tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/plastique-23485/articlesplastique – The Conversation2024-03-18T15:33:45Ztag:theconversation.com,2011:article/2256062024-03-18T15:33:45Z2024-03-18T15:33:45ZRéparer les plastiques avec des champs magnétiques pour augmenter leur durée de vie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582515/original/file-20240318-18-2g2u05.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C502%2C3994%2C2119&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En chargeant certains plastiques de particules magnétiques, il est possible de les chauffer à distance afin de les remodeler.</span> <span class="attribution"><span class="source">Mathieu Salse/INSA Lyon</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L’utilisation excessive des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plastique-23485">plastiques</a> constitue un exemple frappant de la manière dont les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/materiaux-27750">matériaux</a> peuvent devenir une source majeure de pollution. La sobriété matérielle, qui consiste à limiter la consommation de matériaux, constitue donc un levier majeur pour diminuer l’impact de nos sociétés sur l’environnement. Bien qu’il semble désormais utopique de se passer des plastiques, l’espoir réside néanmoins dans le fait qu’une grande partie d’entre eux, dits <em>thermoplastiques</em>, ont la faculté de se déformer ou de s’écouler lorsqu’ils sont chauffés.</p>
<p>Cette propriété permet de les remodeler, offrant ainsi la possibilité de les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reparation-65621">réparer</a> et de les réutiliser directement, ce qui présente une alternative moins coûteuse qu’un recyclage chimique. Parmi les diverses méthodes qui existent pour chauffer et réparer les plastiques, le chauffage par induction magnétique constitue un moyen rapide et efficace d’échauffer localement la matière. Cette technique, notamment utilisée comme traitement contre certains cancers, peut être également employée pour réparer les plastiques permettant ainsi d’accroître leur temps de vie.</p>
<h2>Les matériaux autocicatrisants</h2>
<p>Une rapide rétrospective montre que la réparation des matériaux plastiques est un sujet qui passionne la communauté scientifique depuis quelques décennies. Ce sujet a connu un véritable « boom » en 2008 avec la découverte d’un nouveau type de matériau capable de s’autoréparer à température ambiante : les <a href="https://www.nature.com/articles/nature06669">vitrimères</a>. On parle alors d’autoréparation, d’autocicatrisation ou de <em>self-healing</em> en anglais. Bien que de nombreux progrès en chimie ont depuis lors permis de diversifier les solutions, les matériaux autoréparables ne sont pour autant pas véritablement sortis des laboratoires de recherche et peinent toujours, plus de 15 ans après, à trouver leur place dans l’industrie.</p>
<p>Si la raison principale de leur manque d’applicabilité est parfois à chercher au niveau de leur prix et de leur complexité chimique, une autre raison plus fondamentale réside dans l’incompatibilité entre capacité à s’autoréparer et rigidité élevée – la première nécessitant une grande mobilité moléculaire et la seconde de fortes liaisons entre les constituants de la matière. En outre, l’industrie du plastique et ses procédés de fabrication étant arrivés à maturation, c’est tout un écosystème qu’il faut repenser pour inclure la production d’une part significative de matériaux innovants.</p>
<h2>Les matériaux guérissables sous champ magnétique</h2>
<p>Contrairement au cas des matériaux autocicatrisants qui ne nécessitent aucune intervention extérieure, une stratégie alternative, appelée le <em>stimulus-healing</em>, consiste à apporter de l’énergie pour chauffer et réparer les matériaux thermoplastiques. En fonction du matériau et de l’application visée, le mode de chauffage peut prendre plusieurs formes telles qu’un transfert thermique (par contact direct ou via l’air environnant), une onde acoustique, une micro-onde, un laser ou un champ magnétique oscillant appliqué grâce à une bobine (électro-aimant).</p>
<p>Dans le dernier cas, l’opération consiste à intégrer dans le matériau plastique une faible quantité de particules magnétiques (1 à 5 % de son volume). Ces particules sont en effet capables de transformer le stimulus magnétique oscillant en chaleur <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/adma.200901940">au sein même de la matière</a>, grâce à un phénomène appelé <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_de_Stoner-Wohlfarth">hyperthermie magnétique</a>. Pour atteindre des températures de l’ordre de 150-200 °C, il est commun d’utiliser des champs magnétiques ayant une intensité de quelques milliteslas (l’équivalent d’un aimant de réfrigérateur) et une fréquence d’environ 500 kHz (contre 20 à 100 kHz pour une plaque induction standard).</p>
<p>Cette technologie a l’avantage de pouvoir être utilisée sur des matériaux dotés de propriétés mécaniques très différentes, ce qui permet de l’appliquer sur une large gamme de plastiques. En effet, elle a récemment été employée pour traiter des matériaux de grande consommation tels que le <a href="https://www.nature.com/articles/s41565-018-0327-4">polypropylène</a> (utilisé pour faire des pare-chocs de voiture) ou certains <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.macromol.1c02046">polyuréthanes souples</a> (employés comme gaine d’isolation électrique).</p>
<p>Un autre avantage que présente cette technique est de pouvoir lisser une pièce rugueuse pour effacer ses défauts en surface. Cela est particulièrement utile pour des <a href="https://www.researchgate.net/publication/377406695_Smoothing_Cicatrization_of_iPPFe3O4_Nanocomposites_via_Magnetic_Hyperthermia">pièces imprimées en 3D</a> dont la rugosité diminue sensiblement les performances mécaniques et rend l’aspect peu attractif.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Le bras de l’inducteur est placé au dessus de la plaque de plastique, qui devient lisse et brillant, là où il est encore rainuré autour" src="https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/582006/original/file-20240314-18-e5v5k9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Inducteur haute fréquence utilisé pour activer l’hyperthermie magnétique permettant le lissage et le renforcement d’une plaque de polypropylène imprimée en 3D.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Guilhem Baeza/INSA Lyon</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Vers le développement à grande échelle</h2>
<p>Historiquement, les recherches menées sur l’hyperthermie magnétique ont une visée biomédicale. Cette technique, généralement combinée à la chimiothérapie ou la radiothérapie, est utilisée pour traiter <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3863197/">certains types de cancer</a>. Dans ce cas, des nanoparticules magnétiques biocompatibles sont injectées au patient, et la chaleur générée sous irradiation magnétique (+ 6 à 7 °C) tue sélectivement les cellules tumorales.</p>
<p>Cette technique offre la possibilité de chauffer sans contact ni besoin de faire parvenir la lumière, et fonctionne donc dans des matériaux opaques. Elle offre un grand contrôle, étant donné que la quantité de chaleur dégagée peut être contrôlée par les caractéristiques du champ magnétique, mais aussi par la quantité et la nature des particules stimulables. La localisation des particules permet également de chauffer sélectivement une zone désirée.</p>
<p>Dans le cas de matériaux composites basés sur des plastiques, ces avantages sont tout aussi utiles et posent de nouvelles questions scientifiques à résoudre afin d’améliorer le procédé de réparation.</p>
<h2>Des limites qu’il reste à dépasser</h2>
<p>Un exemple concerne quelles particules choisir parmi toute la variété de celles qui peuvent être utilisées pour convertir le champ magnétique en chaleur. Les chimistes peuvent jouer sur la composition (fer, cobalt, nickel…), la forme (sphère, cube, bâtonnet…) et la taille des particules magnétiques qui sont autant d’éléments impactant la capacité de chauffe des particules. Par ailleurs, la possibilité de fabriquer ces objets à grande échelle et de manière raisonnée est également un enjeu majeur : la société grenobloise <a href="https://www.hymagin.com/">Hymag’in</a>, avec qui nous collaborons, développe par exemple des particules de magnétite issues de déchets de la sidérurgie.</p>
<p>D’autres aspects concernent davantage les physiciens, par exemple les questions liées aux mouvements des particules soumises au champ magnétique. D’une part, les particules ont tendance à se regrouper et à s’organiser en formant des chaînes, ce qui soulève des interrogations sur la réversibilité et l’utilisation répétée de cette technique. Sous l’effet du champ magnétique, les particules se mettent aussi à tourner sur elle-même, ce qui engendre un <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acsnano.3c05440">dégagement de chaleur supplémentaire</a> par friction, dépendant du milieu environnant. Il est nécessaire de quantifier cet effet pour ne pas surchauffer les pièces, ce qui entraînerait leur dégradation.</p>
<p>L’aspect noir des matériaux (lié aux particules magnétiques) rend aussi plus difficile leur utilisation comme pièces visibles, notamment dans l’industrie automobile où la cicatrisation de rayures superficielles sur des pièces colorées représente un réel intérêt commercial. Mais il est aussi possible de réparer en moins d’une minute des caoutchoucs, typiquement des semelles de chaussures ou des joints d’étanchéité, ou même des plastiques durs présents dans des articles de voyage, de sport, ou dans des packagings rigides en tout genre. Finalement, la diffusion des technologies liées à l’hyperthermie magnétique nécessitera l’appui d’industries innovantes, capables d’identifier des applications de niche pour passer de concepts généraux à des produits de haute valeur ajoutée.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-22-CE06-0006">MANIOC</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225606/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guilhem P Baeza a reçu des financements de l'ANR pour le projet MANIOC en 2023.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laura Ea a reçu des financements du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche en 2023. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathieu Salse a reçu des financements de l'ANR pour le projet ARMURE en 2022. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Simon Fritz a reçu des financements de l'ANR pour le projet MANIOC en 2023.</span></em></p>En enrichissant des matières plastiques avec des particules magnétiques, il est possible de les chauffer à distance et ainsi les remodeler. De quoi à terme réduire la consommation de plastique ?Guilhem P Baeza, Maître de conférences habilité à diriger les recherches en physique des polymères, INSA Lyon – Université de LyonLaura Ea, Doctorante en Physique des polymères, INSA Lyon – Université de LyonMathieu Salse, Doctorant en sciences des matériaux polymères et composites, INSA Lyon – Université de LyonSimon Fritz, Doctorant en Physique des Polymères, INSA Lyon – Université de LyonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2228392024-02-26T15:50:11Z2024-02-26T15:50:11ZPeut-on se passer de plastique en agriculture ?<p>En novembre 2023, les Nations unies se sont réunies pour élaborer un <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/291790-pollution-plastique-pas-daccord-au-kenya-pour-un-traite-international">traité international sur la pollution plastique</a>, avec un instrument qui se veut juridiquement contraignant. Un effort pour l’instant en forme de coup d’épée dans l’eau, puisque les discussions n’ont pas abouti.</p>
<p><a href="https://www.unep.org/inc-plastic-pollution/session-4">Les discussions se poursuivront</a> en avril 2024 sur un <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/44526/RevisedZeroDraftText.pdf">projet de texte révisé</a>. Sans surprise, les exportateurs de pétrole, qui sert de base à la fabrication des plastiques, ne <a href="https://www.voanews.com/a/un-plastic-treaty-talks-grapple-with-re-use-recycle-reduce-debate-/7361510.htm">sont pas favorables à une réduction de la production de plastique</a>. Au vu de la quantité de secteurs économiques qui dépendent du plastique, l’inertie est grande.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">Comment l’industrie fossile influence les négociations mondiales sur le plastique</a>
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<p>Le problème de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pollution-plastique-81856">pollution</a> posé par le plastique est bien connu. Il s’agit du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X22010402">troisième matériau de synthèse le plus produit</a> après le ciment et l’acier. Entre 1950 et 2017, la production de plastique neuf a atteint <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X22010402">9 200 millions de tonnes</a> et pourrait atteindre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780128178805000025">34 milliards de tonnes en 2050</a>.</p>
<p>Ce qui n’empêche guère l’insolent succès du plastique. Notamment en agriculture, où le matériau est notamment prisé pour le paillage des cultures. L’enjeu : contrôler la température du sol et le rayonnement solaire, limiter l’évaporation d’eau et empêcher le développement des mauvaises herbes (ou adventices). Des alternatives biodégradables existent, mais elles ne sont pas dénuées d’inconvénients…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vers-des-plastiques-biodegradables-et-recyclables-la-piste-des-phas-progresse-211962">Vers des plastiques biodégradables et recyclables ? La piste des « PHAs » progresse</a>
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<h2>Bienvenue dans le « plasticocène »</h2>
<p>Pour qualifier l’omniprésence du plastique, certains parlent de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723034903">« plasticocène »</a>, sur le modèle de la construction du mot <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X22010402">anthropocène</a>. Sur tout le plastique produit depuis 1950, <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/36963/POLSOL.pdf">seuls 24 % sont encore en usage</a>, 8 % ont été recyclés, et plus de la moitié (58 %) a été jetée (décharges ou autres) dans l’environnement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=648&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=648&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=648&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Production globale de plastique depuis 1950.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.grida.no/resources/15041">GRID-Arendal/UNEP (2021)</a></span>
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<p>En bout de course, le plastique s’accumule l’environnement : dans les sols et dans les systèmes aquatiques. L’image du <a href="https://marinedebris.noaa.gov/info/patch.html">« continent de plastique »</a> illustre bien le phénomène. À l’échelle macroscopique ou microscopique, les plastiques créent des risques pour de nombreux organismes et écosystèmes terrestres et marins.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/que-sont-les-microplastiques-et-pourquoi-sont-ils-un-enorme-probleme-dans-les-oceans-144634">Que sont les microplastiques et pourquoi sont-ils un énorme problème dans les océans ?</a>
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<h2>Le plastique en agriculture, à la fois bénédiction et malédiction</h2>
<p>Le plastique possède de nombreux atouts : robuste, flexible, léger et bon marché. Une bénédiction pour l’industrie et les consommateurs, mais une malédiction pour l’environnement. Dans la production agricole, le paillage plastique permet de protéger les récoltes et <a href="https://doi.org/10.3390/polym14235062">d’augmenter les rendements de production</a>.</p>
<p><em>[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</em></p>
<p>Grâce au « mulch » (paillis) de plastique, les agriculteurs peuvent prolonger la période de récolte et réduire les pertes. De quoi mieux contrôler l’humidité du sol, empêcher le développement des mauvaises herbes, limiter le recours aux pesticides, aux engrais, diminuer les besoins d’eau et même protéger le sol de l’érosion.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Paillage plastique pour protéger des champs de Maïs en Belgique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gilles San Martin/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>De ce point de vue, l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-011-0068-3">application de paillis plastique</a> contribue donc à la protection de l’environnement et à l’utilisation durable des ressources… Mais ce dernier présente aussi des aspects négatifs.</p>
<p>D’abord parce que le plastique est produit à partir de pétrole, et que son usage en agriculture n’est pas très esthétique dans le paysage. La couverture du sol modifie aussi les écosystèmes de la flore et de la faune. Mais aussi parce que des fragments de plastique et de microplastique vont se retrouver dans les sols, pouvant être lessivés <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969716301528">jusque dans les écosystèmes aquatiques</a>.</p>
<p>Il est donc essentiel de trouver des alternatives moins problématiques. Mais toutes les options ne sont pas des compromis acceptables.</p>
<h2>Des alternatives biodégradables parfois pires</h2>
<p>L’industrie tente généralement de résoudre le problème de la pollution plastique agricole en utilisant des paillages plastiques biodégradables. Ces derniers ont toutefois plusieurs inconvénients : moins solides, ils <a href="https://doi.org/10.1016/j.apsoil.2022.104667">peuvent libérer davantage de matière plastique dans le sol</a>.</p>
<p>L’utilisation de paillage en plastiques biodégradables suggère une production agricole durable. Mais leur biodégradabilité et les émissions de plastique qu’ils entraînent dans l’environnement constituent des sujets de préoccupation.</p>
<p>Pour être qualifié de plastique biodégradable, un matériau doit pouvoir être transformé en CO<sub>2</sub>, eau et biomasse par des micro-organismes en <a href="https://natureplast.eu/en/biodegradable-plastics-definitions-and-standards/">moins de 24 mois</a>. Cette aptitude à la dégradation est généralement vérifiée en laboratoire dans des conditions contrôlées.</p>
<p>Le problème ? C’est qu’il n’y a <a href="https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2022.130055">pas assez de preuves</a> pour s’assurer que cela fonctionne aussi bien dans le vrai sol sans impacter négativement son écosystème… Si les plastiques biodégradables ne le sont pas suffisamment, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-023-02253-y">alors ils peuvent s’accumuler dans le sol</a>. Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653522023323">recherches supplémentaires sont donc requises</a> avant d’affirmer que les paillis plastiques biodégradables constituent une alternative intéressante aux paillis plastiques non biodégradables.</p>
<p>Dans certains cas, des alternatives comme le <a href="https://bnrc.springeropen.com/articles/10.1186/s42269-020-00290-3">paillage végétal</a>) peuvent être intéressantes, mais elles sont généralement moins efficaces contre la prolifération des mauvaises herbes et pour conserver la chaleur au sol. De nouvelles technologies (par exemple, le paillis de cellulose ou les films de paillis liquides) sont également en cours de développement. Mais pour l’instant, ces options <a href="https://doi.org/10.3390/agronomy10101618">restent moins intéressantes que les paillis en plastique</a>.</p>
<h2>Des pistes pour améliorer les paillages plastiques</h2>
<p>Les scientifiques travaillent au développement de matériaux nouveaux qui combineraient les avantages des plastiques les plus robustes, tout en pouvant se dégrader rapidement dans l’environnement. Or, il est difficile de combiner les deux caractéristiques. Pour l’heure, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10666-022-09826-5">cela nécessite des technologies sophistiquées et des coûts de production encore très élevés</a>.</p>
<p>L’augmentation de la stabilité et de la résistance à la traction du paillage plastique est une autre stratégie pour réduire ses émissions de plastique dans l’environnement. Pour cela, on peut soit améliorer la structure chimique du film plastique, soit tout simplement en augmenter l’épaisseur. C’est ce que montre une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10666-023-09944-8">étude récente</a> que j’ai menée, qui s’intéressait à la situation en Allemagne.</p>
<p>En effet, on observe que des films de paillage épais, de l’ordre de 50 micromètres d’épaisseur, libèrent <a href="https://doi.org/10.5194/soil-8-31-2022">moins de plastique dans l’environnement que des films plus fins</a>. Remplacer un film de paillage plastique de 20 micromètres d’épaisseur par un film de 30 ou 40 micromètres <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10666-022-09826-5">peut ainsi réduire les émissions de plastique</a>.</p>
<p>Cependant, l’augmentation de cette épaisseur entraîne des coûts plus élevés et une augmentation des quantités de plastique totales étendues dans les champs. Des systèmes efficaces de recyclage des films de paillage usagés peuvent permettre de lutter contre l’augmentation des déchets plastiques. <a href="https://www.erde-recycling.de/en/erde-news/ik-initiative-erde-starts-collecting-mulch-film-in-germany/">Une initiative existe déjà en Allemagne pour recycler les films de paillage usagés</a>.</p>
<p>En fin de compte, le statut de bénédiction ou de malédiction du plastique en agriculture va surtout dépendre de la façon dont il est utilisé, dont il est éliminé et dont il est recyclé. Un concept qui n’est pas très nouveau.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-dechets-plastiques-de-lafrique-de-louest-pourraient-alimenter-leconomie-au-lieu-de-polluer-les-oceans-217849">Les déchets plastiques de l'Afrique de l'Ouest pourraient alimenter l'économie au lieu de polluer les océans</a>
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<p class="fine-print"><em><span>Martin Henseler ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le plastique est très utilisé en agriculture pour le paillage des cultures, où il pose des problèmes de pollution. Des alternatives existent, mais elles ne sont pas toujours satisfaisantes.Martin Henseler, Research Engineer, Laboratoire d’Economie Rouen Normandie, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2235722024-02-20T14:42:26Z2024-02-20T14:42:26ZLes bernard-l’ermite déménagent dans des déchets plastiques… et intriguent les scientifiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/575576/original/file-20240129-15-j4gupx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bernard-l'ermite utilisent de plus en plus le plastique (et d'autres déchets) pour se protéger.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/hermit-crab-carrying-plastic-bottle-cap-1962035515">metamorworks/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les bernard-l’ermite terrestres utilisent des bouchons de bouteille, des morceaux d’ampoules électriques ou même de bouteilles en verre cassées à la place des coquilles.</p>
<p>C’est ce que montre une récente étude menée par des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723075885">chercheurs polonais</a>, qui ont étudié 386 images de bernard-l’ermite occupant ces coquilles artificielles. Les photos ont été analysées par ces scientifiques grâce à une approche connue sous le nom de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S016953472030077X">« iEcology », ou écologie Internet</a>, qui se base sur des photographies collectées à d’autres fins que des fins de recherche. Sur les 386 photos, la grande majorité (326 cas) montrait des bernard-l’ermite utilisant des objets en plastique comme abri.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-pollution-par-microplastiques-est-partout-mais-on-connait-mal-ses-effets-sur-la-faune-130757">La pollution par microplastiques est partout, mais on connaît mal ses effets sur la faune</a>
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<p>À première vue, il s’agit d’un exemple révélateur de la façon dont les activités humaines peuvent modifier le comportement des animaux sauvages, et même la façon dont les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fevo.2022.893453/full">populations et les écosystèmes interagissent</a> en conséquence. Mais de nombreux facteurs entrent en jeu et, bien qu’il soit facile de tirer des conclusions hâtives, il est important de s’interroger sur les causes exactes de ce changement particulier.</p>
<h2>Comment choisir sa coquille ?</h2>
<p>Le bernard-l’ermite est un modèle animal intéressant, parce qu’il se comporte de différentes façons qui peuvent être facilement mesurées. Au lieu de laisser pousser sa propre carapace pour se protéger, comme le ferait un crabe normal ou un homard, il utilise les coquilles vides laissées par d’autres espèces.</p>
<p>Lorsqu’ils se déplacent, la coquille protège leur abdomen, mais lorsqu’ils sont menacés, ils rentrent tout entier dans la coquille. Leur coquille leur sert alors d’abri portatif.</p>
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<p>Il est donc essentiel pour la survie d’un individu d’avoir une coquille de suffisamment bonne qualité, c’est pourquoi les bernard-l’ermite changent de coquille ou l’améliorent au fur et à mesure de leur croissance. Ils vont jusqu’à se battre avec d’autres bernard-l’ermite pour obtenir de meilleures coquilles, et évaluent toute nouvelle coquille découverte pour voir si elle pourrait leur convenir.</p>
<p>Ils recherchent avant tout des coquilles suffisamment grandes pour les protéger, mais <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsbl.2010.0761">leur choix</a> tient également compte du type de coquille, de son état et même de sa couleur, un facteur qui peut avoir une incidence sur la visibilité du crabe.</p>
<p>Un autre facteur qui limite le choix de la coquille est la disponibilité de coquilles appropriées. Or, pour une raison encore inconnue, une partie des bernard-l’ermite terrestres choisissent d’occuper des objets en plastique plutôt que des coquilles naturelles, comme le montre cette <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723075885">dernière étude</a>.</p>
<h2>Crise du logement ou déménagement audacieux ? Des questions en suspens</h2>
<p>Depuis des millénaires, l’homme modifie intentionnellement le comportement des animaux en les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2213305413000052">domestiquant</a>. Toute modification involontaire du comportement des populations animales naturelles est potentiellement préoccupante, mais dans quelle mesure devrions-nous nous inquiéter du fait que les bernard-l’ermite utilisent des <a href="https://theconversation.com/que-deviennent-les-dechets-plastiques-rejetes-dans-locean-depuis-les-cotes-et-les-rivieres-155535">déchets plastiques</a> comme abri ?</p>
<p>La recherche polonaise soulève un certain nombre de questions. Tout d’abord, le recours aux déchets plastiques en guise de coquilles est-il fréquent ? 326 crabes s’abritant dans du plastique, cela semble beaucoup. Pourtant, ce nombre est probablement sous-estimé, étant donné que les images analysées se limitaient aux zones accessibles aux humains des populations de crabes.</p>
<p>L’inverse est également possible : les internautes pourraient avoir tendance à mettre en ligne les images les plus frappantes ou les plus inhabituelles. De sorte que l’approche iEcology pourrait donner une impression exagérée de la proportion de bernard-l’ermite qui optent pour des coquilles en plastique plutôt que naturelles. Nous avons besoin d’études structurées sur le terrain pour clarifier ce point.</p>
<p>La deuxième question qui se pose, c’est de savoir pourquoi certains crabes préfèrent le plastique. Il est possible qu’ils y soient contraints par le manque de coquilles naturelles, mais nous ne pouvons pas vérifier cette hypothèse sans disposer de plus d’informations sur la démographie des populations locales d’escargots. Peut-être les crabes préfèrent vraiment le plastique… ou alors, ce dernier est-il plus facile à trouver que de vraies coquilles ?</p>
<p>Comme le soulignent les auteurs de l’étude, le plastique pourrait être plus léger que les coquillages équivalents, offrant ainsi la même protection, mais en demandant à l’animal moins d’énergie pour transporter son abri. Étonnement, les produits chimiques que libère le plastique sont connus pour attirer les bernard-l’ermite marins, car <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X21005671">ils imitent l’odeur de sa nourriture</a>.</p>
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<img alt="Bernard-l’ermite utilisant un bouchon de bouteille en plastique rouge comme coquille sur une plage couverte de sable et d’algues." src="https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les bernard-l’ermite s’adaptent à l’augmentation de la pollution plastique, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre ce comportement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/hermit-crab-plastic-shell-zanzibar-2270754839">Bertrand Godfroid/Shutterstock</a></span>
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<p>Cela nous amène à une troisième question sur les inconvénients possibles du plastique. Par rapport aux vraies carapaces, les déchets plastiques ont tendance à être plus brillants et à contraster davantage avec l’arrière-plan, ce qui rend les crabes plus vulnérables aux prédateurs.</p>
<p>En outre, nous savons que l’exposition aux <a href="https://theconversation.com/que-sont-les-microplastiques-et-pourquoi-sont-ils-un-enorme-probleme-dans-les-oceans-144634">microplastiques</a> et aux autres composés chimiques qui s’échappent du plastique peut modifier le comportement des bernard-l’ermite, les rendant <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36978596/">moins exigeants</a> quant aux coquilles qu’ils choisissent, moins enclins à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8511743/">se battre pour les coquilles</a> et changeant jusqu’à leur personnalité en les rendant plus enclins à <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666911020300058">prendre des risques</a>. Pour répondre à ces questions sur les causes et les conséquences de l’utilisation des déchets plastiques par les bernard-l’ermite, nous devons étudier leur comportement de sélection des coquilles au moyen d’une série d’expériences en laboratoire.</p>
<h2>La pollution change le comportement des coquillages</h2>
<p>La pollution plastique n’est qu’une des façons dont nous modifions notre environnement. C’est de loin la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X14008571">forme la plus médiatisée</a> de débris introduits par l’humain dans les environnements marins. Mais le comportement des animaux est également affecté par <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723059879">d’autres formes de pollution</a>, comme les microplastiques, les produits pharmaceutiques, la lumière et le bruit, ainsi que la hausse des températures et l’acidification des océans que provoque le changement climatique.</p>
<p>Ainsi, si l’étude de l’utilisation des déchets plastiques par le bernard-l’ermite peut nous aider à mieux comprendre les conséquences de certains impacts humains sur l’environnement, elle ne montre pas exactement comment les animaux s’adapteront à l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/anthropocene-25399">anthropocène</a>, où l’activité humaine affecte significativement la planète.</p>
<p>Les bernard-l’ermite s’adapteront-ils en utilisant des réponses comportementales basées sur le recours au plastique, évolueront-ils au fil des générations, ou peut-être les deux à la fois ? À elle seule, l’approche iEcology ne peut pas répondre à de telles questions. Cette étude tire simplement la sonnette d’alarme, en mettant en lumière des changements qui doivent maintenant être étudiés de manière approfondie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223572/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Briffa travaille pour l'université de Plymouth. Il a reçu des financements du BBSRC britannique.</span></em></p>Après Plastic Bertrand, Plastic Bernard ? Les bernard-l’ermite élisent normalement domicile dans des coquilles vides, mais optent de plus en plus souvent pour des déchets plastiques.Mark Briffa, Professor of Animal Behaviour, University of PlymouthLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2221122024-02-08T10:39:34Z2024-02-08T10:39:34ZComment l’industrie fossile influence les négociations mondiales sur le plastique<p>Le pétrole règne en maître sur l’univers des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pollution-plastique-81856">plastiques</a>, dont près de 99 % proviennent encore de cette ressource fossile. Leur production a doublé entre 2000 et 2019, atteignant <a href="https://www.oecd.org/fr/environnement/la-pollution-plastique-ne-cesse-de-croitre-tandis-que-la-gestion-et-le-recyclage-des-dechets-sont-a-la-traine.htm">460 milliards de tonnes par an</a>.</p>
