tag:theconversation.com,2011:/es/topics/sport-20624/articlessport – The Conversation2024-03-26T16:42:15Ztag:theconversation.com,2011:article/2224232024-03-26T16:42:15Z2024-03-26T16:42:15ZLe skateboard, un atout pour la ville de demain ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/581345/original/file-20240312-30-j3omwl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C10%2C3473%2C2441&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le skateboard bâtit son identité à travers son rapport singulier à l’environnement urbain</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Souvent associé aux premières initiatives scandinaves des années 1990, le « skate urbanisme » est un mouvement activiste qui inscrit la pratique libre du skateboard dans l’aménagement urbain. Aujourd’hui de nombreuses municipalités en France et à travers le monde collaborent avec leurs communautés locales pour créer de nouveaux espaces publics en lien avec ses préceptes. Quels sont les raisons et les bénéfices attendus qui expliquent un tel engouement ?</p>
<h2>« Skateboarding is no longer a crime »</h2>
<p>Dans les années 1950 aux États-Unis, le skateboard trouve sa genèse dans la <a href="https://www.nomadeshop.com/fr/blog/histoire-du-skateboard-et-de-ses-origines-n57">culture californienne</a> à travers la détermination des surfers à vouloir « rider » au-delà de l’océan. Les pratiquants de skateboard se faisaient appeler <a href="https://www.skatedeluxe.com/blog/fr/wiki/skateboarding/histoire-de-skateboarding/">« les surfers de l’asphalte »</a> en référence au fait que les vagues ont été remplacées par une glisse d’un nouveau genre, sur le béton.</p>
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<p>Dans les années 1960, les États des côtes est et ouest des États-Unis sont les témoins de la popularité du skate qui passe de jouet bricolé à un véritable <a href="https://www.skatedeluxe.com/blog/fr/wiki/skateboarding/histoire-de-skateboarding/">accessoire sportif</a>. C’est à ce moment que la pratique se diversifie : freestyle (exécution de figures sur surface plane), downhill (recherche de vitesse dans les pentes) et slalom (parcours entre des cônes). Mais il aura fallu traverser l’Atlantique et attendre la fin des années 1970 pour voir la construction des premiers skateparks, comme à Munich, qui <a href="https://journals.openedition.org/critiquedart/2616">« synthétisent l’espace d’origine du skateboard, l’océan, et son lieu de naissance, la ville moderne »</a>, comme le décrit Raphaël Zarka.</p>
<p>Au même moment, afin de pallier leur manque de structure pour pratiquer, les skateboarders californiens se sont approprié des piscines, vidées pour lutter contre la sécheresse. Des spots qui ressemblent comme « deux gouttes d’eau » aux <em>bowls</em> (cuvettes arrondies souvent en béton) des skateparks actuels.</p>
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<p>Mais au-delà de la perspective sportive, le skateboard devient une subculture <a href="https://books.openedition.org/msha/16322">ritualisée de gestes, de signes, de symboles</a>, avec comme lieu de partage la rue. La maxime <a href="https://www.surfertoday.com/skateboarding/skateboarding-is-not-a-crime-the-origin-of-the-slogan">« Skateboarding is not a crime »</a>, popularisée par la vidéo « Public Domain » de la marque Powell Peralta (1988), symbolise la résilience d’une culture souvent incomprise. Le partage de l’espace public a mis à mal la réputation des skateboarders souvent décrits comme des marginaux, des rebelles, des destructeurs, où l’exploration de l’environnement urbain en skateboard semblait incompatible avec d’autres activités humaines.</p>
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<p>Ainsi les années 1970 sont synonymes de <a href="https://www.skatedeluxe.com/blog/fr/wiki/skateboarding/histoire-de-skateboarding/">répression</a>. Certaines villes de Californie et la <a href="https://olympics.com/fr/series-originales/episode/foul-play-l-interdiction-du-skateboard-en-norvege">Norvège interdisent la pratique libre du skateboard</a> pendant plusieurs années, la déclarant comme trop dangereuse en raison de certains accidents, parfois mortels. <a href="https://www.eurosport.fr/jeux-olympiques/comment-le-skate-a-survecu-a-une-interdiction-de-11-ans-en-norvege_vid1323323/video.shtml">Ce qui n’a pas empêché les plus irréductibles de continuer à “rider” en secret</a>. Inévitablement la ville est restée <a href="https://books.openedition.org/msha/16322">leur espace de jeu</a>.</p>
<p>Ces dernières années, le skateboard s’est popularisé davantage en devenant une <a href="https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Tous-sports/Actualites/Jeux-olympiques-le-monde-du-skateboard-divise-en-deux/718760">discipline olympique (Tokyo 2020), une décision qui divise sa communauté</a> mais qui demeure le symbole d’une reconnaissance sociale et économique (tardive…).</p>
<h2>Le skateboard : un caléidoscope urbain</h2>
<p>Face à la popularité actuelle de la pratique <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/a-un-an-des-jeux-olympiques-de-tokyo-2020-l-equipe-de-france-de-skate-avance-pas-a-pas-1565831">(20 millions de skateboarders dans le monde dont 1 million en France)</a>, les skateparks se sont multipliés <a href="https://www.lesechos.fr/pme-regions/hauts-de-france/pourquoi-les-villes-cedent-a-la-mode-des-skateparks-1945695">(3500 en France)</a>.</p>
<p>Les municipalités souhaitent, d’une part, soutenir l’activité sportive et sociale des pratiquants, et, d’autre part, éviter <a href="https://actu.fr/grand-est/strasbourg_67482/sur-cette-place-de-strasbourg-guerre-ouverte-entre-les-skateurs-et-certains-habitants_50777286.html">d’éventuels problèmes de sécurité, de nuisances et de conflits</a> avec les autres usagers. Cet encadrement du skateboard fait écho au <a href="https://journals.openedition.org/echogeo/14634">modèle traditionnel de « la ville fonctionnelle</a> » théorisée par Le Corbusier : se loger, travailler, circuler et se récréer (via les loisirs). Dans cette logique, la construction d’un skatepark est fréquemment accompagnée d’une <a href="https://www.20minutes.fr/magazine/cultures-urbaines-mag/2425467-20131024-a-tokyo-l-option-skatepark-permet-d-eviter-les-sushis">politique publique contre la pratique libre du skateboard</a> (arrêtés municipaux, dispositifs anti-skate, amendes, etc.), occasionnant parfois la <a href="https://www.theguardian.com/cities/gallery/2018/feb/14/love-park-photos-book-skate-philidelphia-jonathan-rentschler">disparition de « spots » historiques</a> et de leur contribution sociale et culturelle à la ville.</p>
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<p>Néanmoins, le <a href="https://www.cairn.info/revue-staps-2010-2-page-61.htm">skateboard a continué de bâtir son identité à travers son rapport singulier à l’environnement urbain</a>. <a href="https://journals.openedition.org/eue/219">Son environnement</a> est composé des formes, des surfaces et des matériaux (courbes, béton, métal, etc.) issus de courants architecturaux souvent sources d’inspiration pour les pratiquants comme le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=SBRckzMW9ZM">brutalisme</a>. Ainsi, l’architecture de chaque ville favorise l’émergence d’un style original de pratique comme les <a href="https://www.newyorker.com/culture/video-dept/the-rush-and-risk-of-skateboarding-san-franciscos-hills">Down Hills de San Francisco</a> ou les <a href="https://bibliotheques.paris.fr/cinema/doc/SYRACUSE/1090854/tokyo-skate-les-paysages-urbains-du-skateboard">rues tokyoïtes</a>.</p>
