tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/feu-24479/articlesfeu – The Conversation2023-11-01T13:34:50Ztag:theconversation.com,2011:article/2165162023-11-01T13:34:50Z2023-11-01T13:34:50ZLes feux de forêt de l’été 2023 ont été les plus dévastateurs en 50 ans. Le pire reste-t-il à venir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556341/original/file-20231027-23-ya6je6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C6%2C2032%2C1066&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les incendies de forêt ont majoritairement été déclenchés par la foudre. Leur propagation a ensuite été exacerbée par un manque de précipitations et des températures anormalement élevées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Victor Danneyrolles)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Après une saison estivale marquée par des incendies exceptionnels, les forêts québécoises s’apprêtent à connaître un bref répit avec le retour des températures plus fraîches et des précipitations neigeuses. </p>
<p>Mais pour combien de temps ? De tels événements <a href="https://www.ledevoir.com/societe/793624/incendies-de-foret-des-feux-records-depuis-100-ans-au-quebec">deviendront-ils plus fréquents ?</a>.</p>
<p>Experts des dynamiques de perturbations en milieu boréal, nous proposons ici de dresser un bilan des feux ayant eu lieu en 2023 au Québec, et d’apporter un éclairage sur leurs causes et conséquences.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
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<h2>Des millions d’hectares affectés</h2>
<p>Selon la Société de protection des forêts contre le feu (<a href="https://sopfeu.qc.ca/">SOPFEU</a>), près de 700 incendies ont ravagé environ 5,1 millions d’hectares (soit la superficie du Costa Rica), au nord comme au sud de la limite nordique des forêts attribuables, soit la ligne qui sépare le Nord québécois du sud, où les forêts sont soumises à des coupes forestières.</p>
<p>Au début du mois d’octobre, quinze incendies étaient encore actifs depuis l’été dans l’ouest du Québec. Trois d’entre eux, bien que sous contrôle, avaient brûlé ensemble près de 700 000 hectares dans la <a href="https://sopfeu.qc.ca/lintervention-de-la-sopfeu-dans-les-differentes-zones-de-protection/">zone de protection intensive</a>, où la SOPFEU combat systématiquement tous les incendies. </p>
<p>Dans la <a href="https://sopfeu.qc.ca/lintervention-de-la-sopfeu-dans-les-differentes-zones-de-protection/">zone nordique</a>, douze incendies étaient sous surveillance constante, certains ne dépassant pas 20 hectares, d’autres atteignant plus d’un million d’hectares. De la superficie totale brûlée en 2023 au Québec, trois quarts (3,8 millions d’hectares) se trouvaient en zone nordique. Au sud du 50<sup>e</sup> degré nord de latitude, dans la zone de protection intensive, environ 1,4 million d’hectares a brûlé, soit plus de 80 fois la moyenne annuelle des dix dernières années.</p>
<p>Lorsqu’on compare la saison des feux de 2023 aux <a href="https://www.donneesquebec.ca/recherche/dataset/feux-de-foret">données disponibles depuis les années 1970</a>, il est assez clair que cette année fut inhabituelle au regard des dernières décennies. Mais, bien qu’impressionnants et difficiles à contenir, ces incendies demeurent vraisemblablement dans la plage de la « variabilité naturelle » observée au cours des siècles précédents. </p>
<p>Plusieurs <a href="https://doi.org/10.1071/WF22090">études</a> ont montré que les cycles de feux particulièrement intenses étaient courants au Québec dans les années 1910-1920. Et encore plus fréquents aux XVIII<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> siècles, lorsque les conditions climatiques chaudes et sèches étaient particulièrement propices aux feux de forêt. </p>
<h2>Des conditions météorologiques exceptionnelles</h2>
<p>À l’image des incendies de forêt historiques, les départs de feu au Québec en 2023 ont été alimentés par des <a href="https://www.worldweatherattribution.org/climate-change-more-than-doubled-the-likelihood-of-extreme-fire-weather-conditions-in-eastern-canada/">conditions météorologiques intenses</a>. Dès le mois de juin et après un mois de mai déjà sec, une multiplication significative des incendies a été observée dans la zone intensive. La zone nordique a quant à elle été touchée tout au long des trois mois d’été. </p>
<p>Ces incendies ont majoritairement été déclenchés par la foudre. Leur propagation a ensuite été exacerbée par un manque de précipitations et des températures anormalement élevées. Les températures ont en effet dépassé de <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/climat/faits-saillants/2023/juin.htm">+2,3 °C la moyenne de la période 1981-2010 pour le mois de juin</a>, établissant un record du mois de juin le plus chaud enregistré au Québec depuis au moins cent ans. </p>
<p>Ces conditions météorologiques exceptionnelles ont été en partie influencées par le phénomène El Niño, un réchauffement cyclique de l’océan Pacifique connu pour son impact sur les conditions météorologiques terrestres. La tendance s’est poursuivie en juillet, avec des températures moyennes exceptionnellement élevées, dépassant largement les normales (+2,7 °C).</p>
<h2>Des conséquences multiples</h2>
<p>Le déclenchement simultané de nombreux incendies et leur propagation rapide ont eu des effets multiples sur la faune et les forêts, le climat, ainsi que sur les populations humaines. </p>
<p>Les feux ont altéré la structure et la composition de la végétation, entraînant des perturbations pour les habitats fauniques, ainsi que des <a href="https://www.ledevoir.com/societe/792940/la-faune-est-elle-aussi-affectee-par-les-incendies-de-foret-et-la-fumee">déplacements et une mortalité chez les animaux</a>. En conséquence, les territoires de chasse, de pêche et de récolte des communautés autochtones ont été affectés. </p>
<p>En plus de représenter une menace directe pour la sécurité publique, la fumée des incendies, à l’origine de problèmes respiratoires, a forcé <a href="https://www.journaldequebec.com/2023/06/06/feux-de-foret-evacuation-obligatoire-a-chibougamau">l’évacuation de milliers de personnes dans plusieurs régions du Québec</a>. La dégradation de la qualité de l’air a été ressentie non seulement à l’échelle du Canada et des <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1986201/villes-fumee-usa-jeudi-2023">États-Unis</a>, mais également en <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/06/27/feux-de-foret-les-francais-sont-ils-vraiment-impactes-par-la-fumee-qui-arrive-du-quebec">Europe</a>. Fort heureusement, les évacuations se sont déroulées à temps, sans entraîner de victimes, malgré certains dégâts matériels.</p>
<p>Sur le plan climatique, les grands incendies ont libéré plusieurs mégatonnes de dioxyde de carbone stockées dans les arbres et les sols, <a href="https://doi.org/10.1139/er-2013-0062">ce qui a contribué à accroître les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre</a> (CO<sub>2</sub>, CH<sub>4</sub>).</p>
<p>Bien que les feux aient entraîné des conséquences importantes, <a href="https://theconversation.com/les-forets-boreales-nord-americaines-brulent-beaucoup-mais-moins-quil-y-a-150-ans-198635">ils sont parfois bénéfiques pour certains organismes</a>. On peut penser à des espèces d’arbres, comme le pin gris, qui en dépendent pour se régénérer ou à de nombreuses espèces animales qui affectionnent les forêts brûlées.</p>
<h2>À quoi s’attendre à l’avenir ?</h2>
<p>Les forêts du Québec brûlent et se régénèrent de manière cyclique depuis des millénaires. Cependant, il est impératif de reconnaître que <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-031-15988-6_2">ces cycles peuvent évoluer au cours du temps</a>. </p>
<p>La saison des feux de 2023 souligne l’urgence de se préparer à des changements importants dans les dynamiques de perturbation, et notamment à la possibilité que de tels événements se reproduisent plus fréquemment. </p>
<p>À mesure que les changements climatiques progressent, les épisodes de sécheresse pourraient devenir plus fréquents si les précipitations ne parviennent pas à compenser l’augmentation des températures, comme cela a été observé au XX<sup>e</sup> siècle. </p>
<p>Cette combinaison de facteurs accroît la probabilité d’une augmentation du nombre, de la taille et de l’intensité des feux de forêt. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-forets-boreales-nord-americaines-brulent-beaucoup-mais-moins-quil-y-a-150-ans-198635">Les forêts boréales nord-américaines brûlent beaucoup, mais moins qu’il y a 150 ans</a>
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<p>De tels changements menacent la régénération naturelle des forêts et pourraient conduire à la formation de zones sans arbres, victimes d’incendies trop fréquents <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2024872118">pour que la végétation ait le temps de se régénérer</a>. </p>
<p>Ces conditions pourraient également être exacerbées par l’expansion continue de l’exploitation forestière. <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/796885/de-vastes-pans-de-la-foret-boreale-quebecoise-n-arriveront-pas-a-se-regenerer">Des analyses préliminaires</a> ont montré que plus de 300 000 hectares de forêts brûlées en 2023 pourraient ne pas se régénérer, principalement en raison de l’exploitation forestière des dernières décennies. </p>
<p>Les conséquences des grands feux de forêt soulignent les défis climatiques auxquels nous sommes confrontés. Elles mettent en évidence la nécessité de développer des mesures d’atténuation et d’adaptation, visant à protéger les écosystèmes forestiers vulnérables et leurs habitants. </p>
<p>Il est donc impératif de tirer des leçons de la saison des feux de 2023 afin de renforcer la résilience des forêts et des communautés face aux changements climatiques et limiter les dommages causés par les feux. Cela passe à la fois par une réduction du risque, une protection des zones les plus vulnérables et une sensibilisation des populations locales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216516/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yves Bergeron a reçu des financements de FRQNT,CRSNG,MRNF</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Dorian M. Gaboriau, Jonathan Lesven et Victor Danneyrolles ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les feux de forêt de l’été 2023 au Québec ont été très impressionnants – et ravageurs. Il s’agit même de la pire année depuis 50 ans. Et avec les changements climatiques, le pire semble à venir.Dorian M. Gaboriau, Postdoctorant en paléoécologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Jonathan Lesven, Doctorant en paléoécologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Victor Danneyrolles, Professeur-chercheur en écologie forestière, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Yves Bergeron, Professeur écologie et aménagement forestier, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2121372023-08-24T16:51:04Z2023-08-24T16:51:04ZPourquoi les fumées sont le véritable danger des incendies<p>Les incendies ont malheureusement occupé le devant de la scène médiatique ces derniers mois, qu’il s’agisse des <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/17/megafeux-au-canada-13-7-millions-d-hectares-de-foret-brules-deux-fois-plus-que-l-annee-record-de-1989_6185725_4355770.html">mégafeux qui ont ravagé les forêts canadiennes</a> ou la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/08/29/la-grece-affronte-le-plus-grand-incendie-jamais-enregistre-dans-l-union-europeenne_6186949_3244.html">Grèce</a>, du brasier qui a détruit en août l<a href="https://www.lepoint.fr/monde/incendies-a-hawai-le-bilan-humain-revu-a-la-baisse-97-morts-16-09-2023-2535628_24.php">a ville de Lahaina sur l’île de Maui, à Hawaï</a>, des incendies d’habitation qui se sont déclarés à <a href="https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie-meurtrier-a-wintzenheim/incendie-de-wintzenheim-l-enquete-administrative-demontre-qu-il-y-a-un-dysfonctionnement-general-declare-aurore-berge_6077253.html">Wintzenheim</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/18/incendie-mortel-a-grasse-le-suspect-place-en-detention-provisoire_6185859_3224.html">Grasse</a>, <a href="https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/incendie-meurtrier-a-lile-saint-denis-la-piste-criminelle-privilegiee-05-09-2023-7Q6ESMVTNZHHNL5ILSAJLCYYKE.php">l’Ile-Saint-Denis</a>, ou, encore plus récemment, de l’incendie d’immeubles désaffectés à <a href="https://www.francetvinfo.fr/france/normandie/seine-maritime/rouen/rouen-deux-immeubles-desaffectes-s-effondrent-apres-un-important-incendie_6094806.html">Rouen</a> ou d’une <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/01/en-espagne-un-incendie-dans-une-discotheque-a-murcie-fait-au-moins-sept-morts_6191879_3210.html">discothèque à Murcie, en Espagne</a>…</p>
<p>Dans la plupart des cas, ces incendies ont fait des victimes, parfois en grand nombre. Toujours impressionnantes, les images de ces catastrophes montrent des paysages ou des bâtiments ravagée par d’immenses flammes. Mais contrairement aux idées reçues, la plupart des décès qui surviennent lors d’incendies ne sont pas dus à un contact direct avec le feu : ce sont en effet généralement plutôt les fumées qu’il dégage qui sont les premières tueuses. </p>
<p>Létales à court et moyen termes, elles peuvent aussi l’être à plus longue échéance. Voici pourquoi.</p>
<h2>À quels dangers les incendies nous exposent-ils ?</h2>
<p>Les décès survenant au cours d’un incendie ont trois origines principales : thermique, traumatique (chute, défenestration volontaire, effondrement des structures brûlées, explosion des réseaux de gaz…) et chimique.</p>
<p>Dans l’imaginaire collectif, la peur du feu repose surtout sur les effets visibles et terrifiants du facteur thermique. La chaleur peut en effet tuer en quelques minutes, en détruisant les poumons. Elle engendre par ailleurs chez les survivants de terribles brûlures sur la surface corporelle, synonymes d’une <a href="https://www.slate.fr/story/229979/petite-fille-brulee-napalm-kim-phuc-traitement-peau-nick-ut-photographie-guerre-vietnam">vie de douleurs</a>, et de séquelles fonctionnelles et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0294126011001270">esthétiques</a>.</p>
<p>Pourtant, de façon assez contre-intuitive, lorsqu’un feu se propage, la cause de la grande majorité des décès est chimique. Ainsi, dans les feux d’habitation, seul un tiers des victimes décède des effets thermiques du feu, la majorité d’entre elles <a href="https://www.researchgate.net/publication/303837877_Chapter_2Fire_Types_and_Combustion_Products">(approximativement 60 à 66 %)</a> mourant plutôt de l’intoxication aux fumées. D’ailleurs, souvent, le corps de bon nombre des défunts ne présente aucune trace de brûlure.</p>
<p>Cette dangerosité des fumées s’explique non seulement par le risque d’asphyxie qu’elles font courir, mais aussi par la toxicité des composées qu’elles contiennent. Ladite toxicité peut s’exprimer immédiatement (en quelques minutes ou quelques heures) ou de façon retardée (en quelques jours, mois, voire années). Afin de comprendre les raisons de cette situation, il faut commencer par brièvement rappeler ce qu’est un feu.</p>
<h2>Le feu, une réaction chimique</h2>
<p>Un feu n’est rien d’autre qu’un ensemble de réactions chimiques, et plus précisément de réactions d’oxydation de divers combustibles. Ces réactions sont exothermiques, autrement dit elles dégagent de la chaleur.</p>
<p>Pour qu’un feu se développe, trois éléments doivent se conjuguer (on parle de <a href="https://theconversation.com/notre-dame-de-paris-comment-se-met-en-place-le-terrible-triangle-du-feu-115666">« triangle du feu »</a>) : un combustible (ce qui va brûler), un comburant (un corps qui, en se combinant au combustible, va entraîner sa combustion) et un élément qui constitue la source d’inflammation, en apportant l’énergie d’activation déclenchant la combustion.</p>
<p>Les combustibles qui alimentent un incendie sont très variés (bois, herbe, laine, polyacrylamide, polyuréthane…). Le comburant est en général le dioxygène (O<sub>2</sub>). L’énergie d’activation peut être apportée par un mégot incandescent, un court-circuit électrique, la foudre…</p>
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<p>Un feu débute lorsque la source d’inflammation provoque une augmentation importante de la température du combustible. Sous l’effet de la chaleur, une <a href="https://www.dailymotion.com/video/x2j22qw">pyrolyse</a> se produit : la surface du combustible subit une décomposition chimique qui émet des gaz inflammables, mais ne génère pas de flamme. Ce sont ces gaz qui s’enflamment sous l’effet de la montée en température, et non le combustible lui-même, comme on pourrait le penser.</p>
<p>Enflammés, ces gaz fournissent l’énergie d’activation (chaleur) au combustible intact, initiant alors un cercle vicieux.</p>
<p>Le feu ne s’arrête que lorsqu’au moins un des éléments du triangle est suffisamment réduit. Cela peut se produire « naturellement », quand il ne reste plus aucun combustible disponible (lorsque l’allumette est consumée entièrement, par exemple), soit suite à une intervention, qu’il s’agisse d’un <a href="https://infopompiers.com/Lexiquepompiers/procedes-extinction-feu/">inertage</a> (abaissement du niveau d’O<sub>2</sub> dans l’air par ajout d’azote) ou d’un apport d’eau (ce qui entraîne un refroidissement et donc une baisse de l’énergie d’activation).</p>
<h2>La menace de l’asphyxie</h2>
<p>Les décès par asphyxie sont majoritaires lors d’un incendie. En effet, non seulement le feu peut induire une baisse brutale de la concentration en O<sub>2</sub> de l’air (hypoxie ambiante), mais de plus, des gaz asphyxiants (CO<sub>2</sub>, CO, HCN) sont libérés rapidement en grandes quantités.</p>
<p>Si l’hypoxie ambiante créée par les feux en espaces clos n’est pas létale en soi, l’abaissement de 21 à 17 % de la concentration d’O<sub>2</sub> dans l’air perturbe la coordination motrice. En dessous de 10 %, les individus perdent rapidement conscience, et la fuite est impossible.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Modifications rapides de la composition de l’air et de sa température dans une pièce ouverte (apport continu d’O₂) subissant un feu de 100 kg de bois. Dès la 3ᵉ minute, l’hypoxie ambiante, le taux de CO et de CO₂ et la température de l’air sont à des niveaux létaux. On note l’absence de HCN, le bois contenant très peu d’azote.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot -- Inspiré des travaux de David Purser</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le risque d’asphyxie dépend surtout de la nocivité des fumées qui émanent de l’incendie. Divers gaz asphyxiants peuvent être produits, selon la composition des combustibles consumés. Et c’est bien là le problème, car chaque incendie est unique et il est impossible de déterminer a priori la toxicité des gaz émis.</p>
<p>Le carbone est par exemple un élément très présent dans la grande majorité des combustibles (il représente 50 à 90 % en masse). Sa combustion produira de grandes quantités d’oxydes de carbone (le très toxique monoxyde de carbone CO, et le dioxyde de carbone CO<sub>2</sub>). Toutes les fumées en contiennent, mais dans un feu couvant (mal ventilé) le rendement en C0 peut être 50 fois supérieur à celui d’un feu vif flamboyant.</p>
<p>L’azote, en revanche, est très inégalement réparti dans les matériaux : selon leur nature, ils peuvent en contenir de 0,1 % en masse pour le bois à 26 % pour le <a href="https://www.inrs.fr/publications/bdd/plastiques/polymere.html?refINRS=PLASTIQUES_polymere_2&section=risques">polyacrylonitrile</a>, un polymère utilisé pour fabriquer des fibres textiles acryliques. Or, la combustion de ce composé synthétique peut <a href="https://www.researchgate.net/publication/291361721_Chapter_10_Hydrogen_Cyanide-Physiological_Effects_of_Acute_Exposure_during_Fires">émettre en quantité de l’acide cyanhydrique</a> (HCN), un gaz particulièrement toxique et très inflammable.</p>
<h2>CO et HCN, les jumeaux toxiques</h2>
<p>Lors d’un incendie, de grandes quantités de CO<sub>2</sub> sont émises. Si ce gaz est <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0300483X96034920?via%3Dihub">faiblement toxique lorsque ses concentrations dans l’air sont inférieures à 10 %</a>, une l’inhalation de CO<sub>2</sub> à une concentration supérieure à 10 % provoque une hyperventilation qui peut <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9016738/">multiplier par 8 à 10 la ventilation minute</a> (la ventilation minute est le volume d’air inspiré à chaque cycle respiratoire multiplié par la fréquence des cycles par minute).</p>
<p>Cette hyperventilation facilite grandement l’intoxication, lors de la phase initiale d’exposition aux fumées, par des gaz plus asphyxiants tels que le monoxyde de carbone CO et l’acide cyanhydrique HCN. Ces deux gaz sont les premiers responsables de la toxicité immédiate des fumées.</p>
<p>Fortement concentré dans les fumées des feux peu ventilés, le CO a une affinité pour l’hémoglobine (Hb) de 200 à 250 fois supérieure à celle du dioxygène. C’est le principal facteur de la <a href="https://www.inrs.fr/dms/ficheTox/FicheFicheTox/FICHETOX_47-2/FicheToxS">toxicité</a> du CO : la carboxyhémoglobine (HbCO) qui se forme lors de son inhalation remplace l’oxyhémoglobine (HbO<sub>2</sub>), mais elle est inutilisable pour la respiration cellulaire. En d’autres termes, plus le CO est inhalé, moins le dioxygène est capté dans les poumons, transporté par le sang et libéré dans les tissus.</p>
<p>Un taux d’HbCO de 30 % est incapacitant pour un individu actif. Or, la moyenne des taux de HbCO des personnes décédées (non-brûlés) dans des incendies d’habitation est de <a href="https://www.researchgate.net/publication/308942174_Effects_of_pre-fire_age_and_health_status_on_vulnerability_to_incapacitation_and_death_from_exposure_to_carbon_monoxide_and_smoke_irritants_in_Rosepark_fire_incident_victims">l’ordre de 61-63 %</a>, et l’on considère qu’un taux de HbCO post-mortem supérieur à 70 % signe de fait un décès induit directement par ce gaz.</p>
<p>Le traitement de l’intoxication au CO est simple : le retrait immédiat de l’environnement vicié, puis l’oxygénothérapie (apport d’oxygène, sous pression normale ou en caisson hyperbare). Malheureusement, même traitées, peu de personnes comateuses survivent à une HbCO dépassant les 45 %.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Composés toxiques des 3 principaux types d’incendie. Les feux d’habitation consumant de nombreux matériaux synthétiques émettent beaucoup d’HCN, à l’inverse des feux de biomasse. Ces derniers émettent plus de vapeur d’eau (fumées blanches). Les feux de l’interface habitat-forêt (péri-urbain) produisent des fumées mixtes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Pour sa part, le HCN se retrouve dans l’air lors de la phase précoce de feux consumant les matériaux synthétiques azotés comme le nylon, les mousses en polyuréthane du mobilier, le polyisocyanurate des isolants de façade, les plastiques de notre électroménager, etc. Sa concentration est généralement moindre que celle du CO, mais sa <a href="https://www.inrs.fr/dms/ficheTox/FicheFicheTox/FICHETOX_4-1/FicheTox_4.pdf">toxicité</a> est 35 fois plus importante. Elle s’exprime via la formation de l’ion cyanure (CN-) dans le sang, qui bloque la respiration cellulaire.</p>
<p>En outre, <a href="https://www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/DMT/TI-TF-197/tf197.pdf">l’intoxication au HCN est rapide</a>. Par voie respiratoire elle est presque instantanée, tout comme ses effets délétères. Une concentration dans l’air de 270 ppm <a href="https://www.rincent-air.fr/convertisseur">(295 mg/m³</a>) est létale en moins de trois minutes. Le <a href="https://www.em-consulte.com/article/1369972/intoxication-par-les-fumees-d-incendie">traitement</a> impose le retrait immédiat de la zone viciée, une oxygénothérapie, et l’administration précoce de 5 g (dose adulte) d’hydroxocobalamine.</p>
<p>De plus, la toxicité du HCN et celle du CO se potentialisent. En effet, l’intoxication au HCN s’accompagne d’une <a href="https://books.rsc.org/books/edited-volume/1936/chapter-abstract/2565313/Hydrogen-Cyanide-Physiological-Effects-of-Acute?redirectedFrom=fulltext">hyperventilation (paroxystique en 3 à 5 min)</a> qui favorise l’absorption du CO. La profondeur du manque de dioxygène (anoxie, surtout cérébrale), et donc la rapidité du décès, dépend donc principalement de la concentration dans l’air de ces « jumeaux toxiques » et du niveau d’hypoxie ambiant.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout : de nombreux autres gaz produits pendant les incendies sont particulièrement irritants pour les yeux, le nez, la gorge, et les régions pulmonaires profondes.</p>
<h2>Un cocktail concentré de substances irritantes</h2>
<p>Ammoniac, chlore, phosgène, dioxyde de soufre, oxydes d’azote, pentoxyde de phosphore, chlorure d’hydrogène, bromure d’hydrogène, fluorure d’hydrogène, acroléine, formaldéhyde, acroléine, formaldéhyde… La combustion de la biomasse et des matériaux synthétiques engendre des <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/458052/HPA-CHaPD-004_for_website.pdf">gaz irritants par centaines</a>.</p>
<p>Au début d’un incendie, le relargage de ces gaz ne met généralement pas directement en péril la vie humaine, car les concentrations sont trop basses. Mais ces composés sont rapidement incapacitants. Ainsi, l’acroléine (C<sub>3</sub>H<sub>4</sub>O) serait le plus puissant des irritants pour les humains. Il est quasi <a href="https://publications.gc.ca/Collection/En40-215-48F.pdf">impossible d’en tolérer une concentration atmosphérique supérieure à 2 ppm (soit 5 mg/m³) pendant plus de 2 min</a> (la concentration létale serait de 8-9 ppm (soit 20 mg/m<sup>3</sup>)).</p>
<p>En limitant la possibilité de fuir, les gaz irritants exposent d’autant plus aux brûlures et à l’asphyxie. Par ailleurs, certains d’entre eux expriment une toxicité retardée en provoquant un œdème pulmonaire fatal plusieurs heures (voire plusieurs dizaines d’heures) après l’exposition.</p>
<p>Soulignons que la combustion de matériaux contenant des <a href="https://www.ensad.fr/sites/default/files/retardateurs-flamme.pdf">retardateurs de flammes</a> (des composés ajoutés aux mousses et aux plastiques des mobiliers ou des ordinateurs pour abaisser leur inflammabilité – <a href="w">avec une efficacité discutable selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail</a>) produit des gaz irritants nocifs, qui contiennent des halogénés (chlore, brome, fluor). Lors de leur combustion, de l’acide chlorhydrique gazeux peut notamment être produit, et se solubiliser dans les fluides des muqueuses des voies respiratoires, y provoquant des brûlures chimiques qui altèrent la ventilation.</p>
<h2>Molécules complexes et particules fines : des dangers à plus long terme</h2>
<p>Les incendies produisent aussi nombre de molécules toxiques parmi lesquelles des <a href="https://expertises.ademe.fr/professionnels/entreprises/reduire-impacts/reduire-emissions-polluants/dossier/composes-organiques-volatils-cov/definition-sources-demission-impacts">composés organiques volatils</a> dont certains sont cancérigènes (benzène, styrène, phénol, <a href="https://www.cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/hydrocarbures-aromatiques-polycycliques-hap/">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> – HAP, etc.).</p>
<p>Les suies issues de la combustion incomplète de la biomasse sont aussi particulièrement problématiques. Du point de vue physique, elles provoquent un véritable « empoussiérage » des voies pulmonaires, en tapissant l’arbre respiratoire, ce qui rend la respiration difficile. Étant chaudes, elles provoquent des brûlures locales de la muqueuse bronchique, et sont donc source d’inflammation.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mécanismes de la toxicité respiratoire et cardiovasculaire due à l’exposition répétée à des suies. Cette toxicité concerne notamment pompiers, ramoneurs, ou membre de communautés n’utilisant que le bois pour se chauffer et cuisiner.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Par ailleurs, ces suies contiennent des particules fines de différentes tailles (<a href="https://theconversation.com/our-toxic-legacy-bushfires-release-decades-of-pollutants-absorbed-by-forests-145542">PM10</a>, <a href="https://theconversation.com/wildfire-smoke-can-harm-human-health-even-when-the-fire-is-burning-hundreds-of-miles-away-a-toxicologist-explains-why-206057">PM2.5</a>, PM1) et des nanoparticules de carbone sur lesquelles se fixent les substances hautement nocives produites par l’incendie (HAP, quinones, métaux lourds ou de transition…). Ce cocktail aussi varié que toxique est transporté jusqu’aux alvéoles pulmonaires, où il passe ensuite dans le sang.</p>
<p>La toxicité des suies réside également dans les effets retardés des produits de combustion qu’elles contiennent. Ceux-ci entraînent une inflammation chronique qui peut se traduire par des atteintes à moyen et long termes des fonctions respiratoires, cardiovasculaire, immunitaire ou neurologique. Certains sont par ailleurs cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.</p>
<p>L’inhalation, l’ingestion et/ou la contamination cutanée par ces composés expliquent pourquoi la <a href="https://firefightercancersupport.org/wp-content/uploads/2017/11/firefighter-cancer-fact-check.pdf">prévalence de certains cancers est plus bien plus élevée chez les pompiers</a> que dans les populations qu’ils servent (plus du double pour le cancer du testicule, notamment).</p>
<h2>Des mesures de prévention à connaître</h2>
<p>En France, <a href="https://mobile.interieur.gouv.fr/content/download/133115/1055532/file/StatsSDIS22BD.pdf">254 200 incendies se sont produits en 2022. Ils ont ôté la vie à 277 personnes</a>. La majorité d’entre eux sont survenus dans des habitations, les plus mortels étant les incendies nocturnes, car les fumées intoxiquent les dormeurs dans leur sommeil.</p>
<p>Pour limiter le risque d’incendie, il existe une <a href="https://www.saone-et-loire.gouv.fr/prevention-des-incendies-domestiques-a7662.html">myriade de mesures préventives</a>… </p>
<p>Et si malgré tout un incendie survient, <a href="https://www.ffmi.asso.fr/les-conduites-a-tenir-en-cas-dincendie/">certaines actions</a> peuvent <a href="http://www.sdis30.fr/Conseils/Pages/Conduite-%C3%A0-tenir-face-%C3%A0-un-incendie.aspx">accroître les chances d’y survivre</a>. La première d’entre elles consiste à ne pas chercher à fuir en s’aventurant dans des zones fortement enfumées…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212137/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Grélot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les fumées d’incendie sont composées de gaz toxiques asphyxiants et irritants, de vapeur d’eau et de suies. Elles sont souvent plus à craindre que les flammes elles-mêmes.Laurent Grélot, Professeur de Physiologie du travail et de l'exercice /// Ex- CR2C "Spécialiste physiologie du sport " au Commissariat des Armées - HIA Laveran, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1986352023-05-10T13:07:55Z2023-05-10T13:07:55ZLes forêts boréales nord-américaines brûlent beaucoup, mais moins qu’il y a 150 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507202/original/file-20230130-24-x2gfim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C2%2C1637%2C755&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Image satellite d’un feu de forêt en juillet 2021 au Nord du Saskatchewan (Wapawekka Hills). L'image correspond à une zone d’environ 56 kilomètres de large et a été réalisée à partir de la base de données Copernicus Sentinel.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Pierre Markuse), CC BY 2.0</span></span></figcaption></figure><p>Les conditions météorologiques <a href="https://cwfis.cfs.nrcan.gc.ca/maps/fw?type=fdr&year=2023&month=5&day=5">anormalement chaudes et sèches</a> de ce début de mois de mai 2023 ont engendré des dizaines de départ de feux de forêt <a href="https://earthobservatory.nasa.gov/images/151313/fires-scorch-western-canada">dans l’Ouest canadien</a>. Dès le 6 mai, le gouvernement albertain déclarait l’état d’urgence. Et, au moment d’écrire cet article, <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/edmonton/alberta-wildfires-environment-weather-extreme-1.6835352">près de 30 000 personnes ont dû être évacuées</a>. Bien qu’il soit trop tôt pour établir un bilan précis de cet épisode extrême, des recherches récentes nous permettent de le replacer contexte plus large.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
<hr>
