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maladies – The Conversation
2024-03-25T16:42:48Z
tag:theconversation.com,2011:article/225722
2024-03-25T16:42:48Z
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Fascinantes chauves-souris, leur tolérance à des virus mortels pour les humains
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/584140/original/file-20240325-28-ee54qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3645&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le système immunitaire des chauves-souris est très étudié. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/chauve-souris-frugivore-brune-et-noire-_PwCXdAMJAI">Peter Neumann/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les chauves-souris ont fait la une des médias avec l’émergence du SARS-CoV-2 qui aurait pour origine <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.0506735102">l’un de leurs coronavirus</a>. Ce n’est pas la première émergence imputable à ces mammifères volants. En effet, lors de l’émergence du premier SARS-CoV en 2002 et d’un coronavirus voisin le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34105037/">MERS-CoV, en 2012</a>, le réservoir a été identifié parmi les chauves-souris. Au-delà des coronavirus, d’autres virus tels que les paramyxovirus Hendra et Nipah ont émergé en Asie touchant respectivement les chevaux et les porcs mais aussi les hommes pour les deux virus.</p>
<p>Le monde de la recherche s’est alors beaucoup préoccupé des virus ou bactéries que les chauves-souris hébergent, créant un biais laissant à penser qu’elles sont une des principales sources de pathogène pour l’humain. Elles sont supposées être réservoir de nombreux pathogènes qui ne les affectent pas mais qui sont graves voire mortels pour d’autres espèces. C’est l’étude de leur système immunitaire qui permet de mieux comprendre comment il leur permet de contenir suffisamment les pathogènes pour limiter leur effet nocif tout en ne les éliminant pas complètement, ce qui fait des chauves-souris un réservoir de certains pathogènes.</p>
<h2>Comment le système immunitaire des chauves-souris fonctionne-t-il ?</h2>
<p>D’une manière générale, le système immunitaire est le moyen de défense d’un organisme face à un agent pathogène. Il existe à des niveaux de complexité différents chez tous les vertébrés. Chez les mammifères, il fait intervenir différents mécanismes qui, globalement, peuvent se résumer à une immunité innée qui ne dépend pas de l’agent pathogène et une immunité spécifique qui y est adaptée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-chauves-souris-source-inepuisable-de-virus-dangereux-pour-les-humains-134332">Les chauves-souris, source inépuisable de virus dangereux pour les humains ?</a>
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<p>L’immunité innée permet une réaction plus rapide face à une infection en reconnaissant des molécules qui ne sont retrouvées que chez les agents pathogènes ou qui résultent des dégâts cellulaires qu’ils provoquent. Les évènements principaux de l’immunité innée sont l’activation de cellules spécialisées qui vont pouvoir « phagocyter » les agents pathogènes, libérer des molécules permettant la lyse des cellules atteintes et recruter d’autres cellules de l’immunité spécifique. Les lymphocytes T et B sont des cellules qui reconnaissent spécifiquement un agent pathogène qu’ils ont déjà rencontré. Les anticorps sécrétés par les lymphocytes B vont permettre la destruction ou la neutralisation des pathogènes alors que les lymphocytes T vont détruire spécifiquement les cellules infectées par le pathogène.</p>
<p>Le système immunitaire des chauves-souris fait intervenir les mêmes composants que ceux des autres mammifères avec une immunité innée et une immunité spécifique. Il est encore imparfaitement connu par rapport à celui de certains autres mammifères, particulièrement les espèces domestiques.</p>
<p>Il faut d’ailleurs ne pas extrapoler les connaissances acquises pour quelques espèces de chauves-souris au plus des 1400 espèces connues à travers le monde.</p>
<p>Elles sont en effet différentes sur de nombreux points : morphologiques, physiologiques et génétiques. Elles vivent dans des milieux très divers : de la forêt jusqu’aux toits des habitations humaines. Elles ont des régimes alimentaires très variés : exclusivement insectivores en Europe ou frugivores sur d’autres continents avec certaines espèces plus spécialisées (piscivores ou hématophages par exemple).</p>
<p>Ainsi, la plus petite, dite chauve-souris bourdon (<em>Craseonycteris thonglongyai</em>) pèse 2 grammes, mesure 3 cm de long et mange des insectes. Une des plus grosses est le Renard volant (<em>Pteropus giganteus</em>) dont l’envergure est de plus de 1,5 m pour un poids de 1,5 kg et une taille d’une trentaine de centimètres. Elle est frugivore.</p>
<h2>Une technique de vol qui consomme énormément d’énergie</h2>
<p>Malgré toutes ces différences, elles ont un point commun, le vol battu qui serait un élément clef pour expliquer l’évolution de leur système immunitaire. Le vol battu nécessite de battre des ailes comme de nombreux oiseaux par opposition au vol plané comme un vautour par exemple qui se laisse porter par l’air. Le vol battu mobilise une énergie très importante par leur organisme.</p>
<p>Cette consommation énergétique aboutit à la formation dans leurs cellules de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32117225/">composés oxydant néfastes</a> s’ils s’accumulent en trop grande quantité. Ainsi au cours de l’évolution, l’organisme des chauves-souris s’est adapté à fonctionner malgré la présence des métabolites oxydants qui provoqueraient des dégradations cellulaires importantes comme celles de l’ADN chez un autre Mammifère. Or, ces métabolites sont aussi ceux qui sont produits par des cellules agressées par une infection, particulièrement virale. Les pathogènes peuvent donc se répliquer sans que cela entraîne de dégâts trop importants : c’est la tolérance acquise en même temps que l’adaptation au vol. Dans le même temps, l’organisme de la chauve-souris doit tout de même empêcher que la réplication du pathogène ne devienne incontrôlable car le risque est qu’il prenne le dessus et envahisse complètement son organisme. D’autres mécanismes entrent alors en jeu.</p>
<p>Une fois de plus, les éléments qui vont être mis en œuvre sont les mêmes que pour les autres Mammifères mais le fonctionnement diffère. L’acteur clef est alors la molécule d’interféron. L’interféron a un rôle central dans l’immunité en réponse aux pathogènes, c’est une cytokine c’est-à-dire une des molécules qui permettent aux cellules de l’immunité d’échanger des signaux. Il est sécrété par les cellules du système immunitaire inné en réponse à une grande quantité d’acide nucléique étranger reconnu comme tel du fait de sa localisation et de sa structure.</p>
<p>L’interféron a une action directe contre les pathogènes et des actions indirectes par activation de certaines cellules comme les <em>Natural Killers</em> qui détruisent les cellules infectées et par initiation de l’immunité spécifique. Pour les chauves-souris, chez qui cela a pu être étudié, l’interféron n’a pas besoin d’être sécrété en réponse à une infection, son niveau est déjà élevé. L’impact sur le pathogène est donc immédiat, ce qui empêche le débordement de l’organisme par une multiplication précoce du pathogène. Le niveau d’interféron toléré par l’organisme de la chauve-souris ne le serait pas par un autre Mammifère. Chez l’humain, par exemple, un niveau d’interféron trop élevé provoque des effets secondaires directs comme la fatigue, l’arythmie cardiaque, l’hyperthermie et des effets plus indirects liés à la dérégulation du système immunitaire avec des phénomènes auto-immuns type lupus.</p>
<p>Tout n’est pas connu concernant le fonctionnement du système immunitaire des chauves-souris, loin s’en faut. Ainsi, le rôle de l’interféron pour l’ensemble des chauves-souris n’est pas équivalent avec d’autres cytokines qui pourraient intervenir en fonction des espèces et du pathogène incriminé.</p>
<p>Il semblerait que l’activation du système immunitaire innée soit régulée plus finement chez la chauve-souris limitant l’inflammation trop importante qui si elle détruit complètement le pathogène, a des effets délétères sur l’organisme. L’acteur principal en est l’inflammasome, association de récepteurs et d’enzymes permettant la production de diverses cytokines intervenant dans la réponse immunitaire innée. Cet inflammasome présent chez les chauves-souris et les autres mammifères fonctionne différemment avec un moindre emballement de celui des chauves-souris empêchant par exemple, l’orage cytokinique qui est la libération massive de ces molécules provoquant une atteinte de tous les organes et qui est présent pour certaines infections, dont le Covid-19.</p>
<p>De même, la réponse du système immunitaire spécifique n’est encore que très partiellement étudiée. Les études à son sujet chez la chauve-souris ont une approche génomique, c’est-à-dire que la présence des différents gènes est explorée mais sans pouvoir examiner le fonctionnement des différents produits de ces gènes. De nombreuses découvertes restent encore à venir.</p>
<h2>Tolérer les pathogènes plutôt que de les détruire</h2>
<p>Les connaissances acquises sur le système immunitaire des chauves-souris bien qu’imparfaites laissent supposer que la réponse à une infection est plutôt orientée vers la tolérance des pathogènes. Un équilibre se crée ainsi entre l’infection maintenue à un niveau acceptable par l’organisme tolérant de par son adaptation au vol et une réponse immunitaire finement régulée pour éviter un coût important en énergie et des effets délétères.</p>
<p>Ce fonctionnement aurait des conséquences au-delà des infections. Ainsi, les chauves-souris ont des durées de vie bien supérieures à ce qui est normalement retrouvé chez des mammifères de cette taille. Par exemple, une de nos espèces communes en Europe est la Pipistrelle (<em>Pipistrellus pipistrellus</em>) dont le poids moyen est de 5 ou 6 grammes et dont la durée de vie peut atteindre plus de 15 ans alors qu’une souris (<em>Mus musculus</em>) qui pèse 15 à 30 grammes aura une durée de vie maximale de 2 ans. Plusieurs pistes pour expliquer cette longévité sont encore en train d’être explorées et le processus de vieillissement est un phénomène très complexe. Les caractéristiques du vieillissement chez les mammifères sont entre autres, une moindre faculté de réparation de l’ADN des cellules et un phénotype inflammatoire exacerbé.</p>
<p>Les régulations immunitaires des chauves-souris orientées vers la tolérance et des réponses inflammatoires plus légères laissent pressentir un <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-021-21900-2">lien avec leur longévité</a>. Associé à cette longévité, le fait que les chauves-souris ne présentent pas de tumeurs et qu’elles présentent une capacité de réparation de leur ADN qui ne s’altère pas avec l’âge ouvre un grand champ de découvertes à venir dont l’humanité aurait à apprendre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225722/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Élodie Monchâtre-Leroy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les chauves-souris peuvent vivre en hébergeant des virus mortels pour les humains. Décryptage du fonctionnement de leur système immunitaire unique.
Élodie Monchâtre-Leroy, Docteur vétérinaire, docteur de Microbiologie-Epidémiologie, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
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2024-03-12T16:03:38Z
2024-03-12T16:03:38Z
Comment les plantes se protègent-elles contre les maladies ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/581328/original/file-20240312-20-kk8fvl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C0%2C6000%2C3997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le riz doit lutter contre certaines bactéries. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/photo-selective-de-ficus-dherbe-de-ble-JPcUnIPbMhk">Alexey Demidov/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Chaque semaine, nos scientifiques répondent à vos questions dans un format court et accessible, <a href="https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdior67a7Z5bsoJKoMtltxJ-q9EUW1WneDbrNIWpNZUMJsxkA/viewform">l’occasion de poser les vôtres ici !</a></em></p>
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<p>Les plantes, tout comme les humains et les animaux, possèdent un système immunitaire qui les protège contre les microorganismes pathogènes. Ce système comprend des barrières physiques préexistantes, comme l’écorce chez les arbres, ainsi que des mécanismes spécialisés de détection et d’élimination des intrus.</p>
<p>Chez la plupart des animaux et des humains, le système immunitaire implique différents organes et cellules circulantes (globules blancs) travaillant en collaboration pour défendre l’organisme. En revanche, chez les plantes, il n’y a pas de cellules circulantes. Ainsi, chaque cellule et chaque organe ont la capacité individuelle de surveiller, détecter et combattre les pathogènes.</p>
<p>Imaginons le destin d’une bactérie ou d’une spore de champignon atterrissant sur une plante. Le premier obstacle à franchir est fait de barrières physiques comme la couche cireuse des feuilles et les strates de cellules rigides de la surface. Les microorganismes phytopathogènes (qui causent une maladie chez une plante) parviennent à contourner ces barrières en exploitant les ouvertures naturelles utilisées par la plante pour les échanges gazeux (stomates) ou pour l’excrétion d’eau (hydathodes), ainsi que les blessures causées par le vent, la pluie, les animaux ou l’homme.</p>
<p>Une fois à l’intérieur, ces organismes pathogènes déploient une armada de molécules, notamment des enzymes lytiques, qui ont la capacité de décomposer d’autres molécules complexes telles que la cellulose de la paroi cellulaire. Ces enzymes permettent de décomposer les tissus de l’hôte et de récupérer diverses ressources produites par la plante.</p>
<h2>Une véritable course à l’armement</h2>
<p>La plante est capable de détecter les envahisseurs et d’activer des réactions de défense. Chaque cellule végétale surveille son environnement grâce à des molécules sentinelles à la membrane cellulaire. Ces récepteurs reconnaissent des motifs moléculaires spécifiques aux microorganismes, tels que la chitine (présente dans les parois cellulaires des champignons) ou le flagelle bactérien (un organite de propulsion des bactéries). Une fois l’envahisseur détecté, des signaux internes activent la défense.</p>
<p>La plante réagit en mettant en place plusieurs mécanismes de défense, tels que la sécrétion de molécules à forte capacité oxydative pour endommager les envahisseurs, ainsi que le renforcement de la paroi cellulaire. Ces actions ont souvent pour effet de neutraliser l’envahisseur, empêchant ainsi la maladie. Cependant, la coévolution des microorganismes et des plantes les entraîne dans une course aux armements, où chaque protagoniste adapte ses armes et ses défenses pour survivre et prévaloir.</p>
<p>En effet, les agents pathogènes peuvent acquérir des armes (appelées effecteurs) pour contourner la défense de la plante. Les champignons utilisent des filaments spécialisés (les haustoria) comme des perceuses pour rompre les parois cellulaires et introduire les effecteurs dans la cellule hôte. Les bactéries, quant à elles, utilisent une sorte de seringue pour injecter directement les effecteurs dans la cellule hôte. Ce contournement de la défense de la plante se fait en ciblant son réseau de communication moléculaire, en piégeant les mécanismes de détection, ou encore en induisant la production de molécules bénéfiques pour le pathogène.</p>
<p>De leur côté, les plantes détectent ces effecteurs ou leurs actions, déclenchant ainsi une réponse immunitaire efficace caractérisée par la mort programmée de la cellule végétale infectée et de ses voisines. Cette stratégie de la « terre brûlée » crée une zone tampon en entourant l’envahisseur de cellules mortes, empêchant ainsi sa propagation.</p>
<h2>Une bactérie à l’assaut du riz</h2>
<p>L’évolution favorise la diversité, et ce qu’il advient de l’infection d’une plante par un agent pathogène dépend des armes et de défenses des deux côtés. En comprenant ces interactions moléculaires, les humains peuvent sélectionner des plantes outillées pour se défendre contre un agent pathogène donné. Prenons l’exemple de la bactériose vasculaire causée par <em>Xanthomonas oryzae</em> pv. <em>oryzae</em> (Xoo) sur le riz.</p>
<p>Lorsque les conditions sont favorables, Xoo pénètre les feuilles de riz et colonise l’espace intracellulaire (ou apoplasme). À l’aide de sa seringue moléculaire, elle injecte des effecteurs dans les cellules environnantes. Parmi ces derniers, les « effecteurs TAL » (<em>transcription-activator like</em>), activent des gènes spécifiques de la plante tels des transporteurs de sucres, provoquant ainsi une accumulation de sucres dans l’apoplasme. Cette stratégie permet à Xoo de se nourrir et favorise la colonisation de la plante. À l’aide de la biotechnologie, on peut bloquer l’activation de ces transporteurs, empêchant ainsi le détournement des sucres. Sans ces derniers, la croissance de la bactérie dans la plante est compromise, et la maladie neutralisée.</p>
<p>En résumé, chaque cellule végétale est équipée pour surveiller, détecter et se défendre contre les agents pathogènes. Outre les barrières physiques, deux lignes de défense immunitaire, individuelle et collective, entrent en jeu. Toutefois, l’issue de l’interaction dépend des armes et des défenses de l’hôte et du pathogène. L’évolution et la course aux armements cyclique influencent les chances de survie des acteurs de cette interaction.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223517/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carlos Zarate ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Des bactéries et des virus peuvent attaquer les plantes mais elles savent se défendre !
Carlos Zarate, Postdoctoral research fellow, Institut de recherche pour le développement (IRD)
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tag:theconversation.com,2011:article/223897
2024-03-05T15:59:53Z
2024-03-05T15:59:53Z
Comment les antibiotiques fonctionnent-ils ?
<p><em>Chaque semaine, nos scientifiques répondent à vos questions.</em></p>
<p><em><a href="https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdior67a7Z5bsoJKoMtltxJ-q9EUW1WneDbrNIWpNZUMJsxkA/viewform">N'hésitez pas à nous écrire</a> pour poser la vôtre et nous trouverons la meilleure personne pour vous répondre.</em></p>
<p><em>Et bien sûr, les questions bêtes, ça n'existe pas !</em></p>
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<p>Partout sur Terre vivent de minuscules créatures invisibles à l’œil nu : les bactéries. Elles sont 100 fois plus petites qu’un millimètre et ne comptent qu’une seule cellule. On les trouve en grand nombre sur et dans notre corps. La plupart d’entre elles ne nous font pas de mal et nous donnent même un coup de main. Par exemple, elles digèrent certains composants alimentaires que nous ne pouvons pas digérer nous-mêmes, comme les fibres des fruits et des légumes.</p>
<p>Mais très occasionnellement, des bactéries plus dangereuses croisent notre chemin. Et celles-ci n’ont qu’un seul but : utiliser nos cellules, le plus petit élément de notre corps, pour se multiplier. C’est alors qu’elles nous rendent malades.</p>
<p>Normalement, notre corps est assez fort pour faire face à un tel intrus indésirable. Nous disposons d’un <a href="https://www.cea.fr/comprendre/Pages/sante-sciences-du-vivant/essentiel-sur-systeme-immunitaire.aspx">système immunitaire</a> composé de soldats puissants qu’on appelle les globules blancs, dotés d’un arsenal d’armes chimiques. Ils reconnaissent l’envahisseur et le détruisent. Ils trouvent facilement leurs cibles grâce à des anticorps qui marquent l’intrus comme un post-it moléculaire. Et pourtant, parfois, même ces armes ne parviennent pas à tuer la bactérie !</p>
<p>Heureusement, les médecins disposent d’un outil spécial pour donner un coup de pouce à notre corps : les antibiotiques. Ce mot signifie littéralement contre (« anti ») et organisme vivant (« biote »). Les antibiotiques sont des substances chimiques spéciales qui se présentent sous de nombreuses formes. Nous avons découvert la plupart d’entre eux en étudiant l’interaction entre des bactéries et d’autres organismes.</p>
<p>C’est comme ça que le médecin écossais <a href="https://www.legiondhonneur.fr/fr/decores/alexander-fleming/724">Alexander Fleming</a> a découvert le premier antibiotique en 1928. Il est parti pour deux semaines de vacances, en oubliant une plaque de bactéries dans son laboratoire. À son retour, il constate qu’un champignon s’est développé sur la plaque. Mais autour de ce champignon, aucune trace de bactéries ! Ce champignon produisait donc une substance qui stoppe la croissance des bactéries. Ce champignon porte le nom de <em>Penicillium</em>, le nom du premier antibiotique était donc tout trouvé : la pénicilline.</p>
<p>Depuis, un <a href="https://www.sante.fr/les-antibiotiques-0">grand nombre d’antibiotiques différents a été découvert</a>. Les scientifiques les classent principalement en deux groupes. Ceux qui tuent les bactéries ou ceux qui les empêchent de se multiplier, ce qui permet à notre système immunitaire de gagner plus facilement la bataille.</p>
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<p><em>Pour satisfaire votre curiosité :</em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/comment-un-bebe-peut-il-apprendre-deux-langues-en-meme-temps-225929">Comment un bébé peut-il apprendre deux langues en même temps ?</a></em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-biere-mousse-t-elle-moins-quand-on-penche-le-verre-223691">Pourquoi la bière mousse-t-elle moins quand on penche le verre ?</a></em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/pourquoi-a-t-on-des-courbatures-apres-une-seance-de-sport-221643">Pourquoi a-t-on des courbatures après une séance de sport ?</a></em></p>
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<p>Les antibiotiques agissent sur des molécules ou des structures uniques aux bactéries et qui n’existent pas chez l’humain. C’est pour cela que les antibiotiques sont aussi efficaces et qu’ils ne rentrent que très peu en conflit avec les cellules du corps humain.</p>
<p>Les bactéries ont une paroi cellulaire qui est construite par des protéines spéciales qui travaillent ensemble, comme dans une petite usine. Chaque protéine a sa tâche, et si l’une d’entre elles manque, les choses tournent mal pour la bactérie. Un grand nombre d’antibiotiques comme la <a href="https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/beta-lactamines-penicillines-cephalosporines">pénicilline cible donc certaines de ces protéines et empêche la production et l’intégrité de la paroi cellulaire</a>. Cela crée des trous et la bactérie meurt.</p>
<p>D’autres antibiotiques empêchent la duplication du plan de construction d’une nouvelle bactérie. En l’absence d’un tel plan, une bactérie ne peut pas se développer. Un exemple est la <a href="https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/quinolones">classe des quinolones</a> dont la ciprofloxacine fait partie, qui sont des antibiotiques efficaces contre les infections de la vessie, de la peau ou des oreilles.</p>
<p>Si on a un rhume ou une grippe, il faut savoir que ces maladies sont causées par des envahisseurs encore plus petits que l’on appelle des virus. <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/medicaments/comprendre-les-differents-medicaments/antibiotiques-antiviraux">Et les antibiotiques ne peuvent rien contre eux</a>) car ils ne contiennent pas leurs cibles. Dans ce cas, il ne reste qu’à être patient.</p>
<p>Bien que les antibiotiques permettent de se débarrasser de toute une série de bactéries hostiles, certaines d’entre elles ont trouvé des moyens d’y échapper ou de les éliminer. Par exemple, en mettant au point de petites pompes qui éliminent directement les antibiotiques ! <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/des-antibiotiques-a-l-antibioresistance/article/l-antibioresistance-pourquoi-est-ce-si-grave">On parle de résistance aux antibiotiques</a>, un problème qui est exacerbé, entre autres, par une mauvaise utilisation ou surutilisation des antibiotiques.</p>
<p><a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/antimicrobial-resistance/">Il est estimé qu’en Europe, environ 35 000 personnes meurent chaque année d’infections résistantes aux antibiotiques</a>. Heureusement, pour l’instant, nous disposons de tout un arsenal divers et varié qui permet de se débarrasser de ces envahisseurs, dans la plupart des cas. Néanmoins, les médecins recommandent fortement qu’il va falloir être plus prudent dans notre utilisation des antibiotiques afin d’éviter que les bactéries ne deviennent résistantes à tout type d’antibiotique à l’avenir.</p>
<p>Les chercheurs continuent à travailler méticuleusement pour avoir toujours une longueur d’avance sur les bactéries. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que ces créatures invisibles sont capables de beaucoup !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223897/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pieter Vancamp ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
« Les antibiotiques c’est pas automatique », mais ce sont des médicaments très efficaces contre les bactéries.
Pieter Vancamp, Post-doctorant, neurobiologiste et spécialiste en physiologie, Inrae
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tag:theconversation.com,2011:article/222357
2024-02-12T14:09:52Z
2024-02-12T14:09:52Z
Cancer du poumon : une découverte pourrait mieux prédire les patients à risque de récidive et raffiner le traitement
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/573525/original/file-20240205-29-abkjt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La chimiothérapie est utilisée comme traitement à tous les patients atteints d'un cancer du poumon. Or, plusieurs n'auraient pas besoin d'un traitement aussi invasif si les diagnostics sur les risques de récidive étaient plus raffinés. Une nouvelle technologie pourrait changer la donne.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le cancer du poumon <a href="https://cancer.ca/en/research/cancer-statistics/cancer-statistics-at-a-glance">cause plus de décès que les cancers du sein, du côlon et de la prostate réunis</a>. </p>
<p>Toutefois, grâce aux progrès réalisés dans son dépistage, davantage de patients vont être diagnostiqués à un stade plus précoce, ce qui leur permettra de subir une intervention chirurgicale. Celle-ci constitue la principale modalité de traitement pour les patients avec un cancer du poumon de stade précoce. </p>
<p>Malheureusement, une proportion significative de patients connaîtront une récidive de leur cancer après la résection, une chirurgie pour enlever la tumeur, et les protocoles cliniques actuels ne permettent pas de prédire quels sont les patients à risque. En le sachant mieux, des traitements ciblés pourraient leur être offerts. </p>
<p>Pour trouver des solutions à ce problème, notre groupe de recherche à l’Université McGill, en collaboration avec l’Université Laval, a entamé un projet <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-022-05672-3#MOESM1">dont les premiers résultats ont été publiés dans la revue <em>Nature</em></a>. Nous avons découvert que l’utilisation d’une nouvelle technologie d’imagerie, ainsi que l’intelligence artificielle, pourraient changer la donne.</p>
<h2>Trop, ou pas assez d’interventions</h2>
<p>Ce dilemme clinique a des implications importantes sur le choix du traitement, tel que la chimiothérapie. Ainsi, les patients atteints de cancer du poumon qui seraient guéris par la chirurgie pourraient être épargnés des toxicités de la chimiothérapie, et les patients qui auraient un risque de récidive de leur cancer pourraient bénéficier d’interventions thérapeutiques supplémentaires.</p>
<p>Ainsi, la prédiction de la récidive pour les patients atteints d’un cancer du poumon de stade précoce représente un défi avec des implications importantes pour les 31 000 Canadiens qui continuent d’être diagnostiqués avec cette terrible maladie chaque année.</p>
<h2>Imagerie par cytométrie de masse</h2>
<p>Pour relever ce défi clinique, nous avons utilisé l’<a href="https://www.mcgill.ca/gci/fr/plateformes/cytometrie-de-masse#:%7E:text=La%20cytom%C3%A9trie%20de%20masse%20par,prot%C3%A9ines%20au%20niveau%20des%20cellules.">imagerie par cytométrie de masse</a> (ICM), une nouvelle technologie qui permet une caractérisation complète du microenvironnement tumoral. </p>
<p>Il s’agit d’un écosystème complexe composé d’interactions entre les cellules tumorales, les cellules immunitaires, notamment les lymphocytes, et diverses cellules structurelles. L’ICM permet de visualiser jusqu’à 50 marqueurs à la surface de cellules, soit beaucoup plus que ce qui était possible auparavant. </p>
<p>Cette technologie permet d’identifier différents types de cellules et de déterminer leur organisation spatiale, c’est-à-dire comment elles interagissent les unes avec les autres. L’ICM produit des images qui peuvent être analysées pour déterminer la fréquence des principales sous-populations cellulaires, leurs états d’activation, les autres types de cellules avec lesquelles elles interagissent et leur localisation dans des regroupements de cellules. </p>
<p>Nos résultats publiés dans <em>Nature</em> ont révélé que divers types de cellules peuvent interagir dans des communautés de cellules, et que les communautés avec des lymphocytes B étaient fortement associées à une plus longue survie chez les patients atteints d’un cancer du poumon. Notre étude souligne qu’au-delà de la fréquence des cellules, les interactions cellulaires et la localisation spatiale ont également une corrélation très forte avec d’importants résultats cliniques comme la survie.</p>
<h2>L’intelligence artificielle pour de meilleures prédictions</h2>
<p>À partir de nos résultats initiaux, nous avons émis l’hypothèse que des caractéristiques spatiales importantes, comme les interactions cellulaires, intégrées dans les images ICM pourraient être importantes pour prédire des résultats cliniques. </p>
<p>Notre ensemble de données, composé de 416 patients et de plus de 1,6 million de cellules, a fourni suffisamment de puissance pour effectuer des prédictions à l’aide de l’intelligence artificielle. Nous avons cherché à prédire quels patients atteints d’un cancer du poumon d’un stade précoce auraient une récidive de leur cancer après la chirurgie, ce qui nous permettrait d’adapter l’utilisation de la chimiothérapie. </p>
<p>En utilisant des échantillons tumoraux de 1 mm2, matériel facilement disponible à partir de résections chirurgicales ou de biopsies, nous avons utilisé des algorithmes d’intelligence artificielle pour faire nos prédictions. En utilisant les informations spatiales contenues dans les images ICM, notre algorithme a pu prédire avec une précision de 95 % quels patients connaîtraient une récidive du cancer. </p>
<h2>Six marqueurs peuvent faire toute la différence</h2>
<p>L’un des défis pour l’utilisation de nos résultats dans les hôpitaux est que l’ICM n’est pas disponible dans les milieux cliniques. Les services de pathologie clinique utilisent généralement des technologies moins complexes telles que l’immunofluorescence, qui sont souvent limitées à l’utilisation de trois marqueurs ou moins à la fois. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="image obtenue grâce à immunofluorescence" src="https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Image d’immunofluorescence d’une tumeur traitée par immunothérapie. Cette technologie moins complexe est souvent limitée à l’utilisation de trois marqueurs ou moins à la fois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Pour relever ce défi, nous avons cherché à identifier le nombre minimum des marqueurs nécessaires pour faire des prédictions significatives sur la récidive des patients atteints de cancer du poumon après une intervention chirurgicale. En utilisant six marqueurs, nous avons obtenu une précision de 93 % pour la prédiction de la progression, un résultat qui se rapproche de la précision de 95 % obtenue avec l’utilisation de 35 marqueurs. </p>
<p>Ces résultats suggèrent qu’en exploitant la puissance de l’intelligence artificielle avec les technologies disponibles dans les hôpitaux, nous pourrions être en mesure d’améliorer la gestion clinique post-chirurgicale des patients atteints d’un cancer du poumon d’un stade précoce. Notre objectif ultime est d’augmenter les taux de guérison pour les personnes présentant un risque élevé de récidive du cancer, tout en minimisant la toxicité pour ceux qui peuvent être guéris par la chirurgie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222357/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Sorin a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec et des bourses d'études supérieures
du Canada Vanier.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Logan Walsh a reçu des financements de l'initiative interdisciplinaire en infection et immunité de l’Université McGill, du Brain Tumour Funders’ Collaborative, des instituts de recherche en santé du Canada (CIHR; PJT-162137), de la fondation canadienne pour l'innovation et est titulaire de la chaire de recherche Rosalind Goodman sur le cancer du poumon.</span></em></p>
Le traitement pour les patients atteints d’un cancer du poumon est le même pour tous, indépendamment des risques de récidive. L’utilisation d’une nouvelle technologie pourrait raffiner le diagnostic.
