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pollution de l’air – The Conversation
2024-03-25T16:36:13Z
tag:theconversation.com,2011:article/225599
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Pourquoi prendre le métro nous expose à davantage de particules fines
<p>Prendre le métro accroît-il notre risque de faire des AVC ? S’il y a quelque temps, une telle affirmation aurait pu sembler saugrenue, les études réalisées sur les taux de particules fines du métro parisien légitiment désormais une telle question. Afin de comprendre pourquoi, il faut d’abord s’attarder sur ce que sont ces particules fines, et la façon dont nous pouvons les mesurer.</p>
<p>Le terme « particules fines » désigne tous les aérosols solides et semi-volatiles en suspension dans l’air, ayant une taille allant de quelques nanomètres (nm), c’est-à-dire un milliardième de mètre à quelques centaines de micromètres (µm), c’est-à-dire un millionième de mètre. Pour comparer, le diamètre d’un cheveu est d’environ 70 µm et celui d’un globule rouge est de 7 µm. La mesure de la taille et de la concentration de ces particules fines est devenue un enjeu sanitaire du fait des nombreuses pathologies qu’elles génèrent lors des épisodes de pollution atmosphérique.</p>
<h2>La mesure des particules fines</h2>
<p>En France, les mesures de surveillance de la pollution sont menées par les agences de surveillance de la qualité de l’air (<a href="https://www.atmo-france.org/article/laasqa-de-votre-region">AASQA</a>), qui, pour les particules fines, se concentrent sur leurs concentrations massiques par m<sup>3</sup>. Y sont mesurées les PM<sub>10</sub> (masse cumulée de toutes les particules inférieures à 10 µm) et les PM2.5 (particules inférieures à 2,5 µm). La mesure des particules fines a commencé il y a 45 ans pour les PM<sub>10</sub>, suivie, une vingtaine d’années plus tard, par celles des PM2.5. Mais cette échelle de mesure pose de plus en plus question, car elle minimise la contribution des particules très fines et ultrafines respectivement inférieures à 1 µm et 0,1 µm.</p>
<p>L’intérêt pour les particules ultrafines est, de fait, plus récent, depuis les premiers travaux médicaux sur leur dangerosité jusqu’à la reconnaissance par la communauté scientifique depuis une dizaine d’années de la nécessité de les mesurer.</p>
<p>Pour le moment, nous nous contenterons cependant de scruter l’échelle des PM2.5 qui présente un compromis entre la nécessité de mesurer les plus petites particules et celle d’avoir une référence de mesure. La norme actuelle est de ne pas dépasser une moyenne annuelle de 25 µg/m<sup>3</sup>. L’OMS a récemment publié de nouveaux objectifs : 5 µg/m<sup>3</sup> en moyenne sur l’année et 15 µg/m<sup>3</sup> en valeur limite journalière. Pour aller vers ces recommandations, la Commission européenne vient d’abaisser en février 2024 la moyenne annuelle à <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/air-quality/">10 µg/m³</a>
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<h2>Mesurer les particules fines du métro</h2>
<p>Voici pour ce qui est des échelles de mesure. Mais vient ensuite une autre question, tout aussi importante : où effectuer ces mesures ?</p>
<p>Les normes de la qualité de l’air ne concernent que l’air ambiant extérieur. Néanmoins, il semble raisonnable de proposer d’étendre ces valeurs aux enceintes souterraines des métros et des trains, puisque l’air qui y circule provient d’une ventilation naturelle à partir de l’air en surface. De plus, les transports en commun sous-terrain sont utilisés quotidiennement par un grand nombre d’usagers : avec <a href="https://www.ratpdev.com/fr/groupe">12 millions de déplacements</a> chaque jour pour ce qui concerne la RATP. Dès lors la question de la qualité de l’air de ces lieux sous-terrain <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/les-francais-utilisent-toujours-plus-les-transports-en-commun-1152214#:%7E:text=Au%20niveau%20national%2C%20le%20mode,et%20le%20TER%20(18%20%25).">où transitent 72 % de la population française</a> est tout sauf négligeable.</p>
<p>Dans l’attente de normes qui ne sont toujours pas établies, différentes équipes scientifiques ont mené depuis une vingtaine d’années des études dans différents réseaux de métro, n’étant pas satisfaits des informations souvent rassurantes que donnaient certains opérateurs de ces réseaux.</p>
<h2>Pourquoi la qualité de l’air n’est pas bonne dans le métro ?</h2>
<p>Si l’on se penche maintenant sur la situation de la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935115301705">qualité de l’air de la plupart des métros du monde entier, on constate rapidement qu’elle n’est pas bonne</a>. Cette réalité a en fait deux causes majeures :</p>
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<li><p>Le prélèvement de l’air extérieur, qui s’effectue souvent depuis des grilles au ras de la chaussée. L’air est alors très chargé des particules fines directement issues du trafic routier (moteurs, freins, pneus). Ainsi la pollution de l’air dans le métro ne peut être inférieure à celle de l’air extérieur.</p></li>
<li><p>La génération de particules fines liées à l’activité du métro. Ces particules proviennent principalement du freinage, mais aussi de l’usure des roues et des rails, de l’effritement naturel du ballast et de la voute des tunnels. Le passage des rames peut aussi entraîner un ressoulèvement des particules.</p></li>
</ul>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581297/original/file-20240312-18-q2xw2a.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’usure des rails et les systèmes de freinage du métro peut aggraver l’exposition aux particules fines des usagers.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Falgui%C3%A8re_Paris_Metro_Station.jpg">Planespotter1/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Les études précédemment menées considèrent la valeur globale en PM2.5 et en PM<sub>10</sub>. Elles sont localement représentatives de ce que respirent les usagers, mais ne permettent pas d’estimer la contribution du métro par comparaison à un voyage qui aurait été effectué à pied en air extérieur. Pour mesurer cela, nous avons introduit la notion de sur-pollution, c’est-à-dire la contribution uniquement liée au métro, qui est obtenue en soustrayant aux mesures effectuées dans les stations celles de l’air extérieur à proximité.</p>
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<p>Plusieurs campagnes ont été menées de manière indépendante par rapport à la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) pour évaluer cette sur-pollution. La plus récente a été réalisée avec les équipes du magazine « Vert de Rage » diffusé sur France 5, en utilisant des capteurs mobiles Pollutrack, qui servent normalement à <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/5/529">cartographier l’air extérieur de Paris</a>. La stratégie a consisté à effectuer les mesures pour toutes les stations du métro parisien aux heures de pointe, et à les comparer aux mesures à l’extérieur. Certaines stations mal ventilées présentent des valeurs de sur-pollution de plusieurs dizaines de µm/<sup>3</sup>, comme Charonne, Javel ou Pont de Neuilly, ainsi que certaines lignes où les rames de métro génèrent une usure significative des rails, telle la ligne n°5.</p>
<p>Une valeur moyenne d’environ 15 µg/m<sup>3</sup> a été obtenue en considérant toutes les stations souterraines, qui s’ajoute à la valeur moyenne d’environ 15 µg/m<sup>3</sup> de l’air ambiant parisien. Ainsi les usagers doublent en moyenne leur exposition aux particules fines journalière lorsqu’ils sont dans le métro.</p>
<p>Ce concept de sur-pollution pourrait être utilisé pour une première approche de normes dans l’air intérieur, en prenant en compte le temps d’exposition à cette sur-pollution et en l’ajoutant à l’exposition moyenne à l’air ambiant. Par exemple, 1h30 d’exposition dans les enceintes souterraines par jour augmenterait l’exposition moyenne journalière d’un citoyen de 1 µg/m<sup>3</sup>, ce qui devient significatif au regard des nomes de l’OMS. Bien sûr, un tel calcul n’est qu’une valeur moyenne, sachant que des valeurs bien plus élevées peuvent être obtenues pour les lignes de métros les plus polluées.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7BDiUQFpHFg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Extrait de l’émission Vert de Rage consacrée aux particules fines du métro.</span></figcaption>
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<h2>Qualité de l’air extérieur</h2>
<p>On le voit bien, la qualité de l’air dans les métros est donc intrinsèquement liée à la qualité de l’air extérieur. Dès lors, pour bien comprendre les causes originelles de la pollution de l’air, il faut considérer les différentes sources qui en altèrent la qualité en fonction des lieus de vie. Les activités industrielles et de constructions et le trafic (routier, aérien et maritime) sont les sources les plus souvent mises en avant, mais le chauffage au bois collectif et individuel, ainsi que la formation d’aérosols secondaires issus des épandages agricoles sont aussi des <a href="https://www.mdpi.com/1424-8220/20/4/1111">sources majeures</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/peut-on-promouvoir-le-chauffage-au-bois-au-nom-de-lenvironnement-222828">Peut-on promouvoir le chauffage au bois au nom de l’environnement ?</a>
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<p>La pollution aux particules fines peut être locale, mais aussi importée suivant la direction et de la force des vents. Les situations anticycloniques sont celles qui favorisent la stagnation des polluants près des sources. Des vents de quelques m/s favorisent la dispersion de la pollution mais aussi son transport, sans toutefois la résoudre totalement. Les meilleurs alliés pour lutter contre la pollution sont de forts vents pour disperser les particules fines et les pluies fortes pour les rabattre au sol.</p>
<p>Certains lieux sont de surcroit plus propices à de forts taux de pollution, en fonction des activités industrielles, de la densité de pollution et de la topographie locale. À l’échelle de la France, la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, est un des endroits les plus pollués à cause de l’implantation d’activités très génératrices de particules fines en fond de vallée mal ventilée.</p>
<p>Paris est aussi une ville très polluée de fait de la forte concentration urbaine, du trafic routier, et de la configuration de la ville qui engendre une forte variabilité à l’échelle du km. Le périphérique reste l’endroit le plus pollué, mais le Nord et l’Est de Paris sont nettement plus pollués que l’Ouest du fait de la configuration de la ventilation de la ville avec notamment la présence de rues canyons où la pollution peut s’accumuler. Ainsi, Paris connaît un <a href="https://www.mdpi.com/1424-8220/23/20/8560">nombre de jours de dépassement de la recommandation de l’OMS qui va entre 100 et 200 par an</a> selon la localisation dans la ville. Ce résultat montre l’importance de l’emplacement des bouches de prélèvement de l’air pour les enceintes souterraines, ce qui n’est pas considéré actuellement pour le renouvellement de l’air alors que cela a des conséquences sur la santé des usagers des transports en commun.</p>
<h2>Conséquences sanitaires</h2>
<p>Face à cet enjeu-là, la recherche médicale progresse aussi : Les effets sanitaires des particules fines sont de mieux en mieux connus, bien que de nouvelles études augmentent encore régulièrement le nombre de pathologies liées à la pollution. Les effets à court terme concernent les crises d’asthme, l’augmentation des AVC et des crises cardiaques, et même la <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/14/8/1222">mortalité liée au Covid-19</a>.</p>
<p>Les effets à long terme sont mis en évidence à partir de nombreuses études épidémiologiques sur lesquelles l’<a href="https://www.who.int/fr/news/item/22-09-2021-new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">OMS</a> s’est basée pour fixer ses recommandations en PM2.5. Ces effets se manifestent notamment par une augmentation des allergies sévères, des <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/10/17/la-pollution-de-l-air-exterieur-est-cancerigene-pour-l-oms_3497663_3244.html">cancers</a>, des maladies neurodégénératives, et du diabète de type 2. Les particules carbonées ultrafines, toxiques pour l’organisme, une fois entrées par les voies respiratoires, se retrouvent dans pratiquement tous les organes du corps humain.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-toutes-les-particules-fines-nont-pas-les-memes-effets-sur-la-sante-161261">Pollution de l'air : toutes les particules fines n’ont pas les mêmes effets sur la santé</a>
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<h2>En conclusion, comment améliorer la qualité de l’air ?</h2>
<p>Ces fléaux semblent d’ailleurs grandissants du fait notamment des concentrations en particules ultrafines qui semblent en augmentation, alors que celles en plus grosses particules diminuent. Ceci s’explique par le fait que les sources sont toujours là, mais que la nature de la production des particules a changé à cause de l’évolution de leur mode de production (évolution des rejets des moteurs diesel et du chauffage au bois).</p>
<p>Alors que faire ? Cette évolution n’est pas inexorable. Pour les enceintes souterraines, il faut améliorer les systèmes de freinage des rames, mieux gérer le renouvellement de l’air, et travailler sur des techniques de dépollution de l’air. Des expérimentations et des installations commencent à se mettre en place. À noter toutefois qu’un système d’extraction d’air, même s’il favorise le renouvellement de l’air dans les enceintes souterraines, rejette la pollution à l’extérieur et ne fait donc que déplacer le problème.</p>
<p>Pour la qualité de l’air extérieur, il faudrait limiter les émissions, notamment avec l’interdiction des moteurs diesel et des véhicules lourds en ville, la limitation du chauffage au bois dans les zones à forte densité de population, et la régulation des épandages agricoles en fonction du transport de leurs effluves par les vents.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/584139/original/file-20240325-16-owfgpt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L'intérieur d'une voiture ne protège en rien de la pollution aux particules fines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jfgornet/4067266583">Jean-François Gornet/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Si certains pourraient être tentés de faire primer la protection individuelle au bien collectif en remplaçant leurs trajets en métro ou RER par un même trajet en voiture, cette solution ne serait ni bénéfique individuellement ou collectivement car l'habitacle de la voiture ne protège en rien de la pollution aux particules fines. À certains endroits, comme les arrêts aux feux de circulation ou les embouteillages, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231015001193">l'exposition peut même y être jusqu'à 29 fois plus élevées</a> qu'à l'extérieur. </p>
<p>Enfin, le problème d’exposition aux particules fines est surtout critique les jours de forte pollution lors de situations anticycloniques. Il pourrait être proposé de limiter les activités lors de ces journées. Le port de masques FFP2 pourrait aussi être recommandé dans les enceintes souterraines pour les personnes les plus fragiles. Toutes ces actions impliquent une participation citoyenne constructive pour que chacun s’approprie ces règles afin que nous respirions mieux dans les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225599/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Baptiste Renard est membre du conseil scientifique de RESPIRE. Après avoir débuté ses travaux sur la mesure de la pollution de l'air dans le métro parisien, il a été sollicité comme consultant pour la société Aerophilee SAS qui a notamment développé un appareil de dépollution pour grands volumes, et par les sociétés Pollutrack et MeteoModem qui vendent des compteur d'aérosols.</span></em></p>
48% des Français prennent le métro. Ils sont de ce fait davantage exposés aux particules fines, ce qui augmente à court terme les risques de les crises d’asthmes, d'AVC et de crises cardiaques.
Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherches, Université d’Orléans
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/223495
2024-02-27T16:17:20Z
2024-02-27T16:17:20Z
Les oiseaux, victimes collatérales de l’intensification agricole en Europe
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/575366/original/file-20240213-22-rm2wz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le bruant proyer (Emberiza calandra) a vu sa population décliner en Europe, comme d’autres espèces liées aux milieux agricoles.</span> <span class="attribution"><span class="source">Luiz Lapa / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les alarmes de la communauté scientifique sur les effets de l’emploi des pesticides sur la santé humaine et la disparition de nombreuses espèces dans les milieux agricoles <a href="https://www.inrae.fr/actualites/biodiversite-services-rendus-nature-que-sait-limpact-pesticides">s’accumulent depuis un demi-siècle</a>. Le <a href="https://wildproject.org/livres/printemps-silencieux-60">travail pionnier de Rachel Carson</a> annonçait dès 1962, des « printemps silencieux » provoqués par le déclin des oiseaux, victimes collatérales des pesticides via l’empoisonnement des milieux et la disparition des insectes.</p>
<p>En cause, un modèle agricole reposant sur une industrialisation toujours plus poussée pour rester compétitif sur le plan international ayant massivement recours aux <a href="https://theconversation.com/plan-ecophyto-tout-comprendre-aux-annonces-du-gouvernement-223571">pesticides</a>. Un modèle toujours plus dominant en France, où les exploitations sont de <a href="https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Pri2213/Primeur%202022-13_RA2020_%20VersionD%C3%A9finitive.pdf">moins en moins nombreuses (-40 % depuis 2000)</a> et de plus en plus grandes (leur surface moyenne a été <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277860?sommaire=4318291">multipliée par quatre depuis les années 1960</a>).</p>
<p>Conséquence : la surface agricole couverte par des fermes à forte utilisation de pesticides et d’engrais <a href="https://ec.europa.eu/eurostat">n’a cessé d’augmenter</a>. Si bien que seuls 17 % des sols en Europe ne sont pas contaminés par des <a href="https://solagro.org/focus/atlaspesticides">pesticides</a>. Depuis 2009, plus de 300 000 ha de terres agricoles, souvent fertiles, <a href="https://artificialisation.developpement-durable.gouv.fr/determinants-artificialisation-2009-2022">ont disparu sous le bitume</a>.</p>
<p>Au-delà des constats inquiétants et des prophéties, dispose-t-on de preuves scientifiques tangibles et sans équivoque de la dangerosité de ce modèle de production agricole pour le vivant à l’échelle européenne ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-et-biodiversite-les-liaisons-dangereuses-182815">Pesticides et biodiversité, les liaisons dangereuses</a>
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<h2>De la difficulté à expérimenter sur le vivant en conditions réelles</h2>
<p>L’expérimentation semble à première vue un procédé idéal. Par exemple, faites manger des graines enrobées de pesticides à des moineaux, et ils seront en moins bonne forme. Soit. Le procédé a de grandes chances de fonctionner.</p>
<p>Mais, hors du laboratoire, lorsque les <a href="https://parlonssciences.ca/ressources-pedagogiques/documents-dinformation/determiner-les-variables">variables ne sont plus directement contrôlables</a> par le chercheur, on entre dans un monde complexe où les processus sont causés par de multiples facteurs enchevêtrés. Dans ces conditions, comment construire la preuve de l’effet d’un facteur en particulier sur la santé ou l’environnement ?</p>
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<p>Pour s’affranchir de cette difficulté, la méthode scientifique peut toujours s’appuyer sur des protocoles et des variables de contrôle. Ainsi, l’effet des substances que l’on suppose problématiques et de tous les autres facteurs ayant un effet potentiel ne sera pas manipulé expérimentalement, mais étudié statistiquement.</p>
<p>Car, s’il est déjà un peu brutal de faire manger des pesticides de force à des oiseaux, il est encore plus absurde d’imaginer pouvoir tout expérimenter. On pourra plutôt vérifier si l’emploi d’une quantité croissante de pesticides se manifeste dans le temps par une baisse de la quantité d’insectes. En d’autres termes, on abordera la question sous un angle épidémiologique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/debat-scientifique-sur-le-declin-des-insectes-que-reste-t-il-a-prouver-154109">Débat scientifique sur le déclin des insectes : que reste-t-il à prouver ?</a>
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<p>Il y a pourtant un piège. On pourra toujours supposer que ce ne sont pas les pesticides qui sont en cause mais le stress, la pollution de l’air, la sécheresse ou toute variable qui influencerait de près ou de loin le système étudié.</p>
<p>Il fallait donc se donner les moyens d’y voir plus clair. C’est ce que nous avons réalisé avec une équipe de 50 chercheuses et chercheurs dans une <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2216573120">étude à ciel ouvert</a> publiée en mai 2023. Notre motivation était de vérifier si une pression dominait sur les autres, et si oui laquelle, pour expliquer le déclin des populations de nombreuses espèces d’oiseaux en Europe.</p>
<h2>L’ampleur inédite de l’hécatombe dans les milieux agricoles</h2>
<p>Il fallait tout d’abord mettre un chiffre sur ce déclin. Grâce au travail assidu de nombreux ornithologues bénévoles qui ont reproduit chaque année le même protocole de suivi dans 28 pays européens, un jeu de données exceptionnel a pu être constitué, couvrant la période allant de 1980 à 2016. C’était une étape essentielle : partir des oiseaux eux-mêmes dans leurs habitats, pas seulement d’une expérience sur quelques individus isolés en laboratoire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/recenser-les-oiseaux-identifier-les-plantes-les-sciences-participatives-font-elles-vraiment-avancer-la-recherche-214008">Recenser les oiseaux, identifier les plantes : les sciences participatives font-elles vraiment avancer la recherche ?</a>
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<p>L’étude a permis de suivre 170 espèces différentes, avec des populations en liberté et subissant de plein fouet les pollutions, le changement climatique, les pratiques de chasse, le dérangement ou encore le risque de prédation.</p>
<p>Loin de nous limiter aux milieux agricoles, nous nous sommes intéressés à tous les habitats : forêts, villes, montagnes, milieux ouverts ou non, cultivés ou non… En résumé, nous sommes allés ausculter l’état de santé des oiseaux européens, sans filtre.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/577353/original/file-20240222-22-fyycrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577353/original/file-20240222-22-fyycrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577353/original/file-20240222-22-fyycrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577353/original/file-20240222-22-fyycrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577353/original/file-20240222-22-fyycrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577353/original/file-20240222-22-fyycrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577353/original/file-20240222-22-fyycrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un Pic vert cherchant des fourmis au sol.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hedera.Baltica/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Résultat ? Les oiseaux ont perdu un quart de leur abondance en Europe entre 1980 et 2016, soit 800 millions d’individus sur la période, 20 millions par an en moyenne. Une hécatombe, pourtant sans surprise : les oiseaux doivent composer avec les modifications profondes qu’ont connu les paysages et les modes de vie au cours du XX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Toutes les espèces d’oiseaux ne sont pas affectées de la même manière.</p>
<ul>
<li><p>Par exemple, les oiseaux vivants dans les milieux forestiers ont perdu 18 % de leurs effectifs ;</p></li>
<li><p>Ceux des milieux urbains, 25 %,</p></li>
<li><p>Ce qui est surprenant en revanche c’est l’intensité du déclin, spectaculaire, des oiseaux des plaines agricoles : leur effectif a chuté de 57 % !</p></li>
</ul>
<p>Un record peu enviable : c’est <a href="https://theconversation.com/que-signifie-vraiment-le-declin-des-insectes-pour-la-biodiversite-122676">l’une des baisses les plus spectaculaires</a> jamais enregistrées à cette échelle pour des organismes vivants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-mesure-t-on-la-perte-de-biodiversite-lexemple-de-lafrique-222320">Comment mesure-t-on la perte de biodiversité ? L’exemple de l’Afrique</a>
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<h2>Prouver le lien entre intensification agricole et déclin des oiseaux</h2>
<p>Il fallait aller plus loin pour comprendre à quoi attribuer ce déclin. Or, nous avions à disposition les données idéales pour tester si le climat, les changements d’habitats et le modèle agricole industriel pouvaient être tenus responsables.</p>
<p>Imaginons un instant : dans un lieu précis, par exemple au bord d’un champ de colza, un ou plusieurs ornithologues ont compté chaque année, avec la même méthode, le nombre d’oiseaux. Et, précisément, pour cette année et cet endroit, nous avons aussi à disposition des données comme l’expansion des surfaces en agriculture intensive, l’évolution des températures, de l’étalement des sols artificialisés, ou encore les variations du couvert forestier.</p>
<p>C’est ce procédé, répété sur des milliers de sites dans les 28 pays étudiés, au cours de plusieurs décennies, qui a permis de construire la <a href="https://pecbms.info/">base de données la plus complète</a>, la plus précise, jamais collectée de suivi d’espèces sauvages en Europe.</p>
<p>Cela nous a permis de faire le lien statistique entre devenir des oiseaux et ces multiples pressions, et de construire un deuxième résultat fort : le déclin des espèces coïncide avec l’augmentation de l’intensification des pratiques agricoles. Dans les environnements dans lesquels l’agriculture industrielle est plus présente, et cela, quels que soient le climat et les autres conditions, les oiseaux déclinent plus vite.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-et-sante-les-agriculteurs-ont-ete-sont-et-seront-les-principales-victimes-de-ces-substances-223102">Pesticides et santé : les agriculteurs ont été, sont et seront les principales victimes de ces substances</a>
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<p>Nous étions toutefois conscients d’un autre piège possible : que ce lien ne soit qu’une simple coïncidence attribuable au hasard. Or, ce n’est pas le cas. Nos analyses montrent que nous ne sommes plus dans le domaine de la corrélation, mais du lien sans équivoque.</p>
<p>Un dernier résultat nous a permis d’ajouter une brique supplémentaire à notre compréhension de la situation : les espèces qui se nourrissent préférentiellement d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/insectes-24857">insectes</a>, éradiqués par les pesticides, sont encore plus impactées que les autres espèces.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-cest-grave-que-les-insectes-disparaissent-206643">Pourquoi c’est grave que les insectes disparaissent ?</a>
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<h2>Réchauffement et artificialisation des sols également en cause</h2>
<p>Bien entendu, l’intensification des pratiques agricoles n’est pas le seul facteur des déclins observés. Le changement climatique, notamment l’élévation des températures, constitue une deuxième pression importante.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/577359/original/file-20240222-30-ic55iq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577359/original/file-20240222-30-ic55iq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577359/original/file-20240222-30-ic55iq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577359/original/file-20240222-30-ic55iq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577359/original/file-20240222-30-ic55iq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577359/original/file-20240222-30-ic55iq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577359/original/file-20240222-30-ic55iq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une mésange boréale (<em>Poecile Montanus</em>) en plein vol.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Estormiz/Wikimedia</span></span>
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</figure>
<ul>
<li><p>Les espèces septentrionales, adaptées aux milieux froids (comme la Mésange boréale, qui a décliné de 79 %), remontent vers le nord et voient leurs populations décliner fortement avec l’augmentation des températures.</p></li>
<li><p>À l’inverse, d’autres espèces adaptées aux milieux chauds (comme la Fauvette mélanocéphale, dont la population augmente) peuvent en profiter.</p></li>
</ul>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/577363/original/file-20240222-20-sl6uvx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577363/original/file-20240222-20-sl6uvx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577363/original/file-20240222-20-sl6uvx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577363/original/file-20240222-20-sl6uvx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577363/original/file-20240222-20-sl6uvx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577363/original/file-20240222-20-sl6uvx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577363/original/file-20240222-20-sl6uvx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le martinet noir ne se pose que pour couver ses œufs, généralement dans des bâtiments en pierre de grande hauteur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pierre-Marie Epiney/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’étalement des zones artificialisées se fait aussi aux dépens des oiseaux, incapables de vivre dans des milieux minéraux et pollués, et dont l’habitat se fragmente.</p>
<p>Même les espèces capables de nicher en milieu urbain sont en recul (comme le Martinet noir, dont les populations ont chuté de 17 %), notamment face au manque de sites disponibles sur les constructions modernes et à la faible abondance d’insectes dans ces milieux.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-architectes-peuvent-ils-aider-les-oiseaux-a-ne-pas-secraser-contre-les-vitres-216302">Comment les architectes peuvent-ils aider les oiseaux à ne pas s’écraser contre les vitres ?</a>
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<p>Enfin, le retour du <a href="https://theconversation.com/un-autre-regard-sur-levolution-contemporaine-de-la-foret-francaise-207398">couvert forestier</a> en Europe, encore récent, et souvent le fait de plantations, ne suffit pas à enrayer le déclin des espèces dépendantes de forêts naturelles.</p>
<h2>Semer le doute… et gagner du temps ?</h2>
<p>Des résultats qui devrait nous inciter à <a href="https://theconversation.com/plan-ecophyto-tout-comprendre-aux-annonces-du-gouvernement-223571">réduire drastiquement notre recours aux pesticides</a>. Mais pour les défenseurs de l’agrochimie, le niveau de preuve apporté par la science n’est jamais assez grand.</p>
<p>Une situation qui rappelle celles de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/amiante-42690">amiante</a>, du tabac, ou même l’action des producteurs d’énergie fossile pour <a href="https://theconversation.com/climat-comment-lindustrie-petroliere-veut-nous-faire-porter-le-chapeau-213142">retarder la prise de conscience climatique</a>.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/577538/original/file-20240223-18-9alkcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577538/original/file-20240223-18-9alkcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577538/original/file-20240223-18-9alkcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577538/original/file-20240223-18-9alkcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577538/original/file-20240223-18-9alkcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577538/original/file-20240223-18-9alkcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577538/original/file-20240223-18-9alkcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Plusieurs pétroliers, dont Shell, avaient prédit le risque de crise climatique des décennies dès les années 1980.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mike Mozart/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Toutes ces industries ont mis à profit la difficulté inhérente à la construction d’une preuve scientifique afin de gagner du temps, perpétuer le doute, maintenir leur réputation ainsi que leurs profits. <a href="https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2013-1-page-462.htm">L’entretien du doute est ainsi devenu stratégique</a>.</p>
<p>Au point que les industriels se sont désormais <a href="https://theconversation.com/le-glyphosate-revelateur-de-linfluence-des-lobbys-industriels-sur-la-science-reglementaire-215604">imposés comme référence scientifique auprès des agences de contrôle, notamment en Europe</a>.</p>
<p>Il est devenu irresponsable de minimiser l’effet du modèle agricole industriel et de ses pesticides et de se cacher derrière de prétendus biais, manque de recul ou supposée absence d’alternatives, <a href="https://www.inrae.fr/actualites/agriculture-europeenne-pesticides-chimiques-2050-resultats-dune-etude-prospective-inedite">qui existent pourtant</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-les-alternatives-existent-mais-les-acteurs-sont-ils-prets-a-se-remettre-en-cause-146648">Pesticides : les alternatives existent, mais les acteurs sont-ils prêts à se remettre en cause ?</a>
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<p>L’utilisation généralisée de pesticides <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2022.1027583/full">a un coût social et économique considérable</a>, qui ne se répercute d’ailleurs pas sur les prix dès lors que leur emploi demeure encouragé et subventionné. Sur le plan de la santé humaine, <a href="https://theconversation.com/pesticides-et-sante-les-agriculteurs-ont-ete-sont-et-seront-les-principales-victimes-de-ces-substances-223102">leurs effets sont de mieux en mieux documentés</a>.</p>
<p>Tout devrait pousser à <a href="https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/etude/une-europe-agroecologique-en-2050-une-agriculture">changer ce modèle de production</a>. Comment peut-on se satisfaire de qualifier de « conventionnelle » une agriculture incompatible avec le maintien de la <a href="https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/">santé des humains</a> et des non-humains ?</p>
<p>Les changements nécessaires ne peuvent reposer seulement sur la bonne volonté d’agricultrices et d’agriculteurs empêtrés dans un modèle industriel conçu par et pour l’agro-industrie et inscrit dans un modèle d’exportation régulé par la spéculation ou la recherche du prix le plus faible.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560">Une vraie souveraineté alimentaire pour la France</a>
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<p>Ce sont des <a href="https://www.ipbes.net/node/42052">changements transformateurs</a> dans notre manière d’habiter le monde, de produire et de consommer qui sont nécessaires. Les outils politiques devraient être des leviers capables d’amorcer cette transformation, plutôt que de maintenir « quoi qu’il en coûte » un modèle en bout de course.</p>
<p>Il est urgent que les décideurs, aux échelles européenne, nationale et locale, regardent enfin en face les ravages d’une certaine agriculture chimique dépassée qui détruit la vie, piège les paysans et les paysannes et se moque des consommateurs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223495/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Une étude d’une ampleur inédite a montré le lien entre déclin des oiseaux et agriculture intensive. Une coïncidence, plaide le discours de l’agrochimie. Les chiffres sont pourtant sans équivoques.