<p>Ces plastiques, qui ne se décomposent pas facilement, se retrouvent dans les océans, contaminent les sols et perturbent les écosystèmes, entraînant une <a href="https://www.zero-dechet-sauvage.org/articles/plastique-sante-couts-caches">détérioration de l’environnement et de la santé humaine</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-pollution-plastique-des-cotes-est-largement-sous-estimee-147269">Pourquoi la pollution plastique des côtes est largement sous-estimée</a>
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<p>En 2022, l’Assemblée des Nations unies pour l’Environnement a donc adopté une <a href="https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/communique-de-presse/journee-historique-dans-la-campagne-de-lutte-contre-la">résolution historique</a> visant à élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, pour lequel un comité intergouvernemental de négociation (CIN) a été mis en place.</p>
<p>Cinq réunions sont prévues sur une période de deux années. La première a eu lieu en Uruguay en décembre 2022, la deuxième en juin 2023 à Paris et la troisième en novembre 2023, au Kenya. La quatrième est planifiée à Ottawa en avril 2024 et la dernière n’est pas encore fixée, mais le texte final doit être prêt en 2025, <a href="https://www.20minutes.fr/planete/4038119-20230526-pollution-plastique-plus-vers-traite-mondial-tout-comprendre-negociations-vont-ouvrir-paris">l’objectif étant de ne plus avoir de pollution plastique en 2040</a>.</p>
<p>Depuis le début, États pétroliers et industrie fossile entendent bien peser dans ces débats afin d’en maîtriser l’issue.</p>
<h2>À Paris, des discussions entravées</h2>
<p>Au démarrage de la réunion à Paris, un groupe de pays – principalement producteurs de pétrole – a entravé les discussions en revisitant des questions de procédures déjà abordées <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1983678/petrole-pollution-accord-paris-bouteille">lors de la première négociation</a>. Leur objectif était de ne pas attaquer le fond du problème, en se focalisant sur les aspects de procédures.</p>
<p>Les délégations de la Russie, de l’Inde, de la Chine, de l’Arabie saoudite, de l’Iran, du Brésil, du Venezuela, d’Oman, de Dubaï et d’Égypte, ont ainsi refusé que le futur traité soit approuvé par un vote à la majorité des deux tiers, si jamais un consensus n’était pas trouvé. En face, une majorité de pays défend le vote comme ultime recours, afin de passer outre une minorité de blocage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Cette action étonnante, qui a conduit <a href="https://www.leparisien.fr/environnement/negociations-sur-la-pollution-plastique-dernier-jour-pour-arracher-un-compromis-02-06-2023-SF3NNIBESNGGVHHQUFC4ODEMJY.php">à un échec diplomatique</a>, a été vécue comme une prise d’otage par les participants. Société civile et groupes de défense des droits ont exprimé leurs préoccupations quant à l’influence exercée par le lobbying de groupes industriels comme l’American Chemistry Council et Plastics Europe. Leur présence a d’ailleurs été recensée par le média d’investigation <em>Mediapart</em>, qui a décompté, <a href="https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/020623/dans-les-negociations-sur-le-plastique-les-industriels-ont-depeche-190-lobbyistes">lors des pourparlers à Paris</a>, pas moins de 190 représentants de l’industrie.</p>
<h2>Au Kenya, des négociations qui patinent</h2>
<p>À Nairobi, qui accueillait du 13 au 19 novembre 2023 la troisième session de négociations du traité plastique, les discussions pouvaient se baser sur un avant-projet ou « version zéro » du texte, qui recensait thème par thème les différentes options avancées par les pays lors des réunions précédentes. De la limitation de la production à la gestion des déchets en passant par des interdictions de substances.</p>
<p>Les négociations n’ont toutefois pas permis d’aboutir à une version épurée du texte, ni même de donner mandat au secrétariat pour la préparation d’un premier projet de texte. C’est donc une « version zéro » gonflée de nouvelles options qui en est ressortie, rendant la suite des négociations plus complexes et les risques de blocages <a href="https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/traite-mondial-contre-le-plastique-les-negociations-patinent-2030285">encore plus importants</a>.</p>
<p>Ce résultat s’explique par l’opposition de deux approches sur l’objet et le champ du futur traité.</p>
<h2>Deux approches qui s’opposent</h2>
<p>D’un côté, celle promue par la <a href="https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/climat-qu-est-ce-que-la-coalition-de-la-haute-ambition-qui-veut-mettre-fin-a-la-pollution-plastique-d-ici-2040-2258586.html">coalition de haute ambition</a> pour mettre fin à la pollution plastique, présidée par la Norvège et le Rwanda, et rassemblant 60 pays de l’OCDE (sans les États-Unis), de la région Amérique latine-Caraïbes, d’Afrique, des petits États insulaires en développement et les Émirats arabes unis.</p>
<p>La coalition s’appuie sur la résolution de l’ANUE donnant mandat pour traiter l’ensemble du cycle plastique et plaide donc pour un traité ambitieux couvrant l’amont (production de polymères) comme l’aval (gestion rationnelle des déchets).</p>
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<p>De l’autre, celle portée par une coalition annoncée par l’Iran en début de session, qui réunit notamment l’Arabie saoudite, la Chine, la Russie, l’Iran, Cuba et Bahreïn : elle entend limiter le champ du traité à la gestion des déchets et s’oppose à toute régulation de la production.</p>
<p>La présence d’États producteurs de pétrole ainsi que de nombreux représentants de l’industrie parmi les observateurs a pu également créer le sentiment que le souci de défendre les intérêts de la pétrochimie et de l’industrie plastique était particulièrement fort.</p>
<h2>Les COP, hauts lieux de lobbying</h2>
<p>Cette configuration se retrouve dans les coulisses des sommets mondiaux sur le climat. La COP28 qui s’est déroulée à Dubaï du 30 novembre au 13 décembre 2023 sous la présidence controversée <a href="https://www.20minutes.fr/planete/4056734-20231008-cop28-monde-peut-debrancher-systeme-energetique-actuel-selon-president">du sultan Ahmed Al-Jaber</a>, ministre de l’Industrie et des Technologies avancées et PDG du groupe pétrolier Abu Dhabi National Oil Company, en est l’acmé.</p>
<p>Le sultan Al-Jaber a proclamé l’accord évoquant pour la première fois une sortie des énergies fossiles <a href="https://theconversation.com/apres-la-cop28-fin-de-partie-pour-les-energies-fossiles-219859">comme « historique »</a>. Le texte final appelle à une « transition hors des énergies fossiles » pour lutter contre le réchauffement climatique, visant à accélérer l’action afin de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050.</p>
<p>Selon un rapport publié le mardi 5 décembre 2023 <a href="https://www.globalwitness.org/en/press-releases/record-number-fossil-fuel-lobbyists-granted-access-cop28-climate-talks/">par l’ONG Global Witness</a>, la COP a atteint un record en termes de présence de lobbyistes liés aux énergies fossiles. Leur nombre s’élève à 2 456, une augmentation significative par rapport aux 636 lors de la COP27 à Sharm el Sheikh et aux 503 de Glasgow en 2021.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-echapper-a-la-malediction-de-la-rente-fossile-218546">Comment échapper à la malédiction de la rente fossile ?</a>
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<h2>États et lobbys, des liaisons dangereuses</h2>
<p>Les groupes de pression jouent un rôle crucial pour représenter divers intérêts, mais leur influence soulève des questions sur la transparence et l’équité dans l’accès aux décideurs politiques.</p>
<p>Ceux des grandes entreprises s’opposent à l’environnement, car la transition vers une économie respectueuse du climat, de la santé et de la biodiversité les obligerait à revoir leurs modes de fonctionnement. ExxonMobil, Shell, Chevron, BP et Total, ont dépensé un milliard de dollars en lobbying depuis l’accord de Paris sur le climat entre 2015 et 2019, selon <a href="https://influencemap.org/report/How-Big-Oil-Continues-to-Oppose-the-Paris-Agreement-38212275958aa21196dae3b76220bddc">l’ONG britannique InfluenceMap</a>.</p>
<p>En février 2019, l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO) a également mis en évidence dans un <a href="https://corporateeurope.org/sites/default/files/captured-states-exec-summary-fr.pdf">rapport</a> la relation symbiotique entre les États membres de l’Union européenne et les groupes de pression privés, qui conduit à la défense des intérêts privés au détriment de l’intérêt public et explique le manque de prise en compte des enjeux environnementaux dans les décisions politiques, voire des décisions qui aggravent la situation lors de la signature de traités commerciaux.</p>
<p>Des enquêtes journalistiques et des poursuites judiciaires ont souligné le fait que certaines grandes entreprises du secteur énergétique connaissaient les impacts potentiels du changement climatique tout en finançant des campagnes de désinformation pour semer le doute sur le réchauffement climatique. Des documents internes d’Exxon Mobil ont révélé au public en 2015 que la société était consciente des risques liés <a href="https://trustmyscience.com/scientifiques-exxonmobil-avaient-predit-avec-precision-rechauffement-climatique-annees-1970/">au changement climatique dès les années 1970</a>.</p>
<h2>Quelles perspectives à Ottawa ?</h2>
<p>Dans ce tumulte entre l’industrie fossile, le climat et la pollution plastique, les négociations internationales s’avèrent être un pas de deux complexe.</p>
<p>Les aspirations à éradiquer la pollution plastique d’ici à 2040 se heurtent à des blocages diplomatiques inattendus et à <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/291790-pollution-plastique-pas-daccord-au-kenya-pour-un-traite-international">l’influence massive des lobbyistes des énergies fossiles</a>.</p>
<p>Alors que la prochaine session de l’ANUE en <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/traite-sur-la-pollution-plastique-de-faibles-avancees-a-nairobi.N2196878">avril 2024</a> approche, la question demeure : cette réunion sera-t-elle le début d’une vraie transformation ou un nouvel acte dans ce drame environnemental en cours ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222112/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Shérazade Zaiter est membre d'Avocats sans Frontières et du Centre International de Droit Comparé de l'Environnement.</span></em></p>Une 4ème session de négociations est prévue en avril à Ottawa pour élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique.Shérazade Zaiter, Juriste International- Auteure, Université de LimogesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2136092023-11-23T16:24:55Z2023-11-23T16:24:55ZLes citoyens recyclent, mais l’industrie est défaillante et le modèle de consommation, jamais remis en question<p>Pourtant, il s’agit d’une des stratégies circulaires les plus basses dans la <a href="https://www.rncreq.org/images/UserFiles/files/3RV%20ICI%20juin%202009%20P1-6.pdf">hiérarchie 3RV</a> (réduction, réemploi, recyclage, valorisation). Elle n’implique en effet aucun changement structurel ou systémique majeur du modèle « linéaire », soit l’extraction, la production et la mise au rebut de biens, vers un modèle circulaire, où la création de produits intervient à partir de matières secondaires. </p>
<p><a href="https://www.canada.ca/fr/services/environnement/conservation/durabilite/economie-circulaire.html">L’économie circulaire</a> s’articule autour de <a href="https://unpointcinq.ca/article-blogue/economie-circulaire-solution-durable/">deux idées clés</a> : </p>
<p>1) Repenser les modes de consommation et de production existants afin de minimiser la consommation de ressources vierges</p>
<p>2) Optimiser l’utilisation des ressources (énergie, matériaux, produits) existantes en prolongeant leur durée de vie ou en les réutilisant utilement afin de repenser les modes de consommation et de production existants. </p>
<p>L’étape du recyclage a pourtant été promue et médiatisée depuis plusieurs décennies dans de nombreuses municipalités canadiennes, avec l’appui d’une réglementation et de plans provinciaux. Malgré ces efforts, des <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/nouvelles/2020/10/le-canada-fait-un-pas-de-plus-vers-lobjectif-de-zero-dechet-de-plastique-dici-2030.html">dysfonctionnements majeurs, persistent notamment dans la phase de tri des déchets plastiques</a>. En l’occurrence, <a href="https://www.cbc.ca/radio/thesundayedition/the-sunday-edition-for-april-21-2019-1.5099057/why-your-recycling-may-not-actually-get-recycled-1.5099103">87 % de ces déchets aboutissent dans des sites d’enfouissement ou dans l’environnement</a>.</p>
<p>Les médias font régulièrement état de cette <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-wish-cycling-canadas-recycling-industry-in-crisis-mode">« crise du recyclage »</a>. Parallèlement, on constate une crise de confiance des citoyens : en 2020, pas <a href="https://blog.legeropinion.com/fr/nouvelles/canadiens-confiance-a-leur-systeme-de-recyclage">moins de la moitié des Canadiens (48 %) avaient confiance dans le système de recyclage et ce chiffre était en baisse par rapport à 2018 (54 %)</a>.</p>
<p>Si les efforts ont été traditionnellement orientés vers la conscientisation et la responsabilité individuelle des consommateurs canadiens, cette approche culpabilise le maillon le moins responsable des problèmes liés au recyclage. </p>
<h2>Enquête des pratiques canadiennes en matière de recyclage</h2>
<p>Face à ces crises et afin de mieux comprendre comment améliorer le recyclage et promouvoir d’autres stratégies circulaires (par exemple, la réduction à la source), une vaste enquête pancanadienne auprès d’un millier de répondants a été conduite par notre équipe multi-universitaires, le <a href="https://recherche.uqac.ca/laboratoire-de-recherche-sur-les-nouvelles-formes-de-consommation-labonfc#:%7E:text=Le%20LaboNFC%20est%20un%20regroupement,depuis%20le%20d%C3%A9but%20de%20leur">Laboratoire de recherche sur les Nouvelles Formes de Consommation (LaboNFC)</a> de l’UQAC, en partenariat avec <a href="https://5redo.ca">5R Enabler Designs and Operations Inc</a> (5REDO) et son directeur, le Dr. Mahdi Takaffoli et l’analyste Ophela Zhang. Les résultats de l’étude seront publiés sous peu dans un article intitulé « Le recyclage des plastiques au Canada : Un système inadapté aux attentes de la population canadienne », dans la <em>Revue Organisations & Territoires</em>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/leconomie-circulaire-stagne-et-si-le-modele-cooperatif-servait-dinspiration-206641">L'économie circulaire stagne. Et si le modèle coopératif servait d'inspiration ?</a>
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<p>L’échantillon a été constitué à partir d’un panel en ligne. Les participants y ont été sélectionnés aléatoirement selon des quotas préétablis afin de favoriser la représentativité de l’échantillon avec la population canadienne.</p>
<p>Cette enquête met en lumière plusieurs éléments essentiels pour progresser vers une mise en œuvre plus complète des principes de l’économie circulaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Trois bacs de recyclage alignés sur le trottoir enneigé d’une rue résidentielle" src="https://images.theconversation.com/files/557884/original/file-20231106-23-lfyf1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557884/original/file-20231106-23-lfyf1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557884/original/file-20231106-23-lfyf1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557884/original/file-20231106-23-lfyf1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557884/original/file-20231106-23-lfyf1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557884/original/file-20231106-23-lfyf1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557884/original/file-20231106-23-lfyf1e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des bacs de recyclage dans une rue montréalaise.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<ul>
<li><strong>Un engagement massif pour le recyclage</strong></li>
</ul>
<p>91 % des répondants au sondage sont bien engagés dans le recyclage des déchets. Ils recyclent et réutilisent la quasi-totalité de leurs déchets, que ce soit à la maison, au travail ou en vacances. </p>
<p>Cette proportion peut paraître élevée compte tenu du fait qu’environ les deux tiers des municipalités canadiennes recyclent. Toutefois, le recyclage comprend également les systèmes de consigne gérés par le privé, dont les chaînes de supermarché. De plus, les individus peuvent également recycler ailleurs qu’à leur domicile, comme au bureau ou à l’école. </p>
<p>Par ailleurs, les répondants au sondage indiquent nettoyer les plastiques avant de les mettre dans le bac de recyclage. De plus, ils gardent leurs déchets dans des piles séparées de verre, de plastique, de papier et de métal. On note également qu’ils jettent les piles usagées dans un conteneur de collecte approprié, plutôt que dans la poubelle. Concernant la perception, ils ajoutent que le recyclage à la maison ne prend ni beaucoup de temps ni beaucoup de travail.</p>
<ul>
<li><strong>Un système de recyclage inefficace</strong></li>
</ul>
<p>Pour 82 % des répondants, le système actuel n’est pas efficace. Selon eux, le plastique collecté n’est pas correctement recyclé pour être réutilisé comme matières premières dans la production de nouveaux produits. Ils sont conscientisés sur le fait que le tri en amont est une étape très importante du processus de recyclage. Même s’ils estiment qu’il est difficile de savoir exactement quels articles en plastique sont recyclables ou non dans le système actuel, ils font tout de même confiance à leur perception et à leurs connaissances pour trier à la maison.</p>
<ul>
<li><strong>Des achats de plus en plus écoresponsables</strong></li>
</ul>
<p>L’enquête révèle que les Canadiens sont prêts à utiliser des sacs réutilisables pour acheter des fruits et légumes, plutôt que d’utiliser les sacs en plastique dans les magasins. De plus, la majorité est disposée à participer à des programmes qui leur offrent les produits essentiels du quotidien dans des emballages réutilisables et recyclables.</p>
<p>Aussi, ils sont nombreux à acheter des produits et des services respectueux de l’environnement, soit des produits fabriqués à partir de plastiques recyclés (plutôt qu’à partir de nouveaux plastiques). De même, ils privilégient l’achat d’articles dans des emballages en papier.</p>
<ul>
<li><strong>L’enjeu du recyclage des emballages souples</strong></li>
</ul>
<p>Enfin, les répondants indiquent ne pas opter pour des contenants en bioplastique et ne participent pas aux programmes de collecte de certains types de plastique (par exemple, des emballages souples) qui ne sont pas couramment recueillis par le système de recyclage actuel.</p>
<p>Au vu de ces résultats, il apparaît que les consommateurs font preuve de bonne volonté et d’une diligence prudente. Toutefois, il faut se questionner sur la responsabilité des producteurs, distributeurs, transporteurs et recycleurs, dont les décisions ont structuré de facto le système — aujourd’hui perçu comme défaillant — et, par extension, les politiques publiques, qui ne sont pas à la hauteur des enjeux.</p>
<h2>Pistes d’amélioration souhaitées</h2>
<p>Les consommateurs estiment ainsi faire leur part et que l’amélioration du système de recyclage devrait donc s’effectuer à d’autres niveaux qu’au leur. Plusieurs changements ont été mentionnés en ce sens :</p>
<p>1) L’offre de produits, contenants et emballages réutilisables ou recyclables, car les consommateurs sont fortement enclins à les utiliser ;</p>
<p>2) 56 % des consommateurs souhaiteraient un système de consignation pour certains contenants en plastique ;</p>
<p>3) 52 % aimeraient des points de dépôt (par exemple dans les grands magasins) pour les emballages en plastique souple qui ne sont pas systématiquement collectés ;</p>
<p>4) 42 % souhaiteraient des contenants réutilisables lorsqu’ils se font livrer de la nourriture à domicile ;</p>
<p>5) 30 % souhaiteraient des magasins sans emballages.</p>
<p>Cette enquête révèle que les consommateurs canadiens sont relativement préoccupés par l’environnement, ce qui influe directement sur la modification de leurs comportements en matière de recyclage des déchets. </p>
<p>Cependant, la transformation de leurs pratiques de consommation n’est pas encore correctement associée à une politique ambitieuse et claire de tri, ni à d’autres options proposées, notamment en ce qui a trait aux contenants réutilisables. Ainsi, pour l’heure, le modèle de consommation n’est pas remis en question en raison d’un manque d’éléments facilitateurs vers l’économie circulaire. </p>
<p>Ce constat appelle ainsi des changements plus profonds avec toutes les parties prenantes afin que la transition vers l’économie circulaire aille au-delà du passage d’une poubelle noire à une poubelle bleue.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213609/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Myriam Ertz a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC), du Fonds de développement académique du réseau (FODAR), et de Chaires de recherche du Canada (CRC).
Cette recherche a été soutenue financièrement par le Réseau de recherche en économie circulaire du Québec (RRECQ) et par une Subvention d’Engagement Partenarial du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Raufflet a reçu des financements des fonds de recherche du Québec et des fonds de recherche du Canada. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>ADDAR WALID a reçu une bourse de recherche de l'UQAC</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anaïs Del Bono ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les citoyens sont conscients de l’importance du recyclage. Mais cette responsabilisation individuelle camoufle les graves problèmes de fonctionnement de l’industrie du recyclage.Myriam Ertz, Professeure adjointe en marketing, responsable du LaboNFC, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Anaïs Del Bono, PhD candidate in management and strategy, specialisation in socio-ecological transitions, HEC MontréalEmmanuel Raufflet, Professor in Management and Circular Economy, HEC MontréalWalid Addar, Formal analysis-Lead, Investigation-Supporting, Validation-Supporting, Writing – original draft-Lead, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2149972023-10-11T17:23:20Z2023-10-11T17:23:20ZCe que les sédiments au fond d’un lac finlandais révèlent de la pollution aux microplastiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/552075/original/file-20231003-25-ks87tq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3596&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des chercheurs sur le lac Kallavesi (gelé) en Finlande afin de réaliser un prélèvement.</span> <span class="attribution"><span class="source"> Timo Saarinen</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le soleil brille et l’air semble étonnamment chaud alors que nous marchons sur les 35 cm de glace qui recouvrent un lac gelé du centre de la Finlande. Derrière nous, les lourds traîneaux se déplacent aisément, car il n’y a pas beaucoup de neige sur la glace aujourd’hui. Le trajet n’est pas long : nous sommes près de la ville de Kuopio, qui est entourée par le dixième plus grand lac du pays. Malgré une température de -10 °C, je dois enlever mon chapeau – le soleil de ce début mars est déjà chaud.</p>
<p>Nous ne réalisons pas cette traversée pour le plaisir du sport ou de la randonnée, mais dans le cadre d’un projet de recherche. Nous nous dirigeons avec détermination jusqu’au cœur de l’étendue gelée afin de prélever, au fond du lac, une carotte de sédiments. Cette boue – que les géologues appellent sédiments – s’y dépose lentement. La vitesse d’accumulation de la boue varie considérablement en fonction de la masse d’eau, mais dans cette baie du lac Kallavesi, environ un centimètre de sédiments se dépose chaque année. En toute logique, les nouveaux sédiments se déposent sur les anciens. À la manière d’une machine à remonter le temps, plus on creuse, plus on remonte dans le passé. On peut considérer les sédiments comme des bibliothèques contenant les histoires non racontées d’un lac. Et si l’on peut lire les mots de la carotte sédimentaire, ils racontent des histoires étonnantes.</p>
<p>Le lac Kallavesi possède un type de sédiments rare et particulier, appelés sédiments laminés annuellement, ou encore <a href="https://link.springer.com/referenceworkentry/10.1007/978-1-4020-4411-3_226">sédiments varvés</a>. Ils se composent d’une alternance successive de bandes claires et sombres, comme les cernes d’un arbre, qui peuvent être comptés à rebours du plus récent au plus ancien. On peut y retrouver celui de son année de naissance – ou celle de votre grand-mère. Ces couches de sédiments permettent de remonter à des milliers d’années en arrière.</p>
<h2>L’histoire des plastiques enterrée dans la boue</h2>
<p>Mais nul besoin de voyager aussi loin dans l’histoire : c’est la présence de <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-pollution-plastique-des-cotes-est-largement-sous-estimee-147269">particules de plastique dans les sédiments naturels</a> que nous souhaitons étudier, dans la lignée de nos recherches en cours, notamment publiées dans le <em>Journal of Soils and Sediments</em> en <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11368-023-03465-3">février 2023</a>.</p>
<p>Le recours massif au plastique a commencé il y a environ 70 ans. Depuis, neuf milliards de tonnes du matériau ont été produites, dont <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.1700782">seuls 12 % sont incinérés</a>, ce qui signifie que 7,5 milliards de tonnes se trouvent encore en circulation : recyclées et réutilisées dans le meilleur des cas, mais on les retrouve également dans des décharges ou enfouies sous terre. Et, au bout du compte, dans la nature et dans les cours d’eau.</p>
<p>Le poids de tout ce plastique est supérieur à celui de tous les habitants de la planète : il y a environ 1000 kg de plastique pour chacun d’entre nous, principalement sous forme de déchets.</p>
<p>Que ferions-nous, vous et moi, si nous devions chacun prendre en charge notre part de plastique ? Voilà à quoi je pense alors que je fore la glace. La glace épaisse nous sert de plate-forme stable, et nous permet de répartir autour de nous tous nos carottiers, scies, traîneaux, tubes, fils électriques et autres casseroles d’eau chaude. Nous utilisons des tiges métalliques pour pousser les tubes de carottage sur onze mètres au fond du lac, jusqu’aux sédiments. Quelques minutes plus tard, nous soulevons les tubes de prélèvement à la surface. Il est connu que la baie est polluée, mais nous sommes surpris par la forte odeur de pétrole qui se dégage de la carotte.</p>
<p>Le plastique étant un matériau très durable, il convient parfaitement comme tube de carottage. Cet avantage représente aussi le pire aspect du plastique : rejeté dans l’environnement, il ne se décompose pas, mais se brise en morceaux de plus en plus petits. <a href="https://oceanservice.noaa.gov/facts/microplastics.html">Les particules de moins de 5 mm sont appelées microplastiques</a>. Elles ne sont étudiées que depuis 2004, après que Richard Thompson a <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1094559">accidentellement noté leur présence</a> dans les sédiments côtiers près de Plymouth, en Angleterre. Bien qu’il s’agisse d’un domaine de recherche relativement nouveau, nous savons déjà que les microplastiques sont des polluants nocifs qui mettent en danger la vie animale, y compris la nôtre, et qu’ils sont présents partout, du sommet de l’Himalaya aux océans les plus profonds.</p>
<p>Comme les particules naturelles, les microplastiques sont transportés vers les lacs par les rivières, les pluies et le vent. Ils peuvent flotter à la surface, mais finissent par couler au fond. Là, ils seront lentement enfouis sous de nouvelles couches de sédiments. De quelle proportion a augmenté la quantité de microplastiques présents dans la nature au cours des 70 dernières années ? Pour le savoir, il faut se plonger dans les sédiments.</p>
<h2>L’art de déchiffrer les couches sédimentaires</h2>
<p>La carotte de sédiments de deux mètres est désormais posée sur la table métallique de notre laboratoire. Lorsque nous ouvrons la carotte à l’aide d’une scie, j’en ai la chair de poule : on ne sait jamais à l’avance à quoi ressembleront les sédiments.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551740/original/file-20231003-15-ga6eip.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551740/original/file-20231003-15-ga6eip.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=768&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551740/original/file-20231003-15-ga6eip.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=768&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551740/original/file-20231003-15-ga6eip.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=768&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551740/original/file-20231003-15-ga6eip.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=965&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551740/original/file-20231003-15-ga6eip.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=965&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551740/original/file-20231003-15-ga6eip.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=965&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La carotte du sédiment lacustre révèle des bandes plus claires et plus sombres qui nous permettent de remonter dans le temps.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les sédiments sont constitués à la fois de matériaux naturels et de polluants. Les matériaux détritiques (<em>c’est-à-dire provenant de la désagrégation d’une roche préexistante, ndlt</em>) tels que l’argile, le limon et le sable sont entraînés dans le lac par les crues printanières qui suivent la fonte des neiges – c’est la couche claire des sédiments du lac Kallavesi. Plus la couche claire est épaisse, plus la crue printanière a été intense et plus il y a eu de neige pendant l’hiver.</p>
<p>Les sédiments contiennent également beaucoup de matière organique, non seulement des plantes déplacées par les rivières et du pollen transporté à travers de longues distances par le vent, mais aussi des algues. Les jours d’été ensoleillés, elles fleurissent à la surface du lac et servent ainsi de buffet au zooplancton qui prospère à la surface. Lorsque ces organismes microscopiques meurent, ils coulent eux aussi au fond de l’eau et se fondent dans la vase.</p>
<p>Les sédiments témoignent également des activités humaines. Pour construire un pont ou une route, il faut creuser, ce qui peut accélérer l’érosion des sols. De fait, nos sédiments montrent des couches claires qui peuvent atteindre plusieurs centimètres d’épaisseur. On retrouve aussi de nombreux polluants enfouis dans les sédiments : nous avons découvert des traces de métaux tels que le mercure, le cuivre, le plomb et le zinc, ainsi que des <a href="https://wwwn.cdc.gov/TSP/ToxFAQs/ToxFAQsDetails.aspx?faqid=423&toxid=75">fractions d’hydrocarbures</a> et des <a href="https://www.cdc.gov/biomonitoring/PAHs_FactSheet.html">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> (HAP), qui présentent un risque écologique et sont potentiellement dangereux pour la santé. Nombre d’entre eux sont liés à la combustion de combustibles fossiles. En plus de ce cocktail chimique, les sédiments ont aussi été nourris par de grandes quantités de microplastiques.</p>
<p>Parfois, j’ai l’impression de retomber en enfance : jouer dans l’eau et la boue était mon plus grand plaisir pendant les vacances d’été. Aujourd’hui, mes activités ne sont pas très différentes : récolter de la boue, la traiter de différentes manières, la mettre dans toutes sortes de tasses et de machines. Je rentre souvent à la maison avec des vêtements couverts de taches. La différence, c’est que désormais je planifie mes sessions de jeu plus en détail, après avoir passé des semaines en laboratoire à préparer l’analyse des sédiments.</p>
<h2>Deux pas en avant, un pas en arrière</h2>
