tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/particules-fines-28953/articlesparticules fines – The Conversation2024-03-25T16:36:13Ztag:theconversation.com,2011:article/2255992024-03-25T16:36:13Z2024-03-25T16:36:13ZPourquoi prendre le métro nous expose à davantage de particules fines<p>Prendre le métro accroît-il notre risque de faire des AVC ? S’il y a quelque temps, une telle affirmation aurait pu sembler saugrenue, les études réalisées sur les taux de particules fines du métro parisien légitiment désormais une telle question. Afin de comprendre pourquoi, il faut d’abord s’attarder sur ce que sont ces particules fines, et la façon dont nous pouvons les mesurer.</p>
<p>Le terme « particules fines » désigne tous les aérosols solides et semi-volatiles en suspension dans l’air, ayant une taille allant de quelques nanomètres (nm), c’est-à-dire un milliardième de mètre à quelques centaines de micromètres (µm), c’est-à-dire un millionième de mètre. Pour comparer, le diamètre d’un cheveu est d’environ 70 µm et celui d’un globule rouge est de 7 µm. La mesure de la taille et de la concentration de ces particules fines est devenue un enjeu sanitaire du fait des nombreuses pathologies qu’elles génèrent lors des épisodes de pollution atmosphérique.</p>
<h2>La mesure des particules fines</h2>
<p>En France, les mesures de surveillance de la pollution sont menées par les agences de surveillance de la qualité de l’air (<a href="https://www.atmo-france.org/article/laasqa-de-votre-region">AASQA</a>), qui, pour les particules fines, se concentrent sur leurs concentrations massiques par m<sup>3</sup>. Y sont mesurées les PM<sub>10</sub> (masse cumulée de toutes les particules inférieures à 10 µm) et les PM2.5 (particules inférieures à 2,5 µm). La mesure des particules fines a commencé il y a 45 ans pour les PM<sub>10</sub>, suivie, une vingtaine d’années plus tard, par celles des PM2.5. Mais cette échelle de mesure pose de plus en plus question, car elle minimise la contribution des particules très fines et ultrafines respectivement inférieures à 1 µm et 0,1 µm.</p>
<p>L’intérêt pour les particules ultrafines est, de fait, plus récent, depuis les premiers travaux médicaux sur leur dangerosité jusqu’à la reconnaissance par la communauté scientifique depuis une dizaine d’années de la nécessité de les mesurer.</p>
<p>Pour le moment, nous nous contenterons cependant de scruter l’échelle des PM2.5 qui présente un compromis entre la nécessité de mesurer les plus petites particules et celle d’avoir une référence de mesure. La norme actuelle est de ne pas dépasser une moyenne annuelle de 25 µg/m<sup>3</sup>. L’OMS a récemment publié de nouveaux objectifs : 5 µg/m<sup>3</sup> en moyenne sur l’année et 15 µg/m<sup>3</sup> en valeur limite journalière. Pour aller vers ces recommandations, la Commission européenne vient d’abaisser en février 2024 la moyenne annuelle à <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/air-quality/">10 µg/m³</a>
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<h2>Mesurer les particules fines du métro</h2>
<p>Voici pour ce qui est des échelles de mesure. Mais vient ensuite une autre question, tout aussi importante : où effectuer ces mesures ?</p>
<p>Les normes de la qualité de l’air ne concernent que l’air ambiant extérieur. Néanmoins, il semble raisonnable de proposer d’étendre ces valeurs aux enceintes souterraines des métros et des trains, puisque l’air qui y circule provient d’une ventilation naturelle à partir de l’air en surface. De plus, les transports en commun sous-terrain sont utilisés quotidiennement par un grand nombre d’usagers : avec <a href="https://www.ratpdev.com/fr/groupe">12 millions de déplacements</a> chaque jour pour ce qui concerne la RATP. Dès lors la question de la qualité de l’air de ces lieux sous-terrain <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/les-francais-utilisent-toujours-plus-les-transports-en-commun-1152214#:%7E:text=Au%20niveau%20national%2C%20le%20mode,et%20le%20TER%20(18%20%25).">où transitent 72 % de la population française</a> est tout sauf négligeable.</p>
<p>Dans l’attente de normes qui ne sont toujours pas établies, différentes équipes scientifiques ont mené depuis une vingtaine d’années des études dans différents réseaux de métro, n’étant pas satisfaits des informations souvent rassurantes que donnaient certains opérateurs de ces réseaux.</p>
<h2>Pourquoi la qualité de l’air n’est pas bonne dans le métro ?</h2>
<p>Si l’on se penche maintenant sur la situation de la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935115301705">qualité de l’air de la plupart des métros du monde entier, on constate rapidement qu’elle n’est pas bonne</a>. Cette réalité a en fait deux causes majeures :</p>
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<li><p>Le prélèvement de l’air extérieur, qui s’effectue souvent depuis des grilles au ras de la chaussée. L’air est alors très chargé des particules fines directement issues du trafic routier (moteurs, freins, pneus). Ainsi la pollution de l’air dans le métro ne peut être inférieure à celle de l’air extérieur.</p></li>
<li><p>La génération de particules fines liées à l’activité du métro. Ces particules proviennent principalement du freinage, mais aussi de l’usure des roues et des rails, de l’effritement naturel du ballast et de la voute des tunnels. Le passage des rames peut aussi entraîner un ressoulèvement des particules.</p></li>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’usure des rails et les systèmes de freinage du métro peut aggraver l’exposition aux particules fines des usagers.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Falgui%C3%A8re_Paris_Metro_Station.jpg">Planespotter1/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Les études précédemment menées considèrent la valeur globale en PM2.5 et en PM<sub>10</sub>. Elles sont localement représentatives de ce que respirent les usagers, mais ne permettent pas d’estimer la contribution du métro par comparaison à un voyage qui aurait été effectué à pied en air extérieur. Pour mesurer cela, nous avons introduit la notion de sur-pollution, c’est-à-dire la contribution uniquement liée au métro, qui est obtenue en soustrayant aux mesures effectuées dans les stations celles de l’air extérieur à proximité.</p>
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<p>Plusieurs campagnes ont été menées de manière indépendante par rapport à la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) pour évaluer cette sur-pollution. La plus récente a été réalisée avec les équipes du magazine « Vert de Rage » diffusé sur France 5, en utilisant des capteurs mobiles Pollutrack, qui servent normalement à <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/5/529">cartographier l’air extérieur de Paris</a>. La stratégie a consisté à effectuer les mesures pour toutes les stations du métro parisien aux heures de pointe, et à les comparer aux mesures à l’extérieur. Certaines stations mal ventilées présentent des valeurs de sur-pollution de plusieurs dizaines de µm/<sup>3</sup>, comme Charonne, Javel ou Pont de Neuilly, ainsi que certaines lignes où les rames de métro génèrent une usure significative des rails, telle la ligne n°5.</p>
<p>Une valeur moyenne d’environ 15 µg/m<sup>3</sup> a été obtenue en considérant toutes les stations souterraines, qui s’ajoute à la valeur moyenne d’environ 15 µg/m<sup>3</sup> de l’air ambiant parisien. Ainsi les usagers doublent en moyenne leur exposition aux particules fines journalière lorsqu’ils sont dans le métro.</p>
<p>Ce concept de sur-pollution pourrait être utilisé pour une première approche de normes dans l’air intérieur, en prenant en compte le temps d’exposition à cette sur-pollution et en l’ajoutant à l’exposition moyenne à l’air ambiant. Par exemple, 1h30 d’exposition dans les enceintes souterraines par jour augmenterait l’exposition moyenne journalière d’un citoyen de 1 µg/m<sup>3</sup>, ce qui devient significatif au regard des nomes de l’OMS. Bien sûr, un tel calcul n’est qu’une valeur moyenne, sachant que des valeurs bien plus élevées peuvent être obtenues pour les lignes de métros les plus polluées.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7BDiUQFpHFg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Extrait de l’émission Vert de Rage consacrée aux particules fines du métro.</span></figcaption>
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<h2>Qualité de l’air extérieur</h2>
<p>On le voit bien, la qualité de l’air dans les métros est donc intrinsèquement liée à la qualité de l’air extérieur. Dès lors, pour bien comprendre les causes originelles de la pollution de l’air, il faut considérer les différentes sources qui en altèrent la qualité en fonction des lieus de vie. Les activités industrielles et de constructions et le trafic (routier, aérien et maritime) sont les sources les plus souvent mises en avant, mais le chauffage au bois collectif et individuel, ainsi que la formation d’aérosols secondaires issus des épandages agricoles sont aussi des <a href="https://www.mdpi.com/1424-8220/20/4/1111">sources majeures</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/peut-on-promouvoir-le-chauffage-au-bois-au-nom-de-lenvironnement-222828">Peut-on promouvoir le chauffage au bois au nom de l’environnement ?</a>
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<p>La pollution aux particules fines peut être locale, mais aussi importée suivant la direction et de la force des vents. Les situations anticycloniques sont celles qui favorisent la stagnation des polluants près des sources. Des vents de quelques m/s favorisent la dispersion de la pollution mais aussi son transport, sans toutefois la résoudre totalement. Les meilleurs alliés pour lutter contre la pollution sont de forts vents pour disperser les particules fines et les pluies fortes pour les rabattre au sol.</p>
<p>Certains lieux sont de surcroit plus propices à de forts taux de pollution, en fonction des activités industrielles, de la densité de pollution et de la topographie locale. À l’échelle de la France, la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, est un des endroits les plus pollués à cause de l’implantation d’activités très génératrices de particules fines en fond de vallée mal ventilée.</p>
<p>Paris est aussi une ville très polluée de fait de la forte concentration urbaine, du trafic routier, et de la configuration de la ville qui engendre une forte variabilité à l’échelle du km. Le périphérique reste l’endroit le plus pollué, mais le Nord et l’Est de Paris sont nettement plus pollués que l’Ouest du fait de la configuration de la ventilation de la ville avec notamment la présence de rues canyons où la pollution peut s’accumuler. Ainsi, Paris connaît un <a href="https://www.mdpi.com/1424-8220/23/20/8560">nombre de jours de dépassement de la recommandation de l’OMS qui va entre 100 et 200 par an</a> selon la localisation dans la ville. Ce résultat montre l’importance de l’emplacement des bouches de prélèvement de l’air pour les enceintes souterraines, ce qui n’est pas considéré actuellement pour le renouvellement de l’air alors que cela a des conséquences sur la santé des usagers des transports en commun.</p>
<h2>Conséquences sanitaires</h2>
<p>Face à cet enjeu-là, la recherche médicale progresse aussi : Les effets sanitaires des particules fines sont de mieux en mieux connus, bien que de nouvelles études augmentent encore régulièrement le nombre de pathologies liées à la pollution. Les effets à court terme concernent les crises d’asthme, l’augmentation des AVC et des crises cardiaques, et même la <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/14/8/1222">mortalité liée au Covid-19</a>.</p>
<p>Les effets à long terme sont mis en évidence à partir de nombreuses études épidémiologiques sur lesquelles l’<a href="https://www.who.int/fr/news/item/22-09-2021-new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">OMS</a> s’est basée pour fixer ses recommandations en PM2.5. Ces effets se manifestent notamment par une augmentation des allergies sévères, des <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/10/17/la-pollution-de-l-air-exterieur-est-cancerigene-pour-l-oms_3497663_3244.html">cancers</a>, des maladies neurodégénératives, et du diabète de type 2. Les particules carbonées ultrafines, toxiques pour l’organisme, une fois entrées par les voies respiratoires, se retrouvent dans pratiquement tous les organes du corps humain.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-toutes-les-particules-fines-nont-pas-les-memes-effets-sur-la-sante-161261">Pollution de l'air : toutes les particules fines n’ont pas les mêmes effets sur la santé</a>
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<h2>En conclusion, comment améliorer la qualité de l’air ?</h2>
<p>Ces fléaux semblent d’ailleurs grandissants du fait notamment des concentrations en particules ultrafines qui semblent en augmentation, alors que celles en plus grosses particules diminuent. Ceci s’explique par le fait que les sources sont toujours là, mais que la nature de la production des particules a changé à cause de l’évolution de leur mode de production (évolution des rejets des moteurs diesel et du chauffage au bois).</p>
<p>Alors que faire ? Cette évolution n’est pas inexorable. Pour les enceintes souterraines, il faut améliorer les systèmes de freinage des rames, mieux gérer le renouvellement de l’air, et travailler sur des techniques de dépollution de l’air. Des expérimentations et des installations commencent à se mettre en place. À noter toutefois qu’un système d’extraction d’air, même s’il favorise le renouvellement de l’air dans les enceintes souterraines, rejette la pollution à l’extérieur et ne fait donc que déplacer le problème.</p>
<p>Pour la qualité de l’air extérieur, il faudrait limiter les émissions, notamment avec l’interdiction des moteurs diesel et des véhicules lourds en ville, la limitation du chauffage au bois dans les zones à forte densité de population, et la régulation des épandages agricoles en fonction du transport de leurs effluves par les vents.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L'intérieur d'une voiture ne protège en rien de la pollution aux particules fines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jfgornet/4067266583">Jean-François Gornet/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Si certains pourraient être tentés de faire primer la protection individuelle au bien collectif en remplaçant leurs trajets en métro ou RER par un même trajet en voiture, cette solution ne serait ni bénéfique individuellement ou collectivement car l'habitacle de la voiture ne protège en rien de la pollution aux particules fines. À certains endroits, comme les arrêts aux feux de circulation ou les embouteillages, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231015001193">l'exposition peut même y être jusqu'à 29 fois plus élevées</a> qu'à l'extérieur. </p>
<p>Enfin, le problème d’exposition aux particules fines est surtout critique les jours de forte pollution lors de situations anticycloniques. Il pourrait être proposé de limiter les activités lors de ces journées. Le port de masques FFP2 pourrait aussi être recommandé dans les enceintes souterraines pour les personnes les plus fragiles. Toutes ces actions impliquent une participation citoyenne constructive pour que chacun s’approprie ces règles afin que nous respirions mieux dans les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225599/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Baptiste Renard est membre du conseil scientifique de RESPIRE. Après avoir débuté ses travaux sur la mesure de la pollution de l'air dans le métro parisien, il a été sollicité comme consultant pour la société Aerophilee SAS qui a notamment développé un appareil de dépollution pour grands volumes, et par les sociétés Pollutrack et MeteoModem qui vendent des compteur d'aérosols.</span></em></p>48% des Français prennent le métro. Ils sont de ce fait davantage exposés aux particules fines, ce qui augmente à court terme les risques de les crises d’asthmes, d'AVC et de crises cardiaques.Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherches, Université d’OrléansLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2228282024-02-19T14:55:29Z2024-02-19T14:55:29ZPeut-on promouvoir le chauffage au bois au nom de l’environnement ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/574117/original/file-20240207-22-10exmi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C3%2C1278%2C820&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/bois-industrie-du-bois-for%C3%AAt-5311293/">RitaE/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>C’est un mode de chauffage qui jouit d’une bonne image : réputé convivial, peu coûteux et bon pour l’environnement, le chauffage au bois a de multiples atouts pour plaire. En 2021, <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/consommation-denergie-par-usage-du-residentiel">plus d’un foyer français sur dix</a> avait choisi le bois comme principale source de chauffage, chiffre qui a sans doute du grimper depuis, du fait de l’augmentation des prix des autres sources d’énergies, couplées aux incitations de sobriété énergétique et aux aides de l’État.</p>
<p>À l’échelle gouvernementale, le chauffage au bois est d’ailleurs présenté comme une piste prometteuse pour répondre à plusieurs objectifs nationaux : augmentation de la part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique, réduction de la consommation d’énergie ou encore réduction des émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p>Chez les particuliers, ce mode de chauffage est également perçu comme une option à favoriser pour la planète. Dans l’enquête que nous avons réalisée auprès de 1319 individus, le bois était perçu comme l’énergie de chauffage qui générait le moins de dommages à l’environnement, devant l’électricité, le gaz et le fioul.</p>
<p>Mais qu’en est-il vraiment ? N’y-a-t-il pas des risques à percevoir et promouvoir le chauffage au bois comme une source d’énergie ?</p>
<h2>Des chauffages au bois plus ou moins émetteurs de particules fines</h2>
<p>Pourvu qu’il soit issu d’une forêt gérée durablement, le bois de chauffage peut être considéré comme une énergie renouvelable, neutre en carbone, la quantité de CO<sub>2</sub> émise lors de la combustion est équivalente à celle absorbée par les arbres pendant leur croissance. Cette condition n’est malheureusement pas toujours respectée comme le montre par exemple la <a href="https://reporterre.net/Bois-de-chauffage-de-plus-en-plus-de-coupes-illegales">recrudescence de coupes illégales</a> constatée l’hiver dernier en France.</p>
<p>Si l’on exclut cependant ces cas alarmants, le principal inconvénient du chauffage au bois réside dans les émissions de particules fines qu’il génère (PM<sub>2,5</sub> et PM<sub>10</sub>), et l’impact néfaste de celles-ci sur la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231009007389">qualité de l’air et sur la santé</a>. Le chauffage au bois est d’ailleurs le premier contributeur de cette pollution en France puisqu’il représente respectivement près de 28 % et 43 % des <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Plan%20d%27action%20chauffage%20au%20bois.pdf">émissions nationales de PM¹⁰ et de PM₂⋅₅</a></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/574125/original/file-20240207-20-63o3zj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574125/original/file-20240207-20-63o3zj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574125/original/file-20240207-20-63o3zj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574125/original/file-20240207-20-63o3zj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574125/original/file-20240207-20-63o3zj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574125/original/file-20240207-20-63o3zj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574125/original/file-20240207-20-63o3zj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le chauffage au bois, première source de particules fines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/aerial-view-over-basilique-du-de-668307289">Davit Khutsishvili/Shutterstock</a></span>
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<p>Face à cette réalité, cependant, tous les types de chauffage au bois ne se valent pas. Les cheminées anciennes générations <a href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/4045-impact-de-l-usage-d-appareils-domestiques-de-chauffage-au-bois-sur-la-qualite-de-l-air-interieur-cab-qai-1-et-cab-qai-2.html">émettent en effet davantage</a> de particules fines que les chaudières ou poêles à granulés plus récents. Ainsi pour inciter les ménages à remplacer leur vieil appareil par un nouveau plus performant, certaines métropoles ont mis en place des subventions pour l’achat de ces nouveaux appareils (l’aide du Fonds Air Bois par exemple). En plus des bénéfices collectifs sur l’environnement, l’utilisation d’un appareil de chauffage au bois plus performant doit permettre à son utilisateur de réduire sa consommation d’énergie et donc de générer des économies sur sa facture de chauffage.</p>
<p>Le problème de ces aides et plus généralement de toutes les mesures d’efficacité énergétique c’est qu’elles ne sont pas à l’abri d’une réalité qui pourrait compromettre leurs atouts : l’effet rebond.</p>
<h2>L’effet rebond : un mécanisme d’abord économique</h2>
<p>L’effet rebond survient lorsque l’adoption d’une technologie plus performante aboutit à des bénéfices inférieurs aux bénéfices attendus. Généralement, les bénéfices évoqués concernent la réduction de la consommation d’énergie, mais cela peut également s’appliquer sous le même principe pour la réduction d’émission de particules fines. Alors comment expliquer cet effet ?</p>
<p>En devenant plus efficace, la technologie devient également moins chère, ce qui incite les individus à l’utiliser davantage. Ce changement de comportement génère alors une consommation supplémentaire d’énergie, d’avantage de particules fines émises, qui compense une partie des bénéfices qu’il y à d’utiliser cette nouvelle technologie.</p>
<p>L’explication de l’effet rebond par une variation de prix a permis aux économistes de fournir des premières estimations sur l’amplitude de cet effet. Sans détailler la méthode employée, leurs travaux révèlent deux éléments intéressants sur l’effet rebond. Le premier est que l’effet rebond pour le chauffage <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301421508007131">semble être compris entre 10 et 30 %</a>. Concrètement, cela signifie qu’entre 10 et 30 % des bénéfices liées à l’utilisation d’un chauffage plus performant sont perdus, car les individus se chauffent davantage. Le second élément est que le chauffage n’est pas un cas isolé puisqu’un effet rebond a été estimé pour une majorité de services énergétiques (voiture, éclairage, climatisation, etc.).</p>
<p>L’effet rebond relève finalement d’un comportement assez rationnel : si le prix d’un service diminue, il est logique que les gens l’utilisent davantage. Ce mécanisme économique a longtemps constitué l’unique explication à l’effet rebond. Or aujourd’hui des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921800917306511">recherches récentes</a> avancent l’idée que des mécanismes, autre qu’économique, peuvent aussi être source d’effet rebond. Parmi eux, des mécanismes psychologiques comme l’effet de compensation morale. Face à cet effet également, le chauffage au bois pourrait ne pas être à l’abri.</p>
<h2>L’effet de compensation morale comme ressort de l’effet rebond</h2>
<p>L’effet de compensation morale décrit le comportement, généralement inconscient, d’un individu qui va compenser une bonne action initiale par une <a href="https://compass.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1751-9004.2010.00263.x">seconde action moins souhaitable</a>. L’exemple souvent cité pour illustrer l’effet de compensation morale est celui du fast-food qu’on s’autorise à manger après avoir accompli une séance de sport intensive. Cet effet peut également advenir dans le domaine de l’environnement, à la suite de <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2056047">comportement de recyclage</a> ou après <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0956797610363538">l’achat de produits écologiques</a> par exemple.</p>
<p>L’effet de compensation morale est considéré comme un biais cognitif car il amène un individu à atténuer les bénéfices d’une première action vertueuse par une seconde action qui génère un résultat opposé.</p>
<p>Pour le moment, l’intégration de l’effet de compensation morale à la littérature sur l’effet rebond reste théorique. Aucune étude n’a encore montré que l’investissement dans une technologie plus écologique pouvait déculpabiliser un individu à l’utiliser davantage. Cela s’explique par la difficulté d’isoler un facteur responsable du changement de comportement des individus. Par exemple, si une personne remplace sa vieille chaudière au fioul par une nouvelle chaudière à granulés de bois plus performante et qu’ensuite elle se chauffe davantage, comment savoir si c’est parce que sa nouvelle chaudière lui coûte moins cher à utiliser ou si c’est parce qu’elle a diminué sa culpabilité à l’utiliser ?</p>
<p>Avant de savoir si l’investissement dans un chauffage au bois peut accroître l’utilisation de chauffage, il est donc essentiel de déterminer si cet acte d’investissement satisfait les conditions nécessaires à la manifestation d’un effet de compensation morale. Selon <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11474723/">Monin et Miller (2001)</a>, pour qu’un premier acte engendre un tel effet, il doit réunir deux conditions : que cet acte soit jugé comme moralement bon par l’individu qui le réalise mais également par la société. Le chauffage en bois semble remplir ces deux critères.</p>
<p>Notre enquête montre que la majeure partie des individus que nous avons interrogés considère non seulement ce mode de chauffage comme vertueux, mais pense que la société dans son ensemble est également de cet avis. Bien que ces deux conditions ne garantissent pas à elles seules l’apparition d’un effet de compensation morale, cela suggère tout de même que cet effet pourrait se produire lorsqu’un individu décide d’investir dans un chauffage au bois. D’autant plus si c’est dans un poêle ou une chaudière à granulés qui sont les systèmes de chauffage au bois perçu par les individus de notre enquête comme étant à la fois ceux générant le moins d’émission de gaz à effet de serre et ayant l’impact le plus faible sur la pollution de l’air.</p>
<h2>Effet rebond et chauffage au bois, quelle conclusion en tirer ?</h2>
<p>Pour conclure, il semble indéniable que cette énergie de chauffage soit sujette à un effet rebond, au moins d’ordre économique. En effet, il est presque certain que si les coûts de chauffage baissent, les individus en profiteront pour davantage se chauffer.</p>
<p>Par rapport à l’effet de compensation morale, notre enquête révèle que le chauffage au bois semble satisfaire les deux conditions susceptibles de le déclencher puisqu’il est perçu individuellement et collectivement comme un chauffage bon pour l’environnement. La présence de cet effet suggère alors un effet rebond supplémentaire qui vient s’ajouter à celui déjà causé par les mécanismes économiques et qui atténue encore plus les bénéfices de se chauffer au bois.</p>
<p>Tout l’enjeu maintenant est d’estimer l’amplitude de l’effet rebond associé au chauffage au bois afin de savoir à quel point les mécanismes économiques et psychologiques atténuent les bénéfices attendus. L’objectif étant in fine d’éclairer les décideurs publics sur l’intérêt ou non de subventionner ce type de chauffage.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222828/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathex Simon a reçu des financements de l'Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME). </span></em></p>Peu coûteux, renouvelable, le chauffage au bois est de plus en plus plébiscité, et même subventionné. Mais sa généralisation n’est pas sans risque : émissions de particules fines et effets rebond.Mathex Simon, Doctorant en économie de l'environnement et en économie comportementale, CEE-M, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2121372023-08-24T16:51:04Z2023-08-24T16:51:04ZPourquoi les fumées sont le véritable danger des incendies<p>Les incendies ont malheureusement occupé le devant de la scène médiatique ces derniers mois, qu’il s’agisse des <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/17/megafeux-au-canada-13-7-millions-d-hectares-de-foret-brules-deux-fois-plus-que-l-annee-record-de-1989_6185725_4355770.html">mégafeux qui ont ravagé les forêts canadiennes</a> ou la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/08/29/la-grece-affronte-le-plus-grand-incendie-jamais-enregistre-dans-l-union-europeenne_6186949_3244.html">Grèce</a>, du brasier qui a détruit en août l<a href="https://www.lepoint.fr/monde/incendies-a-hawai-le-bilan-humain-revu-a-la-baisse-97-morts-16-09-2023-2535628_24.php">a ville de Lahaina sur l’île de Maui, à Hawaï</a>, des incendies d’habitation qui se sont déclarés à <a href="https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie-meurtrier-a-wintzenheim/incendie-de-wintzenheim-l-enquete-administrative-demontre-qu-il-y-a-un-dysfonctionnement-general-declare-aurore-berge_6077253.html">Wintzenheim</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/18/incendie-mortel-a-grasse-le-suspect-place-en-detention-provisoire_6185859_3224.html">Grasse</a>, <a href="https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/incendie-meurtrier-a-lile-saint-denis-la-piste-criminelle-privilegiee-05-09-2023-7Q6ESMVTNZHHNL5ILSAJLCYYKE.php">l’Ile-Saint-Denis</a>, ou, encore plus récemment, de l’incendie d’immeubles désaffectés à <a href="https://www.francetvinfo.fr/france/normandie/seine-maritime/rouen/rouen-deux-immeubles-desaffectes-s-effondrent-apres-un-important-incendie_6094806.html">Rouen</a> ou d’une <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/01/en-espagne-un-incendie-dans-une-discotheque-a-murcie-fait-au-moins-sept-morts_6191879_3210.html">discothèque à Murcie, en Espagne</a>…</p>
<p>Dans la plupart des cas, ces incendies ont fait des victimes, parfois en grand nombre. Toujours impressionnantes, les images de ces catastrophes montrent des paysages ou des bâtiments ravagée par d’immenses flammes. Mais contrairement aux idées reçues, la plupart des décès qui surviennent lors d’incendies ne sont pas dus à un contact direct avec le feu : ce sont en effet généralement plutôt les fumées qu’il dégage qui sont les premières tueuses. </p>
<p>Létales à court et moyen termes, elles peuvent aussi l’être à plus longue échéance. Voici pourquoi.</p>
<h2>À quels dangers les incendies nous exposent-ils ?</h2>
<p>Les décès survenant au cours d’un incendie ont trois origines principales : thermique, traumatique (chute, défenestration volontaire, effondrement des structures brûlées, explosion des réseaux de gaz…) et chimique.</p>
<p>Dans l’imaginaire collectif, la peur du feu repose surtout sur les effets visibles et terrifiants du facteur thermique. La chaleur peut en effet tuer en quelques minutes, en détruisant les poumons. Elle engendre par ailleurs chez les survivants de terribles brûlures sur la surface corporelle, synonymes d’une <a href="https://www.slate.fr/story/229979/petite-fille-brulee-napalm-kim-phuc-traitement-peau-nick-ut-photographie-guerre-vietnam">vie de douleurs</a>, et de séquelles fonctionnelles et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0294126011001270">esthétiques</a>.</p>
<p>Pourtant, de façon assez contre-intuitive, lorsqu’un feu se propage, la cause de la grande majorité des décès est chimique. Ainsi, dans les feux d’habitation, seul un tiers des victimes décède des effets thermiques du feu, la majorité d’entre elles <a href="https://www.researchgate.net/publication/303837877_Chapter_2Fire_Types_and_Combustion_Products">(approximativement 60 à 66 %)</a> mourant plutôt de l’intoxication aux fumées. D’ailleurs, souvent, le corps de bon nombre des défunts ne présente aucune trace de brûlure.</p>
<p>Cette dangerosité des fumées s’explique non seulement par le risque d’asphyxie qu’elles font courir, mais aussi par la toxicité des composées qu’elles contiennent. Ladite toxicité peut s’exprimer immédiatement (en quelques minutes ou quelques heures) ou de façon retardée (en quelques jours, mois, voire années). Afin de comprendre les raisons de cette situation, il faut commencer par brièvement rappeler ce qu’est un feu.</p>
<h2>Le feu, une réaction chimique</h2>
<p>Un feu n’est rien d’autre qu’un ensemble de réactions chimiques, et plus précisément de réactions d’oxydation de divers combustibles. Ces réactions sont exothermiques, autrement dit elles dégagent de la chaleur.</p>
<p>Pour qu’un feu se développe, trois éléments doivent se conjuguer (on parle de <a href="https://theconversation.com/notre-dame-de-paris-comment-se-met-en-place-le-terrible-triangle-du-feu-115666">« triangle du feu »</a>) : un combustible (ce qui va brûler), un comburant (un corps qui, en se combinant au combustible, va entraîner sa combustion) et un élément qui constitue la source d’inflammation, en apportant l’énergie d’activation déclenchant la combustion.</p>
<p>Les combustibles qui alimentent un incendie sont très variés (bois, herbe, laine, polyacrylamide, polyuréthane…). Le comburant est en général le dioxygène (O<sub>2</sub>). L’énergie d’activation peut être apportée par un mégot incandescent, un court-circuit électrique, la foudre…</p>
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<p>Un feu débute lorsque la source d’inflammation provoque une augmentation importante de la température du combustible. Sous l’effet de la chaleur, une <a href="https://www.dailymotion.com/video/x2j22qw">pyrolyse</a> se produit : la surface du combustible subit une décomposition chimique qui émet des gaz inflammables, mais ne génère pas de flamme. Ce sont ces gaz qui s’enflamment sous l’effet de la montée en température, et non le combustible lui-même, comme on pourrait le penser.</p>
<p>Enflammés, ces gaz fournissent l’énergie d’activation (chaleur) au combustible intact, initiant alors un cercle vicieux.</p>
<p>Le feu ne s’arrête que lorsqu’au moins un des éléments du triangle est suffisamment réduit. Cela peut se produire « naturellement », quand il ne reste plus aucun combustible disponible (lorsque l’allumette est consumée entièrement, par exemple), soit suite à une intervention, qu’il s’agisse d’un <a href="https://infopompiers.com/Lexiquepompiers/procedes-extinction-feu/">inertage</a> (abaissement du niveau d’O<sub>2</sub> dans l’air par ajout d’azote) ou d’un apport d’eau (ce qui entraîne un refroidissement et donc une baisse de l’énergie d’activation).</p>
<h2>La menace de l’asphyxie</h2>
<p>Les décès par asphyxie sont majoritaires lors d’un incendie. En effet, non seulement le feu peut induire une baisse brutale de la concentration en O<sub>2</sub> de l’air (hypoxie ambiante), mais de plus, des gaz asphyxiants (CO<sub>2</sub>, CO, HCN) sont libérés rapidement en grandes quantités.</p>
<p>Si l’hypoxie ambiante créée par les feux en espaces clos n’est pas létale en soi, l’abaissement de 21 à 17 % de la concentration d’O<sub>2</sub> dans l’air perturbe la coordination motrice. En dessous de 10 %, les individus perdent rapidement conscience, et la fuite est impossible.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Modifications rapides de la composition de l’air et de sa température dans une pièce ouverte (apport continu d’O₂) subissant un feu de 100 kg de bois. Dès la 3ᵉ minute, l’hypoxie ambiante, le taux de CO et de CO₂ et la température de l’air sont à des niveaux létaux. On note l’absence de HCN, le bois contenant très peu d’azote.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot -- Inspiré des travaux de David Purser</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le risque d’asphyxie dépend surtout de la nocivité des fumées qui émanent de l’incendie. Divers gaz asphyxiants peuvent être produits, selon la composition des combustibles consumés. Et c’est bien là le problème, car chaque incendie est unique et il est impossible de déterminer a priori la toxicité des gaz émis.</p>
<p>Le carbone est par exemple un élément très présent dans la grande majorité des combustibles (il représente 50 à 90 % en masse). Sa combustion produira de grandes quantités d’oxydes de carbone (le très toxique monoxyde de carbone CO, et le dioxyde de carbone CO<sub>2</sub>). Toutes les fumées en contiennent, mais dans un feu couvant (mal ventilé) le rendement en C0 peut être 50 fois supérieur à celui d’un feu vif flamboyant.</p>
<p>L’azote, en revanche, est très inégalement réparti dans les matériaux : selon leur nature, ils peuvent en contenir de 0,1 % en masse pour le bois à 26 % pour le <a href="https://www.inrs.fr/publications/bdd/plastiques/polymere.html?refINRS=PLASTIQUES_polymere_2&section=risques">polyacrylonitrile</a>, un polymère utilisé pour fabriquer des fibres textiles acryliques. Or, la combustion de ce composé synthétique peut <a href="https://www.researchgate.net/publication/291361721_Chapter_10_Hydrogen_Cyanide-Physiological_Effects_of_Acute_Exposure_during_Fires">émettre en quantité de l’acide cyanhydrique</a> (HCN), un gaz particulièrement toxique et très inflammable.</p>
<h2>CO et HCN, les jumeaux toxiques</h2>
<p>Lors d’un incendie, de grandes quantités de CO<sub>2</sub> sont émises. Si ce gaz est <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0300483X96034920?via%3Dihub">faiblement toxique lorsque ses concentrations dans l’air sont inférieures à 10 %</a>, une l’inhalation de CO<sub>2</sub> à une concentration supérieure à 10 % provoque une hyperventilation qui peut <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9016738/">multiplier par 8 à 10 la ventilation minute</a> (la ventilation minute est le volume d’air inspiré à chaque cycle respiratoire multiplié par la fréquence des cycles par minute).</p>
<p>Cette hyperventilation facilite grandement l’intoxication, lors de la phase initiale d’exposition aux fumées, par des gaz plus asphyxiants tels que le monoxyde de carbone CO et l’acide cyanhydrique HCN. Ces deux gaz sont les premiers responsables de la toxicité immédiate des fumées.</p>
<p>Fortement concentré dans les fumées des feux peu ventilés, le CO a une affinité pour l’hémoglobine (Hb) de 200 à 250 fois supérieure à celle du dioxygène. C’est le principal facteur de la <a href="https://www.inrs.fr/dms/ficheTox/FicheFicheTox/FICHETOX_47-2/FicheToxS">toxicité</a> du CO : la carboxyhémoglobine (HbCO) qui se forme lors de son inhalation remplace l’oxyhémoglobine (HbO<sub>2</sub>), mais elle est inutilisable pour la respiration cellulaire. En d’autres termes, plus le CO est inhalé, moins le dioxygène est capté dans les poumons, transporté par le sang et libéré dans les tissus.</p>
<p>Un taux d’HbCO de 30 % est incapacitant pour un individu actif. Or, la moyenne des taux de HbCO des personnes décédées (non-brûlés) dans des incendies d’habitation est de <a href="https://www.researchgate.net/publication/308942174_Effects_of_pre-fire_age_and_health_status_on_vulnerability_to_incapacitation_and_death_from_exposure_to_carbon_monoxide_and_smoke_irritants_in_Rosepark_fire_incident_victims">l’ordre de 61-63 %</a>, et l’on considère qu’un taux de HbCO post-mortem supérieur à 70 % signe de fait un décès induit directement par ce gaz.</p>
