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prévention – The Conversation
2024-03-19T16:57:11Z
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2024-03-19T16:57:11Z
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Ménopause : quels sont les symptômes les plus courants, et comment les prendre en charge ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582478/original/file-20240313-30-p6p9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C151%2C7772%2C5041&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/menopausal-mature-woman-having-hot-flush-2281774401">Shutterstock/SpeedKingz</a></span></figcaption></figure><p>En dépit d’un nombre croissant de nouvelles recherches menées sur la ménopause, il semble de plus en plus compliqué de trouver des informations claires sur ce sujet. En effet, médias, Internet, soignants ou scientifiques ne s’accordent pas tous systématiquement.</p>
<p>Pour ajouter encore à cette confusion, une <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)00462-8/fulltext">série d’articles</a> parus récemment dans le prestigieux journal médical <em>The Lancet</em> a remis en question certains aspects que l’on croyait acquis concernant non seulement les symptômes de la ménopause, mais aussi l’efficacité des traitements hormonaux (aussi appelés <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/traitements">« traitements hormonaux substitutifs de la ménopause »</a>) pour soulager certains d’entre eux.</p>
<p>Quels sont les symptômes qui indiquent de façon fiable le début de la périménopause ou de la ménopause ? Et quel est l’intérêt réel des traitements hormonaux ? Voici ce qu’en dit la science.</p>
<h2>Qu’est-ce que la ménopause ?</h2>
<p>Pour le dire brièvement, la ménopause est la perte complète de la fertilité féminine.</p>
<p>Il s’agit de la période de la vie d’une femme (ou de personnes dont le sexe de naissance était le sexe féminin) durant laquelle les règles (menstruations) s’arrêtent définitivement. La ménopause est diagnostiquée après 12 mois sans nouvelles règles (sauf en cas d’ablation des ovaires, laquelle qui provoque une ménopause induite chirurgicalement). Commence alors la période de postménopause.</p>
<p>La <a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/derniers-stocks-cest-quoi-la-premenopause">périménopause</a> débute quant à elle lorsque les cycles menstruels varient pour la première fois de sept jours ou plus. Elle se termine lorsqu’il n’y a pas eu de règles pendant 12 mois.</p>
<p>La périménopause et la ménopause sont difficiles à identifier dans le cas ou une personne a subi une hystérectomie, mais que ses ovaires sont intacts, ou bien si les menstruations naturelles sont supprimées par un traitement (comme la contraception hormonale) ou une maladie (comme un trouble de l’alimentation).</p>
<h2>Quels sont les symptômes les plus courants de la ménopause ?</h2>
<p>Au cours de nos travaux, nous avons analysé la littérature scientifique afin de faire un état des lieux des recommandations de prise en charge de la ménopause et de la périménopause se basant sur les standards les plus exigeants. Nous avons ainsi pu en identifier les <a href="https://srh.bmj.com/content/early/2024/02/21/bmjsrh-2023-202099.long">symptômes reconnus au niveau international</a> :</p>
<ul>
<li><p>bouffées de chaleur et sueurs nocturnes (connues sous le nom de symptômes vasomoteurs) ;</p></li>
<li><p>troubles du sommeil ;</p></li>
<li><p>douleurs musculo-squelettiques ;</p></li>
<li><p>diminution de la fonction ou du désir sexuel ;</p></li>
<li><p>sécheresse et irritation vaginales ;</p></li>
<li><p>perturbation de l’humeur (humeur maussade, changements d’humeur ou symptômes dépressifs), mais sans dépression clinique.</p></li>
</ul>
<p>Aucun de ces symptômes n’est cependant spécifique à la ménopause, ce qui signifie qu’ils pourraient avoir d’autres causes.</p>
<h2>Des symptômes dont la gravité varie d’une personne à l’autre</h2>
<p><a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2015/07000/moderate_to_severe_vasomotor_and_sexual_symptoms.6.aspx">Notre étude</a> sur les femmes australiennes a révélé que 38 % des femmes avant la périménopause, 67 % des femmes périménopausées et 74 % des femmes postménopausées de moins de 55 ans ont déclaré avoir eu des bouffées de chaleur et/ou des sueurs nocturnes.</p>
<p>Mais la <a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2015/07000/moderate_to_severe_vasomotor_and_sexual_symptoms.6.aspx">gravité de ces symptômes varie considérablement</a>. Avant la périménopause, seules 2,8 % des femmes ont indiqué avoir subi des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes modérément à sévèrement gênantes, contre 17,1 % des femmes périménopausées et 28,5 % des femmes postménopausées de moins de 55 ans.</p>
<p>Bouffées de chaleur et sueurs nocturnes gênantes semblent donc constituer des indicateurs fiables de la périménopause et de la ménopause. Toutefois, ce n’en sont pas les seuls symptômes. Ce ne sont pas non plus des phénomènes touchant uniquement les femmes occidentales, contrairement à ce qui a pu être parfois suggéré : les femmes des pays asiatiques sont également concernées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Femme assise sur une chaise, l’air déprimé" src="https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581467/original/file-20240313-16-ht265a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ne pas avoir de sueurs nocturnes ou de bouffées de chaleur ne signifie pas pour autant ne pas être ménopausée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/sad-asian-mature-woman-lonely-home-1682995819">Maridav/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les symptômes dépressifs et l’anxiété sont également souvent liés à la ménopause, mais ces symptômes sont moins spécifiques que les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes, car ils peuvent survenir tout au long de la vie adulte. Néanmoins, les recommandations actuelles considèrent que l’apparition de troubles de l’humeur peut constituer à elle seule la manifestation des <a href="https://www.cell.com/cell/abstract/S0092-8674(23)00905-4">changements hormonaux en lien avec la ménopause</a>. Autrement dit, une femme qui n’a pas de bouffées de chaleur ou de sueurs nocturnes <a href="https://srh.bmj.com/content/early/2024/02/21/bmjsrh-2023-202099.long">peut néanmoins être en périménopause ou en postménopause</a>.</p>
<p>On appréhende encore mal dans quelle mesure les changements hormonaux de la ménopause pourraient être liés à des problèmes de mémoire, de concentration ou à des difficultés de réflexion (des symptômes fréquemment regroupés et sous l’appellation « brouillard cérébral »). Certaines études suggèrent que la périménopause pourrait altérer la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13697137.2022.2122792">mémoire verbale épisodique</a>, mais que ce trouble pourrait se résoudre de lui-même à mesure que les femmes traversent la ménopause. Il semblerait que les fonctions cérébrales exécutives (réflexion stratégique, planification) <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13697137.2022.2122792">ne soient en revanche pas affectées</a>.</p>
<h2>Dans quels cas les traitements hormonaux sont-ils utiles ?</h2>
<p>Les articles du <em>Lancet</em> suggèrent que le traitement hormonal substitutif de la ménopause soulage les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes (symptômes « vasomoteurs »). Toutefois, la probabilité qu’une telle thérapie améliore le sommeil, l’humeur ou le « brouillard cérébral » semble ne concerner que les femmes qui sont gênées par ces symptômes vasomoteurs.</p>
<p>Le traitement hormonal est aussi recommandé pour la prise en charge des troubles de l’humeur associés à la ménopause. Autrement dit, se voir prescrire une telle thérapie ne nécessite pas d’avoir des bouffées de chaleur ou des sueurs nocturnes.</p>
<p>Souvent, les traitements hormonaux de la ménopause sont prescrits en association avec un œstrogène à application topique, afin de traiter les symptômes vaginaux (sécheresse, irritation ou nécessité fréquente d’uriner).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Médecin parlant à une femme" src="https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581473/original/file-20240313-30-mix8c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nul besoin de ressentir des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes pour prendre une thérapie hormonale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/mature-woman-consultation-female-doctor-sitting-1393901327">Monkey Business Images/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Aucune des directives internationales actuelles ne recommande en revanche la prescription de traitement hormonal en ce qui concerne la prise en charge des symptômes cognitifs responsables du « brouillard cérébral ».</p>
<p>Par ailleurs, l’efficacité de ce genre de traitement pour prendre en charge les douleurs musculo-squelettiques, qui constituent les symptômes ménopausiques les <a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2016/07000/prevalence_and_severity_of_vasomotor_symptoms_and.6.aspx">plus courants dans certaines populations</a>, doit encore être étudiée.</p>
<p>Enfin, certaines recommandations nationales considèrent que le traitement hormonal est efficace <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13697137.2023.2258783">pour limiter le risque d’ostéoporose ou de fractures</a>, mais pas pour prévenir d’autres maladies.</p>
<h2>Quels sont les risques des thérapies hormonales ?</h2>
<p>Les principales préoccupations à propos des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause ont concerné l’accroissement potentiel du risque de cancer du sein et de thrombose veineuse profonde (qui est susceptible de provoquer la formation d’un caillot dans les poumons).</p>
<p>Aujourd’hui, on considère que les traitement hormonaux recourant uniquement à des œstrogènes <a href="https://www.nice.org.uk/guidance/ng23">n’entraînent pas, ou peu, de modification du risque de cancer du sein</a>.</p>
<p>Les œstrogènes pris avec un progestatif, nécessaire pour les femmes qui n’ont pas subi d’hystérectomie, <a href="https://www.moh.gov.my/moh/resources/Penerbitan/CPG/Women%20Health/CPG_Management_of_Menopause_2022_e-version-1.pdf">ont été associés à une petite augmentation</a> du risque de cancer du sein (mais comme tout risque, celui-ci semble varier en fonction <a href="https://www.bmj.com/content/bmj/371/bmj.m3873.full.pdf">du type de traitement utilisé, de la dose et de la durée d’utilisation</a>).</p>
<p>Les œstrogènes pris par voie orale ont également été associés à un risque accru de thrombose veineuse profonde, ledit risque variant en fonction de la formulation utilisée. Ce problème peut être évité en utilisant des <a href="https://www.bmj.com/content/bmj/364/bmj.k4810.full.pdf">patchs ou des gels d’œstrogènes prescrits à des doses standards</a>.</p>
<h2>Et si je ne veux pas de thérapie hormonale ?</h2>
<p>Si vous ne pouvez pas ou ne voulez pas prendre de traitement hormonal pour atténuer les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes gênantes, des thérapies non hormonales efficaces sont aussi disponibles sur ordonnance.</p>
<p>En Australie, la plupart de ces options sont « hors indication », cependant le <a href="https://ec.europa.eu/health/documents/community-register/2023/20231207160974/anx_160974_fr.pdf">fezolinetant</a>, un nouveau médicament, vient d’être approuvé pour traiter les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes postménopausiques. </p>
<p>(<em>en Europe, ce médicament a obtenu <a href="https://www.apmnews.com/freestory/10/404209/amm-europeenne-pour-veoza-dans-les-symptomes-vasomoteurs-associes-a-la-menopause">une autorisation de mise sur le marché en décembre 2023</a>. Il avait été approuvé aux États-Unis au mois de mai de la même année, ndlr</em>) </p>
<p>Pris sous forme de comprimé, le fezolinetant agit dans le cerveau en bloquant la neurokinine 3, la molécule responsable de la réponse thermique inappropriée à l’origine des bouffées de chaleur et/ou des suées.</p>
<p>Si l’on peut déplorer que l’efficacité de la plupart des traitements en vente libre soit <a href="https://srh.bmj.com/content/early/2024/02/21/bmjsrh-2023-202099.long">nulle ou non prouvée scientifiquement</a>, notons que la thérapie cognitivo-comportementale et l’hypnose peuvent permettre de <a href="https://journals.lww.com/menopausejournal/abstract/2023/06000/the_2023_nonhormone_therapy_position_statement_of.4.aspx">soulager certains symptômes</a>.</p>
<hr>
<p><em><strong>Pour en savoir plus :</strong></em></p>
<ul>
<li><a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause">Le dossier de l’Assurance maladie consacré à la ménopause et à la périménopause</a>, ainsi qu’à leur prise en charge </li>
<li>Le dossier de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) <a href="https://www.inserm.fr/dossier/menopause/">sur la périménopause et la ménopause</a> </li>
<li>La page consacrée à <a href="https://cngof.fr/espace-grand-public/la-menopause-et-apres/">la ménopause et la périménopause</a> sur le site du Collège national des gynécologues et obstétriciens </li>
<li><a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-menopause-pour-tout-le-monde">« Ménopause pour tout le monde »</a>, une série de quatre podcasts proposée par France Culture.</li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/226038/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Susan Davis est chercheuse au NHMRC et directrice du programme de recherche sur la santé des femmes de l'Université de Monash. Elle a assuré des présentations de ses travaux pour Theramex, Besins Healthcare, Mayne Pharma et Abbott Laboratories. Elle a aussi fait partie de comités de conseils consultatifs pour Theramex, Astellas, Besins Healthcare, Mayne Pharma, Abbott Laboratories et Gedeon-Richter.</span></em></p>
Bouffées de chaleurs, sueurs nocturnes, « brouillard cérébral »… Les symptômes de la ménopause sont multiples. Comment les détecter et les prendre en charge ? Voici les recommandations scientifiques.
Susan Davis, Chair of Women's Health, Monash University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/225375
2024-03-19T09:25:34Z
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Pour limiter les troubles du sommeil liés à l’âge, il faut s’exposer à la lumière naturelle
<p>La lumière est essentielle à la vision. Mais on sait aujourd’hui qu’elle joue également un rôle clé dans le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sommeil-20272">sommeil</a>. Des études ont montré que la lumière naturelle est le troisième régulateur du sommeil, avec l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/chronobiologie/">horloge circadienne</a> qui synchronise le sommeil sur l’alternance jour/nuit et l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/">homéostasie</a>, un ensemble de mécanismes qui accroît le besoin de sommeil quand la période de veille se prolonge.</p>
<p>Le fait que la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/lumiere-32399">lumière</a> naturelle joue un rôle aussi important dans le sommeil est une bonne nouvelle parce que la lumière naturelle n’est pas un médicament. Tout le monde y a accès. Elle est gratuite et disponible à l’extérieur. Pour en bénéficier, il suffit de sortir !</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<hr>
<p><a href="https://www.crnl.fr/fr/user/165">Notre équipe</a> qui mène des travaux de recherche dans ce domaine vient d’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jpi.12930">identifier un nouveau mécanisme d’adaptation de la rétine au vieillissement</a>. Notre étude suggère que, lorsqu’on prend de l’âge, il faut s’exposer plus longtemps à la lumière naturelle pour limiter les troubles du sommeil et bien dormir. Explications :</p>
<h2>La rétine synchronise l’horloge biologique et le sommeil</h2>
<p>Avant tout, il est indispensable de décrire la composition de la lumière naturelle. Elle est constituée de plusieurs longueurs d’ondes, et celles qui se situent entre 400 et 700 nm (le nanomètre ou nm correspond à l’unité de mesure des longueurs d’ondes) sont visibles par l’œil humain.</p>
<p>En dessous de 400 nm, on est dans l’ultra-violet et, au-dessus de 700 nm, dans l’infrarouge. Si la lumière naturelle est blanche, c’est parce qu’elle est composée par toutes les longueurs d’ondes (couleurs du spectre) dans la même quantité (le bleu, le vert, le rouge, le jaune, etc.).</p>
<p>Notre rétine a évolué sous l’influence de cette lumière naturelle pour optimiser notre vision (composantes bleu, vert et rouge de la lumière via des cellules appelées les cônes et les bâtonnets). Les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jpi.12562">travaux</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32342043/">récents</a> nous ont appris qu’elle a aussi évolué pour synchroniser notre horloge biologique et notre sommeil, via des cellules très spécifiques de la rétine (les cellules à mélanospine), spécifiquement sensibles à la lumière bleue du spectre lumineux.</p>
<h2>Quand la rétine s’adapte au vieillissement</h2>
<p>En accord avec la littérature scientifique récente, nos résultats suggèrent qu’un sujet jeune pourrait se contenter d’être exposé à une lumière qui correspond au bleu du ciel, pour que ses rythmes biologiques soient bien synchronisés à la journée de 24 heures et que le sommeil soit nocturne. Chez le sujet plus âgé en revanche, ce n’est pas aussi simple.</p>
<p>Au court du vieillissement, le cristallin – la lentille de l’œil qui permet à la lumière de converger sur la rétine – brunit, et diminue ainsi la quantité de lumière bleue qui atteint la rétine. Nos résultats montrent qu’avec l’âge, pour que la lumière naturelle continue à jouer son rôle de régulateur du sommeil de manière efficace, la rétine doit recevoir une lumière naturelle plus riche.</p>
<p>A noter que dans notre étude, les sujets les plus âgés avaient environ 60 ans et les plus jeunes, autour de 25 ans. Il est également important de comprendre que le vieillissement de la rétine et le brunissement du cristallin sont des continuums, même si on observe une accélération entre 35-40 et 60 ans.</p>
<p>Quand on vieillit, il semble que l’horloge biologique et le sommeil ne se contentent plus du bleu mais doivent percevoir une lumière présentant des couleurs additionnelles (dans les longueurs d’ondes rouge et vert).</p>
<p>Ainsi, nous proposons qu’un mécanisme adaptatif pourrait s’être mis en place au cours de l’évolution afin de maintenir une bonne sensibilité à la lumière avec l’âge, et donc une bonne synchronisation de l’horloge biologique et du sommeil, pour faire face au brunissement inéluctable du cristallin.</p>
<h2>Des résultats à prendre en compte dans la vraie vie</h2>
<p>Il est impossible d’empêcher le vieillissement de la rétine. En revanche, nos résultats suggèrent qu’il est important de s’exposer plus longtemps et à des lumières plus riches quand on est plus âgés, surtout dans nos sociétés modernes où nous passons 80 % de nos journées dans des bâtiments, sous des lumières artificielles.</p>
<p>Notre équipe travaille chez l’humain depuis toujours. Nous faisons le lien entre les mécanismes fondamentaux de la physiologie, et la santé dans la vraie vie. En pratique, différents paramètres influencent les comportements. En l’occurrence, l’hiver, la durée du jour plus courte et le froid représentent de réels freins à une exposition suffisante à la lumière naturelle.</p>
<p>Le manque de lumière est corrélé à la saisonnalité. En France, nous bénéficions d’une exposition à la lumière de 16 heures l’été ; elle est limitée à 8 heures l’hiver. L’intensité lumineuse varie aussi : elle est comprise entre 2 000 et 20 000 lux à l’extérieur l’hiver, entre 10 000 et 100 000 lux l’été. Toutefois, même en hiver, nous conservons une intensité lumineuse qui est suffisante pour le bon fonctionnement de l’horloge biologique.</p>
<p>Néanmoins, si le jour est deux fois plus court en hiver qu’en été, cela ne signifie pas pour autant qu’il convient de s’exposer à des lumières deux fois plus intenses durant cette saison. Les relations ne sont pas linéaires.</p>
<h2>Mieux dormir en Ehpad en apportant plus de lumière</h2>
<p>Nos résultats peuvent aussi avoir des implications concrètes pour nos parents et grands-parents qui résident dans des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ehpad-52036">Ehpad</a>. Quand nous leur rendons visite, nous voyons bien que les locaux sont souvent peu lumineux, et cela peut avoir des conséquences sur la qualité de leur sommeil la nuit.</p>
<p>Nous recommandons donc aux responsables d’établissements de soin (Ehpad et hôpitaux) de prendre en compte l’importance de la lumière. Il est en effet indispensable d’apporter une certaine intensité lumineuse à l’intérieur des locaux, en installant des éclairages de plus forte intensité, même quand la vue des résidents ou des patients est très affaiblie.</p>
<p>L’intensité lumineuse moyenne dans les Ehpad américains est en moyenne de 70 lux. C’est évidement très insuffisant et les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18544724/">études</a> montrent que ce niveau de lumière trop faible explique, en partie, à la fois les troubles du sommeil nocturne, la somnolence diurne, et le déclin cognitif.</p>
<p>L’éclairage devrait dépasser les 500 lux et sans doute atteindre au moins 1 000 lux durant la journée. À titre de comparaison, l’intensité lumineuse d’une lampe de chevet n’est que de 30 lux, celle du soleil au lever du jour de 10 000 lux.</p>
<p>Et dans la mesure du possible, même en fauteuil roulant, il faut que les résidents des Ehpad bénéficient de la lumière extérieure en journée, surtout s’ils sont somnolents pendant la journée et/ou dorment mal la nuit.</p>
<h2>Pourquoi certains sont « couche-tard » et « lève-tard », d’autres « couche-tôt » et « lève-tôt »</h2>
<p>On découvre aujourd’hui l’importance de la lumière naturelle pour réguler le sommeil, alors que le rôle de l’horloge circadienne, cette petite structure localisée dans le cerveau, est lui connu depuis longtemps. L’horloge circadienne pulse avec une oscillation de presque 24 heures.</p>
<p>L’<a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199501053320102">étude des personnes non voyantes</a> nous a appris que la synchronisation de l’horloge circadienne passe par la rétine à laquelle est connectée. La rétine capte la lumière qui est responsable de la synchronisation de l’horloge circadienne. Cette horloge biologique est en permanence synchronisée, c’est-à-dire remise à l’heure, sous l’effet de l’environnement, et en particulier de la lumière.</p>
<p>L’horloge circadienne des personnes que l’on classe dans la catégorie des « couche-tard » ou « lève-tard » est lente et peut osciller avec une période de 24h30. Chaque jour, si les conditions lumineuses sont suffisantes, elle va être avancée de 30 minutes et permettre une physiologie au bon moment, sinon les horaires de coucher et de lever seront plus tardifs chaque jour, jusqu’à 30 minutes, par exemple chez l’aveugle.</p>
<p>En revanche, l’horloge circadienne des « couche-tôt » et « lève-tôt » est rapide. Elle peut osciller sur 23h30 et doit être retardée quotidiennement. Là encore, c’est un cycle lumière-obscurité suffisant et stable qui va permettre la remise à l’heure de l’horloge biologique, et des horaires de sommeil réguliers.</p>
<p>Encore une fois, il faut comprendre que la lumière ne sert pas qu’à la vision. On comprend désormais combien elle est au cœur de la santé humaine, pour le sommeil comme dans d’autres domaines.</p>
<hr>
<p><em>Nos travaux de recherche ont été soutenus par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets, dans le cadre des programmes <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-12-TECS-0005">TecSAN</a> et <a href="https://anr.fr/ProjetIA-16-IDEX-0005">IDEXLYON</a>. L’ANR a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>. Ces recherches ont également reçu des financements de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’université Claude Bernard de Lyon</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225375/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Gronfier est Président de la Société francophone de chronobiologie. Il a reçu des financements de la part de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’Université Claude Bernard de Lyon.</span></em></p>
Des travaux de recherche suggèrent que, lorsqu’on prend de l’âge, s’exposer davantage à la lumière naturelle aide à limiter les troubles du sommeil. Des résultats à appliquer, par exemple, en Ehpad.
Claude Gronfier, chercheur neurobiologiste à l'Inserm, Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL, Inserm/CNRS/Université Claude-Bernard Lyon 1), Inserm
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tag:theconversation.com,2011:article/197264
2024-03-12T10:04:19Z
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Les protections intimes sont-elles sans danger pour les femmes ?
<p>Ces dernières années, la question de la composition des protections intimes a suscité de nombreux débats publics en France. De plus en plus de femmes s’interrogent sur les risques liés à l’utilisation de ces articles d’hygiène féminine. Entre 2018 et 2020, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a réalisé une <a href="https://www.anses.fr/fr/content/protections-intimes-composition-et-choc-toxique-toutes-nos-recommandations">évaluation de la sécurité des protections intimes</a> : les tampons, les serviettes hygiéniques, les protège-slips et les coupes menstruelles.</p>
<p>Suite à cette évaluation et aux recommandations de l’Anses, les pouvoirs publics se sont saisis du sujet en 2022, et ont rédigé un <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048737538">décret sur l’étiquetage des protections féminines</a>. Voici ce qu’il faut retenir.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<hr>
<h2>Deux catégories de protections intimes</h2>
<p>Les protections intimes sont des produits de grande consommation, utilisés pendant la période des règles afin d’absorber le flux menstruel ou en dehors (par exemple en cas de fuites urinaires). Elles sont utilisées par des femmes à partir de l’âge des premières règles (en moyenne 12 ans et 3 mois).</p>
<p>Il existe sur le marché deux catégories de protections intimes :</p>
<ul>
<li><p>les protections internes destinées à être insérées dans le vagin afin d’absorber les flux menstruels. Elles peuvent être à usage unique, telles que les tampons hygiéniques, ou être réutilisables, telles que les coupes menstruelles ou les disques menstruels ;</p></li>
<li><p>les protections externes telles que les serviettes hygiéniques, les protège-slips et les culottes menstruelles (qui peuvent être à usage unique ou réutilisables).</p></li>
</ul>
<p>De manière générale, les protections intimes à usage unique externe sont composées de produits d’origine naturelle dérivés du bois (cellulose), de substances de nature synthétique (polyoléfines) et de superabsorbant (SAP). Les tampons sont composés de produits d’origine naturelle dérivés du coton qui subissent un traitement chimique, et de produits de nature synthétique de type polyoléfines. Quant aux coupes menstruelles, elles sont composées d’élastomère thermoplastique ou de silicone de qualité médicale.</p>
<h2>Des substances chimiques dans les protections intimes</h2>
<p>En 2017, des <a href="https://www.60millions-mag.com/2016/03/01/test-de-tampons-et-protections-feminines-10206">études</a> ont mis en évidence la <a href="https://www.60millions-mag.com/2017/05/18/tampons-la-presence-de-residus-toxiques-confirmee-11155">présence de substances chimiques dans des protections intimes</a>. Certaines, comme les substances parfumantes, sont ajoutées intentionnellement. D’autres peuvent provenir de la contamination des matières premières, ou sont dues aux procédés de fabrication ; il peut s’agir par exemple de substances cancérogènes (hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dioxines, furanes), des substances reprotoxiques (<a href="https://echa.europa.eu/fr/hot-topics/phthalates">phtalates</a>), des substances parfumantes allergisantes et des pesticides. Soulignons que certains pesticides retrouvés dans les produits analysés sont interdits d’usage dans l’Union européenne, parfois depuis de nombreuses années (c’est le cas du lindane et du quintozène, interdits depuis 2000, ou de l’hexachlorobenzène, depuis 2004). Le glyphosate, dont l’usage est autorisé dans l’Union européenne, a également été retrouvé dans certains produits.</p>
<p>L’expertise de l’Anses a consisté à évaluer les risques sanitaires liés à la présence de ces substances dans les protections intimes – serviettes hygiéniques, protège-slips et tampons. Pour évaluer l’exposition, l’agence a considéré une utilisation de six protections intimes ou de quatre coupes menstruelles par jour, en considérant aussi bien une femme adulte (pour un poids moyen de 60kg) qu’une jeune fille venant d’être réglée (30kg).</p>
<p>En comparant l’exposition estimée aux différentes substances présentes dans les protections intimes avec les seuils toxicologiques pouvant entraîner des effets sur la santé, l’Agence n’a pas mis en évidence de risque chimique pour la santé des femmes exposées.</p>
<p>Néanmoins, l’Anses a recommandé aux fabricants d’améliorer la qualité des matières premières et de réviser certains procédés de fabrication, afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances évoquées précédemment. Sont concernées en particulier, celles présentant des effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR), les perturbateurs endocriniens et les sensibilisants cutanés.</p>
<p>L’Anses recommande également l’élaboration d’un cadre réglementaire plus restrictif au niveau européen, afin de limiter la présence des substances chimiques dans les protections féminines. En effet, il n’existe pas de cadre réglementaire spécifique dans l’UE. Ces produits sont des produits de consommation et dépendent donc de la directive générale de sécurité des produits, qui s’assure de la mise sur le marché de produits sûrs pour une utilisation prévue et raisonnable pour le consommateur. A contrario, aux États-Unis, au Canada ou au Japon, les protections féminines sont des dispositifs médicaux.</p>
<p>L’association 60 millions de consommateurs a testé 24 protections périodiques (tampons, serviettes hygiéniques, protège-slips), 7 ans après son premier comparatif. <a href="https://www.60millions-mag.com/2023/09/28/protections-hygieniques-toujours-des-substances-toxiques-22072">Des substances chimiques toxiques demeurent présentes</a> (glyphosate et son métabolite, dioxines, composés organiques halogénés), bien qu’à des concentrations ne présentant a priori pas de risque majeur pour la santé, en l’état actuel des connaissances.</p>
<h2>Le comportement des femmes par rapport aux protections intimes</h2>
<p>À la demande de l’Anses, une <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/produits-dhygiene-feminine-serviettes-tampons-et-coupes-menstruelles">enquête a été effectuée en 2017</a> auprès d’un échantillon de femmes représentatif de la population féminine française. Celle-ci avait pour objectifs de recueillir des informations concernant leurs pratiques en matière de protection intime, les principaux facteurs qui déterminent leur choix et les perceptions des éventuels risques associés à leur utilisation.</p>
<p>Concernant le type de protections portées, serviettes et protège-slips (les culottes menstruelles étaient encore peu présentes sur le marché français) étaient utilisés en association avec une autre protection par 91 % des femmes, en particulier les 13-24 ans. Les femmes de plus de 25 ans déclaraient utiliser de manière prédominante des tampons. Seuls 21 % des femmes (33 % des 13 à 24 ans) utilisaient exclusivement des serviettes hygiéniques.</p>
<p>Au cours des 12 derniers mois précédant la date de l’enquête, 13 % des répondantes déclaraient avoir changé de type de protection, principalement pour utiliser des coupes menstruelles.</p>
<p>Cette enquête a également mis en évidence une insuffisance des mesures d’hygiène, en particulier le lavage des mains, que ce soit avant ou après le changement de protection, et la durée de port. Les recommandations figurant dans les notices d’utilisation des protections internes préconisent une durée de port maximale entre 4 à 8 h. Elles semblent peu ou mal suivies par la majorité des utilisatrices de tampons, puisque 79 % d’entre elles déclaraient le garder toute la nuit. Près de 30 % des femmes ne changeaient pas de coupe menstruelle durant une journée entière (contre 2 % pour les tampons).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578366/original/file-20240227-24-c2f451.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2468784721001987">résultats de cette enquête ont été confirmés dans une étude française de 2022</a>. Les durées de port en journée rapportées pour les tampons étaient supérieures à 5 heures pour 10,7 % des répondantes et à 8 heures pour 1,7 % d’entre elles, et pour les coupes menstruelles supérieures à 5 heures pour 39,7 % des répondantes et à 8 heures pour 8,3 %.</p>
<p>Concernant la perception des risques liés à l’utilisation des protections intimes, 81 % des répondantes estimaient qu’au moins un type de protection comporte un risque (principalement les tampons), mais peu les connaissaient précisément. Les risques d’infection et de « problèmes vaginaux » (irritation, ulcération, sécheresse, prurit, etc.) étaient identifiés pour toutes les protections alors que le syndrome de choc toxique menstruel (SCT) était cité uniquement pour les tampons et, dans une moindre mesure, les coupes menstruelles. D’une manière générale, les coupes menstruelles étaient perçues comme les protections les moins risquées.</p>
<p>Il est à noter que pour les irritations, ulcérations, sécheresses, etc., il n’existe pas d’études épidémiologiques. Ces manifestations sont rapportées par les utilisatrices, les gynécologues et par les fabricants à travers leur système de surveillance des produits commercialisés.</p>
<h2>Qu’est-ce que le syndrome de choc toxique menstruel ?</h2>
<p>Le SCT menstruel représente le principal risque lié au port de tampons et aux coupes menstruelles. Il s’agit d’une maladie rare causée par une toxine produite par une bactérie, le staphylocoque doré (la toxine du choc toxique staphylococcique, TSST-1). Une vingtaine de cas sont recensés par an en France (11 cas en 2020). En l’absence de déclaration obligatoire de cette pathologie, il n’est pas possible de connaître le nombre de cas réel en France. Le <a href="https://cnr-staphylocoques.univ-lyon1.fr/icap_website/view/2332">CNR des staphylocoques</a> estime à environ cent cas par an en France de SCT menstruel.</p>
<p>Les premiers symptômes, non spécifiques de cette pathologie (de type grippal), apparaissent dans un délai de 3 à 5 jours après exposition. La toxine se diffuse dans le corps via la circulation sanguine et des atteintes de différents organes (foie, rein, systèmes nerveux et sanguin) commencent à être observées. Elles peuvent aboutir, dans de rares cas, à de graves complications pouvant aller jusqu’à l’amputation voire au décès.</p>
<p>Ce syndrome est lié aux conditions d’utilisation des protections intimes internes : une utilisation prolongée augmente le risque. Les protections d’une capacité d’absorption plus forte que nécessaire majorent mécaniquement ce risque, en augmentant de manière excessive la durée de port. En effet, coupes et tampons empêchent les menstruations d’être éliminées du vagin, où elles vont constituer un nutriment adéquat pour ce [staphylocoque présent chez environ 1 % à 4 % des femmes]. De quoi favoriser leur multiplication puis la production de toxine.</p>
<p>Afin de limiter les risques, l’Anses souligne ces conseils simples à destination des utilisatrices :</p>
<ul>
<li><p>Respecter les recommandations d’utilisation propres à chaque protection, non seulement en ce qui concerne le temps de port des tampons et des coupes, mais également au pouvoir absorbant du tampon – qui doit être adapté au flux menstruel, afin qu’il soit changé régulièrement. Cette recommandation s’applique également aux coupes menstruelles.</p></li>
<li><p>N’utiliser un tampon uniquement que pendant les règles.</p></li>
<li><p>Respecter les règles d’hygiène liées à l’utilisation des protections intimes, notamment le lavage des mains avant et après leur changement.</p></li>
</ul>
<p>L’Anses recommande également de renforcer l’information des professionnels de santé et des femmes sur cette maladie et ses symptômes.</p>
<h2>Et au niveau réglementaire ?</h2>
<p>L’Anses a préconisé que tous les fabricants affichent des indications claires relatives à ce risque <a href="https://www.anses.fr/fr/content/%C3%A9valuation-de-la-s%C3%A9curit%C3%A9-des-produits-de-protections-intimes">sur les emballages et les notices d’utilisation des produits de protections intimes internes</a>.</p>
<p>Cette recommandation a amené les pouvoirs publics français à publier un <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048737538">décret qui vise à renforcer la protection et l’information des consommatrices</a>. Ce décret rend obligatoire, à partir du 1<sup>er</sup> avril 2024, l’affichage sur l’emballage et/ou dans la notice, de la composition de ces produits, des modalités et précautions d’utilisation et des risques sanitaires associés à la composition ou l’utilisation de ces produits.</p>
<p>Pour les protections intimes internes, des informations sur le risque de développer un syndrome de choc toxique menstruel doivent également présentes sur l’emballage, ainsi que des recommandations d’usage pour diminuer ce risque, telles que : ne pas dépasser une durée de port de 6 heures, ne pas utiliser ces protections la nuit, consulter immédiatement un médecin en cas d’apparition de symptômes du SCT menstruel en l’informant des menstruations en cours, et retirer la protection.</p>
<p>Ces recommandations sont d’autant plus d’actualité que, dans son comparatif de fin 2023, l’association 60 millions de consommateurs relevait que la composition précise des protections périodiques figure rarement sur les emballages, <a href="https://www.60millions-mag.com/2023/09/28/protections-hygieniques-toujours-des-substances-toxiques-22072">voire est absente</a>.</p>
<hr>
<p><em>Céline Dubois a participé à la rédaction de cet article. Cheffe de projets scientifiques pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de 2007 à 2023, elle est aujourd’hui ingénieure chimiste et responsable réglementation produits pour Arkema.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197264/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Mathieu-Huart ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La composition des protections féminines et les risques liés à leur usage sont une question de santé publique, comme en témoigne le récent décret encadrant leur étiquetage. Que faut-il savoir ?