<p>Nos résultats préliminaires montrent que les quantités de métaux lourds et de fractions pétrolières ont considérablement diminué depuis les années 1970. C’est une bonne nouvelle, car cela signifie que nous avons compris la dangerosité de ces produits chimiques et que nos actions en faveur de la préservation de la nature ont porté leurs fruits. Malheureusement, ce n’est pas le cas des microplastiques : leur présence dans les sédiments augmente avec le temps.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan sur des particules microplastiques" src="https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551742/original/file-20231003-21-d0cx0j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Gros plan sur des sédiments lacustres révélant un nombre élevé de particules microplastiques. Nombre d’entre elles proviennent de plastiques à usage unique qui se retrouvent dans l’environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les matériaux les plus souvent retrouvés sont le polyéthylène, le polypropylène et le polystyrène, souvent utilisés pour les produits dits à usage unique tels que les emballages. Dans les couches annuelles, on distingue immédiatement les années 2011-2013, qui ont été marquées par d’importants travaux de construction et de dragage dans le port. Durant cette période, un grand nombre de microplastiques sont présents, avec une grande diversité dans les matériaux.</p>
<p>Avec des informations aussi détaillées, nous commençons à comprendre comment les activités humaines ont une influence directe sur les microplastiques dans l’eau. À l’avenir, nous voulons comprendre comment toutes sortes de polluants déjà présents dans la nature peuvent se fixer sur les particules de microplastiques, et ce qui se passe lorsque ces particules sont consommées par le plancton, le zooplancton et la faune qui vit au fond des lacs.</p>
<p>Il y a encore beaucoup de choses que nous ne comprenons pas sur les microplastiques et les risques qu’ils posent, mais nos connaissances s’améliorent avec chaque carotte de sédiments. Ce n’est pas du gâteau. Sauf à considérer qu’il s’agit d’un gâteau de boue…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007 pour accélérer et partager les connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, le Fonds Axa pour la Recherche a soutenu près de 700 projets dans le monde entier, menés par des chercheurs originaires de 38 pays. Pour en savoir plus, consultez le site Axa Research Fund ou suivez-nous sur Twitter @AXAResearchFund.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214997/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Saija Saarni a reçu des financements de AXA Resesarch Fund. </span></em></p>Depuis les années 50, on a produit des milliards de tonnes de plastique, dont la majeure partie se retrouve dans l’environnement, jusqu’au fond des lacs finlandais.Saija Saarni, Senior research in geology, University of TurkuLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2119622023-09-17T14:46:42Z2023-09-17T14:46:42ZVers des plastiques biodégradables et recyclables ? La piste des « PHAs » progresse<p>Les plastiques sont omniprésents dans notre vie de tous les jours. Leur production ne cesse de croître depuis 1950 et atteint aujourd’hui plus de 460 millions de tonnes par an. Malgré les préoccupations environnementales et sociétales liées aux déchets plastiques, <a href="https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=1143_1143484-co6fh5owq0&title=Perspectives-mondiales-des-plastiques-Scenarios-d-action-a-l-horizon-2060-L-Essentiel">leur consommation devrait plus que doubler d’ici à 2060 pour atteindre 1 231 millions de tonnes annuelles</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, il est difficile de se passer des plastiques, notamment pour des raisons d’hygiène et de sécurité alimentaire et médicale. Grâce à leurs propriétés ajustables, ce sont aussi les matériaux les plus produits au monde derrière le ciment et l’acier, avec des applications innombrables dans notre vie quotidienne : emballages, construction (adhésifs, revêtements, canalisations, fenêtres, isolation…), mobilité et transports (automobile, aviation, nautisme…), électronique et électrique (téléphone portable, appareils ménagers…), énergie, agriculture, santé et soins, textile entre autres. En Europe, la <a href="https://infos.ademe.fr/magazine-juillet-ao%C3%BBt-2022/faits-et-chiffres/plastique-peut-on-sen-passer/">France figure parmi les pays les plus gros consommateurs de plastiques, avec 70 kilogrammes utilisés annuellement par habitant</a>.</p>
<p>Mais, sur les environ <a href="https://www.unep.org/interactives/beat-plastic-pollution/?lang=FR">8,3 milliards de tonnes de plastiques produites dans le monde au cours des 70 dernières années, 50 % sont à usage unique, seulement 12 % sont incinérés et moins de 10 % sont recyclés</a>. De nombreux <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dechets-plastiques-65998">déchets plastiques</a> se retrouvent disséminés sur la terre, dans les océans, les rivières et les lacs, et persistent durant des dizaines voire des centaines d’années, ce qui met en danger les écosystèmes, la santé publique et la sécurité sanitaire au niveau mondial.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/recyclage-et-valorisation-des-dechets-plastiques-comment-ca-marche-149288">Recyclage et valorisation des déchets plastiques : comment ça marche ?</a>
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<p>En avril dernier, les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/04/17/le-g7-promet-de-mettre-fin-a-sa-pollution-plastique-en-2040-un-horizon-lointain_6169816_3244.html">pays du G7 se sont engagés à réduire à zéro leur pollution plastique d’ici à 2040</a>. Au-delà des efforts législatifs et de ceux des citoyens, il s’agit d’aller vers une économie circulaire : supprimer les plastiques jetables et non recyclables et optimiser l’ensemble de leur cycle de vie (de la conception à la fin de vie).</p>
<p>Parmi les diverses solutions envisagées par les chercheurs, les polyhydroxyalcanoates, dits PHAs, constituent une famille de plastiques qui a le vent en poupe : les <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biotechnologies/des-plastiques-extraits-des-plantes-4146.php">PHA naturels sont extraits des plantes</a>, mais ils peuvent être aussi produits par biosynthèse ou par synthèse chimique. Actuellement, les <a href="https://doi.org/10.1002/anie.202302101">chimistes</a> des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37024718/">polymères</a> <a href="https://www.science.org/doi/full/10.1126/science.adg4520">optimisent</a> les PHAs en les rendant notamment moins friables, thermiquement plus stables et <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.adh3072">surtout recyclables</a>. </p>
<h2>Qu’est-ce qu’un plastique « éco-conçu » ?</h2>
<p>Pour développer des plastiques respectueux des écosystèmes, de la biodiversité et de la santé humaine, il nous faut non seulement limiter leur usage au strict nécessaire, favoriser leur réemploi, leur recyclage, mais aussi repenser leur conception, dans un contexte de circularité et de durabilité.</p>
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<img alt="cuillères et fourchettes plastique" src="https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des couverts en plastique biodégradable.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/32782663@N00/3233133589/">drea, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les PHAs sont très variés. S’ils ne peuvent pas remplacer tous les plastiques traditionnels issus de ressources fossiles, ils présentent des propriétés intéressantes, qui permettent déjà leur utilisation, notamment comme plastiques à usage unique : emballages, sutures, pailles, cuillères, fourchettes et gobelets alimentaires. </p>
<p>Cette capacité à être modulés est importante, car c’est la variété de leurs propriétés intrinsèques qui a permis le déploiement extensif des plastiques traditionnels : légèreté, résistance, durabilité, malléabilité, et pour certains, bien connus du grand public et utilisés en très grand volume, de faibles coûts (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Poly%C3%A9thyl%C3%A8ne">polyéthylène</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polystyr%C3%A8ne">polystyrène</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polychlorure_de_vinyle">PVC</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polyt%C3%A9r%C3%A9phtalate_d%27%C3%A9thyl%C3%A8ne">PET</a>…)</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vieux-caoutchouc-cherche-nouvel-emploi-182873">Vieux caoutchouc cherche nouvel emploi</a>
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<p>Mais alors, quand ils sont à usage unique, pourquoi les PHAs sont-ils plus vertueux que des plastiques issus de ressources fossiles ? </p>
<p>Pour deux raisons : d’abord, certains sont dérivés de la biomasse, c’est-à-dire que l’on peut les fabriquer à partir de canne à sucre, maïs, huiles de cuisson usagées par exemple. Ensuite, ils sont biodégradables — notamment dans l’eau de mer ou douce — et compostables (<a href="https://theconversation.com/pourquoi-mettre-des-matieres-plastiques-dans-son-composteur-est-une-mauvaise-idee-200246">dans certaines conditions</a>) : ils se dégradent dans tous les milieux (compost, sols, eau) de façon comparable ou plus rapidement que la cellulose.</p>
<p>En fin de vie, on peut bien sûr les incinérer (comme environ <a href="https://www.nationalgeographic.fr/le-plastique-en-10-chiffres">12 % des déchets plastiques produits à l’échelle mondiale depuis 2015</a>) ou les biodégrader. </p>
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<p>Et on sait aussi les recycler : les dernières avancées en recherche montrent qu’il est possible de préparer à grande échelle en laboratoire (quelques centaines de grammes), à partir de ressources renouvelables, des PHAs plus flexibles que ceux commercialisés actuellement, stables thermiquement, tout en étant dégradables. Leur <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.adg4520">dégradation permet de retrouver les monomères initiaux, à partir desquels les polymères peuvent être à nouveau produits, et ce sur plusieurs cycles</a>, dans des conditions industrialisables douces. Précisons toutefois que ces nouveaux PHAs ne sont pas encore produits industriellement.</p>
<p>De tels PHAs présentent un cycle de vie en boucle fermée, un avantage significatif par rapport aux polyoléfines actuels (plastiques issus de ressources fossiles, pas (voire peu) dégradables) dont ils présentent des performances voisines, et ouvrent ainsi potentiellement la voie à une solution durable et circulaire à la problématique des plastiques.</p>
<p>Ainsi, le marché des PHAs produits à l’échelle industrielle devrait augmenter au cours des cinq prochaines années de 32,14 kilotonnes en 2023 à 92,41 kilotonnes en 2028, ce qui représente un <a href="https://www.marketsandmarkets.com/Market-Reports/pha-market-395.html">marché potentiel de 195 millions de dollars</a>.</p>
<h2>Comment obtenir des PHAs aux propriétés suffisamment variées pour peu à peu remplacer les autres plastiques</h2>
<p>Au sens chimique, les PHAs appartiennent à la famille des polyesters : ils présentent une fonction ester (C=O-O) qui est hydrolysable et permet ainsi la dégradation et le recyclage.</p>
<p>On les trouve dans la nature, où ils sont produits par une variété d’organismes, notamment par fermentation bactérienne des glucides ou des lipides (sucres ou huiles végétales). Ils servent de nutriments et de source d’énergie et <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biotechnologies/des-plastiques-extraits-des-plantes-4146.php">font partie du métabolisme des organismes vivants (plantes, animaux, humains)</a>. </p>
<p>Les PHAs peuvent aussi être obtenus par synthèse chimique, par des réactions de « polymérisation » : des réactifs appelés monomères (les briques constitutives, éventuellement biosourcées) s’enchaînent les uns aux autres par des liens chimiques pour former le polymère. La voie chimique permet d’élargir et de diversifier la plate-forme des PHAs actuels, notamment en introduisant des substituants et/ou des groupes fonctionnels sur chaque unité de répétition qui constitue le squelette du polymère, ou encore en associant différents types de monomères au sein d’un même polymère (on parle alors de copolymère). </p>
<p>Dans <a href="https://doi.org/10.1039/d3py00707c">nos dernières recherches</a> développées à l’<a href="https://iscr.univ-rennes.fr/">Institut des Sciences Chimiques de Rennes</a> (CNRS/Université de Rennes), nous avons par exemple montré que l’introduction de soufre dans les PHAs conduit à des polythioesters (présentant une fonction « thioester » (C=O-S) plus facilement dégradable que celle d’un polyester) avec une stabilité thermique distincte de celle de leurs analogues oxygénés — les PHAs.</p>
<p>Les réactions de polymérisation, conduisant à un polymère ou copolymère de microstructure chimique bien définie au sein duquel l’enchaînement de chacune des briques de monomères est contrôlé, peuvent être réalisées grâce à l’emploi de « catalyseurs » spécifiques (des composés organiques ou métalliques qui promeuvent la réaction chimique). Les propriétés thermiques (température de fusion, de dégradation) et mécaniques (dureté, souplesse, élongation…) de tels PHAs réguliers peuvent ainsi être modulées selon l’application envisagée.</p>
<p>Ainsi, <a href="https://pubs.rsc.org/en/content/articlelanding/2023/py/d2py01573k">nous avons récemment montré</a> le rôle essentiel du catalyseur de polymérisation, combiné à la présence de groupes sur le monomère initial, pour obtenir des PHAs avec ces substituants positionnés avec régularité le long de la chaîne principale du polymère, qui présentent alors des caractéristiques thermiques ajustables.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-08-CP2D-0001">BIOPOLYCAT</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211962/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Guillaume est membre (ancienne présidente) du Groupe Français des Polymères (GFP) et de la Société Chimique de France (SCF), et représentante nationale à la Division Polymères de l'Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC), sans en recevoir de financements.
Le groupe de recherche de S. Guillaume reçoit des financements du CNRS, de l'Université Rennes, de la région Bretagne, de Rennes Métropole, de l'ANR, de l'Europe et de certaines entreprises (de gré à gré) dans le contexte de ses activités de recherche, mais sans aucun financements directs.</span></em></p>Les polyhydroxyalcanoates peuvent être biosourcés, mais surtout, on découvre comment les recycler… plusieurs fois.Sophie Guillaume, Directrice de recherche CNRS en chimie des polymères, Université de RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2067782023-05-31T16:21:40Z2023-05-31T16:21:40ZPodcast « Zootopique » : Stressé comme un poisson dans l’eau<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/529313/original/file-20230531-23-2p7b3q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C0%2C3967%2C2982&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les poissons sont soumis à de nombreux stress, notamment à cause du changement climatique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/ePvBOHsAA54">Jean Wimmerlin/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/7f7f5b1b-ba8f-4be1-833e-f8c62a47f850/64760bff28633f0011d95c3d" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>« Zootopique » est une série de podcasts réalisés en partenariat avec l’Anses (Agence nationale sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui interroge nos relations avec les animaux au prisme de la santé. Après une première saison portant sur des thèmes aussi variés que le déclin des abeilles ou les maladies portées par les moustiques et les tiques, nous vous proposons une deuxième saison.</p>
<p>Pour ce deuxième épisode, Morgane Danion, chargée de projets scientifiques en immuno-écotoxicologie dans l’unité VIMEP de l’Anses et Thierry Morin, responsable de l’unité de virologie, immunologie et écotoxicologie des poissons à l’Anses font le point sur la santé des poissons. </p>
<p>Entre pollutions, virus et changement climatique, comment se portent-ils ? Quelles sont les espèces les plus menacées ? Que faire pour les protéger ?</p>
<p>Alors, stressé comme un poisson dans l’eau ?</p>
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<p><em>Crédits : Conception : Anses et The Conversation France. Réalisation : <a href="https://www.moustic-studio.com/">Moustic Studio</a>. Animation : Benoît Tonson.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206778/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Entre pollutions, virus et changement climatique comment se portent les poissons ? Que faire pour les protéger ?Thierry Morin, Responsable de l’unité de virologie, immunologie et écotoxicologie des poissons, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Benoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceMorgane Danion, Chargée de projets scientifiques en immuno-écotoxicologie, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2002462023-03-21T17:49:30Z2023-03-21T17:49:30ZPourquoi mettre des matières plastiques dans son composteur est une mauvaise idée<p>Les Français ont pris l’habitude de trier leurs déchets quotidiens – emballages plastiques, papier ou <a href="https://theconversation.com/dechets-verts-et-alimentaires-des-detritus-sous-exploites-77112">biodéchets</a> (déchets de cuisine, de repas ou de jardin). Le <a href="https://theconversation.com/temoignage-compostou-une-recherche-action-au-service-des-ecosystemes-et-de-la-population-143570">compostage domestique</a> s’est ainsi largement répandu dans l’habitat individuel. Les composts obtenus permettent ainsi aux particuliers d’enrichir la terre de leurs jardins en matière organique. Dans le cas de l’habitat collectif, des composteurs de proximité offrent parfois la possibilité de déposer des biodéchets, ce qui nécessite davantage d’organisation et de suivi pour les utilisateurs.</p>
<p>Ces pratiques sont appelées à se développer de plus en plus : dès le 31 décembre 2023, il sera en effet interdit de jeter ses biodéchets dans la poubelle classique. Conformément à la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000041553759/">loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire</a>, ils devront être triés à la source afin d’être valorisés.</p>
<p>Par dérogation, l’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045393787">arrêté du 15 mars 2022</a> autorisera la collecte conjointe de certains <a href="https://theconversation.com/plastiques-la-delicate-question-du-cycle-de-vie-des-emballages-150014">emballages</a> et déchets compostables, méthanisables et biodégradables avec ces biodéchets. Il sera alors possible d’éliminer avec ces derniers des sacs en papier-carton ou en matières plastiques dites « compostables en compostage domestique ».</p>
<h2>« Matières plastiques compostables »</h2>
<p>Ces dernières sont, comme toutes les autres matières plastiques, des mélanges composés de polymères et d’additifs. Les constituants de ces mélanges ont, en général, pour origine des substances chimiques issues du pétrole, mais ils peuvent également provenir de la biomasse, avec une origine végétale (ex : la cellulose issue du bois) ou animale (ex : la caséine du lait).</p>
<p>Certaines matières plastiques briguent le titre de matières plastiques biosourcées, même si elles ne sont qu’en partie fabriquées à partir de ressources issues de la biomasse. Aujourd’hui, la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000042883258/2021-01-01">teneur minimale en matières biosourcées</a> (50 % depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2020) est uniquement réglementée pour les produits en plastique à usage unique.</p>
<p>Pour les autres applications, aucun seuil réglementaire n’est imposé en cas de revendication « biosourcée ».</p>
<h2>Des critères définis par deux normes</h2>
<p>Les matières plastiques dites compostables doivent répondre à deux critères : être biodégradables, c’est-à-dire être décomposées naturellement par des organismes biologiques (micro-organismes, etc.) et se dégrader dans des conditions de laboratoires spécifiques bien définies (température, durée du procédé, hygrométrie, etc.).</p>
<p>Selon celles appliquées (telles que la température et la durée de l’essai), on parle alors soit de compostage industriel (40-50 °C, 6 mois), soit de compostage domestique (25 °C, 12 mois).</p>
<p>L’ensemble de ces conditions est défini dans deux normes : la norme européenne <a href="https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/nf-en-13432/emballage-exigences-relatives-aux-emballages-valorisables-par-compostage-et/fa049121/454">NF EN 13432:2000</a> pour le compostage industriel des emballages et la norme <a href="https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/nf-t51800/plastiques-specifications-pour-les-plastiques-aptes-au-compostage-domestiqu/fa060127/1525">NF T51-800:2015</a> pour le compostage domestique des matières plastiques.</p>
<h2>Matières plastiques et compost domestique</h2>
<p>Pour satisfaire aux exigences de compostabilité en milieu domestique décrit dans la norme NF T51-800 :2015, les matières plastiques estampillées « compost domestique » se doivent de répondre aux critères suivants :</p>
<p>Le matériau à tester ne doit pas contenir de substances préoccupantes pour la santé humaine et l’environnement telles que des substances CMR (Cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction), des perturbateurs endocriniens, etc.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<hr>
<p>Sous l’effet du compostage, à une température inférieure à 30 °C, le matériau doit se fragmenter en petits morceaux. À l’issue de 12 semaines d’essai, seuls 10 % de la masse initiale du matériau doit présenter une taille supérieure à 2 mm. Les résidus de désintégration dans le compost doivent être non distinguables à l’œil nu (distance de 0,5 m).</p>
<p>Dans un délai de 12 mois, au moins 90 % des constituants du matériau doivent se biodégrader pour donner de l’eau, du gaz carbonique et de la biomasse microbienne. Aucun impact négatif sur la qualité du compost ne doit être observé à l’issue du test de compostabilité.</p>
<h2>Des tests peu applicables en compost domestique</h2>
<p>Les conditions de test présentées dans la norme NF T51-800 :2015 se sont pas facilement transposables dans un composteur domestique. Il ne peut, par exemple, pas y avoir une température d’essai constante à 25 °C pendant 12 mois.</p>
<p>La norme T51-800 :2015 précise en outre que les essais doivent se dérouler avec seulement 1 % en masse de matières plastiques alors que les particuliers vont continuer à alimenter leurs composteurs en biodéchets (et donc éventuellement en matières plastiques compostables). Il est ainsi impossible de garantir que tous les matériaux dits compostables se dégraderont en un an si ce taux recommandé par la norme NF T51-800 est dépassé.</p>
<p>Dans ces conditions de test, le taux minimal de biodégradation à respecter est de 90 % après une période d’essai de 12 mois. Or, aucune étude supplémentaire n’est exigée sur les 10 % restant des constituants qui ne se seraient pas dégradés. Donc, si certains d’entre eux présentent un caractère dangereux pour l’humain et l’environnement, ils risquent d’être épandus dans le jardin domestique et <em>in fine</em> contaminer les aliments cultivés.</p>
<h2>Compostage domestique vs industriel</h2>
<p>L’Ademe a également démontré <a href="https://librairie.ademe.fr/produire-autrement/530-compostage-domestique-et-industriel-des-sacs-plastiques-compostables-domestiquement-et-des-sacs-en-papier.html">dans une étude</a> que le taux de désintégration de certains sacs en matières plastiques dites compostables était inférieur à celui préconisé dans la norme <a href="https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/nf-t51800/plastiques-specifications-pour-les-plastiques-aptes-au-compostage-domestiqu/fa060127/1525">NF T51-800</a>, en raison d’un brassage insuffisant du contenu du composteur par les utilisateurs. Il restait alors des fractions de taille supérieure à 2 mm.</p>
<p>Le processus de compostage domestique est moins performant qu’un compostage industriel puisque la température d’essai est moins élevée (25 °C contre 55 °C environ). Il ne s’applique pas à toutes les matières plastiques dites compostables car certaines ne se dégradent pas dans un composteur domestique. Il faut donc d’abord les faire collecter par des professionnels afin qu’elles soient orientées vers des composteurs industriels et valorisées.</p>
<p>Comme il n’est légalement pas possible d’aller vérifier chez les particuliers si les matériaux et les utilisateurs respectent toutes les exigences figurant dans la norme de compostage domestique, l’Anses incite les pouvoirs publics <a href="https://www.anses.fr/fr/proscrire-matieres-plastiques-biodegradables-compost">à interdire l’introduction de matières plastiques</a> (compostables ou non) dans des composteurs domestiques, une contamination de l’environnement ou des cultures locales ne pouvant être exclue après l’épandage d’un compost par un particulier. Elle fonde cet avis sur un <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/CONSO2021SA0202Ra.pdf">rapport d'expertise collective</a>, qui présente une synthèse des connaissances scientifiques disponibles à ce sujet. </p>
<p>Elle recommande que ces matières plastiques soient collectées puis triées par les industriels en vue de faire l’objet d’un traitement approprié (compostage industriel, méthanisation, recyclage, etc.).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La capacité de biodégradation des matières plastiques dites « compostables » dépend de certaines conditions qu’il n’est pas toujours possible de garantir en compostage domestique.Stéphane Leconte, coordinateur scientifique, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Aurélie Mathieu-Huart, adjointe à la cheffe d'unité Evaluation des valeurs de référence et des risques des substances chimiques, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Isabelle Manière Guerrero, coordinateur scientifique, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1901072023-03-07T14:04:04Z2023-03-07T14:04:04ZLes milliards de masques utilisés depuis le début de la pandémie menacent la faune<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/483347/original/file-20220907-26-juby92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=37%2C44%2C4910%2C3278&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un masque de protection, utilisé comme mesure préventive contre la Covid-19, gît sur le sol d'une plage près de Barbate, dans la province de Cadix, au sud de l'Espagne, en février 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Emilio Morenatti)</span></span></figcaption></figure><p>Tout au long de la pandémie de Covid-19, le port du masque a été l’une des principales mesures de santé publique mises en œuvre pour lutter contre la maladie. Depuis mars 2020, des milliards de masques chirurgicaux jetables ont été utilisés dans le monde, ce qui soulève la question suivante : que deviennent tous ces masques usagés ?</p>
<p>En tant que chercheurs dans le domaine de la pollution par les plastiques à usage unique et les microplastiques, nous avons compris qu’une vague mondiale de pollution par résidus de plastique se préparait dès les premiers jours de la pandémie, et ce, même pendant les périodes de confinement, quand l’exercice physique se limitait à de courtes promenades dans le quartier. Masques et gants jonchaient le sol, volaient au vent et s’accrochaient aux clôtures.</p>
<p>De plus, en tant qu’écologistes, nous avions une idée des endroits où on retrouverait ces déchets : dans les nids, l’estomac des animaux sauvages ou enroulés autour de leurs pattes.</p>
<p>Au Canada, une équipe de chercheurs dirigée par la biologiste de la conservation Jennifer Provencher a <a href="https://doi.org/10.1139/er-2018-0079">étudié l’impact des résidus de plastique sur la</a> faune. Dans une étude menée lors du nettoyage d’un canal aux Pays-Bas, des biologistes du centre de biodiversité Naturalis ont constaté <a href="https://doi.org/10.1163/15707563-bja10052">que les résidus d’équipements de protection individuelle (ÉPI) présentaient une interaction avec la faune similaire à celle des autres plastiques</a>.</p>
<h2>Des effets sur la faune</h2>
<p>Dans un dessin humoristique <a href="https://www.reddit.com/r/RATS/comments/i4nv66/face_masks_for_the_win/">qui circule sur Internet</a>, un rat rentre chez lui avec des sacs d’épicerie et trouve deux autres rats allongés dans des hamacs superposés faits de masques chirurgicaux. Le rat allongé en bas s’exclame : « On trouve des hamacs gratuits partout en ville. Un vrai miracle ! »</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1294320425099571202"}"></div></p>
<p>Nous avons partagé ce dessin avec nos collègues au début de la pandémie, alors que nous enquêtions sur les déchets d’ÉPI dans les rues et les stationnements de Toronto.</p>
<p>Nous avons constaté que dans la zone que nous avons étudiée (qui couvre une superficie de Toronto équivalente à environ 45 terrains de football), plus de 14 000 masques, gants ou lingettes désinfectantes jetables s’étaient accumulés à la fin de l’année. De quoi faire des dortoirs entiers de hamacs à rats.</p>
<p>Il nous fallait comprendre l’ampleur des dommages causés à la faune sauvage par les ÉPI. Nous avons constaté que beaucoup d’autres personnes étaient également préoccupées par la situation.</p>
<h2>Des images choquantes</h2>
<p>Après avoir mené une enquête mondiale en consultant les comptes des réseaux sociaux portant sur les interactions de la faune avec les résidus d’ÉPI, nous avons découvert des images choquantes : un hérisson pris dans un masque, les élastiques emmêlés dans ses piquants. Une minuscule chauve-souris, les élastiques de deux masques enroulés autour d’une de ses ailes. Un nid, rempli d’œufs blanc ivoire, isolé par des plumes duveteuses et un masque en tissu.</p>
<p>Beaucoup de ces animaux sont morts, mais la plupart étaient vivants au moment où ils ont été observés, et certains ont pu être libérés de leur piège de plastique par les personnes qui les avaient pris en photo.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CDAB4MQBCKO","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>En tout, nous avons trouvé 114 cas d’interactions entre la faune et des déchets d’ÉPI, signalés sur les réseaux sociaux par des personnes inquiètes, partout dans le monde. La plupart des animaux sauvages étaient des oiseaux (83 %), mais des mammifères (11 %), des poissons (2 %), des invertébrés tels qu’une pieuvre (4 %) et des tortues de mer (1 %) ont également été observés.</p>
<p>La majorité des observations provenaient des États-Unis (29), de l’Angleterre (16), du Canada (13) et de l’Australie (11), ce qui s’explique probablement à la fois par l’augmentation de l’accès aux appareils mobiles et le fait que les mots-clés de notre recherche étaient en anglais. Les observations provenaient également de 22 autres pays répartis sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.</p>
<h2>Peser le pour et le contre</h2>
<p>Alors que l’on <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.0c02178">estime à 129 milliards le nombre de masques utilisés chaque mois dans le monde</a>, comment pouvons-nous, en tant qu’écologistes et chercheurs en environnement, dire aux gens de partout sur la planète confrontés à une pandémie mondiale d’utiliser moins de masques ? C’est tout simplement impossible.</p>
<p>Les masques N95 ont joué un rôle essentiel dans la réduction de la transmission de la Covid-19 et, bien qu’ils soient plus néfastes pour l’environnement que les masques en tissu, <a href="https://doi.org/10.1021/acs.chas.1c00016">leur bénéfice pour la santé est incontestablement</a> supérieur.</p>
<p>Alors, qu’aurions-nous pu faire de mieux ? Lors de notre recherche sur les déchets provenant des ÉPI, nous avons constaté une profusion de masques et de gants jetés à proximité des poubelles publiques.</p>
<p>Nous avançons une hypothèse : l’absence de messages clairs, de la part des municipalités et des provinces, sur les bonnes façons de se débarrasser des ÉPI, ainsi que notre réticence à nous rassembler près des endroits où ils sont jetés, ont probablement contribué à ce phénomène de pollution mondiale.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une poubelle publique remplie d’EPI et de masques chirurgicaux jusqu’au point de débordement" src="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Développer de meilleurs moyens pour que les gens se débarrassent de leurs déchets EPI pourrait aider à empêcher les masques chirurgicaux usagés de finir dans l’environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Améliorer les façons dont on peut se débarrasser des ÉPI usagés pourrait contribuer à éviter que des masques usagés ne se retrouvent dans la nature.</p>
<p>Les leçons tirées de cette expérience peuvent encore être mises en œuvre pendant que nous continuons à subir les vagues de cette pandémie ; l’utilisation des masques n’est pas encore révolue. Notre recherche se poursuit et nous surveillons l’accumulation de déchets d’ÉPI qui se retrouveront probablement dans d’autres nids et autour des corps d’autres animaux.</p>