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<p>Par conséquent, le skatepark reste une reproduction de la rue, un lieu clôturé dédié à une <a href="https://www.cairn.info/revue-panard-2022-2-page-132.htm">pratique plus normée et plus athlétique</a> que créative et artistique. Néanmoins, les décideurs publics ont constaté que substituer le skatepark à la rue était une décision inefficace. Ainsi, la ville demeure le <a href="https://www.persee.fr/doc/diver_1769-8502_2010_num_160_1_3260">lieu de consolidation d’une expérimentation</a> <a href="https://www.persee.fr/doc/diver_1769-8502_2010_num_160_1_3260">spatiale</a> portée aujourd’hui par le mouvement <a href="https://soloskatemag.com/tags/skate-urbanism">skate urbanisme</a> soutenu par de nombreuses municipalités « skate friendly » conscientes de ses potentiels bénéfices pour la collectivité.</p>
<h2>Le skate urbanisme comme levier des transitions urbaines à venir</h2>
<p>Le skate urbanisme est né de la volonté des communautés activistes et des mairies de <a href="https://stud.epsilon.slu.se/10290/1/angner_f_170626.pdf">planifier ensemble l’intégration du skateboard dans l’environnement urbain</a>. Plusieurs villes européennes (comme <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/IJSMS-05-2020-0101/full/html">Malmö</a>, Copenhague et Bordeaux) sont avant-gardistes dans l’application de programmes d’aménagement d’espaces hybrides ouverts au skateboard. Bordeaux <a href="https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/skate-a-bordeaux-la-ville-est-passee-d-une-politique-repressive-a-une-politique-bienveillante-11636864.php">(recensant 35000 pratiquants)</a> applique depuis 2019 un <a href="https://www.bordeaux.fr/images/ebx/fr/CM/15163/6/acteCM/84253/pieceJointeSpec/176177/file/acte_00083716_D.pdf">schéma directeur</a> dont les grands principes sont <a href="https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/bordeaux-des-bancs-en-granit-pour-s-asseoir-et-skater-1915024.php">l’installation d’un mobilier urbain spécifique</a>, la distribution d’un <a href="https://www.calameo.com/read/001480121a62fc6648e98">guide du skateboard</a>, une <a href="https://www.francebleu.fr/infos/societe/bordeaux-des-mediateurs-pour-calmer-le-conflit-entre-les-riverains-et-les-skateurs-1525600920">démarche de médiation</a> entre les skateboarders et la population, ou encore la création d’<a href="https://www.bougerabordeaux.com/sinformer/des-structures-pour-le-skate-sur-le-miroir-deau-de-bordeaux/">évènements culturels</a>.</p>
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<p>La popularité naissante du skate urbanisme au sein des équipes municipales s’explique par l’espoir d’en récolter des bénéfices économiques, environnementaux et sociaux. Le skateboard est devenu un marché important <a href="https://www.grandviewresearch.com/industry-analysis/skateboard-market">(740 millions d’euros en Europe)</a> au potentiel de développement territorial non négligeable. Pour exemple, Bordeaux accueille le <a href="http://www.sugarskatemag.com/">premier magazine français</a>, <a href="https://www.sudouest.fr/politique/education/culture-urbaine-bordeaux-une-ville-en-pointe-sur-le-skateboard-8482515.php">l’unique formation diplômante dédiée</a>, quatre sièges de marques mondialement connues, une vingtaine de distributeurs, six associations et plusieurs skateboarders professionnels. Enfin, la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8r6jD4TW900">production visuelle de sa communauté</a> et la <a href="https://www.bordeaux-tourisme.com/skate-city">communication « skate friendly » de la municipalité</a> développent un <a href="https://journals.openedition.org/teoros/9929">tourisme consacré au skateboard</a>.</p>
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<p>Le skate urbanisme s’inscrit dans la tendance de <a href="https://www.cairn.info/revue-flux-2020-1-page-197.htm">« l’urbanisme circulaire »</a>, un modèle qui répond au défi de la transition écologique en souhaitant créer des villes sobres et durables grâce à la réinterprétation du bâti existant, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/esprit-des-lieux/a-quoi-ressembleront-nos-villes-en-2050-6832830">80 % de la ville de 2050 existerait déjà</a>. Il s’agit non pas de créer ex nihilo de nouveaux espaces mais de capitaliser sur l’actuel. En ce sens, le skate urbanisme prône le recyclage urbain et la frugalité budgétaire en réhabilitant des <a href="https://www.dedication.website/projets/terrasse-gnral-koenig-bordeaux-mriadeck-2020">lieux de pratique en déshérence</a> ou en améliorant des « spots » existants, par exemple via la recommandation d’horaires de pratique afin de <a href="https://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2018-4-page-163.htm">limiter les nuisances sonores</a>. Il permet également de sécuriser et d’intensifier l’utilisation de ces espaces via l’ancrage de la communauté et la fréquentation de nouveaux pratiquants par exemple les femmes qui sont de plus en plus nombreuses dans un environnement traditionnellement masculin. De plus, il propose une solution de mobilité douce, non polluante et physique au même titre que le vélo et la trottinette.</p>
<p>Enfin, ce mouvement contribue à la transition des modes de vie. La ville est désormais pensée selon ses usagers et <a href="https://fr.euronews.com/next/2021/09/17/qu-est-ce-que-la-ville-du-quart-d-heure-et-comment-peut-elle-changer-nos-vies">l’accès facilité à leurs besoins fondamentaux</a> comme le travail, les soins et les loisirs. Dans cette dynamique citoyenne, le skate urbanisme apporte aux mairies des solutions à cette transition en encourageant une <a href="https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/un-guide-et-de-nouveaux-panneaux-dans-bordeaux-pour-les-skateurs-14528746.php">activité physique de proximité gratuite</a>, en stimulant l’engagement citoyen via des <a href="https://www.sudouest.fr/gironde/mios/mios-les-travaux-pour-la-ligne-de-skate-de-lacanau-de-mios-ont-commence-13164215.php">projets d’aménagement (par exemple portés par les budgets participatifs)</a> ou encore en favorisant le vivre ensemble à travers des <a href="https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/nouveaux-modules-de-skate-au-miroir-d-eau-a-bordeaux-c-est-une-offrande-aux-skateurs-16336495.php">évènements culturels et sportifs</a> propices à l’expérience artistique et à la mixité des populations.</p>
<p>Par conséquent, les décideurs publics changent progressivement leur appréhension négative du skateboard libre et urbain pour le considérer comme un acteur vertueux de la ville durable et inclusive de demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222423/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Peut-on penser l’urbanisme à travers la pratique du skate ? A quelles fins ?Jean-Sébastien Lacam, Professeur en Management, ESSCA School of ManagementJuliette Evon, Professeure en Management, ESSCA School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2259212024-03-15T11:35:11Z2024-03-15T11:35:11ZLe « crunch », bien plus qu’un match de rugby<p>Ce samedi 16 mars, le XV de France joue à Lyon, au Groupama Stadium, son dernier match de l’édition 2024 du Tournoi des six nations face à l’Angleterre. Cette rencontre présente la particularité d’avoir une dénomination propre, une sorte de surnom : le <a href="https://www.francetvinfo.fr/sports/rugby/tournoi-des-six-nations/france-angleterre-l-histoire-d-une-confrontation-de-legende-au-rugby_2049475.html">« crunch »</a>, un terme à l’origine incertaine que l’on peut traduire par « moment crucial ».</p>
