tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/hacktivistes-49870/articleshacktivistes – The Conversation2020-03-03T17:44:54Ztag:theconversation.com,2011:article/1325562020-03-03T17:44:54Z2020-03-03T17:44:54ZRetour sur l’« affaire WikiLeaks » : qu’ont changé les révélations de 2010 ?<p>Il y a 10 ans, le <a href="https://wikileaks.org">site WikiLeaks</a> divulguait une série de documents classifiés qui allaient propulser l’organisation au premier plan médiatique. Démarrée en avril 2010 par la publication de <a href="https://collateralmurder.wikileaks.org">« collateral murder »</a> – l’enregistrement vidéo d’une bavure américaine en Irak –, l’une des plus grandes fuites de secrets de l’Histoire se conclut en apothéose le 29 novembre de la même année. L’organisation, en collaboration avec cinq grands titres de la presse internationale, commence alors à diffuser au compte-gouttes plus de 250 000 câbles diplomatiques américains. Entre-temps, WikiLeaks a également rendu publics quelque 500 000 documents confidentiels sur les guerres d’Afghanistan et d’Irak.</p>
<p>Les révélations de 2010 ont fait couler beaucoup d’encre. À l’instar de <a href="https://livre.fnac.com/a3421747/David-Leigh-La-fin-du-secret">David Leigh et Luke Harding</a>, de <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/les-consequences-des-revelations-de-wikileaks-et-l-avenir-de-l-internet-de-la-democratie-et-du-journalisme_229267.html">nombreux journalistes et commentateurs</a> se sont empressés d’annoncer la fin du secret et le début d’une ère de la transparence, dont les outils du Web 2.0 seraient l’arme principale.</p>
<p>Ce sont ces révélations, souvent qualifiées d’« affaire WikiLeaks » par les médias, qui valent à Julian Assange, leader médiatique de l’organisation, son procès en extradition qui a débuté le lundi 24 février à Londres.</p>
<p>L’occasion de revenir sur un épisode fondamental de l’histoire de WikiLeaks et de tenter d’évaluer l’efficacité des méthodes de l’organisation de Julian Assange dans sa <a href="https://time.com/5568727/wikileaks-war-on-secrecy/">« guerre contre le secret »</a>.</p>
<h2>Cyber-activisme et <em>whistleblowing</em></h2>
<p>Rassemblant des passionnés des nouvelles technologies, des hackers et des militants de la liberté d’information, l’organisation passe totalement inaperçue lorsqu’elle est créée à la fin de l’année 2006. Sa spécialité est de publier des documents officiels, protégés ou non par une classification, confiés par des « lanceurs d’alerte » (<em>whistleblowers</em>). Si les activistes de WikiLeaks s’intéressent à toutes les institutions représentant une forme de pouvoir, leur cible prioritaire est le pouvoir politique (à ses débuts, la devise est « we open government »). L’objectif est bien de lutter contre l’opacité de l’État pour rendre à la société civile les moyens de contrôler celui-ci.</p>
<p>Le site Internet de l’organisation est avant tout une plate-forme accueillant des documents confiés par des whistleblowers, souvent fonctionnaires ou acteurs privés travaillant pour l’État, qui veulent dénoncer pour des motifs éthiques ou politiques des actes qu’ils jugent immoraux ou illégitimes. Ces fuites (<em>leaks</em>) sont donc lancées dans un objectif de mobilisation, la conviction profonde des militants de WikiLeaks étant que la révélation brutale d’informations permet à la société civile d’accéder à la vérité et de lutter contre l’autoritarisme et la corruption.</p>
<p>L’activisme de WikiLeaks ne se base donc pas sur une mobilisation massive, mais sur l’action de quelques individus qui vont se rebeller contre leur institution, et sur une logique simple : l’idée que les trois étapes que sont la divulgation, la publication et l’attente du scandale vont précipiter le <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-administratives-2012-1-page-123.htm?contenu=article">changement politique</a>. Le but de l’organisation est ainsi de faire appel à l’opinion publique en espérant qu’une mobilisation sociale naisse du scandale de la révélation.</p>
<p>Cette logique n’est pas nouvelle (notamment avec la célèbre affaire des <a href="https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2018/01/23/26010-20180123ARTFIG00335-15-juin-1971-l-affaire-des-pentagon-papers-detaillee-dans-le-figaro.php">« Pentagon Papers »</a> qui a éclaté en 1971 sous l’initiative de Daniel Ellsberg, un ancien collaborateur du département de la Défense) mais l’évolution technologique, et notamment Internet, a levé un grand nombre des obstacles matériels à la réalisation de ce projet. Parce que les informations numérisées sont plus faciles à divulguer à très grande échelle, mais aussi parce que certaines nouvelles technologies permettent de protéger l’anonymat des sources des fuites.</p>
<h2>Le pari manqué de l’indignation</h2>
<p>Avec les révélations de 2010, les membres de WikiLeaks s’attendaient à susciter l’indignation et une action de grande ampleur de la part de la société civile. Mais le scandale n’a été que relatif, et le changement politique presque inexistant.</p>
<p>Toute une série de faits propres à susciter l’indignation ont pourtant été exposés au public américain. Les journaux de guerre <a href="https://www.theguardian.com/world/2010/jul/25/afghanistan-war-logs-military-leaks">afghans</a> et <a href="https://www.theguardian.com/world/2010/oct/22/iraq-war-logs-military-leaks">irakiens</a> ont par exemple apporté la preuve que les officiels américains ont systématiquement couvert des actes de torture commis par les autorités locales sur les civils.</p>
<p>Cependant, les enquêtes d’opinion à propos des guerres en <a href="https://www.pollingreport.com/iraq.htm">Irak</a> et en <a href="https://www.pollingreport.com/afghan.htm">Afghanistan</a> conduites ces dernières années ne montrent pas de véritable changement après 2010 : rien ne permet d’affirmer avec certitude que la divulgation de ces documents a véritablement influencée l’opinion publique américaine à propos de ces guerres. Loin d’être révoltés par les révélations, une partie des Américains ont au contraire émis des critiques à l’égard de la démarche de WikiLeaks, l’organisation étant accusée d’aggraver l’instabilité et de mettre en danger des vies humaines sur le terrain.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XiPuK5aCeko?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Arte.</span></figcaption>
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<p>Une des explications que l’on peut tenter d’apporter à cet échec tient d’abord à la faiblesse du traitement de l’information présentée par WikiLeaks. La logique de la « transparence radicale », selon laquelle le simple fait de livrer des informations brutes suffirait pour déclencher l’action politique, n’a pas beaucoup de consistance dans la réalité. Dans sa forme brute, l’information n’a quasiment aucun pouvoir de transformation.</p>
<p>L’erreur de WikiLeaks est de ne pas avoir pris en considération une tâche essentielle de tout média : la <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-administratives-2012-1-page-123.htm?contenu=article">fonction d’intermédiation</a>, qui consiste à organiser, interpréter et attirer l’attention sur l’information. Ainsi, les journaux de guerre afghans étaient impénétrables pour le citoyen américain moyen, car beaucoup trop techniques et jargonnants. Les journaux contenaient par ailleurs des noms d’individus sur le terrain dont la vie risquait d’être menacée s’ils étaient identifiés.</p>
<p>Le manque de compétence des activistes de WikiLeaks pour rédiger et interpréter les renseignements ainsi que leur incapacité à attirer l’attention de l’opinion publique ont poussé l’organisation à rechercher un partenariat avec un <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-administratives-2012-1-page-123.htm?contenu=article">consortium</a> de cinq grands médias pour assurer la divulgation des 250 000 câbles diplomatiques.</p>
<p>Cette collaboration était essentielle pour assurer un véritable impact aux fuites, mais elle montre bien l’incapacité structurelle de WikiLeaks à gérer une telle quantité d’informations, et dans un certain sens elle consacre l’échec du projet originel de l’organisation, qui était de fournir une information brute, vierge de toute interprétation, à la société civile.</p>
<h2>La résilience des États</h2>
<p>L’incapacité de WikiLeaks à susciter l’indignation à grande échelle n’est pas l’unique raison de l’échec du projet de transformation politique mené par Julian Assange. Il faut en effet ajouter le fait que les révélations de 2010 ont bien montré à quel point les États sont capables de faire preuve de résilience lorsqu’ils sont confrontés aux menaces posées par les acteurs non gouvernementaux et les nouvelles technologies.</p>
<p>L’étude de l’évolution de la bureaucratie américaine depuis les divulgations de 2010 révèle que celles-ci, loin d’avoir incité le gouvernement à se montrer plus transparent, ont au contraire conduit à un <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-administratives-2012-1-page-123.htm?contenu=article">renforcement des contrôles</a> pour accéder aux informations sensibles dans les agences américaines. En effet, les premières réactions de l’administration Obama ont consisté à adopter des mesures de sécurisation des documents secrets. Ainsi, à court terme, l’épisode de 2010 a réduit la probabilité qu’une nouvelle fuite massive se produise.</p>
<p>Il faut aussi souligner le fait que l’affaire intervient à la suite d’un mouvement important de réforme de la communauté américaine du renseignement. Cette réforme, qui faisait suite aux attentats du 11 septembre 2001, visait à améliorer le partage d’informations entre les différentes agences. Dans ce contexte, l’affaire WikiLeaks pourrait être considérée comme une conséquence directe de la plus ample circulation de l’information secrète au sein du gouvernement américain et semble avoir généré un <a href="https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2011-1-page-161.htm">retour vers plus de compartimentage</a> entre les différentes agences américaines de renseignement.</p>
<p>Du côté du corps diplomatique, le constat est similaire, comme l’écrit le directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI) <a href="https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/ecrire-lhistoire-des-relations-internationales-apres-wikileaks/">Thomas Gomart</a> : </p>
<blockquote>
<p>« Après WikiLeaks, la première réaction des diplomates a été de chercher des parades essentiellement techniques pour protéger leurs secrets, comme s’il s’agissait moins d’un événement politique que d’un incident technique. » </p>
</blockquote>
<p>Ainsi, en matière de secret, l’affaire WikiLeaks a plutôt précipité un <a href="https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2011-1-page-161.htm">retour vers le statu quo</a>.</p>
<h2>La fin du secret ? Pas pour tout de suite</h2>
<p>En définitive, les révélations de 2010, outre qu’elles n’ont pas provoqué la mobilisation politique escomptée, n’ont pas modifié fondamentalement la manière dont les États-Unis exercent leur pouvoir à l’étranger, et n’ont pas non plus amené le gouvernement américain à réformer de façon durable son régime juridique du secret d’État.</p>
<p>L’« affaire WikiLeaks » correspond ainsi à une séquence historique durant laquelle l’équilibre entre transparence et secret a été momentanément modifié. Mais les États, en adoptant presque instinctivement des parades essentiellement techniques, ont très rapidement retrouvé leur opacité.</p>
<p>Si Julian Assange et son organisation illustrent de manière éclatante <a href="https://www.iris-france.org/note-de-lecture/le-diplomate-et-lintrus-%C2%96-lentree-des-societes-dans-larene-internationale/">l’intrusion de la société civile dans la diplomatie étatique classique</a>, l’« affaire WikiLeaks » a surtout révélé les limites de l’action de ces réseaux d’activistes transnationaux et a montré la forte capacité d’adaptation des États face à cette nouvelle donne internationale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132556/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benjamin Puybareau est membre de l'organisation Open Diplomacy. </span></em></p>Il y a 10 ans, le site WikiLeaks divulguait une série de documents classés secret défense. Cette affaire devait mettre fin à la culture du secret gouvernemental ; qu’en est-il vraiment aujourd’hui ?Benjamin Puybareau, Doctorant, CERI, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1115082019-02-14T21:44:52Z2019-02-14T21:44:52ZL’Internet français : vers une assignation à… « bien penser » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/258098/original/file-20190210-174890-1yol3b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Heartbreak Hotel</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/andrewgustar/9587785281/">Andrew Gustar / photo on flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span></figcaption></figure><h2>De l’Internet des origines à… <em>L’Origine du monde</em></h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258275/original/file-20190211-174857-n7vpy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’Origine del mondo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">antoniofurno/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Tout le monde garde en mémoire la censure par Facebook de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%E2%80%99Origine_du_monde"><em>L’Origine du Monde</em></a> qui a conduit à la <a href="http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2018/03/16/03015-20180316ARTFIG00110--l-origine-du-monde-la-justice-deboute-l-internaute-qui-s-estimait-censure-par-facebook.php">désactivation du compte de l’utilisateur</a>. Qu’importe le jugement que l’on porte sur ce tableau sulfureux de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Courbet">Gustave Courbet</a>, exposé au musée d’Orsay depuis 1995. Facebook initiait la censure puritaine de l’art on line. Nul doute que ce tableau continuera à faire parler et à hystériser <a href="http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cachez-ce-sexe-15-08-2016-6041107.php">on- et off-line</a>. L’identité du modèle ayant été récemment révélée, <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/09/25/le-mystere-de-l-identite-du-modele-de-l-origine-du-monde-devoile_5359910_3246.html">résolvant une énigme de 152 ans</a> voilà du nouveau grain à moudre pour les polémistes.</p>
<p>Cette cyber-censure pourrait presque prêter à sourire, elle n’est rien, au regard de ce qui se met progressivement – et mondialement – en place au niveau d’Internet. L’Internet français à ce titre est loin d’être en reste. La France est une élève de la censure d’Internet qui se montre paradoxalement (cf. nos valeurs culturelles de liberté) très assidue ces dernières années. Notre pays est aujourd’hui particulièrement bien doté en matière d’outils de censure existants et annoncés…</p>
<h2>De dérive liberticide en dérive liberticide : des mots, des projets de loi, des lois et des censeurs !</h2>
<p><a href="https://www.contrepoints.org/2019/01/05/333949-fake-news-et-propagande-blanche-le-pouvoir-doit-il-en-avoir-lexclusivite">La loi « fake news » qui a été très controversée a été promulguée le 22 décembre 2018, elle demeure contestée par les défenseurs des libertés publiques</a> :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.dalloz-actualite.fr/node/loi-contre-ifake-newsi-un-cadeau-de-noel#.XGAnQdF7lZ0">Son inutilité a été pointée, presque à l’unanimité par les juristes</a> : « Les fausses informations étant déjà réprimées par la loi sur la presse de 1881 ».</p></li>
<li><p>Cette loi instaure un nouveau référé accéléré sous trois conditions qui permettront d’obtenir la suppression d’un contenu :</p></li>
<li><p>Des allégations ou imputations manifestement inexactes ou trompeuses d’un fait.</p></li>
<li><p>Des allégations ou imputations de nature à manifestement altérer la sincérité du scrutin.</p></li>
<li><p>Des allégations ou imputations diffusées de manière délibérée, artificielle ou automatisée et massive sur Internet.</p></li>
</ul>
<p>Nous pouvons être pour le moins circonspect, et ce à plusieurs titres. La définition qui est faite d’une « fake news » par le législateur est d’un flou qui n’est pas sans rappeler le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_smog_de_Londres">grand smog de Londres</a>. Pour établir l’inexactitude de faits – à écouter nos politiques en campagne… – Nous pouvons nous interroger sur la façon dont un juge pourra trancher. Enfin, lorsque nous observons l’usage que fait Donald Trump de ce « mot magique » dès qu’il est – de façon factuelle – mis en défaut, n’est-il pas raisonnable de nous inquiéter de l’usage qui sera fait de cette loi par nos propres politiques ? Un mode de recours abusif ne peut être considéré comme improbable. Une atteinte arbitraire à la liberté d’expression est désormais opérationnelle. Pourtant de pires menaces sont en approche.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258194/original/file-20190211-174867-29pq9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258194/original/file-20190211-174867-29pq9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258194/original/file-20190211-174867-29pq9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258194/original/file-20190211-174867-29pq9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258194/original/file-20190211-174867-29pq9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258194/original/file-20190211-174867-29pq9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258194/original/file-20190211-174867-29pq9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mon T-shirt de soutien à la Quadrature du Net.</span>
<span class="attribution"><span class="source">nitot/Flickr</span></span>
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<h2>De l’atteinte possible à la liberté d’expression, jusqu’au délit d’opinion</h2>
<p>Une autre loi (en approche au niveau européen) se propose de renforcer encore la capacité des États à avoir la main mise sur l’information. Ce texte, dénoncé au plus tôt par <a href="https://www.laquadrature.net/2018/12/07/une-loi-europeenne-pour-censurer-les-mouvements-sociaux-sur-Internet/">La Quadrature du Net</a>, a été publié le 12 septembre 2018 par la commission européenne. Il se retrouve sous l’intitulé de <a href="http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//NONSGML+COMPARL+PE-632.087+01+DOC+PDF+V0//FR&language=FR">« Règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne »</a>. Ce dernier obligerait – s’il demeurait en l’état – tous les acteurs du Web à se soumettre aux outils de surveillance et de censure automatisés fournis par Facebook et Google. La rapporteure, Madame la députée européenne Julie Ward, a fait part de ses nombreuses inquiétudes et notamment concernant les mesures proactives énoncées dans l’article 6 :</p>
<blockquote>
<p>« Votre rapporteure considère que cet article est très problématique, car il ferait peser sur les fournisseurs de services d’hébergement une obligation générale de surveillance contraire à l’article 15 de la directive 2000/31/CE. »</p>
</blockquote>
<p>Nous pouvons d’ores et déjà nous demander ce qu’il adviendra lorsqu’une autorité compétente – une autorité configurée selon les desideratas de chaque pays membre – collaborera avec Facebook et Google pour engager des mesures proactives de censure.</p>
<p>À supposer qu’une autorité administrative soit mise en place en France – dans la mesure où la marginalisation du juge judiciaire est devenue récurrente cette hypothèse n’est pas à exclure – il suffira au pouvoir en place de signifier que tels groupes, tels hashtags, tels commentaires sont répréhensibles (séditieux,factieux, subversifs…) pour qu’ils puissent faire l’objet de mesure proactive de censure. Avec ce texte, le risque serait de franchir un nouveau cap liberticide et de passer d’une atteinte potentielle à la liberté d’expression au risque de mise en place du délit d’opinion.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258203/original/file-20190211-174851-89f807.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258203/original/file-20190211-174851-89f807.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258203/original/file-20190211-174851-89f807.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258203/original/file-20190211-174851-89f807.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258203/original/file-20190211-174851-89f807.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258203/original/file-20190211-174851-89f807.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258203/original/file-20190211-174851-89f807.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Wind of Change 3.</span>
<span class="attribution"><span class="source">marcovdz/Flickr</span></span>
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<h2>Du printemps arabe au mouvement « gilets jaunes », démocratie et régime autoritaire un même combat ?</h2>
<p>La capacité organisationnelle des citoyens s’est développée avec Internet et les réseaux sociaux, le monde en a été témoin. Le printemps arabe en a été une preuve. Les réseaux sociaux y ont <a href="https://atelier.bnpparibas/retail/article/role-reseaux-sociaux-printemps-arabe-chiffre">« joué un rôle central dans la constitution des débats politiques »</a>. Il est compréhensible que les gouvernances – aussi démocratiques soient-elles- en aient tiré des enseignements. Elles ont pris la mesure de ce formidable potentiel d’expression mis à la disposition des populations.</p>
<p>Au regard des lois déjà votées et de celles qui se profilent, pensez-vous qu’un mouvement <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_Gilets_jaunes_(France)">« gilets jaunes »</a> pourra demain prendre corps en France sur le réseau des réseaux ? Il ne s’agit pas de polémiquer sur ce mouvement social, mais de réfléchir à plus long terme sur les conséquences de chacune de ces lois, et sur la façon dont la liberté d’expression est régulièrement attaquée par le législateur qui laisse la porte ouverte à un usage qui pourrait être facilement abusif. Il est question de réfléchir à la marche dangereuse entamée vers le délit d’opinion. Ce dernier est à nos portes, une autorité administrative qui dériverait pourrait utiliser demain des leviers dont certains sont déjà en place :</p>
<ul>
<li><p>Un blocage de l’information par un usage abusif de la notion d’Infox (Fake News) par ceux et celles qui seront contrariés par une information valide qui les met en défaut. (cf. loi « fake news »)</p></li>
<li><p>Une censure proactive à venir désignant au plus tôt comme subversives des opinions contraires : censure et interdictions de groupes, censure de hashtags, censure de mots-clés… (cf. Réglement européen en discussion)</p></li>
</ul>
<p>Sans oublier l’autocensure de citoyens qui craignent d’être ciblés (cf. loi renseignement et les <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/11/14/les-boites-noires-de-la-loi-sur-le-renseignement-sont-desormais-actives_5214596_4408996.html">boîtes noires qui surveillent nos usages</a>)</p>
<p>Voilà de quoi s’inquiéter. Qu’adviendra demain si la dynamique de marginalisation du juge judiciaire entamée se poursuit en France ? La critique même du comportement déviant d’un pouvoir sera-t-elle demain considérée comme une attaque des institutions par une simple autorité administrative ? Cela exposera-t-il à la censure ? À des sanctions ?</p>
<p>Ces lois qui s’accumulent sans le présentiel en amont du garde-fou judiciaire ouvrent la porte à tous les arbitraires. Les hommes et femmes d’aujourd’hui n’ont pas plus ou moins de défauts que les hommes et femmes de demain. Il n’y a pas dans notre technomonde que des hommes et des femmes de bien ! « Tout pouvoir sans contrôle rend fou » disait Alain, ne serait-il pas grand temps et raisonnable de l’écouter ?</p>
<p>Il est encore temps d’alerter la représentation nationale tout comme les citoyens, avant que nous ne nous réveillions demain avec un Internet français assigné à « bien penser » ! Réduit à penser de façon conforme, c’est-à-dire comme le pouvoir – quel qu’il soit – qui sera alors en place.</p>
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<p>« Je ne discute pas pour discuter ; je discute pour m’affermir dans mon opinion si elle est vraie, la fortifier où elle est faible, la redresser où elle est fausse, l’abandonner si elle ne peut être redressée. La discussion est la balance qui, à défaut de l’application, me sert à vérifier ce que l’idée pèse comparativement à l’objection, et l’objection comparativement à l’idée. Paraître avoir raison n’est pas ce qui m’importe ; ce qui m’importe, c’est que la raison ait raison et que l’erreur ait tort ». (Émile de Girardin)</p>
</blockquote>
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<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111508/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime. </span></em></p>Rapide retour historique sur les traces de la censure de l’Internet.Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1085492018-12-14T01:24:22Z2018-12-14T01:24:22ZLiberté d’in-expression : quand les États de l’Union européenne souhaitent sous-traiter la censure aux géants du web !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/249729/original/file-20181210-76962-1wole0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/truthout/35773836094/">Truthout.org/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><h2>Le texte européen le plus liberticide de cette décennie est en approche</h2>
<p>Hors un certain nombre de pays qui se sont opposés à ce texte, le Conseil de l’Union européenne vient d’acter un projet de loi au parfum pour le moins désagréable pour ce qui concerne les libertés publiques. Poussé par la gouvernance actuelle française, ce texte – peu médiatisé – pourrait s’avérer l’un des coups les plus violents jamais portés à la liberté d’expression dans les pays « démocratiques » de l’Union européenne. Le débat autour de ce texte va maintenant se poursuivre au parlement européen.</p>
<p>Il convient de préciser que le 12 décembre 2018 un premier rapport sur la lutte antiterroriste a été adopté à une très large majorité : sur 661 votants, 474 ont voté en faveur de ce dernier tel qu’il a été amendé, 112 voix contre, 75 votants se sont abstenus. Cette adoption était prévisible. Il faut toutefois noter qu’elle s’est déroulée dans un contexte très particulier : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusillade_du_11_d%C3%A9cembre_2018_11_Strasbourg">au lendemain du terrible drame de Strasbourg à proximité du marché de Noël</a>. Ce rapport sur <a href="http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=REPORT&mode=XML&reference=A8-2018-0374&language=FR">« les observations et les recommandations de la commission spéciale sur le terrorisme »</a> est dans la même ligne. Ce rapport désormais adopté est un marchepied qui vient appuyer le texte à venir, texte qui recommandera entre autres mesures la sous-traitance de la censure aux géants de l’Internet.</p>
