tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/stress-20136/articlesstress – The Conversation2024-03-06T16:08:29Ztag:theconversation.com,2011:article/2230422024-03-06T16:08:29Z2024-03-06T16:08:29ZLa charge mentale masculine existe-t-elle vraiment ?<p>La charge mentale des hommes – en particulier des pères de famille – est-elle une réalité ? Ces dernières semaines, cette question a fait les titres de plusieurs magazines tels que <em>Le Figaro</em> et <em>Le Point</em>, évoquant cette <a href="https://www.lefigaro.fr/decideurs/management/la-charge-mentale-des-peres-de-famille-ce-sujet-tabou-dont-on-ne-parle-qu-en-coulisses-20240114">« réalité taboue »</a> de notre époque, particulièrement décuplée chez les <a href="https://www.lepoint.fr/societe/la-charge-mentale-des-hommes-existe-t-elle-21-01-2024-2550293_23.php">classes moyennes et supérieures</a> à la suite du premier confinement. Si les sondages menés par Ipsos mettent en exergue la présence d’une charge mentale excessive chez <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/charge-mentale-8-femmes-sur-10-seraient-concernees">14 % des hommes en 2018</a>, ils soulignent que ce taux reste de 9 points plus élevé chez les femmes.</p>
<p>Les travaux de la sociologue <a href="https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1984_num_26_3_2072">Monique Haicault</a> explorent dès 1984 l’idée d’une <a href="https://theconversation.com/penser-a-tout-pourquoi-la-charge-mentale-des-femmes-nest-pas-pres-de-salleger-221659">charge mentale</a> liée à la double charge de travail – salarié et domestique – pour les femmes au sein du couple hétérosexuel. La charge mentale est une notion qui n’englobe pas simplement l’exécution pratique des tâches domestiques, telles que faire le ménage, préparer les repas, ou s’occuper des enfants. Elle prend aussi en compte <a href="https://theconversation.com/charge-mentale-au-travail-comment-la-detecter-et-la-combattre-89329">le travail d’organisation</a> et de coordination de ces tâches, nécessaire à la vie du foyer, ainsi que la responsabilité de leur réalisation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/charge-mentale-comment-eviter-une-surchauffe-du-cerveau-222843">Charge mentale : comment éviter une surchauffe du cerveau ?</a>
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<p>Alors que dans la sphère salariée, penser l’organisation du travail est valorisé économiquement et symboliquement, puisque relevant de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1467-6486.00149">l’activité de management</a>, au foyer, la charge mentale demeure invisible, non rémunérée et <a href="https://hal.science/hal-02881589">supposée naturelle pour les femmes</a>.</p>
<p>Cependant, depuis 2017 et le mouvement #MeToo, déclencheur d’une résurgence des combats féministes, la notion de charge mentale, autrefois réservée au cercle universitaire, a fait son apparition dans la sphère publique. Les travaux de la dessinatrice <a href="https://emmaclit.com/2017/05/09/repartition-des-taches-hommes-femmes/">Emma</a> ont joué un rôle crucial dans sa diffusion, grâce à une bande dessinée virale sur les réseaux sociaux.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/BssNQ_Ngh9M/?hl=fr","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<h2>« Je fais largement mes 50 % »</h2>
<p>Cette mise en lumière de la charge mentale des femmes a suscité une réaction importante de la part des hommes, inquiets que leur contribution à l’organisation du foyer ne soit pas reconnue à sa juste valeur. Parmi les commentaires sous la BD d’Emma, <a href="https://emmaclit.com/2017/05/09/repartition-des-taches-hommes-femmes/">sur son site</a>, on peut par exemple lire :</p>
<blockquote>
<p>« Il ne faudrait pas faire croire non plus que les femmes seraient les seules à subir une charge mentale. »</p>
</blockquote>
<p>De la même façon, dans une recherche en cours <a href="https://theconversation.com/profiles/edwige-nortier-1503170">d’une des autrices</a>, l’idée d’un partage de la gestion du travail domestique est revendiquée par les pères interrogés. L’un d’eux affirme ainsi qu’il « fait largement [ses] 50 % », et défend être à domicile à 18h30 « pour relayer » son épouse en prenant notamment en charge les devoirs, avant de « retourner bosser » pendant que sa femme gère le repas et le coucher. Plus largement, divers témoignages d’hommes dans la <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/qui-sont-les-nouveaux-peres-20230725">presse</a> semblent indiquer une volonté d’implication croissante des pères dans les tâches du foyer. Cette évolution s’inscrit notamment dans le cadre de la flexibilisation du travail pendant la crise sanitaire, ainsi que les réformes récentes du congé paternité (actuellement de 25 jours en France depuis juillet 2021).</p>
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<h2>Une amélioration grâce aux confinements ?</h2>
<p>Il semblerait toutefois que la réalité soit <a href="https://www.gouvernement.fr/actualite/letat-des-lieux-du-sexisme-en-france">plus contrastée</a> que les discours des hommes sur leur implication dans le foyer. Les <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281050?sommaire=2118074">dernières données</a> relevées par l’Insee en 2010 montraient que les femmes consacraient en moyenne 3h26 de leur journée aux tâches domestiques, contre 2h pour les hommes. Si leur mise à jour n’a lieu qu’en 2025, des études intermédiaires, notamment lors des confinements de 2020, soulignent que les femmes continuent d’assumer <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952#titre-bloc-29">l’essentiel des tâches domestiques et parentales</a>. Dans ce contexte de <a href="https://theconversation.com/pour-les-femmes-la-flexibilite-des-horaires-de-travail-se-paye-au-prix-fort-143702">télétravail</a> imposé, le changement de répartition du travail domestique n’a été que très marginal. Il s’est fait principalement <a href="https://blog.insee.fr/sur-les-taches-domestiques-l-homme-est-remplacant/">autour des courses</a> – qui, il faut le rappeler, étaient à ce moment-là un des rares moyens de sortir du domicile. Ainsi, en <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952#titre-bloc-29">mai 2020</a>, alors que plus de la moitié des femmes déclaraient consacrer minimum 2h aux tâches domestiques chaque jour, les hommes n’étaient que 28 %. De même pour le temps quotidien consacré aux enfants : 58 % des femmes déclaraient y consacrer au minimum 4h pour seulement 43 % des hommes.</p>
<p>Par ailleurs, l’utilisation accrue d’outils tels que les calendriers ou les <em>to-do</em> listes pour se répartir les tâches pendant cette période a en fait maintenu la charge mentale <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/AAAJ-08-2020-4880/full/html">sur les femmes</a>. Dans la même lignée, une <a href="https://academic.oup.com/sf/advance-article-abstract/doi/10.1093/sf/soad125/7301284">étude menée sur 10 ans</a>, montre que même lorsque les hommes bénéficient d’horaires aménagés, ils ne prennent pas plus en charge les responsabilités familiales au sein des couples hétérosexuels.</p>
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<h2>Le congé paternité : facteur de changement ?</h2>
<p>Le congé paternité cristallise tout particulièrement ce déséquilibre de charge mentale. L’une de nos études montre que les hommes auraient tendance à <a href="https://publications.aaahq.org/accounting-horizons/article-abstract/doi/10.2308/HORIZONS-2022-099/11576/Men-s-Experiences-of-Paternity-Leaves-in">organiser ce congé</a> non pas autour de la naissance de leurs enfants mais autour de leurs obligations professionnelles. L’un des hommes interrogés dans cette recherche explique avoir coupé son congé en deux pour pouvoir :</p>
<blockquote>
<p>« prendre une période plus longue sans que ça impacte trop [son] activité [professionnelle] ».</p>
</blockquote>
<p>Sa femme avait une vision différente : pour elle, le congé paternité ne devrait pas être « un gros break à Noël » mais un temps pour être présent dans l’éducation des enfants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/penser-a-tout-pourquoi-la-charge-mentale-des-femmes-nest-pas-pres-de-salleger-221659">« Penser à tout » : pourquoi la charge mentale des femmes n’est pas près de s’alléger</a>
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<p>Ces stratégies opérées par les hommes peuvent s’expliquer en partie par une culture du lieu de travail et par des contraintes professionnelles qui <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0003122414564008">n’encouragent pas la prise complète du congé</a> lors de la venue d’un enfant, mais aussi par la crainte d’être stigmatisé par ce choix. De nombreux hommes perçoivent encore le congé paternité comme un heurt à leur carrière, et certains managers tentent même parfois de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/gwao.12904">dissuader leurs collègues</a> d’y avoir recours alors qu’ils en ont eux-mêmes bénéficié.</p>
<p>Le lieu de travail est pensé et organisé pour et par les « joueurs masculins » qui ont « créé les règles du jeu » pour reprendre la métaphore des sociologues <a href="https://doi.org/10.1177/017084069201300107.">Alvesson et Billing</a>. Dans ce contexte, tout écart par rapport aux attentes traditionnelles de genre est perçu comme un risque pour les employés – ce qui met en lumière la rigidité des rôles de genre au sein des espaces de travail.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-travail-invisible-une-lutte-sans-fin-pour-les-femmes-203284">Le travail invisible, une lutte sans fin pour les femmes</a>
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<h2>De quelle charge mentale parle-t-on ?</h2>
<p>L’exemple du congé paternité met en évidence un décalage notable entre la définition académique de « charge mentale » chez les femmes, et son emploi dans les discours publics pour caractériser l’expérience des hommes. L’<a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/charge-mentale-8-femmes-sur-10-seraient-concernees">étude Ipsos</a> de 2018 permet déjà de souligner cette distinction. Celle-ci indique que pour une femme sur deux l’apparition de la charge mentale est liée à l’arrivée d’un enfant, alors qu’un homme sur deux l’associe à l’entrée dans la vie active.</p>
<p>En 2024, en France, <a href="https://www.gouvernement.fr/actualite/letat-des-lieux-du-sexisme-en-france">70 % des hommes</a> estiment encore qu’ils doivent être le soutien financier de leur famille pour être valorisés socialement. La sphère professionnelle prime ainsi dans les activités des hommes, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1097184X01004001001">même quand ils deviennent pères</a>. Leur « charge mentale » reste majoritairement pensée dans la continuité d’un rôle de « breadwinner » (principal pourvoyeur de revenus pour la famille).</p>
<p>Pourtant, la proportion de ménages où les deux partenaires subviennent également aux besoins du foyer ou de ménages où la femme est la principale « breadwinner » est en <a href="https://www.demographic-research.org/articles/volume/35/41/">augmentation</a> dans de nombreux pays d’Europe. En France, cette dernière catégorie représente un <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/document-travail/are-female-breadwinner-couples-always-less-stable/">couple sur quatre</a> en 2017, contre un <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281400">couple sur cinq</a> en 2002.</p>
<p>Cette augmentation ne s’accompagne néanmoins pas forcément d’un changement significatif de répartition des tâches ménagères et des soins aux enfants. Dans une étude menée par la sociologue <a href="https://www.unine.ch/socio/home/collaborateurs/nuria-sanchez.html">Núria Sánchez-Mira</a> en 2016 en <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/gwao.12775">Espagne</a>, lorsque la femme devient « breadwinner » pour son foyer, aucun des couples étudiés n’atteint une répartition équitable. La participation des hommes n’augmente donc que de manière limitée, et la séparation genrée des tâches persiste. Par ailleurs, cette recherche espagnole souligne que les discours et la réalité autour de cette séparation diffèrent :</p>
<blockquote>
<p>« Si l’on compare les récits des hommes à ceux de leurs partenaires, on constate dans certains cas une surestimation de leur contribution réelle. Les hommes semblent se livrer à un exercice d’ajustement de la réalité pour correspondre à un discours politiquement correct de co-responsabilité dans les tâches ménagères et les soins aux enfants ».</p>
</blockquote>
<h2>Charge mentale : les hommes font-ils une crise ?</h2>
<p>Le discours autour de la charge mentale des hommes s’inscrit dans une expression plus large d’une <a href="https://theconversation.com/la-crise-de-la-masculinite-ou-la-revanche-du-male-96194">« crise de la masculinité »</a>, c’est-à-dire le sentiment qu’il serait <a href="https://www.gouvernement.fr/actualite/letat-des-lieux-du-sexisme-en-france">difficile d’être homme</a> dans la société actuelle du fait d’une remise en cause des rôles genrés traditionnels, particulièrement depuis 2017 et le mouvement #MeToo. De fait, en 2024, 37 % des hommes disent considérer que le féminisme menace leur place et leur rôle, et qu’ils sont en train de perdre le pouvoir. Le HCE souligne que <a href="https://www.gouvernement.fr/actualite/letat-des-lieux-du-sexisme-en-france">ces résultats</a> indiquent un retour préoccupant des injonctions conservatrices qui réassignent les femmes à la sphère domestique.</p>
<p>Comme l’explique le professeur de sciences politiques <a href="https://www.editionspoints.com/ouvrage/la-crise-de-la-masculinite-francis-dupuis-deri/9782757892268">Francis Dupuis-Déri</a>, cette notion de crise de la masculinité n’est pas récente. Elle est régulièrement invoquée pour expliquer et justifier l’(in) action des hommes et les inégalités de genre. Il souligne que cette idée relève du mythe plus que de la réalité empirique :</p>
<blockquote>
<p>« Les hommes ne [seraient] pas en crise, ils [feraient] des crises quand les femmes refusent le rôle […] qui leur est assigné. »</p>
</blockquote>
<p>Le débat sur la « charge mentale » des hommes peut être considéré comme une marque de la « crise » en cours, signalant une résistance aux luttes féministes. En effet, elle relève d’une tentative de symétriser dans le discours l’implication des femmes et des hommes au foyer. Cela invisibilise la permanence d’une <a href="https://theconversation.com/inegalites-femmes-hommes-tout-ce-que-les-chiffres-ne-nous-disent-pas-171040">inégale répartition du travail domestique</a>.</p>
<p>Il est bien sûr important de reconnaître que les hommes <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1303232?sommaire=1303240">s’impliquent davantage</a> dans le foyer depuis ces 25 dernières années, notamment sur l’éducation des enfants. Toutefois, dans le contexte actuel, la notion de « charge mentale des hommes » relève d’une subversion du concept originel aux dépens de sa politisation féministe initiale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223042/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Certains articles soulignent que, comme les femmes, les hommes ressentiraient une charge mentale. Est-ce vraiment le cas ? De quelle charge mentale parle-t-on ?Edwige Nortier, Assistant Professor Comptabilité, Contrôle, Audit, EM Lyon Business SchoolElise Lobbedez, Lecturer (assistant professor), University of EssexJuliette Cermeno, Docteure en sciences de gestion - théorie des organisations, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2214842024-01-26T14:56:06Z2024-01-26T14:56:06ZL’IA apprend à analyser les communications des poulets pour nous aider à comprendre leurs gloussements<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570212/original/file-20240116-21-fbzgp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C6000%2C3970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les poulets sont des communicateurs hors pair.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Vous êtes-vous déjà demandé de quoi parlent les poulets ? Les poulets sont des communicateurs doués ; leurs gloussements, leurs cris et leurs roucoulements ne sont pas des sons aléatoires, mais un système linguistique complexe. Ces cris sont leur façon d’interagir avec le monde et d’exprimer leur joie, leur peur et de se transmettre des repères sociaux.</p>
<p>Comme pour les humains, le « langage » des poulets varie en fonction de l’âge, de l’environnement et, étonnamment, de la <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0010639">domestication</a>, ce qui nous permet de mieux comprendre leurs <a href="https://doi.org/10.3390/ani11020434">structures sociales</a> et leurs comportements. La compréhension de ces vocalisations peut transformer notre approche de l’aviculture, en améliorant le bien-être et la qualité de vie des poulets.</p>
<p>Nos recherches à l’université Dalhousie appliquent l’intelligence artificielle (IA) pour décoder le langage des poulets. Ce projet devrait révolutionner notre connaissance de ces créatures à plumes et de leurs méthodes de communication, en nous offrant une fenêtre sur leur monde qui nous était jusqu’à présent fermée.</p>
<h2>Traducteur de poulet</h2>
<p>L’utilisation de l’IA et de l’apprentissage automatique dans ce domaine revient à disposer d’un traducteur universel pour le langage des poulets. L’IA peut analyser de grandes quantités de données audio. Comme le montrent nos recherches, qui doivent encore faire l’objet d’une évaluation par les pairs, nos algorithmes apprennent à reconnaître les schémas et les nuances dans les <a href="https://doi.org/10.1101/2023.12.26.573338">vocalisations des poulets</a>. La tâche n’est pas simple : les poulets émettent toute une gamme de sons dont la hauteur, la tonalité et le contexte varient.</p>
<p>Mais grâce à des techniques avancées d’analyse des données, nous commençons à déchiffrer leur code. Cette percée dans le domaine de la communication animale n’est pas seulement une réussite scientifique ; c’est aussi un pas vers un traitement plus humain et plus empathique des animaux d’élevage.</p>
<p>L’un des aspects les plus intéressants de cette étude est la compréhension du contenu émotionnel de ces sons. Grâce au traitement du langage naturel (TLN), une technologie souvent utilisée pour déchiffrer les langues humaines, nous apprenons à interpréter l’<a href="https://doi.org/10.3390/s21020553">état émotionnel des poulets</a>. Sont-ils stressés ? Sont-ils contents ? En comprenant leur <a href="https://doi.org/10.3390/ani12060759">état émotionnel</a>, nous pouvons prendre des décisions plus éclairées concernant leurs soins et leur environnement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une personne en combinaison blanche tenant un iPad et entourée de poulets" src="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569656/original/file-20240116-23-oqw734.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comprendre les expressions des poulets aura un impact sur la façon dont ils sont élevés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Communication non verbale chez les poulets</h2>
<p>Outre les vocalisations, nos recherches portent également sur les indices non verbaux permettant d’évaluer les émotions des poulets. Nous avons ainsi étudié le clignement des yeux et la température du visage. La manière dont ces éléments peuvent constituer des <a href="https://doi.org/10.1101/2022.01.31.478468">indicateurs fiables</a> de l’état émotionnel des poulets est analysée dans une publication préliminaire (pas encore évaluée par les pairs).</p>
<p>En utilisant des méthodes non invasives telles que la vidéo et l’imagerie thermique, nous avons observé des changements de température autour des yeux et de la tête, ainsi que des variations dans le comportement de clignement des yeux, qui semblent être des réponses au stress. Ces résultats préliminaires ouvrent de nouvelles voies pour comprendre comment les poulets expriment leurs sentiments, tant sur le plan comportemental que physiologique, ce qui nous fournit des outils supplémentaires pour évaluer leur bien-être.</p>
<h2>Des volailles plus heureuses</h2>
<p>Ce projet dépasse le cadre de la curiosité intellectuelle ; ses <a href="https://doi.org/10.1101/2022.07.31.502171">retombées sont réelles</a>. Dans le secteur agricole, la compréhension des vocalisations des poulets est un moyen d’améliorer les pratiques d’élevage. Les agriculteurs peuvent utiliser ces connaissances pour créer de meilleures conditions de vie, ce qui se traduit par des poulets plus sains et plus heureux. Cela peut en retour avoir un effet sur la qualité des produits, la santé des animaux et l’efficacité globale de l’exploitation.</p>
<p>Les résultats de cette recherche peuvent également être appliqués à d’autres domaines de l’<a href="https://doi.org/10.1016/j.measurement.2022.110819">élevage</a>, ce qui pourrait déboucher sur des avancées dans la manière dont nous interagissons avec une variété d’animaux de ferme et dans les soins qui leur sont prodigués.</p>
<p>Mais nos travaux ne se limitent pas aux pratiques agricoles. Ils pourraient influencer les politiques en matière de bien-être animal et de traitement éthique. L’évolution de notre connaissance de ces animaux nous incite à <a href="https://doi.org/10.3390/agriengineering5010032">plaider pour leur bien-être</a>. Cette étude modifie la façon dont nous envisageons notre relation avec les bêtes, en privilégiant l’empathie et la compassion.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un homme introduit sa main dans un poulailler rempli de poulets" src="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569662/original/file-20240116-15-c9v7e6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La compréhension de la communication et du comportement des animaux peut avoir une influence sur les politiques en matière de bien-être animal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Unsplash/Zoe Schaeffer)</span></span>
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<h2>IA éthique</h2>
<p>L’utilisation éthique de l’IA dans ce contexte crée un précédent pour les futures applications technologiques dans le domaine de la science animale. Nous démontrons que la technologie peut et doit être employée pour <a href="https://doi.org/10.1007/s44230-023-00050-2">favoriser le bien-être de tous les êtres vivants</a>. C’est une responsabilité que nous prenons au sérieux ; nous veillons à ce que nos avancées en matière d’IA soient conformes aux principes éthiques et au bien-être des sujets de notre étude.</p>
<p>Les retombées de nos recherches s’étendent également à l’éducation et aux efforts de conservation. En comprenant les méthodes de communication des poulets, nous acquérons des connaissances sur le langage aviaire en général, offrant ainsi une perspective unique sur la complexité des systèmes de communication animale. Ces enseignements peuvent s’avérer essentiels pour les défenseurs de l’environnement qui œuvrent à la protection des espèces d’oiseaux et de leurs habitats.</p>
<p>En poursuivant nos avancées dans ce domaine, nous ouvrons les portes d’une nouvelle ère dans l’<a href="https://doi.org/10.3389/fvets.2021.740253">interaction entre l’animal et l’homme</a>. Notre quête pour <a href="https://doi.org/10.20944/preprints202309.1714.v1">décoder le langage des poulets</a> est plus qu’une simple recherche universitaire : c’est un pas vers un monde plus empathique et plus responsable.</p>
<p>En tirant parti de l’IA, nous ne nous contentons pas de percer les secrets de la communication aviaire, mais nous établissons également de nouvelles normes en matière de bien-être animal et d’utilisation éthique des technologies. La période dans laquelle nous vivons est passionnante ; nous sommes à l’aube d’une conception nouvelle de la relation entre l’homme et le monde animal, et tout commence par le poulet.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221484/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Suresh Neethirajan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’intelligence artificielle peut traiter un grand nombre de vocalisations de poulets et identifier des schémas dans les communications entre volatiles.Suresh Neethirajan, University Research Chair in Digital Livestock Farming, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2200042024-01-15T15:22:20Z2024-01-15T15:22:20ZLa pilule contraceptive a aussi un effet sur le cerveau et la régulation des émotions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567188/original/file-20231221-19-oxth15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C988%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, peuvent accéder au cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les contraceptifs oraux, aussi appelés pilules contraceptives, sont <a href="https://doi.org/10.18356/1bd58a10-en">utilisés par plus de 150 millions de femmes à travers le monde</a>. Environ un tiers des adolescentes en <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/82-003-x/2015010/article/14222-eng.pdf">Amérique du Nord</a> et en <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">Europe</a> les utilisent, ce qui en fait le médicament le plus prescrit aux adolescentes.</p>
<p>Il est bien connu que les contraceptifs oraux ont le pouvoir de modifier le cycle menstruel des femmes. Mais ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils ont aussi accès au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>En tant qu’étudiante au doctorat et professeure en psychologie à l’UQAM, nous nous sommes intéressées à l’influence des contraceptifs oraux sur les régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous avons publié nos <a href="https://doi.org/10.3389/fendo.2023.1228504">résultats dans le journal scientifique <em>Frontiers in Endocrinology</em></a>.</p>
<h2>La pilule, comment ça fonctionne ?</h2>
<p>Il existe plusieurs méthodes de contraception hormonale, mais le type le plus courant en Amérique du Nord est la pilule contraceptive, plus spécifiquement les <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">contraceptifs oraux combinés</a> (COC). Ils sont constitués de deux hormones artificielles simulant un estrogène (généralement l’éthinyl estradiol) et la progestérone.</p>
<p>Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">peuvent accéder au cerveau</a>. Elles se lient à des récepteurs dans différentes régions et signalent au cerveau de diminuer la production d’hormones sexuelles endogènes. C’est ce phénomène qui mène à l’arrêt de la cyclicité menstruelle, empêchant l’ovulation.</p>
<p>C’est donc dire que tout au long de l’utilisation des COC, le corps et le cerveau des utilisatrices ne sont pas exposés aux fluctuations d’hormones sexuelles typiquement observées chez les femmes naturellement cyclées.</p>
<h2>Les effets cérébraux de la pilule : les neurosciences à la rescousse !</h2>
<p>Lorsqu’elles commencent la prise de COC, les adolescentes et les femmes sont informées de divers effets secondaires, principalement physiques (nausées, maux de tête, variations de poids, sensibilité à la poitrine). Pourtant, il n’est généralement pas abordé que les hormones sexuelles accèdent au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>Des études ont d’ailleurs associé l’utilisation de COC à de <a href="https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2018.02.019">moins bonnes performances de régulation émotionnelle</a> et à un <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">risque plus élevé de développer des psychopathologies</a>.</p>
<p>De plus, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir de <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpsychires.2011.03.006">troubles liés à l’anxiété et au stress chronique</a>. L’utilisation des COC étant très répandue, il importe de mieux comprendre leurs effets sur l’anatomie des régions du cerveau qui sous-tendent la régulation émotionnelle.</p>
<p>Nous avons ainsi conduit une étude ayant pour objectif d’examiner les effets des COC sur l’anatomie des régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous nous sommes intéressées aux effets liés à leur utilisation actuelle, mais aussi aux effets possiblement durables, à savoir si les COC pouvaient affecter l’anatomie du cerveau – même après avoir cessé leur utilisation.</p>
<p>Pour ce faire, nous avons recruté quatre profils d’individus en santé, soit des femmes qui utilisent actuellement des COC, des femmes qui ont utilisé des COC dans le passé, des femmes qui n’ont jamais utilisé quelconque méthode de contraception hormonale et des hommes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="imagerie résonance magnétique" src="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de faire l’analyse de la morphologie de certaines régions du cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>À l’aide de l’imagerie cérébrale, nous avons trouvé que seules les femmes qui utilisent actuellement des COC présentaient un cortex préfrontal ventromédian légèrement plus mince que les hommes. Cette partie du cerveau est reconnue comme étant essentielle à la régulation des émotions comme la peur. La littérature scientifique montre que <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0502441102">plus cette région est épaisse, meilleure est la régulation émotionnelle</a>.</p>
<p>De ce fait, les COC pourraient altérer la régulation des émotions chez les femmes. Bien que nous n’ayons pas testé directement le lien entre la morphologie cérébrale et la santé mentale, notre équipe se penche actuellement sur d’autres aspects du cerveau et de la santé mentale, ce qui permettra de mieux comprendre les découvertes anatomiques actuelles.</p>
<h2>Un effet actuel, mais pas durable : une histoire de dose</h2>
<p>Nous avons tenté de mieux comprendre ce qui pourrait expliquer l’effet de l’utilisation actuelle des COC sur cette région du cerveau. Nous avons découvert que cela était associé à la dose d’éthinyl estradiol. En effet, parmi les utilisatrices actuelles de COC, seules celles qui utilisaient un COC à faible dose (10-25 microgrammes), mais pas à dose plus élevée (30-35 microgrammes), étaient associée à un cortex préfrontal ventromédian plus mince.</p>
<p>Cela peut sembler surprenant : une plus faible dose était liée à un effet cérébral…</p>
<p>Sachant que tous les COC réduisent les concentrations d’hormones sexuelles endogènes, nous proposons que les récepteurs à estrogènes de cette région cérébrale pourraient être insuffisamment activés lorsque de faibles niveaux d’estrogène endogène sont combinés à un faible apport en estrogène exogène (éthinyl estradiol).</p>
<p>À l’inverse, des doses plus élevées d’éthinyl estradiol pourraient aider à obtenir une liaison adéquate aux récepteurs à estrogènes dans le cortex préfrontal, simulant ainsi une activité modérée à élevée similaire à celle des femmes ayant un cycle menstruel naturel.</p>
<p>Il est important de noter que cette plus faible épaisseur de matière grise était spécifique à l’utilisation actuelle des COC : les femmes ayant utilisé des COC dans le passé ne présentaient pas d’amincissement comparativement aux hommes. Notre étude soutient donc la réversibilité de l’influence des COC sur l’anatomie cérébrale, notamment sur l’épaisseur du cortex préfrontal ventromédian.</p>
<p>En d’autres termes, l’utilisation de COC pourrait affecter l’anatomie cérébrale, mais de manière réversible.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>Bien que notre recherche n’ait pas d’orientation clinique directe, elle contribue à faire progresser notre compréhension des effets anatomiques liés à l’utilisation des COC.</p>
<p>Loin de nous l’idée de vouloir que les femmes cessent d’utiliser leur COC : il serait beaucoup trop hâtif et alarmant d’avoir ce genre de discours.</p>
<p>Il importe également de se rappeler que les effets répertoriés dans notre étude semblent réversibles.</p>
<p>Notre objectif est de promouvoir la recherche fondamentale et clinique, mais également d’accroître l’intérêt scientifique en matière de santé de la femme, un domaine encore trop peu étudié.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220004/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Brouillard est membre étudiante du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Elle détient une bourse d'études doctorales des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-France Marin est chercheure régulière au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, professeure au département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal et professeure associée au département de psychiatrie et d'addictologie de l'Université de Montréal. Elle a été soutenue par une bourse salariale du Fonds de recherche du Québec - Santé (2018-2022) et est actuellement titulaire d'une Chaire de recherche du Canada sur la modulation hormonale des fonctions cognitives et émotionnelles (2022-2027). Le projet dont il est question dans l'article est subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada et a reçu l'appui de fonds de projets pilotes du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et du Réseau de bio-imagerie du Québec. </span></em></p>Les contraceptifs oraux modifient le cycle menstruel ; ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils accèdent aussi au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.Alexandra Brouillard, Doctorante en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Marie-France Marin, Professor, Department of Psychology, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2146072023-12-13T20:37:12Z2023-12-13T20:37:12ZLa science des rêves et des cauchemars : que se passe-t-il dans notre cerveau quand nous dormons ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550970/original/file-20230830-27-ozyppi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C0%2C5946%2C3979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il est très difficile d’étudier les rêves parce qu’on ne peut pas observer ce qui se passe quand les gens dorment.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/photo-of-a-woman-sleeping-near-fluffy-clouds-8264248/">Pexel/Ron Lach</a></span></figcaption></figure><p>La nuit dernière, vous avez sans doute dormi <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352721816301292">sept ou huit heures</a>. Vous avez probablement eu une ou deux heures de sommeil profond, surtout si vous êtes jeune ou actif physiquement. En effet, le sommeil <a href="http://apsychoserver.psych.arizona.edu/jjbareprints/psyc501a/readings/Carskadon%20Dement%202011.pdf">se modifie avec l’âge</a>, et <a href="https://www.hindawi.com/journals/apm/2017/1364387/">l’exercice physique</a> affecte l’activité cérébrale. Vous avez également eu environ trois ou quatre heures de sommeil léger.</p>
