tag:theconversation.com,2011:/es/topics/resistance-antimicrobienne-72936/articlesrésistance antimicrobienne – The Conversation2024-02-25T16:27:16Ztag:theconversation.com,2011:article/2237462024-02-25T16:27:16Z2024-02-25T16:27:16ZComment des bulbes de fleurs traités rendent résistantes des moisissures dangereuses pour la santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/577366/original/file-20240222-16-81uuet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5176%2C3453&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bulbes de tulipes traités peuvent favoriser l’émergence de moisissures résistantes aux antifongiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/fleurs-assorties-en-macrophotographie-pendant-la-journee-5aXEo-hGwU0">Krystina Rogers/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Quel est le rapport entre les bulbes de tulipe et l’aspergillose, une grave maladie due à un champignon microscopique, la moisissure <em>Aspergillus fumigatus</em> ? C’est ce que nous avons tenté de découvrir au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Besançon.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, le nombre de cas cliniques d’aspergillose dus à des souches d’<em>Aspergillus</em> résistant aux antifongiques les plus utilisés est en augmentation. Or ces mêmes antifongiques sont également utilisés dans le domaine agricole et en horticulture.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si le fait de planter, à l’hôpital, des bulbes de tulipes traités aux antifongiques pouvait faciliter l’émergence de souches résistantes transmissibles à l’être humain.</p>
<p>Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que l’utilisation de tels bulbes pourrait effectivement favoriser le développement de résistance aux antifongiques.</p>
<p>Ces résultats posent particulièrement question dans le contexte actuel de suspension du <a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-ecophyto-2">plan Écophyto</a>, dont l’objectif était de réduire l’usage des pesticides et fongicides en agriculture…</p>
<h2>L’aspergillose invasive, une maladie opportuniste mortelle</h2>
<p>L’aspergillose est une maladie causée par des champignons microscopiques (moisissures) du genre <em>Aspergillus</em>. Elle peut se manifester sous forme d’infections localisées, d’infection disséminée mortelle ou de maladies allergiques, et toucher de nombreux organes (rein, sinus, peau, sang…).</p>
<p>En France, il s’agit de la troisième cause d’infection fongique invasive. Principalement causée par <em>Aspergillus fumigatus</em>, l’aspergillose touche les personnes immunodéprimées, en particulier les patients ayant reçu une greffe de moelle osseuse ou d’organe, ainsi que les patients sous traitements anticancéreux.</p>
<p>Les spores d’<em>Aspergillus fumigatus</em> sont omniprésentes dans l’air, dans les sols, sur les plantes agricoles, et dans le compost. De ce fait, l’inhalation de ces spores est inévitable. En temps normal, ce n’est pas un problème, car les spores sont éliminées par les défenses immunitaires au niveau du système respiratoire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois" src="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cependant, chez certaines personnes, l’aspergillose est une maladie dite « opportuniste » : lorsque le système immunitaire est déficient (immunosuppression), le champignon contamine les poumons et peut s’y développer, et par extension provoquer l’aspergillose invasive (et la colonisation d’autres organes).</p>
<p>De 2012 à 2018, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35499498/">1661 cas de cette maladie ont été recensés dans notre pays</a>, avec un taux de mortalité de 42,5 % chez les patients ayant par ailleurs une maladie du sang, lesquels représentaient 60 % des cas d’aspergillose invasive.</p>
<h2>Émergence de souches résistantes aux médicaments</h2>
<p>Le traitement de l’aspergillose nécessite le recours à des médicaments antifongiques. Les azolés agissent en bloquant la fabrication d’un composant important de la membrane cellulaire des champignons, l’ergostérol. Ce sont des thérapeutiques qui allient l’efficacité et une bonne tolérance pour les patients.</p>
<p>Ceux-ci sont utilisés pour traiter non seulement les êtres humains, mais aussi les animaux. Par ailleurs, ils sont également largement employés comme fongicides en agriculture (de pleins champs, maraîchère, viticole), dans les scieries et en horticulture, afin de lutter contre les champignons qui s’attaquent aux plantes (phytopathogènes) ou au bois (lignivores).</p>
<p>Or, lorsque les fongicides azolés sont appliqués dans l’environnement, ils ont un impact non intentionnel sur <em>Aspergillus</em> : ils éliminent les souches sensibles et favorisent, par pression de sélection, celles qui se sont adaptées à ces molécules azolées. Résultat : des souches insensibles aux fongicides azolés se développent.</p>
<p>La surenchère des quantités d’antifongiques répandues et l’utilisation de mélanges d’antifongiques n’ont pas permis d’endiguer l’apparition de ces résistances. Ni même, d’ailleurs, d’éradiquer durablement les phytopathogènes des cultures de riz, de blé, de maïs, de soja et de pommes de terre.</p>
<p>En revanche, désormais, de nombreux patients atteints d’aspergillose sont infectés par une telle souche d’<em>Aspergillus</em> résistante aux azolés. Or, il existe peu de traitements alternatifs, certains étant inefficaces vis-à-vis des espèces dites « filamenteuses » comme Aspergillus ou toxiques pour certains malades (l’amphotéricine est par exemple plus efficace, mais potentiellement toxique pour les reins).</p>
<p>Une des mesures envisageables pour éviter à court terme ces infections à champignons résistants est la prévention de l’exposition.</p>
<h2>Dépister les souches résistantes aux azolés</h2>
<p>Dans l’optique de mieux prévenir les infections par des souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux azolés, depuis 2015, nous réalisons au Centre Hospitalo-Universitaire de Besançon leur dépistage dans l’air intérieur.</p>
<p>Étant donné que des travaux de recherche avaient suggéré que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28369271/">bulbes de plantes ornementales traitées aux azolés pouvaient jouer un rôle dans la propagation mondiale des souches</a>, nous avons étendu notre surveillance environnementale à des prélèvements de sols. Nous souhaitions ainsi évaluer si la terrasse de notre hôpital, ornée de pots de fleurs, pouvait être une source potentielle de diffusion de la résistance.</p>
<p>En 2019, au total, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31753549/">69 isolats d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants aux azolés</a>, et présentant une mutation TR34/L98H, ayant été décrits comme liés à l’utilisation des fongicides dans l’environnement, ont été obtenus : 1 à partir de l’air de l’unité de soins intensifs, 4 à partir des couloirs principaux de l’hôpital, 59 à partir de pots de tulipes importés des Pays-Bas et 5 à partir du sol d’arbres cultivés en pots.</p>
<p>Confirmer l’hypothèse selon laquelle les souches résistantes récoltées dans les couloirs de l’hôpital ou isolées dans les échantillons cliniques proviendraient bien des bulbes traités plantés dans les parterres de fleurs nécessiterait encore de séquencer leur génome. Mais quoi qu’il en soit, ces résultats ont montré l’intérêt de mieux surveiller les sources potentielles d’émergence de résistances dans notre hôpital.</p>
<h2>Dites-le plutôt avec des fleurs… bio</h2>
<p>Suite à ces résultats, et au risque accru d’infections nosocomiales (les infections contractées à l’hôpital) il avait été décidé de ne plus planter de bulbes traités.</p>
<p>Afin de ne pas supprimer radicalement l’existence de terrasses comportant des jardinières de tulipes, pour préserver un lieu de promenade des patients, nous avons recommandé le remplacement des bulbes de tulipes traités par des bulbes issus de l’horticulture biologique, sans exiger le changement de la terre.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo des parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon" src="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un an après nous avons fait les mêmes prélèvements dans les bacs de terre, avec le même mode opératoire. Nous avons constaté que le taux de résistance était passé de 71 % à moins de 3 % en un an. Ces résultats suggèrent que le remplacement des bulbes traités par des bulbes biologiques <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33690850/">peut suffire à rétablir une population majoritairement sensible en seulement un an</a>.</p>
<h2>Nécessité d’une surveillance environnementale</h2>
<p>Jusqu’à présent, <em>Aspergillus fumigatus</em> a été peu étudié dans l’environnement, car il ne s’agit pas d’un champignon phytopathogène causant des pertes de récoltes.</p>
<p>Cependant, désormais des génotypes d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants à plusieurs azolés sont détectés dans le monde entier, dans les isolats cliniques ainsi que dans l’environnement.</p>
<p>L’utilisation massive des fongicides azolés dans l’environnement est un facteur majeur pour la sélection de la résistance aux antifongiques médicaux. Il est donc impératif de soutenir le développement d’approches qui déconnecteront à terme l’utilisation des antifongiques en agriculture et leur utilisation en clinique.</p>
<p>Bien qu’il soit séduisant de suggérer une évolution rapide vers une agriculture durable sans pesticide, ou que certaines classes d’antifongiques soient réservées exclusivement pour un usage clinique, ceci ne semble pas faisable à court terme : le nombre de molécules efficaces disponibles est faible, et l’agriculture fait face à la même problématique de résistance.</p>
<p>Dans une telle situation, les systèmes de surveillance permettant de suivre les souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques sont essentiels. Malheureusement, on manque de tels systèmes à l’heure actuelle.</p>
<p>Par ailleurs, la compréhension de la façon dont la résistance persiste, évolue ou peut être gérée, demeure incomplète. Ce déficit de connaissances menace gravement la gestion des maladies fongiques chez l’être humain et les animaux.</p>
<h2>Protéger les patients de l’émergence de souches résistantes liées à l’utilisation de nouveaux fongicides</h2>
<p>La nécessité d’une surveillance environnementale est également devenue plus pressante car cinq agents antifongiques dotés de nouveaux modes d’action sont en cours de développement.</p>
<p>Parmi eux, l’olorofim, un nouvel antifongique de la classe des orotomides, représente un espoir pour les patients atteints d’aspergilloses résistantes. Ce nouveau médicament a déjà un analogue fongicide approuvé récemment par l’<em>U.S. Environmental Protection Agency</em>. Mais des travaux de recherche ont montré que cette molécule est capable d’induire des résistances in vitro.</p>
<p>De façon similaire à ce qui s’est passé pour les fongicides azolés, l’utilisation massive des orotomides fongicides risque de réduire les possibilités de traitement chez les patients atteints d’infections fongiques.</p>
<p>Des projets européens visent à développer une méthode standardisée pour la surveillance environnementale. Un tel outil améliorera le suivi et la compréhension des schémas de résistance et permettra d’évaluer les associations avec les pratiques de travail (pulvérisation, compostage), ainsi que l’influence d’autres facteurs (géographique, climatique) sur les niveaux de résistance.</p>
<p>Cela pourra réduire l’exposition à <em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques, ce qui devrait permettre de diminuer le nombre de patients atteints d’une aspergillose résistante aux azolés, et donc réduire la mortalité de manière significative.</p>
<p>En attendant, dans les jardins hospitaliers, il est préférable pour la sécurité des patients d'utiliser exclusivement des plantes bio !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Prise en charge de frais de déplacement et d'inscription à des congrès par les sociétés PFIZER et GILEAD.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Reboux et Steffi Rocchi ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>L’aspergillose est une grave maladie causée par une moisissure dont certaines souches résistent aux antifongiques. Or, ces mêmes antifongiques sont utilisés en agriculture, ce qui pourrait participer du problème.Gabriel Reboux, Chercheur senior, affilié au laboratoire de Parasitologie-Mycologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon, Université de Bourgogne – UBFCLaurence Millon, Professeure des Universités, praticien hospitalier - CHU de Besançon, UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université de Bourgogne – UBFCSteffi Rocchi, Chercheuse affiliée à l'UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2183712023-11-28T13:01:09Z2023-11-28T13:01:09ZLa résistance aux antibiotiques cause plus de décès que le paludisme et le VIH/sida réunis : ce que fait l'Afrique pour lutter contre cette épidémie silencieuse<p><em>Chaque année, la <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance#:%7E:text=L'OMS%20a%20d%C3%A9clar%C3%A9%20que,de%20pathog%C3%A8nes%20r%C3%A9sistants%20aux%20m%C3%A9dicaments.">résistance aux antimicrobiens</a> - la capacité des microbes à survivre aux agents conçus pour les tuer - fait plus de victimes que le paludisme et le VIH/sida réunis. L'Afrique subit de plein fouet cette évolution, qui se nourrit d'inégalités et de pauvreté. Nadine Dreyer a demandé à Tom Nyirenda, chercheur scientifique ayant plus de 27 ans d'expérience dans le domaine des maladies infectieuses, ce que les organismes de santé du continent font pour lutter contre cette menace qui pèse sur le progrès médical.</em></p>
<h2>Qu'est-ce que la résistance aux antimicrobiens ?</h2>
<p>La résistance aux antimicrobiens se produit lorsque les bactéries, les virus, les champignons et les parasites changent au fil du temps et ne répondent plus aux médicaments (y compris les antibiotiques). Cela rend les infections plus difficiles à traiter et augmente le risque de propagation des maladies, de maladie grave et de décès. </p>
<p>En Afrique, la résistance aux médicaments est déjà un problème avéré pour <a href="https://africacdc.org/document-tag/amr/#:%7E:text=In%20Africa%2C%20AMR%20has%20already,%2C%20meningitis%2C%20gonorrhoea%20and%20dysentery.">le VIH, le paludisme, la tuberculose, la typhoïde, le choléra, la méningite, la gonorrhée et la dysenterie</a>. </p>
<h2>Quelle est l'ampleur du problème de la résistance aux antimicrobiens ?</h2>
<p>C'est l'une des <a href="https://www.who.int/fr/news-room/spotlight/ten-threats-to-global-health-in-2019">10 principales menaces mondiales</a> pour la santé publique qui risque de compromettre des années de progrès médical.</p>
<p>Près de <a href="https://www.fao.org/animal-health/our-programmes/antimicrobial-resistance-(amr)/fr">5 millions de décès</a> ont été associés à la résistance aux antimicrobiens en 2019. </p>
<p>C'est sur le continent africain que le fardeau est le plus lourd. </p>
<p>La première <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">évaluation complète</a> de la charge mondiale de la résistance aux antimicrobiens a estimé qu'en 2019, plus de 27 décès pour 100 000 étaient directement imputables à la résistance aux antimicrobiens en Afrique. Plus de 114 décès pour 100 000 personnes y ont été associés à cette résistance. </p>
<p>Dans les pays à revenu élevé, la résistance aux antimicrobiens a été directement à l'origine de 13 décès pour 100 000. Elle est associée à 56 décès pour 100 000 personnes.</p>
<p><a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">L'étude</a> a montré que les jeunes enfants sont particulièrement exposés. La moitié des décès survenus en Afrique subsaharienne en 2019 concernaient des enfants de moins de 5 ans.</p>
<h2>Comment les inégalités et la pauvreté interviennent-elles ?</h2>
<p>Dans de nombreux pays africains, la pauvreté et les inégalités favorisent la résistance aux antimicrobiens.</p>
<p>L'accès à une eau courante propre, à un assainissement adéquat et à une gestion sûre de l'eau est un défi majeur dans de nombreux hôpitaux et cliniques des pays africains. </p>
<p>De plus, il y a souvent un grave manque drastique de personnel de santé. Les services sont souvent débordés. En conséquence, les infections se propagent plus rapidement. Certaines de ces infections sont résistantes aux antibiotiques. </p>
<p>L'utilisation inappropriée des antibiotiques, l'insuffisance des ressources sanitaires et l'accès limité aux médicaments appropriés ont également alimenté la résistance aux antibiotiques en Afrique subsaharienne. </p>
<p>Les médicaments <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14787210.2023.2259106">de qualité inférieure et falsifiés</a>, en raison de leurs doses inférieures, peuvent permettre aux bactéries de s'adapter, de résister, de se développer et de se propager. Des études montrent que le continent africain est touché par ces produits médicaux. </p>
<p>La pénurie mondiale d'antibiotiques encourage également l'utilisation de médicaments de qualité inférieure.</p>
<p>En raison d'une faible réglementation, la prescription d'antibiotiques <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14787210.2023.2259106">en vente libre</a> est très répandue en Afrique subsaharienne. Les taux les plus élevés de prescription d'antibiotiques en vente libre ont été relevés en Érythrée (jusqu'à 89,2 %), en Éthiopie (jusqu'à 87,9 %), au Nigeria (jusqu'à 86,5 %) et en Tanzanie (jusqu'à 92,3 %). En Zambie, jusqu'à 100 % des pharmacies ont délivré des antibiotiques sans ordonnance. </p>
<h2>Y a-t-il de bonnes nouvelles ?</h2>
<p>Si la lutte contre la résistance aux antimicrobiens sur le continent africain est plus difficile que dans d'autres régions, de nombreux décès peuvent sont évitables. </p>
<p>Il y a eu quelques initiatives encourageantes pour protéger les systèmes de santé et les communautés contre la résistance aux antimicrobiens.</p>
<ol>
<li><p>L'Union africaine a mis en place le <a href="https://africacdc.org/download/african-union-framework-for-antimicrobial-resistance-control-2020-2025/">Cadre de l'Union africaine sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens</a>. Ce cadre vise à renforcer la recherche, à promouvoir les politiques, les lois et la bonne gouvernance, à améliorer la sensibilisation et à impliquer les organisations de la société civile.</p></li>
<li><p>La lutte contre la résistance aux antimicrobiens implique le développement de nouveaux antibiotiques tout en s'assurant qu'ils atteignent les personnes qui en ont besoin. C'est pour cela que des organisations comme le <a href="https://gardp.org/">Partenariat mondial de recherche-développement d'antibiotiques</a> ont été créées. Nous constatons des progrès encourageants pour un antibiotique contre la gonorrhée résistante aux médicaments, un <a href="https://www.who.int/news/item/22-06-2023-who-outlines-40-research-priorities-on-antimicrobial-resistance">agent pathogène hautement prioritaire</a>. </p></li>
</ol>
<p>Six sites sud-africains ont participé à l'essai clinique.</p>
<ol>
<li><p>La mesure et le suivi de la résistance aux antimicrobiens et de l'utilisation des antimicrobiens jouent un rôle essentiel. Là aussi, des progrès ont été accomplis. Le consortium <a href="https://africacdc.org/download/mapping-antimicrobial-resistance-and-antimicrobial-use-partnership-maap-country-reports/">Mapping AMR and AMU Partnership</a> a récemment publié 14 nouveaux rapports nationaux sur la situation en Afrique. </p></li>
<li><p>Le <a href="https://www.edctp.org/">Partenariat d'essais cliniques entre l'Europe et les pays en développement</a> finance la recherche clinique d'outils médicaux permettant de détecter, traiter et prévenir les maladies infectieuses liées à la pauvreté en Afrique subsaharienne. Le domaine vital de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK531478/#:%7E:text=Neonatal%20sepsis%20refers%20to%20an,middle%20and%20lower%2Dincome%20countries">septicémie néonatale</a> en fait partie.</p></li>
<li><p>Il est essentiel de modifier les comportements à l'égard des antibiotiques afin qu'ils soient utilisés à bon escient. Des organisations telles que <a href="https://www.reactgroup.org/news-and-views/news-and-opinions/2023-2/react-africa-conference-2023/">ReAct Africa and the South Centre</a> ont bien progressé sur cet aspect. </p></li>
</ol>
<p>Elles plaident pour une utilisation responsable des antibiotiques ainsi que pour des moyens de prévenir et de contrôler les infections bactériennes. </p>
<p>Au Kenya et dans d'autres pays africains, les champions de la résistance aux antimicrobiens sensibilisent les écoles, les universités, les cliniques et les communautés. </p>
<p>6.<a href="https://www.afro.who.int/regional-director/speeches-messages/strategic-imperative-boosting-local-pharmaceutical-production">Une initiative audacieuse</a> des pays africains pour établir et développer la fabrication locale de produits médicaux nécessite une réglementation stricte afin de ne pas alimenter la résistance aux médicaments avec des produits de qualité inférieure ou des contrefaçons. </p>
<h2>Que nous réserve l'avenir ?</h2>
<p>Les défis posés par la résistance aux antimicrobiens dans les pays africains sont énormes. Mais la dynamique de lutte contre ce phénomène est en train de se mettre en place. </p>
<p>Les étapes cruciales sont les suivantes</p>
<ul>
<li><p>un investissement accru</p></li>
<li><p>l'expansion des programmes de prévention et de contrôle des infections, y compris les bonnes pratiques de prescription clinique</p></li>
<li><p>l'amélioration de l'accès aux antibiotiques essentiels et aux outils de diagnostic</p></li>
<li><p>le développement de nouveaux antibiotiques capables de traiter les infections multirésistantes. </p></li>
</ul>
<p><em>Cet article fait partie d'un partenariat médiatique entre The Conversation Africa et la Conférence 2023 sur la santé publique en Afrique. L'auteur remercie Carol Rufell du Partenariat mondial pour la recherche et le développement des antibiotiques en Afrique pour sa précieuse contribution.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218371/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tom Nyirenda does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>L'Afrique est plus touchée par la résistance aux antimicrobiens, largement alimentée par la pauvreté, mais des signes encourageants montrent que le continent prend des mesures pour la combattre.Tom Nyirenda, Extraordinary Senior Lecture in the Department of Global Health, Stellenbosch UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2134842023-10-10T21:16:44Z2023-10-10T21:16:44ZTransmission de l’antibiorésistance à l’être humain : quelles bactéries surveiller chez l’animal ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/552346/original/file-20231005-19-6xuzjf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C4920%2C3268&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’usage d’antibiotiques en médecine vétérinaire doit être surveillé, car il soulève la question de l’émergence de bactéries résistantes et de leur passage à l’être humain.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/TlVNZvr_lf0">Jo-Anne McArthur / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>La résistance des bactéries aux antibiotiques ou « antibiorésistance », est devenue un sujet de préoccupation majeure. Selon un rapport britannique repris par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on estime que d’ici à 2050, le nombre de décès liés à la résistance aux antibiotiques pourrait atteindre <a href="https://amr-review.org/sites/default/files/160518_Final%20paper_with%20cover.pdf">10 millions par an dans le monde</a>.</p>
<p>Fin juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié un avis concernant la <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/SABA2020SA0066Ra.pdf">liste prioritaire des couples bactérie/famille d’antibiotiques</a> à surveiller chez les animaux en raison de leur impact sur la santé publique. Voici ce qu’il faut en retenir.</p>
<h2>Comment émergent les résistances ?</h2>
<p>Toute utilisation d’antibiotique, que ce soit chez les êtres humains ou chez les animaux, exerce une pression de sélection : initialement très efficaces, les antibiotiques éliminent massivement les bactéries sensibles. </p>
<p>Il arrive cependant que quelques bactéries s’avèrent capables de leur résister. Celles-ci survivent et, favorisées par la disparition des bactéries sensibles, se multiplient sans concurrence. C’est ainsi qu’émergent des populations résistantes contre lesquelles les antibiotiques deviennent inefficaces.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/antibiotiques-lantibioresistance-est-une-pandemie-silencieuse-194799">Antibiotiques : « l’antibiorésistance est une pandémie silencieuse »</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>De telles bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent non seulement se développer chez les personnes soignées par des antibiotiques, mais aussi dans l’environnement (lorsque celui-ci est contaminé par des rejets contenant des antibiotiques) ou chez les animaux d’élevage et de compagnie, lorsque les antibiotiques sont utilisés en médecine vétérinaire.</p>
<p>Dans ce dernier cas, des bactéries résistantes peuvent être transmises aux êtres humains soit par le biais de contacts rapprochés avec lesdits animaux, soit de manière indirecte, par l’intermédiaire de l’environnement ou via la consommation de produits alimentaires contaminés.</p>
<h2>Des couples bactérie/famille d’antibiotiques à surveiller en priorité chez l’animal</h2>
<p>Onze couples bactérie/famille d’antibiotiques à surveiller en priorité chez les animaux en France figurent sur la première liste élaborée par l’Anses. Parmi eux, cinq sont classés hautement prioritaires :</p>
<ul>
<li><p><strong>Enterobacterales/carbapénèmes :</strong> les Enterobacterales sont un ordre bactérien qui comprend plusieurs espèces par exemple <em>Escherichia coli</em> ou les bactéries du genre <em>Salmonella</em>, couramment trouvées dans l’intestin des êtres humains et d’autres animaux. Diverses espèces d’Enterobacterales peuvent causer des infections, notamment urinaires, intestinales, ou respiratoires. Or, certaines de ces bactéries ont développé une résistance aux antibiotiques. C’est le cas par exemple de souches résistantes aux carbapénèmes qui sont des antibiotiques à large spectre, utilisés uniquement en milieu hospitalier pour traiter les infections les plus graves. L’émergence des Enterobacterales résistantes aux carbapénèmes est un problème majeur de santé publique. La résistance de ces bactéries à plusieurs classes d’antibiotiques peut conduire à des impasses thérapeutiques.</p></li>
<li><p><strong>Enterobacterales/céphalosporines de troisième et quatrième générations (C3G/C4G) :</strong> certaines souches d’Enterobacterales ont développé une résistance aux C3G/C4G, des antibiotiques d’importance critique utilisés pour traiter des infections sévères à la fois chez l’être humain et l’animal. En médecine vétérinaire, la réalisation d’un antibiogramme préalable à leur prescription est requise.</p></li>
<li><p><strong><em>Staphylococcus aureus</em>/méticilline (SARM) :</strong> <em>S. aureus</em> (ou staphylocoque doré) est une bactérie qui peut se trouver sur la peau et dans les voies nasales des êtres humains, sans provoquer de problème de santé. Cependant, dans certaines conditions (<a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/staphylocoque">blessure, intervention chirurgicale, affaiblissement immunitaire…</a>), elle peut causer diverses infections, telles que des infections cutanées, des infections des voies respiratoires, ou même des infections sanguines. Le <em>Staphylococcus aureus</em> résistant à la méticilline, aussi appelé SARM, est un staphylocoque ayant développé une résistance à plusieurs antibiotiques, dont la méticilline. Puisque cette dernière est inefficace pour traiter une infection causée par le SARM, cela limite le choix des traitements.</p></li>
<li><p><strong>Enterobacterales/fluoroquinolones :</strong> tout comme les C3G/C4G, les fluoroquinolones sont des antibiotiques d’importance critique chez l’être humain et l’animal.</p></li>
<li><p><strong>Enterobacterales/polymyxines :</strong> la colistine est l’antibiotique le plus connu parmi ceux appartenant aux polymyxines. Elle est utilisée en médecine vétérinaire, notamment dans les filières animales de production. En médecine humaine, en raison de sa toxicité, la colistine n’est prescrite que pour le traitement d’infections humaines sévères liées à des bactéries résistantes à toutes les autres options thérapeutiques. La résistance de certaines souches à la colistine est problématique du fait de la forte capacité de dissémination d’un gène de résistance, <em>mcr-1</em>, identifié chez les animaux et les êtres humains dans le monde entier.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des cochons dans un élevage." src="https://images.theconversation.com/files/552378/original/file-20231005-21-gpj0dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552378/original/file-20231005-21-gpj0dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552378/original/file-20231005-21-gpj0dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552378/original/file-20231005-21-gpj0dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552378/original/file-20231005-21-gpj0dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552378/original/file-20231005-21-gpj0dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552378/original/file-20231005-21-gpj0dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La circulation des staphylocoques dorés résistants à la méticilline doit être surveillée, notamment dans les élevages de porcs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/tlJ_5jVHMF4">Diego San/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Évolution des résistances</h2>
<p>Une analyse des données épidémiologiques collectées en France permet actuellement de nuancer la transmission de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques entre les animaux et les êtres humains.</p>
<p>Les données d’épidémiosurveillance montrent que si la résistance aux carbapénèmes est occasionnellement détectée chez les chiens et les chats, elle est vraisemblablement liée à un contact avec les êtres humains porteurs de cette bactérie résistante, car cette famille d’antibiotique n’est pas utilisée en médecine vétérinaire.</p>
<p>Les résistances aux autres familles d’antibiotiques chez les animaux de production (bovins, porcs, volailles) et de compagnie (chiens et chats) sont en baisse au cours des dix dernières années, grâce aux efforts de maîtrise de l’utilisation d’antibiotiques dans le secteur animal.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/podcast-zootopique-la-resistance-aux-antibiotiques-une-pandemie-silencieuse-207657">Podcast « Zootopique » : La résistance aux antibiotiques, une pandémie silencieuse</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Une vigilance devra toutefois être apportée concernant les souches de <em>Staphylococcus aureus</em> <a href="https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/meticillin-resistant-staphylococcus-aureus-mrsa">résistantes à la méticilline</a>, un important antibiotique de la famille des pénicillines. En 2006, des cas d’infections dans plusieurs hôpitaux aux Pays-Bas ont mis en évidence que <a href="https://theconversation.com/antibiotiques-lantibioresistance-est-une-pandemie-silencieuse-194799">ces bactéries résistantes provenaient en fait d’élevages de porcs</a>.</p>
<p>En France, une enquête menée dans plusieurs élevages porcins a montré que les niveaux de cette résistance ont significativement augmenté entre 2008 et 2021, <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/SABA2020SA0066Ra.pdf#page=11">passant de 3 % à plus de 40 %</a>. Par ailleurs, les données de surveillance révèlent, pour l’année 2021, des proportions élevées chez le chien, avec une tendance à l’augmentation depuis 2018.</p>
<p>Dans son avis, l’Anses recommande d’améliorer cette épidémiosurveillance en utilisant des méthodes de séquençage permettant des analyses du génome entier des cinq couples bactérie/famille d’antibiotiques hautement prioritaires, afin de pouvoir évaluer la contribution du réservoir animal dans la transmission aux êtres humains de telles bactéries résistantes, et d’évaluer la présence d’éléments génétiquement mobiles pouvant favoriser la transmission des gènes codants pour cette résistance aux antibiotiques.</p>
<p>Concernant les staphylocoques dorés résistants à la méticilline, l’Anses souligne la nécessité d’apporter une vigilance au SARM dans le secteur animal à travers la mise en place d’enquêtes ponctuelles, afin de détecter les animaux pouvant jouer un rôle de porteurs transitoires et qui risquent d’être impliqués dans la dissémination et la persistance du SARM dans la population humaine.</p>
<h2>Attention aux aliments importés</h2>
<p>En France, la transmission des résistances bactériennes entre les animaux et les êtres humains est contrôlée grâce à des mesures de biosécurité dans les élevages, aux bonnes pratiques d’hygiène dans les cliniques vétérinaires et via la cuisson des aliments (la chaleur tue les bactéries résistantes aux antibiotiques).</p>
<p>Cependant, le commerce international, les déplacements de personnes, d’animaux et de produits alimentaires intensifient le risque de dissémination rapide des bactéries résistantes aux antibiotiques. C’est le cas par exemple de crevettes d’élevage importées d’Asie, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1157923/bacteries-resistantes-antibiotiques-crevettes-epicerie-alimentation">qui peuvent être contaminées par des bactéries résistantes aux antibiotiques</a>. Pour y faire face, la décision <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32020D1729">(UE) 2020/1729</a> impose la surveillance de l’antibiorésistance, mais uniquement dans les viandes importées depuis des pays hors de l’Union européenne.</p>
<p>L’Anses recommande donc d’élargir cette surveillance aux produits issus de la pêche, afin d’éviter l’introduction en France de nouvelles bactéries résistantes, voire de bactéries multirésistantes (autrement dit, résistantes à plusieurs familles d’antibiotiques), qui représentent une menace majeure pour la santé publique.</p>
<h2>L’antibiorésistance, c’est l’affaire de tous !</h2>
<p>En médecine humaine, tout le monde se souvient du slogan « Les antibiotiques, ce n’est pas automatique », employé dans les campagnes de sensibilisation visant à réduire le recours systématique aux antibiotiques.</p>
<p>Son pendant en médecine vétérinaire, « les antibios, comme il faut, quand il faut », a permis d’attirer l’attention des professions du secteur animal sur le bon usage des antibiotiques vétérinaires.</p>
<p>La problématique de l’antibiorésistance est particulièrement emblématique du concept <em>One Health</em> (« Une seule santé »), selon lequel santé humaine, animale et environnementale sont interconnectées et interdépendantes.</p>
<p>Pour lutter contre ce problème majeur, il est en effet nécessaire de renforcer les mesures de prévention et de contrôle de la transmission de l’antibiorésistance entre les êtres humains, les animaux et l’environnement. C’est à ce prix que nous pouvons espérer réussir à préserver l’efficacité des antibiotiques, et donc notre capacité à lutter contre les infections bactériennes à l’avenir.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit avec l’appui d’Eric Oswald, président du groupe de travail Anses « antiborésistance chez les animaux »</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213484/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elissa Khamisse ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le risque que des bactéries résistantes aux antibiotiques passent des animaux à l’humain (et vice-versa) est réel. Quels sont les couples de bactéries et d’antibiotiques à surveiller en priorité ?Elissa Khamisse, Coordinatrice scientifique d’expertise en santé et alimentation des animaux, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2064312023-06-01T16:17:40Z2023-06-01T16:17:40ZTuberculose en France : la bataille n’est pas gagnée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/528566/original/file-20230526-17-gi3asw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C3%2C1047%2C787&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La tuberculose reste présente en France (poumons atteints, avec détail de la bactérie Mycobactrieum tuberculosis)</span> <span class="attribution"><span class="source">NIAID, Images courtesy of Clifton Barry/ Laboratory of Clinical Immunology & Microbiology</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Elle s’est appelée « phtisie », « consomption » ou « peste blanche », on parle aujourd’hui de tuberculose. Cette maladie infectieuse, causée par la bactérie <em>Mycobacterium tuberculosis</em>, nous accompagne depuis des millénaires.</p>