<h2>De quoi s’agit-il ?</h2>
<p>Usant toujours de la même argumentation – a priori- louable : la lutte contre le terrorisme, ce texte – que vous retrouverez sous l’intitulé : <a href="http://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-15336-2018-INIT/fr/pdf">« Règlement du Parlement Européen et du Conseil relatif à la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne »</a> obligera tous les acteurs du Web à se soumettre aux outils de surveillance et de censure automatisés fournis par Facebook et Google. Quand la Quadrature du Net qui soulève le problème s’interroge : <a href="https://www.laquadrature.net/2018/12/07/une-loi-europeenne-pour-censurer-les-mouvements-sociaux-sur-Internet/">« Une loi européenne pour censurer les mouvements sociaux sur Internet ? »</a> La réponse apparaît tristement contenue dans la question au regard des éléments exposés ci-après et des mouvements sociaux qui se déroulent en France depuis quelques semaines.</p>
<p>Nonobstant un projet réalisé dans un timing empêchant tout débat public, ces alliances contre-nature associant des géants du Net à des États dans l’exercice de la censure sont préoccupantes.</p>
<h2>Pourquoi est-ce une dérive dangereuse ?</h2>
<p>Si le règlement européen franchit ici un nouveau cap, c’est qu’au-delà d’une exigence de retrait dans l’heure sous peine de sanctions financières des prestataires, ce projet de loi prévoit d’intégrer également des « mesures proactives ».</p>
<p>Il s’agit donc d’avoir recours à de la censure automatique préventive ! Pour faire simple, cette censure serait alors paramétrée par les autorités concernées et les géants du web.</p>
<p>Voici ci-dessous quelques extraits de ce que propose ce projet de règlement en terme de mesures proactives (article 6). Un règlement que je vous encourage à lire attentivement et dans son ensemble (<a href="http://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-15336-2018-INIT/fr/pdf">Bruxelles,le 7 décembre 2018 : Règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne</a>).</p>
<p><strong>Mesures proactives </strong></p>
<ul>
<li><p>Les fournisseurs de services d’hébergement prennent, selon le risque et le niveau d’exposition aux contenus à caractère terroriste, des mesures proactives pour protéger leurs services contre la diffusion de contenus à caractère terroriste. Ces mesures sont efficaces et proportionnées, compte tenu du risque et du niveau d’exposition aux contenus à caractère terroriste, des droits fondamentaux des utilisateurs et de l’importance fondamentale de la liberté d’expression et d’information dans une société ouverte et démocratique.</p></li>
<li><p>Lorsqu’elle a été informée conformément à l’article 4, paragraphe 9, l’autorité compétente* visée à l’article 17, paragraphe 1, point (c), demande au fournisseur de services d’hébergement de soumettre, dans les trois mois suivant la réception de la demande, et ensuite au moins une fois par an, un rapport sur les mesures proactives spécifiques qu’il a prises, y compris au moyen d’outils automatisés.</p></li>
</ul>
<p>Lorsque il est évoqué la notion « d’autorité compétentes » qui seront habilitées à superviser ces mesures proactives elles sont « précisées » dans le point (37) :</p>
<blockquote>
<p>« (37) Aux fins du présent règlement, les États membres devraient désigner des autorités compétentes. L’obligation de désigner des autorités compétentes n’impose pas nécessairement la création de nouvelles autorités ; il peut en effet s’agir d’organismes existants chargés des fonctions prévues par le présent règlement. Celui-ci exige la désignation d’autorités compétentes chargées d’émettre les injonctions de suppression et les signalements et de superviser les mesures proactives, ainsi que d’imposer des sanctions. Il appartient aux États membres de décider du nombre d’autorités qu’ils souhaitent désigner pour remplir ces tâches ».</p>
</blockquote>
<h2>De la contestation à la sédition… jusqu’au terrorisme : le poids des mots, le choc de la censure !</h2>
<p>Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, quand le ministre de l’Intérieur dénonce <a href="https://www.lci.fr/politique/christophe-castaner-a-denonce-les-seditieux-parmi-les-gilets-jaunes-a-quoi-renvoie-ce-terme-2105592.html">« les séditieux »</a> parmi les gilets jaunes, on peut s’inquiéter fortement sur l’usage futur et dévoyé qui pourrait être fait par la gouvernance actuelle (et d’autres) d’une telle loi.</p>
<p>Les mots ont un sens, et les mots ne sont pas innocents ! Ils le sont d’autant moins lorsque l’on est aux responsabilités. Je rappelle donc qu’une sédition <a href="https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/sedition/">« est une forme d’émeute face à un pouvoir ou une autorité établie, dont le but ne serait pas uniquement de renverser les détenteurs d’une puissance, mais de rompre définitivement tout lien avec ce système »</a>.</p>
<p>La problématique est que de « sédition » à « criminel » puis à « terroriste » il n’y a qu’un pas qui pourrait être vite franchi pour justifier une censure totalement outrancière en cas de mouvement social contestataire s’exprimant demain sur Internet.</p>
<p>Aussi, et au regard du type de qualificatif qui a été utilisé lors du mouvement de contestation sociale massif qui se déroule actuellement en France, que ce qualificatif soit supposé désigner quelques individus ou un collectif est en définitive peu important… Le mot a été lâché ! Il laisse sous-entendre que sous une telle loi un mouvement de contestation du type des « gilets jaunes » – en France comme ailleurs – pourrait être traité comme un mouvement potentiellement séditieux et de fait être censuré au plus tôt par les autorités et leurs nouveaux alliés de la censure.</p>
<p>Cela entraînerait <em>ipso facto</em> (par exemple) une impossibilité d’usage du Net pour l’organisation de rassemblements. Que ces rassemblements soient pacifiques ou non, ils pourraient être rapidement mis « dans le même panier » ! Le couperet de la censure pourrait alors s’abattre de façon généralisée et préventive pour “tuer dans l’œuf” ce type de mouvement contestataire. Il sera nécessaire et suffisant de s’appuyer sur les comportements de quelques illuminés réellement dangereux… pour brandir le terme sédition et co-actionner la censure algorithmique adaptée ! Pour le bien de la sécurité nationale, évidemment…</p>
<blockquote>
<p>« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». (Bertolt Brecht)</p>
</blockquote>
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<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/108549/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. » (Bertolt Brecht)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1055362018-12-02T20:39:21Z2018-12-02T20:39:21ZL’« hacktivisme » (au sens large)… pourquoi faire ? Demandez aux « gilets jaunes » !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/248126/original/file-20181130-194956-yfi3ci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Gilets jaunes-13</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f2/photo/45118795905/2a737a0009/"> NightFlightToVenus on Visual hunt / CC BY-NC-ND</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><strong>Si pour les gouvernances l’opinion a de tout temps fait office de vérité, le temps n’est-il pas venu que ce soit la vérité qui fasse l’opinion !</strong></p>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt">Hannah Arendt</a> disait qu’« il n’a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais terme. »</p>
<p>Qu’ajouter à une synthèse aussi concise qu’Hannah Arendt qualifie elle-même de « lieu commun » ! Allant jusqu’à ajouter que « les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes, non seulement du métier de politicien ou de démagogue, mais aussi d’homme d’État ».</p>
<p>La vérité c’est l’opinion (sous-entendu l’opinion publique) et qu’importe comment on la façonne. Qu’importe les leviers qu’on utilise, au risque de la démagogie, de toutes les promesses irréalistes possibles, et de l’altération intentionnelle de la vérité ! Vous comme moi avons pu mille et une fois le constater ! Alors c’est donc comme cela que se gère un Pays, une Entreprise ? Les derniers des hommes seront les premiers ?</p>
<p>À quoi sert alors l’éducation, tout ce que les adultes inculquent (sont supposés inculquer) à leurs enfants sur l’importance de la vérité, de la droiture, de l’honneur ? Est-ce là une façon de les protéger, est-ce la une façon de les préparer au mieux à un monde d’adultes qui donnent le mauvais exemple de façon toujours plus audacieuse. Comme le résumait Desproges : « les enfants croient au père Noël, les adultes votent ».</p>
<p>Cette phrase de Pierre Desproges résonne dans les oreilles aussi puissamment qu’une phrase d’un Platon ! Quant au fameux « qu’est ce qu’on peut y faire ? » Tout ! Certains peuvent porter des « pierres », certains citoyens des « cailloux », d’autres « des grains de sable » et alors ? Pas pour les lancer sur quiconque ! Mais pour consolider la démocratie. Certainement pas pour la détruire. Voilà à quoi sert l’hacktivisme.</p>
<h2>Dire la vérité n’est pas une sinécure !</h2>
<p>Dans l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/All%C3%A9gorie_de_la_caverne">allégorie de la caverne</a> Platon lui-même n’avait-il pas déjà prévenu l’homme ? Cet homme probablement comme vous, comme moi qui, pris de je ne sais quelle folie, se donnerait pour ambition de les délivrer « de la fausseté et de l’illusion »… Platon ne nous avait-il pas prévenus de notre sort ? Fasse à la masse, face à cette opinion cet antonyme de toute forme de vérité depuis des siècles : bien sûr que si ! Platon nous en avait prévenus : « s’il leur était possible de mettre la main sur un tel homme… ils le tueraient.</p>
<blockquote>
<p>« Toutes les gouvernances reposent sur l’opinion » affirmait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Madison">James Madison</a>.</p>
</blockquote>
<p>Dans notre Technomonde informatisé et complexe, quoi de plus malléable qu’une opinion qui ne pense pas par elle même ? Non pas qu’elle soit stupide, mais parce qu’elle est entretenue dans l’ignorance, qu’elle ne dispose d’aucun outil de lecture ni d’aucune aide pour se forger une opinion qui lui soit propre. Dans cette configuration le mensonge de politiciens peut faciliter l’acceptation par l’opinion publique de choix (dans le domaine technologique entre autres) dont elle ne peut mesurer la dangerosité. Puisqu’on lui dit que c’est pour son bien et l’intérêt du collectif !</p>
<ul>
<li><p>Voilà pourquoi l’hacktivisme a des missions. Entre autres lorsque la liberté d’expression est mise en danger.</p></li>
<li><p>Voilà pourquoi le <a href="https://theconversation.com/projet-de-loi-fake-news-soyons-flous-en-avant-marche-103297">projet de loi sur les fake news nous concerne toutes et tous</a>, tout comme l’expérimentation douteuse actuellement réalisée en France : un curieux mélange des genres un <a href="https://www.contrepoints.org/2018/11/27/331102-ce-mariage-entre-gafa-et-etat-qui-pourrait-faire-disparaitre-la-liberte-dexpression">mariage entre GAFA et État qui pourrait faire disparaître la liberté d’expression</a>.</p></li>
<li><p>Voilà pourquoi cela doit être porté à connaissance, explicité, que cela soit compris par le plus grand nombre. Il est impérieux que chacun puisse se faire sa propre opinion et être exposé à des arguments qui ne seront certainement pas ceux des fervents défenseurs et porteurs de ces projets de loi liberticides.</p></li>
</ul>
<p>De la liberté d’expression sur Internet dans notre Technomonde dépend la possibilité de contestation (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Slacktivisme">cf. Slacktivisme</a>). Il faut être en mesure de défendre ce droit inaliénable dès lors qu’il est attaqué.</p>
<p>L’objectif n’est pas d’avoir raison ou tort. L’objectif est que chaque citoyen – du simple citoyen jusqu’au parlementaire supposé le représenter – puisse se forger une opinion qui lui soit propre ! Combien de parlementaires votent aujourd’hui des lois par simple automatisme partisan, sans forcément en comprendre les enjeux par défaut d’informations ? N’est-ce pas une question qui se pose ? Voilà la raison d’une chronique comme celle-ci.</p>
<h2>L’hacktivisme : quand le peuple reprend la main ! La preuve par les « Gilets jaunes »</h2>
<p>Et pour ceux qui penseraient que l’hacktivisme, ce n’est pas pour eux, ils se trompent. Partager cet article c’est déjà de l’hacktivisme ! <a href="https://theconversation.com/hacktivisme-et-cause-a-defendre-cad-forces-faiblesses-opportunites-et-menaces-partie-1-105359">L’hacktivisme réalisé dans un cadre éthique</a> c’est en définitive se comporter et agir en citoyen, c’est prendre la parole, comme le font aujourd’hui les « Gilets jaunes ».</p>
<ul>
<li><p>Le mouvement inédit des « Gilets jaunes », ne corrobore-t-il pas un certain nombre de mes propos ? Pour rallier l’opinion publique à sa cause le pouvoir aura d’abord tenté le discrédit par le quantitatif : parlant d’un mouvement qui s’essouffle, autrement dit, une infox ! N’ai-je pas déjà eu l’occasion de le souligner que la <a href="https://theconversation.com/la-rue-un-territoire-de-contestation-a-obsolescence-programmee-103274">rue est un territoire de contestation à obsolescence programmée</a>. Le quantitatif dans la rue n’est plus un critère nécessaire et suffisant pour juger de l’ampleur d’un mouvement… Le combat des « Gilets jaunes » ne pouvant être réduit au présentiel sur les ronds-points, ou au nombre de manifestants lors des rassemblements plus « officiels ». C’est la raison pour laquelle, l’argument du gouvernement a été hier et sera demain sans le moindre effet… si ce n’est un effet contre-intuitif : le déni de réalité étant devenu inaudible par une population exprimant massivement sont exaspération.</p></li>
<li><p>Nous noterons que la tentative de discrédit de ce mouvement en dénonçant sa violence et en montrant des images de casseurs n’aura pas été plus efficace, hormis le fait de faire peur et de décourager ceux et celles qui auraient souhaité participer aux rassemblements pacifiquement. Il a été contrecarré par des images de solidarité entre « Gilets jaunes » policiers et gendarmes relayées sur les réseaux sociaux.</p></li>
<li><p>Enfin la tentative grossière d’associer ce mouvement de contestation à des opposants politiques sera également vaine. Voilà un triple échec de communication de crise dont il devra tirer des enseignements.</p></li>
</ul>
<p>À l’heure des réseaux sociaux, le gouvernement aura appris, tout comme certains médias et communicants – à leurs dépens et face à ce mouvement inédit – que les leviers de manipulation de l’opinion publique qui ont été utilisés jusqu’alors sont des techniques d’un Ancien Monde qu’ils avaient prétention à changer ! Ces techniques sont devenues parfaitement obsolètes ! Dont acte !</p>
<p><em>« Le peuple a ses raisons que la déraison des puissants ignore ».</em></p>
<hr>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105536/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>Si pour les gouvernances l’opinion a de tout temps fait office de vérité, le temps n’est-il pas venu que ce soit la vérité qui fasse l’opinion !Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1064642018-11-23T01:19:54Z2018-11-23T01:19:54ZColonisation d’Internet par la censure : la Chine dégaine en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/244099/original/file-20181106-74778-1qx1u3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C19%2C799%2C513&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dcmaster/8065493711/">dcmaster/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><h2>Censure d’Internet : le monde libre est-il prêt à brader ses valeurs contre des parts de marché ?</h2>
<p>On ne remerciera jamais assez Google (sic) qui, au travers du projet <a href="https://www.lebigdata.fr/google-dragonfly-surveillance">Dragonfly</a> est prêt à vendre les valeurs de liberté pour des parts de marché sur un territoire (la Chine) où le marché des moteurs de recherche est dominé par <a href="https://www.baidu.com/">Baidu</a>. Quant au discours de son PDG vantant son attachement au respect de la liberté d’expression, tout en fournissant un Google formaté pour la Chine au service de la censure. Que dire ? N’est-ce pas là une capitulation éthique et morale ? Cette stratégie se trouve d’ailleurs confrontée à une opposition forte de nombreux employés de la firme qui sont <a href="https://www.franceinter.fr/monde/google-veut-toujours-revenir-en-chine-malgre-google">« vent debout contre ce projet »</a>. Des organisations de défense de droits humains dénoncent elles aussi cette démarche : <a href="https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/08/google-search-china-censorship/">« Ce serait un jour noir pour la liberté du Web si Google se soumettait aux règles extrêmes de la censure chinoise pour accéder à un marché »</a> commentait alors Patrick Poon, chercheur sur la Chine à <a href="https://www.amnesty.fr/">Amnesty International</a> » !</p>
<p>Dans un autre registre, on ne remerciera jamais assez (sic) les Politiques du “monde libre” qui réfléchissent actuellement à censurer Internet dans des périodes où ils se réserveraient – en France notamment – le monopole de l’Infox… (cf. <a href="https://theconversation.com/projet-de-loi-fake-news-soyons-flous-en-avant-marche-103297">projet loi fake news</a>) et le droit de trier la vraie information de la fausse pour, naturellement… le bien de la population.</p>
<p>Ces dérives, ces coups de boutoir contre la liberté d’expression et un libre accès à l’information, ne sont là que deux exemples parmi d’autres. En matière de surveillance génératrice d’autocensure, de censure, les gouvernements du monde entier – quels que soient les régimes – <a href="https://www.rtl.fr/actu/politique/video-evasion-fiscale-les-comptes-des-francais-sur-les-reseaux-sociaux-bientot-scrutes-7795495185">ne manquent pas d’idées aussi improbables qu’innovantes</a>. Bien sûr cela est préoccupant, et pourtant, mis en perspective d’avec la politique Internet que mène actuellement la Chine en Afrique, ces apprentis censeurs font figure d’amateurs !</p>
<h2>L’appui de l’Occident à la colonisation façon chinoise de l’Internet : une première inquiétante</h2>
<p>Tandis que ces apprentis censeurs de la liberté d’expression et d’accès à l’information s’agitent – ici pour des intérêts financiers, là pour un contrôle et une maîtrise de l’information – ils seront vraisemblablement tout du moins pour ce qui concerne la France, recadré par nos institutions (cf. conseil constitutionnel)… Les censeurs professionnels jouent eux dans une autre cour. La Chine est engagée sur d’autres combats d’envergure. Elle s’est mise au service de nombreuses gouvernances africaines et a initié la colonisation de la censure !</p>
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<p>« En Tanzanie, au Kenya ou encore au Zimbabwe : la Chine investit massivement dans les pays africains. Et son influence va bien au-delà de la “Belt and Road Initiative”, la nouvelle “Route de la soie”. Taxes sur les réseaux sociaux ou sur les blogs, régulation de l’Internet : la méthode chinoise inspire des réformes liberticides. Mais c’est sans doute sur le terrain de la <a href="https://www.arte.tv/fr/videos/083397-003-A/tous-les-internets-la-chine-faconne-t-elle-l-Internet-en-afrique/">reconnaissance faciale que la Chine-Afrique est la plus inquiétante</a>. »</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/vED-NFCDYEI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Depuis l’essai d’Alain Peyrefitte paru en 1973 chez Fayard intitulé <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Quand_la_Chine_s%E2%80%99%C3%A9veillera..._le_monde_tremblera">« Quand la chine s’éveillera le monde tremblera »</a>, 45 années se sont écoulées. La Chine me semble pour le moins bien réveillée. Sans vouloir paraître alarmiste, le « monde libre », plutôt que d’abonder dans son sens, celui de la censure, semble lui bien assoupi et prêt à toutes les compromissions. Il gagnerait à se réveiller, à se resaisir et à défendre ses valeurs. Parce qu’en 2018, Internet – partie intégrante de notre technomonde – a toutes les raisons de trembler.</p>
<hr>
<p><em>A suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106464/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>« Je m’inquiète pour le jour où, dans 10 ou 15 ans, ma fille me demandera : “Papa, tu faisais quoi quand ils ont censuré la liberté de la presse sur Internet ?" » (Mike Godwin)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1060472018-11-08T21:08:43Z2018-11-08T21:08:43ZHacktivisme et Cause à défendre (CAD) : forces, faiblesses, opportunités et menaces ! (partie 2)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/243081/original/file-20181030-76399-ij7a7u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C926%2C469&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">I miss your heartbeat...</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/digital-noise/3650559857/">digitalnoise / photo on flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p><strong>Partie 2 :</strong> Hacktivisme et Cause À Défendre (CAD) : opportunités et menaces.</p>
<p>Après avoir identifié un certain nombre de forces et faiblesses de l’hactivisme (<a href="https://theconversation.com/hacktivisme-et-cause-a-defendre-cad-forces-faiblesses-opportunites-et-menaces-partie-1-105359">cf. Partie 1 : Hacktivisme et Cause À Défendre (CAD) : Forces, faiblesses, opportunités et menaces !)</a>), poursuivons son <a href="https://www.manager-go.com/strategie-entreprise/dossiers-methodes/diagnostic-strategique-swot">analyse SWOT</a> en abordant dans cette seconde partie les opportunités et les menaces qui le concernent.</p>
<h2>Opportunités</h2>
<ul>
<li>Dans certains pays, la loi protège celles et ceux qui, pour le bien collectif, dénoncent des abus, quel que soit le type d’organisation dont ils émanement (collectivité, entreprise…). Si l’aide apportée aux lanceurs d’alertes (hacktivistes à part entière) existe au travers d’organisation comme <a href="https://transparency-france.org/">transparency france</a> depuis plus de dix ans, leur défense a été renforcée par la loi depuis peu. <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/evenements-et-actualites-du-ministere/actualites-du-ministere-de-l-europe-et-des-affaires-etrangeres/article/mise-en-place-du-dispositif-lanceurs-d-alerte-01-01-18">Le dispositif « Lanceurs d’alerte » mis en place le 1ᵉʳ janvier 2018) par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères</a> peut être consulté à titre d’exemple. La réalité de la protection légale du lanceur d’alerte devra être validée par la preuve. Cette évolution est porteuse d’espoir.</li>
</ul>
<h2>Menaces</h2>
<ul>
<li><p><strong>“L’insincérité” éventuelle des gouvernances</strong> quant à leur réelle volonté de protection d’hacktivistes spécifiques tels que les lanceurs d’alertes peut conduire à la <a href="https://theconversation.com/comment-tuer-socialement-un-lanceur-dalerte-mode-demploi-en-democratie-102556">mort sociale de ces derniers. Cette mort sociale demeure un risque fort</a>.</p></li>
<li><p><strong>Des lois qui peuvent transformer des actions légitimes en actions illégales</strong> et rendre délictueux ce qui ne l’était pas. Le pouvoir peut avoir la tentation de criminaliser ce qui est juste, à seule fin de défendre et couvrir des pratiques déloyales qui lui sont profitables. <a href="https://www.contrepoints.org/2018/10/23/328440-fake-news-la-politique-sera-t-elle-la-seule-detentrice-du-monopole-de-lintox">C’est là, à mon sens, l’un des risques majeurs du projet de loi fake news</a>.</p></li>
<li><p><strong>L’absence de modus vivendi établi et clair</strong> (par exemple le nombre de signataires minimum, la validité des signatures lors de pétitions… ) conduit à la non prise en compte et au non au traitement par les gouvernements « démocratiques » des actions citoyennes massives effectuées via Internet.</p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/du-siecle-des-lumieres-au-siecle-des-datas-et-de-lobscurantisme-technologique-104330"><strong>L’obscurantisme technologique intentionnel</strong></a> : Le déficit de vulgarisation et d’information sur certains choix technologiques qui s’opèrent dans notre société surinformatisée empêchent le citoyen d’avoir un avis suffisamment éclairé pour prendre position sur des décisions prises qui le concernent directement. <a href="https://theconversation.com/machine-a-voter-dinterminables-annees-de-vulnerabilite-democratique-104729">Les machines à voter</a> sont un exemple parmi d’autres.</p></li>
<li><p><strong>Le désintérêt des citoyens</strong> qui, pris dans un quotidien difficile peut ne pas se sentir concerné par la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chose_publique">chose publique</a>. Il peut entretenir l’idée que s’impliquer dans les débats publics sur Internet est sans utilité ou pas à sa portée.</p></li>
</ul>
<h2>Trouver ses marques</h2>
<p>L’hacktivisme est en construction, il a besoin de trouver ses marques, de mieux s’auto-réguler pour gagner en crédibilité et en puissance. Il pourra s’inspirer, dans l’action, de ce type d’analyse SWOT, pour évoluer et devenir à moyen terme un mode d’action et d’expression citoyenne pris en considération par les gouvernances du « monde libre ».</p>
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<p>« Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ? » <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Antoine_de_Saint-Just">Louis Antoine de Saint-Just</a></p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106047/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>« Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ? ». (Louis Antoine de Saint-Just)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1053592018-11-01T21:15:19Z2018-11-01T21:15:19ZHacktivisme et Cause à défendre (CAD) : forces, faiblesses, opportunités et menaces ! (partie 1)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/242626/original/file-20181028-7041-qn5f52.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">I miss your heartbeat...</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/digital-noise/3650559857/">digitalnoise / photo on flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p><strong>Partie 1 :</strong> Hacktivisme et Cause à défendre (CAD) : Forces, faiblesses.</p>