<p>Dans les forêts boréales Nord-américaines, plusieurs millions d’hectares peuvent partir en fumée en une seule année. En contrepartie, ces feux de forêt peuvent paraître presque négligeables pendant plusieurs années consécutives. Depuis le début des années 1960, la <a href="https://doi.org/10.1139/cjfr-2018-0293">tendance générale est à la hausse</a>, vraisemblablement en raison des changements climatiques. Du moins, en partie.</p>
<p>Cependant, il est important de prendre un pas de recul pour mieux comprendre les tendances sur le long terme. C’est le travail qu’a récemment réalisé notre équipe, composée de spécialistes en feux de forêt et en écologie forestière. </p>
<p><a href="https://doi.org/10.1071/WF22090">Nos résultats</a> vont à l’encontre des idées communément reçues : les forêts boréales Nord-américaines brûlaient davantage dans le passé qu’aujourd’hui. Mais avant de dévoiler plus de détails, quelques éléments de contexte et de mise au point nous semblent nécessaires.</p>
<h2>Qu’est-ce qui cause un feu de forêt ?</h2>
<p>Les scientifiques se sont depuis longtemps posé cette question. Grâce aux recherches des dernières décennies, on peut aujourd’hui résumer la réponse par le trio végétation – météo – déclencheur.</p>
<p>La végétation, ou autrement dit le combustible, <a href="https://doi.org/10.1111/nph.12322">est déterminante</a>. Par exemple, les vastes massifs de forêts conifériennes denses sont plus à risque de brûler, en comparaison à des forêts feuillues au sous-bois plus humide, ou à des forêts moins denses.</p>
<p><a href="https://www.rncan.gc.ca/changements-climatiques/impacts-adaptation/changements-climatiques/indicateurs-des-changements-forestiers/conditions-meteorologiques-propices-feux-foret/17777?_gl=1*1iwf1bi*_ga*MTQ2MTk5MDQwMC4xNjc0MTU5Nzcy*_ga_C2N57Y7DX5*MTY3NTA5MTAwNC4yLjAuMTY3NTA5MTAwNC4wLjAuMA..">L’aspect météorologique influence aussi l’inflammabilité du combustible</a>, avec des conditions sèches et venteuses très propices au départ et à la propagation du feu. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paysage de forêt brûlée en 2010 dans la région de Radisson (Nord du Québec).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Guillaume Avajon)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Mais l’accumulation de conditions favorables ne suffit pas à engendrer un feu de forêt, il manque un élément déclencheur. Il existe deux types de déclencheurs : la foudre et l’humain. Dans les dernières décennies au Canada, même si l’humain est à l’origine du plus grand nombre de départs de feux, <a href="https://doi.org/10.1038/nclimate3329">c’est la foudre qui cause les plus grandes superficies brûlées</a>.</p>
<h2>Des impacts sur la société</h2>
<p>Quand on entend parler de feux de forêt dans les médias, c’est malheureusement souvent de manière tragique pour les communautés. On se rappelle par exemple de la <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/national/201612/20/01-5053139-lincendie-de-foret-de-fort-mcmurray-est-la-nouvelle-de-lannee-2016.php">catastrophe de Fort McMurray en 2016</a>, et ses 600 000 hectares partis en fumée et plus de 88 000 personnes évacuées. </p>
<p>Les feux représentent également un enjeu économique pour l’industrie forestière, puisqu’ils consument des millions d’arbres qui étaient destinés à alimenter les usines. Ils accélèrent aussi les changements climatiques, puisque la combustion de la végétation entraîne un relargage massif de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère.</p>
<h2>Une forte influence sur les écosystèmes, mais pas forcément négative !</h2>
<p>Le paysage qu’on observe quelques semaines après un feu nous paraît bien souvent apocalyptique. Les feux de forêt laissent en effet des traces impressionnantes sur les écosystèmes et la biodiversité. C’est le cas pour certaines espèces comme le Caribou forestier, qui dépend de la présence de forêts matures de conifères pour survivre. Les feux <a href="https://doi.org/10.1016/j.gecco.2022.e02294">représentent donc une menace pour sa survie</a>.</p>
<p>Mais, d’un autre côté, les feux ont toujours fait partie du décor, et sont même parfois indispensables au bon fonctionnement écologique des forêts. La plupart du temps, le paysage brûlé va peu à peu laisser place à de jeunes arbres vigoureux, qui vont croître pour reformer une forêt mature <a href="https://doi.org/10.1126/science.abf3903">après 50 à 100 ans environ</a>. Certaines espèces d’arbres sont même dépendantes du feu <a href="https://doi.org/10.1111/brv.12855">pour se régénérer et donc se maintenir</a>. C’est par exemple le cas du <a href="https://doi.org/10.1139/x92-062">pin gris et de l’épinette noire</a>, dont l’industrie forestière raffole.</p>
<p>De nombreuses espèces animales affectionnent aussi les forêts brûlées. Les troncs calcinés permettent à <a href="https://doi.org/10.1071/WF08109">certaines espèces d’insectes de se nourrir</a>, par exemple le <a href="https://cfs.nrcan.gc.ca/publications?id=35962&lang=fr_CA">longicorne noir</a>. Les insectes fournissent à leur tour une nourriture abondante pour les oiseaux, comme les <a href="https://doi.org/10.1016/j.biocon.2009.01.022">pics à dos noir</a>, qui vont même utiliser les chicots (arbre mort dont les racines sont encore ancrées au sol) restés debout pour pouvoir nicher.</p>
<p>Les feux ne sont donc pas nécessairement bons ou mauvais, tout dépend du point de vue. Et, comme bien souvent, il s’agit aussi d’une question d’équilibre…</p>
<h2>Comment reconstituer l’histoire des feux des derniers siècles</h2>
<p>Les données précises permettant de reconstituer les feux sur l’ensemble du Canada ne remontent qu’aux années 1960. Alors, comment est-il possible de reconstituer l’historique des surfaces brûlées des derniers siècles ? Grâce à l’information contenue dans les arbres eux-mêmes, et plus particulièrement dans leur âge. </p>
<p>En forêt boréale, les feux représentent la principale perturbation naturelle des forêts. En connaissant l’âge des arbres les plus vieux d’une forêt, à condition qu’elle n’ait pas été coupée, <a href="https://doi.org/10.1078/1125-7865-00015">on peut donc savoir la dernière fois qu’elle a brûlé</a>.</p>
<h2>Une tendance à la baisse des surfaces brûlées au cours des derniers siècles</h2>
<p>Nous avons réuni 16 études qui avaient appliqué indépendamment cette même méthode, à différents territoires répartis dans toute la forêt boréale Nord-américaine, de l’Alaska jusqu’au Québec. En réanalysant toutes ces données dans ce que les scientifiques appellent une « méta-analyse », les <a href="https://doi.org/10.1071/WF22090">résultats</a> sont frappants : les forêts boréales Nord-américaines brûlaient bien plus il y a 150 ans qu’aujourd’hui. Sur la période la plus ancienne couverte par nos données, soit entre 1700 et 1850, les surfaces brûlées annuellement étaient de 2 à plus de 10 fois plus importantes par rapport à ce qu’on a pu observer au cours des 40 dernières années.</p>
<p>Pourquoi cette tendance à la diminution sur le long terme ? Difficile à dire dans l’état des recherches actuelles. Évidemment, le climat fait partie des suspects. La période 1700 à 1850, c’était la fin de la Petite Période glaciaire, une période bien connue pour être plus froide, mais aussi probablement plus sèche et donc plus propice aux feux. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="carte" src="https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Cartographie des feux (en rouge sur la carte) dans les forêts boréales nord-américaines (zone verte sur la carte) depuis 1960. Le graphique à gauche montre le total des superficies brulées par année en millions d’hectares. Au cours de cette période récente, on observe à la fois une grande variabilité d’une année à l’autre, mais aussi une légère tendance à la hausse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Victor Danneyrolles)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>La végétation aurait aussi pu changer et devenir moins inflammable, notamment à cause des coupes de l’industrie forestière qui sont apparues au cours du XX<sup>e</sup> siècle. Toujours au cours du XX<sup>e</sup> siècle, les moyens technologiques et financiers alloués à la lutte contre les incendies n’ont pas cessé d’augmenter et culminent dans les années 1970 avec l’apparition des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Avion_bombardier_d%27eau">avions bombardiers d’eau</a>. Ces politiques de suppression des feux auraient donc aussi pu jouer un rôle dans la diminution des feux de certaines régions. </p>
<p>Cependant, les feux ont commencé à diminuer dès le XIX<sup>e</sup> siècle, donc bien avant que les communautés humaines exercent un impact significatif sur l’environnement des forêts boréales Nord-américaines. Il semble alors plus vraisemblable que le climat a principalement engendré une telle diminution des feux, sur laquelle les impacts humains se sont ensuite superposés.</p>
<p>Ces questions, nous espérons bientôt pouvoir y répondre avec de nouvelles recherches. Mieux comprendre pourquoi les feux ont diminué ou augmenté au cours des derniers siècles, c’est nous donner une longueur d’avance pour mieux prévoir ce qui nous attend avec les changements climatiques futurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198635/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël Chavardès a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yves Bergeron a reçu des financements de
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG)
Fonds de recherche du Québec nature et technologies (FRQNT) </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Victor Danneyrolles ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les forêts boréales Nord-américaines brûlent beaucoup, sûrement de plus en plus depuis les 60 dernières années. Pourtant, la tendance à long terme indique qu’elles brûlent moins qu’il y a 150 ans.Victor Danneyrolles, Professeur-chercheur en écologie forestière, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Raphaël Chavardès, Postdoctoral fellow, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Yves Bergeron, Professeur écologie et aménagement forestier, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1865812022-07-11T18:24:08Z2022-07-11T18:24:08ZFeux et sécheresses : quand les savoirs indigènes offrent des solutions concrètes<p>Dans le contexte climatique qui domine désormais en Australie – où les feux de brousse, les inondations et les épisodes de sécheresses sont de plus en plus nombreux –, les <a href="https://theconversation.com/after-many-false-dawns-australians-finally-voted-for-stronger-climate-action-heres-why-this-election-was-different-183645">solutions</a> à long terme se font attendre. Elles sont d’autant plus nécessaires que ces catastrophes climatiques coûtent des <a href="https://doi.org/10.1007/s10584-016-1811-1">milliards</a> en raison de la perte de productivité agricole et économique, de la vitalité environnementale et des dépenses liées à la santé mentale des citoyens.</p>
<p>Pour faire face à ces multiples menaces, il est temps d’<a href="https://theconversation.com/lismore-faced-monster-floods-all-but-alone-we-must-get-better-at-climate-adaptation-and-fast-182766">écouter</a> les populations indigènes qui possèdent une <a href="https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/comment-les-connaissances-indigenes-peuvent-aider-prevenir-les-crises">connaissance approfondie</a> du pays et de ses terres grâce à leurs savoirs ancestraux.</p>
<p>Pendant des dizaines de milliers d’années, les populations autochtones ont fait face aux <a href="https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/05/11/rechauffement-climatique-en-australie-91-de-la-grande-barriere-de-corail-a-subi-un-blanchissement_6125610_1652612.html">changements climatiques sur ce continent</a> et ont <a href="https://www.wipo.int/wipo_magazine/fr/2020/01/article_0007.html">réussi</a> à appliquer leurs connaissances à la gestion des terres. Ces connaissances méritent d’être pleinement reconnues.</p>
<p>Dans cet objectif, nos <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/07294360.2022.2087602">récents travaux</a> appellent les chercheurs australiens à reconnaître la valeur de ces savoirs et à les mobiliser pour trouver des moyens nouveaux et plus efficaces de combattre les problèmes environnementaux.</p>
<h2>Susciter un sentiment de responsabilité environnementale</h2>
<p>Une <a href="https://epbcactreview.environment.gov.au/resources/final-report/key-messages">enquête indépendante</a> publiée en 2020 sur l’état de la biodiversité, conduite par Graeme Samuel à la demande du ministère de l’Environnement, a ainsi révélé que le nombre de sites naturels en Australie déclinait de façon nette et inquiétante. L’étude préconise des stratégies à long terme, notamment celles qui « respectent et exploitent les connaissances des indigènes australiens afin de mieux informer sur la manière dont l’environnement est géré ».</p>
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<p>Dans de nombreuses disciplines, nous enseignons déjà ces approches qui soulignent l’existence de liens inextricables entre les humains et leur environnement.</p>
<p>Ce mode de pensée peut susciter un sentiment de responsabilité environnementale qui pourrait conduire à de nouvelles approches vis-à-vis de problèmes tels que le changement climatique ou les catastrophes naturelles.</p>
<h2>Des techniques aborigènes qui ont fait leurs preuves</h2>
<p>Dans le Sud-Est de l’Australie, le changement climatique survenu au cours du siècle dernier a entraîné des conditions météorologiques qui augmentent la probabilité de <a href="http://www.bom.gov.au/state-of-the-climate/">feux de brousse</a>.</p>
<p>Parallèlement, les pratiques non aborigènes de gestion des terres, notamment celles qui empêchent les techniques culturelles de <a href="https://www.courrierinternational.com/article/incendies-le-brulage-dirige-une-technique-encore-sous-utilisee-en-californie">brûlage dirigé</a>, ont augmenté la quantité de matériel végétal inflammable, ce qui peut entraîner des feux de brousse <a href="https://theconversation.com/world-first-research-confirms-australias-forests-became-catastrophic-fire-risk-after-british-invasion-176563">plus intenses</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lintelligence-artificielle-comme-outil-de-lutte-contre-les-incendies-143562">L’intelligence artificielle comme outil de lutte contre les incendies</a>
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<p>Il est pourtant prouvé que les <a href="https://doi.org/10.1007/s10745-011-9420-0">techniques d’incendies aborigènes</a> aident à gérer les forêts, à protéger la biodiversité et à <a href="https://findanexpert.unimelb.edu.au/scholarlywork/1638068-disruption-of-cultural-burning-promotes-shrub-encroachment-and-unprecedented-wildfires">prévenir</a> les feux de brousse catastrophiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1513609329022160897"}"></div></p>
<p>Les scientifiques ont <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1890/120251">également démontré</a> comment la mise en œuvre des connaissances aborigènes en matière de feu peut réduire la destruction de l’environnement et les émissions de gaz à effet de serre. Le <a href="https://carbonmarketinstitute.org/projects/west-arnhem-land-fire-abatement-walfa-project/">projet « West Arnhem Land Fire Abatement »</a> conduit dans les territoires du Nord constitue à ce titre un bon exemple.</p>
<h2>Sur la piste des oiseaux incendiaires</h2>
<p>Des travaux scientifiques ont également souligné la précision des connaissances indigènes concernant le comportement des oiseaux quant à la propagation du feu ; des experts ont ainsi collaboré avec des <a href="https://www.lefigaro.fr/international/en-australie-la-dure-retrocession-de-leurs-terres-aux-aborigenes-20211013">« propriétaires traditionnels »</a> dans l’objectif de réunir des <a href="https://bioone.org/journals/Journal-of-Ethnobiology/volume-37/issue-4/0278-0771-37.4.700/Intentional-Fire-Spreading-by-Firehawk-Raptors-in-Northern-Australia/10.2993/0278-0771-37.4.700.full">preuves</a> de ce comportement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lacceleration-de-la-disparition-de-la-foret-amazonienne-menace-les-peuples-autochtones-183768">L’accélération de la disparition de la forêt amazonienne menace les peuples autochtones</a>
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<p>Les scientifiques ont pu constater que certaines <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Rv-ESG3gTw4">espèces d’oiseaux</a> propageaient délibérément des incendies en ramassant des branches enflammées et en les laissant tomber dans des zones non brûlées pour chasser leurs proies. La compréhension de ce phénomène a permis aux scientifiques de mieux concevoir la propagation des incendies contrôlés, et a éclairé la politique régionale de gestion des incendies.</p>
<p>Ces exemples de collaboration entre chercheurs et aborigènes ne se limitent pas à la gestion des incendies.</p>
<p><a href="https://www.awe.gov.au/agriculture-land/farm-food-drought/drought/future-drought-fund/case-studies/nrm-jason-whitehead">Dans l’Est de la Tasmanie</a>, des éleveurs et des scientifiques travaillent aux côtés de la communauté aborigène dans le cadre d’une subvention gouvernementale de 5 milliards de dollars pour le <a href="https://www.awe.gov.au/agriculture-land/farm-food-drought/drought/future-drought-fund">Fonds contre les futures sècheresses</a>.</p>
<p>Les détenteurs du savoir aborigène apportent leur expertise aux agriculteurs en matière de gestion des prairies et de résistance à la sécheresse, afin d’améliorer la pérennité des terres en s’appuyant sur une gestion régénératrice.</p>
<h2>Un patrimoine mondial à préserver</h2>
<p>Ignorer ces connaissances aborigènes ancestrales a un coût culturel, <a href="https://www.aph.gov.au/Parliamentary_Business/Committees/Joint/Northern_Australia/CavesatJuukanGorge/Interim_Report/section?id=committees%2Freportjnt%2F024579%2F75133">mis en évidence</a> par la destruction des grottes de Juukan Gorge en mai 2020.</p>
<p>Cette perte d’un patrimoine mondial n’a pas seulement été catastrophique pour les propriétaires traditionnels autochtones : les anthropologues et les <a href="https://www.aph.gov.au/About_Parliament/House_of_Representatives/About_the_House_News/Media_Releases/Juukan_Gorge_inquiry_Critical_Insights">archéologues</a> ont considéré l’incident comme une profanation et un préjudice pour les recherches futures sur l’histoire du site.</p>
<p>L’étude de Samuel Graeme <a href="https://epbcactreview.environment.gov.au/resources/final-report/recommendations">a ainsi recommandé</a> que le patrimoine culturel indigène soit mieux protégé par la loi. Cependant, le gouvernement d’Australie-Occidentale a récemment <a href="https://www.wa.gov.au/government/document-collections/aboriginal-cultural-heritage-act-2021#:%7E:text=The%20Aboriginal%20Cultural%20Heritage%20Act%202021%20%28ACH%20Act%29,the%20Act%20on%20the%20Western%20Australian%20Legislation%20website">adopté une loi</a> qui permet la destruction de sites appartenant à ce patrimoine culturel.</p>
<p>En encourageant la collaboration dans le domaine de la recherche, les chercheurs peuvent servir de modèles, appréciant et s’engageant auprès des approches et des connaissances indigènes. Ces approches peuvent être utilisées par la société dans son ensemble, y compris pour les décisions politiques concernant la gestion des terres.</p>
<p>Apprendre à respecter les cultures indigènes renforce nos potentiels sociaux, économiques et environnementaux. En travaillant avec les peuples autochtones, nous pourrions prolonger le temps qui nous est imparti sur cette planète tout en préservant les pratiques des plus anciennes populations humaines sur Terre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186581/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maryanne Macdonald ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Darren Garvey receives funding from the ARC (Discovery Indigenous Project).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Eyal Gringart receives funding from Hall & Prior Aged Care Group; Curtin University of Technology; Department of Health Western Australia; Constable Care Child Safety Foundation ; Australian Government New Colombo Plan Mobility Programs. He works fo Edith Cowan University.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ken Hayward is affiliated with the Australian Archaeology Association on the National Executive Committee as the Indigenous Officer. A member of South West Aboriginal Land & Sea Council - Wagyl Kaip Southern Noongar Regional Corporation. Director Hope Community Services.</span></em></p>L’intégration des savoirs indigènes ancestraux aux politiques environnementales offre des solutions face au changement climatique.Maryanne Macdonald, Lecturer, Indigenous Education, Edith Cowan UniversityDarren Garvey, Senior Lecturer at Kurongkurl Katitjin, Edith Cowan UniversityEyal Gringart, Senior Lecturer, School of Psychology and Social Science, Edith Cowan UniversityKen Hayward, Lecturer at Kurongkurl Katitjin, Edith Cowan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1816662022-04-26T19:46:04Z2022-04-26T19:46:04ZImages de science : Comprendre les flammes pour éviter les accidents industriels<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/458893/original/file-20220420-20-q8narj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C12%2C2101%2C2098&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Simuler la propagation de flammes au travers d'obstacles pour mieux comprendre le risque d'explosion.</span> <span class="attribution"><span class="source">Julien Réveillon, Coria, MécaPixel</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Sur cette image, on voit la simulation d’une flamme lors d’une explosion, en gris, enserrée par une série d’obstacles, en violet. Ce type de simulation permet de mieux comprendre comment les flammes se propagent autour des constructions industrielles et de limiter les dégâts des explosions accidentelles.</p>
<p>Les sites chimiques industriels ont le potentiel d’être le théâtre d’événements destructeurs, porteurs d’un bilan humain et matériel catastrophique. Des catastrophes comme celles de <a href="https://theconversation.com/beyrouth-comment-le-nitrate-dammonium-a-pu-declencher-de-telles-explosions-144008">Beyrouth en 2019</a> au Liban, d’<a href="https://theconversation.com/lubrizol-la-sous-traitance-catalyseur-de-catastrophe-industrielle-125319">AZF en 2001</a> en France, de <a href="https://www.osti.gov/biblio/7351990-detonation-flammable-cloud-following-propane-pipeline-break-december-explosion-port-hudson-mo">Port Hudson en 1970</a> aux États-Unis ou de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Buncefield">Buncefield en 2005</a> au Royaume-Uni montrent que nul n’est à l’abri d’un accident industriel qui laisse des traces profondes dans la société.</p>
<p>Des causes très différentes peuvent être à l’origine de ces catastrophes industrielles. Les catastrophes de Port Hudson et de Buncefield étaient liées à des explosions d’un nuage de gaz non confiné (ou <em>unconfined vapour cloud explosion</em> en anglais).</p>
<p>Ces <a href="https://www.ineris.fr/fr/omega-uvce-explosions-non-confinees-gaz-vapeurs">explosions</a> ont lieu suite à une perte de confinement d’un fluide inflammable, qui se répand dans un volume important autour du site industriel et se mélange à l’oxygène de l’air environnant. Au contact d’une source d’énergie dans la zone où le nuage s’est répandu, par exemple un arc électrique, une réaction de combustion peut s’amorcer et se propager jusqu’à ce que tout le combustible ait été consommé.</p>
<p>Suite à l’inflammation du mélange, une flamme (aussi appelée « zone de réaction ») se propage au sein du mélange air/combustible. En fonction des circonstances, cette flamme peut avoir deux types de <a href="https://enasis.univ-lyon1.fr/clarolinepdfplayerbundle/pdf/375859">régimes de propagation</a> :</p>
<ul>
<li><p>la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9flagration">déflagration</a>, obtenue lorsque la source d’allumage est de faible énergie : la flamme se propage à une vitesse inférieure à la vitesse du son.</p></li>
<li><p>la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9tonation">détonation</a>, qui demande une énergie initiale importante : la flamme se propage alors à une vitesse supersonique et provoque des dégâts bien plus importants.</p></li>
</ul>
<p>Il est possible qu’une flamme initialement en régime de déflagration effectue la transition vers un régime de détonation <a href="https://www.oecd-nea.org/upload/docs/application/pdf/2020-01/csni-r2000-7.pdf">suite à son accélération</a>. L’accélération de la flamme peut être due à de nombreux facteurs, notamment le niveau de turbulence et la présence d’<a href="https://doi.org/10.1016/j.jlp.2020.104377">obstacles dans la zone de propagation</a>.</p>
<p>Dans ce dernier cas, deux effets peuvent être observés. Tout d’abord, les déformations de l’écoulement autour des obstacles provoquent une « élongation » de la flamme, ce qui augmente sa surface à grande échelle. De plus, la génération d’un sillage au niveau des obstacles que rencontre la flamme va entraîner la production de turbulence, ce qui augmente le transport de masse et d’énergie dans l’écoulement. Dans ces régions caractérisées par des niveaux élevés de turbulence, le plissement à petite échelle augmente encore la surface totale de la flamme. Or, la vitesse de la flamme dépend directement de sa surface. De ce fait, la présence d’obstacles dans la zone de propagation de la flamme peut mener à son accélération et à un changement rapide de régime de propagation depuis la déflagration jusqu’à la détonation, bien plus violente.</p>
<h2>Comprendre la propagation des flammes au sein de sites industriels</h2>
<p>Afin de limiter de tels effets dévastateurs, il est important de comprendre le mécanisme d’accélération des flammes se propageant au sein des obstacles d’un site industriel. Il sera ainsi possible d’envisager la construction de sites dont la disposition des bâtiments limite la propagation des flammes et les effets néfastes de l’explosion.</p>
<p>Avant de modéliser une usine complète, des configurations simplifiées comme celle présentée sur la figure permettent d’effectuer des analyses statistiques précises sur l’impact de la forme, de la disposition et du taux d’encombrement des obstacles. Elles permettent aussi de tester la <a href="https://prestations.ineris.fr/fr/solutions-thematiques/moyens-essais-remarquables/plateformes-essais/plateforme-outils-1">qualité des modèles numériques</a> utilisés en les comparant avec des expériences qui sont faites à des plus petites échelles que celle d’une usine.</p>
<p>L’image montre ainsi une flamme prémélangée méthane/air de 5 mètres de diamètre, en gris, se propageant au travers d’une série d’obstacles, en violet. Sur l’image, la structure de la flamme est représentée sur le maillage tétraédrique utilisée pour diviser l’espace en petits volumes dans lesquels les équations d’évolution de la masse, de la vitesse et de la température sont résolues par le <a href="https://www.openfoam.com/">logiciel de mécanique des fluides numérique OpenFoam</a>. Cette configuration présente une symétrie sphérique qui permet d’effectuer des statistiques précises des évènements le long de la trajectoire de la flamme lorsqu’elle rencontre les obstacles.</p>
<p>Lorsque les différents modèles auront été validés, des calculs sur des configurations industrielles réalistes pourront alors être mis en œuvre et permettront d’accroître la sécurisation des sites concernés et des nouveaux sites devant être construits.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-maths-derriere-la-realite-3d-172880">Les maths derrière la réalité 3D</a>
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<img src="https://counter.theconversation.com/content/181666/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Réveillon a reçu des financements de L’Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), un établissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle du ministère chargé de l'environnement.</span></em></p>Déflagration, détonation : différents risques lorsqu’une flamme se propage.Julien Réveillon, Enseignant-Chercheur, énergie et mécanique des fluides numériques, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1777962022-03-02T15:29:11Z2022-03-02T15:29:11ZDes contaminants qui dérèglent nos hormones<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/448957/original/file-20220228-12844-yp1bcp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C2%2C977%2C657&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le bisphénol A, ou BPA, est un perturbateur endocrinien retrouvé notamment dans les bouteilles de plastique. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Plus de deux décennies après la publication de <a href="https://livre.fnac.com/a945159/Theo-Colborn-L-homme-en-voie-de-disparition">« L’Homme, en voie de disparition ? »</a> ou mieux connu sous son nom original <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Our_Stolen_Future">« Our Stolen Future »</a>, où en sommes-nous avec la recherche sur les perturbateurs endocriniens, ces contaminants sournois qui dérèglent nos hormones ?</p>
<p>À travers l’œil d’une détective, les scientifiques Theo Colborn et John Peterson Myers et la journaliste Dianne Dumanoski mettaient en lumière les effets vicieux qu’ont plusieurs contaminants environnementaux sur la santé des êtres vivants par leurs interactions avec le système hormonal. On appelle ces contaminants des perturbateurs endocriniens.</p>
<p>Les <a href="https://www.unep.org/explore-topics/chemicals-waste/what-we-do/emerging-issues/endocrine-disrupting-chemicals">perturbateurs endocriniens</a> sont des produits chimiques qui interfèrent avec nos hormones (hormones thyroïdiennes, estrogène, testostérone, etc.). Ceci nuit au développement et au bon fonctionnement de la reproduction, du système nerveux et du système immunitaire chez les humains et les animaux, et peut affecter les générations futures.</p>
<p>Je suis professeure-chercheuse à l’<a href="https://inrs.ca/">Institut national de la recherche scientifique (INRS)</a> et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne. Avec ma collègue Isabelle Plante, spécialisée en recherche sur les causes environnementales du cancer du sein à l’INRS, nous avons cofondé le <a href="http://www.ciape-iceda.ca/">Centre intersectoriel d’analyse des perturbateurs endocriniens, le CIAPE</a>, en 2020.</p>
<p>Récemment, avec plusieurs membres du <a href="http://www.ciape-iceda.ca/">CIAPE</a> nous avons collectivement publié une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013935122001761?via%3Dihub">édition spéciale</a>, à libre accès, comprenant 14 revues exhaustives de la littérature liée aux perturbateurs endocriniens dans la revue scientifique spécialisée <a href="https://www.journals.elsevier.com/environmental-research"><em>Environmental Research</em></a>. Nous résumons ici les principaux constats qui en découlent, au niveau de leurs effets délétères sur la santé.</p>
<h2>Lumière sur l’identité et la provenance des perturbateurs endocriniens</h2>
<p>Le professeur émérite <a href="https://www.trentu.ca/wqc/facultystaff/cmetcalfe">Chris Metcalfe</a> de l’Université Trent et ses collègues ont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121019599?via%3Dihub">répertorié</a> plusieurs perturbateurs endocriniens dans l’environnement (eau, sol, air, sédiments) et dans les produits d’utilisation et d’alimentation humaine. Parmi ces substances, on trouve les composés organochlorés (pesticides), les retardateurs de flamme bromés (utilisés comme ignifuges dans les meubles rembourrés, par exemple), les substances per – et polyfluoroalkyles (utilisés dans les revêtements antiadhésifs), les alkylphénols (utilisés dans les détergents), les phtalates (utilisés dans les cosmétiques), le bisphénol A et ses analogues (utilisés dans les plastiques), les organostanniques (utilisé comme agents antisalissures), etc.</p>
<p>Le <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/securite-maison-et-jardin/bisphenol-bpa.html">bisphénol A</a> (ou BPA) est un bon exemple de perturbateur endocrinien. Depuis 1960, il est incorporé dans une grande majorité des plastiques que nous utilisons tous les jours (bouteilles de plastique, contenants alimentaires, <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-02-02/bisphenol-a/loblaw-abolira-le-papier-thermique-pour-ses-recus.php">reçus de caisse</a>, cannes de conserve, etc.).</p>
<p>Le BPA a une structure qui ressemble à l’estrogène produit naturellement par les humains et plusieurs animaux. L’utilisation du BPA a même été envisagée comme médicament grâce à ses propriétés estrogéniques connues afin de soulager les femmes ménopausées dans les années 30, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1871402121001077?via%3Dihub#bib25">avant qu’il ne soit massivement utilisé dans la production de plastique quelques décennies plus tard</a>.</p>