Mark Sorin, Étudiant au MD-PhD, chercheur en cancer du poumon, McGill University
Logan Walsh, Assistant Professor, McGill University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/221795
2024-02-04T15:35:01Z
2024-02-04T15:35:01Z
Résistances aux antibiotiques : comment nous pouvons tous agir
<p>Virus de la Covid-19, de la variole du singe, hausse des infections fongiques, multiplication des cas d’infections bactériennes sexuellement transmissibles… Les maladies infectieuses font leur grand retour dans l’actualité, alors qu’on les pensait vaincues grâce à la vaccination, aux progrès de l’hygiène, et à notre puissant arsenal thérapeutique, au premier rang duquel figurent les antibiotiques, les antiviraux et les antifongiques.</p>
<p>Malheureusement, après avoir un temps marqué le pas, ces microscopiques envahisseurs semblent contre-attaquer, et certaines nouvelles en provenance du front ne sont pas très bonnes pour nous. L’antibiorésistance, autrement dit la résistance des bactéries aux antibiotiques, inquiète tout particulièrement les spécialistes. Voici ce qu’il faut en savoir.</p>
<h2>L’antibiorésistance, un phénomène naturel</h2>
<p>Pour comprendre d’où vient l’antibiorésistance, il faut revenir sur l’origine de nos antibiotiques. Nombre d’entre eux proviennent, à l’origine, de molécules produites par des champignons ou des bactéries. En effet, dans l’environnement, les êtres vivants sont en compétition les uns avec les autres pour occuper une place (on parle aussi de « niche ») dans les écosystèmes, et en exploiter les ressources.</p>
<p>Dans ce contexte, certaines espèces produisent des molécules qui s’avèrent toxiques pour d’autres espèces, leur procurant un avantage sur leurs concurrentes.</p>
<p>C’est justement après avoir constaté fortuitement les effets dévastateurs du champignon <em>Penicillium notatum</em> sur les cultures de bactéries qu’il entretenait dans son laboratoire que Sir Alexander Fleming, biologiste écossais, <a href="https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/dossiers/antibiotiques-quand-bacteries-font-resistance">isola la pénicilline en 1928</a>, puissant antibiotique s’il en est.</p>
<p>Mais au sein d’une même culture, toutes les bactéries ne sont pas vulnérables : certaines d’entre elles peuvent s’avérer insensibles à l’antibiotique qui décime leurs congénères. Une fois que les bactéries sensibles ont été éliminées, les survivantes qui résistent à l’antibiotique peuvent alors se développer. Ce dernier est alors devenu inefficace.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Hyht7jwsJg4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Dès 1945, autrement dit quatre ans seulement après la <a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/archives/le-premier-patient-traite-par-penicilline">première utilisation médicale de la pénicilline</a>, Sir Alexander Fleming avertissait quant au risque de voir émerger des souches de bactéries résistantes :</p>
<blockquote>
<p>« Cela aboutirait à ce que, au lieu d’éliminer l’infection, on apprenne aux microbes à résister à la pénicilline et à ce que ces microbes soient transmis d’un individu à l’autre, jusqu’à ce qu’ils en atteignent un chez qui ils provoqueraient une pneumonie ou une septicémie que la pénicilline ne pourrait guérir. »</p>
</blockquote>
<p>L’avenir allait lui donner raison. On l’a vu, les bactéries se défendent contre les antibiotiques, en devenant résistantes, depuis des milliards d’années. Dès que les humains ont commencé à utiliser largement les antibiotiques, dans les années 1940, des bactéries résistantes ont été identifiées, comme prédit par Fleming.</p>
<p>Plus on a utilisé d’antibiotiques, plus les résistances se sont développées et propagées. L’antibiorésistance a commencé à atteindre un niveau préoccupant dans les années 1990, ce qui a entraîné la mobilisation d’un grand nombre de pays.</p>
<p>Ce phénomène est aujourd’hui identifié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance">comme l’une des menaces majeures pesant sur la santé de l’humanité</a>.</p>
<p>Rien qu’en France, chaque année, <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/health-burden-infections-antibiotic-resistant-bacteria-2016-2020">environ 4500 personnes décèdent en raison d’une infection à bactérie multirésistante</a>, c’est-à-dire résistante à de nombreux antibiotiques. Pour mettre ce chiffre en perspective : dans notre pays, ces bactéries tuent beaucoup plus que les accidents de la route, qui avaient fait <a href="https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/etat-de-linsecurite-routiere/bilans-annuels-de-la-securite-routiere/bilan-2022-de-la-securite-routiere">3550 victimes en 2022</a>. </p>
<p>Dans le monde, <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">ce sont près de 1,3 million de personnes qui sont mortes en 2019 de telles infections</a>, soit plus que les décès dus au paludisme ou au VIH. Si rien n’est fait, le problème de l’antibiorésistance va continuer à s’aggraver : certaines projections suggèrent même que dès 2050, <a href="https://amr-review.org/sites/default/files/160525_Final%20paper_with%20cover.pdf#page=7">elle pourrait causer plus de morts dans le monde que le cancer</a>.</p>
<h2>Quelles conséquences peut avoir l’antibiorésistance sur notre santé ?</h2>
<p>Le phénomène d’antibiorésistance compromet l’efficacité des traitements antibiotiques, nuisant à la santé humaine ainsi qu’à celle des animaux. Cela veut dire concrètement qu’on a de fortes chances de mourir d’une infection due à une bactérie qui ne peut pas être traitée par les antibiotiques disponibles, lorsque cette infection est grave.</p>
<p>De manière générale, la durée des soins est souvent plus longue lorsqu’une infection bactérienne est résistante aux antibiotiques, et il faut parfois être pris en charge à l’hôpital.</p>
<p>Par ailleurs, l’antibiorésistance augmente le risque de séquelles liées à l’infection, car l’infection devient plus difficile, voire impossible, à traiter.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/yqv0I59wXuc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Un exemple caractéristique est celui des infections à gonocoque, l’une des bactéries les plus fréquemment impliquées dans les infections sexuellement transmissibles. Jusque dans les années 1990, on pouvait traiter de telles infections par des comprimés d’antibiotiques (de la famille des fluoroquinolones). Depuis, les gonocoques sont devenus de plus en plus résistants à ces antibiotiques, et il faut désormais systématiquement administrer un traitement antibiotique par piqûre (de ceftriaxone).</p>
<p>On a même décrit dans le monde <a href="https://www.cnr-ist.fr">des souches de gonocoque résistantes à presque tous les antibiotiques disponibles</a>. Les patients atteints présentaient une infection ne guérissant pas sous traitement habituel et ont dû recevoir des antibiotiques dits <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/professionnels-de-sante/article/professionnels-votre-role-pour-preserver-l-efficacite-des-antibiotiques#:%7E:text=Les%20antibiotiques%20dits%20%22de%20dernier,Leur%20utilisation%20est%20principalement%20hospitali%C3%A8re.">« de dernier recours »</a> ; des cas de transmission de ces souches ont aussi été rapportés. Ces infections gonococciques très résistantes aux antibiotiques restent heureusement extrêmement rares à ce jour.</p>
<p>Les infections urinaires à des bactéries résistantes à de multiples antibiotiques sont aussi très problématiques. Quand on a est victime d’une infection urinaire due à une telle bactérie, on s’en aperçoit souvent plusieurs jours après le début des symptômes, le temps d’avoir les résultats de l’examen d’urine.</p>
<p>Cela retarde d’autant l’initiation d’un traitement antibiotique efficace, ce qui veut dire que l’on souffre plus longtemps. Cela peut aussi augmenter le risque de complications, comme l’atteinte des reins.</p>
<p>Et là aussi, on doit parfois être traité par piqûres d’antibiotiques, à la place du traitement antibiotique par la bouche qu’on prend habituellement quand la bactérie est sensible aux antibiotiques.</p>
<h2>Tout le monde est concerné</h2>
<p>Il est important de comprendre que l’antibiorésistance nous concerne tous : chacun d’entre nous peut être atteint d’une infection à bactérie résistante aux antibiotiques, <a href="https://theconversation.com/les-infections-resistantes-aux-antibiotiques-ca-narrive-pas-quaux-autres-78143">même s’il ne prend lui-même que peu ou pas d’antibiotiques</a>.</p>
<p>En effet, les bactéries, qu’elles soient résistantes ou sensibles aux antibiotiques, circulent et se transmettent en permanence entre humains, animaux (de compagnie ou d’élevage), et au sein de l’environnement (sol, eau, surfaces diverses…).</p>
<p>Les résidus d’antibiotiques que les humains et animaux éliminent peuvent aussi contaminer l’environnement, avec un risque variable selon les familles d’antibiotiques. Certains, comme les pénicillines, se dégradent rapidement. D’autres, comme les fluoroquinolones, peuvent au contraire persister dans l’environnement, <a href="https://www.anses.fr/fr/content/avis-et-rapport-de-lanses-relatif-%C3%A0-%C2%AB%C2%A0antibior%C3%A9sistance-et-environnement-%C3%A9tat-et-causes">et donc y favoriser l’émergence de bactéries résistantes</a>.</p>
<p>Encore pire, les bactéries sont aussi capables de transmettre très facilement les gènes qui leur confèrent les résistances aux antibiotiques, et ce non seulement au sein d’une même espèce, mais aussi d’une espèce à l’autre !</p>
<h2>Des niveaux variables d’antibiorésistance sur le territoire</h2>
<p>Comme de nombreux d’indicateurs de santé (obésité, taux de vaccination, etc.), l’antibiorésistance varie beaucoup d’un territoire à l’autre. On observe des différences importantes entre les régions, voire les départements.</p>
<p>Un exemple parlant est celui d’<em>Escherichia coli</em>, la bactérie la plus fréquemment responsable d’infections urinaires, dont certaines souches sont très résistantes aux antibiotiques en France.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Carte indiquant les pourcentages de bactéries E. coli résistantes aux antibiotiques détectées sur le territoire français." src="https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=581&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=581&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=581&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=730&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=730&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=730&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cette carte indique les pourcentages de détection de bactéries <em>E. coli</em> multirésistantes aux antibiotiques en France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://geodes.santepubliquefrance.fr">Sites GEODES / Santé publique France</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De telles variations existent aussi pour les autres bactéries, ou pour les consommations d’antibiotiques. Elles peuvent s’expliquer par de multiples facteurs, tels que les habitudes des professionnels de santé ou des patients, les actions régionales et locales menées pour améliorer les pratiques, ou encore l’incidence des infections, qui peut varier en fonction de l’état de santé de la population.</p>
<p>Une déclinaison régionale et territoriale des actions est donc essentielle, pour tenir compte des spécificités locales et accompagner la politique nationale au plus proche du terrain. Ce sont les Agences Régionales de Santé (ARS) qui sont aux commandes, et elles bénéficient pour cela de l’appui de centres régionaux experts du sujet, comme <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/des-politiques-publiques-pour-preserver-l-efficacite-des-antibiotiques/article/prevention-des-infections-et-de-l-antibioresistance-a-l-echelle-regionale">les centres régionaux en antibiothérapie</a>.</p>
<h2>Concrètement, comment lutter contre l’antibiorésistance ?</h2>
<p>En France, depuis plus de 20 ans, les gouvernements successifs ont mis en place des plans de lutte contre l’antibiorésistance. Ceux-ci ont permis de faire diminuer la consommation des antibiotiques. Néanmoins, beaucoup reste encore à faire, car <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/surveillance-antimicrobial-consumption-europe-2022">la France reste l’un des pays qui consomme le plus d’antibiotiques en Europe</a> : près de trois fois plus que les pays les plus vertueux, comme les Pays-Bas, l’Autriche ou la Suède.</p>
<p>Coordonné par le ministère en charge de la santé, le <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/">dernier plan en date pour la santé humaine court sur 2022-2025</a>. Nous sommes tous concernés, car nous avons tous besoin de recourir à des antibiotiques au cours de notre existence. Pour lutter contre l’antibiorésistance, il faut à la fois :</p>
<ul>
<li><p>Prévenir les infections et réduire leur transmission, grâce aux mesures d’hygiène, comme le lavage ou la friction des mains, et à la vaccination ;</p></li>
<li><p>N’utiliser les antibiotiques que quand il faut et comme il faut, car <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_presse_prevention_des_infections_et_de_l_antibioresistance_fevrier_2022.pdf">même une seule prise d’antibiotique sélectionne des bactéries résistantes dans nos microbiotes</a>, dans la flore intestinale par exemple.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Schéma de la doctrine du Haut Conseil de la Santé Publique sur les 10 mesures universelles d’hygiène pour une prévention individuelle et collective des maladies infectieuses." src="https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La doctrine du Haut Conseil de la Santé Publique sur les 10 mesures universelles d’hygiène pour une prévention individuelle et collective des maladies infectieuses.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine?clefr=1351">Haut Conseil de la Santé Publique</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous pouvons tous agir pour y parvenir, pas besoin d’être soignant pour jouer un rôle dans la lutte contre l’antibiorésistance. Voici quelques recommandations importantes et simples à mettre en œuvre au quotidien :</p>
<ul>
<li><p>Utiliser les bons gestes <a href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine?clefr=1351">afin de prévenir les infections courantes</a>, comme le lavage ou la friction des mains ;</p></li>
<li><p>Se vacciner et promouvoir <a href="https://vaccination-info-service.fr">la vaccination</a> autour de soi ;</p></li>
<li><p>Rapporter les antibiotiques restants à la pharmacie, pour éviter de contaminer l’environnement ;</p></li>
<li><p>Ne pas s’automédiquer ni partager ses antibiotiques, car un traitement antibiotique est adapté à un cas précis ;</p></li>
<li><p>Poser des questions à <a href="https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/2022288_AntibiotiquePatient_v4_0.pdf">son professionnel de santé</a> ;</p></li>
</ul>
<p>Quand on a une infection ou qu’on prend un antibiotique, se renseigner en consultant notamment <a href="https://www.sante.fr/antibiomalin">Antibio’Malin</a>, l’espace dédié aux antibiotiques du site <a href="https://www.sante.fr/">santé.fr</a>, qui contient des informations pratiques, des fiches sur les antibiotiques, les infections courantes ainsi qu’une foire aux questions.</p>
<h2>Pour renforcer l’implication de tous, des pistes à explorer</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="Affiche de sensibilisation à destination du grand public quant à l’usage des antibiotiques." src="https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cette affiche rappelle que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les maladies virales telles que la bronchite.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/resistance-aux-antibiotiques/documents/affiche/zoe-peut-vous-le-confirmer-les-antibiotiques-ca-ne-marche-pas-contre-sa-bronchite.-affiche-40x60cm">Santé publique France</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance citée précédemment mentionne de nombreuses actions, notamment la <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/resistance-aux-antibiotiques/outils/#tabs">campagne nationale sur les antibiotiques menée par Santé publique France</a> et la <a href="https://e-bug.eu/fr-fr">promotion des ressources e-Bug auprès des enfants et des adolescents</a>.</p>
<p>Il faut cependant aller plus loin pour que l’antibiorésistance fasse partie du quotidien des Français. Il pourrait être intéressant de s’inspirer d’expériences menées à l’étranger, ainsi que de pistes qui avaient été suggérées dès 2015 <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_antibiotiques.pdf">dans un rapport rédigé par un large groupe d’experts</a>.</p>
<p>Le monde de la fiction et de la culture a ainsi, par exemple, un rôle essentiel à jouer. Intégrer des messages de prévention dans des séries audiovisuelles, des romans, ou une comédie musicale (<a href="https://www.mouldthatchangedtheworld.com">comme au Royaume-Uni</a>), mettre l’accent sur le monde des microbes dans certains musées (<a href="https://www.micropia.nl/en/">aux Pays-Bas, un musée leur est même consacré</a>), promouvoir les nombreux jeux sérieux qui ont été créés sur la thématique… Les pistes sont multiples, n’hésitez pas à contribuer !</p>
<p>Au même titre que la lutte contre le changement climatique, autre grand défi de notre époque, la lutte contre l’antibiorésistance nécessite la mobilisation de tous. C’est la condition <em>sine qua non</em> si l’on veut parvenir à changer les comportements sur le long terme et préserver l’efficacité de nos antibiotiques, pour nous et pour les autres, en France et à l’international, maintenant et pour les générations futures.</p>
<p><em><strong>- Pour en savoir plus :</strong> la série d’animations courtes <a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PLfT0X0LfNabpspLvNIwtLoi61HivajGTY">Antibiostories</a>, pour comprendre les bases du bon usage des antibiotiques et les enjeux de la lutte contre l’antibiorésistance.</em></p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=926&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=926&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=926&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1164&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1164&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1164&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Céline Pulcini est l’auteur du roman <a href="https://www.amazon.fr/Dans-tourbillon-m%C3%A9decine-C%C3%A9line-Pulcini-ebook/dp/B0CRS7VRTC">« Dans le tourbillon de la médecine »</a>, qui aborde notamment le sujet des études de médecine, de la prévention, des infections et de l’antibiorésistance.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221795/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Céline Pulcini ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
L’augmentation du nombre d’espèces de bactéries résistantes aux antibiotiques constitue une préoccupation de santé publique majeure, qui nous concerne tous, partout sur la planète.
Céline Pulcini, Professeur de médecine, infectiologue, Université de Lorraine
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/222031
2024-01-31T16:01:30Z
2024-01-31T16:01:30Z
Hausse des cas d’infection invasive au streptocoque A : comment il se propage, et les symptômes à surveiller
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/571469/original/file-20240122-27145-c07mvm.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C48%2C1968%2C1488&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une augmentation des cas d’infection causée par le streptocoque du groupe A a été observée dans plusieurs pays, dont le Canada.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID))</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Une hausse rapide des cas de maladies graves à streptocoque du groupe A — également appelé Streptococcus pyogenes ou streptocoque A — a récemment fait la une des médias. Le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2042368/grippe-Covid-symptome-maldie-infection">nombre de décès</a> dus à cette infection est aussi plus élevé que d’habitude, y compris chez les enfants, et les gens se demandent pourquoi et comment ces infections se propagent, et quels sont les symptômes à surveiller.</p>
<p>Peu après la diminution du nombre d’infections par la Covid-19 dans le monde, on a assisté à une <a href="https://www.bbc.com/news/health-64122989">hausse considérable</a> du nombre de patients diagnostiqués avec des maladies causées par le streptocoque du groupe A dans différentes régions de la planète.</p>
<p>Au Canada, Santé publique Ontario signale actuellement une forte augmentation des cas <a href="https://www.publichealthontario.ca/-/media/Documents/I/2023/igas-enhanced-epi-2023-2024.pdf">d’infections invasives à streptocoque du groupe A</a>. Une <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON429">hausse similaire</a> a été constatée dans plusieurs pays d’Europe, touchant principalement les enfants de moins de 10 ans.</p>
<p>Pourquoi cette bactérie est-elle soudainement devenue un enjeu mondial ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, il est essentiel de connaître certaines caractéristiques de la maladie. Le streptocoque du groupe A affecte exclusivement les humains et se propage par des <a href="https://doi.org/10.1016/S2666-5247(21)00332-3">gouttelettes en suspension dans l’air ainsi que par contact de personne à personne</a>. <a href="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"></a></p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue microscopique d’une bactérie du groupe A Streptococcus" src="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=938&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570753/original/file-20240122-23-nvfuw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1179&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le streptocoque du groupe A possède plusieurs facteurs qui favorisent l’infection et lui permettent d’envahir et de coloniser différents tissus, et d’y survivre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi les maladies causées par cet organisme, on trouve des infections des voies respiratoires telles que l’amygdalite et la pharyngite (symptômes de <a href="https://www.cdc.gov/groupastrep/diseases-public/strep-throat.html">l’angine streptococcique</a> classique), ainsi que des infections cutanées superficielles et d’autres, connues sous le nom de <a href="https://doi.org/10.4103%2F1947-2714.101997">pyodermite</a>.</p>
<p>Dans certains cas, le streptocoque A peut engendrer des infections invasives mettant la vie des patients en danger, telles que la <a href="https://www.healthlinkbc.ca/sites/default/files/documents/healthfiles/hfile60-f.pdf">fasciite nécrosante</a>, la <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/medecine-septicemie-8149/">septicémie</a> (empoisonnement du sang) et le <a href="https://www.cdc.gov/groupastrep/diseases-public/streptococcal-toxic-shock-syndrome.html">syndrome de choc toxique streptococcique</a>.</p>
<p>Pour causer un aussi large éventail de maladies dans différentes parties du corps, la bactérie dispose de plusieurs facteurs qui favorisent l’infection et lui permettent d’envahir et de coloniser différents tissus et d’y survivre. Il s’agit notamment de molécules, telles que les superantigènes, les exotoxines et les adhésines, qui aident les agents pathogènes à échapper au système immunitaire de l’hôte.</p>
<p>Un nouveau variant du streptocoque du groupe A, nommé M1UK, <a href="https://doi.org/10.1016/S1473-3099(19)30446-3">a été d’abord rapporté au Royaume-Uni</a>, où il a été associé à une augmentation des cas de scarlatine et d’infections invasives.</p>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-023-36717-4">bactéries de la sous-lignée M1UK</a> possèdent la capacité de stimuler l’expression du superantigène SpeA grâce à une seule mutation génétique. La surproduction de SpeA pourrait être responsable de la hausse de la transmission et de la survie du pathogène, ainsi que de l’agressivité de la maladie, bien que cela soit encore à l’étude.</p>
<h2>Comment expliquer le pic de cas actuel ?</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1542/peds.2009-2648">Environ 10 % des enfants d’âge scolaire</a> sont porteurs de cette bactérie dans la gorge et les voies respiratoires supérieures, sans présenter de symptômes, et développent avec le temps une certaine immunité contre le streptocoque A.</p>
<p>Pendant la pandémie de Covid-19, il est probable que les enfants n’aient pas été exposés autant qu’à l’habitude à cette bactérie, de sorte que leur système immunitaire n’est <a href="https://doi.org/10.1016%2FS0262-4079(21)00716-8">sans doute pas aussi performant pour lutter</a> contre celle-ci et qu’ils pourraient y être plus vulnérables.</p>
<p>La propagation de la nouvelle souche M1UK pourrait être également à l’origine de l’augmentation du nombre de cas, mais cela demeure à vérifier.</p>
<h2>Doit-on s’inquiéter de cette hausse ?</h2>
<p>De manière générale, les Canadiens n’ont pas à s’inquiéter outre mesure, car les infections graves dues au streptocoque du groupe A sont rares.</p>
<p>Toutefois, il est important de prendre l’angine à streptocoque au sérieux, de consulter un médecin et de se méfier des symptômes qui pourraient indiquer une infection invasive. Sans traitement, cette bactérie peut engendrer divers problèmes, tels que des infections invasives.</p>
<p>Comment se protéger et quand consulter un médecin ?</p>
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<img alt="Un professionnel de la santé hors cadre prélève un échantillon de la gorge d’une jeune fille" src="https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570754/original/file-20240122-24-has9cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un test de dépistage rapide permet de diagnostiquer l’angine à streptocoque. En cas de résultat positif, on peut prescrire des antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Comme le streptocoque du groupe A est courant et que de nombreux porteurs sont asymptomatiques, il est difficile de ne pas y être exposé. On recommande une bonne hygiène des mains, de se couvrir quand on tousse et qu’on éternue, de rester à la maison si on est malade et de ne pas envoyer ses enfants à l’école s’ils ont très mal à la gorge.</p>
<p>Si vous pensez souffrir d’une <a href="https://www.aboutkidshealth.ca/Article?contentid=11&language=French">infection à streptocoque</a>, notamment si vous avez la gorge douloureuse et de la difficulté à avaler, si vous avez de la fièvre, un gonflement des amygdales ou une éruption cutanée, consultez un médecin de famille afin de déterminer s’il s’agit d’une infection à streptocoque du groupe A. Un <a href="https://www.healthlinkbc.ca/tests-treatments-medications/medical-tests/rapid-strep-test-strep-throat">test de dépistage rapide</a> peut être effectué en prélevant un échantillon dans la gorge. S’il s’avère positif, le médecin peut prescrire des antibiotiques.</p>
<p>Les infections invasives à streptocoque du groupe A sont très dangereuses et constituent une urgence médicale, même si les premiers symptômes ne sont pas toujours clairs. Il peut s’agir de fièvre, de frissons, de symptômes grippaux, de nausées ou de vomissements, mais surtout d’infections cutanées rouges et chaudes qui peuvent être très douloureuses et se répandre rapidement.</p>
<p>Des données solides indiquent que des <a href="https://doi.org/10.1542/peds.105.5.e60">maladies virales antérieures, telles que la varicelle</a>, peuvent prédisposer à l’infection invasive au streptocoque A. On devrait surveiller de près les enfants atteints de varicelle pour s’assurer qu’ils n’en souffrent pas.</p>
<p>Actuellement, il n’y a pas de vaccin contre le streptocoque du groupe A, alors qu’il en existe un contre la varicelle. De nombreuses équipes de recherche dans le monde, <a href="https://www.mccormicklab.ca/">dont la nôtre</a>, travaillent à la mise au point d’un vaccin contre le streptocoque A.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222031/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John McCormick reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du Conseil des sciences naturelles et de l'ingénierie du Canada (CRSNG) et de la Fondation Leducq.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Juan Manuel Diaz reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada.