<h2>Hacktivisme et Cause à défendre (CAD)</h2>
<p>L’hacktivisme s’est démocratisé, notamment au travers du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Slacktivisme">« slacktivisme »</a> L’hacktivisme, n’est plus la chasse gardée d’une élite technologique, il est multiforme. Une action hacktiviste peut relever du cybercrime à juste titre, ou être parfois qualifiée ainsi pour entraver le droit à la résistance légitime d’une population. Aujourd’hui la possibilité est offerte à tous les citoyens ayant le privilège d’accéder à Internet d’initier ou d’appuyer des actions, d’aider à la visibilité d’une cause qu’il juge importante à défendre. Cela peut être qualifié de Cause à défendre (CAD) par analogie avec le terme de Zone à défendre (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_%C3%A0_d%C3%A9fendre">ZAD</a>) apparu en France au début des années 2010.</p>
<p>À titre d’exemple, même s’il n’a pas – à ce jour – été tenu compte par le gouvernement du Royaume-Uni de la pétition de ses ressortissants contre le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Brexit">Brexit</a> en raison d’une participation inférieure à 75 %, <a href="https://petition.parliament.uk/archived/petitions/131215">cette pétition – désormais « fermée » – est toujours consultable en ligne</a>. Elle a dépassé les 4 millions de signataires. En octobre 2018, plus d’un million de personnes ont signé la nouvelle pétition lancée par Christian Broughton l’éditeur de <em>The Independent</em>. Cette pétition baptisée <a href="https://www.change.org/p/theresa-may-mp-give-people-a-final-say-on-brexit-deal">« Final say »</a> appelle la gouvernance à donner au peuple britannique <strong>le droit d’avoir le dernier mot</strong> concernant le Brexit. Cette pétition exige la tenue d’un nouveau référendum.</p>
<hr>
<p>Lorsqu’une population exprime son désaccord de manière aussi massive via Internet, il convient de noter que de nombreux gouvernements, à l’instar du Royaume-Uni, ne disposent ni d’outils (comment valider la véracité des signataires) ni de cadre législatif (à partir de quelle quantité donner suite à ce type pétition par exemple) pour répondre à ce type de situation. Les autres gouvernances « démocratiques » gagneraient à s’interroger également sur l’attitude à adopter lorsqu’une population exprime son désaccord de façon aussi massive via Internet.</p>
<hr>
<h2>L’intérêt d’une analyse SWOT de l’hacktivisme</h2>
<p>L’analyse ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/SWOT_(m%C3%A9thode_d%E2%80%99analyse)">matrice SWOT</a> – de l’anglais Strengths (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities (opportunités), Threats (menaces) – est un outil de stratégie d’entreprise permettant de déterminer les options offertes dans un domaine d’activité stratégique.</p>
<p>Une analyse SWOT de l’hacktivisme vise à éclairer sur les options offertes aux citoyens du « technomonde » lui permettant de participer activement aux débats sociaux, tout en lui donnant une lecture du cadre dans lequel il peut agir.</p>
<p>*<em>Agir oui, s’hacktiver oui, mais pas n’importe comment ! *</em></p>
<p>Dès lors que l’on a le privilège d’avoir un accès à Internet – rappelons qu’à ce jour <a href="https://www.01net.com/actualites/la-moitie-de-la-population-mondiale-aura-acces-a-Internet-en-mai-2019-et-c-est-un-mauvais-chiffre-1548008.html">3,8 milliards de personnes n’y ont pas accès</a> – lorsque l’on se demande ce que l’on peut faire pour défendre une cause qui nous semble juste, il est important d’identifier les écueils à éviter. Il s’agit de <a href="https://theconversation.com/hacktivisme-fondamentaux-hackers-ignorance-et-prejuges-93936">rester dans un cadre éthique proche de celui de la communauté hackers</a>.</p>
<p>Voilà quelques éléments de réponses dans l’analyse SWOT ci-après (Attention, celle-ci n’a pas prétention à être exhaustive, elle se veut une piste de réflexion qui reste à compléter et à affiner).</p>
<h2>Hacktivisme : une ébauche d’analyse SWOT</h2>
<p><strong>Forces</strong></p>
<ul>
<li><p><strong>Une possibilité nouvelle qui permet l’engagement des hommes et des femmes à la vie de la cité</strong>. Des structures, souvent des ONG, mais aussi des particuliers, peuvent bénéficier de cette nouvelle opportunité d’engagement des citoyens pour solliciter leurs soutien au travers de cet activisme informatisé. Les pétitions en ligne sont faciles à mettre en place. De nombreuses solutions existent, l’une des plus connues <a href="https://www.change.org/start-a-petition?lang=fr">change.org</a> est facile d’utilisation et accessible à tous.</p></li>
<li><p><strong>L’immédiateté de l’action</strong>. Lorsque l’action est réfléchie lisible et légitime elle peut s’appuyer sur les réseaux sociaux, les forums, les sites, les blogs, les mailing-lists… Cela permet lorsque la mobilisation de l’opinion est au rendez-vous, une prise en compte de la problématique soulevée par les médias de masse, et de fait une information du grand public rapide, bien au-delà de l’Internet.</p></li>
<li><p><strong>Des ONG, des Think tanks se structurent</strong>. Ces acteurs peuvent se mobiliser et mobiliser les internautes pour interpeller par exemple les politiques sur des sujets sociétaux. Dans le domaine de l’Internet, en France par exemple, elles peuvent faire des propositions concrètes et réalistes dans la recherche d’un juste équilibre entre sécurité et liberté, pour se diriger vers une souveraineté à l’ère du numérique juste et respectueuse de nos acquis démocratiques et de nos identités. Elles peuvent mener également des combats juridiques pour l’intérêt collectif. <a href="https://www.laquadrature.net/fr">La quadrature du net</a> est à ce titre un exemple indiscutable au travers tant de l’information qu’elle communique au citoyen, que des moyens qu’elle met à sa disposition pour agir, que des nombreuses <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/decisions/la-qpc">Questions Prioritaires de Constitutionalité</a> (QPC) qu’elle a déposées – en votre nom et au mien – ces dernières années pour défendre nos libertés numériques.</p></li>
</ul>
<p><strong>Faiblesses</strong></p>
<ul>
<li><p><strong>L’absence de lisibilité de l’action et les dérives.</strong> L’hacktivisme est devenu multiforme. Il peut intervenir sur de nombreuses thématiques. Sa principale faiblesse peut être l’incompréhension de son action par l’opinion publique. Autant certains groupes à l’instar des <a href="https://telecomix.org/">Telecomix</a> répondent à une philosophie de l’action immédiatement compréhensible : Défense des droits de l’homme, Défense de la liberté d’accès à Internet… D’autres groupes ont une ligne beaucoup plus floue, ils prêtent alors le flanc à des critiques et à leurs détracteurs. Les Anonymous se sont ainsi mis parfois dans des situations extrêmement délicates et difficilement défendables. Cela sera le cas de l’opération qu’ils mèneront en 2012. Cette opération baptisée <a href="https://www.youtube.com/watch?v=D3BqVhRmRtw">#OpPedoChat</a> (opération anti-pédophilie) a consisté à publier une liste de 500 pédophiles présumés. Cette démarche fera polémique, elle sera qualifiée par de nombreux acteurs du net d’action irresponsable. L’association belge de protection des enfants <a href="http://www.childfocus.be/en">Child Focus</a> condamnera cette action des Anonymous en estimant que : <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/les-anonymous-publient-les-adresses-d-internautes-qu-ils-accusent-de-pedophilie_117481.html">« si des choses illégales se produisent sur des sites de chat, c’est uniquement à la police d’agir »</a>.</p></li>
<li><p><strong>La visibilité de l’action.</strong> Si mettre en place une pétition en ligne est techniquement facile, le quantitatif de signataires est le critère de réussite le plus important. Cette réussite demeure soumise à deux difficultés : d’une part sa faculté à mobiliser, c’est a dire le nombre de personnes qui peuvent se sentir concernés, et d’autre part le savoir faire en matière de communication digitale dont dispose l’initiateur de la pétition en ligne pour lui assurer une diffusion maximisée.</p></li>
<li><p><strong>Le caractère illégal de l’action.</strong> Des lois votées restrictives de libertés peuvent réduire dans certains pays le nombre d’actions initiées, ou dissuader les citoyens d’y participer.</p></li>
<li><p><strong>L’immédiateté</strong>. Une action d’hacktivistes, insuffisamment réfléchie, qui utilisent de mauvais moyens pour une cause qu’ils estiment juste, sans mesurer les conséquences de leur initiative peut avoir des effets contre-productifs : Cela peut fournir des arguments à leurs détracteurs qui puisent alors dans ces dérives une opportunité pour disqualifier l’hacktivisme de façon généralisée (cf. l’opération #OpPedoChat des Anonymous que j’ai pu évoquer).</p></li>
</ul>
<blockquote>
<p>« Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ? » (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Antoine_de_Saint-Just">Louis Antoine de Saint-Just</a>)</p>
</blockquote>
<p><em>À suivre :</em> <strong>Partie 2 :</strong> Hacktivisme et Cause à défendre (CAD) : Opportunités et Menaces.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105359/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>« Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ? » (Louis Antoine de Saint-Just)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1047292018-10-18T21:44:55Z2018-10-18T21:44:55ZMachine à voter : d’interminables années de vulnérabilité démocratique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240300/original/file-20181011-154583-1nqhrnk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C86%2C689%2C401&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vote, votez.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/yanncb92/13375366884/">Gongashan/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><em><strong>« Le vote électronique » est un système de vote dématérialisé, il désigne le vote par Internet, mais aussi via les machines à voter.</strong></em></p>
<p>Le 22 avril 2007, de nombreuses communes inauguraient pour la première fois les machines à voter lors d’élections présidentielles. En 2013, l’expérimentation s’est poursuivie. Au Mans, lors des élections de 2013, il sera constaté sur certaines machines <a href="https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/le-mans-72000/le-mans-les-erreurs-des-machines-voter-un-mystere-462495">plus de votes que de signatures ou plus de signatures que de votes</a>. Un citoyen relèvera 56 erreurs. Le directeur général des services en concédera 52 et relativisera les choses en avançant une moyenne de <a href="https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/le-mans-72000/le-mans-les-erreurs-des-machines-voter-un-mystere-462495">« 0,5 erreur par bureau »</a>.</p>
<p>Dix ans après, pour les dernières élections présidentielles, le ministère de l’Intérieur communiquait en avril 2017 la liste des 82 communes qui utiliseraient à nouveau <a href="https://www.zdnet.fr/actualites/la-liste-des-82-communes-equipees-de-machines-a-voter-39368609.htm">ces machines</a>, en terme de citoyens concernés cela représentait 1,5 million d’électeurs français. À moins d’y avoir été exposé, étiez-vous au courant ? Pour ou contre, peu importe en définitive, les personnes concernées mises devant le fait accompli avaient-elles d’autre choix pour voter ?</p>
<h2>Le citoyen doit-il se satisfaire en démocratie de questions sans réponse et d’un moratoire ?</h2>
<p><a href="https://www.zdnet.fr/actualites/vote-electronique-un-rapport-senatorial-demande-le-maintien-du-moratoire-39800027.htm">Il existe depuis 2007 un moratoire toujours en vigueur</a> qui bloque l’installation de toute nouvelle machine à voter sur le territoire. Cela dit, ces dispositifs coûteux (5000 euros) peuvent toujours être utilisés par les communes qui en sont déjà dotées. Pour la Présidentielle 2017, notons qu’à Issy-les-Moulineaux des problèmes de paramétrage sur les machines à voter ont perturbé le scrutin du second tour, <a href="https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/a-issy-les-moulineaux-des-retards-apres-des-problemes-techniques-sur-les-machines-a-voter_2179815.html">plusieurs bureaux de vote n’ont ainsi pas pu ouvrir à 8 heures</a>.</p>
<p>Mais effectivement pourquoi le citoyen devrait-il s’en inquiéter ? Puisque comme le souligne Chantal Enguehard – Maître de Conférences à l’université de Nantes, chercheuse au <a href="https://www.lina.univ-nantes.fr/">LINA</a> (Laboratoire d’Informatique de Nantes Atlantique) – dont les travaux portent sur près d’un millier de bureaux dans toute la France : « ces électeurs fantômes ne sont pas spécifiques au Mans, ces écarts sont systématiquement “trois à six fois plus importants” avec le <a href="https://www.francebleu.fr/infos/politique/vote-electronique-dans-5-ans-la-france-comme-le-mans-1493675558">vote électronique qu’avec le vote papier</a> ».</p>
<h2>Les machines à voter : un long bug démocratique</h2>
<p>En 2017 le ministre de l’Intérieur avait annoncé dans sa feuille de route le souhait du gouvernement d’interdire à terme les machines à voter. En septembre 2018 les choses semblaient se préciser : le gouvernement songeait – enfin – à <a href="https://www.nextinpact.com/news/105293-le-gouvernement-songe-a-interdire-machines-a-voter-et-a-reformer-vote-electronique.htm">interdire les machines à voter</a> et à reformer le vote électronique. Pour information lors du <a href="https://www.defcon.org/html/defcon-26/dc-26-index.html">DefCon</a> du 10 aout 2018, célèbre rendez-vous de hackers à Las Vegas, plusieurs participants ont <a href="https://francais.rt.com/international/53382-hackers-parviennent-pirater-machine-voter-quelques-minutes">réussi à pirater ces machines à voter</a> et produit un rapport (en anglais) de leurs investigations : <a href="https://www.defcon.org/images/defcon-26/DEF%20CON%2026%20voting%20village%20report.pdf">Report on Cyber Vulnerabilities in U.S. Elections Équipment, Database, and Infrastructure</a>.“</p>
<h2>L’opacité, ce sont des questions sans réponse ! Se taire et voter c’est un devoir en démocratie ?</h2>
<p>Les machines à voter, ne sont-elles pas un cas d’école de l’<a href="https://theconversation.com/du-siecle-des-lumieres-au-siecle-des-datas-et-de-lobscurantisme-technologique-104330">obscurantisme technologique</a> ? Une technologie opaque, faillible imposée à des citoyens n’est-elle pas une situation préoccupante en démocratie ?</p>
<p>Permettez que je fasse un état des lieux des questions que tout citoyen devrait être en mesure de poser, de se poser, pour ne pas être maintenu dans l’ignorance, et auxquelles les décideurs auraient déjà dû être en mesure de répondre très précisément. Si cela n’est toujours pas le cas, je pense que vous commencez à en percevoir les raisons.</p>
<ul>
<li><p>Quelle garantie sur la fiabilité du vote ?</p></li>
<li><p>Qui programme les machines ?</p></li>
<li><p>Qui les fabrique et les vend ?</p></li>
<li><p>Qui en vérifie le bon fonctionnement ?</p></li>
<li><p>Qui a accès aux données ?</p></li>
<li><p>Qui « dépouille » ?</p></li>
<li><p>Qui pointe les dysfonctionnements ?</p></li>
<li><p>Ces données sont-elles être stockées, combien de temps ?</p></li>
<li><p>Quelles sont les garanties que mon identité qui est associée à un vote ne soit pas révélée ?</p></li>
<li><p>Ces données peuvent-elles être hackées et modifiées ?</p></li>
<li><p>En cas d’écart entre le nombre de votants et le nombre de votes, le vote de la machine en cause est-il invalidé ?</p></li>
<li><p>En cas de défaillance qui effectue la maintenance, dans quelles conditions ?</p></li>
<li><p>À partir de quel taux d’erreur – si celui-ci est jugé acceptable et légal – les résultats de la machine sont-ils invalidés ? Un autre vote est-il alors prévu ?</p></li>
<li><p>Qui à défini une marge d’erreur en pourcentage acceptable – si tant est que l’erreur soit acceptable – quel est ce pourcentage ?</p></li>
<li><p>Qu’en est-il aujourd’hui de l’égalité du citoyen devant la loi, dans l’exercice de son droit de vote si certains citoyens sont contraints à voter de façon électronique, tandis que d’autres ont le droit à un vote traditionnel ?</p></li>
<li><p>Quel organisme indépendant peut comprendre et auditer la programmation des machines ? Avant vote et après vote !</p></li>
</ul>
<p>Pour les machines à voter, si l’on fait abstraction du rituel social que cela constitue pour les personnes en mesure de se déplacer, ceux qui sont favorables à ce qu’ils considèrent comme un progrès pourront vanter les économies de la chose, le papier économisé, la simplification du « dépouillement »… les arguments ne manquent pas… certains arguments sont tout à fait pertinents. Mais quid des questions les plus essentielles ?</p>
<p>Pour consulter l’historique du vote électronique dans le monde et en France, et aller plus loin si vous le souhaitez, la question sur l’opportunité de généraliser le vote électronique a été posée sur <a href="https://wikidebats.org/wiki/Faut-il_g%C3%A9n%C3%A9raliser_le_vote_%C3%A9lectronique_%3F">wikidébat</a>. J’attire votre attention sur le point 5 : « Le vote électronique a été abandonné par la plupart des pays qui l’ont expérimenté. »</p>
<h2>Des questions en suspens</h2>
<p>Lors des élections de 2017 que j’ai eu l’occasion d’évoquer, quelqu’un est-il en mesure de me dire si un nombre moyen d’erreurs par machine a été publié ? Une étude a-t-elle été diligentée par nos représentants permettant de faire un bilan de la situation ? Quels sont ses résultats ? Sans données tangibles comment espérer configurer et contrôler un jour des machines à voter afin qu’elles répondent aux exigences démocratiques ?</p>
<hr>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104729/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>L’opacité, ce sont des questions sans réponse ! Se taire et voter c’est un devoir en démocratie ?Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1043302018-10-11T19:59:59Z2018-10-11T19:59:59ZDu siècle des Lumières au siècle des Datas… et de l’obscurantisme technologique !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239335/original/file-20181004-52672-1fdrfe8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C148%2C799%2C547&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/43598/old-burnt-book/">Visualhunt</a></span></figcaption></figure><h2><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Obscurantisme">L’obscurantisme</a> ce sont les autres !</h2>
<p>Aujourd’hui lorsque l’on évoque la notion d’obscurantisme, le monde qui se qualifie pompeusement de libre, les gouvernants tout comme les gouvernés ne se sentent a priori nullement concernés ! Nous sommes sereins, <strong>l’obscurantisme ce sont les autres</strong>… et nous passons à autre chose.</p>
<p>Tout le monde le sait : l’obscurantisme ce sont ceux et celles qui frappent aveuglément des innocent·e·s au nom d’un Dieu… Lorsque l’on évoque ce mot, nous pensons immédiatement à des pratiques d’un autre temps qui se situent dans quelques pays lointains. Des pays dans lesquels des individus – qui sont pourtant des hommes – se sont fixés pour but d’éteindre la lumière sur le monde en utilisant la pédagogie de la terreur, le langage de l’horreur !</p>
<p>L’obscurantisme serait ainsi une sorte d’idéologie prônée par des barbares. Un terme qui ne pourrait s’appliquer qu’aux monstres déshumanisés voulant soumettre d’autres hommes en leur infligeant l’ignorance pour s’épanouir (sic) dans un monde anté-moyenâgeux !</p>
<p>C’est certainement rassurant que de le penser. C’est encore plus rassurant de s’en convaincre… Et de vous demander à mon sujet, mais quelle mouche l’a piqué pour ne pas adhérer de tout son cerveau à cette approche si clairvoyante, à cette évidence. Tout simplement parce que l’obscurantisme contemporain ne peut être défini de façon aussi restrictive.</p>
<h2>L’obscurantisme technologique : le complice du <a href="https://theconversation.com/pourquoi-le-biopouvoir-craint-il-tant-Internet-104104">biopouvoir</a></h2>
<p>L’obscurantisme visant l’aliénation et l’asservissement peut prendre d’autres formes, quand bien même ces formes sont moins immondes et mortifères à ce jour. L’obscurantisme technologique progresse sur notre planète informatisée. Cela le met à la merci des velléités de totalitarismes les plus monstrueux.</p>
<p>Comment ? La technologie, petit pas à petits pas, a pris une place considérable dans la gestion de nos nations par nos gouvernants et dans notre vie. Elle s’est immiscée dans le rapport entre les gouvernants et les gouvernés. Les gouvernants étant bien décidés à tenir le gouvernail de nos destins au côté de quelques Entreprises-Nation, plus ou moins contrôlées par ces derniers et de moins en moins contrôlables.</p>
<p>Alors dans nos régimes démocratiques – si soucieux de liberté d’expression, si épris de démocratie et du respect de la vie privée des citoyens – on brandit encore le mot liberté en se comparant… Alors soit. Comparons-nous.</p>
<p>Oui, nous pouvons nous comparer en 2018 (quelle gloire) à la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_en_Tha%C3%AFlande">junte militaire au pouvoir en Thaïlande</a> qui en 2016 durcissait encore ses lois contrôlant les échanges sur Internet, au travers d’un projet d’amendement visant – comme le souligne fort à propos <a href="https://www.linkedin.com/in/arnaud-dubus-b97b569/">Arnaud Dubus</a> (2016) – « à punir lourdement la simple possession d’images ou de textes considérés comme diffamatoires. Une autre loi, déjà approuvée, permet à la police <a href="http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20161010-thailande-Internet-loi-durcissement-images-textes-diffamatoires">d’intercepter les communications sur Internet</a>. » Projet de <a href="https://theconversation.com/projet-de-loi-fake-news-soyons-flous-en-avant-marche-103297">loi fake news</a> si tu m’entends.</p>
<h2>Si l’herbe du voisin est moins verte, cela n’en fait pas une mesure démocratique étalon !</h2>
<p>Sommes-nous si différents ? Si à l’abri de tels excès ? L’herbe est parfois moins verte chez le voisin et, à bien chercher, soyons assurés – mais non pas rassurés – on trouvera encore quelques temps toujours pire. Tout en abaissant le niveau de nos exigences légitimes… À ceci près que la junte militaire a le mérite d’être limpide dans sa volonté de censure et de violence ! Mais, à bien y réfléchir, la censure qui ne dit pas son nom, celle qui enfante l’autocensure, n’est-elle pas plus perverse ? Une autocensure qui se nourrit d’une défiance croissante, entretenue par un pouvoir faussement démocratique n’est-elle pas pire que la censure d’un pouvoir totalitaire pleinement assumé ? La liberté d’inexpression est-elle préférable à l’interdiction de la liberté d’expression ?</p>
<h2>Le défi du siècle des datas : la lutte contre l’obscurantisme technologique</h2>
<p>La technologie a une incidence sur notre destinée commune. Les décisions relatives à leur contrôle et à leurs usages ne peuvent se faire dans le mensonge, dans une absence de transparence et d’explication qui s’accélère et dans l’entretien de l’ignorance. Est-ce intentionnel ?</p>
<p>Aujourd’hui en France une grande partie de la population n’est pas en mesure de comprendre les conséquences et dérives potentielles de nombreuses lois et de nombreuses décisions impliquant la technologie, et nous concernant tous.</p>
<p>Les gouvernances sont dans leurs rôles. Elles sont soucieuses de protéger leur biopouvoir. Elles vendent et vantent aux peuples la partie émergée des icebergs à des populations qui ne mesurent pas les enjeux des décisions prises sur nos lendemains. Voilà venu le siècle des populations exclues, maintenues dans l’incapacité de pouvoir se positionner dans des débats qui se devraient d’être publics. Débats auxquels elles sont conviées bien que ne pouvant y participer.</p>
<p>De plus, dans notre pays qui compte six millions de pauvres, où des millions de personnes sont par ailleurs aux prises avec des difficultés quotidiennes, le pouvoir peut agir de façon très décomplexée. La vie quotidienne difficile au jour le jour tient une majorité de citoyens de plus en plus éloignée de ces préoccupations péjorativement qualifiées de « préoccupations d’intellectuels". Vous avez dit démocratie participative ? »</p>
<h2>Critiquer la technologie ? Seriez-vous devenus fous ?</h2>
<p>Quant à critiquer la technologie, n’y songez même pas ! c’est tout simplement hors de propos. Apprécier la technologie est une chose, la technocritique est une posture jugée dinosaurienne nulle et non avenue pour quiconque peut en tirer profit sans souci de son prochain… À moins que vous ne souhaitiez être ostracisé.</p>
<p>La notion de critique (prise au premier degré) ne peut pas être comprise par les ignorants de la théorie critique : attachés au mot ils peuvent difficilement intégrer sa notion positive et constructive. Elle qui ne fait pourtant que regrouper l’examen et la critique de la société et de la littérature à partir des connaissances développées par les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_critique">sciences humaines et sociales</a>.</p>
<p>La critique est ainsi réduite à une posture – bien vite qualifiée par les fervents adeptes d’un obscurantisme technologique qui les sert – de théoriciens du complot.</p>
<h2>La vulgarisation : une arme contre l’obscurantisme technologique</h2>
<p>La vulgarisation de ce qui est parfois complexe est au service de la démocratie. Il s’agit dans de nombreux domaines, par-delà la technologie, de rendre explicite ce qui doit l’être par le plus grand nombre.</p>
<blockquote>
<p>« Le mépris des hommes est souvent la marque d’un cœur vulgaire. »
(Albert Camus)</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104330/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>L’obscurantisme contemporain ne peut être défini de façon restrictive. Il est plus complexe qu’il n’y paraît. Et l’obscurantisme technologique progresse sur notre planète informatisée.Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1041042018-10-04T16:56:09Z2018-10-04T16:56:09ZPourquoi le biopouvoir craint-il tant Internet ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238506/original/file-20180929-48650-tx2qio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Squishing a spider</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/153628769@N03/34086393130/">insightpest / photo on flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><h2>Le biopouvoir dans tous ces États !</h2>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Walzer">Michael Walzer</a> peut être rassuré : le critique social peut désormais espérer accéder à une forme d’universalité. La solitude dans la critique sociale à l’ère d’Internet n’est plus possible.</p>
