tag:theconversation.com,2011:/ca/topics/troubles-cognitifs-31127/articlestroubles cognitifs – The Conversation2023-10-13T13:32:56Ztag:theconversation.com,2011:article/2149252023-10-13T13:32:56Z2023-10-13T13:32:56ZIndicateurs précoces de la démence : 5 changements de comportement à surveiller après 50 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551837/original/file-20230929-24-as88uw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=146%2C251%2C6514%2C4290&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des changements de comportement tels que l’apathie, la difficulté à maîtriser ses pulsions ou une attitude socialement inappropriée peuvent indiquer un risque de démence chez les personnes âgées de plus de 50 ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>On relie souvent la démence à des troubles de la mémoire, notamment lorsqu’une personne âgée pose les mêmes questions ou égare des objets. En réalité, les individus atteints de démence présentent non seulement des problèmes dans d’autres domaines de la cognition, comme l’apprentissage, la réflexion, la compréhension et le jugement, mais aussi des <a href="https://www.alzint.org/u/World-Alzheimer-Report-2021.pdf">changements de comportement</a>. </p>
<p>Il est important de comprendre ce qu’est la démence et comment elle se manifeste. Je n’imaginais pas que les comportements étranges de ma grand-mère étaient le signe avant-coureur d’une maladie bien plus grave. </p>
<p>Elle devenait facilement agitée si elle ne parvenait pas à accomplir des tâches telles que la cuisine ou la pâtisserie. Elle prétendait voir une femme dans la maison, alors qu’en réalité, il n’y avait personne. Elle se méfiait également des autres et cachait des objets dans des endroits bizarres. </p>
<p>Ces comportements ont persisté pendant un certain temps avant qu’un diagnostic de démence ne soit posé.</p>
<h2>Troubles cognitifs et comportementaux</h2>
<p>Lorsque les changements cognitifs et comportementaux interfèrent avec l’autonomie fonctionnelle d’un individu, celui-ci est considéré comme atteint de démence. En revanche, si ces changements n’entravent pas l’indépendance d’une personne, mais qu’ils affectent néanmoins ses relations et son rendement au travail, on parle respectivement de <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/maladies-apparentees_trouble-cognitf-leger.pdf">troubles cognitifs légers (TCL)</a> et de <a href="https://doi.org/10.1186/s13195-021-00949-7">trouble du comportement léger</a>. </p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9169943/">Les troubles légers cognitifs et comportementaux peuvent se produire ensemble</a>, mais chez un tiers des personnes qui développent une démence de type Alzheimer, les symptômes associés au comportement surgissent <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.jagp.2019.01.215">avant le déclin cognitif</a>. </p>
<p>Il peut être utile de repérer ces changements de comportement, qui apparaissent plus tard dans la vie (50 ans et plus) et marquent un changement persistant par rapport à des habitudes bien ancrées, afin de mettre en œuvre des traitements préventifs avant que des symptômes plus graves ne se manifestent. En tant que doctorante en sciences médicales, mes recherches se concentrent sur les comportements problématiques qui surviennent à un âge avancé et qui indiquent un risque accru de démence. </p>
<h2>Cinq signes comportementaux à rechercher</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Illustration de cinq changements de comportement pouvant indiquer un risque de démence" src="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La détection des changements de comportement peut être utile pour mettre en œuvre des traitements préventifs avant l’apparition de symptômes plus graves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Daniella Vellone)</span></span>
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<p>Nous pouvons observer <a href="https://doi.org/10.3233%2FJAD-160979">cinq comportements principaux</a> chez nos amis et parents plus âgés qui <a href="https://doi.org/10.1186/s13024-023-00631-6">peuvent justifier une attention particulière</a>. </p>
<h2>1. Apathie</h2>
<p>L’<a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12370">apathie</a> est une baisse d’intérêt, de motivation et de dynamisme.</p>
<p>Une personne apathique peut négliger ses amis, de sa famille ou de ses activités. Elle peut manquer de curiosité pour des sujets qui l’auraient normalement intéressée, perdre la motivation d’agir en fonction de ses obligations ou devenir moins spontanée et énergique. Elle peut également sembler manquer d’émotions par rapport à ce qui la caractérise et donner l’impression que plus rien ne lui importe.</p>
<h2>2. Dysrégulation affective</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2023.03.074">dysrégulation affective</a> comprend des symptômes d’humeur ou d’anxiété. Une personne qui présente une dysrégulation affective peut développer une tristesse ou une instabilité de l’humeur ou devenir plus anxieuse ou préoccupée par des choses routinières telles que des événements ou des visites.</p>
<h2>3. Maîtrise des pulsions</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12016">perte de maîtrise des pulsions</a> est l’incapacité à retarder la satisfaction et à gérer son comportement ou ses pulsions.</p>
<p>Une personne qui présente une incapacité à gérer ses pulsions peut devenir agitée, agressive, irritable, capricieuse, contestataire ou facilement frustrée. Elle peut se montrer plus têtue ou rigide, au point de ne pas vouloir considérer d’autres points de vue et d’insister pour obtenir ce qu’elle veut. Parfois, elles peuvent développer une désinhibition sexuelle ou des agissements intrusifs, présenter des comportements répétitifs ou des compulsions, se lancer dans les jeux d’argent ou le vol à l’étalage, ou éprouver des difficultés à réguler leur consommation de substances telles que le tabac ou l’alcool.</p>
<h2>4. Inadaptation sociale</h2>
<p>L’<a href="http://dx.doi.org/10.1017/S1041610217001260">inadaptation sociale</a> comprend les difficultés à respecter les normes sociétales dans les interactions avec les autres.</p>
<p>Une personne socialement inadaptée peut perdre le discernement dont elle disposait auparavant quant à la façon de s’exprimer ou de se comporter. Elle peut cesser de se préoccuper des conséquences de ses paroles ou de ses actes sur les autres, discuter ouvertement de sujets intimes, parler à des inconnus comme s’ils lui étaient familiers, dire des grossièretés ou manquer d’empathie dans ses interactions avec autrui.</p>
<h2>5. Anomalies de perception ou de pensée</h2>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1038/s44220-023-00043-x">anomalies de perception ou de pensée</a> renvoient à des croyances et à des expériences sensorielles fortement ancrées dans l’esprit des gens.</p>
<p>Un individu dont les perceptions ou les pensées sont perturbées peut se méfier des intentions d’autrui ou craindre que d’autres lui fassent du mal ou lui volent ses biens. Il peut aussi dire qu’il entend des voix, parler à des personnes imaginaires ou voir des choses qui n’existent pas.</p>
<p>Avant de considérer l’un de ces comportements comme le signe d’un problème plus grave, il est important d’exclure certaines causes potentielles de changement de comportement, telles que les drogues ou les médicaments, d’autres maladies ou infections, les conflits interpersonnels ou le stress, ou encore la réapparition de symptômes psychiatriques associés à un diagnostic antérieur de troubles mentaux. En cas de doute, il est peut-être temps de consulter un médecin. </p>
<h2>Les effets de la démence</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un jeune homme entourant de ses bras un homme plus âgé" src="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains types de changements de comportement méritent une attention particulière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Beaucoup d’entre nous connaissent quelqu’un qui a souffert de démence ou qui s’est occupé d’une personne atteinte de démence. Ce n’est pas surprenant, car on prévoit que cette maladie touchera un <a href="https://www.ctvnews.ca/health/nearly-one-million-canadians-will-live-with-dementia-by-2030-alzheimer-society-predicts-1.6056849#:">million de Canadiens d’ici 2030</a>.</p>
<p>Les personnes âgées de 20 à 40 ans peuvent penser qu’il leur reste des dizaines d’années avant de souffrir d’une telle pathologie, mais il est important de comprendre qu’il s’agit d’un processus qui implique plusieurs personnes. En 2020, des partenaires de soins – y compris des membres de la famille, des amis ou des voisins – ont consacré <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/Landmark-Study-1-Path-Forward-Alzheimer-Society-of-Canada-2022-wb.pdf">26 heures par semaine</a> à aider les Canadiens âgés atteints de démence. Cela équivaut à 235 000 emplois à temps plein ou à 7,3 milliards de dollars par an. </p>
<p>Ces chiffres devraient tripler d’ici 2050. Il est donc important de chercher des moyens de compenser ces prévisions en prévenant ou en retardant la progression de la démence.</p>
<h2>Identifier les personnes à risque</h2>
<p>Bien qu’il n’existe actuellement aucun moyen de guérir la démence, des progrès ont été réalisés dans la <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/comment-traiter-les-troubles-neurocognitifs">mise au point de traitements</a> qui <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/suis-je-atteint-dun-trouble-neurocognitif/comment-obtenir-un-0">peuvent être plus efficaces à un stade précoce de la maladie</a>. </p>
<p>D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre les symptômes de la démence au fil du temps ; par exemple, l’<a href="https://www.can-protect.ca/">étude en ligne CAN-PROTECT</a> évalue de nombreux facteurs contribuant au vieillissement du cerveau. </p>
<p>En identifiant les personnes à risque de démence par la détection des changements cognitifs, fonctionnels et comportementaux survenant plus tard dans la vie, on peut non seulement prévenir les conséquences de ces changements, mais aussi éventuellement la maladie ou sa progression.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214925/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniella Vellone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La démence ne se manifeste pas uniquement par des troubles de la mémoire. Les personnes qui en sont atteintes peuvent également présenter des problèmes d’apprentissage, de compréhension et de jugement, mais aussi des changements de comportement.Daniella Vellone, Medical Science and Imaging PhD Candidate, University of CalgaryLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2047862023-09-19T13:49:55Z2023-09-19T13:49:55ZLa flexibilité cognitive est essentielle pour naviguer dans un monde en mutation. Voici comment votre cerveau apprend de nouvelles règles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531648/original/file-20230613-15-y6xoup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une classe de neurones inhibiteurs peut établir des connexions à longue distance entre les deux hémisphères du cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(kinbostanci/iStock via Getty Images Plus)</span></span></figcaption></figure><p>Dans un monde en constante évolution, la flexibilité et l’adaptation sont des qualités que l’on met en pratique tous les jours. Modifier des comportements familiers en réponse à de nouvelles situations, comme dans le cas d’un nouveau chantier qui vous oblige à changer d’itinéraire ou pour retrouver votre émission préférée après avoir téléchargé une nouvelle application de diffusion en continu, est une compétence essentielle.</p>
<p>Pour réaliser ces adaptations, votre cerveau modifie ses schémas d’activité au sein d’une structure appelée <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.neuro.24.1.167">cortex préfrontal</a>, une zone du cerveau essentielle pour les fonctions cognitives telles que l’attention, la planification et la prise de décision. Mais on ignore quels circuits précis « demandent » au cortex préfrontal d’actualiser ses schémas afin de modifier le comportement.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/i47_jiCsBMs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le cortex préfrontal du cerveau est responsable des fonctions exécutives telles que la maîtrise de soi et la prise de décision.</span></figcaption>
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<p>Notre équipe de <a href="https://scholar.google.com/citations?user=EYE8lYIAAAAJ&hl=en">neuroscientifiques</a>, étudie la manière dont le cerveau traite les informations et ce qui se passe lorsque cette fonction est altérée. Dans nos recherches récemment publiées, nous avons découvert une <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">catégorie particulière de neurones</a> dans le cortex préfrontal qui pourrait permettre une flexibilité du comportement et qui, lorsqu’ils présentent des dysfonctionnements, risquent de mener à des pathologies telles que la schizophrénie et les troubles bipolaires.</p>
<h2>Les neurones inhibiteurs et l’apprentissage de nouvelles règles</h2>
<p>Les <a href="https://www.brainfacts.org/brain-anatomy-and-function/cells-and-circuits/2021/how-inhibitory-neurons-shape-the-brains-code-100621">neurones inhibiteurs</a> atténuent l’activité d’autres neurones dans le cerveau. Jusqu’à présent, les chercheurs considéraient que ces neurones n’envoyaient leurs signaux électriques et chimiques qu’aux neurones situés à proximité. Cependant, nous avons découvert une catégorie particulière de neurones inhibiteurs dans le cortex préfrontal qui communiquent sur de longues distances avec ceux de l’hémisphère opposé du cerveau.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si ces connexions inhibitrices à longue portée participaient à la coordination des changements dans les schémas d’activité des cortex préfrontaux gauche et droit. Ce faisant, ils pourraient fournir les signaux cruciaux qui vous aideraient à modifier votre comportement au bon moment.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Image microscopique d’un interneurone" src="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les fluctuations de l’activité neuronale se manifestent sous forme d’ondes cérébrales ou d’oscillations neuronales.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://flic.kr/p/G2ScFK">(NICHD/McBain Laboratory via Flickr)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Pour tester la fonction de ces connexions inhibitrices à longue portée, nous avons observé des souris effectuant une tâche qui leur exigeait d’apprendre une règle pour recevoir une récompense, puis de s’adapter à une nouvelle règle afin de continuer à recevoir la récompense. Cette tâche consistait pour les souris à creuser dans des bols pour y trouver de la nourriture cachée. Au départ, une odeur d’ail ou la présence de sable dans un bol peuvent indiquer l’emplacement de la nourriture cachée. L’indice caractéristique associé à la récompense change ensuite, ce qui oblige les souris à apprendre une nouvelle règle.</p>
<p>Nous avons découvert que la suppression des connexions inhibitrices à longue portée entre les cortex préfrontaux gauche et droit <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">provoquait chez les souris un blocage</a>, ou une persévérance, vis-à-vis d’une règle, et les empêchait d’en apprendre de nouvelles. Elles n’ont pas été capables de modifier leur stratégie et d’apprendre que l’ancien repère n’avait plus de sens et que le nouveau repère indiquait la présence de nourriture.</p>
<h2>Les ondes cérébrales et la flexibilité comportementale</h2>
<p>Nous avons également fait des découvertes surprenantes sur la manière dont ces connexions inhibitrices à longue portée créent une flexibilité comportementale. Plus précisément, elles synchronisent un ensemble d’« ondes cérébrales » appelées <a href="https://doi.org/10.1523/jneurosci.0990-16.2016">oscillations gamma</a> dans les deux hémisphères. Ce sont des fluctuations rythmiques de l’activité cérébrale qui se produisent environ 40 fois par seconde. Ces fluctuations peuvent être détectées pour de nombreuses fonctions cognitives, par exemple lorsque vous effectuez une tâche qui nécessite de garder des informations en mémoire ou de faire différents mouvements selon les informations affichées sur l’écran d’un ordinateur.</p>
<p>Bien que les scientifiques aient observé la présence d’oscillations gamma depuis plusieurs décennies, leur fonction est controversée. Beaucoup de chercheurs pensent que la synchronisation de ces fluctuations rythmiques dans diverses régions du cerveau n’a aucune utilité. D’autres ont émis l’hypothèse que cette synchronisation entre différentes régions du cerveau améliorait la communication entre ces régions.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les fluctuations de l’activité neuronale se manifestent sous forme d’ondes cérébrales ou d’oscillations neuronales.</span></figcaption>
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<p>Nous avons trouvé un rôle potentiel complètement nouveau pour la synchronisation gamma. Lorsque les connexions inhibitrices à longue portée coordonnent les oscillations gamma dans les cortex préfrontaux gauche et droit, elles semblent également <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">ouvrir la communication entre eux</a>. </p>
<p>Quand les souris apprennent à ignorer une règle précédemment établie qui ne conduit plus à une récompense, ces connexions synchronisent les oscillations gamma et semblent empêcher un des hémisphères de maintenir des modèles d’activité inutiles dans l’autre hémisphère. En d’autres termes, les connexions inhibitrices à longue portée semblent éviter que les données provenant d’un hémisphère ne « se mettent en travers » de celles de l’autre hémisphère lorsque ce dernier essaie d’apprendre quelque chose de nouveau.</p>
<p>Par exemple, le cortex préfrontal gauche peut « remémorer » au cortex préfrontal droit votre itinéraire habituel pour vous rendre au travail. Mais lorsque des connexions inhibitrices à longue portée synchronisent ces deux zones, elles semblent également interrompre ces rappels, et permettre à de nouveaux schémas d’activité cérébrale correspondant à votre nouveau trajet de se mettre en place.</p>
<p>Enfin, ces connexions inhibitrices à longue portée <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">déclenchent aussi des effets durables</a>. En coupant ces connexions, ne serait-ce qu’une seule fois, les souris ont eu du mal à apprendre de nouvelles règles plusieurs jours plus tard. À l’inverse, la stimulation rythmique de ces connexions pour synchroniser artificiellement les oscillations gamma peut inverser ces déficits et rétablir un apprentissage normal.</p>
<h2>Flexibilité cognitive et schizophrénie</h2>
<p>Les connexions inhibitrices à longue portée jouent un rôle important dans la flexibilité cognitive. L’incapacité à mettre à jour de manière appropriée les règles apprises précédemment constitue une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16965182/">forme caractéristique de déficits cognitifs</a> dans les troubles psychiatriques tels que la schizophrénie et les maladies affectives bipolaires.</p>
<p>La recherche a également mis en évidence des <a href="https://doi.org/10.1523/jneurosci.0990-16.2016">déficiences dans la synchronisation gamma</a> et des anomalies dans une catégorie de neurones inhibiteurs préfrontaux, dont ceux que nous avons étudiés, chez les personnes souffrant de schizophrénie. Dans ce contexte, notre étude suggère que les traitements qui ciblent ces connexions inhibitrices à longue portée peuvent contribuer à améliorer la cognition chez les individus atteints de schizophrénie en synchronisant les oscillations gamma.</p>