<p>Ce faisant, il s’inscrit dans une tradition que l’on va appeler « <a href="https://paperity.org/p/223023636/lonymie-sportive-et-la-zone-de-transition-entre-les-noms-propres-et-les-noms-communs-dans">l’onomastique sportive</a> » – c’est-à-dire la création de noms propres pour désigner un ensemble d’évènements et d’acteurs dans le domaine du sport, révélant par-là la <a href="https://u-bourgogne.hal.science/hal-03657635">dimension éminemment discursive</a> des évènements sportifs.</p>
<p>Par-delà l’aspect linguistique strict, ce type de dénominations posent d’intéressantes questions d’ordre socio-culturel mais aussi de marketing. On relèvera ainsi que « crunch » est précisément le nom choisi par le journal <em>L’Équipe</em> pour dénommer son <a href="https://www.lequipe.fr/collection/podcasts/serie/crunch/">podcast rugby</a>.</p>
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<p>Si tout locuteur est en mesure de faire intuitivement la différence entre un nom commun et un <a href="https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1982_num_16_66_1124">nom propre</a>, ceux à qui l’on pense spontanément sont sans doute à chercher du côté des prénoms, des noms de famille, des noms de lieux (pays, villes, villages…), etc. Or, les noms propres sont bien plus fréquents et variés que ces prototypes et le domaine du sport se révèle particulièrement productif à cet égard.</p>
<p>Il y a les <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2010-5-page-51.htm">noms de clubs</a> (Olympique de Marseille) et d’équipes souvent <a href="https://ans-names.pitt.edu/ans/article/view/2219">affublées aussi de surnoms</a> (les Bleus pour les différentes équipes de France, etc.). Il y a les noms des stades qui donnent lieu, depuis plusieurs années, avec la stratégie de vente des droits à des entreprises privées, à ce que l’on appelle le <a href="https://theconversation.com/renommer-un-stade-opportunite-economique-defi-linguistique-164102">« naming »</a> (ainsi à Lille, le stade Pierre Mauroy ou Decathlon Arena) – phénomène qui oriente déjà la réflexion vers l’intersection entre langue/linguistique et économie/finance.</p>
<h2>Match économique</h2>
<p>Et il y a donc les dénominations d’épreuves particulières comme le crunch de ce samedi 16 mars. Il serait toutefois réducteur d’y voir une exception rugbystique. On retrouve ces mêmes stratégies en football. Ainsi « El Clasico » désigne depuis les années 1990 les matchs entre le Real Madrid et le FC Barcelone et des tentatives ont été faites de le transférer, pour le championnat français de Ligue 1, aux matchs PSG-OM.</p>
<p><a href="https://www.erudit.org/fr/revues/meta/2006-v51-n4-meta1442/014335ar/">Sans être un nom de marque au sens légal</a>, une telle dénomination individualise comme unique et particulier <em>un</em> match dans un tournoi qui en compte quinze. En discours – des fédérations, des sponsors, des médias et surtout des supporters, car c’est toujours au carrefour de tous ces discours que se construit le sens d’un mot – le crunch devient ainsi le réceptacle de toutes sortes de représentations : la « rivalité » France – Angleterre délocalisée sur un terrain de rugby plutôt que sur le champ diplomatique, le match à ne pas manquer voire un évènement où il faut être… et consommer.</p>
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<p>Il serait donc erroné de réduire le crunch et les autres matchs spécifiques à un folkore socio-culturel. La dimension économique et marketing est également fondamentale (audiences télé et billetterie).</p>
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<figcaption><span class="caption">Vidéo (en anglais) de la fédération internationale de rugby sur le Crunch de 1991.</span></figcaption>
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<p>Quel que soit le vainqueur sur le terrain sportif, le <em>Crunch</em> sera encore très suivi, que ce soit en tribune ou à la télévision. La totalité des billets a été réservée en moins de deux heures (malgré un bug informatique, qui a retardé de sept jours leur vente), avec <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/rugby/6-nations/xv-de-france-bug-240-000-demandes-la-billetterie-du-crunch-contre-langleterre-critiquee-b1fe1dee-d622-11ee-a613-258427ffa9f5">240 000 demandes enregistrées</a> pour ce match de gala ne disposant pour la vente que de seulement 60 000 places.</p>
<p>En termes de droits télévisuels, le crunch de 2022 qui s’était déroulé au stade de France, le samedi 19 mars à 21 h, a été regardé <a href="https://www.ozap.com/actu/fiction-presidentielle-coupe-du-monde-les-100-meilleures-audiences-de-la-television-en-2022/624935">par 9,1 millions de téléspectateurs sur France 2</a>, ce qui en avait fait la seizième audience nationale de l’année, et le <a href="https://www.sudouest.fr/sport/tournoi-des-six-nations-pres-de-9-millions-de-telespectateurs-devant-france-angleterre-10226837.php">taux d’audience le plus élevé depuis la finale de la Coupe du monde</a> de rugby 2011 entre France et Nouvelle-Zélande. Le Tournoi des six nations se traduit de toute façon à chaque match de l’équipe de France par des audiences importantes, représentant une <a href="https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/audiences-tv/audiences-enorme-carton-pour-le-match-de-rugby-france-irlande-sur-france-2-m6-sous-le-million-20240203">part de marché importante</a> pour le diffuseur France Télévisions.</p>
<h2>Des délocalisations coûteuses</h2>
<p>En termes d’économie du sport, le crunch reste également une affaire de gros sous pour les fédérations anglaise (RFU) et française (FFR). D’après ses résultats financiers, la RFU était bénéficiaire de <a href="https://www.englandrugby.com/dxdam/01/01d8ef5e-97a0-4364-bfd4-1cf265d4d0a2/RFU-Annual-report-2023.pdf#page=34">4 millions de livres sterling en 2023</a> (environ 4,7 millions d’euros). En revanche, la FFR enregistre des déficits importants : <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/rugby/rugby-ce-que-lon-sait-vraiment-des-difficultes-financieres-de-la-federation-francaise-469dc1ba-c012-11ee-9812-c8f10941541a">40 millions d’euros accumulés depuis 2022</a> (16 millions sur l’exercice 2022-23 et 24 millions sur celui de 2023-24).</p>
<p>La différence majeure entre les deux fédérations de rugby réside dans les recettes : grâce à la propriété du stade de Twickenham, la RFU enregistre des <a href="https://www.englandrugby.com/dxdam/01/01d8ef5e-97a0-4364-bfd4-1cf265d4d0a2/RFU-Annual-report-2023.pdf#page=44">recettes de billetterie de 48,4 millions de livres sterling</a> (56,7 millions d’euros) contre 27,7 millions d’euros pour la FFR et surtout 70,8 millions de livres sterling (82,9 millions d’euros) de recettes d’hospitalité VIP et de restauration qui sont inexistantes pour la FFR qui loue le Stade de France pour plus d’un million d’euros par match.</p>
<p>Un match à Twickenham rapporte environ 10 millions de livres sterling (11,7 millions d’euros) à la RFU, contre 2,5 millions d’euros pour la FFR. Le manque à gagner est donc énorme pour la FFR, ce qui l’a d’ailleurs amené ces dernières années à <a href="https://www.ladepeche.fr/article/2017/01/12/2495025-toutes-les-grandes-federations-sont-proprietaires-de-leur-stade.html">envisager la construction de son propre grand stade de rugby</a>.</p>
<p>On note d’ailleurs, sur ce terrain des stades eux aussi touchés par les phénomènes de <em>naming</em>, que la délocalisation des trois matchs du Tournoi 2024 en province en raison des travaux au Stade de France en vue des Jeux olympiques (Marseille, Lille et Lyon) se traduit par des <a href="https://www.quinzemondial.com/xv-de-france/ffr--le-montant-pharaonique-des-pertes-envisagees-sur-les-matchs-a-domicile-du-6-nations-793600">pertes de recettes d’environ deux millions d’euros</a> par match pour la FFR.</p>