Vincent Devictor, Directeur de recherche en écologie, Université de Montpellier
Stanislas Rigal, Postdoctorant en biologie de la conservation, ENS de Lyon
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/222330
2024-02-05T15:15:57Z
2024-02-05T15:15:57Z
Pesticides : vers une meilleure reconnaissance des effets sur la santé des enfants d’agriculteurs
<p>Le 1<sup>er</sup> février dernier, pour répondre à la colère des agriculteurs, Gabriel Attal, le premier ministre, a pris un certain nombre de <a href="https://www.gouvernement.fr/actualite/produire-et-proteger-des-nouvelles-mesures-pour-lagriculture-francaise">mesures</a>, parmi lesquelles la « mise à l’arrêt » du <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest">plan Écophyto</a>. Pour rappel, ce plan avait pour but de réduire progressivement de 50 % l’utilisation des pesticides sur le territoire français, d’ici à 2025.</p>
<h2>Suspension du plan Écophyto, à rebours des engagements de l’État</h2>
<p>Cette annonce s’inscrit à rebours des engagements pris par l’État, des objectifs du plan Écophyto et des attentes de la population. « La réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques (<em>c’est-à-dire les pesticides dans le langage courant, ndlr</em>) constitue une attente citoyenne forte et une nécessité pour préserver notre santé et la biodiversité », peut-on ainsi lire sur la <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest">page dédiée du ministère de l’agriculture</a>.</p>
<p>Les organisations non gouvernementales (ONG) de défense de l’environnement déplorent, de leur côté, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/01/la-suspension-du-plan-ecophyto-un-signal-desastreux-selon-les-ong-de-defense-de-l-environnement_6214293_3244.html">« le signal désastreux »</a> envoyé par la suspension du plan Écophyto?</p>
<p>Nombre d’ONG et d’associations militent, en particulier, pour la reconnaissance des effets sanitaires liés à l’exposition aux <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pesticides-25901">pesticides</a> chez les agriculteurs et au sein de leurs familles.</p>
<p>C’est le cas, par exemple, du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest. Le 4 décembre 2023, à Rennes, l’association organisait une <a href="https://victimepesticide-ouest.ecosolidaire.fr/vers-une-reconnaissance-des-tumeurs-cerebrales-comme-maladie-professionnelle-liee-aux-pesticides/">conférence de presse</a> pour demander la création d’un nouveau <a href="https://www.inrs.fr/publications/bdd/mp.html">tableau des maladies professionnelles</a> spécifique aux tumeurs cérébrales dont le risque serait accru par l’exposition aux pesticides.</p>
<p>Ce tableau s’appuierait notamment sur l’expertise scientifique collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) <a href="https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/">« Pesticides et santé, nouvelles données »</a> rendue en 2021.</p>
<h2>Présomption de lien entre tumeurs au cerveau et exposition aux pesticides</h2>
<p>Par rapport à son précédent rapport sur le sujet qui datait de 2013, l’Inserm a fait passer de « faible » à « moyen » la <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-synthese.pdf#page=72">« présomption d’un lien entre exposition aux pesticides et de tumeurs du système nerveux central »</a> pour les populations agricoles. Cela concerne deux catégories de tumeurs du cerveau en particulier : les <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Tumeurs-du-cerveau/Les-tumeurs-du-cerveau/Types-de-tumeurs">gliomes et les méningiomes</a>.</p>
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<p>En épidémiologie, la « présomption d’un lien » signifie qu’on observe une association entre un facteur particulier – ici, une exposition aux pesticides – et un effet sur la santé – ici, la survenue de tumeurs du cerveau.</p>
<p>Néanmoins, il convient de préciser que la présomption d’un lien ne constitue pas une preuve définitive de causalité. On parle de « présomption de lien moyenne » quand il existe au moins une étude de bonne qualité qui montre une association statistiquement significative.</p>
<p>La demande du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest a pour objectif de faciliter l’obtention d’une réparation financière pour les personnes ayant été exposées, du fait de leur travail, à des pesticides et qui ont développé une pathologie de ce type.</p>
<h2>Un long parcours pour obtenir une reconnaissance et une réparation</h2>
<p>De nombreux rapports publics ou travaux de sciences sociales décrivent les obstacles auxquels doivent faire face les victimes du travail pour obtenir une telle réparation. Nous avons récemment publié un livre intitulé <a href="https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100424380">« L’agriculture empoisonnée, le combat des victimes des pesticides »</a> (aux éditions des Presses de Sciences Po), dans lequel nous analysons en particulier les difficultés que rencontrent les travailleuses et travailleurs agricoles exposés aux pesticides.</p>
<p>Ils ne connaissent pas toujours leurs droits et sont confrontés à des professions médicales souvent mal formées aux enjeux médico-administratifs des maladies professionnelles. De plus, il peut être compliqué pour eux de se revendiquer victimes de produits qu’ils ont volontairement utilisés en tant qu’exploitants et chefs d’entreprises, même sous l’incitation de nombre d’organismes agricoles.</p>
<p>Leurs parcours de reconnaissance est un long combat qui bénéficie du soutien de leurs familles, de journalistes, d’avocats et d’associations environnementales ou de victimes (le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, <a href="https://www.phyto-victimes.fr/">Phyto-victimes</a> notamment).</p>
<p>S’il est difficile d’obtenir une réparation pour des victimes d’expositions toxiques professionnelles, cela est quasiment impossible pour les victimes d’expositions environnementales.</p>
<p>En effet, les maladies environnementales sont souvent multifactorielles, à délai de latence long. Et comme il n’existe pas de système de réparation basé sur la présomption d’origine comme pour les maladies professionnelles, les victimes doivent engager des procédures juridiques civiles où les exigences de preuves de causalité qui leur sont demandées sont insurmontables.</p>
<h2>Une première avancée avec le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides</h2>
<p>Les données scientifiques mettant en cause le rôle des pesticides dans l’apparition de certaines maladies chez l’adulte mais aussi <a href="https://presse.inserm.fr/une-etude-de-linserm-sinteresse-au-lien-entre-le-risque-de-leucemie-pediatrique-et-le-fait-dhabiter-a-proximite-de-vignes/67576/">chez l’enfant</a> sont de plus en plus nombreuses.</p>
<p>Face à ce constat, les autorités ont décidé en 2020 la <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-soc/l15b1597_rapport-fond">création</a> d’un <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/">Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides</a> (FIVP).</p>
<p>La principale innovation de ce fonds est d’ouvrir la possibilité d’une indemnisation facilitée pour les enfants atteints d’une pathologie parce qu’au moins un de leurs parents a été exposé aux pesticides en raison de son activité professionnelle. On parle d’ <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/le-fonds-dindemnisation/">« enfants exposés aux pesticides pendant la période prénatale »</a> parce que l’exposition du père ou de la mère pourrait être associée à un risque accru de maladie de l’enfant.</p>
<p>La présomption d’un lien entre ces expositions et une augmentation de risque existe pour les <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-synthese.pdf#page=72">tumeurs cérébrales</a> et pour les <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-resume.pdf">leucémies</a>. Les experts du Fonds considèrent également que les <a href="https://www.chu-poitiers.fr/specialites/chirurgie-pediatrique/fentes-labiales-palatines-et-labiopalatines/">fentes labio-palatines</a> et les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0160412018302022">hypospadias</a> (les <a href="https://www.chu-nantes.fr/hypospadias">hypospadias</a> sont des anomalies génitales qui touchent les garçons) font partie des maladies pour lesquelles une présomption de lien existe.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/glyphosate-sur-quelles-pathologies-portent-les-soupcons-et-avec-quels-niveaux-de-preuves-217583">Glyphosate : sur quelles pathologies portent les soupçons et avec quels niveaux de preuves ?</a>
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<p>La création du FIVP est une véritable avancée dans l’ouverture des droits pour les victimes d’expositions environnementales. Cependant, comme le montrent les travaux en sciences sociales sur les <a href="https://hal.science/hal-03287005">victimes du travail</a> et plus largement sur les <a href="https://booksandideas.net/IMG/pdf/20100601_warin.pdf">droits sociaux</a>, il ne suffit pas que des droits soient ouverts pour qu’ils soient saisis et activés par leurs bénéficiaires potentiels.</p>
<p>Entre 2021 et 2022, le Fonds n’a ainsi reçu que douze demandes d’indemnisation pour des pathologies pédiatriques d’enfants exposés durant la période prénatale. (Précisément, son rapport d’activité 2021 fait état de <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/wp-content/uploads/2022/10/Rappoct-dactivite-2021-FIVP.pdf#page=4">sept premières demandes</a>. Selon le <a href="https://fonds-indemnisation-pesticides.fr/wp-content/uploads/2023/08/Rapport-activite-FIVP-2022-12261.pdf#page=7">rapport 2022</a>, trois dossiers d’enfants ont été traités dans l’année et cinq nouveaux dossiers sont parvenus en 2022).</p>
<p>Pour les familles, les obstacles pour faire reconnaître la maladie de leur enfant et son origine sont très nombreux. De plus, les pathologies pédiatriques lourdes déclenchent souvent un besoin de comprendre l’origine du mal – « pourquoi moi ? pourquoi mon enfant ? » – Les parents font face à des savoirs épars et loin d’être maîtrisés par l’ensemble des pédiatres.</p>
<p>Surtout, les parents peuvent hésiter à explorer plus avant cette question de la causalité du fait des enjeux de responsabilité morale qu’elle soulève : pour un parent, incriminer sa propre exposition toxique comme cause de la maladie de son enfant peut entraîner un sentiment fort de culpabilité.</p>
<h2>Au CHU d’Amiens, une première consultation pour les familles concernées</h2>
<p>Pour aider les familles concernées par ces enjeux médico-administratifs, scientifiques et moraux, le <a href="https://www.chu-amiens.fr/patients-et-visiteurs/services-et-contacts/medecine/centre-regional-pathologies-professionnelles-environnementales-crppe-amiens/">Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales des Hauts-de-France (CRPPE HDF) du Centre Hospitalo-Universitaire Amiens Picardie</a> a mis en place une consultation dédiée en octobre 2023.</p>
<p>Les <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_mig_f10_crppe.pdf">CRPPE</a> sont des structures hospitalières expertes dans l’évaluation des expositions environnementales et professionnelles et l’établissement de leur imputabilité dans la genèse des maladies. En d’autres termes, les spécialistes tentent d’établir si l’exposition à certaines substances présentes dans l’environnement de vie des patients a pu augmenter le risque de survenue de leur maladie.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/notre-microbiote-intestinal-cible-collaterale-des-pesticides-focus-sur-les-effets-du-chlorpyrifos-215247">Notre microbiote intestinal, cible collatérale des pesticides : focus sur les effets du chlorpyrifos</a>
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<p>La consultation du CRPPE HDF – site d’Amiens repose sur un dispositif de repérage et d’accompagnement des familles dont un enfant est atteint d’une des pathologies susceptibles d’ouvrir droit à une réparation via le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides.</p>
<p>Cela implique une collaboration avec les praticiens spécialisés en chirurgie et oncologie pédiatrique du CHU d’Amiens de manière à identifier les familles concernées. Ces dernières ont accès à une consultation durant laquelle le responsable du CRPPE évalue les expositions professionnelles et environnementales des parents, et émet un avis expert consultatif sur l’imputabilité de celles-ci dans la genèse de la pathologie de leur enfant.</p>
<p>L’accent est mis sur les multiples facteurs à l’origine de la maladie, parmi lesquels l’exposition aux pesticides peut, ou non, avoir joué un rôle. Le cas échéant, le responsable du CRPPE présente les possibilités de réparation et aide la famille à constituer son dossier médico-administratif.</p>
<h2>Affranchir les parents du sentiment de culpabilité</h2>
<p>La consultation est aussi le moyen d’aider les familles à s’affranchir du sentiment de culpabilité qui les habite, en insistant sur la responsabilité collective de notre société dans l’utilisation des pesticides qui a été reconnue par la création du Fonds.</p>
<p>Cette consultation est également l’occasion d’expliquer aux familles les grands principes de la prévention du risque chimique. Le responsable insiste aussi sur le fait que supprimer ou contrôler collectivement le danger – en l’occurrence les pesticides à risque – est, de très loin, bien plus efficace que modifier les équipements de protection ou les comportements individuels.</p>
<p>Première de son genre en France, on peut espérer que cette consultation fera des émules dans d’autres régions grâce au CRPPE, et contribuera, comme d’autres dispositifs (par exemple <a href="https://stopauxcancersdenosenfants.fr/institut-citoyen-de-recherche-et-de-prevention-en-sante-environnementale/">l’Institut citoyen de recherche et de prévention en santé environnementale</a>) à une meilleure reconnaissance des dégâts induits par les pesticides sur la santé des humains et, en particulier, celle des enfants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/colere-des-agriculteurs-ce-qui-etait-coherent-et-cohesif-est-devenu-explosif-222066">Colère des agriculteurs : « Ce qui était cohérent et cohésif est devenu explosif »</a>
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<p>Pour l’heure, ce type de consultation reste centré sur les cas d’expositions périnatales professionnelles, faute de dispositifs d’indemnisation prévus pour d’autres expositions périnatales potentiellement favorisées par l’utilisation de pesticides, par exemple pour des foyers qui vivent à proximité de cultures sur lesquelles ces produits sont épandus.</p>
<p>Les (rares) données épidémiologiques sur les effets de ces expositions sur la santé des enfants, <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-resume.pdf">citées notamment dans le rapport de l’Inserm</a>, incitent à ne pas écarter ces pathologies de la réflexion sur la prise en charge collective des dégâts causés par le recours massif à la chimie de synthèse en agriculture. Il s’agit là d’un enjeu de santé publique et d’équité entre les victimes des pesticides.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222330/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Giovanni Prete a reçu des financements de l'Anses (APR EST) et du Labex Tepsis. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Elodie Haraux, Jean-Noël Jouzel et Sylvain Chamot ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Un enfant peut être atteint d’une pathologie parce qu’un de ses parents a été exposé aux pesticides dans un cadre professionnel. Obtenir une reconnaissance et une réparation est un long parcours.
Giovanni Prete, Maître de conférence en sociologie, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux et Lisis (délégation Inrae), Université Sorbonne Paris Nord
Elodie Haraux, Service de chirurgie de l'enfant, CHU Amiens Picardie Laboratoire Peritox UMI-01, CURS Université Jules Verne Picardie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Jean-Noël Jouzel, Chercheur CNRS, sociologie, science politique, Sciences Po
Sylvain Chamot, MD, PhD student Péritox (UMR_I 01) ; UPJV/INERIS , Université de Picardie Jules Vernes & CHU Amiens Picardie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
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tag:theconversation.com,2011:article/219258
2023-12-08T07:20:16Z
2023-12-08T07:20:16Z
Un nouveau rapport montre comment la lutte contre le changement climatique peut améliorer la santé publique en Afrique
<p>Les pays africains peuvent à la fois lutter contre le changement climatique et améliorer la santé publique en réduisant la pollution atmosphérique. Dans de nombreux cas, ces actions présentent également d'autres <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-017-0012-x">avantages sociétaux, économiques, environnementaux ou sanitaires</a>. </p>
<p>Le défi pour régler toutes ces questions ensemble réside dans le fait que ces domaines relèvent de la responsabilité de différents services gouvernementaux. Les processus internationaux relatifs au changement climatique, à la santé et au développement font souvent l'objet de discussions séparées. Cependant, pour la première fois, cette année, lors de la COP28, une journée entière sera consacrée à la discussion des liens entre le changement climatique et la santé. </p>
<p>En septembre 2023, l'Union africaine, le Programme des Nations unies pour l'environnement, la Coalition pour le climat et l'air pur et l'Institut de Stockholm pour l'environnement ont publié le rapport technique qui sous-tend <a href="https://www.ccacoalition.org/resources/full-report-integrated-assessment-air-pollution-and-climate-change-sustainable-development-africa">l'Évaluation intégrée de la pollution atmosphérique et du changement climatique pour le développement durable en Afrique</a> lors du Sommet africain sur le climat qui s'est tenu à Nairobi, au Kenya. </p>
<p>Le rapport identifie les mesures qui pourraient être prises dans toute l'Afrique à court, moyen et long terme pour faire face au changement climatique tout en améliorant la santé publique. Ces mesures réduisent l'exposition à la pollution atmosphérique toxique et permettent de réaliser d'autres priorités de développement énoncées dans l’<a href="https://au.int/en/agenda2063/overview">Agenda 2063</a> de l'Union africaine : l'Afrique que nous voulons.</p>
<p>Le rapport s'appuie sur <a href="https://www.ccacoalition.org/content/ccac-assessments">des preuves solides</a> selon lesquelles la pollution de l'air est un risque majeur pour la santé ; les causes de la pollution de l'air se recoupent fortement avec celles du changement climatique ; et il existe des <a href="https://www.ccacoalition.org/resources/opportunities-increasing-ambition-nationally-determined-contributions-through-integrated-air-pollution-and-climate-change-planning-practical-guidance-document">politiques et mesures</a> facilement accessibles et qui conviennent à chaque à chaque problème. </p>
<p>Nous avons été coprésidents, membres du comité de pilotage et coordinateurs de l'évaluation intégrée. Nous avons acquis des compétences en matière de changement climatique, de pollution atmosphérique, de santé publique, d'énergie et d'agriculture. Nous avons rejoint plus de 100 auteurs de 17 pays africains et des représentants des ministères chargés du changement climatique dans 35 pays pour produire le rapport. </p>
<p>Au fond, le rapport évalue la manière dont les actions en faveur du climat pourraient être mises en œuvre dans toute l'Afrique, ainsi que les avantages qui en découlent. Il montre que, grâce à 37 actions prioritaires, des centaines de milliers de décès prématurés pourraient être évités chaque année grâce à l'amélioration de la qualité de l'air. La contribution de l'Afrique au changement climatique s'en trouvera également réduite. </p>
<p>Le rapport met en évidence cinq raisons essentielles pour lesquelles ces actions devraient être prioritaires : </p>
<p>1) l'impact négatif de la pollution atmosphérique sur la santé dans toute l'Afrique</p>
<p>2) l'augmentation prévue des émissions en l'absence d'intervention </p>
<p>3) les avantages multiples de leur mise en œuvre</p>
<p>4) réduction des effets sur le climat en Afrique </p>
<p>5) pratiques en matière de mise en œuvre en Afrique</p>
<h2>La pollution de l'air est à l'origine de décès prématurés</h2>
<p>L'absence de mesures visant à réduire les principales sources d'émission prive les Africains de leur santé. L'Afrique est responsable d'environ <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%205-%20Aligning%20Air%20Quality%2C%20Climate%20Change%20And%20Development%20Objectives%20to%20Promote%20Action%20in%20Africa.pdf#page=9">4 %</a> des émissions mondiales de dioxyde de carbone à l'origine du changement climatique. La pollution atmosphérique qui en résulte a un impact important sur la santé publique. </p>
<p>En 2019, la pollution de l'air a <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=18">causé</a> 1,1 million de décès prématurés sur le continent. Les décès sont principalement dûs à la cuisson au bois et au charbon de bois (<a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=20">près de 700 000 décès prématurés</a>) et à la mauvaise qualité de l'air extérieur (<a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=20">près de 400 000 décès prématurés</a>).</p>
<p>La pollution de l'air affecte particulièrement les enfants. Environ 56 % des décès infantiles liés à la pollution atmosphérique surviennent en Afrique (<a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%201-%20Africa%E2%80%99s%20Development%20in%20the%20Context%20of%20Air%20Pollution%20and%20Climate%20Change.pdf#page=21">383 000 décès infantiles</a>). </p>
<p>Les sources de pollution de l'air et les émissions responsables du changement climatique se chevauchent fortement en Afrique. Elles comprennent les combustibles utilisés pour la cuisson, les transports, la production d'électricité et les industries, l'agriculture et la gestion des déchets.</p>
<h2>L'inaction aggravera l'impact du changement climatique</h2>
<p>Sans action, la contribution de l'Afrique au changement climatique pourrait <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%202-%20Africa%E2%80%99s%20Future%20Under%20a%20Current%20Policy%20Trajectory.pdf#page=30">tripler</a> d'ici 2063. Les impacts sur la santé et le changement climatique pourraient <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%202-%20Africa%E2%80%99s%20Future%20Under%20a%20Current%20Policy%20Trajectory.pdf#page=30">s'aggraver</a> car l'impact de la pollution de l'air sur la santé ferait plus que doubler.</p>
<p>Sans intervention, le développement économique projeté, la population et l'urbanisation <a href="https://www.ccacoalition.org/sites/default/files/resources/files/Chapter%202-%20Africa%E2%80%99s%20Future%20Under%20a%20Current%20Policy%20Trajectory.pdf#page=19">augmenteraient</a> considérablement la consommation de carburant et d'électricité et multiplieraient par plus de trois la demande en matière de transport, d'alimentation et de production de déchets.</p>
<h2>Cinq domaines d'intervention pour 37 actions en faveur du climat</h2>
<p>Des centaines de milliers de décès prématurés pourraient être évités chaque année grâce à l'action climatique en Afrique. <a href="https://www.ccacoalition.org/resources/full-report-integrated-assessment-air-pollution-and-climate-change-sustainable-development-africa">Lévaluation</a> a identifié 37 actions spécifiques dans cinq domaines qui pourraient freiner le changement climatique et réduire la pollution de l'air. Ces cinq domaines sont les suivants</p>
<ul>
<li><p>les transports</p></li>
<li><p>le secteur de la construction résidentielle</p></li>
<li><p>l'énergie et l'industrie</p></li>
<li><p>l'agriculture</p></li>
<li><p>les déchets. </p></li>
</ul>
<p>Si les 37 actions étaient mises en œuvre, les émissions de polluants atmosphériques les plus nocifs pour la santé pourraient être réduites de 35 % d'ici à 2030 et de 80 % d'ici à 2063. Cela permettrait de sauver la vie de 180 000 personnes qui auraient pu mourir prématurément chaque année d'ici à 2030, et de 800 000 d'ici à 2063. Les actions les plus efficaces sont les suivantes</p>
<ul>
<li><p>l'utilisation de combustibles et de technologies de cuisson propres, en particulier le passage à l'électricité comme source principale de combustible de cuisson </p></li>
<li><p>le contrôle des émissions des véhicules et l'utilisation accrue de véhicules électriques </p></li>
<li><p>le déploiement de l'électricité renouvelable et les mesures d'efficacité énergétique dans l'industrie et les entreprises</p></li>
<li><p>la transformation des pratiques de gestion dans l'agriculture et la réduction du brûlage à l'air libre des résidus de culture</p></li>
<li><p>meilleures pratiques de gestion des déchets, y compris éviter le brûlage à l'air libre des déchets et réduire la production de déchets.</p></li>
</ul>
<p>Les mêmes 37 actions peuvent réduire la contribution de l'Afrique au changement climatique de 20 % d'ici 2030 et de 60 % d'ici 2063.</p>
<h2>L'action climatique peut atténuer les précipitations et les températures extrêmes</h2>
<p>Les effets du changement climatique que l'Afrique subira sont principalement déterminés par les trajectoires d'émissions futures des autres continents qui émettent la majorité des gaz à effet de serre. Il est donc impératif pour la protection de la santé en Afrique que les autres régions réduisent rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre. </p>
<p>Cependant, les évaluations <a href="https://www.nature.com/articles/s41612-023-00382-7">montrent</a> que la mise en œuvre des 37 actions pourrait atténuer les effets négatifs du changement climatique régional sur les précipitations et les températures. C'est particulièrement le cas dans la région du Sahel. Cela permettrait de réduire considérablement la dégradation des sols et de préserver la production alimentaire.</p>
<h2>Amplifier l'action climatique</h2>
<p>Des mesures sont prises, mais elles doivent être rapidement renforcées. Les évaluations soulignent que toutes les actions recommandées sont actuellement mises en œuvre en Afrique. L'extension à l'ensemble de l'Afrique nécessite un programme continental sur la pureté de l'air, doté de ressources suffisantes. Le rapport recommande qu'un tel programme couvre l'élaboration et l'application de réglementations nationales, de normes régionales et d'un suivi transparent des progrès accomplis. </p>
<p>La Conférence ministérielle africaine sur l'environnement a <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/41324/AMCEN_English.pdf?sequence=1&isAllowed=y#page=7">insisté</a> pour que le <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/41324/AMCEN_English.pdf?sequence=1&isAllowed=y#page=13">programme air pur</a> soit coordonné par des initiatives nationales fortes, décliné aux communautés économiques régionales et à des niveaux de politiques publiques plus élevés.</p>
<p>La COP28 peut être utilisée pour accélérer les recommandations du rapport pour le développement durable en Afrique. Un engagement supplémentaire pour la mise en œuvre et le suivi de ces mesures, ainsi que de nouveaux financements et investissements pour atteindre une une plus grande échelle, permettraient de s'assurer que les actions de lutte contre le changement climatique profitent aux populations de tout le continent. </p>
<p>Brian Mantlana, responsable du changement climatique au Conseil pour la recherche scientifique et industrielle en Afrique du Sud, et Caroline Tagwireyi, consultante, Ampelos International Consultancy, Harare, Zimbabwe, ont contribué à cet article.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219258/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chris Malley reçoit des fonds de la Coalition pour le climat et l'air pur, créée par le Programme des Nations unies pour l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alice Akinyi Kaudia bénéficie d'un financement de la Coalition pour le climat et l'air pur du Programme des Nations unies pour l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Andriannah Mbandi bénéficie d'un financement de la Coalition pour le climat et l'air pur, créée par le Programme des Nations unies pour l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kevin Hicks reçoit un financement du Programme des Nations unies pour l'environnement, à travers la Coalition pour le climat et l'air pur.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philip Osano reçoit un financement du Programme des Nations unies pour l'environnement , à travers la Coalition pour le climat et l'air pur</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Youba Sokona reçoit un financement du Programme des Nations unies pour l'environnement, à travers la Coalition pour le climat et l'air pur</span></em></p>
L'Afrique peut limiter l'impact du climat sur la santé en prenant 37 mesures approuvées par les ministres de l'environnement.
Chris Malley, Research Fellow, Stockholm Environment Institute York Centre, University of York
Alice Akinyi Kaudia, Associate Lecturer, University of Nairobi
Andriannah Mbandi, Lecturer, South Eastern Kenya University
Kevin Hicks, Senior Research Fellow, University of York
Philip Osano, Research Fellow, Stockholm Environment Institute
Youba Sokona, Vice-président du GIEC et professeur honoraire, UCL
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/216569
2023-11-20T17:09:50Z
2023-11-20T17:09:50Z
La pollution de l’air intérieur, un danger négligé ? Voici comment améliorer la qualité de l’air chez soi
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/558764/original/file-20231110-21-l7bqjx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=31%2C31%2C2964%2C1935&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si aérer son domicile le matin est une pratique bien ancrée, la seconde aération quotidienne l’est beaucoup moins.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/fenetre-a-guillotine-blanche-ouverte-g5CUmZHUp48">Alistair MacRobert / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Au cours de la pandémie de Covid-19, l’aération de nos espaces intérieurs a conquis le statut de <a href="https://twitter.com/Sante_Gouv/status/1443108286933307392">geste barrière</a> et des appareils comme les détecteurs de CO<sub>2</sub> et les purificateurs d’air ont fait une <a href="https://theconversation.com/Covid-comment-se-proteger-simplement-de-la-transmission-aerienne-du-virus-167222">entrée polémique</a> dans les salles de classe.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, la <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/DP-AIR-ET-SANTE.pdf">recherche scientifique</a> a avancé sur le sujet de la qualité de l’air intérieur en cernant mieux les <a href="https://theconversation.com/comment-respirer-un-air-sain-a-linterieur-160402">différentes sources de pollution</a>. Elles se cumulent à celles de la pollution atmosphérique et se concentrent à l’intérieur des bâtiments, dans lesquels nous passons 80 % de notre temps.</p>
<p>Mais la qualité de l’air intérieur reste aujourd’hui un sujet d’experts, qui ne fait pas encore l’objet <a href="https://theconversation.com/etude-la-pollution-de-lair-interieur-un-probleme-meconnu-par-un-francais-sur-deux-118279">d’une appropriation citoyenne</a>. Pourtant, chacun dispose chez lui de marges de manœuvre pour respirer un sain plus sain.</p>
<h2>Une recherche pour mobiliser le public</h2>
<p>Une <a href="https://www.leroymerlinsource.fr/sante-bien-etre/ethnographie-de-la-qualite-de-lair-interieur/">recherche</a> à laquelle j’ai participé, soutenue par l’Ademe et <a href="https://www.leroymerlinsource.fr/qui-sommes-nous/">Leroy Merlin Source</a>, a souhaité approcher la qualité de l’air intérieur des logements du point de vue des habitants, pour comprendre comment mobiliser le grand public sur ce sujet. Associant une équipe de sociologues (<a href="https://gbrisepierre.fr/">cabinet GBS</a>) et d’expertes techniques (<a href="https://www.medieco.fr/">Médiéco</a>), cette recherche a adopté une approche inédite mêlant ethnographie et accompagnement des habitants.</p>
<p>Douze familles ont ainsi participé en ouvrant la porte de leur domicile aux chercheurs pour une demi-journée, partagée entre un temps d’observation (entretien, visite commentée) et une séquence de conseils personnalisée, ludique et engageante.</p>
<p>Durant les trois mois suivants, ces familles ont expérimenté la mise en place des conseils d’amélioration de la qualité de l’air, encouragées par leur participation à un groupe WhatsApp animé par les expertes.</p>
<p>Un entretien final a permis <a href="https://www.leroymerlinsource.fr/sante-bien-etre/qualite-de-lair-interieur-accompagner-les-habitants/?idU=1">d’évaluer la démarche et les changements</a> mis en œuvre grâce à cet accompagnement.</p>
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<h2>Déni autour de la pollution intérieure</h2>
<p>Nous avons qualifié de <em>déni ordinaire</em> le rapport que les Français entretiennent à la qualité de l’air intérieur de leur logement. Elle ne fait pas partie de leurs préoccupations, contrairement aux économies d’énergie par exemple.</p>
<p>Les habitants se focalisent sur la pollution atmosphérique qui bénéficie d’une forte exposition médiatique depuis plusieurs années maintenant.</p>
<p>Surtout, reconnaître que l’air chez soi est plus pollué que l’air du dehors revient à mettre en danger l’une des principales fonctions anthropologiques du chez soi – la protection : s’il est contaminé, il ne peut plus être un « <em>cocon</em> ».</p>
<p>La perception de la qualité de l’air intérieur au quotidien passe par des signes sensibles rarement cohérents avec la détection des polluants. « L’odeur de propre », par exemple, est en fait celle de polluants chimiques dans l’air.</p>
<h2>L’aération, une pratique bien ancrée</h2>
<p>Du côté des pratiques, la situation paraît plus encourageante au premier abord car le rituel d’aération matinale est une routine bien intégrée, même en hiver.</p>
<p>En revanche, la seconde aération quotidienne recommandée est beaucoup plus aléatoire, elle entre en tension avec la préoccupation pour le confort et les économies d’énergie.</p>
<p>Le constat le plus frappant de l’étude est la distance que les ménages entretiennent avec leur système de ventilation. Ils n’ont souvent même pas les mots pour le décrire et n’en comprennent pas le fonctionnement : plusieurs habitants ont ainsi découvert l’existence d’entrées d’air dans leurs fenêtres.</p>
<p>Il n’est pas étonnant alors que son entretien – par le dépoussiérage – soit irrégulier voire inexistant, et que les habitants mettent en œuvre des pratiques contre-productives – comme l’obstruction des bouches – quand ils sont gênés par le bruit ou le froid.</p>
<h2>Changer ses habitudes de consommation</h2>
<p>L’accompagnement proposé a permis d’élargir le champ de vision et d’action des ménages sur la qualité de l’air de leur logement.</p>
<p>En plus de la discipline d’aération et le maintien d’une ventilation en bon fonctionnement, l’amélioration de l’air chez soi implique une révolution des <a href="https://theconversation.com/notre-air-interieur-est-pollue-mais-de-nouveaux-materiaux-pourraient-apporter-des-solutions-161016">habitudes de consommation</a> courante, afin de réduire à la base les émissions de polluants : choisir des produits ménagers et cosmétiques sains, se détacher des parfums d’ambiance (bougies, diffuseur…), bannir le tabac en intérieur, limiter l’utilisation de la cheminée, adapter ses choix d’aménagements (éviter les tapis, privilégier les meubles en bois brut)…</p>
<p>Si une partie des habitants avaient déjà entamé ces changements, de fortes marges de progression existent afin d’adopter ces réflexes préventifs. Même les plus renseignés jugent ainsi la javel comme un produit inoffensif, ce qui est loin d’être le cas.</p>
<h2>Gare aux solutions technologiques</h2>
<p>Au-delà de ces habitudes quotidiennes, que faire pour améliorer durablement la qualité de l’air de son logement ? En premier lieu, ne pas tomber dans le piège des baguettes magiques technologiques que représentent les purificateurs d’air et les capteurs.</p>
<p>La pression marketing suscite la tentation d’achat de purificateur, alors que leurs <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2012SA0236Ra.pdf">effets assainissants</a> en situation réelle sont limités, et dans certains cas, <a href="https://www.quechoisir.org/actualite-purificateurs-d-air-des-resultats-mitiges-n79363/">controversés</a>.</p>
<p>Quant aux capteurs de qualité de l’air, leur possession n’est pas suffisante pour enclencher une posture réflexive chez la plupart des ménages.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Plantes dépolluantes, purificateurs… le marketing nous pousse parfois à adopter de fausses solutions en matière d’amélioration de l’air intérieur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/feuilles-blanches-et-vertes-pendant-la-journee-dxXIImOQwF4">Diana Polekhina/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>Tout comme le <a href="https://gbrisepierre.fr/wp-content/uploads/2019/11/GBS-Blog-articles-20.pdf">suivi des consommations d’énergie</a>, ces outils de mesure ont un effet dans le cadre de dispositifs d’accompagnement. Or ceux-ci n’existent que de manière très marginale sur la qualité de l’air ou s’adressent à des populations spécifiques (malades, précaires énergétiques).</p>
<h2>Des rénovations nécessaires</h2>
<p>Les stratégies d’amélioration de la qualité de l’air les plus efficaces s’inscrivent en réalité dans le cadre de travaux. Elles paraissent néanmoins encore bien laborieuses aux habitants et leurs résultats assez incertains.</p>
<p>Utiliser une peinture non toxique (« naturelle », bio, écolabellisée…), par exemple, est une aspiration de plus en plus courante : mais la choisir reste difficile et son coût plus élevé aboutit à une utilisation partielle – souvent les chambres.</p>
<p>L’amélioration de la ventilation devrait être intégrée à toute rénovation, mais elle est trop souvent repoussée. En maison, son installation est hasardeuse : de nombreux dysfonctionnements sont constatés, y compris quand elle est <a href="https://www.cerema.fr/fr/actualites/ventilation-enjeu-cle-batiments-performants-protocole">réalisée par un professionnel</a>.</p>
<p>En immeuble, les efforts requièrent des décisions collectives trop difficiles à obtenir, par exemple lors de l’assemblée générale de copropriété.</p>
<h2>Accompagner la prise de conscience</h2>
<p>La démarche d’accompagnement expérimenté fait la preuve que des changements sont possibles du côté des habitants, à condition de dépasser une approche normative des comportements (comme les guides de bonnes pratiques) et de s’adapter à leur situation et à leurs préoccupations (propreté, cohabitation, copropriété, travaux…).</p>
<p>Chez les plus novices, l’accompagnement a produit une prise de conscience, « un choc » conduisant à l’abandon immédiat de nombreux produits nocifs. Chez les mieux renseignés, il a renforcé les dynamiques d’amélioration déjà à l’œuvre, et les a légitimés dans une position de porte-parole au sein de leur foyer, auprès de leur entourage voire au travail, conduisant à une diffusion des conseils.</p>
<p>Gageons que cette expérience, dont les outils sont librement accessibles, inspirera de nouvelles démarches portées par des professionnels au contact des habitants, qui n’identifient pour le moment aucun interlocuteur légitime sur le sujet.</p>
<h2>Outiller les professionnels</h2>
<p>La lutte pour un air plus sain dans les logements ne peut toutefois pas reposer exclusivement sur les habitants.</p>
<p>L’<a href="https://www.leroymerlinsource.fr/sante-bien-etre/qualite-de-lair-interieur-des-logements-francais/">état de l’art</a> dressé au démarrage du projet a révélé qu’elle requiert une approche globale associant des politiques publiques plus ambitieuses, une offre de produits sains mieux développée et davantage de prescriptions par les professionnels.</p>
<p>Il serait utile de mettre en situation de conseil les professionnels présents tout au long du parcours des ménages : artisans, agents immobiliers, conseillers France Renov’, magasins de bricolage, travailleurs sociaux, sages-femmes…</p>
<p>Des projets travaillent déjà sur la posture des professionnels et tentent de mieux les outiller (<a href="https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/5649-ecrains-engagement-a-construire-pour-un-air-interieur-sain.html">ECRAINS</a>, <a href="https://www.renovation-doremi.com/fr/blog/justair-qualite-d-air-interieur/">Just’Air</a>, <a href="https://unice-my.sharepoint.com/personal/vincent_meyer_unice_fr/_layouts/15/stream.aspx?id=%2Fpersonal%2Fvincent%5Fmeyer%5Funice%5Ffr%2FDocuments%2FFLARE%20V3%20DEF%2Emp4&ga=1&referrer=StreamWebApp%2EWeb&referrerScenario=AddressBarCopied%2Eview">FLARE</a>).</p>
<p>Ces changements deviennent urgents à l’heure de l’intensification de la politique de rénovation énergétique des logements, si l’on ne veut pas transformer un progrès dans la lutte contre le réchauffement climatique en scandale sanitaire de l’air intérieur.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216569/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gaëtan Brisepierre a reçu des financements pour cette étude de l’Ademe et de Leroy Merlin Source.</span></em></p>
Trop souvent négligée, la pollution de l’air intérieur est pourtant un enjeu majeur. Certaines pratiques, travaux et changements d’habitude peuvent être nécessaires pour l’améliorer.