<p>Si une augmentation de l’utilisation de plastique à usage unique causée par la Covid-19 était probablement inévitable, la hausse de la pollution plastique aurait quant à elle pu être atténuée grâce à des investissements dans la sensibilisation du public et à des modifications des infrastructures de gestion des déchets. Masques et autres ÉPI auraient ainsi pu être éliminés et traités correctement, avec un minimum de rejets dans l’environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190107/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Des milliards de masques et autres équipements de protection individuelle ont été utilisés tout au long de la pandémie. Contenant du plastique, ces articles nuisent à la faune et à son environnement.Shoshanah Jacobs, Associate Professor, Integrative Biology, University of GuelphJackie Saturno, Research Associate, Dalhousie UniversityJustine Ammendolia, PhD Student, Resource and Environmental Studies, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1968942023-01-16T18:20:34Z2023-01-16T18:20:34ZExposition alimentaire au plastique, méfions-nous des fausses solutions de remplacement<p>La pollution plastique est omniprésente dans nos environnements, y compris nos lieux de vie et de travail. Et elle est désormais largement médiatisée, notamment à travers des reportages rapportant la <a href="https://theconversation.com/pollution-des-oceans-par-le-plastique-des-solutions-existent-74336">contamination des océans par des macroplastiques</a>.</p>
<p>Les images frappantes de cette pollution peuvent paraître loin de nous, mais elles ne doivent pas occulter qu’en lien avec cette pollution médiatisée, une autre contamination, invisible, existe et affecte l’être humain et sa santé, et les écosystèmes : celle des microplastiques et des nanoplastiques.</p>
<p>Cette contamination provient de l’érosion des macroplastiques qui conduit à la formation de particules plus petites. Dans la littérature scientifique, les microplastiques sont souvent définis comme des particules dont les tailles ou dimensions ne dépassent pas 5 mm, sans limite inférieure définie.</p>
<p>Pour les nanoplastiques, celles-ci ne doivent pas être supérieures à 0,1 micron soit 1/10000<sup>e</sup> de millimètres. De manière assez instinctive, il était facile d’anticiper que les particules les plus petites puissent pénétrer dans les organismes, mais cette démonstration n’avait jamais été faite jusqu’à récemment.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<h2>Des microplastiques dans le sang humain</h2>
<p>En 2022, une étude entreprise par plusieurs équipes néerlandaises a démontré pour la première fois la présence de microplastiques dans le sang humain de 22 volontaires sains <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412022001258">à une concentration moyenne de 1,6 mg/L</a>.</p>
<p>Cette détection concerne des plastiques de nature très différente : le polyéthylène téréphtalate (PET), qui compose par exemple les bouteilles d’eau, le polyéthylène, utilisé pour produire des contenants alimentaires, et le polystyrène, employé pour emballer les produits frais et pour les pots de yaourt par exemple.</p>
<p>Il est à noter que l’étude s’est uniquement focalisée sur des particules dont la taille est supérieure à 700 nm et qu’aucune information n’est encore disponible pour les particules de taille inférieure, dont de nombreuses formes de nanoplastiques.</p>
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<figcaption><span class="caption">Microplastics detected in human blood for the very first time (Down to Earth, 25 mars 2022).</span></figcaption>
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<h2>Des effets sanitaires chez l’animal</h2>
<p>Si aucun effet sur la santé chez l’être humain n’est associé à ces observations dans cette étude, des travaux menés chez l’animal ou à l’aide de modèles cellulaires (pour certains, humains) rapportent de nombreux effets biologiques des microplastiques <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32111046/">dont des lésions cellulaires, un stress oxydant ou des dommages à l’ADN</a>.</p>
<p>Ces effets pourraient être liés aux microplastiques eux-mêmes, mais aussi à des substances véhiculées par ceux-ci, les microplastiques servant alors de vecteurs. Certaines de ces substances rentrent dans la composition même de certains plastiques, comme des bisphénols ou des phtalates.</p>
<p>Globalement, cette contamination peut se traduire par des processus inflammatoires ou fibrosants, effets déjà observés chez l’être humain via d’autres voies d’entrée telles que les voies aériennes avec le poumon comme cible <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28531345/">chez les travailleurs de l’industrie plastique</a>.</p>
<h2>Migration dans l’aliment ou la boisson</h2>
<p>Comment expliquer cette contamination de volontaires sains ? Elle provient tout simplement de la chaîne alimentaire, bien que cette voie d’exposition aux microplastiques soit encore difficile à caractériser ou à quantifier avec des résultats extrêmement variables allant de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30861380/">0,2 mg par an</a> à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33130380/">0,1-5 g par semaine</a>.</p>
<p>De très nombreuses études (plus de 1000) démontrent toutefois clairement une migration dans l’aliment ou la boisson de plusieurs molécules depuis les plastiques à leur contact. C’est le cas par exemple des bouteilles de sport réutilisables en plastique qui relarguent de très nombreux composés, d’autant plus que ces contenants <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35091188/">sont lavés au lave-vaisselle</a>.</p>
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<p>Une manière efficace de prévenir les risques que pourrait représenter la présence de microplastiques et de nanoplastiques pour notre santé serait de réduire les expositions, en particulier au niveau du bol alimentaire. Une évolution des pratiques à l’échelle de chaque consommateur est essentielle, notamment pour les organismes les plus vulnérables comme les embryons, les fœtus, les jeunes enfants ou les adolescents dont les systèmes de détoxication sont immatures et pour lesquels les processus de développement sont en cours.</p>
<p>D’autant plus que l’exposition de ces populations par unité de masse corporelle est plus élevée que celle d’un adulte, majorant les risques pour leur santé.</p>
<h2>Pistes de pratiques plus vertueuses</h2>
<p>Un tel changement passe par la réduction de la consommation de produits transformés ou bruts emballés, la moindre utilisation de contenants en plastique ou composés en partie de plastique (type gobelet en carton, cartons de pizzas) ou la diminution du stockage ou de la cuisson ou du réchauffage d’aliments dans des contenants en plastique – par exemple par utilisation d’un four aux micro-ondes.</p>
<p>Car il est bien démontré que la chaleur favorise la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33905306/">détérioration des composants en plastique</a> et leur <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304389422017769">migration des particules dans les aliments</a>.</p>
<p>Ces pratiques vertueuses permettraient aussi de baisser la charge globale de notre environnement et de nos écosystèmes en micro et nanoplastiques conduisant naturellement à une diminution de la contamination de notre bol alimentaire.</p>
<p>En 2025, un <a href="https://agriculture.gouv.fr/restauration-collective-accompagnement-pour-la-mise-en-oeuvre-des-mesures-egalim">versant de la loi « Egalim »</a> s’appliquera à la restauration collective (spécialement les cantines scolaires) avec l’interdiction des contenants en plastique à usage unique.</p>
<p>Pour quelles alternatives ? Le choix de matériaux de substitutions comme le verre, l’acier inoxydable ou les contenants en cellulose (composant de la paroi des végétaux), bambou ou bioplastiques, revient aux communes.</p>
<h2>L’illusion des bioplastiques</h2>
<p>Les contenants en bioplastique constituent une solution de remplacement pratique, largement utilisée par l’industrie agroalimentaire, en raison d’un poids plus léger que les contenants historiques et supposés inertes en inox ou en verre.</p>
<p>En quoi consistent ces matériaux ? Les bioplastiques sont issus de plantes mais sont mélangés à des matériaux synthétiques afin d’obtenir des produits dont l’étanchéité est équivalente à celle des plastiques classiques.</p>
<p>Du fait de leur préfixe « bio », ils donnent au consommateur l’illusion d’un produit naturel et sans risque pour la santé. Sur le plan réglementaire, ils devraient subir les mêmes tests que les autres contenants en plastique, et leur migration vers le contenu alimentaire est aussi limitée à 60 mg/kg de denrées.</p>
<p>Malheureusement, un nombre restreint de tests (principalement sur les effets sur l’ADN) sont réalisés et aucun n’est entrepris quant à leurs potentiels effets de perturbateurs endocriniens. Ainsi, leur innocuité pour l’être humain n’est aucunement prouvée au regard de la littérature scientifique la plus récente. Enfin, pour ce qui est de leur biodégradabilité, elle génère dans tous les cas des microplastiques.</p>
<h2>Gare aux « alternatives »</h2>
<p>Ces éléments sont importants à rappeler dans un contexte où des alternatives sont parfois proposées pour limiter l’impact environnemental de toutes formes de pollutions (biocarburants, hydrogène « vert », cigarettes électroniques…) sans une évaluation correcte et aboutie de leur effet propre. Ainsi, <a href="https://theconversation.com/perturbateurs-endocriniens-pourquoi-les-remplacants-du-bisphenol-a-posent-aussi-probleme-155772">le remplacement du bisphénol A par d’autres bisphénols (S, F…)</a> soulève de nombreux questionnements dans la communauté scientifique, du fait des propriétés analogues ou des effets néfastes de ces substituts qui sont de plus en plus décrits.</p>
<p>Compte tenu de leur origine et de leur mode de fabrication, il apparaît légitime que la question soit aussi posée pour les « bioplastiques », afin que le grand public ne devienne pas à ses dépens source de contamination de l’environnement en voulant pratiquer des écogestes. L’ajout de sacs plastiques à usage unique dits « biodégradables » ou « compostables » dans les composteurs domestiques devrait ainsi être proscrit, <a href="https://www.anses.fr/fr/proscrire-matieres-plastiques-biodegradables-compost">estime l’Anses</a>, la dégradation totale de ces produits n’étant pas garantie lors du processus de compostage.</p>
<p>Nous considérons que les collectivités devraient également être bien informées de la nature des bioplastiques utilisés pour la restauration collective, afin de prendre les décisions politiques plus adaptées sur ce dossier qui concerne des millions de personnes dont des enfants, particulièrement vulnérables aux expositions environnementales.</p>
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<p><em>Le projet <a href="lien">xxx</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196894/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Xavier Coumoul a reçu des financements de la commission européenne, de l'ANR, de l'Anses, de l'Inca, de l'Inserm, de l’Université Paris Cité.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Baptiste Fini a reçu des financements de la commission européenne, de l' ANR, de l'Anses, du CNRS et du MNHN. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Cabaton a reçu des financements de l'INRAE (département Alimentation Humaine), de l'ANSES, de l'ANR, d'Ecophyto, de la Commission Européenne, et fait parti d'un projet financé par l'ANR dont JB Fini est le coordinateur scientifique. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sylvie Bortoli a reçu des financements de l'ANR, de l'Anses, de l'ITMO Cancer et de l'Inserm.</span></em></p>Des contenants de remplacement, comme les bioplastiques, sont promus pour réduire l’exposition alimentaire au plastique. Mais les connaissances sur le sujet font défaut.Xavier Coumoul, Professor of Toxicology and Biochemistry, Université Paris CitéJean-Baptiste Fini, Professeur du MNHN, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Nicolas Cabaton, Chercheur en Toxicologie, InraeSylvie Bortoli, Ingénieure de Recherche, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1869772022-08-17T13:15:31Z2022-08-17T13:15:31ZDes contaminants préoccupants, présents dans les écrans solaires et les plastiques, se retrouvent dans le Saint-Laurent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/478113/original/file-20220808-8265-q3pbp6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C12%2C3977%2C3005&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les absorbants UV et les antioxydants peuvent trouver plusieurs voies vers les milieux aquatiques, que ce soit par la dégradation des plastiques, les eaux usées ou les dépotoirs. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Environnement et Changement climatique Canada)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les absorbants ultraviolets (UV) et les antioxydants industriels sont des contaminants qui suscitent de plus en plus d’intérêt puisqu’ils se retrouvent dans une panoplie de produits qui sont utilisés quotidiennement. Ces produits incluent les écrans solaires, les crèmes anti-âge et les shampoings, mais également des matériaux comme les plastiques et les textiles, domestiques ou industriels. On les utilise principalement pour protéger notre peau et les biens de consommation des <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/psr-2016-0130/html">rayonnements UV du soleil ou des agents oxydants naturellement présents dans l’air</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-retardateurs-de-flamme-un-veritable-danger-pour-la-faune-182714">Les retardateurs de flamme, un véritable danger pour la faune</a>
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<p>Étant donné leur grande versatilité, il existe plusieurs points d’entrée pour ces contaminants dans les milieux aquatiques. Les vecteurs couramment ciblés sont les effluents des usines de traitement des eaux usées municipales, puisqu’elles recueillent les eaux issues des usages domestiques courants ainsi que les eaux des industries.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
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<p>Pour améliorer l’état des connaissances au niveau de la situation du Québec, au cours de mon projet de maîtrise, je me suis intéressée au devenir de ces contaminants dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Montréal. Avec mes collègues, nous vous présentons ici les <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.1c07932">conclusions de cette étude</a>.</p>
<h2>De la douche et des poubelles… aux poissons du fleuve Saint-Laurent</h2>
<p>Lorsque l’on prend sa douche, l’eau utilisée pour le rinçage contient des résidus de crèmes solaires, de shampoing ou d’autres produits de soin personnel utilisés et elle sera acheminée à une usine de traitement d’eaux usées. De façon similaire, la baignade dans les endroits plus touristiques peut engendrer une contamination directement dans les cours d’eau.</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S030438941730763X">Une autre source est liée à la pollution par les plastiques</a>, qui se retrouvent dans les milieux aquatiques notamment par un rejet direct dans l’environnement, par exemple lorsque des gens laissent des débris sur les plages. Il peut également y avoir un rejet indirect de plastiques, de par leur présence dans les effluents des stations de traitements des eaux usées domestiques. Lors de la dégradation des plastiques, qui se produit entre autres suite à une exposition au soleil, la salinité de l’eau ou au contact prolongé des vagues, les composés qu’ils contiennent (comme les absorbants UVs et les antioxydants industriels) peuvent migrer vers l’environnement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="filet dans un lac" src="https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une fois retrouvés dans les milieux aquatiques, les absorbants UV et les antioxydants industriels peuvent nuire aux animaux qui y vivent.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Environnement et Changement climatique Canada)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dès leur entrée dans l’environnement, ces contaminants peuvent se disperser dans les sédiments, l’eau, et même dans les organismes aquatiques, et ainsi nuire à la biodiversité et la santé des écosystèmes. En effet, certains de ces composés sont suspectés d’engendrer des effets néfastes, dont la perturbation <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.7b05057">du système hormonal chez les organismes aquatiques exposés</a> ou encore de <a href="https://doi.org/10.1007/s00244-015-0227-7">favoriser le blanchiment des coraux</a>.</p>
<p>Cependant, il importe de mieux comprendre leur répartition et leur devenir dans les milieux aquatiques afin de pouvoir évaluer le risque présentement encouru par les espèces exposées à ces contaminants.</p>
<h2>Des contaminants bien présents dans le fleuve</h2>
<p>Afin de favoriser la compréhension du devenir des polluants d’intérêt dans l’écosystème du Saint-Laurent, plusieurs types d’échantillons ont été étudiés en provenance de l’amont et de l’aval du centre de traitement des eaux usées de Montréal. Nous avons récolté de l’eau, de la matière en suspension (qui sont les particules insolubles visibles dans l’eau), des sédiments et les tissus de deux espèces de poissons, soit le grand brochet et l’esturgeon jaune.</p>
<p>Les résultats des analyses ont décelé plusieurs contaminants, ce qui confirme leur présence dans l’écosystème du Saint-Laurent. De plus, une certaine affinité pour la matière en suspension été observée, avec des concentrations plus importantes pour certains contaminants, ce qui indique l’importance d’une meilleure compréhension des risques liés à l’ingestion de la matière en suspension. En effet, cette dernière peut être une voie importante d’accumulation pour les organismes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="schéma présentant la présence de contaminants émergents dans le Fleuve" src="https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les absorbants UV et les antioxydants industriels peuvent trouver plusieurs voies vers les milieux aquatiques que ce soit par la dégradation des plastiques, les eaux usées ou les dépotoirs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Abigaëlle Dalpé-Castilloux)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>En comparant les contaminants dominants dans les deux poissons étudiés, nous avons observé une distinction importante entre l’esturgeon jaune et le grand brochet. Cette différence peut être induite par différents facteurs, comme une différence au niveau du régime alimentaire des deux organismes. Le <a href="https://mffp.gouv.qc.ca/faune/peche/poissons/grand-brochet.jsp">grand brochet</a> est un carnivore opportuniste qui se nourrit de ce qui est facilement accessible. Sa diète principale se compose de perchaudes, de meuniers, de crapets et autres.</p>
<p>En comparaison, l’<a href="https://mffp.gouv.qc.ca/faune/peche/poissons/esturgeon-jaune.jsp">esturgeon jaune</a> est un prédateur de fond qui se nourrit des petits organismes qui s’y trouvent comme des larves, des écrevisses et des petits mollusques. Cette distinction entre les modes de vie engendre une différence dans la manière dont les organismes seront exposés à la pollution et donc l’ampleur de la contamination par certains polluants. Par exemple, si un contaminant a une plus grande affinité pour les sédiments, les organismes qui vivent près du fond risquent d’être plus impactés par celui-ci.</p>
<h2>Certains contaminants sont plus préoccupants que d’autres</h2>
<p>Les résultats permettent également de mettre en lumière que le BHT, soit un antioxydant industriel, et son produit de dégradation, le BHTQ, sont les seuls composés qui ont été retrouvés dans le cerveau du grand brochet. Les effets de ces contaminants sur le système nerveux des organismes aquatiques ne sont pas bien connus pour le moment. Une étude antérieure a cependant démontré que le BHT peut s’accumuler dans le cerveau du rat et peut entraîner une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0300483X80901213?via%3Dihub">augmentation du nombre de cellules mortes</a>. À notre connaissance, il s’agit de la première observation de ces composés toxiques dans le Saint-Laurent.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="2 personnes déploient un filet dans l’eau" src="https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les concentrations de contaminants ont été mesurées chez le grand brochet et l’esturgeon jaune du fleuve Saint-Laurent.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Environnement et Changement climatique Canada)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’UV328, que l’on retrouve principalement dans les plastiques et les peintures, est une molécule d’intérêt internationale <a href="http://www.pops.int/TheConvention/ThePOPs/ChemicalsProposedforListing/tabid/2510/Default.aspx">suivie par la convention de Stockholm</a> pour ses effets dommageables sur le foie et pour son potentiel de perturbation hormonale. Sa présence a été détectée principalement dans l’esturgeon jaune, l’eau, la matière en suspension et les sédiments du fleuve.</p>
<h2>Encore des lacunes à combler</h2>
<p>L’étude réalisée a permis de mettre en lumière la présence de contaminants d’intérêt dans le fleuve Saint-Laurent et d’en cibler certains comme l’UV328 et le BHT comme plus préoccupants. En revanche, il y a toujours un manque de connaissance à combler pour pouvoir comprendre l’impact de ces contaminants sur les différents organismes qui habitent le Saint-Laurent, notamment au niveau des effets des expositions à plus long terme.</p>
<p>De plus, il est important de rappeler que les organismes aquatiques sont soumis à un mélange de plusieurs polluants et qu’il est donc essentiel d’avoir une meilleure compréhension des conséquences des interactions entre ces contaminants sur la santé des organismes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186977/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Zhe Lu a reçu des financements de Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, Environnement et Changement climatique Canada, et UQAR-ISMER pour ce projet. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Abigaëlle Dalpé-Castilloux a reçu des financements du FRQNT et du regroupement des écotoxicologues du Québec.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Magali Houde a reçu des financements d'Environnement et Changement climatique Canada.</span></em></p>Les absorbants UV et les antioxydants industriels sont utilisés dans plusieurs biens de consommation afin de les protéger des rayons UV. Ils peuvent avoir un impact sur la santé des écosystèmes.Zhe Lu, Professor, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Abigaëlle Dalpé-Castilloux, M Sc océanographie (laboratoire d'écotoxicologie marine, chimie analytique environnementale), Université du Québec à Rimouski (UQAR)Magali Houde, Chercheuse scientifique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1828732022-08-08T17:23:48Z2022-08-08T17:23:48ZVieux caoutchouc cherche nouvel emploi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/471343/original/file-20220628-13-2pslf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C5%2C1914%2C1072&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, les pneus usagés représentant plus centaines de milliers de tonnes de déchets par an — alors qu’ils ne sont qu’une partie des déchets en caoutchouc que nous produisons.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/vVLrfAzmWYw">Imthaz Ahamed, Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Sans même parfois le savoir, nous sommes entourés de caoutchouc ! Naturel et synthétique, nous le trouvons dans nos maisons, nos voitures, dans les bâtiments, les avions, les hôpitaux et sur bien d’autres lieux, en raison de ses <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/caoutchouc-un-materiau-strategique_1359667.html">propriétés très particulières</a>.</p>
<p>De nos jours, <a href="https://centre-val-de-loire.dreets.gouv.fr/sites/centre-val-de-loire.dreets.gouv.fr/IMG/pdf/Etude_caoutchouc_1ere_partie.pdf">pneumatique et caoutchouc industriel</a> sont les deux principaux secteurs consommateurs et transformateurs de matières premières en caoutchouc. Une pièce industrielle en caoutchouc est d’ordinaire à usage unique. Défectueuse ou usée, elle devient un déchet. En France, en 2020, environ <a href="https://www.syndicatdupneu.org/le-recyclage-des-pneumatiques/">508 kilotonnes de pneus sont collectées puis traitées</a>. De plus, la <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/quel-avenir-pour-les-fabricants-de-pieces-en-caoutchouc-pour-l-automobile.N1785377">crise sanitaire</a> et la <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/matieres-commandes-l-industrie-des-plastiques-ressent-les-premiers-impacts-de-la-guerre-en-ukraine.N1796372">guerre en Ukraine</a> ont provoqué des <a href="https://theconversation.com/problemes-dapprovisionnements-et-si-lon-sappuyait-sur-la-blockchain-175023">problèmes d’approvisionnement</a> et de <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/penuries-matiere-le-caoutchouc-aussi.N1217832">matières premières</a>, avec pour conséquence, une augmentation des prix et des délais. Ces évènements intensifient la nécessité du <a href="https://expertises.ademe.fr/economie-circulaire/dechets/passer-a-laction/valorisation-matiere/dossier/recyclage/recyclage-enjeu-strategique-leconomie">recyclage des caoutchoucs</a>.</p>
<p>Avec une telle omniprésence, la question sur <a href="https://theconversation.com/leconomie-circulaire-cette-notion-en-perpetuelle-evolution-178068">l’économie circulaire</a> se pose rapidement. Quels sont nos moyens d’action pour faciliter la valorisation de tous nos déchets contenant du caoutchouc ?</p>
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<p>Actuellement, la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/gestion-des-dechets-principes-generaux">gestion des déchets</a> doit respecter des réglementations contraignantes. Valorisation « matière » et valorisation « énergétique » sont deux modes de traitement appliqués aux <a href="https://record-net.org/storage/etudes/10-0911-1A/rapport/Rapport_record10-0911_1A.pdf">déchets caoutchoutiques</a>. Il est alors possible d’utiliser par exemple le déchet après traitement comme une matière première destinée à une nouvelle fabrication ou l’énergie générée à la suite de sa dégradation.</p>
<h2>Pourquoi le caoutchouc est-il si indispensable ?</h2>
<p>Imperméable, élastique, fortement déformable (parfois jusqu’à 600 %), amortissant aux chocs ou rebondissant, les propriétés de chaque caoutchouc sont tributaires de sa <a href="https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Elastomere-page-2.html">nature chimique</a> et des différents ingrédients qui le composent.</p>
<p>Ils rivalisent pour s’adapter au mieux au cahier des charges du produit à fabriquer. Pour une même application, plusieurs caoutchoucs peuvent être choisis et donc les performances seront sensiblement différentes. Par exemple, une <a href="https://maindifference.net/difference-between-rubber-and-silicone/">tétine en silicone, comparée à une tétine en caoutchouc naturel</a> est dépourvue de goût, possède une durée de vie supérieure mais est plus fragile aux coups de dents de bébé.</p>
<p>Le caoutchouc naturel est <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1961/10/03/le-caoutchouc-quatre-siecles-d-histoire_2270801_1819218.html">connu depuis des siècles</a> : le peuple Maya l’employait déjà. Sa matière première est d’origine végétale : le latex, produit laiteux extrait de l’arbre hévéa. Il est récolté en effectuant des saignées directement sur l’écorce de cet arbre. La première forme de caoutchouc synthétique apparaît dès la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. Il est principalement obtenu à partir de dérivés d’hydrocarbures ou appartient à la famille des <a href="https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Silicone.html">silicones</a>.</p>
<p>La <a href="https://lelementarium.fr/product/caoutchoucs-elastomeres-resines-styreniques/">consommation de caoutchouc</a> en 2020 se répartit entre 47 % pour le caoutchouc naturel contre 53 % pour le caoutchouc synthétique dans le monde.</p>
<p>Très complexe, le caoutchouc est un mélange de gommes (le ou les caoutchoucs purs), d’agents vulcanisant, de « charges » telles que le noir de carbone et d’autres ingrédients en <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/materiaux-th11/caoutchoucs-42615210/matieres-premieres-du-caoutchouc-am8010/">fonction des propriétés recherchées</a>.</p>
<h2>Difficile de valoriser un caoutchouc usé… mais pas impossible !</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="pneu et poudrette de caoutchouc" src="https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Valorisation de caoutchouc usé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie-Pierre Deffarges</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>L’obstacle majeur à son recyclage réside dans le caractère irréversible de sa fabrication. Il est prêt à l’emploi après avoir subi un processus chimique, qui le fait passer d’un état « non vulcanisé » ou « cru », c’est-à-dire mou, déformable et sans tenue mécanique, à un état « vulcanisé » ou « cuit », c’est-à-dire dur et impossible à fondre.</p>
<p>La vulcanisation est décrite par une ou plusieurs réactions de réticulation. Le caoutchouc est un <a href="https://culturesciences.chimie.ens.fr/thematiques/chimie-des-materiaux/polymeres/materiaux-polymeres-architecture-macromoleculaire">polymère</a> décrit schématiquement par de longues chaînes macromoléculaires maintenues entre elles grâce à l’existence de liaisons <a href="https://zhao.recherche.usherbrooke.ca/cours/polymer_introduction.pdf">secondaires</a>.</p>
<p>La réaction de vulcanisation se déclenche en présence d’agent(s) vulcanisant(s) (ou réticulant(s)). Ces agents sont constitués de molécules qui réagissent sur certains sites de la chaîne polymère pour créer des ponts chimiques qui sont des liaisons fortes covalentes. L’agent permet donc de relier les chaînes macromoléculaires entre elles, ce qui rend le matériau dur et résistant. Historiquement, le premier agent vulcanisant est le soufre et le terme, en anglais (<em>vulcanization</em>) <a href="https://new.societechimiquedefrance.fr/wp-content/uploads/2019/12/et-407.pdf">provient du mot Vulcain</a>, dieu cracheur de soufre. Depuis, le terme « vulcanisation » s’est généralisé à la réticulation de tous les caoutchoucs.</p>
<p>La quantité de ponts chimiques (ou nœuds de réticulation) créés est plus élevée pour les « thermodurcissables » que pour les élastomères. Un caoutchouc s’étire jusqu’à une certaine limite donnée par ces nœuds et possède la capacité de reprendre sa forme initiale par <a href="https://orthodfr.edpsciences.org/articles/orthodfr/pdf/2009/01/or0908.pdf">reprise élastique</a>. Ces réseaux tridimensionnels sont les structures chimiques caractéristiques des caoutchoucs et procurent au matériau une cohésion à l’échelle macroscopique.</p>
<h2>La régénération des caoutchoucs se développe</h2>
<p>Une solution pour permettre le recyclage des caoutchoucs consiste à <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/la-filiere-caoutchouc-compte-integrer-davantage-de-matieres-biosourcees-et-recyclees.N697734">incorporer les matières valorisées</a> dans de nouvelles formules : le produit recyclé est réduit à l’état de poudrettes et est utilisable directement comme <a href="https://doi.org/10.1016/j.resconrec.2019.01.047">matière première</a>.</p>
<p>La « <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjq9rmE1dT4AhUExoUKHbp-Dc0QFnoECCgQAQ&url=https%3A%2F%2Fdam-oclc.bac-lac.gc.ca%2Fdownload%3Fis_thesis%3D1%26oclc_number%3D866086722%26id%3Df48263de-287b-49c4-835f-22b911b1ed51%26fileName%3D30249.pdf&usg=AOvVaw2dJy3uvnYDg__AhKQZfPMu">régénération</a> » est un procédé s’intégrant dans la « valorisation matière ». En présence de soufre, l’objectif est de rompre les liaisons chimiques carbone-soufre, soufre-soufre et/ou carbone-carbone par voies chimique, thermique et/ou mécanique. Le caoutchouc se retrouve dans un état régénéré (cassures des liaisons carbone-carbone) et/ou dévulcanisé (cassures des liaisons soufre-carbone et soufre-soufre). Lorsque les liaisons carbone-carbone sont rompues, la chaîne macromoléculaire est coupée, ce qui provoque des pertes de propriétés mécaniques à l’échelle macroscopique. Si les liaisons ciblées sont les liaisons carbone-soufre et soufre-soufre, le caoutchouc regagne partiellement sa capacité à « vulcaniser ».</p>
<p>Nos équipes de recherche en partenariat avec un industriel se sont penchées sur le comportement des caoutchoucs régénérés et sur les modifications qu’ils peuvent provoquer lorsqu’ils sont incorporés dans un mélange caoutchouc neuf. Nos premiers résultats récemment obtenus et non publiés à ce jour sont prometteurs et confirment que les matériaux recyclés possèdent des propriétés qui les rendent utilisables en choisissant le taux adéquat de matériau régénéré à incorporer en fonction de l’application industrielle.</p>
<p>Re-traités, nos vieux caoutchoucs ont un bel avenir !</p>
<hr>