<p>Enfin, la RFU domine légèrement la FFR en matière de sponsoring et de médias, avec respectivement 66,8 millions de livres sterling (78,2 millions d’euros) et 71,2 millions d’euros. Derniers paramètres du crunch économique : les sponsors et équipementiers. Le sponsor maillot du XV de la Rose est le réseau de télécommunications O<sub>2</sub>, partenaire depuis 1996, avec sur le dernier contrat conclu pour la période 2021-2026, une participation financière à parts égales pour les équipes masculines et féminines de rugby de l’Angleterre, qui se monte <a href="https://dicodusport.fr/blog/sponsor-principal-xv-de-la-rose-prolonge-son-contrat-avec-innovation-a-la-cle/">à 7,5 millions livres sterling par an</a> (8,8 millions d’euros). Pour le XV de France, le sponsor maillot est depuis 2018 Altrad, avec un contrat de <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/rugby/equipe-de-france/rugby-altrad-devient-sponsor-maillot-des-equipes-de-france-pour-deux-ans-et-demi-584b4282-c019-11ee-9812-c8f10941541a">9 millions d’euros par an de 2023 à 2028</a>.</p>
<p>Côté équipementier, l’Angleterre a signé avec Umbro (depuis septembre 2020, pour un contrat de 4 ans à <a href="https://sportune.20minutes.fr/marketing/rugby-umbro-va-habiller-le-xv-de-la-rose-les-details-du-contrat-234381">22,8 millions de livres sterling</a> (26,7 millions d’euros) et l’équipe de France avec Le Coq sportif (de <a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjcuvnQzPGEAxVPgv0HHee4Ck4QFnoECBMQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.sportbuzzbusiness.fr%2Frugby-combien-coute-le-nouveau-maillot-le-coq-sportif-du-xv-de-france-100-fabrique-en-france.html&usg=AOvVaw1TqTjNr50d_CvUr1WsaqVC&opi=89978449">2018 à 2024 pour 3,7 millions d’euros par an</a> et 1,9 million par an pour le rugby amateur).</p>
<p>Au bilan, l’Angleterre domine la France sur le terrain économique. Ce qui ne se reflètera bien entendu pas forcément sur l’issue d’une rencontre qui, quel que soit le résultat, reste à part dans le monde du rugby et du sport.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225921/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le nom donné à la rencontre entre la France et l’Angleterre, ce samedi 16 mars en clôture du Tournoi des six nations, revêt une dimension socio-culturel mais aussi marketing.Laurent Gautier, Professeur des Universités en linguistique allemande et appliquée, Université de Bourgogne – UBFCFlorian Koch, Maitre de conférences, UFR Langues et communication, Université de Bourgogne – UBFCMatthieu Llorca, Maitre de conférences en économie, spécialiste des politiques économiques, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2237752024-03-14T18:59:25Z2024-03-14T18:59:25ZL’e-sport, facteur d’inclusion et d’ascension sociale ?<p>Le jeu vidéo est la plus jeune industrie culturelle, mais aussi la plus importante, avec un marché <a href="https://www.leparisien.fr/economie/le-jeu-video-un-marche-plus-important-que-ceux-du-cinema-et-la-musique-reunis-22-10-2023-O544EA2EZ5AVTCHNL5IJOKY4FM.php">supérieur à ceux de la musique et du cinéma réunis</a>. La professionnalisation de ce divertissement a donné lieu à une nouvelle activité économique : l’e-sport.</p>
<p>Les compétitions internationales de jeux vidéo attirent une audience considérable, que ce soit via le streaming online ou lors d’événements physiques. En France, <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2023-05-19/plus-de-10-millions-de-personnes-pratiquent-ou-regardent-l-e-sport-mais-est-ce-vraiment-un-sport-a12f0d93-5b15-45ff-892e-366b10faa39d">10,8 millions de personnes pratiquent ou regardent l’e-sport</a>, en faisant un <a href="https://theconversation.com/le-jeu-video-counter-strike-un-eldorado-pour-investisseur-193885">secteur prometteur pour les investisseurs</a> et les annonceurs. <a href="https://www.sports.gouv.fr/faire-de-la-france-une-grande-nation-de-l-esport-et-donner-une-nouvelle-impulsion-la-strategie-1639">La France souhaite renforcer sa présence</a> en soutenant l’écosystème national et en créant de nouvelles grandes compétitions.</p>
<p>Cependant, la <a href="https://theconversation.com/le-sport-discipline-populaire-mais-en-crise-214331">pratique de l’e-sport</a> garde une image élitiste et excluante. Le coût et la qualité du matériel nécessaire en font une discipline réservée aux classes sociales les plus élevées – un PC de gamer coûte plusieurs milliers d’euros, sans parler du clavier, du micro, de la caméra… Mais depuis 2020, l’e-sport sur mobile, bien plus accessible, <a href="https://www.weforum.org/agenda/2020/11/gaming-games-consels-xbox-play-station-fun/">a atteint plus de 51 % du marché mondial</a>, dépassant à lui seul tous les autres supports réunis : PC, console, arcade, cloud et réalité virtuelle. Bien qu’<a href="https://afjv.com/news/11292_etude-mediametrie-2023-francais-jeux-video.htm">elles représentent 53 % des pratiquants réguliers de jeux vidéo en France</a>, seulement 10 % des joueurs professionnels sont des femmes, dans un <a href="https://www.lefigaro.fr/sports/autres-sports/e-sport-malgre-le-sexisme-les-femmes-plus-que-jamais-pretes-a-s-imposer-20230704">environnement qui peut parfois s’avérer sexiste</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">CS :GO, LoL, Fortnite : pourquoi il y a si peu de femmes dans l’e-sport ?</span></figcaption>
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<p>Pourtant, dans certains pays en développement, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296323007415">l’e-sport est un moyen de favoriser la diversité</a>, de valoriser les communautés, et de permettre l’ascension sociale. Bien que les ressources et les infrastructures y soient moins importantes, <a href="https://www.esportsearnings.com/countries">neuf des vingt pays qui dominent l’e-sport en termes de revenus sont des pays émergents</a> : la Chine, la Russie, le Brésil, l’Ukraine, la Thaïlande, la Pologne, Taïwan, les Philippines, et la Malaisie. Près de la moitié des revenus mondiaux de l’e-sport proviennent de ces pays émergents. Cet article se focalise sur les pratiques au Brésil et en Inde.</p>
<h2>L’e-sport mobile dans les favelas du Brésil</h2>
<p>Au Brésil, l’accès à Internet est à la fois coûteux et très rudimentaire en périphérie des grandes villes et le matériel informatique coûte plus cher que dans les pays occidentaux avec un salaire minimum proche de 200 euros. Grâce au jeu mobile, le Brésil est le deuxième pays au monde juste après les États-Unis qui a le <a href="https://worldpopulationreview.com/country-rankings/twitch-users-by-country">plus de spectateurs uniques mensuels sur Twitch avec 16,9 millions</a>. Les adolescents des favelas et des quartiers populaires voient dans l’e-sport un moyen de sortir de la pauvreté. Ils forment des communautés de joueurs où ils s’entraident pour progresser et s’efforcent de créer un écosystème favorable dans lequel ils pourront générer des revenus.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Le <a href="https://ff.garena.com/en/">jeu <em>Free Fire</em></a> qui rassemble 71 % des joueurs brésiliens est le <a href="https://sambadigital.com/free-fire-brazils-hottest-video-game/">plus populaire car son fonctionnement ne nécessite qu’un smartphone ordinaire</a> et une connexion Internet stable. Ce jeu de <em>battle royale</em> qui mêle survie et tir selon la mécanique du <em>last man standing</em> (dernier survivant) et qui <a href="https://theconversation.com/fortnite-un-phenomene-economique-social-sportif-et-culturel-124543">ressemble beaucoup à <em>Fortnite</em></a> s’appuie sur une base de <a href="https://afkgaming.com/mobileesports/guide/how-many-fans-does-free-fire-have-in-the-world">plus de 196 millions de joueurs actifs mensuels</a> et 13 millions quotidiens pour concurrencer des jeux puissants sur mobile comme <em>Call of Duty</em> et <em>PUBG</em> (anciennement <em>PlayerUnknown’s Battlegrounds</em>).</p>
