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Ces innovations citoyennes qui montrent la voie d’une société écologique et solidaire

Les systèmes d’échange local (SEL) permettent notamment d'échapper à la logique spéculative. Andriy Blokhin/Shutterstock

Cette contribution résume la démarche de la conclusion du manuel universitaire « Principes d’économie solidaire » (Ellipses, 2018).


La récente démission de Nicolas Hulot, illustre bien la difficulté actuelle de concilier écologie et économie. Pour sortir de cette impasse, il convient donc de proposer de nouveaux principes économiques permettant de mieux gérer la maison commune (économie et écologie ont la même racine grecque, oikos, le foyer). Pour ce faire, les initiatives citoyennes à dimension écologique et solidaire, ce que nous appelons des innovations sociales solidaires (ISS), peuvent servir de source d’inspiration.

Des alternatives tangibles au système actuel

Ces ISS présentent en effet plusieurs caractéristiques intéressantes. Elles sont issues de la société civile ; elles s’appuient sur une communication délibérative (horizontale et contradictoire) ; elles visent l’émancipation démocratique et marquent la volonté de rompre avec certains maux engendrés par le capitalisme : creusement des inégalités, croissance infinie sur une planète finie, etc. Les ISS ont donc le mérite de montrer qu’il existe, ici et maintenant, des logiques économiques alternatives au système actuel. Elles offrent ainsi aux chercheurs une base empirique permettant de penser de nouveaux principes économiques. Voyons un exemple concret : le Système d’échange local, le SEL.

Les SEL ne sont pas de simples structures de troc, mais des organisations qui permettent aux adhérents d’échanger des biens ou des services par l’intermédiaire d’une unité de compte définie collectivement. En effet, le SEL comptabilise les échanges en utilisant une monnaie qui n’est ni régie par l’intérêt privé d’une banque ni mise en œuvre par l’État.

La monnaie d’un SEL entend donc se déjouer des rapports de domination qui sont à l’origine d’inégalités dans l’échange : la transaction se fait directement entre les membres (on échappe ainsi aux contraintes du marché) ; la création monétaire est décentralisée et non pas dévolue à une banque centrale ; la monnaie est gérée démocratiquement, par des règles définies collectivement (par exemple remettre à zéro tous les comptes chaque trimestre). Ainsi, comme l’illustre le tableau 1, le SEL est une ISS qui répond concrètement à l’un des maux du capitalisme : la financiarisation du monde, puisqu’il échappe à la logique spéculative. Cette initiative fait naître une modalité d’action économique alternative au capitalisme : l’autogestion monétaire.

Tableau 1 : Les innovations sociales solidaires qui s’opposent à la financiarisation du monde.

Systématiser la démarche

Les ISS portent en elles des principes économiques alternatifs qui s’opposent, à la fois, à la logique lucrative du capitaliste et à la logique centralisatrice de l’État. Ces principes visent une solidarité démocratique, volontaire et choisie. C’est pourquoi nous les avons nommés « principes d’économie solidaire ».

Tableau 2 : Des maux du capitalisme aux principes d’économie solidaire.

Cette identification de nouveaux principes économiques, tirés de l’expérimentation, offre un cadre réflexif aux ISS. En effet, ces dernières ne répondent souvent que de façon partielle aux maux du capitalisme. Par exemple, les circuits courts s’attaquent frontalement à la marchandisation de la terre, mais répondent moins aux problématiques des inégalités de revenus. C’est pourquoi un ensemble cohérent de principes solidaires peut favoriser le développement de ces ISS et donc l’exploration de voies alternatives plus radicales. Des voies qui mènent toutes à l’objectif d’une transition vers une société écologique et solidaire.

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