<p>Le reste du temps, vous étiez vraisemblablement dans la phase de sommeil paradoxal (REM pour <em>rapid eye movement</em>). Bien qu’il ne s’agisse pas du seul moment où le cerveau rêve – c’est possible durant d’autres phases –, c’est celui où il est le plus probable qu’on se souvienne de l’activité cérébrale et qu’on puisse la raconter.</p>
<p>C’est possible parce que des pensées ou des sentiments bizarres nous réveillent ou parce que la dernière heure de sommeil est presque entièrement constituée de <a href="https://www.researchgate.net/profile/Elizaveta-Solomonova/publication/320356182_Dream_Recall_and_Content_in_Different_Stages_of_Sleep_and_Time-of-Night_Effect/links/5a707bdb0f7e9ba2e1cade56/Dream-Recall-and-Content-in-Different-Stages-of-Sleep-and-Time-of-Night-Effect.pdf">sommeil paradoxal</a>. Quand un songe ou une alarme nous réveillent, on sort généralement du sommeil paradoxal et les images d’un rêve peuvent nous habiter encore quelques minutes. On en garde alors le souvenir.</p>
<p>Si le songe est étrange ou intéressant, il se peut qu’on en parle à quelqu’un d’autre, ce qui permet de mieux l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00426-022-01722-7">encoder</a> dans la mémoire.</p>
<p>Les rêves et les cauchemars sont mystérieux, et nous n’avons pas fini d’en apprendre sur eux. Ils font rouler notre cerveau, nettoient les pensées liées aux événements de la journée à l’échelle moléculaire et peuvent nous aider à imaginer ce qui est possible pendant nos heures d’éveil.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/etre-pourchasse-perdre-ses-dents-tomber-ce-que-la-science-dit-des-reves-recurrents-160505">Être pourchassé, perdre ses dents, tomber… Ce que la science dit des rêves récurrents</a>
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<h2>Que savent les scientifiques sur le sommeil paradoxal et les rêves ?</h2>
<p>Il est très difficile d’étudier les rêves parce qu’on ne peut pas observer ce qui se passe quand les gens dorment. L’imagerie cérébrale a révélé que certains <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1087079216300673#sec3">schémas d’activité cérébrale</a> sont associés au rêve (et aux phases du sommeil qui y sont davantage associées). Mais ces essais reposent sur des témoignages personnels sur l’expérience du rêve.</p>
<p>Tout ce à quoi l’on consacre autant de temps permet sans doute d’atteindre plusieurs objectifs.</p>
<p>Au niveau physiologique de base, tous les mammifères rêvent (comme l’indiquent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053810021001409">l’activité cérébrale, le comportement pendant le sommeil et des études sur la conscience</a>) – même l’ornithorynque et l’échidné font probablement l’expérience de quelque chose de similaire au rêve (à condition que leur corps soit à la <a href="https://www.wired.com/2014/07/the-creature-feature-10-fun-facts-about-the-echidna/#:%7E:text=It%20was%20long%20thought%20that,re%20at%20the%20right%20temperature.">bonne température</a>). On peut voir une ressemblance entre leur activité cérébrale et leurs phases de sommeil et le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1053810021001409#b0630">sommeil paradoxal humain</a>.</p>
<p>Ce n’est pas le cas des espèces moins évoluées. Certaines <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468867319301993#sec0030">méduses</a> – qui n’ont pas de cerveau – font l’expérience de ce que l’on pourrait qualifier de sommeil sur le plan physiologique (selon leur position, leur calme, leur manque de réactivité et leur « réveil » rapide en cas de nécessité), mais sans les éléments physiologiques et comportementaux qui rappellent le sommeil paradoxal.</p>
<p>Chez les êtres humains, on considère que le sommeil paradoxal se produit cycliquement toutes les 90 à 120 minutes au cours de la nuit. Il nous empêche de dormir trop profondément et d’être <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4972941/">vulnérables aux attaques</a>. Certains scientifiques avancent que nous rêvons pour éviter que notre cerveau et notre corps se refroidissent. Notre température centrale est généralement <a href="https://www.thelancet.com/journals/laneur/article/PIIS1474-4422(22)00210-1/fulltext">plus élevée pendant ces phases du sommeil</a>. Si l’on doit réagir à des signaux externes ou à des dangers, il est plus facile de se réveiller <a href="https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.2147/NSS.S188911">au milieu d’un songe</a> qu’à d’autres moments.</p>
<p>Pendant le sommeil paradoxal, le cerveau se met en mode actif pour un certain temps, à la manière d’un périscope qui donne accès à la conscience en nous permettant d’observer ce qui se passe à la surface, pour replonger si tout va bien.</p>
<p>Certaines données indiquent que les « rêves de fièvre » sont beaucoup moins fréquents qu’on ne le pense. En effet, on atteint moins la <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2020.00053/full">phase du sommeil paradoxal</a> quand on est fiévreux, même si les songes qu’on fait alors ont tendance à être <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3830719/">plus sombres et étranges</a>.</p>
<p>Le fait de passer alors moins de temps en sommeil paradoxal pourrait s’expliquer par la difficulté à réguler sa température corporelle pendant cette phase. Pour nous protéger, le cerveau tente de réguler la température corporelle en « sautant » cette phase du sommeil. <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/23744731.2020.1756664">C’est aussi pour cette raison</a> que nous rêvons généralement moins quand il fait chaud.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="bed in pink landscape" src="https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/545459/original/file-20230830-17-n6ash3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Notre cerveau se nettoie quand il rêve.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/bed-on-colorful-flowers-on-cape-10079452/">Pexels/Mo Eid</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un nettoyage en profondeur du cerveau</h2>
<p>Le sommeil paradoxal est important pour assurer le bon fonctionnement du cerveau, comme l’indiquent des études qui utilisent l’<a href="https://www.cell.com/current-biology/pdf/S0960-9822(17)31329-5.pdf">électroencéphalographie</a> pour mesurer l’activité du cerveau.</p>
<p>De la même manière que le sommeil profond aide le corps à restaurer ses capacités physiques, le sommeil de rêve <a href="https://www.cell.com/current-biology/pdf/S0960-9822(17)31329-5.pdf">« rince »</a> nos circuits neuronaux. À l’échelle moléculaire, les substances chimiques qui étayent la pensée sont déformées par l’activité cognitive de la journée. Le sommeil profond leur permet de retrouver leur forme initiale. Le cerveau est <a href="https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.1241224">« lavé »</a> par du liquide céphalo-rachidien que contrôle le <a href="https://theconversation.com/on-your-back-side-face-down-mice-show-how-we-sleep-may-trigger-or-protect-our-brain-from-diseases-like-als-181954">système glymphatique</a>.</p>
<p>À un autre niveau, le sommeil paradoxal « met de l’ordre » dans nos souvenirs et nos sentiments récents. Pendant <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC534695/">cette phase</a>, notre cerveau consolide les souvenirs procéduraux (la façon d’accomplir une tâche) et les émotions. Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC534695/">autres phases</a> de sommeil, au cours desquelles nous rêvons moins, sont importantes pour la consolidation des souvenirs épisodiques (les événements).</p>
<p>À mesure que la nuit avance, notre production de cortisol, <a href="https://psycnet.apa.org/record/2005-01907-021">l’hormone du stress</a>, augmente. On pense que la quantité de cortisol peut influencer le type de souvenirs que nous consolidons et peut-être le type de songes que nous faisons. Cela signifie que les rêves de fin de nuit ont tendance à être <a href="https://learnmem.cshlp.org/content/11/6/671.full.pdf">plus fragmentés ou bizarres</a>.</p>
<p>Les différents types de sommeil permettent de <a href="https://www.researchgate.net/profile/Jb-Eichenlaub/publication/313545620_Daily_Life_Experiences_in_Dreams_and_Sleep-Dependent_Memory_Consolidation/links/5c532b0ba6fdccd6b5d76270/Daily-Life-Experiences-in-Dreams-and-Sleep-Dependent-Memory-Consolidation.pdf">consolider</a> l’activité cérébrale utile de la journée et d’éliminer les informations de moindre importance.</p>
<h2>Pensées aléatoires, sentiments réorganisés</h2>
<p>Ce classement et cette élimination des activités de la journée se déroulent pendant que nous dormons. C’est pourquoi nous rêvons souvent de choses qui se sont produites <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0264574">pendant la journée</a>.</p>
<p>Parfois, lorsque les pensées et les sentiments sont réorganisés et jetés à la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3921176/">« poubelle »</a> pendant le sommeil, nous pouvons ressentir de la conscience. Des pensées et des sentiments aléatoires sont mélangés de façon insolite et merveilleuse. Le fait que nous ayons conscience de ce processus peut expliquer l’étrangeté de certains songes. Nos expériences diurnes peuvent aussi engendrer des cauchemars ou des rêves angoissants après un <a href="https://www.sleepfoundation.org/dreams/how-trauma-can-affect-dreams">événement traumatisant</a>.</p>
<p>Certains rêves semblent <a href="https://rai.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdfdirect/10.1111/j.1467-9655.2010.01668.x">prédire l’avenir ou sont porteurs d’un symbolisme fort</a>. Dans plusieurs sociétés, les rêves sont considérés comme une fenêtre sur une <a href="https://digitalcommons.ciis.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1050&context=ijts-transpersonalstudies">réalité alternative</a> où l’on peut envisager diverses possibilités.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/545460/original/file-20230830-29-3jrotm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les souvenirs peuvent être cimentés par les rêves et les cauchemars et les alimenter.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/assorted-photos-on-table-1989747/">Pexels/Suzy Hazelwood</a></span>
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<h2>Les rêves ont-ils un sens ?</h2>
<p>Nous avons une <a href="https://www.nature.com/articles/nrn2716">bonne compréhension</a> des aspects thermorégulateurs, moléculaires et neuronaux des rêves. Mais leurs aspects psychologiques et spirituels restent largement méconnus.</p>
<p>Notre cerveau est peut-être conçu pour essayer de donner un sens aux choses. Les sociétés humaines ont toujours interprété des phénomènes aléatoires – le vol des oiseaux, les feuilles de thé ou les planètes – et cherché leur signification. Presque toutes les sociétés humaines considéraient les rêves comme étant plus qu’un simple fonctionnement neuronal aléatoire.</p>
<p>L’histoire des sciences nous apprend que certains phénomènes que l’on croyait magiques peuvent être compris et maîtrisés par la suite, pour le meilleur et pour le pire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214607/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les rêves font fonctionner notre cerveau. Ils nettoient les pensées des événements de la journée. Ils peuvent même nous aider à imaginer ce qui est possible pendant nos heures de veille.Drew Dawson, Director, Appleton Institute, CQUniversity AustraliaMadeline Sprajcer, Lecturer in Psychology, CQUniversity AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1842152023-10-31T13:38:42Z2023-10-31T13:38:42ZPourquoi les maladies liées au stress sont-elles si difficiles à diagnostiquer et comment y pallier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/467297/original/file-20220606-15930-ycx7pi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4089%2C2023&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes souffrant de douleurs chroniques et inexpliquées sont souvent considérées comme des personnes qui se plaignent. Or, il peut être très difficile de bien diagnostiquer ce type de problèmes.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis au moins 30 ans, les chercheurs recueillent des preuves qui confirment que les maladies chroniques poussent le corps à s’adapter constamment afin de retrouver son équilibre physiologique. Ce processus est appelé <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/neuroscience/allostatic-load">charge allostatique</a> et provoque une cascade d’événements métaboliques toxiques qui exposent le corps à une forme d’usure.</p>
<p>Ainsi, la charge allostatique rend les personnes vulnérables à divers types de problèmes cardiaques, gastro-intestinaux, endocrinologiques, immunologiques, neurologiques, métaboliques et psychiatriques.</p>
<p>Des études montrent que le <a href="https://doi.org/10.1159/000510696">stress psychologique et économique a des répercussions sur la santé</a>. Cependant, les médecins et les intervenants du système de santé ne détiennent ni les outils ni les méthodes nécessaires pour intégrer ces facteurs sociaux et économiques dans leurs diagnostics et leurs soins préventifs.</p>
<p>À titre d’exemple, j’ai récemment appelé ma médecin pour lui parler de mystérieuses nouvelles douleurs. L’enquête et la prise de notes qui ont suivi auraient été d’une grande aide si je souffrais d’une infection ou d’une blessure particulière ou si mes résultats sanguins présentaient des anomalies. Or, mes symptômes sont apparus lentement et augmentaient en fréquence quand je vivais du stress lié à la Covid-19 et à mon travail.</p>
<p>Plus ma médecin me posait de questions pour savoir comment, où et quand ma douleur avait commencé, plus je me sentais coupable d’avoir une maladie indéfinissable. Quand j’ai voulu faire une blague en disant que tout ce dont j’avais besoin, c’était de passer un mois dans les Alpes avec Freud, elle m’a suggéré des antidépresseurs. « En effet, tout ceci est peut-être psychosomatique », ai-je reconnu non sans une certaine autodérision.</p>
<h2>La stigmatisation des douleurs inexpliquées</h2>
<p>Beaucoup trop de gens vivent de telles expériences. Les préjugés et les partis pris implicites contre les gens qui souffrent de douleurs chroniques et inexpliquées (<a href="https://doi.org/10.1503/cmaj.109-5553">plaignards, faux malades, dépendants aux médicaments</a>) sont <a href="http://dx.doi.org/10.1136/medhum-2016-011133">profondément ancrés</a>. Ces discriminations sont fondées sur le <a href="https://www.harpercollins.com/products/doing-harm-maya-dusenbery?variant=32208022110242">genre</a>. Elles sont aussi fondées sur la <a href="https://dx.doi.org/10.1016%2Fj.jpain.2010.12.002">race</a>.</p>
<p>Il est bien connu que le stress et les <a href="https://doi.org/10.1177%2F00333549141291S206">disparités sociales et économiques rendent les gens malades</a>, mais les médecins n’ont pas les outils nécessaires pour traiter ces causes pathologiques. Au mieux, ils pourront suggérer, en plus des médicaments, d’entreprendre une psychothérapie, ce qui <a href="https://doi.org/10.9778/cmajo.20190094">demeure un service inaccessible</a> et inabordable pour la plupart des gens. Notre système de soins de santé n’est pas non plus en mesure de traiter les <a href="https://doi.org/10.1177%2F1363461514557202">facteurs psychosociaux de la santé, des facteurs situationnels et culturels</a> pour lesquels une approche clinique ne suffit pas.</p>
<p>Par exemple, une <a href="https://doi.org/10.1016/j.ssmph.2020.100563">recherche sur la prescription d’analgésiques auprès de minorités ethniques</a> montre que la douleur des patients noirs n’est pas adéquatement traitée. Cela indique que les médecins manquent de confiance envers les patients qui souffrent déjà d’une forme de disparité socioéconomique. En 2020, la mort de Joyce Echaquan, qui a enduré des abus et de la douleur dans un hôpital québécois, <a href="https://www.atikamekwsipi.com/public/images/wbr/uploads/telechargement/Doc_Principe-de-Joyce.pdf">a rendu le problème d’inégalité en santé impossible à ignorer plus longtemps</a>.</p>
<h2>Les approches combatives engendrent des préjugés</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des images d’une femme présentant des points de douleur " src="https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466092/original/file-20220530-14-hrq6uo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Près de 20 pour cent des Canadiens souffrent de douleurs chroniques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Depuis la publication de la <a href="https://doi.org/10.1177/09677720221079826">première étude épidémiologique en 1662</a>, si ce n’est avant, nous essayons de prédire et de réduire au minimum les causes de mortalité. Nous utilisons la science et la technologie dans notre bataille contre les maladies et les invalidités. Une <a href="https://doi.org/10.2147/AMEP.S246658">vision structurelle particulière façonne notre culture médicale actuelle</a>. Notre approche est combative : nous luttons contre le cancer, la crise des opioïdes, la dépression, le diabète et les autres maladies.</p>
<p>Implicitement, les cultures combatives valorisent et récompensent les gagnants. En faisant l’éloge des héros (comme les <a href="https://www.cbc.ca/shortdocs/features/how-to-live-to-100-life-advice-from-centenarians">centenaires au mode de vie actif</a>), nous donnons implicitement aux gens qui échouent le statut de perdant. C’est ainsi que certains patients <a href="https://www.basicbooks.com/titles/arthur-kleinman/the-illness-narratives/9781541647121/">génèrent la honte et les préjugés associés aux maladies chroniques</a> et même au <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/A/bo3625122.html">vieillissement</a>.</p>
<p>Heureusement, un changement se fait sentir en <a href="https://doi.org/10.1016/S2214-109X(21)00301-6">justice épistémique</a> afin de reconnaître les pratiques culturellement appropriées et le savoir traditionnel, ce qui engendre l’émergence de pratiques de soins <a href="http://DOI.org/10.1007/978-3-319-39724-5_14">axées sur les patients</a>. <a href="https://doi.org/10.1186/s12939-021-01475-6">La gouvernance autochtone en décolonisation des soins de santé</a> devrait accélérer ces efforts. Pour que le système de soins de santé commence à agir en fonction de ces principes, <a href="http://doi.org/10.3389/fpain.2022.857624">il importe d’adopter des méthodologies de recherche plus flexibles, qualitatives et écologiques</a>.</p>
<h2>Le rôle du jeu</h2>
<p>En 1509, Érasme, un érudit de la Renaissance, explique dans <a href="https://www.gutenberg.org/files/30201/30201-h/30201-h.htm">« Éloge de la folie »</a> que le jeu est une nécessité existentielle qui aide les humains à composer avec l’inévitabilité de la vieillesse et de la mort grâce à la distraction et à l’insouciance (à la façon des enfants).</p>
<p>Différentes formes de jeu sont offertes par les <a href="http://doi.org/10.1002/9781119140467">thérapeutes</a> et les <a href="https://doi.org/10.1179/0969926013Z.00000000073">établissement de soins palliatifs</a> pour faciliter la communication en cas de maladie grave ou en phase terminale.</p>
<p>Dans <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/S/bo3620295.html">« Vers une écologie de l’esprit »</a> (1971), l’anthropologue Gregory Bateson propose le jeu comme espace expérimental de communication et « d’apprentissage basé sur l’apprentissage », où les gens peuvent simuler, interpréter et évaluer leurs choix dans un environnement encadré mais flexible.</p>
<p>Le jeu est en effet un outil de recherche bien connu, notamment dans les domaines de la <a href="https://www.worldcat.org/title/play-dreams-and-imitation-in-childhood/oclc/1156242941?loc=">psychologie du développement</a>, de l’<a href="https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674005815">anthropologie</a>, de <a href="https://doi.org/10.4324/9780203167403">l’économie</a> et des <a href="https://doi.org/10.7551/mitpress/7995.001.0001">stratégies militaires</a>.</p>
<p>Dans la cadre d’un <a href="https://www.ucl.ac.uk/pals/sites/pals/files/jama_insel_2017_vp_170119.pdf">effort mondial pour le suivi numérique et l’analyse des causes potentielles de maladies</a>, mes collègues de recherche et moi avons récemment suggéré que le <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyt.2021.746477">jeu offre une façon alternative</a> d’approcher la recherche et d’intervenir dans l’écosystème numérique.</p>
<h2>Prescrire le jeu</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femmes portant sarrau et stétoscope transporte un tapis de yoga" src="https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466116/original/file-20220530-18-pgcx65.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Imaginez si mon cadre de traitement était plus flexible et permettait à mon médecin de me prescrire des cours de yoga ou de m’aider à explorer un programme de pleine conscience.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>La douleur chronique touche <a href="https://www.canada.ca/en/health-canada/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2021.html">20 pour cent des gens</a>. Que faire s’il est impossible de « gagner » la bataille contre la douleur ? Souvent, les médicaments sont le remède le plus rapide et le moins coûteux, mais ils ne suffisent pas toujours et <a href="https://www.cdc.gov/drugoverdose/epidemic/index.html">leurs effets secondaires peuvent être désastreux</a>. Voilà pourquoi un consensus grandissant se dégage <a href="https://www.who.int/health-topics/traditional-complementary-and-integrative-medicine#tab=tab_2">auprès des membres de l’Organisation mondiale de la santé pour investir dans la recherche sur les soins alternatifs</a>.</p>
<p>Dans <a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/203913/homo-ludens-by-johan-huizinga/">« Homo ludens »</a>(1938), l’historien Johan Huizinga a démontré qu’il est dans la nature humaine de recourir au jeu pour imaginer des scénarios esthétiques ou des rituels qui donnent une signification différente aux gestes servant à répondre à nos besoins biologiques, comme s’abriter, s’alimenter et se protéger.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.3389/fpain.2022.895443">En effet, le jeu peut engendrer la création et les connaissances</a>. <a href="https://doi.org/10.2105 %2FAJPH.2008.156497">La thérapie par l’art ou l’écriture expressive</a> peuvent aider à comprendre et à contrôler les causes de la douleur.</p>
<p>Imaginez que, plutôt que de me demander de donner une note à l’intensité et à la fréquence de ma douleur, mon médecin me demandait <a href="https://journals.lww.com/psychosomaticmedicine/Abstract/1998/07000/Culture_and_Somatization__Clinical.6.aspx">d’utiliser une métaphore</a> et de lui expliquer ludiquement mes symptômes et mes besoins.</p>
<p>Imaginez si mon cadre de traitement était plus flexible et permettait à mon médecin de me <a href="https://doi.org/10.1177 %2F2156587217715927">prescrire des cours de yoga</a> ou de m’aider à <a href="https://doi.org/10.1007/s12160-016-9844-2">explorer un programme de pleine conscience</a>.</p>
<p>Imaginez si les cliniciens utilisaient le savoir autochtone pour améliorer l’expérience des patients <a href="https://doi.org/10.3389/fpain.2022.857624">(utiliser un langage approprié, laisser la place à la personne, créer un moment de partage, tirer des leçons, s’engager auprès du patient et explorer les solutions)</a>.</p>
<p>Imaginez si les responsables de la santé publique n’attendaient pas que le stress chronique rende la population sujette aux maladies, et investissaient plutôt dans des <a href="https://www.jstor.org/stable/24719525">politiques du bonheur comme celles des Pays-Bas, le pays d’Érasme et de Huizinga</a>.</p>
<h2>Transformer le jeu en action</h2>
<p>Quand le savoir et les soins font défaut (<a href="https://doi.org/10.3389/fpain.2022.889990">comme pour les femmes souffrant d’endométriose</a>), les médias sociaux deviennent un espace de génération du savoir. <a href="https://mitpress.mit.edu/books/coping-illness-digitally">Dans « Coping with Illness Digitally »</a>, Stephan Rains, chercheur en santé et communications numériques, souligne que les gens s’associent à des communautés qui offrent de l’information et des soins grâce à des expériences communes.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a illustré la capacité des médias sociaux à <a href="https://doi.org/10.2196/20550">générer des données</a> sur la gestion du stress. Toutefois, si nous devons être <a href="https://doi.org/10.1016/0361-3682(91)90019-B">régis par les chiffres</a>, nous avons besoin d’un terrain de jeu <a href="https://theconversation.com/the-covid-19-pandemic-pushed-social-media-to-become-increasingly-tribal-178775">qui mise sur la sécurité et non sur la surveillance passive</a>.</p>
<p>Dans un vrai terrain de jeu, les participants ne sont pas surveillés, mais s’engagent plutôt dans des activités génératrices de connaissances sur les facteurs de stress psychosociaux à l’origine de leurs symptômes pathologiques. Des plates-formes comme <a href="https://www.patientslikeme.com">« Patients Like Me »</a> permettent aux patients de partager leur histoire de maladie causée par le stress et leurs stratégies de prise en charge.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184215/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Najmeh Khalili-Mahani a reçu des fonds du FRQSC.</span></em></p>Les facteurs de stress peuvent affecter la santé, mais ni nos médecins ni notre système de santé ne disposent des outils nécessaires pour intégrer ces facteurs dans les diagnostics ou les soins.Najmeh Khalili-Mahani, Researcher, Director of Media-Health/Game-Clinic laboratory, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2136252023-10-24T14:20:09Z2023-10-24T14:20:09ZUne visite au musée, la nouvelle pilule bien-être ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554090/original/file-20231016-28-1a079n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C986%2C655&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Est-ce que le simple fait d'être en contact avec de l'art a des effets spécifiques ?</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Nous sommes samedi matin. Tasse de café à la main, à peine réveillé, votre regard se perd vers l’horizon. Il pleut. Vous venez de vous décider. Cet après-midi, pour vous, ce sera le musée.</p>
<p>Et si, sans le savoir, vous veniez de prendre une bonne décision pour votre santé ?</p>
<p>C’est l’hypothèse qu’a émis l’association des <a href="https://www.medecinsfrancophones.ca/a-propos/lassociation/">Médecins francophones du Canada</a> en 2018, en lançant le <a href="https://www.mbam.qc.ca/fr/actualites/prescriptions-museales/">programme de prescriptions muséales</a> en partenariat avec le Musée des beaux-arts de Montréal. Aujourd’hui terminé, ce projet a permis à des milliers de patients de recevoir une ordonnance de leur médecin pour une visite au musée, en solo ou accompagné. La prescription visait à favoriser le rétablissement et le bien-être de patients pouvant, par exemple, être atteints de maladie chronique (hypertension, diabète), neurologique, ou encore de trouble cognitif ou de santé mentale. Le choix de prescrire était laissé à la discrétion du médecin.</p>
<p>Cinq ans plus tard, cette initiative pionnière a fait des petits, et nous voyons aujourd’hui fleurir de plus en plus d’activités muséales bien-être allant du <a href="https://www.mnbaq.org/en/activity/museo-yoga-1211">muséo-yoga</a> aux <a href="https://www.mam.paris.fr/fr/contempler-meditation-guidee-en-ligne">méditations guidées</a> avec les œuvres d’arts, en passant par la pratique de la <a href="https://www.beaux-arts.ca/magazine/votre-collection/lart-de-la-contemplation-lente-une-peinture-de-jean-paul-riopelle">contemplation lente</a> ou <em>slow looking</em>. </p>
<p>Les offres ne manquent pas et font grandir en chacun la même conviction : l’art nous fait du bien.</p>
<h2>Au-delà de la première impression</h2>
<p>Ces initiatives ont récemment fait la manchette dans des médiats nationaux des deux bords de l’Atlantique, tant en <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/museotherapie-je-crois-que-nous-sommes-dans-un-moment-de-bouillonnement-2414180">France</a> qu’au <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/gravel-le-matin/segments/entrevue/90530/visite-gratuite-musee-beaux-arts-montreal-ordonnance-medecin-sante">Canada</a>, et gagnent en visibilité auprès du grand public. Comme une conséquence de cette popularité, on peut lire de plus en plus d’affirmations parlant de la visite au musée comme un « antistress puissant », un « remède miracle contre le stress », ou encore comme ayant des « effets incroyables ».</p>
<p>Enthousiasmant !</p>
<p>En bonne neuroscientifique, je ne peux toutefois m’empêcher de me demander pourquoi, au vu des extraordinaires effets relaxants annoncés, les foules ne se bousculent pas aux portes de nos musées quotidiennement. </p>
<p>Autant de raisons pour aller jeter un œil aux rapports et études scientifiques récemment publiés sur le sujet.</p>
<h2>L’art fait du bien ? De l’intuition à l’observation</h2>
<p>En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé publiait un épais rapport colligeant des éléments de preuve concernant le rôle des activités artistiques et culturelles <a href="https://apps.who.int/iris/handle/10665/329834">pour favoriser la santé et le bien-être</a>. De façon remarquable, les auteurs de ce rapport tentent de s’affranchir d’une vision unifiée des bienfaits de l’art qui, tel un remède de grand-mère, constituerait une solution universelle aux problèmes de santé. </p>
<p>A la place, ceux-ci encouragent de nouvelles approches plus précises et rigoureuses, orientées sur l’observation des réponses psychologiques, physiologiques ou encore comportementales induites par certaines composantes spécifiques de l’activité artistique (engagement esthétique, stimulation sensorielle, activité physique).</p>
<h2>Acteur ou spectateur ?</h2>
<p>La spécificité de la visite au musée est d’être une activité artistique dite réceptive – c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas ici de produire de l’art (peindre, dessiner, composer). Elle présente toutefois l’avantage d’être accessible et déjà bien ancrée dans nos habitudes collectives, ce qui en fait une bonne candidate pour la prévention en santé.</p>
<p>La question est alors de savoir s’il suffit d’être exposé à de l’art pour bénéficier de ses bienfaits. Autrement dit, est-ce que le simple fait d’être en contact avec de l’art a des effets spécifiques ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme dans un musée" src="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554091/original/file-20231016-15-yh6rw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Être exposé à l’art permettrait de vieillir en meilleure santé ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Des consommateurs de culture en meilleure santé</h2>
<p>Des recherches ont été conduites en Angleterre sur des échantillons de plusieurs milliers d’individus dont on a suivi les indicateurs de santé à long terme, et à qui on a demandé pendant 10 ans de rapporter leurs habitudes en <a href="https://www.elsa-project.ac.uk">termes d’activités culturelles et artistiques</a>.</p>
<p>Ces travaux montrent que les individus fréquentant régulièrement (tous les deux, trois mois et plus) les lieux de culture (théâtres, opéras, musées, galeries) présentent un risque de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/cultural-engagement-and-cognitive-reserve-museum-attendance-and-dementia-incidence-over-a-10year-period/0D5F792DD1842E97AEFAD1274CCCC9B9">démence</a> et de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6429253/">dépression</a> divisé par deux, et un risque de développer un <a href="https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/75/3/571/5280637">syndrome de fragilité gériatrique</a> (phénomène de déclin de la santé lié au vieillissement et associé à une perte de l’indépendance fonctionnelle) réduit d’environ 40 %.</p>
<p>Être exposé à l’art permettrait donc de vieillir en meilleure santé ?</p>
<p>Peut-être, mais il reste à confirmer que l’engagement culturel est la cause de l’amélioration des indicateurs de santé observés dans ces travaux. Pour cela, des études de cohorte et <a href="https://cihr-irsc.gc.ca/f/48952.html">essais cliniques contrôlés randomisés</a> sont nécessaires. Or, ce type d’étude est encore rare dans le domaine.</p>
<h2>À la recherche des principes actifs</h2>
<p>Par ailleurs, il reste une question, et de taille ! Celle du pourquoi… </p>
<p>Pourquoi l’art, et notamment l’art visuel, me ferait du bien. Qu’est ce qui se passe dans mon corps lorsque j’entre en contact avec une œuvre, comment ce contact me transforme et contribue à me maintenir en meilleure santé. Si tel est le cas.</p>
<p>C’est la question que s’est posée Mikaela Law chercheuse en psychologie à Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande, et ses collaborateurs en 2021. Ces chercheuses et chercheurs ont <a href="https://bmjopen.bmj.com/content/11/6/e043549.abstract">exploré la littérature scientifique</a> en quête d’études disponibles adressant la réponse physiologique aux arts visuels et son effet sur le stress rapporté par l’individu. </p>
<p>Certaines des études répertoriées dans ce travail montrent que le contact avec une œuvre est à même de diminuer la pression artérielle, la fréquence cardiaque et le cortisol sécrété dans la salive. De telles modifications traduisent une diminution de l’état de tension du corps, que l’on appelle aussi le stress. Un changement qui semble perçu par l’individu et se traduit par une diminution du stress dont il témoigne après l’exposition.</p>
<p>D’autres études, à l’inverse, n’observent rien. </p>
<p>Ainsi, si le contact avec l’art visuel est susceptible de provoquer la détente physique et psychologique du spectateur, celui-ci pourrait ne pas constituer une condition suffisante.</p>
<p>Cette conclusion nous invite donc à nuancer le discours et à approfondir la réflexion sur ce qui se passe au moment de la rencontre avec l’œuvre qui conditionne ses effets sur le psychisme de l’individu.</p>
<p>Aujourd’hui, nous sommes samedi…</p>
<p>Vous irez au musée c’est décidé. </p>
<p>Il est probable que cette décision soit une bonne décision pour votre santé. </p>
<p>Il est également probable que cela dépende du musée et de la façon dont vous visiterez. </p>