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<figcaption><span class="caption">Trailer des championnats du monde de <em>Free Fire</em> 2023.</span></figcaption>
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<p><a href="https://liquipedia.net/freefire/Liga_Brasileira_de_Free_Fire">La ligue professionnelle brésilienne de <em>Free Fire</em></a> est très active et produit de nombreux champions, dont le <a href="https://liquipedia.net/freefire/Nobru">streamer Nobru</a>, vainqueur du championnat du monde en 2019, qui compte <a href="https://www.instagram.com/nobru/">15 millions de followers sur Instagram</a> et <a href="https://www.youtube.com/@NobruTV">autant sur YouTube</a>. Cerol, autre célèbre joueur de <em>Free Fire</em>, a été élu meilleur streamer du pays en 2019. Mais les nouveaux rois de <em>Free Fire</em> sont les membres de <a href="https://loud.gg/">l’équipe brésilienne Loud</a>, qui en plus d’être leader sur Twitch, est le premier collectif e-sport au monde à atteindre le milliard de vues sur YouTube. Cette entreprise qui a connu une croissance fulgurante a été créée par le champion <a href="https://www.linkedin.com/in/brunobcoliveira/">Bruno « PlayHard » Bittencourt</a>, <a href="https://www.linkedin.com/in/jean-ortega-296303118/">Jean Ortega</a>, et <a href="https://www.linkedin.com/in/matthew-h-130990185/">Matthew Ho</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1735314056746013103"}"></div></p>
<p>PlayHard a recruté les meilleurs jeunes joueurs de <em>Free Fire</em> et convaincu les parents et les marques du potentiel de l’e-sport pour développer Loud. PlayHard souhaite favoriser une meilleure visibilité de la population noire sous-représentée parmi les streamers et créateurs de contenus. Il a particulièrement <a href="https://ge.globo.com/esports/valorant/noticia/2023/01/04/c-valorant-loud-entrara-no-cenario-feminino-com-quarteto-ex-b4.ghtml">encouragé les jeunes femmes à devenir pro-gameuses</a>, ayant perçu le fort potentiel commercial de l’e-sport féminin. En 2023, Loud a annoncé la <a href="https://www.meioemensagem.com.br/marketing/organizacoes-esports-inclusao">formation d’une équipe inclusive</a> composée de femmes cisgenres et transgenres, et de personnes non binaires. Loud est aussi à l’initiative de nombreuses actions humanitaires dans les favelas pour fournir du matériel informatique aux enfants et aux jeunes et leur proposer des formations aux nouvelles technologies numériques.</p>
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<figcaption><span class="caption">Au Brésil, l’e-sport détrône le football dans les favelas.</span></figcaption>
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<p>Avec la même vision, <a href="https://www.dazeddigital.com/life-culture/article/60998/1/afrogames-the-worlds-first-favela-e-sports-organisation-brazil">AfroGames est le premier centre d’entraînement pour athlètes e-sport au monde à être basé dans une favela</a>. Dans la zone nord de Rio de Janeiro, des centaines de jeunes vont se former pour devenir streamers et pro-gamers. Exclus de la société et immergés dans un environnement où la criminalité est la norme, ils voient dans l’e-sport un <a href="https://www.dazeddigital.com/life-culture/article/60998/1/afrogames-the-worlds-first-favela-e-sports-organisation-brazil">moyen de gagner leur vie honnêtement et de retrouver espoir dans l’avenir</a>. <a href="https://forbes.com.br/forbes-tech/2023/05/com-foco-em-integrar-jovens-da-periferia-aos-games-afrogames-expande-alem-do-rio/">AfroGames est soutenue par plusieurs marques</a> comme la compagnie aérienne GOL, la boutique de jeux en ligne Nuuvem et le fabriquant de mémoire informatique Kingston. Plusieurs autres associations et académies d’e-sport se sont développées pour détecter et accompagner les meilleurs talents de l’e-sport brésiliens comme <a href="https://loja.fluxo.gg/">Fluxo</a>, <a href="https://neverest.gg/">Neverest</a>, et <a href="https://intz.com.br/">INTZ</a>.</p>
<h2>Le défi de l’inclusion par le jeu vidéo en Inde</h2>
<p>L’Inde est aujourd’hui le <a href="https://economictimes.indiatimes.com/news/economy/indicators/india-becomes-the-most-populated-a-dividend-or-a-damper/articleshow/99619028.cms">pays le plus peuplé du monde</a>, ayant dépassé la Chine en 2022, avec 1,4 milliard d’habitants, dont plus de 370 millions de jeunes entre 10 et 25 ans. L’Inde souffre d’un niveau élevé de pauvreté et d’analphabétisme. <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/31/c-est-une-perte-de-temps-desillusionnes-et-frustres-nombre-d-indiens-quittent-le-marche-du-travail_6139659_3234.html">Le taux de chômage des jeunes dépasse 40 %</a>. Même les titulaires d’un master ont du mal à trouver un emploi et, lorsqu’ils y parviennent, le salaire est très bas, ce qui les empêche de subvenir à leurs besoins. Les taux d’équipement en ordinateurs et consoles sont très faible, mais il y a <a href="https://tech.hindustantimes.com/tech/news/india-to-have-over-800-million-smartphone-users-by-2022-cisco-study-story-nnYnDOiY6nulyiKRaZRsDP.html">800 millions d’utilisateurs de smartphones</a>, ce qui explique que l’e-sport soit essentiellement mobile.</p>
<p>Comme au Brésil, les <a href="https://esportsinsider.com/2023/06/esports-around-the-world-india">jeux de battle royale tels que <em>Free Fire</em>, <em>Fortnite</em> et <em>PUBG Mobile</em>, sont les plus populaires</a>, ainsi que <em>Call of Duty</em>, <em>Valorant</em>, <em>DOTA 2</em> et <em>League of Legends</em>. La pandémie de Covid-19 a stimulé l’usage des smartphones et le recours aux jeux vidéo comme passe-temps. De nombreux jeunes ayant perdu leur job étudiant ont transformé cette épreuve en opportunité en devenant entrepreneurs ou champions d’e-sport. Ainsi, en Inde les <a href="https://www.statista.com/statistics/1263250/india-esports-revenue-by-category/">revenus de l’e-sport ont plus que doublé entre 2021 et 2023</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Free Fire India, la version spécialement conçue pour l’Inde.</span></figcaption>
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<p>L’un des avantages de l’Inde dans le domaine de l’e-sport est que le coût de l’accès à Internet est l’un des plus bas au monde. YouTube y est très puissant avec environ 450 millions d’utilisateurs actifs. En plus des <a href="https://fr.babbel.com/fr/magazine/guide-des-langues-parlees-en-inde">22 langues officielles, plus de 200 langues autochtones</a> et des milliers de dialectes y sont parlés. Les marques souhaitent accéder à des ambassadeurs capables de promouvoir leurs produits dans les principales langues et à travers différentes communautés. Cela rend les streamers et les champions d’e-sports particulièrement intéressants d’un point de vue marketing, car ils peuvent <a href="https://www.game-insiders.com/blog/diversite-et-inclusion-dans-le-marketing-de-jeux-video-quelles-strategies-pour-un-marche-plus-inclusif">générer un taux d’engagement très élevé de manière inclusive</a> en termes de genre, de caste, de religion, et d’origine sociale.</p>