<p>Le traitement de l’intoxication au CO est simple : le retrait immédiat de l’environnement vicié, puis l’oxygénothérapie (apport d’oxygène, sous pression normale ou en caisson hyperbare). Malheureusement, même traitées, peu de personnes comateuses survivent à une HbCO dépassant les 45 %.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Composés toxiques des 3 principaux types d’incendie. Les feux d’habitation consumant de nombreux matériaux synthétiques émettent beaucoup d’HCN, à l’inverse des feux de biomasse. Ces derniers émettent plus de vapeur d’eau (fumées blanches). Les feux de l’interface habitat-forêt (péri-urbain) produisent des fumées mixtes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Pour sa part, le HCN se retrouve dans l’air lors de la phase précoce de feux consumant les matériaux synthétiques azotés comme le nylon, les mousses en polyuréthane du mobilier, le polyisocyanurate des isolants de façade, les plastiques de notre électroménager, etc. Sa concentration est généralement moindre que celle du CO, mais sa <a href="https://www.inrs.fr/dms/ficheTox/FicheFicheTox/FICHETOX_4-1/FicheTox_4.pdf">toxicité</a> est 35 fois plus importante. Elle s’exprime via la formation de l’ion cyanure (CN-) dans le sang, qui bloque la respiration cellulaire.</p>
<p>En outre, <a href="https://www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/DMT/TI-TF-197/tf197.pdf">l’intoxication au HCN est rapide</a>. Par voie respiratoire elle est presque instantanée, tout comme ses effets délétères. Une concentration dans l’air de 270 ppm <a href="https://www.rincent-air.fr/convertisseur">(295 mg/m³</a>) est létale en moins de trois minutes. Le <a href="https://www.em-consulte.com/article/1369972/intoxication-par-les-fumees-d-incendie">traitement</a> impose le retrait immédiat de la zone viciée, une oxygénothérapie, et l’administration précoce de 5 g (dose adulte) d’hydroxocobalamine.</p>
<p>De plus, la toxicité du HCN et celle du CO se potentialisent. En effet, l’intoxication au HCN s’accompagne d’une <a href="https://books.rsc.org/books/edited-volume/1936/chapter-abstract/2565313/Hydrogen-Cyanide-Physiological-Effects-of-Acute?redirectedFrom=fulltext">hyperventilation (paroxystique en 3 à 5 min)</a> qui favorise l’absorption du CO. La profondeur du manque de dioxygène (anoxie, surtout cérébrale), et donc la rapidité du décès, dépend donc principalement de la concentration dans l’air de ces « jumeaux toxiques » et du niveau d’hypoxie ambiant.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout : de nombreux autres gaz produits pendant les incendies sont particulièrement irritants pour les yeux, le nez, la gorge, et les régions pulmonaires profondes.</p>
<h2>Un cocktail concentré de substances irritantes</h2>
<p>Ammoniac, chlore, phosgène, dioxyde de soufre, oxydes d’azote, pentoxyde de phosphore, chlorure d’hydrogène, bromure d’hydrogène, fluorure d’hydrogène, acroléine, formaldéhyde, acroléine, formaldéhyde… La combustion de la biomasse et des matériaux synthétiques engendre des <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/458052/HPA-CHaPD-004_for_website.pdf">gaz irritants par centaines</a>.</p>
<p>Au début d’un incendie, le relargage de ces gaz ne met généralement pas directement en péril la vie humaine, car les concentrations sont trop basses. Mais ces composés sont rapidement incapacitants. Ainsi, l’acroléine (C<sub>3</sub>H<sub>4</sub>O) serait le plus puissant des irritants pour les humains. Il est quasi <a href="https://publications.gc.ca/Collection/En40-215-48F.pdf">impossible d’en tolérer une concentration atmosphérique supérieure à 2 ppm (soit 5 mg/m³) pendant plus de 2 min</a> (la concentration létale serait de 8-9 ppm (soit 20 mg/m<sup>3</sup>)).</p>
<p>En limitant la possibilité de fuir, les gaz irritants exposent d’autant plus aux brûlures et à l’asphyxie. Par ailleurs, certains d’entre eux expriment une toxicité retardée en provoquant un œdème pulmonaire fatal plusieurs heures (voire plusieurs dizaines d’heures) après l’exposition.</p>
<p>Soulignons que la combustion de matériaux contenant des <a href="https://www.ensad.fr/sites/default/files/retardateurs-flamme.pdf">retardateurs de flammes</a> (des composés ajoutés aux mousses et aux plastiques des mobiliers ou des ordinateurs pour abaisser leur inflammabilité – <a href="w">avec une efficacité discutable selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail</a>) produit des gaz irritants nocifs, qui contiennent des halogénés (chlore, brome, fluor). Lors de leur combustion, de l’acide chlorhydrique gazeux peut notamment être produit, et se solubiliser dans les fluides des muqueuses des voies respiratoires, y provoquant des brûlures chimiques qui altèrent la ventilation.</p>
<h2>Molécules complexes et particules fines : des dangers à plus long terme</h2>
<p>Les incendies produisent aussi nombre de molécules toxiques parmi lesquelles des <a href="https://expertises.ademe.fr/professionnels/entreprises/reduire-impacts/reduire-emissions-polluants/dossier/composes-organiques-volatils-cov/definition-sources-demission-impacts">composés organiques volatils</a> dont certains sont cancérigènes (benzène, styrène, phénol, <a href="https://www.cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/hydrocarbures-aromatiques-polycycliques-hap/">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> – HAP, etc.).</p>
<p>Les suies issues de la combustion incomplète de la biomasse sont aussi particulièrement problématiques. Du point de vue physique, elles provoquent un véritable « empoussiérage » des voies pulmonaires, en tapissant l’arbre respiratoire, ce qui rend la respiration difficile. Étant chaudes, elles provoquent des brûlures locales de la muqueuse bronchique, et sont donc source d’inflammation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mécanismes de la toxicité respiratoire et cardiovasculaire due à l’exposition répétée à des suies. Cette toxicité concerne notamment pompiers, ramoneurs, ou membre de communautés n’utilisant que le bois pour se chauffer et cuisiner.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Par ailleurs, ces suies contiennent des particules fines de différentes tailles (<a href="https://theconversation.com/our-toxic-legacy-bushfires-release-decades-of-pollutants-absorbed-by-forests-145542">PM10</a>, <a href="https://theconversation.com/wildfire-smoke-can-harm-human-health-even-when-the-fire-is-burning-hundreds-of-miles-away-a-toxicologist-explains-why-206057">PM2.5</a>, PM1) et des nanoparticules de carbone sur lesquelles se fixent les substances hautement nocives produites par l’incendie (HAP, quinones, métaux lourds ou de transition…). Ce cocktail aussi varié que toxique est transporté jusqu’aux alvéoles pulmonaires, où il passe ensuite dans le sang.</p>
<p>La toxicité des suies réside également dans les effets retardés des produits de combustion qu’elles contiennent. Ceux-ci entraînent une inflammation chronique qui peut se traduire par des atteintes à moyen et long termes des fonctions respiratoires, cardiovasculaire, immunitaire ou neurologique. Certains sont par ailleurs cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.</p>
<p>L’inhalation, l’ingestion et/ou la contamination cutanée par ces composés expliquent pourquoi la <a href="https://firefightercancersupport.org/wp-content/uploads/2017/11/firefighter-cancer-fact-check.pdf">prévalence de certains cancers est plus bien plus élevée chez les pompiers</a> que dans les populations qu’ils servent (plus du double pour le cancer du testicule, notamment).</p>
<h2>Des mesures de prévention à connaître</h2>
<p>En France, <a href="https://mobile.interieur.gouv.fr/content/download/133115/1055532/file/StatsSDIS22BD.pdf">254 200 incendies se sont produits en 2022. Ils ont ôté la vie à 277 personnes</a>. La majorité d’entre eux sont survenus dans des habitations, les plus mortels étant les incendies nocturnes, car les fumées intoxiquent les dormeurs dans leur sommeil.</p>
<p>Pour limiter le risque d’incendie, il existe une <a href="https://www.saone-et-loire.gouv.fr/prevention-des-incendies-domestiques-a7662.html">myriade de mesures préventives</a>… </p>
<p>Et si malgré tout un incendie survient, <a href="https://www.ffmi.asso.fr/les-conduites-a-tenir-en-cas-dincendie/">certaines actions</a> peuvent <a href="http://www.sdis30.fr/Conseils/Pages/Conduite-%C3%A0-tenir-face-%C3%A0-un-incendie.aspx">accroître les chances d’y survivre</a>. La première d’entre elles consiste à ne pas chercher à fuir en s’aventurant dans des zones fortement enfumées…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212137/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Grélot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les fumées d’incendie sont composées de gaz toxiques asphyxiants et irritants, de vapeur d’eau et de suies. Elles sont souvent plus à craindre que les flammes elles-mêmes.Laurent Grélot, Professeur de Physiologie du travail et de l'exercice /// Ex- CR2C "Spécialiste physiologie du sport " au Commissariat des Armées - HIA Laveran, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2079642023-06-28T20:07:45Z2023-06-28T20:07:45ZComment la pollution atmosphérique impacte la pratique sportive<p>Régulièrement, des épisodes de pollution de l’air viennent faire l’actualité – comme encore récemment dans plusieurs régions de France. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) les définit comme des « contaminations de l’environnement intérieur ou extérieur <a href="https://www.who.int/fr/health-topics/air-pollution#tab=tab_1">par un agent chimique, physique ou biologique qui modifie les caractéristiques naturelles de l’atmosphère</a> ».</p>
<p>Il est aujourd’hui <a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-quand-respirer-devient-dangereux-129819">largement admis que ce phénomène a un impact sur la santé de la population en général</a>… Mais qu’en est-il pour les sportifs en particulier ? Sont-ils concernés par des risques spécifiques du fait de leur pratique ? </p>
<p>Pour mieux cerner ce vaste sujet, il est important de revenir aux bases : quelles sont les particules les plus dangereuses, et quelles sont les principales sources…</p>
<h2>Les principaux polluants atmosphériques</h2>
<p>L’OMS a classé les <a href="https://www.who.int/publications/i/item/9789240034228">différents polluants, et s’est intéressée à leurs effets physiologiques</a>. Les plus importantes sont :</p>
<p>● <strong>Les particules (PM) en suspension</strong>, de taille et de composition chimique variée. Les particules de 20 μm de diamètre (PM20) retombent rapidement, et sont donc peu nombreuses sauf dans les zones d’émission. Les PM10 (diamètre inférieur ou égal à 10 µm), PM2,5 et les particules ultrafines (PM<0,1µm) sont les plus fréquentes dans l’atmosphère.</p>
<p>Plus elles sont petites, plus elles impactent nos organes, provoquant le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32363462/">développement ou l’exacerbation de pathologies respiratoires ou cardio-vasculaires</a>, etc. L’exposition aux PM2,5 (même à des taux inférieurs aux normes en vigueur) peut <a href="https://www.bmj.com/content/367/bmj.l6609.long">augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral, de déficits cognitifs, de démence et de maladies d’Alzheimer et de Parkinson</a>.</p>
<p>● <strong>Le monoxyde de carbone (CO)</strong>, gaz formé lors de la combustion incomplète d’éléments carbonés. Véhicules à moteur, chauffages, incinérateurs, raffineries et nombre d’industries en sont de gros producteurs. Nos globules rouges ayant une affinité beaucoup plus forte pour le CO que pour le dioxygène (O<sub>2</sub>), il provoque une diminution rapide de l’oxygénation sanguine parfois jusqu’à la mort.</p>
<p>● <strong>Le dioxyde de soufre (SO<sub>2</sub>)</strong>, gaz soufré d’origine volcanique et industrielle. Si les émissions ont considérablement diminué ces dernières années dans les pays développés, ce n’est pas le cas partout – notamment lorsque mazout et diesel à haute teneur en soufre restent très utilisés. L’exposition au SO<sub>2</sub> provoque une augmentation des hospitalisations et décès de causes cardio-vasculaire ou respiratoire.</p>
<p>● <strong>Les oxydes d’azote (NOx)</strong>, gaz issu de combustibles riches en azote, issu du trafic routier ou des générateurs électriques principalement. Le dioxyde d’azote (NO<sub>2</sub>) est lui-même le précurseur clé d’une série de polluants secondaires d’origine photochimique, tels que l’ozone et les particules organiques, de nitrate et de sulfate mesurées comme PM10 ou PM2,5.</p>
<p>● <strong>Les composés organiques volatiles (COV)</strong>. Ils peuvent provenir d’une fuite de systèmes sous pression (gaz naturel, méthane, etc.) ou d’échappement, de l’évaporation d’un carburant (benzène, etc.) comme de la fumée de cigarette ou de produits ménagers. Leurs effets vont de la simple gêne olfactive à des effets cancérigènes. De plus, en se dégradant dans l’atmosphère du fait du rayonnement solaire et de la chaleur, ils provoquent la formation d’autres composés nocifs tels que l’ozone.</p>
<p>● <strong>L’ozone (O<sub>3</sub>)</strong>, un des <a href="https://theconversation.com/vers-une-accentuation-des-episodes-de-pollution-a-lozone-191454">polluants atmosphériques les plus répandus</a>. Il se forme à partir d’une réaction chimique entre les oxydes d’azote (NOx), le CO, la lumière du soleil et les hydrocarbures. Déplacé par le vent, il se concentre au niveau des grandes villes et les reliefs environnants, surtout par temps ensoleillé.</p>
<p>L’ozone est un fort irritant respiratoire, qui augmente les admissions hospitalières et décès, notamment chez les personnes atteintes de pathologies respiratoires. Il est également <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29103040/">impliqué dans le déclin cognitif</a>, la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28063597/">démence</a> et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25310992">maladie d’Alzheimer</a>.</p>
<h2>Normes des polluants</h2>
<p>La recherche sur le lien entre pollution et santé a permis à l’OMS d’établir des <a href="https://apps.who.int/iris/handle/10665/345329">seuils à ne pas dépasser</a>. Ces valeurs ont servi à la mise en place d’indices de qualité de l’air et de conseils pratiques – notamment en termes d’activité physique. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Niveaux pour les principaux polluants (particules fines, ozone, dioxyde d’azote et dioxyde de soufre)" src="https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532445/original/file-20230616-17-fk8rk1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Code couleurs pour l’indice de qualité de l’air de l’Agence Européenne de l’Environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Agence Européenne de l’Environnement</span></span>
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</figure>
<p>Ces indices ont un code couleur qui va de vert (bonne qualité de l’air) à violet foncé (mauvaise). On peut les retrouver sur les sites ou d’<a href="http://www2.prevair.org/">organismes officiels nationaux</a> ou régionaux, comme <a href="https://www.atmosud.org/">AtmoSud (région sud)</a> ou <a href="https://www.airparif.asso.fr/">AirParif (région Parisienne)</a>. Il en existe d’autres, internationaux, donnant une <a href="https://aqicn.org/map/france/fr/">vue d’ensemble</a> en <a href="https://www.iqair.com/fr/france">France</a>.</p>
<h2>Quand être vigilant lorsque l’on s’entraîne ?</h2>
<p>Dans certaines circonstances, la pratique sportive doit inciter à la vigilance… en extérieur comme en intérieur.</p>
<ul>
<li><strong>En cas de fort trafic automobile</strong></li>
</ul>
<p>La combustion de l’essence ou du diesel entraîne la production de gaz d’échappement contenant une série de polluants potentiellement nocifs : CO, NOx, COV et PM. En cas de chaleur et de températures élevées, de l’O<sub>3</sub> peut également se former en grande quantité.</p>
<p>L’usure des composants des freins et des pneus ainsi que du revêtement routier sont à prendre en compte. De même que la mise en suspension de particules de la surface de la route, par les turbulences générées ou par les forces de cisaillement entre le pneu et le sol.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-toutes-les-particules-fines-nont-pas-les-memes-effets-sur-la-sante-161261">Pollution de l'air : toutes les particules fines n’ont pas les mêmes effets sur la santé</a>
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<p>Les stades, souvent construits à proximité de grands axes routiers (pour en faciliter l’accès) et de parkings, sont donc des lieux potentiellement pollués au moment des matchs. À New Delhi, le marathon se déroule ainsi régulièrement dans des <a href="https://www.courrierinternational.com/dessin/delhi-un-semi-marathon-malgre-la-pollution">conditions dangereuses pour la santé</a>.</p>
<ul>
<li><strong>Lors d’épandages agricoles</strong></li>
</ul>
<p>Le risque de se trouver exposé à des concentrations de pesticides est difficile à évaluer. Peu d’études en lien avec les activités sportives ont été menées, mais une revue systématique faite auprès de travailleurs des espaces verts exposés à ces substances a observé une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34352232/">augmentation de la fréquence des cancers et de la maladie de Parkinson</a> dans certains sites.</p>
<p>Une cohorte de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8732923/">682 responsables de terrains de golf</a> aux États-Unis a également montré une surmortalité due aux cancers, en particulier de la prostate et du gros intestin, des lymphomes non hodgkiniens et des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34352232">tumeurs du cerveau ou du système nerveux</a>. </p>
<ul>
<li><strong>Pendant des mégafeux de forêt</strong></li>
</ul>
<p>Dans son sixième rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit que le <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/">changement climatique entraînera une hausse d’environ 30 % de la fréquence des incendies</a>, responsables de <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/">nombreux problèmes de santé</a>.</p>
<p>Incendies et mégaincendies libèrent de fortes concentrations de dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) – entre autres polluants atmosphériques. De plus, les fumées peuvent parcourir des milliers de kilomètres et diffuser cette pollution.</p>
<p>En juin 2017, lors des incendies <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32041266/">au Portugal</a> et en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S004896971832672X">Espagne</a>, les instruments de mesure des polluants avaient atteint leur limite supérieure… Au Portugal, les concentrations journalières pour les PM avaient localement dépassé pendant 7 à 14 jours les recommandations européennes et nationales.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quels-impacts-les-feux-de-foret-canadiens-peuvent-avoir-sur-la-sante-en-europe-208560">Quels impacts les feux de forêt canadiens peuvent avoir sur la santé en Europe ?</a>
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<p>En Australie, « l’été noir » (2019-2020) a connu cinq mois d’incendies dans l’est et le sud du pays. Les fumées ont été incriminées dans les problèmes respiratoires de nombreux tennismen et women à l’Open de tennis de Melbourne. Un exemple actuel est les <a href="https://theconversation.com/quels-impacts-les-feux-de-foret-canadiens-peuvent-avoir-sur-la-sante-en-europe-208560">mégafeux de forêt au Canada</a>, et l’image impressionnante du ciel orange new-yorkais début juin avec un air « irrespirable » et des activités sportives en extérieur à limiter.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/LNFuiG5W8Xc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La fumée a perturbé l’Open d’Australie en 2020.</span></figcaption>
</figure>
<ul>
<li><strong>Au cours de certaines saisons</strong></li>
</ul>
<p>En France, les exercices en plein air peuvent entraîner des expositions généralement à des PM (dont les pollens au printemps) lorsque le climat est tempéré (automne-hiver-printemps), et à l’ozone lorsqu’il fait chaud (printemps-été). Avec le réchauffement climatique, les pollens sont également de plus en plus allergisants et gagnent du terrain.</p>
<ul>
<li><strong>Sur terrain synthétique</strong></li>
</ul>
<p>Il y a quelques années, terrains de loisir et gazon artificiel (<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29090445/">comprenant du pneu recyclé</a>) ont <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21907387/">suscité des inquiétudes du fait de leur composition</a> : <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/CONSO2018SA0033RaEN.pdf">hydrocarbures aromatiques polycycliques, vulcanisants, plastifiants, antioxydants et métaux lourds</a>. Il y a un risque d’inhalation, d’ingestion et de contact avec des résidus problématiques.</p>
<p>Pour les PM, les risques concerneraient davantage leur <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30458352/">mutagénicité que la santé respiratoire directe</a>. Leur <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33513533/">quantité mesurée dans les terrains de sport</a> était supérieure aux seuils de sécurité légaux ou recommandés pour chaque composé, dont certains cancérigènes.</p>
<p>De plus, de nombreuses substances chimiques issues de la gomme de pneu ne font encore <a href="https://www.echa.europa.eu/clp-2017">l’objet d’aucune directive quant à leurs éventuels effets nocifs</a>…</p>
<ul>
<li><strong>En intérieur</strong></li>
</ul>
<p>Pratiquer en intérieur expose à des risques spécifiques. Il y a la pollution de l’air intérieur en propre, et celle provenant de l’extérieur – petites PM et ozone notamment. Ce dernier réagit souvent avec les surfaces intérieures.</p>
<p>Des études récentes, mais encore insuffisantes, ont mesuré la pollution en PM, COV et CO<sub>2</sub> dans les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29127930/">gymnases, les centres de fitness et les salles de sport</a>. Leurs concentrations sont essentiellement <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29127930/">fonction du nombre de participants, du type d’activité et de ventilation</a>. Parce qu’il remet peu en suspension les particules présentes, le yoga a <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29127930/">moins d’impact</a> que le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25958360/">body attack</a> par exemple. </p>
<p>Les concentrations élevées en COV peuvent provenir du désinfectant pour les mains à base d’alcool distribué dans les centres de fitness ou les produits de nettoyage, des diffuseurs ou parfums, mais également du matériel récent (tapis, petit matériel de fitness, etc.).</p>
<h2>Effets sur la performance</h2>
<p>Il faut noter que certains sportifs sont plus sensibles que d’autres. Les effets sur la performance ont été étudiés de deux façons : en rassemblant les temps réalisés par des athlètes sur une course sur différentes saisons, et en suivant les meilleurs résultats lors de marathons internationaux. Ces résultats ont ensuite été mis en lien avec les mesures environnementales et climatiques locales.</p>
<p>● <strong>Particules.</strong> Une augmentation des PM2,5 et PM10 augmenterait le temps de course au marathon et au 5 km (<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19952812/">chez les femmes</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36725956/">mais pas que</a>). Il y a deux explications possibles : par une baisse de la VO<sub>2</sub> max (quantité maximale d’oxygène que notre corps peut utiliser pendant l’exercice) et une augmentation de la perception de l’effort.</p>
<p>Cette corrélation existe <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32033838/">même si les seuils de l’OMS ne sont pas dépassés</a>, mais ces variations de performance ne sont alors <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30662486/">pas forcément perceptibles à l’échelle individuelle</a> ou sur des études de courte durée.</p>
<p>Chaque augmentation de 10 µg/m<sup>3</sup> de PM10 <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19952812/">augmentait par contre le temps de course de 1,4 % chez les femmes marathoniennes</a>. Et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1527002518822701">plus l’air est pollué, plus les effets sont visibles</a>. Un marathonien moyen aurait mis environ 12 minutes de plus pour franchir la ligne d’arrivée lors du marathon de Beijing en 2014, lorsque l’air était très pollué, comparé à un jour où l’air aurait été moyennement pollué.</p>
<p>● L’<strong>ozone</strong> semble le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22649525/">plus impactant pour la performance</a>. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29737586/">En plus de les diminuer</a>, il <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/6071610/">augmente le nombre d’abandons d’effort</a> – parfois jusqu’à 50 % en cas de concentration importante.</p>
<p>À faible concentration, les effets sont peu perceptibles au niveau de l’individu, mais un auteur a estimé la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29737586">baisse de performance à 0,39 % pour chaque augmentation d’environ 20 µg/m<sup>3</sup> d’O<sub>3</sub></a>.</p>
<p>Le plus souvent, ozone et PM combinent leurs effets. Le suivi des données de cinq Ironman se déroulant chaque année aux États-Unis sur sept ans ont permis de montrer que l’ozone impactait la performance en natation, et les PM2,5 plutôt celles en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35940024/">cyclisme et course à pied</a>. Chaque augmentation de 20 µg/m<sup>3</sup> d’ozone augmente le temps final moyen de 1 % et chaque augmentation de 1 mg/m<sup>3</sup> de PM2,5 de 0,12 %.</p>
<p>De façon cohérente, les marathoniens les plus entraînés, finissant plus vite les épeuves, sont <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35752238/">moins affectés par les effets des polluants</a>.</p>
<p>Des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34948538/">données comparables ont été obtenues pour les sports collectifs</a>. Chez des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0927537117302658?via%3Dihub">joueurs professionnels de la Bundesglia</a> et des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37146470/">adolescents footballeurs</a>, une baisse de la distance parcourue, des efforts à haute intensité ainsi que du nombre de passes ont été reportés en lien avec la qualité de l’air.</p>
<p>Dans la National Football League aux États-Unis, il a été montré que la <a href="https://www.researchgate.net/publication/367719978_Air_Quality_and_Employee_Performance_in_Teams_Evidence_from_the_NFL">défense était moins efficace quand les PM₂⋅₅ étaient élevées</a>.</p>
<p>Les arbitres professionnels ne sont pas épargnés. Le nombre d’erreur d’arbitrage augmenterait ainsi de 11 % pour chaque hausse de 1ppm de CO (moyenne sur 3h) et de 2,6 % des PM2,5 (moyenne sur 12h).</p>
<p>Les effets de la pollution sur la performance sont souvent masqués par ceux, plus importants, de la chaleur. Ils sont pourtant bien présents et, s’ils sont parfois de faibles envergures, ils suffisent à modifier un podium ou un score qui se joue à quelques secondes…</p>
<p>L’avenir du sport dans un environnement toujours plus chaud et pollué sera-t-il de sélectionner des athlètes moins sensibles aux polluants afin d’optimiser les performances de leur équipe ? Et surtout, que fait-on de ces informations en termes de santé publique ?</p>
<hr>
<p><em>Manon Friocourt est étudiante en Master STAPS (LAMHESS, Université Côte d’Azur). Elle travaille sur les effets des polluants sur la performance, sous la direction de Valérie Bougault, et a contribué à la réalisation de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207964/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Bougault est Conseillère scientifique bénévole de l'équipe de VTT professionnelle Orbea Factory Team et a dirigé un groupe de travail sur pollution, sport et maladies respiratoires pour la commission médicale du CIO.</span></em></p>Intuitivement, on se doute que sport et pollution ne font pas bon ménage. Quels sont les effets des principaux polluants atmosphériques ? Et quand (et où) faut-il fait le plus attention ?Valérie Bougault, Maître de Conférences, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2085602023-06-27T18:23:41Z2023-06-27T18:23:41ZQuels impacts les feux de forêt canadiens peuvent avoir sur la santé en Europe ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/534281/original/file-20230627-23-t33ggp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C212%2C1988%2C1254&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Prévision de la localisation du panache d'aérosols provenant des mégafeux en cours au Canada pour mercredi 28 juin.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://atmosphere.copernicus.eu/charts/packages/cams/products/aerosol-forecasts?base_time=202306270000&layer_name=composition_aod550&projection=classical_global&valid_time=202306280900">Copernicus Atmosphere Monitoring Service (CAMS)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>La fumée de <a href="https://www.ciffc.ca/">plus d’une centaine de feux de forêt</a> au Canada s’est répandue jusque dans les villes nord-américaines, pourtant situées loin des foyers. Le 7 juin 2023, New York et Detroit ont ainsi été classées parmi les <a href="https://www.iqair.com/us/world-air-quality-ranking">cinq villes les plus polluées du monde</a> à cause de ces lointains incendies. La fumée de ces mégafeux traverse maintenant l’Atlantique vers l’Europe – avec un pic attendu en France mercredi ou jeudi.</em></p>
<p><em><a href="https://www.umt.edu/biomedical-pharmaceutical-sciences/people/faculty.php?ID=1345">Chris Migliaccio</a>, toxicologue à l’université du Montana, étudie l’impact de la fumée des incendies de forêt sur la santé humaine. Quels sont les risques auxquels on peut être confrontés, même à des centaines de kilomètres de distance ?</em></p>
<p>(<em>Mark Parrington, du Service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS), estime <a href="https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20230626-incendies-au-canada-montr%C3%A9al-suffoque-peu-probable-que-l-air-europ%C3%A9en-soit-affect%C3%A9">peu probable que cela ait un impact majeur sur l’air en Europe</a>, le nuage étant à plusieurs km d’altitude. Mais tous les services d’observation restent vigilants, ndlr.</em>)</p>
<hr>
<h2>Qu’est-ce qui pose problème dans la fumée des incendies de forêt ?</h2>
<p>Lorsque nous parlons de la qualité de l’air, nous parlons souvent des « PM2,5 ». Il s’agit de particules en suspension dans l’air d’un diamètre de 2,5 microns ou moins, suffisamment petites pour pénétrer profondément dans les poumons.</p>
<p>L’exposition aux PM2,5 provenant de la fumée, ou d’autres pollutions atmosphériques telles que les émissions des véhicules, peut exacerber des problèmes de santé tels que l’asthme et réduire la fonction pulmonaire. Ce qui peut aggraver les problèmes respiratoires existants de même que certaines maladies cardiaques.</p>
<p>Mais le terme PM2,5 ne renseigne que sur la taille : pas sur la composition – ce qui brûle dans l’incendie qui les libère peut faire une différence significative dans la chimie.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1673390779065069568"}"></div></p>
<p>Dans le nord des Rocheuses, la plupart des incendies sont alimentés par la végétation, mais <a href="https://doi.org/10.1289/EHP3450">toutes les végétations ne sont pas identiques</a>.</p>
<p>De plus, si l’incendie se situe dans les zones périurbaines, à la jonction entre ville et nature, les combustibles manufacturés provenant des habitations et des véhicules peuvent également brûler, ce qui va <a href="https://nap.nationalacademies.org/catalog/26460/the-chemistry-of-fires-at-the-wildland-urban-interface">créer une autre chimie toxique</a>. On peut mentionner les <a href="https://www.cdc.gov/climateandhealth/effects/wildfires.htm">composés organiques volatils</a> (COV), le monoxyde de carbone (CO) et les <a href="https://www.cdc.gov/biomonitoring/PAHs_FactSheet.html">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> (HAP) produits lors de la combustion qui sont susceptibles de <a href="https://theconversation.com/comment-la-pollution-atmospherique-impacte-la-pratique-sportive-207964">nuire à la santé humaine</a>.</p>
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<h2>Quels sont les risques pour la santé ?</h2>
<p>Si vous avez déjà été près d’un feu de camp et que vous avez reçu un panache de fumée au visage, vous avez probablement ressenti une certaine gêne… L’exposition à la fumée des feux de forêt entraîne en effet une <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1029/2021GH000578">irritation du nez et de la gorge, voire une inflammation locale</a>. Si vous êtes en bonne santé, votre corps sera bien sûr largement capable de le supporter.</p>
<p>Comme pour beaucoup de choses, c’est la dose qui fait le poison – presque tout peut être nocif à une certaine dose…</p>
<p>En général, les cellules immunitaires situées dans nos poumons, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK513313/">macrophages</a>, y ramassent les particules étrangères et les éliminent – jusqu’à une certaine dose, donc. C’est lorsque le système est débordé qu’il peut y avoir un problème.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Illustration d’une petite section de poumons montrant les alvéoles et, à l’intérieur des alvéoles, des macrophages" src="https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=913&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=913&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=913&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">C’est au niveau des alvéoles pulmonaires que se font les échanges gazeux de la respiration. S’y trouvent également des cellules du système immunitaire : des macrophages.</span>
<span class="attribution"><span class="source">P. Brieux, Anatomy and Physiology</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’une des préoccupations est que la fumée peut <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-018-31459-6">neutraliser l’action des macrophages</a>, ou tout du moins la modifier suffisamment pour que vous deveniez plus sensible aux infections respiratoires.</p>
<p>Une étude sur le temps de latence dans l’effet de l’exposition à la fumée des feux de forêt a montré une <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.105668">augmentation des cas de grippe après une mauvaise saison d’incendies</a>. D’autres, menées dans les pays en développement, ont de la même façon révélé une augmentation des <a href="https://doi.org/10.1016/j.atmosenv.2022.119055">infections respiratoires</a> chez les personnes qui <a href="http://dx.doi.org/10.1136/thx.2010.147884">cuisinent sur des feux ouverts</a> dans les maisons.</p>
<p>Le stress d’une réaction inflammatoire peut également exacerber des problèmes de santé existants. Le fait d’être exposé à la fumée de bois ne provoquera pas en soi une crise cardiaque… mais si une personne présente des facteurs de prédisposition sous-jacents, tels qu’une accumulation importante de plaques d’athérome en cas de cholestérol, le stress supplémentaire peut augmenter le risque.</p>
<p>Les chercheurs étudient aussi les effets potentiels <a href="https://theconversation.com/breathing-wildfire-smoke-can-affect-the-brain-and-sperm-as-well-as-the-lungs-166548">sur le cerveau</a> et le <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/full/10.1289/EHP10498">système nerveux</a> des <a href="https://www.epa.gov/isa/integrated-science-assessment-isa-particulate-matter">particules inhalées</a>.</p>
<h2>Lorsque la fumée se propage sur de longues distances, sa toxicité change-t-elle ?</h2>
<p>Nous savons que la chimie de la fumée des incendies de forêt change. Plus elle reste longtemps dans l’atmosphère, plus <a href="https://theconversation.com/wildfire-smoke-changes-dramatically-as-it-ages-and-that-matters-for-downwind-air-quality-heres-what-we-learned-flying-through-smoke-plumes-151671">elle sera altérée</a> par la lumière ultraviolette. Nous avons encore toutefois <a href="http://doi.org/10.1016/j.etap.2017.08.022">beaucoup à apprendre</a> sur le sujet.</p>
<p>Les chercheurs ont tout de même constaté qu’il semble y avoir un niveau d’oxydation plus élevé : plus la fumée reste longtemps dans l’air, plus des oxydants et des radicaux libres sont générés. Si les effets spécifiques sur la santé ne sont pas encore clairs, il semble qu’une plus grande exposition entraîne des <a href="https://doi.org/10.1155/2017/8416763">effets plus importants</a>.</p>
<p>L’hypothèse est que plus la fumée est exposée aux rayons UV, plus il y a de <a href="https://ec.europa.eu/research-and-innovation/en/horizon-magazine/four-times-more-toxic-how-wildfire-smoke-ages-over-time">radicaux libres formés</a>, et plus le risque d’effets nocifs est élevé. Là encore, il s’agit en grande partie d’une question de dose.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Skyline de Denvers, complètement bouchée" src="https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Denver a été classée parmi les villes les plus polluées au monde le 19 mai 2023, en grande partie à cause de la fumée des incendies de forêt en provenance de l’Alberta, au Canada.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/cdpheapcd/status/1659537882133204992">Colorado Air Pollution Control Division</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si vous êtes en bonne santé, il est plus que probable qu’une promenade à vélo ou une randonnée dans une fumée légère ne soit pas un problème pour vous : votre corps sera parfaitement capable de récupérer.</p>
<p>En revanche… si vous faites cela tous les jours pendant un mois dans la fumée d’un incendie, cela soulève d’autres questions.</p>
<p>J’ai ainsi participé à des études avec des habitants de Seeley Lake, dans le Montana, qui ont été exposés à des niveaux dangereux de PM2,5 provenant de la fumée des incendies de forêt pendant 49 jours en 2017. Un an plus tard, nous constations toujours une <a href="https://doi.org/10.3390/toxics8030053">diminution de leur fonction pulmonaire</a>. Personne n’a dû être placé sous oxygène, mais il y avait une baisse significative.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-la-pollution-atmospherique-impacte-la-pratique-sportive-207964">Comment la pollution atmosphérique impacte la pratique sportive</a>
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<p>Il s’agit d’un domaine de recherche relativement nouveau, et nous avons encore beaucoup à apprendre, en particulier avec l’augmentation de l’activité des feux de forêt à mesure que la planète se réchauffe.</p>
<h2>Quelles précautions peut-on prendre ?</h2>
<p>S’il y a de la fumée dans l’air, la seule chose à faire est d'essayer de réduire votre exposition.</p>
<p>Peut-on éviter la fumée ? Non, à moins d’être dans une maison hermétiquement fermée ou que vous disposiez d’un très bon système de chauffage, ventilation et climatisation, disposant par exemple de <a href="https://www.epa.gov/indoor-air-quality-iaq/what-merv-rating">filtres MERV 15 ou supérieurs</a>.</p>
<p>Les niveaux de particules ne sont en effet généralement pas très différents à l’intérieur et à l’extérieur. Mais le fait d’être à l’intérieur diminue votre activité : votre rythme respiratoire est donc plus lent et la quantité de fumée que vous inhalez est probablement plus faible.</p>
<p>Nous avons également tendance à conseiller aux personnes potentiellement plus vulnérables, comme les asthmatiques, de créer un espace sûr à la maison et au bureau avec un système de filtration d’air autonome de haut niveau pour créer un espace où l’air est plus pur.</p>
<p>Certains <a href="https://doi.org/10.1038/s41370-020-00267-4">masques peuvent aider</a>. Un <a href="https://theconversation.com/masques-chirurgicaux-et-ffp2-deux-enquetes-pour-verifier-leur-innocuite-175388">masque FFP2</a> (bien connu depuis le Covid) ne fait pas de mal par exemple. Par contre, un simple masque en tissu ne sera pas d’une grande utilité.</p>
<p>La plupart des États, <a href="http://www2.prevair.org/">dont la France</a>, disposent de moniteurs de qualité de l’air qui peuvent vous donner une idée de la qualité de l’air, alors vérifiez ces sites et agissez en conséquence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208560/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christopher T. Migliaccio a reçu des financements du NIH et de la HRSA pour ses travaux sur les effets de la fumée de bois sur la santé.