<p>De nombreux détails sur la manière dont ces connexions affectent les circuits cérébraux demeurent inconnus. Par exemple, nous ne savons pas exactement quelles cellules du cortex préfrontal reçoivent des informations de ces connexions inhibitrices à longue portée et modifient leurs schémas d’activité pour apprendre de nouvelles règles. Nous ignorons également s’il existe des voies moléculaires particulières qui produisent des changements durables dans l’activité neuronale. </p>
<p>La réponse à ces questions pourrait dévoiler la façon dont le cerveau passe avec souplesse de la conservation à la mise à jour d’informations anciennes, et conduire éventuellement à de nouveaux traitements de la schizophrénie et d’autres maladies psychiatriques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204786/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vikaas Sohal est financé par les National Institutes of Health, la Simons Foundation Autism Research Initiative, le UCSF Dolby Family Center for Mood Disorders et le Bay Area Psychedelic Research consortium.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kathleen Cho est financé par les National Institutes of Health, la Simons Foundation Autism Research Initiative, le UCSF Dolby Family Center for Mood Disorders et le Bay Area Psychedelic Research consortium.</span></em></p>Une meilleure compréhension des circuits cérébraux intervenant dans l’adaptation comportementale pourrait déboucher sur de nouvelles méthodes de traitement de plusieurs maladies, dont la schizophrénie.Vikaas Sohal, Professor of Psychiatry, University of California, San FranciscoKathleen Cho, Principal Investigator in Neuroscience, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1525822020-12-29T21:40:47Z2020-12-29T21:40:47ZComment consentir à la vaccination quand on souffre d'Alzheimer ?<p>Tout sourire derrière son masque, dûment informée du rapport-bénéfice/risque de la vaccination contre le SARS-CoV-2 et consentante, <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/meme-pas-mal-mauricette-78-ans-premiere-personne-vaccinee-en-france-contre-le-covid-19_4235121.html">Mauricette</a>, 78 ans, se prête volontiers à la séance photo média organisée dans son unité de soins de longue durée à Sevran, ce dimanche 27 décembre 2020.</p>
<p>Mais qu’en est-il pour tous les autres patients <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14443">vulnérables</a>, souffrant de troubles cognitifs, résidents en soins de longue durée (SLD, les « longs séjours ») ou en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/p_3221237/fr/vaccins-covid-19-quelle-strategie-de-priorisation-a-l-initiation-de-la-campagne">« Priorisés »</a> dans le cadre de cette toute récente campagne de vaccination, du fait de leur grand âge ou de leurs polypathologies, comment faire pour recueillir, tracer leur <a href="https://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/saisine_vaccins.pdf">consentement</a> ? Pourrait-on décider à leur place ?</p>
<h2>Le consentement en médecine</h2>
<p>La révélation des atrocités commises durant la Shoah, qui a mené à la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d’Europe par l’Allemagne nazie, a abouti à la rédaction en 1947 du <a href="https://www.espace-ethique.org/ressources/article/du-proces-au-code-de-nuremberg-principes-de-lethique-biomedicale">code de Nuremberg</a>. </p>
<p>Ce texte énonce les règles du consentement aux recherches biomédicales des personnes incapables de discernement. Ce principe, fondamental en éthique médicale, est réaffirmé dans la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000227015/">loi du 4 mars 2002</a>, qui prône l’autonomie, y compris dans les démarches de soin, plutôt que le paternalisme, dont était empreinte jusqu’alors la relation médecin-malade. Il s’agit d’associer les patients aux décisions les concernant. Concrètement, tout praticien doit informer le malade pour obtenir son consentement aux soins qu’il lui propose, conformément à <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006680561/1995-09-08">l’article 35 du Code de déontologie médicale</a>. Il est exigé de donner une information compréhensible, « loyale, claire et appropriée ». Une règle de bonne pratique consiste à fonder cette communication sur un entretien oral, avec le support d’un document remis au patient.</p>
<p>L’échange oral est important, car le patient peut poser des questions, faire répéter ou préciser certains points. C’est aussi grâce à lui que le soignant peut demander au patient de reformuler, avec ses propres mots, ce qu’il a retenu de l’échange, et ainsi s’assurer de son niveau de compréhension. En tout état de cause, un consentement éclairé ne peutdonc pas se résumer à apposer une signature sur un formulaire (un tel document n’a d’ailleurs qu’une valeur juridique relative en droit français).</p>
<h2>Que signifie « consentir » ?</h2>
<p>Selon <a href="https://www.littre.org/definition/consentir">le Littré</a>, consentir signifie adhérer, accepter une chose comme possible, réalisable, autoriser, permettre, se conformer à. C’est aussi céder, condescendre à, daigner. Se rendre à un sentiment, à une volonté, à une obligation.</p>
<p>On constate que plusieurs sens émergent de ce mot, déclinant des clairs-obscurs qui vont de l’acquiescement à la contrainte. Dans ma pratique médicale, avec mes patients très âgés et atteints par la maladie d’Alzheimer, je retiens cette définition venant du latin : <em>consentire</em>, de <em>cum</em>, ensemble et <em>sentire</em>, sentir, penser. Consentir, c’est « sentir ensemble ».</p>
<h2>Quand la maladie rompt la symétrie du consentement</h2>
<p>Le consentement est l’expression de deux volontés où la première suggère, propose énonce et l’autre adhère, accepte ou refuse. Consentir implique un accord, un engagement mutuel, après que les droits et les devoirs ont été énoncés, à l’image d’un mariage ou d’un divorce. Dans son <em>Vocabulaire technique et critique de la philosophie</em>, le philosophe André Lalande note que </p>
<blockquote>
<p>« Consentir est un acte de volonté par lequel on décide ou même on déclare expressément qu’on ne s’oppose pas à une action déterminée dont l’initiative est prise par autrui » </p>
</blockquote>
<p>L’acte de consentir suppose une double compétence : celle de comprendre et celle de pouvoir se déterminer librement et de faire des choix. Cela implique, en même temps, la possibilité du refus, de la rupture, de la dénonciation du contrat à tout moment. Pour qu’un consentement soit juste et éclairé, la partie qui propose et celle qui consent doivent avoir les mêmes bases d’analyse de la situation. </p>
<p>On voit bien que, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, ce contrat « symétrique » n’est pas de mise : les deux parties ne sont pas en égalités de compréhension, de capacité à donner un accord. Ne pas demander son avis à l’autre du fait de ses altérations cognitives, ou insister, argumenter, presser un individu jusqu’à passer outre un refus, jusqu’à obtenir ce fameux consentement, le réduit à la qualité d’objet. Or, les malades, jusqu’au bout de leur vie, demeurent des personnes auxquelles nous devons nous adresser en tant que telle, malgré leurs capacités altérées.</p>
<h2>Que faire face à la maladie d’Alzheimer ?</h2>
<p>Pour consentir, il faut comprendre ce que l’on vous propose : dans ce cas concret, la vaccination tant attendue contre le coronavirus SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19. Le patient doit donc être informé, mais de façon répétée et dans une temporalité particulière : les informations sont à délivrer dans l’<em>ici</em> et le <em>maintenant</em>, sous peine d’être vite oubliées. Le temps de délibération est donc de ce fait réduit. </p>
<p>Nous devons nous assurer que la personne concernée comprend la situation, qu’elle a la possibilité de refuser, qu’elle en saisit les bénéfices et les risques, expliqués en termes simples, et qu’elle comprend quelles sont les solutions alternatives, s’il y en a. Nous devons nous aussi, médecins, être informés des recommandations en vigueur concernant la vaccination, comme celles émises par la <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/p_3225633/fr/vaccination-contre-la-covid-19-la-has-precise-ses-recommandations-sur-la-priorisation-des-publics-cibles">Haute Autorité de Santé</a> (HAS), afin d’être être en mesure de répondre si des craintes s’expriment.</p>
<h2>Consentement ou assentiment ?</h2>
<p>Dans la pratique, nous avons constaté que le consentement, compris comme l’expression d’une autonomie complète aux soins ou à l’entrée en institution, est l’un des problèmes éthiques les plus difficiles à résoudre. Il est sans doute inapproprié dans le contexte de la maladie d’Alzheimer. De ce fait, chez les malades qui en souffrent, il est préférable de rechercher l’assentiment. </p>
<p>Même si les étymologies des mots « consentement » et « assentiment » sont proches, ces termes ne sont pas similaires. Le consentement est un accord entre deux parties, après avoir reçu et compris l’information concernant ce « contrat », et avec la possibilité d’un refus. L’assentiment consiste plutôt en un consentement a posteriori, plus souple et pouvant être donné malgré une compréhension incomplète, dans un climat de confiance réciproque et sans montrer de signe d’opposition. La recommandation de l’<a href="https://www.espace-ethique.org/ressources/article/lassociation-medicale-mondiale-integre-le-principe-dassentiment">EREMA</a> (Espace national de réflexion éthique de la maladie d’Alzheimer) est d’ailleurs de rechercher, « un assentiment profond, un accord de participation fondé sur une compréhension incomplète, par des signes marquant une confiance ». </p>
<p>Quand la maladie d’Alzheimer progresse et ne permet plus une prise en compte des opinions et des options fondamentales du patient, on se tourne vers un « consentement substitué ». Il s’agit de rechercher les volontés émises dans les directives anticipées, l’avis de la personne de confiance, de la famille, ou la décision du représentant légal selon la <a href="https://www.dalloz-actualite.fr/flash/reforme-de-procedure-tutelaire-apres-loi-n-2019-222-du-23-mars-2019">loi du 23 mars 2019</a> portant réforme des majeurs protégés (tuteur à la personne ou habilitation familiale).</p>
<p>Rechercher à tout prix le consentement libre et éclairé des patients atteints par la maladie d’Alzheimer à l’occasion de la vaccination contre le SARS-CoV-2, c’est aussi les considérer comme des êtres humains capables d’autonomie, de choix et de discernement, malgré leur sur-vulnérabilité. Il faut savoir interpréter un refus, une main ou un bras qui se retire au dernier moment, accepter qu’un « non » exprimé en réponse à une personne donnée, à un moment précis, se transforme plus tard en un « oui » avec quelqu’un d’autre. Ce sera toujours la volonté du patient qui devra primer. </p>
<p>Le médecin doit rechercher et tracer ce consentement (ou ce refus), et surtout être guidé par une vigilance éthique qui conduira à éviter quelques écueils : consentir à la place de ces malades, ne pas poser la question du consentement, se contenter d’une parodie de consentement sur un formulaire. Si consentir veut effectivement dire « sentir ensemble », alors ménageons-nous le temps de nous y adonner.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152582/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Lefebvre des Noettes ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le consentement libre et éclairé est un pilier de l’éthique médicale. Mais comment faire pour l’obtenir lorsque les capacités cognitives des patients sont altérées ?Véronique Lefebvre des Noettes, Psychiatre du sujet âgé, chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d'étude du politique Hannah Arendt (Université Paris-Est Créteil), co-directeur du département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins, Collège des BernardinsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1474672020-10-21T20:05:35Z2020-10-21T20:05:35ZMotricité, attention, anxiété : la réalité virtuelle peut améliorer la qualité de vie des personnes âgées<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/364109/original/file-20201018-13-13lw2nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=402%2C462%2C5985%2C4003&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/front-view-senior-caucasian-male-patient-1358292272">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Dans 20 ans, si l’on en croit les <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3303333?sommaire=3353488">projections de l’Insee</a> (Institut national de la statistique et des études économiques), un quart des Français seront âgés de 65 ans et plus. Naturellement, ce vieillissement de la population constitue l’une des <a href="https://www.gouvernement.fr/l-adaptation-de-la-societe-au-vieillissement">préoccupations de nos gouvernements</a>, qu’il s’agisse d’anticiper la perte d’autonomie des personnes âgées, de les accompagner, ou encore d’adapter la société à cette évolution. Or du point de vue de l’accompagnement, les nouvelles technologies, et plus précisément la réalité virtuelle, semblent présenter différents atouts.</p>
<p>Objet phare des nouvelles technologies, la naissance de la réalité virtuelle est étroitement liée à l’évolution de l’informatique et du domaine de synthèse des images : il s’agit en effet d’exploiter <a href="http://jul.andre.free.fr/R%E9alit%E9%20Virtuelle/tome1.pdf">l’informatique et des interfaces comportementales</a> pour permettre à une ou plusieurs personnes une activité sensori-motrice et cognitive dans un monde artificiel. Ses premières expériences remontent à 1962 : grâce au « sensorama », un spectateur pouvait avoir l’impression de faire une promenade à bicyclette dans Brooklyn, se retrouvant immergé dans une scène réelle filmée au préalable, à la fois par la vue, les bruits, le souffle du vent, les odeurs, la température ou l’illusion de mouvement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363984/original/file-20201016-13-3d6aqj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le dispositif Sensorama/Brevet de Morton Heilig – publié en octobre 1960.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis, les outils dédiés à la réalité virtuelle ont évolué. On dispose désormais, parmi les interfaces utilisées : du système CAVE (Cubic Automatic Virtual Environment) avec une image projetée sur les six faces d’une pièce cubique, mais aussi d’écrans dits autostéréoscopiques permettant de voir une image en 3D sans dispositifs supplémentaires, ou encore de casques stéréoscopiques accessibles au grand public et autorisant une immersion totale. Quant aux objectifs, ils sont éminemment variés…</p>
<p>Dans l’industrie, elle permet d’étudier l’ergonomie, l’assemblage et l’esthétique de <a href="https://www.armines.net/fr/carnot-mines-tv/math%C3%A9matiques-syst%C3%A8mes/virtual-reality-car-interior-design">nouveaux produits</a>. En architecture, on l’utilise pour tester l’impact des matériaux d’une <a href="https://www.batiactu.com/edito/la-realite-virtuelle-immersive-au-service-de-la-co-37795.php">future construction</a>, mais aussi mieux estimer son coût. Mais la réalité virtuelle rend aussi possible la <a href="https://www.realite-virtuelle.com/systeme-solaire-realite-augmentee-1707/">visualisation</a> du déplacement des astres ou des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=O6wRP2qIpYA&ab_channel=FUTUREMAG-ARTE">organes humains</a> en 3D. Et de fait, elle s’est réellement imposée en tant qu’outil thérapeutique en médecine, entre autres pour la <a href="https://link.springer.com/article/10.1186/1743-0003-1-10">rééducation motrice</a> et les troubles psychologiques, notamment dans le domaine de la gériatrie.</p>
<p>Avec l’âge, l’attention et la rapidité à traiter de nouvelles informations ont en effet <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=29jRDgAAQBAJ">tendance à se détériorer</a>, la <a href="https://www.cairn.info/proteger-et-construire-l-identite-de-la-personne--9782749214733-page-49.htm">perception de soi</a> peut être modifiée et <a href="https://www.researchgate.net/publication/6842767_Anxiety_disorders_in_the_elderly_Clinical_and_therapeutic_aspects">l’anxiété</a> s’installer (à la suite de deuils ou séparations, d’un évènement traumatique ou du placement en maison de retraite). Et l’on sait par ailleurs que le <a href="https://www.scirp.org/(S(351jmbntvnsjt1aadkposzje))%20/reference/ReferencesPapers.aspx ?ReferenceID=808919">risque de chutes</a> devient plus important, avec le risque de faire basculer le vieillissement du normal vers le <a href="http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2017/16-17/pdf/2017_16-17_0.pdf">pathologique</a>. Et tous ces problèmes sont autant de motifs de se tourner vers la réalité virtuelle : elle pourrait notamment s’avérer utile pour prévenir ou remédier aux troubles de l’anxiété, de l’équilibre et de la marche.</p>
<h2>Stimuler des ressources préservées</h2>
<p>On peut par exemple stimuler des ressources motrices ou cognitives préservées, grâce à un environnement imitant une situation donnée : c’est ce qu’a révélé une étude immergeant virtuellement des personnes âgées <a href="https://www.researchgate.net/figure/The-Virtual-Action-Planning-Supermarket-VAP-S_fig2_251289698">dans un supermarché où d’autres personnes faisaient leurs courses</a>. Et comparée aux programmes de rééducation classiques, la réalité virtuelle limite alors les risques d’abandon, augmentant donc le <a href="https://pastel.archives-ouvertes.fr/tel-00161903/document">succès thérapeutique</a> : le caractère innovant des séances pourrait susciter la curiosité de certains patients et les pousser à se motiver et s’impliquer dans la thérapie.</p>
<p>Autre intérêt de la réalité virtuelle : elle permet d’agir à des fins thérapeutiques de façon ludique. Les classiques exercices longs et répétitifs des centres de rééducation peuvent en effet être réalisés sous forme de jeux, améliorant les performances du participant sans qu’il en ait conscience : c’est le cas, par exemple, de <a href="https://www.kinequantum.com/">squats d’esquives de branches d’arbre</a> dans une forêt virtuelle, qui remplacent avantageusement les exercices de renforcement musculaire préconisés à la suite d’un traumatisme du genou.</p>
<p>Qui plus est, la gamme d’environnements virtuels est très large, et adaptable à des objectifs déterminés : on peut ainsi simuler, de façon sécurisée et à moindre coût, des scènes qui sur le plan pratique sont difficiles à réaliser dans la vraie vie, pour traiter certaines formes de phobie (avion, hauteur ou reptiles). Sans compter qu’on peut aussi ajuster ces environnements aux déficits à corriger, en suivant l’évolution du patient. Par exemple, lors d’une séance de rééducation pour l’épaule, la scène virtuelle peut être programmée de façon à s’approcher au plus près des conditions de vie quotidienne : s’il s’agit de permettre au participant de saisir un livre sur une étagère, le thérapeute fixera les amplitudes articulaires recherchées (la hauteur de l’étagère) et les modifiera au fur et à mesure des séances.</p>