<p>Une chose est certaine par contre, c’est que vous augmentez fortement vos chances de passer une agréable journée !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213625/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emma DUPUY travaille en partenariat avec le musée des beaux-arts de Montréal et a reçu des financements de MITACs, de l'Université de Montréal, et des Fonds de Recherche du Québec.</span></em></p>Une visite au musée pour lutter contre la grisaille mentale ? Voici ce qu’en dit la science.Emma Dupuy, Postdoctoral researcher, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2159372023-10-23T13:31:18Z2023-10-23T13:31:18ZLe stress induit par les changements climatiques modifie la reproduction des poissons<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/554536/original/file-20231012-25-y5pqrb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C11784%2C6723&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La hausse des températures n'est pas seulement directement mortelle pour les poissons, mais elle entraîne également des déséquilibres hormonaux qui menacent des populations entières.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Jonathan Munera L.)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>En <a href="https://doi.org/10.1126/science.213.4507.577">1981, des scientifiques ont découvert que les poissons femelles exposés à des températures élevées développaient des testicules au lieu d’ovaires</a>. Depuis, plus de 1 100 études sur différentes espèces animales, dont 400 sur des poissons d’eau douce, ont donné des résultats similaires.</p>
<p>Cela soulève plusieurs questions.</p>
<p>Pourquoi ce phénomène se produit-il ? Comment peut-on l’expliquer ? Est-ce que cela nuit aux populations de poissons à long terme ? Nos recherches ont montré qu’un facteur clé expliquant ce phénomène est la surproduction d’hormones de stress causée par des températures plus élevées.</p>
<h2>Pas le temps de s’adapter</h2>
<p>Les organes reproducteurs des poissons sont très malléables aux changements environnementaux, car contrairement aux mammifères, <a href="https://doi.org/10.1016/S0044-8486(02)00057-1">ils ont des structures plus simples</a>. Si bien que même de légers changements des conditions de l’eau peuvent avoir un impact direct et significatif sur le <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-019-1132-4">métabolisme et la physiologie des poissons</a>.</p>
<p>Les poissons utilisent cette plasticité à leur avantage en utilisant les signaux environnementaux pour <a href="https://doi.org/10.1007/s00018-020-03532-9">modifier leur succès de reproduction selon les conditions saisonnières</a>. Par exemple, plusieurs espèces de poissons, comme <a href="https://www.alberta.ca/lake-sturgeon">l’esturgeon jaune, se reproduisent au printemps en raison des températures plus chaudes de l’eau</a>.</p>
<p>Cependant, des changements environnementaux soudains provoqués par le changement climatique, par exemple, affectent considérablement les populations de poissons et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2880135/pdf/rstb20100055.pdf">poussent certaines d’entre elles à se déplacer vers des habitats de reproduction plus adaptés</a>.</p>
<h2>La température peut changer les poissons femelles en mâles</h2>
<p>L’étude de la façon dont les poissons femelles deviennent mâles (ou se masculinisent) en raison du changement de température a conduit à une avancée significative. Lorsque les poissons sont exposés à des températures en dehors de leur plage normale, ils deviennent stressés et présentent un niveau élevé de l’<a href="https://my.clevelandclinic.org/health/articles/22187-cortisol">hormone de stress appelée cortisol</a>. C’est le cas de plusieurs espèces de poissons, comme le <a href="https://doi.org/10.1111/j.1095-8649.2010.02780.x">Silverside argentin</a>, le <a href="https://doi.org/10.1159/000100035">medaka</a> et <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1609411114">poisson-zèbre</a>.</p>
<p>Il est intéressant de noter que la même enzyme qui génère le cortisol est également responsable de la production l’hormone mâle la plus puissante chez le poisson, appelée la <a href="https://doi.org/10.1210/jc.2016-2311">11-cétotestostérone</a>. Le rôle de cette hormone mâle est de déclencher le développement des caractéristiques sexuelles masculines chez les poissons.</p>
<p>Si les poissons subissent un stress – c’est-à-dire une augmentation du cortisol – dû à des températures élevées, cela peut perturber l’équilibre hormonal des larves de poissons et entraîner le développement de testicules. La surproduction d’androgènes entraîne le développement d’un plus grand nombre de mâles que de femelles sous des températures élevées.</p>
<h2>Pas seulement le stress</h2>
<p>En <a href="https://doi.org/10.1242/dev.172866">2019</a>, notre groupe de recherche a démontré que le blocage des récepteurs de stress grâce à des <a href="https://www.nih.gov/news-events/gene-%C3%A9dition-dossier-de-presse-num%C3%A9rique">outils d’édition génétique</a> a complètement supprimé la masculinisation des poissons induite par les températures élevées. Ces résultats révèlent, pour la première fois, que le cerveau agit comme un moteur de la masculinisation induite par le stress thermique.</p>
<p>Dans notre nouvelle étude publiée dans <a href="https://doi.org/10.1007/s00018-023-04913-6"><em>Cellular and Molecular Life Sciences</em></a> en 2023, nous avons en outre démontré que les hormones thyroïdiennes, en plus des hormones de stress, sont impliquées dans la masculinisation des poissons. Une fois de plus, grâce à l’édition génétique, nous avons pu bloquer les récepteurs du stress et démontrer que la voie des hormones thyroïdiennes est affectée lorsque les poissons subissent un stress.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux larves de poisson vues en gros plan" src="https://images.theconversation.com/files/553544/original/file-20231012-25-xn0fir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553544/original/file-20231012-25-xn0fir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553544/original/file-20231012-25-xn0fir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553544/original/file-20231012-25-xn0fir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553544/original/file-20231012-25-xn0fir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553544/original/file-20231012-25-xn0fir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553544/original/file-20231012-25-xn0fir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les larves de l’espèce de poisson Centrarchid. Le réchauffement des températures amène les larves de poisson à développer de manière disproportionnée les organes sexuels mâles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Wikimedia)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il a été observé que lorsque la production de cortisol et des hormones thyroïdiennes était supprimée par l’utilisation combinée de certains médicaments chimiques, aucune femelle n’était masculinisée. Comprendre les mécanismes moléculaires qui expliquent la détermination du sexe des poissons permet de prédire comment la température induite par les changements climatiques peut affecter les populations de poissons à l’avenir.</p>
<h2>Le rôle de la pollution</h2>
<p>Plusieurs contaminants environnementaux, comme les pesticides et les plastifiants, sont connus pour <a href="https://doi.org/10.1016/j.envres.2022.112849">perturber l’équilibre hormonal chez les animaux</a>. Ces contaminants – connus sous le nom de perturbateurs endocriniens – <a href="https://doi.org/10.1016/j.envres.2021.112584">peuvent conduire au développement anormal des organes sexuels chez les poissons</a>.</p>
<p>Avec les changements climatiques, les facteurs environnementaux qui affectent le développement sexuel constituent désormais un enjeu majeur. Dernièrement, les températures ont fluctué considérablement dépassant la plage acceptable pour la plupart des espèces de poissons. De tels changements provoquent des températures élevées, une acidification et une hypoxie <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2011.0529">qui peuvent altérer les ratios naturels du sexe des poissons</a> en faveur des mâles, et même générer des populations de poissons exclusivement mâles.</p>
<p>Dans les rivières et les lacs, les événements interannuels tels qu’El Niño ou El Niña peuvent également être modifiés par les changements climatiques, ce qui peut provoquer d’importantes périodes d’inondation ou de sécheresse. Cela peut exacerber le stress exercé sur les poissons. De surcroît, un nombre trop faible de femelles dans une population de poissons peut provoquer son effondrement, avec des conséquences désastreuses sur la biodiversité pour tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215937/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie S. Langlois a reçu des financements du Programme des Chaires de recherche du Canada pour mener ces travaux.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Diana Castañeda-Cortés a reçu un financement de la bourse de doctorat du CONICET, Conseil national de la recherche argentin, 2015-2020.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Juan Ignacio Fernandino a reçu un financement de l'Agence nationale argentine pour la promotion de la science et de la technologie (AGENCIA).</span></em></p>Les changements climatiques entraînent des niveaux de stress plus élevés chez les poissons, et les déséquilibres hormonaux qui en résultent peuvent modifier des populations entières.Valérie S. Langlois, Professor/Professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Diana Castañeda-Cortés, Postdoctoral, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Juan Ignacio Fernandino, Associate research scientist, Developmental Biology Laboratory, Instituto Tecnológico de Chascomús (CONICET-UNSAM), Universidad Nacional de San MartínLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2109422023-10-07T11:00:12Z2023-10-07T11:00:12ZAnalyser le sang des poissons pour déterminer leur état de santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551777/original/file-20231003-21-bibw4p.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=30%2C12%2C3995%2C3005&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'industrialisation de la pêche et les changements de l'environnement ont amené beaucoup de problématiques sur la gestion de nos pêches.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Fanny Fronton)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le golfe du Saint-Laurent est une ressource inestimable pour le Canada. Les pêcheries de poissons et de crustacés y ont débuté au XVI<sup>e</sup> siècle, et demeurent, encore aujourd’hui, une source de revenus essentielle pour plusieurs communautés, comme celles de la Côte-Nord, de la Gaspésie ou des Îles-de-la-Madeleine. </p>
<p>Par exemple, aux <a href="https://publications.gc.ca/collections/collection_2019/mpo-dfo/Fs124-10-2018-fra.pdf">Îles-de-la-Madeleine</a>, près de 1 800 emplois (sur 12 500 habitants) étaient liés à la pêche en 2015. </p>
<p>Mais l’industrialisation de la pêche et les changements de l’environnement ont amené beaucoup de problématiques sur la gestion de nos pêches. L’abondance des différentes espèces de poissons dans le golfe a beaucoup fluctué dans les 20 dernières années. </p>
<p>Notamment, le nombre de flétans du Groenland a diminué drastiquement. Et même son de cloche du côté du turbot. Cette année, les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1995066/fletan-groenland-turbot-peche-declin-rarete">débarquements</a> sont six fois plus bas pour les pêcheurs par rapport à l’année dernière. </p>
<p>Mais d’autres espèces profitent de la situation. C’est le cas du flétan de l’Atlantique, qui accuse des niveaux record aujourd’hui. </p>
<p>À quoi sont dus ces changements ? Et peut-on les prédire ?</p>
<p>Doctorante en biologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), je tente d’apporter des pistes de réponses à ces questions dans le cadre de mes travaux de recherche.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
<hr>
<h2>Une nouvelle technique de suivi de l’état de santé</h2>
<p>Les moyens permettant d’étudier l’état de santé d’un poisson – à l’échelle de l’individu – sont limités. D’une part, on peut calculer des indices à partir du poids et de la taille des individus. Mais ces derniers sont trop vagues et peu informatifs. </p>
<p>D’autre part, les biopsies effectuées sur les tissus des poissons, qui consistent à prendre une partie de leur muscle ou de leurs organes, impliquent une logistique coûteuse et complexe. Mine de rien, il faut aller récolter des échantillons en pleine mer et les ramener jusqu’au laboratoire ! Et c’est sans parler des considérations éthiques, puisqu’évidemment, le poisson doit être sacrifié.</p>
<p>De plus, ces méthodes sont peu sensibles pour détecter les stress induits par les changements environnementaux. Ils ne permettent pas non plus de détecter efficacement ces stress à des stades précoces, c’est-à-dire bien avant que les effets se manifestent. </p>
<p>Pourtant, dans un contexte où l’abondance de certaines espèces décline rapidement, une analyse de leur état de santé globale est nécessaire. Heureusement, un nouvel outil est en cours de développement : le <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-023-32690-6">microbiome circulant</a>. </p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="virus dans le sang" src="https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551779/original/file-20231003-15-6ou9xh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">On pense souvent, à tort, que le sang est stérile.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Une pratique méconnue</h2>
<p>Le microbiome circulant est un biomarqueur, soit un signal d’alarme qu’on peut détecter chez les poissons avant même que leur santé ne commence à dégrader. Un bon biomarqueur est sensible, facile à échantillonner et peu coûteux. </p>
<p>L’analyse du microbiome circulant, constitué de l’ADN des bactéries que l’on retrouve dans le sang, est directement inspirée de <a href="https://theconversation.com/ladn-circulant-une-nouvelle-arme-simple-et-rapide-dans-le-diagnostic-et-le-suivi-des-cancers-206786">ce qui est réalisé en médecine chez l’humain</a>. Et il regorge d’informations. </p>
<p>Il permet notamment de détecter des anomalies découlant de l’effet d’un facteur de stress sur l’organisme ou du développement d’une maladie. </p>
<p>Des changements de l’environnement sont aussi détectables à partir de l’étude du microbiome circulant. Mais ici émerge un problème majeur – un poisson, ce n’est pas un humain. L’humain est tellement étudié, que les connaissances sur sa santé pavent la voie à un nombre infini de recherches. Or, l’échantillonnage du sang des poissons n’est pas une pratique courante. Tout reste donc à faire pour estimer leur santé. </p>
<p>L’analyse du microbiome circulant chez le poisson n’ayant jamais été étudiée auparavant, nous avons beaucoup de pain sur la planche afin de mettre la technique au point.</p>
<h2>Des traces de bactéries dans le sang ?</h2>
<p>Comme le sang circule dans tout l’organisme, il est notamment en contact avec des bactéries qui composent les autres microbiomes (intestinal, oral, dermique). Tant chez le poisson que chez l’humain, ces derniers sont essentiels à la bonne santé. </p>
<p>Lorsqu’on analyse l’ADN bactérien dans le sang, il est donc possible de retrouver des bactéries de l’intestin, de la bouche, ou de la peau. Mais l’hypothèse que ce soient des bactéries propres au sang ne peut pas non plus être totalement écartée. </p>
<p>Alors que certains croient que le sang est stérile, et donc qu’il ne contient aucune bactérie, on sait depuis les années 70 que cette hypothèse est fausse – elle a même été confirmée <a href="https://doi.org/10.1128/jcm.39.5.1956-1959.2001">dans les années 2000 par des études génomiques</a>. Il se pourrait même que le microbiologiste hollandais Antonie Van Leeuwenhoek ait observé des bactéries dans le sang de saumon en <a href="https://doi.org/10.3389/fcimb.2019.00148">1674 au microscope</a>. </p>
<p>Aujourd’hui, on peut analyser ces bactéries en détail en ciblant un gène bactérien bien particulier, le gène de l’ARN ribosomal 16S. Présent chez toutes les bactéries du monde, ce gène varie légèrement d’une espèce à une autre. Il permet ainsi d’identifier et d’analyser la biodiversité du microbiome. </p>
<h2>Je mange, donc je suis</h2>
<p>Nos travaux récents ont permis de caractériser, pour la première fois, les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-023-32690-6">microbiomes circulant du turbot et du flétan</a>. Nous avons notamment démontré que les deux espèces de poissons ont des microbiomes circulants dominés par la présence des espèces <em>Pseudoalteromonas</em> et <em>Psychrobacter</em>. Ces bactéries sont connues pour coloniser les milieux froids, par exemple le fond du Saint-Laurent qui avoisine les 5 °C. Elles sont également connues pour produire des composés bioactifs (des antibactériens et des antifongiques). Elles sont plus tenaces que les autres bactéries. </p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="personne avec des gants bleus tient un poisson" src="https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551768/original/file-20231003-29-qhulgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Flétan du Groenland.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Fanny Fronton)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Cependant, on observe des différences entre les deux espèces. Le turbot a plus de bactéries appelées <em>Vibrio</em>, dont certaines métabolisent la chitine, molécule qui compose les carapaces d’invertébrés dont il se nourrit. Le flétan, quant à lui, présente davantage de bactéries <em>Acinetobacter</em>, typique de régimes piscivores dans les microbiomes intestinaux. Le microbiome circulant chez ces deux espèces de poissons semble donc influencé par les bactéries de l’intestin, comme c’est le cas chez l’humain. On pourrait donc potentiellement lier un microbiome sanguin au régime alimentaire du poisson, qui est souvent difficile à estimer. </p>
<h2>Une technique embryonnaire, mais prometteuse</h2>
<p>Cette première cartographie bactérienne du sang de ces deux espèces reflète donc probablement leur microbiome intestinal respectif. À partir de cette caractérisation, une simple détection d’une variation de la composition des bactéries pourrait être reliée à un stress, à un changement de l’environnement ou à un changement physiologique de l’animal. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="bande dessinée" src="https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=907&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=907&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=907&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540859/original/file-20230802-23891-ctgz3u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Bande dessinée illustrant le principe de l’analyse du microbiome circulant.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Fanny Fronton)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Par exemple, on sait que chez l’humain, la perte d’<em>Actinobacteria</em> dans le microbiome circulant est associée à une <a href="https://doi.org/10.3389/fcimb.2018.00005">pancréatite</a> aiguë sévère. Et des exemples comme celui-ci, il en existe des dizaines chez l’humain.</p>
<p>Cette étude, issue d’une collaboration entre des chercheurs universitaires de l’INRS, de l’Université du Québec à Rimouski et le ministère Pêches et Océans Canada, donne un petit aperçu du potentiel informatif qu’offriraient les microbiomes sanguins des poissons de notre golfe. </p>
<p>Des recherches plus poussées permettront d’estimer leur santé, et de mieux prédire l’évolution de leur population. L’effondrement dramatique du stock de la morue des années 80 a beaucoup marqué les pêcheurs. Plusieurs d’entre eux redoutent même que cette situation se reproduise avec une autre espèce. Comme le turbot reste une espèce à risque, il est primordial d’assurer une meilleure gestion des espèces du Saint-Laurent. </p>
<p>Ce n’est qu’en peaufinant nos techniques d’analyse et en approfondissant nos connaissances scientifiques que l’on pourra éviter que ce type d’effondrement ne se reproduise dans le futur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210942/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanny Fronton a reçu des financements de la Bourse Armand Frappier. </span></em></p>Non, le sang n’est pas stérile. Et analyser les bactéries qui s’y trouvent pourrait permettre d’évaluer la santé des poissons et d’éviter l’effondrement de leurs populations.Fanny Fronton, Doctorante en Écologie halieutique et biologie moléculaire, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2136232023-09-18T10:24:52Z2023-09-18T10:24:52Z« C’est mon bureau ! » : comment le bruit au travail nous conduit à vouloir défendre notre territoire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548500/original/file-20230915-23-gwy97g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C19%2C1145%2C831&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les liens entre niveaux de bruit et stress ont été largement documentés.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/businessman-man-person-people-7640829/">Pexels/Yan Krukau</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Qu’il s’agisse de collègues discutant de leur week-end ou de conversations téléphoniques intenses, d’alertes par courrier électronique ou de tapotements bruyants sur les claviers, les preuves que les bureaux en « <a href="https://theconversation.com/topics/open-spaces-86767"><em>open-space</em></a> » nuisent à notre bien-être ne cessent de s’accumuler. La relation entre les niveaux de <a href="https://theconversation.com/topics/bruit-29162">bruit</a> et les signes physiologiques de <a href="https://theconversation.com/topics/stress-20136">stress</a>, tels que le <a href="https://theconversation.com/open-plan-office-noise-increases-stress-and-worsens-mood-weve-measured-the-effects-162843">rythme cardiaque</a>, a été bien documentée.</p>
<p>Ce stress peut également se manifester par des actions inconscientes visant à reprendre le contrôle. Et si certains de ces comportements sont thérapeutiques et bénins, d’autres sont plus toxiques.</p>
<p>Nos <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296322009109">recherches</a> montrent notamment que le bruit dans les bureaux augmente la probabilité que les gens veuillent récupérer leur espace personnel par des comportements territoriaux. Il peut s’agir de créer une « frontière » psychologique et physique autour de leur espace de travail à l’aide de plantes en pot, ou de chercher à marquer l’espace comme étant le leur à l’aide de photos et d’autres objets personnels.</p>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/L_-9kqbijig?si=JLyOqOIvEohr5TE_&start=83" title="YouTube video player" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen=""></iframe>
<p>L’encombrement de votre table dans l’open-space peut ainsi être un signe de stress dû au bruit. Celui-ci est également associé à des sentiments négatifs tels que la frustration et la colère, ainsi qu’à des comportements antisociaux tels que le retrait social et (dans une moindre mesure) le désaccord avec les collègues.</p>
<h2>Une analyse de journaux personnels</h2>
<p>Notre étude a impliqué 71 participants, travaillant dans des bureaux avec différents niveaux d’intimité dans quatre zones différentes d’une université. Pendant dix jours ouvrables, chaque participant a tenu un journal dans lequel il a consigné sa perception des niveaux de bruit et son ressenti deux fois par jour (en milieu de matinée et en milieu d’après-midi). On parle de « méthodes du journal personnel » dans le monde de la recherche (« diary methods »). Elles sont utilisées par les chercheurs en psychologie, en comportement organisationnel et en marketing pour étudier et comprendre les changements d’attitude et de comportement à long terme.</p>
<p>Pour mesurer la perception du bruit au bureau, nous avons demandé aux participants de noter, sur une échelle de 1 à 7, leur adéquation à des affirmations telles que « Je suis dérangé par les bruits du téléphone » et « Je suis dérangé par les machines de bureau » (1 équivalant à « pas du tout d’accord » et 7 à « tout à fait d’accord »). Pour mesurer leur humeur et leur comportement, les participants ont ensuite évalué également sur une échelle de sept points des affirmations telles que :</p>
<ul>
<li><p>Ce qui se passe autour de moi en ce moment est une expérience frustrante ;</p></li>
<li><p>Je me sens en colère à cause de ce qui se passe autour de moi ;</p></li>
<li><p>J’ai envie de m’isoler de mes collègues de travail ;</p></li>
<li><p>Je veux être laissé seul sur mon lieu de travail ;</p></li>
<li><p>J’ai des désaccords d’idées avec un collègue ;</p></li>
<li><p>Je crée une frontière autour de mon espace de travail ;</p></li>
<li><p>Je décore mon espace comme je le souhaite.</p></li>
</ul>
<h2>Marquer son territoire</h2>
<p>Nous avons ensuite utilisé des techniques statistiques pour évaluer la force du lien entre le bruit, les sentiments négatifs et les comportements mentionnés ci-dessus. Un lien modérément significatif apparaît entre le bruit au bureau et les sentiments de frustration, de colère et d’anxiété. Nous avons également constaté que les personnes travaillant dans des bureaux bruyants sont plus susceptibles de se retirer psychologiquement de leur travail, par exemple en prenant des pauses plus longues que celles autorisées, en consacrant leur temps de travail à des questions personnelles ou en surfant sur Internet. Nous avons également constaté un lien, néanmoins plus faible, entre le bruit des bureaux et les conflits ou les désaccords entre collègues, qu’ils soient liés ou non au travail.</p>
<p>Le lien entre le bruit au bureau et les comportements territoriaux apparaît plus nuancé, car si les sentiments de colère ou d’agacement peuvent être fugaces, il faut du temps et de la planification pour ajouter une plante en pot ou une photo encadrée à son bureau afin de délimiter son territoire. En d’autres termes, le fait que votre collègue parle fort de football au téléphone peut vous agacer, mais cela ne vous incitera pas à décorer immédiatement votre bureau avec des photos de votre chat.</p>
<p>Cependant, nous avons constaté que pour chaque augmentation d’un point (sur une échelle de sept points) de la colère, de la frustration ou de l’anxiété subie par les participants à notre enquête, la probabilité qu’ils adoptent des comportements territoriaux sur leur lieu de travail était multipliée par plus de trois.</p>
<p>En résumé, nous avons constaté que les lieux de travail plus bruyants sont plus susceptibles de mettre les travailleurs de mauvaise humeur et qu’au fil du temps, ces émotions négatives sont associées à une plus grande territorialité. Il n’est sans doute pas surprenant de constater que ces effets sont plus marqués dans les espaces à faible confidentialité, tels que les bureaux en open-space, et moins perceptibles dans les environnements plus petits et plus privés, tels que les bureaux occupés par une seule personne.</p>
<h2>Pourquoi en priver les salariés ?</h2>
<p>Les travailleurs personnalisent leur espace de travail en y ajoutant des photos certes parce qu’elles sont agréables, mais aussi car elles sont reflet de leur identité. Ils apportent ainsi leur « moi complet » au travail, ce qui est censé accroître leur satisfaction et leur bien-être et, par-delà, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0272494499901664">celui de l’organisation</a>.</p>
<p>La personnalisation semble revêtir un caractère <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272494499901664">plus important pour les femmes</a> que pour les hommes, qui s’approprient leur espace avec des éléments différents. Celles-ci sont plus enclines à exposer des objets tels que des photos et des lettres d’amis et de membres de la famille, tandis que les hommes ont tendance à personnaliser leur espace avec des bibelots liés au sport et aux divertissements.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Nous sommes des créatures émotionnelles qui ont besoin de se distinguer, de s’identifier, de contrôler et d’appartenir à un groupe. Ce besoin ne disparaît pas lorsque nous allons au travail. Le sentiment d’appropriation psychologique de son lieu de travail et de son travail est associé à une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/job.249">plus grande satisfaction au travail</a> et à un engagement organisationnel accru. Cela explique pourquoi, dans un bureau où les postes ne sont pas attribués ( <a href="https://www.wework.com/fr-FR/ideas/workspace-solutions/what-is-hot-desking">« hot-desk »</a>), la plupart des salariés ont tendance à revenir quotidiennement au même espace de travail.</p>
<p>Les entreprises qui imposent des règles strictes concernant les objets personnels dans les open-spaces, ou qui demandent aux travailleurs de laisser l’espace libre à la fin de la journée, risquent fort de les priver d’un moyen simple de se mettre à l’aise. Ce faisant, ils peuvent même nuire au bien-être et à la productivité de leur organisation. Les employeurs qui insistent pour que les travailleurs retournent au bureau semblent ainsi devoir mettre en balance les gains de productivité perçus et les preuves que des bureaux bruyants rendent les employés plus grincheux, plus frustrés et plus susceptibles d’ériger des murs – au sens propre comme au sens figuré.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213623/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oluremi (Remi) Ayoko a reçu des financements du Australian Research Council. </span></em></p>Marquer qu’un espace de travail est le sien avec une plante ou des photos est un moyen de composer avec le stress généré par le bruit d’un open-space. Pourquoi donc vouloir en priver ses salariés ?Oluremi (Remi) Ayoko, Associate Professor of Management, The University of QueenslandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2009522023-08-30T13:11:27Z2023-08-30T13:11:27ZLes troubles de l’alimentation peuvent causer la mort : de quoi s’agit-il, qui est à risque et que peut-on faire ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/516077/original/file-20230317-20-pfk0m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C992%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Chaque année, plus de 100 000 Canadiens reçoivent un diagnostic de trouble de l’alimentation.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les troubles de l’alimentation tels qu’anorexie, boulimie et hyperphagie boulimique entraînent des risques graves pour la santé et peuvent représenter un danger pour la vie. Ils sont <a href="https://www.doi.org/10.1037/0021-843X.116.2.422">fréquents</a>, surtout chez les adolescentes.</p>
<p>Chaque année, <a href="https://www.doi.org/10.1097/YCO.0000000000000739">plus de 100 000 Canadiens</a> de 15 ans et plus reçoivent un diagnostic de trouble de l’alimentation. Ce trouble apparaît généralement chez des personnes âgées de <a href="https://doi.org/10.1016/j.chc.2014.08.003">14 à 19 ans</a> et se trouve au troisième rang des maladies chroniques en termes de fréquence chez les adolescents.</p>
<p>C’est également à l’adolescence que les troubles de l’alimentation ont le plus d’effets négatifs sur la santé. En Amérique du Nord, <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(09)61748-7">5 % de la population</a> souffrira d’un trouble alimentaire au cours de sa vie, mais peu de gens cherchent à se faire soigner. La prévalence de ces troubles et les difficultés à obtenir de l’aide mettent en évidence la nécessité d’accroître la sensibilisation et de <a href="https://doi.org/10.3390%2Fnu13082834">combattre la stigmatisation</a>.</p>
<h2>Causes et facteurs de risque</h2>
<p>Le sexe est le principal facteur de risque des troubles alimentaires. Ceux-ci sont <a href="https://www.doi.org/10.1037/0003-066X.62.3.181">dix fois plus fréquents</a> chez les femmes que chez les hommes. Toutefois, des facteurs génétiques, biologiques, psychologiques et culturels peuvent également influencer l’évolution du trouble de l’alimentation.</p>
<ul>
<li><strong>Génétique :</strong></li>
</ul>
<p><a href="https://doi.org/10.1038/npp.2011.108">Des gènes ont été associés</a> à l’anorexie et à la boulimie, et des études sur des jumeaux indiquent que les troubles alimentaires sont à forte composante héréditaire, avec des taux estimés de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3010958/">50 % à 83 %</a>. Le risque d’hériter d’un trouble du comportement alimentaire est plus élevé si la mère a été <a href="https://www.doi.org/10.1001/archpsyc.63.1.82">exposée à des facteurs de stress ou à des complications</a> peu avant ou après la naissance.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une icône de femme découpée en papier se reflète beaucoup plus grande dans un miroir" src="https://images.theconversation.com/files/512745/original/file-20230228-2070-jyl1wo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512745/original/file-20230228-2070-jyl1wo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512745/original/file-20230228-2070-jyl1wo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512745/original/file-20230228-2070-jyl1wo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512745/original/file-20230228-2070-jyl1wo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512745/original/file-20230228-2070-jyl1wo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512745/original/file-20230228-2070-jyl1wo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les personnes souffrant de dysmorphie corporelle (obsédées par les défauts perçus de leur corps) courent un risque accru de développer des troubles alimentaires.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><strong>Biologie :</strong> </li>
</ul>
<p>Des <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(09)61748-7">facteurs biologiques</a>, tels que des anomalies de la structure ou de la chimie du cerveau, peuvent être à l’origine de troubles alimentaires. Un cinquième des personnes anorexiques sont atteintes de troubles du développement tels qu’autisme ou TDAH. Des troubles de l’humeur tels que la dépression ou l’anxiété sont associés à l’hyperphagie boulimique et à la boulimie.</p>
<ul>
<li><strong>Psychologie :</strong> </li>
</ul>
<p>Les troubles de l’alimentation sont plus fréquents chez les personnes perfectionnistes, qui ont des tendances obsessionnelles compulsives, des stratégies d’adaptation évitantes et qui souffrent d’anxiété. Les personnes qui ont beaucoup d’émotions négatives, une faible estime de soi et qui <a href="https://doi.org/10.1002/eat.22300">s’inquiètent beaucoup ou se focalisent sur leurs problèmes</a> risquent de souffrir de troubles de l’alimentation, tout comme les personnes dépendantes et vulnérables à l’échec. Les personnes avec une dysmorphie corporelle (obsédées par les défauts perçus de leur corps) sont également susceptibles de développer des troubles alimentaires.</p>