Gaëtan Brisepierre, Sociologue indépendant, École des Ponts ParisTech (ENPC)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/212137
2023-08-24T16:51:04Z
2023-08-24T16:51:04Z
Pourquoi les fumées sont le véritable danger des incendies
<p>Les incendies ont malheureusement occupé le devant de la scène médiatique ces derniers mois, qu’il s’agisse des <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/17/megafeux-au-canada-13-7-millions-d-hectares-de-foret-brules-deux-fois-plus-que-l-annee-record-de-1989_6185725_4355770.html">mégafeux qui ont ravagé les forêts canadiennes</a> ou la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/08/29/la-grece-affronte-le-plus-grand-incendie-jamais-enregistre-dans-l-union-europeenne_6186949_3244.html">Grèce</a>, du brasier qui a détruit en août l<a href="https://www.lepoint.fr/monde/incendies-a-hawai-le-bilan-humain-revu-a-la-baisse-97-morts-16-09-2023-2535628_24.php">a ville de Lahaina sur l’île de Maui, à Hawaï</a>, des incendies d’habitation qui se sont déclarés à <a href="https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie-meurtrier-a-wintzenheim/incendie-de-wintzenheim-l-enquete-administrative-demontre-qu-il-y-a-un-dysfonctionnement-general-declare-aurore-berge_6077253.html">Wintzenheim</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/18/incendie-mortel-a-grasse-le-suspect-place-en-detention-provisoire_6185859_3224.html">Grasse</a>, <a href="https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/incendie-meurtrier-a-lile-saint-denis-la-piste-criminelle-privilegiee-05-09-2023-7Q6ESMVTNZHHNL5ILSAJLCYYKE.php">l’Ile-Saint-Denis</a>, ou, encore plus récemment, de l’incendie d’immeubles désaffectés à <a href="https://www.francetvinfo.fr/france/normandie/seine-maritime/rouen/rouen-deux-immeubles-desaffectes-s-effondrent-apres-un-important-incendie_6094806.html">Rouen</a> ou d’une <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/01/en-espagne-un-incendie-dans-une-discotheque-a-murcie-fait-au-moins-sept-morts_6191879_3210.html">discothèque à Murcie, en Espagne</a>…</p>
<p>Dans la plupart des cas, ces incendies ont fait des victimes, parfois en grand nombre. Toujours impressionnantes, les images de ces catastrophes montrent des paysages ou des bâtiments ravagée par d’immenses flammes. Mais contrairement aux idées reçues, la plupart des décès qui surviennent lors d’incendies ne sont pas dus à un contact direct avec le feu : ce sont en effet généralement plutôt les fumées qu’il dégage qui sont les premières tueuses. </p>
<p>Létales à court et moyen termes, elles peuvent aussi l’être à plus longue échéance. Voici pourquoi.</p>
<h2>À quels dangers les incendies nous exposent-ils ?</h2>
<p>Les décès survenant au cours d’un incendie ont trois origines principales : thermique, traumatique (chute, défenestration volontaire, effondrement des structures brûlées, explosion des réseaux de gaz…) et chimique.</p>
<p>Dans l’imaginaire collectif, la peur du feu repose surtout sur les effets visibles et terrifiants du facteur thermique. La chaleur peut en effet tuer en quelques minutes, en détruisant les poumons. Elle engendre par ailleurs chez les survivants de terribles brûlures sur la surface corporelle, synonymes d’une <a href="https://www.slate.fr/story/229979/petite-fille-brulee-napalm-kim-phuc-traitement-peau-nick-ut-photographie-guerre-vietnam">vie de douleurs</a>, et de séquelles fonctionnelles et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0294126011001270">esthétiques</a>.</p>
<p>Pourtant, de façon assez contre-intuitive, lorsqu’un feu se propage, la cause de la grande majorité des décès est chimique. Ainsi, dans les feux d’habitation, seul un tiers des victimes décède des effets thermiques du feu, la majorité d’entre elles <a href="https://www.researchgate.net/publication/303837877_Chapter_2Fire_Types_and_Combustion_Products">(approximativement 60 à 66 %)</a> mourant plutôt de l’intoxication aux fumées. D’ailleurs, souvent, le corps de bon nombre des défunts ne présente aucune trace de brûlure.</p>
<p>Cette dangerosité des fumées s’explique non seulement par le risque d’asphyxie qu’elles font courir, mais aussi par la toxicité des composées qu’elles contiennent. Ladite toxicité peut s’exprimer immédiatement (en quelques minutes ou quelques heures) ou de façon retardée (en quelques jours, mois, voire années). Afin de comprendre les raisons de cette situation, il faut commencer par brièvement rappeler ce qu’est un feu.</p>
<h2>Le feu, une réaction chimique</h2>
<p>Un feu n’est rien d’autre qu’un ensemble de réactions chimiques, et plus précisément de réactions d’oxydation de divers combustibles. Ces réactions sont exothermiques, autrement dit elles dégagent de la chaleur.</p>
<p>Pour qu’un feu se développe, trois éléments doivent se conjuguer (on parle de <a href="https://theconversation.com/notre-dame-de-paris-comment-se-met-en-place-le-terrible-triangle-du-feu-115666">« triangle du feu »</a>) : un combustible (ce qui va brûler), un comburant (un corps qui, en se combinant au combustible, va entraîner sa combustion) et un élément qui constitue la source d’inflammation, en apportant l’énergie d’activation déclenchant la combustion.</p>
<p>Les combustibles qui alimentent un incendie sont très variés (bois, herbe, laine, polyacrylamide, polyuréthane…). Le comburant est en général le dioxygène (O<sub>2</sub>). L’énergie d’activation peut être apportée par un mégot incandescent, un court-circuit électrique, la foudre…</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Un feu débute lorsque la source d’inflammation provoque une augmentation importante de la température du combustible. Sous l’effet de la chaleur, une <a href="https://www.dailymotion.com/video/x2j22qw">pyrolyse</a> se produit : la surface du combustible subit une décomposition chimique qui émet des gaz inflammables, mais ne génère pas de flamme. Ce sont ces gaz qui s’enflamment sous l’effet de la montée en température, et non le combustible lui-même, comme on pourrait le penser.</p>
<p>Enflammés, ces gaz fournissent l’énergie d’activation (chaleur) au combustible intact, initiant alors un cercle vicieux.</p>
<p>Le feu ne s’arrête que lorsqu’au moins un des éléments du triangle est suffisamment réduit. Cela peut se produire « naturellement », quand il ne reste plus aucun combustible disponible (lorsque l’allumette est consumée entièrement, par exemple), soit suite à une intervention, qu’il s’agisse d’un <a href="https://infopompiers.com/Lexiquepompiers/procedes-extinction-feu/">inertage</a> (abaissement du niveau d’O<sub>2</sub> dans l’air par ajout d’azote) ou d’un apport d’eau (ce qui entraîne un refroidissement et donc une baisse de l’énergie d’activation).</p>
<h2>La menace de l’asphyxie</h2>
<p>Les décès par asphyxie sont majoritaires lors d’un incendie. En effet, non seulement le feu peut induire une baisse brutale de la concentration en O<sub>2</sub> de l’air (hypoxie ambiante), mais de plus, des gaz asphyxiants (CO<sub>2</sub>, CO, HCN) sont libérés rapidement en grandes quantités.</p>
<p>Si l’hypoxie ambiante créée par les feux en espaces clos n’est pas létale en soi, l’abaissement de 21 à 17 % de la concentration d’O<sub>2</sub> dans l’air perturbe la coordination motrice. En dessous de 10 %, les individus perdent rapidement conscience, et la fuite est impossible.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544569/original/file-20230824-23-6ssyir.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Modifications rapides de la composition de l’air et de sa température dans une pièce ouverte (apport continu d’O₂) subissant un feu de 100 kg de bois. Dès la 3ᵉ minute, l’hypoxie ambiante, le taux de CO et de CO₂ et la température de l’air sont à des niveaux létaux. On note l’absence de HCN, le bois contenant très peu d’azote.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot -- Inspiré des travaux de David Purser</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le risque d’asphyxie dépend surtout de la nocivité des fumées qui émanent de l’incendie. Divers gaz asphyxiants peuvent être produits, selon la composition des combustibles consumés. Et c’est bien là le problème, car chaque incendie est unique et il est impossible de déterminer a priori la toxicité des gaz émis.</p>
<p>Le carbone est par exemple un élément très présent dans la grande majorité des combustibles (il représente 50 à 90 % en masse). Sa combustion produira de grandes quantités d’oxydes de carbone (le très toxique monoxyde de carbone CO, et le dioxyde de carbone CO<sub>2</sub>). Toutes les fumées en contiennent, mais dans un feu couvant (mal ventilé) le rendement en C0 peut être 50 fois supérieur à celui d’un feu vif flamboyant.</p>
<p>L’azote, en revanche, est très inégalement réparti dans les matériaux : selon leur nature, ils peuvent en contenir de 0,1 % en masse pour le bois à 26 % pour le <a href="https://www.inrs.fr/publications/bdd/plastiques/polymere.html?refINRS=PLASTIQUES_polymere_2&section=risques">polyacrylonitrile</a>, un polymère utilisé pour fabriquer des fibres textiles acryliques. Or, la combustion de ce composé synthétique peut <a href="https://www.researchgate.net/publication/291361721_Chapter_10_Hydrogen_Cyanide-Physiological_Effects_of_Acute_Exposure_during_Fires">émettre en quantité de l’acide cyanhydrique</a> (HCN), un gaz particulièrement toxique et très inflammable.</p>
<h2>CO et HCN, les jumeaux toxiques</h2>
<p>Lors d’un incendie, de grandes quantités de CO<sub>2</sub> sont émises. Si ce gaz est <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0300483X96034920?via%3Dihub">faiblement toxique lorsque ses concentrations dans l’air sont inférieures à 10 %</a>, une l’inhalation de CO<sub>2</sub> à une concentration supérieure à 10 % provoque une hyperventilation qui peut <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9016738/">multiplier par 8 à 10 la ventilation minute</a> (la ventilation minute est le volume d’air inspiré à chaque cycle respiratoire multiplié par la fréquence des cycles par minute).</p>
<p>Cette hyperventilation facilite grandement l’intoxication, lors de la phase initiale d’exposition aux fumées, par des gaz plus asphyxiants tels que le monoxyde de carbone CO et l’acide cyanhydrique HCN. Ces deux gaz sont les premiers responsables de la toxicité immédiate des fumées.</p>
<p>Fortement concentré dans les fumées des feux peu ventilés, le CO a une affinité pour l’hémoglobine (Hb) de 200 à 250 fois supérieure à celle du dioxygène. C’est le principal facteur de la <a href="https://www.inrs.fr/dms/ficheTox/FicheFicheTox/FICHETOX_47-2/FicheToxS">toxicité</a> du CO : la carboxyhémoglobine (HbCO) qui se forme lors de son inhalation remplace l’oxyhémoglobine (HbO<sub>2</sub>), mais elle est inutilisable pour la respiration cellulaire. En d’autres termes, plus le CO est inhalé, moins le dioxygène est capté dans les poumons, transporté par le sang et libéré dans les tissus.</p>
<p>Un taux d’HbCO de 30 % est incapacitant pour un individu actif. Or, la moyenne des taux de HbCO des personnes décédées (non-brûlés) dans des incendies d’habitation est de <a href="https://www.researchgate.net/publication/308942174_Effects_of_pre-fire_age_and_health_status_on_vulnerability_to_incapacitation_and_death_from_exposure_to_carbon_monoxide_and_smoke_irritants_in_Rosepark_fire_incident_victims">l’ordre de 61-63 %</a>, et l’on considère qu’un taux de HbCO post-mortem supérieur à 70 % signe de fait un décès induit directement par ce gaz.</p>
<p>Le traitement de l’intoxication au CO est simple : le retrait immédiat de l’environnement vicié, puis l’oxygénothérapie (apport d’oxygène, sous pression normale ou en caisson hyperbare). Malheureusement, même traitées, peu de personnes comateuses survivent à une HbCO dépassant les 45 %.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544570/original/file-20230824-27-p71juz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Composés toxiques des 3 principaux types d’incendie. Les feux d’habitation consumant de nombreux matériaux synthétiques émettent beaucoup d’HCN, à l’inverse des feux de biomasse. Ces derniers émettent plus de vapeur d’eau (fumées blanches). Les feux de l’interface habitat-forêt (péri-urbain) produisent des fumées mixtes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Pour sa part, le HCN se retrouve dans l’air lors de la phase précoce de feux consumant les matériaux synthétiques azotés comme le nylon, les mousses en polyuréthane du mobilier, le polyisocyanurate des isolants de façade, les plastiques de notre électroménager, etc. Sa concentration est généralement moindre que celle du CO, mais sa <a href="https://www.inrs.fr/dms/ficheTox/FicheFicheTox/FICHETOX_4-1/FicheTox_4.pdf">toxicité</a> est 35 fois plus importante. Elle s’exprime via la formation de l’ion cyanure (CN-) dans le sang, qui bloque la respiration cellulaire.</p>
<p>En outre, <a href="https://www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/DMT/TI-TF-197/tf197.pdf">l’intoxication au HCN est rapide</a>. Par voie respiratoire elle est presque instantanée, tout comme ses effets délétères. Une concentration dans l’air de 270 ppm <a href="https://www.rincent-air.fr/convertisseur">(295 mg/m³</a>) est létale en moins de trois minutes. Le <a href="https://www.em-consulte.com/article/1369972/intoxication-par-les-fumees-d-incendie">traitement</a> impose le retrait immédiat de la zone viciée, une oxygénothérapie, et l’administration précoce de 5 g (dose adulte) d’hydroxocobalamine.</p>
<p>De plus, la toxicité du HCN et celle du CO se potentialisent. En effet, l’intoxication au HCN s’accompagne d’une <a href="https://books.rsc.org/books/edited-volume/1936/chapter-abstract/2565313/Hydrogen-Cyanide-Physiological-Effects-of-Acute?redirectedFrom=fulltext">hyperventilation (paroxystique en 3 à 5 min)</a> qui favorise l’absorption du CO. La profondeur du manque de dioxygène (anoxie, surtout cérébrale), et donc la rapidité du décès, dépend donc principalement de la concentration dans l’air de ces « jumeaux toxiques » et du niveau d’hypoxie ambiant.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout : de nombreux autres gaz produits pendant les incendies sont particulièrement irritants pour les yeux, le nez, la gorge, et les régions pulmonaires profondes.</p>
<h2>Un cocktail concentré de substances irritantes</h2>
<p>Ammoniac, chlore, phosgène, dioxyde de soufre, oxydes d’azote, pentoxyde de phosphore, chlorure d’hydrogène, bromure d’hydrogène, fluorure d’hydrogène, acroléine, formaldéhyde, acroléine, formaldéhyde… La combustion de la biomasse et des matériaux synthétiques engendre des <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/458052/HPA-CHaPD-004_for_website.pdf">gaz irritants par centaines</a>.</p>
<p>Au début d’un incendie, le relargage de ces gaz ne met généralement pas directement en péril la vie humaine, car les concentrations sont trop basses. Mais ces composés sont rapidement incapacitants. Ainsi, l’acroléine (C<sub>3</sub>H<sub>4</sub>O) serait le plus puissant des irritants pour les humains. Il est quasi <a href="https://publications.gc.ca/Collection/En40-215-48F.pdf">impossible d’en tolérer une concentration atmosphérique supérieure à 2 ppm (soit 5 mg/m³) pendant plus de 2 min</a> (la concentration létale serait de 8-9 ppm (soit 20 mg/m<sup>3</sup>)).</p>
<p>En limitant la possibilité de fuir, les gaz irritants exposent d’autant plus aux brûlures et à l’asphyxie. Par ailleurs, certains d’entre eux expriment une toxicité retardée en provoquant un œdème pulmonaire fatal plusieurs heures (voire plusieurs dizaines d’heures) après l’exposition.</p>
<p>Soulignons que la combustion de matériaux contenant des <a href="https://www.ensad.fr/sites/default/files/retardateurs-flamme.pdf">retardateurs de flammes</a> (des composés ajoutés aux mousses et aux plastiques des mobiliers ou des ordinateurs pour abaisser leur inflammabilité – <a href="w">avec une efficacité discutable selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail</a>) produit des gaz irritants nocifs, qui contiennent des halogénés (chlore, brome, fluor). Lors de leur combustion, de l’acide chlorhydrique gazeux peut notamment être produit, et se solubiliser dans les fluides des muqueuses des voies respiratoires, y provoquant des brûlures chimiques qui altèrent la ventilation.</p>
<h2>Molécules complexes et particules fines : des dangers à plus long terme</h2>
<p>Les incendies produisent aussi nombre de molécules toxiques parmi lesquelles des <a href="https://expertises.ademe.fr/professionnels/entreprises/reduire-impacts/reduire-emissions-polluants/dossier/composes-organiques-volatils-cov/definition-sources-demission-impacts">composés organiques volatils</a> dont certains sont cancérigènes (benzène, styrène, phénol, <a href="https://www.cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/hydrocarbures-aromatiques-polycycliques-hap/">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> – HAP, etc.).</p>
<p>Les suies issues de la combustion incomplète de la biomasse sont aussi particulièrement problématiques. Du point de vue physique, elles provoquent un véritable « empoussiérage » des voies pulmonaires, en tapissant l’arbre respiratoire, ce qui rend la respiration difficile. Étant chaudes, elles provoquent des brûlures locales de la muqueuse bronchique, et sont donc source d’inflammation.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544571/original/file-20230824-2099-ci8vki.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mécanismes de la toxicité respiratoire et cardiovasculaire due à l’exposition répétée à des suies. Cette toxicité concerne notamment pompiers, ramoneurs, ou membre de communautés n’utilisant que le bois pour se chauffer et cuisiner.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurent Grélot</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Par ailleurs, ces suies contiennent des particules fines de différentes tailles (<a href="https://theconversation.com/our-toxic-legacy-bushfires-release-decades-of-pollutants-absorbed-by-forests-145542">PM10</a>, <a href="https://theconversation.com/wildfire-smoke-can-harm-human-health-even-when-the-fire-is-burning-hundreds-of-miles-away-a-toxicologist-explains-why-206057">PM2.5</a>, PM1) et des nanoparticules de carbone sur lesquelles se fixent les substances hautement nocives produites par l’incendie (HAP, quinones, métaux lourds ou de transition…). Ce cocktail aussi varié que toxique est transporté jusqu’aux alvéoles pulmonaires, où il passe ensuite dans le sang.</p>
<p>La toxicité des suies réside également dans les effets retardés des produits de combustion qu’elles contiennent. Ceux-ci entraînent une inflammation chronique qui peut se traduire par des atteintes à moyen et long termes des fonctions respiratoires, cardiovasculaire, immunitaire ou neurologique. Certains sont par ailleurs cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.</p>
<p>L’inhalation, l’ingestion et/ou la contamination cutanée par ces composés expliquent pourquoi la <a href="https://firefightercancersupport.org/wp-content/uploads/2017/11/firefighter-cancer-fact-check.pdf">prévalence de certains cancers est plus bien plus élevée chez les pompiers</a> que dans les populations qu’ils servent (plus du double pour le cancer du testicule, notamment).</p>
<h2>Des mesures de prévention à connaître</h2>
<p>En France, <a href="https://mobile.interieur.gouv.fr/content/download/133115/1055532/file/StatsSDIS22BD.pdf">254 200 incendies se sont produits en 2022. Ils ont ôté la vie à 277 personnes</a>. La majorité d’entre eux sont survenus dans des habitations, les plus mortels étant les incendies nocturnes, car les fumées intoxiquent les dormeurs dans leur sommeil.</p>
<p>Pour limiter le risque d’incendie, il existe une <a href="https://www.saone-et-loire.gouv.fr/prevention-des-incendies-domestiques-a7662.html">myriade de mesures préventives</a>… </p>
<p>Et si malgré tout un incendie survient, <a href="https://www.ffmi.asso.fr/les-conduites-a-tenir-en-cas-dincendie/">certaines actions</a> peuvent <a href="http://www.sdis30.fr/Conseils/Pages/Conduite-%C3%A0-tenir-face-%C3%A0-un-incendie.aspx">accroître les chances d’y survivre</a>. La première d’entre elles consiste à ne pas chercher à fuir en s’aventurant dans des zones fortement enfumées…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212137/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Grélot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les fumées d’incendie sont composées de gaz toxiques asphyxiants et irritants, de vapeur d’eau et de suies. Elles sont souvent plus à craindre que les flammes elles-mêmes.
Laurent Grélot, Professeur de Physiologie du travail et de l'exercice /// Ex- CR2C "Spécialiste physiologie du sport " au Commissariat des Armées - HIA Laveran, Aix-Marseille Université (AMU)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/209238
2023-08-07T20:09:45Z
2023-08-07T20:09:45Z
Pollen d’ambroisie : 10 millions de Français allergiques en 2050 ?
<p>Rhinites, conjonctivites, voire crises d’asthme… Le pollen de l’ambroisie à feuilles d’armoise – <a href="https://www.anses.fr/fr/content/le-point-sur-les-pollens-d%E2%80%99ambroisie">dont le pic de libération se situe généralement à la mi-août</a> - est hautement allergisant, et provoque des symptômes souvent aigus. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), à l’heure actuelle <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2018SA0088Ra.pdf">3 % de la population française y est sensibilisée</a>.</p>
<p>Mais ce sont surtout les projections du nombre d’allergiques à l’horizon 2050 qui alarment : d’après <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp173">certains travaux scientifiques</a>, jusqu’à 15 % de la population française pourrait devenir sensibilisée ! </p>
<p>Originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie est une plante invasive dans notre pays. Elle a été accidentellement introduite en France au milieu du XIXᵉ siècle, <a href="https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99ambroisie-en-france-co%C3%BBts-des-impacts-sanitaires-et-pistes-d%E2%80%99actions#:%7E:text=Originaire%20d%E2%80%99Am%C3%A9rique%20du%20Nord,acc%C3%A9l%C3%A9r%C3%A9e%20depuis%20les%20ann%C3%A9es%201960.">importée des États-Unis en même temps que des semences de trèfle violet</a>. </p>
<p>Comment s’expliquerait une augmentation aussi fulgurante sur une période de quelques décennies seulement ? La pollution atmosphérique est-elle impliquée ? Quel rôle jouera le changement climatique ? L’augmentation de la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) aura-t-elle un impact ? Et surtout, comment lutter contre cette progression ?</p>
<h2>Des allergies plus difficiles à prendre en charge</h2>
<p>Toux, nez bouché, qui coule et qui gratte… L’allergie à l’ambroisie <a href="https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99ambroisie-en-france-co%C3%BBts-des-impacts-sanitaires-et-pistes-d%E2%80%99actions">provoque des symptômes plus sévères et plus difficiles à prendre en charge</a> que ceux des allergies à d’autres pollens, selon les professionnels de santé.</p>
<p>En France, la saison pollinique de l’ambroisie dure près de deux mois, ce qui en fait l’une des plus longues. Les conséquences en cas d’allergies étant particulièrement invalidantes, la qualité de vie des personnes concernées s’en trouve particulièrement dégradée.</p>
<p>Historiquement, les zones principales de l'implantation de l'ambroisie étaient les vallées du Rhône et de la Loire. Mais depuis 2005, <a href="https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99ambroisie-en-france-co%C3%BBts-des-impacts-sanitaires-et-pistes-d%E2%80%99actions">une accélération de l’expansion est observée dans d’autres régions</a> : Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Nord de PACA, Centre-Val de Loire (FREDON). Cette expansion s’effectue naturellement par la dispersion des graines <a href="https://cdn.theconversation.com/static_files/files/2745/AIR2018SA0088Ra.pdf?1689240985#page=60">qui peut être favorisée par les activités agricoles</a>.</p>
<p>Cependant, pour expliquer la propagation future de l’ambroisie en France, il faut chercher du côté d’autres facteurs.</p>
<h2>La pollution atmosphérique, suspecte mais pas coupable ?</h2>
<p>La pollution de l’air est le premier coupable potentiel qui vient à l’esprit en cas d’allergies. Pourtant, dans le cas de l’ambroisie, elle n’est probablement pas en cause. </p>
<p>Certes, les polluants atmosphériques <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0269749119373038">ont bel et bien un effet avéré sur l’aggravation de la sévérité des symptômes</a>. La période de pollinisation de l’ambroisie <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/pollution-lair-origines-situation-et-impacts">coïncide d’ailleurs parfois avec des pics de pollution à l’ozone ou aux particules fines</a> (notamment issues des feux de forêt). Les polluants atmosphériques sont en effet responsables à la fois de l’irritation de l’appareil respiratoire et d’une altération directe du pollen. Ces deux phénomènes peuvent aboutir à une exacerbation de l’inflammation et des symptômes de l’allergie respiratoire. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo en microscopie électronique d’un grain de pollen d’ambroisie." src="https://images.theconversation.com/files/540475/original/file-20230801-19-poyode.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540475/original/file-20230801-19-poyode.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540475/original/file-20230801-19-poyode.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540475/original/file-20230801-19-poyode.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540475/original/file-20230801-19-poyode.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=600&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540475/original/file-20230801-19-poyode.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=600&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540475/original/file-20230801-19-poyode.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=600&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les grains de pollen d’ambroisie peuvent provoquer de sévères allergies.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.cellimagelibrary.org/images/40295">cellimagelibrary.org / Louisa Howard - Dartmouth College EM Facility</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cependant, le rôle que pourrait jouer la pollution atmosphérique sur la sensibilisation, autrement dit la possibilité de développer des symptômes, <a href="https://www.anses.fr/fr/content/avis-et-rapport-de-l%E2%80%99anses-relatif-%C3%A0-%C2%ABl%E2%80%99%C3%A9tat-des-connaissances-sur-l%E2%80%99impact-sanitaire-li%C3%A9-%C3%A0">n’a pas encore été formellement démontré</a>. </p>
<p>Au-delà de la pollution, les rôles de l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO<sub>2</sub> et du changement climatique font partie des principaux suspects.</p>
<h2>L’impact de l’augmentation de la concentration en CO<sub>2</sub></h2>
<p>La concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter depuis le XIX<sup>e</sup> siècle : elle est passée de 0,028 % en 1850 à 0,042 % aujourd’hui. D’ici la fin du siècle, elle devrait atteindre entre 0,06 % et 0,1 %, en fonction des efforts de décarbonation qui seront produits dans nos sociétés. </p>
<p>Or, lorsque la concentration de CO<sub>2</sub> atmosphérique augmente, <a href="https://www.inrae.fr/actualites/augmentation-du-co2-atmospherique-plantes-travaillent-dur-planete">la photosynthèse augmente également, ce qui signifie que la croissance des plantes est plus importante</a>. Soulignons toutefois que cette dernière est influencée également <a href="https://planet-vie.ens.fr/thematiques/vegetaux/les-effets-du-changement-climatique-sur-la-croissance-des-plantes">par d’autres paramètres, comme la température et les épisodes de sécheresse</a>, et que tous les végétaux ne répondent pas de la même façon à ces changements.</p>
<p>Néanmoins, l’impact de cette augmentation du CO<sub>2</sub> atmosphérique sur la croissance et la reproduction des plantes est déjà visible chez certaines espèces. Qu’en est-il pour l’ambroisie ? </p>
<p>Pour le savoir, les scientifiques utilisent des serres afin de simuler les conditions correspondant aux atmosphères du futur et tenter de prévoir leurs effets sur la production de pollen. Des plants d’ambroisie sont ainsi cultivés soit sous des atmosphères dont les concentrations en CO<sub>2</sub> correspondent à l’époque actuelle (soit 0,042 % de CO<sub>2</sub>), soit sous des atmosphères enrichies en CO<sub>2</sub> (par exemple à un pourcentage de 0,06 %). </p>
<p>Autant être prévenu tout de suite : les projections ne sont pas bonnes…</p>
<h2>Du pollen d’ambroisie plus allergisant, en plus grande quantité</h2>
<p>Ces expériences indiquent que l’augmentation du CO<sub>2</sub> atmosphérique nous conduira très probablement à respirer à l’avenir une plus grande quantité de pollen d’ambroisie.</p>
<p>En effet, diverses études ont montré <a href="https://www.researchgate.net/publication/262995535_Rising_CO2_and_pollen_production_of_common_ragweed_Ambrosia_artemisiifolia_L_a_known_allergy-inducing_species_implications_for_public_health">une multiplication par un facteur 1,5 à 3</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16759986/">de la production pollinique due à une élévation du CO<sub>2</sub> atmosphérique</a>. Des travaux ont également révélé <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S009167490300959X">une croissance de l’ambroisie plus rapide et un allongement de la période de pollinisation</a>.</p>
<p>Par ailleurs, il a été mis en évidence que les cultures d’ambroisie poussant sous atmosphère enrichie en CO<sub>2</sub> produisent davantage de pollen.
Pire : dans ces conditions, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32689165/">le pollen libéré contient des quantités accrues d’allergènes</a> (les protéines responsables de l’allergie). Des travaux récents ont confirmé que <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/all.14618">le pollen issu de plantes dopées au CO<sub>2</sub> est plus allergisant</a>.</p>
<p>En conséquence, on peut craindre qu’à l’avenir, les taux d’allergènes avec lesquels nous serons en contact soient plus élevés, et les symptômes allergiques, exacerbés.</p>
<h2>Le rôle du changement climatique</h2>
<p>Le dioxyde de carbone aura un effet direct sur la croissance de l’ambroisie et sur la quantité et la qualité de son pollen. Il aura également un effet indirect sur sa pollinisation, en induisant (avec les autres gaz à effet de serre) le changement climatique. </p>
<p>Des températures plus chaudes favorisent en effet <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12589347/">la production de grains de pollen</a>. En 2022, les quantités de pollens d’ambroisie détectées en Nouvelle-Aquitaine, sur les capteurs de pollens situés à Mareuil et Angoulême, <a href="https://www.pollens.fr/">n’ont jamais été aussi élevées</a>.</p>
<p>Or, une corrélation positive est établie entre la quantité de pollens dans l’air et le nombre de personnes malades. Autrement dit, une plus grande production de pollens signifie davantage de personnes allergiques à ce pollen.</p>
<p>Le changement climatique pourrait également allonger la durée de la saison pollinique, ce qui augmenterait la durée de la période pendant laquelle les symptômes des personnes allergiques se manifesteraient. Cependant, cet effet d’allongement de la saison n’est pas assez documenté en l’état actuel des connaissances pour avoir des certitudes à propos de cette tendance dans les décennies à venir.</p>
<p>Une chose est certaine : le climat futur sera plus propice à la propagation de l’ambroisie. Un plus grand nombre de régions françaises vont être infestées par cette plante invasive, et une population plus nombreuse se retrouvera donc exposée à son pollen. Avec pour conséquence, encore une fois, une augmentation de la probabilité d’être sensibilisé au pollen et, <em>in fine</em>, une augmentation du nombre de personnes allergiques. </p>
<h2>Combien de personnes allergiques supplémentaires ?</h2>
<p>Des travaux de modélisation ont récemment permis d’estimer <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5332176/">l’évolution de l’allergie à l’ambroisie en France sur les prochaines décennies</a>. </p>
<p>La progression de l’implantation géographique de l’ambroisie en France d’ici à 2041-2060 a été calculée en prenant en compte à la fois l’influence du changement climatique et celle de l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO<sub>2</sub>. Pour résumer, l’augmentation des allergies à l’ambroisie va dépendre directement du degré de diminution des émissions mondiales de CO<sub>2</sub>. Plus nos émissions sont importantes, et plus le nombre d’allergiques sera élevé…</p>
<p>Au-delà du niveau de CO<sub>2</sub> atmosphérique, la progression de l’ambroisie dépendra également de la vitesse de propagation de la plante, et donc des moyens alloués pour la freiner. Pour la France, la prévalence des allergies à l’ambroisie risque de passer de 3 % actuellement à plus de 15 % en 2050, ce qui représenterait plus de 10 millions de personnes…</p>
<p>Afin d’éviter d’en arriver là, la résistance à l’ambroisie s’organise. Plusieurs structures ou associations sont déjà entrées en lutte contre cette plante avec le soutien des pouvoirs publics. Le <a href="https://www.pollens.fr/">Réseau national de Surveillance aérobiologique</a> (RNSA) s’occupe de mesurer les quantités de grains de pollen présents dans l’air. Ces analyses permettent de suivre en temps réel les zones touchées par l’ambroisie et d’informer les professionnels de santé et les allergiques, qui peuvent <a href="https://pollens.fr/bulletin-alerte/bulletin-alerte">s’abonner gratuitement à un bulletin « d’alerte pollen »</a>.</p>
<p>Pour diminuer la propagation de l’ambroisie, et donc pour soulager les symptômes, il est crucial de lutter plant par plant contre sa prolifération. Le mot d’ordre est l’arrachage des jeunes végétaux avant leur maturation et la libération du pollen. Tout le monde peut s’investir dans ce combat, notamment en signalant les zones d’infestations qui doivent être débroussaillées via le site <a href="http://www.signalement-ambroisie.fr/">signalement-ambroisie.fr</a>. Le signalement des plants est ensuite transmis au référent ambroisie de la commune concernée, qui organise la destruction des plants signalés. </p>
<p>Le nombre de personnes allergiques dans les années à venir découlera directement de notre capacité à repérer et éradiquer cette plante invasive, ainsi qu’à diminuer drastiquement nos émissions de CO<sub>2</sub>. Un argument supplémentaire pour convaincre ceux qui doutent encore de la nécessité d’améliorer notre bilan carbone !</p>
<hr>
<p><strong><em>Pour en savoir plus :</em></strong></p>
<p><em>- Des informations complémentaires sont disponibles <a href="http://www.ambroisie-risque.info/">sur le site de l’Observatoire des Ambroisies</a> <a href="http://www.ambroisie-risque.info/">risque.info/</a>, piloté par le réseau FREDON France ;</em></p>
<p><em>- Le signalement des plants d’ambroisie peut-être fait via le site <a href="http://www.signalement-ambroisie.fr/">signalement-ambroisie.fr</a>, ainsi que par e-mail à l’adresse suivante contact@signalement-ambroisie.fr ou par téléphone au 0972 376 888.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209238/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Choël siège au conseil scientifique du Réseau National de Surveillance Aérobiologique. Elle est membre de l'Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique. Elle a reçu des financements publics de l'Université de Lille, du CNRS, de la Région Hauts-de-France, des CPER CLIMIBIO et ECRIN, du Labex CaPPA, de l'ADEME et de l'ANSES.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Visez est président du Réseau National de Surveillance Aérobiologique (bénévolat, association loi 1901). NV est membre de l'Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (bénévolat, association loi 1901). NV a reçu des financements dans le cadre de ses activités de recherche publique (ADEME, Région Hauts de France, ANSES, ANR, Labex CAPPA, CNRS et Université de Lille). NV a effectué trois conférences sur ses travaux scientifiques à destination de professionnels de santé (rémunération laboratoire pharmaceutique). NV est membre du conseil d'administration d'ATMO Hauts de France.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Klervi Vandenbossche ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
L'allergie à l'ambroisie va progresser très vite : d’ici à 2050, le nombre de Français allergiques au pollen d'ambroisie pourrait être multiplié par cinq. Pourquoi ? Et surtout, comment lutter ?