</span></em></p>
L’augmentation du nombre de maladies graves causées par les streptocoques du groupe A est préoccupante. Voici pourquoi et comment elle se propage, et quels sont les symptômes à surveiller.
John McCormick, Professor of Microbiology and Immunology, Western University
Juan Manuel Diaz, Postdoctoral Associate, department of Microbiology and Immunology, Western University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/217228
2023-11-07T17:25:36Z
2023-11-07T17:25:36Z
Pourquoi notre nez coule-t-il lorsque l’on est malade ?
<p>Lorsque l’on tombe malade, il peut arriver que notre nez coule ou soit congestionné, cette situation qui nous empêche de respirer correctement peut être inconfortable, pourquoi notre corps réagit-il de la sorte ?</p>
<p>La réponse est assez simple. Produire du mucus – ou morve – est l’un des moyens utilisés par notre corps pour nous maintenir en bonne santé.</p>
<p>Le mucus tapisse en permanence le nez, la gorge, les poumons et d’autres parties du corps pour le protéger des mauvaises bactéries, des virus et autres particules. Notre corps produit continuellement du mucus pour lutter contre les germes et les éliminer.</p>
<p>Lorsque l’on est malade, notre système immunitaire accélère et produit davantage de mucus pour éliminer les germes. Bien qu’il puisse sembler dégoûtant, le mucus est très utile.</p>
<h2>Un défenseur bien gluant</h2>
<p>Notre corps crée du mucus à partir d’un mélange d’eau, de protéines et de sels. Sa texture collante emprisonne les mauvais micro-organismes et autres particules indésirables, comme la poussière ou les moisissures, afin qu’ils ne puissent pas pénétrer plus profondément dans notre organisme.</p>
<p>Certains composants du mucus empêchent les bactéries de se regrouper et de devenir plus dangereuses. D’autres éléments peuvent même tuer les envahisseurs qui tentent de nous rendre malades. Et bien que les scientifiques ne comprennent pas complètement comment, les protéines et les gènes à l’origine du mucus semblent travailler ensemble pour le rendre plus épais et plus collant si nécessaire.</p>
<p>Une fois que les germes ou autres particules potentiellement nuisibles sont piégés et neutralisés, le corps se débarrasse d’eux en produisant une telle quantité de mucus que l’on doit se moucher, éternuer ou tousser pour les évacuer.</p>
<p>Lorsque l’on est malade, notre nez devient parfois rouge. Cela s’explique par le fait que le système immunitaire, en plus de produire du mucus, envoie des globules blancs supplémentaires à la source de l’infection. Lorsqu’ils se précipitent sur les lieux pour aider à combattre l’infection, les globules blancs supplémentaires dilatent les vaisseaux sanguins de la région, ce qui donne à notre nez un aspect rouge. Le fait de s’essuyer et de se moucher peut également le rendre rouge.</p>
<p>Ce mucus peut avoir un arc-en-ciel de couleurs répugnantes. Lorsque les globules blancs combattent une infection, ils libèrent des substances chimiques qui peuvent le rendre jaune. Lorsqu’un plus grand nombre de ces cellules est nécessaire pour combattre l’infection, le mucus peut même devenir vert. En général, après quelques jours, il redevient clair et la congestion nasale disparaît.</p>
<p>Le mucus ne se trouve pas seulement dans le nez et les poumons.</p>
<p>Nos yeux ont également une fine couche de mucus qui les protège des particules présentes dans l’air. Lorsque l’on tombe malade ou que l’on souffre d’une infection de l’œil, le mucus oculaire peut agir de la même manière que dans notre nez, en attrapant et en tuant les germes. Il peut aussi parfois devenir épais et jaune. Dans ce cas, il vaut mieux appeler un médecin et ne pas se toucher les yeux avec vos doigts au risque d’introduire plus de germes.</p>
<p>Notre estomac et nos intestins ont également un mucus protecteur.</p>
<h2>Les animaux produisent aussi du mucus</h2>
<p>Les humains ne sont pas les seuls animaux à utiliser du mucus. Par exemple, les chiens et les chats en ont aussi.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un poisson aux couleurs vives est entouré d’un cocon de mucus sur le fond marin, à côté de quelques rochers." src="https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548831/original/file-20230918-31-zzsqlo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Certains poissons utilisent le mucus pour se protéger pendant leur sommeil.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Abrolhos_Marine_National_ParkRobertoCostaPinto20.jpg">Roberto Costa Pinto/WikiMedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les poissons-perroquets, les labres et d’autres créatures marines produisent des cocons de mucus pour se protéger des prédateurs pendant la nuit.</p>
<p>Les caméléons utilisent le mucus collant au bout de leur langue pour attirer leurs proies. Les vers de terre en sécrètent pour se déplacer dans le sol.</p>
<hr>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre. En attendant, tu peux lire tous les articles <a href="https://theconversation.com/fr/topics/the-conversation-junior-64356">« The Conversation Junior »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217228/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kristin Ahrens ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le mucus joue un rôle important dans la façon dont le système immunitaire se débarrasse des germes et lutte contre les infections.
Kristin Ahrens, Pediatric Nurse Practitioner, Adjunct Instructor of Nursing at Purdue Global, Purdue University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/184215
2023-10-31T13:38:42Z
2023-10-31T13:38:42Z
Pourquoi les maladies liées au stress sont-elles si difficiles à diagnostiquer et comment y pallier
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/467297/original/file-20220606-15930-ycx7pi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4089%2C2023&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes souffrant de douleurs chroniques et inexpliquées sont souvent considérées comme des personnes qui se plaignent. Or, il peut être très difficile de bien diagnostiquer ce type de problèmes.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis au moins 30 ans, les chercheurs recueillent des preuves qui confirment que les maladies chroniques poussent le corps à s’adapter constamment afin de retrouver son équilibre physiologique. Ce processus est appelé <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/neuroscience/allostatic-load">charge allostatique</a> et provoque une cascade d’événements métaboliques toxiques qui exposent le corps à une forme d’usure.</p>
<p>Ainsi, la charge allostatique rend les personnes vulnérables à divers types de problèmes cardiaques, gastro-intestinaux, endocrinologiques, immunologiques, neurologiques, métaboliques et psychiatriques.</p>
<p>Des études montrent que le <a href="https://doi.org/10.1159/000510696">stress psychologique et économique a des répercussions sur la santé</a>. Cependant, les médecins et les intervenants du système de santé ne détiennent ni les outils ni les méthodes nécessaires pour intégrer ces facteurs sociaux et économiques dans leurs diagnostics et leurs soins préventifs.</p>
<p>À titre d’exemple, j’ai récemment appelé ma médecin pour lui parler de mystérieuses nouvelles douleurs. L’enquête et la prise de notes qui ont suivi auraient été d’une grande aide si je souffrais d’une infection ou d’une blessure particulière ou si mes résultats sanguins présentaient des anomalies. Or, mes symptômes sont apparus lentement et augmentaient en fréquence quand je vivais du stress lié à la Covid-19 et à mon travail.</p>
<p>Plus ma médecin me posait de questions pour savoir comment, où et quand ma douleur avait commencé, plus je me sentais coupable d’avoir une maladie indéfinissable. Quand j’ai voulu faire une blague en disant que tout ce dont j’avais besoin, c’était de passer un mois dans les Alpes avec Freud, elle m’a suggéré des antidépresseurs. « En effet, tout ceci est peut-être psychosomatique », ai-je reconnu non sans une certaine autodérision.</p>
<h2>La stigmatisation des douleurs inexpliquées</h2>
<p>Beaucoup trop de gens vivent de telles expériences. Les préjugés et les partis pris implicites contre les gens qui souffrent de douleurs chroniques et inexpliquées (<a href="https://doi.org/10.1503/cmaj.109-5553">plaignards, faux malades, dépendants aux médicaments</a>) sont <a href="http://dx.doi.org/10.1136/medhum-2016-011133">profondément ancrés</a>. Ces discriminations sont fondées sur le <a href="https://www.harpercollins.com/products/doing-harm-maya-dusenbery?variant=32208022110242">genre</a>. Elles sont aussi fondées sur la <a href="https://dx.doi.org/10.1016%2Fj.jpain.2010.12.002">race</a>.</p>
<p>Il est bien connu que le stress et les <a href="https://doi.org/10.1177%2F00333549141291S206">disparités sociales et économiques rendent les gens malades</a>, mais les médecins n’ont pas les outils nécessaires pour traiter ces causes pathologiques. Au mieux, ils pourront suggérer, en plus des médicaments, d’entreprendre une psychothérapie, ce qui <a href="https://doi.org/10.9778/cmajo.20190094">demeure un service inaccessible</a> et inabordable pour la plupart des gens. Notre système de soins de santé n’est pas non plus en mesure de traiter les <a href="https://doi.org/10.1177%2F1363461514557202">facteurs psychosociaux de la santé, des facteurs situationnels et culturels</a> pour lesquels une approche clinique ne suffit pas.</p>
<p>Par exemple, une <a href="https://doi.org/10.1016/j.ssmph.2020.100563">recherche sur la prescription d’analgésiques auprès de minorités ethniques</a> montre que la douleur des patients noirs n’est pas adéquatement traitée. Cela indique que les médecins manquent de confiance envers les patients qui souffrent déjà d’une forme de disparité socioéconomique. En 2020, la mort de Joyce Echaquan, qui a enduré des abus et de la douleur dans un hôpital québécois, <a href="https://www.atikamekwsipi.com/public/images/wbr/uploads/telechargement/Doc_Principe-de-Joyce.pdf">a rendu le problème d’inégalité en santé impossible à ignorer plus longtemps</a>.</p>
<h2>Les approches combatives engendrent des préjugés</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des images d’une femme présentant des points de douleur " src="https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Près de 20 pour cent des Canadiens souffrent de douleurs chroniques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis la publication de la <a href="https://doi.org/10.1177/09677720221079826">première étude épidémiologique en 1662</a>, si ce n’est avant, nous essayons de prédire et de réduire au minimum les causes de mortalité. Nous utilisons la science et la technologie dans notre bataille contre les maladies et les invalidités. Une <a href="https://doi.org/10.2147/AMEP.S246658">vision structurelle particulière façonne notre culture médicale actuelle</a>. Notre approche est combative : nous luttons contre le cancer, la crise des opioïdes, la dépression, le diabète et les autres maladies.</p>
<p>Implicitement, les cultures combatives valorisent et récompensent les gagnants. En faisant l’éloge des héros (comme les <a href="https://www.cbc.ca/shortdocs/features/how-to-live-to-100-life-advice-from-centenarians">centenaires au mode de vie actif</a>), nous donnons implicitement aux gens qui échouent le statut de perdant. C’est ainsi que certains patients <a href="https://www.basicbooks.com/titles/arthur-kleinman/the-illness-narratives/9781541647121/">génèrent la honte et les préjugés associés aux maladies chroniques</a> et même au <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/A/bo3625122.html">vieillissement</a>.</p>
<p>Heureusement, un changement se fait sentir en <a href="https://doi.org/10.1016/S2214-109X(21)00301-6">justice épistémique</a> afin de reconnaître les pratiques culturellement appropriées et le savoir traditionnel, ce qui engendre l’émergence de pratiques de soins <a href="http://DOI.org/10.1007/978-3-319-39724-5_14">axées sur les patients</a>. <a href="https://doi.org/10.1186/s12939-021-01475-6">La gouvernance autochtone en décolonisation des soins de santé</a> devrait accélérer ces efforts. Pour que le système de soins de santé commence à agir en fonction de ces principes, <a href="http://doi.org/10.3389/fpain.2022.857624">il importe d’adopter des méthodologies de recherche plus flexibles, qualitatives et écologiques</a>.</p>
<h2>Le rôle du jeu</h2>
<p>En 1509, Érasme, un érudit de la Renaissance, explique dans <a href="https://www.gutenberg.org/files/30201/30201-h/30201-h.htm">« Éloge de la folie »</a> que le jeu est une nécessité existentielle qui aide les humains à composer avec l’inévitabilité de la vieillesse et de la mort grâce à la distraction et à l’insouciance (à la façon des enfants).</p>
<p>Différentes formes de jeu sont offertes par les <a href="http://doi.org/10.1002/9781119140467">thérapeutes</a> et les <a href="https://doi.org/10.1179/0969926013Z.00000000073">établissement de soins palliatifs</a> pour faciliter la communication en cas de maladie grave ou en phase terminale.</p>
<p>Dans <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/S/bo3620295.html">« Vers une écologie de l’esprit »</a> (1971), l’anthropologue Gregory Bateson propose le jeu comme espace expérimental de communication et « d’apprentissage basé sur l’apprentissage », où les gens peuvent simuler, interpréter et évaluer leurs choix dans un environnement encadré mais flexible.</p>
<p>Le jeu est en effet un outil de recherche bien connu, notamment dans les domaines de la <a href="https://www.worldcat.org/title/play-dreams-and-imitation-in-childhood/oclc/1156242941?loc=">psychologie du développement</a>, de l’<a href="https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674005815">anthropologie</a>, de <a href="https://doi.org/10.4324/9780203167403">l’économie</a> et des <a href="https://doi.org/10.7551/mitpress/7995.001.0001">stratégies militaires</a>.</p>
<p>Dans la cadre d’un <a href="https://www.ucl.ac.uk/pals/sites/pals/files/jama_insel_2017_vp_170119.pdf">effort mondial pour le suivi numérique et l’analyse des causes potentielles de maladies</a>, mes collègues de recherche et moi avons récemment suggéré que le <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyt.2021.746477">jeu offre une façon alternative</a> d’approcher la recherche et d’intervenir dans l’écosystème numérique.</p>
<h2>Prescrire le jeu</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femmes portant sarrau et stétoscope transporte un tapis de yoga" src="https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Imaginez si mon cadre de traitement était plus flexible et permettait à mon médecin de me prescrire des cours de yoga ou de m’aider à explorer un programme de pleine conscience.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La douleur chronique touche <a href="https://www.canada.ca/en/health-canada/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2021.html">20 pour cent des gens</a>. Que faire s’il est impossible de « gagner » la bataille contre la douleur ? Souvent, les médicaments sont le remède le plus rapide et le moins coûteux, mais ils ne suffisent pas toujours et <a href="https://www.cdc.gov/drugoverdose/epidemic/index.html">leurs effets secondaires peuvent être désastreux</a>. Voilà pourquoi un consensus grandissant se dégage <a href="https://www.who.int/health-topics/traditional-complementary-and-integrative-medicine#tab=tab_2">auprès des membres de l’Organisation mondiale de la santé pour investir dans la recherche sur les soins alternatifs</a>.</p>
<p>Dans <a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/203913/homo-ludens-by-johan-huizinga/">« Homo ludens »</a>(1938), l’historien Johan Huizinga a démontré qu’il est dans la nature humaine de recourir au jeu pour imaginer des scénarios esthétiques ou des rituels qui donnent une signification différente aux gestes servant à répondre à nos besoins biologiques, comme s’abriter, s’alimenter et se protéger.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.3389/fpain.2022.895443">En effet, le jeu peut engendrer la création et les connaissances</a>. <a href="https://doi.org/10.2105 %2FAJPH.2008.156497">La thérapie par l’art ou l’écriture expressive</a> peuvent aider à comprendre et à contrôler les causes de la douleur.</p>
<p>Imaginez que, plutôt que de me demander de donner une note à l’intensité et à la fréquence de ma douleur, mon médecin me demandait <a href="https://journals.lww.com/psychosomaticmedicine/Abstract/1998/07000/Culture_and_Somatization__Clinical.6.aspx">d’utiliser une métaphore</a> et de lui expliquer ludiquement mes symptômes et mes besoins.</p>
<p>Imaginez si mon cadre de traitement était plus flexible et permettait à mon médecin de me <a href="https://doi.org/10.1177 %2F2156587217715927">prescrire des cours de yoga</a> ou de m’aider à <a href="https://doi.org/10.1007/s12160-016-9844-2">explorer un programme de pleine conscience</a>.</p>
<p>Imaginez si les cliniciens utilisaient le savoir autochtone pour améliorer l’expérience des patients <a href="https://doi.org/10.3389/fpain.2022.857624">(utiliser un langage approprié, laisser la place à la personne, créer un moment de partage, tirer des leçons, s’engager auprès du patient et explorer les solutions)</a>.</p>
<p>Imaginez si les responsables de la santé publique n’attendaient pas que le stress chronique rende la population sujette aux maladies, et investissaient plutôt dans des <a href="https://www.jstor.org/stable/24719525">politiques du bonheur comme celles des Pays-Bas, le pays d’Érasme et de Huizinga</a>.</p>
<h2>Transformer le jeu en action</h2>
<p>Quand le savoir et les soins font défaut (<a href="https://doi.org/10.3389/fpain.2022.889990">comme pour les femmes souffrant d’endométriose</a>), les médias sociaux deviennent un espace de génération du savoir. <a href="https://mitpress.mit.edu/books/coping-illness-digitally">Dans « Coping with Illness Digitally »</a>, Stephan Rains, chercheur en santé et communications numériques, souligne que les gens s’associent à des communautés qui offrent de l’information et des soins grâce à des expériences communes.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a illustré la capacité des médias sociaux à <a href="https://doi.org/10.2196/20550">générer des données</a> sur la gestion du stress. Toutefois, si nous devons être <a href="https://doi.org/10.1016/0361-3682(91)90019-B">régis par les chiffres</a>, nous avons besoin d’un terrain de jeu <a href="https://theconversation.com/the-covid-19-pandemic-pushed-social-media-to-become-increasingly-tribal-178775">qui mise sur la sécurité et non sur la surveillance passive</a>.</p>
<p>Dans un vrai terrain de jeu, les participants ne sont pas surveillés, mais s’engagent plutôt dans des activités génératrices de connaissances sur les facteurs de stress psychosociaux à l’origine de leurs symptômes pathologiques. Des plates-formes comme <a href="https://www.patientslikeme.com">« Patients Like Me »</a> permettent aux patients de partager leur histoire de maladie causée par le stress et leurs stratégies de prise en charge.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184215/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Najmeh Khalili-Mahani a reçu des fonds du FRQSC.</span></em></p>
Les facteurs de stress peuvent affecter la santé, mais ni nos médecins ni notre système de santé ne disposent des outils nécessaires pour intégrer ces facteurs dans les diagnostics ou les soins.
Najmeh Khalili-Mahani, Researcher, Director of Media-Health/Game-Clinic laboratory, Concordia University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/214112
2023-10-06T13:36:11Z
2023-10-06T13:36:11Z
L’obésité est une maladie grave qui comporte des caractéristiques communes avec le cancer
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/552106/original/file-20231004-24-m4j46s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C0%2C3440%2C2430&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’obésité est en soi une maladie, en plus de contribuer à l’apparition et à la progression d’autres pathologies telles que le diabète, l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Bien que l’obésité <a href="https://www.nature.com/articles/ijo2008247">soit reconnue comme une maladie par l’Organisation mondiale de la santé</a> (OMS) depuis 1948, on ne la perçoit pas forcément de la même façon que les autres problèmes de santé.</p>
<p>Les personnes qui souffrent d’obésité sont <a href="https://doi.org/10.1007/s13679-021-00444-y">moins susceptibles de recevoir des soins appropriés</a> que celles atteintes d’autres maladies, telles que le cancer. Pourtant, l’obésité et le cancer présentent plusieurs similitudes. Cette question <a href="https://fr.worldobesityday.org/">revêt une importance capitale</a> à l’échelle mondiale, compte tenu de l’augmentation spectaculaire du nombre d’adultes et d’enfants touchés, <a href="https://data.worldobesity.org/country/canada-36/#data_population-breakdowns%7Coverweightobesity-by-region">notamment au Canada</a>.</p>
<h2>L’obésité est une maladie</h2>
<p>Comme le cancer ou d’autres maladies reconnues par la médecine, l’obésité devrait être considérée comme une pathologie par l’opinion publique. En effet, elle est en soi une maladie, en plus de contribuer à l’apparition et à la progression <a href="https://doi.org/10.1177/2042018820934955">du cancer et d’autres conditions</a>, telles que le <a href="https://doi.org/10.1155/2018/3407306">diabète, l’athérosclérose, les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux</a> (AVC).</p>
<p>L’obésité affecte les personnes atteintes de plusieurs manières.</p>
<p><strong>Mécaniquement</strong> : elle exerce une <a href="https://www.health.harvard.edu/pain/why-weight-matters-when-it-comes-to-joint-pain">surcharge sur les os et les articulations</a>, ainsi que sur les organes internes. Elle risque également de provoquer une <a href="https://www.sleepfoundation.org/sleep-apnea/weight-loss-and-sleep-apnea">obstruction des voies respiratoires</a> qui peut engendrer une apnée obstructive du sommeil.</p>
<p><strong>Biologiquement</strong> : <a href="https://doi.org/10.3389/fimmu.2022.907750">elle peut générer de l’arthrose</a>, qui se manifeste par de <a href="https://doi.org/10.1172/JCI92035">l’inflammation</a> et une <a href="https://doi.org/10.3390/ijms21103570">dysrégulation des sécrétions</a> des cellules du tissu adipeux.</p>
<p>L’obésité peut causer des <a href="https://doi.org/10.1172/JCI81507%22%22">dépôts anormaux de graisse</a> sur les organes vitaux, ce qui modifie de façon importante <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/hom%C3%A9ostasie">l’homéostasie</a>, ou stabilité biologique, de l’organisme.</p>
<p><strong>Psychologiquement :</strong> les patients souffrant d’obésité <a href="https://doi.org/10.1111/scs.12756">peuvent éprouver des difficultés à accomplir leurs activités quotidiennes</a> ; des choses aussi simples que nouer ses lacets peuvent constituer un défi. Cette situation se trouve aggravée par <a href="https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2022.101464">l’influence des médias sociaux</a> et la promotion d’une image corporelle prétendument « idéale », mais irréaliste, qui stigmatise les personnes atteintes d’obésité.</p>
<p>De plus, des données indiquent que l’obésité s’accompagne d’une <a href="https://doi.org/10.1007/s12272-019-01138-9">inflammation du cerveau</a> et d’un risque accru de troubles mentaux tels que <a href="https://doi.org/10.1038/s41380-018-0017-5">dépression sévère</a> et <a href="https://doi.org/10.1007/s40211-019-0302-9">anxiété</a>.</p>
<h2>Caractéristiques communes de l’obésité et du cancer</h2>
<p>L’obésité présente plusieurs caractéristiques communes avec le cancer.</p>
<p><strong>Facteurs multiples</strong> : ces deux maladies n’ont pas de cause unique connue, ce qui peut en rendre la prévention et le traitement difficiles. L’obésité n’est pas simplement attribuable à un mode de vie personnel caractérisé par une consommation élevée de calories ou un faible niveau d’exercice physique, puisque l’équilibre entre l’apport et la dépense énergétiques peut être modifié dans un sens ou dans l’autre par la <a href="https://doi.org/10.1007/s00261-012-9862-x">génétique, l’environnement ainsi que d’autres facteurs qui ne sont pas encore totalement compris</a>.</p>
<p><strong>Métastases</strong> : <a href="https://doi.org/10.3390/cells11121872">comme le cancer, l’obésité peut entraîner des métastases</a>, c’est-à-dire que la maladie peut se propager à d’autres parties du corps. Dans le cas de l’obésité, il s’agit de dépôts de graisse ectopique, qui se créent lorsque le tissu adipeux (la graisse) ne peut pas stocker tous les excédents de <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=baisser-taux-triglycerides">triglycérides</a> (un type de matière grasse). Les triglycérides s’accumulent alors hors de leur emplacement normal, notamment autour des organes. En cas d’obésité, la graisse peut se retrouver sur le cœur, le foie, dans les vaisseaux sanguins et même dans le <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1113/jphysiol.2012.239491">cerveau</a>. Ces dépôts peuvent altérer le fonctionnement d’organes vitaux et avoir des effets dévastateurs sur la santé.</p>
<p><strong>Développement progressif et étapes</strong> : <a href="https://doi.org/10.1155/2015/619734">l’obésité</a>, comme le <a href="https://doi.org/10.1038/s41568-020-00300-6">cancer</a>, peut se développer progressivement pour atteindre des stades avancés et néfastes. L’une des raisons pour lesquelles on a tendance à considérer l’obésité comme une maladie moins grave que le cancer est qu’on accorde plus d’attention aux stades du cancer.</p>
<p>En fait, l’obésité et le cancer peuvent tous deux évoluer graduellement en l’absence d’un diagnostic et d’une intervention appropriés. Cependant, les décès imputables à l’obésité sont le plus souvent attribués à des maladies qui en résultent (telles que les accidents ischémiques cardiovasculaires ou même le cancer) sans qu’on tienne compte de l’impact central de l’obésité.</p>
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<img alt="Un yo-yo rouge avec un mètre ruban à la place de la ficelle" src="https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nombreuses personnes souffrant d’obésité luttent pour contrôler la reprise de poids après une perte de poids.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p><strong>Récidive</strong> : les personnes qui guérissent de l’obésité peuvent connaître une récidive. La série télévisée « Qui perd gagne » en est un bon exemple. Les <a href="https://www.health.harvard.edu/diet-and-weight-loss/lessons-from-the-biggest-loser">candidats qui ont perdu du poids</a> dans le cadre de l’émission <a href="https://doi.org/10.1002/oby.21538">l’ont repris</a> par la suite.</p>
<p>La récidive de l’obésité est souvent qualifiée d’effet « yo-yo ». Cependant, il convient de remplacer ce terme par celui de « récidive », pour mettre en lumière que l’obésité est loin d’être un jeu. En effet, certains patients luttent avec acharnement pour endiguer une reprise de poids incontrôlable.</p>
<h2>Il faut revoir notre perception de l’obésité</h2>
<p>Comme l’illustre l’histoire des habits neufs de l’empereur, nos perceptions peuvent être erronées. Souvent, notre vision de l’obésité ne témoigne pas des graves menaces qu’elle fait peser sur la santé. </p>
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<img alt="Illustration d’un tailleur et d’un roi en sous-vêtements se regardant dans un miroir" src="https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nous devons tirer les leçons de l’histoire des habits neufs de l’empereur et reconnaître la réalité des choses : l’obésité est une véritable maladie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Bien que l’obésité comporte de nombreuses caractéristiques de morbidité communes avec le cancer, elle n’est pas reconnue comme une maladie par l’ensemble de la société, et les personnes qui en sont atteintes sont moins susceptibles d’obtenir l’aide et le traitement dont elles ont besoin. Il est urgent de revoir notre perception de l’obésité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214112/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Besma Boubertakh reçoit un financement de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l'axe microbiome-endocannabinoïde dans la santé métabolique (CERC-MEND ; titulaire de la chaire, le professeur Vincenzo Di Marzo).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cristoforo Silvestri reçoit un financement de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l'axe microbiome-endocannabinoïde dans la santé métabolique (CERC-MEND ; titulaire de la chaire, le professeur Vincenzo Di Marzo).</span></em></p>
L’obésité est une maladie qui partage plusieurs caractéristiques avec le cancer, mais qui n’est pas reconnue comme telle par la société. Les personnes atteintes sont moins susceptibles d’être traitées.