<p>Particulièrement contagieuse, elle fut le fléau des sociétés industrialisées occidentales au XIX<sup>e</sup> siècle et durant la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle. À la Belle Époque, on estimait ainsi qu’elle était responsable du décès de près de 150 000 personnes chaque année en France avec près de 9 millions de décès au cours du XIX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Si elle a causé des ravages, on l’associe désormais au passé. C’est une erreur : on meurt toujours de tuberculose, y compris en France. Et, au niveau mondial, elle a récemment <a href="https://www.who.int/fr/news/item/27-10-2022-tuberculosis-deaths-and-disease-increase-during-the-Covid-19-pandemic">progressé pour la première fois depuis vingt ans</a> indiquait l’OMS en 2021. Comment expliquer ce retour ?</p>
<p>Revenons un instant à ce qui avait permis son recul…</p>
<p>L’identification de son agent pathogène par le médecin allemand Robert Koch en 1882 (d’où son surnom de « bacille de Koch », un bacille étant une bactérie de forme allongée) fut une première étape décisive puisqu’elle allait ouvrir la voie à des moyens de lutte efficace. L’amélioration des conditions de vie et d’hygiène, puis le développement de la vaccination (le fameux BCG, pour Bacille de Calmette et Guérin) avec pour finir la mise en place de l’antibiothérapie ont considérablement changé le pronostic de la maladie. Elle allait ainsi refluer dans les pays industrialisés tout au long du XX<sup>e</sup> s.</p>
<p>Refluer mais pas disparaître : la tuberculose reste une menace, et un fléau à l’échelle mondial. Selon l’OMS, en 2021, près de <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/tuberculosis">1,6 million de personnes en sont mortes</a> et elle est la deuxième cause de mortalité par maladie infectieuse, derrière le Covid-19 (et avant le Sida), et la treizième toutes causes confondues.</p>
<p>L’objectif de l’OMS de l’éradiquer d’ici 2030 se heurte à de nombreuses difficultés, dont celles croissantes de la <a href="https://theconversation.com/resistance-aux-antibiotiques-comment-lutter-contre-la-pandemie-silencieuse-168008">résistance aux antibiotiques</a> et la persistance des inégalités socio-économiques sur lesquelles elle prospère.</p>
<h2>Tuberculose en France : les chiffres</h2>
<p>La tuberculose est une des 36 maladies à <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/tuberculose/notre-action/#tabs">déclaration obligatoire auprès de Santé publique France</a>.</p>
<p>Ce suivi a permis de constater que, sur 20 ans, son incidence (nombre de cas apparus sur une année) est en recul avec <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/tuberculose-en-france-les-chiffres-2020">6,4 cas pour 100 000 habitants en 2021 contre 11 en 2000 – soit environ 4300 cas contre 4600 20 ans plus tôt</a>. Le nombre de cas de tuberculoses multirésistantes (MDR) a également diminué : 43 cas en 2021 contre 67 en 2020 (environ 1 % des cas).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="La baisse générale est régulièrement interrompue par des ressauts ; à noter également que la répartition de la tuberculose n’est pas homogène sur le territoire" src="https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528563/original/file-20230526-27-5faty3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Nombre total de cas et taux de déclaration de tuberculose en France entre 2000 et 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Santé publique France ; DO tuberculose ; données de population : ELP, Insee</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce qui n’empêche pas les ressauts comme en 2007-2008 et en 2017-2019… Quant à la baisse en cours, elle découle en partie des mesures de confinement et de port du masque de la pandémie Covid-19, mais aussi d’une possible baisse des diagnostics du fait d’un accès aux soins limité.</p>
<p>Si le territoire Français est considéré comme une zone de faible incidence par l’OMS de façon générale, on constate de fortes disparités selon les régions avec les outre-mer et l’Île-de-France en principaux épicentres :</p>
<ul>
<li><p>Mayotte compte 12,0 cas pour 100 000 habitants ;</p></li>
<li><p>L’Île-de-France, 13,2 cas pour 100 000 habitants (38 % des cas). La Seine-Saint-Denis est le département de Métropole le plus affecté avec 24,3 cas pour 100 000 habitants ;</p></li>
<li><p>La Guyane, 25,5 cas pour 100 000 habitants.</p></li>
</ul>
<p>Trois catégories de personnes sont particulièrement affectées : les personnes sans domicile (68 cas pour 100 000 habitants), celles détenues (44/100 000 habitants) et celles nées hors de France (32/100 000 habitants) – principalement les jeunes (25-39 ans) nés dans un pays à forte endémie.</p>
<p>Par ailleurs, il est à noter qu’être immunodéprimé (en raison du VIH, d’une transplantation d’organes, de biothérapies…) est un facteur majeur de développement de la maladie.</p>
<h2>En Europe, une situation contrastée</h2>
<p>Europe de l’Ouest et de l’Est sont dans des situations sanitaires très différentes.</p>
<p>À l’Ouest, la prévalence (nombre de cas à un moment donné) de la tuberculose est faible, et l’incidence de nouveaux cas inférieure à 10 pour 100 000 habitants. Dans l’Union européenne, <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/tuberculosis-surveillance-and-monitoring-europe-2022-2020-data">l’ECDC (<em>European Control disease center</em>)</a> l’évaluait ainsi à 7,3 cas pour 100 000 habitants en 2020 – soit environ 33 000 nouveaux cas.</p>
<p>Dans l’ancien bloc soviétique, prévalence et incidence sont de modérées à fortes. La Fédération de Russie présentait, en 2020, un taux d’incidence de 58,2 pour 100 000 habitants.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="L’ex-bloc de l’Est a des chiffres supérieurs à 20 ; l’UE se situe plutôt autour de 10" src="https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528314/original/file-20230525-19-y3f8rb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte des taux d’incidence (nb de cas/100 000 habitants/an) de la tuberculose en Europe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Données : European Surveillance System (TESSy) et WHO Global TB data-collection system</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’OMS estimait en 2021 à plus de 21 000 le nombre de décès dus à la tuberculose en Europe (2,3 décès pour 100 000 personnes), dont environ 3 800 dans l’UE (0,8 décès pour 100 000). Une augmentation, la première en plus de vingt ans comme indiqué plus haut, qui s’explique notamment par un retard ou une absence de diagnostic à la suite de perturbations des services de lutte contre la maladie.</p>
<h2>Une maladie aux multiples visages</h2>
<p>La transmission se fait par voie aérienne, via des gouttelettes chargées de bactéries projetées par un malade ; elle est favorisée par la toux et l’expectoration. Seules les formes pulmonaires (et les exceptionnelles formes laryngées) sont donc contagieuses.</p>
<p>Le bacille gagne les poumons de son nouvel hôte, où il va entraîner une réponse inflammatoire. Les cellules immunitaires impliquées (des macrophages) peuvent se retrouver infectées et, en se déplaçant ensuite dans le corps via le système lymphatique, transporter la bactérie dans des ganglions. Le malade est au stade dit de <strong>« primo-infection tuberculeuse »</strong>.</p>
<p>Dans 90 % des cas, cette primo-infection sera pas ou peu symptomatique. S’installe une <strong>« infection tuberculeuse latente »</strong> (ITL). Si, dans 90 % des cas l’évolution est favorable (hors immunodépression et très jeunes enfants, plus vulnérables), des formes avec symptômes peuvent se développer :</p>
<ul>
<li><p><strong>Tuberculose pulmonaire commune</strong> : Elle se caractérise par des signes respiratoires (gênes, douleurs thoraciques, toux prolongée parfois sanglante…) et parfois amaigrissement, fatigue, fièvre, sueurs nocturnes, etc. Plus fréquente lorsque la maladie est active, l’hémoptysie (cracher du sang venant des bronches) survient dans 5 à 15 % des cas dans les pays industrialisés mais est plus fréquente dans les pays à forte endémie.</p></li>
<li><p><strong>Formes extra-pulmonaires</strong> : Elles représentent 25 % des cas en France, et peuvent apparaître secondairement. La forme la plus fréquente est la <strong>tuberculose ganglionnaire</strong>, caractérisée par des ganglions enflés et enflammés. La <strong>tuberculose osseuse</strong> est également répandue (avec formation d’abcès au niveau des vertèbres ou autres articulations) comme l’atteinte hépatique (rarement symptomatique). D’autres formes, moins fréquentes, existent : des pleurésies, péricardites et méningites tuberculeuses ainsi que les rares tuberculoses laryngées, urogénitale (risque de stérilité), digestive et surrénalienne. En cas d’immunodépression sous-jacente, elle peut toucher de multiples organes.</p></li>
<li><p><strong>Tuberculose du sujet âgé</strong> : La prévalence dans la population âgée est importante. Les signes cliniques sont aspécifiques et souvent peu bruyants, entraînant parfois un retard diagnostique et thérapeutique.</p></li>
</ul>
<h2>Quelle prise en charge thérapeutique en France ?</h2>
<p>Bien codifiée en France, la prise en charge de la tuberculose est assurée à 100 % par la Sécurité sociale (via les Affections de longue durée, ALD, ou l’Aide médicale d’État, AME). Cela permet une <a href="https://theconversation.com/maladies-chroniques-pourquoi-est-ce-si-difficile-de-suivre-un-traitement-sur-le-long-terme-201994">bonne observance des traitements, particulièrement longs</a> : deux mois de prise de quatre molécules antibiotiques, puis quatre mois avec deux antibiotiques (Recommandations OMS 2018) à l’exception des tuberculoses neuroméningées, qui exigent 9 à 12 mois de traitement.</p>
<p>Les deux principaux antituberculeux, la <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/3e_bat_rifadine.pdf">rifampicine</a> et l’<a href="https://www.vidal.fr/medicaments/substances/isoniazide-1913.html">isoniazide</a>, sont utilisés sur les six mois ; s’y ajoutent au début <a href="https://www.vidal.fr/medicaments/substances/pyrazinamide-2974.html">pyrazinamide</a> et <a href="https://www.vidal.fr/medicaments/substances/ethambutol-15563.html">éthambutol</a>. Dans les formes respiratoires, les patients sont isolés pendant au moins deux semaines après initiation du traitement.</p>
<p>Cette association permet une guérison dans plus de 85 % des cas. Un bon résultat dû à l’adhésion des patients, obtenu grâce au suivi des effets secondaires et des adaptations de posologies qui en découlent. Aux États-Unis, le <a href="https://academic.oup.com/cid/article/63/7/e147/2196792?login=false">taux de succès est de l’ordre 66 %</a> du fait des difficultés à financer les traitements (permettant l’observance) et au manque de suivi (clinique, biologique et des effets secondaires) dans les populations les plus touchées.</p>
<p>La lutte contre la tuberculose passe par les <a href="https://splf.fr/clat/">Centre de lutte anti-tuberculose (CLAT)</a> qui maillent le territoire. Ils organisent et coordonnent le dépistage des cas, leur suivi et la recherche des cas contacts.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<h2>Résistance, co-infection : les principales menaces</h2>
<p>Même si des progrès majeurs ont été accomplis depuis un siècle, le reflux de la tuberculose n’est pas global. Il s’observe principalement dans les pays offrant une bonne protection sociale et sanitaire. L’Europe de l’Ouest, par ses acquis sociaux et un meilleur accès à des structures de santé performantes, est à la pointe. Les mesures de protection sociale ont fait leurs preuves en aidant à casser les chaînes de contamination et à diminuer la morbi-mortalité.</p>
<p>Malheureusement, la tuberculose reste endémique dans bien des régions du globe. Les raisons sont multiples et complexes : manque de financement des offres de soins et dans la formation des personnel, difficultés dans le diagnostic, l’accès et le suivi du traitement (coût, effets secondaires), etc.</p>
<p>Or les arrêts de traitements prématurés présentent un double risque : pour le malade, et d’émergence de souches résistantes. On parle de tuberculose multi-résistante (MDR en anglais) lorsque rifampicine et isoniazide deviennent moins efficaces. Lorsque la résistance se développe également contre les médicaments de deuxième intention les plus efficaces (fluoroquinolones, aminosides, etc.), la tuberculose est dite « extrêmement résistante » (XDR en anglais).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Point sur les traitements encore efficaces et inefficaces contre la tuberculose" src="https://images.theconversation.com/files/528580/original/file-20230526-15-hhj43i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/528580/original/file-20230526-15-hhj43i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/528580/original/file-20230526-15-hhj43i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/528580/original/file-20230526-15-hhj43i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/528580/original/file-20230526-15-hhj43i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/528580/original/file-20230526-15-hhj43i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/528580/original/file-20230526-15-hhj43i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La bactérie responsable de la tuberculose est de plus en plus résistante aux traitements. On parle de formes multirésistantes quand les deux principaux antibiotiques, rifampicine et isoniazide, deviennent inefficaces. Il faut alors se reporter sur les autres molécules.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NIAID</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La tuberculose multirésistante est une des principales menaces en termes de santé publique et la sécurité sanitaire au niveau mondial.</p>
<p>Selon l’OMS, en 2021, seul un tiers des patients diagnostiqués avec une tuberculose MDR ont eu accès à un traitement. Plusieurs pistes ont été explorées afin d’améliorer la prise en charge : tests de dépistage de résistance rapide, traitement plus court ou simplifié afin d’améliorer l’observance, etc.</p>
<p>Mais la persistance de la maladie et la progression des formes résistantes sont également associées à une autre pathologie infectieuse majeure : le Sida (Syndrome de l’immunodéficience acquise), causé par le Virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Les sujets touchés ont en moyenne 16 fois plus de risque de développer une tuberculose (OMS 2021), qui est la première cause de décès parmi les personnes vivant avec le VIH (environ 187 000 personnes en 2021). L’Afrique et les pays de l’ancienne URSS sont les plus concernés du fait d’un manque d’accès aux soins et d’une stigmatisation de ces populations.</p>
<p>Des solutions existent, par l’amélioration des diagnostics et des traitements. Mais il ne faut pas oublier la base du problème : la tuberculose est un révélateur de l’état de nos sociétés. Avec les autres maladies infectieuses, elles mettent en exergue nos failles et nos faiblesses. Inégalités socio-économiques, accès aux soins et exclusion font leur lit. Aucune politique d’éradication ne pourra faire l’économie de cette réflexion, y compris dans une Europe occidentale parfois tentée par des solutions démagogiques en ces temps d’incertitudes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206431/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Simon Bessis est membre de SPILF, socitété de pathologie infectieuse en langue Française.
Simon Bessis à reçu une bourse de thèse de la Fondation pour la Recherche Médicale</span></em></p>La tuberculose sonne comme une maladie du passé. On en meurt pourtant toujours en France… Quels sont les territoires les plus touchés, et comment cette menace est-elle traitée aujourd’hui ?Simon Bessis, Médecin infectiologue et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI) - ENS de Lyon, Institut PasteurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044582023-05-17T18:12:48Z2023-05-17T18:12:48ZLa tolérance aux antibiotiques, un problème mais aussi une piste pour comprendre et combattre la résistance aux antibiotiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/523265/original/file-20230427-16-5jw9jq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C5%2C1194%2C551&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bactéries tolérantes aux antibiotiques entrent dans un état de dormance puis se réveillent quand l’antibiotique n’est plus présent.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jimsurkamp/51046277722/">Jim Surkamp, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Avez-vous déjà eu une vilaine infection qui ne semble pas vouloir disparaître ? Ou d’un nez qui coule et qui revient sans cesse ? Il se peut que vous ayez eu affaire à une bactérie qui tolère les antibiotiques, mais qui n’y est pas encore résistante.</p>
<p>La résistance aux antibiotiques est un problème majeur : elle a contribué à <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)0 2724-0">près de 1,27 million de décès dans le monde en 2019</a>. La tolérance aux antibiotiques, quant à elle, est un sujet de recherche plus récent.</p>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1371/journal.ppat.1008892">tolérance aux antibiotiques</a> se produit lorsqu’une bactérie survit longtemps après son exposition à des antibiotiques. Alors que les bactéries <a href="https://doi.org/10.1128/microbiolspec.VMBF-0016-2015">résistantes aux antibiotiques</a> prospèrent même en présence d’un antibiotique, les bactéries tolérantes vivent plutôt dans un état de dormance – elles ne se développent pas, ni ne meurent, mais supportent l’antibiotique jusqu’à ce qu’elles puissent se « réveiller », une fois le stress disparu. La tolérance a été <a href="https://www.doi.org/10.1126/science.aaj2191">liée à la propagation de la résistance aux antibiotiques</a>.</p>
<p>Je suis une <a href="https://doerr.wicmb.cornell.edu/current-lab-members/">microbiologiste</a>. J’étudie la tolérance aux antibiotiques et je cherche à découvrir ce qui pousse les bactéries tolérantes à entrer dans cet état de dormance.</p>
<p>En comprenant pourquoi les bactéries ont la capacité de devenir tolérantes, les chercheurs espèrent développer des moyens d’éviter la propagation de cette capacité. Le mécanisme exact qui différencie la tolérance de la résistance n’est pas encore clair, mais une des pistes réside dans la façon dont les bactéries <a href="https://doi.org/10.3389/fmicb.2020.577564">créent leur énergie</a> – un processus négligé pendant des décennies.</p>
<h2>Le choléra et la tolérance aux antibiotiques</h2>
<p>De nombreux antibiotiques sont conçus pour <a href="https://doi.org/10.1039/C6MD00585C">percer les défenses extérieures de la bactérie</a> comme un boulet de canon dans une forteresse de pierre. Les bactéries résistantes sont immunisées contre les boulets de canon, parce qu’elles peuvent soit le détruire avant qu’il n’endommage leur mur extérieur, soit modifier leurs propres murs pour pouvoir résister à l’impact.</p>
<p>De leur côté, les bactéries tolérantes peuvent supprimer entièrement leur mur et éviter tout dommage : pas de mur, pas de cible pour le boulet de canon. Si la menace disparaît rapidement, la bactérie peut reconstruire son mur pour se protéger d’autres dangers environnementaux et reprendre ses fonctions normales. Cependant, on ne sait toujours pas comment les bactéries savent que la menace antibiotique a disparu ni ce qui déclenche exactement leur réveil.</p>
<p>Avec mes collègues du <a href="https://doerr.wicmb.cornell.edu/">laboratoire Dörr de l’université Cornell</a>, nous essayons de comprendre les processus d’activation et de réveil de la bactérie tolérante responsable du choléra, <em>Vibrio cholerae</em>.</p>
<p>En effet, les médecins sont inquiets car la bactérie <em>Vibrio cholerae</em> <a href="https://doi.org/10.3389/fitd.2021.691604">est en train de développer rapidement une résistance à divers types d’antibiotiques</a>. Ainsi, en 2010, <em>Vibrio cholerae</em> était déjà <a href="https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2019.06.031">résistante à 36 antibiotiques différents</a>, et on s’attend à ce que ce nombre augmente encore.</p>
<p>Pour étudier comment <em>Vibrio cholerae</em> développe une résistance, nous avons choisi une <a href="https://doi.org/10.3389/fpubh.2016.00231">souche tolérante à une classe d’antibiotiques appelés bêta-lactames ou bêta-lactamines</a>. Les bêta-lactamines sont le boulet de canon envoyé pour détruire la forteresse de la bactérie, et <em>Vibrio cholerae</em> s’adapte en activant deux gènes qui suppriment temporairement sa paroi cellulaire – un phénomène que j’ai pu observer au microscope. Après avoir supprimé sa paroi cellulaire, la bactérie active d’autres gènes, qui la transforment en « globules », fragiles mais capables de survivre aux effets de l’antibiotique. Une fois l’antibiotique éliminé ou dégradé, <em>Vibrio cholerae</em> reprend sa forme normale de bâtonnet et continue à se développer.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/qCzCj4gQWLk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les <em>Vibrio cholerae</em> normalement en forme de bâtonnet enlèvent leurs parois cellulaires et se transforment en globules en présence de pénicilline, ce qui leur permet de survivre plus longtemps.</span></figcaption>
</figure>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Zyh6TpwJN0s?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption"><em>Vibrio cholerae</em> reprend sa structure en bâtonnets une fois la menace antibiotique écartée.</span></figcaption>
</figure>
<p>Chez l’homme, ce processus de tolérance est observé lorsqu’un médecin prescrit un antibiotique, généralement la doxycycline, à un patient infecté par le choléra. L’antibiotique semble temporairement arrêter l’infection. Mais les symptômes réapparaissent ensuite, car les antibiotiques n’ont jamais complètement éliminé les bactéries.</p>
<p>La capacité de revenir à la normale et de se développer après la disparition de l’antibiotique est la clé de la survie des bactéries tolérantes.</p>
<p>Exposer <em>Vibrio cholerae</em> à un antibiotique pendant une période suffisamment longue finirait par le tuer. Mais un traitement antibiotique standard n’est souvent pas assez long pour se débarrasser de toutes les bactéries, même dans un état fragile. De plus, la prise d’un médicament pendant une période prolongée peut nuire aux bactéries et aux cellules saines, ce qui peut provoquer une aggravation de l’inconfort et de la maladie. En outre, le <a href="https://doi.org/10.3389/fcimb.2020.572912">mauvais usage et l’exposition prolongée aux antibiotiques peuvent augmenter les risques de résistance des autres bactéries présentes dans l’organisme</a>.</p>
<h2>D’autres bactéries développent une tolérance</h2>
<p>La bactérie <em>Vibrio cholerae</em> n’est pas la seule espèce à faire preuve de tolérance à des antibiotiques, et les chercheurs ont récemment identifié de nombreuses bactéries infectieuses qui ont développé une tolérance. Une famille de bactéries appelée <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pbio.1001928">entérobactéries</a>, qui comprend les principaux agents pathogènes des maladies d’origine alimentaire <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pbio.1001928"><em>Salmonella</em></a>, <a href="https://doi.org/10.1128/AAC.01282-08"><em>Shigella</em></a> et <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-021-85509-7"><em>E. coli</em></a>, n’est qu’une partie des nombreux types de bactéries capables de tolérer les antibiotiques.</p>
<p>Comme chaque bactérie est unique, la façon dont elle développe la tolérance semble l’être également. Certaines bactéries, comme <em>Vibrio cholerae</em>, <a href="https://doi.org/10.1128/AAC.00756-19">effacent leurs parois cellulaires</a>. D’autres peuvent <a href="https://doi.org/10.1038/nchembio.1754">modifier leurs sources d’énergie, augmenter leur capacité à se déplacer ou simplement évacuer</a> l’antibiotique.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>J’ai récemment découvert que le <a href="https://doi.org/10.1128/jb.00476-22">métabolisme d’une bactérie, c’est-à-dire la façon dont elle décompose sa « nourriture » pour produire de l’énergie, peut jouer un rôle important dans sa capacité à devenir tolérante</a> aux antibiotiques. En effet, les différentes structures d’une bactérie, y compris sa paroi extérieure, sont constituées d’éléments spécifiques tels que des protéines. En empêchant la bactérie de fabriquer ces éléments, on affaiblit sa paroi, ce qui la rend plus susceptible d’être endommagée par l’environnement extérieur avant qu’elle ne puisse l’abattre.</p>
<h2>La tolérance et la résistance sont liées</h2>
<p>Bien que de nombreuses recherches aient été menées sur la manière dont les bactéries développent des tolérances aux antibiotiques, il reste une pièce essentielle du puzzle à explorer : la manière dont la tolérance conduit à la résistance.</p>
<p>En 2016, des chercheurs ont découvert comment <a href="https://doi.org/10.1038/nmicrobiol.2016.20">rendre les bactéries tolérantes en laboratoire</a>. Après une exposition répétée à différents antibiotiques, des cellules d’<em>E. coli</em> ont pu s’adapter et survivre. L’ADN, le matériel génétique contenant les instructions pour le fonctionnement des cellules, est une molécule fragile. Lorsque l’ADN est rapidement endommagé par un stress – par exemple l’exposition à un antibiotique, les mécanismes de réparation de la cellule ont tendance à se dérégler et à provoquer des mutations susceptibles de créer une résistance et une tolérance.</p>
<p>Comme <em>E. coli</em> est similaire à de nombreux types de bactéries, les résultats de ces chercheurs montrent ironiquement que presque toutes les bactéries peuvent développer une tolérance… si elles sont poussées à leurs limites par les antibiotiques censés les tuer.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/sZowVUFuUDI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les bactéries vivent en communautés dans les biofilms. Source : BIOASTER, Institut d’Innovation Technologique en Microbiologie.</span></figcaption>
</figure>
<p>Une autre découverte récente très importante est que plus les bactéries restent longtemps tolérantes aux antibiotiques, plus elles sont susceptibles de <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2209043119">développer des mutations menant à la résistance</a>. En effet, la tolérance permet aux bactéries de développer une mutation de résistance qui réduit leurs chances d’être tuées lors d’un traitement antibiotique.</p>
<p>Ce phénomène est particulièrement important pour les communautés bactériennes qui sont souvent observées dans les <a href="https://doi.org/10.2147/IDR.S379502">biofilms qui ont tendance à recouvrir les surfaces souvent touchées dans les hôpitaux</a>. Ces biofilms sont des couches gluantes de bactéries qui suintent une gelée protectrice qui rend difficile le traitement antibiotique et facilite le partage de l’ADN entre les microbes. Ainsi, ils peuvent faciliter le développement d’une résistance aux antibiotiques. On pense que ces conditions sont en fait similaires à ce qui pourrait se produire lors d’infections traitées aux antibiotiques, dans lesquelles de nombreuses bactéries vivent les unes à côté des autres et partagent leur ADN.</p>
<p>Les chercheurs appellent à une intensification des recherches sur la tolérance aux antibiotiques dans l’espoir qu’elles débouchent sur des <a href="https://doi.org/10.1128/mBio.02095-19">traitements plus robustes</a>, tant pour les maladies infectieuses que pour les cancers. Et il y a des raisons d’espérer. Une étude sur des souris a montré que la <a href="https://doi.org/10.1126/science.1211037">diminution de la tolérance aux antibiotiques réduit également la résistance</a>.</p>
<p>Entre-temps, chacun peut prendre des mesures pour contribuer à la lutte contre la tolérance et la résistance aux antibiotiques : en <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/antibiotic-resistance">prenant un antibiotique exactement comme il a été prescrit par le médecin</a>, et en terminant tout le flacon. Une exposition brève et irrégulière à un médicament incite les bactéries à devenir tolérantes et finalement résistantes. Une utilisation plus rigoureuse des antibiotiques par l’ensemble de la population contribuerait à stopper l’évolution des bactéries tolérantes aux antibiotiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204458/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Megan Keller a reçu des financements de la National Science Foundation américaine, via le Graduate Research Fellowship Program et du National Institutes of Health (NSF GRFP #DGE-1650441 et NIH R01-AI143704).</span></em></p>La résistance aux antibiotiques provoque des millions de morts. Les recherches montrent que la tolérance aux antibiotiques peut mener à la résistance.Megan Keller, Ph.D. Candidate in Microbiology, Cornell UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2032602023-04-10T19:24:07Z2023-04-10T19:24:07ZCandida auris : que sait-on de ce champignon mortel qui se répand dans les hôpitaux des États-Unis ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/519612/original/file-20230405-28-orfs27.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C3295%2C2534&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le champignon Candida auris est difficile à combattre.</span> <span class="attribution"><span class="source">Stephanie Rossow/CDC</span></span></figcaption></figure><p>Un « supermicrobe » du nom de <em>Candida auris</em>, un champignon pathogène, est en train de se propager rapidement dans les hôpitaux et les maisons de retraite des États-Unis. Au point qu’une <a href="https://www.cdc.gov/media/releases/2023/p0320-cauris.html">alerte vient d’être diffusée par le CDC (Centers for Disease Control and Prevention)</a>.</p>
<p>Depuis la découverte du premier cas en 2016, ce micro-organisme s’est répandu dans la <a href="https://www.cdc.gov/fungal/candida-auris/tracking-c-auris.html">moitié des 50 États du pays</a>. Selon un <a href="https://www.acpjournals.org/doi/10.7326/M22-3469">nouveau rapport</a>, les infections qu’il cause ont triplé entre 2019 et 2021.</p>
<p>Mais les États-Unis ne sont pas les seuls concernés. Depuis qu’elle a été identifiée pour la première fois au Japon en 2009, cette levure a été découverte dans <a href="https://www.cdc.gov/fungal/candida-auris/candida-auris-qanda.html">plus de 30 pays</a>, parmi lesquels le Royaume-Uni, l'Inde, la Corée du Sud… et la France (<a href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=730">dans une moindre mesure, actuellement</a>).</p>
<p>Cette situation est extrêmement préoccupante, car l’infection par <em>Candida auris</em> est l’une des plus difficiles à traiter à l’heure actuelle : ce champignon est en effet résistant à de nombreux traitements fongicides.</p>
<p>Ce <em>Candida</em> est apparenté à d’autres types de levures qui peuvent entraîner des infections fongiques, comme <em>Candida albicans</em> – responsable du « muguet buccal » (reconnaissable à la prolifération blanchâtre locale de ce microorganisme sur la langue et les muqueuses). <em>Candida auris</em> est cependant très différent et, à certains égards, très inhabituel.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<h2>Les dangereuses particularités de <em>Candida auris</em></h2>
<p>Alors que de nombreuses autres espèces de <em>Candida</em> aiment se développer dans nos intestins en tant qu’éléments du <a href="https://theconversation.com/microbiote-intestinal-et-sante-une-alliance-que-chacun-peut-optimiser-168965">microbiote (la « flore intestinale »)</a>, ce n’est pas le cas de <em>Candida auris</em>, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33385336/">qui semble préférer la peau humaine</a>. La peau des personnes ainsi « colonisées » peut excréter beaucoup de nouvelles levures, ce qui est à l’origine de la forte <a href="https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1008563">contamination de leurs vêtements et des surfaces alentour</a>.</p>
<p>De ce fait, <em>Candida auris</em> peut être à l’origine d’épidémies, en particulier dans les unités de soins intensifs et les maisons de retraite, où, d’une manière générale, les personnes sont plus susceptibles de contracter des infections fongiques. Cette situation est inhabituelle, car généralement les infections fongiques ne se propagent pas d’un individu à l’autre.</p>
<p>Ce champignon peut également survivre sur les surfaces pendant <a href="https://www.cdc.gov/fungal/candida-auris/c-auris-drug-resistant.html">plusieurs semaines</a>, et il peut être difficile de s’en débarrasser. À cet effet, il est nécessaire de <a href="https://www.gov.uk/government/publications/candida-auris-infection-control-in-community-care-settings">renforcer le nettoyage et le lavage des mains</a> pour tenter de limiter sa propagation et l’exposition des patients à risque (immunodéprimés, etc.).</p>
<p>Il faut savoir que la plupart des personnes colonisées par <em>Candida auris</em> ne seront pas malades et ne s’apercevront même pas de sa présence… Par contre, cette levure <a href="https://www.gov.uk/government/publications/candida-auris-a-guide-for-patients-and-visitors">provoque des infections graves</a> lorsqu’elle pénètre dans l’organisme, via des plaies chirurgicales ou suite à la pose d’une intraveineuse. Une fois à l’intérieur du corps, elle peut infecter les organes et le sang, provoquant ainsi des atteintes sévères et potentiellement mortelles.</p>
<h2>Un risque mortel</h2>
<p>Le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9344200/">taux de mortalité</a> chez les personnes infectées par ce champignon (par opposition aux personnes simplement colonisées) se situe entre 30 et 60 %. Il s’agit d’une fourchette large, car déterminer un taux de mortalité précis est difficile. En effet, les personnes infectées par <em>Candida auris</em> sont souvent déjà gravement malades, et souffrent d’autres affections.</p>
<p>En outre, diagnostiquer une infection par cette levure n’est pas aisé, car elle peut engendrer un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7211321/#S0004title">large éventail de symptômes peu spécifiques</a>, notamment de la fièvre, des frissons, des maux de tête et des nausées.</p>
<p><em>Candida auris</em> doit donc être étroitement surveillé, car l’infection qu’il provoque peut aisément être confondue avec d’autres maladies. Ces dernières années, de nouveaux tests ont été mis au point pour faciliter son dépistage.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un professionnel de santé pose une intraveineuse sur la main d’un patient" src="https://images.theconversation.com/files/517943/original/file-20230328-480-mklbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/517943/original/file-20230328-480-mklbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/517943/original/file-20230328-480-mklbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/517943/original/file-20230328-480-mklbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/517943/original/file-20230328-480-mklbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/517943/original/file-20230328-480-mklbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/517943/original/file-20230328-480-mklbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Candida auris peut pénétrer dans l’organisme via une intraveineuse.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/cropped-image-female-nurse-attaching-iv-224584333">Tyler Olson/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au Royaume-Uni, le premier cas d’infection à <em>Candida auris</em> a été signalé en 2013. Toutefois, il est possible que d’autres infections se soient produites avant cette date – il semblerait en effet que certains des premiers cas aient été <a href="https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1008563">mal identifiés</a>, et attribués à des levures non apparentées à celle-ci.</p>
<p>Jusqu’à présent, les autorités sanitaires du Royaume-Uni <a href="https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1008563">ont réussi à stopper toute épidémie majeure et la propagation de la plupart des cas a été limitée</a>. La plupart des patients tombés malades à cause de <em>Candida auris</em> avaient voyagé dans des régions du monde où cette levure <a href="https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1008563">se rencontre plus fréquemment ou circule depuis plus longtemps</a>.</p>