</span></em></p>Les fumées des mégafeux qui ravagent le Canada sont en train d’atteindre l’Europe et la France. Que contiennent ces panaches ? Leur composition varie-t-elle ? Et quel impact sur la santé ?Christopher T. Migliaccio, Research Associate Professor in Toxicology, University of MontanaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1913892022-11-22T19:25:46Z2022-11-22T19:25:46ZComment les voitures remettent des particules polluantes en suspension dans l’air en roulant<p>À l’échelle mondiale, la détérioration de la qualité de l’air est un souci majeur, car son impact sur notre qualité de vie au sens large est considérable. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coût de la pollution atmosphérique sur la santé et la mortalité dans les pays de l’Union européenne en 2010 s’élève à <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0004/276772/Economic-cost-health-impact-air-pollution-en.pdf">1,575 milliard de dollars</a>.</p>
<p>La pollution atmosphérique est responsable de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9105082/">nombreuses pathologies</a> plus ou moins graves comme les allergies, l’asthme, les infections pulmonaires et les maladies cardiovasculaires. Plus encore, dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, des chercheurs ont montré que l’exposition à la pollution de l’air (principalement aux PM<sub>10</sub> (particules de tailles inférieures à 10 µm), PM<sub>2,5</sub> (particules de tailles inférieures à 2,5 µm), ozone, dioxyde d’azote) est non seulement un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749120320601">facteur de comorbidité</a> du SARS-COV-2, mais aussi de sa transmission dans les environnements intérieurs.</p>
<p>Enfin, il est également reconnu que la pollution de l’air a un impact environnemental majeur sur la visibilité (brouillard), sur la <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00109123">biodiversité</a> et sur le bâti (encrassement des bâtiments notamment).</p>
<h2>Les sources d’émission routières</h2>
<p>La contribution des transports routiers aux émissions de polluants atmosphériques est significative pour de nombreuses substances, qu’elles soient gazeuses ou particulaires. Les émissions liées au transport routier sont généralement classées en deux catégories : les émissions issues de l’échappement (EE) qui sont issues principalement de la combustion imparfaite du carburant et les émissions hors échappement (EHE) qui proviennent non seulement de l’usure des revêtements (route, pneus, plaquettes de frein), mais aussi des particules déposées sur les chaussées et qui peuvent être remises en suspension par les turbulences générées par la circulation des véhicules et par le vent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Schéma de la remise en suspension des particules.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ahmed Benabed</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au cours des dernières décennies, les travaux de recherche et développement, les mesures politiques principalement axées sur les EE combinées à des réglementations de plus en plus strictes imposées aux fabricants de véhicules (normes EURO) ont entraîné une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004896970800658X">baisse</a> de la contribution en pourcentage des particules d’échappement sur les concentrations ambiantes totales des particules. Cependant, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231005010058">il a été démontré</a> que même avec zéro EE, le trafic continuera à contribuer à l’émission de particules fines et ultrafines à cause des EHE.</p>
<h2>La contribution de la remise en suspension</h2>
<p>Ces dernières années, des efforts de plus en plus importants ont été déployés par les organismes de recherche afin d’améliorer les connaissances scientifiques sur les EHE et notamment les particules issues de la remise en suspension. Les différentes études conduites dans le but d’étudier ce phénomène ont montré qu’il dépend à la fois du type de véhicule (son poids principalement), de sa vitesse et des caractéristiques du revêtement de la chaussée. Concernant la contribution de la remise en suspension, il a été montré que ces émissions <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231010002657">peuvent dépasser 50 %</a> des émissions globales dans certaines conditions.</p>
<p>Compte tenu de ces éléments, on comprend mieux la nécessité d’approfondir l’état des connaissances sur le phénomène de remise en suspension des particules associé aux passages des véhicules. En particulier, il est important de s’intéresser aux mécanismes qui influencent le détachement des particules d’une surface et ensuite à leur dispersion dans l’environnement proche du véhicule.</p>
<p>Afin de caractériser de façon efficace la remise en suspension, il est important de commencer par comprendre ses mécanismes d’émission. Cet objectif constitue un vrai défi au regard des nombreux paramètres qui influencent le phénomène et qui peuvent interagir entre eux. Physiquement, la remise en suspension de particules produite par le passage d’un véhicule est le résultat des interactions roue/sol et roue/air. Ces interactions génèrent deux principales perturbations : mécaniques (vibrations du sol, forces électrostatiques liées aux frottements entre les surfaces) et aérodynamiques (écoulements turbulents liés à la rotation de la roue).</p>
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<p>Ces perturbations interagissent avec les particules initialement déposées sur la chaussée sous l’effet des forces d’adhérence. Sous l’action combinée de différents paramètres, ces particules peuvent être réentraînées de façon directe (la particule se détache de la surface du sol) ou indirecte (la particule s’attache dans un premier temps sur la surface de la roue puis se détache de cette dernière par éjection centrifuge). </p>
<p>Après leur réentrainement, les particules peuvent se redéposer sur la route, sur la structure du véhicule ou être transportées dans l’atmosphère environnante sous l’action des écoulements d’air (perturbation aérodynamique créée par la roue, par la voiture et par le vent). Une fois remises en suspension, ces PHE ont également la capacité de se disperser vers les trottoirs et/ou d’infiltrer les véhicules suiveurs et ainsi exposer les piétons et les occupants, respectivement, à des niveaux élevés de particules.</p>
<h2>Le projet CEPARER</h2>
<p>Dans ce contexte, un projet intitulé Caractérisation des émissions de particules remises en suspension par les véhicules routiers (CEPARER) est actuellement mené par une équipe de chercheurs de l’École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (ESTACA) en partenariat avec Airparif et l’Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle (l’UTAC). Ce projet est soutenu par l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) dans le cadre du programme AQACIA2020 (Amélioration de la qualité de l’air : comprendre, innover, agir) lancé en 2020. </p>
<p>L’objectif du projet CEPARER est l’étude fine des mécanismes contribuant à favoriser la remise en suspension des particules, la caractérisation des modes d’émission et les facteurs principaux influençant la remise en suspension (vitesse, catégorie et poids du véhicule et type de pneumatique). Le projet qui s’étendra sur trois ans (2022-2025) sera réalisé en deux parties : une étude en laboratoire sur un banc d’essai à l’ESTACA et une étude à l’extérieur sur l’une des pistes de l’UTAC à l’autodrome de Linas-Montlhéry. Ces deux phases du projet doivent permettre d’obtenir des informations importantes sur les concentrations et granulométries des particules remises en suspension, selon le type de véhicule, sa vitesse et le type de pneu. Les facteurs favorisant ce phénomène seront également étudiés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191389/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ahmed Benabed ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En roulant, les véhicules émettent des particules, mais en remettent également en suspension, comprendre mieux ce phénomène pourrait permettre de réduire ces pollutions.Ahmed Benabed, Enseignant-Chercheur en mécanique des fluides, ESTACALicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1841112022-05-31T18:52:26Z2022-05-31T18:52:26ZPauline : « Pourquoi l’essence des voitures et des avions pollue ? »<p>On obtient de l’essence en séparant les composants du pétrole dans des usines spécialisées appelées des raffineries. L’essence mélangée à de l’air est un produit inflammable et explosif qui permet de faire fonctionner un moteur de voiture ou d’avion. L’explosion est contrôlée et elle permet de mettre des pièces du moteur en mouvement pour faire bouger les roues des voitures.</p>
<p>Pour les avions, on utilise une essence spéciale appelée le kérosène qui ne gèle pas même quand il fait très froid en haute altitude.</p>
<p>Même si l’essence est dangereuse, on tombe rarement en panne et tout fonctionne en général très bien. Mais il y a un problème : la pollution de l’air. Quand on brûle de l’essence ou du kérosène, le moteur rejette du gaz carbonique (le CO<sub>2</sub> dont tu entends souvent parler) et des produits qui n’ont pas bien brûlé. Et là, ça se complique, parce que la pollution de l’air dérègle le climat avec plus de chaleur, plus de sécheresses et d’inondations, et provoque plus de maladies…</p>
<p>On sait ce qui entre dans un moteur : de l’air et de l’essence. On sait ce qui s’y passe : la combustion permet de faire avancer la voiture ou l’avion en actionnant le moteur. Mais qu’est-ce qui sort du pot d’échappement ou du réacteur ?</p>
<h2>Premier problème : le gaz carbonique (CO₂)</h2>
<p>L’oxygène de l’air (O) permet la combustion. Il se transforme alors en gaz carbonique qui associe 1 atome de carbone et 2 atomes d’oxygène (CO<sub>2</sub>). Or, le CO<sub>2</sub> est un gaz à effet de serre. Il retient la chaleur dans l’atmosphère. Plus il y en a et plus il va faire chaud sur la Terre. Et justement, sa quantité augmente à toute vitesse. On n’en a jamais trouvé autant dans l’atmosphère !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les changements de température à la surface de la Terre depuis 2 000 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Modifié à partir du rapport du GIEC, 2021</span></span>
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<h2>Deuxième problème : les particules qui n’ont pas brûlé</h2>
<p>Après, il y aussi les émissions d’autres molécules qu’il vaut mieux éviter de respirer. Les plus fines d’entre elles ont moins de 10 microns ; on parle alors de particules ultra-fines (PUF). 1 micron, c’est un mille fois plus petit qu’un millimètre ! Les PUF peuvent se loger au fond des poumons sans en ressortir. En plus, les molécules peuvent s’associer entre elles, par exemple avec des pollens ou des poussières contenus dans l’air que l’on respire. Tout ceci peut provoquer de nombreuses maladies… On a intérêt à habiter loin des aéroports et des routes à grande circulation.</p>
<h2>Comment supprimer la pollution par l’essence ?</h2>
<p>La meilleure solution serait de supprimer l’essence… « J’imagine des travailleurs qui bouchent des centaines de milliers de puits de pétrole et de gaz abandonnés qui ont besoin d’être nettoyés », a dit Joe Biden, le président des États-Unis d’Amérique. Oui, mais quand le fera-t-on ? La plupart des fabricants de voitures annoncent qu’ils passeront au tout électrique entre 2030 et 2050. Airbus annonce son premier avion électrique à hydrogène en 2035.</p>
<p>On peut aussi bricoler en se disant que si on a plus de forêts, alors les arbres vont attraper le CO<sub>2</sub> pour garder le carbone pour grandir et rejeter de l’oxygène. Magique ! Mais hélas, partout dans le monde on enlève des forêts. Aujourd’hui, même l’Amazonie émet plus de CO<sub>2</sub> qu’elle n’en absorbe parce qu’on remplace la forêt par des champs après l’avoir fait brûler.</p>
<p>Il y a une autre idée avec les biocarburants : on fait pousser des plantes qui sont transformées en carburant. Quand on le brûle, on rejette toujours de la pollution mais les plantes suivantes attrapent le carbone dans l’air. Et donc il y a un cycle carburant/pollution/captage de la pollution/carburant et ainsi de suite. On limite alors les dégâts. Mais problème : où trouver assez de champs alors qu’on en a besoin pour les humains et les animaux d’élevage ?</p>
<p>Fatalement, un jour il n’y aura plus de pétrole ni de gaz parce que ce sont des réserves naturelles que l’on va finir par épuiser. On en a fait, des guerres pour le pétrole et le gaz, et on continue à en faire. Alors, autant commencer tout de suite avec d’autres solutions, même si c’est compliqué et que ça va coûter cher !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184111/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raymond Woessner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les voitures électriques roulent déjà et les ingénieurs travaillent dur pour construire des avions plus propres. Il faut le faire : la pollution par l’essence est devenue un vrai danger.Raymond Woessner, Professeur honoraire de géographie, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1820732022-05-15T16:00:16Z2022-05-15T16:00:16ZPollution de l’air : diviser par trois la mortalité tout en étant économiquement rentable, c’est possible !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462285/original/file-20220510-10405-8t3is2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7360%2C4792&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans la métropole grenobloise comme ailleurs, l’amélioration de la qualité de l’air passe notamment par le vélo et les transports en commun. Mais le jeu en vaut la chandelle.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/diqJhQtHHNk">Fabe collage / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), <a href="https://www.who.int/fr/news/item/02-05-2018-9-out-of-10-people-worldwide-breathe-polluted-air-but-more-countries-are-taking-action#:%7E:text=Les%20recommandations%20de%20l%E2%80%99OMS,les%20PM2%2C5">dans le monde 9 personnes sur 10 respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants</a>. Les conséquences en matière de santé sont dramatiques, puisque l’OMS estime que l’exposition aux <a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-toutes-les-particules-fines-nont-pas-les-memes-effets-sur-la-sante-161261">particules fines</a> dans l’air extérieur est responsable de plus de 4 millions de décès par an. L’organisation a d’ailleurs significativement durci, fin 2021, <a href="https://www.who.int/fr/news/item/22-09-2021-new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">ses valeurs guides en matière de pollution de l’air</a>.</p>
<p>Les pays les plus touchés sont les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui totalisent 90 % des décès dus à la pollution de l’air, mais les autres pays sont également concernés. Ainsi, <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/pollution-de-l-air-l-oms-revise-ses-seuils-de-reference-pour-les-principaux-polluants-atmospheriques#:%7E:text=La%20pollution%20atmosph%C3%A9rique%20constitue%20un,lien%20avec%20l%E2%80%99air%20ambiant.">selon Santé publique France</a>, dans notre pays la pollution de l’air par les particules fines (PM<sub>2,5</sub>) serait en moyenne responsable d’une perte d’espérance de vie de près de 8 mois pour les personnes âgées de 30 ans et plus. Chaque année, près de 40 000 décès peuvent lui être attribués. </p>
<p>Ces impacts sanitaires se traduisent en impacts économiques conséquents. Ainsi, les coûts économiques de la pollution atmosphérique sur la santé étaient estimés en 2010 à environ 1 700 milliards de dollars dans les pays de l’OCDE, et rien qu’en France, les coûts directs et indirects, <a href="http://www.senat.fr/rap/r14-610-1/r14-610-11.pdf">à 100 milliards d’euros par an</a>. Pourtant, l’argument économique est parfois évoqué pour justifier de la faible ambition des politiques visant à réduire la pollution atmosphérique, alors même que les mesures de lutte contre la pollution ne donnent, en France, jamais lieu à une évaluation économique de leurs coûts et bénéfices.</p>
<p>Pour combler ces lacunes, nous avons développé le projet interdisciplinaire <a href="https://mobilair.univ-grenoble-alpes.fr/">MobilAir</a>. Son ambition était notamment de répondre à deux questions majeures : quelles mesures adopter pour atteindre un objectif prédéterminé de réduction de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en ville ? Quels en seraient les coûts et les bénéfices ? </p>
<p>Voici la démarche qui a été appliquée à l’échelle de l’agglomération grenobloise, ainsi que les résultats obtenus. Une approche qui est, en principe, transposable à toute agglomération…</p>
<h2>Évaluer l’impact économique de la pollution de l’air</h2>
<p>Si, en France, aucune évaluation économique n’est menée pour comparer les coûts et les bénéfices liés à la mise en place d’actions de réduction de la pollution, ce n’est pas le cas partout : aux États-Unis, par exemple, le <em>Clean Air Act</em> rend obligatoires de telles évaluations. Ces dernières ont démontré que les coûts de réduction de la pollution sont entre <a href="https://www.epa.gov/clean-air-act-overview/benefits-and-costs-clean-air-act-1990-2020-second-prospective-study">3 et 90 fois</a> moins importants que les bénéfices que ces mesures génèrent. </p>
<p>La première étape du projet MobilAir a donc consisté à estimer le coût humain et économique de la pollution de l’air dans la métropole grenobloise par le biais d’une évaluation quantitative de l’impact sanitaire (EQIS) complétée d’une analyse économique. Ces <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019300157">travaux</a> ont été publiés dans la revue scientifique <em>Environment International</em> en août 2019.</p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019300157">résultats</a> indiquent que l’exposition moyenne annuelle aux particules fines (PM<sub>2,5</sub>), estimée à 13,9 μg/m<sup>3</sup> en 2016, y était responsable de 145 décès chaque année. Les coûts associés à ces impacts sanitaires ont été quant à eux évalués à 495 millions d’euros par an.</p>
<h2>Réduire des deux tiers les émissions, c’est possible</h2>
<p>Face à ce constat, une démarche a été mise en place avec les décideurs locaux pour définir des objectifs de réduction de cette surmortalité. En collaboration avec les chercheurs, trois objectifs contrastés, mais chacun d’ampleur significative ont alors été définis : diminuer de 33 %, 50 % et 67 % la mortalité attribuable aux PM<sub>2,5</sub> en 2021, 2025 et 2030, respectivement, par rapport au bilan établi pour 2016.</p>
<p>Le travail de modélisation interdisciplinaire, qui s’est déployé sur trois années, a regroupé des spécialistes de la pollution de l’air d’<a href="https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/">Atmo Auvergne-Rhône-Alpes</a>, des épidémiologistes de l’<a href="https://www.inserm.fr/">Inserm</a>, des économistes de l’environnement du <a href="https://www.cnrs.fr/fr/page-daccueil">CNRS</a>, ainsi que des spécialistes des transports de l’<a href="https://www.inrae.fr/">Inrae</a>. Cette chaîne de modélisation est basée sur diverses sources de données : données de pollution directement produites par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, données issues de la surveillance sanitaire, données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), données provenant d’enquêtes de mobilité ainsi que de la littérature scientifique, spécialisée en santé et en économie.</p>
<p>Cette approche a permis d’identifier les politiques à appliquer dans les deux secteurs contribuant le plus à la pollution afin d’atteindre les objectifs fixés.</p>
<h2>Chauffage au bois et trafic routier : d’importants émetteurs de particules fines</h2>
<p>Le chauffage au bois et le trafic routier sont les principaux émetteurs de PM<sub>2,5</sub> dans l’agglomération grenobloise. À l’échelle de la métropole grenobloise, ces deux secteurs représentent respectivement 63 % et 17 % des émissions (données Atmo AuRA). </p>
<p>Les PM<sub>2,5</sub> produites par le trafic routier proviennent non seulement de la combustion du diesel (émissions à l’échappement), mais aussi de l’abrasion des freins et de la resuspension des particules lors du frottement des roues sur le bitume. Alors que le renouvellement du parc de véhicules diesel permet de réduire les émissions à l’échappement (notamment pour les véhicules diesel correspondants aux <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/normes-euros-demissions-polluants-vehicules-lourds-vehicules-propres#:%7E:text=Par%20rapport%20%C3%A0%20la%20norme%20Euro%20V%2C%20la%20norme%20Euro,et%20les%20particules%20par%2035.">normes Euro 5 et 6</a>, qui sont postérieurs à 2011), la technologie n’a aucun impact sur les émissions dues à l’abrasion et à la resuspension. De ce fait, un véhicule électrique émet lui aussi des PM<sub>2,5</sub>. </p>
<p>Pour ce qui concerne le chauffage au bois, ce sont principalement les équipements de type cheminée à foyer ouvert et poêles non performants qui participent majoritairement aux émissions du secteur.</p>
<p>Les travaux indiquaient que l’objectif le plus ambitieux, soit une diminution de 67 % des 145 décès liés aux PM<sub>2,5</sub>, est effectivement <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412021006553?via%3Dihub">atteignable</a>. Il faut pour cela agir de manière combinée et ambitieuse sur le chauffage au bois et le transport.</p>
<h2>Comment procéder ?</h2>
<p>Pour le chauffage, il s’agirait de remplacer tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés. Ces derniers permettent de limiter considérablement les émissions de PM<sub>2,5</sub>.</p>
<p>Dans le secteur des transports, il est nécessaire de viser une réduction d’un tiers du trafic des voitures et deux-roues dans l’agglomération. Ceci pourrait être atteint par une zone à faibles émissions (zone urbaine dont l’accès est réservé aux véhicules les moins polluants) pour le transport de marchandises et les véhicules particuliers, interdisant l’accès aux véhicules<a href="https://www.ecologie.gouv.fr/certificats-qualite-lair-critair#e5"> « Crit’air 2 » </a> et plus. </p>
<p>Irréaliste ? Non, car les données de déplacement sur l’agglomération grenobloise montrent qu’une telle diminution est atteignable en augmentant l’usage des modes de transport actifs comme alternative à la voiture. Autrement dit, pour améliorer la qualité de l’air, les nombreux trajets courts parcourus aujourd’hui en voiture devront se reporter vers la marche ou le vélo. Cerise sur le gâteau : ces reports, qui permettront de réduire la pollution, auront aussi des répercussions positives sur la santé de celles et ceux qui en feront le choix.</p>
<h2>Lutter contre la pollution de l’air : d’importants co-bénéfices sanitaires liés à l’activité physique</h2>
<p>La marche - y compris pour se rendre aux arrêts de transports en commun - et le vélo, qu’il soit classique ou à assistance électrique augmentent l’activité physique. Soulignons que la démocratisation du vélo à assistance électrique rend envisageable le remplacement de la voiture pour des trajets plus longs. Or on sait aujourd’hui tous les bénéfices pour la santé qui découlent d’une activité physique régulière.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-savoir-si-vous-etes-sedentaire-86422">Comment savoir si vous êtes sédentaire ?</a>
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</p>
<hr>
<p>Les estimations des épidémiologistes montrent qu’au-delà des 96 décès par an (soit 67 % des 145 décès attribuables à la pollution atmosphérique) évités par la baisse de la pollution atmosphérique, entre 60 et 180 décès supplémentaires pourraient être évités par augmentation de l’activité physique. Ces chiffres dépendent bien entendu des modes de transport utilisés en alternative à la voiture : les scénarios avec le plus fort développement de la marche et du vélo sont ceux conduisant aux gains sanitaires les plus importants comparativement aux scénarios davantage axés sur les transports en commun. Précisons que ces chiffres tiennent compte également de l’accidentologie spécifique à chaque mode de transport.</p>
<p>Au total, avec les hypothèses les plus favorables à l’activité physique, jusqu’à 270 décès pourraient être évités chaque année dans la population grenobloise (sur une mortalité annuelle toutes causes confondues d’environ 2 600 décès).</p>
<h2>Un rapport coût-bénéfice conséquent</h2>
<p>Au-delà de ces bénéfices sanitaires considérables, ces mesures sont également très favorables d’un point de vue économique. L’analyse coût-bénéfice menée dans le cadre de ce projet a permis de comparer l’ensemble des coûts et l’ensemble des bénéfices sur les 30 prochaines années. </p>
<p>Les coûts pour la collectivité en matière de financement des mesures et des infrastructures nécessaires ont été évalués, tout comme l’impact sur les dépenses des ménages (achats d’un nouvel équipement de chauffage, impact du report modal sur les dépenses). Les bénéfices économiques liés aux impacts sanitaires (diminution de la pollution et augmentation de l’activité physique), au bruit, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au temps passé dans les transports ont également été estimés. </p>
<p>Ces évaluations indiquent que les scénarios avec le plus fort développement des modes actifs sont ceux conduisant au bénéfice économique net total le plus élevé, générant 6,7 à 8,7 milliards d’euros sur la période de 30 ans considérée (selon que l’on intègre ou non le vélo à assistance électrique dans les options de report modal). Cela représente un bénéfice annuel net se situant entre 480 et 630 euros par habitant et par an. </p>
<p>Une hypothèse de report modal favorisant plutôt les transports en commun se traduit également par un bilan positif, quoique plus faible, d’environ 2 milliards d’euros sur la période 2016-2045 (soit 160 euros par an et par habitant). Sur l’ensemble des scénarios évalués, chaque euro investi par la collectivité sous forme d’infrastructures de transport et de subvention à l’achat de poêles à granulés générerait entre 1,1 et 4,7 euros de bénéfices.</p>
<p>Il est donc possible de mettre en place dans les collectivités des mesures permettant de réduire considérablement la pollution et ses impacts. Reste à trouver comment convaincre : impulser les changements de comportement de mobilité dans le cadre des politiques environnementales demeure aujourd’hui encore difficile. Espérons que la perspective d’améliorer considérablement leur bien-être et leur santé - en luttant contre la pollution de l’air et en pratiquant une activité physique régulière - encouragera les urbains à enfourcher plus souvent leur vélo…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182073/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>On invoque parfois l’économie pour justifier l’ambition limitée de la lutte contre la pollution de l’air. Pourtant, plus celle-ci vise haut, plus le bénéfice pour le budget - et la santé - est grand.Sandrine Mathy, Directrice de Recherche CNRS - économiste de l'environnement - Laboratoire GAEL, Université Grenoble Alpes (UGA)Hélène Bouscasse, Chercheuse INRAE, spécialisée en économie spatiale et des transport, InraeRémy Slama, Directeur de recherche en épidémiologie environnementale,, InsermStephan Gabet, Attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) en Santé publique, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1755452022-01-30T19:08:37Z2022-01-30T19:08:37ZNormes de qualité de l’air : quels bénéfices pour la santé en attendre en Europe ?<p>Dès le début du XX<sup>e</sup> siècle, des épisodes de pollution atmosphérique ont marqué les esprits et révélé des impacts sanitaires gravissimes. En 1930, le <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ps/2007-v26-n2-3-ps2113/017664ar/">pic de pollution aux oxydes de soufre et d’azote dans la vallée de la Meuse</a> (Belgique) entraîna ainsi une augmentation massive des décès (multipliés par six). Mais c’est bien l’épisode du <a href="https://dictionary.cambridge.org/fr/dictionnaire/anglais/smog">grand smog de Londres</a> 20 ans plus tard qui constitue le marqueur d’une prise de conscience internationale sur le lien entre qualité de l’air et santé.</p>
<p>Caractérisé par une accumulation inédite entre le 5 et le 9 décembre 1952 des fumées émanant des installations de combustion industrielles et du chauffage résidentiel, cet épisode est suivi d’un <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp.6539">excès de plus de 4 000 décès en deux semaines</a>, et de <a href="https://www.researchgate.net/publication/10992016_Counting_the_Cost_of_London%E2%80%99s_Killer_Smog">12 000 jusqu’à février 1953</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, des dispositifs législatifs visant à évaluer et gérer la qualité de l’air ont été mis en œuvre : le <em>Clean Air Act</em> au Royaume-Uni en 1956, le <em>Clean Air Act</em> aux États-Unis en 1963, en Italie et en Suisse en 1966, et la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000684032/">loi sur l’air française de 1961</a>.</p>
<p>Toutefois, dans tous ces dispositifs, les aspects sanitaires demeuraient marginaux. Leur couverture spatiale et temporelle était également limitée. Par exemple, <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ps/2007-v26-n2-3-ps2113/017664ar/">cette première loi française prévoyait essentiellement des plans d’alerte en cas de crise et la mise en place des systèmes de mesure de la composition de l’air, mais uniquement dans les zones fortement industrialisées</a>.</p>
<h2>Des normes pour réduire la pollution</h2>
<p>Depuis, les dispositifs ont bien évolué. Le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000381337/">dispositif national actuel</a> couvre l’ensemble du territoire, avec une surveillance et prévision en continu. Ce dispositif, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000018984836/">régi par des directives européennes</a>, fixe des normes de qualité de l’air pour la concentration atmosphérique de certains polluants avec objectifs de qualité de l’air, seuils d’alerte, d’information/recommandation et valeurs limites.</p>
<p>Au niveau mondial, l’Organisation mondiale de la Santé a recommandé en 2021 des <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/346555/9789240035423-fre.pdf">valeurs guides de qualité de l’air</a> pour la concentration de six polluants : particules fines en suspension (PM<sub>2,5</sub> et PM<sub>10</sub>, PM pour <em>Particles Matter</em>, dont les <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c2196">diamètres sont inférieurs à 2,5 et 10µm</a>), ozone (O<sub>3</sub>), dioxyde d’azote (NO<sub>2</sub>), dioxyde de soufre (SO<sub>2</sub>) et monoxyde de carbone (CO).</p>
<p>En France, comme dans d’autres pays industrialisés, ces dispositifs de surveillance et normes ont permis de réduire les niveaux de pollution. En métropole, sur ces 20 dernières années, les concentrations atmosphériques ont ainsi diminué de plus de 80 % pour le SO<sub>2</sub> et d’environ 50 % pour les PM<sub>2,5</sub>, PM<sub>10fPM10</sub> et NO<sub>2</sub>. Les concentrations en O<sub>3</sub> sont, elles, restées stables voire ont légèrement augmenté <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2021-10/datalab_95_bilan_qualite_air_exterieur_france_octobre2021.pdf">d’après le Bilan de la qualité de l’air extérieur en France du CGDD (2021)</a>.</p>
<h2>Les bénéfices sanitaires attendus du renforcement des normes actuelles</h2>
<p>Compte tenu des progrès technologiques et d’une perception des enjeux sanitaires de la qualité de l’air accrue au sein de la société, il est improbable d’observer à nouveau en Europe des conditions extrêmes comme celles du smog londonien.</p>
<p>Il n’en reste pas moins que les concentrations relativement faibles en Europe occidentale et en Amérique du Nord restent <a href="https://www.healtheffects.org/research/funding/rfa/14-3-assessing-health-effects-long-term-exposure-low-levels-ambient-air-pollution">associées à des augmentations significatives de la mortalité et de la morbidité cardio-vasculaires et respiratoires</a>. De nombreux exemples recensés sur ces continents montrent qu’une <a href="https://www.atsjournals.org/doi/10.1513/AnnalsATS.201907-538CME">réduction de la pollution est associée à des bénéfices sur la santé</a>.</p>
<p>Les particules fines (PM<sub>2,5</sub>), polluant le plus documenté avec des enjeux de santé quantifiables majeurs, sont un cas d’école. Une analyse poolée de huit cohortes européennes montrent ainsi une <a href="https://www.bmj.com/content/374/bmj.n1904">augmentation de 30 % de la mortalité pour une augmentation de 5 µg/m³</a>, chez les participants exposés à des concentrations inférieures à 12 µg/m<sup>3</sup>. Des bénéfices pour la santé sont donc possibles à ces concentrations très inférieures aux normes françaises et européennes (voir le tableau ci-dessous).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Tableau des valeurs attendues en Europe et en France" src="https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=165&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=165&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=165&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=207&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=207&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=207&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Normes UE/FR pour les particules fines PM₂.₅.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après ANSES 2017</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or en France en 2019, 28 % de la population métropolitaine était exposée à une concentration moyenne supérieure à l’objectif de 10 µg/m<sup>3</sup> (INERIS 2022), ce qui laisse là aussi entrevoir une marge de progrès. Cette marge semble d’autant plus importante vu l’objectif le plus ambitieux de l’OMS, qui se situe à 5 µg/m<sup>3</sup> (voir le second tableau ci-dessous).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Tableau des valeurs journalière et annuelle et excès de mortalité associé" src="https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Valeurs guides de l’OMS pour les particules fines PM₂.₅.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après OMS 2021b</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des estimations récentes ont quantifié l’impact potentiel des normes et valeurs guides sur la santé des populations, incluant des estimations nationales (publiées fin 2021 par <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/impact-de-pollution-de-l-air-ambiant-sur-la-mortalite-en-france-metropolitaine.-reduction-en-lien-avec-le-confinement-du-printemps-2020-et-nouvelle#:%7E:text=R%C3%A9sultats%20%3A%20La%20limitation%20des%20activit%C3%A9s,juin%202019%20%C3%A0%20juillet%202020.">Santé Publique France</a> et l’<a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2020SA0110.pdf">Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)</a>), <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2021/health-impacts-of-air-pollution">européennes (par l’Agence européenne de l’environnement (AEE)</a> et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33057794/">mondiales</a>.</p>
<p>En France métropolitaine, 39 541 (14 160–61 690) décès par an seraient évitables avec une réduction de l’exposition à long terme aux PM<sub>2,5</sub> jusqu’à 5 µg/m<sup>3</sup>, représentant un <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/impact-de-pollution-de-l-air-ambiant-sur-la-mortalite-en-france-metropolitaine.-reduction-en-lien-avec-le-confinement-du-printemps-2020-et-nouvelle#:%7E:text=R%C3%A9sultats%20%3A%20La%20limitation%20des%20activit%C3%A9s,juin%202019%20%C3%A0%20juillet%202020.">gain moyen d’espérance de vie dans la population âgée de 30 ans et plus de 7,6 (2,6-12,1) mois</a>. Ce gain moyen s’étend de 5,9 mois dans les zones rurales à 8,7 mois dans les zones urbaines.</p>
<p>Durant les pics de pollution, conserver des niveaux d’exposition à court terme aux PM<sub>2,5</sub> sous les nouveaux seuils d’information/recommandation et d’alerte permettrait de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2020SA0110.pdf">réduire de 19 % le nombre annuel de passages aux urgences pour asthme chez l’enfant (< 18 ans) attribuables aux PM<sub>2,5</sub></a>. Ce bénéfice sanitaire apparaît relativement homogène sur le territoire national avec 37 des 44 <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1501">agglomérations urbaines</a> étudiées où la réduction se situe entre 15 % et 24 %.</p>
<p>Au niveau européen (UE-27), l’AEE vient de chiffrer à 307 000 le nombre annuel de <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2021/health-impacts-of-air-pollution">décès prématurés attribuables à l’exposition chronique aux PM<sub>2,5</sub> (concentrations mesurées en 2019)</a>. Dans un scénario théorique, l’atteinte en 2019 des valeurs guides OMS IT-4 (10 µg/m<sup>3</sup>) et AQG (<em>Air quality guidelines</em>, 5 µg/m<sup>3</sup>) aurait permis de réduire d’au moins 21 % et 58 % le nombre de décès prématurés attribuables à la pollution PM<sub>2,5</sub>. La norme européenne actuelle (25 µg/m<sup>3</sup>) n’apporte <a href="https://www.eionet.europa.eu/etcs/etc-atni/products/etc-atni-reports/etc-atni-report-10-2021-health-risk-assessments-of-air-pollution-estimations-of-the-2019-hra-benefit-analysis-of-reaching-specific-air-quality-standards-and-more">pas de bénéfice</a>.</p>
<p>Au sein du continent, les bénéfices potentiellement les plus importants en nombre d’années de vie sauvegardées sont observés pour les pays avec le plus grand nombre d’habitants : l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni et la France (voir la figure 1A ci-dessous). Rapportés au nombre d’habitants, les bénéfices les plus significatifs sont attendus dans les pays les plus pollués d’Europe centrale et d’Europe de l’Est : Bosnie-Herzégovine, Serbie, Kosovo, Macédoine du Nord et Bulgarie (voir la figure 1B).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1 : Nombre d’années de vie perdues attribuables à l’exposition aux PM₂.₅ en 2019 dans 41 pays européen (A), rapporté aux nombres d’habitants (B).</span>
<span class="attribution"><span class="source">AEE 2021a ; Traitement graphique : M. Redaelli</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des estimations à manier avec précautions</h2>
<p>Ces estimations, qui quantifient les bénéfices d’une diminution de la pollution, doivent cependant être interprétées avec précaution, sachant que :</p>
<ul>
<li><p>Il s’agit d’estimations théoriques supposant que les normes ou valeurs guides seraient respectées, ce ne sont pas des observations ;</p></li>
<li><p>Les estimations telles que présentées par pays ont une propension à être utilisées pour comparer, voire hiérarchiser, les différents pays. Or, elles masquent l’influence connue de facteurs non anthropiques (ex : conditions météorologiques et topographiques) sur les gradients spatiaux de pollution. Aussi, des objectifs de réduction dans le temps sur une même zone géographique (voir figure 2 ci-après) sont probablement des outils normatifs plus pertinents ;</p></li>
<li><p>Le <a href="https://www.osti.gov/etdeweb/servlets/purl/418257">choix de la fonction exposition-risque</a> dans la méthode de calcul est un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40572-018-0175-2">paramètre sensible</a>. La fonction utilisée pour les estimations de l’AEE correspond à une <a href="https://www.euro.who.int/en/health-topics/environment-and-health/air-quality/publications/2013/health-risks-of-air-pollution-in-europe-hrapie-project.-recommendations-for-concentrationresponse-functions-for-costbenefit-analysis-of-particulate-matter,-ozone-and-nitrogen-dioxide">augmentation linéaire du risque de mortalité de 3 % pour une augmentation de 5 µg/m³ de PM<sub>2,5</sub></a>. Publiées plus récemment, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32703584/">méta-analyse</a> et une <a href="https://www.bmj.com/content/374/bmj.n1904">analyse poolée de huit cohortes européennes</a> observent respectivement des augmentations de 4 % et 13 %. Les bénéfices d’une réduction de pollution pourraient donc être sous-estimés ;</p></li>
<li><p>Les estimations prospectives n’intègrent pas les évolutions démographiques telles que l’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806684">urbanisation croissante</a> et le <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1377211?sommaire=1377217">vieillissement de la population</a> qui augmentent les effectifs de population plus exposés et plus sensibles à la pollution.</p></li>
<li><p>Enfin, ces estimations n’intègrent pas non plus les co-bénéfices associés à la réduction concomitante des gaz à effet de serre (tel le CO<sub>2</sub>) et de certains forceurs climatiques (comme le carbone suie), ni les bénéfices et coûts économiques des mesures de réduction de la pollution.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Figure 2 : Nombre de décès prématurés attribuables aux PM₂.₅ en Europe (UE-27) sur la période 2005-2019 et distance jusqu’à la cible de 55 % de réduction depuis 2005.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AEE 2021a</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Améliorer la santé en réduisant la pollution : à quel prix ?</h2>
<p>Plusieurs analyses ont monétarisé les bénéfices sanitaires et les coûts des politiques de lutte contre la pollution de l’air ambiant.</p>
<p>Aux États-Unis, les <a href="https://www.epa.gov/clean-air-act-overview/benefits-and-costs-clean-air-act-1990-2020-report-documents-and-graphics">ratios bénéfices:coûts ont été estimés entre 3:1 et 90:1 en vertu de la loi Clean Air Act</a>, avec une estimation centrale à 30:1. Autrement dit, pour 1 € injecté dans la lutte contre la pollution, la communauté récupérerait 30 €.</p>
<p>En Europe, pour la révision des plafonds d’émission, le <a href="https://ec.europa.eu/environment/air/pdf/clean_air_outlook_economic_impact_report.pdf">ratio bénéfices:coûts était compris entre 14:1 et plus de 50:1</a> selon des hypothèses plus ou moins conservatrices de l’évaluation économique de la mortalité.</p>
<p>Au niveau de l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412021006553">agglomération grenobloise</a>, des ratios de 30:1 pour les politiques ciblant le chauffage au bois, et compris ente 1:1 et 68:1 pour celles sur le trafic routier, ont été estimés en incluant les bénéfices sanitaires indirects (diminution des accidents du trafic, activité physique) et certains bénéfices économiques liés à la réduction des émissions de CO<sub>2</sub> et du bruit.</p>
<p>Au <a href="http://www.senat.fr/commission/enquete/cout_economique_et_financier_de_la_pollution_de_lair.html">niveau national</a>, le bénéfice net de la lutte contre la pollution de l’air associé au respect des plafonds d’émission nationaux a été estimé en 2015 à 11 Md€ par an.</p>
<p>Ces analyses suggèrent ainsi des gains largement supérieurs aux coûts, bien qu’elles soient sensibles aux paramètres socio-économiques contextuels et aux hypothèses retenues, notamment sur la valorisation monétaire de la vie humaine et sur les <a href="https://lexeco.wordpress.com/c/cout-tangible-et-cout-intangible/">coûts intangibles</a>.</p>
<h2>En conclusion</h2>
<p>La pollution atmosphérique constitue un des facteurs de risques environnementaux les mieux documentés, et ce depuis les années 1950 et l’épisode tragique du grand smog de Londres. Par la suite, les normes de qualité de l’air ont permis de grandement réduire les niveaux de pollution.</p>
<p>Les réductions supplémentaires que pourraient apporter le renforcement des normes actuelles représentent des bénéfices non négligeables, sous-estimés et possiblement coût-efficaces pour la santé des populations. Ce renforcement implique des objectifs gradués dans le temps afin de viser un rapprochement avec les valeurs guides de l’OMS plus protectrices.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175545/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Liens avec des organisations mentionnées dans l'article :
- Coordination de l'expertise scientifique et contribution aux travaux portant sur l'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) du 30 septembre 2021 relatif à la modification des seuils de déclenchement des procédures.
