tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/services-29744/articlesservices – The Conversation2023-12-06T14:34:42Ztag:theconversation.com,2011:article/2162172023-12-06T14:34:42Z2023-12-06T14:34:42ZVieillir en milieu rural est un enjeu collectif qui doit être pris au sérieux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/560212/original/file-20231117-25-r47fsf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C994%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes aînées vivant en milieu rural doivent composer quotidiennement avec la rareté des services de proximité, de longues distances à parcourir pour accéder aux services sans réelle alternatives à l’automobile et une pauvreté d’offres de logement adapté.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cours des deux prochaines décennies, toutes les régions du Québec connaîtront une <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-830-01W.pdf">augmentation de la proportion de leurs citoyennes et citoyens âgés de 65 ans et plus</a>. Les petites municipalités rurales seront toutefois les <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/98-200-x/2021002/98-200-x2021002-eng.cfm">plus touchées par cette tendance</a>.</p>
<p>Comment expliquer ce phénomène? En partie par l’exode des jeunes vers les villes, par l’attrait des milieux ruraux pour certaines personnes retraitées et par la nette préférence des personnes immigrantes pour les milieux urbains. </p>
<p>La plupart des personnes âgées souhaitent vivre le plus longtemps possible dans leur domicile ou, à tout le moins, dans leur communauté et <a href="https://bmcpalliatcare.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12904-022-01023-1">y décéder</a>. Or, la possibilité de demeurer chez soi jusqu’à la fin se révèle intimement liée au statut <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7314918/">socio-économique et à des facteurs en lien avec l’aménagement du territoire</a>.</p>
<p>Respectivement stagiaire postdoctorale, cotitulaire de la <a href="https://www.uqar.ca/recherche/la-recherche-a-l-uqar/unites-de-recherche/chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales/presentation-objectifs-et-mission-chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales">Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’Université du Québec à Rimouski</a> et interniste gériatre dans la région de Montmagny-L’Islet au <a href="https://www.cisssca.com/accueil">CISSS de Chaudière-Appalaches</a>, nous sommes trois des trois chercheures au sein du <a href="https://labvivantmosaic.ca/">laboratoire vivant MOSAIC</a> dans lequel s’impliquent plusieurs citoyennes et citoyens et chercheur.es du <a href="http://www.crcisssca.com/accueil-centre-de-recherche">Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches</a>. Le laboratoire vivant MOSAIC vise à codévelopper des solutions innovantes pour soutenir le vieillir en communauté rurale dans cette région du Québec. </p>
<p>Dans cet article, nous introduisons le fonctionnement du laboratoire vivant MOSAIC.</p>
<h2>Portrait de la ruralité</h2>
<p>Les personnes aînées vivant en milieu rural doivent composer quotidiennement avec la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2022/22-830-52W.pdf">rareté des services de proximité, de longues distances à parcourir pour accéder aux services, sans réelle alternative à l’automobile, et une pauvreté d’offres de logement adapté</a>. </p>
<p>Malgré ces contraintes, nombre de ces personnes affirment que certaines dimensions de la vie en milieu rural, telles que <a href="https://unece.org/fileadmin/DAM/pau/age/Policy_briefs/ECE-WG1-25.pdf">l’attachement à la communauté et au territoire, la participation sociale et la familiarité, créent un sentiment d’appartenance qui l’emporte largement sur les aspects plus négatifs</a>. </p>
<p>Pour implanter des solutions collectives, innovantes, adaptées aux besoins et aux priorités des personnes aînées vivant en milieu rural, il apparaît nécessaire de mobiliser la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/ainee/F-5234-MSSS.pdf">collaboration intersectorielle et le dynamisme des communautés rurales</a>. </p>
<p>La collaboration intersectorielle vise à susciter des interdépendances entre une diversité d’actrices et d’acteurs issus de secteurs variés (société civile, communautaire, municipal, gouvernemental) afin de développer des réponses mieux adaptées à une problématique complexe. <a href="https://chairecacis.org/fichiers/intersectorialite_partenariat_2019.pdf">La mise en commun des différentes expertises et des ressources permet d’innover là où l’action d’un seul secteur serait jugée insuffisante</a>. </p>
<p>Pour favoriser cette collaboration intersectorielle, l’approche des laboratoires vivants s’avère prometteuse. En effet, les laboratoires vivants <a href="https://timreview.ca/sites/default/files/Issue_PDF/TIMReview_November2017.pdf">favorisent le développement d’innovations techniques et sociales durables, et ce, à grande échelle</a>.</p>
<h2>Le laboratoire vivant MOSAIC</h2>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées des milieux ruraux est actuellement en effervescence dans la région de Chaudière-Appalaches. <a href="https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3200274?docref=zW69gy-cg4bgW4VeViBQUw">Située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, cette région s’étend sur 16 130 km²</a>, soit 34 fois la superficie de l’île de Montréal. </p>
<p>En 2023, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent déjà 25 % de la population de Chaudière-Appalaches. Parmi ces personnes aînées, 56 % ont entre 65 à 74 ans, 32 % ont entre 75 à 84 ans et 12 % ont 85 ans et plus. <a href="https://www.cisssca.com/clients/CISSSCA/Surveillance_infogram/Documents/RAP_DSPu_Portrait%20aines_2023-10-23_VF.pdf">Près d’une personne aînée sur trois (31 %) de ce territoire ne détient aucun diplôme, 26 % habitent seules et 21 % jouissent d’un faible revenu</a>. </p>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC réunit des partenaires de quatre parties prenantes de même importance, soit des personnes aînées et leurs proches, des personnes représentantes des municipalités et de la collectivité, des organisations offrant des services aux personnes aînées (Centre intégré de santé et de services sociaux de la région, organismes privés ou communautaires) et des personnes du milieu de la recherche et de l’enseignement incluant étudiantes et étudiants de la relève en recherche. </p>
<p>Toutes et tous sont mobilisés afin de cibler et tester des solutions innovantes et inclusives favorisant le vieillir en milieu rural. </p>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC poursuit les objectifs suivants : </p>
<ul>
<li><p>Créer des opportunités de rencontres et des espaces de discussion sécuritaires pour explorer avec les personnes aînées des pistes de solutions à leurs besoins ; </p></li>
<li><p>Expérimenter des idées et solutions innovantes dans une approche de cocréation et en contextes de vie réels ;</p></li>
<li><p>Favoriser un dialogue durable entre les personnes aînées des milieux ruraux et les autres partenaires du laboratoire vivant MOSAIC.</p></li>
</ul>
<h2>Les cinq thèmes du laboratoire vivant MOSAIC</h2>
<p>Cinq grands thèmes favorisant le vieillir en milieu rural ont émergé dès les premiers échanges entre les parties prenantes à l’automne 2022, soit la participation sociale, les milieux de vie agréables et inclusifs, la réminiscence et la santé cognitive, les soins et services de santé et la préparation de la fin de vie.</p>
<p>Depuis l’hiver 2023, ces thèmes font l’objet de rencontres de groupes de travail tenues principalement en ligne et visant à dégager les besoins prioritaires, à cibler des pistes de solution innovantes et ultimement, à les tester et à les implanter en contextes de vie réels. À ce moment-ci de la démarche, les pistes retenues sont le développement d’un programme d’aide favorisant la maîtrise des technologies des communications en soutien à la participation sociale, la mise en place d’un réseau sécuritaire d’aide aux menus travaux, la création d’un réseau bien traitant pour dépister les personnes aînées vulnérables à domicile, un projet misant sur les technologies pour favoriser la santé cognitive via la réminiscence du quotidien en ruralité et des activités pour démystifier la fin de vie en milieux ruraux.</p>
<p>Des constats généraux se dégagent de ces premiers mois d’expérimentation, soit une forte mobilisation des personnes aînées, de leurs proches et des représentantes et représentants d’organismes communautaires, ainsi qu’un désir commun de (re)créer des relations de confiance durable entre les membres des communautés rurales de différentes générations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216217/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le laboratoire vivant MOSAIC est financé par les Fonds de recherche Québec- Santé</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lily Lessard est membre chercheure du Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches et de l'Assemblée des chercheur.es du CISSS du Bas-St-Laurent. Elle est cotitulaire de la chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales (Chaire CIRUSSS). Elle est chercheure principale sur Laboratoire vivant MOSAIC (financé par le Fonds québecois de recherche-Santé-Plateforme vieillissement) avec la Dre Michèle Morin et superviseure principale du stage postdoctoral de mme Ariane Plaisance. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Michèle Morin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées vivant en milieu rural, a pour mission de développer des innovations sociales facilitant le vieillir dans la communauté d’attache.Ariane Plaisance, Stagiaire post-doctorale, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Lily Lessard, infirmière, Ph.D. santé communautaire, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Michèle Morin, Interniste gériatre, CISSS Chaudière-Appalaches ; Professeure agrégée de clinique, Département de médecine, Faculté de médecine, Université Laval; Directrice responsable scientifique, Centre d'excellence sur le vieillissement de Québec, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2155482023-10-12T17:26:41Z2023-10-12T17:26:41ZLa conférence sociale sur les bas salaires acte les difficultés à négocier des hausses collectives dans les entreprises<p>Pressé d’agir pour soutenir le pouvoir d’achat des salariés dans un contexte d’inflation, le gouvernement a convoqué les partenaires sociaux pour une <a href="https://www.sudouest.fr/economie/conference-sociale-sur-les-bas-salaires-le-gouvernement-annonce-ce-rendez-vous-pour-le-16-octobre-16751525.php">conférence sociale</a> sur « les carrières et les branches situées sous le salaire minimum », ce lundi 16 octobre. Trois thèmes seront plus précisément abordés : les « minima conventionnels, les classifications et les déroulés de carrière », puis « les temps partiels et les contrats courts », et enfin « les exonérations de cotisations, primes d’activité et tassement des rémunérations ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1705104986969874766"}"></div></p>
<p>Cette conférence sur les bas salaires apparait toutefois comme un signe de la dévitalisation du rôle des branches dans la régulation du rapport salarial dans un nombre considérable de secteurs d’activité, où les salaires se déterminent en <a href="https://www.lemonde.fr/emploi/article/2023/09/18/que-sait-on-du-travail-quel-role-pour-la-branche-dans-la-definition-des-conditions-d-emploi-et-des-salaires-en-france_6189853_1698637.html">dehors de toute référence à sa convention collective</a>. Elle est en cela aussi l’aboutissement d’une politique constante de ce gouvernement, et de ses prédécesseurs sur ces vingt dernières années, consistant, au moyen d’une multitude de réformes du « dialogue social », à donner la priorité aux négociations d’entreprise dans la construction des compromis salariaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1704400673423364601"}"></div></p>
<p>Mais que cela signifie-t-il de négocier dans les entreprises quand les syndicats <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/17b3ae156eb512bed6bef61a7ebb2407/DR_IRP_2021.pdf">y sont de moins en moins présents</a> (en 2021, seulement 11,2 % des entreprises de 10 salariés ou plus disposaient d’au moins un délégué syndical, représentant 57,5 % des salariés du champ), ou quand les moyens mis à disposition des élus du personnel ont été <a href="https://ires.fr/publications/cfdt/lordonnance-de-2017-sur-le-cse-un-affaiblissement-de-la-democratie-sociale-en-entreprise/">diminués par les ordonnances Travail de 2017</a> ?</p>
<p>La question de la réalité du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dialogue-social-44601">dialogue social</a> dans les entreprises, en fonction en particulier des contextes de marché des entreprises et des contextes de travail des salariés, est l’objet de notre ouvrage collectif <a href="https://editions-croquant.org/dynamiques-socio-economiques/917-un-compromis-salarial-en-crise-que-reste-t-il-a-negocier-dans-les-entreprises-.html"><em>Un compromis salarial en crise. Que reste-t-il à négocier dans les entreprises ?</em></a> qui vient tout juste d’être publié aux Éditions du Croquant.</p>
<h2>La négociation salariale, une réalité très inégale</h2>
<p>En croisant analyse statistique et enquête de terrain, nous y montrons que la négociation de nouveaux compromis entre employeurs et salariés sur les conditions de rémunération et de travail de ces derniers est devenue très difficile. La priorité donnée à la négociation d’entreprise contribue également à creuser encore plus les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/inegalites-salariales-103013">inégalités entre salariés</a>, en renforçant la précarité des moins diplômés, des salariés des petites entreprises, ou encore des travailleurs « essentiels » du secteur sanitaire et social.</p>
<p>Peut-on négocier dans des petites entreprises dépourvues de délégués syndicaux ou de représentants du personnel syndiqués, et dans lesquelles les salariés sont pris dans des relations de subordination directes avec leur patron ? La réponse est clairement non : la négociation collective dans ce type d’entreprises, qu’on a appelé « petites entreprises paternalistes », reste déjà très rare et quand elle a lieu, on ne peut qualifier d’accord son issue tant il s’agit davantage d’une décision unilatérale de l’employeur !</p>
<p>Or ce sont dans ces <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises</a> (PME) paternalistes qu’on trouve principalement les salariés peu qualifiés, mal rémunérés, comme les travailleurs de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/logistique-27386">logistique</a>, du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/batiment-36381">bâtiment</a> ou du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/commerce-20442">commerce</a>. Même quand les employeurs sont disposés à accorder quelques avantages salariaux, ou autre, à leurs salariés pour les fidéliser ou en attirer de nouveaux (salariés) dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre dans certains de ces secteurs, leurs marges de manœuvre restent très contraintes par leur dépendance à un donneur d’ordre ou à un marché économique à bas coûts de plus en plus concurrentiel.</p>
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<p>Certes, lorsque les salariés sont plus qualifiés et disposent de davantage de ressources pour monnayer leurs savoir-faire professionnels, le rapport de force apparait certes différent. Dans notre analyse, on retrouve ces salariés dans des PME du type « innovantes et dynamiques », à l’instar des start-up ou des cabinets de conseil, et qui se situent sur des marchés internationalisés ou de niche avec des produits à haute valeur ajoutée.</p>
<p>Cependant, les négociations collectives appuyées par de réels échanges restent rares dans ce type d’entreprises. Même si ces organisations apparaissent plus souvent dotées que les précédentes de représentants du personnel, ces derniers sont rarement syndiqués face à des employeurs résolument hostiles à la présence syndicale et qui assoient l’hégémonie de leur pouvoir par le maintien de politiques de rémunération très individualisées.</p>
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<p>La présence syndicale reste donc un préalable à la possibilité de construire de nouveaux compromis salariaux favorables aux salariés, par les ressources qu’ils peuvent mobiliser et le rapport de force qu’ils peuvent engager. Cela étant dit, leur capacité de mobilisation s’est amenuisée sous l’effet de la précarisation et de l’éclatement des collectifs de travail. En outre, leurs marges d’action réelles dans les négociations se sont largement affaiblies, dans un contexte de financiarisation des plus grandes entreprises et de néolibéralisation des politiques publiques.</p>
<h2>Pression des actionnaires et de l’État</h2>
<p>C’est le cas des grands groupes industriels ou ceux de la grande distribution (les « entreprises néo-fordistes en tension » dans notre typologie) : la présence syndicale y est beaucoup plus forte et implantée depuis plus longtemps, de sorte que la négociation des salaires via les négociations annuelles obligatoires (NAO) s’est institutionnalisée.</p>
<p>Toutefois, du fait des fortes pressions des actionnaires et des risques de délocalisation pour certaines de ces entreprises, les syndicats peinent à obtenir de nouveaux avantages sociaux ou des augmentations de salaire conséquentes – quand ces négociations ne sont pas vidées de leur substance par l’absence d’autonomie de la direction d’établissement (les décisions étant prises uniquement au niveau de la tête de groupe).</p>
<p>Dans le secteur des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/services-29744">services</a>, les contraintes sont parfois d’un autre ordre. Notre enquête a par exemple mis à jour le modèle socio-économique qui caractérise les organisations du secteur sanitaire et social, qu’elles aient le statut d’entreprise commerciale ou d’association. Les budgets et même les normes de travail y sont largement encadrés par les pouvoirs publics, laissant peu de marges de manœuvre aux directions dans leur gestion du personnel et donc dans la détermination des salaires.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=714&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=714&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=714&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=897&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=897&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553453/original/file-20231012-17-mjmwd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=897&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://editions-croquant.org/dynamiques-socio-economiques/917-un-compromis-salarial-en-crise-que-reste-t-il-a-negocier-dans-les-entreprises-.html">Éditions du Croquant (août 2023)</a></span>
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<p>Pourtant, les salariés et les salariées – le plus souvent des femmes – subissent des conditions de travail particulièrement difficiles. Dans ce type d’organisations, le dialogue social ne permet le plus souvent que de décrocher de faibles primes pour la plupart des salariés et ne répond pas aux problématiques centrales d’organisation du travail et d’amélioration des conditions de travail.</p>
<h2>Une nécessaire intervention de l’État</h2>
<p>En même temps qu’elle a affaibli la capacité des représentants syndicaux à obtenir des compromis salariaux favorables aux salariés, et plus encore pour celles et ceux qui subissent de mauvaises conditions de travail et de rémunération, la décentralisation de la négociation collective a renforcé sa subordination aux logiques du marché et a modifié en conséquence la nature des compromis négociés.</p>
<p>De fait, négocier les salaires au niveau de l’entreprise a activement contribué à l’individualisation et à la flexibilisation des politiques de rémunérations en facilitant le développement des primes – d’intéressement, de participation, ou plus récemment la <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35235">« prime Macron »</a> – qui dépendent des résultats de l’entreprise ou n’a pas vocation à être pérennisé pour la dernière citée.</p>
<p>L’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/inflation-28219">inflation</a>, elle, touche pourtant durablement le revenu des salariés, ce qui justifie d’autant plus une intervention active de l’État pour créer les conditions d’une hausse généralisée et durable des salaires pour l’ensemble des salariés, par le mécanisme de la loi et des conventions de branche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215548/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La rencontre entre le gouvernement et les partenaires sociaux du 16 octobre intervient dans un contexte de recul des syndicats et de flexibilisation dans la fixation des revenus.Camille Signoretto, Maître de conférences en économie, membre du LADYSS, Université Paris CitéBaptiste Giraud, Maître de conférences en science politique, membre du LEST et de l'IRISSO, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2141762023-10-02T09:34:30Z2023-10-02T09:34:30ZHôtellerie-restauration : comment le client-roi mine la reconnaissance des employés<p>Depuis la crise sanitaire, les organisations professionnelles de l’hôtellerie-restauration ont mis en place des initiatives pour tenter de limiter la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/penurie-de-main-doeuvre-119110">pénurie de main-d’œuvre</a> qui touche le secteur, notamment une <a href="https://www.lhotellerie-restauration.fr/blogs-des-experts/contrats-travail/la-cfdt-et-fgta-fo-ratifient-la-grille-de-salaires-proposee-par-les-organisations-professionnelles-du-secteur-des-chr.htm">revalorisation de la grille salariale</a>. Mais ces efforts n’ont produit des effets qu’à la marge. D’après l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), <a href="https://www.tendancehotellerie.fr/articles-breves/vos-articles/19581-article/penurie-de-personnel-dans-la-restauration-quelles-solutions-pour-apprehender-la-periode-estivale">entre 200 000 et 300 000 emplois restaient toujours non pourvus</a> fin 2022.</p>
<p>Les <a href="https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/services/penurie-de-main-d-oeuvre-dans-l-hotellerie-restauration-il-faut-partager-la-valeur-avec-les-salaries_AV-202207110458.html">raisons</a> de cette pénurie sont multiples : salaires trop faibles, avantages sociaux limités, horaires de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/travail-20134">travail</a> décalés, etc. Travailler dans les métiers de service, c’est aussi se soumettre aux diktats du « client-roi ». Certains consommateurs inscrivent en effet les relations de service dans un rapport de domination, qui peut être très difficile à vivre pour les employés.</p>
<p>Pour répondre à cette question, nous avons mené une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-023-05512-y">étude</a>, publiée récemment dans <em>Journal of Business Ethics</em>, au sein d’un groupe d’hôtellerie. Nous avons interviewé 23 employés et managers travaillant dans l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/hotellerie-53536">hôtellerie</a> - <a href="https://theconversation.com/fr/topics/restauration-44954">restauration</a> en France : serveur, femme de chambre, barman, réceptionniste, directeur d’hôtel, chef de rang, femme de ménage, concierge, manager au siège, manager des ressources humaines, etc. L’un d’entre nous a également travaillé dans un hôtel dans des emplois variés (ménage, service en salle, réception, conciergerie, etc.) pendant plusieurs mois.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s'interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
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<p>Cette étude a permis de mettre en lumière le manque de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reconnaissance-36814">reconnaissance</a> vécu par les employés de service, qui provient principalement de quatre sources :</p>
<p><strong>L’invisibilité</strong>. Certains <a href="https://theconversation.com/fr/topics/clients-93811">clients</a> se comportent comme si les employés n’étaient pas là. Ils les ignorent : pas de salutation, ni même un regard, ils continuent leur conversation téléphonique pendant l’interaction de service comme si les employés n’étaient pas là, etc. Ange, manager du restaurant de l’hôtel, explique :</p>
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<p>« Quand les clients me parlent, s’ils ne me regardent pas, je n’aime pas ça, je n’aime pas ce genre d’attitude. La base de tout cela est le respect. Si vous ne regardez pas la personne dans les yeux, alors vous ne la respectez pas. Parce qu’il y a des moments je prends la commande et le client ne me regarde même pas. Il ne sait même pas qui il a devant lui. Pour moi, c’est un manque de respect ».</p>
</blockquote>
<p>Dans ces situations, les employés se sentent invisibles physiquement et socialement. Ils ont l’impression de ne pas exister.</p>
<h2>« Le client l’a appelé en claquant des doigts comme s’il appelait un chien »</h2>
<p><strong>L’inégalité des statuts et des droits</strong>. Certains clients considèrent que leur statut de client leur donne tous les droits et inscrivent les employés dans des relations de pouvoir et des situations de domination. Fort de leur statut et de leur pouvoir, ils peuvent avoir des comportements inappropriés : parler aux employés de façon méprisante, voire même les insulter s’ils ne sont pas assez réactifs à leurs demandes. Chris, qui travaille dans le restaurant de l’hôtel, en témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« Un client est venu pour un repas et au moment de sa commande, il a dit au serveur : “j’apprécierais si vous pouviez faire ça rapidement”. […] Le serveur a noté la commande. Il allait la transmettre à la cuisine, et là, le client l’a rappelé en claquant des doigts… comme s’il appelait un chien. Incroyable ! »</p>
</blockquote>
<p><strong>Le décalage émotionnel.</strong> Les activités de service passent souvent par une relation émotionnelle qui va au-delà de l’interaction commerciale. Il faut accueillir les émotions du client et faire preuve d’empathie. Or, cet échange émotionnel est souvent unidirectionnel. Alors que l’employé doit en permanence faire plaisir aux clients, les clients prennent rarement en considération les émotions des salariés.</p>
<p>Uta, responsable des services de ménage, raconte sa déception quand un client ne les a pas remerciés pour l’attention spéciale qu’ils avaient eue pour lui :</p>
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<p>« Il y a un invité, c’est un habitué. Il est directeur d’un cirque et avait l’habitude de laisser chaque année des billets gratuits au personnel. À Noël, je voulais le remercier pour toute sa gentillesse au nom de l’équipe, alors nous lui avons écrit un poème et nous lui avons offert deux cadeaux avec un grand sourire, un grand merci. Mais je n’ai jamais eu de réponse de sa part. C’était une vraie déception, au point que j’ai senti que j’avais besoin d’en parler ».</p>
</blockquote>
<h2>« Aucun plaisir à être un laquais »</h2>
<p><strong>Le manque de reconnaissance des compétences.</strong> Chaque métier de service repose sur un ensemble de techniques, compétences et connaissances. Certains métiers demandent une longue formation. Or, ces compétences sont rarement valorisées et reconnues par les clients rois. Ils ne voient pas (ou ne veulent pas voir) les compétences, le travail et les efforts fournis par les salariés. Ils prennent trop peu le temps pour apprécier le travail réalisé, les remercier et les féliciter.</p>
<p>Ainsi, Jean se sent dévalorisé quand les clients ne prennent pas le temps de reconnaître son travail et ses compétences :</p>
<blockquote>
<p>« Ce n’est pas vraiment servir quelqu’un mais c’est comme être son laquais. Faire exactement ce qu’il me demande et baisser la tête, je n’y prends aucun plaisir. Je dois le faire. Je le fais avec le sourire, mais au fond de moi je me sens sale de faire ça, de servir quelqu’un qui n’est pas un bon client, qui n’apprécie pas ce que je fais. Pour moi, il y a du plaisir à être serveur. Il n’y a aucun plaisir à être un laquais mais je dois le faire pour le salaire ».</p>
</blockquote>
<p>Ainsi, ce manque de reconnaissance peut participer à un sentiment d’épuisement professionnel des employés de service, surtout pour ceux qui sont en première ligne face aux clients.</p>
<h2>Mettre en scène le savoir-faire</h2>
<p>Sur la base de nos travaux, nous avons également identifié plusieurs leviers qui facilitent les dynamiques de reconnaissance et qui permettent aux employés de se sentir valorisés. L’objectif est de rééquilibrer les rapports de pouvoir entre clients et employés, en permettant aux employés de démontrer leurs compétences et en donnant aux clients l’occasion de reconnaître le travail réalisé.</p>
<p>Par exemple, le design des espaces de service joue un rôle majeur dans l’asymétrie de pouvoir entre l’employé et le client et la visibilité du travail et des compétences des employés. Il convient de penser ces espaces non uniquement en fonction du client mais également en fonction des dynamiques de reconnaissance. Le design d’un lieu peut en effet mettre en scène le savoir-faire des employés et imposer des limites matérielles aux clients en restreignant leur capacité à exercer publiquement leur autorité sur les employés.</p>
<p>Ces actions peuvent permettre d’estomper la position de pouvoir du client-roi et ainsi de réduire le sentiment des employés d’être parfois les esclaves d’un client, qui se sent comme un souverain tout puissant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214176/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les réceptionnistes, serveurs ou femmes de ménage peuvent souffrir de situations dans lesquelles les clients les ignorent ou leurs savoir-faire ne sont pas reconnus.Kushagra Bhatnagar, Assistant professor, Aalto UniversityDelphine Dion, Professeure de marketing, ESSEC Gregorio Fuschillo, Professeur Associé de marketing, Kedge Business SchoolJulien Cayla, Professor of Marketing and Consumer Research, Nanyang Technological UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2045792023-05-09T10:33:28Z2023-05-09T10:33:28ZLogistique : sur quels critères les entreprises choisissent-elles leurs prestataires ?<p>Depuis plusieurs décennies, de nombreuses entreprises ont <a href="http://www.journaldunet.com/management/dossiers/0309externalisation/ernst.shtml">externalisé leurs activités logistiques</a> aux prestataires des services logistiques (PSL). Ces opérations leur permettent de se concentrer sur leur cœur de métier et bénéficier des avantages que ces partenaires leur offrent en termes de réduction des coûts, de gains de productivité, et de l’amélioration des performances.</p>
<p>Ces prestataires jouent des rôles essentiels en tant qu’orchestrateurs des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/chaines-dapprovisionnement-85385">chaînes d’approvisionnement</a> (« supplys chains », ou SCs), reliant les entreprises à leurs fournisseurs et aux marchés de plus en plus mondialisés. La plupart des PSL comme Geodis, Kuehne & Nagel, ID Logistics, XPO Logistics et Stef, ont étendu leurs services de base liés au transport et à l’entreposage, à des services innovants et à valeur ajoutée tels que : tracing/tracking, cross-docking, co-packing, co-manufacturing, transport au dernier kilomètre, dédouanement, et gestion des retours.</p>
<p>Les PSL sont garants de la bonne coordination des flux physiques et informationnels le long des SCs, et leur performance conditionne à la fois leur avantage concurrentiel et celui de leurs clients (chargeurs), et plus largement celui des SCs.</p>
<h2>Décision stratégique</h2>
<p>La sélection des PSL représente de fait une décision stratégique majeure pour le donneur d’ordre. C’est un processus complexe car, d’une part, il est multifonctionnel, devant impliquer plusieurs acteurs et ressources du chargeur (achats, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/logistique-27386">logistique</a>, dirigeants, business units). D’autre part, il est multicritère, devant tenir compte de divers critères quantitatifs et qualitatifs tels que le coût, la qualité du service, la livraison dans les délais, la technologie mobilisée, la flexibilité, et l’expertise.</p>
<p>Avec l’émergence de SCs durables, la gestion des retours de produits et des déchets est généralement externalisée aux PSL disposant d’infrastructures et d’équipements spécialisés, du personnel qualifié et des capacités d’entreposage adéquates.</p>