Klervi Vandenbossche, Doctorante, Université de Lille
Marie Choël, Maître de conférences, Université de Lille
Nicolas Visez, Chimiste, maître de conférences, Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/209923
2023-07-26T14:59:35Z
2023-07-26T14:59:35Z
La qualité de l'air diminue à Dakar : que faire pour l'améliorer?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539218/original/file-20230725-28-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’accroissement du parc automobile a un impact négatif sur la qualité de l’air à Dakar.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photo : SEYLLOU/AFP via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p>En Afrique, la pollution de l'air a causé <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34627472/">1,1 million de décès en 2019</a>, dont près de 400 000 attribuables à la pollution de l'air ambiant, selon <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34627472">une étude</a> publiée en 2021 par la revue Lancet Planet Health. À l’instar de beaucoup d’autres métropoles en croissance, les problèmes liés à la dégradation de la qualité de l’air à Dakar sont de plus en plus perceptibles. La vétusté du parc automobile, les rejets industriels, les combustibles à usage domestique, l’incinération des déchets au milieu des lieux d’habitation et l’intensité du trafic routier sont <a href="https://www.researchgate.net/publication/358620867_Pollution_atmospherique_dans_la_ville_de_Dakar_Senegal">les principaux facteurs de pollution atmosphérique dans la capitale sénégalaise</a>. </p>
<p>À cette pollution atmosphérique d’origine anthropique s’ajoute une pollution naturelle engendrée par les couches de poussière provenant du désert du Sahara. En effet, le désert du Sahara est considéré comme <a href="https://www.corse.ars.sante.fr/sites/default/files/2017-02/Etude_InVS_CIRE_vents_de_sable.pdf">la plus grande source de poussières au monde</a>. Il contribue à la moitié des émissions globales de poussières minérales dans l’atmosphère. Ces poussières sont émises dans l’atmosphère lors de tempêtes qui sont des vents forts peuvent soulever de grandes quantités de sable et de poussières. Elles sont ensuite transportées sur de longues distances par les vents jusqu’aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest. </p>
<p>Ce texte se fonde sur mes <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">recherches</a>. Il met l'accent sur la problématique de la pollution de l'air à Dakar en identifiant les principales sources de pollution, en évaluant l'efficacité du dispositif de surveillance de la qualité de l'air et en explorant des solutions potentielles pour atténuer ce problème.</p>
<h2>Les sources majeures de pollution de l’air à Dakar</h2>
<p><strong>Le secteur du transport routier</strong></p>
<p>La croissance démographique rapide et l’urbanisation incontrôlée à Dakar ont exercé une pression considérable sur les besoins de mobilité, notamment sur la demande en transport. De 1976 à 2013, la population dakaroise est passée de 892 127 habitants à 3 137 196 habitants, soit une augmentation d'un facteur 3,5. Ce chiffre atteint aujourd'hui plus de 4 millions d’habitants. Dakar <a href="https://www.ansd.sn/sites/default/files/2023-04/SES-Dakar-2019.pdf">concentre</a> plus de la moitié du parc automobile national. Ce parc, qui augmente rapidement, est surtout dominé par les véhicules intégrant les moteurs diesel. Étant donné la nature polluante des véhicules automobiles, l’accroissement du parc a forcément un impact négatif sur la qualité de l’air. Il entraîne une consommation accrue des produits pétroliers et donc des émissions de polluants.</p>
<p>De plus, le manque de rigueur dans le contrôle technique des véhicules automobiles, les congestions fréquentes de la circulation dans la capitale sénégalaise sont des facteurs aggravant les émissions de polluants. Les rejets d’oxydes d’azote issus du secteur des transports au Sénégal dans la période 2010-2015 représentaient ainsi environ <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">32 % des émissions anthropiques</a>. </p>
<p><strong>Le secteur industriel</strong></p>
<p>Dakar <a href="https://aquadocs.org/bitstream/handle/1834/6974/BaiedeHann_ndao.pdf?sequence=1&isAllowed=y">regroupe</a> 80 % du tissu industriel sénégalais, lequel se concentre majoritairement autour de la <a href="https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/depolluer-baie-hann">baie de Hann</a>. Ces industries génèrent des déchets liquides et solides, des rejets atmosphériques et des nuisances sonores ou olfactives. Ne disposant pour la plupart d’aucun système de filtrage des polluants atmosphériques, elles les rejettent, après leurs activités, directement dans l’atmosphère. </p>
<p>Le secteur de l’énergie est ainsi responsable de <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">63 % des émissions de dioxyde de soufre</a> et de 7 % des émissions d’oxyde d’azote.</p>
<p><strong>L'incinération à l’air libre des déchets solides</strong></p>
<p>La gestion des déchets municipaux pose un véritable problème à l’environnement en Afrique subsaharienne où le taux de <a href="https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/17388">collecte des déchets solides</a> dans les villes n’excède pas 46 %. Le système de collecte des ordures reste défaillant. Ce qui pousse les populations à adopter des alternatives telles que l’utilisation des charrettes à traction animale ou le rejet des déchets dans des zones non habitées. Cela entraîne une prolifération des décharges sauvages. Ces dernières, qui se multiplient dans la capitale sénégalaise, ont d’énormes conséquences sur l’environnement, notamment sur la qualité de l’air. L'incinération à l’air libre des déchets solides par les ménages, mais aussi dans les décharges, est une pratique très fréquente et contribue clairement à la détérioration de la qualité de l’air. </p>
<h2>L'impact des vents secs</h2>
<p>L’harmattan est un vent de secteur nord-est, chaud et sec, qui souffle en provenance du Sahara. Au cours de son passage, il transporte d’importantes quantités de poussières du Sahara et des régions désertiques du Sahel. Des <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/apme/25/7/1520-0450_1986_025_0903_amfsdt_2_0_co_2.xml">études</a> <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/apme/25/7/1520-0450_1986_025_0903_amfsdt_2_0_co_2.xml">ont montré</a> que 60 % des flux de poussières du nord de l’Afrique se dirigent vers le Golfe de Guinée. En saison sèche, entre novembre et mars, la plupart des villes situées en zone sahélienne sont ainsi confrontées aux vents secs du Nord-Est, chargés de poussières minérales d’origine désertique. </p>
<p>Durant cette période, plusieurs villes de la région connaissent des niveaux de concentration en particules de poussières très élevés. A Dakar les niveaux de concentration en particules dépassent largement les seuils fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).</p>
<p>Les poussières en provenance du désert du Sahara viennent s’ajouter à la pollution atmosphérique d’origine anthropique que nous venons d'évoquer. Ces poussières désertiques peuvent avoir un impact sur l’environnement (réduction de l’intensité du rayonnement solaire, de la visibilité), sur les activités quotidiennes (suspension des vols) et sur la santé humaine. Par exemple, l'inhalation de particules de poussière peut aggraver les problèmes respiratoires existants, tels que l'asthme et les allergies.</p>
<h2>Efficacité du dispositif de surveillance</h2>
<p>La surveillance et la gestion de la qualité de l’air permettent de disposer de bons indicateurs en termes de risque sanitaire. Dakar fait partie des rares villes d’Afrique subsaharienne à bénéficier d’un réseau de surveillance de la qualité de l’air. Le réseau est constitué de 6 stations fixes (5 réparties dans la ville de Dakar et une autre à Guédiawaye, en banlieue). </p>
<p>En 2009, le gouvernement sénégalais a mis en place le Centre de gestion de la qualité de l’air (CGQA) pour évaluer la qualité de l’air à Dakar. La création du CGQA a été possible grâce à un financement du Fonds nordique de développement (NILU). </p>
<p>Les instruments de surveillance de la qualité de l’air sont très coûteux, ils nécessitent un personnel qualifié et une maintenance régulière. Par ailleurs, ces équipements sont installés le plus souvent loin des sources ponctuelles de pollution qui peuvent changer au fil du temps. Les concentrations des polluants atmosphériques peuvent en effet présenter une forte variabilité spatio-temporelle, difficile à mesurer par les stations de référence. </p>
<h2>Les solutions possibles</h2>
<p>La lutte contre les effets néfastes de la pollution constitue un véritable enjeu et une série de défis complexes pour les gouvernants. Nous allons énumérer quelques mesures possibles visant à atténuer les effets néfastes de la pollution de l’air comme :</p>
<ul>
<li><p>le renouvellement du parc automobile avec des véhicules moins polluants; </p></li>
<li><p>la promotion des transports en collectifs tels que le TER (Train Express Régional) et le BRT (Bus Rapid Transit); </p></li>
<li><p>la mise en place d'un système d’alertes précoces qui permettra aux populations de prendre rapidement des mesures de protection appropriées. </p></li>
</ul>
<p>Entre autres mesures individuelles, chaque personne à son niveau peut participer à la réduction des effets néfastes de la pollution de l'air en respectant les recommandations suivantes en périodes de pic de pollution : </p>
<ul>
<li><p>se protéger en utilisant des masques faciaux appropriés; </p></li>
<li><p>limiter les déplacements et éviter une exposition longue à l’air ambiant; </p></li>
<li><p>réduire et reporter les activités physiques intenses en plein air;</p></li>
<li><p>consulter un médecin en cas de gêne inhabituelle.</p></li>
</ul>
<p>Les politiques de lutte contre la pollution de l’air nécessitent des actions ambitieuses dans tous les secteurs d’activité, ainsi que des financements colossaux qui impactent le budget de l'Etat. </p>
<p>Nos résultats de <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">recherche</a> ont montré que la qualité de l’air dans la ville de Dakar est mauvaise et se détériore surtout pendant la saison sèche où les pics de pollution sont assez fréquents. Les particules en suspension sont les polluants les plus importants observés à Dakar et leurs concentrations dépassent les seuils annuels fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Des efforts sont entrepris par le gouvernement pour contrôler et endiguer le phénomène mais sont encore insuffisants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209923/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Baïdy SOW does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>
La surveillance et la gestion de la qualité de l’air permettent de disposer de bons indicateurs en termes de risque sanitaire. Dakar bénéficie d’un réseau de surveillance de la qualité de l’air.
Baïdy SOW, Doctorant en physique, Université Alioune Diop de Bambey
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/208689
2023-07-11T19:22:51Z
2023-07-11T19:22:51Z
Pollutions industrielles : une longue histoire de luttes et de soulèvements
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/536801/original/file-20230711-7795-aj57mt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C1200%2C795&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À la fin de l'année 1930, les pollutions industrielles sont si fortes dans la vallée de la Meuse qu'elles ont entraîné la mort de plus de 60 personnes et ont rendu malades des milliers d'autres. Représentation des usines responsables des brouillards. Joseph Fussell.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Brouillards_toxiques_dans_la_vall%C3%A9e_de_la_Meuse#/media/Fichier:J._Fussell._Usines_%C3%A0_Saint-Georges-sur-Meuse.jpg">Galerie Wittert, Université de Liège</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La dissolution du collectif « Les Soulèvements de la Terre » met en lumière la <a href="https://theconversation.com/lecologisme-est-il-un-terrorisme-52266">dimension fondamentalement conflictuelle</a> de la question écologique. Les enjeux inédits que sont le réchauffement climatique ou l’effondrement de la biodiversité inspirent des nouvelles formes de luttes, mais les combats contre la détérioration de l’environnement <a href="https://www.editionstextuel.com/livre/une-histoire-des-luttes-pour-lenvironnement">ont une longue histoire</a>.</p>
<p>Durant celle-ci, l’industrialisation, croissante à partir de la seconde moitié du XVIII<sup>e</sup> siècle, a été une étape majeure : la mécanisation, l’organisation rationnelle du travail dans des unités de fabrication et l’emploi d’une quantité de plus en plus grande d’énergie ont permis l’augmentation de la production, mais ce faisant, les impacts environnementaux se sont considérablement aggravés.</p>
<h2>La prudence environnementale à la charnière des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles</h2>
<p>L’industrialisation concerne d’abord quelques territoires localisés, notamment dans le nord de la France et en Belgique francophone, où les industries textile, houillère et métallurgique <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-vie_et_mort_des_bassins_industriels_en_europe_1750_2000_rene_leboutte-9782738458988-10711.html">connaissent un essor précoce</a>. Ces activités sont de plus en plus des sources de nuisances, comme les <a href="http://editions.ehess.fr/ouvrages/ouvrage/histoire-de-la-pollution-industrielle/">recherches récentes en histoire environnementale</a> l’ont établi).</p>
<p>À l’époque, ce sont les termes de « nuisance », de « corruption » ou d’« insalubrité » qui sont utilisés pour parler de l’altération des milieux naturels, celui de « pollution » ne s’imposant qu’au XX<sup>e</sup> siècle. De même, le mot « environnement » n’est pas encore employé dans son sens actuel : il désigne simplement les environs, les alentours. À la place, les sources mentionnent plutôt « les airs », « les eaux » et « les lieux ». Ce vocabulaire est issu de la <a href="https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/%C3%A9cologies-et-environnements/sant%C3%A9-et-environnement/l%E2%80%99h%C3%A9ritage-du-n%C3%A9ohippocratisme-dans-la-pens%C3%A9e-environnementale-xvie-XIXe-si%C3%A8cles">médecine néo-hippocratique</a>, qui postule que l’état de santé des individus est déterminé par la qualité de leur cadre naturel de vie.</p>
<p>Jusqu’au début du XIX<sup>e</sup> siècle, les nuisances sont régulées à l’échelle locale : les édiles cherchent à les limiter en éloignant des habitations les activités potentiellement nocives. À Lille, par exemple, une loi du 31 octobre 1771 interdit aux raffineurs de sucre de conserver l’eau de leurs raffineries à domicile ou dans des puits, car cette eau pourrait être une cause de contamination. La prudence environnementale est alors la norme.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536503/original/file-20230710-29-n6x4sq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La cuisson du sucre dans la halle aux chaudières.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://journals.openedition.org/artefact/docannexe/image/841/img-1.png">Henri-Louis Duhamel du Monceau, 1781</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=654&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=654&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=654&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=822&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=822&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534678/original/file-20230628-19323-sbbggw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=822&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Extrait de la plainte des riverains contre la tannerie d’André Blanchard dont la démolition est ordonnée, 17 novembre 1805. « Il y a des choses qui, suivant le droit naturel, sont communes à tous les hommes, comme l’eau et l’air […], et à ces choses personne n’y peut porter la moindre atteinte ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Archives de l’État à Mons</span></span>
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<p>Dans certains cas, les autorités n’hésitent pas à détruire les usines ou les ateliers s’ils nuisent excessivement à l’environnement, même lorsqu’ils sont à l’écart des villes. Ainsi, le 17 novembre 1805, les habitants d’un hameau près de Havay, dans la région de Mons, adressent une pétition au préfet du département de Jemappes (la Belgique fait alors partie du Premier Empire français). Leur but est d’empêcher un certain André Blanchard d’établir une tannerie susceptible de corrompre l’eau dont les habitants bénéficient. La tannerie, en effet, consiste à transformer des peaux d’animaux en cuir, et pour cela, les peaux sont lavées à même les cours d’eau. Le préfet comprend la demande des pétitionnaires et ordonne la démolition de l’atelier de Blanchard.</p>
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<span class="caption">Le « travail de rivière » du tanneur. L’atelier est placé au bord d’un cours d’eau dans lequel sont lavées les peaux. Celles-ci sont ensuite déposées dans des cuves où elles macèrent pendant un an, en présence de tan, une écorce de bois réduite en poudre. Par ce procédé, elles sont transformées en cuir. L’activité se modernise avec les progrès de la chimie au début du XIXᵉ siècle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Denis Diderot, Jean Le Rond d’Alembert (dir.)</span></span>
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<h2>Le décret de 1810 : une loi au service de l’industrie</h2>
<p>Le 15 octobre 1810, le gouvernement du Premier Empire décide de centraliser la régulation des nuisances en promulguant un <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/decret-imperial-15101810-relatif-manufactures-ateliers-repandent-odeur-insalubre">décret sur les établissements incommodes et insalubres</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534681/original/file-20230628-27-b6rguj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une affiche indiquant une information de commodo et incommodo en 1820, à Valenciennes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Archives municipales de Valenciennes (J7 35)</span></span>
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<p>Ce texte de loi oblige les capitaines d’industrie à demander une autorisation administrative avant de créer une fabrique. Ils doivent s’adresser au Conseil d’État pour les fabriques de première classe, c’est-à-dire les plus insalubres (ce sont par exemple les usines de soude artificielle, produit nécessaire aux savonneries), et à la préfecture pour celles appartenant aux deuxième et troisième classes. Les premières doivent être « éloignées des habitations particulières », tandis que les autres ont droit de cité, à condition d’être rigoureusement surveillées par la police. Du reste, la loi prévoit que les fabriques de deuxième classe fassent l’objet d’une enquête dans le voisinage, appelée « information de commodo et incommodo » (expression latine qui signifie « avantage et inconvénient ».)</p>
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<p>Ce décret, qui a durablement marqué les législations française et belge, donne donc aux habitants la possibilité de se plaindre des nuisances industrielles. Néanmoins, il n’est contraignant qu’en apparence, car les autorisations sont facilement délivrées par les instances administratives, y compris en ville et pour des établissements de première classe. Ainsi, à Roubaix, le cœur de l’industrie textile en France, on trouve dans les sources disponibles environ 720 demandes d’autorisation entre 1812 et 1871. Une cinquantaine ont suscité des plaintes et des oppositions, et seule une vingtaine n’ont pas été autorisées. Quant aux établissements déjà installés, leur démantèlement est devenu quasi impossible car les autorités soutiennent pleinement les intérêts industriels.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534679/original/file-20230628-29-b20x8k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Roubaix vers le milieu du XIXᵉ siècle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Médiathèque Jean Lévy, Lille</span></span>
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</figure>
<p>Comme l’ont montré les historiens <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/la-contamination-du-monde-francois-jarrige/9782021085761">François Jarrige</a>, Thomas Le Roux ou <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-apocalypse-joyeuse-jean-baptiste-fressoz/9782021056983">Jean-Baptiste Fressoz</a>, au cours du XIX<sup>e</sup> siècle, les élites politiques, économiques et scientifiques ont tendance à minorer les impacts environnementaux et sanitaires de l’industrie. Celle-ci est alors assimilée au « progrès » et à la « civilisation ». Peu à peu, les habitants n’ont d’autres choix que de s’habituer à la nouvelle atmosphère industrielle.</p>
<p>En témoigne ce propos d’un expert en salubrité examinant l’insalubrité de l’eau à Valenciennes, le 17 janvier 1860 : s’adressant au préfet du Nord, il affirme que les personnes qui vivent à proximité de la rivière Balhaut, où s’écoulent les déchets des sucreries, n’ont pas à se plaindre car « en venant s’établir sur un pareil cours d’eau ils devraient s’attendre à n’avoir pas toujours de l’eau claire. »</p>
<h2>« À bas les cheminées ! »</h2>
<p>Pourtant, les nuisances ne cessent de générer des plaintes et, parfois, des conflits violents, comme dans la région de la Basse Sambre au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle. Dans cette région rurale, située entre Namur et Charleroi, trois usines de soude se sont installées dans les années 1849-1851. Très vite, leur présence a été contestée par les riverains : les fumées qu’elles exhalent empoisonneraient les plantes, les cultures, le bétail et les êtres humains. D’après l’historien <a href="https://www.pun.be/FR/livre/?GCOI=99993100479430">Julien Maréchal</a>, qui a précisément étudié ce cas, la plupart des savants belges se sont opposés aux « préjugés populaires » contre l’industrie chimique.</p>
<p>Entre le 14 et le 19 août 1855, des centaines de personnes, peut-être même des milliers à croire certains journaux, se sont rassemblés pour protester contre une des trois usines, située dans la commune de Floreffe. La presse rapporte que des cultivateurs ont menacé de détruire l’établissement en criant « À bas les cheminées ! » Le 19, à Auvelais, non loin de Floreffe, l’armée tire sur des manifestants : deux personnes sont tuées, une autre est blessée. L’ordre est revenu, les cheminées continuent de fumer.</p>
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<span class="caption">Fabrique de produits chimiques à Floreffe, milieu du XIXᵉ siècle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Géruzet, 1852</span></span>
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<p>En Belgique comme en France, le pouvoir politique promeut constamment l’industrie au détriment de l’environnement. Le 29 janvier 1863, un <a href="https://books.google.fr/books?id=Km5DAAAAcAAJ&pg=PA45&lpg=PA45&dq=%22r%C3%A9vision+et+simplification+des+dispositions+concernant+la+police+des+%C3%A9tablissements+dangereux+et+insalubres%22">arrêté royal belge</a> allège la législation héritée du décret de 1810 (les demandes d’autorisation sont accordées plus rapidement). Deux ans plus tard, le gouvernement de Napoléon III adopte un <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65387160/f19.item">décret</a> pour que les machines à vapeur ne soient plus comptées parmi les établissements incommodes et insalubres.</p>
<h2>Les nuisances, devenues dommage acceptable du « progrès »</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=752&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=752&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=752&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=945&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=945&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534685/original/file-20230628-18428-ymya5l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=945&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’appareil fumivore Beaufumé. L’ingénieur en chef du service des mines à Valenciennes informe le préfet du Nord qu’« on ne peut pas affirmer qu’il soit exempt d’inconvénients graves et qu’il soit susceptible de fonctionner longtemps d’une manière utile[…] »</span>
<span class="attribution"><span class="source">Archives départementales du Nord</span></span>
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<p>De part et d’autre de la frontière, les autorités parient sur le développement technologique pour amoindrir les nuisances. Les industriels sont encouragés à doter leurs usines de « fourneaux fumivores », capables de « brûler » la fumée. Cependant, ce <a href="https://theconversation.com/les-mots-de-la-science-s-comme-solutionnisme-170732">« solutionnisme technologique »</a> avant l’heure s’avère inefficace, et les plaintes s’accumulent en étant rarement entendues.</p>
<p>L’histoire de l’industrialisation et de ses conséquences environnementales est traversée de doutes, de tensions et de conflits. À l’origine combattues par les élites dirigeantes, les nuisances ont été finalement considérées comme un dommage acceptable du « progrès ». Malgré tout, nombreux sont les habitants à avoir refusé la contamination de leur milieu de vie. Pour reprendre la formule frappante du sociologue et militant Razmig Keucheyan, <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/la_nature_est_un_champ_de_bataille-9782355220586">« la nature est un champ de bataille »</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208689/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samy Bounoua a reçu des financements de l'université de Lille.</span></em></p>
Dès les débuts de l’industrialisation, les termes « nuisance » ou « corruption » sont utilisés pour parler de l’altération des milieux naturels et pour s’y opposer au nom du bien commun.
Samy Bounoua, Professeur agrégé d'histoire, doctorant en histoire environnementale, Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/206911
2023-07-06T17:20:26Z
2023-07-06T17:20:26Z
Nous sous-estimons les effets négatifs de la voiture sur la santé
<p>Depuis le trajet court pour aller à la boulangerie jusqu’au départ en vacances en famille, en passant par les allers-retours au travail, les déplacements sont largement structurés par la voiture en France. </p>
<p>À la fois rapide, permettant des trajets porte-à-porte, confortable, ce mode de transport s’est imposé comme un véritable « couteau suisse » de la mobilité. Au point que la prédominance de la voiture a progressivement marginalisé les autres modes de transport, que ce soit la marche, le vélo, les transports en commun…</p>
<p>Cette situation de <a href="https://theconversation.com/pourquoi-remedier-a-la-dependance-automobile-est-devenu-necessaire-168902">dépendance à la voiture</a> est particulièrement présente en dehors du centre des plus grandes villes.</p>
<h2>La voiture en chiffres</h2>
<p>Actuellement, on estime que <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/resultats-detailles-de-lenquete-mobilite-des-personnes-de-2019">80 %</a> à <a href="https://www.unionroutiere.fr/faitetchiffre/faits-et-chiffres-2022/">85 % des ménages français</a> possèdent une voiture, tandis que 35 % en possèdent plusieurs.</p>
<p>La voiture est utilisée pour <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/resultats-detailles-de-lenquete-mobilite-des-personnes-de-2019">72 % des trajets domicile-travail</a>. Lors de ces déplacements, 9 conducteurs sur 10 sont seuls dans leur véhicule.</p>
<p>Enfin, tous trajets confondus, la voiture représente <a href="http://www.chair-energy-prosperity.org/publications/travail-de-these-decarboner-transports-dici-2050/">quasiment les deux tiers du nombre de trajets, des temps passés dans les transports ou des kilomètres parcourus par les Français</a>.</p>
<p>Cette dépendance à la voiture nous amène à minimiser ses conséquences, ou à chercher des solutions qui permettent de conserver le système automobile, par exemple la promotion de la voiture électrique, souvent présentée comme « propre » ou « 0 émission », ce qui permet d’éviter de remettre en cause la place de la voiture individuelle dans la mobilité.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/fin-de-la-voiture-thermique-pourquoi-le-tout-electrique-na-rien-dune-solution-miracle-192264">Fin de la voiture thermique : pourquoi le tout-électrique n’a rien d’une solution miracle</a>
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<p>Mais cette minimisation touche aussi particulièrement les impacts sanitaires liés à l’usage de la voiture.</p>
<h2>La motonormativité, reflet de normes centrées sur l’automobile</h2>
<p>Pour désigner les biais culturels et inconscients qui façonnent notre vision des impacts de la voiture, les chercheurs en psychologie Ian Walker, Alan Tapp et Adrian Davis ont forgé le concept de <a href="https://psyarxiv.com/egnmj">motonormativité (ou <em>motonormativity</em> en anglais)</a>.</p>
<p>Ils font l’hypothèse qu’à force de considérer la voiture comme incontournable, ses impacts sur la santé sont minimisés. Pour tester cette hypothèse, ils ont interrogé plus de 2000 adultes vivant au Royaume-Uni. Ils leur ont soumis des affirmations liées à la voiture, et des équivalents en remplaçant les termes de « voiture » ou de « conduite » par un autre objet ou une autre activité.</p>
<p>Les chercheurs ont par exemple demandé aux personnes interrogées si elles étaient d’accord avec la proposition « Les gens ne devraient pas fumer dans les zones densément peuplées où d’autres personnes respirent leurs fumées de cigarette ». Résultat : 75 % d’entre elles acquiescent. En revanche, si l’on remplace « cigarette » par « voiture », l’affirmation devenant « Les gens ne devraient pas conduire dans les zones densément peuplées où d’autres personnes respirent leurs gaz d’échappement », seules 17 % des personnes interrogées sont en accord avec l’affirmation.</p>
<p>Les résultats révèlent donc parfois de fortes différences, qui démontrent une plus grande tolérance aux nuisances provenant de la voiture. Les deux phrases expriment une idée similaire, mais un double standard moral s’applique selon qu’il est question de la voiture, vue comme indispensable, ou de cigarettes où les nuisances seront moins tolérées par la population, car perçues comme non nécessaires.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534626/original/file-20230628-19670-54yzr9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534626/original/file-20230628-19670-54yzr9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534626/original/file-20230628-19670-54yzr9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534626/original/file-20230628-19670-54yzr9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534626/original/file-20230628-19670-54yzr9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534626/original/file-20230628-19670-54yzr9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534626/original/file-20230628-19670-54yzr9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Perception des affirmations sur la voiture et la cigarette.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Walker et coll., 2023</span></span>
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<p>Cette préférence ne se limite pas à une dimension individuelle mais a des implications plus larges sur les politiques de mobilité, d’aménagement ou de santé.</p>
<p>À titre d’illustration, la publicité pour les cigarettes est interdite depuis 1991 et les paquets vendus sont assortis d’images et de messages particulièrement alarmants. À l’inverse, les publicités automobiles, qui mettent en scène (de manière parfois exagérée, avec des véhicules circulant sur des routes vides) les bénéfices des voitures ne font l’objet d’aucune régulation forte.</p>
<p>Elles ne sont notamment accompagnées d’aucun message explicite sur leurs impacts sanitaires pourtant très significatifs.</p>
<h2>Les impacts sur la santé de l’usage de la voiture</h2>
<p>La pollution de l’air engendrée par les voitures thermiques est le premier effet négatif de l’usage de la voiture qui vient à l’esprit. Elle ne représente cependant qu’un des effets sanitaires que les voitures provoquent sur la collectivité – ou, pour emprunter au langage économique, des « externalités négatives » de la voiture en matière de santé des populations.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-diviser-par-trois-la-mortalite-tout-en-etant-economiquement-rentable-cest-possible-182073">Pollution de l’air : diviser par trois la mortalité tout en étant économiquement rentable, c’est possible !</a>
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<p>Ainsi, les nuisances sonores engendrées par le trafic routier ont longtemps été sous-estimées. Elles ont pourtant des conséquences sanitaires non négligeables. L’Agence de la transition écologique (Ademe) a même récemment estimé que les <a href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/4815-cout-social-du-bruit-en-france.html">coûts sociaux attribuables aux nuisances sonores</a> (dont 55 % provient du trafic routier) seraient supérieurs à <a href="https://www.senat.fr/travaux-parlementaires/structures-temporaires/commissions-denquete/commissions-denquete/commission-denquete-sur-le-cout-economique-et-financier-de-la-pollution-de-lair.html">ceux attribuables à la pollution atmosphérique</a>.</p>
<p>La préférence donnée à la voiture pour les infrastructures de transports s’est également faite au détriment des modes de transports qui induisent une certaine activité physique : en priorité les modes dits actifs tels que la marche et le vélo, mais aussi indirectement les transports en commun qui nécessitent généralement de la marche durant le trajet. Ainsi le manque d’activité physique, <a href="https://www.anses.fr/fr/content/manque-d%E2%80%99activit%C3%A9-physique-et-exc%C3%A8s-de-s%C3%A9dentarit%C3%A9-une-priorit%C3%A9-de-sant%C3%A9-publique">très répandu dans la population française</a>, concerne également le domaine des transports.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/marche-velo-les-gains-sanitaires-et-economiques-du-developpement-des-transports-actifs-en-france-189487">Marche, vélo : les gains sanitaires et économiques du développement des transports actifs en France</a>
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<p>Des décennies d’aménagement du territoire dans le but de favoriser la voiture ont également eu pour conséquence une forte consommation d’espace, engendrant une artificialisation des sols, une perte de biodiversité ou encore un façonnage des paysages et de l’urbanisme au profit de la voiture.</p>
<p>Pour une ville comme Paris, il est estimé que <a href="https://www.transportshaker-wavestone.com/urban-transports-spatial-footprint-much-space-used-transports-city/">27 % de la surface est allouée aux transports</a>, dont plus de la moitié (57 %) pour la circulation et le stationnement des voitures. Cet espace a été alloué au détriment d’autres aménagements, que ce soit ceux favorables aux autres modes, aux interactions sociales mais aussi aux espaces verts, dont la <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(19)30215-3/fulltext">proximité est associée à un risque réduit de décès</a>. Le rôle des espaces verts est aussi majeur dans l’<a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(22)02585-5/fulltext ?dgcid=raven_jbs_aip_emaileeee">atténuation des phénomènes d’îlots de chaleur urbaine</a>, qui deviennent plus fréquents et intenses avec le changement climatique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/535916/original/file-20230705-30-nhdjdc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/535916/original/file-20230705-30-nhdjdc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=866&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/535916/original/file-20230705-30-nhdjdc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=866&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/535916/original/file-20230705-30-nhdjdc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=866&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/535916/original/file-20230705-30-nhdjdc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1088&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/535916/original/file-20230705-30-nhdjdc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1088&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/535916/original/file-20230705-30-nhdjdc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1088&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Réaménagement de rue favorable à la santé, à Amsterdam.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas Schlijper, 2021 ; fil Twitter Stein Van Oosteren</span></span>
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</figure>
<p>Enfin, l’accidentalité routière est toujours responsable de <a href="https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/etat-de-linsecurite-routiere/bilans-annuels-de-la-securite-routiere/bilan-2022-de-la-securite-routiere">plus de 3 000 décès par an</a> en France métropolitaine, ainsi que de 240 000 blessés (dont 16 000 cas graves). Après de forts progrès depuis les années 70, la mortalité routière ne baisse plus depuis une décennie, et concerne à 70 % des accidents impliquant au moins une voiture.</p>
<h2>Un cocktail d’effets sur la santé</h2>
<p>Pollution de l’air, pollution sonore, consommation d’espace, inactivité physique ou encore accidentalité routière sont ainsi de multiples facettes des impacts sanitaires liés à l’usage des transports routiers, et en particulier de la voiture.</p>
<p>On peut encore ajouter à cela d’autres externalités négatives liées à la voiture. Il y a bien sûr <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/02/environnement-la-voiture-un-frein-aux-ambitions-climatiques-de-la-france_6104418_3244.html">l’impact sur le climat</a> (qui aura aussi des effets sur la santé), mais aussi les embouteillages ou encore l’effet de barrière que les grandes infrastructures routières constituent pour les modes actifs (attente ou détour nécessaire pour traverser un axe).</p>
<p>Certes, les autres modes de transport peuvent également générer des nuisances similaires, mais c’est bel et bien la voiture qui en concentre l’écrasante majorité : une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0739885922000713">étude récente à Munich</a> a ainsi montré que sur les externalités de l’ensemble des modes de déplacements, près de 80 % des coûts étaient liés aux voitures.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/536088/original/file-20230706-25-84jdec.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536088/original/file-20230706-25-84jdec.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=834&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536088/original/file-20230706-25-84jdec.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=834&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536088/original/file-20230706-25-84jdec.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=834&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536088/original/file-20230706-25-84jdec.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1048&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536088/original/file-20230706-25-84jdec.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1048&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536088/original/file-20230706-25-84jdec.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1048&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bénéfices des mobilités actives (marche et vélo).</span>
<span class="attribution"><span class="source">OMS/WHO, 2023</span></span>
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<p>Ce « système voiture » est à l’origine d’un cercle vicieux : un aménagement du territoire et des villes centré sur la voiture renforce sa consommation d’espace et marginalise les modes de déplacement actifs (marche et vélo), qui deviennent vulnérables à la dangerosité des voitures, décourageant ainsi ceux qui pourraient opter pour ces modes vertueux du point de vue de l’activité physique. Cette situation maintient en place le système automobile, avec les conséquences sus-mentionnées en matière de climat et de pollutions de l’air ou sonore.</p>
<h2>Adapter les politiques de mobilité, d’aménagement et de santé</h2>
<p>Les enjeux sanitaires liés à la voiture sont nombreux et au cœur d’interactions complexes. De nombreuses politiques publiques peuvent ainsi encourager à aller vers des mobilités moins impactantes pour la santé.</p>
<p>Une solution souvent envisagée en lien avec l’activité physique est celle de la prescription médicale à refaire du sport ou se mettre aux mobilités actives. Mais le rôle des politiques publiques ne peut se résumer à encourager des injonctions individuelles qui peuvent se révéler inopérantes si l’environnement et les aménagements ne le permettent pas.</p>
<p>En effet, en matière de mobilités actives, ce sont les politiques d’aménagement (du territoire, de la voirie, des infrastructures…) <a href="https://doi.org/10.1093/abm/kax043">qui créent la demande</a>.</p>
<p>Il s’agit donc avant tout d’un enjeu collectif : celui de réduire la place de la voiture dans nos villes et nos vies, de développer les mobilités actives, de transformer les usages de l’espace public, de réduire et contrôler les vitesses de circulation, d’encourager aussi les transports collectifs et les mobilités partagées (covoiturage, autopartage), des véhicules plus sobres ou encore le passage à l’électrique.</p>
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<img alt="Couverture de l’ouvrage _Voitures, fake or not ?_, Tana éditions" src="https://images.theconversation.com/files/536042/original/file-20230706-17-93pdm1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536042/original/file-20230706-17-93pdm1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=894&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536042/original/file-20230706-17-93pdm1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=894&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536042/original/file-20230706-17-93pdm1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=894&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536042/original/file-20230706-17-93pdm1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1124&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536042/original/file-20230706-17-93pdm1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1124&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536042/original/file-20230706-17-93pdm1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1124&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>À ce sujet, dans le débat actuel concernant la décarbonation des transports, il faut souligner que la solution qui retient le plus d’attention, la voiture électrique, ne réduit que partiellement les impacts néfastes de l’automobile pour la santé publique. Si le passage à l’électrique permet de réduire la pollution de l’air et la pollution sonore (<a href="https://presse.ademe.fr/2022/04/plus-de-la-moitie-des-particules-fines-emises-par-les-vehicules-routiers-recents-ne-proviennent-plus-de-lechappement.html">sans non plus les supprimer</a>), il ne répondra pas aux impacts sanitaires liés au manque d’activité physique, à l’accidentalité ou à la consommation d’espace des voitures.</p>
<p>Le défi est vaste, mais heureusement, les leviers sont nombreux et alignés avec les préoccupations environnementales et de mobilités inclusives. Ils doivent tous être sollicités en même temps pour réduire significativement les impacts sévères et généralement sous-estimés de la voiture sur notre santé.</p>
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<p><em>Cet article s’appuie en partie sur le contenu de l’ouvrage <a href="https://www.lisez.com/livre-grand-format/voitures-fake-or-not-concilier-mobilite-et-neutralite-carbone-sans-fake-news-moteur-electrique-vs-moteur-thermique-transition-energetique-dependance-a-la-voiture-individuelle/9791030104806">« Voitures, fake or not ? »</a>, A. Bigo, I. Brokman, Tana éditions</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206911/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélien Bigo est chercheur indépendant et associé à la chaire Energie et Prospérité.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kévin Jean est membre bénévole du bureau de l'association Sciences Citoyennes.</span></em></p>
La voiture est au centre de nos mobilités, ce qui limite l’usage des transports actifs, tels que la marche ou le vélo. Une situation dont les impacts sanitaires dépassent la seule pollution de l’air.