<p><em>Nous remercions Wafaa Rmili, ingénieure recherche contractuelle au LaMé, et Mathieu Venin, co-responsable du Centre d’Étude et de Recherche des Matériaux Élastomères et travaillant au LaMé, pour leur participation et leur implication dans ce projet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182873/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ce projet est soutenu par la Région Centre-Val de Loire dans le cadre de son Appel à Projets de Recherche d'Intérêt Régional annuel (APR IR) et est un partenariat entre le Laboratoire de Mécanique Gabriel LaMé (LaMé) et le Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux Électrolytes pour l’Énergie (PCM2E) et la société Phénix-Technologies.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Berton et Stéphane Méo ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le caoutchouc est omniprésent dans nos vies… et souvent à usage unique. Comment traiter ces déchets ?Marie-Pierre Deffarges, Ingénieure recherche, Université de ToursNicolas Berton, Enseignant-chercheur en chimie, Université de ToursStéphane Méo, Professeur des Université de Mécanique, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1874932022-08-07T20:51:16Z2022-08-07T20:51:16ZD’où vient l’eau du robinet ? Comment sa qualité est-elle assurée ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/476300/original/file-20220727-23-6wferr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C25%2C5732%2C3801&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une petite soif&nbsp;? Les fontaines fournissent de l’eau potable de qualité. Ici, à Lyon.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Y10FXNqFdvk">Nicolas Compte, Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>En France, ouvrir un robinet afin d’obtenir de l’eau potable est un geste du quotidien particulièrement facile, qui nous donne accès à une eau d’une très bonne qualité microbiologique — ce qui peut s'avérer bien utile, surtout avec les chaleurs estivales…</p>
<p>Pourtant, un <a href="https://www.cieau.com/lobservatoire-de-leau/c-i-eau-infographies/eau-du-robinet-eau-en-bouteille-que-boivent-les-francais/">Français sur trois en 2020 continuait de boire de l’eau en bouteille plutôt qu’au robinet</a>, alors que les déchets plastiques nuisent à la santé et à l’environnement, que l’eau en bouteille est plus coûteuse… et que sa qualité n’est pas toujours irréprochable.</p>
<p>Voyons ici d’où vient l’eau du robinet et ce qui la rend propre à la consommation.</p>
<h2>D’où vient l’eau courante et comment devient-elle potable ?</h2>
<p>Deux tiers de l’<a href="https://www.eaufrance.fr/publications/eau-et-milieux-aquatiques-les-chiffres-cles-edition-2020">eau potable produite</a> sont captés dans les eaux souterraines (nappes phréatiques), le tiers restant provient des eaux superficielles, appelées également eaux de surface (rivières, fleuves, lacs, barrages). Les nappes et rivières sont alimentées grâce aux précipitations sous forme de neige et de pluie puis aux ruissellements et infiltrations engendrés.</p>
<p>Les activités humaines telles que l’agriculture et l’élevage et leurs conséquences comme la déforestation, la destruction de zones humides ou encore les changements climatiques engendrent des <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/">modifications significatives dans ce cycle</a>, et notamment <a href="https://www.nature.com/articles/s41561-019-0374-y">dans les flux d’eau transportés</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’eau potable en France vient de ressources souterraines et de surface, est traitée puis distribuée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alice Schmitt et Julie Mendret</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une fois captée, l’eau est acheminée jusqu’à une usine de potabilisation pour être traitée. Le traitement appliqué dépend de la qualité initiale de l’eau captée. Pour les eaux souterraines, dans trois quarts des cas, un traitement physique simple (filtration et décantation) et une désinfection suffisent.</p>
<p>Pour les eaux de surface, des <a href="https://www.eaufrance.fr/publications/eau-et-milieux-aquatiques-les-chiffres-cles-edition-2020">traitements physiques et chimiques plus poussés sont nécessaires</a> – ceux-ci étant déterminés en <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/environnement-securite-th5/procedes-de-traitement-des-eaux-potables-industrielles-et-urbaines-42318210/eaux-de-distribution-w5510/filieres-de-traitement-pour-eaux-superficielles-w5510niv10005.html">fonction de la qualité de l’eau à traiter</a>. Dans certains cas, un traitement d’affinage par ozonation, charbons actifs et/ou filtration membranaire est appliqué en supplément afin d’éliminer au maximum la matière organique dissoute restante ainsi que les <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/42318210-procedes-de-traitement-des-eaux-potables-industrielles-et-urbaines/download/w5510/eaux-de-distribution.html">micropolluants</a> (pesticides, etc.).</p>
<p>Une désinfection a ensuite toujours lieu lors de la dernière étape de traitement, le plus souvent par ajout de chlore, celui-ci ayant un effet désinfectant durable permettant de maintenir une eau d’excellente qualité lors de son stockage dans des réservoirs et jusqu’à sa distribution.</p>
<p>En France, la consommation moyenne d’eau potable par habitant est estimée à <a href="http://www.cieau.com/le-metier-de-leau/ressource-en-eau-eau-potable-eaux-usees/quels-sont-les-usages-domestiques-de-leau/">environ 150 litres par jour et par habitant</a> dont 93 % pour l’hygiène (comprenant 20 % pour les sanitaires) et 7 % pour l’alimentation. Cet usage domestique représente 20 % de la consommation globale : <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/leau-en-france-ressource-et-utilisation-synthese-des-connaissances-en-2021#:%7E:text=Eau%20pr%C3%A9lev%C3%A9e%20et%20eau%20consomm%C3%A9e,-L%27eau%20consomm%C3%A9e&text=En%20moyenne%2C%20entre%202008%20et,repr%C3%A9sente%2082%20m3%2Fhabitant.">35 % de l’eau potable étant utilisée pour l’industrie et l’électricité et 45 % pour l’agriculture</a>, bien qu’il ne soit pas forcément nécessaire d’utiliser de l’eau potable. La réutilisation des eaux usées traitées est encore très limitée en France du fait d’une réglementation stricte et reste minoritaire pour ces usages.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/reutilisation-des-eaux-usees-que-va-changer-le-nouveau-reglement-europeen-179208">Réutilisation des eaux usées : que va changer le nouveau règlement européen ?</a>
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<h2>Une eau distribuée très réglementée</h2>
<p>Une fois traitée, l’eau distribuée doit répondre à certaines normes sanitaires définies selon le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006909457">code de la santé publique</a> et sa qualité fait l’objet d’un suivi régulier à partir de la sortie des stations de potabilisation, au niveau des châteaux d’eau permettant son stockage et tout le long du réseau de distribution.</p>
<p>[<em>Près de 70 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Au total, une soixantaine de paramètres sont contrôlés via des limites et références de qualités bactériologiques, physico-chimiques, organoleptiques, ou encore radiologiques, faisant de l’eau du robinet l’<a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">aliment le plus contrôlé en France</a>.</p>
<p>Globalement, la qualité de l’eau courante en ville est excellente en France où presque 100 % des communes de plus de 50 000 habitants et 98 % de la population totale ont consommé une eau de <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">très bonne qualité microbiologique</a> toute l’année en 2020.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="mains avec de l’eau qui coule" src="https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’eau courante est la plupart du temps de très bonne qualité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">mrjn Photography/Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Concernant les pesticides, principalement issus du ruissellement et de l’infiltration dans les sols, 94 % de la population française a consommé une eau respectant les limites réglementaires toute l’année en 2020. Cependant, les dépassements détectés ayant été limités en concentration et dans le temps, il n’a presque jamais été nécessaire de mettre en place une <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">restriction de consommation de l’eau du robinet</a>.</p>
<p>Le risque de la consommation de pesticides à faibles doses sur la santé à long terme est <a href="http://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/">encore mal connu mais très probable</a>, notamment sur la population sensible comme les enfants et les femmes enceintes.</p>
<p>Des problèmes ponctuels peuvent apparaître du côté des <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">très petites communes</a> (moins de 500 habitants) ; dans les zones rurales présentant une agriculture intensive de type monoculture ou viticole utilisant des <a href="https://www.nouvelle-quitaine.ars.sante.fr/media/77911/download?inline">pesticides</a> ; dans les zones situées à proximité d’élevages, où des <a href="https://bretagne-environnement.fr/nitrates-cours-eau-bretons-article">nitrates peuvent être présents en quantité importante</a> ; ou encore dans les zones situées <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pollution/arkema-la-ville-de-pierre-benite-pres-de-lyon-contaminee-aux-polluants-eternels_163439">à proximité de certaines industries</a>.</p>
<p>En cas de dépassement des normes, il revient au responsable de la production ou de la distribution de prendre les <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/instruction-ndeg-dgsea4201879-210318-relative-modalites-gestion-non-conformites-eaux">mesures correctives nécessaires</a> afin de rétablir la qualité de l’eau.</p>
<p>Des dérogations exceptionnelles peuvent être mises en place (en cas d’absence de risque sanitaire et avec obligation de remise en conformité rapide) ou des mesures strictes peuvent être très rapidement appliquées si nécessaire <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/instruction-ndeg-dgsea4201879-210318-relative-modalites-gestion-non-conformites-eaux">par le préfet</a> et suite à l’<a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=526">avis de l’Agence Régionale de Santé correspondante</a> – par exemple une <a href="https://www.francebleu.fr/infos/environnement/chateauroux-eau-contaminee-la-ville-declenche-son-plan-de-sauvegarde-communal-1655481424">restriction d’usage, voire une interdiction momentanée de consommation</a>, comme à Châteauroux au mois de juin.</p>
<p>La présence d’un <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/directive-ue-ndeg-20202184-161220-relative-a-qualite-eaux-destinees-a-consommation">plan de gestion de la sécurité sanitaire des eaux</a>, indiquant les mesures à prendre en cas de problème, sera obligatoire d’ici 2027 grâce à la refonte de la directive « Eau potable » du 16 décembre 2020.</p>
<h2>Pourquoi utiliser l’eau du robinet plutôt que l’eau en bouteille ?</h2>
<p>La France est très consommatrice de bouteilles d’eau, conséquence d’un lobbying de la part des marques qui ont convaincu les Français que l’eau embouteillée <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/environnement-la-france-championne-de-la-consommation-de-bouteilles-en-plastique_2790815.html">était meilleure que l’eau du robinet</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pourquoi boire de l’eau en bouteille ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/iamericat/8262320384/">Erica Ashleson, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Il s’agit d’abord de préserver l’environnement, car l’eau dite minérale implique l’utilisation de bouteilles et bouchons en plastique comme contenants. La majorité de ces déchets (87 %) se retrouve dans la nature et devient de la pollution plastique, ayant notamment un <a href="https://awsassets.panda.org/downloads/plastic_ingestion_press_singles.pdf">impact important sur la faune et la flore aquatique</a>. Le tri de ces déchets dans des centres appropriés ne résout pas tout puisque <a href="https://awsassets.panda.org/downloads/plastic_ingestion_press_singles.pdf">seul un quart des déchets plastiques est effectivement recyclé à l’échelle de la planète</a>. Une étude sur l’analyse du cycle de vie de l’eau minérale a ainsi montré que celle-ci avait un <a href="http://esu-services.ch/fr/projects/lcafood/eau/">impact environnemental parfois 1000 fois supérieur à celui de l’eau du robinet</a>.</p>
<p>Mais il s’agit aussi d’un enjeu de santé publique lié à la présence de microplastiques dans les eaux. Ils sont <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20181116STO19217/microplastiques-sources-impact-et-solutions">majoritairement dus à la dégradation</a> d’objets en plastique plus imposants tels que les bouteilles. Chaque semaine, nous ingérons l’équivalent d’une carte de crédit en plastique, principalement via l’eau que nous buvons – au robinet <a href="https://partage.agirpourlenvironnement.org/s/rapport-nous-buvons-du-plastique/">et en bouteille</a> – mais également dans une moindre mesure via la nourriture consommée, notamment les crustacés, ou encore l’air que nous respirons (il s’agit d’une moyenne estimée mondialement et non uniquement en France).</p>
<p>Réduire voire supprimer l’utilisation du plastique, notamment en ne consommant plus d’eau en bouteille, permettrait de diminuer la présence de microplastiques dans les océans.</p>
<p>De plus, certaines eaux en bouteille fortement minéralisées sont à consommer ponctuellement et leur usage quotidien <a href="http://www.theconversation.com/jules-vaut-il-mieux-boire-de-leau-en-bouteille-ou-de-leau-du-robinet-178186">reste déconseillé</a>. Pour neutraliser le goût potentiellement désagréable de l’eau du robinet dû au chlore, qui n’affecte en rien la qualité sanitaire de celle-ci, une solution très simple est de la faire respirer en la laissant au frigo durant les heures précédant sa consommation.</p>
<p>Il est également important de souligner que l’eau en bouteille, prélevée dans les ressources souterraines, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/25/des-traces-de-pesticides-et-de-medicaments-retrouvees-dans-des-eaux-en-bouteille_1853519_3244.html">contient également d’infimes quantités de polluants de type pesticides ou médicaments</a>.</p>
<p>Pour finir, la consommation d’eau en bouteille pour la boisson (soit 1,5 litre par jour et par personne) revient minimum <a href="https://www.eaufrance.fr/sites/default/files/2019-02/plaquette-fnccr-prix-de-l-eau-2019.pdf">100 fois plus chère que celle de l’eau du robinet</a>.</p>
<p>Nous avons la chance en France d’avoir une eau du robinet de qualité alors consommons-là, que ce soit pour la planète ou pour notre santé ! Vous pouvez retrouver la qualité moyenne de l’eau de votre commune sur votre facture annuelle ou la <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau">consulter en ligne</a> à tout moment.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187493/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’eau du robinet est généralement de très bonne qualité en France ; voici pourquoi.Alice Schmitt, Post-doctorante en Génie des Procédés, Institut Européen des Membranes, Université de MontpellierJulie Mendret, Maître de conférences, HDR, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1771152022-04-19T16:39:13Z2022-04-19T16:39:13ZLes « Tapis-Nature » de Piero Gilardi, ou le carbone dans tous ses états<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/458628/original/file-20220419-16-hg3uaj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C6%2C677%2C569&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Piero Gilardi installé sur l'une de ses oeuvres. </span> <span class="attribution"><span class="source">Piero Gilardi / Ecole des Beaux-Arts, Paris</span></span></figcaption></figure><p>En 1965, le plasticien Piero Gilardi crée les « Tapis-Nature », morceaux très réalistes de nature… en plastique. Hier reçus comme éléments de décoration intérieure souples, on peut les voir aujourd’hui avec un regard très différent : les matières plastiques sont devenues une présence envahissante et polluante partout sur la planète.</p>
<h2>De la « Nature en plastique » ?</h2>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Piero_Gilardi">Piero Gilardi</a> est une figure majeure du mouvement artistique italien L’« Arte povera ». De ses « Tapis-Nature », sculptures posées au sol ou accrochées au mur représentant des morceaux de paysage, il a dit :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai créé les Tapis-Nature en 1965 en les pensant comme les exemples de la décoration intérieure de la « cellule individuelle d’habitation » cybernétique, présentée lors de l’exposition Machines du futur. En réalisant les premiers Tapis-Nature, j’ai emprunté à <a href="https://www.aparences.net/art-contemporain/neo-dada/claes-oldenburg-entre-happening-et-performance/">Claes Oldenburg</a> sa poétique sensorielle du « soft » mais, pour moi, la mousse en caoutchouc avait surtout pour fonction d’accueillir et d’interagir avec le corps. »</p>
</blockquote>
<p>Ces Tapis-Nature faits pour accueillir et interagir avec le corps, sont donc en plastique, plus exactement en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polyur%8Ethane">polyuréthane</a>. Dans un tout autre contexte, pour le <a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Monde_comme_volont%8E_et_comme_repr%8Esentation/Livre_I/%A4_7">philosophe Schopenhauer s’attaquant au matérialisme</a>, l’idée même d’une matière sans une intelligence pour la connaître est tellement aberrante qu’elle lui évoque cette image absurde d’un « morceau de fer en bois ». On aurait peut-être pu lui proposer cette autre image : « de la nature en plastique », ce dernier étant en fait aussi étranger à la nature que le fer l’est au bois.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/aHqaGIDsvBY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Ces « morceaux » de nature stylisés étaient en plastique souple et venaient prendre leur place dans la décoration des intérieurs. Les regarder en 2022 comme en 1965 est simplement impossible. En 50 ans, Piero Gilardi connaît d’ailleurs une évolution radicale dans sa démarche artistique : ainsi en 2008, il compte parmi les fondateurs du <a href="http://parcoartevivente.it/pav/?id=197">Parco Arte Vivente</a> à Turin, un Centre Expérimental d’Art Contemporain dédié à la nature, aux biotechnologies et à l’écologie. Le jardin du <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-masterclasses/gilles-clement-avec-la-creation-dun-jardin-entre-dans-une-dimension-politique">paysagiste Gilles Clément</a>, dit « Jardin mandala », d’environ 600 mètres carrés sur le toit du bâtiment, en est une des installations marquantes.</p>
<h2>Invention des plastiques et création plastique</h2>
<p>Après la Deuxième guerre mondiale, au cœur des trente glorieuses et du progrès triomphant, la production des plastiques augmente vite. Leur utilisation, et donc celle du polyuréthane, prend toujours plus d’importance et se diversifie.</p>
<hr>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-le-monde-sest-plastifie-115991">Comment le monde s’est plastifié</a>
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<p>Le chimiste Otto Bayer a découvert le polyuréthane en 1937. En 1967, la voiture Bayer K 67 produite en Allemagne est surnommée « the polyurethane car » : toute sa carrosserie est faite dans ce plastique. Ces polymères comme le polyuréthane, sont le produit industriel de la recherche en pétrochimie. Ils sont totalement artificiels, et le cœur de ce qu’on l’appelle communément les matières plastiques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Et d’abord du carbone de partout (C et hexagone) dans ces molécules géantes" src="https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=207&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=207&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=207&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=260&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=260&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/457679/original/file-20220412-13-1f4n2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=260&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Équation chimique décrivant la réaction de polymérisation conduisant au polyuréthane.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il y a donc du nouveau dans la matière du monde. La chimie a permis de concevoir des matériaux à base de carbone totalement nouveaux dotés de propriétés extraordinaires. Dans les années 70, la physicienne <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_Veyssi%C3%A9">Madeleine Veyssié</a>, collaboratrice de Pierre Gilles de Gennes à Paris, utilise la première, l’expression « Matière molle » pour nommer le champ scientifique qui étudie notamment la physique de ces matériaux. La conférence Nobel de <a href="https://physicsworld.com/a/soft-matters-charismatic-pioneer/">Pierre Gilles de Gennes</a> en 1991 s’intitule « Soft Matter ». Dans ces années-là, ces matériaux triomphent et commencent à envahir la planète. Mais ce n’est que le début.</p>
<h2>Et pourtant, c’est d’abord du carbone</h2>
<p>Dans <a href="https://www.fondation-lamap.org/fr/page/12107/le-cycle-du-carbone">son article sur le carbone</a> pour le site de « la Main à la Pâte », Didier Pol, agrégé de sciences naturelles, analyse : « Le carbone est présent chez les êtres vivants mais aussi dans l’atmosphère, les eaux et les roches. Biosphère, atmosphère, hydrosphère et roches constituent ainsi quatre réservoirs de carbone. » Il décrit alors la circulation du carbone entre trois de ces quatre réservoirs, notamment par ce schéma.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/457683/original/file-20220412-50231-ug5yzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/457683/original/file-20220412-50231-ug5yzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/457683/original/file-20220412-50231-ug5yzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/457683/original/file-20220412-50231-ug5yzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/457683/original/file-20220412-50231-ug5yzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=413&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/457683/original/file-20220412-50231-ug5yzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=413&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/457683/original/file-20220412-50231-ug5yzn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=413&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Principaux flux de carbone entre atmosphère, biosphère et hydrosphère (en gigatonnes, estimations). Dans l’atmosphère et dans l’eau (hydrosphère), le carbone est en particulier du CO₂, trop de CO₂.</span>
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</figure>
<p>Photosynthèse, respiration, fermentation font le lien entre vivant, air et eau. La photosynthèse transforme notamment « du carbone minéral », le CO<sub>2</sub>, présent dans l’air et l’eau, en « carbone biologique » dans les végétaux.</p>
<p>Il y a aussi des échanges entre l’air que nous chargeons toujours plus en CO<sub>2</sub>, et l’eau : l’océan est un énorme réservoir de CO<sub>2</sub> au prix notamment de son acidification.</p>
<p>Cet article de Didier Pol est une description remarquable des réservoirs et des cycles du carbone, à l’usage des collèges et lycées. Il ne mentionne pas les plastiques qui constituent pourtant, conséquence de l’activité humaine, un nouveau réservoir de carbone. Pour une bonne raison, en tous cas la plus marquante me semble-t-il : si le plastique se répand partout, il ne fait pas partie des cycles massifs du carbone sur terre, au-delà peut-être d’une <a href="https://theconversation.com/la-lente-fragmentation-des-plastiques-decryptee-123717">très lente dégradation objet d’études</a>.</p>
<p>Et quand on se pose la question de cette interférence avec les cycles du carbone, on pense d’ailleurs surtout à la toxicité. Qui voit une forme de vie en mesure de se nourrir des déchets plastiques, ce qui changerait tout ? Pour le moment, ils sont toujours plus présents, envahissants et dispersés, séparés pour l’essentiel de la circulation du carbone sur terre. On les a sortis du pétrole, fossile d’un vivant ancien, pour les envoyer dans ce cul-de-sac. Les Tapis-Nature pointent cette séparation, et c’est elle qui a imposé à mon esprit cette image du « fer en bois » alors que, en fait, ici tout n’est que carbone.</p>
<h2>Le pouvoir d’anticipation des œuvres d’art</h2>
<p>La force de l’art est étonnante. Je ne peux voir aujourd’hui les Tapis-Nature sans avoir cette pensée : cette œuvre va au-delà même de l’intention première explicitée par Piero Gilardi. Avec elle, Piero Gilardi ne le sait sûrement pas encore en 1965, mais son œuvre tape juste face à cette émergence redoutable des plastiques.</p>
<p>On pense au philosophe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_Damisch">Hubert Damisch</a> : « La peinture, ça ne montre pas seulement, ça pense ». L’historien d’art <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Arasse">Daniel Arasse</a> la mentionne à l’appui de <a href="https://www.franceculture.fr/peinture/histoires-de-peintures-eloge-paradoxal-de-michel-foucault-travers-les-menines">son analyse du texte</a> de Michel Foucault sur les <em>Ménines</em> de Velasquez dans l’introduction des « Mots et les choses ». Daniel Arasse précise : « Les Ménines telles que nous les voyons aujourd’hui pensent toutes seules, et indépendamment de ce qu’a voulu faire Velasquez. » Est-ce un marqueur d’œuvres majeures ?</p>
<p>Piero Gilardi avec « cette nature en plastique » qui pénètre les intérieurs, nous fait prendre la mesure de ces bouleversements au cœur de l’urbanisation du monde. A mes yeux, les Tapis-Nature deviennent aujourd’hui un spectacle d’horreur, ce qui en fait des œuvres importantes.</p>
<p>D’abord, ils soulignent notre séparation physique du vivant, qui ne serait alors plus présent dans notre quotidien que par cette représentation aberrante, une nature plastifiée, ersatz pour notre perception. Et ainsi, ils introduisent au cœur de nos vies, ce plastique artificiel qui apparaît toujours plus comme une menace pour le vivant. Cette œuvre est comme un manifeste qui prévient.</p>
<p>Les œuvres d’art ont ce pouvoir incroyable : avec le temps, elles peuvent aller au-delà de l’intention initiale explicite de leur créateur, se métamorphoser sous le regard des spectateurs.</p>
<p>J’ai ici réécouté Daniel Arasse extraordinaire dans son propos sur l’anachronisme en art, toujours à partir du texte de Michel Foucault. En ne s’embarrassant alors pas avec cet anachronisme flagrant, chacun peut s’emparer aujourd’hui en toute liberté de l’œuvre de Piero Gilardi. Avec cette œuvre, j’ai découvert cet artiste et ressenti de l’admiration pour son travail, mais je ne pourrais pas vivre avec un Tapis-Nature chez moi. Pourtant, je devrais : cette œuvre devenue horrible aujourd’hui <em>a raison</em>. Elle nous redit l’urgence de renouer avec le vivant et de porter la plus grande attention à ce que nous faisons de nos vies. Par exemple quand, désinvoltes et par habitude, nous jetons, comme un message envoyé au vivant non humain, un sac en plastique utilisé au mieux quelques minutes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177115/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joël Chevrier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Que nous disent aujourd’hui les créations en plastique de cette figure de l’« Arte povera », conçues dans les années 1960 ?Joël Chevrier, Professeur de physique, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1778022022-04-04T13:33:48Z2022-04-04T13:33:48ZL’omniprésence des perturbateurs endocriniens<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/449005/original/file-20220228-15-1mn831h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C2%2C977%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les produits pharmaceutiques se retrouvent dans les eaux usées et les rivières par les urines et les matières fécales rejetés par les humains et les animaux d'élevage. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>En janvier 2022, une <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.1c04158">équipe</a> internationale de chercheuses et de chercheurs a tiré la sonnette d’alarme sur l’impact de produits chimiques manufacturés et leurs effets « cocktail » sur l’entièreté du système terrestre. Les scientifiques ont conclu que l’humanité a dépassé un seuil planétaire permettant l’évaluation appropriée pour la production et les émissions de nouveaux contaminants.</p>
<p>Parmi ces contaminants se retrouvent les <a href="https://www.unep.org/explore-topics/chemicals-waste/what-we-do/emerging-issues/endocrine-disrupting-chemicals">perturbateurs endocriniens</a> (les retardateurs de flamme utilisés comme substances ignifuges, le bisphénol A retrouvé dans certains plastiques, les produits pharmaceutiques), qui sont connus pour interférer spécifiquement avec le système hormonal des animaux et des humains, et ainsi, <a href="https://theconversation.com/des-contaminants-qui-dereglent-nos-hormones-177796">causer des problèmes de santé</a>. Ces contaminants se retrouvent dans nos aliments, nos boissons, nos meubles, nos rivières et nos lacs ; bref, ils sont partout.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/des-contaminants-qui-dereglent-nos-hormones-177796">Des contaminants qui dérèglent nos hormones</a>
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<p>Contrairement à la plupart des contaminants (comme les métaux), dont la toxicité augmente avec leur quantité, les perturbateurs endocriniens agissent souvent à l’inverse, c’est-à-dire qu’ils ont des effets nocifs à de très faibles concentrations. Cette particularité rend leur réglementation très difficile.</p>
<p>Je suis professeure-chercheuse à l’<a href="https://inrs.ca/">Institut national de la recherche scientifique (INRS)</a> et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne. Avec ma collègue Isabelle Plante, spécialisée en recherche sur les causes environnementales du cancer du sein à l’INRS, nous avons cofondé le <a href="http://www.ciape-iceda.ca/">Centre intersectoriel d’analyse des perturbateurs endocriniens, le CIAPE</a> en 2020.</p>
<p>Les membres du CIAPE viennent tout juste de publier une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013935122001761?via%3Dihub">édition spéciale</a> sur les perturbateurs endocriniens dans la revue scientifique spécialisée <a href="https://www.journals.elsevier.com/environmental-research"><em>Environmental Research</em></a>. Cette <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013935122001761?via%3Dihub">édition</a> comporte 14 ouvrages d’analyse documentaire sur toutes les avancées scientifiques et en santé environnementale en lien avec les perturbateurs endocriniens. Nous résumons ici quelques faits saillants liés à leur omniprésence, leur détection, leur élimination et leur réglementation.</p>
<h2>Traquer les effets des contaminants sur la santé humaine</h2>
<p>La <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121012640?via%3Dihub">revue de la littérature</a> de l’équipe menée par la chercheuse en épidémiologie <a href="https://espum.umontreal.ca/lespum/departement-de-medecine-sociale-et-preventive/lequipe-du-departement/personnel-enseignant/professeur/in/in28257/sg/Ying%20Tung%20Vikki%20Ho/">Vikki Ho</a> de l’Université de Montréal a mis en évidence l’importance des études épidémiologiques (étude des problèmes de santé dans les populations humaines, leur fréquence, leur distribution dans le temps et dans l’espace) pour caractériser les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé des populations humaines.</p>
<p>Par exemple, une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1438463916305399">étude</a> qui a eu lieu en Corée du Sud a démontré que la teneur en polluants organiques persistants tel que les biphényles polychlorés (BPC) (liquides isolants) dans le sang augmentait par trois les risques d’incidence du cancer de la prostate. Une autre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013935111001459?via%3Dihub">étude</a> a démontré que des niveaux élevés de retardateurs de flamme bromés (composés ignifuges retrouvés par exemple dans les meubles rembourrés) dans le sérum de jeunes filles étaient liés à des menstruations plus précoces.</p>
<p>Cependant, il est difficile de relier les problèmes de santé à une exposition à des perturbateurs spécifiques puisque l’humain est exposé à un mélange de contaminants tout au long de sa vie, rendant les études épidémiologiques très complexes. La professeure Ho et son équipe <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121012640?via%3Dihub">recommande</a> tout de même d’intégrer l’épidémiologie humaine aux études toxicologiques (étude des effets nocifs des substances chimiques sur les organismes vivants) et écotoxicologiques (étude des polluants et de leurs effets sur l’environnement) lors de l’évaluation de risques des substances chimiques.</p>