Besma Boubertakh, Doctoral student, molecular medicine, Université Laval
Cristoforo Silvestri, Assistant Professor, Faculty of Medicine, Université Laval
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/213159
2023-09-28T19:14:08Z
2023-09-28T19:14:08Z
Bilharziose en Europe : À la recherche de nouvelles armes pour combattre cette maladie tropicale déjà implantée en Corse
<p>La bilharziose est la deuxième maladie parasitaire humaine la plus importante après le paludisme. Au niveau mondial, <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/schistosomiasis">plus de 250 millions de personnes ont besoin d’un traitement préventif régulier</a>, ce qui équivaut aux populations de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie réunies.</p>
<p>Pourtant, il y a fort à parier qu’un grand nombre des lecteurs de ces lignes n’ont jamais entendu parler de cette maladie. En effet, la bilharziose a longtemps été considérée comme un problème des pays du Sud : elle n’était endémique – autrement dit, à transmission locale – qu’en Afrique subsaharienne, ainsi qu’au Brésil, où elle a été importée par le commerce des esclaves, et en Asie du Sud-Est.</p>
<p>Mais depuis 2014, la maladie est aussi devenue un problème européen : notre laboratoire a découvert que la <a href="https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(15)00084-5/fulltext">bilharziose est désormais également présente dans le sud-est de la Corse</a>, où plusieurs cas sont désormais recensés chaque année.</p>
<p>Selon toute vraisemblance, si vous l’attrapez, vous n’en mourrez pas. Mais cette maladie parasitaire entravera votre bien-être et votre capacité à travailler et à prendre soin de votre famille. Mieux vaut donc s’en préserver.</p>
<p>Il existe bien un médicament capable de lutter contre la maladie, mais il n’empêche pas les réinfections. Et malgré des décennies de recherche, aucune autre molécule ni vaccin n’ont pu être mis au point. La génétique pourrait toutefois fournir de nouvelles armes pour lutter contre ce parasite très invalidant.</p>
<h2>Une maladie due à un ver</h2>
<p>La bilharziose est causée par de petits vers d’environ 1 cm de long qui siègent dans les veines proches de l’intestin ou de la vessie. On les appelle les schistosomes, ou « corps fendu » en grec ancien. En effet, la femelle vit enchâssée à l’intérieur du mâle comme une saucisse dans un pain de hot-dog, ce qui donne l’impression d’un seul corps scindé en deux.</p>
<p>La bilharziose est transmise par des escargots d’eau douce porteurs du parasite. Ceux-ci constituent les hôtes intermédiaires, tandis que l’hôte final est un mammifère (rongeurs, bétail, être humain…).</p>
<p>C’est dans l’organisme de ces petits escargots aquatiques, appartenant aux genres <em>Biomphalaria</em> ou <a href="https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/199838"><em>Bulinus</em></a>, que se multiplient les larves de schistosomes qui infecteront ensuite les mammifères passant à leur portée, dont l’être humain. Une fois que les larves sortent du corps des mollusques et se disséminent dans l’environnement aquatique, elles disposent d’environ 4 heures pour trouver un hôte final en train de nager ou de marcher dans l’eau, faute de quoi elles mourront.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/550941/original/file-20230928-27-ozpk23.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550941/original/file-20230928-27-ozpk23.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550941/original/file-20230928-27-ozpk23.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550941/original/file-20230928-27-ozpk23.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550941/original/file-20230928-27-ozpk23.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550941/original/file-20230928-27-ozpk23.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550941/original/file-20230928-27-ozpk23.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le cycle des schistosomes, responsables de la schistosomiase ou bilharziose.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cdc.gov/dpdx/schistosomiasis/index.html">DPDx, Centers for Disease Control and Prevention</a></span>
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<p>Les larves percent alors un petit trou dans la peau de leur futur hôte, puis pénètrent et migrent dans son organisme, où elles deviennent des adultes capables de s’accoupler. Les femelles s’enchâssent alors dans les mâles, et commencent à pondre plusieurs centaines d’œufs par jour. </p>
<p>Excrétés en même temps que les matières fécales ou l’urine, ces œufs peuvent à leur tour se retrouver dans l’eau. Ils libèrent alors un second type de larve capable d’infecter les escargots d’eau douce : elles se multiplieront dans l’organisme de ces mollusques pour redonner des larves capables d’infecter des mammifères, perpétuant le cycle de vie du parasite.</p>
<h2>Une maladie aux conséquences parfois lourdes</h2>
<p>Les vers schistosomes se nourrissant des cellules sanguines de leur hôte, la bilharziose se traduit par une anémie et un retard de croissance. Elle produit en outre une inflammation de l’intestin, ainsi que de la vessie, avec présence de sang dans les urines.</p>
<p>Les conséquences les plus graves sont dues aux œufs qui ne parviennent pas à atteindre le monde extérieur. Ceux-ci demeurent piégés dans le foie où ils entraînent une inflammation chronique. Potentiellement, cette situation peut mener au développement d’un cancer hépatique.</p>
<p>En outre, chez les personnes malades, la pression dans la veine porte, la veine qui conduit le sang des intestins au foie, augmente de façon anormale, ce qui entraîne un risque d’hémorragie gastro-intestinale.</p>
<h2>Des moyens de lutte limités</h2>
<p>À l’heure actuelle, un médicament très efficace, appelé Praziquantel, est disponible pour lutter contre la bilharziose. Développé dans les années 1970 par la société pharmaceutique européenne Merck, qui le distribue gratuitement aux pays africains, il est utilisé dans le monde entier. Merck a également développé une forme adaptée aux enfants.</p>
<p>Mais cette molécule, considérée comme un médicament essentiel par l’Organisation mondiale de la Santé, est la seule qui se dresse entre l’être humain et les schistosomes. Malgré plus de 30 ans de recherche, les scientifiques ne sont pas encore parvenus à mettre au point d’autre médicament ni de vaccin.</p>
<p>L’une des craintes est qu’un jour, des résistances à cet unique médicament se développent. Cependant, pour l’instant, sur le terrain, aucune observation ne permet réellement d’affirmer que l’on s’acheminerait vers l’émergence de telles résistances. Une baisse d’efficacité a parfois été constatée, mais elle est très difficile à quantifier correctement en dehors des laboratoires.</p>
<p>L’autre problème est que le Praziquantel n’empêche pas la réinfection, et doit donc être administré régulièrement.</p>
<h2>S’attaquer à l’escargot</h2>
<p>Vous avez remarqué que le parasite a obligatoirement besoin d’un escargot pour accomplir son cycle de vie. Vous vous posez donc peut-être la question : ne pourrions-nous pas éliminer l’escargot ?</p>
<p>C’est en effet une possibilité, mais cette solution pose plusieurs problèmes : les produits chimiques qui tuent les escargots (appelés molluscicides) sont peu sélectifs et impactent de nombreux organismes aquatiques. Or, en réalité, très peu d’escargots sont infectés dans l’environnement. On éliminerait une énorme population d’escargots pour tuer ceux qui sont infectés. Ce n’est pas une approche très respectueuse de la nature !</p>
<p>Cette problématique des organismes « vecteurs » de maladies est commune à de nombreuses affections parasitaires. Les scientifiques ont commencé à réfléchir à une nouvelle approche, le « gene drive » ou « forçage génétique ».</p>
<h2>Forcer des gènes délétères pour le parasite</h2>
<p>Les prémisses de cette technique ont émergé dans les années 1960, après avoir constaté que certains gènes peuvent être transmis dans une population beaucoup plus rapidement que ce à quoi l’on s’attendrait d’après les lois de l’hérédité classiques (lois mendéliennes).</p>
<p>Chez les espèces qui se reproduisent sexuellement comme les vers schistosomes et les escargots d’eau douce, chaque gène existe en 2 copies : l’une héritée de la mère, l’autre du père. Lors de la reproduction sexuée, une seule de ces copies est transmise à la progéniture. Une copie a donc 50 % de chances d’être transmise.</p>
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<p>Cependant, des copies « égoïstes » ont aussi évolué. Ces gènes parviennent à être hérités avec plus de 50 % de chance. Et parfois, beaucoup plus, car ils parviennent à éliminer les autres copies ! Tous ces processus sont naturels, mais imaginez un instant que nous puissions nous en inspirer et introduire un tel gène dans un parasite. Mieux : imaginez que ce gène soit nocif pour faire mourir les parasites… Nous tiendrions là une arme théoriquement très efficace.</p>
<p>C’est ce qu’ont réussi à faire des chercheurs de l’<em>Imperial College</em> de Londres en 2018 sur des moustiques transmettant le paludisme. Grâce à une puissante technique d’édition du génome, CRISPR-Cas9, ils ont modifié le gène déterminant leur sexe, afin de rendre les femelles stériles et de le forcer à se répandre dans une population de moustiques (en cage). Cette approche a mené <a href="https://www.nature.com/articles/nbt.4245">à leur élimination en 7 à 11 générations</a>, soit moins de 6 mois.</p>
<h2>Forçage génétique et bilharziose</h2>
<p>Jusqu’ici, cette technique n’était pas applicable sur les schistosomes, car CRISPR-Cas9 ne fonctionnait pas dans cet organisme. Mais depuis cette année, c’est le cas : nos laboratoires sont en effet parvenus <a href="https://www.cell.com/cell-reports-methods/pdf/S2667-2375(23)00172-8.pdf">à développer cette technique d’édition de gènes pour l’espèce Schistosoma mansoni_, qui cause la bilharziose intestinale</a>.</p>
<p>Notre objectif n’était pas de rendre possible le forçage génétique, mais de disposer d’un outil pour inactiver des gènes à la demande, afin de comprendre les mécanismes à l’origine de la maladie et d’identifier de nouvelles cibles médicamenteuses ou d’autres moyens de lutte.</p>
<p>Néanmoins, cette technique CRISPR-Cas9 est maintenant disponible et pourrait ouvrir la voie au forçage génétique. À l’échéance de 5 à 10 ans, des études minutieuses, en laboratoire, pourraient aboutir à produire des parasites porteurs de gènes « suicide ». Libérés dans des régions où la maladie est endémique, ils pourraient éliminer les vers qui en sont à l’origine.</p>
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<img alt="Schéma présentant le résultat du forçage génétique." src="https://images.theconversation.com/files/550940/original/file-20230928-17-5osclb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550940/original/file-20230928-17-5osclb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550940/original/file-20230928-17-5osclb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550940/original/file-20230928-17-5osclb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550940/original/file-20230928-17-5osclb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550940/original/file-20230928-17-5osclb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550940/original/file-20230928-17-5osclb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le forçage génétique permet de modifier l’héritabilité de certains gènes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christoph Grunau/Paul Brindley</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si les avantages d’une telle approche vont de soi (éviter de donner des médicaments à vie ou de disséminer des substances molluscicides toxiques), y a-t-il des risques ?</p>
<h2>Les limites du forçage génétique</h2>
<p>Un problème potentiel est que le gène nocif pourrait se propager à d’autres espèces de schistosomes qui ne sont pas pathogènes pour l’être humain, par un processus appelé hybridation, qui se produit lorsque des espèces différentes s’accouplent. L’hybridation est en effet fréquente chez les schistosomes.</p>
<p>Une hybridation qui produit une progéniture fertile pourrait conduire à l’extinction d’espèces de schistosomes qui ne sont pas nocives pour les humains. En revanche, une hybridation qui ne donnerait pas de progéniture fertile représenterait une impasse pour le processus.</p>
<p>Aujourd’hui, on sait cependant quelles espèces de schistosomes sont capables de s’hybrider et de produire une descendance fertile. Des tests en laboratoire pourraient être menés afin de déterminer si le gène nocif introduit pourrait se propager à ces espèces.</p>
<p>Idéalement, une approche de forçage génétique devrait être dans un premier temps appliquée à une zone géographique très limitée, telle qu’une île entourée d’eau de mer (dans laquelle les schistosomes ne peuvent pas survivre).</p>
<p>Rendre possible le forçage génétique dans les schistosomes nécessitera encore des années de recherche, mais cette approche recèle un grand potentiel. Faut-il s’engager dans cette voie, ou y renoncer et se focaliser plutôt sur les alternatives ? Ne risquons-nous pas se nous retrouver sans ressource face à cet ennemi ?</p>
<p>Les réponses à ces questions, qui doivent faire l’objet d’un débat public éclairé, sont de plus en plus cruciales : l’augmentation des températures moyennes en Europe due au changement climatique permettra à un nombre croissant de parasites tropicaux de s’installer sur notre continent.</p>
<p>En attendant, si vous êtes allés récemment en Afrique ou dans le sud de la Corse et que vous constatez du sang dans vos urines (autrement dit, si elles deviennent rouges), parlez à votre médecin de la bilharziose, et demandez conseil à un parasitologue. Le traitement est simple et efficace. Et la prochaine fois, évitez ces eaux de baignade…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213159/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christoph Grunau a reçu des financements de Wellcome Trust, ANR, Labex CeMEB, et UPVD. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Paul J. Brindley est membre de l’American Society of Tropical Medicine & Hygiene. Il est rédacteur en chef de PLOS Neglected Tropical Diseases.
Il a reçu des financements des National Institutes of Health, USA, Wellcome Trust, et George Washington University.</span></em></p>
La bilharziose, une maladie parasitaire tropicale, est désormais présente en Europe. Pour la combattre, un seul médicament est actuellement disponible. Mais la génétique pourrait changer les choses.
Christoph Grunau, Professeur des Universités, expert en épigénetique environnementale, Université de Perpignan
Paul J. Brindley, Professor, George Washington University
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tag:theconversation.com,2011:article/212224
2023-09-26T13:32:13Z
2023-09-26T13:32:13Z
Planification anticipée de l’AMM : les notaires sont-ils prêts à leur nouveau rôle ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/549440/original/file-20230920-21-1idz5c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=56%2C0%2C6240%2C4119&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les notaires pourraient bientôt avoir un rôle à jouer dans les demandes anticipées d'aide médicale à mourir anticipée. Mais sont-ils prêts?</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Il est impossible de demander de façon anticipée l’aide médicale à mourir (AMM) au Québec. Mais cela s’apprête à changer. </p>
<p>En effet, le 7 juin 2023, l’Assemblée nationale du Québec <a href="https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/aide-medicale-a-mourir-le-projet-de-loi-sur-les-soins-de-fin-de-vie-adopte-48523">a adopté le projet de Loi n°11 concernant les soins de fin de vie</a>. Il autorise les personnes aptes atteintes d’une maladie grave et incurable menant éventuellement à l’inaptitude à consentir aux soins à formuler une demande anticipée d’AMM. Elles pourraient ainsi en bénéficier une fois devenues inaptes. Par exemple, une personne diagnostiquée avec la maladie d’Alzheimer pourrait se prévaloir de ce droit.</p>
<p>Lors de l’étude détaillée du projet du projet de loi n°11, la Chambre des notaires du Québec (CNQ) <a href="https://www.cnq.org/wp-content/uploads/2021/05/493804-Commission-speciale-sur-levolution-de-la-LSFV-_-Memoire-CNQ-_-Mai-2021.pdf">a conseillé que les demandes anticipées d’AMM soient formulées uniquement par acte notarié</a>. Bien que cette recommandation n’ait pas été retenue, <a href="https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/aide-medicale-a-mourir-le-projet-de-loi-sur-les-soins-de-fin-de-vie-adopte-48523">l’article 29.10 du projet de loi n°11</a> mentionne les notaires comme faisant partie des professionnels compétents pouvant verser une demande anticipée d’AMM dans le registre.</p>
<p>Mais sont-ils prêts ?</p>
<p>Nous sommes une équipe de recherche interuniversitaire comprenant des expertes en droit, en notariat, en soins palliatifs et en santé communautaire. Nous avons réalisé 25 entrevues avec des notaires pratiquant au Québec dans l’objectif d’explorer leur pratique professionnelle concernant la planification anticipée des soins. Les notaires participants ont en moyenne 12 ans de pratique et les trois-quarts sont des femmes. Ils sont établis dans un total de 10 régions administratives.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/demandes-anticipees-daide-medicale-a-mourir-voici-comment-dautres-pays-lencadrent-206241">Demandes anticipées d’aide médicale à mourir : voici comment d'autres pays l'encadrent</a>
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<h2>Les notaires interviennent déjà</h2>
<p>Depuis 1989, les notaires interviennent dans la planification anticipée des soins. </p>
<p>En effet, il est possible d’effectuer devant notaire un mandat de protection (anciennement mandat en cas d’inaptitude) dans lequel un mandataire est désigné, et où des volontés de fin de vie sont indiquées afin de guider le mandataire. De plus, depuis le 10 décembre 2015, une personne majeure et apte peut rédiger des directives médicales anticipées (DMA) au moyen d’un formulaire qui est ensuite versé dans un registre géré par la Régie de l’assurance maladie du Québec. Ce formulaire peut être rempli devant deux témoins ou encore par acte notarié en minute. </p>
<h2>Flou autour de l’acharnement thérapeutique</h2>
<p>Selon les notaires participants à notre enquête et enregistrant déjà les volontés de fin de vie de leurs clients, la vaste majorité d’entre eux s’opposent à l’acharnement thérapeutique et souhaitent l’indiquer dans leur mandat de protection. </p>
<p>Or, cette notion d’acharnement thérapeutique est fort vague et n’est pas définie médicalement. Devant ce flou, des notaires ont exprimé que certains clients voudraient ajouter des précisions supplémentaires, mais qu’ils leur recommandent alors de consulter un médecin étant donné leur manque de connaissances médicales. </p>
<h2>Compléter des directives médicales anticipées : une pratique qui divise</h2>
<p>Certains notaires font activement la promotion des DMA et proposent d’emblée le service à leurs clients qui complètent un testament ou un mandat de protection. </p>
<p>D’autres, au contraire, refusent de compléter des DMA puisqu’ils ne perçoivent pas de plus-value à leurs services. En effet, étant donné leur manque de connaissances médicales, ils ne se sentent pas outillés pour répondre adéquatement aux questions de leurs clients sur les <a href="https://www.ramq.gouv.qc.ca/fr/citoyens/assurance-maladie/exprimer-directives-soins-cas-inaptitude">situations cliniques et les cinq soins mentionnés dans les directives médicales anticipées</a>. Ils conseillent alors à leurs clients de compléter leurs DMA devant témoins. </p>
<p>D’autres ont été informés par des clients, ou lors de formation, que les DMA n’étaient pas consultées systématiquement par les médecins. </p>
<h2>Besoin criant de formation et de collaboration avec le domaine médical</h2>
<p>Malgré certaines divergences, un élément fait l’unanimité chez les notaires participants, soit le besoin criant de formation, notamment à la lumière de l’entrée en vigueur des demandes anticipées d’AMM. </p>
<p>Des notaires participants vont même jusqu’à suggérer que seuls les notaires accrédités ou spécialisés devraient avoir le droit de participer au processus entourant les demandes anticipées d’AMM. En fait, ils craignent que sans formation, des notaires refusent de s’investir dans cette pratique, alors même que l’intérêt de la clientèle est très fort. </p>
<p>De nombreux notaires ont le sentiment de communiquer des informations imprécises à leurs clients et se questionnent sur la manière dont les volontés de fin de vie qu’ils enregistrent sont actualisées dans le réseau de la santé et des services sociaux. </p>
<p>Une formation conjointe avec des professionnels de la santé et des services sociaux pourrait permettre aux notaires de prodiguer des conseils éclairés à leurs clients et d’être plus à l’aise avec la partie de leur travail qui touche à la planification anticipée des soins.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212224/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ariane Plaisance a reçu un financement de la Chambre des notaires du Québec pour réaliser une étude sur la pratique professionnelle des notaires. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christine Morin, Louise Bernier et Sammy-Ann Lalonde ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Une formation avec des professionnels de la santé pourrait permettre aux notaires de prodiguer des conseils éclairés à leurs clients et d’être plus à l’aise dans la planification anticipée de l’AMM.
Ariane Plaisance, Stagiaire post-doctorale, Université du Québec à Rimouski (UQAR)
Christine Morin, Professor, Université Laval
Louise Bernier, Full Professor, Université de Sherbrooke
Sammy-Ann Lalonde, Étudiante à la maîtrise en droit notarial (L.L.M.), bachelière au baccalauréat en droit (L.L.B.) et maître à la maîtrise en sciences de la vie et droit (M.S.V.D.), Université de Sherbrooke
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2023-09-24T15:36:59Z
2023-09-24T15:36:59Z
Comment le virus Nipah se transmet ou non à l’homme
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/549857/original/file-20230924-21-itczgr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le virus se transmet par l’exposition à l’urine ou la salive de chauve-souris frugivore du genre Pteropus</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/mysterious-lyles-flying-fox-pteropus-lylei-2263748867">Miroslav Srb/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Jusqu’à 75 % létal, pas de vaccin disponible, des symptômes pouvant inclure une inflammation du cerveau… Lorsque le <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/nipah-virus">virus Nipah</a> émerge dans l’actualité, comme c’est le cas aujourd’hui avec <a href="https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20230915-l-inde-met-en-place-des-restrictions-apr%C3%A8s-deux-morts-du-virus-nipah">deux morts </a>recensés la semaine dernière en Inde, dans la région du Kerala, il a de quoi légitimement effrayer.</p>
<p>Le caractère rare et méconnu du virus est également bien souvent mentionné. Moins ce qui peut ou non faire que ce virus, transmis par l’exposition à l’urine ou la salive de chauve-souris frugivore de du genre <em>Pteropus</em>, puisse ou non émerger.</p>
<p>En tant qu’écologue de la santé spécialiste des zoonoses, cette question fait partie de mes sujets de recherche, notamment au <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7411325/">Cambodge</a>, où une équipe pluridisciplinaire dont je fais partie a pu constater que des populations partageaient leur environnement avec des chauves-souris frugivores porteuses du virus Nipah sans pour autant que le virus passe chez les humains.</p>
<p>Alors quels sont les facteurs provoquant ou non une contamination humaine et que pouvons-nous faire pour l’éviter ?</p>
<h2>Une corrélation avec la déforestation ?</h2>
<p>Le virus Nipah tient son nom du village du même nom dans la région du Negeri Sembilan en Malaisie, d’où était originaire la majeure partie des victimes de la première épidémie connue, en 1999. Épidémie qui demeure aussi la plus grande à ce jour, avec près de 300 cas et plus de 100 morts.</p>
<p>Cette première région d’émergence du virus était, à l’époque, aussi celle d’une des industries d’élevage de porcs parmi les plus prolifiques d’Asie du Sud-Est. Or lors de cette première épidémie, c’est en passant par le porc que les humains, notamment les éleveurs, ont été contaminés. Mais le facteur déterminant de cette première contamination ne se situait pas nécessairement dans les élevages, plutôt à leur bordure, où poussaient un certain nombre d’arbres fruitiers. Des arbres qui ont attiré des chauves-souris frugivores, en quête de nourriture depuis l’émiettement du couvert forestier, leur habitat naturel, du fait de la déforestation.</p>
<p>Un lien a ainsi été posé entre la déforestation et l’émergence du virus : les chauves-souris qui perdent leur habitat naturel vont aller dans des zones agricoles voire dans des zones urbaines et donc se retrouver au contact des populations humaines, ce qui n’était pas le cas avant. Nous avons retrouvé cela également au Cambodge, on l’on a pu observer la résilience de l’espèce <em>Pteropus lylei</em>, capable de s’adapter à la perte de biodiversité forestière en vivant dans des zones agricoles.</p>
<p>Ce rapprochement géographique favorise les potentielles transmissions vers les humains mais ne suffit pas à l’expliquer. Ainsi au Cambodge, aucun cas n’a été détecté dans les villages où des chauves-souris frugivores porteuses du Nipah sont présentes.</p>
<p>Pour qu’il y ait contamination humaine, il faut une route de transmission du virus de la chauve-souris vers les humains, et c’est notamment un certain nombre de pratiques humaines qui va provoquer cela.</p>
<h2>Comment des pratiques agricoles se révèlent déterminantes</h2>
<p>Depuis la première émergence du virus Nipah en Malaisie, c’est au Bangladesh que l’on constate le plus d’émergences du virus. Un des principaux facteurs explicatifs de ces foyers réguliers est à trouver dans le mode de production et de consommation de jus de palme. Au Bangladesh, la sève de palmier est récoltée en trouant le tronc des palmiers et en plaçant dessous de grands pots en terre cuite dans lesquels les chauves-souris peuvent venir boire le jus pendant la nuit. Le matin venu, une personne peut ainsi se retrouver à boire du jus frais sans savoir que celui-ci a été contaminé par des chauves-souris qui ont pu, par exemple, uriner dedans, et c’est comme cela que peut advenir une contamination humaine.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Récipient ouvert servant à récolter le jus de palme." src="https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549858/original/file-20230924-17-aa76nf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La façon de récolter le jus de palme peut se révéler déterminante pour la transmission ou non du virus Nipah. Ici un récipient ouvert au Bangladesh.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/close-extrection-date-palm-juice-kheer-1388101715">TanmoyBiswas/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au Cambodge, où l’on n’a pas vu de cas de Nipah émerger parmi les humains, la méthode de collecte du jus de palme est différente. On ne collecte pas la sève des palmiers mais du nectar : les fleurs sont pressées dans de petits conteneurs en bambou ou plastique et c’est beaucoup plus difficile pour les chauves-souris d’y avoir accès. Une différence qui pourrait expliquer l’absence d’émergence.</p>
<h2>Un virus qui se transmet encore difficilement d’homme à homme</h2>
<p>Concernant le Kerala, les routes de transmission sont encore difficiles à tracer, notamment car lors des dernières émergences du virus, une seule personne était à l’origine de toutes ces contaminations qui touchaient principalement les proches ou le personnel soignant présent autour de ce patient zéro. Or, lorsqu’une seule personne est à l’origine du passage du virus chez l’homme, il demeure très compliqué de savoir si c’est suite par exemple à une consommation de jus de palme ou si c’est via un autre contact avec des chauves-souris frugivores.</p>
<p>Pour l’instant, les foyers indiens et bangladais ont pu être rapidement maîtrisés, du fait de chaînes de transmission inter-humaines limitées et rapidement interrompues avec l’établissement de quarantaines et le traçage des cas contacts. Une tâche plutôt facile lorsqu’il s’agit du virus Nipah, car celui-ci se transmet encore laborieusement d’homme à homme. Là où le Covid peut se transmettre de manière asymptomatique et via des contacts peu rapprochés, la transmission du Nipah est connue pour nécessiter, elle, des contacts rapprochés et engendre des symptômes graves, le plus souvent mortels. </p>
<p>Cependant, plus il y a de transmission vers les humains, plus le risque de voir un virus mieux adapté aux humains émerger augmente. Mais si un variant du virus Nipah évolue et devient plus transmissible aux humains, sera-t-il toujours aussi létal ? Est-ce qu’un passage par un hôte intermédiaire comme ça avait été le cas en Malaisie avec le porc serait nécessaire ? Voici des questions pour lesquelles nous n’avons pour l’instant pas de réponse.</p>
<h2>Que faire ou ne pas faire pour mieux maîtriser le virus Nipah ?</h2>
<p>Face à la dangerosité potentielle du virus Nipah, il pourrait paraître tentant de se dire que la meilleure chose à faire est de faire partir les colonies de chauves-souris frugivores qui s’implantent à proximité de populations humaines. Cependant, une telle logique se révèle souvent dangereuse et contre-productive, comme le montrent par exemple les tentatives de contrôle de la population de blaireaux responsables des cas de tuberculose bovine en Grande-Bretagne : les campagnes d’abattage mis en place avaient alors surtout provoqué la fuite des blaireaux hors des zones d’abattage et donc la prolifération de cette mycobactérie, puis leur retour, une fois les campagnes d’abattage terminées.</p>
<p>Si cette logique est poussée à l’extrême avec par exemple une hypothétique extermination systématique de la population de chauve-souris d’autres problèmes surgiraient. Outre les inquiétudes éthiques que provoquerait un tel projet, cela mettrait également en péril les activités humaines et les écosystèmes qui bénéficient grandement de la présence des chauves-souris frugivores, pour la pollinisation d’un certain nombre de plantes, et notamment de plantations cultivées par l’homme ou le transport de graines. Il en est de même pour les chauves-souris insectivores qui participent au contrôle des populations d’insectes ravageurs de cultures.</p>
<p>Pour mieux prévenir ce qui conduit à l’émergence du virus Nipah et mieux réagir en cas de transmission vers les humains, il faudrait établir un suivi continu de données environnementales et épidémiologiques, développer des équipes pluridisciplinaires et travailler avec les populations locales à travers des approches participatives pour co-construire des solutions adaptées au contexte socio-économique local. C’est ce que nous tachons par exemple de faire avec le <a href="https://bcoming.eu/">projet Bcoming</a>. </p>
<p>Car les expériences passées montrent qu’il n’est à la fois ni souhaitable ni efficace de tenter d’imposer des systèmes de prévention ou de surveillance aux populations si elle n’en voit pas l’intérêt. Pour la prévention du virus Nipah, une solution simple et peu coûteuse serait de fixer des jupes de protection en bambous autour des pots de collecte, empêchant ainsi la contamination par les chauves-souris. Mais cette solution ne sera adoptée et déployée à grande échelle uniquement si les collecteurs eux-mêmes sont convaincus de son intérêt. Un travail important de dialogue sciences - société reste donc à faire pour mettre en place des solutions de prévention efficaces qui permettront de diminuer durablement les risques d’émergence de maladies zoonotiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214230/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Cappelle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Si de nombreuses populations vivent au contact de chauves-souris frugivores porteuses du virus Nipah, celui-ci ne se transmet que rarement à l'homme. Comment et pourquoi ?