<ul>
<li><strong>Société et culture :</strong> </li>
</ul>
<p>Les troubles alimentaires sont plus fréquents dans les <a href="https://doi.org/10.1111/j.1460-2466.2000.tb02856.x">cultures qui valorisent la minceur</a>. <a href="https://doi.org/10.1002/eat.22459">Les sociétés dont les idéaux corporels</a> sont irréalistes (en termes de forme et de taille) encouragent les gens à comparer défavorablement leur corps à celui des autres et à avoir une mauvaise estime de soi. Ces sociétés promeuvent une culture de la critique et de l’intimidation en matière de poids. <a href="https://doi.org/10.1002/(SICI)1099-0968(199712)5:4%3C270::AID-ERV212%3E3.0.CO;2-3">La maltraitance, la négligence ou toute forme d’adversité</a> augmentent le risque de développer un trouble de l’alimentation.</p>
<p>Les troubles alimentaires ont tendance à s’autoentretenir. Ils modifient la perception de la nourriture et du corps. De plus, la privation de nourriture rétrécit le cerveau et provoque des problèmes tels que rigidité, dysrégulation émotionnelle et difficultés sociales qui perpétuent la maladie. Les effets du manque de nourriture sont particulièrement exacerbés à l’adolescence, car il s’agit d’une période de croissance et de vulnérabilité.</p>
<h2>Effets sur la santé</h2>
<p>Les troubles alimentaires sont chroniques, éprouvants et ils nuisent à la capacité de fonctionner. Ils <a href="https://doi.org/10.1002/eat.22105">augmentent les risques</a> de dépression, de trouble anxieux, de trouble obsessionnel compulsif, de trouble de la personnalité, de toxicomanie, de morbidité et d’obésité future.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Emballages vides de bonbons et de snacks" src="https://images.theconversation.com/files/512746/original/file-20230228-22-fwrcra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512746/original/file-20230228-22-fwrcra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512746/original/file-20230228-22-fwrcra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512746/original/file-20230228-22-fwrcra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512746/original/file-20230228-22-fwrcra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512746/original/file-20230228-22-fwrcra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512746/original/file-20230228-22-fwrcra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les personnes avec une hyperphagie boulimique sont souvent stigmatisées à cause de leur poids, risquent de connaître d’importantes variations de poids, de souffrir d’obésité clinique et de dépression.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Les personnes atteintes de troubles alimentaires courent <a href="https://doi.org/10.1016/j.psychres.2014.05.002">six fois plus de risques</a> de mourir que la population générale et <a href="https://doi.org/10.1016/j.genhosppsych.2014.01.002">cinq fois plus de risques</a> de faire une tentative de suicide. En fait, l’anorexie a un <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/1107207">taux de mortalité particulièrement élevé par rapport à d’autres maladies psychiatriques</a>.</p>
<p>Les troubles alimentaires peuvent avoir des conséquences à long terme en raison de leurs effets sur le squelette (par exemple, retard de croissance et ostéoporose), le système reproducteur et le cerveau.</p>
<ul>
<li><strong>Anorexie mentale</strong></li>
</ul>
<p><a href="https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-mentaux/troubles-des-conduites-alimentaires/anorexie-mentale">Les personnes anorexiques</a> peuvent avoir des changements hormonaux, des problèmes cardiaques, des déséquilibres électrolytiques, une baisse de la fertilité, une perte de densité osseuse, de l’anémie et des idées suicidaires. Certains de ces effets peuvent être mortels.</p>
<p>Faute d’un apport calorique suffisant, l’organisme est contraint de réduire ses activités pour économiser de l’énergie. Les personnes anorexiques se plaignent souvent de crampes d’estomac, de constipation, de reflux gastriques, de ralentissement du rythme cardiaque, de gonflement des extrémités, d’irrégularités menstruelles, de difficultés à fonctionner, d’étourdissements, de troubles du sommeil et d’un affaiblissement de l’immunité et de la cicatrisation.</p>
<p>Les déficits nutritionnels peuvent causer des problèmes dentaires, une peau sèche, des cheveux et des ongles secs et cassants, des cheveux clairsemés et une diminution de la force musculaire.</p>
<p>Les personnes anorexiques sont souvent frileuses et des poils fins apparaissent sur leur corps pour conserver la chaleur. Elles sont également souvent <a href="https://doi.org/10.1016/j.chc.2014.08.003">hyperactives (excès d’entraînement)</a> et, dans ce cas, elles présentent des taux de rechute élevés, une survenue précoce du trouble, une psychopathologie plus grave, un IMC plus faible, une plus grande insatisfaction à l’égard de leur corps et une moins bonne réponse au traitement.</p>
<ul>
<li><strong>Boulimie</strong></li>
</ul>
<p>Comme la boulimie se caractérise par des épisodes de compulsion alimentaire suivis d’épisodes de purge ou de privation de nourriture, les personnes boulimiques souffrent de conséquences similaires à celles de l’anorexie. En outre, <a href="https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-psychiatriques/troubles-du-comportement-alimentaire/boulimie">elles ont souvent des variations</a> importantes de poids ou font de la rétention d’eau.</p>
<p>Les vomissements provoqués peuvent entraîner des coupures et des callosités sur le dessus des articulations des doigts, un gonflement des glandes salivaires, des lésions œsophagiennes, des caries ou une décoloration des dents.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(09)61748-7">La boulimie est associée</a> à l’automutilation, à l’abus de substances psychoactives, aux fausses couches, au suicide et aux comportements impulsifs.</p>
<ul>
<li><strong>Hyperphagie boulimique</strong></li>
</ul>
<p>Les personnes souffrant <a href="https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-psychiatriques/troubles-du-comportement-alimentaire/hyperphagie-boulimique">d’hyperphagie boulimique</a> sont souvent stigmatisées à cause de leur poids, ont d’importants cycles de variations de poids, souffrent d’obésité clinique et de dépression. Elles courent près de <a href="https://www.doi.org/10.1001/2013.jamapediatrics.12">deux fois plus de risques</a> de devenir obèses ou en surpoids que la population générale et ont deux fois plus de risques de développer une dépression sévère.</p>
<h2>Traitements</h2>
<p>Malgré la fréquence, la chronicité et les problèmes que posent les troubles de l’alimentation, peu de personnes cherchent à se faire soigner. Pourtant, il existe des <a href="https://doi.org/10.1002/14651858.CD000562.pub3">traitements efficaces</a>. De nombreux effets comportementaux, psychologiques et physiques d’un régime hypocalorique disparaissent une fois le poids repris et la masse cérébrale restaurée.</p>
<p>Pour l’anorexie, on recommande une approche qui aborde les aspects médicaux, nutritionnels, sociaux et psychologiques. Pour la boulimie et l’hyperphagie boulimique, une <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD003385/full">thérapie cognitivo-comportementale</a> (qui consiste à reconnaître, à évaluer et à modifier les schémas de pensée nocifs) peut fonctionner, tout comme des médicaments tels que le stimulant Vyvanse (lisdexamfétamine).</p>
<p>Les troubles alimentaires sont graves et peuvent être dangereux pour la santé, mais il existe des traitements efficaces. Il y a de l’espoir. La sensibilisation aux troubles alimentaires permet de combattre la stigmatisation et d’encourager les gens à chercher de l’aide.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200952/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Simon Sherry reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Il est également propriétaire de CRUX Psychology, un cabinet privé de psychologie.</span></em></p>Le taux de mortalité des personnes souffrant de troubles alimentaires est six fois plus élevé que celui de la population générale.Simon Sherry, Clinical Psychologist and Professor in the Department of Psychology and Neuroscience, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2120412023-08-22T20:46:41Z2023-08-22T20:46:41ZChaleur et humidité : leurs effets sur notre corps se font sentir plus tôt que prévu<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/543970/original/file-20220624-12-2yp1w8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C22%2C3806%2C2769&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une exposition prolongée à une chaleur élevée peut être mortelle.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/construction-worker-stops-to-cool-off-in-the-water-news-photo/1162996602?adppopup=true">Mark Wilson/Getty Images</a></span></figcaption></figure><p>Sous l’effet du changement climatique, les vagues de chaleur <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-020-16970-7">gagnent en puissance</a> – elles durent plus longtemps, deviennent plus fréquentes et, surtout, leurs températures atteignent des niveaux de plus en plus élevés. Une question est désormais sur toutes les lèvres : « À partir de quand la chaleur nous empêchera-t-elle de mener à bien des activités quotidiennes considérées comme normales à l’heure actuelle, même si nous sommes jeunes et en bonne santé ? »</p>
<p>La réponse n’est pas seulement liée à la température affichée par le thermomètre. Elle dépend aussi de l’humidité ambiante. <a href="https://scholar.google.com/citations?user=zsXN72cAAAAJ&hl=en">Nos résultats de recherches</a>, publiés en 2022, montrent que la combinaison de ces deux facteurs peut <a href="https://doi.org/10.1152/japplphysiol.00738.2021">devenir dangereuse plus rapidement</a> que les scientifiques ne le supposaient auparavant.</p>
<p>Comme d’autres observateurs, les chercheurs s’inquiètent de plus en plus de l’augmentation de la fréquence de vagues de chaleur extrêmes associées à une forte humidité. Pour en rendre compte, on parle de « température humide » (ou <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers-0/comprendre-la-meteo/quest-ce-que-lhumidite">« température du thermomètre mouillé »</a>). Ainsi, lors des vagues de chaleur qui ont frappé l’Asie du Sud en mai et juin 2022, la <a href="https://www.telegraph.co.uk/global-health/climate-and-people/hotter-human-body-can-handle-pakistan-city-broils-worlds-highest/">température humide maximale</a> enregistrée à Jacobabad, au Pakistan, était de 33,6 °C (degrés Celsius), soit 92,5 °F (degrés Fahrenheit), tandis qu’à <a href="https://www.indiatimes.com/news/india/at-400c-delhis-real-feel-was-above-500c-on-tuesday-573438.html">Delhi ce niveau était dépassé</a>. Les températures se rapprochaient alors de la limite supérieure théorique de l’adaptabilité humaine à la chaleur humide.</p>
<p>En effet, dans une <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0913352107">étude publiée en 2010</a>, des scientifiques avaient estimé qu’une température humide de 35 °C – équivalente à 95 °F à 100 % d’humidité, ou 115 °F à 50 % d’humidité – constituait la « limite supérieure de sécurité » : au-delà de cette frontière, le corps humain ne peut plus se refroidir grâce à l’évaporation de la transpiration présente à la surface de la peau, et ne peut donc plus assurer la stabilité de sa température.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/chaud-froid-ou-epice-que-boire-ou-manger-quand-la-canicule-est-la-164902">Chaud, froid ou épicé : que boire ou manger quand la canicule est là ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>La pertinence de cette limite n’a été que récemment testée sur des humains, en laboratoire. Les résultats obtenus indiquent que la situation est encore plus préoccupante qu’on ne le pensait initialement.</p>
<h2>Le projet PSU H.E.A.T.</h2>
<p>Au sein du <a href="https://hhd.psu.edu/kines/get-started/research-labs-and-initiatives">laboratoire Noll de l’Université d’État de Pennsylvanie</a>, nous avons tenté de répondre à une question en apparence simple : « quelle chaleur est “ trop chaude ” pour le corps humain ? » Nous avons pour cela recruté un panel d’hommes et de femmes jeunes et en bonne santé, afin de mesurer l’impact sur leur organisme du stress thermique, dans un environnement contrôlé.</p>
<p>Ces expériences nous ont donné un aperçu des combinaisons de température et d’humidité qui peuvent s’avérer nocives, y compris pour des êtres humains bien portants.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un jeune homme en short marche sur un tapis roulant avec une serviette à côté de lui dans une pièce vitrée pendant qu’un scientifique surveille sa température corporelle et d’autres paramètres sur des écrans d’ordinateur, de l’autre côté de la vitre" src="https://images.theconversation.com/files/470808/original/file-20220624-17-za2vp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470808/original/file-20220624-17-za2vp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470808/original/file-20220624-17-za2vp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470808/original/file-20220624-17-za2vp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470808/original/file-20220624-17-za2vp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470808/original/file-20220624-17-za2vp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470808/original/file-20220624-17-za2vp8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">S. Tony Wolf, post-doctorant en kinésiologie (l’étude scientifique du mouvement du corps humain) à Penn State et co-auteur de cet article, réalise un test de chaleur dans le laboratoire Noll dans le cadre du projet PSU Human Environmental Age Thresholds.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.psu.edu/news/research/story/humans-cant-endure-temperatures-and-humidities-high-previously-thought/">Patrick Mansell/Penn State</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Après avoir avalé une petite pilule de télémétrie destinée à surveiller sa température corporelle (grâce aux capteurs électroniques contenus dans ce dispositif ingérable), chaque participant s’est assis dans une chambre environnementale (<em>chambre d’essai permettant de contrôler la température et l’humidité, ndlr</em>), bougeant juste assez pour simuler les activités minimales de la vie quotidienne, comme faire la cuisine et s’alimenter. Les chercheurs ont alors progressivement augmenté soit la température de la chambre, soit son humidité, surveillant le moment où la température corporelle des sujets commençait à croître.</p>
<p>La combinaison de température et d’humidité à partir de laquelle la température interne d’un individu commence à augmenter s’appelle la <a href="https://doi.org/10.1152/japplphysiol.00738.2021">« limite environnementale critique »</a>. En deçà de cette limite, le corps est capable de maintenir une température corporelle relativement stable au fil du temps. Au-delà, la température corporelle augmente en continu et le risque de troubles liés à la chaleur, lors d’expositions prolongées, s’accroît.</p>
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<p>Il faut savoir que lorsque notre corps surchauffe, le cœur doit travailler davantage pour pomper le flux sanguin vers la peau afin de dissiper la chaleur. Par ailleurs, la transpiration diminue la quantité de liquides corporels. Dans les cas les plus graves, une exposition prolongée peut entraîner un <a href="https://theconversation.com/quest-ce-quun-coup-de-chaleur-le-reconnaitre-et-sen-premunir-186871">coup de chaleur</a>, un problème potentiellement mortel nécessitant un refroidissement immédiat et rapide ainsi qu’une prise en charge médicale.</p>
<p>Nos travaux révèlent que la limite environnementale supérieure <a href="https://doi.org/10.1152/japplphysiol.00738.2021">est encore plus basse</a> que les 35 °C théorisés en 2010. Elle se situerait plutôt une température humide à un niveau de 31 °C (88 °F), ce qui équivaudrait à 31 °C à 100 % d’humidité ou à 38 °C (100 °F) à 60 % d’humidité.</p>
<p>Or, les vagues de chaleur actuelles observées de par le monde approchent, voire dépassent, ces limites.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Ce graphique permet de déterminer quand la combinaison de chaleur et d’humidité devient dangereuse" src="https://images.theconversation.com/files/470813/original/file-20220624-14-jt7lbq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470813/original/file-20220624-14-jt7lbq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470813/original/file-20220624-14-jt7lbq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470813/original/file-20220624-14-jt7lbq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470813/original/file-20220624-14-jt7lbq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470813/original/file-20220624-14-jt7lbq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470813/original/file-20220624-14-jt7lbq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Similaire au graphique de l’indice de chaleur du National Weather Service, ce graphique traduit les combinaisons de température de l’air et d’humidité relative en limites environnementales critiques, au-dessus desquelles la température interne du corps augmente. La frontière entre les zones jaunes et rouges représente la limite environnementale critique moyenne pour les jeunes hommes et jeunes femmes pratiquant une activité minimale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">W. Larry Kenney</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La différence entre environnements secs et environnements humides</h2>
<p>Dans les lieux chauds et secs, les limites environnementales critiques ne sont pas définies par les températures de thermomètre humide décrites précédemment. En effet, dans de tels environnements, presque toute la sueur produite par le corps s’évapore, ce qui refroidit l’organisme. Cependant, la quantité de sueur que les humains peuvent produire est limitée, et un air sec dont la température est élevée transmet aussi de la chaleur à notre organisme.</p>
<p>Il faut garder à l’esprit que les seuils cités précédemment sont uniquement basés sur la capacité à prévenir une hausse excessive de la température corporelle. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de conséquence si la température et l’humidité demeurent inférieures à ces limites au cours d’une vague de chaleur. En effet, même ainsi, le cœur et d’autres organes peuvent se retrouver soumis à un stress plus important qu’à l’accoutumée.</p>
<p>Si le dépassement des limites environnementales critiques ne se traduit pas systématiquement par un scénario catastrophe pour tous les individus, une exposition prolongée peut s’avérer problématique pour les populations vulnérables telles que les personnes âgées ou celles souffrant de maladies chroniques. C’est la raison pour laquelle nous avons désormais focalisé nos recherches sur des catégories d’hommes et de femmes plus âgées.</p>
<p>En effet, même les gens qui vieillissent en bonne santé deviennent moins tolérants à la chaleur à mesure qu’ils avancent en âge. Par ailleurs, le risque de préjudice s’accroît avec l’âge en raison non seulement de la prévalence accrue des maladies cardiaques, des problèmes respiratoires ainsi que d’autres problèmes de santé, mais aussi de la prise de certains médicaments. Les personnes de plus de 65 ans représentent ainsi environ <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1380980/pdf/amjph00508-0117.pdf">80 à 90 % des victimes de vagues de chaleur</a>.</p>
<h2>Quelles sont les recommandations ?</h2>
<p>Par temps très chaud, il est important de bien s’hydrater et de rechercher des endroits où se rafraîchir, même pour de courtes périodes.</p>
<p>Aux États-Unis, des structures destinées à aider les gens à échapper à la chaleur ont ouvert leurs portes dans les villes. Mais bien que le nombre de ces <a href="https://www.cdc.gov/climateandhealth/docs/UseOfCoolingCenters.pdf">« centres de rafraîchissement »</a> soit en augmentation, de nombreuses de personnes continuent à devoir faire face à des conditions environnementales problématiques sans <a href="https://www.latimes.com/world-nation/story/2022-06-20/sweltering-streets-hundreds-of-homeless-die-in-extreme-heat-each-year">opportunité de se rafraîchir</a>.</p>
<p></p>
<p>Même ceux qui ont accès à la climatisation pourraient renoncer à l’allumer, en raison du <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/pdfs/mm7124a1-H.pdf">coût élevé de l’énergie</a> – une situation déjà courante à Phoenix, en Arizona – ou en raison des <a href="https://apnews.com/article/climate-change-government-and-politics-business-environment-and-nature-6a66be20ed86ad18ed131156c9f7a517">pannes d’électricité à grande échelle</a> qui surviennent durant les vagues de chaleur ou les incendies de forêt, des situations de plus en plus fréquentes dans l’ouest des États-Unis.</p>
<p>Par ailleurs, en 2022, une étude axée sur le <a href="https://doi.org/10.1007/s00484-022-02295-1">stress thermique en Afrique</a> a révélé que les climats futurs ne seront pas propices à l’utilisation de systèmes de refroidissement bon marché tels que les « refroidisseurs à évaporation » (« swamp cooler »), qui nécessitent beaucoup moins d’énergie que les climatiseurs. En effet, afin de réduire la température de l’air ambiant, ces dispositifs le font circuler à travers un tampon frais et humide, grâce à un ventilateur. Malheureusement, ils deviennent inefficaces lorsque les températures de thermomètre humide dépassent 21 °C (70 °F). Or, l’humidité des régions tropicales et des régions côtières de l’Afrique augmente…</p>
<p>Dans l’ensemble, les preuves s’accumulent, qui indiquent que le changement climatique n’est pas un problème « qu’il faudra gérer pour plus tard » : c’est au contraire un défi que l’humanité doit relever dès aujourd’hui, car elle y est déjà confrontée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212041/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>W. Larry Kenney reçoit des subventions de recherche des National Institutes of Health/National Institute on Aging.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Daniel Vecellio bénéficie d'une bourse de formation du National Institute on Aging par l'intermédiaire du Penn State Center for Healthy Aging.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Rachel Cottle bénéficie d'une bourse de formation du National Institute on Aging par l'intermédiaire du Penn State Center for Healthy Aging.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>S. Tony Wolf bénéficie du soutien des National Institutes of Health.</span></em></p>Le corps humain surchauffe plus tôt que prévu lorsque la températures et le taux d’humidité augmentent de concert, ce qui n’est pas sans conséquences dans un contexte de changement climatique.W. Larry Kenney, Professor of Physiology, Kinesiology and Human Performance, Penn StateDaniel Vecellio, Geographer-climatologist and Postdoctoral Fellow, Penn StateRachel Cottle, Ph.D. Candidate in Exercise Physiology, Penn StateS. Tony Wolf, Postdoctoral Researcher in Kinesiology, Penn StateLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2098672023-07-24T18:32:17Z2023-07-24T18:32:17ZMentez-vous à votre banquier pour obtenir un prêt ? Vous n’êtes pas les seuls…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/537683/original/file-20230717-207908-66z7oo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C36%2C1078%2C770&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un individu déjà endetté peut être tenté d'obtenir un nouveau prêt pour rembourser le premier, alimentant ainsi dette sa « roue de l'infortune ».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/en/photo/1328904">Pxhere/Mohamed Hassan</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Au début de l’année 2018, environ 45 % des ménages résidant en France étaient endettés, que ce soit pour des raisons privées ou professionnelles, pour un <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5371255?sommaire=5371304">montant moyen 79 200 euros</a>. Cela représentait 13 % du montant total de leurs actifs. Plusieurs facteurs, sociétaux ou propres aux individus, favorisent l’endettement. Il y a, bien sûr, l’inflation, l’instabilité du taux directeur ou encore les inégalités sociales.Pour les 10 % des ménages les moins bien dotés, les dettes représentent jusqu’à 38 % de leurs actifs.</p>
<p><iframe id="thjJ0" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/thjJ0/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Au-delà de leur situation économique, certains types de personnes exhibent des tendances au surendettement du fait de leur profil. On peut les reconnaître à trois traits :</p>
<ul>
<li><p>Leur déconnexion envers leurs besoins, buts et préférences financiers : l’emprunteur perd contact avec la réalité notamment en raison du stress financier ou des pressions de l’environnement.</p></li>
<li><p>Leur manque de rationalité, qui décrit les décisions financières sous-optimales, tel le manque de diversification d’un portfolio d’investissements, le paiement de dettes à hauts taux d’intérêt au lieu de privilégier celles à bas taux d’intérêt, ou des achats compulsifs et superflus.</p></li>
<li><p>La tendance à adopter des comportements malhonnêtes pour obtenir des fonds, surtout quand la pression due à l’endettement devient insoutenable, ou alors lorsque prévaut une avidité attisée par un marché hautement spéculatif (<em>bull market</em>) qui fait miroiter des gains substantiels faciles et rapides.</p></li>
</ul>
<p>La combinaison de ces trois traits, que nous avons désignée dans une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ijcs.12838">recherche</a> récente par le terme « dark financial profile » (profil financier obscur), ne peut conduire qu’au désastre (faillite, banqueroute, problèmes avec des usurpateurs ou des prêteurs illégaux). En effet, plus la dette devient insoutenable, plus le stress augmente, causant un fossé avec une réalité trop difficile à accepter. L’individu prend alors les mauvaises décisions financières, lesquelles accroissent sa dette.</p>
<h2>« Roue de l’infortune »</h2>
<p>Pour s’en sortir, il se précipite chez son banquier. Il ne lui dévoile pas l’entière vérité sur son souci financier, enjolive ses revenus, promet de respecter ses engagements, tout en sachant que cela est faux. S’il obtient le prêt convoité, ses mauvaises habitudes étant ancrées, il ne sortira pas plus de son pétrin, au contraire. L’argent obtenu servira à alimenter sa <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/joca.12326">« roue de l’infortune »</a>. L’emprunteur devient un hamster qui tourne sa roue sans fin, dans la cage qui le confine, laquelle n’est autre que la trappe de sa dette.</p>
<p>Il faut rapprocher le triangle du <em>dark financial profile</em>, qui peut être circonstanciel (d’où le terme profil et non de personnalité) d’autres triades bien établies. Le <a href="https://ethicsncompliance.com/triangle-fraude/">triangle de la fraude</a> a pour arêtes le besoin (la pression), l’opportunité et la rationalisation. Ainsi, un conseiller financier voudra impressionner et jouir d’un niveau de vie richissime ; il misera sur la vulnérabilité des investisseurs qui croient en lui et justifiera ses actions prédatrices en blâmant leur naïveté et la faiblesse des régulateurs de marché (telle l’Autorité des marchés financiers, ou AMF, en France).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Personne réalisant des achats en ligne" src="https://images.theconversation.com/files/537687/original/file-20230717-228067-g3zaz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537687/original/file-20230717-228067-g3zaz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537687/original/file-20230717-228067-g3zaz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537687/original/file-20230717-228067-g3zaz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537687/original/file-20230717-228067-g3zaz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537687/original/file-20230717-228067-g3zaz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537687/original/file-20230717-228067-g3zaz0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Plus la dette devient insoutenable, plus le stress augmente, causant un fossé avec une réalité trop difficile à accepter.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pickpik.com/ecommerce-shopping-credit-card-payment-money-laptop-40680">Pickpik.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De même, le <a href="https://www.cairn.info/la-boite-a-outils-du-coaching--9782100791408-page-58.htm">triangle de Karpman</a> (1968) qualifie les rapports de force transactionnels selon trois rôles : la victime (le prêteur qui se fait avoir par les mensonges de l’emprunteur), le persécuteur ou prédateur (l’emprunteur qui trompe consciemment le prêteur, ou le prêteur usurier qui cherche à se faire rembourser, et le sauveur (le prêteur/banquier qui croit bien faire).</p>
<p>Toutes ces triades ont en commun l’effet dévastateur sur autrui, et éventuellement sur soi-même, l’interdépendance des traits, lesquels se combinent donc pour former une personnalité toxique, parfois trompeuse et privée de remords.</p>
<h2>Un risque répandu</h2>
<p>Au moment d’accorder un prêt, la banque cherchera donc à reconnaître ces <em>patterns</em> comportementaux pour ne pas se retrouver avec un client insolvable. Pour informer au mieux le prêteur, j’ai développé une échelle de mesure qui mesure la possibilité de tromperie d’un emprunteur. Elle tient compte de l’historique de crédit (<em>credit score</em>), de son profil sociodémographique et de ses résultats à ce questionnaire (article de recherche à paraître dans la revue <em>Journal of Economic Issues</em>).</p>
<p>Dans celui-ci, à l’évidence, on ne peut poser directement la question : « êtes-vous malhonnête ? » Cependant, il est possible d’obtenir une approximation de la possibilité de recourir à des mensonges en utilisant la technique reconnue du <a href="https://www.researchgate.net/publication/246699633_Linguistic_inquiry_and_word_count_LIWC"><em>linguistic inquiry and word count</em></a> (LIWC). Cette méthode fut conçue pour évaluer des récits selon quatre critères clés : la pensée formelle, l’influence, l’authenticité (fausse) et le ton émotionnel. Mon questionnaire contient donc des questions développées sur cette base scientifique.</p>
<p>Mes recherches tendent à montrer que la probabilité de tromperie d’un emprunteur est accrue par la présence d’un mauvais historique de crédit et d’un niveau de dette élevé, ainsi que par l’existence de comportements à risque. Elles démontrent que la force sous-jacente derrière la tromperie est une boucle sous la forme de comportements à risque → déconnexion → irrationalité → comportements à risque. Ainsi, il est possible de se faire une idée relativement précise de l’intention réelle ou de la capacité réelle de remboursement des emprunteurs.</p>
<p>Plus surprenant, un nombre significatif de participants à mes recherches ont admis recourir à la tromperie ou ont choisi des récits suggérant la tromperie. Le <em>dark financial profile</em> constitue ainsi le révélateur d’un risque relativement répandu. Ce point prend une importance cruciale si l’on considère l’émergence des plates-formes de prêts en ligne entre particuliers (<em>peer-to-peer lending</em>) telles LendingClub ou Prosper, ou de financement participatif (crowdfunding), surtout que le contact face à face avec tout ce qu’il implique de langage corporel y est absent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209867/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Mesly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le risque de recourir à la tromperie face à un prêteur, relativement répandu, augmente notamment chez les emprunteurs pris dans la spirale du surendettement.Olivier Mesly, Enseignant-chercheur au laboratoire CEREFIGE, université de Lorraine, professeur de marketing, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2050902023-07-11T14:48:11Z2023-07-11T14:48:11ZCourse à pied, fabrication de pain : traverser la pandémie grâce à de nouvelles passions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526903/original/file-20230517-18592-xkares.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C995%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage. </p>
<p>Chercheuses en psychologie, nous avons mené avec notre équipe de recherche <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">trois études durant la pandémie de Covid-19</a> afin d’examiner les bienfaits reliés au développement de nouvelles passions en contexte d’adversité. </p>
<p>Nous avons trouvé que les personnes ayant développé une passion harmonieuse ont vécu des émotions agréables et ont réussi à se désengager d’une activité passionnante irréalisable, ce qui les a amenés à ressentir du bien-être psychologique. </p>
<p>Les personnes ayant développé une passion obsessive, quant à elles, ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être (symptômes anxieux et dépressifs). </p>
<h2>Les passions ne sont pas toutes égales</h2>
<p>Prenons l’exemple d’Alex et de Charlie, deux personnages fictifs, afin d’illustrer les différents types de passion. Durant la pandémie, Alex a développé une passion pour la cuisine. Chaque soir, il adorait préparer une nouvelle recette et passer du temps en famille autour de bons repas. Dans la ville voisine, Charlie a quant à elle développé une passion pour le ski. Souhaitant participer à des compétitions, elle s’entraînait sur une base régulière et elle se sentait coupable les jours où elle ne skiait pas. Elle négligeait également ses études afin d’optimiser sa performance et se sentir fière d’elle dans son sport favori.</p>
<p>Alex et Charlie ont tous deux développé une passion pour une nouvelle activité, c’est-à-dire que cette activité aimée est devenue une partie de leur identité et ils y ont investi beaucoup de temps et d’énergie. Toutefois, ils ne se sont pas engagés dans cette activité de la même manière, ce qui a affecté différemment leur santé mentale. En effet, il existe <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0022-3514.85.4.756">deux types de passion</a>. </p>
<p>La <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion harmonieuse</a> est bien intégrée aux autres sphères de vie des individus. Ainsi, elle interfère peu avec leur travail, leurs loisirs ou leurs relations interpersonnelles. C’est le cas d’Alex, qui passe du temps en famille tout en poursuivant sa passion pour la cuisine. De plus, les personnes ayant une passion harmonieuse sont en mesure de se désengager de leur activité passionnante au besoin, par exemple lors d’un confinement qui les empêche de la pratiquer. </p>