Aurélie Mathieu-Huart, adjointe à la cheffe d'unité Evaluation des valeurs de référence et des risques des substances chimiques, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/221335
2024-02-28T15:40:51Z
2024-02-28T15:40:51Z
Comment bien prendre soin de ses os
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569791/original/file-20230915-17-zgaqyj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C13%2C4368%2C2890&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pratiquer une activité physique adaptée à son état de santé et à son âge, en privilégiant les exercices de mise en charge, contribue à préserver la solidité de ses os.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/active-senior-woman-working-exercise-gym-641129533">Liderina/ Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Tout comme nos muscles, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/os-63601">nos os</a> perdent de leur force avec l’âge. Cela peut avoir de graves conséquences sur notre vie quotidienne et augmenter le risque de fractures, qui sont liées à un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00198-009-0920-3">risque accru de décès</a>. Heureusement, tout comme nous pouvons renforcer nos muscles, nous pouvons renforcer nos os.</p>
<p>(<em>Chez les seniors, le risque de décès augmente notamment après une fracture du col du fémur selon l’état de santé du patient au moment de la fracture, si on en croit des données françaises issues de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation des statistiques <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/etudes-et-resultats/quel-risque-de-deces-un-apres-une-fracture-du-col-du-femur">Drees</a>. En effet, selon la Drees, le risque de décès à un an augmente dès qu’il existe une pathologie chronique significative, en particulier, dans les situations les plus graves, ndlr</em>).</p>
<p>Les os sont bien plus qu’un simple échafaudage à l’intérieur de notre corps. L’os est un organe complexe qui se présente sous une multitude de formes et de tailles. Il est constitué d’un mélange varié de <a href="https://www.niams.nih.gov/health-topics/what-bone">composants organiques et inorganiques</a> comme le collagène et le calcium. Combinés ensemble, ces composants créent une structure suffisamment malléable pour que les muscles puissent tirer sur les os pour nous permettre de bouger, tout en étant suffisamment solides pour protéger les organes essentiels.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>L’os n’est pas la structure solide, inamovible et permanente que l’on pourrait imaginer. Un os sain et vivant reste solide parce qu’il est constamment renouvelé, l’os ancien et endommagé étant extrait et remplacé par de l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK45513/">os frais</a>.</p>
<p>Ce contrôle interne de la qualité des os permet à notre squelette d’être remplacé <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK45504/#ch2.s4">environ tous les dix ans</a> chez les personnes en bonne santé, bien que ce processus soit plus lent chez les personnes âgées ou malades. Certaines situations de santé, comme le cancer et les changements hormonaux durant la <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/menopause-quelles-repercussions-sur-la-sante">ménopause</a>, peuvent également entraîner une perte osseuse excessive.</p>
<p>Contrairement à de nombreux autres tissus, tels que le cartilage, le tendon et le muscle, qui ne sont composés que d’un petit nombre de types cellulaires, l’os est constitué d’une multitude de cellules différentes. Il s’agit notamment des cellules osseuses, de cellules immunitaires, de cellules graisseuses, de cellules nerveuses et de cellules sanguines, pour n’en citer que quelques-unes.</p>
<p>L’action combinée de ces <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3341892/">différents types de cellules</a> aide notre corps à maintenir un volume osseux adéquat tout au long de la vie, afin que nous puissions continuer à être actifs.</p>
<p>Des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4515490/">cellules osseuses spécialisées</a> (appelées ostéoblastes et ostéoclastes) aident à modifier nos os pour réparer les dommages et augmenter leur volume en fonction des exigences qui leur sont imposées. Ainsi, un joueur de tennis, qui effectue ses services de manière répétée avec le même bras, aura un volume osseux plus important au niveau du bras avec lequel il sert.</p>
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<h2>Renforcer ses os</h2>
<p>Il est essentiel de préserver vos os tout au long de votre vie pour votre santé et votre bien-être. Une perte soudaine de mobilité à la suite d’une fracture a des répercussions considérables dans la vie de tous les jours : se rendre dans les magasins, aller voir des amis et effectuer les moindres tâches quotidiennes à la maison peut se révéler douloureux.</p>
<p>Quel que soit son âge, on peut préserver la densité (la solidité) de ses os grâce à une bonne <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alimentation-21911">alimentation</a> et de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-23234">activité physique</a>.</p>
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<img alt="Un éventail d’aliments riches en calcium, notamment le lait, le fromage, les sardines et le brocoli." src="https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548526/original/file-20230915-17-h3uv76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le calcium présent dans ces aliments est important pour renforcer les os.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/foods-rich-calcium-such-sardines-bean-366258461">Evan Lorne/Shutterstock</a></span>
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<p>Il est recommandé de privilégier une alimentation équilibrée et riche en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/le-calcium-pourquoi-et-comment-en-consommer">calcium</a> (un minéral essentiel pour les os). Essayez d’en consommer <a href="https://www.nhs.uk/conditions/vitamins-and-minerals/calcium/">700 mg par jour</a>. Le lait, le yaourt et le fromage sont d’excellentes sources de calcium. Si vous êtes végan, des aliments tels que le tofu, les haricots secs et les lentilles contiennent tous du calcium. Il se peut que vous deviez prendre un supplément si vous ne parvenez pas à obtenir la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0261561420306567#bib5">quantité recommandée</a> de calcium dans votre alimentation.</p>
<p>(<em>Les principales sources alimentaires de calcium sont les produits laitiers, les légumineuses, les fruits à coque, les produits céréaliers, certains légumes-feuilles (choux, blettes, épinards, etc.), les fruits de mer et certaines eaux très riches en calcium, liste l’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/le-calcium-pourquoi-et-comment-en-consommer">Anses</a> ou Agence nationale de sécurité sanitaire française. Il faudra se rapprocher de son médecin avant toute supplémentation en calcium, car des apports excessifs en calcium peuvent être à risque pour la santé chez des personnes sensibles, ndlr</em>).</p>
<p>Précision importante : pour absorber pleinement le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3012979/">calcium</a>, notre corps a besoin de vitamine D. Il est donc essentiel de passer du temps à l’extérieur car notre peau produit de la vitamine D lorsqu’elle est exposée au soleil. Essayez de passer dix minutes à l’extérieur deux fois par jour. En hiver, lorsque l’ensoleillement est moindre, vous pouvez envisager une supplémentation en vitamine D.</p>
<p>(<em>Outre l’exposition au soleil, la consommation d’aliments riches en vitamine D – poissons gras comme le saumon, la sardine ou le maquereau, produits laitiers et céréales enrichis en vitamine D, jaune d’œuf, etc.– aide à <a href="https://www.anses.fr/fr/content/vitamine-d-pourquoi-et-comment-assurer-un-apport-suffisant">assurer un apport suffisant en vitamine D</a>. Avant d’envisager une supplémentation, notamment via des compléments alimentaires, il convient au préalable de faire le point avec votre médecin traitant, ndlr</em>).</p>
<p>L’activité physique est un autre moyen de préserver la solidité des os – en particulier les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6323511/">exercices de mise en charge</a> – (<em>c’est-à-dire avec un certain niveau d’impact, ndlr</em>). Marcher et monter les escaliers sont d’excellentes options pour commencer si vous ne faites pas régulièrement de l’exercice. Mais des activités plus dynamiques – comme le saut à la corde ou la musculation – sont préférables, car elles stimulent davantage la croissance osseuse. En effet, lorsque les muscles tirent fortement sur l’os auquel ils sont attachés, cela <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6279907/">stimule la croissance osseuse</a>.</p>
<p>Ce type d’exercices peut être pratiqué par tout le monde, à tous les âges. Veillez simplement à adapter l’exercice que vous pratiquez à votre niveau de forme et à vos capacités. Il est également recommandé d’augmenter progressivement sa pratique afin d’éviter les blessures.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<p>Réduire les polluants présents dans votre corps (tels que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5352985/">fumée de tabac</a> et l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00198-011-1787-7">alcool</a>) contribuera également à ce que vos cellules osseuses aient toutes les chances de fonctionner correctement durant toute votre vie.</p>
<p>Si vous êtes préoccupé par la solidité de vos os – ou si vous souffrez de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6288610/">certains problèmes de santé</a> qui peuvent diminuer votre densité minérale osseuse (tels que la <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/intolerance-gluten-maladie-coeliaque">maladie cœliaque</a>, les maladies inflammatoires de l’intestin, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5349336/">différentes formes de diabète</a> ou un <a href="https://www.inserm.fr/dossier/osteoporose/">cancer</a>) – n’hésitez pas à faire part de vos inquiétudes à votre médecin généraliste. Il vous donnera des conseils personnalisés sur la meilleure façon de prendre soin de vos os.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221335/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>James Edwards a reçu des financements de diverses sources gouvernementales, caritatives et industrielles</span></em></p>
Certaines situations de santé, comme les changements hormonaux durant la ménopause, peuvent entraîner une perte osseuse excessive. En prévention, l’alimentation et l’activité physique peuvent aider.
James Edwards, Associate Professor of the Oxford Skeletal Ageing and Regeneration Group, University of Oxford
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/223746
2024-02-25T16:27:16Z
2024-02-25T16:27:16Z
Comment des bulbes de fleurs traités rendent résistantes des moisissures dangereuses pour la santé
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/577366/original/file-20240222-16-81uuet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5176%2C3453&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bulbes de tulipes traités peuvent favoriser l’émergence de moisissures résistantes aux antifongiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/fleurs-assorties-en-macrophotographie-pendant-la-journee-5aXEo-hGwU0">Krystina Rogers/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Quel est le rapport entre les bulbes de tulipe et l’aspergillose, une grave maladie due à un champignon microscopique, la moisissure <em>Aspergillus fumigatus</em> ? C’est ce que nous avons tenté de découvrir au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Besançon.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, le nombre de cas cliniques d’aspergillose dus à des souches d’<em>Aspergillus</em> résistant aux antifongiques les plus utilisés est en augmentation. Or ces mêmes antifongiques sont également utilisés dans le domaine agricole et en horticulture.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si le fait de planter, à l’hôpital, des bulbes de tulipes traités aux antifongiques pouvait faciliter l’émergence de souches résistantes transmissibles à l’être humain.</p>
<p>Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que l’utilisation de tels bulbes pourrait effectivement favoriser le développement de résistance aux antifongiques.</p>
<p>Ces résultats posent particulièrement question dans le contexte actuel de suspension du <a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-ecophyto-2">plan Écophyto</a>, dont l’objectif était de réduire l’usage des pesticides et fongicides en agriculture…</p>
<h2>L’aspergillose invasive, une maladie opportuniste mortelle</h2>
<p>L’aspergillose est une maladie causée par des champignons microscopiques (moisissures) du genre <em>Aspergillus</em>. Elle peut se manifester sous forme d’infections localisées, d’infection disséminée mortelle ou de maladies allergiques, et toucher de nombreux organes (rein, sinus, peau, sang…).</p>
<p>En France, il s’agit de la troisième cause d’infection fongique invasive. Principalement causée par <em>Aspergillus fumigatus</em>, l’aspergillose touche les personnes immunodéprimées, en particulier les patients ayant reçu une greffe de moelle osseuse ou d’organe, ainsi que les patients sous traitements anticancéreux.</p>
<p>Les spores d’<em>Aspergillus fumigatus</em> sont omniprésentes dans l’air, dans les sols, sur les plantes agricoles, et dans le compost. De ce fait, l’inhalation de ces spores est inévitable. En temps normal, ce n’est pas un problème, car les spores sont éliminées par les défenses immunitaires au niveau du système respiratoire.</p>
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<img alt="Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois" src="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Cependant, chez certaines personnes, l’aspergillose est une maladie dite « opportuniste » : lorsque le système immunitaire est déficient (immunosuppression), le champignon contamine les poumons et peut s’y développer, et par extension provoquer l’aspergillose invasive (et la colonisation d’autres organes).</p>
<p>De 2012 à 2018, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35499498/">1661 cas de cette maladie ont été recensés dans notre pays</a>, avec un taux de mortalité de 42,5 % chez les patients ayant par ailleurs une maladie du sang, lesquels représentaient 60 % des cas d’aspergillose invasive.</p>
<h2>Émergence de souches résistantes aux médicaments</h2>
<p>Le traitement de l’aspergillose nécessite le recours à des médicaments antifongiques. Les azolés agissent en bloquant la fabrication d’un composant important de la membrane cellulaire des champignons, l’ergostérol. Ce sont des thérapeutiques qui allient l’efficacité et une bonne tolérance pour les patients.</p>
<p>Ceux-ci sont utilisés pour traiter non seulement les êtres humains, mais aussi les animaux. Par ailleurs, ils sont également largement employés comme fongicides en agriculture (de pleins champs, maraîchère, viticole), dans les scieries et en horticulture, afin de lutter contre les champignons qui s’attaquent aux plantes (phytopathogènes) ou au bois (lignivores).</p>
<p>Or, lorsque les fongicides azolés sont appliqués dans l’environnement, ils ont un impact non intentionnel sur <em>Aspergillus</em> : ils éliminent les souches sensibles et favorisent, par pression de sélection, celles qui se sont adaptées à ces molécules azolées. Résultat : des souches insensibles aux fongicides azolés se développent.</p>
<p>La surenchère des quantités d’antifongiques répandues et l’utilisation de mélanges d’antifongiques n’ont pas permis d’endiguer l’apparition de ces résistances. Ni même, d’ailleurs, d’éradiquer durablement les phytopathogènes des cultures de riz, de blé, de maïs, de soja et de pommes de terre.</p>
<p>En revanche, désormais, de nombreux patients atteints d’aspergillose sont infectés par une telle souche d’<em>Aspergillus</em> résistante aux azolés. Or, il existe peu de traitements alternatifs, certains étant inefficaces vis-à-vis des espèces dites « filamenteuses » comme Aspergillus ou toxiques pour certains malades (l’amphotéricine est par exemple plus efficace, mais potentiellement toxique pour les reins).</p>
<p>Une des mesures envisageables pour éviter à court terme ces infections à champignons résistants est la prévention de l’exposition.</p>
<h2>Dépister les souches résistantes aux azolés</h2>
<p>Dans l’optique de mieux prévenir les infections par des souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux azolés, depuis 2015, nous réalisons au Centre Hospitalo-Universitaire de Besançon leur dépistage dans l’air intérieur.</p>
<p>Étant donné que des travaux de recherche avaient suggéré que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28369271/">bulbes de plantes ornementales traitées aux azolés pouvaient jouer un rôle dans la propagation mondiale des souches</a>, nous avons étendu notre surveillance environnementale à des prélèvements de sols. Nous souhaitions ainsi évaluer si la terrasse de notre hôpital, ornée de pots de fleurs, pouvait être une source potentielle de diffusion de la résistance.</p>
<p>En 2019, au total, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31753549/">69 isolats d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants aux azolés</a>, et présentant une mutation TR34/L98H, ayant été décrits comme liés à l’utilisation des fongicides dans l’environnement, ont été obtenus : 1 à partir de l’air de l’unité de soins intensifs, 4 à partir des couloirs principaux de l’hôpital, 59 à partir de pots de tulipes importés des Pays-Bas et 5 à partir du sol d’arbres cultivés en pots.</p>
<p>Confirmer l’hypothèse selon laquelle les souches résistantes récoltées dans les couloirs de l’hôpital ou isolées dans les échantillons cliniques proviendraient bien des bulbes traités plantés dans les parterres de fleurs nécessiterait encore de séquencer leur génome. Mais quoi qu’il en soit, ces résultats ont montré l’intérêt de mieux surveiller les sources potentielles d’émergence de résistances dans notre hôpital.</p>
<h2>Dites-le plutôt avec des fleurs… bio</h2>
<p>Suite à ces résultats, et au risque accru d’infections nosocomiales (les infections contractées à l’hôpital) il avait été décidé de ne plus planter de bulbes traités.</p>
<p>Afin de ne pas supprimer radicalement l’existence de terrasses comportant des jardinières de tulipes, pour préserver un lieu de promenade des patients, nous avons recommandé le remplacement des bulbes de tulipes traités par des bulbes issus de l’horticulture biologique, sans exiger le changement de la terre.</p>
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<img alt="Photo des parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon" src="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Un an après nous avons fait les mêmes prélèvements dans les bacs de terre, avec le même mode opératoire. Nous avons constaté que le taux de résistance était passé de 71 % à moins de 3 % en un an. Ces résultats suggèrent que le remplacement des bulbes traités par des bulbes biologiques <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33690850/">peut suffire à rétablir une population majoritairement sensible en seulement un an</a>.</p>
<h2>Nécessité d’une surveillance environnementale</h2>
<p>Jusqu’à présent, <em>Aspergillus fumigatus</em> a été peu étudié dans l’environnement, car il ne s’agit pas d’un champignon phytopathogène causant des pertes de récoltes.</p>
<p>Cependant, désormais des génotypes d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants à plusieurs azolés sont détectés dans le monde entier, dans les isolats cliniques ainsi que dans l’environnement.</p>
<p>L’utilisation massive des fongicides azolés dans l’environnement est un facteur majeur pour la sélection de la résistance aux antifongiques médicaux. Il est donc impératif de soutenir le développement d’approches qui déconnecteront à terme l’utilisation des antifongiques en agriculture et leur utilisation en clinique.</p>
<p>Bien qu’il soit séduisant de suggérer une évolution rapide vers une agriculture durable sans pesticide, ou que certaines classes d’antifongiques soient réservées exclusivement pour un usage clinique, ceci ne semble pas faisable à court terme : le nombre de molécules efficaces disponibles est faible, et l’agriculture fait face à la même problématique de résistance.</p>
<p>Dans une telle situation, les systèmes de surveillance permettant de suivre les souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques sont essentiels. Malheureusement, on manque de tels systèmes à l’heure actuelle.</p>
<p>Par ailleurs, la compréhension de la façon dont la résistance persiste, évolue ou peut être gérée, demeure incomplète. Ce déficit de connaissances menace gravement la gestion des maladies fongiques chez l’être humain et les animaux.</p>
<h2>Protéger les patients de l’émergence de souches résistantes liées à l’utilisation de nouveaux fongicides</h2>
<p>La nécessité d’une surveillance environnementale est également devenue plus pressante car cinq agents antifongiques dotés de nouveaux modes d’action sont en cours de développement.</p>
<p>Parmi eux, l’olorofim, un nouvel antifongique de la classe des orotomides, représente un espoir pour les patients atteints d’aspergilloses résistantes. Ce nouveau médicament a déjà un analogue fongicide approuvé récemment par l’<em>U.S. Environmental Protection Agency</em>. Mais des travaux de recherche ont montré que cette molécule est capable d’induire des résistances in vitro.</p>
<p>De façon similaire à ce qui s’est passé pour les fongicides azolés, l’utilisation massive des orotomides fongicides risque de réduire les possibilités de traitement chez les patients atteints d’infections fongiques.</p>
<p>Des projets européens visent à développer une méthode standardisée pour la surveillance environnementale. Un tel outil améliorera le suivi et la compréhension des schémas de résistance et permettra d’évaluer les associations avec les pratiques de travail (pulvérisation, compostage), ainsi que l’influence d’autres facteurs (géographique, climatique) sur les niveaux de résistance.</p>
<p>Cela pourra réduire l’exposition à <em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques, ce qui devrait permettre de diminuer le nombre de patients atteints d’une aspergillose résistante aux azolés, et donc réduire la mortalité de manière significative.</p>
<p>En attendant, dans les jardins hospitaliers, il est préférable pour la sécurité des patients d'utiliser exclusivement des plantes bio !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Prise en charge de frais de déplacement et d'inscription à des congrès par les sociétés PFIZER et GILEAD.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Reboux et Steffi Rocchi ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
L’aspergillose est une grave maladie causée par une moisissure dont certaines souches résistent aux antifongiques. Or, ces mêmes antifongiques sont utilisés en agriculture, ce qui pourrait participer du problème.
Gabriel Reboux, Chercheur senior, affilié au laboratoire de Parasitologie-Mycologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon, Université de Bourgogne – UBFC
Laurence Millon, Professeure des Universités, praticien hospitalier - CHU de Besançon, UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université de Bourgogne – UBFC
Steffi Rocchi, Chercheuse affiliée à l'UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/223102
2024-02-18T15:49:12Z
2024-02-18T15:49:12Z
Pesticides et santé : les agriculteurs ont été, sont et seront les principales victimes de ces substances
<p>Jeudi 1er février 2024, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/02/gabriel-attal-tente-d-eteindre-la-colere-des-agriculteurs-en-cedant-sur-l-environnement_6214355_823448.html">mise en pause du plan Écophyto II+</a>, qui visait à <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest">« réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025 »</a>. Cette décision visait à satisfaire les demandes d’une partie des agriculteurs, dans le contexte des négociations destinées à mettre un terme à la crise débutée en janvier.</p>
<p>Les effets délétères de ces substances sur la santé, et en particulier celle des exploitants agricoles des pays occidentaux et de leurs familles, sont pourtant de mieux en mieux documentés. Plusieurs types de cancers sont notamment plus répandus dans les populations d’agriculteurs que dans la population générale. C’est aussi le cas de diverses maladies neurodégénératives et respiratoires.</p>
<p>Voici ce que l’on en sait à l’heure actuelle, et les questions qui restent posées.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un « pesticide » ?</h2>
<p>Sous l’appellation de « pesticides » sont regroupés un ensemble de produits de synthèse ou naturels visant à lutter, le plus souvent en les détruisant, contre les organismes jugés nuisibles pour l’être humain ou ses activités, notamment en agriculture.</p>
<p>Ces substances répondent à quatre usages : il peut s’agir de produits phytopharmaceutiques (les plus connus des pesticides, ceux qui sont utilisés sur les cultures), de certains biocides (utilisés dans les bâtiments d’élevage ou en salle de traite, pour traiter le bois afin de le protéger des insectes et des moisissures…), de certains médicaments vétérinaires (antiparasitaires externes ou antifongiques) et enfin de certains médicaments destinés à la santé humaine (anti-poux, anti-gale, anti-mycoses…).</p>
<p>Les pesticides ont donc par nature une activité toxique vis-à-vis du vivant. Ils sont de ce fait soumis à une réglementation plus ancienne et plus contraignante que la plupart des autres produits chimiques. Cette réglementation, établie au niveau européen, <a href="https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/pesticides">est complexe</a>, car elle vise à encadrer le quadruple usage de ces substances.</p>
<h2>Des effets sur la santé connus de longue date</h2>
<p>L’histoire des pesticides commence à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. En France, dès les années 1880, certaines substances (arsenicaux, dérivés du cuivre et du soufre) ont été employées dans les régions où l’agriculture s’intensifiait, notamment en viticulture et en arboriculture. Déjà à cette époque, <a href="https://hal.science/hal-01196933">des médecins hygiénistes notèrent chez les travailleurs agricoles l’émergence de nouvelles maladies</a> liées à leur emploi.</p>
<p>Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que l’usage des pesticides prend véritablement son essor, avec le passage à une production industrielle en quantité et en variété des familles chimiques. Conséquence : dès les années 1950-1970, plusieurs constats préoccupants sont faits.</p>
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<img alt="Publicité pour des pesticides à base de nicotine, The Florists’ Review, novembre 1917" src="https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=887&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=887&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=887&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1115&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1115&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576249/original/file-20240216-28-276kp4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1115&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Publicité pour des pesticides à base de nicotine, The Florists’ Review, novembre 1917.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://archive.org/details/5205536_40_3/page/n189/mode/2up">University of Illinois Urbana-Champaign (via archive.org / Wikimedia Commons)</a></span>
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<p>Des intoxications aiguës se produisent, dans les vergers en Californie, chez les applicateurs d’organophosphorés, ainsi que chez d’autres travailleurs en contact avec les végétaux après les traitements. Des contaminations alarmantes de l’environnement sont détectées, et des travaux révèlent que le lait humain est lui aussi contaminé, notamment par certains insecticides de la famille des organochlorés (tels que le DDT ou le lindane).</p>
<p>Dès les années 1960, en France, certains médecins du travail agricole se préoccupent des effets des pesticides sur la santé des travailleurs agricoles. Aux États-Unis, les critiques associées à leur utilisation ont alimenté dès cette époque d’importantes mobilisations protestataires, dénonçant leurs effets délétères sur la santé des saisonniers agricoles, des consommateurs ou de la faune sauvage.</p>
<p>Après plus de cinquante ans d’études épidémiologiques (1970-2020), il est maintenant admis que les populations agricoles des pays à forts revenus, dans lesquels la plupart des études ont été conduites, présentent des particularités en matière de risque de cancer.</p>
<h2>Trois cancers clairement plus fréquents chez les agriculteurs</h2>
<p>Dans les pays occidentaux, on observe un excès de certains cancers dans les populations agricoles, par rapport à la population générale.</p>
<p>Il s’agit principalement des cancers de la prostate (cancer masculin le plus fréquent en France, il touche chaque année près de 60 000 hommes, entraînant le décès de près de 9 000 d’entre eux), des lymphomes non hodgkiniens et des myélomes multiples.</p>
<p>Pour les cancers de la prostate, au moins 5 méta-analyses ont été conduites sur le lien avec l’exposition professionnelle aux pesticides et elles ont conclu pour quatre d’entre elles à une augmentation de risque variant de 13 à 33 %. Quelques méta-analyses ont porté sur le lien avec des familles chimiques spécifiques de pesticides comme celle sur les insecticides organochlorés qui a conclu à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26245248/">une augmentation de risque variant de 30 à 56 %</a> selon les molécules étudiées. Pour les lymphomes, une méta-analyse datant de 2014 montrait <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24762670/">une augmentation de risque variant de 30 à 70 %</a> pour les 7 familles chimiques étudiées.</p>
<p>Dans sa première expertise collective publiée en 2013, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) concluait à une présomption forte d’un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de ces trois cancers. Cette conclusion a été maintenue lors de la <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-07/inserm-expertisecollective-pesticides2021-rapportcomplet-0.pdf**">mise à jour de cette expertise collective, en 2021</a>.</p>
<p>En raison de ces données scientifiques, ces trois cancers font l’objet de tableaux de maladies professionnelles en France (tableau 59 du régime agricole pour les lymphomes non hodgkiniens incluant les myélomes multiples et, tableaux 61 (régime agricole) et 102 (régime général) pour les cancers de la prostate).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/glyphosate-sur-quelles-pathologies-portent-les-soupcons-et-avec-quels-niveaux-de-preuves-217583">Glyphosate : sur quelles pathologies portent les soupçons et avec quels niveaux de preuves ?</a>
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<p>D’autres cancers ayant fait l’objet de moins d’études (leucémies, tumeurs du système nerveux central, sarcomes, cancers du rein et de la vessie), seraient aussi plus fréquents chez les utilisateurs professionnels de pesticides. L’expertise collective Inserm de 2021 a conclu à une présomption moyenne de lien pour ces cancers.</p>
<p>Enfin, de nombreux autres cancers ont été très peu étudiés et n’ont d’ailleurs pas pu faire l’objet d’une analyse détaillée par les expertises de l’Inserm de 2013 et 2021 par manque de moyens humains et/ou de données disponibles. Il s’agit des cancers broncho-pulmonaires, des cancers digestifs (colorectaux, estomac, pancréas, foie, œsophage), des cancers gynécologiques (sein, ovaires, corps et col de l’utérus), des cancers ORL ou des lèvres et des cancers de la thyroïde.</p>
<h2>Les données manquent pour étudier tous les pesticides utilisés</h2>
<p>Il faut noter que peu d’études épidémiologiques ont analysé les liens entre la survenue de cancers ou de maladies chroniques et l’exposition à des familles ou des molécules pesticides spécifiques. En effet, la plupart des études conduites portaient sur des effectifs réduits, ne permettant pas d’explorer la diversité des molécules.</p>
<p>On considère que plus de 1000 molécules à activité pesticide ont été homologuées en Europe, et ont été présentes pour une utilisation agricole à un moment ou un autre. Certaines molécules étant retirées tandis que de nouvelles sont homologuées, aujourd’hui, on considère que le nombre de molécules autorisées est plus proche de 400.</p>
<p>Cependant, il est important de considérer également les molécules retirées du marché, en raison des effets retardés qu’elles peuvent avoir (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/apc-gt-lindane">comme dans le cas du lindane</a>, interdit en France depuis 1998 pour les usages agricoles et assimilés - mais seulement en 2006 dans les produits anti-poux, qui persiste encore néanmoins dans l’environnement).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-vers-une-meilleure-reconnaissance-des-effets-sur-la-sante-des-enfants-dagriculteurs-222330">Pesticides : vers une meilleure reconnaissance des effets sur la santé des enfants d’agriculteurs</a>
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<p>Ainsi, dans le meilleur des cas, pour des cancers très étudiés et pour des familles chimiques de pesticides très anciennes (herbicides tels que le 2,4D ou insecticides organochlorés comme le DDT, utilisés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale), il n’existe pas plus d’une dizaine d’études disponibles permettant de documenter un lien.</p>
<p>Dans la méta-analyse de 2015 qui a conclu à une augmentation de risque de cancer de la prostate de plus de 50 % pour les expositions professionnelles au lindane, faute de données, les auteurs n’ont pu analyser que 5 organochlorés parmi la vingtaine qui ont été utilisés massivement dans le monde depuis les années 1950…</p>
<p>Les auteurs de la méta-analyse de 2014 qui a établi un lien entre lymphomes non hodgkiniens et expositions à des pesticides spécifiques (21 familles chimiques et plus de 80 matières actives rapportées) n’ont identifié que 12 études fournissant des données sur les phénoxy-herbicides (2,4D, MCPA…).</p>
<p>En 2017, d’autres auteurs se sont focalisés sur le lien entre ces lymphomes non hodgkiniens et l’exposition au 2,4D à partir de 12 études cas-témoins et d’une cohorte historique dans une usine de production de cet herbicide. Cette méta-analyse a pu conclure à une augmentation du risque de 70 % chez les professionnels les plus exposés.</p>
<h2>D’autres maladies que le cancer sont aussi concernées</h2>
<p>Au-delà des cancers, des données de plus en plus nombreuses et convergentes indiquent que l’exposition aux pesticides a pour conséquences d’autres effets sur la santé. Les effets sur le cerveau, par exemple, sont de mieux en mieux documentés.</p>
<p>D’après les expertises collectives de 2013 et de 2021 de l’Inserm, le niveau de présomption du lien <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-07/inserm-expertisecollective-pesticides2021-rapportcomplet-0.pdf#page=265">entre l’exposition aux pesticides et le développement d’une maladie de Parkinson est fort</a>. Les connaissances sur ce lien se sont constituées au cours du temps à partir de la survenue de quelques cas observés chez de personnes ayant été exposées à des substances proches de certains herbicides (des toxicomanes ayant consommé des drogues contenant une substance, le MPTP, très proche chimiquement du paraquat et du diquat, deux herbicides largement utilisés).</p>
<p>Ces constats ont été renforcés par des études géographiques montrant une plus forte prévalence de la maladie dans certaines zones agricoles, puis des études cas-témoins et quelques données de cohorte. Au final, les nombreuses études publiées mettent en évidence un risque de maladie de Parkinson quasiment doublé chez les personnes ayant été exposées aux pesticides.</p>
<p>Les données toxicologiques renforcent la compréhension de ce lien : chez des animaux exposés en laboratoire à certains pesticides (notamment la roténone, une molécule dérivée d’une plante et considérée comme un insecticide biologique), des atteintes neurodégénératives ont été mises en évidence.</p>
<p>Par ailleurs, plus d’une cinquantaine d’études ont également révélé des altérations des performances cognitives (capacités du cerveau à traiter les informations) chez les personnes exposées de manière chronique aux pesticides, ce qui a également conduit l’expertise collective de l’Inserm à conclure à un niveau de présomption fort pour ces troubles.</p>
<p>Ces résultats interrogent sur un possible lien avec la maladie d’Alzheimer, pour laquelle les troubles cognitifs peuvent représenter des symptômes précurseurs. Cependant, le nombre d’études sur cette maladie reste aujourd’hui encore limité. De ce fait, le niveau de présomption du lien est considéré comme « moyen ».</p>
<p>Il faut enfin souligner que certaines altérations respiratoires chroniques ont donné lieu à un grand nombre d’études probantes au cours des dix dernières années, amenant l’Inserm à la conclusion d’un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et le risque de développer <a href="https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/">une bronchopneumopathie chronique obstructive</a>, une grave maladie inflammatoire des bronches.</p>
<h2>Accumuler et croiser les données grâce à des cohortes de grande taille</h2>
<p>La difficulté à documenter l’effet de molécules pesticides spécifiques a été en partie résolue dans certaines études récentes, qui se sont essentiellement appuyées sur de grandes cohortes prospectives.</p>
<p>C’est par exemple le cas de l’<em>Agricultural Health Study</em> aux USA, qui porte sur plus de 50 000 agriculteurs utilisateurs de pesticides inclus à la fin des années 1990 (les questionnaires initiaux interrogeaient les agriculteurs sur l’usage d’une cinquantaine de molécules spécifiques).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un panneau portant une mention en anglais et en espagnol interdisant l’entrée d’une zone traitée." src="https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576266/original/file-20240216-18-89sfx3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un panneau portant une mention en anglais et en espagnol interdisant l’entrée d’une zone traitée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Eerie_caution_sign_about_use_of_pesticides.jpg">Austin Valley / Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En France, depuis le milieu des années 2000, la cohorte AGRIculture & CANcer (<a href="https://www.agrican.fr/">AGRICAN</a>) suit plus de 182 000 affiliés agricoles dans 11 départements français métropolitains, dont près de 70 % d’agriculteurs/éleveurs. Ces participants sont utilisateurs de pesticides pour plus de 70 % des hommes et plus de 20 % des femmes.</p>
<p>Les cohortes Agricultural Health Study et AGRICAN sont en outre associées avec des données du recensement agricole norvégien au sein d’un consortium international de cohortes agricoles nommé AGRICOH.</p>
<p>Parallèlement, la plupart des études cas-témoins plus récentes permettent d’analyser le lien avec des pesticides spécifiques. De plus, certaines de ces études cas-témoins – les plus anciennes – sont réunies en consortium internationaux portant sur des maladies ciblées, généralement peu fréquentes, et bénéficiant du regroupement de cas à l’échelle internationale.</p>
<p>C’est le cas du consortium INTERLYMPH : regroupant plus de 20 études cas-témoins conduites dans une dizaine de pays différents, dont la France, il porte sur plus de 17 000 patients atteints de lymphomes.</p>
<h2>Une nocivité confirmée</h2>
<p>À l’heure actuelle, AGRICAN a permis d’obtenir des résultats concernant les effets d’expositions professionnelles agricoles – incluant les pesticides – sur les cancers de la prostate, de la vessie, du côlon et du rectum, du système nerveux central, des ovaires ainsi que pour les myélomes multiples ou les sarcomes.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Avertissements sur un sac de semences traitées." src="https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576259/original/file-20240216-24-ipzdgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Avertissements sur un sac de semences traitées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Semences_de_France,_produit_canc%C3%A9rig%C3%A8ne.jpg">Wikimedia Commons / Yann</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Pour chacun de ces cancers, plusieurs secteurs de production ont été associés à des effets délétères, ainsi que certaines tâches associées soit à une exposition directe, lors de l’application des pesticides sur les cultures ou en traitement de semences, soit à l’exposition indirecte : réentrée (autrement dit, le fait de revenir dans les cultures juste après les traitements, ce qui conduit à un contact avec des surfaces traitées et un transfert de résidu de la plante vers la peau des travailleurs), contact avec des semences enrobées, récoltes…</p>
<p>Pour permettre aux personnes ayant travaillé en agriculture d’estimer leurs expositions à certains pesticides, en fonction des cultures sur lesquelles elles sont intervenues, un outil épidémiologique (<a href="https://sites.bph.u-bordeaux.fr/PESTIMAT/Pestimat_ModeEmploi">PESTIMAT</a>) a été élaboré. Celui-ci a permis d’évaluer l’influence, dans la survenue de tumeurs du système nerveux central, de molécules pesticides spécifiques, telles que les herbicides, insecticides et fongicides carbamates.</p>
<p>Par ailleurs, en 2019, AGRICOH a permis de conclure à une association entre l’exposition au glyphosate et la survenue d’un type de lymphome particulier, le lymphome diffus à grandes cellules B. Cette analyse a également permis de détecter une association entre l’exposition à un insecticide de la famille des pyréthrinoïdes, la deltaméthrine, et la survenue d’une autre hémopathie lymphoïde (les leucémies lymphoïdes chroniques).</p>
<p>Enfin, en 2021, les travaux d’INTERLYMPH ont montré (en s’appuyant sur 9 études cas-témoins pour 8 000 patients atteints de lymphomes), que l’exposition des agriculteurs à deux insecticides, le carbaryl et le diazinon, était associée à un doublement du risque de certains lymphomes. L’année suivante, d’autres travaux menés dans le cadre d’INTERLYMPH ont révélé que chez les personnes ayant utilisé pendant de nombreuses années des phénoxy-herbicides comme le 2,4 D, les risques de survenue de plusieurs lymphomes spécifiques étaient doublés.</p>
<h2>Des questions encore en suspens qui concernent aussi d’autres professions</h2>
<p>L’impact de l’exposition professionnelle aux pesticides sur la santé humaine, notamment en termes de cancers et de certaines maladies neurodégénératives, ne fait guère de doute aujourd’hui, en raison d’une littérature scientifique nombreuse et convergente. Les arguments en faveur d’un lien entre cette exposition et d’autres maladies, en particulier respiratoires et endocriniennes, sont aussi de plus en plus nombreux au fil des ans.</p>
<p>Cependant, les connaissances nécessitent d’être encore renforcées. En effet, des zones d’ombre persistent notamment quant aux fenêtres d’exposition les plus critiques. L’impact des expositions aux pesticides pendant la vie fœtale et l’enfance est aussi une source de préoccupations.</p>
<p>Par ailleurs, si l’agriculture est le secteur professionnel utilisant les plus grandes quantités de pesticides, de nombreux autres secteurs d’activité sont également concernés, mais nettement moins étudiés (espaces verts, industrie du bois, hygiène publique, pompiers, industries agroalimentaires…).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Lebailly est membre élu du Conseil d'Administration de la Ligue Nationale de Lutte contre le Cancer au niveau national et au niveau du comité départemental du Calvados. Il a reçu des financements de diverses associations/fondations (Ligue contre le Cancer, Fondation de France, Fondation ARC) et structures publiques (ANSES, Office Français de la Biodiversité, INSERM, ANR...) ou privées (MSA, Centre de Lutte Contre le Cancer François Baclesse). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Isabelle Baldi a reçu des financements de ANR, Ligue contre le cancer, INSERM, ANSES, ECOPHYTO, Fondation de France, ARC, ...(financements publics ou associations reconnues d'utilité publique)</span></em></p>
Les effets des pesticides sur la santé des agriculteurs ont été constatés dès la fin du XIXᵉ siècle. Depuis, un lien clair a été établi entre ces produits et certains cancers plus fréquents dans la profession.