<p>Dernier atout et non des moindres : la réalité virtuelle offre la possibilité de mesurer et de contrôler de façon fine et codifiée non seulement les caractéristiques de la stimulation, mais aussi celles de la réponse. Ainsi, la position de la tête pourra être tracée grâce à des capteurs intégrés dans le casque, ce qui permet de mesurer en temps réel les amplitudes articulaires du rachis lors d’une atteinte cervicale. Ou bien, on pourra mesurer l’équilibre d’une personne lors d’une tâche de déséquilibration virtuelle, et repérer la position de différents segments corporels pendant l’exercice. Ou encore, on notera l’activité cardiaque lors d’une expérience virtuelle stimulant une phobie, ou la dépense énergétique lors d’une séance nécessitant un effort physique, ou la force musculaire lors d’un exercice de rééducation suite à un accident vasculaire cérébral.</p>
<h2>Au-delà de l’efficacité : tolérance et acceptabilité</h2>
<p>En pratique, l’efficacité de la réalité virtuelle a été démontrée dans l’<a href="https://doi.org/10.1186/1743-0003-11-156">amélioration des capacités motrices et de l’équilibre</a>, le traitement de l’<a href="https://doi.org/10.1017/S1041610214002300">anxiété et des troubles phobiques</a> ou dans la stimulation des <a href="https://doi.org/10.1016/j.jagp.2014.04.009">fonctions exécutives et de l’attention</a>. Mais plusieurs points méritent encore d’être approfondis.</p>
<p>En dépit de son utilité, la réalité virtuelle peut en effet être mal tolérée et acceptée par les personnes âgées. Et c’est ce qu’a voulu explorer le projet VIRTUAGE, initié en novembre 2019 dans le cadre d’une collaboration entre le gérontopôle d’Île-de-France <a href="https://www.gerondif.org/">Gérond’if</a>, l’<a href="https://i3sp.recherche.parisdescartes.fr/">institut des Sciences du Sport-Santé de Paris</a> et deux start-up de réalité virtuelle (<a href="https://lumeen.com/">Lumeen</a> et <a href="https://www.kinequantum.com/">KineQuantum</a>).</p>
<p>La réalité virtuelle y a été expérimentée avec l’aide de visiocasques dans deux situations différentes, avec un objectif ultime : sécuriser son usage auprès des personnes âgées.</p>
<p>La première expérience visait à l’amélioration du bien-être des personnes vivant en Ehpad. Pendant trois séances de réalité virtuelle, les participants pouvaient visualiser différents paysages (forêt, animaux dans la nature, Grand Canyon…), tout en écoutant une musique douce. Et pour en évaluer les effets secondaires, on mesurait leur pression artérielle et leur fréquence cardiaque avant, pendant et après chaque séance, tout en les invitant à remplir un questionnaire portant sur l’intensité des cybermalaises et un autre sur la satisfaction.</p>
<p>La deuxième expérience avait pour objectif de <a href="https://doi.org/10.1016/j.npg.2019.10.003">mieux apprécier</a> l’intérêt de la thérapie d’exposition à la réalité virtuelle en complément de la kinésithérapie, chez des des patients âgés présentant un syndrome de désadaptation psychomotrice (syndrome post-chute) : une peur du vide antérieur et un trouble de l’équilibre, faisant suite à une chute et exposant au risque de nouvelles chutes. Et ce, grâce aux mesures de la tension artérielle et la fréquence cardiaque, mais aussi des tests cliniques de posture et d’équilibre et un questionnaire portant sur la peur de tomber.</p>
<h2>Des risques d’inconfort, de malaises, de confusions…</h2>
<p>On sait que la mauvaise acceptation de la réalité virtuelle peut venir d’un inconfort lié au graphisme et à l’aspect conflictuel et multisensoriel des séances d’immersion. Et cet inconfort peut même se traduire par des <a href="https://psycnet.apa.org/record/2002-00153-030">cybermalaises</a> se rapprochant du mal des transports, et affectant à des degrés variables les participants (avec selon les cas une fatigue visuelle et des céphalées, une perte temporaire des repères visuospatiaux et des vertiges, ou encore des nausées, voire des malaises vagaux). S’ils sont le plus souvent sans gravité, ces malaises doivent naturellement être repérés, et pour les prévenir, des séances de courte durée sont recommandées chez les personnes âgées.</p>
<p>Autre point à surveiller : le risque de confusion entre le monde réel et le monde virtuel (dans lequel l’utilisateur a la sensation d’être réellement présent). Pour le prévenir, l’immersion dans l’environnement virtuel doit se faire de <a href="https://www.vr-connection.com/comite-dethique-vr/charte-de-recommandations/">manière progressive</a>.</p>
<p>Enfin, il importe de prendre en compte les éventuelles déficiences sensorielles (surdité, troubles de la vue), une bonne perception permettant d’améliorer la qualité de l’immersion. Mais aussi, d’obtenir l’adhésion des participants, un certain niveau de motivation étant nécessaire pour se plonger dans une séance et y demeurer. Et soulignons-le : aussi fascinant soit cet outil, il ne doit en aucun cas mettre en jeu la santé de la personne.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs remercient <a href="https://www.gerondif.org/">Gérond’if</a>, porteur du Domaine d’Intérêt Majeur (DIM) Longévité & Vieillissement de la Région Île-de-France qui finance le projet de recherche VIRTUAGE. Merci aussi aux chercheurs de l’Institut des Sciences du Sport-Santé de Paris (URP3625 – I3SP) : <a href="https://i3sp.recherche.parisdescartes.fr/equipe/sylvain-hanneton/">Sylvain Hanneton</a>, <a href="https://i3sp.recherche.parisdescartes.fr/equipe/pauline-maillot/">Pauline Maillot</a> et <a href="https://i3sp.recherche.parisdescartes.fr/equipe/gilles-dietrich/">Gilles Dietrich</a> pour l’encadrement et la codirection de ce travail.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147467/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Doctorante à l'Institut des Sciences du Sport-Santé de Paris (URP3625 – I3SP), Hajer Rmadi a reçu un financement de la Région Île-de-France pour sa thèse, portée par le Gérontopôle d'Ile-de-France (Gérond'if).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Duron et Romain Artico ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>L’âge va parfois de pair avec des problèmes cognitifs et moteurs. En quoi la réalité virtuelle permet-elle de les prévenir ou de les combattre ? À quels obstacles se heurte-t-elle ?Hajer Rmadi, Doctorante, Université Paris CitéEmmanuelle Duron, AP-HPRomain Artico, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1043362018-10-03T18:06:09Z2018-10-03T18:06:09ZLes malades mentaux, une catégorie d’êtres à part ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239162/original/file-20181003-52672-1c5t0k5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C1272%2C860&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes souffrant de troubles mentaux ne sont pas forcément si différentes. Scène de _Vol au-dessus d'un nid de coucou_ (Miloš Forman, 1975).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://goo.gl/XVtA9o">Cinémathèque française / DR</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Schizophrénie, bipolarité, autisme, déficience intellectuelle… La plupart du temps, les déviations à la norme sont perçues négativement et les individus ayant des troubles mentaux, surtout psychiatriques, sont souvent considérés comme appartenant à une catégorie d’êtres à part, n’ayant aucun point commun avec les autres, les gens normaux. Mais ont-ils vraiment si peu de points communs ?</p>
<h2>La personne normale n’existe pas</h2>
<p>La normalité désigne, au sens statistique, la majorité des individus. « Être normal » signifie donc « être comme la majorité ». Mais imaginons un homme qui soit de taille normale, cela suffit-il à faire de lui une personne normale ? Est-il aussi de poids normal ? D’une intelligence normale ? D’une couleur de cheveux normale ? D’une orientation sexuelle normale (c’est-à-dire similaire à celle de la majorité) ?</p>
<p>Et quand bien même il remplirait ces critères, nous ne pourrions jamais avoir la certitude que nous avons bien énuméré l’ensemble des caractéristiques possibles. Nous pourrions toujours en avoir oublié une, sur laquelle notre homme « normal » serait finalement anormal. Ainsi, la normalité constitue une référence à ce qui est majoritaire, et donc habituel, mais aucune personne ne peut être totalement normale. Dit autrement, la personne normale n’existe pas.</p>
<p>Dans son acceptation courante la normalité est souvent perçue comme une caractéristique souhaitable, <em>a contrario</em> de l’anormalité qui serait à éviter. Mais appartenir à la majorité n’est pas en soi un gage de qualité. Ainsi, avoir une coupe de cheveux normale ne signifie pas que votre coiffure est mieux que celle des autres, ni que celle des autres est moins bien que la vôtre. Dans certains cas la rareté statistique peut même être synonyme de plus-value, comme en ce qui concerne les personnes d’intelligence exceptionnellement élevée.</p>
<h2>Classifier les troubles mentaux</h2>
<p>Dans leur acceptation la plus large, les troubles mentaux renvoient aux perturbations de la cognition, de la régulation des émotions ou encore du comportement. Ils sont recensés dans des classifications telles que la <a href="http://apps.who.int/classifications/icd10/browse/2008/fr">CIM-10</a> ou le <a href="https://www.santementale.fr/actualites/le-dsm-v-est-paru.html">DSM-5</a> et renvoient à des affections psychiatriques (troubles bipolaires, schizophrénie, dépression, troubles anxieux, etc.) ou encore à des troubles neurodéveloppementaux (autisme, hyperactivité, dyslexie, etc.).</p>
<p>Les classifications telles que la CIM ou le DSM ne sont pas figées. Elles évoluent d’une époque à l’autre, tant en ce qui concerne les catégories définies que les critères à remplir pour y appartenir. Par exemple, en 1980, l’« autisme infantile » incluait uniquement des individus présentant d’importants déficits dans le développement du langage. En 1994 (DSM-IV), ce critère n’apparaît plus comme nécessaire pour le diagnostic du « trouble autistique », lequel est alors distingué du « syndrome d’asperger » et des « troubles envahissants du développement non spécifiés ». Puis en 2013, à l’entrée en vigueur du DSM-5, ces différents troubles ont été regroupés sous l’appellation <a href="http://www.psychomedia.qc.ca/autisme/2015-04-03/criteres-diagnostiques-dsm-5">« troubles du spectre autistique »</a>.</p>
<p>Les classifications constituent en fait un cadre artificiel destiné à la compréhension des individus. Elles permettent de cibler dans la population les personnes qui ont besoin d’un soutien particulier. Elles sont un prérequis nécessaire pour pouvoir ensuite proposer un suivi orthophonique aux dyslexiques, une éducation spécialisée aux enfants avec autisme, un traitement et/ou une éducation thérapeutique pour des personnes avec schizophrénie, bipolarité ou anxiété, etc.</p>
<p>Les classifications diagnostiques proposent une répartition des individus en deux catégories. D’un côté les personnes qui n’ont pas de troubles mentaux, celles qui entrent dans la norme, c’est-à-dire qui sont majoritaires ; de l’autre côté, la catégorie des personnes qui ont des troubles mentaux, la minorité qui s’écarte de la norme.</p>
<p>L’existence de ces classifications peut laisser croire à la présence d’une barrière nette entre ces deux catégories d’individus, telle que toute personne se classerait très facilement dans une case ou dans l’autre. Ces catégories étant mutuellement exclusives, une personne serait soit normale soit anormale, sans possibilité de recouvrement. Mais la frontière est-elle si nette ?</p>
<h2>Des critères fluctuants</h2>
<p>Les critères diagnostics des maladies mentales évoluent, et les modifications des classifications qui résultent de ces changements suscitent toujours des débats houleux entre experts. Ceci témoigne de leur caractère arbitraire et indique qu’il n’existe pas de frontière nette entre le normal et le pathologique.</p>
<p>Les caractéristiques mentales des individus constituent plutôt un spectre continu, à l’instar des couleurs du spectre lumineux. Bien qu’il n’existe pas de délimitation précise entre chacune des couleurs qui le composent, le spectre de la lumière peut néanmoins être découpé en plusieurs catégories : violet, bleu, vert, jaune, orange et rouge. Ces catégories de couleurs sont choisies arbitrairement comme en témoigne le découpage différent dans certaines cultures. Ainsi, le peuple kazakh ne fait pas de distinction entre le vert et le bleu, <a href="https://journals.openedition.org/asiecentrale/598">qui sont désignés par un même mot</a>.</p>
<p>De la même façon, des troubles mentaux peuvent être séparés ou regroupés de manière différente selon les classifications diagnostiques en vigueur, comme dans le cas de l’autisme. De plus, des caractéristiques <em>a priori</em> anormales, tel le fait d’entendre des voix, peuvent exister chez des personnes considérées « normales ». La forte ressemblance de certains troubles mentaux avec des états existant chez tout un chacun peut par ailleurs laisser penser aux autres, lors de l'aveu (souvent honteux) d’un tel diagnostic, que la personne concernée se cherche des excuses pour ne pas faire d’effort, ou souhaite attirer l’attention. Ainsi, il n’est pas rare pour une personne ayant une dépression de se voir conseiller de « se forcer un peu ». Ce qui reviendrait à suggérer à une personne asthmatique de respirer correctement…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dire-secoue-toi-un-peu-a-une-personne-deprimee-ca-ne-sert-a-rien-87199">Dire « Secoue-toi un peu » à une personne déprimée, ça ne sert à rien</a>
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<p>La stigmatisation des troubles mentaux trouve ses origines dans cette idée reçue selon laquelle les malades mentaux seraient des personnes à part. Au lieu d'être considérés comme deux entités distinctes, le normal et le pathologique devraient plutôt être perçus comme les extrémités d’un même spectre avec, entre les deux, toute une gamme de possibilités.</p>
<p>À l’heure où de nombreux moyens existent pour atténuer les troubles mentaux, être dépressif, schizophrène, bipolaire ou encore autiste ne devrait plus être une source d’exclusion. La personne n’est pas son trouble mental. Celui-ci devrait plutôt être vu comme un compagnon qui n’a pas été choisi, et avec lequel il faut faire au mieux pour vivre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104336/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Morgane Burnel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les troubles mentaux sont si dévalués que les individus concernés sont considérés comme à part, différents du reste de l’humanité. Mais ont-ils vraiment si peu en commun avec les gens « normaux » ?Morgane Burnel, Doctorante, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/889972017-12-18T23:25:10Z2017-12-18T23:25:10ZComment bien vieillir et se prémunir contre Alzheimer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/198837/original/file-20171212-9383-1jsua2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lutter contre l'isolement social est un facteur de prévention dans la maladie d'Alzheimer. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/rouwHMSWmp0">nathalia bariani/unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Près d’un quart de la population vieillit en bonne santé au-delà de 85 ans, sans problème de mémoire ni troubles cognitifs. Cette observation est tirée d’une étude <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24192894">réalisée dans les dix provinces canadiennes en 2008 et 2009</a>. Des résultats qui suscitent, dans la communauté scientifique, une réflexion légitime : si cela est possible pour certains, pourquoi pas pour tous ?</p>
<p>On sait aujourd’hui qu’il est possible, dans certains cas, de retarder la survenue de la maladie d’Alzheimer suffisamment longtemps pour que les symptômes n’apparaissent jamais, ou alors très tardivement. Et ce, en appliquant des mesures de prévention assez simples. Ainsi en intervenant sur neuf des principaux facteurs de risque identifiés dans cette maladie, il est possible de diminuer de 35 % les nouveaux cas d’Alzheimer, selon l’article <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673617313636?via%3Dihub">publié en décembre dernier dans la revue de référence <em>The Lancet</em></a>.</p>
<p>Il s’agit du faible niveau d’instruction, du tabagisme, de l’inactivité physique, de la dépression, de l’hypertension artérielle, de l’obésité, du diabète, de la baisse de l’audition et de l’isolement social. Ces facteurs de risques sont aussi, par définition, des facteurs de… prévention, comme je l'expliquais lors de la <a href="http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?article2410">journée d’étude</a> consacrée à l’impact de l’environnement sur la santé, organisée en fin d'année dernière par la MGEN. On les retrouve aussi dans l’ouvrage que j’ai coordonné à l’usage des professionnels en gériatrie, <a href="https://www.elsevier-masson.fr/gerontologie-preventive-9782294746147.html"><em>Gérontologie préventive, éléments de prévention du vieillissement pathologique</em></a> (Elsevier-Masson).</p>
<h2>1 Français sur 3 seulement pratique une activité physique suffisante</h2>
<p>De fait, moins de 37 % des adultes et moins de 32 % des personnes âgées de plus de 65 ans sont suffisamment actifs, selon le constat <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2012SA0155Ra.pdf">dressé par l’Anses en février 2016</a>. Ces comportements diminuent fortement l’espérance de vie, du fait des complications qu’ils entraînent. Ainsi, un adulte de 50 ans fumeur, hypertendu et qui a trop de cholestérol, a une espérance de vie réduite de 10 ans, selon une étude <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2746269/">publiée en 2009 dans le British medical journal</a>. S’il est en plus obèse et diabétique, il faudra retrancher 15 ans. Il y a donc des choix à faire si l’on veut rester en bonne santé.</p>
<p>Malgré tout, on peut noter qu’aujourd’hui, une personne de 75 ans a les mêmes caractéristiques en termes de santé, d’espérance de vie, d’activité et de présentation physique que quelqu’un de 60 ans dans les années 1950.</p>
<p>Le conseil le plus efficace, sans doute, concerne l’exercice physique. Tout le monde sait que rester trop longtemps assis est très mauvais pour la santé. L’exercice le plus simple est bien sûr la marche. L’objectif recommandé est de 10 000 pas par jour, soit 6 à 8 kilomètres, comme le montre l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14715035">étude réalisée par deux chercheurs américains</a>. Si vous faites moins de 5 000 pas par jour, vous êtes considéré comme inactif. C’est le cas de… 75 % des français ! Donc habituez-vous à descendre une station avant votre destination ou à faire le tour du quartier, sans but précis, avant de rentrer chez vous. Évitez les ascenseurs. Au-delà de deux étages montés à pied par jour, chaque étage supplémentaire fait reculer vos problèmes de mémoire d’une demi-année, selon une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4792330/">étude publiée en 2016</a>.</p>
<h2>Lire 30 minutes par jour fait gagner 2 ans d’espérance de vie</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/198838/original/file-20171212-9389-14m8azp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/198838/original/file-20171212-9389-14m8azp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/198838/original/file-20171212-9389-14m8azp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/198838/original/file-20171212-9389-14m8azp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/198838/original/file-20171212-9389-14m8azp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/198838/original/file-20171212-9389-14m8azp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/198838/original/file-20171212-9389-14m8azp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/8zUaMNX1Yhs">kari shea/unsplash</a></span>