<p><a href="https://dx.doi.org/10.1016/j.omega.2014.05.009">Notre première analyse</a> détaillée sur le problème de la sélection des PSL ainsi qu’un autre <a href="https://doi.org/10.1080/12507970.2019.1580619">travail de recherche</a> ont permis d’identifier 13 principaux critères et qui sont : technologies d’information et de communication (TIC), relations, qualité, coût, actifs physiques, services, situation financière, livraison, professionnalisme, flexibilité, réputation, localisation et durabilité. De plus, les critères portant sur l’innovation et les risques ont récemment été intégrés dans ce processus. Au total, 15 critères sont utilisés par le chargeur dans son processus de sélection des PSL. Chaque critère est décrit par un ensemble de sous-critères.</p>
<p>Le critère lié aux <strong>TIC</strong> est le plus important de nos jours suite à la digitalisation des SCs globales. Il se rapporte aux systèmes comme WMS (Warehouse Management System), TMS (Transport Management System), ERP (Entreprise Resource Planning), e-commerce, RFID, drones, géolocalisation, et intelligence artificielle. Grâce aux TIC, les PSL peuvent gérer efficacement leurs opérations logistiques (transport, entreposage, préparation des commandes, etc.), et échanger rapidement avec leurs chargeurs de plus en plus éloignés géographiquement. Cet échange d’informations facilite la réactivité dans les relations chargeur/PSL, ce qui permet aux deux partenaires de réagir aux changements environnementaux ou aux nouveaux développements du marché.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-grands-defis-de-la-digitalisation-de-la-supply-chain-197559">Les grands défis de la digitalisation de la supply chain</a>
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<p>Le critère de <strong>coût</strong> est relativement moins important que par le passé. En fait, le partenariat chargeur/PSL permet de réduire les coûts logistiques grâce, par exemple, à la mise en place de la démarche de gestion mutualisée des approvisionnements (GMA). Cette démarche conduit aussi à la réduction des émissions de CO<sub>2</sub>, à l’amélioration du taux de service et des échanges d’informations le long des SCs. Cependant, dans le contexte actuel de la crise économique et énergétique, le <a href="https://www.supplychaininfo.eu/multiplication-du-prix-du-transport-les-raisons-de-la-hausse/">coût logistique a subi une forte augmentation</a> au niveau du transport, de l’entreposage et de l’emballage.</p>
<p>Quant au critère de <strong>durabilité</strong>, il est devenu un enjeu majeur pour la plupart des chargeurs en raison de l’augmentation des flux de retour de produits, des préoccupations environnementales, de la législation et de la RSE. Le rôle des PSL dans la mise en œuvre de la gestion des opérations de logistique inverse et verte est de plus en plus crucial. Pour la proximité des marchés géographiques, elle n’apparaît pas comme un critère déterminant, d’autant plus que les TIC permettent aux partenaires de travailler à distance.</p>
<p><strong>L’innovation</strong> apparaît en outre de plus en plus importante pour améliorer les opérations logistiques et fait référence aux nouveaux développements dans les technologies, les services, les processus, les idées et les solutions. Les services innovants sont essentiels pour renforcer la relation chargeur/PSL et distinguer ces prestataires de leurs concurrents. À l’ère de la transformation numérique et digitale (industrie 4.0, supply chain 4.0), la capacité d’innovation logistique contribue davantage à l’atténuation des risques dans les SCs. Ces risques sont de type endogène comme les risques opérationnels et de collaboration, mais aussi de type exogène tels que les catastrophes naturelles, les crises sanitaires (cas de Covid-19), les conflits géopolitiques, et la crise énergétique actuelle. Comme le PSL joue un rôle primordial dans la régulation des flux dans ces SCs, il est ainsi confronté à ces types de risques lors de l’exécution de ses activités logistiques d’entreposage, de transport et de picking.</p>
<h2>Interdépendances</h2>
<p>Ces différents critères impliqués dans le processus de sélection des PSL sont interdépendants. En effet, la relation entre un chargeur et son PSL, basée sur la confiance et l’engagement, influe sur la réduction des coûts, l’amélioration de la qualité des services et de la flexibilité, et la gestion des risques.</p>
<p>Enfin, la liste des critères dépend du secteur d’activité du chargeur et des activités logistiques externalisées. Dans le cas de la sélection des transporteurs par exemple, le coût, la livraison dans les délais et la capacité des véhicules sont les critères les plus importants. Par ailleurs, en logistique inverse, la capacité du PSL à traiter les retours de produits, son expérience, sa localisation et sa qualité de service sont les critères les plus considérés par le chargeur.</p>
<p>Hausse des prix d’énergie, changement climatique, conflits géopolitiques, ou encore transformation numérique sont autant de facteurs qui ont déstabilisé les SCs à l’échelle mondiale. Acteurs primordiaux dans ces SCs, les PSL sont amenés à demeurer <a href="https://theconversation.com/fr/topics/resilience-22971">résilients</a> pour survivre !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204579/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aguezzoul Aicha ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au-delà des coûts et des services proposés, les entreprises apparaissent de plus en plus sensibles au potentiel d’innovation et à la manière dont leurs partenaires gèrent les risques.Aguezzoul Aicha, MCF-HDR, IAE Metz, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2031882023-04-05T19:17:15Z2023-04-05T19:17:15ZEst-ce la fin de la fintech ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/519029/original/file-20230403-18-m4q38w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=66%2C17%2C1122%2C779&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les investissements dans les fintechs ont connu une importante baisse en 2022.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/30478819@N08/51060561173">Marco Verch Professional Photographer/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les statistiques pour l’année 2022 soulignent clairement la baisse des investissements dans les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/fintech-26790">fintechs</a>, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/start-up-23076">start-up</a> de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/finance-20382">finance</a>. Celles-ci ont enregistré une baisse dans les levées de fonds à 75 milliards de dollars, <a href="https://research-assets.cbinsights.com/2023/01/13190144/Annual-Funding-and-Deals.png">46 % de moins par rapport à l’an dernier</a>. Dans son rapport semestriel « Pulse of Fintech », KPMG a montré que le marché des fintechs s’est replié en 2022 avec une baisse des investissements mondiaux dans le secteur de <a href="https://assets.kpmg.com/content/dam/kpmg/xx/pdf/2023/02/pulse-of-fintech-h2-22-web-file.pdf">238,9 milliards de dollars en 2021 à 164,1 milliards de dollars</a> (capital-risque, capital investissement, et fusions-acquisitions).</p>
<p>Début mars, la faillite de la <a href="https://theconversation.com/la-deregulation-bancaire-aux-etats-unis-a-t-elle-ressuscite-les-ruees-bancaires-202698">Silicon Valley Bank</a>, la banque américaine des start-up, a, sans aucun doute, constitué un contrecoup de cette inversion de tendance. Ce séisme qui a fait trembler l’ensemble du secteur financier ne signale-t-il pas la fin de l’ère des fintechs ? Ou peut-être que cette crainte est exagérée ?</p>
<p>Les fintechs ont indéniablement <a href="https://theconversation.com/lessor-des-fintech-accelere-la-transformation-des-banques-traditionnelles-167070">accéléré l’innovation dans les banques traditionnelles</a>. Celles-ci considéraient leurs départements informatiques avant tout comme des centres de coût. Ainsi, les équipes IT des banques étaient généralement constituées de bataillons de spécialistes de l’informatique de gestion ayant pour objectif premier d’assurer la production et la sécurité des systèmes d’information.</p>
<p><iframe id="jij0C" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/jij0C/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Ces organisations laissaient donc peu de place au développement logiciel, aux nouvelles méthodes d’analyse de données (« data science ») et aux architectures ouvertes, piliers de l’innovation insufflée par les fintechs.</p>
<p>Pour cette raison, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/banque-22013">banques</a> ont adopté une approche de prédateur face aux fintechs en les rachetant à un prix souvent moins élevé que le potentiel coût de développement en interne. Par exemple, <a href="https://www.lerevenu.com/placements/fintech-bnp-paribas-rachete-le-compte-nickel">BNP Parisbas a racheté la néo-banque Compte-Nickel</a> en 2017, ou encore <a href="https://capitalfinance.lesechos.fr/deals/sortie/bnp-paribas-soffre-la-fintech-kantox-1868214">Kantox</a>, qui a développé une solution de gestion automatisée, en 2022. L’an dernier, la <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/societe-generale-va-racheter-la-fintech-de-paiement-payxpert.N2049722">Société générale a également acquis PayXpert</a>, qui est spécialisée dans les solutions de paiements. Deux ans plus tôt, le <a href="https://banque.meilleurtaux.com/ouvrir-un-compte-bancaire/actualites/2020-fevrier/credit-agricole-acquis-fintech-linxo.html">Crédit Agricole avait racheté Linxo</a>, spécialisé dans les solutions de gestion de budget.</p>
<h2>Contexte défavorable</h2>
<p>Cette stratégie de prédation de fintechs centrées sur l’expérience client a permis aux banques de développer leurs propres solutions digitales. LCL a ainsi lancé une solution <a href="https://www.lcl.fr/decouvrir-lcl/presse/lcl-visio">d’interaction en visioconférence avec ses clients</a>. Le Crédit Mutuel, pour sa part, propose les <a href="https://www.creditmutuel.fr/fr/particuliers/gerer-au-quotidien/application-lyfpay.html">services de l’application de paiement Lyf Pay</a>.</p>
<p>Quant aux autres fintechs non rachetées, elles <a href="https://www.citeco.fr/les-fintechs-face-aux-banques-commerciales-traditionnelles%C2%A0-vers-une-profonde-recomposition-du">peinent à atteindre la taille critique</a> pour rester indépendantes en raison de leur ultraspécialisation ou de leur positionnement sur des marchés de niche. Ces fintechs s’efforcent, au risque de travailler à perte, de gagner en taille pour devenir incontournables sur leurs marchés. Ces tendances expliquent, en grande partie, la chute des investissements dans les fintechs avec une <a href="https://www.cbinsights.com/research/report/fintech-trends-2022/">baisse de 63 % des montants levés auprès des banques</a> et de 60 % pour les transactions de plus de 100 millions de dollars.</p>
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<p>En 2020, la pandémie du Covid-19 a été sévère pour certaines fintechs. Des néo-banques de premier plan ont vu leur capitalisation fondre à l’issue de la crise sanitaire. Bien entendu, la baisse de la consommation et l’arrêt des déplacements lors du confinement ont fait chuter les commissions facturées par les néo-banques sur les paiements par carte.</p>
<p>Des néo-banques comme <a href="https://www.lecho.be/entreprises/banques/revolut-cette-neo-banque-qui-fait-vivre-un-enfer-a-ses-clients/10232849.html">Revolut ont ainsi dû licencier leur personnel</a> mi-2020 pour faire face à la dégradation de leurs revenus. Son homologue britannique Monzo, lancé en 2015, était au plus bas de sa forme en 2020, traversant une période grandement agitée mettant à mal son existence. Monzo s’est résigné au chômage partiel après <a href="https://point-banque.fr/2020/05/18/monzo-bank-devaluee-de-40/">l’effondrement de sa capitalisation boursière de 40 %</a>.</p>
<p>En France, des néo-banques comme <a href="https://www.forbes.fr/finance/est-ce-vraiment-la-fin-des-neobanques/">Ditto, Morning et C-Zam ont été contraints de mettre fin à leur activité</a>. S’ajoute à cela le fait que le portefeuille de produits relativement restreint des néo-banques et la fragilité de leur modèle économique reposant sur la distribution de services à bas prix amènent leurs utilisateurs à être peu actifs et leurs bénéfices à être très réduits.</p>
<p>La baisse des taux et la méfiance des clients vis-à-vis des banques ont été motrices dans l’émergence des fintechs après la crise des subprimes de 2008. Ces deux moteurs sont dorénavant inversés.</p>
<p>En premier lieu, les banques ont arrêté l’hémorragie de confiance des consommateurs qui avait favorisé l’adoption des alternatives qu’ont constituées les fintechs. À présent, <a href="https://www.fbf.fr/fr/communique_de_presse/etude-fbf-ifop-2023-les-francais-leur-banque-leurs-attentes-la-banque-relationnelle-reconnue-par-les-francais/">six Français sur dix ont une bonne image des banques</a>. Une étude de Cap Gemini (WordlFinTech Report 2020) révèle aussi une <a href="https://www.capgemini.com/news/press-releases/world-fintech-report-2020/">appétence pour des services mêlant les outils digitaux et la proximité physique</a> que les banques seules peuvent offrir. A contrario, le scandale de la fintech allemande de paiement électronique Wirecard, à la suite des révélations en 2020 d’une <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/allemagne/wirecard-un-scandale-financier-sans-precedent-en-allemagne_4018909.html">immense fraude d’irrégularités comptables</a> passées sous les radars des régulateurs, n’a pas aidé à créer un élan de confiance pour les fintechs.</p>
<p><iframe id="oAAwm" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/oAAwm/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Deuxièmement, le contexte de taux d’intérêt s’est brutalement retourné. La période de 12 ans de taux proches de zéro avait provoqué une concurrence acharnée sur les crédits devenus une commodité sans effet différenciant. Avec la fin de « l’argent facile », les banques sont en position de force face à des fintechs sans bilan, les privant ainsi de l’octroi de prêts comme possible axe de diversification.</p>
<p>Ce paysage contrasté peut toutefois être relativisé. Les experts et les omnipraticiens se montrent par ailleurs optimistes notamment pour des secteurs comme celui de la blockchain. Après la vague des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cryptomonnaie-44057">cryptomonnaies</a>, de nouveaux usages de la blockchain devraient émerger et réveiller l’intérêt des investisseurs et des utilisateurs pour les fintechs.</p>
<h2>La carte de la « finance embarquée »</h2>
<p>En la matière, les innovations seraient plutôt à chercher du côté des GAFAMs (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) qui ont déjà intégré des services bancaires dans leurs propres palettes ou qui se substituent aux banques pour certaines applications mobiles comme Uber ou Deliveroo avec les solutions de paiement Apple Pay ou Google Pay.</p>
<p>Cette finance embarquée ou « embedded finance » crée de nouvelles sources de revenus pour des entreprises non financières. Elle favorise aussi l’émergence de nouveaux usages, inenvisageables auparavant, comme la téléconsultation en santé. Le leader du secteur, Doctolib, travaille, par exemple, avec les fintechs <a href="https://stripe.com/fr/customers/doctolib">Stripe pour le paiement et le remboursement des téléconsultations</a> et <a href="https://gocardless.com/fr-fr/temoignages/doctolib/">GoCardLess pour la collecte des abonnements des médecins</a>.</p>
<p>Ainsi, cette finance embarquée donne naissance à de nouveaux modèles économiques répercutant l’innovation des fintechs sur l’intégralité de la chaîne de valeur au lieu de la limiter à la transaction financière. Par ailleurs, la multiplication des plates-formes de développement sans code (« No-code Development Platforms – NCDP ») ou de service bancaire en marque blanche (« BaaS ou Banking as a Service ») permet à toute entreprise de créer des applications complètes sans recourir à une Fintech ou à une banque.</p>
<p>Ces innovations ne signifient pas la fin du recours à la fintech mais plutôt à sa réinvention pour qu’elle puisse développer et intégrer plus facilement des services financiers au sein de chaque entreprise financière et non financière.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203188/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’engouement pour les start-up de la finance a connu un coup d’arrêt l’an dernier, ce qui les incite à se tourner vers d’autres leviers de développement comme la « finance embarquée ».Aymen Turki, Professeur de finance, ESC Clermont Business SchoolHoang Dang, Professeur affilié de finance, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1760952023-03-13T13:52:10Z2023-03-13T13:52:10ZLes services publics et culturels jouent un rôle essentiel dans la résilience des villes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/452286/original/file-20220315-19-9pzvcc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C0%2C4191%2C2819&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les villes dotées de services culturels et publics dynamiques ont tendance à mieux résister aux fermetures d’usines et aux licenciements massifs que les communautés qui en sont dépourvues et, après les fermetures d’usines, des jeunes s’y installent ou y demeurent.</span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson </span></span></figcaption></figure><p>Les fermetures et les congédiements massifs qui frappent les grandes entreprises manufacturières – que ce soit en raison de la <a href="https://news.mit.edu/2021/david-autor-china-shock-persists-1206">concurrence de pays à faibles salaires</a> ou de <a href="https://news.mit.edu/2020/robots-help-firms-workers-struggle-0505">l’automatisation</a> – ont évidemment de lourdes conséquences pour les travailleurs licenciés.</p>
<p>Cependant, les villes qui abritent ces entreprises en souffrent gravement aussi. Quels facteurs renforcent la résilience des villes à la suite des fermetures ou des licenciements massifs ?</p>
<p><a href="https://cirano.qc.ca/en/summaries/2021s-41">Dans notre étude sur les impacts des fermetures et des réductions d’effectifs des grandes usines</a>, nous avons constaté qu’au cours des 20 dernières années, les villes canadiennes les plus durement affectées par ces événements ont connu un ralentissement de la croissance démographique, en particulier chez les jeunes et les personnes en âge de travailler.</p>
<p>Ces effets ont toutefois été limités dans les villes où les services publics et culturels sont un aspect établi et vital de la culture de la communauté. Les services publics et culturels semblent donc contribuer à la résilience des villes.</p>
<h2>Effets boule de neige des licenciements massifs</h2>
<p>Depuis le début des années 1990, des économistes ont étudié l’impact des fermetures de grandes usines et des licenciements massifs sur les travailleurs congédiés. Les résultats montrent que ces chocs économiques <a href="https://www.worldbank.org/en/news/feature/2020/10/20/tackling-the-impact-of-job-displacement-through-public-policies">nuisent aux personnes concernées</a> dans presque tous les aspects de leur vie : ils engendrent une baisse de revenu pour eux et pour leurs enfants lorsqu'ils atteignent l'âge adulte, une hausse de la probabilité d'être au chômage, un allongement des périodes de chômage, une baisse de la fécondité et une hausse du taux de divorce.</p>
<p>Mais l’impact des licenciements massifs et des fermetures de grandes usines sur l’économie des villes est plus débattu.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1093/jeea/jvy045">Selon certaines études</a>, les pertes d’emplois globales sont plus importantes que le nombre d’emplois initialement supprimés. Cela s’explique par l’effet boule de neige : les fermetures de grosses usines entraînent la faillite de fournisseurs locaux ou d’autres entreprises qui dépendent d'elles.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1093/jeg/lbx026">Selon d’autres études</a>, une partie des pertes d’emplois est compensée par ceux créés dans des entreprises locales déjà en place ou nouvelles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442788/original/file-20220126-21-b7uaz2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442788/original/file-20220126-21-b7uaz2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442788/original/file-20220126-21-b7uaz2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442788/original/file-20220126-21-b7uaz2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442788/original/file-20220126-21-b7uaz2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442788/original/file-20220126-21-b7uaz2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442788/original/file-20220126-21-b7uaz2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des maisons abandonnées et placardées dans la ville de Windsor, en Ontario, l’une des communautés ontariennes les plus touchées par la récession de 2008-2009.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans notre récente étude sur les villes canadiennes, nous avons constaté que sur les quelque 53 000 établissements manufacturiers actifs en 2003, près de 4 000 de ceux qui comptaient plus de 50 employés avaient disparu en 2017.</p>
<p>En outre, 1 200 d’entre eux avaient licencié au moins 30 % de leur main-d’œuvre. Au total, près d’un tiers des emplois manufacturiers de 2003 avaient disparu en 2017, et beaucoup d’entre eux n’avaient pas été remplacés.</p>
<p>La situation varie selon les provinces canadiennes. Le Québec, l’Ontario et les provinces de l’Atlantique ont été beaucoup plus durement touchés que les provinces de l’Ouest. Et il existe aussi des différences entre les villes d’une même province.</p>
<p>Nous avons comparé les changements démographiques dans les villes où le secteur manufacturier a connu beaucoup de pertes d’emplois à ce qui s’est produit dans les villes où il n’y a eu que peu de pertes. Nous avons également tenu compte de caractéristiques qui varient fortement entre les villes, comme leur taille initiale, leur proportion initiale de jeunes résidents, leur climat et leur emplacement au Canada.</p>
<h2>Les fermetures d’usines entraînent un vieillissement de la population</h2>
<p>Nous avons constaté que les fermetures de grandes usines et les licenciements massifs freinent la croissance démographique des villes les plus durement touchées. Les effets négatifs se concentrent chez les personnes en âge de travailler (20-54 ans) et les jeunes (0-19 ans).</p>
<p>En d’autres termes, une ville qui se désindustrialise devient une ville dont la population vieillit. En effet, les personnes en âge de travailler sont plus susceptibles de partir après des licenciements massifs pour chercher des emplois ailleurs, et elles partent avec leurs enfants lorsqu'elles en ont.</p>
<p>Les immigrants et les célibataires sont également plus susceptibles de quitter les villes touchées par des chocs sur le marché du travail. Cela s’explique par le fait que les immigrants ont l’habitude de recommencer à zéro, tandis que les célibataires n’ont pas à craindre de perturber la vie scolaire ou sociale de leurs enfants.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="On voit des gens quitter une usine d’assemblage automobile avec une rangée de voitures colorées au premier plan" src="https://images.theconversation.com/files/442797/original/file-20220126-21-185kh6r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442797/original/file-20220126-21-185kh6r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442797/original/file-20220126-21-185kh6r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442797/original/file-20220126-21-185kh6r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442797/original/file-20220126-21-185kh6r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442797/original/file-20220126-21-185kh6r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442797/original/file-20220126-21-185kh6r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En septembre 2011, des employés quittent l’usine d’assemblage Ford au moment où la production prend fin à St-Thomas, en Ontario. L’usine de la petite ville du sud-ouest de l’Ontario a fermé après quatre décennies d’activités, et 1 200 travailleurs se sont retrouvés au chômage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Dave Chidley</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, nous avons observé que les villes avec une plus forte part de la population initialement employée dans les secteurs de l’éducation, des soins de santé et de l’assistance sociale ont subi un déclin démographique moindre à la suite de la fermeture et des licenciements massifs dans les grandes entreprises manufacturières. Il en va de même de celles avec une forte présence initiale de services culturels.</p>
<p>Les services publics et culturels renforcent la résilience des villes en rendant moins lourdes les conséquences des fermetures. Nos recherches en cours ne permettent pas d’en déterminer les raisons, et le phénomène n’est <a href="http://espace.inrs.ca/id/eprint/9265/">pas encore bien compris</a>. Mais les premiers résultats montrent que les services d’éducation, de santé et d’assistance sociale sont particulièrement efficaces pour retenir les travailleurs étrangers, tandis que les activités culturelles retiennent plus particulièrement les personnes en âge de travailler, notamment les diplômés universitaires.</p>
<p>Cela donne à penser que ces services répondent aux besoins de différents types de citoyens, et que les villes qui en sont bien dotées ont plus de chances de conserver ces derniers s’ils perdent leur emploi. À l’heure où les services publics et culturels sont soumis à de fortes pressions en raison de la Covid-19, leur préservation pourrait être l’un des éléments qui permettent aux villes de résister à des crises futures.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176095/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florian Mayneris a reçu des financements du CRSH. Il est affilié au Center for Economic Policy Research. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kristian Behrens a reçu des financements du CRSH. Il est affilié au Centre for Policy Research (Londres, Royaume-Uni) et au Center for Market Studies and Spatial Economics (CMSSE ; HSE, Fédération de Russie).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Manasse Drabo a reçu des financements pour sa bourse de doctorat du CRSH, du FRQSC et d'Hydro Québec.</span></em></p>Des recherches préliminaires suggèrent que les services culturels et sociaux retiennent ou attirent les employés durement touchés par les fermetures d’usines dans d’autres communautés.Florian Mayneris, Professor, Urban Economics, Université du Québec à Montréal (UQAM)Kristian Behrens, Economics Professor, Université du Québec à Montréal (UQAM)Manassé Drabo, PhD Candidate, Economics, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1976282023-01-16T18:14:47Z2023-01-16T18:14:47ZLa « désindustrialisation » française, une notion à relativiser<p>Le débat actuel sur l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/industrie-21143">industrie</a> est dominé par l’idée de réparation d’un passé qui a mal tourné : relocalisation, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reindustrialisation-86098">réindustrialisation</a>, retour au made in France ou au made in Europe. Ces termes sont ambigus. La relocalisation ne peut pas consister essentiellement à faire revenir en France ou en Europe des activités que nous aurions délocalisées en Chine ou ailleurs. Du reste, les délocalisations au sens strict du terme – je ferme une usine et je transfère son activité ailleurs – ont été peu nombreuses. Et elles pèsent peu dans le bilan des emplois perdus.</p>
<p>Ce qui s’est passé avec la mondialisation, c’est une réorganisation complexe des chaînes de valeur, où la part des activités effectuée en France par les firmes d’assemblage, leurs sous-traitants et leurs fournisseurs a baissé, plus ou moins fortement selon les cas, allant parfois à presque zéro, comme dans certains secteurs de la consommation grand public. (Le made in France, selon l’Insee, représente 81 % de la consommation totale des Français, mais seulement <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4166056">36 % de celle des biens manufacturés</a>).</p>
<p>Les grandes entreprises françaises ont joué activement ce jeu du déploiement international des chaînes de valeur, à la fois pour baisser les coûts et pour aller à la rencontre des marchés en croissance. Il y a, de ce fait, une économie française off-shore très importante. Les entreprises françaises emploient environ <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/les-grands-groupes-francais-investissent-massivement-a-letranger-1136416">six millions de personnes à l’étranger</a>, dont plus de la moitié dans les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/services-29744">services</a>. L’industrie allemande, située sur des créneaux à plus forte valeur ajoutée, a privilégié au contraire l’exportation à partir de son territoire. Elle est donc très vulnérable aux coûts de production sur ce territoire national, comme <a href="https://energynews.pro/la-vulnerabilite-allemande-au-gaz-russe/">on le voit aujourd’hui avec l’énergie</a>.</p>
<h2>Nouvelles articulations</h2>
<p>Il y a beaucoup à faire pour regagner des productions sur le sol national (et européen), notamment pour les biens de consommation courante. Mais l’enjeu n’est pas d’organiser le grand rapatriement des usines ayant migré à l’autre bout du monde. Il est de développer des activités nouvelles, de prendre ou de reprendre des positions stratégiques dans les chaînes de valeur, y compris dans les maillons logistiques (les ports notamment) et de réduire nos dépendances.</p>
<p>Pour cela, il faut comprendre avant tout la nouvelle géographie de la valeur et de l’indépendance, qui ne se superpose pas simplement à celle de la production physique. Il faut regarder l’avenir autrement que dans le rétroviseur. Ce qui émerge sous nos yeux, c’est bien sûr une conjoncture très différente (néoprotectionnisme, pandémie, Ukraine). Mais ce sont aussi de profondes transformations, beaucoup moins visibles, dans les manières de produire, en particulier sous l’effet de la révolution numérique.</p>
<p>Ce sont de nouvelles articulations entre techniques, organisations et imaginaires qui redéfinissent ce que nous pouvons appeler « industrie ». Il s’agit de comprendre ces nouvelles réalités, qui nous éloignent de plus en plus des imageries conventionnelles. […]</p>
<h2>Désindustrialisation ? Oui et non</h2>
<p>Notre pays, comme d’autres en Europe, s’est-il <a href="https://theconversation.com/fr/topics/desindustrialisation-36070">« désindustrialisé »</a> ? Bien entendu, il y a derrière ce terme une réalité, qui s’impose dans nos paysages – même si on remarque davantage les hauts fourneaux rouillés que les nouvelles activités, parfois très sophistiquées, qui se créent dans le secret de boîtes en aluminium banalisées aux abords de nos villes ou dans nos campagnes.</p>
<p>Dans les dernières décennies, notre pays a incontestablement perdu en substance industrielle, notamment dans les secteurs des biens de consommation courante (électroménager, électronique de loisir, jouets, habillement, etc.), qui sont aujourd’hui massivement importés, et qu’il serait évidemment plus écologique et parfois plus économique de réinscrire dans des chaînes plus courtes.</p>
<p>Envoyer le bois de nos forêts en Chine pour le faire revenir sous forme de meubles est absurde. On pourrait multiplier ce type d’exemples. Mais la ritournelle de la « désindustrialisation » doit être relativisée. La production industrielle réalisée sur le sol national a <a href="https://journals.openedition.org/rge/5187">plus que doublé en volume depuis les années 1970</a>, malgré un grand trou d’air après la crise financière.</p>
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<p>D’où viennent alors les baisses de l’emploi, qui sont massives et continues depuis les années 1950 ? La première explication est le changement de périmètre statistique qu’on vient d’évoquer, le passage des activités externalisées de la rubrique « industrie » à la rubrique « service ». Effet purement optique, donc.</p>