<p>Au contraire, la <a href="https://academic.oup.com/book/12063?login=false">passion obsessive</a> est caractérisée par un besoin incontrôlable de pratiquer l’activité aimée. Les personnes ayant une passion obsessive basent souvent leur estime de soi sur leur performance dans leur activité passionnante, comme Charlie qui ne peut s’empêcher de skier.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="personne debout sur une piste de ski" src="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528060/original/file-20230524-22-wrjmsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Durant la pandémie, les personnes ayant développé une passion obsessive ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Le rôle des émotions agréables et désagréables</h2>
<p>Alors que la passion harmonieuse d’Alex risque de lui procurer de nombreux bienfaits, la passion obsessive de Charlie pourrait engendrer des conséquences négatives sur sa santé mentale. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S019188692300140X">Nos études</a> ont montré que les liens entre les types de passion et la santé psychologique peuvent être partiellement expliqués par la présence d’émotions agréables et désagréables. </p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780124072367000012">émotions agréables</a> permettent d’ouvrir ses horizons et de développer des ressources personnelles (p. ex., la présence attentive, qui réfère à la capacité d’être conscient de ses états internes et de son environnement) qui pourront être utilisées pour faire face aux situations stressantes. Les émotions désagréables ont également leurs fonctions. Par exemple, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0749597818305193">culpabilité</a> nous permet de reconnaître des comportements immoraux. Cependant, elles peuvent être associées à un repli sur soi et à des problèmes de santé psychologique.</p>
<p>Nos résultats indiquent que les personnes qui ont poursuivi une passion harmonieuse préexistante durant la pandémie et ceux qui en ont développé une nouvelle vivaient davantage d’émotions agréables, ce qui menait à un bien-être psychologique accru (satisfaction de vie, bonheur et trouver un sens à son existence). Au contraire, les personnes qui ont poursuivi une passion obsessive (préexistante et nouvelle) vivaient un peu de bien-être, mais surtout des émotions désagréables et des symptômes anxieux et dépressifs. </p>
<h2>Développer sa capacité à se désengager d’une passion</h2>
<p>La capacité à se désengager d’une passion est importante pour la santé mentale. Durant la pandémie, les personnes qui se désengageaient plus facilement de leur passion irréalisable, comme le voyage ou l’entraînement en salle, vivaient moins de symptômes d’anxiété et de dépression. </p>
<p>Nos résultats indiquent que le développement d’une nouvelle passion harmonieuse pourrait faciliter le désengagement face à une ancienne passion irréalisable qu’il est nécessaire de délaisser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme assise dans un avion" src="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528064/original/file-20230524-22-sasd9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Favoriser la résilience grâce à la passion</h2>
<p>Il est important de souligner que les passions peuvent être des facteurs de résilience. Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. Pendant la pandémie, le développement de nouvelles passions (surtout harmonieuses) était un facteur de protection important pour la santé mentale. </p>
<p>Cela appuie les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jopy.12774">résultats d’autres études récentes</a> portant sur l’importance des passions harmonieuses pour promouvoir la résilience. En période de stress, il est donc bénéfique de prioriser les activités que l’on aime et de développer de nouveaux intérêts pour promouvoir sa santé mentale tout en veillant à ce que ces activités passionnantes soient intégrées de façon harmonieuse aux autres sphères de vie.</p>
<p>Bien que nos recherches ne se soient pas poursuivies après les confinements reliés à la pandémie, d’autres études ont montré que les passions harmonieuses ont tendance <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10902-018-0059-z">à perdurer dans le temps</a>. Ainsi, il est fort probable que les passions harmonieuses développées durant la pandémie se maintiennent et continuent d’être bénéfiques à la santé psychologique encore aujourd’hui !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205090/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Cimon-Paquet a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et des Fonds de recherche du Québec - Société et culture.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Holding a reçu des financements de Canadian Social Sciences and Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Virginie Paquette ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Durant la pandémie, de nombreuses personnes ont développé une passion alors que d’autres ont dû abandonner une activité passionnante. Ces passions ont joué un rôle dans la santé psychologique.Catherine Cimon-Paquet, Candidate au doctorat, conférencière et chargée de cours, Département de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Anne Holding, Chercheuse postdoctorale en motivation humaine, New York UniversityVirginie Paquette, Stagiaire postdoctorale en psychologie organisationnelle/industrielle, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2069632023-06-18T15:40:11Z2023-06-18T15:40:11ZPourrait-on vivre sous terre ?<p>Avez-vous déjà entendu parler de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Montr%C3%A9al_souterrain">RÉSO</a> ? S’étendant sur une superficie de 12 kilomètres carrés, cette ville souterraine courant sous Montréal (Canada) est constituée d’un réseau connecté d’hôtels, de centres commerciaux, de musées, d’espaces de bureaux et même d’une arène de hockey… Avec jusqu’à un demi-million de visiteurs par jour, ce projet urbain un peu particulier né dans les années 1960 est devenu incontournable.</p>
<p>En plus d’être une attraction touristique, ce complexe souterrain, le plus grand au monde, sert également de refuge lors des journées glaciales de l’hiver.</p>
<p>Ce type d’espaces pourrait-il constituer un habitat temporaire, ou permanent, pour les êtres humains ? Pour s’abriter des phénomènes météorologiques extrêmes dus au changement climatique dans les zones particulièrement touchées ? Ou, si nous devions un jour coloniser Mars, pour nous protéger des radiations et des températures de plus de 100 °C ? Techniquement, peut-être…</p>
<p>Mais sommes-nous prêts à une vie sans verdure ni lumière naturelle, et où la liberté de mouvement est assez relative ? Le biochimiste et auteur de S.-F. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Cavernes_d%27acier">Isaac Asimov avait imaginé de telles cités</a>, où notre espèce resterait cloîtrée, loin d’un extérieur perçu comme hostile… Si pour nos descendants de fiction cet environnement est devenu la norme, il mettrait notre mental du XXI<sup>e</sup> siècle à rude épreuve…</p>
<p>Physiquement, les choses ne seraient pas plus simples. Dans quelle mesure la physiologie humaine est-elle compatible avec une vie en sous-sol ? A fortiori si celui-ci, moins artificialisé, était sombre et humide ? Notre corps pourrait-il même y survivre ?</p>
<h2>Un décalage horaire sans fin</h2>
<p>Sans remonter jusqu’au mythe mainte fois démonté de « l’Homme des cavernes », l’idée de vivre sous terre pendant des jours ou des semaines n’est pas nouvelle.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/530313/original/file-20230606-25-ku82bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530313/original/file-20230606-25-ku82bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530313/original/file-20230606-25-ku82bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530313/original/file-20230606-25-ku82bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530313/original/file-20230606-25-ku82bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530313/original/file-20230606-25-ku82bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530313/original/file-20230606-25-ku82bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Couloir de l’ancienne cité de Derinkuyu (Turquie).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Credit : Ahmet Kaynarpunar/Wikimedia</span></span>
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<p>Pendant des siècles, la cité de Derinkuyu, vieille de plus de 2 500 ans, a ainsi sporadiquement abrité jusqu’à 20 000 personnes à 85 mètres sous la surface rocheuse de la Cappadoce, dans l’actuelle Turquie, pour se protéger des intempéries et de la guerre.</p>
<p>Ce n’est toutefois qu’un peu plus tard que les scientifiques se sont intéressés aux conséquences d’un tel lieu de vie sur notre espèce… En l’occurrence pendant la course à la Lune, lors de la Guerre froide. Les grandes puissances mondiales se sont alors penchées sur la question… pour comprendre comment le corps humain s’accommodait de la vie dans l’espace !</p>
<p>Dans une large mesure en effet, une grotte présente des conditions de vie comparables à celles de l’espace. Car, comme dans l’espace ou sur Mars, le rythme du jour et de la nuit est différent de celui sur Terre. De plus, les dimensions de l’habitat humain seront tout aussi étroites qu’une grotte.</p>
<p>D’autres ont exploré le sujet, littéralement, et plus personnellement. Il y a quelques mois, <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-etoile-du-jour/je-n-ai-jamais-eu-envie-de-remonter-l-athlete-beatriz-flamini-vient-de-passer-510-jours-en-isolement-total-et-volontaire-dans-une-grotte_5748887.html">l’Espagnole Beatriz Flamini, 50 ans, a établi le record du monde</a> en vivant à 70 mètres sous la surface pendant 500 jours.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/6w09voMef0c?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Le changement physiologique le plus évident observé après une longue période sous terre est sans doute la perturbation du rythme veille-sommeil, comme l’ont montré les témoignages de nombreux participants à des études de ce genre. Après un mois sans lumière solaire, et parfois même malgré l’utilisation d’éclairage artificiel, les jours commencent à se mélanger : lorsqu’on leur demande de noter quand ils pensent qu’une journée s’était écoulée, ils sont en fait plutôt sur une base de deux jours – <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0013469474901126">avec 34 heures passées éveillés et 14 heures endormis</a>.</p>
<p>Corollaire : ce ralentissement du temps est également perceptible au niveau du décompte des jours. Après avoir passé 366 jours dans une grotte près de Pesaro en Italie en 1993, le sociologue Maurizio Montalbini pensait que seuls 219 jours s’étaient écoulés.</p>
<p>C’est comme s’ils étaient tous pris dans un décalage horaire sans fin. Mais les conséquences sont plus larges, puisque sont encore signalés une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2019.00442/full">moindre performance au travail, des hallucinations et un temps de réaction moins bon</a>.</p>
<h2>Les rythmes de la vie</h2>
<p>D’où viennent ces perturbations ? <a href="https://theconversation.com/musique-danse-comment-cerveau-et-corps-se-mettent-en-rythme-205796">La vie est, en fait, affaire de rythmes</a>, quelle que soit l’espèce considérée (ou peu s’en faut).</p>
<p>Ils créent de la prévisibilité, et la prévisibilité permet de prospérer dans un monde stable et facile à anticiper. Pensez aux cycles de vie des arbres ou des <a href="https://theconversation.com/pilosite-graisse-hibernation-toutes-les-techniques-de-notre-corps-pour-resister-au-froid-195229">animaux à fourrure qui hibernent</a>, qui se calent avec le va-et-vient des saisons. Toute perturbation de cette horlogerie naturelle peut compromettre la survie d’une espèce si elle ne peut s’y adapter (le changement climatique en est un exemple aussi terrible qu’excellent).</p>
<p>Le corps humain n’échappe pas à la règle, puisque nombre de ses fonctions vitales suivent un cycle de 24 heures en phase avec l’alternance jour/nuit (qui découlent de la rotation de la Terre). Ce sont les rythmes circadiens, de <em>circa</em> (presque) et <em>dia</em> (jour).</p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mieux-respecter-son-horloge-interne-pour-une-meilleure-sante-194196">Mieux respecter son horloge interne pour une meilleure santé</a>
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</p>
<hr>
<p>Prenons le cas de notre température centrale. Selon les manuels, elle est de 36,8 °C. Dans les faits, si on l’enregistre chez plusieurs milliers de personnes au fil d’une journée, on va voir apparaître une onde sinusoïdale – une courbe qui monte et qui descend : notre température corporelle est au plus bas le matin, et atteint son pic en fin d’après-midi.</p>
<p>On suppose que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7678948/#:%7E:text=Le%20syst%C3%A8me%20circadien%20module%20le%20m%C3%A9tabolisme,au%20niveau%20cellulaire%20est%20%C3%A9galement%20discut%C3%A9.">ces fluctuations sont liées à notre activité métabolique</a> : les températures plus élevées en journée augmentent notre métabolisme afin de soutenir l’activité physique, et les basses sont plus pertinentes la nuit pour diminuer notre consommation d’énergie et favoriser le sommeil.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/530316/original/file-20230606-15-vzgah3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530316/original/file-20230606-15-vzgah3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530316/original/file-20230606-15-vzgah3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530316/original/file-20230606-15-vzgah3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530316/original/file-20230606-15-vzgah3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530316/original/file-20230606-15-vzgah3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530316/original/file-20230606-15-vzgah3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Découvrez comment votre propre température corporelle fluctue au cours de la journée en la mesurant toutes les 4 heures et en reportant les données sur ce graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pieter Vancamp</span></span>
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</figure>
<p><strong>Le concept de « Zeitgeber »</strong></p>
<p>Le cycle veille-sommeil est le rythme circadien quotidien qui nous est le plus familier. Et comme chez tous les animaux, il est plus ou moins régulier.</p>
<p>Il est régi par une horloge centrale située dans notre cerveau – il s’agit, plus précisément, d’un réseau d’environ 20 000 cellules nerveuses situées à sa base, dans l’hypothalamus. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les rythmes circadiens persistent même en l’absence de toute lumière naturelle.</p>
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<figcaption><span class="caption">Comment fonctionne l’horloge biologique du cerveau.</span></figcaption>
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<p>Et une autre surprise nous attend. Des expériences menées sur des animaux et des humains privés de lumière pendant plusieurs jours ont montré que le cycle veille-sommeil ne durait en fait pas 24, mais 25 heures (notez le « circa » dans circadien)… Après un certain temps dans l’obscurité, les cycles jour-nuit et veille-sommeil vont donc se désynchroniser.</p>
<p>Les scientifiques disent que le second est « libre » en l’absence d’une source de calage extérieure, en l’occurrence le Soleil. Ce dernier est appelé « Zeitgeber », où « donneur de temps » en allemand. Nous avons besoin de ce <em>Zeitgeber</em> pour réinitialiser régulièrement notre cycle veille-sommeil afin de rester en phase avec le rythme naturel du jour et de la nuit.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/530322/original/file-20230606-25-7u6rot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530322/original/file-20230606-25-7u6rot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530322/original/file-20230606-25-7u6rot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530322/original/file-20230606-25-7u6rot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530322/original/file-20230606-25-7u6rot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530322/original/file-20230606-25-7u6rot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530322/original/file-20230606-25-7u6rot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Soleil est le plus puissant des Zeitgebers, et coordonne notre cycle veille-sommeil au rythme jour-nuit.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lima Andruška, Wikimedia</span></span>
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</figure>
<p>Dans une grotte où les rayons du Soleil ne pénètrent pas, plus rien ne vient aligner nos rythmes biologiques à l’environnement, faute de <em>Zeitgeber</em>. La perception du temps est donc perdue…</p>
<p>Vous avez vécu une expérience similaire si vous avez pris l’avion, pour traverser l’Atlantique par exemple, et ressenti les effets du décalage horaire – qui se répercutent généralement sur l’humeur et l’attention. Smartphones et pollution lumineuse interfèrent aussi avec nos rythmes circadiens, car ils peuvent jouer le rôle de <em>Zeitgeber</em>.</p>
<p>Des études sur l’animal et des données épidémiologiques ont montré qu’une perturbation persistante des biorythmes s’accompagne <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3011935/">d’une probabilité plus élevée de développer des maladies chroniques</a> plus tard dans la vie, telles que le diabète et la dépression. Jusqu’à présent, aucune expérience n’a toutefois permis d’évaluer les risques sur le long terme d’une vie souterraine prolongée.</p>
<h2>Stress, vitamines… les autres conséquences d’une vie souterraine</h2>
<p>Mais la vie sous terre a d’autres conséquences. Outre les perturbations des biorythmes, les scientifiques ont constaté des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2019.00442/full">lésions musculaires, une réponse anticipée au stress et une augmentation de l’inflammation</a>. Cela signifie que notre corps est en état d’hyper-vigilance en raison des conditions environnementales sous-optimales. Il s’agit d’une sorte de réaction de fuite ou de combat à laquelle il se prépare à survivre.</p>
<p>Nous pouvons y faire face pendant un certain temps grâce à une sécrétion accrue de cortisol, l’hormone du stress, et à une augmentation temporaire du métabolisme…</p>
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<p>Mais sur le long terme, un niveau de stress élevé épuise les réserves de l’organisme et augmente la vulnérabilité aux maladies et aux infections. C’est une cause fréquente de dépression et d’épuisement des employés qui ont enduré des conditions stressantes pendant des années. Les espaces restreints et fermés suscitent des réactions similaires. <a href="https://www.nasa.gov/topics/shuttle_station/features/pseudomonas.html">L’astronaute Fred Haise avait ainsi contracté une infection lors du désastreux vol Apollo 13, causée par <em>Pseudomonas aeruginosa</em></a>, une bactérie qui d’ordinaire n’affecte que les personnes immunodéprimées.</p>
<p>Et il y a une autre raison pour laquelle nous avons besoin du soleil – de ses rayons UV en l’occurrence : pour générer la vitamine D, elle-même essentielle à la bonne absorption du calcium responsable de la solidité et de la santé des os. Des années sous terre augmenteraient ainsi le risque d’ostéoporose (de fragilité osseuse). Notre alimentation devrait compenser et apporter la vitamine D nécessaire. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les 57 membres d’une secte ayant <a href="https://edition.cnn.com/2012/08/09/world/europe/russia-sect/index.html">vécu dans un bunker souterrain sans lumière naturelle</a> dans la République du Tatarstan.</p>
<h2>Enfants du Soleil…</h2>
<p>Malgré ces quelques données expérimentales (qui ne donnent guère envie…), nous ignorons encore dans le détail comment la vie sous la surface de la Terre nous affecterait sur de longues périodes. C’est pourquoi la <a href="https://www.nasa.gov/chapea">NASA cherche actuellement quatre volontaires</a> pour vivre pendant un an dans un environnement de 160 m<sup>2</sup> imprimé en 3D, semblable à celui prévu pour Mars, afin d’en savoir plus.</p>
<p>Mais le principal défi pourrait bien être mental, et non physiologique. Aussi impressionnante que soit la performance de Beatriz Flamini, qui est passée comme une fleur à travers ses 500 jours dans les profondeurs, elle pouvait quitter sa grotte en cas d’urgence. Ce sera impossible sur Mars… ou si nous devions nous abriter de conditions mortelles pendant des années.</p>
<p>La vie humaine s’est adaptée depuis des millions d’années pour survivre dans la petite zone entre le sous-sol et l’air. Il est donc peu probable que notre physiologie et notre esprit s’adaptent instantanément à des conditions aussi peu naturelles !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206963/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pieter Vancamp ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quand on pense « conditions extrêmes », on pense espace, abysses, désert… Mais, sur le long terme, la simple vie sous terre pose des défis peut-être insurmontables à notre corps ! Voici pourquoi.Pieter Vancamp, Post-doctorant, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2064262023-06-05T09:52:49Z2023-06-05T09:52:49ZQualité de vie au travail et incertitude : pourquoi ne rechercher que des solutions individuelles ?<p>À côté, en complément ou en compensation (c’est selon) de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reforme-des-retraites-82342">réforme des retraites</a>, le gouvernement a voulu lancer une réflexion générale sur le <a href="https://theconversation.com/topics/travail-20134">travail</a>. Le président de la République a notamment annoncé la mise en place d’un <a href="https://www.tf1info.fr/politique/video-reforme-des-retraites-pacte-de-la-vie-au-travail-conditions-de-travail-salaires-les-propositions-de-emmanuel-macron-2254395.html">« pacte de la vie au travail »</a> qui sera dessiné « d’ici la fin de l’année » avec les partenaires sociaux. En parallèle, et pour le nourrir, les <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/presse/dossiers-de-presse/article/conseil-national-de-la-refondation-assises-du-travail">Assises du travail</a> ont été lancées. Le rapport sur lequel elles ont débouché le 24 avril invite notamment à « gagner la bataille de la confiance par une révolution des pratiques managériales et en associant davantage les travailleurs » ou encore à « préserver la santé physique et mentale des travailleurs, un enjeu de performance et de responsabilité pour les organisations ».</p>
<p>Ce que montrent nos <a href="https://www.researchgate.net/profile/Anthony-Clain/publication/351385309_L%E2%80%99impact_du_leadership_participatif_sur_la_reduction_de_l%E2%80%99incertitude_et_la_satisfaction_des_besoins_psychologiques_des_conseillers_de_Pole_Emploi/links/6320879e873eca0c0084cd4c/Limpact-du-leadership-participatif-sur-la-reduction-de-lincertitude-et-la-satisfaction-des-besoins-psychologiques-des-conseillers-de-Pole-Emploi.pdf">recherches récentes</a>, menées avec un regard de psychologue, est que ces deux notions sont bien liées : des modes de gestions participatifs permettent bien d’améliorer la <a href="https://theconversation.com/topics/qualite-de-vie-48280">qualité de vie</a> au travail. Nous le montrons notamment en ce qui concerne la manière dont on peut aborder des contextes incertains, parfois source de <a href="https://theconversation.com/topics/stress-20136">stress</a> et d’anxiété.</p>
<h2>Incertitude, stress et anxiété</h2>
<p>Cela relève d’un truisme : le monde est de plus en plus incertain : tensions sociales, guerre en Ukraine, augmentation générale des prix, crise énergétique scénarios alarmants sur les potentielles sècheresses… Le monde bouge et véhicule avec lui un lot de changements <a href="https://theconversation.com/decider-dans-lincertitude-et-si-vous-vous-mettiez-a-la-retroprospective-136446">sans véritablement savoir ce qu’ils changeront</a>.</p>
<p>Par-delà le monde politique, c’est aussi dans les organisations de travail que cette incertitude est bien souvent perçue. Trop souvent, le <a href="https://theconversation.com/managers-et-si-vous-arretiez-de-dire-des-choses-qui-ne-servent-a-rien-202866">jargonnage</a> d’initié confinant parfois à la pure <a href="https://www.capital.fr/votre-carriere/langue-de-bois-en-entreprise-comment-maitriser-les-bases-de-la-novlangue-921479">novlangue orwellienne</a> dissimule à peine cette réalité. À l’heure où l’on parle de « flexibilisation », ou de « mutualisation », un chapeau général nommé « incertitude » pourrait tout aussi être utilisé. Du reste, la recherche croissante de sens au travail, les difficultés de recrutement de la génération Z, ou le (prétendu ?) phénomène de la grande démission sont peut-être dus (ou au moins liés) à cette profonde incertitude.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1650542270368677891"}"></div></p>
<p>Commençons par définir les termes. L’incertitude c’est tout d’abord le fait de ne pas pouvoir mettre en relation un élément avec un ou plusieurs autre(s). Cette « perception d’inconsistance » (tel est le <a href="https://citeseerx.ist.psu.edu/document?repid=rep1&type=pdf&doi=9d4d3222e57cc6d2697e618e4867b6ea91068700">terme que l’on reprend</a> pour poser les bases de notre <a href="https://theses.hal.science/tel-04020109/document">définition</a>) entraîne un état émotionnel aversif qui déclenche enfin le besoin de résoudre ce conflit.</p>
<p>Un salarié peut, par exemple, constater qu’il ne dispose pas des informations nécessaires pour satisfaire les demandes de son manager. Cela entraîne chez lui un état émotionnel négatif, se traduisant généralement par une <a href="https://www.cairn.info/revue-le-travail-humain-2007-3-page-289.htm">augmentation du stress et une anxiété accrue</a>. Il lui semble alors impératif de réguler la situation, un peu comme une alarme qui continue à sonner tant que personne ne la coupe.</p>
<p>Il existe bien sûr des <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Ft00995-000">différences psychologiques entre les individus</a>. Pour filer la métaphore de l’alarme, certains sont psychologiquement plus disposés à subir cette alarme que d’autres qui préféreront la faire taire au plus vite.</p>
<p>Il existe par ailleurs <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953617301703">trois grandes sources d’incertitude</a>. Il y a ce qui relève de la probabilité, c’est-à-dire le caractère aléatoire ou non déterminé d’une information, ce qui relève de l’ambiguïté, c’est-à-dire d’un manque de fiabilité de l’information, et enfin de la complexité, c’est-à-dire de difficulté à comprendre l’information.</p>
<h2>L’incertitude, un nouveau risque psychosocial ?</h2>
<p>L’incertitude n’implique donc pas directement stress ou anxiété : c’est tout un processus qui y peut y conduire. Certaines différences psychologiques (ou certains états d’esprit) peuvent rendre l’expérience de l’incertitude peu anxiogène, voire carrément stimulante.</p>
<p>Néanmoins, considérer l’incertitude comme un <a href="https://hal.science/hal-01907551/document">risque psychosocial</a> (RPS) aurait l’avantage de rendre plus tangible le potentiel délétère qu’elle représente. Et par là même, sensibiliser davantage les organisations à ce risque que courent leurs salariés. De fait, comme le précise le <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/sante-au-travail/prevention-des-risques-pour-la-sante-au-travail/article/risques-psychosociaux#:%7E:text=Les%20risques%20psychosociaux%20sont%20d%C3%A9finis,et%20aux%20relations%20de%20travail.">ministère du Travail</a> :</p>
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<p>« la prévention des risques psychosociaux s’inscrit dans l’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006178066">obligation générale</a> de protection de la santé physique et mentale des travailleurs. »</p>
</blockquote>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>La question de la régulation de l’incertitude reste de plus un angle mort des politiques de qualité de vie au travail déployées un peu partout. Certains <a href="https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/s11205-004-5368-4.pdf">outils diagnostics</a> ont, certes, parfois intégré cette dimension mais cela ne signifie pas pour autant que cette question bénéficie du traitement qu’elle devrait recevoir, eu égard à sa prévalence dans nos vies quotidiennes.</p>
<h2>Face à l’incertitude, des pratiques participatives</h2>
<p>Comment donc réguler l’incertitude ? Ou dit autrement, comment la ramener à un niveau psychologiquement tolérable pour les individus ? Différentes solutions ont été proposées.</p>
<p>Beaucoup actionnent des leviers individuels. Il s’agirait, par exemple, de <a href="https://theconversation.com/cinq-conseils-pour-survivre-dans-un-monde-de-plus-en-plus-incertain-125766">développer un état d’esprit</a> plus favorable à l’accueil de l’incertitude, de se reposer sur la planification, ou bien sur le <a href="https://www.cairn.info/revue-le-travail-humain-2007-3-page-235.htm">développement de puissantes ressources psychosociales</a>. Bien que souvent pratiques car « clés en main », ces propositions laissent tout de même perplexe : proposer des solutions individuelles revient à faire <a href="https://journals.openedition.org/pistes/3086">porter la responsabilité à l’individu</a> de phénomènes qu’il ne contrôle pas initialement. C’est alors bien souvent oublier qu’il existe aussi des solutions managériales.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528265/original/file-20230525-27-qaured.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Spoiler, la mise en place d’une grande <a href="https://theconversation.com/sois-heureux-et-tais-toi-101778">« happycratie »</a> inclusive ne sera pas suffisante. Dans une <a href="https://www.researchgate.net/profile/Anthony-Clain/publication/351385309_L%E2%80%99impact_du_leadership_participatif_sur_la_reduction_de_l%E2%80%99incertitude_et_la_satisfaction_des_besoins_psychologiques_des_conseillers_de_Pole_Emploi/links/6320879e873eca0c0084cd4c/Limpact-du-leadership-participatif-sur-la-reduction-de-lincertitude-et-la-satisfaction-des-besoins-psychologiques-des-conseillers-de-Pole-Emploi.pdf">étude récente</a>, nous avons néanmoins testé les perspectives offertes par une solution collective.</p>
<p>Nous avons tenté de mesurer l’impact des pratiques participatives véhiculées au sein d’une organisation sur l’incertitude (plus précisément quand elle prend la forme de l’ambiguïté) et la qualité de vie au travail perçues. Il s’agissait d’un public de conseillers en évolution professionnelle. La présence d’émotions (positives/négatives) et la satisfaction/frustration des besoins psychologiques ont servi d’indicateurs de la qualité de vie au travail.</p>
<p>Nos résultats indiquent un impact positif de ces pratiques participatives. Il semble s’expliquer en partie par la capacité de celles-ci à réguler l’incertitude. Dit autrement : c’est parce que ces pratiques participatives contribuent à réduire l’incertitude qu’elles permettent d’améliorer (en partie) la qualité de vie au travail. Les pratiques directives, elles, ne fonctionnent tout simplement pas pour réguler l’incertitude. Pire, elles présentent un impact négatif sur la qualité de vie au travail.</p>
<h2>En pratique : partager, faciliter et impliquer</h2>
<p>« Oui mais ça marche pas partout. Chez les pompiers par exemple… » « Donc on gère les crises en prenant juste le temps d’impliquer tout le monde ? » « Et dans une situation où des vies sont en jeu ? A l’armée ou en temps de guerre… » : les objections peuvent être nombreuses et, bien évidemment, il ne s’agit pas de dire que les situations de crise peuvent et doivent être gérées de manière participative.</p>
<p>Néanmoins, dans le cadre du travail tertiaire, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277675?sommaire=4318291">75 % des emplois en France</a> tout de même, cela peut fonctionner de cette manière. En pratique, trois mots d’ordre peuvent nous aiguiller : partager, faciliter et impliquer.</p>
<p>Partager un maximum l’information plutôt que de la concentrer reste fondamental et permet de limiter le développement des <a href="https://www.researchgate.net/profile/Elmie-Nekmat/publication/334797790_Effects_of_online_rumors_on_attribution_of_crisis_responsibility_and_attitude_toward_organization_during_crisis_uncertainty/links/5d47a696a6fdcc370a7c52e9/Effects-of-online-rumors-on-attribution-of-crisis-responsibility-and-attitude-toward-organization-during-crisis-uncertainty.pdf">rumeurs en temps d’incertitude</a> (rumeurs qui sont bien souvent des explications naïves d’évènements ou processus complexes, augmentant l’illusion de contrôle personnel de leurs auteurs).</p>
<p>Faciliter le développement des compétences de ses salariés permet de les faire gagner en maturité professionnelle, de se sentir mieux armé face à l’incertitude, et donc de moins percevoir un contexte comme incertain. Enfin, les impliquer le plus possible dans le processus de prise de décision, même si ce n’est pas toujours évident, reste le <a href="https://theses.hal.science/tel-04020109/document">levier principal de régulation de l’incertitude</a>. Des solutions simples peuvent être mobilisées : ouvrir à la discussion, inviter plutôt qu’imposer, déléguer plutôt que centraliser.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206426/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anthony Clain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour ramener l’incertitude à un niveau psychologiquement acceptable pour les individus, les organisations mettent souvent en place des dispositifs individuels. Mais est-ce bien la bonne échelle ?Anthony Clain, Docteur en Psychologie Sociale - Chercheur Associé, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2030182023-06-02T09:49:39Z2023-06-02T09:49:39ZParcoursup : les adolescents face au stress des choix d’orientation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/529350/original/file-20230531-27-3hlj3x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C1917%2C1325&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les rêves offrent un espace pour se construire et se préparer à la rencontre avec la réalité.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’orientation est une source de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/stress-20136">stress</a> considérable pour les jeunes. Si c’est souvent en fin d’année scolaire, lors de la diffusion des résultats d’admission post-bac, que l’opinion publique en prend conscience, ce phénomène va bien au-delà des échéances de fin d’année scolaire. Il toucherait deux tiers des jeunes de 18 à 25 ans, selon une <a href="https://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2018/12/181211_Cnesco_orientation_enquete_jeunes_credoc.docx.pdf">enquête menée par le CREDOC</a> (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) pour le CNSECO (Conseil National d’Évaluation du Système Scolaire).</p>