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<p>Autre conseil, lisez ! <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5105607/">Une étude publiée en 2016</a> a montré que lire au moins 30 minutes par jour (soit l’équivalent d’un chapitre dans un livre) fait gagner 2 ans d’espérance de vie et diminue la mortalité de 20 %. A l’inverse, ne pas lire multiplie par 3,7 le risque de maladie d’Alzheimer…</p>
<p>En ce qui concerne le sommeil, moins de 10 % de la population est capable de récupérer parfaitement… avec des nuits de moins de 6 heures, comme montré <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2802246/">dans cette étude</a> et <a href="https://academic.oup.com/aje/article/177/8/826/134536">dans celle-ci</a>. Il est donc fort probable que vous fassiez partie des 90 % restants. Votre besoin en sommeil est, sans doute, de 6 à 8 heures par jour. Ceux qui ne dorment pas assez augmentent leur mortalité de 19 %, et ceux qui dorment trop de 37 %, selon une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29206050">autre étude</a>. Si vous manquez de sommeil, la sieste peut être une bonne solution. Elle doit durer entre 10 et 30 minutes et, idéalement, se situer entre 13 heures et 16 heures.</p>
<p>Pour l’alimentation, il est important de manger suffisamment de fruits et légumes – le slogan fameux des « <a href="http://www.mangerbouger.fr/Les-9-reperes/Les-9-reperes-a-la-loupe/Fruits-et-Legumes">5 fruits et légumes par jour</a> ». Ceci, associé au fait de faire de l’exercice, de ne pas fumer et d’avoir une consommation modérée d’alcool vous fait gagner 12 à 14 ans d’espérance de vie en bonne santé. Parmi toutes les formes d’alimentation, celle qui a été le plus étudiée et qui donne les meilleurs résultats est le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4339461/">régime méditerranéen</a>, caractérisé par une forte consommation de légumes, fruits et céréales, d’acides gras insaturés (huile d’olive) associée à une faible consommation de graisses saturées ; une consommation modérée de poisson ; une consommation faible à modérée de produits laitiers ; une faible consommation de viande et volaille ; une consommation régulière et modérée de vin aux repas. Ce régime bien suivi peut <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3024906/">réduire le risque de maladie d’Alzheimer</a> de 40 %. Un point clé est constitué par les légumes à feuilles vertes (épinards, salades, choux, blettes…) qui sont excellents pour la mémoire.</p>
<h2>Des astuces tirées de mon expérience de gériatre et des études scientifiques</h2>
<p>Tirés de mon expérience de gériatre et d’études scientifiques publiées, d’autres astuces peuvent être utilisées assez facilement pour se prémunir contre le vieillissement en général, et Alzheimer en particulier. Je les cite de manière exhaustive dans mon livre, publié chez Robert Laffont, <a href="http://www.laffont.fr/site/101_conseils_pour_etre_bien_dans_son_age_et_dans_sa_tete_&100&9782221190227.html"><em>101 conseils pour être bien dans son âge et dans sa tête</em></a>.</p>
<p>Votre code postal est plus important, pour bien vieillir, que votre code génétique… En effet il existe un lien important entre votre lieu d’habitation et votre espérance de vie. Un élément d’explication – mais ce n’est pas le seul – est bien sûr la pollution de l’air et la présence de particules fines. Ainsi, vous avez un risque de maladie d’Alzheimer augmenté de 7 % si vous habitez à moins de 50 mètres d’un grand axe routier, selon une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28063597">étude publiée dans <em>The Lancet</em> l'an dernier</a>.</p>
<p>S’entraîner à reconnaître les odeurs, c’est bon pour la mémoire. Il existe d’ailleurs aux États-Unis un test <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3823377/">permettant de faire un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer</a> sur cette base. Baptisé « sniff test », il consiste à mesurer la distance à partir de laquelle une personne réussit à sentir l’odeur du beurre de cacahuète, aliment courant dans ce pays. L’odorat serait en effet atteint tôt, dans cette pathologie.</p>
<h2>Jouer à la marelle, bon pour l’équilibre</h2>
<p>Vous connaissez peut-être le jeu Pokémon Go ? Il s’agit de chercher dans le monde réel plus de 150 créatures virtuelles appelées Pokémon, dont le célèbre Pikachu. Cette quête vous amène à marcher sans avoir l’impression de faire un effort. Et jouer à la marelle – oui, comme les gamins dans la cour d’école – c’est bon pour l’équilibre.</p>
<p>Si le chocolat est <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27163823">bénéfique pour les neurones</a>, attention aux calories qui, elles, menacent votre santé. Pour éliminer 4 carrés, il faut compter 10 minutes de course !</p>
<p>Gonfler des ballons, c’est excellent pour améliorer sa capacité pulmonaire. Portez-vous volontaire lors des fêtes et des anniversaires.</p>
<p>Il est moins dangereux de faire pipi dans des toilettes sales que de trop se retenir. Prendre la mauvaise habitude de se retenir d’uriner quand on en a envie entraîne à la longue une hypertonie du sphincter de la vessie. Celle-ci ne se vide plus totalement, ce qui finit par entraîner une incontinence urinaire.</p>
<p>La mémoire, au contraire des piles Wonder et de leur fameux slogan publicitaire, ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Si vous avez le choix, sachez que le bridge et les échecs sont plus efficaces pour la préserver que les mots croisés et le sodoku.</p>
<h2>Mesurer sa vitesse de marche, reflet de la réserve musculaire</h2>
<p>Il est important, aussi, de savoir dessiner une horloge et de s’entraîner au calcul mental. Ces épreuves sont d’ailleurs utilisées pour évaluer le risque de maladie d’Alzheimer. Il peut être utile, encore, de mesurer sa vitesse de marche. Celle-ci reflète la réserve musculaire et diminue avec l’âge. A 1 mètre par seconde et au-delà, c’est très bien. En dessous de 0,7 mètre par seconde, vous êtes considéré comme fragile et à risque de déclin cognitif, de perte d’autonomie et d’entrée en institution. Dans la maladie d’Alzheimer, la vitesse de marche diminue en moyenne 7 ans avant l’apparition des premiers troubles cognitifs.</p>
<p>Il est intéressant de danser le tango. Il s’agit d’une activité complexe, avec de nombreux avantages en termes de santé. Elle a même été développée sous forme de tango-thérapie <a href="https://www.mutualite.fr/actualites/maladie-de-parkinson-le-tango-en-guise-de-therapie/">pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson</a>.</p>
<p>Jouer de la musique semble aussi être très intéressant, en particulier pour préserver la mémoire et l’audition. En écouter a une action bénéfique sur la douleur, le stress, l’anxiété, l’hypertension artérielle et la fréquence cardiaque. On peut recommander Mozart, le compositeur dont les morceaux ont été les plus utilisés dans les études qui montrent ces bienfaits.</p>
<p>En matière de prévention, il n’est jamais, ni trop tôt, ni trop tard !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88997/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Trivalle a reçu ces trois dernières années des financements (transport, hébergement, inscription congrès) du laboratoire Sanofi Pasteur MSD.</span></em></p>Il est possible de prendre de l'âge sans avoir des problèmes de dépendance ou des troubles cognitifs. Lire, marcher, voir du monde ou jouer aux échecs sont autant de manière de les prévenir.Christophe Trivalle, Médecin gériatre, coordonnateur du diplôme inter-universitaire Maladies cardiovasculaires du sujet âgé, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/776562017-06-26T19:34:47Z2017-06-26T19:34:47ZMaladie d’Alzheimer : savoir, ou ne pas savoir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/174216/original/file-20170616-512-byi9hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C319%2C5472%2C3129&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/search/aged?photo=3I0X0owZS7M">Christian Langballe/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Chacun connaît, de près ou de loin, la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alzheimer-31417">maladie d’Alzheimer</a> et son principal symptôme, la perte progressive de la mémoire. L’une des questions qui vient à l’esprit, face à cette pathologie grave pour laquelle <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-medicaments-anti-alzheimer-font-plus-de-mal-que-de-bien-67728">il n’y a pas de traitement disponible</a>, est celle-ci : si j’étais atteint, un jour, de la maladie d’Alzheimer, est-ce que je préférerais le savoir le plus tôt possible, ou le plus tard possible ? La réponse est forcément très personnelle. Elle peut aussi, chez une même personne, varier au fil du temps. Mais il est bon, avant de se positionner, de connaître les avantages et les inconvénients de ce diagnostic.</p>
<p>Bien souvent, la démarche diagnostique est initiée par le médecin traitant, lorsque le patient se plaint de trous de mémoire, confond les saisons ou se perd dans le supermarché. Repérées par la personne elle-même ou un membre de l’entourage, ces <a href="http://www.francealzheimer.org/sympt%C3%B4mes-et-diagnostic/les-premiers-signes-d-alerte/179">perturbations des fonctions supérieures</a> font suspecter des troubles cognitifs. Dès lors, la question de rechercher ou non un diagnostic précoce se pose, comme dans certains cancers, mais avec des problèmes éthiques et pratiques spécifiques.</p>
<p>Quel pourrait être l’intérêt, pour une personne, de recevoir un diagnostic de la maladie d’Alzheimer, alors que celle-ci n’a pas encore de retentissement sur son autonomie ? Il en existe plusieurs. Le diagnostic permet de planifier des soins dits « de support » pour aider le patient dans son quotidien, notamment une rééducation cognitive et physique. Celle-ci permet de limiter les effets des symptômes les plus invalidants, par exemple les problèmes de langage ou d’équilibre.</p>
<h2>Eviter les accidents et les escroqueries</h2>
<p>Être informé de sa maladie permet aussi de mettre en place, avec l’aide l’entourage, des stratégies de prévention de certains risques, comme les accidents domestiques, ceux de la circulation, les escroqueries ou les spoliations. La personne diagnostiquée peut aussi décider de participer à des projets de recherche thérapeutique, pour tenter de retarder l’évolution vers une démence. Elle peut aussi choisir d’intégrer une étude épidémiologique, pour aider les chercheurs à connaître l’évolution naturelle des troubles.</p>
<p>La personne peut également prendre le temps de rédiger des <a href="https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2016-03/directives_anticipees_concernant_les_situations_de_fin_de_vie_v16.pdf">directives anticipées</a> précisant ses souhaits pour sa fin de vie. Celles-ci pourront être mises en application au stade le plus avancé de la maladie, en cas d’incapacité d’exprimer ses volontés.</p>
<p>Dans l’état actuel de la pratique médicale, l’intérêt du diagnostic précoce est cependant limité, en raison de l’absence de traitement efficace. Par ailleurs, le diagnostic peut être à l’origine d’une <a href="https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2009-1-page-163.htm">anxiété</a> qui peut être dommageable pour la qualité de vie. Il expose aussi la personne à des <a href="http://www.jle.com/fr/revues/gpn/e-docs/stigmatisation_dans_la_maladie_dalzheimer_une_revue_de_la_question_293275/article.phtml">risques de stigmatisation, voire de discrimination</a>, altérant sa vie sociale et l’exercice plein et entier de ses droits de citoyen.</p>
<h2>Pas d’effet sur la survenue de la dépendance</h2>
<p>Il n’existe pas de preuves scientifiques étayant l’intérêt d’un diagnostic précoce pour limiter les complications de la maladie, contrairement aux <a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjCuvut_MTUAhXC1xQKHaxdDGMQFggnMAA&url=https%3A%2F%2Fwww.has-sante.fr%2Fportail%2Fjcms%2Fc_1148892%2Fmaladie-d-alzheimer-et-maladies-apparentees-diagnostic-et-prise-en-charge-recommandations&usg=AFQjCNHroVWOT_BU2yiQeck5Rgz0OUi5Ig&sig2=GmGEnfw5S6eEfdlsUtFS6w">espoirs</a> entretenus à ce sujet. En particulier, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26177825">rares études ayant évalué l’impact du diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer</a> n’ont pas montré que celui-ci permettait de retarder la survenue de la dépendance et l’entrée en institution médicalisée.</p>
<p>Enfin, il faut savoir que le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est un diagnostic « probabiliste ». Cela signifie que celui-ci est souvent incertain, particulièrement aux stades précédant la démence, malgré les performances croissantes des tests neuropsychologiques et de l’imagerie du cerveau. C’est pourquoi il convient de l’annoncer avec précaution, car il peut être erroné.</p>
<p>Une personne, dûment informée des limites de ce diagnostic, peut tout à fait le juger utile pour son cas personnel. Une deuxième question se pose alors, notamment dans les familles comptant des personnes touchées par cette maladie : faut-il attendre de présenter des symptômes pour le solliciter ? En effet, le développement des lésions de la maladie d’Alzheimer dans le système nerveux central ne produit, pendant de nombreuses années, aucun symptôme. Puis la maladie devient un peu symptomatique et ce, pendant plusieurs années, avant de retentir progressivement sur l’autonomie de la personne atteinte.</p>
<h2>Plus le diagnostic est précoce, plus il risque d’être erroné</h2>
<p>Il est théoriquement envisageable de diagnostiquer la maladie à ces trois stades, avant l’apparition des symptômes, au stade peu symptomatique et au stade démentiel. Cependant, le niveau d’incertitude et le risque d’erreur augmentent avec la précocité du diagnostic. C’est pourquoi les experts préconisent plutôt un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24458456">diagnostic « au moment opportun »</a>, c’est-à-dire ni trop précoce ni trop tardif.</p>
<p>Pas trop tôt, donc. Mieux vaut attendre que les premiers symptômes soient apparus. En effet, le dépistage de la maladie tel qu’il peut être pratiqué en milieu hospitalier est basé sur l’examen du liquide céphalo-rachidien recueilli par une <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/examen/exploration/deroulement-ponction-lombaire">ponction lombaire</a>, avec l’introduction d’une fine aiguille dans le bas du dos. En plus de son coût élevé pour l’assurance maladie, cet examen peut entraîner des complications. Surtout, il ne préjuge pas de la vitesse à laquelle les symptômes pourront se développer ultérieurement. C’est pourquoi il n’est pas recommandé chez un patient n’ayant aucun symptôme évocateur de la maladie, en dehors de certains cas particuliers.</p>
<p>Pas trop tard, non plus. Le diagnostic, s’il est souhaité, devrait être établi si possible avant la phase de démence. De cette façon, le patient est en mesure de participer pleinement à la définition de son plan de soins.</p>
<h2>Des tests simples dans le cabinet du généraliste</h2>
<p>L’appréhension, légitime, de recevoir un diagnostic de maladie d’Alzheimer ne doit pas dissuader une personne de consulter en cas de difficultés de mémoire. D’autant que toutes ne sont pas liées à une maladie neurodégénérative. Le médecin généraliste dispose de tests simples d’évaluation des troubles cognitifs, utilisables dans son cabinet. Si ces tests sont négatifs, il est possible d’être rassuré – en surveillant néanmoins l’évolution des symptômes au fil du temps.</p>
<p>Dans le cas contraire, le médecin doit d’abord s’assurer que la personne ne souffre pas d’une dépression, ou de l’effet indésirable d’un médicament, deux explications possibles de ces symptômes. Il peut ensuite examiner le patient et lui prescrire un bilan sanguin et une imagerie cérébrale, afin de vérifier s’il s’agit ou non d’une autre cause, comme l’hypothyroïdie ou l’hydrocéphalie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/174235/original/file-20170616-565-cbg4qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/174235/original/file-20170616-565-cbg4qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/174235/original/file-20170616-565-cbg4qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/174235/original/file-20170616-565-cbg4qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/174235/original/file-20170616-565-cbg4qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/174235/original/file-20170616-565-cbg4qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/174235/original/file-20170616-565-cbg4qx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Images du cerveau par IRM.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/magnetic-resonance-imaging-mri-brain-487078966">Ake Sak/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En l’absence d’une origine précise, le médecin traitant adresse le patient en consultation mémoire à l’hôpital pour un bilan neuropsychologique approfondi. Là encore, d’autres causes que la maladie d’Alzheimer peuvent être mises en évidence ou confirmées, notamment des petits accidents vasculaires dans le cerveau passés inaperçus. La maladie d’Alzheimer est certes la cause de démence la plus fréquente, mais sa médiatisation a tendance à occulter d’autres explications possibles.</p>
<h2>Partager la décision à deux, voire à trois</h2>
<p>Dans tous les cas, la personne doit donner son consentement à la démarche diagnostique. La décision, on l’a vu, est difficile à prendre, et plus encore pour une personne diminuée par ses troubles cognitifs ou des pathologies chroniques liées à l’âge. La notion de « décision partagée » entre le patient et le médecin prend ici tout son sens. La responsabilité de la décision n’est pas portée seulement par l’un, ou par l’autre, mais par les deux, souvent avec l’appui de l’entourage. C’est une forme de consentement de plus en plus utilisée dans les maladies chroniques, en cas de choix diagnostique ou thérapeutique important.</p>
<p>La maladie d’Alzheimer a ceci de particulier que c’est parfois le médecin qui repère les symptômes évocateurs. En l’absence de situation dangereuse pour le patient ou son entourage, il doit demander dans la mesure du possible l’avis de la personne, et celui de son principal aidant.</p>
<p>La grande majorité des adultes en bonne santé <a href="http://inpes.santepubliquefrance.fr/30000/actus2009/013.asp">se déclarent favorables à connaître le diagnostic</a>, en cas de signes évocateurs d’une maladie d’Alzheimer. Mais l’expérience des médecins indique que les personnes âgées et leur entourage optent assez souvent pour une attitude attentiste, montrant peu d’empressement à savoir.</p>
<p>En Grande-Bretagne, une politique volontariste de diagnostic précoce des troubles cognitifs a été conduite ces dernières années. Elle s’est basée sur la formation et l’incitation financière des médecins généralistes, assorties d’un développement des consultations « mémoire ». Elle a été source de plusieurs controverses et <a href="https://www.springerpflege.de/the-uk-experience-of-promoting-dementia-recognition-and-manageme/12006766">ne semble pas avoir atteint ses objectifs</a>, en termes de nombre de patients diagnostiqués précocement.</p>