préfectorales en cas d’épisodes de pollution de l’air ambiant
- Membre de l'External Review Group de l'OMS chargé de fournir des informations sur des sujets spécifiques, d'évaluer et traduire des articles scientifiques, de procéder à un examen par les pairs des données probantes et de commenter le projet de document sur les lignes directrices de qualité de l'air de l'OMS publiées en septembre 2021.</span></em></p>307 000 décès prématurés par an seraient liés aux particules fines en Europe. Un chiffre en baisse que les normes actuelles ne vont plus améliorer. Quels bénéfices sanitaires tirer de leur révision ?Matteo Redaelli, Chef de projets scientifiques, coordinateur d’expertise, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1678112021-09-13T17:53:45Z2021-09-13T17:53:45ZAmiante, métaux lourds… Comment l’attentat du World Trade Center tue encore, plus de 20 ans après<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/420852/original/file-20210913-14-51un48.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C22%2C1165%2C814&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pendant des jours, pompiers et forces d'intervention envoyées sur le site du Wordl Trade Center vont être confrontés aux fumées toxiques résultant de l'effondrement des Trous.</span> <span class="attribution"><span class="source">Mike Goad / Library of Congress</span></span></figcaption></figure><p>Les attaques terroristes du 11 Septembre sur le World Trade Center (WTC), à New York, ont causé la mort de <a href="https://www.cnn.com/2013/07/27/us/september-11-anniversary-fast-facts/index.html">2 753 personnes, dans les Twin Towers et leur environnement immédiat</a>.</p>
<p>Après l’attentat, plus de 100 000 intervenants et secouristes venus de tous les États américains – ainsi que <a href="https://www.cdc.gov/wtc/history.html">quelque 400 000 résidents</a> et d’autres travailleurs présents autour de Ground Zero – ont été exposés à un <a href="https://abcnews.go.com/Health/september-11-toxic-world-trade-center-dust-cloud/story?id=14466933">nuage de poussière toxique</a> retombé sous la forme d’une épaisse couche de cendres.</p>
<p>Un nuage fantomatique qui est resté dans l’air pendant plus de trois mois.</p>
<h2>Un mélange de composés toxiques vaporisés</h2>
<p>Le <a href="https://doi.org/10.3109/10408444.2015.1044601">panache de poussière du World Trade Center</a> était constitué d’un dangereux mélange de poussière et de particules de ciment, d’amiante et de plusieurs types de <a href="https://www.epa.gov/international-cooperation/persistent-organic-pollutants-global-issue-global-response">polluants organiques persistants</a>. Ces derniers produits chimiques comprennent des <a href="https://www.epa.gov/dioxin/learn-about-dioxin">dioxines cancérigènes</a> et des <a href="https://www.cdc.gov/biomonitoring/PAHs_FactSheet.html">hydrocarbures polyaromatiques, ou HAP</a>, qui sont des sous-produits de la combustion des carburants.</p>
<p>La poussière contenait également d’autres éléments dangereux. Des métaux lourds connus pour être <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/lead-poisoning-and-health">toxiques pour le corps humain et le cerveau</a>, comme le plomb (utilisé dans la fabrication de câbles électriques flexibles) ou le mercure (présent dans les interrupteurs ou les lampes fluorescentes), ou du cadmium, un agent cancérigène <a href="https://doi.org/10.1007/s10534-010-9328-y">qui s’attaque aux reins</a> (qui entre dans l’élaboration des batteries électriques ou de pigments pour les peintures).</p>
<p>Des <a href="https://www.anses.fr/fr/content/pcb-carte-d%E2%80%99identit%C3%A9">Polychlorobiphényles</a> (PCB), produits chimiques utilisés dans les transformateurs électriques, étaient également présents. Les PCB sont <a href="https://www.epa.gov/pcbs/learn-about-polychlorinated-biphenyls-pcbs#healtheffects">connus pour être cancérigènes</a>, toxiques pour le système nerveux et capables de perturber l’appareil reproducteur. Dangereux déjà en temps normal, ils sont devenus encore plus nocifs une fois chauffés à haute température par la combustion du carburant des avions – avant d’être transportés par des particules très fines.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue aérienne du site des tours du World Trade Center ravagé" src="https://images.theconversation.com/files/420867/original/file-20210913-24-meufqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/420867/original/file-20210913-24-meufqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/420867/original/file-20210913-24-meufqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/420867/original/file-20210913-24-meufqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/420867/original/file-20210913-24-meufqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/420867/original/file-20210913-24-meufqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/420867/original/file-20210913-24-meufqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Amiante, plomb, mercure… Tous les produits et matériaux toxiques présents dans les Tours jumelles ont été vaporisés et se sont retrouvés en suspension en l’air pendant des mois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">James Tourtellotte, US Customs and Border Protection</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La <a href="https://doi.org/10.3109/10408444.2015.1044601">poussière soulevée par la chute du WTC</a> était ainsi composée à la fois de « grosses » et très petites particules, fines et ultra-fines. Ces particules particulièrement petites sont connues pour être <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-018-35398-0">hautement toxiques</a>, en particulier pour le système nerveux puisqu’elles peuvent traverser directement les <a href="https://doi.org/10.1016/j.neuro.2011.12.001">fosses nasales et atteindre le cerveau</a>.</p>
<p>De nombreux secouristes et autres personnels directement exposés à cette poussière ont développé une <a href="https://doi.org/10.3109/10408444.2015.1044601">toux grave et persistante</a> qui a duré en moyenne un mois. Ils ont été traités à l’hôpital Mont Sinaï et reçu des soins à la Clinique de médecine du travail, un centre réputé pour les maladies liées au travail.</p>
<p>Je suis spécialisé dans la médecine du travail et ai commencé à suive ces survivants en tant directeur du <a href="https://icahn.mssm.edu/about/departments/environmental-public-health/research/wtc-data-center">Centre de données</a> du <a href="https://www.cdc.gov/wtc/">Programme de santé du WTC</a>, au Mont Sinaï depuis 2012. Ce programme recueille des données et assure le suivi et la supervision de la santé publique des travailleurs chargés du sauvetage et de la récupération en lien avec le World Trade Center. Après huit ans à ce poste, j’ai <a href="https://stempel.fiu.edu/faculty/roberto-lucchini/">intégré la Florida International University</a>, à Miami, où je prévois de continuer à travailler avec les intervenants du 11 Septembre qui déménagent en Floride lorsqu’ils atteignent l’âge de la retraite.</p>
<h2>Des symptômes aigus à la maladie chronique</h2>
<p>Car après les problèmes de santé aigus initiaux, c’est une vague de maladies chroniques qui a commencé et <a href="https://doi.org/10.3390/ijerph18126383">continue de les affecter</a> 20 ans plus tard. La toux persistante a fait place à des <a href="https://doi.org/10.1001/dmp.2011.58">maladies respiratoires</a> telles que l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et des maladies des voies respiratoires supérieures comme la <a href="https://doi.org/10.1136/oemed-2015-103094">rhinosinusite chronique</a>, la laryngite et la rhinopharyngite.</p>
<p>La litanie des maladies respiratoires a également exposé beaucoup d’entre eux au risque de <a href="https://doi.org/10.1038/ajg.2011.357">reflux gastro-œsophagien</a> (RGO), qui se produit à un <a href="https://doi.org/10.1097/JOM.0b013e3181845f9b">taux plus élevé chez les survivants de l’attentat des Twin Towers</a> que dans la population générale. Cette affection se produit lorsque les acides de l’estomac remontent dans l’œsophage, qui relie l’estomac à la gorge. En raison des troubles des voies respiratoires ou des troubles digestifs, beaucoup de ces survivants souffrent également d’<a href="https://doi.org/10.1097/JOM.0b013e3182305282">apnée du sommeil</a>, ce qui nécessite des traitements supplémentaires.</p>
<p>Pour en rajouter encore à cette tragédie, environ huit ans après les attentats, de <a href="https://doi.org/10.1093/jncics/pkz090">premiers cancers ont également commencé à apparaître</a> chez les survivants. Il s’agit notamment de tumeurs du sang et des tissus lymphoïdes telles que le lymphome, le myélome et la leucémie – tumeurs dont on sait qu’elles <a href="https://doi.org/10.1186/1745-6673-8-14">affectent les travailleurs exposés à des substances cancérigènes</a> sur le lieu de travail. Et les survivants souffrent encore d’autres cancers : du sein, de la tête et du cou, de la prostate, du poumon et de la thyroïde.</p>
<p>Certains ont également développé un mésothéliome, une forme agressive de cancer liée à <a href="http://dx.doi.org/10.1136/thoraxjnl-2013-204161">l’exposition à l’amiante</a>. <a href="https://www.9news.com.au/9stories/september-11-death-toll-from-terror-attack-could-rise-by-millions-due-to-toxic-asbestos-dust/8bc90677-0032-42a2-82f9-4b9baad753d9">L’amiante</a> a été utilisé au début de la construction de la tour nord jusqu’à ce que l’opinion publique et une plus grande prise de conscience de ses dangers pour la santé <a href="https://www.mesothelioma.com/states/new-york/world-trade-center/">mettent un terme à son utilisation</a>.</p>
<h2>L’esprit également touché</h2>
<p>Les survivants du 11 Septembre ont aussi à surmonter un traumatisme psychologique, qui a entraîné beaucoup de problèmes de santé mentale persistants.</p>
<p>Une <a href="https://doi.org/10.1007/s10488-019-00998-z">étude</a> publiée en 2020 a révélé que sur plus de 16 000 intervenants du WTC, pour lesquels des données ont été recueillies, près de la moitié ont signalé un besoin de soins en santé mentale. De plus, 20 % de ceux qui ont été directement touchés ont développé un <a href="https://doi.org/10.1016/j.dadm.2016.08.001">trouble de stress post-traumatique</a>.</p>
<p>Beaucoup m’ont dit qu’avoir découvert des corps déchiquetés, arpenté les scènes de carnage et subi l’ambiance tragique des jours qui ont suivi l'événement les ont marqués à vie. Ils sont incapables d’oublier les terribles images vues et beaucoup souffrent de troubles de l’humeur, de <a href="https://doi.org/10.1186/s12940-019-0449-7">déficiences cognitives et autres problèmes de comportement</a>, y compris des troubles liés à la consommation de substances.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/420871/original/file-20210913-15-1uy78k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/420871/original/file-20210913-15-1uy78k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/420871/original/file-20210913-15-1uy78k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/420871/original/file-20210913-15-1uy78k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/420871/original/file-20210913-15-1uy78k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/420871/original/file-20210913-15-1uy78k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/420871/original/file-20210913-15-1uy78k1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pour les professionnels envoyés sur le site de l’attentat de New York, le spectacle tragique a aussi été psychologiquement traumatisant.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Library of Congress</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les survivants, une génération vieillissante</h2>
<p>Vingt ans plus tard, ces survivants sont confrontés à un nouveau défi alors qu’ils vieillissent et se dirigent vers la retraite – une <a href="https://doi.org/10.3386/w12123">transition de vie difficile</a>, qui peut entraîner un déclin de la santé mentale. Avant la retraite, le rythme quotidien de l’activité professionnelle et un horaire régulier aident souvent à garder l’esprit occupé…</p>
<p>Mais la retraite laisse parfois un vide – un vide qui, pour ce public fragilisé, est trop souvent rempli du souvenir indésirable des bruits, des odeurs, de la peur et du désespoir de cette terrible journée et de celles qui ont suivi. De nombreux survivants m’ont dit qu’ils ne voulaient pas retourner à Manhattan, et certainement pas sur le site du World Trade Center.</p>
<p>Le vieillissement peut également s’accompagner de pertes de mémoire et d’autres problèmes cognitifs. Or, des études montrent que ces processus naturels sont <a href="https://doi.org/10.1186/s12940-019-0449-7">accélérés et plus graves</a> chez les survivants du 11 Septembre, comme chez les anciens combattants des zones de guerre. Cette tendance est préoccupante, d’autant plus qu’un nombre croissant de recherches, dont <a href="https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-846359/v1">notre propre étude préliminaire</a>, établit des liens entre <a href="https://doi.org/10.1192/bjp.bp.105.014779">troubles cognitifs chez les victimes du 11 Septembre et démence</a>. Un récent <a href="https://www.washingtonpost.com/magazine/2021/08/30/911-first-responders-dementia/">article du Washington Post</a> expliquait comment ces personnes sont confrontées à des troubles similaires à la démence dans la cinquantaine, soit bien plus tôt que la normale.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a également fait des ravages chez ceux qui avaient déjà souffert du 11 septembre. Les personnes souffrant de <a href="https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2020.100515">conditions préexistantes</a> ont connu un risque beaucoup plus élevé pendant la pandémie. Une étude récente a ainsi, logiquement, révélé une <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0254713">incidence plus élevée de Covid-19</a> chez les intervenants du WTC entre janvier et août 2020.</p>
<h2>Hommage aux survivants</h2>
<p>Les risques sanitaires posés par l’exposition directe à la poussière âcre étaient sous-estimés à l’époque, et mal compris. De plus, les équipements de protection individuelle appropriés, tels que les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Masque_de_protection">demi-masques respiratoires P100</a>, n’étaient pas disponibles à l’époque.</p>
<p>Nous en savons aujourd’hui beaucoup plus sur les risques – et nous avons un accès beaucoup plus large aux équipements de protection qui peuvent assurer la sécurité des intervenants et secouristes après une catastrophe. Pourtant, trop souvent, je constate que nous n’avons pas appris et appliqué ces leçons…</p>
<p>Par exemple, immédiatement après <a href="https://www.nytimes.com/live/2021/07/06/us/miami-building-collapse-updates">l’effondrement d’un immeuble en copropriété</a> près de Miami Beach en juin 2021, il a fallu plusieurs jours avant que des demi-masques respiratoires P100 soient disponibles et obligatoires pour les intervenants. D’autres exemples dans le monde sont encore pires : Un an après l’<a href="https://www.npr.org/2021/08/04/1024275186/a-year-after-the-beirut-explosion-victims-families-continue-to-push-for-justice">explosion de Beyrouth</a>, en août 2020, très peu de mesures ont été prises pour étudier et gérer les <a href="https://timep.org/commentary/analysis/the-beirut-explosions-impact-on-mental-health/">conséquences sur la santé physique et mentale</a> parmi les intervenants et la communauté touchée.</p>
<p>Une situation tout aussi désastreuse s’est produite au lendemain d’un <a href="https://www.dailymaverick.co.za/article/2021-07-20-new-health-warnings-issued-in-durban-over-toxic-fumes-stemming-from-chemical-blaze/">incendie chimique du 20 juillet</a> à Durban, en Afrique du Sud.</p>
<p>Appliquer les leçons tirées du 11 Septembre est un moyen essentiel d’honorer les victimes et les hommes et femmes courageux qui ont participé aux efforts désespérés de sauvetage et de récupération en ces jours terribles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167811/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Roberto Lucchini ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au-delà du drame immédiat, le 11 Septembre a aussi eu un impact biologique plus insidieux : le nuage de poussière soulevé par la chute du World Trade Center a contaminé 500 000 de personnes.Roberto Lucchini, Professor of Occupational and Environmental Health Sciences, Florida International UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1604022021-05-21T11:09:49Z2021-05-21T11:09:49ZComment respirer un air sain à l’intérieur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/399016/original/file-20210505-19-1av5bcr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=41%2C32%2C5436%2C3802&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’air intérieur est souvent de plus piètre qualité que l’air extérieur.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/young-woman-stand-room-opening-curtain-599415935">izf, shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em><strong>Retour sur</strong>… un podcast pour décrypter l’actualité avec les expert·e·s.</em></p>
<hr>
<p>Aérons, aérons ! La consigne est claire : entre diverses molécules néfastes pour la santé, particules, moisissures et virus, l’air à l’intérieur est en général de plus piètre qualité que l’air extérieur.</p>
<p>Face à ce problème, on peut aussi mieux comprendre les sources de pollution à l’intérieur, pour mieux les éviter. On fait le point avec Souad Bouallala-Selmi, référente qualité de l’air intérieur à l’ADEME (Agence de la Transition Écologique).</p>
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<p><iframe id="tc-infographic-568" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/568/ac06534b333315ddae980998d5cd8263464b2501/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des sources de pollution de l’air intérieur. Les matériaux, en vert ; les occupants et leurs activités en bleu et les équipements mal entretenus en rose.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/1806-air-sain-chez-soi-un-9791029709296.html">ADEME, guide « Un air sain chez soi »</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Pour aller plus loin, vous pourrez consulter :</p>
<ul>
<li><p>le guide de l’ADEME <a href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/1806-air-sain-chez-soi-un-9791029709296.html">« Un air sain chez soi »</a>,</p></li>
<li><p>l’étude sur l’<a href="https://www.primequal.fr/fr/exposition-des-citadins-aux-polluants-atmospheriques-au-cours-de-leurs-deplacements-dans">« Exposition des citadins aux polluants atmosphériques au cours de leurs déplacements dans l’agglomération parisienne – nouvelle évaluation dix ans »</a> publiée par Primequal, un programme de recherche auquel l’ADEME prend part.</p></li>
</ul>
<hr>
<p><em>Conception, Elsa Couderc. Production, Romain Pollet</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160402/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Mieux comprendre les sources de pollution à l’intérieur, pour mieux les éviterSouad Bouallala-Selmi, Ingénieur, référente Qualité de l'air intérieur, Ademe (Agence de la transition écologique)Elsa Couderc, Cheffe de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1612252021-05-21T11:09:45Z2021-05-21T11:09:45ZRécit animé : la qualité de l’air, 10 dates pour raconter une histoire de l’environnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/401650/original/file-20210519-17-1i488n2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=21%2C42%2C2023%2C1486&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Coucher de soleil sur la ville de Lyon.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/natascham/148950627/in/photostream/">Natascha M, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>La pollution de l’air, à l’extérieur comme à l’intérieur, a évolué au fil des âges – tout comme la perception qu’en ont nos sociétés, et les moyens mis en place pour la traiter.</p>
<iframe src="https://cdn.knightlab.com/libs/timeline3/latest/embed/index.html?source=1iD3R8JC6061JzhmFxcf66whWuApMu2ZBofA7ewowahg&font=Default&lang=en&initial_zoom=2&height=650" width="100%" height="650" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen="" frameborder="0"></iframe>
<p><em>Crédits images :</em></p>
<ul>
<li><p><a href="https://live.staticflickr.com/56/148950627_7d832161e8_k.jpg"><em>Natascha M, Flickr, CC-By-NC</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pompe_%C3%A0_feu_de_Chaillot-1781.jpg"><em>Auteur inconnu, 1781</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://www.paris-treizieme.fr/P13-images/Tw-moret-720x720-delamotte.jpg"><em>Delamotte, CC0 Paris Musées/Musée Carnavalet</em></a></p></li>
<li><p><a href="http://www.verre-histoire.org/colloques/innovations/pages/p302_01_chopinet.html"><em>Figuier</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8c/Widnes_Smoke.jpg"><em>Hardie, domaine public</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/aa/LA_smog_masks.jpg"><em>Los Angeles Times photographic archive, UCLA Library, domaine public</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0c/Acid_rain_woods1.JPG"><em>Lovecz, domaine public</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://live.staticflickr.com/1488/25041261356_12f3578d9c_n.jpg"><em>flickr_apur</em>, CC-By-NC-ND</a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e6/Fanhe_Town_10_day_interval_contrast.png/1024px-Fanhe_Town_10_day_interval_contrast.png"><em>Tomskyhaha, CC-By-SA</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://www.flickr.com/photos/ultimaslair/61421329/"><em>Jeffy Can, Flickr, CC-By-NC</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://www.who.int/fr/news/item/27-09-2016-who-releases-country-estimates-on-air-pollution-exposure-and-health-impact"><em>OMS</em></a> </p></li>
</ul>
<hr>
<p><em>La Région Île-de-France finance des projets de recherche relevant de Domaines d’intérêt majeur et s’engage à travers le dispositif Paris Région Phd pour le développement du doctorat et de la formation par la recherche en cofinançant 100 contrats doctoraux d’ici 2022. Pour en savoir plus, visitez <a href="http://www.iledefrance.fr/education-recherche">iledefrance.fr/education-recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161225/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>À la fin du XVIIIᵉ siècle, l’air était un bien commun, protégé par la police.Gilles Foret, Maître de conférence en physico-chimie de l'atmosphère, DIM Qi², Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Régis Briday, Historien, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1612612021-05-21T11:08:10Z2021-05-21T11:08:10ZPollution de l'air : toutes les particules fines n’ont pas les mêmes effets sur la santé<p>Les conséquences de la pollution de l’air sur la santé sont de mieux en mieux documentées. Si le dioxyde d’azote issu du trafic routier, les composés organiques volatils et semi-volatils ou encore l’ozone sont impliqués dans de nombreuses pathologies cardio-respiratoires, ce ne sont pas les substances les plus dangereuses pour notre santé. Parmi tous les polluants présents dans l’air, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26961383/">la palme de la toxicité revient aux particules fines</a> : elles sont responsables de la majorité des décès en lien avec la pollution de l’air, qu’il soit extérieur ou intérieur. </p>
<p>Cependant, toutes les particules fines n’ont pas la même nocivité. C’est la raison pour laquelle il est primordial, lorsqu’on parle de pollution aux particules fines, de préciser quel type de particules sont impliquées, afin de prendre des mesures de santé publique appropriées. Omettre cette précision revient au même que de parler d’épidémie virale sans préciser quel est le virus qui en est à l’origine.</p>
<p>La nocivité des particules fines dépend non seulement de leur taille (on les classe en PM 10 – diamètre inférieur à 10µm (soit 10 millionièmes de mètre), PM 2.5 – diamètre inférieur à 2,5µm, et particules ultrafines – diamètre inférieur à 0,1µm), mais aussi de leur composition. </p>
<p>Penchons-nous sur les principaux types de particules fines et leur toxicité.</p>
<h2>Les particules de combustion, les plus dangereuses</h2>
<p>Les études s’accordent pour démontrer que les particules de combustion sont les plus toxiques, à la fois en raison de leur composition, mais également de leur taille. La composition des particules de combustion, qu’elles soient liées au trafic automobile notamment diesel, à la combustion du bois, du charbon, du fioul ou à de l’incinération de matières organiques est bien connue.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=453&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=453&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/402015/original/file-20210520-13-5ajuxi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=453&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Ademe</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On trouve au centre de la particule un noyau - également appelé « black carbon » - composé d’atomes de carbone pur, et, à sa périphérie, les substances qui font sa nocivité, notamment des <a href="https://www.cancer-environnement.fr/235-Hydrocarbures-aromatiques-polycycliques-HAP.ce.aspx">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> (HAP) et des métaux lourds. </p>
<p>Il a été démontré que, pour de mêmes variations de concentration dans l’air extérieur, l’impact sur la santé des particules de combustion était <a href="https://doi.org/10.1186/1476-069X-12-43">jusqu’à 10 fois supérieur à celui des particules fines d’autres sources</a>. Les études toxicologiques ont bien démontré que ce sont leurs composés de surface (notamment les HAP) <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28735838/">qui sont à l’origine de leur nocivité</a>.</p>
<p>Les particules de combustion sont responsables d’effets respiratoires de type bronchiolite. Elles exacerbent également l’asthme. Mais elles ont surtout des effets cardio-vasculaires se traduisant par une majoration du risque d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral (AVC). Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les AVC représentent <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/household-air-pollution-and-health">plus de 40 % des décès en lien avec la pollution de l’air dans le monde</a>. Les HAP présents la surface de ces particules sont également « cancérigènes certains » : <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/abs/10.1289/EHP8719">ils sont non seulement associées à un risque accru de cancer du poumon, mais également de cancer du sein ou du sang</a>.</p>
<h2>Un problème de taille</h2>
<p>Les particules de combustion émises par le trafic routier sont aussi toxiques parce que ce sont essentiellement des particules dites ultrafines, autrement dit de diamètre inférieur à 0,1 µm.</p>
<p>Si les particules de plus grande taille, telles que les PM 10, sont arrêtées au niveau des voies respiratoires supérieures, les particules ultrafines atteignent le fond des alvéoles respiratoires. Elles peuvent donc pénétrer dans le système sanguin, où elles vont engendrer un stress oxydatif (une réaction inflammatoire) qui majore le risque d’athérosclérose et de thrombose vasculaire. Elles franchissent également <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-019-11654-3">la barrière placentaire</a>. Depuis la circulation sanguine, ces particules ultrafines sont aussi capables d’atteindre de nombreux organes, parmi lesquels le système nerveux central (cerveau et moelle épinière), qu’elles peuvent également atteindre directement depuis les fosses nasales, en migrant le long des nerfs olfactifs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Pénétration des particules dans le corps humain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.encyclopedie-environnement.org/sante/particules-air-effets-sante">Encyclopédie de l’environnement</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si ces particules de combustion étaient mesurables dans l’air ambiant depuis de nombreuses années, via le « black carbon », ce n’est que récemment qu’une équipe de chercheurs belges a mis au point une technique permettant de les doser dans les urines. En analysant les urines de plus de 300 enfants, ils ont démontré que plus l’habitat de ces derniers était proche d’un axe routier important, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28686472/">plus les taux de particules ultrafines étaient élevés dans leurs urines</a>. </p>
<p>En effet, en ville les véhicules restent la source principale de ces particules de combustion ultrafines. Une étude récente menée à Strasbourg l’a confirmé, démontrant que le taux de particules ultrafines <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/1/71/htm">était bien corrélé au trafic routier</a>. Il en va de même pour le dioxyde d’azote, qui en ville provient à plus de 70 % du parc routier, notamment du diesel. À l’inverse, les concentrations en PM 2.5 et PM 10 ne présentaient que très peu de corrélation avec la circulation routière.</p>
<p>La circulation des véhicule est aussi à l’origine de l’émission d’autres particules : les particules de freinage et les particules issues de l’usure des pneumatiques. Ces deux catégories représentent une autre source importante de particules dans nos villes. La taille des particules de freinage se situe essentiellement entre 1 µm et 2.5 µm. Elles sont constituées de métaux, notamment d’oxyde de fer et d’oxyde de cuivre, et sont donc de composition différente des particules de combustion. Leur toxicité n’est pas encore totalement élucidée néanmoins ces particules d’oxyde de fer sont suspectées d’entraîner un stress oxydatif – une inflammation – délétère pour le cerveau et les cellules cardiaques. </p>
<p>Les particules issues de l’abrasion des pneus sont des particules de plus grande taille – essentiellement des PM 10 – composées de résidus de caoutchouc et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques. Elles sont donc très toxiques de par leur composition, mais leur taille ne leur permet pas de franchir la barrière pulmonaire.</p>
<h2>L’agriculture produit aussi des particules fines</h2>
<p>L’agriculture constitue <a href="https://www.nature.com/articles/nature15371">l’une des principales sources de particules fines en Europe</a>. Les particules produites sont dites « secondaires », car elles proviennent de la transformation de gaz en particules.</p>
<p>Lors des épandages d’engrais, le gaz ammoniac (NH3) est libéré dans l’atmosphère. Il va interagir avec d’autres gaz, notamment les oxydes d’azote (NO<sub>x</sub>) émis par le trafic routier, aboutissant à la formation de particules secondaires de nitrate d’ammonium et de sulfate d’ammonium. </p>
<p>Ces particules agricoles – dont le diamètre se situe entre 2.5 et 10 µm – sont de par leur composition bien moins toxiques que les particules de combustion, mais représentent une quantité importante de PM2.5, notamment lors des périodes épandages agricoles. </p>
<p>Si elles sont au départ peu toxiques, ces particules ont la particularité de pouvoir, en fonction des conditions météorologiques, voyager sur des centaines de kilomètres. Or, durant ces longs trajets, elles pourront se charger d’autres polluants.</p>
<h2>Particules fines d’origine naturelle</h2>
<p>Certaines particules fines d’origine naturelle peuvent également parcourir de longues distances et poser des problèmes de santé. C’est par exemple le cas des particules d’origine désertique telles que les poussières provenant du Sahara, dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, car elles ont été à l’origine de plusieurs pics de pollution. </p>
<p>Ces poussières désertiques sont composées essentiellement d’éléments minéraux tels que des oxydes de silice, du carbonate de calcium, d’oxydes de fer. Elles sont donc de toxicité moindre comparativement aux particules de combustion. Elles ne sont pas sans danger pour autant : dans les pays africains ou asiatiques, lors de tempêtes de sable, les concentrations en particules sont telles que ces pics de pollution s’accompagnent d’une majoration de la mortalité cardio-respiratoire. Celle-ci est toutefois davantage liée à la densité majeure de l’air en particules qu’à la toxicité intrinsèque de ces particules. </p>
<p>Capables de voyager sur des centaines ou des milliers de kilomètres, ces particules de sable peuvent véhiculer différentes substances telles que des agents radioactifs ou des agents pathogènes infectieux (<a href="https://www.corse.ars.sante.fr/sites/default/files/2017-02/Etude_InVS_CIRE_vents_de_sable.pdf">champignons, bactéries</a> ou <a href="https://err.ersjournals.com/content/30/159/200242">virus</a>).</p>
<p>Les façades maritimes sont également régulièrement soumises à des épisodes de pollution aux particules, de taille en général supérieure à 10 µm. Ces particules « maritimes » sont très différentes des autres, car il s’agit essentiellement d’embruns marins, peu toxiques en raison de leur composition (chlorure de sodium, iode). Malheureusement, en raison de la pollution de plus en plus présente de nos mers et océans, ces particules contiennent régulièrement des polluants de type <a href="https://www.pnas.org/content/118/16/e2020719118">hydrocarbures ou microplastiques</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/402016/original/file-20210520-21-18p6fkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les volcans, comme ici le Volcán de Fuego, au Guatemala, sont aussi à l’origine d’émissions de particules fines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/tLxGw_ITs7k">Alain Bonnardeaux / Unsplash</a></span>
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</figure>
<p>Enfin les éruptions volcaniques émettent également des particules fines primaires et secondaires. Les particules primaires sont constituées de minéraux et d’autres composés de la croûte terrestre, tandis que les particules secondaires se constituent à partir des oxydes de soufre : ces gaz sont donc non seulement toxiques en tant que tels, mais aussi parce qu’il s’agit de précurseurs de particules fines.</p>
<h2>Adapter la réglementation, une nécessité</h2>
<p>Actuellement, seules les particules PM<sub>10</sub> et les PM2.5 font l’objet d’une réglementation et d’une obligation de suivi dans l’air ambiant.</p>
<p>Ces mesures sont pertinentes pour le suivi des particules de combustion issues des chauffages au bois (lesquels sont essentiellement émetteurs de particules de combustion de taille 2,5 µm, première source de pollution aux particules dans la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, par exemple), ainsi que pour les particules liées aux épandages agricoles ou aux poussières désertiques. </p>
<p>En revanche, les normes actuelles ne permettent pas de lutter efficacement contre les particules les plus dangereuses que l’on retrouve notamment dans nos villes, à savoir les particules ultrafines. Il est donc important d’en instaurer de nouvelles pour les prendre en compte, <a href="https://www.anses.fr/fr/content/qualit%C3%A9-de-l%E2%80%99air-ambiant-l%E2%80%99anses-pr%C3%A9conise-la-surveillance-du-13-butadi%C3%A8ne-et-un-suivi">comme le demandait dès 2016 un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161261/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Bourdrel participe bénévolement aux collectifs d’experts « Strasbourg Respire » et « Air Santé Climat » (qui regroupe des chercheurs du CNRS ou de l’Inserm).</span></em></p>On entend beaucoup parler de pollution aux particules fines. Mais toutes lesdites particules ne se valent pas : pour prendre des mesures adaptées, il est important de savoir auxquelles on a affaire.Thomas Bourdrel, Médecin, chercheur associé au laboratoire ICube, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1464512020-09-18T13:07:54Z2020-09-18T13:07:54ZDix conseils pour lutter contre la fumée des incendies de forêt, selon un expert<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/358844/original/file-20200918-22-egep2s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">San Francisco plongé dans un ciel rouge, le 9 septembre 2020.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Eric Risberg)</span></span></figcaption></figure><p>Les incendies ont ravagé des <a href="https://www.nytimes.com/video/us/100000007338172/west-wildfires.html">millions d’hectares dans l’ouest des États-Unis</a>. <a href="https://www.huffpost.com/entry/west-coast-wildfires-death-toll_n_5f5e459fc5b62874bc1e74a6">Des dizaines de milliers de personnes ont dû être évacuées</a>, et des <a href="https://www.sacbee.com/news/california/fires/article245691450.html">milliers de bâtiments et autres structures ont été détruits</a>. Une épaisse fumée recouvre une grande partie de la région — peignant le ciel de couleurs rouge et orange — et se dirige désormais vers le nord, en Colombie-Britannique et en Alberta <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2020/09/16/la-fumee-de-californie-visible-dans-le-ciel-du-quebec">et plus à l’est, jusqu’au Québec</a>. Des dizaines de millions de personnes ont été exposées à ces conditions dangereuses.</p>
<p>La fumée émise par les incendies de forêt est un <a href="https://www.publish.csiro.au/wf/WF15034">mélange complexe de particules fines, appelées PM2.5</a>, et d’émissions gazeuses, tel que des oxydes nitriques et du monoxyde de carbone. La formule de ce mélange varie grandement selon la nature des éléments combustibles, la température de la combustion, la météo ainsi que la distance par rapport au sinistre. Si la fumée de ces incendies diffère de la pollution atmosphérique émise par la circulation et les émissions industrielles, il n’en demeure pas moins qu’elle est nocive pour la santé humaine.</p>