<p>Dans le corps, le BPA peut ainsi se lier au récepteur des estrogènes (protéines qui se lient spécifiquement à certaines molécules, comme les estrogènes) dans les cellules, et induire des réponses inadéquates, comme augmenter la prolifération des cellules, <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp.9282">ce qui pourrait favoriser le développement de tumeurs</a>.</p>
<h2>L’infertilité chez les espèces animales</h2>
<p>Une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121018855?via%3Dihub">revue de la littérature</a> dirigée par <a href="https://www.sfu.ca/biology/people/faculty/vlm1.html">Vicki Marlatt</a>, chercheuse en toxicologie environnementale à l’Université Simon Fraser, laisse transparaître un constat accablant et généralisé : plusieurs de ces contaminants environnementaux nuisent à la reproduction des poissons, des amphibiens, des oiseaux, des mammifères et des humains, réduisant ainsi leur chance de s’accoupler et d’engendrer une progéniture viable.</p>
<p>Chez l’humain et les autres animaux, le développement embryonnaire et les premiers stades de vie représentent les périodes de vie les plus susceptibles aux effets de ces contaminants.</p>
<p>La professeure en toxicologie de la reproduction, <a href="https://inrs.ca/la-recherche/professeurs/geraldine-delbes/">Géraldine Delbès</a> (INRS), et ses collègues ont mis en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121013359?via%3Dihub">évidence</a> qu’une exposition aux perturbateurs endocriniens pendant cette fenêtre de sensibilité menait à un changement dans la programmation des testicules et des ovaires. Par exemple, une diminution des androgènes (testostérone et dihydrotestostérone) et une augmentation des estrogènes peut conduire à un trouble de développement des testicules qu’on nomme syndrome de dysgénésie testiculaire chez l’enfant. Or, on observe une <a href="https://academic.oup.com/humrep/article/16/5/972/2913494?login=true">augmentation</a> du syndrome de dysgénésie testiculaire partout dans le monde depuis les 50 dernières années.</p>
<h2>Le placenta ne protège pas contre les perturbateurs endocriniens</h2>
<p>En collaboration avec la chercheuse <a href="https://inrs.ca/la-recherche/professeurs/cathy-vaillancourt/">Cathy Vaillancourt</a> (INRS), spécialisée sur la grossesse et la toxicologie, nous avons <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0013-9351(21)01736-9">compilé</a> les travaux les plus récents qui ont mis en évidence que malgré les barrières de défense robustes du placenta, une perturbation des hormones produites par ce dernier est possible et peut mener à des complications de santé plus tard dans la vie. Des maladies chroniques telles que le diabète et l’obésité ont été associées à une exposition à des perturbateurs endocriniens traversant la barrière placentaire lors du développement du fœtus.</p>
<p>Nous avons également <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0013-9351(21)01736-9">démontré</a> qu’une exposition précoce à ces modulateurs endocriniens peut affecter le développement des glandes mammaires chez les bébés à naître, et les rendre plus susceptibles de développer un cancer du sein à l’âge adulte. C’est le cas notamment, du BPA, des retardateurs de flamme bromés et du diethylstilbestrol. De façon similaire, une exposition à des perturbateurs endocriniens pourrait être liée au cancer de la prostate tel que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34562481/">suggéré</a> par le groupe de recherche dirigé par le professeur-spécialiste en endocrinologie et néphrologie <a href="https://www.crchudequebec.ulaval.ca/recherche/chercheurs/etienne-audet-walsh/">Étienne Audet-Walsh</a> de l’Université Laval.</p>
<h2>La pluralité d’effets physiologiques</h2>
<p>En plus d’interférer avec le système reproducteur des animaux et des êtres humains, les perturbateurs endocriniens peuvent altérer les autres voies hormonales, dont celles de la glande thyroïde, du contrôle du stress, de l’immunité et du métabolisme.</p>
<p>Avec la professeure de biochimie <a href="https://www.uvic.ca/science/biochem/people/faculty/profiles-new/helbing-caren.php">Caren Helbing</a> de l’Université Victoria et d’autres membres du CIAPE, nous avons dressé le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121012019?via%3Dihub">portrait</a> des impacts d’une altération de la concentration des hormones thyroïdiennes sur les autres systèmes hormonaux. En guise d’exemple, lorsque les hormones de la glande thyroïde sont diminuées par les perturbateurs endocriniens, la reproduction, le stress et le métabolisme sont également affectés, puisque les hormones thyroïdiennes agissent comme « chef d’orchestre » pour un plan du système endocrinien.</p>
<p>L’équipe du chercheur en physiologie animale <a href="https://www.vetmed.ufl.edu/profile/martyniuk-christopher/">Chris Martyniuk</a> de l’Université de Floride a quant à elle mis en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121011993?via%3Dihub">évidence</a> de nouvelles cibles des modulateurs endocriniens tels que les glucocorticoïdes (ex. : les corticoïdes). Deux exemples d’études sont cités dans leurs travaux, dont le lien entre une haute teneur en BPA dans les urines et une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires. Une exposition à certains perturbateurs endocriniens (arsenic, phtalates, pesticides organophorés) interfère, quant à eux, avec l’insuline, ce qui résulterait à une augmentation de l’obésité.</p>
<h2>Les effets sont passés d’une génération à l’autre</h2>
<p>Les perturbateurs endocriniens exerceraient également des effets transgénérationnels. Par <a href="https://www.pnas.org/content/115/52/E12435.long">exemple</a>, des poissons exposés à une eau contaminée par des antidépresseurs entraînerait une altération de la réponse au stress chez la progéniture de leurs descendants, et ce, même si cette dernière génération de poissons n’a jamais été exposée à ces produits chimiques.</p>
<p>Le professeur en reproduction, pharmacologie et toxicologie <a href="https://www.mcgill.ca/robairelab/">Bernard Robaire</a> de l’Université McGill a tenté d’expliquer comment les perturbateurs endocriniens agissaient pour affecter les générations à venir. Les données qu’il a <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S001393512101358X?via%3Dihub">compilées</a> avec son équipe d’expert·e·s ont indiqué que les effets de ces produits chimiques ne seraient pas le résultat de modifications du code génétique (donc pas un changement dans la séquence de l’ADN), mais par d’autres changements dans nos cellules. Notamment, on observe des changements dans les mécanismes qui déterminent quels gènes sont activés ou désactivés, c’est-à-dire les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/ %C3 %89pig %C3 %A9n %C3 %A9tique">mécanismes épigénétiques</a>.</p>
<p>On ne connaît pas encore très bien l’étendue des conséquences d’une telle altération dans nos cellules plus tard dans la vie ou sur la génération suivante. La compréhension des mécanismes sous-jacents à l’action des perturbateurs endocriniens nécessitera non seulement des études (épi)génétiques, mais aussi la compréhension du rôle des facteurs de stress sociaux, métaboliques et environnementaux.</p>
<h2>Un enjeu de santé humaine et écosystémique colossal à relever</h2>
<p>À l’échelle mondiale, nous sommes d’avis que la collaboration et le leadership internationaux sont de plus en plus nécessaires pour faire progresser la science afin de passer de la phase « caractérisation des effets à la santé » des perturbateurs endocriniens à celle de « pratiques réglementaires exemplaires ». La réglementation des perturbateurs endocriniens reste un sujet de discussion important dans le monde entier.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177796/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie S. Langlois a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et des Chaires de recherche du Canada. Elle est la directrice du Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) qui est financé par l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Isabelle Plante a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), de la Société de Recherche Cancer (SRC) et du Fonds de recherche du Québec-Santé (FRQS). Elle est la co-directrice du Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) qui est financé par l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). </span></em></p>Il existe de nombreuses évidences de l’implication des perturbateurs endocriniens dans le dysfonctionnement de la reproduction chez plusieurs espèces, y compris les humains.Valérie S. Langlois, Professor/Professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Isabelle Plante, Associate Professor, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1534652021-01-26T20:35:57Z2021-01-26T20:35:57ZMatteo, 5 ans : « Pourquoi le feu, ça brûle ? »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/380667/original/file-20210126-19-11r9ofe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C9%2C6647%2C3313&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Barrière de feu.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.freepik.com/vecteurs-libre/banniere-flamme-feu-realiste_10155833.htm"> Macrovector / Freepik</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Pour avoir un feu, il faut trois éléments. Du combustible (par exemple : du bois, de l’essence, du tissu… mais pas la pierre, ni le béton), il faut de l’air (plus exactement l’oxygène de l’air que nous respirons) et une source de chaleur (celle qu’apporte une allumette, ou une étincelle par exemple).</p>
<p>Sans l’un ou l’autre de ces éléments, il n’y a plus de feu. C’est d’ailleurs de cette façon qu’on lutte contre les feux : en retirant le combustible (on fait par exemple des tranchées dans les forêts pour enlever le bois combustible et « couper » la propagation du feu), ou en supprimant l’oxygène (avec un torchon humide sur une friteuse qui prend feu, ou en pulvérisant de la mousse pour chasser l’oxygène), ou encore en refroidissant la flamme ou la surface qui brûle avec de l’eau.</p>
<p>Quand la flamme chauffe un combustible disponible, ce dernier se transforme et produit du gaz : cette transformation s’appelle la pyrolyse. C’est ce gaz qui en se mélangeant avec l’oxygène, en présence de chaleur, va brûler et entretenir la flamme. Celle-ci émet alors une grande quantité d’énergie.</p>
<p>D’où vient cette énergie ? Elle est en fait stockée dans le combustible et provient essentiellement des liaisons chimiques entre les atomes, qui sont les « briques » qui constituent la matière. La combustion des gaz de pyrolyse libère une partie de cette énergie en cassant les liaisons entre les atomes et en produisant de nouvelles molécules (des molécules d’eau et du dioxyde de carbone en particulier).</p>
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<figcaption><span class="caption">Au feu (C’est pas sorcier).</span></figcaption>
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<p>La flamme, en elle-même, est composée des gaz brûlés et de petites particules qu’on appelle les suies. Ce sont les suies qui donnent sa couleur jaune à la flamme, car elles sont très chaudes et envoient du rayonnement. Le « rayonnement thermique » est l’un des trois modes de transmission de la chaleur (avec la convection et la conduction). C’est le même phénomène qui permet au Soleil d’envoyer de l’énergie à la Terre, et c’est aussi ce qui explique la sensation de chaleur que l’on ressent quand on se trouve juste devant un barbecue. C’est ce « rayonnement » qui transmet en grande partie l’énergie de la flamme au combustible, le chauffe, ce qui produit les gaz de pyrolyse, qui sont brûlés à leur tour et entretiennent la flamme, qui progresse et brûle petit à petit tout le combustible disponible.</p>
<p>À cause de cette énergie, la température dans la flamme est très grande. On mesure des valeurs allant jusque 1 000 °C à 1 500 °C. Parfois plus dans certaines flammes. Que l’on parle de flammes de bougies ou de celles observées sur les grands feux de forêt, les niveaux de température sont identiques ! Par contre, la grande différence se situe sur les « volumes » de flammes qui sont impliqués et donc sur les puissances qui sont dégagées.</p>
<h2>Une démonstration en laboratoire</h2>
<p>Dans l’expérience ci-dessous, on a disposé de la paille qui représente une zone de végétation. Sur la première image, on enflamme la végétation. On enlève ensuite le brûleur qui sert à l’allumage, mais la flamme elle-même rayonne vers la paille qui n’est pas encore en feu. Sous l’effet de cette énergie reçue, celle-ci produit des gaz de pyrolyse qui entretiennent la flamme. Elle avance progressivement, brûlant toute la végétation disponible. Le feu s’éteint tout seul à la fin, car il n’a plus de combustible disponible.</p>
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<span class="caption">DSC.</span>
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<span class="caption">Expérience de paille qui brûle en laboratoire.</span>
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<p>Ces expériences en laboratoire permettent de comprendre les mécanismes de la propagation, mais aussi de mesurer la vitesse à laquelle le feu se propage, les températures atteintes ou encore la puissance du feu.</p>
<h2>Les conséquences du feu</h2>
<p>Un être humain ressent déjà une gêne lorsqu’il est en contact avec des gaz ou une surface au-dessus de 40 à 60 °C. Alors 1 000 °C, c’est bien plus grand et les conséquences sont beaucoup plus importantes !</p>
<p>À proximité d’une flamme, très rapidement les tissus, ou la peau, reçoivent une telle quantité d’énergie qu’ils se déshydratent (ils perdent l’eau qu’ils contiennent), puis se dégradent (ils se transforment et sont brûlés comme tout combustible au contact d’une flamme), causant des dégâts irrémédiables et une douleur transmise par le système nerveux.</p>
<p>Dans une forêt, la flamme va se propager d’arbre en arbre, brûlant progressivement quasiment toute la végétation disponible, comme sur la démonstration ci-dessus. Un arbre en feu chauffe l’arbre d’à côté, qui devient une nouvelle source de combustible et s’enflamme à son tour.</p>
<p>Dans l’incendie de Notre-Dame de Paris, le feu s’est propagé progressivement sur toute la charpente, qui était en bois, de la même façon. Une source de chaleur à l’origine de l’incendie a chauffé le bois de la charpente, qui s’est enflammé, la flamme a apporté une énergie de plus en plus grande et l’incendie s’est progressivement propagé sur tout le bois qui était présent.</p>
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<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : tcjunior@theconversation.fr. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153465/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Boulet a reçu des financements de l'Université de Lorraine, du CNRS, de l'Agence Nationale de la Recherche, de la Commission Européenne, dans le cadre de ses activités de recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anthony Collin a reçu des financements de l'Université de Lorraine, du CNRS, de l'Agence Nationale de la Recherche, de la Commission Européenne, dans le cadre de ses activités de recherche. </span></em></p>Il est vrai que l’on fait souvent cette expérience douloureuse assez jeune : le feu, ça brûle, mais, comment ce phénomène s’explique-t-il ?Pascal Boulet, Directeur du LEMTA (Laboratoire énergies et mécanique théorique et appliquée), Université de LorraineAnthony Collin, Enseignant - chercheur de l’Université de Lorraine, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1445922020-08-19T18:37:44Z2020-08-19T18:37:44ZImages de science : Les méga-feux australiens<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/353135/original/file-20200817-14-cahlkn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1383%2C728&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photo satellite MODIS, enregistrée le 02 janvier 2020, avec en surimpression (en jaune) les points chauds qui correspondent à des feux actifs identifiés avec la mission VIIRS. On distingue aussi entre Melbourne et Sydney un important panache de fumée qui s’éloigne vers l’est porté par les vents. </span> <span class="attribution"><span class="source">NASA-VIIRS </span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le début d’année 2020 a été marqué par des incendies terribles en Australie. Nous avons pu suivre ces événements grâce aux satellites qui permettent actuellement de cartographier chaque endroit du globe en continu. Après des mois de temps particulièrement chaud et sec, des centaines d’incendies ont carbonisé une surface dépassant les <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2019-20_Australian_bushfire_season">18,8 millions d’hectares</a>, soit environ six fois la superficie de la Belgique !</p>
<p>Des milliers de maisons ont été détruites, et des <a href="https://theconversation.com/fact-check-pas-500-millions-mais-un-million-de-milliards-danimaux-morts-en-australie-129677">dégâts incommensurables ont été causés à la faune</a>.</p>
<p>Les feux émettent également une quantité massive de gaz et de particules dans l’atmosphère. La végétation qui brûle forme un cocktail de gaz toxiques dont la composition varie en fonction du type de combustible (forêt, savane, toundra, ou broussailles).</p>
<p>Ces fumées se déplacent ensuite au gré des vents, plus ou moins loin selon leur persistance dans l’atmosphère et leur altitude d’injection. Les panaches de fumée sont principalement composés de particules (suies), de monoxyde de carbone (CO), de dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>), deux gaz directement liés à la combustion. Vu de l’espace, le « spectacle » début janvier 2020 était impressionnant : en deux semaines les fumées portées par les vents ont fait le tour de la Terre et <a href="https://theconversation.com/ou-sont-passees-les-400-millions-de-tonnes-de-co-rejetees-par-les-incendies-australiens-130323">sont revenues près de leur point de départ</a>, dans la région de Sydney. D’après des estimations réalisées mi-janvier, 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone auraient été rejetées dans l’atmosphère par les feux australiens, soit plus du double des émissions annuelles de l’Australie !</p>
<h2>Visualiser vous-mêmes les cartes de feux en Australie ou ailleurs</h2>
<p>Rendez-vous sur le site <a href="https://firms.modaps.eosdis.nasa.gov/">NASA FIRMS</a>, sélectionnez « Fire map », et vous pourrez vous déplacer et zoomer sur la carte du globe à votre guise. En passant au mode « advanced » pour pourrez aussi choisir des dates dans le passé. L’<a href="https://lpdaac.usgs.gov/data/get-started-data/collection-overview/missions/modis-overview/">instrument MODIS</a>, qui vole sur les satellites Aqua et Terra permet d’obtenir les photos de fond de carte (comme d’ailleurs pour les cartes <em>google Earth</em>) avec une résolution inférieure au kilomètre. Les points jaunes proviennent de la <a href="https://earthdata.nasa.gov/earth-observation-data/near-real-time/firms/viirs-i-band-active-fire-data">mission VIIRS</a>, qui vole sur un autre satellite américain, SUOMI-NPP, et représentent les feux actifs. Maintenant vous savez comment obtenir vous-même cette image !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144592/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathy Clerbaux a reçu des financements du CNES (Centre d'Etudes Spatiales, France) et du programme européen H2020 (ERC-advanced IASI-FT) pour financer les travaux de recherche de son équipe.</span></em></p>Retour sur les incendies terribles en Australie de ce début d'année grâce à une observation satellitaire.Cathy Clerbaux, Directrice de recherche au CNRS, laboratoire LATMOS, Institut Pierre Simon Laplace (IPSL), Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1435622020-08-11T20:16:19Z2020-08-11T20:16:19ZL’intelligence artificielle comme outil de lutte contre les incendies<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/351262/original/file-20200805-16-1u2mcwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C0%2C6699%2C4466&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Incendie en Thaïlande</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/nVYEechGqqM">Sippakorn Yamkasikorn / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Intuitivement, on devine facilement que le réchauffement climatique est une cause essentielle de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des feux de forêt. Ce qui est moins évident en revanche, c’est que la gestion qui a été faite jusqu’à présent de ces catastrophes naturelles a également joué un rôle dans cette intensification. En prévenant et en éteignant très efficacement tous les feux de forêt, les pompiers ont, bien malgré eux, créé les conditions idéales pour une telle amplification du phénomène. </p>
<p>En effet, ce que nous ne savions pas il y a quelques années, c’est que le <a href="https://www.cairn.info/le-feu-savoirs-et-pratiques-en-cevennes--9782759203970-page-143.htm?contenu=article">feu joue un rôle primordial dans la régénération de l’écosystème</a>. Il s’agit d’un processus naturel se produisant périodiquement dans le cycle de succession de la végétation : les végétaux les plus âgés et donc plus inflammables sont brûlés, ce qui laisse place à de nouveaux individus. Le caractère périodique de ce phénomène a été perturbé par l’activité humaine, y compris la lutte contre les incendies : le développement excessif du sous-bois, protégé des feux par les interventions des pompiers, perturbe l’écosystème et favorise des incendies plus nombreux et plus étendus.</p>
<p>Aujourd’hui, les professionnels de la lutte contre les incendies font un constat alarmant : les feux, toujours plus nombreux, toujours plus intenses, sont devenus très difficiles à maîtriser. On parle de mégafeux, presque impossibles à éteindre. 2019 a été l’année de tous les records et les récentes catastrophes en Amazonie, Indonésie, Australie et même en Arctique ont permis au monde entier de réaliser que les incendies sont désormais un enjeu sécuritaire et écologique majeur.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/un-mega-incendie-en-mediterranee-est-ce-possible-60138">Un méga-incendie en Méditerranée, est-ce possible ?</a>
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<p>Face à ces phénomènes devenus ingérables, la prévention devient la solution idéale : en prévoyant la survenue des incendies, on peut anticiper leur gestion et les maîtriser avant qu’ils ne dégénèrent, tout en prenant en compte leur rôle naturel de régulation de la végétation.</p>
<p>Forts de ces expériences, <a href="https://time.com/5497251/wildfires-artificial-intelligence/">pompiers et scientifiques travaillent désormais main dans la main</a> à des solutions préventives qui tentent de prendre tous les paramètres en compte afin de mettre en place une gestion de court et long termes des feux de forêt. Ils s’offrent à cet effet les services d’un allié de poids : l’intelligence artificielle.</p>
<h2>Quelle est la plus-value de l’intelligence artificielle ?</h2>
<p>Dans un laps de temps très court, elle va être capable de réaliser des milliards de calculs qui seraient inaccessibles autrement pour une équipe de recherche, permettant aux scientifiques de comprendre et caractériser très rapidement les différents feux de forêt.</p>
<blockquote>
<p>Quels feux sont nuisibles ? Lesquels sont nécessaires ? Où et quand vont-ils se déclencher ? Quelles seront leurs caractéristiques (vitesse de propagation, surface, volume, etc.) ?</p>
</blockquote>
<p>L’interprétation par les scientifiques des résultats de ces calculs va leur permettre de donner de précieuses informations aux équipes de lutte sur le terrain.</p>
<h2>Concrètement, comment ça marche ?</h2>
<p>Tout comme l’Homme apprend à partir d’expériences, les modèles d’IA reposent sur l’apprentissage d’évènements passés.</p>
<p>Dans un premier temps, les <a href="https://www.researchgate.net/publication/335941718_Forest_Fire_Susceptibility_Modeling_Using_a_Convolutional_Neural_Network_for_Yunnan_Province_of_China">chercheurs donnent à l’algorithme</a> un historique des données décrivant les caractéristiques des incendies passés ainsi que les conditions météorologiques et de végétation qui y étaient associées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/352268/original/file-20200811-15-k3z8vg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Schéma de fonctionnement d’une IA.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À travers des principes mathématiques, et en s’appuyant sur cet ensemble de données, l’algorithme va rechercher des corrélations entre ces facteurs environnementaux et les différents types de feux. Il construit ainsi ce qu’on appelle un modèle, qui va servir de référence aux scientifiques pour faire des prédictions quant aux incendies à venir. Pour cela, ils indiquent au modèle les prévisions et estimations concernant les conditions météorologiques et végétales dans les zones observées. Sur cette base, l’IA retourne la probabilité de survenue d’un incendie, ainsi que ses caractéristiques.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/feZTh3iJkXw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’intelligence artificielle contre les feux/ICI Alberta.</span></figcaption>
</figure>
<p>Deux remarques importantes s’imposent. Tout d’abord, les performances d’un modèle d’IA reposent principalement sur la qualité, la fiabilité et la quantité de données à sa disposition. Ainsi, la création de ce genre de modèle demande au préalable aux scientifiques un travail colossal d’acquisition de l’information. Ils ont par exemple recours aux outils classiques de la météorologie et de la topographie, à des caméras à infrarouge, ou même des drones.</p>
<p>Par ailleurs, le modèle d’IA n’est pas infaillible et peut parfois <a href="https://theconversation.com/pourquoi-lintelligence-artificielle-se-trompe-tout-le-temps-143019">commettre des erreurs</a>. Ainsi pour le perfectionner, il est recommandé aux chercheurs de confirmer ou infirmer son appréciation à chaque prédiction. En cas d’erreur, le modèle l’intègre et affine son approche pour la suite.</p>
<p>Dans les faits, de nombreuses unités de recherche se sont lancées dans la création de tels modèles d’IA, utilisant différents types d’algorithmes. En voici quelques exemples :</p>
<p><a href="https://wifire.ucsd.edu/index.php/">Wifire Lab</a>, une équipe américaine, a élaboré un logiciel d’IA qui utilise des techniques de <em>traitement du signal</em> pour modéliser des incendies en fonction des conditions météorologiques et de la combustibilité de la végétation.</p>
<p><a href="https://www.folio.ca/new-ai-program-fights-fire-with-data/">Des chercheurs de l’Université de l’Alberta (Canada) et de l’Université de l’Oklahoma (États-Unis)</a> utilisent des algorithmes de <em>réseaux de neurones artificiels</em> pour prédire le lieu et la date de survenue des conditions météorologiques extrêmes qui sont à l’origine des incendies les plus dévastateurs.</p>
<p><a href="https://www.publish.csiro.au/wf/WF19023">Des chercheurs de l’Université de Californie (États-Unis)</a> utilisent un algorithme d’<em>arbre de décision</em> pour prédire la dimension finale d’un incendie.</p>
<h2>Que faire de ces prédictions ?</h2>
<p>Riches de ces prédictions, les équipes de lutte contre les incendies vont pouvoir adapter leurs interventions sur le terrain. Pour cela, elles peuvent effectuer des <a href="https://www.prevention-incendie66.com/sites/default/files/documents/312701.pdf">brûlages dirigés</a> de sorte à protéger les espèces animales et végétales présentes sur les zones concernées tout en respectant le cycle naturel du feu. Elles peuvent également anticiper une évacuation des populations et/ou se munir en avance du matériel adapté aux caractéristiques du feu qu’elles attendent.</p>
<p>Ces dernières années, un changement a été amorcé dans l’approche de la gestion des incendies. Elle s’est enrichie d’une compréhension plus profonde des phénomènes à l’œuvre, et l’intelligence artificielle s’est révélée être un allié précieux pour l’Homme dans cette démarche. Sans pour autant pouvoir le remplacer, elle l’accompagne vers plus d’harmonie avec son environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143562/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eunice Okome Obiang ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Grâce à l’IA, en prévoyant la survenue des incendies, on peut anticiper leur gestion et les maîtriser avant qu’ils ne dégénèrent, en tenant compte de leur rôle naturel de régulation de la végétation.Eunice Okome Obiang, Doctorante en Statistiques - Data scientist, Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1303232020-01-23T19:11:55Z2020-01-23T19:11:55ZOù sont passées les 400 millions de tonnes de CO₂ rejetées par les incendies australiens ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/311553/original/file-20200123-162199-h9ghum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le 9 janvier 2020, la Nasa capture les images des incendies ravageant l’île Kangourou, située au sud de l’Australie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://earthobservatory.nasa.gov/images/146132/fires-ravage-kangaroo-island">Nasa</a></span></figcaption></figure><p>Après des mois de temps exceptionnellement chaud et sec, des centaines d’incendies ont carbonisé une superficie de l’Australie <a href="https://www.bbc.com/news/world-australia-50951043">dépassant les 10 millions d’hectares</a>, soit trois fois la surface de la Belgique. Des milliers de maisons ont été détruites et on déplore, selon un dernier bilan, une trentaine de morts.</p>
<p>Outre les dégâts incommensurables <a href="https://theconversation.com/fact-check-pas-500-millions-mais-un-million-de-milliards-danimaux-morts-en-australie-129677">causés à la faune</a> et à la flore, les feux émettent également une quantité massive de gaz et de particules dans l’atmosphère. Vu de l’espace, le spectacle est impressionnant : en deux semaines, depuis le 31 décembre 2019, les fumées portées par les vents ont fait le tour de la Terre et sont revenues près de leur point de départ, dans la région de Sydney.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311416/original/file-20200122-117911-vjh6km.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Monoxyde de carbone mesuré par la mission satellite IASI dans les fumées des feux australiens, entre le 03 et le 13 janvier 2020. Plus la couleur est foncée, plus la concentration de CO est élevée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Maya George/LATMOS/IPSL</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’atmosphère sous surveillance</h2>
<p>Notre équipe surveille la composition de l’atmosphère en continu depuis 13 ans, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=OPUNniz7rNQ">grâce à IASI, un instrument exceptionnel</a> embarqué à bord des satellites Metop. Ces satellites météorologiques surveillent l’atmosphère depuis une orbite polaire, à environ 800 km d’altitude ; ils passent matin et soir à chaque endroit du globe.</p>
<p>IASI est ce qu’on appelle un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Spectroscopie_infrarouge_%C3%A0_transform%C3%A9e_de_Fourier">spectromètre à transformée de Fourier</a>, enregistrant le rayonnement infrarouge émis par la surface de la Terre. Quand ce rayonnement traverse l’atmosphère, il interagit avec les molécules qui se trouvent sur le trajet, entre le sol et le satellite. Si le ciel est clair, l’analyse du signal reçu fournit une information des concentrations des gaz à l’endroit de la mesure ; si le ciel est nuageux, l’observation n’est possible qu’au-dessus du nuage.</p>
<p>Comme chaque gaz possède une signature spécifique, un peu comme un code barre pour un article de supermarché, les passages successifs du satellite permettent de surveiller, depuis l’espace, les gaz qui se déplacent autour du globe. Les trois instruments IASI fournissent plus de 3,5 millions d’observations chaque jour. Si vous mettez 10 minutes à parcourir cet article, ce sont plus de 25 000 observations à analyser qui se seront accumulées pendant ce laps de temps…</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=266&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=266&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=266&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=334&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=334&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311417/original/file-20200122-117933-xy197n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=334&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une mesure de l’instrument IASI à partir de laquelle on peut estimer les concentrations des gaz qui composent l’atmosphère à l’endroit de la mesure. Chaque molécule de gaz a une signature qui lui est propre dans l’infrarouge.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Maya George/LATMOS/IPSL</span></span>