<p>Cette voie est celle dans laquelle s’engage la France, où l’implication des médecins généralistes <a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwitocH0rcXUAhVSrRQKHU57An0QFggjMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.marisoltouraine.fr%2Fwp-content%2Fuploads%2F2017%2F04%2F11-04-2017-Rapport-Pr-Michel-CLANET-Alzheimer.pdf&usg=AFQjCNEhDu6W55Oe23IExLYxRX9X5afR7w&sig2=ZqqFEccsOHku2sRExYLfhg">dans le diagnostic précoce est encouragée</a>. Il apparaît essentiel que cette stratégie soit accompagnée par une évaluation de la fréquence, de la prise en charge et du devenir des patients ayant reçu un diagnostic précoce de troubles cognitifs. Autrement dit, que la preuve soit apportée de ses bénéfices pour les patients et que son coût pour la société soit mesuré, avant de poursuivre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/77656/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Letrilliart a participé au groupe d'experts de la Mission "Parcours de santé des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer" sous l'égide du Ministère de la santé en janvier 2017.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Denis Pouchain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En cas de troubles de mémoire, on peut demander un diagnostic pour la maladie d’Alzheimer. Mais en l’absence de traitement efficace, il est essentiel de bien peser, avant, le pour et le contre.Laurent Letrilliart, Médecin généraliste et Professeur des universités en médecine générale, Université Claude Bernard Lyon 1Denis Pouchain, Médecin généraliste, attaché d’Enseignement, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/754712017-03-30T20:16:09Z2017-03-30T20:16:09ZNos ancêtres autistes ont joué un rôle clé dans l’évolution<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/163291/original/image-20170330-15595-1l28zw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C23%2C667%2C368&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'archéologie et l'histoire des origines de l'homme commencent seulement à prendre en compte le rôle important des personnes autistes. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Nuit Sciences et Lettres : « Les Origines », qui se tiendra le 7 juin 2019 à l’ENS, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez le programme complet <a href="http://www.nuit.ens.fr/">sur le site de l’événement</a>.</em></p>
<hr>
<p>Dire d’une personne qu’elle est autiste, c’est aussi évoquer ses dons particuliers, ses compétences exceptionnelles : une mémoire phénoménale, un don artistique, des capacités mathématiques extraordinaires, une capacité surprenante à distinguer les détails…</p>
<p>Car en dépit de toutes les histoires alarmistes évoquant une <a href="http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/le-point-sur-la-prevalence-de-lautisme/">« épidémie d’autisme »</a>, les personnes touchées par l’une ou l’autre caractéristique du spectre autistique sont aussi des personnes qui apportent quantité de qualités et de compétences – à la fois techniques et sociales – au travail et ailleurs.</p>
<p><a href="http://www.cam.ac.uk/research/news/study-of-half-a-million-people-reveals-sex-and-job-predict-how-many-autistic-traits-you-have">La recherche</a> a également prouvé qu’un grand nombre de personnes qui n’ont pas été diagnostiquées comme autistes sont pourtant <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1749-6632.2009.04467.x/full">dotées de traits autistiques</a>. Toutes ces personnes, dont la plupart n’ont pas été officiellement diagnostiquées, pourraient bien découvrir qu’elles sont bel et bien dotées de traits autistiques si elles passaient <a href="http://www.rdos.net/fr/">des tests</a>. Et ces personnes ne se plaignent pas de leurs particularités ; elles ont au contraire assez souvent le sentiment qu’elles sont avantagées.</p>
<h2>Aux origines de l’autisme</h2>
<p>C’est exactement ce que traduit l’expression <a href="http://www.intechopen.com/books/autism-spectrum-disorders-the-role-of-genetics-in-diagnosis-and-treatment/the-genetic-basis-of-phenotypic-diversity-autism-as-an-extreme-tail-of-a-complex-dimensional-trait">« spectre autistique »</a> – nous sommes tous « un peu autistes » – et nous correspondons tous à l’un ou l’autre de ces traits à l’intérieur du <a href="http://www.cra-mp.info/fr/familles/qu-est-ce-que-l-autisme/">spectre en question</a>.</p>
<p>Par ailleurs, nous savons grâce à la <a href="http://journals.plos.org/plosgenetics/article?id=10.1371/journal.pgen.1006618">recherche génétique</a> que l’autisme et les <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v536/n7615/full/nature19075.html">traits autistiques</a> font partie de la nature humaine depuis très longtemps.</p>
<p>Des études prouvent que certains gènes clés liés à l’autisme font partie de l’héritage génétique qui nous vient des singes, avant la « séparation » qui nous a mis sur le chemin de l’espèce humaine. D’autres gènes liés à l’autisme sont plus récents en termes d’évolution – bien qu’ils aient tout de même plus de 100 000 ans.</p>
<p><a href="http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1362361398023008">La recherche</a> démontre également que l’autisme – dans la plupart des cas – est <a href="http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/le-point-sur-lheritabilite-de-lautisme/">hautement héréditaire</a>. Bien qu’un tiers des cas d’autisme puisse se rapporter à une apparence d’« erreurs génétiques » ou de mutations génétiques spontanées, il arrive fréquemment qu’une même famille soit concernée par plusieurs cas d’autisme. Et pour beaucoup de ces familles, cette particularité présente plutôt des avantages.</p>
<p>Tout cela pour dire que l’autisme n’est pas là pour rien. Comme nous l’expliquons dans notre livre <a href="https://roundedglobe.com/books/9673edbf-0ba5-47b1-97bd-16ef244fd148/The%20Prehistory%20of%20Autism/"><em>La préhistoire de l’autisme</em> </a> (non traduit en français) et dans un <a href="http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/1751696X.2016.1244949">récent article</a>, nos ancêtres autistes ont joué un rôle déterminant dans les groupes sociaux au fil de l’évolution humaine, grâce à leurs talents exceptionnels et à leurs compétences particulières.</p>
<h2>Des gènes anciens</h2>
<p>Il y a plusieurs milliers d’années, les personnes atteintes de traits autistiques étaient non seulement bien intégrées dans la société, mais elles étaient aussi très respectées.</p>
<p>Beaucoup d’autistes sont dotés d’une mémoire exceptionnelle, <a href="http://www.cra-rhone-alpes.org/spip.php?article5305">d’une perception plus fine en termes de vision, de goût et d’odorat</a> et, dans certains contextes, d’une meilleure compréhension de la nature, par exemple en ce qui concerne le comportement animal. Comme leurs qualités, à cette époque, pouvaient s’exprimer au sein de la communauté, ces spécialistes ont pu prendre leur place. Et il est fort probable qu’ils sont devenus des ressources vitales pour la survie du groupe.</p>
<p>De nos jours, on peut voir décrite une telle figure dans une <a href="https://books.google.co.uk/books/about/The_Reindeer_People.html?id=CqevpWQT3RAC&source=kp_cover&redir_esc=y">étude anthropologique récente sur les Evènes</a> (ouvrage non traduit), une ethnie d’éleveurs de rennes en Sibérie :</p>
<blockquote>
<p>« Le très vieil homme, grand-père de la famille, avait une connaissance extrêmement détaillée des liens de parenté, de l’histoire médicale et du caractère de chacun des 2 600 animaux de l’élevage. Il se sentait mieux en compagnie des rennes qu’avec ses congénères, et il plantait toujours sa tente à distance raisonnable des autres, se préparant à manger tout seul. Son fils travaillait dans l’élevage et il avait été rejoint par ses propres fils, adolescents, pour la saison estivale. »</p>
</blockquote>
<h2>Les traits autistiques dans l’art</h2>
<p>D’autres preuves de cette spécialisation associée à des traits autistes nous viennent de l’art pariétal, proche des créations actuelles de certains artistes autistes de talent. C’est le cas des peintures de la grotte Chauvet, dans le sud de la France, qui comptent parmi les peintures figuratives de ce type les mieux préservées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/159396/original/image-20170305-29039-at4usw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/159396/original/image-20170305-29039-at4usw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=513&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/159396/original/image-20170305-29039-at4usw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=513&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/159396/original/image-20170305-29039-at4usw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=513&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/159396/original/image-20170305-29039-at4usw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=645&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/159396/original/image-20170305-29039-at4usw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=645&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/159396/original/image-20170305-29039-at4usw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=645&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les lions de la grotte Chauvet, créés il y a 30 000 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces peintures sont particulièrement réalistes et démontrent des qualités de mémoire remarquables, une grande minutie et aussi une tendance à s’attacher aux détails d’une scène plutôt qu’à la considérer dans son ensemble.</p>
<p>Autant de marqueurs des traits autistiques que l’on retrouve chez de grands artistes qui ne sont pas autistes, mais qui sont plus répandus encore chez les grands artistes autistes.</p>
<h2>Reéécrire l’histoire</h2>
<p>Malheureusement, malgré la foule de preuves disponibles, l’archéologie et l’histoire des origines de l’homme ont mis du temps à prendre en compte cette réalité. La diversité des personnalités ne fait jamais partie du tableau, quand nous reconstituons les débuts de l’histoire de l’humanité. Il a fallu longtemps aux chercheurs pour passer outre l’image du singe se muant en homme, cette image d’Épinal de l’évolution.</p>
<p>Ce n’est qu’assez récemment, par exemple, que l’on a reconnu que les femmes avaient joué un rôle clé dans l’évolution – auparavant, les discours se focalisaient plutôt <a href="https://books.google.co.uk/books?id=BR2VFUwVJjMC&pg=PA48&lpg=PA48&dq=history+of+evolution+ignores+women&source=bl&ots=ej8OQH8fiD&sig=1Bn4HyedDQv_lP8sJqyGopbur5Q&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwjOppDy0PbSAhXkK5oKHUC0AN4Q6AEIKTAD">sur le rôle des hommes</a>. Il n’est donc pas surprenant que le fait d’inclure l’autisme dans la science de l’évolution – autisme encore perçu par certains comme un « trouble » – soit encore assez controversé.</p>
<p>C’est sans doute pourquoi les arguments visant à démontrer que l’autisme a influencé la création artistique à l’époque préhistorique ont été tournés en ridicule, comme dans cet ouvrage (non traduit) <a href="https://books.google.co.uk/books/about/Myths_about_Rock_Art.html?id=QaZ9vgAACAAJ&source=kp_cover&redir_esc=y">dénonçant les mythes autour des peintures rupestres</a>.</p>
<p>Étant donné l’état de nos connaissances, il est temps de reconnaître ce que l’autisme a apporté aux origines de l’humanité. Michael Fitzgerald, le premier psychiatre pour enfants et adolescents à s’être spécialisé dans les troubles du spectre autistique en Irlande, a courageusement <a href="http://www.humangivens.com/publications/volume-13-no-4-2006.html">affirmé au cours d’une interview</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Toute l’évolution humaine a été conduite par des personnes atteintes d’un léger syndrome d’Asperger et des personnes autistes. Sans eux, l’espèce humaine serait encore en train de bavarder dans des grottes. »</p>
</blockquote>
<p>Même si personnellement, je n’irais pas aussi loin, je dois admettre que sans la composante de l’autisme dans nos communautés d’humains, nous n’en serions probablement pas où nous en sommes aujourd’hui.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75471/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Penny Spikins ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Voici pourquoi les gènes de l'autisme ont été conservés au cours de l'évolution. Un autre regard sur la préhistoire, à l'occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, le 2 avril.Penny Spikins, Senior Lecturer in the Archaeology of Human Origins, University of YorkLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/748962017-03-21T20:46:12Z2017-03-21T20:46:12Z« Notre chanson » ou quand la musique traverse le temps<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/161867/original/image-20170321-5397-1spbr83.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ils jouent « notre chanson »...</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/confirm/536384698?src=jEJ7ELhZ4tDpUJgk0ohjDg-1-46&size=medium_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>De nombreux couples ont une chanson fétiche . C'est « notre chanson », disent-ils : celle qui leur rappelle un événement particulier, un moment dans leur vie à deux. Par exemple, la chanson qu'ils écoutaient quand ils se sont rencontrés, celle qui correspond au moment de leur mariage ou encore celle qu'ils aimaient quand la guerre les a séparés. </p>
<p>Ces chansons sont un moyen particulièrement puissant de se reconnecter à des souvenirs partagés et aux émotions qui les accompagnent. Il existe ainsi une forme de mémoire partagée ou <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09658210701734593">autobiographique </a> qui s'active grâce à la musique ; les chansons agissent un peu comme une « colle mentale », fixée durablement dans l'identité du couple. </p>
<p>Bien que ce phénomène soit connu de tous, peu de recherches ont été menées au sujet des souvenirs autobiographiques suscités par la musique. A travers des anecdotes ou dans des films, de nombreux témoignages évoquent pourtant la capacité de ces chansons à retrouver ses esprits et <a href="http://www.oliversacks.com/books-by-oliver-sacks/musicophilia/">à se relier aux autres</a>, en particulier dans les cas de démence. </p>
<p>Si nous pensons spontanément aux couples qui partagent une chanson chère à leur coeur, ce phénomène peut aussi concerner des amis proches ou les membres d'une même famille. </p>
<p>Le film <a href="http://www.imdb.com/title/tt4975722/?ref_=fn_al_tt_1">Monnlight</a>, récemment oscarisé, nous en offre une poignante illustration. Chiron et Kevin, amis au lycée, aiment écouter ensemble la chanson <em>Hello Stranger</em> de Barbara Lewis.</p>
<p>Leur amitié se renforce tandis que Chiron vit des moments difficiles : ses camarades de lycée le harcèlent, mais sa mère accro à l'héroïne se montre incapable de le protéger ou de le soutenir. Puis les années passent et les deux amis se perdent de vue. Mais quand Kevin entend à nouveau « leur » chanson - par hasard -, il se souvient avec émotion de leur amitié. Il décide alors d'appeler Chiron au beau milieu de la nuit et Chiron, de son côté, grimpe dans sa voiture, roulant des heures pour débarquer à l'improviste dans le <em>diner</em> où Kevin travaille. Dans la <a href="http://ew.com/movies/2017/02/23/moonlight-screenplay-breakdown/">superbe scène</a> de leurs retrouvailles, Kevin lance « leur » chanson.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le film <em>Moonlight</em> montre comment une chanson peut revivifier des liens noués dans l'enfance, même longtemps après les premières écoutes complices.</span></figcaption>
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<h2>À travers les âges et malgré la démence</h2>
<p>Les effets de ces chansons partagées sont puissants et résistent aux effets du temps. Leur sens reste intact même à un âge avancé, y compris en cas d'un déclin des fonctions cognitives lié à la démence. </p>
<p>Chez les personnes souffrant de démence associée à la <a href="https://theconversation.com/how-australians-die-cause-3-dementia-alzheimers-57341">maladie d'Alzheimer </a>, un trouble dégénératif qui affecte la mémoire, nous avons observé combien les capacités musicales et la mémoire liée à la musique restent des <a href="https://www.researchgate.net/publication/273787450_Chapter_11_Music_and_dementia">« îlots de mémoire préservée »</a> alors même que leur mémoire est altérée. </p>
<p>Il existe des cas surprenants de personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer à un stade avancé qui continuent à se rappeler « leur chanson » (celle qu'ils partageaient avec un proche) et de jouer de leur instrument de musique favori. Ted McDermott, 80 ans et souffrant de la maladie d'Alzheimer, a même <a href="http://www.abc.net.au/news/2016-09-17/man-with-alzheimers-scores-record-deal-after-viral-car-karaoke/7854772">enregistré un disque</a>, quand d'autres parviennent à <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13554794.2017.1287278">apprendre et se souvenir</a> de nouvelles mélodies, même s'ils n'ont jamais reçu de formation musicale. </p>
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<figcaption><span class="caption">Grâce à la musique, Ted McDermott, alias Teddy Mac, a retrouvé une seconde jeunesse et même enregistré un disque après que cette vidéo Youtube où on le voit chanter avec son fils Simon soit devenue virale.</span></figcaption>
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<p>Mais comment est-ce possible? Les études en neuroimagerie montrent que la musique agit comme <a href="https://www.scientificamerican.com/article/music-can-heal-the-brain/">un super stimulus</a>. Elle active de larges zones du cerveau, y compris celles qui contrôlent le mouvement, l'émotion et la mémoire. Les chansons familières et les chansons préférées peuvent aussi déclencher l'activité des régions frontales du cerveau, qui sont précisément les régions épargnées par les troubles <a href="https://www.researchgate.net/publication/277780916_Why_musical_memory_can_be_preserved_in_advanced_Alzheimer%27s_disease">liés à la maladie d'Alzheimer</a>. </p>
<p>Cela signifie que la musique est un catalyseur d'émotions unique. Elle peut à la fois représenter le lien de la personne à son propre passé et le moyen de se reconnecter à des souvenirs partagés.</p>
<h2>La musique, plus puissante que les photos</h2>
<p>Dans l'étude que nous avons mené sur les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, nous avons découvert que, pour faire resurgir des souvenirs personnels, la musique était plus efficace que d'autres supports, comme les photographies.</p>
<p>Les chansons écoutées pendant le <a href="https://theconversation.com/pourquoi-ce-qui-nous-arrive-entre-15-et-25-ans-nous-marque-pour-la-vie-70373">« pic de réminiscence »</a>, entre l'adolescence et le début de l'âge adulte, sont les plus aptes à déclencher des souvenirs autobiographiques. Tout est question de timing : cette période de la vie correspond à un moment de construction de l'identité personnelle, et c'est souvent le moment des premières histoires d'amour. </p>
<p>Cela signifie qu'un couple qui s'est formé très jeune est plus à même d'avoir « fixé » une chanson particulière dans sa mémoire commune , au cours de ce fameux « pic de réminiscence ». C'est exactement ce qui s'est passé pour Barbara et David (les prénoms ont été changés), qui ont participé à notre étude à paraître. </p>
<p>Il y a 5 ans, Barbara a appris qu'elle souffrait de la maladie d'Alzheimer. Elle était souvent agitée et désorientée. Parfois, elle n'arrivait plus à reconnaître son mari David. Le jour où elle l'a chassé de leur maison, le prenant pour un cambrioleur, David ne voyait pas du tout comment lui faire comprendre qu'ils étaient ensemble depuis presque 60 ans.</p>
<p>Aujourd'hui, il explique que c'est grâce à la musique, et à une chanson en particulier, que Barbara s'est finalement rapprochée de lui. En effet, la nuit de leur rencontre, les amoureux avaient dansé sur la dernière chanson de la soirée, <em>Unchained Melody</em>, par les Righteous Brothers. David a donc décidé de chanter la mélodie d’<em>Unchained Melody</em> à Barbara tous les jours, et en fin de compte elle lui est « revenue », reconnaissant à nouveau son mari. Il semble que Barbara et David ont bien retenu la leçon de la chanson : « Je reviendrai à la maison, attends-moi » (« I’ll be coming home, wait for me »).</p>