<h2>Nos médicaments se retrouvent dans l’environnement</h2>
<p>Les médicaments pharmaceutiques sont devenus des produits de (sur)consommation, avec un usage quotidien pour certains d’entre eux. Leur volume de consommation est tel qu’ils se retrouvent dans les eaux usées et les rivières par les urines et les matières fécales rejetées par les humains et les animaux d’élevage.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Différents médicaments dans des emballages en plastique" src="https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455653/original/file-20220331-18-eti56u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les antibiotiques, les antidépresseurs et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, naproxène) qui sont déversés dans les cours d’eau peuvent avoir des effets sur la santé des animaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Les structures chimiques des hormones ont été bien conservées à travers l’évolution (la testostérone se retrouve à la fois chez les poissons, les grenouilles, les oiseaux, les mammifères et les humains). Ainsi, les médicaments hormonaux ou destinés à agir sur nos hormones sont également fonctionnels chez les autres animaux, causant parfois des effets néfastes.</p>
<p>Pascal Vaudin, chercheur en physiologie à l’Université de Tours, et son équipe ont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121017965?via%3Dihub">constaté</a> que les antibiotiques, les antidépresseurs et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, naproxène) ont des impacts neurologiques, notamment sur le développement du cerveau et le comportement des animaux.</p>
<h2>Dépister l’activité endocrine anormale de l’eau</h2>
<p>Les perturbateurs endocriniens possèdent des structures chimiques variées, des propriétés chimiques et physiques hétérogènes et une capacité à se répartir dans diverses matrices environnementales, dont les tissus humains, ce qui complexifie leur détection. Or, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121019174?via%3Dihub">leur caractérisation a considérablement progressé</a> depuis les dernières décennies en raison du développement d’analyses de pointe et très sensibles pour la détection des faibles niveaux de perturbateurs endocriniens dans l’eau, le sol, l’air, les sédiments, les aliments, le sang, le lait maternel, le placenta, etc. Il est donc maintenant possible de les détecter même à d’infiniment petites concentrations, ce qui pave la voie vers une meilleure réglementation et gestion internationale, tel que suggéré par l’équipe de chercheuses et chercheurs dirigée par le professeur émérite <a href="https://www.trentu.ca/wqc/facultystaff/cmetcalfe">Chris Metcalfe</a> de l’Université Trent.</p>
<p>La présence de plusieurs perturbateurs endocriniens dans notre environnement, par exemple dans les eaux usées, complexifie également l’étude de leur toxicité et leurs effets sur la santé. Par exemple, les concentrations individuelles de différents contaminants peuvent être faibles dans un effluent municipal, ne permettant pas d’observer une activité estrogénique (mimant les estrogènes) lorsqu’on étudie ces composés individuellement. Par contre, lorsqu’on additionne les effets de tous les contaminants, l’effluent peut présenter une activité estrogénique globale.</p>
<p>L’analyse chimique de tels échantillons est complexe et l’utilisation d’essais biologiques (tests qui utilisent des organismes vivants ou des cellules isolées) peut aider à résoudre un tel problème. Nous avons <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121017849?via%3Dihub">constaté</a> qu’il était effectivement possible de tester si un effluent municipal, hospitalier ou industriel possède une activité de perturbation endocrinienne globale en utilisant, par exemple, des tests cellulaires (utilisant des lignées cellulaires maintenues en laboratoire et ultrasensibles aux perturbateurs endocriniens).</p>
<p>Ces tests ultraperformants permettent à la fois de tester l’efficacité des systèmes de traitement des eaux usées et de faire des suivis environnementaux, selon les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121017849?via%3Dihu">travaux</a> de Julie Robitaille de l’INRS. Les instances gouvernementales et internationales doivent maintenant établir des critères environnementaux (seuils de toxicité) basés sur les données scientifiques probantes disponibles afin de protéger nos écosystèmes et la santé humaine.</p>
<h2>Éliminer les perturbateurs endocriniens des effluents</h2>
<p>L’élimination des contaminants dans les eaux usées est l’un des objectifs majeurs des usines de traitement. Il existe une panoplie de processus différents pour traiter les eaux contaminées, chacune ayant leurs avantages et leurs limites.</p>
<p>À travers notre <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0013-9351(21)01497-3">revue de la littérature</a> dirigée par le professeur en assainissement et décontamination <a href="https://inrs.ca/la-recherche/professeurs/jean-francois-blais/">Jean-François Blais</a> de l’INRS, nous avons constaté que malgré la diversité des processus de traitement existants, plusieurs usines de traitement des eaux usées n’arrivent toujours pas à éliminer 100 % des perturbateurs endocriniens.</p>
<p>Par contre, certains procédés, tel que l’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09593330309385555">ozonation</a> en fin de traitement des eaux usées, arriveraient à éliminer la totalité du bisphénol A (ou BPA, retrouvé notamment dans les bouteilles de plastique) présent dans l’eau. Par ailleurs, la <a href="https://www.ledevoir.com/politique/montreal/659505/montreal-la-facture-de-l-usine-d-ozonation-grimpe-encore">Ville de Montréal va bientôt débuter des travaux visant à doter la ville d’un procédé d’ozonation pour la désinfection de ses eaux usées</a>. M. Blais et son équipe sont d’avis qu’il est primordial de caractériser les types et les concentrations de contaminants présents dans les effluents des eaux usées pour chaque municipalité avant de sélectionner les meilleures options de traitement.</p>
<h2>Repenser l’analyse de risques des contaminants environnementaux</h2>
<p>Nos <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121015267?via%3Dihub">travaux</a> ont permis de constater que l’initiative <a href="https://www.oecd.org/chemicalsafety/risk-assessment/iata-integrated-approaches-to-testing-and-assessment.htm">« Approches intégrées des tests et de l’évaluation »</a> suggérée par l’<a href="https://www.oecd.org/fr/">Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)</a> serait une excellente première étape vers une approche d’intégration complète des données existantes sur les contaminants, dont celles des perturbateurs endocriniens. Cette initiative vise à mettre en commun les résultats de recherche obtenus partout dans le monde afin de mieux comprendre les effets des polluants et d’établir une régulation conséquente.</p>
<p>Le Canada est présentement en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121015267?via%3Dihub">modernisation</a> de son processus d’évaluation de risques afin d’y intégrer les Approches intégrées des tests et de l’évaluation.</p>
<p>Le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013935122001761?via%3Dihub">message</a> à retenir est que la société internationale a besoin d’une plate-forme d’évaluation des risques évolutive qui intègre les données existantes et toutes les données émergentes en temps réel sur ces contaminants environnementaux. Pour y arriver, l’évaluation des risques doit devenir un processus plus dynamique et malléable au fil du temps.</p>
<p>En d’autres termes, les connaissances nouvellement générées devraient être rapidement disponibles pour guider les modèles d’évaluation de risques, de sorte que l’usage ou la production d’un produit chimique, nouveau ou existant, pourrait devenir restreint, voire interdit, dans un plus court laps de temps sur la base de preuves probantes, dont celle de perturbation de notre système hormonal.</p>
<p>Une telle plate-forme évolutive et intégrée devrait accélérer le transfert de connaissances de la communauté scientifique vers la société, qui constitue présentement un goulot d’étranglement important pour la création d’un environnement plus sûr.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177802/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie S. Langlois a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et des Chaires de recherche du Canada. Elle est la directrice du Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) qui est financé par l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Isabelle Plante a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), de la Société de Recherche Cancer (SRC) et du Fonds de recherche du Québec-Santé (FRQS). Elle est la co-directrice du Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) qui est financé par l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).</span></em></p>Il est maintenant possible de détecter les perturbateurs endocriniens à des concentrations infiniment petites, pavant la voie vers une meilleure réglementation et une gestion internationale.Valérie S. Langlois, Professor/Professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Isabelle Plante, Associate Professor, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1777962022-03-02T15:29:11Z2022-03-02T15:29:11ZDes contaminants qui dérèglent nos hormones<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/448957/original/file-20220228-12844-yp1bcp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C2%2C977%2C657&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le bisphénol A, ou BPA, est un perturbateur endocrinien retrouvé notamment dans les bouteilles de plastique. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Plus de deux décennies après la publication de <a href="https://livre.fnac.com/a945159/Theo-Colborn-L-homme-en-voie-de-disparition">« L’Homme, en voie de disparition ? »</a> ou mieux connu sous son nom original <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Our_Stolen_Future">« Our Stolen Future »</a>, où en sommes-nous avec la recherche sur les perturbateurs endocriniens, ces contaminants sournois qui dérèglent nos hormones ?</p>
<p>À travers l’œil d’une détective, les scientifiques Theo Colborn et John Peterson Myers et la journaliste Dianne Dumanoski mettaient en lumière les effets vicieux qu’ont plusieurs contaminants environnementaux sur la santé des êtres vivants par leurs interactions avec le système hormonal. On appelle ces contaminants des perturbateurs endocriniens.</p>
<p>Les <a href="https://www.unep.org/explore-topics/chemicals-waste/what-we-do/emerging-issues/endocrine-disrupting-chemicals">perturbateurs endocriniens</a> sont des produits chimiques qui interfèrent avec nos hormones (hormones thyroïdiennes, estrogène, testostérone, etc.). Ceci nuit au développement et au bon fonctionnement de la reproduction, du système nerveux et du système immunitaire chez les humains et les animaux, et peut affecter les générations futures.</p>
<p>Je suis professeure-chercheuse à l’<a href="https://inrs.ca/">Institut national de la recherche scientifique (INRS)</a> et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne. Avec ma collègue Isabelle Plante, spécialisée en recherche sur les causes environnementales du cancer du sein à l’INRS, nous avons cofondé le <a href="http://www.ciape-iceda.ca/">Centre intersectoriel d’analyse des perturbateurs endocriniens, le CIAPE</a>, en 2020.</p>
<p>Récemment, avec plusieurs membres du <a href="http://www.ciape-iceda.ca/">CIAPE</a> nous avons collectivement publié une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013935122001761?via%3Dihub">édition spéciale</a>, à libre accès, comprenant 14 revues exhaustives de la littérature liée aux perturbateurs endocriniens dans la revue scientifique spécialisée <a href="https://www.journals.elsevier.com/environmental-research"><em>Environmental Research</em></a>. Nous résumons ici les principaux constats qui en découlent, au niveau de leurs effets délétères sur la santé.</p>
<h2>Lumière sur l’identité et la provenance des perturbateurs endocriniens</h2>
<p>Le professeur émérite <a href="https://www.trentu.ca/wqc/facultystaff/cmetcalfe">Chris Metcalfe</a> de l’Université Trent et ses collègues ont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121019599?via%3Dihub">répertorié</a> plusieurs perturbateurs endocriniens dans l’environnement (eau, sol, air, sédiments) et dans les produits d’utilisation et d’alimentation humaine. Parmi ces substances, on trouve les composés organochlorés (pesticides), les retardateurs de flamme bromés (utilisés comme ignifuges dans les meubles rembourrés, par exemple), les substances per – et polyfluoroalkyles (utilisés dans les revêtements antiadhésifs), les alkylphénols (utilisés dans les détergents), les phtalates (utilisés dans les cosmétiques), le bisphénol A et ses analogues (utilisés dans les plastiques), les organostanniques (utilisé comme agents antisalissures), etc.</p>
<p>Le <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/securite-maison-et-jardin/bisphenol-bpa.html">bisphénol A</a> (ou BPA) est un bon exemple de perturbateur endocrinien. Depuis 1960, il est incorporé dans une grande majorité des plastiques que nous utilisons tous les jours (bouteilles de plastique, contenants alimentaires, <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-02-02/bisphenol-a/loblaw-abolira-le-papier-thermique-pour-ses-recus.php">reçus de caisse</a>, cannes de conserve, etc.).</p>
<p>Le BPA a une structure qui ressemble à l’estrogène produit naturellement par les humains et plusieurs animaux. L’utilisation du BPA a même été envisagée comme médicament grâce à ses propriétés estrogéniques connues afin de soulager les femmes ménopausées dans les années 30, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1871402121001077?via%3Dihub#bib25">avant qu’il ne soit massivement utilisé dans la production de plastique quelques décennies plus tard</a>.</p>
<p>Dans le corps, le BPA peut ainsi se lier au récepteur des estrogènes (protéines qui se lient spécifiquement à certaines molécules, comme les estrogènes) dans les cellules, et induire des réponses inadéquates, comme augmenter la prolifération des cellules, <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp.9282">ce qui pourrait favoriser le développement de tumeurs</a>.</p>
<h2>L’infertilité chez les espèces animales</h2>
<p>Une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121018855?via%3Dihub">revue de la littérature</a> dirigée par <a href="https://www.sfu.ca/biology/people/faculty/vlm1.html">Vicki Marlatt</a>, chercheuse en toxicologie environnementale à l’Université Simon Fraser, laisse transparaître un constat accablant et généralisé : plusieurs de ces contaminants environnementaux nuisent à la reproduction des poissons, des amphibiens, des oiseaux, des mammifères et des humains, réduisant ainsi leur chance de s’accoupler et d’engendrer une progéniture viable.</p>
<p>Chez l’humain et les autres animaux, le développement embryonnaire et les premiers stades de vie représentent les périodes de vie les plus susceptibles aux effets de ces contaminants.</p>
<p>La professeure en toxicologie de la reproduction, <a href="https://inrs.ca/la-recherche/professeurs/geraldine-delbes/">Géraldine Delbès</a> (INRS), et ses collègues ont mis en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121013359?via%3Dihub">évidence</a> qu’une exposition aux perturbateurs endocriniens pendant cette fenêtre de sensibilité menait à un changement dans la programmation des testicules et des ovaires. Par exemple, une diminution des androgènes (testostérone et dihydrotestostérone) et une augmentation des estrogènes peut conduire à un trouble de développement des testicules qu’on nomme syndrome de dysgénésie testiculaire chez l’enfant. Or, on observe une <a href="https://academic.oup.com/humrep/article/16/5/972/2913494?login=true">augmentation</a> du syndrome de dysgénésie testiculaire partout dans le monde depuis les 50 dernières années.</p>
<h2>Le placenta ne protège pas contre les perturbateurs endocriniens</h2>
<p>En collaboration avec la chercheuse <a href="https://inrs.ca/la-recherche/professeurs/cathy-vaillancourt/">Cathy Vaillancourt</a> (INRS), spécialisée sur la grossesse et la toxicologie, nous avons <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0013-9351(21)01736-9">compilé</a> les travaux les plus récents qui ont mis en évidence que malgré les barrières de défense robustes du placenta, une perturbation des hormones produites par ce dernier est possible et peut mener à des complications de santé plus tard dans la vie. Des maladies chroniques telles que le diabète et l’obésité ont été associées à une exposition à des perturbateurs endocriniens traversant la barrière placentaire lors du développement du fœtus.</p>
<p>Nous avons également <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0013-9351(21)01736-9">démontré</a> qu’une exposition précoce à ces modulateurs endocriniens peut affecter le développement des glandes mammaires chez les bébés à naître, et les rendre plus susceptibles de développer un cancer du sein à l’âge adulte. C’est le cas notamment, du BPA, des retardateurs de flamme bromés et du diethylstilbestrol. De façon similaire, une exposition à des perturbateurs endocriniens pourrait être liée au cancer de la prostate tel que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34562481/">suggéré</a> par le groupe de recherche dirigé par le professeur-spécialiste en endocrinologie et néphrologie <a href="https://www.crchudequebec.ulaval.ca/recherche/chercheurs/etienne-audet-walsh/">Étienne Audet-Walsh</a> de l’Université Laval.</p>
<h2>La pluralité d’effets physiologiques</h2>
<p>En plus d’interférer avec le système reproducteur des animaux et des êtres humains, les perturbateurs endocriniens peuvent altérer les autres voies hormonales, dont celles de la glande thyroïde, du contrôle du stress, de l’immunité et du métabolisme.</p>
<p>Avec la professeure de biochimie <a href="https://www.uvic.ca/science/biochem/people/faculty/profiles-new/helbing-caren.php">Caren Helbing</a> de l’Université Victoria et d’autres membres du CIAPE, nous avons dressé le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121012019?via%3Dihub">portrait</a> des impacts d’une altération de la concentration des hormones thyroïdiennes sur les autres systèmes hormonaux. En guise d’exemple, lorsque les hormones de la glande thyroïde sont diminuées par les perturbateurs endocriniens, la reproduction, le stress et le métabolisme sont également affectés, puisque les hormones thyroïdiennes agissent comme « chef d’orchestre » pour un plan du système endocrinien.</p>
<p>L’équipe du chercheur en physiologie animale <a href="https://www.vetmed.ufl.edu/profile/martyniuk-christopher/">Chris Martyniuk</a> de l’Université de Floride a quant à elle mis en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935121011993?via%3Dihub">évidence</a> de nouvelles cibles des modulateurs endocriniens tels que les glucocorticoïdes (ex. : les corticoïdes). Deux exemples d’études sont cités dans leurs travaux, dont le lien entre une haute teneur en BPA dans les urines et une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires. Une exposition à certains perturbateurs endocriniens (arsenic, phtalates, pesticides organophorés) interfère, quant à eux, avec l’insuline, ce qui résulterait à une augmentation de l’obésité.</p>
<h2>Les effets sont passés d’une génération à l’autre</h2>
<p>Les perturbateurs endocriniens exerceraient également des effets transgénérationnels. Par <a href="https://www.pnas.org/content/115/52/E12435.long">exemple</a>, des poissons exposés à une eau contaminée par des antidépresseurs entraînerait une altération de la réponse au stress chez la progéniture de leurs descendants, et ce, même si cette dernière génération de poissons n’a jamais été exposée à ces produits chimiques.</p>
<p>Le professeur en reproduction, pharmacologie et toxicologie <a href="https://www.mcgill.ca/robairelab/">Bernard Robaire</a> de l’Université McGill a tenté d’expliquer comment les perturbateurs endocriniens agissaient pour affecter les générations à venir. Les données qu’il a <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S001393512101358X?via%3Dihub">compilées</a> avec son équipe d’expert·e·s ont indiqué que les effets de ces produits chimiques ne seraient pas le résultat de modifications du code génétique (donc pas un changement dans la séquence de l’ADN), mais par d’autres changements dans nos cellules. Notamment, on observe des changements dans les mécanismes qui déterminent quels gènes sont activés ou désactivés, c’est-à-dire les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/ %C3 %89pig %C3 %A9n %C3 %A9tique">mécanismes épigénétiques</a>.</p>
<p>On ne connaît pas encore très bien l’étendue des conséquences d’une telle altération dans nos cellules plus tard dans la vie ou sur la génération suivante. La compréhension des mécanismes sous-jacents à l’action des perturbateurs endocriniens nécessitera non seulement des études (épi)génétiques, mais aussi la compréhension du rôle des facteurs de stress sociaux, métaboliques et environnementaux.</p>
<h2>Un enjeu de santé humaine et écosystémique colossal à relever</h2>
<p>À l’échelle mondiale, nous sommes d’avis que la collaboration et le leadership internationaux sont de plus en plus nécessaires pour faire progresser la science afin de passer de la phase « caractérisation des effets à la santé » des perturbateurs endocriniens à celle de « pratiques réglementaires exemplaires ». La réglementation des perturbateurs endocriniens reste un sujet de discussion important dans le monde entier.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177796/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie S. Langlois a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et des Chaires de recherche du Canada. Elle est la directrice du Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) qui est financé par l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Isabelle Plante a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), de la Société de Recherche Cancer (SRC) et du Fonds de recherche du Québec-Santé (FRQS). Elle est la co-directrice du Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) qui est financé par l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). </span></em></p>Il existe de nombreuses évidences de l’implication des perturbateurs endocriniens dans le dysfonctionnement de la reproduction chez plusieurs espèces, y compris les humains.Valérie S. Langlois, Professor/Professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Isabelle Plante, Associate Professor, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1758812022-02-09T20:43:37Z2022-02-09T20:43:37ZUn filet de pêche biodégradable pour limiter la pollution plastique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/444753/original/file-20220207-999-1dg6tzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La fragmentation des filets de pêche perdus a des conséquences néfastes pour la faune marine. </span> <span class="attribution"><span class="source">Juliette Lasserre</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Les engins de pêche (filets, casiers…) sont fabriqués à partir de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plastique-23485">plastiques</a> dont la durée de vie peut atteindre plusieurs centaines d’années, un vrai problème lorsqu’ils sont perdus en mer.</p>
<p>L’accumulation et la fragmentation progressive de <a href="https://theconversation.com/images-de-science-la-pollution-aux-microplastiques-144634">ces déchets dans les eaux</a> ont des conséquences néfastes pour la faune marine, comme l’ingestion de particules de plastique qui impacte ensuite l’ensemble de la chaîne alimentaire.</p>
<p>Autre problème notable dans la liste des <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-021-86123-3">risques liés aux dispositifs de pêche dans l’environnement</a> : les engins perdus peuvent être à l’origine de ce qu’on nomme la « pêche fantôme », en continuant de piéger des animaux marins.</p>
<h2>Une offre alternative à construire</h2>
<p>Prenons l’exemple précis de la zone de la Manche où le secteur de la pêche et de l’aquaculture représente une activité économique importante, avec <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/647482/UK_Sea_Fisheries_Statistics_2016_Full_report.pdf">15 % des parts du marché européen</a>. Ici comme ailleurs, les professionnels manquent d’équipement à durée de vie contrôlée : il n’y a pour le moment pas d’engins de pêche biodégradable disponible sur le marché même si plusieurs projets de recherche sont en cours.</p>
<p>Or la substitution de ces plastiques par des matériaux biodégradables représente aujourd’hui une alternative promue par la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?qid=1516265440535&uri=COM:2018:28:FIN">directive européenne</a>. Dans une démarche globale de réduction des déchets, il devient primordial d’adapter la durée de vie du matériau à son utilisation.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Collecte de déchets en bord de mer, dont de nombreux filets de pêche échoués, sur la plage du Lohic (Morbihan), en janvier 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Juliette Lasserre</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>C’est dans cette optique que six institutions de recherche et quatre partenaires industriels se sont regroupés <a href="https://indigo-interregproject.eu/">au sein du projet INdIGO</a> pour assurer le développement et l’adoption d’un nouveau filet biodégradable par les professionnels de la pêche et de l’aquaculture.</p>
<p>INdIGO s’attache aussi à améliorer la prévention et la gestion des pollutions générées par les engins, en identifiant les filières de recyclage existantes et en développant une application pour localiser les engins déjà perdus via le programme de science participative « Fish & Click ».</p>
<h2>« Fish & Click », en savoir plus sur les engins de pêche perdus, abandonnés ou rejetés</h2>
<p>Depuis 2020, Fish & Click sollicite les usagers de la mer (plongeurs, pêcheurs, plaisanciers, promeneurs) afin de recenser le matériel de pêche perdu ou abandonné en mer et sur le littoral. Les observations sont signalées via un formulaire simple et accessible à tous, sur le <a href="https://fishandclick.ifremer.fr/">site Internet</a> ou sur l’application mobile <a href="https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.ifremer.fishandclick">Fish & Click</a>. La catégorie du matériel retrouvé, le lieu, la date et une photo de l’engin de pêche sont demandés aux participants.</p>
<p>Les données recueillies doivent permettre de cartographier la répartition des déchets plastiques issus des activités de pêche et d’aquaculture et d’orienter le développement de matériaux biodégradables vers les types d’engins les plus enclins à être perdus.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation de Fish & Click (Ifremer, 2020).</span></figcaption>
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<p>Fish & Click compte aujourd’hui 440 observateurs et plus de 1860 signalements d’engins et de fragments d’engins perdus dans la zone de la Manche et en Bretagne Sud. Les observations sur le littoral représentent 85 % des signalements, les plages étant plus faciles d’accès que les explorations sous-marines.</p>
<p>Parmi les 18 000 engins signalés, les cordages constituent la majorité des signalements à terre, notamment en Bretagne et dans les Hauts-de-France. La tendance est tout autre en Normandie, puisqu’environ 60 % des signalements sont dans la catégorie « autre » et concernent du matériel d’aquaculture (filet de mytiliculture, poches ostréicoles…). Une part importante de ce matériel est également signalée en Bretagne Nord (25 %).</p>
<p>En mer, trois types d’engins perdus sont majoritairement observés : les lignes, les cordages et les casiers respectivement dans le nord-est du Golfe de Gascogne, la mer Celtique et la Manche. Le nombre d’observations est très variable d’une zone à l’autre, que ce soit en mer ou sur le littoral. La poursuite de la collecte de données par les citoyens permettra de consolider ces résultats.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1463553004041297926"}"></div></p>
<h2>Les engins de pêche biodégradables</h2>
<p>Dans le cadre du projet INdIGO, l’un des objectifs concerne la mise au point d’un engin de pêche résistant et biodégradable en milieu marin.</p>
<p>Pour cela, il faut d’abord s’entendre sur ce que signifie « biodégradable ».</p>
<p>Évoquer les biomatériaux exige en effet d’identifer au mieux les aspects d’origine et de fin de vie. Le terme « bioplastique » renvoie ainsi à trois familles de polymères : les polymères biosourcés et biodégradables, les polymères biosourcés et non biodégradables et les polymères non biosourcés mais biodégradables.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/bienvenue-dans-le-monde-du-biosource-112719">Le terme « biosourcé »</a> s’applique aux polymères dont la majorité des constituants est issue de la biomasse, c’est-à-dire de matières premières renouvelables qui peuvent se régénérer sur une période de temps significative à l’échelle humaine. Les ressources minérales et les énergies fossiles sont considérées comme des ressources naturelles, mais non renouvelables, ne pouvant se régénérer sur une période suffisamment courte pour les activités humaines.</p>
<p>Le terme « biodégradable » s’applique aux polymères issus de ressources renouvelables ou non. En effet, la biodégradabilité dépend principalement de la structure chimique du plastique et des caractéristiques du milieu dans lequel il est placé (compost industriel, sol réel, milieu marin…). Selon la <a href="https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/nf-en-13432/emballage-exigences-relatives-aux-emballages-valorisables-par-compostage-et/fa049121/454">norme NF EN 13432</a>, la biodégradabilité désigne la capacité intrinsèque d’un matériau à être dégradé par une attaque microbienne, pour simplifier progressivement sa structure et finalement se convertir facilement en eau, CO<sub>2</sub> et/ou CH<sub>4</sub> et une nouvelle biomasse.</p>
<h2>En conditions réelles</h2>
<p>La première étape concernant la mise au point d’un engin de pêche résistant et biodégradable en milieu marin correspond au développement d’une nouvelle formulation, composée d’un mélange de plastiques, qui sera utilisée pour fabriquer les monofilaments (filaments composés d’un brin unique) et multifilaments (filaments composés de plusieurs brins).</p>
<p>Les acteurs du projet tentent ainsi de concevoir la meilleure combinaison possible afin d’élaborer des matériaux avec les propriétés requises (résistance, élasticité, efficacité…).</p>
<p>Deux prototypes de filets biodégradables seront ensuite développés en mai 2022 dans le but de remplacer une partie des filets actuellement utilisés pour l’aquaculture (filet de catinage) et pour la pêche (filet fin).</p>
<p>L’une des particularités de ce projet concerne l’étude approfondie du comportement du filet en conditions réelles, tout en s’assurant que l’impact sur l’environnement est nul. Des tests de déploiement en mer seront réalisés par la suite avec les professionnels de la pêche et de l’aquaculture.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-nouvelle-version-de-la-nasse-a-poisson-pour-limiter-limpact-de-la-peche-155619">Une nouvelle version de la nasse à poisson pour limiter l’impact de la pêche</a>
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<p>Le suivi de la dégradation du filet sera étudié via des tests de vieillissement en mer. Des tests de biodégradation et d’écotoxicité permettront de vérifier scientifiquement que les filets INdIGO, en fin de vie, sont réellement assimilables par les micro-organismes, sans aucun impact sur l’environnement marin.</p>
<p>Enfin, une analyse du cycle de vie permettra de modéliser différents scénarios de fin de vie du nouveau filet, afin de fournir une analyse robuste pour évaluer les impacts environnementaux à chaque étape de la vie du produit.</p>
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<p><em>Juliette Lasserre (Ifremer) a contribué à l’élaboration de cet article. <a href="http://indigo-interregproject.eu/newsletter/">Une newsletter dédiée</a> permet de suivre l’avancement du projet INdIGO</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175881/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La fragmentation des déchets plastiques dans les eaux a des conséquences très néfastes pour la faune. Des recherches sont conduites pour élaborer des filets de pêche résistants et moins polluants.Morgan Deroiné, Ingénieure R&D matériaux biodégradables, Université Bretagne SudLaetitia Miquerol, Ingénieur en écologie marine, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1725742021-12-03T14:17:10Z2021-12-03T14:17:10ZCruches de plastique, boîtes de carton ou sacs de plastique – lequel de ces contenants à lait est meilleur pour l’environnement ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/435081/original/file-20211201-15-svhvr5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4998%2C3235&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’empreinte environnementale des contenants de lait varie considérablement.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Jonathan Hayward</span></span></figcaption></figure><p>Si vous êtes un Canadien qui fait une consommation de lait moyenne, vous en buvez probablement <a href="https://agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/production-animale/centre-canadien-dinformation-laitiere-ccil">plus de 60 litres par an</a>. Cela représente environ deux milliards de contenants chaque année.</p>