<p>Bien que le stress paraisse augmenter à l’approche de la classe de terminale, les <a href="https://journals.openedition.org/osp/617">collégiens expriment déjà eux aussi massivement leurs difficultés face à ces choix d’avenir</a>.</p>
<p>Alors que les lycéens reçoivent à compter du 1<sup>er</sup> juin 2023 sur <a href="https://www.parcoursup.fr/">Parcoursup</a> les premières réponses à leurs demandes d’inscription dans l’enseignement supérieur, interrogeons-nous sur ce que représente l’orientation pour les nouvelles générations.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/orientation-post-bac-linevitable-stress-de-parcoursup-161036">Orientation post-bac : l’inévitable stress de Parcoursup ?</a>
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<p>Si de nombreux dispositifs sont mis en place pour aider les élèves à construire leurs parcours, on continue généralement de se focaliser sur des enjeux d’insertion scolaire, universitaire, ou socio-professionnelle. On oublie souvent la spécificité du temps dans laquelle s’inscrivent ces échéances, l’adolescence, qui agit sur la manière d’envisager des projets d’avenir.</p>
<h2>L’orientation, cap important vers l’âge adulte</h2>
<p><a href="https://www.revuecliopsy.fr/wp-content/uploads/2019/10/RevueCliopsy22-Meloni-015.pdf">Le choix d’orientation</a> marque souvent une des premières prises de responsabilité des adolescents. Associé au développement de leur autonomie, il implique une distanciation avec les parents, et donc la perte de leur protection. Les appréhensions face à l’avenir sont encore plus fortes quand les élèves ont l’impression d’être démunis face à la <a href="https://theconversation.com/orientation-post-bac-linevitable-stress-de-parcoursup-161036">complexité des filières et des procédures</a> ou d’avoir un niveau trop faible.</p>
<p>Les jeunes <a href="https://www.education.gouv.fr/rapport-thematique-igesr-2020-l-orientation-de-la-quatrieme-au-master-325088">se plaignent fréquemment de l’injustice des dispositifs d’orientation</a>, et leur détresse peut dès lors se mêler à un sentiment de colère. Sans préjuger de son bien-fondé, cette plainte interpelle l’institution et, à travers elle, les adultes, à la fois critiqués et recherchés pendant ce processus d’autonomisation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/choix-scolaires-une-orientation-heureuse-est-elle-possible-103295">Choix scolaires : une « orientation heureuse » est-elle possible ?</a>
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<p>Bien que les choix d’orientation soient moins tributaires qu’auparavant des traditions sociales et familiales, à travers eux, les adolescents se situent néanmoins <a href="https://www.cairn.info/revue-cliopsy-2009-2-page-105.htm">dans une filiation</a> en affirmant leur proximité avec un membre de leur entourage exerçant dans la voie envisagée ou manifestant son intérêt à son égard. C’est pourquoi la valorisation procurée par l’admission dans un cursus est aussi une façon d’espérer satisfaire les personnes importantes à leurs yeux.</p>
<p>« Être pris », « être refusé », « savoir s’ils veulent de moi » sont autant d’expressions que les jeunes utilisent pour signifier leurs préoccupations. Dès lors, les choix d’orientation engage la construction de l’image de soi à plusieurs niveaux. Tout d’abord, leur émission reflète l’idée que les adolescents se font d’eux-mêmes selon, notamment, leur assurance, leurs caractéristiques sociales, <a href="https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2007-2-page-87.htm">leur féminité/masculinité</a>, comme le développe notamment Françoise Vouillot.</p>
<p>Les réponses qu’ils reçoivent façonnent à leur tour leur représentation d’eux-mêmes. Non seulement elles renforcent ou affaiblissent leur confiance en eux mais elles consolident, ou au contraire, remettent en question leur identité, puisqu’à travers elles, l’espace social émet un jugement sur l’adéquation de leur personnalité avec la place envisagée.</p>
<h2>Choisir et affirmer son identité</h2>
<p>L’élaboration d’un projet d’orientation s’apparente effectivement à celle d’un « projet identitaire » selon la formule de <a href="https://cerisy-colloques.fr/pieraaulagnier2021/">Piera Aulagnier</a>. Avec lui, l’adolescent cherche à <a href="https://www.cairn.info/revue-travailler-2014-2-page-131.htm">repérer ses désirs</a>, à les affirmer, à les faire reconnaitre. Le projet lui permet ainsi de s’authentifier en évoquant ses rêves, ses idéaux, ses désirs, mais aussi leurs limitations. Toutefois, il reste soumis à la reconnaissance sociale, par la sélection et la remise de diplôme.</p>
<p>En d’autres termes, alors que le projet représente pour l’adolescent une occasion de prendre la parole en son nom en énonçant comment il souhaite se situer dans la vie collective, l’admission ou le refus dans la filière demandée soutient ou, au contraire, destitue cette tentative de s’affirmer en tant que personne.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/jfX-SN-HyJE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">#DitesNousTOUT : votre orientation, un choix de cœur ou stratégique ? (Région Occitanie, 2017).</span></figcaption>
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<p>Toutes les formes de stress ne sont néanmoins pas équivalentes. Certaines concernent davantage la crainte de manquer d’informations sur les voies existantes, sur les débouchés ou sur le quotidien d’une activité professionnelle. D’après nos observations de terrain, issues de nos recherches sur le vécu de l’orientation menées en établissements scolaires de différentes académies, ces préoccupations sont plus prégnantes chez des élèves ou chez des étudiants de milieux sociaux défavorisés. Centrées sur le fonctionnement et sur les attentes sociales, elles renvoient à un manque de repères externes.</p>
<p>À ces préoccupations se mêle une quête de repères internes mis à mal à l’adolescence avec les transformations physiques et psychiques. Sous cet angle, le stress de l’orientation pourrait être requalifié en angoisse. Avec lui, il s’agit finalement de l’angoisse liée au risque de perdre l’amour et l’estime de sa famille en n’étant pas à la hauteur des attentes, de l’angoisse face à la responsabilité d’affirmer ses désirs face aux demandes sociales, de l’angoisse du « qui suis-je ? »</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-jeunesse-des-jeunesses-des-diplomes-pour-imaginer-lavenir-171223">« Une jeunesse, des jeunesses » : des diplômes pour imaginer l’avenir ?</a>
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<p>Quelques situations amplifient cette angoisse identitaire, comme le cas où les adolescents sont plus fragiles psychiquement. De même, les élèves « orientés par défaut » ou soumis à « une orientation subie », déjà en difficultés scolaires, ne parviennent pas à se sentir reconnus quand ils énoncent leurs projets au point pour certains d’affirmer « ne pas avoir d’avenir » ou « d’être bon à rien ».</p>
<p>Cette angoisse peut encore être oppressante pour les élèves issus de milieux sociaux défavorisés qui se sentent engagés dans un avenir sans issue, mais aussi éprouvante pour les élèves de milieux sociaux favorisés soumis à des pressions exigeantes. Enfin, elle peut être alimentée par <a href="https://doi.org/10.1051/psyc/202050060">l’assignation à un stigmate social, culturel ou médical</a>, qui assujettit les adolescents aux projets des autres à leur égard, les dépossédant de leur avenir. Ainsi, comme nous avons pu le montrer dans un précédent article, bien que les <a href="https://www.cairn.info/revue-psychologie-clinique-2020-2.htm">élèves atteints d’un handicap</a> soient régulièrement amenés à énoncer leurs projets d’avenir, leurs paroles sont finalement peu prises en compte.</p>
<h2>Des rêves à concilier avec les enjeux du monde contemporain</h2>
<p>Inhérente au processus de l’adolescence, l’angoisse du choix d’avenir est particulièrement forte alors que montent les <a href="https://theconversation.com/en-2020-les-generations-climat-haussent-le-ton-128959">inquiétudes environnementales</a>, sociales ou géopolitiques, rendant difficile la projection dans l’avenir, et par conséquent, les rêves de jeunesse. Or les <a href="https://doi.org/10.3917/ep.089.0162">rêves sont fondamentaux à l’adolescence</a>. En fournissant un espace protégé, ils accordent du temps pour grandir et imaginer une façon de se présenter aux autres avant de pouvoir affronter la rencontre de la réalité.</p>
<p>Pour autant, le contexte ne nous dédouane pas d’interroger la responsabilité des adultes. Il pourrait paraître paradoxal que le stress ou l’angoisse s’accroisse au moment même où l’institution aspire à développer des pratiques éducatives bienveillantes. Dans ce sens, Pierre Boutinet remarque la <a href="https://www.puf.com/content/Anthropologie_du_projet">contradiction d’une position institutionnelle qui encourage les élèves et les étudiants à exprimer des choix pour finalement ne pas en tenir véritablement en compte</a>. Les projets envisagés sont aussitôt confrontés à la réalité menaçante du poids des notes, du nombre de places en établissement et du manque de débouchés.</p>
<p>En somme, l’exigence de performance pousse à développer des compétences scolaires, professionnelles et sociales afin de maîtriser l’orientation. Mais le discours porteur de promesses d’émancipation au travail ne permet pas de prendre en compte les inquiétudes des adolescents en restant focalisé sur l’idée qu’une « bonne orientation » assurerait l’avenir.</p>
<p>Ce discours pourrait pourtant s’essouffler avec les successions de crises sociales et de crises d’emploi, ou encore, avec le développement de la <a href="https://theconversation.com/mesurer-la-souffrance-au-travail-des-sirenes-hurlantes-au-mur-du-silence-83751">souffrance au travail</a>. Pour l’heure, en évitant le questionnement intime des adolescents, le risque est de ne pas les considérer à travers leur histoire personnelle, mais comme des élèves ou des étudiants permutables et malléables à souhait.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203018/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Méloni ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le choix d’orientation post-bac touche à des enjeux d’identité et il importe de ne pas éviter ce questionnement intime pour aider les adolescents à affronter l’inquiétude de l’avenir.Dominique Méloni, Maîtresse de conférences en sciences de l’éducation, spécialité psychologie de l’éducation. Psychologue clinicienne, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2061462023-05-25T16:49:48Z2023-05-25T16:49:48ZSports extrêmes, épuisement… Nous pouvons tous halluciner (littéralement) !<p>Dans l’imaginaire collectif comme en littérature, l’hallucination reste souvent synonyme de trouble psychique ou de consommation de substances toxiques. « Entendre des voix, c’est mauvais signe même dans le monde des sorciers… » rappelle ainsi Hermione Granger à Harry Potter (<em>Harry Potter et la chambre des secrets</em>, Gallimard jeunesse, 1998).</p>
<p>Pourtant, la manière dont notre cerveau construit en permanence une représentation mentale de ce qui nous entoure reflète autant les informations transmises par nos organes sensoriels que nos connaissances : notre perception du monde est donc, par définition, tout ce qu’il y a de plus personnel et subjectif ! Cette intégration subtile d’informations diverses a conduit des scientifiques à considérer nos perceptions comme des <a href="https://www.anilseth.com/being-you/">« hallucinations contrôlées » du monde</a>.</p>
<p>Le phénomène hallucinatoire peut ainsi être défini comme un stimulus perçu, mais ne s’appuyant sur rien de concret dans notre environnement – on voit vraiment quelque chose qui n’est pas là. Un élargissement de perspective qui change beaucoup de choses. Présent le long d’un continuum allant du normal au pathologique, il s’avère ainsi beaucoup plus répandu qu’on ne le croit… et moins connoté. Et son étude s’est imposée comme un <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-1-4614-4121-2">champs de recherche reconnu en neurosciences</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/podcast-notre-cerveau-dans-tous-ses-etats-mentaux-203456">Podcast : Notre cerveau dans tous ses états (mentaux)</a>
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<p>Il est apparu que sa survenue était favorisée dans certaines situations limites, notamment en cas de stress psychologique ou physiologique intenses. Les récits des explorateurs et des sportifs de l’extrême regorgent ainsi de témoignages d’hallucinations survenues dans ces séquences exceptionnelles, riches en informations sur leur nature et leur origine.</p>
<h2>Pourquoi ces hallucinations de l’extrême ?</h2>
<p>En induisant à la fois une privation d’oxygène (hypoxie) et de CO<sub>2</sub> (hypocapnie, due à l’hyperventilation), la très haute altitude expose déjà le grimpeur à des risques parfois mortels tel l’œdème pulmonaire ou cérébral.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout. Il peut également être sujet de tout un panel de perceptions extraordinaires, allant de la paréidolie (<a href="https://theconversation.com/illusions-et-hallucinations-visuelles-une-porte-sur-la-perception-117389">détection de formes dans l’environnement, par exemple de visages dans les nuages</a>) à l’autoscopie (<a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=autoscopie">perception d’un double de soi mais en dehors de soi</a>), en passant par un compagnon imaginaire ou des vécus spirituels proches de la sensation de fusion avec l’univers parfois décrite sous psychédéliques.</p>
<p>De tonalité affective variable, ces expériences appartiennent à la fois au registre de l’illusion, de l’hallucination et des états modifiés de conscience. Angoissantes parfois, elles ont paradoxalement assuré pour de nombreux alpinistes une <a href="https://www.editionspaulsen.com/guerin/186-les-hallucines.html">fonction rassurante d’« ange gardien »</a>.</p>
<p>Skippers en solitaire et autres coureurs d’ultra-trails ne sont pas en reste et présentent <a href="https://www.edimark.fr/revues/la-lettre-du-psychiatre/n-3-4-decembre-2018-copy/lultra-trail-du-mont-blanc-lepreuve-sportive-au-pouvoir-hallucinogene-copy">également leur lot d’expériences hallucinatoires</a>. Les erreurs d’encodage des informations sensorielles dans le cerveau résultent ici d’un savant mélange de déshydratation, de privation de sommeil et de stimulations monotones et répétitives. Le bruit régulier des vagues sur la coque du bateau, qui modifie la bonne perception des bruits « significatifs » par rapport au bruit de fond, peut avoir cet effet.</p>
<p>Et à l’instar d’observations faites lors des confinements liés à la pandémie de Covid-19, la <a href="https://www.em-consulte.com/article/1399136/consequences-psychopathologiques-du-confinement">solitude semble être un autre facteur favorisant leur émergence</a>.</p>
<p>L’expérience hallucinatoire « extrême » se développe selon une complexité croissante. Surviennent déjà des phénomènes élémentaires et unimodaux (ne touchant qu’un seul sens) : par exemple des phosphènes – des points scintillants – ou des acouphènes – des bruits parasites.</p>
<p>Apparaissent ensuite des distorsions de la perception : taille et contour des objets sont déformés (métamorphopsies). Puis le sujet touché connaît une augmentation de son <a href="https://www.albin-michel.fr/le-dialogue-interieur-9782226397911">« langage intérieur »</a> (cette petite voix dans notre tête) et un ralentissement cognitif. enfin, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2018.00303/full">au-delà de 48-72h de dette de sommeil, les hallucinations deviennent multisensorielles</a> – on voit des formes humaines, on entend des voix, etc.</p>
<p>Il est possible de multiplier les exemples où le phénomène peut se produire avec la narcose au gaz inerte des plongeurs en eaux profondes, les expéditions polaires prolongées ou l’isolement sensoriel des spéléologues pris au piège de l’obscurité des mondes souterrains…</p>
<p>Ce qui est frappant, c’est qu’à chaque fois nous sommes aux limites de l’endurance et des capacités physiques ou psychiques humaines. Ce constat n’est pas sans rappeler les descriptions faites par 10 à 20 % des ressuscités d’arrêt cardio-respiratoire. Les expériences dites de mort imminente (EMI) comprennent elles aussi des phosphènes, pouvant aller jusqu’à la vision d’un tunnel lumineux, des flashs mnésiques, une sensation de conscience omnisciente ou des sensations de décorporation.</p>
<p>Ces expériences sont dans tous les cas des signaux d’alerte à ne pas négliger. Dans le cadre d’une pratique extrême en mer ou en haute montagne, elles sont corrélées à un risque d’accident accru, de chute ou de mauvaise décision pouvant s’avérer mortelle.</p>
<h2>Quels mécanismes derrière ces hallucinations ?</h2>
<p>Ces récits apportent-ils des éléments de compréhension sur les mécanismes possibles et l’origine de l’hallucination ? Une hypothèse a plusieurs fois été avancée : la sensibilité différente au manque d’énergie et d’oxygène de certaines zones cérébrales qui auraient un métabolisme plus élevé.</p>
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<img alt="Gif montrant la localisation de l’hippocampe, au cœur du cerveau" src="https://images.theconversation.com/files/527585/original/file-20230522-21-47lpen.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/527585/original/file-20230522-21-47lpen.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/527585/original/file-20230522-21-47lpen.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/527585/original/file-20230522-21-47lpen.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/527585/original/file-20230522-21-47lpen.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/527585/original/file-20230522-21-47lpen.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/527585/original/file-20230522-21-47lpen.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’hippocampe joue un rôle central dans la mémoire et l’accès à ses souvenirs autobiographiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anatomography/Life Science Databases</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<img alt="Gif localisation la jonction temporo-pariétale" src="https://images.theconversation.com/files/527586/original/file-20230522-25-d8hkbg.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/527586/original/file-20230522-25-d8hkbg.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/527586/original/file-20230522-25-d8hkbg.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/527586/original/file-20230522-25-d8hkbg.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/527586/original/file-20230522-25-d8hkbg.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/527586/original/file-20230522-25-d8hkbg.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/527586/original/file-20230522-25-d8hkbg.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La jonction temporo-pariétale est impliquée dans la distinction soi/non-soi.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Database Center for Life Science (DBCLS)/BodyParts3D</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>C’est notamment le cas de l’hippocampe (dans le lobe temporal) ou de la jonction temporo-pariétale (JTP, entre les lobes temporal et pariétal). Véritables carrefours de l’information, ces deux régions sont impliquées dans de multiples fonctions cognitives et sensorielles telles que l’accès aux souvenirs autobiographiques et à leur contexte d’encodage (pour l’hippocampe) ou la distinction entre le soi et le non-soi (pour la JTP).</p>
<p>Des travaux ont pu montrer qu’il était possible de reproduire expérimentalement un <a href="https://www.nature.com/articles/419269a">vécu de sortie du corps en stimulant électriquement la JTP droite</a>. Lors des expériences de mort imminente, la <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnins.2019.00800/full">connectivité du complexe hippocampique</a> et de <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2216268120">la JTP</a> sont profondément modifiées dans les secondes entourant le décès.</p>
<p>Ces régions cérébrales et leurs réseaux de connectivité ont également été incriminés dans la survenue d’expériences hallucinatoires chez les personnes <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/hbm.23197">ayant reçu un diagnostic de schizophrénie</a>, de <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-022-28087-0">Parkinson</a> ou <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211124721011633">ayant consommé du LSD</a>.</p>
<h2>Un phénomène complexe et intime</h2>
<p>Il est probable que d’autres facteurs (biologiques ou non) concourent à leur émergence. L’hallucination figure d’ailleurs au premier rang des symptômes de plusieurs pathologies cérébrales ou systémiques (troubles psychiatriques, neurologiques, immuno-inflammatoires, génétiques)… Elle n’en reste pas moins une expérience humaine fascinante et intime, puisqu’au-delà des mécanismes sous-jacents à son éclosion, ce qui est vécu reste propre à chacun.</p>
<p>Observables dans une multitude de contextes, les hallucinations ont également un seuil de déclenchement variable d’un individu à l’autre, allant du simple stress social (isolement) à l’agonie (lors des EMI), en passant par l’exposition à des milieux extrêmes. Leur caractère ubiquitaire doit nous amener à lutter plus efficacement contre la stigmatisation dont les personnes concernées font l’objet, sans banaliser la souffrance psychique qui les accompagne souvent.</p>
<p>Des dispositifs cliniques spécialisés à même de recevoir les personnes avec hallucinations existent sur le territoire. Ils permettent d’évaluer le besoin de soins, de poser un diagnostic, de proposer une prise en charge le cas échéant, mais aussi de prévenir une complication ou un risque de suicide (voir ci-dessous). Certains sont dédiés aux enfants et adolescents, qui peuvent également souffrir d’expériences envahissantes à même de grever leur développement et leurs apprentissages.</p>
<p>En amont de ces prises en charge, le maintien d’une bonne hygiène de vie (qualité du sommeil ou des liens sociaux) constitue une mesure simple permettant de réduire la fréquence de survenue de troubles psychiques en général, et des hallucinations en particulier…</p>
<p>Tout aventurier de l’extrême devrait par ailleurs inclure dans sa préparation une information sur les causes possibles de l’hallucination en milieu exceptionnel, sa signification, les risques associés et la manière d’en limiter l’impact.</p>
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<p><strong>Pour aller plus loin</strong></p>
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<li><p><em>Où consulter pour les hallucinations de l’enfant ? Le CHU de Lille dispose d’une équipe spécialisée (<a href="https://chu-lille.fr/chess">CHESS, Consultation hallucinations + expériences supra-sensorielles</a>).</em></p></li>
<li><p><em>Qui appeler en cas d’idées suicidaires associées au phénomène ? Le numéro national gratuit est le 3114</em>.</p></li>
<li><p><a href="https://understandingvoices.com"><em>Ressources en anglais sur les entendeurs de voix</em></a>.</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/206146/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les travaux de Renaud Jardri sont financés par différents programmes nationaux et internationaux de recherche (ANR, PHRC-N, FIOP, H2020).</span></em></p>Trop souvent encore on lie hallucination et trouble mental (ou drogue). Erreur ! Tout le monde peut être touché par ce phénomène déstabilisant… Voilà dans quelles circonstances et avec quels effets.Renaud Jardri, Professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2058732023-05-22T16:37:17Z2023-05-22T16:37:17ZSanté cardiovasculaire et minorités sexuelles : vers une meilleure prise en compte en France ?<p>Au cours des dernières décennies, cliniciens, chercheurs en santé publique et autorités publiques ont pris conscience du fait que les minorités sexuelles et de genre (LGBTQI+) ont des besoins spécifiques en matière de prévention et de soins de santé, en partie liés à des disparités socio-économiques et des expériences de discrimination.</p>
<p>Si, dès les années 1980, l’épidémie de VIH a mis un coup de projecteur sur le sujet, les recherches menées plus récemment ont permis de souligner l’existence d’inégalités en matière de santé et d’accès aux soins dans d’autres domaines que celui des maladies infectieuses.</p>
<p>Des études antérieures conduites principalement aux États-Unis et aux Pays-Bas avaient documenté des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25849883/">disparités concernant les facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires des minorités sexuelles</a>, par rapport aux personnes hétérosexuelles – par exemple, des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5343694/">différences concernant les facteurs de santé cardio-vasculaires</a> liés au style de vie comme le tabagisme, l’alimentation déséquilibrée et la sédentarité. Les données sur les facteurs de santé biologiques tels que la glycémie, la pression artérielle et les lipides sanguins sont en revanche insuffisamment décrits dans cette population.</p>
<p>Alors que les maladies cardio-vasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde, il semblait essentiel d’obtenir également une photographie de la santé cardio-vasculaire des minorités sexuelles en France. Les <a href="https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-cardiovasculaires/article/maladies-cardiovasculaires">maladies cardio-vasculaires représentent la deuxième cause de mortalité après les tumeurs en France</a> (135 000 décès sur les 667 000 enregistrés en 2020, soit 20 % de la mortalité toute cause, contre 25 % pour les tumeurs). En outre, en 2018, 4,1 millions de Français du régime d’Assurance général étaient traités pour une maladie cardio-neuro-vasculaire.</p>
<p>C’est pour répondre à cet enjeu, ainsi qu’aux disparités observées chez les personnes LGBTQI+, que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37195318/">nous avons mené la première étude nationale française s’intéressant aux inégalités en matière de santé cardio-vasculaire, en fonction de l’identité sexuelle</a>.</p>
<h2>Zoom sur la situation en France</h2>
<p>Notre travail a consisté à étudier le niveau de santé cardio-vasculaire en fonction de l’identité sexuelle déclarée des participants de la cohorte Constances. Notre étude a porté sur 169 434 adultes non atteints de maladies cardio-vasculaires. Parmi les 90 879 femmes, 555 étaient lesbiennes, 3 149 bisexuelles, 84 363 hétérosexuelles et 2 812 ont refusé de répondre sur leur identité sexuelle. Parmi les 78 555 hommes, 2 421 étaient homosexuels, 2 748 bisexuels, 70 994 hétérosexuels et 2 392 ont refusé de répondre.</p>
<p>La santé cardio-vasculaire des participants était mesurée par un <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIR.0000000000001078">score composite à 8 items (le <em>Life’s Essential 8</em> ou LE8)</a> développé par l’<a href="https://www.heart.org/">Association américaine de cardiologie</a>. Chaque item (exposition à la nicotine, alimentation, activité physique, indice de masse corporelle, sommeil, glycémie, pression artérielle et niveau de cholestérol total dans le sang) est pondéré et permet d’obtenir un score total variant de 0 à 100. Un score élevé traduit une meilleure santé cardio-vasculaire, avec un score proche de 100 traduisant une santé cardio-vasculaire dite « idéale ».</p>
<p>Plusieurs résultats ressortent de nos analyses. D’abord, si les femmes présentent globalement une meilleure santé cardio-vasculaire que les hommes, nous observons chez les femmes lesbiennes et bisexuelles des scores qui indiquent de moins bons résultats, si l’on compare aux femmes hétérosexuelles. En revanche, les hommes gays ont une meilleure santé cardio-vasculaire que les hommes hétérosexuels.</p>
<p>Pour prendre quelques exemples concrets : les femmes lesbiennes avaient des scores plus faibles d’alimentation et de tension artérielle, tandis que les femmes bisexuelles avaient des scores d’alimentation plus élevés par rapport aux femmes hétérosexuelles. Par rapport aux hommes hétérosexuels, les hommes gays et bisexuels avaient des scores plus élevés pour chaque item du LE-8, à l’exception du niveau d’activité physique qui était plus faible chez les hommes gay. Les femmes et les hommes bisexuels étaient aussi plus exposés à la nicotine que leurs homologues hétérosexuels.</p>
<p>Des analyses complémentaires indiquent que ces résultats doivent cependant être nuancés.</p>
<p>Chez les femmes qui avaient eu une grossesse au cours de leur vie, on ne retrouvait plus de différence entre les minorités sexuelles et les femmes hétérosexuelles, alors que les différences persistaient chez les femmes n’ayant pas eu de grossesse.</p>
<p>La meilleure santé cardio-vasculaire observée de manière générale chez les hommes gays par rapport aux hommes hétérosexuels ne se maintenait pas en milieu rural. Au total, ces éléments soulignent l’importance de l’accès aux soins et du contact régulier avec les professionnels de santé.</p>
<h2>Des hypothèses pour expliquer cette situation</h2>
<p>Plusieurs hypothèses peuvent expliquer les différences observées entre les hommes et les femmes LGBTQI+ et les hommes et les femmes hétérosexuelles.</p>
<p>Le niveau d’exposition à différents types de stress tels que la discrimination peut varier entre les hommes gay/bisexuels et les femmes lesbiennes et bisexuelles comparé aux individus hétérosexuels.</p>
<p>Il peut également exister des différences dans les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28441107/">ressources d’adaptation et de résilience</a> pour faire face à ces facteurs de stress. Une autre étude récemment publiée et reposant sur les données de Constances suggèrent des différences entre les hommes et les femmes homosexuels concernant les taux de dépression, de tentatives de suicide, d’addiction à l’alcool et au cannabis, qui ont un impact sur la santé (mentale) en général, et la santé cardio-vasculaire en particulier.</p>
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<p>La santé cardio-vasculaire pourrait être également influencée par des facteurs systémiques, liés notamment à un accès au système de santé diminué des minorités sexuelles par rapport aux hétérosexuels. Par exemple, des travaux ont montré en Angleterre que les personnes LGBTQl+, et surtout les femmes lesbiennes, rencontrent <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25190140/">plus de difficultés à y accéder</a>. Elles rapportent des discriminations (inconscientes) de la part des personnels soignants et une incompréhension de leurs problématiques de santé.</p>
<p>Du côté des hommes gay et bisexuels, une meilleure « littératie-santé » (c’est-à-dire la capacité à accéder, comprendre et utiliser les informations concernant leur santé) ainsi que la sensibilisation aux dépistages réguliers des maladies et infections sexuellement transmissibles (IST) peuvent contribuer à une augmentation des contacts avec les professionnels de la santé et des services de prévention et donc une meilleure santé cardio-vasculaire par rapport aux hommes hétérosexuels.</p>
<p>Enfin, on peut aussi souligner que des expériences différentes en matière de discrimination, et des différences dans la capacité de résilience pour affronter les facteurs de stress sociétaux et financiers peuvent également expliquer partiellement les différences entre les hommes et les femmes de minorités sexuelles et leurs homologues hétérosexuels.</p>
<p>En conclusion, il existe au sein de la population adulte française des inégalités en matière de santé cardio-vasculaire qui touchent les minorités sexuelles, particulièrement les femmes lesbiennes et bisexuelles. Leur proposer une offre de soins et de services de prévention optimale suppose que les acteurs du système de santé soient sensibles à leurs problématiques de discrimination et d’accès aux soins, aux biais qui peuvent survenir dans leur pratique, afin d’établir une relation de confiance entre les acteurs du système de santé et les minorités sexuelles.</p>
<hr>
<p><em><strong>Précision :</strong> Constances est une cohorte épidémiologique française, constituée d’un échantillon représentatif de 220 000 adultes âgés de 18 à 75 ans. Les participants sont invités à passer un examen de santé tous les quatre ans et à remplir un questionnaire tous les ans. Les données recueillies (santé, caractéristiques socioprofessionnelles, paramètres biologiques, physiologiques, physiques et cognitifs) sont appariées chaque année aux bases de données de l’Assurance maladie. Ce projet est soutenu par la Caisse nationale de l’assurance maladie et financé par le Programme d’investissement d’avenir.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205873/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>La recherche du Dr Empana a reçu des financements publiques au niveau national de type ANR (agence Nationale de Recherche) ou européens (programmes H2020), et parfois de Fondations d'utilité publique type Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) ou Fédération Française de Cardiologie (FFC). Ces structures ne prennent part à aucune décision quant aux choix de la thématique de recherche ou la conduite et la réalisation de la recherche.
Ce travail est le fruit d'une collaboration scientifique entre les chercheurs de la plateforme de recherche CONSTANCES et de l'équipe du Dr Empana.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>La recherche d'Omar Deraz a reçu des financements publiques au niveau national de type ANR (agence Nationale de Recherche) ou européens (programmes H2020), et parfois par des Fondations d'utilité publique type Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) ou Fédération Française de Cardiologie (FFC). Ces structures de financement ne prennent part dans aucune décision quant aux choix de la thématique de recherche ou la conduite et la réalisation de la recherche.
