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Déchets verts et alimentaires : des détritus sous-exploités

Intensifier la collecte des détritus alimentaires pour mieux valoriser les biodéchets. Shutterstock

En France, les « biodéchets » constituent environ 40 % des ordures ménagères. Ils regroupent les déchets verts et alimentaires issus de ressources naturelles animales ou végétales. Dans les déchets ménagers, ils sont constitués surtout des déchets de cuisine (épluchures de légumes, etc.), des déchets verts du jardin (tailles de haie, tonte de gazon, etc.) et des déchets en cellulose (essuie-tout, mouchoir en papier).

Les quantités de biodéchets produits par les foyers français représentent actuellement 18 millions de tonnes (Mt) par an : 30 % (5,1 Mt), essentiellement composés de déchets verts, sont gérés à domicile (paillage, compostage) ; 3,8 Mt de déchets verts sont collectés en déchèteries et 1,16 Mt en porte à porte. Les collectes de déchets alimentaires restent elles marginales.

Ces détritus peuvent être valorisés grâce au compostage et à la méthanisation ; mais dans tous les cas, un tri efficace à la source doit être assuré, or un peu plus d’une centaine de collectivités – soit seulement 7 % de la population – est concernée par une collecte séparée des biodéchets (déchets de cuisine). En 2015, la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte a fixé un taux de valorisation des déchets non dangereux à 65 %, accompagnée d’une réduction de la mise en décharge de 50 % à l’échéance 2025 en vue d’une gestion plus efficace de ces détritus.

Priorité à la réduction des déchets

La gestion des biodéchets s’intègre aujourd’hui dans une dynamique d’économie circulaire qui implique en premier lieu la prévention et la lutte contre le gaspillage alimentaire, la gestion de proximité (compostage domestique, compostage partagé), la gestion collective (collecte en apport volontaire, ou en porte-à-porte), le traitement et le retour au sol des biodéchets transformés.

Comme l’a montré une récente étude, la chasse au gaspillage alimentaire permet une réduction très efficace de la production de déchets.

De nombreuses initiatives menées sur le terrain témoignent de résultats encourageants ; on pourra citer à titre d’exemple cette opération impliquant 10 magasins de la grande distribution qui en l’espace de trois mois ont réussi à réduire leur gaspillage alimentaire de 22 % en moyenne, réalisant 70 000 euros d’économie. Et, en 2014, 20 foyers témoins sont parvenus à réduire de moitié leurs pertes et gaspillages alimentaires, représentant une économie de 60 euros par personne par an.

Mise en place d’un composteur collectif à Nantes. Association Ça pousse en amont

Mieux trier et bien collecter

Les collectivités ont accès aujourd’hui à toute une palette d’outils pour la mise en œuvre du tri à la source des biodéchets : gestion de proximité (compostage domestique, partagé en pied d’immeubles ou à l’échelle d’un quartier) avec traitement in situ, collectes séparées (en porte à porte ou en apport volontaire) avec traitement centralisé (compostage industriel, méthanisation).

Si le compostage domestique est bien répandu et sa promotion assurée par les collectivités locales, la collecte séparée des biodéchets (déchets alimentaires) est aujourd’hui encore marginale en France. Seule une grosse centaine de collectivités a mis en place une collecte séparée de biodéchets (déchets de cuisine) en porte-à-porte ou apport volontaire.

Les principaux freins à cette collecte sont la crainte d’une augmentation du coût global de gestion, la crainte d’une faible participation des usagers ou encore de nuisances liées à la nature même des déchets concernés. Sur tous ces points, les expériences menées montrent que ces craintes ne sont pas fondées, et qu’une optimisation globale du service peut être menée, conjuguée à une communication efficace – valorisant le rôle des usagers dans une nouvelle organisation.

Les biodéchets sont à orienter d’abord en compostage domestique ou partagé, puis les déchets verts peuvent être collectés en déchèteries ou points de regroupement. Chaque collectivité doit aujourd’hui jouer un rôle dans l’accompagnement des ménages pour l’utilisation des composteurs : au-delà de la distribution de matériel, les usagers doivent aussi recevoir des informations sur la pratique.

Pour être efficaces, les options de tri et de récolte doivent correspondre aux spécificités locales. En milieu rural, par exemple, la faible production des biodéchets et la pratique historique du compostage domestique ne justifient pas toujours économiquement la mise en place d’une collecte séparée.

En ville, il peut être intéressant de proposer une alternative au compostage domestique avec le compostage partagé ; c’est le cas à Nantes où le site de compostage « Ça pousse amont », géré par une équipe de quartier avec un encadrement de Compostri (association professionnelle du compostage), regroupe 55 foyers. Une mutualisation des moyens avec les entreprises produisant des déchets organiques peut également être envisagée, permettant une maîtrise des coûts.

Notons pour conclure que des recommandations et des informations concernant la formation des professionnels sont aujourd’hui disponibles pour intensifier le tri à la source, élément-clé d’un recyclage réussi pour les déchets verts.

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