<p>Si les pouvoirs sont aussi défiants vis-à-vis d’Internet – en France comme ailleurs, en « démocratie » comme sous d’autres régimes – ce n’est pas le fruit du hasard.</p>
<p>Si les gouvernances légifèrent à tour de bras ici et là, il y a des nécessités dont la vocation est de protéger les citoyens, de préserver une économie, etc. <strong>mais cette frénésie à légiférer n’est malheureusement pas invariablement mue par cet altruisme noble, pas plus que par le souci obsessionnel de garantir ses droits fondamentaux et ses libertés</strong>. La réalité est plus complexe. Internet met en péril leur <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Biopouvoir">biopouvoir</a>. Leur toute-puissance à définir la norme, la place, le rôle de l’individu, dans la société est aujourd’hui objectivement en danger !</p>
<p>Comme le soulignait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault">Michel Foucault</a> dans <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Surveiller_et_punir">« Surveiller et punir »</a>, dans l’exercice de ce biopouvoir</p>
<blockquote>
<p>« […] sont constamment mis en place des mécanismes produisant de plus en plus de séparations entre le normal et l’anormal, le sain et le pathologique, le centre et la marge, et qui conduisent à l’apparition de nouvelles exclusions. […] ».</p>
</blockquote>
<p>Ces mécanismes n’ont fait que se renforcer. La mise en œuvre du système de surveillance algorithmique des usagers en France en est une caricature.</p>
<p>L’algorithme de la <a href="https://www.nextinpact.com/news/95792-loi-renseignement-pluie-critiques-juristes-et-dong-devant-conseil-constitutionnel.htm">loi renseignement</a> est supposé faire le distinguo entre une bonne conduite citoyenne sur Internet et une mauvaise conduite… bref, trier le bon du mauvais citoyen dans ses usages d’Internet. Peu importe son efficience ou même <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/11/14/les-boites-noires-de-la-loi-sur-le-renseignement-sont-desormais-actives_5214596_4408996.html">son existence réelle qui a été affirmée en 2017</a>.</p>
<p>Le fait est qu’un citoyen se pensant sous surveillance, cela ne peut pas être sans conséquence sur son comportement : soustraction à celle-ci s’il dispose du savoir pour le faire, voire dans le cas contraire, le risque que des citoyens s’autocensurent par crainte de représailles sous une forme ou une autre. L’autocensure étant peu compatible avec ce qui constitue l’un des piliers d’un fonctionnement démocratique : la liberté d’expression.</p>
<h2>L’erreur du biopouvoir</h2>
<p>Dans le cadre de la loi que j’évoque, le biopouvoir fait face à un problème qu’il n’avait pas prévu.</p>
<p>Tout acte de désobéissance (résistance) ayant pour objectif une transformation politique, une évolution, ne peut se faire seul. <a href="https://wiki.laquadrature.net/Contactez_vos_d%C3%A9put%C3%A9s">Les appels aux citoyens</a>, les <a href="https://www.laquadrature.net/fr/nextinpact-renseignement-qpc-pour-empecher-surveillance-presque-nimporte-qui">recours en justice (QPC)</a>, la mise à disposition d’outils offrant la possibilité de se soustraire à un mécanisme portant atteinte à un droit humain fondamental : la vie privée. Des outils permettant de s’exprimer sans risques.</p>
<p>À ce titre – hors <a href="https://tails.boum.org/index.fr.html">Tails</a> et <a href="https://www.torproject.org/">Tor</a> – j’invite mes bienveillants lecteurs et lectrices à découvrir <a href="https://amnesia.openaire.eu/">Amnesia</a>. Toutes ces actions ne peuvent s’apparenter à des actions isolées.</p>
<p>Dans cet exemple, l’État n’a pas mesuré le potentiel d’Internet en tant qu’espace public dématérialisé et mondialisé favorisant et structurant l’action collective. Il en est ainsi dans de nombreuses démocraties. Internet est en mesure d’affaiblir le Biopouvoir. Il n’est de fait pas surprenant de voir ce dernier tenter par tous les moyens de reprendre la main. C’est dans ce contexte que de multiples lois et projets de loi ciblant Internet voient le jour.</p>
<p>En France le <a href="https://theconversation.com/projet-de-loi-fake-news-soyons-flous-en-avant-marche-103297">projet de loi fake news</a>, le débat annoncé sur les réseaux sociaux par le secrétaire d’État à l’économie numérique, ne m’apparaissent pas comme la volonté sincère d’associer le citoyen à la reconfiguration de nos démocraties. Mais procède d’une infantilisation et d’une déresponsabilisation du citoyen visant à défendre un biopouvoir en perte de terrain.</p>
<p>Si tenir à l’écart le citoyen de cette reconfiguration peut être une volonté « compréhensible » des gouvernances, elle m’apparaît aussi irréaliste que contre-productive. Cette approche issue d’un monde qui a disparu ne peut garantir l’avenir d’un quelconque idéal démocratique.</p>
<blockquote>
<p>« Nul au monde n’a puissance sur le jugement intérieur ; si l’on peut te forcer à dire en plein jour qu’il fait nuit, nulle puissance ne peut te forcer à le penser. » (Alain)</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104104/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>Le biopouvoir est un type de pouvoir qui s’exerce sur la vie : la vie des corps et celle de la population. Selon Michel Foucault, il remplace peu à peu le pouvoir monarchique de donner la mort !Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1032972018-09-20T20:56:48Z2018-09-20T20:56:48ZProjet de loi « fake news » : soyons flous… en avant marche !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/237354/original/file-20180920-129844-8q8i8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C24%2C2044%2C1416&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><span class="source">davidstewartgets/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><h2>S’il vous plaît… dessine-moi une « fake news » !</h2>
<blockquote>
<p>« La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a affirmé que le texte de cette proposition visait à “mieux faire respecter les règles existantes en les adaptant aux nouvelles réalités caractérisées par le poids croissant des réseaux sociaux, la vitalité de l’information et le développement du sponsoring” durant la <a href="https://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL8N1TZ2OW">période électorale</a>. »</p>
</blockquote>
<p>Le projet à pour objet d’empêcher – avant des élections majeures – ce que la classe politique à pour coutume d’appeler des <a href="https://www.20minutes.fr/elections/presidentielle/2030663-20170314-revelations-boules-puantes-dix-grandes-etapes-affaire-fillon">« boules puantes »</a>. Cette proposition de loi a vocation à ne s’appliquer qu’en période électorale et plus précisément trois mois avant un scrutin national.</p>
<p>Permettez-moi une question : L’affaire Benalla, dans le cadre d’une telle loi aurait-elle été occultée si elle avait eu lieu dans les périodes telles qu’elles sont définies ? Je me permets de répondre à votre place : la <a href="https://www.contrepoints.org/2018/07/26/321175-fiction-affaire-benalla-en-2022">réponse est vraisemblablement oui</a> !</p>
<h2>Trois mois de chômage technique pour les journalistes d’investigations ?</h2>
<p>Faudra-t-il interdire de publication de nombreux supports presse – contrariants – durant les périodes jugées sensibles ! Quant aux journalistes d’investigations – si une telle absurdité devait être mise en œuvre – je suggère aux journalistes du <a href="https://www.lecanardenchaine.fr/">Canard Enchaîné</a> – pour ne citer que ce dernier – de se mettre en RTT ou en arrêt maladie, de s’auto-assigner à résidence, ce qui leur évitera la garde à vue.</p>
<h2>Définition d’une « fake news » : le grand flou</h2>
<p>Pour ce qui est de la définition d’une « fake news », bienvenue dans le grand flou. Il est un gouffre entre monter de toutes pièces une fausse information comme le font les <a href="http://www.liberation.fr/planete/2015/04/16/le-kremlin-invente-l-usine-a-trolls_1243810">trollers de Saint Petersbourg</a> à grand renfort de montages vidéo et de reportages fantaisistes et porter à connaissance des citoyens des faits issus d’investigations de journalistes professionnels. Une « fake news » pourrait ainsi rapidement devenir – dans une temporalité définie – de simples faits qui dérangent. Observez Donald Trump utiliser le terme : tout est dit.</p>
<h2>Un projet de loi nul et non avenu</h2>
<p>Je n’apprendrais à personne, et certainement pas au gouvernement et à la représentation nationale que la diffusion d’une fausse information est sévèrement punie par la loi <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Diffusion_de_fausse_nouvelle">depuis 1881</a>. Ce projet de loi est de fait nul et non avenu. Il présente tous les atouts pour être dévoyé et servir la censure. Si une fausse information visant à manipuler l’opinion publique devait être diffusée la loi s’applique d’ores et déjà !</p>
<p>Pour rappel à ceux qui feignent de l’ignorer : « En droit français, la diffusion de fausse nouvelle est une infraction pénale consistant à publier, diffuser ou reproduire, par n’importe quel moyen, des informations fausses, des pièces fabriquées, falsifiées, voire mensongère et basées, sur la mauvaise foi, du moment que celles-ci ont été reconnues comme de nature <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Diffusion_de_fausse_nouvelle">à troubler l’ordre public !</a> ».</p>
<p>« N’importe quel moyen » cela intègre de fait les réseaux sociaux ! Où alors je ne sais pas lire !</p>
<p>J’ose espérer que la représentation nationale, en conscience, mesure la dangerosité de ce projet. Rétrospectivement, si une telle loi avait existé lors de l’élection présidentielle française de 2017, <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/presidentielle-la-chute-de-francois-fillon-dans-les-sondages-en-deux-graphiques_1878117.html">Monsieur Fillon</a> serait aujourd’hui président de la France. Il doit considérer ce projet avec une bien grande amertume.</p>
<p>Aussi, plutôt que de légiférer (encore), la sagesse recommanderait à toutes personnes ayant commis des faits incompatibles avec l’exercice d’un mandat national – détournement de fonds public, corruption passive, blanchiment de corruption, etc. – à ne ne pas prétendre exercer des responsabilités pour le collectif. Qui osera demain voter une telle loi ?</p>
<p>De deux choses l’une :</p>
<ul>
<li><p>Soit il n’en mesurera pas le potentiel de censure et d’arbitraire inacceptable en démocratie, contraire aux principes même de la libre expression et cautionnera par ignorance une attaque violente de la liberté de la presse essentielle à un bon fonctionnement démocratique.</p></li>
<li><p>Soit, il envisagera de le faire en conscience, avec pour seule ambition cynique la garantie d’une totale impunité de ses actes frauduleux passés. Voire – durant la période de prescription – il aura la tranquillité de pouvoir transgresser toutes les règles d’un état de droit pour accéder au pouvoir.</p></li>
</ul>
<p>Il n y’a pas d’entre-deux !</p>
<p>J’espère que mes mots auront convaincu ceux et celles qui peut-être ne voyait pas malice dans ce projet de loi et j’invite ceux et celles qui seront demain invités à décider à ne pas y souscrire.</p>
<blockquote>
<p>« Les quatre principes de la vie en société sont les convenances, la justice, l’intégrité et la modestie. » (Kouan Tseu)</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103297/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime </span></em></p>« Les quatre principes de la vie en société sont les convenances, la justice, l’intégrité et la modestie ». (Kouan Tseu)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1029292018-09-13T20:40:27Z2018-09-13T20:40:27Z« Le citoyen a un devoir de critique et de désobéissance ! » : le droit inaliénable d’exercice d’une résistance « Lockienne » !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/235675/original/file-20180910-123113-xq1h8c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Non.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/raimopapper/16719772444/">Raimo Papper/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><h2>« Le citoyen a un devoir de critique et de désobéissance ! (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Leo_Strauss">Léo Strauss</a>)</h2>
<p>Il faut bien distinguer la résistance dans le cadre de ce que nous qualifions consensuellement de régime démocratique, de la résistance dans les régimes dictatoriaux. Dans le cadre des « démocraties », le pouvoir laisse – a priori – le désaccord de la population s’exprimer sans user de violence.</p>
<p>Un gouvernement en démocratie ne saurait cautionner violence et répression pour avoir gain de cause sur un mouvement contestataire. À ce sujet, en France, face aux dénonciations des réseaux sociaux il sera bientôt possible de savoir si le recours à la répression qui peut s’exprimer – entre autres – par des violences policières – est, oui ou non, un phénomène qui prend de l’ampleur – <a href="https://www.contrepoints.org/2018/07/26/321175-fiction-affaire-benalla-en-2022">Un sujet paradoxalement relancé par l’affaire Benalla, faux policier de son état</a> :</p>
<p>« Fin juin 2018, l’IGPN, c’est-à-dire la police des polices, a communiqué pour la première fois sur le sujet en livrant un chiffre inédit en France : en 2017, 14 personnes ont été tuées par la police et une centaine d’autres ont été blessées par les forces de l’ordre. Ces chiffres sont issus d’une expérimentation de recensement qui sera généralisée <a href="https://www.franceculture.fr/societe/violences-policieres-un-phenomene-grandissant">à tous les services de police en 2018.</a> »</p>
<h2>La résistance en démocratie</h2>
<p>L’expression de la résistance en démocratie se concrétise dans : le droit de manifester. Le droit de faire la grève.</p>
<p>Cette résistance peut prendre des formes moins encadrées par le droit à l’exemple des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_%C3%A0_d%C3%A9fendre">ZAD</a> (Zone à défendre) lorsque des intérêts privés des gouvernants, d’élus… méprisent (selon une partie de la population) l’intérêt public pour lequel ils ont été mandatés. La plupart du temps les ZAD ont vocation à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_%C3%A0_d%C3%A9fendre">« s’opposer à des projets d’aménagements dans dans des espaces ayant une dimension environnementale ou agricole »</a>.</p>
<p>Un droit de résistance physique accepté en France tant par les gouvernés que par les gouvernants (du moins jusqu’à des périodes récentes et jusqu’à preuves du contraire). Ce droit de résistance physique originel peut aujourd’hui – avec Internet – être exercé de façon dématérialisée.</p>
<blockquote>
<p>Ndla : À titre informel, le principal relais sur Twitter de toute forme de violence policière est l’<a href="https://twitter.com/obs_violences?lang=fr">Observatoire des violences policières</a>. Par ailleurs si vous vous « estimez être victime ou témoin d’un comportement susceptible de mettre en cause des agents affectés dans un service de la police nationale », le <a href="https://www.police-nationale.interieur.gouv.fr/Organisation/Inspection-Generale-de-la-Police-Nationale">site de l’IGPN</a> met à votre disposition un <a href="https://www.police-nationale.interieur.gouv.fr/Organisation/Inspection-Generale-de-la-Police-Nationale/Signalement-IGPN">formulaire de signalement</a>.</p>
</blockquote>
<h2>La résistance en dictature</h2>
<p>Dans les régimes dictatoriaux, la problématique est plus complexe. Comme l’expose <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt">Hannah Arendt</a> (1906 – 1975) dans son ouvrage <a href="https://livre.fnac.com/a1670900/Hannah-Arendt-Responsabilite-et-jugement">« Responsabilité et Jugement »</a> lorsqu’elle évoque la responsabilité personnelle dans les régimes dictatoriaux.</p>
<p>Comme elle le souligne <a href="https://theconversation.com/playdoyer-pour-combattre-le-fleau-de-la-desindividuation-97563">dans le cadre d’un effondrement des standards moraux total</a>, comme ce fut le cas sous le régime nazi, les non-participants…</p>
<blockquote>
<p>« Se sont demandés dans quelle mesure ils seraient capables de vivre en paix avec eux même après avoir commis certains actes ; et ils ont décidé de ne rien faire, non parce que le monde s’en porterait mieux, mais parce que ce n’était qu’à cette condition qu’ils pourraient continuer à vivre avec eux même. Ils ont donc choisi de mourir quand on les a forcés à participer. Pour le dire crûment, ils ont refusé le meurtre, non pas tant parce qu’ils tenaient au commandement « tu ne tueras point » que parce qu’ils ne voulaient pas vivre avec un meurtrier – à savoir eux-mêmes ».</p>
</blockquote>
<p>Leur droit à la résistance c’était la mort.</p>
<h2>De la culture de résistance de la rue à la culture de résistance du réseau</h2>
<p>Dans les pays usuellement qualifiés de démocraties, nous avons pu constater que, bien qu’elles s’en défendent, des gouvernances n’hésitent pas à combattre « virilement » une contestation populaire, fût-elle légitime.</p>
<p>Elles usent pour cela de nombreux subterfuges et, lors de manifestations, de méthodes d’intimidation plus ou moins connus de tous et de toutes, comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Kettling">Kettling</a> une méthode particulièrement prisée par la police britannique et qui a été éxperimentée en <a href="https://lundi.am/Kettling">France en 2010… puis depuis régulièrement utilisée</a>. Face aux manœuvres du pouvoir, qui lorsqu’il est contesté, joue souvent la carte de l’usure, <a href="http://www.lemondepolitique.fr/cours/philosophie_politique/declin/locke.html">Le droit à la résistance, que je nomme Lockienne</a> en référence à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke">John Locke</a> apparaît bien encadré et limité dans le temps. L’époque n’est plus à la culture de la résistance de rue… ce qui n’est pas encore intégré par les médias de masse, qui jugent toujours de l’ampleur d’un désaccord au nombre de manifestants battant le pavé :</p>
<blockquote>
<p>Errare ephemerides* (*journaux) est !</p>
</blockquote>
<h2>Surprise, ouvrez les yeux : c’est une démocratie qui censure le plus Internet !</h2>
<p>Sur le réseau le droit à la résistance n’est pas aussi simple à faire agenouiller et plier. L’hacktivisme est une porte de sortie – qu’importe le régime – l’habituation des peuples à la <a href="https://www.singulier.eu/textes/reference/texte/pdf/servitude.pdf">servitude sociale volontaire</a> est en phase terminale. Ce n’est donc nullement un hasard si ce droit à la résistance qui s’exprime sur un nouveau territoire est combattu farouchement.</p>
<p>Ce qui devrait inquiéter c’est que les plus grandes censures observées lors de contestation citoyenne – par coupure pure et simple d’accès à Internet en situation de crise – n’émanent pas systématiquement de régimes dictatoriaux comme on aurait pu le supposer. C’est même un pays démocratique qui remporte la palme de la pratique. Comme le note le journaliste <a href="https://www.forbes.com/sites/niallmccarthy/#36112bb8432c">Niall McCarthy</a> dans un <a href="https://www.forbes.com/sites/niallmccarthy/2018/08/28/the-countries-shutting-down-the-Internet-the-most-infographic/#14aefadd1294">article publié dans Forbes</a> : <a href="http://www.medias-presse.info/cest-une-democratie-qui-censure-le-plus-Internet/97371/">« c’est l’Inde qui a le plus censuré le réseau Internet sur une période de 30 mois s’étendant de janvier 2016 à mai 2018 »</a>.</p>
<blockquote>
<p>« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance il assure l’ordre ; par la résistance, il assure la liberté ». Alain</p>
</blockquote>
<p>–––––––––––</p>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102929/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>« Le silence irrite le diable » (Proverbe bulgare)Yannick Chatelain, Professeur Associé. Digital I IT. GEMinsights Disseminator, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1025562018-09-06T18:34:47Z2018-09-06T18:34:47ZComment tuer socialement un lanceur d’alerte ? Mode d’emploi en « démocratie » !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/234794/original/file-20180904-45151-1b5yfga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pardon Bradley Manning Rally 22</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/stephenmelkisethian/9570017619/">Stephen Melkisethian / flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><strong>Lanceurs d’alerte : principe de réalité</strong></p>
<p>Lorsqu’un citoyen pointe une dérive de l’état dans un pays qui bat pavillon démocratique, ce n’est pas la <a href="https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/jean_de_la_fontaine/le_pot_de_terre_et_le_pot_de_fer">simple fable d’un pot de terre et d’un pot de fer</a> qui débute, c’est l’histoire d’une mise au pilori violente par tous moyens qui s’enclenche.</p>
<p>Le citoyen – impudent comme imprudent – se révèle être traité comme le serait l’ennemi public numéro un d’une Nation. Le citoyen lambda ne dispose pas de moyens équitables tels que l’accès <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Prime_time#T%C3%A9l%C3%A9vision">prime time</a> au médias de masse pour se défendre. Il n’a souvent pas les moyens financiers d’engager une armada d’avocats pour mener un combat qui sera (de toute façon) disproportionné.</p>
<h2>La liberté à géométrie variable</h2>
<p>Dans des affaires comme celles de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Snowden">Snowden</a>, d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julian_Assange">Assange</a>, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chelsea_Manning">Chelsea Elizabeth Manning, née Bradley Edward Manning</a> (l’informatrice de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/WikiLeaks">WikiLeaks</a> qui sera finalement graciée par Barak Obama) les « démocraties » prises la main dans le sac d’abus inacceptables ont invariablement lancé sans coup férir la machine à broyer socialement !</p>
<p>Faut-il rappeler que lorsque l’affaire Snowden éclate, l’état américain ignorera tous les fondements de la création même de l’Amérique et ses croyances. Tout du moins s’autorisera-t-il quelques écarts d’interprétation au regard du préambule de constitution des États-Unis adoptée par la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_de_Philadelphie">Convention le 17 septembre 1787</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Nous, le peuple des États-Unis, en vue de former une union plus parfaite, d’établir la justice, d’assurer la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer la prospérité générale et d’assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous ordonnons et établissons la présente Constitution pour les États-Unis d’Amérique. »</p>
</blockquote>
<p>« Assurer les bienfaits de la liberté »… Après les révélations du lanceur d’alerte, l’histoire se souviendra des prises de position tièdement outragées de nombreuses gouvernances « démocratiques » comme l’Angleterre et la France ! <a href="https://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20131102trib000793649/espionnage-l-etroite-collaboration-des-services-francais-et-anglais.html">On peut le comprendre, quand on sait que ces mêmes gouvernances « démocratiques » collaboraient dans différents programmes d’espionnage de masse de leur propre population</a>…</p>
<p>On se souviendra également de la posture de Barak Obama responsable de l’administration fautive et décriée : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/National_Security_Agency">National Security Agency</a> (NSA). Il concédera que le programme d’espionnage mis en œuvre après le 11 septembre 2001 s’était fait à grande échelle et sans véritables garde-fous, <a href="https://www.journaldugeek.com/2014/01/23/discours-d-obama-nsa-le-changement-cest-pas-maintenant/">n’hésitant pas à déclarer</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Les critiques ont raison de dire que sans garde-fous appropriés, ce genre de programme pourrait être utilisé pour obtenir davantage de renseignements sur nos vies privées, et ouvrir la voie à des programmes de collecte plus indiscrets ».</p>
</blockquote>
<p>Un discours configuré pour le grand public, mais peu en rapport avec celui moins connu d’un officiel du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentagone_%C3%89tats-Unis">Pentagone</a> qui avait fait part quelque temps plus tôt de ses bienveillants sentiments à l’égard d’Edward Snowden et du <a href="http://www.informationclearinghouse.info/article37396.htm">sort qui lui convenait le mieux</a> : « I would love to put a bullet in his head ! », ce qui se traduit aimablement par « J’aimerai bien lui mettre une balle dans la tête ! » !</p>
<p>Derrière les discours officiels reconnaissant le bien-fondé des critiques. Derrière les promesses d’enquêtes approfondies, il y avait une réalité beaucoup plus sombre. Le citoyen américain devait-il comprendre que s’il refusait de se faire complice d’une transgression inacceptable en la portant à connaissance de ses compatriotes il deviendrait une cible à abattre « d’une balle dans la tête » ?</p>
<h2>La peine capitale pour un lanceur d’alerte en démocratie : la mort sociale</h2>
<p>Les lanceurs d’alertes, ces héros des temps technologiques – quel que soit le courage que les citoyens et citoyennes leur attribuent dans une large majorité – ont pour bon nombre socialement tout risqué et tout perdu. Leur vie a été mise en hypothèque, leur mort social programmée, leur mort physique aura parfois été envisagée. Le plus déplorable étant que cette situation n’intervient ni dans des dictatures, ni dans des pays autoritaires ou totalitaires, mais dans des pays supposés garantir leur droit inaliénable à dire ! Quelle déroute !</p>
<p>N’est-ce pas là un <a href="https://theconversation.com/pouvoir-puissance-et-anonymat-le-chat-et-la-souris-delias-canetti-99789">plaidoyer en faveur l’anonymat</a>.</p>
<p>Qu’est-ce qui est le plus prudent aujourd’hui dans nos « démocraties » informatisées pour un citoyen soucieux de défendre des droits humains fondamentaux et le collectif ? Risquer la mort sociale ou opter pour l’anonymat pour agir ?</p>
<h2>Quand les démocraties font la leçon aux dictatures</h2>
<p>Les gouvernances de « démocraties » qui ont opté pour de telles pratiques peuvent se targuer d’avoir accru la perte de confiance du citoyen dans le politique. Elles ont perdu toute crédibilité lorsqu’elles dénoncent à corps et à cris les dérives des régimes autoritaires qui leur sont devenus, dans certaines situations – dont celles évoquées – les sœurs siamoises ! Les dictatures ayant le « mérite » d’agir violemment et sans discrétion contre toutes formes de contestation à des pratiques illégitimes.</p>
<ul>
