Menu Close
Des nomades jouissent de la liberté de vivre dans leur véhicule. (Alex Guillaume/Unsplash), FAL

De plus en plus de travailleurs choisissent de vivre dans une fourgonnette. Voici pourquoi

Un nombre croissant de personnes réinventent le concept de domicile. Plusieurs d’entre elles vivent dans une fourgonnette.

La tendance du nomadisme automobile, #vanlife, est alimentée par l’augmentation du prix des maisons, la pénurie d’appartements locatifs dans les centres urbains et les communautés de villégiature ainsi que par un changement de notre image de la communauté, qui est passée du voisinage physique aux réseaux sociaux en ligne.

Selon notre étude, la vision de ce choix de résidence peut dépendre du côté du volant où l’on se trouve. Mais découvrir l’expérience de ces nomades automobiles peut être intéressant non seulement pour ceux qui souhaitent mettre fin aux loyers et hypothèques, mais aussi pour les urbanistes et les employeurs.

En tant que spécialistes en organisation, nous pensons qu’il est important de comprendre le transfert de définition du domicile dans l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. La plupart des études sur le sujet se concentrent sur la recherche de moyens d’intégrer le travail dans nos foyers et nos vies. Cela peut se faire en modifiant la façon dont on travaille ou en proposant des programmes de garderies, de soins aux personnes âgées ou de télétravail afin d’aider les gens à mieux adapter leur travail à la vie de famille.

Mais ce n’est pas tout le monde qui a accès à ces adaptations. On ne peut pas faire de la construction par Zoom et les horaires flexibles ne fonctionnent pas vraiment quand on est chauffeur d’autobus. De plus, de nombreuses entreprises ne sont pas disposées à investir dans des programmes qui rendent le travail plus flexible, et ce, pour diverses raisons.

Une nouvelle conception du domicile

Notre étude, basée sur des entretiens avec des travailleurs qui vivent dans des fourgonnettes, laisse voir que certains préfèrent réinventer le concept de domicile plutôt que d’attendre que leur employeur réinvente leur travail. Le mouvement #vanlife sur les médias sociaux leur fournit des conseils pour l’aménagement de véhicules avec des lits, des baignoires et des cuisines, les lieux où il est facile, ou pas, de se garer la nuit et une communauté florissante offrant des produits pour la vie de nomade. Les vanlifers (nomades automobiles) rejettent les notions traditionnelles de propriété et préfèrent la vie sur la route.

On peut imaginer des vacances en roulotte, sauf qu’il n’est pas question ici de vacances, mais d’un choix que font des gens qui ont un emploi, en particulier dans des endroits où la vie est chère, comme Vancouver, San Francisco et Seattle.

Les collectivités et les propriétaires ont tendance à percevoir les habitants de fourgonnettes comme des sans-abri. À l’hiver 2019, la station de ski de Canmore, en Alberta, a été confrontée à un nombre croissant de camionnettes garées dans les stationnements de centres communautaires et de centres commerciaux. Des résidents se sont plaints du bruit, du désordre et de l’utilisation des installations des centres de loisirs par ces nomades.

Des histoires semblables se sont produites ailleurs au Canada, notamment à Vancouver, à Victoria et à Squamish, en Colombie-Britannique.

Les médias locaux dépeignent souvent les gens qui habitent dans des fourgonnettes comme des personnes en transit qui squattent l’espace public. Ces préoccupations sont valables, mais les collectivités qui se plaignent dépendent souvent de ces travailleurs à bas salaire qui vivent dans des conditions atypiques et qui leur fournissent les biens et services dont ils ont besoin.

Faire un choix différent

Nous avons cherché à comprendre le mode de vie de ces nomades et avons trouvé plusieurs points communs entre eux. Premièrement, ils rejettent catégoriquement l’étiquette de sans-abri. Plusieurs d’entre eux ont affirmé avoir simplement fait un choix de mode de vie différent de celui de la plupart des gens.

A woman sits smiling in the back of her van.
Une femme du New Hampshire prépare une camionnette dans laquelle elle planifie s’installer. Hilary Bird/Unsplash

Ils considèrent que la vie nomade les libère de l’hypothèque, du loyer, des services publics et des biens qui viennent avec les lieux de vie traditionnels.

Une des personnes sondées, un DJ de discothèque, nous a raconté que lorsqu’il était locataire, il devait travailler plus de deux semaines chaque mois juste pour payer son loyer. Dans une camionnette, explique-t-il, il dispose de plus de temps et d’argent pour mener un style de vie qu’il ne pourrait se permettre autrement.

Un ouvrier du bâtiment vit dans une fourgonnette afin de pouvoir prendre la moitié de l’année pour des voyages d’agrément, ce qui devient inabordable s’il est propriétaire ou locataire.

Les nomades automobiles nous ont dit qu’en plus de la liberté financière, leur mode de vie leur apporte une plus grande liberté pour ce qui est de la carrière en leur offrant des occasions dont ils ne pourraient profiter autrement.

Un ouvrier d’entrepôt de Californie a déménagé à Washington pour bénéficier des salaires qui y sont plus élevés. Un enseignant suppléant de Vancouver peut ainsi accepter différents contrats sans devoir passer deux heures dans le trafic, car il déplace sa maison sur roues le soir, lorsqu’il y a peu de circulation.

Harmonie

Pour finir, les habitants de fourgonnettes ont parlé de l’harmonie qu’ils ressentent entre les exigences de leur emploi et leur vie. Ils peuvent profiter de leur mode de vie indépendamment des lieux et des horaires de travail, ce que peu de gens connaissent. Comme l’enseignant, une conductrice d’autobus qui travaille depuis trois dépôts situés à divers endroits dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique nous a raconté que son mode de vie élimine le stress en lui évitant d’avoir à se déplacer le matin.

A green van is seen on a sunny, deserted highway.
Les nomades automobiles vantent les vertus de la mobilité. Hilary Bird/Unsplash

Les nomades ont également nommé des points négatifs.

Certains ont déclaré qu’il est difficile de trouver des lieux où se stationner sans risquer de recevoir des contraventions ou de causer des frictions avec les gens du quartier. D’autres ont relevé que leur milieu de travail pouvait stigmatiser leur choix, les obligeant à cacher leur mode de vie de peur de nuire à leur réputation ou à celle de leur employeur.

Dans l’ensemble, toutefois, ils rejettent le concept habituel de demeure.

Tout comme les nomades automobiles ont réinventé leur domicile, il est peut-être temps pour la société et les employeurs de revoir leur conception du domicile des travailleurs. Ce mode de vie permet aux patrons d’avoir un meilleur accès à leurs employés, surtout dans des endroits où le coût de la vie est élevé ou dans un marché de l’emploi tendu.

En fournissant des services de base tels que des douches ou des places de stationnement avec électricité, en veillant à ce que les employés ne soient pas discriminés en raison de leur choix de vie ou simplement en reconnaissant que ce choix de résidence ne menace le style de vie de personne, on peut créer une situation avantageuse pour les nomades automobiles, leurs employeurs et les collectivités où ils travaillent.

This article was originally published in English

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 182,100 academics and researchers from 4,941 institutions.

Register now