<p>C’est ce que propose <a href="https://www.youtube.com/watch?v=7R4rzPBvlYU">Tushaar Garg, le fondateur et PDG de StreamO</a> et Irony Esports. Expert en marketing sportif, il a travaillé pour plusieurs institutions, dont l’<em>Indian Premier League Cricket</em>, la plus grande ligue sportive d’Inde. En août 2020, il crée StreamO, une entreprise visant à développer de <a href="https://timesofindia.indiatimes.com/blogs/voices/gender-inclusivity-in-the-gaming-sector-for-a-healthy-workplace-culture/">nouveaux espaces de rencontre inclusifs</a> centrés sur le jeu vidéo, à faciliter la formation de communautés de super fans de champions d’e-sport, à aider à monétiser le contenu des créateurs dédiés au jeu vidéo et à connecter les marques avec des publics jeunes ayant un haut niveau d’engagement.</p>
<p><a href="https://www.streamo.media/brands">Ces marques incluent</a> Amazon Prime, Netflix, Hyudai, Intel, Sony, Spotify et Puma. Plus de 5200 youtubeurs travaillent avec StreamO, ce qui représente plus de 100 millions d’abonnés. Grâce à StreamO, les streamers peuvent multiplier leur monétisation entre 10 et 20, selon la taille de leur communauté, ce qui leur permet de devenir eux-mêmes entrepreneurs, de développer leur structure, et d’avoir un impact positif sur la société et l’économie.</p>
<h2>Des modèles à suivre</h2>
<p>Bien que l’e-sport ne soit pas un exemple d’inclusivité en France et plus généralement dans les pays occidentaux, il est remarquable de constater que dans des pays comme le Brésil et l’Inde, des entrepreneurs audacieux utilisent le jeu vidéo comme un levier pour favoriser le développement social et la diversité. Malgré un manque de moyens et une maturité moins élevée, les efforts qui sont menés pour mettre en œuvre ces bonnes pratiques favorisent une société plus juste et plus inclusive dans ce secteur en plein essor.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223775/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oihab Allal-Chérif ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pratique de l’e-sport peut paraître élitiste et excluante. Pourtant, les initiatives inclusives en faveur de la diversité se multiplient, surtout dans les pays émergents.Oihab Allal-Chérif, Business Professor, Neoma Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2227142024-03-13T15:57:07Z2024-03-13T15:57:07ZJeux paralympiques : de la rééducation des blessés de guerre à la célébration de la diversité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/581627/original/file-20240313-30-nmds78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C12%2C1339%2C876&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 1962, la délégation française s’apprête à défiler lors de l’ouverture des Jeux de Stoke Mandeville.</span> <span class="attribution"><span class="source">Fédération française handisport</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Pour la première fois, les Jeux olympiques et paralympiques <a href="https://www.paris2024.org/fr/paris-2024-un-embleme-unique/">ont un seul et unique logo</a>. Toutefois, si, selon les dernières informations sur le sujet, chaque événement devrait avoir sa cérémonie d’ouverture et de clôture, le paralympisme et l’olympisme semblent plus étroitement associés que jamais.</p>
<p>Pourtant cela était loin d’être évident. L’histoire des Jeux paralympiques est complexe, posant la question de la définition du handicap. À partir de Jeux sportifs uniquement organisés pour des personnes blessées de la colonne vertébrale en fauteuil roulant (créés en 1948), ils concernent peu à peu, à partir des années 1970, des personnes ayant d’autres types de déficiences.</p>
<p>La forme retenue pour les épreuves parisiennes de cet été avec 22 parasports (les sports au programme des Jeux paralympiques) résulte d’un long processus <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390#:%7E:text=Les%20premiers%20Jeux%20de%20Stoke,un%20bus%20de%20transport%20adapt%C3%A9">qui commence le 29 juillet 1948</a>, quand est donné à Londres le coup d’envoi de la XIV<sup>e</sup> olympiade. À cette date, le <a href="https://www.dicolympique.fr/guttmann-ludwig-1899-1980-allemagne-grande-bretagne/">neurochirurgien Ludwig Guttmann</a> organise à l’hôpital de Stoke Mandeville tout proche une compétition de tir à l’arc entre 16 blessés de la colonne vertébrale en fauteuil roulant, vétérans de la Seconde Guerre mondiale.</p>
<p>D’origine allemande, Guttmann est l’inventeur de pratiques rééducatives à partir de jeux sportifs. Au fil des années 1950, ses Jeux de Stoke rassemblent de plus en plus de participants et commencent à s’internationaliser. Réservés aux paralysés en fauteuil roulant, ils se tiennent chaque été au sein de l’enceinte hospitalière. En 1952, ils accueillent une délégation néerlandaise, avec 5 compétitions au programme : tir à l’arc, netball, javelot, tennis de table et billard ; la natation fait l’objet de démonstrations. En 1953, des <a href="https://hal.science/hal-01681465">Français, Australiens, Canadiens, Finlandais, Israéliens et Sud-Africains rejoignent l’événement</a>.</p>
<p>Ces Jeux de Stoke continuent de s’inscrire dans une logique rééducative et Guttmann organise à cette occasion un congrès médical annuel <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390">sur les avancées dans le traitement des blessés de la colonne vertébrale</a>.</p>
<h2>Logique médicale persistante</h2>
<p>C’est leur délocalisation à Rome en 1960, dans la foulée des JO, qui va partiellement changer la donne. Si la dimension sportive s’affirme davantage, ils restent inscrits dans l’univers de la rééducation des blessés de la colonne vertébrale. Cette délocalisation est rendue possible grâce aux liens entre Ludwig Guttmann et Antonio Maglio, un confrère italien qui a fondé un centre de rééducation pour paraplégiques proche de la capitale italienne. 400 sportifs, tous en fauteuil, originaires de 23 pays, concourent dans huit disciplines. Bénéficiant des infrastructures olympiques, ils quittent l’univers hospitalier, mais restent encadrés par une logique médicale. En témoignent les ministres venus soutenir les sportifs. Ces « Jeux para-olympiques » s’ouvrent en présence du ministre de la santé italien mais sans le ministre des sports. Ce sera la même chose quatre ans plus tard à Tokyo. Reste qu’une dynamique est alors enclenchée : elle aboutira en 1989 à la création du Comité international paralympique (CIP).</p>
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<p>Les Jeux paralympiques désignent alors un événement reconnu par le CIO impliquant des athlètes ayant divers types d’incapacités (en réalité « capable autrement »). Le para ne signifie plus « pour les paralysés », <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1466424007077348">mais « parallèles » aux Jeux olympiques</a>.</p>
<p>Mais avant d’en arriver là, bien des querelles devront être dépassées.</p>
<h2>Dynamique compétitive</h2>
<p>En effet, dans les années 60, des voix s’élèvent en faveur de l’ouverture aux amputés et aux aveugles, ce que désapprouve la fédération de Stoke qui reste centrée sur le sport en fauteuil roulant des personnes blessées de la colonne vertébrale. En 1964 à Tokyo, une rencontre sportive « tous handicaps » a lieu, en marge des Jeux para-olympiques, pour les non paralysés. En 1968, les Jeux para-olympiques ont lieu à Tel-Aviv et restent encore réservés aux seuls paralysés en fauteuil. Cependant, peu à peu l’objectif initial de rééducation cède la place au désir de se rapprocher du schéma compétitif olympique et de l’image du champion.</p>
<p>Bien que Guttmann soit opposé à cette perspective compétitive pour tous les types de déficience, l’objectif des athlètes et de certaines fédérations nationales – dont la France – s’oriente inexorablement vers la mise à distance de la tutelle médicale afin de se rapprocher de l’univers sportif et de ses instances nationales et internationales.</p>