<li><p>Que n’aurait-on dit il y a encore quelques années en France – pays des droits de l’homme – d’un état souhaitant mettre en place un algorithme – configuré de façon opaque – de surveillance de la population ?</p></li>
<li><p>Que n’aurait-on dit d’un algorithme visant à définir et trier le bien du mal, un outil supposé distinguer le bon et le mauvais citoyen potentiel selon des critères inconnus définis par quelques hommes ?</p></li>
<li><p>Que n’aurait-on dit des pratiques d’un tel pays souhaitant se doter d’un tel algorithme entre les mains d’une simple autorité administrative ?</p></li>
</ul>
<p>Nous aurions probablement crié collectivement au scandale et à l’infamie ! Nous nous serions – peut-être – rappelés des sages paroles de George Orwell : « La dictature peut s’installer sans bruit ! ».</p>
<p>Les temps ont changé ! <a href="https://www.nextinpact.com/news/105612-renseignement-surveillance-par-boite-noire-a-debute.htm">cet algorithme est en cours de déploiement depuis le début du mois d’octobre 2017</a> dans un <a href="https://theconversation.com/citoyen-ne-s-de-linternet-si-nous-nous-moquons-des-problemes-naccusons-pas-les-solutions-97990">pays qui s’est fait bien silencieux</a>. Ce pays c’est le mien, c’est le vôtre, c’est le nôtre. Ce pays c’est la France !</p>
<blockquote>
<p>« Une société qui tolère le mal en devient la complice ». (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%AAnio_de_Ara%C3%BAjo_Sales">Eugênio de Araújo Sales</a>)</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102556/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Expert auprès de l'UNODC, (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) dans le cadre du programme E4J : The First Expert Group Meeting to Peer-Review the E4J University Module Series on Cybercrime</span></em></p>Qu’est-ce qui est le plus prudent dans nos « démocraties » pour un citoyen soucieux de défendre des droits humains fondamentaux et le collectif ? Risquer la mort sociale ou opter pour l’anonymat ?Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1002602018-08-31T00:18:39Z2018-08-31T00:18:39ZHacktivisme : principes fondateurs d’un pouvoir citoyen mondial responsable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/231055/original/file-20180808-7141-1lq5pwa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">ATSA, Fin Novembre 2013-Dormir Dehors-Intervention de Garbage Beauty</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/art_inthecity/11410191973/">art_inthecity / photo on flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><strong>De la grande société à la grande communauté.</strong></p>
<p>« Comment se fait-il que l’âge de la machine, en développant la grande société, ait envahi et partiellement désintégré les petites communautés du temps jadis sans engendrer une grande communauté ? » <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/Le-public-et-ses-problemes">se préoccupait John Dewey en 1927</a> évoquant l’éclipse du public. Il posait la problématique ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« tant que la grande société ne sera pas convertie en une grande communauté, le public restera éclipsé. Seule la communication peut créer une grande communauté. Notre Babel n’est pas de langues, mais de signes et de symboles ; sans ceux-ci une expérience partagée est impossible. » Une préoccupation à l’époque du télégraphe, du téléphone, de l’imprimerie, des chemins de fers et de la navigation à vapeur… dans une époque disposant d’outils physiques de communication « comme jamais auparavant ».</p>
</blockquote>
<p>La question se repose aujourd’hui à l’identique, mais avec de nouveaux outils. Se pourrait-il qu’enfin, à l’ère de l’Internet – qui matérialise la mondialisation – cette grande communauté puisse émerger ?</p>
<h2>Tous Hacktivistes, la naissance possible d’une grande communauté… sous conditions</h2>
<p><em>1. Le respect impérieux des fondamentaux hackers.</em></p>
<p>La puissance de l’hacktivisme (en perpétuelle mutation) réside dans son pouvoir à amener le virtuel dans le monde réel et à soulever des questionnements concernant le collectif.</p>
<p>Une action hactiviste réussie est tout à fait en mesure d’imposer dans le débat public national et/ou international une problématique de société jugée cruciale par les porteurs de l’"hacktion". La méthodologie utilisée ne doit toutefois pas prêter le flanc à la critique sous peine d’être disqualifiée auprès de l’opinion publique !</p>
<p>L’hacktivisme est originellement et sémantiquement associé à un savoir-faire technologique. <strong>Sa philosophie ne peut être crédible que si elle repose et s’inspire des valeurs des white hat hackers.</strong></p>
<p>Agissant sur un territoire virtuel mondialisé – qui échappe de fait à la territorialité physique des états – l’hacktivisime a tous les moyens pour contribuer à l’édification d’une conscience humaine collective et nous prémunir des excès qui nous guettent. Cela ne peut, ni ne pourra, se faire sans une certaine rigueur. Quelle que soit la teneur de la dérive constatée, l’hacktivisme ne se souci ni du lieu géographique d’opération, pas plus que du type de régime en vigueur !</p>
<p>La question de la légalité ou non des outils qui sont alors utilisés, dans le cadre de l’hacktivisme politique, relève souvent d’un faux débat ! Le droit à la résistance s’inscrit dans des situations ou l’illégalité de l’action est initiée par le pouvoir. Un pouvoir – élu démocratiquement ou non – a toute latitude pour définir comme illégale et criminaliser tous les méthodes et groupes qui seront en mesure de porter à connaissance des transgressions.</p>
<p><strong>L’hacktivisme technologique, mur porteur de l’hacktivisme</strong></p>
<p>Si l’Hacktivisme originel se traduisait par des actions coups d’éclat. Des <em>hactions</em> faisant appel à des connaissances technologiques pointues. L’hacktivisme est devenu multiforme. L’hacktivisme technologique demeure le mur porteur de l’hacktivisme. Il est le gardien et le garant de toutes les autres formes d’hacktivisme sur le réseau des réseaux. Il s’agit de favoriser la circulation de l’information et certainement pas de la perturber.</p>
<p>Comme le définit <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Oxblood_Ruffin">OxBlood Ruffin</a>, du collectif <a href="http://cultdeadcow.com/">Cult of the Dead Cow</a> (CdC), à qui est attribué la paternité du terme :</p>
<blockquote>
<p>« La création est bonne, la destruction est mauvaise ».</p>
</blockquote>
<p><em>• 2. Une lisibilité de l’action par l’opinion publique !</em></p>
<p>Le flou de l’action est l’ennemi le plus redoutable de l’Hacktivisme. Un groupe de hackers comme les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Telecomix">Telecomix</a> – groupe décentralisé de cybermilitants engagés en faveur de la liberté d’expression – sont un exemple de la bonne ligne de conduite. Ils donnent une lecture claire et lisible de leur action : il s’agit pour eux de <strong>« maintenir la possibilité aux citoyens de tout pays de se connecter à Internet lorsque le pouvoir en place décide de l’entraver »</strong>.</p>
<p><em>3. l’évitement des paradoxes et des dérives.</em></p>
<p>A contrario, si un groupe comme les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Anonymous_(collectif)">Anonymous</a> avait originellement une « mission claire » fondée sur la lutte contre la scientologie, une action s’inscrivant dans la lignée de celle du groupe hackers du Cult of the Dead Cow, les cibles se sont au fil des années multipliées. Dans le même temps l’usage de leurs logiciels d’attaques s’est « démocratisé ». Les usagers de ces outils se revendiquant (se prétendant) des « Anonymous » n’ont ainsi cessé de croître, hors de tout contrôle, sans ligne directrice : une porte grande ouverte à tous les abus, bien loin de l’idéal originel. Par ailleurs comme le soulignait déjà en 2012, l’attaque par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_par_d%C3%A9ni_de_service">déni de service</a>, la plus prisée par le groupe, qui est une attaque d’entrave et s’inscrit donc à l’opposé de la philosophie hacker.</p>
<p>J’ajouterai que la mise à disposition d’outils d’attaques de serveur au tout-venant, c’est assumer le risque qu’un enfant, un adolescent, engage des actes dont ils ne mesurent pas les conséquences.</p>
<p>On pourra m’opposer que bloquer des sites gouvernementaux peut attirer l’attention… Qu’un « sitting virtuel » peut faire sens. Mais quelle est sa portée en matière de comportement de la cible visée une fois l’attaque terminée ? Un site gouvernemental aura été bloqué, une entreprise aura perdu de l’argent, la belle affaire, et… et ils renforceront leurs moyens de se prémunir de ce type d’attaques…</p>
<p>Certes, et c’est à porter à leur crédit les Anonymous ont contribué, dans un premier temps, à faire prendre conscience de la possibilité du citoyen à agir, sans compétences techniques poussées. Cependant, leur mode d’action invite à réflexion dans la mesure ou les Anonymous – du moins certain qui ont agi en leur nom – ont parfois porté gravement atteinte à la crédibilité et à l’image de l’hacktivisme dans les opinions publiques.</p>
<p>Le droit à la résistance pour protéger le collectif à l’échelle de son territoire (ou hors de son territoire) pour se porter au secours d’une cause juste, ce n’est pas disposer d’un blanc seing et basculer dans le grand n’importe quoi. Initier une action qui apparaît louable sans prendre le temps de mesurer la gravité potentielle des conséquences n’est pas un hacktivisme éthique. C’est prendre le risque de devenir pire que l’ennemi combattu. L’hacktivisme ne peut qu’être alors disqualifié si ses mains s’entachent du sang d’innocents !</p>
<p>Il ne s’agit pas de juger ! Réfléchir n’est pas juger. L’hacktivisme grandi aussi en commettant des erreurs et en les reconnaissant. En 2012 ce fut au risque de devenir de potentiels bourreaux, tout en étant convaincu d’agir pour une cause juste. <a href="https://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/07/11/anonymous-publie-des-listes-de-pedophiles-presumes_1732360_651865.html">L’action menée en 2012 contre la pédophilie par le groupe des Anonymous</a> aurait pu aboutir à des pugilats d’individus parfaitement innocents.</p>
<p>Certaines hacktions peuvent ainsi s’avérer extrêmement contre-productives. Un hacktivisme responsable ne peut prendre le risque de devenir le mal pour lutter contre le mal. Il est une grande différence entre dénoncer une inaction de la justice, leur communiquer des éléments de preuves, quitte à porter à connaissance du monde pays par pays des preuves accablantes de leur inaction et de demander des comptes et lancer des noms et des visages à la vindicte populaire au risque de l’erreur fatale.</p>
<p><em>4. Un hacktivisme multiforme et des alliés à servir.</em></p>
<p>Certains groupes ont des savoirs technologiques qu’ils peuvent mettre au service d’autres causes. Il s’agit dès lors de créer des ponts, c’est-à-dire d’identifier quelles sont les causes qui sont compatibles d’avec la ligne directrice de leurs actions ! Le grand public a besoin de lisibilité. Si les Telecomix ont une ligne de conduite autour de la connexion des citoyens à Internet dans des situations de crises, leurs actions peuvent certainement s’étendre vers les populations qui n’ont pas d’accès à Internet non du fait de violences gouvernementales, mais par simple manque de moyens. Ils pourraient ainsi agir auprès d’ONG qui ont besoin de leur savoir-faire technologique.</p>
<p>Les Telecomix me pardonneront d’utiliser leur nom pour donner cet exemple un peu caricatural ! Mais qui est le plus à même d’illustrer les ponts qui peuvent se créer entre des hactivistes ayant une ligne claire et des « activistes » sur le terrain qui ne disposent pas de leurs connaissances poussées, mais dont l’activité s’est dotée, et s’est trouvée augmentée d’une présence sur Internet. Cohérence dans l’action est le maître mot.</p>
<p><em>5. Tous hactivistes, la démocratie participative pour le peuple et par le peuple.</em></p>
<p>La démocratie participative appelée de tous leurs vœux par ceux et celles qui bien souvent n’hésitent pas à se soustraire par tout moyen aux lois qu’ils imposent, lois contraignantes qu’ils ont une fâcheuse tendance à multiplier, mais à ne pas s’appliquer. Cette démocratie participative que ces individus ont prétention à dessiner est un amusement intéressant : un concept politique porté par le politique, pour le politique. En résumé : une pure aberration ; ceux et celles qui n’hésitent nullement à rompre le trust qui les lient aux citoyens qui les ont élus, ce sont ceux-là même qui ont prétention à l’instaurer !</p>
<p>C’est un peu comme si l’employé définissait ses nouveaux devoirs et priorités à l’employeur ! C’est cocasse, mais nos « employés » n’ont malheureusement et visiblement toujours pas compris le changement drastique de la situation, de leur situation, de celle du monde dans lequel nous évoluons. Ils voudraient dans le virtuel une simple réplique du reel… Tenir les rênes de l’ensemble ! Ils voudraient d’un citoyen augmenté taiseux. Ils ignorent à l’évidence que dans le Nouveau Monde : vouloir n’est pas pouvoir.</p>
<p>Ils peuvent bien légiférer à tour de bras, empiler des lois et des amendements, pour tenter de juguler l’hémorragie de l’expression citoyenne ! Pour ce qui concerne Internet, la seule chose qu’ils donnent à voir, c’est qu’ils semblent dans l’incapacité intellectuelle de comprendre un monde qui a changé et dont ils ont la charge. Il rêveraient le mettre à un pas qu’ils connaissent tandis que le nouveau pouvoir du citoyen se met lui à courir, prêt à reprendre la place qui lui revient de droit dans le processus démocratique.</p>
<p>Il ne s’agit plus de poser – quand bon leur semble, des questions au peuple – il n’est plus question de restreindre le pouvoir du citoyen au seul droit de vote. Le citoyen du monde est sorti de la caverne de Platon ! Il s’en échappe. Il leur semble impensable que le pouvoir citoyen qui a été confisqué, puisse de nouveau se matérialiser dans le virtuel. Il leur est inconcevable que ce soit au peuple (qu’il aurait toujours du incombé) de leur poser des questions et non l’inverse.</p>
<p>Quels sont donc ces nouveaux peuples en droit d’attendre des réponses à qui il incombe de poser les questions qu’il souhaite ? La démocratie participative via l’hacktivisme au sens large, offre au citoyen cette possibilité inédite de remettre chaque acteur à sa juste place.</p>
<p>Si la facilité de manipulation des opinions publiques a été aisée pour le pouvoir sur le territoire physique en s’appuyant sur des médias de masse parfois manipulés par le pouvoir, parfois manipulateur du pouvoir, mais d’une proximité voisinant la « private joke ». Si cette facilité de manipulation a pu régulièrement prendre appui sur notre individualisme contemporain exacerbé en tirant des ficelles grossières déjà décrites, ces méthodes sont révolues.</p>
<p>Par delà les actions de propagandes des états qui sont menées ici et là par leurs armées de trollers, elles deviennent inefficaces sur le net pour juguler des actions Hactivistes. Une démocratie participative efficiente et réelle sonne comme une reconquête d’un pouvoir citoyen perdu. C’est dans ce sens-là, et dans ce seul sens que la démocratie participative peut faire sens.</p>
<p>Les « révoltés » du Brexit sont un exemple intéressant de cette transition générationnelle qui s’opère, un frémissement qui souligne le gouffre qu’il existe entre une jeunesse, enfants d’Erasmus et ces anciens <em>d’Erratus</em> qui décident à l’aveuglette de leurs lendemains.</p>
<p>Ignorer la jeunesse c’est violenter le futur pour tenter de sauver à n’importe quel prix un hier qui n’est plus et qui a pour vocation naturelle de disparaître. La jeunesse d’aujourd’hui a encore le temps de grandir et de prendre conscience des connaissances précieuses dont elle dispose malgré tout, et ce, sans même parfois le savoir. Elle dispose d’un apprentissage du monde distinct de celui de leurs aînés. Cette jeunesse prendra bientôt les rênes de la destinée ce monde, il ne lui faut pas être désabusée, il lui faut grandir droit et être patiente.</p>
<p>Demain – à l’échelle de l’humanité – c’est bientôt.</p>
<p>Que la jeunesse ne s’illusionne pas. Elle ne sera ni meilleure ni pire que ses prédécesseurs sous bien des aspects (la progression humaine est plus lente qu’il n’y paraît) la technologie est un artefact qui fait illusion, mais elle n’est pas nécessairement synonyme d’intelligence humaine collective augmentée. L’humanité dans sa globalité avance pas à pas, et plutôt à petits pas. Cela est d’autant plus prégnant si on la met en perspective d’avec la vitesse des avancées technologiques de ces dernières années. Parfois l’humanité avance d’un pas, mais elle recule, ici et là régulièrement de deux.</p>
<p>Chassez l’homme et les horreurs qu’il a commis au nom des hommes ! Chassez-le, comme nos ancêtres l’ont fait moult fois, puis, patientez tranquillement un siècle ou deux (si vous en avez la santé bien évidemment), je puis vous certifier, avec une marge d’erreur moindre, qu’il vous reviendra au galop et en pleine face…</p>
<p>Nul besoin d’être un anthropologue de renom pour postuler que la jeunesse qui a appris le monde qui l’entoure avec Internet pense et pensera le monde de demain parfaitement différemment.</p>
<h2>Pour penser le monde de demain au siècle d’Internet, mieux vaut l’avoir découvert et appris au travers – entre autres – d’Internet</h2>
<p>Bien que les travers humains ne changent malheureusement pas vraiment chez l’homme, à l’évidence, nous sommes en droit d’espérer (pour peu que quelques hommes de la génération actuelle limite la casse) que la jeunesse d’aujourd’hui sera un peu plus agile pour repenser, très bientôt, une économie mondiale plus équitable, plus viable que celle qui agonise aujourd’hui sous nos yeux dans la violence et l’indifférence à l’injustice.</p>
<hr>
<p><strong>À suivre</strong></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100260/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« Tant que la grande société ne sera pas convertie en une grande communauté, le public restera éclipsé ». (John Deway)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/997892018-08-23T21:50:28Z2018-08-23T21:50:28ZPouvoir, puissance et anonymat : le chat et la souris d’Elias Canetti<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/227184/original/file-20180711-27012-fh3j6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trap</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/vlastimil_koutecky/12361255373/">koudy-vw / photo on flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><h2>Le chat et la souris</h2>
<blockquote>
<p>« La souris une fois prise est au pouvoir du chat, il s’en est emparé, il la tient, il va pouvoir la tuer. »</p>
</blockquote>
<p>C’est ce que nous fait constater, à moins d’en avoir été témoin, [Elias Canetti]dans son ouvrage <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_et_Puissance">« Masse et Puissance »</a>, pour autant rajoute-t-il</p>
<blockquote>
<p>« dès qu’il se met à jouer avec elle, quelque chose de nouveau intervient. Il la lâche et lui permet de s’échapper un peu, et dès lors elle n’est plus en son pouvoir. Mais la puissance reste au chat de la rattraper. S’il la laisse s’échapper, elle sort de sa sphère de puissance. Mais jusqu’au point où il peut l’atteindre à coup sûr sa puissance reste entière ».</p>
</blockquote>
<h2>De l’importance de la possibilité de <a href="https://theconversation.com/darknet-faut-il-demanteler-la-revente-illegale-de-la-liberte-de-sexprimer-et-de-sinformer-97993">choisir l’anonymat sur Internet</a> !</h2>
<p>D’une certaine façon, le hacker joue au chat et à la souris avec le pouvoir au même titre que certains hactivistes, à la différence près que l’anonymat dès lors qu’il y a recours, apparaît légitime. Tant qu’il est en mesure de le préserver, aussi « souris » soit-il, il sort de la sphère de la puissance étatique.</p>
<h2>La « Souris anonyme » est-elle lâche ou seulement lucide face au cynisme ?</h2>
<p>Si nous regardons en arrière et observons l’affaire Snowden, cette affaire fera dire à un officiel du pentagone en parlant de cet homme : <a href="http://www.slate.fr/monde/82425/tuer-edward-snowden-balle-t%C3%AAte-nsa-prism-obama-assassinat">« J’adorerais lui mettre une balle dans la tête »</a>. Si nous observons celles qui concernent d’autres lanceurs d’alertes comme <a href="http://libertes.blog.lemonde.fr/2015/03/27/james-dunne-gagne-aux-prudhommes-contre-qosmos/">James Dunne</a> qui avait dénoncé l’implication de Qosmos dans les systèmes d’espionnage des régimes libyens et syriens, eu égard à la trajectoire qu’a prise leur destin, j’invite ceux et celles qui rangent promptement l’anonymat sur l’étagère de la lâcheté, à repenser la justesse de leur position !</p>
<p>Je note simplement que dès lors que ces hommes et ces femmes ont agi à découvert, les états concernés, les entreprises concernées, à l’instar du Chat de Canetti ont exercé le pouvoir de bien mauvaise manière, de façon violente, excessive, quitte à s’exonérer sans complexe, pour ce qui est des états, des principes et valeurs de leurs propres Nations, quitte à les détourner au motif d’une raison d’État qui n’est que déraison.</p>
<p>La « souris » ne faisait que donner à voir d’abus inacceptables et de dérives appliqués tant à lui-même qu’au collectif auquel il appartenait. La souris ne faisait alors valoir que son droit de résistance, pour le groupe, en son nom, au nom du groupe.</p>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99789/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« On résiste à l’invasion des armées, on ne résiste pas à l’invasion des idées ». Victor HugoYannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/979932018-07-05T21:15:40Z2018-07-05T21:15:40ZDarknet : faut-il démanteler la revente illégale de la liberté de s’exprimer et de s’informer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/225571/original/file-20180630-117385-1itfcjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C28%2C799%2C577&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/hivint/37631903222/">Hivint/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>« Quand un seul chien se met à aboyer à une ombre, dix mille chiens en font une réalité. » (proverbe chinois)</p>
</blockquote>
<p>En matière de terrorisme islamique, sitôt un attentat commis, le responsable de la radicalisation, le coupable du passage à l’acte émerge rapidement. En France tout du moins, la chanson est toujours la même : le complice le plus impliqué c’est Internet.</p>
<p>Étrangement, pas un seul instant les médias de masse ne se remettent en question dans leur mode de traitement outrancier d’actes odieux. Nous-mêmes en tant qu’usagers nous interrogeons-nous sur le relais que nous faisons sur les réseaux sociaux des actes les plus abjectes ?</p>
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<p>« Pardonnez-moi une question dérangeante : Quel groupuscule terroriste pourrait rêver d’attachés de presse plus forcenés répondant aussi promptement à leurs attentes : essaimer l’horreur absolue ».</p>
</blockquote>
<p>Dans les situations auxquelles je me réfère, le coupable étant tout désigné, les solutions du « politique “experts” » pleuvent comme un jour de mousson : c’est à qui inventera dans l’urgence de nouvelles solutions miracles. Contraindre un peu plus Internet étant l’une des premières options. Depuis le sinistre onze septembre, à la courte paille du simplisme, vous aurez constaté que c’est toujours Internet qui gagne.</p>
<p>S’en suivent usuellement des interventions anxiogènes sur le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Web_profond">« Deep web »</a>, le « dark web », le « darknet »… dans un mélange des genres invariablement orientés mauvais genre. Reconnaissons que le terme darknet sonne très « force obscure » aux oreilles de l’opinion publique.</p>
<p>L’évoquer est une chose, cependant, lorsqu’il est mis en avant dans ces contextes dramatiques, c’est de façon réductrice, pour ne pas dire totalement dévoyée. Que cela soit intentionnel ou pas, je vous en laisse juge. Il s’agit toutefois de mettre en avant la face sombre de la bête. Cela se traduit par un défilé d’orateurs alarmistes décrivant un espace qui est pourtant bien éloigné de la réalité qu’ils décrivent.</p>
<h2>De la différence entre deep web, dark web et le darknet</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/225576/original/file-20180701-117367-1f7zqq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/225576/original/file-20180701-117367-1f7zqq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/225576/original/file-20180701-117367-1f7zqq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/225576/original/file-20180701-117367-1f7zqq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/225576/original/file-20180701-117367-1f7zqq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/225576/original/file-20180701-117367-1f7zqq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/225576/original/file-20180701-117367-1f7zqq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Ben Ward/Flickr</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>Le deep web, ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Web_profond">web profond</a>, par opposition au <a href="https://fr.wiktionary.org/wiki/web_de_surface">Web de surface</a>, est constitué de ressources non référencées par des moteurs de recherches. <a href="https://www.journaldunet.fr/web-tech/tutoriels-seo/1203197-seo-empecher-l-indexation-de-parties-de-pages/">Notons à ce sujet, qu’il s’agisse de Google ou d’autres moteurs, que n’importe quel Webmaster peut choisir d’empêcher l’indexation de contenu</a>.</p></li>
<li><p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dark_web">dark web</a>, lui, est une partie réduite du deep web. <strong>C’est le contenu du web qui existe sur les « darknets » pris dans un sens plus large que le sens originel du terme</strong>. À l’origine le terme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/darknet#Histoire">darknet</a> (inventé dans les années 1970) désignait des réseaux qui étaient isolés d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/ARPANET">Arpanet</a> – l’ancêtre d’Internet – pour des raisons de sécurité.</p></li>
</ul>
<h2>La disqualification systématisée du « darknet »</h2>
<p>Dans le contexte d’attentats que j’évoque, les discours les plus abracadabrants sur le sujet ne manquent pas, et ce, jusqu’ ce au plus haut sommet de l’état. Feindre d’avoir identifié le problème c’est déjà rassurer la population. <strong>Cependant si le problème est mal posé… je vous laisse le soin d’imaginer l’efficacité de la solution.</strong></p>