<h2>Sous l’impulsion du Covid</h2>
<p>L’augmentation du nombre d’infections à <em>Candida auris</em> serait en partie liée à la pandémie de Covid-19. Les malades qui font des formes graves de Covid peuvent en effet avoir besoin d’une ventilation mécanique et nécessiter un séjour prolongé en unité de soins intensifs. Or il s’agit là de <a href="https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1008563">facteurs de risque de colonisation et d’infection par <em>Candida auris</em></a> lorsque la souche est présente à l’hôpital.</p>
<p>Déterminer précisément comment la pandémie a affecté les taux et le nombre d’infections fongiques dans le monde prendra du temps. Connaître la réponse à ces questions est cependant important si l’on veut pouvoir prédire comment pourraient à l’avenir fluctuer les cas de colonisation et d’infection par <em>C. auris</em>.</p>
<p>Comme pour la plupart des maladies potentiellement mortelles causées par des champignons, celles dues à <em>Candida auris</em> sont difficiles à traiter et les options, limitées. Nous ne disposons que d’une poignée de médicaments antifongiques pour les combattre, de sorte que lorsqu’une espèce est résistante à un ou plusieurs de ces médicaments, les options thérapeutiques deviennent rapidement extrêmement restreintes.</p>
<p>Or, certaines infections à <em>Candida auris</em> sont résistantes aux <a href="https://www.cdc.gov/fungal/candida-auris/c-auris-drug-resistant.html">trois types de médicaments antifongiques</a> actuellement disponibles.</p>
<p>Les professionnels de la santé doivent donc rester vigilants face à cette levure, car sans une surveillance étroite et une sensibilisation accrue à cette infection, nous pourrions assister à l’avenir à une augmentation des épidémies et des maladies graves qu’elle provoque.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203260/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rebecca A. Drummond est financée par le Conseil de la recherche médicale.</span></em></p>Une levure multirésistante aux traitements antifongiques, Candida auris, se répand aux États-Unis et dans de nombreux autres pays. Un appel à la vigilance est lancé. Quels sont les risques ?Rebecca A. Drummond, Associate Professor, Immunology and Immunotherapy, University of BirminghamLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1746242022-01-17T19:37:14Z2022-01-17T19:37:14ZLaboratoires pharmaceutiques : une industrie, aujourd’hui encore, plus réactive que prospective<p>Dans un récent ouvrage, l’épidémiologiste Jean-David Zeitoun nous rappelle que nous avions perdu de vue le fait que l’amélioration de la santé humaine et l’accroissement de l’espérance de vie étaient <a href="http://www.denoel.fr/Catalogue/DENOEL/Document/La-Grande-Extension">davantage des anomalies que des règles</a> établies à l’échelle de l’évolution.</p>
<p>Cette <em>grande extension</em> de notre espérance de vie n’a en effet commencé que fort récemment, autour du milieu du XVIII<sup>e</sup> siècle en Occident. Les effets progressifs, discontinus mais mutuellement bénéfiques de la désinfection, d’une meilleure alimentation, des progrès de la médecine et des découvertes scientifiques de l’industrie pharmaceutique ont, depuis lors, permis de faire progresser la durée de vie de 50 ans voire davantage dans les pays développés.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/zHGw4ePWDPc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Jean-David Zeitoun présente son livre <em>La grande extension</em> (Librairie Mollat, octobre 2021).</span></figcaption>
</figure>
<p>Or, nous alerte Jean-David Zeitoun, nous assistons aujourd’hui à un tassement voire aux prémices d’une possible diminution de l’espérance de vie, expliquée par l’émergence de deux types de méta-problèmes : les risques comportementaux d’une part (tabagisme, mauvaise alimentation, sédentarité parmi d’autres) et les risques environnementaux d’autre part (pollution, réchauffement climatique, déforestation, agriculture extensive notamment). À l’origine de nombreuses maladies chroniques, ces deux facteurs majeurs rendent désormais probable un recul de la santé humaine.</p>
<h2>Organisations apprenantes</h2>
<p>Pourtant, de l’aveu même de certains spécialistes ou hauts responsables du secteur de la santé, il ne se passe, au fond, qu’encore peu de choses en matière d’analyse prospective en santé.</p>
<p>Si l’attention des acteurs se concentre, assez logiquement aujourd’hui, sur la sécurité logistique et les veilles technologiques et règlementaires, elles restent beaucoup moins systématiques sur l’analyse de signaux faibles ou les <a href="https://hbr.org/1985/09/scenarios-uncharted-waters-ahead">scénarios géopolitiques et sociétaux</a> comme cela peut être le cas dans l’énergie, ou encore le <a href="https://www.definitions-marketing.com/definition/cahier-de-tendances/">décodage de tendances socioculturelles</a> à bas bruit dans la mode ou la communication média par exemple.</p>
<p>Par nature, la grande majorité des industriels réfléchissent en réalité davantage à la façon de pouvoir répondre le plus rapidement possible à des phénomènes émergents (exploitation) plutôt que d’anticiper des phénomènes complexes et multifactoriels sur le temps long (exploration).</p>
<p>À titre d’illustration et selon nos informations, plusieurs laboratoires ont décidé d’arrêter leurs recherches sur le SARS-CoV-1 au moment où le virus a disparu, sans beaucoup plus d’anticipation.</p>
<p>Pour utiliser une terminologie académique, on pourrait dire que les industries de santé représentent des <a href="https://ocottray.medium.com/organisation-ambidextre-manager-les-changements-%C3%A9volutifs-et-radicaux-77616a280781">organisations plus apprenantes qu’ambidextres</a>. Dans le cas du Covid-19, les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/23/vaccin-anti-covid-les-raisons-de-ce-record-de-vitesse_6064337_3244.html">outils de séquençage à haut débit</a> auront ainsi permis aux chercheurs de passer de la simple publication du virus à l’obtention de son génome détaillé en moins de 10 jours. Pour mémoire, il aura fallu 18 mois pour isoler le virus du sida et deux années supplémentaires pour en obtenir la séquence génétique complète…</p>
<p>Il est finalement peu surprenant que la veille autour des aspects macro-sociétaux et des pandémies soit l’apanage d’organismes publics, nationaux voire supranationaux, de fondations ou de think tanks indépendants du secteur industriel (Organisation mondiale de la santé, Biomedical Advanced Research and Development Authority, Gates Foundation, etc.) établis sur l’idée même d’observatoires indépendants, renseignés, en large partie abstraits des notions d’investissements, de prise de risque et de profitabilité.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1457826851276169222"}"></div></p>
<p>A contrario, les contraintes de la <a href="https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2011-2-page-13.htm">financiarisation des industries de santé</a> en cours depuis le début des années 2000, imposent aux acteurs des pratiques, des techniques et des logiques de rentabilité plus immédiates malgré les montants consacrés à la mise en place de solutions thérapeutiques innovantes et l’indéniable ampleur des investissements dédiés à la R&D (de <a href="https://theconversation.com/les-big-pharma-sont-ils-vraiment-des-ogres-financiers-170230">13 à 25 % de leur chiffre d’affaires sur prescription</a> selon les laboratoires).</p>
<p><iframe id="E1z3g" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/E1z3g/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>La financiarisation des entreprises de la santé peut s’expliquer en partie par le fait que la productivité de cette R&D et l’augmentation des risques assumés par les acteurs privés ne sont nullement prises en considération par les acteurs publics. Il n’empêche que les impératifs de rentabilité empêchent, en partie, les industriels de poursuivre l’analyse prospective par la mise en place de solutions thérapeutiques capables de répondre à certaines des menaces importantes qui se font jour – aujourd’hui déjà – à l’instar de l’antibio-résistance, parmi d’autres.</p>
<h2>700 000 décès par an</h2>
<p>De quoi s’agit-il ? Chacun sait désormais que les bactéries exposées aux antibiotiques sont capables de développer des mécanismes de défense toujours plus efficaces contre les traitements proposés. Petit à petit, les antibiotiques ne sont plus à même de traiter les infections dues à des bactéries devenues résistantes.</p>
<p>La résistance aux antibiotiques est <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/des-antibiotiques-a-l-antibioresistance/article/l-antibioresistance-pourquoi-est-ce-si-grave">l’une des plus grandes menaces sanitaires à venir</a>. Elle peut toucher n’importe qui, à tout âge et dans n’importe quel pays. On estime que la résistance bactérienne est responsable aujourd’hui de 700 000 décès par an dans le monde.</p>
<p>Les conséquences de ce phénomène sont doubles et laissent entrevoir des lendemains difficiles et une <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2020-01/inserm-pprantibioresistance.pdf">bataille toujours plus ardue contre les résistances bactériennes</a> dont sont bien évidemment conscients les industriels :</p>
<ul>
<li><p>La résistance aux antibiotiques compromet les progrès de la médecine moderne. Sans antibiotiques efficaces pour prévenir et traiter les infections, les transplantations d’organes, les chimiothérapies et certaines interventions chirurgicales seront entravées. Les maladies résistantes aux antibiotiques pourraient ainsi engendrer environ 10 millions de décès par an d’ici 2050 et rapidement devenir la <a href="https://www.who.int/fr/news/item/29-04-2019-new-report-calls-for-urgent-action-to-avert-antimicrobial-resistance-crisis">principale cause de mortalité dans le monde</a>.</p></li>
<li><p>Lorsqu’une infection ne peut plus être traitée par un antibiotique de première intention, des médicaments plus coûteux doivent alors être administrés. La prolongation de la durée de la maladie due à la résistance bactérienne augmente les coûts et la charge financière globale du traitement. La résistance aux antibiotiques pourrait ainsi causer des dommages économiques équivalents à ceux de la crise financière de 2008-2009. Selon l’OMS, la résistance aux antimicrobiens pourrait faire basculer jusqu’à <a href="https://www.who.int/fr/news/item/29-04-2019-new-report-calls-for-urgent-action-to-avert-antimicrobial-resistance-crisis">24 millions de personnes dans l’extrême pauvreté</a> d’ici 10 ans.</p></li>
</ul>
<p>Or, même si la mise à disposition de nouvelles classes d’antibiotiques, ciblant les germes multi-résistants, devrait naturellement être considérée comme une mesure d’urgence, on constate que de moins en moins d’antibiotiques innovants sont aujourd’hui commercialisés sur le marché. La rentabilité souvent faible de la production et de la commercialisation des antibiotiques en est la cause première.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/440012/original/file-20220110-27-17cjjs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440012/original/file-20220110-27-17cjjs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440012/original/file-20220110-27-17cjjs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440012/original/file-20220110-27-17cjjs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440012/original/file-20220110-27-17cjjs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440012/original/file-20220110-27-17cjjs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440012/original/file-20220110-27-17cjjs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Selon l’OMS, jusqu’à 24 millions de personnes dans le monde pourrait basculer dans l’extrême pauvreté en raison de la résistance aux antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Antibiotic_resistant_bacteria.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sans soutien ni financements publics, le coût de développement d’un antibiotique, estimé à plus d’un milliard et demi de dollars, reste souvent prohibitif pour des acteurs privés tenus de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168851017302002?via%3Dihub">générer un retour sur investissement suffisant</a>. C’est pourquoi de nombreuses entreprises pharmaceutiques renoncent à se lancer dans le développement de traitements antibiotiques, préférant <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-020-02884-3">diriger leurs efforts vers des aires plus rentables</a> et des besoins plus immédiats, l’oncologie par exemple.</p>
<h2>Un ensemble de paramètres à considérer</h2>
<p>Face à ces risques, comme nous avions pu le montrer dans un <a href="https://thechoice.escp.eu/tomorrow-choices/how-can-big-data-help-to-understand-apprehend-and-control-a-pandemic/">récent article</a>, gouvernants, acteurs de santé publique, personnel médical et hospitalier, médecins de ville et pharmaciens de proximité tireraient profit de la modélisation fine et prospective, via des solutions de big data, d’un ensemble de paramètres, résultat d’une combinatoire de données de santé et de données extrinsèques plus générales, parmi lesquelles :</p>
<ul>
<li><p>Les changements écologiques, climatiques et l’exploitation intensive des terres arables.</p></li>
<li><p>Les déplacements de population, le tourisme mondial (affaires ou agrément), le transport de marchandises et les mouvements migratoires.</p></li>
<li><p>Des facteurs socio-démographiques tels que la densité des populations, la pauvreté, l’hygiène et l’alimentation.</p></li>
<li><p>L’insuffisance ou l’application erronée des mesures de santé publique.</p></li>
</ul>
<p>Pour autant, qu’ils ne soient ni techniques ni médicaux, la prise en compte et la maîtrise de ces facteurs extrinsèques sont également indispensables à l’analyse et la caractérisation d’une maladie infectieuse. Et quand bien même semblent-ils marginaux de prime abord, chacun d’eux est absolument instrumental, favorisant l’émergence et la propagation des maladies infectieuses.</p>
<p><em><strong>A lire aussi</strong> : notre <a href="https://theconversation.com/fr/topics/serie-planet-pharma-113837">série internationale « Planet pharma »</a></em></p>
<p>De notre analyse ressort une conclusion sans équivoque : afin d’appréhender le processus pandémique de façon efficace et prospective, en vue de le bloquer le plus tôt possible, il devient impératif d’adopter une démarche analytique interdisciplinaire reposant sur le partage de données abondantes, hétérogènes, complexes, multifactorielles, essentiellement non structurées qui permettent aux acteurs publics et privés de mettre en place un système de veille et d’alerte plus efficace des phénomènes épidémiologiques à l’échelle planétaire.</p>
<p>Autrement dit, identifier l’émergence d’une maladie nouvelle et prédire sa capacité à se transformer en pandémie, requiert le travail conjoint de professionnels de santé associé à l’expertise d’autres corps de métier (sociologues, économistes, climatologues, géopolitologues notamment) que les industriels de la santé ne connaissent ni ne convoquent par manque de proximité professionnelle et de relations suivies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174624/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Jallat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Par nature, les acteurs du secteur sont plus enclins à suivre les évolutions technologiques et règlementaires que les tendances macro-sociétales.Frédéric Jallat, Professeur de marketing, directeur scientifique du mastère spécialisé en management pharmaceutique et des biotechnologies , ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1680082021-11-18T21:32:34Z2021-11-18T21:32:34ZRésistance aux antibiotiques : comment lutter contre la « pandémie silencieuse »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/432698/original/file-20211118-14-1mdp485.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=62%2C53%2C5928%2C3529&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Micrographie électronique de bactéries responsables de la peste bubonique (Yersina pestis, en jaune, fausses couleurs) proliférant dans le tube digestif d’un rat.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://images.nigms.nih.gov/pages/DetailPage.aspx?imageid2=3576">B. Joseph Hinnebusch, Elizabeth Fischer and Austin Athman, National Institute of Allergy and Infectious Diseases, National Institutes of Health</a></span></figcaption></figure><p>S’il y a une chose que la pandémie de Covid-19 nous a apprise, c’est que les virus ne connaissent pas les frontières… Ni aucun microbe, d’ailleurs : avec plus de 30 millions de vols d’avion par an, soit plus de 80 000 par jour, les déplacements de l’être humain et le transport de marchandises sont autant de moyens de dissémination des bactéries, champignons, parasites et autres virus – y compris de ceux qui provoquent des maladies.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/virus-bacterie-parasite-connaissez-vos-microbes-sur-le-bout-des-doigts-57157">Virus, bactérie, parasite ? Connaissez vos microbes sur le bout des doigts !</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Si soigner les infections virales n’est pas facile, car il n’existe pas de traitement universel, les choses sont différentes en ce qui concerne les bactéries. Nous disposons en effet, depuis les années 1940, de traitements accessibles et souvent efficaces contre la grande majorité d’entre elles : les antibiotiques, des substances d’origine naturelle, semi-synthétiques ou synthétiques. Malheureusement, aujourd’hui on craint que cette efficacité ne soit bientôt reléguée au rang de beau souvenir.</p>
<p>En effet, l’utilisation excessive et non adaptée des antibiotiques, conjuguée aux formidables capacités évolutives des bactéries, a mené au développement de souches résistantes à ces médicaments. Plus grave, cette « antibiorésistance » se répand, car les bactéries sont capables de s’échanger les gènes qui leur permettent de se débarrasser des antibiotiques. Et ce, même quand elles appartiennent à des espèces différentes !</p>
<p>En 2002, les pouvoirs publics et la Caisse nationale d’assurance maladie tentaient de sensibiliser les Français à la gravité de la situation. Si le slogan martelé alors (« Les antibiotiques, c’est pas automatique ») est entré dans toutes les têtes, les choses ne se sont pas améliorées pour autant, bien au contraire. Au point qu’en 2018 le ministère de la Santé proposait un nouveau slogan : « Les antibiotiques sont précieux, utilisons-les mieux ». Aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé elle-même tire la sonnette d’alarme, appelant les chercheurs du monde entier à engager des recherches pour améliorer les traitements existants et, surtout, en mettre au point de nouveaux.</p>
<p>Deux décennies après les premiers cris d’alarme, où en est-on vraiment ? Quelles sont les stratégies mises en place pour lutter contre l’antibiorésistance ?</p>
<h2>Près d’un siècle de succès</h2>
<p>En 1928, Alexander Flemming découvre par hasard la pénicilline. Mais ce n’est que dans les années 1940, par le travail d’Howard Walter Florey et Ernst Boris Chain, que sa production industrielle sera mise en place. Et changera le cours de l’histoire : <a href="https://www.kingsfund.org.uk/reports/thenhsif/what-if-antibiotics-stopped-working/">Ces médicaments « miracles » ont ainsi ajouté en moyenne 20 ans à l’espérance de vie à travers le monde</a>. Suivront 20 années de découvertes sensationnelles durant lesquelles la majorité des antibiotiques encore utilisés aujourd’hui sont découverts.</p>
<p>Le problème est que les bactéries s’adaptent et développent des <a href="https://theconversation.com/la-folle-course-aux-armements-des-bacteries-contre-les-antibiotiques-97304">mécanismes de résistance</a> contre chaque nouvel antibiotique découvert et utilisé. Les antibiotiques agissent au niveau de divers composants de la cellule bactérienne : la membrane, l’ADN, etc. Malheureusement, il arrive que certaines bactéries acquièrent une résistance à ces molécules. Diverses mutations peuvent par exemple leur permettre d’acquérir la capacité de détruire un antibiotique donné, de le rejeter dans le milieu extérieur, ou encore modifier sa cible initiale pour le rendre inopérant.</p>
<p>Au fil des années, la multiplication de ces stratégies de défense a résulté en un nombre croissant de bactéries résistantes, voire multirésistantes à des traitements jusque-là efficaces – entraînant chaque jour plus de décès.</p>
<p>Dans un premier temps, le grand nombre de molécules découvertes a permis de pallier ce problème. Mais dans le courant des années 1970, les travaux académiques se sont peu à peu détournés de la recherche de nouveaux antibiotiques. Les chimistes travaillant pour l’industrie pharmaceutique continueront à produire de nouvelles générations d’antibiotiques, en modifiant des antibiotiques connus, afin de cibler les bactéries résistantes.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/la-genomique-reine-du-big-data-84155">L’avènement de l’ère de la génomique</a>, la science des génomes, qui a pour objet l’étude de l’ADN notamment, a soulevé de grands espoirs. Malheureusement, malgré les efforts et investissements des grands laboratoires pharmaceutiques, aucun nouveau traitement efficace n’émergera. À leur tour, les grands groupes pharmaceutiques désertent ce domaine de recherche… Les départs successifs des chercheurs académiciens et de l’industrie se traduiront par 30 années blanches en termes de développement thérapeutique.</p>
<p>Conséquence : aujourd’hui, la menace d’une impasse thérapeutique, dans laquelle les bactéries finiraient par résister à tous les antibiotiques connus, n’est plus une vue de l’esprit…</p>
<h2>Les freins au développement de nouvelles stratégies anti-infectieuses</h2>
<p>À la fin des années 2000, les principaux freins au développement de nouveaux antibiotiques sont bien identifiés : outre le fait que la mise au point de nouvelles molécules représente un défi scientifique compliqué, les exigences réglementaires, coûteuses, rebutent les investisseurs, et ce d’autant plus que le marché est défaillant.</p>
<p>Publications, rapports d’experts et journalistes exhortent à cette période les pouvoirs publics et les grandes institutions à inscrire la crise de la résistance aux antimicrobiens en haut de leurs agendas. À force de persuasion, le sujet finit enfin par s’imposer comme une préoccupation mondiale. En 2016, l’<a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/antibiotic-resistance">Assemblée des Nations-Unies</a>, se penche sur la question de l’antibiorésistance. Une victoire, car c’est seulement la quatrième fois depuis sa création que cette organisation se consacre à un thème relevant de la santé !</p>
<p>Des discussions et propositions sont faites afin d’établir des <a href="https://www.fda.gov/media/78504/download">exigences réglementaires</a> éthiquement et scientifiquement plus adaptées. Des modèles pionniers de financement (<a href="https://www.folkhalsomyndigheten.se/the-public-health-agency-of-sweden/communicable-disease-control/antibiotics-and-antimicrobial-resistance/availability-of-antibiotics/">suédois</a> ou <a href="https://www.gov.uk/government/news/world-first-scheme-underway-to-tackle-amr-and-protect-uk-patients">anglais</a>) sont proposés pour dynamiser ce marché défaillant et attirer à nouveau les grandes compagnies dans la course à l’armement contre les bactéries.</p>
<p>Signe que la mesure du problème a été prise, en septembre 2021, le rapport des ministres de la Santé du G20 affirme clairement le besoin de continuer à innover dans le domaine. Si tout n’est pas réglé, de grandes avancées ont été obtenues cette dernière décennie pour pallier deux des freins majeurs de la lutte contre l’antibiorésistance. Mais si les freins administratifs et financiers se sont desserrés, les défis scientifiques restent encore à relever.</p>
<p>Comment mettre au point de nouveaux antimicrobiens ? Peut-être en explorant d’autres pistes que les antibiotiques <em>stricto sensu</em>…</p>
<h2>L’innovation comme espoir</h2>
<p>Il existe des alternatives aux antibiotiques. Parmi les pistes explorées, citons par exemple la phagothérapie, qui consiste à utiliser un ennemi naturel des bactéries pour les tuer, en l’occurrence les phages, des virus qui les infectent. La vaccination, ou le recours à des anticorps monoclonaux, constituent d’autres approches possibles. Ces traitements permettent de cibler un pathogène en particulier, ce qui, contrairement aux antibiotiques à large spectre, limite l’impact sur le microbiote de l’hôte et le risque d’émergence d’une résistance généralisée.</p>
<p>Mais les antibiotiques eux-mêmes n’ont sans doute pas dit leur dernier mot.</p>
<p>En sondant des environnements encore non étudiés, où pourraient vivre des organismes produisant des molécules inédites, on peut espérer découvrir de nouvelles classes d’antibiotiques. La plupart des antibiotiques sont en effet issus de molécules naturellement produites par d’autres microorganismes. Or on estime qu’à peine 1 % des microorganismes sont cultivables en laboratoire… c’est dire qu’on les connaît mal, sinon pas !</p>
<p>Pour accéder à la partie immergée de cet iceberg microbien, les chercheurs disposent depuis quelques années de nouvelles technologies, comme la <a href="https://theconversation.com/metagenomique-interactomique-proteomique-lipidomique-quest-ce-que-cest-84013">métagénomique</a>, qui permet d’analyser l’ensemble des génomes des organismes vivant dans des environnements donnés, ou <a href="https://www.statnews.com/2015/12/03/antibiotics-bacteria-research/">l’isolation chip</a> (iChip, « puce d’isolement »), un dispositif qui permet d’isoler des bactéries grâce à des membranes perméables puis de les replacer dans le milieu dont elles proviennent – le sol par exemple, afin qu’elles continuent à pousser dans les conditions qui leur conviennent.</p>
<iframe src="https://embed.acast.com/614c47bce7e75c00112afb98/6152c8017a432800131fe721" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Une autre stratégie est de contourner les stratégies de résistances des bactéries pour les rendre à nouveau vulnérables à des antibiotiques actuellement dépassés. La première étape est de trouver ce qui, chez une bactérie, lui donne sa résistance ; la deuxième est de les contrer. L’informatique permet aujourd’hui de parcourir les bases de données regroupant les médicaments existants, à la recherche d’un composé visant les cibles identifiées chez les bactéries. Ce composé, administré en complément de l’antibiotique, permettra le succès de celui-ci. L’Augmentin®, constitué d’Amoxicilline et d’acide clavulanique, est un exemple du succès de cette approche.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/soigner-la-maladie-dalzheimer-en-reutilisant-dautres-medicaments-163539">repositionnement de médicament</a> ou la réévaluation de composés dont le développement a été arrêté sont aussi explorés. De nombreux composés abandonnés pourraient en effet susciter un regain d’intérêt grâce à l’évolution des méthodes de synthèse, par exemple. La daptomycine est un bon exemple : découvert au début des années 1980 dans une bactérie du sol et abandonné pendant 20 ans, il n’a été commercialisé qu’au début des années 2000, comme antibiotique de dernier recours contre les infections au staphylocoque doré. Il est devenu l’antibiotique intraveineux le plus rentable aux États-Unis…</p>
<p>Enfin, une autre piste est d’administrer des composés qui empêcheront le caractère pathogène de la bactérie (autrement dit, sa virulence) de s’exprimer. On parle alors d’« antivirulents ». Plutôt que d’éliminer la bactérie qui risque de causer une infection, cette approche privilégie la restauration d’un équilibre microbiote-hôte afin de moduler sa pathogénicité. Étant donné que les antivirulents exercent une faible pression de sélection naturelle, on espère que l’apparition de résistance à leur encontre sera limitée. Les premiers traitements liés à cette stratégie sont aujourd’hui en phase d’essai clinique.</p>
<p>Notre équipe de recherche s’appuie sur ces stratégies pour tenter de mettre au point de nouvelles solutions thérapeutiques, et ainsi contribuer à la lutte contre l’antibiorésistance. Une priorité, car les conséquences de cette pandémie silencieuse se feront sentir sur toute la planète : en 2016, la Banque mondiale avertissait que d’ici à 2050, la résistance aux antimicrobiens pourrait faire basculer 28,3 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et avoir sur le PIB mondial les mêmes effets que la crise de 2008, tandis que l’OMS estimait que sur la même période, elle pourrait entraîner <a href="https://www.who.int/antimicrobial-resistance/interagency-coordination-group/IACG_final_report_FR.pdf">2,4 millions de morts rien que dans les pays à haut revenu</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168008/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La découverte des antibiotiques puis leur production industrielle a révolutionné la lutte contre les maladies bactériennes. Malheureusement, 80 plus tard, les résistances se multiplient…Florie Desriac, Maître de Conférences en Microbiologie, Université de Caen NormandieEliette Riboulet-Bisson, Maître de Conférences en Microbiologie, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1535572021-01-26T20:36:23Z2021-01-26T20:36:23ZInfections bactériennes incurables : un nouvel espoir venu des arbres ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/380727/original/file-20210126-15-15m6mco.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C0%2C2038%2C1532&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Contre les bactéries, la solution pourrait venir des merisiers.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Merisier_en_fleurs.jpg">Amalo / Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Dans un contexte sanitaire particulier et inquiétant, les virus ne sont pas les seuls microorganismes qui peuvent représenter une menace sérieuse. Les bactéries (et les champignons dans une moindre mesure) sont responsables de très nombreuses infections, en particulier dans les établissements de santé où un <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/healthcare-associated-infections-acute-care-hospitals/surveillance-disease-data/report">patient sur vingt contracte une infection nosocomiale</a>.</p>
<p>Bien que la plupart de ces infections puissent être traitées aujourd’hui, cela pourrait ne plus être le cas dans un futur relativement proche. En effet, les pathogènes acquièrent progressivement et inéluctablement des résistances aux antibiotiques qu’on leur oppose. Le mauvais usage des antibiotiques (surutilisation, mauvaise posologie…) sélectionne les bactéries les plus résistantes qui vont donc pouvoir survivre puis transmettre leurs gènes de résistance à leurs congénères. </p>
<p>Les résistances aux antibiotiques peuvent donc s’accumuler chez certaines espèces bactériennes, et des bactéries multirésistantes émergent déjà depuis de nombreuses années. Désormais, le risque de voir se développer des bactéries panrésistantes (c’est-à-dire résistantes à tous les antibiotiques connus) provoquant des infections incurables est une épée de Damoclès qui menace la santé humaine. Si un tel scénario se produisait, ces infections bactériennes pourraient redevenir la <a href="https://www.oecd.org/fr/france/Enrayer-l-antibior%C3%A9sistance-en-France.pdf">première cause de mortalité d’ici 2050</a>.</p>
<h2>L’ennemi dans l’ombre : le biofilm</h2>
<p>À ce phénomène de résistance s’ajoute un autre mécanisme développé par les bactéries. Lorsque celles-ci subissent un stress, la plupart des bactéries modifient leur comportement en venant adhérer à une surface. Elles vont ensuite produire une matrice, un ensemble de polymères qui va se consolider et protéger les bactéries des attaques extérieures.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/380721/original/file-20210126-13-nomy6a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Biofilm de <em>Staphylococcus aureus</em> observé en microscopie électronique à balayage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marius Colin</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cet ensemble de bactéries adhérées et de matrice constitue ce que l’on appelle un biofilm. Bien qu’ils existent dans de nombreux écosystèmes, les biofilms attirent particulièrement l’attention au niveau médical, car leur implication dans les infections était fortement sous-estimée jusqu’à récemment.</p>
<p>La fameuse plaque dentaire est probablement l’exemple le plus imagé de biofilm se formant sur nos propres tissus, et celle-ci reste sans danger tant qu’elle est sous contrôle. En revanche, des biofilms surviennent fréquemment dans des infections osseuses en s’accrochant sur la surface de l’os ou des prothèses (de hanches, de genoux…), mais aussi dans des infections pulmonaires notamment chez les patients atteints de mucoviscidose, ou encore dans des infections cardiaques.</p>
<p>Sous forme de biofilm, les bactéries sont mieux protégées des attaques du système immunitaire, mais aussi de l’action des antibiotiques. En effet, de nombreuses bactéries dans le biofilm se trouvent dans un état métabolique ralenti (voire arrêté) et les antibiotiques sont efficaces contre les bactéries actives, donc les bactéries les « esquivent ». Les traitements antibiotiques se révèlent alors inefficaces, voire pire, ils peuvent stresser les bactéries (au lieu de les tuer) et celles-ci vont produire davantage de biofilm. Le seul recours possible est alors de réaliser un retrait de la prothèse et/ou une ablation des tissus colonisés par le biofilm. Le défi médical actuel est donc de mettre au point des solutions antibiofilms et notamment des méthodes de prévention de la formation de biofilms.</p>
<p>Alors, où chercher ces nouvelles molécules ? Plusieurs possibilités existent, car des molécules antimicrobiennes peuvent être d’origine synthétique, biologique ou hybride. Parmi les ressources biologiques envisageables, l’une d’entre elles attire particulièrement l’attention : les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27352384/">écorces d’arbres</a>.</p>
<p>Tout d’abord, l’écorce représente la première ligne de défense physique, mais aussi chimique, de l’arbre contre les pathogènes, et il est donc possible d’envisager que des molécules antimicrobiennes soient présentes dans les écorces de certaines essences forestières. Ensuite, les écorces ne sont quasiment pas exploitées par l’industrie forestière et sont, au mieux, utilisées en tant que combustible, quand elles ne sont pas simplement considérées comme des déchets et éliminées. Elles représentent donc des produits valorisables et non polluants qui peuvent être récupérés en quantités importantes.</p>
<h2>Des écorces d’arbres contre les microbes</h2>
<p>C’est dans cette optique de revalorisation que les laboratoires <a href="https://bios-reims.fr/">Biomatériaux et inflammation en site osseux</a> (BIOS) et <a href="https://www.univ-reims.fr/icmr/">Institut de chimie moléculaire de Reims</a> (ICMR) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne se sont associés pour étudier un panel de 10 espèces d’arbres caractéristiques du nord-est de la France : le hêtre commun, le chêne pédonculé, l’aulne glutineux, le merisier, l’érable sycomore, le frêne commun, le peuplier du Canada (Robusta), le mélèze d’Europe, l’épicéa commun et le peuplier tremble.</p>
<p>Pour chaque essence d’arbre, l’écorce a été utilisée pour produire une poudre ou « extrait » grâce à diverses méthodes chimiques et chaque extrait a été testé sur un ensemble de microorganismes, parmi lesquels des bactéries et des champignons microscopiques. Pour cela, une culture du microorganisme est mélangée à l’extrait en différentes concentrations puis, après 24 heures d’incubation, la croissance des microorganismes est évaluée. Ainsi, il a été observé que, pour trois des dix extraits, la <a href="https://www.mdpi.com/2079-6382/9/3/111">croissance de la plupart des microorganismes était inhibée</a>. Il s’agissait du chêne pédonculé (<em>Quercus robur</em>), de l’aulne glutineux (<em>Alnus glutinosa</em>) et du merisier (<em>Prunus avium</em>).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/380724/original/file-20210126-23-1lbe0e8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/380724/original/file-20210126-23-1lbe0e8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/380724/original/file-20210126-23-1lbe0e8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/380724/original/file-20210126-23-1lbe0e8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/380724/original/file-20210126-23-1lbe0e8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/380724/original/file-20210126-23-1lbe0e8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/380724/original/file-20210126-23-1lbe0e8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les extraits se présentent sous la forme de poudres qui sont ensuite mises en solution.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marius Colin</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La suite de l’étude s’est focalisée sur ces trois espèces les plus prometteuses, en visant à évaluer la nature de l’effet antimicrobien des extraits. En d’autres termes : les extraits d’écorces inhibent-ils simplement la croissance des microorganismes (on parlera alors d’effet bactériostatique pour les bactéries ou fongistatique pour les champignons) ou vont-ils jusqu’à détruire ces microorganismes (on parlera alors d’effet bactéricide ou fongicide) ?</p>