<p>Les incendies de forêt sont, pour bien des gens, la source des pires épisodes de mauvaise qualité de l’air auxquels il auront à faire face. Les particules fines peuvent être aspirées au plus profond de nos poumons et déclencher une inflammation systémique pouvant se propager dans d’autres parties de notre organisme.</p>
<p>Durant les journées de fumée, <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp.1409277">plus de gens se rendent aux urgences, sont hospitalisés, et certains décèdent en raison d’une intoxication par la fumée</a>. Nous savons également que les PM2.5 peuvent s’attaquer à notre système immunitaire, ce qui rend certains plus susceptibles à des infections respiratoires aiguës, comme la grippe et la Covid-19.</p>
<p>Il est difficile de faire face aux épisodes d’incendies intenses et prolongés, tant physiquement que mentalement. J’ai étudié pendant de nombreuses années les impacts de cette pollution imprévisible et extrême sur la santé respiratoire et cardiovasculaire des populations qui y sont sujettes. Voici donc dix conseils qui vous permettront de protéger les vôtres des risques que représentent les incendies de forêt.</p>
<h2>1. Comprenez bien vos prédispositions</h2>
<p>Certaines personnes présentent un niveau de risque plus élevé que d’autres aux conséquences de l’inhalation de fumée, particulièrement les asthmatiques, les personnes atteintes de maladie pulmonaire obstructive chronique (BPCO), les cardiaques, les diabétiques, et autres personnes atteintes de conditions chroniques ou d’infections aiguës telles que la Covid-19.</p>
<p>Les femmes enceintes, les bébés, les jeunes enfants, les personnes âgées ainsi que les gens qui travaillent ou habitent à l’extérieur sont également plus fragiles. Toute personne faisant usage d’un médicament de secours devrait l’avoir en sa possession en tout temps.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358145/original/file-20200915-24-12wpvqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358145/original/file-20200915-24-12wpvqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358145/original/file-20200915-24-12wpvqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358145/original/file-20200915-24-12wpvqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358145/original/file-20200915-24-12wpvqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358145/original/file-20200915-24-12wpvqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358145/original/file-20200915-24-12wpvqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">un navire passe sous le pont Lions Gate, à Vancouver, le 14 septembre 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">THE CANADIAN PRESS/Jonathan Hayward</span></span>
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<h2>2. Écoutez votre corps</h2>
<p>Les gens réagissent différemment à l’inhalation de la même quantité de fumée. Si vous vous sentez mal, prêtez attention à votre corps, et prenez les mesures nécessaires afin de limiter votre exposition.</p>
<p>Des yeux irrités, le mal de gorge, la toux et le mal de tête sont les symptômes les plus courants et disparaissent généralement dès que la fumée se dissipe. Toute personne présentant des symptômes plus sévères, comme des difficultés à respirer ou des palpitations cardiaques devrait consulter un médecin.</p>
<p>La fumée, c’est un danger environnemental et non un défi personnel à relever.</p>
<h2>3. Relaxez !</h2>
<p>Plus vous respirez fort, plus vous avalez de fumée. Un adulte au repos respire en moyenne <a href="https://www.lung.org/blog/how-your-lungs-work">six litres d’air à la minute</a>, mais ce chiffre peut aisément grimper à 60 litres lors d’exercices intenses.</p>
<p>Relaxer est l’un des <a href="http://www.bccdc.ca/resource-gallery/Documents/Guidelines%20and%20Forms/Guidelines%20and%20Manuals/Health-Environment/BCCDC_WildFire_FactSheet_OutdoorExercise.pdf">moyens les plus simples de contrôler son exposition à la fumée</a>.</p>
<h2>4. Utilisez un purificateur d’air portatif</h2>
<p>Lorsqu’ils sont bien utilisés, les <a href="https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-016-0198-9">purificateurs d’air munis d’un filtre HEPA permettent de réduire considérablement les concentrations de PM 25</a>. à l’intérieur. Même les plus petits purificateurs suffisent à maintenir une chambre à peu près propre, afin de pouvoir s’y réfugier si nécessaire.</p>
<p>Coller un filtre sur un caisson muni d’un ventilateur peut également faire du bon travail, mais il faut se souvenir que les appareils bricolés ne devraient pas être laissés sans surveillance.</p>
<h2>5. Recherchez des espace confortables dans votre communauté</h2>
<p>Les lieux publics, libraires, centres communautaires, et centres commerciaux, sont fréquemment munis de systèmes de filtration d’air de grande capacité, et donc d’une bonne qualité d’air. Malheureusement, l’accès à ces lieux peut être restreint durant la pandémie de Covid-19. Aménager un espace confortable chez soi est donc plus important que jamais.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/358149/original/file-20200915-18-1xu78cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/358149/original/file-20200915-18-1xu78cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/358149/original/file-20200915-18-1xu78cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/358149/original/file-20200915-18-1xu78cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/358149/original/file-20200915-18-1xu78cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/358149/original/file-20200915-18-1xu78cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/358149/original/file-20200915-18-1xu78cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un pompier allume un contre-feu à l’incendie Dolan au Limekiln State Park à Big Sur, en Californie, le 11 septembre 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Nic Coury)</span></span>
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</figure>
<h2>6. Envisagez de porter un masque de protection</h2>
<p>Le côté positif de la pandémie Covid-19, c’est que nous avons appris du nouveau en ce qui concerne le port du masque. Bien qu’un respirateur N95 bien ajusté soit toujours la meilleure alternative pour se protéger de la fumée des incendies de forêt,les <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acsnano.0c03252">études récentes indiquent que d’autres modèles offrent une protection convenable contre les PM25</a>. s’ils sont bien ajustés. Les plus efficaces pour filtrer les particules fines sont ceux fabriqués avec plusieurs couches de matériaux différents.</p>
<h2>7. Buvez beaucoup d’eau</h2>
<p>Oui, je sais. Tout le monde vous dit tout le temps de boire plus d’eau ! Bien s’hydrater permet aux reins et au foie d’éliminer les toxines, ce qui contribue à réduire l’inflammation systémique causée par l’absorption de fumée.</p>
<h2>8. Sachez comment vous renseigner</h2>
<p>La qualité de l’air peut varier rapidement durant un incendie. Apprenez à vous tenir au courant sur les conditions environnementales dans votre voisinage. <a href="https://open.alberta.ca/interact/aqhi-canada">L’application pour téléphone intelligent « Cote air santé » (CAS) au Canada</a> et <a href="https://www.epa.gov/air-research/smoke-sense-study-citizen-science-project-using-mobile-app">« Smoke Sense » aux États-Unis</a> sont capables de transmettre des alertes lorsque la qualité de l’air commence à se détériorer.</p>
<h2>9. Portez attention aux prévisions de fumée</h2>
<p>Prévoir la fumée résultant d’un incendie de forêt est encore plus compliqué que de prévoir la météo, mais la modélisation s’améliore d’année en année. Les outils tels que <a href="https://meteo.gc.ca/firework/firework_anim_f.html">MétéoCAN, du gouvernement canadien</a>, et <a href="https://tools.airfire.org/websky/v1/run/standard/GFS-0.15deg/current">« BlueSky » aux États-Unis</a> permettent des prévisions à 48 heures.</p>
<h2>10. Faites dès maintenant vos préparatifs pour la saison prochaine</h2>
<p><a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/geb.13058">Les saisons d’incendies de forêt sont de plus en plus longues et de plus en plus extrêmes au fur et à mesure des changements climatiques</a>. La meilleure façon de vous protéger est de planifier et de vous préparer adéquatement bien avant l’arrivée de la fumée. De plus en plus, il nous faudra <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780128157213000138?via%3Dihub">apprendre à vivre avec ces incendies et la fumée qui en résulte, et ce sur l’ensemble du Nord-Ouest américain</a>.</p>
<p>On me demande souvent quels effets à long terme sur la santé provoquent des expositions répétées et extrêmes de fumée d’incendie de forêt. Nous en savons peu à l’heure actuelle, mais c’est un domaine de recherche très étudié et je pense que nous apprendrons bien des choses dans les cinq années à venir. Mais sachez qu’agir pour vous protéger contre ces épisodes à court terme vous aidera à vous protéger à long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146451/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sarah Henderson reçoit des fonds de Santé Canada, des Instituts de recherche en santé du Canada, de la BC Lung Association et de la BCCDC Foundation for Population and Public Health.</span></em></p>Si la fumée des incendies de forêt diffère de la pollution atmosphérique émise par la circulation et les émissions industrielles, elle demeure très nocive pour la santé humaine.Sarah Henderson, Associate Professor (Partner), School of Population and Public Health, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1371432020-05-06T18:44:56Z2020-05-06T18:44:56ZPourquoi on ne peut pas affirmer que « la pollution transporte le coronavirus »<p>Il y a encore deux mois, comme probablement 4 milliards d’autres personnes, j’étais loin d’imaginer que la pandémie du Covid-19 allait bousculer mon quotidien et les travaux de recherche que je mène avec mon équipe à Sorbonne Université et à l’Université Libre de Bruxelles – nous travaillons sur la surveillance des concentrations des gaz dans l’atmosphère, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=OPUNniz7rNQ&t=3s">à partir d’observations obtenues par satellite</a>.</p>
<p>Dès le début de la pandémie, comme d’autres scientifiques et en <a href="https://theconversation.com/quand-les-effets-du-covid-19-se-voient-depuis-lespace-133128">collaboration avec les agences spatiales</a>, nous avons pu <a href="https://iasi-ft.eu/covid-19/">documenter la baisse de la pollution</a> associée à la chute de l’activité économique et à la limitation des déplacements.</p>
<p>Dans le contexte anxiogène de la propagation rapide du virus, une <a href="http://www.simaonlus.it/wpsima/wp-content/uploads/2020/03/COVID_19_position-paper_ENG.pdf">étude de scientifiques italiens</a> a jeté le trouble : elle estime que la pollution de l’air pourrait accélérer la propagation du SARS-CoV-2, en partant du constat que la pandémie a démarré à Wuhan (Chine) et dans la vallée du Pô (Italie), deux régions notoirement très polluées.</p>
<p>Les médias ont largement diffusé cette information ; et mes collègues et moi-même, parce que nous travaillons sur la pollution, avons été amenés à commenter, dans l’urgence, si « oui ou non, la pollution de l’air est une autoroute pour le coronavirus »…</p>
<p>L’idée sous-jacente étant que, comme les stratégies mises en place par les différents pays pour limiter la propagation du virus se basent sur les mesures sanitaires de distanciation sociale, si le virus peut être transporté par les particules, chacun pourrait être infecté à une distance bien supérieure à celle de 1 à 2 mètres qui est la recommandation actuelle.</p>
<p>Dans un contexte où les vecteurs de propagation du virus restent encore mal connus, il est important de faire le point sur la fiabilité de ces informations.</p>
<p>Avant de revenir sur cette hypothèse, voyons d’abord d’où viennent les particules en général, comment elles sont transportées, et leurs impacts sur la santé en fonction de la localisation géographique.</p>
<h2>D’où viennent les particules, où vont-elles ?</h2>
<p>L’atmosphère terrestre est chargée de particules (PM) invisibles à l’œil nu, mais que vous pouvez parfois apercevoir dans le noir, par exemple, si vous allumez un faisceau de lumière et que les particules réfléchissent les rayons lumineux.</p>
<p>Seules les particules d’une taille supérieure à 40 microns (µm) sont visibles à l’œil nu alors qu’il faut un équipement spécialisé pour les détecter si elles sont plus petites, comme les PM10 (10 µm) ou PM2,5 (2,5 µm). Ces particules (ou aérosols) sont constituées d’un mélange complexe de particules solides et liquides, combinaison de substances organiques et inorganiques en suspension dans l’air ; elles peuvent provenir de phénomènes naturels (sable, cendre volcanique, embruns marins ou brouillard) ou sont imputables aux activités humaines (essentiellement liées à la combustion de fuels fossiles).</p>
<p>Les sulfates, les nitrates, l’ammoniac, le carbone suie, les poussières minérales, le chlorure de sodium, et les gouttelettes d’eau constituent les <a href="https://www.irceline.be/fr/documentation/faq/quelle-est-la-composition-chimique-des-particules">principaux composants des PM</a>. Certaines particules sont émises directement dans l’atmosphère, tandis que d’autres se forment à partir de composants gazeux émis (qu’on appelle alors « précurseurs de particules »).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/333046/original/file-20200506-49556-hrnk8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Simulation avec un modèle de la NASA, qui illustre le transport des particules par les vents : poussière (sable/rouge), embruns marin (bleu), carbone-suite ou organique (vert) et sulfates (blanc).</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Putman/NASA/Goddard</span></span>
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<p>Ces particules sont facilement transportées par les vents et peuvent parfois parcourir des milliers de kilomètres avant de se dissiper, ou d’être déposées sur le sol par le vent ou la pluie. Pensez par exemple au sable du Sahara, qu’on retrouve de temps en temps sur les pare-brise des voitures, ou aux <a href="https://theconversation.com/ciel-jaune-et-soleil-rouge-louragan-ophelia-decrypte-86894">fumées qui obscurcissent le ciel</a> parfois très loin des zones où se déroulent les grands incendies qui ravagent certaines régions.</p>
<h2>L’impact des particules sur la santé</h2>
<p>Les particules sont une des composantes de la pollution de l’air, en combinaison avec d’autres gaz polluants comme l’ozone, les oxydes d’azote, le monoxyde de carbone et le dioxyde de soufre. Ces gaz sont présents au-dessus des villes, en quantités variables en fonction des saisons et de l’état des technologiques en termes de transport, industries, chauffage et pratiques d’agriculture dans les environs.</p>
<p>Dans les zones urbaines densément peuplées, comme l’axe Wuhan-Pékin où se trouvent encore de nombreuses industries et de systèmes de chauffage basés sur le charbon, ou bien la vallée italienne du Pô – un hub industriel entouré de montagnes qui bloquent la dispersion de la pollution –, nos observations satellites montrent en effet des concentrations de polluants élevées en permanence.</p>
<p>Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution atmosphérique tue actuellement plus de <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/ambient-(outdoor)-air-quality-and-health">4 millions de personnes par an</a> (c’est plus que le cholestérol) ; les projections indiquent que 6,5 millions de personnes seront touchées en 2050.</p>
<p>Les niveaux de pollution sont très inégalement répartis sur le globe (l’Asie étant la plus touchée), et chaque individu est affecté différemment par les épisodes de pollution. En moyenne, un adulte inhale environ 10 litres d’air par minute et jusqu’à 100 litres lors d’activités sportives. Les études épidémiologiques montrent que, parmi tous les polluants, les particules sont les plus nocives, mais les effets de l’action combinée de différents polluants sont encore mal connus, et on sait aussi que la dangerosité dépend de la composition et de la dimension des particules en présence.</p>
<p>En fonction de leur taille, les particules pénètrent dans l’organisme et franchissent différentes barrières : ainsi les PM10 peuvent se loger dans les poumons, et celles d’un diamètre de 2,5 microns ou moins peuvent aussi franchir la barrière pulmonaire et pénétrer dans le système sanguin. L’exposition chronique aux particules contribue au risque de <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/ambient-(outdoor)-air-quality-and-health">développer des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que le cancer du poumon</a>. Les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes de santé sont les plus vulnérables.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/333045/original/file-20200506-49573-c18qxs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Estimation de la mortalité liée à la pollution atmosphérique. L’échelle de couleurs représente le nombre de décès sur des zones de 100 x 100 km, en moyenne annuelle, pour les particules fines (PM2,5) et l’ozone.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/nature15371">Lelieveld et al. (2015)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Que dit la publication italienne ?</h2>
<p>À la mi-mars 2020, au début du confinement, les médias ont donc fait état de l’étude italienne, <a href="https://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-coronavirus-pourrait-rester-plusieurs-heures-dans-l-air-a-cause-de-la-pollution-atmospherique?id=10464049">présentée ainsi sur le site de la Radio télévision belge francophone (RTBF)</a> :</p>
<blockquote>
<p>« C’est une étude très sérieuse menée conjointement par l’Université de Bologne et celle de Bari qui émet cette hypothèse, le nouveau coronavirus aurait été boosté dans sa propagation par la pollution de l’air et plus précisément par certaines particules fines très présentes dans les zones polluées de Wuhan, mais également de Lombardie, d’Emilie-Romagne et d’autres centres urbains. »</p>
</blockquote>
<p>Ces travaux ont fait le buzz en ligne et dans la presse… et ont même été <a href="https://theconversation.com/le-dehors-au-dedans-meditation-de-pleine-conscience-et-souffle-a-lere-du-covid-19-134605">cités dans The Conversation</a> !</p>
<p>Après un contact avec un journaliste de la RTBF qui me demandait de commenter cette nouvelle, j’ai donc récupéré l’article des collègues italiens pour préparer l’interview.</p>
<p>J’ai alors réalisé qu’il s’agissait d’une « note », pas d’un article scientifique évalué par les pairs, comme il est d’usage dans la recherche. De plus ce texte n’apporte rien de nouveau : il résume une dizaine d’autres articles qui étudient les corrélations entre les niveaux de particules et occurrences de contaminations à différents virus, comme la rougeole, etc. Ce qui, quand on y réfléchit, est assez logique : les organismes déjà affaiblis par la pollution vont avoir d’autant plus de mal à gérer une attaque virale.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1241295493180715008"}"></div></p>
<h2>Comment évaluer une « bonne publication » ?</h2>
<p>En voyant la surprise du journaliste quand je lui ai expliqué que ce n’était pas une étude sérieuse et que rien ne permettait d’affirmer que « la pollution transporte le Covid-19 », j’ai constaté qu’il ne savait pas comment les chercheurs valorisent leurs travaux au travers des publications scientifiques, afin les partager auprès d’une large communauté d’autres chercheurs qui travaillent dans des domaines connexes.</p>
<p>Pour rédiger une publication, il s’agit d’abord d’obéir à des contraintes de style et de forme, un peu comme pour les dissertations scolaires : résumé, introduction qui présente le contexte, description de la méthodologie, résultats obtenus, et conclusion. Après avoir rédigé le manuscrit, l’étape suivante consiste à choisir la revue qui donnera un maximum de visibilité aux résultats que le chercheur désire partager avec ses pairs.</p>
<p>Les revues scientifiques dans lesquelles paraissent ces articles sont nombreuses, et pas toutes du même calibre.</p>
<p>Il est très difficile par exemple de publier dans <a href="https://www.sciencemag.org/"><em>Science</em></a> et <a href="https://www.nature.com/"><em>Nature</em></a>, deux revues scientifiques très renommées et multidisciplinaires. Il y a des dizaines d’autres revues dans chaque discipline, plus ou moins bien notées. Comment savoir si une revue est bien notée ou pas ? On peut regarder son « facteur d’impact » (<em>impact factor</em>, IF). Celui-ci permet d’estimer la visibilité de la revue scientifique. Il s’agit du nombre moyen de citations de chaque article publié dans cette revue. Ces facteurs d’impact sont publiés chaque année, et chacun dans sa discipline connaît la valeur des revues.</p>
<p>Une fois l’article soumis, l’éditeur responsable va l’envoyer à deux ou trois rapporteurs, qui sont des chercheurs spécialistes du sujet. Ils vont en faire une évaluation critique, demander des éclaircissements, et faire des suggestions d’améliorations, ou alors demander une révision complète ; voire refuser la publication s’ils ne sont pas convaincus par les résultats obtenus.</p>
<p>Après l’étape de révision, l’éditeur invite les auteurs à répondre aux critiques et, en fonction des réponses, l’éditeur décide si l’article, dans sa version améliorée à la suite des critiques, sera publié. Cette procédure est longue (plusieurs mois) et stressante, surtout si la publication porte sur un sujet chaud pour lequel plusieurs équipes scientifiques sont en compétition.</p>
<h2>Une corrélation probable</h2>
<p>Les journalistes et les scientifiques ont le même but : fournir une information correcte au plus grand nombre. Mais leurs échelles de temps et leurs méthodes différent.</p>
<p>Une catastrophe planétaire comme la pandémie du Covid-19 – qui requiert des informations fiables sur des échelles de temps très courtes – complique la donne : l’information circule aussi vite que le virus, avant de pouvoir être validée par le circuit normal des publications scientifiques. De très nombreux articles fleurissent ainsi sur des plates-formes ouvertes, avant d’avoir pu être validés par des pairs, comme l’exigent les revues à comité de lecture.</p>
<p>Dans l’état des connaissances scientifiques actuelles, répétons-le, on ne sait pas si le virus se propage dans l’air autrement que <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-020-00974-w">via les gouttelettes de salive</a> ; il n’y a pas d’étude scientifique qui confirmerait que la pollution accélère la diffusion du coronavirus, en le transportant plus loin que la distance sociale recommandée.</p>
<p>En revanche, de nombreuses études établissent que la pollution impacte la santé, en particulier celle des personnes les plus vulnérables. De ce fait, une corrélation entre les taux de pollution et le nombre de morts liés au Covid-19 est probable, et pourra être mieux documentée par les scientifiques à la fin de la pandémie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137143/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathy Clerbaux a reçu des financements du CNES (Centre d'Etudes Spatiales, France) et du programme européen H2020 (ERC-advanced IASI-FT) pour financer les travaux de recherche de son équipe.</span></em></p>Retour critique sur l’emballement médiatique qui a suivi l’annonce par des chercheurs italiens de liens possibles entre pollution de l’air et diffusion rapide du coronavirus dans certaines régions.Cathy Clerbaux, Directrice de recherche au CNRS, laboratoire LATMOS, Institut Pierre Simon Laplace (IPSL), Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1352202020-04-29T17:27:49Z2020-04-29T17:27:49ZFaut-il demander aux agriculteurs de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre ?<p>La <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/SNBC-2%20en%204%20pages_%20web.pdf">Stratégie nationale bas carbone</a> française vise la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Neutralit%C3%A9_carbone">neutralité carbone</a> – un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) et leur séquestration (biomasse forestière et agricole, sols, océans, technologies d’émissions négatives) – à l’horizon 2050.</p>
<p>L’<a href="https://www.lopinion.fr/edition/international/l-union-europeenne-adopte-neutralite-carbone-d-ici-a-2050-206026">Union européenne</a>, malgré la réticence de quelques États comme la Pologne, s’est également engagée dans cette voie. Il n’existe pas de solution miracle dans la poursuite de cet objectif, qui repose sur deux leviers indissociables : la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’augmentation de la capacité de séquestration (notamment des écosystèmes). De telles visées exigent par ailleurs que l’ensemble des secteurs de l’économie soient mis à contribution.</p>
<p>L’<a href="https://theconversation.com/debat-non-lobjectif-de-neutralite-carbone-pour-2050-nest-pas-un-recul-90893">agricole et le forestier</a> joueront un rôle majeur pour atteindre les zéro émissions nettes.</p>
<p><a href="https://agriculture.gouv.fr/emissions-de-gaz-effet-de-serre-lagriculture-francaise-respecte-les-objectifs-de-la-strategie">Avec 18 % des émissions nationales de gaz à effet de serre</a>, l’agriculture constitue un gros contributeur. Beaucoup de <a href="http://inra-dam-front-resources-cdn.brainsonic.com/ressources/afile/237958-637ec-resource-etude-reduction-des-ges-en-agriculture-synhese-90-p-.html">pratiques agricoles moins émettrices</a> sont par ailleurs susceptibles de se faire à bas coûts, voire à coûts négatifs – c’est-à-dire qu’elles permettraient même aux exploitants agricoles d'y gagner financièrement.</p>
<p>Ces écosystèmes constituent également des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Puits_de_carbone">puits de carbone</a> considérables. La <a href="https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/419207-b987f-resource-etude-forets-bois-et-changement-climatique-rapport.pdf">biomasse forestière</a> mais aussi les <a href="https://www.inrae.fr/actualites/etude-faisabilite-4-1000-france-preserver-augmenter-stocks-carbone-sol">sols des bois et de l’agriculture</a> présentent des potentiels de séquestration colossaux si les pratiques adéquates sont mises en place.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=307&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=307&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=307&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=386&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=386&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/329080/original/file-20200420-152591-996v2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=386&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Répartition par source des émissions de GES en France en 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AEE, 2018</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La difficulté d’une taxe carbone</h2>
<p>Quelques caractéristiques majeures rendent pourtant difficile l’application à ces secteurs d’instruments de politique environnementale, tels qu’une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_carbone">taxe carbone</a>.</p>
<p>D'une part, les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole sont considérées comme diffuses. Contrairement à des secteurs concentrés, comme l’énergie ou l’industrie lourde, qui recensent un faible nombre d’entreprises émettrices, l'agriculture recense un grand nombre d’émetteurs. Et les sources d’émission de GES dans l’agriculture sont multiples : elles proviennent de la fertilisation azotée, des effluents d’élevage, mais aussi des émissions dues à la mécanisation… Ces caractéristiques rendent difficile l’application d’un instrument fiscal incitatif simple.</p>
<p>D'autre part, la conjonction d’émissions et de séquestration évoquée plus haut implique également des difficultés dans la mise en place de ce type d’instrument. </p>
<p>Enfin, la nature indispensable de l’alimentation induit que l’application du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_pollueur-payeur">principe pollueur-payeur</a> risque de s’avérer trop simpliste : une taxe carbone mal ajustée pourrait conduire à réduire la production agricole alors même que la <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/developpement/autres-secteurs-d-importance/securite-alimentaire-nutrition-et-agriculture-durable/la-securite-alimentaire-et-le-changement-climatique/">sécurité alimentaire</a> sera au cœur des défis mondiaux à venir.</p>
<h2>Vers une compensation carbone agricole</h2>
<p>Ces différents constats soulignent l’opportunité du recours à des mécanismes de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Compensation_carbone">compensation carbone</a>.</p>
<p>Cet instrument permet, par l’échange de crédit carbone sur les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/March%C3%A9_d%27%C3%A9change_volontaire">marchés volontaires</a> – c’est-à-dire sans obligation de participation comme c’est le cas pour les <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/marches-du-carbone">marchés de conformité</a> – à des entreprises, individus ou institutions, de financer les réductions d’émissions nettes d’autres secteurs.</p>
<p>Par exemple, des entreprises de l'aérien peuvent acheter des crédits carbone permettant le financement de projets de reforestation. Une partie de leurs émissions sera ainsi « compensée » par l’achat de ces crédits.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/329084/original/file-20200420-152563-l42fx5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte mondiale des prix explicites du carbone en 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">I4CE d’après ICAP, Banque mondiale, sources gouvernementales et informations publiques, avril 2018</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La <a href="https://theconversation.com/le-marche-tres-discret-de-la-compensation-carbone-volontaire-50436">compensation carbone</a> présente néanmoins un certain nombre de <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/compensation-volontaire-demarches-et-limites-7402.pdf">risques</a> et suscite pour cette raison de <a href="https://www.liberation.fr/planete/2018/10/20/compenser-ses-voyages-en-avion-une-fausse-solution_1684614">nombreuses critiques</a>.</p>
<h2>Les possibles effets pervers de la compensation</h2>
<p>En premier lieu, il serait faux de penser que le recours à la compensation carbone dédouanerait les agents acquéreurs de crédits de faire eux-mêmes des efforts de réduction d’émission. Comme déjà évoqué, la recherche de la neutralité carbone ne passera que par la voie d’efforts généralisés et la compensation ne constitue nullement une panacée.</p>
<p>Ensuite, la question de <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/03/06/le-principe-de-compensation-carbone-est-il-efficace_5432105_4355770.html">l’additionnalité</a> des projets financés est cruciale : les projets financés doivent démontrer que les quantités de carbone non émises ou séquestrées ne l’auraient pas été sans leur existence.</p>
<p>Bien que des mécanismes de certification, tels que le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/label-bas-carbone">label bas carbone</a>, doivent garantir cette additionnalité, celle-ci est souvent considérée comme difficile à prouver.</p>
<p>Enfin, la génération de crédits carbone ne doit pas se faire au détriment d’autres impacts sociaux ou environnementaux : par exemple, un projet de reforestation monospécifique peut conduire à des pertes de biodiversité. C’est pourquoi de nombreux labels soulignent la <a href="https://www.chaireeconomieduclimat.org/publications/revues-a-comite-de-lecture/on-managing-co-benefits-in-redd-projects/">coexistence de bénéfices carbones et de co-bénéfices sociaux ou environnementaux</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/329088/original/file-20200420-152567-1677vv3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Volume des échanges de crédits carbone volontaires.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IFP Nouvelles Énergies, 2017 ; d’après Ecosystem Market Place, Raising ambition, state of the voluntary carbon markets 2016</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré ces critiques, la compensation carbone, peut s’avérer un outil intéressant pour financer la transition bas carbone des exploitations agricoles si elle est mise en place avec des exigences et un contrôle suffisants.</p>
<h2>Créer un indicateur « bas carbone »</h2>
<p>Le projet <a href="https://www.i4ce.org/go_project/carbon-think/">CarbonThink</a> s’inscrit dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) française, qui porte la responsabilité de réduire les GES dans les secteurs diffus tels que l’agriculture.</p>
<p>Il émane d’un consortium de plusieurs acteurs des régions du Grand-Est – <a href="http://terrasolis.fr/">Terrasolis</a>, <a href="http://www.agrosolutions.com/">Agrosolutions</a>, <a href="https://www.inrae.fr/">INRAE</a> – et de l’Île-de-France – <a href="https://www.i4ce.org/">I4CE</a>, <a href="https://www.planet-a-initiative.com/home/">Planet A</a>, <a href="https://www.chaireeconomieduclimat.org/">Chaire Economie du Climat</a> – et a pris la forme d’un Partenariat d’innovation européen (<a href="http://www.rst.developpement-durable.gouv.fr/partenariats-europeens-d-innovation-pei-r180.html">PEI</a>).</p>
<p>Ce dernier, qui prend la forme d’une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Preuve_de_concept">preuve de concept</a>, a vocation à inciter les agriculteurs à réduire leurs émissions nettes, en prenant en compte à la fois les émissions de gaz à effet de serre, la séquestration du carbone dans les sols et la substitution énergétique, et en créant une méthodologie qui permettra de comptabiliser l’impact carbone des agriculteurs et ainsi de calculer un indicateur « bas carbone » pour chaque exploitation.</p>
<p>Il s’appuie sur plusieurs méthodologies déjà existantes de comptabilisation du carbone agricole, telles que <a href="https://pays-de-la-loire.chambres-agriculture.fr/publications/publications-des-pays-de-la-loire/detail-de-la-publication/actualites/projet-carbocage-valorisez-le-carbone-stocke-par-les-haies-sur-vos-territoires/">Carbocage</a>, <a href="http://www.web-agri.fr/actualite-agricole/economie-social/article/391-elevages-labellises-et-une-methodologie-grandes-cultures-en-cours-1142-166840.html">Méthodologie Grandes Cultures</a>, <a href="http://idele.fr/no_cache/recherche/publication/idelesolr/recommends/carbon-agri.html">Carbon Agri</a>.</p>
<p>Ainsi les agriculteurs qui réduisent leurs émissions de GES relativement à un scénario de référence pourront participer à un marché de compensation volontaire. Sur ce marché, ils échangeront leurs crédits obtenus par la réduction d’émissions nettes de GES.</p>
<h2>Un système fondé sur la blockchain</h2>
<p>Pour faciliter les échanges et dans l’objectif de réduire les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Co %C3 %BBt_de_transaction">coûts de transaction</a> sur un marché, la technologie <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/blockchain">blockchain</a> sera mobilisée pour faciliter les échanges entre les entreprises désireuses de réduire leurs émissions de GES et les agriculteurs participants au projet.</p>
<p>L’outil numérique permettra de supprimer l’intermédiaire entre les agriculteurs et les financeurs sur le marché volontaire favorisant ainsi l’efficience du marché dans la logique du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th %C3 %A9or %C3 %A8me_de_Coase">théorème de Coase</a>.</p>
<p>Une expérimentation sur une centaine d’exploitations agricoles sera menée pour évaluer la pertinence du projet. Si les résultats attendus, à savoir une contribution à la transition agricole, sont vérifiés, alors il sera pertinent d’étendre le projet sur d’autres territoires.</p>
<p>Se pose alors la question de la participation : celle-ci étant par définition volontaire, il est important de comprendre quels sont les facteurs la favorisant, et à l’opposé quels sont les freins qui pourraient la limiter.</p>
<h2>Les principaux freins</h2>
<p>Dans le cadre du projet européen d’innovation, une étape primordiale concerne l’étude de faisabilité économique du projet. Pour ce faire, il est pertinent de s’interroger quant à l’acceptabilité des agriculteurs.</p>
<p>Pour avoir un aperçu des potentiels freins à l’adoption du projet pour les agriculteurs, une première réunion de présentation a été organisée auprès d’acteurs du secteur agricole du Grand-Est – experts techniques, conseillers agricoles, représentant de la chambre d’agriculture.</p>
<p>Ce travail préliminaire a fait émergé quatre catégories de frein.</p>
<p>Premièrement, la charge administrative qui pèsera sur les agriculteurs pour renseigner les GES (et la complexité du système) s’ajoute à une charge administrative déjà importante. Aussi, il a été préconisé de penser l’outil numérique de la manière la plus interopérative possible avec les autres plates-formes de saisies d’information utilisées par les exploitants. Améliorer la traçabilité des récoltes de l’agriculteur pour qu’il y ait plus de transparence envers le consommateur est perçu comme un avantage potentiel à exploiter ce type de système.</p>