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</figure>
<h2>Des feux partout</h2>
<p>Nous disposons désormais d’une base de données colossale qui nous permet de suivre, au jour le jour, à la fois les émissions de gaz observées de manière fréquente ou récurrente (pics de pollution, gaz à effet de serre, surveillance de la <a href="https://www.theconversation.com/30-ans-du-protocole-de-montreal-retour-sur-le-sauvetage-de-la-couche-dozone-84889">couche d’ozone en Antarctique</a>) et les évènements qui se produisent à des endroits et des moments inattendus, comme les éruptions volcaniques ou les grands feux.</p>
<p>Pour les méga-incendies, les cartes des six derniers mois montrent une situation exceptionnelle, avec différentes régions du globe en proie aux flammes durant des semaines : outre les feux récurrents dans les régions qui <a href="https://bit.ly/2RJ5Erb">pratiquent l’agriculture sur brûlis</a> – Afrique et Indonésie tout particulièrement –, les <a href="https://iasi.aeris-data.fr/co/">observations quotidiennes</a> montrent des fumées consécutives aux feux dévastateurs de 2019 qui ont eu lieu dans les régions boréales en juillet-août, en Amazonie entre août et octobre, et en Australie depuis septembre.</p>
<h2>Que voit-on par satellite ?</h2>
<p>La composition de l’air que nous respirons est <a href="https://theconversation.com/cop25-comment-les-scientifiques-organisent-la-surveillance-du-climat-128016">bien connue des scientifiques</a> : il s’agit essentiellement d’azote et d’oxygène (à 99,9 %) ; avec des concentrations bien moindres, on retrouve aussi des quantités significatives de gaz comme la vapeur d’eau (H<sub>2</sub>0), le dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>), le méthane (CH<sub>4</sub>), les oxydes d’azote (NO<sub>x</sub>), l’ozone (O<sub>3</sub>), le monoxyde de carbone (CO), etc. Ils constituent « le fond de l’air » et, comme ils interagissent avec la radiation infrarouge, ils sont visibles sur les données du satellite.</p>
<p>Ce qu’on peut observer depuis l’espace, c’est qu’en plus des cendres et du carbone-suie (particules), les feux de végétation émettent un cocktail de gaz toxiques qui peut varier en fonction du type de végétation brûlée (forêt, savane, toundra, broussailles, etc.). Ces fumées composées de gaz et de particules se déplacent ensuite au gré des vents, plus ou moins loin selon leur persistance dans l’atmosphère et leur altitude d’injection.</p>
<p>Les panaches de fumée sont principalement composés de CO<sub>2</sub> et de CO – deux gaz directement lié à la combustion – et de particules (suies). Une multitude d’autres composés sont aussi présents (HCN, NH<sub>3</sub>, composés organiques volatiles, etc.), mais certains restent moins longtemps dans l’atmosphère et ne sont vus du satellite que tout près des feux.</p>
<h2>À quelle altitude s’échappent les fumées ?</h2>
<p>Durant la première semaine de janvier 2020, une succession exceptionnelle de « nuages de feu » a été observée. Les scientifiques utilisent le terme pyrocumulonimbus pour désigner ces nuages gigantesques qui s’élèvent parfois au-dessus des panaches de fumée des feux ou des éruptions volcaniques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311413/original/file-20200122-117949-19suwc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vue des fumées australiennes depuis la Station spatiale internationale, le 4 janvier 2020.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nasa.gov/image-feature/smoke-from-the-australian-bushfires">NASA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La formation de pyrocumulus requiert que les feux brûlent suffisamment pour créer un courant d’air surchauffé qui s’élève très rapidement. Lorsque l’air chaud monte et se répand, il se refroidit, ce qui entraîne la condensation de la vapeur d’eau et la formation de nuages. Dans certaines conditions, de puissants courants ascendants peuvent créer des nuages qui s’élèvent sur plusieurs kilomètres et se transforment en véritables orages lorsqu’ils atteignent le sommet de la troposphère – transformant un pyrocumulus en pyrocumulonimbus. Ces orages présentent de sérieux risques pour les pilotes d’avion en raison des fortes turbulences, et peuvent rendre les feux encore plus incontrôlables en créant des « tornades de feu ».</p>
<p>Les nuages de feu ont fait monter les fumées à des hauteurs inhabituelles dans l’atmosphère, comme l’a confirmé le satellite Calipso qui a observé des particules liées aux feux entre 15 et 19 kilomètres, <a href="https://earthobservatory.nasa.gov/images/146125/explosive-fire-activity-in-australia">notamment le 6 janvier 2020</a>. À cette altitude, les suies sont transportées très efficacement par le courant-jet (jet-stream) – un vent rapide et confiné qui se déplace d’ouest en est. Il s’agit d’une sorte de « couloir aérien » qui explique que pour un vol Paris-New York l’aller prendra 45 minutes de plus que le retour !</p>
<h2>Jusqu’où les panaches de feux peuvent-ils aller ?</h2>
<p>Un élément de compréhension important est que tous les gaz n’ont pas la même persistance dans l’atmosphère. Pour un gaz donné, celle-ci dépend de sa capacité à réagir avec d’autres gaz (réaction chimique), à être détruit par le rayonnement solaire (réaction photochimique) ou à se redéposer sur le sol (dépôt sec ou humide).</p>
<p>Certains gaz sont très réactifs et sont détruits en quelques secondes ou quelques minutes. Même s’ils sont émis en concentration élevée, ils sont détruits quasi instantanément et sont, pour la plupart, invisibles depuis l’espace. D’autres gaz restent quelques heures ou quelques jours. Ils sont détectables par les satellites mais uniquement à proximité immédiate de la source d’émission. Certains gaz, quant à eux, persistent dans l’atmosphère plusieurs mois ou plusieurs années, ce qui leur permet d’être transportés loin de leur source d’émission.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=556&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=556&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=556&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=699&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=699&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311420/original/file-20200122-117943-2ioet9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=699&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte des vents au 8 janvier 2020. Pour faire le tour de la Terre d’ouest en est, les fumées consécutives aux feux australiens ont pris deux semaines.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Earth wind map</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Selon les vents dominants, faire le tour de la Terre leur prendra entre deux et quatre semaines, ce qui est facilement observable par nos instruments puisque nous disposons des cartes deux fois par jour. C’est le cas du CO (dont la durée de vie est d’environ deux mois) et du CO<sub>2</sub> qui reste plusieurs dizaines d’années dans l’atmosphère. Mais l’équateur agit comme une sorte de barrière dynamique qui empêche les masses d’air de l’hémisphère Nord de se mélanger avec celles de l’hémisphère Sud (et vice et versa).</p>
<p>Les gaz à effet de serre constituent une exception car leur durée de vie de plusieurs années, parfois plusieurs dizaines d’années, leur permettent à long terme de se répartir partout sur la planète.</p>
<p>En ce qui concerne les fumées australiennes, elles ont donc circulé à latitude constante, partant de la région de Sydney puis passant par l’Amérique du Sud, en survolant des parties de l’Antarctique, puis en revenant dans la zone d’émission par l’ouest.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/_J-bHQLjZhw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le déplacement du CO enregistré entre le 3 et le 13 janvier 2020 (LATMOS/ULB).</span></figcaption>
</figure>
<p>Les cendres et le monoxyde de carbone n’atteindront donc pas l’hémisphère Nord et seront dissipés avant. En revanche, le CO<sub>2</sub> se répartira partout et participera au réchauffement climatique global dans des proportions significatives.</p>
<p>D’après des estimations réalisées mi-janvier, 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone auraient été rejetées dans l’atmosphère par les feux australiens, soit presque l’équivalent des <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/les-emissions-des-feux-australiens-a-l-echelle-de-la-planete_140494">445 millions de tonnes rejetées</a> par la France durant toute l’année 2018…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130323/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathy Clerbaux a reçu des financements du CNES (Centre d'Etudes Spatiales), France, et du programme européen H2020 (ERC-advanced IASI-FT) pour financer les travaux de recherche de son équipe</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pierre Coheur receives funding from ESA and Belspo (Prodex arrangements) and EUMETSAT (ACSAF project). He is also supported by the Fondation ULB.</span></em></p>Parties de la région de Sydney, les fumées australiennes sont passées par l’Amérique du Sud, survolant l’Antarctique avant de revenir dans leur zone d’émission.Cathy Clerbaux, Directrice de recherche au CNRS, laboratoire LATMOS, Institut Pierre Simon Laplace (IPSL), Sorbonne UniversitéPierre Coheur, Professeur, chimie de l’environnement, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1297162020-01-15T18:00:03Z2020-01-15T18:00:03ZLes communautés aborigènes face à la crise des méga-feux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/309443/original/file-20200110-97178-1j9hee7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C95%2C1919%2C1352&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Repousse un mois après les incendies de Colo Heights, en Nouvelle-Galles du Sud.</span> <span class="attribution"><span class="source">Vanessa Cavanagh</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Comment venir en aide à des populations attachées depuis toujours à un paysage, lorsque leur territoire se consume sous leurs yeux, décimant des sources de nourriture, réduisant en cendres des <a href="https://scartrees.com.au/about/">arbres</a> ancestraux et détruisant des plantes et animaux totémiques ?</p>
<p>L’expérience à laquelle sont confrontés les peuples aborigènes face à ces méga-feux dévorant de grands pans de l’Australie est bel et bien différente de celle que connaissent les peuples non-indigènes.</p>
<p>Les héritages coloniaux d’éradication, de dépossession, d’assimilation et de racisme continuent d’affecter ces communautés. Sans parler de la manière dont ils ont été écartés de l’accès et de la gestion de leurs terres traditionnelles. Ces facteurs participent au trauma causé par ces feux hors normes.</p>
<p>Face cette catastrophe, il est plus essentiel que jamais de comprendre le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S175545861100065X">deuil spécifique</a> qui touche les populations aborigènes. Sans cette prise de conscience, aucune stratégie d’aide ni de reconstruction ne pourra être vraiment efficace.</p>
<h2>Deuil perpétuel</h2>
<p>Les populations aborigènes vivent avec un sentiment de chagrin éternel, issu du problème toujours irrésolu de l’invasion de leurs territoires et de la colonisation qui s’en est suivie.</p>
<p>Bien que le <a href="http://www.corntassel.net/being_indigenous.pdf">traumatisme colonial</a> infligé aux populations aborigènes aient revêtu de multiples formes – parmi lesquelles le retrait de leurs enfants, l’éradication de leur culture, de leurs rituels et de leur langage –, la dépossession territoriale demeure la plus pregnante. Spolier des peuples de leurs terres constitue la marque de <a href="https://www.researchgate.net/publication/277992187_Decolonization_Is_Not_a_Metaphor">fabrique du colonialisme</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1213710096246525953"}"></div></p>
<p>Les lois australiennes ont évolué afin de rendre une partie de leurs terres et de leurs eaux aux populations aborigènes ; ces dernières ont fait de leur mieux pour en revendiquer une gestion plus effective. Reste que les autochtones ont été ignorés alors que leurs terres natales étaient <a href="https://www.abc.net.au/news/2019-11-14/traditional-owners-predicted-bushfire-disaster/11700320?pfmredir=sm">mal gérées et négligées</a>.</p>
<p>Oliver Costello dirige la <a href="https://www.firesticks.org.au">Firesticks Alliance</a>, un réseau géré par les indigènes qui cherche à réintroduire les feux de culture. Voici son analyse :</p>
<blockquote>
<p>« Depuis la colonisation, de nombreuses populations indigènes ont été expulsées de leurs terres, et leurs pratiques de gestion fondées sur le brûlis ont été restreintes par les autorités, influencées par la vision occidentale du feu et de la gestion de la terre. »</p>
</blockquote>
<p>En ce sens, le colonialisme n’est pas un fait historique mais une expérience encore vécue. Et la réalité croissante du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959378009000223">changement climatique</a> s’ajoute à cette anxiété. Il est également important de reconnaître que ces peuples sont tristes, non seulement pour leurs communautés mais aussi pour nos relations non-humaines –l’identité de la culturelle aborigène <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14486563.2013.819303">provenant de la terre</a>.</p>
<p>Les modes de vie culturels des aborigènes demeurent ainsi liés au sol et aux sites naturels – cascades, vallées, montagnes, ainsi que les animaux et les plantes.</p>
<p>Leur dévastation par les feux affecte profondément l’existence des peuples aborigènes et, dans les régions les plus sévèrement frappées, menace ces groupes en tant qu’êtres distincts, attachés à la terre. Lorena Allam en a <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/jan/06/for-first-nations-people-the-bushfires-bring-a-particular-grief-burning-what-makes-us-who-we-are">récemment témoigné</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Comme vous, j’ai regardé avec angoisse et horreur les feux réduire en cendres la précieuse terre de Yuin, prenant tout sur son passage – des vies, des maisons, des animaux, des arbres ; mais pour les peuples originels, ces incendies brûlent aussi nos souvenirs, nos lieux sacrés et tout ce qui est au cœur de notre identité. »</p>
</blockquote>
<p>Pour ces peuples, qui vivent dans le traumatisme de la dépossession et de la marginalisation et désormais dans le traumatisme de ces feux catastrophiques, la peine est incommensurablement différente de celle des non-indigènes.</p>
<h2>Une reconstruction complexe</h2>
<p>Dès à présent, l’Australie doit se tourner vers la reconstruction. La résilience des communautés donne de précieuses indications sur la façon dont des groupes de personnes peuvent se réunir et aller de l’avant après une catastrophe.</p>
<p>Mais l’examen des travaux de recherche en la matière révèle à quel point l’Australie non-indigène peine à comprendre les besoins des peuples aborigènes. La définition de « communauté » n’est ainsi pas explicitement établie, réduite à un simple groupe socioculturel.</p>
<p>Pourtant, des travaux, conduits en Australie et au-delà, ont mis en lumière que pour les peuples aborigènes, guérir du traumatisme – qu’il soit historique ou contemporain – constitue un <a href="http://journals.sfu.ca/fpcfr/index.php/FPCFR/article/view/379/311">processus culturel et spirituel</a> inhérent au lien avec la terre.</p>
<p>La <a href="https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/cobi.12580">neutralité culturelle</a> adoptée par les chercheurs australiens sur la reconstruction des communautés ne reconnaît pas encore ces différences. Sans tenir compte des contextes historiques, politiques et culturels qui continuent d’encadrer la vie des peuples autochtones, les réponses à la crise risquent d’être inadéquates et inappropriées.</p>
<h2>Résilience face au traumatisme</h2>
<p>Les conséquences à long terme de la colonisation ont habitué (pour le meilleur ou pour le pire) les communautés aborigènes à vivre avec les transformations catastrophiques <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/2514848618777621">infligées à leurs sociétés et à leurs terres</a>.</p>
<p>Les experts considèrent que ces caractéristiques de résilience font partie intégrante de la survie et du rétablissement des communautés à la suite de catastrophes naturelles.</p>
<p>Ainsi, cette résilience façonnée par des siècles de colonisation, associée à un soutien adéquat, nous enseigne que les communautés autochtones des régions touchées par les incendies sont bien placées pour se relever, et rapidement. C’est là une leçon importante pour les agences et autres organisations non gouvernementales chargées de diriger le processus de reprise après sinistre.</p>
<p>Les caractéristiques communautaires qui favorisent un rétablissement du groupe efficace et rapide, en particulier l’existence de liens sociaux étroits et d’une histoire commune, sont déjà à l’œuvre dans les communautés aborigènes touchées par les incendies.</p>
<h2>La leçon des feux</h2>
<p><a href="https://www.pm.gov.au/media/national-bushfire-recovery-agency">L’agence australienne</a> en charge de diriger la restauration des zones affectées par les feux doit le faire de manière respectueuse et appropriée, en s’appuyant sur des connaissances basiques relatives aux différents contextes dans lesquels évoluent les communautés indigènes. Il est important de rappeler ici qu’il ne s’agit pas d’un « traitement de faveur ».</p>
<p>L’Agence nationale d’assurance-invalidité offre un bon exemple de la façon de s’engager auprès des autochtones, en <a href="https://www.ndis.gov.au/about-us/strategies/aboriginal-and-torres-strait-islander-strategy">tenant compte de leur culture</a>. Il s’agit notamment de penser au pays, à la culture et à la communauté, et de travailler avec les valeurs et les coutumes de chacune pour établir des relations de respect et de confiance.</p>
<p>La <a href="https://www.pm.gov.au/media/national-bushfire-recovery-agency">nouvelle agence de récupération des feux de brousse</a> doit utiliser une stratégie similaire. Cela permettrait de reconnaître à la fois les expériences historiques des peuples autochtones et nos forces inhérentes en tant que communautés qui avons non seulement survécu, mais restons liées à nos terres natales.</p>
<p>De cette façon, la crise des feux de brousse pourrait peut-être avoir certains résultats positifs à long terme, ouvrant de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1474474018821419">nouvelles portes</a> à la collaboration en Australie avec les peuples autochtones.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129716/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bhiamie Williamson est membre de l’ACT Bushfire Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jessica Weir a reçu des financements du Bushfire and Natural Hazards Cooperative Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vanessa Cavanagh a reçu des financements du The NSW Bushfire Risk Management Research Hub. Elle est affiliée à la Firesticks Alliance Indigenous Corporation. </span></em></p>L’expérience à laquelle sont confrontés les peuples aborigènes face aux incendies hors normes en Australie est bien différente de celle des peuples non-indigènes.Bhiamie Williamson, Research Associate & PhD Candidate, Australian National UniversityJessica K Weir, Senior Research Fellow, Western Sydney UniversityVanessa Cavanagh, Associate Lecturer, School of Geography and Sustainable Communities, University of WollongongLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1296582020-01-12T22:53:13Z2020-01-12T22:53:13ZImpact écologique des feux : et les insectes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/309296/original/file-20200109-80159-aisdhp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C40%2C1899%2C1195&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des punaises « gendarmes ». </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/bugs-bug-de-feu-col%C3%A9opt%C3%A8re-insectes-4690325/">smeyli77/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié en collaboration avec les chercheurs de l’ISYEB (Institut de Systématique, Évolution, MNHN/CNRS/EPHE/Sorbonne Université/Université des Antilles). Ils proposent chaque mois une chronique scientifique de la biodiversité : « En direct des espèces ». Objectif : comprendre l’intérêt de décrire de nouvelles espèces et de cataloguer le vivant.</em></p>
<hr>
<p>La destruction massive de millions d’hectares de forêts en Australie nous rappelle qu’au cours de la saison estivale, le même changement climatique engendre sous nos latitudes les mêmes problèmes, notamment en région méditerranéenne.</p>
<p>L’augmentation des températures et les sécheresses, qui surviennent non seulement en été, mais aussi au printemps et à l’automne, s’accompagnent d’événements extrêmes. Tornades, précipitations tropicales, moussons inhabituelles et catastrophiques engendrent des drames humains et des dégâts matériels considérables. L’eau, le feu, et parfois le vent, s’associent par intermittence pour nous rappeler que la nature domine toujours, quel que soit notre niveau d’aménagement ou de technologie.</p>
<p>On dit les écosystèmes méditerranéens adaptés au feux, y compris les forêts tropicales, subtropicales et tempérées d’Australie, qui comptent un grand nombre d’espèces végétales pyrophiles (littéralement « qui aiment le feu »). Certaines en ont même besoin pour se reproduire. Mais lorsqu’une telle surface est concernée par la combustion, la situation <a href="https://theconversation.com/incendies-en-australie-leurope-nest-pas-a-labri-de-catastrophes-similaires-129468">ne répond plus à un cycle normal</a>.</p>
<p>On a beaucoup entendu le nombre global d’animaux tués, estimé à un milliard. Mais qu’en est-il des insectes et autres invertébrés, qui sont à la <a href="https://theconversation.com/que-signifie-vraiment-le-declin-des-insectes-pour-la-biodiversite-122676">base du fonctionnement des écosystèmes</a> ?</p>
<h2>Des impacts directs et indirects</h2>
<p>On sait désormais l’importance des insectes dans le fonctionnement des écosystèmes, et combien ils <a href="https://theconversation.com/biodiversite-quand-loiseau-fait-de-lombre-a-linsecte-95629">sont négligés</a> dans les études et les objectifs de conservation.</p>
<p>Malgré l’importance du feu pour certaines espèces, on est surpris du peu de travaux sur les conséquences des incendies sur les insectes. Comme le reste de la faune et la flore, les insectes sont brûlés par les flammes, atteints par les chaleurs extrêmes et par les fumées. Le seul avantage que certains possèdent réside dans leur pouvoir de résister au feu jusqu’à une certaine intensité.</p>
<p>Après un incendie rapide, par exemple, les insectes sous les grosses pierres, les fourmilières et les termitières souterraines, ou dans les troncs partiellement brûlés, sont en partie protégés.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1212808274891948032"}"></div></p>
<p>Bien sûr, les insectes aquatiques peuvent aussi s’abriter, mais seulement en apparence. Les écosystèmes vivant dans l’eau sont dépendants des écosystèmes terrestres qui les entourent, et subiront des effets indirects, qui vont <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00442-011-2130-x">décupler l’impact des feux</a> : disparition de la nourriture et compétition pour les organismes survivants, diminution de niches et disparition d’habitats.</p>
<p>Regardons le cas d’une larve de libellule qui aurait échappé au cataclysme et pourrait se transformer en adulte. Que pourrait-il alors manger ? c’est le cas de la majorité des survivants, il vont subir les effets indirects. Tous ces effets indirects, auxquels il faut ajouter le fractionnement des habitats et les conséquences génétiques sont à prendre en compte dans les évaluations d’impacts.</p>
<h2>Les insectes influent-il sur les incendies ?</h2>
<p>C’est une question curieuse au premier abord, mais tout à fait sérieuse pour certaines régions, notamment tempérées, comme dans les forets boréales (Europe et Amérique du Nord).</p>
<p>Que ce soit des défoliateurs (qui s’attaquent aux feuilles et bourgeons), comme le bombyx disparate, des insectes des écorces, comme les terribles scolytes (qui provoquent des réductions de matière inflammable par la chute de feuilles et d’aiguilles pour les conifères), ou qui augmentent la quantité de matière morte (bois des arbres morts), les insectes pourraient avoir un impact <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/11/4/045008/meta">sur le régime de feux</a> en diminuant la sévérité des incendies puisqu’il y moins de « carburants » à brûler ; alors que l’on pourrait croire que l’augmentation du bois mort augmente plutôt cette sévérité.</p>
<p>Et les feux peuvent augmenter l’action de certains insectes xylophages (tous ceux qui se nourrissent de bois). Il y a probablement une relation complexe entre changement climatique, impact des insectes forestiers xylophages et sévérité des incendies qui <a href="https://academic.oup.com/forestscience/article/60/3/489/4583745">nécessitent des observations plus poussées</a>.</p>
<h2>Des pullulations post-incendies</h2>
<p>L’été 2003, dans la commune de Sainte-Maxime, dans le Var, une étrange pullulation de punaises brunâtres avait <a href="http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/hemipteres-de-france/9782603020722">défrayé la chronique</a>. Des habitants s’en étaient plaints alors que des milliers de petites larves se répandaient dans les piscines et les habitations, en provenance d’une forêt et d’un golf à proximité.</p>
<p>J’ai eu la chance d’observer <a href="https://theconversation.com/a-lautomne-les-punaises-arrivent-en-ville-et-aux-champs-122736">ce phénomène assez impressionnant</a>, proche de ceux qui arrivent actuellement près de champs de colza et autres grandes cultures et surtout d’intervenir auprès de la mairie pour éviter des traitements inutiles. Les punaises inoffensives se sont métamorphosées peu après en adultes et ont quitté les lieux en quelques jours, pour vivre leur vie de punaises ailleurs et cesser d’inquiéter les riverains.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1189638457318150149"}"></div></p>
<p>Il s’agissait de la punaise <em>Aphanus rolandrii</em>, se nourrissant de graines dont la production avait été favorisée par la pousse de végétaux, elle-même favorisée par les incendies. Les arbres ayant été détruits, une strate herbacée s’était développée, avec des espèces pyrophiles conduisant à une production de graines hors norme.</p>
<p>Depuis, j’observe régulièrement cette <a href="https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/238122">espèce pyrophile</a> après les incendies. L’adulte est tout noir avec une simple tache faune orangée, une couleur sombre propre à de nombreux insectes spécialisés dans les périodes post-incendies, qui leur permet de mieux échapper aux prédateurs.</p>
<h2>Les insectes, plus résistants ?</h2>
<p>Cela n’assure toutefois pas que l’ensemble des insectes soit tellement plus coriace face aux flammes. Les insectes subissent le double impact des incendies comme les autres organismes animaux, direct et indirect avec une incidence écologique énorme.</p>
<p>Les organismes endogés (qui vivent dans le sol, les grottes), ainsi que certaines espèces qui vivent dans les tiges et les troncs, peuvent pourtant échapper à la destruction immédiate par le feu en étant protégés de l’effet direct des flammes et de la chaleur. D’où peut être le maintient de la plupart des lignées malgré les aléas climatiques du passé et les grandes crises d’extinctions des écosystèmes de notre planète que les <a href="https://theconversation.com/les-charmes-discrets-des-insectes-fossiles-56029">insectes ont traversées</a>.</p>
<p>Les grands incendies (on parle de méga-incendies au-delà de 10 000 hectares calcinés d’un seul tenant) constituent donc de terribles catastrophes écologiques (au sens premier du terme : des changements rapides de l’état d’un système écologique). La science et par conséquent les médias en négligent l’impact direct et indirect sur une fraction importante de la biodiversité : les insectes et tous les invertébrés. Et en Australie comme ailleurs il y a des espèces endémiques en danger qui vont devenir encore plus sensibles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129658/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste a reçu des financements du CNRS, de SU et de l’ANR.</span></em></p>Grands oubliés des feux, les insectes entretiennent pourtant avec les incendies une relation complexe.Romain Garrouste, Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 MNHN-CNRS-Sorbonne Univ.-EPHE-Univ. Antilles), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1295742020-01-12T22:52:34Z2020-01-12T22:52:34ZPG&E : une faillite liée à la cupidité plus qu’au changement climatique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/309020/original/file-20200108-107235-1w6ieo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=117%2C99%2C5862%2C3908&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'entreprise californienne de distribution d'électricité présente un long historique en matière de défaillances dans son réseau.</span> <span class="attribution"><span class="source">Richard Thornton / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le 14 janvier 2019, PG&E, principal fournisseur et distributeur d’électricité et de gaz californien, a annoncé sa faillite et s’est placé le 29 janvier sous la protection du Chapitre 11 (loi américaine sur les faillites introduisant une procédure de sauvegarde). Cela a conduit le <em>Wall Street Journal</em> <a href="https://www.wsj.com/articles/pg-e-wildfires-and-the-first-climate-change-bankruptcy-11547820006">à titrer</a>, « C’est la première faillite liée au changement climatique et probablement pas la dernière ».</p>
<p>Quelque 750 actions en justice, représentant 5 600 plaignants, ont été ouvertes après les conclusions des enquêteurs de l’observatoire des incendies californien. 17 des 21 feux de 2017 provenaient de négligences dans le réseau de PG&E (poteaux défaillants, zones non débroussaillées, etc.). Une ligne à haute tension mal placée semble être à l’origine de <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/17/pg-e-la-premiere-faillite-du-rechauffement-climatique_5424552_3232.html">l’effroyable incendie</a> qui a vu partir en fumée la ville de Paradise, en 2018, causant la mort de 86 personnes. Des poursuites qui ont été annoncées comme pouvant coûter <a href="https://www.tradingsat.com/actualites/informations-societes/marche-pge-se-declare-en-faillite-apres-les-incendies-en-californie-843959.html">30 milliards de dollars</a> à PG&E.</p>
<h2>Un imbroglio juridique, financier et politique</h2>
<p>Depuis, la situation ne s’est guère clarifiée bien que la sortie du Chapitre 11 doive être réalisée avant le 30 juin 2020. Les détenteurs d’obligations (prêteurs) de PG&E emmenés par le <a href="https://theconversation.com/pourquoi-pernod-ricard-est-une-cible-de-choix-pour-le-fonds-activiste-elliott-110911">fonds activiste Elliot</a> proposent une sortie de la procédure de sauvegarde (alternative à celle de l’entreprise) transférant l’essentiel du contrôle de la société des actuels actionnaires <a href="https://www.nytimes.com/2019/10/09/business/energy-environment/pge-bankruptcy.html">aux créditeurs</a>.</p>
<p>Le 12 décembre 2019, Elliot <a href="https://www.courthousenews.com/california-governor-rejects-13-5-billion-pge-settlement-with-wildfire-victims/">a attaqué le plan de restructuration</a> proposé par PG&E en indiquant qu’il ne bénéficiera qu’à un petit groupe d’actionnaires actuels aux dépens des autres parties prenantes clefs de l’entreprise.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309021/original/file-20200108-107200-5kgtru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309021/original/file-20200108-107200-5kgtru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309021/original/file-20200108-107200-5kgtru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309021/original/file-20200108-107200-5kgtru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309021/original/file-20200108-107200-5kgtru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309021/original/file-20200108-107200-5kgtru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309021/original/file-20200108-107200-5kgtru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les négligences dans l’entretien du réseau ont été à l’origine de nombreux départs de feu lors des incendies de 2017.</span>
<span class="attribution"><span class="source">RebeccaJaneCall/Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a également émis le 13 décembre 2019 de <a href="https://www.courthousenews.com/wp-content/uploads/2019/12/PGECh11-NewsomRejection.pdf">nombreuses objections</a> à ce plan qu’il considère comme tout à fait insuffisant en particulier en matière de changement de gouvernance et du fait de l’endettement tout à fait excessif qui en résulterait.</p>