Ce travail est le fruit d'une collaboration scientifique entre les chercheurs de la plateforme de recherche CONSTANCES et les chercheurs de l'équipe du Dr Empana Jean-Philippe
</span></em></p>On manquait de données en France sur la santé cardio-vasculaire des personnes LGBTQI+. Une grande étude vient enfin combler ce manque et proposer des pistes de réflexion sur les disparités observées.Jean-Philippe Empana, Directeur de recherche, Centre de recherche cardiovasculaire de Paris, équipe Épidémiologie intégrative des maladies cardiovasculaires, INSERM U970, Université Paris Cité, InsermOmar Deraz, Chirurgien-dentiste, doctorant au Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris, Équipe épidémiologie Intégrative des Maladies Cardiovasculaires, INSERM U970, Université Paris Cité, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044412023-05-12T13:46:19Z2023-05-12T13:46:19ZSyndrome du côlon irritable : la gravité en cause, selon une nouvelle étude<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522692/original/file-20230424-16-y8xuaf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C2%2C997%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les nombreux symptômes du syndrome du colon irritable comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>Je préfère ne pas essayer ce nouveau restaurant, pourquoi ne pas rester à la maison ce week-end ? </p>
<p>Je ressens à nouveau un inconfort, s’agit-il d’une crise ? </p>
<p>Cette situation me perturbe, je n’arrive pas à la contrôler… je préfère rentrer chez moi. </p>
</blockquote>
<p>Les personnes souffrant du <a href="https://cdhf.ca/fr/digestive-conditions/irritable-bowel-syndrome-ibs/">syndrome du côlon irritable</a> sont souvent confrontées à ce type de réflexion. Que ce soit votre cas ou celui de l’un de vos proches, <a href="https://cusm.ca/newsroom/article/ne-n%C3%A9gligez-pas-syndrome-du-c%C3%B4lon-irritable#:%7E:text=Le%20SCI%20est%20un%20trouble,de%20moins%20de%2050%20ans.">il s’agit de l’un des problèmes les plus courants poussant les patients à consulter un gastro-entérologue</a>. </p>
<p>Et si la cause exacte demeure inconnue, une nouvelle hypothèse, liée à la force de gravité, pourrait apporter un éclairage sur cette énigme et changer la manière dont nous la traitons. </p>
<h2>Un large éventail de symptômes</h2>
<p>D’un point de vue clinique, le syndrome du côlon irritable est défini comme un trouble fonctionnel chronique (c’est-à-dire qui ne peut être expliqué par des altérations morphologiques, métaboliques ou neurologiques) du gros intestin. Les nombreux symptômes comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal. </p>
<p>En outre, ces maux se recoupent souvent avec d’autres affections intestinales et digestives, telles que la constipation fonctionnelle, la <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=dyspepsie_troubles_digestifs_fonctionnels_pm">dyspepsie</a> et les brûlures d’estomac fonctionnelles. </p>
<p>Sa prévalence semble varier considérablement d’un pays à l’autre, allant de moins de 1 % en Inde à 10 % en Espagne et plus de 20 % aux États-Unis ou en Croatie. <a href="https://www.thelancet.com/journals/langas/article/PIIS2468-12532030217-X/fulltext">Une récente méta-analyse publiée dans la revue <em>The</em> Lancet_Gastroenterology and Hepatology_</a> a établi la fourchette entre 3,8 % et 9,2 %, selon les critères utilisés. </p>
<p>Cette étude a également montré qu’elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (12 % contre 8,6 %) et qu’elle est l’une des causes les plus importantes d’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15217162/">absentéisme au travail</a>.</p>
<p>Comme il s’agit d’un trouble fonctionnel, de nombreux facteurs peuvent en déclencher l’apparition : des épisodes d’anxiété ou de stress, des événements traumatisants, une légère inflammation ou divers facteurs psychosociaux peuvent être à l’origine de l’inconfort. Le syndrome du côlon irritable a toujours été considéré comme une sorte de « tiroir fourre-tout » des symptômes abdominaux.</p>
<h2>Une hypothèse de taille</h2>
<p>En d’autres termes, il n’existe pas d’origine unique au syndrome du côlon irritable, et c’est précisément la raison pour laquelle il est si complexe de s’y attaquer. Toutefois, le tableau pourrait s’éclaircir : comme indiqué plus haut, <a href="https://journals.lww.com/ajg/fulltext/2022/12000/gravity_and_the_gut__a_hypothesis_of_irritable.15.aspx"><em>The American Journal of Gastroenterology</em></a> a avancé une théorie non conventionnelle selon laquelle le syndrome trouverait son origine dans une incapacité d’adaptation de nos systèmes gastro-intestinal, musculo-squelettique, cardiovasculaire et vestibulaire (responsable de l’équilibre et de l’orientation dans l’espace) à la gravité. </p>
<p>Selon <a href="https://researchers.cedars-sinai.edu/Brennan.Spiegel">Brennan Spiegel</a>, directeur de la recherche sur les services de santé au Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles et auteur de l’étude, lorsque ces systèmes ne peuvent pas contrôler l’attraction de la gravité, cela peut entraîner des douleurs, des crampes, des vertiges, des sueurs, de la tachycardie et des problèmes de dos, qui sont tous des symptômes du syndrome du côlon irritable. Et ce phénomène peut même contribuer à la prolifération bactérienne dans l’intestin, un problème également lié au syndrome du côlon irritable. </p>
<p>L’intérêt de l’hypothèse de Spiegel est qu’elle relie les différentes explications entourant le syndrome du côlon irritable en utilisant la gravité comme fil conducteur. Des anomalies dans les mécanismes de résistance à l’attraction gravitationnelle du tractus gastro-intestinal (telles qu’un mésentère sous-développé ou faible – le pli de membranes qui relie l’intestin à la paroi abdominale) entraîneraient un affaissement des organes abdominaux et les symptômes du syndrome du côlon irritable.</p>
<h2>Sensibilité accrue à la douleur</h2>
<p>Une autre conséquence serait liée à une prolifération anormale des bactéries dans l’intestin due à un transit intestinal lent, entraînant une augmentation de la perméabilité intestinale, une inflammation et une surproduction de <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/serotonine-64573">sérotonine</a>. Ce neurotransmetteur joue non seulement un rôle clé dans la santé mentale, mais il est également lié à la motilité intestinale et à la fonction cardiovasculaire, tout en étant un puissant sensibilisateur à la douleur. </p>
<p>La colonne vertébrale, la cage thoracique, le diaphragme et les ligaments agiraient ensemble comme un « châssis » stabilisateur pour tous les viscères de la cavité abdominale. Si cette structure n’était pas en mesure de résister à la force g (l’accélération produite par la gravité terrestre sur un objet), il se produirait un étirement et un gonflement, ce qui activerait les neurones sensoriels de manière soutenue.</p>
<p>Une « sensibilisation périphérique » se produirait alors, amenant le patient à ressentir la douleur à des seuils très bas. Et ce, même en l’absence de tout stimulus apparent.</p>
<p>L’auteur de l’étude affirme que la présence de tous ces facteurs pourrait générer une émission à haute fréquence et à haute intensité de signaux de douleur vers le cerveau, et que ce dernier modifierait le comportement et l’état psychologique de la personne pour compenser l’état altéré. </p>
<p>L’existence d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Axe_intestin-cerveau">axe intestin-cerveau</a> intègre les systèmes nerveux et gastro-intestinal. Son dérèglement entraîne un cercle vicieux de sensations viscérales (douleurs, crampes, gonflements, picotements…) et d’hypervigilance. Cette dernière aggrave à son tour les symptômes gastro-intestinaux et l’anxiété liée à ces désagréments, connue sous le nom d’« anxiété viscérale ». Si l’hypervigilance est maintenue dans le temps, la personne peut atteindre un état d’épuisement vital.</p>
<h2>Facteurs de risque</h2>
<p>La susceptibilité au syndrome du côlon irritable serait donc déterminée par trois facteurs :</p>
<ol>
<li><p>La résistance de nos structures de soutien gastro-intestinales à la force g. </p></li>
<li><p>Notre capacité à détecter le stress viscéral causé par la gravité.</p></li>
<li><p>Notre niveau de vigilance par rapport à ce stress. </p></li>
</ol>
<p>Ainsi, une personne ayant une faible résistance mécanique, dont le système nerveux périphérique est très sensible à ces contraintes et qui, de surcroît, est constamment en alerte pour protéger le corps contre le stress gravitationnel – qu’il existe ou non – aura un risque plus élevé de développer le syndrome du côlon irritable.</p>
<p>Après avoir lu cette étude, on peut se demander si les astronautes souffrent de troubles gastro-intestinaux lors de leurs vols spatiaux dans des conditions de microgravité. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214552420300651?via%3Dihub">La réponse est oui</a> : ils souffrent souvent de reflux gastrique, de dyspepsie, de ballonnements, de diarrhée, de constipation et même de <a href="https://microbiomejournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40168-019-0724-4">modifications de leur microbiote intestinal</a>. </p>
<p>L’idée que le syndrome du côlon irritable est une conséquence de l’intolérance à la gravité pave la voie à de nouvelles perspectives, tant dans notre perception du syndrome que dans son traitement. Nous serions enfin en mesure d’organiser tous les facteurs ou pièces de ce grand casse-tête que représente le syndrome du côlon irritable, que nous n’avons pas réussi à résoudre jusqu’à présent, malgré de grands efforts. La poursuite des recherches permettra de renforcer ou d’infirmer cette hypothèse fascinante.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204441/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Et si le syndrome du côlon irritable avait pour origine une mauvaise adaptation du corps à la force de gravité ? Si elle était confirmée, cette explication changerait la façon dont nous le traitons.Elisabet Navarro Tapia, Coordinadora del Máster de Epidemiología y Salud Pública de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de ValenciaVicente Andreu Fernández, Director del Instituto de Investigación Biosanitaria de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de ValenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1873322023-04-12T13:41:26Z2023-04-12T13:41:26ZCinq façons de composer avec l’épuisement professionnel<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/477918/original/file-20220805-23-oqjck0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=29%2C29%2C3865%2C2586&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les travailleurs de la santé ont été confrontés à un épuisement excessif durant la pandémie.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>En raison de la pandémie – et des technologies qui nous rendent joignables en tout temps et en tout lieu, le travail est devenu une activité perpétuelle. Ajoutez à cela les pressions pour créer et livrer la marchandise toujours plus rapidement, et il devient difficile de prendre du recul.</p>
<p>Pas surprenant, donc, que beaucoup d’entre nous se sentent <a href="https://theconversation.com/were-all-exhausted-but-are-you-experiencing-burnout-heres-what-to-look-out-for-164393">épuisés</a>. L’épuisement professionnel – qui frappe souvent davantage les <a href="https://doi.org/10.1111/gwao.12567">femmes que les hommes</a> – est partout. Parmi les personnes particulièrement <a href="http://dx.doi.org/10.1136/postgradmedj-2020-137980">touchées durant la pandémie</a>, on trouve les <a href="https://theconversation.com/teacher-burnout-hits-record-high-5-essential-reads-185550">enseignants</a> et les <a href="https://www.cbc.ca/news/politics/healthcare-workers-burnout-1.6492889?cmp=rss">travailleurs de la santé</a>.</p>
<p>Nous savons que l’épuisement professionnel existe <a href="https://www.forbes.com/sites/nazbeheshti/2021/04/15/the-pandemic-has-created-a-new-kind-of-burnout-which-makes-well-being-more-critical-than-ever/?sh=4742fe702f01">et que grand nombre d’entre nous le vivent</a>. Alors, comment s’en sortir ?</p>
<p>L’épuisement professionnel est un problème grave qui mérite toute notre attention. Mes travaux de recherche sur les personnes en emploi dans diverses organisations et leurs méthodes de travail m’aident à mieux comprendre comment prendre en charge des problèmes fréquents et répandus comme l’épuisement professionnel.</p>
<h2>1. Poser des limites</h2>
<p>Les gens ont besoin de <a href="https://doi.org/10.1111/eci.12494">limites</a> et y ont droit. Personne n’est obligé de se consacrer au <a href="https://theconversation.com/does-being-away-from-your-smartphone-cause-you-anxiety-the-fact-that-it-makes-you-available-24-7-could-be-the-reason-166329">travail 24 heures sur 24, sept jours sur sept</a>, et encore moins de se soumettre aux pressions sociales qui nous y poussent.</p>
<p>Il est essentiel de se reposer pour garder la santé, tout comme il est important de maintenir une bonne hygiène de <a href="https://doi.org/10.1016%2Fj.slsci.2015.09.002">sommeil</a>, de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4214609/">bonnes habitudes alimentaires</a>, une <a href="https://doi.org/10.1186/1471-244x-14-118">bonne forme physique</a> et une bonne <a href="https://doi.org/10.1308/rcsann.2020.0040">qualité de vie</a>.</p>
<p>Par ailleurs, lorsque nous ne tenons pas compte de nos limites, cela peut aussi avoir des répercussions sur <a href="https://doi.org/10.1177/1077558719856787">notre entourage</a>. Par exemple, l’épuisement professionnel chez les membres du personnel infirmier se traduit par des soins aux patients de moindre qualité et à un <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijnurstu.2021.103933">engagement plus faible</a> au travail. Nos proches peuvent également en souffrir. En apportant le stress du travail à la maison, <a href="https://doi.org/10.1037/ocp0000298">nous devenons plus colériques, sommes moins présents pour nos proches et devenons plus renfermés</a>.</p>
<h2>2. S’en tenir aux engagements contractuels</h2>
<p>Vérifiez votre contrat de travail ou votre convention collective. Tentez d’évaluer le plus exactement possible ce à quoi l’on s’attend de vous et tenez-vous-en à cela. Avis aux amoureux et amoureuses de leur travail : <a href="https://workwontloveyouback.org/">il ne vous aimera pas en retour</a>.</p>
<p>Si vous avez droit à des vacances, prenez-les. Le même principe s’applique aux congés de maladie : si vous y avez droit, n’hésitez pas à en profiter pour prendre du repos quand vous ne vous sentez pas bien.</p>
<h2>3. S’accorder la priorité</h2>
<p>Vous devez connaître vos traits de personnalité, <a href="https://theconversation.com/je-suis-accro-au-travail-mais-je-me-soigne-la-pleine-conscience-au-secours-des-workaholics-185042">avoir conscience</a> de la manière dont vous passez vos journées, et de ce que vous voulez vraiment.</p>
<p>Demandez-vous pourquoi vous travaillez et ce que vous souhaitez en tirer. À quoi convenez-vous de renoncer pour y arriver, et que refusez-vous de sacrifier au profit du travail ? Qu’est-ce que vous ne voudriez pas regretter plus tard ?</p>
<p>Prenez le temps de réfléchir à ces questions et d’évaluer si votre vie s’accorde avec vos priorités. Vos journées reflètent-elles vos préférences ? Si non, pour quelles raisons et de quelles façons ?</p>
<p>Pensez à ce que vous pouvez changer, essayez de passer vos journées différemment et observez le résultat. Si une chose semble mieux fonctionner, intégrez-la dans votre rituel quotidien ; sinon, essayer autre chose.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une personne aux cheveux longs est assise, la tête posée sur un bureau" src="https://images.theconversation.com/files/472391/original/file-20220704-22-wrluud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472391/original/file-20220704-22-wrluud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472391/original/file-20220704-22-wrluud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472391/original/file-20220704-22-wrluud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472391/original/file-20220704-22-wrluud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472391/original/file-20220704-22-wrluud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472391/original/file-20220704-22-wrluud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’épuisement n’est pas un problème isolé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Abbie Bernet/Unsplash)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>4. Parler d’épuisement au travail</h2>
<p>Il y a une limite à ce que l’on peut faire sur le plan personnel pour gérer l’épuisement, qui est <a href="https://www.psychologies.com/Travail/Souffrance-au-travail/Burn-out/Interviews/Le-burn-out-est-le-signal-d-un-dysfonctionnement-collectif">loin d’être un problème isolé</a>.</p>
<p>Comme employés, nous devons remettre en question, repenser et réformer les organisations qui engendrent une surcharge de travail – non seulement il est important d’avoir ces conversations avec soi, ses proches et sa famille, <a href="https://www.forbes.com/sites/pauladavis/2021/06/22/how-to-talk-about-burnout-at-work/">mais aussi d’en parler au travail</a>.</p>
<p>Les organisations devraient souhaiter s’attaquer à l’épuisement professionnel. Aller à l’opposé serait contre-productif étant donné que l’épuisement entraîne un <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.l4774">plus grand roulement du personnel et des pertes de revenu, en plus d’être associé à un taux de productivité plus faible</a>. Les organisations sont toutefois difficiles à réformer.</p>
<p>Souvent, elles ne peuvent ou ne veulent pas voir en <a href="https://www.mckinsey.com/mhi/our-insights/addressing-employee-burnout-are-you-solving-the-right-problem">quoi cela constitue un écueil</a>. Elles tendent à vouloir régler un problème de nature collective ou systémique en <a href="https://doi.org/10.1037/cpb0000090">proposant des solutions individuelles</a>. Or, ce n’est pas en offrant des cours de yoga et des programmes de mieux-être que l’on diminue la surcharge de travail.</p>
<p>Si vous avez l’énergie et la volonté de vous attaquer à la surcharge de travail au sein de votre organisation, commencez doucement. Parlez-en d’abord à des collègues en qui vous avez confiance afin de connaître et de partager vos expériences respectives. Cela peut contribuer à sensibiliser votre milieu de travail à l’épuisement professionnel en tant que problème collectif.</p>
<h2>5. Reconnaître que le problème ne concerne pas uniquement autrui</h2>
<p>Un rôle important incombe aux cadres, car ce sont eux qui ont le pouvoir de changer les choses, et les ressources pour le faire. Si leurs employés s’épuisent au travail, c’est qu’ils jugent la situation acceptable.</p>
<p>Les dirigeants responsables devraient s’enquérir de la situation de leurs employés au regard des risques d’épuisement. Ils devraient <a href="https://theconversation.com/tackling-burnout-how-to-deal-with-stress-and-safety-in-the-workplace-161852">comprendre</a> en quoi leur entreprise contribue à l’épuisement professionnel. Il peut s’agir de s’informer sur la façon <a href="https://doi.org/10.1016/j.outlook.2020.06.008">dont est organisé le travail</a> ou <a href="https://doi.org/10.1093/jamia/ocy145">dont les technologies de l’information influent sur le travail</a>, ou encore <a href="https://doi.org/10.1080/10401334.2019.1638263">du soutien qui est offert – ou non – à leurs employés</a>.</p>
<p>Les cadres <a href="https://theconversation.com/corporate-leadership-why-the-tone-at-the-top-has-moral-consequences-172134">donnent le ton</a> et proposent un modèle de ce qui est acceptable – comme la surcharge de travail ou le besoin de prendre du temps pour soi. Au bout du compte, si la surcharge de travail s’inscrit dans la culture de l’entreprise, on doit reconnaître que le problème réside dans l’organisation elle-même.</p>
<p>L’épuisement professionnel est un problème grave qui requiert toute notre attention.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187332/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claudine Mangen a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p>L’épuisement professionnel est un problème grave qui mérite toute notre attention. Cet article propose quelques conseils pratiques pour faire face aux problèmes liés à l’épuisement professionnel.Claudine Mangen, RBC Professor in Responsible Organizations and Associate Professor, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2023902023-04-03T17:51:02Z2023-04-03T17:51:02ZAnxiété face aux maths : comment aider un enfant à la surmonter<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517683/original/file-20230327-17-x27jmh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C1000%2C657&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le stress lié aux évaluations et aux examens peut être exacerbé si l'on insiste trop sur leur importance.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/student-studying-hard-exam-sleeping-on-1358191997">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0887618502002402">L’anxiété face aux maths</a> est un sentiment de tension et d’inquiétude qui interfère avec la capacité d’une personne à résoudre des problèmes dans cette discipline. Les chercheurs la <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2016.00508/full">distinguent de l’anxiété en général</a> ou de l’anxiété ressentie face aux examens, même si cela peut se recouper.</p>
<p>Cette anxiété liée aux <a href="https://theconversation.com/six-facons-de-faire-aimer-les-maths-a-votre-enfant-104008">maths</a> se développe en général suite à une série de mauvaises expériences qui enclenchent des <a href="https://theconversation.com/comment-surmonter-la-peur-des-maths-117300">schémas de pensée négatifs</a> par rapport à son potentiel en maths. Ces pensées peuvent se manifester par un évitement de cette matière ou une sensation d’impuissance dès qu’on est confronté à un devoir sur table.</p>
<p>C’est un problème commun à de nombreux jeunes et adultes que l’on peut observer aussi chez les enfants dès l’âge de 5 ans.</p>
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<a href="https://theconversation.com/maths-lecture-le-niveau-des-eleves-baisse-t-il-vraiment-198432">Maths, lecture : le niveau des élèves baisse-t-il vraiment ?</a>
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<p>Selon Jo Boaler, <a href="http://www.edweek.org/teaching-learning/opinion-timed-tests-and-the-development-of-math-anxiety/2012/07">professeur de mathématiques à l’université de Stanford</a>, en 2012, près de 50 % des adultes étaient angoissés par les mathématiques. Le <a href="https://www.education.vic.gov.au/school/teachers/teachingresources/discipline/maths/Pages/research_overcomingmathsanxiety.aspx">ministère de l’Éducation de l’État de Victoria, en Australie</a>, avance des proportions plus basses, entre 6 et 17 %. Toutefois, le taux moyen qu’on retrouve dans <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9780203998045-27/math-anxiety-cognitive-consequences-tutorial-review">l’ensemble des études universitaires</a> tourne autour de 20 %.</p>
<p>Que peut-on faire alors en tant que parent pour aider son enfant à surmonter ces appréhensions et <a href="https://theconversation.com/stress-des-examens-cinq-conseils-pour-en-faire-un-atout-117724">ne pas paniquer lors d’un devoir ou d’un examen</a> ?</p>
<h2>Valoriser les réussites pour renforcer la confiance</h2>
<p>La plupart des jeunes aimeraient réussir en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/mathematiques-24584">maths</a>. Quand ils sont très jeunes, ils perçoivent certainement combien c’est important pour leurs parents. S’ils sont plus âgés, ils savent que ce sera un facteur clé dans leur recherche d’emploi et pour faire carrière.</p>
<p>L’une des principales <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0734282908330580">sources de cette anxiété face aux maths</a> tient aux retours négatifs que les élèves reçoivent concernant leurs compétences, malgré toute la bonne volonté investie pour réussir en maths. Cela peut venir de simples comparaisons avec leurs camarades ou, de manière plus formelle, de mauvaises notes.</p>
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<a href="https://theconversation.com/maths-a-lecole-dou-vient-le-probleme-191691">Maths à l’école : d’où vient le problème ?</a>
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<p>Pour réduire ces tensions, l’important est de se concentrer sur les aspects positifs de chaque situation, en aidant votre enfant à bien identifier ce qu’il a réussi. Ces expériences sont essentielles pour <a href="http://hillkm.com/EDUC_712/Week_8/Wigfield_Tonks_Klauda_2009.pdf">ouvrir la voie à d’autres succès</a>.</p>
<p>Un des moyens faciles à mettre en œuvre pour que votre enfant prenne conscience de ses progrès consiste à lui demander de refaire une série d’exercices issus de la dernière voire de l’avant-dernière année scolaire. Au moment de la correction, mettez l’accent sur les points forts de son travail, pour l’aider à prendre confiance en lui. Ces expériences positives lui serviront d’appui pour aborder des tâches plus complexes.</p>
<h2>Des connaissances scolaires utiles au quotidien</h2>
<p>Le stress lié aux évaluations et aux examens peut être exacerbé si l’on insiste trop sur leur importance. Avant ces échéances, il est plus constructif d’expliquer à l’enfant qu’il ne sera pas jugé sur ces résultats. Si les tests à venir sont au centre de toutes les conversations, cela ne fera qu’augmenter la pression. Mieux vaut circonscrire les discussions aux moments de révisions.</p>
<p>Les parents peuvent être tentés de laisser les enfants gérer seuls leurs révisions, d’autant que les périodes de confinement où ils ont dû s’impliquer plus activement dans les questions d’enseignement ont pu créer des tensions. Toutefois, cette attitude n’est pas la plus propice à soulager l’angoisse des maths. Mieux vaut <a href="https://childmind.org/article/help-kids-with-math-anxiety/#doing-math-together-at-home">accompagner les plus jeunes dans leurs devoirs</a>. Quant aux plus âgés, l’essentiel est de leur montrer qu’on s’intéresse au travail qu’ils sont en train de faire. Les adolescents ne seront pas forcément très enthousiastes la première fois que vous leur proposerez votre aide mais c’est important de leur faire comprendre que vous êtes là s’ils ont besoin de vous et que vous ne cherchez pas à les juger.</p>
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<p>De cette manière, les jeunes réalisent la valeur que leurs parents accordent à leurs activités et croient dans leurs capacités d’apprentissage.</p>
<p>Il ne faut pas sous-estimer non plus la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10409289.2012.693430">manière dont l’attitude des parents face aux maths influence celle de leurs enfants</a>. Essayez d’avoir des conversations positives sur cette matière et la façon dont nous l’utilisons au quotidien. Vous pouvez par exemple mobiliser les maths avec eux pour déterminer quel serait l’achat le plus avantageux dans les rayons du supermarché, ou faire appel aux notions de longueur et de surface pour choisir la disposition des meubles dans une pièce de la maison. Cela peut aider à dissiper les appréhensions du type « c’est trop difficile », « ce sont des connaissances qui ne servent qu’à l’école ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202390/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Assez fréquente, la peur des maths peut se développer lorsque les enfants se comparent négativement à leurs camarades ou ont de mauvaises notes malgré leurs efforts. Quelques clés pour la dépasser.Ben Zunica, Lecturer in Secondary Maths Education, University of SydneyBronwyn Reid O'Connor, Lecturer in Mathematics Education, University of SydneyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1969742023-02-02T15:21:56Z2023-02-02T15:21:56ZIsolés, pressurisés, stressés : voici comment réduire l’anxiété sociale chez les professionnels de la vente<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/504718/original/file-20230116-20-hdnbwr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=51%2C0%2C5760%2C3811&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">shutterstock</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Nous devons parler davantage de la <a href="https://hbr.org/2018/11/we-need-to-talk-more-about-mental-health-at-work">santé mentale au travail</a>.</p>
<p>Avant la pandémie de Covid-19, une <a href="https://hbr.org/2016/11/beating-burnout">étude</a> publiée dans le <em>Harvard Business Review</em> montrait que 62 % des travailleurs avaient des niveaux élevés de stress, ressentaient une perte de contrôle en plus d’être extrêmement fatigués. Notamment, les employés les plus engagés et dévoués au travail étaient ceux qui courraient le risque le plus grand de souffrir d’<a href="https://hbr.org/2018/02/1-in-5-highly-engaged-employees-is-at-risk-of-burnout">épuisement professionnel</a>, soit un sur cinq.</p>
<p>La pandémie a exacerbé les choses en matière de santé mentale et de bien-être des employés comme le démontre une <a href="https://hbr.org/2020/05/how-ceos-can-support-employee-mental-health-in-a-crisis">enquête</a> effectuée auprès de plus de 2 700 employés de tous les secteurs d’activités en 2020, publiée aussi dans le <em>Harvard Business Review</em>.</p>
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<a href="https://theconversation.com/les-gestionnaires-de-cpe-ont-vecu-beaucoup-de-stress-depuis-le-debut-de-la-pandemie-voici-comment-mieux-les-soutenir-174997">Les gestionnaires de CPE ont vécu beaucoup de stress depuis le début de la pandémie. Voici comment mieux les soutenir</a>
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<p>La pandémie n’a pas épargné les professionnels de la vente. En effet, <a href="https://bombbomb.com/blog/mental-health-in-sales-jeff-riseley/">40 % d’entre eux</a> rapportent avoir des problèmes de santé mentale – un nombre trois fois plus élevé que les employés qui ne travaillaient pas dans ce domaine.</p>
<p>Une de mes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0019850120302972">recherches</a> publiées en 2020 sur la gestion des équipes de vente nous donne un bon aperçu des contrecoups de la pandémie auprès de ces professionnels. On note une augmentation des taux de troubles de santé mentale (stress, anxiété sociale) et physique (maux de tête, insomnie).</p>
<p>Professeur agrégé en marketing à HEC Montréal, je m’intéresse à l’efficacité des équipes et aux questions liées à la motivation, à la productivité et à la santé mentale et au bien-être des employés, notamment les professionnels de la vente dans un contexte inter-entreprises (<em>business-to-business</em> ou B2B).</p>
<p>Il s’agit d’employés de première ligne qui interagissent avec les clients pour promouvoir des services ou des produits en lien avec leurs besoins d’affaires. Ces professionnels de la vente peuvent œuvrer, par exemple, dans les secteurs de la santé (industrie pharmaceutique, médicale, dentaire), de l’agro-alimentaire, bancaire et des assurances, industriel, manufacturier ou des hautes technologies, pour en nommer quelques-uns.</p>
<p>Dans cet article, j’entends mettre en lumière l’effet néfaste de l’anxiété sociale sur leur performance et l’importance du soutien des gestionnaires et de la pleine conscience pour atténuer son effet nocif.</p>
<h2>L’effet néfaste de l’anxiété sociale sur la performance</h2>
<p>L’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296320307931">étude</a> que j’ai mené avec un groupe de chercheurs internationaux en 2021, et qui a été reprise dans le <a href="https://www.baylor.edu/business/kellercenter/news.php?action=story&story=229778"><em>Keller Center for Research</em></a> en 2022, met en lumière l’effet néfaste de l’anxiété sociale sur la performance des vendeurs.</p>
<p>De quoi s’agit-il ? Appelé aussi malaise social, le phénomène provoque de l’inconfort dans un contexte social réel ou anticipé, pouvant aller de la nervosité jusqu’à l’angoisse. Nos résultats montrent à quel point l’anxiété sociale affecte davantage les vendeurs. Plusieurs raisons l’expliquent.</p>
<p>Les vendeurs doivent gérer une panoplie de relations (collègues, gestionnaires, clients, fournisseurs, etc.) où ils peuvent se sentir observés, humiliés ou préoccupés par le jugement des autres. Ils doivent naviguer dans un environnement très compétitif, hostile et en évolution constante. Leurs clients sont plus informés et exigeants que jamais. Ils doivent donc s’adapter constamment, tout en travaillant avec une pression de performance toujours présente. Enfin, les professionnels de la vente se trouvent souvent seuls sur la route (ou devant leur écran en mode virtuel), et la plupart du temps sans supervision. Cela augmente la sensation d’isolement, de solitude, et ainsi, le malaise social.</p>
<h2>Le rôle central du soutien des gestionnaires</h2>
<p>Notre étude montre que les gestionnaires ont un rôle critique à jouer, non seulement pour prévenir l’anxiété sociale, mais également atténuer son effet néfaste lorsque celle-ci est déjà installée.</p>
<p>En valorisant les contributions et en se souciant du bien-être de leurs employés, ils peuvent contribuer à réduire les répercussions de l’anxiété sociale. Ils peuvent aussi les aider à apprendre de leurs erreurs et convertir leurs problèmes en opportunités.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/504720/original/file-20230116-20-2r1pto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504720/original/file-20230116-20-2r1pto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504720/original/file-20230116-20-2r1pto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504720/original/file-20230116-20-2r1pto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504720/original/file-20230116-20-2r1pto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504720/original/file-20230116-20-2r1pto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504720/original/file-20230116-20-2r1pto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les gestionnaires ont un rôle critique à jouer non seulement pour prévenir l’anxiété sociale de leur personnel de ventes, mais également atténuer son effet néfaste lorsque celle-ci est déjà installée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Un gestionnaire bienveillant, qui apporte de l’aide concrète, fournit des encouragements et des commentaires constructifs, de la reconnaissance et du renforcement positif, tout en favorisant un environnement de travail sain et équitable, aura un impact très fort sur le bien-être et le rendement de ses vendeurs. <a href="https://hbr.org/2020/03/8-ways-to-manage-your-team-while-social-distancing">Prendre le pouls régulièrement</a>, en augmentant la fréquence des interactions entre le gestionnaire et ses vendeurs, favorise de meilleures relations. Cela lui permet de mieux comprendre les causes profondes de l’anxiété sociale (et d’autres problèmes potentiels) de leurs vendeurs.</p>
<p>Selon deux autres études que j’ai menées avec d’autres équipes internationales, les bienfaits du soutien de la part des gestionnaires ont également été observés chez les vendeurs <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-019-04271-z">épuisés</a> ou <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001985012200089X">travaillant seul</a>.</p>
<h2>L’usage de la pleine conscience simplifié</h2>
<p>Notre recherche montre aussi que les vendeurs ont de meilleures performances lorsqu’ils ont recours aux techniques de <a href="https://psymontreal.com/la-pleine-conscience/">pleine conscience</a> (mindfulness).</p>
<p>La pleine conscience ou « présence attentive » consiste à avoir une attention particulière aux expériences à l’intérieur (émotions, pensées, états d’esprit, sensations) ou à l’extérieure (sons, odeurs, goûts, toucher, observations) de soi, avec une attitude d’acceptation envers soi-même.</p>
<p>La présence attentive comprend une série de petites actions concrètes qui peuvent prendre plusieurs formes. Par exemple, on y retrouve le fait de prendre soin de sa santé (manger sainement, faire de l’exercice régulièrement et faire attention à la qualité de son sommeil). De plus, se parler positivement à soi-même en se disant, par exemple, « tu es capable », « une chose à la fois », « cette situation est hors de ton contrôle », « prends ton temps », ou encore « inspire profondément », est une autre méthode qui fonctionne bien.</p>
<p>Afin de réduire l’anxiété sociale, plusieurs manières avérées : s’arrêter fréquemment pour de <a href="https://psycnet.apa.org/record/2018-12793-001">courtes pauses</a>, prendre de grandes respirations, commencer sa journée en prenant un grand verre d’eau, écrire un <a href="https://hbr.org/2020/11/building-a-better-workplace-starts-with-saying-thanks">journal de gratitude</a>, effectuer quelques exercices d’étirement, de yoga ou de méditation, <a href="https://www.baylor.edu/business/kellercenter/news.php?action=story&story=229779">poser le téléphone</a> et supprimer les notifications en dehors des heures de bureau, éviter de prendre ses courriels ou textos avant de se coucher ou en se levant le matin, etc.</p>
<p>Les gestionnaires pourraient proposer aux membres de leur équipe seulement deux ou trois de ces petites actions à faire chaque jour.</p>
<h2>Les bienfaits au-delà de la vente</h2>
<p>Toutefois, ces différentes stratégies pour réduire et atténuer l’effet néfaste de l’anxiété sociale ne s’appliquent pas juste aux professionnels de la vente, mais à la grande majorité des employés, incluant les gestionnaires.</p>
<p>En effet, les employés qui sont en contact avec des tiers (clients, fournisseurs, etc.) pourraient bénéficier du soutien d’un gestionnaire bienveillant ou de la pratique de la pleine conscience, tant pour leur santé mentale et bien-être, que pour leur performance au travail.</p>
<p>Un gestionnaire bienveillant et ouvert à la présence attentive, aura certainement une équipe plus motivée, engagée, productive, et surtout, moins anxieuse socialement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196974/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bruno Lussier est membre du comité scientifique de l’Institut de vente HEC Montréal, membre associé du Pôle sports et leader de vente accrédité (Certified Sales Leader ou CSL) de l'Association canadienne des professionnels de la vente (ACPV). Il ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts et ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article.</span></em></p>Souvent isolés et pressurisés, les professionnels de la vente sont vulnérables à l’anxiété sociale. Le soutien de leurs gestionnaires peut faire la différence.Bruno Lussier, Professeur agrégé en marketing, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1982262023-01-27T11:27:52Z2023-01-27T11:27:52ZLa méditation, nouvel atout contre Alzheimer chez les seniors ?<p>La méditation est une pratique en plein essor, à laquelle sont prêtés de <a href="https://theconversation.com/meditation-de-pleine-conscience-des-benefices-en-sante-varies-197824">nombreux bénéfices sur la santé, tant physique que mentale</a>. De plus en plus d’études suggèrent qu’elle pourrait améliorer le bien-être et la santé mentale dans le vieillissement, et notamment réduire les risques de développer une maladie neurodégénérative : un atout qui pourrait s’avérer crucial alors que l’espérance de vie augmente, ce qui va de pair avec un vieillissement de la population.</p>
<p>Aujourd’hui en France, sur 67 millions d’habitants, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4238381?sommaire=4238781#:%7E:text=Au%201er%20janvier%202019,moyenne%20de%20l%E2%80%99Union%20europ%C3%A9enne.">19,6 % ont plus de 65 ans et ce chiffre est en constante hausse</a>. L’espérance de vie est de 78,4 ans pour les hommes et de 84,8 ans pour les femmes ; en <a href="https://sante.gouv.fr/archives/loi-relative-a-l-adaptation-de-la-societe-au-vieillissement/article/personnes-agees-les-chiffres-cles#:%7E:text=L%E2%80%99esp%C3%A9rance%20de%20vie%20est,8%20ans%20pour%20les%20femmes.">2060, elle devrait être respectivement de 86 et 91,1 ans</a> – soit un gain de plus de 6 ans attendu. Or la santé des seniors pose des questions spécifiques. En parallèle à l’accroissement de la durée de vie, un nombre toujours plus important de personnes est affecté par la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neurodégénératives conduisant à une démence. Près de <a href="https://theconversation.com/lentrainement-cerebral-pour-ameliorer-la-sante-des-seniors-104120">15 % des adultes de plus de 60 ans souffrent ainsi de pathologies associées au vieillissement</a>.</p>
<p>La préservation de la bonne santé mentale de ce public est donc un véritable enjeu et toute stratégie préventive est à considérer. Or, les effets réels de la méditation n’ont jamais vraiment été investigués scientifiquement dans cette optique. </p>
<p>C’est l’objectif de notre dernière étude publiée, menée dans le cadre du <a href="https://theconversation.com/lentrainement-cerebral-pour-ameliorer-la-sante-des-seniors-104120">projet <em>Age-Well</em> (programme Silver Santé Study)</a> – une première, dont nous présentons ici les <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2796818">résultats et les perspectives</a>.</p>
<h2>Pourquoi la méditation</h2>
<p>Toute une série de facteurs de risque pour les maladies neurodégénératives a été identifiée : <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(20)30367-6/fulltext">tabagisme, pollution, mauvaise alimentation, inactivité physique, etc</a>. Les techniques pour les contrer sont nombreuses : pratiquer une activité physique et un entraînement cognitif, avoir un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28359749/">bon régime alimentaire</a> (méditerranéen de préférence), suivre un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27474376/">programme d’éducation à la santé cardiovasculaire</a>… <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25771249/">Plusieurs études évaluent ces pratiques</a>.</p>
<p>Mais d’autres facteurs de risque, dont certains sont amplifiés lors du vieillissement, restent largement sous-estimés par la recherche : dépression, stress, anxiété, problèmes de sommeil (qui touchent une personne de plus 60 ans sur deux), sentiment de solitude et d’exclusion sociale, etc. Et il n’existe pas de programmes d’intervention préventive scientifiquement étayés ciblant directement ces facteurs de risque psycho-(socio-)affectifs.</p>
<p>C’est cette carence que nous avons souhaité combler en étudiant les effets de la méditation dans le cadre du <a href="https://silversantestudy.fr/">projet européen H2020 Silver Santé Study</a>.</p>
<p>La pratique de la méditation se distingue justement par le fait de cibler directement ces facteurs psycho-(socio-)affectifs, en plus d’être un excellent entraînement cognitif. Elle s’est montrée par exemple efficace pour réduire le stress, la dépression, l’anxiété… Ce sujet d’étude étant récent, il n’y a <a href="https://theconversation.com/fake-news-resultats-peu-fiables-comment-distinguer-bonne-et-mauvaise-recherche-biomedicale-195262">pas encore de données solides, dans le cadre d’essais contrôles randomisés</a>, sur les éventuels impacts de la méditation sur la cognition et le cerveau dans le vieillissement.</p>
<p>Les techniques de méditation les plus pratiquées et utilisées en recherche sont des techniques séculaires de pleine conscience (<em>Mindfulness</em> en anglais). Il s’agit d’une forme d’entraînement mental, incarnée dans une posture corporelle stable et détendue. Elle cherche à cultiver une nouvelle manière de se relier aux émotions, pensées et sensations, qui soit plus ouverte, accueillante et bienveillante. Il ne s’agit donc pas seulement de relaxation ni de se forcer « à ne penser à rien ». L’aspect religieux et les croyances associées au Bouddhisme sont absents.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/x-MzfRIEJjI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Il existe désormais différents <a href="https://www.association-mindfulness.org/les-programmes-bases-sur-la-pleine-conscience.php">programmes développés sur huit semaines, standardisés et accessibles à tous</a>.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30525995/">Ils aident, avec des exercices simples, (observation, ressenti de la respiration…)</a>, à entrer en contact avec son mental afin de prendre conscience des réactions affectives spontanées ou des perceptions erronées qui peuvent amplifier le stress ou les ruminations. Ce qui permet d’être plus présent dans ce que l’on fait, d’être plus consciemment présent sur ce que l’on vit, de moins s’éparpiller.</p>
<p>Ces programmes sont étudiés en détail depuis bientôt 40 ans et utilisés au quotidien dans des centaines d’hôpitaux à travers le monde. Des méta-analyses synthétisant ces résultats ont démontré un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34350544/">effet positif sur la cognition</a>, la régulation du stress et des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29126747/">conditions cliniques</a> comme la dépression ou l’anxiété.</p>
<p>Ce gage de sérieux, qui donne la garantie d’une pratique rigoureuse (MBSR), a permis sa diffusion.</p>
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<h2>Un programme de recherche sans équivalent</h2>
<p>Dans le cadre du projet de recherche européen H2020, impliquant onze équipes de recherche dans six pays, nous avons mis en place un programme de méditation de 18 mois. Notre but : en étudier l’impact sur de multiples facteurs associés au vieillissement à la maladie d’Alzheimer via des essais cliniques (ici, <em>Age-Well</em>, dont nous avons <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2796818">récemment publié les premiers résultats dans la revue Jama Neurology</a>). Une infrastructure adaptée, où ont été mobilisés les outils d’imagerie nécessaires, a été mise en place au centre Cycéron.</p>
<p>Notre protocole a plusieurs points forts, rarement réunis, à savoir une large cohorte, un long temps d’étude et un éventail très varié de mesures :</p>
<ul>
<li><p>Nous avons suivi un panel de 137 participants de plus de 65 ans, distribués en trois groupes : un recevant un entraînement à la méditation (45 personnes), un suivant une activité cognitive (ici, l’apprentissage d’une langue étrangère ; 46 personnes) et un groupe contrôle (pas d’activité spécifique ; 46 personnes).</p></li>
<li><p>Dans ce genre d’étude, les temps d’observation sont habituellement plus courts que dans notre étude (2 à 6 mois) et le taux d’attrition (c’est-à-dire la proportion de participants qui quitte l’étude) est d’environ 15 %. Ici, en 18 mois, et malgré les contraintes (venir toutes les semaines pour une session de 2 heures avec un enseignant + une pratique quotidienne individuelle, assistée par une tablette, de 20 min ou plus), nous n’avons pas eu d’abandon. Ce qui laissait supposer une forte implication des participants et un ressenti positif.</p></li>
<li><p>Notre originalité reposait également sur la diversité des mesures menées, avant et après l’essai : recherche de lésions (présence de dépôts amyloïdes liés à Alzheimer, etc.), analyse de la connectivité fonctionnelle au niveau cérébrale, mesures du volume des structures cérébrales, marqueurs sanguins (présence de marqueurs du stress, etc.), du sommeil, échelle de bien-être, etc. Ce qui nous a permis d’évaluer précisément les potentiels effets de la méditation sur un large spectre de mesures d’intérêt complémentaires.</p></li>
</ul>
<h2>Des résultats mitigés</h2>
<p>Des travaux antérieurs avaient permis de déterminer les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-07764-x">régions du cerveau à suivre principalement</a>.</p>
<p>Il s’agissait du cortex cingulaire antérieur (qui intègre des processus affectifs – ressenti émotionnel, rythme cardiaque – et des fonctions cognitives, telles que l’anticipation de récompense, la prise de décision ou le contrôle cognitif, etc.) et de l’insula ou cortex insulaire (impliquée dans les émotions, l’intéroception, la dépendance, la conscience…).</p>
<p>Nous pensions que leur volume et leur fonctionnement étaient susceptibles d’avoir été influencés par la méditation, comme cela s’observe chez des sujets experts de longue date.</p>
<p>En réalité, nous n’avons pas mesuré de modification significative de volume, tant pour le cortex cingulaire antérieur que pour l’insula. Il n’y a donc pas eu d’effet détectable sur la structure du cerveau dans ces deux régions. En mesurant le débit sanguin, ou la quantité du sang qui arrive dans ces régions cérébrales par unité de temps (reflet du fonctionnement), nous n’avons pas vu non plus d’effet significatif de la méditation… Une tendance positive était toutefois observée, indiquant que, possiblement, un suivi plus long ou un nombre de participants plus important aurait pu permettre d’atteindre le seuil de significativité.</p>
<p>Par contre, concernant l’impact de la méditation sur le comportement, les effets sont significatifs : les capacités de régulation des émotions et de l’attention rapportées par les participants étaient mieux préservées dans le groupe méditation par rapport aux deux autres.</p>
<p>Un effet positif était également retrouvé sur le score global regroupant les mesures des capacités socio-émotionnelles, de connaissance de soi et de régulation de l’attention – des mesures que l’on sait corrélées au bien-être des personnes âgées. Ce bénéfice ressort non seulement de nos questionnaires mais également d’une étude qualitative menée sur la base d’entretiens à la fin de l’étude.</p>
<h2>Des travaux qui ne font que commencer</h2>
<p>Il reste de nombreuses données à analyser pour comprendre les effets de la méditation, non seulement sur le volume et le fonctionnement du reste du cerveau, comme sur toutes les autres mesures effectuées (sommeil, biomarqueurs sanguins, etc.).</p>
<p>De plus, nous avons eu la chance de pouvoir effectuer un suivi complémentaire trois ans après la fin de l’intervention : ces données supplémentaires vont nous permettre d’évaluer les effets de la méditation à plus long terme.</p>
<p>Enfin, nous sommes en train de développer une application pour téléphones ou tablettes proposant le même programme de méditation. Proposer ouvertement cette application permettra de toucher plus de personnes encore sera une nouvelle opportunité de recueillir des données complémentaires.</p>
<p>Il s’agit, dans tous les cas, d’une étude exploratoire d’un genre nouveau. Et nos résultats, quoi qu'encore préliminaires, sont porteurs de promesses. Et les données en cours de collecte vont alimenter beaucoup d’autres travaux : ce n’est qu’un début.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198226/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gaël Chételat a reçu des financements de l'Horizon 2020 de l'Union européenne (programme de recherche et innovation Horizon 2020) de la Fondation d'entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur, de la Fondation Alzheimer, du programme hospitalier de recherche clinique, de l'Agence nationale de la recherche, de la région Normandie, de l'Association France Alzheimer et maladies apparentées, des Fondations Vaincre Alzheimer, Recherche Alzheimer et pour la Recherche médicale.