Julien Cappelle, Écologue de la Santé, Cirad
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2023-09-15T13:15:55Z
2023-09-15T13:15:55Z
Donnez-vous des bisous à votre animal de compagnie ? Si oui, lisez ceci
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/546463/original/file-20230829-19-r94gri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C314%2C4886%2C3197&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En embrassant votre chat ou votre chien, vous courez certains risques de contracter des maladies -quoique minimes!
</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Notre relation avec les animaux de compagnie a changé radicalement au cours des dernières décennies. Les gens n’ont jamais autant eu de chiens et de chats, mais aussi des oiseaux, des tortues ou des poissons.</p>
<p>Si vivre avec un animal domestique présente de nombreux <a href="https://www.onehealth.org/blog/10-mental-physical-health-benefits-of-having-pets">bienfaits pour la santé mentale et physique</a>, ces compagnons sont parfois porteurs de maladies infectieuses qui peuvent nous être transmises. Toutefois, le risque est faible pour la plupart des gens.</p>
<p>Mais certaines personnes, comme celles dont le système immunitaire est affaibli ou les femmes enceintes, courent un <a href="https://www.cdc.gov/healthypets/specific-groups/high-risk/index.html">risque accru</a> de contracter une maladie d’origine animale. Il est donc important d’être conscient des risques et de prendre les précautions nécessaires pour éviter les infections.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/un-parasite-mangeur-de-chair-transporte-par-les-chiens-fait-son-apparition-en-amerique-du-nord-148618">Un parasite mangeur de chair transporté par les chiens fait son apparition en Amérique du Nord</a>
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<h2>De quelles maladies parle-t-on ?</h2>
<p>Les maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’humain sont appelées maladies zoonotiques ou <a href="https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/sante-animale/maladies-animales/transmission-animaux-humains">zoonoses</a>. On connaît plus de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3668296/#B18">70 agents pathogènes</a> des animaux de compagnie qui sont transmissibles à l’humain.</p>
<p>Dans certains cas, un animal atteint d’un agent pathogène zoonotique semblera malade. Mais souvent, il ne présentera aucun symptôme visible, ce qui facilite la transmission, car on ne soupçonnera pas que son compagnon est porteur de germes.</p>
<p>Les zoonoses peuvent passer directement des animaux domestiques aux humains, par contact avec la salive, les fluides corporels ou les excréments, ou indirectement, par contact avec de la litière, de la terre, de la nourriture ou de l’eau contaminées.</p>
<p>Des études indiquent que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4500695/">prévalence des zoonoses associées aux animaux de compagnie est faible</a>. Toutefois, le nombre réel d’infections est probablement <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/17/11/3789">sous-estimé</a>, car de nombreuses zoonoses ne sont pas <a href="https://educaloi.qc.ca/capsules/les-maladies-a-declaration-obligatoire-les-mado/">« à déclaration obligatoire »</a>, ou peuvent posséder des voies d’exposition multiples ou des symptômes génériques.</p>
<h2>Virus, bactéries, champignons, parasites…</h2>
<p>Les chiens et les chats sont d’importants réservoirs d’infections zoonotiques (les agents pathogènes vivent naturellement dans leur population) causées par des virus, des bactéries, des champignons et des parasites. <a href="https://www.who.int/data/gho/data/themes/topics/rabies">Dans les régions endémiques d’Afrique et d’Asie</a>, les chiens sont la principale source de la rage, qui se transmet par la salive.</p>
<p>Les chiens sont également porteurs de la <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/biosecurite-biosurete-laboratoire/fiches-techniques-sante-securite-agents-pathogenes-evaluation-risques/capnocytophaga.html">bactérie <em>Capnocytophaga</em></a> dans la bouche et la salive. Celle-ci peut être transmise à l’humain par contact étroit ou morsure. La grande majorité des personnes n’en seront pas infectées, mais chez les gens dont le système immunitaire est affaibli, cela peut occasionnellement provoquer une <a href="https://www.cdc.gov/capnocytophaga/signs-symptoms/index.html">maladie grave</a>, voire mortelle. Un décès de ce type a été signalé <a href="https://thewest.com.au/news/wa/tracy-ridout-perth-mum-dies-11-days-after-rare-bacterial-infection-from-minor-dog-bite-c-11748887">cet été en Australie-Occidentale</a>. Au Canada, un homme de Sudbury, en Ontario, <a href="https://www.vidal.fr/actualites/29481-au-canada-un-homme-meurt-d-une-infection-rare-a-capnocytophaga-apres-une-morsure-de-chien.html">est mort à l’été 2022, quelques jours après avoir été accidentellement mordu par son propre chien</a>.</p>
<p>Un certain nombre de maladies transmises par voie fécale-orale, telles que la giardiase, la campylobactériose, la salmonellose et la toxoplasmose, nous sont transmises par les chats. Il est donc particulièrement important de se laver les mains après avoir manipulé le bac à litière ou d’utiliser des gants pour le faire.</p>
<p>Les chats peuvent aussi transmettre des infections par morsure ou griffure, notamment la <a href="https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/maladies-infectieuses/bacilles-gram-n%C3%A9gatifs/maladie-des-griffes-du-chat">maladie des griffes du chat</a>, causée par la bactérie <em>Bartonella henselae</em>.</p>
<p>Les chiens et les chats sont également des réservoirs de la bactérie <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10122942/"><em>Staphylococcus aureus</em>, résistante à la méthicilline</a> (SARM), pour laquelle un contact étroit avec des animaux de compagnie est considéré comme un facteur de risque important de transmission zoonotique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme aux cheveux bouclés se fait lécher le visage par un Staffordshire terrier" src="https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/545415/original/file-20230829-27-mpgatg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une bactérie qui peut provoquer des maladies graves, voire mortelles, chez certaines personnes se retrouve dans la salive des chiens.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/girl-kissing-dog-breed-staffordshire-terrier-200987354">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Les chiens et les chats ne sont pas les seuls animaux de compagnie à pouvoir contaminer des humains. Les oiseaux transmettent occasionnellement la <a href="https://www.cdc.gov/pneumonia/atypical/psittacosis/">psittacose</a>, une infection bactérienne qui cause la pneumonie. On a établi que les <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-reptiles-domestiques-transportent-salmonelles-51444/">tortues de compagnie</a> pouvaient transmettre la Salmonella à l’humain, en particulier aux jeunes enfants. On a même observé un lien entre les poissons d’aquarium e t <a href="https://www.cdc.gov/healthypets/pets/fish.html">diverses infections bactériennes</a> chez l’humain, notamment la vibriose, la mycobactériose et la salmonellose.</p>
<h2>Certains comportements sont plus à risque</h2>
<p>Des contacts étroits avec les animaux — et certains comportements — accroissent le risque de transmission zoonotique. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19398275/">Une étude</a> menée aux Pays-Bas a constaté que la moitié des propriétaires d’animaux de compagnie laissent ceux-ci leur lécher le visage et que 18 % d’entre eux autorisent leurs chiens à partager leur lit (ce qui augmente la durée d’exposition aux agents pathogènes dont les animaux sont porteurs). La même étude a révélé que 45 % des gens qui possèdent des chats leur permettent de sauter sur l’évier de la cuisine.</p>
<p>On a également établi un lien entre le fait d’embrasser des animaux de compagnie et certaines infections zoonotiques. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3298380/">Au Japon, une femme</a> a développé une méningite causée par une infection à <em>Pasteurellamultocida</em> après avoir embrassé fréquemment le visage de son chien. Cette bactérie est souvent présente dans la cavité buccale des chiens et des chats.</p>
<p>Les jeunes enfants ont communément des comportements qui <a href="https://www.cdc.gov/healthypets/specific-groups/high-risk/children.html?CDC_AA_refVal=https%3A%2F%2Fwww.cdc.gov%2Fhealthypets%2Fspecific-groups%2Fchildren.html">augmentent le risque</a> de contracter des maladies zoonotiques, par exemple lorsqu’ils se mettent les mains dans leur bouche après avoir touché leur animal de compagnie. Les enfants ont également tendance à ne pas se laver les mains de façon adéquate après avoir touché leur compagnon.</p>
<p>Bien que toute personne ayant eu un contact avec un agent pathogène zoonotique par l’intermédiaire de son animal de compagnie puisse tomber malade, certaines sont plus à risque de développer une maladie grave. Il s’agit notamment des jeunes, des personnes âgées, immunodéprimées ou des femmes enceintes.</p>
<p>Si la plupart des gens infectés par le parasite de la toxoplasmose souffriront d’une maladie bénigne, celle-ci peut être <a href="https://www.passeportsante.net/famille/grossesse?doc=toxoplasmose-pendant-grossesse-risques">mortelle pour le fœtus ou provoquer des malformations congénitales</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une petite fille blonde allongée sur le sol embrassant un grand chien blond" src="https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546103/original/file-20230904-27-lzhdw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les jeunes enfants de moins de 5 ans sont plus exposés aux maladies zoonotiques et adoptent souvent des comportements qui augmentent le risque de contracter une infection de leur animal de compagnie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Que faire pour éviter d’attraper une maladie de mon animal de compagnie ?</h2>
<p>Un certain nombre de bonnes pratiques d’hygiène et d’élevage peuvent réduire le risque de maladie. En voici quelques-unes :</p>
<ul>
<li><p>se laver les mains après s’est amusé avec son animal ou avoir manipulé sa litière ou ses jouets, ou après avoir nettoyé ses excréments ;</p></li>
<li><p>ne pas laisser un animal domestique lécher notre visage ou une plaie ouverte ;</p></li>
<li><p>surveiller les jeunes enfants lorsqu’ils jouent avec des animaux domestiques et qu’ils se lavent les mains après ;</p></li>
<li><p>porter des gants pour changer une litière ou nettoyer un aquarium ;</p></li>
<li><p>humecter les surfaces des cages d’oiseaux avant le nettoyage afin de minimiser les aérosols ;</p></li>
<li><p>empêcher les animaux domestiques d’entrer dans la cuisine (surtout les chats qui peuvent sauter sur les surfaces de préparation des aliments) ;</p></li>
<li><p>se tenir informé des soins vétérinaires préventifs, y compris la vaccination et les traitements contre les vers et les tiques ;</p></li>
<li><p>consulter un vétérinaire si l’on croit que son animal ne va pas bien.</p></li>
</ul>
<p>Les personnes présentant un risque élevé de maladie doivent plus particulièrement prendre des précautions pour réduire leur exposition aux agents pathogènes zoonotiques. Et avant de se procurer un animal de compagnie, on devrait demander à un vétérinaire quel type d’animal convient le mieux à sa situation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212938/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les animaux, y compris ceux qui vivent dans nos maisons, peuvent être porteurs de toutes sortes de maladies. La plupart du temps, cela ne pose pas problème. Mais il y a quelques précautions à prendre.
Sarah McLean, Lecturer in environmental health, Swinburne University of Technology
Enzo Palombo, Professor of Microbiology, Swinburne University of Technology
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/212150
2023-09-06T14:07:45Z
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De saines habitudes de vie peuvent prévenir jusqu’à 40 % des cas de démence
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545116/original/file-20230828-155659-vtkf7i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C8%2C1888%2C1270&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les facteurs de risque modifiables de la démence sont l'hypertension artérielle, l'obésité, la sédentarité, le diabète, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool et le manque de contacts sociaux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une femme de 65 ans consulte plusieurs professionnels de la santé au sujet de ses problèmes de mémoire. On lui dit d’abord qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Un an plus tard, on lui indique qu’il s’agit d’un phénomène normal lié au vieillissement. Jusqu’au jour où le diagnostic tombe enfin. Il s’agit de la maladie d’Alzheimer, contre laquelle il n’existe aucun traitement.</p>
<p>Les cas comme celui-là sont trop fréquents.</p>
<p>En effet, la démence demeure largement sous-diagnostiquée, même dans un pays développé, comme le Canada, où la <a href="https://doi.org/10.1136/bmjopen-2016-011146">proportion de cas non détectés dépasse 60 %</a>. La croyance selon laquelle les troubles cognitifs sont normaux chez les personnes âgées et le manque de connaissances, chez les médecins, sur les symptômes de démence et les critères de diagnostic <a href="https://doi.org/10.1590/S1980-57642011DN05040011">expliquent en grande partie les cas manqués et les retards de diagnostic</a>.</p>
<p>Les pertes de mémoire liées à l’âge ne doivent pas être considérées comme un aspect normal du vieillissement. Bien sûr, il peut arriver à tout le monde d’oublier où la voiture est stationnée ou d’égarer ses clés, mais lorsque ces situations deviennent fréquentes, il est important de consulter.</p>
<p>Si une légère altération de la capacité à penser et à retenir de l’information ne se transformera pas forcément en démence, chez certaines personnes, ces déclins représentent des signes avant-coureurs. Des recherches ont d’ailleurs révélé <a href="https://doi.org/10.1111/acps.12336">que les personnes présentant de légers changements cognitifs</a> couraient un risque accru d’être atteintes de démence plus tard dans leur vie.</p>
<p>Il a même été démontré que la <a href="https://doi.org/10.3390/ijms20225536">modification de la structure et du métabolisme du cerveau liée à la maladie</a> s’amorçait des décennies avant l’apparition de symptômes comme la perte de mémoire. Par ailleurs, il est de <a href="https://doi.org/10.1038/s43587-022-00269-x">plus en plus reconnu dans le milieu scientifique</a> que les interventions visant à ralentir ou à <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(15)60461-5">prévenir</a> la dégradation de l’état du patient sont plus susceptibles d’être efficaces lorsqu’elles ont lieu tôt dans l’évolution de la maladie.</p>
<p>Or, les protocoles de détection précoce <a href="https://canadiantaskforce.ca/lignesdirectrives/lignes-directrices-publiees/deficience-cognitive/?lang=fr">ne sont pas courants</a> au sein du milieu médical, en partie parce que les mécanismes de la démence demeurent mal compris.</p>
<h2>Démence et vieillissement de la population</h2>
<p>Dans le cadre de mes recherches, j’emploie des méthodes d’IRM cérébrale avancées pour caractériser la santé du cerveau des personnes âgées qui présentent un risque élevé de démence. Mon objectif est de trouver de nouveaux biomarqueurs de pathologie précoce en vue d’améliorer les méthodes de détection.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme aux cheveux gris accompagnée d’une professionnelle de la santé" src="https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">D’ici 2050, le nombre de Canadiens atteints de démence devrait dépasser 1,7 million.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La proportion de personnes âgées augmente au sein de la population canadienne. La démence étant fortement associée au vieillissement, le nombre de diagnostics de démence, y compris la maladie d’Alzheimer, devrait donc augmenter considérablement au cours des prochaines décennies. On estime que <a href="https://www.ctvnews.ca/health/nearly-one-million-canadians-will-live-with-dementia-by-2030-alzheimer-society-predicts-1.6056849">1,7 million</a> de Canadiens en seront atteints d’ici 2050, soit un nombre supérieur à celui de la <a href="https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1710000901&request_locale=fr">population du Manitoba</a>.</p>
<p>Si aucune mesure importante n’est prise pour renverser la tendance, cette hausse attendue exercera une pression énorme sur nos systèmes de santé déjà surchargés. Nous avons donc besoin de stratégies de prévention efficaces, maintenant plus que jamais.</p>
<p>Des <a href="https://www.ctvnews.ca/health/promising-new-drug-to-treat-alzheimer-s-in-pipeline-of-approval-in-canada-1.6443850">annonces récentes au sujet de médicaments prometteurs</a> pour traiter la maladie d’Alzheimer mettent encore plus en évidence la nécessité d’un dépistage précoce. Des <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMoa2212948">essais cliniques</a> ont montré que ces médicaments étaient plus efficaces pour ralentir le déclin cognitif lorsqu’ils étaient administrés aux premiers stades de la maladie.</p>
<p>Bien que l’émergence de ces nouveaux traitements représente une avancée dans le domaine de la maladie d’Alzheimer, la recherche doit se poursuivre. En réduisant les niveaux d’amyloïde, une substance considérée comme toxique pour les neurones, ces thérapies n’agissent que sur un seul processus pathologique. Elles ne peuvent donc ralentir le déclin cognitif que chez un <a href="https://doi.org/10.1093/braincomms/fcad175">sous-ensemble restreint de patients</a>. Une caractérisation adéquate des autres processus, sur une base personnalisée, est nécessaire pour combiner ces traitements à d’autres stratégies.</p>
<p>Il faut également tenir compte de la hausse importante des ressources humaines et financières qui seront nécessaires pour administrer ces nouveaux traitements. Ces coûts pourraient en limiter l’accès, particulièrement dans les pays à revenus faibles ou moyens, où les <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30367-6">cas de démence augmentent le plus</a>.</p>
<h2>Mode de vie et santé cérébrale</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Cinq personnes âgées assises, faisant des exercices avec les bras" src="https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Personnes âgées participant à une séance d’exercices assis. La sédentarité est un facteur de risque modifiable de démence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En revanche, il a été démontré que des changements de mode de vie pouvaient réduire le risque de démence à peu de frais et sans effets secondaires. Ainsi, si l’évaluation du risque de démence faisait partie des examens médicaux de routine des personnes âgées, les personnes les plus à risque pourraient être identifiées et conseillées sur les moyens de maintenir leur santé cérébrale et leur cognition.</p>
<p>Ces personnes à risque sont sans doute celles qui ont le plus à gagner de ces interventions, potentiellement fondées sur une approche pharmaceutique combinée à des changements de mode de vie. Mais tout le monde peut bénéficier de l’adoption de saines habitudes de vie, qui protègent non seulement le cerveau, mais aussi le cœur et d’autres organes.</p>
<p>Selon un <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(20)30367-6/fulltext">rapport phare</a> publié dans <em>The Lancet</em> en 2020, 40 % des cas de démence seraient attribuables à 12 facteurs de risque modifiables. Ceux-ci comprennent l’hypertension artérielle, l’obésité, la sédentarité, le diabète, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et le manque de contacts sociaux.</p>
<p>Les conclusions de ce rapport signifient donc qu’en adoptant de saines habitudes de vie, nous pourrions théoriquement prévenir environ 40 % des cas de démence. Bien qu’il n’existe aucun moyen de se prémunir complètement contre tout déclin cognitif, nous pouvons réduire considérablement notre risque de démence en faisant de l’activité physique, en étant mentalement actifs, en augmentant la fréquence de nos contacts sociaux, en évitant de fumer et en limitant notre consommation d’alcool.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un groupe de personnes âgées dans un cours d’arts plastiques avec leur enseignante" src="https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Certaines données probantes indiquent également qu’un <a href="https://doi.org/10.3945/an.117.015495">régime de type méditerranéen</a>, combinant une consommation élevée d’aliments d’origine végétale (en particulier les légumes-feuilles) et une consommation limitée de gras saturés et de viande, <a href="https://doi.org/10.1093/ajcn/nqx070">peut aussi être bénéfique pour la santé du cerveau</a>.</p>
<p>Bref, en encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.</p>
<h2>Obstacles aux saines habitudes de vie</h2>
<p><a href="https://aaic.alz.org/downloads2020/2020_Race_and_Ethnicity_Fact_Sheet.pdf">On observe une prévalence plus élevée de démence</a> au sein des <a href="https://content.iospress.com/articles/journal-of-alzheimers-disease/jad201209">minorités ethniques</a> et des populations vulnérables. L’adoption de nouvelles politiques peut apporter des solutions aux inégalités sociétales conduisant à l’apparition de plusieurs facteurs de risque. Car même s’il dispose d’un système de santé universel, le Canada connaît encore des inégalités en matière de santé. Les personnes appartenant aux classes socioéconomiques inférieures, les personnes handicapées, les Autochtones, les personnes racisées, les immigrants, les minorités ethniques et les membres de la communauté LGBTQ2S sont en effet <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/promotion-sante/sante-population/est-determine-sante.html">plus susceptibles d’éprouver des problèmes de santé</a>.</p>
<p>Nous pouvons nous attaquer à ces inégalités non seulement en faisant la promotion de saines habitudes de vie, mais aussi en agissant pour améliorer les <a href="https://doi.org/10.1016/j.joclim.2021.100035">conditions de vie des membres de ces groupes</a>. À titre d’exemples, mentionnons <a href="https://doi.org/10.1093/heapro/dav022">l’élargissement de l’accès aux centres sportifs</a> et aux cliniques de prévention pour les personnes à faible revenu ainsi que l’aménagement de lieux publics favorisant un mode de vie actif. Les autorités publiques doivent évaluer et lever les obstacles qui empêchent les membres de certains groupes d’adopter de saines habitudes de vie.</p>
<p>En matière de prévention, nous devons être ambitieux. L’avenir du système de santé et de notre santé individuelle en dépend.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212150/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stefanie Tremblay est financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Elle est affiliée à Dragonfly Mental Health, un organisme sans but lucratif qui milite en faveur d'une meilleure santé mentale dans le milieu universitaire.</span></em></p>
En encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.
Stefanie Tremblay, PhD candidate in medical physics, studying MRI biomarkers of declining brain health in aging, Concordia University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/210915
2023-08-29T16:28:40Z
2023-08-29T16:28:40Z
Pourquoi les tiques peuvent-elles être dangereuses ? Que faire si l’on est piqué ?
<p>En France, les tiques sont de plus en plus nombreuses, leur piqûre peut provoquer de graves maladies. Les tiques ne sont pas des insectes : elles possèdent en effet huit pattes (les insectes n’en ont que six). Il s’agit en fait d’arachnides, tout comme les araignées et les acariens. Elles se nourrissent de sang animal ou humain, on dit qu’elles sont « hématophages »</p>
<p>A ce jour il existe 869 espèces de tiques dans le monde. Une fois fixée à son hôte, elle prend un très long repas de son sang (plusieurs jours), puis se détache. Lors d’un repas, la tique peut atteindre jusqu’à 40 fois son volume. Quand elle pique, on le sent à peine, car elle injecte un peu de sa salive qui contient notamment des antidouleurs, anticoagulants et autres anti-inflammatoires. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=481&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=481&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=481&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542292/original/file-20230811-29-obhx38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cycle de vie de la tique Ixodes ricinus.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le cycle de vie d’une tique est composé de 3 stades : larves, nymphes et adultes, chaque stade prenant un repas sanguin avant de se métamorphoser dans le stade suivant. Les femelles pondent des œufs dans la nature. De ces œufs vont émerger des larves. Ensuite, les larves vont piquer un petit animal vertébré (un petit rongeur ou un oiseau par exemple) et là, elles vont prendre leur premier repas de sang.</p>
<p>Une fois que la larve a terminé de se nourrir, elle se détache, se laisse tomber au sol, et se transforme en nymphe. Ensuite, la nymphe va faire la même chose : attendre tranquillement un nouvel hôte (qui peut être un humain ou un autre animal), se nourrir de son sang pendant un long repas, puis se détacher et là, elle atteindra l’âge adulte, femelle ou mâle. Seule la femelle prendra un dernier repas (de la même manière sur un homme ou un autre animal) avant de pondre, et mourir. Le mâle lui meurt juste après la fécondation. Le cycle biologique des tiques est très long parce qu’elles peuvent attendre le passage de leur hôte pendant des mois, voire des années, en restant au sol !</p>
<h2>Quels sont les dangers lorsque l’on se fait piquer ?</h2>
<p>Au moment d’un repas, la tique se nourrit du sang d’un animal ou d’un homme qui peut contenir un virus ou une bactérie ou un parasite. Lors du repas suivant, cette tique s’accroche à un nouvel hôte et par le biais de sa salive lui transmet le microbe attrapé lors du précédent repas. Si on résume, la tique est « un vecteur » de microbes qui peut être responsables de maladie chez les animaux et chez les hommes. Ce sont d’excellents vecteurs de microbes, les meilleurs après les moustiques pour la santé humaine, et les meilleurs devant les moustiques pour la santé animale ! </p>
<p>Le repas d’une tique dure plusieurs heures, elles restent donc longtemps attachées à leur hôte, elles vont donc pouvoir « avaler » une grande quantité de microbes que porte sa victime. De même, son hôte peut se déplacer pendant son repas, elle parcourra donc plus de distance et pourra transmettre le microbe qu’elles portent sur une plus grande zone. Enfin la tique vivant entre 2 et 4 ans, elle aide à maintenir le microbe plus longtemps dans la nature.</p>
<p>La tique se nourrissant aussi bien de sang animal ou humain, elle est susceptible de transmettre des maladies animales ou humaines. En France, la principale maladie transmise aux Hommes par les tiques (Ixodes ricinus) est la maladie de Lyme (appelée aussi borréliose) qui provoque des atteintes cutanées, neurologiques et articulaires. </p>
<p>Comme maladie animale on trouve par exemple des maladies d’origine bactérienne Erhlichiose canine, Anaplasmose bovine, ou parasitaire, Piroplasmose canine, ou virale Louping ill chez le mouton.</p>
<h2>Comment s’en protéger ?</h2>
<p>En France, on trouve des tiques en forêt principalement, en été et en automne , mais également dans les prairies, le maquis, la garrigue, jusque dans les jardins selon les espèces de tiques. Pour éviter de se faire piquer par des tiques quand on se promène dans la forêt, il y a plusieurs solutions :</p>
<ul>
<li><p>éviter les vêtements courts comme le short, le t-shirt et les sandales sans chaussettes</p></li>
<li><p>préférer des vêtements qui protègent : pantalons tee-shirt à manches longues, chaussettes assez hautes, etc. </p></li>
<li><p>utiliser des produits répulsifs, comme pour les moustiques l’été. </p></li>
</ul>
<p>Après une promenade et pendant 2-3 jours, il faut vérifier que l’on n’a pas des tiques fixées (en train de piquer) sur notre corps (et/ou celui de nos animaux domestiques). </p>
<h2>Comment réagir si l’on est piqué ?</h2>
<p>En cas de présence d’une tique sur soi, il est préférable d’utiliser un tire-tique pour la retirer (disponible en pharmacie). Il suffit de le placer à la base de la tique, le tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (ou dans le sens des aiguilles d’une montre, mais toujours dans le même sens) et la tique se détache, c’est sans douleur. Il faut ensuite désinfecter la zone de piqûre. </p>
<p>En cas d’apparition d’érythème migrant (une plaque rouge inflammatoire qui apparaît autour du point de piqûre, avant de s’étendre progressivement) suite à une piqûre de tique il faut immédiatement consulter son médecin. Si vous voyez une tique sur votre animal, il faut aussi la retirer avec le tire-tique et désinfecter. </p>
<p>En tout cas, il est important de se rappeler que ce n’est pas parce qu’une tique vous pique que vous allez tomber malade, car toutes les tiques ne sont pas porteuses de microbes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210915/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sara Moutailler a reçu des financements de l'ANR, Labex IBEID, ANSES, INRAE, EnvA, Europe (H2020, Anihwa). </span></em></p>
Une morsure de tique peut provoquer des maladies, mais il est possible de s’en protéger ou de réagir rapidement pour limiter les dangers.
Sara Moutailler, Chercheuse en en Entomologie médicale et Virologie, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
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tag:theconversation.com,2011:article/208798
2023-07-02T16:12:25Z
2023-07-02T16:12:25Z
Connaissez-vous la SCAD, cet infarctus atypique qui touche les femmes jeunes ?