Pierre Lebailly, Maître de Conférences en Santé publique, membre de l'Unité de recherche Interdisciplinaire pour la prévention et le traitement des cancers - ANTICIPE, chercheur en épidémiologie au Centre de Lutte Contre le Cancer François Baclesse à Caen, Université de Caen Normandie
Isabelle Baldi, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier, co-directrice de l’équipe EPICENE ( Epidémiologie du cancer et des expositions environnementales) - Centre de Recherche INSERM U 1219, Université de Bordeaux
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2024-02-15T14:10:12Z
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Les émulsifiants, des additifs alimentaires qui pourraient être associés à un risque de cancer
<p><em>Les émulsifiants sont des additifs alimentaires très couramment présents dans les produits alimentaires en France. En 2023, des travaux basés sur la cohorte NutriNet-Santé avaient mis en évidence l’existence d’un lien entre leur consommation <a href="https://www.bmj.com/content/382/bmj-2023-076058">et le risque de maladies cardiovasculaires</a>. Pour la première fois, de nouveaux travaux publiés dans la revue PLoS Medicine suggèrent <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1004338">l’existence d’un lien entre consommation d’émulsifiants et risque accru de cancer</a>.</em></p>
<p><em>Mathilde Touvier, qui dirige l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren, Inserm/Inrae/CNAM/Université Sorbonne Paris Nord/Université Paris Cité), et Bernard Srour, chercheur en épidémiologie dans cette même équipe, coordonnateur du Réseau nutrition activité physique cancer recherche (Réseau NACRe), ont coordonné ces travaux, dans le cadre de <a href="https://etude-nutrinet-sante.fr/">l’étude NutriNet-Santé</a>. Ils décryptent ces nouveaux résultats.</em></p>
<hr>
<p><strong>The Conversation : Pouvez-vous nous expliquer à quoi servent les émulsifiants ?</strong></p>
<p><strong>Mathilde Touvier :</strong> Les émulsifiants ont pour rôle d’obtenir certaines textures dans les aliments industriels, de rajouter de l’onctuosité, et de permettre la stabilité des mélanges obtenus dans le temps. Ainsi, la durée de conservation est allongée, et les produits peuvent rester plus longtemps en rayon sans perdre leurs propriétés.</p>
<p>On trouve des émulsifiants dans de nombreux produits, depuis des desserts (madeleines, gâteaux, glaces…) jusqu’à des plats préparés en passant par des barres chocolatées, des margarines, des sauces industrielles, etc. Par ailleurs, certains de ces additifs se retrouvent même dans des produits que le consommateur pourrait juger comme « sains », comme les margarines allégées, souvent perçues comme une meilleure alternative au beurre, ou certaines marques de biscottes ou de yaourts.</p>
<p>Il existe de nombreuses sortes d’émulsifiants : les mono- et diglycérides d’acides gras, les carraghénanes (des polysaccharides obtenus à partir d’algues rouges), des amidons modifiés, des lécithines, des phosphates, des celluloses, des gommes, des pectines…</p>
<p>Leur présence dans les aliments est très variable d’une marque à l’autre, y compris pour un même type de produit. Par exemple, une crème glacée à la vanille d’une certaine marque peut en contenir, tandis que celle d’une autre marque n’en contiendra pas.</p>
<p><strong>The Conversation : Vous avez étudié les liens avec le risque de cancer de plusieurs dizaines d’émulsifiants retrouvés dans des produits de grande consommation. Concrètement, comment avez-vous procédé ?</strong></p>
<p><strong>Bernard Srour :</strong> Nous avons mesuré l’exposition à presque une soixantaine d’additifs, dont une trentaine était consommée par au moins 5 % de la population. Pour cela, nous avons travaillé <a href="https://etude-nutrinet-sante.fr/">dans le cadre de l’étude de cohorte NutriNet-Santé</a>. Nous avons dans un premier temps estimé l’apport en additifs alimentaires de type émulsifiants dans l’alimentation des participants, puis nous avons mené une étude épidémiologique afin de déterminer s’il existait un lien statistique entre ces additifs et le développement de cancers.</p>
<p>Plus de 92 000 personnes ont été sélectionnées, l’une des conditions étant qu’elles n’aient pas eu de cancer avant leur inclusion ni pendant leur deux premières années de suivi dans la cohorte. Leurs comportements alimentaires ont été évalués par des questionnaires détaillés et répétés, afin de déterminer leurs habitudes de consommation. Lorsqu’un participant déclarait avoir consommé un aliment d’une marque donnée, nous listions les éléments composant cet aliment afin de déterminer les additifs alimentaires qu’il contenait.</p>
<p>Nous avons pour cela croisé plusieurs bases de données, notamment celle d’<a href="https://fr.openfoodfacts.org/">Open Food Facts</a>, une base de données collaborative, ainsi que la base <a href="https://www.oqali.fr/">OQALI</a> (Observatoire de la qualité de l’alimentation, une base de données nationale gérée par l’Institut national de la recherche agronomique et de l’environnement (INRAE) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)), et celle de Mintel Global New Products Database (GNPD). Cela nous a permis notamment de suivre les changements de composition des aliments au fil du temps, lorsque certaines formulations étaient modifiées par les industriels.</p>
<p>Au-delà de ces aspects qualitatifs, nous avons aussi effectué des dosages, ou bénéficié de ceux qui avaient été faits par d’autres structures (notamment par l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) ou l’association de consommateurs UFC – Que Choisir).</p>
<p>Pour limiter les risques de biais, nous avons aussi, bien évidemment, tenu compte de facteurs tels que l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, la consommation d’alcool, le statut tabagique, la pratique d’activité physique… Un grand nombre de paramètres nutritionnels ont également été pris en compte (apports en énergie, sucre, sel, part d’aliments « ultra-transformés » dans le régime alimentaire, consommation d’édulcorants, etc.), afin de tenir compte de la qualité globale de l’alimentation, pour que l’on ne puisse pas se dire que cet effet pourrait être la conséquence d’une « malbouffe » générale.</p>
<p><strong>The Conversation : Vos résultats indiquent un lien entre certains émulsifiants et l’augmentation du risque de certains cancers. Lesquels ?</strong></p>
<p><strong>Mathilde Touvier :</strong> Nous avons observé des associations entre un apport plus élevé de certains de ces additifs, notamment les mono- et diglycérides d’acides gras (E471) ou les carraghénanes (E407 et E407a), et un risque accru de différents cancers.</p>
<p>En l’occurrence, pour le E471, les plus forts consommateurs dans cette étude (3<sup>e</sup> tertile de consommation) avait un risque accru de cancer tous types confondus de l’ordre de 15 %, comparé aux plus faibles consommateurs (premier tertile). Les associations étaient plus spécifiquement observées pour le cancer du sein, et le cancer de la prostate.</p>
<p>Aucune association stable n’a été détectée entre consommation d’émulsifiants et le risque de cancer colorectal dans cette étude, mais la puissance statistique était limitée pour cette localisation de cancer. Il sera donc important de reproduire ces analyses dans quelques années, avec une durée de suivi et un nombre de cas plus importants.</p>
<p>Concernant les carraghénanes, les associations semblent concerner plus spécifiquement le cancer du sein. Les plus forts consommateurs de E407 avaient un risque plus élevé de 28 % comparés aux plus faibles consommateurs.</p>
<p><strong>The Conversation : A-t-on une idée des raisons pour lesquelles ces additifs sont associés à un risque de cancer plus important ? Des hypothèses sur leurs modes d’action ?</strong></p>
<p><strong>Mathilde Touvier :</strong> Dans une étude épidémiologique telle que la nôtre, l’objectif est de détecter des associations, mais il est difficile d’extrapoler pour « deviner » les mécanismes sous-jacents à partir de ces analyses</p>
<p>Il pourrait exister un effet de « classe », qui serait lié à la « famille » des émulsifiants, et donc au mécanisme d’émulsion, cependant étant donné que l’on ne constate pas d’association entre la quantité totale d’émulsifiants et les risques de cancer dans cette analyse, cette hypothèse ne semble pas la plus probable.</p>
<p>En revanche, nos collègues toxicologues vont devoir maintenant essayer d’expliquer pourquoi certaines substances comme les carraghénanes ont l’air d’avoir un rôle plus important que d’autres. Certaines pistes d’explication existent déjà.</p>
<p>On sait par exemple, grâce aux travaux de l’équipe de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=Beno%C3%AEt%20Chassaing%20emulsifier&sort=date&page=1">Benoît Chassaing</a>, co-auteur de notre article, que certains émulsifiants <a href="https://presse.inserm.fr/un-additif-alimentaire-couramment-utilise-altererait-le-microbiote-et-lenvironnement-intestinal-humain/44394/">perturbent le microbiote intestinal ainsi que certains paramètres métaboliques</a>, ce qui se traduit notamment par des phénomènes inflammatoires.</p>
<p>Mais il y a encore beaucoup de choses à découvrir et à comprendre.</p>
<p><strong>Bernard Srour :</strong> Nous avons prévu dans ce projet un volet plus mécanistique, car dans la cohorte NutriNet-Santé, en plus des données nutritionnelles, nous avons une collection de fluides biologiques (urine et plasma) pour près de 20 000 participants. Dans ces échantillons, nous avons fait des dosages de marqueurs métaboliques, des marqueurs de l’inflammation et des marqueurs du stress oxydant.</p>
<p>Dans les prochaines étapes du projet, nous allons regarder si les associations observées avec le cancer, et celles mises en évidence précédemment <a href="https://www.bmj.com/content/382/bmj-2023-076058">avec les maladies cardiovasculaires</a>, peuvent s’expliquer par des perturbations au niveau de ces marqueurs.</p>
<p>L’idée serait de mieux comprendre par quelles voies mécanistiques biologiques l’ingestion de ces additifs peut influencer le risque de cancers et de maladies cardiométaboliques. Des prélèvements de selles sont également en cours pour analyser le microbiote intestinal.</p>
<p>Soulignons aussi que s’agissant d’un projet pluridisciplinaire, ce sont les résultats obtenus par les toxicologues sur certains émulsifiants qui nous ont amenés à nous intéresser à ces additifs. D’autres travaux sont en cours, notamment pour tester comment des mélanges de ces additifs pourraient avoir des liens avec la santé, à travers des approches épidémiologiques, et expérimentales.</p>
<p>C’est en assemblant ces différentes pièces du puzzle, études de cohortes, études expérimentales, et interventionnelles de courte durée chez l’humain si possible, que l’on peut espérer obtenir un jour une image globale des effets de ces molécules sur la santé.</p>
<p><strong>The Conversation : Quelles sont les limites de cette étude ?</strong></p>
<p><strong>Bernard Srour :</strong> La cohorte était majoritairement composée de femmes (79 %), et les participants avaient un âge moyen de 45 ans, ainsi qu’un niveau d’éducation plus élevé que la moyenne (donc faisant plus attention à leur alimentation), ce qui limite la possibilité de généraliser ces résultats à l’ensemble de la population. En outre, dans ce type d’études épidémiologiques, malgré la prise en compte d’un grand nombre de facteurs dits de confusion (comme l’âge, le statut tabagique, etc.), le lien de causalité ne peut être directement établi. Pour avoir une vue d’ensemble, d’autres études seront nécessaires.</p>
<p><strong>The Conversation : En attendant d’en savoir plus, quelle serait la conduite à tenir ? Peut-on se passer de ces additifs, et si oui, faut-il revoir la réglementation ?</strong></p>
<p><strong>Mathilde Touvier :</strong> Les émulsifiants ne sont pas indispensables, au sens où ils ne sont pas là pour garantir la sécurité microbiologique, des produits, par exemple. Ils visent avant tout à faciliter les procédés de fabrication, et à assurer la stabilité de ces mélanges dans le temps.</p>
<p>Il est possible de s’en passer, puisque certaines marques le font.</p>
<p>Actuellement, bien qu’on n’en soit pas encore à un niveau de preuve fort, on constate qu’un certain nombre de présomptions s’accumulent, au niveau expérimental comme au niveau épidémiologique, quant à leurs effets sur la santé. À la lumière de ces nouveaux éléments, la question qui se pose pour les autorités telles que l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), c’est : « À partir de quel moment est-ce qu’on agit ? »</p>
<p>En tant que consommateur, d’une façon générale, le mieux est d’appliquer ce qui figure déjà dans le <a href="https://www.mangerbouger.fr/ressources-pros/le-programme-national-nutrition-sante-pnns/qu-est-ce-que-le-pnns">programme national nutrition santé</a> (PNNS) : limiter les aliments ultra-transformés, et limiter les aliments contenant des additifs « cosmétiques » comme peuvent l’être les émulsifiants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223414/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Srour a reçu des financements de l'ANR et du département Alimentation humaine d'INRAE dans le cadre d'une Chaire de Professeur Junior. Il a reçu des financements de l'Institut national du Cancer (INCa) et de la Fondation ARC pour le fonctionnement du Réseau NACRe. Bernard Srour a reçu des fonds de la Fondation Bettencourt-Schueller dans le cadre du Prix Jeunes Chercheurs 2020.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathilde Touvier a reçu des financements de divers organismes publics ou associatifs à but non lucratif (ERC, INCa, Fondation Bettencourt, Ministère de la Santé...). </span></em></p>
On trouve des émulsifiants dans un grand nombre d’aliments industriels. De nouveaux travaux révèlent un lien entre la consommation de ces additifs et une augmentation des risques de cancers.
Bernard Srour, Research Associate Professor of Epidemiology at CRESS - EREN (Inrae, Inserm, Université Sorbonne Paris Nord, Université Paris Cité), and head of the NACRe network (Réseau NACRe), Inserm
Mathilde Touvier, Directrice de l'Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Nord, Inserm
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2024-02-07T15:45:06Z
2024-02-07T15:45:06Z
En 2024, le Nutri-score évolue : pourquoi, et que faut-il en retenir ?
<p>Le Nutri-score est un logo destiné à informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des aliments et leur permettre de les comparer entre eux, tout en incitant les industriels à améliorer la composition nutritionnelle de leurs produits. Son mode de calcul a fait l’objet d’une révision qui entre en vigueur en 2024 dans les sept pays européens qui l’ont adopté. En voici les raisons, et ce qu’il faut en retenir.</p>
<h2>Une mise à jour planifiée</h2>
<p>Lorsqu’il a été proposé par les scientifiques en 2014 et adopté officiellement en France en 2017 puis dans 6 autres pays européens (Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse), il a été acté que le Nutri-score serait mis à jour régulièrement, en fonction de l’évolution de la science dans le domaine de la nutrition et également de l’évolution du marché alimentaire (afin de tenir compte des innovations et reformulations par les industriels).</p>
<p>En 2022, la gouvernance transnationale du Nutri-score, qui regroupe les pays qui l’ont adopté officiellement, a mandaté un comité scientifique composé d’experts sans conflits d’intérêts issus des 7 pays pour réaliser la mise à jour du mode de calcul du Nutri-score. Après 2 ans de travail, le comité a publié deux rapports très complets sur les <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/maj__rapport_nutri-score_rapport__algorithme_2022_.pdf">aliments généraux</a> et sur les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/documents/rapport-synthese/update-of-the-nutri-score-algorithm-for-beverages.-second-update-report-from-the-scientific-committee-of-the-nutri-score-v2-2023">boissons</a>).</p>
<p>Ces documents proposaient des points d’amélioration de l’algorithme initial, tout en maintenant sa structure générale. Rappelant que les classifications des aliments par le Nutri-score actuel étaient globalement adéquates sur le plan nutritionnel, le Comité a cependant proposé des modifications du mode de calcul pour diverses catégories d’aliments.</p>
<h2>Quels changements pour les aliments ?</h2>
<p>Les modifications spécifiques de l’algorithme sont les suivantes :</p>
<ul>
<li>une augmentation du nombre de points de pénalisation pour la teneur en sucre (15 points au lieu de 10 dans la version initiale). Ce choix s’explique par le fait qu’un [ <a href="https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.2903/j.efsa.2022.7074">rapport récent de l’EFSA</a>] a montré qu’il n’y avait pas de seuil minimal de teneur en sucre sans risque pour la santé et pour permettre un alignement avec la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/en/ALL/?uri=CELEX:32011R1169">réglementation européenne</a>, afin de permettre une classification plus adéquate des produits sucrés ;</li>
</ul>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-sucre-un-facteur-de-risque-de-cancer-189999">Le sucre, un facteur de risque de cancer ?</a>
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<hr>
<ul>
<li><p>une augmentation du nombre de points de pénalisation pour la teneur en sel (20 points au lieu de 10) : ce changement est lié au fait qu’un apport élevé en sodium augmente la pression artérielle et le risque d’hypertension, ce qui constitue un facteur de risque de <a href="https://www.who.int/data/gho/indicator-metadata-registry/imr-details/3082">maladies cardiovasculaires et d’insuffisance rénale chronique</a>. En outre, ce changement traduit la volonté de s’aligner sur les règles actuelles de l’Union européenne en matière de déclaration des nutriments. À ce titre, il s’agit de discriminer mieux les aliments fortement salés, afin de favoriser les versions moins salées et/ou de stimuler la reformulation des aliments par les industriels ;</p></li>
<li><p>une modification de l’allocation des points valorisant la teneur en fibres pour permettre une meilleure discrimination entre les produits céréaliers raffinés et complets et ainsi être en cohérence avec les recommandations nutritionnelles de santé publique ;</p></li>
<li><p>une augmentation du nombre de points pour les protéines (jusqu’à 7 points), avec une limitation des points pour les protéines de la viande rouge (2 points maximum) : les teneurs en protéine reflétant également les apports en calcium et fer, cette augmentation permet donc de mieux discriminer les aliments sources de ces nutriments. La limitation de la prise en compte des protéines dans la composante positive en ce qui concerne la viande rouge est justifiée par les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10654-021-00741-9">travaux</a> mettant en évidence les liens entre apport important de viande rouge et risques de cancers, notamment colorectal ;</p></li>
<li><p>une modification de la composante « fruits, légumes, légumineuses, fruits secs et huiles de colza, olive et noix », qui désormais ne compte plus que les fruits, les légumes et les légumineuses (les fruits oléagineux étant désormais catégorisés avec les matières grasses, du fait de leur teneur élevée en lipides) ;</p></li>
<li><p>une modification du seuil entre le score A et le score B.</p></li>
</ul>
<h2>En ce qui concerne les boissons</h2>
<p>Le lait, les boissons lactées, les boissons fermentées à base de lait et les boissons végétales sont dorénavant inclus dans la catégorie des boissons (et non plus comme jusqu’à présent, dans la catégorie des aliments généraux).</p>
<p>Cette modification est motivée par le mode de consommation et d’usage de ces produits (des aliments liquides qui par définition sont bus et principalement consommés – seuls ou associés à d’autres composantes – comme des boissons), ainsi que par la volonté d’améliorer pour ces produits la capacité de mieux les discriminer en fonction de leur composition nutritionnelle. Il s’agit notamment d’objectiver les différences dans leur teneur en sucre et en graisses saturées.</p>
<p>Des modifications ont été proposées pour les composantes énergétiques, celles du sucre et des protéines, la composante positive « fruits et légumes » et l’ajout d’une composante négative supplémentaire, avec 4 points attribués en cas de présence d’édulcorants dans la boisson.</p>
<p>Cette dernière justification est liée au fait que les travaux scientifiques récents <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0735109720365967">n’ont pas permis de mettre en évidence un bénéfice des boissons édulcorées</a> et suggèrent pour certains édulcorants un <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1003950">possible effet délétère</a>. D’autre part, il existe un risque potentiel que la réduction de la teneur en sucre dans les boissons soit associée à une utilisation accrue des édulcorants. Pour toutes ces raisons les recommandations de santé publique en Europe visent à limiter leur consommation.</p>
<p>Enfin, le seuil du plafond lié à la présence de protéines (initialement fixé pour les produits négatifs comme supérieur à 11) a été supprimé. En effet, le maintien de ce seuil aurait conduit à des problèmes de classements de certains produits laitiers entiers.</p>
<h2>Un classement plus strict des produits</h2>
<p>Globalement, les modifications de l’algorithme conduisent à un classement plus strict des produits, sauf pour quelques groupes ciblés. Les produits sucrés et salés sont classés moins favorablement du fait de l’allocation des points désormais plus pénalisante.</p>
<p>Cela impacte par exemple les céréales sucrées du petit déjeuner sucrées. Ces dernières années, ces produits ont fait l’objet de reformulations qui ont réduit de façon significative leur teneur en sucre (elles sont passées de plus de 40 à 20-22 g de sucre/100g de céréales). Par ailleurs, la réduction concomitante de leur teneur en sel et l’ajout de blé complet, source de fibres, leur ont permis progressivement de se retrouver classées de C à B puis juste en dessous du seuil permettant d’être classées en A.</p>
<p>L’effort de reformulation du fabricant est louable. Toutefois, ces céréales contiennent tout de même encore des quantités relativement élevées de sucre et sont donc à nouveau classées en C, ce qui permet une discrimination par rapport aux céréales natures qui ne contiennent pas ou très peu de sucres (0 à 7 g/100g) et qui elles, se maintiennent en A.</p>
<p>Il faut cependant souligner que même en C, ces céréales « reformuléee » restent mieux classées que leurs concurrentes qui n’ont pas fait d’effort de réduction de leurs teneurs en sucre : ces dernières en contiennent généralement de 30 à 40 g pour 100g, ce qui les positionne en D ou E.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo d’illustration des changements du classement Nutri-score de certains produits" src="https://images.theconversation.com/files/574058/original/file-20240207-26-aqocd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574058/original/file-20240207-26-aqocd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=189&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574058/original/file-20240207-26-aqocd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=189&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574058/original/file-20240207-26-aqocd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=189&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574058/original/file-20240207-26-aqocd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=238&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574058/original/file-20240207-26-aqocd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=238&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574058/original/file-20240207-26-aqocd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=238&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le nouveau Nutri-score est plus strict avec certains produits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">fournie par l’auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les produits laitiers sucrés sont également moins favorablement classés. Ce déclassement est légitime, car le mode de calcul initial de l’algorithme, moins pénalisant pour le sucre dans le mode de calcul des aliments généraux, amenait certains laits aromatisés (chocolat, fraise, vanille…) et des yaourts à boire, pourtant sucrés, à bénéficier d’un classement trop favorable.</p>
<p>Désormais, « laits aromatisés » et « boissons lactées sucrées » ne seront plus classés A ou B (comme c’était le cas précédemment), mais principalement en D et E (certaines de ces boissons à faible teneur en sucre pourront se retrouver en C). De même, les boissons fermentées à base de lait (incluant les yaourts à boire sucrés et aromatisés) ne seront plus classées en A mais seront différenciées en fonction de leur teneur en sucre entre les classes de Nutri-score C et E.</p>
<p>Les boissons à base de plantes (incluant les boissons à base de soja, d’amande, d’avoine, de riz…) ne seront plus classées en A comme actuellement. Elles se distribueront entre les classes B et E selon leur composition nutritionnelle, notamment leurs teneurs en sucre.</p>
<p>Les fromages à pâte pressée à faible teneur en sel (comme l’emmental) passent de D à C, les autres fromages restant C, D ou E en fonction de leur teneur en sel et en acides gras saturés (dont les apports élevés sont liés à un risque accru de maladies chroniques, notamment de maladies cardiovasculaires).</p>
<p>La viande rouge (<a href="https://theconversation.com/pour-limiter-le-risque-de-cancer-colorectal-doit-on-vraiment-consommer-moins-de-viande-rouge-et-de-charcuterie-124728">dont la consommation excessive est considérée comme à risque élevé de certains cancers</a>) se retrouve moins bien classée que la volaille ou le poisson (dont les consommations ne sont pas associées à des effets défavorables sur la santé).</p>
<p>Les produits de la pêche, et en particulier les poissons gras sans ajouts de sel ou d’huile, sont principalement classés dans les catégories A et B du Nutri-score (ce qui est justifié par les travaux épidémiologiques mettant en évidence leurs effets favorables sur la santé, n <a href="https://theconversation.com/omega-3-ce-quil-faut-manger-ce-quil-faut-savoir-104117">otamment du fait de leurs teneurs élevées en oméga-3</a>).</p>
<p>Les pains complets riches en fibres sont classés plutôt en A alors que les pains blancs (raffinés, donc moins riches en nutriments et en fibres) se retrouvent en B ou C en fonction de leur teneur en sel.</p>
<p>Les fruits secs oléagineux et graines sans sel ni sucre ajoutés sont pour la plupart A ou B tandis que les versions salées et/ou sucrées sont en moyenne C ou D.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/amandes-noix-et-autres-fruits-a-coque-que-sait-on-de-leurs-effets-sur-la-sante-153800">Amandes, noix et autres fruits à coque : que sait-on de leurs effets sur la santé ?</a>
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</p>
<hr>
<p>Les huiles avec de faibles teneurs en acides gras saturés (olive, colza, noix, huile de tournesol oléique) sont désormais classées B, tandis que les autres huiles sont classées en C ou D en fonction de leurs teneurs en acides gras saturés. L’huile de coco et le beurre se maintiennent en E du fait de leur teneur élevée en graisses saturées).</p>
<p>Les plats préparés, notamment riches en graisses saturées ou en sel, sont classés moins favorablement, passant en moyenne des classes A/B aux classes B/C voire D pour certaines catégories de produits, notamment certaines pizzas.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo d’illustration des changements du classement Nutri-score des huiles" src="https://images.theconversation.com/files/574059/original/file-20240207-26-fds9cr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574059/original/file-20240207-26-fds9cr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574059/original/file-20240207-26-fds9cr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574059/original/file-20240207-26-fds9cr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574059/original/file-20240207-26-fds9cr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574059/original/file-20240207-26-fds9cr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574059/original/file-20240207-26-fds9cr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les classements des huiles sont eux aussi modifiés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fournie par l’auteur</span></span>
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<h2>Boissons : seule l’eau reste A</h2>
<p>En ce qui concerne les boissons, l’eau reste la seule boisson classée A. Les boissons sucrées avec des teneurs en sucre très limitées (environ <2 g/100mL) passent en B, alors que celles avec des quantités élevées de sucre sont maintenues en D/E, permettant une meilleure discrimination des boissons en fonction de leur teneur en sucres.</p>
<p>Les boissons contenant des édulcorants ne sont plus classées en B mais en C (voire D ou E pour celles qui contiennent à la fois des édulcorants et du sucre).</p>
<p>Les laits écrémés et demi-écrémés se retrouvent en B, c’est-à-dire dans les classes de Nutri-score les plus favorables pour les boissons, puisque seule l’eau est classée A. Ils sont maintenant différenciés du lait entier, qui est classé C. Les boissons lactées sucrées (laits aromatisés), de même que les yaourts à boire aromatisés ne sont plus classées en B (comme c’était le cas avec la précédente version du Nutri-score) mais se retrouvent principalement en D et E (seuls certains à faible teneur en sucre peuvent être C).</p>
<p>Les boissons à base de plantes (soja, avoine, riz, amandes…) sont</p>
<p>classées de B à E selon leur composition nutritionnelle.</p>
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<img alt="Photo d’illustration des changements du classement Nutri-score des boissons" src="https://images.theconversation.com/files/574060/original/file-20240207-20-73rx7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574060/original/file-20240207-20-73rx7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574060/original/file-20240207-20-73rx7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574060/original/file-20240207-20-73rx7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574060/original/file-20240207-20-73rx7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574060/original/file-20240207-20-73rx7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574060/original/file-20240207-20-73rx7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Parmi les boissons, seule l’eau est désormais classée en Nutri-score A.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fournie par l’auteur</span></span>
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<h2>Le cas des cacaos en poudre</h2>
<p>Les cacaos en poudre ont désormais globalement le même classement, quelles que soient les modalités de leur déclaration nutritionnelle. Le règlement européen sur l’information des consommateurs stipule en effet que la déclaration nutritionnelle du produit peut être présentée pour le produit tel que préparé si le produit ne peut être consommé tel que vendu.</p>
<p>Les cacaos en poudre tiraient parti de cette possibilité en indiquant souvent les valeurs nutritionnelles pour 100g ou 100mL de produit préparé selon une méthode de préparation détaillée, contenant donc en grande partie du lait demi-écrémé.</p>
<p>Ceci conduisait à leur attribuer un Nutri-score plutôt favorable (en général B). Avec la mise à jour de l’algorithme, que la déclaration soit faite sur le produit tel que vendu ou reconstitué avec du lait, le Nutri-score est en général le même, soit D.</p>
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<img alt="Photo d’illustration des changements du classement Nutri-score des poudres de cacao" src="https://images.theconversation.com/files/574063/original/file-20240207-28-3r7jiy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574063/original/file-20240207-28-3r7jiy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574063/original/file-20240207-28-3r7jiy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574063/original/file-20240207-28-3r7jiy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574063/original/file-20240207-28-3r7jiy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574063/original/file-20240207-28-3r7jiy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574063/original/file-20240207-28-3r7jiy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le classement des poudres de cacao a été revu pour limiter les biais liés à la préparation des breuvages les employant.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fournie par l’auteur</span></span>
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</figure>
<p>Pour les autres groupes alimentaires, les classifications actuelles restent inchangées.</p>
<h2>2 ans de délai pour les industriels qui le souhaitent</h2>
<p>La version révisée du Nutri-score corrige certaines des limitations identifiées avec le recul depuis sa mise en place. Elle permet surtout une meilleure cohérence et un meilleur alignement avec les recommandations nutritionnelles récentes en vigueur en Europe, au bénéfice des consommateurs, et de la santé publique.</p>
<p>Cette mise à jour du Nutri-score est censée être en place depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2024 dans les 7 pays qui l’ont adopté. Cependant, en France, elle ne prendra effet qu’en avril, du fait du gouvernement italien : celui-ci a en effet eu recours à une procédure de demande complémentaire reposant sur des arguments dénués de tout fondement pour décaler de 3 mois la mise en place de la version révisée du Nutri-score.</p>
<p>Les industriels bénéficieront d’un délai de deux ans pour l’appliquer, afin de pouvoir écouler leurs stocks et renouveler leurs étiquettes.</p>
<h2>Que peut-on attendre des futures mises à jour du Nutri-score ?</h2>
<p>Un point important sera, à côté de l’information des consommateurs sur la composition nutritionnelle, de fournir également une information sur le fait que l’aliment est ultra-transformé ou non (classé NOVA 4).</p>
<p>Il est aujourd’hui <a href="https://nutriscore.blog/2021/11/28/le-nutri-score-et-les-autres-dimensions-sante-des-aliments-informer-au-mieux-les-consommateurs/">impossible d’agréger les 2 dimensions</a> (qualité nutritionnelle et ultra-transformation) dans le cadre d’un algorithme unique qui résumerait à lui seul la valeur « santé » globale des aliments. En revanche, une possibilité est de les combiner graphiquement par exemple en ajoutant une bordure noire autour du Nutri-score si l’aliment est ultra-transformé.</p>
<p><a href="https://nutrition.bmj.com/content/6/1/108">Un essai randomisé contrôlé</a> a d’ores et déjà mis en évidence que ce type de logo combiné permet aux consommateurs de comprendre indépendamment ces deux dimensions complémentaires des aliments et d’orienter leurs choix vers des aliments plus favorables à leur santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221697/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chantal Julia a reçu des financements d'institutions publiques uniquement: Ministère de la Santé, IRESP, Santé publique France, INCa</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathilde Touvier a reçu des financements d'organismes publics ou associatifs à but non lucratif de l'INCa, l'ERC, le Ministère de la Santé, etc. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pilar Galan et Serge Hercberg ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Le système d’étiquetage nutritionnel Nutri-score a évolué au 1ᵉʳ janvier 2024, afin de tenir compte des recommandations nutritionnelles les plus récentes en vigueur en Europe. Voici ce qui change.
