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Une foule sur un quai du métro de Toronto. L’adoption généralisée d’habitudes qui contribuent à prévenir l’infection peut renforcer l’immunité comportementale collective. La Presse Canadienne/Graeme Roy

Covid-19 : voici ce que vous pouvez faire pour freiner l’épidémie

Au milieu du carnage de la Première Guerre mondiale, une épidémie de grippe est née dans les tranchées de la première ligne pour ensuite se propager dans le monde entier, infectant un quart de la population mondiale et tuant plus de gens que la guerre.

En tout, de 50 à 100 millions de personnes sont décédées de ce qu’on a appelé la « grippe espagnole ». On considère aujourd’hui que le taux de mortalité de cette maladie a été d’un à trois pour cent, et le nombre total de morts est impressionnant, en partie à cause de la prolifération du virus à travers la planète.

Un nom familier

La pandémie de grippe espagnole a été déclenchée par un virus dont le nom nous est familier : H1N1. Le H1N1 a refait surface en 2009, s’étendant à nouveau partout sur la planète, mais avec un bilan bien moins lourd que lors de sa première apparition

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un virus identique, il aurait pu être tout aussi mortel, en partie à cause de sa capacité de tuer des individus plus jeunes et non considérés comme à risque de mourir de la grippe. Le taux de mortalité absolu de la pandémie de H1N1 de 2009 a été de 0,001 à 0,007 %. Le nombre total de décès s’est élevé à des centaines de milliers dans le monde entier, avec un nombre disproportionné de personnes affectées en Asie du Sud-Est et en Afrique.

Unité de grippe de l’hôpital Walter Reed pendant l’épidémie de grippe espagnole de 1918-1919, à Washington, D.C. (Shutterstock)

Pourquoi le taux de mortalité est-il si différent ? Ces deux versions du virus H1N1 n’ont pas la même origine, et il y a également une pression évolutive pour que les versions ultérieures du même virus soient moins mortelles.

Mais, plus important encore, le monde n’était pas le même alors. La grippe espagnole s’est répandue dans des conditions abominables. La Première Guerre mondiale faisait rage depuis plusieurs années et, aux premières lignes, là où la maladie est apparue, les jeunes soldats vivaient entourés de cadavres, de rats et d’eau contaminée, et avaient peu de possibilités de s’occuper de leur hygiène personnelle.

En 2009, même les nations les plus pauvres ont de meilleures conditions de vie que celles d’un soldat dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Malgré cela, les pays qui sont moins aptes à fournir un environnement propre à leur population sont les plus durement touchés par les infections au virus H1N1, avec un grand nombre de personnes infectées et décédées.

La propagation de Covid-19 en Chine, et les cas récents plus près de chez nous, font craindre à certains un scénario semblable à celui de la grippe espagnole. Cela ne se produira pas, mais nous avons la possibilité aujourd’hui de maîtriser la prolifération du virus au sein de nos populations.

Comportement et immunité collective

L’immunité collective (en anglais herd immunity ou immunité de troupeau) est un concept qui vient du domaine de la zoologie. Elle fait référence à la capacité d’une population animale à résister à l’infection par un agent pathogène – tel qu’un virus – parce qu’un nombre suffisamment important d’individus en son sein ont une immunité humorale (la capacité du système immunitaire à former des anticorps contre un agent infectieux).

L’immunité collective réduit considérablement la transmissibilité par des mécanismes immunologiques. C’est la théorie sous-jacente aux vaccins, qui renforcent l’immunité d’une très grande partie de la population (dans l’idéal), empêchant une maladie contagieuse de se répandre.

Attardons-nous au terme « mécanisme immunologique » et demandons-nous si le même principe ne pourrait pas s’appliquer sur le plan comportemental.