<p><em>On l’oublie trop souvent : les maladies cardiovasculaires sont la <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-01/Principales%20causes%20de%20d%C3%A9c%C3%A8s%20et%20de%20morbidite.pdf">première cause de décès chez les femmes</a>. Elles constituent en effet <a href="https://www.fedecardio.org/presse/coeur-des-francais-attention-danger/">plus de la moitié des victimes de ce type de maladies</a>. Dans le cas de la dissection spontanée de l’artère coronaire, une forme particulière d’infarctus, ce pourcentage grimpe encore, pour atteindre des proportions vertigineuses, puisque 9 malades sur 10 sont des femmes.</em></p>
<p><em>Directrice de recherche à l’Inserm, Nabila Bouatia-Naji a coordonné une étude internationale au Paris centre de recherche cardiovasculaire (PARCC) qui a permis d’identifier <a href="https://www.nature.com/articles/s41588-023-01410-1/">plusieurs facteurs génétiques associés à un risque plus élevé d’être frappée par la SCAD</a>. Elle nous présente les résultats de ces travaux, et leurs implications, en matière de prévention.</em></p>
<hr>
<p><strong>The Conversation : Avant tout, qu’est-ce que la dissection spontanée de l’artère coronaire, ou SCAD (de l’anglais <em>spontaneous coronary artery dissection</em>) ?</strong></p>
<p><strong>Nabila Bouatia-Naji :</strong> Cette maladie imprévisible affecte des patientes plutôt jeunes. Je dis « patientes » car, dans 90 % des cas, la SCAD touche des femmes. Sans que rien ne le laisse présager, leurs artères se déchirent subitement, un hématome se forme menant à un infarctus dont l’issue peut être fatale.</p>
<p>Ce qui est surprenant, c’est que les patientes ne correspondent pas au tableau clinique classique des infarctus. La SCAD se produit en effet majoritairement chez des femmes plutôt jeunes. Dans la cohorte française que nous avons étudiée, la moyenne d’âge des patientes se situait aux alentours de 44 ans, mais certaines étaient dans la vingtaine, d’autres, dans la trentaine, la cinquantaine…</p>
<p>Autre élément atypique : ces femmes ne semblent pas avoir de facteur de risque particulier, elles ont un taux de cholestérol normal, ont l’impression d’avoir une bonne hygiène de vie, sont souvent sportives, mangent équilibré… Et pourtant, elles ont fait un infarctus, un type d’événement cardiaque qui survient généralement après 70 ans…</p>
<p><strong>TC : La SCAD est-elle fréquente ? Survient-il suite à un événement particulier ?</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> Les estimations rétrospectives des cardiologues qui analysent les infarctus survenus chez des femmes de moins de 60 ans sans facteur de risque indiquent que 30 % des cas peuvent correspondre à des SCAD. Globalement, cette pathologie représenterait de 4 à 5 % des cas d’infarctus, hommes et femmes confondus, de tout âge.</p>
<p>On soupçonne que le stress ou la survenue d’un événement stressant pourraient être des éléments déclencheurs de la SCAD. Le problème est que l’on manque de données épidémiologiques. La maladie est mal connue, et sous-diagnostiquée, pour plusieurs raisons.</p>
<p>Tout d’abord, les infarctus féminins demeurent aujourd’hui encore moins bien détectés et pris en charge que ceux des hommes, notamment parce que <a href="https://www.fedecardio.org/wp-content/uploads/2021/03/FFC-Observatoire-du-coeur-04-coeur-et-femmes.pdf">leurs symptômes peuvent être différents chez les femmes</a>, ce qui peut amener à le confondre avec d’autres problèmes.</p>
<p>Une autre raison de la sous-estimation de la SCAD est que l’infarctus qu’elle provoque est généralement est considéré comme un infarctus « normal ». Pour faire la différence, il faut faire un examen d’imagerie appelé angiogramme, qui permet de visualiser les veines et les artères.</p>
<p><strong>TC : Que révèle cet examen ?</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> Que dans le cas d’un infarctus dû à une SCAD, l’artère n’a pas été bouchée par le détachement d’une plaque d’athérome, mais s’est déchirée, qu’il y a eu « dissection ».</p>
<p>La SCAD survient lorsqu’un hématome se forme dans la paroi de l’artère, et ne se résorbe pas rapidement. Cet hématome peut boucher la lumière de l’artère et/ou provoquer une déchirure spontanée de la paroi. C’est cela qui cause l’infarctus.</p>
<p><strong>TC : Vos dernières recherches ont révélé que le risque de la SCAD dépend de variations qui se situent dans de très nombreuses régions du génome. Pouvez-vous nous expliquer vos résultats ?</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> Concrètement, nous avons analysé l’ADN de patientes victimes de SCAD, et nous l’avons comparé avec celui de personnes non malades, pour détecter d’éventuelles différences.</p>
<p>L’étude internationale que nous avons coordonnée intègre huit études indépendantes. Elle a permis d’analyser l’ADN de près de 1900 patientes et de le comparer avec celui d’environ 9300 témoins. Nous avons ainsi pu atteindre une puissance analytique inédite dans le cadre de la SCAD.</p>
<p><strong>TC : Cette approche a permis d’identifier plusieurs variants génétiques associés à un risque de SCAD plus élevé.</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> Oui. Nous avons découvert que cette maladie est contrôlée par un très grand nombre de régions du génome (on parle de « loci »). Au niveau de chacune de ces régions, il existe une variabilité dans la séquence (l’enchaînement) des bases qui constituent l’ADN : un individu peut avoir une version de cette séquence, tandis qu’un autre aura une version légèrement différente.</p>
<p>L’ensemble des loci associés au risque de SCAD ne sont pas tous systématiquement présents chez les sujets qui ont été victimes de la maladie : diverses combinaisons peuvent exister. En revanche, tous les loci que nous avons identifiés sont statistiquement davantage présents chez les patientes qui ont fait une SCAD.</p>
<p>Parmi tous les loci que nous avons trouvé associés à un risque plus élevé de SCAD, nous en avons étudié en profondeur 16, qui constituent à eux seuls un quart de l’ensemble des facteurs génétiques impliqués dans la SCAD (ce qui est remarquable pour une telle maladie).</p>
<p><strong>TC : Ces loci avaient-ils déjà pu être reliés à d’autres pathologies ?</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> Oui, la majorité d’entre eux avait déjà été impliquée dans d’autres maladies : maladies cérébro-vasculaires, infarctus du myocarde classique, etc.</p>
<p>La plupart sont impliqués dans la production de molécules impliquées dans la matrice extracellulaire, autrement dit le ciment qui fait la solidité de l’artère. Cela semble cohérent avec les observations, puisque la maladie consiste en une déchirure spontanée de l’artère.</p>
<p>Plus intéressant encore : l’un de ces loci, associé uniquement avec la SCAD, est situé à proximité d’un gène appelé F3, impliqué dans la production d’une molécule, le « facteur tissulaire », qui intervient dans la coagulation du sang. Il semblerait que le variant de ce locus qui est associé avec le risque de SCAD contrôle l’expression du gène F3. Chez les personnes qui possèdent ce variant, la production de facteur tissulaire est moindre.</p>
<p><strong>TC : Quelles pourraient-être les conséquences de cette diminution de production de ce facteur de coagulation ?</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> Le facteur tissulaire a pour rôle de résorber les hématomes à l’intérieur des tissus (il n’intervient pas dans la coagulation « classique », en cas de coupure par exemple).</p>
<p>Il faut savoir que de petites blessures peuvent se produisent parfois de façon spontanée dans les artères. L’hypothèse que nos résultats soutiennent est que si le facteur tissulaire est produit en quantité moindre, ces petits hématomes ne se résorbent pas correctement.</p>
<p>Ils peuvent au contraire se développer, et pousser la paroi de l’artère vers la lumière (le milieu du conduit artériel) jusqu’à la boucher, ce qui pourrait être à l’origine de sa déchirure. Précisons que nous n’avons pas identifié pour le moment d’autres facteurs de coagulation impliqués dans la SCAD.</p>
<p>Pour confirmer cette hypothèse d’implication du gène F3, nous sommes en train de développer des modèles cellulaires et animaux.</p>
<p><strong>TC : Pour l’heure, est-ce que ces résultats ont déjà des implications en matière de prévention ?</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> On connaît déjà les facteurs de risque d’infarctus « classiques ». En les comparant avec les facteurs de risque associés à la SCAD, on peut déterminer lesquels sont spécifiques de la maladie.</p>
<p>Nos investigations génétiques ont révélé que le taux de cholestérol, qu’il soit plus élevé ou plus bas que la moyenne, n’est pas un facteur de risque. Le surpoids ou le diabète n’en sont pas non plus.</p>
<p>En revanche, le fait d’avoir une pression artérielle un peu plus élevée de la moyenne est un facteur de risque de la SCAD, et ce, sans même atteindre des niveaux correspondant à une hypertension.</p>
<p>Ce critère pouvant être contrôlé facilement, nos résultats soutiennent la pertinence de surveiller systématiquement la pression artérielle des patientes à risque, en premier lieu, celles ayant déjà fait une SCAD.</p>
<p>Tout le problème consiste à parvenir à les identifier, car la SCAD peut affecter des femmes aux profils très différents, souvent jeunes, qui ne font généralement pas surveiller leur cœur. Elles peuvent donc passer à travers les filtres de dépistage. Sans compter que même au sein de sa propre famille, on ne connaît pas forcément les antécédents de ses proches.</p>
<p><strong>TC : Quelles sont les autres grandes questions qui restent en suspens ?</strong></p>
<p><strong>N. B.-N. :</strong> Une prochaine étape sera de déterminer si les effets des loci que nous avons identifiés peuvent se cumuler (ils n’ont pour l’instant été étudiés qu’individuellement). Il faudra aussi déterminer comment ils interagissent avec des facteurs environnementaux : des patientes porteuses de ces loci qui ont un certain mode de vie auront-elles un risque de SCAD accru par rapport à celles qui auront le même profil génétique, mais un mode de vie différent ?</p>
<p>Une autre question importante est celle de la récidive. Pour des raisons que l’on ignore (changement de mode de vie après l’infarctus ? Compensation qui se met en place après le premier épisode ?), la majorité des femmes « à risque » ne subiront qu’un épisode de SCAD au cours de leur vie. En revanche, un peu moins de 10 % des patientes seront victimes de plusieurs infarctus. Ce risque de récidive est évidemment une source de stress psychologique importante pour les patientes. Or pour l’instant on ne sait pas l’estimer.</p>
<p>Notre objectif est d’en apprendre suffisamment sur la maladie et ses causes pour parvenir à un niveau de prévention similaire à celui mis en place pour lutter contre le cancer du sein, pour lequel on sait aujourd’hui définir un niveau de risque, ce qui permet aux femmes de prendre conscience de leurs éventuelles prédispositions et de se surveiller plus efficacement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208798/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nabila Bouatia-Naji a reçu des financements de du programme d'excellence European Research Council de la commission Européenne, de la société française de cardiologie via les fondations Coeur et Recherche et la fédération Française de cardiologie et de l'agence nationale pour la recherche. </span></em></p>
La dissection spontanée de l’artère coronaire touche des femmes plutôt jeunes et en bonne santé. Mal connue, elle est difficile à prévenir, mais une nouvelle étude génétique pourrait changer la donne.
Nabila Bouatia-Naji, Directrice de recherche, Inserm
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/208678
2023-06-28T20:06:51Z
2023-06-28T20:06:51Z
Podcast « Zootopique » : Des maladies qui s’acclimatent ?
<iframe src="https://embed.acast.com/7f7f5b1b-ba8f-4be1-833e-f8c62a47f850/64944f3c7e0c0d0010ec50bd" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>« Zootopique » est une série de podcasts réalisés en partenariat avec l’Anses (Agence nationale sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui interroge nos relations avec les animaux au prisme de la santé. Après une première saison portant sur des thèmes aussi variés que le déclin des abeilles ou les maladies portées par les moustiques et les tiques, nous vous proposons une deuxième saison.</p>
<p>Pour ce dernier épisode de la saison, intéressons-nous à ces maladies tropicales qui finissent par s’acclimater et se développer sur notre territoire en raison du changement climatique. Par exemple, en 2022, 65 cas de dengue autochtones ont été enregistrés dans le sud de la France.</p>
<p>D’autres maladies humaines ou animales émergeront à l’avenir. Alors, de quelles maladies parle-t-on ? Le changement climatique est-il vraiment l’unique facteur en cause ? Comment faire face à ces nouvelles menaces ?</p>
<p>Avec Stéphan Zientara, vétérinaire et virologiste, directeur de l’unité mixte de recherche Anses-Inrae-Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort et Éric Cardinale, vétérinaire spécialisé dans les domaines de la microbiologie et de l’épidémiologie, directeur adjoint de l’Unité mixte de recherche ASTRE Cirad-Inrae.</p>
<hr>
<p><em>Crédits : Conception : Anses et The Conversation France. Réalisation : <a href="https://www.moustic-studio.com/">Moustic Studio</a>. Animation : Benoît Tonson.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208678/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
En raison du changement climatique et des comportements humains, certaines maladies, comme la dengue, pourraient devenir un problème en France métropolitaine.
Benoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation France
Éric Cardinale, Vétérinaire spécialisé dans les domaines de la microbiologie et de l’épidémiologie,, Cirad
Stéphan Zientara, Vétérinaire et virologiste, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
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tag:theconversation.com,2011:article/205467
2023-06-15T20:14:08Z
2023-06-15T20:14:08Z
Baignade dans des eaux glacés et douches froides : est-ce bénéfique ou dangereux ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531392/original/file-20230612-19-qu0156.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">On prête des vertus thérapeutiques aux baignades dans les eaux glacées, aux douches froides ou aux bains glacés. Mais qu'en dit la science? </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://bjsm.bmj.com/content/44/6/461">L’immersion dans l’eau froide</a> est une activité qui divise les gens. Certains l’adorent, d’autres la détestent. Mais nombreux sont ceux qui la pratiquent aujourd’hui chaque semaine, voire chaque jour, convaincus de ses bienfaits pour leur santé mentale et physique.</p>
<p>La thérapie par l’eau froide, comme on l’appelle présentement, peut prendre la forme d’une baignade en plein air — dans des lacs, des rivières ou l’océan —, de douches froides ou même de bains glacés. Elle est utilisée depuis un certain temps par les <a href="https://theconversation.com/ice-bath-after-exercise-the-benefits-might-be-in-your-head-33597">sportifs</a> <a href="https://www.today.com/health/ice-bath-benefits-why-do-athletes-take-ice-baths-do-t191381">comme une façon de</a> <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17461391.2011.570380">réduire les douleurs musculaires</a> et d’accélérer le temps de <a href="https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/s40279-015-0431-7.pdf">récupération</a>, en passant généralement une dizaine de minutes après l’effort dans une eau froide d’environ <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5350472/">10 à 15 °C</a>.</p>
<p>L’eau froide a également été utilisée pour aider à traiter les <a href="https://casereports.bmj.com/content/2018/bcr-2018-225007">symptômes de la dépression</a>, la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35021915/#:%7E:text=Conclusions%3A%20Cold%2Dwater%20immersion%20decreased,increase%20the%20quality%20of%20life.">douleur</a> et les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1697736/">migraines</a>. En effet, de nombreux témoignages montrent que la <a href="https://www.ft.com/content/52a91abf-7b2d-4026-8944-4028333e1aa7">thérapie par l’eau froide</a> a changé des vies, <a href="https://www.theguardian.com/news/2021/mar/23/how-cold-water-swimming-cured-my-broken-heart">guéri des cœurs brisés</a> et aidé dans des <a href="https://www.walesonline.co.uk/news/health/ice-bath-cold-water-swimming-26539194">moments difficiles</a>.</p>
<p>Alors que <a href="https://theconversation.com/ice-bath-after-exercise-the-benefits-might-be-in-your-head-33597">plusieurs études</a> ont démontré les bienfaits des bains de glace et de la récupération post-exercice, une recherche de 2014 a révélé qu’il pourrait s’agir d’un effet placebo.</p>
<p>Il est vrai que la recherche sur les avantages potentiels de la thérapie par l’eau froide ou de la natation en plein air n’en est qu’à ses débuts, mais ce qui est clair, c’est que l’immersion en eau froide peut avoir des <a href="https://journals.lww.com/acsm-csmr/Fulltext/2021/11000/ACSM_Expert_Consensus_Statement__Injury_Prevention.11.aspx">conséquences possiblement néfastes</a> sur le corps humain.</p>
<h2>Risques liés à l’eau froide</h2>
<p>Pour toute activité à visée thérapeutique, l’exigence minimale est qu’elle « ne fasse pas de mal ». Or, on ne peut pas dire cela de l’eau froide, car elle comporte de nombreux <a href="https://bjsm.bmj.com/content/56/23/1332">risques</a>.</p>
<p>À l’heure actuelle, nous ne disposons pas des données scientifiques requises pour <a href="https://www.scottishdailyexpress.co.uk/lifestyle/health/study-suggests-cold-water-swimming-28060941">appuyer pleinement l’utilisation de l’eau froide en tant que thérapie</a> et nous ignorons toujours s’il existe une durée ou une température particulière qui donne les meilleurs résultats. Mais ce que nous savons, c’est que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7730683/">moins c’est vraiment mieux</a> lorsqu’il s’agit d’immersion dans l’eau froide. En d’autres termes, plonger dans une eau plus froide ou y rester plus longtemps n’est pas nécessairement meilleur pour vous. En fait, cela peut avoir l’effet inverse.</p>
<p>Au Royaume-Uni, la température de l’eau dans les milieux naturels se situe approximativement entre 10 et 28 °C en été, et tombe entre 0 et 7 °C en hiver. Il est important de souligner que les températures des étendues d’eau libre sont inférieures à celles de l’air. Ainsi, en avril, lorsque la température de l’air peut être élevée, celle de l’eau, même sur la côte sud, est susceptible d’être inférieure à 10 °C.</p>
<p>On pourrait penser que les douches et les bains constituent une option moins dangereuse dans le cadre d’une thérapie par l’eau froide, parce que vous pouvez mieux gérer la température et le temps d’exposition que dans l’eau libre. Mais les douches et les bains glacés, en raison des températures plus froides auxquelles ils peuvent atteindre et de la nature solitaire de l’immersion, présentent toujours des risques importants.</p>
<p>L’un des problèmes peu connus liés à l’immersion dans l’eau froide est ce que l’on appelle les <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1113/EP091139">lésions dues au froid sans congélation</a>. Lors d’une exposition au froid, il est normal que les mains et les pieds soient très froids ou engourdis et qu’ils picotent ou soient douloureux quand on les réchauffe. Pour la plupart des gens, ces manifestations sont transitoires et les sensations normales reviennent en quelques minutes. Mais pour ceux souffrant de lésions dues au froid sans congélation, ces symptômes (douleur, altération de la sensation et sensibilité au froid) peuvent persister dans les zones touchées pendant de nombreuses années en raison des atteintes <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28969380/">nerveuses</a> et des <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1113/EP090721">vaisseaux sanguins</a>.</p>
<p>Elle est causée par une exposition prolongée au froid et à l’humidité, comme dans les tranchées pendant les guerres, d’où son surnom de « pied des tranchées ». Les militaires ne sont pas les seuls à être vulnérables : des cas ont été <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1080603220300089?via%3Dihub">récemment signalés</a> chez des sans-abri et des personnes pratiquant des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1080603222000497?via%3Dihub">sports nautiques</a>.</p>
<p>Un autre problème est que l’on ne sait pas jusqu’à quel point la température est trop froide lorsqu’il s’agit d’immersion dans l’eau froide et de lésions causées par le froid sans congélation. Il existe également de nombreuses différences dans la manière dont chaque corps <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23328940.2022.2044740">réagit au refroidissement</a>. Par exemple, les personnes d’origine africaine et caribéenne semblent plus <a href="https://militaryhealth.bmj.com/content/165/6/400.long">sensibles aux lésions dues au froid sans congélation</a> ; les risques liés à l’exposition au froid varient donc d’un individu à l’autre.</p>
<p>Il est toutefois encourageant de constater qu’une étude réalisée en 2020 sur des nageurs en eau froide révèle que, bien qu’ils puissent présenter une sensibilité au froid, celle-ci n’est pas associée à des lésions des <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1113/EP088555">vaisseaux sanguins de la peau</a>.</p>
<h2>Conseils relatifs à l’eau froide</h2>
<p>Si vous souhaitez essayer la thérapie par l’eau froide, voici quelques éléments à prendre en compte :</p>
<ul>
<li><p>Consultez votre médecin généraliste au préalable pour vous assurer que vous pouvez pratiquer cette activité en toute sécurité ;</p></li>
<li><p>Assurez-vous que vous n’êtes pas seul et que l’étendue d’eau ne présente aucun danger ; si vous êtes à l’extérieur, tenez compte des marées, des courants, des vagues, des obstacles sous-marins, de la pollution et des méduses ;</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="Garçon ou homme avec les yeux fermés se baignant dans l’eau froide parmi les glaçons" src="https://images.theconversation.com/files/525149/original/file-20230509-16-v7ddvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525149/original/file-20230509-16-v7ddvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525149/original/file-20230509-16-v7ddvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525149/original/file-20230509-16-v7ddvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525149/original/file-20230509-16-v7ddvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525149/original/file-20230509-16-v7ddvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525149/original/file-20230509-16-v7ddvj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Soyez toujours prudent lorsque vous vous immergez dans l’eau froide, ne restez pas trop longtemps et ménagez-vous par la suite.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/vilnius-lithuania-april-30-2022-boy-2151783209">(Shutterstock)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>Prévoyez comment vous allez entrer et sortir de l’eau en toute sécurité (n’oubliez pas que vos muscles ne fonctionnent pas aussi bien lorsque vous avez froid, et que vous ne serez peut-être pas en mesure de sentir vos mains et vos pieds) ;</p></li>
<li><p>Sachez comment vous allez vous réchauffer après l’effort ; assurez-vous d’avoir des serviettes, des vêtements secs, un coupe-vent, une boisson chaude et un endroit où vous abriter. Ne conduisez pas et ne roulez pas à vélo tant que vous n’êtes pas complètement réchauffé ;</p></li>
<li><p>Ne restez dans l’eau froide que pendant une courte période et sortez avant de ressentir des engourdissements, des douleurs ou des frissons.</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/205467/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
La thérapie par l’eau froide est en vogue pour soigner dépression, courbatures ou douleur. Mais est-ce vraiment efficace et surtout, sécuritaire ?
Heather Massey, Senior Lecturer, Faculty of Science & Health, School of Sport, Health & Exercise Science, University of Portsmouth
Clare Eglin, Principal Lecturer in the School of Sport, Health, and Exercise Science, University of Portsmouth
Mike Tipton, Professor of Human and Applied Physiology, University of Portsmouth
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tag:theconversation.com,2011:article/207657
2023-06-14T16:41:09Z
2023-06-14T16:41:09Z
Podcast « Zootopique » : La résistance aux antibiotiques, une pandémie silencieuse
<iframe src="https://embed.acast.com/7f7f5b1b-ba8f-4be1-833e-f8c62a47f850/64882c1d373c810011a63dd5" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>« Zootopique » est une série de podcasts réalisés en partenariat avec l’Anses (Agence nationale sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui interroge nos relations avec les animaux au prisme de la santé. Après une première saison portant sur des thèmes aussi variés que le déclin des abeilles ou les maladies portées par les moustiques et les tiques, nous vous proposons une deuxième saison.</p>
<p>Pour ce troisième épisode, Jean‑Yves Madec, directeur scientifique de l’axe antibiorésistance de l’Anses et Claire Harpet, anthropologue de la santé, ingénieur recherche à l’Université Lyon 3 nous éclairent sur un phénomène inquiétant : l’antibiorésistance. C’est le phénomène qui décrit la résistance des bactéries aux antibiotiques. En faisant reculer de nombreuses maladies bactériennes, les antibiotiques ont transformé les médecines humaine et animale. Mais leur utilisation s’est accompagnée de l’émergence de souches résistantes qui menacent aujourd’hui notre santé. Selon l’OMS, l’antibiorésistance sera à l’origine de 10 millions de morts par an dans le monde, à l’horizon 2050.</p>
<p>Demain, pourrons-nous toujours nous soigner ? Des infections banales pourront-elles devenir de graves menaces ? Est-il possible de lutter contre ce phénomène ?</p>
<hr>
<p><em>Crédits : Conception : Anses et The Conversation France. Réalisation : <a href="https://www.moustic-studio.com/">Moustic Studio</a>. Animation : Benoît Tonson.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207657/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
L’antibiorésistance ou quand les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques. Un problème majeur de santé publique décortiqué dans ce podcast.
Benoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation France
Claire Harpet, Ingénieure de Recherche, Dr en Anthropologie, Université Jean-Moulin Lyon 3
Jean-Yves Madec, Directeur Scientifique Antibiorésistance de l'ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
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tag:theconversation.com,2011:article/199932
2023-03-31T14:06:34Z
2023-03-31T14:06:34Z
L’alimentation est importante dans la prévention du cancer, et aussi dans son pronostic
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/516793/original/file-20230321-1995-1s631g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=45%2C0%2C5114%2C3391&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il n'existe pas d'aliments miracles qui guérissent ou préviennent le cancer. Mais une saine alimentation contribue à un meilleur diagnostic.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Des millions de personnes reçoivent un diagnostic de cancer chaque année. <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/cancer">Il s’agit de l’une des premières causes de mortalité dans le monde</a>. Voilà pourquoi la prévention et le traitement de la maladie sont essentiels. </p>
<p>Ainsi, une bonne alimentation, un mode de vie actif, l’arrêt du tabagisme ou une réduction de la consommation d’alcool sont des facteurs qui <a href="https://www.wcrf.org/diet-activity-and-cancer/cancer-prevention-recommendations/about-our-cancer-prevention-recommendations/">réduisent le risque de développer un cancer et améliorent son pronostic</a>.</p>
<p>Une alimentation saine est d’une grande importance pour la prévention de nombreux types de cancer. Cependant, il n’existe pas d’aliments miracles qui guérissent ou préviennent le cancer ni d’ingrédients qui le provoquent directement : ce sont nos habitudes alimentaires dans leur ensemble qui réduisent ou augmentent la probabilité de développer la maladie.</p>
<p>Dans cet article, vous constaterez que, de manière générale, les expressions utilisées pour formuler des recommandations sur l’alimentation et le cancer sont au conditionnel. Les mots « semble » ou « pourrait » sont constamment répétés. Cela s’explique par le fait que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats et connaître l’impact réel de l’alimentation.</p>
<h2>Quelques pistes pour élaborer un menu anti-cancer</h2>
<p>Tout d’abord, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0026049518302324?via%3Dihub">il est important de maintenir un poids sain</a> :</p>
<p>le surpoids est associé à un risque accru de cancer de la thyroïde, de l’œsophage, du foie, de la vésicule biliaire, du côlon, des reins, du sein, de l’endomètre ou de la prostate. Le surplus de graisse semble également favoriser la formation de métastases, comme pour le cancer du poumon.</p>
<p>Certains aliments <a href="https://www.wcrf.org/diet-activity-and-cancer/cancer-prevention-recommendations/about-our-cancer-prevention-recommendations/">aident à le prévenir</a>, notamment ceux <a href="https://theconversation.com/voici-trois-bonnes-raisons-de-consommer-des-proteines-dorigine-vegetale-176097">riche en fibres</a> (fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes). La présence fréquente de ces aliments au menu est également associée à un risque plus faible d’obésité. </p>
<p>Plus en détail, la <a href="https://theconversation.com/debemos-comer-mas-alimentos-de-origen-vegetal-si-pero-no-vale-cualquiera-197035">consommation de fruits et de légumes</a> réduit les risques de développer plusieurs types de cancer, tels que le cancer de la bouche et de l’œsophage, tandis que les céréales à grains entiers peuvent contribuer à prévenir le cancer colorectal. Outre les fibres, ces aliments contiennent des antioxydants qui peuvent également protéger l’organisme.</p>
<p>En outre, il est conseillé de <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/8/2345">limiter la consommation d’aliments riches en gras de mauvaise qualité</a> (gras saturés et gras trans), en amidons et en sucre. C’est le cas des aliments ultra-transformés (boissons énergisantes, pizzas industrielles, frites, etc.) et des viandes rouges et transformées (saucisses, saucissons, etc.), qui sont associés à un risque accru de cancer, en particulier colorectal.</p>
<p>En ce qui concerne les différents types de régimes, celui qui fait l’unanimité pour ses bienfaits est le <a href="https://www.nature.com/articles/s41568-019-0227-4">régime méditerranéen</a>, qui semble réduire les risques de développer un cancer du sein ou du côlon. Il se caractérise par l’utilisation d’huile d’olive vierge comme principale source de graisse, une consommation élevée de légumes, de fruits, de céréales à grains entiers, de noix et de légumineuses, une consommation modérée de poisson et de produits laitiers et une faible consommation de viande rouge ou transformée. </p>
<hr>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-diete-mediterraneenne-ameliore-la-sante-intestinale-et-permet-de-mieux-vieillir-132054">La diète méditerranéenne améliore la santé intestinale et permet de mieux vieillir</a>
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</p>
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<p>En revanche, un régime alimentaire avec une forte consommation de viande rouge et transformée, de boissons sucrées, d’hydrates de carbone raffinés et d’aliments ultra-transformés <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/8/2345">augmenterait la probabilité de développer certains cancers</a>. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507589/original/file-20230201-8622-bz77s1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le régime méditerranéen semble réduire les risques de cancer du sein et du côlon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/balanced-nutrition-concept-dash-clean-eating-1532929409">Antonina Vlasova/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le régime alimentaire ne guérit pas, mais il améliore la qualité de vie du patient</h2>
<p>Une alimentation équilibrée permettrait donc de réduire le risque de développer un cancer. <a href="https://www.cancer.org/treatment/survivorship-during-and-after-treatment/coping/nutrition/benefits.html">Une fois la maladie apparue</a>, elle peut, en association avec un traitement médical approprié, contribuer à améliorer le pronostic et la qualité de vie du patient. En outre, elle peut contribuer à atténuer certains effets secondaires des traitements et à réduire le risque d’infections.</p>
<p>Il est fréquent que les patients atteints de cancer souffrent de malnutrition en raison des traitements et de l’évolution de la maladie elle-même. Or, il est très important de couvrir les besoins en énergie et surtout en protéines des patients, afin d’améliorer leur pronostic.</p>
<p>Les protéines contribuent à réparer des tissus qui, chez les patients atteints de cancer, peuvent être gravement endommagés par la chirurgie, la chimiothérapie ou la radiothérapie. Les œufs, les produits laitiers, le poisson, la volaille et les légumineuses sont de bonne source de protéines. </p>
<p>Ces processus de réparation nécessitent également un surplus d’énergie. Lorsque l’apport nécessaire ne peut être atteint, par exemple en raison d’un manque d’appétit, le régime doit inclure des aliments à forte densité énergétique, tels que des fruits secs ou des smoothies. Les céréales complètes peuvent même être substituées aux céréales raffinées en raison de leurs fibres.</p>
<p>Le régime doit ainsi être adapté à l’individu, à ses besoins et à son état. Chez les patients souffrant de nausées et de vomissements, les aliments froids et légers tels que les purées de fruits froides, les yaourts ou les salades de pâtes ou de riz sont généralement bien tolérés. Si le patient éprouve des difficultés à avaler, il peut être utile de réduire les aliments en purée et d’ajouter des épaississants et des gélifiants pour améliorer la texture.</p>
<p>Enfin, il convient de rappeler que si l’alimentation ne guérit pas le cancer, elle en améliore le pronostic et contribue à sa prévention, de sorte que l’investissement dans la recherche doit être une priorité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199932/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
L’alimentation ne guérit pas le cancer, mais elle en améliore le pronostic et contribue à sa prévention.
Saioa Gómez Zorita, Profesora en la Universidad del País Vasco. Investigadora del grupo Nutrición y Obesidad del Centro de Investigación Biomédica en Red de la Fisiopatología de la Obesidad y Nutrición (CiberObn) y del Instituto de Investigación Sanitaria Bioaraba, Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea
Maitane González Arceo, Estudiante predoctoral, Grupo Nutrición y Obesidad, Universidad del País Vasco/Euskal Herriko Univertsitatea, Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea
María Puy Portillo, Catedrática de Nutrición. Centro de Investigación Biomédica en Red de la Fisiopatología de la Obesidad y Nutrición (CIBERobn), Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea
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2023-03-30T19:24:03Z
2023-03-30T19:24:03Z
Troubles psychosomatiques : qu’en dit la science ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/518470/original/file-20230330-27-do9hn8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C5991%2C3970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les transformations physiques du maire du Havre Édouard Philippe (ici en dédicace en juin 2021) ont fait l’objet de nombreuses spéculations, y compris concernant l’implication éventuelle du stress.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2021-06-29_13-04-17_-_Fontainebleau_-_%C3%89douard_Philippe_s%C3%A9ance_d%C3%A9dicace.jpg">Wikimedia Commons / Baidax</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Récemment, l’ancien premier ministre Édouard Philippe s’interrogeait sur les possibles <a href="https://www.bfmtv.com/politique/c-est-une-histoire-de-poils-edouard-philippe-revient-sur-son-alopecie-et-son-evolution-physique_AN-202302020679.html">effets du stress sur l’évolution singulière de sa pilosité</a>. Se pourrait-il qu’une telle modification d’apparence soit effectivement la trace des effets de l’esprit sur le corps ? Autrement dit, un trouble psychosomatique ?</p>
<p>Si, au cours des années 1960 à 1970, cette notion a connu une fortune à la fois scientifique et populaire, elle est aujourd’hui tombée dans une relative désuétude.</p>
<p>Où en est actuellement la science sur cette question ? Et quelles sont, ou devraient être, les conséquences des connaissances actuelles sur la prise en charge médicale de tels troubles ?</p>
<h2>Un concept ancien</h2>
<p>Sorti sur les écrans en 1980, le film d’Alain Resnais <em>Mon oncle d’Amérique</em> constitue une bonne illustration d’une époque où de nombreuses maladies étaient imputées au « stress ».</p>
<p>On y voit notamment le personnage incarné par l’acteur Gérard Depardieu se heurter, après une ascension sociale fulgurante, à des obstacles aux effets dévastateurs sur sa santé psychique et physique, tandis que le biologiste Henri Laborit commente les effets du stress sur l’état physique, à partir d’expériences conduites sur des rats de laboratoire.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/zE6FZjiqwtc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bande-annonce du film <em>Mon Oncle d’Amérique</em>, d’Alain Resnais (1980).</span></figcaption>
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<p>Le stress, un concept forgé par Hans Selye trois décennies auparavant, expliquait alors maladies de peau, hypertension artérielle et maladies cardiaques, ulcère gastroduodénal et maladies digestives, voire, pour certains, le cancer. Des raisons psychologiques étaient donc censées être la cause de nombreuses affections, dont la responsabilité incombait finalement au sujet lui-même, stressé qu’il était…</p>
<p>La découverte que l’ulcère gastroduodénal était dû non à l’effet du stress, mais à la présence d’une bactérie présente dans l’estomac, <em>Helicobacter pylori</em>, et pouvait donc être bien mieux traité par antibiotique que « par la parole », ébranla fortement ce discours. Finalement, les causes biologique, environnementale et/ou génétique prenaient le pas sur la cause psychologique.</p>
<p>Cependant, ce recul du psychologique ne réglait pas deux problèmes majeurs. Sur le plan théorique d’abord : disqualifier une cause psychologique pour la remplacer par une cause biologique témoignait en réalité d’un dualisme d’un autre âge, traçant une frontière artificielle et illusoire entre l’esprit et le corps.</p>
<p>Sur le plan pratique ensuite : aujourd’hui comme hier, au moins un tiers des personnes qui consultent un médecin généraliste ou un spécialiste présentent des symptômes bien réels, <a href="https://academic.oup.com/brain/article/132/10/2878/333395">qui ne sont pas explicables médicalement</a>.</p>
<h2>Vie de l’esprit et vie du corps sont liées</h2>
<p>Les états émotionnels, qui constituent d’abord des états physiques avant d’être des sentiments, ont un impact sur la régulation de nombreux systèmes, comme le développe le neurologue Antonio Damasio dans ses célèbres ouvrages <em>L’erreur de Descartes</em> et <em>Spinoza avait raison</em>. En 1884 déjà, le psychologue britannique William James abordait cette notion dans un article intitulé <a href="https://www.jstor.org/stable/2246769"><em>What is an emotion ?</em></a>.</p>
<p>De fait, les facteurs psychologiques semblent jouer un rôle, encore mal compris, mais <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2021.635708/full">objectivable par des études épidémiologiques</a>, dans la décompensation de maladies chroniques, les poussées inflammatoires, ou la modulation immunitaire.</p>
<p>Ainsi, des travaux ont permis de constater que la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10552-009-9449-1">dépression multipliait par deux le risque de tous les cancers et par quatre le risque de cancer du sein</a>. Une méta-analyse récente souligne aussi que le diagnostic clinique de <a href="https://www.nature.com/articles/s41380-019-0595-x">dépression et d’anxiété est associé à un risque accru de survenue du cancer</a>.</p>
<p>Attention cependant : il est important de souligner que le champ disciplinaire étudiant l’impact des facteurs psychologiques s’expose à des <a href="https://fad.univ-lorraine.fr/pluginfile.php/23863/mod_resource/content/2/co/Biais_Confusion.html">biais de confusion</a>. Autrement dit, une association n’est pas un lien de causalité. Dans le cas de la dépression, l’augmentation du risque de cancer pourrait par exemple ne pas être directement liée à la maladie, mais plutôt résulter du fait que les personnes dépressives font moins de cas que les autres de leur santé, et prêtent moins d’attention à leurs symptômes ou suivent moins assidûment les recommandations en matière de dépistage du cancer.</p>
<p>Lever ce type de biais est du ressort de l’épidémiologie, d’un côté, et de la recherche fondamentale, de l’autre.</p>
<h2>Des troubles inexpliqués</h2>
<p>Il persiste aujourd’hui encore des patients dont les troubles sont « médicalement inexpliqués ». Chez ces personnes, non seulement l’ensemble des explorations biologiques, fonctionnelles ou d’imagerie sont normales, mais de plus il n’existe pas d’hypothèse dysfonctionnelle valable. Par exemple, un tremblement qui touche tantôt un bras, tantôt une jambe, qui disparaît lorsque l’attention est détournée et dont la fréquence varie en fonction des mouvements, ne peut pas relever d’une altération propre des circuits moteurs. Un lien avec le monitoring des ressources attentionnelles avait déjà été <a href="https://academic.oup.com/brain/article/143/2/393/5732976">soupçonné voici plus d’un siècle par le psychologue Pierre Janet</a>.</p>
<p>« Médicalement inexpliqué » ne signifie donc pas que la médecine est impuissante à identifier correctement les symptômes, mais que les connaissances physiologiques actuelles ne permettent pas d’en expliquer les manifestations.</p>
<p>En effet, et contrairement à une vision trop répandue (y compris chez les médecins), face à ce type de troubles, le diagnostic n’est pas un diagnostic d’élimination. Le médecin ne prescrit pas toutes les explorations possibles avant de retenir comme explication finale « c’est donc dans la tête », quand tous les résultats reviennent négatifs. Au contraire, il s’agit d’établir un diagnostic positif, au sens où des arguments solides permettent de retenir l’absence de facteur organique lésionnel.</p>
<p>Il faut toutefois se garder, alors, de revenir à un dualisme qui séparerait d’un côté les maladies « organiques », trouvant leur origine dans des dysfonctionnements physiques clairs, et de l’autre des maladies fonctionnelles « psychogènes », qui seraient générées par le psychisme.</p>
<p>Non seulement parce que cette vision dualiste fait des patients les « auteurs de leur propre infortune », pour paraphraser le titre de l’ouvrage d’Angela Kennedy, activiste de la santé (<a href="https://me-pedia.org/wiki/Authors_of_our_Own_Misfortune%3F_The_Problems_with_Psychogenic_Explanations_for_Physical_Illnesses">« Authors of our own misfortune »</a>). Mais aussi parce qu’elle revient à ignorer que des facteurs psychologiques sont également inscrits dans nos structures neuronales.</p>
<h2>Des troubles mis en évidence par imagerie</h2>
<p>« C’est dans la tête » ne signifie pas que la plainte clinique est imaginaire, inventée ou simulée. En effet, l’imagerie cérébrale fonctionnelle est capable de mettre en évidence des modifications dans les activations des neurones sous l’effet de certains contextes. Les troubles fonctionnels sont donc bien associés à des anomalies dans des réseaux spécifiques.</p>
<p>C’est le cas, par exemple, d’un patient atteint d’une paralysie fonctionnelle présentant une limitation de la capacité d’être l’acteur de ses propres actions, du fait d’une moindre connectivité des zones d’intégration de l’information avec les <a href="https://www.nature.com/articles/s41582-022-00765-z">aires motrices et sensorielles du cerveau</a>. Or, le cerveau d’une personne qui simule ne présente de telles modifications.</p>
<p>Cette moindre connectivité pourrait peut-être résulter d’anomalies dans le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022399915005693">système de régulation des émotions</a>.</p>
<p>Autre exemple : voici quelques années, un homme de 29 ans avait été admis dans un état alarmant aux urgences d’un hôpital nord-américain après avoir avalé le contenu d’une boîte de médicaments antidépresseurs qu’il prenait dans le cadre d’un essai thérapeutique. Une tension artérielle très basse, des troubles de la respiration, des tremblements diffus avaient conduit l’équipe médicale à mettre en place une solution de remplissage intraveineuse.</p>
<p>Contacté en urgence, le laboratoire avait consenti à une levée d’aveugle, qui permettait de déterminer le bras dans lequel se trouvait le sujet. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0163834307000114?via%3Dihub">Résultat : il avait pris le placebo</a>. Ses symptômes pouvaient donc être imputés à <a href="https://presse.inserm.fr/canal-detox/effet-placebo-effet-nocebo-aucun-effet-vraiment/">l’effet « nocebo »</a> : la prise d’une substance sans effet pharmacologique avait engendré chez lui des effets délétères. Sitôt la nature du produit connue, les symptômes avaient disparu…</p>
<h2>Comment éviter l’errance médicale ?</h2>
<p>Lorsqu’ils sont ressentis péniblement ou qu’ils suscitent des signes cliniques (fatigue, tremblement, douleur, vertiges, etc.), les états physiques doivent être pris en charge, même si la cause médicale n’est pas évidente à première vue. En effet, ces symptômes sont réels, subis et non pas inventés.</p>
<p>Or, souvent, dans une telle situation, le patient est désappointé : le médecin, désarmé, lâche une phrase qui se veut rassurante, mais est, dans un tel contexte, particulièrement malheureuse : « il n’y a rien… ». La relation médecin-malade s’enlise. C’est la porte ouverte au nomadisme médical, au grand tour des spécialistes, jusqu’à ce qu’un résultat positif soit découvert, au décours d’un résultat d’imagerie ou après un énième bilan sérologique. Cela signifie-t-il pour autant que cette explication est la bonne ? Ce n’est pas sûr, car nous avons tous été exposés, un jour ou l’autre, à <a href="https://theconversation.com/non-vous-navez-pas-la-maladie-de-lyme-115547">des agents infectieux</a>. Mais au moins, « on a trouvé » quelque chose…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/non-vous-navez-pas-la-maladie-de-lyme-115547">Non, vous n’avez pas la maladie de Lyme !</a>
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<p>Toute la difficulté, dans la prise en charge des troubles « psychogènes », est de parvenir à penser l’intervention des facteurs psychologiques sans se résoudre à une séparation artificielle corps/esprit. Pour cela, il est souhaitable de partir du corps, des changements induits par les situations, les expériences vécues, en particulier traumatiques, et les attentes qui y sont associées.</p>
<p>Souvent, <a href="https://www.belin-editeur.com/chatouilles-et-autres-petits-tracas-neurologiques">notre corps nous échappe</a>. Il subit les impacts des évènements de vie : les émotions, qui peuvent dans certains cas s’exprimer sous forme de symptômes. Mais il s’agit moins de maladies que de souffrances. Souffrances auxquelles la médecine occidentale d’aujourd’hui a, sûrement à tort, tendance à ne donner que peu d’importance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200135/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Aujourd’hui encore, un nombre non négligeable de patients présente des symptômes qui restent « médicalement inexpliqués ». Peut-on encore parler de troubles psychosomatiques ?
Laurent Vercueil, Neurologue hospitalier - CHU Grenoble Alpes (CHUGA) ; Laboratoire de Psychologie & Neurocognition. Equipe VISEMO. Université Grenoble Alpes, Université Grenoble Alpes (UGA)
Christo Bratanov, Neurologue - chercheur, Université Grenoble Alpes (UGA)
Pascal Hot, Professeur des universités - laboratoire de psychologie et neurocognition, équipe Vision & Émotion, Université Savoie Mont Blanc
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/200193
2023-03-13T19:54:48Z
2023-03-13T19:54:48Z
Quand les politiques font de leur vulnérabilité un outil de communication
<p>Les règles du jeu de la mise en scène corporelle et affective des personnalités politiques auraient-elles changé ? La dernière révélation sur les métamorphoses physiques <a href="https://theconversation.com/edouard-philippe-atout-ou-caillou-dans-la-chaussure-presidentielle-178357">d’Édouard Philippe</a> en raison de sa maladie, que l’homme politique <a href="https://www.liberation.fr/politique/edouard-philippe-commente-son-alopecie-pour-la-premiere-fois-20230202_V4GZV7GJCFD4XNY6SOGPT55SHA/">assume ouvertement</a>, la voix tremblante d’émotion de <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4019524-20230118-homophobie-ecole-pap-ndiaye-larmes-senat-apres-suicide-lucas">Pap Ndiaye</a> à l’évocation du suicide du jeune Lucas au Sénat ou les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=AducknIb7uE">larmes d’Agnès Buzin</a> lorsqu’elle quitte le ministère de la Santé nous montrent qu’exposer certaines fragilités semble maintenant faire partie des traits de communication admis.</p>
<p>Quelles sont les faiblesses qui doivent être cachées et quelles autres peuvent être montrées ? Derrière cette question pointe celle de comprendre les raisons des récentes stratégies de médiatisation de la vulnérabilité en politique et surtout d’en cerner les limites.</p>
<h2>Le corps politique comme incarnation de l’État</h2>
<p><a href="https://www.lalibre.be/debats/ripostes/2014/04/03/la-maladie-peut-elle-etre-un-argument-de-campagne-electorale-OGDIFJ64GNEM7DW6RK3K66VWDE/">Les communicants</a> recommandent généralement aux politiques de dissimuler leurs faiblesses. Ce conseil relève d’une continuité sociohistorique dans l’imaginaire collectif relatif au statut du corps de celui qui incarne le pouvoir. À ce titre, l’ouvrage remarquable de Ernet Kantorowicz <a href="https://www.persee.fr/doc/polix_0295-2319_1989_num_2_6_2102"><em>Les deux corps du Roi</em></a>, paru en 1957, permet de comprendre que l’héritage monarchique fait du corps du politique une incarnation de l’État, qui a longtemps répondu à une injonction relevant de la fonction, celle d’être en dehors des considérations des mortels.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/511674/original/file-20230222-24-ok5uzj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/511674/original/file-20230222-24-ok5uzj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/511674/original/file-20230222-24-ok5uzj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/511674/original/file-20230222-24-ok5uzj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/511674/original/file-20230222-24-ok5uzj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/511674/original/file-20230222-24-ok5uzj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/511674/original/file-20230222-24-ok5uzj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Versailles, place d’armes, statue équestre de Louis XIV de dos. Le roi, en ce qu’il incarne l’État, est rarement représenté comme affaibli ou malade.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/20/Versailles%2C_statue_%C3%A9questre_de_Louis_XIV_01.jpg/2048px-Versailles%2C_statue_%C3%A9questre_de_Louis_XIV_01.jpg">Coyau/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La faillite du corps des politiques en représentation se doit d’être cachée pour magnifier un corps immortel, celui du monarque, du souverain. Le corps de la personne de pouvoir n’est pas le corps d’un citoyen, c’est un corps support de la mise en scène du pouvoir, de l’État, de l’autorité. Il se doit d’être infaillible pour incarner les attentes des citoyens : puissance, détermination, force, volonté.</p>
<h2>La déchéance du corps, un tabou</h2>
<p>La déchéance du corps vieillissant et malade n’est donc pas a priori compatible avec la figure de pouvoir. Le corps, support de la fonction, ne peut être marqué par le labeur de l’activité politique. Angela Merkel a incarné par la robustesse de sa corporéité une <a href="https://www.la-croix.com/Debats/Angela-Merkel-puissance-humble-2021-09-25-1201177253">femme puissante et travailleuse</a> tout au long de son action au gouvernement. Que cela soit pour <a href="https://www.levif.be/international/apres-une-longue-maladie-tenue-secrete-georges-pompidou-seteint-le-2-avril-1974/">Georges Pompidou</a> ou <a href="https://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/Mitter00288/la-maladie-de-francois-mitterrand.html">François Mitterrand</a>, les médias ont eu l’autorisation de révéler leur maladie dans un agenda très précis et contrôlé, afin de ne pas entraver le calendrier électoral ou plus largement l’action politique.</p>
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<figcaption><span class="caption">La maladie de François Mitterand, Notre Histoire.</span></figcaption>
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<p>Récemment, le jeu a changé, car il est désormais plus difficile pour les politiques de cacher leur vie intime. Depuis une dizaine d’années, les réseaux sociaux sont des médiums qui incarnent la proximité et où le jeu de la mise en scène de l’intime des femmes et des hommes politiques s’avère normalisé sinon désiré par le public <a href="https://journals.openedition.org/sds/6820">dans un contexte de peoplisation de la vie des politiques</a>. Impossible de soustraire leur corps au regard médiatique, la quête de <a href="https://www.cairn.info/revue-reseaux1-2005-1-page-89.htm">visibilité</a> est à ce prix. La mise en scène de la vulnérabilité des politiques devient alors acceptable, voire courante, surtout lorsqu’il s’agit des femmes : les larmes de Jacinda Arden ou encore celles d’Angela Merkel quand elles ont quitté leur fonction. Mais plus seulement. Nous pensons bien évidemment ici à Emmanuel Macron et ses Tweets lors de sa première atteinte du Covid.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1340993708892819457"}"></div></p>
<p>Toutefois, là encore, tout est affaire de représentations et de conventions culturelles tel que l’ont souligné <a href="https://livre.fnac.com/a1759146/Alain-Corbin-Histoire-du-corps-tome-3-Les-Mutations-du-regard-Le-XXe-si%C3%A8cle">Georges Vigarello et Jean-Jacques Courtine dans leur histoire du corps</a>. Et si cette proximité et cette transparence n’étaient encore une fois qu’une autre forme de stratégie de communication ? Ce dévoilement de soi répond à une demande de la part de certains citoyens qui réclament davantage d’humanité et d’authenticité.</p>
<h2>L’instrumentalisation du corps comme média</h2>
<p>La nouvelle règle du jeu reste donc celle de la maîtrise de la mise en scène qui relève toujours d’une stratégie de communication affective contrôlée et assumée. Le corps exposé comme souffrant, altéré, non maquillé, devient le moyen d’émouvoir pour faire adhérer. Est à l’œuvre un véritable <a href="https://ses.ens-lyon.fr/articles/la-sociologie-des-emotions-autour-des-travaux-d-arlie-hochschild">« travail émotionnel »</a> par le truchement du corps qui s’est généralisé dans toutes les couches de la société et dans tous les domaines professionnels. Pourquoi une telle stratégie ?</p>
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<p>Le corps est devenu le support médiatique privilégié de la <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807340855-les-communications-affectives-en-organisations">mise en scène affective de soi</a> : montrer par son corps les émotions pour donner à croire qu’elles sont plus sincères que les paroles.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Portrait d’Edouard Phillipe en 2021" src="https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=783&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=783&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=783&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=984&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=984&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/511676/original/file-20230222-22-jas89b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=984&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Montrer son corps même dans ses changements pour rassurer quant à sa sincérité : une tactique politique et affective. Portrait d’Edouard Phillipe en 2021.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:%C3%89douard_Philippe_2021_%28cropped%29.jpg">Jérémy Barande/Ecole polytechnique</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Car le verbal a perdu sa valeur de vérité et de sincérité. Face à la perte de crédibilité de la parole politique, incarner une argumentation par le corps devient un recours privilégié dans un contexte de fausse croyance généralisée que le corps, lui, ne ment pas. Le somatique devient politique dans une recherche de contagion émotionnelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/moi-president-e-regle-n-8-bien-dans-son-habit-172805">« Moi, président·e » : Règle n°8, bien dans son habit</a>
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</p>
<hr>
<p>Il s’agit d’émouvoir le public au sens étymologique du terme, c’est-à-dire de « mettre en mouvement » par l’instrumentalisation du corps. C’est par effet d’<a href="https://journals.openedition.org/essais/2732">échoïsation</a>, qui correspond à une imitation des corps entre eux, que les émotions se transmettent d’un individu à l’autre, d’un corps à l’autre. Et c’est bien ce régime de la fusion – corporelle, émotionnelle et idéelle – que les politiques convoitent.</p>
<p>L’affirmation publique de certaines émotions peut n’être qu’une autre forme de dissimulation comme nous avons pu le voir avec l’<a href="https://www.lejdd.fr/Politique/proces-fillon-ce-que-risque-le-couple-3951172">affaire des époux Fillon</a> : mise en scène de la droiture morale pour cacher leur détournement de fonds.</p>
<h2>Cacher, surexposer</h2>
<p>Dans l’apparence corporelle, <a href="https://www.scienceshumaines.com/la-mise-en-scene-de-la-vie-quotidienne_fr_13012.html">tout est affaire de tactique de persuasion tel que l’a décrit depuis longtemps Erving Goffman</a>. Cacher des émotions en en surexposant d’autres est une technique de communication-marketing qui n’est plus réservée à la communication commerciale. Elle envahit la sphère du politique. Instrumentale, la mise en scène corporelle de la vulnérabilité n’est donc pas tant un aveu de faiblesse que l’expression contenue, calibrée et euphémisée de ce qu’a le droit de montrer un être humain affecté.</p>
<p>Le corps stigmate reste, encore ici, un corps esthétisé et sa vulnérabilité instrumentalisée dans cette quête stratégique de contagion affective avec le public. Tous les moyens sont bons sauf que cela pose question : le corps du politique ainsi mis en scène ne se limite-t-il qu’au produit <a href="https://journals.openedition.org/rfsic/12119">d’une stratégie commerciale de soi ?</a></p>
<p>Ou peut-il se faire source de légitimation voire d’acceptation d’émotions jusqu’ici considérées comme négatives au sein de la société ? En tout cas, reste au public à questionner et à mettre à distance les logiques d’imitation corporelle et émotionnelle dans lesquelles il se voit embarqué par contagion, afin de s’inscrire dans une réflexivité critique. Là serait le vrai changement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200193/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Face à la perte de crédibilité de la parole, incarner une argumentation par le corps et l’affect devient un recours privilégié pour le personnel politique.