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<figcaption><span class="caption">la chanson <em>Unchained Melody</em> des Righteous Brothers a joué le rôle d'un déclencheur pour Barbara, qui souffre de la maladie d'Alzheimer.</span></figcaption>
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<p>La musique est présente dans toutes les cultures que nous connaissons : certains chercheurs pensent qu'elle a joué un rôle dans l'évolution, en tant qu’<a href="https://global.oup.com/academic/product/music-thought-and-feeling-9780199947317?cc=au&lang=en&">ingrédient indispensable de cohésion sociale</a>. Cette fonction de lien semble confirmée par le type de souvenirs que la musique réveille le plus souvent, qui évoquent la construction et le maintien des relations sociales.</p>
<p>Même pour ceux qui souffrent de démence, les souvenirs autobiographiques réveillés par la musique sont l'occasion de se rappeler d'une personne aimée, souvent son partenaire de vie ou son ex, ou bien d'une période intense de socialisation, comme les soirées du lycée ou les histoires d'amour vécues en temps de guerre.</p>
<p>En un sens, toutes les chansons ont le potentiel de devenir « nos chansons », et étant donné l'importance des relations sociales pour nous autres humains, il est possible que nous devions notre survie à la musique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/74896/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Amee Baird reçoit des fonds du NHMRC (National Health and Medical Research Council) et de l' ARC (Bourse pour la recherche et le développement sur les démences).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bill Thompson reçoit des fonds du Conseil Australien pour la Recherche. </span></em></p>La musique exerce une grande influence sur notre cerveau, et détient entre autres le pouvoir de reconnecter des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à leurs souvenirs les plus personnels.Amee Baird, Clinical Neuropsychologist and NHMRC-ARC Dementia Research Development Fellow, Macquarie UniversityWilliam Forde Thompson, Chief Investigator in the ARC Centre of Excellence in Cognition and its Disorders, Macquarie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/736692017-02-28T23:25:55Z2017-02-28T23:25:55ZFessées, gifles, cris : les enfants humiliés font des adultes fragilisés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/158749/original/image-20170228-29942-1ft7344.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C294%2C2843%2C1965&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Châtiments corporels, gravure de 1769, par Jean Baptiste Le Prince d'après François Boucher (Musée national de l'éducation).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/spidey-man/15573040360/in/photolist-pK8Au1-pK7N6E-pJ8UkS-p4F7Sw-pJ5kv7-jKqXRA-q1swbn-puM7B3-puM81j-yriLdf-KesMDq">Julien B./Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Une campagne nationale contre les « violences éducatives ordinaires » <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/une-nouvelle-campagne-pour-denoncer-les-violences-educatives-ordinaires_2568431.html">vient d'être lancée sur Internet</a>, le 23 janvier, par <a href="http://www.fondation-enfance.org/2018/01/16/nouvelle-campagne-violences-educatives-ordinaires/">la Fondation pour l’Enfance</a>, et se poursuivra ensuite à la télévision. « Frapper », « humilier », « crier sur son enfant », « c'est le marquer pour longtemps », soulignent les vidéos diffusées par cette fondation reconnue d'utilité publique, dans le but de « sensibiliser les parents ». </p>
<p><a href="http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/hce/les-membres/article/m-gilles-lazimi-1068">Le médecin généraliste Gilles Lazimi</a>, coordinateur de la campagne, en a expliqué les objectifs à l'AFP : « Il n'y a pas de petite claque, ni de petit coup, ni de paroles anodines envers nos enfants. Toutes ces pratiques que nous reproduisons parce que nous les avons subies sont des violences, peuvent les marquer pour longtemps, et retentir sur leurs acquisitions et leur devenir ». Et d'ajouter : « Entre adultes, toute violence est un délit, alors pourquoi ne l'est-elle plus quand elle a pour cibles nos enfants ? »</p>
<p>Ainsi, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/parenting-27004">l’idée de les élever sans violence</a> fait, lentement, son chemin dans notre pays, même si la majorité des citoyens considèrent encore la fessée comme un geste sans grande conséquence. De nombreuses études, pourtant, montrent que les enfants humiliés font des adultes fragilisés. </p>
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<h2>Un plan de lutte contre les violences aux enfants</h2>
<p>Le tout premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants avait été adopté le 1<sup>er</sup> mars 2017. </p>
<blockquote>
<p>« En 2014, quand j’ai commencé à parler d’éducation sans violence, je me suis heurtée à du scepticisme, à de la raillerie, voire à de l’hostilité, avait déclaré Laurence Rossignol, alors ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, <a href="http://www.la-croix.com/Famille/Enfants/Laurence-Rossignol-Une-nouvelle-etape-dans-la-protection-des-droits-de-lenfant-2016-12-13-1200810100">dans un entretien au quotidien La Croix</a>. Aujourd’hui, de très nombreuses personnes soutiennent ces pratiques ».</p>
</blockquote>
<p>Le précédent gouvernement avait pourtant essuyé un revers dans son effort pour modifier les pratiques au sein des foyers. Un amendement en faveur de l’éducation sans violence glissé dans la loi égalité et citoyenneté devait en effet modifier le texte du Code civil sur l’autorité parentale. En janvier 2017, pourtant, il <a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/01/26/fessee-ecole-hors-contrat-hlm-le-conseil-constitutionnel-censure-des-dispositions-du-texte-egalite-et-citoyennete_5069736_823448.html">avait été censuré par le Conseil constitutionnel</a>, pour des raisons de forme – et non de fond. </p>
<h2>« À l’exclusion de tout traitement cruel »</h2>
<p>La portée de l’amendement était avant tout symbolique, la formulation visant à faire prendre conscience que l’on peut éduquer les enfants sans l’exercice de la force physique. L’article 371-1 du Code civil est ainsi rédigé : « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartient aux parents jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne ». L’amendement y ajoutait ces mots : « et à l’exclusion de tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles ».</p>
<p>La précision témoignait de l’évolution nécessaire des mentalités. Cela n’a pourtant pas empêché des médias de prendre à la légère cette initiative législative ambitieuse en la réduisant à la volonté d’interdire la fessée, le quotidien <em>Le Monde</em> titrant par exemple « l’amendement contre la fessée censuré ». Du coup le débat sur l’éducation sans violence a été – trop vite – évacué. On a surtout entendu des réflexions de nature à reproduire indéfiniment la violence, des variations sur le même thème, « quand j’étais petit, j’ai pris des fessées et je n’en suis pas mort ».</p>
<p>L’ampleur des violences toujours exercées contre les enfants peut être estimée à partir de données épidémiologiques. Plus de 250 infanticides (définis comme le meurtre d’un enfant de moins de 1 an) sont commis chaque année, selon l'extrapolation <a href="http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=1517">d’une étude Inserm portant sur la période 1996-2000</a>. 180 à 200 syndromes de bébé secoué surviennent chaque année en France, en dépit d’une intense campagne d’information dans les maternités. Ces chiffres ne concernent que les tous petits et ils sont, à eux seuls, effarants.</p>
<h2>La maltraitance, présente dans tous les milieux sociaux</h2>
<p>Le tableau qui se dessine à partir d’un <a href="http://www.enfantbleu-lyon.fr/maltraitance-des-enfants-en-france-de-nouveaux-chiffres-alarmants/">sondage de l’association L’Enfant bleu, réalisé en 2015</a>, est plus saisissant encore. Ainsi, 14 % des personnes interrogées déclarent avoir été victimes de maltraitances physiques, sexuelles ou psychologiques au cours de leur enfance. 45 % suspectent au moins un cas de maltraitance dans leur environnement immédiat, c’est-à-dire famille, voisins, collègues ou amis proches. Par ailleurs, pour une majorité d’entre eux, la maltraitance des enfants est un phénomène à la fois fréquent (72 %), présent dans tous les milieux sociaux (88 %), et reste un sujet tabou, dont on ne parle pas (72 %).</p>
<p>Comment comprendre, alors, le sondage indiquant, en 2015, que <a href="http://www.youscribe.com/catalogue/documents/les-francais-et-l-interdiction-des-chatiments-corporels-envers-les-2558889">7 Français sur 10 étaient opposés à l’interdiction des châtiments corporels envers les enfants</a> ?</p>
<p>Ainsi, les trois quarts des Français sont convaincus que la maltraitance est une pratique fréquente. Et la même proportion considère acceptables les gifles et la fessée ! Ce hiatus s’explique par un phénomène bien connu des psychologues : dans l’esprit des parents, la maltraitance, ce sont les autres.</p>
<h2>Une correction certes un peu forte…</h2>
<p>Les professionnels en charge de la protection de l’enfance ont tous entendu un jour des couples dont les enfants ont dû être placés après un constat médical de coups et blessures dire que, jamais au grand jamais, ils ne les avaient « maltraités ». Certes, admettaient-ils, la correction avait pu être un peu forte mais comment faire autrement ? Et pourquoi leur adresser des reproches et pas à leurs voisins, qui font bien pire ? Sans compter tous ces parents qui laissent traîner leurs enfants dans les rues…</p>
<p>La violence éducative est banalisée, et ce quelle que soit l’origine sociale. De sorte qu’on constate aujourd’hui dans notre société un malentendu, doublé d’une cécité des pouvoirs publics, quant au coût de ces violences en termes de santé publique et de désagrégation sociale.</p>
<p><a href="https://www.oveo.org/">Les conséquences de la violence éducative ordinaire sur les enfants</a> sont établies, et ce depuis longtemps, comme le montre l’article que j’avais publié dès 1998 dans <em>Les Cahiers de la sécurité intérieure</em>, « Enfant de moins de 3 ans, les conséquences de la maltraitance ». Celles des abus sexuels sont soulignées par la <a href="http://stopauxviolences.blogspot.fr/2017/02/article-de-la-dre-muriel-salmona-mpact.html">psychiatre Muriel Salmona</a> dans l’ouvrage collectif paru en 2017, <a href="https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/pratique-psychotherapie-emdr-introduction-et-approfondissements">Pratique de la psychothérapie EMDR</a> (Dunod), sous la direction de Cyril Tarquinio, professeur de psychologie clinique de la santé à l'Université de Lorraine.</p>
<h2>Un développement cognitif compromis</h2>
<p>Un enfant humilié ou battu, a fortiori un enfant violé, souffre de psychotraumatismes. Cette situation compromet son développement cognitif, ce qui nécessite du soutien scolaire et un enseignement spécialisé, et entraîne aussi souvent échec scolaire, abandon des études et absence de diplôme.</p>
<p>Le trouble de la personnalité le plus fréquent, tant chez les jeunes délinquants que chez les adolescents suicidaires, marginaux ou décrocheurs, est celui de la personnalité « borderline ». Il est caractérisé par des tendances dépressives, addictives, dépendantes et suicidaires, souvent de l’agressivité et une adaptation sociale précaire. On sait avec certitude, depuis les années 1970, que ce trouble est lié à des traumatismes vécus dans la première enfance.</p>
<p>En d’autres termes, les violences subies par les enfants se payent par une incapacité sociale, une dépendance et une vulnérabilité qui mobilise la médecine, plus spécialement la pédiatrie et la psychiatrie, et les services sociaux. Les études qui le démontrent sont recensées par l’Institut australien des études sur la famille sous le titre <a href="https://aifs.gov.au/cfca/publications/effects-child-abuse-and-neglect-children-and-adolescents">« Les effets des abus et de la négligence vis-à-vis des enfants dans l’enfance et l’adolescence »</a>. Les chercheurs belges Emmanuel de Becker et Marie-Amélie Maertens nous renseignent, pour leur part, sur le <a href="http://www.em-consulte.com/article/1013382/article/le-devenir-de-l-enfant-victime-de-maltraitance-sex">devenir de l’enfant victime de maltraitance sexuelle</a>, dans leur article paru en 2015 dans les Annales médico-psychologiques.</p>
<h2>Une fragilité à l’âge adulte</h2>
<p>Ces psychotraumatismes engendrent, à l’âge adulte, des troubles somatiques autant que psychiatriques, ainsi que la majorité des désocialisations. Beaucoup de soignants n’en ont pas conscience, car s’intéresser à l’enfance d’un patient est désormais considéré comme une vieille lune portée par des psys dépassés, car imbibés de freudisme. Il est plus moderne de parler de « harcèlement moral » ou de « burn-out » que de fragilité traumatique acquise dans les premières années de la vie.</p>
<p>Mais les faits cliniques sont têtus. Dès qu’un adulte bute sur un rapport de force semblable à celui vécu au cours d’une enfance sous emprise, la soumission apprise engendre chez lui la violence par réaction, la dépression ou d’autres troubles psychiques graves.</p>
<h2>La prévention des désordres familiaux et sociaux</h2>
<p>L’incitation à une éducation sans violence, telle que portée par la campagne nationale actuellement visible sur les écrans, va dans le sens, d’abord, du respect de la convention internationale des droits de l’enfant. Elle participe, ensuite, à la prévention des désordres familiaux et sociaux, en combattant l’idéologie néfaste d’une éducation usant des rapports de force.</p>
<p>La clinique éducative et psychologique moderne en a démontré la nécessité. Comme l’écrit la Convention nationale des associations de protection de l’enfant (CNAPE) dans <a href="http://www.cnape.fr/files/news/1869.pdf">son communiqué de presse du 31 janvier 2017</a>, « l’éducation sans violence n’est pas laxiste, ce n’est pas laisser faire l’enfant-roi qui aurait tous les droits. Bien au contraire. Elle est exigeante, demande patience, dialogue, explications en permanence. C’est à ce prix que les enfants d’aujourd’hui, élevés avec soin et dans la dignité, seront les adultes de demain respectueux, pacifiques et empathiques ».</p>
<p>Cette évolution ne peut se produire qu’avec le temps, à force « d’éducation » des citoyens, précisément. Et avec l’avènement, sans doute, d’une nouvelle génération. Elle passe par une éducation à l’intimité (connaître les limites de son espace psychique et corporelle, reconnaître celui de l’autre à travers l’expression des émotions) et à la socialité (savoir partager des activités et construire avec l’autre) qui permet de déterminer les limites entre soi et l’autre. Car la capacité à respecter les autres suppose de savoir, d’abord, se respecter soi.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73669/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Luc Viaux est président de l'association de protection de l'enfance Les Nids, en Normandie.</span></em></p>Une campagne contre « les violences éducatives ordinaires » vient d'être lancée. Une initiative forte qui ouvre enfin la voie à une éducation sans gifle et sans fessée.Jean-Luc Viaux, Professeur émérite en psychologie, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/686502016-11-20T19:51:55Z2016-11-20T19:51:55ZCueillir des cerises virtuelles pour retarder la maladie d’Alzheimer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/146421/original/image-20161117-18128-196gkz4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Equipé de lunettes 3D, ce patient du CHU de Dijon lève le bras pour récolter les fruits et renforce, sans même y penser, ses capacités motrices. </span> <span class="attribution"><span class="source">Julien Bourrelier/Université de Bourgogne</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Cueillir des cerises est un moyen efficace de combattre certains effets de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alzheimer-31417">maladie d’Alzheimer</a>. N’imaginez pas pour autant que, au CHU de Dijon en gériatrie, nous faisons grimper nos patients à l’échelle pour qu’ils ramassent les fruits sur les arbres. L’exercice que nous leur proposons est beaucoup moins périlleux. Ils viennent dans notre laboratoire de recherche pour chausser des lunettes de réalité virtuelle et engranger une récolte… tout aussi virtuelle.</p>
<p>Voilà bientôt une année qu’une quarantaine de personnes âgées souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés <a href="https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/dijon-un-jeu-video-contre-la-maladie-d-alzheimer-1474367127">expérimentent notre prototype</a>, conçu pour retarder l’apparition des problèmes de motricité. En effet, ces maladies neurodégénératives perturbent la mémoire mais également – on le sait moins – les gestes. Les personnes touchées éprouvent de plus en plus de difficultés à anticiper mentalement leurs mouvements lorsque la pathologie progresse. Elles peinent à se lever ; elles ne parviennent plus à s’habiller seules ni à saisir leurs couverts pour manger ; leur marche devient incertaine, au risque de tomber. Bien souvent, les proches s’imaginent que la cause est physique, alors qu’il s’agit d’un problème de traitements des intentions par le cerveau.</p>
<p>Or les troubles cognitifs, même modérés, sont une des causes majeures de chutes. Celles-ci ne doivent pas être prises à la légère. Elles entraînent chaque année en France quelque 10 000 décès, pour l’essentiel chez des personnes âgées.</p>
<h2>Comme un jeu de tennis sur la Wii</h2>
<p>Actuellement, les médecins ne disposent pas de médicament efficace dans la maladie d’Alzheimer, <a href="https://theconversation.com/les-medicaments-anti-alzheimer-vont-pouvoir-continuer-a-ruiner-la-sante-des-patients-67570">comme la Haute autorité de santé vient de le confirmer</a>. Or environ 900 000 personnes sont actuellement touchées, en France, par cette pathologie. Dans ce contexte, les <a href="https://theconversation.com/alzheimer-des-jardins-pour-reapprendre-65694">traitements alternatifs</a> prennent toute leur valeur. C’est le cas des exercices de stimulation motrice que nous avons mis au point et qui rappellent – en moins physique – une partie de tennis sur la Wii, la console de jeu.</p>
<p>À quoi ressemble une séance dans <a href="https://u1093.u-bourgogne.fr/fr/">notre laboratoire Inserm dédié à la cognition, l’action et la plasticité sensorimotrice</a> ? Le patient, équipé de lunettes 3D d’apparence excentrique, se tient debout face à un grand écran sur lequel figure un arbre couvert à la fois de cerises et de pommes – ce qui est plutôt rare dans la nature, j’en conviens ! D’une main, il s’appuie, si nécessaire, sur son déambulateur. De l’autre, il tient une manette qu’il lève vers le haut de l’écran pour y cueillir les fruits mûrs. Il les dépose, un par un, dans un panier virtuel. À chaque fruit récolté, un son retentit, tandis que le score augmente au compteur.</p>
<p>Ainsi, le patient se redresse puis se baisse, sans avoir la sensation de produire un effort. Il s’amuse, ce qui est un gage de motivation et de persévérance, facteur essentiel de réussite en rééducation gériatrique. Pour un peu il chantonnerait la comptine : « Un deux trois, nous irons au bois. Quatre cinq six, cueillir des cerises.. ».</p>