<p>La deuxième explication, la plus importante, et de loin, est celle des gains de productivité : grâce à la mécanisation et à l’automatisation, une heure de travail produit aujourd’hui quatre fois plus qu’il y a trente ans. En troisième lieu, les pertes de marchés expliquent une part de la baisse, mais sans doute guère plus de 20 %. Notons aussi que les objets manufacturés, en prix relatifs, sont de moins en moins chers par rapport aux services. Pensez à ce que vous obtenez pour 1 000 euros si vous achetez un bien industriel sophistiqué, une voiture ou un ordinateur, incorporant une extraordinaire quantité de travail et de savoir, et à ce que la même somme vous procure dans le domaine des services ou du bâtiment.</p>
<h2>2021, année faste</h2>
<p>L’emploi industriel, par ailleurs, ne diminue pas dans un mouvement continu et homogène, comme celui d’un glacier qui recule inexorablement. Il se renouvelle activement, même si on ne s’en rend pas compte. L’économiste Laurent Davezies a montré que, y compris dans la période la plus noire, celle de la décennie qui a suivi la crise financière de 2008-2009, de nombreux <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-etat-a-toujours-soutenu-ses-territoires-laurent-davezies/9782021451535">emplois industriels ont continué à être créés</a> dans un grand nombre de communes françaises.</p>
<p>De 2009 à 2019, 190 000 emplois salariés industriels privés ont été créés dans 6 400 communes. Après le coup d’arrêt du Covid, 2021 a été une <a href="https://trendeo.net/blog/les-donnees-trendeo-sur-lannee-2021-une-bonne-annee-malgre-de-fortes-interrogations-pour-la-suite/">année faste</a>, selon le cabinet Trendeo. Aujourd’hui, la grande hémorragie semble être endiguée.</p>
<p>Qu’en sera-t-il à l’avenir ? Quel sera l’effet de la guerre en Ukraine, de l’augmentation des prix de l’énergie, de la fragilisation des chaînes d’approvisionnement, du retour de l’inflation ? Il est trop tôt pour le dire. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le grand retour des cols bleus imaginé par certains n’aura pas lieu. Les usines et les entrepôts seront de plus en plus automatisés, avec peu de personnel et des exigences de formation très fortement croissantes.</p>
<h2>Des frontières de plus en plus floues</h2>
<p>À terme, certains imaginent des « usines noires » qui fonctionneront en continu, de jour comme de nuit, sans éclairage et sans autres êtres vivants que les gardiens et leurs chiens. Les emplois continueront à être créés essentiellement dans les services : services aux entreprises et, surtout, comme c’est le cas aujourd’hui, services aux personnes, c’est-à-dire liés au soin, au vieillissement, au commerce et au e-commerce, à la sécurité, aux loisirs, etc.</p>
<p>C’est une situation paradoxale. D’un côté, on a mille fois raison de vouloir réancrer localement les activités de fabrication, pour de multiples motifs : impact écologique positif des circuits courts ; effet d’entraînement sur le reste des activités ; élévation des compétences dans les territoires ; dépendance moindre aux aléas des longues chaînes logistiques. D’un autre côté, il faut être conscient du fait que les impacts sur l’emploi seront surtout indirects et resteront limités.</p>
<p>La réalité est que les frontières entre le monde des services, celui des industries manufacturières et celui du numérique sont de plus en plus floues et poreuses. De nombreux services fonctionnent exactement comme des industries (télécommunications, énergie, services urbains). La production matérielle, de son côté, mobilise d’innombrables services (communication, informatique, maintenance technique, sans parler des services plus banals comme l’immobilier, le nettoyage, la restauration, etc.).</p>
<p>Lorsqu’on additionne ces activités qui constituent le « cœur productif » de l’économie (hors services aux personnes), on arrive ainsi à une part dans la production nationale qui se situe entre 30 et 40 % (je dois ce calcul à <a href="https://www.xerficanal.com/economie/emission/Olivier-Passet-Le-dynamisme-productif-francais-est-bien-meilleur-qu-on-ne-le-dit_2530.html">l’économiste Olivier Passet</a>), bien supérieure à celle qu’avancent en général les discours sur la désindustrialisation.</p>
<h2>De l’acier aux« solutions-acier »</h2>
<p>L’évolution la plus importante concerne ce qu’en novlangue managériale on appelle les « modèles d’affaire » ou « modèles économiques ». De même que les services s’industrialisent, l’industrie devient de plus en plus « servicielle ». Comme consommateurs, nous avons de plus en plus affaire à des mélanges de biens et de services, des services incluant des biens et réciproquement.</p>
<p>Les services accessibles par votre smartphone illustrent cette fusion. L’économiste Michèle Debonneuil a parlé de <a href="http://www.touteconomie.org/node/15723">secteur « quaternaire »</a>, combinant le secondaire et le tertiaire. Les industriels ne vendent plus des matériaux, des objets, des systèmes matériels. Ils vendent des fonctionnalités, des solutions, des performances, des expériences. La sidérurgie ne vend plus de l’acier, mais des « solutions-acier » plus ou moins spécifiques à tel ou tel usage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1122&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1122&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1122&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1410&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1410&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504009/original/file-20230111-15-6zrfrs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1410&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/bifurcations/">Éditions de l’aube, octobre 2022</a></span>
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<p>Dans l’aviation, les motoristes vendent des heures de vol et la maintenance des réacteurs. Michelin facture des kilomètres de roulage pour les camions, des atterrissages pour les avions. Philips vend des lumens, des prestations d’éclairage garanties pour des commerces, des aéroports, et non plus (seulement) des ampoules. Ce schéma est courant depuis longtemps dans les secteurs professionnels (B to B : business to business). Or il est en train de se déployer lentement mais sûrement vers les secteurs du grand public.</p>
<p>Cette évolution n’en est qu’à ses débuts, mais elle va changer fondamentalement notre économie. On pourrait la résumer comme le basculement d’une économie des choses vers une économie des usages – se doublant souvent du passage d’une économie de la propriété à une économie de l’accès. Prenons l’exemple des déplacements. L’économie des transports a été longtemps centrée sur l’objet automobile et sur la propriété de cet objet, symbole de l’accès à la modernité. Elle se déplace aujourd’hui vers une économie de la mobilité. Ce qui compte pour vous ou moi est la facilité et la souplesse de déplacement, quel que soit le mode utilisé.</p>
<p>Déjà, les jeunes urbains possèdent de moins en moins de voitures, et la gamme des offres de services regroupées sous le terme « MaaS » (Mobility as a Service) s’étend. La vente des voitures plafonne, mais les services du type leasing de plus ou moins longue durée se développent rapidement. Certains prédisent qu’il pourrait être bientôt aussi démodé de posséder une voiture en ville que d’y entretenir son cheval !</p>
<p>Cette économie de la mobilité, on le voit, s’inscrit dans un univers plus complexe que celui de la fabrication des voitures. Une complexité de nature différente, surtout. En effet, s’il est incroyablement difficile de fabriquer en masse un objet aussi compliqué qu’une voiture, le nouveau défi pour les industriels est très différent : il est de s’intégrer dans une économie de la ville et des territoires, c’est-à-dire d’affronter la complexité de la société, loin du monde fermé et maîtrisé de l’usine.</p>
<p>Pour l’ensemble des acteurs, l’enjeu est de passer des oppositions rigides entre transports collectifs, modes doux et automobilité à une vision nouvelle où la voiture devient une variante du transport collectif, grâce au partage et à la mutualisation des usages (autopartage, covoiturage). […]</p>
<p>Ce basculement vers des modèles serviciels est-il bon pour l’écologie ? A priori, oui, puisque si je vends un service appuyé sur un objet, mon intérêt est que cet objet soit le plus durable possible. Si je vends des kilomètres de roulage, j’ai intérêt à ce que mes pneus durent. Tout un courant de réflexion s’est développé autour de cette idée, sous le nom d’« économie des fonctionnalités ». C’est une voie de progrès intéressante. Mais l’expérience montre qu’elle ne constitue pas une solution miracle.</p>
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<p><em>Ce texte est extrait du livre <a href="https://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/bifurcations/">« Bifurcations : réinventer la société industrielle par l’écologie ? »</a> de Pierre Veltz, publié aux Éditions de l’aube en octobre 2022. Les intertitres ont été ajoutés par la rédaction</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197628/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Veltz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les mutations du système de production brouillent les frontières entre services et industrie, dont les entreprises continuent d’occuper une place essentielle dans l’économie française.Pierre Veltz, Professeur émérite, École des Ponts ParisTech (ENPC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1894342022-10-31T13:35:11Z2022-10-31T13:35:11ZLa densification des villes est bonne pour l’environnement… et l’économie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/483077/original/file-20220906-18-gf26dg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C998%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lorsqu'elle s'inscrit dans une stratégie de développement urbain et régional plus large, la densification des espaces déjà urbanisés devient un vecteur de développement économique et de qualité de vie.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>C’est payant pour une ville de se densifier, à condition que cette densification soit planifiée et adaptée à chaque contexte territorial.</p>
<p>La transformation des milieux urbains en espaces plus compacts de vie, de travail et de loisirs peut suivre des trajectoires très différentes d’une ville et d’un quartier à l’autre – en fonction de leurs caractéristiques actuelles, leur rythme de croissance démographique et leurs ambitions. Il existe de nombreux exemples innovants de densification pour des <a href="https://www.oecd.org/regional/greening-cities-regions/compact-city.htm">grandes villes</a> comme Québec et Montréal, mais aussi pour des <a href="https://vivreenville.org/media/739997/Petites-et-moyennes-collectivites-viables.pdf">villes de taille moyenne et de petites villes</a> avec des choix d’aménagement, de design et d’architecture potentiels de grande qualité très diversifiés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/densifier-la-ville-oui-mais-de-maniere-verte-et-socialement-acceptable-184122">Densifier la ville ? Oui, mais de manière verte et socialement acceptable</a>
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<p>Les arguments les plus populaires en faveur des villes plus compactes sont généralement environnementaux : <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">soutenir des mesures de densification serait une façon efficace pour les États d’accélérer la réduction des émissions de GES sur leur territoire</a>. En effet, les villes étalées, peu denses et compartimentées seraient propices à une consommation individuelle élevée de ressources, d’énergie et d’espaces menant à un niveau élevé d’émissions de GES nationales.</p>
<p>Mais à ces arguments environnementaux en faveur de la densification s’ajoute une série d’arguments économiques, que l’on attribue entre autres aux <a href="https://www.oecd.org/cfe/regionaldevelopment/49330120.pdf">économies d’agglomération</a>. On parle ici des profits et des gains de productivité dont les entreprises, les commerces et les consommateurs bénéficient en étant regroupés dans un même lieu.</p>
<p>Professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal, mes recherches portent entre autres sur les indicateurs de développement durable des villes et des régions.</p>
<h2>Des sources de revenus plus diversifiées et pérennes pour les villes</h2>
<p>D’abord, contrairement à la construction de simples tours à logements sur un terrain aléatoire en périphérie de la ville, le développement de quartiers mixtes de haute qualité contribue à <a href="http://eprints.lse.ac.uk/83638/1/sercdp0215.pdf">rendre la ville plus attractive auprès de futurs citoyens</a>. Ces derniers sont en effet prêts à payer plus cher pour bénéficier de localisations centrales caractérisées par la qualité des espaces de bureaux, des cafés, des commerces et des services, par exemple. Et cette attraction permet à la ville de bénéficier d’un bassin plus important de contribuables.</p>
<p>Ensuite, lorsqu’elle est bien planifiée, la densification suivant une approche axée sur la mixité <a href="http://eprints.lse.ac.uk/83638/1/sercdp0215.pdf">rend également la ville plus attractive à des entreprises et des commerces</a> de biens et de services spécialisés et de meilleure qualité. Ceci permet à la ville de bénéficier de revenus fiscaux provenant de diverses sources directes (bureaux, commerces) et indirectes (utilisation plus fréquente des services publics). La densification pourrait ainsi faire partie d’un cocktail de solutions <a href="https://www.lesoleil.com/2022/05/20/le-monde-municipal-plaide-lequite-b53ad13d1a02cc4b309f30aaca2c5965">au besoin manifesté par de nombreuses villes de trouver de nouvelles sources de revenus</a>.</p>
<p>Finalement, comme la majorité de la croissance démographique dans le monde se produira dans les villes de petite et moyenne taille selon les <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">estimations du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC)</a>, ces milieux urbains de plus en plus convoités seront un jour inévitablement saturés. Ce n’est qu’une question de temps.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="immeubles en construction" src="https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483079/original/file-20220906-20-k2fu8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Lorsqu’elle est bien planifiée, la densification suivant une approche axée sur la mixité rend la ville plus attractive à des entreprises et des commerces.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>En commençant à mieux organiser et préparer le territoire dès maintenant, les villes éviteront de subir ce flux démographique et pourront plutôt planifier une offre urbaine continue en fonction de la demande sur un horizon de long terme. En d’autres termes, elles bénéficieront de nouvelles opportunités de revenu sur une plus longue période de temps qu’une ville qui aura rapidement atteint son niveau de saturation par manque de planification de l’occupation future du territoire.</p>
<h2>Diminution des dépenses publiques</h2>
<p>En étant plus compactes, les villes économisent sur leurs dépenses. Il est certain qu’il est plus facile de construire sur des territoires encore vierges pour les promoteurs immobiliers. Mais pour les villes, ce type de construction implique <a href="https://www.cairn.info/revue-flux1-2010-1-page-34.htm">l’ajout d’infrastructures, d’équipements et de services qu’elles auraient pu épargner en encourageant la densification des espaces déjà desservis par de tels dispositifs</a>. Ces dépenses additionnelles peuvent atteindre <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/sites/9789264189881-en/1/2/3/1/index.html?itemId=/content/publication/9789264189881-en&_csp_=0058662d2c0fd533a9440ec1d9687cb9&itemIGO=oecd&itemContentType=book#chap00004">jusqu’à 60 % des coûts d’opération des services existants dans les pays industrialisés</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-favoriser-la-mixite-sociale-il-faut-construire-des-ecoles-dans-les-centres-villes-mais-differemment-177014">Pour favoriser la mixité sociale, il faut construire des écoles dans les centres-villes. Mais différemment</a>
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<p>Il s’en suit alors un cercle vicieux : les logements construits à l’extérieur de la ville finiront à long terme par créer une plus grande demande en transport, qui générera à son tour plus de congestion urbaine, obligeant la construction de nouvelles routes dont le potentiel sera rapidement atteint. Et c’est sans parler de la prise en charge de nouvelles dépenses d’entretien et d’opération des services municipaux, qui crée une augmentation inévitable des frais et des taxes afin de couvrir ces nouvelles dépenses.</p>
<h2>Soutien au développement économique local et régional</h2>
<p>Finalement, lorsqu’elle s’inscrit dans une stratégie de développement urbain et régional plus large, la <a href="https://www.oecd.org/regional/greening-cities-regions/compact-city.htm">densification des espaces déjà urbanisés devient un vecteur de développement économique et de qualité de vie</a>.</p>
<p>De nombreuses municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal peuvent en témoigner, avec des <a href="https://cmm.qc.ca/wp-content/uploads/2019/02/cahiersMetropolitains_no07.pdf">développements de quartiers mixtes autour des stations de transport collectif</a>. En devenant plus denses, elles comptent davantage d’entreprises et de commerces qui pourront bénéficier d’un bassin plus large de consommateurs potentiels. Ces entreprises et ces commerces créent à leur tour des emplois pour la main-d’œuvre locale ou en attirent sur leur territoire.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="nouveau développement au bord de l’eau" src="https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483080/original/file-20220906-24-g025vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le développement de quartiers mixtes de haute qualité contribue à rendre la ville plus attractive auprès de futurs citoyens.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Plus d’emplois diversifiés signifient plus de possibilités pour les jeunes aux compétences et aux ambitions variées de trouver du travail à une distance raisonnable de leur domicile, ce qui leur permet de participer activement à l’économie locale.</p>
<p>Le cycle se poursuit, puisqu’avec plus de contribuables et d’entreprises sur leur territoire, les villes bénéficient de revenus plus substantiels provenant des taxes pour financer les travaux publics, les infrastructures et les services. Elles deviennent aussi susceptibles de disposer d’un plus large éventail d’offres culturelles, ce qui attire à la fois les touristes et des résidents potentiels.</p>
<p>En somme, densifier ne signifie pas condenser plus de personnes dans un espace plus restreint. Il s’agit plutôt de tirer parti de tout l’espace urbain déjà disponible et de l’utiliser de façon créative et innovante en anticipant les besoins sociaux et économiques ainsi que les préoccupations environnementales à court, moyen et long terme.</p>
<p>C’est aussi ça, un développement urbain durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189434/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson a reçu du financement des Fonds de recherche du Québec pour étudier les stratégies de développement durable des municipalités du Québec.</span></em></p>La densification urbaine permet de générer des sources de revenus plus diversifiées et pérennes pour la ville, de diminuer les dépenses publiques et de soutenir le développement économique local.Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1813582022-04-20T18:14:19Z2022-04-20T18:14:19ZDepuis 30 ans, les crises successives font diverger les trajectoires économiques des territoires<p>Les périodes de ralentissement économique de 1993, de 2008 ou bien encore de 2020 ont eu des impacts territoriaux différenciés, que ce soit aux échelles nationales ou locales. Même si les facteurs explicatifs de chacune de ces crises sont très différents, elles ont contribué à une <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/sites/default/files/2020-12/Localtis-Mag-numero-1.pdf">recomposition des trajectoires de développement local</a>.</p>
<p>Face à ces chocs et aux incertitudes pour les années à venir, la notion de la <a href="https://theconversation.com/sadapter-ou-se-transformer-quelle-resilience-souhaitons-nous-137358">résilience</a> s’est peu à peu imposée dans les analyses économiques pour désigner la capacité d’un système à faire face à un choc passé, présent ou à venir. Elle se mesure en termes de cycle, afin de prendre en compte les variations des emplois ou des revenus, mais également la durée des phases de déclin, de rebond ou de récupération.</p>
<p>Analysée au prisme de ces cycles, l’étude de la résilience des intercommunalités françaises sur le temps long, qui fait l’objet de notre récent <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-regionale-et-urbaine-2021-3-page-361.htm">article</a> de recherche publié dans la <em>Revue d’économie régionale & urbaine</em>, révèle trois résultats majeurs. Tout d’abord, certains espaces subissent depuis près de trente ans chaque crise de façon plus aiguë que les autres. Ensuite, en matière de résilience, les métropoles ne sont pas nécessairement plus efficaces que les autres territoires. Enfin, la crise de 2020 révèle la fragilité des dynamiques de spécialisation sectorielle.</p>
<h2>Plus de résilience à l’Ouest et au Sud</h2>
<p>L’analyse des variations de l’emploi observées depuis le début des années 1990 nous permet de mesurer l’impact des crises sur le temps long. Cinq types de trajectoires se distinguent à l’échelle des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) :</p>
<ul>
<li><p>les EPCI en croissance continue de 1993 à 2020 ;</p></li>
<li><p>les EPCI contracycliques, c’est-à-dire en déclin sauf en période de crise ;</p></li>
<li><p>les EPCI sensibles aux crises, mais qui parviennent à rebondir ;</p></li>
<li><p>les EPCI sensibles aux crises, qui ne connaissent pas de rebond ;</p></li>
<li><p>et les EPCI en déclin continu de 1993 à 2020.</p></li>
</ul>
<p>15 % des intercommunalités françaises ont connu une croissance continue de l’emploi pendant près de 30 ans (de 1993 à 2019). Si l’on intègre le choc de 2020, ce ne sont plus que 6 % des EPCI qui restent insensibles aux crises, quelles qu’elles soient.</p>
<p>Globalement situés dans les régions au sud du pays, ces territoires profitent des dynamiques de redistribution publique, cumulées à des mécanismes d’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2019622">attractivité résidentielle et touristique</a>. Pour l’instant, ces territoires tirent un avantage de leur faible exposition aux chocs externes et bénéficient des revenus de transfert issus de la solidarité nationale.</p>
<p>Sans être totalement épargnées, 44 % des intercommunalités apparaissent plutôt résilientes aux crises. Elles sont principalement situées dans l’ouest et le sud du pays.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=541&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=541&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=541&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=680&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=680&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458312/original/file-20220415-18-3sr05z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=680&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Trajectoire de résilience des intercommunalités françaises sur le temps long (1993-2020).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>À côté de cette France plutôt épargnée par les crises passées se déploie un vaste espace d’intercommunalités beaucoup plus fragilisées. Par exemple, 41 % des EPCI ne s’étaient toujours pas remis de la crise de 2008 quand la pandémie est arrivée début 2020. Cumulées sur l’ensemble de la période, ce sont au final 30 %, soit près d’une intercommunalité sur trois (et où réside 20 % de la population française), qui voit ses emplois salariés privés diminuer depuis près de trente ans !</p>
<p>Ces <a href="https://theconversation.com/les-territoires-oublies-de-lelection-presidentielle-174817">espaces fragilisés</a> par la globalisation des échanges et les processus de métropolisation sont majoritairement situés dans les régions au nord du pays, dans des espaces de tradition industrielle ainsi que dans ce que les géographes appellent la diagonale du vide, s’étendant du Nord-Est au Sud-Ouest et désignant des espaces de faibles densités.</p>
<h2>Les métropoles ne sont pas nécessairement plus résilientes</h2>
<p>Les grandes villes sont-elles plus résilientes que leurs périphéries ? Certaines métropoles ont été extrêmement résistantes à la crise de 2008, comme Toulouse, Montpellier, Aix-Marseille et Toulon, ou à une autre échelle Lyon et Paris qui ont su rebondir rapidement. Grenoble, Saint-Étienne ou Strasbourg ont, inversement, eu beaucoup plus de mal à récupérer de la crise. La métropole de Grenoble, par exemple, a perdu beaucoup d’emplois et a mis près de 10 ans à retrouver son niveau d’emploi salarié d’avant la crise. Rouen enfin n’a, pour l’instant, toujours pas récupéré de ces chocs passés majeurs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458313/original/file-20220415-16-zfa4jr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Capacité de résilience des intercommunalités françaises face à la crise de 2008.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Dans les travaux récents que nous avons réalisés, nous mettons en évidence l’importance des contextes régionaux, bien plus qu’une fracture entre métropoles et reste du pays. Ainsi, les disparités de résilience sont plus marquées entre les grandes régions françaises, qu’entre les grandes agglomérations et leur périphérie.</p>
<p>Cependant, au sein des régions les plus durement touchées par la crise, l’écart « métropole-hinterland » existe et s’intensifie sur le long terme. Cette situation s’observe notamment dans le quart nord-nord-est de la France, notamment dans les territoires durablement affectés par les crises comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent.</p>
<h2>Le Covid révèle les fragilités sectorielles</h2>
<p>La crise socio-économique liée au Covid-19 est évidemment très différente de celle de 2008, déjà très différente de celle de 1993. Les premiers chiffres nationaux et infranationaux disponibles montrent que les secteurs les plus touchés sont liés à la baisse de la demande des ménages : commerces et services marchands, tourisme, loisir, transport de voyageurs. Ces secteurs étant présents dans la plupart des territoires français, la régionalisation du choc observée est beaucoup plus diffuse que celle observée en 2008. Notons néanmoins que certains secteurs productifs ont également souffert, à l’image de l’<a href="https://theconversation.com/le-transport-aerien-engage-dans-une-course-de-survie-financiere-156664">aéronautique</a>.</p>
<p>Ce que nous apprend cette crise, c’est le fait que des territoires jusque-là spécialisés dans des activités dynamiques, systématiquement épargnées par les crises précédentes, se sont retrouvés touchés de plein fouet par l’arrêt de nos modes de vie et le fort ralentissement des échanges globaux. Les petites villes spécialisées dans une industrie particulière, comme l’aéronautique ou le tourisme, ont été épargnées en 2008, mais ont payé un lourd tribut en 2020.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=532&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=532&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=532&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=669&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=669&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458314/original/file-20220415-16-8ap5p3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=669&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Impact de la pandémie sur l’emploi salarié privé en 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ainsi, des secteurs qui aujourd’hui peuvent paraître hors de danger de tout choc conjoncturel (l’<a href="https://theconversation.com/y-aura-t-il-des-semi-conducteurs-pour-noel-172635">électronique</a> par exemple), peuvent très bien être affectés demain par une guerre, par des aléas naturels majeurs, par la raréfaction d’une ressource telle que l’eau, etc. Dans le monde d’incertitude où nous vivons, les stratégies d’hyper-spécialisation qui ont prévalu dans le passé apparaissent pour le moins risquées, sinon totalement dépassées.</p>
<p>La résilience est un enjeu de long terme et les périodes de reprise, puis de récupération sont tout aussi fondamentales que les réponses apportées au moment du choc. Les analyses géoéconomiques développées dans nos travaux permettent de mettre en lumière les territoires blessés par les décennies passées. Dans ces espaces, l’État doit <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10113-021-01845-4">intensifier et adapter des politiques nationales de relance</a> – notamment industrielle – en fonction des besoins de la population, des spécificités territoriales et des défis environnementaux qui nous attendent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181358/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yatina Calixte est en thèse Cifre à l'Agence d'urbanisme de la région grenobloise. Ce dispositif est financé par le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Magali Talandier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si environ une intercommunalité sur deux en France peut être qualifiée de résiliente, le nord du pays et les espaces à faibles densités de population sont de plus en plus fragilisés.Magali Talandier, Professeure des universités en études urbaines, Université Grenoble Alpes (UGA)Yatina Calixte, Doctorante, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1801022022-03-29T19:31:43Z2022-03-29T19:31:43ZPourquoi les États (et les entreprises) dépensent-ils autant pour des prestations de conseil ?<p>En 2021, l’État français a dépensé plus d’un milliard d’euros pour financer des prestations de conseil. Ce chiffre a plus que doublé en cinq ans… Depuis les révélations du livre <a href="https://allary-editions.fr/products/matthieu-aron-et-caroline-michel-aguirre-les-infiltres"><em>Les Infiltrés</em></a> de Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre (Éditions Allary, 2022) et la récente publication du <a href="http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppr21-111.html">rapport du Sénat</a> intitulé « Un phénomène tentaculaire : l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques », les consultants sont sous le feu des projecteurs, d’autant plus que les sénateurs reprochent au cabinet McKinsey de ne pas avoir payé d’impôt sur les sociétés en France depuis plusieurs années.</p>
<p>Le sujet du « McKinsey Gate » s’est même immiscé dans la campagne présidentielle. À deux semaines du premier tour, le président-candidat Emmanuel Macron a ainsi mis au défi les accusateurs : « s’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », a-t-il ainsi lancé lors d’une émission sur France 3.</p>
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<figcaption><span class="caption">McKinsey : « Qu’ils aillent au pénal », lance Macron à ses accusateurs (<em>Le Point</em>, 27 mars 2022).</span></figcaption>
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<p>Au-delà de cette polémique, ces révélations interrogent : pourquoi les pouvoirs publics, comme les entreprises, dépensent-ils autant pour des prestations de conseil ? Pour répondre à cette question, nous avons étudié le <a href="https://www.researchgate.net/publication/334258693_The_Impact_of_Economic_Development_and_National_Culture_on_Management_Consulting_Expenditures_Evidence_from_Europe_and_North_America">marché du conseil en management</a> dans 21 pays européens et nord-américains sur les 20 dernières années.</p>
<p>Notre première constatation est que la France n’est pas le pays qui fait le plus appel aux consultants. D’après les données les plus récentes de la FEACO (Fédération européenne des associations de conseil en organisation), elle se situe dans la moyenne européenne, avec des dépenses de conseil qui s’élèvent à 0,31 % du PIB.</p>
<h2>Des prestations… quand tout va bien !</h2>
<p>Sans surprise, notre étude a également montré que ces écarts s’expliquent en partie par le niveau de développement économique. Les grandes entreprises sont les principaux clients des cabinets de conseil. Comme elles sont plus nombreuses dans les pays les plus développés, les dépenses de conseil y sont également plus élevées.</p>