<h2>Rapprochements progressifs</h2>
<p>Les années 1970 confirment ce basculement, les compétitions accueillant progressivement de nouveaux types de déficiences en catégorisant les athlètes selon leurs capacités.</p>
<p>Il s’agit de permettre leur participation, tout en assurant l’égalité des chances et la logique compétitive du sport. Ainsi, l’intégration de nouveaux sportifs dotés de caractéristiques spécifiques implique une réflexion sur la mise en place de classifications fonctionnelles au regard de leurs capacités et de l’incidence qu’elles ont sur leurs performances.</p>
<p>En 1972, lors des Jeux paralympiques de Heidelberg (les JO se déroulent à Munich), les déficients visuels sont autorisés à participer <a href="https://www.handisport.org/les-29-sports/goalball/">à des épreuves d’exhibition en goalball</a> et au 100 mètres sprint. Parallèlement, des amputés entrent sur le stade pour manifester leur mécontentement, comme le rappelle feu <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09523367.2014.931842">l’entraîneur d’athlétisme Christian Paillard</a> de la fédération française : « Qu’est-ce que je vois arriver ? Des amputés avec de grandes banderoles ! Ils ont fait un sit-in sur la piste en disant : « Nous aussi, on veut participer aux Jeux ! »</p>
<p>Il faudra attendre quatre années supplémentaires et les Jeux de Toronto en 1976 pour qu’amputés et déficients visuels soient officiellement autorisés à concourir. Soucieuse de visibilité, chaque catégorie de handicap fonde sa propre fédération internationale et en 1982, un comité (ICC) est créé pour les coordonner et opérer un rapprochement avec le Comité international olympique (CIO).</p>
<p>Aux JO de Los Angeles en 1984, des épreuves en fauteuil hors compétition figurent au programme, dans le but de promouvoir le sport pour handicapés. Cette première représentation des pratiques paralympiques lors des Jeux olympiques provoque la colère des amputés qui se sentent exclus. Elle fait planer un risque de scission sur le mouvement.</p>
<p>Malgré une situation de crise, les Jeux paralympiques sont maintenus en 1984, mais ils scindés en deux : les sportifs en fauteuils concourent à New York, et tous les autres à Stoke. En 1986, deux fédérations internationales s’agrègent au mouvement : celle des sportifs sourds et celles pour les sportifs ayant des déficiences intellectuelles.</p>
<p>Plus de deux décennies après Tokyo (1964), les Jeux de Séoul (1988) sont l’occasion de réunir de nouveau les JO et les Jeux paralympiques sur un même site. Du jamais vu depuis 1964.</p>
<p>En 1989, la création du Comité international paralympique (CIP) achève l’alignement sur l’olympisme et la projection vers un événement unique organisé en partenariat avec le CIO : les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) se tiendront désormais obligatoirement sur le même site. Cette obligation ne sera finalement appliquée qu’à partir de 1996 à Atlanta, les Jeux paralympiques de 1992 se déroulant à la fois à Barcelone (pour les déficients physiques) et à Madrid (pour les déficients intellectuels), alors que les JO se tenaient à Barcelone.</p>
<h2>Un désir de pratiquer comme les autres</h2>
<p>Le mouvement d’intégration n’est pourtant pas achevé et reste un motif de tensions. En 1995, la fédération des sportifs sourds fait le choix de se retirer pour préférer une pratique entre personnes sourdes affirmant leur culture singulière, ou, pour les plus performantes, au sein des JO. Les sourds n’ont finalement jamais participé aux Jeux paralympiques.</p>
<p>Parallèlement, si des déficients intellectuels intègrent pour la première fois les épreuves paralympiques en 1992, leur participation n’est pas sans poser problème. Lors du tournoi de basket-ball de Sydney (2000), il s’avère que plusieurs joueurs de l’équipe espagnole ayant remporté le tournoi <a href="https://www.liberation.fr/sports/2000/11/25/de-faux-handicapes-pour-de-vraies-medailles_345658/">n’ont en réalité pas de déficience cognitive</a>. La médaille d’or est restituée et, ne sachant pas comment assurer une sélection fiable de ce type de sportifs, le CIP suspend leur participation. Il faudra attendre Londres (2012) pour qu’ils soient réintégrés.</p>
<p>Le désir de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=tuAPPeRg3Nw">pratiquer « comme les autres »</a> produit une force agrégative qui conduit peu à peu à rompre le lien avec le monde médical. L’aspiration à la norme oblige, paradoxalement, à inventer des épreuves adaptées dans lesquelles chacun peut mettre en valeur ses capacités.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222714/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Au cours des quinze dernières années, Sylvain Ferez a reçu des financements de l'ANR, l'ANRS, Sidaction, la Fondation de France, l'IReSP, la CNSA, la Fondation des maladies rares, l'Association Grégory Lemarchal et la Fédération Française Handisport pour mener ses travaux de recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Dans les 20 dernières années, RUFFIE Sébastien a reçu des financements de la Fondation Maladies Rares, de la CNSA, DRESS/MIRE, de l'ANR, de l'ANRS et de la Fédération Française Handisport afin de mener ses travaux de recherche. </span></em></p>L’histoire des Jeux paralympiques est complexe, et pose la question de la définition du handicap.Sylvain Ferez, Maître de conférences (HDR), sociologie, Université de MontpellierSébastien Ruffie, Professeur des Universités en sciences sociales, Université des AntillesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2251102024-03-06T16:12:05Z2024-03-06T16:12:05ZLes JO, Mondiaux de football et consorts boostent-ils le tourisme ? Pas forcément…<p>Cela fait un sujet de dispute en moins. En maintenant cet été les <a href="https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/paris-2024/paris-2024-les-bouquinistes-sont-heureux-et-soulages-de-pouvoir-rester-sur-les-quais-de-seine_6364039.html">bouquinistes de Paris sur les quais de Seine</a>, le gouvernement français a clos une des nombreuses polémiques liées à l’organisation des Jeux olympiques à Paris.</p>
<p>À moins de six mois de l’événement, les Parisiens continuent toutefois de se plaindre de <a href="https://www.ouest-france.fr/jeux-olympiques/cest-aberrant-ce-maire-vient-dapprendre-que-sa-ville-accueillera-les-jeux-de-paris-ab1fa968-cfd1-11ee-89c0-6cefac77e04a">l’absence de consultation de la population locale</a>, des <a href="https://www.lefigaro.fr/actualite-france/transport-et-jo-2024-la-crainte-du-grand-embouteillage-reste-tres-presente-20231208">prévisions d’embouteillages</a>, de la fermeture de certaines stations de métro et de l’implantation renforcée de caméras de surveillance… Est-ce une manifestation supplémentaire de l’esprit frondeur des habitants de la capitale française ? Ou ces critiques sont-elles fondées ? Au-delà des Parisiens, la capitale française étant une destination prisée, que sait-on de l’impact de l’organisation des événements sportifs internationaux sur la fréquentation touristique ?</p>
<p>Quant à l’effet de l’accueil d’événements sportifs à grande échelle sur les visites touristiques, l’impact global doit prendre en compte deux effets qui peuvent être contradictoires. Même s’ils peuvent avoir un impact positif sur le nombre de visiteurs, ils peuvent aussi avoir des conséquences négatives si les touristes « réguliers » boudent soudain cette destination en raison de l’événement.</p>