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<p>Jusque dans les années 2000, on ne proposait aux patients Alzheimer aucune prise en charge destinée à ralentir la dégradation des capacités motrices, alors même que les ateliers « mémoire » se généralisaient en France. Depuis, les mécanismes à l’origine des troubles moteurs sont mieux connus et la réflexion a progressé. <a href="http://www.agence-nationale-recherche.fr/?Projet=ANR-12-TECS-0014">Notre projet, soutenu par l’Agence nationale de la recherche</a>, mobilise jusqu’à la fin de l’année 2016 une vingtaine de chercheurs dans différentes disciplines, médecine, psychologie cognitive, sociologie et informatique. <a href="http://recherche.u-bourgogne.fr/actualites/dossiers-recherche-ub.html">Nous poursuivons deux objectifs</a> : mieux comprendre ces processus d’altération et aider les patients à conserver le plus longtemps possible leur mobilité. En effet, avec un entraînement systématique, des stratégies de compensation cérébrale se mettent en place et limitent les dégâts provoqués par la maladie.</p>
<p>Planifier, anticiper, prédire les conséquences de nos actions sont des préalables nécessaires à l’exécution harmonieuse du mouvement. Ces processus reposent en partie sur la capacité à se représenter mentalement le geste à accomplir – tel le champion de ski visualisant sa course avant le départ. Parmi nos résultats, nous avons montré que l’apparition de troubles de la mémoire est accompagnée d’altérations de cette représentation.</p>
<p>Par ailleurs les mouvements, en particulier ceux des bras, nécessitent des ajustements successifs de l’équilibre. Or ce couplage entre mouvement et équilibre est modifié chez les patients Alzheimer dès les premières phases de la maladie. En cause : le déclin des capacités d’anticipation et d’attention. Les personnes atteintes parviennent moins facilement à sélectionner les informations sensorielles pertinentes pour guider leur geste. La moindre perturbation extérieure transforme l’accomplissement d’un mouvement banal en défi. De même, elles peinent à contrôler leur posture générale quand elles exécutent une tâche secondaire, par exemple lorsqu’elles se mettent à discuter tandis qu’elles marchent.</p>
<h2>Des répercussions importantes dans la vie courante</h2>
<p>Cette difficulté à effectuer simultanément plusieurs actions a des répercussions importantes dans la vie courante. Les situations multitâches sont en effet monnaie courante, par exemple quand il s’agit de répondre à une question tout en faisant la cuisine. La marche, le maintien de l’équilibre et la coordination entre la posture et les mouvements doivent être maîtrisés de concert, tandis que l’environnement bombarde la personne de nombreuses informations sensorielles plus ou moins utiles. Si elle sort dans la rue en compagnie d’un proche, par exemple, elle doit s’efforcer de garder son équilibre malgré la circulation des voitures, le flot des passants, les enseignes lumineuses qui clignotent et les irrégularités du trottoir, tout en participant à la conversation. Une gageure.</p>
<p>Ce volet fondamental de nos travaux nous a permis de réfléchir à des prises en charge précoce et des outils de rééducation pouvant favoriser le développement de nouveaux circuits cérébraux. La solution du jeu s’est vite imposée, par son côté agréable et stimulant. Comme nous nous adressons à des personnes âgées et fragiles, nous avons cherché des défis à leur mesure : cueillir des fruits dans un verger, susciter de la musique par des mouvements coordonnés. Et plutôt que de donner des consignes, nous sollicitons des mécanismes intuitifs chez les participants.</p>
<p>Les premiers tests cliniques effectués ont montré l’adhésion des patients aux prototypes de jeu et leur efficacité à court terme, notamment une l’amélioration de l’équilibre grâce aux mouvements répétés des bras. Ces résultats doivent cependant être confirmés, raison pour laquelle nous avons lancé début 2016 au CHU de Dijon un essai clinique plus large, dont les conclusions seront publiées en 2017.</p>
<h2>Battre la mesure, bouger la tête en rythme</h2>
<p>Après la cueillette des cerises, d’autres scénarios sont à l’étude dans notre laboratoire. Notre équipe entend tirer parti <a href="http://www.inserm.fr/tout-en-images/les-allegros-d-alzheimer-pour-comprendre-l-influence-de-la-musique-sur-le-cerveau/mouvement-danse-tango-et-rehabilitation">des effets positifs de la musique</a>. De nombreux travaux montrent aujourd’hui que celle-ci agit sur le cerveau en créant des émotions, mais aussi en stimulant les aires motrices. Bien souvent, en écoutant un air bien rythmé, nous l’accompagnons spontanément en battant la mesure ou en déclenchant des mouvements de la tête, du tronc ou de l’ensemble du corps. C’est cette motricité, suscitée de manière implicite, que nous souhaitons favoriser chez les personnes au début de leurs troubles cognitifs. Nous envisageons aussi un jeu qui permettrait aux patients de s’entraîner à danser avec des partenaires virtuels.</p>
<p>Le défi majeur à relever, dans notre projet, est de faire cohabiter la recherche fondamentale et le développement technologique, qui relèvent de cultures très différentes. Nous sommes en quête, actuellement, de partenaires capables de produire et de distribuer ces jeux vidéo d’un nouveau genre.</p>
<p>Dans la lutte contre Alzheimer, les jeux en réalité virtuelle ont une grande vertu : leur niveau d’exigence peut être facilement adapté à l’état des participants, quel que soit le stade de la maladie. En complément des rééducations plus classiques, ils offrent un moyen supplémentaire de repousser, le plus tard possible, le moment de l’entrée dans la dépendance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68650/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>France Mourey ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Tant qu’il n’existe pas de médicament efficace dans cette maladie neurodégénérative, les méthodes pour retarder sa progression restent essentielles. À Dijon, les patients jouent aux jeux vidéo.France Mourey, professeur en sciences et techniques des activités physiques et sportives, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/656942016-09-21T04:44:33Z2016-09-21T04:44:33ZAlzheimer : des jardins pour réapprendre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/138490/original/image-20160920-12448-18dmppb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’une des sculptures du jardin thérapeutique du CHRU de Nancy</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les jardins thérapeutiques sont parfois considérés, à tort, comme un simple agrément. Situé dans un lieu de soin ou d’accueil des personnes porteuses de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alzheimer-31417">la maladie d’Alzheimer</a>, un tel espace vert apporte aux malades le bien-être et <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-medicaments-anti-alzheimer-font-plus-de-mal-que-de-bien-67728">les stimulations sensorielles</a> d’un lieu naturel, tout en tenant compte des limites imposées par une pathologie neurodégénérative. Mieux encore, les études menées dans le <a href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">jardin du CHRU de Nancy</a> montrent que dans cet environnement favorable, les patients sont capables d’apprendre et d’enregistrer de nouveaux souvenirs.</p>
<p>Baptisé « art, mémoire et vie », le jardin du CHRU de Nancy a été conçu dès 2010 par un praticien de l’hôpital, la neurologue <a href="http://interpsy.univ-lorraine.fr/content/th%C3%A9r%C3%A8se-rivasseau-jonveaux">Thérèse Rivasseau-Jonveaux</a>, et un médecin sculpteur, <a href="http://www.fescharek.com/">Reinhard Fescharek</a>. L’objectif était de répondre aux besoins médico-psycho-sociaux des usagers tels que préconisés par le plan Alzheimer 2008-2012, lequel recommandait aux unités accueillant des personnes atteintes de se doter de jardins thérapeutiques. La ville de Nancy ainsi que le CHRU ont soutenu cette initiative qu’ils considéraient comme novatrice dans le domaine du soin pour cette pathologie et celles apparentées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne du jardin thérapeutique Art, mémoire et vie, à Nancy.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Il se trouve que l’initiatrice de l’expérience, Thérèse Rivasseau-Jonveaux, également chef du service accueillant le jardin, était à l’époque chercheur-doctorante en psychologie à l’université de Lorraine. C’est dans les réunions scientifiques organisées au sein du laboratoire Interpsy de l’Université de Lorraine qu’est née l’idée d’ajouter à la visée thérapeutique du jardin, une dimension de recherche.</p>
<p>Au fil des discussions, de la lecture des comptes rendus d’observation et des analyses de la littérature, est apparue l’idée que le jardin est un « espace total de vie » concret, relevant de la culture de chacun, une sorte de « précipité » de vie psychologique, interpersonnelle, sociale et culturelle. Et que c’était en étudiant ce système dans son ensemble qu’on aurait une meilleure compréhension de la « psychologie concrète » de ses habitués. Nous espérions, au final, savoir quelles ressources d’étayage un jardin pouvait offrir aux personnes souffrant de troubles de la mémoire et à leur entourage. C’est ainsi que ce jardin expérimental est devenu un objet de recherche. Le <a href="http://www.jazpairespective.fr/">programme de recherche Jaz</a>, pour « Jardin Alzheimer », était né.</p>
<p>Comment un jardin peut-il pallier aux difficultés des personnes souffrant de troubles Alzheimer ? L’expérimentation porte sur ses effets psychologiques (interactionnels, cognitifs, émotionnels, comportementaux) visibles au travers du moyen de communication le plus naturel aux êtres humains : le dialogue. Dès lors, les conversations engagées lors de promenades entre les patients et les psychologues-chercheurs sont les principaux objets d’observation. Cette problématique engendre des travaux de recherche, notamment des thèses de médecine et de psychologie dont les résultats sont publiés dans les revues scientifiques internationales.</p>
<h2>Apprendre en son jardin</h2>
<p>Le projet de recherche Jaz permet d’appréhender les mécanismes cognitifs, émotionnels et comportementaux mis en jeu par le jardin à travers sa dimension artistique. Ce travail revient en fait à étudier les <a href="http://www.hinnovic.org/jardin-therapeutique-quand-lart-et-la-nature-touchent-les-malades-atteints-dalzheimer/">rapports entre mémoire, langage, art et végétation</a> chez les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, plus précisément à explorer le rôle de l’aménagement de l’environnement sur la cognition et les émotions des patients.</p>
<p>On sait bien que le déclin observé dans Alzheimer touche les systèmes de haut niveau de la mémoire (épisodique, sémantique et de travail). On sait moins qu’il affecte aussi la dimension affective de l’individu, et par conséquent ses relations sociales. Or, les effets positifs de la contemplation des œuvres d’art sur la mémoire, les émotions et les jugements des individus, sont très bien établis depuis l’antiquité. Partant de ce constat, nous avons posé l’hypothèse que les malades d’Alzheimer pourraient bénéficier de la perception d’œuvres végétales ou artistiques en ce qui concerne leur mémoire et les rapports qu’ils entretiennent avec le monde extérieur.</p>
<p>Le jardin « art mémoire et vie » (dont on trouve <a href="http://videos.univ-lorraine.fr/index.php?act=view&id=1472">ici</a> une visite en vidéo) est composé de quatre carrés : la terre, l’eau, le feu et le vent. Ils abritent des œuvres ancrées dans la mémoire à long terme des résidents, autant de <em>stimuli</em> de premier choix permettant d’explorer la dimension affective dans la maladie d’Alzheimer. Plus précisément, on mesure l’impact d’un environnement stimulant, sur le plan émotionnel, sur les différentes formes de mémoire mobilisées. Ainsi, au cours de leurs promenades, les patients peuvent voir et sentir l’odeur de plantes de l’est de la France, comme des jonquilles ou des pivoines. Ils peuvent voir et toucher différents matériaux au contact lisse ou rugueux, en s’approchant d’œuvres d’art faisant référence à la mémoire socio culturelle régionale, par exemple des scènes avec des mineurs ou des travailleurs de l’acier représentés sur un vitrail, ou encore une sculpture de Saint-Nicolas.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue du vitrail, dans le jardin thérapeutique de Nancy.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>En analysant les conversations enregistrées lors de ballades dans le jardin, nous découvrons les traces émotionnelles du vécu du patient. Nos travaux apportent déjà des résultats prometteurs qui nous invitent à conclure, sur un petit échantillon de sujets, que le malade Alzheimer est lui aussi, comme la population générale, sensible à la perception de références naturelles et culturelles régionales dont il a eu l’expérience par le passé. De plus, les évaluations cognitives très fines de ces personnes permettent d’avancer que leur mémoire continue d’être stimulée par des perceptions porteuses d’émotions, positives ou négatives, même à un stade avancé de la maladie. C’est là un enseignement majeur : les sujets Alzheimer peuvent donc encoder de nouvelles informations et les restituer, c’est-à-dire s’en souvenir.</p>
<p>Activité paisible, la promenade accompagnée permet d’évaluer, de façon moins anxiogène qu’une situation de test classique, les performances psychologiques, tout en faisant émerger des états émotionnels diversifiés. Mais surtout, l’analyse des dialogues fait ressortir à quel point la fréquentation du jardin mobilise, en une seule fois, toutes les fonctions psychologiques (perception, mémorisation, raisonnement, langage, orientation, imagination). On regarde, on sent, on touche, on se souvient, on parle, on rêve, ce qui constitue un matériau d’une grande richesse pour les chercheurs.</p>
<h2>Retrouver seul son chemin</h2>
<p>Ne plus retrouver son chemin, s’égarer même dans son propre quartier : ces signes de la maladie d’Alzheimer sont bien connus. La désorientation dans l’espace est en effet l’un des symptômes qui se manifestent, selon les personnes, à un degré plus ou moins sévère de la maladie. Une autre étude menée dans notre laboratoire évalue la capacité des sujets Alzheimer à apprendre un trajet et à construire une représentation mentale du jardin.</p>
<p>Il est bien établi maintenant que les repères marquants de l’environnement améliorent l’orientation spatiale chez les êtres humains, à l’inverse d’un lieu monotone dépourvu d’indices distinctifs. Dans la maladie d’Alzheimer, ces points de repère deviennent indispensables pour atteindre une destination. Nous considérons qu’un jardin thérapeutique répond correctement aux besoins des malades s’il leur permet de se déplacer seuls, et s’il les aide à retrouver leur chemin grâce à un aménagement conçu spécifiquement. Le carré de fleurs rouges, le vitrail, sont autant d’aménagements à même de jouer ce rôle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jardin thérapeutique doit offrir aux malades d’Alzheimer des points de repères marquants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>C’est ainsi qu’en étudiant la capacité d’un sujet à s’orienter dans le jardin, nous comprenons comment il réagit devant un croisement d’allées, quels sont les indices qu’il va retenir pour se repérer et finalement, comment il apprend à emprunter un chemin singulier, dans le sens de l’aller comme du retour. Progressivement, nous parvenons à comprendre ses décisions d’orientation et à dresser sa carte cognitive. Il importe en effet de comprendre les conséquences de la maladie d’Alzheimer sur la capacité à imaginer un environnement physique, et par conséquent, la capacité à s’orienter.</p>
<p>Les premiers résultats de cette étude apportent des informations précieuses sur les impératifs que doit respecter la conception d’un lieu de vie pour personnes souffrant d’Alzheimer et maladies apparentées, d’une part, et sur les aptitudes de ces personnes à penser un environnement nouveau et enfin leur capacité à se déplacer dans un lieu peu ou non connu. Par exemple, le lieu doit être clos pour rassurer les patients mais aussi leurs familles, dont la hantise est de perdre leur trace. Il faut aussi que les malades puissent voir facilement, depuis n’importe quel endroit du jardin, la porte de sortie qui va les ramener vers leur chambre.</p>
<p>Les allées doivent être éclairées de nuit, pour que les malades puissent déambuler à toute heure. Découleront tout naturellement de cette étude des recommandations pour l’<a href="http://www.irts-fc.fr/00COM/00TEL/05R/00_CRD/2014_05_Jardins_th%C3%A9rapeutiques.pdf">aménagement d’autres jardins</a>. Celles-ci seront bientôt formalisées sous la forme d’un logiciel qui sera réalisé par notre équipe et garantira la qualité des réalisations. Il sera distribué au mois de décembre aux établissements pour personnes âgées dépendantes à l’échelle nationale, via les Agences régionales de santé.</p>
<p>Plus généralement, au-delà de la pathologie, à partir de ces travaux menés auprès de ces malades, nous comprenons mieux le rapport que tout un chacun entretient avec l’art, l’espace, les processus impliqués dans les décisions d’orientation et la structuration de nos cartes cognitives. Ainsi les malades d’Alzheimer, trop souvent considérés comme un fardeau pour la société, participent au progrès des connaissances. Les travaux menés au laboratoire Interpsy à Nancy permettent en effet d’imaginer de nouvelles façons de prévenir le trouble de l’orientation spatiale qui survient avec l’âge, y compris chez les bien-portants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65694/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les études sur le jardin thérapeutique du CHRU de Nancy ont bénéficié des financements de région Lorraine, université de Lorraine, fondation Médéric Alzheimer, fondation Lemarchand, ville de Nancy, association de malades Azheimer 54. Martine Batt est membre de JAZPAIREspective. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Les études sur le jardin thérapeutique du CHRU de Nancy ont bénéficié des financements de région Lorraine, université de Lorraine, fondation Médéric Alzheimer, fondation Lemarchand, ville de Nancy, association de malades Azheimer 54. </span></em></p>Grâce aux espaces verts thérapeutiques, des malades d’Alzheimer réussissent à mémoriser de nouvelles informations et à les restituer. Revue des expériences menées au CHRU de Nancy.Martine Batt, Professeur de psychologie, Université de LorraineAlain Trognon, Professeur en psychologie sociale, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/649962016-09-16T04:41:28Z2016-09-16T04:41:28ZNul en maths : ce n’est pas toujours de votre faute !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/137789/original/image-20160914-4948-18j61sm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Chez près de 7 % d'enfants, utiliser les chiffres est synonyme d'angoisse.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/89/Pure-mathematics-formul%C3%A6-blackboard.jpg">Wallpoper/Wikimedia</a></span></figcaption></figure><p>Sueurs froides pendant la session de calcul mental, impasse sur un problème de robinet ou feuille blanche devant la résolution d’algorithmes : qui n’a pas connu dans son entourage ou sa scolarité la terrible « peur » des maths ?</p>
<p>Bonne nouvelle, le problème est peut-être neurologique et a même un nom : la dyscalculie. Mauvaise nouvelle, ce trouble est encore largement ignoré en France.</p>