<p>Certains n’hésiteront pas à mettre le darknet sur le banc des accusés, des assertions aussi surprenantes qu’invérifiables comme le fera Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, le 22 mars 2016 – <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_du_22_mars_%C3%A0_Bruxelles">immédiatement après l’attentat ayant frappé le l’aéroport et une rame de métro de Bruxelles</a> – d’abord à l’Assemblée nationale, pour <a href="http://www.liberation.fr/futurs/2016/03/24/bernard-cazeneuve-s-enfonce-dans-le-darknet_1441747">surenchérir</a> le lendemain au Sénat :</p>
<blockquote>
<p>« Ceux qui nous frappent utilisent le darknet et des messages chiffrés. »</p>
</blockquote>
<p>Que dire, face à ce type de déclaration à l’emporte-pièce ? Nous pouvons ajouter qu’ils utilisent vraisemblablement des voitures, des téléphones portables et ont même parfois – croyez-le ou non – une télévision… <a href="http://transfert.net/a7413/au73">et rajouter, pour être taquin, qu’il fut un temps où Ben Laden et ses comparses étaient les rois de la cryptographie</a>.</p>
<p>Ce type de discours de diabolisation sert à légitimer et enchaîner des lois qui restreignent nos libertés, en favorisant l’acceptation sociale d’absurdités. Le sulfureux <a href="http://mashable.france24.com/tech-business/20160323-le-darknet-coupable-ideal-terrorisme">darknet</a> de Monsieur Cazeneuve, est en cela un levier puissant, régulièrement de sortie. <a href="https://www.franceinter.fr/justice/la-main-noire-premiere-plate-forme-du-darknet-demantelee-en-france">Le traitement médiatique de ce dernier est naturellement concentré sur les usages criminels possibles</a> comme nous avons pu l’observer encore récemment avec le démantèlement de <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2018/06/16/sur-le-dark-web-black-hand-lune-des-plus-importantes-plate-formes-illegales-en-france-a-ete-demantelee_a_23460444/">BlackHand</a>, un forum qui proposait à la vente depuis plus de deux ans de nombreux produits et services illicites : stupéfiants, armes, faux papiers, données bancaires volées…</p>
<p>Au-delà du terrorisme, le darknet est ainsi brandi à toutes occasions par ses détracteurs. Rien de très étonnant, vous conviendrez que de par son nom même, c’est celui qui peut générer le plus de fantasmes et rendre légitime un contrôle – pour votre bien et le mien – de plus en plus exagéré. Tout est donc mis en œuvre pour ancrer dans les esprits le darknet comme un repère infesté de crapules sans foi ni loi. <a href="https://fr.sputniknews.com/presse/201705101031328170-russie-cybercriminalite/">Les gouvernances, quels que soient les régimes, utilisent le sempiternel même argument réducteur – la cybercriminalité – pour rendre acceptable leur volonté de destruction de toute possibilité d’anonymat des citoyens</a>.</p>
<h2>Le darknet une zone de non-droit ? Ah bon !</h2>
<p>Paradoxe et non des moindres – n’en déplaise à ceux et celles qui souhaiteraient voir disparaître « le monstre » – évoquer une zone de non-droit peuplée de criminels est une absurdité. La preuve en est : <strong>puis-je me permettre de souligner que le « darknet », contrairement à ce qui est raconté – dans la partie mineure au service de la délinquance qu’il représente – n’est pas une zone de non-droit comme le démontre l’affaire « Black Hunt ». C’est un endroit permettant aux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_services_de_renseignement">services de renseignement mondiaux</a> l’infiltration, la mise en place de <a href="https://www.commentcamarche.com/faq/16507-les-honeypots-pots-de-miel">honey pots</a>, le suivi au plus près de l’évolution de la criminalité, etc. !</strong></p>
<h2>« Darknet » : le dernier refuge de la liberté d’informer et de s’informer</h2>
<p>Il faut garder à l’esprit que cet « Internet de l’ombre » n’est pas un grand dédale où s’organisent les pires trafics : il est avant tout l’outil qui a permis et qui permet, lorsque la situation l’exige, de relayer des idées à l’abri de l’oppression, de faire savoir au monde la teneur d’une situation sans exposer sa vie pour avoir parlé.</p>
<h2>Allons faire un tour en « enfer » ! Suivez le guide !</h2>
<p>Pour vous faire une idée par vous même : <a href="https://www.torproject.org/download/download.html.en">téléchargez Tor</a>, puis lancez-le. Un navigateur va s’ouvrir. Dans un second temps, accédez alors à « hidden wiki » en copiant l’adresse suivante dans votre navigateur : <strong>http://zqktlwi4fecvo6ri.onion/wiki/</strong> vous découvrirez une sorte de Wikipedia proposant de nombreuses ressources classées par thème.</p>
<p><strong>Expérimenter c’est connaître !</strong></p>
<p>Vous constaterez par vous-même qu’une majorité de ressources présentes ne sont aucunement destinées à recruter des assassins, vendre des armes, de la drogue… mais peuvent servir à des personnes qui risquent leur vie en s’exprimant. Toutes les ressources traditionnelles du Web de surface sont disponibles pour : mettre en place des sites, des blogs, discuter en ligne, etc. en minimisant le risque d’être tracé.</p>
<p><strong>(Attention : n’allez pas traîner là où il ne faut pas ! Il y a les bons là où rodent les méchants et la loi est la loi. L’expérimentation à ses limites en forme de barreaux de prison.)</strong></p>
<p>Avec Internet, le citoyen-monde où qu’il se trouve, s’il y a accès, peut disposer d’outils lui permettant d’accéder à une information non contrainte et d’en diffuser sans risque. Quel individu assez fou et mégalomane pourrait encore avoir la prétention de faire taire une conscience humaine en train de se mondialiser et empêcher certains hommes d’informer et d’être informés ?</p>
<p>Voilà la raison même d’être du darknet. Lorsque la parole est brimée, il faut aux hommes un espace protégé pour qu’elle puisse s’exprimer. Je m’étonne d’ailleurs que les agences de presse n’y soient pas (sauf erreur de ma part) présentes, pour permettre un accès à l’information par-delà la censure exercée dans certains pays.</p>
<p>Que le « darknet » dérange de nombreux États est indéniable, mais est-ce bien pour la raison qu’ils invoquent ? Alors plutôt que de dire n’importe quoi à son sujet. Messieurs les censeurs de ce monde, laissez donc faire le renseignement pour ce qui concerne les délinquants avérés qui s’y promènent et laissez donc le darknet en paix au service de la liberté inaliénable d’informer et d’être informé.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/x-v4lU1efMM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Maurice Clavel : « Messieurs les censeurs, bonsoir ! »</span></figcaption>
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<p>« Pourvu que je ne parle ni de l’autorité, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, je puis tout imprimer librement, sous la direction, néanmoins, de deux ou trois censeurs. » (Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais)</p>
</blockquote>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97993/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« Il n’est pas de tyran au monde qui aime la vérité ; la vérité n’obéit pas. » (Alain)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/979902018-06-21T18:56:36Z2018-06-21T18:56:36ZCitoyen(ne)s de l'Internet : si nous nous moquons des problèmes, n'accusons pas les solutions !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/223780/original/file-20180619-126537-1cbi268.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les singes de la sagesse / The monkeys of wisdom</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/14328577@N08/4011227845/"> JosephSardin / photo on flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><h2>Dématerialisation des frontières et États désorientés</h2>
<p>Démocratie, régime autoritaire, totalitaire, dictature… “peu importe”. Comme le soulignait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Clastres">Pierre Clastres</a> (1977) dans son ouvrage <a href="https://www.amazon.fr/Arch%C3%A9ologie-violence-guerre-soci%C3%A9t%C3%A9s-primitives/dp/2752600844">« archeology de la violence »</a> « <em>il n’est de société que sous le signe de division entre maîtres et sujets</em> » que le maître ait été désigné de façon démocratique, pseudo-démocratique ou non est sans grande importance. Sa mission, la mission qu’il peut donc parfois s’« auto-assigner » est celle de faire de sa nation un tout unifié : un « Un ».</p>
<h2>Faire de la nation un « Un » !</h2>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Dewey">John Dewey</a> évoquait déjà en 1927, dans son ouvrage “<a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/Le-public-et-ses-problemes">Le public et ses problèmes</a>” le fait que les idées circulaient de plus en plus vite grâce à la technologie : trains, voitures, avions. Il soulignait que cela ne pouvait être qu’au service d’une plus grande cohésion nationale et internationale. Pour Dewey l’élimination de la distance ne pouvait que servir le brassage d’idées donc le débat démocratique. <strong>Il vantait les mérites de la confrontation de tous et toutes à des idées différentes de nature à servir l’unité étatique</strong>. Depuis 1927 la vitesse des moyens de locomotion et de circulation des idées que Dewey glorifiait a considérablement progressé.</p>
<p>Parler « d’élimination de la distance » était exagéré en 1927, tout du moins d’un point de vue physique, il en est de même aujourd’hui. Dans le monde réel, tous les moyens de locomotions élaborés et améliorés ne sont toujours pas – en 2018 – à la portée financière de tous les hommes ! Cependant par le biais d’Internet *<em>l’élimination de la distance “physique” entre « tous » les hommes n’est virtuellement plus si loin de la réalité. *</em></p>
<p>Si nous suivons la logique d’un John Dewey, le fonctionnement démocratique à l’ère d’Internet aurait dû accélérer de plus belle ! Si tel n’est pas encore le cas, c’est que les équilibres, entre gouvernants et gouvernés, ne sont pas encore trouvés. <a href="https://fr.wiktionary.org/wiki/Rome_ne_s%E2%80%99est_pas_faite_en_un_jour">Rome ne s’est pas faite en un jour</a>, mais réjouissons-nous d’avoir un objectif de citoyen-monde déjà tout tracé.</p>
<p>L’élimination de la distance favorisant la confrontation des idées et des hommes – à laquelle Dewey songeait – a franchi un nouveau cap !</p>
<h2>La confrontation augmentée des idées et des hommes : une chance pour les démocraties ?</h2>
<p>Internet impose de reconsidérer l’unité étatique d’un œil neuf. Internet en abolissant la notion de distance n’offre-t-il pas alors à terme (tout le monde n’a pas encore la même possibilité d’accéder à Internet) une possibilité inédite de repenser un système de fonctionnement du monde plus viable, plus équitable.</p>
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<ul>
<li><strong>Internet n’est-il pas ce nouveau monde qui fait écho – une fois apprivoisé par les hommes – à l’espoir et à la croyance de Dewey d’une abolition de la distance synonyme de toujours plus de démocraties ?</strong></li>
</ul>
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</blockquote>
<ul>
<li><strong>Internet n’est-il pas l’outil d’une nouvelle révolution de notre monde imposant une refonte en profondeur de l’économie mondiale ?</strong></li>
</ul>
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</blockquote>
<ul>
<li><strong>Internet n’impose-t-il pas un réajustement des rapports entre les gouvernants et les gouvernés ?</strong></li>
</ul>
<p>Les dirigeant·e·s sont désorientés, ils s’obstinent à le démontrer : La volonté précipitée et sans nuances d’encadrer les usages d’Internet, jusqu’à vouloir gérer les flux d’informations, pour tendre vers un copié-collé du monde d’hier n’est-ce pas une preuve du regret de nombreux dirigeants d’un ancien monde plus maîtrisable et mieux maîtrisé.</p>
<p>Tandis que le nouveau monde s’installe, les maîtres de l’ancien ont seulement changé de costumes. <a href="https://www.developpez.com/actu/165058/HADOPI-fournit-la-preuve-de-son-echec-dans-la-lutte-contre-le-telechargement-illegal-les-sites-pirates-ne-meurent-jamais-apres-leur-fermeture/">Ils ont une approche parfois très passéiste</a> et refont étrangement… <a href="http://www.palo-alto-et-compagnie.com/faire-plus-de-la-meme-chose/">toujours plus de la même chose</a> ! Ils voudraient que tout change sans que rien ne change pour eux dans leur rapport au pouvoir et aux citoyens.</p>
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<ul>
<li>Leur difficulté à intégrer Internet dans la reconfiguration en profondeur de l’Économie, leurs tâtonnements, leurs errances, sont flagrants. À un tout autre niveau les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=DYoUa7hhC_I">erreurs comportementales de certains utilisateurs ne sont pas en reste</a>. S’il me fallait citer un seul exemple politico-économique, j’évoquerais la <a href="https://www.blogdumoderateur.com/fin-neutralite-net-etats-unis/">fin de la neutralité du Net aux États-Unis</a> mise en œuvre par l’administration Trump <a href="https://www.developpez.com/actu/208361/Neutralite-du-Net-le-systeme-de-commentaires-de-la-FCC-a-t-il-ete-victime-de-DDoS-ou-est-ce-une-ruse-pour-ne-pas-recevoir-les-avis-des-Americains/">dans des conditions douteuses</a> – alors même que l’on estime – au moment ou j’écris ces lignes – que <a href="http://www.publicconsultation.org/united-states/overwhelming-bipartisan-public-opposition-to-repealing-net-neutrality-persists/">huit Américains sur dix (Républicains comme Démocrates) sont partisans de sa neutralité</a>.</li>
</ul>
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</blockquote>
<ul>
<li>Leur difficulté à réinventer leurs rapports avec leurs citoyens-monde est une évidence. Cela se traduit, comme on peut le constater en France par une volonté de contrôle et de surveillance accrue des usagers, et par la <a href="https://theconversation.com/cas-Internet-la-propagande-etatique-est-ce-une-fakenews-97143">volonté d’une maîtrise augmentée de l’ information par le pouvoir</a>.</li>
</ul>
<p>Comment et combien de temps pourra perdurer un système prétendument « démocratique » duquel le citoyen serait exclu ? Le citoyen modèle devrait-il être réduit à user du droit de vote qui lui est périodiquement donné et qu’il nomme fièrement « devoir » ? si c’est cela être citoyen, la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire">servitude volontaire</a> fait bien son œuvre, mais quelle est la véritable valeur démocratique du vote dans la configuration actuelle ? Le citoyen pourra bien réciter poliment les mêmes lieux communs l’adoubant citoyen : « <em>Ceux qui ne votent pas non pas à se plaindre !</em> »… « <em>Des hommes se sont battus pour que nous ayons ce droit</em> ». Ceux et celles qui déclament ces phrases face caméra à chaque nouvelle éléction, y croient-ils encore eux-mêmes quand une majorité d’électeurs français en sont désormais réduits à « voter contre » sans nourrir l’espoir de pouvoir, une seule fois dans leur vie citoyenne, « voter pour » !</p>
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<p>Le(la) véritable président·e en France ne se nomme-t-il (elle) pas aujourd’hui <a href="https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/05/09/presidentielle-2017-l-explosion-du-vote-blanc-ou-nul-est-spectaculaire_5124535_4854003.html">abstention et vote blanc</a> ?</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/224009/original/file-20180620-137714-13r3u40.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/224009/original/file-20180620-137714-13r3u40.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/224009/original/file-20180620-137714-13r3u40.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/224009/original/file-20180620-137714-13r3u40.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/224009/original/file-20180620-137714-13r3u40.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/224009/original/file-20180620-137714-13r3u40.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/224009/original/file-20180620-137714-13r3u40.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">October 7, 2008 Presidential Debate : Obama vs. McCain.</span>
<span class="attribution"><span class="source">EricaJoy/photo on Flickr</span></span>
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<h2>Ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre pour surtout… ne rien faire ?</h2>
<p>Nous pouvons rester dans le déni. Mais si faire son devoir de citoyen consiste à faire perdurer et cautionner une fabrique à pouvoirs de cet acabit, pour, une fois l’élection passée, ne plus prendre part au débat public. Si faire son devoir de citoyen c’est voter puis attendre cinq nouvelles années sans mot dire : c’est un choix. Oui, nous pouvons décider de nous comporter comme les trois singes de la sagesse : Mizaru (L’aveugle), Kikazaru (Le sourd) et Iwazaru (Le muet). Cela servira-t-il l’avenir de notre démocratie dans cette période complexe ?</p>
<p>En France, notre démocratie sans imagination est devenue au fil des ans, une fabrique à pouvoir légitime d’un seul point de vue constitutionnel. Cela rend notre république représentative bien fragile ! Une « démocratie » où la minorité la plus stratège, peut rafler la mise, en agitant le chiffon rouge du populisme et des extrêmes. « Être élu par défaut » est une stratégie gagnante des prétendants aux plus hautes responsabilités ! Que le constat ne soit pas réjouissant est une chose, mais malgré tout, en attendant que les choses évoluent, nous disposons d’outils pour agir sur notre destin commun après des éléctions.</p>
<blockquote>
<p>L’arrivée d’Internet a renversé la table des pouvoirs de ce monde, redistribué un jeu de cartes truqué. On a coutume de dire qu’il y a eu dans ce monde un avant et un après onze septembre, ceci est vrai. Mais il y aura eu également, de façon moins sanglante, un avant et un après Internet !</p>
</blockquote>
<p><strong>La matérialisation de la mondialisation est certainement la plus grande réussite d’Internet</strong>, c’est aussi sa plus grande faiblesse. Sa puissance était-elle trop forte ? Trop tôt ? Le Monde – dit civilisé – était-il en mesure d’appréhender la puissance du joyau qu’il avait entre les mains, de le maîtriser, d’anticiper les impacts sociaux d’une telle révolution ? À l’impossible nul n’est tenu. Toujours est-il qu’Internet aura enfanté les premiers véritables citoyens du monde !</p>
<p>Si en tant que citoyens nous regardons ailleurs, si nous laissons les problèmes relatifs à Internet être mal posés par la sphère politique, sans intervenir, sans prendre la mesure de cette nouvelle responsabilité qui nous incombe, sans recourir aux nouveaux outils et <a href="https://theconversation.com/linfluence-dun-meme-sur-les-medias-de-masse-96939">aux moyens dont nous disposons</a> pour intervenir dans le débat public, alors <a href="https://www.youtube.com/watch?v=G8rh7UDasgI">n’accusons pas les solutions liberticides et démocratiquement régressives qui ont d’ores et déjà été mise en œuvre par nos représentants</a>. <a href="https://www.nextinpact.com/news/106656-future-loi-contre-fakenews-csa-a-porte-regulation-plateformes.htm">Des solutions qui pourraient fort bien continuer à nous être imposées</a> et que nous serons contraints d’accepter</p>
<blockquote>
<p>« Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile. » <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Thucydide">Thucydide</a></p>
</blockquote>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97990/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« Le cœur de la démocratie et sa garantie absolue résident dans la liberté de réunion entre voisins, au coin d’une rue, pour discuter de long en large des nouvelles non censurées du jour. » DeweyYannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/975632018-06-14T19:42:02Z2018-06-14T19:42:02ZPlaydoyer pour combattre le fléau de la désindividuation !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/221227/original/file-20180531-69497-lnvfez.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">personally crowds trips</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/192390/">Photo on VisualHunt</a></span></figcaption></figure><h2>La désindividuation : ce mal des siècles</h2>
<p>Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Leon_Festinger">Léon Festinger</a> (1919-1989), Albert Pepitone (1925-2016) (psychologue social renommé et professeur émérite à l’Université de Pennsylvanie) et Theodore Newcomb (1903-1984) la <a href="http://www.psychologie-sociale.com/index.php/fr/theories/theorie-des-groupes/13-la-desindividuation-en-groupe">désindividuation est le fait d’être dans un grand groupe ou dans une foule (donc anonyme) et être amené à adopter des comportements antisociaux</a>. C’est une perte de la conscience de soi qui conduit à la perte du sentiment de responsabilité personnelle.</p>
<ul>
<li><p>La désindividuation dépasse largement les simples phénomènes de foules tels qu’on peut les observer dans les émeutes urbaines, les matchs de football qui dégénèrent, les manifestations qui dérapent avec leur lot de grands révolutionnaires, comme peut l’être un père de famille, une étudiante en philosophie… sans histoire jusqu’alors qui s’attaquent soudainement avec un héroïque courage de décérébré à des abribus arrogants !</p></li>
<li><p>La désindividuation peut s’avérer bien plus dangereuse qu’un épiphénomène s’inscrivant dans une temporalité restreinte. La désindividuation peut relever d’une responsabilité collective de masse (à l’échelle d’un état suivi par une majorité de sa population) qui s’abrite alors derrière la reconstruction d’une morale immorale légitimant tous les excès ! La désindividuation n’est pas la seule résultante d’une dérive soudaine. Elle peut l’être dans le cadre d’une manifestation et toucher un quantitatif d’individus restreint, elle ne l’est plus lorsqu’il s’agit d’un peuple ! Elle se construit alors pas à pas, <strong>la propagande s’appuyant sur l’ignorance en étant un des leviers</strong>. Elle peut toucher, si ce n’est tout un pays, du moins une majorité de ses concitoyens en marginalisant les autres.</p></li>
</ul>
<h2>Une époque chahutée à la merci de la désindividuation</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/221260/original/file-20180531-69487-plzd5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/221260/original/file-20180531-69487-plzd5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/221260/original/file-20180531-69487-plzd5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/221260/original/file-20180531-69487-plzd5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=467&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/221260/original/file-20180531-69487-plzd5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/221260/original/file-20180531-69487-plzd5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/221260/original/file-20180531-69487-plzd5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=587&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">No chaos.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Daniela Hartmann/Flickr</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Lorsque le terreau d’une époque se prête à cultiver et exacerber les nationalismes les plus exaltés : crise économique, terrorisme, migration de masse… la désindividuation peut rapidement contaminer toute une population. C’est une véritable pandémie qui peut s’abattre sur tout un peuple prêt à soutenir toutes les absurdités, toutes les folies, toutes les monstruosités, quitte, pour penser garder figure humaine à trouver une raison et des justifications à un déplacement collectif du curseur de la <a href="https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/moralit%C3%A9/52575">moralité</a>.</p>
<blockquote>
<p>Notons que lorsque j’évoque ce monstre à l’affût, il sera toujours un interlocuteur pour me qualifier de <a href="https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/bien-pensant_bien-pensante_bien-pensants_bien-pensantes/9172">« bien-pensant »</a>. J’anticipe sans me défausser : à tout prendre, n’est-il pas plus glorieux d’être « bien-pensant » que « mal-pensant » ?</p>
</blockquote>
<p>Gardons à l’esprit que pour les gouvernances, l’opinion fait depuis des années office de vérité, fut-ce au prix des mensonges les plus éhontés !</p>
<p>Je rappellerai donc, à toutes fins utiles, que c’est bien le principe de désindividuation d’une majorité de citoyens qui est à l’origine de toutes les pires horreurs qu’a eues à affronter notre humanité. Le génocide orchestré par Hitler et ses sinistres sbires, des Juifs, des Tziganes, des Homosexuels, des Opposants… a été d’abord soutenu par une partie du peuple allemand ! Puis l’extermination méthodique sera soutenue par la suite par une partie de la population des pays conquis. Combien de monstres, combien de complices, hier comme aujourd’hui ou comme demain, justifieront leur inhumanité par des phrases ineptes comme : « Après tout ne l’avaient-ils pas bien cherché ? »</p>
<p>Le cautionnement de ces atrocités relève dans l’exemple du génocide hitlérien de ce principe de désindividuation poussé à son paroxysme.</p>
<h2>Combattre la désindividuation : de la différence entre hier et aujourd’hui</h2>
<p>Une particularité notable de l’époque sera pour de nombreux Allemands, leur impossibilité de manifester et d’exprimer leur non-adhésion à cette immonde folie, si ce n’est par leur tentative de soustraction à la participation à cette responsabilité (irresponsabilité) collective qui leur était infligée. Pour nombre d’entre eux, dès lors qu’ils se retrouvaient contraints, ils choisissaient… la mort. Tout sauf la vie, plutôt que de porter le reste de leur vie leur fardeau insurmontable que d’avoir contribué à l’horreur, d’avoir aidé d’une quelconque façon cette sombre plongée en inhumanité. Se donner la mort alors plutôt que de ne prendre une seule vie innocente.</p>
<p>Les seuls en mesure d’exprimer leur refus à adhérer seront des figures de l’époque, des gens illustres pouvant le faire avec les moyens de l’époque, journaux, films, ouvrages… parce qu’à l’abri et hors de portée de toute forme de répression. Certains le feront parfois avec une profonde tristesse, non pas de s’exprimer, non pas de dénoncer, mais d’être « glorifiés » tout en étant à l’abri de l’horreur en action. <a href="https://www.contrepoints.org/2016/08/09/262544-stefan-zweig-liberal-tragique-face-nazisme">C’est une situation que vivra, de mon point de vue, avec douleur un écrivain comme</a> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stefan_Zweig">Stephan Zweig</a></p>
<h2>Hacktivisme : l’opposant planétaire et salvateur à la désindividuation</h2>
<p>Voilà pourquoi l’hacktivisme éthique, les <a href="https://theconversation.com/linfluence-dun-meme-sur-les-medias-de-masse-96939">« mèmes Internet »</a> que j’ai pu évoquer sont des garde-fous qui laissent la possibilité à toutes et à tous de s’opposer à ces processus de désindividuation lorsqu’ils s’enclenchent. C’est une ligne de vie et de survie salvatrice de notre humanité qu’il est impérieux de préserver.</p>