<p>Autre constatation : les dépenses de conseil sont fortement influencées par la conjoncture économique. Les consultants aiment se présenter comme des médecins à qui les entreprises font appel lorsqu’elles vont mal. En vérité, c’est plutôt le contraire. Les entreprises sont plus susceptibles de faire appel aux consultants lorsqu’elles vont bien. L’explication : elles ont plus d’argent à dépenser en prestations de conseil que lorsqu’elles vont mal !</p>
<p>Outre le développement économique, nous nous sommes intéressés à l’impact de la culture nationale sur les dépenses de conseil. La première dimension culturelle que nous avons prise en compte est la valorisation de la performance (c’est-à-dire la mesure dans laquelle l’amélioration de la performance et l’excellence sont valorisées dans un pays).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1501863330637570052"}"></div></p>
<p>Le recours aux consultants est souvent justifié par leur capacité à accroître la performance de leurs clients. Leur principal atout serait leur capacité à extraire les « meilleures pratiques » des entreprises les plus performantes et à les transférer à leurs clients. Leur regard extérieur leur donnerait également un avantage par rapport aux salariés des entreprises pour qui ils travaillent. Nous nous attendions donc à ce que les dépenses de conseil soient plus élevées dans les pays qui valorisent plus la performance. Contre toute attente, nos résultats montrent qu’il n’y a aucun lien entre ces deux variables.</p>
<h2>Maîtrise de l’incertitude</h2>
<p>Si les entreprises et les pouvoirs publics ne font pas appel aux consultants pour améliorer leur performance, quelle est leur véritable motivation ? Nos résultats suggèrent que les dépenses de conseil dépendent fortement d’une autre dimension culturelle appelée « maîtrise de l’incertitude » (c’est-à-dire la mesure dans laquelle on cherche à réduire l’incertitude dans un pays). Les dépenses de conseil sont ainsi beaucoup plus élevées dans les pays où la volonté de maîtriser l’incertitude est forte, comme l’Allemagne ou l’Autriche, que dans les pays où elle est faible, comme l’Italie ou le Portugal. La France se situe entre ces extrêmes.</p>
<p>En bref, les dirigeants font plus appel aux consultants pour se rassurer que pour résoudre des problèmes qui pourraient souvent être réglés sans aucune aide extérieure. Comme l’a bien résumé un consultant dans la revue <a href="https://www.mckinsey.com/business-functions/strategy-and-corporate-finance/our-insights/hidden-flaws-in-strategy"><em>McKinsey Quarterly</em></a> :</p>
<blockquote>
<p>« Pour la plupart des dirigeants, une seule chose est pire que faire une erreur : être le seul à la commettre. »</p>
</blockquote>
<p>Cette soif de « réassurance » semble également expliquer la popularité des consultants auprès de l’État français. D’après l’ancienne déléguée interministérielle à l’intelligence économique, Claude Revel, citée dans <em>Les Infiltrés</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Les fonctionnaires ont depuis longtemps perdu confiance en eux, en leurs compétences. Ils se sentent obligés d’ouvrir 50 parapluies, de commander 50 000 rapports pour se protéger en cas d’erreur… Quand j’entends un ministre dire que c’est difficile de décider avec un risque pénal au-dessus de la tête, je suis choquée. Ils ont été choisis normalement pour leur capacité de décision. »</p>
</blockquote>
<p>Pour conclure, on peut noter que l’un des articles de recherche les plus connus sur les consultants s’intitule <a href="https://www.researchgate.net/profile/Andrew-Sturdy/publication/227375211_The_Consultancy_Process_-_An_Insecure_Business/links/00b7d529c4fd773961000000/The-Consultancy-Process-An-Insecure-Business">« Le conseil : une activité peu rassurante ? »</a> Quand on y réfléchit, faire appel à des consultants pour se rassurer n’est pas très rationnel. Dans certains cas, ils n’en savent pas plus que leurs clients… et ce sont plutôt eux qui auraient besoin d’être rassurés !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Barthélemy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Selon une étude, le recours à des cabinets comme McKinsey, qui embarrasse la campagne du président-candidat Emmanuel Macron, vise d’abord à rassurer le décideur face au risque de commettre une erreur.Jérôme Barthélemy, Professeur et Directeur Général Adjoint, ESSEC Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1780592022-03-24T18:41:02Z2022-03-24T18:41:02ZQuand la technologie s’invite au musée<p>La relation entre les musées et la technologie a souvent été perçue comme un gadget ou un élément d’amusement qui risquait de dégrader la dimension culturelle du lieu. Les restrictions liées à la pandémie de Covid-19 ont définitivement fait évoluer cette relation. Aujourd’hui la plupart des musées proposent une complémentarité d’offres et d’expériences entre le physique et le digital.</p>
<p>Il faut distinguer les outils technologiques enrichissant l’expérience de visite in situ et ceux se substituant à l’expérience de visite.</p>
<h2>Enrichir la visite in situ</h2>
<p>Historiquement, la première approche fut par les audioguides numériques, véritable révolution et alternative à la visite avec un guide. Le gain fut notamment en termes de langues proposées et la liberté de déambulation dans les locaux, la perte était liée à l’absence d’interaction et la présentation forcément partielle des collections.</p>
<p>D’un point de vue marketing, c’est une offre d’entrée de gamme qui répond à la majorité des demandes tout en proposant une liberté d’usage. L’évolution de ces audioguides est l’utilisation d’applications mobiles directement téléchargeables sur le smartphone des visiteurs. Ce simple transfert d’un périphérique prêté par le musée à l’usage de son propre smartphone <a href="https://www.afm-marketing.org/en/system/files/publications/20160517200945_REVAT_ROEDERER.pdf">ouvre la voie à un immense champ de services complémentaires</a>.</p>
<p>Pour les musées, le fait que l’usager utilise son propre téléphone supprime le problème de la location et de la gestion des audioguides numériques tout en renforçant l’interaction du visiteur avec les œuvres.</p>
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<p>Outre la visite audio, plusieurs technologies coexistent. Le code QR permet de proposer un texte ou un accès direct à un site web contenant des documents à télécharger ou une vidéo. Cela réduit le nombre de panneaux d’affichage devant les œuvres tout en proposant des compléments. Un seul code QR permet à chacun d’accéder aux ressources prévues dans les différentes langues.</p>
<p>L’action nécessaire <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-58799-4_59">lors du scan du code QR renforce l’interaction entre le visiteur et l’œuvre</a>, elle permet en outre de mesurer l’engagement des visiteurs envers les différents objets présentés, un compteur pouvant facilement être intégré au code QR.</p>
<p>Enfin les informations téléchargées via le code QR restent dans la mémoire du smartphone, cela permet au visiteur d’avoir une trace des sites visités ou des objets qu’il a particulièrement appréciés. C’est ici un élément important dans la mesure du sentiment post-visite d’un musée.</p>
<p>Plus simples à utiliser que les codes QR, les Beacons <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2019-5-page-57.htm">sont des systèmes très répandus dans les musées</a>. C’est notamment grâce à ces outils que les audioguides des musées peuvent automatiquement mettre la bonne explication lorsque le visiteur passe d’une salle à l’autre.</p>
<p>Ces beacons peuvent ainsi renvoyer des données de géolocalisation très fine (moins de 5 cm) et proposer un nouvel enregistrement audio ou vidéo, envoyer un message sur un smartphone, ouvrir un contenu en ligne, etc. Leur principal intérêt est de ne demander aucune action de la part de l’utilisateur. Ce dernier peut ainsi passer de salle en salle d’œuvre en œuvre en disposant toujours de la bonne information au bon moment. L’information proposée n’est cependant pas stockée sur le smartphone et ne peut donc pas être gardée comme souvenir de la visite.</p>
<p>L’enrichissement d’expérience via la réalité augmentée (RA) <a href="https://www.cairn.info/revue-realites-industrielles-2022-1-page-53.htm">relève d’un niveau d’interaction plus important</a>. En utilisant une application mobile qui capte des données de géolocalisation très fine et des données gyroscopiques du smartphone le scénariste de la visite peut ainsi proposer une surcouche virtuelle dans un monde réel.</p>
<p>Il suffit au visiteur de rentrer dans une salle dans laquelle une solution de RA a été mise en place pour qu’il puisse, via la caméra de son smartphone ou une tablette fournie, « voir » la pièce réelle avec une surimpression en image virtuelle. Cela permet par exemple de présenter les meubles à travers différentes époques.</p>
<p>La RA se mêle ainsi à la réalité physique en combinant deux images. Si l’immersion et l’engagement du visiteur sont plus importants, la principale limite reste l’impossibilité de garder une trace de cette réalité dans son smartphone. La RA ne peut, par définition, s’utiliser qu’in situ devant l’œuvre pour laquelle elle a été conçue.</p>
<p>Elle permet cependant de proposer des visites particulièrement vivantes en contextualisant les œuvres et les liens sans toucher réellement aux objets exposés. La créativité des scénaristes d’exposition est ainsi sans limites. Une application très ludique a vu le jour en 2016, « Pokémon Go ! » proposait d’inclure dans le monde réel des personnages virtuels, le but du jeu était « d’attraper » les Pokémons en suivant une série d’indices.</p>
<p>Des musées ont ainsi eu l’idée de proposer une visite très ludique pour les plus jeunes (d’âge ou d’esprit) en « cachant » des <a href="https://www.nouveautourismeculturel.com/blog/2016/09/24/un-pokemon-au-musee/">Pokémons dans les locaux, dans des tableaux ou derrières des œuvres</a>. Certaines villes proposent aussi des visites à énigmes mettant en avant le <a href="https://www.leparisien.fr/societe/tourisme-quand-les-villes-s-inspirent-de-pokemon-go-pour-attirer-les-visiteurs-04-06-2017-7014777.php">patrimoine architectural via des chasses aux Pokémon</a>.</p>
<h2>Une alternative à la visite réelle d’un site</h2>
<p>La réalité virtuelle (VR) permet de substituer une expérience virtuelle à la visite réelle d’un lieu. Deux approches se distinguent, la VR comme substitution à la visite réelle et la VR comme complément de l’offre de visite réelle.</p>
<p>Le cas de la substitution totale de la visite réelle par la visite virtuelle trouve son origine dans les travaux des archéologues. Ces derniers utilisent depuis longtemps la modélisation 3D pour recréer un site à partir des traces archéologiques. Il est ainsi possible de visiter d’anciennes villas de Pompéi ou l’épave d’un bateau gisant par plus de 60 mètres de fond.</p>
<p>Le passage d’une modélisation 3D (sur écran) issue de relevés topographiques à l’usage de la VR nécessite un traitement complémentaire afin de proposer les images via un casque de VR.</p>
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<p>L’archéologue ou le visiteur a ainsi la possibilité d’être immergé dans le site comme s’il se déplaçait dans les lieux réels reconstitués. On comprend facilement l’intérêt d’une telle technique pour l’exploration préventive des sites (la numérisation via un laser, la reconstruction informatique et l’exploration virtuelle ne risquent pas de détériorer un environnement sensible), le cas de la grotte de Lascaux est parlant.</p>
<p>La grotte, fermée en raison de la très grande sensibilité du milieu, a d’abord donné lieu à des facsimilés de très grande qualité Lascaux I jusqu’à Lascaux IV, la grotte est aujourd’hui visitable via un jumeau virtuel permettant une reconstitution fidèle sans les contraintes physiques de déplacement des visiteurs. On pourrait ainsi imaginer un touriste à l’autre bout du monde qui ne se rendrait jamais à Montignac mais visiterait la grotte de chez lui, avec un guide humain <a href="https://www.citedelarchitecture.fr/fr/evenement/visite-de-la-grotte-de-lascaux-11-le-jumeau-virtuel">connecté dans ce monde virtuel depuis la Dordogne !</a></p>
<p>Par extension, il est possible d’appliquer cette technique à des œuvres réellement accessibles : qui n’a jamais rêvé de passer du temps devant la Joconde ? Ou d’observer la « déconstruction » d’un mobile de Calder afin d’en comprendre le subtil équilibre ! Les applications sont nombreuses, démocratisation de l’accès à la culture, suppression des files d’attente et des contraintes logistiques sur site, visites accessibles 24h sur 24h, valorisation de l’expérience de visite via des filtres thématiques ou des interactions avec les œuvres, etc.</p>
<p>Mais cette virtualisation de la visite ouvre une réflexion sur la gestion de l’offre d’un musée. Si l’archéologie préventive est facilement acceptable car elle est le seul moyen de profiter d’un site détruit ou sensible qu’en est-il de la virtualisation d’œuvres existantes et facilement accessibles ? Les musées sont aujourd’hui face à un enjeu de gestion de leur portefeuille produit. La virtualisation de la visite peut être un produit de pure substitution à la visite physique. Durant la pandémie, le Louvre a proposé une visite virtuelle des plus belles œuvres du musée.</p>
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<p>Ce Louvre virtuel a reçu <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/services-conseils/le-louvre-a-attire-10-millions-de-visiteurs-virtuels-en-deux-mois-1205279">14 millions de visites en 2 mois (contre 10 millions de visites physiques par an au Louvre)</a>. Comment gérer cette visite virtuelle alors que les visites physiques sont de nouveau possibles ? La visite virtuelle peut être vue soit comme un produit d’appel incitant le visiteur à franchir le pas pour découvrir réellement les œuvres ?</p>
<p>C’est ici un moyen de communiquer sur une sélection d’œuvres et donc de travailler sur la notoriété d’un musée. Mais cela peut être également un moyen de proposer une visite de substitution pour une partie des visiteurs qui ne se rendront jamais physiquement dans le musée. Que ce choix soit dû à l’éloignement, au coût ou au manque de temps, la visite virtuelle permet d’apporter une nouvelle dimension à la diffusion de la culture.</p>
<p>Un grand musée virtuel regroupant les plus belles pièces des musées physiques a ainsi vu le jour avec Internet, il permet de faire le tour du monde des œuvres pour une visite qui ne sera jamais possible dans la réalité.</p>
<p>Enfin, la virtualisation des visites est un moyen pertinent pour garder une trace et diffuser des expositions temporaires. La capture de ces expositions en vidéo 360° en haute définition permet ainsi de garder une trace et de proposer un large catalogue de visites. À l’heure où le replay est une pratique normale pour les émissions télévisuelles, radio, ou les plates-formes proposent des accès au choix pour voir et revoir un immense catalogue de contenus, on peut penser qu’une partie des visiteurs sont prêts à visiter ainsi.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178059/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Bourliataux-Lajoinie ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La plupart des musées proposent une complémentarité d’offres et d’expériences entre le physique et le digital.Stéphane Bourliataux-Lajoinie, Maitre de conférences (HDR) en Marketing Digital. Directeur du MiM2 E-business and Digital Marketing, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1730742021-12-05T17:14:11Z2021-12-05T17:14:11ZL’industrie française est-elle tributaire de la Chine ?<p><em>Les difficultés d’approvisionnement en masques au début de la crise sanitaire, ou encore les pénuries de semi-conducteurs qui durent depuis des mois, ont replacé la question de la dépendance extérieure de l’économie française dans le débat. Cependant, tous les secteurs de l’industrie ne sont pas impactés de la même manière. Tour d’horizon avec Ariell Reshef et Gianluca Santoni, économistes au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), qui répondent aux questions d’Isabelle Bensidoun, adjointe au directeur.</em></p>
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<p><strong>La crise sanitaire a fait réaliser que la production mondiale était, pour certains produits, géographiquement concentrée. Quelles en sont les raisons et les limites ?</strong></p>
<p>La crise sanitaire a braqué les projecteurs sur les risques que les interdépendances font courir : début 2020, lorsque des produits essentiels comme les masques et autres équipements de protection individuelle sont venus à manquer ; depuis l’été 2021, avec la <a href="https://theconversation.com/y-aura-t-il-des-semi-conducteurs-pour-noel-172635">pénurie mondiale de semi-conducteurs</a> qui a mis à mal les constructeurs automobiles et les producteurs d’équipements électroniques du monde entier. Dans les deux cas, la production mondiale est effectivement concentrée en Asie de l’Est, principalement en Chine pour les équipements de protection individuelle, en Corée et à Taïwan pour les semi-conducteurs.</p>
<p>Mais ces deux exemples ne sont pas de même nature. Dans le premier cas, les masques et autres équipements de protection individuelle, il s’agit d’importations de produits finis qui viennent satisfaire la consommation française, mais qui n’entrent pas dans le processus de production français. En revanche, la dépendance aux semi-conducteurs, lorsque ces derniers viennent à manquer, va bien affecter la capacité de produire en France.</p>
<p>Cette configuration éclatée de la production mondiale résulte de la recherche d’une production à moindre coût que l’exploitation des avantages comparatifs permet d’obtenir et qui constitue le principal moteur des gains procurés par le commerce.</p>
<p>Toutefois, la spécialisation géographique peut également entraîner des goulets d’étranglement dans les chaînes de production, si la production est interrompue à un endroit. Cela n’est pas nouveau : en 2011, le tremblement de terre au Japon avait gravement perturbé les chaînes de valeur et mis en difficulté les secteurs informatique, électronique et automobile de tous les pays qui dépendaient des pièces produites au Japon. Cela n’est pas rare non plus : les experts de quatre secteurs (automobile, pharmaceutique, aérospatial et électronique), interrogés par le McKinsey Global Institute, estiment que des ruptures d’approvisionnement de plus d’un mois se produisent en <a href="https://www.mckinsey.com/business-functions/operations/our-insights/risk-resilience-and-rebalancing-in-global-value-chains">moyenne tous les 3,7 ans</a>.</p>
<p><strong>Mais à quel point la production française est-elle tributaire de l’étranger ?</strong></p>
<p>Tout d’abord, la France est avant tout une économie de services : 85,6 % du PIB, contre 12,5 % pour l’industrie et moins de 2 % pour l’agriculture en 2015, année la plus récente pour laquelle il est possible de mesurer la dépendance de la production. Et les services, tout comme l’agriculture, sont peu tributaires de l’étranger : plus de 80 % de la valeur ajoutée de ces secteurs est le fait de fournisseurs nationaux (voir tableau ci-dessous).</p>
<p>En revanche, la <a href="http://www.cepii.fr/PDF_PUB/lettre/2020/let409.pdf">dépendance est plus forte pour l’industrie manufacturière</a> : pour 100 euros de valeur ajoutée produite en France, seuls 69 euros sont le fait de fournisseurs nationaux. Près d’un tiers de la valeur ajoutée manufacturière française est ainsi dépendante de l’étranger, essentiellement de fournisseurs européens (pour 56 %), les Américains et les Chinois fournissant chacun moins de 10 % (précisément 8 % et 6,7 %, respectivement).</p>
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<p>La montée en puissance de la Chine dans le commerce international et les dépendances essentiellement à l’égard de l’Asie de l’Est que la crise sanitaire a révélées peuvent laisser croire que la dépendance de notre production à l’égard du continent asiatique est grande. Mais en réalité, il n’est pas étonnant que les fournisseurs éloignés soient globalement moins importants que les fournisseurs nationaux ou proches, en particulier lorsque ces derniers sont intégrés dans un marché unique et qu’ils partagent des fondements institutionnels similaires.</p>
<p>La Chine est donc, en moyenne, un fournisseur marginal pour les entreprises françaises, alors que les liens de production au sein de l’Union européenne sont particulièrement intenses. Bien entendu, il existe une hétérogénéité forte entre les industries, et pour certains secteurs la Chine occupe une place importante parmi les fournisseurs étrangers. Il en est ainsi des appareils électroniques (où 25 % de la valeur ajoutée fournie par l’étranger provient de Chine), du secteur textile (22 %), des équipements électriques (14,1 %) et des équipements de transport (7,2 %).</p>
<p><strong>Quelles politiques ces dépendances appellent-elles ?</strong></p>
<p>Lorsqu’il s’agit de dépendances à l’égard de nos partenaires européens, la réponse politique doit s’appuyer sur la plate-forme commune des institutions de l’UE, sans compromettre, et idéalement en renforçant, la coopération au sein des pays membres, comme l’illustre la récente collaboration annoncée par Sanofi et BioNTech pour la production de vaccins destinés au marché européen.</p>
<p>En revanche, la recherche d’une indépendance stratégique à l’égard de partenaires plus éloignés, comme la Chine, réclame des interventions et des financements publics pour réagir aux écarts de prix relatifs (parfois liés à des pratiques déloyales) et éventuellement de relocaliser la production de composants critiques sur le territoire national ou européen.</p>
<p>La récente ouverture d’une usine de fabrication de puces à Dresde et les investissements en Allemagne de l’Est visant à réduire la dépendance à l’égard des fournisseurs de batteries d’Asie de l’Est (également connue sous le nom de « <a href="https://www.project-syndicate.org/commentary/should-governments-help-to-boost-supply-chain-resilience-by-dalia-marin-2021-07">Silicon Saxony</a> ») sont des exemples de réponses politiques à cet égard.</p>
<p>Il convient également de noter que les chocs subis par les chaînes d’approvisionnement peuvent être entièrement nationaux. Cependant, ils ne semblent pas autant préoccuper les décideurs politiques que les chocs internationaux. De quoi rappeler que la diversification des fournisseurs, qu’ils soient nationaux ou internationaux, constitue une option à ne pas négliger pour limiter le risque de rupture des chaînes d’approvisionnement.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la série du CEPII « L’économie internationale en campagne » un partenariat CEPII – The Conversation</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173074/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La dépendance aux importations d’Asie de l’Est concerne un nombre relativement réduit de secteurs en France, comme les appareils électroniques, les équipements de transport ou encore le textile.Ariell Reshef, Économiste, Directeur de recherche CNRS, Conseiller scientifique au CEPII, Membre associé, Paris School of Economics – École d'économie de ParisGianluca Santoni, Économiste, CEPIIIsabelle Bensidoun, Adjointe au directeur, CEPIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1669862021-10-13T19:20:14Z2021-10-13T19:20:14ZLe marketing sensoriel et les objets connectés, nouveaux atouts des hôteliers<p>La qualité de service demeure depuis toujours au centre des exigences du secteur de l’hôtellerie. Mais la crise du coronavirus a posé de nouvelles conditions en matière d’accueil avec la mise en place de procédures sanitaires rigoureuses. Dans un contexte de reprise progressive et néanmoins incertaine de l’activité, les hôteliers n’ont d’autre choix que de recourir à des outils permettant de rassurer le client sur la sécurité des infrastructures. En outre, la période actuelle nécessite aussi de redoubler d’effort pour attirer et séduire les clients notamment en suscitant chez eux des émotions positives.</p>
<p>Depuis plusieurs années, le secteur de l’hôtellerie organise sa transformation numérique grâce au développement et à l’adoption des nouvelles technologies, notamment des objets connectés. Ces derniers ont une double utilité, car ils permettent d’accroître la performance des hôtels et présentent de nouvelles opportunités pour des interactions sensorielles pouvant révolutionner l’expérience du consommateur.</p>
<p>Face à ce constat, nous avons mené une <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/IJCHM-02-2021-0226/full/html">étude</a> visant à identifier les effets de l’utilisation des objets connectés dans les hôtels haut de gamme (4-5 étoiles) sur l’expérience des clients. Nos résultats indiquent que la stimulation des sens des clients (toucher, odorat, audition, vue et goût) grâce à l’usage des objets connectés peut influencer leurs émotions et plus généralement leur état de bien-être.</p>
<h2>Séduire par les sens</h2>
<p>Les hôtels haut de gamme ont généralement recours à deux types de technologies : celles qui servent à accroître l’efficacité de l’hôtel et la qualité de ses processus, comme les applications qui renseignent sur les préférences des clients, lors de la réservation, et celles utilisées pour améliorer l’expérience digitale des clients, c’est-à-dire la perception et l’interaction personnelle avec le service digital qui est fourni et qu’un client peut vivre durant son séjour. Il peut s’agir de l’ambiance de la chambre d’hôtel, sur le plan de la musique ou sur le plan de la lumière.</p>
<p>C’est cette deuxième application, associée à la mise en place d’une stratégie de marketing sensoriel qui nous intéresse ici.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418602/original/file-20210831-15-s91hs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Modèle S-O-R.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
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<p>Le marketing sensoriel est une déclinaison du marketing qui vise à créer du lien entre une marque et ses clients grâce à la sollicitation des cinq sens. Cette approche se fonde sur le <a href="https://www.researchgate.net/figure/S-O-R-framework-Source-Mehrabian-and-Russell-1974_fig1_274640051">modèle S-O-R</a> (stimuli-organisme-réponse) développé par des chercheurs en 1974 : les variables originaires des cinq sens (les stimuli) sont perçues par le client (son organisme) et ont un impact sur son attitude, son apprentissage, et son comportement (la réponse).</p>
<p>Ainsi, à l’aune de ces travaux, nous suggérons que le toucher, l’odorat, l’ouïe, la vue et le goût, stimulés par les objets connectés au sein des hôtels, influencent positivement la valeur émotionnelle du client, son expérience affective mais aussi son bien-être au sein d’un lieu physique (la chambre, le hall, le restaurant de l’hôtel, etc.).</p>
<p>Toutefois, c’est la <a href="https://www.usabilis.com/definition-theorie-de-gestalt/">vision globale</a> que se font les clients de l’environnement qui compte, avant de prêter attention aux détails. À cause de la perception globale des services par les consommateurs, les stimuli utilisés dans une stratégie de marketing sensoriel doivent assurer une évaluation positive par les consommateurs de l’environnement.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418603/original/file-20210831-27-10svlr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Exemple de tablette tactile à disposition des clients d’un hôtel de Londres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
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</figure>
<p>Face à cet enjeu, les objets connectés offrent de nombreuses solutions.</p>
<p>Les managers d’hôtels 4-5 étoiles interrogées dans le cadre de notre étude sont dans l’ensemble assez favorables à l’utilisation et la mise à disposition d’objets connectés, disant par exemple qu’ils pourraient améliorer l’expérience client, « ça pourrait être quelque chose d’utile », car « aujourd’hui l’expérience client est un challenge pour les hôteliers » qui doivent être capables « de se différencier et de surprendre le client".</p>
<p>Pour certains managers, les objets connectés s’avèrent même incontournables, comme l’explique l’un d’entre eux :</p>
<blockquote>
<p>« l’équipement des chambres de ces hôtels avec des ampoules connectées, des enceintes connectées et d’autres objets intelligents, représente le futur ».</p>
</blockquote>
<h2>Des outils à manier avec subtilité</h2>
<p>Si les résultats de notre étude suggèrent que les cinq sens peuvent bien être stimulés par les objets connectés, une analyse plus détaillée permet d’identifier des différences d’impact selon les sens ainsi que des écarts de perception entre hommes et femmes.</p>
<p>En effet, les résultats de notre sondage en ligne auprès de 357 clients d’hôtels 4-5 étoiles révèlent que l’expérience affective est positivement influencée par le toucher, l’ouïe et la vue. Dans le même temps, l’état de bien-être est positivement impacté par l’odorat et le goût (deux sens chimiques plus difficiles à étudier).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418604/original/file-20210831-21-p1zwd4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pour certains hôtels, les objets connectés deviennent un argument de différenciation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
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</figure>
<p>Par ailleurs, l’impact d’un stimuli peut être amplifié par un autre. Par exemple, les expériences de réalité virtuelle (stimulation de la vue) peuvent être amplifiées avec la diffusion d’odeurs, de même que les images des plats servis dans le restaurant de l’hôtel peuvent être accommodées avec des odeurs cohérentes avec ces derniers.</p>
<p>Par ailleurs, nos résultats confirment ceux de la recherche en neurosciences montrant que l’odorat, le goût et la mémoire sont <a href="https://www.academia.edu/12458337/Experience_induces_functional_reorganization_in_brain_regions_involved_in_odor_imagery_in_perfumers">connectés les uns aux autres</a> dans le cerveau. Les sens sont donc plus efficaces pour influencer l’humeur et la mémoire du client et par extension <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Multisensory-Experiences-in-HCI-Obrist-Gatti/24fcf7c6f28a2353f2a44c7fb88048fb58b1beb7">leur satisfaction et leur fidélité envers la marque</a> d’hôtel.</p>
<p>Les résultats de l’enquête montrent aussi que l’odorat a un impact plus fort sur le bien-être chez les femmes. Cela confirme les conclusions d’autres <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11547515/">travaux</a> montrant que les femmes restent plus sensibles aux odeurs et peuvent mieux distinguer et catégoriser celles-ci. Les managers peuvent ainsi appliquer des odeurs grâce aux objets connectés avec des intensités plus basses ou même différentes odeurs en direction d’une clientèle féminine vis-à-vis des clients masculins.</p>
<p>Les hôtels de prestige ont donc entre les mains de nombreux outils pour faire vivre des expériences multisensorielles surprenantes, séduisantes mais aussi personnalisées à leurs clients. Cela passe notamment par la création d’univers uniques et originaux dans différentes pièces et suites grâce aux objets connectés. Par exemple, les mécanismes de gamification peuvent conduire à un <a href="https://www.academia.edu/30637745/Xu_F_Buhalis_D_Weber_J_2017_Serious_games_and_the_gamification_of_tourism_Tourism_Management_Volume_60_June_2017_Pages_244_256">engagement client accru</a>, comme certains hôtels l’ont montré en offrant des salles dédiées aux joueurs, leur permettant d’accéder à des ambiances très immersives.</p>
<p>Avec la crise, clients et hôteliers ont tendance à focaliser leur attention sur la sécurité et la précaution. Mais dans le contexte morose actuel, l’industrie hôtelière de prestige a une vraie carte à jouer pour intéresser de nouveaux marchés de niches et faire vivre des instants de bonheur intenses et inoubliables à ses clients.</p>
<hr>