Serge Hercberg, Professeur Emérite de Nutrition Université Sorbonne Paris Nord (Paris 13) - Praticien Hospitalier Département de Santé Publique, Hôpital Avicenne (AP-HP), Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Nord
Chantal Julia, Maitre de Conférence Université Paris 13, Praticien Hospitalier, Hôpital Avicenne (AP-HP), Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Nord
Mathilde Touvier, Directrice de l'Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Nord, Inserm
Pilar Galan, Médecin nutritionniste, Directrice de Recherche INRAe, Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm, Université de Paris, Université Sorbonne Paris Nord, Cnam, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/221795
2024-02-04T15:35:01Z
2024-02-04T15:35:01Z
Résistances aux antibiotiques : comment nous pouvons tous agir
<p>Virus de la Covid-19, de la variole du singe, hausse des infections fongiques, multiplication des cas d’infections bactériennes sexuellement transmissibles… Les maladies infectieuses font leur grand retour dans l’actualité, alors qu’on les pensait vaincues grâce à la vaccination, aux progrès de l’hygiène, et à notre puissant arsenal thérapeutique, au premier rang duquel figurent les antibiotiques, les antiviraux et les antifongiques.</p>
<p>Malheureusement, après avoir un temps marqué le pas, ces microscopiques envahisseurs semblent contre-attaquer, et certaines nouvelles en provenance du front ne sont pas très bonnes pour nous. L’antibiorésistance, autrement dit la résistance des bactéries aux antibiotiques, inquiète tout particulièrement les spécialistes. Voici ce qu’il faut en savoir.</p>
<h2>L’antibiorésistance, un phénomène naturel</h2>
<p>Pour comprendre d’où vient l’antibiorésistance, il faut revenir sur l’origine de nos antibiotiques. Nombre d’entre eux proviennent, à l’origine, de molécules produites par des champignons ou des bactéries. En effet, dans l’environnement, les êtres vivants sont en compétition les uns avec les autres pour occuper une place (on parle aussi de « niche ») dans les écosystèmes, et en exploiter les ressources.</p>
<p>Dans ce contexte, certaines espèces produisent des molécules qui s’avèrent toxiques pour d’autres espèces, leur procurant un avantage sur leurs concurrentes.</p>
<p>C’est justement après avoir constaté fortuitement les effets dévastateurs du champignon <em>Penicillium notatum</em> sur les cultures de bactéries qu’il entretenait dans son laboratoire que Sir Alexander Fleming, biologiste écossais, <a href="https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/dossiers/antibiotiques-quand-bacteries-font-resistance">isola la pénicilline en 1928</a>, puissant antibiotique s’il en est.</p>
<p>Mais au sein d’une même culture, toutes les bactéries ne sont pas vulnérables : certaines d’entre elles peuvent s’avérer insensibles à l’antibiotique qui décime leurs congénères. Une fois que les bactéries sensibles ont été éliminées, les survivantes qui résistent à l’antibiotique peuvent alors se développer. Ce dernier est alors devenu inefficace.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Hyht7jwsJg4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Dès 1945, autrement dit quatre ans seulement après la <a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/archives/le-premier-patient-traite-par-penicilline">première utilisation médicale de la pénicilline</a>, Sir Alexander Fleming avertissait quant au risque de voir émerger des souches de bactéries résistantes :</p>
<blockquote>
<p>« Cela aboutirait à ce que, au lieu d’éliminer l’infection, on apprenne aux microbes à résister à la pénicilline et à ce que ces microbes soient transmis d’un individu à l’autre, jusqu’à ce qu’ils en atteignent un chez qui ils provoqueraient une pneumonie ou une septicémie que la pénicilline ne pourrait guérir. »</p>
</blockquote>
<p>L’avenir allait lui donner raison. On l’a vu, les bactéries se défendent contre les antibiotiques, en devenant résistantes, depuis des milliards d’années. Dès que les humains ont commencé à utiliser largement les antibiotiques, dans les années 1940, des bactéries résistantes ont été identifiées, comme prédit par Fleming.</p>
<p>Plus on a utilisé d’antibiotiques, plus les résistances se sont développées et propagées. L’antibiorésistance a commencé à atteindre un niveau préoccupant dans les années 1990, ce qui a entraîné la mobilisation d’un grand nombre de pays.</p>
<p>Ce phénomène est aujourd’hui identifié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance">comme l’une des menaces majeures pesant sur la santé de l’humanité</a>.</p>
<p>Rien qu’en France, chaque année, <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/health-burden-infections-antibiotic-resistant-bacteria-2016-2020">environ 4500 personnes décèdent en raison d’une infection à bactérie multirésistante</a>, c’est-à-dire résistante à de nombreux antibiotiques. Pour mettre ce chiffre en perspective : dans notre pays, ces bactéries tuent beaucoup plus que les accidents de la route, qui avaient fait <a href="https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/etat-de-linsecurite-routiere/bilans-annuels-de-la-securite-routiere/bilan-2022-de-la-securite-routiere">3550 victimes en 2022</a>. </p>
<p>Dans le monde, <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">ce sont près de 1,3 million de personnes qui sont mortes en 2019 de telles infections</a>, soit plus que les décès dus au paludisme ou au VIH. Si rien n’est fait, le problème de l’antibiorésistance va continuer à s’aggraver : certaines projections suggèrent même que dès 2050, <a href="https://amr-review.org/sites/default/files/160525_Final%20paper_with%20cover.pdf#page=7">elle pourrait causer plus de morts dans le monde que le cancer</a>.</p>
<h2>Quelles conséquences peut avoir l’antibiorésistance sur notre santé ?</h2>
<p>Le phénomène d’antibiorésistance compromet l’efficacité des traitements antibiotiques, nuisant à la santé humaine ainsi qu’à celle des animaux. Cela veut dire concrètement qu’on a de fortes chances de mourir d’une infection due à une bactérie qui ne peut pas être traitée par les antibiotiques disponibles, lorsque cette infection est grave.</p>
<p>De manière générale, la durée des soins est souvent plus longue lorsqu’une infection bactérienne est résistante aux antibiotiques, et il faut parfois être pris en charge à l’hôpital.</p>
<p>Par ailleurs, l’antibiorésistance augmente le risque de séquelles liées à l’infection, car l’infection devient plus difficile, voire impossible, à traiter.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/yqv0I59wXuc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Un exemple caractéristique est celui des infections à gonocoque, l’une des bactéries les plus fréquemment impliquées dans les infections sexuellement transmissibles. Jusque dans les années 1990, on pouvait traiter de telles infections par des comprimés d’antibiotiques (de la famille des fluoroquinolones). Depuis, les gonocoques sont devenus de plus en plus résistants à ces antibiotiques, et il faut désormais systématiquement administrer un traitement antibiotique par piqûre (de ceftriaxone).</p>
<p>On a même décrit dans le monde <a href="https://www.cnr-ist.fr">des souches de gonocoque résistantes à presque tous les antibiotiques disponibles</a>. Les patients atteints présentaient une infection ne guérissant pas sous traitement habituel et ont dû recevoir des antibiotiques dits <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/professionnels-de-sante/article/professionnels-votre-role-pour-preserver-l-efficacite-des-antibiotiques#:%7E:text=Les%20antibiotiques%20dits%20%22de%20dernier,Leur%20utilisation%20est%20principalement%20hospitali%C3%A8re.">« de dernier recours »</a> ; des cas de transmission de ces souches ont aussi été rapportés. Ces infections gonococciques très résistantes aux antibiotiques restent heureusement extrêmement rares à ce jour.</p>
<p>Les infections urinaires à des bactéries résistantes à de multiples antibiotiques sont aussi très problématiques. Quand on a est victime d’une infection urinaire due à une telle bactérie, on s’en aperçoit souvent plusieurs jours après le début des symptômes, le temps d’avoir les résultats de l’examen d’urine.</p>
<p>Cela retarde d’autant l’initiation d’un traitement antibiotique efficace, ce qui veut dire que l’on souffre plus longtemps. Cela peut aussi augmenter le risque de complications, comme l’atteinte des reins.</p>
<p>Et là aussi, on doit parfois être traité par piqûres d’antibiotiques, à la place du traitement antibiotique par la bouche qu’on prend habituellement quand la bactérie est sensible aux antibiotiques.</p>
<h2>Tout le monde est concerné</h2>
<p>Il est important de comprendre que l’antibiorésistance nous concerne tous : chacun d’entre nous peut être atteint d’une infection à bactérie résistante aux antibiotiques, <a href="https://theconversation.com/les-infections-resistantes-aux-antibiotiques-ca-narrive-pas-quaux-autres-78143">même s’il ne prend lui-même que peu ou pas d’antibiotiques</a>.</p>
<p>En effet, les bactéries, qu’elles soient résistantes ou sensibles aux antibiotiques, circulent et se transmettent en permanence entre humains, animaux (de compagnie ou d’élevage), et au sein de l’environnement (sol, eau, surfaces diverses…).</p>
<p>Les résidus d’antibiotiques que les humains et animaux éliminent peuvent aussi contaminer l’environnement, avec un risque variable selon les familles d’antibiotiques. Certains, comme les pénicillines, se dégradent rapidement. D’autres, comme les fluoroquinolones, peuvent au contraire persister dans l’environnement, <a href="https://www.anses.fr/fr/content/avis-et-rapport-de-lanses-relatif-%C3%A0-%C2%AB%C2%A0antibior%C3%A9sistance-et-environnement-%C3%A9tat-et-causes">et donc y favoriser l’émergence de bactéries résistantes</a>.</p>
<p>Encore pire, les bactéries sont aussi capables de transmettre très facilement les gènes qui leur confèrent les résistances aux antibiotiques, et ce non seulement au sein d’une même espèce, mais aussi d’une espèce à l’autre !</p>
<h2>Des niveaux variables d’antibiorésistance sur le territoire</h2>
<p>Comme de nombreux d’indicateurs de santé (obésité, taux de vaccination, etc.), l’antibiorésistance varie beaucoup d’un territoire à l’autre. On observe des différences importantes entre les régions, voire les départements.</p>
<p>Un exemple parlant est celui d’<em>Escherichia coli</em>, la bactérie la plus fréquemment responsable d’infections urinaires, dont certaines souches sont très résistantes aux antibiotiques en France.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Carte indiquant les pourcentages de bactéries E. coli résistantes aux antibiotiques détectées sur le territoire français." src="https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=581&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=581&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=581&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=730&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=730&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573067/original/file-20240202-27-difrnd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=730&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cette carte indique les pourcentages de détection de bactéries <em>E. coli</em> multirésistantes aux antibiotiques en France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://geodes.santepubliquefrance.fr">Sites GEODES / Santé publique France</a></span>
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<p>De telles variations existent aussi pour les autres bactéries, ou pour les consommations d’antibiotiques. Elles peuvent s’expliquer par de multiples facteurs, tels que les habitudes des professionnels de santé ou des patients, les actions régionales et locales menées pour améliorer les pratiques, ou encore l’incidence des infections, qui peut varier en fonction de l’état de santé de la population.</p>
<p>Une déclinaison régionale et territoriale des actions est donc essentielle, pour tenir compte des spécificités locales et accompagner la politique nationale au plus proche du terrain. Ce sont les Agences Régionales de Santé (ARS) qui sont aux commandes, et elles bénéficient pour cela de l’appui de centres régionaux experts du sujet, comme <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/des-politiques-publiques-pour-preserver-l-efficacite-des-antibiotiques/article/prevention-des-infections-et-de-l-antibioresistance-a-l-echelle-regionale">les centres régionaux en antibiothérapie</a>.</p>
<h2>Concrètement, comment lutter contre l’antibiorésistance ?</h2>
<p>En France, depuis plus de 20 ans, les gouvernements successifs ont mis en place des plans de lutte contre l’antibiorésistance. Ceux-ci ont permis de faire diminuer la consommation des antibiotiques. Néanmoins, beaucoup reste encore à faire, car <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/surveillance-antimicrobial-consumption-europe-2022">la France reste l’un des pays qui consomme le plus d’antibiotiques en Europe</a> : près de trois fois plus que les pays les plus vertueux, comme les Pays-Bas, l’Autriche ou la Suède.</p>
<p>Coordonné par le ministère en charge de la santé, le <a href="https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/">dernier plan en date pour la santé humaine court sur 2022-2025</a>. Nous sommes tous concernés, car nous avons tous besoin de recourir à des antibiotiques au cours de notre existence. Pour lutter contre l’antibiorésistance, il faut à la fois :</p>
<ul>
<li><p>Prévenir les infections et réduire leur transmission, grâce aux mesures d’hygiène, comme le lavage ou la friction des mains, et à la vaccination ;</p></li>
<li><p>N’utiliser les antibiotiques que quand il faut et comme il faut, car <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_presse_prevention_des_infections_et_de_l_antibioresistance_fevrier_2022.pdf">même une seule prise d’antibiotique sélectionne des bactéries résistantes dans nos microbiotes</a>, dans la flore intestinale par exemple.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Schéma de la doctrine du Haut Conseil de la Santé Publique sur les 10 mesures universelles d’hygiène pour une prévention individuelle et collective des maladies infectieuses." src="https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573082/original/file-20240202-17-bqkbrh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La doctrine du Haut Conseil de la Santé Publique sur les 10 mesures universelles d’hygiène pour une prévention individuelle et collective des maladies infectieuses.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine?clefr=1351">Haut Conseil de la Santé Publique</a></span>
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</figure>
<p>Nous pouvons tous agir pour y parvenir, pas besoin d’être soignant pour jouer un rôle dans la lutte contre l’antibiorésistance. Voici quelques recommandations importantes et simples à mettre en œuvre au quotidien :</p>
<ul>
<li><p>Utiliser les bons gestes <a href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine?clefr=1351">afin de prévenir les infections courantes</a>, comme le lavage ou la friction des mains ;</p></li>
<li><p>Se vacciner et promouvoir <a href="https://vaccination-info-service.fr">la vaccination</a> autour de soi ;</p></li>
<li><p>Rapporter les antibiotiques restants à la pharmacie, pour éviter de contaminer l’environnement ;</p></li>
<li><p>Ne pas s’automédiquer ni partager ses antibiotiques, car un traitement antibiotique est adapté à un cas précis ;</p></li>
<li><p>Poser des questions à <a href="https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/2022288_AntibiotiquePatient_v4_0.pdf">son professionnel de santé</a> ;</p></li>
</ul>
<p>Quand on a une infection ou qu’on prend un antibiotique, se renseigner en consultant notamment <a href="https://www.sante.fr/antibiomalin">Antibio’Malin</a>, l’espace dédié aux antibiotiques du site <a href="https://www.sante.fr/">santé.fr</a>, qui contient des informations pratiques, des fiches sur les antibiotiques, les infections courantes ainsi qu’une foire aux questions.</p>
<h2>Pour renforcer l’implication de tous, des pistes à explorer</h2>
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<img alt="Affiche de sensibilisation à destination du grand public quant à l’usage des antibiotiques." src="https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573066/original/file-20240202-19-e77kjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cette affiche rappelle que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les maladies virales telles que la bronchite.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/resistance-aux-antibiotiques/documents/affiche/zoe-peut-vous-le-confirmer-les-antibiotiques-ca-ne-marche-pas-contre-sa-bronchite.-affiche-40x60cm">Santé publique France</a></span>
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<p>La stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance citée précédemment mentionne de nombreuses actions, notamment la <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/resistance-aux-antibiotiques/outils/#tabs">campagne nationale sur les antibiotiques menée par Santé publique France</a> et la <a href="https://e-bug.eu/fr-fr">promotion des ressources e-Bug auprès des enfants et des adolescents</a>.</p>
<p>Il faut cependant aller plus loin pour que l’antibiorésistance fasse partie du quotidien des Français. Il pourrait être intéressant de s’inspirer d’expériences menées à l’étranger, ainsi que de pistes qui avaient été suggérées dès 2015 <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_antibiotiques.pdf">dans un rapport rédigé par un large groupe d’experts</a>.</p>
<p>Le monde de la fiction et de la culture a ainsi, par exemple, un rôle essentiel à jouer. Intégrer des messages de prévention dans des séries audiovisuelles, des romans, ou une comédie musicale (<a href="https://www.mouldthatchangedtheworld.com">comme au Royaume-Uni</a>), mettre l’accent sur le monde des microbes dans certains musées (<a href="https://www.micropia.nl/en/">aux Pays-Bas, un musée leur est même consacré</a>), promouvoir les nombreux jeux sérieux qui ont été créés sur la thématique… Les pistes sont multiples, n’hésitez pas à contribuer !</p>
<p>Au même titre que la lutte contre le changement climatique, autre grand défi de notre époque, la lutte contre l’antibiorésistance nécessite la mobilisation de tous. C’est la condition <em>sine qua non</em> si l’on veut parvenir à changer les comportements sur le long terme et préserver l’efficacité de nos antibiotiques, pour nous et pour les autres, en France et à l’international, maintenant et pour les générations futures.</p>
<p><em><strong>- Pour en savoir plus :</strong> la série d’animations courtes <a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PLfT0X0LfNabpspLvNIwtLoi61HivajGTY">Antibiostories</a>, pour comprendre les bases du bon usage des antibiotiques et les enjeux de la lutte contre l’antibiorésistance.</em></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=926&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=926&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=926&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1164&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1164&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573087/original/file-20240202-17-1sjql7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1164&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p><em>Céline Pulcini est l’auteur du roman <a href="https://www.amazon.fr/Dans-tourbillon-m%C3%A9decine-C%C3%A9line-Pulcini-ebook/dp/B0CRS7VRTC">« Dans le tourbillon de la médecine »</a>, qui aborde notamment le sujet des études de médecine, de la prévention, des infections et de l’antibiorésistance.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221795/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Céline Pulcini ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
L’augmentation du nombre d’espèces de bactéries résistantes aux antibiotiques constitue une préoccupation de santé publique majeure, qui nous concerne tous, partout sur la planète.
Céline Pulcini, Professeur de médecine, infectiologue, Université de Lorraine
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/219377
2024-01-29T14:56:37Z
2024-01-29T14:56:37Z
Mieux dormir, un facteur de protection contre la démence
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569865/original/file-20240117-23-vqzz7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=60%2C0%2C6720%2C4466&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le manque de sommeil ou sa mauvaise qualité font parties des facteurs de risque de développer la maladie d'Alzheimer. Heureusement, il y a des méthodes pour améliorer son sommeil.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La démence est une perte progressive des capacités cognitives, comme celle de la mémoire, diminution qui est suffisamment importante pour avoir un impact sur les activités de la vie quotidienne. </p>
<p>Elle peut être causée par plusieurs maladies différentes, comme celle d’<a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/quest-ce-que-la-maladie-dalzheimer">Alzheimer</a>, qui est la forme la plus courante. La démence est due à une perte des neurones se produisant sur une longue période de temps. Puisqu’au moment de présenter des symptômes, plusieurs changements dans le cerveau se sont déjà produits, de nombreux scientifiques se concentrent sur l’étude des facteurs de risque et de protection de la démence. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-saines-habitudes-de-vie-peuvent-prevenir-jusqua-40-des-cas-de-demence-212150">De saines habitudes de vie peuvent prévenir jusqu’à 40 % des cas de démence</a>
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<p>Un facteur de risque, ou inversement, un facteur de protection, est une condition ou un comportement qui augmente ou réduit le risque de développer une maladie, sans toutefois le garantir. Certains facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer et de la démence ne sont pas modifiables, comme l’âge ou la génétique, mais il en existe plusieurs sur lesquels on peut intervenir, <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(20)30367-6/fulltext">notamment nos habitudes de vie et leurs impacts sur notre santé globale</a>.</p>
<p>Ces facteurs de risque incluent la dépression, le manque d’activité physique, l’isolation sociale, l’hypertension, l’obésité, le diabète, la consommation excessive d’alcool et le tabagisme, ainsi qu’un mauvais sommeil.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changer-son-mode-de-vie-peut-reduire-les-risques-de-demence-mais-il-faut-le-faire-maintenant-218789">Changer son mode de vie peut réduire les risques de démence – mais il faut le faire maintenant</a>
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<p>Nous concentrons nos recherches sur la question du sommeil depuis plus de 10 ans, notamment dans le contexte de la <a href="https://www.nhlbi.nih.gov/science/framingham-heart-study-fhs">Framingham Heart Study</a>, une large étude de cohorte communautaire, pilotée par le NIH américain depuis les années quarante, dans le cadre de laquelle la santé des participants est suivie sur plusieurs années. Chercheurs en médecine du sommeil et en épidémiologie, nous avons une expertise dans la recherche portant sur le rôle du sommeil et de ses troubles dans le vieillissement du cerveau, au niveau cognitif et psychiatrique. </p>
<p>Dans le cadre de nos recherches, nous avons suivi et analysé le sommeil de gens âgés de 60 ans et plus afin de voir qui développait — ou non — la démence. </p>
<h2>Le sommeil comme facteur de risque ou de protection contre la démence</h2>
<p>Le sommeil semble jouer un rôle essentiel dans plusieurs fonctions cérébrales, comme la mémoire. Un sommeil de bonne qualité <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2793873">pourrait donc jouer un rôle primordial dans la prévention de la démence</a>.</p>
<p>Le <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1241224">sommeil est important pour maintenir de bonnes connexions dans le cerveau</a>. Récemment, des recherches ont révélé que le sommeil semble avoir une fonction semblable à celle d’un camion à ordures pour le cerveau : un <a href="https://doi.org/10.1016/j.mad.2023.111899">sommeil profond serait crucial pour éliminer les déchets métaboliques du cerveau</a> comme certaines protéines, y compris celles connues pour s’accumuler dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. </p>
<p>Cependant, les liens entre le sommeil profond et la démence restent à clarifier.</p>
<h2>Qu’est-ce que le sommeil lent profond ?</h2>
<p>Pendant une nuit de sommeil, nous traversons plusieurs <a href="http://ceams-carsm.ca/a-propos-du-sommeil/">stades de sommeil</a> qui se succèdent et se répètent. </p>
<p>Le sommeil NREM (<em>non-rapid eye movement sleep</em>) se divise en sommeil léger (stade NREM1), en sommeil lent (stade NREM2), et en sommeil lent profond (stade NREM3). Ce dernier est associé à plusieurs fonctions restauratrices. </p>
<p>Ensuite, le sommeil paradoxal, ou sommeil REM (<em>rapid eye movement sleep</em>), est le stade généralement associé aux rêves les plus vivides. Chaque nuit, un adulte passe généralement environ 15 à 20 % en sommeil profond si l’on additionne toutes les périodes de sommeil NREM3. </p>
<p>Plusieurs changements de sommeil sont courants chez les adultes, comme se coucher et se réveiller plus tôt, dormir moins longtemps et moins profondément, et rester éveillé plus fréquemment pendant la nuit.</p>
<h2>Quand perte de sommeil profond rime avec démence</h2>
<p>Des <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2810957">participants de la Framingham Heart Study</a> ont été évalués à l’aide d’un enregistrement de leur sommeil — connu sous le nom de <a href="https://sommeilmtl.com/?gad_source=1&gclid=CjwKCAiA75itBhA6EiwAkho9e59KoHerv89P5nUdElYK6pK2w08D4MRrDcIvNhg7Iw9HV8ssJgvRqBoC478QAvD_BwE">polysomnographie</a> — à deux reprises, espacé d’environ cinq ans, soit en 1995-1998 et ensuite en 2001-2003. </p>
<p>Plusieurs personnes montraient une diminution de leur sommeil lent profond au court des années, comme on s’y attend avec le vieillissement. À l’inverse, la quantité de sommeil profond de certaines personnes est restée stable ou a même augmenté. </p>
<p>Notre équipe de chercheurs de la Framingham Heart Study a suivi 346 participants âgés de 60 ans et plus pendant 17 années supplémentaires afin d’observer qui développait la démence, et qui ne la développait pas. </p>
<p>La perte progressive du sommeil profond dans le temps était associée à une augmentation du risque de démence, quelle qu’en soit la cause, notamment de type Alzheimer. Ces résultats étaient indépendants de nombreux autres facteurs de risque de démence.</p>
<p>Bien que nos résultats ne prouvent pas que la perte de sommeil profond provoque la démence, ils suggèrent qu’elle pourrait être un facteur de risque chez les personnes âgées. D’autres aspects du sommeil peuvent également être importants, comme sa durée ainsi que sa qualité. </p>
<h2>Des stratégies pour améliorer le sommeil profond</h2>
<p>Sachant l’impact d’un manque de sommeil profond sur la santé cognitive, quelles sont les stratégies pour l’améliorer ? </p>
<p>Avant tout, si vous rencontrez des problèmes de sommeil, il vaut la peine d’en parler à votre médecin. De nombreux troubles du sommeil sont sous-diagnostiqués et traitables, notamment par des avenues comportementales, c’est-à-dire non médicamenteuses. </p>
<p>Adopter de bonnes habitudes de sommeil peut aider, comme se coucher et se lever à des heures constantes ou éviter la lumière vive ou bleue au lit, comme celle des écrans. </p>
<p>Vous pouvez également éviter la caféine, limiter votre consommation d’alcool, maintenir un poids santé, pratiquer une activité physique pendant la journée, et dormir dans un environnement confortable, sombre et calme.</p>
<p>Le rôle que joue le sommeil profond dans la prévention contre la démence reste certes à explorer et à étudier. Favoriser son sommeil avec de bonnes habitudes de vie pourrait avoir le potentiel de nous aider à vieillir en santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219377/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andrée-Ann Baril a reçu des financements de la Sleep Research Society Foundation, la Société Alzheimer du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada, les Bourses postdoctorales Banting, la Fondation de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, l'Université de Montréal et des frais de présentation de Eisai. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Matthew Pase a reçu des financements de National Health and Medical Research Council of Australia, National Institute on Aging, Dementia Australia, Alzheimer's Assocaition, National Heart Foundation of Australia, Australian Research Countil, Stroke Foundation, Brain Foundation, Alzheimer’s Drug Discovery Foundation, Rebecca L Cooper Medical Research Foundation, and Bethlehem Griffiths Research Foundation. </span></em></p>
Le sommeil semble jouer un rôle essentiel dans plusieurs fonctions cérébrales, comme la mémoire. Un sommeil de bonne qualité pourrait donc jouer un rôle primordial dans la prévention de la démence.
Andrée-Ann Baril, Professeure-chercheure adjointe au Département de médecine, Université de Montréal
Matthew Pase, Associate Professor of Neurology and Epidemiology, Monash University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/215951
2024-01-17T16:43:12Z
2024-01-17T16:43:12Z
Fausses couches à répétition : le point sur les causes et la prise en charge
<p>On estime qu’environ 10 à 15 % des grossesses se terminent prématurément par une fausse couche, ce qui signifie qu’une <a href="https://www.thelancet.com/series/miscarriage">femme sur dix fera face à un arrêt spontané de grossesse au cours de sa vie</a>.</p>
<p>De manière plus préoccupante, certaines femmes sont confrontées à des fausses couches récurrentes.</p>
<p>Cette problématique affecte au moins 2 à 3 % des couples cherchant à concevoir un enfant et est reconnue comme un enjeu majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Les fausses couches répétées ont en effet des conséquences sur la santé physique et mentale, justifiant la nécessité d’un bilan et d’une prise en charge coordonnée impliquant différentes spécialités médicales.</p>
<p>Que sait-on des facteurs de risques associés aux fausses couches récurrentes ? Comment améliorer leur prise en charge ? Le point sur l’état des connaissances.</p>
<h2>Les premières semaines de la vie</h2>
<p>La naissance d’un nouvel être humain vivant est l’aboutissement d’un processus de reproduction complexe. Il débute par la fécondation, autrement dit la fusion de l’ovocyte et du spermatozoïde, qui produit un « zygote » (ou « œuf fécondé »). Cette cellule unique se divise ensuite en deux cellules, lesquelles se diviseront à leur tour, tout comme leur descendance, donnant naissance à un embryon.</p>
<p>Une semaine après la fécondation, cet embryon, composé d’environ 200 cellules (stade blastocyste), migre depuis les trompes de Fallope vers l’utérus pour s’y implanter. La condition essentielle à la réussite de cette implantation réside dans la préparation adéquate de l’endomètre, la muqueuse tapissant la paroi intérieure de l’utérus où se déroule la grossesse, afin de permettre la nidation de l’embryon. Cette préparation est <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23290997/">minutieusement orchestrée</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33410481/">par des fluctuations hormonales</a>.</p>
<p>Si ces conditions optimales sont réunies, l’embryon s’implante puis sécrète des molécules qui stimulent la croissance de vaisseaux sanguins dans l’endomètre, initiant la formation du placenta à partir de ses propres tissus et des tissus maternels. La mise en place du placenta se poursuit jusqu’au début du deuxième trimestre de la grossesse.</p>
<p>Cet organe joue un rôle essentiel en assurant la nutrition, l’oxygénation et l’élimination des déchets métaboliques du fœtus et en sécrétant des hormones nécessaires au maintien de la grossesse. Les cellules immunitaires présentes dans l’endomètre utérin, à l’interface entre les tissus maternels et ceux du fœtus, participent également à l’implantation, au remodelage des artères utérines, à la tolérance maternelle vis-à-vis du fœtus ainsi qu’à la défense contre les infections.</p>
<p>L’implantation et la placentation sont donc déterminées par un ensemble complexe de facteurs génétiques, anatomiques, hormonaux, hématologiques et immunologiques. Des perturbations de ces éléments peuvent altérer le bon déroulement de la grossesse et <a href="https://www.nature.com/articles/s41572-020-00228-z">être à l’origine d’une fausse couche</a>.</p>
<h2>Qu’appelle-t-on « fausse couche » ?</h2>
<p>La fausse couche est définie comme l’arrêt spontanée d’une grossesse intra-utérine avant que le fœtus ne soit considéré comme viable. Du fait des progrès médicaux, cette limite est fixée avant 20 à 24 semaines de grossesse selon les pays. En France, le seuil pouvant être considéré est celui de 20 semaines de grossesse, ce qui équivaut à 22 semaines d’aménorrhée (absence de règles).</p>
<p>Il peut s’agir d’un arrêt survenant lors d’une grossesse cliniquement connue (suite à la réalisation d’un test urinaire ou sanguin confirmé ensuite par une échographie), ou lors d’une grossesse dite « biochimique », autrement dit ayant été révélée uniquement par un test positif, sans échographie réalisée (dans le cas où la grossesse s’est arrêtée précocement après l’implantation).</p>
<p>En revanche, on ne parle pas de fausse couche dans le cas de grossesses extra-utérines (aussi appelées grossesses ectopiques) ou de grossesses môlaires (terme décrivant la croissance anormale des cellules issues d’un ovule fécondé, qui ne se développe pas normalement en un fœtus). Enfin, le terme de fausse couche est à différencier de l’échec d’implantation après le transfert d’un embryon obtenu par fécondation <em>in vitro</em>.</p>
<p>La fausse couche isolée est une complication fréquente se produisant dans environ 10 à 15 % des grossesses cliniques, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673621006826">majorité d’entre elles ayant lieu au cours du premier trimestre</a>. D’un point de vue médical, <a href="https://www.eshre.eu/-/media/sitecore-files/Guidelines/Recurrent-pregnancy-loss/2022/ESHRE-RPL-Guideline-2022-Summary-paper.pdf">ces fausses couches uniques restent des événements bénins</a>, qui ne nécessitent pas d’exploration complémentaire.</p>
<p>Il en va tout autrement si cet événement se reproduit.</p>
<h2>À quoi sont dues les fausses couches à répétition ?</h2>
<p>On considère que les fausses couches récurrentes touchent environ 2 à 3 % des couples en essai de conception. Cependant, l’estimation précise de cette prévalence reste incertaine. En effet, la définition ne fait pas consensus, et peut différer selon les sociétés savantes internationales. Par ailleurs, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673621006826">fausses couches de grossesses non visualisées ne sont pas toujours prises en compte</a>.</p>
<p>Selon les recommandations récentes de l’<em>European Society of Human Reproduction and Embryology</em> (organisation européenne scientifique fondée en 1985, dédiée à la promotion de la recherche, de l’éducation et des soins dans le domaine de la reproduction humaine et de l’embryologie), le diagnostic de fausses couches spontanées à répétition – en anglais <em>recurrent pregnancy loss</em> – doit être retenu dès la survenue de deux ou plus fausses couches, qu’elles soient ou non consécutives. Cette définition englobe les grossesses biochimiques et s’applique même si une naissance vivante est survenue entre deux pertes de grossesse.</p>
<p>De multiples facteurs et causes ont été identifiés comme étant associés <a href="https://www.eshre.eu/-/media/sitecore-files/Guidelines/Recurrent-pregnancy-loss/2022/ESHRE-RPL-Guideline-2022-Summary-paper.pdf">à un risque de survenue et de récurrence de fausses couches</a>, avec des degrés de preuve scientifique variés.</p>
<p>Parmi ces facteurs, deux principaux sont connus pour augmenter le risque de fausses couches à répétition : le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673621006826">nombre de pertes de grossesses antérieures chez une femme et l’âge maternel avancé</a>.</p>
<p>Une étude réalisée dans la population danoise a estimé que le risque de nouvelle perte de grossesse était <a href="https://www.bmj.com/content/364/bmj.l869">d’environ 30 % après deux fausses couches et de plus de 40 % après trois ou plus fausses couches</a>.</p>
<p>L’augmentation du risque de fausse couche avec l’âge maternel avancé est due en partie à la dégradation de la qualité des ovocytes, avec une accumulation progressive de mutations génétiques au fil du temps. Cela accroît le risque d’embryons présentant des anomalies du nombre de chromosomes, également appelées « aneuploïdies », les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0015028217318770">rendant souvent non viables</a>.</p>
<p>Si les anomalies chromosomiques constituent l’une des principales causes de fausses couches répétées, on constate une diminution significative de la proportion d’embryons aneuploïdes avortés à mesure que le nombre de fausses couches antérieures augmente. Ils passent ainsi de 60 % chez les femmes ayant déjà subi deux ou trois fausses couches à 25 % chez celles ayant connu six fausses couches antérieures ou plus, suggérant que d’autres mécanismes sont imputables à ces pertes de grossesses répétées.</p>
<p>Les habitudes de vie peuvent exercer une influence négative sur la santé reproductive et accroître le risque de fausses couches, notamment la consommation de tabac et d’alcool, la prise en excès de caféine (au-delà de 300 mg par jour), ou encore le travail de nuit. De même, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37451193/">l’obésité maternelle est associée à un risque accru de perte de grossesse</a>, en raison d’une altération de la réceptivité de l’endomètre ou d’une association avec d’autres pathologies notamment endocriniennes.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31272724/">Le vieillissement et une mauvaise hygiène de vie (alimentation déséquilibrée, consommation excessive d’alcool, tabagisme, manque d’exercice…) chez le partenaire masculin</a> peuvent également altérer la qualité du matériel génétique spermatique et augmenter le risque d’aneuploïdie chez l’embryon.</p>
<p>Les fausses couches répétées peuvent être aussi attribuées à une diversité de causes gynécologiques, notamment des malformations utérines, des adhérences dans la cavité utérine, une endométriose ou une endométrite chronique (infection de l’endomètre).</p>
<p>Des pathologies endocriniennes, telles qu’un diabète mal équilibré et des troubles thyroïdiens, mais également des troubles de la coagulation sanguine affectant la circulation nécessaire à l’implantation et au développement du placenta, ou des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33303732/">dysfonctionnements du système immunitaire altérant la tolérance envers l’embryon</a>, peuvent également être impliqués dans ces pertes récurrentes.</p>
<h2>Un problème majeur de santé publique</h2>
<p>Les fausses couches à répétition <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673621006826">représentent un enjeu majeur de santé publique à l’échelle mondiale</a>.</p>
<p>D’un point de vue psychologique, ces pertes répétées ont un impact significatif sur le bien-être émotionnel et la stabilité du couple, avec un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37374051/">risque élevé de dépression et d’anxiété pour chacun des partenaires</a>.</p>
<p>De plus, la récurrence de ces fausses couches peut être révélatrice de l’influence néfaste de facteurs comportementaux ou environnementaux sur la santé globale ou de pathologies non diagnostiquées.</p>
<p>La survenue de fausses couches répétées est ainsi associée à un risque accru de complications obstétricales en cas de grossesses évolutives ultérieures, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0015028222000048">notamment d’accouchement prématuré</a>, et de complications à long terme chez les patientes, en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32299291/">particulier des problèmes cardiovasculaires</a>.</p>
<h2>La nécessité d’une prise en charge adaptée</h2>
<p>Une part importante de la détresse vécue par les couples faisant face à des fausses couches répétées réside dans la confusion et l’errance de la prise en charge.</p>
<p>Souvent, le fait de n’avoir subi « que » deux ou trois fausses couches est minimisé et considéré comme une réalité « normale ». De plus, les centres proposant des consultations spécifiquement dédiées à l’évaluation des fausses couches à répétition sont encore rares.</p>
<p>Pourtant, dès la survenue de deux fausses couches antérieures, il est recommandé d’orienter le couple vers un gynécologue pour un bilan spécialisé. Cette évaluation débute par un interrogatoire approfondi, englobant le <a href="https://www.eshre.eu/-/media/sitecore-files/Guidelines/Recurrent-pregnancy-loss/2022/ESHRE-RPL-Guideline-2022-Summary-paper.pdf">passé obstétrical complet, l’historique médical, les antécédents familiaux et les habitudes de vie des deux partenaires</a>.</p>
<p>Le bilan prescrit comprendra au minimum une échographie pelvienne, si besoin complétée par une hystéroscopie, ainsi qu’une prise de sang pour évaluer la fonction thyroïdienne et rechercher la présence d’auto-anticorps spécifiques (« anticorps antiphospholipides ») qui peuvent entraîner des problèmes de coagulation. Selon la situation, d’autres investigations peuvent être envisagées, telles qu’une analyse chromosomique du couple ou une évaluation des paramètres spermatiques.</p>
<p>De plus, cette consultation offre la possibilité de conseiller si besoin le couple sur l’amélioration de son mode de vie, ainsi que de <a href="https://www.eshre.eu/-/media/sitecore-files/Guidelines/Recurrent-pregnancy-loss/2022/ESHRE-RPL-Guideline-2022-Summary-paper.pdf;%20">proposer un soutien psychologique</a>. La collaboration avec d’autres spécialistes, tels qu’un endocrinologue, un interniste, ou un médecin spécialisé en médecine de la reproduction, peut être nécessaire pour garantir une approche complète et personnalisée.</p>
<h2>Pas de diagnostic préimplantatoire en France</h2>
<p>Le <a href="https://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/agencebiomedecine_ledpi_vous.pdf">diagnostic préimplantatoire</a> (DPI) est une technique de biologie de la reproduction qui permet d’analyser génétiquement les embryons obtenus par fécondation in vitro avant d’envisager leur transfert, afin de détecter d’éventuelles anomalies chromosomiques embryonnaires.</p>
<p>La DPI est pratiquée dans certains pays, tels que l’Espagne, pour les femmes souffrant de fausses couches répétées, ce qui permet la sélection d’embryons euploïdes. Cette approche semble <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34027546/">particulièrement bénéfique pour les femmes d’un âge avancé</a>.</p>
<p>Toutefois, en France, cette technique n’est pas légalement autorisée dans le contexte des fausses couches, en raison de considérations éthiques. Son utilisation demeure réservée à des situations médicales spécifiques, notamment pour prévenir la transmission de maladies génétiques graves et héréditaires.</p>
<h2>Vers de nouvelles thérapies</h2>
<p>Les chances d’avoir un bébé en bonne santé demeurent favorables pour les couples, mais on l’a vu, le succès d’une grossesse est influencé par des facteurs invariables tels que l’âge de la mère et le nombre de fausses couches antérieures.</p>
<p>Certains couples peuvent être confrontés à un nombre important de fausses couches alors que tous les examens actuellement recommandés montrent des résultats normaux. De plus, même en cas de détection d’une anomalie lors du bilan, le traitement de cette cause ne garantit pas toujours son efficacité, ce qui souligne la <a href="https://www.eshre.eu/-/media/sitecore-files/Guidelines/Recurrent-pregnancy-loss/2022/ESHRE-RPL-Guideline-2022-Summary-paper.pdf">complexité et la multifactorialité des fausses couches</a>.</p>
<p>La recherche s’intéresse cependant de plus en plus à cette problématique, afin de mieux en comprendre les mécanismes. De nouvelles pistes thérapeutiques émergent de ces travaux. C’est par exemple le cas des thérapies immunomodulatrices. Mises au point suite à l’identification de déséquilibres immunitaires locaux dans l’endomètre de patientes souffrant de fausses couches répétées inexpliquées, elles font actuellement <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37413775/">l’objet d’études approfondies</a>.</p>
<p>Au Japon, un essai thérapeutique a récemment démontré que des perfusions d’immunoglobulines administrées au début d’une nouvelle grossesse <a href="https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/PIIS2589-5370(22)00257-7/fulltext">augmentait significativement le taux de naissances vivantes</a> chez des femmes ayant connues au moins quatre pertes de grossesses inexpliquées, dont au moins une avec la preuve de la perte d’un embryon euploïde.</p>
<p>Des résultats porteurs d’espoir pour les couples faisant face à des fausses couches répétées inexpliquées…</p>
<hr>
<p><strong><em>Pour en savoir plus</em></strong> :</p>
<p><em>- Chaque année, le <a href="https://www.rplcongress.com/francais/">Congrès français international sur les grossesses arrêtées répétées</a> est organisé en France. Ouvert à tous les professionnels de santé sur inscription, son objectif est de rappeler les recommandations récentes des sociétés savantes, de partager les résultats de publications récentes et de présenter les protocoles de recherche en cours.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215951/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Amandine Dernoncourt ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
De nombreuses femmes souhaitant avoir des enfants sont confrontées à des arrêts spontanés de grossesse, parfois plusieurs fois dans leur vie. Que sait-on des facteurs de risque de fausses couches ?