Aurélien Bigo, Chercheur sur la transition énergétique des transports - chaire Énergie et Prospérité - Institut Louis Bachelier, École normale supérieure, Ensae ParisTech, École polytechnique
Kévin Jean, Maître de conférences en épidémiologie, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/208560
2023-06-27T18:23:41Z
2023-06-27T18:23:41Z
Quels impacts les feux de forêt canadiens peuvent avoir sur la santé en Europe ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/534281/original/file-20230627-23-t33ggp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C212%2C1988%2C1254&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Prévision de la localisation du panache d'aérosols provenant des mégafeux en cours au Canada pour mercredi 28 juin.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://atmosphere.copernicus.eu/charts/packages/cams/products/aerosol-forecasts?base_time=202306270000&layer_name=composition_aod550&projection=classical_global&valid_time=202306280900">Copernicus Atmosphere Monitoring Service (CAMS)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>La fumée de <a href="https://www.ciffc.ca/">plus d’une centaine de feux de forêt</a> au Canada s’est répandue jusque dans les villes nord-américaines, pourtant situées loin des foyers. Le 7 juin 2023, New York et Detroit ont ainsi été classées parmi les <a href="https://www.iqair.com/us/world-air-quality-ranking">cinq villes les plus polluées du monde</a> à cause de ces lointains incendies. La fumée de ces mégafeux traverse maintenant l’Atlantique vers l’Europe – avec un pic attendu en France mercredi ou jeudi.</em></p>
<p><em><a href="https://www.umt.edu/biomedical-pharmaceutical-sciences/people/faculty.php?ID=1345">Chris Migliaccio</a>, toxicologue à l’université du Montana, étudie l’impact de la fumée des incendies de forêt sur la santé humaine. Quels sont les risques auxquels on peut être confrontés, même à des centaines de kilomètres de distance ?</em></p>
<p>(<em>Mark Parrington, du Service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS), estime <a href="https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20230626-incendies-au-canada-montr%C3%A9al-suffoque-peu-probable-que-l-air-europ%C3%A9en-soit-affect%C3%A9">peu probable que cela ait un impact majeur sur l’air en Europe</a>, le nuage étant à plusieurs km d’altitude. Mais tous les services d’observation restent vigilants, ndlr.</em>)</p>
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<h2>Qu’est-ce qui pose problème dans la fumée des incendies de forêt ?</h2>
<p>Lorsque nous parlons de la qualité de l’air, nous parlons souvent des « PM2,5 ». Il s’agit de particules en suspension dans l’air d’un diamètre de 2,5 microns ou moins, suffisamment petites pour pénétrer profondément dans les poumons.</p>
<p>L’exposition aux PM2,5 provenant de la fumée, ou d’autres pollutions atmosphériques telles que les émissions des véhicules, peut exacerber des problèmes de santé tels que l’asthme et réduire la fonction pulmonaire. Ce qui peut aggraver les problèmes respiratoires existants de même que certaines maladies cardiaques.</p>
<p>Mais le terme PM2,5 ne renseigne que sur la taille : pas sur la composition – ce qui brûle dans l’incendie qui les libère peut faire une différence significative dans la chimie.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1673390779065069568"}"></div></p>
<p>Dans le nord des Rocheuses, la plupart des incendies sont alimentés par la végétation, mais <a href="https://doi.org/10.1289/EHP3450">toutes les végétations ne sont pas identiques</a>.</p>
<p>De plus, si l’incendie se situe dans les zones périurbaines, à la jonction entre ville et nature, les combustibles manufacturés provenant des habitations et des véhicules peuvent également brûler, ce qui va <a href="https://nap.nationalacademies.org/catalog/26460/the-chemistry-of-fires-at-the-wildland-urban-interface">créer une autre chimie toxique</a>. On peut mentionner les <a href="https://www.cdc.gov/climateandhealth/effects/wildfires.htm">composés organiques volatils</a> (COV), le monoxyde de carbone (CO) et les <a href="https://www.cdc.gov/biomonitoring/PAHs_FactSheet.html">hydrocarbures aromatiques polycycliques</a> (HAP) produits lors de la combustion qui sont susceptibles de <a href="https://theconversation.com/comment-la-pollution-atmospherique-impacte-la-pratique-sportive-207964">nuire à la santé humaine</a>.</p>
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<h2>Quels sont les risques pour la santé ?</h2>
<p>Si vous avez déjà été près d’un feu de camp et que vous avez reçu un panache de fumée au visage, vous avez probablement ressenti une certaine gêne… L’exposition à la fumée des feux de forêt entraîne en effet une <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1029/2021GH000578">irritation du nez et de la gorge, voire une inflammation locale</a>. Si vous êtes en bonne santé, votre corps sera bien sûr largement capable de le supporter.</p>
<p>Comme pour beaucoup de choses, c’est la dose qui fait le poison – presque tout peut être nocif à une certaine dose…</p>
<p>En général, les cellules immunitaires situées dans nos poumons, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK513313/">macrophages</a>, y ramassent les particules étrangères et les éliminent – jusqu’à une certaine dose, donc. C’est lorsque le système est débordé qu’il peut y avoir un problème.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Illustration d’une petite section de poumons montrant les alvéoles et, à l’intérieur des alvéoles, des macrophages" src="https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=913&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=913&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=913&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534295/original/file-20230627-22-e1bn10.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">C’est au niveau des alvéoles pulmonaires que se font les échanges gazeux de la respiration. S’y trouvent également des cellules du système immunitaire : des macrophages.</span>
<span class="attribution"><span class="source">P. Brieux, Anatomy and Physiology</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’une des préoccupations est que la fumée peut <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-018-31459-6">neutraliser l’action des macrophages</a>, ou tout du moins la modifier suffisamment pour que vous deveniez plus sensible aux infections respiratoires.</p>
<p>Une étude sur le temps de latence dans l’effet de l’exposition à la fumée des feux de forêt a montré une <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.105668">augmentation des cas de grippe après une mauvaise saison d’incendies</a>. D’autres, menées dans les pays en développement, ont de la même façon révélé une augmentation des <a href="https://doi.org/10.1016/j.atmosenv.2022.119055">infections respiratoires</a> chez les personnes qui <a href="http://dx.doi.org/10.1136/thx.2010.147884">cuisinent sur des feux ouverts</a> dans les maisons.</p>
<p>Le stress d’une réaction inflammatoire peut également exacerber des problèmes de santé existants. Le fait d’être exposé à la fumée de bois ne provoquera pas en soi une crise cardiaque… mais si une personne présente des facteurs de prédisposition sous-jacents, tels qu’une accumulation importante de plaques d’athérome en cas de cholestérol, le stress supplémentaire peut augmenter le risque.</p>
<p>Les chercheurs étudient aussi les effets potentiels <a href="https://theconversation.com/breathing-wildfire-smoke-can-affect-the-brain-and-sperm-as-well-as-the-lungs-166548">sur le cerveau</a> et le <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/full/10.1289/EHP10498">système nerveux</a> des <a href="https://www.epa.gov/isa/integrated-science-assessment-isa-particulate-matter">particules inhalées</a>.</p>
<h2>Lorsque la fumée se propage sur de longues distances, sa toxicité change-t-elle ?</h2>
<p>Nous savons que la chimie de la fumée des incendies de forêt change. Plus elle reste longtemps dans l’atmosphère, plus <a href="https://theconversation.com/wildfire-smoke-changes-dramatically-as-it-ages-and-that-matters-for-downwind-air-quality-heres-what-we-learned-flying-through-smoke-plumes-151671">elle sera altérée</a> par la lumière ultraviolette. Nous avons encore toutefois <a href="http://doi.org/10.1016/j.etap.2017.08.022">beaucoup à apprendre</a> sur le sujet.</p>
<p>Les chercheurs ont tout de même constaté qu’il semble y avoir un niveau d’oxydation plus élevé : plus la fumée reste longtemps dans l’air, plus des oxydants et des radicaux libres sont générés. Si les effets spécifiques sur la santé ne sont pas encore clairs, il semble qu’une plus grande exposition entraîne des <a href="https://doi.org/10.1155/2017/8416763">effets plus importants</a>.</p>
<p>L’hypothèse est que plus la fumée est exposée aux rayons UV, plus il y a de <a href="https://ec.europa.eu/research-and-innovation/en/horizon-magazine/four-times-more-toxic-how-wildfire-smoke-ages-over-time">radicaux libres formés</a>, et plus le risque d’effets nocifs est élevé. Là encore, il s’agit en grande partie d’une question de dose.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Skyline de Denvers, complètement bouchée" src="https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/527317/original/file-20230519-19-n25dl9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Denver a été classée parmi les villes les plus polluées au monde le 19 mai 2023, en grande partie à cause de la fumée des incendies de forêt en provenance de l’Alberta, au Canada.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/cdpheapcd/status/1659537882133204992">Colorado Air Pollution Control Division</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si vous êtes en bonne santé, il est plus que probable qu’une promenade à vélo ou une randonnée dans une fumée légère ne soit pas un problème pour vous : votre corps sera parfaitement capable de récupérer.</p>
<p>En revanche… si vous faites cela tous les jours pendant un mois dans la fumée d’un incendie, cela soulève d’autres questions.</p>
<p>J’ai ainsi participé à des études avec des habitants de Seeley Lake, dans le Montana, qui ont été exposés à des niveaux dangereux de PM2,5 provenant de la fumée des incendies de forêt pendant 49 jours en 2017. Un an plus tard, nous constations toujours une <a href="https://doi.org/10.3390/toxics8030053">diminution de leur fonction pulmonaire</a>. Personne n’a dû être placé sous oxygène, mais il y avait une baisse significative.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-la-pollution-atmospherique-impacte-la-pratique-sportive-207964">Comment la pollution atmosphérique impacte la pratique sportive</a>
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<p>Il s’agit d’un domaine de recherche relativement nouveau, et nous avons encore beaucoup à apprendre, en particulier avec l’augmentation de l’activité des feux de forêt à mesure que la planète se réchauffe.</p>
<h2>Quelles précautions peut-on prendre ?</h2>
<p>S’il y a de la fumée dans l’air, la seule chose à faire est d'essayer de réduire votre exposition.</p>
<p>Peut-on éviter la fumée ? Non, à moins d’être dans une maison hermétiquement fermée ou que vous disposiez d’un très bon système de chauffage, ventilation et climatisation, disposant par exemple de <a href="https://www.epa.gov/indoor-air-quality-iaq/what-merv-rating">filtres MERV 15 ou supérieurs</a>.</p>
<p>Les niveaux de particules ne sont en effet généralement pas très différents à l’intérieur et à l’extérieur. Mais le fait d’être à l’intérieur diminue votre activité : votre rythme respiratoire est donc plus lent et la quantité de fumée que vous inhalez est probablement plus faible.</p>
<p>Nous avons également tendance à conseiller aux personnes potentiellement plus vulnérables, comme les asthmatiques, de créer un espace sûr à la maison et au bureau avec un système de filtration d’air autonome de haut niveau pour créer un espace où l’air est plus pur.</p>
<p>Certains <a href="https://doi.org/10.1038/s41370-020-00267-4">masques peuvent aider</a>. Un <a href="https://theconversation.com/masques-chirurgicaux-et-ffp2-deux-enquetes-pour-verifier-leur-innocuite-175388">masque FFP2</a> (bien connu depuis le Covid) ne fait pas de mal par exemple. Par contre, un simple masque en tissu ne sera pas d’une grande utilité.</p>
<p>La plupart des États, <a href="http://www2.prevair.org/">dont la France</a>, disposent de moniteurs de qualité de l’air qui peuvent vous donner une idée de la qualité de l’air, alors vérifiez ces sites et agissez en conséquence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208560/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christopher T. Migliaccio a reçu des financements du NIH et de la HRSA pour ses travaux sur les effets de la fumée de bois sur la santé.
</span></em></p>
Les fumées des mégafeux qui ravagent le Canada sont en train d’atteindre l’Europe et la France. Que contiennent ces panaches ? Leur composition varie-t-elle ? Et quel impact sur la santé ?
Christopher T. Migliaccio, Research Associate Professor in Toxicology, University of Montana
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/207650
2023-06-27T18:22:00Z
2023-06-27T18:22:00Z
Pollution chimique et effet cocktail: une piste vers des tests toxicologiques sans expérimentation animale
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531606/original/file-20230613-23-2j4pgf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C19%2C4327%2C2131&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des cellules de poumon humain cultivées in vitro répondent au stress environnemental (vivantes et saines à gauche et exposées à un poison à droite), et changent de forme et de motifs de connexion.</span> <span class="attribution"><span class="source">©Sophie Charrasse / CNRS-ISEM</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Voici une image où apparaissent des mitochondries en rose : ce sont les poumons et « centrales énergétiques » qui permettent aux cellules (en vert, avec leurs noyaux en bleu) de respirer, de vivre et d’assurer leurs <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37100996/">fonctions</a>.</p>
<p>Dans les cellules saines à gauche, les mitochondries sont plutôt longues et interconnectées, à l’image d’un réseau routier vu du ciel ; tandis que dans des cellules <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24429632/">stressées</a> et endommagées à droite, leur réseau est éclaté en une constellation de mitochondries solitaires, qui produisent moins d’énergie et finiront par précipiter les cellules dans la voie du <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5641228/">suicide</a>.</p>
<p>Ainsi, les mitochondries sont un bon baromètre de la santé de nos cellules, l’architecture de leurs réseaux allant même jusqu’à varier dans les tissus provenant d’individus <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8514530/">malades</a>. Grâce à l’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27731355/">imagerie confocale</a> en temps réel, à l’aide notamment de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33562813/">robots</a> d’imagerie à haut contenu, nous pouvons révéler en moins d’une seconde les contours d’une cellule vivante, son noyau ainsi que des « organites » uniques (les éléments d’une cellule qui assurent des fonctions spécifiques, comme les mitochondries justement), afin d’étudier les effets de différents polluants sur les cellules et leur santé.</p>
<h2>L’imagerie rapide des mitochondries comme « lanceur d’alerte » en santé environnementale</h2>
<p>Contamination de l’air, de l’eau, des produits alimentaires, pollution des sols, pollution sonore : mesurer l’impact des risques environnementaux sur la santé des organismes et des écosystèmes n’est pas une mince affaire.</p>
<p>Les images générées par les plates-formes d’imagerie sont traitées informatiquement pour livrer de précieux renseignements sur l’effet des nombreux polluants qui nous entourent.</p>
<p>C’est un pas en avant pour décrypter l’« exposome », une notion <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16103423/">introduite</a> par le britannique Christopher Paul Wild en 2005 et qui se définit comme la totalité des expositions auxquelles un individu est soumis tout au long de sa vie (de la conception à la mort).</p>
<p>En effet, les <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/content/publication/9789264262294-fr">pollutions extérieure</a> (air, eau, sols) et <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AUT-Ra-CoutAirInterieurSHS2014.pdf">intérieure</a> (foyer, bureau, voiture) engendrent non seulement des effets négatifs sur notre <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35594895/">santé</a> (avec le déclenchement de maladies chroniques) et celle des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36943240/">écosystèmes</a> (qui accusent une chute sans précédent de la biodiversité et des rendements agricoles), mais également un coût socio-économique <a href="https://epha.org/how-to-save-hundreds-of-thousands-of-lives-in-europe-through-ambient-air-quality-directives/">énorme</a>.</p>
<p>Un décès sur six lui serait imputable chaque année, soit <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(22)0 0090-0/fulltext">trois fois plus</a> que le sida, la tuberculose et le paludisme réunis. Nous évoluons par ailleurs en permanence dans une « chimiosphère » (un mélange de substances) dont les risques sont très mal connus : épidémiologistes et toxicologues n’ont pu évaluer la toxicité que d’une fraction minime des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31968937/">350 000 produits chimiques enregistrés depuis les années 1960 dans les principaux inventaires chimiques nationaux et régionaux</a> (pour production et utilisation commerciale).</p>
<p>L’impact sanitaire et écologique de ces composés, qui risquent de mettre en péril l’intégrité du <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35038861/">système Terre</a>, reste peu caractérisé lorsqu’on les étudie séparément. Qui plus est, leurs potentiels « effets cocktails » (les effets résultant d’une exposition à plusieurs substances en même temps, qui sont parfois plus délétères qu’une exposition « simple ») ne sont quasiment jamais testés, faute de technologies <em>ad hoc</em>.</p>
<p>Comment traduire la réalité de ces expositions multiples à l’échelle des cellules d’un organisme ?</p>
<h2>Une nouvelle génération de tests toxicologiques sans expérimentation animale</h2>
<p>C’est à ce niveau que les mitochondries ont leur mot à dire. La fragmentation des mitochondries et du réseau mitochondrial constitue en effet un reflet précoce de leur perte de fonctionnalité et donc un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31877376/">marqueur</a> du danger environnemental.</p>
<p>Le principe de la méthode consiste à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27560178/">peindre</a> (avec des colorants vitaux) les mitochondries et autres constituants des cellules cultivées in vitro. Ces dernières sont des cellules humaines primaires, ou de lignées, de diverses origines tissulaires (peau, poumon, rein, intestin par exemple) et que l’on va exposer à des substances toxiques retrouvées dans notre environnement, par exemple des pesticides ou des particules fines. Nul besoin ici de sacrifier un animal à chaque expérience.</p>
<p>Grâce à un logiciel, une batterie de paramètres est calculée à partir des images de microscopie confocale : la taille des mitochondries, leur circularité et leur degré de connectivité font partie de la centaine de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38047232/">descripteurs</a> possibles qui permettent de mettre en évidence l’effet délétère de substances toxiques, seules ou combinées (effet cocktail).</p>
<p>L’objectif est de mettre en relation des évènements moléculaires initiateurs, tels que l’exposition à ces substances chimiques, avec une nocivité ou une toxicité, à différentes échelles biologiques au niveau des cellules, tissus, organes jusqu’aux individus. Si les mitochondries connectent les toxicités et altérations s’exprimant à l’échelle microscopique (cellules) et les effets adverses et les pathologies observées à l’échelle tissulaire, l’incertitude concerne l’extrapolation des données toxicologiques obtenues in vitro aux effets possibles sur les organismes et les écosystèmes.</p>
<p>À terme, ce système pourrait aussi permettre d’identifier des ingrédients capables de protéger ou de restaurer les « mitochondriomes » (l’ensemble des mitochondries) des cellules exposées à des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35011671/">polluants</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207650/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Abdel Aouacheria est membre de la Chaire Reliance en complexité de la Fondation de l'Université de Montpellier. Son programme de recherche (MITOMATIQUE) a bénéficié de subventions de recherche octroyées par la Fondation ARC pour la recherche contre le cancer, la Ligue contre le cancer, l’i-site MUSE, le CNRS et le programme de prématuration de CNRS Innovation. Ce projet a par ailleurs fait l’objet de collaborations avec deux industries cosmétiques (SILAB et CLARIANT) ainsi qu’avec le Phoenix Children’s Hospital (University of Arizona, USA). </span></em></p>
Grâce à de nouvelles techniques d’imagerie rapide, on peut évaluer l’état de santé de cellules soumises à des polluants et autres poisons.
Abdel Aouacheria, Biologiste, chargé de recherches au CNRS, spécialiste de la vie et de la mort des cellules, Université de Montpellier
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tag:theconversation.com,2011:article/202919
2023-05-08T18:06:35Z
2023-05-08T18:06:35Z
Pollution de l’air : En France, des zones à faibles émissions efficaces mais inégalitaires ?
<p>Les études alertant sur <a href="https://theconversation.com/comment-les-voitures-remettent-des-particules-polluantes-en-suspension-dans-lair-en-roulant-191389">l’impact de la pollution</a> de l’air <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/pollution-lair-origines-situation-et-impacts">sur la santé se succèdent</a> sans que les pouvoirs publics ne semblent avoir <a href="https://theconversation.com/la-pollution-de-lair-un-probleme-pour-92-de-la-population-urbaine-mondiale-70855">pris la mesure du problème</a>.</p>
<p>En 2015, la ville de Paris décide néanmoins d’instaurer la première Zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) française. Poussé par l’Union européenne, l’État français a finalement depuis fait adopter les <a href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/27-zones-a-faibles-emissions-low-emission-zones-lez-a-travers-l-europe-les.html">ZFEm dans les agglomérations françaises, à la suite de ces voisins</a>. </p>
<p>Si seulement 11 agglomérations disposent d’une ZFE-m en 2023, elles seront 43 d’ici à 2025, conséquence de la loi Climat et résilience <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques-reduire-pollution-lair">qui a rendu leur instauration obligatoire</a>.</p>
<p>Ce dispositif vise à restreindre progressivement l’accès en ville des véhicules les plus polluants en s’appuyant sur les vignettes Crit’Air, <a href="https://theconversation.com/loi-climat-et-resilience-vers-une-mobilite-electrique-plus-accessible-161481">qui les catégorisent</a> en fonction de leur motorisation et de leur ancienneté, pour réduire l’impact de la pollution automobile. </p>
<p>Deux types de polluants les plus présents en ville et les plus impactants pour la santé humaine sont ainsi visés, le dioxyde d’azote (NO<sub>2</sub>) et les particules fines (PM).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<h2>ZFE-m et polluants</h2>
<p>Dans les années 1990, l’Europe a mis en place les normes Euro, qui limitent les émissions de polluants des véhicules routiers à l’échappement – cela a ainsi divisé par 20 les émissions d’oxydes d’azote (NOx) en 20 ans entre Euro 0 et Euro 6. </p>
<p><a href="https://theconversation.com/fr/topics/dieselgate-95169">Mais le scandale du « dieselgate »</a> a mis en lumière les biais des mesures d’émissions : depuis 2016, celles-ci sont enfin calculées suivant un test proche des conditions de conduite réelle. </p>
<p>Actuellement, l’Union européenne tente d’établir une norme Euro 7 limitant également les PM émises par les pneus et les freins, qui représentent la majorité des particules émises par les véhicules récents.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Figure sur les différents types d'impact de la pollution de l’air" src="https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518295/original/file-20230329-25-q4062y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La pollution de l’air et ses différents niveaux d’évaluation.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Premiers retours d’expérience</h2>
<p>En Île-de-France, Airparif a estimé les gains de <a href="https://www.airparif.asso.fr/comprendre-et-respecter-les-zones-faibles-emissions">l’accélération du renouvellement du parc routier par les ZFE-m</a>. </p>
<p>Avec un respect strict de la mesure, entre 3 et 20 % de gain peuvent être attendus sur les émissions de PM en fonction du périmètre. Ils ne se limitent d’ailleurs pas au périmètre de la ZFE-m du fait de la baisse des quantités de polluants diffusés dans l’air, mais aussi du renouvellement du parc de véhicule des résidents extérieurs au périmètre qui doivent se remotoriser <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S001393512030298X">afin de pouvoir rentrer dans la ZFE-m</a>.</p>
<p>La qualité de l’air est souvent vue au prisme des concentrations de polluants dans l’air, qui ont l’avantage de prendre en compte les multiples sources émettrices de polluants et d’être spatialisées. <a href="https://www.airparif.asso.fr/le-dioxyde-dazote">Si le NO₂ de l’air des métropoles est issu principalement du trafic routier</a>, ce n’est pas le cas pour les PM, en <a href="https://www.airparif.asso.fr/les-particules-fines">baisse continuelle ces dernières années</a>. Le chauffage des bâtiments et notamment le chauffage au bois <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/04/le-chauffage-au-bois-premiere-source-d-emission-de-particules-fines_6082815_3244.html">est la principale source de PM</a> <a href="https://www.ors-idf.org/fileadmin/DataStorageKit/ORS/Etudes/2018/Etude2018_7/2018_focus_chauffage_au_bois_ORS_1_.pdf">même dans les grandes métropoles</a> où son usage est <a href="https://www.bfmtv.com/lyon/grand-lyon-les-vieilles-cheminees-a-bois-et-foyer-ouvert-bientot-interdites_AN-202211250532.html">partiellement réglementé</a> (autorisé uniquement à usage domestique à Paris et Lyon) mais étrangement toujours autorisé).</p>
<p>À l’échelle européenne, les retours d’expérience de ZFE-m, où la restriction ne concerne que les véhicules les plus anciens, montrent que les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231015300145?via%3Dihub">concentrations de NO₂ et de PM baissent seulement de quelques pourcents</a>.</p>
<h2>Un impact potentiel fort sur la santé</h2>
<p>Pour minimiser l’impact sur la santé de la pollution de l’air, les épidémiologistes définissent des niveaux d’exposition à ne pas dépasser plus d’un certain temps dans l’année. Ces niveaux dépendent non seulement des lieux de résidence des populations mais aussi de leurs lieux d’activités quotidiennes. </p>
<p>C’est ainsi que la ZFE-m bénéficie à la population résidant dans le périmètre mais aussi à <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1361920921002753">celle habitant en dehors mais qui y passe une partie de la journée</a>. </p>
<p>Cependant, pour que les résultats <a href="http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2022/19-20/2022_19-20_5.html">soient à la hauteur</a> des attentes, il s’agit de favoriser son acceptabilité sociale et d’instaurer un contrôle des véhicules circulant dans le périmètre, ce qui semble aujourd’hui trop risqué d’un point de vue social.</p>
<h2>Une pollution qui nuit inégalement</h2>
<p>Aussi, la ZFE-m met en évidence les tensions entre les enjeux environnementaux et sociaux de la régulation de la mobilité. </p>
<p>Les résidents du centre des agglomérations subissent en moyenne davantage la pollution de l’air aux PM et NO<sub>2</sub> quand bien même ils sont aussi les plus nombreux à ne pas utiliser de voiture au quotidien. </p>
<p>Cette inégalité territoriale est renforcée par le fait qu’une part des automobilistes des périphéries émettent des polluants dans le centre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004896972200568X">sans subir les effets de cette pollution à leur résidence</a>.</p>
<p>Telle qu’elle a été définie, La ZFEm répond en partie à cette inégalité en restreignant l’accès à certains véhicules parmi les plus polluants. </p>
<h2>Des ZFE-m qui pénalisent les plus défavorisés</h2>
<p>En contrepartie toutefois, les voitures ciblées sont détenues dans leur grande majorité <a href="http://dataviz.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/ZFEShinyAppv3/">par des résidents socialement défavorisés</a>, qui auront du mal financièrement à racheter une voiture plus récente malgré les aides proposées. </p>
<p>Cette inégalité sociale structurelle est encore exacerbée par la nouvelle légitimité donnée aux véhicules récents dont les plus lourds comme les SUV <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/infographies-plus-lourds-plus-polluants-plus-dangereux-pourquoi-les-suv-sont-dans-le-retro-viseur-des-ecolos_4105801.html">sont parmi les plus chers et aujourd’hui les plus vendus</a>. Comme les voitures électriques à grande autonomie, <a href="https://presse.ademe.fr/2022/04/plus-de-la-moitie-des-particules-fines-emises-par-les-vehicules-routiers-recents-ne-proviennent-plus-de-lechappement.html">ils participent pourtant fortement aux émissions de PM</a>.</p>
<p>La voiture est parfois d’autant plus indispensable aux catégories les plus modestes qu’elles résident souvent loin du centre, travaillent en horaires décalés et dans des lieux souvent mal desservis en transport public. </p>
<p>Un dispositif alternatif pourrait cibler le poids des voitures pour viser les populations riches encore motorisées du centre qui gardent avec la ZFE-m une mobilité pourtant totalement inadaptée à l’environnement urbain très dense.</p>
<h2>Une aide à la conversion très coûteuse</h2>
<p>Quels que soient les véhicules, même si les normes successives de motorisation diminuent les émissions, les gains du renouvellement du parc se heurtent à un seuil.</p>
<p>L’aide à la conversion pour acheter un SUV électrique coûte très cher à l’État <a href="https://theconversation.com/fin-de-la-voiture-thermique-pourquoi-le-tout-electrique-na-rien-dune-solution-miracle-192264">pour des bénéfices environnementaux limités</a>. Comme pour de nombreuses nuisances urbaines, les solutions passent par la réduction du trafic automobile et une révolution dans l’aménagement de la périphérie des agglomérations.</p>
<p>Mais des décennies de politiques de transport et d’urbanisme favorables à la voiture et à l’étalement urbain rendent aujourd’hui difficile toute politique restrictive de l’usage des véhicules dans les périphéries. </p>
<h2>Repenser l’aménagement urbain périphérique</h2>
<p>Diminuer la place dédiée à la voiture en faveur de la marche et du vélo est urgent et ne doit plus se limiter au centre des agglomérations. L’étalement urbain encore à l’œuvre produit toujours des espaces périphériques dépendants de l’automobile.</p>
<p>Les liens du centre de l’agglomération avec sa périphérie nécessitent la mise en place de politiques cohérentes afin d’éviter des trajectoires opposées entre un centre limitant les voitures et une périphérie toujours plus étalée entre lotissements, entrepôts logistiques géants et zones commerciales.</p>
<p>La pollution de l’air ne doit pas être perçue comme un problème local qui nécessite une réponse sectorielle. Elle rejoint des problématiques de bruit ou d’accessibilité jusqu’à des questions de justice sociale ou de limites planétaires. Tous ces enjeux doivent être pensés de manière globale et systémique pour que les réponses apportées soient justes et efficaces.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202919/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Malgré leur relative efficacité, ces dispositifs sont inégalitaires et ne répondent pas à la nécessité de révolutionner l’aménagement urbain.
Alexis Poulhès, Enseignant-chercheur, Laboratoire Ville Mobilité Transport, École des Ponts ParisTech (ENPC)
Laurent Proulhac, Ingénieur d’études, Laboratoire Ville Mobilité Transport, Université Gustave Eiffel
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tag:theconversation.com,2011:article/203826
2023-04-24T18:19:17Z
2023-04-24T18:19:17Z
Le périphérique parisien a 50 ans, qu’en est-il du projet de « ceinture verte » ?
<p>« Une fin et un commencement ». C’est par ces mots que <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1973/04/25/le-peripherique-une-fin-et-un-commencement_2545338_1819218.html"><em>Le Monde</em></a> salue, le 25 avril 1973, le « bouclage » des 35 kilomètres du <a href="https://theconversation.com/topics/paris-21728">boulevard périphérique</a>, enfin achevé au terme de 17 ans de travaux. Pierre Messmer, premier ministre du gouvernement de Georges Pompidou, <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf97513012/pierre-messmer-inaugure-le-boulevard-peripherique">inaugure</a> ce jour-là le dernier tronçon porte Dauphine (XVI<sup>e</sup> arrondissement) – porte d’Asnières (XVII<sup>e</sup> arrondissement).</p>
<p>Attendu avec impatience, l’ouvrage, qui fête en ce mois d’avril son cinquantième anniversaire, déçoit, avant même son achèvement, au moment où s’affirme le rejet des grands ensembles, dans un contexte de grèves ouvrières et de mobilisations écologiques. « Une dangereuse illusion » ; « Périmé avant d’être terminé » : dès la fin de l’année 1969, les journaux <em>Combat</em> et <em>L’Aurore</em> soulignent la massification de l’automobilisme qui provoque la saturation de l’infrastructure, tandis que les maquettes d’un projet de <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/12/17/un-projet-seduisant-mais-contestable-le-super-peripherique-a-deux-chaussees-superposees_2406668_1819218.html">« Super-périphérique »</a>, qui prévoit d’en doubler la capacité, sont détruites par des « saboteurs anonymes » la veille de sa présentation au public.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ukJq0zLSmQo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Le « périf », tel qu’on le surnomme, est un héritage qu’il nous faut regarder sans honte et avec soin. Son rapport à la ville n’a jamais cessé d’être présent même si, comme l’ont montré <a href="https://www.calameo.com/read/004309853100e9df78af2?authid=gMmtBLCKAwWd">nos travaux</a>, cette « ville » a, au cours de son histoire, revêtu des significations différentes. Son destin s’envisage aujourd’hui à l’aune des changements globaux dont il est un nœud de l’atténuation et de l’adaptation.</p>
<p>La Ville de Paris a pour ambition de le transformer en « <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/ceinture-verte-paris-xxie-siecle-hier-aujourd-hui-demain">nouvelle ceinture verte</a> », l’horizon des <a href="https://theconversation.com/topics/jeux-olympiques-21983">Jeux olympiques et paralympiques</a> de 2024 approchant comme un « accélérateur » de sa mutation. Une <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/04/17/paris-ouvre-une-consultation-sur-l-avenir-d-une-voie-du-peripherique-de-la-capitale_6169858_823448.html">consultation</a> projetant la réservation exclusive d’une voie pour le <a href="https://theconversation.com/les-autosolistes-sont-ils-prets-a-se-mettre-au-covoiturage-pour-les-trajets-du-quotidien-190863">covoiturage</a> a d’ailleurs été lancée. </p>
<p>Qu’entend-on cependant par « ceinture verte » ? Recouvrer l’usage du sol, canaliser le trafic, gouverner la grande échelle : ces trois questions, qui sont à l’origine de son histoire, déterminent les conditions d’une restauration de l’infrastructure végétale du Grand Paris.</p>
<h2>La « ceinture » de Paris : un commun</h2>
<p>Équipement du Grand Paris en expansion, le périphérique s’est installé sur un territoire que l’on nomme la <a href="https://www.pavillon-arsenal.com/fr/edition-e-boutique/collections/19-x-30/11957-des-fortifs-au-perif.html">« ceinture »</a>. Cet espace, qui depuis longtemps articule les destins de Paris et des banlieues, c’est celui des anciennes <a href="https://books.openedition.org/psorbonne/2381">fortifications</a> dites de Thiers, édifiées entre 1841 et 1844, et de leur <a href="https://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/granier_anne_resume.pdf">« zone »</a> <em>non aedificandi</em>, inconstructible. L’ensemble – murs, bastions, rocades, talus, fossés, zone – délimite une bande de 400 mètres de large. L'enceinte militaire encercle le territoire intra-muros, englobant une partie des communes riveraines de Paris, la <a href="https://books.openedition.org/psorbonne/2383?lang=fr">« petite banlieue »</a>, qui sera <a href="https://journals.openedition.org/rh19/4606">annexée</a> fin 1859. La loi sur “<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5523577z.image">l'extension des limites de Paris</a>” consacre les nouveaux contours politiques de la capitale.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=644&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=644&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=644&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les fortifications de Paris en 1859.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.M. Schomburg/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Le démantèlement des « fortifs » qui se poursuit jusqu’en 1929, après leur déclassement voté en 1919, laisse un gigantesque vide, rapidement <a href="https://www.youtube.com/watch?v=143GgBYZYBU">comblé</a> de manière licite et illicite. Un vaste bidonville peuplé par les « zoniers » s’installe. La ceinture devient aussi le réceptacle des besoins et des projets de la ville, des cimetières aux stades, du logement à la circulation. La <a href="https://journals.openedition.org/insitu/855">Cité internationale universitaire</a> en est l’un des joyaux. Le <a href="https://journals.openedition.org/traces/8207">boulevard périphérique</a> en forme l’une des pièces centrales.</p>
<p>L’idée de <a href="https://empreintedesfortifs.webnode.fr/">« ceinture verte »</a> apparaît tôt et perdure longtemps. Avant même que l’enceinte ne soit abattue, les Parisiens traversent ses portes le temps d’un dimanche en famille pour y chercher le bon air, profiter de l’espace libre et planté. Au tournant du siècle dernier, les <a href="https://www.persee.fr/doc/genes_1155-3219_1994_num_16_1_1245">visions</a> réformatrices et hygiénistes de l’influent groupe du Musée social projettent son lotissement avec parcs, immeubles et voies. Né finalement en 1943, sous Vichy, le « boulevard périphérique » figure une boucle de circulation très arborée qui désengorgerait les boulevards des maréchaux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La « zone », vue des fortifications Porte de Saint-Ouen.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Scanné par Claude Shoshany Wikimedia</span></span>
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<p>Les années 1950 font néanmoins basculer le destin de la ceinture. Trafic automobile, urbanisation régionale : les prévisions d’expansion transforment les attendus de la voie qui de <a href="https://www.calameo.com/read/004309853100e9df78af2?authid=gMmtBLCKAwWd">parkway</a>, comme disent les Anglo-saxons pour désigner une route située dans, à travers ou vers un parc, devient autoroute. La décision est scellée suite au rapport sur les « <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/12/17/m-lafay-defend-l-idee-d-un-remodelage-des-quartiers-est-de-paris_2032133_1819218.html">Solutions aux problèmes de Paris</a> » présenté en 1954 au Conseil de Paris. Le chantier s’engage en 1957.</p>
<p>Alors que le souci du paysage urbain anime la réalisation de la section Sud, la logique des flux l’emporte progressivement. La ceinture se fragmente. Les ouvrages et les vitesses étirent les échelles, dilatent l’espace, décollent le sol.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"846378912351440896"}"></div></p>
<p>Depuis, la ceinture n’a cessé de se remplir encore. Récemment, les tours <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/09/28/les-tours-duo-a-paris-des-monuments-a-contretemps_6143465_3246.html">Duo</a> se sont érigées porte d’Ivry. Un nouveau complexe <a href="https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Reportage-sur-le-chantier-de-l-arena-porte-de-la-chapelle-prevue-pour-janvier-2024/1376485">Arena</a> se réalise Porte de la Chapelle (18ᵉ arrondissement). <a href="https://www.portedebagnolet-gallieni.fr/le-projet/">Porte de Bagnolet</a> (20ᵉ arrondissement), on s’interroge sur le devenir du centre commercial. Le projet de réaménagement de la <a href="https://www.liberation.fr/societe/ville/a-paris-la-majorite-se-dechire-sur-le-projet-de-la-porte-de-montreuil-20221013_IECJTSKNZNFN7K5XN5KU5XHMIM/">porte de Montreuil</a> (20ᵉ arrondissement) continue de susciter des débats tandis que, porte de Vanves (14ᵉ arrondissement), le <a href="https://mairie14.paris.fr/pages/reamenagement-et-renovation-du-jardin-anna-marly-23367">jardin sur dalle</a> doit être prochainement rénové. Le paysage du périphérique égraine une forte dynamique de chantiers, le moindre interstice étant convoité, occupé, chahuté. C’est là que se trouvent les ressources foncières de la ville, à proximité de réseaux névralgiques.</p>
<h2>Dompter le monstre moderne</h2>
<p>À l’intensité des édifices s’ajoute celle des <a href="https://cdn.paris.fr/paris/2020/11/26/681d6f333be6d30e028e32938646b56a.pdf">trafics</a>. 1,1 million de véhicules par jour, 8 millions de kilomètres parcourus, 1,1 personne par véhicule. Les chiffres du périphérique montrent les symptômes multiples de l’automobilisme. Éprouvée par les Grand-Parisiens, pour beaucoup dépendants d’une mobilité carbonée, la congestion du « périf » pèse sur le quotidien de plusieurs centaines de milliers de riverains : <a href="https://www.bruitparif.fr/pages/En-tete/300%20Publications/600%20Rapports%20d%E2%80%99%C3%A9tude%20-%20bruit%20routier/2021-05-31%20-%20Campagne%202020%20de%20mesure%20du%20bruit%20autour%20du%20boulevard%20p%C3%A9riph%C3%A9rique%20parisien.pdf">bruit</a> et <a href="https://www.airparif.asso.fr/actualite/2022/2021-la-pollution-de-lair-diminue-mais-insuffisamment">pollution</a>.</p>
<p>Voies dédiées aux bus et covoiturages, zones à faibles émissions, nouveaux transports en commun : les alternatives et les régulations visent la diminution des émissions et le « report » du trafic. En « apaisant » la circulation, en réduisant la part de l’espace motorisé, l’autoroute exclusive se transformera-t-elle en voie amène ? Le temps d’une <a href="https://www.lemonde.fr/blog/transports/2019/10/06/nuit-blanche-on-a-pedale-sur-le-periph/">« nuit blanche »</a>, en octobre 2019, les citadins ont déjà éprouvé ce possible de l’extraordinaire en arpentant le périphérique à pied ou à vélo, de la porte de la Villette à la porte de Pantin (19ᵉ arrondissement).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Difficile d’imaginer qu’un viaduc autoroutier occupait tout cet espace de Séoul au début des années 2000.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cheonggyecheon#/media/File:CheonggyecheonSeoul.jpg">Grayswoodsurrey (2012)/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Ailleurs dans le monde, des projets ont reconverti radicalement des infrastructures. Le <a href="https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1017/SEOUL_Cheonggyecheon_Expressway.pdf">cas de Séoul</a> est sans doute l’un des plus connus à ce jour. Un viaduc autoroutier de 6 kilomètres qui couvrait un ancien cours d’eau, y a été fermé au trafic puis démonté, la rivière restaurée et ses abords aménagés. L’opération, mûrement réfléchie par des collectifs associatifs et universitaires, a été décidée trois mois après l’élection en 2002 du maire de Séoul Mung-Bak Lee. Elle s’est achevée en 2005.</p>
<p>Les effets furent convaincants: évaporation du trafic, apparition d’îlots de fraîcheur, loisirs urbains. Elle a toutefois nécessité au préalable des changements profonds du système de <a href="https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/DataStorage/user_upload/benchmark_mass_transit_rapport_FinalV2_20180727.pdf"><em>mass transit</em></a>, dont le plus spectaculaire a été la mise en place d’un réseau de bus à quatre vitesses sur voies dédiées à l’échelle de la métropole tout entière.</p>
<h2>Gouverner au-delà des murs</h2>
<p>En Île-de-France, il n’existe pas de municipalité élue à une vaste échelle. On objectera ainsi que la <a href="https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-00973108v1/document">« gouvernance »</a> du Paris métropolitain, chargée en rivalités et en rapports de force, constitue un obstacle lourd à franchir pour tout projet de transformation d’envergure. Ce n’est pas nouveau : l’histoire de la région parisienne est faite d’oppositions et de coalitions, qu’ont pu surmonter des projets à grande échelle. La réalisation du métro du Grand Paris express montre aujourd’hui encore que les inerties et les résistances peuvent être dépassées.</p>
<p>Paris et les banlieues ont tout à gagner d’une solidarité renforcée autour du futur du périphérique. Penser au-delà des murs, c’est concevoir la ceinture de Paris non pas comme enceinte – frontière (de Paris), barrière (des banlieues), artère (régionale) – mais comme lieu d’une multiappartenance. Circulation, habitat, vivant : ces questions s’enchâssent dans un espace qui nécessite de le considérer à l’échelle du <a href="https://www.inventerlegrandparis.fr/">Grand Paris</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les espaces verts de la région – Carte au 1/200 000.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.institutparisregion.fr/cartotheque/">Institut Paris Région</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>La crise environnementale invite à se ressaisir de la possibilité de recréer une grande respiration végétale à cet endroit. Dans un contexte où le droit se pensera de plus en plus selon les <a href="https://reseauactionclimat.org/les-pertes-et-dommages-consequences-irreversibles-du-changement-climatique/">« pertes et dommages »</a>, les impératifs de santé publique réorientent les priorités de l’aménagement. Sanctuariser les <a href="https://www.paris.fr/pages/de-la-ceinture-grise-a-la-ceinture-verte-comment-le-peripherique-va-se-metamorphoser-21145">talus et terre-pleins végétalisés</a> certes, mais aussi recréer au sein de la métropole, un système d’espaces libres, parcs et jardins, qui soit le patrimoine commun de ses 10 millions d’habitants.</p>
<p>André Malraux, Georges Valbon, <a href="https://journals.openedition.org/focales/333">Le Sausset</a>, La Plage Bleue : ces noms désignent les <a href="https://sacg.seinesaintdenis.fr/IMG/pdf/04_00_Schema_environnement_vert_S.E.V.E.S_Rapport.pdf">parcs départementaux</a> réalisés dans les années 1970 à Nanterre (Hauts-de-Seine), La Courneuve, Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Valenton (Val-de-Marne), au moment où s’achevait le chantier du périphérique et alors que s’engageait une politique publique en faveur de l’environnement. Aménagés parfois dans des contextes difficiles, sur des friches, des délaissés, des terrains inconstructibles, ils forment aujourd’hui les maillons d’une infrastructure paysagère régionale qui ne demande qu’à s’agrandir.</p>
<p>La Seine fait ce mois-ci la couverture du <a href="https://time.com/6261729/seine-clean-up-paris-olympics-2024/"><em>Time Magazine</em></a>. Son écologie est en voie de restauration, bien au-delà des plaisirs vitaux de la baignade fluviale, salutaire au vu des étés de plus en plus <a href="https://interactive.afp.com/features/Demain-quel-climat-sur-le-pas-de-ma-porte_621/city/75056-Paris/">caniculaires</a> qui frapperont la capitale. Le périphérique sera-t-il l’autre grand projet de restauration d’une nature grand-parisienne ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203826/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Roseau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les mesures pour limiter la pollution visent notamment à répondre aux problèmes créés par des décennies de construction ininterrompue dans l'espace du périphérique.