<p><em>Cette contribution s’appuie sur l’article de recherche de Jean-Éric Pelet, Erhard Lick et Basma Taieb intitulé <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/IJCHM-02-2021-0226/full/html">« The Internet of things in upscale hotels : its impact on guests’ sensory experiences and behavior »</a> disponible dans la revue « International Journal of Contemporary Hospitality Management ».</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166986/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Éric Pelet est gérant de KMCMS.net. Il réalise du conseil en transformation digitale pour KMCMS.net. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Basma Taieb et Erhard Lick ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les technologies permettent de concevoir des expériences surprenantes et personnalisées grâce à la stimulation des cinq sens, renforçant ainsi l’attachement et la fidélité des clients.Jean-Eric Pelet, Enseignant vacataire en marketing et systèmes di'information, EBS Paris Basma Taieb, Enseignante-chercheuse en marketing digital , Pôle Léonard de VinciErhard Lick, Associate Professor of Marketing, Communication & Business Sales, ESCE International Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1664342021-08-25T19:03:50Z2021-08-25T19:03:50ZAprès la Covid, un virage plus vert s’amorce dans la logistique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/416965/original/file-20210819-15-1k60944.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C15%2C1276%2C942&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2019, le transporteur GEFCO a acquis la plate-forme Chronotruck pour réduire le nombre de déplacements perdus.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Wikimedia commons</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Électrification des véhicules de livraison, écoconduite, conception neutre en carbone des entrepôts… les prestataires de service (PSL) se sont engagés depuis plusieurs années à mettre en place des pratiques vertes afin de réduire les conséquences négatives de leur activité sur l’environnement.</p>
<p>À ce jour, <a href="http://www.objectifco2.fr/index/programme">1 170 entreprises du transport de marchandises</a> ont rejoint la charte « Objectif CO<sub>2</sub> » permettant d’évaluer, piloter et de réduire les émissions de CO<sub>2</sub>. L’enjeu est important : le transport routier est le <a href="http://www.objectifco2.fr/">2ᵉ secteur le plus consommateur d’énergie</a> et équivaut à 34 % de la consommation énergétique finale en France.</p>
<p>Par ailleurs, la crise de la Covid-19 a eu un impact conséquent sur le secteur, qui subit une perte massive en termes de volume d’activité. D’après un sondage mené par la B2PR, <a href="https://bp2r.eu/publications/sondage-transporteurs-la-conjoncture-2020-du-trm">au moins 34 % des transporteurs routiers</a> ont enregistré une baisse d’au moins 5 % de leur volume d’activité en 2020.</p>
<h2>Des consommateurs plus regardants</h2>
<p>Face à cette baisse d’activité, la question des moyens déployés aux pratiques environnementales se pose. Plus que jamais, la poursuite des objectifs environnementaux des PSL doit se faire en permettant l’amélioration des performances financières (bénéfice d’exploitation, retour sur investissement, et trésorerie) et opérationnelles (capacité à délivrer le produit à temps et efficacement).</p>
<p>Ceci est d’autant plus important que les consommateurs sont de plus en plus regardants non seulement sur le <a href="https://www.lsa-conso.fr/livraison-les-pratiques-du-web-sont-desormais-attendues-depuis-le-magasin,366933">respect des délais</a>, mais aussi sur <a href="https://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/1493085-les-nouvelles-tendances-de-consommation-des-francais-ou-lorsque-la-crise-sanitaire-transforme-les-comportements-d-achat/">l’impact environnemental de leurs achats</a>. L’aspect le plus visible reste sûrement le suremballage des produits livrés à domicile et les cartons reçus <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/pourquoi-les-cartons-des-e-commercants-sont-souvent-surdimensionnes-1398429">à moitié vides</a>…</p>
<p>Cependant, les PSL réalisant l’emballage dans le circuit de distribution peuvent s’inspirer de certaines pratiques mises en œuvre par des entreprises de e-commerce comme Cdiscount. En 2019, le géant de la distribution en ligne s’est doté de la machine CVP-500 de Neopost Shipping permettant <a href="https://www.voxlog.fr/actualite/3435/cdiscount-optimise-son-emballage-avec-neopost-shipping">d’adapter le carton au produit</a> et d’éviter ainsi le vide dans les colis.</p>
<p>En général, les pratiques vertes des PSL peuvent être de nature interne (gestion environnementale interne, éco-conception des packagings, recouvrement des investissements à travers la vente des stocks excédentaires et des matériaux utilisés) ou externes (approvisionnement vert, collaboration avec les clients).</p>
<p>Des pratiques spécifiques au secteur des transports existent comme la logistique inverse (opérations liées à la réutilisation des produits et matériaux), la mise en place d’entrepôts et de bâtiments écologiques, et des stratégies vertes de transport et de distribution en maximisant les capacités des camions de livraison par des commandes regroupées. Ainsi, le groupe STG utilise un <a href="https://shipping.quadient.com/sites/shipping.neopost.com/files/cas_client_groupe_stg.pdf">système de terminaux mobiles</a> leur permettant de contacter le camion le plus proche d’un point de collecte afin d’accomplir un enlèvement de dernière minute.</p>
<h2>Une question de taille</h2>
<p>Avant même la crise de la Covid-19, nous avions réalisé une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0925527321000694">recherche</a> scientifique afin d’établir quelles pratiques de gestion de la logistique verte améliorent les performances opérationnelle et financière des PSL en France. Nous nous sommes focalisés sur les PSL de type 3PL, c’est-à-dire réalisant le transport, l’entreposage, et des services à valeur ajoutée comme l’emballage, l’étiquetage et la gestion des stocks.</p>
<p>Nous avons ainsi observé que les pratiques de gestion de la chaîne d’approvisionnement verte, et leurs impacts sur les performances opérationnelles et financières, varient chez les transporteurs selon la taille de l’entreprise (PME ou grandes entreprises).</p>
<p>En ce qui concerne les PSL de petite taille (moins de 250 salariés), notre étude montre que l’amélioration des performances financière et opérationnelle vient plutôt d’une mise en place conjointe des pratiques d’approvisionnement vert et d’éco-conception des packagings (emballages conçus de manière écologique depuis les matières premières jusqu’à l’étape de la distribution).</p>
<p>Par exemple, la PME CAP Express communique sur son engagement en faveur de l’environnement à travers notamment le <a href="https://www.cap-express.fr/fr/actualites/13-choses-a-savoir-sur-lengagement-ecologique-de-cap-express-video-87">recyclage des matériels d’emballages et palettes</a> et le choix de fournisseurs respectueux de l’environnement.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/FHlcJ4PEwZI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">13 choses à savoir sur l’engagement écologique de CAP Express (CAP Express, 2018).</span></figcaption>
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<p>En outre, notre étude montre que les activités d’éco-conception, comme le recyclage ou la réutilisation des emballages, se traduisent par une meilleure promotion de la qualité des produits et un plus grand bénéfice d’exploitation lorsque les petites entreprises développent des collaborations avec les fournisseurs.</p>
<p>Toutefois, étant donné que les pratiques vertes sont coûteuses et que les petits PSL manquent généralement de temps et de ressources, ils peuvent donc se montrer réticents à les développer davantage.</p>
<h2>Le rôle clé des clients</h2>
<p>Quant aux PSL de grande taille, ils sont capables de développer des programmes, des activités et des technologies environnementales leur permettant de déployer un large éventail de pratiques vertes (gestion environnementale interne, approvisionnement vert, éco-conception des packagings, collaboration avec les clients, mise en place d’entrepôts et de bâtiments écologiques, et stratégies vertes de transport et de distribution).</p>
<p>Ainsi, GEFCO a acquis en 2019 Chronotruck, une plate-forme digitale qui connecte les expéditeurs et les transporteurs dans le but de <a href="https://cdn.gefco.net/fileadmin/user_upload/GEFCO_RAPPORT_CSR_2019_VERSION_FRANCAISE.pdf">réduire les déplacements perdus</a>. La mise en place d’une stratégie environnementale au plus haut niveau de la direction permet de développer une collaboration en amont, avec les fournisseurs, et de démontrer l’engagement environnemental envers les clients, conduisant ainsi à un meilleur fonctionnement et de meilleures performances financières.</p>
<p>Cependant, notre étude montre que ce type d’investissement n’est pas encore forcément nécessaire pour améliorer les performances des grands PSL. En effet, les clients se montrent peu sensibles aux activités qui concernent la fin de vie des produits.</p>
<p>Cela rend difficile pour les PSL de mettre en pratique la logistique inverse, voire peut nuire aux efforts de recouvrement des investissements. Ainsi, les PSL peuvent ne pas percevoir la nécessité de réduire les taux de rebut, car les clients ont peu connaissance des montants des actifs inutilisés que possèdent les PSL.</p>
<p>Ainsi, il nous semble fondamental de s’interroger sur la manière dont les clients peuvent accompagner leur prestataire de service logistique sur leur développement de pratiques vertes. La prise en compte du type de structure avec laquelle ils collaborent nous semble essentielle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166434/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Face aux exigences environnementales, les prestataires de services de transports, d’emballage et de stockage adoptent de nouvelles pratiques qui varient toutefois selon la taille de l’entreprise.Rebecca Stekelorum, Enseignante-chercheuse en stratégie et entrepreneuriat, ICN Business SchoolIssam Laguir, Associate professor, Montpellier Business SchoolSameer Kumar, Professeur en Management des Opérations et Supply Chain, University of St. ThomasShivam Gupta, Professeur associé en systèmes d'information, Neoma Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1658292021-08-11T20:08:06Z2021-08-11T20:08:06ZBrexit : le Royaume-Uni perd du terrain dans les services et l’Asie en profite<p>Sept mois après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, un coup de froid sur le commerce britannique commence à se faire sentir. Selon <a href="https://www.ons.gov.uk/economy/nationalaccounts/balanceofpayments/articles/theimpactsofeuexitandcoronaviruscovid19onuktradeinservices/july2021">l’Office for National Statistics</a> (ONS), les exportations de biens et services britanniques ont baissé de 13 % (36 milliards de livres) et les importations de 22 % (66 milliards de livres) entre janvier et mai 2021 par rapport à la même période en 2019.</p>
<p>Un <a href="https://www.ons.gov.uk/businessindustryandtrade/internationaltrade">autre rapport</a> du même organisme sur les services (banque-assurance, transport, consulting, maintenance, etc.)montre que les exportations et les importations ont chuté respectivement de 12 % et 24 % au premier trimestre 2021 par rapport à la même période en 2019.</p>
<p>Dans une certaine mesure, la tendance reste imputable à la pandémie. Cependant, ce déclin s’avère plus sévère que la moyenne européenne (exportations en baisse de 15 % et importations de 39 %), ce qui suggère que le Brexit ne demeure pas sans effet. La différence entre les exportations de services vers les pays de l’UE et le reste du monde s’avère d’ailleurs particulièrement marquée dans des secteurs comme la construction (-43 % contre +24 %), l’entretien et la réparation (-62 % contre +11 %) et les services manufacturiers (-40 % contre -12 %).</p>
<p>Le fait que <a href="https://ec.europa.eu/info/relations-united-kingdom/eu-uk-trade-and-cooperation-agreement_en">l’accord de commerce et de coopération</a> entre l’UE et le Royaume-Uni ne couvre pratiquement pas ces activités semble avoir ainsi rendu moins compétitive l’offre britannique de services. Il a laissé les membres de l’UE libres de décider d’autoriser ou non leurs différents fournisseurs sur leurs marchés.</p>
<p>Nos <a href="https://research.aston.ac.uk/en/publications/uk-trade-in-the-time-of-covid-19-a-review">travaux</a> suggèrent également que d’autres pays exportateurs de services en dehors de l’UE pourraient également bénéficier de cette situation.</p>
<h2>Restés à Londres</h2>
<p>L’Irlande semble ainsi la grande gagnante du Brexit. L’île a probablement bénéficié de la délocalisation d’entreprises et du détournement d’activités du Royaume-Uni, aidé en cela par un faible taux d’impôt sur les sociétés et par une main-d’œuvre jeune et bien formée. Entre 2016 et 2019, les exportations de services de l’Irlande ont augmenté de 24 % (soit 144 milliards d’euros ou 123 milliards de livres sterling), tirées par les services financiers, l’informatique et les transports.</p>
<p>Les spéculations abondent sur les autres villes européennes qui en profiteront à moyen terme. En janvier, <a href="https://theconversation.com/amsterdam-ousts-london-as-europes-top-share-hub-taking-trading-back-to-where-it-all-began-155236">Amsterdam a dépassé Londres</a> en tant que plus grand centre européen de négociation d’actions en absorbant une grande partie des échanges d’actifs libellés en euros. La place de Londres est néanmoins <a href="https://www.irishtimes.com/business/health-pharma/london-reclaims-top-share-trading-spot-from-amsterdam-1.4609855#:%7E:text=London%20reclaims%20the%20top%20spot,city%E2%80%99s%20volumes%20to%20the%20continent.">revenue en tête</a> récemment.</p>
<p>Parmi les autres gagnants potentiels figurent Francfort (pour les activités de banque), Luxembourg (banque et gestion d’actifs) et Paris (services financiers, professionnels et aux entreprises). Même un concurrent moins sérieux comme Berlin peut attirer les talents technologiques grâce à ses pôles culturels et à ses prix abordables.</p>
<p>La plupart des opérateurs financiers sont néanmoins jusqu’à présent <a href="https://www.project-syndicate.org/commentary/brexit-impact-on-london-financial-center-by-howard-davies-2021-05">restés à Londres</a>. La ville conserve toujours des atouts pour accueillir les introductions en bourse et d’autres formes de levée de capitaux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue sur le Millennium Bridge à Londres au crépuscule" src="https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413549/original/file-20210728-15-8hvqyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Malgré le Brexit, Londres reste une place forte de la finance mondiale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/tvPvROBv0F4">James Padolsey/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Le flux d’emplois financiers hors de Londres n’a d’ailleurs été <a href="https://newfinancial.org/brexit-the-city-the-impact-so-far/">qu’une fraction</a> de ce que les partisans du maintien de l’UE avaient prédit. La période de transition réglementaire de quatre ans pour des domaines tels que la protection des données et le commerce électronique s’avèrera sans aucun doute utile.</p>
<p>Cependant, ces différentes considérations occultent sans doute une dynamique plus large, à savoir que la capacité de l’Europe à fournir des services a peut-être été globalement affaiblie.</p>
<h2>Une opportunité ailleurs dans le monde</h2>
<p>Imaginons qu’un groupe d’investisseurs américains souhaite investir un milliard de livres sterling dans des actions ou d’autres actifs financiers européens. Par le passé, il aurait pu créer un fonds à Londres, en utilisant le réseau d’avocats, de comptables, de banquiers et d’autres professionnels de la finance de la ville, tout en confiant une partie du travail à des spécialistes situés par exemple à Paris et à Francfort pour les questions liées à la France et à l’Allemagne.</p>
<p>Aujourd’hui, en raison du Brexit, le groupe ne peut plus investir dans certains titres européens depuis Londres. Les investisseurs devront créer un deuxième fonds, à Dublin par exemple, pour accéder à tous les actifs européens qu’ils souhaitent. Les dépenses et le temps supplémentaires que cela implique peuvent alors les amener à décider qu’il sera plus lucratif de miser sur l’Asie à Singapour.</p>
<p>Si l’on considère cet effet dans tous les secteurs, il devient potentiellement énorme. Il est certain que certains investisseurs décideront de délaisser le Royaume-Uni au profit des pays de l’UE ou de s’accommoder des coûts supplémentaires liés aux activités commerciales. Mais d’autres considèreront qu’une opportunité ailleurs dans le monde semble désormais plus attrayante. Le danger est que cela se traduise par un déplacement global du poids économique au fil du temps.</p>
<p>Il semble que nous en voyions déjà des signes.</p>
<h2>Gagnants et perdants</h2>
<p>Dans le cadre d’une recherche à paraître, nous avons analysé les exportations des principaux prestataires de services en Europe et dans le monde. Nous avons pour cela utilisé des données commerciales recueillies conjointement par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).</p>
<p>Elles montrent que le Royaume-Uni était et reste le plus grand exportateur de services en Europe et le deuxième dans le monde après les États-Unis. Il semble cependant avoir perdu du terrain depuis le Brexit.</p>
<p>L’Irlande et les Pays-Bas connaissent les plus fortes croissances en la matière en Europe, tandis que la Chine, l’Inde et Singapour sont en tête ailleurs. La croissance des exports de services du Royaume-Uni a ralenti de 11 % au cours de la période 2016-2019 par rapport à 2010-15.</p>
<p><strong>Exportations de services par pays entre 2015 et 2019</strong></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Exportations de services par pays entre 2015 et 2019." src="https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=277&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=277&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=277&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=348&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=348&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/410635/original/file-20210709-21-1k45d5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=348&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">À gauche, les données 2015 ; à droite, la tendance jusqu’en 2019 (les barres vertes représentent une accélération de la croissance, et les barres rouges une décélération).</span>
<span class="attribution"><span class="source">BaTIS</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cela corrobore les conclusions de nos récentes recherches publiées selon lesquelles la part mondiale des services exportés par le Royaume-Uni est passée de 8,9 % en 2005 à 7 % en 2019.</p>
<p>Pendant ce temps, la croissance de la France, de l’Espagne, de l’Italie et de la Belgique a également diminué, tandis que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse, le Luxembourg, l’Autriche et également les États-Unis sont restés statiques. L’Irlande a été l’exportateur de services à la croissance la plus rapide mais Singapour et l’Inde ont également gagné du terrain.</p>
<p>Ce qui est frappant, c’est que nous constatons une croissance qui tend à s’accélérer en Asie entre 2016 et 2019 dans des secteurs comme les voyages, la finance, l’informatique et les services créatifs. On observe notamment une croissance extraordinaire à Singapour dans les secteurs de la finance, des affaires, de l’assurance et des pensions, ainsi qu’en Chine dans de nombreux segments. Tout cela ressemble même à un véritable boom.</p>
<p>Cette évolution peut refléter en partie la <a href="https://www.weforum.org/agenda/2019/10/are-traditional-multinationals-ready-for-emerging-markets/">mutation industrielle</a> en cours dans le monde asiatique, qui se convertit de l’industrie manufacturière aux services. Elle peut également refléter un déplacement à long terme des centres de services de l’Ouest vers l’Est – un remaniement à l’échelle mondiale.</p>
<p>La question pour les années à venir, en ce qui concerne le Royaume-Uni et ses pairs européens dans le domaine des services, semble de savoir s’ils peuvent trouver des arrangements qui aident à maintenir leurs forces collectives – et dans quelle mesure ils peuvent exploiter les opportunités ailleurs, en particulier dans les pays en développement, où les fournisseurs de services américains comptent aujourd’hui une certaine avance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165829/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Si la plupart des opérateurs financiers sont jusqu’à présent restés à Londres, la Chine, l’Inde ou encore Singapour enregistrent une forte croissance de leurs activités ces dernières années.Jun Du, Professor of Economics, Centre Director of Lloyds Banking Group Centre for Business Prosperity (LBGCBP), Aston UniversityOleksandr Shepotylo, Senior Lecturer in Economics, Aston UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1624702021-06-13T16:35:54Z2021-06-13T16:35:54ZLa crise devrait recomposer les spécialisations économiques dans le monde<p>Réactualisés et étendus aux régions, les <a href="http://visualdata.cepii.fr/">Profils du CEPII</a> (en accès libre et gratuit) caractérisent l’insertion internationale de <a href="http://visualdata.cepii.fr/CountryProfiles/fr/?country=France&tab=patterns">80 pays</a> et <a href="http://visualdata.cepii.fr/RegionProfiles/fr/?region=Europe&tab=patterns">18 régions</a> depuis la fin des années 1960. Ouverture commerciale, spécialisation, protection douanière, projections y sont quantifiées à différentes échelles.</p>
<p>L’utilité pratique de ces pages interactives, qui recèlent de nombreux graphiques et tableaux, peut être illustrée par quelques exemples. Ainsi, les <a href="http://visualdata.cepii.fr/CountryProfiles/fr/?country=France&tab=specialization">avantages comparatifs</a> par grands secteurs marquent le fort engagement de l’Allemagne dans le manufacturier, et du Royaume-Uni dans les services, alors que les forces et faiblesses de la France sont moins prononcées (graphique 1).</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=331&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=331&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/405432/original/file-20210609-14704-4mvuff.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=331&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique 1 : Contributions des grands secteurs au solde commercial dans trois économies majeures en Europe (en millièmes de la somme des exportations et des importations du pays).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://visualdata.cepii.fr/CountryProfiles/fr/">Profils Pays du CEPII.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces trois schémas nationaux montrent bien la position très particulière qu’avait le Royaume-Uni au sein de l’Union européenne, et les enjeux qui en découlent pour cette dernière si elle veut maintenir une position forte dans les services à haute valeur ajoutée, notamment la finance et l’assurance.</p>
<h2>Le Brexit, une transformation de l’UE</h2>
<p>Elles permettent par exemple d’illustrer les conséquences commerciales du Brexit, un <a href="https://theconversation.com/londe-de-choc-du-brexit-sur-la-maison-europe-et-la-france-113933">cas inédit de désintégration régionale</a> dans une économie globale qui, depuis la Grande Récession de 2008, connaît un retour significatif de la protection. En l’occurrence, ces données montrent que, à la suite du Brexit, l’avantage comparatif dans le tertiaire se trouve annulé à l’échelle de l’Union, si bien que le manufacturier concentre désormais ses points forts (graphique 2).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/405433/original/file-20210609-14622-1xc02yk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique 2 : L’Union européenne « avec et sans » le Royaume-Uni. Contributions des grands secteurs au solde commercial (en millièmes du PIB de l’UE).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://visualdata.cepii.fr/CountryProfiles/fr/">Profils Régions du CEPII.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces spécialisations par grands secteurs sont également utiles pour penser les conséquences de long terme de la pandémie de Covid-19, qui a entraîné de spectaculaires ruptures d’approvisionnement dans certaines filières, notamment celles des <a href="https://theconversation.com/les-penuries-pharmaceutiques-en-europe-eclipsent-un-demi-siecle-dexcedents-commerciaux-138812">produits de santé</a> et des composants électroniques.</p>
<p>Dans ce contexte, la volonté affichée par de nombreux gouvernements de relocalisation de la production industrielle contraste avec la perspective en matière de prestation de services à distance, rendue de plus en plus facile par l’accélération de la numérisation des économies et du télétravail.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, il est à prévoir que les chaînes de valeur se régionalisent davantage pour sécuriser les approvisionnements en produits stratégiques. L’approfondissement de l’<a href="https://theconversation.com/comprendre-la-grande-reconfiguration-du-commerce-mondial-108713">intégration économique au sein des blocs régionaux</a> pourrait connaître un nouvel élan.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/405434/original/file-20210609-14856-oj4vmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=321&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Graphique 3 : Spécialisation européenne comparée à celles de RCEP et d’Amérique du Nord. Contributions des grands secteurs au solde commercial (en millièmes du PIB de la région).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://visualdata.cepii.fr/CountryProfiles/fr/">Profils Régions du CEPII.</a></span>
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<p>Les <a href="http://visualdata.cepii.fr/RegionProfiles/fr/?region=Europe&tab=patterns">Profils Régions</a> permettent d’aborder cette perspective en comparant, par exemple, le Vieux Continent aux deux autres zones économiques majeures : l’Amérique du Nord et le tout nouveau RCEP (Partenariat régional économique global) en Asie-Océanie (graphique 3). Les enjeux des tendances structurelles sont très différents pour les grandes zones de l’économie mondiale, comme le montrent leurs spécialisations.</p>
<h2>L’industrie pénalise les États-Unis</h2>
<p>Sous l’impulsion chinoise, la zone RCEP a renforcé ses excédents manufacturiers jusqu’au choc de la grande récession de 2020 qui a sensiblement affecté la croissance de ses ventes vers l’axe transatlantique. Fortement déficitaire en services et produits primaires, cette zone a pour point fort le secteur secondaire. Mais les tendances protectionnistes à l’œuvre sur les marchés des produits manufacturiers sont de nature à réduire cette spécialisation extrême.</p>
<p>En miroir, l’Amérique du Nord a poursuivi son engagement dans le tertiaire au détriment du manufacturier. Depuis le milieu des années 2010, elle a aussi commencé à engranger des excédents dans les produits primaires grâce à l’exploitation des gisements de gaz et de pétrole de schiste. Depuis le début des années 1980, le manufacturier est devenu un secteur de désavantages comparatifs.</p>
<p>Entre ces deux zones, l’Europe présente un avantage comparatif tant dans le tertiaire que dans le secondaire, somme toute relativement stable depuis une vingtaine d’années.</p>
<p>Cette comparaison des trois grandes régions frappe par l’écart dans l’échelle des avantages comparatifs entre le RCEP et les zones transatlantiques. Les déficits et excédents sont beaucoup plus conséquents en millièmes du PIB de la zone asiatique, ce qui marque une forte dépendance de sa production à la demande extrarégionale, en particulier pour ses exportations manufacturières.</p>
<p>De ce fait, cette zone est plus exposée aux mesures protectionnistes. L’Amérique du Nord, quant à elle, se distingue par le retour du secteur primaire (notamment énergétique) dans ses avantages comparatifs, ce qui pose la question de la façon dont elle s’adaptera à la nécessaire lutte contre les émissions de gaz à effets de serre.</p>
<p>Ces quelques exemples ne sont qu’un aperçu. S’il fallait approfondir tel ou tel aspect, les pages interactives proposées par le CEPII permettraient, par exemple, d’identifier le commerce par gamme de chaque pays ou région, pour savoir si ses points forts se situent plutôt dans le haut ou le bas de gamme. Les données permettraient également, entre autres, d’identifier les produits les plus exportés ou importés par chacun de ces pays ou régions à un niveau fin et par partenaire, ou de situer leur évolution macroéconomique dans le cadre de projections à 2050.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162470/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Deniz Unal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’industrie en Asie pourrait souffrir des élans protectionnistes et la percée énergétique américaine buter sur le mur climatique. À l’Europe de jouer de ses atouts dans le secondaire et le tertiaire.Deniz Unal, Économiste, rédactrice en chef du Panorama et coordinatrice des Profils du CEPII - Recherche et expertise sur l'économie mondiale, CEPIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1476152020-10-12T18:37:37Z2020-10-12T18:37:37ZCroissance : la délicate évaluation de la contribution des plates-formes numériques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361940/original/file-20201006-14-o61zcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4467%2C3236&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les services numériques gratuits se substituent de plus en plus souvent à des biens traditionnels payés par les utilisateurs.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1063277">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avec la digitalisation, les biens numériques ont envahi tous les domaines de notre vie quotidienne. Notre univers devient ainsi peuplé de <em>digital goods</em>, en réalité de simples programmes informatiques, tels que la recherche en ligne, les logiciels, les images, les vidéos en continu, les musiques, les objets connectés, la cartographie numérique, etc.</p>
<p>Dans ce contexte, il semble donc important de comprendre ce qu’il se passe d’un point de vue économique quant à ces nouveaux biens : quels sont leurs coûts ? Comment se forment les prix ? Quelle est leur contribution au PIB ?</p>
<h2>Une copie du bien ne coûte presque rien</h2>
<p>Les biens numériques ont d’abord été analysés par leur coût de production – comme les autres biens. La numérisation facilite l’abstraction et la virtualisation d’un support (texte, image, vidéo, etc.) en fabriquant une image (un avatar) qui le représente dans le monde virtuel.</p>
<p>Cette opération exige des coûts fixes élevés, mais le coût variable reste faible et le coût marginal décroît rapidement pour devenir insignifiant. Autrement dit, le développement d’un nouveau logiciel est coûteux, mais une fois ce logiciel développé, une copie additionnelle ne coûte pratiquement rien. Or, la copie d’un bien numérique n’est autre que le bien lui-même.</p>
<p>Par exemple, le géant américain de la distribution en ligne Amazon a construit une infrastructure solide pour vendre des produits sur Internet : capacité informatique massive, service de données, réseau logistique étendu. Une fois cette infrastructure installée, elle est utilisée pour écouler des produits très différents à des coûts marginaux de plus en plus faibles : livres, produits artisanaux, vidéos en ligne, produits alimentaires (grâce au <a href="https://www.lesechos.fr/2017/06/whole-foods-la-plus-grosse-acquisition-jamais-faite-par-le-geant-du-net-157023">rachat de l’entreprise</a> de distribution alimentaire biologique, Whole Foods).</p>
<p>Les services en ligne, dont le prix monétaire est nul (le client ne peut pas acheter l’infrastructure informatique d’Amazon), sont financés par des commissions payées par les utilisateurs professionnels des plates-formes, ou par la publicité. Pour les services financés par la publicité, les consommateurs fournissent gratuitement des données sur leur comportement actuel et des indications sur leur comportement futur. Les séries de données obtenues sont a priori un bien non-rival : le fait que plusieurs entreprises accèdent à ces données ne prive aucunes d’entre elles.</p>
<p>Cependant, la contradiction entre leur prédisposition au partage et la possibilité d’ériger des formes de protection (contrats, barrières techniques) permet de les qualifier de biens quasi privés.</p>