<p>Le 17 décembre 2019, PG&E est parvenu à un accord avec les autorités de régulation californienne prévoyant des <a href="https://www.ouest-france.fr/faits-divers/incendie/incendies-en-californie-pg-e-devra-payer-1-7-milliard-de-dollars-de-penalites-6659313">pénalités de 1,7 milliard de dollars</a>, après avoir annoncé début décembre que 13,5 milliards devraient être versées aux victimes pour solder les poursuites judiciaires. Il résulte de tout ceci un imbroglio juridique, financier et politique dont on peine à voir l’issue.</p>
<h2>Une faillite de la gestion du risque climatique</h2>
<p>Peut-on vraiment parler de faillite climatique ? La principale raison de la faillite relève des dommages et intérêts que PG&E devra verser aux victimes à la suite des défaillances d’entretien de son réseau. Et PG&E a un long historique de négligence en la matière comme l’indique le gouverneur de Californie, l’incident de 2017 n’étant que le dernier en date.</p>
<p>Certes, l’accroissement du risque d’incendie est lié au changement climatique, mais il n’explique pas les négligences en matière d’entretien. Si une leçon doit être tirée des mésaventures de PG&E, c’est la nécessité de prendre en compte l’accroissement du risque climatique (qui se traduit ici par un accroissement du risque incendie) dans la gestion quotidienne de l’entreprise et de ne pas réaliser des économies à court terme au détriment de la pérennité de l’entreprise. Ce n’est donc pas tant le changement climatique que la gestion de l’accroissement (connu) du risque qui est ici en cause.</p>
<p>Pour tenter de mieux comprendre la dynamique de gestion de PG&E, nous avons choisi de la comparer à certains de ses homologues que cela soit aux États-Unis (Nextera qui joue à peu près le même rôle en Floride que PG&E en Californie) ou en Europe (EDF en France, Enel en Italie et E.ON en Allemagne). Même si leurs activités, leurs statuts, leurs tailles, leurs mix énergétiques, leurs environnements réglementaires, ou encore les prix de l’électricité peuvent être différents, cela permet d’éclairer la situation de PG&E et également d’alerter éventuellement sur la gestion de ses homologues.</p>
<p><strong>Des marges beaucoup plus élevées aux États-Unis</strong></p>
<p>Les deux entreprises américaines dégagent des marges beaucoup plus élevées que leurs homologues européennes, ce qui semble corroborer l’hypothèse d’une gestion beaucoup plus stricte des dépenses opérationnelles (dont les dépenses de maintenance) au détriment de la sécurité des opérations.</p>
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<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Zone Bourse</span></span>
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<p><strong>Des politiques de dividendes plus généreuses aux États-Unis s’appuyant sur des résultats plus élevés</strong></p>
<p>En particulier chez PG&E, la part du résultat net distribué aux actionnaires est beaucoup plus généreuse aux États-Unis (avant le résultat 2018 très négatif en raison des provisions liées aux incendies). Pour EDF en 2018, c’est plus la faiblesse du résultat net (1,71 % du chiffre d’affaires contre par exemple 39,7 % pour Nextera) que les prélèvements des actionnaires qui explique le taux de distribution élevé. De même, pour Enel et E.ON, la marge nette (résultat net/chiffre d’affaires) est beaucoup plus faible (respectivement 6,33 % et 10,65 % en 2018).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309026/original/file-20200108-107243-62envb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Yahoo ! Finance</span></span>
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<p><strong>Un endettement beaucoup plus important aux États-Unis</strong></p>
<p>Pour assurer un niveau de rentabilité plus important à leurs actionnaires, les sociétés américaines ont recours à un levier financier beaucoup plus élevé.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309028/original/file-20200108-107249-1k3gtxh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">Zone Bourse</span></span>
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<p>Néanmoins, cet endettement s’explique également par des investissements beaucoup plus lourds (à l’exception d’EDF), ce qui pourrait être plus problématique à l’avenir pour Enel et E.ON, non pas en termes concurrentiels, mais en termes de développement et de maintien de l’offre énergétique.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309030/original/file-20200108-107200-xdyavi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">Zone Bourse</span></span>
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<p>In fine, cette rapide analyse comparative semble confirmer que PG&E (mais la question peut aussi se poser dans une moindre mesure pour Nextera) a effectivement trop privilégié les intérêts à court terme de ses actionnaires au détriment de l’ensemble de ses parties prenantes (clients, employés, etc.), mais aussi des actionnaires eux-mêmes car la focalisation sur la rentabilité à court terme et la mésestimation du risque climatique pourraient finalement leur coûter beaucoup plus cher.</p>
<p>La gestion des entreprises européennes du secteur semble a priori plus privilégier le long terme, même si la faiblesse relative des investissements de Enel et E.ON n’est pas sans conséquence (et alors même que l’électricité est beaucoup plus chère en Italie et en Allemagne qu’en France et aux États-Unis). EDF, dans ce contexte relatif, semble être l’entreprise qui ménage le plus l’avenir même si ses marges sont faibles. Plus généralement, cela pose la question de l’estimation et de la gestion du risque climatique (et de sa croissance) par l’ensemble des entreprises.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129574/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Caby ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une gestion stricte des dépenses opérationnelles expliquerait les défaillances de l’électricien américain, mis en cause dans de plusieurs incendies.Jérôme Caby, Professeur des Universités, IAE Paris – Sorbonne Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1296332020-01-09T20:44:18Z2020-01-09T20:44:18ZComment la France peut-elle aider l’Australie face aux incendies ?<p>L’Australie est régulièrement parcourue par de grands incendies dans les zones de « bush », plaines broussailleuses et herbeuses. Mais depuis septembre 2019, c’est la côte sud-est, montagneuse et forestière, qui est largement impactée. C’est là aussi que se concentre la population.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309236/original/file-20200109-80144-u4yzye.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les États australiens.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2400970">I.Berichard/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Alors que la saison à risque est à son apogée dans la Nouvelle-Galles-du-Sud (Sydney), elle ne fait que commencer dans le Victoria (Melbourne) et l’Australie-Méridionale (Adélaïde). Il est donc fortement probable que la situation perdure jusqu’en février ou mars prochain.</p>
<p>Au-delà des destructions des biens, ce sont des <a href="https://theconversation.com/incendies-la-cryogenie-pour-sauver-les-koalas-daustralie-129336">pans entiers de biodiversité</a> qui sont menacés. Les forêts d’eucalyptus touchées constituent en effet des écosystèmes uniques au monde et l’intensité des incendies est telle qu’ils détruisent toutes formes de vie.</p>
<p>Dans cette région, des incendies meurtriers se sont déjà produits en février 2009, causant 173 victimes en quelques heures seulement.</p>
<h2>Pourquoi ces feux ?</h2>
<p>La raison principale de ces méga-incendies se trouve dans l’accumulation de végétation combustible. Pendant 40 000 ans, les aborigènes ont employé sur le continent la culture du « bâton de feu », consistant à brûler des petites surfaces tout au long de l’année, quand la météo le permettait. Depuis la colonisation, au XVIII<sup>e</sup> siècle, cette culture a disparu et la biomasse végétale s’est accumulée.</p>
<p>Conscients du problème, les Australiens ont développé ces dernières années un programme de « brûlages dirigés » en hiver sur de vastes étendues. Néanmoins, cette ambition se heurte à deux limites. Tout d’abord, la pollution de l’air par les fumées produites impacte la santé publique. Par ailleurs, certains animaux incapables de fuir (dont l’emblématique koala) peuvent être menacés si le brûlage est trop intense. Au-delà de la polémique, on constate évidemment que les incendies en cours sont dramatiquement plus impactant sur la qualité de l’air et la destruction d’habitats…</p>
<p>Pour que les incendies se développent, il faut également une situation météorologique défavorable. C’est le cas actuellement, avec un <a href="http://www.bom.gov.au/climate/drought">fort déficit de pluie sur les 20 derniers mois</a>, et des vagues de chaleur qui se succèdent.</p>
<p>Végétation dense et sèche, air chaud, vent fort et atmosphère instable forment un cocktail détonant. Les feux qui en résultent ont des comportements extrêmes : ils se propagent très vite, avec des sautes à plusieurs kilomètres de distance et produisent des colonnes de gaz de combustion qui voyagent au-delà du continent.</p>
<h2>Une lutte « inutile »</h2>
<p>Les pompiers australiens sont équipés d’avions, d’hélicoptères et de camions de lutte, comme en France. Cependant, face à ces feux extrêmes, la lutte est disproportionnée, <a href="https://theconversation.com/ces-feux-qui-continuent-de-pieger-les-pompiers-82780">voire dangereuse</a>.</p>
<p>C’est pourquoi, depuis 2009, la stratégie de lutte a été complètement modifiée. Les services de secours ont d’abord développé des capacités d’analyse et de compréhension du feu. Des équipes entières de pompiers, avec une solide formation scientifique, sont ainsi capables d’anticiper le comportement des incendies et d’alerter la population. Ce sont les « analystes ».</p>
<p>L’accent a ensuite été largement mis sur l’information préventive et la sensibilisation de la population. Le message est le suivant : « Face à ces feux extrêmes, les pompiers ne peuvent pas vous protéger, préparez-vous ! ».</p>
<p>Enfin, des dispositifs performants d’alerte ont été mis en place, notamment via les réseaux sociaux. Dès l’éclosion d’un sinistre, tous les usagers de la zone (habitants, véhicules en transit, randonneurs…) sont informés en temps réel de l’évolution et des dangers associés.</p>
<p>Ainsi, on notera que, en dépit des surfaces parcourues ces derniers mois dans une région très fréquentée, le nombre de victimes reste limité. À titre de comparaison, l’incendie de Mati (Grèce), en 2018, a causé une centaine de victimes dans un quartier résidentiel non préparé et mal informé.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1213621965904400385"}"></div></p>
<h2>Que faire ?</h2>
<p>On l’aura compris, le renfort de pompiers ou d’avions français ne pourra pas être déterminant.
En revanche, après la catastrophe, la communauté scientifique et technique européenne pourrait être utile dans la phase de reconstruction.</p>
<p>Il va d’abord falloir restaurer les terrains incendiés. Les feux en cours sont si intenses qu’ils détruisent toute la végétation qui fixait les sols. Si rien n’est fait sur les terrains en pente, les pluies à venir vont emporter les substrats et appauvrir le milieu. L’Office national des forêts, ainsi que des bureaux d’étude et laboratoires qui travaillent dans les régions alpines, maîtrisent les techniques de restauration.</p>
<p>La préservation de la biodiversité, la sauvegarde et la réintroduction d’espèces va ensuite vraisemblablement constituer un enjeu majeur. Là aussi, les universités, instituts et associations compétentes en Europe pourraient apporter leur soutien.</p>
<p>Du côté des infrastructures et des bâtiments, les centres de recherche de l’Inrae Aix-en-Provence et de l’<a href="https://www.valabre.com/">Entente Valabre</a> développent aujourd’hui, avec des entreprises fédérées au sein du <a href="http://www.safecluster.com/">Safe Cluster</a>, un certain « savoir-faire français » : choix des matériaux de construction, débroussaillement, autoprotection des bâtiments… L’exportation de ce savoir-faire est possible.</p>
<p>Enfin, au-delà du soutien, la communauté européenne de la prévention et de la lutte contre les feux de forêt (scientifiques, pompiers, forestiers, gestionnaires…) devra s’enrichir de la douloureuse expérience vécue cette saison en Australie. Les grands incendies sont devenus une menace planétaire ; c’est pourquoi nous devons tirer des enseignements de ce qui se déroule de l’autre côté de la planète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129633/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastien Lahaye a reçu des financements de la Commission européenne (programme de recherche H2020) et de la Fondation Pau Costa. </span></em></p>Après la catastrophe des méga-incendies australiens, la communauté scientifique et technique européenne pourrait être utile dans la phase de reconstruction.Sebastien Lahaye, Coordinateur de projet Safe Cluster (France), École pratique des hautes études (EPHE)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1295752020-01-08T23:17:47Z2020-01-08T23:17:47ZIncendies en Australie : catastrophe naturelle, catastrophe politique<p>Les méga-feux qui ont consumé ces derniers mois d’énormes étendues du territoire australien ont provoqué une catastrophe naturelle sans précédent mais aussi un cuisant échec du gouvernement australien.</p>
<p>Si, dans un système fédéral, une grande part de la responsabilité quant aux services et aux urgences incombe aux différents États, les incendies ne connaissent eux pas de frontières.</p>
<p>Les chefs des pompiers avaient prévenu <a href="https://www.canberratimes.com.au/story/6014638/ex-emergency-chiefs-sound-climate-alarm/?cs=14231">dès avril 2019</a> qu’un tel drame guettait le pays. Il y a deux ans de cela, ils avaient plaidé pour une augmentation des ressources fédérales pour prévenir et répondre à la menace des feux. Mais leurs appels en faveur d’un leadership et d’une coordination au niveau national <a href="https://www.theguardian.com/australia-news/live/2020/jan/06/nsw-fires-live-updates-victoria-bushfires-south-australia-fire-sa-australian-bushfire-near-me-rfs-cfa-latest-news-morrison?page=with:block-5e12762b8f08c397226455b0">sont restés lettre morte</a>.</p>
<p>Maintenant que le cauchemar est devenu réalité, le premier ministre Scott Morrison et son équipe brillent <a href="https://www.theage.com.au/politics/federal/scott-morrison-starts-bushfire-repair-with-states-after-weekend-of-confusion-20200105-p53p0s.html">par leur incapacité à gérer la situation</a>. Ils se sont montrés lents à répondre, réactifs et non proactifs, plus occupés à soigner leur image et qu’à agir. En matière de communication, ils ont en outre répondu aux critiques de façon totalement inappropriée.</p>
<p>En conséquence de quoi, les commentateurs ont <a href="https://insidestory.org.au/the-summer-that-scott-morrisons-leadership-broke/">pointé</a> le manque d’autorité politique, de jugement et de sensibilité de Scott Morrison à l’égard l’opinion publique, et s’interrogent aujourd’hui : l’« homme miracle » de l’élection de 2019 peut-il reprendre pied ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1212720360078168065"}"></div></p>
<h2>Scott Morrison face aux autres dirigeants</h2>
<p>Comment un leadership national digne de ce nom devrait-il fonctionner dans des situations si dramatiques ?</p>
<p>Examinons la manière dont d’autres dirigeants ont pu réagir dans des situations complexes. À ce titre, la capacité de la première ministre néo-zélandaise, Jacinda Adern, à agir immédiatement, à faire preuve de compassion et à se montrer inclusive suite au massacre de Christchurch en 2019 fournit un <a href="https://www.newyorker.com/culture/culture-desk/what-jacinda-arderns-leadership-means-to-new-zealand-and-to-the-world">modèle</a> dont le premier ministre australien est aujourd’hui bien loin.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308768/original/file-20200107-123399-1cr6mem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308768/original/file-20200107-123399-1cr6mem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308768/original/file-20200107-123399-1cr6mem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308768/original/file-20200107-123399-1cr6mem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308768/original/file-20200107-123399-1cr6mem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308768/original/file-20200107-123399-1cr6mem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308768/original/file-20200107-123399-1cr6mem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Fresque murale représentant Jacinda Ardern, la première ministre néo-zélandaise.</span>
<span class="attribution"><span class="source">James Ross/AAP</span></span>
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</figure>
<p>Après la fusillade de Port Arthur en 1996 en Tasmanie, qui fit 35 victimes, l’ancien premier ministre <a href="https://www.theguardian.com/australia-news/2019/jan/01/john-howard-port-arthur-gun-control-1996-cabinet-papers">John Howard</a> s’était lui aussi montré exemplaire, renforçant courageusement le contrôle sur les armes malgré une forte opposition au sein de ses propres rangs.</p>
<p>Confronté ces dernières semaines aux représentants des petites villes et des régions en détresse – ceux-là même qui lui ont assuré <a href="https://www.themonthly.com.au/issue/2019/june/1559397600/george-megalogenis/2019-election-shock-new-normal">sa mince victoire électorale</a> en mai 2019 – Scott Morrisson n’aura pas trouvé l’humilité nécessaire pour écouter leurs demandes. En esquivant les questions des victimes de Cobargo, une localité de Nouvelle-Galles-du-Sud ravagée par le feu, il a provoqué l’indignation des habitants pourtant réputés tranquilles dans le pays comme à l’étranger.</p>
<p>L’obstination du premier ministre australien à mener des politiques de réduction des émissions de CO<sub>2</sub> manifestement inadéquates et son refus de faire face aux réalités des changements climatiques – pourtant présentées par les chefs des pompiers – ont également mis en lumière son manque de courage.</p>
<h2>Un échec de l’action collective</h2>
<p>L’aspect le plus significatif mis exergue par cette crise concerne l’incapacité de Morrison à encourager l’action collective.</p>
<p>Une crise nationale dans un État fédéral exige un leadership fort, une capacité à prendre des décisions. Mais elle exige aussi une action collective. Cela implique une volonté de rechercher et d’écouter les conseils avisés, ainsi qu’une capacité à créer un consensus bipartite pour relever des défis inédits. Cela requiert également une aptitude à orchestrer les différentes strates de gouvernement, une variété d’organismes, les ONG, les branches adéquates de la fonction publique et, dans le cas présent, l’armée australienne.</p>
<p>Nous savons que la Coalition au pouvoir, et le premier ministre lui-même, ont été informés depuis bien longtemps de la probabilité d’une aggravation des feux de brousse, et de leur lien inextricable avec le réchauffement de la planète.</p>
<p>Le changement climatique s’est ainsi invité dans le débat sur la <a href="https://www.theguardian.com/australia-news/2018/sep/08/scott-morrison-says-national-energy-guarantee-is-dead">garantie énergétique nationale</a>, un projet finalement abandonné. Et les facteurs de risque – comme les feux de brousse, les cyclones et les inondations – tout comme la nécessité de s’adapter au climat, ont été au cœur du <a href="https://www.homeaffairs.gov.au/emergency/files/national-disaster-risk-reduction-framework.pdf">Cadre national de réduction des risques de catastrophe</a> établi par le ministère de l’Intérieur australien en 2018.</p>
<p>Il est difficile de croire que <a href="https://www.canberratimes.com.au/story/6292467/plaudits-start-flowing-for-parkinsons-storied-aps-career/">Martin Parkinson</a>, le secrétaire ministériel de Scott Morrison jusqu’en août dernier, ne lui ait pas donné une évaluation honnête des orientations politiques nécessaires. Peu après avoir quitté son poste, il avait d’ailleurs exprimé ses regrets <a href="https://www.theguardian.com/australia-news/audio/2019/dec/19/martin-parkinson-on-australias-decade-of-climate-inaction-australian-politics-live-podcast">face à une décennie d’inaction</a> en matière de changement climatique.</p>
<p>Rappelons à nouveau que les experts en incendie avaient réclamé des ressources fédérales supplémentaires il y a deux ans et averti sur les risques dès avril dernier.</p>
<p>Scott Morrison n’a pas eu le courage de prendre les décisions difficiles qui s’imposaient ni de prendre le risque d’affronter les dissidents rancuniers de son camp. Sa victoire « miracle » lui conférait pourtant l’autorité nécessaire pour le faire.</p>
<h2>Des attaques partisanes plutôt qu’un vrai leadership</h2>
<p>Ces échecs sont aggravés par la tendance du gouvernement de la Coalition à traiter comme des questions « politiques » les urgences nationales, <a href="https://www.afr.com/politics/federal/in-the-line-of-fire-it-s-about-survival-not-politics-20200104-p53osz">alors que sur le terrain, on tente de survivre</a>.</p>
<p>Or c’est tout l’opposé qu’exige l’action collective. Dans cette crise, Scott Morrison a eu du mal à faire passer l’intérêt national avant les intérêts des partis. Trop souvent, la communication a prévalu sur l’action – jusqu’à ce que certains chefs d’État, à l’image de Gladys Berejiklian et Daniel Andrews, le <a href="https://www.theage.com.au/politics/federal/scott-morrison-starts-bushfire-repair-with-states-after-weekend-of-confusion-20200105-p53p0s.html">fassent remarquer</a>.</p>
<p>Ceux qui ont émis des critiques ont été dénigrés, <a href="https://www.theguardian.com/australia-news/2019/nov/12/is-there-really-a-green-conspiracy-to-stop-bushfire-hazard-reduction">taxés d’écolos conspirationnistes</a> qui auraient soi-disant entravé les stratégies de réduction des risques. Les spécialistes en matière d’incendie ont démonté ces rumeurs, suggérant qu’il s’agissait d’une façon de détourner l’attention du véritable problème, à savoir l’échec du gouvernement à faire face à la situation.</p>
<p>Par ailleurs, le choix du premier ministre de communiquer sur les réseaux sociaux à propos de sa décision de mobiliser l’armée, en utilisant un en-tête du Parti libéral, a été perçu comme un acte politique <a href="https://www.abc.net.au/news/2020-01-05/scott-morrison-criticised-for-political-ads-during-bushfires/11841458">très déplacé</a>. Traditionnellement, ce type d’information est diffusé par la radio nationale, ABC, vers laquelle la plupart des gens se tournent pour les alertes d’urgence.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1213330419044638722"}"></div></p>
<p>Dès le début de la crise, le gouvernement Morrison a négligé les moyens conventionnels de gestion de crise : consultation adéquate avec les organismes d’État, canaux prévus pour la diffusion de l’information et rassemblement efficace des acteurs pour travailler ensemble sur une action collective. Ce n’est qu’après avoir pris conscience de ses multiples faux pas que le dirigeant a consenti à financer des mesures qui auraient pu être prises bien avant la saison des feux.</p>
<p>On peut aujourd’hui espérer que le lancement (tardif) de <a href="https://www.pm.gov.au/media/national-bushfire-recovery-agency">l’Agence nationale de récupération des feux de brousse</a> constituera une initiative instructive, montrant la nécessité d’éloigner les réfractaires et de dépasser les clivages partisans pour soutenir l’action collective.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129575/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>James Walter ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Du courage et de la préparation, voici ce qui aura manqué au premier ministre Scott Morrison pour répondre au défi des incendies hors norme qui ravagent l’Australie depuis des mois.James Walter, Professor of Political Science, Monash UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1281742019-12-03T14:08:15Z2019-12-03T14:08:15ZLes feux en Amazonie accélèrent la fonte des glaciers des Andes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/304815/original/file-20191202-66990-1fpvhot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le « carbone noir » provenant des feux de forêt pluviale se dépose sur les glaciers et les fait fondre plus rapidement.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Si vous avez allumé la télévision, votre ordinateur, ou lu les nouvelles au cours des derniers mois, vous avez probablement entendu parler des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Feux_de_for%C3%AAt_de_2019_en_Amazonie">vastes incendies qui ont ravagé la forêt amazonienne cette année</a>. Si des feux brûlent tous les ans dans cette forêt, pendant les 11 derniers mois, le nombre d’incendies y <a href="http://queimadas.dgi.inpe.br/queimadas/portal-static/situacao-atual/">a augmenté de plus de 70 %</a> par rapport à 2018, ce qui indique une accélération importante du déboisement par les industries forestière et agricole du pays.</p>
<p>La fumée des feux s’élevait haut dans l’atmosphère et pouvait être vue de l’espace. Certaines régions du Brésil <a href="https://www.nationalgeographic.com/environment/2019/08/wildfires-in-amazon-caused-by-deforestation/">se sont couvertes d’une épaisse fumée qui a causé la fermeture d’aéroports et assombri le ciel des villes</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/incendies-en-amazonie-pourquoi-causent-ils-tant-de-degats-et-comment-faire-pour-les-arreter-122425">Incendies en Amazonie : pourquoi causent-ils tant de dégâts et comment faire pour les arrêter?</a>
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<p>En brûlant, la forêt pluviale libère d’énormes quantités de dioxyde et de monoxyde de carbone et des particules plus grosses de ce qu’on appelle le « carbone noir » (<a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1029/2008RG000280">formé de fumée et de suie</a>). L’expression « énormes quantités » ne rend pas la pleine mesure de la situation : chaque année, la combustion des forêts et des prairies d’Amérique du Sud émet dans l’atmosphère la quantité monstrueuse de <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/jgrd.50171">800 000 tonnes de carbone noir</a>.</p>
<p>Cette quantité effarante représente presque le double du carbone noir produit par l’ensemble de la consommation d’énergie en Europe sur 12 mois. En plus de causer des <a href="http://www.euro.who.int/fr/health-topics/environment-and-health/air-quality/publications/2012/health-effects-of-black-carbon-2012">problèmes de santé</a> et de contribuer au <a href="https://www.nature.com/articles/ngeo156">réchauffement climatique</a>, ces émissions favorisent aussi la fonte des glaciers, comme l’indiquent un nombre croissant d’études scientifiques.</p>
<p>Dans un article publié dans la revue <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-53284-1">Scientific Reports</a>, une équipe de chercheurs a décrit comment la fumée des incendies dans la forêt amazonienne en 2010 a accéléré la fonte des glaciers andins.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304283/original/file-20191128-178078-1lkj9zw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Amérique du Sud : la cordillère des Andes longe l’extrémité ouest du bassin amazonien (centre).</span>
<span class="attribution"><span class="source">AridOcean/Shutterstock</span></span>
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<p>Lorsque les feux en Amazonie produisent du carbone noir pendant la saison des incendies (d’août à octobre), les vents transportent des nuages de fumée vers les glaciers andins, dont certains se trouvent à plus de 5 000 mètres au-dessus du niveau de la mer.</p>
<p>Bien qu’invisibles à l’œil nu, les particules de carbone noir affectent l’albédo, c’est-à-dire la capacité de la neige à réfléchir la lumière solaire. De la même façon qu’une voiture de couleur foncée se réchauffe plus vite sous la lumière directe du soleil qu’une voiture de couleur claire, les glaciers recouverts de carbone noir absorbent plus de chaleur et fondent plus rapidement que les autres.</p>
<p>En utilisant une modélisation par ordinateur du déplacement des particules dans l’atmosphère, connue sous le <a href="http://hmf.enseeiht.fr/travaux/mode/2016/mod%C3%A9lisation-de-la-dynamique-dun-panache-volcanique/pr%C3%A9sentation-du-mod%C3%A8le-hysplit">nom de HYSPLIT</a>, l’équipe a pu montrer que les panaches de fumée de l’Amazonie sont transportés par les vents vers les Andes, où ils retombent comme une brume invisible sur les glaciers. Les chercheurs ont constaté que les incendies en Amazonie de 2010 ont provoqué une augmentation de 4,5 pour cent du ruissellement des eaux du glacier Zongo en Bolivie.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304295/original/file-20191128-178066-1uultlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le glacier de Zongo se trouve sur un versant du Huayna Potosi, une des plus hautes montagnes de Bolivie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ryan Michael Wilson/Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Les auteurs ont aussi découvert que l’effet du carbone noir dépend de la quantité de poussière qui recouvre un glacier. Ainsi, si la quantité de poussière est élevée, le glacier absorbera une bonne partie de la chaleur qui aurait pu être absorbée par le carbone noir. La déforestation est une des raisons pour lesquelles les niveaux de poussière <a href="https://www.pnas.org/content/104/14/5743.short">ont doublé</a> en l’Amérique du Sud au cours du XX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Les glaciers constituent une des ressources naturelles les plus importantes de la planète. Les glaciers de l’Himalaya fournissent de l’eau potable à 240 millions de personnes, et <a href="https://link.springer.com/book/10.1007%2F978-3-319-92288-1">1,9 milliard de personnes</a> en dépendent pour leur alimentation. En Amérique du Sud, les glaciers sont cruciaux pour l’approvisionnement en eau : dans certaines villes, comme Huaraz (Pérou), <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000265810">plus de 85 pour cent de l’eau potable provient des glaciers en période de sécheresse</a>. Cependant, ces sources d’eau vitales sont de plus en plus menacées à mesure que la planète connaît les effets du réchauffement climatique. Les glaciers des Andes disparaissent à grande vitesse depuis une cinquantaine d’années.</p>
<p>On prévoit que la ceinture tropicale de l’Amérique du Sud va <a href="https://www.atmos-chem-phys.net/14/13337/2014/acp-14-13337-2014.html">s’assécher et devenir plus aride </a> à mesure que le climat va changer. Un climat plus sec entraîne plus de poussière et <a href="https://atlasclimatique.ca/les-incendies-de-foret-et-le-changement-climatique">d’incendies</a>, mais aussi plus de sécheresses, ce qui rend les villes plus dépendantes de l’eau des glaciers.</p>
<p>Malheureusement, <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/2014WR016728">comme le montre une étude</a>, les incendies favorisés par des conditions sèches contribuent à accroître la vitesse de disparition de ces sources d’eau vitales. Le rôle du carbone noir dans la fonte des glaciers est extrêmement complexe et, pour le moment, les modèles climatiques utilisés pour prédire la fonte future des glaciers andins n’en tiennent pas compte. Selon cette étude, cela entraîne probablement une sous-estimation du taux de fonte glaciaire dans bon nombre d’évaluations actuelles.</p>
<p>Étant donné que de nombreuses collectivités dépendent des glaciers pour leur approvisionnement en eau et que ces mêmes glaciers risquent de fondre plus rapidement à mesure que le climat se réchauffe, l’examen de processus complexes comme les effets du carbone noir et les changements dans l’albédo est plus que jamais nécessaire.</p>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128174/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthew Harris ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Selon de nouvelles recherches, le « carbone noir » provenant des feux de forêt pluviale se dépose sur les glaciers et les fait fondre plus rapidement.Matthew Harris, PhD Researcher, Climate Science, Keele UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1264642019-11-07T17:46:42Z2019-11-07T17:46:42ZLes incendies en Californie, signal d’une ère de feu<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/300697/original/file-20191107-10905-1b467fr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le vent fait tourbillonner les ambres d’un arbres incendié à Riverside en Californie le 3 octobre 2019 .