<p>Les tests effectués ont montré que les trois extraits présentaient effectivement des activités bactéricides et fongicides sur certains microorganismes. L’extrait qui s’est alors avéré le plus intéressant est celui provenant du merisier, car il présentait une activité létale sur neuf des souches de microorganismes testés. En particulier, l’extrait de merisier a montré une action bactéricide sur des pathogènes appartenant aux genres Enterococcus (infections urinaires, endocardites…) et Listeria (listériose), mais aussi, et surtout sur les souches de <em>Staphylococcus aureus</em>, le tristement célèbre staphylocoque doré responsable de plus de 14 % des infections nosocomiales. L’effet antibactérien du merisier a été observé même pour des concentrations relativement faibles en extrait.</p>
<h2>Des molécules naturelles empêchant la formation de biofilm</h2>
<p>Toutefois, le problème des agents antibactériens provient de leurs effets délétères lorsqu’ils ne sont pas utilisés correctement, notamment en conduisant à la formation de biofilm. Il est donc apparu essentiel de vérifier si l’extrait de merisier, à des doses faibles, ne favorisait pas la formation de biofilm par les staphylocoques dorés. Pour cela, des cultures de staphylocoques dorés ont été mélangées à l’extrait puis la quantité de biofilm formée sur des parois en plastique a été analysée. Il a ainsi été constaté que, même à des concentrations faibles, l’extrait de merisier n’entraînait pas l’apparition de biofilm, mais que, au contraire, elle permettait de prévenir sensiblement sa formation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/380726/original/file-20210126-19-2sn7g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/380726/original/file-20210126-19-2sn7g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/380726/original/file-20210126-19-2sn7g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/380726/original/file-20210126-19-2sn7g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/380726/original/file-20210126-19-2sn7g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1341&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/380726/original/file-20210126-19-2sn7g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1341&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/380726/original/file-20210126-19-2sn7g5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1341&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les biofilms formés sur le plastique sont colorés en violet. Lorsque les bactéries sont en présence de l’extrait d’écorce, la coloration violette est moins importante.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marius Colin</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Forts de ces résultats engageants, les investigations se sont ensuite centrées sur l’identification de la molécule à l’origine de ces effets antibactérien et antibiofilm. Des analyses par résonance magnétique nucléaire ont permis d’identifier une quinzaine de molécules présentes dans l’extrait de merisier, et l’extrait a ensuite été décomposé en fractions contenant les diverses molécules. Des essais supplémentaires ont montré que les fractions présentant les effets antibactérien et antibiofilm les plus marqués étaient celles contenant une espèce chimique bien particulière : la dihydrowogonine, une molécule appartenant à la classe des flavonoïdes, un groupe de molécules connu pour ses effets antimicrobiens.</p>
<p>La découverte de nouvelles molécules d’intérêt est un atout indispensable à une époque où les infections sont de plus en plus complexes à traiter. L’origine végétale et renouvelable de la dihydrowogonine est un argument supplémentaire qui encourage la recherche autour ces ressources, d’autres essences d’arbres abritant potentiellement des molécules efficaces dont le rôle à jouer dans la lutte contre les pathogènes multirésistants pourrait s’avérer crucial dans les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153557/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marius Colin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des bactéries résistantes à tous nos antibiotiques existent, il est donc crucial de chercher de nouvelles pistes de traitement.Marius Colin, Docteur et Maître de Conférences en Microbiologie, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1499512021-01-06T17:56:50Z2021-01-06T17:56:50ZRésistance aux antibiotiques : l’autre pandémie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/377229/original/file-20210105-23-1g3f9vo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=44%2C22%2C5000%2C3188&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Alors que la mise au point de nouvelles molécules se fait de plus en plus lentement, l’acquisition de résistances par les bactéries est au contraire de plus en plus rapide. C'est une véritable course contre la montre.</span> <span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Dix millions de morts par an d’ici 2050 liés à la résistance aux antimicrobiens. C’est la prévision d’une <a href="https://amr-review.org/sites/default/files/AMR%20Review%20Paper%20-%20Tackling%20a%20crisis%20for%20the%20health%20and%20wealth%20of%20nations_1.pdf">vaste étude britannique menée en 2014</a> si la tendance se maintient. Malgré les efforts importants déployés dans les dernières années, ces chiffres sont hélas <a href="https://www.chathamhouse.org/2019/10/review-progress-antimicrobial-resistance#introduction">toujours d’actualité</a>.</p>
<p>Contrairement aux nouvelles pandémies virales qui font les manchettes de tous les médias de façon ponctuelle, celle-ci ne concerne pas un seul agent pathogène (pouvant causer une maladie), mais plutôt une multitude de virus, parasites, champignons, et surtout des bactéries.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374545/original/file-20201211-13-14zz4cm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bactéries de la famille des <em>Neisseriaceae</em> photographiées par microscopie électronique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laboratoire Veyrier, Institut national de la recherche scientifique (INRS)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les antimicrobiens sont des substances tuant ou ralentissant la croissance de microorganismes, incluant les virus (antiviraux), parasites (antiparasites), champignons (antifongiques) et bactéries (antibiotiques). Les antibiotiques représentent une catégorie d’antimicrobiens spécifiques contre les bactéries.</p>
<p>Depuis la commercialisation de la pénicilline, dans les années 1940, le développement de nouveaux antibiotiques a systématiquement été suivi de près par la découverte de bactéries résistantes à ces derniers.</p>
<p>Alors que la mise au point de nouvelles molécules se fait de plus en plus lentement, l’acquisition de résistances par les bactéries est au contraire de plus en plus rapide. C’est une véritable course contre la montre. À terme, ce problème pourrait nous faire tomber dans une ère post-antibiotique, où la moindre blessure ou chirurgie constituerait un risque important d’infection.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/375516/original/file-20201216-23-lk2p2x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/375516/original/file-20201216-23-lk2p2x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=221&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/375516/original/file-20201216-23-lk2p2x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=221&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/375516/original/file-20201216-23-lk2p2x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=221&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/375516/original/file-20201216-23-lk2p2x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=278&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/375516/original/file-20201216-23-lk2p2x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=278&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/375516/original/file-20201216-23-lk2p2x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=278&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Résistance aux antimicrobiens au Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Conseil des académies canadiennes, 2019</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une priorité mondiale</h2>
<p>Depuis plusieurs décennies, le monde scientifique dénonce l’ampleur du problème de la résistance aux antimicrobiens. Tout comme face aux changements climatiques, c’est malheureusement le temps qu’il aura fallu pour sensibiliser les gouvernements et la population générale à la gravité de la situation.</p>
<p>Acteur clé dans ce domaine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a identifié en 2019 la résistance aux antimicrobiens comme une des <a href="https://www.who.int/fr/news-room/spotlight/ten-threats-to-global-health-in-2019">10 plus grandes menaces en santé publique</a> auxquelles l’humanité fait face. Plus récemment, l’OMS a également publié une liste de <a href="https://www.who.int/fr/news-room/photo-story/photo-story-detail/urgent-health-challenges-for-the-next-decade">défis cruciaux en santé pour les dix prochaines années</a>, parmi lesquels figurent non seulement l’extinction des maladies infectieuses, mais aussi la préservation des médicaments antimicrobiens.</p>
<p>La lutte contre la résistance aux antimicrobiens concerne l’ensemble des micro-organismes. Cependant, quelques bactéries sont responsables à elles seules d’une grande partie des problèmes causés par ces résistances. On parle alors plus spécifiquement de résistances aux antibiotiques. L’<a href="https://www.who.int/medicines/publications/WHO-PPL-Short_Summary_25Feb-ET_NM_WHO.pdf">OMS</a> et le <em>Centre for Disease Control and Prevention</em> (<a href="https://www.cdc.gov/drugresistance/pdf/threats-report/2019-ar-threats-report-508.pdf">CDC</a>) ont récemment identifié les bactéries les plus problématiques afin de concentrer les efforts face à ce fléau.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=554&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=554&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=554&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=697&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=697&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374534/original/file-20201211-21-1i5r12q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=697&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bactéries menaçantes selon le CDC et priorités de recherche selon l’OMS.</span>
<span class="attribution"><span class="source">OMS, CDC</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>D’où viennent ces résistances ?</h2>
<p>Toutes les bactéries peuvent devenir résistantes, pas seulement celles pathogènes. Le développement de résistance à un antibiotique est un phénomène naturel qui survient à la suite d’une <em>mutation</em> dans l’ADN de la bactérie, ou par l’acquisition d’un <em>gène de résistance</em>. Ce phénomène, assez rare, n’est pas problématique tant que les bactéries résistantes ne prolifèrent pas et ne transmettent pas leur résistance à un pathogène.</p>
<p>En revanche, lorsque les bactéries sont exposées à un antibiotique, celles sensibles vont mourir et celles résistantes vont se multiplier. C’est le principe de <em>sélection</em>. L’exposition à une faible quantité d’antibiotique ou de façon répétée accélère grandement la sélection des bactéries résistantes. Paradoxalement, l’usage d’antibiotiques est donc un facteur majeur de propagation de résistantes à ces derniers. C’est exactement pourquoi il est important de limiter leur utilisation au maximum, mais aussi de s’en servir correctement.</p>
<p>Malheureusement, il ne suffit parfois que d’une seule bactérie résistante pour causer de graves problèmes. Bien que la mutation spontanée de l’ADN mène très rarement à une résistance, les bactéries sont beaucoup plus efficaces à s’échanger des gènes, y compris des gènes de résistance. Certaines espèces ont même développé une caractéristique qui favorise grandement les échanges de gènes : la <a href="https://www.lasyntheseinrs.com/post/article-13-ces-bact%C3%A9ries-qui-d%C3%A9vorent-l-adn"><strong>compétence naturelle</strong></a>.</p>
<p>La compétence naturelle permet à certains microorganismes d’attraper de l’ADN de leur environnement et de l’utiliser comme si c’était le leur, par un mécanisme appelé transformation.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=154&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=154&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377286/original/file-20210106-20-alx26j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=154&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les gènes contenus dans l’ADN peuvent être recyclés par les bactéries naturellement compétentes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Martin Chenal, fait avec BioRender</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À la mort d’une cellule, son matériel génétique (ADN) est relâché aux alentours. Puisque notre corps abrite plusieurs milliards de bactéries qui se multiplient et meurent sans arrêt, nous représentons une gigantesque réserve d’ADN. Si un gène de résistance à un antibiotique se trouve parmi cet ADN et qu’une bactérie compétente s’en empare, ce gène sera transmis à toute sa descendance, en plus d’être potentiellement transféré à son tour à d’autres espèces.</p>
<p>Comme par hasard, bien qu’il s’agisse d’une caractéristique relativement rare, la compétence naturelle est retrouvée chez bon nombre d’espèces pathogènes. Parmi celles-ci, on retrouve celle responsable du choléra (<em>V. cholerae</em>), de pneumonies (<em>S. pneumoniae</em>), de la légionellose (<em>L. pneumophila</em>), d’ulcères gastriques (<em>H. pylori</em>), mais surtout de la méningite (<em>N. meningitidis</em>) et de la gonorrhée (<em>N. gonorrhoeae</em>).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374541/original/file-20201211-21-14w012v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bactéries pathogènes naturellement compétentes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Centre for Disease Control and Prevention (CDC)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La gonorrhée en forte hausse</h2>
<p>Les bactéries du genre <em>Neisseria</em> sont de véritables expertes à s’échanger de l’ADN. Contrairement aux autres espèces naturellement compétentes, elles peuvent attraper des gènes de leur environnement à tout moment et à une fréquence très élevée. C’est une des raisons principales pourquoi les deux seules <em>Neisseria</em> pathogènes chez l’humain, <em>N. meningitidis</em> et <em>N. gonorrhoeae</em>, évoluent très rapidement.</p>
<p>Sa forte compétence naturelle est également une des raisons pourquoi <em>N. gonorrhoeae</em> accumule énormément de résistances aux antibiotiques, la classant comme une <a href="https://www.cdc.gov/drugresistance/pdf/threats-report/2019-ar-threats-report-508.pdf">menace urgente selon le CDC</a> et une <a href="https://www.who.int/medicines/publications/WHO-PPL-Short_Summary_25Feb-ET_NM_WHO.pdf">priorité de recherche élevée selon l’OMS</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/375546/original/file-20201216-17-v5sg22.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Tandis que d’autres maladies infectieuses sont en baisse, la gonorrhée est en expansion fulgurante au Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Agence de la santé publique du Canada (ASPC)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au Canada, l’<a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/medicaments-et-produits-sante/surveillance-nationale-sensibilite-antimicrobiens-neisseria-gonorrhoeae-rapport-sommaire-annuel-2018.html">incidence de la gonorrhée</a> a plus que doublé dans les cinq dernières années, atteignant près de 30 000 cas en 2017. Au fil du temps, la bactérie responsable de cette infection transmise sexuellement est devenue <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/medicaments-et-produits-sante/surveillance-nationale-sensibilite-antimicrobiens-neisseria-gonorrhoeae-rapport-sommaire-annuel-2018.html">résistante à de nombreux antibiotiques</a>, dont la ciprofloxacine (57 % des isolats en 2018), l’érythromycine (56 %), la tétracycline (47 %) et la pénicilline (9 %).</p>
<p>Les antibiotiques recommandés, dits de première ligne, ont dû être substitués de nombreuses fois pour garantir des traitements efficaces malgré ces résistances. Aujourd’hui, seuls trois antibiotiques sont encore recommandés pour traiter la gonorrhée, soit l’azithromycine, le ceftriaxone, et le céfixime. Pourtant, <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/medicaments-et-produits-sante/surveillance-nationale-sensibilite-aux-antimicrobiens-neisseria-gonorrhoeae-rapport-sommaire-annuel-2017.html">13 % des souches isolées en 2017</a> étaient déjà résistantes à au moins un de ces traitements. Si la progression de ces résistances continue, il n’y aura bientôt plus aucun traitement efficace contre cette infection, d’où l’importance de <a href="https://aac.asm.org/content/early/2020/11/03/AAC.00254-20">développer de nouveaux antibiotiques</a> et de freiner cette propagation.</p>
<h2>Un plan d’action au Canada</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374543/original/file-20201211-20-k1tkuy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374543/original/file-20201211-20-k1tkuy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374543/original/file-20201211-20-k1tkuy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374543/original/file-20201211-20-k1tkuy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374543/original/file-20201211-20-k1tkuy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374543/original/file-20201211-20-k1tkuy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374543/original/file-20201211-20-k1tkuy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Photographie en microscopie électronique à balayage de la bactérie Neisseria gonorrhoeae.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laboratoire Veyrier, Institut national de la recherche scientifique (INRS)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’importants efforts sont mis en place dans le monde entier pour développer de nouveaux antibiotiques pour lesquels il n’existerait pas (encore) de résistances connues. Ces traitements ont également pour objectif d’être les plus sélectifs possible, afin d’éliminer uniquement les bactéries néfastes et limiter la propagation de résistances. Outre les antibiotiques, d’autres types de traitements sont étudiés comme la <a href="https://www.wjgnet.com/2150-5349/full/v8/i3/162.htm">phagothérapie</a>, qui utilise des virus tuant spécifiquement les bactéries. Cependant, les scientifiques n’arriveront pas seuls à limiter la catastrophe en santé publique qui se profile sous nos yeux.</p>
<p>Au Canada, le gouvernement fédéral a élaboré en 2015 un <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/publications/medicaments-et-produits-sante/plan-action-federal-resistance-recours-antimicrobiens-canada.html">plan d’action</a> pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens. Dans le but d’agir sur tous les fronts, ce plan fait intervenir plusieurs organisations, dont les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), mais aussi le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire. Cette collaboration pancanadienne a entre autres permis de <a href="https://cihr-irsc.gc.ca/f/51720.html">nombreux investissements en recherche</a>, en plus de mettre l’accent sur la surveillance et la prévention.</p>
<p>Malgré sa discrétion, en comparaison à certaines maladies virales comme la Covid-19, la résistance aux antibiotiques et aux antimicrobiens peut bel et bien être qualifiée de pandémie. À long terme, ses impacts économiques et en santé publique risquent d’être bien pires que la crise sanitaire actuelle. Cependant, les défis que nous traversons nous ont appris qu’une coopération mondiale est possible. Si la communauté scientifique ainsi que l’ensemble de la société travaillent de pair comme ils l’ont fait contre la Covid-19, nous pouvons espérer enrayer cette autre pandémie, ou du moins en limiter l’impact.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149951/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le laboratoire dans lequel Martin Chenal fait ses études a reçu des financements des Fonds de la Recherche en Santé du Québec (FRSQ), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de l'institut Pasteur.</span></em></p>Tandis que le monde entier est obnubilé par la pandémie de Covid-19, une autre menace tout aussi mortelle passe inaperçue : la résistance aux antibiotiques.Martin Chenal, Étudiant au Doctorat en biologie (microbiologie), Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1463372020-11-04T21:07:48Z2020-11-04T21:07:48ZUn nouvel outil de lutte contre les bactéries à l’hôpital : le laiton<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363695/original/file-20201015-15-41fbqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dépôt de l'inoculum bactérien sur le laiton AB+®</span> </figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les infections associées aux soins combinées à l’antibiorésistance bactérienne sont un enjeu majeur de santé publique. Une infection associée aux soins (IAS) se définit comme une infection survenue au cours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en charge. Les personnes infectées possèdent généralement une immunité affaiblie : séniors, enfants prématurés, ou encore atteintes de maladies ou recevant un traitement entraînant une déficience immunitaire (cancer, infection par le virus de l’immunodéficience humaine…) ou ayant récemment subi une opération. Différents types de microorganismes sont responsables de ces infections : virus, champignons ou encore bactéries.</p>
<p>Les IAS représentent un <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-infection/article/evaluating-the-clinical-and-economic-burden-of-healthcareassociated-infections-during-hospitalization-for-surgery-in-france/47F40B2BF4623A686A2C0F291CCC5DA0">coût</a> non négligeable à l’échelle économique mais également à l’échelle humaine. En effet, elles ont pour conséquences de prolonger le séjour du patient infecté, d’augmenter les coûts liés aux soins et d’accroître le risque de transfert du microorganisme responsable de l’IAS au sein de l’hôpital. Ainsi, un <a href="https://www.senat.fr/rap/r05-421/r05-4213.html">rapport du Sénat</a> de 2006 estimait l’allongement moyen de la durée de séjour à 4 jours. Le coût supplémentaire était quant à lui évalué entre 340 euros (infection urinaire) et 40 000 euros (bactériémie sévère avec admission en réanimation).</p>
<p>De plus, d’après la dernière <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/infections-associees-aux-soins/documents/enquetes-etudes/enquete-nationale-de-prevalence-des-infections-nosocomiales-et-des-traitements-anti-infectieux-en-etablissements-de-sante-mai-juin-2017">enquête nationale de prévalence des IAS et des traitements anti-infectieux</a> en établissements de santé de 2017, les IAS touchent 1 patient sur 20 et engendrent 3500 à 9000 décès chaque année en France.</p>
<p>Parmi les microorganismes qui en sont à l’origine, intéressons-nous aux bactéries. Celles-ci peuvent être naturellement résistantes ou avoir acquis de nouvelles résistances aux antibiotiques. En secteur hospitalier, l’importance de ces résistances se traduit parfois par une impasse thérapeutique si un patient est infecté par une bactérie les ayant accumulées. La bactérie est alors qualifiée de multirésistante. Au sein des bactéries multirésistantes, sept espèces ont plus particulièrement été pointées du doigt car majoritairement à l’origine d’IAS pouvant déboucher sur d’importantes difficultés de traitement, constituant ainsi un enjeu majeur de santé publique. Elles sont qualifiées de bactéries ESKAPEE (<em>Enterococcus faecium</em>, <em>Staphylococcus aureus</em>, <em>Klebsiella pneumoniae</em>, <em>Acinetobacter baumannii</em>, <em>Pseudomonas aeruginosa</em>, <em>Enterobacter spp. et Escherichia coli</em>) en raison de leur propension à échapper aux traitements antibiotiques actuels.</p>
<p>Cette thématique est l’un des sujets phares des projets de recherche du laboratoire <a href="https://agir.u-picardie.fr/programmes-de-recherche/bacteries-eskapee/bacteries-eskapee-495502.kjsp">AGIR</a> (Agents infectieux et chimiothérapie de l’Université de Picardie Jules Verne) et est au cœur d’une collaboration public/privé avec la société <a href="http://www.favi.com/">FAVI</a>.</p>
<p>La transmission des microorganismes responsables d’IAS peut avoir de multiples origines. Les surfaces de contacts sont l’une d’entre elles. En effet, les bactéries ont la capacité de <a href="https://bmcinfectdis.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2334-6-130">survivre</a> de quelques jours à quelques mois sur une surface inerte (poignées de porte, chariots d’hôpital, rails de lits, siphons d’évier…) et ainsi être source d’infection. Aux méthodes déjà existantes pour contrer ce type de contaminations comme le <a href="https://www.delcourt.fr/blog/qu-est-ce-que-le-bionettoyage-n15">bionettoyage</a> régulier des surfaces et les protocoles d’hygiène des mains, une autre mesure complémentaire envisagée repose sur des surfaces antimicrobiennes « auto-nettoyantes » à base de cuivre.</p>
<h2>Le cuivre : une substance à activité antibactérienne</h2>
<p>L’utilisation du cuivre comme antimicrobien en santé humaine est retrouvée dès l’Antiquité avec des mentions dans d’anciens ouvrages comme le papyrus Edwin Smith (environ 2400 avant Jésus Christ) ou encore le papyrus Ebers (environ 1500 avant Jésus Christ). Actuellement, de nombreuses études axées sur l’hygiène hospitalière s’intéressent aux propriétés antimicrobiennes du cuivre et de ses alliages (laiton et bronze plus particulièrement) utilisés comme matériau de substitution de l’acier inoxydable pour des <a href="http://www.abevia.fr/wp-content/uploads/2016/01/HygieneS-2014.pdf">surfaces de contact</a> dans l’environnement hospitalier.</p>
<p>Une surface renfermant du cuivre va, au contact de la bactérie, provoquer un phénomène appelé <a href="https://sfamjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/jam.13681"><em>contact killing</em></a> induisant la mort de la bactérie. Ce phénomène, par le biais des ions de cuivre émanant de la surface, engendre un <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2011/04/medsci2011274p405/medsci2011274p405.html">stress oxydatif</a> et induit la perméabilité de la cellule bactérienne mais aussi l’oxydation de protéines et du matériel génétique.</p>
<p>Si ces mécanismes clefs ont pu être démontrés, l’ordre dans lequel ils se tiennent reste encore à établir clairement. Les essais rapportés dans l’ensemble de la littérature pour différents alliages de cuivre confirment <a href="https://www.antimicrobialcopper.org/fr/node/14336">leur efficacité</a> antimicrobienne en laboratoire avec des protocoles très divers sur des souches de plusieurs espèces bactériennes, principalement issues de collections. Toutefois, ces souches ne sont pas forcément représentatives des souches de l’environnement hospitalier et, dans la littérature, des variations de « comportement » (profil de résistances, par exemple) entre différentes souches cliniques au sein d’une même espèce bactérienne peuvent être observées.</p>
<p>Aussi, afin de limiter la diversité des protocoles pour évaluer l’effet antibactérien de surfaces non poreuses telles que celles en alliages de cuivre, la standardisation de la méthodologie s’est avérée nécessaire. Avant mai 2019, l’absence de méthodes standardisées en France a ainsi induit une multitude d’essais utilisant des conditions expérimentales et des souches différentes aboutissant à des résultats sur l’activité antibactérienne de ces surfaces non comparables d’une étude à l’autre.</p>
<p>De nombreux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1438463916300669">facteurs</a> importants tels que la température et l’hygrométrie pendant la période d’exposition à la surface, la présence d’une charge organique simulant une salissure, la rugosité ou encore l’oxydation de l’alliage peuvent impacter l’efficacité de la surface antimicrobienne. Certaines études reprenaient le protocole standardisé émis par l’EPA (Agence de protection de l’environnement des États-Unis) en <a href="https://copperalloystewardship.com/sites/default/files/upload/media-library/files/pdfs/us/epa_sanitizer_test_method_copper_alloy_surfaces.pdf">2008</a> et actualisé en <a href="https://www.epa.gov/pesticide-registration/updated-draft-protocol-evaluation-bactericidal-activity-hard-non-porous">2016</a>. Cependant, ce protocole restait difficile à mettre en place techniquement en routine au sein d’un laboratoire. En mai 2019, l’association française de normalisation (AFNOR) a publié la <a href="https://norminfo.afnor.org/norme/NFS90-700/surfaces-a-proprietes-biocides-methode-devaluation-de-lactivite-bactericide-de-base-dune-surface-non-poreuse/126063">norme NF S90-700</a> afin d’évaluer de façon standardisée l’effet bactéricide de surfaces non poreuses.</p>
<h2>Le laiton AB+ : un alliage antibactérien complémentaire au bionettoyage</h2>
<p>La collaboration entre la société FAVI et le laboratoire AGIR s’est inspirée des méthodes de l’EPA et de l’AFNOR pour valider une <a href="https://www.mdpi.com/2079-6382/9/5/245">méthode</a> mesurant l’efficacité antibactérienne des alliages de cuivre dans des conditions de « worst case » (la pire des conditions) adaptées à un environnement hospitalier.</p>
<p>Cette méthode a permis la vérification de l’efficacité réalisée sur le laiton AB+ sur 12 souches bactériennes antibiorésistantes issues de l’environnement hospitalier avec un temps de contact bref (5 min) et le dépôt d’une quantité équivalente à un million d’unités formant colonies bactériennes pour un microlitre mimant par exemple une contamination par postillon. Les résultats d’efficacité du laiton AB+ sur ces souches bactériennes ont montré une réduction atteignant au minimum 99 % de la quantité bactérienne déposée pour l’ensemble du panel de souches testé. Ces résultats sont en adéquation avec le seuil d’efficacité recommandé par la norme NF S90-700 et confirment un effet antibactérien en cinq minutes du laiton AB+ sur les souches bactériennes antibiorésistantes ainsi que l’absence de résistances croisées entre cuivre et antibiotiques pour ces souches.</p>
<p>En pratique, l’utilisation de surfaces en alliage de cuivre reste encore minoritaire en milieu hospitalier. Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1198743X18302969?via%3Dihub">études</a> rapportant leur efficacité en termes de réduction de la quantité de bactéries présentes sur les surfaces et/ou d’incidence des IAS dans les services hospitaliers sont peu nombreuses et leurs résultats <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27318524/">controversés</a>. Des études de terrain menées avec une méthodologie rigoureuse restent indispensables afin de confirmer l’usage du laiton comme une arme supplémentaire dans la lutte contre les IAS.</p>
<hr>
<p><strong>Cet article a été co-écrit avec Corinne Lacquemant, chef de Projet R&D chez FAVI</strong></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146337/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emilie Dauvergne a reçu des financements de l'ANRT (bourse CIFRE 2018/0659). Contrat de collaboration entre FAVI S.A et le laboratoire Agents Infectieux Résistance et Chimiothérapie (AGIR) UR 4294.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Mullié ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les infections liées à des passages à l’hôpital posent un vrai problème de santé publique. Découvrez une solution possible pour les diminuer.Emilie Dauvergne, Doctorante en Microbiologie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)Catherine Mullié, Microbiologie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1268932019-11-14T20:23:23Z2019-11-14T20:23:23ZLes infections résistantes aux antibiotiques pourraient mettre en péril notre mode de vie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301842/original/file-20191114-26259-1t3xgel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le nouveau rapport propose quatre stratégies pour faire face à la crise imminente de la résistance aux antimicrobiens.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les défenses de l’humanité contre les infections s’affaiblissent de jour en jour, tandis que les microbes qui en sont responsables deviennent de plus en plus forts.</p>
<p>Une infection sur quatre est désormais résistante aux antibiotiques et à d’autres formes connues de traitement. L’an dernier, 5 400 Canadiens sont morts de maladies qui, jusqu’à récemment, étaient curables. C’est ce qu’indique un <a href="https://rapports-cac.ca/reports/les-incidences-socioeconomiques-potentielles-de-la-resistance-aux-antimicrobiens-au-canada/">rapport exhaustif évalué par des pairs</a> et présenté cette semaine par le Conseil des académies canadiennes.</p>
<p>Cela constitue environ le double du nombre conjugué d’homicides et de décès par accidents de la route chaque année au Canada.</p>
<p>Ces maladies incluent tant la pneumonie que des infections sanguines, cutanées ou des voies urinaires. Et leur nombre augmente partout puisque le trafic international permet le transport des microbes pathogènes aux quatre coins du monde.</p>
<p>Le rapport, <em>Quand les antibiotiques échouent</em>, a été préparé pour le gouvernement fédéral par un comité d’experts présidé par <a href="https://www.msl.ubc.ca/people/dr-brett-finlay/">Brett Finlay</a>, de l’Université de la Colombie-Britannique, et dont j’étais membre. Il décrit en détail les impacts de la résistance aux antimicrobiens (RAM) sur notre économie, notre qualité de vie et notre santé.</p>
<p>L’an dernier, la RAM a réduit le PIB du Canada de 2 milliards de dollars ; nous nous attendons à ce que ce montant se situe entre 13 et 21 milliards de dollars d’ici 2050.</p>
<p>J’espère que ce rapport permettra de faire prendre conscience aux décideurs et au public de l’existence d’une crise de la résistance aux antimicrobiens.</p>
<h2>Les miracles des antibiotiques</h2>
<p>La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que le Canada est dans une excellente position pour prémunir le monde de la catastrophe. Nous pouvons le faire si nous concentrons immédiatement nos formidables ressources à la résolution de ce problème.</p>
<p><a href="https://gairdner.org/events/fuelling-fight-antimicrobial-resistance-global-innovations-research-discovery/">Le Symposium de la fondation Gairdner de 2019</a>, un rassemblement scientifique international autour de cette question, a lieu ces jours-ci à l’Université McMaster.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/300789/original/file-20191107-10905-142tyif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/300789/original/file-20191107-10905-142tyif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/300789/original/file-20191107-10905-142tyif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/300789/original/file-20191107-10905-142tyif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/300789/original/file-20191107-10905-142tyif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/300789/original/file-20191107-10905-142tyif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/300789/original/file-20191107-10905-142tyif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Sans antibiotiques, les chirurgies à cœur ouvert ne seraient pas possibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il est primordial que tout le monde se rende compte de la gravité et de l’urgence de la RAM. Le problème exige des mesures sur tous les fronts – que ce soit dans l’intensification de la recherche et l’utilisation plus judicieuse des antibiotiques ou le développement de la vigilance <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/r%C3%A9sistance-aux-antibiotiques">pour ce qui est du lavage des mains, de l’habitude de rester chez soi quand on est malade et d’avoir une vaccination à jour</a>.</p>