Amandine Dernoncourt, Praticien hospitalier universitaire, spécialiste de médecine interne - doctorante au sein du laboratoire Péritox (Périnatalité et Risques Toxiques - UMR_I 01 UPJV / INERIS), Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/220962
2024-01-11T16:38:39Z
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En papier ou en tissu, quels mouchoirs privilégier pour notre santé et pour la planète ?
<p>Au moment où vous lisez ces lignes, votre nez subit peut-être les assauts du <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">rhume</a>, de la grippe, du Covid-19 ou d’une crise d’allergie, vous obligeant à garder à portée de main un mouchoir en papier ou en tissu.</p>
<p>Vous vous demandez probablement lequel de ces deux objets est le plus efficace pour empêcher la propagation des infections, et lequel a l’impact environnemental le moins important. Est-ce le mouchoir en tissu, qui existe au moins depuis l’époque romaine ? Ou le mouchoir en papier, développé plus récemment sous sa forme contemporaine, mais qui a rapidement envahi nos vies ? Les conclusions des scientifiques à ce sujet pourraient vous surprendre. Les voici.</p>
<h2>Une brève histoire du mouchoir en tissu et du mouchoir en papier</h2>
<p>Si simples soient-ils, les mouchoirs que nous utilisons pour nous moucher ou capturer nos éternuements et autres quintes de toux sont les fruits d’une longue et complexe histoire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">Pourquoi les enfants sont-ils si souvent enrhumés ?</a>
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<p>Parmi leurs ancêtres figurent le <em>sudarium</em> qu’utilisaient, au I<sup>er</sup> siècle de notre ère, les Romains afin d’éponger la sueur de leur visage ou pour masquer leur bouche. Au fil du temps, des pièces de tissus du même genre, que l’on considérerait aujourd’hui comme des mouchoirs, ont été utilisées comme couvre-chef, voile, déguisement, ou encore pour se nettoyer les mains, assainir des plaies, ou stopper le saignement.</p>
<p>Au sein des catégories les plus aisées de la population, elles constituaient un marqueur de classe sociale et de bonnes manières, employées notamment pour se débarrasser discrètement des expectorations. Les familles royales les ont par exemple utilisés comme signes extérieurs de richesses et de pouvoir, offrant des mouchoirs de lin ou de soie ornés d’or et d’argent à leurs sujets les plus privilégiés. Le roi Henri VIII en possédait par exemple une vaste collection.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un soldat ramasse le mouchoir qu’une jeune dame a laissé tomber et le lui rend" src="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Laisser tomber son mouchoir pour qu’on le ramasse constituait autrefois un gage d’amour.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://wellcomecollection.org/works/enpm4vak/images?id=mwb4mevj">Wellcome Collection</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les mouchoirs ont également servi à manifester ses sentiments, qu’il s’agit d’exprimer son amour, de faire montre de sa fidélité, voire d’indiquer discrètement ses préférences sexuelles. À la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, le « code du mouchoir », un système de codage des couleurs et de placement des mouchoirs, était utilisé à cet effet. Il est d’ailleurs <a href="https://www.refinery29.com/en-au/lgbtq-secret-handkerchief-code-language">encore employé aujourd’hui</a> dans les communautés LGBTQ+.</p>
<p>Les origines du mouchoir en papier semblent encore plus anciennes, puisqu’elles <a href="https://www.euppublishing.com/doi/epub/10.3366/cult.2020.0214">remonteraient à la Chine du II<sup>e</sup> siècle avant notre ère</a>. Toutefois, ce n’est qu’à partir des années 1920 que le mouchoir en papier tel que nous le connaissons aujourd’hui <a href="https://www.kleenex.co.uk/kleenex-history">a été développé</a>, comme ustensile de démaquillage et pour essuyer les nez qui coulent à cause du rhume des foins.</p>
<h2>Pour la santé, mouchoir en tissu ou en papier ?</h2>
<p>Voici plus de 100 ans, le mouchoir en tissu était parfois considéré comme <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5248216/pdf/hosplond73063-0008b.pdf">« le petit pavillon de la Mort »</a>, en raison des germes qu’il transportait et de sa propension supposée à contaminer les poches dans lesquelles il était laissé. Plus tard, cependant, l’argumentaire a évolué, et les gens se sont vu recommander d’utiliser des mouchoirs, <a href="http://resource.nlm.nih.gov/101449736">car</a> « les toux et les éternuements propagent des maladies ».</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Affiche promouvant l’emploi de mouchoirs, car les toux et les éternuements propagent des maladies" src="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cette affiche des années 1960 de Nouvelle-Zélande encourage à utiliser un mouchoir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/archivesnz/21665866709/in/photolist-238NiVN-z1xem2-2jmC8YU-2iFV9CP-2iEYm5C-2iLnkGm-2iLkHAp-2iJP3pk-2iLL4Wc-JrEbjz-2iLnkTP-2iLhUHs-2iLhUKG-2iLkHHo-2iLhUJE-2iLhULy-2iLkHzn-2iLnkRe-DoShu-e6nLop-e6nLkz-e6toYU-e6tp2j-2iLkHN8-2iLhUNN-e6toVu-4mEw9J">Archives New Zealand</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, nous savons que les sécrétions nasales contiennent des virus tels que ceux des rhumes, qui survivent effectivement dans l’environnement et peuvent être <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jmv.22027">transférés</a> sur <a href="https://www.abc.net.au/health/talkinghealth/factbuster/stories/2011/06/02/3231404.htm">diverses surfaces</a> (mains, mouchoirs en tissu ou en papier, poignées de porte, claviers, etc.) où ils sont capables de survivre parfois <a href="https://doi.org/10.1093/oxfordjournals.aje.a113473">longtemps après</a> la contamination initiale.</p>
<p>Il existe un risque de voir ces virus se propager lorsque l’on se mouche dans un mouchoir en coton, puis que l’on touche un autre objet. Même si vous ne gardez pas votre mouchoir utilisé dans votre poche, et le mettez immédiatement au lavage, une contamination des surfaces touchées peut se produire en chemin (poignées de portes, machine à laver…).</p>
<p>Les choses sont un peu différentes avec les mouchoirs en papier, car les virus qui s’y trouvent ne <a href="https://doi.org/10.1093/infdis/146.1.47">survivent généralement pas aussi longtemps</a> que sur les mouchoirs en tissu. Tant que vous jetez les mouchoirs immédiatement après les avoir utilisés et ne les laissez pas traîner, le risque de transmettre des germes à d’autres personnes est plus faible.</p>
<p>Une autre question qui se pose est celle de l’efficacité des mouchoirs en papier ou en tissu lorsqu’il s’agit de faire barrière à la toux et aux autres projections respiratoires. Certes, les protections en tissu basiques, telles que les mouchoirs ou les bandanas, sont capables de retenir les expectorations, tout comme les mouchoirs en tissu. Cependant, plusieurs études ont montré qu’elles ne <a href="https://doi.org/10.1021/acs.nanolett.0c02211">filtreraient pas efficacement</a> les <a href="https://aaqr.org/articles/aaqr-13-06-oa-0201.pdf">aérosols respiratoires</a>, et empêchent moins <a href="https://doi.org/10.1177/153567601001500204">d’inhaler</a> certains polluants, agents pathogènes ou <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijheh.2018.03.012">petites particules en suspension dans l’air</a>.</p>
<h2>Et pour la planète, papier ou tissu ?</h2>
<p>La société américaine Ecosystem Analytics a <a href="https://ecosystem-analytics.com/wp-content/uploads/2013/10/Complete-LCA-Facial-Tissue-Handkerchief.pdf">comparé</a> l’impact environnemental de mouchoirs en coton réutilisables à celui de mouchoirs en papier jetables en effectuant une <a href="https://doi.org/10.1007/BF02978505">analyse de cycle de vie</a>, une méthode d’évaluation visant à quantifier les impacts environnementaux des produits et services. Pour ce faire, elle a pris en compte quatre types d’impacts environnementaux liés à la production, au transport, à l’utilisation et à l’élimination :</p>
<ul>
<li><p>Les impacts sur le changement climatique (somme des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, vapeur d’eau, oxyde nitreux et CFC) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la qualité de l’écosystème (pollution chimique des sols et des eaux) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la santé humaine (toxicité cancérogène et non cancérogène pour les humains) ;</p></li>
<li><p>Les impacts en matière de ressources (besoins énergétiques totaux en énergie non renouvelable et extraction minérale).</p></li>
</ul>
<p>Le verdict ? Sur les quatre mesures, un mouchoir en coton avait un impact cinq à sept fois plus important qu’un mouchoir en papier équivalent. Les différences d’impact les plus importantes étaient liées aux étapes de production de chacun de ces produits, plutôt qu’à celles concernant leur utilisation ou à leur élimination.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Mouchoirs en coton sur une corde à linge" src="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les mouchoirs en coton sont-ils meilleurs pour la planète que les mouchoirs en papier ? Pas si sûr…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/using-reusable-textile-pure-cotton-colourful-1107810197">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Si vous tenez toujours à utiliser un mouchoir en tissu, mieux vaut opter pour du coton biologique, dont <a href="https://www.sei.org/publications/ecological-footprint-water-analysis-cotton-hemp-polyester/">l’empreinte écologique est plus faible que celle d’un coton standard produit au même endroit</a>. Cependant, la production de coton biologique ayant des <a href="https://www.nytimes.com/wirecutter/blog/is-organic-cotton-better-for-the-environment/">rendements plus faibles</a> que son équivalent conventionnel, il faut une surface de terre agricole plus importante pour produire une quantité équivalente, ce qui augmente aussi l’impact environnemental.</p>
<p>Pour avoir moins mauvaise conscience lorsque l’on se mouche, opter pour des mouchoirs fabriqués à partir de matériaux recyclés peut être une solution. Leur fabrication s’accompagne en effet d’une <a href="https://doi.org/10.1007/s11367-013-0597-x">moindre émission de gaz à effet de serre</a>. Se moucher avec des mouchoirs en papier que l’on élimine correctement après utilisation (et que l’on ne garde pas dans sa poche), fabriqués à partir de matériaux recyclés, est donc préférable tant du point de vue de la santé que de l’environnement.</p>
<p>Mais ces mouchoirs ont un défaut : ils n’ont pas tout à fait le même panache que leurs ancêtres en tissus fins, ni la même polyvalence…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220962/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor est un employé à temps plein de l'EPA (Environment Protection Authority) Victoria, nommé au poste statutaire de scientifique en chef de l'environnement. Il est également professeur honoraire à l'université Macquarie de Sydney.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hester Joyce ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
En matière d’impact environnemental, les mouchoirs en papier n’ont pas forcément un bilan moins bon que les mouchoirs en tissu. Et concernant l’hygiène, le tissu ne fait pas mieux non plus.
Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie University
Hester Joyce, Adjunct Associate Professor, Creative Arts, La Trobe University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/220562
2024-01-07T15:39:58Z
2024-01-07T15:39:58Z
Pneumonies infantiles à mycoplasmes : de quoi s’agit-il, et pourquoi une telle épidémie ?
<p><em>Depuis cet automne, les admissions aux urgences d’enfants et de jeunes adultes victimes de pneumonies sont anormalement élevées. La bactérie Mycoplasma pneumoniae est soupçonnée de jouer un rôle non négligeable dans cette situation. Directrice du Centre National de Référence des IST bactériennes, et chef du service de bactériologie CHU de Bordeaux, le Pr Cécile Bébéar nous dit tout ce qu’il faut savoir sur cette bactérie atypique et sur les raisons de l’épidémie en cours</em></p>
<hr>
<p><strong>The Conversation : Les mycoplasmes sont des bactéries particulières. Pourriez-vous nous les présenter brièvement ?</strong></p>
<p><strong>Cécile Bébéar :</strong> Les mycoplasmes font partie des plus petits êtres vivants connus. Ce sont en particulier les plus petites bactéries capables de se répliquer de façon autonome, autrement dit sans parasiter d’autres cellules.</p>
<p>Il existe des mycoplasmes capables d’infecter la plupart des êtres vivants, des animaux aux plantes en passant par les êtres humains. Mais elles ne circulent généralement pas d’une espèce vivante à l’autre, les différentes sortes de mycoplasmes étant spécifiques d’un hôte donné.</p>
<p>Contrairement aux autres bactéries, les mycoplasmes sont dépourvus de paroi. Cela leur confère un aspect polymorphe, et surtout les rend insensibles à certains antibiotiques très employés, comme les β-lactamines (une classe d’antibiotique qui comprend notamment la pénicilline et ses dérivés, comme l’amoxicilline), très utilisées en première intention dans les infections respiratoires.</p>
<p>Autres points importants à souligner : les mycoplasmes sont très fragiles, et survivent très mal dans l’environnement. Enfin, certaines espèces sont très difficiles à cultiver en laboratoire, ce qui complique les diagnostics.</p>
<p><strong>The Conversation : Chez l’être humain, quels problèmes posent ces bactéries ?</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Les mycoplasmes sont capables d’adhérer aux cellules épithéliales, qui recouvrent notamment nos voies respiratoires ou notre tractus uro-génital. De ce fait, certaines espèces sont à l’origine d’infections respiratoires ou d’infection génitales.</p>
<p>Toutefois, la majorité des mycoplasmes ne pose pas de problème : sur les 17 espèces connues comme étant capables d’infecter l’être humain, seules cinq peuvent provoquer des maladies.</p>
<p>C’est le cas de <em>Mycoplasma genitalium</em> (le plus petit mycoplasme connu), qui est à l’origine d’infections sexuellement transmissibles (IST). Celles-ci se traduisent par des problèmes au niveau des voies génitales basses (<a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/syndromes-associes-its/cervicite.html">cervicites</a> chez la femme, <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/syndromes-associes-its/uretrite.html">urétrite</a> chez l’homme), pouvant parfois évoluer vers des infections génitales hautes pouvant présenter un risque pour la fertilité des patients (<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/salpingite/definition-causes-facteurs-risque">salpingites</a> et <a href="https://www.infectiologie.com/UserFiles/File/spilf/recos/2018-igh.pdf">endométrites</a> chez la femme, <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/syndromes-associes-its/epididymite.html">épididymites</a> chez l’homme).</p>
<p>Soulignons que, comme toutes les IST, les infections à <em>Mycoplasma genitalium</em> sont en augmentation, non seulement dans certaines populations cibles telles que les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes ou les travailleurs et travailleuses du sexe, mais aussi chez les jeunes, en raison du recul de l’usage du préservatif.</p>
<p>Trois autres espèces de mycoplasmes présentes dans le tractus génital peuvent aussi poser problème : <em>Mycoplasma hominis</em>, <em>Ureaplasma parvum</em> et <em>Ureaplasma urealyticum</em>. Il s’agit de pathogènes opportunistes, qui peuvent, lorsque le système immunitaire dysfonctionne, provoquer des infections extra-génitales (contrairement à <em>Mycoplasma genitalium</em>, ces espèces ne sont pas sexuellement transmissibles). Elles peuvent migrer vers les articulations, entraînant des arthrites, et sont parfois à l’origine d’infections respiratoires chez certains nouveau-nés.</p>
<p>Enfin, une espèce, <em>Mycoplasma pneumoniae</em>, est à l’origine d’infections respiratoires.</p>
<p><strong>The Conversation : Qui est concerné par les infections à <em>M. pneumoniae</em> ?</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Cette espèce infecte plutôt les enfants âgés de 5 à 10 ans, et les adultes jeunes. Parmi les personnes à surveiller, il faut aussi mentionner les personnes immunodéprimées, ainsi que les individus souffrant de <a href="https://theconversation.com/revivre-apres-le-traitement-dune-maladie-genetique-rare-lexemple-de-la-drepanocytose-218968">drépanocytose</a>, une maladie génétique qui affecte les globules rouges.</p>
<p>Chez les enfants, l’infection se traduit la plupart du temps par une trachéobronchite avec une toux fébrile, une fièvre (qui peut durer jusqu’à une semaine), puis une toux résiduelle. Habituellement, l’infection régresse spontanément.</p>
<p>Elle est généralement confondue avec une infection virale, notamment parce qu’elle n’est pas diagnostiquée. En effet, la seule méthode diagnostique actuellement remboursée est la sérologie (analyse de sang visant à rechercher des anticorps dirigés contre <em>M. pneumoniae</em>). Or, cette procédure est relativement lourde : il faut réaliser deux prises de sang, à 15 jours d’intervalle, ce qui n’est pas pratique. L’autre solution diagnostique est basée sur l’emploi de méthodes moléculaires (PCR), mais cette approche onéreuse n’est pas remboursée en laboratoire de ville (hors nomenclature, le coût d’une telle analyse est de 65 euros).</p>
<p>Cette situation est réellement problématique. En effet, il arrive que les infections à <em>M. pneumoniae</em> dégénèrent en pneumonie. Dans ce cas, la fièvre et la toux persistent, et s’accompagnent d’un essoufflement de plus en plus important, avec des difficultés à respirer. Certains signes extrarespiratoires, notamment cutanés, peuvent aussi être observés.</p>
<p>Or, les infections à <em>M. pneumoniae</em> constituent la seconde cause de pneumonie chez l’enfant : en période épidémique, elles peuvent représenter de 30 à 50 % des pneumonies bactériennes infantiles. Plus grave, selon la littérature, 5 à 6 % des patients hospitalisés peuvent développer une méningo-encéphalite, suite à une réaction immunitaire inappropriée.</p>
<p>D’où l’importance d’améliorer le diagnostic.</p>
<p><strong>The Conversation : Comment se produit la transmission ?</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> <em>M. pneumoniae</em> ne se transmet pas facilement : la contamination se fait par gouttelettes respiratoires, lors de contacts étroits, ce qui explique que les épidémies se produisent dans des contextes fermés, à l’école, sur des bateaux, dans des internats, dans des casernes…</p>
<p>La durée d’incubation est d’une à trois semaines, et des travaux ont montré que la bactérie était excrétée sur une période de 2 à 8 jours avant l’apparition des symptômes.</p>
<p>En l’absence de traitement antibiotique, la contagiosité peut être longue, et durer jusqu’à 14 semaines après l’infection. En outre, 20 % des formes sont asymptomatiques (mais les personnes infectées sont malgré tout contagieuses).</p>
<p>En revanche, normalement, en 72 h de traitement antibiotique bien suivi, les malades ne sont plus contagieux.</p>
<p><strong>The Conversation : Quels antibiotiques sont efficaces ? Existe-t-il des risques de résistance ?</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Puisque les antibiotiques ciblant la paroi bactérienne ne fonctionnent pas contre les mycoplasmes, trois grandes classes sont utilisables : les macrolides, les tétracyclines et les fluoroquinolones.</p>
<p>Le problème est que les tétracyclines ne peuvent pas être utilisées avant 8 ans à cause de la coloration dentaire qu’elles induisent, et que les fluoroquinolones sont généralement contre-indiquées chez l’enfant.</p>
<p>Restent donc les macrolides, <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2023-12/reponses_rapides_mycoplasma_pneumoniae_2023-12-22_09-16-40_110.pdf">qui sont le traitement recommandé</a> lorsque l’origine virale de la pneumonie a été écartée, et que trois jours de traitement par amoxicilline (un antibiotique efficace contre le pneumocoque – <em>Streptococcus pneumoniae</em>, une autre bactérie causant des pneumonies) n’ont pas abouti à une amélioration.</p>
<p><strong>The Conversation : Une seule classe d’antibiotique utilisable sans contre-indication chez l’enfant, c’est peu. Existe-t-il un risque d’apparition de résistance ?</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Oui : dans le cas de <em>M. pneumoniae</em>, la résistance aux macrolides s’est développée au cours des années 2000, initialement plutôt en Asie du Sud-Est. En tant que laboratoire expert, nous avons suivi son émergence en France.</p>
<p>Aux alentours de 2012, cette résistance était de l’ordre de 10 % dans notre pays. À cette époque, en effet, une importante épidémie d’infection à <em>M. pneumoniae</em> sévissait au niveau mondial, et les macrolides étaient largement utilisés.</p>
<p>Il faut savoir que 10 % constitue un seuil critique : quand il est dépassé pour une classe d’antibiotiques donnée, on considère généralement qu’il faut arrêter de l’utiliser en première intention. Heureusement, dans les années qui ont suivi, la résistance de <em>M. pneumoniae</em> aux macrolides a diminué en France. Elle est actuellement d’environ 3 %, ce qui reste gérable.</p>
<p>Les problèmes de résistance aux macrolides n’ont pas cependant régressé partout : avant la pandémie de Covid-19, dans certains pays d’Asie, elle pouvait atteindre les 70 % (au Japon), voire 80 % (en Chine)…</p>
<p>Cette situation s’explique par le fait que les macrolides peuvent être utilisés à tout âge de la vie, et possèdent de surcroît des propriétés anti-inflammatoires ainsi qu’une bonne efficacité au niveau pulmonaire et urogénital. Pour toutes ces raisons, ils ont été extrêmement prescrits pour traiter les infections respiratoires, ou des infections génitales, voire digestives.</p>
<p>Or, les mycoplasmes sont dépourvus de certains systèmes de correction des erreurs de l’ADN : ce sont donc des bactéries qui mutent beaucoup. Le sur-usage (et le mésusage) des macrolides a rapidement mené à la sélection de souches de <em>M. pneumoniae</em> moins sensibles à ces antibiotiques. Heureusement, pour l’instant, aucune résistance aux tétracyclines et aux fluoroquinolones n’a été décrite chez ce mycoplasme.</p>
<p><strong>The Conversation : Selon Santé publique France, le nombre de pneumonies chez l’enfant et les jeunes adultes est depuis cet été très supérieur à ce qu’il était en 2021 et en 2022 dans notre pays. Est-on sûr que <em>M. pneumoniae</em> est en cause ?</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Bien que l’on ne sache pas précisément quelle proportion de la vague de pneumonies actuelles est due à <em>M. pneumoniae</em>, certains indices semblent l’incriminer (aux côtés, probablement, d’autres pathogènes).</p>
<p>En effet, les résultats des analyses sérologiques réalisées en laboratoire de biologie médicale de ville révèlent que le taux de positivité, tous âges confondus, des tests à <em>Mycoplasma pneumoniae</em> <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/infections-a-mycoplasma-pneumoniae-en-france-point-de-situation-au-19-decembre-2023">a commencé à augmenter durant l’été dernier</a>, alors qu’il était nul au printemps. Sa progression s’est accélérée à partir de début octobre, jusqu’à atteindre fin novembre un niveau très supérieur à celui de 2019 à la même période, en particulier chez les enfants de 5 à 14 ans.</p>
<p>Par ailleurs, à l’hôpital, le nombre de détections par PCR a lui aussi progressivement augmenté depuis fin juillet, puis cette augmentation s’est accrue en octobre. Fin novembre, le taux de positivité des tests PCR était près de 4 fois supérieur à celui observé à la même période en 2019. Après une diminution fin novembre, une augmentation semblait à nouveau observable mi-décembre (mais les données doivent encore être consolidées).</p>
<p>On peut donc affirmer que nous sommes bien face à une épidémie à <em>M. pneumoniae</em>, une situation qui ne s’était plus produite en France depuis 2016.</p>
<p><strong>The Conversation : Connaît-on les raisons de cette épidémie ?</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Il faut savoir que les épidémies à <em>M. pneumoniae</em> fonctionnent par cycle de 3 à 7 ans.</p>
<p>Cette cyclicité s’explique par la façon dont <em>M. pneumoniae</em> nous infecte. À sa surface, la bactérie possède de nombreux exemplaires d’une protéine appelée adhésine qui, comme son nom l’indique, lui permet d’adhérer aux cellules épithéliales tapissant nos voies respiratoires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Micrographie électronique à balayage de bactéries M. pneumoniae. Les éléments utilisés pour la fixation sont indiqués par des flèches noires." src="https://images.theconversation.com/files/567909/original/file-20240104-29-noi1fy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567909/original/file-20240104-29-noi1fy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567909/original/file-20240104-29-noi1fy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567909/original/file-20240104-29-noi1fy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567909/original/file-20240104-29-noi1fy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=582&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567909/original/file-20240104-29-noi1fy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=582&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567909/original/file-20240104-29-noi1fy.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=582&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Micrographie électronique à balayage de bactéries M. pneumoniae. Les éléments utilisés pour la fixation sont indiqués par des flèches noires.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://journals.asm.org/doi/full/10.1128/cmr.17.4.697-728.2004#core-R245">Krause, D. C., and D. Taylor-Robinson « Mycoplasmas which infect humans » American Society for Microbiology</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Schématiquement, cette protéine existe sous deux types principaux, l’adhésine de type I et l’adhésine de type II (chacun pouvant comporter diverses variations). Les bactéries <em>Mycoplasma pneumoniae</em> possèdent des adhésines de l’un ou l’autre type.</p>
<p>Lorsqu’une épidémie est causée par une bactérie possédant des adhésines de type I, les personnes infectées développent des anticorps contre cette adhésine. La population s’immunise donc progressivement ; au bout d’environ 18 mois, elle se retrouve protégée contre l’infection par les bactéries porteuses d’adhésines de type I, et l’épidémie régresse.</p>
<p>Toutefois, ces bactéries ne disparaissent pas : elles continuent à circuler à bas bruit dans la population. Or, à un moment donné va se produire un phénomène appelé « switch antigénique » : les bactéries vont changer le type de leurs adhésines, passant d’adhésines de type I à des adhésines de type II. À ce moment, l’épidémie va reprendre dans la partie de la population qui ne possède pas d’anticorps contre ces « nouvelles » adhésines. D’où l’effet de cycle de ces infections…</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=754&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=754&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=754&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=948&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=948&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567912/original/file-20240104-20-w04htx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=948&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Micrographie électronique à transmission d’un anneau trachéal de hamster infecté par M. pneumoniae, montrant l’association étroite de la structure d’attachement à l’épithélium de l’animal (flèche).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://journals.asm.org/doi/full/10.1128/cmr.17.4.697-728.2004">J.L. Jordan et D.C. Krause, tiré de Ken B. Waites et Deborah F. Talkington « Mycoplasma pneumoniae and Its Role as a Human Pathogen », American Society for Microbiology</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>The Conversation : Des cycles qui ont par ailleurs été modifiés par la pandémie de Covid-19…</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Oui, car les mesures barrières mises en place pour contenir le SARS-CoV-2 ont aussi protégé les populations contre d’autres infections, notamment celles à <em>M. pneumoniae</em>.</p>
<p>Jusqu’à cet été, nous n’avions pas vu réapparaître cette bactérie, que nous surveillons attentivement. C’était étonnant, car d’autres infections respiratoires virales ou bactériennes étaient déjà revenues dès la fin de 2022, avec le relâchement des mesures sanitaires.</p>
<p>Mais aujourd’hui, il est clair qu’un nouveau cycle épidémique commence, dans un contexte où une partie de la population est « naïve », puisqu’elle n’a pas développé d’anticorps ces dernières années. C’est probablement une des raisons qui explique l’ampleur de l’épidémie actuelle.</p>
<p>Des études de séroprévalence menées par des collègues ont d’ailleurs montré que les niveaux d’anticorps dirigés contre <em>M. pneumoniae</em> étaient moins importants dans la population qu’auparavant.</p>
<p><strong>The Conversation : C’est un point important, qui prête souvent à confusion : cette baisse d’immunité au niveau populationnel n’est pas le reflet d’un moins bon fonctionnement de nos systèmes immunitaires, qui auraient été « affaiblis » par les mesures barrières…</strong></p>
<p><strong>C.B. :</strong> Absolument pas. Ce qui s’est passé, c’est qu’une partie de la population, protégée par les mesures barrières, n’a pas été confronté à <em>M. pneumoniae</em> et n’a donc pas eu l’occasion de développer des anticorps. C’est le cas des jeunes enfants, de ceux qui sont un peu plus grands, et de certains adultes.</p>
<p>Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faut bannir les mesure barrières, bien au contraire ! L’idée selon laquelle « si on met un masque, on ne va plus s’immuniser » est fausse : le masque permet d’éviter de contaminer les autres, et de limiter la hauteur de la vague épidémique. Car si l’épidémie à <em>M. pneumoniae</em> flambe actuellement, c’est avant tout parce que l’on laisse circuler la bactérie…</p>
<p>Aujourd’hui, les recommandations sont toujours les mêmes : porter le masque lorsqu’on est enrhumé, se laver les mains souvent, éternuer dans son coude, s’assurer que l’on est à jour dans ses vaccins contre la grippe et le Covid-19. Et, si l’on est une personne fragile, mettre un masque lorsque l’on doit passer du temps dans un endroit confiné, avec d’autres personnes, en particulier dans les transports en commun.</p>
<p>Bref, il s’agit de continuer à appliquer les règles d’hygiène respiratoire qui ont fait leurs preuves durant la pandémie, en permettant de limiter non seulement la circulation des pathogènes et l’ampleur des épidémies d’infections respiratoires, mais aussi d’autres infections, comme les gastro-entérites par exemple. Des règles que l’on a peut-être eu tendance à oublier un peu trop rapidement…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220562/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cécile Bébéar ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le retour cyclique des infections respiratoires dues à Mycoplasma pneumoniae pourrait expliquer l’épidémie de pneumonies infantiles qui frappe le pays depuis l’automne.
Cécile Bébéar, Professeur, chef de service du laboratoire de Bactériologie du CHU de Bordeaux, directrice du Centre National de Référence des IST bactériennes, Université de Bordeaux
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2023-12-20T19:57:28Z
2023-12-20T19:57:28Z
Manger plus tôt pour protéger son cœur ?
<p><em>On savait que les horaires de prises des repas étaient associés à un risque plus ou moins grand de développer certains problèmes métaboliques, tels qu’obésité ou diabète notamment. De nouveaux travaux pilotés par l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle – EREN (Inserm, Inrae, université Sorbonne-Paris-Nord) – et de l’Institut de santé globale de Barcelone établissent pour la première fois l’existence d’un lien <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-023-43444-3">entre l’heure du premier et du dernier repas de la journée et le risque de maladies cardiovasculaires</a>.</em></p>
<p><em>Chercheur en épidémiologie et coordonnateur du Réseau National Alimentation Cancer Recherche (Recherche NACRe), Bernard Srour a co-dirigé ces travaux, dont il nous présente les résultats.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Vos derniers travaux, publiés dans la prestigieuse revue Nature Communications, suggèrent que notre alimentation et nos rythmes biologiques sont en étroite relation…</strong></p>
<p><strong>Bernard Srour :</strong> Oui. On savait déjà que la qualité nutritionnelle de l’alimentation peut avoir un impact sur notre santé, en particulier notre santé cardio-vasculaire. En revanche, on ignorait si les heures auxquelles on s’alimente pouvaient aussi avoir un rôle.</p>
<p>Des soupçons existaient cependant. Des études expérimentales, menées chez la souris, avaient démontré que l’heure ou la durée pendant laquelle ces animaux étaient nourris pouvait influer sur leur santé. Une équipe américaine avait par exemple comparé deux groupes de rongeurs ayant consommé exactement le même nombre de calories, à la différence près que l’un avait reçu sa nourriture uniquement pendant la nuit (période durant laquelle les souris, des animaux nocturnes, sont actives), tandis que dans le second cas, les animaux avaient été nourris en répartissant les apports sur 24 h.</p>
<p>Les chercheurs ont alors <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22608008/">constaté que</a> les souris qui avaient consommé leur nourriture durant leur phase active avaient des profils métaboliques et inflammatoires meilleurs que les souris qui avaient été nourries sur 24 h.</p>
<p>On sait par ailleurs que notre <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32055029/">alimentation influence sur nos horloges biologiques</a>, en agissant comme un « synchronisateur ».</p>
<p>Partant de ces constats, nous nous sommes demandé si les heures auxquelles nous consommons notre nourriture pouvaient avoir un impact sur le risque de certaines maladies. Nous avons émis l’hypothèse que tout ce qui pourrait entraîner des dérèglements métaboliques pourrait agir sur le risque de maladies résultant de tels dérèglements. C’est notamment le cas des maladies cardiovasculaires (mais aussi du diabète de type 2, ou de certains cancers, comme ceux liés à l’obésité).</p>
<p><strong>The Conversation : Pour étudier les associations avec les maladies cardiovasculaires, vous vous êtes appuyés sur la cohorte <a href="https://etude-nutrinet-sante.fr/">NutriNet-Santé</a> ?</strong></p>
<p><strong>B.S. :</strong> Oui. Nous avons utilisé les données de plus de 100 000 personnes qui avaient été incluses dans la cohorte en 2009 et suivi jusqu’en 2022. Nous avions collecté des données démographiques, ainsi que des informations détaillées sur leur mode de vie, leur consommation d’alcool, leur tabagisme éventuel, leur catégorie socioprofessionnelle, leur statut pondéral, leur sommeil, etc.</p>
<p>Nous avions aussi des enregistrements détaillés et répétés, et surtout horodatés de leurs habitudes alimentaires. Nous connaissions donc les heures de chacune de leurs prises alimentaires.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-facteurs-de-risque-cardiovasculaires-une-decouverte-revolutionnaire-et-recente-103472">Les facteurs de risque cardiovasculaires, une découverte révolutionnaire… Et récente !</a>
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<p>Nous avons mis ensuite en lien statistique les données correspondant aux heures des repas avec le risque d’avoir développé une maladie cardiovasculaire (infarctus du myocarde, syndrome coronarien aigu, accident vasculaire cérébral, accident ischémique transitoire, angine de poitrine…), en nous basant sur les déclarations des participants validées par un comité médical, ainsi que sur des bases de données médico-administratives qui nous permettent d’avoir à disposition des données précises et validées sur leur état de santé.</p>
<p><strong>The Conversation : Que vous ont appris ces données ?</strong></p>
<p><strong>B.S. :</strong> Nous avons observé que lorsque l’horaire de la première prise alimentaire de la journée était décalé d’une heure, le risque de maladie cardiovasculaire augmentait de 6 %. Autrement dit, une personne qui a l’habitude de manger pour la première fois à 9 h 00 du matin par exemple, pourrait avoir jusqu’à 6 % en plus de risque de développer une maladie cardiovasculaire, comparativement à quelqu’un qui l’habitude de prendre son premier repas de la journée à 8 h 00.</p>
<p>Pour la dernière prise de la journée, on constate qu’un délai d’une heure est associé à une augmentation de 8 % du risque de maladie cérébrovasculaire (accident vasculaire cérébral ou accident ischémique transitoire).</p>
<p>Nous avons aussi constaté une association avec la durée du jeûne nocturne. Pour une augmentation d’une heure de la durée de ce jeûne, on constate une diminution de 7 % du risque de maladie cérébrovasculaire.</p>
<p><strong>The Conversation : Est-ce que ces effets sont-ils cumulatifs ?</strong></p>
<p><strong>B.S. :</strong> Ce sont des schémas qui sont très corrélés. Nos résultats suggèrent que si on allonge le jeûne nocturne, ce serait bénéfique, mais du coup, si on prend son petit déjeuner plus tard, ce serait moins bien. Pour prolonger la durée du jeûne nocturne, mieux vaut par exemple avancer le repas du soir pour le prendre tôt, que repousser ou sauter ou sauter le repas du matin.</p>
<p>Si la durée de consommation alimentaire est de onze heures par exemple (donc un jeûne nocturne de treize heures), nos résultats plaideraient pour une première prise alimentaire à 7 h du matin, et un dernier repas à 18 h ; plutôt que de commencer à 11 h et s’arrêter à 22 h (ce qui correspond également à treize heures de jeûne nocturne). Cette pratique est connue sous le nom de <em>« early time-restricted feeding »</em>, ou « alimentation limitée dans le temps à partir du matin ».</p>
<p>L’idée est de combiner à la fois une durée du jeûne plutôt longue, avec une première prise plutôt précoce. Autrement dit, commencer tôt et finir tôt.</p>
<p><strong>The Conversation : Existe-t-il une durée optimale du jeûne ?</strong></p>
<p><strong>B.S. :</strong> Nous ne nous sommes pas intéressés à la durée optimale du jeûne dans ces travaux, cependant il y a quelques mois nous avions publié un autre article dans la revue <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37328450/">International Journal of Epidemiology</a>, toujours en collaboration avec l’<a href="https://www.isglobal.org/en/">Institut de Santé Globale de Barcelone</a>. Nous avions alors étudié les associations existant entre le risque de développer un diabète de type 2 et les horaires des repas, le nombre de prises ou la durée du jeûne nocturne (toujours au sein de la cohorte NutriNet-Santé).</p>
<p>Les résultats ont suggéré qu’à partir d’un cycle de 11 heures d’alimentation / 13 heures de jeûne, une association protectrice avec le risque de diabète de type-2 était observée, mais seulement si la première prise alimentaire survenait avant 8 h du matin.</p>
<p><strong>The Conversation : Comment explique-t-on l’importance de l’horaire de la première prise de nourriture de la journée ?</strong></p>
<p><strong>B.S. :</strong> Cela pourrait s’expliquer par les variations physiologiques liées au rythme circadien et aux horloges biologiques.</p>
<p>Lorsqu’on est exposé à la lumière le matin, cela des effets sur notre production d’hormones : le pic de mélatonine diminue, et le cortisol commence à être sécrété, ce qui nous « booste ». Par exemple, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5995632/">plusieurs études</a> ont montré qu’on est plus sensibles à l’effet de l’insuline en matinée que dans l’après-midi ou en soirée. Comme si notre organisme était mieux préparé à la consommation alimentaire.</p>
<p>On constate aussi des variations interindividuelles liées aux différences génétiques et aux chronotypes (le fait d’être plutôt « du matin » ou « du soir », ou ni l’un ni l’autre). On sait par exemple que les personnes ayant un chronotype « du matin » ont tendance à avoir une probabilité plus élevée d’être en meilleure santé que les personnes qui sont « du soir » (les chronotypes sont aujourd’hui bien établis, et peuvent être déterminés via des <a href="https://www.thoracic.org/members/assemblies/assemblies/srn/questionaires/mctq.php">questionnaires validés</a>).</p>
<p><strong>The Conversation : Existe-t-il d’autres différences ? Liées à l’âge, au sexe, etc. ?</strong></p>
<p><strong>B.S. :</strong> Les associations que l’on a observées étaient plus fortes chez les femmes, mais cela pourrait être lié au fait que notre cohorte comporte une majorité de participantes : nous avions plus de puissance statistique pour observer des associations significatives chez les femmes. On ne peut cependant pas exclure l’existence de différences entre hommes et femmes dans la manière dont l’alimentation agirait sur les horloges biologiques.</p>
<p>En ce qui concerne l’âge, nous avons pris en compte son effet dans nos calculs statistiques (pour l’éliminer), ce qui signifie que nous ne pouvions pas déterminer son influence. En revanche, on sait grâce à d’autres travaux que les rythmes alimentaires, mais aussi le chronotype, peuvent changer avec l’âge. Si on est du matin une période de sa vie, on peut devenir du soir à une autre, ce qui a donc une influence sur les effets que peut avoir notre façon de nous alimenter.</p>
<p><strong>The Conversation : Quelles sont les prochaines étapes de vos travaux ?</strong></p>
<p><strong>B.S. :</strong> Nous sommes en train d’approfondir nos analyses afin de déterminer s’il existe des liens avec certains marqueurs du stress oxydant, des marqueurs de l’inflammation, des marqueurs métaboliques, qui permettraient d’établir des liens avec l’obésité ou le risque de maladies chroniques (nous avons pour cela à disposition une banque d’échantillons biologiques provenant de 20 000 participants à la cohorte NutriNet). Nous sommes également en cours de collecte de selles, et nous pouvons donc imaginer étudier si le microbiote intestinal peut jouer un rôle dans ces associations, comme suggéré par <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33075782/">certaines études</a>.</p>
<p>Nous aimerions aussi, dans un autre volet de notre projet, analyser les trajectoires de ces rythmes en fonction de l’âge, ou en fonction des moments clés de la vie, comme l’arrivée d’un bébé dans le foyer - qui chamboule beaucoup de choses - le passage dans la vie active ou à la retraite, l’effet des vacances, etc.</p>
<p>Par ailleurs, nous aimerions évaluer à l’avenir s’il existe un moment optimal pour certains types d’apports en macronutriments (glucides, lipides, protéines…). L’idée serait de déterminer si la composition de la première prise alimentaire de la journée et de la dernière prise pourrait jouer sur le risque de développer certains types de maladies.</p>
<p>En croisant ces informations avec d’autres données, qui montrent par exemple une meilleure efficacité de l’<a href="https://ijbnpa.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12966-023-01508-z">activité physique pratiquée à certaines heures de la journée</a>, et avec l’apport d’autres travaux épidémiologiques, cliniques et expérimentaux, on peut espérer établir des recommandations encore plus optimales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219984/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Srour a reçu des financements de l'ANR et du département Alimentation humaine d'INRAE dans le cadre d'une Chaire de Professeur Junior. Il a reçu des financements de l'Institut National du Cancer et de la Fondation ARC pour le fonctionnement du Réseau NACRe. Bernard Srour a reçu des fonds de la Fondation Bettencourt-Schueller dans le cadre du Prix Jeunes Chercheurs 2020.</span></em></p>
Une étude suggère que manger tard pour la première ou la dernière fois de la journée serait associé à un risque cardiovasculaire plus élevé.