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.apimages.com/metadata/Index/California-Wildfires/54d0f5f1c1f04013a3525faffa56e2e4/41/0">AP Photo/Ringo H.W. Chiu</a></span></figcaption></figure><p>Un autre automne, de nouveaux incendies, de nouveaux réfugiés, de nouvelles maisons réduites en cendre. <a href="https://www.lesoleil.com/actualite/monde/de-nouveaux-foyers-dincendie-en-californie-b1f6fc7d602200096019e4822c667df7">En Californie, le rouge des flammes est devenu la couleur de l’automne</a>.</p>
<p>Ces incendies non maîtrisés sont la cause immédiate de cette dévastation. Mais ce sont les humains qui en sont en partie responsables.</p>
<p>L’impact n’est pas seulement causé par les <a href="https://www.firescience.gov/Digest/FSdigest1.pdf">changements climatiques</a> bien que ceux-ci y <a href="https://theconversation.com/climate-change-and-wildfires-how-do-we-know-if-there-is-a-link-101304">contribuent certainement</a>. La transition vers un modèle de civilisation basé sur les énergies fossiles affecte également la manière dont les habitants des pays industrialisés vivent sur la terre et leurs pratiques en matière de feux.</p>
<p>Même en l’absence des changements climatiques, il y aurait de sérieux risques d’incendie. Les bureaux américains de gestion des territoires ont <a href="https://theconversation.com/recreating-forests-of-the-past-isnt-enough-to-fix-our-wildfire-problems-59364">remis en marche une politique de feux bénéfiques</a> pour la forêt il y a une quarantaine d’années, mais en dehors de quelques zones locales, cette politique n’a pas été réalisée à grande échelle.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/PlVUXzczamY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les vents californiens Santa Ana et Diablo accélèrent la propagation des incendies.</span></figcaption>
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<h2>Le feu dans son contexte</h2>
<p>En tant qu’<a href="https://www.youtube.com/watch?v=LPC7UQyQQhQ">historien du feu</a>, je sais qu’il n’y a pas qu’un seul facteur qui le propage. Les flammes synthétisent leurs alentours. Le feu, c’est comme une voiture sans conducteur qui foncerait sur la route en avalant tout ce qu’il y a sur son passage.</p>
<p>De temps à autre, elle rencontre un virage serré qu’on appelle le changement climatique. C’est parfois à un croisement difficile où la ville et la campagne se rencontrent. Et parfois, ce sont les débris de coupes forestières, des herbes envahissantes, ou les restes d’un incendie.</p>
<p>Le réchauffement climatique joue un rôle d’accélérateur, et bien entendu c’est ce qui retient le plus l’attention car ses effets sont mondiaux et ils agissent non seulement sur le feu, mais également sur les océans, la disparition des espèces et autres destructions. Mais le dérèglement du climat n’est pas le seul responsable des fléaux provoqués par les mégafeux. Plusieurs facteurs jouent, et c’est leur interaction qui rend tout diagnostic délicat.</p>
<p>Il vaut donc mieux analyser le feu sous un <a href="https://aeon.co/essays/how-humans-made-fire-and-fire-made-us-human">angle historique</a>. Le point d’inflexion critique des temps modernes s’est produit lorsque nous avons commencé à faire brûler la biomasse fossilisée plutôt que la vivante. C’est ce qui a mis en branle une <a href="https://uwapress.uw.edu/book/9780295746180/fire/">transition</a> qui s’apparente à la transition démographique de l’ère industrielle lorsque les populations augmentent puis diminuent. C’est un peu la même chose avec le feu, puisque de nouvelles sources de combustion et de combustibles s’ajoutent à celles déjà existantes.</p>
<p>Aux États-Unis, cette transition a marqué le début d’une <a href="https://uwapress.uw.edu/book/9780295975924/fire-in-america/">vague de mégafeux</a> qui a suivi la colonisation par le rail – des incendies dont l’ordre de grandeur et la dangerosité excédaient celle des décennies précédentes. Le déboisement et les débris de coupes forestières ont nourri des déflagrations en série vers la fin 19<sup>e</sup>, début du XX<sup>e</sup> siècle, les décennies marquant le déclin du <a href="https://www.eh-resources.org/little-ice-age/">Petit Âge glaciaire</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/299692/original/file-20191031-187912-1t09ct4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le grand incendie de 1910, qui a tué 78 pompiers dans l’Idaho (sur la photo) et au Montana a marqué le début d’un demi-siècle de gestion des forêts axé sur la suppression du feu.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Great_Fire_of_1910#/media/File:St_Joe_Idaho_Fire_1910.jpg">Library of Congress/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est une époque de chaos provoqué par les flammes qui a conduit à des efforts de conservation parrainés par les États, et la volonté d’éliminer la combustion à ciel ouvert. Dirigée par des forestiers, cette campagne a popularisé l’idée que l’on pouvait encager le feu dans la nature, comme on le faisait à l’aide de fournaises et de dynamos.</p>
<p>Finalement, alors que la technologie progressait (les bougies ont été remplacées par des ampoules, par exemple), et que des interventions pour maîtriser les incendies se mettaient en place, le nombre d’incendies a décliné au point où le feu ne pouvait plus accomplir son travail écologique. Pendant ce temps, la société se réorganisait, et adoptait la combustion de carburants fossiles aux environnements lithiques, en faisant fi des feux latents dans les environnements vivants.</p>
<p>Et maintenant, la coupe déborde. La biomasse fossilisée a été brûlée en trop grandes quantités pour pouvoir être absorbée par les écosystèmes anciens. Les produits combustibles s’arrangent comme ils peuvent. Le climat est détraqué. Et lorsqu’inévitablement, une étincelle se produit, cela embrase les forêts.</p>
<h2>Bienvenue dans le Pyrocène</h2>
<p>Si l’on élargit quelque peu la perspective, l’on peut envisager que notre planète entre dans une ère de feu, le pyrocène, comparable à l’<a href="https://www.britannica.com/science/Pleistocene-Epoch">ère glaciaire du Pléistocène</a>, avec un effet équivalent aux plaques de glace, aux <a href="https://www.lakeshoresup.com/2015/04/15/great-basin-pluvial-lakes-gifts-of-the-ice-age/">lacs pluviaux</a>, aux <a href="https://www.nps.gov/articles/outwashplainsandeskers.htm">plaines périglaciaires</a>, aux extinctions de masse et à la hausse du niveau des mers. Une ère où le feu est à la fois l’élément moteur et sa propre manifestation.</p>
<p>L’histoire climatologique elle-même est devenue une sous-catégorie de l’histoire du feu. C’est l’histoire du feu qui <a href="https://theconversation.com/the-irony-of-the-anthropocene-people-dominate-a-planet-beyond-our-control-64948">sous-tend l’ère Anthropocène</a>, résultat non seulement de l’ingérence de l’humain, mais de son monopole sur le feu.</p>
<p>L’interaction des deux domaines n’a pas fait l’objet de nombreuses études. Ça a été difficile d’inclure les pratiques incendiaires de l’humain dans le discours écologiste. Mais le feu industriel, contrairement aux feux de la nature, est entièrement dû aux manigances de l’humain, et de ce fait a été écarté par l’écologie traditionnelle. On dirait que l’intellect humain n’arrive pas à intégrer cette nouvelle réalité pas plus que la nature, d’ailleurs, n’arrive à absorber ces émissions.</p>
<p>Et pourtant, la convergence de ces deux sortes de feu est en train de refaçonner la planète.</p>
<p>Dans le monde industrialisé, les foyers industriels sont déterminants pour l’agriculture, les milieux construits et périurbains, ainsi que la végétation en milieu sauvage – en fait tout ce qu’il faut pour démarrer les incendies. On contre même les incendies avec des outils industriels – pompes, moteurs, avions, et véhicules de transport pour les équipes d’intervention. L’interaction de ces domaines du feu détermine non seulement ce qui va brûler mais également ce qui sera épargné. Cela redirige le parcours des incendies.</p>
<p>Quand on additionne les conséquences directes et indirectes – les endroits qui brûlent, les endroits qui ont besoin de brûler, les impacts périphériques comme les <a href="https://www.firescience.gov/projects/98-S-01/project/Soil_and_Water.pdf">dégâts aux bassins hydrographiques</a> et <a href="https://www.firescience.gov/projects/98-S-01/project/Air.pdf">atmosphériques</a>, <a href="https://theconversation.com/heres-how-forests-rebounded-from-yellowstones-epic-1988-fires-and-why-that-could-be-harder-in-the-future-101495">aux organismes vivants</a>, les effets omniprésents des changements climatiques, la montée du niveau des océans, les extinctions d’espèces, les bouleversements sur la vie des humains et de leur habitat, on se retrouve avec une pyrogéographie qui ressemble étrangement à l’ère glaciaire, mais pour le feu.</p>
<p>Une ère pyrocène, donc. On peut déjà en distinguer les contours – à travers la fumée.</p>
<p>Si vous en doutez, parlez-en à un Californien…</p>
<hr>
<p>[<em>Vous aimez ce que vous avez lu ? Vous en voulez plus ?</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126464/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stephen Pyne a reçu des fonds du U.S. Forest Service, du Department of the Interior, du Joint Fire Science Program, de la National Science Foundation et du National Humanities Center. Ce projet particulier n'a pas reçu de financement direct. Ses idées sont venues indirectement en travaillant sur d'autres projets, certains financés. Il est membre de la Nature Conservancy, Grand Canyon Conservancy, de l'Association for Fire Ecology, de l'International Association for Wildland Fire, et et de l'American Society for Environmental History.
</span></em></p>La Terre entre peut-être dans une ère où le feu naturel et le feu généré par l'humain remodèlent tous deux la planète.Stephen Pyne, Emeritus Professor, School of Life Sciences, Arizona State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1224252019-08-28T13:45:35Z2019-08-28T13:45:35ZIncendies en Amazonie : pourquoi causent-ils tant de dégâts et comment faire pour les arrêter?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/289900/original/file-20190828-184207-17wqenf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les espèces des forêts tropicales n'ont pas évolué avec le feu - et même un feu de forêt de faible intensité peut tuer la moitié des arbres.</span> <span class="attribution"><span class="source">Adam Ronan</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Imaginons une forêt tropicale à l’aube – une haute canopée chargée de fougères ruisselantes et d’orchidées, des troncs d’arbre recouverts de mousse et de lichens, et la brume matinale qui, lentement, se dissipe au lever du soleil. Même s’il y a du combustible partout, il semble impensable qu’un écosystème aussi humide puisse un jour s’enflammer.</p>
<p>Et sans intervention humaine, cela ne se produirait pas. L’historique du charbon souligne la faible fréquence des incendies dans l’Amazonie, même durant la période de <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rstb.2007.0014">peuplement précolombienne</a>, et les quelques 8000 espèces d’arbres ne présentent aucun signe d’adaptation au feu que l’on trouve chez leurs cousins de la savane ou dans les forêts boréales.</p>
<p>Mais alors que des milliers de feux ravagent l’Amazonie, il vaut la peine d’observer le comportement de ces incendies. Dans ce contexte, le feu s’est étendu de lui-même comme une traînée de poudre, même si son origine est due aux humains. Qu’est-ce que cela signifie dans une forêt qui n’a pas évolué avec le feu? Et que faut-il faire pour limiter l’étendue des dégâts?</p>
<p>Contrairement aux images largement diffusées <a href="https://www.motherjones.com/environment/2019/08/viral-photos-amazon-fire-fake-macron/">montrant des canopées en flammes</a>, les incendies de forêt tropicales dans un environnement qui n’a pas historiquement été exposé au feu ne paraissent pas susceptibles de bouleverser l’écosystème. La progression des flammes est de l’ordre de 200 à 300 mètres par jour seulement et dépassent rarement les trente centimètres en hauteur, brûlant sur leur passage essentiellement des déchets de feuilles et du bois mort.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/adTVVilKEbs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un incendie brûle lentement dans la forêt amazonienne au Brésil (Jos Barlow)</span></figcaption>
</figure>
<p>La majorité de la faune est capable de s’enfuir, et les pompiers, s’ils sont sur place, peuvent stopper le feu simplement en creusant des tranchées. En fait, de <a href="https://www.hindawi.com/journals/psyche/2012/780713/">modestes pistes tracées par des fourmis</a> ont permis d’arrêter des feux de forêt lors d’une expérience menée dans le sud de l’Amazonie.</p>
<p>Mais l’intensité d’un feu ne permet pas nécessairement <a href="https://www.nature.com/articles/nature01437">d’évaluer sa sévérité</a>. Le manque d’adaptation des forêts tropicales aux incendies rend leurs espèces terriblement fragiles. Un feu de faible intensité peut détruire la moitié des arbres. Si les petits arbres sont au départ les plus fragiles, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1046/j.1461-0248.2003.00394.x">les plus grands meurent souvent dans les années suivantes</a>, ce qui aboutit à la perte de plus de la moitié des réserves de carbone de la forêt. Ce sont ces grands arbres qui capturent le plus de carbone, et la repousse des espèces pionnières ne compense pas la perte initiale : une fois que la forêt a brûlé, elle perd 25% de ses réserves de carbone par rapport à une forêt laissée intacte, <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/abs/10.1098/rstb.2018.0043">même après trente années de repousse</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C299%2C1583%2C756&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C299%2C1583%2C756&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un feu rampe près du sol dans la forêt tropicale amazonienne qui n’avait pas précédemment été exposée au feu.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jos Barlow</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Compte tenu de cet effet dévastateur pour les arbres, il n’est pas étonnant que la faune et les humains qui dépendent de la forêt s’en retrouvent affectés. On trouve moins de primates dans les forêts incendiées, et de nombreuses espèces d’oiseaux insectivores <a href="https://www.jstor.org/stable/4493656?seq=1#page_scan_tab_contents">disparaissent complètement</a>. Et les populations indigènes, qui chassent en forêt, y cherchent des matériaux de construction et des plantes médicinales, perdent ainsi l’un des éléments les plus importants de leur filet de sécurité.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le palicour de Cayenne (Myrmornis torquata) est un rossignol excentrique et secret qui retourne les feuilles pour y trouver des insectes sous la végétation. Ceux de son espèce disparaissent une fois que les forêts incendiées modifient l’habitat humide de la sous-végétation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexander Lees</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce scénario se déroule lorsque la forêt brûle pour la première fois. Mais la situation est fort différente quand la forêt souffre d’incendies à répétition. Car le carburant créé par les arbres morts précédemment produit un véritable bûcher, un baril de poudre sous la canopée grande ouverte. La hauteur des flammes dans ces forêts rejoint souvent la cime des arbres, ce qui cause la mort de <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2007.0013">presque tous les arbres survivants</a>.</p>
<p>Ce type de scénario est souvent comparé au phénomène de « <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2012.0427">savanisation</a> » - mais alors que brousse et arbres épars peuvent sembler identiques, de prime abord, aux prairies tropicales, elles ne renferment aucune de leur biodiversité unique, ou de leurs valeurs culturelles. Les feux de forêt à répétition sont plutôt susceptibles d’accélérer la transition de l’Amazonie vers un écosystème de faible diversité et à bas contenu en carbone, représentant une fraction de sa valeur actuelle aux plans écologique et social.</p>
<h2>Un sujet brûlant</h2>
<p>Nous savons que les incendies ne sont pas un processus naturel en Amazonie, alors comment se fait-il qu’il y ait tant de feux de nos jours? Malheureusement, nous n’avons pas encore de perspectives claires sur ce qui a brûlé – les satellites détectant les feux et la fumée ne fournissent que des indices imprécis et nous n’obtiendrons d’éclaircissements que lorsque les cicatrices laissées par le feu seront correctement cartographiées sur l’ensemble du territoire. Mais la multiplication à laquelle nous assistons est sans doute le produit de trois types différents d’incendies.</p>
<p>Certains de ces feux résultent d’une <a href="https://www.aljazeera.com/news/2019/07/brazil-amazon-deforestation-surged-june-bolsonaro-190703153738157.html">récente flambée</a> de déforestation, lorsque la végétation tondue est brûlée pour faire place à des élevages de bétail ou répondre à des revendications territoriales. D’autres sont provoqués par l’agriculture lorsqu’on utilise le feu pour mettre des terres en jachère, ou pour nettoyer la broussaille qui empiète sur les pâturages existants.</p>
<p>Ce qui est inquiétant, et malgré un climat sec normal pour la saison, c’est qu’on trouve des preuves que ce sont ces incendies intentionnels qui se sont propagés en feux de forêt, y compris dans des <a href="https://g1.globo.com/mt/mato-grosso/noticia/2019/08/15/fogo-atinge-terra-indigena-ha-cerca-de-2-semanas-em-mt-e-cacique-reclama-que-brigadistas-nao-foram-ao-local.ghtml">réserves autochtones</a>.</p>
<p>Régler la question de ces incendies provoqués par des humains s’avère complexe, du fait que plusieurs de ces activités sont soit illégales, ou motivées par des raisons politiques. Il y eu par exemple un accroissement notoire des incendies durant la « <a href="https://www1.folha.uol.com.br/ambiente/2019/08/em-dia-do-fogo-sul-do-pa-registra-disparo-no-numero-de-queimadas.shtml">journée du feu </a> » qui a eu lieu récemment. Les bûcherons ou les spéculateurs terriens ont dans le passé été impliqués dans des <a href="https://noticias.uol.com.br/meio-ambiente/ultimas-noticias/redacao/2015/10/28/incendio-em-terra-indigena-no-maranhao-esta-controlado-diz-ibama.htm">incendies de forêts, notamment sur des réserves autochtones</a>. De plus, il est important de différencier ces feux illégaux de ceux à petite échelle traditionnellement pratiqués par les autochtones amazoniens. Bien que ces feux puissent s’échapper vers la forêt, ils sont indispensables à la survie de bien des habitants les plus pauvres de l’Amazonie.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les séquelles d’un feu de forêt démarré pour faire place à des pâturages près de la ville de Novo Progresso en 2006. La région s’est retrouvée à l’épicentre des incendies de 2019, un message coordonné des éleveurs locaux au président brésilien sur leur intention de travailler pour transformer la forêt en clairière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexander Lees</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À leur début, les incendies de forêt peuvent être <a href="http://portalamazonia.com/noticias/apos-11-dias-incendio-florestal-e-controlado-em-parque-nacional-do-jau-no-amazonas">combattus</a> avec des approches low-tech, comme des coupe-feux. Mais les réponses efficaces sont encore trop rares, et dans la plupart des cas, l’aide arrive soit <a href="https://noticias.uol.com.br/meio-ambiente/ultimas-noticias/redacao/2015/10/28/incendio-em-terra-indigena-no-maranhao-esta-controlado-diz-ibama.htm">trop tard</a>, soit <a href="https://theconversation.com/el-nino-fires-are-raging-in-the-amazon-and-were-right-in-the-middle-of-them-51645">pas du tout</a>.</p>
<p>Sous la présidence de Jair Bolsonaro, les fonds alloués à l’agence de protection de l’environnement brésilienne, l’IBAMA, ont été amputés de 95 pour cent. Résultat : <a href="https://www.oeco.org.br/noticias/governo-corta-r-187-milhoes-do-mma-saiba-como-o-corte-foi-dividido/">une baisse de 17,5 millions de dollars du budget de lutte contre les incendies</a>. Et le problème s’est trouvé aggravé par la décision de l’Allemagne et de la Norvège de retirer leur soutien financier au Fonds Amazonie pour la sauvegarde de la forêt amazonienne.</p>
<h2>Comment répondre à la nature inflammable des forêts?</h2>
<p>Pour limiter les incendies de forêt, il ne suffit pas d’en trouver l’origine et d’en combattre le résultat, il faut également trouver des moyens d’encourager les mesures qui sont à même de limiter les risques de feu de forêts. S’attaquer à la déforestation demeure prioritaire, car, en mettant à nu les abords des forêts, elle les expose au microclimat plus chaud et sec des terres agricoles, et contribue <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1002/2015GL066063">à une baisse des précipitations régionales.</a></p>
<p>Le déforestation sélective est une autre <a href="https://www.jstor.org/stable/1940299?seq=1#page_scan_tab_contents">activité qui rend les forêts plus inflammables</a>. Lorsque l’on marche dans une forêt déboisée pendant la saison sèche, on ressent la chaleur du soleil directement sur la peau, et les débris de feuilles craquent sous vos pieds. Le contraste est frappant avec les forêts non exploitées, un monde plus ombragé dont les feuilles restent humides. La prévention des incendies est critique pour la sauvegarde à long terme de ces forêts. Et ça ne peut fonctionner que si l’on met un frein à la <a href="https://advances.sciencemag.org/content/4/8/eaat1192">déforestation illégale à grande échelle</a>, car ce bois récolté à bas coût met en échec les méthodes optimales de gestion des forêts.</p>
<p>Et finalement, les changements climatiques <a href="https://www.pnas.org/content/110/45/18110">prolongent la saison sèche</a> et rendent les forêts plus inflammables. La hausse des températures augmente la fréquence des feux de forêt tropicaux en dehors des années de sécheresse. Et les changements climatiques pourraient aussi être responsables de la <a href="https://www.nature.com/articles/nclimate2100">fréquence accrue des anomalies climatiques</a> de type El Niño qui ont un <a href="https://science.sciencemag.org/content/334/6057/787">impact sur l’intensité de la saison des incendies</a> à travers l’Amazonie.</p>
<p>Faire face à ces défis demande un effort concerté tant aux plans national qu’international, une collaboration entre les scientifiques et les politiques, et du financement à long terme. Et c’est bien cette approche que la présente administration brésilienne semble avoir l’intention de détruire…</p>
<p><em>Vous aimez ce que vous avez lu ? Vous en voulez plus ?</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters?utm_source=TCCA-FR&utm_medium=inline-link&utm_campaign=newsletter-text&utm_content=like">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/122425/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jos Barlow reçoit des financements du NERC, du programme H2020 de l'UE et du CNPq pour soutenir ses recherches sur les feux de forêt amazoniens et l'écologie des forêts tropicales. Il est affilié aux cours de troisième cycle des universités fédérales de Pará et de Lavras au Brésil.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexander C. Lees a reçu des fonds du NERC, du CAPES et du CNPq pour mener des travaux sur les impacts des changements d'utilisation des terres sur la biodiversité amazonienne. Il est également affilié au Cornell Lab of Ornithology.</span></em></p>Les espèces des forêts tropicales n'ont pas évolué avec le feu - et même un feu de forêt de faible intensité peut tuer la moitié des arbres.Jos Barlow, Professor of Conservation Science, Lancaster UniversityAlexander C. Lees, Senior Lecturer in Conservation Biology, Manchester Metropolitan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1224402019-08-27T12:45:04Z2019-08-27T12:45:04ZIncendies en Amazonie : les Boliviens réclament des comptes à Evo Morales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/289607/original/file-20190827-184211-1t30myh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=247%2C150%2C5551%2C3715&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Manifestation pacifique de SOS Bolivie.</span> <span class="attribution"><span class="source">Kev Alemán</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=471&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=592&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=592&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289637/original/file-20190827-184222-q6btad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=592&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bolivie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.google.com/maps/place/D%C3%A9partement+de+Santa+Cruz,+Bolivie/@-16.9742946,-70.1398902,5z/data=!4m5!3m4!1s0x9392b824e167b801:0xc86349363f40ef2c!8m2!3d-16.9744764!4d-61.1484233">Google Maps</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plus d’un <a href="https://riotimesonline.com/brazil-news/mercosur/bolivia-fires-have-ravaged-nearly-a-million-hectares-of-rainforest/">million d’hectares</a> de la forêt de la Chiquitania, située en Bolivie dans le département de Santa Cruz (frontalier du Brésil et du Paraguay), ont entièrement brûlé entre le 18 et le 23 août. C’est plus que ce qui part en fumée pour deux années dans ce pays. Selon les experts, réparer le dommage écologique causé par ces feux prendra <a href="https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20190821/fuego-avanza-charagua-calculan-2-siglos-reparar-dano-ecologico?fbclid=IwAR1UJ6-5KJK3pu1WRNORuIpqShh0w9UPPbE5C71Y9tqZLV5dXm6I5Fg6RtE">au moins deux siècles</a> ; plus de <a href="https://www.eldeber.com.bo/santacruz/500-especies-en-riesgo-a-causa-del-incendio-en-el-Bosque-Chiquitano-20190820-9590.html">500 espèces</a> sont menacées.</p>
<p>La forêt de la Chiquitania constituait jusqu’à présent la <a href="https://www.worldwildlife.org/ecoregions/nt0212">plus grande forêt aride tropicale</a> du monde « en bonne santé ». On ignore si elle pourra le rester. Elle abrite des populations indigènes et nombre d’espèces iconiques de la faune : jaguars, tatous géants ou tapirs. Certaines d’entre elles n’existent nulle part ailleurs sur Terre. Des photos et des vidéos bouleversantes de la région montrent de nombreux animaux morts brûlés lors des récents incendies.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289259/original/file-20190823-170922-15w23pl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289259/original/file-20190823-170922-15w23pl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289259/original/file-20190823-170922-15w23pl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289259/original/file-20190823-170922-15w23pl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289259/original/file-20190823-170922-15w23pl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289259/original/file-20190823-170922-15w23pl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289259/original/file-20190823-170922-15w23pl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le département de Santa Cruz en proie aux flammes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ipa Ibañez</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289460/original/file-20190826-8889-pef2uq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Cadavre d’un fourmilier dans le parc national d’Otuquis.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Franklin Martínez</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Évacuations et écoles fermées</h2>
<p>La région affectée par les flammes concerne également des terres cultivées et des villages, desquels des milliers de personnes <a href="https://www.lostiempos.com/actualidad/cochabamba/20190823/sube-contaminacion-ciudad-incendios-chiquitania">très exposées à la fumée</a> ont été évacuées. La région <a href="https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20190822/llega-ayuda-humanitaria-san-ignacio-velasco-pero-aun-peligra-fauna-flora">commence tout juste à recevoir</a> de l’<a href="https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20190822/llega-ayuda-humanitaria-san-ignacio-velasco-pero-aun-peligra-fauna-flora">eau et de la nourriture</a>. Dans de nombreuses zones, la pollution de l’air a atteint un niveau deux fois plus élevé que le seuil considéré comme extrême ; l’école a été suspendue pour les enfants de la région et de nombreuses familles n’ont toujours pas accès à l’eau potable.</p>
<p>Tandis que l’attention médiatique se concentre sur le Brésil, les Boliviens réclament que la communauté internationale tienne également compte de leur situation dramatique et leur envoie de l’aide.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289215/original/file-20190823-170931-ieluug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289215/original/file-20190823-170931-ieluug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289215/original/file-20190823-170931-ieluug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289215/original/file-20190823-170931-ieluug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289215/original/file-20190823-170931-ieluug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289215/original/file-20190823-170931-ieluug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289215/original/file-20190823-170931-ieluug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Forêts sèches des Chiquitanos avant les incendies.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alfredo Romero-Muñoz</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Allumer des feux, une activité « normale »</h2>
<p>Ces incendies auraient été démarrés volontairement pour « nettoyer » les sols à des fins agricoles ; leur propagation rapide est vite devenue hors de contrôle. Les responsables n’ont pas été identifiés, mais le président Evo Morales a déjà <a href="https://www.paginasiete.bo/sociedad/2019/8/20/tras-incendios-en-santa-cruz-morales-justifica-los-chaqueos-228093.html">justifié ces incendies</a> en déclarant :</p>
<blockquote>
<p>« Si les petits exploitants ne provoquaient pas d’incendies, de quoi vivraient-ils ? »</p>
</blockquote>
<p>Cette catastrophe intervient un mois après l’annonce d’Evo Morales d’une nouvelle mesure destinée à augmenter la production de viande de bœuf pour l’exportation. Le décret suprême 3973, approuvé en juillet dernier, permet en effet de mettre feu aux terres forestières pour les convertir en zones agricoles. <a href="https://www.noticiasfides.com/economia/21-organizaciones-civiles-condenan-decreto-que-permitio-quema-en-el-bosque-seco-chiquitano-400187">Vingt-et-une organisations</a> de la société civile <a href="https://www.paginasiete.bo/sociedad/2019/8/20/tras-incendios-en-santa-cruz-morales-justifica-los-chaqueos-228093.html">demandent aujourd’hui son abrogation</a>. Selon elles, cette mesure a contribué à provoquer les incendies et viole les <a href="http://www.bad-ag.info/bolivia-legalises-and-expands-savage-deforestation-for-china-and-russia-beef-deals/">lois environnementales</a> du pays.</p>
<p>Les membres du gouvernement assurent de leur côté qu’allumer un feu est une <a href="https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20190821/fuego-avanza-charagua-calculan-2-siglos-reparar-dano-ecologico?fbclid=IwAR1UJ6-5KJK3pu1WRNORuIpqShh0w9UPPbE5C71Y9tqZLV5dXm6I5Fg6RtE">activité normale</a> à cette époque de l’année et n’a aucun lien avec le décret en cause.</p>
<p>Dans un premier temps, Evo Morales a affirmé de manière répétée que l’<a href="https://www.eldeber.com.bo/santacruz/Morales-informa-que-los-incendios-se-redujeron-en-un-70-en-Robore-20190819-9137.html">aide internationale n’était pas nécessaire</a>. <a href="https://twitter.com/pagina_siete/status/1165425377927421952">Trois avions envoyés par l’Argentine voisine</a> sont ainsi restés au sol pendant des jours parce que l’administration refusait de les laissait voler. Il a finalement cédé aux pressions le 25 août dernier, et a assuré qu’il <a href="https://twitter.com/evoespueblo/status/1165689673840304130">accepterait désormais l’aide des autres pays</a>.</p>
<p>Beaucoup considèrent que les incendies auraient pu être maîtrisés beaucoup plus tôt grâce à l’aide internationale. De nombreuses vidéos montrent des volontaires essayant de les <a href="https://www.bbc.com/news/av/world-latin-america-11050704/bolivia-wildfires-continue-to-spread">éteindre avec des branches</a>, munis d’un équipement inadéquat et d’une quantité d’eau limitée. Certains se sont évanouis à cause de la fumée épaisse.</p>