Nathalie Roseau, Professeure d’urbanisme, École des Ponts ParisTech (ENPC)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/203075
2023-03-31T11:56:28Z
2023-03-31T11:56:28Z
Dossier : Trottinettes électriques en libre-service, stop ou encore ?
<p>Toulouse, Nice, Villeurbanne, Barcelone, Montréal ou encore New York… Ces villes ont mis fin aux services de trottinettes en libre-service dans leurs rues. Paris se pose des questions sur le sujet et a décidé de convoquer ses habitants à l’occasion d’une votation citoyenne, organisée le dimanche 2 avril 2023, pour prendre une décision. Que l’on considère ces véhicules comme pratiques, ludiques, dangereux, semeurs de zizanie sur les trottoirs ou encore grignoteurs de voies de circulation déjà saturées, le vote parisien met en lumière la question centrale de la mobilité non polluante en ville.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/trottinettes-en-libre-service-stop-ou-encore-les-enjeux-de-la-consultation-parisienne-du-2-avril-201710">Les enjeux de la consultation parisienne du 2 avril 2023</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Trottinette en libre service sur un trottoir parisien." src="https://images.theconversation.com/files/516677/original/file-20230321-18-6gpxtx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C15%2C5168%2C3406&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516677/original/file-20230321-18-6gpxtx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516677/original/file-20230321-18-6gpxtx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516677/original/file-20230321-18-6gpxtx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516677/original/file-20230321-18-6gpxtx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516677/original/file-20230321-18-6gpxtx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516677/original/file-20230321-18-6gpxtx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les véhicules en free-floating ont la particularité de ne pas nécessiter de points d’attache fixes pour fonctionner : les véhicules peuvent être géolocalisés et déverrouillés grâce à une application disponible sur smartphone.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Avec la votation du 2 avril 2023, la question de la mobilité à Paris fait à nouveau l’objet d’un débat politique.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-trottinettes-electriques-en-libre-service-posent-de-nombreux-problemes-202544">Pourquoi les trottinettes électriques en libre-service posent de nombreux problèmes</a></h2>
<p>À Paris, les trottinettes en libre-service ne représentent qu’environ 20 % de toutes les trottinettes en circulation. Une votation citoyenne organisée dimanche 2 avril 2023 doit décider de leur sort.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/trottinettes-electriques-un-bilan-environnemental-plutot-positif-mais-un-vrai-besoin-de-regulation-202542">Trottinettes électriques : un bilan environnemental plutôt positif… mais un vrai besoin de régulation</a></h2>
<p>Interdire les trottinettes électriques en libre-service à Paris pourrait s’avérer incohérent et contre-productif.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/vote-sur-les-trottinettes-vers-linvention-dune-regulation-locale-de-leconomie-numerique-201020">Avec le vote sur les trottinettes, l’invention d’une régulation locale de l’économie numérique ?</a></h2>
<p>On a parfois l’impression que la régulation des plates-formes doit se construire à une échelle toujours plus importante, celle des États ou de l’Union européenne. Ici, c’est une mairie qui intervient.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-la-trottinette-186054">Podcast « Objets cultes » : La trottinette</a></h2>
<p>Légères, pliables, les trottinettes prolifèrent dans les villes et font de nous de grands enfants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203075/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
La Ville de Paris organise le dimanche 2 avril 2023 une votation citoyenne pour décider de conserver ou d’interdire les trottinettes en libre-service. Notre dossier pour se faire un avis.
Jennifer Gallé, Cheffe de rubrique Environnement + Énergie, The Conversation France
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/191389
2022-11-22T19:25:46Z
2022-11-22T19:25:46Z
Comment les voitures remettent des particules polluantes en suspension dans l’air en roulant
<p>À l’échelle mondiale, la détérioration de la qualité de l’air est un souci majeur, car son impact sur notre qualité de vie au sens large est considérable. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coût de la pollution atmosphérique sur la santé et la mortalité dans les pays de l’Union européenne en 2010 s’élève à <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0004/276772/Economic-cost-health-impact-air-pollution-en.pdf">1,575 milliard de dollars</a>.</p>
<p>La pollution atmosphérique est responsable de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9105082/">nombreuses pathologies</a> plus ou moins graves comme les allergies, l’asthme, les infections pulmonaires et les maladies cardiovasculaires. Plus encore, dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, des chercheurs ont montré que l’exposition à la pollution de l’air (principalement aux PM<sub>10</sub> (particules de tailles inférieures à 10 µm), PM<sub>2,5</sub> (particules de tailles inférieures à 2,5 µm), ozone, dioxyde d’azote) est non seulement un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749120320601">facteur de comorbidité</a> du SARS-COV-2, mais aussi de sa transmission dans les environnements intérieurs.</p>
<p>Enfin, il est également reconnu que la pollution de l’air a un impact environnemental majeur sur la visibilité (brouillard), sur la <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00109123">biodiversité</a> et sur le bâti (encrassement des bâtiments notamment).</p>
<h2>Les sources d’émission routières</h2>
<p>La contribution des transports routiers aux émissions de polluants atmosphériques est significative pour de nombreuses substances, qu’elles soient gazeuses ou particulaires. Les émissions liées au transport routier sont généralement classées en deux catégories : les émissions issues de l’échappement (EE) qui sont issues principalement de la combustion imparfaite du carburant et les émissions hors échappement (EHE) qui proviennent non seulement de l’usure des revêtements (route, pneus, plaquettes de frein), mais aussi des particules déposées sur les chaussées et qui peuvent être remises en suspension par les turbulences générées par la circulation des véhicules et par le vent.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496175/original/file-20221118-20-c0r79c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma de la remise en suspension des particules.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ahmed Benabed</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Au cours des dernières décennies, les travaux de recherche et développement, les mesures politiques principalement axées sur les EE combinées à des réglementations de plus en plus strictes imposées aux fabricants de véhicules (normes EURO) ont entraîné une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004896970800658X">baisse</a> de la contribution en pourcentage des particules d’échappement sur les concentrations ambiantes totales des particules. Cependant, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231005010058">il a été démontré</a> que même avec zéro EE, le trafic continuera à contribuer à l’émission de particules fines et ultrafines à cause des EHE.</p>
<h2>La contribution de la remise en suspension</h2>
<p>Ces dernières années, des efforts de plus en plus importants ont été déployés par les organismes de recherche afin d’améliorer les connaissances scientifiques sur les EHE et notamment les particules issues de la remise en suspension. Les différentes études conduites dans le but d’étudier ce phénomène ont montré qu’il dépend à la fois du type de véhicule (son poids principalement), de sa vitesse et des caractéristiques du revêtement de la chaussée. Concernant la contribution de la remise en suspension, il a été montré que ces émissions <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1352231010002657">peuvent dépasser 50 %</a> des émissions globales dans certaines conditions.</p>
<p>Compte tenu de ces éléments, on comprend mieux la nécessité d’approfondir l’état des connaissances sur le phénomène de remise en suspension des particules associé aux passages des véhicules. En particulier, il est important de s’intéresser aux mécanismes qui influencent le détachement des particules d’une surface et ensuite à leur dispersion dans l’environnement proche du véhicule.</p>
<p>Afin de caractériser de façon efficace la remise en suspension, il est important de commencer par comprendre ses mécanismes d’émission. Cet objectif constitue un vrai défi au regard des nombreux paramètres qui influencent le phénomène et qui peuvent interagir entre eux. Physiquement, la remise en suspension de particules produite par le passage d’un véhicule est le résultat des interactions roue/sol et roue/air. Ces interactions génèrent deux principales perturbations : mécaniques (vibrations du sol, forces électrostatiques liées aux frottements entre les surfaces) et aérodynamiques (écoulements turbulents liés à la rotation de la roue).</p>
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<p>Ces perturbations interagissent avec les particules initialement déposées sur la chaussée sous l’effet des forces d’adhérence. Sous l’action combinée de différents paramètres, ces particules peuvent être réentraînées de façon directe (la particule se détache de la surface du sol) ou indirecte (la particule s’attache dans un premier temps sur la surface de la roue puis se détache de cette dernière par éjection centrifuge). </p>
<p>Après leur réentrainement, les particules peuvent se redéposer sur la route, sur la structure du véhicule ou être transportées dans l’atmosphère environnante sous l’action des écoulements d’air (perturbation aérodynamique créée par la roue, par la voiture et par le vent). Une fois remises en suspension, ces PHE ont également la capacité de se disperser vers les trottoirs et/ou d’infiltrer les véhicules suiveurs et ainsi exposer les piétons et les occupants, respectivement, à des niveaux élevés de particules.</p>
<h2>Le projet CEPARER</h2>
<p>Dans ce contexte, un projet intitulé Caractérisation des émissions de particules remises en suspension par les véhicules routiers (CEPARER) est actuellement mené par une équipe de chercheurs de l’École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (ESTACA) en partenariat avec Airparif et l’Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle (l’UTAC). Ce projet est soutenu par l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) dans le cadre du programme AQACIA2020 (Amélioration de la qualité de l’air : comprendre, innover, agir) lancé en 2020. </p>
<p>L’objectif du projet CEPARER est l’étude fine des mécanismes contribuant à favoriser la remise en suspension des particules, la caractérisation des modes d’émission et les facteurs principaux influençant la remise en suspension (vitesse, catégorie et poids du véhicule et type de pneumatique). Le projet qui s’étendra sur trois ans (2022-2025) sera réalisé en deux parties : une étude en laboratoire sur un banc d’essai à l’ESTACA et une étude à l’extérieur sur l’une des pistes de l’UTAC à l’autodrome de Linas-Montlhéry. Ces deux phases du projet doivent permettre d’obtenir des informations importantes sur les concentrations et granulométries des particules remises en suspension, selon le type de véhicule, sa vitesse et le type de pneu. Les facteurs favorisant ce phénomène seront également étudiés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191389/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ahmed Benabed ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
En roulant, les véhicules émettent des particules, mais en remettent également en suspension, comprendre mieux ce phénomène pourrait permettre de réduire ces pollutions.
Ahmed Benabed, Enseignant-Chercheur en mécanique des fluides, ESTACA
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/194580
2022-11-17T14:43:08Z
2022-11-17T14:43:08Z
L’après COP27 : il faut cibler les villes pour accélérer la réduction des émissions de GES
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495407/original/file-20221115-14-vypfs1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=38%2C12%2C8536%2C5729&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une route surélevée traverse le centre du Caire, en Égypte, le 25 mai 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Nariman El-Mofty)</span></span></figcaption></figure><p>Pour la 27<sup>e</sup> fois depuis 1992, la communauté internationale s’est réunie afin de prendre des mesures pour ralentir le changement climatique et atténuer ses effets. Entre temps, les émissions de GES mondiales générées par les activités humaines, et qui en sont la principale cause, n’ont jamais véritablement cessé d’augmenter à l’échelle mondiale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-densification-des-villes-est-bonne-pour-lenvironnement-et-leconomie-189434">La densification des villes est bonne pour l’environnement… et l’économie</a>
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<p>Il y a 30 ans, elles étaient de 38 GtCO2eq, dont environ la <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">moitié générée dans les villes</a>. Aujourd’hui, elles s’élèvent à 59 GtCO2eq dont <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">67 % générées dans les villes</a>.</p>
<p>Ce constat laisse supposer que les actions climatiques négociées et mises en place par les États depuis maintenant trois décennies sont soit insuffisantes, soit trop lentes à se matérialiser.</p>
<p>Pour accélérer la réduction des émissions de GES, le plus récent <a href="https://report.ipcc.ch/ar6/wg3/IPCC_AR6_WGIII_Full_Report.pdf">volume du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)</a> propose aux États de nombreuses mesures en matière d’atténuation du changement climatique. Le rapport y consacre un chapitre complet sur les villes, où se concentre la majorité de la population mondiale et des activités humaines.</p>
<p>Professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal, je propose dans cet article une lecture des constats et des recommandations du GIEC concernant le rôle que les villes peuvent jouer pour aider les États à accélérer la réduction des émissions de GES mondiales.</p>
<h2>Les constats de départ du GIEC sur les villes</h2>
<p>Pour justifier l’importance pour les États de soutenir les villes dans leurs actions climatiques, les travaux du GIEC partent de trois constats principaux.</p>
<p>Premièrement, d’ici 2050, les villes accueilleront <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">2,5 milliards de personnes de plus dans le monde</a>, et les points de pression de cette croissance seront inégalement répartis dans chaque pays. Dans les pays et les États à revenu élevé comme le Canada, le Québec et la France, la <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">majorité de cette croissance démographique urbaine se produira principalement dans les villes de moins de 300 000 habitants</a>. Ces dernières devront alors être prêtes à accueillir un flux relativement élevé de population en très peu de temps. On observe déjà cette croissance progresser au <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/98-200-x/2021001/98-200-x2021001-fra.cfm">Canada</a>, au <a href="https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/bulletin-analyse-indice-vitalite-economique-territoires-edition-2021.pdf">Québec</a> et en <a href="https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2022-na106-villes-moyennes-janvier_0.pdf">France</a>, où les villes les plus attractives sont surtout les villes de taille moyenne, selon les statistiques démographiques les plus récentes.</p>
<p>Deuxièmement, devant cette croissance imminente de la population urbaine dans ces villes, de nouveaux espaces devront inévitablement être urbanisés afin de répondre aux nouveaux besoins de logements, d’infrastructures et de services publics. L’ampleur de cette expansion au détriment d’espaces naturels et de milieux agricoles dépendra cependant de choix politiques. Si l’on se base sur le rythme actuel de croissance des villes dans le monde, on parle d’une expansion d’environ 2,2 millions de kilomètres carrés d’ici 2050, soit une <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">augmentation de 106 % des espaces urbanisés à l’échelle mondiale</a>. Cette expansion pourrait cependant être <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">divisée par trois</a>, dans un scénario où l’on privilégiait la compacité et la colocalisation des fonctions d’habitation, de travail et de loisirs.</p>
<p>Troisièmement, l’ampleur de l’expansion des villes déterminera leur niveau d’émission de GES futures. Dans les villes qui deviendront plus étalées, moins denses et plus compartimentées, la consommation individuelle de ressources, d’énergie et, par conséquent, le niveau d’émissions de GES, continueront de croître de façon substantielle. À l’inverse, les besoins en ressources, en énergie et, par conséquent, les émissions de GES, <a href="https://theconversation.com/densifier-la-ville-oui-mais-de-maniere-verte-et-socialement-acceptable-184122">seraient plus faibles dans les villes qui miseront sur la compacité</a> et la colocalisation des fonctions urbaines.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="tour eiffel au loin dans un ciel pollué" src="https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/495408/original/file-20221115-17-btwitm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La tour Eiffel est vue depuis Montmartre alors que Paris subit un pic de pollution, le 16 décembre 2016. La mairie de Paris avait alors interdit à la moitié des voitures de circuler et a rendu les transports en commun gratuits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Michel Euler)</span></span>
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<p>En ciblant les villes, les opportunités de réduction de GES mondiales seraient donc substantielles pour les États. Comme je l’explique ci-dessous, les mesures à mettre en place devront cependant être plus ambitieuses, contextualisées et mieux coordonnées entre les villes et leur région.</p>
<h2>Des mesures plus ambitieuses</h2>
<p>Il est logique pour les États de cibler les <a href="https://ourworldindata.org/emissions-by-sector">secteurs d’activité les plus polluants</a>, comme les transports et les bâtiments. Mais fondamentalement, il faudra surtout s’attaquer aux verrous carbones qui empêchent de créer une société à faible émission de GES. On parle ici des choix politiques qui créent un cercle vicieux de dépendance aux énergies fossiles.</p>
<p>Prenons le manque d’alternatives en matière de transports publics qui incite de plus en plus de personnes à posséder une voiture, ce qui a pour effet d’augmenter le nombre d’automobilistes sur les routes. Comme de plus en plus de voyageurs choisissent de conduire, les routes deviennent plus encombrées. Cette congestion devient alors un motif pour les gouvernements d’élargir les routes, ce qui a pour effet d’augmenter encore le nombre d’automobilistes. C’est ainsi que le cercle vicieux se perpétue. Pour s’attaquer à ce genre de verrous, les alternatives à faible émission de GES doivent être créées dès que possible, même si la demande n’est pas encore suffisante pour les justifier. La demande suivra, mais à condition que les alternatives proposées soient de grande qualité.</p>
<p>Il est également logique de soutenir le développement de technologies propres pour réduire l’empreinte carbone des activités économiques. Mais fondamentalement, il faudra aussi s’attaquer à la forme urbaine, c’est-à-dire à la façon dont on organise les territoires urbains. <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">Il n’existe pas de preuves scientifiques suffisantes</a> démontrant que la compacité nuit à la qualité de vie dans les villes. Au contraire, lorsqu’elles sont bien aménagées et adaptées à la réalité locale, qu’elles bénéficient d’un réseau de transport collectif efficace pour tous et qu’elles accordent de la place aux infrastructures vertes et bleues, les villes compactes où les activités sociales et économiques sont intégrées <a href="https://theconversation.com/la-densification-des-villes-est-bonne-pour-lenvironnement-et-leconomie-189434">génèrent plus équitablement de la richesse</a>. Elles attirent également plus de ménages et d’activités sociales et économiques et favorisent l’émergence d’initiatives citoyennes innovantes et inclusives.</p>
<h2>Des mesures contextualisées</h2>
<p>Une façon pour les États de soutenir les villes dans la réduction des émissions de GES est d’adopter une politique urbaine nationale qui vise à leur fournir des moyens à la hauteur de leurs ambitions. Pour être efficace, toute politique urbaine nationale devra cependant prendre en considération les spécificités des villes de taille et de caractéristiques différentes. Car une stratégie qui fonctionne dans une ville ne fonctionne pas nécessairement dans une autre, en raison de caractéristiques et de problèmes qui lui sont propres.</p>
<p>Par exemple, les villes établies, comme Paris, Québec ou Montréal, où les espaces urbains sont déjà relativement saturés, auront leur propre manière de réaliser les plus grandes réductions d’émissions de GES. Comment ? En remplaçant, réaffectant ou modernisant les bâtiments existants pour accroître leur efficacité énergétique, en améliorant la qualité, l’accessibilité, la vitesse et la fréquence des systèmes de transport public, en électrifiant le système énergétique urbain, ainsi qu’en exploitant les terrains vacants à des fins d’habitation. Toutefois, cela doit être fait avec précaution, pour éviter les effets secondaires tels que l’augmentation des coûts d’habitation dans la ville. Les gains d’efficacité énergétique seraient alors <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">annulés par le déplacement des populations en dehors de la ville, ce qui augmenterait les distances à parcourir et leurs besoins en transport, en énergie et en ressources</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="jeune fille regarde Montréal au loin à travers des jumelles" src="https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/495410/original/file-20221115-19-jmwzqc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une jeune fille regarde la ville de Montréal recouverte de smog, en juillet 2013. La ville et ses environs faisaient l’objet d’une alerte au smog en raison des conditions météorologiques et des feux de forêt qui brûlaient alors dans le nord de la province.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson</span></span>
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<p>Les villes en forte croissance, dont la majorité est située à proximité des villes établies, et qui ont vu leur population augmenter rapidement au cours des dernières années peuvent éviter de devenir des sources d’émissions de GES élevées de plusieurs manières. Par exemple, en adoptant des politiques d’écofiscalité pour encourager la colocalisation des lieux de travail et d’habitation et pour obtenir à long terme une forme urbaine compacte. Elles se doivent également de passer aux technologies à faible émission de carbone dans tous les nouveaux équipements et services publics, y compris pour la gestion des matières résiduelles, de l’énergie et de l’eau ainsi qu’en préservant les actifs verts et bleus existants.</p>
<p>Les villes en émergence, souvent situées en périphérie, peu dense et avec une démographie stagnante ou en décroissance, <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">détiennent un potentiel inégalé de devenir des zones urbaines à émissions faibles ou nettes nulles, tout en atteignant une qualité de vie élevée</a>. Elles devront préserver et gérer les actifs verts et bleus existants en promouvant les usages mixtes qui répondent aux besoins des résidents, des entreprises et des touristes. Elles devront consolider les zones les plus denses autour des rues principales et des noyaux villageois et concentrer leur développement autour des pôles de transport public (gare de train, station d’autobus).</p>
<h2>Des mesures mieux coordonnées entre les villes et leur région</h2>
<p>À mesure que les villes emboîtent le pas du développement durable urbain, les États devront veiller à la cohésion des efforts municipaux déployés pour s’assurer qu’une baisse d’émissions de GES dans une ville donnée ne soit pas à l’origine d’une hausse de ces émissions dans les autres juridictions.</p>
<p>Cette cohésion est également essentielle entre les villes et leur région, car les villes constituent les destinations finales de la grande majorité des ressources exploitées et des produits fabriqués provenant de milieux ruraux, voire de régions ou de pays limitrophes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194580/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson a reçu du financement des Fonds de recherche du Québec - société et culture pour étudier les stratégies de développement durable des municipalités du Québec.</span></em></p>
Les villes ont un rôle crucial à jouer pour aider les États à accélérer la réduction des émissions de GES mondiales.
Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/189806
2022-10-04T17:53:37Z
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À Marseille, les transports maritimes polluent les quartiers parmi les plus pauvres de la ville
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/484053/original/file-20220912-20-j1pjnu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C173%2C6831%2C4826&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Paquebot de croisière d’une capacité de 5 200 passagers, dans le port de Marseille en 2021. La pollution générée par les activités de ce type de navire affecte tout particulièrement les quartiers pauvres de la ville.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/20211113.Ports_of_Marseille.-026.jpg">Bybbisch94, Christian Gebhardt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le 19 juillet 2022, la municipalité de Marseille a initié une pétition pour interdire, lors des périodes de pics de pollution à l’ozone, l’accueil des bateaux de croisière les <a href="https://marsactu.fr/avec-sa-petition-contre-la-pollution-marseille-veut-peser-sur-la-regulation-des-croisieres/">plus polluants</a>.</p>
<p>Intitulée « Stop à la pollution maritime en Méditerranée », elle a été signée, à ce jour, par environ 50 000 personnes et s’accompagne d’une vidéo du maire de la ville, Benoît Payan qui introduit <a href="https://www.marseille.fr/mairie/stop-pollution">son propos par ces termes</a> : « Marseille suffoque. On sent, on voit, on respire la pollution ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1564672296748347392"}"></div></p>
<p>La photographie, accompagnant la pétition, montre un panache noir issu d’un navire, masquant le panorama habituel de la ville. Cette pétition s’inscrit dans une dynamique, datant d’une dizaine d’années, de <a href="https://reporterre.net/A-Marseille-vent-de-fronde-contre-les-bateaux-de-croisiere">mobilisations</a> au sujet de la présence des paquebots de croisière dans la ville et de leurs impacts sur la qualité de l’air et de l’environnement, en général.</p>
<h2>38 % des émissions d’oxyde d’azote proviennent des navires</h2>
<p>Le 14 juin 2022, le collectif Stop Croisières et Extinction Rebellion ont empêché, durant quelques heures, l’entrée d’un des plus grands paquebots américains dans le port. L’association Cap au Nord, rassemblant des habitant·e·s des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> arrondissements, œuvre à la prise en compte de la pollution atmosphérique dans leurs quartiers.</p>
<p>Cette pollution que l’on « sent, voit et respire » fait l’objet de mesures scientifiques, afin de l’objectiver, menées par l’<a href="https://www.atmosud.org/article/atmosud">observatoire de la qualité de l’air en région Sud-PACA</a> (AtmoSud) en collaboration avec des laboratoires de recherche d’Aix-Marseille Université, tels que le laboratoire de Chimie de l’Environnement (LCE) <a href="https://www.scipper-project.eu">(voir par exemple le projet en cours SCIPPER)</a>.</p>
<p>Les médias locaux ont largement repris les données des associations. D’après une estimation du collectif Stop Croisières concernant la zone portuaire des bassins est de la ville, <a href="https://marsactu.fr/avec-sa-petition-contre-la-pollution-marseille-veut-peser-sur-la-regulation-des-croisieres/">38 % des émissions</a> d’oxyde d’azote proviennent des navires (un taux quasi équivalent à celui du <a href="https://theconversation.com/pauline-pourquoi-lessence-des-voitures-et-des-avions-pollue-184111">trafic routier</a>) et <a href="https://marsactu.fr/les-cheminees-flottantes-font-tousser-marseille/">10 % des PM<sub>10</sub> ou particules fines</a>.</p>
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<p>Les campagnes de mesures menées par Atmosud mettent en évidence <a href="https://www.atmosud.org/publications/quelle-qualite-de-lair-pour-les-riverains-des-ports-de-nice-et-marseille">deux autres résultats majeurs</a>. Le premier montre une pollution dite « de panache », impactant certains quartiers selon les vents dominants, durant une durée déterminée. Le second souligne que les polluants mesurés (dioxyde de soufre SO<sub>2</sub> ; oxyde d’azote NO<sub>x</sub> et les particules fines, PM 10) ne se retrouvent pas, de manière continue, en quantité supérieure aux normes en vigueur en milieu urbain. Les auteurs du rapport notent également que d’autres sources polluantes s’ajoutent à celles maritimes, relatives aux transports et aux activités urbains.</p>
<p>L’impact de ces pollutions maritimes sur la santé reste difficile à appréhender car il s’inscrit dans le contexte d’une mauvaise qualité de l’air en général. Celle-ci, quelle que soit sa source, peut impacter, de la même manière, les individus (pathologies respiratoires, maladies cardiovasculaires, cancers…). Les organisations mondiales de la santé alertent, depuis longtemps, sur les effets néfastes de la pollution de l’air en <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/10558?lang=fr">termes de mortalité et de morbidité</a>.</p>
<p>Les impacts sanitaires résultent d’effets cumulés, <a href="https://www.liberation.fr/sciences/2015/09/03/une-etude-revele-la-dangerosite-de-l-effet-cocktail-des-molecules_1374910/">appelés effet-cocktail en ce qui concerne les polluants chimiques</a> qui articulent des polluants d’origines diverses et dont la mesure reste complexe à réaliser.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-en-ville-cartographie-microcapteurs-et-sciences-participatives-152276">Pollution de l’air en ville : cartographie, microcapteurs et sciences participatives</a>
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<h2>Un problème de santé environnementale</h2>
<p>Face à ces impacts négatifs, les acteurs économiques développent un certain nombre de réponses. À l’échelle locale, le Grand Port autonome de Marseille collabore, en partie, à l’élaboration des mesures, développe des branchements électriques et d’autres technologies moins polluantes et incite, <a href="https://marsactu.fr/pollution-de-lair-costa-croisieres-veut-se-racheter-une-conduite-a-marseille/">par des exonérations de taxes portuaires</a>, à l’accueil des compagnies qui ont des pratiques jugées respectueuses de l’environnement.</p>
<p>À l’échelle internationale, l’Organisation maritime internationale a approuvé très récemment, le 10 juin 2022, la création pour l’ensemble de la Méditerranée, d’une <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/creation-dune-zone-faibles-emissions-soufre-en-mediterranee">zone de contrôle</a> des émissions d’oxydes de soufre et de particules (<a href="https://mer.gouv.fr/accord-trouve-pour-la-zone-de-controle-des-emissions-doxydes-de-soufre-seca-pour-la-mediterranee">zone dite Seca</a>). Le combustible utilisé doit avoir une teneur en soufre qui ne dépasse pas les 0,1 % en masse.</p>
<h2>Une configuration classique</h2>
<p>Ces réponses, de la part des acteurs économiques, <a href="https://hal-mines-paristech.archives-ouvertes.fr/hal-00518428">sont récurrentes</a> dans le cadre des problèmes de santé environnementale. Très souvent, la solution technique est priorisée, telle que le raccordement électrique ou l’installation de <a href="https://www.journalmarinemarchande.eu/actualite/shipping/le-nombre-de-navires-equipes-de-scrubbers-a-double-en-un-an">« scrubbers »</a>, hottes mobiles captant les émanations lorsque les bateaux sont à quai.</p>
<p>La seconde réponse est de mettre en place des procédures de certification dites « environnementales » qui émanent des <a href="https://www-cairn-info.lama.univ-amu.fr/revue-sociologies-pratiques-2005-1-page-97.htm">acteurs économiques eux-mêmes</a>, justifiant de leur engagement.</p>
<p>Enfin, une troisième stratégie consiste à discuter des mesures scientifiques, à émettre des doutes sur les méthodologies employées et <a href="https://www.cairn.info/revue-mots-2021-3-page-9.htm">à entretenir une controverse</a> sur les alertes sanitaires tout en initiant des concertations avec les acteurs locaux, à l’instar d’une charte Ville-Port dans le <a href="https://www.marseille-port.fr/index.php/charte-ville-port">cas marseillais</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/moi-president-e-regle-n-9-lobbys-a-tout-prix-173275">« Moi, président·e » : Règle n°9, lobbys à tout prix</a>
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<h2>L’imaginaire économique d’une ville</h2>
<p>En effet, le port est historiquement le poumon économique de la ville et s’est orienté au début des années 2000, en accueil de bateaux de croisière. En 2018, 1,8 million de voyageurs auraient fait escale à Marseille, pour des retombées économiques estimées à <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/marseille_en_resistances-9782348042270">310 millions d’euros pour la même année</a>.</p>
<p>Ce poids économique repose sur une nouvelle construction symbolique de la ville, longtemps en déprise économique et jouissant d’une « mauvaise » réputation, notamment en ce qui concernait le <a href="https://presses-universitaires.univ-amu.fr/lhistoire-portuaire-marseillaise-chantier">fonctionnement même de son port</a>. Aujourd’hui, le club des croisiéristes marseillais présente Marseille, comme une ville « dynamique, moderne et réinventée » en lien avec le front de mer réaménagé en zone touristique.</p>
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<img alt="Vue sur le quai des Belges depuis la grande roue (Marseille, France)" src="https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484061/original/file-20220912-20-1i28ua.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue sur le quai des Belges depuis la grande roue, Marseille, 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Marseille_20160813_08.jpg">Georges Seguin (Okki)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<h2>La croisière, une activité au cœur du renouvellement urbain</h2>
<p><a href="https://theconversation.com/venise-au-pic-de-la-crise-comment-sortir-de-lultra-dependance-au-tourisme-135210">L’activité croisiériste</a> s’inscrit dans un secteur de la ville soumis à un un important programme de renouvellement urbain, <a href="https://euromediterranee.fr/">l’opération d’intérêt national Euromed</a>, œuvrant <a href="https://www.editionsparentheses.com/IMG/pdf/p225_marseille_euromediterranee.pdf">depuis 1995</a> à développer l’économie locale en construisant un vaste parc immobilier d’affaires, des structures commerciales, des logements et des espaces publics.</p>
<p>La partie est du domaine portuaire s’articule aux projets d’Euroméditerranée avec l’installation de zones commerciales et d’équipements culturels. L’essor du port de croisières a accompagné, et réciproquement, le renouvellement urbain des quartiers arrière-port, qui sont historiquement des <a href="https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1997_num_52_5_279624_t1_1195_0000_001">quartiers populaires</a>.</p>
<p>Ce renouvellement génère des transformations socio-démographiques au profit de catégories sociales plus aisées et diplômées. En 2018, au sein du II<sup>e</sup> arrondissement, la part des cadres et professions intellectuelles supérieures (20 %) et des professions intermédiaires (24 %) se rapproche de celle des <a href="https://www.agam.org/wp-content/uploads/2022/04/13002-Marseille-par-quartier.pdf">employés et ouvriers (49 %)</a>. Les deux autres arrondissements, potentiellement impactés par la pollution maritime, sont les XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> arrondissements. Si le XVI<sup>e</sup> présente une sociographie équivalente à celle du second (où l’augmentation des cadres s’est faite plus précocement), le XV<sup>e</sup> reste le plus pauvre (comprenant 67 % d’employés et d’ouvriers).</p>
<h2>Des aménagements urbains et un arrière-port responsables de nuisances</h2>
<p>Ces situations sociales contrastées s’expriment dans les formes urbaines, entre nouveaux logements, logements rénovés et habitats dégradés ; entre des zones industrielles plus ou moins entretenues et actives. Dans le cadre <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/18162">d’une enquête</a> menée en 2016 auprès d’habitant·e·s de ces quartiers, Brigitte Bertoncello et Zoé Hagel ont mis en évidence l’expression de nuisances essentiellement liées aux infrastructures « d’arrière-port » et d’aménagements urbains : passages en continu des camions, présence d’anciens et nouveaux sites pollués, zones d’emplacements pour les containers et les déchets des BTP… Les autrices parlent ainsi d’un front de mer « recomposé présenté comme une vitrine » reléguant « plus loin populations et activités disqualifiées ».</p>
<p>On peut supposer, sans études sanitaires précises à ce jour, que les nuisances provenant de ces activités de logistique s’ajoutent à la mauvaise qualité de l’air ponctuelle émanant des navires, impactant, entre autres, des populations pauvres, dont on sait que les conditions de vie et d’habitat affectent, plus fortement, leurs <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1280972">morbidité et espérance de vie</a>.</p>
<h2>Un panache de fumée sur les inégalités</h2>
<p>Les pollutions maritimes, telles qu’éprouvées à Marseille, ne sont pas seulement caractéristiques d’un problème d’orientation économique. Elles sont également révélatrices de ce que l’économiste Ignacy Sachs appelait, dans les années 1990, un <a href="https://theconversation.com/lecodeveloppement-le-developpement-durable-autrement-114377">« mal développement »</a> que l’on pourrait désigner de « mal développement urbain ».</p>
<p>D’un côté, le paquebot symbolise la vitrine de la ville « méditerranéenne durable de demain » et de l’autre, il occulte avec son panache de fumée, les dysfonctionnements de cette économie qui relègue, plus loin, à l’abri de la carte postale, ses externalités négatives.</p>
<p>Celles-ci ont pourtant des effets sur la santé des habitant·e·s et sur l’habitabilité de leur lieu de vie. Les injonctions environnementales, les mobilisations mais aussi les formes de résistance de ces quartiers qui restent, en partie, populaires laissent présager de futurs compromis qu’il va falloir trouver et qui ne semblent pas encore dessiner une ville totalement « réinventée ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189806/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carole Barthélémy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La pollution maritime relève d’un problème de santé environnementale. Décryptage à Marseille.