Bernard Srour, Research associate professor of epidemiology at CRESS - EREN (Inserm, INRAE, Université Sorbonne Paris Nord, Université Paris Cité), and head of the NACRe network (Réseau NACRe), Inserm
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2023-12-12T16:15:39Z
2023-12-12T16:15:39Z
Projet Montréal continue d’augmenter le budget de son service de police. Voici pourquoi
<p>En novembre, Projet Montréal a présenté son budget pour 2024. Certains auront une impression de déjà-vu. Comme l’an dernier, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) s’apprête à dépasser son budget d’au moins <a href="http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/COMMISSIONS_PERM_V2_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PR%C9SENTATION_SPVM_BUDGET2024_20231110.PDF">36,9 millions de dollars</a>. </p>
<p>Une fois de plus, Projet Montréal se contente de couvrir les dépenses extraordinaires du SPVM et d’augmenter son budget pour l’année à venir — tout en demandant à la Société de transport de Montréal (STM) de combler son déficit budgétaire en réduisant ses dépenses en 2024.</p>
<p>Mes recherches portent sur les politiques de sécurité publique dans les villes canadiennes. J’ai ainsi suivi l’évolution des budgets des dix plus grandes polices urbaines du Canada au cours des cinq dernières années. Les résultats de cette recherche, j’espère, permettront de placer le débat budgétaire actuel à Montréal dans un contexte plus large.</p>
<h2>De plus en plus d’argent pour la police</h2>
<p>Les largesses de Projet Montréal à l’égard de la police n’est pas nouvelle. Au cours des cinq dernières années, le SPVM a dépassé son budget de <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">35,7 millions de dollars par année</a>. Au total, ce sont 178,6 millions de dollars que le SPVM s’est octroyé — une somme que la Ville aurait pu consacrer à d’autres priorités.</p>
<p>Aucune autre grande ville du Canada ne permet de tels dépassements budgétaires. Celle qui s’en rapproche le plus est Vancouver, qui tolère que son service de police excède son budget de <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">2,5 millions de dollars par année</a> — soit 15 fois moins.</p>
<p>Projet Montréal a également octroyé des augmentations budgétaires sans précédent au SPVM. La majoration de 45 millions de dollars du budget du SPVM en 2022 était la plus importante de l’histoire de la Ville, jusqu’à ce que l’augmentation de 60 millions de dollars pour 2023 établisse un nouveau record. Il s’agit là aussi d’un cas unique au Canada. Depuis 2020, <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">Montréal a injecté plus d’argent frais dans la police que n’importe quelle autre grande ville canadienne</a> — 35 millions de dollars de plus que Toronto, la deuxième ville la plus dépensière.</p>
<p>En octroyant au SPVM une nouvelle augmentation dans le budget municipal 2024, une somme de 35 millions de dollars, Projet Montréal continue à agir comme la division de collecte de fonds de la police.</p>
<h2>Le transport en commun, le grand perdant</h2>
<p>Ces dépenses sont difficiles à défendre, et Projet Montréal a fait très peu d’efforts pour les justifier. </p>
<p>De son côté, le SPVM fournit des excuses. Au cours des trois dernières années, il évaluait que le service <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-11-27/spvm/deux-fois-plus-de-temps-supplementaire-que-prevu-en-2023.php">manquait d’effectifs et devait recourir aux heures supplémentaires</a> (beaucoup plus coûteuses) pour combler le manque de ressources. Pourtant, Montréal est la ville qui compte déjà le <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2020001/article/00015-fra.htm">plus de policiers par habitant au Canada</a>. D’autres services de police (notamment celui de Toronto) accumulent <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">plus d’heures supplémentaires, tout en respectant leur budget</a>.</p>
<p>Il est par ailleurs encore plus difficile d’expliquer comment le SPVM n’a pas réussi à embaucher les 124 policiers supplémentaires en 2023 — l’estimation la plus optimiste est une <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/12/04/spvm-enfin-une-annee-ou-le-recrutement-fonctionne">augmentation de 80 à 90 policiers</a> — mais qu’il a quand même dépassé son budget et veut maintenant une autre augmentation pour embaucher 107 policiers de plus.</p>
<p>Il est peut-être ironique que Projet Montréal prétende prioriser le transport en commun — la « ligne rose » étant l’une de ses principales promesses lors de l’élection de 2017 — alors que l’administration municipale force la STM à réduire ses dépenses et ses effectifs, tout en redistribuant au SPVM les économies ainsi réalisées. </p>
<p>En 2023, la STM a été forcée de <a href="https://montrealgazette.com/news/local-news/montreal-budget-stm-finances">réaliser 51,6 millions de dollars d’économies</a>, alors que le SPVM a été autorisé à augmenter ses dépenses de 65 millions de dollars. Au cours de la prochaine année, la STM sera forcée de <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-11-15/transport-collectif/la-stm-devra-supprimer-120-postes-pour-eviter-le-pire.php">réduire ses dépenses d’encore 50 millions de dollars</a>, alors que le SPVM sera autorisé à augmenter ses dépenses de 35 millions de dollars. Résultat : <a href="https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/803010/transport-collectif-bus-bondes-usagers-insatisfaits-repentigny">250 effectifs de moins pour le STM</a> et 107 de plus pour le SPVM.</p>
<h2>Des alternatives à la police</h2>
<p>On pourrait rétorquer que la sécurité publique est une dépense essentielle, car des vies sont littéralement en jeu. Mais la sécurité publique n’est pas qu’une question de police. Ce qui distingue Montréal des autres grandes villes dans son approche est son incapacité de considérer comment les investissements dans d’autres services et programmes peuvent mieux prévenir la violence, mieux répondre à certaines catégories d’appels au 911 et, en fin de compte, donner moins de travail à la police. </p>
<p>À Toronto, par exemple, le <a href="https://www.toronto.ca/wp-content/uploads/2023/01/8e71-Toronto-Community-Crisis-Service-Jan-2023-Evaluation-Reportaccessible.pdf">Community Crisis Service</a> a été lancé en 2022 comme réponse non policière aux appels d’urgence impliquant la santé mentale. Ce service fait appel à des professionnels de la santé, qui relèvent généralement de la compétence des provinces, mais est <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/toronto-community-crisis-service-report-expansion-city-council-committee-1.7007108">financé par la Ville</a> au motif qu’il permet de réduire le recours à la police. Montréal pourrait bien suivre l’exemple de Toronto, ce que le <a href="https://www.ledevoir.com/politique/montreal/772079/fady-dagher-promet-un-equilibre-entre-la-repression-et-la-prevention?">directeur du SPVM, Fady Dagher, semble soutenir</a>.</p>
<p>Fady Dagher soutient aussi, par ailleurs, les demandes de la communauté de <a href="https://journalmetro.com/actualites/montreal/3115353/le-spvm-voudrait-reduire-sa-presence-dans-les-ecoles/">retirer les policiers « socio-communautaires » des écoles</a>, où leur présence cause un sentiment d’insécurité à de nombreux élèves. La Ville pourrait saisir cette opportunité et réaffecter l’argent actuellement alloué aux « socio-comms » à des professionnels mieux outillés à répondre aux besoins des élèves. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les écoles de Toronto, d’Hamilton, d’Ottawa et de Vancouver.</p>
<p>Parmi les nombreuses questions que nous devrions poser pendant cette saison budgétaire, est celle de savoir si Projet Montréal croit que le SPVM devrait avoir un plus grand rôle dans la ville — ou si on pourrait finalement mettre un terme à son sur financement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218570/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ted Rutland a reçu des financements de Conseil de recherches en sciences humaines.</span></em></p>
Le Service de police de la Ville de Montréal s’apprête à dépasser son budget encore une fois cette année. Aucune autre grande ville du Canada ne permet de tels dépassements budgétaires.
Ted Rutland, Associate professor, Geography, Planning and Environment, Concordia University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
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2023-12-10T15:48:06Z
2023-12-10T15:48:06Z
Opioïdes : Aux États-Unis, les overdoses sont en augmentation chez les adolescents
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/564502/original/file-20231107-21-ue8q0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5674%2C3771&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour limiter le risque de décès dus à la drogue, il est important de vérifier régulièrement la santé mentale des adolescents.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/multiracial-male-and-female-friends-sitting-in-royalty-free-image/1439953643?phrase=teens&adppopup=true">DigitalVision/Getty Images</a></span></figcaption></figure><p>Aux États-Unis, les overdoses mortelles sont en constante augmentation. Entre mai 2022 et mai 2023, elles ont coûté la vie à plus de <a href="https://www.cdc.gov/nchs/nvss/vsrr/drug-overdose-data.htm">112 000 Américains</a>, selon les <em>Centers for Disease Control and Prevention</em>, soit une augmentation de 37 % par rapport à la période qui s’étalait de mai 2019 à mai 2020.</p>
<p>En grande majorité, les personnes décédées étaient des adultes. On note cependant une augmentation sans précédent des overdoses fatales chez les adolescents : le nombre de décès mensuel est passé de <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">31 en juillet 2019 à 87 en mai 2021</a> (la période la plus récente pour laquelle des données sont disponibles).</p>
<p>En tant que <a href="https://scholar.google.com/citations?user=0nERiGAAAAAJ&hl=en&oi=ao">chercheur, je travaille sur les consommations de drogues</a>. Mes travaux se focalisent sur les spécificités existant au sein des différents groupes d’âge. Lorsque l’on s’intéresse aux décès par overdose, on constate d’importantes différences entre les adolescents et les adultes, non seulement en matière de types de drogues impliqués, mais aussi de genre des consommateurs ou d’origine ethnique.</p>
<p>En raison de ces différences, les groupes qui doivent être considérés comme à haut risque ne sont pas les mêmes chez les adolescents et chez les adultes. Les stratégies mises en place pour prévenir les overdoses doivent en tenir compte.</p>
<h2>Qui sont les victimes ?</h2>
<p>Lorsque les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont examiné les données correspondant aux jeunes Américains âgés de 10 à 19 ans, ils ont constaté que, <a href="https://www.cdc.gov/nchs/products/databriefs/db457.htm">comme pour les adultes</a>, la <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">plupart des adolescents décédés d’une overdose de drogue étaient de sexe masculin</a>. Cependant, on constate également que la proportion de jeunes filles parmi ces décès adolescents est plus élevée que la proportion de femmes dans les classes d’âge adulte.</p>
<p>Chez les préadolescents et les adolescents, plus de deux garçons meurent d’une overdose de drogue pour chaque fille de ce groupe d’âge. Chez les adultes, le rapport est plutôt de trois hommes pour deux femmes.</p>
<p><iframe id="ipOYD" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/ipOYD/4/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>La proportion d’overdoses mortelles <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">chez les adolescents caucasiens non hispaniques est nettement plus élevée</a> que chez leurs pairs non caucasiens – <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7146a4.htm">plus encore que chez les adultes</a> (<em>de juillet 2019 à décembre 2021, sur 2231 adolescents décédés par overdose, plus des deux tiers (69,0 %) étaient de sexe masculin, et étaient en majorité considérés comme <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">« blancs non hispaniques »</a> (59,9 %), ndlr</em>).</p>
<h2>Le fentanyl souvent en cause</h2>
<p>Une autre différence entre adolescents et adultes se situe au niveau des substances à l’origine de ces overdoses mortelles.</p>
<p>Chez les adultes, les consommateurs qui utilisent <a href="https://nida.nih.gov/research-topics/trends-statistics/overdose-death-rates">plus d’une drogue ont plus de risques de mourir d’une overdose</a> que ceux qui n’utilisent qu’une seule drogue. Les combinaisons les plus couramment constatées impliquent le fentanyl, un puissant analgésique opioïde (<em>les opioïdes sont des substances <a href="https://www.e-cancer.fr/Dictionnaire/O/opioide">aux effets similaires à ceux de l’opium</a>, ndlr</em>). Il s’agit de l’un des opioïdes les plus puissants disponibles : on estime qu’il est environ <a href="https://www.cdc.gov/stopoverdose/fentanyl/index.html">100 fois plus puissant que la morphine</a>, un autre opioïde très puissant souvent utilisé en milieu hospitalier.</p>
<p>Lors des usages détournés, le fentanyl est souvent associé soit à un autre opioïde, par exemple un médicament délivré uniquement sur ordonnance, soit <a href="https://www.nytimes.com/2023/11/13/health/polysubstance-opioids-addiction.html?searchResultPosition=1">à un stimulant</a>, tel que la cocaïne ou la méthamphétamine.</p>
<p><a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">Chez les adolescents</a>, le principal responsable des overdoses mortelles est le fentanyl seul : il est impliqué dans 84 % d’entre elles, et 56 % de toutes les overdoses impliquaient uniquement cette molécule.</p>
<p><iframe id="tJnR5" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/tJnR5/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les adolescents et les préadolescents ont généralement peu de tolérance aux opioïdes, car ils n’y ont souvent pas été exposés auparavant, et la grande puissance du fentanyl les rend <a href="https://sf.gov/information/about-fentanyl">plus susceptibles de faire une overdose</a>.</p>
<p>Nombre d’entre eux ingèrent accidentellement du fentanyl en prenant des comprimés contrefaits qu’ils croient être des opioïdes délivrés sur ordonnance ou des stimulants. Il arrive aussi que ces cachets contiennent d’autres drogues illicites, sans qu’ils ne le sachent.</p>
<p>Ce constat est cohérent avec nos résultats de recherche, qui indiquent que les <a href="https://doi.org/10.1111%2Fajad.13289">usages détournés des opioïdes délivrés sur ordonnance ont diminué</a> entre 2015 et 2019 chez les adolescents et les jeunes adultes. Cela concorde également avec d’autres données montrant que les décès liés aux <a href="https://nida.nih.gov/research-topics/trends-statistics/overdose-death-rates">overdoses impliquant de l’héroïne ont eux aussi diminué</a> au cours des dernières années.</p>
<p>Cette utilisation involontaire augmente le risque d’overdose, car les personnes qui ne sont pas conscientes qu’elles prennent du fentanyl ont moins de chances d’avoir à portée de main de <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-la-naloxone-puissant-antidote-aux-overdoses-dopio-des-121149">la naloxone, un médicament utilisé comme antidote aux overdoses dues aux opioïdes</a>, ou des <a href="https://www.nmhealth.org/publication/view/general/6756/">bandelettes de test pour détecter le fentanyl</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-la-naloxone-puissant-antidote-aux-overdoses-dopio-des-121149">Connaissez-vous la naloxone, puissant antidote aux overdoses d’opioïdes ?</a>
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<p>Être préparé peut pourtant changer l’issue d’une overdose : l’analyse des décès survenus chez des adolescents a en effet montré que dans 67 % des cas un <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">témoin était présent et aurait pu intervenir</a>. La naloxone n’a été administrée que dans moins de la moitié de ces cas, alors que cette substance empêche le fentanyl et d’autres opioïdes de provoquer une overdose en bloquant l’accès aux récepteurs opioïdes dans le cerveau.</p>
<p><iframe id="7zauq" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/7zauq/5/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<h2>Peu ou pas d’antécédents</h2>
<p>Seul un adolescent sur dix décédé d’une overdose de drogue présentait un <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">historique de traitement pour un problème d’usage de substances</a>, et seul un sur sept avait déjà fait l’expérience d’une overdose non mortelle. Par ailleurs, les adolescents victimes d’une overdose mortelle n’avaient généralement pas de problème avec l’alcool ou d’autres substances, des prémices qui constituent habituellement des <a href="https://americanaddictioncenters.org/adult-addiction-treatment-programs/know-is-someone-on-drugs">facteurs de risque et doivent généralement alerter</a>.</p>
<p>Ce constat souligne l’importance pour les parents d’aborder avec leurs enfants les questions liées à l’usage de substances, et ce <a href="https://www.samhsa.gov/talk-they-hear-you/parent-resources/why-you-should-talk-your-child">dès l’âge de 12 ans</a>. Il a été constaté que l’expression de leur désapprobation a tendance à <a href="https://www.samhsa.gov/sites/default/files/TTHY-Mini-Broch-Bleed-2020.pdf">prévenir ou à retarder la prise de drogue</a>. Il faut cependant garder à l’esprit qu’il peut être irréaliste, voire inutile, d’espérer que ses enfants ne recourront jamais à aucune substance psychotrope – après tout, la <a href="https://www.samhsa.gov/data/sites/default/files/reports/rpt39443/2021NSDUHFFRRev010323.pdf">plupart des adultes boivent de l’alcool, au moins occasionnellement</a>.</p>
<p>En tant que parent, il peut être plus judicieux d’insister auprès de ses enfants sur le fait qu’à leur âge, le cerveau est encore en construction et <a href="https://doi.org/10.1080%2F10550490701756146">subit de ce fait des changements rapides et importants</a>. Éviter de consommer des drogues ou de l’alcool pendant sa jeunesse permet donc de <a href="https://www.addictionpolicy.org/post/prevention-101-delay-the-onset-of-first-use">favoriser un développement cérébral sain</a>.</p>
<h2>Que peut-on faire d’autre ?</h2>
<p>Il est important d’avoir de la naloxone à disposition. Ce médicament potentiellement salvateur est facile à utiliser, mais le <a href="https://www.npr.org/2023/08/30/1196874196/over-the-counter-narcan-may-be-too-expensive-for-some-people-advocates-fear">coût de sa version en vente libre</a>, qui <a href="https://www.goodrx.com/naloxone">peut dépasser aux États-Unis 50 $ pour deux doses</a>, le rend inaccessible pour certaines des personnes qui en ont le plus besoin. </p>
<p>Il faut néanmoins l’envisager comme le pendant d’une assurance automobile : on préfère éviter d’avoir à y recourir, mais il est important d’en souscrire une malgré tout, au cas où quelque chose tournerait mal.</p>
<p>Et même si son propre enfant ne s’essaiera jamais à la consommation d’aucune drogue, le fait d’avoir de la naloxone sur lui pourrait lui permettre d’être en mesure d’intervenir et de sauver un ami qui ferait une overdose.</p>
<p>À ce sujet, tout le monde devrait être formé à reconnaître les <a href="https://www.cdc.gov/stopoverdose/fentanyl/index.html">symptômes d’une overdose d’opioïdes</a> : respiration superficielle (de petits volumes d’air sont inspirés et expirés, gonflant au minimum les poumons) ou inexistante, difficultés à rester conscient, peau froide et moite. Face à une telle situation, il faut être prêt à intervenir rapidement.</p>
<p>Pour conclure, un dernier point est particulièrement important à souligner : plus de quatre adolescents sur dix victimes d’une overdose fatale <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7150a2.htm">avaient des antécédents de problèmes de santé mentale</a>. Cela concorde avec <a href="https://doi.org/10.1097%2FCHI.0b013e318172ef0ld">nos propres travaux</a>, qui ont établi un lien, chez les adolescents, entre une <a href="https://doi.org/10.1097/ADM.0000000000001131">santé mentale moins solide et un mésusage d’opioïdes</a>. Cette forte association entre <a href="https://doi.org/10.1007%2Fs00127-021-02199-2">problèmes de santé mentale et overdoses de drogue</a> existe aussi chez les adultes.</p>
<p>Pour cette raison et bien d’autres, telle que <a href="https://www.cdc.gov/childrensmentalhealth/data.html">l’augmentation des taux de dépression chez les adolescents</a>, je recommande à tous les adultes (non seulement aux professionnels de santé, mais aussi à ceux qui comptent des préadolescents et des adolescents parmi leurs proches), de rester attentifs à l’évolution de leur santé mentale. Et au moindre doute, de recommander un traitement si l’on est soignant, ou de consulter un professionnel dès que possible si on ne l’est pas.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219535/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ty Schepis est financé par le National Institute on Drug Abuse et la US Food and Drug Administration. Le Centre de recherche translationnelle sur la santé de l'Université d'État du Texas a également apporté son soutien à ses travaux.</span></em></p>
Chez les adolescents américains, les garçons sont plus susceptibles de mourir d'une overdose que les filles. Le fentanyl, un opioïde 100 fois plus puissant que la morphine, est très souvent en cause.
Ty Schepis, Professor of Psychology, Texas State University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/213792
2023-12-06T17:40:36Z
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Froid et douleurs articulaires : en hiver, mieux vaut bouger que ne rien faire
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548766/original/file-20230518-18-uq5uhz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C453%2C8155%2C5003&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/senior-man-holds-his-hands-knees-2139454187">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.health.gov.au/topics/chronic-conditions/what-were-doing-about-chronic-conditions/what-were-doing-about-musculoskeletal-conditions">Un Australien sur trois</a> souffre d’une affection musculosquelettique impliquant des douleurs articulaires (<em>en France, en 2016, une <a href="https://presse.inserm.fr/1-francais-sur-2-souffre-de-douleurs-articulaires/25303/">personne interrogée sur deux déclarait avoir déjà eu des douleurs articulaires</a>, ndlr</em>).</p>
<p>À l’origine de ces maux figure le plus souvent l’arthrose, une pathologie qui affecte aujourd’hui environ <a href="https://arthritisaustralia.com.au/1in7witharthritis/">3,6 millions</a> de personnes en Australie, et pourrait en toucher jusqu’à <a href="https://www.arthritiswa.org.au/arthritis/australians-in-the-dark-with-arthritis-one-of-our-most-prevalent-and-costly-diseases/">5,4 millions d’ici 2030</a> (<em>en France, on estime à l’heure actuelle que plus de 12 millions de personnes souffrent de rhumatismes, dont <a href="https://presse.inserm.fr/1-francais-sur-2-souffre-de-douleurs-articulaires/25303/">9 millions d’arthrose et 600 000 de rhumatismes inflammatoires chroniques</a> comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite, ndlr</em>).</p>
<p>Pour certaines de ces personnes, le temps froid <a href="https://doi.org/10.1186/1471-2474-15-66">semble aggraver la situation</a>. Mais <a href="https://doi.org/10.1016/S0304-3959(99)00010-X">ce n’est probablement pas qu’une question de température</a>. Divers facteurs pourraient en effet être susceptibles d’influencer et de <a href="https://doi.org/10.1097/j.pain.0000000000001776">renforcer la perception de telles douleurs</a>. Certains travaux suggèrent par exemple que la perception plus aiguë de la douleur en hiver pourrait être liée à des <a href="https://doi.org/10.1093/rheumatology/kel414">fluctuations saisonnières de la maladie</a>, à un manque de <a href="https://doi.org/10.1016/j.sjpain.2010.05.030">vitamine D</a>, voire <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0216902">à l’influence sur notre organisme des basses pressions</a>. Mais les données manquent encore pour tirer des conclusions sur les liens entre météo et douleurs, et <a href="https://journals.lww.com/pain/fulltext/2020/04000/are_weather_conditions_associated_with_chronic.3.aspx">d’autres recherches seront nécessaires</a> pour confirmer ou infirmer ces résultats. </p>
<p>Quoi qu’il en soit, nous n’avons de toute façon pas beaucoup de marge de manœuvre en ce qui concerne la météo. En revanche, nous pouvons agir sur d’autres paramètres qui influencent la douleur et sa perception. C’est notamment le cas <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00702-019-02067-z">de la qualité du sommeil, de l’humeur</a> ou <a href="https://link.springer.com/content/pdf/10.1038/s41598-019-44664-8.pdf">du niveau d’activité physique</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/contre-larthrose-de-la-hanche-lactivite-physique-adaptee-est-votre-alliee-215019">Contre l’arthrose de la hanche, l’activité physique adaptée est votre alliée</a>
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<p>Ce dernier point est très important : <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">l’exercice physique</a> permet en effet d’améliorer le fonctionnement de notre organisme, notre force et notre mobilité. Il est également <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">bénéfique pour notre santé mentale</a>, et permet de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1466853X21000304">réduire le risque de survenue de nombreuses maladies chroniques</a>.</p>
<p>Il ne faut donc surtout pas que les douleurs ressenties constituent un prétexte pour éviter de faire de l’exercice, faute de quoi un cercle vicieux qui pourrait accentuer lesdites douleurs risquerait de se mettre en place. Comment y parvenir ?</p>
<h2>La douleur, ou comment notre cerveau tente de nous protéger</h2>
<p>On peut considérer la douleur est le moyen employé par notre cerveau pour protéger le reste de notre corps : elle agit en effet comme une sorte de système d’alarme intégré dont le rôle est de nous avertir d’un danger imminent, ou de la survenue d’un préjudice, afin que nous puissions réagir de manière adéquate.</p>
<p>Mais outre le fait que nous ne soyons <a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">pas tous égaux face à elle</a>, la douleur <a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">n’est pas toujours un indicateur fiable</a> des dommages réellement subis par notre peau, nos muscles ou nos os. En effet, dans certains cas, ce système d’alerte peut engendrer des faux positifs, autrement dit, sonner l’alarme quand ce n’est pas nécessaire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">Pourquoi certaines personnes sont-elles plus douillettes que d’autres ?</a>
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<p>Ainsi, les douleurs articulaires et la raideur peuvent sembler s’aggraver par temps froid, alors que ce n’est pas forcément le cas. Cela peut susciter des <a href="https://doi.org/10.1177/26335565221100172">inquiétudes</a> et nous amener à moins pratiquer d’exercice, de crainte de risquer d’<a href="https://doi.org/10.1002/jor.25151">aggraver la situation</a>. </p>
<p>Or, un tel comportement <a href="https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2017.07.007">peut s’avérer contre-productif</a> : éviter toute activité physique peut en effet aggraver la douleur plutôt que l’atténuer. Ce qui peut être particulièrement problématique en hiver, alors que nous sommes déjà moins actifs.</p>
<h2>Nous avons tendance à faire moins d’exercice quand il fait froid</h2>
<p>Les saisons <a href="https://doi.org/10.1016/j.jshs.2016.07.007">influencent notre niveau d’activité physique</a>. Lorsque les journées s’allongent et que les températures redeviennent clémentes, comme durant les mois d’été, les gens ont tendance à sortir davantage. Une météo plus chaude suscite également des sentiments positifs, et l’amélioration de l’humeur qui en résulte est aussi plus susceptible d’entraîner un regain d’activité physique.</p>
<p>Au contraire, durant les mois les plus frais de l’année, nous avons tendance à passer plus de temps à l’intérieur, afin de profiter de davantage de confort, et notre niveau d’activité physique tend de ce fait à diminuer. </p>
<p>Cette réduction de nos mouvements, conjuguée à une exposition moindre à la lumière, peut mener à une augmentation des douleurs articulaires, et être également associée à une dégradation de notre sensation de bien-être et de notre humeur. Se met alors en place un cercle vicieux qui peut aggraver les symptômes au fil du temps.</p>
<p>Il est cependant possible, en s’appuyant sur quelques connaissances et avec un peu d’assistance, de <a href="https://doi.org/10.1080/08870446.2022.2126473">rester actif durant ces périodes</a>. Le recours à des professionnels de la santé, médecins ou spécialistes en <a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">activité physique adaptée</a>), qui seront à même de nous aider à nous fixer des objectifs et à mettre en place les programmes nécessaires pour les atteindre, peut être appréciable.</p>
<p>Et certaines petites stratégies du quotidien peuvent aussi être s’avérer efficaces pour ne pas trop se laisser aller en hiver.</p>
<h2>Se motiver pour rester actif</h2>
<p>Lorsque l’on souhaite rester actif durant la période hivernale (et au-delà), il est utile dans un premier temps de faire le point sur les <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">nombreux facteurs interconnectés qui affectent notre santé</a>. Pour résumer, il s’agit principalement :</p>
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<li><p>de facteurs biologiques (notre bagage génétique, les maladies éventuelles qui peuvent nous affecter) ;</p></li>
<li><p>de facteurs psychologiques (notre façon de penser, de ressentir et de réagir) ;</p></li>
<li><p>de facteurs sociaux (quelles sont nos relations sociales, quel soutien nous pouvons en retirer…).</p></li>
</ul>
<p>Il faut aussi avoir conscience que trop se focaliser sur l’objectif final à accomplir n’est peut-être pas la meilleure des choses à faire. En effet, s’il est trop élevé, cela peut s’avérer démotivant. Mieux vaut procéder par étapes, en se fixant des objectifs intermédiaires facilement atteignables.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-mettre-en-avant-ses-benefices-pour-la-sante-ne-suffit-pas-a-promouvoir-une-activite-physique-reguliere-195481">Pourquoi mettre en avant ses bénéfices pour la santé ne suffit pas à promouvoir une activité physique régulière</a>
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<p>Il peut par exemple s’agir de ne plus se garer juste devant la porte du magasin dans lequel on souhaite faire ses courses, mais à une certaine distance, que l’on prendra soin d’augmenter progressivement, afin d’augmenter sa tolérance à l’exercice. Ou de monter quelques marches plutôt que de prendre systématiquement l’ascenseur ou l’escalator. </p>
<p>De même, mieux vaut pratiquer quelques minutes par jour, plutôt que de s’astreindre à une seule longue séance éprouvante une fois par semaine. Il est aussi important d’établir des objectifs qui ont une signification personnelle, et qui pourront faire l’objet d’une petite célébration entre amis ou d’une petite récompense (comme un bon repas) lorsqu’ils auront été accomplis. Pour prendre une image, il s’agit de grimper progressivement chaque barreau de sa propre échelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/nous-sommes-programmes-pour-la-paresse-113770">Nous sommes programmés pour la paresse</a>
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<p>Si vous ne savez pas par où commencer, parlez-en à vos amis, ou prenez contact avec un professionnel de la santé qui pourra vous aider à déterminer des objectifs réalistes et qui correspondent à votre situation. <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">Bénéficier d’un accompagnement adapté</a>, qui tient compte de son niveau de douleur et de sa tolérance à sa survenue, permet de se concentrer sur le but à atteindre. Débarrassé de vos craintes, il vous sera plus facile de garder votre motivation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213792/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charlotte Ganderton est financée par Arthritis Australia, Physiotherapy Research Foundation, Swinburne University of Technology, National Institute of Circus Arts et La Trobe University. Charlotte Ganderton est membre de l'Australian Physiotherapy Association et de Sports Medicine Australia.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Inge Gnatt a reçu un financement du DVCR Writing Award de l'université de Swinburne et est bénéficiaire d'une bourse du programme de formation à la recherche du gouvernement australien.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Matthew King reçoit des fonds de la Physiotherapy Research Foundation, de l'Australian Physiotherapy Association, de l'Université La Trobe et de la Transport Accident Commission.Il est affilié à l'Australian Physiotherapy Association, à Sports Medicine Australia et à l'International Hip-related Pain Research Network.</span></em></p>
Le froid peut parfois aggraver chez certaines personnes le ressenti des douleurs articulaires. Face à une telle situation, il est tentant d’abandonner toute activité physique. Mauvaise idée…
Charlotte Ganderton, Senior Lecturer (Physiotherapy), RMIT University
Inge Gnatt, Lecturer (Psychology), Provisional Psychologist, Swinburne University of Technology
Matthew King, Lecturer, Research Fellow, and Physiotherapist, La Trobe University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/218866
2023-12-03T16:25:54Z
2023-12-03T16:25:54Z
Activité physique : est-elle plus bénéfique le matin ou l'après-midi ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/562425/original/file-20231027-15-t7nmsg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=104%2C0%2C4550%2C3233&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour prévenir des pathologies graves comme les maladies cardiovasculaires, le diabète ou des cancers, l'activité physique reste toujours bénéfique, quel que soit le moment de la journée où on pratique.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/young-man-running-on-bridge-along-330424760">Bernard/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le mode de vie actuel nous a amenés à supprimer les activités physiques que pratiquaient nos grands-parents, comme travailler au champ. Pire encore, nous les avons remplacées par des activités sédentaires, comme regarder la télévision sur le canapé. Cette situation a engendré un problème inquiétant en Espagne : au cours des 30 dernières années, l'incidence de maladies telles que le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/diabete-22284">diabète</a> et le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cholesterol-62341">cholestérol</a> a doublé, selon les données révélées par l’<a href="https://www.sanidad.gob.es/estadEstudios/estadisticas/EncuestaEuropea/EncuestaEuropea2020/EESE2020_inf_evol_princip_result.pdf">Enquête européenne sur la santé 2020</a>).</p>
<p>(<em>Dans cette enquête menée dans l'ensemble des pays de l'Union européenne, la <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-04/DD78%20-%20Synth%C3%A8se.pdf">France hexagonale affichait un taux d'obésité estimé à environ 15 %</a>, le chiffre étant quasiment équivalent chez les hommes et les femmes. Selon l'Institut nationale de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ce chiffre a <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/">grimpé à 17% en 2020, contre 8,5 % en 1997</a>. Et c'est près d'un Français sur deux qui est aujourd'hui concerné par le surpoids ou l'obésité, ndlr</em>).</p>
<p>Cette augmentation alarmante nous oblige à repenser nos modes de vie et à explorer des solutions abordables pour améliorer notre bien-être. L'une de ces solutions, à la portée de tous, est aussi simple qu'efficace : faire de l'exercice physique !</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/surpoids-et-obesite-quels-exercices-physiques-pour-quels-benefices-214020">Surpoids et obésité : quels exercices physiques pour quels bénéfices ?</a>
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<p>Aujourd'hui, l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-23234">activité physique</a> est considérée comme un médicament, car elle est capable d'améliorer la prise en charge d'un large éventail de maladies, notamment le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26606383/">diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer</a>. Cependant, tout le monde n'a pas la même énergie tout au long de la journée. Certains d'entre nous connaissent un pic d'énergie le matin, ce qui les incite à faire de l'exercice dès les premières heures de la journée. D'autres, en revanche, préfèrent profiter de l'après-midi ou de la soirée pour se donner à fond dans leur programme d'exercices physiques.</p>
<p>Une question se pose naturellement : est-il aussi bénéfique de faire de l'exercice le matin que l'après-midi ? Cette question est devenue un sujet de grand intérêt pour la communauté scientifique.</p>
<h2>Pour contrôler la glycémie et améliorer la santé cardiovasculaire, faites de l'exercice l'après-midi</h2>
<p>Ces dernières années, les preuves scientifiques se sont accumulées pour comparer les effets de l'exercice physique le matin ou le soir. <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-023-01879-0">Une méta-analyse récente</a> a évalué l'effet combiné de 9 études portant sur un total de 450 personnes. Les résultats ont révélé que l'exercice physique pratiqué l'après-midi est plus bénéfique pour la santé cardiovasculaire.</p>
<p>Ces conclusions ont été obtenues après qu'une réduction plus importante du <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/trop-cholesterol-triglycerides-dans-sang-dyslipidemie/traitement">taux de triglycérides dans le sang</a> (<em>les triglycérides constituent une famille de lipides, ou graisses, présents dans l'organisme, ndlr</em>) a été observée à la suite d'une activité physique pratiquée le soir. L'activité physique de l'après-midi est également la meilleure option pour <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30489494/">abaisser la tension chez les personnes souffrant d'hypertension artérielle</a>). En outre, chez les personnes atteintes de diabète de type 2, l'exercice physique pratiqué l'après-midi est plus efficace pour contrôler le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30426166/">taux de sucre dans le sang</a>.</p>
<p>Il est important de noter qu'il s'agit là d'un domaine de recherche très récent. Il convient donc de rappeler que faire de l'activité physique est toujours bénéfique, quel que soit le moment de la journée où on pratique. Les personnes qui n'ont pas la possibilité de choisir le moment où elles font de l'exercice peuvent continuer à en faire le matin. Dans ce cas, elles bénéficieront d'un avantage supplémentaire en améliorant leur <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2019/04/190429154529.htm">attention, mémoire et prise de décision</a>).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-sa-sante-mentale-et-son-bien-etre-quelles-activites-sportives-privilegier-214016">Pour sa santé mentale et son bien-être, quelles activités sportives privilégier ?</a>
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<h2>Conseils pour choisir le meilleur moment pour s'entraîner</h2>
<p>Des études suggèrent également que l'exercice en soirée pourrait avoir un effet légèrement plus prononcé sur la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36502286/">perte de poids</a>. En outre, l'activité physique en fin de journée semble <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2019/02/190221083411.htm">diminuer l'appétit</a>.</p>
<p>Cependant, il est essentiel de comprendre que l'exercice seul n'est pas la meilleure stratégie pour <a href="https://theconversation.com/pour-perdre-du-poids-faire-de-lexercice-naide-pas-beaucoup-il-est-plus-efficace-de-manger-moins-124448">perdre du poids</a>. Ainsi, si notre objectif premier est d'être plus léger sur la balance, l'exercice doit être accompagné d'ajustements nutritionnels, quelle que soit l'heure de la journée.</p>
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<p>Lorsqu'on prévoit de faire de l'activité physique le soir, le choix du type d'exercice est important. Les activités très intenses et la musculation doivent être évitées dans les heures qui précèdent le sommeil, car elles peuvent nuire à la qualité et à la durée du sommeil.</p>
<p>Pour garantir un sommeil réparateur, il est recommandé de respecter un délai d'au moins deux heures entre l'exercice physique intense pratiqué le soir et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1087079221001209">l'heure du coucher</a>. Cela contribue à un repos nocturne plus efficace et meilleur pour la santé, en particulier pour les personnes qui ont du mal à s'endormir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218866/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Pour se maintenir en bonne santé, vaut-il mieux faire de l'exercice le matin ou l'après-midi ? Des études scientifiques suggèrent que l'exercice le soir est meilleur pour la santé cardiovasculaire.