<p>Les données se <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/18/le-big-data-bouleverse-la-prediction-economique_5511835_3234.html">transforment en marchandises</a> lorsque les plates-formes les regroupent, les classent et les analysent pour en extraire de la valeur. Une fois traitées et affinées par les algorithmes et les applications spécifiques, elles vont influencer les stratégies de captation de la valeur : filtrer les contenus triés par les algorithmes, capter l’attention des consommateurs et étendre les parts de marché.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361942/original/file-20201006-16-z0o857.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361942/original/file-20201006-16-z0o857.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361942/original/file-20201006-16-z0o857.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361942/original/file-20201006-16-z0o857.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361942/original/file-20201006-16-z0o857.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361942/original/file-20201006-16-z0o857.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361942/original/file-20201006-16-z0o857.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les données deviennent des marchandises une fois qu’elles sont regroupées, classées et analysées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/illustrations/boule-http-www-crash-63527/">Gerd Altmann/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>L’histoire économique nous enseigne que la terre, le travail et la monnaie correspondaient à des groupes sociaux, à savoir les propriétaires fonciers, les travailleurs et les capitalistes. Les plates-formes représentent le groupe social qui a éclipsé en partie l’État dans la gestion des données massives. Données que les usagers des plates-formes mettent sur le marché, non pas en vue de vendre, mais en cliquant pour s’informer, se divertir, acheter, etc. En retour, ces derniers bénéficient de prestations difficiles à quantifier.</p>
<h2>Mesurer la contribution au PIB</h2>
<p>On considère ici les services gratuits rendus par certaines plates-formes numériques, notamment les services d’information et de divertissement. Quelle est leur contribution au PIB ? Pour tenter de le savoir, des économistes américains ont tenté en 2019 une procédure en <a href="https://www.nber.org/papers/w25695">deux étapes</a> : évaluer la contribution apportée au PIB américain par le réseau social Facebook, puis évaluer sur un échantillon de participants dans un laboratoire universitaire aux Pays-Bas les services rendus par huit plates-formes numériques (Instagram, Snapchat, Skype, WhatsApp, digital Maps, LinkedIn, Twitter et Facebook).</p>
<p>La somme offerte à ces participants pour renoncer à ces services pendant un mois varie de 1 à 500 euros. Chaque participant devait ainsi prendre huit décisions. Ce test a rassemblé 426 participants, soit au total plus de 400 décisions pour chaque service numérique.</p>
<p>Dans la première étape, n’ont été retenus que les utilisateurs de Facebook et la combinaison des réponses a permis d’estimer la courbe de demande. Le réseau social a été créé en 2003 et est devenu un service gratuit cette année-là. Sur la période 2003-2017, la contribution de Facebook au bien-être, appréciée sous forme monétaire aux États-Unis, a été estimée à 231 milliards de dollars (en dollars de 2017), ce qui représente une moyenne de 16 milliards de dollars par an. Le surplus de bien-être pour chaque utilisateur sur la même période 2003-2017 est de 1 143 dollars.</p>
<p>On peut estimer que ce chiffre est élevé lorsqu’on sait que l’utilisateur moyen se connecte à Facebook au moins une fois par mois pour un temps de connexion de 40 minutes. Dans ce contexte, le PIB estimé augmenterait de 1,54 point de pourcentage, soit 0,11 point de pourcentage en moyenne par an et la productivité augmenterait dans la même proportion.</p>
<p>Le service numérique rendu par Facebook a trois caractéristiques. C’est une innovation permettant au plus grand nombre d’utilisateurs de devenir membres d’un réseau social (pas d’effet de rivalité), c’est un bien non inflationniste (la tendance la plus courante est que les prix des produits vraiment nouveaux diminuent rapidement au début, mais ici le bien est gratuit) et il accroît le bien-être des participants.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361946/original/file-20201006-14-122jdo5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361946/original/file-20201006-14-122jdo5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361946/original/file-20201006-14-122jdo5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361946/original/file-20201006-14-122jdo5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361946/original/file-20201006-14-122jdo5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361946/original/file-20201006-14-122jdo5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361946/original/file-20201006-14-122jdo5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Facebook propose un service numérique innovant, non inflationniste et qui augmente le bien-être des participants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1448595">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La seconde étape a permis d’observer des évaluations très hautes pour WhatsApp de sorte que le prix de renoncement à ce service s’est établi à 535,73 euros. Ne pas l’utiliser constitue une véritable frustration : cette plate-forme offre un service indispensable de communication avec la famille comme avec les collègues de travail. Facebook affiche un prix de renoncement de 100 euros, Maps de 60 euros, alors que Skype et Twitter n’atteignent qu’un euro.</p>
<p>D’autres plates-formes offrent en effet des possibilités de relation similaires. Les estimations indiquent que si WhatsApp n’est utilisé que par deux millions d’individus aux Pays-Bas, ce qui correspond en gros à la population des 15-24 ans, sa contribution au PIB serait de 0,82 point de pourcentage par an. C’est un chiffre important quand on sait que le nombre réel d’utilisateurs est proche de 10 millions.</p>
<p>De plus, le PIB officiel fait une double erreur de comptage. Si WhatsApp se substitue au téléphone traditionnel, le PIB enregistre la baisse des services téléphoniques, mais oublie de comptabiliser les gains de bien-être procurés par ce service numérique.</p>
<p>Les limites de l’évaluation du PIB apparaissent d’autant plus grandes que des biens numériques gratuits se substituent de plus en plus souvent à des biens traditionnels payés par les utilisateurs.</p>
<p>L’approche par le bien-être ne doit cependant pas masquer les biais sociologiques. Selon le philosophe français Michel Serres, les liens sociaux se transforment et l’espace métrique est remplacé par l’<a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/michel-serres-l-informatique-joue-un-role-essentiel-pour-transformer-les-sciences-humaines-773579.html">espace topologique</a>. Les voisins ne sont plus ceux des lieux d’habitation, ils sont ceux qui font partie du même réseau.</p>
<p>Sur cette base, Facebook met en œuvre un alignement avec ce principe en proposant des affichages qui sont triés pour convenir aux profils des individus et il s’applique également aux amis qui sont les plus en accord avec des usagers. Avec les conséquences de que l’on connaît en matière de création de <a href="https://www.liberation.fr/planete/2016/11/15/bulles-de-filtre_1528661">bulles de filtre</a> qui multiplient les isolats sociaux. Il n’est pas certain que cela contribue in fine au bien-être…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147615/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Guilhon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’approche par la mesure du bien-être, qui visait à dépasser le seul calcul du coût de production, reste encore incomplète pour évaluer le poids des services en ligne gratuits dans le PIB.Bernard Guilhon, Professeur de sciences économiques, SKEMA Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1473122020-10-06T18:59:54Z2020-10-06T18:59:54ZBanques : le grand retour du conseiller « dédié »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361131/original/file-20201001-18-184anjn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7360%2C4902&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le groupe BNP Paribas teste actuellement dans une trentaine d’agences l’accès à un conseiller payant.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/596254">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/bnp-paribas-teste-le-conseiller-bancaire-payant-dans-une-trentaine-dagences-1243978">« BNP Paribas teste le conseiller bancaire payant »</a> titrait le quotidien économique les Échos en date du 19 septembre 2020. Le principe : la création d’un conseiller « dédié » ou « affinité » en charge d’un portefeuille de clients plus restreint ; une continuité des services avec un remplaçant attitré en cas d’absence ; et un objectif précis : mieux répondre aux attentes des clients de la banque grâce à sa disponibilité et à son expertise.</p>
<p>Or, on peut se demander si ce modèle est réellement nouveau. Rappelons que le métier initial de la banque est de soutenir l’économie à travers son activité de prêts et de services associés (produits de placement, projet d’investissement, etc.).</p>
<p>Dans cette optique, le rôle clé d’une banque est de <a href="https://scholar.harvard.edu/files/stein/files/hierarchies-jf-final.pdf">collecter des informations</a> et de réussir à les interpréter pour fournir des réponses appropriées aux demandes de ses clients.</p>
<p>La banque a alors le choix entre deux approches : une démarche <a href="https://pepite-depot.univ-lille2.fr/nuxeo/site/esupversions/1b58b31c-725b-4188-bc16-beb6dacd3a55">transactionnelle et/ou relationnelle</a>.</p>
<h2>Un modèle déjà existant</h2>
<p>Le modèle transactionnel se réfère généralement au modèle dit « à l’acte ». C’est l’idée que la banque ne cherche pas à développer de relation particulière avec son client. Son objectif principal est alors de minimiser ses coûts. Cela se traduit par une réduction du temps alloué à la transaction et une démarche basée sur des données quantitatives faciles à obtenir et à analyser (salaires, impôts sur le revenu, bilan et compte de résultat).</p>
<p>À l’opposé, elle peut adopter une démarche relationnelle, c’est-à-dire une démarche basée sur le développement d’une vraie relation sur le long terme. Cela implique que le banquier connaisse (vraiment) ses clients à travers de nombreux échanges et l’accumulation d’une information plus qualitative. Ces échanges prennent donc du temps et cela suppose non seulement que le chargé d’affaires ne possède pas un portefeuille de clients trop important mais également que le client bénéficie <a href="https://pubsonline.informs.org/doi/abs/10.1287/mnsc.2014.1957">d’une stabilité dans ses échanges</a> avec l’institution bancaire via un conseiller qui reste le même.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361143/original/file-20201001-18-tjrkdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361143/original/file-20201001-18-tjrkdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361143/original/file-20201001-18-tjrkdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361143/original/file-20201001-18-tjrkdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361143/original/file-20201001-18-tjrkdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361143/original/file-20201001-18-tjrkdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361143/original/file-20201001-18-tjrkdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=467&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les banques en ligne adoptent un modèle transactionnel, c’est-à-dire qu’elles ne cherchent pas à développer de relation particulière avec leurs clients.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/les-services-bancaires-en-ligne-3559760/">Tumisu/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>En résumé, ce modèle de relationnel bancaire comprend trois éléments importants : le développement d’une relation dédiée, la présence d’une stabilité dans la relation, et des échanges fréquents permettant une transmission d’information privilégiée.</p>
<p>Si l’on compare ces caractéristiques à celle du nouveau « conseillé dédié », on peut remarquer que finalement elles se ressemblent fortement, et que le nouveau conseillé affinité ne serait en fait que le retour à un système relationnel connu depuis longtemps.</p>
<p>Ce retour est d’autant plus intéressant que le modèle relationnel a été boudé pendant une période par les banques. En effet, comme expliqué précédemment, le modèle relationnel implique que les chargés d’affaires doivent rester en poste pendant une période importante, afin de développer une vraie relation avec leurs clients.</p>
<p>Cependant, à force de connaître son client, le chargé d’affaires peut être amené à prendre des décisions non optimales pour la banque. La durée de la relation peut <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0929119914000716">générer de la collusion ou de la corruption</a>. Afin d’en limiter le risque, les banques ont instauré une <a href="https://www.moneyvox.fr/banque/actualites/75811/banque-pourquoi-votre-conseiller-change-tous-les-ans#:%7E:text=Le%20turnover%20va%20perdurer,a%20plus%20de%2010%20ans">politique de rotation</a> des chargés d’affaires importants dans leur réseau, rotation qui amène à la <a href="https://repec.lumsa.it/wp/wpC25.pdf">destruction du relationnel bancaire</a>.</p>
<h2>L’avantage concurrentiel du relationnel</h2>
<p>Alors pourquoi revient-il aujourd’hui ? Tout simplement par nécessité. En effet, les banques font face aujourd’hui à de nombreuses contraintes ne leur permettant plus de fonctionner aussi bien qu’avant : un marché avec des taux particulièrement bas et une concurrence de plus en plus importante liée à l’apparition des fintech par exemple. Ces nouveaux défis réduisent considérablement le potentiel de profits des banques et impactent de manière significative leurs modes de fonctionnement.</p>
<p>Les banques cherchent donc à se réinventer afin de répondre aux contraintes de ce nouveau contexte. Elles peuvent faire le choix de <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/quand-la-fintech-se-reconcilie-avec-les-banques-1166792">s’associer</a> avec ces nouveaux acteurs du marché afin d’élargir leur offre de <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/apple-et-goldman-sachs-drole-dalliance-pour-une-carte-bancaire-1287545">produits</a>, d’accéder à une cible de clientèle plus importante le tout leur permettant d’augmenter leur revenu potentiel.</p>
<p>Ou bien, elles peuvent mettre en place des <a href="https://www.lefigaro.fr/societes/societe-generale-encore-contrainte-de-revoir-sa-strategie-20200924">modifications structurelles</a> de leur organisation interne afin de réduire leurs coûts pour optimiser leurs marges. Une autre alternative est de revenir à leur avantage comparatif : le relationnel bancaire.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1307350840496316417"}"></div></p>
<p>Alors, une question qu’on peut se poser par rapport à tout cela est : faut-il payer pour avoir accès à ce service ? En effet, il peut sembler surprenant de devoir payer pour un service qui semble exister depuis des années, et qui se trouve être dans le cœur du métier de la banque.</p>
<p>Cependant, la réponse n’est pas si tranchée et dépendra principalement de votre profil. En effet, il faut comprendre que la banque est la seule capable d’offrir au marché du crédit ce relationnel car les fintech, principaux concurrents des banques, se basent presque exclusivement sur des modèles transactionnels : pas de chargé d’affaires, relation inexistante et une plate-forme en ligne, standardisée, permettant de traiter vos demandes.</p>
<p>Ainsi, pour les personnes ayant des spécificités ou des questions atypiques, les fintech ne seront pas capables d’y faire face. Quant aux banques, tout dépend de vos spécificités ou de vos questions. Il vaut parfois mieux payer l’abonnement, dont les prix sont transparents, afin d’avoir accès à un service complément adapté à votre situation « atypique ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147312/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le relationnel bancaire semble revenir en grâce dans les enseignes traditionnelles, notamment afin de concurrencer des services en ligne plus standardisés.Jérémie Bertrand, Professeur de finance, IÉSEG School of ManagementAurore Burietz, Professeur de Finance, LEM-CNRS 9221, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1439172020-08-10T21:15:23Z2020-08-10T21:15:23ZRepas gratuits, cours de sport, crèches… Tout ce que les salariés ont à perdre avec le télétravail<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/351070/original/file-20200804-925-wjpmip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C4985%2C3323&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les locaux des entreprises offrent de nombreux avantages non compris dans le système de rémunération notamment des espaces de détente dédiés.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/coworkers-playing-foosball-table-office-600w-527843122.jpg">bbernard / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le classement des meilleures entreprises où travailler <a href="https://www.greatplacetowork.me/what-is-great-place-to-work/">« Great place to to work »</a>, évalue depuis 1998 la satisfaction des employés par rapport à leurs employeurs, selon trois critères : la confiance des employés en leurs dirigeants, le sens qu’ils trouvent à leur travail et la camaraderie entre collègues.</p>
<p>Ce type de classement est devenu une norme dans de nombreuses industries lorsque les entreprises tentent de convaincre des candidats de travailler chez eux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1204789257962999808"}"></div></p>
<p>L’importance d’une bonne « marque employeur » (c’est-à-dire l’image d’une entreprise auprès de ses employés et des candidats potentiels) est devenue encore plus évidente face à la génération <a href="https://www.careerattraction.com/got-millennials-workplace-perks-attract-next-generation-bright-workers/">« millennials »</a> – regroupant les personnes nées entre 1981 et 1996 – sensible aux avantages et aux services qu’un environnement de travail peut leur offrir.</p>
<p>Ainsi, peut-on lire dans une enquête faite aux États-Unis que <a href="https://eu.usatoday.com/story/money/2015/09/16/study-says-snacks-affect-happiness-at-work/72259746/">48 % de ces millennials</a> prennent en considération la disponibilité des snacks à volonté au moment de choisir un employeur. Dans une autre étude, <a href="https://www.peoplekeep.com/blog/what-workplace-perks-do-employees-want-a-top-10-list">26 % des personnes interrogées</a> disent que les services dans les espaces de travail sont un moyen efficace de retenir le personnel. Les services les plus appréciés étant, par ordre d’importance, la salle de sport, les repas, les massages sur place et les salles de repos.</p>
<p>De fait, des études académiques montrent que de bonnes conditions de travail ont un réel impact sur la <a href="https://meridian.allenpress.com/bria/article-abstract/14/1/105/66914">motivation</a>, la <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/17538350810893883/full/html?fullSc=1">santé</a>, la <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/02632770810864970/full/html">productivité</a> et la <a href="https://www.ingentaconnect.com/content/mcb/jfm/2002/00000001/00000002/art00006">performance</a> des salariés.</p>
<h2>Délocalisation complète du lieu de travail</h2>
<p>Depuis de nombreuses années, les possibilités offertes par les outils digitaux ont fait apparaître de nouvelles problématiques et ouvert un débat essentiel lié au télétravail : la réflexion sur la sphère privée et la sphère professionnelle.</p>
<p>Dans le secteur privé, il y a eu une <a href="https://www.business2community.com/infographics/the-history-and-future-of-the-gig-economy-infographic-02260584">première ouverture</a> vers la digitalisation pour des activités indépendantes pouvant être externalisées, comme les services de traduction, de conception ou services clients.</p>
<p>Plus tard, des entreprises ont progressivement mis en place des dispositifs de télétravail permettant aux employés menant des activités dont la présence physique n’était pas indispensable quotidiennement de travailler certains jours à distance.</p>
<p>Cette ouverture a permis de réaliser des gains dans trois domaines : premièrement, des économies financières ; deuxièmement, une <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/le-teletravail-un-levier-pour-reduire-les-emissions-polluantes-1220660">réduction de l’impact écologique</a> des activités de l’entreprise ; et enfin, une satisfaction croissante des employés, qui ont apprécié le surplus d’efficacité personnelle produit par le télétravail.</p>
<p>Afin d’accompagner ce mouvement vers un modèle hybride de travail, des gouvernements successifs ont dû créer des réglementations et législations jusqu’aux <a href="https://www.leparisien.fr/economie/emploi/reforme-du-travail-les-nouvelles-regles-du-jeu-dans-l-entreprise-05-10-2019-8166570.php">ordonnances Macron dès 2017</a>, qui encadrent et facilitent la transition vers le télétravail. Trois ans après son démarrage, ce cadre juridique avait montré son efficacité au niveau du nombre d’employés en télétravail.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/avec-les-ordonnances-macron-le-grand-retour-du-teletravail-85725">Avec les ordonnances Macron, le grand retour du télétravail</a>
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<p>La mise en place dans un grand nombre d’entreprises d’un modèle 100 % virtuel forcé par les mesures de confinement, est venue montrer tant aux acteurs publics qu’aux acteurs privés qu’il existe une possibilité pour un modèle 100 % digital sur la durée : d’une part, les craintes des entreprises, en matière de pannes et perturbations se sont avérées infondées, d’autre part de nombreuses personnes <a href="https://theconversation.com/confinement-des-teletravailleurs-surcharges-mais-globalement-satisfaits-139494">ont apprécié ce nouveau modèle de travail</a> et un grand nombre d’entre elles a montré sa volonté de continuer sur ce même modèle après le confinement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1268759247136927745"}"></div></p>
<p>Cela s’est révélé très rapidement dans les nouvelles des entreprises. <a href="https://www.cnbc.com/2020/05/21/zuckerberg-50percent-of-facebook-employees-could-be-working-remotely.html">Facebook</a> a été l’un des premiers à annoncer qu’il fallait s’attendre à ce que 50 % des employés travaillent à distance au cours des 5 à 10 prochaines années. Au Japon, <a href="https://www.zdnet.fr/actualites/teletravail-fujitsu-va-fermer-la-moitie-de-ses-bureaux-au-japon-d-ici-2022-39906233.htm">Fujitsu</a> a annoncé la fermeture de la moitié de ses bureaux avant 2022. En France, <a href="https://www.challenges.fr/automobile/actu-auto/psa-veut-faire-basculer-40-000-personnes-en-teletravail_716341">PSA</a> a annoncé son intention d’avoir 40 000 salariés en télétravail.</p>
<h2>Où est le piège ?</h2>
<p>Dans cette nouvelle dynamique, nous pouvons nous attendre à ce qu’à l’enthousiasme associé aux gains de temps de transport, de confort et de la possibilité de passer plus de temps à la maison succède tôt ou tard la prise de conscience de nombreux avantages perdus.</p>
<p>De leur côté, les entreprises risquent, si elles n’y prennent garde, de perdre une certaine capacité de contrôle de leurs employés, la perte d’opportunités pour nourrir la culture d’entreprise ainsi que la perte des nouvelles offres commerciales.</p>
<p>Pour le travailleur, il y a une conséquence plus pertinente, susceptible de passer inaperçue : la perte des services que proposent les entreprises dans leurs locaux. Ces services qui permettent non seulement la création et le maintien d’une culture d’entreprise, mais sont aussi une ressource très appréciée par les employés, sensibles à des avantages concrets, hors d’un système de rémunération et d’avantages sociaux.</p>
<p>Attardons-nous sur quelques-uns de ceux qui sont proposés ces jours-ci par les entreprises françaises et qui encouragent le sentiment de satisfaction et d’engagement : BlaBlaCar propose à ses employés un <a href="https://changethework.com/mobilite-interne-blablacar/">échange de bureau</a> où ils peuvent aller travailler pendant une semaine dans un bureau à l’étranger. Deezer a un <a href="https://photo.capital.fr/vacances-illimitees-studio-de-musique-10-avantages-tres-originaux-offerts-par-des-entreprises-a-leurs-salaries-35153#des-vacances-illimitees-chez-openclassrooms-609205">studio de musique</a> entièrement meublé. ManoMano met à disposition de ses employés un <a href="https://photo.capital.fr/vacances-illimitees-studio-de-musique-10-avantages-tres-originaux-offerts-par-des-entreprises-a-leurs-salaries-35153#des-vacances-illimitees-chez-openclassrooms-609205">atelier</a> où ils peuvent apprendre le bricolage. À Ubisoft, il y a une <a href="https://photo.capital.fr/vacances-illimitees-studio-de-musique-10-avantages-tres-originaux-offerts-par-des-entreprises-a-leurs-salaries-35153#des-vacances-illimitees-chez-openclassrooms-609205">ludothèque</a> alors que Frichti propose un <a href="https://photo.capital.fr/vacances-illimitees-studio-de-musique-10-avantages-tres-originaux-offerts-par-des-entreprises-a-leurs-salaries-35153#des-vacances-illimitees-chez-openclassrooms-609205">délicieux repas et des goûters</a> tous les jours. Tous ces services ne peuvent pas exister dans l’environnement virtuel !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351080/original/file-20200804-14-ywl50m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351080/original/file-20200804-14-ywl50m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351080/original/file-20200804-14-ywl50m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351080/original/file-20200804-14-ywl50m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351080/original/file-20200804-14-ywl50m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351080/original/file-20200804-14-ywl50m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351080/original/file-20200804-14-ywl50m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Capture d’écran d’une page du site de l’entreprise ManoMano présentant les différents avantages offerts aux salariés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://manomano.welcomekit.co/">Site web.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cela signifie que les entreprises qui ont la volonté de passer en mode entièrement virtuel doivent, dès à présent, faire évoluer leur offre de services pour la « délocaliser ».</p>
<p>Si un employé est à la maison toute la journée, il sera obligé d’arrêter de travailler pour préparer un repas, ce qui peut prendre une partie du temps du travail, s’avérer malsain selon le type de repas choisi, et même coûteux. Cet employé est susceptible d’avoir une vie plus sédentaire et d’éviter de bouger pour aller prendre une tasse de café avec des collègues. De plus, il peut perdre des opportunités d’acquérir des avantages qui vont au-delà d’un salaire ou d’une rémunération et qui pourraient l’aider à mieux s’intégrer dans la dynamique de l’entreprise, par exemple, des moments d’intégration, des cours et formations, du mentorat et de l’accompagnement.</p>
<h2>Reconstruire l’offre de services ?</h2>
<p>Cela pose un nouveau défi aux entreprises. Comment reconfigurer les services dans un environnement de bureau délocalisé et confondu avec le lieu de détente ?</p>
<p>Repas, snacks, salle de gym, fournitures, haut débit, laverie, crèche, concierge, messagerie… la liste des services fournis au sein d’un espace de travail commun peut être longue, il va falloir être créatif pour compenser ces services dans un mode de travail disséminé !</p>
<p>Mais ce nouvel environnement s’avère riche en potentiel service et stimulant pour des structures entrepreneuriales et innovantes souhaitant reconstruire une offre de services qui leur permettrait de devenir ou se maintenir comme l’employeur de rêve pour les générations actuelles et futures.</p>
<p>Le domicile constitue-t-il vraiment le meilleur endroit pour travailler ensemble (ce qui est le fondement d’une entreprise) sans se côtoyer ? Les créateurs de services devraient s’interroger sur ce point et sur les manières d’engager et de motiver les employés.</p>
<p>Vous pensez que travailler à domicile est une bonne chose ? Vous imaginez travailler une semaine par an dans un endroit paradisiaque ? Vous souhaitez vous former pour être professionnellement performant sans renoncer à votre cours de yoga du mardi midi ? Quelque part, une entreprise est peut-être déjà en train de se demander comment rendre tout cela possible pour vous séduire… et certainement aussi car elle soupçonne que cela vous rendrait encore plus performant.</p>
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<p><em>Cet article a été co-rédigé par Stéphane Compain-Tissier, directeur adjoint d’un hôtel</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143917/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fernanda Arreola ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Face à l’essor d’un mode de travail 100 % digital et délocalisé, les employeurs doivent se montrer créatifs pour compenser la disparition de ces services très appréciés des salariés.Fernanda Arreola, Professor of Entrepreneurship & Innovation @ EMLV, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1403882020-06-15T20:28:12Z2020-06-15T20:28:12ZVTC : comment mieux harmoniser la qualité de service ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/340598/original/file-20200609-21214-19n5akd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C26%2C5973%2C3341&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les chauffeurs n’ont pas le statut de salarié et travaillent parfois pour plusieurs entreprises de VTC en parallèle.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/kARZuSYMfrA">Dan Gold / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Il y a dix ans à San Francisco, UberCab (soit SuperTaxi), devenu Uber, lançait la première application de mise en relation d’utilisateurs avec des conducteurs réalisant des services de transport. Depuis, les services concurrents de voiture de transport avec chauffeur (VTC) prolifèrent à travers le monde.</p>
<p>Que ce soient Lyft aux États-Unis et en Europe, Didi Chunxing en Chine, Bolt, Kapten, Caocao, Marcel ou le luxueux Wheely qui ne propose que des Mercedes-Benz en France, TemTem en Algérie, OTO en Tunisie, Careem au Maroc ainsi que Snapp en Iran, ces services de transport de porte à porte ont transformé l’expérience et les comportements des consommateurs dans leurs déplacements quotidiens.</p>
<p>Afin de comprendre l’engouement pour ce type de service en France notamment en comparaison d’autres services de transports relativement semblables (taxis ou voiture personnelle) ou plus éloignés (transports publics), nous avons entrepris un travail de recherche qui vise à identifier les raisons de la satisfaction ou de l’insatisfaction des consommateurs à l’égard des services de VTC.</p>
<p>Si les répondants évoquent des avantages comme le confort, le coût modéré par rapport au plaisir d’être servi, ou encore le gain de temps permis par la simplification de la commande et du paiement, nous souhaitons nous attarder sur deux facteurs qui affectent particulièrement le niveau de satisfaction : d’une part la performance de l’interface permettant de commander une course, et d’autre part la qualité de service, de l’aspect des équipements à la manière d’être du conducteur qui, rappelons-le, n’est en aucun cas salarié de l’entreprise de VTC. Ainsi, la qualité globale du service dépend, pour chaque course, de deux « fournisseurs ».</p>
<p>Dès lors, la question de l’harmonisation de la qualité de service de bout en bout se pose.</p>
<h2>Le design de l’interface au cœur du service</h2>
<p>La véritable innovation proposée par les services de VTC repose avant tout dans la capacité à fournir une plate-forme ergonomique de mise en contact immédiate et géolocalisée de l’offre et la demande de mobilité.</p>
<p>Les réponses des personnes interrogées reflètent ainsi l’importance du rôle de l’interface de l’application dans l’expérience des utilisateurs et la valeur perçue du service. Certains répondants décrivent les sites Web ou applications des VTC comme « ergonomiques » (répondant 7), « riches en informations » (répondant 1), « assez faciles à utiliser » (répondant 3).</p>
