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femme travaille sur un ordinateur
Lorsque les femmes sont présentes au sein des conseils d'administration, la gestion des cyberrisques se voit améliorée. (Shutterstock)

Davantage de femmes sur les CA : la solution pour une meilleure cybersécurité ?

Les femmes sont encore sous-représentées dans le domaine de la technologie de l’information (TI), malgré leur importante contribution. Ada Lovelace, par exemple, a été la première programmeuse informatique au monde. Grace Murray Hopper a développé le premier compilateur. De plus, Hedy Lamarr a été la co-inventrice de la technologie moderne de la communication, utilisée pour les technologies Bluetooth, wifi et GPS.

Aujourd’hui, les leaders dans le domaine des TI sont tous des hommes. Bien que 39 % des membres des conseils d’administration des plus grandes entreprises technologiques de la Silicon Valley soient des femmes, tous les présidents et PDG sont des hommes : Arthur D. Levinson et Tim Cook pour Apple, Satya Nadella pour Microsoft, Jeff Bezos et Andrew Jassy pour Amazon, Mark Zuckerberg pour Meta, et John L. Hennessy et Sundar Pichai pour Google.

Aquarelle représentant une femme habillée à la mode du XIXᵉ siècle
Portrait à l’aquarelle d’Ada King, comtesse de Lovelace, vers 1840. (Science Museum Group)

Mais on assiste tout de même à un certain progrès. Une étude faite par Osler, un cabinet d’avocats en droit des affaires, a relevé que 23 % des membres des conseils d’administration des sociétés de l’indice boursier S&P/TSX 60 étaient des femmes. Il s’agit d’une augmentation par rapport aux données que nous avons récoltées pour notre recherche sur les sociétés de la Bourse de Toronto entre 2014 et 2018. En effet, ces données ont révélé que 11,7 % des entreprises avaient une femme au sein de leur conseil d’administration, 27,7 % avaient deux femmes et 56,3 % avaient au moins trois femmes.

En ce qui concerne le nombre de femmes expertes en informatique dans les conseils d’administration, le nombre était encore plus faible. Seulement 22 des 683 membres de conseils d’administration en 2018 étaient des femmes expertes en TI. Bien que ce nombre ait doublé depuis 2014, il demeure très faible. C’est important d’augmenter le nombre de femmes dans le domaine des TI, non seulement pour des raisons d’égalité, mais aussi parce que la présence des femmes améliore les principaux résultats organisationnels.

La cybersécurité est la clé du succès

Nous avons évalué l’impact de la diversité des genres au sein des conseils d’administration sur la réaction des entreprises au cyberrisque. Nos résultats démontrent la gestion de ce dernier est meilleure lorsque des femmes sont présentes. Une bonne gestion des cyberrisques est la clé du succès des entreprises qui utilisent les TI.

La cybersécurité implique de prendre des mesures appropriées ainsi que de prendre des décisions éthiques pour atténuer les cyberrisques. Plus spécifiquement, la cybersécurité aborde le risque financier et technique causé par l’accélération numérique – l’amplification de la transformation digitale causée par la pandémie.

En raison de l’accélération numérique, les organisations sont plus vulnérables aux utilisations non éthiques de la technologie. L’histoire de Facebook et de Google concernant les utilisations inappropriées et contraires à l’éthique ou la suppression d’informations a mis en lumière l’importance d’une approche éthique de la cybersécurité. L’exemple le plus médiatisé est celui de Facebook, qui a vendu des données à des entreprises qui tentaient d’influencer l’élection présidentielle aux États-Unis en 2016.

Les organisations devraient développer leur stratégie de cybersécurité en fonction de certains principes éthiques. On parle ici de la vie privée, la collecte, l’entreposage et l’utilisation des données, l’intelligence artificielle, le développement d’algorithmes et le profilage, notamment.

La cybersécurité doit passer par les conseils d’administration. Ces derniers représentent les intérêts des parties prenantes, surveillent la gestion de l’entreprise et diminuent les conflits d’intérêts entre les actionnaires, qui possèdent les entreprises cotées en bourse, et la direction de l’entreprise. Ils ont également le devoir de veiller à ce que leurs entreprises adoptent des mesures de cybersécurité appropriées et efficaces.

Les femmes ont un impact positif sur la cybersécurité

Notre étude a révélé une association positive entre le niveau de divulgation de la cybersécurité et la diversité des genres au sein du conseil. En d’autres termes, la présence de femmes dans les conseils d’administration s’est traduite par une meilleure gestion du cyberrisque. Dans quelle mesure ? Grâce à une amélioration de la surveillance effectuée par le conseil d’administration, une meilleure supervision de la direction et donc une meilleure gouvernance d’entreprise.

Les femmes ont apporté de nouvelles perspectives au processus de prise de décision et ont ajouté une plus grande variété de compétences et de capacités, ce qui a amélioré la prise de décision des conseils.

Une femme assise à la tête d’une réunion du conseil d’administration
la présence de femmes expertes en informatique dans les conseils d’administration a permis d’améliorer la gestion des cyberrisques. (Shutterstock)

Les femmes sont plus informatives. C’est-à-dire qu’elles ont tendance à valoriser la communication et les divulgations davantage que les hommes, et qu’elles collaborent mieux avec les parties prenantes. Les femmes ont une plus faible tolérance au risque, favorisent les pratiques éthiques et sont moins engagées dans des pratiques frauduleuses.

Ces compétences spécifiques, combinées à leur expertise en TI, permettent aux femmes d’améliorer la surveillance des risques en matière de cybersécurité de leurs entreprises. En somme, avoir plus de femmes expertes en informatique dans les conseils d’administration pourrait se traduire par une approche de la cybersécurité plus intégrative, qui réunit les perspectives technologiques, commerciales et éthiques.

Suggestions pour améliorer la représentation des femmes dans les TI

Afin de combler l’écart entre les sexes dans le domaine des TI, il doit y avoir un effort concerté pour fournir aux filles et aux femmes une éducation et des compétences liées à l’informatique. Les entreprises devraient développer des programmes pour promouvoir la présence de femmes ayant des compétences en informatique et financer des programmes de bourses et subventions pour les femmes.

Les femmes devraient être encouragées à choisir des études et des carrières liées à l’informatique. Au stade le plus précoce, les écoles devraient motiver la curiosité et l’intérêt liés à la technologie chez les enfants. Bien qu’il existe des universités qui offrent des programmes d’études supérieures, des diplômes et des certificats en cybersécurité, il faudrait en créer davantage. Les ONG peuvent également faire partie de la solution, en appuyant la cause des femmes expertes en informatique.

Une autre façon de combler l’écart entre les sexes est de promouvoir davantage la présence des femmes à des postes de direction. À compter de 2020, la Loi canadienne sur les sociétés par actions oblige les sociétés ouvertes à fournir des informations sur les politiques et les pratiques liées à la diversité au sein des conseils d’administration et de la haute direction. Davantage de jeunes femmes devraient être promues à des postes de direction dans le domaine de l’informatique pour alimenter le bassin de candidats potentiels aux conseils d’administration.

La mise à jour des compétences des membres actuels des conseils d’administration est également capitale. L’éthique et la cybersécurité devraient être une priorité de formation pour tous les membres des conseils d’administration. À cet effet, la mise à jour des compétences en matière d’éthique et de cybersécurité de tous les membres du conseil constitue une étape importante vers l’amélioration des compétences des femmes dans les conseils d’administration.

This article was originally published in English

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