<p>Nous <a href="https://doi.org/10.3389/fmicb.2010.00134">utilisons des antibiotiques depuis près d’un siècle</a>, et ils ont accompli des miracles. Notre espérance de vie a augmenté grâce à eux. À leur période de gloire, les antibiotiques <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/resistance-aux-antibiotiques-antimicrobiens/antibiotiques.html">offraient un remède pratiquement à tous les maux, de la pharyngite à streptocoque aux infections des voies urinaires</a>. Leur existence a encouragé les médecins à réaliser des exploits extraordinaires, comme la <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2013/12/131223100737.htm">chirurgie à cœur ouvert</a> et le <a href="https://longitudeprize.org/blog-post/antibiotics-and-cancer-personal-story-world-cancer-day-2015">traitement du cancer par chimiothérapie</a>.</p>
<p>Les antimicrobiens ont rendu la société plus productive et <a href="https://rapports-cac.ca/reports/les-incidences-socioeconomiques-potentielles-de-la-resistance-aux-antimicrobiens-au-canada/">ajouté des milliards de dollars à l’économie</a>, nous donnant non seulement une vie plus longue, mais aussi une vie meilleure.</p>
<h2>13 700 décès de plus d’ici 2050</h2>
<p>Cependant, pendant ces décennies où nous vivions mieux grâce aux antibiotiques, les bactéries ont évolué pour contrer chacune de nos avancées. C’était naturel et prévisible.</p>
<p>Les humains ont accéléré ce processus en ayant recours librement, et <a href="https://www.who.int/westernpacific/news/detail/10-11-2017-stop-overuse-and-misuse-of-antibiotics-combat-resistance">souvent sans réelle nécessité, à des antibiotiques en agriculture, en médecine et en soins vétérinaires</a>. Plus nous en utilisons, plus les microbes s’adaptent rapidement.</p>
<p>Pendant tout ce temps, nous avons fait confiance aux compagnies pharmaceutiques pour qu’elles créent de nouveaux médicaments qui nous permettent de rester en santé, sans être conscients du fait qu’elles n’avaient pas vraiment intérêt à remplacer les antibiotiques bon marché qui existent déjà. Le développement et la mise en marché de nouveaux médicaments comportent des risques et coûtent terriblement cher, et le secteur privé <a href="https://medcitynews.com/2019/05/new-antibiotics-are-urgently-needed-but-economics-stand-in-the-way/">n’est pas particulièrement motivé à relever ce défi de santé publique</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/300793/original/file-20191107-10915-51eey5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/300793/original/file-20191107-10915-51eey5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/300793/original/file-20191107-10915-51eey5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/300793/original/file-20191107-10915-51eey5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/300793/original/file-20191107-10915-51eey5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/300793/original/file-20191107-10915-51eey5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/300793/original/file-20191107-10915-51eey5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les prématurés sont particulièrement vulnérables aux maladies résistantes aux antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au Canada, 26 pour cent des infections sont aujourd’hui résistantes aux traitements antimicrobiens. On retrouve parmi celles-ci la pneumonie, des infections sanguines, cutanées et des voies urinaires ainsi que de nombreuses autres maladies. Le rapport prévoit que, d’ici 2050, 40 % des infections seront résistantes, ce qui causera par année 13 700 décès qui auraient été évités auparavant.</p>
<p>Les hôpitaux seront débordés. Les patients sous chimiothérapie dont le système immunitaire est affaibli par le traitement seront pratiquement sans défense contre les bactéries. Il en sera de même pour les prématurés.</p>
<p>Comme les remplacements de la hanche et du genou représenteront un trop grand risque, les Canadiens ne pourront rester mobiles pendant les années supplémentaires que l’usage d’antibiotiques leur a offertes.</p>
<p>Tout le monde, et pas seulement les malades et les handicapés, souffrira.</p>
<h2>Discrimination, érosion des libertés civiles</h2>
<p>Les coûts des soins de santé vont grimper en flèche. La productivité et la qualité de vie diminueront à mesure que la maladie et la mort vont dévaster la population.</p>
<p>Le rapport prédit que, avec l’augmentation de la résistance aux antimicrobiens, le tissu social canadien pourrait s’affaiblir en raison de la discrimination à l’égard des personnes atteintes d’infections résistantes, de la réduction de la connectivité sociale, de la réticence à voyager et des appels à fermer les frontières du Canada.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/300791/original/file-20191107-10961-1yw0tir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/300791/original/file-20191107-10961-1yw0tir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/300791/original/file-20191107-10961-1yw0tir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/300791/original/file-20191107-10961-1yw0tir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/300791/original/file-20191107-10961-1yw0tir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/300791/original/file-20191107-10961-1yw0tir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/300791/original/file-20191107-10961-1yw0tir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les voyages en avion permettent un transport rapide des microbes infectieux dans le monde entier. Sur la photo, Aéroport Trudeau, Montréal, 15 juillet 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme l’indique le rapport, les inégalités qui rendent déjà les personnes marginalisées plus vulnérables à la maladie ne feront qu’empirer à mesure que ceux qui en ont les moyens s’isoleront, alimentant la peur et la méfiance.</p>
<p>Avec la croissance des infections, la mise en quarantaine pourrait restreindre les libertés civiles. La confiance dans les hôpitaux et les soins de santé pourrait s’effriter. Toutes ces menaces ne sont pas lointaines.</p>
<h2>De l’innovation au contrôle des infections</h2>
<p>Le rapport propose quatre stratégies pour réagir à cette crise imminente.</p>
<p>La première stratégie est l’innovation – soit créer de nouveaux moyens de vaincre la RAM. La deuxième est la gestion – utiliser de façon judicieuse les traitements qui fonctionnent encore. La troisième, la surveillance, propose de suivre la consommation totale des antibiotiques. Enfin, on doit aussi mettre l’accent sur la prévention et le contrôle des infections.</p>
<p>Nous avons un excellent système de soins de santé publique au Canada ainsi qu’un système d’éducation publique efficace. Nos institutions regorgent de scientifiques, de cliniciens, d’ingénieurs, d’économistes, de sociologues, d’humanistes et d’autres personnes qui peuvent ouvrir la voie pour sortir le monde de cette crise – si nous travaillons tous ensemble.</p>
<p>Il nous faut toutefois d’abord comprendre ce qui se produira si nous ne le faisons pas.</p>
<p>[<em>Ne manquez aucun de nos articles écrits par nos experts universitaires</em>. <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126893/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gerry Wright Gerry Wright reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, de la Fondation Bill et Melinda Gates et du Fonds pour la recherche en Ontario.</span></em></p>Un nouveau rapport estime que d’ici 2050, 40 % de toutes les infections seront résistantes aux traitements antimicrobiens. Cela causera directement 13 700 décès qui auraient pu être évités auparavant.Gerry Wright, Professor of Biochemistry and Biomedical Sciences, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1192102019-07-12T18:23:37Z2019-07-12T18:23:37ZComment la poussière dans votre demeure affecte votre santé?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/281682/original/file-20190627-76717-8uq7pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certains ingrédients dans ces fines particules peuvent avoir un impact important sur votre santé.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Vous avez passé l’aspirateur, balayé et épousseté pour vous en débarrasser. Mais savez-vous de quoi il s’agit réellement – et comment votre santé peut être affectée?</p>
<p>Ne vous en faites pas si vous n’avez aucune idée de la nature de la poussière qui vous entoure. Les scientifiques n’en connaissent pas beaucoup plus que vous pour comprendre les sources et les risques de santé de l’air intérieur et des particules.</p>
<p>C’est un problème, parce que les gens passent beaucoup de temps à l’intérieur. En effet, l’Américain moyen demeure entre quatre murs durant <a href="https://doi.org/10.1038/sj.jea.7500165">presque 90 pour cent de la journée</a>. Ainsi il est vital d’en savoir davantage sur la façon dont votre environnement intérieur affecte votre santé.</p>
<p>Pour mieux quantifier les influences environnementales sur la santé, les chercheurs ont commencé à utiliser <a href="https://doi.org/10.1093/ije/dyr236">une approche «exposome»</a>, qui tient compte de toutes les expositions environnementales auxquelles une personne a été soumise durant sa vie. Votre propre exposome comprend tout, de la fumée secondaire et du plomb auxquels vous avez été exposé dans votre enfance aux émissions de matière particulaire si vous avez grandi près d’un axe routier ou d’un complexe industriel.</p>
<p>La poussière est une composante importante de l’exposome. Quelles sont les particules que vous inhalez et ingérez tout au long de la journée?</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/279274/original/file-20190613-32317-3ujy96.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Des collaborateurs au projet Analyse de poussière 360 débalent des échantillons reçus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gabriel Filippelli</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://scholar.google.com/citations?user=MEp4948AAAAJ&hl=en&oi=ao">Je suis un géochimiste</a>, et mon laboratoire étudie la santé environnementale au niveau domestique. En collaboration avec le scientifique environnemental <a href="https://scholar.google.com/citations?user=d_ZBfxYAAAAJ&hl=en&oi=ao">Mark Taylor</a> de l’Université Macquarie et d’autres partenaires internationaux, je mène un projet de recherche sur l’exposome intérieur.</p>
<p>Au lieu de vider leur sac d’aspirateur dans les ordures ménagères, des citoyens scientifiques le placent dans un contenant hermétique et l’envoient pour analyse à notre laboratoire. Ce projet, nommé <a href="https://www.360dustanalysis.com/">Analyse de poussière 360</a>, est l’un des nombreux efforts visant à décoder la poussière intérieure.</p>
<h2>La poussière provient de l’intérieur</h2>
<p>Environ le tiers de la poussière domestique provient de l’intérieur de votre demeure. Les composantes diffèrent selon le type de construction et l’âge de votre demeure, le climat et les habitudes de nettoyer et de fumer des occupants, de sorte qu’il n’y a pas de formule standard pour la poussière.</p>
<p>D’abord, vous et vos animaux de compagnie produisez une partie des détritus. Des cellules de peau humaine mortes font partie des résidus. De même que les <a href="https://doi.org/10.1016/j.jaci.2010.05.042">cellules de peau d’animaux de compagnie</a>, appelées squames, et les acariens qui s’en nourrissent – tous deux sont de puissants allergènes pour les humains.</p>
<p>En général, vous pouvez être certain que <a href="http://content.time.com/time/health/article/0,8599,1966870,00.html">votre poussière comprend aussi quelques</a> insectes décomposés, débris de nourriture (spécialement dans la cuisine), fibres de tapis, literie et vêtements, et matière particulaire provenant de la fumée et de la cuisson. Nous espérons que notre programme Analyse de poussière 360 contribuera à résoudre un peu plus l’énigme de ce qu’on trouve d’autre dans la poussière.</p>
<p>Jusqu’ici c’est peu ragoûtant. Et il y a aussi dans la mixture des produits chimiques fabriqués par l’homme. Pendant des décennies, les manufacturiers ont traité chimiquement les vêtements et le mobilier avec des agents ignifuges et des revêtements protecteurs. En fait, durant un certain temps, la <a href="https://www.cpsc.gov/Business--Manufacturing/Business-Education/Business-Guidance/Childrens-Sleepwear-Regulations">loi imposait les agents ignifuges</a> pour le mobilier et les pyjamas des enfants.</p>
<p>Mais les chercheurs ont commencé à les identifier dans le sang et les tissus humains, et ont même décelé chez les nouveau-nés des <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.5b01793">preuves d’exposition in utero</a>. Comment ces molécules ont fini par se retrouver dans l’organisme humain? Surtout par l’inhalation ou l’ingestion de poussière intérieure.</p>
<h2>La santé affectée par ce que contient notre demeure</h2>
<p>C’est ici que la science et de nouvelles techniques commencent à émettre de sérieux signaux d’alerte pour la santé. Une multitude d’activités de recherche ont cours présentement pour <a href="https://doi.org/10.1038/s41370-018-0113-2">déterminer la toxicité potentielle</a> de ces produits chimiques dans le système humain. Les scientifiques mettent également au point de nouvelles techniques <a href="https://doi.org/10.1038/jes.2017.9">utilisant des dispositifs portables</a>, tels que des <a href="https://greensciencepolicy.org/monitoring-chemicals-in-our-environment-with-wristbands/">bracelets en silicone</a>, pour déterminer la relation entre ces sources de poussière et la proportion qui finit par se retrouver dans l’organisme humain.</p>
<p>Un environnement intérieur sans fibre et sans animal de compagnie serait une façon de réduire la quantité et la toxicité potentielle de la poussière intérieure. Mais la recherche récente a soulevé un problème supplémentaire : la hausse de la résistance antimicrobienne.</p>
<p>La recherche a fait le lien entre plusieurs produits de désinfection intérieure et la résistance antimicrobienne. Au moins une étude a découvert une corrélation entre des taux élevés de triclosan, un agent antimicrobien courant dans le savon à mains, et des taux élevés de <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.6b00262">gènes résistants aux antibiotiques dans la poussière</a>, vraisemblablement de bactéries qui vivent dans la poussière de vos demeures. La relation est attribuable à la destruction partielle et répétée, mais incomplète, des bactéries et autres microbes qui continuent à croître et à proliférer, portant des gènes de résistance.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/279412/original/file-20190613-32335-1cipnfg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Qu’importe ce qu’il y a dehors, la poussière se transporte aisément à l’intérieur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/hand-dusting-window-sill-reduce-allergens-86375398">Serenethos/Shutterstock.com</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La poussière qui provient de l’extérieur</h2>
<p>Pour avoir une vue d’ensemble des sources et dangers de la poussière, il faut considérer l’autre deux-tiers de la totalité de poussière intérieure, qui <a href="https://doi.org/10.1021/es9003735">en fait provient de l’extérieur</a>. Ces saletés et poussières sont transportées sur les souliers ainsi que sur la fourrure et les pattes des animaux de compagne. Elles passent à l’aide du vent par les fenêtres et portes ouvertes et les trous d’aération. Et elles <a href="https://doi.org/10.1021/es9003735">varient en taille et composition</a>, allant de la boue granuleuse au pollen irritant et aux plus infimes particules du sol.</p>
<p>Le plomb est l’un des problèmes de santé reliés aux sources extérieures le plus répandu. Cette puissante neurotoxine <a href="http://doi.org/10.12952/journal.elementa.000059">s’est accumulée à des niveaux parfois extrêmement élevés</a> dans les sols et la poussière après un siècle d’émissions provenant de sources industrielles, de véhicules utilisant de l’essence au plomb et de la dégradation de peintures à base de plomb. Le danger est particulièrement sérieux dans les villes et près des mines et autres sites industriels, sources de plomb.</p>
<p>Les sols contaminés par le plomb et la poussière qu’ils produisent sont étroitement liés à <a href="https://www.jstor.org/stable/24927721">l’empoisonnement par le plomb chez les enfants</a>. En raison de leur développement neural actif, <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.med.55.091902.103653">le plomb peut handicaper de façon permanente les enfants qui y sont exposés</a>.</p>
<p>Dans le cadre de la prévention de l’empoisonnement au plomb, les scientifiques se sont concentrés sur ce qu’ils appellent des sources ponctuelles : des choses relativement faciles à identifier comme la peinture écaillée et les conduites d’eau en plomb. Les sols et les expositions à la poussière sont moins bien connus.</p>
<p>Des chercheurs ont récemment découvert des corrélations entre <a href="https://doi.org/10.1021/es303854c">le plomb dans l’air et des niveaux de plomb dans le sang des enfants</a>. Présentement, plusieurs groupes de laboratoire examinent sérieusement non seulement les expositions dans des cadres extérieurs, mais <a href="https://doi.org/10.1021/es9003735">aussi la façon dont le plomb peut aboutir dans les demeures</a> et faire partie de l’exposome intérieur.</p>
<h2>Limitez ce que vous pouvez</h2>
<p>Tout comme le <a href="https://doi.org/10.1126/science.187.4176.535">fréon dans les réfrigérants et d’autres produits</a> ont causé la <a href="https://doi.org/10.1007/978-1-4939-6710-0_2">dégradation de la couche protectrice d’ozone stratosphérique entourant la terre</a> et le <a href="https://doi.org/10.1016/j.reprotox.2007.07.010">bisphénol A, un plastifiant utilisé dans les bouteilles</a> et autres produits de consommation, se sont retrouvés dans l’organisme humain, les scientifiques s’inquiètent que le principe des « meilleures conditions de vie grâce à la chimie » provoque une série de <a href="https://www.ehn.org/chemical-exposures-are-small-doses-harm-2518446452.html">conséquences inattendues pour la santé humaine</a> dans le domaine de la poussière.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/279411/original/file-20190613-32366-qfiztr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Il est bénéfique de garder les chaussures pour l’extérieur seulement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/shoes-on-threshold-door-332678351">Volkova Vera/Shutterstock.com</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enlever les vêtements extérieurs comme les blousons et adopter une politique familiale sans chaussure est une façon de réduire l’exposition intérieure aux polluants de l’extérieur. <a href="https://www.ciriscience.org/a_96-Study-Reveals-High-Bacteria-Levels-on-Footwear">Les dessous de chaussure sont repoussants</a>: 96 pour cent portent des traces de bactéries de matières fécales sur leurs semelles, y compris la C.Difficile résistante aux antimicrobiens, et plus de 90 pour cent de ces bactéries sont transférées aux planchers. Ajoutez les <a href="https://doi.org/10.1080/10408444.2018.1528208">toxines provenant des résidus d’asphalte des routes</a> et les <a href="https://doi.org/10.1080/23273747.2016.1148803">perturbateurs endocriniens des produits chimiques d’entretien des pelouses</a>, tous deux cancérigènes, et la recommandation devient encore plus claire – pas de chaussures de l’extérieur dans la maison.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119210/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabriel Filippelli a reçu des financements des National Institutes of Health par le biais du Indiana Clinical Translational Sciences Institute et de l’Indiana University Prepared for Environmental Change Grand Challenge Program.
</span></em></p>Quelle est la nature de la poussière qui nous entoure? Des chercheurs étudient la composition de ces particules d'intérieur et leurs répercussions possibles sur la santé humaine.Gabriel Filippelli, Professor of Earth Sciences and Director of the Center for Urban Health, IUPUILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1150442019-04-10T16:52:43Z2019-04-10T16:52:43ZEnfin un nouvel antibiotique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/267937/original/file-20190407-115773-v6fs7y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C65%2C4000%2C2592&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'étude des poissons pourrait bien nous sauver la vie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/iDkiP2GXlR8">Annie Spratt/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Un jour, il se peut que vous preniez une pilule et que vous deviez votre rétablissement aux microbes minuscules qui fleurissent dans la couche glissante de mucus qui enrobe les poissons.</p>
<p>Il est d’une importance cruciale de trouver la prochaine génération d’antibiotiques. L’incidence des infections bactériennes résistantes aux antibiotiques actuels continue d’augmenter. L’Organisation mondiale de la santé a averti que <a href="https://doi.org/10.1038/nature.2014.15135">cette question ne fera que s’aggraver</a> et une étude récente prévoit que d’ici 2050, les infections résistantes aux médicaments toucheront <a href="https://amr-review.org/sites/default/files/AMR%20Review%20Paper%20-%20Tackling%20a%20crisis%20for%20the%20health%20and%20wealth%20of%20nations_1.pdf">plus de personnes que le cancer</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266580/original/file-20190329-70996-1on9n6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">On prévoit que le nombre de décès attribuables à la résistance aux antimicrobiens (AMR) augmentera à l’échelle mondiale au cours des prochaines décennies.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://amr-review.org/infographics.html">Review on Antimicrobial Resistance</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Comment trouver un nouvel antibiotique ?</h2>
<p>Vousserez peut-être surpris d’apprendre que plus de 70 % des anti-infectieux actuellement utilisés <a href="https://doi.org/10.1021/acs.jnatprod.5b01055">proviennent de produits naturels</a>. Les plantes et les microbes produisent un large éventail de produits chimiques complexes, dont certains ont des propriétés antibiotiques ou antivirales, voire toxiques pour les cellules. Par exemple, l’amoxicilline, l’un des antibiotiques les plus couramment prescrits est un dérivé d’un produit chimique isolé à partir de <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijantimicag.2007.07.015">moisissures de <em>Penicillium</em></a>.</p>
<p>Les microbes sont tout autour de nous. En fait, ils sont partout sur nous et en nous. Les animaux, y compris les humains, sont l’hôte d’une communauté diverse de microbes sur leur peau et dans leur système gastro-intestinal.</p>
<p>Ces microbes peuvent interagir avec leurs organismes hôtes de <a href="https://doi.org/10.1038/nrg3182">façon positive et négative</a>, notamment en favorisant la digestion et en réduisant les infections pathogènes, mais aussi en contribuant à certains types de maladies. Ces microbes peuvent également être une <a href="https://theconversation.com/starting-with-mother-natures-designs-will-speed-up-critical-development-of-new-antibiotics-89217">source de nouveaux antibiotiques</a>. Par exemple, des chercheurs ont récemment identifié un nouvel antibiotique à partir d’une <a href="https://doi.org/10.1038/nature18634">bactérie trouvée dans notre nez</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266585/original/file-20190329-71006-pvlofi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le mucus à la surface des poissons peut être visqueux et constitue également une mine d’or potentielle pour les composés bioactifs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/myfwc/18433719224">FWC Fish and Wildlife Research Institute</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans mon laboratoire de l’Oregon State University, nous travaillons pour identifier la prochaine génération d’antibiotiques à partir des microbes associés aux animaux. Nos efforts actuels se concentrent sur le groupe le plus diversifié de vertébrés : les poissons marins et d’eau douce. <a href="https://www.fishbase.in/home.htm">Plus de 33 000 espèces de poissons</a> ont été identifiées soit plus que la somme de tous les autres vertébrés de la Terre. Ces animaux vivent souvent dans des environnements difficiles et sont susceptibles d’abriter des microbes qui les aident à résister aux infections.</p>
<p>Nous collaborons avec le biologiste marin <a href="https://scholar.google.com/citations?user=8oxLEyYAAAAJ&hl=en&oi=ao">Misty Paig-Tran</a> de la <em>California State University Fullerton</em> pour obtenir des échantillons de mucus de différentes espèces de poissons du Pacifique. Sur plusieurs chaluts, son équipe a pu récolter des poissons côtiers et quelques poissons d’eau profonde, au total environ 17 espèces. Par exemple, ils ont ramené plusieurs perches roses des eaux côtières, et des eaux plus profondes ou des anguilles de mer.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266606/original/file-20190329-71012-1p4rw3i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Gisela Gonzalez Montiel et Ross Overacker travaillent sur des échantillons de poisson et de boue fournis par Misty Paig-Tran.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Loesgen Lab</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le mucus visqueux qui enrobe les poissons sert de protection. Lorsque l’animal se déplace dans l’eau, il peut entrer en contact avec toutes sortes de bactéries, champignons ou virus ; le mucus agit comme une barrière physique. Les chercheurs pensent que le microbiome du poisson produit également un composant chimique qui aide à prévenir les infections.</p>
<p>Mes collaborateurs et moi cherchions des bactéries intéressantes que nous pourrions isoler du poisson. Notre but était d’explorer la bioactivité de l’extrait bactérien dans l’espoir de l’exploiter pour nos propres usages.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266205/original/file-20190327-139374-1n0crul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Paige Mandelare et Molly Austin avec des bactéries dérivées du microbiome du poisson.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Loesgen Lab</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous explorons actuellement la taxonomie ds bactéries, c’est-à-dire, comment sont-elles apparentées et comment devraient-elles être classées sur l’arbre de la vie ?</p>
<p>De quelles espèces s’agit-il ? Nous avons réussi à isoler 47 souches bactériennes différentes de ces écouvillons de mucus de poisson. Nous les avons cultivées, extraits les produits chimiques qu’elles produisaient, puis nous les avons testés pour voir s’ils inhibaient les agents pathogènes humains courants.</p>
<p>Fait intéressant, nous avons constaté que plusieurs extraits bactériens avaient une forte activité antimicrobienne et que 15 extraits présentaient une forte inhibition du <a href="https://www.cdc.gov/mrsa/index.html"><em>Staphylococcus aureus</em> résistant à la méthicilline</a>. Le SARM est un agent pathogène humain résistant aux médicaments qui est responsable de nombreuses infections difficiles à traite.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=177&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=177&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=177&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=223&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=223&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266203/original/file-20190327-139368-a2sf6z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=223&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les microbes présents sur les poissons marins produisent divers composés qui pourraient être efficaces pour combattre les infections chez les humains.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Loesgen Lab</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous avons effectué des tests et des analyses supplémentaires sur l’un des extraits les plus puissants et avons découvert que les microbes produisaient de multiples analogues d’un composé aromatique hétérocyclique particulier appelé phénazine qui avait une activité antibiotique. Motivés par ces résultats, nous avons testé si les composés contenus dans ces extraits pouvaient également affecter les cellules cancéreuses. Nous avons découvert que cette bactérie <em>Pseudomonas</em> dérivée du poisson, isolée d’une perche rose du littoral, produisait également un métabolite qui inhibait la croissance des cellules carcinomes du côlon humain.</p>
<p>Cette recherche est en cours, dans mon laboratoire <a href="https://linington.chem.sfu.ca">et d’autres</a>, et la question de savoir si un composé actif est un médicament efficace dépend de nombreux facteurs. Cependant, ces résultats suggèrent que les microbes associés aux poissons produisent un large éventail de produits chimiques divers et complexes et sont une excellente source pour les efforts de découverte de médicaments.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115044/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sandra Loesgen a reçu des fonds du National Science Foundation</span></em></p>Nous avons cruellement besoin de nouveaux antibiotiques pour lutter contre des bactéries devenues multirésistantes. L’étude du mucus de la peau des poissons semble être une excellente piste.Sandra Loesgen, Assistant Professor of Chemistry, Oregon State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1144922019-04-09T20:22:48Z2019-04-09T20:22:48ZL’odeur de la nature : une composante de la biodiversité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/268405/original/file-20190409-2927-14y9laq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C6%2C4316%2C2869&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Butineur.</span> </figcaption></figure><p><em>Les vacances d'été amènent leur lots de questions cruciales: comment ce <a href="https://theconversation.com/comprendre-la-formation-des-vagues-et-comment-les-surfeurs-les-domptent-186414">surfeur tient-il sur sa planche</a>? Comment se <a href="https://theconversation.com/comment-bien-choisir-ses-vetements-et-son-parasol-pour-se-proteger-du-soleil-164452">protéger du soleil</a>? Où construire un château de sable? D'où viennent les odeurs de la nature, et à quoi servent-elles? Faut-il changer de file quand on est coincé dans les bouchons? Nous vous proposons 5 articles pour bronzer moins bête.</em></p>
<p>Une promenade en pleine nature s’accompagne souvent d’une expérience olfactive. L’odeur terreuse de l’humus dans une forêt de feuillus, les riches senteurs de la garrigue exacerbées par le soleil, les effluves d’une haie de conifères, sont autant de paysages odorants que nous identifions sans peine. Une balade en plein air nous permet de « respirer », c’est-à-dire à la fois de prendre une bouffée de cet oxygène vital que nous ne pouvons sentir, et de ressentir un apaisement en percevant des odeurs végétales qui évoquent des souvenirs agréables. Bref, elle nous offre l’occasion de « souffler » loin de l’agitation des cités.</p>
<p>Beaucoup des composés organiques volatils qui sont à l’origine de cette expérience sensorielle sont émis par les plantes terrestres. Fleurs ou organes végétatifs des plantes qui nous entourent libèrent dans l’air que nous inspirons des molécules d’une très grande diversité chimique. Mais pourquoi la végétation terrestre produit-elle cette riche variété de petites molécules ?</p>
<h2>Les plantes savent se défendre</h2>
<p>En premier lieu, ce sont des mécanismes de défense qui permettent à la plante de résister aux nombreux stress ou agressions auxquels elle doit faire face, notamment lorsqu’elle manque d’eau ou qu’elle est malade. La plante peut produire ces composés volatils de manière constitutive, ils sont alors stockés dans des structures comme les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Trichome_(botanique)">trichomes</a>, ces poils glandulaires d’où ils seront facilement libérés pour repousser les herbivores, voire les intoxiquer.</p>
<p>[<em>Près de 70 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268408/original/file-20190409-2909-12rxgko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">En avril la floraison des bruyères arborescentes domine le paysage olfactif des gorges d’Héric dans l’Hérault.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michel Renou</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Leur biosynthèse peut aussi être déclenchée par une blessure comme lors de la morsure par un insecte. Ils induisent la production, par d’autres parties de la plante, de substances de défense comme les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phytoalexine">phytoalexines</a>, molécules antimicrobiennes ou anti-fongiques, qui lui permettent de résister à l’attaque d’un organisme pathogène ou à un herbivore. Émis dans l’atmosphère, ces signaux sont perçus par d’autres plantes qui produisent à leur tour des molécules de défense.</p>
<h2>Quand les plantes communiquent</h2>
<p>Ces fonctions de communication sont également importantes dans les interactions positives entre la plante et ses insectes pollinisateurs. Les arômes floraux attirent une cohorte d’insectes, abeilles, bourdons, mouches, coléoptères, ou même moustiques qui associent l’odeur à la présence de nectar. Les fruits arrivés à maturité libèrent des composés attractifs pour les animaux qui après avoir consommé les fruits disperseront leurs graines.</p>
<p>Les échanges de signaux chimiques ont donc une grande importance dans le fonctionnement des écosystèmes. Résultats d’une très longue coévolution, notamment entre les végétaux supérieurs et les insectes, ils modulent des fonctions essentielles pour la plante comme sa pollinisation. Ils contribuent aussi à limiter les populations d’herbivores en attirant leurs prédateurs et parasites. <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-018-03448-w">Des réseaux de communication complexes</a> s’établissent entre les différents niveaux trophiques.</p>
<p>L’attaque d’une chenille induit l’émission de molécules volatiles qui affectent le comportement de ponte du papillon mais attirent des parasites qui pondent dans la chenille. Ces signaux sont souvent des mélanges de composés volatils dont les proportions assurent la spécificité de cette communication. Un insecte parasite peut ainsi reconnaître quelle espèce de papillon a attaqué la plante. Les réponses des insectes sont souvent dépendantes du contexte odorant dans lequel ils perçoivent le signal. Une fleur d’orchidée peut mimer le signal sexuel d’un pollinisateur pour garantir la spécificité de sa pollinisation.</p>
<h2>L’activité humaine crée des interférences</h2>
<p>L’activité humaine fait courir des risques encore mal évalués à ces réseaux complexes de communication. Les industries de transformation des produits de l’agriculture, les activités agricoles, l’élevage produisent des quantités importantes de composés organiques volatils qui se mélangent aux sources naturelles. L’impact sensoriel de ces émissions nous est connu depuis longtemps lorsqu’elles sont à l’origine de nuisances olfactives comme l’épandage de lisier ou le compostage de proximité. En revanche, l’étude des répercussions sur le fonctionnement des écosystèmes ne fait que débuter.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268427/original/file-20190409-2905-xii4az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’olfaction, un sens essentiel à la communication des insectes (tête de frelon asiatique).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michel Renou</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les composés organiques volatils sont naturellement dégradés dans l’atmosphère par le rayonnement UV. Mais l’augmentation des concentrations d’ozone ou d’autres groupes réactifs comme le mono-oxyde d’azote provoquées par les activités industrielles ou les transports diminue sensiblement leur durée de vie dans l’atmosphère.Cette dégradation plus rapide <a href="https://www.nature.com/articles/srep02779">réduit dans le même temps les distances</a> à laquelle les insectes butineurs peuvent détecter les arômes floraux. Mais elle en modifie aussi la composition car tous leurs constituants n’étant pas dégradés à la même vitesse leurs proportions ne sont plus les mêmes et le mélange odorant change de nature comme le montrent les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10886-016-0717-8">tests sur l’abeille</a>.</p>