Carole Barthélémy, Maîtresse de conférences en sociologie de l'environnement, Aix-Marseille Université (AMU)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/190863
2022-09-25T15:39:19Z
2022-09-25T15:39:19Z
Les autosolistes sont-ils prêts à se mettre au covoiturage pour les trajets du quotidien ?
<p>Les embouteillages restent un problème majeur dans les grandes villes françaises : selon les <a href="https://inrix.com/scorecard/">données INRIX</a>, les automobilistes à Paris, Lyon, Marseille, Grenoble et Strasbourg ont respectivement perdu en moyenne 140, 102, 78, 71 et 64 heures dans les embouteillages routiers en 2021, et ce malgré l’essor du télétravail.</p>
<p>Selon les <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/se-deplacer-en-voiture-seul-plusieurs-ou-en-covoiturage-0?rubrique=60&dossier=1345">dernières données Insee</a> disponibles, 88 % des déplacements en voiture pour motif professionnel se font sans passager. On parle, dans ce cas, d’« autosolisme ». 9 % n’en transportent qu’un seul. En Île-de-France, à peine plus de <a href="https://e.infogram.com/978cf630-658f-447f-b041-f7fb959c2cd7?src=embed">7 000 trajets</a> quotidiens entre son domicile et son travail ont été répertoriés via les plates-formes dédiées par l’Institut Paris région. Les statistiques montrent une lente progression depuis mars 2021, mais les chiffres restent bien loin du pic de 20 000 atteint lors des grèves de 2019.</p>
<p>Avec tous ces sièges vides dans les automobiles, une grande capacité de transport reste inutilisée. Le covoiturage est donc souvent considéré comme une solution à moindre coût aux problèmes de congestion routière mais aussi de pollution. Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, défendait encore récemment cet outil pour progresser en termes de sobriété énergétique et de pouvoir d’achat.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1553058040781447168"}"></div></p>
<p><a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000039666777">L’article 35</a> de la loi d’orientation des mobilités (dite loi LOM), votée fin 2019, visait à <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/covoiturage-en-france-avantages-et-reglementation-en-vigueur">favoriser les expérimentations</a> de voies réservées aux véhicules transportant au moins deux personnes et la plupart des villes précitées (mais aussi d’autres comme <a href="https://www.20minutes.fr/nantes/3148579-20211015-nantes-voies-reservees-bus-covoiturage-vont-multiplier-grands-axes">Nantes</a> ou <a href="https://www.permismag.com/arrete-du-18-ao%C3%BBt-2022-relatif-a-lexperimentation-dune-signalisation-routiere-de-voie-reservee-a-certaines-categories-de-vehicules-sur-les-routes-departementales-1508-et-3508-sur-les-communes-de/">Annecy</a>) s’y sont employées. L’idée, que les gains de temps qu’elles offriraient car elles seraient moins bouchonnées, motive des individus aujourd’hui dans des véhicules séparés à effectuer leurs trajets ensemble.</p>
<p>À <a href="https://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/controle-du-covoiturage-les-premiers-radars-en-test-sur-le-peripherique-14-03-2021-8428456.php">Paris</a>, des radars ont été posés Porte de Montreuil pour compter le nombre de passagers par véhicules sur le Boulevard Périphérique, préfigurant peut-être la mise en place d’une <a href="https://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/peripherique-et-si-la-voie-de-gauche-etait-reservee-au-covoiturage-17-01-2019-7990983.php">voie réservée</a> après les Jeux Olympiques et Paralympiques. À Strasbourg, la mise en place de l’autoroute de contournement par l’ouest s’est accompagnée de la mise en place de voies réservées aux covoitureurs sur l’axe historique, la A35. Neuf mois après l’inauguration, les élus se montrent <a href="https://actu.fr/grand-est/strasbourg_67482/neuf-mois-apres-son-inauguration-le-grand-contournement-ouest-gco-de-strasbourg-remplit-il-son-role_53448505.html">mitigés</a> à leur sujet.</p>
<p>Les métropoles de Lyon et Grenoble expérimentent aussi depuis 2020 des voies pour covoitureurs sur des axes majeurs, indiqués par un <a href="https://actu.fr/auvergne-rhone-alpes/lyon_69123/c-est-quoi-ce-panneau-ou-un-losange-apparait-sur-la-m6-et-la-m7-aux-entrees-de-lyon_53179366.html">panneau en forme de losange</a>. C’est le cas de la M7, par exemple, à Lyon, la voie qui longe le Rhône et le traverse devant le musée des Confluences avant de rejoindre la gare Perrache et le tunnel de Fourvière. Le gain de temps y était estimé entre 5 et 15 minutes.</p>
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<p>C’est à la capitale des Gaules que nos <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0967070X21002833?via%3Dihub">travaux</a> se sont intéressés. Quelles leçons attendre de ces expérimentations ? Pourquoi des premiers retours assez <a href="https://actu.fr/grand-est/strasbourg_67482/neuf-mois-apres-son-inauguration-le-grand-contournement-ouest-gco-de-strasbourg-remplit-il-son-role_53448505.html">prudents</a> ? Le projet de recherche Covoit’Aura a pour objectif d’étudier les changements potentiels de choix de mode de transport et de comprendre dans quelles conditions les autosolistes seraient prêts à covoiturer pour leurs déplacements quotidiens. Il montre que beaucoup le sont, mais à condition de garder le volant, ce qui n’est pas sans conséquence pour les politiques publiques.</p>
<h2>Prêt à plus pour s’éviter le covoiturage</h2>
<p><a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3141/2021-13">Indépendance et flexibilité</a>. Tels sont les arguments souvent avancés par les autosolistes pour expliquer leur choix de mode de transport. Les covoitureurs, eux, déclarent <a href="https://www.actu-environnement.com/media/pdf/dossiers/806-ademe-developpement-covoiturage-regulier.pdf">apprécier la sociabilité et valoriser l’écologie</a>. Le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0965856419305920">critère économique</a> importe également.</p>
<p>Une des mesures de première importance pour analyser le choix d’un mode de transport est ainsi la <a href="https://eprints.whiterose.ac.uk/104595/1/European%20meta%20paper%20final%20accepted%20for%20publication.pdf">valeur du temps</a>, que les économistes appellent aussi « coût d’opportunité » du temps. L’idée est de mesurer combien chacun est prêt à payer pour diminuer son temps de déplacement. D’un individu à l’autre, les réponses restent très hétérogènes, de même qu’entre les moyens de transport. Une minute dans un véhicule bondé sera, par exemple, appréciée différemment d’une minute dans un véhicule vide.</p>
<p><iframe id="8Dd1o" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/8Dd1o/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Nous avons donc mené une enquête auprès de 1556 individus qui effectuent leurs déplacements domicile-travail seuls dans leur voiture sur l’aire urbaine de Lyon. Un questionnaire proposant diverses options de trajet, avec différents temps, différents modes, différents niveaux de fiabilité et de sécurité et différents coûts, leur a été soumis. Il comprenait également des questions sur leurs positionnements face aux enjeux d’écologie. Les individus participant à l’enquête ont été confrontés à une succession de scénarios dans lesquels ils doivent effectuer un choix parmi plusieurs modes de transport.</p>
<p>Ce sont ces choix qui nous permettent d’extraire de l’information sur leurs préférences. Il s’agissait de mesurer la valeur du temps liée au covoiturage en tant que conducteur et en tant que passager pour la comparer avec celle d’un déplacement en tant qu’autosoliste. Les résultats ont été utilisés dans différents modèles dont nous avons retenu les plus performants.</p>
<p>Un premier résultat qui a retenu notre attention est que les individus de notre échantillon, lorsqu’ils se déplacent respectivement comme conducteur et passager d’un trajet en covoiturage, sont prêts à dépenser en moyenne respectivement 30 et 28€ pour s’épargner une heure de trajet. Lorsqu’ils se déplacent en tant qu’autosoliste, ce montant moyen ne dépasse pas 20 euros. On semble ainsi prêt à payer bien plus pour s’éviter une heure de covoiturage : ces valeurs suggèrent donc une forte préférence pour une conduite seul dans son véhicule.</p>
<h2>D’où viendraient les passagers ?</h2>
<p>Néanmoins, on remarque au-delà une forte hétérogénéité entre les individus. Une analyse plus poussée nous a permis d’identifier quatre profils types parmi les conductrices et conducteurs actuels : 20 % s’avèrent réticents à abandonner l’autosolisme, 35 % pourraient basculer sur un autre mode si l’offre était disponible, 12 % seulement préféreraient utiliser les transports en commun et 32 % se disent prêts à covoiturer mais seulement sur le siège conducteur.</p>
<p>Qu’est-ce à dire du point de vue des politiques publiques ? Nos simulations suggèrent que les potentiels passagers en covoiturage semblent une ressource rare parmi les autosolistes. Or, il est peu intéressant qu’ils proviennent d’autres moyens de transport car, dans ce cas, la mise en place de la voie de covoiturage n’entraînerait pas une diminution du nombre de véhicules. Pour que le covoiturage réduise les embouteillages et la pollution, il faut qu’il induise une diminution du nombre de véhicules sur le réseau et donc que ce soient des conductrices et conducteurs actuels qui acceptent de devenir passagers.</p>
<p><iframe id="CVKGo" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/CVKGo/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Cette étude empirique est dite de « préférences déclarées », au sens où sont analysées des déclarations récoltées lors d’enquête, et non pas des comportements réellement observés. On parlerait alors de « préférences révélées ». Ainsi, les résultats obtenus demandent à être vérifiés par les données issues de l’expérimentation de la voie réservée menée à Lyon. Les <a href="https://www.cerema.fr/system/files/documents/2022/01/20211216ctt_ce_vr2m6m7_lduffy.pdf">premières évaluations</a> du dispositif produites par le CEREMA montrent une absence de report modal significatif en dépit du gain de temps permis par la voie réservée, confirmant la difficulté pour les autosolistes à devenir passager d’un covoiturage.</p>
<p>Les autorités publiques se doivent donc d’être vigilantes sur l’origine modale des passagers de covoiturage. Si des incitations, telles que des voies réservées, sont mises en place, elles devront rendre le covoiturage passager aussi attrayant que possible auprès d’actuels conductrices et conducteurs. Des études complémentaires seront alors nécessaires pour activer les leviers spécifiques aux catégories ciblées.</p>
<hr>
<p><em>Ont également contribué à ce projet de recherche Charles Raux (CNRS, LAET) et Martin Koning (Université Gustave Eiffel, SPLOTT)</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190863/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Monchambert est membre du comité scientifique de l’Observatoire des villes du transport gratuit. Il a effectué des activités de conseil pour SNCF Réseau et SNCF Voyageurs. Cette recherche a été financée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes (Pack ambition recherche 2018 : Projet Covoit’AURA). Les auteurs remercient également l'IRT SystemX et les partenaires du projet d'expérimentation du covoiturage à Lyon (LCE) - Métropole de Lyon, Vinci Autoroutes, APRR et Ecov - qui ont participé à la diffusion de l'enquête. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>La thèse d'Alix le Goff a été financée par la région Auvegne Rhône Alpes (Projet Covoit'AURA). Les auteurs remercient également l'IRT SystemX et les partenaires du projet d'expérimentation du covoiturage à Lyon (LCE) - Métropole de Lyon, Vinci Autoroutes, APRR et Ecov - qui ont participé à la diffusion de l'enquête.</span></em></p>
La réponse est plutôt oui, mais en majorité à condition qu’ils restent conducteurs du véhicule, d’après une étude. La ressource rare semble ainsi être les passagers.
Guillaume Monchambert, Maître de conférences en économie, Université Lumière Lyon 2
Alix le Goff, Doctorant en économie des transports, Université Lumière Lyon 2
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/187411
2022-07-26T21:20:14Z
2022-07-26T21:20:14Z
Des données inédites sur les interactions entre les mégafeux et le phénomène El Niño
<p>Les incendies de forêt sont un phénomène qui touche pratiquement tous les milieux végétalisés de la Terre depuis des millions d’années. Cependant, au cours des dernières décennies, la planète a connu une activité inédite en la matière, avec des dégâts immenses qui ont touché et touchent la Méditerranée, <a href="https://theconversation.com/comment-les-forets-de-yellowstone-se-sont-regenerees-apres-les-terribles-feux-de-1988-187312">l’Amérique du Nord</a> et du Sud, l’Asie du Sud-Est, <a href="https://theconversation.com/images-de-science-les-mega-feux-australiens-144592">l’Australie</a> et même la Sibérie.</p>
<p>Cette année 2022 témoigne déjà de l’impact d’incendies massifs : la superficie totale brûlée en Europe pour la saison des feux de 2022 serait déjà quatre fois supérieure à la moyenne (en prenant la période 2006-2021 comme référence), selon les données du <a href="https://effis.jrc.ec.europa.eu/">Système européen d’information sur les feux de forêt</a> (EFFIS).</p>
<p>En plus de causer des dommages directs aux écosystèmes et aux populations locales, les incendies de forêt entraînent l’émission d’énormes quantités de polluants dans l’atmosphère.</p>
<p>À l’échelle mondiale, les émissions dues aux feux de forêt <a href="https://theconversation.com/ou-sont-passees-les-400-millions-de-tonnes-de-co-rejetees-par-les-incendies-australiens-130323">perturbent le cycle du carbone</a> et induisent un intense <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/climate-forcing">forçage radiatif</a> ; ce terme désigne un déséquilibre dans le bilan radiatif terrestre, soit l’énergie reçue et perdue par le système climatique. Ces émissions influencent aussi la température, les nuages et les précipitations, et entraînent une dégradation de la qualité de l’air dont on estime qu’elle est responsable de 339 000 décès humains par an.</p>
<h2>Mieux prendre en compte les effets des incendies sur le climat</h2>
<p>Ces incendies de forêt représentent aujourd’hui l’un des processus les plus mal compris du système terrestre. Ce que l’on sait, c’est qu’en émettant des <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">gaz à effet de serre</a> et des aérosols (minuscules particules de fumée) affectant le rayonnement dans l’atmosphère, ils provoquent des perturbations du climat mondial comme régional.</p>
<p>Toutefois, l’ampleur de ces effets demeure très incertaine. Les modèles actuellement utilisés pour prédire l’évolution du climat – comme ceux sur lesquels s’appuient les rapports du <a href="https://www.ipcc.ch/">GIEC</a> – n’incluent pas de représentations des effets des incendies de forêt ou le font encore trop imprécisément.</p>
<p>En l’absence de modèles capables de représenter avec précision les influences du changement climatique sur les feux de forêt et, à leur tour, les influences de la pollution générée par les feux de forêt sur le climat – on parlera ici de « rétroactions feu-climat » – les prévisions du changement climatique à venir pourraient souffrir de biais importants.</p>
<h2>Les feux et le phénomène El Niño</h2>
<p>Les émissions dues aux incendies n’ont pas seulement le potentiel d’influencer le climat à long terme, elles peuvent également modifier les conditions météorologiques à court terme dans différentes parties du globe. Il s’agit là encore d’un sujet scientifique mal compris, malgré l’existence de quelques études.</p>
<p>Notre équipe de climatologues de Grèce et du Royaume-Uni a récemment conduit une <a href="https://centreforwildfires.org/news/simulations-show-large-human-made-wildfires-in-indonesia-impact-on-el-nino-weather/">série d’expériences</a> pour tenter d’apporter de nouveaux éléments de compréhension sur cette question.</p>
<p>Ces travaux ont porté sur un ensemble de simulations inédites incluant des événements marqués du phénomène <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a> ; ils ont permis de quantifier l’impact des émissions intenses provenant d’incendies de forêt au-dessus de l’Asie équatoriale lors d’épisodes marqués du phénomène El Niño au cours des dernières décennies.</p>
<h2>Des saisons sèches plus longues en Asie</h2>
<p>El Niño est un <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">phénomène qui modifie les régimes climatiques</a> dans la région du Pacifique, ainsi que d’autres régions du monde. L’une des conséquences de ces épisodes concerne notamment une saison sèche plus profonde et plus longue en Asie équatoriale. Les impacts sont très importants pour les sociétés de ces zones géographiques.</p>
<p>Lors des récents « grands » épisodes El Niño, comme en 1997 et 2015, ce phénomène s’est combiné à l’expansion du défrichage des terres agricoles, provoquant de vastes incendies dans des zones dominées par la présence de la tourbe. Ces incendies, qui comptent parmi les plus importants de la planète, attirent l’attention des scientifiques et des médias en raison de la couverture de fumée qu’ils produisent dans toute la région pendant plusieurs semaines ; ces épisodes ont un impact sur la santé de millions de personnes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="La fumée des feux de forêt plane sur la campagne" src="https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/475176/original/file-20220720-23-3gyxga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La saison des incendies 2015 en Indonésie a laissé derrière elle une traînée de fumée qui a atteint le monde entier.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nasaearthobservatory/23451153146">NASA/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/24w3Z57IcwY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’air de Singapour pollué par les incendies en Indonésie (vidéo Euronews, septembre 2015).</span></figcaption>
</figure>
<p>La littérature s’est jusqu’à présent concentrée sur l’ampleur de ces émissions de fumée provoquées par El Niño et sur leurs graves répercussions sur la santé. Cependant, il y a eu étonnamment peu de recherches portant sur la rétroaction climatique imputable au forçage radiatif majeur provoqué à cette occasion.</p>
<p><a href="https://centreforwildfires.org/news/simulations-show-large-human-made-wildfires-in-indonesia-impact-on-el-nino-weather/">L’hypothèse des nouveaux travaux</a> est que ces émissions de fumées peuvent influencer de façon radicale les conditions atmosphériques dans le Pacifique occidental et donc modifier le développement du phénomène El Niño lui-même.</p>
<p>C’est la première fois que l’impact des émissions intenses de fumées au-dessus de l’Asie équatoriale sont étudiés dans le cadre de <a href="https://centreforwildfires.org/news/simulations-show-large-human-made-wildfires-in-indonesia-impact-on-el-nino-weather/">simulations climatiques d’une très grande complexité</a>. Celles-ci ont permis aux chercheurs de comparer le développement des événements El Niño avec et sans la présence d’importantes émissions de feux de friches en provenance d’Asie équatoriale ; la saison intense des feux de 1997 a été prise comme cas test.</p>
<h2>L’impact des feux de forêt sur El Niño</h2>
<p>Les résultats suggèrent que les émissions intenses de fumée entraînent un fort réchauffement de l’atmosphère inférieure au-dessus de l’Asie équatoriale, ce qui renforce la convection locale (mouvement ascendant de l’air), la quantité de nuages et les précipitations sur le continent maritime.</p>
<p>Cela a pour effet de déplacer la couverture nuageuse vers l’ouest dans le Pacifique et de renforcer considérablement la <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/walker-circulation">« circulation de Walker »</a>, qui est le schéma typique de circulation de l’air dans la basse atmosphère tropicale. Cela s’oppose à la circulation typique d’El Niño dans le Pacifique (qui correspond à un affaiblissement de la circulation de Walker) et entraîne une rétroaction négative sur l’événement El Niño lui-même.</p>
<p>Les chercheurs ont ainsi constaté que l’événement El Niño est affaibli d’environ 25 % en moyenne en raison des émissions de feux de forêt que l’événement El Niño lui-même produit.</p>
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<h2>Mieux prévoir les épisodes El Niño</h2>
<p>En plus d’être une indication de l’impact climatique que peuvent avoir ces saisons exceptionnelles d’incendies provoquées par El Niño en Indonésie, ces résultats ont également des implications claires pour la prévisibilité d’El Niño.</p>
<p>La prise en compte de l’impact des émissions accrues liées aux incendies de forêt pendant les grands événements El Niño peut influencer de manière significative la progression et l’intensité d’El Niño lui-même.</p>
<p>De manière plus générale, ces résultats ouvrent la voie à d’autres études de ce type pour examiner les implications de la pollution générée par les incendies sur la circulation atmosphérique, les précipitations et les températures, dans diverses régions du monde, à la fois sur des échelles de temps courtes (météo) et longues (climat).</p>
<p>L’amélioration des prévisions météorologiques et climatiques résultant d’une meilleure représentation des incendies de forêt dans les modèles devrait conduire à une prise de décision plus éclairée et à une meilleure qualité des informations météorologiques/climatiques disponibles tant pour les citoyens et que pour les acteurs économiques.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><em>Créé en 2007 pour accélérer et partager les connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, le Fonds AXA pour la Recherche a soutenu près de 700 projets dans le monde entier, menés par des chercheurs originaires de 38 pays. Pour en savoir plus, consultez le site AXA Research Fund ou suivez-nous sur Twitter @AXAResearchFund.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187411/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthew Kasoar a reçu des financements du Leverhulme Trust, par l'intermédiaire du Leverhulme Centre for Wildfires, Environment and Society. Les capacités de modélisation climatique évoquées dans cet article ont été fournies par le Joint Weather and Climate Research Programme, un partenariat stratégique entre le Met Office britannique et le Natural Environment Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Apostolos Voulgarakis ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Si les feux de forêt se multiplient, ils demeurent l’un des phénomènes les plus mal compris sur Terre. De nouvelles recherches montrent qu’ils peuvent perturber le climat régional et mondial.
Apostolos Voulgarakis, AXA Chair in Wildfires and Climate Director, Laboratory of Atmospheric Environment & Climate Change, Technical University of Crete
Matthew Kasoar, Research Associate at the Leverhulme Centre for Wildfires, Environment and Society, Imperial College London
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/184111
2022-05-31T18:52:26Z
2022-05-31T18:52:26Z
Pauline : « Pourquoi l’essence des voitures et des avions pollue ? »
<p>On obtient de l’essence en séparant les composants du pétrole dans des usines spécialisées appelées des raffineries. L’essence mélangée à de l’air est un produit inflammable et explosif qui permet de faire fonctionner un moteur de voiture ou d’avion. L’explosion est contrôlée et elle permet de mettre des pièces du moteur en mouvement pour faire bouger les roues des voitures.</p>
<p>Pour les avions, on utilise une essence spéciale appelée le kérosène qui ne gèle pas même quand il fait très froid en haute altitude.</p>
<p>Même si l’essence est dangereuse, on tombe rarement en panne et tout fonctionne en général très bien. Mais il y a un problème : la pollution de l’air. Quand on brûle de l’essence ou du kérosène, le moteur rejette du gaz carbonique (le CO<sub>2</sub> dont tu entends souvent parler) et des produits qui n’ont pas bien brûlé. Et là, ça se complique, parce que la pollution de l’air dérègle le climat avec plus de chaleur, plus de sécheresses et d’inondations, et provoque plus de maladies…</p>
<p>On sait ce qui entre dans un moteur : de l’air et de l’essence. On sait ce qui s’y passe : la combustion permet de faire avancer la voiture ou l’avion en actionnant le moteur. Mais qu’est-ce qui sort du pot d’échappement ou du réacteur ?</p>
<h2>Premier problème : le gaz carbonique (CO₂)</h2>
<p>L’oxygène de l’air (O) permet la combustion. Il se transforme alors en gaz carbonique qui associe 1 atome de carbone et 2 atomes d’oxygène (CO<sub>2</sub>). Or, le CO<sub>2</sub> est un gaz à effet de serre. Il retient la chaleur dans l’atmosphère. Plus il y en a et plus il va faire chaud sur la Terre. Et justement, sa quantité augmente à toute vitesse. On n’en a jamais trouvé autant dans l’atmosphère !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466262/original/file-20220531-18-6m389d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les changements de température à la surface de la Terre depuis 2 000 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Modifié à partir du rapport du GIEC, 2021</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Deuxième problème : les particules qui n’ont pas brûlé</h2>
<p>Après, il y aussi les émissions d’autres molécules qu’il vaut mieux éviter de respirer. Les plus fines d’entre elles ont moins de 10 microns ; on parle alors de particules ultra-fines (PUF). 1 micron, c’est un mille fois plus petit qu’un millimètre ! Les PUF peuvent se loger au fond des poumons sans en ressortir. En plus, les molécules peuvent s’associer entre elles, par exemple avec des pollens ou des poussières contenus dans l’air que l’on respire. Tout ceci peut provoquer de nombreuses maladies… On a intérêt à habiter loin des aéroports et des routes à grande circulation.</p>
<h2>Comment supprimer la pollution par l’essence ?</h2>
<p>La meilleure solution serait de supprimer l’essence… « J’imagine des travailleurs qui bouchent des centaines de milliers de puits de pétrole et de gaz abandonnés qui ont besoin d’être nettoyés », a dit Joe Biden, le président des États-Unis d’Amérique. Oui, mais quand le fera-t-on ? La plupart des fabricants de voitures annoncent qu’ils passeront au tout électrique entre 2030 et 2050. Airbus annonce son premier avion électrique à hydrogène en 2035.</p>
<p>On peut aussi bricoler en se disant que si on a plus de forêts, alors les arbres vont attraper le CO<sub>2</sub> pour garder le carbone pour grandir et rejeter de l’oxygène. Magique ! Mais hélas, partout dans le monde on enlève des forêts. Aujourd’hui, même l’Amazonie émet plus de CO<sub>2</sub> qu’elle n’en absorbe parce qu’on remplace la forêt par des champs après l’avoir fait brûler.</p>
<p>Il y a une autre idée avec les biocarburants : on fait pousser des plantes qui sont transformées en carburant. Quand on le brûle, on rejette toujours de la pollution mais les plantes suivantes attrapent le carbone dans l’air. Et donc il y a un cycle carburant/pollution/captage de la pollution/carburant et ainsi de suite. On limite alors les dégâts. Mais problème : où trouver assez de champs alors qu’on en a besoin pour les humains et les animaux d’élevage ?</p>
<p>Fatalement, un jour il n’y aura plus de pétrole ni de gaz parce que ce sont des réserves naturelles que l’on va finir par épuiser. On en a fait, des guerres pour le pétrole et le gaz, et on continue à en faire. Alors, autant commencer tout de suite avec d’autres solutions, même si c’est compliqué et que ça va coûter cher !</p>
<hr>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184111/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raymond Woessner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les voitures électriques roulent déjà et les ingénieurs travaillent dur pour construire des avions plus propres. Il faut le faire : la pollution par l’essence est devenue un vrai danger.