<blockquote>
<p>« Aime le peuple, évite la foule ». (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Franz_Liszt">Franz Liszt</a>)</p>
</blockquote>
<p><em>A suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97563/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« Le quotient intellectuel d’une foule est égal à celui du plus imbécile de ses membres ». (Jean Dion)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/971432018-06-07T21:53:56Z2018-06-07T21:53:56ZCas Internet : la propagande étatique, est-ce une fake news ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220295/original/file-20180524-51130-1nan0ea.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">think outside of the box</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/2374/">Photo on Visualhunt.com</a></span></figcaption></figure><p><strong>Comment nous forger une opinion sur des sujets de société dont nous ignorons tout</strong>, mais qui dessinent au travers de projets de lois, puis de lois des choix de société. Des choix qui conditionnent nos lendemains ?</p>
<p>Avant l’Internet, les éléments de compréhension étaient (et demeurent) majoritairement distillés au grand public à grand renfort « d’experts » et d’acteurs concernés. Sur un sujet de société, ces « experts » sont sélectionnés par les médias de masse, dont la télévision. Plus encore, en mélangeant – intentionnellement ou non – <a href="https://www.definitions-marketing.com/definition/leader-d-opinion/">leader d’opinion</a> et expert, la simple notoriété d’un individu peut même parfois être considérée comme un critère d’expertise à même de faire basculer une opinion publique.</p>
<p>Le débat sur <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_relative_au_renseignement">Le projet de loi relatif au renseignement</a> s’est, dans la configuration décrite, transformé en une sorte de monologue d’État. Lors de la préparation du projet de loi de <a href="https://wiki.laquadrature.net/Portail:Loi_Renseignement">véritables spécialistes tenteront via Internet de porter à connaissance de tous et toutes la réalité de ce projet</a>. Ils offriront à tous et toutes la possibilité d’appeler alors leurs députés en connaissance de faits (cf. <a href="https://theconversation.com/linfluence-dun-meme-sur-les-medias-de-masse-96939">« Mème Internet »</a>). <a href="http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/loi-renseignement-pas-de-veritable-controle-de-la-surveillance-selon-jean-marie-delarue-05-05-2015-4747171.php">Des personnalités incontestables tenteront, elles aussi, d’alerter sur la précipitation du législateur et le manque de cadre</a>. Les uns comme les autres resteront tenus à l’écart des médias de masse, de la télévision en particulier. <a href="https://sous-surveillance.fr/#/">Le projet de loi relatif au renseignement sera finalement adopté par les deux assemblées et validé par le Conseil constitutionnel</a>.</p>
<blockquote>
<p>« Sacrifier des droits humains fondamentaux sur l’autel de l’inefficacité dans la lutte contre le terrorisme. J’ai toujours du mal à comprendre qui sont les vainqueurs ? »</p>
</blockquote>
<p>En France comme ailleurs, le monopole d’une argumentation par un pouvoir, par des acteurs pouvant tirer financièrement bénéfice d’une loi, relève d’un simulacre de débat public. Le mot qui définit de telles pratiques : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Propagande">propagande</a>.</p>
<p>Si en tant que citoyen ou représentants du peuple, nous ne sommes exposés qu’à un seul son de cloche : la <a href="https://www.nextinpact.com/news/93752-loi-renseignement-note-durvoas-adressee-aux-deputes.htm?skipua=1">parole du porteur d’un projet de société</a> et la parole <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/loi-renseignement-la-france-experte-en-technologies-espionnes.N325172">d’acteurs pouvant financièrement en tirer bénéfices</a>, il y a un biais démocratique. On me concédera qu’il est peu vraisemblable qu’ils en évoquent les limites ! Comment se faire un avis propre ? Comment pouvoir prendre position de façon éclairée ?</p>
<blockquote>
<p>« Avant que de juger écoutez les parties » dit un proverbe français… encore faut-il que toutes les parties puissent s’exprimer et argumenter de façon équitable. »</p>
</blockquote>
<h2>Qui suis-je pour juger ?</h2>
<p>Personnellement je suis enseignant-chercheur. Je dispose d’un savoir. Je ne détiens pas la vérité vraie. Ce savoir me permet de poser des questions qui me semblent pertinentes au nom de ceux qui – parce que ce n’est pas leur domaine – ne le peuvent pas ! Comprenez-moi bien : personnellement, je ne connais rien en mécanique. Je saurais gré à un mécanicien de m’expliquer les mensonges d’un constructeur qui mettrait ma vie en péril.</p>
<p>Je ne connais également strictement rien en agronomie, de la même manière je serai reconnaissant que des agronomes m’explicite les couleuvres que des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lobby">lobbys</a> voudraient me faire avaler, etc., etc. Comment me faire une opinion si les agronomes sont laissés au placard du débat public, si aucun ingénieur en mécanique ne m’explicite, en des termes simples, la situation ?</p>
<h2>Qui sommes-nous pour améliorer notre capacité à juger ?</h2>
<p>Nous sommes :</p>
<ul>
<li><p>Des citoyens des citoyennes, un collectif et une communauté mondiale de savoir distincts.</p></li>
<li><p>Des citoyens qui peuvent désormais, s’ils ont une légitimité dans le domaine concerné, s’ils le souhaitent, éclairer le débat public, et donner à voir et à savoir aux autres, au-delà des éléments de compréhension qu’apportent les médias de masse ! Si ces derniers « oublient » malencontreusement de les inviter.</p></li>
<li><p>Des citoyens qui peuvent expliciter au monde les tenants et aboutissants de telles ou telles décisions spécifiques se traduisant – souvent – par des lois qui impliquent et impactent le collectif.</p></li>
</ul>
<h2>L’hacktivisme technologique : un indispensable garde-fou démocratique…</h2>
<p>Les gouvernances de pays, dont la France – se réclamant de la liberté et de la justice – lorsqu’elles s’attaquent à des libertés humaines fondamentales, elles sont bien en peine de le justifier ! Une information unilatérale simpliste, l’agitation du chiffon rouge de la peur, l’état de <a href="http://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Stupeur">stupeur</a> de la population, se conjugue à la nécessité de « faire quelque chose » (quitte à faire pour ce qui concerne Internet n’importe quoi). Cela aura été, dans le cadre de la loi relative au renseignement, confortable pour rendre acceptables certains points inacceptables. Un débat argumenté, à heure de grande écoute,intégrant des contradicteurs légitimes : constitutionnalistes, experts en IA, experts du renseignement (cf. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean%E2%80%91Marie_Delarue">Jean Marie Delarue</a>…) <a href="https://journals.openedition.org/revdh/3010">n’aurait pas pu occulter au grand public tous les points qui précarisent l’état de droit</a>. Cela aurait permis à tous et toutes, de l’élu au citoyen, de pouvoir prendre position de façon réellement éclairée, avant de jouer en aveugle aux apprentis sorciers.</p>
<p>En ces périodes troubles, le triptyque « démocratie, état de droit, terrorisme » est chaque jour au cœur du débat. C’est un combat d’autant plus important que certains cyniques pourraient avoir la tentation d’une démocratie qui s’émanciperait progressivement de l’état de droit ; autant dire la porte ouverte à un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Totalitarisme">totalitarisme</a> prétendument salvateur et protecteur !</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/221948/original/file-20180606-137295-ap5idp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/221948/original/file-20180606-137295-ap5idp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=844&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/221948/original/file-20180606-137295-ap5idp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=844&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/221948/original/file-20180606-137295-ap5idp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=844&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/221948/original/file-20180606-137295-ap5idp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1061&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/221948/original/file-20180606-137295-ap5idp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1061&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/221948/original/file-20180606-137295-ap5idp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1061&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dr. Andrei Dmitrievich Sakharov.</span>
<span class="attribution"><span class="source">dbking/Flickr</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les faux amis de la liberté à l’heure de l’informatisation planétaire</h2>
<p>C’est dans ce type de configuration – ici sur le terrain de la technologie – que l’Hacktivisme est un droit citoyen. Il ne s’agit pas d’avoir tort ou raison, mais d’expliciter avec pédagogie à ceux et celles qui ne savent pas, en exposant les faits avec rigueur. Il est indispensable que tous les citoyens puissent prendre la mesure des tenants et aboutissants des lois et projets de loi qui s’entassent, et ce, quelle que soit la thématique.</p>
<p>Dans le domaine qui me concerne, je note qu’aujourd’hui « technologies et démocraties » sont devenues intimement liées. L’enjeu est de taille. Il s’agit de mettre la technologie au service de l’évolution de la démocratie tout en tenant compte d’un environnement chaotique. Combattre toute forme de régression injustifiée relève d’un choix de société conforme aux valeurs qu’elle affiche au Monde. C’est dans ce « combat » d’information que l’hacktiviste technologique trouve sa légitimité.</p>
<p>Celui ou celle qui sait se devrait, s’il dispose de temps pour les autres, de mettre son savoir – qui n’est pas le synonyme de vérité – au service des autres pour permettre à chacun de se forger sa propre opinion. C’est précisément ce qu’a fait <a href="https://www.laquadrature.net/fr">La Quadrature du Net</a> en initiant le <a href="https://theconversation.com/linfluence-dun-meme-sur-les-medias-de-masse-96939">« Mème Internet »</a> : <a href="https://gafam.laquadrature.net/">action de groupe contre les GAFAM</a>.</p>
<p><strong>L’hacktivisme technologique n’est qu’une forme d’hacktivisme parmi d’autres</strong>. L’objectif, dans quelque domaine que ce soit, est que chacun d’entre nous puisse être doté des clés de lectures lui permettant de se déterminer, et de pouvoir exercer son rôle de citoyen en toute connaissance de cause.</p>
<p>Dans le domaine de l’hacktivsime technologique <a href="https://www.contrepoints.org/2018/06/01/317339-loi-fakenews-la-pravda-pour-tous-les-francais">Le projet de loi sur les fake news</a> est un nouveau combat en approche. Il nécessitera des explications, de la pédagogie, pour porter à connaissance des éléments, des arguments, des faits, qui différeront fort vraisemblablement de ceux et celles qu’avanceront les porteurs de ce projet. Pour ma part – au gré de ses évolutions – à mon niveau, avec mes connaissances, je rappellerais inlassablement des faits : <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006419726&cidTexte=LEGITEXT000006070722">son inutilité juridique avérée</a>, la mise en danger de toute forme de journalisme d’investigation qui laisserait alors le champs libre – en cas de dérive – à la mise en place d’une censure d’état inédite dans le pays de la liberté d’expression.</p>
<p>Moi comme d’autres, <a href="https://blog.planethoster.com/fakenews-infausses-la-revanche-de-la-verite/">nous continuerons d’informer et d’expliciter l’arbitraire dont disposerait un pouvoir et ses services administratifs à même de décider de ce qui est vrai et de ce qui est faux</a>. Un pouvoir, quel qu’il soit, qui aurait prétention à se substituer à l’intelligence et à la capacité de discernement des citoyens qu’il gouverne, à imposer sa vérité selon ses propres critères, pour imposer à tous et toutes son seul point de vue : celui qu’il jugera acceptable, cela ne refléterait pas l’exercice du pouvoir dans un cadre démocratique.</p>
<p>Ce mode de fonctionnement s’apparenterait à une violence psychologique grave et inédite sur les individus <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Diffusion_de_fausse_nouvelle">niant, de surcroît, un droit français existant, nécessaire et suffisant</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Le délit de diffusion de fausse nouvelle ou de fausses informations est une infraction en droit pénal français prévue par de nombreux textes de lois, dont notamment ː</p>
<p>– L’article 27 de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse.<br>
– L’article 322-14 du code pénal (modifié par l’ordonnance du 19 septembre 2000) lié à la Loi n° 92-685 du 22 juillet 1992.<br>
– L’article L.97 du Code électoral.<br>
– L’article L465-1 du code monétaire et financier, modifié par la Loi n° 2016-819 du 21 juin 2016.</p>
<p>Elle peut être également être liée, voire associée à la diffamation et à la calomnie (dénonciation calomnieuse, parfois dite dénonciation de crime imaginaire), deux autres types de délits relavant également du code pénal. »</p>
</blockquote>
<p>Ce mode de fonctionnement nierait, qui plus est, la capacité de jugement de l’individu. Cela s’apparenterait alors, ni plus ni moins, au mode de fonctionnement d’une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Secte">secte</a> détentrice de la vérité vraie.</p>
<blockquote>
<p>« Nul au monde n’a puissance sur le jugement intérieur ; si l’on peut te forcer à dire en plein jour qu’il fait nuit, nulle puissance ne peut te forcer à le penser. » (Alain)</p>
</blockquote>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97143/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Réflexion sur la formation de l’opinion du citoyen. « Chacun de nous est responsable de tout devant tous ». (Fiodor Dostoïevski)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/969392018-05-31T20:16:06Z2018-05-31T20:16:06ZL’influence d’un « mème » sur les médias de masse !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/219809/original/file-20180521-14981-l4jxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C13%2C799%2C516&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/65372/">VisualHunt</a></span></figcaption></figure><p>Un <a href="https://theconversation.com/les-citoyennes-et-les-citoyens-sont-de-retour-meme-pas-peur-96868">« mème Internet »</a> – sujet de la chronique précédente – est une façon citoyenne de « forcer » collectivement la porte des rédactions. S’il est un fait établi c’est que :</p>
<blockquote>
<p>« Toute information qui ne “s’exfiltre” pas de l’Internet pour accéder à la télévision, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dias_de_masse#Naissance_du_concept">média de masse par excellence</a>… “n’existe pas” et “n’existera pas” aux yeux du grand public et ne disposera pas du label “véracité” aux yeux du plus grand nombre. En effet, le <strong>“Puisque je te dis que je l’ai vu à la télé !”</strong> demeure une phrase extrêmement vivace ».</p>
</blockquote>
<h2>« Mème Internet » et politique : l’invité-surprise des conférences de rédaction</h2>
<p>Face à l’Internet, d’un point de vue politique par exemple, ceux et celles qui sont mandatés par le peuple – à quelque niveau que ce soit – sont devenus des géants de papiers face à une toile toujours prête à s’enflammer.</p>
<p>Avant Internet, avant les réseaux sociaux, certains faits, aussi importants soient-ils, pouvaient demeurer couchés sur le papier de quelques journaux satiriques et n’être connus que de quelques milliers de lecteurs. Certaines informations majeures avaient ainsi pour invariable destinée d’alimenter les brèves de comptoir et d’offusquer en cercle restreint.</p>
<blockquote>
<p>« Cette époque est révolue »</p>
</blockquote>
<p>Le quantitatif de mobilisation de citoyens sur Internet sur une thématique peut désormais alerter en masse sur la toile. Un quantitatif conséquent est alors difficile à passer sous silence. Un « mème Internet » « contraint » ainsi d’une certaine façon les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dias_de_masse">médias de masse</a> à aborder des sujets qui n’étaient pas nécessairement à l’ordre du jour des conférences de rédaction.</p>
<h2>Un progrès et de nouvelles responsabilités des citoyens</h2>
<p>La possibilité d’initier un « mème Internet » peut être envisagée comme un progrès pouvant servir – entre autres choses – la démocratie. Ce progrès impose l’apprentissage collectif de l’exercice de cette nouvelle responsabilité citoyenne.</p>
<p>Je m’explique : par analogie notre liberté d’expression, qui nous est si chère en France, nous met au pied du mur ! Paradoxalement nous sommes, depuis l’Internet, confrontés de façon pratique à l’exercice réel de cette liberté sur un terrain virtuel ! Nous sommes toujours en phase d’apprentissage : être un homme c’est aussi parfois s’empêcher !</p>
<p><a href="https://www.lci.fr/politique/stephane-poussier-sur-twitter-se-rejouissait-de-la-mort-d-arnaud-beltrame-l-ex-candidat-de-la-france-insoumise-en-garde-a-vue-2082611.html">Nombreux l’apprennent à leur dépend</a> : La liberté d’expression ne consiste pas à dire et à écrire n’importe quoi au mépris des hommes et des lois. (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/NDLA">NDLA</a> : si et seulement si ces lois sont justes, justifiables et justifiées !)</p>
<h2>« La bêtise insiste toujours » écrivait Camus… oui, mais…</h2>
<p>Par-delà toutes les lois – ou projets de lois – qui s’abattent sur l’Internet Français et dans le monde – auto-proclamé libre – pour museler Internet sous divers prétextes : « haine », « radicalisation religieuse », « terrorisme », « sexisme », « homophobie », « racisme », « fake news », etc.</p>
<p>Il convient de veiller à ce que des dérives qui sembleraient nécessiter une meilleure régulation, et donc à légiférer, <a href="http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2017/2017-682-qpc/communique-de-presse.150406.html">ne conduisent pas à voter des lois favorisant la mise en œuvre d’un contrôle social outrancier</a>. Cette vigilance sur les lois et projets de loi s’impose dans plusieurs cas de figure, notamment :</p>
<ul>
<li><p>Si ces lois sont <a href="https://www.silicon.fr/renseignement-inria-boites-noires-inefficaces-116425.html">inefficaces au regard des buts qu’elles prétendent poursuivre</a>.</p></li>
<li><p>Si ces lois, ou projets de loi qui ciblent l’Internet sont inutiles et/ou se révèlent <a href="https://www.contrepoints.org/2018/01/08/306663-fakenews-alibi-censure-etatique">porteuses de dérives potentielles pouvant amener à la censure et à l’autocensure de la population et de certaines professions* (*journalistes)</a>.</p></li>
</ul>
<p>Pour conclure : aujourd’hui, chacun d’entre nous peut prendre l’initiative d’un “mème Internet” s’il juge qu’un fait de société nécessite d’être porté sur la place publique et d’être traité comme il se doit par les médias de masse usuels. Ce nouveau pouvoir est à portée de clic et ce bien au-delà de la thématique politique que j’ai choisie pour appuyer mon propos. Ce nouveau pouvoir citoyen d’interpellation, est appelé à se structurer, à s’améliorer, tant que nous veillerons à protéger et préserver sur le réseau le pouvoir et le droit de dire.</p>
<blockquote>
<p>« Je crois au génie du peuple tant que les médias de masse ne l’abrutissent pas pour le transformer en masse abêtie. » (Michel Onfray)</p>
</blockquote>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96939/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Toute information qui ne « s’exfiltre » pas de l’Internet pour accéder à la télévision, média de masse par excellence… « n’existe pas » !Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/968682018-05-24T20:04:55Z2018-05-24T20:04:55ZLes citoyennes et les citoyens sont de retour : « Mème » pas peur !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/219629/original/file-20180519-42238-ppixlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C799%2C497&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/192205/">Visualhunt</a></span></figcaption></figure><h2>Vers la fin du sentiment d’impuissance des citoyens ?</h2>
<p>Une fois les élections passées (dans les pays revendiquant un mode de fonctionnement démocratique) comme la France, le <a href="https://www.francetvinfo.fr/politique/affaire/cahuzac/pourquoi-les-francais-estiment-que-les-politiques-sont-tous-pourris_2608476.html">sentiment général est que le citoyen n’a plus son mot à dire</a> – à tort ou à raison – jusqu’aux prochaines élections ! Et il a une vision peu reluisante des politiques. N’est-ce pas l’une des explications du mouvement qui s’annonce en France le <a href="https://www.lci.fr/politique/tout-savoir-sur-la-manifestation-du-26-mai-qui-reunira-presque-toute-la-gauche-2087563.html">26 mai 2018</a> et que les organisateurs annoncent comme une marée populaire ?</p>
<p>Le think tank <a href="https://www.lejourdapres.eu/">Le jour d’après</a> avait – dès avril 2017 – alerté : <a href="http://www.liberation.fr/debats/2017/04/25/emmanuel-macron-doit-donner-des-gages-a-la-societe-civile_1565212">Emmanuel Macron doit donner des gages à la société civile !</a>. Un an plus tard, le 18 mai 2018, les membres du think tank expliquaient – à nouveau – dans une nouvelle tribune au <em>Monde</em>, <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/18/la-presidence-macron-met-au-defi-les-institutions-et-la-societe-civile_5300991_3232.html">qu’il n’y aura pas de réforme possible sans assurer un échange réel entre le pouvoir exécutif et la société civile</a>.</p>
<h2>Un « Mème Internet »</h2>
<p>Le terme citoyen de nos jours <a href="http://lettres.tice.ac-orleans-tours.fr/php5/coin_eleve/etymon/hist/citoy.htm">« désigne les personnes pouvant participer à la vie politique »</a>. Cela ne relève pas d’un idéalisme béat. Un « Mème Internet » ne relève pas d’une simple vue de l’esprit !</p>
<p>Mais un « Mème » me demanderez-vous – à juste titre- un « Mème » avec un accent grave, venez-en enfin au fait : qu’est-ce donc ?</p>
<p>Un « mème Internet » est un anglicisme (venant d’« Internet même ») utilisé pour décrire un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur Internet. Si l’on s’en réfère à la définition de l’<a href="http://www.oed.com/">Oxford English Dictionary</a>, un « mème » est <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8me_Internet">« un élément d’une culture ou d’un ensemble de comportements qui se transmet d’un individu à l’autre par imitation ou par un quelconque autre moyen non génétique… »</a>. L’hacktivisme répond naturellement à cette définition. <a href="https://www.anonymous-france.eu/">Les Anonymous</a> sont à ce titre une illustration de « mème Internet » – de type hacktiviste – parmi les plus connues du grand public.</p>
<h2>Allons au-delà</h2>
<p>À la relecture de la définition, il serait réducteur de cantonner ce phénomène aux actions hactivistes. Un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Buzz">buzz</a> peut être apparenté à un « mème Internet », tout comme le financement participatif (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Financement_participatif"><em>crowdfounding</em></a>), une cagnotte en ligne, une pétition en ligne… <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/brexit-la-petition-reclamant-un-nouveau-referendum-depasse-les-3-millions-de-signatures_1719195.html">Vous souvenez-vous des 3 millions de signatures de la pétition demandant un nouveau referendum après le Brexit</a> ? Un « mème Internet » est donc avant tout une action citoyenne de la population qui exerce son droit non négociable de participer à la vie de la cité et dispose désormais des moyens de le faire.</p>
<p><strong>Le penser par soi-même est de retour, les citoyens aussi.</strong></p>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96868/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Mauvaise nouvelle pour certains, mais bonne nouvelle pour le bon fonctionnement de la cité : les citoyens et les citoyennes sont de retour.Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/942532018-05-17T22:13:12Z2018-05-17T22:13:12ZHackers : les lanceurs d’alerte techno originels !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/219480/original/file-20180517-26308-1g1o8fe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=97%2C12%2C4184%2C3181&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Snowden et la chasse au sorcières (affiche au Pays-Bas en mai 2014).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/tonz/13956150727/in/photolist-ngfVop-cGmp49-cGmkEG-cGmHtS-cGmdsu-cGmgwG-cGmsUQ-cGmDBj-cGkJfA-irELqN-cGkonw-pmBzZ5-cGkbfo-cGkykG-cGktwW-cGkPqo-cGkwbb-mUL12-cGkECb-cGkWts-cGk84f-eZUJeN-cGkSBh-cGk9x3-cGkkRS-tfE2Ey-VgGYPm-r3GwwC-EL7vYY-eZ5C8o-DCSGb-DCSAp-DCSju-bcqaEz-DCSq5-oPu4hV-p6YmpB-p4WiAN-oPth4a-i6ygEH-fuAspj-rtRX9D-6UKP1e-oPu6z1-p6H2Sc-b9Y8hz-f2LWUK-SHCfmk-kow1PW-fum9Ut">Ton Zijlstra / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><h2>Rendons à Caesar</h2>
<p>Si le terme de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lanceur_d%E2%80%99alerte">lanceur d’alerte</a> : Whistleblowers a investi le langage populaire avec l’affaire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Snowden">Snowden</a>. Il convient de rendre à Caésar ce qui revient à Caésar. Les lanceurs d’alerte technologique originels sont sans conteste les <em>white hat</em> hackers.</p>
<p>Un white hat hacker qui découvre une faille dans un outil proposé au grand public n’a de cesse que de trouver les moyens (dans un premier temps) de la faire corriger par son « constructeur ». <a href="https://theconversation.com/hacktivisme-fondamentaux-hackers-ignorance-et-prejuges-93936">Sa philosophie</a> n’est pas de chercher à porter atteinte à l’entreprise ni à sa réputation.</p>
<p>Sa mission première – d’après découverte – est de prévenir l’entreprise que la promesse qu’elle fait aux utilisateurs n’est pas tenue. Sa logique n’est pas – dans un premier temps – d’alerter le grand public et de vanter au monde l’ingéniosité de sa découverte ! Il s’agit pour lui d’agir dans l’ombre pour la collectivité et de faire corriger l’erreur au plus vite, pour le bien de l’entreprise, pour celui de l’usager.</p>
<h2>Le white hat hacker : cet ennemi des malhonnêtes !</h2>