<p>Des effets directs de polluants sur l’olfaction des insectes sont également probables car la communication olfactive apparaît particulièrement sensible aux interactions entre molécules volatiles présentes <a href="https://iees-paris.ufr918.upmc.fr/images/publi/12162b201d466a829c23d2e0583cd0f6.pdf">dans l’arrière-plan odorant</a>.</p>
<h2>Vers une modification des paysages olfactifs ?</h2>
<p>Outre ces polluants, le changement climatique global, notamment les augmentations du taux de CO<sub>2</sub> et les élévations de température, affecte lui-même les métabolismes des plantes qui réagissent en modifiant qualitativement et quantitativement leurs émissions. Il faut nous attendre à ce que les paysages olfactifs se modifient profondément dans les décennies à venir. Si l’essor de l’écologie chimique nous a permis de percer les secrets de la communication olfactive, nous sommes en revanche encore loin de pouvoir évaluer l’importance globale de ces paysages olfactifs sur la biodiversité et les conséquences de leur altération. Par un effet de levier, toute modification de signaux essentiels à la localisation d’une ressource vitale, ou à la synchronisation des cycles de deux espèces, peut avoir des répercussions importantes sur les populations d’animaux ou les communautés végétales.</p>
<p>Les impacts seront d’autant plus importants sur les espèces spécialistes qui utilisent des signaux très spécifiques pour localiser leur hôte. Ainsi faudrait-il nous interroger sur la nécessité de prendre en compte la dimension sensorielle dans les programmes de gestion de la biodiversité. Nos données en la matière sont très récentes, les analyses ne remontant qu’à quelques dizaines d’années. Il serait donc urgent de faire l’état des lieux des paysages odorants, de suivre leur évolution, d’évaluer les risques représentés par chaque type de perturbation, puis de rechercher des méthodes permettant de préserver leurs composantes importantes.</p>
<p><a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/20120701_programme-de-recherche-de-l-ademe-sur-les-emissions-atmospheriques-du-compostage_ademe.pdf">On tente déjà de remédier aux nuisances</a> engendrées par les plates-formes de compostage ou les bâtiments d’élevage en diffusant des odeurs masquantes ou en entourant les sites émetteurs de haies végétales qui créent des turbulences diluant les émissions et les dirigent plus haut dans l’atmosphère.</p>
<p>Outre la perte sensorielle que nous ressentirions lors d’une balade en forêt devenue inodore, l’impact pourrait être important pour des populations d’insectes déjà fragilisées par de multiples stress et les communautés végétales privées de leur moyen de communiquer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114492/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Renou ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les plantes utilisent des molécules volatiles pour communiquer entre elles ou avec les insectes. Modifier le « paysage odorant » c’est aussi attaquer la biodiversité.Michel Renou, Directeur de recherche en biologie des insectes, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1151062019-04-08T19:58:12Z2019-04-08T19:58:12ZRésistance microbienne : à l’hôpital, les désinfectants devraient être aussi contrôlés que les antibiotiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/268205/original/file-20190408-2927-arae3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C3%2C2413%2C1723&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Micrographie électronique à balayage de staphylocoques dorés (fausses couleurs).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/niaid/8436193898/">NIAID/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Une <a href="https://rdcu.be/borVA">nouvelle étude</a> publiée dans la revue <em>Nature Microbiology</em> révèle que la résistance des bactéries à deux désinfectants largement employés pour contrôler la propagation des infections à l’hôpital est fortement associée à la résistance à plusieurs antibiotiques utilisés pour traiter les infections courantes.</p>
<h2>Des bactéries cutanées communes mais pas anodines</h2>
<p>Notre analyse portait sur l’étude de la résistance aux désinfectants de la bactérie <em>Staphylococcus epidermidis</em>. Celle-ci vit sur la peau des personnes en bonne santé. En temps normal, elle ne cause aucun dommage. En revanche, elle peut être à l’origine de graves infections sanguines chez les patients en soins intensifs, en particulier chez ceux qui souffrent d’une paralysie du système immunitaire : leur système immunitaire ne peut récupérer, malgré l’utilisation d’antibiotiques pour éliminer les bactéries qui les infectent.</p>
<p>Autre problème : Staphylococcus epidermidis_ peut aussi transférer des gènes à la bactérie <em>Staphylococcus aureus</em> (le staphylocoque doré), un pathogène majeur. Ce transfert de gène peut conférer à <em>Staphylococcus aureus</em> une résistance à la méthicilline (SARM), ce qui peut en faire une « superbactérie » capable de survivre à plusieurs antibiotiques couramment utilisés.</p>
<p>Jusqu’à présent, la recherche sur la résistance aux antibiotiques s’est largement concentrée sur le SARM, <em>Staphylococcus epidermidis</em> ne recevant qu’une attention limitée. Notre étude suggère pourtant que <em>Staphylococcus epidermidis</em> peut également constituer une menace. Dans les environnements à forte concentration de désinfectant, comme le sont les unités de soins intensifs, cette bactérie « inoffensive » peut en effet développer une résistance aux médicaments couramment utilisés pour traiter les infections.</p>
<p>Nous avions initialement examiné la résistance dans une unité de soins intensifs à Aberdeen, en Écosse. Toutefois, lorsque nous avons analysé les génomes de bactéries du monde entier, nous avons constaté la même tendance : chez les <em>Staphylococcus epidermidis</em> nocifs, la résistance à plusieurs antibiotiques était fortement associée à la résistance aux désinfectants. Dans les unités de soins intensifs individuelles, ces microbes sont à l’origine d’environ 10 à 15 infections par mois, les patients touchés développant des septicémies multirésistante aux médicaments.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/263443/original/file-20190312-86678-vbdxzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/263443/original/file-20190312-86678-vbdxzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/263443/original/file-20190312-86678-vbdxzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/263443/original/file-20190312-86678-vbdxzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/263443/original/file-20190312-86678-vbdxzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/263443/original/file-20190312-86678-vbdxzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/263443/original/file-20190312-86678-vbdxzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans les unités de soins intensifs, il faut revoir les pratiques de désinfection.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/confirm/532149166?size=medium_jpg">napocska/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Revoir les principes de désinfection</h2>
<p>En 2013, un vaste essai clinique mené aux États-Unis a comparé l’avantage de désinfecter tous les patients admis dans une unité de soins intensifs avec de la chlorhexidine (un désinfectant pour la peau), plutôt que de simplement désinfecter les patients à risque d’infections graves. Les résultats de cette étude, publiés dans le <a href="https://www.hqinstitute.org/sites/main/files/file-attachments/huang_decolonization_icu_nejm_5_29_13_0.pdf"><em>New England Journal of Medicine</em></a>, ont montré que la désinfection de tous les patients est meilleure pour réduire les infections hospitalières que la désinfection de patients sélectionnés. Les auteurs de cet article se sont prononcés en faveur de cette approche. Mais cette étude n’avait pas examiné la résistance aux antimicrobiens chez <em>Staphylococcus epidermidis</em>. En fait, aucune étude ne l’avait fait jusqu’ici.</p>
<p>La désinfection à la chlorhexidine de tous les patients d’une unité de soins intensifs est très efficace pour contrôler un large éventail d’infections hospitalières. Néanmoins, il faudrait selon nous accorder beaucoup plus d’attention à l’impact à long terme de cette pratique sur l’émergence et la propagation de la résistance aux antimicrobiens.</p>
<p>Il est important de noter qu’en Angleterre, l’une des plus importantes unités de soins intensifs (celle du St Thomas’ Hospital à Londres) a remplacé la chlorhexidine par un autre désinfectant (l’octénidine), après une épidémie de staphylocoque doré multirésistant aux antibiotiques et à la chlorhexidine qui a duré deux ans. Les responsables craignaient que la chlorhexidine n’augmente encore la résistance aux antimicrobiens.</p>
<p>Les résultats que nous avons obtenus suggèrent qu’il faut changer la façon dont nous envisageons l’utilisation des désinfectants, en particulier dans les hôpitaux. La lutte contre la résistance aux antimicrobiens demeure une priorité mondiale en matière de santé. Si la plupart des gens ont aujourd’hui compris que la mauvaise utilisation des antibiotiques (ou leur emploi excessif) est à l’origine du problème, notre étude suggère que nous devrions également prêter attention aux désinfectants utilisés dans les hôpitaux, et que ceux-ci devraient être réglementés de la même manière que les antibiotiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115106/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Karolin Hijazi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À l’hôpital, l’utilisation de désinfectants pourrait également créer des bactéries multirésistantes. Des résultats qui suggèrent qu’il faut revoir la façon dont la désinfection est envisagée.Karolin Hijazi, Senior Clinical Lecturer, University of AberdeenLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1067512018-12-12T19:51:29Z2018-12-12T19:51:29ZIl faut revenir aux antibiotiques… intelligemment!<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/248517/original/file-20181203-194944-1h395sm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C783%2C5988%2C3224&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Notre arsenal d’antibiotiques, jusqu’à présent efficace pour traiter la plupart des infections, devient inefficace face à certaines bactéries. D'ci 30 ans, ces infections pourraient tuer dix millions de personnes par an.</span> <span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>On prend leur efficacité pour acquise, et pourtant… </p>
<p>Depuis la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928, d’autres antibiotiques sont venus renforcer notre arsenal pour combattre les infections. Pendant ce temps, les bactéries ont développé des mécanismes pour contrer l’action de nos antibiotiques. Fleming avait d'ailleurs, dès le départ, attiré l’attention sur ce risque de voir survenir des infections résistantes aux antibiotiques en cas d’utilisation excessive. </p>
<p>Malheureusement nous n’en avons pas tenu compte.</p>
<p>Et pendant ce temps, depuis plusieurs années, les industries se sont détournées de cette classe thérapeutique pour s’orienter vers d'autres beaucoup plus lucratives (oncologie, neurologie). </p>
<p>La menace est donc réelle: les bactéries et les antibiotiques sont de nouveau sur le devant de la scène. Pourquoi ? Tout simplement parce que notre arsenal d’antibiotiques jusqu’à présent efficace pour traiter la plupart des infections devient inefficace face à certaines bactéries. À l'horizon 2050, on pourrait atteindre dix millions de morts par an -les infections deviendraient la cause de décès numéro un devant le cancer et le diabète réunis- si rien n’est fait <a href="https://amr-review.org/sites/default/files/AMR%20Review%20Paper%20-%20Tackling%20a%20crisis%20for%20the%20health%20and%20wealth%20of%20nations_1.pdf">selon un rapport remis au gouvernement britannique en 2014</a>. </p>
<h2>Sensibiliser les patients</h2>
<p>Cette situation est notamment due à une utilisation massive des antibiotiques tel que l’amoxicilline – que la majorité d’entre nous connaissent- pour traiter un simple rhume ! Ou bien l’utilisation de doses sub-thérapeutiques de manière répétée. Nous sommes aujourd’hui face à une menace importante pour la santé humaine, selon une déclaration des Nations Unies en 2016. Et un plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens, y compris les antibiotiques, <a href="http://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/r%C3%A9sistance-aux-antibiotiques">a été adopté en 2015 par l’Assemblée mondiale de la Santé</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/248519/original/file-20181203-194935-io05eb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/248519/original/file-20181203-194935-io05eb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/248519/original/file-20181203-194935-io05eb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/248519/original/file-20181203-194935-io05eb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/248519/original/file-20181203-194935-io05eb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/248519/original/file-20181203-194935-io05eb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/248519/original/file-20181203-194935-io05eb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’utilisation d’un antibiotique pour traiter une infection virale est inutile. Il faut sensibiliser les patients.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce plan d’action mondial définit cinq objectifs stratégiques dont l’optimisation de l’usage des antimicrobiens. En effet, il est nécessaire d’expliquer que l’utilisation d’un antibiotique pour traiter une infection virale est inutile et de sensibiliser les patients. C’est l’objectif de <a href="https://infoantibio.ca">la Semaine Mondiale du Bon Usage des Antibiotiques</a>, qui tenait sa quatrième édition récemment. Elle a été développée à cette fin: rationaliser l’utilisation des antibiotiques afin de répondre à la problématique d’émergence de résistance aux antimicrobiens.</p>
<p>Cela est une première étape dans l’optimisation de l’utilisation des antibiotiques. La seconde étape est d’utiliser le bon antibiotique à la bonne dose notamment dans les populations vulnérables présentant des infections sévères pour lesquelles le traitement engage le pronostic vital. Ces populations vulnérables sont les patients qui ne sont pas étudiées lors des essais cliniques, les nouveau-nés, les enfants, les patients hospitalisés en soins intensifs, les patients obèses, les patients âgés… </p>
<p>En effet, depuis plusieurs années la recherche a montré que certains médicaments ne se comportaient pas de la même manière chez tous les individus –la pharmacocinétique des médicaments peut être modifiée selon les caractéristiques anatomiques, physiologiques et pathologiques des patients. Ces différences peuvent ne pas avoir d’impact sur la réponse au traitement et donc ne pas justifier d’adaptation de posologies. </p>
<p>Mais ce n’est pas le cas pour un grand nombre d’antibiotiques. </p>
<h2>Une médecine de précision</h2>
<p>Autre élément important avec les antibiotiques: on est capable de connaître quelle est la quantité de médicament qui doit être dans l’organisme –la concentration- pour être efficace, c’est-à-dire tuer la bactérie responsable de l’infection. Les recherches actuelles montrent l’intérêt de développer le suivi thérapeutique pharmacologique – la quantification des concentrations des médicaments dans le sang, l'interprétation pharmacologique et l'orientation thérapeutique- <a href="https://www.revmed.ch/RMS/2008/RMS-165/Suivi-therapeutique-des-medicaments-I-les-principes">pour adapter les doses de médicaments à chaque individu</a>. </p>
<p>Avec l’aide de modèles mathématiques, on est capable de décrire et prédire l’évolution des concentrations ainsi que les effets au traitement en fonction des caractéristiques des patients. Cela permet ainsi d’optimiser et d’individualiser les traitements. Ces techniques sont à la base de la médecine personnalisée (ou de précision), notamment dans le domaine de l’oncologie. Elles doivent maintenant être étendues à d’autres classes thérapeutiques. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/248520/original/file-20181203-194947-1lgdmfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/248520/original/file-20181203-194947-1lgdmfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/248520/original/file-20181203-194947-1lgdmfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/248520/original/file-20181203-194947-1lgdmfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/248520/original/file-20181203-194947-1lgdmfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/248520/original/file-20181203-194947-1lgdmfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/248520/original/file-20181203-194947-1lgdmfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Gros plan sur une bactérie résistante aux antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’heure actuelle, seulement quelques antibiotiques bénéficient du suivi thérapeutique pharmacologique à l’hôpital. Et il s'agit uniquement de la quantification des concentrations des médicaments dans le sang. De plus, pour la plupart, ce suivi est fait uniquement dans le cadre de la surveillance des effets indésirables.</p>
<p>À l'ère de la médecine de précision et de l'émergence de la résistance aux antimicrobiens, le suivi thérapeutique pharmacologique devient un élément essentiel dans la prise en charge du traitement des infections dans les populations vulnérables. Associé à des modèles mathématiques, le suivi thérapeutique pharmacologique permettra une optimisation et une individualisation des traitements antibiotiques. </p>
<p>C'est la médecine de précision pour tous !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106751/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Amélie Marsot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Notre arsenal d’antibiotiques le sera moins face à certaines bactéries. D'ci 30 ans, ces infections pourraient tuer dix millions de personnes par an.Amélie Marsot, Professeur Adjoint, Faculté de pharmacie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1085722018-12-10T20:39:12Z2018-12-10T20:39:12ZQuand les antibiotiques commencent-ils à faire effet ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/249800/original/file-20181210-76989-16hvbd5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C3%2C2550%2C1752&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les infections causées par la bactérie Pseudomonas aeruginosa sont longues à traiter, même avec les bons antibiotiques (vue d'artiste 3D inspirée de micrographies électroniques).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/Details.aspx?pid=16876">U.S. Centers for Disease Control and Prevention - Medical Illustrator / CDC - James Archer</a></span></figcaption></figure><p>Vous avez donc (probablement) attrapé une infection. Vous vous sentiez mal, vous avez consulté votre médecin, et il vous a prescrit des antibiotiques. À partir du moment où vous aurez commencé à les prendre, combien de temps faudra-t-il pour que vous vous sentiez mieux ?</p>
<p>La réponse n’est pas simple. En effet, chaque infection est différente, car de nombreux paramètres peuvent varier et influer sur l’efficacité des antibiotiques : espèces bactériennes impliquées, type d’infection, réponse immunitaire, moment auquel commence la prise d’antibiotiques…</p>
<h2>Choisir le bon antibiotique (si vous en avez besoin)</h2>
<p>Les antibiotiques ne sont utiles que pour traiter les infections causées par des bactéries. Ils ne servent à rien dans le cas où le microbe est un virus ou un champignon. On peut espérer que le médecin qui vous les a prescrits a correctement évalué votre maladie, et que le type d’infection bactérienne dont vous souffrez pourra être contenu par une antibiothérapie. Ce n’est pas toujours le cas : il est par exemple peu probable que les antibiotiques soient d’un quelconque bénéfice dans le cas d’une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27604644">otite moyenne aiguë sans complication</a> chez les patients âgés de plus de 2 ans, ou dans le cas d’une <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2674867">sinusite bactérienne aiguë</a>.</p>
<p>Par ailleurs, tous les antibiotiques ne sont pas efficaces contre toutes les infections. Il existe des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2896384/pdf/nihms210832.pdf">antibiotiques à large spectre</a> (comme les <a href="https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/antibiotiques/familles.html?pb=macrolides">macrolides</a> et les <a href="https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/antibiotiques/familles.html?pb=quinolones">quinolones</a>, qui agissent <a href="https://ebm.bmj.com/content/ebmed/early/2018/10/24/bmjebm-2018-110938.full.pdf">contre un large éventail de types de bactéries</a>). Les antibiotiques à spectre étroit ne sont quant à eux efficaces que contre certaines bactéries. Les pénicillines plus anciennes (comme la <a href="https://www.vidal.fr/substances/4413/benzylpenicilline/">benzylpénicilline</a>), sont par exemple utilisées pour traiter les infections causées par la bactérie à Gram positif <em>Streptococcus pneumoniae</em>, mais ont beaucoup moins d’effet sur les autres bactéries.</p>
<p>Même si un antibiotique a déjà été efficace contre une bactérie spécifique, il peut ne plus l’être, car ladite bactérie peut être devenue résistante. Ainsi, alors que la gonorrhée était autrefois traitée efficacement avec un seul type d’antibiotique, les autorités sanitaires recommandent désormais d’associer <a href="https://www.vidal.fr/actualites/20036/gonorrhee_chlamydiose_et_syphilis_l_oms_publie_de_nouvelles_recommandations_therapeutiques/">deux antibiotiques différents</a>. Cette résistance bactérienne aux antibiotiques est un <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/resistance-aux-antibiotiques">problème de plus en plus important</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/porcelet-bacteries-et-antibioresistance-un-trio-dangereux-pour-la-sante-humaine-104723">Porcelet, bactéries et antibiorésistance : un trio dangereux pour la santé humaine</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/248346/original/file-20181203-194953-15wa1l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Tous les antibiotiques ne sont pas efficaces contre toutes les infections.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comment le médecin choisit-il le « bon » antibiotique ? Idéalement, le choix d’un traitement se fait en combinant informations sur le patient, nature de l’infection, espèce de bactérie responsable, et efficacité de l’antibiotique choisi contre ladite espèce de bactérie.</p>
<p>Mais la réalité est plus compliquée que ce monde idéal. Des tests de laboratoire sont requis pour identifier les bactéries en cause dans une infection ainsi que pour évaluer l’efficacité d’un antibiotique donné contre ces bactéries. Ce processus prend actuellement entre deux et quatre jours. C’est long, surtout lorsque vous êtes malade et consultez votre médecin avec l’espoir de vite obtenir un traitement pour vous soulager. Des tests plus rapides <a href="https://www.nature.com/articles/s41579-018-0098-9.pdf">sont en cours d’élaboration</a>, mais jusqu’à présent, aucun n’est capable de confirmer avec certitude l’origine d’une infection bactérienne et de déterminer l’antibiotique à utiliser en une seule visite chez le médecin.</p>
<p>Dans les faits, le médecin prescrit généralement son traitement en s’appuyant sur une « supposition éclairée ». Après avoir évalué que votre maladie est <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29490058">probablement une infection bactérienne nécessitant des antibiotiques</a>, il va prescrire l’antibiothérapie <em>a priori</em> la plus adaptée, sans recourir aux analyses de laboratoire. Fondée sur les signes et les symptômes du patient, les connaissances cliniques du médecin ainsi que sur sa connaissance des tendances en termes de résistances bactériennes locales, cette supposition est très documentée. Mais elle reste une supposition.</p>
<h2>Quand vais-je commencer à me sentir mieux ?</h2>
<p>Concrètement, si vous avez une infection bactérienne, qu’on vous a prescrit les « bons » antibiotiques et que vous avez débuté votre traitement – quand vous sentirez-vous mieux ?</p>
<p>Le <a href="https://reader.elsevier.com/reader/sd/pii/S1201971203900646?token=9F08F08FCD44F17A99B085AEF77F3D0B57434DDD0572A1A104B87860E15F24AC99924331132C4FB9D2EDB0B196633C31CF3C">but de l’antibiothérapie</a> est d’éliminer les bactéries pathogènes. Les antibiotiques peuvent soit <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2896384/">tuer les bactéries</a> (on les dit alors « bactéricides »), soit les empêcher de se multiplier, sans nécessairement les tuer (dans ce cas ils sont dits « bactériostatiques »). Mais quels qu’ils soient, les antibiotiques commencent à agir dès le moment où vous commencez à les prendre, arrêtant ou ralentissant la multiplication des bactéries.</p>
<p>Certaines bactéries peuvent être moins affectées que d’autres par les antibiotiques, et mettre plus de temps à y réagir. Les bactéries telles que <a href="https://edutheque.inserm.fr/ressources/infection-par-pseudomonas-aeruginosa"><em>Pseudomonas aeruginosa</em></a> causent des infections qui sont notoirement difficiles à traiter. Même si l’antibiotique le plus approprié est utilisé, les infections dont elles sont à l’origine peuvent être lentes à répondre à la thérapie. Chacune des bactéries qui causent la maladie contribue à votre malaise. Moins il en restera, mieux vous vous sentirez.</p>
<p>Mais ce mal-être n’est pas seulement dû aux bactéries. Votre corps réagit en effet à l’invasion en déclenchant une réponse immunitaire. Or celle-ci peut s’attaquer aux bactéries responsables de l’infection, aux tissus endommagés par l’infection, ou au deux, l'ensemble concourant à votre malaise.</p>
<p>Même une fois que les antibiotiques ont commencé à faire effet sur les bactéries, votre corps doit encore rétablir l'ordre perturbé par l'infection. Votre système immunitaire doit notamment faire le ménage en éliminant les débris de bactéries mortes et les morceaux de vos propres tissus endommagés. Pendant qu’il s’affaire, votre corps répare les dégâts occasionnés soit par les bactéries, soit par la <a href="http://www.pnas.org/content/pnas/early/2014/05/14/1400352111.full.pdf">réponse immunitaire</a>.</p>
<p>Conséquences : même si les antibiotiques font effet et que l’infection décline, il se peut que vous continuiez à vous sentir fatigué et mal pendant un certain temps.</p>
<h2>Vous vous sentez moins bien ?</h2>
<p>Plutôt que de vous demander quand vous commencerez à vous sentir mieux, il est peut-être plus important de vous demander ce qu’il faut faire si vous commencez à vous sentir moins bien.</p>
<p>Selon la gravité de votre infection, si votre état se dégrade un ou deux jours après le début de votre traitement antibiotique, vous devriez retourner consulter un médecin (de préférence, celui que vous aviez vu la première fois). Ou même avant, si de nouveaux symptômes inquiétants apparaissent.</p>
<p>Suite à cette seconde visite, les informations dont disposera le médecin, combinées aux résultats des analyses de laboratoire qu’il aura peut-être demandés et reçus entre-temps, l'aideront à déterminer si le premier diagnostic était exact, si vous prenez le bon antibiotique, si vous en avez besoin d’un autre <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27139059">ou si vous n’en avez pas besoin du tout</a>…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/108572/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christine Carson travaille pour l'Université d'Australie-Occidentale sur des projets concernant la résistance aux antimicrobiens et les tests de sensibilité aux antimicrobiens financés par la Bill & Melinda Gates Foundation, NESTA UK, UWA et ThermoFisher Scientific.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Tim Inglis travaille pour PathWest Laboratory Medicine WA et mène des recherches sur les tests de sensibilité aux antimicrobiens financées par ThermoFisher Scientific. Il reçoit des subventions de recherche de WA Health, de la Fondation Bill & Melinda Gates, NESTA UK. Il est membre de l'Association médicale australienne.</span></em></p>Il est difficile de prédire combien de temps après le début d’un traitement antibiotique l’amélioration se fait sentir. Mais si au bout de deux jours, vous allez plus mal, retournez consulter…Christine Carson, Research Associate at the University of Western Australia, The University of Western AustraliaTim Inglis, Associate Professor, The University of Western AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/973042018-05-30T22:05:45Z2018-05-30T22:05:45ZLa folle course aux armements des bactéries contre les antibiotiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220982/original/file-20180530-120484-15e6fzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C2944%2C2006&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comment rendre les antibiotiques plus efficaces ?</span> <span class="attribution"><span class="source">Rémi Malingrey</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’apparition de la résistance aux antibiotiques est un phénomène connu depuis l’utilisation du premier antibiotique. Ainsi, la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17798398">résistance à la pénicilline</a> a suivi de peu sa première utilisation clinique qui date de 1941. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1952888/">Même scénario pour la méticilline</a> avec l’émergence de Staphylocoques résistants 2 ans après sa mise sur le marché.</p>
<h2>Comment une bactérie résiste-t-elle à un antibiotique ?</h2>
<p>Les antibiotiques sont des molécules qui interagissent avec un composant de la cellule bactérienne et qui bloque un processus vital (intégrité de l’enveloppe cellulaire, synthèse d’éléments essentiels tels que l’ADN ou les protéines…). Résister à un antibiotique peut emprunter différents mécanismes : dégrader l’antibiotique ou le modifier de façon à le rendre inactif, empêcher qu’il ne rentre dans la cellule, le refouler hors de la cellule ou encore modifier sa cible.</p>
<p>Les molécules à activité antibiotique d’origine naturelle appartiennent à des familles chimiques très diverses, et sont produites majoritairement par des organismes vivants (bactéries, champignons, plantes). D’autres sont le fruit de la synthèse chimique ou semi-chimique.</p>
<p>Pour autant, d’où proviennent les résistances aux antibiotiques transmises entre bactéries jusqu’aux pathogènes ?</p>
<p>Les bactéries qui sont exploitées pour produire une grande partie des antibiotiques, anticancéreux et antiviraux appartiennent à un seul genre vivant dans le sol (<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15813176"><em>Streptomyces</em></a>). Elles constituent un réservoir inépuisable d’antibiotiques appartenant à toutes les familles chimiques et visant toutes les cibles cellulaires imaginables aujourd’hui. Cependant, synthétiser un antibiotique sans être capable d’y résister reviendrait à se faire <em>harakiri</em>. Ces mêmes bactéries possèdent donc un arsenal de résistances c’est-à-dire produisent un <em>antidote</em> pour chaque molécule antibiotique qu’elles synthétisent.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/220998/original/file-20180530-120484-51jqp8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Quelques colonies de bactéries du sol (Streptomyces) productrices d’antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pierre Leblond</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le sol est un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4966439/">milieu particulièrement compétitif</a>. Il est pauvre en nutriments et est occupé par une diversité biologique inégalée (1OO millions de cellules par gramme de sol, pas moins d’une centaine d’espèces sur un grain de sol). Les micro-organismes qui y vivent ont développé de nombreuses stratégies écologiques pour s’y développer ; compétition active afin d’occuper une niche spécifique, collaboration au sein de communautés complexes, symbiose avec d’autres organismes (<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/pmid/22126995/">champignons et arbres dans les mycorhizes</a>, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2660719/">symbiose avec les fourmis coupe-feuille</a>).</p>
<p>C’est dans ce contexte que se livre une véritable <em>course à l’armement</em> afin de lutter contre la concurrence mais également à l’ <em>intelligence</em> afin d’établir des relations productives et équilibrées (collaborations voire symbiose) au sein de la communauté biologique. Ce sont les mêmes molécules qui en fonction de leur concentration locale peuvent <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2937522/">jouer ces différents rôles</a>.</p>
<p>Les capacités de synthèse et de résistance aux antibiotiques sont donc en constante évolution, ce qui est une bonne nouvelle pour notre arsenal antibiotique. En effet, cela nous ouvre la possibilité d’identifier de nouvelles molécules actives et de développer de nouveaux traitements. Le revers de la médaille, c’est celui de l’évolution constante des mécanismes de résistance.</p>
<h2>Par quels mécanismes apparaissent les nouvelles résistances ?</h2>
<p>L’évolution est un mécanisme rapide et continu, qui se déroule à l’échelle du temps humain, pas à l’échelle des temps géologiques ! Chez les bactéries, l’évolution est la combinaison de deux mécanismes majeurs, les mutations ponctuelles (affectant une ou plusieurs bases du génome) et de façon plus prégnante la recombinaison, c’est-à-dire la réassociation de séquences d’ADN. C’est le moteur du célèbre <em>bricolage évolutif</em> évoqué par François Jacob dans le <a href="https://www.fayard.fr/le-jeu-des-possibles-9782213010939">Jeu des Possibles</a> en 1981. Les séquences d’ADN recombinées peuvent être présentes au sein du patrimoine génétique ou acquises par transfert, c’est-à-dire qu’elles peuvent provenir d’autres organismes apparentés ou non, présents dans le même environnement. C’est le transfert horizontal.</p>
<p>L’émergence d’une nouvelle résistance chez un pathogène est caractérisée par trois étapes clé :</p>
<ol>
<li><p>La mutation ou recombinaison responsable de l’apparition du gène de résistance chez l’organisme environnemental ;</p></li>
<li><p>L’acquisition du gène chez un nouvel hôte par transfert. Ce changement d’hôte peut être accompagné d’un changement d’expression du gène de résistance avec une résistance à l’antibiotique accrue. Il est également possible qu’exposé à de nouvelles molécules dans l’environnement du nouvel hôte, le mécanisme de résistance devienne plus efficace ou soit capable de traiter (transporter ou dégrader) de nouveaux substrats (changement de spécificité) ;</p></li>
<li><p>La sélection sous pression antibiotique en forte concentration chez le pathogène. La présence de l’antibiotique en forte concentration aboutit à la mort des bactéries sensibles et la sélection et la dissémination des plus résistantes.</p></li>
</ol>
<p>Quelquefois, l’apparition de la résistance ne nécessite qu’une seule ou peu de mutations ponctuelles. C’est l’un des scenarii d’apparition de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11797175">résistance aux antibiotiques de la famille des macrolides</a> (utilisés contre les infections ORL notamment) avec des mutations ponctuelles modifiant les composants du ribosome (synthèse protéique), cibles de l’antibiotique.</p>
<p>Le changement de niveau d’expression d’un gène est également un événement clé dans l’acquisition d’une résistance. C’est ce qui confère à des mécanismes d’export (pompes à efflux) un potentiel de résistance élevée.</p>
<p>Ainsi, ces pompes situées dans la membrane cellulaire sont capables de refouler l’antibiotique à l’extérieur de la cellule. Une mutation ou un transfert chez un autre hôte peut augmenter leur niveau expression et une résistance accrue et ainsi conférer, sous pression antibiotique, un fort avantage adaptatif. Lorsque l’on sait que certaines pompes à efflux confère la résistance à plusieurs classes d’antibiotiques, on mesure le potentiel de ces mécanismes évolutifs.</p>