<p>Deuxièmement, l’incertitude concernant le prix du carbone, les coûts liés au changement de pratique et donc la rentabilité de l’exploitation sont les désavantages les plus rapportés par les participants. Les acteurs ont particulièrement invoqué un besoin de transparence et de visibilité concernant la formation du prix du carbone, avec la possible mise en place de sécurités sur le prix plancher pour l’agriculteur. Une meilleure information sur les pratiques permettant tout à la fois une meilleure rentabilité et un meilleur bilan carbone est également évoquée. Enfin, les acteurs insistent sur la nécessité de valoriser non seulement les progrès réalisés, mais aussi les effets d’entraînement que les exploitants les plus vertueux sont susceptibles de créer.</p>
<p>Troisièmement, le manque d’information des agriculteurs sur ce type de projet et la formation qui sera nécessaire peuvent contrarier leur participation. Actionner des leviers de transmission de l’information à chaque échelle et inclure le plus grand nombre d’acteurs dans le réseau d’information semble donc essentiel.</p>
<p>Finalement, la temporalité du mécanisme peut poser problème. Les crédits carbone ne sont généralement alloués que lors de la dernière phase du projet de compensation, alors que les changements de pratique et les coûts engendrés adviennent en début de projet. Les acteurs interviewés ont mis en avant la possibilité d’une rémunération type cahier des charges des filières, avec des exigences sur les GES, qui permettrait ainsi de rémunérer les agriculteurs au moment de la récolte.</p>
<p>Au total, cette première réunion de sensibilisation a permis d’établir des jalons sur la future enquête d’acceptabilité et de souligner les points de vigilance. Elle a aussi mis en avant les opportunités que ce type de projet peut représenter pour les agriculteurs : revenu complémentaire, meilleure image et valorisation des activités agricoles auprès du public, améliorer l’attractivité du métier et favoriser un modèle économique vertueux et résilient.</p>
<p>Cette première analyse devra être approfondie, et complétée par une analyse des conditions de participation par les financeurs de ce type de projet, et de la réceptivité des consommateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135220/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Delacote a reçu des financements de la Chaire Economie du Climat.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Camille Aït-Youcef ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour encourager l’agriculture à transformer ses pratiques, la compensation carbone pourrait être un outil efficace, à certaines conditions.Philippe Delacote, Chargé de recherche en économie, InraeCamille Aït-Youcef, Docteur en économie, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1360892020-04-09T18:07:15Z2020-04-09T18:07:15ZAprès les bosons et les fermions, voici les anyons avec leurs propriétés quantiques exotiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/326990/original/file-20200409-187559-1nhty5g.PNG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C688%2C518&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Réfrigérateur à dilution permettant d'obtenir des températures proches du zéro absolu nécessaires à l'observation des anyons.</span> <span class="attribution"><span class="source"> Gwendal Feve</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Dans notre monde tridimensionnel, la mécanique quantique qui décrit le monde microscopique n’autorise l’existence que de deux types de particules : les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=oqLKKJEAa74">fermions</a> et les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boson">bosons</a>. Chacun aura entendu parler de l’électron, la particule élémentaire de la famille des fermions qui assure le transport du courant électrique. Chez les bosons, c’est le photon, la particule élémentaire associée à la propagation de la lumière qui nous est sans doute la plus familière.</p>
<p>Les fermions et les bosons ont des comportements collectifs complètement différents. Les fermions tendent à se repousser spatialement ou à s’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_d%27exclusion_de_Pauli">« exclure »</a>. C’est cette faculté qui permet d’expliquer des phénomènes aussi variés que la structure électronique des atomes, la <a href="https://astronomia.fr/4eme_partie/EtoilesANeutrons.php">stabilité des étoiles à neutrons</a> ou bien la différence entre les métaux, conducteurs du courant électrique, et les isolants. Les bosons, au contraire, ont tendance à se regrouper spatialement permettant ainsi d’expliquer certaines propriétés de la lumière ou encore les phénomènes de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Superfluidit%C3%A9">superfluidité</a> ou de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Supraconductivit%C3%A9">supraconductivité</a>, tous deux liés à la <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/condensation-de-bose-einstein/">condensation</a> d’un grand nombre de bosons dans un même état.</p>
<p>Dans la théorie quantique, on parle de <em>statistiques quantiques</em> fermioniques et bosoniques pour décrire mathématiquement les comportements distincts d’un ensemble de fermions et de bosons.</p>
<h2>La physique quantique en deux dimensions</h2>
<p>La situation est complètement différente dans un univers bidimensionnel où d’autres types de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Quasi-particule">quasi-particules</a> exotiques, différentes des fermions et des bosons, peuvent exister.</p>
<p>Elles apparaissent dans certains types de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Hall_quantique_fractionnaire">conducteurs électriques bidimensionnels</a> dans lesquels les électrons interagissent très fortement entre eux. Les mouvements collectifs des électrons sont alors parfaitement décrits par le déplacement de nouveaux objets élémentaires, appelés « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Anyon">anyons</a> ». Au contraire des fermions qui s’excluent complètement, et des bosons qui peuvent tous condenser dans le même état, les anyons peuvent former de petits paquets de particules s’excluant mutuellement.</p>
<p>Les quasi-particules émergent dans un système d’un grand nombre de particules en interaction. Le mouvement collectif des particules considérées initialement peut être décrit par le mouvement d’objets simples, élémentaires. Ce sont ces nouveaux objets que l’on appelle quasi-particules.</p>
<p>Si l’existence des anyons et leurs propriétés quantiques, intermédiaires entre celles des fermions et des bosons, ont été prédites théoriquement il y a quarante ans, leur nature fondamentalement différente était restée inaccessible jusqu’ici. Seules certaines de leurs propriétés exotiques avaient pu être observées par les nombreux travaux théoriques et expérimentaux qui leur ont été consacrés. Par exemple, des <a href="https://www.pourlascience.fr/sr/article-fond/le-bruit-des-charges-fractionnaires-4529.php">chercheurs ont dévoilé</a> en 1997 leur charge électrique fractionnaire, c’est-à-dire égale à une fraction de la charge élémentaire d’un électron. Mais, en dépit de nombreux travaux durant les trente dernières années, aucune signature expérimentale claire de statistique fractionnaire n’a pu être observée <a href="https://science.sciencemag.org/content/368/6487/173">jusqu’ici</a>.</p>
<h2>Des physiciens créent les conditions d’observation des anyons</h2>
<p>Pour sonder les propriétés quantiques des anyons, il a fallu revenir au cœur des différences de comportement entraînées par la statistique quantique. Les chercheurs du <a href="https://www.lpens.ens.psl.eu/">laboratoire de Physique de l’École Normale Supérieure</a>, ont utilisé un collisionneur au sein d’une puce électronique fabriquée par des physiciens du <a href="https://www.c2n.universite-paris-saclay.fr/fr/">Centre de Nanosciences et de Nanotechnologies</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=582&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=582&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=582&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=731&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=731&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/326992/original/file-20200409-139439-1oh5ar3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=731&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La puce permettant de réaliser, dans un conducteur électrique bidimensionnel, des collisions entre anyons.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette puce permet de réaliser, dans un conducteur électrique bidimensionnel, des collisions entre anyons. Les collisionneurs quant à eux sont les instruments de choix pour caractériser les effets de statistique quantique. Ils permettent aux physiciens, en observant les résultats d’une collision entre deux particules, de quantifier la tendance des quasi-particules à se regrouper ou à s’exclure. Pour conclure définitivement à l’existence des anyons, ces quasi-particules ni vraiment fermions ni vraiment bosons, nous avons mis en place des conditions particulières d’expérience. Des conditions susceptibles de préserver les propriétés quantiques des anyons. C’est dans un conducteur microscopique dont le diamètre est comparable à celui d’un cheveu et à des températures ultra basses, plus de dix mille fois inférieures à la température ambiante – soit proche du zéro absolu – que tout s’est joué.</p>
<p>L’idée est d’observer le comportement des particules suite à leur collision. Les particules peuvent emprunter deux bras de sortie, séparés par une « lame séparatrice ». On regarde leur comportement « de groupe ». Pour simplifier, dans le cas de fermions, lors d’une collision, les électrons empruntent systématiquement des bras de sortie distincts – c’est une conséquence du principe d’exclusion qui sous-tend la statistique des fermions. Lorsque les conditions sont réunies pour former des anyons, le résultat de la collision est différent : les anyons peuvent se regrouper en paquets de charge dans un même bras de sortie.</p>
<p>Le résultat des expériences a permis de caractériser une tendance des anyons à se regrouper en paquets de particules : un comportement complètement différent de celui des électrons qui leur ont donné naissance, et qui correspond au comportement quantique attendu pour des anyons. Ces expériences confirment le rôle combiné des fortes corrélations entre électrons et de la dimensionnalité du conducteur dans l’émergence d’anyons aux propriétés intermédiaires entre les fermions et les bosons.</p>
<h2>Vers le calcul quantique topologique</h2>
<p>En élargissant le spectre des particules connues dans les systèmes bidimensionnels, ces résultats sont une avancée remarquable pour la physique fondamentale et pour les scientifiques qui peuvent désormais manipuler des objets élémentaires aux propriétés nouvelles.</p>
<p>Certains types d’anyons ont des propriétés très prometteuses pour la recherche en <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/physique/calculer-avec-des-tresses-quantiques-2760.php">calcul quantique topologique</a> si nécessaire pour avancer vers l’ordinateur quantique. Un ordinateur du futur dont les opérations de calcul seraient basées sur les échanges de positions d’anyons. Rappelons que les opérations de calcul quantique usuelles sont basées sur la manipulation d’états quantiques dont la fragilité constitue pour l’instant un verrou technologique majeur. Elles pourraient bénéficier <a href="https://science.sciencemag.org/content/368/6487/173">des travaux publiés aujourd’hui</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/136089/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gwendal Fève a reçu des financements du conseil Européen pour la Recherche: ERC grant EQuo No. 648236 et de l'Agence Nationale pour la Recherche projet “1shot reloaded” (ANR-14-CE32-0017)</span></em></p>La nature des anyons, prévue par la théorie, était restée inaccessible jusqu’ici. Cette découverte fait l’objet de la couverture du prestigieux magazine Science.Gwendal Fève, Professeur à Sorbonne Université, Laboratoire de Physique de l'Ecole Normale Supérieure, École normale supérieure (ENS) – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1298192020-01-13T21:56:05Z2020-01-13T21:56:05ZPollution de l’air : quand respirer devient dangereux<p><em>Cet article est publié en partenariat avec l’<a href="https://www.encyclopedie-environnement.org/">Encyclopédie de l’environnement</a>, un site scientifique en libre accès qui aborde les problématiques environnementales. Ce billet compile plusieurs articles de l’Encyclopédie pour aborder la pollution par les particules en suspension dans l’air.</em></p>
<hr>
<p>L’origine des particules polluantes en suspension dans l’air est souvent attribuée aux moteurs à explosion des voitures, des poids lourds, mais aussi des engins de chantier, des machines agricoles, des avions, des bateaux et des installations industrielles.</p>
<p>En réalité, quel que soit le combustible (bois, charbon, essence, fuel, gazole, gaz), toute combustion produit des fumées. Celles-ci sont notamment chargées de particules, tout particulièrement dans les cheminées à bois ouvertes où la combustion est incomplète, en raison d’une température relativement basse. L’endroit le plus familier où chacun peut observer ces particules est sans doute le fond d’une casserole placée au-dessus de la flamme d’une bougie où elles forment une couche de suie, bien noire, facile à balayer du doigt.</p>
<p>En région Auvergne Rhône Alpes, la cuvette grenobloise et la vallée de l’Arve sont souvent citées comme des lieux où la pollution par les particules, piégée par le relief montagneux, est responsable de sérieuses atteintes à la santé. Les habitants de la superbe vallée de l’Arve et leurs élus ont longtemps accusé les files de camions ininterrompues qui empruntent le tunnel du Mont Blanc. Mais, suite à l’incendie de mars 1999, la fermeture de ce tunnel a fait disparaître ces poids lourds pendant trois ans, sans réduction significative de la pollution. L’évidence s’est imposée : ce sont les feux de cheminées, si agréables soient-ils dans le confort des charmants chalets savoyards, qui sont les grands <a href="https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/article/chauffage-au-bois-et-qualite-de-lair">responsables de cette pollution</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309766/original/file-20200113-103979-1spiqnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309766/original/file-20200113-103979-1spiqnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309766/original/file-20200113-103979-1spiqnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309766/original/file-20200113-103979-1spiqnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309766/original/file-20200113-103979-1spiqnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309766/original/file-20200113-103979-1spiqnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309766/original/file-20200113-103979-1spiqnc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les émissions de particules fines issues du chauffage au bois contribuent fortement à la pollution de l’air.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/60107315@N00/3164459378">Ian Britton/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces particules sont classées en <a href="https://www.encyclopedie-environnement.org/air/particules-polluantes-air/">plusieurs catégories</a> : les PM 10 (PM pour « particule de matière »), dites simplement particules ; les particules fines PM 2,5 ; les particules très fines PM 1 et les particules ultrafines PM 0,1. Les chiffres 10, 2,5, 1 et 0,1 caractérisent la taille en microns de la maille à travers ces particules ne peuvent pas passer. Le micron, ou micromètre, est l’unité de longueur égale au millième de millimètre, elle n’est pas accessible à l’œil nu (le diamètre d’un cheveu humain est voisin de 50 microns). Toutes demeurent en suspension dans l’air sans pouvoir atteindre le sol.</p>
<h2>Le chauffage au bois en première ligne</h2>
<p>Ces particules sont inhalées lors de la respiration et, suivant leur taille, elles peuvent s’accumuler dans les narines, les bronches, les alvéoles pulmonaires ou atteindre les vaisseaux sanguins. On peut considérer que les particules de taille supérieure à 10 microns sont arrêtées par le nez et les voies respiratoires supérieures sans pouvoir pénétrer dans les bronches et les poumons. Mais les particules ultrafines atteignent le réseau sanguin et, avec lui, tous nos organes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309747/original/file-20200113-103990-1ujnb2q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Pénétration des particules dans le corps humain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.encyclopedie-environnement.org/sante/particules-air-effets-sante">Encyclopédie de l’environnement</a></span>
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<p>Une étude du <a href="https://www.citepa.org/fr/">CITEPA</a> conduit, pour la France, au classement suivant des sources de PM 2,5 : 9 % pour l’agriculture, 18 % pour le transport routier et 45 % pour le chauffage au bois. Les poids lourds, équipés de moteurs Diesel, sont souvent mis en cause, plus que les voitures et la combustion du bois qui émet pourtant davantage de particules fines. Ce qui est vrai, c’est que les <a href="https://www.encyclopedie-environnement.org/air/moteurs-diesel-combustion-du-bois-en-accusation/">gouttelettes de gazole</a> n’ont pas le temps de s’évaporer avant leur combustion et ne sont que partiellement brûlées ; ceci conduit, entre autres, à la formation de particules, des PM 10 en majorité.</p>
<p>Dans les moteurs à essence, où l’explosion est amorcée par l’étincelle produite par la bougie, la combustion est plus homogène et, en conséquence, les particules produites sont beaucoup plus fines : PM 2,5, PM 1 et ultrafines. Plus insidieuses puisque plus difficiles à détecter, elles n’en sont pas moins dangereuses.</p>
<h2>Brumes et trajectoires</h2>
<p>Il est particulièrement difficile d’extraire ces particules de l’air ambiant où elles servent de germes autour desquels la vapeur d’eau peut se condenser pour former de très fines gouttelettes et donner lieu aux brumes et brouillards.</p>
<p>Lors de la chute d’un objet aussi petit que ces particules ou gouttelettes, le frottement de l’air sur sa surface, dirigé vers le haut, l’emporte sur son poids, dirigé vers le bas. C’est pour cette raison que, comme les particules, les fines gouttelettes de brouillard restent en suspension dans l’air alors que les gouttes de pluie, de taille supérieure à 20 microns, parviennent à tomber.</p>
<p>Ajoutons, qu’au-dessous de l’échelle du micron, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_brownien">mouvement brownien</a> devient assez significatif pour conférer à ces très fines particules une agitation aléatoire, ce qui a pour effet de les empêcher de traverser les mailles d’un filet pourtant bien plus grosses qu’elles. Dans les salles blanches des industries de la microélectronique, des techniques de dépoussiérage extrêmement sophistiquées doivent donc être mises en œuvre, puisque la décantation naturelle ou le filtrage ne suffisent pas.</p>
<p>La couleur des brumes, souvent visibles dans les vallées, dépend de la nature des polluants présents dans l’air. L’un des cas particuliers les plus connus est celui de la ligne bleue des Vosges, qui doit sa couleur aux isoprènes émis par la végétation. Pour qu’ils soient peu visibles par les forces ennemies, les poilus de la Grande Guerre avaient été dotés d’uniformes de cette même couleur, alors qu’auparavant les soldats de la guerre franco-prussienne de 1870 portaient des pantalons rouges.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309752/original/file-20200113-103974-h9lbj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309752/original/file-20200113-103974-h9lbj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=478&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309752/original/file-20200113-103974-h9lbj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=478&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309752/original/file-20200113-103974-h9lbj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=478&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309752/original/file-20200113-103974-h9lbj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=601&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309752/original/file-20200113-103974-h9lbj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=601&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309752/original/file-20200113-103974-h9lbj7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=601&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La peinture de Claude Monet, « Le pont Saint-Lazare », témoigne de la pollution atmosphérique à Paris au début du XXᵉ siècle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Claude_Monet-Le_Pont_de_l%27Europe-Gare_Saint-Lazare-1877.jpg">Wikipedia</a></span>
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</figure>
<h2>48 000 morts par an</h2>
<p>Des méthodes statistiques permettent aux épidémiologistes de déceler les corrélations entre la teneur en particules et <a href="https://www.encyclopedie-environnement.org/sante/particules-air-effets-sante/">diverses pathologies</a> ou décès, tout en éliminant l’influence du hasard. Les plus précises conduisent même au mécanisme qui permet à ces particules d’agresser les constituants des cellules de nos organes. Ne citons qu’un seul exemple : la production d’espèces réactives de l’oxygène qui peuvent l’emporter sur nos mécanismes de défense antioxydants. Au niveau de la paroi des vaisseaux sanguins, un processus inflammatoire, l’athérosclérose, peut alors conduire à un infarctus du myocarde ou à un accident vasculaire cérébral.</p>
<p>Une <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2016/impacts-sanitaires-de-la-pollution-de-l-air-en-france-nouvelles-donnees-et-perspectives">évaluation quantitative d’impact sanitaire</a> récente conduite par Santé Publique France a établi une relation entre exposition aux PM 2,5 et mortalité.</p>
<p>Cette étude estime que 48 000 décès par an sont imputables à cette pollution par les particules, ce qui correspond à 9 % de la mortalité en France. Elle montre notamment que, si la pollution aux PM 2,5 due aux activités anthropiques était partout la même que dans les communes rurales les moins polluées, 34 000 décès seraient évitables chaque année.</p>
<p>L’augmentation du nombre de décès est liée à l’accroissement de la <a href="https://www.encyclopedie-environnement.org/sante/particules-air-effets-sante/">concentration en PM 25</a>.</p>
<p>Pour conclure, rappelons que la plupart des économistes s’accordent pour affirmer que les dépenses qui seraient engendrées par la mise en œuvre de mesures drastiques de réduction de la pollution seraient très inférieures au coût socio-économique engendré par cette même pollution. Ils suivent ainsi Janez Potocnik, Commissaire européen à l’Environnement de 2009 à 2014, qui déclarait :</p>
<blockquote>
<p>« Si vous pensez que l’économie est plus importante que l’environnement, essayez de retenir votre souffle pendant que vous comptez l’argent. »</p>
</blockquote><img src="https://counter.theconversation.com/content/129819/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>René Moreau est co-éditeur de l’Encyclopédie de l’environnement. </span></em></p>En France, on estime que 48 000 décès par an sont imputables à la pollution de l’air par des particules.René Moreau, Professeur émérite, Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1271472019-12-04T18:59:54Z2019-12-04T18:59:54ZPortrait-robot de la pollution de l’air à Abidjan<p>Véritable poumon économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan attire une population de plus en plus nombreuse qui devrait atteindre les 8 millions en 2030, le pays comptant actuellement près de 26 millions d’habitants.</p>
<p>Comme toutes les grandes métropoles, Abidjan souffre de la pollution de l’air, ce tueur qualifié de « silencieux » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui est responsable de plus de <a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/story/air-pollution-africas-invisible-silent-killer-1">7 millions de décès</a> chaque année à l’échelle mondiale. Parmi les polluants responsables de cette hécatombe, les particules fines font figure de suspect numéro 1.</p>
<p>Les récentes campagnes de mesures de la qualité de l’air révèlent que le niveau de particules fines dans la métropole ivoirienne serait d’un <a href="https://doi.org/10.5194/acp-18-6275-2018">facteur 3 supérieur</a> aux recommandations de l’OMS.</p>
<p>Les études épidémiologiques s’accordent sur les ravages provoqués sur la population par l’inhalation de ces particules, en particulier <a href="https://www.who.int/fr/news-room/detail/06-03-2017-the-cost-of-a-polluted-environment-1-7-million-child-deaths-a-year-says-who">sur les enfants</a>, même si cet impact était encore largement <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-018-0263-3">sous-estimé en Afrique</a>.</p>
<p>Or ces émissions de particules vont connaître une véritable explosion sur le continent africain et représenter <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/9/3/035003">jusqu’à 50 % des émissions globales</a> pour certains polluants à l’horizon 2030.</p>
<h2>Woro-woro, G’baka et SUV</h2>
<p>À l’instar des grandes villes d’Afrique l’Ouest, Abidjan a des spécificités en matière de sources de particules aérosol. Sporadiquement, des épisodes de pollution aux particules peuvent avoir une origine naturelle, en relation avec les épisodes de vent d’Harmattan venant du nord et transportant des poussières minérales.</p>
<p>Néanmoins, le trafic automobile figure de façon attendue parmi les premiers émetteurs de polluants. Ce dernier est saturé dans toute la métropole. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/W%C3%B4r%C3%B4-w%C3%B4r%C3%B4">Woro-woro</a> hors d’âge et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gbaka">G’baka</a> surchargés y côtoient les derniers SUV à mode. Dans le quartier populaire de Yopougon, l’immense majorité des véhicules roulent au diesel et les les deux tiers des véhicules ont <a href="https://doi.org/10.3390/en11092300">plus de 10 ans d’âge</a>.</p>
<p>Malgré le récent décret pris pour interdire l’importation des véhicules de plus de cinq ans (les fameux « France au revoir »), le parc roulant reste vétuste et polluant. Or, plus les véhicules sont anciens, plus leur taux d’émission de particules est important.</p>
<p>Les récentes mesures effectuées à Abidjan sur ces véhicules usagés montrent des facteurs d’émission pour les particules carbonées ponctuellement <a href="https://doi.org/10.5194/acp-18-7691-2018">100 fois supérieures</a> aux véhicules les plus récents. Le même constat est fait pour les émissions de composés organiques volatils. La réévaluation des émissions de ces composés suggère que ces émissions ont été jusqu’à présent sous-évaluées d’un <a href="https://doi.org/10.5194/acp-19-11721-2019">facteur 50 à 100</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/PxpS5Y9ZoYU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En Côte d’Ivoire, la réforme du marché du véhicule d’occasion. (TV5 Monde, 2018).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Une métropole « enfumée »</h2>
<p>À la vétusté du parc roulant et l’engorgement systématique des voies de circulation, s’ajoutent d’autres sources d’émissions de polluants atmosphériques bien caractéristiques de la ville africaine.</p>
<p>L’une des particularités est l’utilisation du fumage traditionnel pour la conservation du poisson et de la viande.</p>
<p>Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ <a href="http://www.fao.org/cote-divoire/actualites/detail-events/en/c/1032181/">2/3 de la pêche</a> réalisée est conservée grâce à cette méthode. Le fumage est effectué par les femmes dans des bidons métalliques alimentés en bois (hévéa) au sein même des quartiers d’habitations. On y grille également l’arachide.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/oMvEIm14DF0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Côte d’Ivoire : 50 % des femmes fumeuses de poissons souffrent de troubles respiratoires. (RTI, 2017).</span></figcaption>
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<p>En plus de contribuer à la <a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/story/air-pollution-africas-invisible-silent-killer-1">dégradation de la qualité de l’air</a>, cette technique est dangereuse pour les travailleuses. Les récentes mesures sur les HAP (hydrocarbure polycyclique aromatique) montrent que les seuils sanitaires admis sont <a href="https://doi.org/10.5194/acp-19-6637-2019">dépassés d’un facteur 10</a>.</p>
<p>De manière générale, l’usage de poêle à foyer ouvert est une source intense de pollution dans les pays en développement, touchant <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/household-air-pollution-and-health">particulièrement les femmes et les jeunes enfants</a>. Les changements de pratiques et l’accès à des sources d’énergie moins polluantes devraient permettre de réduire ce type d’émission.</p>
<p>Les projets d’amélioration des infrastructures routières ou de limitation des sources intenses de pollution atmosphérique, comme le brûlage des déchets à l’air libre, vont également dans le sens d’une meilleure qualité de l’air.</p>
<p>Mais faute d’un réseau opérationnel de surveillance de la qualité de l’air, l’évaluation de ce changement reste encore difficile. De plus, la contribution des émissions naturelles, comme celle des poussières sahariennes, est encore largement méconnue.</p>
<p>Les scientifiques ont donc besoin aujourd’hui de <a href="https://www.guapo-air.org/actualites/programme-du-seminaire-international-sur-la-qualite-de-lair-dans-les-villes-dafrique-de">davantage d’observations</a> concernant les concentrations de polluants, leur nature chimique et leur toxicité afin d’anticiper l’explosion de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en Afrique.</p>
<hr>
<p><em>La Région Ile-de-France finance des projets de recherche relevant de Domaines d’intérêt majeur et s’engage à travers le dispositif Paris Région Phd pour le développement du doctorat et de la formation par la recherche en cofinançant 100 contrats doctoraux d’ici 2022. Pour en savoir plus, visitez <a href="https://www.iledefrance.fr//education-recherche">iledefrance.fr/education-recherche</a>.</em></p>
<p><em>Olivier Blond (<a href="https://www.respire-asso.org/">Association Respire</a>) a contribué à l’élaboration de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127147/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Léon a reçu des financements de l’Union européenne dans le cadre du programme FP7 “Dynamics-aerosol-chemistry-cloud interactions in West Africa”.</span></em></p>Le problème de la qualité de l’air dans la capitale économique ivoirienne témoigne de l’explosion de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en Afrique.Jean-François Léon, Chercheur en sciences atmosphériques, Université de Toulouse III – Paul SabatierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1272592019-11-20T22:39:57Z2019-11-20T22:39:57ZCe que peuvent les masques faciaux contre la pollution de l’air<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/302166/original/file-20191118-66979-bxnkun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1500%2C970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À Pékin. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/ledgard/116065372/in/photolist-haWeNh-RK4Tjm-9FE8cp-79WsTj-jsNZo8-ffafHW-quQE5U-4Eg9TB-5SkWKV-5Hmfcj-7627Bw-7z5pib-bfSc7-nixXzg-6228Bh-2KEGv-pdDho3-H7e6J">Bryan Ledgard/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Des études ont montré que le fait d’être exposé à la pollution atmosphérique, à plus ou moins long terme, peut avoir des effets néfastes sur les poumons et le cœur, et probablement <a href="http://dnr.wi.gov/topic/AirQuality/documents/AHA_Circulation_2010.pdf">aussi sur le cerveau</a>. </p>
<p>La pollution extérieure serait d’ailleurs à l’origine de <a href="http://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(15)00128-2.pdf">trois millions de décès</a> par an dans le monde entier. Par conséquent, un certain nombre de villes ont adopté des mesures visant à réduire la pollution atmosphérique, dont le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/London_congestion_charge#Proposed_CO2_emissions_based_charging">péage urbain</a> instauré à Londres, le <a href="https://www.theguardian.com/environment/bike-blog/2015/dec/01/how-cycling-could-help-the-paris-climate-talks-change-the-world">système de vélos en libre-service</a> mis en place à Paris, ou encore la <a href="https://www.theguardian.com/world/2017/jan/09/beijing-creates-anti-smog-police-to-tackle-air-polluters">« police de l’environnement »</a> de Pékin.</p>
<p>Comme il faut du temps pour mettre en œuvre de telles mesures adoptées et pour qu’elles produisent des effets, de plus en plus de <a href="https://www.standard.co.uk/lifestyle/london-life/do-pollution-masks-really-work-how-cyclists-are-trying-to-filter-out-the-filth-10442477.html">piétons et de cyclistes</a> ont décidé de porter des masques ou d’autres appareils censés réduire les risques auxquels ils sont exposés. </p>
<p>Il existe de simples masques antipoussière en papier mais aussi des appareils qui permettent d’assainir l’air et d’éviter d’être exposé aux pires formes de pollution atmosphérique. Les masques les mieux adaptés à un usage extérieur se situent entre ces deux types de modèles.</p>
<h2>Les risques et leur atténuation</h2>
<p>La pollution atmosphérique est due à des particules et à des gaz. Ces derniers comprennent notamment l’ozone, le monoxyde de carbone, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre et un grand nombre de substances chimiques connues sous le nom de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Volatile_organic_compound">composés organiques volatils</a>. Bien que les gaz soient susceptibles d’être <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17435419">nocifs pour la santé</a>, les études montrent qu’il convient avant tout de se préoccuper des dangers que présentent les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4335916/">particules fines</a>, notamment celles dont la taille est inférieure à 2,5 microns.</p>
<p>Il s’agit donc de savoir si les masques permettent d’atténuer ou de prévenir l’exposition à la pollution atmosphérique. </p>
<p>Leur efficacité dépend en fait du type de substance toxique, du modèle de masque et de la façon dont celui-ci est utilisé. Les différents modèles sont porteurs d’<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Respirator_assigned_protection_factors">indices de protection</a> qui correspondent au taux de substances nocives que le masque n’est pas en mesure d’éliminer. Un indice de protection de 10 signifie que seule 10 % de la substance concernée n’est pas filtrée par l’appareil, à condition que ce dernier soit porté correctement.</p>
<p>Les simples masques antipoussière en papier sont quasiment inutiles pour réduire l’exposition à la pollution atmosphérique. Cependant, certains modèles dotés de filtres haute efficacité pour les particules de l’air (HEPA), par ailleurs peu coûteux, se révèlent assez efficaces pour limiter l’exposition aux particules fines, notamment les modèles <a href="https://www.cdc.gov/niosh/npptl/topics/respirators/disp_part/n95list1.html">« respirateurs N95 »</a>, qui présentent un indice de protection de 5 et ne laissent donc passer que 5 % des particules. </p>
<p>Leur efficacité est réduite pour ce qui est des particules inférieures à 0,3 micron (ce qui est le cas des bactéries, mais pas des virus et de la plupart des particules fines dégagées par les véhicules thermiques). Même si les masques N95 n’éliminent pas les gaz toxiques, il est toujours possible de les combiner à d’autres matériaux comme le charbon actif, qui permettent d’atténuer l’exposition aux gaz. Ces modèles sont plus coûteux. Il convient donc de se renseigner au sujet des types de gaz qu’ils permettent de filtrer, et avec quelle efficacité.</p>
<h2>Que révèlent les études menées sur le sujet ?</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/185309/original/file-20170908-32330-1qocbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/185309/original/file-20170908-32330-1qocbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=747&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/185309/original/file-20170908-32330-1qocbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=747&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/185309/original/file-20170908-32330-1qocbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=747&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/185309/original/file-20170908-32330-1qocbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=939&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/185309/original/file-20170908-32330-1qocbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=939&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/185309/original/file-20170908-32330-1qocbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=939&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un policier new-yorkais avec un masque respiratoire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Respirator#/media/File:Police_officer_wearing_half-mask_respirator.jpg">Ryssby/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Peu d’études ont été menées sur la capacité des masques à prévenir ou atténuer les effets nocifs sur la santé induits par l’exposition à la pollution atmosphérique. Il convient par ailleurs d’en interpréter les conclusions avec précaution. </p>