<p>Toute entreprise éclairée se devrait de les considérer comme des contributeurs à leurs succès non pas comme des empêcheurs de faire du business en rond. Un hacker ne préjuge pas d’une quelconque intentionnalité malveillante de l’acteur concerné.</p>
<p>Si le constat est qu’il manque une roue à une voiture lorsqu’elle sort de la chaîne de montage, prévenir le constructeur est un acte salvateur relevant du plus simple des bons sens ! Ne feriez-vous pas de même ? Soyez assuré qu’une voiture dotée de quatre roues est beaucoup plus fiable dans les virages !</p>
<p>C’est seulement dans un second temps, dans la mesure ou l’entité concernée reste sourde à l’alerte, demeure dans le déni et n’agit pas, que l’intentionnalité de vouloir duper l’usager devient vraisemblable pour ne pas dire… avérée. Le droit et le devoir d’alerter les usagers par tous moyens du danger auquel il est exposé à son insu est alors parfaitement légitimé et prime sur toute autre considération. Il y a malheureusement de multiples exemples où l’on retrouve ce cas de figure.</p>
<h2>Le cas d’école SnapChat</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/216824/original/file-20180430-135803-aohptg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/216824/original/file-20180430-135803-aohptg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=706&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/216824/original/file-20180430-135803-aohptg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=706&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/216824/original/file-20180430-135803-aohptg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=706&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/216824/original/file-20180430-135803-aohptg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=887&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/216824/original/file-20180430-135803-aohptg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=887&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/216824/original/file-20180430-135803-aohptg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=887&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">SnapChat.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le cas de la start-up SnapChat est un cas édifiant – à l’issue très étonnante, mais explicable- du genre de situation que j’évoque.</p>
<p>Comme le rapportait Audrey Oeillet le vendredi 27 décembre 2013, le groupe de hackers Gibson Security, ou <a href="http://gibsonsec.org/snapchat/">GibSec</a> prenait la décision de mettre en ligne des informations relatives aux failles de sécurité du célèbre service de photos et vidéos éphémères portant atteinte aux données de quelque 8 millions d’utilisateurs. Une situation délicate pour une entreprise dont la crédibilité, tout comme la promesse reposait sur la sécurité totale des données utilisateurs et sur le caractère éphémère de leur conservation.</p>
<p>Comme le souligna alors le représentant du groupe, ils avaient préalablement contacté les développeurs de l’application, et ce, quatre mois avant la divulgation des failles découvertes :</p>
<blockquote>
<p>« Ils ont eu quatre mois, si durant ce laps de temps ils n’ont pas pu réécrire dix lignes de code, alors ils devraient virer toute leur équipe de développeurs […] Cet exploit n’aurait pas été publié s’ils avaient été plus respectueux de la sécurité (ce qui devrait être le cas, compte tenu de la manière dont l’application est utilisée) » <a href="http://www.clubic.com/antivirus-securite-informatique/actualite-609316-snapchat-victime-failles-devoilent-donnees-utilisateurs.html">estime GibSec</a>.</p>
</blockquote>
<p>(NDLA : Un « exploit » est, dans le domaine de la sécurité informatique, un élément de programme permettant à un individu ou à un logiciel malveillant d’exploiter une faille de sécurité informatique dans un système informatique.)</p>
<p>Ces péripéties n’empêcheront pas l’application mobile Snapchat de faire son <a href="http://www.liberation.fr/futurs/2017/03/02/l-entree-en-bourse-de-snapchat-en-chiffres_1552823">entrée à la bourse de New York (NYSE)</a> quelque années plus tard.</p>
<p>SnapChat a ainsi « étrangement » survécu à cette haute trahison numérique. On peut émettre l’hypothèse qu’une large majorité des utilisateurs de SnapChat auront – à l’époque – jugé l’importance du respect de leurs données inférieur au plaisir immédiat de l’usage. Aujourd’hui, à la lumière du <a href="https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/Internet-scandale-cambridge-analytica-facebook-ne-convainc-pas-mesures-70603/">Facebookgate</a> de mars 2018, un tel « miracle » – sur une population qui semble prendre progressivement conscience de l’importance de sa vie privée – ne se reproduirait peut-être plus pour une jeune entreprise se conduisant de la sorte.</p>
<p>Dans l’affaire SnapChat on notera que les hackers de GibsSec ont joué pleinement leur rôle en tirant la sonnette d’alarme dans le plus strict respect de l’<a href="https://theconversation.com/hacktivisme-fondamentaux-hackers-ignorance-et-prejuges-93936">éthique des hackers.</a></p>
<p>Si un jour des utilisateurs, des utilisatrices, qui auront maintenu leur confiance en ayant été dupés en « payent » les conséquences, ils se rappelleront alors que, s’ils oublient tout, Internet lui n’oublie rien.</p>
<blockquote>
<p>« La première fois c’est une erreur, la seconde c’est qu’on le fait exprès. » (proverbe chinois)</p>
</blockquote>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94253/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« La première fois c’est une erreur, la seconde c’est qu’on le fait exprès ». (proverbe chinois)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/933002018-05-10T18:40:37Z2018-05-10T18:40:37ZHacktivisme éthique : l’exercice de son mandat de citoyen du technomonde ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/216757/original/file-20180429-135814-x5f750.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C799%2C492&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/onyxkatze/8152177918/">Onyxkatze/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><h2>« Hacktion » mode d’emploi</h2>
<p>L’hacktiviste est, au sens strict, la contraction de hacker et d’activiste. Celui-ci est doté d’un savoir technologique élevé qu’il met au service d’une cause. On le retrouve usuellement sur le terrain des luttes libertaires, sociales, humanitaires, antifascistes, altermondialistes. <a href="https://www.malekal.com/defacement-de-site/">Le defacement</a>, par exemple, terme anglais, qui provient de l’ancien français « desfacer » – qui évoque une dégradation ou du vandalisme – peut être utilisée comme une « arme technologique » pour faire passer un message sur un site cible.</p>
<p>L’hacktivisme peut relever d’actions isolées tout comme d’actions menées par un groupe. Ce sont des « hacktions » entreprises dans un cadre supposé <a href="https://theconversation.com/hacktivisme-fondamentaux-hackers-ignorance-et-prejuges-93936">répondre – sémantiquement – à l’éthique de la communauté hackers</a>.</p>
<h2>L’hacktivisme pourquoi faire ?</h2>
<p>L’objet est la visibilité, le réveil d’une opinion publique. L’« hacktion » doit être assez spectaculaire pour donner accès aux médias de masse. Ceux-ci s’en feront alors les relais. L’essaimage de l’« hacktion » est d’ailleurs souvent assuré par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Slacktivisme">des slacktivistes</a> – sans connaissances technologiques particulières – mais qui adhèrent à la réflexion initiale.</p>
<blockquote>
<p>« On peut ainsi considérer le mouvement <a href="https://theconversation.com/deletefacebook-les-slacktivistes-defient-les-gafam-94256">#DeleteFacebook</a> comme une action hacktiviste spontanée, composée exclusivement de slacktivistes ».</p>
</blockquote>
<p>On retiendra que cette action <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0301460054884-comment-facebook-a-perdu-37-milliards-en-bourse-et-zuckerberg-5-milliards-2162663.php">aura des conséquences économiques</a> pour l’acteur ciblé. On retiendra que l’usager, quel qu’il soit, a pu prendre conscience – si tel n’était déjà le cas – que sa voix pouvait compter !</p>
<p>Sur un terrain plus politique, l’approche récente autour du conflit social opposant la SNCF à l’État, la <a href="https://theconversation.com/greve-sncf-opinion-publique-et-lutte-2-0-pres-dun-million-deuros-selon-la-cagnotte-95726">mise en place d’une cagnotte de soutien aux cheminots</a> rencontrera un grand succès. Cette initiative procède de la même « philosophie ».</p>
<p>Enfin, pour montrer l’éventail des champs d’intervention possible des citoyens, pour illustrer le cadre éthique qui devrait être la règle, il faut évoquer l’action de groupe de la Quadrature du Net <a href="https://theconversation.com/la-decolonisation-du-gafamonde-est-engagee-94667">contre les GAFAM</a>. <strong>Elle est un exemple-type d’hacktivisme éthique et responsable intégrant</strong> :</p>
<ul>
<li><p>Un savoir technique des initiateurs passant par le développement d’une <a href="https://gafam.laquadrature.net/">place virtuelle d’<em>hacktion</em></a>. Des <a href="https://gafam.laquadrature.net/#poster"><em>add-on</em></a> de personnalisation permettant le relais de l’hacktion et son appropriation par l’usager…</p></li>
<li><p>Des compétences juridiques et une transparence totale de l’« hacktion » collective proposée.</p></li>
</ul>
<p>L’ensemble est mis au service des usagers qui souhaitent mandater cette association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet pour engager une action collective contre chacun des GAFAM.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/216320/original/file-20180425-175074-aod7hs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/216320/original/file-20180425-175074-aod7hs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/216320/original/file-20180425-175074-aod7hs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/216320/original/file-20180425-175074-aod7hs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/216320/original/file-20180425-175074-aod7hs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/216320/original/file-20180425-175074-aod7hs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/216320/original/file-20180425-175074-aod7hs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Faites votre affiche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Quadrature du Net</span></span>
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<h2>Vers une éthique hacktiviste</h2>
<p>Les détracteurs de l’hacktivisme pour justifier leur souhait de « toujours plus de contrôle » de l’Internet, pointeront toujours les dérives et erreurs commises par certains groupes. Ils s’appuieront alors sur ces dernières pour jeter sur l’hacktivisme un discrédit caricatural et généralisé. Certains hacktivistes s’enferment effectivement (parfois) dans des paradoxes inextricables. Ils apportent à leurs détracteurs des éléments aisément exploitables.</p>
<p>C’est la raison pour laquelle le <a href="https://theconversation.com/1576-2018-de-la-boetie-a-lhacktivisme-contemporain-90555">droit à la résistance Lockienne que j’ai pu évoquer précédemment</a> et la reconquête d’un réel pouvoir citoyen ne pourra se faire qu’en respectant au plus près un certain nombre de principes – <a href="https://theconversation.com/hacktivisme-fondamentaux-hackers-ignorance-et-prejuges-93936">cf. les principes hackers</a> – et en évitant des modus vivendi d’actions qui affaiblissent – aux yeux de l’opinion publique – ce droit légitime : celui de résister.</p>
<blockquote>
<p>« La pratique d’un hacktivisme éthique est la seule voie qu’il est possible d’emprunter pour prétendre devenir un pouvoir citoyen crédible. L’hacktivisme pouvant s’apparenter au simple exercice de son mandat de citoyen. »</p>
</blockquote>
<p>La cible et l’action peuvent être justes. Les combats, politiques ou autres peuvent être honorables, mais ils ne peuvent supporter (usuellement) des méthodes de combats et de luttes qui ne le seraient pas. L’hacktivisme éthique ne peut se permettre de jouer aux apprentis sorciers : du pain béni pour ses adversaires. À titre d’exemple, mettre en péril la vie d’éventuels innocents sous couvert de combattre des monstres est pour eux une aubaine : <a href="http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/07/11/anonymous-publie-des-listes-de-pedophiles-presumes_1732360_651865.html">pour illustrer le propos, c’est ce qui sera reproché aux Anonymous dans le cadre d’une de leurs actions</a>.</p>
<p>Dès lors que l’on n’est pas acculé et que l’on peut procéder autrement, <strong>il y a une différence fondamentale entre opposer la force de l’action collective numérique à toute forme de violence et opposer la violence à la violence.</strong></p>
<p>Pour éviter les dérapages, le plus sage n’est-il pas d’observer les meilleures méthodologies d’action. Celles de La Quadrature du Net qui redonnent la parole à tous les usagers dans un cadre respectueux de toutes et tous peuvent être une source d’inspiration.</p>
<p>Une chose est avérée : les erreurs méthodologiques sont moindres lorsque l’on s’inspire des bonnes pratiques. Pour ce faire, un seul conseil : <em>follow the leaders</em> !</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7KXlwh1CyQc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93300/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Dès lors que l’on n’est pas acculé et que l’on peut procéder autrement, l’hacktivisme c’est opposer la force et la puissance du groupe à la violence, non pas la violence à la violence !Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/957262018-05-03T20:53:09Z2018-05-03T20:53:09ZGrève SNCF, opinion publique et lutte 2.0 : près d’un million d’euros selon… la cagnotte !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/216727/original/file-20180428-135817-ohi2pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C75%2C797%2C580&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Défense d'afficher</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/alainbachellier/4848748447/">Alain Bachellier/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><h2>« Nous partîmes 500 ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 3 000 en arrivant au port. »</h2>
<p>Alors que la grève à la SNCF perdure et se traduit comme lors de tout conflit social par des manifestations, en mars 2018 un collectif d’une vingtaine de médias avait créé une méthode indépendante pour <a href="http://www.leparisien.fr/societe/greve-enfin-une-methode-independante-pour-compter-les-manifestants-21-03-2018-7621563.php">compter les manifestants</a>.</p>
<p>L’initiative est louable. Depuis de nombreuses années, lors de manifestations, l’écart entre les chiffres communiqués par la police et par les organisateurs était devenu grotesque. Aujourd’hui encore, la plupart des analyses sur la détermination et la mobilisation des acteurs concernés et de leur soutien est lié au comptage des manifestants.</p>
<h2>Gagner la bataille de l’opinion publique à l’heure d’Internet</h2>
<p><a href="https://www.ouest-france.fr/economie/transports/sncf/commentaire-sncf-l-opinion-publique-va-jouer-un-role-d-arbitre-5672825">L’opinion publique est dans ce type de conflit un arbitre</a>. Quel que soit le camp, il s’agit de gagner la bataille de l’opinion. Aux marqueurs quantitatifs viennent alors s’ajouter d’innombrables sondages. Certains sont réalisés dans les <a href="https://fr.wikiversity.org/wiki/Sondage/Les_diff%C3%A9rentes_techniques">règles de l’art</a>, d’autres sont réalisés en ligne sur les sites de nombreux médias :</p>
<ul>
<li><p><em>Le Figaro</em> du 1<sup>er</sup> avril : <a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/04/01/20002-20180401QCMWWW00083-sncf-approuvez-vous-le-mouvement-de-greve-des-cheminots-contre-le-projet-de-reforme-du-gouvernement.php">« SNCF : approuvez-vous le mouvement de grève des cheminots contre le projet de réforme du gouvernement ? »</a> <strong>71 % : NON</strong></p></li>
<li><p><em>Le Point</em> du 2 avril : <a href="http://www.lepoint.fr/sondages-oui-non/soutenez-vous-les-cheminots-dans-leur-greve-02-04-2018-2207284_1923.php">« Soutenez-vous les cheminots dans leur grève ? »</a> <strong>59,6 % : OUI</strong></p></li>
<li><p>Orange actualité du 4 avril : <a href="https://actu.orange.fr/question-du-jour-2018-04-04-CNT00000111lis.html">« Soutenez-vous la grève des cheminots ? »</a> <strong>62 % : NON</strong></p></li>
<li><p><em>La Dépêche</em> du 4 avril : <a href="https://www.ladepeche.fr/sondage/soutenez-vous-la-greve-des-cheminots/#sondage-1078">« Soutenez-vous la grève des cheminots ? »</a> <strong>90 % : OUI</strong></p></li>
</ul>
<p>Je vous laisse le soin d’en extraire du sens.</p>
<p>Ces « sondages » – sans valeur scientifique – sont diffusés sur les réseaux sociaux, chacun ayant tendance à relayer ceux qui confortent sa propre opinion. Quant à en tirer des conclusions sur l’opinion publique française… pourquoi pas ?</p>
<h2>Les signaux forts qui sont passés sous silence</h2>
<p>Dans le conflit social touchant la SNCF, se fonder sur le quantitatif de manifestants, sur les sondages d’opinion divers, est-ce que cela est nécessaire et suffisant pour savoir ce que pense véritablement une opinion publique ?</p>
<p><strong>La rue était avant l’Internet le seul lieu de protestation populaire.</strong> Elle ne l’est plus. De nombreux citoyens n’ont pas la « culture de la rue ». Ne l’a-t-on pas constaté récemment ? Pour ce qui est de #DeleteFacebook avez-vous vu des centaines de milliers d’usagers scandalisés défiler dans les rues ?</p>
<h2>La Lutte 2.0 SNCF : de la communication et des faits</h2>
<p>Dès le début du conflit, une bataille sur les réseaux sociaux s’est engagée entre le camp des soutiens à la grève et celui des opposants. L’appropriation sur Twitter du Hashtag #TeamSNCF – habituellement utilisé par les services de communication de la SNCF – a ainsi permis aux grévistes et à leurs sympathisants de communiquer en brouillant la communication de crise de la direction.</p>
<p>Rapidement #JeSoutiensLesCheminots et des variantes sont venus en appui. #JeNeSoutiensPasLesCheminots a fait office de contre-attaque. Dans cette <a href="https://www.nouvelobs.com/economie/20180403.OBS4590/greve-a-la-sncf-sur-twitter-les-internautes-soutiennent-les-cheminots.html">guérilla des hashtags</a> les cheminots ont rapidement pris l’avantage. Vous pouvez, si vous le souhaitez, testez les choses par vous-mêmes avec l’outil <a href="https://tweetreach.com/">TweetReach</a>. Toutefois cette confrontation sur les réseaux sociaux qui sont des territoires de communication et d’influence incontournables n’apporte pas un éclairage sur le sentiment de l’opinion publique : le quantitatif de pour et de contre n’est pas mirobolant, la représentativité indémontrable.</p>
<p>A contrario, <a href="https://www.marianne.net/societe/lutte-20-comment-les-cheminots-veulent-gagner-la-bataille-de-l-opinion-publique">dans la lutte 2.0 engagée</a>) la cagnotte de soutien aux cheminots – une <a href="https://theconversation.com/deletefacebook-les-slacktivistes-defient-les-gafam-94256">initiative de type slacktiviste</a> – n’interroge-t-elle pas ? Qui donne et pourquoi ? N’est-elle pas en mesure de donner des éléments de compréhension plus tangibles ?</p>
<p>Aujourd’hui, la <a href="https://www.leetchi.com/fr/Cagnotte/31978353/a8a95db7">cagnotte des cheminots</a> mise en place à l’initiative des quatre organisations syndicales représentatives (<a href="http://www.cgt.fr/">CGT</a>, <a href="http://www.unsa.org/">Unsa</a>, <a href="https://sudrail.fr/">SUD Rail</a> et CFDT et d’une série d’intellectuels emmenés par le sociologue <a href="http://www.regards.fr/la-midinale/article/jean-marc-salmon-tous-les-grevistes-beneficieront-de-la-cagnotte-sur-des">Jean‑Marc Salmon</a>, <a href="https://www.leetchi.com/fr/Cagnotte/31978353/a8a95db7">se rapproche du million d’euros</a></p>
<p><strong>Cette cagnotte n’est-elle pas un marqueur social à prendre en compte dans l’analyse de la relation qu’entretiennent les Français avec ce conflit ?</strong></p>
<p>Identifier, intégrer dans l’analyse d’une opinion publique certains signaux forts émanant d’Internet est indispensable pour les médias ! Il ne peuvent plus se contenter d’observer la rue et les sondages traditionnels, la population française s’exprime désormais de façon multiforme.</p>
<blockquote>
<p>« Semaine épouvantable : pas un seul sondage d’opinion. Tant pis, nous essaierons de deviner tout seuls nos propres intentions. » <a href="https://bit.ly/2riymSD">André Frossard</a>.</p>
</blockquote>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95726/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« Ce n’est pas la rue qui gouverne ». Effectivement ce n’est plus seulement la rue !Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/946672018-04-24T19:04:40Z2018-04-24T19:04:40ZLa décolonisation du GAFAMonde est engagée !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/215586/original/file-20180419-163962-seyp3o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=98%2C6%2C1258%2C695&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Action Quadrature du Net.</span> </figcaption></figure><h2>Mark Zuckerberg : roi de la collecte abusive des données, et empereur des excuses !</h2>
<p>Attention, il ne s’agit pas de tirer sur l’ambulance. Si <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mark_Zuckerberg">Mark Zuckerberg</a> est sur la sellette au regard des agissements de sa firme, si ses excuses à répétition ont été <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2018/04/10/facebook-les-excuses-a-repetition-de-mark-zuckerberg-moquees-au-senat-americain_a_23408132/">moquées au Congrés américain</a>. Les autres <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/GAFAM">GAFAM</a> comme de nombreux États gagneraient à faire profil bas : les sénateurs américains qui se moquent ont la mémoire bien courte et <a href="https://www.numerama.com/politique/337508-la-nsa-a-traque-les-utilisateurs-de-bitcoin-dans-le-monde-entier.html">sont visiblement toujours aussi mal informés</a> des agissements douteux de leurs services de renseignement.</p>
<p>Quant à la France, l’État, appuyé par sa représentation nationale, prend depuis quelque temps des libertés alarmantes vis a vis des données personnelles de ses concitoyens : la <a href="https://www.laquadrature.net/fr/Detection_cyberattaques_nouvelle_loi_surveillance">surveillance de masse sans transparence est en passe (à nouveau) de s’intensifier</a>, dans le même temps un projet de loi sur le secret des affaires <a href="https://www.challenges.fr/france/le-projet-de-loi-sur-le-secret-des-affaires-fait-des-etincelles-au-senat_581701">« fait des étincelles » au sénat</a>… et pour ce qui est de <a href="https://www.capital.fr/votre-carriere/lmp-la-start-up-qui-a-aide-macron-a-gagner-1223507">certaines méthodologies électorales des partis politiques, ne mériteraient-elles pas un débat public</a> ?</p>
<p>Donc, n’accablons pas plus que de raison la firme de Mark Zuckerberg et encore moins l’homme. Il ne s’agirait pas d’en faire un bouc émissaire, un arbre – bien pratique pour d’autres – qui cacherait la forêt d’un appétit boulimique de domination partagé par d’autres de ses coreligionnaires. Posons-nous plutôt d’autres questions : quels seront les prochains secteurs victimes de ces Entreprises-État en passe de devenir hors de contrôle ?</p>
<p>Amazon dont les analystes financiers prédisent un chiffre d’affaires se situant au-delà des 500 milliards de dollars de chiffre d’affaires – à un horizon de 10 ans – est tout aussi préoccupant : <a href="https://www.latribune.fr/technos-medias/et-si-amazon-etait-le-plus-puissant-et-le-plus-dangereux-des-gafa-775998.html?utm_term=Autofeed&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#link_time=1524261759">« Et si Amazon était le plus puissant – et le plus dangereux – des GAFA »</a>) interroge à juste titre <a href="https://www.latribune.fr/journalistes/sylvain-rolland-188">Sylvain Rolland</a></p>
<h2>La Quadrature du Net déclare la guerre aux GAFAM et vous ?</h2>
<p>Sur un terrain économique #DeleteFacebook a montré <a href="https://theconversation.com/deletefacebook-les-slacktivistes-defient-les-gafam-94256">tout son potentiel au niveau mondial</a> et l’incidence que peut avoir la voix des usagers lorsqu’elle décide de s’exprimer. La puissance d’une contestation et de mobilisation de la population qu’elle soit politique (cf. <a href="https://www.20minutes.fr/societe/2257671-20180418-greve-sncf-cagnotte-soutien-cheminots-grevistes-depasse-800000-euros">#JeSoutiensLesCheminots</a>) économique ou autre, qu’elle soit nationale ou mondiale a investi de nouveaux territoires.</p>
<p>S’engager pour une cause que l’individu pense juste, apporter son nom et son soutien à une pétition en ligne, user de sa possibilité de participer, de soutenir, de s’engager – fut-ce de son canapé – n’est pas neutre. C’est un engagement qui est en passe de remplacer un fatalisme déprimant et une phrase trop souvent entendue : « qu’est ce que je peux y faire ? ».</p>
<p>Pour ce qui est de la décolonisation du GAFAMonde, certains oeuvrent pour que tout le monde puisse, s’il le souhaite, agir : à l’instar de l’action actuellement menée en France par <a href="https://www.laquadrature.net/fr">La Quadrature du Net</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Nous avons lancé hier notre campagne d’actions de groupe contre les GAFAM. Jusqu’au 25 mai (jour du dépôt des plaintes devant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_nationale_de_l%E2%80%99informatique_et_des_libert%C3%A9s_(France)">CNIL</a>) toute personne vivant en France peut nous rejoindre sur <a href="https://gafam.laquadrature.net/">gafam.laquadrature.net</a>. C’est sur la base de ces premières actions que nous pourrons, sur le temps long, déconstruire méthodiquement le monde qu’ils tentent de nous imposer. »</p>
</blockquote>
<p>Aujourd’hui la prise de parole des citoyens et la possibilité de remise en cause de la légitimité de décisions du politique, du comportement d’entreprises… se fait en temps réel.</p>
<p>Certains d’entre nous – vous-même peut-être qui lisez ces mots – consacrent chaque jour de leur temps pour que tous les citoyens puissent exercer un pouvoir et un droit inaliénable : celui de penser par lui-même et le pouvoir de l’exprimer.</p>
<p><em>À suivre</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94667/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
« Nul au monde n’a puissance sur le jugement intérieur ; si l’on peut te forcer à dire en plein jour qu’il fait nuit, nulle puissance ne peut te forcer à le penser ». (Alain)Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.