<h2>Mobilisation citoyenne</h2>
<p>Tandis que pompiers et volontaires luttent pour faire face aux flammes, <a href="https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20190823/400-bomberos-voluntarios-sofocan-incendios-soportando-mas-55-degc">supportant des températures</a> allant jusqu’à 55°C, les Boliviens ont organisé une <a href="https://www.gofundme.com/f/chiquitaniabolivia">récolte de fonds</a> pour lutter contre ces feux. Dans tout le pays, des manifestants ont réclamé qu’Evo Morales sollicite l’aide internationale et révoque les décrets et lois suprêmes qui ont pu contribué à provoquer les incendies.</p>
<p>Le président bolivien a reçu ces derniers jours une pluie de critiques alors qu’il poursuivait sa campagne pour les prochaines élections tandis que les <a href="https://twitter.com/evoespueblo/status/1163855354586894337">feux se propageaient</a>. Il a finalement accepté, dimanche 25 août, de suspendre cette campagne pour une semaine.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289451/original/file-20190826-8856-d75ftj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289451/original/file-20190826-8856-d75ftj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289451/original/file-20190826-8856-d75ftj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289451/original/file-20190826-8856-d75ftj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289451/original/file-20190826-8856-d75ftj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289451/original/file-20190826-8856-d75ftj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289451/original/file-20190826-8856-d75ftj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Manifestations dans toute la Bolivie pour dénoncer les lois trop permissives au regard de la protection de l’environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Kev Alemán</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certains dirigeants indigènes ont pour leur part demandé qu’un procès détermine la responsabilité des incendies et une stratégie de réponse la plus adéquate. Pour <a href="https://www.infobae.com/america/america-latina/2019/08/21/desastre-ambiental-por-incendios-forestales-en-bolivia-fuertes-criticas-de-indigenas-y-ambientalistas-a-evo-morales/">Alex Villca</a>, leader et porte-parole indigène :</p>
<blockquote>
<p>« C’est au président Evo Morales qu’il faut demander des comptes. En quoi doivent-ils consister ? Un procès en responsabilité pour ce qui se produit en ce moment dans le pays, les nombreuses violations que subissent les populations indigènes et les droits bafoués de Mère Nature. »</p>
</blockquote>
<p>Le groupe de coordination des peuples autochtones de l’Amazonie, Coica, a également signé une lettre dans laquelle il accuse Bolsonaro et Morales de <a href="https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20190823/coica-declara-no-gratos-evo-bolsonaro-responsabiliza-genocidio-ambiental?fbclid=IwAR1mWtTTwl4Yi7lLPhMxjx5joirSlw8sK_y3T49xwHS8vzuhn3s0ir1OqIg">« génocide environnemental et culturel »</a> causé par ces gigantesques incendies.</p>
<h2>Des mesures contradictoires</h2>
<p>Soutenu par une formation politique centrée sur le socialisme, les droits indigènes et la protection de l’environnement, Evo Morales est arrivé au pouvoir en Bolivie en 2006. En 2010, il fit voter la <a href="https://theconversation.com/evo-morales-champions-indigenous-rights-abroad-but-in-bolivia-its-a-different-story-38062">loi sur les droits de la Terre Mère</a>, qui plaçait la valeur intrinsèque de la nature au même niveau que celle des êtres humains. Si sa rhétorique environnementale a toujours été forte, il a toutefois conduit des politiques contradictoires. Il a par exemple approuvé une <a href="https://rdcu.be/bEAux">généralisation de la déforestation</a>, la construction de routes et l’extraction de gaz dans les parcs nationaux.</p>
<p>Alors que les incendies de la Chiquitania font la une des médias nationaux, <a href="https://www.bbc.com/news/av/world-latin-america-11050704/bolivia-wildfires-continue-to-spread">des centaines d’autres feux</a> font rage dans toute la Bolivie, portés par la récente sécheresse. S’il n’est pas certain que la gestion de ces événements aura une incidence sur les résultats des élections d’octobre prochain, la colère gronde forte dans le pays, où plus de 70 % de la population dit vouloir <a href="http://www.cis.gob.bo/publicacion/encuesta-mundial-valores-bolivia-2017/">privilégier la protection de l’environnement</a> à la croissance économique.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/122440/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claire F.R. Wordley ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des millions de Boliviens réclament à Evo Morales qu’il révoque les décrets et lois qui ont contribué à provoquer les incendies.Claire F.R. Wordley, Research Associate, Conservation Evidence, Department of Zoology, University of CambridgeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1223742019-08-26T13:52:34Z2019-08-26T13:52:34ZAmazonie : pourquoi les forêts tropicales sont-elles si vulnérables aux incendies ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/289462/original/file-20190826-8864-u4tn6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le 23 août 2019 dans l’État brésilien de Rondônia, </span> <span class="attribution"><span class="source">Carl de Souza/AFP</span></span></figcaption></figure><p>Imaginez une forêt tropicale à l’aube : sa canopée abritant fougères et orchidées, les troncs d’arbres couverts de mousses et de lichens spongieux, la brume matinale se dissipant aux premiers rayons du soleil. Bien qu’il y ait du combustible partout, il semble inimaginable que de tels écosystèmes humides puissent un jour prendre feu.</p>
<p>Sans l’intervention des hommes, en effet, ils ne prennent pas feu. Les données relatives à l’étude du charbon de bois indiquent que les feux sont peu fréquents en Amazonie, et cela même depuis les <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rstb.2007.0014">périodes d’établissement humain précolombien</a> ; les 8 000 espèces d’arbres de cette région ne témoignent en outre d’aucune des adaptations évolutives au feu que l’on trouve en savane ou du côté des forêts boréales.</p>
<p>Avec les milliers d’incendies qui ravagent actuellement l’Amazonie, il est essentiel d’observer le comportement de ces feux. On parle ici d’« incendies de forêt », qui désignent des feux devenus incontrôlables, qu’ils aient été ou non provoqués par les activités humaines. Que signifient-ils pour une forêt qui n’a pas évolué avec le feu ? Et que faut-il faire pour limiter les dégâts et mieux prévenir ces événements dramatiques ?</p>
<p>Contrairement à de nombreuses <a href="https://www.motherjones.com/environment/2019/08/stop-sharing-those-viral-photos-of-the-amazon-burning/">images qui circulent</a> sur les réseaux, montrant des canopées dévorées par les flammes, les feux de forêt dans des zones tropicales n’ayant connu que peu d’événements de ce type n’apparaissent pas comme des phénomènes qui modifient les écosystèmes. Les flammes n’avancent que de 200 à 300 mètres par jour ; elles dépassent rarement 30 cm de hauteur, ne brûlant que des feuilles et du bois tombé.</p>
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<figcaption><span class="caption">Un feu brûlant lentement dans la forêt amazonienne. (Jos Barlow).</span></figcaption>
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<p>Dans ce contexte, la plupart des animaux mobiles peuvent s’enfuir et les pompiers – s’ils sont présents – peuvent stopper l’avancée des flammes en ratissant de simples coupe-feu. On se souvient que les <a href="https://www.hindawi.com/journals/psyche/2012/780713/">humbles pistes formées par des fourmis coupeuses de feuilles</a> auront été parfois suffisantes pour arrêter des feux de forêt dans le sud amazonien.</p>
<p>Mais l’intensité d’un incendie ne prédit pas nécessairement <a href="https://www.nature.com/articles/nature01437">sa gravité</a>. Le manque d’adaptation naturelle pour faire face aux incendies de forêt rend en effet les espèces tropicales incroyablement vulnérables. Même un feu de forêt de faible intensité peut tuer la moitié des arbres. Si les petits sujets disparaissent en premier, les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1046/j.1461-0248.2003.00394.x">plus gros meurent souvent les années suivantes</a>, entraînant une perte éventuelle de plus de la moitié des stocks de carbone forestier. Car ce sont ces grands arbres qui contiennent le plus de carbone, et la repousse d’espèces pionnières n’offre pas de compensation : une fois brûlées, les forêts contiennent 25 % de carbone en moins que les forêts non brûlées, et ce <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rstb.2018.0043">même après trois décennies de repousse</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C299%2C1583%2C756&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C299%2C1583%2C756&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289225/original/file-20190823-170941-1dolj19.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Feu se propageant sur le sol d’une forêt tropicale amazonienne jusqu’alors intacte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jos Barlow</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Avec un impact aussi dévastateur sur les arbres, il n’est pas surprenant que les animaux et les humains qui dépendent de la forêt soient également très affectés. Les primates sont moins abondants dans les forêts brûlées et de nombreux oiseaux insectivores spécialisés <a href="https://www.jstor.org/stable/4493656?seq=1#metadata_info_tab_contents">disparaissent complètement</a>. Quant aux populations locales qui comptent sur ces écosystèmes pour le gibier, les matériaux de construction et les médicaments, il s’agit d’une perte incommensurable.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289228/original/file-20190823-170946-1ey5x8o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Oiseau terrestre étrange et secret, le Palicour de Cayenne (Myrmornis torquata) retourne les feuilles à la recherche d’insectes. L’espèce disparaît des forêts brûlées à mesure que les incendies modifient son habitat humide de sous-bois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexander Lees</span></span>
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<p>C’est ce qui arrive lorsqu’une forêt brûle pour la première fois. La situation est cependant très différente lorsque les incendies deviennent récurrents. Les arbres morts lors de précédents feux fournissent le combustible des futurs incendies ; une vraie poudrière sous la canopée éclaircie. Dans ces forêts, la hauteur des flammes atteint souvent la cime des arbres, causant la mort de <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2007.0013">presque tous les végétaux restants</a>.</p>
<p>On évoque souvent le phénomène de <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2012.0427">« savanisation »</a> pour décrire une telle situation. Mais bien que les broussailles et les arbres clairsemés qui en résultent puissent avoir, en apparence, des similitudes avec ceux des prairies tropicales, ils ne contiennent aucune de leurs propriétés culturelles ou de biodiversité uniques. Au lieu de cela, les feux de forêt récurrents sont plus susceptibles d’accélérer la transition de l’Amazonie vers un écosystème à faible diversité et à faible teneur en carbone, conservant seulement une petite portion de sa valeur sociale et écologique actuelle.</p>
<p>Nous savons que les incendies de forêt ne relèvent pas d’un processus naturel en Amazonie, alors pourquoi y a-t-il tant ? Il est encore difficile de savoir exactement ce qui a brûlé : les satellites qui détectent les feux actifs et la fumée demeurent des guides imprécis. Les choses deviendront plus claires lorsque les traces de brûlure seront cartographiées avec précision pour une multiplicité de sols. Mais l’on peut déjà avancer qu’un mix de trois types d’incendies différents est à l’œuvre.</p>
<p>Certains de ces incendies sont liés à un <a href="http://www.leparisien.fr/environnement/bresil-la-deforestation-de-l-amazonie-a-augmente-de-88-en-un-an-04-07-2019-8109306.php">pic récent</a> de déforestation : la végétation coupée est brûlée pour permettre la création d’exploitations agricoles et satisfaire certaines revendications foncières. D’autres feux correspondent à des brûlis agricoles, utilisés dans la rotation des cultures ou pour supprimer les broussailles qui empiètent sur les pâturages existants.</p>
<p>Fait alarmant, même en cette saison sèche considérée comme normale, des preuves indiquent que ces incendies intentionnels ont entraîné des feux dans les forêts sur pied, y compris dans les <a href="https://g1.globo.com/mt/mato-grosso/noticia/2019/08/15/fogo-atinge-terra-indigena-ha-cerca-de-2-semanas-em-mt-e-cacique-reclama-que-brigadistas-nao-foram-ao-local.ghtml">réserves autochtones</a>.</p>
<p>Lutter contre ces incendies est complexe, la situation impliquant de nombreuses activités illégales ou motivées par des considérations politiques. On a constaté, par exemple, une augmentation marquée des incendies enregistrés au cours de la dernière <a href="https://www1.folha.uol.com.br/ambiente/2019/08/em-dia-do-fogo-sul-do-pa-registra-disparo-no-numero-de-queimadas.shtml">« journée du feu »</a> ; des bûcherons et spéculateurs fonciers ont d’autre part été impliqués dans des départs de feux de forêt au sein de <a href="https://noticias.uol.com.br/meio-ambiente/ultimas-noticias/redacao/2015/10/28/incendio-em-terra-indigena-no-maranhao-esta-controlado-diz-ibama.htm">réserves autochtones</a>. Il est ici important de distinguer ces feux illégaux de l’agriculture sur brûlis, pratiquée à petite échelle par les peuples traditionnels et autochtones d’Amazonie. Si ces incendies peuvent potentiellement s’étendre aux forêts, ils demeurent essentiels au maintien des moyens de subsistance de certaines populations parmi les plus pauvres de la région.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/289230/original/file-20190823-170946-t2s94c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les conséquences des feux visant à défricher la forêt pour le pâturage autour de la ville de Novo Progresso en 2006. Cette région a été l’épicentre des incendies de 2019 et les rapports font état d’une volonté chez les éleveurs locaux de signaler au président brésilien qu’ils sont prêts à nettoyer la forêt.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexander Lees</span></span>
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<p>Si des approches simples et rudimentaires existent pour <a href="http://portalamazonia.com/noticias/apos-11-dias-incendio-florestal-e-controlado-em-parque-nacional-do-jau-no-amazonas">combattre les feux de forêt</a> – comme les pare-feux – il est rare que s’organise une lutte efficace. L’aide <a href="https://noticias.uol.com.br/meio-ambiente/ultimas-noticias/redacao/2015/10/28/incendio-em-terra-indigena-no-maranhao-esta-controlado-diz-ibama.htm">arrive généralement trop tard</a>, <a href="http://theconversation.com/el-nino-fires-are-raging-in-the-amazon-and-were-right-in-the-middle-of-them-51645">voire jamais</a>.</p>
<p>Sous la présidence de Jair Bolsonaro, les fonds destinés à l’Agence brésilienne de protection de l’environnement (<a href="https://www.ibama.gov.br/">IBAMA</a>) ont été restreints de 95 %. Ce qui s’est traduit par une réduction de 17,5 millions de réals (soit 3,82 millions d’euros) des fonds destinés à la <a href="https://www.oeco.org.br/noticias/governo-corta-r-187-milhoes-do-mma-saiba-como-o-corte-foi-dividido/">lutte contre les incendies</a>. Une diminution à laquelle vient s’ajouter le <a href="https://www.liberation.fr/planete/2019/08/16/la-norvege-refuse-30-millions-d-euros-au-fonds-de-preservation-de-la-foret-amazonienne_1745647">retrait des contributions norvégienne et allemande</a> au Fonds amazonien.</p>
<h2>Gérer la combustibilité des forêts</h2>
<p>Réduire les feux de forêt implique non seulement de s’attaquer aux sources d’inflammation et de combattre les flammes, mais aussi d’encourager les mesures qui limitent l’inflammabilité des forêts. La lutte contre la déforestation demeure essentielle, cette dernière exposant les lisières des bois au microclimat plus chaud et plus sec des terres agricoles et contribue à la <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1002/2015GL066063">réduction régionale</a> <a href="https://www.pnas.org/content/110/45/18110">des précipitations</a>.</p>
<p>L’exploitation forestière sélective contribue également à rendre les <a href="https://www.jstor.org/stable/1940299?seq=1#metadata_info_tab_contents">forêts tropicales plus inflammables</a>. En marchant dans ces zones exploitées en saison sèche, vous sentez la chaleur du soleil directement sur votre visage. Les feuilles de la litière crépitent et s’écrasent sous vos pieds. À l’inverse, les forêts primaires non exploitées constituent un monde ombragé où la litière des feuilles reste humide. La prévention des incendies sera une condition clé à une bonne gestion forestière à long terme. Cela ne fonctionnera que si l’<a href="https://advances.sciencemag.org/content/4/8/eaat1192">exploitation illégale à grande échelle</a> est efficacement contrôlée, car le bois bon marché sape la viabilité des bonnes pratiques.</p>
<p>Notons enfin que le changement climatique contribue à <a href="https://www.pnas.org/content/110/45/18110">allonger la durée des saisons sèches</a>, et donc à rendre les forêts plus inflammables. Les <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aa6884">températures en hausse</a> intensifient la fréquence des incendies, y compris les années sans sécheresse. Le changement climatique devrait également contribuer à une fréquence et une intensité accrues des <a href="https://www.nature.com/articles/nclimate2100">anomalies climatiques</a>, telles que les phénomènes provoqués par El Nino qui <a href="https://science.sciencemag.org/content/334/6057/787">affectent l’intensité de la saison des incendies</a> en Amazonie.</p>
<p>Relever ces défis requiert des actions nationales et globales, une collaboration entre scientifiques et décideurs politiques et un financement à long terme… Autant d’approches que l’administration brésilienne actuelle semble s’employer à détruire.</p>
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<p><em>Cet article a été traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/jennifer-galle-183352">Jennifer Gallé</a> et <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/122374/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jos Barlow a reçu des financements du NERC, du programme européen H2020 et du CNPq pour ses recherches sur les feux de forêt en Amazonie et l’écologie de la forêt tropicale. Il est affilié à des cours de troisième cycle aux universités fédérales de Pará and Lavras au Brésil.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexander C. Lees a reçu des financements des NERC, CAPES and CNPq pour mener à bien ses recherches sur les impacts des changements d’usage des sols sur la biodiversité amazonienne. Il est membre du Cornell Lab of Ornithology.</span></em></p>Les espèces des forêts tropicales n’ont pas évolué de concert avec le feu. Dans ces zones, même un incendie de faible intensité peut tuer la moitié des arbres.Jos Barlow, Professor of Conservation Science, Lancaster UniversityAlexander C. Lees, Senior Lecturer in Conservation Biology, Manchester Metropolitan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1178692019-06-20T21:24:48Z2019-06-20T21:24:48ZDepuis l’Égypte antique, la longue lutte contre le feu<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/280460/original/file-20190620-149831-dzw5ca.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3882%2C2588&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Feu de bois.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Nz-zAt4qiuU">Guido Jansen / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La découverte du feu est souvent présentée comme la plus importante de l’histoire de l’homme, tant elle a conditionné le développement du genre <em>Homo</em>. En réduisant la quantité d’énergie nécessaire à la digestion des aliments, la cuisson a notamment conduit à un accroissement du cerveau. <a href="https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sciences/domestication-feu-temps-paleolithiques-soudain-lillumination-2017-05-23-1200849387">La maîtrise du feu semble acquise il y a environ 400 000 ans</a> même si des traces d’utilisation beaucoup plus anciennes ont été repérées. Cependant, avec l’urbanisation, le feu est également devenu un fléau en cas de propagation incontrôlée. Pensons par exemple <a href="https://www.tallandier.com/livre/le-grand-incendie-de-rome/">au grand incendie de Rome</a> en 64 après J.C à celui de la cathédrale Notre Dame de Paris ou encore aux méga-feux qui ravagent désormais de nombreux pays.</p>
<h2>Qu’est-ce que le feu ?</h2>
<p>Un feu nécessite la conjonction de trois éléments : un combustible, un comburant et une source de chaleur, ce que l’on appelle le triangle du feu. Ces éléments interagissent dans un processus complexe dans lequel interviennent des phénomènes physiques tels que les transferts thermiques et des phénomènes chimiques tels que la pyrolyse de la source combustible ou la combustion des produits de pyrolyse.</p>
<p>Techniquement, on distingue réaction et résistance au feu. La réaction au feu concerne les matériaux combustibles, qui sont susceptibles de libérer de la chaleur lors de leur décomposition sous l’effet de la température et en présence d’un comburant (le plus souvent l’oxygène présent dans l’air). La résistance au feu s’intéresse à la capacité d’un élément à maintenir sa fonction porteuse et ses propriétés d’isolation thermique et d’étanchéité aux gaz et aux fumées durant l’incendie. En tant que matériau combustible utilisé comme élément de structure dans des bâtiments, le bois est concerné par ces deux aspects qui font appel à des normes spécifiques et des tests différents.</p>
<p>En matière de lutte contre l’incendie, il existe deux stratégies non exclusives l’une de l’autre. La première prévoit d’utiliser des dispositifs dits actifs en cas d’incendie : extincteurs, détecteurs de fumées ou extincteurs automatiques à eau. La seconde consiste à utiliser des matériaux qui vont contribuer le moins possible à la propagation de l’incendie.</p>
<h2>L’ignifugation</h2>
<p>De nombreux matériaux, tels que la plupart des plastiques ou le bois sont intrinsèquement fortement combustibles, et il est nécessaire d’y incorporer des additifs appelés retardateurs de flamme, qui, incorporés dans ou à la surface d’un matériau combustible, ont vocation à modifier son comportement en perturbant le triangle du feu.</p>
<p>Leurs effets sont principalement de retarder l’apparition de la flamme, ralentir la vitesse de propagation de celle-ci, réduire le dégagement de chaleur et la puissance du feu, limiter l’opacité des fumées et leur toxicité. Tous ces effets sont évalués par l’intermédiaire de tests de réaction au feu normés. Ils conduisent à des classements qui déterminent l’utilisation potentielle du matériau dans une application donnée en fonction de la réglementation. Il n’existe pas de retardateur de flamme universel. Un système ignifugeant doit être adapté au matériau qu’il vise à protéger en prenant en compte notamment son processus de décomposition. Par ailleurs, le choix d’un retardateur de flamme est également guidé par le procédé de fabrication du matériau et ne doit pas altérer de façon sensible les propriétés fonctionnelles attendues.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/notre-dame-de-paris-comment-se-met-en-place-le-terrible-triangle-du-feu-115666">Notre-Dame de Paris : comment se met en place le terrible triangle du feu</a>
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<p>Les archéologues situent les prémices de l’ignifugation dans l’Antiquité. Les Égyptiens, vers 400 av. J.-C., utilisaient des minéraux pour rendre certains tissus résistants au feu comme le coton ou le lin. Plus tard, <a href="https://books.google.fr/books?id=cVHBqhdIEisC&pg=PA271&lpg=PA271&dq=A+history+of+halogenated+flame+retardants+Saadat+Hussain&source=bl&ots=1L8ZnBEFjm&sig=ACfU3U0CnurINRzazHjhlZE7Tj9gbNI59Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjt8bze9ffiAhUSWxoKHeAOCsAQ6AEwAHoECAkQAQ#v=onepage&q=A%20history%20of%20halogenated%20flame%20retardants%20Saadat%20Hussain&f=false">durant le siège du Pirée</a> (23 ans avant J.C), des solutions d’alun furent utilisées pour rendre les remparts en bois résistants au feu. Il faut ensuite attendre jusqu’en 18 juin 1735 pour que l’anglais Obadiah Wyld dépose le premier brevet, <a href="http://gcf-scf.lmops.univ-lorraine.fr/files/2016/11/PolyFlame-N%C2%B09.pdf">brevet numéro 551</a>, sur le traitement du coton. <a href="https://www.researchgate.net/publication/296585230_HISTORY_AND_EVOLUTION_OF_FIRE_RETARDANTS_FOR_TEXTILES">Au XIXᵉ siècle</a>, à la demande du roi de France, Louis XVIII, il fallut trouver un système efficace pour prévenir les incendies dans les théâtres parisiens éclairés à la bougie. <a href="https://www.scientific.net/KEM.671.157">Joseph Louis Gay-Lussac</a> déposa alors un brevet sur l’utilisation d’un mélange de phosphate d’ammonium, de chlorure d’ammonium et de borax pour l’ignifugation des rideaux dans les théâtres.</p>
<h2>Les retardateurs de flamme</h2>
<p>Il existe plusieurs familles de retardateurs de flamme, basées sur des éléments chimiques différents et avec des modes d’action variés. Historiquement, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Halog%C3%A8ne">molécules halogénées</a> contenant du chlore ou du brome, ont été très utilisées en raison de leur efficacité, même en faible quantité. Ces molécules agissent en perturbant les réactions de combustion ayant lieu dans la flamme, favorisant son extinction et limitant la quantité d’énergie libérée. On parle alors d’inhibition de flamme. Cependant, le caractère toxique de certains composés halogénés a conduit à leur interdiction. En raison de l’impossibilité de distinguer aisément lors du recyclage les <a href="https://bit.ly/3B53LgK">molécules bromées</a> autorisées de celles qui sont interdites, il n’est plus possible de recycler des plastiques ignifugés par ces retardateurs de flamme. Par ailleurs, ces molécules entraînent la formation de fumées opaques et corrosives lors de l’incendie. Pour toutes ces raisons, cette famille d’ignifugeants est aujourd’hui de plus en plus sur la sellette.</p>
<p>Elle est remplacée principalement par les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Retardateur_de_flamme">retardateurs de flamme phosphorés</a>. Ceux-ci sont d’une très grande variété et, par conséquent, ils peuvent agir selon différents modes d’action. Le mode d’action principal reste cependant la promotion d’une couche résiduelle à la surface du combustible protégeant la partie saine du matériau. La stratégie consiste à perturber les réactions de pyrolyse (décomposition du matériau sous l’action de la chaleur) et à favoriser la formation d’un résidu riche en carbone et thermiquement stable appelé « char ». Certains systèmes particulièrement efficaces sont appelés intumescents car le char forme une couche expansée, isolante et très protectrice. Ce type de systèmes intumescents est notamment utilisé dans des revêtements pour protéger des éléments métalliques ou le bois.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280419/original/file-20190620-149822-1uiwvmn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280419/original/file-20190620-149822-1uiwvmn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280419/original/file-20190620-149822-1uiwvmn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280419/original/file-20190620-149822-1uiwvmn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280419/original/file-20190620-149822-1uiwvmn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280419/original/file-20190620-149822-1uiwvmn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280419/original/file-20190620-149822-1uiwvmn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Exemple de systèmes polymères intumescents.</span>
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<p>Nous pouvons également mentionner les hydroxydes métalliques, peu chers mais proportionnellement moins efficaces et qui doivent donc être incorporés à des taux élevés (jusqu’à 65 % en masse dans des gaines extérieures pour câbles) pour produire un effet notable. Sous l’effet de la température, ces particules libèrent de l’eau sous forme de vapeur par décomposition endothermique, contribuant ainsi à refroidir le matériau et à diluer les combustibles dans la flamme.</p>
<p>D’autres chimies existent, basées sur l’azote (mélamine), le bore (borate de zinc) ou l’étain (hydroxystannate) par exemple. Les nanotechnologies ont également été employées depuis une quinzaine d’années dans le domaine de l’ignifugation. Les nanoparticules de type argiles lamellaires ou nanotubes de carbone favorisent le caractère isolant du char formé, même à de faibles taux. Mais elles sont insuffisantes à elles seules pour apporter une protection globale du matériau.</p>
<h2>Et le bois ?</h2>
<p>De manière générale, les matériaux d’origine organique (issus du monde du vivant) comme le pétrole, le bois, ou le charbon ont en commun une composition riche en atomes de carbone et d’hydrogène, susceptibles d’être oxydés. Ils sont donc combustibles. Le bois est un matériau à structure complexe avec une composition chimique élémentaire constituée pour moitié de carbone (50 %), d’oxygène (44 %), ainsi que d’hydrogène en faible quantité (6 %).</p>
