans plantes, il n’y a pas d’herbivores. Sans herbivores, pas de carnivores. L’un des rares survivants « de taille » sur cette Terre désolée était un lézard, <em>Lystrosaurus</em>, reptile végétarien bizarroïde qui, en l’absence de prédateurs et de compétiteurs, <a href="http://phenomena.nationalgeographic.com/2013/05/28/lystrosaurus-the-most-humble-badass-of-the-triassic/">s’est diversifié avec un certain succès</a> pendant le Trias.</p>
<p><figure class="align-left ">
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<span class="caption">Ce reptile herbivore a dominé le sud de la Pangée avant l’avènement des dinosaures.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lystrosaurus_BW.jpg">Nobu Tamura</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure></p>
<p>Le carnage a été pire encore dans les océans, où jusqu’à 96 % des espèces se sont éteintes. La perte de toutes les espèces de coraux constructeurs de récifs a conduit à un trou de 10 millions d’années dans les registres des fossiles du Trias inférieur. Imaginez : un monde sans récifs coralliens, sans toute la diversité des êtres vivants qu’ils abritent.</p>
<p>Mais la Terre n’était pas tout à fait morte. De même que <em>Lystrosaurus</em> sur Terre, il y a eu des réussites dans le milieu marin au milieu de toute cette désolation. <em>Claraia</em> par exemple, une espèce de bivalve similaire à la coquille Saint-Jacques a survécu à la fin du Permien, puis s’est rapidement diversifiée pour occuper les niches laissées vacantes par l’annihilation presque totale des brachiopodes, habitants du plancher océanique au Permien. <em>Claraia</em> était robuste et pouvait résister à des niveaux d’oxygène très bas – un trait bien pratique quand la plupart de la vie présente dans les fonds marins était privée d’oxygène.</p>
<p><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/86136/original/image-20150623-19386-84wrni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/86136/original/image-20150623-19386-84wrni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=783&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/86136/original/image-20150623-19386-84wrni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=783&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/86136/original/image-20150623-19386-84wrni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=783&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/86136/original/image-20150623-19386-84wrni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=984&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/86136/original/image-20150623-19386-84wrni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=984&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/86136/original/image-20150623-19386-84wrni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=984&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Claraia, espèce survivante des fonds marins.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Claraia_Clarai_Museum_Gr%C3%B6den.jpg">Musée Gröden/Wolfgang Moroder</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure></p>
<h2>Le destin funeste des dinosaures</h2>
<p>Peut-être l’extinction la plus célèbre et spectaculaire est celle qui vu la mort des dinosaures (non-aviaires) il y a environ 66 millions d’années à la limite des périodes Crétacé et Tertiaire. De même importance que la fin du très populaire <em>T. rex</em>, le remplacement, à l’autre bout de la chaîne alimentaire, du micro plancton a mis un terme à la formation des célèbres falaises de craie du Crétacé qui sont si répandues à travers l’Europe (le nom de cette période géologique vient du mot allemand « Kreide », ce qui signifie la craie).</p>
<p>Que ce soit à cause d’une météorite, ou de massives éruptions volcaniques, ou un peu des deux, l’extinction qui a tué les dinosaures a été plus modeste que celle du Permien-Trias : seulement 75 % de perte globale pour le vivant et une récupération plus rapide. Soit la Terre elle-même s’est remise plus rapidement, ou bien, après le « grand massacre » 185 millions d’années plus tôt, la vie était devenue plus apte à s’adapter à, et à évoluer en situation de stress.</p>
<p>Bien entendu, nous savons que les dinosaures n’ont pas exactement disparu. Les oiseaux sont leurs représentants super-évolués, descendants des quelques dinosauriens survivants des événements du Crétacé-Tertiaire. Personne ne peut nier leur succès évolutif depuis 66 millions d’années, date de la disparition du <a href="https://theconversation.com/take-a-t-rex-and-a-chicken-and-youll-see-how-dinosaurs-shrank-survived-and-evolved-into-birds-29996">T-Rex aux allures de poulet</a>.</p>
<p><figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1030&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1030&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/86153/original/image-20150623-19415-kshpc1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1030&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Après que les dinosaures ont disparu, la vie est repartie de l’avant.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Eocene.jpg">Jay Matternes</a></span>
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</figure></p>
<p>Les crocodiles et les alligators, plus proches parents vivants des oiseaux, sont également d’éminents survivants. Alors qu’il est évident que la capacité des oiseaux à s’envoler vers des oasis de calme et d’abondance leur a permis de se développer au milieu des bouleversements d’alors, on comprend moins pourquoi les crocodiles ont survécu. Certaines théories suggèrent qu’ils ont pu se maintenir et prospérer grâce à leurs organismes à sang froid (contre le supposé <a href="https://theconversation.com/hot-fuss-is-warm-blooded-dinosaur-theory-right-or-wrong-8174">sang chaud des dinosaures</a>), leurs habitats d’eau douce ou saumâtre, et même leur <a href="http://www.pbs.org/wgbh/nova/nature/extraordinary-lives-of-crocs.html">QI élevé</a> !</p>
<p>Au-delà des morts et destructions des extinctions, voici de bonnes nouvelles : la vie sur Terre a toujours pris le dessus même quand elle a été très sévèrement atteinte. Sans extinction, il n’y a pas d’évolution, les deux sont intrinsèquement liés.</p>
<p>Les premiers dinosaures ont évolué 20 millions d’années après les pertes du Permien-Trias. Leur évolution a été presque certainement entraînée par un rafraîchissement du climat au cours de ce que l’on a appelé l’<a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0012825213001840">épisode pluvial du Carnien</a> (une période où il pleuvait beaucoup), une végétation luxuriante et des pans entiers d’écosystèmes à coloniser.</p>
<p>Les dinosaures ont vécu pendant 165 millions d’années avant de mourir, mais sans leur disparition, les humains ne seraient probablement pas ici aujourd’hui pour faire des dégâts.</p>
<p>Si les êtres humains sont condamnés, alors nous ne serons plus là pour voir ce qui évoluera pour nous remplacer. Soyez assurés que nous, géologues, n’attachons pas trop d’importance à notre disparition. Car nous savons que la Terre est plus grande que nous, et qu’elle va rebondir.</p>
<p><em>La <a href="https://theconversation.com/how-life-on-earth-recovers-after-a-devastating-mass-extinction-43719">version originale</a> de cet article est parue dans The Conversation UK</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/48271/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Bond a reçu des financement du Natural Environment Research Council (NERC) au Royaume-Uni.</span></em></p>La possibilité d’une nouvelle extinction des espèces sur Terre, compris la notre, est prise au sérieux par les scientifiques. L’examen des crises passées montre que la vie y survit.David Bond, NERC Advanced Research Fellow and Lecturer in Geology, University of HullLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.