<p>Le transfert assure donc l’acquisition de gènes <em>prêts à l’emploi</em> qui peuvent être utilisés tels quels par le nouvel hôte ou encore réarrangés. C’est le cas pour l’apparition récente d’un gène de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21478057">résistance à tous les antibiotiques de la famille des beta-lactames</a> chez les germes responsables de dysenteries graves.</p>
<p>Le réarrangement de deux gènes de résistance associé à un niveau d’expression accru a favorisé l’apparition d’un mécanisme nouveau. De plus ce gène (blaNDM-1) est très souvent retrouvé sur des éléments mobiles qui peuvent se transférer et assurer la dissémination au sein des populations bactériennes. C’est ce qui a été <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC441171/">découvert pour la première fois au Japon dans les années 1950</a>, lors d’une épidémie de dysenterie dont le germe, les shigelles, étaient résistants à plusieurs antibiotiques simultanément.</p>
<h2>Une lutte sous nos pieds</h2>
<p>Dans les sols, la concentration de molécules à effet antibiotique n’est probablement effective qu’à l’immédiate proximité du producteur. La concentration est partout ailleurs trop faible pour assurer un effet létal (10 à 100 fois inférieure à la concentration nécessaire). Ces concentrations faibles d’antibiotiques peuvent également résulter de la contamination de l’environnement suite à l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2937522/">utilisation massive d’antibiotiques par l’Homme en agriculture ou en médecine</a>.</p>
<p>Les concentrations faibles en antibiotiques ont des conséquences multiples favorisant l’émergence de nouvelles (non préexistantes) résistances à de faibles doses. Ces <em>proto-résistances</em> pourront ensuite être sélectionnées en présence de fortes concentrations. Les faibles concentrations antibiotiques constituent un stress connu pour induire une réponse cellulaire (<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1574-6976.12077">appelée SOS</a>) destinée à réparer les dommages induits à l’ADN. Lors de cette réponse, la synthèse d’ADN nécessaire à la multiplication cellulaire devient incorrecte et produit des mutations à haute fréquence.</p>
<p>Enfin, et non des moindres, le stress induit la mobilité d’éléments génétiques qui sont capables de mobiliser des gènes d’une bactérie à l’autre. Ce dernier phénomène va favoriser à grande échelle la dissémination des gènes de résistance aux bactéries avoisinantes.</p>
<p>Naturelle ou d’origine humaine, la présence d’antibiotique dans l’environnement est génératrice de gènes de résistance. Outre étendre notre arsenal antibiotique pour traiter les infections bactériennes en pathologies humaines et vétérinaires, un autre niveau d’action est de tenter de limiter la diffusion des résistances en agissant sur le mécanisme de transfert de gènes. C’est sur cette dernière option qu’une <a href="http://dynamic.univ-lorraine.fr/">équipe du laboratoire</a> développe ses recherches.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-rédigé avec Nathalie Leblond-Bourget (professeur des universités), Sophie Payot (directrice de recherche INRA) et Bertrand Aigle (professeur des universités) au laboratoire DynAMic UMR INRA-UL de l’Université de Lorraine.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97304/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Leblond ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les bactéries font preuve d’une intelligence impressionnante lorsqu’il s’agit de lutter pour leur survie. Comment peuvent‑elles s’armer pour rendre les antibiotiques inefficaces ?Pierre Leblond, Professeur, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/926882018-03-28T18:58:37Z2018-03-28T18:58:37ZCes équipes mobilisées contre la résistance aux antibiotiques dans les hôpitaux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/212470/original/file-20180328-109199-gs7z8c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6555%2C3513&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au sein de certains établissements de soins, des « commandos » généralement composés d'un infectiologue, d'un pharmacien et d'un bactériologiste conseillent leurs confrères sur une meilleure utilisation des antibiotiques. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/pharmacist-holding-medicine-box-pharmacy-drugstore-791446516?src=insdnKK0UiXoevAQUyzsdg-1-77">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Une <a href="http://www.pnas.org/content/early/2018/03/20/1717295115.short?rss=1">nouvelle étude</a>, publiée le 26 mars, vient de montrer que la consommation d’antibiotiques a augmenté de 65 % au niveau mondial entre 2000 et 2015. Cette tendance à la hausse risque de se poursuivre, <a href="http://sante.lefigaro.fr/article/la-consommation-mondiale-d-antibiotiques-a-augmente-de-65-en-15-ans/">notamment dans les pays les moins riches</a>. Ce phénomène risque d’aggraver encore le problème mondial de la résistance des bactéries aux antibiotiques, ou <a href="https://theconversation.com/les-infections-resistantes-aux-antibiotiques-ca-narrive-pas-quaux-autres-78143">antibiorésistance</a>.</p>
<p>Or un sujet manque, dans la liste des priorités définies par les autorités sanitaires françaises et internationales pour résoudre ce problème : le soutien aux <a href="https://doi.org/10.1016/j.cmi.2017.07.013">équipes</a> spécialisées, composées de professionnels de santé, qui aident leurs confrères à mieux utiliser et prescrire ces médicaments. Une expertise spécifique est en effet utile, car les connaissances sont en constante évolution. Plus de 100 000 articles scientifiques sont publiés tous les ans sur les maladies infectieuses et l’antibio-résistance !</p>
<p>À l’hôpital, ces « commandos » spéciaux sont souvent composés d’un médecin infectiologue (un spécialiste des antibiotiques et des infections), d’un pharmacien et d’un bactériologiste (qui étudie les bactéries en laboratoire).</p>
<p>De telles équipes existent dans un certain nombre d’hôpitaux français, par exemple au CHRU de Nancy où j’exerce. Cependant, une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29237051">étude</a> réalisée au sein de mon équipe de recherche, en collaboration avec des collègues australiens, montre que seulement 43 % des hôpitaux français (publics ou privés) disposent d’une telle équipe multidisciplinaire, avec des effectifs suffisants et un programme d’action minimum. Et il n’existe pas d’équipes de ce type pour épauler les médecins en ville, ni dans les maisons de retraite.</p>
<p>Leur rôle est pourtant capital. Ces équipes <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25039787">sauvent des vies</a>. À titre d’exemple, dans les septicémies causées par un staphylocoque doré, qui sont des infections graves, l’intervention de ces équipes permet de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28873140">réduire de moitié le risque de décès</a>.</p>
<h2>Une expertise précieuse pour les infections du cœur, des os, du cerveau</h2>
<p>Cette expertise est particulièrement précieuse pour les malades atteints d’infections complexes, par exemple les infections du cœur, des os ou du cerveau. En effet, il faut se montrer capable d’identifier précisément l’ennemi (la ou les bactéries en cause), de trouver les moyens de l’atteindre là où il est retranché, et enfin de prescrire un traitement antibiotique complexe. On combine parfois plusieurs antibiotiques en même temps, et souvent, ce sont des antibiotiques qui nécessitent une surveillance accrue du patient, du fait du risque d’effets secondaires. La durée du traitement peut atteindre, dans la plupart des infections des os, 6 à 12 semaines.</p>
<p>Concrètement, que font ces équipes ? Prenons un exemple, adapté d’un cas réel. Un patient est hospitalisé pour fièvre, et on lui diagnostique rapidement une septicémie à staphylocoque doré sensible aux antibiotiques, due à une plaie qu’il s’est faite en jardinant. Son médecin démarre un traitement antibiotique par perfusion. Au 4<sup>e</sup> jour de traitement, la fièvre persiste et le médecin décide de demander l’avis d’un collègue infectiologue. Ce dernier examine le patient et recommande de réaliser des examens supplémentaires, car il suspecte une endocardite, c’est-à-dire une fixation de la bactérie sur le cœur du patient, ainsi qu’une infection des os de la colonne vertébrale.</p>
<p>Les analyses confirment le diagnostic, et la prise en charge du patient est modifiée. Le choix se porte sur d’autres antibiotiques capables de guérir les infections du cœur et des os, et le traitement est prolongé de plusieurs semaines. Les valves de son cœur, qui ont été abîmées par l’infection, sont opérées ; pendant plusieurs semaines, le patient porte un corset, ce qui permet à ses vertèbres de se consolider.</p>
<h2>Les infectiologues, des spécialistes qu’on croise rarement</h2>
<p>Qui a déjà croisé, dans sa vie de patient, un médecin infectiologue, ou un spécialiste en maladies infectieuses ? Cela se produit rarement, car ils exercent le plus souvent à l’hôpital, et sont en petit nombre en France. Les infectiologues ont une <a href="http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/medias/positions/Referentiel-metier_infectiologie-2011.pdf">activité variée</a> et s’occupent par exemple de patients atteints de septicémie, de méningite, d’infections des os, du cœur, des poumons, de maladies tropicales. Ils suivent aussi des personnes vivant avec le VIH, et sont en première ligne en cas d’épidémies comme Ebola.</p>
<p>La discipline des maladies infectieuses et tropicales est devenue une spécialité médicale à part entière cette année seulement dans notre pays. Auparavant c’était une sur-spécialité, c’est-à-dire un diplôme complémentaire obtenu en plus d’une spécialité médicale. Elle apparaît déjà comme la <a href="http://www.letudiant.fr/etudes/medecine-sante/medecine-ecn-les-specialites-phares-de-2017-et-les-autres.html">spécialité la plus prisée</a> par les futurs internes en médecine, témoignant de son attractivité.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"930058406274232320"}"></div></p>
<p>En négligeant le financement adéquat d’équipes spéciales contre le phénomène de résistance des bactéries, on se trompe de stratégie dans la préservation de nos capacités à combattre les bactéries à l’échelle mondiale. On mise sur les nouveaux antibiotiques pour nous tirer d’affaire face à l’émergence de bactéries résistantes, mais ils ne sont pas la solution miracle. Il faut également s’efforcer d’utiliser et d’optimiser du mieux possible nos ressources actuelles, comme les équipes spéciales et les <a href="https://theconversation.com/penuries-de-medicaments-les-antibiotiques-sont-concernes-81204">« vieux » antibiotiques</a> connus de longue date. Pour prendre une image, nous agissons actuellement comme si l’humanité misait tout son avenir sur l’idée d’aller habiter sur Mars. Et si on se préoccupait d’abord de l’état de santé de notre planète Terre ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/92688/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Depuis 2012 Céline Pulcini a reçu une rémunération pour une prise de parole à une réunion scientifique de Pfizer et ses frais d’inscription/transport et/ou hébergement pour des réunions scientifiques ont été pris en charge par Pfizer, Novartis Vaccines and Diagnostics, MSD France, Astellas Pharma, Gilead Sciences, Sanofi Aventis France, Astra Zeneca, Janssen Cilag, et Sanofi Pasteur MSD. Les recherches de son laboratoire ont reçu un financement du programme Innovative Medicines Initiative (projet de recherche DRIVE-AB).</span></em></p>Pour prescrire les bons antibiotiques en cas d’infection par une bactérie résistante, des médecins infectiologues, des pharmaciens et des bactériologistes s’allient au sein d’équipes spécialisées.Céline Pulcini, Professeur de médecine, infectiologue, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/893862017-12-20T20:29:50Z2017-12-20T20:29:50ZMaladies infectieuses : et vous, vous lavez-vous les mains correctement ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240512/original/file-20181014-109216-1m37zcg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C8%2C5565%2C3707&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour être efficace, le lavage des mains doit se faire à l'eau et au savon, et durer de 20 à 30 secondes, soit le temps de chanter « Joyeux anniversaire » deux fois. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/hygiene-129113864">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em>Tous les ans, les maladies infectieuses sont <a href="https://globalhandwashing.org/about-handwashing/why-handwashing/health/">la cause de centaines de milliers de décès</a>, dont un grand nombre pourraient être évités en se lavant les mains. À condition de faire les bons gestes.</em></p>
<hr>
<p>Quand j’étais en classe de CM1, dans le cadre d’un travail de sciences, j’ai testé différents savons pour savoir lesquels étaient les plus efficaces pour se laver les mains.</p>
<p>Presque 20 ans plus tard, la doctorante en microbiologie que je suis devenue ne peut s’empêcher de voir l’écolière que j’étais comme une piètre amatrice.</p>
<p>Mon expérience ne posait pas les bonnes questions. Au lieu de me demander quelle marque de savon était la plus « efficace » et de classer toutes les bactéries dans la vaste catégorie des « germes », j’aurais plutôt dû chercher un moyen d’empêcher la prolifération des micro-organismes responsables de maladies spécifiques comme la grippe, la gastro-entérite ou la bronchite.</p>
<p>C’est un défi difficile à relever. Il est en effet impossible de distinguer à l’œil nu les « bonnes » bactéries de celles qui causent des maladies. Par ailleurs, certains agents pathogènes tels que les virus ne peuvent pas être détectés dans de simples <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bo%C3%AEte_de_Petri">boîtes de Petri</a>, les contenants cylindriques transparents si courants dans les laboratoires, qui servent à cultiver d'autres microbes.</p>
<p>Mais la question de savoir comment éviter la prolifération des agents pathogènes ne se pose pas uniquement pour les apprentis microbiologistes. Elle concerne toute la population.</p>
<h2>Le savon accentue les propriétés glissantes de l'épiderme</h2>
<p>Pouvons-nous vraiment protéger nos mains des germes ? Pour y parvenir, il existe deux stratégies principales.</p>
<p>La première consiste à diminuer la biomasse totale de microbes, c’est-à-dire le nombre de bactéries, virus et autres micro-organismes. Pour ce faire, <a href="http://inpes.santepubliquefrance.fr/70000/cp/13/cp131206-virus-hiver.asp">on se savonne les mains puis on les rince à l’eau</a>. La composition chimique du savon élimine les micro-organismes présents sur l’épiderme en accentuant les propriétés glissantes de ce dernier.</p>
<p>Des études ont montré que le fait de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15173145">se laver efficacement au savon et à l’eau</a> réduit de manière significative le nombre de bactéries susceptibles d’entraîner des diarrhées.</p>
<p>La seconde stratégie consiste à tuer les bactéries grâce à des produits contenant des <a href="http://emerald.tufts.edu/med/apua/about_issue/agents.shtml">agents antibactériens</a> : solutions alcoolisées, <a href="http://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_51">chlore</a>, <a href="http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%2041">peroxydes</a>, <a href="https://www.vidal.fr/substances/921/chlorhexidine/">chlorhexidine</a> ou <a href="https://www.vidal.fr/substances/6889/triclosan/">triclosan</a>.</p>
<p>Des recherches universitaires ont montré que les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28876132">savons antibactériens</a> éliminent plus efficacement certaines bactéries sur des mains sales que les savons sans agents antibactériens. Mais il y a un problème…</p>
<h2>Les inconvénients des gels antibactériens</h2>
<p>Certaines <a href="https://pubchem.ncbi.nlm.nih.gov/compound/Triclocarban">cellules bactériennes</a> présentes sur nos mains peuvent être porteuses de gènes qui leur permettent d’être résistantes à un agent antibactérien donné. En d’autres termes, une fois certaines bactéries tuées par l’agent antibactérien, demeurent sur les mains les souches résistantes, qui peuvent alors proliférer.</p>
<p>De plus, les gènes responsables de la résistance desdites bactéries peuvent se transmettre à d’autres bactéries, entraînant l'apparition de nouvelles souches résistantes.</p>
<p>Par ailleurs, l’utilisation à long terme de certains <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28504614">gels antibactériens</a> peut être <a href="http://www.leparisien.fr/vie-quotidienne/sante/gel-antibacterien-des-dangers-a-relativiser-03-07-2017-7105686.php">dangereuse pour la santé</a>.</p>
<p>Par exemple, en testant sur des animaux le triclosan, agent antibactérien que l’on trouvait à une époque dans les savons, dentifrices et déodorants, on s’est aperçu qu’il altérait le <a href="https://www.fda.gov/ForConsumers/ConsumerUpdates/ucm378393.htm">fonctionnement des hormones dans l’organisme</a>. Les autorités américaines chargées du contrôle des maladies, les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (<a href="https://www.cdc.gov/">CDC - Centers for Disease Control and Prevention</a>), ont interdit l’utilisation sans ordonnance de produits nettoyants antiseptiques contenant du triclosan et de nombreuses autres substances antibactériennes actives (<em>ndlr</em> : l'Union Européenne a également pris des mesures pour <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/perturbateurs-endocriniens-sept-questions-sur-le-triclosan-present-dans-les-cosmetiques-les-dentifrices-les-textiles_2399400.html">encadrer son utilisation</a>, et l'an dernier plus de 200 scientifiques ont <a href="https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/appel-mondial-pour-linterdiction-du-triclosan/">lancé un appel pour l'interdire</a>).</p>
<p>Sachant cela, il vaut peut-être mieux se cantonner à la bonne vieille formule eau + savon.</p>
<h2>Quatre règles de bonnes pratiques</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=769&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=769&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=769&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=967&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=967&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240508/original/file-20181014-109227-1pqobwi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=967&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Comment bien se laver les mains selon le Ministère des Solidarités et de la Santé français.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/qualite-des-soins-et-pratiques/securite/mission-mains-propres-10472/article/l-hygiene-des-mains">Ministère des Solidarités et de la Santé / DR</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Voici les <a href="https://www.cdc.gov/handwashing/index.html">recommandations</a> des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies :</p>
<ul>
<li><p>se laver les mains avec de l’eau propre ;</p></li>
<li><p>appliquer du savon dans chaque recoin et se frotter les mains pendant 20 à 30 secondes (le temps nécessaire pour chanter « Joyeux anniversaire » deux fois) ;</p></li>
<li><p>bien se rincer les mains avec de l’eau propre ;</p></li>
<li><p>les sécher avec une serviette en papier propre ou avec un séchoir électrique.</p></li>
</ul>
<p>J’ai été choquée de lire une étude réalisée en Corée du Sud, publiée en 2007, dans laquelle <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17577074">93,2 %</a> des 2 800 personnes interrogées disaient ne pas se laver les mains après avoir toussé ou éternué. Une autre étude récente conduite auprès de 3 749 étudiants sur un campus américain a montré qu’ils ne se lavaient les mains que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23621052">six secondes</a> en moyenne !</p>
<p>Si vous n’avez ni eau ni savon à disposition, il est recommandé d’utiliser un <a href="https://www.cdc.gov/handwashing/show-me-the-science-hand-sanitizer.html">gel désinfectant</a> à base d’alcool contenant au moins 60 % d’éthanol. Les alcools couvrent un large spectre d’activités antimicrobiennes et sont <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC88911/">plus efficaces</a> que d’autres produits antibactériens.</p>
<p>Cependant, il est possible que les gels désinfectants à base d’alcool <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2600642/">ne détruisent pas</a> certains germes.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/eZw4Ga3jg3E?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Comment bien se laver les mains selon les centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (vidéo en anglais).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Tous les microbes ne sont pas indésirables</h2>
<p>La présence de certaines bactéries n’est pas forcément une mauvaise chose.</p>
<p>Dans le laboratoire où je prépare ma thèse, nous nous efforçons de comprendre les interactions complexes entre animaux hôtes et bactéries. Je me dois de mentionner que les bactéries qui vivent sur notre épiderme ou à l’intérieur de notre organisme nous sont essentielles, notamment parce qu’elles contribuent à nous protéger des agents pathogènes.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-bacteries-nos-alliees-pour-vieillir-beau-104184">Les bactéries, nos alliées pour vieillir beau ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Nous vivons entourés de microbes : <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4848870/">des centaines de milliards de bactéries</a> peuplent notre épiderme, nos intestins et nos <a href="https://theconversation.com/vous-connaissez-le-microbiote-de-lintestin-que-savez-vous-de-celui-du-nez-76844">divers orifices</a>. Avec les levures et les virus, elles forment ce qu’on appelle le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/microbiote-30806">microbiote</a>. Une multitude de recherches passionnantes suggèrent que ce microbiote est <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4848870/">primordial pour la biologie de leur hôte</a>.</p>
<p>Il <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4056765/">peut nous protéger</a> des germes en y habituant notre système immunitaire et grâce au phénomène de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21036098">colonisation</a>, qui permet de bloquer le développement des agents pathogènes.</p>
<p>D’autres recherches sont nécessaires pour espérer comprendre les interactions complexes entre les ensembles microbiens et les cellules hôtes. Mais les travaux existants montrent déjà qu’une population variée et équilibrée de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28292977">microbes</a> est précieuse pour notre santé.</p>
<p>Une mauvaise alimentation, le manque de sommeil, le stress et la consommation d’antibiotiques sont autant de facteurs susceptibles de perturber notre microbiote, ce qui entraîne un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23435359">risque accru de maladies</a>. D’ailleurs, on s’aperçoit actuellement qu’il contribue activement à empêcher les maladies mais parfois aussi à les favoriser, selon l’état de nos <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26638069">communautés microbiennes</a>.</p>
<h2>Alors, que faut-il retenir ?</h2>
<p>Il ne fait aucun doute que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28258814">se laver les mains</a> au savon liquide et à l’eau permet de limiter la prolifération de micro-organismes infectieux, y compris ceux qui sont résistants aux agents antimicrobiens.</p>
<p>Lorsque vous ne pouvez pas vous laver les mains après avoir touché des surfaces douteuses, utilisez un gel désinfectant à base d’alcool. Évitez de vous toucher la bouche, le nez et les yeux.</p>
<p>Enfin, entretenez un microbiote sain en limitant le stress, en dormant suffisamment et en « fertilisant » vos microbes intestinaux grâce à une alimentation riche en végétaux divers et variés. Le monde n'est pas seulement petit, il est aussi sale.</p>
<p><em>Traduit de l’anglais par Typhaine Lecoq-Thual pour <a href="http://www.fastforword.fr/en/">Fast for Word</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89386/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michelle Sconce Massaquoi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Tous les ans, de milliers de décès dus aux maladies infectieuses pourraient être évités de façon simple : en se lavant les mains. Petit rappel des bonnes pratiques, souvent ignorées.Michelle Sconce Massaquoi, Doctoral candidate, microbiology, University of OregonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/812042017-11-14T20:28:28Z2017-11-14T20:28:28ZPénuries de médicaments : les antibiotiques aussi sont concernés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/242975/original/file-20181030-76411-1f5lsao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C6000%2C3979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La France a connu l'an dernier une augmentation de 30 % des ruptures de stock sur les médicaments dits d'intérêt thérapeutique majeur, dont des antibiotiques. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Fin octobre 2018, le Collectif Parkinson, qui regroupe sept associations de malades, a <a href="http://www.leparisien.fr/societe/sante/penurie-de-medicaments-le-cri-d-alarme-des-malades-de-parkinson-28-10-2018-7930131.php">lancé une pétition</a>, avec le soutien de neurologues, pour dénoncer la pénurie de médicaments (dont le <a href="https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/vidal-famille/medicament-osinem01-SINEMET.html">Sinemet</a>®) et réclamer un plan d'action urgent de la part du gouvernement. </p>
<p>Les pénuries de médicaments augmentent en effet en France.
Elles frappent en particulier les vaccins, les anti-infectieux dont les <a href="https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/antibiotiques/familles.html">antibiotiques</a>, les médicaments des maladies du système nerveux (traitement contre l’épilepsie ou la maladie de Parkinson) et les anti-cancéreux. Le laboratoire pharmaceutique Sandoz, par exemple, avait annoncé en octobre 2017 que son antibiotique indiqué dans le traitement de la syphilis <a href="http://sante.lefigaro.fr/article/la-penurie-de-medicaments-vitaux-a-atteint-un-record-en-2017/">serait en rupture de stock pendant six mois</a>. </p>
<p>Les pénuries d'antibiotiques, de leur côté, posent des problèmes spécifiques et trop souvent méconnus. Explications. </p>
<h2>Augmentation des pénuries de médicaments</h2>
<p>L'an dernier, les ruptures de stocks sur les médicaments dits « d’intérêt thérapeutique majeur » ont bondi de 30 %, selon les chiffres de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) <a href="http://www.leparisien.fr/societe/penurie-inedite-de-medicaments-vitaux-en-france-27-02-2018-7582320.php">révélés le 28 février dernier par <em>Le Parisien</em></a>. </p>
<p>Ces médicaments sont ceux dont l’absence en pharmacie peut engendrer, selon la loi santé de 2016, « un risque grave et immédiat » pour le patient, a rappelé le quotidien. Un produit est considéré en rupture de stock dès lors qu’une officine est incapable de le fournir sous 72 heures. L’ANSM a répertorié près de 530 épisodes de ce type en 2017. </p>
<p>L’Académie de Pharmacie a rédigé un rapport complet sur les <a href="http://www.acadpharm.org/dos_public/2018_06_20_AnP_RAPPORT_INDISPONIBILITE_MED_VF1.pdf">causes et conséquences de ces pénuries de médicaments en 2018</a> et le Sénat a émis en septembre dernier <a href="http://www.senat.fr/notice-rapport/2017/r17-737-notice.html">30 propositions</a> pour y remédier. La France n'est pas la seule concernée par le manque de médicaments : celui-ci touche tous les pays du globe, <a href="https://accesstomedicinefoundation.org/media/atmf/Antibiotic-Shortages-Stockouts-and-Scarcity_Access-to-Medicine-Foundation_31-May-2018.pdf">à des degrés divers</a>. La résolution de ce problème est d'ailleurs considérée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) <a href="http://www.who.int/medicines/areas/access/WHO_EMP_IAU_2017-03/en/">comme une priorité mondiale</a>. Une situation préoccupante, notamment en ce qui concerne les antibiotiques. </p>
<h2>Les « vieux » antibiotiques, un pis-aller ?</h2>
<p>Chacun a entendu parler, un jour, de la <a href="https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/antibiotiques/familles.html?pb=penicillines">pénicilline</a>, de l’<a href="https://www.vidal.fr/substances/310/amoxicilline/">amoxicilline</a>, ou de l’<a href="https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/vidal-famille/medicament-daugme02-AUGMENTIN-injectable.html">Augmentin</a>® (combinaison d’amoxicilline et d’acide clavulanique). Qu’ont en commun ces médicaments ? Ce sont tous des antibiotiques, et qui plus est, tous de « vieux » antibiotiques. La quasi-totalité des antibiotiques disponibles sur le marché existent en effet depuis plus de 20 ans. Ce qui, rapporté à l’échelle de la vie d’un médicament, leur vaut le qualificatif de « vieux ».</p>
<p>Aujourd’hui, ces antibiotiques sont trop souvent considérés comme un pis-aller. On attend impatiemment l’avènement des « nouveaux » antibiotiques promis par la recherche, comme le montre le <a href="http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-17-1723_fr.htm">plan d’action de l’Union européenne</a> sur le front de la <a href="https://theconversation.com/les-infections-resistantes-aux-antibiotiques-ca-narrive-pas-quaux-autres-78143">résistance des bactéries à ces médicaments</a>. On s’imagine que les anciens seront bientôt bons pour la casse. Il n’en est rien.</p>
<p>Les « vieux » antibiotiques sont efficaces dans l’immense majorité des infections bactériennes courantes, et conserver cette diversité des moyens d’action est primordial. Les médecins les prescrivent tous les jours dans les cabinets en ville et à l’hôpital pour guérir les patients d’infections bactériennes, par exemple les infections urinaires, les pneumonies ou les <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/sepsis-septicemie">septicémies</a> – des infections généralisées de l’organisme.</p>
<p>Les « vieux » antibiotiques sont même essentiels à l’humanité, de sorte que l’OMS les a inclus dans sa <a href="http://www.who.int/medicines/publications/essentialmedicines/en/">liste</a> des médicaments indispensables. </p>
<h2>La pénicilline, connue depuis 90 ans</h2>
<p>La pénicilline est connue depuis… 90 ans. Identifiée par un chercheur écossais, Alexander Fleming, elle a été utilisée largement en médecine humaine <a href="https://journals.openedition.org/histoire-cnrs/536#tocto1n2">à partir de la Deuxième Guerre mondiale</a>. Fleming a d’ailleurs reçu le <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/1945/summary/">prix Nobel en 1945</a> pour cette découverte. Dès le départ, il avait <a href="https://www.nobelprize.org/nobel_prizes/medicine/laureates/1945/fleming-lecture.pdf">attiré</a> l’attention sur le risque de voir survenir <a href="https://theconversation.com/les-infections-resistantes-aux-antibiotiques-ca-narrive-pas-quaux-autres-78143">des infections résistantes aux antibiotiques</a> en cas d’utilisation excessive. L’amoxicilline et l’Augmentin®, développés par la suite, appartiennent à la même famille que la pénicilline. Et de nombreuses autres « familles » antibiotiques ont été mises sur le marché dans la deuxième moitié du XX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Or la disponibilité des « vieux » antibiotiques, qu’il s’agisse de pénicillines ou autres, est de moins en moins assurée. Certains, parce qu’ils ne sont plus commercialisés du tout, ni en France ni dans d’autres pays. D’autres, parce qu’ils sont en rupture de stock.</p>
<p>Ces « vieux » antibiotiques ne sont souvent produits que par quelques usines dans le monde, les fabricants cherchant notamment à réduire ainsi les coûts de fabrication. Le moindre problème d’approvisionnement ou incident sur la chaîne de production peut être à l’origine de <a href="http://www.acadpharm.org/dos_public/Recommandations_ruptures_de_stocks_et_appro_VF_2013.04.24.pdf">ruptures de stock prolongées</a>.</p>
<h2>Une pénurie qui touche déjà les hôpitaux</h2>
<p>Ce problème s’aggrave d’année en année. Les citoyens n’en sont pas forcément conscients, car pour l’instant la pénurie d’antibiotiques touche davantage les hôpitaux que les pharmacies de ville. En France pourtant, de nombreux « vieux » antibiotiques <a href="http://ansm.sante.fr/S-informer/Informations-de-securite-Ruptures-de-stock-des-medicaments">se sont trouvés en rupture</a> ces deux dernières années.</p>
<p>Quand ces traitements de référence recommandés en première intention ne sont plus disponibles, les médecins sont obligés de prescrire des <a href="http://www.clinicalmicrobiologyandinfection.com/article/S1198-743X(17)30237-9/fulltext">antibiotiques dits de deuxième intention</a>. Ceux-ci sont parfois moins efficaces, et entraînent très souvent un plus grand nombre <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29485082">d’effets secondaires pour le patient</a>, notamment un risque accru, chez eux, <a href="https://theconversation.com/les-infections-resistantes-aux-antibiotiques-ca-narrive-pas-quaux-autres-78143">d’antibio-résistance</a>. En effet, les antibiotiques recommandés en deuxième intention tuent souvent davantage de bactéries dans le microbiote de l’individu (notamment dans sa flore intestinale), ce qui favorise la croissance de bactéries qui y résistent, avec le risque que celles-ci le rendent malade par la suite.</p>
<p>Deux exemples permettent de mieux prendre la mesure du problème. La <a href="http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Traitement-de-la-syphilis-et-prevention-du-rhumatisme-articulaire-aigu-Mise-a-disposition-de-specialites-a-base-de-benzathine-benzylpenicilline-en-France-Point-d-information">pénicilline</a> est le traitement de référence pour traiter les patients atteints de <a href="http://invs.santepubliquefrance.fr/Actualites/Actualites/Augmentation-de-la-syphilis-en-France">syphilis</a>, une infection sexuellement transmissible qui n’a pas disparu, comme on le croit trop souvent. Ce médicament n’a plus été commercialisé en France entre 2014 et 2016, soit durant plus de deux ans.</p>
<p>Les antibiotiques de deuxième intention étant moins <a href="http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/medias/Recos/2014-traitement-syphilis.pdf">efficaces</a> contre cette maladie et à plus haut risque d’effets secondaires, la pénicilline a dû être importée d’Italie pendant toute cette période. Elle n’a plus été disponible que dans les pharmacies des hôpitaux. Les patients consultant un médecin de ville pour une syphilis ont donc dû se déplacer à l’hôpital pour aller chercher leur traitement.</p>
<h2>Rupture de stock sur l’Augmentin® en perfusion</h2>
<p>Autre situation récente : l’Augmentin® est resté en <a href="http://ansm.sante.fr/S-informer/Informations-de-securite-Ruptures-de-stock-des-medicaments">rupture de stock</a>, dans sa version en perfusion (surtout celle pour les enfants), durant plusieurs mois en 2017. Un problème majeur, car il s’agit de l’un des antibiotiques les plus utilisés à l’hôpital. L’ANSM a fait son possible pour trouver une <a href="https://ansm.sante.fr/S-informer/Informations-de-securite-Ruptures-de-stock-des-medicaments">solution</a>. Mais la prescription de cet antibiotique a dû être réduite au strict nécessaire afin de garder des unités en stock pour pouvoir faire face à des cas très préoccupants. Les praticiens hospitaliers ont donc souvent utilisé durant plusieurs mois des antibiotiques de deuxième intention, qui comportaient là aussi parfois un <a href="http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/spilf/recos/2017-alternatives-amoxclav-iv-spilf-gpip.pdf">risque accru</a> d’effets secondaires.</p>
<p>Et pourtant, le manque de disponibilité des « vieux » antibiotiques n’est pas traité comme une priorité de santé publique. L’accent est plutôt mis sur la recherche de nouveaux antibiotiques. Or ces futurs médicaments – si toutefois ils viennent à être commercialisés – susciteront le même problème de résistance que les anciens. En effet, les bactéries ont des capacités d’adaptation phénoménales, et trouvent presque toujours le moyen de devenir résistantes aux antibiotiques – c’est-à-dire de ne pas être tuées par ceux-ci.</p>