<p>L’emballage de tout ce lait dépend de l’endroit où vous vivez, et de nouvelles recherches montrent qu’un type de contenant est meilleur que les autres pour l’environnement.</p>
<p>Il existe un éventail particulièrement vaste de contenants pour le lait. Au Canada, les plus courants sont les cruches rigides en polyéthylène haute densité, les boîtes en carton plastifié et les sacs de lait. Les bouteilles en verre réutilisables sont rares, et c’est tant mieux, car elles présentent un <a href="https://doi.org/10.31025/2611-4135/2020.14025">potentiel de réchauffement planétaire plus élevé</a> que les autres contenants de boissons.</p>
<p>Mes collègues et moi, tous des chimistes et des physiciens spécialisés en recherche sur les matériaux et le stockage de l’énergie, avons étudié des enjeux de consommation liés à la durabilité. Nous avons récemment évalué <a href="https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2021.129347">l’impact environnemental des cruches de plastique, des cartons et des sacs de lait</a> à Toronto et à Halifax, et nous avons constaté que les sacs étaient l’option la plus écologique.</p>
<p>Selon un rapport de 2010 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la plupart des contenants de lait vendus en Amérique du Nord sont des <a href="http://www.fao.org/docrep/012/k7930e/k7930e00.pdf">cruches de plastique (68 %), suivis des boîtes (24 %) et des sacs (7 %)</a>. À l’inverse, les sacs dominent dans les pays d’Afrique méditerranéenne (72 %) et l’ancienne Union soviétique (54 %).</p>
<p>L’entreprise chimique américaine DuPont <a href="https://www.selection.ca/arts-et-culture/voici-pourquoi-les-canadiens-preferent-le-lait-en-sac/">a commercialisé les sacs à lait en plastique polyéthylène</a> au Canada en 1967. Cette innovation a pris son essor dans les années 1970, lorsque le Canada s’est converti au système métrique, car le volume pouvait y être modifié plus facilement que pour les cartons et les cruches.</p>
<h2>L’impact du contenant</h2>
<p>Notre étude consistait en une analyse du cycle de vie d’une grande variété de contenants de lait — les types et les tailles qu’on trouve généralement à Toronto et à Halifax. Nous avons évalué les intrants énergétiques, les émissions de gaz à effet de serre et l’eau utilisée pour les produire, les transporter et s’en débarrasser.</p>
<p>Nous avons constaté que la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre les plus importantes provenaient de la production du papier et des polymères plastiques, bien plus que du transport et du traitement ou de l’élimination des matériaux. Les polymères se retrouvent dans les cruches de lait, les bouchons à vis, ce qui plastifie le carton, les sacs de lait et leurs attaches, et le papier fait partie du carton.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Du lait dans des sacs et des cartons dans une épicerie" src="https://images.theconversation.com/files/433558/original/file-20211123-20-1v4hsie.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/433558/original/file-20211123-20-1v4hsie.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/433558/original/file-20211123-20-1v4hsie.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/433558/original/file-20211123-20-1v4hsie.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/433558/original/file-20211123-20-1v4hsie.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/433558/original/file-20211123-20-1v4hsie.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/433558/original/file-20211123-20-1v4hsie.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le lait en sac est devenu populaire au Canada dans les années 1970.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bagged_Milk_in_Store_(3293358107).jpg">(Kevin Qiu/wikimedia)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les deux villes, les sacs nécessitent moins d’énergie et d’eau par litre de lait et produisent moins de gaz à effet de serre que les cruches ou les boîtes. Cela est dû principalement au fait que les sacs ne pèsent que 20 à 30 % du poids des cruches ou des cartons pour un volume égal.</p>
<p>Les différences sont importantes. Pour la même quantité de lait, si on les compare aux cruches ou aux cartons, les sacs ne consomment qu’environ 20 à 30 % de l’énergie, n’utilisent qu’environ 2 % (par rapport aux cartons) et 40 % (par rapport aux cruches) de la quantité d’eau et ne produisent que de 20 à 40 % des gaz à effet de serre engendrés par les autres contenants.</p>
<p>Même lorsque les sacs sont enfouis ou incinérés et que les cruches ou les cartons sont entièrement recyclés, l’impact environnemental des sacs demeure plus faible.</p>
<h2>Exclusions et comparaisons</h2>
<p>Nous avons omis plusieurs petits éléments dans le cadre de notre étude, notamment les matériaux et les processus associés à l’étiquetage, comme les encres et l’impression. Nous avons également exclu les cruches dans lesquelles on place le sac de lait pour pouvoir l’utiliser. Une autre étude a montré que <a href="https://www.techylib.com/en/view/cockeysvilleuterus/life_cycle_assessment_of_example_packaging_systems_for_milk">leur impact était faible</a> et, d’après mon expérience, elles peuvent durer plusieurs années. Une question importante que nous avons ignorée, c’est l’incidence des différents contenants sur l’océan et la vie marine.</p>
<p>Les résultats de notre recherche ont été validés par une comparaison avec des études antérieures menées au Royaume-Uni et <a href="http://www.fao.org/docrep/012/k7930e/k7930e00.pdf">dans plusieurs autres pays</a>. Nos calculs de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre étaient compatibles avec les leurs.</p>
<p>On utilise beaucoup d’eau pour la production, le traitement et le transport des contenants, mais une quantité considérable d’eau est récupérée par le recyclage. La consommation nette d’eau est la petite différence entre ces grands nombres et n’est donc pas très précise. Cependant, nous avons constaté que les cartons utilisent un volume d’eau très important : près de 20 litres d’eau sont nécessaires pour produire le carton pour chaque litre de lait.</p>
<p>Notre comparaison avec d’autres pays nous a permis d’observer que l’énergie consommée par les sacs de lait au Royaume-Uni était presque quatre fois supérieure à notre résultat. C’est parce que les sacs utilisés au Royaume-Uni viennent du Canada. Cela nous incite à souligner l’importance de l’emplacement des consommateurs dans une évaluation du cycle de vie. Cependant, nos chiffres étaient essentiellement les mêmes pour Toronto et Halifax, ce qui indique que l’impact plus faible pour les sacs à lait s’applique à n’importe quel endroit dans les régions du sud du Canada.</p>
<p>Autrement dit, le sac à lait aurait le moins d’impact sur les consommateurs canadiens parmi tous les contenants si tout le monde pouvait en acheter. Pour l’instant, on n’en trouve pas dans l’ouest du pays. L’utilisation de sacs dans l’Ouest canadien pourrait permettre d’économiser jusqu’à 5 000 tonnes de plastique par an.</p>
<h2>Du lait gaspillé ?</h2>
<p>Ces nouvelles informations inciteront-elles les gens à se tourner vers le lait en sac ? Au Canada, celui-ci se vend uniquement en quantités de quatre litres, ce qui peut être trop pour certains et risque d’occasionner du gaspillage, annulant ainsi tout avantage environnemental.</p>
<p>Des sacs de lait individuels d’un litre sont désormais <a href="https://www.brodowin.de/der-betrieb/unsere-produkte/mehr-zur-einwegverpackung/">vendus en Allemagne</a>. Bien qu’ils soient plus lourds que les nôtres, ils demeurent préférables aux cruches ou aux boîtes.</p>
<p><a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/11/7/2152">L’impact environnemental du gaspillage du lait</a> est encore plus important que celui de son emballage. Aux États-Unis, le lait représente environ 13 % des pertes alimentaires, et le gaspillage de lait par les consommateurs produit environ dix millions de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone par an.</p>
<p>Le Canada a pour objectif <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/nouvelles/2020/10/le-canada-fait-un-pas-de-plus-vers-lobjectif-de-zero-dechet-de-plastique-dici-2030.html">d’interdire le plastique à usage unique</a> d’ici 2030, mais on ne sait pas si les sacs de lait seront inclus dans les produits bannis. Notre analyse suggère que le plastique reste la meilleure option pour avoir du lait avec peu de déchets.</p>
<p>Si un ménage canadien moyen passait des cruches ou des cartons aux sacs, l’économie d’énergie hebdomadaire équivaudrait à une brassée de linge dans une sécheuse. Pour ceux qui se soucient de l’environnement, c’est un début.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172574/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mary Anne White a reçu un financement (2010-2016) du programme FONCER du CRSNG, pour le projet DREAMS (Dalhousie Research in Energy, Advanced Materials and Sustainability) dont est issu le projet d'analyse des contenants de lait, dans le cadre d'un cours de deuxième cycle dont elle était la coordonnatrice, « Sustainable Materials Issues ».</span></em></p>Le lait est disponible en cruches, en carton, en sacs et en bouteilles de verre. Une nouvelle analyse révèle quel type de contenant a la plus petite empreinte environnementale dans son cycle de vie.Mary Anne White, Professor emerita, Department of chemistry, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1699172021-10-24T15:21:56Z2021-10-24T15:21:56ZAvec la transition verte, une entreprise a tout intérêt à jouer la carte du long terme avec ses fournisseurs<p>L’Europe, à travers le <a href="https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr">Green Deal</a>, ambitionne de devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050. Cela implique de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Ces objectifs vont nécessairement devenir des lignes directrices pour les entreprises européennes et devoir être déclinés dans leurs stratégies commerciales, financières, de production ou encore d’achats.</p>
<p>S’agissant de ces dernières, de nombreuses entreprises restent réticentes à s’engager dans la durée avec leurs fournisseurs principalement par peur de dépendance. Les leviers les plus classiques demeurent les contrats de court terme, voire les achats « spots » et la mise en concurrence.</p>
<p>En raison des objectifs climatiques, plusieurs de nos recherches suggèrent néanmoins qu’un changement de paradigme s’avère nécessaire. Plusieurs arguments nous font dire que le collaboratif, sur le long terme, va devoir s’imposer avec les fournisseurs pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.</p>
<h2>Tout le monde ne sera pas servi</h2>
<p>Il s’agira premièrement de <strong>devenir des clients attractifs</strong>. Finis les vieux réflexes du client dominant, le rapport de force client-fournisseur va vite basculer en faveur des fournisseurs qui maitriseront les technologies bas carbone, les produits biosourcés ou encore le recyclage. Nous avions déjà souligné cette évolution <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2014-4-page-153.htm">dans notre recherche sur l’avenir de la fonction achats</a> ; la tendance va s’intensifier avec la transition climatique.</p>
<p>Sur de nombreux marchés en effet, l’offre de produits plus écologiques ne va pas croître aussi vite que la demande. D’une part, certaines technologies n’existent pas encore. D’autre part, celles qui émergent nécessitent des investissements lourds et sur la durée de la part des fournisseurs pour une industrialisation à grande échelle.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/426288/original/file-20211013-21-1ruilix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le polyéthylène sert notamment à confectionner les bouteilles en plastique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hans/Pixabay</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>C’est le cas par exemple des technologies de recyclage de plastique tels le polyéthylène ou le polypropylène. Ces matériaux peuvent-ils être recyclés à destination du secteur agroalimentaire ? Aujourd’hui, ces filières restent embryonnaires, notamment car il s’agit d’être conformes aux normes des matériaux en contact avec les denrées consommées.</p>
<p>Or, compte tenu des objectifs européens et de la législation, la demande va continuer de croître. Et toutes les entreprises de l’agroalimentaire ne seront pas approvisionnées.</p>
<p>Ainsi la direction achats de Nestlé, auprès de laquelle nous menons un travail d’observation, n’hésite-t-elle plus, pour ces raisons, à s’engager sur des relations à long terme auprès de certains fournisseurs. Elle accompagne l’industrialisation de leur technologie comme le recyclage enzymatique du PET, par exemple.</p>
<p>Pour le fournisseur, s’il y a un choix à faire, seules les entreprises comprenant ses contraintes et tentant de répondre à ses besoins seront servies. Nos travaux de recherche pionniers, publiés dès 2011, sur la <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00644107">motivation fournisseur</a> s’avèrent ainsi plus que jamais d’actualité. Nous y montrions déjà que la capacité à motiver ses fournisseurs et à être un client cible limite les risques de pénuries.</p>
<h2>Difficile de résoudre ses problèmes avec sa seule R&D</h2>
<p>Par ailleurs, il ne s’agit pas que de limiter les risques de pénuries. Pour progresser vers des entreprises plus respectueuses de l’environnement, <strong>seul le co-développement avec les fournisseurs permettra d’apporter des réponses globales et satisfaisantes</strong>.La neutralité carbone est en effet éminemment complexe. Elle requiert des approches systémiques intégrant les cycles de vie.</p>
<p>Dans le BTP, par exemple, coopérer avec ses fournisseurs en amont des réponses aux appels d’offres sur la réduction carbone est essentiel pour une entreprise de construction. C’est ce que fait Eiffage avec la création d’un <a href="https://www.sekoyacarboneclimat.com/">« club industriel bas carbone Sekoya »</a> dont l’objectif est d’identifier et de valoriser les solutions les plus innovantes en associant de grands fournisseurs comme Legrand mais aussi des PME et des start-up.</p>
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<p>Face à la complexité des enjeux climatiques, il est peu probable qu’une entreprise résolve ses problèmes avec sa seule branche recherche et développement et ses ressources internes, aussi brillantes soient telles. La fonction achats, de par son rôle historique d’interface entre ce qui est interne et ce qui est externe à l’entreprise, est une des mieux placées pour être à l’initiative du développement d’écosystèmes d’innovation.</p>
<h2>Émissions indirectes</h2>
<p>Coopérer semble enfin indispensable lorsque l’on s’intéresse aux chiffres du <strong>scope 3</strong>. Le « scope 3 amont » correspond aux émissions indirectes de CO<sub>2</sub> d’une entreprise tout au long de sa chaine d’approvisionnement. Elles sont en moyenne <a href="https://www.cdp.net/en/supply-chain">11,4 fois plus importantes</a> que ses émissions directes.</p>
<p>C’est là que se trouvent les plus grands potentiels d’optimisation. Imposer de façon unilatérale des réductions de CO<sub>2</sub> à ses fournisseurs signifie devenir un client répulsif. Les accompagner, c’est non seulement renforcer les liens, mais aussi trouver des solutions d’optimisations conjointes qui permettront à l’ensemble de devenir plus vert, plus robuste, plus agile.</p>
<p>Schneider, par exemple, dans le cadre de son « <a href="https://www.se.com/fr/fr/about-us/newsroom/news/press-releases/schneider-electric-accompagne-ses-1-000-principaux-fournisseurs-pour-les-aider-%C3%A0-r%C3%A9duire-de-50-l%E2%80%99empreinte-carbone-de-leurs-activit%C3%A9s-d%E2%80%99ici-2025-60827a266cfb005aca26a359">Zero Carbon Project</a> », travaille avec ses 1 000 principaux fournisseurs, représentant 70 % de son empreinte carbone pour réduire leurs émissions de CO<sub>2</sub> de 50 % d’ici 2025. Elle leur fournit des outils et des ressources pour les aider et propose de partager son expertise.</p>
<p>Citons aussi les propos de Florent Menegaux, PDG de Michelin à propos de la mobilité durable qui semblent assez significatifs :</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1134151453466157056"}"></div></p>
<p>Dans ce nouveau paradigme de la neutralité carbone, la capacité à collaborer avec son écosystème fournisseurs conditionnera non seulement l’atteinte des objectifs climatiques mais aussi sa compétitivité future. Et cette collaboration ne pourra s’inscrire que dans le long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169917/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Natacha Tréhan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Changer régulièrement de partenaire, c’est prendre le risque de ne plus être approvisionné… Ou bien de l’être avec des produits qui ne satisfont pas ses objectifs environnementaux.Natacha Tréhan, Maître de conférences en management des achats, Grenoble IAE Graduate School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1595002021-10-10T16:46:20Z2021-10-10T16:46:20ZDe nouvelles perspectives pour le recyclage de plastiques : une avancée pour l’environnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/425584/original/file-20211010-23-buvddw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C5991%2C3979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Stock de bouteilles d'eau.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/OTDyDgPoJ_0">Jonathan Chng / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>En quelques dizaines années, et après avoir pris enfin conscience que nos bouteilles en plastique finissaient en microplastiques dans l’océan, on est passé du « plastique c’est fantastique » au « plastic-bashing ». Dans ce contexte, certains semblent vouloir même se débarrasser totalement et radicalement des matières plastiques, une famille de matériaux aux propriétés inégalées et aux usages multiples. Ils préconisent en remplacement, par exemple, l’utilisation d’autres matériaux qui auraient une meilleure image, tels que le papier.</p>
<p>Originellement, le terme « plastique » ne fait nullement référence à l’origine du matériau mais à son comportement. Aussi les « bioplastiques » issus de la biomasse (nature) sont aussi des matières plastiques. Ils ont le même type de comportement, voire les mêmes structures chimiques, que certains autres issus de ressources fossiles. Le terme « plastique » a été très récemment défini par la Commission européenne dans une directive sur les plastiques à usage unique en précisant que c’est un matériau à base de polymères, en excluant les polymères « naturels » non modifiés.</p>
<p>Certains éléments ne sont pas intuitifs, par exemple, certains polymères issus de ressources fossiles sont biodégradables, compostables alors que d’autres, pourtant issus de la biomasse (nature) ne le sont pas notamment sur des temps courts. C’est le cas par exemple de certains composés phénoliques tels que les lignines issus du bois.</p>
<p>Autre exemple, pour revenir à la référence précédente au papier, ce matériau aux propriétés remarquables n’est malheureusement pas totalement « environnemental ». Au-delà des procédés de production de la pâte à papier, il ne faudrait pas oublier que dans la formulation de ce matériau et pour lui apporter de vraies propriétés d’usage (tenus à l’eau, aux graisses…), on rajoute pendant le procédé en quantités non négligeables de différents polymères synthétiques, ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser problème lors du recyclage de ce matériau. Sans ces ajouts, ce matériau ne serait qu’un « buvard » formé de fibres cellulosiques et de charges minérales.</p>
<p>Un autre exemple : on entend souvent plébisciter la biodégradation par compostage des matières plastiques. Pourtant, cette approche très intéressante présente des limites majeures. En effet, la biodégradation génère in fine des gaz à effet de serre, tels que le gaz carbonique et le méthane, qui sont difficilement valorisables avec une perte énorme de richesses notamment structurales par rapport au matériau initial. De plus, seuls quelques polymères sont biodégradables qu’ils soient issus de la biomasse, tel que l’amidon, ou synthétique, issus des ressources fossiles, tel que par exemple le polycaprolactone. Enfin, on attend souvent des matériaux, de longues tenues dans le temps dans une très grande majorité des usages. Vous n’attendez pas que le clavier de votre ordinateur se biodégrade, par exemple. Vous voulez le garder intact et fonctionnel le plus longtemps possible.</p>
<p>La recherche s’est emparée de la question des matières plastiques et de l’environnement depuis fort longtemps. Par exemple, la question problématique de la fin de vie des matières plastiques est abordée depuis des décennies dans différents laboratoires de recherche. Cette tendance s’est très largement amplifiée pendant cette dernière décennie dans un contexte de fortes attentes sociétales. Actuellement tout s’accélère aussi dans ce domaine de la recherche. Le nombre d’appels à projets dans ce domaine, les possibilités de financement explosent, et pas uniquement au niveau régional ou national. L’Europe a financé de très nombreux projets dans le cadre d’Horizon 2020 (H2020) et le programme actuel « Horizon Europe » ne fait qu’amplifier cela au service global de l’innovation et de la science en Europe.</p>
<p>Dans ce contexte global, <a href="https://icpees.unistra.fr/">notre laboratoire</a>, qui s’était saisi du thème des matières plastiques pour l’environnement il y a environ 25 ans, a récemment développé une nouvelle approche de recyclage novateur de matériaux plastiques en fin de vie, suite à différents projets financés par l’Europe et l’Université, au travers de ses fondations.</p>
<p>Comme le montre l’exemple très récent de Carbios (France) dans le domaine du PET (Bouteilles d’eau…), la R&D dans le domaine du recyclage s’est aussi récemment orientée vers la dégradation enzymatique contrôlée pour recycler des matières plastiques.</p>
<p>Les enzymes sont des protéines avec des activités catalytiques il sont produits par différents micro-organismes tels que des bactéries ou des champignons. En mettant en contact des enzymes avec les matières plastiques en fin de vie, on produit des briques moléculaires. À partir de ces briques, on va pouvoir obtenir une seconde génération de polymères par synthèse chimique. La première étape enzymatique permet la déconstruction du matériau et la seconde étape permet la construction d’un nouveau matériau. Comme une vieille maison que l’on déconstruit en récupérant les briques pour en reconstruire une toute neuve.</p>
<p>Cette approche circulaire peut être bouclé un très grand nombre de fois.</p>
<p>Notre équipe de recherche a développé récemment cette approche de biorecyclage sur une famille de polymères difficile à recycler que sont les Polyuréthanes. Il s’agit de la cinquième famille de matières plastiques. Les Polyuréthanes sont formés de groupes chimiques appelés « uréthanes », lesquels sont obtenus par réaction rapide entre des polyols, des molécules qui portent des fonctions alcools (-OH) et d’autres, des polyisocyanates, à base de groupements isocyanates (-NCO) lesquels sont connus pour être particulièrement toxiques avant de réagir.</p>
<p>Les polyuréthanes c’est avant tout des mousses (65 %). Vous êtes sûrement assis sur des mousses polyuréthane que vous trouvez aussi dans les matelas, les sièges auto, l’isolation thermique dans les bâtiments…</p>
<p>Ces mousses ont une structure dite « réticulée » cela veut dire que, si vous les chauffez, elles ne se ramollissent pas avant de se dégrader et carboniser.</p>
<p>Il est donc impossible de faire du recyclage en faisant fondre la matière comme cela se fait communément pour les thermoplastiques, tel que le PET.</p>
<p>Ces polyuréthanes ont des propriétés exceptionnelles pour l’économie d’énergie dans le bâtiment, l’amortissement… mais ils posent actuellement des problèmes en fin d’usage. On les retrouve par exemple en trop grande quantité dans les microplastiques. En effet, résistants et souvent de très faible densité (mousses), ils se dispersent facilement dans la nature après usage.</p>
<p>Au-delà des groupes uréthanes (-NCOO-) qui sont connus pour être particulièrement résistants, ces plastiques portent aussi des groupes ester (-COO-). Ce sont ces derniers qui sont cassés en utilisant des enzymes en préservant les groupes uréthanes intacts.</p>
<p>Pour casser ces fonctions ester, il existe une large famille d’enzymes : les estérases. Une fois le réseau cassé, déconstruit, par ces enzymes, on obtient des briques moléculaires qui portent des groupes chimiques actifs. Ceux-ci vont pouvoir être utilisés pour synthétiser une seconde génération de polymères tels que des polyuréthanes, et ceci sans utiliser de composés toxiques. Au-delà du recyclage des mousses en fin d’usage, faire des polyuréthanes sans ajout de composés toxiques est aussi un point majeur de l’ensemble de la démarche !</p>
<p>Une nouvelle vie est donc possible pour les mousses usagées (matelas…), pour éviter qu’elles ne terminent en fines particules dans l’environnement. Cela permettrait, de leur donner une nouvelle vie en les transformant en chaussure de sport, par exemple, ou en de nouvelles mousses.</p>
<p>Afin de pouvoir profiter de ces dernières avancées, un changement d’échelle est actuellement amorcé, du niveau du laboratoire vers l’échelle pilote dans un premier temps.</p>
<p>En combinant chimie et biotechnologie, nous pouvons aujourd’hui faire de nouveaux matériaux avec une approche respectueuse de l’environnement mais aussi circulaire, dans un contexte de développement durable ! On parle de « bioéconomie circulaire » !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159500/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L'Institut et l'équipe de recherche du Prof. Luc Avérous recoivent des financements des fondations de l'Université de Strasbourg, de la région Alsace, de l'ANR, du PIA, de l'Europe et de certaines entreprises (de gré à gré) dans le contexte de l'activité du groupe de recherche académique du Prof. Luc Avérous au sein de l'Université et du CNRS, mais sans aucun financements directs.</span></em></p>Et si on utilisait des enzymes pour recycler les plastiques ?Luc Avérous, Professeur des Universités en Science et Ingénierie des Polymères, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1654952021-09-22T22:24:57Z2021-09-22T22:24:57ZÉconomie circulaire : gare aux solutions trop faciles<p>Quel est le point commun entre une <a href="https://www.adidas.fr/sustainability-parley-ocean-plastic">paire de baskets en plastique recyclé</a>, un distributeur de vrac dans les grandes surfaces, un compost de quartier et le nouvel indicateur de réparabilité fraîchement débarqué sur les téléphones portables et les tondeuses à gazon neuves ?</p>
<p>Toutes ces inventions (plus ou moins) surgies au XXI<sup>e</sup> siècle répondent à la logique de l’économie circulaire, ce concept issu non pas du champ de l’économie mais de celui du développement durable, et qui vise à s’affranchir du modèle « extraire-transformer-utiliser-jeter ».</p>
<p>Il se fonde sur l’idée qu’en s’inspirant des écosystèmes naturels, les cycles biologiques de renouvellement des nutriments et les équilibres naturels seront respectés, et notamment la capacité des organismes à absorber et transformer les déchets des uns en énergie ou ressources pour les autres. Adopté par les industriels et les acteurs publics, cette idée devient un catalyseur majeur de la transition écologique.</p>
<h2>Une approche tronquée de la crise environnementale</h2>
<p>L’économie circulaire propose un cadre conceptuel qui aide les décideurs à appréhender deux des grands défis environnementaux actuels, à savoir la crise des déchets et l’épuisement des ressources minérales et fossiles – enjeu à la fois politique, économique et environnemental.</p>
<p>Le risque de se focaliser sur ces deux seuls défis est de passer à côté d’autres enjeux moins directement visibles, tels que le réchauffement climatique, la perte de biodiversité ou les effets toxicologiques de nos activités sur l’homme et les écosystèmes. Autant de questions qui exigent de nous davantage d’efforts de conceptualisation et de prospection, nécessaires si l’on souhaite surmonter la crise environnementale à laquelle nous sommes confrontés.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"958004820778078208"}"></div></p>
<p>Cette focalisation réduit aussi la complexité des systèmes anthropiques à leur production et à leur élimination, sans interroger leur utilisation, leur maintenance, leur transport ou encore leur utilité pour la société et les individus qui la composent.</p>
<p>Même pour des secteurs où la majorité des impacts environnementaux sont associés à l’extraction des ressources et à l’élimination des déchets tels que l’emballage, les solutions les plus performantes pour limiter l’impact du secteur, telles que la réutilisation, nécessitent de repenser complètement cet objet, ses usages et les interactions entre acteurs de la filière.</p>
<h2>Fausses bonnes idées au nom de la « circularité »</h2>
<p>La pensée en cycle de vie permet une évaluation des produits à l’aune de plusieurs critères environnementaux à la fois, qui dépassent la simple étape de la fabrication. Elle intègre notamment les acteurs qui ont contribué à sa conception, à son utilisation et ceux qui devront s’en charger en fin de vie. C’est un outil qui remet un peu de complexité environnementale dans l’analyse des systèmes anthropiques.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421159/original/file-20210914-23-6ctkxw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Cycle de vie d’un produit.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c7/Cycle-de-vie.jpg">Wikimedia</a></span>
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</figure>
<p>La directive <a href="https://europa.eu/youreurope/business/product-requirements/compliance/ecodesign/index_fr.htm">écoconception</a> constitue l’application directe de la pensée cycle de vie aux produits liés à l’énergie. Elle a donné lieu notamment à des économies d’énergie significatives mais également à l’amélioration de la longévité de certains objets comme les aspirateurs.</p>
<p>Appliquer ce cadre à certaines solutions promues dans le cadre de l’économie circulaire met en lumière un bilan environnemental et sociétal pas toujours aussi positif qu’espéré.</p>
<h2>Le cas du recyclage chimique des plastiques</h2>
<p>Prenons le recyclage chimique des plastiques. Aujourd’hui, ces derniers demeurent <a href="https://theconversation.com/pourquoi-ne-recycle-t-on-que-22-des-plastiques-49626">peu recyclés</a>, du fait de leur multiplicité. Derrière les plastiques se cache en réalité une variété de matériaux aux propriétés diverses, ce qui les rend difficilement séparables dans les infrastructures de traitement des déchets.</p>
<p>L’industrie chimique, en collaboration avec l’industrie des déchets et de la plasturgie, fait actuellement la promotion du recyclage chimique comme solution de <a href="https://www.basf.com/global/en/who-we-are/sustainability/we-drive-sustainable-solutions/circular-economy/mass-balance-approach/chemcycling/lca-for-chemcycling/download-study.html">traitement en fin de vie</a>.</p>
<p>Contrairement aux technologies d’aujourd’hui fondées sur des outils mécaniques, telles que la centrifugation, la flottaison, le broyage et l’extrusion pour récupérer de la matière, le recyclage chimique promet de revenir à des éléments chimiques primaires afin de resynthétiser n’importe quel plastique à partir de n’importe quel déchet en contenant, en utilisant une série de réactions chimiques comme la pyrolyse.</p>
<p><a href="https://www.eea.europa.eu/publications/plastics-the-circular-economy-and">Les analyses environnementales</a> s’appuyant sur la pensée cycle de vie ont révélé que cette technologie est moins performante que l’incinération des plastiques. Elle ne devient intéressante qu’à partir du moment où les <a href="https://www.reuters.com/investigates/special-report/environment-plastic-oil-recycling/?">flux de plastiques sont relativement homogènes</a>.</p>
<p>Dans ce cas-là, le recyclage mécanique est aussi capable de produire une matière de qualité, avec un impact sur l’environnement plus faible.</p>
<h2>La paire de baskets en plastique recyclé</h2>