<p>Sur trois études expérimentales menées en Chine, deux ont conclu que le fait de porter des masques N95 en déambulant dans le centre de Pékin contribuait à faire <a href="https://particleandfibretoxicology.biomedcentral.com/articles/10.1186/1743-8977-6-8">baisser la pression artérielle</a> chez des sujets en bonne santé comme chez des sujets atteints de <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/1103898/">maladies cardiaques</a>. Chez ces derniers, on a par ailleurs observé une amélioration de la circulation sanguine et un meilleur apport d’oxygène vers le cœur à l’aide de ces masques. La troisième étude, menée à Shanghai, a elle aussi permis de constater que la circulation sanguine de sujets en bonne santé <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5289918/">était meilleure</a> lorsqu’ils portaient des masques N95. </p>
<p>Ces études semblent donc indiquer que le port d’un masque filtrant les particules permet de réduire les effets à court terme sur le cœur et les vaisseaux sanguins dus à l’exposition à la pollution atmosphérique urbaine.</p>
<p>S’il faut donc faire preuve de prudence dans l’interprétation de ces conclusions, c’est tout simplement parce que les personnes qui ont pris part à ces études savaient qu’elles respiraient de l’air filtré. Bien que cela semble évident, le simple fait d’en avoir conscience a pu produire les résultats observés, bien que ceux-ci aient été attribués à une atténuation de la pollution. Aucune étude n’a par ailleurs été réalisée en vue de déterminer si les masques permettent également de limiter les effets sur les poumons ou si les effets d’une exposition à long terme peuvent également être évités.</p>
<p>Pour s’assurer de la fiabilité de tels résultats, il est nécessaire de mener des études consacrées aux effets sur les poumons et le cœur, tout en veillant à ce que les participants ignorent s’ils respirent de l’air filtré ou non. Il convient en outre de déterminer s’il est plus efficace de porter des masques qui permettent de filtrer les gaz toxiques en plus des particules fines. Une étude que nous avons réalisée récemment en Chine, et dont les conclusions seront publiées sous peu, a permis de remédier à ces lacunes.</p>
<h2>Des contraintes à prendre en compte</h2>
<p>Le fait de porter un masque pour réduire l’exposition à la pollution atmosphérique présente des inconvénients pour certaines personnes, qui risquent de se sentir mal à l’aise, d’avoir l’impression qu’elles ont du mal à respirer ou de se sentir oppressées. D’ailleurs, ces masques ne sont efficaces que s’ils épousent parfaitement le visage. Les hommes qui portent la barbe ou ne sont pas rasés, par exemple, pourront difficilement les ajuster comme il se doit.</p>
<p>En outre, bien que nous soyons davantage exposés à la pollution atmosphérique à l’extérieur, nous passons l’essentiel de notre temps à l’intérieur, où nous respirons aussi des polluants atmosphériques, y compris des gaz et des particules fines. Sachant qu’il est rare que des masques soient portés à l’intérieur, il faudrait avoir recours à des épurateurs d’air intérieur permettant de filtrer les particules et les gaz si l’on veut se protéger encore plus efficacement contre les substances nocives présentes dans l’air que nous respirons.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007 pour accélérer et partager les connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, le Fonds de Recherche Axa a soutenu près de 600 projets à travers le monde menés par des chercheurs de 54 pays. Pour en savoir plus, visitez le site du <a href="https://www.axa-research.org/en/">Axa Research Fund</a>.</em></p>
<p><em>Traduit de l’anglais par Damien Allo pour <a href="http://www.fastforword.fr">Fast ForWord</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127259/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sverre Vedal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un nombre croissant de citadins portent des masques faciaux en espérant se protéger des effets de la pollution de l’air. Mais est-ce que cela marche ?Sverre Vedal, Professor, University of WashingtonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1237942019-09-27T02:18:39Z2019-09-27T02:18:39ZCirculation, vitesse, accès : comment sauver le périph ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/294181/original/file-20190925-51434-lh2h0r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le périph s’invite dans la campagne des municipales 2020. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://search.creativecommons.org/photos/6daa80f6-392d-40ca-802d-3a5bc6bdd519">Frédérique Voisin-Demery/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Plus d’un million d’automobilistes empruntent chaque jour le périphérique parisien. Combien seront-ils demain ? Beaucoup moins s’il est transformé en boulevard avec feux tricolores et plates-bandes. Plus un seul s’il est détruit et remplacé par des logements, des bureaux, des arbres… L’approche des élections municipales en mars 2020 libère l’imagination. Si elle est nécessaire, il faut aussi savoir garder les pieds sur l’asphalte.</p>
<p>Faire un tour d’analyse économique du périphérique et de sa transformation future est moins amusant mais sûrement pas inutile !</p>
<h2>Tourner sur le périph</h2>
<p>Quelques éléments d’abord pour les lecteurs qui n’auraient jamais roulé sur cette simili-autoroute urbaine.</p>
<p>Vous pouvez parcourir les 35 km de cette voie communale un peu spéciale d’une seule traite. Ni feux rouges ni ronds-points, mais un trajet d’une demi-heure tout de même car la vitesse y est limitée à 70km/h. Vous y entrez et en sortez par une de ses 38 portes, dont les noms du Point du Jour à la Villette <a href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/romans-nouvelles-et-recits/le-boulevard-peripherique">« s’égrènent comme les grains d’un chapelet »</a>.</p>
<p>Attention de ne pas vous tromper de sens, le périphérique se dédouble : le périphérique intérieur tourne dans le sens des aiguilles d’une montre ; le périphérique extérieur dans le sens inverse. Les deux chaussées sont séparées par un terre-plein central fréquemment colonisé par l’Ailante glanduleux (un arbuste qui résiste bien à la pollution et à la sécheresse)… et par divers déchets apportés par le vent ou jetés par des automobilistes indélicats.</p>
<p>Sachez enfin que vous circulerez le plus souvent sur quatre voies, mais parfois sur trois, voire sur deux et la moitié du temps en tranchée ouverte ou couverte, vous empêchant de profiter d’une vue imprenable sur Paris et sa Petite Couronne.</p>
<p>Que reproche-t-on à cet ouvrage à peine cinquantenaire ?</p>
<p>À son inauguration en 1973, il était synonyme de vitesse et de décongestion de la voirie parisienne. Et tout le monde, ou presque, ignorait alors que l’automobile polluait. Le bruit et les accidents entraînant morts et blessés étaient ses seuls méfaits.</p>
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<figcaption><span class="caption">En 1973, la construction du périphérique s’achève. (Ina Société, 2012).</span></figcaption>
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<h2>Bouchons et pollution</h2>
<p>Aujourd’hui, le périphérique est très souvent embouteillé et il est solidement établi que les émissions des véhicules entraînent maladies et décès prématurés.</p>
<p>En 1996, la vitesse moyenne s’y élevait à <a href="http://afitl.ish-lyon.cnrs.fr/tl_files/documents/CST/N37/PRUDHO37.PDF">66km/h</a>. Elle est tombée, l’an dernier, à un peu moins de <a href="https://presse.paris.fr/wp-content/uploads/2019/05/RAPPORT-MIE-p%C3%A9riph%C3%A9rique-21-mai-2019.pdf">40 km/h</a>. Et encore ce chiffre inclut-il la circulation nocturne, plus rapide. Si vous êtes francilien, vous savez que vous n’avancerez guère en début de matinée ni en fin d’après-midi.</p>
<p>Cette congestion est doublement néfaste. Elle augmente les temps de trajet, ce qui se traduit par des pertes économiques en euros (voir à ce propos <a href="http://www.cerna.mines-paristech.fr/Donnees/data16/1645-PeI-riphConversationAppendice.pdf">ma note sur la congestion</a> du périphérique). Elle aggrave également la pollution. En effet, pour minimiser les émissions dans l’atmosphère, il faudrait idéalement rouler entre 60 km/h et 80 km/h. Au-delà, cela ne vous surprendra pas, les rejets dans l’atmosphère augmentent. Mais en deçà, c’est pareil ! <a href="https://presse.paris.fr/wp-content/uploads/2019/05/RAPPORT-MIE-p%C3%A9riph%C3%A9rique-21-mai-2019.pdf">À 20km/h</a>, la pollution double par rapport à 70km/h et elle quadruple à 15km/h !</p>
<p>Les moteurs thermiques n’ont pas été conçus pour rouler à des vitesses basses. Ils n’ont pas été non plus été conçus pour jouer de l’accordéon : les arrêts-redémarrages des bouchons sont la pire des choses pour les poumons. D’où l’importance d’un trafic le plus fluide possible pour réduire les émissions.</p>
<p>Même si nos bronches semblent d’avis contraire, la qualité de l’air à Paris s’améliore. En tendance longue, les niveaux mesurés de dioxyde d’azote, de microparticules et de benzène <a href="http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.html?id=Temis-0033289">diminuent</a>. En est-il de même pour la pollution circonscrite au périphérique ? On ne sait pas.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ozone-et-particules-fines-dans-les-poumons-des-petits-parisiens-51284">Ozone et particules fines dans les poumons des petits Parisiens</a>
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<p>Aucun doute en revanche sur le fait que le million de véhicules qui le parcourent quotidiennement contribue significativement à détériorer la qualité de l’air de Paris et de ses alentours, qualité désormais jugée <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/boulevard-peripherique-parisien-coeur-metropole-enjeux-perspectives">unanimement alarmante</a> car entraînant de graves dommage pour la <a href="https://www.airparif.asso.fr/pollution/effets-de-la-pollution-sante">santé des habitants</a>.</p>
<p>Il existe ainsi aujourd’hui un large consensus pour réduire la pollution et la congestion du périphérique. Mais comment s’y prendre ? En ces temps de précampagne pour conquérir (ou reconquérir) la Mairie de Paris, deux propositions ont jusqu’ici retenu l’attention.</p>
<h2>Supprimer le périph ?</h2>
<p>Un candidat déclaré, Gaspard Gantzer, propose tout simplement de <a href="https://www.parisiennes-parisiens.fr/actualites/et-si-on-revait-paris-en-grand-sans-peripherique">rayer le périph de la carte</a>. Pas du jour au lendemain, bien sûr. Il est prévu que le projet s’étale sur une durée de 15 ans, les fermetures se réalisant tronçon par tronçon. Plusieurs centaines d’hectares pourraient être ainsi récupérés pour des logements, des commerces, des bureaux et des espaces verts. Le procédé est radical.</p>
<p>Mais comment effacer de l’asphalte en si peu de temps les automobilistes qui empruntent le périph ? Son trafic est supérieur au cumul de celui des deux autres rocades, l’A86 et la Francilienne. De plus, son volume en passagers est impossible à absorber par les transports en commun, même en incluant le futur <a href="https://www.societedugrandparis.fr/gpe/le-grand-paris-express-en-resume">Grand Paris Express</a>.</p>
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<p>Sa destruction devrait dès lors entraîner un phénomène massif de report de la circulation sur d’autres voies… et donc un transfert de grande ampleur de la pollution et de la congestion ailleurs. Le problème est en grande partie simplement déplacé. Reconnaissons toutefois à cette proposition le mérite d’avoir relancé le débat et les réflexions sur le futur du périphérique.</p>
<p>Les élus de la Ville de Paris n’ont en effet pas tardé à s’emparer du sujet. Un <a href="https://presse.paris.fr/wp-content/uploads/2019/05/RAPPORT-MIE-P%C3%A9riph%C3%A9rique-21-mai-2019.pdf">rapport</a> débouchant sur une série de propositions a été publié en mai dernier. Il prévoit de transmuter le périphérique en boulevard avec feux rouges et zones vertes pour le milieu du siècle. S’y croiseraient, dans un climat apaisé et un air pur, piétons, sportifs, cyclistes et véhicules propres venant de Paris et de sa banlieue.</p>
<p>En attendant que cette transformation idyllique se concrétise, la majorité des élus, <a href="http://www.leparisien.fr/paris-75/conseil-de-paris-anne-hidalgo-veut-experimenter-le-perif-a-50-km-h-des-2020-11-06-2019-8091057.php">dont la maire Anne Hidalgo</a>, proposent de réduire le nombre de voies de circulation, de limiter la vitesse et de créer des voies dédiées… Autant de bonnes idées ? Examinons-les de plus près.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1133597153836843008"}"></div></p>
<h2>Réduire le nombre de voies, surtout pas</h2>
<p>Le passage du périphérique à deux fois trois voies, au lieu de deux fois quatre voies, est une mesure en droite ligne de la politique menée dans Paris intra-muros depuis des lustres. Elle consiste à réduire la surface viaire pour dissuader les automobilistes, confrontés à des embouteillages croissants, d’emprunter leur voiture pour se déplacer.</p>
<p>C’est un pari risqué car il engage une course de vitesse entre la détérioration de la circulation et l’amélioration du confort des habitacles et des possibilités d’y travailler ou de s’y distraire. Connexion et commande vocale permettent dans les bouchons de traiter messages électroniques et téléphoniques ou d’échanger en continu sur les réseaux sociaux.</p>
<p>Par ailleurs, la réduction de la vitesse entraînée par celle de la voirie aggrave très probablement la pollution. En dix ans, la vitesse moyenne dans Paris intra-muros est passée de <a href="http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.html?id=Temis-003328">16 km/h à 14km/h</a>. Outre son inefficacité probable dans l’amélioration de la qualité de l’air, la restriction de la surface pour la circulation des véhicules légers affecte indifféremment toutes les voitures, des moins polluantes aux plus polluantes, et tous les types de déplacement, ceux du médecin ou de l’artisan comme ceux qui permettent se rendre au magasin ou au cinéma.</p>
<p>Or le bon réflexe économique lorsqu’une ressource devient rare est de sélectionner les utilisateurs et les usages. Cela reviendrait ici à favoriser l’accès de la voirie aux véhicules légers les moins émetteurs et aux déplacements les plus utiles. Des voies dédiées sont bien prévues sur le périphérique. Cette mesure est discutée plus bas. Mais pourquoi, en plus, restreindre le nombre total de voies au risque d’augmenter les émissions ?</p>
<h2>Baisser la vitesse à 50km/h, mauvaise idée</h2>
<p>Abaisser la limite de vitesse sur le périphérique de 70km/h à 50km/h présente également une efficacité douteuse pour réduire la pollution. Attention ici aux conclusions à l’emporte-pièce : « Cela ne sert à rien car de toute façon on roule déjà à moins de 40km/h dans la journée » ; ou encore : « Le seul effet sera que les voitures qui roulaient entre 50 et 70 km/h rouleront désormais à 49-50km/h ».</p>
<p>Certes la vitesse en journée est de <a href="http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.html?id=Temis-0033289">35,5 km/h</a> mais il s’agit d’une moyenne, pas d’une borne supérieure ! L’abaissement de la limite de vitesse, radars aidant, va bien écrêter la circulation entre 50 km/h et 70 km/h ; mais les véhicules circulant auparavant dans cet intervalle ne vont pas tous se retrouver à rouler juste en dessous de la nouvelle limite de vitesse. Ils sont beaucoup trop nombreux ! L’écrêtement va se diffuser à l’ensemble des classes de vitesses. Il y aura en particulier davantage de pics de circulation lente à moins de 20km/h. La vitesse moyenne va donc chuter très en deçà du niveau actuel.</p>
<p>La mauvaise nouvelle est que cette diminution des vitesses va augmenter la pollution ; la bonne est que le ralentissement généralisé réduit le débit et donc le nombre total de kilomètres parcourus dans une journée par l’ensemble des véhicules (voir la <a href="http://www.cerna.mines-paristech.fr/Donnees/data16/1645-PeI-riphConversationAppendice.pdf">note sur la congestion</a>) et donc les quantités d’émissions. Bref, davantage d’émissions polluantes par kilomètre, mais moins de kilomètre parcourus.</p>
<p>Seuls les travaux de modélisation des ingénieurs du trafic permettraient de connaître la résultante de ces deux effets opposés. Il est dommage que l’abaissement de la limite de vitesse ait été proposé et présenté comme favorable à la qualité de l’air sans de tels travaux préalables. De même, il est regrettable que la précédente baisse de la limite de vitesse, le <a href="http://www.leparisien.fr/archives/70-km-h-sur-le-periph-parisien-un-cout-de-100-meur-par-an-09-01-2014-3477621.php">passage contesté</a> de 80km/h à 70km/h en 2014, n’ait toujours pas fait l’objet d’une évaluation de ses conséquences sur la congestion et la pollution.</p>
<h2>L’option des voies dédiées</h2>
<p>L’ouverture de voies sur le périphérique réservées aux véhicules propres – voitures partagées, taxis, minibus, et véhicules prioritaires (ambulances, pompiers, services de secours) – est en principe une bonne idée. Les voies dédiées présentent en effet un double intérêt : primo, elles offrent une circulation fluide et fiable pour des déplacements socialement utiles. Secundo, elles délivrent une incitation à l’acquisition de véhicules propres et au covoiturage dès lors qu’ils sont autorisés à l’emprunter.</p>
<p>Ces bénéfices ne seront pourtant vraisemblablement pas au rendez-vous avec la proposition actuelle des élus qui prévoit une file réservée sur chaque chaussée du périphérique. Pourquoi ? Pour une bête histoire de cisaillement. Supposons que la voie dédiée soit celle de gauche, au plus près du terre-plein central donc. Pour l’atteindre ou la quitter, les véhicules autorisés devront couper les deux fils de droite. Si la voie dédiée est celle de droite, ce sont les véhicules non autorisés qui devront cette fois la couper à l’entrée comme à la sortie.</p>
<p>Or le périph compte 38 points d’accès comportant chacun une entrée et une sortie, soit environ un cisaillement tous les 400 mètres pour chaque sens. Ces cisaillements incessants conduiront à augmenter les ralentissements, y compris sur la voie réservée, ainsi que la congestion des voies d’accès, dont souffriront aussi les véhicules autorisés. Sans parler des problèmes de sécurité. Rien à voir avec des voies dédiées sur autoroute urbaine à entrées-sorties espacées où de tels aménagements ont déjà été réalisés et donnent satisfaction.</p>
<p>Bref, un chaos quasi-assuré et des émissions de gaz d’échappement très élevées car, répétons-le, les vitesses basses et les arrêts-départs sont ce qu’il y a de pire pour la qualité de l’air.</p>
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<figcaption><span class="caption">Pas de soute, c’est bien bouché sur le périph. (gaumet75013/Youtube, 2015)</span></figcaption>
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<h2>Soyons constructif !</h2>
<p>En résumé, aucune de ces propositions ne trouve grâce à mes yeux d’économiste. La critique est aisée et l’art est difficile, pourriez-vous à juste titre me rétorquer. Laissez-moi donc conclure avec une autre proposition. Et, rassurez-vous, je ne vais pas ressortir le péage urbain – même si je crois en ses vertus. Vilipendée lors des manifestations des « gilets jaunes », plus aucune agglomération n’envisage d’ailleurs <a href="https://www.lepoint.fr/politique/loi-sur-les-mobilites-le-gouvernement-exclut-les-peages-urbains-25-11-2018-2274308_20.php">ce type de mesure</a>.</p>
<p>La proposition est la suivante : réserver la <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/15/et-si-toute-une-moitie-du-peripherique-etait-reservee-aux-vehicules-propres_5510671_3232.html">totalité d’une des deux chaussées</a> – le périphérique intérieur ou extérieur – aux déplacements vertueux (véhicules propres, covoiturage, services de secours et de sécurité, trajets de professionnels, etc.), et ce en maintenant la limite de vitesse à 70 km/h, voire en la rehaussant à 80 km/h, si les études de trafic la montrent plus judicieuse.</p>
<p>Cette solution réduirait considérablement les cisaillements car les véhicules seraient beaucoup moins nombreux ; et les vitesses sur les voies seraient plus uniformes, permettant des temps de trajet plus fiables car non soumis aux aléas de la congestion. En outre, les entrées-sorties seraient plus faciles.</p>
<p>Elles seraient en effet plus espacées car la circulation en chaussée dédiée ne sera possible que dans un seul sens. Pour le comprendre, supposons que le périphérique intérieur et sa circulation dans le sens des aiguilles d’une montre soient retenus pour accueillir les véhicules autorisés. Ces derniers pourront alors se rendre directement, comme aujourd’hui, de la Porte d’Italie à la Porte d’Auteuil en parcourant le quart sud-ouest du périphérique. Mais pour le chemin inverse, ces véhicules autorisés devront faire un trois quarts de tour en passant au nord par la Porte de La Chapelle.</p>
<p>À moins, bien sûr, de se mélanger aux autres véhicules en empruntant le périphérique extérieur tournant, lui, dans l’autre sens. Le choix de l’automobiliste sera entre rouler plus vite et avec une fiabilité accrue sur une plus grande distance ou plus lentement sur une plus courte distance où il sera soumis aux aléas de la congestion. Pour le périphérique extérieur ouvert à tous, même contrainte du sens unique sauf que ces véhicules ne pourront évidemment pas se reporter pour éviter le circuit long sur le périphérique intérieur puisqu’il est réservé. Ce sens unique et le détour qu’il impose devraient ainsi limiter l’usage du périph pour des trajets courts. Ce qui n’est pas un mal car ils présentent une moindre utilité sociale et rendent le trafic moins fluide.</p>
<p>En outre, une chaussée dédiée, en lieu et place de deux voies réservées aux véhicules propres de chaque côté du terre-plein central (comme dans le projet actuel de la Mairie de Paris) simplifierait grandement le contrôle des véhicules. Il suffit en effet d’équiper en caméras de surveillance, portiques, capteurs et autres instruments électroniques une moitié seulement du périphérique. Même chose pour le stationnement de la maréchaussée. De plus, le contrôle n’est nécessaire qu’aux entrées-sorties. Nul besoin de surveillance tout le long du périph pour détecter les incursions sur quelques dizaines ou centaines de mètres des voies dédiées par des véhicules non autorisés.</p>
<p>À votre tour maintenant de tirer à boulet rouge sur cette proposition. Mais attention si vous réagissez par texto de votre voiture encalminée sur le périph, gardez tout de même votre calme…</p>
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<p><em>François Lévêque a publié <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/management-entreprise/habits-neufs-de-la-concurrence_9782738139177.php">« Les Habits neufs de la concurrence »</a> (éditions Odile Jacob, 2017).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123794/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les idées pleuvent pour transformer cette institution parisienne en voie moins polluante et plus fluide… mais tiennent-elles la route ?François Lévêque, Professeur d’économie, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1107212019-01-29T20:47:44Z2019-01-29T20:47:44ZComprendre l’épidémiologie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/256180/original/file-20190129-108355-ag5cq2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2973%2C1989&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’épidémiologie s’intéresse à l’état de santé des populations plutôt qu’à la santé des individus, objet de la médecine clinique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Nous connaissons tous les méfaits du tabac, de l’alcool, d’une alimentation non équilibrée. Nous avons tous été sensibilisés au bénéfice du dépistage de l’hypertension artérielle, de certains cancers, ou de maladies infectieuses comme le SIDA. Mais saviez-vous que, pour pouvoir formuler ces recommandations, des scientifiques et des médecins ont suivi des dizaines de milliers d’individus, pendant plusieurs années ? Sans ces études épidémiologiques, impossible de connaître précisément la répartition des maladies au sein des populations, ou de déterminer quels sont les facteurs qui augmentent le risque de leur survenue.</p>
<p>De fait, l’épidémiologie est au cœur de nombreux débats de société : <a href="https://www.lemonde.fr/planete/video/2017/09/25/en-quoi-le-glyphosate-pose-t-il-probleme_5191253_3244.html">glyphosate</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/video/2018/07/28/chlordecone-le-scandale-sanitaire-explique-en-six-minutes_5337044_3244.html">chlordécone</a>, <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/perturbateurs-endocriniens">perturbateurs endocriniens</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/05/02/la-pollution-de-l-air-tue-7-millions-de-personnes-par-an-dans-le-monde-alerte-l-oms_5293076_3244.html">particules fines</a>, <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/salmonellose">salmonelles</a>, <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/ebola">Ebola</a>, autant de termes qui ont fait la une de nos journaux cette année. Mais en quoi consiste, au juste, cette discipline scientifique ?</p>
<p>Avant tout, faire de l’épidémiologie revient à estimer un risque : le risque d’être ou de tomber malade, et son augmentation potentielle, en fonction de certaines caractéristiques comme nos gènes, nos comportements, notre environnement…</p>
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<h2>Surveiller et modéliser : l’épidémiologie descriptive</h2>
<p>L’épidémiologie descriptive surveille les maladies sur le territoire national ou planétaire. Elle détecte des « signaux » : par exemple un début d’épidémie, qui déclenchera l’intervention des équipes d’investigation. Elle est utilisée pour estimer le fardeau de la maladie (le « burden of disease » des Anglo-saxons), afin d’adapter les moyens de prise en charge aux besoins de la population. Enfin, elle permet d’évaluer l’impact des actions de prévention et des actions curatives mises en place par les pouvoirs publics.</p>
<p>Initialement dédiée aux maladies infectieuses, cette surveillance s’est étendue aux maladies chroniques comme les maladies cardio-vasculaires, les cancers ou les maladies neurodégénératives. Elle est réalisée par les agences de sécurité sanitaire, dont <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/">Santé Publique France</a>, et repose sur des réseaux de cliniciens, de laboratoires, et des registres. L’épidémiologie descriptive permet aussi de suivre l’impact des politiques menées, et d’identifier les zones de faiblesse, les populations à risque, afin de prioriser les actions.</p>
<p>Grâce à elle, on sait par exemple qu’en France <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-statistiques/publications/recueils-ouvrages-et-rapports/recueils-annuels/l-etat-de-sante-de-la-population/article/l-etat-de-sante-de-la-population-en-france-rapport-2017">l’espérance de vie à la naissance est de 85 ans pour les femmes</a>, deuxième rang européen derrière l’Espagne, et de 79 ans pour les hommes. Ou encore que plus de la moitié des décès qui surviennent dans notre pays sont dus aux maladies cardio-vasculaires et aux cancers, à peu près à parts égales.</p>
<p>Il est néanmoins des situations où les données n’existent pas encore, notamment quand il s’agit de prédire le devenir d’une épidémie en cours. Dans ces circonstances, les modèles mathématiques viennent au secours de la surveillance. Alimentés par les données disponibles, ils produisent des prédictions sur l’évolution d’une maladie ou l’efficacité respective de différents scénarios. L’exercice est toutefois délicat.</p>
<p>Dans le cas de la variante de la <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/maladies-prions-maladie-creutzfeldt-jakob">maladie de Creutzfeldt-Jakob</a> (transmise par les bovins atteints de la maladie de la « vache folle »), certains modèles, issus d’équipes de recherche réputées, avaient initialement prédit qu’à l’horizon 2020, le nombre de cas pourrait se situer entre 70 et <a href="https://www.nature.com/articles/35020688">136 000</a>. Cette fourchette très large était due aux incertitudes concernant la durée d’incubation de la maladie. Un modèle ultérieur, basé sur une durée d’incubation <a href="https://www.researchgate.net/publication/11634650_Estimation_of_Epidemic_Size_and_Incubation_Time_Based_on_Age_Characteristics_of_vCJD_in_the_United_Kingdom">estimée à 17 ans grâce à de nouvelles données</a>, a en revanche permis de prédire de façon très fiable le nombre total de cas au Royaume-Uni (205 prédits, contre 177 finalement observés).</p>
<h2>L’épidémiologie analytique : comprendre la survenue des maladies</h2>
<p>L’autre grand versant de l’épidémiologie est appelé épidémiologie analytique. Son objectif est d’identifier les déterminants des maladies. Il peut s’agir non seulement de nos gènes, mais également de nos « expositions », c’est-à-dire nos comportements (alcool, tabac, alimentation…), la pollution atmosphérique, les médicaments que nous prenons, les agents infectieux présents dans notre environnement (parfois transmis par des vecteurs comme les moustiques), etc.</p>
<p>Par analogie avec le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=pnYNsbCWBLg">génome</a>, on parle d’ailleurs aujourd’hui d’« exposome », terme décrivant l’ensemble des expositions non génétiques que subit un individu de sa conception jusqu’à la fin de sa vie.</p>
<p>La naissance de l’épidémiologie analytique a suivi la transition épidémiologique dans les pays industrialisés. Dans ces derniers, la mortalité par maladies infectieuses a chuté au XX<sup>e</sup> siècle. Cette baisse a été à l’origine d’un bond sans précédent de l’espérance de vie dans l’histoire de l’humanité : 23 années de vie gagnées lors de la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle. On doit cette baisse avant tout aux progrès de l’hygiène et de l’alimentation, la vaccination et les antibiotiques prenant le relais lors de la deuxième moitié du XX<sup>e</sup> siècle pour consolider ces résultats.</p>
<iframe src="https://ourworldindata.org/grapher/life-expectancy?year=2015" style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" width="100%" height="400"></iframe>
<p><em><strong>Espérance de vie, 2015 :</strong> cette infographie indique l'espérance de vie à la naissance. Celle-ci correspond à une estimation du nombre moyen d'années qu'un nouveau-né pourrait vivre si les tendances en terme de mortalité qui prévalaient au moment de sa naissance restaient les mêmes tout au long de sa vie.</em></p>
<p>Avec l’augmentation de l’espérance de vie, des maladies au développement plus lent allaient prendre le relais des maladies infectieuses comme première cause de mortalité dans les pays industrialisés : les maladies chroniques, dites « non transmissibles », comme le cancer et les maladies cardio-vasculaires ou, plus récemment, les maladies neurodégénératives. </p>
<p>Ces pathologies ont posé de nouveaux problèmes méthodologiques aux épidémiologistes. En effet, le modèle « une infection, un microbe » ne fonctionne plus pour ces maladies dont l’origine est plurifactorielle. De nouvelles méthodes d'étude ont donc dû être inventées durant la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle, donnant naissance à l’épidémiologie moderne.</p>
<h2>Les apports de l’épidémiologie en santé publique</h2>
<p>Parmi les études épidémiologiques emblématiques, on peut citer la première étude dite cas-témoins, initiée en 1948 par Richard Doll et Austin Bradford Hill dans les hôpitaux de Londres. L’idée était de comparer la consommation tabagique (l’exposition) entre une série de cas, les cancers du poumon, et les témoins, des patients du même âge et du même sexe hospitalisés pour des affections non cancéreuses. Une consommation tabagique supérieure chez les cas comparés aux témoins suggérerait l’implication du tabac dans la genèse du cancer du poumon. C’est bien ce qu’ont révélé les résultats de cette étude, publiés dans le <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/56933/RA_1999_1_185-197_fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y">British Medical Journal en 1950</a>.</p>
<p>Le deuxième grand chantier a été celui des facteurs de risque cardio-vasculaires. Le décès de Franklin D. Roosevelt d’une hémorragie cérébrale en 1945 a servi d’électrochoc pour les pouvoirs publics américains. En 1948, Harry Truman signe le National Heart Act, et octroie 500 000 dollars pour débuter une étude de cohorte dédiée à l’étude des facteurs de risque cardio-vasculaire. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-facteurs-de-risque-cardiovasculaires-une-decouverte-revolutionnaire-et-recente-103472">Les facteurs de risque cardiovasculaires, une découverte révolutionnaire… Et récente !</a>
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<p>L’idée était de suivre <a href="https://cdn.theconversation.com/static_files/files/463/etudes_cohortes.pdf?1548806602#page=2">plus de 5 000 habitants de la ville de Framingham, Massachusetts</a>, pendant des dizaines d’années, afin d’identifier chez eux les facteurs associés à la survenue de maladie coronarienne ou d’accidents vasculaires cérébraux. Il s’agit d’un autre type d’étude épidémiologique, dite « de cohorte », par analogie avec les cohortes de soldats romains, qui une fois enrôlés, restaient à vie dans la cohorte. La troisième génération de participants à cette étude a été incluse en 2002.</p>
<p>Une autre cohorte américaine, la <a href="https://cdn.theconversation.com/static_files/files/463/etudes_cohortes.pdf?1548806602#page=2">« Nurses’ Health Study »</a>, s’est attachée à décrire les conséquences sur la santé de la contraception orale et des comportements alimentaires. Les effectifs sont considérables : plus de 200 000 femmes suivies pour certaines depuis plus de 40 ans.</p>
<p>Les études de cohortes sont réputées fiables, mais sont cependant très longues et coûteuses. Les études cas-témoins ont moins bonne réputation, du fait des risques de biais de sélection des témoins et de la moins bonne mesure des expositions qui se fait de façon rétrospective. Néanmoins, elles ont déjà pu rapidement apporter des éléments probants en faveur d’une association, quitte à ce que ces premiers résultats soient confirmés par la suite au cours d’études de cohorte.</p>
<p>Ainsi, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ijc.2910270102">une étude cas-témoins</a> menée en Grèce a montré que les femmes exposées au tabagisme de leur mari risquaient davantage de développer un cancer du poumon, comparées à des femmes non exposées. Ce constat a ouvert la voie à l’interdiction du tabagisme dans les lieux publics, puisqu’un fumeur ne mettait plus simplement sa vie en danger en fumant, mais aussi celle des autres. Une série d’études cas-témoins a aussi permis de montrer que le coucher des nouveau-nés en position ventrale augmentait fortement le risque de mort subite du nourrisson. Les recommandations qui ont suivi ces travaux ont permis, en France, de réduire le nombre de cas de 70 % en cinq ans (1464 décès en 1991 contre 451 en 1996).</p>
<h2>Les limites de l’épidémiologie</h2>
<p>La question des expositions environnementales est l’une de celles qui posent le plus de problèmes aux épidémiologistes. Particules fines dans l’atmosphère, produits phytosanitaires, métaux lourds… Les expositions individuelles à ces agents physiques, chimiques et biologiques présents dans l’air, l’eau, les sols, ou l’alimentation sont difficiles à mesurer. Elles sont en effet multiples et souvent simultanées : vous êtes le plus souvent exposés à plusieurs insecticides en même temps. L’un d’entre eux peut être responsable d’un effet sanitaire, et les autres être sans effet. Comment savoir lequel est incriminé ?</p>
<p>Par ailleurs, ces facteurs peuvent avoir des effets synergiques entre eux, et leurs effets ne se faire sentir qu’au bout de plusieurs décennies. Ainsi, l’exposition <em>in utero</em> aux perturbateurs endocriniens peut avoir des conséquences des années plus tard, à l’âge adulte. Enfin, l’effet de ces agents est faible, et il faut des tailles d’échantillon de population importantes pour le mettre en évidence.</p>
<p>Face à ces difficultés, l’épidémiologie atteint ses limites, notamment pour répondre à la demande des pouvoirs publics, qui veulent la garantie que le produit est sans danger pour la santé.</p>
<p>Dans ce contexte, les études les plus probantes ont été celles menées chez des sujets très exposés par leur pratique professionnelle. Pour le risque en population générale, l’avenir est aux cohortes de grande taille, certaines démarrant dès la vie fœtale et utilisant des marqueurs biologiques ou des capteurs de pollution.</p>
<p>En l’état actuel des choses, en absence d’effet documenté chez l’être humain, la réponse est politique : c’est le <a href="http://www.vie-publique.fr/th/glossaire/principe-precaution.html">principe de précaution </a> face à des produits ayant démontré une toxicité <em>in vitro</em> ou chez l’animal, mais pour lesquels on n’a pas pu mettre en évidence d’effet chez l’Homme.</p>