<p>En outre, la satisfaction à l’égard du service augmente de 19 % lorsque l’accessibilité de celui-ci progresse et elle atteint 52 % lorsque la perception de la qualité de l’application présente une amélioration.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=522&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=522&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=522&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Trois exemples d’interfaces d’application VTC (de gauche à droite : Uber, Heetch, Caocao) lors de la commande d’une course allant de la place de la Bastille à la place de la République à Paris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran des applications</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi les aspects fréquemment mentionnés par les répondants, on trouve : une « conception simple » qui permet aux clients de naviguer sur le site Web ou sur l’application et de connaître sa localisation ; qui présente « suffisamment d’informations » sur les services offerts par l’entreprise (répondant 23) ; ou encore une application « facile à charger » qui s’affiche dans les zones où la 4G n’est pas accessible.</p>
<p>Au contraire, si l’application est conçue comme un labyrinthe et que ses options pour choisir ou modifier la destination ne sont pas faciles à identifier, les consommateurs peuvent se sentir frustrés et subir une sorte de fardeau psychologique supplémentaire lors de l’utilisation de l’application.</p>
<p>Lorsqu’on leur a demandé quelle était leur source de satisfaction et d’insatisfaction avant la course, les répondants ont répondu : « L’application est très claire et bien structurée. On ne s’y perd pas… » (répondant 24) ; ou encore, a contrario, « parfois, nous ne pouvons pas réserver le voyage à l’avance, car le service est temporairement indisponible » (répondant 19).</p>
<p>Les résultats montrent en outre qu’une augmentation de la satisfaction, notamment liée au gain de temps permis par la facilité d’utilisation de l’interface, accélère la fidélité de 71 % et augmente le bouche-à-oreille, notamment électronique (<em>electronic word of mouth</em> ou eWOM) jusqu’à 68 %.</p>
<p>Ainsi, dans un environnement de plus en plus <a href="https://www.journaldunet.com/economie/transport/1423222-vtc-qui-a-la-plus-grosse-audience-en-france/">concurrentiel</a>, les entreprises de VTC ont tout intérêt à perfectionner le design de leur interface et à en simplifier l’utilisation au maximum.</p>
<h2>Quelle marge de manœuvre réelle sur la qualité ?</h2>
<p>Mais le service VTC ne s’arrête pas là. L’expérience des consommateurs au cours de la course impacte directement leur satisfaction à l’égard des services de VTC. La qualité des équipements tels que des voitures bien entretenues ainsi que la compétence des chauffeurs en matière de conduite, mais aussi de relationnel client (serviabilité, politesse, empathie, attention personnalisée) jouent un grand rôle.</p>
<p>Les clients ont tendance à juger l’entreprise de VTC globalement fiable s’ils vivent une bonne expérience avec le chauffeur lors de leur course. L’accessibilité du chauffeur fait partie des facteurs qui peuvent consolider ou au contraire rompre la relation du consommateur avec l’entreprise de VTC.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le chauffeur est aussi considéré comme un fournisseur de service devant adopter un bon relationnel pour satisfaire ses clients..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/transport-business-trip-destination-people-concept-595935458">F8 studio/Shutterstock</a></span>
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<p>Cela se traduit notamment par la formulation de bons ou mauvais commentaires pour l’entreprise ou par une notation plus ou moins sévère du conducteur. En effet, les plates-formes de VTC sont construites sur un système d’<a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/surveillez-votre-note-uber-peut-desormais-vous-bloquer-1360584">évaluation croisée</a> : le client évalue le service reçu et le prestataire évalue le client.</p>
<p>À noter que les clients attendent beaucoup d’une course réalisée dans un contexte sensible à savoir lorsque le temps est contraint : trajet pour se rendre à l’aéroport, un concert, une réunion, une salle de classe ou un rendez-vous avec un médecin. Ainsi, la ponctualité, la paix et le confort que les consommateurs ressentent lors d’un voyage constituent une priorité.</p>
<h2>Une harmonisation possible ?</h2>
<p>Les services de VTC fonctionnent sur la base de modèles économiques de <a href="https://www.huffingtonpost.fr/joffrey-ouafqa/economie-collaborative-et-service-a-la-personne_b_8049506.html">pair à pair</a>. Les plates-formes jouent donc uniquement un rôle d’intermédiaire. En effet, malgré des procédures en cours de requalification des travailleurs indépendants en salariés, les chauffeurs ne sont ni employés ni véritablement formés par les entreprises qui gèrent les plates-formes.</p>
<p>Il est même très fréquent que les chauffeurs travaillent en parallèle pour plusieurs plates-formes sans pour autant modifier leur comportement vis-à-vis d’un client, quelle que soit sa provenance.</p>
<p>De plus, les conducteurs utilisent leurs propres voitures privées pour fournir la prestation de service (ou en <a href="https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/ile-de-france-600-chauffeurs-vtc-obliges-de-rendre-les-cles-de-leur-voiture-25-03-2019-8039505.php">louent une</a> auprès d’une entreprise spécialisée par le biais de l’entreprise de VTC).</p>
<p>La qualité et l’entretien des voitures ne sont donc pas strictement contrôlés par l’entreprise de VTC comme peuvent l’être les voitures constituant une flotte de location par exemple. Pourtant, les consommateurs attribuent l’état des voitures et le comportement des chauffeurs à la plate-forme VTC.</p>
<p>Les gestionnaires de service ont toujours la possibilité d’imposer des réglementations aux chauffeurs pour l’entretien de leurs voitures et l’utilisation de climatiseurs pour les zones et la période de l’année où le climat le demande par exemple.</p>
<p>Il reste également possible de prêter une attention stricte au recrutement des chauffeurs de services de VTC ou d’organiser des cours pour les conducteurs et leur enseigner l'éthique, les codes vestimentaires et les codes pour l’entretien des véhicules.</p>
<p>Mais, rien ne garantit un niveau élevé ni une harmonisation de la qualité de service dans les faits.</p>
<p>Ainsi, le modèle d’affaires de pair à pair, devenu une référence en matière d’optimisation des coûts possèdent quelques limites quand il s’agit de délivrer une expérience de qualité. Effectivement, celle-ci ne s’arrête pas au moment de la commande de la course.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1071900613280231424"}"></div></p>
<p>Si en dépit du système de notation des chauffeurs, il reste compliqué pour les entreprises de VTC de garantir un niveau de service optimal lors des courses, il leur est cependant possible d’agir sur le rapport qualité/prix en diminuant le coût du trajet.</p>
<p>Ce coût est principalement déterminé automatiquement en fonction de l’itinéraire et des conditions de demande des services de VTC. Ainsi les gestionnaires de plate-forme gagneraient à accorder une attention toute particulière aux algorithmes de calcul des coûts de voyage ou aux programmes récompensant la fidélité des clients pour améliorer leur image.</p>
<p>Cela permettrait notamment de gagner la confiance des consommateurs. Ces derniers ont souvent l’impression d’être « arnaqués » par un système qui <a href="https://www.numerama.com/vroom/478932-uber-comment-est-calcule-le-prix-dune-course.html">tire parti</a> de l’évolution de la demande ou des conditions de circulation et qui ne tient compte des « erreurs » de calcul de prix qu’a posteriori après une demande auprès du service clients.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140388/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Ce service de transport est fourni par la plate-forme (commande) et par le chauffeur (livraison). Il reste donc difficile de garantir une expérience optimale de bout en bout et lors de chaque course.Jean-Eric Pelet, Enseignant chercheur en marketing et systèmes di'information, ESCE International Business SchoolSomayeh Zamani, Associate professor, faculty member at the Isfahan Hasht Behesht Higher Education Institute, University of IsfahanLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1392922020-05-27T18:16:19Z2020-05-27T18:16:19ZPourquoi mon travail est essentiel<p>Dois-je aller travailler, ou bien respecter le confinement ? Mi-mars 2020, beaucoup de salarié·e·s se sont interrogé·e·s. Pourquoi prendre le risque des transports, des vestiaires, des contacts avec les machines, les collègues ou les client·e·s ? L’importance de mon activité le justifie-t-elle ?</p>
<p>Selon l’enquête <a href="https://luttevirale.fr/enquete/rapport/telecharger/">« Trepid »</a> (« Le travail sous épidémie »), 43 % des salarié·e·s ont estimé que oui, toute leur activité, ou une grande part, leur semblait essentielle. « Pour quelles raisons estimez-vous votre activité essentielle ? ». L’analyse des réponses à cette question nous éclaire sur ce qui compte vraiment pour les personnes dans leur travail, du moins en temps d’épidémie.</p>
<p>Les salarié·e·s en présentiel estiment beaucoup plus souvent (58 %) que ceux en télétravail (33 %) que leur activité est essentielle au pays : justification ou bien rationalisation a posteriori d’une prise de risques ? Difficile de trancher. De façon attendue, ce sont celles et ceux qui exercent des fonctions de soin ou de services à des personnes, qui pensent le plus souvent que leur activité est essentielle (autour de 80 %, cf. graphique).</p>
<p>En revanche, les salarié·e·s de la production ou de la maintenance estiment moins souvent (40 %) leur activité essentielle, avec néanmoins de gros écarts entre l’industrie alimentaire (50 %) et la métallurgie ou le BTP (20 %). Au sein des fonctions majoritairement pratiquées en télétravail, ce sont les enseignant·e·s qui estiment le plus souvent leur activité essentielle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337233/original/file-20200524-124855-1ixyo9s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le travail plus souvent jugé « essentiel » dans les fonctions de nettoyage, de soin, de commerce et d’enseignement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Enquête Trepid, Ugict-CGT ; champ : salarié·e·s poursuivant leur activité ; calculs des auteurs</span></span>
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<p>Pour schématiser, on peut identifier trois principaux registres de justification : l’impératif de la survie, celui du « care » et celui de la continuité économique. Ces registres coexistent parfois dans une même réponse, et la frontière entre eux est parfois ténue. Nos résultats soulignent également que les professions sont aussi traversées par des visions assez différentes de ce qui est « essentiel » dans leur activité.</p>
<h2>L’impératif de survie, au-delà du secteur de la santé</h2>
<p>Lorsque l’impératif de survie est évoqué, les répondant·e·s justifient le caractère essentiel de leur activité par sa contribution directe ou indirecte à la reproduction de la vie matérielle pendant l’épidémie. C’est d’ailleurs la <a href="https://www.sudouest.fr/2020/03/18/coronavirus-bruno-le-maire-appelle-les-salaries-des-secteurs-essentiels-a-se-rendre-sur-leurs-lieux-de-travail-7340398-10861.php">logique invoquée par le gouvernement</a> au début du confinement pour justifier la poursuite de l’activité en présentiel de certaines catégories de travailleur·e·s.</p>
<p>On trouve donc ici les professions en lien avec l’alimentation, depuis l’agriculture (« on produit des légumes bio et locaux, soit premières nécessités ») jusqu’à la transformation des produits et à leur acheminement (« livraison de magasins alimentaires »), avec un usage fréquent du verbe « nourrir » (« sans les employés, pas de nourriture »).</p>
<p>Les professions de santé et du secteur pharmaceutique sont en première ligne (« infirmière donc totalement indispensable »), ou bien en back-office (« secrétaire médicale médecins généralistes, donc la première à réceptionner les appels, faire le tri et orienter les malades susceptibles Covid »), ou encore dans la production de médicaments ou d’articles médicaux.</p>
<p>La production et la distribution d’énergie nécessite elle aussi d’assurer la continuité du service (« pouvoir alimenter les hôpitaux, entreprises et particuliers en électricité »), tout comme les transports, souvent spécifiés par les besoins des personnels soignants et autres travailleurs indispensables (« transporter le personnel soignant et les salariés de l’alimentaire »).</p>
<p>Les salarié·e·s des fonctions support – maintenance, gestion ou informatique – ont aussi le sentiment de contribuer à la vie (« gestion de la paie des soignants »). De même, celles du nettoyage insistent sur leur contribution sanitaire, la « désinfection » (« continuer à maintenir propre et à effectuer la désinfection des entrées et locaux ainsi que les containers afin de protéger nos clients »).</p>
<p>Les salariés·e·s des organismes sociaux contribuent à la vie par le versement des prestations, les administrations gèrent les aides publiques ; les conseillers clientèle des banques retrouvent peut-être un sentiment d’utilité sociale (« en répondant à la demande des ménages et en les accompagnant financièrement (report des crédits… ) » qui leur fait défaut en temps ordinaire.</p>
<h2>L’éthique du care n’est pas l’apanage des soignant·e·s</h2>
<p>Le climat social généré par la pandémie a engendré de nombreux gestes d’entraide et de solidarité entre citoyens, voisins, générations… dont une partie des réponses est le reflet dans la sphère professionnelle. Beaucoup de salarié·e·s, de tous secteurs ou fonctions, utilisent des mots comme « aider », « accompagner », « rassurer », créer ou garder un « lien » avec autrui (client, usager, collègue), ou évoquent une attention aux « publics fragiles », aux personnes « précaires », « vulnérables ».</p>
<p>Ce registre est bien sûr fréquemment mobilisé par les métiers dits du care, soignant·e·s, psychologues, aides à domicile (« je fais donc partie des “premières de corvée” indispensables pour les personnes fragiles et dépendantes »), salarié·e·s de l’aide sociale et des organismes sociaux (« je suis au service de personnes polyhandicapées qui sans leurs accompagnants ne pourraient continuer à vivre »)…</p>
<p>Pour autant, on trouve aussi, dans la banque et les assurances, des salarié·e·s qui se disent « au service des clients pour répondre à leurs questions, leurs inquiétudes et trouver des solutions », ou assurer l’« accès au compte bancaire des plus fragiles ». Des postiers évoquent le « maintien du lien social, visite des personnes âgées, livraison des médicaments et des repas, livraison de colis importants », etc.</p>
<p>Nombre d’enseignant·e·s expriment aussi des préoccupations d’ordre éthique (« je maintiens du lien social avec mes élèves pour qu’ils ne s’éloignent pas trop de l’école et qu’ils sentent qu’ils sont importants pour nous » ; « ne pas laisser tomber mes élèves et leur famille »). Certain·e·s épinglent au passage la formule ministérielle de la « continuité pédagogique » : « cela aide certains parents à garder le moral, parce que la continuité pédagogique c’est une grosse connerie » ; « pour moi, la continuité pédagogique est un leurre et l’école à la maison n’existe pas »…</p>
<p>C’est que l’invocation d’un impératif abstrait comme celui de la « continuité pédagogique », ou encore, hors du milieu enseignant, « la continuité de l’activité économique » ou la « continuité du service public », peut souvent occulter les apports spécifiques du travail pendant l’épidémie. Ce qui nous amène au troisième et dernier registre ici repéré.</p>
<h2>Poursuivre l’activité : une justification dans tous les secteurs</h2>
<p>Poursuivre son activité pour faire tourner la machine économique (« l’activité doit continuer » sans autre justification), garder ses clients, préserver son entreprise, préparer la reprise, etc. : ce registre est majoritaire dans les fonctions d’études et de recherche, ou de production dans l’industrie et le BTP, mais traverse en fait la plupart des secteurs.</p>
<p>La contradiction entre la logique économique – faire tourner l’appareil productif – et la logique sanitaire du confinement – suspendre les activités non essentielles à court terme –, semble alors simplement ignorée ou refoulée : « en cette période de confinement général, toutes les activités pouvant continuer à fonctionner sont essentielles pour pouvoir relancer l’économie et limiter le gouffre financier que cela va créer dès que possible ».</p>
<p>L’impératif d’innovation et de compétitivité domine souvent : « j’aide à mettre à jour et à accélérer la révolution digitale et la refonte des SI dans les entreprises », « pour être toujours à la hauteur de nos demandes vis-à-vis de la concurrence et être parmi les grands pour cette part du marché non négligeable ».</p>
<p>Chez les enseignant·e·s, la mise en avant sans réserve de la « continuité pédagogique » et de l’acquisition de connaissances relève de ce registre, la production des diplômes étant alors jugée comme une activité essentielle pendant l’épidémie : « diplomation des étudiants », « je ne peux laisser mes élèves sans faire la continuité pédagogique, ils ont un examen ».</p>
<p>Même si les deux conceptions coexistent chez la plupart des enseignant·e·s, la nécessaire brièveté des verbatims fait émerger la priorité accordée, dans la vision du métier, plutôt à une conception « fonctionnelle » (transmission des savoirs, diplômation, préparation au marché du travail), ou plutôt à une logique de care (attention aux plus défavorisé·e·s, formation de citoyen.nes critiques et autonomes).</p>
<h2>Ouvrir le débat</h2>
<p>La crise sanitaire a rendu visibles les activités et professions qui sont essentielles, à court terme, pour la santé physique et psychique des personnes. Et l’on a remarqué que ces métiers (les « premiers de corvée ») n’étaient pas toujours les mieux reconnus, notamment sur le plan salarial. Mais la crise sanitaire interroge aussi la nature des activités essentielles à moyen-long terme face aux risques sanitaires, et aussi environnementaux. En l’occurrence, le souci pour l’écologie, qui n’est pas au premier plan de la crise sanitaire mais certainement à son arrière-plan, n’est quasiment pas évoqué dans les verbatims.</p>
<p>Cette problématique rejoint néanmoins la question des activités essentielles pour prendre soin des ressources indispensables à la vie. Une question dont la réponse supposerait d’ouvrir un débat collectif sur l’utilité du travail qui apparaît plus que jamais comme une nécessité. Si de nombreux salarié·e·s expriment déjà le souci de l’autre au travers d’activités multiples (services à la personne mais aussi, enseignement, transport, culture, banque, etc.), faire monter le point de vue du care dans les activités de production et de service, y compris dans l’enseignement, apparaît en effet comme un enjeu décisif pour passer de l’urgence sanitaire à l’urgence écologique.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-rédigé par Thomas Coutrot, économiste et statisticien.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139292/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Coralie Perez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Selon une étude dont nous révélons les résultats, plus de quatre Français sur dix estiment leur activité essentielle en temps d’épidémie. Trois registres de justification émergent.Coralie Perez, Economiste, Ingénieure de recherche au Centre d'économie de la Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1390362020-05-26T21:53:47Z2020-05-26T21:53:47Z« Alexa, envoie 50 euros à Chloé » : les assistants vocaux vont-ils devenir nos banquiers ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/336303/original/file-20200520-152292-r4fnh9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C97%2C920%2C568&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">31 mots par minute avec un stylo. 70 minutes avec un clavier. 200 mots par minute avec la voix.</span> <span class="attribution"><span class="source">Ivan Marc / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’enjeu du vocal est considérable pour les entreprises, et les banques sont aujourd’hui nombreuses à avoir inclus le vocal dans leur stratégie de développement en proposant un service d’assistance vocale. Aux États-Unis, 18 millions de personnes ont déjà effectué un paiement par la voix et 8 % d’entre elles recourent aujourd’hui à la commande vocale pour envoyer de l’argent, faire des achats et payer leurs factures. Ce chiffre devrait passer à 31 % d’ici 2022 d’après <a href="https://intelligence.businessinsider.com/">BI Intelligence</a>.</p>
<p>On peut expliquer cette croissance par la capacité des différentes banques américaines à proposer ces services. Faire des achats, effectuer des virements, demander des informations bancaires, établir des prélèvements, tous ces usages relèvent <strong>d’actes bancaires classiques</strong> faits par les utilisateurs. La commande vocale leur permet de gagner du temps car elle permet d’entrer 200 mots à la minute, contre 31 avec un stylo ou encore 70 avec un clavier, selon l’agence de contenus digitaux Conversationnel.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/336296/original/file-20200520-152292-m25ylm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.conversationnel.fr/wp-content/uploads/2019/02/assistants-vocaux-infographie.png">Conversationnel.fr</a></span>
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<p>Il s’agit là de l’un des cas d’usage répertoriés dans l’étude « Le vocal dans la banque et l’assurance, état des lieux et perspectives », réalisée coinjointement par l’IÉSEG School of Management et Inbenta, société qui développe des solutions d’intelligence artificielle pour la relation client en avril 2020.</p>
<p>Parmi les autres usages identifiés, on trouve <strong>la recherche vocale</strong> : son fonctionnement permet à l’utilisateur d’avoir accès par la voix à toutes les informations qui pourraient se trouver sur le site de sa banque (horaires, actualités de la banque, informations sur les tarifs, etc.) et aussi toutes les informations relatives à la FAQ par exemple. Il n’est donc plus nécessaire de naviguer pendant plusieurs minutes pour trouver l’information recherchée : ce que l’utilisateur lui demande, l’assistant vocal lui trouve rapidement.</p>
<h2>Analyse des sentiments</h2>
<p><strong>Le serveur vocal interactif (SVI) en langage naturel</strong> est un des autres cas d’usage identifié dans l’étude d’Inbenta et de l’IÉSEG, il permet d’optimiser le routage des appels entrants en identifiant avec précision les motifs d’appels clients. L’assureur Generali utilise par exemple ce système pour aider ses clients à retrouver leurs identifiants de connexion : un numéro est dédié, c’est alors un SVI en langage naturel qui répond pour guider l’assuré et l’aider à s’authentifier.</p>
<p>La mise à disposition d’une telle solution permet encore <strong>d’automatiser des tâches répétitives à faible valeur ajoutée</strong> et de développer les démarches autonomes du client. Toujours dans l’exemple cité précédemment, l’assuré utilise dorénavant le SVI lorsqu’il ne retrouve plus ses identifiants de connexion. Auparavant, il devait contacter la compagnie d’assurance par mail ou téléphone pour demander de l’aide.</p>
<p>Enfin, le cinquième cas d’usage identifié est l’<strong>analyse des sentiments</strong>. La technologie vocale permet d’analyser les émotions et de connaître l’humeur de l’utilisateur, ce qui peut ajouter une valeur non négligeable à l’expérience client. Par exemple, un client peut dire « Ok merci » : naturellement le logiciel sans technologie d’analyse d’émotion comprendra que le client est satisfait. Cependant, un robot doté d’une technologie de détection de l’émotion sera en mesure de distinguer un « Ok merci » énoncé joyeusement d’un « Ok merci » exprimé avec un ton colérique. Il fera alors la différence entre une allocution positive et une allocution négative.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=164&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=164&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=164&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=206&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=206&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/336299/original/file-20200520-152315-1yv41gb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=206&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les cinq cas d’usage identifiés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Étude IÉSEG School of management/Ibenta (2020)</span></span>
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<p>Ces usages expliquent l’engouement actuel des banques pour ces assistants vocales. Parmi les enseignes américaines, on peut citer Capital One qui a lancé une première association avec Alexa d’Amazon dès 2016. JP Morgan, U.S. Bank, TD Ameritrade, Amex, Ally, USAA, First Hawaiian Bank ont suivi la tendance et <a href="https://www.digitaltrends.com/news/alexa-check-my-balance-amazon-echo-can-now-bank-for-you/">se sont associés à Amazon</a> également.</p>
<p>C’est également depuis 2016, lors de la sortie de l’iOS 10 de l’iPhone, que PayPal permet à ses clients d’envoyer de l’argent via Siri. « Alexa, demande à Capital One quel est le solde de mon compte courant ? » ou encore « Dis Siri, envoie 50 euros à Chloé sur PayPal » sont deux phrases que les assistants vocaux ont de plus en plus de chance d’entendre.</p>
<p>Bank of America a indiqué en 2019 que son assistante financière virtuelle, Erica, avait déjà été utilisé par un <a href="https://netfinance.wbresearch.com/bank-of-america-ai-powered-chatbot-strategy-ty-u">million de clients</a> sur ses 25 millions potentiels au cours des deux mois suivants l’achèvement de son déploiement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/336302/original/file-20200520-152327-19dsbqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Publicité pour le service de Capital One avec Amazon.</span>
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<p>En France, La Banque postale est la première banque française à tester son prototype et à proposer à ses clients l’utilisation d’un assistant vocal : depuis le 6 juin 2017, ses quelque <a href="https://www.europe1.fr/emissions/Le-zoom-eco/la-banque-postale-lance-le-paiement-en-ligne-a-reconnaissance-vocale-3352352">8 millions de clients</a> possédant une carte de crédit peuvent s’identifier avec leur voix pour leur paiement en ligne.</p>
<p>C’est ensuite la BRED Banque populaire, en avril 2018, qui affirmait être « la première banque à proposer la consultation de ses comptes, plusieurs opérations courantes et la mise en <a href="https://www.bred.fr/medias/pdf/communiques-de-presse/cp-bred-google-avril-2018-ad83591-20180419153301-6.pdf">contact direct</a> avec son conseiller via Google Home ».</p>
<p>Plusieurs autres banques françaises ont suivi et se sont associées à l’assistant Google pour proposer la technologie vocale : Boursorama, La Société Générale et Hello Bank avec son assistant Hélloiz.</p>
<p>Du côté des assureurs, on retrouve Amaguiz et Leocare, qui proposent respectivement un tarif d’assurance habitation et des informations sur le numéro d’assistance, les coordonnées téléphoniques, les horaires pour joindre un conseiller et des informations pratiques sur les offres d’assurance grâce à l’assistant vocal de Google.</p>
<h2>Utilisateurs sur écoute</h2>
<p>Toutefois, malgré l’essor des assistants vocaux, plusieurs freins demeurent à leur adoption par les clients des banques. Deux d’entre eux apparaissent continuellement : les craintes à l’égard des données personnelles et le manque d’intérêt perçu.</p>
<p>En 2019, une étude du CSA et d’Hadopi révélait cette absence d’utilité perçue, les questions de sécurité des données mais aussi le prix comme les principaux freins à l’usage d’un assistant vocal. En effet, 67 % des personnes non équipées signalent ne pas en voir l’intérêt et 59 % d’entre elles soulignent les craintes envers l’utilisation de leurs données personnelles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/336301/original/file-20200520-152284-1wpk2es.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.csa.fr/Informer/Collections-du-CSA/Thema-Toutes-les-etudes-realisees-ou-co-realisees-par-le-CSA-sur-des-themes-specifiques/Les-autres-etudes/Etude-HADOPI-CSA-Assistants-vocaux-et-enceintes-connectees">Étude CAS-Hadopi (2019)</a></span>
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<p>L’étude menée par l’IESEG et Inbenta montre quant à elle la crainte à l’égard des données personnelles comme principal frein avec 89 % des répondants face à 15 % pour le manque d’intérêt perçu.</p>
<p>Des mesures de protection des données personnelles faciliteraient l’adoption des assistants vocaux par les utilisateurs. À juste titre car, en avril 2019, Bloomberg alertait que des employés d’Amazon <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-04-10/is-anyone-listening-to-you-on-alexa-a-global-team-reviews-audio">écoutaient les requêtes</a> des utilisateurs avec leurs enceintes connectées Echo.</p>
<p>La même année, Bloomberg révèle les pratiques de Facebook pour retranscrire les extraits sonores des conversations effectuées par les usagers. Fin juillet c’est au tour de The Guardian de révéler qu’Apple faisait de même avec les requêtes adressées à son assistant vocal Siri. Microsoft et Google n’y ont pas échappé, ils ont également été touchés par des <a href="https://www.france24.com/fr/20190814-facebook-ecoute-enregistrement-sonore-apple-google-amazon-microsoft">scandales similaires</a>.</p>
<p>Lever ces craintes constitue donc le principal défie pour les banques pour que l’usage des assistants vocaux se généralise chez ses clients. Le « parler » pourra alors s’imposer comme une troisième révolution après le « toucher » des écrans tactiles et des smartphones qui a succédé au « cliquer » de l’ordinateur et de la souris.</p>
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<p><em>Cet article a été co-rédigé par Camille Le Saux, étudiante du master Digital Marketing et Innovation de l’IÉSEG School of Management.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139036/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yvon Moysan travaille pour Saint Germain Consulting.</span></em></p>La commande par la voix améliore l’expérience client en facilitant les usages bancaires classiques. Mais les craintes à l’égard des données personnelles freinent encore son essor.Yvon Moysan, Directeur Académique Master Digital Marketing et Innovation, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1388312020-05-24T17:05:08Z2020-05-24T17:05:08ZQuels secteurs stratégiques pour l’avenir de la France ?<p>La question est obsédante, et devient urgente. Avant même l’arrêt de la pandémie du Covid-19, dans une phase de démarrage du chômage de masse et pour ne pas risquer un blocage mortel, comment remettre la machine économique en marche ? La crise sanitaire nous interroge. Elle a mis en évidence la <a href="https://theconversation.com/coronavirus-un-revelateur-de-la-fragilite-du-systeme-logistique-mondial-132780">fragilité de l’économie française et sa dépendance</a> à l’égard de pays producteurs de biens ou de produits intermédiaires cruciaux.</p>
<p>Il convient d’identifier des secteurs stratégiques, essentiels pour nous protéger des effets dangereux des crises futures, et éviter des chocs profonds, susceptibles de déstabiliser notre économie, mais aussi toute la société.</p>
<p>Certains prétendent que ces secteurs devraient tenir compte avant toute chose des <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/ces-grandes-entreprises-qui-veulent-mettre-la-transition-ecologique-au-coeur-de-la-relance-economique.N961006">impacts environnementaux</a>. Mais cette position est-elle tenable dans un contexte de recul des produits intérieurs bruts (PIB), de montée du chômage, de risque d’explosions sociales, d’accroissement de la pauvreté, de la misère et de l’exclusion ?</p>
<p>Quels pourraient être les secteurs stratégiques, ceux qui, si nous faisons l’effort nécessaire, nous permettront de ne pas être démunis face à une nouvelle pandémie ou à un évènement encore plus grave ? Les <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021044693&categorieLien=id">commissions mises en place</a> au cours des années ont peiné à les définir, mais la crise redessine les contours et les urgences.</p>