Raymond Woessner, Professeur honoraire de géographie, Sorbonne Université
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/182073
2022-05-15T16:00:16Z
2022-05-15T16:00:16Z
Pollution de l’air : diviser par trois la mortalité tout en étant économiquement rentable, c’est possible !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462285/original/file-20220510-10405-8t3is2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7360%2C4792&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans la métropole grenobloise comme ailleurs, l’amélioration de la qualité de l’air passe notamment par le vélo et les transports en commun. Mais le jeu en vaut la chandelle.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/diqJhQtHHNk">Fabe collage / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), <a href="https://www.who.int/fr/news/item/02-05-2018-9-out-of-10-people-worldwide-breathe-polluted-air-but-more-countries-are-taking-action#:%7E:text=Les%20recommandations%20de%20l%E2%80%99OMS,les%20PM2%2C5">dans le monde 9 personnes sur 10 respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants</a>. Les conséquences en matière de santé sont dramatiques, puisque l’OMS estime que l’exposition aux <a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-toutes-les-particules-fines-nont-pas-les-memes-effets-sur-la-sante-161261">particules fines</a> dans l’air extérieur est responsable de plus de 4 millions de décès par an. L’organisation a d’ailleurs significativement durci, fin 2021, <a href="https://www.who.int/fr/news/item/22-09-2021-new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">ses valeurs guides en matière de pollution de l’air</a>.</p>
<p>Les pays les plus touchés sont les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui totalisent 90 % des décès dus à la pollution de l’air, mais les autres pays sont également concernés. Ainsi, <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/pollution-de-l-air-l-oms-revise-ses-seuils-de-reference-pour-les-principaux-polluants-atmospheriques#:%7E:text=La%20pollution%20atmosph%C3%A9rique%20constitue%20un,lien%20avec%20l%E2%80%99air%20ambiant.">selon Santé publique France</a>, dans notre pays la pollution de l’air par les particules fines (PM<sub>2,5</sub>) serait en moyenne responsable d’une perte d’espérance de vie de près de 8 mois pour les personnes âgées de 30 ans et plus. Chaque année, près de 40 000 décès peuvent lui être attribués. </p>
<p>Ces impacts sanitaires se traduisent en impacts économiques conséquents. Ainsi, les coûts économiques de la pollution atmosphérique sur la santé étaient estimés en 2010 à environ 1 700 milliards de dollars dans les pays de l’OCDE, et rien qu’en France, les coûts directs et indirects, <a href="http://www.senat.fr/rap/r14-610-1/r14-610-11.pdf">à 100 milliards d’euros par an</a>. Pourtant, l’argument économique est parfois évoqué pour justifier de la faible ambition des politiques visant à réduire la pollution atmosphérique, alors même que les mesures de lutte contre la pollution ne donnent, en France, jamais lieu à une évaluation économique de leurs coûts et bénéfices.</p>
<p>Pour combler ces lacunes, nous avons développé le projet interdisciplinaire <a href="https://mobilair.univ-grenoble-alpes.fr/">MobilAir</a>. Son ambition était notamment de répondre à deux questions majeures : quelles mesures adopter pour atteindre un objectif prédéterminé de réduction de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en ville ? Quels en seraient les coûts et les bénéfices ? </p>
<p>Voici la démarche qui a été appliquée à l’échelle de l’agglomération grenobloise, ainsi que les résultats obtenus. Une approche qui est, en principe, transposable à toute agglomération…</p>
<h2>Évaluer l’impact économique de la pollution de l’air</h2>
<p>Si, en France, aucune évaluation économique n’est menée pour comparer les coûts et les bénéfices liés à la mise en place d’actions de réduction de la pollution, ce n’est pas le cas partout : aux États-Unis, par exemple, le <em>Clean Air Act</em> rend obligatoires de telles évaluations. Ces dernières ont démontré que les coûts de réduction de la pollution sont entre <a href="https://www.epa.gov/clean-air-act-overview/benefits-and-costs-clean-air-act-1990-2020-second-prospective-study">3 et 90 fois</a> moins importants que les bénéfices que ces mesures génèrent. </p>
<p>La première étape du projet MobilAir a donc consisté à estimer le coût humain et économique de la pollution de l’air dans la métropole grenobloise par le biais d’une évaluation quantitative de l’impact sanitaire (EQIS) complétée d’une analyse économique. Ces <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019300157">travaux</a> ont été publiés dans la revue scientifique <em>Environment International</em> en août 2019.</p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019300157">résultats</a> indiquent que l’exposition moyenne annuelle aux particules fines (PM<sub>2,5</sub>), estimée à 13,9 μg/m<sup>3</sup> en 2016, y était responsable de 145 décès chaque année. Les coûts associés à ces impacts sanitaires ont été quant à eux évalués à 495 millions d’euros par an.</p>
<h2>Réduire des deux tiers les émissions, c’est possible</h2>
<p>Face à ce constat, une démarche a été mise en place avec les décideurs locaux pour définir des objectifs de réduction de cette surmortalité. En collaboration avec les chercheurs, trois objectifs contrastés, mais chacun d’ampleur significative ont alors été définis : diminuer de 33 %, 50 % et 67 % la mortalité attribuable aux PM<sub>2,5</sub> en 2021, 2025 et 2030, respectivement, par rapport au bilan établi pour 2016.</p>
<p>Le travail de modélisation interdisciplinaire, qui s’est déployé sur trois années, a regroupé des spécialistes de la pollution de l’air d’<a href="https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/">Atmo Auvergne-Rhône-Alpes</a>, des épidémiologistes de l’<a href="https://www.inserm.fr/">Inserm</a>, des économistes de l’environnement du <a href="https://www.cnrs.fr/fr/page-daccueil">CNRS</a>, ainsi que des spécialistes des transports de l’<a href="https://www.inrae.fr/">Inrae</a>. Cette chaîne de modélisation est basée sur diverses sources de données : données de pollution directement produites par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, données issues de la surveillance sanitaire, données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), données provenant d’enquêtes de mobilité ainsi que de la littérature scientifique, spécialisée en santé et en économie.</p>
<p>Cette approche a permis d’identifier les politiques à appliquer dans les deux secteurs contribuant le plus à la pollution afin d’atteindre les objectifs fixés.</p>
<h2>Chauffage au bois et trafic routier : d’importants émetteurs de particules fines</h2>
<p>Le chauffage au bois et le trafic routier sont les principaux émetteurs de PM<sub>2,5</sub> dans l’agglomération grenobloise. À l’échelle de la métropole grenobloise, ces deux secteurs représentent respectivement 63 % et 17 % des émissions (données Atmo AuRA). </p>
<p>Les PM<sub>2,5</sub> produites par le trafic routier proviennent non seulement de la combustion du diesel (émissions à l’échappement), mais aussi de l’abrasion des freins et de la resuspension des particules lors du frottement des roues sur le bitume. Alors que le renouvellement du parc de véhicules diesel permet de réduire les émissions à l’échappement (notamment pour les véhicules diesel correspondants aux <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/normes-euros-demissions-polluants-vehicules-lourds-vehicules-propres#:%7E:text=Par%20rapport%20%C3%A0%20la%20norme%20Euro%20V%2C%20la%20norme%20Euro,et%20les%20particules%20par%2035.">normes Euro 5 et 6</a>, qui sont postérieurs à 2011), la technologie n’a aucun impact sur les émissions dues à l’abrasion et à la resuspension. De ce fait, un véhicule électrique émet lui aussi des PM<sub>2,5</sub>. </p>
<p>Pour ce qui concerne le chauffage au bois, ce sont principalement les équipements de type cheminée à foyer ouvert et poêles non performants qui participent majoritairement aux émissions du secteur.</p>
<p>Les travaux indiquaient que l’objectif le plus ambitieux, soit une diminution de 67 % des 145 décès liés aux PM<sub>2,5</sub>, est effectivement <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412021006553?via%3Dihub">atteignable</a>. Il faut pour cela agir de manière combinée et ambitieuse sur le chauffage au bois et le transport.</p>
<h2>Comment procéder ?</h2>
<p>Pour le chauffage, il s’agirait de remplacer tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés. Ces derniers permettent de limiter considérablement les émissions de PM<sub>2,5</sub>.</p>
<p>Dans le secteur des transports, il est nécessaire de viser une réduction d’un tiers du trafic des voitures et deux-roues dans l’agglomération. Ceci pourrait être atteint par une zone à faibles émissions (zone urbaine dont l’accès est réservé aux véhicules les moins polluants) pour le transport de marchandises et les véhicules particuliers, interdisant l’accès aux véhicules<a href="https://www.ecologie.gouv.fr/certificats-qualite-lair-critair#e5"> « Crit’air 2 » </a> et plus. </p>
<p>Irréaliste ? Non, car les données de déplacement sur l’agglomération grenobloise montrent qu’une telle diminution est atteignable en augmentant l’usage des modes de transport actifs comme alternative à la voiture. Autrement dit, pour améliorer la qualité de l’air, les nombreux trajets courts parcourus aujourd’hui en voiture devront se reporter vers la marche ou le vélo. Cerise sur le gâteau : ces reports, qui permettront de réduire la pollution, auront aussi des répercussions positives sur la santé de celles et ceux qui en feront le choix.</p>
<h2>Lutter contre la pollution de l’air : d’importants co-bénéfices sanitaires liés à l’activité physique</h2>
<p>La marche - y compris pour se rendre aux arrêts de transports en commun - et le vélo, qu’il soit classique ou à assistance électrique augmentent l’activité physique. Soulignons que la démocratisation du vélo à assistance électrique rend envisageable le remplacement de la voiture pour des trajets plus longs. Or on sait aujourd’hui tous les bénéfices pour la santé qui découlent d’une activité physique régulière.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-savoir-si-vous-etes-sedentaire-86422">Comment savoir si vous êtes sédentaire ?</a>
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<p>Les estimations des épidémiologistes montrent qu’au-delà des 96 décès par an (soit 67 % des 145 décès attribuables à la pollution atmosphérique) évités par la baisse de la pollution atmosphérique, entre 60 et 180 décès supplémentaires pourraient être évités par augmentation de l’activité physique. Ces chiffres dépendent bien entendu des modes de transport utilisés en alternative à la voiture : les scénarios avec le plus fort développement de la marche et du vélo sont ceux conduisant aux gains sanitaires les plus importants comparativement aux scénarios davantage axés sur les transports en commun. Précisons que ces chiffres tiennent compte également de l’accidentologie spécifique à chaque mode de transport.</p>
<p>Au total, avec les hypothèses les plus favorables à l’activité physique, jusqu’à 270 décès pourraient être évités chaque année dans la population grenobloise (sur une mortalité annuelle toutes causes confondues d’environ 2 600 décès).</p>
<h2>Un rapport coût-bénéfice conséquent</h2>
<p>Au-delà de ces bénéfices sanitaires considérables, ces mesures sont également très favorables d’un point de vue économique. L’analyse coût-bénéfice menée dans le cadre de ce projet a permis de comparer l’ensemble des coûts et l’ensemble des bénéfices sur les 30 prochaines années. </p>
<p>Les coûts pour la collectivité en matière de financement des mesures et des infrastructures nécessaires ont été évalués, tout comme l’impact sur les dépenses des ménages (achats d’un nouvel équipement de chauffage, impact du report modal sur les dépenses). Les bénéfices économiques liés aux impacts sanitaires (diminution de la pollution et augmentation de l’activité physique), au bruit, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au temps passé dans les transports ont également été estimés. </p>
<p>Ces évaluations indiquent que les scénarios avec le plus fort développement des modes actifs sont ceux conduisant au bénéfice économique net total le plus élevé, générant 6,7 à 8,7 milliards d’euros sur la période de 30 ans considérée (selon que l’on intègre ou non le vélo à assistance électrique dans les options de report modal). Cela représente un bénéfice annuel net se situant entre 480 et 630 euros par habitant et par an. </p>
<p>Une hypothèse de report modal favorisant plutôt les transports en commun se traduit également par un bilan positif, quoique plus faible, d’environ 2 milliards d’euros sur la période 2016-2045 (soit 160 euros par an et par habitant). Sur l’ensemble des scénarios évalués, chaque euro investi par la collectivité sous forme d’infrastructures de transport et de subvention à l’achat de poêles à granulés générerait entre 1,1 et 4,7 euros de bénéfices.</p>
<p>Il est donc possible de mettre en place dans les collectivités des mesures permettant de réduire considérablement la pollution et ses impacts. Reste à trouver comment convaincre : impulser les changements de comportement de mobilité dans le cadre des politiques environnementales demeure aujourd’hui encore difficile. Espérons que la perspective d’améliorer considérablement leur bien-être et leur santé - en luttant contre la pollution de l’air et en pratiquant une activité physique régulière - encouragera les urbains à enfourcher plus souvent leur vélo…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182073/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
On invoque parfois l’économie pour justifier l’ambition limitée de la lutte contre la pollution de l’air. Pourtant, plus celle-ci vise haut, plus le bénéfice pour le budget - et la santé - est grand.
Sandrine Mathy, Directrice de Recherche CNRS - économiste de l'environnement - Laboratoire GAEL, Université Grenoble Alpes (UGA)
Hélène Bouscasse, Chercheuse INRAE, spécialisée en économie spatiale et des transport, Inrae
Rémy Slama, Directeur de recherche en épidémiologie environnementale,, Inserm
Stephan Gabet, Attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) en Santé publique, Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/179898
2022-05-03T13:00:51Z
2022-05-03T13:00:51Z
En ville, les grands arbres sont indispensables
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/455076/original/file-20220329-821-1600zit.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C983%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sans pour autant compromettre la diversité des essences d’arbres que nous devrions voir dans les paysages urbains, la plantation et la protection d'essences de grande taille devraient être fortement encouragées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p><em>Covid-19, urbanisation galopante, péril sur la biodiversité… la forêt apparaît ces dernières années comme le refuge par excellence, un lieu pour retisser des liens avec le vivant, une « nature » en voie de disparition. Dans un monde chahuté, cette série s'interroge sur la place que accordons aux arbres et aux forêts. Après nos précédents épisodes sur l’état des espaces forestiers en France, le rôle des arbres dans les champs, les forêts « urbaines », regard sur les grands arbres en ville.</em></p>
<p>Les arbres sont des éléments importants de notre paysage urbain. Avec <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SP.URB.TOTL.IN.ZS">plus de 50 % de la population mondiale vivant en ville</a>, il serait inimaginable de se passer des nombreux services écosystémiques (les bénéfices aux résidents) qu’ils nous rendent.</p>
<p>Nous en avons bien eu la preuve dans les mois précédents lorsque les mesures sanitaires étaient des plus restrictives : les parcs urbains ont vu leur taux de fréquentation <a href="http://www.lapresse.ca/societe/2021-05-23/les-parcs-ces-grands-sauveurs.php">s’accentuer de façon faramineuse</a>. Et ce n’est pas le fruit du hasard ! La présence d’arbres a pour effet de favoriser la santé physique et mentale des individus, et c’est entre autres ce qui peut expliquer le fait que les citadins ont senti le besoin de <a href="http://www.fao.org/ecosystem-services-biodiversity/background/regulatingservices/fr/">se retrouver dans des espaces verdoyants</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-prendre-soin-du-sol-et-de-la-terre-pour-favoriser-le-verdissement-en-ville-163873">Comment prendre soin du sol et de la terre pour favoriser le verdissement en ville</a>
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<p>De plus, les arbres que nous côtoyons chaque jour sur les terrains privés, dans les rues ou dans les parcs fournissent une multitude de bienfaits pour l’environnement et la régulation du climat, incluant l’atténuation de bruit en ville, la captation du carbone, et la contribution à l’infiltration plus lente de l’eau dans les sols.</p>
<p>Bien que l’ensemble du patrimoine arboré d’une ville joue un rôle sur la qualité et la quantité des services écosystémiques rendus, les arbres à l’échelle individuelle n’ont pas tous les mêmes caractéristiques, et donc n’ont pas tous la même capacité à livrer des services écosystémiques. Il est alors pertinent de se demander quels arbres sont les plus efficaces dans la livraison de ces bénéfices, pourquoi, et quelles pratiques d’aménagement permettraient de les favoriser.</p>
<p>Nous sommes membres de la <a href="https://www.craum.ffgg.ulaval.ca">Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu</a> de l’Université Laval, qui a pour objectif de trouver des solutions pour aider la survie à long terme des arbres dans les milieux urbains.</p>
<h2>Quels arbres offrent le plus de bénéfices ?</h2>
<p>De façon générale, les arbres de grande taille ont une meilleure capacité à stocker du carbone (donc, à capter le carbone de l’air pour réduire le CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère), à diminuer la pollution atmosphérique, et permettent d’<a href="http://www.forestresearch.gov.uk/research/understanding-role-urban-tree-management-ecosystem-services/">éviter plus efficacement le ruissellement des eaux pluviales</a>. En effet, les arbres ayant un diamètre de tronc plus grand ont une plus grande biomasse ligneuse (quantité de bois), ce qui leur permet de stocker davantage de carbone que les plus petits arbres. De la même manière, l’interception des précipitations et des polluants atmosphériques augmenterait avec la plus grande taille de la canopée (les cimes des arbres dominants) et la surface foliaire totale (surface totale de toutes les feuilles) associée à une plus grande taille. Les grands arbres sont donc généralement plus efficaces que les plus petits pour fournir ces services de régulation, indispensables en milieu urbain et surtout dans un contexte de changements climatiques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="grand arbre devant une maison" src="https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Grand orme dans un quartier résidentiel de la ville de Québec. La plantation et la protection d’essences de grande taille devraient être fortement encouragées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Alison Munson)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’inclusion d’essences d’arbres de grande taille dans les plantations amène également des avantages non négligeables sur le plan économique. Une étude relate que le bénéfice net annuel de la plantation d’essences d’arbres de grande taille est de <a href="https://www.brebookshop.com/samples/326911.pdf">44 % supérieur à celui d’une essence d’arbre de taille moyenne, et de 92 % supérieur à celui d’un arbre de petite essence</a>. De plus, selon cette même étude, il faudrait moins de cinq ans à partir du moment où l’arbre est planté pour que les avantages nets de ces arbres l’emportent sur les coûts nets. Ceci peut être expliqué notamment par le fait que les arbres de grande taille ont pour effet d’augmenter les prix de l’immobilier et les valeurs foncières des terrains où ils se trouvent, en plus de réduire les coûts énergétiques liés au chauffage et à la climatisation à travers la régulation du microclimat.</p>
<p>Toutefois, les espaces aériens ou souterrains disponibles en milieu urbain ne permettent pas toujours l’emploi d’arbres à grand déploiement. Dans ces conditions, des arbres de plus petites tailles peuvent aussi apporter une contribution intéressante.</p>
<h2>Comment aménager nos forêts urbaines de façon optimale ?</h2>
<p>Tel que mentionné plus tôt, les arbres de grande taille jouent un rôle capital dans la livraison de services écosystémiques. Mais la capacité à livrer ces services est conditionnelle à une chose : les arbres doivent être en bon état ! Ceux qui sont en mauvais état auront une moins grande capacité à fournir des services écosystémiques, puisque les mauvaises conditions entravent la croissance, ralentissent la séquestration du carbone et peuvent également conduire à un <a href="https://hort.ifas.ufl.edu/woody/dead-branche-stop.shtml">dépérissement de la canopée</a>.</p>
<p>En milieu urbain, il n’est pas rare de constater des milieux hostiles qui pourraient faire obstacle à la croissance et au bon développement des arbres. Le manque d’espace pour le système racinaire, la compaction du sol, l’humidité limitée du sol, <a href="https://theconversation.com/laccumulation-des-sels-de-deglacage-dans-les-lacs-menace-ceux-qui-y-vivent-179166">l’emploi de sels de déglaçage</a> et la pollution de l’air représentent des défis pour la survie de jeunes plantations. De ce fait, plusieurs pratiques d’aménagement favorables à la croissance et au développement des arbres existent. En voici quelques exemples :</p>
<ol>
<li><p>Choisir le bon arbre au bon endroit. Certaines essences d’arbres seront plus adaptées à certains climats, ou plus tolérantes que d’autres à des quantités limitées d’espace, par exemple. Plusieurs guides pour dicter les choix de plantation en fonction des caractéristiques du milieu existent.</p></li>
<li><p>Éviter un élagage trop fréquent des grands arbres qui aurait pour effet de diminuer significativement la surface foliaire et la biomasse ligneuse des individus. Une des clés pour réduire le besoin d’élagage est notamment de choisir une espèce d’arbre adaptée à un endroit donné.</p></li>
<li><p>Reconnaître officiellement la valeur des services écosystémiques rendus par les grands arbres pour introduire des politiques qui soutiendraient la conservation de ceux-ci.</p></li>
</ol>
<h2>L’importance de poser des actions concrètes</h2>
<p>Même s’il a été souligné que les arbres de grande taille étaient généralement plus efficaces que les plus petits pour générer certains services écosystémiques, dans un contexte où le climat est changeant et où la résilience des forêts est primordiale, il importe de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier et de ne pas uniquement planter des essences d’arbres à grand déploiement.</p>
<p>D’ailleurs, à l’échelle d’une forêt, les caractéristiques qui sont corrélées positivement avec la production de services écosystémiques sont notamment l’hétérogénéité verticale (le nombre de strates de la végétation, en allant des herbacées aux arbres dominants) et la <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-018-07082-4">richesse en espèces arbustives</a>, qui est le nombre de différentes espèces présentes.</p>
<p>Finalement, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que les grands arbres sont extrêmement importants, et que nous sommes gagnants à déployer des efforts pour la préservation de ceux-ci. De plus, la plantation d’essences d’arbres de grande taille devrait être encouragée, puisqu’on remarque souvent dans les villes une tendance à planter des essences de petite envergure. Ainsi, des actions concrètes peuvent être posées dès aujourd’hui pour tirer profit au maximum des arbres urbains maintenant et à long terme. </p>
<p>Il n’en tient qu’à nous de les appliquer !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179898/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alison Munson est co-titulaire de la Chaire de recherche sur l'arbre urbain et son milieu (CRAUM), qui est financée par la Ville de Québec. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anaïs Paré ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
On remarque de plus en plus un engouement pour la plantation de petits arbres en milieu urbain. Or, les arbres de grande taille présentent des avantages non négligeables que nous devrions considérer.
Alison Munson, Écologie forestière, écologie urbaine, sols urbains, Université Laval
Anaïs Paré, Professionnelle de recherche pour la Chaire de recherche sur l'arbre urbain et son milieu (CRAUM), Université Laval
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tag:theconversation.com,2011:article/180184
2022-04-10T20:10:42Z
2022-04-10T20:10:42Z
Avec la guerre, changement d’ère dans la géopolitique du climat ?
<p>Dans son <em>Adresse aux Français</em> du 2 mars 2022, le président Emmanuel Macron a évoqué la <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/03/02/adresse-aux-francais-ukraine">« nouvelle ère »</a> dans laquelle la Russie avait précipité l’Europe. « <a href="https://www.nytimes.com/2022/03/01/opinion/russia-ukraine-cold-war.htm">Je pressens qu’une époque se termine</a> », écrit de son côté l’historienne de la guerre froide Mary Elise Sarotte, professeur à l’université Johns Hopkins.</p>
<p>En particulier, les fracas de la guerre et ses conséquences géopolitiques ne seront pas sans effet sur les négociations climatiques. <a href="https://www.xerficanal.com/economie/emission/Olivier-Passet-La-transition-energetique-bas-carbone-percutee-par-la-crise-ukrainienne_3750582.html">« La guerre en Ukraine sonne-t-elle le glas des agendas climatiques ? »</a>, interroge Olivier Passet, directeur de la recherche de Xerfi Canal.</p>
<p>Les préoccupations et ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre risquent bien de descendre de plusieurs crans de l’ordre du jour international. L’adaptation au changement climatique pourrait toutefois être, pour d’autres raisons, propulsée tout en haut.</p>
<h2>Poutine et le climat</h2>
<p>En 2003, lors d’une réunion du G8, Vladimir Poutine avait présenté la Russie comme « un pays froid où quelques degrés de plus permettraient de <a href="https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2005-4-page-37.htm">faire des économies de chauffage et de vêtements</a> ». La Russie représente le 4<sup>e</sup> plus gros pays émetteur de gaz à effet de serre dans le monde et – on en sait les enjeux – un <a href="https://www.carbonbrief.org/qa-what-does-russias-invasion-of-ukraine-mean-for-energy-and-climate-change?utm_campaign=WeeklyBriefing&utm_content=20220318&utm_medium=email&utm_source=Revuenewsletter">fournisseur majeur de combustibles fossiles dans le monde et en particulier de gaz en Europe</a>.</p>
<p>Elle convoite les ressources de l’immense Arctique, qui recouvre une superficie équivalente à celle de l’ex-URSS et retire du seul Arctique russe près de 80 % de ses ressources en gaz et 20 % de celles en pétrole. Si le climat est toujours resté largement en retrait de ses priorités politiques, la Russie est confrontée à de multiples menaces – désertification, érosion des sols, incendies en Sibérie, fonte du pergélisol, qui recouvre près de 60 % du territoire, et pollution industrielle gigantesque.</p>
<h2>Le temps lointain de l’entente UE-Russie</h2>
<p>Dans le passé, la Russie a joué un rôle décisif pour l’entrée en vigueur du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_de_Kyoto">protocole de Kyoto</a> : cela n’avait toutefois rien à voir avec ses ambitions climatiques.</p>
<p>L’entrée en application de l’accord international requérait d’être signé par au moins 55 pays représentant 55 % des émissions, or les États-Unis refusaient de le ratifier.</p>
<p>La Russie de son côté y rechignait également, mais cherchait un appui politique qu’elle n’avait pas pour pouvoir adhérer à l’OMC : elle monnaya donc sa signature contre le soutien de l’Union européenne à son entrée dans l’organisation, et ratifia en 2005 le protocole, qui cependant ne l’engageait à rien. <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/823.php4">Deal conclu : Kyoto contre OMC</a>.</p>
<p>Nous sommes aujourd’hui à des années-lumière de cette entente fondée sur des intérêts bien compris.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"871872083210403843"}"></div></p>
<h2>L’adaptation, jusqu’ici négligée</h2>
<p>La mise en péril de l’équilibre du système climat devait être réglée par la réduction de la pollution générée par la combustion des énergies fossiles. Tous les experts et politiques vouaient alors une confiance inébranlable et sincère dans les capacités à réduire rapidement les émissions.</p>
<p>La question de l’adaptation aux changements climatiques a d’abord été accueillie par les experts, économistes, et politiques, comme une proposition défaitiste, risquant seulement de miner les volontés à décarboner, une <a href="http://nebula.wsimg.com/a1d2957d5da9380522a79295351b1227?AccessKeyId=C36A984220368DA7C13D&disposition=0&alloworigin=1">option politiquement incorrecte</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1305259253054279680"}"></div></p>
<p>Longtemps négligée, considérée au Nord comme au Sud comme n’étant pas la priorité, elle revient aujourd’hui au centre des débats face aux conséquences déjà visibles du changement climatique.</p>
<h2>Une décarbonation trop peu ambitieuse</h2>
<p>Le verdict du <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_Full_Report.pdf">rapport du GIEC sur les sciences du climat présenté en août 2021</a> est sans appel.</p>
<p>Sur les 5 scénarios possibles qu’il présente, un seul, celui héroïque et pour beaucoup irréaliste de la neutralité carbone à 2050, apparaît susceptible de ne pas dépasser 1,5 °C à l’horizon 2100. Les 4 autres débordent ce seuil avec des températures qui s’emballent : respectivement 1,8 °C, 2,7 °C, 3,6 °C et même 4,4 °C pour la fin du siècle, 3 d’entre eux dépassant même les 2 °C avant 2050.</p>
<p>Les dérèglements climatiques ne seront pas contenus, les conséquences seront majeures à l’échelle de la planète, et plus encore à celle des territoires et des communautés.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1460183171601940480"}"></div></p>
<p>L’ampleur des efforts que sous-tend aujourd’hui la décarbonation rapide des économies et de nos modes de développement – l’objectif de <a href="https://climate.selectra.com/fr/empreinte-carbone/neutralite-carbone">neutralité carbone à 2050</a> à l’échelle de la planète, ou au plus tard pour la seconde moitié du siècle – apparaît désormais bien au-delà des seuils d’acceptabilité économique et sociale.</p>
<p>Il a fallu du temps pour comprendre, et surtout admettre, que les politiques de réduction des émissions ne suffiraient pas à contenir le réchauffement en dessous d’1,5 °C ni même des 2 °C, les seuils pourtant adoptés par <a href="https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/l-accord-de-paris/l-accord-de-paris">l’accord de Paris</a> en 2015.</p>
<h2>L’enjeu de l’adaptation et des impacts</h2>
<p>La montée en puissance de l’adaptation et des impacts marque un glissement de l’idéalisme au réalisme, un retour sur terre au plus près des problèmes réels. Toutes les sociétés seront affectées, les populations vulnérables des pays du Sud sont déjà les premières victimes, et ce n’est que le début, comme en témoigne le <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_FullReport.pdf">rapport du GIEC sur l’adaptation, dévoilé le 28 février</a>.</p>
<p>Antonio Guterres, du haut de son poste de secrétaire général des Nations unies, a ramassé son contenu avec des mots jamais utilisés jusqu’alors : <a href="https://www.lopinion.fr/economie/climat-rapport-giec-chaque-dixieme-de-degre-que-lon-parvient-a-eviter-va-augmenter-les-possibilites-de-sadapter">« Un atlas de la souffrance humaine et une condamnation accablante de l’échec du leadership climatique »</a>.</p>
<p>Les scientifiques ne croient plus au scénario de la neutralité carbone. C’est implicite dans ce qu’écrit le GIEC dans son rapport sur l’adaptation : c’est avec <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_FullReport.pdf">« une très forte confiance »</a> qu’ils estiment que « <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_FullReport.pdf">certaines trajectoires à faibles émissions sont peu probables</a> ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1511453200410419208"}"></div></p>
<p>Le rapport de son groupe de travail III sur l’atténuation du changement climatique publié ce 4 avril le confirme : <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_FullReport.pdf">« Les réductions d’émissions annoncées conduiront vraisemblablement à un réchauffement supérieur à 1,5 °C au cours du XXIᵉ siècle »</a>.</p>
<p>Et le GIEC de préciser que pour limiter le réchauffement à 1,5 °C les émissions devraient atteindre un pic tout de suite, au plus tard avant 2025.</p>
<p>Pour relever tant les situations d’urgence que les défis de long terme de l’adaptation, il faudra des politiques dont on imagine encore mal l’ampleur. La prochaine conférence des États sur le climat, la <a href="https://sdg.iisd.org/events/2021-un-climate-change-conference-unfccc-cop-27/">COP27</a>, se tiendra en novembre 2022 à Sharm El-Sheikh, en Égypte ; ce sera une COP pour le Sud, avec tout en haut de son ordre du jour l’adaptation et son financement.</p>
<h2>Une nouvelle ère géopolitique pour le climat</h2>
<p>Les 100 milliards de dollars par an d’aide climatique promis aux pays du Sud lors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Copenhague_de_2009_sur_les_changements_climatiques">COP15 de Copenhague en 2009</a>, doivent arriver cette année. Faut-il en douter ? Le gouvernement américain devrait débloquer <a href="https://www.nytimes.com/2022/03/15/climate/united-states-climate-pledges.html">1 petit milliard de dollars en 2022</a>, alors que Joe Biden avait promis en septembre 2021 devant l’Assemblée générale des Nations unies de <a href="https://www.washingtonpost.com/climate-environment/2021/09/21/biden-climate-finance/">délivrer pas moins de 11,4 milliards de dollars chaque année d’ici 2024</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1456056203591684103"}"></div></p>
<p>Les questions portées par les pays du Sud et la Chine vont dominer les négociations et politiques climat. La Chine, de par son seul poids matériel, va peser lourd. Les États-Unis n’ont guère plus de 200 centrales thermiques au charbon en fonctionnement ; la <a href="https://www.carbonbrief.org/influential-academics-reveal-how-china-can-achieve-its-carbon-neutrality-goal">Chine, elle, au moins 3000</a>, et près de 5000 mines en exploitation. La réalité n’est pas si banale à rappeler pour cet immense pays composé de 27 provinces : <a href="https://www.socialeurope.eu/china-takes-the-climate-stage">celle du Shandong par exemple, a émis en 2017 à peu près autant de CO₂ que toute l’Allemagne</a>, respectivement 800 et 787 millions de tonnes.</p>
<p>Les États-Unis et l’Europe ont perdu, pour un temps que l’on ne peut borner, la main sur le climat. La puissante et riche Chine continuera, comme elle l’a toujours fait depuis plus d’un tiers de siècle, à <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S095937802200022X">soutenir les revendications des pays du Sud</a> à l’encontre de pays du Nord qui n’en font jamais assez. Sans le crier ni même le revendiquer, c’est la Chine qui aura la main la plus lourde pour le devenir des négociations et des politiques climatiques.</p>
<p>Possible que l’on soit déjà entré dans une nouvelle ère géopolitique pour le climat aussi.</p>
<hr>
<p><em>Nathalie Rousset – docteure en économie, ancienne chargée de programme au Plan Bleu, aujourd’hui consultante – est co-autrice de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180184/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Damian ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Alors que la guerre en Ukraine fait passer les objectifs climatiques au second plan, la géopolitique du climat devra s’intéresser davantage à l’adaptation.
Michel Damian, Professeur honoraire, Université Grenoble Alpes (UGA)
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2022-04-07T18:59:53Z
2022-04-07T18:59:53Z
L’effet limité de la gratuité des transports en commun sur la pression automobile
<p>La gratuité des transports publics est une proposition politique récurrente. Elle est généralement présentée comme susceptible d’atteindre des objectifs à la fois écologiques et sociaux.</p>
<p>En 2018, Anne Hidalgo a envisagé de rendre les transports en commun gratuits à Paris pour lutter contre la pression automobile. Aux élections régionales de 2021, <a href="https://www.franceinter.fr/politique/regionales-2021-la-gratuite-des-transports-promesse-phare-de-la-gauche">France Inter</a> avait identifié une bonne douzaine de candidats de la gauche qui portaient des propositions similaires.</p>
<p>Aujourd’hui, plusieurs candidats à l’élection présidentielle se prononcent en faveur de différentes formes de gratuité pour les transports en commun. Jean-Luc Mélenchon propose qu’ils soient gratuits « aussi longtemps que dure la crise des carburants ». Yannick Jadot souhaite qu’ils le soient « partout en France pour six mois ». Philippe Poutou est favorable à la « gratuité totale pour tous.tes et tout le temps ».</p>
<p>Fabien Roussel souhaite « que les transports collectifs soient moins chers voire quasi-gratuits ». Jean Lassalle propose la « gratuité des transports publics pour les jeunes ». Marine Le Pen est en faveur de « la gratuité totale pour les jeunes de 18-25 ans dans les trains aux heures creuses ».</p>
<p>Les effets attendus d’une telle mesure pour Paris <a href="https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/LIEPP-REPORT/hal-02186708v1">ont été étudiés en profondeur</a> par le Laboratoire interdisciplinaire des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po en 2018. Les résultats ont fait l’objet d’une publication scientifique dans un numéro de la <em>Revue d’Économie Politique</em> programmé pour 2022.</p>
<p>Avant de s’intéresser aux caractères écologiques et sociaux de la mesure, il est utile de rappeler qu’il n’est en réalité jamais gratuit de rendre les transports en commun « gratuits ». Il s’agit en fait d’en faire reposer le financement sur la collectivité plutôt que sur ses utilisateurs.</p>
<h2>Approche par les coûts généralisés</h2>
<p>Pour comprendre l’impact attendu d’une mesure de gratuité généralisée pour l’environnement, il convient d’en étudier l’impact sur la pression automobile. L’approche par les coûts généralisés (issue de l’économie des transports) postule que les agents comparent leurs coûts de déplacements avec différents modes de transports et optent pour celui qui est le moins coûteux.</p>
<p>Le coût généralisé de l’utilisation d’un mode de transport a de nombreuses dimensions, monétaires et non-monétaires : il comprend le coût direct du mode de transport choisi, mais aussi le temps passé dans les transports, le temps d’attente, le confort du trajet, la fiabilité des horaires, les préférences propres à chaque utilisateur, etc.</p>
<p>Le coût direct supporté par les utilisateurs des transports en commun (le prix du ticket) ne représente qu’une faible part de leur coût généralisé. Une étude réalisée sur le métro parisien permet d’évaluer ce coût direct à moins de 5 % du coût généralisé, ce qui est inférieur à la valeur de l’inconfort dans ces métros.</p>
<p>Supprimer ce coût ne devrait donc pas engendrer un report modal important depuis l’automobile vers les transports en commun. Cette prédiction est corroborée par un <a href="https://www.iledefrance-mobilites.fr/medias/portail-idfm/fddaa02e-3023-4c7f-a7af-83ecbf6bb0b2_Rapport-Comit%C3%A9-sur-la-faisabilit%C3%A9-de-la-gratuit%C3%A9-des-transports-en-commun-en-%C3%8Ele-de-France-leur-financement-et-la-politique-de-tarification.pdf">modèle de transport calibré sur Paris</a> qui vise à quantifier précisément le report modal attendu d’un passage à la gratuité des transports publics.</p>
<p>Dans un scénario où les automobilistes seraient disposés à perdre 15 minutes de temps de trajet pour utiliser des transports en commun gratuits (et il s’agit d’une hypothèse optimiste), le report modal depuis la voiture ne concernerait que 3 % des déplacements.</p>
<p>Les expériences de gratuité menées dans des villes en France ou à l’étranger confirment qu’elle a un effet très limité sur la pression automobile.</p>
<h2>Revitalisation des centres-villes</h2>
<p>Si la mesure a souvent un effet impressionnant sur la fréquentation des transports en commun, la hausse des utilisateurs provient surtout d’un report modal depuis les modes de transport « doux », comme la marche et le vélo, ainsi que de nouveaux déplacements, non réalisés auparavant.</p>
<p>Peu d’automobilistes renoncent à prendre la voiture en réaction à cette mesure. Ceci explique que la plupart des villes ayant expérimenté la gratuité l’ont abandonnée. C’est généralement lorsque d’autres objectifs – qui ne sont liés ni à la pression automobile, ni à des objectifs sociaux – ont été atteints que la mesure a été pérennisée.</p>
<p><a href="https://www.liberation.fr/international/europe/a-tallinn-des-transports-gratuits-mais-toujours-aussi-peu-attractifs-20211106_QM3MNGYSMZAITOJRQBQLWVCGC4/">À Tallinn</a>, par exemple, cela a permis d’inverser la tendance de périurbanisation en rendant la capitale estonienne plus attractive pour les habitants qui y bénéficient de transports publics gratuits.</p>
<p>Des effets similaires de revitalisation du centre-ville ont été observés et documentés à Aubagne, Dunkerque et Hasselt, en Belgique (qui a néanmoins abandonné la mesure en 2013, après 16 années de gratuité, en raison de coupes budgétaires imposées à la ville).</p>
<p>D’autre part, les villes ayant conservé cette politique l’ont souvent fait lorsque cette gratuité était « bon marché ». Dans une ville où les transports en commun sont (très) sous-utilisés, renoncer aux recettes de la billetterie représente un coût limité et présente l’avantage de réduire les coûts de vente et de contrôle des titres de transport. Ce phénomène s’observe régulièrement dans des villes de petite et moyenne taille. Tallinn est la seule grande ville qui a instauré et conservé cette mesure.</p>
<h2>Équité sociale</h2>
<p>Pour atteindre des objectifs d’équité sociale, il est nécessaire de traiter différemment des personnes aux profils différents. Une mesure de gratuité généralisée qui s’applique sans discrimination sur les besoins ou les revenus des bénéficiaires n’a clairement pas de propriétés redistributives satisfaisantes.</p>
<p>Pour rencontrer de tels objectifs, il est préférable de cibler les publics qui en ont besoin. Il pourrait s’agir de mesures de gratuité sous conditions de revenus, mais on peut aussi s’interroger sur l’intérêt d’offrir cet avantage plutôt que des revenus supplémentaires qui permettraient aux bénéficiaires de les affecter à leurs besoins primordiaux.</p>
<p>En résumé, les objectifs environnementaux nécessitent un report modal de la voiture vers les transports en commun, mais la gratuité n’aurait pas d’impact important sur ce report.</p>
<p>D’autres options permettraient d’atteindre cet objectif. On peut augmenter le coût direct d’utilisation de la voiture à l’aide de taxes ou de péages urbains.</p>
<h2>Cibler les populations</h2>
<p>Il est intéressant de remarquer qu’actuellement, les automobilistes ne supportent qu’une faible proportion des coûts externes qu’ils génèrent (entre 7 % et 25 % en ville, en fonction du type de carburant utilisé et du niveau d’urbanisation).</p>
<p>On peut aussi réduire l’espace qu’on accorde à la voiture dans les villes, améliorer les infrastructures de transport en commun, leur fréquence, le maillage du territoire, etc.</p>
<p>Une option pourrait être de mettre en place un <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/743891/bercy-plaide-a-nouveau-pour-le-peage-urbain/">péage urbain</a> qui servirait à financer des investissements dans de nouvelles lignes de transports en commun, un meilleur service et plus de confort.</p>
<p>La gratuité généralisée ne constitue pas une bonne mesure sociale : si on estime que la meilleure manière d’aider certaines populations passe par la gratuité des transports publics, il faut les cibler directement et exclusivement. La technologie permet facilement d’appliquer des tarifs différenciés en fonction de la situation socio-économique des bénéficiaires ciblés (chômeurs, étudiants, etc.).</p>
<p>Une mesure de gratuité uniforme pour les transports publics ne se justifie donc pas aujourd’hui, ni au nom d’objectifs environnementaux, ni au nom d’objectifs sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180893/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Quentin David était responsable du rapport réalisé pour le compte du LIEPP de Sciences Po qui a chargé par la Marie de Paris d'étudier les effets attendus de la gratuité des transports en commun à Paris sur la pression automobile en 2018.</span></em></p>
Plusieurs candidats à la présidentielle proposent la gratuité des transports en commun. Mais cette mesure a un effet très limité sur la pression automobile.
Quentin David, Professeur d'économie, Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.