<h2>Et demain ?</h2>
<p>Après l’enthousiasme des débuts, marqué par l’espoir de prédire notre risque individuel de développer telle ou telle maladie, est venue une phase de perplexité. Celle-ci est liée aux résultats contradictoires d’études rapportant des associations sans fondement biologique, et basées sur le croisement sans discernement de toutes les données disponibles sur expositions et maladies, dans des cohortes de grande taille.</p>
<p>L’épidémiologie s’interroge également sur le chemin à suivre. Doit-elle se focaliser sur les déterminants génétiques des maladies, répondant ainsi aux possibilités offertes par les nouvelles technologies de biologie moléculaire, qui permettent aujourd’hui de séquencer un génome pour 1 000€ ? Doit-elle garder le cap sur les déterminants plus généraux des maladies, comme les comportements addictifs et alimentaires, dont on sait qu’ils continuent de représenter la part la plus importante et modifiable des causes de notre morbidité et mortalité ? Ou doit-elle embrasser de façon plus complète l’ensemble des expositions, regroupées sous le vocable d’exposome, étendu aux dimensions sociales et communautaires ?</p>
<p>Les inégalités sociales en matière de santé ont en effet été peu étudiées, même si elles restent flagrantes. Ainsi, si l’espérance de vie progresse en France, les écarts d’espérance de vie à 35 ans entre ouvriers et cadres (soit le nombre d’années de vie restantes pour ceux qui ont atteint l’âge de 35 ans) ne se réduisent pas. Ils restent de 3 ans entre femmes cadres et ouvrières, et de 6 ans et demi entre hommes cadres et ouvriers…</p>
<p>Une chose est certaine : comme beaucoup d’autres disciplines scientifiques, le futur de l’épidémiologie va être profondément impacté par l’irruption des analyses des <em>big data</em>. Ces données massives nous dépassent par leur abondance et leur diversité. Les résultats des analyses du génome humain, qui se rajoutent aux autres expositions typiquement étudiées, en sont emblématiques. Une des initiatives les plus avancées dans ce domaine est portée par la <a href="https://academic.oup.com/brain/article/138/12/3463/416249">UK Biobank</a>. Près de 500000 individus ont été recrutés il y a dix ans au sein de cette étude de cohorte, où leurs données médicales sont mises en relation avec le séquençage de leur génome.</p>
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<p>D’autres cohortes, américaines pour la plupart, sont en cours de constitution, dans les milieux académiques et privés, et portent sur des centaines de milliers d’individus également. On peut citer la <a href="https://www.research.va.gov/mvp/">« million veteran study »</a> et le <a href="https://allofus.nih.gov/">« all of us research program »</a>. La France aussi a lancé ses propres études. La première fut la <a href="http://www.gazel.inserm.fr/fr/">cohorte Gazel</a>, qui suivait les employés d’EDF/GDF. Depuis, plusieurs autres ont vu le jour : <a href="https://www.etude-nutrinet-sante.fr/">NutriNet</a>, sur les liens entre alimentation et santé, <a href="https://compare.aphp.fr/">cohorte ComPaRe</a>, pour les patients atteints de maladies chroniques, <a href="http://www.constances.fr/">CONSTANCES</a>, dont l’originalité est de s’appuyer sur un échantillonnage représentatif de la population française, ainsi que plusieurs <a href="http://eden.vjf.inserm.fr/index.php/fr/">cohortes</a> <a href="https://www.elfe-france.fr/">pédiatriques</a> et thématiques (notamment sur le VIH et les hépatites virales).</p>
<p>Sur le papier, ces avancées sont séduisantes. La possibilité de connaître notre risque de développer telle ou telle maladie sur la base de notre génome est à portée de main. Mais elles suggèrent un changement de paradigme : alors que l’approche de santé publique traditionnelle est basée sur des messages de prévention universels, adressés à la collectivité, et où l’effet d’entraînement a sa place, le modèle qui se dessine est individualiste, plus coûteux, inégalitaire, et vraisemblablement moins performant… </p>
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<p><strong><em>Pour aller plus loin</em></strong><br></p>
<p><em>- La page dédiée au bloc d’enseignements consacrés à <a href="https://www.college-de-france.fr/site/arnaud-fontanet/course-2018-2019__1.htm">l'histoire de l'épidémiologie et l’étude des pandémies</a>, sur le site du Collège de France ;</em><br></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/110721/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud Fontanet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Subtile science de l'estimation du risque, l’épidémiologie a joué un rôle déterminant dans l'augmentation de l'espérance de vie au XXᵉ siècle. Retour sur une discipline parfois mal comprise.Arnaud Fontanet, Médecin, directeur de l’Unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur de Paris, professeur de santé publique, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1093392019-01-09T20:59:02Z2019-01-09T20:59:02ZLa pollution de l’air va-t-elle nous rendre bêtes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/252417/original/file-20190103-32121-1xjatcy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C31%2C923%2C555&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’exposition de long terme à la pollution de l’air peut jouer un rôle dans le déclin cognitif.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/elderly-woman-wearing-mask-protect-air-220855828?src=dku2ytZPee03nk4HjlXTtg-1-29">Tao55/ Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Non seulement la pollution de l’air affecte <a href="http://www.sparetheair.com/health.cfm">nos poumons et notre cœur</a>, mais elle pourrait aussi menacer notre intelligence.</p>
<p>Une <a href="http://www.pnas.org/content/115/37/9193">étude récente</a> publiée en 2018 dans la revue <em>PNAS</em> a révélé que chez des personnes âgées vivant en Chine, une exposition de long terme à la pollution de l’air pouvait entraver les performances cognitives – comme la capacité à prêter attention, à se remémorer des connaissances passées ou à générer de nouvelles informations – dans le cadre de tests verbaux et mathématiques.</p>
<p>À mesure que les personnes vieillissent, le lien entre pollution de l’air et déclin mental se renforce. L’étude a également montré que les hommes et les personnes les moins éduquées étaient particulièrement exposés, pour des raisons que l’on ne connaît pas encore.</p>
<p>Nous avons aussi prouvé de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0161813X12002100">manière convaincante</a> que la pollution de l’air – et spécialement les particules les plus petites, invisibles à l’œil nu – endommagent le cerveau à la fois <a href="https://uncch.pure.elsevier.com/en/publications/air-pollution-cognitive-deficits-and-brain-abnormalities-a-pilot-">des humains et des animaux</a>. La pollution liée à la circulation des véhicules est ainsi associée à la <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)32399-6/fulltext">démence</a>, au <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10802-017-0367-5">comportement délinquant</a> chez les adolescents, et à un <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1001792">retard de développement</a> du cerveau chez les enfants fréquentant des écoles très polluées.</p>
<h2>Une détérioration du cerveau</h2>
<p>Chez les animaux, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27187980">souris exposées</a> à une pollution de l’air urbain pendant quatre mois ont montré un fonctionnement du cerveau réduit et des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27187980">réponses inflammatoires</a> dans les principales régions du cerveau. Cela signifie que les tissus de cette zone ont changé en réponse aux stimulations nocives induites par la pollution.</p>
<p>Nous ne savons pas encore quels aspects de ce « cocktail » de particules polluantes – comme la taille, le nombre ou la composition des particules – contribuent le plus à cette détérioration du cerveau. On estime toutefois que les <a href="http://www.pnas.org/content/113/39/10797">particules nanométriques</a> seraient en cause.</p>
<p>Ces particules présentent une taille 2 000 fois plus petite que le diamètre d’un cheveu humain et peuvent se déplacer dans le corps par le <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acsnano.6b08551">flux sanguin</a> après avoir été inhalées. Elles pourraient même atteindre le cerveau directement via les <a href="https://pdfs.semanticscholar.org/21f5/16c95d44060473d805902b9566e8ebbc8deb.pdf">nerfs olfactifs</a> qui transmettent au cerveau des informations sur l’odeur. Cela laisserait les particules contourner la <a href="https://theconversation.com/explainer-what-is-the-blood-brain-barrier-and-how-can-we-overcome-it-75454">barrière hématoencéphalique</a>, qui protège normalement le cerveau des éléments nocifs circulant dans le flux sanguin.</p>
<h2>Des symptômes typiques d’Alzheimer</h2>
<p>Des échantillons de cerveau prélevés post mortem sur des personnes exposées à des niveaux élevés de pollution de l’air, qui vivaient à Mexico City et à Manchester, affichent les <a href="https://uncch.pure.elsevier.com/en/publications/air-pollution-cognitive-deficits-and-brain-abnormalities-a-pilot-">symptômes typiques de la maladie d’Alzheimer</a>. Cela inclut des amas de fragments de protéines anormales entre les cellules nerveuses, des inflammations, et une abondance de <a href="http://www.pnas.org/content/113/39/10797">nanoparticules riches en métal</a> (incluant fer, cuivre, nickel, platine et cobalt) dans le cerveau.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/249749/original/file-20181210-76971-7er31s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/249749/original/file-20181210-76971-7er31s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/249749/original/file-20181210-76971-7er31s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/249749/original/file-20181210-76971-7er31s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/249749/original/file-20181210-76971-7er31s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/249749/original/file-20181210-76971-7er31s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/249749/original/file-20181210-76971-7er31s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La circulation routière est l’une des causes majeures de la pollution de l’air dans le monde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/air-pollution-vehicle-exhaust-pipe-on-524528746?src=PBsu1X-6Lx3OYH0Q0e9_ng-2-2">Tao55/Shutterstock</a></span>
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<p>Les nanoparticules riches en métal identifiées dans ces échantillons de cerveau sont similaires à celles que l’on trouve en général dans la pollution de l’air ambiant en ville ; celle-ci se forme lors de la combustion du pétrole et d’autres carburants, associée aux particules d’usure des freins et pneus. Ces nanoparticules toxiques sont souvent accompagnées d’autres composés dangereux, comme des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1352231008008054">hydrocarbones polyaromatiques</a> qui se produisent naturellement dans les carburants fossiles et peuvent endommager les <a href="http://www.idph.state.il.us/cancer/factsheets/polycyclicaromatichydrocarbons.htm">reins et le foie</a> ou provoquer des cancers.</p>
<h2>Cellules endommagées</h2>
<p>Inhaler des nanoparticules de façon répétée pourrait avoir une série d’effets négatifs sur le cerveau, y compris une inflammation chronique des cellules nerveuses. Lorsque nous inhalons la pollution de l’air, cela peut activer les <a href="https://faculty.sites.uci.edu/kimgreen/bio/microglia-in-the-healthy-brain/">cellules immunitaires du cerveau</a>. </p>
<p>Respirer un air ambiant pollué pourrait ainsi activer de façon continue une réponse de destruction au sein des cellules immunitaires, entraînant la création plus fréquente de <a href="https://www.biotek.com/resources/white-papers/an-introduction-to-reactive-oxygen-species-measurement-of-ros-in-cells/">molécules dangereuses</a>. Des niveaux élevés de telles molécules pourraient provoquer le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780128054178000044">dommage et la mort de cellules</a>.</p>
<p>La présence de fer trouvé dans la pollution de l’air pourrait accélérer ce processus. Des nanoparticules riches en fer (magnétite) peuvent augmenter la toxicité des protéines anormales trouvées dans la zone cérébrale. L’analyse post mortem de cerveaux issus de patients malades d’Alzheimer et de Parkinson montre ainsi que l’<a href="http://jcb.rupress.org/content/217/2/459">activation microgliale</a> est commune aux maladies neurodégénératives.</p>
<p>En dehors de la preuve que nous détenons déjà du lien entre pollution de l’air et démence, la dernière étude sur le lien entre pollution de l’air et intelligence en déclin démontre encore plus la nécessité de combattre la pollution de l’air. La combinaison de changements en termes de technologie de véhicules, régulation et politique fournirait des instruments pratiques pour diminuer de manière globale le fardeau que représente la pollution de l’air en matière de santé.</p>
<h2>Changer ses habitudes</h2>
<p>Toutefois, il existe des moyens de se protéger. Moins conduire, marcher davantage et faire du vélo peut avoir un impact positif sur la pollution. Si vous devez utiliser une voiture, conduire doucement sans accélérer ou freiner brutalement, et éviter de voyager pendant les heures de rush, peut diminuer les émissions. Garder les fenêtres fermées et recycler l’air dans la voiture pourrait également contribuer à diminuer l’exposition à la pollution pendant les embouteillages.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/249763/original/file-20181210-76983-1r4iia7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/249763/original/file-20181210-76983-1r4iia7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/249763/original/file-20181210-76983-1r4iia7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/249763/original/file-20181210-76983-1r4iia7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/249763/original/file-20181210-76983-1r4iia7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/249763/original/file-20181210-76983-1r4iia7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/249763/original/file-20181210-76983-1r4iia7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Réduire l’usage des véhicules en marchant ou en faisant du vélo peut avoir un impact majeur sur les niveaux de pollution de l’air.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/pedestrian-bicycle-riders-sharing-street-lanes-541292887?src=GJZ3zzB5xcNFkruSc8k2Hw-1-85">Nick Starichenko/Shutterstock</a></span>
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<p>Les jeunes enfants comptent parmi les plus vulnérables car leurs cerveaux se développent encore. Beaucoup d’écoles se situent près de routes principales, réduire la pollution de l’air s’avère donc nécessaire. Planter certaines espèces d’arbres spécifiques qui <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/es404363m">capturent efficacement les particules</a> le long des routes et autour des écoles pourrait aider.</p>
<p>La pollution de l’air intérieur cause elle aussi des problèmes de santé, la ventilation apparaît donc nécessaire lorsque l’on cuisine. Les feux ouverts (à la fois dehors et à l’intérieur) constituent une source significative de pollution particulaire, les poêles à bois produisant un <a href="https://www.airqualitynews.com/2018/02/05/wood-burning-accounts-quarter-pm-emissions-major-cities/">fort taux de particules fines</a>. Utiliser un bois sec et adapté à la saison, ainsi qu’un <a href="https://www.gov.uk/guidance/placing-energy-related-products-on-the-uk-market">poêle efficace et respectant l’écoconception</a> s’impose donc pour ne pas polluer l’atmosphère autour de chez soi. Si vous résidez dans une maison ventilée du côté d’une route passante, utiliser les espaces de vie au dos de la maison ou à l’étage diminuera l’exposition quotidienne à la pollution.</p>
<p>En fin de compte, ce qui est <a href="https://www.health.harvard.edu/heart-health/improving-heart-health-is-also-good-for-your-brain-">bénéfique à votre cœur</a> l’est aussi pour votre cerveau. <a href="https://www.nhs.uk/news/neurology/keep-your-brain-active/">Stimuler son activité cérébrale</a>, opter pour un bon régime alimentaire <a href="https://www.menshealth.com/health/a19529243/can-antioxidants-really-save-your-brain/">riche en antioxydants</a>, et se maintenir actif et en bonne santé favorise la résilience de l’organisme.</p>
<p>Puisque nous ne connaissons pas encore exactement les mécanismes par lesquels la pollution endommage nos cerveaux – ni comment ses effets pourraient être contrés – nous protéger exige de réduire ou d’éviter l’exposition à la pollution autant que possible.</p>
<p><br>
<em>Traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109339/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Barbara Maher a reçu des financements du Natural Environment Research Council et de Jaguar Land Rover.</span></em></p>La pollution de l’air nuit à la santé de notre cœur et de nos poumons. Une nouvelle étude suggère qu’elle affecterait aussi la santé du cerveau.Barbara Maher, Professor, Environmental science, Lancaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/992462018-08-23T21:49:35Z2018-08-23T21:49:35ZLe concours du plus mauvais polluant de l’air<p>Dans un rapport publié le 28 juin 2018, l’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/qualit%C3%A9-de-l%E2%80%99air-ambiant-l%E2%80%99anses-pr%C3%A9conise-la-surveillance-du-13-butadi%C3%A8ne-et-un-suivi">Agence nationale de sécurité sanitaire</a> (Anses) a présenté une liste de 13 nouveaux polluants de l’air à surveiller en priorité.</p>
<p>Une série de polluants de l’air, nocifs pour la santé humaine, est déjà réglementée et placée sous étroite surveillance au niveau européen (selon les directives de <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/directive15122004.pdf">2004</a> et de <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/directive21042008.pdf">2008</a>) : NO<sub>2</sub>, NO, SO<sub>2</sub>, PM<sub>10</sub>, PM<sub>2,5</sub>, CO, benzène, ozone, benzo(a)pyrène, plomb, arsenic, cadmium, nickel, mercure gazeux, benzo(a)anthracène, benzo(b)fluoranthène, benzo(j)fluoranthène, benzo(k)fluoranthène, indéno(1,2,3,c,d)pyrène et dibenzo(a,h)anthracène.</p>
<p>Si certains sont bien connus et souvent cités dans la presse, comme l’ozone ou les particules PM<sub>10</sub> et PM<sub>2,5</sub>, d’autres demeurent beaucoup plus confidentiels. Il faut également souligner que cette liste demeure limitée au regard du nombre important de substances émises dans l’atmosphère.</p>
<p>Comment ces 13 nouveaux polluants identifiés par l’Anses ont-ils été choisis ? Sur quels critères ? C’est ce que nous proposons d’expliquer ici.</p>
<h2>La sélection des candidats</h2>
<p>Identifier de nouvelles substances présentes dans l’air ambiant, à surveiller en priorité, constitue un travail long mais passionnant. C’est un peu comme choisir le bon candidat dans un concours de beauté ! Il faut tout d’abord sélectionner des juges indépendants et des experts du domaine, puis définir les règles qui permettront de repérer les meilleurs candidats parmi les concurrents.</p>
<p>Le groupe de travail réunissant les experts a développé, au cours des deux dernières années, une méthode spécifique afin de tenir compte de la diversité physique et chimique des candidats rencontrés dans l’air ambiant.</p>
<p>Pour rassembler tous les participants à ce « concours de beauté », les experts ont d’abord créé une liste de base des polluants chimiques d’intérêt non encore réglementés. Les experts n’ont pas retenu certains candidats tels que les pesticides, les pollens et moisissures, les gaz à effet de serre ou les radioéléments, car ils font l’objet d’autres évaluations ou sortent du champ de l’expertise.</p>
<p>Cette liste de base repose sur les informations fournies par des associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air (<a href="http://www.atmo-france.org/fr/">AASQA</a>) et des laboratoires de recherche nationaux tels que le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) et le Laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques (LISA), sur la consultation d’experts d’organismes nationaux et internationaux tels que l’Agence européenne de l’environnement (AEE), du Canada et des États-Unis (US-EPA), ainsi que le recensement établi par des organismes internationaux comme l’OMS.</p>
<p>Cette liste a enfin été complétée par une étude approfondie des publications scientifiques internationales et nationales récentes portant sur des polluants considérés comme « émergents ».</p>
<p>Au final, la liste comporte 557 candidats ! Imaginez un peu la bousculade…</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Ky0WDAeOURo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les principaux polluants de l’air. (AFP/YouTube, 2018).</span></figcaption>
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<h2>Le classement des finalistes</h2>
<p>Les candidats sont ensuite répartis en <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2015SA0216Ra.pdf">quatre catégories</a>, selon les données disponibles concernant la mesure dans l’atmosphère et leur danger intrinsèque.</p>
<p>La catégorie 1 regroupe les substances ayant un risque potentiel pour la santé. Viennent ensuite les catégories 2a et 2b qui rassemblent les candidats pour lesquels l’acquisition de nouvelles données de mesures dans l’air ou sanitaires est nécessaire. Les substances non prioritaires – dont les concentrations dans l’air ambiant et les effets sanitaires ne mettent pas en évidence de risque pour la santé – rejoignent la catégorie 3.</p>
<p>Une recatégorisation de certains polluants a été réalisée par la suite pour certains candidats d’exception, comme les particules ultrafines (dont le diamètre est inférieur à 0,1 µm) et le carbone suie, compte tenu de leurs enjeux potentiels en termes d’impacts sanitaires pour la population.</p>
<p>Les experts ont enfin hiérarchisé les polluants identifiés comme prioritaires au sein de la catégorie 1 pour sélectionner le lauréat incontestable de ce concours de beauté hors norme.</p>
<h2>Et le gagnant est…</h2>
<p>Le gaz 1,3-butadiène figure en tête des 13 nouveaux polluants de l’air à surveiller selon l’Anses. Il est suivi par les particules ultrafines et le <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/NUMERO42.pdf">carbone suie</a>, pour lesquels un suivi renforcé est recommandé.</p>
<p>Le 1,3-butadiène est un gaz toxique provenant de différentes sources de combustion telles que les pots d’échappement des véhicules, le chauffage ou les activités industrielles (plastique et caoutchouc). Plusieurs campagnes de mesures ponctuelles en France ont montré des dépassements fréquents de sa valeur toxicologique de référence (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/valeurs-toxicologiques-de-r%C3%A9f%C3%A9rence-vtr">VTR</a>) – valeur qui établit une relation entre une dose et un effet.</p>
<p>Sa première place sur le podium n’est pas surprenante : il avait déjà remporté un trophée au Royaume-Uni et en Hongrie, deux pays où il existe des valeurs de référence de sa concentration dans l’air. De plus, le <a href="https://monographs.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/06/mono100F-26.pdf">Centre international de recherche sur le cancer</a> (CIRC) a classé le 1,3-butadiène comme cancérogène certain pour l’homme dès 2012.</p>
<p>Pour les dix autres polluants de la liste de l’Anses, une surveillance accrue des émissions est conseillée. Ces dix polluants, dont les dépassements des VTR sont plutôt observés dans des contextes particuliers (industriels notamment) sont, par ordre de risque décroissant, le manganèse, le sulfure d’hydrogène, l’acrylonitrile, le 1,1,2-trichloroéthane, le cuivre, le trichloroéthylène, le vanadium, le cobalt, l’antimoine et le naphtalène.</p>
<p>Cette sélection constitue un premier pas vers l’ajout du 1,3-butadiène à la liste des substances <a href="https://www.airparif.asso.fr/pollution/differents-polluants">actuellement réglementées en France</a>. Et si cette proposition est transmise par le gouvernement français à la Commission européenne, elle pourrait être incluse dans la révision en cours de la directive de 2008 sur la surveillance de la qualité de l’air, d’ici fin 2019.</p>
<p>La méthode de classification développée étant évolutive, on peut penser que de nouveaux concours seront organisés dans les années à venir afin d’identifier d’autres candidats.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Alleman a reçu des financements de l'ANSES, de l'INCA-INSERM et la région Haut de France</span></em></p>Le nombre de substances émises dans l’atmosphère est très important mais certaines sont plus particulièrement nocives pour la santé et font l’objet d’une surveillance accrue.Laurent Alleman, Associate professor, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/953362018-05-27T19:50:11Z2018-05-27T19:50:11ZPollution de l’air : diesel, essence ou électrique, tous les véhicules émettent des particules fines<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de la prochaine Fête de la science (qui aura lieu du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Dans <a href="http://www.who.int/fr/news-room/detail/02-05-2018-9-out-of-10-people-worldwide-breathe-polluted-air-but-more-countries-are-taking-action">son dernier rapport</a>, publié le 2 mai 2018, l’Organisation mondiale de la santé indique que 9 personnes sur 10 respirent un air pollué et que 7 millions meurent chaque année à cause de l’exposition aux particules fines. Au-delà de la quantité présente dans l’air, la taille de ces particules entre en ligne de compte : plus elles sont petites, plus elles pénètrent dans l’organisme, induisant des <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/CDLR-mg-SantePollutionAir7.pdf">effets nocifs</a>.</p>
<p>Même s’il n’est pas le seul contributeur à la pollution de l’air, le secteur des transports y joue un rôle majeur, et tout particulièrement dans les zones fortement urbanisées.</p>
<p>Contrairement aux idées reçues, les véhicules diesel ne sont pas les seuls émetteurs de particules fines à la sortie du pot d’échappement ; les nouveaux véhicules essence à injection directe contribuent également à ces émissions.</p>
<p>En fait, ce sont tous les véhicules, quel que soit leur système de propulsion, qui génèrent de telles particules ; tout simplement parce qu’une bonne part d’entre elles provient de l’abrasion des pneumatiques et des freins. Celles-ci représentent ainsi près de la moitié du total des émissions liées au transport routier dans les zones urbaines.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"998595021027897346"}"></div></p>
<h2>Diesel et essence</h2>
<p>La combustion du carburant produit davantage de particules à l’échappement dans les moteurs diesel que dans les moteurs essence. Les véhicules diesel d’ancienne génération en émettaient ainsi de grandes quantités.</p>
<p>Mais l’introduction, à partir de 2005, de la technologie de filtre à particules, un dispositif généralisé en 2009, a permis de réduire drastiquement ces émissions : les véhicules diesel équipés d’un filtre émettent dorénavant de l’ordre d’un à quelques mg/km de particules alors qu’ils en émettaient précédemment autour de 50 mg/km.</p>
<p>Les émissions de particules à l’échappement du parc diesel ont ainsi <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2015">diminué de 35 % entre 2004 et 2013</a>, et ce malgré l’augmentation du nombre de véhicules.</p>
<h2>L’injection directe, nouvelle émettrice</h2>
<p>De leur côté, les véhicules essence étaient traditionnellement très faiblement émetteurs de particules. Mais l’introduction des technologies d’<a href="http://www.automobile-magazine.fr/lexique/117-injection-directe-d-essence">injection directe en essence</a> (IDE) à partir de 2007, destinées à réduire la consommation de carburant, a changé la donne.</p>
<p>Ces véhicules émettent en effet <a href="http://culture.cnam.fr/detours-verts-le-futur-des-transports/automobile-et-pollution-770667.kjsp">davantage de particules fines</a>, en particulier à froid et lors de fortes accélérations.</p>
<p>Or en 2016, les véhicules essence à injection directe représentaient <a href="https://www.theicct.org/sites/default/files/publications/ICCT_Pocketbook_2017_Web.pdf">43 % des ventes</a> de véhicules essence en Europe, affichant une nette progression. Et ces modèles se généralisent sur les gammes essence, une évolution qui explique en partie le nombre croissant de particules fines présentes dans notre atmosphère.</p>
<p>Jusqu’en 2005, la <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/norme_euro.php4">norme antipollution</a> en vigueur au sein de l’Union européenne – la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2006/01/12/les-vehicules-neufs-soumis-a-la-norme-euro-4_730110_3244.html">norme Euro 4</a> – ne spécifiait qu’une limitation de la masse des particules. À partir de 2009, la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Norme_europ%C3%A9enne_d%27%C3%A9mission">norme Euro 5</a> a introduit, en complément de la limitation en masse, une limitation du nombre de particules émises pour les véhicules diesel (fixée à 6x10¹¹ particules par kilomètre), ce qui permet de prendre en compte les particules fines ou très fines.</p>
<p>En 2015, la norme Euro 6b a étendu cette limitation aux moteurs essence, dont le seuil pour les émissions de particules en nombre devient donc identique à celui des véhicules diesel.</p>
<h2>De nouvelles technologies anti-émissions</h2>
<p>Les premières générations de moteur IDE <a href="https://www.lemonde.fr/automobile/article/2016/10/26/pollution-apres-le-diesel-les-moteurs-a-essence-au-c-ur-d-une-nouvelle-bataille-europeenne_5020540_1654940.html">n’étant pas contraintes par la norme</a>, les technologies nécessaires à la limitation des particules n’ont généralement pas été intégrées par les constructeurs. Leurs niveaux d’émissions, en fonction des conditions de trajet et du style de conduite, pouvaient largement atteindre 10¹<sup>3</sup> particules/km, soit 10 fois plus que ceux des moteurs diesel récents !</p>
<p>Il existe aujourd’hui des technologies permettant de réduire ces émissions, notamment le <a href="https://www.quechoisir.org/actualite-filtre-a-particules-les-moteurs-essence-aussi-n21949/">filtre à particules pour moteur essence</a> ainsi que l’optimisation des systèmes d’injection et de la forme des chambres de combustion. Elles sont déployées de plus en plus largement sur les moteurs IDE de dernières générations pour respecter les normes récentes. Les émissions de particules sont alors à des niveaux largement en dessous des 6x10¹¹ particules/km réglementaires.</p>
<h2>L’abrasion des pneus et des freins</h2>
<p>L’abrasion des pneumatiques, des freins et de la route génère également des particules fines, et ce quelle que soit la technologie de propulsion du véhicule.</p>
<p>Tous les véhicules sont concernés, y compris le véhicule électrique, même si les émissions liées à l’usure des freins sont réduites par rapport à un véhicule classique grâce à la récupération d’énergie.</p>
<p>Les émissions de particules fines par un véhicule particulier liées aux phénomènes d’abrasion des pneumatiques, des freins et de la route sont de l’ordre de <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/emep-eea-guidebook-2016/part-b-sectoral-guidance-chapters/1-energy/1-a-combustion/1-a-3-b-vi/view">5 à 30 mg par kilomètre parcouru</a> ; des niveaux supérieurs aux niveaux d’émissions à l’échappement des véhicules récents, essence comme diesel.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/220323/original/file-20180524-51115-1pmn7ax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/220323/original/file-20180524-51115-1pmn7ax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/220323/original/file-20180524-51115-1pmn7ax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/220323/original/file-20180524-51115-1pmn7ax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/220323/original/file-20180524-51115-1pmn7ax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/220323/original/file-20180524-51115-1pmn7ax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/220323/original/file-20180524-51115-1pmn7ax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’abrasion des pneumatiques doit être pris en compte dans le calcul des émissions.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/kennethhawes/4875497429">K.G. Hawes/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En 2015, l’Observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France estimait que <a href="http://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/inventaire-emissions-idf-2012-150121.pdf">41 % des particules fines</a> en suspension émises par le trafic routier francilien provenaient de ces émissions hors échappement. Et, contrairement aux particules à l’échappement diesel, ces émissions de particules liées à l’abrasion n’ont diminué que de <a href="http://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/inventaire-emissions-idf-2012-150121.pdf">5 % sur la période 2000-2012</a>.</p>
<p>Ces niveaux dépendent de nombreux facteurs : caractéristiques du véhicule (masse, pressions de pneumatiques, etc.), profil de la route (sinuosité, pente, dévers), style de conduite (intensité des freinages et accélération, vitesse en courbe), conditions ambiantes (températures, pluie, neige, etc.) ou encore type de revêtement de la route.</p>
<p>Un conducteur averti sait que la durée de vie de ses pneumatiques et plaquettes de freins dépend fortement de son style de conduite ; et il en va de même pour les particules fines engendrées par l’usure.</p>
<p>Cette problématique est particulièrement présente dans les pays nordiques. Des quantités de particules dues à l’abrasion des freins, des pneumatiques, et de la route, mais aussi aux émissions moteur et encore au salage hivernal, sont stockées dans les couches de glace ou les chaussés humides. Au printemps, les routes sèchent et libèrent ces particules accumulées durant tout l’hiver. Elles sont alors re-suspendues par le passage des véhicules, engendrant des épisodes de pics de pollution aux particules fines importants.</p>
<h2>Prendre conscience de ses propres émissions</h2>
<p>Lancée en 2016, l’application gratuite pour smartphone <a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-en-ville-la-facon-de-conduire-compte-aussi-85359">Geco air</a>, développée par IFPEN avec le soutien de l’Ademe, aide les conducteurs à réduire leur empreinte polluante en mesurant leurs émissions de polluants (NO<sub>x</sub> et CO) et de CO<sub>2</sub>. L’application intègre désormais un modèle d’émissions de particules spécifique aux véhicules essence IDE.</p>
<p>Geco air évalue également les émissions de particules fines liées à l’abrasion des pneumatiques et des plaquettes de frein. Afin de prendre en compte au mieux la sensibilité de ces émissions aux conditions de conduite, un modèle dynamique a été développé, intégrant les spécificités de chaque véhicule (masse, centre de gravité, taille de pneumatique, etc.).</p>
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<p>À partir des informations de vitesse, de pente et de cap fournies à chaque seconde par le GPS, ce modèle estime les forces appliquées sur chacune des roues du véhicule, afin de déterminer, seconde après seconde, l’usure des composants et les émissions de particules fines qui en résultent. En fonction du style de conduite (freinages et accélérations brusques, niveau d’anticipation, etc.), les niveaux d’émissions liés à l’usure varieront du simple au double.</p>
<p>Autant de données qui permettent d’établir une vision complète de l’empreinte environnementale des déplacements, en prenant en compte les caractéristiques du véhicule et du style de conduite.</p>
<p>Des chercheurs d’IFPEN travaillent actuellement à la conception d’un objet connecté, Willbee, couplé à Geco air, pour visualiser en temps réel les niveaux d’émissions ; le conducteur peut ainsi se rendre de compte directement de sa contribution à la qualité de l’air. L’ensemble de ces données permet également de fournir aux villes une cartographie en temps réel des émissions sur leur territoire et ainsi de les aider à identifier les zones critiques.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation de Willbee. (Paris&Co/Youtube, 2018).</span></figcaption>
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<p>Un projet pilote va démarrer en juin 2018 dans le quartier d’Euromed à Marseille pour évaluer l’impact de l’infrastructure routière sur les émissions à l’aide des données fournies par les utilisateurs de l’application Geco air.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95336/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Combustion du carburant, abrasion des pneumatiques et des freins ou encore manière de conduire… De nombreux aspects entrent en jeu dans les émissions de particules fines.Gilles Corde, Responsable du programme « Logiciels et mobilité connectée », IFP Énergies nouvelles Laurent Thibault, Chef de projet Geco air, IFP Énergies nouvelles Philippe Dégeilh, Ingénieur de recherche, système moteur et véhicule, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.