Elle est membre du comité consultatif externe (EAB) du Lifebrain H2020, du comité opérationnel de la Fondation Plan Alzheimer, des groupes consultatifs scientifiques d'imagerie de l'European et du consortium de prévision de la maladie d'Alzheimer (EPAD), UE (non rémunéré). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Lutz a reçu des financements de l'Horizon 2020 de l'Union européenne (programme de recherche et innovation Horizon 2020, et programme ERC consolidator), de l'agence Nationale de Recherche Française (ANR) , et de la Fondation d'entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur. Antoine Lutz est membre de l'association Mind & Life Europe. </span></em></p>En France comme ailleurs, la population vieillit. Préserver la santé mentale des seniors devient donc un défi majeur de santé publique. La méditation offre de réelles perspectives, voici pourquoi.Gaël Chételat, Directrice de recherche INSERM, InsermAntoine Lutz, Directeur de Recherche, co-responsable de l’équipe EDUWELL : Neurosciences de l’Expérience Subjective et Entraînement Mental, INSERM U1028 - CNRS UMR5292, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1978242023-01-27T11:27:50Z2023-01-27T11:27:50ZMéditation de pleine conscience : des bénéfices en santé variés<p>Beaucoup se tournent actuellement vers les régimes ou des entraînements en vogue – dont les bénéfices sont souvent discutables – pour commencer plus sainement la nouvelle année. Mais des travaux ont démontré les capacités à améliorer l’humeur et la santé d’une pratique déjà ancienne : la méditation.</p>
<p>Fin 2022, une <a href="http://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2022.3679">étude très médiatisée</a> a fait sensation en affirmant que la méditation pouvait être aussi efficace qu’un traitement courant (Escitalopram) utilisé en cas d’anxiété ou de dépression. Au cours des deux dernières décennies, des travaux similaires ont été publiés sur les avantages de la pleine conscience et de la méditation pour la santé : contre le stress, la <a href="https://doi.org/https://doi.org/10.1016/j.psc.2017.08.008">dépression</a> ou pour aider à <a href="https://doi.org/10.1007/s12160-016-9844-2">réduire la douleur</a> et gérer des <a href="https://doi.org/10.1155/2022/3523432">inflammations et un Covid long</a>, comme <a href="https://doi.org/10.1016/j.cpr.2011.04.006">renforcer la santé cérébrale</a>.</p>
<p>Malgré le nombre croissant de preuves montrant les bienfaits de la méditation sur la santé, il peut être difficile d’évaluer la science et de savoir si elle est solide.</p>
<p>Je suis neuroscientifique et j’étudie les <a href="https://scholar.google.com/citations?user=S9ykvZUAAAAJ&hl=en">effets du stress et des traumatismes</a> chez les <a href="https://theconversation.com/meditation-holds-the-potential-to-help-treat-children-suffering-from-traumas-difficult-diagnoses-or-other-stressors-a-behavioral-neuroscientist-explains-189037">enfants et les adolescents</a>. J’étudie également comment la pleine conscience, la méditation et <a href="https://theconversation.com/the-runners-high-may-result-from-molecules-called-cannabinoids-the-bodys-own-version-of-thc-and-cbd-170796">l’exercice physique</a> peuvent avoir un effet positif sur le développement du cerveau et la santé mentale des jeunes.</p>
<p>Il ressort aujourd’hui que la méditation peut être utilisée pour mieux comprendre le fonctionnement cérébral. Chercheur dans le domaine de la santé mentale, je vois désormais la méditation comme un outil accessible, fondé sur des données probantes, capable d’améliorer la santé et pouvant être intégré relativement facilement dans la vie quotidienne.</p>
<p>Si elle est accessible, la méditation exige un certain entraînement, de la discipline et de la pratique – qui ne sont pas toujours faciles à trouver. Mais un peu d’aide et la mise en place de stratégies spécifiques suffisent généralement.</p>
<h2>Que sont la pleine conscience et la méditation ?</h2>
<p>Il existe de nombreux types de méditation, et la pleine conscience est l’un des plus courants. Si l’on cherche à la définir, la pleine conscience est un état mental qui, selon <a href="https://doi.org/10.1176/ajp.149.7.936">Jon Kabat-Zinn</a>, médecin et spécialiste du domaine, implique « la conscience qui naît de l’attention portée à un moment précis, dans le moment présent, sans jugement ».</p>
<p>Cela signifie qu’il ne faut pas ruminer quelque chose qui s’est produit dans le passé ou s’inquiéter de la liste des choses à faire. Il a été démontré que le fait de se concentrer sur le présent, ou de vivre le moment présent, offre de nombreux avantages, notamment <a href="https://doi.org/10.7205/MILMED-D-14-00677">l’amélioration de l’humeur, la réduction de l’anxiété</a>, la <a href="https://doi.org/10.1016/0163-8343(82)90026-3">diminution de la douleur</a> et l’amélioration potentielle des <a href="https://doi.org/10.1007/s11065-021-09519-y">performances cognitives</a>.</p>
<p>La pleine conscience est une aptitude qui peut être pratiquée et travaillée. L’objectif est qu’à force de répétition, ses avantages s’étendent à la vie quotidienne même si vous ne méditez pas activement. Par exemple, si vous intégrez que vous n’êtes pas défini par une émotion qui survient de façon passagère, comme la colère, il vous sera plus difficile de rester longtemps en colère.</p>
<p>On pense que les avantages pour la santé de la méditation, et d’autres stratégies visant à réduire le stress, proviennent de l’augmentation des niveaux de <a href="https://doi.org/10.1038/nrn.2015.7">pleine conscience globale</a> par la pratique. Des éléments de pleine conscience sont également présents dans des pratiques telles que le yoga, les arts martiaux et la danse, qui exigent une attention soutenue et de la discipline.</p>
<p>La diversité des arguments soutenant les bénéfices santé de la méditation est trop vaste pour être traitée de manière exhaustive. Mais les études auxquelles je fais référence ci-dessous reviennent sur les données scientifiques les plus importantes et les <a href="https://doi.org/10.1007/978-0-387-88555-1_2">plus rigoureuses</a> actuellement disponibles. Beaucoup comprennent des examens systématiques et des méta-analyses, qui synthétisent de nombreuses études sur un sujet donné.</p>
<h2>Bénéfices contre le stress et en santé mentale</h2>
<p>Il a été démontré que les programmes basés sur la pleine conscience réduisaient de manière significative le stress dans diverses populations, allant des <a href="https://doi.org/10.1177/01640275211043486">soignants de personnes atteintes de démence</a> aux <a href="https://doi.org/10.1111/mbe.12307">enfants pendant la pandémie de Covid</a>.</p>
<p>Les méta-analyses publiées pendant la pandémie montrent en effet que les programmes de pleine conscience sont efficaces pour réduire les <a href="https://doi.org/10.1002/smi.3138">symptômes du syndrome de stress post-traumatique</a>, le <a href="https://doi.org/10.1016/j.jocrd.2022.100712">trouble obsessionnel compulsif</a>, le <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpsychires.2020.12.048">trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité</a> et la <a href="https://doi.org/10.1089/jicm.2021.0036">dépression</a> – y compris pendant la <a href="https://theconversation.com/more-than-4-in-5-pregnancy-related-deaths-are-preventable-in-the-us-and-mental-health-is-the-leading-cause-193909">période de vulnérabilités particulières</a> que constituent la <a href="https://doi.org/10.1111/papt.12441">grossesse et la période postnatale</a>.</p>
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<p>Ces programmes sont également prometteurs dans le cadre des troubles anxieux, qui sont les troubles mentaux les plus courants, affectant environ <a href="https://doi.org/10.1016/S2215-0366(21)00395-3">301 millions de personnes dans le monde</a>. Bien qu’il existe des traitements efficaces contre l’anxiété, de nombreux patients n’y ont pas accès parce qu’ils n’ont pas de couverture d’assurance ou de moyens de transport pour se rendre chez les prestataires, par exemple, ou parce qu’ils ne ressentent qu’un soulagement limité.</p>
<p>Il est toutefois important de noter que pour les personnes atteintes de troubles mentaux ou de toxicomanie, <strong>les approches fondées sur la pleine conscience ne doivent pas remplacer les traitements de première intention comme les médicaments et les psychothérapies</strong> telles que la thérapie cognitivo-comportementale. Ces stratégies doivent être considérées comme un complément à ces traitements fondés et aux interventions visant à promouvoir un mode de vie sain, comme l’activité physique et une alimentation saine.</p>
<h2>Comment marche la méditation ?</h2>
<p>Des études montrent que les personnes qui méditent régulièrement parviennent à <a href="https://doi.org/10.1073%2Fpnas.0707678104">mieux contrôler leur attention, leur rythme cardiaque, leur respiration et à agir sur leur système nerveux autonome</a>, qui régule les réactions involontaires du corps (pression artérielle, etc.). Elles présentent également des <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0707678104">niveaux plus faibles de cortisol</a> – une hormone impliquée dans la réponse au stress – que les non-méditantes.</p>
<p>Une récente revue d’études de neuro-imagerie a montré que la méditation avec attention focalisée est associée à des <a href="https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2022.104846">changements fonctionnels dans plusieurs régions du cerveau</a> impliquées dans le contrôle cognitif et le traitement des émotions. De plus, chez les méditants expérimentés, l’<a href="https://theconversation.com/dix-minutes-de-meditation-par-jour-ameliorent-lefficacite-du-cerveau-103740">activation de ces zones cérébrales</a> étaient plus forte : ce qui suggère que ces avantages s’améliorent avec la pratique.</p>
<p>Une méditation régulière pourrait aussi <a href="https://doi.org/10.1097/01.wnr.0000186598.66243.19">limiter l’amincissement du cortex cérébral associé à l’âge</a>, ce qui peut contribuer à protéger contre les troubles cognitifs qui en résultent.</p>
<h2>Quelles limites pour ce type d’études</h2>
<p>On ne peut toutefois <a href="https://doi.org/10.1016/j.jaim.2022.100620">pas tout dire à partir de ce type de travaux</a>. Souvent en effet les programmes utilisés sont insuffisamment définis et les études insuffisamment contrôlées. Dans les <a href="https://theconversation.com/fake-news-resultats-peu-fiables-comment-distinguer-bonne-et-mauvaise-recherche-biomedicale-195262">essais contrôlés randomisés de qualité supérieure</a> portant sur des médicaments, les participants ne savent pas s’ils reçoivent le médicament actif ou un placebo.</p>
<p>En revanche, dans les recherches sur la pleine conscience, les participants savent qu’ils vont suivre un entraînement – ils peuvent donc espérer des avantages pour leur santé. Cela crée un sentiment d’attente, qui peut fausser certains résultats. De nombreuses études sur la méditation n’incluent pas non plus souvent un groupe de contrôle, pourtant nécessaire pour évaluer la comparaison avec d’autres traitements.</p>
<h2>Des applications plus larges</h2>
<p>Par rapport aux traitements médicamenteux, les programmes basés sur la pleine conscience sont peut-être plus facilement accessibles et ont moins d’effets secondaires négatifs. Cependant, médicaments et psychothérapie – en particulier la thérapie cognitivo-comportementale – fonctionnent bien pour beaucoup. Plutôt que de remplacer, une approche combinée peut être à considérer. La pleine conscience donne de bons résultats chez certains <a href="https://doi.org/10.1007/s12671-022-01960-1">patients à haut risque (sclérose, cancers, etc.)</a>.</p>
<p>Des moyens sont actuellement développés (applications pour ordinateurs ou smartphone, réalité virtuelle…) pour permettre à un public plus large de pratiquer. Des outils qui pourraient parfois s’avérer <a href="https://doi.org/10.1016/j.explore.2022.08.001">plus efficaces</a> qu’une formation classique.</p>
<p>Il est important de noter que la pleine conscience ne s’adresse pas uniquement aux personnes souffrant de troubles physiques ou mentaux. Tout le monde peut utiliser ces stratégies pour réduire certains risques de maladie ou <a href="https://theconversation.com/la-meditation-nouvel-atout-contre-alzheimer-chez-les-seniors-198226?notice=L%27article+a+%C3%A9t%C3%A9+mis+%C3%A0+jour.">améliorer son humeur, la qualité de son sommeil ou ses performances cognitives comme diminuer son stress et son anxiété</a>.</p>
<h2>Où commencer sérieusement ?</h2>
<p>Pour ceux qui cherchent à savoir si la méditation peut contribuer au traitement d’une affection physique ou mentale, il existe plus de 600 <a href="https://clinicaltrials.gov/ct2/results ?term=mindfulness+OR+meditation&Search=Apply&recrs=a&age_v=&gndr=&type=&rslt=">essais cliniques (contre la douleur, le cancer, la dépression…)</a> qui recrutent des participants.</p>
<p>Si vous voulez essayer la méditation depuis le confort de votre domicile, des vidéos en ligne gratuites décrivent comment pratiquer – pour le sommeil, la réduction du stress, etc. Mais vérifier qui les mettent en ligne (des universités en proposent). Plusieurs applications semblent prometteuses, des essais contrôlés randomisés <a href="https://doi.org/10.2196/40924">montrant les avantages pour les utilisateurs</a>.</p>
<p>Le plus difficile est, bien sûr, de commencer. Cependant, si vous vous mettez en tête de vous exercer chaque jour, cela deviendra une habitude et pourra même se traduire dans votre vie quotidienne – ce qui est le but ultime. Pour certains, cela peut prendre du temps et de la pratique, et pour d’autres, cela peut commencer à se produire assez rapidement. Même une <a href="https://doi.org/10.1007/s12671-019-01163-1">séance de cinq minutes par jour</a> peut avoir des effets positifs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197824/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hilary A. Marusak ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pleine conscience, l’une des formes les plus courantes de méditation, est une compétence qui peut s’acquérir. Ses effets sur la santé, physique et mentale, sont désormais scientifiquement étudiés.Hilary A. Marusak, Assistant Professor of Psychiatry and Behavioral Neurosciences, Wayne State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1985512023-01-26T18:10:24Z2023-01-26T18:10:24ZL’instabilité des revenus, une source de mal-être de plus en plus répandue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/506410/original/file-20230125-22-8la1n0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=46%2C40%2C3835%2C2543&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Uber, une entreprise emblématique de la _gig economy_.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:UBER_Eats_Delivery_Cyclist_Riding_Through_a_Busy_Oxford_Road_in_Manchester.jpg">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les entreprises de la <em>gig economy</em> (ou économie à la tâche) mettent régulièrement en avant la liberté dont jouissent leurs employés pour organiser leur emploi du temps comme l’une des principales raisons pour préserver le statut de travailleur indépendant (généralement des autoentrepreneurs en France). Le <a href="https://www.uber.com/us/en/u/flexibility/">site Internet d’Uber</a>, par exemple, recrute ses chauffeurs en valorisant la flexibilité que permet son application, le tout appuyé par des statistiques démontrant à quel point leurs chauffeurs tiennent à cette indépendance. D’autres acteurs comme les entreprises américaines de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plates-formes-31157">livraison</a> de nourriture <a href="https://dasher.doordash.com/en-us?source=dx_about_page&internal-referrer=legacy-signup">DoorDash</a> et <a href="https://www.instacart.com/company/shopper-community/10-items-or-less-the-importance-of-flexibility/">Instacart</a>, font appel aux mêmes arguments dans leur communication.</p>
<p>Il existe cependant un désagrément lié à cette flexibilité excessive, et celui-ci est rarement abordé : au lieu de recevoir un salaire horaire, les travailleurs indépendants sont rémunérés pour chaque tâche effectuée, sans garantie de salaire minimum. Sans <a href="https://theconversation.com/fr/topics/revenus-27531">revenus</a> garantis, ces travailleurs sont victimes d’une « volatilité de rémunération », c’est-à-dire que leurs revenus sont soumis à des fluctuations fréquentes.</p>
<p>Dans trois études récentes, je me suis intéressé à l’impact de la volatilité de rémunération sur la santé des travailleurs. Il en ressort que cette irrégularité et les difficultés à anticiper les rentrées d’argent futures constituent de véritables situations de mal-être.</p>
<h2>« Frustrant et déprimant »</h2>
<p>Dans ma première <a href="https://psycnet.apa.org/record/2023-22176-001">étude</a>, j’ai fait appel à 375 <em>gig workers</em> travaillant pour le Amazon Mechanical Turk (MTurk), une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plates-formes-31157">plate-forme</a> web de production participative via laquelle les travailleurs effectuent des microtâches à faible valeur ajoutée (saisie informatique, etc.) en échange d’une rémunération. Comme ces travailleurs sont payés à des tarifs variables pour chacune des tâches qu’ils effectuent, ils subissent une instabilité dans leurs revenus. L’un des participants en témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« Je peux gagner 80 dollars une journée, et peiner à atteindre 15 dollars le lendemain. C’est totalement imprévisible. »</p>
</blockquote>
<p>En partant du principe qu’une journée de travail comprend huit heures, cela revient à passer d’une rémunération horaire de 10 dollars un jour à 1,88 dollar le lendemain.</p>
<p>Mes conclusions ont montré que les travailleurs à la tâche qui rendaient compte d’une plus grande volatilité de salaire rapportaient également davantage de symptômes physiques tels que des maux de tête, de dos ou encore d’estomac. En effet, une plus grande instabilité dans les revenus engendre une grande anxiété à l’idée de ne pas arriver à boucler les fins de mois.</p>
<p>Un participant à l’étude a expliqué aimer travailler depuis son domicile et avoir le loisir d’organiser lui-même son emploi du temps, mais a aussitôt nuancé :</p>
<blockquote>
<p>« MTurk est tellement imprévisible en termes de revenus et de charge de travail que cela en devient frustrant et déprimant. »</p>
</blockquote>
<p>Si la problématique de la volatilité de salaire présente une pertinence évidente pour les travailleurs à la tâche, ils ne sont néanmoins pas les seuls à en être victimes. Les employés qui comptent sur les pourboires, comme les serveurs et serveuses, les barmen et barmaids, les voituriers ou encore les coiffeurs et coiffeuses, se confrontent eux aussi à une rémunération qui change constamment.</p>
<h2>Des revenus globalement inférieurs à la moyenne</h2>
<p>Dans le cadre d’une deuxième étude, j’ai interrogé chaque jour pendant deux semaines 85 employés qui travaillent aux États-Unis et qui reçoivent des pourboires dans le cadre de leur activité. Mes questions portaient sur leurs revenus et leur bien-être. Le graphique ci-dessous, qui détaille le montant des pourboires reçus chaque jour par l’un des participants, retranscrit bien la forte instabilité subie par certains employés.</p>
<p><iframe id="bmj4I" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/bmj4I/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les résultats de l’étude indiquent par ailleurs que le fait de recevoir davantage de pourboires sur une journée n’entraîne pas nécessairement un meilleur ni un moins bon moral à l’issue de celle-ci. En revanche, une plus grande volatilité dans les pourboires sur les deux semaines de l’étude a engendré un plus grand nombre de symptômes physiques et davantage d’insomnies.</p>
<p>Une chose que les travailleurs à la tâche et ceux qui comptent sur les pourboires ont en commun est qu’ils perçoivent des revenus inférieurs à la moyenne. Si l’on peut dire que la volatilité de salaire n’est sans doute pas nocive en tant que telle, elle le devient lorsqu’elle est associée à une faible rémunération.</p>
<h2>La méditation ne sert pas à grand-chose</h2>
<p>Toutefois, on retrouve des tendances similaires dans ma troisième étude menée cette fois-ci auprès de 252 salariés occupant des postes à haute rémunération dans les domaines de la vente, de la finance et du marketing aux États-Unis. Commissions et bonus sont monnaie courante dans ces secteurs d’activité : ces travailleurs expérimentent donc eux aussi une volatilité dans leurs rémunérations, bien que celles-ci soient plus élevées.</p>
<p>Si les effets ne sont pas aussi prononcés parmi cette catégorie de travailleurs, j’ai tout de même observé le même schéma : les personnes confrontées à une plus grande instabilité dans leurs revenus sont aussi celles qui rapportent davantage de symptômes physiques et une moins bonne qualité de sommeil.</p>
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<p>J’ai également étudié la façon dont les travailleurs peuvent se protéger des effets néfastes de la volatilité de rémunération. La pleine conscience, par exemple, fait référence à la capacité d’un individu à se concentrer sur le moment présent, sans se soucier de l’avenir et sans penser au passé. Bien que les personnes capables d’adopter cet état aient tendance à faire preuve de <a href="https://www.nytimes.com/guides/well/be-more-mindful-at-work">résilience</a> face au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/stress-20136">stress</a>, elles se révèlent dans mon étude tout autant affectées par l’instabilité de leurs revenus.</p>
<p>Ces résultats montrent que la volatilité de rémunération présente les mêmes effets néfastes chez la plupart des individus. Le seul facteur qui réduit véritablement les effets observés de ce phénomène est le degré de dépendance d’un individu à des sources de revenus volatiles. Lorsque la part de revenus instables représente un pourcentage moindre du revenu global d’un individu, la volatilité de rémunération ne semble pas influer sur sa santé ou son sommeil.</p>
<h2>Coûts cachés</h2>
<p>Dès lors, que faire, alors ? Tout d’abord, le législateur se doit de prendre en considération les avantages mais aussi les inconvénients de ces nouveaux modes de travail. Les entreprises de la <em>gig</em> <em>economy</em> savent parfaitement mettre en lumière les avantages du statut de travailleur indépendant ; cependant, il comporte également des coûts cachés, qui ne reçoivent pas la même attention.</p>
<p>Comme l’a expliqué l’un des participants à mon étude :</p>
<blockquote>
<p>« Il n’existe pas de garde-fou qui garantisse aux travailleurs indépendants un revenu juste pour une tâche donnée. Or, vous vous en doutez, la question de la rémunération constitue la principale source de stress, d’angoisse et d’incertitude dans le travail. »</p>
</blockquote>
<p>Garantir une meilleure protection juridique aux travailleurs indépendants peut contribuer à instaurer ces garde-fous. En parallèle, les entreprises pourraient trouver un équilibre en réduisant la dépendance des travailleurs à des modes de rémunération volatils, en choisissant plutôt de leur proposer un salaire de base plus important. Selon les conclusions de mes études, cette stratégie devrait en effet affaiblir le lien de causalité entre volatilité de la rémunération et bien-être des travailleurs.</p>
<p>En résumé, il est clair que si les modes de travail rendus populaires par la <em>gig economy</em> présentent des avantages, nous devons également prendre en compte les coûts cachés et œuvrer à améliorer les conditions de travail de cette portion importante de la population.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198551/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gordon M. Sayre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une série d’études montre que l’irrégularité des rentrées d’argent détériore le bien-être au travail aussi bien chez les auto-entrepreneurs des plates-formes que parmi les postes à responsabilité.Gordon M. Sayre, Assistant Professor of Organizational Behavior, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.