<p>Pourtant il est possible, avec une grosse dose de volontarisme, d’identifier trois catégories de secteurs stratégiques.</p>
<h2>Les secteurs vitaux</h2>
<p>Ce sont les activités essentielles à la satisfaction des besoins vitaux de la population. Des moyens supplémentaires doivent être mis en place pour les protéger et les développer. Elles sont au nombre de deux seulement, la santé et l’alimentation. Leur relocalisation nous protégera, tout autant qu’elle limitera les longs trajets polluants et consommateurs d’énergies fossiles.</p>
<p>La crise du coronavirus a prouvé tout l’intérêt du secteur de la santé. La <a href="https://theconversation.com/la-france-en-penurie-de-masques-aux-origines-des-decisions-detat-134371">non disponibilité de masques</a>, de gel hydroalcoolique, de respirateurs, ou de tests, mais plus encore l’impossibilité d’en produire rapidement, font l’objet de toutes les critiques et de toutes les inquiétudes.</p>
<p>La <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/orl/covid-19-des-tensions-d-approvisionnement-se-font-sentir-pour-certains-medicaments_143176">pénurie de médicaments</a> fait aussi courir un grand danger, la plupart des molécules étant fabriquées en Chine ou en Inde, des antibiotiques aux médicaments les plus banals comme le paracétamol.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1255240194351140868"}"></div></p>
<p>Il apparaît donc essentiel de <a href="https://theconversation.com/medicaments-a-quelles-conditions-pourra-t-on-relocaliser-la-production-des-principes-actifs-135643">relocaliser une partie de ces productions</a> sur le territoire national pour un accès direct et permanent et préserver ainsi la possibilité d’augmentation rapide des capacités de production.</p>
<p>L’autre activité vitale est l’alimentation, et donc les industries et activités agricoles assurant sa fabrication et sa livraison. Il s’agit de nourrir la population française et d’éviter les famines et restrictions alimentaires qui commencent déjà en <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-le-spectre-de-la-famine-en-inde_3970491.html">Inde</a> ou, plus près de nous, au <a href="https://www.courrierinternational.com/article/crise-au-portugal-un-nombre-croissant-de-familles-au-bord-de-la-famine">Portugal</a>.</p>
<p>Une grande partie des produits consommés par les ménages français ont suivi des chaînes de valeurs internationales qui sillonnent de nombreux pays. Au vu des risques de coupure des transports, <a href="https://theconversation.com/lurgence-de-systemes-alimentaires-territorialises-136445">re-territorialiser une partie des productions agricoles</a> permettrait de préserver la souveraineté alimentaire de la nation.</p>
<p>Sans exclure un commerce avec les autres pays, en particulier européens, il apparaît nécessaire de <a href="https://www.researchgate.net/publication/279200831_Torre_A_Pham_HV_2015_Des_usines_des_champs_et_des_villes_maillage_territorial_et_polarisation_regionale_in_Rastoin_J-L_Bouquery_J-M_eds_Les_industries_agroalimentaires_en_France_La_Documentation_Franc">construire et de favoriser les systèmes agricoles</a>, circuits courts, usines de transformation et de conditionnement ou les chaînes logistiques pour nourrir la population.</p>
<h2>Les secteurs entraînants</h2>
<p>Le deuxième groupe d’activités stratégiques concerne les industries possédant un contenu en emploi conséquent ou qui entraînent des emplois indirects ou induits, par leurs activités de sous-traitance ou leurs achats.</p>
<p>Le premier secteur est évidemment le tourisme, qui génère plus de trois millions d’emplois directs ou liés, en particulier à la suite de la désindustrialisation massive et aux délocalisations de l’économie française.</p>
<p>Cette activité, à la base d’un projet économique <a href="https://www.cairn.info/revue-entreprises-et-histoire-2007-2-page-93.htm?contenu=resume">mais aussi d’aménagement du territoire</a>, est très fortement menacée en raison des restrictions de déplacements des personnes, qui vont entraîner une diminution des emplois, des licenciements massifs, ainsi que la mise à pied de millions de travailleurs saisonniers. N’oublions pas qu’elle est également terriblement exigeante en termes de pollution des airs ou des mers, ainsi qu’en matière de consommation énergétique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-tourisme-de-masse-est-il-soluble-dans-le-tourisme-durable-102860">Le tourisme de masse est-il soluble dans le tourisme durable ?</a>
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<p>Au-delà, nous avons l’opportunité de renouer avec une véritable politique industrielle, de définir et protéger des industries essentielles au maintien et au développement d’une activité économique qui ne repose pas sur les seuls services.</p>
<p>Les tableaux d’entrées-sorties de l’Insee, qui analysent chacun des secteurs en fonction de l’origine et de la destination de sa production, nous permettent d’identifier les activités qui génèrent le plus de productions et d’emplois induits et exercent des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00220387708421663">effets d’entraînement</a> sur l’ensemble de la structure productive nationale, comme cela a été fait récemment <a href="https://doi.org/10.1590/0101-31572016v36n03a02">pour le Brésil</a> par exemple.</p>
<p>On cite souvent le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), qui demande la mise en œuvre de nombreuses industries liées, en amont comme en aval, « quand le bâtiment va tout va ».</p>
<p>La production automobile, la chimie, l’industrie alimentaire, constituent également des candidats sérieux, et pourraient contribuer à une réindustrialisation graduelle de l’espace économique national.</p>
<p>Une mission d’étude devrait permettre de repérer les secteurs entraînants et de les aider par une politique volontariste de l’État. Elle aurait deux intérêts : pérenniser les emplois ou les développer, et diminuer notre dépendance toxique au tout tourisme ou au tout service.</p>
<h2>Le maintien de la cohérence territoriale</h2>
<p>Enfin, un autre objectif reste de ne pas creuser les inégalités entre territoires, en favorisant Paris au profit du « désert » français, ou les métropoles par rapport aux campagnes, et donc d’introduire une <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01535310">dimension locale</a>, afin d’éviter un trop fort déséquilibre régional et des concentrations trop massives d’activités portant atteinte à l’environnement.</p>
<p>La spécialisation intelligente de l’Union européenne, qui identifie des domaines d’activités compétitives, nous montre la voie.</p>
<p>À chaque région de faire un choix d’activités où elle excelle ou se montre compétitive, des technologies de pointe comme les microprocesseurs aux productions traditionnelles comme la viticulture, en passant par la production automobile.</p>
<p>C’est un réseau d’activités complémentaires qui doit être promu, afin d’éviter de créer des cathédrales dans le désert, coupées de leur environnement local.</p>
<p>Les aides se répercuteront sur la structure régionale, en <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00343404.2013.799769">bénéficiant aux activités et industries liées locales</a>. La Normandie vient ainsi de décider de renforcer son industrie pharmaceutique, pour des raisons stratégiques et pour favoriser la croissance du tissu local d’entreprises.</p>
<p>L’Île-de-France de son côté souhaite redonner une importance à son activité de production agricole dans le but de nourrir une partie de sa population et de limiter l’étalement urbain incontrôlé.</p>
<p>Seul le retour d’une vraie politique industrielle et d’aménagement du territoire, avec des objectifs clairs, permettra donc de remettre en marche la machine de production de biens et de produits manufacturés.</p>
<p>C’est également un levier qui nous protégera de manière efficace des atteintes sociales et économiques les plus violentes des <a href="https://theconversation.com/quoi-quil-en-coute-la-relance-economique-porte-le-risque-de-futures-crises-pandemiques-135435">futures crises et pandémies</a>, tout en maintenant une balance environnementale satisfaisante à défaut d’être idéale.</p>
<p>Cela suppose du volontarisme, une vision claire et l’identification de cibles concrètes. Tout le contraire de l’<a href="https://theconversation.com/lhelicoptere-monetaire-le-dernier-recours-des-politiques-economiques-134672">argent hélicoptère</a> ou des milliards accordés sans contrepartie certaine à de grandes sociétés dans des secteurs en perdition ou premiers pollueurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138831/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>André Torre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La politique industrielle et d’aménagement du territoire pour relancer l’économie doit favoriser les secteurs vitaux (santé, alimentaire), « entraînants » (automobile, chimie) et régionalisés.André Torre, Directeur de recherche en économie à l'INRA, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1384632020-05-14T18:41:43Z2020-05-14T18:41:43ZAgents d’entretien : la crise sanitaire révèle l'absurdité des stratégies d'externalisation<p>La crise sanitaire a placé les agents d’entretien parmi les fonctions essentielles dans les hôpitaux, les supermarchés et l’ensemble des lieux publics ou commerciaux nécessaires à la continuité de la vie sociale. La reprise du travail, après le déconfinement, fait mieux apparaître encore la dépendance de toutes les professions vis-à-vis de ces salariés. Elle les expose, dans le même temps, à de nouveaux risques non seulement sanitaires mais également en termes d’intensification du travail.</p>
<p>Les besoins induits par les nouvelles <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/covid19_obligations_employeurs.pdf">exigences</a> de désinfection et de nettoyage requises en temps de pandémie révèlent les ambiguïtés des logiques socio-économiques antérieures. C’est notamment le cas de la croissance de l’externalisation qui impacte profondément les conditions d’emploi des agents d’entretien et la qualité du service qu’ils peuvent atteindre sans forcément apporter les gains monétaires espérés.</p>
<h2>Invisibilisés à force d’être extériorisés</h2>
<p>Les salariés du nettoyage pris de manière large représentent plus de <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_analyses-metiers_du_nettoyage.pdf">2 millions de salariés</a> (8 % de l’emploi et près de 15 % des femmes en emploi). Et si une partie d’entre eux travaillent auprès des particuliers, 800 000 personnes environ travaillent dans la fonction publique pour nettoyer les écoles, les hôpitaux ou les autres bâtiments publics et 450 000 sont salariés d’entreprises privées, dont près de la moitié relève de la branche de la propreté.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>Ces emplois occupent une place disproportionnée parmi les travailleurs pauvres : selon l’<a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/enquetes/article/conditions-de-travail-edition-2013">enquête</a> conditions de travail 2013 réalisée par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), un travailleur pauvre sur six est agent d’entretien (un sur quatre si on inclut ceux qui interviennent dans les domiciles privés).</p>
<p>Leurs conditions de travail sont aujourd’hui bien documentées dans la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-socio-economie-2019-2-page-5.htm">littérature économique</a>, en <a href="https://www.researchgate.net/publication/7698345_World_at_work_Cleaners">santé du travail</a> et <a href="https://journals.openedition.org/nrt/2888">sociologique</a> et largement soulignées par la presse notamment depuis l’<a href="https://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/020310/florence-aubenas-le-quai-de-ouistreham">enquête</a> de la journaliste Florence Aubenas et plus encore depuis quelques semaines (par exemple le journal télévisé de 12h de France 3 le 7 avril ou l’<a href="https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-01-mai-2020">émission <em>Grand bien vous fasse</em></a> de France Inter du 1 mai).</p>
<p>Pourtant, dans les entreprises et les administrations, leur invisibilité risque de perdurer car elle est le produit d’une double extériorisation : horaire (ils et elles travaillent le plus souvent en dehors des heures de présence des autres usagers des bâtiments) et juridique (ils et elles ne sont plus inclus dans la communauté de travail du donneur d’ordre sans pour autant être réellement intégrés dans celle de leur employeur formel).</p>
<h2>Une dégradation des conditions d’emploi</h2>
<p>Les salariés qui ont en charge le nettoyage occupent plusieurs professions qui se distinguent selon les bâtiments nettoyés (établissements scolaires, hôpitaux, bureaux, hôtels, etc.) mais aussi le type d’employeurs (État, collectivités territoriales pour la fonction publique, entreprises privées du secteur de la propreté mais aussi de tous les autres secteurs lorsque le service n’est pas externalisé).</p>
<p>Selon <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/operation/s1449/presentation">l’enquête emploi en continu 2018</a> de l’Insee, les salaires annuels des agents publics en charge de l’entretien et des nettoyeurs internalisés dans les entreprises sont ainsi sensiblement meilleurs que ceux des salariés externalisés (respectivement 1308 euros, 998 euros et 857 euros nets) en raison de taux horaires parfois légèrement plus élevés mais surtout d’une bien plus faible prévalence du temps partiel (durée moyenne respectivement de 32h30, 26h15 et 25h10).</p>
<p>Mais c’est également la nature même du travail qui est moins marquée par une spécialisation sur les seules fonctions d’entretien et permet à ces salariés d’afficher des niveaux de satisfaction au travail bien meilleurs : 25 % des agents de services du secteur public seraient heureux que leur enfant s’engage dans la même voie contre 18 % des nettoyeurs « en interne » et 6 % des nettoyeurs externalisés, selon <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/enquetes/article/risques-psycho-sociaux-rps-edition-2015-2016">l’enquête risques psychosociaux 2015-2016</a> de la Dares.</p>
<h2>Un quasi rôle d’agence d’intérim</h2>
<p>La logique même de l’externalisation et l’intensité de la concurrence au sein du secteur de la propreté concourent à la dégradation des conditions de travail comme unique voie d’abaissement des prix d’une prestation pour laquelle le coût du travail représente environ <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3601076?sommaire=3554439">70 % du coût total</a>, et où le salaire horaire est peu éloigné du salaire minimum de croissance (smic).</p>
<p>Or, cette transformation d’une relation d’emploi en achat d’une prestation est difficilement porteuse d’économie pour les entreprises ou les administrations qui en ont fait le choix car la comparaison coûts/bénéfices de cette décision est souvent mal posée. Elle se limite à l’analyse des différentiels de coût du travail : l’externalisation permet de réserver à un plus petit nombre de salariés l’ensemble des avantages acquis dans l’entreprise (primes, mutuelle, participation, etc.).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1254495778690785281"}"></div></p>
<p>Mais ce différentiel est compensé par les autres éléments qui entrent dans la détermination du prix de la prestation : les salaires des commerciaux qui prospectent et finalisent les contrats, les diverses fonctions supports de l’organisation de l’activité et, bien sûr, les marges.</p>
<p>Or, le fonctionnement même de ces marchés très concurrentiels pousse aussi bien les prestataires que les donneurs d’ordres à dénaturer l’activité professionnelle des agents d’entretien. En effet, la recherche d’économies va passer par le renouvellement fréquent des prestataires et dissoudre encore un peu plus le lien salarial en le transformant en une forme de prêt de main-d’œuvre.</p>
<p>Ce rôle de « quasi-agence d’intérim » est d’ailleurs assumé par la branche de la propreté via l’<a href="https://journals.openedition.org/sdt/1748">article 7 de sa convention collective</a> qui rappelle la supériorité de la dépendance au site sur le rapport salarial lui-même.</p>
<h2>Les pouvoirs publics entretiennent la tendance</h2>
<p>Le mouvement d’externalisation commence dès les années 1970 mais s’accélère dans les années 1980 et touche plus encore la fonction publique une décennie plus tard. Selon l’enquête emploi, alors que 7 % des agents d’entretien étaient externalisés au début des années 80, plus de 26 % le sont aujourd’hui (hors fonction publique ces taux passent de 16 % à 42 %).</p>
<p>Cette tendance est aujourd’hui renforcée par des décisions des collectivités territoriales qui peuvent dans le même mouvement déplorer la hausse du nombre de travailleurs pauvres et son cortège de conséquences y compris financières en matière de prestations sociales à financer par les départements, et externaliser par exemple l’entretien des établissements scolaires (collèges et écoles).</p>
<p>Cette tendance est tirée par la croyance dans la possibilité de réduire les déficits publics par des économies majeures, en partie diffusées par des <a href="https://www.webhelp.com/app/uploads/2019/03/Rapport-Webhelp-VDef.pdf">lobbyistes</a> qui promettent, par des calculs de coins de tables, jusqu’à des économies de 25 à 50 % des coûts liés à l’entretien des bâtiments.</p>
<p>Dans les exemples d’externalisation que nous avons pu étudier, les réductions de temps de travail jouent un rôle majeur. Ainsi, un département confiant l’entretien de ses collèges à une entreprise privée provoque la transformation de contrat de 1 590 heures en contrats de 950 heures annuelles. Un établissement d’enseignement consommait 21h de nettoyage chaque jour en 2006, il n’en paie plus que 14h30 aujourd’hui…</p>
<p>Si un peu de productivité est gagnable avec une mécanisation accrue et une intensification du travail, l’essentiel des gains est obtenu par une diminution de la qualité du service. Là où l’on passait chaque jour, le nettoyage ne sera plus effectué qu’une à deux fois par semaine par exemple. Ces pertes de qualité pèsent sur les salariés qui ne peuvent plus faire « du bon boulot » et sur le confort des usagers des bâtiments mais elles comportent aussi des enjeux en matière de santé publique.</p>
<p>Les recherches portant sur les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1467-9566.12296">hôpitaux</a> ont ainsi montré un lien entre la survenance de maladies nosocomiales et le recours à l’externalisation du nettoyage. Les effets de la réduction des fréquences de nettoyage induit par l’externalisation pourraient bien se généraliser hors de l’hôpital avec la pandémie.</p>
<h2>La revalorisation passe par la réinternalisation</h2>
<p>La crise plaide ainsi en faveur d’une revalorisation importante du travail des agents d’entretien : ils ne sont pas à la base d’une consommation intermédiaire dont le coût doit être réduit par la mise en concurrence de leurs fournisseurs. Ils sont en charge d’un service au cœur de l’activité des entreprises et des administrations.</p>
<p>Ce service a un prix et cela ne peut être aux salariés de participer à son rabais en subissant salaires indignes et conditions de travail encore dégradées.</p>
<p>Or, si des mesures partielles peuvent améliorer les conditions d’emplois (hausse des minima conventionnels, redéfinition des temps de travail pour en réduire l’éclatement et la sous-évaluation, intégration des salariés dans la communauté de travail du donneur d’ordres, etc.) seule une remise en cause du processus d’externalisation semble à même de renverser la tendance à la délégation du « sale boulot » aux plus précaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138463/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François-Xavier Devetter a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche et de la Direction de l'Animation de la Recherche et des Etudes Statistiques du Ministère du Travail. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julie Valentin a reçu des financements de la Direction de l'Animation de la Recherche et des Etudes Statistiques, Ministère du travail</span></em></p>Confier le nettoyage à des sociétés tiers impacte aussi bien les conditions d’emploi des agents que la qualité du service, sans pour autant assurer les économies attendues.François-Xavier Devetter, Professeur de Sciences économiques, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomJulie Valentin, Maître de conférences en Sciences Economiques, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1355892020-04-06T18:31:46Z2020-04-06T18:31:46ZAprès le choc : relocalisations dans l’industrie, délocalisations dans les services<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/325327/original/file-20200403-74255-5ygfji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C59%2C3991%2C2359&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La crise économique et sanitaire actuelle nous invite à repenser les processus de production mondialisés.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/eqwFWHfQipg">Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Assistera-t-on à une « démondialisation complète » sur des bases nationales, comme on l’entend parfois depuis l’avènement du Covid-19 ? Aucune certitude. Si les relocalisations sont amenées à s’accélérer dans l’industrie, un boom des délocalisations pourrait bien advenir dans les activités de services qui concentrent pourtant la plus grande majorité des emplois.</p>
<p>Au sens strict, la relocalisation, phénomène qui n’est <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3325607c.texteImage">pas nouveau</a>, est le retour dans le pays d’origine d’unités de production, d’assemblage, ou de montage, antérieurement délocalisées dans les pays à faibles coûts salariaux. La production dans les pays d’origine se substitue aussi à l’approvisionnement à l’étranger en composants intermédiaires ou pièces détachées (<em>outsourcing</em>). Au sens large, la relocalisation peut se définir comme le ralentissement du processus de délocalisation ou la relocalisation à proximité des marchés régionaux.</p>
<p>En réalité, l’<a href="http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/em/abstract.asp?NoDoc=9255">hypermondialisation</a> de la fragmentation des chaînes de valeur mondiales s’essoufflait déjà dès la fin des années 2000 en raison du retournement des mêmes facteurs qui l’avaient stimulée dans les années 1990-2000. Les coûts d’approvisionnement et coûts salariaux unitaires dans les pays émergents sont partis à la hausse dès le milieu des années 2000 et les relocalisations se sont alors accélérées aux États-Unis, au Japon et en Europe.</p>
<p>D’autres facteurs expliquent la tendance à la relocalisation observée : l’accélération de la robotisation des chaînes d’assemblage, la hausse des coûts de transport et de transaction dans certains secteurs, ou encore les problèmes de délais de livraison, de qualité ou de sécurité des produits délocalisés.</p>
<p>Les ruptures d’approvisionnement liées au choc du Covid-19 n’ont fait que révéler au grand jour ces risques des délocalisations.</p>
<h2>Sécuriser les approvisionnements</h2>
<p>Tout d’abord, dans l’hypothèse d’une reprise économique mondiale, après ce choc, les <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Mondialisation_et_d__localisation_des_entreprises-9782707194572.html">tendances déjà visibles de la relocalisation</a> devraient s’accélérer dans les secteurs à matières solides, qui ne rencontrent pas d’obstacles à l’automatisation des chaînes d’assemblage (automobile, électronique, mécanique, etc.), en particulier dans un contexte d’accès aux financements bancaires à coûts très bas.</p>
<p>La relocalisation est déjà une réalité dans les secteurs pondéreux ou volumineux sensibles aux coûts de transport et aux barrières commerciales.</p>
<p>De leur côté, les entreprises des secteurs stratégiques (pharmacie, biotechnologies) dominés par la concurrence par l’innovation, qui sont dépendantes d’un petit nombre de fournisseurs en Chine ou en Inde par exemple, vont probablement relocaliser ou freiner les délocalisations de leurs approvisionnements.</p>
<p>Dans l’industrie pharmaceutique par exemple, dont on parle beaucoup depuis la crise sanitaire, les firmes investissent beaucoup dans le domaine de la recherche et développement (R&D) car l’innovation de produits est le mode de concurrence dominant dans le secteur.</p>
<p>Ces firmes délocalisent la fabrication des molécules de base (relativement standardisées) et se concentrent sur les activités de R&D et de marketing en Europe ou aux États-Unis.</p>
<p>Mais, en faisant produire leurs molécules standards dans des pays à plus bas coûts (en Chine ou en Inde), elles prennent le risque de rencontrer des problèmes d’approvisionnement en cas de crise comme celle du coronavirus.</p>
<p>Or, ces secteurs pharmaceutiques, biotechnologiques, ou informatiques à fortes dépenses en R&D sont aussi des secteurs où le nombre de fournisseurs est relativement faible. Le secteur fait alors face à deux enjeux : la dépendance avant et après l’échange et un potentiel opportunisme des fournisseurs.</p>
<p>Les gains procurés par ces opérations sont importants puisque les prix sont très élevés lorsque le produit est breveté, plus faibles mais à marges élevées pour les produits génériques.</p>
<p>Ces comportements de marge qui consistent à ne pas répercuter les prix des biens sur les coûts de production dans les pays de délocalisation mais à les aligner sur les coûts de production en France se retrouvent dans plusieurs secteurs comme le textile et l’habillement, les chaussures de sport, par exemple. Les risques d’approvisionnement sont alors peu pris en compte. La recherche de ces comportements de marge est aussi favorisée par <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Le_savoir___la_finance-9782707158475.html">l’impatience des actionnaires</a>, ainsi que l’illustre la délocalisation de l’entreprise bretonne Plaintel qui fabriquaient les masques FFP2.</p>
<p>Cela laisse penser que les relocalisations en Europe (mais pas forcément en France) augmenteront dans ce type de secteurs. La relocalisation continuera également à se développer dans l’agroalimentaire avec le développement des circuits courts qui sont déjà une réalité.</p>
<h2>Vers une délocalisation massive des services ?</h2>
<p>Mais ce ne sera pas forcément le cas dans les secteurs manufacturiers à matières souples, dont les activités d’assemblage ne sont pas robotisables (textile, habillement, cuir, chaussures…).</p>
<p>Les effets de rupture dans les chaînes d’approvisionnement seront compensés par des délocalisations itinérantes, de la Chine au Vietnam, à l’Éthiopie ou dans le bassin méditerranéen. Les avantages des entreprises nomades de ces secteurs résident surtout dans leur maîtrise logistique.</p>
<p>Ensuite, et surtout, il convient de ne pas avoir les yeux rivés seulement sur les biens matériels, mais d’analyser aussi ce qui va se passer dans les activités de services aux entreprises et aux ménages (qui représentent 76 % des emplois en France).</p>
<p>Un boom dans les délocalisations, en <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Mondialisation_et_d__localisation_des_entreprises-9782707194572.html">l’absence de mesures de régulation</a>, pourrait bien advenir après ce choc. Les services sont devenus potentiellement délocalisables malgré leur spécificité intrinsèque : la simultanéité des activités de consommation et de production.</p>
<p>Plusieurs facteurs expliquent cela :</p>
<ul>
<li><p>Dans les banques ou les assurances, des centaines d’emplois de relation client, de comptabilité, d’informatique, de service juridique, voire même de recherche et développement (R&D), partent déjà chaque année dans des pays à plus faibles coûts.</p></li>
<li><p>En outre, sous-traiter des tâches de services à distance n’est pas sensible au protectionnisme commercial ni au coûts de transports.</p></li>
<li><p>Enfin, les acteurs du secteur de la distribution comme de la production de services (banques, assurances, etc.) mais aussi les consommateurs (entreprises ou ménages) vont bénéficier d’un effet d’apprentissage et de réseau du confinement mondial dans l’usage des technologies numériques sans précédent.</p></li>
</ul>
<h2>Les aides d’État à la relocalisation peu efficaces</h2>
<p>En l’absence de nouvelles régulations, cet effet d’apprentissage dans l’outsourcing ou la sous-traitance de services immatériels à distance touchera aussi les services de la connaissance à forte valeur ajoutée, y compris, paradoxalement dans le secteur de la santé et du soin.</p>
<p>Cependant deux facteurs peuvent contrecarrer ce scénario.</p>
<p>Tout d’abord, les risques de ruptures numériques, de coûts de coordination et énergétiques croissants liés à l’usage de masse des technologies numériques, peuvent perturber la logistique de l’offre de services à distance. La fracture numérique continuera à exclure (une déconnexion forcée) des personnes, des territoires et des pays de la participation à la <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3325607c.texteImage">division internationale du travail</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/325338/original/file-20200403-74220-1q6eetl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/325338/original/file-20200403-74220-1q6eetl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/325338/original/file-20200403-74220-1q6eetl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/325338/original/file-20200403-74220-1q6eetl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/325338/original/file-20200403-74220-1q6eetl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/325338/original/file-20200403-74220-1q6eetl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/325338/original/file-20200403-74220-1q6eetl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La télémédecine se développe grâce au progrès des nouveaux moyens de communication.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.afpforum.com/AFPForum/Search/Results.aspx?pn=1&smd=8&mui=3&q=14622605534307205321_1&fst=%c3%a9tats+g%c3%a9n%c3%a9raux+de+l%27industrie&fto=3&t=2#pn=1&smd=8&mui=3&q=14622605534307205321_1&fst=%c3%a9tats+g%c3%a9n%c3%a9raux+de+l%27industrie&fto=3&t=2">Vince Little</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, la mondialisation se traduit surtout par des stratégies d’accès aux marchés par les investissements directs étrangers (IDE), (c’est-à-dire des mouvements internationaux de capitaux réalisés pour créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger ou pour exercer le contrôle ou une influence significative sur la gestion d’une entreprise étrangère). Ce phénomène devrait s’accroître, dans l’hypothèse d’une reprise de la croissance mondiale, dans un contexte d’élévation des coûts de transport et de protectionnisme commercial qui rendent les exportations plus coûteuses.</p>
<p>Pour conclure, les relocalisations ne se décrètent pas verbalement. Mais il ne faut pas refaire les erreurs du passé en distribuant des aides financières aux entreprises sous diverses formes pour les aider à relocaliser. En effet, entre 2005 et 2013, sur environ 200 cas de relocalisations, seulement 7 % des entreprises ont recouru aux aides de l’État pour relocaliser.</p>
<p>Il est nécessaire de réfléchir, en incluant le plus grand nombre d’acteurs, à de véritables stratégies industrielles et de services. Une politique de <a href="https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/etudes/industrie/2013-12-relocalisation-synthese.pdf?fbclid=IwAR1rF6vwlbK8Npkj3Z5I7I6Hg26DxlJwWPqszWKQTJcN8my-S1ghenKyR1c">filière</a> aux niveaux national et européen pour stimuler les relocalisations fondées sur l’innovation doit s’accompagner de la mise en place d’un observatoire d’anticipation des <a href="https://theconversation.com/reveler-les-risques-de-delocalisation-industrielle-92405">chocs territoriaux</a> des délocalisations. Sans quoi, la mondialisation reprendra son cours, comme après la crise de 2007-2008, en particulier pour les biens immatériels.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135589/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>El Mouhoub Mouhoud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la crise d’approvisionnement liée au Covid-19 peut favoriser les relocalisations dans les secteurs de l’industrie manufacturière, un boom des délocalisations des services doit être anticipé.El Mouhoub Mouhoud, Professeur d'Economie, Vice-Président de l'Université Paris-Dauphine, PSL Research University, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.