Une image de microscope électronique, publiée par les Instituts nationaux de la santé des États-Unis en février 2020, qui montre le nouveau coronavirus COVID-19. (NIAID-RML via AP)

Si les réponses immunitaires humorales du corps déjouent l’infection, c’est aussi le cas des comportements qui bloquent aux agents pathogènes les voies d’entrée dans le corps. Lorsqu’une importante partie de la population adopte systématiquement des comportements qui réduisent la transmissibilité, on peut éviter ou fortement limiter les épidémies, sans devoir avoir recours à la mesure rétrograde qu’est la quarantaine.

Tout comme l’immunité humorale ne confère pas une protection parfaite à une personne, il en va de même pour l’immunité comportementale : il suffit qu’une très forte proportion de la population adopte systématiquement des comportements de prévention. La protection est plus collective qu’individuelle.

Mettre l’accent au bon endroit

En ce qui concerne le concept d’« immunité comportementale collective », les discussions sur le COVID-19 dans les médias conventionnels et sociaux ne mettent pas toujours l’accent sur les bonnes choses. Plutôt que de parler de scénarios hypothétiques qui suscitent la peur, ils devraient mieux se concentrer sur des stratégies afin de limiter l’infection.

Un vaccin serait souhaitable, et on finira par en avoir un. Mais en attendant, des épidémies comme celle du COVID-19 peuvent être évitées en augmentant la prévalence des comportements préventifs dans la population pour freiner la propagation de la maladie.

Voici quelques mesures bien connues, dont aucune n’est appliquée de manière suffisamment cohérente, et quelques autres, moins courantes, qu’on doit utiliser individuellement et collectivement. Et dès maintenant.

Les mesures connues :

  • Se laver les mains souvent et correctement ;

  • Se couvrir la bouche (avec le bras) lorsqu’on tousse ou qu’on éternue ;

  • Éviter les contacts directs avec des gens infectés.

Avant de traiter les points ci-dessus comme des évidences, on doit se demander : est-ce qu’on les applique avec une grande constance ? Peut-on faire mieux ? On doit également envisager les comportements suivants, moins évidents, mais tout aussi importants :

Les écrans de téléphones sont de véritables bouillons de culture. (Shutterstock)

1. Désinfecter l’écran de son téléphone portable deux fois par jour – nos téléphones sont de véritables bouillons de culture qui transportent des bactéries et, bien sûr, des virus. On peut utiliser des lingettes antibactériennes, car elles tuent généralement les virus. On doit nettoyer son appareil au moins deux fois par jour, à l’heure du dîner et au souper (ou pour accompagner une autre routine quotidienne). Selon une étude publiée récemment, des virus du style du coronavirus peuvent persister jusqu’à neuf jours sur des surfaces lisses en verre ou en plastique, comme l’écran d’un téléphone portable.

2. Éviter de se toucher le visage. Notre bouche, notre nez, nos yeux et nos oreilles sont autant de voies d’entrée pour les virus, et nos doigts sont constamment en contact avec des surfaces qui peuvent contenir des virus. Ce comportement simple est très difficile à adopter de manière assidue, mais il est essentiel pour lutter contre les infections.

3. Utiliser un masque uniquement si on est malade et féliciter les gens qui sont suffisamment responsables pour les porter lorsqu’ils sont infectés.

4. Se mettre en quarantaine volontaire si on est malade et qu’on fait de la fièvre.

5. Faire appel à son réseau social pour réfléchir à d’autres changements comportementaux simples.

Prévenir la propagation

Renforcer l’immunité collective par son comportement est essentiel pour prévenir la propagation du COVID-19. On doit en parler et le faire davantage. Au milieu des incertitudes qui suscitent la peur, ce sont des actes qu’on peut poser individuellement et collectivement.

Tâchons de mieux appliquer les comportements de prévention décrits ci-dessus avec cohérence et sur le long terme.

Et voici un avantage secondaire : on pourra ainsi prévenir la propagation de nombreuses autres maladies infectieuses, notamment de la grippe saisonnière.

This article was originally published in English

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