<p>De nouveaux antibiotiques viendront sans doute s’ajouter aux anciens, mais ils ne peuvent pas les remplacer. Conserver une diversité de traitements antibiotiques est indispensable, car c’est le fait d’avoir une panoplie la plus large possible qui permet de protéger au mieux l’humanité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81204/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Depuis 2012 Céline Pulcini a reçu une rémunération pour une prise de parole à une réunion scientifique de Pfizer et ses frais d’inscription/transport et/ou hébergement pour des réunions scientifiques ont été pris en charge par Pfizer, Novartis Vaccines and Diagnostics, MSD France, Astellas Pharma, Gilead Sciences, Sanofi Aventis France, Astra Zeneca, Janssen Cilag, et Sanofi Pasteur MSD. Les recherches de son laboratoire ont reçu un financement du programme Innovative Medicines Initiative (projet de recherche DRIVE-AB).</span></em></p>Vaccins, anticancéreux, anti-Parkinson, La pénurie de médicaments s'aggrave. Les antibiotiques ne sont pas épargnés, or ils posent des problèmes spécifiques.Céline Pulcini, Professeur de médecine, infectiologue, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/781432017-06-11T20:17:07Z2017-06-11T20:17:07ZLes infections résistantes aux antibiotiques, ça n’arrive pas qu’aux autres<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/171614/original/file-20170531-25658-1i029i1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5176%2C3080&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/closeup-on-woman-girl-showing-pill-368015618">canonzoom/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>« L’infection urinaire qui récidive, celle de l’intestin qui s’accroche, la plaie sur la peau qui dégénère ont peut-être trouvé un coupable » peut-on lire <a href="http://www.leparisien.fr/societe/gare-au-trop-plein-d-antibiotiques-le-cri-d-alerte-des-medecins-31-01-2018-7533975.php">dans <em>Le Parisien</em></a>, le 1er février. Des médecins et des associations de patients alertent dans ce quotidien sur l'usage trop fréquent des antibiotiques. </p>
<p>De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soulignait, le 20 septembre 2017, que la planète <a href="http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/running-out-antibiotics/fr/">commençait à manquer d'antibiotiques efficaces</a>. Le phénomène est désormais connu : certaines bactéries sont devenues résistantes aux <a href="https://theconversation.com/fr/topics/antibiotiques-22004">antibiotiques</a>. Elles portent des noms latins que personne ne retient, à part peut être <em>Escherichia coli</em>, célèbre car elle entraîne régulièrement des interdictions de baignade dans les plans d’eau et contamine parfois les steaks hachés. En dehors de telles alertes, les citoyens se sentent assez peu menacés – tant qu’ils ne sont pas à l’hôpital, lieu associé aux infections nosocomiales.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/resistance-aux-antibiotiques-tout-le-monde-est-concerne-49612">Ils ont tort</a>. Car des infections qui ne cèdent pas devant un traitement antibiotique classique, ce n’est pas fréquent mais cela peut arriver à tout le monde, et pas seulement aux personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques. Les infections résistantes aux traitements antibiotiques causent ainsi chaque année 12 500 décès en France.</p>
<p>De nombreux antibiotiques figurent dans la liste des médicaments qualifiés « d’essentiels » <a href="http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/essential-medicines-list/fr/">publiée en 2017 par l’OMS</a>. Ils doivent être préservés, c’est à dire utilisés avec parcimonie et pour certains, seulement en dernier recours, car ils servent à guérir des enfants et des adultes d’infections bactériennes autrefois mortelles, comme les pneumonies ou les méningites.</p>
<h2>Le cas fréquent de l’infection urinaire avec fièvre</h2>
<p>Prenons le cas, devenu banal pour un médecin hospitalier infectiologue en France, d’une patiente touchée au départ par une simple infection urinaire. Elle revoit son généraliste parce que la fièvre s’est déclarée, signe que l’infection touche le rein – ce qu’on appelle une pyélonéphrite. Ces infections guérissent habituellement très bien avec quelques jours d’antibiotiques en comprimés. Mais là, la fièvre persiste, et l’analyse d’urines montre un <em>Escherichia coli</em> multi-résistant, c’est à dire contre lequel les antibiotiques disponibles en cabinet de ville s’avèrent inefficaces.</p>
<p>La patiente est donc hospitalisée, et un nouvel antibiotique lui est administré par perfusion. Le bilan réalisé à son entrée montre que la bactérie multi-résistante s’est propagée dans le sang (provoquant une septicémie), et que l’infection du rein s’est compliquée d’un abcès. Après un séjour de plusieurs jours, la patiente peut rentrer à son domicile. Elle devra néanmoins recevoir la visite d’une infirmière pour des perfusions d’antibiotique pendant une dizaine de jours supplémentaires.</p>
<p>Le même problème peut se produire avec une infection de la prostate, organe qui peut lui aussi être atteint lors d’une infection urinaire.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/171507/original/file-20170530-23707-kecfjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/171507/original/file-20170530-23707-kecfjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=793&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/171507/original/file-20170530-23707-kecfjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=793&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/171507/original/file-20170530-23707-kecfjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=793&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/171507/original/file-20170530-23707-kecfjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=997&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/171507/original/file-20170530-23707-kecfjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=997&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/171507/original/file-20170530-23707-kecfjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=997&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ingestion de staphylocoques dorés (en rose) par un globule blanc humain (en vert). Vue au microscope électronique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nihgov/20947675532/in/album-72157656657569008/">National Institute of Allergy and Infectious Diseases, National Institutes of Health</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ainsi, la personne ayant contracté une infection causée par une bactérie résistante aux antibiotiques risque de voir s’allonger le délai pour que les médecins trouvent le traitement efficace, ce qui augmente le risque de complications (septicémie et abcès, dans le cas cité précédemment). Bien souvent elle devra être soignée par des antibiotiques ayant davantage d’effets indésirables, et disponibles uniquement par perfusion. De telles histoires se rencontrent maintenant dans tous les pays dans le monde, comme le montrent les témoignages de patients <a href="http://ecdc.europa.eu/fr/eaad/antibiotics-get-informed/patient-stories/Pages/patient-stories.aspx#sthash.w2QQKQQq.dpuf">réunis par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies</a> (ECDC, European Centre for Disease Prevention and Control), agence européenne.</p>
<p>On peut aussi se trouver aux prises avec une infection résistante aux antibiotiques au retour de vacances passées à l’étranger. La présence de bactéries résistantes semble en effet plus forte dans certaines parties du monde que dans d’autres. Les données ne sont toutefois pas disponibles pour l’ensemble des pays, et souvent limitées à la situation à l’hôpital. Des cartes présentant la fréquence de l’antibiorésistance selon les pays sont actualisées régulièrement par l’ECDC <a href="http://ecdc.europa.eu/en/publications/_layouts/forms/Publication_DispForm.aspx?List=4f55ad51-4aed-4d32-b960-af70113dbb90&ID=1637">pour l’Europe</a> et le Center for Disease Dynamics, Economics and Policy (CDDEP), ONG basée à Washington (États-Unis), <a href="https://resistancemap.cddep.org/">pour le monde</a>. Ces différences peuvent s’expliquer notamment par une surconsommation d’antibiotiques, parmi lesquels ceux les plus à risque de sélectionner des bactéries résistantes.</p>
<p>Le risque de ramener d’un voyage de telles bactéries <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25904368">est plus élevé encore lorsqu’on a eu la diarrhée sur place</a>, ou qu’on s’est vu prescrire un traitement antibiotique – quelle qu’en soit la raison. En effet, un déséquilibre de la flore intestinale, conséquence de la diarrhée ou d’une prise d’antibiotiques, favorise l’implantation de ces bactéries résistantes dans le tube digestif.</p>
<h2>Des <em>E. coli</em> résistants chez 1 Français sur 15</h2>
<p>Aujourd’hui en France, plus d’une personne sur quinze a <a href="https://theconversation.com/resistance-aux-antibiotiques-lapocalypse-est-elle-au-bout-du-chemin-51427">des <em>Escherichia coli</em> multi-résistants</a> dans son tube digestif, comme le montrent une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23143897">étude réalisée sur des adultes en 2011 à Paris</a> et une autre <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24402502">chez des bébés dans le Sud-Est de la France en 2014</a>. On ne tombe pas forcément malade, car les bactéries résistantes ne sont pas plus agressives que les autres. Dans leur imaginaire, la plupart des citoyens voient la bactérie multi-résistante comme une menace venue de l’extérieur. Or bien souvent, ce sont nos propres bactéries, constituant avec d’autres micro-organismes comme les champignons, notre <a href="https://theconversation.com/fr/topics/microbiote-30806">microbiote</a>, qui provoquent des infections, par exemple urinaires.</p>
<p>On acquiert ces bactéries à partir de contacts avec des objets, des personnes ou des animaux qui en sont porteurs, ou à travers notre alimentation si celle-ci a été contaminée. Respecter les règles de base d’hygiène, dont le lavage des mains, réduit ce risque. Les bactéries multi-résistantes peuvent persister des mois après la contamination dans notre tube digestif, le temps que la flore habituelle se reforme, et prenne le dessus.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/114117/original/image-20160307-31275-1q2fwmv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/114117/original/image-20160307-31275-1q2fwmv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/114117/original/image-20160307-31275-1q2fwmv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/114117/original/image-20160307-31275-1q2fwmv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/114117/original/image-20160307-31275-1q2fwmv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/114117/original/image-20160307-31275-1q2fwmv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/114117/original/image-20160307-31275-1q2fwmv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans cette expérience, sept antibiotiques (capsules blanches) ont été testés. Les bactéries présentes dans la boîte de petri de gauche sont sensibles aux sept, comme le montrent les cercles gris ou vert – signe que les bactéries n’ont pas poussé. Les bactéries de la boîte à droite, elles, ne sont vraiment sensibles qu’à trois des antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dr Graham Beards/wikipedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Réduire sa consommation d’antibiotiques est une manière, pour les citoyens, d’œuvrer au service de l’intérêt général en protégeant l’efficacité de ces traitements pour soi et pour les autres. Par ailleurs, chaque cure d’antibiotiques détruit la flore intestinale, dont on connaît désormais l’importance pour notre santé. Les antibiotiques détruisent aussi les bonnes bactéries dans d’autres parties sensibles du corps, comme le vagin, la peau ou la bouche, favorisant là aussi la croissance de bactéries résistantes, mais aussi de champignons sources de mycoses.</p>
<p>Aussi, il est bon de réfléchir à deux fois avant de demander des antibiotiques à son médecin. Les antibiotiques sont <a href="http://sante.lefigaro.fr/article/un-vieil-antibiotique-superpuissant-et-triple-action">des médicaments précieux</a>, qu’il faut préserver pour les situations où ils sont indispensables.</p>
<h2>Bactéries multi-résistantes, ou superbactéries ?</h2>
<p>Si les citoyens rencontrent tant de difficultés <a href="https://theconversation.com/resistants-un-thriller-qui-vous-veut-du-bien-76499">à mesurer l’ampleur de la menace</a> représentée par l’émergence des bactéries multi-résistantes, c’est aussi parce que les experts du sujet n’ont pas encore réussi à s’entendre pour parler d’une seule voix. Ils emploient des mots différents pour désigner… les mêmes choses. Les médecins infectiologues français vont dire bactéries multi-résistantes (BMR) et antibiotiques ; quand les spécialistes de l’OMS vont parler de superbactéries (superbugs, en anglais), et <a href="http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs194/fr/">d’antimicrobiens</a> (antimicrobials).</p>
<p>A l’échelle mondiale, le vocabulaire commun qui permettrait de désigner le problème et ses solutions manque cruellement. C’est le constat que mes confrères d’Afrique du Sud, de Suisse, du Royaume-Uni, et moi-même, faisons dans l’article scientifique que nous avons publié le 3 mai <a href="https://www.nature.com/news/antibiotic-resistance-has-a-language-problem-1.21915">dans la prestigieuse revue <em>Nature</em></a>.</p>
<p>Dans cet article, nous appelons à une intervention collective des Nations-Unies afin d’établir un vocabulaire de référence.</p>
<p>Quel nom trouver, en français, pour les bactéries résistantes ? Quand l’OMS a dressé sa récente liste <a href="http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/bacteria-antibiotics-needed/fr/">des 12 bactéries contre lesquelles il devient urgent de trouver de nouveaux antibiotiques</a>, les médias ont parlé de « superbactéries ». Or ce mot prête à confusion, évoquant des bactéries particulièrement virulentes qui se multiplieraient à grande vitesse, ce qui n’est pas le cas. Elles ne prolifèrent pas plus que les bactéries sensibles aux antibiotiques, mais sont plus difficiles à combattre avec les traitements dont nous disposons.</p>
<h2>Des précautions pour les hommes, comme pour les animaux</h2>
<p>Les programmes de santé publique visant à l’utilisation appropriée d’antibiotiques gagneraient à être qualifiés, en anglais, par le terme « antibiotic stewardship », pour les précautions à prendre aussi bien dans la santé humaine que dans la santé animale. Ce mot englobe la dimension individuelle et collective de toute prescription antibiotique. Il met l’accent sur le fait qu’en utilisant un antibiotique, l’individu (comme l’animal d’élevage) avantage les bactéries résistantes dans sa propre flore intestinale et les transmet aussi à son environnement. Il souligne aussi la nécessité de préserver une ressource (les antibiotiques) pour le bien de tous, de manière durable. Mais il n’a pas à ce jour d’équivalent évident en français.</p>
<p>Et si on abandonnait, au passage, le vocabulaire volontiers guerrier d’un « combat mondial » mené contre « l’ennemi » que seraient les bactéries résistantes ? Car on finit par oublier qu’à force « d’attaques », on perturbe le rôle vital joué par notre microbiote dans notre santé. Il serait bon de choisir des mots reflétant mieux la relation écologique qui lie les êtres humains aux bactéries.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/78143/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Depuis 2012 Céline Pulcini a reçu une rémunération pour une prise de parole à une réunion scientifique de Pfizer et ses frais d’inscription/transport et/ou hébergement pour des réunions scientifiques ont été pris en charge par Pfizer, Novartis Vaccines and Diagnostics, MSD France, Astellas Pharma, Gilead Sciences, Sanofi Aventis France, Astra Zeneca, Janssen Cilag, et Sanofi Pasteur MSD. Les recherches de son laboratoire ont reçu un financement du programme Innovative Medicines Initiative (projet de recherche DRIVE-AB).</span></em></p>Les occasions de contact avec des bactéries résistantes aux traitements classiques sont plus fréquentes qu’on le croit. Certains antibiotiques doivent donc être réservés à ces seuls cas.Céline Pulcini, Professeur de médecine, infectiologue, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/514272015-12-09T05:48:26Z2015-12-09T05:48:26ZRésistance aux antibiotiques : l’apocalypse est-elle au bout du chemin ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/104703/original/image-20151207-20451-13mkhs1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C19%2C666%2C407&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.shutterstock.com/dl2_lim.mhtml?id=205420948&size=medium_jpg&src=KLrJIrAPK_gMn-DpMVjlbA-1-0">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Des <a href="http://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(15)00424-7/abstract">chercheurs chinois</a> ont découvert récemment que des bactéries <em>E. coli</em> résistaient à un antibiotique dénommé colistine, qualifié souvent d’antibiotique du dernier recours. Cette découverte a conduit les experts à une mise en garde : une <a href="http://www.bbc.co.uk/news/health-34857015">ère post-antibiotiques</a> pourrait advenir. Ce qui inquiète précisément les professionnels de santé c’est le fait que le bout circulaire d’ADN qui rend les micro-organismes résistants à la colistine risque de se transmettre à d’autres souches de bactéries néfastes.</p>
<p>Ce cercle fait d’ADN, connu sous le nom de MCR-1, a été découvert sur une structure circulaire d’ADN que l’on appelle un plasmide. Les plasmides sont porteurs d’ « options supplémentaires » pour les bactéries : en l’occurence, des gènes qui ne sont pas essentiels à la survie mais qui peuvent être bénéfiques pour l’organisme considéré. Dans ce cas précis, survivre en présence de colistine. Quelques plasmides peuvent être répliqués et transmis à d’autres bactéries, leur apportant les options supplémentaires.</p>
<p>Les chercheurs chinois estiment que la bactérie <em>E. coli</em> résistante, découverte à l’origine dans les porcs et les produits carnés, a développé la capacité à résister à la colistine en raison de l’utilisation intensive de cet antibiotique dans la nourriture des animaux.</p>
<h2>Les résistances évoluent</h2>
<p>La <a href="http://www.webmd.com/drugs/2/drug-8761/colistin-colistimethate-sodium-injection/details">colistine</a> rend la membrane de la cellule bactérienne plus facile à traverser pour les médicaments. C’est pourquoi elle est couramment utilisée pour traiter les infections résistantes aux antibiotiques. Elle peut tuer les bactéries pathogènes à elle seule, mais elle est utilisée le plus souvent en conjonction avec d’autres antibiotiques.</p>
<p>Quand les bactéries comme <em>E. coli</em> sont continuellement exposées à la colistine, celles qui n’ont pas de défense meurent. D’autres survivent, car elles ont, face aux antibiotiques, développé une résistance grâce à la mutation naturelle de l’ADN pendant la division cellulaire. Et ce sont elles qui vont transmettre ces changements bénéfiques à la génération suivante. Si bien que vous vous trouvez finalement avec toute une population de microbes résistants à l’antibiotique.</p>
<p>Les bactéries résistent à la colistine de plusieurs façons. La colistine n’est plus en mesure de coller à la bactérie ; ou bien la membrane de la cellule devient plus résistante ; ou encore l’antibiotique peut être éjecté de la cellule par les bactéries.</p>
<h2>Les unes renforcées, les autres affaiblies</h2>
<p>Développant notre propre recherche à l’université Trent de Nottingham, nous avons exposé les bactéries au même antibiotique, et nous avons vu que certaines résistaient et d’autres non.</p>
<p>Nous avons étudié, comme beaucoup d’autres groupes, <a href="http://jac.oxfordjournals.org/content/70/8/2209.long">le processus</a> selon lequel la bactérie devient résistante à la colistine et nous avons créé des souches résistantes par le biais de semaines d’exposition <a href="http://www.icaaconline.com/php/icaac2013abstracts/data/papers/2013/C1/2013_C1-505.htm">à cet antibiotique et à d’autres anti-bactériens</a>.</p>
<p>Comme certains désinfectants fonctionnent de la même façon avec la colistine, nous avons voulu savoir si l’exposition aux désinfectants, à la maison ou à l’hôpital, entraînait une résistance à la colistine. Dans les bactéries mutantes que nous avons engendrées, certaines ont réussi, plus qu’auparavant, à envahir les cellules humaines, mais d’autres ont perdu tout pouvoir de pénétration. Aussi aimerais-je bien savoir quels autres changements ont été observés dans les bactéries étudiées par les chercheurs chinois.</p>
<p>Je me souviens, avec regret, que les premières bactéries résistantes à la colistine que j’ai étudiées possédaient une membrane de cellule plus solide : mais à cause de cette rigidité, elles avaient tendance à mourir quand je les entreposais au froid. Leur rigidité, tellement utile dans la lutte contre la colistine, signifiait qu’elles se détruisaient à des températures très basses. Ainsi, la bactérie résistante à la colistine découverte par les chercheurs chinois a pu être affectée par d’autres facteurs – plus néfastes aux bactéries que bénéfiques.</p>
<h2>Vitesse d’acquisition</h2>
<p>Cependant, la vitesse à laquelle les bactéries ont acquis la résistance constitue l’aspect le plus alarmant de cette dernière découverte. Une seule interaction entre des bactéries résistantes et non résistantes peut dès lors donner deux organismes résistants, le plasmide étant copié et passant d’une bactérie à l’autre.</p>
<p>Jusqu’à présent, les bactéries ayant développé de la résistance à la colistine auraient nécessité une longue période d’exposition à l’antibiotique avant qu’une souche résistante ne se développe. La résistance portée par le plasmide est beaucoup plus rapide. Il ne s’agit pas là du lent glissement de changements accumulés, mais du transfert, en un seul coup, de tout l’ensemble de gènes requis pour cette opération.</p>
<p>Ce transfert de plasmide d’un gène résistant a été observé depuis quelque temps avec d’autres antibiotiques – y compris ceux associés à la colistine –, mais, jusqu’à maintenant, cela n’avait pas marché avec la colistine seule.</p>
<h2>Bactéries sans frontières</h2>
<p>Les plasmides « coûtent cher » aux bactéries qui les portent parce qu’ils requièrent beaucoup d’énergie. Ainsi, il faut qu’il y ait une force motrice qui mette à mort les bactéries non porteuses de plasmide pour que cette capacité se transmette de génération à génération.</p>
<p>Une nouvelle recherche parue dans la revue <em>The Lancet</em> suggère que l’utilisation de la colistine chez les animaux de ferme, là où les bactéries ont été isolées, en est la cause probable. Car, parmi les bactéries exposées de façon ininterrompue à la colistine, seules ont survécu celles qui portaient le plasmide. En outre, ce n’est pas la première fois que l’utilisation d’antibiotiques sur des animaux de ferme a produit des bactéries capables de causer des infections résistantes aux antibiotiques chez les humains.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/102527/original/image-20151119-18413-qselve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/102527/original/image-20151119-18413-qselve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/102527/original/image-20151119-18413-qselve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/102527/original/image-20151119-18413-qselve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/102527/original/image-20151119-18413-qselve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/102527/original/image-20151119-18413-qselve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/102527/original/image-20151119-18413-qselve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La résistance aux antibiotiques se joue des frontières.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.shutterstock.com/cat.mhtml?autocomplete_id=&language=en&lang=en&search_source=&safesearch=1&version=llv1&searchterm=passport%20control&media_type=photos&media_type2=photos&searchtermx=&photographer_name=&people_gender=&people_age=&people_ethnicity=&people_number=&color=&page=1&inline=161334506">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’usage de la colistine pour traiter les animaux de ferme est rarement pratiqué en Europe. Toutefois, les voyages aériens et le mépris affiché des bactéries pour les frontières nationales signifient une chose : c’est seulement une question de temps avant que l’on ne voie débarquer ici l’une de ces souches.
Je serais curieux de savoir à quel degré ce plasmide est conservé au sein de la population bactérienne dans des zones où l’on ne rencontre pas généralement de colistine. Ou bien est-ce que les gènes migrent au sein du chromosome de la bactérie, devenant ainsi une partie normale du micro-organisme et non pas un supplément optionnel.</p>
<p>Tout ceci pour rappeler que, quand il s’agit de résistance aux antibiotiques, il n’est pas seulement question de prescription locale, mais d’une utilisation au niveau mondial. Les infections résistantes aux antibiotiques constituent un problème mondial et la réponse doit être donnée à la même échelle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/51427/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michael Loughlin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La découverte de bactéries Escherichia coli résistantes à la colistine, antibiotique de dernier recours, fait craindre de devoir se passer un jour de ces médicaments. Il faut une réponse mondiale.Michael Loughlin, Senior lecturer, Nottingham Trent UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/496122015-10-28T00:55:03Z2015-10-28T00:55:03ZRésistance aux antibiotiques, tout le monde est concerné<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/99336/original/image-20151022-7999-q2v9my.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/marquette/4250244436/in/photolist-7tzBAu-6x3NMj-bmREqU-auoZ4h-9droju-auiFHP-7XvU2w-aqFd3w-hNRiZ-3LbYC-7YxbV9-7YtWNB-7YxbK9-bMyMYP-5ZQQ2Q-buGJPH-2EwBqA-wEnq7v-59yZNH-aumL2y-aoMMfr-4bZ3hV-aukan8-aoQvzb-aoMKHV-9Qec6L-9RDWzS-aumsot-n3BMi-7YtWYB-7YxbWs-7YxbTm-7YtWTZ-7YxbQd-7YxbHy-7YtWK6-7YxbG3-9RFaq3-aukis4-aujQQT-aumFhW-9RB36P-7sMZtD-brMttZ-4fQAnv-9RDEoY-aumMtq-amFzwM-aumUx1-bJZeM">Marquette LaForest/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://omedit.sante-lorraine.fr/portail/gallery_files/site/136/740/1232.pdf">Bactéries super résistantes</a>. MRSA (Staphylocoques dorés résistants à la méticilline). Fermetures de services hospitaliers en raison de risques d’<a href="http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/infectionsnosocomiales.pdf">infections nosocomiales</a>. Dix millions de personnes <a href="http://www.bbc.com/news/health-30416844">promises</a> à une mort certaine. <a href="http://www.who.int/bulletin/volumes/89/2/11-030211/fr/">Pas de nouveaux antibiotiques</a>… Si vous lisez ces phrases, il y a de bonnes chances pour que vous pensiez au phénomène de résistance aux antibiotiques. Un problème, néanmoins qui semble éloigné des évènements qui ponctuent notre vie.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99378/original/image-20151022-8031-1xx0ci9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99378/original/image-20151022-8031-1xx0ci9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=481&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99378/original/image-20151022-8031-1xx0ci9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=481&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99378/original/image-20151022-8031-1xx0ci9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=481&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99378/original/image-20151022-8031-1xx0ci9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=604&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99378/original/image-20151022-8031-1xx0ci9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=604&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99378/original/image-20151022-8031-1xx0ci9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=604&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un globule blanc ingère une bactérie résistante.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Methicillin-resistant_Staphylococcus_aureus#/media/File:Human_neutrophil_ingesting_MRSA.jpg">NIH/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Et pourtant, il affecte bel et bien notre quotidien. À chaque fois qu’un antibiotique est utilisé, le risque qu’une résistance se développe <a href="http://www.bmj.com/content/340/bmj.c2096">s’accroît</a>. Par la suite, elle peut affecter toute une famille et d’autres membres du voisinage, créant un espace pour les <a href="http://www.cdc.gov/drugresistance/pdf/ar-threats-2013-508.pdf">bactéries résistantes</a>. Cela devient problématique quand une maladie infectieuse survient et que les antibiotiques qui auraient pu la traiter sont devenus inefficaces.</p>
<p>Une étude que nous avons publiée très récemment dans le <a href="http://jac.oxfordjournals.org/content/early/2015/10/10/jac.dkv310.full.pdf+html?sid=80714bcc-45e4-4f2f-8745-54cf9251d200">Journal of Antimicrobial Chemotherapy</a> a examiné les perceptions du public au sujet de la résistance aux antibiotiques. Nous avons travaillé sur les résultats de 54 études impliquant 55 225 personnes qui ont répondu à des questionnaires ou ont été interviewées. Les données indiquent qu’en moyenne, 70 % des interrogés ont entendu parler de la résistance aux antibiotiques mais que la plupart ne la comprend pas : 88 % des sondés pensaient que c’est le corps humain, plutôt que les bactéries, qui devenait résistant aux antibiotiques.</p>
<p>Ce défaut de connaissance n’est cependant pas le principal enseignement de l’étude. Plus de 70 % des personnes savaient que consommer trop d’antibiotiques, ou d’en prendre sans réel besoin causait une résistance aux antibiotiques. Mais le problème est qu’ils ne pensaient pas qu’eux-mêmes en utilisaient trop ou sans en avoir besoin. En réalité, ils se figuraient que les autres étaient le problème – des médecins prescrivant trop ; d’autres personnes les consommant pour rien ; des gouvernements incapables d’agir.</p>
<p>Ce n’est pas seulement le grand public qui s’aveugle ainsi. Une autre <a href="http://jac.oxfordjournals.org/content/70/9/2465">revue de la littérature</a> que nous avons menée l’été dernier portait sur 57 études et 11 793 professionnels de santé. Plus de 90 % des sondés pensaient qu’utiliser trop d’antibiotiques causait des résistances, mais moins de 70 % estimait que cela posait problème dans leur pratique clinique.
La moitié précisait qu’ils prenaient en compte l’existence de ces résistances lorsqu’ils étaient amenés à prescrire des antibiotiques. D’autres, enfin, affirmaient qu’ils ne considéraient pas le sujet comme une priorité au moment de soigner un patient. Ils attribueraient la responsabilité du phénomène aux patients, à d’autres pays et aux réglementations en santé publique.</p>
<h2>Pourquoi nous pensons être sans reproches</h2>
<p>Pourquoi les personnes interrogées pensent elles qu’elles ne sont pour rien dans l’émergence des résistances aux antibiotiques ? Ce n’est pas très clair. Peut-être parce qu’il y a de multiples causes au problème – utilisation des antibiotiques en médecine humaine, pour les animaux, dans l’environnement… Il est dès lors facile de considérer que les <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.8.3063&rep=rep1&type=pdf&a=bi&pagenumber=1&w=100">contributions individuelles</a> au phénomène de résistance sont comme une goutte d’eau dans l’océan. De plus, les conséquences de cette émergence de super bactéries peuvent sembler lointaines et pas en rapport avec nos vies quotidiennes. Du coup, notre croyance de « cela ne peut pas m’arriver » se maintient.</p>
<p>De même, s’asseoir dans le cabinet du médecin, et s’engager dans une relation personnelle avec lui peut rendre patient et médecin beaucoup plus intéressés à soigner l’infection qui a occasionné la consultation plutôt que de songer au risque des résistances aux antibiotiques pour la société. Ce genre d’attitude relève de ce que l’on appelle la <a href="http://iris-recherche.qc.ca/blogue/quest-ce-que-la-tragedie-des-biens-communs">« tragédie des biens communs »</a>, où des individus s’approprient la ressource partagée jusqu’à ce qu’elle soit épuisée et que plus personne ne puisse l’utiliser.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99382/original/image-20151022-8006-1jztd0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99382/original/image-20151022-8006-1jztd0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99382/original/image-20151022-8006-1jztd0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99382/original/image-20151022-8006-1jztd0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99382/original/image-20151022-8006-1jztd0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99382/original/image-20151022-8006-1jztd0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99382/original/image-20151022-8006-1jztd0e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Certains médecins, en consultation, ne se préoccupent pas des résistances aux antibiotiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.torange.us/Objects/medicine/prescription-drugs-19689.html">torange.us</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Beaucoup de gens pensent également qu’ils ont <a href="http://www.wellcome.ac.uk/stellent/groups/corporatesite/@policy_communications/documents/web_document/wtp059551.pdf">besoin de médicaments</a> quand ils sont malades et les médecins, de leur côté, sous la pression des patients, peuvent vouloir les <a href="http://jac.oxfordjournals.org/content/66/10/2215">satisfaire</a>. Or, les attentes des patients sont <a href="http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2038981&cm_mid=4237214&cm_crmid=deb74c3e-872f-e311-8631-005056930045&cm_medium=email">souvent erronées</a>, surestimant les bénéfices et sous-estimant les risques d’un traitement. Les chercheurs ont montré que les antibiotiques sont peu ou pas du tout efficaces pour des affections courantes telles que le <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD000247.pub3/abstract">rhume</a>, la <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD000245.pub3/abstract">toux</a> ou le <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD000023.pub4/abstract">mal de gorge</a>.</p>
<h2>Que peut-on faire ?</h2>
<p>Il n’y a pas de réponse simple. Mais il n’y a pas de doute qu’il faille adopter une approche sociétale. Les gouvernements, les professionnels de santé, les vétérinaires, le public et un certain nombre d’industriels travaillent tous pour trouver des solutions. L’<a href="http://www.who.int/drugresistance/documents/surveillancereport/en/">Organisation mondiale de la santé</a> a souligné que la surveillance des résistances antimicrobiennes, la régulation de l’utilisation des antibiotiques pour l’homme et l’animal, la prévention et le contrôle des infections, et des innovations dans la recherche sont <a href="http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/44812/1/9789241503181_eng.pdf">tous nécessaires</a> pour faire face au phénomène.</p>
<p>Le défi est devant nous. Un message essentiel que l’on peut tirer de notre récente étude est que, bien que la résistance bactérienne aux antibiotiques semble un souci éloigné, aux yeux du public, elle est en réalité le problème de chacun d’entre nous. Ce sont les individus qui décident de prendre des antibiotiques et ce sont eux qui ont le pouvoir d’en utiliser moins et de mettre un coup d’arrêt au phénomène des résistances.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/49612/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Amanda McCullough a reçu des financements du National health and medical research council (NHMRC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Chris Del Mar a reçu des financements du NHMRC et a touché des royalties de la vente de livres portant sur les pratiques fondées sur les preuves.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Tammy Hoffmann a reçu des financements du NHMRC et a touché des royalties de la vente de livres portant sur les pratiques fondées sur les preuves.</span></em></p>L'Organisation mondiale de la santé vient de publier une liste noire de 12 familles de superbactéries résistantes aux antibiotiques. Voici ce que chacun peut y faire.Amanda McCullough, Research Fellow at Centre for Research in Evidence-based Practice, Bond UniversityChris Del Mar, Professor of Public Health, Bond UniversityTammy Hoffmann, Professor of Clinical Epidemiology, Bond UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.