Rafael A Casuso, Profesor Investigador en Ciencias de la Salud, Universidad Loyola Andalucía
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tag:theconversation.com,2011:article/217950
2023-11-28T17:10:05Z
2023-11-28T17:10:05Z
Mieux comprendre la charge mentale des aidants
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/560880/original/file-20231121-17-i905ud.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C13%2C2233%2C1482&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La charge mentale des aidants s'impose dans cette photographie du semainier de Mme B.</span> <span class="attribution"><span class="source">Semainier de Mme B. © Illés Sarkantyu, ADAGP Paris, 2022</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Jour après jour, Mme B., particulièrement investie dans la prise en charge de sa belle-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, consigne des informations sur un agenda. Ces informations portent sur un fait marquant qui a eu lieu dans la journée ou dans la semaine, sur son cheminement émotionnel du moment, ou sur des choses à faire dans un avenir proche.</p>
<p>Cette photographie utilise la technique de surimpression pour représenter l’aperçu de dix semaines (de janvier à juin 2021) qui ont été autorisées à être reproduites par Mme B. Cette photographie constitue également un excellent témoignage pour montrer l’accumulation d’éléments constituant la charge mentale mobilisée chaque jour dans le travail de l’<a href="https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/solutions-pour-les-aidants/trouver-du-soutien/aidant-familial-proche-aidant-quelles-definitions-et-quelles-aides">aidante</a>.</p>
<blockquote>
<p>« La charge mentale est “le fait de devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement”. » (<a href="https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1984_num_26_3_2072">Monique Haicault, 1984</a>)</p>
</blockquote>
<p>Madame B fait partie des 9,3 millions d’<a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/etudes-et-resultats/93-millions-de-personnes-declarent-apporter-une-aide-reguliere-un">aidants</a> en France qui prennent en charge un ascendant (direct ou indirect), qui taisent leur besoin d’aide et dont la santé se dégrade jour après jour.</p>
<h2>Une recherche en sciences sociales sur les aidants : une vulnérabilité qui ne doit pas se dire ou se montrer</h2>
<p>L’implication de cette aidante dans son travail quotidien a été importante alors qu’elle a eu des tensions par le passé avec sa belle-mère qui lui signifiait sans cesse sa supériorité intellectuelle. Ce document montre combien l’humanité de l’aidante transcende les tensions qui apparaissent dans les relations intrafamiliales.</p>
<p>Aujourd’hui, la malade se trouve dans un établissement médicalisé, Mme B. n’est plus chargée de l’aider comme avant, mais elle n’est pas moins complètement libérée de la charge mentale. Lors de l’<a href="https://www-aidant-alzheimer.univ-ubs.fr/fr/index.html">entretien</a> mené le jour où la photo a été prise, Madame B. nous confie non sans émotion :</p>
<blockquote>
<p>« Où est la limite de l’acceptable ?</p>
<p>La dégradation de la santé d’une malade n’est pas acceptable.</p>
<p>Elle nous a dit en nous tenant le poignet, de mon mari et le mien : ce n’est pas possible qu’il n’y ait pas un moyen de me faire mourir ?</p>
<p>Mais depuis un moment nous ne comprenons plus rien de ce qu’elle nous dit.</p>
<p>Maintenant, on ne sait pas ce qui se passe dans sa tête ; je suis toujours à me dire mais comment on peut la laisser vivre comme ça, elle n’aurait jamais accepté.</p>
<p>Le personnel de santé nous a demandé de ne plus venir aussi régulièrement.</p>
<p>Je ne veux pas vivre ça, ni faire vivre ça. »</p>
</blockquote>
<p>Le caractère personnel, voire intime, de ce document et de ces témoignages rend habituellement difficile son accès aux chercheurs. Seuls les projets de recherche qui s’inscrivent sur le moyen et long terme favorisent un lien, entre chercheur et aidant, qui peut aller au-delà de ce que le projet de recherche prévoyait initialement : invitation personnelle à des événements familiaux marquants, remerciements sincères par de longs mails, messages vocaux emplis d’émotion… et mise à disposition des documents à caractère intime et sensible renvoyant à une forme de vulnérabilité qui ne doit pas se dire ou se montrer. Ce type de documents constitue ainsi du matériau riche, singulier et inédit pour la recherche en sciences humaines.</p>
<p>Par ailleurs, ces documents difficiles à obtenir rendent plus intéressante une confrontation menée entre sciences humaines et art – ici entre des chercheurs et le photographe professionnel <a href="https://sarkantyu.com/">Illés Sarkantyu</a>.</p>
<p>Ce moment capturé apporte le regard subjectif du photographe, qu’il livre au grand public. Cette photographie nous montre combien il est important de décentrer son regard, pour réfléchir ensemble sur la question de la prise en charge et, <em>in fine</em>, pour faire évoluer les politiques publiques dans le domaine de la dépendance et du grand âge.</p>
<p>Cela fait 40 ans que la notion de <em>charge mentale</em> a été introduite par Monique Haicault dans un article de sociologie <a href="https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1984_num_26_3_2072">« La gestion ordinaire de la vie en deux »</a>. Cette notion s’est installée dans l’espace public plus récemment, par exemple en 2021 avec l’<a href="https://www.editions-larousse.fr/livre/la-charge-mentale-des-femmes-9782035947864">ouvrage</a> d’Aurélia Schneider, psychiatre, spécialisée en psychiatries comportementales et cognitives, mais surtout avec la bande dessinée de l’autrice Emma <a href="https://massot.com/collections/un-autre-regard-2/">« Fallait demander »</a> diffusée au départ sur Internet.</p>
<p>Cependant, on constate que la charge mentale n’est pas encore scientifiquement mesurée et quantifiée dans le domaine de l’aide à la prise en charge du malade d’Alzheimer. Elle n’est pas non plus étudiée en la croisant avec d’autres variables : épuisement, stress, accès ou non aux dispositifs d’aides proposés par la puissance publique, entre autres.</p>
<p>Tant que la recherche en sciences humaines et sociales sur la charge mentale n’aura pas produit des savoirs disciplinaires croisés sur ce que cette charge induit chez l’aidant, la prise en charge sur mesure et les dispositifs adéquats se feront malheureusement attendre – formules de répit différentes selon que le proche aidé se trouve au début du diagnostic de la maladie ou quand la maladie est bien installée, <a href="https://aidants.morbihan.fr/">centralisation de l’information sur la disponibilité des places en Ehpad sur un territoire donné</a>, reconnaissance graduée des besoins de l’aidant par l’employeur, dispositifs d’écoute…</p>
<hr>
<p><em>Dans le cadre de ce projet de recherche, nous avons sollicité Illés Sarkantyu, photographe et cinéaste, enthousiaste pour travailler avec nous, selon une « commande » très ouverte qui consistait à nous accompagner chez les aidants pour les photographier et capturer ce qui, dans leur environnement, attirait le regard de l’artiste.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217950/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Pugniere-Saavedra a reçu des financements de l'Iresp (Inserm) dans le cadre de l'appel à projet AAP2019 HPA10_01.
Cette recherche a bénéficié de l'aide de la Caisse Nationale des Solidarités pour l'Autonomie (CNSA) dans le cadre de l'appel à projets blanc 2019 "Handicap et perte d'autonomie"-session 10 lancée par l'Iresp. </span></em></p>
La vulnérabilité des aidants ne se dit pas, ne se montre pas. Sciences sociales et photographie s’allient pour mettre en lumière leurs charges mentales.
Frédéric Pugniere-Saavedra, Maître de conférences en sciences du langage, Université Bretagne Sud
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tag:theconversation.com,2011:article/217725
2023-11-22T17:20:27Z
2023-11-22T17:20:27Z
Prises de sang : quand faut-il être à jeun ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/559330/original/file-20231105-23-qw6vud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=116%2C48%2C2380%2C1605&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des données scientifiques incitent les professionnels de la santé à la prudence et à continuer à recommander de faire les prises de sang à jeun pour de nombreux examens.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/hand-doctor-holding-bottle-blood-sample-319451999">Csaba Deli/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Une personne sort d’un cabinet médical munie d’une ordonnance pour une <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/examen/analyse/lire-resultats-prise-sang">prise de sang</a>, elle se rend au laboratoire, obtient un rendez-vous pour 8 heures du matin pour lequel elle doit être à jeun. Le jour du rendez-vous, elle se présente avec l’estomac vide et en étant très faible (comme il ne fallait rien prendre, elle n’a même pas pris un café). Et elle se retrouve dans une file d’attente de plusieurs kilomètres dans laquelle chacun tient son ordonnance respective à la main. Au bout d’une demi-heure d’attente, on ne connaît même pas le nom des autres personnes dans la queue : on veut juste sortir de là pour aller prendre son petit-déjeuner.</p>
<p>Mais tout cela est-il vraiment nécessaire ? À une époque, faire les prises de sang à jeun était la norme. On mesurait la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/glycemie-70583">glycémie</a>, on effectuait un <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/trop-cholesterol-triglycerides-dans-sang-dyslipidemie/definition-causes-consequences">bilan lipidique</a> et une <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/num%C3%A9ration_formule_sanguine/14853">numération formule sanguine</a>, et c’était à peu près tout. Évidemment, si vous mangiez un morceau de génoise juste avant la piqûre, votre glycémie montait en flèche.</p>
<p>Mais récemment, les examens sanguins se sont diversifiés. Aujourd’hui, les informations que l’on peut extraire d’un échantillon de sang ne dépendent pas toujours de ce que l’on a mangé au cours des heures qui ont précédé.</p>
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<h2>Peut-on mesurer la glycémie et le cholestérol sans être à jeun ?</h2>
<p>Le fait que l’on puisse désormais procéder à différents types d’examens sanguins est une bonne nouvelle. Cela signifie que les médecins sont capables d’extraire davantage d’informations à partir d’un échantillon de sang, ce qui permet d’éviter parfois des examens plus invasifs (comme les biopsies) ou plus lourds et plus coûteux (comme les endoscopies ou les IRM). L’inconvénient est que cela crée une confusion sur la nécessité, ou non, de rester à jeun.</p>
<p><iframe id="EtCTD" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/EtCTD/6/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Quand on passe en revue, un à un, les différents types d’examens sanguins, on constate que la plupart d’entre eux nécessitent encore d’être à jeun, même si, avec l’avancée des techniques de diagnostic, on découvre progressivement de nouveaux marqueurs sanguins qui ne sont pas altérés par l’ingestion d’aliments.</p>
<p>L’<a href="https://www.federationdesdiabetiques.org/information/glycemie/hba1c">hémoglobine glyquée</a> (HbA1c) est l’un d’entre eux. Elle est un indicateur de la glycémie au cours des trois derniers mois. En 2011, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) <a href="https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/70523/WHO_NMH_CHP_CPM_11.1_eng.pdf">a conclu</a> que l’HbA1c pouvait être utilisée pour diagnostiquer le diabète de type II. Mais comment fonctionne-t-elle ? Il s’avère que le glucose qui circule dans le sang se lie à l’<a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/bon-sang-mais-cest-bien-sur-cest-quoi-lhemoglobine/">hémoglobine</a> des globules rouges, ce qui génère l’HbA1c ou hémoglobine glyquée.</p>
<p>Comme la <a href="https://dictionnaire.acadpharm.org/w/Demi-vie">demi-vie</a> des globules rouges est de 2 à 3 mois [<em>cela veut dire qu’au bout de 2 à 3 mois, la moitié des globules rouges disparaissent pour être remplacés par d’autres globules rouges</em>, ndlr], des niveaux élevés d’hémoglobine glyquée indiquent que la personne a connu des niveaux élevés de glucose dans le sang pendant une période prolongée. Ce qui se révèle beaucoup plus significatif qu’une mesure de glycémie ponctuelle.</p>
<p>[<em>En France, pour les personnes atteintes de diabète de type 2, la <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-03/focus_diabete_bat_ok.pdf">Haute autorité de santé</a> recommande de réaliser le dosage de l’hémoglobine glyquée quatre fois par an</em>, ndlr].</p>
<p>Concernant le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cholesterol-62341">cholestérol</a>, une <a href="https://www.cmaj.ca/content/190/45/E1317">nouvelle méthode</a> a été trouvée pour calculer la quantité de <a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/docteur-hdl-et-mister-ldl-cest-quoi-le-bon-cholesterol/">LDL</a> (« mauvais cholestérol ») qui ne dépend pas tellement de ce que vous avez mangé dans les heures précédentes.</p>
<p>Dans d’autres situations, les informations fournies par des hôpitaux et des universités réputés sont contradictoires. Pour les analyses de sang qui concernent les fonctions rénales, hépatiques et thyroïdiennes, certaines sources <a href="https://health.clevelandclinic.org/fasting-before-blood-test/">préconisent d’être à jeun</a> alors que d’autres, tout aussi sérieuses, affirment que cela <a href="https://www.health.harvard.edu/staying-healthy/ask-the-doctor-what-blood-tests-require-fasting">n’est pas nécessaire</a>.</p>
<h2>De nombreux prestataires de soins médicaux favorables à la suppression du jeûne</h2>
<p>Aux États-Unis, le ministère des anciens combattants [<em>U.S.Department of Veterans Affairs</em>, ndlr] réglemente, entre autres, les services médicaux pour tous les vétérans de guerre. Il a récemment décidé de <a href="https://www.va.gov/louisville-health-care/stories/va-no-longer-requires-fasting-for-most-blood-tests/">supprimer le jeûne</a> pour la plupart des analyses de sang.</p>
<p>Les progrès des techniques de diagnostic et les risques d’hypoglycémie chez des personnes diabétiques qui resteraient à jeun avant des analyses de sang sont les raisons mises en avant pour expliquer cette décision. Est également invoquée la saturation des unités en charge des prélèvements sanguins en matinée. Rester à jeun ne sera donc désormais requis que pour certains examens.</p>
<p>D’autres prestataires de soins médicaux suivent également cette tendance. Le groupe australien de laboratoires d’analyses médicales Clinical Labs <a href="https://www.clinicallabs.com.au/about-us/doctor-media-releases/fasting-blood-tests-for-lipids-not-anymore/">préconise</a> ainsi la suppression du jeûne avant tous les bilans lipidiques.</p>
<h2>Mais quel est l’avis des médecins ?</h2>
<p>Nous avons vu que les intérêts des patients et ceux des prestataires de soins médicaux sont alignés en faveur de l’élimination du jeûne avant les examens de sang. Mais au final, qui demande ces analyses et qui doit les interpréter et les traduire en une action concrète - comme décider d’un traitement ou d’une intervention ? - C’est le médecin. Il est donc essentiel de connaître son avis sur ces nouvelles tendances.</p>
<p>Malheureusement, il existe des données scientifiques qui incitent les professionnels de la santé à la prudence et à continuer à recommander d’être à jeun dans de nombreux cas. Ces données consistent, tout d’abord, dans le fait que de nombreux marqueurs extraits des analyses de sang subissent des <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/cclm-2014-1013/html">variations importantes</a> dans les 4 heures qui suivent l’ingestion d’un petit déjeuner léger.</p>
<p>Ce phénomène est connu sous le nom de « biais de laboratoire » et concerne particulièrement les mesures telles que la numération des cellules sanguines totales, l’albumine, la bilirubine, le phosphate, le calcium, le magnésium, le potassium, etc.</p>
<p>Il est logique que l’alimentation ait une grande influence sur les analyses de sang. En effet, la consommation d’aliments et de boissons autres que l’eau entraîne la libération par notre corps d’hormones et de métabolites qui modifient certaines substances présentes dans notre sang, et en changent la composition.</p>
<h2>Est-il préférable d’effectuer les prises de sang le matin ?</h2>
<p>Un autre sujet de préoccupation concerne les variations des paramètres à mesurer au cours de la journée, même si l’heure à laquelle on peut effectuer une prise de sang n’est pas réglementée. Une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.3109/00365513.2012.662281">étude</a> minutieuse a été menée auprès de 24 hommes en bonne santé qui ont effectué des prises de sang toutes les 3 heures pendant un cycle complet de 24 heures. Des fluctuations significatives ont été observées concernant plusieurs paramètres habituellement recherchés lors d’une prise de sang.</p>
<p>Ainsi, il a été observé que le potassium, le sodium, la créatine kinase, la bilirubine, la lactate déshydrogénase, l’acide urique et d’autres paramètres oscillent de manière significative au cours d’un intervalle de 24 heures. Seuls quelques paramètres, comme le magnésium ou la créatinine, ne varient pas de manière significative.</p>
<p>Compte tenu de ce qui précède, le fait de ne pas savoir depuis combien de temps une personne a mangé, ou même de ne pas toujours effectuer la prise de sang au même moment de la journée, peut conduire à des erreurs de diagnostic et de prescriptions de médicaments.</p>
<p>C’est pourquoi, pour l’instant, il y a de bonnes raisons de continuer à rester à jeun avant une prise de sang — en prenant soin de <a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/operations-tests-and-procedures/can-i-eat-and-drink-before-having-a-blood-test/">bien s’hydrater</a> — pour la plupart des examens, et de les effectuer toujours à la même heure.</p>
<p>Qui sait, dans un avenir pas si lointain, nous pourrons peut-être nous passer du jeûne avant les prises de sang et même, espérons-le, éviter de nous déplacer pour les tests de diagnostic les plus courants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217725/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matilde Cañelles López est financée par le ministère des sciences et de l'innovation espagnol dans le cadre du projet INconRES (PID2020-117219GB-I00).</span></em></p>
Les informations extraites d’un échantillon de sang ne dépendent pas toujours de ce que nous avons mangé au cours des heures précédentes. Quand faut-il être à jeun avant de faire une prise de sang ?
Matilde Cañelles López, Investigadora Científica. Ciencia, Tecnología y Sociedad, Instituto de Filosofía (IFS-CSIC)
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tag:theconversation.com,2011:article/214028
2023-11-20T17:15:39Z
2023-11-20T17:15:39Z
Peut-on soigner l’anorexie par l’activité physique adaptée ?
<p>L’anorexie mentale, parfois appelée anorexie par le grand public, est un trouble du comportement alimentaire qui apparaît le plus souvent à l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/adolescence-32383">adolescence</a>, avec une prévalence de <a href="https://journals.lww.com/co-psychiatry/abstract/2016/11000/epidemiology_of_eating_disorders_in_europe_.5.aspx">1 à 4 % chez les femmes</a> et de <a href="https://journals.lww.com/co-psychiatry/fulltext/2021/11000/incidence,_prevalence_and_mortality_of_anorexia.2.aspx">0,3 % chez les hommes</a>. Les principaux symptômes sont une privation alimentaire stricte et volontaire sur une longue période, conduisant à une perte de poids extrême et potentiellement dangereuse pour la santé, ainsi qu’une <a href="https://www.cairn.info/lanorexie-mentale--9782100721849-page-153.htm">perception déformée de son corps</a>, amenant souvent les personnes touchées à se voir en surpoids.</p>
<h2>Un risque de complications et de suicides</h2>
<p>L’anorexie mentale est considérée comme une <a href="https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-020-2433-8">maladie psychiatrique particulièrement mortelle</a>. Selon les sources, <a href="https://journals.lww.com/co-psychiatry/fulltext/2021/11000/incidence,_prevalence_and_mortality_of_anorexia.2.aspx">5 à 9 %</a> des personnes malades décèdent, du fait principalement des complications somatiques ou suite à un suicide.</p>
<p>En effet, outre ses principaux symptômes, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29437020/">série de troubles psychologiques</a> vient alourdir le tableau clinique. En premier lieu, on trouve la dépression, qui entraîne l’émergence de pensées négatives, le retrait social et la perte d’intérêt pour les activités autrefois appréciées.</p>
<p>De plus, des troubles anxieux peuvent se développer, générant des inquiétudes excessives concernant la nourriture, le poids et l’image corporelle. Les troubles de l’humeur et les fluctuations émotionnelles sont également fréquents, et peuvent altérer davantage les interactions sociales et la perception de soi. Enfin, les problèmes de sommeil sont souvent présents, et se manifestent principalement par des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1389945718301606">nuits agitées ou des insomnies</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-croissance-du-cerveau-pourrait-expliquer-pourquoi-de-nombreux-troubles-mentaux-emergent-a-ladolescence-157554">La croissance du cerveau pourrait expliquer pourquoi de nombreux troubles mentaux émergent à l’adolescence</a>
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<p>L’anorexie mentale a également des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0985056208000034">conséquences importantes</a> sur le plan physique et physiologique. Celles-ci sont très souvent liées à la perte de poids et à la dénutrition, et peuvent se caractériser par une diminution de la masse et de la capacité musculaire, une fragilisation des os, des troubles cardiaques, des carences multiples, une perte des cheveux, des problèmes rénaux et intestinaux, etc.</p>
<p>Quand ils deviennent chroniques, tous ces troubles entraînent un appauvrissement de la vie relationnelle et affective, avec à un retentissement sur la vie scolaire ou professionnelle. De plus en plus considérée comme une pathologie grave de l’adolescence, l’anorexie mentale constitue un enjeu de santé publique majeur en France, qui nécessite de nouvelles stratégies thérapeutiques plus efficaces.</p>
<h2>L’activité physique adaptée pour aider à guérir</h2>
<p>Ainsi, afin de traiter les principaux symptômes de la maladie et de prévenir ou réduire au mieux les différents troubles associés, il est nécessaire de proposer une <a href="https://www.cairn.info/lanorexie-mentale--9782100721849-page-153.htm">prise en charge précoce et pluridisciplinaire</a>. Si la pratique d’activité physique a longtemps été proscrite, en particulier dans les cas de dénutrition avancée ou chez des patientes présentant une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0143352">hyperactivité physique</a> voire une dépendance à l’activité physique, elle peut aussi contribuer à la guérison de l’anorexie, à partir du moment où elle est adaptée aux caractéristiques des patientes.</p>
<p>On parle alors d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-adaptee-apa-146288">activité physique adaptée</a> (APA), qui peut être définie comme un moyen permettant la mise en mouvement de personnes qui, en raison de leur état physique, mental ou social, ne peuvent pratiquer une activité physique dans des conditions habituelles. La <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-08/synthese_prescription_apa_vf.pdf">pratique d’une activité physique adaptée</a> nécessite, au préalable, de consulter un médecin.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<p>Dans le cas de l’anorexie mentale, l’APA peut constituer une réponse adaptée aux besoins spécifiques des patientes, à la fois physiques et émotionnels, et jouer un rôle crucial dans le processus de guérison. Cette thérapie non médicamenteuse doit se dérouler dans un cadre sécurisé, et être supervisée par un professionnel formé en APA. Cela évite ainsi les pièges du surentraînement tout en ciblant les objectifs thérapeutiques.</p>
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<h2>Des études montrent une diminution des symptômes</h2>
<p>Différents travaux de recherche clinique ont démontré le rôle majeur de l’activité physique adaptée dans le traitement de l’anorexie. Il a notamment été montré qu’une pratique régulière d’APA sur une durée de 8 à 16 semaines pouvait induire une diminution des symptômes principaux de l’anorexie, ainsi qu’une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2022.939856">amélioration de la santé physique et mentale</a>. De plus, les résultats ont permis d’observer que selon la nature des activités physiques pratiquées, des améliorations s’observent plus particulièrement sur les dimensions ciblées par les exercices effectués.</p>
<p>Ainsi, les programmes intégrant exclusivement des exercices en endurance permettent d’améliorer principalement la capacité cardiorespiratoire des patientes, même s’ils sont susceptibles d’entraîner une dépendance à l’activité physique. Les programmes centrés sur le renforcement musculaire contribuent davantage à une amélioration de la force et de la masse musculaire.</p>
<p>Les pratiques de bien-être telles que le yoga, le tai-chi ou le Pilates, ont un impact plus important sur la réduction des symptômes de la maladie, des préoccupations corporelles et des troubles anxiodépressifs, et permettent de restaurer un rapport plus sain à l’activité physique (c’est-à-dire une baisse de la dépendance à l’exercice physique). Enfin, il a été montré que les programmes d’APA combinant des exercices mixtes, semblent être les plus favorables à une reprise du poids.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-lhumain-est-il-si-vulnerable-au-risque-de-depression-126065">Pourquoi l’humain est-il si vulnérable au risque de dépression ?</a>
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<h2>Aucune recommandation officielle</h2>
<p>Malgré tous ces bienfaits dans le traitement de l’anorexie mentale, dans les pratiques cliniques de terrain, l’activité physique adaptée n’est pas prescrite de manière systématique, et aucune recommandation nationale ou internationale n’existe à ce jour. Néanmoins, l’APA devient de plus en plus reconnue et pratiquée dans les <a href="https://academic.oup.com/nutritionreviews/article/74/5/301/1752217">centres de soins</a>. Malgré son retard par rapport à d’autres pays comme les États-Unis, le Canada ou l’Australie, la France compte aujourd’hui quelques centres hospitaliers qui intègrent l’APA dans leur protocole de soin courant, tels que le CHU Paul-Brousse à Villejuif, le CHU de Nantes et l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille.</p>
<p>Ce manque de recommandation et d’intégration de l’APA au projet thérapeutique du patient est principalement lié au caractère novateur de la recherche dans ce domaine. En effet, même si quelques études ont été publiées au début des années 2000, ce n’est que depuis les 15 dernières années que des protocoles expérimentaux sont menés de façon plus fréquente.</p>
<h2>Un protocole innovant lancé au CHU de Caen</h2>
<p>Ainsi, aujourd’hui, on commence à considérer le réel potentiel de l’activité physique adaptée dans le traitement de l’anorexie mentale. De façon récente, des protocoles innovants laissent entrevoir des résultats prometteurs. C’est notamment le cas de l’étude « APAREXIM’Pilot » réalisée auprès de jeunes patientes atteintes d’anorexie mentale, suivies au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU de Caen en Normandie, que nous menons en tant qu’enseignants-chercheurs au laboratoire <a href="http://comete.unicaen.fr/">COMETE</a> (UMR-S 1075 Inserm/UNICAEN – Mobilités : Vieillissement, Pathologies, Santé) de l’Université de Caen Normandie. Cette étude pilote, intitulée « APAREXIM’Pilot », est soutenue par le Pr. Fabian Guénolé, chef de ce service ainsi que les Dr. Delphine Nimal et Marine Hamon-Marie, exerçant au sein de ce service.</p>
<p>Cette étroite collaboration entre chercheurs et cliniciens a permis la mise en place de ce protocole novateur auprès de 30 patientes mineures, visant à évaluer les effets à court et moyen terme d’un programme d’APA supervisé en visioconférence sur les symptômes principaux de l’anorexie mentale, ainsi que sur la santé mentale, la santé physique et le sommeil.</p>
<h2>Un programme supervisé par visioconférence</h2>
<p>L’intérêt de la visioconférence est de promouvoir une meilleure accessibilité aux soins et une continuité thérapeutique plus efficace pour le plus grand nombre de patientes, quelles que soient leur localisation géographique et leurs conditions socio-économiques, et ainsi réduire les inégalités sociales de santé. Le programme est dispensé sur une durée de 8 semaines, à raison de 2 séances hebdomadaires d’une heure, composées d’exercices de renforcement musculaire et de yoga, d’intensité légère à modérée.</p>
<p>Les résultats préliminaires concernant les 15 premières participantes de cette étude sont positifs. Les bénéfices principaux obtenus par les patientes à l’issue du programme d’APA sont une amélioration de la force et de l’endurance musculaire ainsi qu’une amélioration de l’efficacité du sommeil, qui se traduit par un sommeil plus stable, plus réparateur et moins fragmenté par les réveils nocturnes.</p>
<p>Ces résultats préliminaires seront prochainement présentés lors de congrès nationaux et internationaux et feront l’objet de publications scientifiques, afin de mettre en avant la faisabilité et l’efficacité d’un programme d’APA en distanciel dans le traitement de l’anorexie mentale. De plus, cette étude pilote devrait permettre d’établir des recommandations de bonnes pratiques permettant d’innover et de diversifier l’offre de soin dédiée à l’anorexie mentale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214028/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Toutain a reçu le prix Puyoo de l'entreprise Aresato. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Gauthier a reçu le prix Puyoo de l'entreprise Aresato</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pascale Leconte a reçu le prix Puyoo de l'entreprise Aresato</span></em></p>
Dans les situations d’anorexie, la pratique sportive a longtemps été proscrite. Mais des travaux de recherche clinique récents suggèrent qu’une activité physique adaptée peut aider à la guérison.