<p>Peu dense, le bois possède une capacité naturelle à charbonner, c’est-à-dire qu’une couche protectrice de char se forme entre le bois sain et les flammes. Lors de sa combustion, le bois va premièrement perdre de l’eau pour devenir complètement sec à 120 °C. Ensuite, sa structure se décompose progressivement avec l’augmentation de la température. Ses constituants sont relativement stables jusqu’à 250 °C, température à partir de laquelle un dégagement de fumées est observé. À 320 °C, la quantité de gaz est telle qu’elle peut assurer l’inflammation du bois dans l’air. La pyrolyse a lieu principalement jusqu’à 500 °C, après quoi subsiste seulement le charbon de bois (char) qui peut se décomposer lentement par oxydation. Si la couche de char ralentit la pyrolyse du bois sain sous-jacent, sa tenue mécanique est en revanche négligeable. Au fur et à mesure de la pyrolyse, la section utile d’un élément structurel en bois se réduit donc et sa capacité portante également.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280539/original/file-20190620-149822-9rjdvm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280539/original/file-20190620-149822-9rjdvm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280539/original/file-20190620-149822-9rjdvm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280539/original/file-20190620-149822-9rjdvm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280539/original/file-20190620-149822-9rjdvm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280539/original/file-20190620-149822-9rjdvm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280539/original/file-20190620-149822-9rjdvm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La dégradation du bois en fonction de la température.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les retardateurs de flamme utilisés pour l’ignifugation du bois appartiennent aux familles précédemment citées (phosphore, bore, azote, hydroxydes métalliques). Cependant, contrairement aux plastiques, il n’est pas possible d’intégrer ces additifs lors de la fabrication du bois. L’ignifugation a donc lieu sous deux formes : le dépôt d’un revêtement de surface (peinture, vernis) et l’imprégnation à cœur du bois, c’est-à-dire dans la partie creuse – appelée lumen – des cellules du bois, par un procédé en autoclave. Il s’agit de remplir la totalité des lumens en dégazant sous vide dans un premier temps puis en forçant la pénétration de l’ignifugeant par surpression. Cette solution plus complexe permet d’éviter une détérioration du caractère ignifuge en cas de défauts de surface. Dans le cas d’un revêtement, si celui-ci vient à être altéré, il ne peut plus jouer son rôle ignifuge et laisse le bois sans protection en cas d’incendie.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit avec Clément Lacoste (IMT – Mines Alès), Laurent Ferry (IMT – Mines Alès) et Henri Vahabi (Université de Lorraine).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117869/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rodolphe Sonnier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La peur de l’incendie est aussi vieille que l’invention du feu.Rodolphe Sonnier, Maître Assistant des Ecoles des Mines, IMT Mines Alès – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1157222019-04-19T06:27:07Z2019-04-19T06:27:07ZDossier : Notre-Dame, après l’incendie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/269970/original/file-20190418-28113-8ac63y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C71%2C3162%2C2295&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des milliers de personnes ont assisté à l'embrasement de la cathédrale. </span> <span class="attribution"><span class="source">Leighton Kille/The Conversation France </span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’incendie de Notre-Dame de Paris a entraîné une vive réaction planétaire. Provoquant une émotion immédiate devant la destruction partielle d’un monument emblématique de Paris et de la France, mais aussi un vaste débat sur la reconstruction, la campagne de dons et le rapport de notre pays à son patrimoine. Dans ce dossier que nous nourrirons au gré de l’actualité, les auteurs de The Conversation France se penchent sur toutes les questions à venir après le drame du 15 avril.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/je-vous-salue-notre-dame-de-paris-de-lemotion-a-la-reconstruction-dun-patrimoine-mondial-115575">Je vous salue Notre-Dame de Paris : de l’émotion à la reconstruction d’un patrimoine mondial</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/269561/original/file-20190416-147502-1sm4aey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3642%2C2730&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/269561/original/file-20190416-147502-1sm4aey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/269561/original/file-20190416-147502-1sm4aey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/269561/original/file-20190416-147502-1sm4aey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/269561/original/file-20190416-147502-1sm4aey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/269561/original/file-20190416-147502-1sm4aey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/269561/original/file-20190416-147502-1sm4aey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le 15 avril 2019, Notre-Dame en feu.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Leighton Kille/The Conversation France</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<h2><a href="https://theconversation.com/le-financement-participatif-et-la-reconstruction-de-notre-dame-les-defauts-de-quasimodo-115601">Le financement participatif et la reconstruction de Notre-Dame : les défauts de Quasimodo</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/269618/original/file-20190416-147514-1tl9fjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C338%2C3088%2C1894&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/269618/original/file-20190416-147514-1tl9fjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/269618/original/file-20190416-147514-1tl9fjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/269618/original/file-20190416-147514-1tl9fjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/269618/original/file-20190416-147514-1tl9fjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/269618/original/file-20190416-147514-1tl9fjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/269618/original/file-20190416-147514-1tl9fjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a sidéré le monde entier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jennifer Gallé/The Conversation France</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<h2><a href="https://theconversation.com/incendie-de-notre-dame-les-grands-drames-comme-revelateurs-de-la-dynamique-des-groupes-115597">Incendie de Notre-Dame : les grands drames comme révélateurs de la dynamique des groupes</a></h2>
<img src="https://counter.theconversation.com/content/115722/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Quelles questions se posent après l’incendie de Notre-Dame ? Un dossier spécial par The Conversation France.Leighton Kille, Rédacteur en chef, coordination internationale et technique, The Conversation FranceFabrice Rousselot, Directeur de la rédaction, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1156662019-04-17T15:53:22Z2019-04-17T15:53:22ZNotre-Dame de Paris : comment se met en place le terrible triangle du feu<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/269796/original/file-20190417-139113-3hgbf8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C14%2C4970%2C3315&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Notre-Dame en feu.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/145497889@N06/47563907512/in/photolist-2ft4sAU-kqay2V-3aWULQ-3aWUqw-kjMdK-2C7FXW-2erDrFb-5ov5tX-7V38UR-TpBBqb-TpoXEq-RMVQbD-RMn1me-o8wjDH-2ftmjUh-ViaCHX-36VuAw-2erKEMu-KKYHte-24W2PwH-2erG6J1-36QviZ-Y7bB3o-TpJQRq-ndE7ju-X8T1Bv-7Nci2k-26jrVfQ-qycks-2erYFto-Tq1ZH1-nfGJT6-2esva3G-6FDrdJ-2ft1gQS-gAPmLB-kq8ji8-2earnp6-24Wb6zD-8LPsT9-d9M3i6-ayAehg-pWLRmA-p365Rw-6TLX7C-6TgBTj-B4jdFj-j7E3dA-5HMVm1-6TLWwq">Olivier Mabelly / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Tout incendie se développe grâce à la présence de trois éléments importants, présents dans le triangle du feu : le combustible, le comburant et la chaleur. Le comburant qui est en général l’oxygène présent dans l’air, et dans le cas de l’incendie de Notre Dame est en quantité quasiment inépuisable compte tenu du volume du bâtiment et également par le fait que ce genre de structure est parfaitement aérée. Rappelons qu’une bonne aération était souhaitée par les bâtisseurs afin que les poutres de la charpente soient bien sèches, car si le feu est l’ennemi du bois, l’humidité peut également créer nombre de problèmes : de la moisissure à la fragilisation.</p>
<h2>Comment le bois s’enflamme</h2>
<p>Le combustible, lui, provient de la pyrolyse du bois de charpente. Cette réaction chimique consiste en la décomposition d’un composé organique (ici le bois) en d’autres produits sous l’effet d’une augmentation de chaleur. Sous l’action d’une source de chaleur (source d’allumage), le bois se dégrade et produit des gaz dits de pyrolyse qui sont des gaz inflammables comme le monoxyde de carbone. Une fois que ces gaz rencontrent de l’oxygène, et que la chaleur élève la température de ce mélange à la température d’inflammation, ce mélange réagit et produit une flamme !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1118378805394120704"}"></div></p>
<p>Cette flamme va ensuite céder de la chaleur à des éléments de charpente non impactée par l’incendie par rayonnement (mode de transfert de chaleur que vous ressentez lorsque vous ouvrez la porte d’un four) ou par convection thermique (lorsque les gaz chauds rentrent en contact avec les éléments non impliqués par l’incendie). Une fois que cette source de chaleur est cédée à un élément combustible, le cycle du triangle du feu peut redémarrer et l’incendie peut continuer à se propager.</p>
<h2>Les techniques pour lutter contre le feu de bois</h2>
<p>Pour limiter la propagation de ces incendies ou les éteindre, il n’y a de meilleur moyen que l’application d’eau, ou d’eau dopée en additifs. Ces derniers sont généralement utilisés pour que l’eau s’accroche mieux à la structure à éteindre. Ils vont par exemple permettre la formation de mousse qui ruissellera moins que les gouttes d’eau. Dans le cas de Notre-Dame c’était une nouvelle fois complexe. En effet, si l’utilisation de mousse améliore l’efficacité de l’eau pour éteindre les flammes ou éviter leur propagation, elle peut également rester fixée à la structure et provoquer plus tard des moisissures.</p>
<p>Lorsque l’eau est appliquée sur des éléments bois en feu, cette eau va capter une partie de la chaleur du combustible pour diminuer sa température et donc limiter la quantité de gaz inflammable qui sera produit. De manière parallèle, la projection de l’eau sous la forme d’une aspersion fine va limiter également la propagation de chaleur de la flamme vers les éléments non impactés par l’incendie. En effet, les gouttes d’eau peuvent d’absorber le rayonnement thermique envoyé et vont refroidir les fumées d’incendie.</p>
<p>Dans le cas de Notre-Dame, gérer le sinistre a été d’une extrême complexité. Si le président Trump suggérait l’utilisation de canadairs, ce qui aurait été efficace pour éteindre le feu, la conséquence aurait été la destruction des trésors voire du bâtiment. Les pompiers de Paris ont dû travailler avec prudence, pour eux et pour le patrimoine. Ainsi, certaines zones de la cathédrale, trop chaudes pour y faire intervenir les hommes, ont été atteintes grâce au robot <a href="https://www.challenges.fr/entreprise/le-robot-pompier-colossus-l-autre-heros-de-notre-dame_653569">Colossus</a>.</p>
<h2>Limiter les risques</h2>
<p>Pour limiter l’occurrence de ces sinistres, les enjeux majeurs de la sécurité incendie sont de détecter au plus tôt les signes précurseurs de la naissance d’un incendie. Les détecteurs de fumées ou les détecteurs optiques de flammes (qui analysent en continu des images pour identifier la présence éventuelle de flammes naissantes) permettent d’alerter de manière précoce tout départ d’incendie.</p>
<p>Ces incendies peuvent être alors traités soit par l’utilisation d’extincteur soit par l’intervention rapide des moyens de secours. Si le sinistre n’est pas détecté dans les plus brefs délais, il aura tout le temps de se développer et de prendre en puissance.</p>
<p>Les enjeux des services de secours sont alors d’enrayer sa propagation afin de limiter son étendu. La détection incendie est parfaitement efficace lorsqu’il s’agit de protéger des zones parfaitement délimitées dans l’espace, comme une chambre ou un couloir à l’aide d’un détecteur de fumées, par exemple. Pour de grands ensembles architecturaux, comme Notre Dame, où de grands volumes sont communiquant entre eux et où les configurations géométriques peuvent être très complexes, la détection d’un incendie est un exercice particulièrement délicat.</p>
<p>De plus, un incendie peut « couver » pendant plusieurs heures avant de se développer pleinement ce qui ne facilite pas sa recherche. Un incendie qui couve n’est pas encore un feu, tous les ingrédients sont là, mais le sinistre n’est pas encore visible.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115666/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anthony Collin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment un incendie se déclare puis se propage ? Quelles sont les techniques pour éteindre un feu tout en protégeant les hommes et le patrimoine.Anthony Collin, Enseignant - chercheur de l’Université de Lorraine, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1071042018-11-18T21:11:24Z2018-11-18T21:11:24ZL’amère leçon des incendies californiens<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/245973/original/file-20181116-194516-12rfz78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=60%2C120%2C5691%2C3414&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un pompier intervenant en Californie. Près de 80 personnes ont péri dans les incendies qui ravagent actuellement l’État américain.</span> <span class="attribution"><span class="source">Peter Dasilva</span></span></figcaption></figure><p>Près de 80 morts et plus de 1 000 personnes portées disparues, selon un <a href="https://edition.cnn.com/2018/11/17/us/california-fires-week-2/index.html">dernier bilan</a> datant de ce dimanche 18 novembre. La Californie brûle, une nouvelle fois. Ces dernières semaines, des milliers de bâtiments ont été réduits en cendre à la suite de <a href="https://www.bbc.com/news/world-us-canada-46175339">plusieurs incendies</a>, parmi les plus destructeurs de l’histoire de l’État américain.</p>
<p>Ces feux ne sont qu’un nouvel épisode d’une série d’incendies de grande ampleur : en <a href="https://www.bbc.com/news/world-europe-44932366">Grèce, en juillet dernier</a>, où les flammes ont tué 99 personnes ; en 2017, <a href="https://www.bbc.com/news/world-europe-44438505">au Portugal</a>, <a href="https://www.bbc.com/news/world-latin-america-38766681">au Chili</a> ou encore en Australie.</p>
<p>Les feux de forêt semblent se multiplier. Pourquoi ? Si <a href="https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1061168803218948096">Donald Trump a estimé</a> dans l’un de ses tweets que les incendies californiens résultaient d’une « très mauvaise gestion » des forêts, la réponse s’avère plus complexe, plus nuancée, et véritablement alarmante.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1061168803218948096"}"></div></p>
<h2>Conditions climatiques extrêmes</h2>
<p>Les incendies qui ravagent la Californie sont le fruit d’une conjonction de facteurs, climatiques, sociaux et écologiques.</p>
<p>Dans cette région du globe, le bois s’avère hautement combustible, car la sécheresse prolongée est associée à une humidité très basse et à une température de l’air excessivement élevée. Ce temps très sec permet aux feux de se propager librement. Autant de conditions extrêmes caractéristiques du <a href="http://www.pnas.org/content/113/42/11770.full">changement climatique</a> en cours.</p>
<p>Outre le bois desséché qui joue le rôle de combustible, les puissants vents saisonniers venus du désert – <a href="http://tornado.sfsu.edu/geosciences/classes/m356/DiabloWinds/DiabloDef.htm">El Diablo et Santa Ana</a> – facilitent l’expansion rapide des feux le long de la côte pacifique.</p>
<p>La faible densité de logements dans la région, combinée à une végétation inflammable, a d’autre part créé les conditions idéales pour que se répandent des incendies destructeurs. La dispersion de la population dans la zone facilite en effet le démarrage à tout moment d’un <a href="https://www.mdpi.com/2571-6255/1/1/4/html">feu de forêt</a> : d’un problème sur les lignes électriques à une négligence ou même un acte criminel, la probabilité d’incendies est encore accrue dans un contexte climatique sensible.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/245203/original/file-20181113-194516-t4rtm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le feu, qui s’est déclaré le 8 novembre, a détruit la quasi-totalité de la ville californienne de Paradise, qui compte 27 000 habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mike Nelson</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des décennies sans feux de forêt ont en outre créé des réserves de bois en mesure d’alimenter des feux d’une forte intensité. Mais que ces combustibles brûlent à la fin de l’automne se révèle tout à fait inquiétant.</p>
<p>Dans des conditions climatiques propices aux incendies, les feux de forêt sont susceptibles d’engloutir des communautés entières, se propageant de maison en maison ; les communautés humaines devenant le « combustible » de ces feux. Les banlieues, par exemple, peuvent brûler <a href="https://www.nfpa.org/News-and-Research/Publications/NFPA-Journal/2016/March-April-2016/News-and-Analysis/In-A-Flash">au rythme d’une maison par minute</a>.</p>
<h2>Approche « militaire »</h2>
<p>La réponse classique aux feux de forêt consiste à les combattre agressivement, avec une approche militaire : de petites armées de pompiers et des avions répandent du retardateur de flammes et saturent les foyers d’eau. Une telle méthode coûte extraordinairement cher : la <a href="https://theconversation.com/spiraling-wildfire-fighting-costs-are-largely-beyond-the-forest-services-control-86041">dépense annuelle</a> en matière de lutte anti-incendie augmente d’ailleurs constamment. Aux États-Unis, elle excède désormais <a href="https://www.mdpi.com/2571-6255/1/1/17/htm">plusieurs milliards de dollars</a>, puisque chaque intervention nécessite entre 10 et plus de 100 millions de dollars.</p>
<p>Si de telles approches jouissent en général du soutien de la population et des autorités, cette stratégie s’avère insoutenable sur le plan économique. Et elle est totalement impuissante face au changement climatique, qui génère des incendies désastreux tels que ceux auxquels nous assistons actuellement en Californie.</p>
<p>Au sein de la communauté scientifique spécialisée sur ce sujet, il existe une prise de conscience croissante sur le fait que cette stratégie de <a href="https://link.springer.com/article/10.1186/s40663-015-0033-8">« guerre totale » a échoué</a>.</p>
<p>Une cohabitation durable entre les hommes et les terres inflammables implique de mieux gérer les matières combustibles dans les zones habitées et, avant tout, de prévenir le démarrage de feux de forêt.</p>
<h2>L’exemple méditerranéen</h2>
<p>L’Espagne et le Portugal l’illustrent bien : sur ces terres méditerranéennes, les humains ont peuplé de façon durable des terres inflammables depuis des milliers d’années. Mais l’exode rural généralisé qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a généré la prolifération d’une végétation susceptible de brûler, végétation auparavant contenue par une agriculture de subsistance conduite à petite échelle.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=578&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=578&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=578&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=726&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=726&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/245163/original/file-20181112-194506-1g2li3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=726&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le village de Rojas en Catalogne (Espagne), en 1946.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Institut Cartogràfic i Geològic de Catalunya</span></span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=533&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=533&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=533&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=670&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=670&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/245164/original/file-20181112-194497-lkf64q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=670&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le même village espagnol, en 2017. L’exode rural a causé l’abandon d’anciennes terres agricoles, l’accumulation de combustibles et des incendies d’une ampleur historique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Institut Cartogràfic i Geològic de Catalunya</span></span>
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</figure>
<p>À cause de la perte de ces cultures traditionnelles, les pays méditerranéens connaissent aujourd’hui des incendies dramatiques – comme en Grèce en 2018, au Portugal et en Espagne en 2017 – d’une ampleur équivalente à ceux connus sur des paysages habités depuis moins longtemps, comme en Australie et sur le continent américain.</p>
<p>Il semble que la même histoire se répète dans la plupart des paysages inflammables de la planète : le retrait de la gestion traditionnelle des terres par la colonisation et la globalisation s’associe aux modifications climatiques pour transformer ces zones en véritables poudrières.</p>
<p>Tout comme il est irréaliste de restaurer les pratiques indigènes de gestion des feux, il paraît inutile d’espérer un retour aux pratiques historiques en Méditerranée. Il y a peu de chance que les populations se réapproprient des modes vie ruraux traditionnels. La force d’attraction qu’exercent les villes pour leurs avantages économiques et sociaux est bien trop importante pour endiguer l’exode rural.</p>
<h2>Réapprendre à vivre avec le feu</h2>
<p>Nous pouvons toutefois adapter certaines pratiques traditionnelles susceptibles de nous aider à mieux cohabiter avec le feu.</p>
<p>Dans les pays méditerranéens, de nouvelles approches sont expérimentées : par exemple, utiliser les forêts pour la production de liège et de bioénergie, conduire des feux préventifs et mettre en place des zones de pâturage.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">En Catalogne, le risque d’incendie est combattu par une gestion innovante des forêts.</span>
<span class="attribution"><span class="source">David Bowman</span></span>
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</figure>
<p>Ces pratiques peuvent (re)créer des paysages pittoresques, résistants au feu et faciles à préserver. De même, en Australie, le gouvernement de l’État de Victoria a mis en place dans les forêts des sortes de clairières coupe-feu ; ces dernières ont été utilisées pour protéger les communautés locales lors des feux de forêt dramatiques de 2009, baptisés « Black Saturday ».</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/245167/original/file-20181112-194513-epb21r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un espace vert coupe-feu dans une forêt de frênes de l’État de Victoria (Australie).</span>
<span class="attribution"><span class="source">David Bowman</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le conseil municipal de la ville de Hobart, en Tasmanie, envisage pour sa part d’utiliser des pare-feu similaires pour protéger ses banlieues, marquées par une brousse très dense. Une telle gestion pourrait être utilisée à plus grande échelle pour réduire considérablement le risque d’incendie. Le défi consistant notamment à inciter les habitants à <a href="https://www.mdpi.com/2571-6255/1/2/27">réduire l’utilisation du bois</a> comme combustible.</p>
<p>Aucune société ne cohabite aujourd’hui de façon véritablement durable avec les feux de forêt. À l’échelle mondiale, dans le contexte du réchauffement climatique, la situation empire : en résultent des coûts astronomiques pour la lutte anti-incendie, la destruction de propriétés, mais surtout le décès de nombreuses personnes. C’est la leçon amère qu’il faut malheureusement tirer des terribles incendies californiens.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107104/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Bowman a reçu des financements de l’Australia Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>James Furlaud a reçu des financements du Bushfire and Natural Hazards CRC.</span></em></p>Alors que la Californie est à nouveau ravagée par des incendies d’une ampleur inégalée dans l’histoire de l’État, un changement de stratégie s’impose dans la lutte contre les feux de forêt.David Bowman, Professor of Pyrogeography and Fire Science, University of TasmaniaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/827802017-08-23T22:08:54Z2017-08-23T22:08:54ZMalgré leurs équipements performants, les pompiers restent vulnérables face aux incendies<p>Chaque été, les pompiers se trouvent aux prises avec des feux de forêt dangereux. Les conséquences de ces épisodes sont souvent tragiques pour les combattants du feu malgré des équipements de plus en plus performants.</p>
<p>Tous les pays où les pompiers luttent contre des <a href="https://theconversation.com/un-mega-incendie-en-mediterranee-est-ce-possible-60138">feux violents</a> sont concernés. Ce fut notamment le cas aux États-Unis, où deux accidents majeurs – ceux de <a href="http://www.press.uchicago.edu/Misc/Chicago/500616.html">Mann Gulch</a> et de South Canyon – font référence.</p>
<p>Dans les années 1940, les unités de <em>smoke jumpers</em> sont créées. Ces parachutistes de l’extrême sont considérés comme l’élite mais, en 1949 à Mann Gulch (Montana), seuls trois d’entre eux (sur une vingtaine) survivront à un feu qui embrase subitement tout un vallon. En 1994, un accident similaire voit périr 14 pompiers dans le <a href="https://www.fs.fed.us/rm/pubs/rmrs_rp009.pdf">South Canyon</a> (Colorado). Dans ces deux cas, les victimes intervenaient à pied, dans un relief escarpé et peu accessible.</p>
<p>En France, les massifs méditerranéens et landais sont parcourus de pistes : ici, les pompiers interviennent généralement à bord de véhicules incendie. Mais les accidents restent aussi fréquents et graves. On compte ainsi plus de <a href="https://research.unsw.edu.au/projects/operational-implications-dynamic-fire-behaviour">80 sapeurs-pompiers piégés</a> depuis les années 1980. Un tiers d’entre eux sont morts. Les autres ont survécu, mais avec des séquelles graves, brûlures au visage et aux mains le plus souvent.</p>
<p>Pour mieux comprendre ces accidents, nous avons analysé différents épisodes survenus à travers le monde, notamment en Europe et en <a href="https://research.unsw.edu.au/projects/operational-implications-dynamic-fire-behaviour">Australie</a> où les méthodes de lutte contre le feu sont similaires.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/182789/original/file-20170821-27189-1va5oj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/182789/original/file-20170821-27189-1va5oj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/182789/original/file-20170821-27189-1va5oj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/182789/original/file-20170821-27189-1va5oj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/182789/original/file-20170821-27189-1va5oj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/182789/original/file-20170821-27189-1va5oj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/182789/original/file-20170821-27189-1va5oj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’unité de <em>smoke jumpers</em> de l’Agence américaine du service des forêts, en 1948 à Deming (Nouveau-Mexique).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Smokejumper#/media/File:Smokejumpers,_1948.jpg">Wikipédia</a></span>
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<h2>Des équipements de plus en plus performants</h2>
<p>Pour les combattants du feu, le danger vient à la fois de la chaleur et des fumées.</p>
<p>En condition de sécheresse, les flammes peuvent en effet atteindre plus de 10 mètres de hauteur en forêt. Et certains végétaux, comme les arbustifs des garrigues, libèrent en brûlant des gaz hautement toxiques.</p>
<p>Pour y faire face, les pompiers disposent aujourd’hui d’équipements performants. Leurs véhicules sont protégés par arrosage automatique de la cabine et des pneumatiques. Certains camions disposent également d’une surpressurisation pour empêcher les fumées d’entrer dans l’habitacle. Les tenues ont aussi évolué grâce à des <a href="http://www.valabre-ceren.org/fr/actualite-detail.php?actu_id=184">textiles</a> qui assurent une meilleure protection thermique. Enfin, les procédures et transmissions permettent de localiser rapidement un équipage en difficulté.</p>
<p>Mais, en dépit de toutes ces innovations, le <a href="https://www.researchgate.net/publication/315114594_Which_Configurations_Cause_Entrapment_Risk">nombre d’accidents</a> n’a lui pas diminué. Comment expliquer cette situation ?</p>
<p>Il convient pour cela de distinguer les configurations particulièrement dangereuses pour les pompiers en fonction de leur position vis-à-vis des flammes (de face, sur les côtés ou à distance).</p>
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<figcaption><span class="caption">Test de combinaisons de pompiers (CEREN Valabre/Youtube, 2013).</span></figcaption>
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<h2>Face-à-face mortel</h2>
<p>Les incendies dévastateurs sont souvent guidés par le vent, qui leur donne une direction principale. Il est alors dangereux de se trouver sur cette trajectoire. C’est ce qui peut notamment arriver aux sauveteurs quand ils cherchent à protéger les habitations situées dans l’axe du feu. En Méditerranée, le <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/11/l-interface-habitat-foret-une-zone-a-risque-pour-les-incendies_4981444_3244.html">mitage urbain</a> en bordure de forêt accroît cette vulnérabilité.</p>
<p>En Australie, la météo dépend de la rencontre entre la masse d’air océanique et celle du désert continental. Leur déplacement entraîne des bascules de vent en quelques minutes. Les lisières de feu sont alors réactivées sur des kilomètres. Ces changements de direction soudains sont la cause principale d’accidents. En Europe, les bascules sont moins brutales en raison des massifs montagneux qui canalisent les vents.</p>
<h2>La question du relief</h2>
<p>Si le relief permet de contenir les vents, il peut également générer des situations dangereuses. On note ainsi une tendance naturelle du feu à accélérer lorsqu’il gravit une pente. Des études de <a href="https://www.mssanz.org.au/modsim2015/A4/edgar.pdf">modélisation</a> montrent par exemple qu’au-delà de 25 degrés (c’est, pour référence, la limite de ce que peut franchir un véhicule tout terrain), les flammes se collent au sol. Une véritable <a href="https://www.youtube.com/watch?v=nrk307e4NDQ">éruption</a> peut alors parcourir plusieurs hectares en quelques secondes.</p>
<p>Ce qui ne signifie pas que l’on soit en sécurité sur une pente descendante. Derrière une ligne de crête, des tourbillons d’air, appelés <a href="http://www.highfirerisk.com.au/extras/channelling/index.htm">vortex</a>, peuvent par exemple propager le feu latéralement. Le feu s’enroule alors en s’écartant de sa trajectoire initiale. <a href="https://www.researchgate.net/publication/319207048_What_are_the_safety_implications_of_dynamic_fire_behaviours_MODSIM_2017_-_under_review">21 cas de véhicules piégés</a> dans ces conditions ont été recensés récemment à travers le monde.</p>
<h2>Les feux extrêmes</h2>
<p>Enfin, dans certaines conditions, les pompiers peuvent être encerclés par les flammes à des centaines de mètres du foyer principal. C’est le cas lors d’une vague de chaleur après une sécheresse prolongée ; les incendies deviennent convectifs. Le vent n’est plus nécessaire. La propagation est erratique et produit des sautes de longue distance. Les conditions climatiques de cet été font courir ce risque dans plusieurs <a href="https://theconversation.com/incendies-en-europe-du-sud-que-pouvons-nous-apprendre-de-ces-feux-81292">pays méditerranéens</a>, y compris en France.</p>
<p>Dans les cas extrêmes, l’énergie développée par le feu est telle qu’elle génère un <a href="https://www.nasa.gov/topics/earth/features/pyrocb.html">pyrocumulus</a>. Ce nuage orageux s’élève jusqu’au sommet de la troposphère, autour de 10 000 mètres d’altitude. Il est composé de particules incandescentes et de gaz brûlants. Lorsque ces éléments retombent, à des kilomètres de distance parfois, c’est une véritable tempête de feu qui s’abat.</p>
<p>Ce phénomène est fréquent en Australie. En Europe, le réchauffement climatique augmente le risque et un nuage de ce type a été par exemple observé par satellite au-dessus du Portugal en juin 2017.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/182803/original/file-20170821-4959-iwa1nk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/182803/original/file-20170821-4959-iwa1nk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/182803/original/file-20170821-4959-iwa1nk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/182803/original/file-20170821-4959-iwa1nk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/182803/original/file-20170821-4959-iwa1nk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/182803/original/file-20170821-4959-iwa1nk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/182803/original/file-20170821-4959-iwa1nk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pyrocumulus formé lors d’un incendie en Californie (août 2009).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyrocumulus#/media/File:Pyrocumulus_Cloud_Station_Fire_082909.jpg">EllsworthC/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Quelles parades ?</h2>
<p>Si les équipements des pompiers sont aujourd’hui proches du niveau de protection optimal, d’autres évolutions sont encore possibles. Elles consistent à mieux comprendre les propagations atypiques des feux ; à former les pompiers pour reconnaître et anticiper ces phénomènes ; à accepter que les pompiers restent en dehors des garrigues et forêts en situation extrême.</p>
<p>Ce dernier point nécessite cependant une meilleure préparation des habitations vulnérables. Le <a href="http://www.prevention-incendie-foret.com/connaitre-les-regles/debroussaillement">débroussaillement</a> est une obligation réglementaire qui y contribue en France. D’autres pays vont plus loin et incitent chaque foyer à développer un <a href="https://www.rfs.nsw.gov.au/resources/bush-fire-survival-plan">plan de sauvegarde</a>. Au-delà des pompiers, tous les résidents habitant des zones à risque ont leur rôle à jouer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/82780/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastien Lahaye ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des chercheurs spécialisés dans les feux extrêmes ont conduit des travaux sur l’accidentologie qui touche les combattants du feu.Sebastien Lahaye, Coordinateur de projet Safe Cluster (France), École pratique des hautes études (EPHE)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.