Fabienne Martin-Juchat, Professeure en sciences de l'Information et de la communication, Université Grenoble Alpes (UGA)
Aurélia Dumas, Maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication, Université Clermont Auvergne (UCA)
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tag:theconversation.com,2011:article/198102
2023-02-02T19:01:02Z
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L’épuisement chez l’aidant du malade d’Alzheimer
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507619/original/file-20230201-8719-eo1eu6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C24%2C2038%2C1330&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Très souvent les aidants de parents ou proches vieillissants ou malades n'alertent leur entourage que lorsqu'ils atteignent un état d'épuisement extrême. Image d'illustration.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/yvelines/49983833958/in/photostream/">Département des Yvelines © Nicolas DUPREY/ CD 78</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Quelque 9,3 millions de personnes étaient considérées comme <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/02/02/handicap-et-dependance-qui-sont-les-9-millions-d-aidants-en-france_6160276_4355770.html">« proches aidants »</a> en 2021 en France, d’après <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-02/ER1255EMB.pdf">une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques</a> (Drees) publiée jeudi 2 février.</p>
<p>L’aidant est une figure sociale qui prend des formes différentes selon que l’on aide un enfant handicapé, une personne âgée, une personne atteinte de maladie neuro-dégénérative… Ce n’est que depuis 2015, que la loi (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000031700731/">dite ASV</a>) reconnaît l’importance du rôle joué par les aidants familiaux (ou proche aidant) qui prennent en charge une personne âgée dépendante. </p>
<blockquote>
<p>« Est considéré comme proche aidant d’une personne âgée son conjoint, le partenaire avec qui elle a conclu un pacte civil de solidarité ou son concubin, un parent ou un allié, définis comme aidants familiaux, ou une personne résidant avec elle ou entretenant avec elle des liens étroits et stables, qui lui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne. » (CASF, L113-1-3, 2015)</p>
</blockquote>
<p>Parmi ces aidants, on estime à 3 millions le nombre concernés par <a href="https://www.inserm.fr/dossier/alzheimer-maladie/">la maladie d’Alzheimer</a>. Ce constat nous a amenés à construire un <a href="https://vimeo.com/671328529">projet de recherche</a> auprès de 76 aidants qui résident dans le Grand-ouest et à qui nous proposons un <a href="https://www-aidant-alzheimer.univ-ubs.fr/fr/index.html">entretien tous les six mois</a> pour confronter leur expérience, leur vécu, leurs contradictions aux injonctions morales et sociales dont ils font l’objet.</p>
<p>Nous constatons que la notion d’épuisement et/ou ses formes dérivées (épuisé, épuise, épuisant, épuiser) est très présente dans le discours de la presse qui relaye la décision politique et, dans une moindre mesure, dans le discours des aidants eux-mêmes. Or les termes utilisés ne reflètent pas les enjeux dramatiques qu’implique ce statut.</p>
<h2>Un détour par une exploration dans la presse nationale et régionale</h2>
<p>Le contexte actuel est fortement ancré dans les problématiques politiques et sanitaires du fait qu’elles questionnent la prise en charge du vieillissement de la population. La presse évoque l’aidant de malades d’Alzheimer au travers de la construction figée l’<em>épuisement de l’aidant</em>, décrivant l’aidant dans la relation de soin, de prise en charge, et réduisant et état normalement éphémère à une caractéristique essentielle. Cette construction fonctionnant comme pré-construit confirme la représentation de l’aidant dans l’opinion générale.</p>
<blockquote>
<p>« Autre objectif également, alerter sur l’épuisement de l’aidant. Dans certains cas, il arrive que ce soit lui qui parte en premier. » (Le Monde, avril 2016)</p>
<p>« Il favorise le maintien à domicile des personnes fragilisées tout en limitant le risque d’épuisement de l’aidant. » (Le Progrès, juillet 2017)</p>
<p>« Le répit est maintenant proposé dans chaque département comme solution pour réduire l’épuisement de l’aidant. » (Le Figaro, décembre 2019)</p>
<p>« L’objectif du répit est de lutter contre l’épuisement de l’aidant, mais aussi contre le repli sur soi et l’isolement du couple aidant. » (Sud-Ouest, avril 2021)</p>
</blockquote>
<h2>Ce que disent les aidants de leur épuisement</h2>
<p>L’aidant, quant à lui, évoque l’épuisement comme résultat d’un long processus de prise en charge qui aboutit à une fatigue extrême et à un point de non-retour. Dans l’exemple suivant, la gradation des attitudes et des émotions (peur de la maltraitance, énervement et épuisement) fait revenir l’aidante à la raison en privilégiant l’encadrement du malade par des professionnels en institution.</p>
<p>Florence, aidante de son conjoint :</p>
<blockquote>
<p>« Il faut apprendre à l’habiller, à enfiler les chaussettes, à l’aider à se lever du lit et tout et tout, tout ça c’est des techniques en fait, personne ne vous apprend il faut s’adapter, alors on se bousille le dos, j’aurais 20 ans de plus que mon mari, comment est-ce que j’aurais fait ? je n’aurais pas été capable et donc j’avais peur justement de devenir maltraitante, j’étais au bord de l’épuisement et donc c’est pour ça que je me dis qu’il est mieux là-bas (en Ehpad) même si on s’en occupe pas trop. Bon, il est à l’abri, il mange, c’est le principal. »</p>
</blockquote>
<p>Dans l’exemple suivant, c’est l’hypervigilance de l’aidante sur sa mère qui conduit à l’épuisement et à une prise de conscience du placement en institution.</p>
<p>Valérie, aidante avec ses deux sœurs, de leur mère :</p>
<blockquote>
<p>« Ma mère, elle sortait la nuit alors on la suivait sur son téléphone, on avait mis un détecteur d’ouverture de porte qui nous envoyait des alertes sur nos téléphones, donc les derniers mois je me rappelle à la fin on se relayait pour avoir des nuits pour dormir et puis on s’est rendue compte que des fois avec le détecteur, elle ouvrait la porte mais elle sortait pas et ça du coup on était bien embêtées et on a fini vraiment, contre notre volonté, on a mis la caméra, la webcam sur l’ordinateur. L’appartement était assez petit pour se dire est-ce qu’elle est vraiment sortie ou est-ce qu’elle a juste ouvert les portes, enfin de toute façon, peu importe on était réveillées, l’ouverture de porte avait été déclenchée et combien de fois du coup j’ai pris la voiture à 4 heures du matin, j’allais chercher dans le quartier et c’est vrai qu’à ce moment-là j’étais rendue à un niveau d’épuisement total, la journée j’étais en zombie au boulot, en permanence avec mon téléphone qui m’envoyait des alertes et l’angoisse qui montait… et là, on a dit, bon faut faire quelque chose parce que ça peut plus durer. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1 : Répartition des segments épuisement, épuisé·e, épuisant·e·s, épuise, épuiser au sein des entretiens.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une recherche des termes <em>épuisement, épuisé, épuiser, épuisant</em> dans tout le corpus d’entretiens montre que, pour exprimer l’<em>épuisement</em>, les aidants privilégient la construction verbale (épuiser, épuisé, épuisant) qui implique celui qui prend la parole plutôt que la construction substantive qui se limite à évoquer un état et qui s’inscrit peut-être davantage dans le champ médico-social. </p>
<p>On peut également émettre l’hypothèse que la notion d’épuisement serait plutôt employée à l’écrit et serait alors remplacée par une forme plus familière dans les entretiens « Je suis crevée », « j’en peux plus… », ce qui justifierait la sous-représentativité de cette notion dans les entretiens.</p>
<h2>Constructions et sens de la notion d’épuisement</h2>
<p>Dans les entretiens, les aidants abordent cette notion avec les verbes suivants :<em>Éviter, limiter, atteindre, prévenir, anticiper, mener, conduire (à), déboucher (sur), se prémunir (de), retarder l’épuisement</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Vous savez, il faudrait que nos décideurs fassent quelque chose pour prévenir l’épuisement par qu’une fois qu’il est là, il est trop tard. »</p>
</blockquote>
<p>Avec les adverbes <em>jusqu’à, tel point que, au seuil de, au bord de</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Elle voulait partir de là-bas sans doute et elle marchait jusqu’à l’épuisement et à ce moment-là, boom, donc il a fallu la placer. »</p>
<p>« Sa compagne qui l’aide est au bord de la dépression, au seuil de l’épuisement, à deux doigts de perdre le contrôle. »</p>
</blockquote>
<p>À partir de la définition de l’<a href="https://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9puisement">épuisement</a> proposée dans le dictionnaire en ligne Atilf, on constate que dans le contexte de l’aidant de malade d’Alzheimer, la notion d’<em>épuisement</em> va bien au-delà de la mobilisation d’une ressource individuelle. Lorsque cette ressource individuelle est consommée, l’<em>épuisement</em> caractérisé constitue un point paroxystique à partir duquel la bascule est irréversible et débouche en général sur un placement en institution du malade et sur une prise en charge de l’aidant.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-defis-detre-une-personne-proche-aidante-en-milieu-rural-pendant-la-pandemie-178959">Les défis d’être une personne proche aidante en milieu rural pendant la pandémie</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Dans ce contexte et face à l’épuisement de l’aidant (d’ailleurs, un aidant qui ne serait pas épuisé serait-il un bon aidant aux yeux d’autrui ?), les discours de prévention de l’action publique avancent le <a href="https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/solutions-pour-les-aidants/soutien-financier/laide-au-repit-dans-le-cadre-de-lapa">droit au répit</a> pour répondre de manière curative et universelle et malheureusement non préventive et non particularisante. </p>
<p>L’aidant est une figure hétérogène, on n’est pas aidant de la même manière au début de l’apparition de la maladie ou lorsque la maladie est déjà installée, on n’est pas aidant de la même manière selon que l’on aide son conjoint, un parent ou un ami. Pourtant l’épuisement, qu’il n’est pas facile de reconnaître car il est chargé d’impensés, de normes morales et sociales, est inéluctable quand la maladie de la personne aidée s’aggrave.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ce projet est financé par l’IReSP dans le cadre de l’appel à projet « Handicap et perte d’autonomie‑session 10 ». Il a, par ailleurs, reçu un large soutien financier et logistique de la MSH Ange Guépin de Nantes et de l’Université Bretagne Sud.</span></em></p>
L’épuisement que les aidants de malades d’Alzheimer vivent au quotidien est souvent minoré par les termes utilisés, masquant les enjeux dramatiques qu’implique ce statut.
Frédéric Pugniere-Saavedra, Maître de conférences en sciences du langage, Université Bretagne Sud
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2023-02-02T11:41:36Z
2023-02-02T11:41:36Z
Les piqûres de moustiques, cette très longue histoire !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507711/original/file-20230201-13-9mt5yd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Mort en 323 av. J.-C., le roi de Macédoine Alexandre le Grand serait l’une des nombreuses victimes du paludisme. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_le_Grand_dans_l%27art#/media/Fichier:Alexander_and_Bucephalus_-_Battle_of_Issus_mosaic_-_Museo_Archeologico_Nazionale_-_Naples_BW.jpg">Wikipedia</a></span></figcaption></figure><p><em>Présenter le moustique sous toutes ses facettes, c’est ce que proposent Sylvie Lecollinet, Didier Fontenille, Nonito Pagès et Anna-Bella Failloux dans leur livre <a href="https://www.quae.com/produit/1778/9782759235988/le-moustique-ennemi-public-n-1">« Le moustique, ennemi public n°1 ? »</a>, paru en décembre 2022 aux éditions Quæ. L’extrait qui suit revient sur la longue histoire des maladies transmises aux humains par ces insectes. Le livre est accessible en intégralité dans son format numérique <a href="https://www.quae.com/produit/1778/9782759235988/le-moustique-ennemi-public-n-1">sur le site de l’éditeur</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les plus anciennes suspicions de maladies et d’épidémies dues à un agent infectieux transmis aux humains par des moustiques datent de plusieurs milliers d’années. S’il est impossible d’affirmer avec certitude de quelles maladies il s’agissait, certains symptômes sont suffisamment évocateurs pour les rattacher à une pathologie.</p>
<p>Il arrive également que l’on retrouve des traces d’acides nucléiques d’agents infectieux dans les tissus des vertébrés, comme des traces d’ADN de <em>Plasmodium falciparum</em> dans des momies datées de 3200 ans avant notre ère.</p>
<p>Les premières traces écrites à notre disposition remontent à l’Antiquité. Le <em>Huangdi Nei Jing</em>, ouvrage de médecine chinoise traditionnelle, attribué à l’empereur Jaune, 2700 av. J.-C., mais écrit 2 000 ans plus tard, décrit la rythmicité d’accès de fièvres, caractéristique du paludisme. Hippocrate (V<sup>e</sup> siècle avant notre ère), philosophe et médecin grec, considéré comme « le père de la médecine », décrit des fièvres ayant la symptomatologie du paludisme et fait un lien entre les marais et ces fièvres dans son <em>Traité des airs, des eaux et des lieux</em>. Il écrit dans le <em>Traité des vents</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Si on connaissait la cause des maladies, on saurait les guérir. […] L’air est la cause des fièvres sporadiques. L’air est la cause des principaux phénomènes qui accompagnent les fièvres : frissons, tremblements, bâillements, résolution des articulations, sueurs, céphalalgies. »</p>
</blockquote>
<p>S’il décrit bien les symptômes de la maladie, il se trompe sur l’origine du paludisme, plutôt lié à l’eau dans laquelle prolifèrent les larves de moustiques qu’à l’air, les Plasmodium n’étant pas transmis par aérosol.</p>
<p>Galien (129-201), après Hippocrate, alerta sur l’existence d’un lien entre cette maladie et la présence de marais, attribuant aux « miasmes » (le mauvais air : <em>mal’aria</em>) des zones humides la responsabilité de la propagation de maladies. C’était le cas autour de la Rome antique, où Galien exerça, et où les nombreuses zones marécageuses très insalubres provoquaient ce qu’on appelait la fièvre de Rome.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/303560/original/file-20191125-74576-1u9vu3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">On trouve des larves de moustiques dans divers habitats où l’eau s’accumule.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’après Pierre Ambroise-Thomas dans <em>La Petite et la Grande Histoire du paludisme</em> (2007), le paludisme est crédité (sans preuves réelles) de la mort de grands dirigeants (Toutankhamon, Alexandre le Grand, Gengis Khan, Philippe II, Édouard IV d’Angleterre), de papes (Jean XV, Grégoire V, Damase II, Léon X et Urbain VII), d’artistes (Dante, Le Caravage, Lord Byron), et plus récemment de sportifs (Fausto Coppi, qui décède en 1960 après avoir contracté le paludisme en Haute-Volta, actuellement Burkina Faso).</p>
<p>L’histoire veut que les immenses conquêtes d’Alexandre le Grand auraient été freinées en 323 avant J.-C. par son décès, à 32 ans, attribué soit au paludisme (moustiques <em>Anopheles</em>), soit à la fièvre du virus West Nile (moustiques <em>Culex</em>).</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
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<hr>
<p>Les moustiques ont marqué l’histoire plus récente de l’Europe, où le paludisme était présent jusqu’en Scandinavie.</p>
<p>Près de 1 500 ans après Galien, l’Italie et Rome restaient très impaludées. En juillet 1623, parmi les cinquante-cinq cardinaux se réunissant à Rome pour élire un nouveau pape, une dizaine décédèrent de ce qui semble être le paludisme dans les deux semaines qui suivirent l’élection.</p>
<p>En France, sur l’actuel territoire hexagonal, la Vendée, la Sologne, les Dombes, la Camargue étaient envahies de moustiques et les fièvres y étaient fréquentes. La construction du château de Versailles, avant canalisation des eaux de surface, a vu de nombreux décès probablement dus au paludisme. D’après Saint-Simon (1675-1755), Versailles au début du XVII<sup>e</sup> siècle est « le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux […] tout y est sable mouvant et marécages ». Le chantier des bâtiments de Versailles est freiné en 1687 par une épidémie, probablement de paludisme.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507714/original/file-20230201-17070-eo1eu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507714/original/file-20230201-17070-eo1eu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507714/original/file-20230201-17070-eo1eu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507714/original/file-20230201-17070-eo1eu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507714/original/file-20230201-17070-eo1eu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507714/original/file-20230201-17070-eo1eu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507714/original/file-20230201-17070-eo1eu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tableau d’Adam François van der Meulen représentant la construction du château de Versailles (1669). Versailles était à l’origine un village pauvre situé au milieu des bois et des marécages.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Versailles#/media/Fichier:Adam_Frans_van_der_Meulen_-_Construction_of_the_Ch%C3%A2teau_de_Versailles_-_WGA15115.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>Mme de Sévigné, parlant de la construction du parc, signale que « les fontaines coûtent cher… Sans parler des malades et des morts ». Louis XIV, lui-même, aurait contracté le paludisme dont il aurait guéri en ayant acheté à Talbot, un apothicaire anglais, une préparation de quinquina, l’ancêtre de la quinine, issue d’un arbre sud-américain (<em>Cinchona</em> sp.). </p>
<p>Même de petites villes éloignées des marécages peuvent être concernées. Thiers (Puy-de-Dôme), où des moines italiens avaient tenté de développer la riziculture sur les berges de la rivière Durolle, est touchée par une épidémie de fièvres et une surmortalité en 1741. Les populations, faisant le lien avec ces changements environnementaux, s’opposèrent au développement des rizières et chassèrent les moines. </p>
<p>[…]</p>
<p>L’histoire de France, c’est aussi l’histoire de ses colonies, en particulier en Afrique et dans les Amériques. Un des freins à la colonisation de l’Afrique, « pays des fièvres, tombeau de l’homme blanc », a été le paludisme et la fièvre jaune. </p>
<p>Si toute l’Afrique est concernée, certains événements sont plus marquants que d’autres. C’est le cas de la conquête militaire française à Madagascar en 1895. Au total, 5 756 militaires sur 21 600 décèdent lors de cette expédition, dont seulement 25 tués au combat et 5 731 des suites de maladies, majoritairement le paludisme, déjà diagnostiqué parasitologiquement à cette époque. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo d’époque montrant des soldats français à Madagascar en 1895" src="https://images.theconversation.com/files/507716/original/file-20230201-11673-f1g3b8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507716/original/file-20230201-11673-f1g3b8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507716/original/file-20230201-11673-f1g3b8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507716/original/file-20230201-11673-f1g3b8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507716/original/file-20230201-11673-f1g3b8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507716/original/file-20230201-11673-f1g3b8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507716/original/file-20230201-11673-f1g3b8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des soldats français durant l’expédition de Madagascar (1895). Des milliers mourront du paludisme au cours de l’opération.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_de_Madagascar#/media/Fichier:FrenchTroopsMadagasgar.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plus tard, Edmond et Étienne Sergent racontent dans <em>Histoire d’un marais algérien</em> (1947) comment, entre 1927 et 1934, ils contribuèrent à la mise en valeur de la plaine de la Mitidja, en Algérie, par l’élimination des moustiques.</p>
<p>Cette plaine, très marécageuse, au sud d’Alger, voyait mourir du paludisme entre 10 et 20 % de sa population : habitants algériens, colons et soldats français qui, dès 1831, au début de la conquête de l’Algérie par la France, étaient touchés par les fièvres. Les deux frères entreprirent, sur les conseils d’Émile Roux, de l’Institut Pasteur à Paris, de rendre la région salubre par une véritable lutte intégrée contre les parasites avec la quinine, contre les anophèles avec des insecticides et des moustiquaires, et en drainant et en asséchant les marais. Cette zone était redevenue habitable dix ans plus tard et elle est désormais une riche plaine agricole.</p>
<p>Un autre exemple frappant des conséquences du paludisme sur les grands mouvements militaires du XX<sup>e</sup> siècle est bien décrit également par Edmond et Étienne Sergent dans leur livre <em>L’Armée d’Orient</em> délivrée du paludisme (1932). Ils dépeignent comment les troupes françaises de l’armée d’Orient, mais aussi allemandes et ottomanes, en conflit durant la Première Guerre mondiale lors de l’expédition de Salonique en Macédoine, furent handicapées par les nombreux cas de paludisme dans leurs rangs. Leurs recommandations (surveillance, diagnostic, quinine, moustiquaires) contribueront à la santé des troupes et à donner l’avantage à l’armée d’Orient.</p>
<p>[…]</p>
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<img alt="Le moustique tigre Aedes albopictus en train de piquer une peau humaine" src="https://images.theconversation.com/files/478952/original/file-20220812-24-gjy4pp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478952/original/file-20220812-24-gjy4pp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478952/original/file-20220812-24-gjy4pp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478952/original/file-20220812-24-gjy4pp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478952/original/file-20220812-24-gjy4pp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478952/original/file-20220812-24-gjy4pp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478952/original/file-20220812-24-gjy4pp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La salive du moustique tigre <em>Aedes albopictus</em> contient une quinzaine d’allergènes potentiels….</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/Aedes_albopictus#/media/File:CDC-Gathany-Aedes-albopictus-1.jpg">James Gathany, CDC/Wikimedia</a></span>
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</figure>
<p>Au début du XX<sup>e</sup> siècle, le paludisme sévissait encore en Camargue avec plusieurs espèces de vecteurs possibles (<em>Anopheles atroparvus</em> et <em>An. melanoon</em>, du complexe <em>An. maculipennis</em>, et <em>An. claviger</em>), comme Alphonse Lavéran, prix Nobel en 1907 pour sa découverte des Plasmodium, le signale suite à une mission autour d’Aigues-Mortes en 1899. Son diagnostic est très simple : la région est envahie d’anophèles en zone rurale. Il préconise la destruction des larves de moustiques, l’utilisation de quinine, l’éloignement des humains et des animaux, et quand c’est possible le drainage. </p>
<p>Soixante ans plus tard, en 1962, le gouvernement français lancera la mission Pierre Racine, visant à développer le Languedoc par de grands travaux d’assainissement et de lutte contre les moustiques. Ce plan donna naissance à l’Entente interdépartementale pour la démoustication-Méditerranée (EID), à une diminution extrêmement importante des densités de moustiques autour des zones habitées, et d’un point de vue économique à l’essor du tourisme dans la région, incluant la création de La Grande-Motte.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507721/original/file-20230201-19-uyu0vr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507721/original/file-20230201-19-uyu0vr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=956&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507721/original/file-20230201-19-uyu0vr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=956&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507721/original/file-20230201-19-uyu0vr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=956&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507721/original/file-20230201-19-uyu0vr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1202&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507721/original/file-20230201-19-uyu0vr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1202&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507721/original/file-20230201-19-uyu0vr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1202&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Paru en décembre 2022.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.quae.com/produit/1778/9782759235988/le-moustique-ennemi-public-n-1">Éditions Quæ</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il y a fort à parier que l’histoire n’est pas finie. L’humanité a vu une accélération de l’émergence de maladies infectieuses ces dernières décennies, comme les pandémies de chikungunya et de Zika, et l’endémisation de la dengue, trois maladies dont les virus sont transmis par des moustiques Aedes. Des cas autochtones de ces 3 arboviroses sont survenus récemment dans le sud de la France. Dans les zones les plus touchées, ces maladies ont des impacts sanitaires, sociétaux et économiques importants. </p>
<p>D’autres virus et agents infectieux connus et non connus, vectorisés par les moustiques, sont en embuscade et pourraient eux aussi contribuer « à faire l’histoire ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198941/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Insecte vecteur de nombreuses maladies, au premier rang desquelles le paludisme, le moustique sévit sur nos organismes depuis des millénaires.
Sylvie Lecollinet, Vétérinaire et virologue, Cirad
Didier Fontenille, Directeur de recherche, spécialiste des maladies vectorielles, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/197435
2023-01-10T20:44:49Z
2023-01-10T20:44:49Z
Pourquoi tombe-t-on malade quand il fait froid ?
<p>Tous les enfants ont entendu un jour de froid « Couvre-toi, tu vas tomber malade », et l’expérience prouve que les adultes comme les enfants sont plus souvent malades l’hiver que l’été. </p>
<p>Pour comprendre cela, il faut clairement différencier les causes « internes », celles qui tiennent au fonctionnement propre de notre corps, de celles « externes » ou « infectieuses », c’est-à-dire liées principalement aux infections.</p>
<p>Commençons par les origines des humains. Nous sommes apparus en Afrique, c’est-à-dire dans une région du globe dans laquelle il fait plus chaud que dans la France actuelle, sans saison froide très marquée, donc le corps humain est fait pour fonctionner au chaud.</p>
<p>Mais alors pourquoi l’homme est-il allé coloniser les régions froides ? Probablement en partie car ces régions froides sont dépourvues de nombreux parasites qui infectent l’homme et qui nuisent gravement à sa santé. Prenons le plasmodium par exemple, responsable de la malaria qui tue 500 000 enfants tous les ans dans les pays chauds, et qui est absent des régions plus froides comme la France… Souvent, ces maladies parasitaires ne se transmettent pas directement d’homme à homme, mais sont véhiculées par des hôtes intermédiaires, tels les moustiques, qui sont absents des régions froides. Par contre les maladies infectieuses, comme le rhume ou la grippe, qui nous affectent l’hiver sont souvent des maladies se transmettant directement d’homme à homme.</p>
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<figcaption><span class="caption">QJR : Pourquoi tombe-t-on malade quand on a froid ? (Académie de Montpellier/Agropolis).</span></figcaption>
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<h2>Les causes internes</h2>
<p>Nous sommes faits pour fonctionner au chaud. Quand il fait froid, une bonne partie de notre corps, à commencer par notre peau et les extrémités de nos membres ne sont pas à 37 °C, le sang s’en trouve moins fluide, et de ce fait, le cœur a plus de mal à faire circuler le sang, il se fatigue, expliquant ainsi la recrudescence des accidents cardio-vasculaires en hiver.</p>
<p>L’hiver, avec sa faible quantité de luminosité est aussi une période de recrudescence des états dépressifs pour lesquels on propose même des prises en charge par luminothérapie (on remplace la lumière naturelle par des lampes spéciales).</p>
<h2>Les causes externes ou infectieuses</h2>
<p>De fait, le gros de la recrudescence des maladies et de la surmortalité hivernale est dû aux maladies infectieuses se transmettant d’homme à homme par exemple les maladies virales : la grippe, la bronchiolite et le Covid.</p>
<p>Ces maladies respiratoires se transmettent par les gouttelettes pleines de virus que nous expirons en permanence, particulièrement si nous toussons. Si l’air est sec, ces gouttelettes sèchent immédiatement et ces virus ne résistant pas à la déshydratation, perdent tout de suite leur capacité à infecter nos proches.</p>
<p>Par contre, s’il fait froid et humide, comme c’est souvent le cas en hiver, ces gouttelettes persistent très longtemps dans l’air et peuvent être inhalées par nos proches qui s’infectent ainsi. Ce phénomène est renforcé par nos comportements hivernaux qui nous poussent à nous enfermer dans des locaux souvent mal ventilés, donc humides, et qui sont ainsi propices à la propagation de ces virus.</p>
<p>Pour les mêmes raisons, l’hiver est souvent le théâtre d’épidémies de gastro-entérites d’origines virales.</p>
<h2>Conjonction des causes internes et externes</h2>
<p>Tout d’abord, comme il fait froid, les sécrétions de nos voies respiratoires sont plus visqueuses, et le processus qui nous permet de les éliminer en les faisant remonter vers la gorge fonctionne mal ; nous avons donc plus de mal à éliminer les virus et autres microbes que nous respirons. Ensuite, en conditions hivernales, les cellules de nos voies respiratoires expriment en plus grande quantité certains récepteurs spécifiques qui sont utilisés par certains virus pour nous infecter, favorisant ainsi les infections. Enfin, dans les régions « froides » de notre corps, notamment celles en contact avec l’air extérieur (les voies respiratoires et les poumons) qui sont des voies d’entrée des virus respiratoires, les cellules immunitaires en charge de l’élimination des microbes fonctionnent moins bien (du fait du froid !).</p>
<hr>
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre du dispositif « Questions de Jeunes à la Recherche » mené par Agropolis International en partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Montpellier. Georges Lutfalla mène ses recherches au sein de l’Université de Montpellier, membre d’<a href="https://www.agropolis.fr">Agropolis International</a>.</em></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197435/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Georges Lutfalla ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Manque de lumière, diminution des températures et virus plus résistants, l’hiver est une saison éprouvante pour notre corps.
Georges Lutfalla, Directeur de Recherche, interactions hôtes-pathogènes, Université de Montpellier
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.