Marc Toutain, Docteur en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives - Laboratoire COMETE UMR-S 1075 INSERM/Unicaen, Université de Caen Normandie
Antoine Gauthier, Professeur des Universités, UMR UNICAEN/INSERM U1075 - COMETE "Mobiltés : Vieillissement, Pathologie, Santé", Université de Caen Normandie
Pascale Leconte, Maître de Conférence, Université de Caen Normandie
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/218102
2023-11-19T16:34:58Z
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Maltraitance infantile : comment la violence actuelle induit la violence future
<p>Selon Organisation mondiale de la Santé, au cours de l’année écoulée, on peut estimer que jusqu’à 1 milliard d’enfants âgés de 2 à 17 ans ont été <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/violence-against-children">victimes de maltraitance infantile</a>.</p>
<p>Derrière cette expression se cachent la maltraitance physique (coups et blessures infligées à des enfants), la maltraitance émotionnelle (atteintes à l’estime de soi), les abus sexuels et la négligence. À cela, il faut ajouter les enfants qui sont exposés à des traumas infantiles, liés à des situations de violence, comme un terrain de guerre. Ces diverses formes de maltraitance et de traumas infantiles sont malheureusement fréquentes : par exemple on estime qu’au niveau mondial <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1077559511403920">la prévalence est de l’ordre de 12.7 % rien que pour les abus sexuels</a>.</p>
<p>Or, les conséquences de ces maltraitances se font sentir durant des années, voire des décennies, et même se perpétuer au-delà de l’existence des victimes.</p>
<h2>La maltraitance infantile a des conséquences durables</h2>
<p>Les conséquences de la maltraitance infantile sont dévastatrices puisqu’elles induisent des altérations du fonctionnement émotionnel, cognitif et social des sujets, altérations qui persistent une fois que les victimes sont devenues adultes.</p>
<p>Les conséquences peuvent être non seulement des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37525603/">pathologies psychiatriques</a> telles que l’anxiété généralisée, la dépression, les états de stress post-traumatique, les addictions, mais aussi des pathologies métaboliques comme l’obésité. Ainsi, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27908895/">46 % des adultes souffrant de dépression reportent avoir été victimes de maltraitances dans leur enfance</a>, ce qui est un taux très élevé. Par ailleurs, certaines victimes de maltraitance reproduisent ce qu’ils ont subi enfant, et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=zPOZ0BZfqOk">deviennent à leur tour des prédateurs</a>.</p>
<p>De façon intéressante, ces altérations du fonctionnement psychologique ont été identifiées non seulement dans les cas où la maltraitance s’est traduite par des violences physiques (coups, viols), mais aussi dans les cas où les actes de maltraitance n’ont pas été associés à des atteintes physiques, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8339467/">comme c’est le cas avec les maltraitances émotionnelles ou la négligence</a>. Ces effets sont persistants sur le long terme <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31519507/">puisqu’elles peuvent se transmettre sur plusieurs générations</a>, en particulier au travers d’un déficit de l’attachement.</p>
<p>Dès lors, on peut se demander si les séquelles des diverses formes de maltraitance induisent des conséquences biologiques, en plus des conséquences psychologiques.</p>
<h2>La maltraitance infantile induit des conséquences biologiques</h2>
<p>Les faits concernant de potentiels effets biologiques des maltraitances infantiles sont bien documentés. On sait notamment que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1783123/">la maltraitance et les traumas infantiles induisent une augmentation de marqueurs de l’inflammation</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26938439/">et des hormones du stress</a>. Ils sont aussi associés à des <a href="https://theconversation.com/les-maltraitances-de-lenfance-laissent-des-cicatrices-dans-ladn-157900">altérations de l’expression des gènes</a> qui persistent jusqu’à l’âge adulte.</p>
<p>En outre, des altérations cérébrales morphologiques et fonctionnelles cérébrales <a href="https://www.youtube.com/watch?v=80Bt6aICUXo&t=2s">ont également été constatées</a>, comme une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6939135/">diminution du volume du cortex préfrontal</a> (une zone importante pour la régulation des émotions, la planification de l’action, la flexibilité cognitive) et de l’hippocampe (une zone importante pour la mémoire) ou une augmentation de l’activité de l’amygdale (une zone impliquée dans l’anxiété et le stress). Par ailleurs, une altération de la connexion entre le cortex préfrontal et l’amygdale a également été observée, ce qui explique probablement les difficultés de régulation émotionnelle.</p>
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<p>Les conséquences des maltraitances se traduisent également par des modifications sur le plan cellulaire, comme des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29158585/">altérations au niveau des oligodendrocytes</a> (les cellules qui forment la gaine entourant les faisceaux de fibres cérébrales) dans une sous-partie du cortex préfrontal, ce qui atteste à la fois du fait que la maltraitance induit des modifications morphologiques durables, et de leur impact fonctionnel.</p>
<p>Il est important de souligner que ces changements biologiques ne sont pas transitoires et limités à la période de l’enfance, mais qu’ils altèrent le développement du sujet et persistent jusqu’à l’âge adulte, voire bien au-delà, influant également sur les descendants des victimes.</p>
<h2>Des conséquences biologiques durables</h2>
<p>Il a été démontré que certaines des altérations biologiques résultant de maltraitances infantiles peuvent se transmettre aux générations suivantes, c’est-à-dire aux enfants, voire aux petits-enfants des personnes exposées à la maltraitance et à la violence. </p>
<p>C’est le cas par exemple des effets sur les hormones du stress, dont le niveau élevé est retrouvé <a href="https://research.rug.nl/en/publications/intergenerational-impact-of-childhood-trauma-on-hair-cortisol-con">chez les descendants de mères qui avaient subi un trauma pendant leur enfance</a> ; il en est de même <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-developmental-origins-of-health-and-disease/article/abs/maternal-childhood-maltreatment-associations-to-offspring-brain-volume-and-white-matter-connectivity/ECFC9E30F964F5F089B3422F2C03F4FF">pour certaines altérations cérébrales</a>. Par ailleurs, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=sHNXpDvKR70&t=32s">l’altération de l’expression des gènes peut quant à elle se transmettre sur plusieurs générations</a>. </p>
<p>Cela donne le vertige quand on pense à certains contextes familiaux, mais aussi aux situations de guerre, puisque le cercle vicieux de la violence peut ainsi se perpétuer de génération en génération, mettant en péril la cohésion sociale entre les personnes - et les peuples ? - dans un cycle sans fin.</p>
<h2>La situation est-elle sans espoir ?</h2>
<p>Fort heureusement, n’est pas totalement désespérée. Des mesures efficaces existent, qui permettent de stimuler la résilience, <a href="https://www.researchgate.net/publication/363186210_A_systematic_review_of_community-level_protective_factors_in_children_exposed_to_maltreatment">comme le support social à l’école ou lors des activités extrascolaires</a>. Certaines psychothérapies, comme les <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-therapies-comportementales-cognitives-et-emotionnelles-129883">thérapies cognitivo-comportementales</a>, ou la participation à des programmes inclusifs et à des <a href="https://www.researchgate.net/publication/342452242_Psychosocial_Interventions_for_Third-Generation_Palestinian_Refugee_Children_Current_Challenges_and_Hope_for_the_Future">interventions psychosociales impliquant des communautés entières</a>, ont aussi fait leurs preuves. </p>
<p>Il faut donc être vigilant à les rendre disponibles dans les communautés les plus à risque, en particulier dans des pays ayant été confrontés à des situations de violences armées. Ce pourrait être l’un des leviers pour arriver à une paix durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Belzung coordonne la chaire Unesco « Maltraitance infantile » (<a href="https://unescochair-children-maltreatment.univ-tours.fr/version-francaise/accueil">https://unescochair-children-maltreatment.univ-tours.fr/version-francaise/accueil</a>).</span></em></p>
Les conséquences des traumas subits dans l’enfance peuvent persister durant toute l’existence, voire se transmettre à la descendance. Heureusement, il est possible de stimuler la résilience des victimes.
Catherine Belzung, Professor, Université de Tours
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/214013
2023-11-19T16:34:54Z
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Contre les douleurs dans le BTP, est-ce efficace de faire des exercices physiques au travail ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/553642/original/file-20231013-19-oq39a6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Renforcement musculaire, étirements, échauffements... la pratique d'exercices physiques au travail se développe, en particulier sur les chantiers du BTP, pour prévenir les troubles musculosquelettiques. Mais leur efficacité n'est pas démontrée.</span> <span class="attribution"><span class="source">OPPBTP</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Des douleurs au niveau de l’épaule, du coude, des articulations des membres inférieurs ou encore du dos… Les troubles musculosquelettiques ou <a href="https://www.ameli.fr/paris/entreprise/sante-travail/risques/troubles-musculosquelettiques-tms/tms-definition-impact">TMS</a> regroupent de nombreuses pathologies des tissus mous de l’appareil locomoteur. Liés aux activités professionnelles, leur nombre demeure élevé et notamment dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP). Ainsi, les TMS se situent à la première place des maladies professionnelles reconnues en France et représentent 87 % d’entre elles.</p>
<p>Ces maladies ont des conséquences sur le salarié et sa qualité de vie, mais aussi au-delà : absentéisme, pertes de compétences, sursollicitation des autres collaborateurs dont l’encadrement, pertes de performances, coûts pour l’entreprise et la collectivité, etc. La prévention des <a href="https://theconversation.com/tendinites-douleurs-a-lepaule-chez-les-femmes-et-si-cetait-le-travail-77210">TMS</a> représente donc un fort enjeu social et économique, au-delà de la santé au travail, que l’intensification du travail, le vieillissement de la population et les difficultés de recrutement ne font aujourd’hui que renforcer.</p>
<h2>Échauffements et renforcement musculaire sur les chantiers</h2>
<p>Face à ce fléau durable, les entreprises mettent en œuvre de nombreuses actions, qu’elles soient techniques, organisationnelles ou humaines (en passant par la formation par exemple). Elles expérimentent également des solutions « innovantes ». Parmi celles-ci, figure la mise en place d’exercices physiques sur le lieu de travail.</p>
<p>Les exercices sont destinés à favoriser la capacité des travailleurs à effectuer la tâche demandée puis à récupérer après l’avoir réalisée. Toutefois, <a href="https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=TC%20161">cette pratique pose de nombreuses questions</a> auprès des acteurs de la prévention et rien n’en montre aujourd’hui l’efficacité pour prévenir les TMS.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/douleurs-chroniques-un-mal-aussi-silencieux-que-ravageur-en-entreprise-127661">Douleurs chroniques, un mal aussi silencieux que ravageur en entreprise</a>
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<p>Depuis quelques années, la pratique d’exercices physiques au travail se développe, particulièrement sur les chantiers des entreprises du BTP. Inspirée des méthodes japonaises ou encore de la pratique sportive, il s’agit le plus souvent d’échauffements, de réveil ou de renforcement musculaire ou encore d’étirements. Les principaux objectifs annoncés sont de réduire la survenue des TMS, mais aussi et parfois de réduire les accidents de travail (AT), plus particulièrement ceux qui surviennent durant l’heure qui suit la prise de poste (chute de plain-pied, lombalgies…).</p>
<h2>Face aux TMS, pas d’effet démontré des exercices physiques au travail</h2>
<p>Pourtant, à ce jour, le lien entre la pratique d’exercices physiques au travail et les TMS ou les accidents de travail n’est pas démontré. Les recherches à ce sujet sont encore peu nombreuses, notamment dans le BTP. L’Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) a par exemple publié en 2021 un « retour d’expérience » dans lequel sont rapportés une « mise en route physique et mentale », un « renforcement du collectif », « une amélioration de l’ambiance de travail ». Mais les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/2165079916629688">revues</a> de littérature scientifique qui font le point dans le domaine du BTP et dans <a href="https://bmjopen.bmj.com/content/13/5/e056560">d’autres secteurs</a>, ne montrent pas d’effet significatif concernant les douleurs musculosquelettiques.</p>
<h2>Des intervenants extérieurs aux pratiques hétérogènes</h2>
<p>Plusieurs enseignements d’importance peuvent néanmoins être tirés de ces travaux. Ainsi, il en ressort que, pour la mise en place de ces actions, les entreprises du BTP font le plus souvent appel à des prestataires extérieurs (coachs sportifs, kinésithérapeutes, ostéopathes…), à la médecine du travail ou encore de membres du personnel « sportifs ».</p>
<p>Les séances d’exercices physiques au travail sont alors très hétérogènes selon les chantiers et les individus. Ces pratiques diffèrent, que ce soit dans la façon dont les séances sont mises en place au sein de l’entreprise ou des chantiers, ou même dans la réalisation des exercices physiques (choix des exercices, durée…). Les objectifs à l’origine de la mise en place de ces actions peuvent eux aussi varier et s’avèrent parfois peu explicites et non formalisés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<p>Finalement une séance d’exercice physique sur le lieu de travail semble viser non pas un seul objectif, mais plusieurs, et notamment mettre le corps dans des conditions favorables en termes d’éveil, grâce à un déverrouillage et/ou une montée en température.</p>
<h2>Ne pas agir sur les seuls facteurs individuels et physiologiques</h2>
<p>Cette mise en place d’exercices physiques au travail semble s’inscrire dans une approche individuelle de la prévention : mieux préparé à l’effort, l’individu sera moins exposé aux effets délétères des tâches qu’il doit réaliser. Toutes les <a href="https://www.preventionbtp.fr/ressources/questions/que-sont-les-principes-generaux-de-prevention-pgp_9PHWmXNf6DQMBBAi6B8JZC">connaissances</a> et <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006160774/">réglementations en vigueur</a> insistent pourtant sur toutes les mesures collectives de prévention.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-comment-mieux-prevenir-les-risques-psychosociaux-et-accidents-du-travail-159945">Bonnes feuilles : « Comment mieux prévenir les risques psychosociaux et accidents du travail ? »</a>
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<p>Je suis engagée dans un projet de thèse CIFRE (Convention industrielle de formation par la recherche) en ergonomie pour lequel je suis rattachée à trois établissements : l’OPPBTP, le laboratoire ESTER (Epidémiologie en santé au travail et ergonomie) de l’université d’Angers et le laboratoire ACTé (Activité, Connaissance, Transmission, éducation) de l’université de Clermont-Ferrand en tant que chercheuse associée.</p>
<p>Dans ce cadre, nous menons des recherches au sein de l’OPPBTP qui visent à comprendre les raisons de cet engouement pour une approche basée sur l’individu. Nous étudions également les conditions d’une intégration efficace de ces pratiques aux démarches globales de prévention des TMS.</p>
<h2>Identifier les prérequis à la pratique d’exercices physiques en entreprise</h2>
<p>L’objectif de cette étude est d’identifier les conditions dans lesquelles sont réalisées les séances. En effet, pour qu’elles puissent être présentées comme des actions complémentaires dans la prévention des TMS, ces séances doivent agir sur plusieurs facteurs d’apparition des TMS, et pas seulement sur les facteurs individuels et physiologiques.</p>
<p>Cette recherche nous permettra d’identifier quelques prérequis à la mise en place d’exercices physiques au travail, mais aussi des conditions qui pourraient favoriser l’intégration d’une telle action à une démarche globale de prévention des TMS.</p>
<p>D’ores et déjà, quelques premières recommandations peuvent être émises. Elles seront détaillées et précisées par la suite, à l’issue du projet de thèse.</p>
<h2>D’abord, améliorer les conditions de travail</h2>
<p>En premier lieu, ces actions doivent être intégrées à une démarche globale de prévention. Ainsi, l’entreprise doit mettre en place d’autres actions de prévention des TMS qui permettent d’agir sur les conditions de travail. C’est-à-dire sur les facteurs professionnels à l’origine des TMS et qui représentent la cause principale de survenue de ces pathologies.</p>
<p>À titre d’exemple, les chantiers du BTP proposent très souvent des situations extrêmement sollicitantes physiquement. Les TMS proviennent ainsi d’un déséquilibre entre les capacités corporelles du travailleur et les contraintes auxquelles il se trouve exposé. Dans ce contexte, en matière de prévention, suivre des programmes d’exercices physiques, quels qu’ils soient, aura, au mieux, des effets très limités. Il faut donc d’abord améliorer les situations de travail, notamment les plus critiques.</p>
<h2>Adapter les exercices à la situation de santé de chacun et à son métier</h2>
<p>De plus, ces exercices physiques pratiqués sur le lieu de travail ne doivent pas avoir d’effet néfaste sur les compagnons, notamment pour ceux d’entre eux souffrant de douleurs préexistantes. Les exercices devront être adaptés à la situation de santé de tous les participants, des exercices de substitution devront sinon être proposés. Pour cette étape, il est nécessaire de se faire accompagner par des professionnels, par exemple le service de prévention et de santé au travail.</p>
<p>Les séances d’exercices physiques au travail doivent aussi être adaptées à la nature de l’activité professionnelle qui suivra ces séances. Ainsi, selon les métiers ou même selon l’organisation de la journée qui suit pour chaque compagnon, les séances pourraient ne pas se dérouler de la même façon.</p>
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<p>À titre d’exemple, un conducteur d’engins pourrait cibler un réveil musculaire, des échauffements et quelques étirements du bassin et du dos, le dos étant chez lui l’une des parties du corps les plus sollicitées par son activité professionnelle, notamment du fait des vibrations transmises par le véhicule. D’un autre côté, un chef d’équipe en maçonnerie visera plutôt une montée du corps en température (ce que l’on appelle du « cardio ») et un échauffement des chevilles, au vu du nombre de déplacements qui s’effectuent sur sol instable sur le chantier.</p>
<h2>Une implication et des compétences spécifiques pour l’animateur des séances</h2>
<p>L’animateur (ou les animateurs) des séances doit disposer des ressources nécessaires à l’animation des séances. Notre étude met en avant son implication lors des séances, notamment par sa capacité à contrôler la bonne exécution des mouvements et par sa maîtrise et sa connaissance des exercices qui lui permettent d’émettre des recommandations.</p>
<p>L’animateur doit aussi maîtriser les compétences spécifiques liées à la réalisation d’une séance. Cela dépend en partie de l’objectif que vise la séance (réveil musculaire, étirements, échauffement…). Par exemple, lorsque l’on vise un échauffement et donc une montée en température du corps, l’intensité et la durée de la séance doivent être suffisantes pour ressentir cet échauffement. De plus, le temps de transition entre la fin de la séance d’échauffement et les premières tâches professionnelles qui suivent doit être court pour maintenir le bénéfice de l’échauffement.</p>
<h2>Des séances propices aux échanges entre compagnons</h2>
<p>Ce temps de séance est très souvent le seul temps de la journée durant lequel l’ensemble des compagnons se rassemblent (encadrement, personnel, intérimaires et même sous-traitants).</p>
<p>C’est donc un temps qui pourrait permettre aux compagnons de conduire des échanges sur les actions utiles à la prévention des TMS, comme les stratégies de travail qui leur permettraient de se protéger (échanges sur des procédés plus efficients que d’autres, sur l’utilisation d’un outil plutôt qu’un autre…), ou encore sur l’organisation de la journée après la séance d’exercices et les possibilités d’entraide.</p>
<p>Ce temps de séance peut aussi favoriser l’anticipation et l’organisation de la suite de la journée par l’encadrement qui pourrait profiter de cette séquence pour planifier les différentes tâches à effectuer, ajuster les équipes selon les besoins et la perception de l’état des compagnons…</p>
<p>Au travers de cette étude, nous questionnons donc de manière plus générale la mise en place de nouveaux dispositifs proposés aux entreprises ou parfois sollicités par celles-ci. Toutes transformations du travail, qu’elles soient techniques ou organisationnelles, modifient les situations de travail, l’ensemble de ces modifications sont à anticiper en amont.</p>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214013/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Caitlin Troussier-Thevenot travaille pour l'OPPBTP. </span></em></p>
Des entreprises du BTP mettent en place des séances d'exercices physiques sur le lieu de travail pour prévenir les troubles musculosquelettiques. Une pratique qui n'a pas démontré son efficacité.
Caitlin Troussier-Thévenot, Doctorante en ergonomie - Inserm UMR 1085 - Equipe d'épidémiologie en santé au travail et ergonomie (Ester), Université d'Angers
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/215019
2023-11-16T17:12:25Z
2023-11-16T17:12:25Z
Contre l’arthrose de la hanche, l’activité physique adaptée est votre alliée
<p>L’arthrose est la maladie articulaire la plus répandue, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33560326/">touchant environ 240 millions de personnes dans le monde, dont plus de 10 millions en France</a>. Il s’agit de ce fait d’un problème majeur de santé publique.</p>
<p>Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 10 % des personnes atteintes d’arthrose en France sont concernés par la coxarthrose, autrement dit l’arthrose de la hanche.</p>
<p>Cette dernière se caractérise par une dégénérescence progressive de l’articulation affectant le cartilage, les os ainsi que les tissus mous situés autour de l’articulation.</p>
<p>L’arthrose de la hanche se traduit le plus souvent par des douleurs musculosquelettiques sévères et une limitation des mouvements articulaires qui diminuent progressivement l’autonomie et la qualité de vie des patients concernés.</p>
<p>La douleur et la raideur articulaire ont un impact direct sur leur mobilité et leur capacité à être physiquement actif : 80 % des patients présentent ainsi une perte de mobilité et 25 % se retrouvent limités dans les activités quotidiennes.</p>
<p>Marcher, en particulier, devient difficile, en raison de schémas locomoteurs altérés (tels qu’une boiterie, une asymétrie de marche, etc.), associés à une vitesse de marche réduite, à une réduction de la force musculaire de la hanche et à un coût énergétique plus élevé par rapport aux personnes ne présentant pas d’arthrose.</p>
<p>Cette situation mène les patients à devenir moins actif physiquement, ce qui a pour conséquence une importante sédentarité. Mais les effets délétères de l’arthrose de la hanche ne se limitent pas aux seuls problèmes physiques.</p>
<h2>Un handicap complexe aux conséquences multiples</h2>
<p>Marcher, monter ou descendre des escaliers, s’asseoir ou se lever, etc., sont autant d’activités du quotidien difficiles à réaliser pour les personnes souffrant de coxarthrose. Cette perte d’autonomie fonctionnelle a également d’autres conséquences, car elle en influe négativement sur la participation sociale et les motivations des malades.</p>
<p>L’arthrose est donc un handicap multifactoriel complexe. C’est la raison pour laquelle, afin d’optimiser la prise en charge des patients et de leur proposer un programme adapté et approprié, il est nécessaire de mener une analyse bio-psycho-sociale.</p>
<p>En matière de traitements non médicamenteux, la Haute autorité de santé recommande la <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-08/fiche_aps_arthroses_vf.pdf">pratique d’une activité physique régulière</a>. La prescription de programme de réadaptation basés sur de <a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">l’activité physique adaptée</a> vise notamment à redonner une autonomie fonctionnelle globale par un travail des fonctions physiques et une mobilisation adaptée de l’articulation douloureuse.</p>
<p>Cependant, malgré les preuves élevées de son efficacité, les prescriptions restent faibles. Comme le soulignent les rapporteurs de la HAS, « si 87 % des médecins généralistes promeuvent la pratique d’une activité physique adaptée dans l’arthrose, seulement 11 % d’entre eux la prescrivent. »</p>
<p>Mais qu’est-ce que l’activité physique adaptée ? Quelles activités pratiquer lors d’une arthrose de hanche ? Comment rester actif durablement ?</p>
<h2>L’activité physique adaptée, c’est quoi ?</h2>
<p>La Société française des professionnels en activité physique adaptée (SFP-APA) en donne en 2021 une <a href="https://www.sfp-apa.fr/actualites/les-articles/lenseignant-en-apa-se-dote-dune-nouvelle-definition.html">définition claire et précise</a> :</p>
<blockquote>
<p>« L’activité physique adaptée (APA) regroupe l’ensemble des pratiques physiques et/ou sportives s’adressant à toute personne n’ayant pas ou ne pouvant pas pratiquer une activité physique ou sportive dans des conditions ordinaires et qui présente des besoins spécifiques de santé, de participation sociale ou d’inclusion du fait d’une maladie, d’une limitation fonctionnelle, d’une déficience, d’une vulnérabilité, d’une situation de handicap, d’exclusion, d’une inactivité ou d’une sédentarité. »</p>
</blockquote>
<p>L’APA est donc par essence un moyen thérapeutique non médicamenteux permettant une prise en charge globale de l’usager – à savoir de l’optimisation de sa santé à sa participation sociale – par l’activité physique. Les APA peuvent être dispensées dans un but préventif, thérapeutique et éducatif.</p>
<p>Dans le cas de patients présentant une arthrose de hanche, l’APA permet, l’amélioration de la qualité de vie et de l’autonomie, tout en augmentant l’engagement et l’adhésion de ces derniers à une pratique physique régulière et durable.</p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<h2>Quelles activités pratiquer lors d’une arthrose de hanche ?</h2>
<p>En cas d’arthrose périphérique comme celle de la hanche, il existe des exercices spécifiques appropriés et adaptés. Leurs objectifs sont à la fois de faire bouger les articulations, <em>via</em> notamment des exercices de souplesse et de renforcements musculaires ciblés, mais également le renforcement des capacités physiques et fonctionnelles générales, en proposant des exercices aérobiques, locomoteurs, proprioceptifs, etc.</p>
<p>Le but ici est vraiment de diminuer la douleur articulaire, de redonner goût à l’activité physique et ainsi de rendre actif l’usager. L’optimisation des prises en charge est donc très importante. En effet, de nombreuses recherches scientifiques montrent la pertinence des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25313133/">programmes d’exercices structurés réalisés trois à quatre jours par semaine</a>.</p>
<p>Des activités physiques aérobiques telles que la marche, la marche nordique ou encore le vélo elliptique, proposées à raison de séances de 30 à 40 minutes, montrent un effet bénéfique avéré sur la diminution des douleurs et l’amélioration de la condition physique générale et des capacités fonctionnelles dont la mobilité articulaire.</p>
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<img alt="Photo d’une femme pratiquant la marche nordique, vue de dos." src="https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La marche nordique est une activité qui peut être compatible avec l’arthrose de la hanche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Par ailleurs, des activités comme le stretching, le Tai-chi ou encore le renforcement musculaire périarticulaire réalisées deux à trois fois par semaine offrent une réelle complémentarité avec les exercices de nature aérobique. Ces derniers permettent notamment de travailler sur l’endurance musculaire, la proprioception <a href="https://theconversation.com/la-proprioception-notre-sixieme-sens-146691">(le sens qui « décrit » notre capacité à localiser chacune de nos parties du corps et permet de le ressentir)</a> et la stabilisation musculo-articulaire.</p>
<p>La pratique physique, même modérée, est donc essentielle. Néanmoins, il est très souvent conseillé de commencer en douceur par des exercices dits analytiques, à savoir focalisés sur l’articulation, tels que des exercices de proprioception adaptée (par exemple, des exercices d’équilibre sur mousse ou avec coussin d’équilibre) ou des exercices de mobilisations douces (comme du pilates adapté, de la gymnastique douce, du gainage actif), afin de solliciter les muscles périarticulaires et de redonner de la souplesse, sans douleur, à l’articulation.</p>
<p>Puis, par la suite, de réaliser des exercices dits fonctionnels comme la marche ou le vélo elliptique afin de travailler sur les fonctions globales motrices et cardio-respiratoires.</p>
<p>En revanche, tout exercice, quel qu’il soit, ne doit en aucun cas devenir douloureux pendant ou après sa réalisation. Il faut absolument éviter la sur-douleur. C’est pourquoi toute personne souhaitant pratiquer une activité physique, adaptée ou non, doit obligatoirement consulter et en parler avec son médecin afin que ce dernier puisse la conseiller (et lui prescrire une prise en charge en APA le cas échéant).</p>
<p>Le fait de discuter avec un médecin permet de fixer des objectifs individualisés et atteignables, et ainsi de définir les exercices les plus adaptés par rapport aux symptômes arthrosiques.</p>
<h2>Comment rester actif durablement ?</h2>
<p>Pour combattre l’arthrose, bouger régulièrement est bénéfique, c’est un fait désormais largement admis. Mais pratiquer durablement une activité physique, adaptée ou non, demande une motivation constante.</p>
<p>L’efficacité étant notamment liée à la réalisation des exercices sur le long terme, il est très important non seulement de bien choisir son activité physique adaptée mais également de veiller à ce que son intensité soi appropriée, tout comme son volume, sa durée et ses variations possibles, afin d’augmenter durablement l’adhésion.</p>
<p>Pour ce faire, le programme devra être régulièrement ré-évalué par le médecin et le professionnel en APA, afin de réadapter les exercices selon les capacités et les besoins du patient.</p>
<p>Par ailleurs, pour lutter contre la démotivation et avancer à son rythme, l’utilisation des technologies numériques (telles que les montres connectées, les applications sur téléphone, etc.) peut constituer un atout. Le fait de pouvoir quantifier ses activités quotidiennes favorise par exemple l’adhésion à l’activité. Cela permet notamment d’observer sa progressivité et son évolution.</p>
<p>Ces dispositifs technologiques offrent également l’opportunité de pratiquer en groupe et ainsi de partager et d’échanger avec d’autres personnes. Car, en conclusion, il faut rappeler un point essentiel : la pratique d’une activité physique doit absolument reste dans le registre du plaisir et être source de bien-être.</p>
<hr>
<p>Pour aller plus loin :</p>
<ul>
<li>Pour trouver des cours d’APA près de chez vous : <a href="https://www.sfp-apa.fr/">sfp-apa.fr</a></li>
</ul>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215019/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
L’arthrose de la hanche, ou coxarthrose, est une affection particulièrement douloureuse et handicapante au quotidien. Elle peut être efficacement soulagée par une activité physique adaptée.
Laura Wallard, Maitresse de conférences des Universités, chercheuse au LAMIH UMR CNRS 8201, Université Polytechnique des Hauts-de-France
Eugénie Avril, Maître de conférences des Universités, Université Polytechnique des Hauts-de-France
Mathias Blandeau, Maitre de conférences des Universités, chercheur au LAMIH UMR CNRS 8201, Université Polytechnique des Hauts-de-France
Nawel Ouendi, Doctorante en biomécanique et bio-ingénierie, Université Polytechnique des Hauts-de-France
Philippe Henry, PhD student, Université Polytechnique des Hauts-de-France
Philippe Pudlo, Professeur des Universités en Automatique, Université Polytechnique des Hauts-de-France
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/214016
2023-11-13T19:32:04Z
2023-11-13T19:32:04Z
Pour sa santé mentale et son bien-être, quelles activités sportives privilégier ?
<p>Pratiquer une activité physique est <a href="https://www.mangerbouger.fr/bouger-plus/a-tout-age-et-a-chaque-etape-de-la-vie">recommandé</a> pour la santé physique et pour prévenir certaines pathologies. Mais les effets bénéfiques de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-23234">activité physique</a> sur le bien-être, les capacités cognitives (par exemple, la mémoire ou la prise de décision), la régulation des émotions et la santé mentale de façon plus générale sont également bien établis. Par exemple, la pratique du sport <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2908331/">diminue les symptômes d’anxiété, de dépression, de stress et de solitude</a>.</p>
<p>Cependant, nombre de questions restent ouvertes : les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé mentale et les capacités cognitives concernent-ils tous les types de sport, qu’ils soient intensifs ou plus modérés, individuels ou collectifs ? L’activité physique peut-elle être défavorable ? Quels sont les mécanismes biologiques par lesquels ces effets surviennent ? Sont-ils présents chez tous les sujets ? Le but de cet article est de fournir des éléments de réponse à ces questions.</p>
<h2>Les effets bénéfiques du sport sur la santé mentale dépendent-ils de l’intensité de l’effort ?</h2>
<p>Quand on prend en compte l’intensité de l’effort physique, on distingue deux catégories de sports. Les premiers, à l’image de la marche ou du jogging, mettent en jeu l’endurance. Ils mobilisent entre 65 % et 80 % de la fréquence cardiaque maximale (FCmax) du sujet. On dit que ces activités se situent dans des zones aérobies car l’organisme utilise de l’oxygène pour libérer l’énergie nécessaire à leur pratique.</p>
<p>Les seconds concernent des efforts plus intenses, comme le sprint. Ils mobilisent 85 à 90 % de la fréquence cardiaque maximale en produisant de l’acide lactique, un composé nécessaire pour le fonctionnement musculaire mais qui peut induire des crampes en cas d’excès. Ces sports se situent en zone anaérobie, c’est-à-dire sans consommation d’oxygène pour produire de l’énergie.</p>
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<p>Il est clairement établi qu’une activité aérobie, qui met donc en jeu l’endurance et qui dure une vingtaine de minutes, est suffisante pour améliorer les fonctions cognitives chez des adolescents. Mais les effets bénéfiques ne se limitent pas aux sports aérobies (d’endurance). En effet, l’<a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/415534">entraînement en résistance</a>, une technique populaire de musculation utilisée par les adeptes du « body building », induit des effets similaires sur la cognition.</p>
<p>D’autres <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3159917/">études</a> se sont intéressées à des sports plus spécifiques. Elles montrent que le karaté ou le taekwondo, par exemple, améliorent la concentration et ce que l’on appelle les fonctions exécutives (c’est-à-dire les processus cognitifs de haut niveau comme la planification, l’élaboration de stratégie, la flexibilité mentale), que le tennis de table joue sur l’anticipation de l’action et le temps de réaction, ou encore que la pratique de la danse favorise le bien-être. Ainsi, le sport est en général bénéfique, mais le type de sport pratiqué peut s’avérer déterminant pour développer certaines dimensions cognitives.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-yoga-modifie-le-cerveau-et-ameliore-la-sante-mentale-195064">Le yoga modifie le cerveau et améliore la santé mentale</a>
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<h2>Dans certaines situations, l’activité physique peut-elle s’avérer défavorable ?</h2>
<p>Cependant, le sport peut aussi exposer les personnes à des risques pour la santé. Ainsi, les sportifs de haut niveau et les adeptes de sports de haute intensité (marathon, triathlon, iron man, CrossFit…) s’entraînent pendant de nombreuses heures, amenant leur corps au seuil de ses limites. Ces pratiques peuvent également être un facteur de risque de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2018.01484/full">conduites addictives</a>, l’<a href="https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2002-3-page-39.htm">addiction à l’exercice physique</a> augmentant le risque de développer une autre addiction, par exemple à une substance comme l’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.3109/10826081003682297">alcool</a>.</p>
<h2>Les sports individuels et collectifs ont-ils le même impact ?</h2>
<p>Plusieurs <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1403494818791405">études</a> montrent que la participation à une équipe sportive pendant l’adolescence diminue le stress et améliore la santé mentale ainsi que l’insertion sociale des participants. Cet effet n’est pas retrouvé de façon systématique pour la pratique de sports individuels, certaines études rapportant même des effets négatifs. Ces travaux semblent suggérer que la participation à un sport collectif a un impact positif plus important sur la santé mentale que la pratique de sports individuels. Pour certains auteurs, l’un des mécanismes par lesquels le sport en équipe favorise la santé mentale est lié au fait que l’activité collective permet de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10964-021-01416-0">construire des relations sociales et amicales, et de favoriser le sentiment d’appartenance à un groupe</a>, ce qui est déterminant pour la santé mentale, en particulier au moment de l’adolescence.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-cours-deducation-physique-et-sportive-consistent-ils-seulement-a-faire-du-sport-203804">Les cours d’éducation physique et sportive consistent-ils seulement à faire du sport ?</a>
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<p>Cependant, le contexte dans lequel ces activités s’exercent ainsi que des facteurs individuels jouent également un rôle important. En effet, certaines conditions, par exemple des contextes de <a href="https://theconversation.com/la-competition-eloigne-t-elle-les-filles-du-sport-212207">compétition</a> intense avec des entraînements extrêmes, des styles de coaching qui insistent sur le fait de gagner ou sur des moyens immoraux pour y parvenir, ont des <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0268583">effets défavorables sur la santé mentale</a>, conduisant au stress, au burn-out, à l’addiction.</p>
<h2>Par quels mécanismes biologiques le sport agit-il sur le bien-être et la santé mentale ?</h2>
<p>Des études d’imagerie cérébrale ont établi une association positive entre exercice physique et augmentation du volume d’aires cérébrales spécifiques comme l’hippocampe, une région importante pour l’encodage mnésique (le processus par lequel s’effectue la mémorisation) et la gestion du stress. La pratique régulière du tennis, en particulier, améliore aussi le fonctionnement des régions préfrontales, une région cruciale pour les fonctions exécutives.</p>
<p>Si on considère ce phénomène à l’échelle cellulaire, on observe que les effets bénéfiques d’une activité d’endurance (aérobie) sont associés à une augmentation de ce que les spécialistes nomment la neurogenèse hippocampique adulte.</p>
<p>En effet, il a été démontré qu’au sein de l’hippocampe d’un sujet adulte, de nouveaux neurones étaient générés chaque jour. Ces derniers favorisent la mémoire et la résistance au stress. Lorsque l’on introduit une roue d’écureuil dans la cage d’élevage de souris, celles-ci se mettent spontanément à faire de l’exercice aérobie (d’endurance). Si on compare le cerveau de souris qui ont produit ce type d’effort, d’une façon régulière et soutenue, avec celui de souris sédentaires, on constate une <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1113/JP271552">augmentation importante des néoneurones de l’hippocampe</a>.</p>
<p>Plusieurs mécanismes ont été proposés : l’exercice augmente le flux sanguin cérébral et l’apport en oxygène au niveau du cerveau. Il libère aussi des facteurs neurotrophiques, c’est-à-dire des facteurs qui favorisent la croissance et la survie des neurones. Par ailleurs, on peut imposer à des souris des efforts physiques intenses, interrompus par de courtes périodes de repos. Dans un premier temps, des études semblaient indiquer plutôt un effet défavorable de l’effort anaérobie. Mais des études plus récentes ont indiqué que ce type d’effort induisait lui aussi un effet positif sur la génération de nouveaux neurones par l’hippocampe (neurogenèse hippocampique), sans doute au travers de la libération de facteurs neurotrophiques par les muscles.</p>
<h2>Ces effets existent-ils chez tout le monde ?</h2>
<p>Dans les études <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1113/JP271552">chez l’animal</a> mais aussi <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00207454.2020.1865953">chez l’Homme</a>, les effets bénéfiques de l’effort physique sur la cognition, le bien-être et la génération de nouveaux neurones par l’hippocampe (neurogenèse hippocampique) ne sont pas présents chez tous les sujets et varient en fonction de leur fond génétique. En effet, certains variants de gènes codant pour des facteurs neurotrophiques (comme la BDNF) ou des facteurs de croissance (comme le NGF) réduisent les effets bénéfiques du sport.</p>
<p>En conclusion, on retiendra que l’ensemble de ces études confirment et précisent les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé mentale et le bien-être. Ils soulignent à quel point le corps et les processus cognitifs, émotionnels, sociaux sont en constante interaction. En outre, l’exercice physique, souvent pratiqué en équipe, favorise aussi l’insertion sociale, en se faisant un puissant catalyseur d’une société plus inclusive.</p>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214016/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Federica Comazzi est membre de Sportmeet for a United World. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Belzung ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Des études confirment les bénéfices de l’activité physique sur le bien-être et la santé mentale. Pratiqué en équipe, l’exercice physique favorise aussi l’insertion sociale.
Catherine Belzung, Professor, Université de Tours
Federica Comazzi, Doctoral candidate
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