<p>La notion de dyscalculie remonterait au moins à 1974, au neurologue tchèque Ladislav <a href="http://ldx.sagepub.com/content/7/3/164.short">Kosc</a> qui définissait ce trouble comme une déficience spécifique en arithmétique à la suite de dommages ou de déficits de certaines régions spécifiques du cerveau. Et cette difficulté se manifesterait en l’absence d’une atteinte concomitante des fonctions mentales générales. Selon les estimations actuelles de l’<a href="http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/73">Institut national de la santé et de la recherche médicale</a>, la dyscalculie pourrait affecter entre 3,6 et 7,7 % de la population (taux de prévalence sur des populations d’enfants d’âge scolaire).</p>
<p>La <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053811911001066">dyscalculie ou « difficulté à calculer »</a>, est un trouble spécifique du développement (telles que dyslexie, dyspraxie…) qui correspond, donc, à un trouble dans les apprentissages numériques, sans atteinte organique ni troubles envahissants du développement et sans déficience mentale.</p>
<h2>Des symptômes et des profils variés</h2>
<p>Les symptômes qui peuvent s’observer dans les dyscalculies peuvent être variables : difficultés fréquentes dans les domaines de l’arithmétique, confusions possibles sur les signes (+, –, x, :), difficultés sur les tables de multiplication, d’addition, de division, en calcul mental…</p>
<p>On peut retrouver d’autres difficultés dans les tâches de tous les jours comme vérifier sa monnaie, lire l’heure avec une montre analogique, mais aussi effectuer une planification budgétaire, financière. D’autres troubles peuvent apparaître aussi dans la compréhension du concept de temps, dans la lecture de cartes, de nombres, de numéros de téléphone, dans des domaines nécessitant un traitement séquentiel. La dyscalculie conduirait dans des cas extrêmes à une phobie, une angoisse durable des mathématiques et de ce qui est lié aux chiffres.</p>
<p>Dans ce cadre général, il sera bien évidemment important de différencier les difficultés transitoires des apprentissages numériques de troubles plus durables.</p>
<p>La dyscalculie développementale peut apparaître dans l’enfance durant la période de l’apprentissage de l’arithmétique et doit être distinguée de l’acalculie (impossibilité de reconnaître chiffres et symboles) qui, elle, survient brutalement à l’âge adulte, à la suite d’une lésion cérébrale, le plus souvent un accident vasculaire cérébral. Elle se manifeste chez des enfants, qui bien qu’ayant une intelligence normale, n’arrivent pas à effectuer des opérations simples (additions, soustractions simples, etc.).</p>
<p>On peut la résumer comme un trouble disproportionné de l’apprentissage de l’arithmétique chez l’enfant, qui ne peut être expliqué ni par un environnement d’apprentissage appauvri, ni par un niveau intellectuel inférieur.</p>
<p>L’hétérogénéité des profils cognitifs des enfants dyscalculiques a conduit les chercheurs et cliniciens à distinguer différents sous-types de ce trouble. Ainsi, le chercheur <a href="https://global.oup.com/academic/product/the-oxford-handbook-of-numerical-cognition-9780199642342?cc=fr&lang=en&">Von Haster</a> a pu distinguer trois types de dyscalculie : verbale avec des difficultés dans les procédures de comptage, une difficulté à lire et écrire les chiffres arabes et enfin un défaut du « sens des nombres ».</p>
<h2>Un phénomène encore méconnu</h2>
<p>En ce qui concerne les bases neurologiques de la dyscalculie, la transmission génétique de la dyscalculie resterait largement méconnue et des facteurs environnementaux pourraient occuper une place importante, en particulier dans les phases précoces du développement cérébral. Malheureusement, la dyscalculie, mal connue, est souvent non repérée et non reconnue comme un trouble de l’apprentissage.</p>
<p>L’acquisition des capacités symboliques de traitement des nombres, à l’école, se baserait sur un sens « primaire » des quantités numériques, une forme de système premier du « sens des nombres » qui viendrait à maturité durant la première année de vie du bébé, et qui jouerait un rôle central dans la cognition numérique de l’adulte. Ce sens des nombres pourrait donc donner une explication sur un déficit primaire de la dyscalculie comme le rappellent les chercheurs <a href="http://www.aboutdyscalculia.org/WilsonDehaene_HBDBChapter_2007.pdf">Wilson et Dehaene</a>.</p>
<p>Il est heureusement indéniable que cette question suscite des travaux et des recherches de plusieurs institutions dédiées.</p>
<p>Citons ainsi la revue <em>A.N.A.E.</em> (<a href="http://www.anae-revue.com/documentation-et-liens/par-pathologie/dyscalculie/">Approche neuropsychologique des apprentissages chez l’enfant</a>) ou encore le Groupe d’études sur la psychopathologie des activités logico-mathématiques (<a href="http://www.gepalm.org/">GEPALM</a>) qui organise des formations sur la rééducation des structures logiques, mathématiques et cognitives, destinées à former des praticiens dans la prise en charge des enfants présentant des troubles de la compréhension, du raisonnement et du calcul.</p>
<p>Il existe également <a href="http://publimath.irem.univ-mrs.fr/">Publimath</a>, une base de données bibliographiques sur l’enseignement des mathématiques développée depuis 1996 par l’<a href="http://www.apmep.fr/">Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public</a> et l’Assemblée des directeurs des <a href="http://www.univ-irem.fr/">Instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques</a> avec le soutien de la <a href="http://www.cfem.asso.fr/">Commission française de l’enseignement des mathématiques</a> et de l’<a href="http://www.ardm.eu/">Association pour la recherche en didactique des mathématiques.</a></p>
<h2>Innover, démythifier, ouvrir le débat</h2>
<p>Des pistes sont ainsi explorées, comme l’effet « domino », souligné par <a href="http://www.mot-a-mot.com/media/pdf/fiche/15785.pdf">certains praticiens</a>, qui permettrait à l’enseignant de limiter toute une cascade d’échecs prévisibles, tant sur le plan personnel que sur le plan scolaire.</p>
<p>De nombreuses recherches sont aussi réalisées par l’<a href="http://www.associationneuroeducation.org/articles/">Association pour la recherche en neuroéducation</a> basée au Canada, et qui encourage le travail sur les rééducations, <a href="http://www.theglobeandmail.com/technology/science/why-things-just-dont-add-up-for-some-students/article565036/">remédiations, pédagogies innovantes</a>. Certains travaux portent également sur les neuromythes, c’est-à-dire de fausses croyances sur le fonctionnement du cerveau très fréquentes dans le milieu de l’éducation.
L’un des objectifs de ces recherches serait d’ouvrir le débat autour des pratiques pédagogiques de la gestion mentale - concept développé par Antoine de la Garanderie qui décrit et étudie les processus mentaux dans leur diversité-, qui n’ont jamais fait l’objet d’une expérimentation scientifique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137795/original/image-20160914-4983-1dcks9s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137795/original/image-20160914-4983-1dcks9s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137795/original/image-20160914-4983-1dcks9s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137795/original/image-20160914-4983-1dcks9s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137795/original/image-20160914-4983-1dcks9s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137795/original/image-20160914-4983-1dcks9s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137795/original/image-20160914-4983-1dcks9s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nombreux primates, dont les humains, auraient un sens des nombres dès la petite enfance.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/caochopp/7988573822">Caochopp</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Par ailleurs, dans son cours de Psychologie cognitive expérimentale au Collège de France, intitulé <a href="http://annuaire-cdf.revues.org/114#tocto2n1">« Les fondements cognitifs de l’arithmétique élémentaire »</a>, Stanislas Dehaene a pu défendre l’idée que les fondements cognitifs des mathématiques doivent être recherchés dans une série d’intuitions fondamentales de l’espace, du temps et du nombre, partagées par de nombreuses espèces animales et que nous héritons d’un lointain passé où ces intuitions jouaient un rôle essentiel à la survie.
Pour cet auteur, un « sens du nombre » serait donc présent chez le nourrisson et reposerait sur des circuits cérébraux spécifiques que l’on retrouve chez d’autres primates.</p>
<p>Son fonctionnement répondrait à trois traits caractéristiques de l’intuition : rapidité, automaticité et inaccessibilité à l’introspection consciente. Ainsi, l’intuition, loin de demeurer impénétrable pour l’étude scientifique, posséderait une signature psychologique et neurale déchiffrable. L’apprentissage des symboles de l’arithmétique formelle s’appuierait fortement sur ce sens précoce des nombres ; on peut préciser que notre compréhension de la manière dont ce dernier est modifié par l’éducation demeure imparfaite.</p>
<p>Ce sera l’une des questions importantes des recherches à venir et, donc, un enjeu essentiel sera de mieux utiliser ces connaissances afin d’améliorer l’enseignement de l’arithmétique et de mieux comprendre l’origine des dyscalculies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/64996/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien Dworczak ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La peur des maths est peut-être fondée sur un trouble du développement : la dyscalculie. Comme la dyslexie, ce trouble intervient lors de l’apprentissage et nécessite une étude plus profonde.Fabien Dworczak, PhD, chercheur associé neurosciences et éducation, Université Lumière Lyon 2 Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/646842016-09-14T04:40:54Z2016-09-14T04:40:54ZComment les enfants deviennent droitiers – ou gauchers<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/137373/original/image-20160912-3766-zzv6z4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Etre gaucher n'est plus considéré comme une anomalie</span> <span class="attribution"><span class="source">Aleksei Potov/www.shutterstock.com</span></span></figcaption></figure><p>En grandissant, les enfants développent une préférence marquée pour l’une de leurs mains quand ils veulent accomplir certaines tâches, en particulier pour écrire ou dessiner. L’enfant <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8284160">devient droitier, gaucher ou ambidextre</a> à peu près à l’âge où le langage est considéré comme acquis – vers quatre ans –, et cela reste une de ses caractéristiques à vie.</p>
<p>Nous savons désormais que la préférence manuelle de l’enfant permet de mieux connaître le fonctionnement et l’organisation de son cerveau.</p>
<p>L’hémisphère gauche et l’hémisphère droit du cerveau contrôlent en effet les fonctions motrices de chaque côté du corps, de façon inversée. Pour autant, les deux moitiés du cerveau n’exercent pas un contrôle identique sur les différents comportements physiques ; c’est pourquoi une des deux mains est préférée à l’autre pour l’exécution de certaines tâches. La prédominance d’un hémisphère sur l’autre pour exécuter certains gestes est nommée <a href="https://www.researchgate.net/publication/26319337_Origins_of_the_Left_Right_Brain">latéralisation cérébrale</a>.</p>
<p>Les scientifiques pensent que ce fonctionnement latéralisé du cerveau sert à éviter que les
deux hémisphères entrent en compétition, puisqu’un seul des hémisphères contrôle tel mouvement. Mais cela permet aussi à des processus aussi différents que le langage et l’attention de se lancer en parallèle dans les deux hémisphères.</p>
<p>Chez la plupart des gens, c’est l’hémisphère gauche qui contrôle le langage. Et c’est la même région de l’hémisphère gauche qui <a href="http://physiologyonline.physiology.org/content/20/1/60">contrôle les mouvements des mains</a>. C’est pour cela que presque tous les humains (environ 90 %) <a href="http://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674016132">sont droitiers</a> quand ils utilisent des outils ou qu’ils font des gestes.</p>
<p>Les psychologues de l’évolution pensent que l’usage des outils et les gestes ont joué un grand rôle dans l’évolution du langage. Selon eux, comme la vision est notre sens le plus fort, nous avons commencé à communiquer en <a href="http://www.americanscientist.org/issues/pub/the-gestural-origins-of-language/1">faisant des gestes</a>. Puis il est devenu plus efficace de garder nos mains libres pour manier des outils, et le langage a pris le relais. Les séquences gestuelles qui servaient à fabriquer et à utiliser des outils ont ainsi pu préparer le cerveau à <a href="http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=7252168&fileId=S0140525X00071235">intégrer la structure du langage</a>.</p>
<p>Pour acquérir des compétences complexes comme le langage, les petits doivent d’abord maîtriser des facultés sensorielles et motrices basiques. Pour les psychologues du développement, cette capacité à utiliser les gestes et à manipuler des objets prépare le terrain à l’<a href="https://www.pearsonhighered.com/program/Carlson-Psychology-The-Science-of-Behavior-7th-Edition/PGM294565.html">acquisition des systèmes</a> nécessaires au développement du langage.</p>
<h2>Main droite, main gauche, ou les deux ?</h2>
<p>Les scientifiques de la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle considéraient le fait d’être gaucher comme une anomalie et l’associaient à une série de dysfonctionnements – <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3722117">déficits de langage, maladies mentales</a>. De fait, de nombreux gauchers nés à cette époque étaient forcés d’écrire avec leur main droite, dans l’<a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673611608544">espoir de les « convertir »</a> en droitiers.</p>
<p>Aujourd’hui, nous savons que le fait d’être droitier ou gaucher n’est pas une caractéristique binaire (d’un côté, les gauchers, de l’autre les droitiers), mais qu’il existe une sorte de graduation, du gaucher absolu au droitier absolu, avec une foule de degrés entre les deux.</p>
<p>Quand ils développent leurs capacités motrices, les enfants utilisent indifféremment leur main droite et leur main gauche pour attraper des objets, car leurs deux mains peuvent facilement exécuter ces tâches. Cependant, les tâches plus spécifiques exigent l’intervention « spécialisée » de l’hémisphère gauche du cerveau. C’est pour cela que la plupart des enfants utilisent leur main droite pour écrire.</p>
<p>Les capacités d’écriture se développent au fil du temps et l’usage de la main droite se confirme tandis que l’enfant apprend à tenir son stylo, passant d’une « prise palmaire » pour tracer de premières formes sur une page à une <a href="http://www.ot-mom-learning-activities.com/pencil-grasp-development.html#FistedGrasp">« prise tripode »</a> (à trois doigts) qui lui permet de former des lettres et de les relier. Observer comment un enfant s’y prend pour écrire nous indique ainsi où en est le développement des processus spécialisés dans son cerveau.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/116264/original/image-20160323-28176-nnl91e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/116264/original/image-20160323-28176-nnl91e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/116264/original/image-20160323-28176-nnl91e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/116264/original/image-20160323-28176-nnl91e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/116264/original/image-20160323-28176-nnl91e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/116264/original/image-20160323-28176-nnl91e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/116264/original/image-20160323-28176-nnl91e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les deux mains.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anelina/Shutterstock</span></span>
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<p>Les recherches les plus récentes montrent que les enfants qui sont « franchement » gauchers ou droitiers ont une bonne latéralisation cérébrale et n’ont <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.7.2218&rep=rep1&type=pdf">aucune difficulté avec le langage</a>. En revanche, les <a href="https://peerj.com/articles/507/">enfants ambidextres</a> (c’est-à-dire ceux qui utilisent indifféremment les 2 mains pour écrire) se heurtent à plus de difficultés dans le développement du langage et de la motricité.</p>
<p>Les ambidextres représentent 3 à 4 % de la population générale. Chez les enfants souffrant de <a href="https://www.researchgate.net/publication/236643528_Atypicalities_in_Cortical_Structure_Handedness_and_Functional_Lateralization_for_Language_in_Autism_Spectrum_Disorders">troubles du spectre de l’autisme</a> (TSA), ce chiffre atteint 17 % à 47 %.</p>
<p>Les enfants souffrant de TSA commencent à rencontrer des difficultés motrices dès l’<a href="http://docs.autismresearchcentre.com/papers/2014_Leonard_EuropeanJournalDevelopmentalPsychology_Early_and_persistent_motor_difficulties.pdf">âge de 7 mois</a>. Cela tend à prouver que ce type de troubles peut être détecté très tôt chez l’enfant, et qu’ils peuvent avoir des répercussions sur des fonctions cognitives aussi importantes que le langage.</p>
<h2>La préférence manuelle, à quoi ça sert ?</h2>
<p>La recherche <a href="https://www.westminster.ac.uk/news-and-events/news/2014/gillian-s-forrester-senior-lecturer-in-psychology-features-in-bbc-science-programme-dissected-the-incredible-human-hand">que je mène actuellement</a> vise à comprendre comment la préférence manuelle des enfants peut servir à évaluer le risque de développer des troubles du langage. Les diagnostics de TSA sont généralement posés assez tard, quand on constate que l’enfant ne parvient ni à parler ni à comprendre des choses basiques. Ces diagnostics tardifs sont préjudiciables aux enfants, qui pourraient bénéficier de thérapies et d’interventions médicales plus tôt dans leur vie : le cerveau des nourrissons est incroyablement flexible, et s’ils recevaient les soins appropriés à temps, cela profiterait à leur développement cognitif et à leur santé mentale.</p>
<p>La préférence manuelle est un exemple parmi d’autres de latéralité sensori-motrice chez l’humain. Par exemple, la plupart des gens utilisent leur hémisphère droit quand ils doivent réagir à un danger. Cela signifie que nous reconnaissons plus facilement les expressions et les visages menaçants quand ils apparaissent dans notre champ visuel gauche plutôt que dans notre champ visuel droit. Une série d’expériences classiques montre ainsi que les adultes reconnaissent plus facilement les <a href="http://psycnet.apa.org/journals/psp/58/2/330/">émotions négatives</a> sur des photos de visages quand elles leur sont présentées par la gauche plutôt que par la droite.</p>
<p>En cartographiant les chemins de développement des biais sensori-moteurs et des facultés cognitives chez les enfants, nous comprenons de mieux en mieux les relations entre l’organisation du cerveau, les fonctions cérébrales, et le comportement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/64684/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gillian Forrester ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le développement de la préférence manuelle et celui du langage sont étroitement liés.Gillian Forrester, Director of Undergraduate Studies, Birkbeck, University of LondonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.