<p>Revenons maintenant à notre <a href="https://www.adidas.fr/sustainability-parley-ocean-plastic">paire de baskets</a> Adidas Ocean Plastic, faite à partir de gros morceaux de plastiques collectés sur les plages (et non dans les océans, comme le suggère son nom).</p>
<p>Or, la difficulté n’est pas de réemployer les plastiques ramassés sur nos côtes mais bien d’éviter de trouver dans les océans des bouteilles, des gobelets, des filets de pêche échoués.</p>
<p>L’ambition d’Adidas de réduire l’impact environnemental de ses produits en utilisant ses plastiques plutôt que des matières premières vierges détourne l’attention des parties prenantes sur le vrai défi des fuites de plastiques vers les milieux aquatiques.</p>
<p>En outre, la logistique nécessaire à la massification des flux plastiques et à la fabrication des chaussures peut s’avérer plus émettrice que le fait de brûler ou de recycler ses plastiques localement. Au-delà de 8 000 kilomètres parcourus au total en camion pour collecter, densifier et envoyer sur le site de production, l’incinération du plastique <a href="http://www.base-impacts.ademe.fr/process">à moins d’impact</a> sur le réchauffement climatique.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/pJBRqespiOA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Comment Adidas transforme les bouteilles en plastique en chaussures (Tech Insider, 28 août 2019).</span></figcaption>
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<p>En se replaçant dans une perspective cycle de vie pour les <a href="http://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/upload/docs/application/pdf/2014-03/1.1.2.eacv_exemple_6_acv_dun_pantalon_en_jean__bio_intelligence_service-ademe.pdf">textiles</a>, il apparaît que les enjeux environnementaux sont liés à la fréquence de maintenance (lavage, séchage…) et à leur espérance de vie.</p>
<p>Sur ce point, Adidas rate le coche en proposant des chaussures de couleur claire, très salissantes, qui disperseront à chaque lavage des microplastiques dans le milieu naturel. Se pose également la question de la durabilité de la paire et du vieillissement de cette nouvelle matière dans le temps.</p>
<h2>Pensée complexe et urgence d’agir</h2>
<p>L’urgence de la crise environnementale requiert de transformer en profondeur nos activités industrielles et notre quotidien. Proposer des solutions plus économes en ressources et moins productrices de déchets fait partie intégrante de la réponse au changement climatique.</p>
<p>Le risque d’aller trop vite est néanmoins de promouvoir des idées pertinentes à court terme mais néfastes à long terme. Dans le domaine de l’économie circulaire, des chercheurs néerlandais ont mis en avant le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652621010507">paradoxe déchet/ressource</a>.</p>
<p>En voulant à tout prix trouver un exutoire aux déchets, des systèmes industriels sont développés pour lui donner une valeur marchande. Alors qu’en repensant le modèle de production initial, ils pourraient tout simplement ne jamais voir le jour.</p>
<p>Cette volonté de faire disparaître l’immonde déchet à tout prix pousse aussi à développer des technologies à très faible performance environnementale, énergivores ou dégageant des émissions nocives pour la santé et l’environnement.</p>
<p>L’approche holistique des enjeux environnementaux doit également s’appliquer à l’économie circulaire afin que chaque option envisagée soit évaluée à l’aune de ses conséquences sur les systèmes naturels et humains.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165495/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lucie Domingo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’économie circulaire est sur toutes les lèvres, des industriels aux gouvernements. En se focalisant sur la disparition des déchets, les solutions qui s’en réclament sont parfois aberrantes.Lucie Domingo, Enseignante-Chercheure en éco-conception, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1620572021-06-13T16:35:29Z2021-06-13T16:35:29ZComment freiner le commerce illégal de déchets plastiques ?<p>Une récente opération mondiale contre la pollution marine, coordonnée en Europe par Interpol et Frontex, <a href="https://www.europol.europa.eu/newsroom/news/1-600-offences-detected-in-global-operation-against-marine-pollution">a dévoilé 1 600 délits environnementaux</a>, dont une grande partie liée au commerce illégal de déchets. 22 personnes suspectées d’être impliquées dans un réseau criminel de trafic de déchets plastiques entre l’Europe et l’Asie ont été arrêtées.</p>
<p>Rien qu’en 2020, dans les pays de l’OCDE, plus de 1,7 milliard de tonnes de déchets plastiques ont été envoyées de façon illégale à des pays tiers via des intermédiaires ou des « courtiers ».</p>
<p>La consommation de plastique dans le monde a atteint en 2018 les <a href="https://www.statista.com/statistics/282732/global-production-of-plastics-since-1950/">360 millions de tonnes</a>. La production de déchets est si importante que son recyclage ou sa valorisation énergétique génèrent un marché dont le volume commercial attendu pour 2022 dépasse les 50 milliards de dollars. Dans l’Union européenne, 25 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année, <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_18_5">mais seuls 30 % sont récupérés pour le recyclage</a>.</p>
<p>L’exportation vers des pays membres ou extérieurs à l’Union européenne est une option prévue et permise par la norme européenne, tant qu’il existe des preuves solides que la récupération de matériaux s’effectuera dans des conditions équivalentes à celles imposées par la législation européenne.</p>
<p>Cependant, la gestion opérationnelle finale de ces déchets plastiques (recyclage et valorisation énergétique) dans les pays qui l’encouragent entraîne des coûts et le paiement de droits et de taxes. Ce qui génère un marché noir afin d’optimiser les profits.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les principales évolutions dans les exportations de déchets plastiques vers l’Asie depuis janvier 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">Interpol</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Pourquoi il existe un marché noir des déchets</h2>
<p>Les motivations derrière ce commerce illégal sont nombreuses, mais voici les trois principales :</p>
<ul>
<li><p>La volonté de tirer profit d’une matière première en évitant les coûts du traitement approprié.</p></li>
<li><p>Le prix du plastique recyclé n’est pas compétitif par rapport au plastique vierge lorsque le prix du pétrole est relativement bas. Cela incite à s’en débarrasser par le biais de pays tiers.</p></li>
<li><p>L’existence d’un surplus important sur le marché producteur et le manque de traçabilité, en raison d’un <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_18_6444">écart évident entre l’offre et la demande</a> pour les plastiques recyclés.</p></li>
</ul>
<p>Ces expéditions illégales sont facilitées par un mauvais contrôle dans les ports de départ et par l’utilisation de licences d’exportation de matières plastiques (via des déclarations frauduleuses), alors qu’il s’agit en réalité de déchets plastiques.</p>
<p>Ceux-ci finissent dans des pays où ils sont traités illégalement : soit ils sont brûlés dans des installations énergétiques, soit ils sont déversés directement dans des décharges. Dans le meilleur des cas, un faux tissu industriel est formé pour recycler les plastiques sans contrôle sanitaire ni contrôle de la main-d’œuvre mobilisée.</p>
<h2>Incendies de décharges</h2>
<p>Depuis que les contrôles à l’importation se sont renforcés dans les pays qui recevaient traditionnellement ces déchets – alors que leur propre production est excédentaire – les pays d’Europe du Sud ont signalé une augmentation des feux de déchets plastiques dans les stations de traitement et les décharges.</p>
<p>L’administration espagnole a par exemple observé cette <a href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">évolution</a> liée à l’élimination des déchets accumulés dans les champs et les entrepôts de certains recycleurs.</p>
<p>L’Espagne avait l’habitude d’exporter près de 60 % de ses déchets plastiques vers la Chine. Depuis que cette dernière ne l’autorise plus, les centres de recyclage n’ont pas la capacité de traiter tout le plastique qui n’est plus exporté. Il a été estimé qu’entre 2017 et 2018, la fréquence des incendies de déchets en Espagne <a href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">a augmenté de 100 %</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Types d’activités illégales de traitement des déchets plastiques, en janvier 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">Interpol</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Améliorer la gestion des plastiques</h2>
<p>La situation actuelle semble complexe. D’un côté, le contrôle à l’encontre de ces délits s’est renforcé. Les pays du Sud-est asiatique ne sont plus les importateurs traditionnels de déchets plastiques qu’ils étaient, ou du moins plus dans les mêmes proportions. La population de son côté souhaite de plus en plus contribuer au recyclage, ce qui entraîne une augmentation de la récupération de matériaux plastiques. Dans ce contexte, l’industrie de recyclage est toutefois incapable d’assimiler tous ces volumes de déchets.</p>
<p>Cela conduit les mafias à cherche de nouvelles destinations et « marchés » illégaux. On observe un transfert des déchets vers des pays tels que la Turquie, ou même au sein de l’Union européenne vers la Bulgarie, la Roumanie et la Pologne. Là, ils sont utilisés dans les usines de production d’énergie comme combustible de substitution, ce qui permet d’économiser environ 40 euros par tonne de plastique brûlé illégalement.</p>
<p>Pour résoudre cette situation, trois types de solutions existent :</p>
<p><strong>Techniques</strong></p>
<ul>
<li><p>Réduire ou éliminer la fabrication de plastiques non recyclables ou difficilement, comme ceux <a href="https://www.boe.es/doue/2019/155/L00001-00019.pdf">à usage unique</a> ; promouvoir des matériaux biodégradables alternatifs.</p></li>
<li><p>Augmenter la qualité des matériaux récupérés, en améliorant les systèmes de collecte sélective et l’efficacité des centres de tri.</p></li>
</ul>
<p><strong>Économiques</strong></p>
<ul>
<li><p>Faire en sorte que le recyclage soit plus rentable pour les entreprises, à travers des normes de recyclabilité et en augmentant la part des plastiques recyclés dans les nouveaux produits. Améliorer les systèmes de gestion des déchets impliquerait des économies de <a href="https://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:2df5d1d2-fac7-11e7-b8f5-01aa75ed71a1.0023.02/DOC_1&format=PDF">77 à 120 € par tonne collectée</a>.</p></li>
<li><p>Soutenir l’innovation et le financement pour le développement de plastiques plus intelligents et recyclables. On estime les besoins d’investissements en la matière entre <a href="https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/my/Documents/risk/my-risk-blueprint-plastics-packaging-waste-2017.pdf">8 400 et 16 600 millions d’euros</a>.</p></li>
</ul>
<p><strong>Politiques</strong></p>
<p>Sur le plan politique, il s’agit de lutter contre les importations illégales, sur la base de l’amendement de la <a href="https://www.basel.int/Portals/4/Basel%20Convention/docs/text/BaselConventionText-s.pdf">Convention de Bâle</a> – traité international sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination, signé par 180 pays. Le but est de renforcer les règles d’exportation et d’obliger les opérateurs du commerce des déchets à demander le consentement du gouvernement du pays destinataire.</p>
<p>Au sein de l’Union européenne, plusieurs objectifs ambitieux ont été adoptés. <a href="https://ec.europa.eu/info/research-and-innovation/research-area/environment/circular-economy/plastics-circular-economy_en">Dix millions de tonnes</a> de plastiques recyclés seront convertis en nouveaux produits d’ici à 2025. Et en <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=celex:32018L0852">2030</a>, 55 % des déchets de contenus plastiques seront recyclés. Les bouteilles devront par ailleurs contenir au minimum 30 % de matériau recyclé.</p>
<p>Toutes ces mesures, comme d’autres qui émergent au fil du temps, contribueront à diminuer et éliminer le gouffre entre l’offre et la demande. Et elles compliqueront le traitement illégal de plastiques dont se nourrissent les mafias et les recycleurs sans scrupule.</p>
<p>Le défi est complexe et les consommateurs doivent également faire un effort pour changer leurs habitudes, afin de réduire la fabrication de certains produits en plastique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162057/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>José Vicente López ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En 2020, plus de 1,7 milliard de tonnes de déchets plastiques ont été transférées illégalement vers des pays tiers. Car leur gestion est coûteuse et l’industrie du recyclage incapable de tout absorber.José Vicente López, Investigador en el Departamento de Ingeniería y Gestión Forestal y Ambiental, Universidad Politécnica de Madrid (UPM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1569902021-03-15T18:00:22Z2021-03-15T18:00:22ZBisphénol A : comment les lobbies ont ralenti son interdiction<p>Dans les années 1960, le bisphénol A est devenu l’un des produits chimiques les plus utilisés au monde par les industriels du plastique. Grâce à ses capacités anticorrosion et à sa stabilité thermique, ce composé organique a permis de créer des produits qui ont considérablement amélioré la qualité de vie des individus (emballages alimentaires, lunettes de soleil, biberons…). En outre, son utilisation peu coûteuse a également réduit les coûts des producteurs et donc les prix sur le marché.</p>
<p>Si cette innovation était très appréciée, sa réputation a commencé à être ébranlée par un nombre considérable d’études sur son niveau de toxicité <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9074884/">dès les années 1990</a>. Cependant, malgré ces études scientifiques rassemblant des preuves accablantes de l’effet nocif du bisphénol A sur la santé et l’environnement, le bisphénol A a continué d’être utilisé légalement par les fabricants, sans aucune mention du principe de précaution.</p>
<p>Ce n’est qu’à partir de 2010 que le bisphénol A commence à être <a href="https://www.ladepeche.fr/article/2010/05/10/832555-deputes-enterinent-suspension-commercialisation-biberons-contenant-bisphenol.html">interdit en France</a>, avec une suspension de la commercialisation des biberons au bisphénol. Le 14 juin 2017, le bisphénol A est officiellement reconnu dans l’Union européenne comme un <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/bisphenol">perturbateur endocrinien</a> et une substance extrêmement préoccupante après une évaluation de l’agence REACH (enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques).</p>
<h2>Comportement de routine</h2>
<p>Mais pourquoi l’attente a-t-elle été si longue entre les premières preuves sur le danger du bisphénol A sur la santé humaine et l’environnement et son interdiction ? Comment explique-t-on le manque de réaction de l’État ?</p>
<p>Une première explication se trouve dans le concept de <a href="https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674272286">« routine organisationnelle »</a> qui décrit l’entreprise comme une entité routinière. Les entreprises seraient enclines à sortir de leur routine uniquement si d’autres concurrents ont acquis de meilleures connaissances. Elles vont alors mener un effort de recherche pour être à nouveau compétitives.</p>
<p>L’industrie du plastique a ainsi adopté un comportement de routine, et n’a pas fait d’investissements significatifs, car aucun composé organique n’était en concurrence avec le bisphénol A.</p>
<p>En outre, comme nous l’avons montré dans nos récents travaux de recherche, les <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01781310">stratégies d’influence</a> des lobbies industriels peuvent <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02891112">arrêter, ralentir ou diluer les réglementations</a> qui vont à l’encontre de leurs intérêts commerciaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1192580110186102785"}"></div></p>
<p>Les lobbies industriels peuvent notamment financer des scientifiques afin de crédibiliser leurs études. C’est ainsi qu’en 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a autorisé le bisphénol A en se référant aux résultats d’une étude portant sur trois à quatre années consécutives dans le cadre du programme national de toxicologie des États-Unis soutenu par des lobbies industriels du plastique.</p>
<p>Avec leurs expertises, ces mêmes scientifiques peuvent œuvrer directement dans des comités décisionnels. <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/intoxication-9782707186379">L’affaire du bisphénol A</a> a d’ailleurs révélé que 8 des 18 experts du groupe nommés par la Commission européenne devant se prononcer sur la dangerosité présumée du bisphénol A pour élaborer une stratégie afin de réglementer les perturbateurs endocriniens, étaient en rapport avec l’industrie chimique.</p>
<p>Les lobbies industriels fabriquent le doute en proposant systématiquement des études contredisant des résultats d’experts indépendants qui leur sont peu favorables. Ainsi, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1280330/">parmi les publications concernant le bisphénol A</a> publiées en décembre 2004, 94 des 104 études financées par le gouvernement prouvaient les effets de faibles doses de bisphénol A alors que 100 % des études financées par des entreprises privées réfutaient cette hypothèse. Cette différence soulève des interrogations sur la validité des résultats des études fournies par les entreprises.</p>
<p>La bataille se joue également auprès de l’opinion publique. PlasticsEurope, qui représente les producteurs européens de matières plastiques, avait ainsi utilisé la perspective d’une éventuelle réduction de l’emploi à la suite de l’interdiction du bisphénol A pour encourager les citoyens intéressés par la préservation de leur travail à soutenir son maintien. Cet argument, impliquant une perte de bien-être de la société, a ralenti les décisions à l’encontre du bisphénol A.</p>
<h2>Éviter les mêmes erreurs</h2>
<p>Une réflexion sur la régulation des risques, notamment chimiques, devient donc urgente. En effet, à la suite de l’interdiction du bisphénol A, de nouveaux composés de la famille des bisphénols ont émergé : les bisphénols B, F et S. Les premières études toxicologiques sur ces substituts <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31313948/">ne sont guère rassurantes ni pour la santé</a>, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28601665/">ni pour l’environnement</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1326747171044077571"}"></div></p>
<p>Répartir les responsabilités entre l’industrie du plastique et les fabricants pourrait d’une part rendre plus prudente l’ensemble de la chaîne de production dans le choix de leurs produits et de leurs substituts. En effet, le profit des fabricants pouvant être impacté, leur demande de mesures de contrôle vis-à-vis de l’industrie du plastique pourrait devenir plus exigeante conduisant l’industrie du plastique à être plus précautionneuse et moins routinière.</p>
<p>Cependant, le partage des responsabilités pourrait également avoir un effet contre-productif lié à l’affaiblissement du niveau de compensation financière de l’industrie du plastique. Le choix du niveau de responsabilités et du niveau d’indemnisation entre les différents acteurs de la chaîne de production est ainsi à arbitrer méticuleusement.</p>
<p>Un autre point doit par ailleurs être considéré. Bien que l’État dispose d’une base d’études relativement étendue, le système reste confronté à la nécessité de respecter la confidentialité des brevets. Ainsi, les instituts de régulation ne peuvent consulter que les résultats des tests, ce qui est une véritable porte d’entrée vers d’éventuels conflits d’intérêts. Pourrions-nous permettre aux instituts de régulation d’accéder à des résultats plus fiables ? Devrions-nous financer davantage d’expertises indépendantes et de recherches publiques ?</p>
<p>La santé publique et la préservation de l’environnement demeurent liées à ce questionnement. À l’approche des décisions sur l’interdiction des néonicotinoïdes et du glyphosate, cette réflexion sur la régulation des risques est une nécessité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156990/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Caroline Orset ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les stratégies d’influence des industriels du plastique ont abouti à un délai de près de 20 ans entre les premières études alertant sur les dangers de ce composé chimique et son interdiction.Caroline Orset, Enseignant-Chercheur en sciences économiques, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1555352021-03-04T19:12:57Z2021-03-04T19:12:57ZQue deviennent les déchets plastiques rejetés dans l’océan depuis les côtes et les rivières ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/386390/original/file-20210225-13-mnjp47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=104%2C29%2C4850%2C3226&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La pollution plastique marine serait à 80 % d’origine côtière.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Lvs1F46S8Rs">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Depuis les régions côtières jusqu’à l’océan du large, la pollution sévit, et ses conséquences dramatiques pour la vie marine sont désormais connues. La production de plastique ayant augmenté de manière exponentielle depuis les années 1950, il a été récemment démontré que sans une stratégie de réduction de ces déchets, <a href="https://science.sciencemag.org/content/369/6510/1455">cette contamination triplera d’ici à 2040</a>.</p>
<p>Pour les diminuer, essayons d’abord de comprendre les chemins qu’ils empruntent. Cela implique d’identifier leurs sources et leurs puits, d’où ils proviennent et où ils « finissent » leur course. Selon les estimations, cette pollution marine par les plastiques serait <a href="https://www.informea.org/en/literature/sea-debris-summary-third-international-conference-marine-debris">à 80 % d’origine côtière</a> – c’est-à-dire issue de l’apport fluvial ou de la population littorale. Le reste serait issu des activités maritimes.</p>
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<figcaption><span class="caption">La pollution de plastique dans les océans va tripler d’ici 2040. (Les Échos/Youtube, le 13 août 2020).</span></figcaption>
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<p>Nous manquons néanmoins encore de données et d’observations sur ces déchets. Pour comprendre le transport et la dispersion du plastique dans les océans, les modèles numériques constitent un outil idéal pour pallier ces lacunes d’observations et pour tester des hypothèses sur le comportement des particules dans l’eau.</p>
<p>C’est justement ce que nous essayons de faire dans le cadre de l’étude conduite par une équipe de recherche du Laboratoire d’océanographie physique et spatiale. Publiée en avril 2021 dans le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X21001508?via%3Dihub#!"><em>Marine Pollution Bulletin</em></a>, elle vise à connaître le devenir des débris plastiques flottants qui sont rejetés le long des côtes, en s’appuyant sur un modèle de circulation océanique à l’échelle globale.</p>
<h2>Déchets plastiques modélisés en particules numériques</h2>
<p>Plus précisément, l’objectif de cette étude est de comparer la trajectoire des particules plastiques flottantes selon la façon dont elles sont arrivées dans l’eau depuis les côtes.</p>
<p>Dans le premier scénario, dit des rivières, l’apport de déchets provient donc des rivières et suit un modèle établi par des chercheurs en 2017 selon lequel environ <a href="https://doi.org/10.1038/ncomms15611">2 millions de tonnes de plastiques</a> pénètrent dans l’océan chaque année. Les cours d’eau les plus polluants sont principalement situés le long des côtes du Pacifique occidental et représentent environ 70 % de l’apport mondial dans ce scénario.</p>
<p>Fondé sur la population humaine présente sur le littoral, le second scénario utilisé est proportionnel à la quantité de déchets plastiques mal gérés. <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/10/12/124006">Le modèle</a> s’appuie sur les estimations recueillies <a href="https://doi.org/10.1126/science.1260352">dans une étude de 2015</a>, qui évaluait qu’entre 5 et 13 millions de tonnes de débris plastiques étaient relâchés dans l’océan par ce biais pour l’année 2010. Dans ce scénario, dit population côtière, les apports sont répartis de manière plus homogène le long des côtes que dans le scénario des rivières.</p>
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<figcaption><span class="caption">Qu’est-ce qu’un gyre océanique ? (Expédition 7ᵉ continent/Youtube, le 3 mai 2016).</span></figcaption>
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<p>Pour étudier leur dispersion et leur devenir, nous avons modélisé les déchets plastiques côtiers sous forme de particules numériques, qui suivent l’évolution des courants à l’échelle globale, quotidiennement pendant 23 ans (de 1993 à 2015).</p>
<p>Ces particules numériques ne reflètent pas fidèlement la réalité, c’est un cas théorique de la pollution par les plastiques : on ne considère ici que la part flottante de la contamination, c’est-à-dire les déchets transportés à la surface des océans – dans les faits <a href="https://advances.sciencemag.org/content/3/7/e1700782">ils constituent 50 % de la pollution de plastique en mer</a>. Par conséquent, nos particules ne se déposent jamais au fond de l’eau.</p>
<p>Pour mimer l’apport continuel de la pollution plastique dans l’océan, 20 000 particules sont relâchées chaque mois dans les deux scénarios – soit un total d’environ 6 millions de particules sur les 23 années de simulation numérique. Bien que dans la réalité les apports par les rivières et les ceux par la population côtière représentent des niveaux de contamination différents, nous avons choisi de modéliser le même nombre de particules dans chaque scénario afin de pouvoir comparer leur trajet.</p>
<h2>Des particules partout…</h2>
<p>À la fin de la simulation, nous récupérons la position géographique des particules numériques : nous retrouvons alors à la fois celles qui sont vieilles de 23 ans, lâchées au début du processus, et les plus jeunes, libérées il y a quelques mois seulement.</p>
<p>Si nous avions un satellite qui détectait les particules plastiques à la surface des océans, c’est l’image que l’on obtiendrait – dans l’hypothèse où la pollution des particules de surface ne provenait que des rivières ou que de la population côtière, qui sont les deux origines prises en compte ici.</p>
<p>Ce qui est intéressant ici, c’est d’observer que dans les deux cas, les particules sont présentes à peu près partout dans les océans. De la côte jusqu’au milieu des bassins océaniques, avec une concentration bien plus forte au milieu de chaque gyre océanique : on les appelle les zones de convergence subtropicales.</p>
<p>On en retrouve 5, célèbres pour accumuler des déchets plastiques : au centre de l’océan indien, du pacifique Nord et Sud, de l’atlantique Nord et Sud. Si la dynamique physique apparaît semblable dans les deux simulations, nous observons des différences significatives de concentration : dans le scénario des rivières, les quantités de particules sont bien plus faibles dans 3 des bassins océaniques – le Pacifique Sud, l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud. Avec les données dont nous disposons, il semble que le scénario de population côtière reproduit plus fidèlement l’accumulation dans les zones de convergence subtropicales que celui des rivières.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=647&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=647&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=647&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nombre de particules à la fin des simulations du modèle dans le scénario des rivières (en haut) et le scénario de la population côtière (en bas).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fanny Chenillat, Thierry Huck, Christophe Maes, Nicolas Grima, Bruno Blanke</span></span>
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<p>Dans les deux cas, la même quantité de particules est présente dans le cœur des zones de convergence Pacifique Nord et Indien, avec une accumulation rapide : au bout de 5 ans seulement, elles atteignent le cœur de ces vortex. Ceci prouve que les trajets parcourus entre la source de la pollution (la côte) et les puits (le cœur des gyres) sont relativement courts.</p>
<p>Dans le gyre du Pacifique Sud, au contraire, les particules s’accumulent très lentement – dans le scénario de population ; cela illustre que les particules voyagent longtemps, et sur de grandes distances avant d’atteindre cette région : la principale source ne se situe par conséquent pas nécessairement sur les côtes du Pacifique Sud.</p>
<p>D’un point de vue statistique, on retrouve moins de 20 % des particules rejetées par la côte dans le cœur des zones de convergence subtropicales. Seuls 29 % finissent dans l’océan dans le scénario rivière, contre 45 % dans le scénario population. Où sont donc passées les restantes ?</p>
<h2>54 à 70 % échouées sur les côtes</h2>
<p>Dans le scénario des rivières, 70 % des particules se sont échouées, contre 54 % dans le scénario population. Malgré cette différence en nombre et une répartition des sources distincte, leur répartition finale est semblable dans les deux cas : les particules s’échouent, dans les deux cas, sur presque toutes les côtes. Cette homogénéité s’explique peut-être par le fait qu’elles suivent les mêmes courants. Cette redistribution entre les sources et les puits révèle qu’il existe potentiellement des connexions particulières entre certaines régions côtières.</p>
<p>Pour étudier cette connectivité et comprendre la relation entre les sources et les puits, nous avons divisé l’océan en plusieurs parties : les grands bassins sont coupés entre le nord et le sud, sauf le Pacifique également réparti entre l’est et l’ouest.</p>
<p>Nous avons évalué la quantité de particules qui s’échouent en provenance d’une certaine région (sources) vers les côtes d’une autre région (puits). 85 % des particules qui atterrissent sur le littoral le font dans leur région d’origine dans les deux scénarios, et 15 % des parcourent avant cela des distances allant jusqu’à 8 000 km, ce qui permet une connectivité à l’échelle mondiale.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1260&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1260&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1260&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Matrice de connectivité pour les particules échouées dans le scénario des rivières (en haut) et le scénario de la population côtière (en bas). Les cellules sont colorées en fonction du nombre de particules provenant de la région indiquée source et aboutissant dans la région puits. Les cellules blanches indiquent une faible connectivité (c’est-à-dire moins de 50 particules).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fanny Chenillat, Thierry Huck, Christophe Maes, Nicolas Grima, Bruno Blanke</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Cette étude numérique a donc mis en évidence plusieurs éléments. D’abord, que les déchets issus des rivières et de la population côtière constituent deux sources clés de pollution marine par les plastiques, avec jusqu’à 20 % des particules totales rejetées depuis la côte qui s’accumulent dans le cœur des zones de convergences.</p>
<p>Ensuite, qu’il existe des différences significatives entre les deux scénarios : celui de la population côtière estime mieux l’accumulation des particules dans les zones de convergences, et les proportions varient d’un scénario à l’autre entre les particules qui finissent en mer et celles qui s’échouent.</p>
<p>Nous avons enfin montré que les débris flottants peuvent parcourir des milliers de kilomètres avant de s’échouer, ce qui signifie qu’un déchet parti d’une côte quelque part dans le monde pourrait se retrouver sur une autre côte 8000 km plus loin.</p>
<p>Cette étude théorique nous permet donc de mieux évaluer l’impact des sources des plastiques sur leur devenir, sur les côtes et au large. Les chercheurs du laboratoire d’océanographie physique et spatiale se concentrent sur ces questions et d’autres résultats sur le rôle de la dynamique des océans sur l’échouage des particules numériques sont à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155535/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanny Chenillat a reçu des financements du CNRS-INSU. </span></em></p>Des chercheurs ont modélisé le devenir des particules plastiques dans l’océan sur 23 ans.Fanny Chenillat, Chercheuse en modélisation des écosystèmes (LEMAR/LOPS/LEGOS), Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.