<p>Cela peut être dû aux infrastructures surchargées, à la forte augmentation des coûts d’hébergement et aux inconvénients liés à la surpopulation ou à des visiteurs bruyants et/ou violents. En outre, les reportages sur la pauvreté ou la criminalité dans les médias mondiaux peuvent rendre certaines destinations beaucoup moins attrayantes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une vue de la tour Eiffel avec les anneaux olympiques ajoutés au premier plan" src="https://images.theconversation.com/files/579903/original/file-20240305-30-y8m8w6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579903/original/file-20240305-30-y8m8w6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579903/original/file-20240305-30-y8m8w6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579903/original/file-20240305-30-y8m8w6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579903/original/file-20240305-30-y8m8w6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579903/original/file-20240305-30-y8m8w6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579903/original/file-20240305-30-y8m8w6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les villes hôtes doivent généralement franchir de nombreuses étapes avant de pouvoir commencer à profiter des retombées d’événements sportifs de grande envergure tels que les Jeux olympiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Peter Skitterians/Pixabay</span></span>
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</figure>
<p>Dans un <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/15270025231206393">article</a> publié récemment dans le <em>Journal of Sports Economics</em> avec Igor Drapkin et Ilya Zverev, nous avons évalué les effets de l’organisation d’événements sportifs à grande échelle, tels que les Jeux olympiques d’hiver et d’été et les Coupes du monde de la FIFA, sur la venue de touristes internationaux. Nous utilisons un ensemble complet de données sur les flux de touristes couvrant les plus grands pays de destination et d’origine du monde entre 1995 et 2019.</p>
<h2>Des effets contrastés</h2>
<p>Dans un premier temps, nous avons construit un modèle économétrique qui prédit efficacement le flux de touristes entre n’importe quelle paire de pays dans nos données. Nous avons ensuite comparé les flux touristiques prédits dans un scénario hypothétique où aucun événement sportif de grande envergure n’aurait eu lieu avec les chiffres réels.</p>
<p>Si les chiffres réels dépassent les prévisions, nous considérons que l’événement a un impact positif net. Dans le cas contraire, nous considérons qu’il a eu un effet d’éviction sur les touristes « réguliers ». Dans le cadre de cette analyse, nous avons fait la distinction entre le court terme (c’est-à-dire l’année de l’événement) et le moyen terme (l’année de l’événement et les trois années suivantes).</p>
<p>Nos résultats montrent que les effets des événements sportifs de grande envergure varient considérablement d’un pays hôte à un autre : les coupes du monde de 2002 au Japon et en Corée du Sud et de 2010 en Afrique du Sud ont donné lieu à une nette augmentation des arrivées de touristes, alors que toutes les autres éditions ont eu un effet neutre ou négatif.</p>
<p>En ce qui concerne les Jeux olympiques d’été, les Jeux de 2008 à Pékin sont les seuls à avoir un effet positif significatif sur les arrivées de touristes dans le pays. Les effets des quatre autres événements (Sydney 2000, Athènes 2004, Londres 2012 et Rio 2016) se sont révélés négatifs à court et à moyen terme. En ce qui concerne les Jeux olympiques d’hiver, le seul cas positif est celui de la Russie en 2014. Les cinq autres événements ont eu un impact négatif, à l’exception de l’effet neutre d’une année pour le Japon en 1998.</p>
<p>À la suite d’événements sportifs de grande envergure, les pays hôtes sont donc généralement moins visités par les touristes. Sur les 18 pays hôtes étudiés, 11 ont vu le nombre de touristes diminuer sur quatre ans et trois n’ont pas connu de changement significatif.</p>
<h2>Un effet incertain pour Paris</h2>
<p>Nos recherches indiquent que l’effet positif de l’organisation d’événements sportifs de grande envergure sur les flux touristiques est, au mieux, modéré. Si de nombreux touristes sont attirés par les Coupes du monde de la FIFA et les Jeux olympiques, l’effet d’éviction des touristes « réguliers » est important et souvent sous-estimé.</p>
<p>Cela signifie que l’afflux des touristes qui viennent assister à un événement tel que les Jeux olympiques dissuade généralement ceux qui seraient venus pour d’autres raisons. Par conséquent, les efforts visant à attirer de nouveaux visiteurs doivent s’accompagner d’efforts visant à retenir ceux qui viennent déjà en temps normal.</p>
<p>Les événements sportifs de grande envergure doivent être considérés comme un élément d’une politique à long terme de promotion d’un territoire auprès des touristes plutôt que comme une solution isolée. Nos recherches ont fait ressortir un élément révélateur. En effet, il est plus facile d’obtenir une augmentation nette des entrées de visiteurs dans les pays qui sont des destinations touristiques moins populaires en temps normal, par exemple, les pays d’Asie ou d’Afrique.</p>
<p>En revanche, les États-Unis et l’Europe, deux destinations traditionnellement très prisées des touristes, ne présentent aucun cas d’effet positif net. En d’autres termes, les événements sportifs de grande envergure organisés en Asie et en Afrique ont contribué à promouvoir leurs pays d’accueil en tant que destinations touristiques, ce qui semble justifier l’investissement initial. À l’inverse, les événements organisés au cours des dernières décennies aux États-Unis et en Europe n’ont guère rapporté, du moins en termes d’afflux de touristes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225110/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les travaux d'Ivan Savin ont reçu le soutien de la Russian Science Foundation (grant number 19-18-00262).</span></em></p>Les grands événements sportifs comme les Jeux olympiques stimulent-ils la fréquentation touristique ? La réponse n’est pas simple car le public amateur de sport peut évincer les visiteurs habituels.Ivan Savin, Associate Professor of Quantitative Analytics, ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2237652024-03-04T11:17:54Z2024-03-04T11:17:54ZComment le sport pratiqué par les étudiants façonne-t-il leur carrière ?<p>Sur les réseaux sociaux professionnels, chaque début de semaine arrive avec son lot de publications de cadres et dirigeants qui vantent leurs performances sportives du week-end. À grand renfort de photos, ils montrent l’endurance (marathon, trail, cyclisme, triathlon…) ou l’agilité (escalade, surf, kite…) dont ils ont fait preuve en pratique libre ou en compétition, comme autant de compétences qu’ils jugent utiles dans le contexte de leur travail. Les mérites du <a href="https://theconversation.com/topics/sport-20624">sport</a> sur la santé physique et mentale ne sont plus à démontrer. Il est devenu aussi un moyen de se développer personnellement et professionnellement.</p>
<p>Alors que l’on pointe parfois une génération rivée à ses écrans, 2600 étudiants d’écoles de commerce nous ont détaillé leur pratique sportive, la manière dont elle a façonné leur <a href="https://theconversation.com/topics/personnalite-46122">personnalité</a> et les <a href="https://theconversation.com/topics/competences-80203">compétences</a> qu’elle leur a permis de développer en lien avec leur <a href="https://theconversation.com/topics/carrieres-32607">projet professionnel</a>. Il s’agissait aussi de comprendre comment le poste occupé dans un sport d’équipe peut permettre d’optimiser ses choix de carrière et son épanouissement au travail. L’étude a été menée par le <a href="https://www.edhec.edu/fr/recherche-et-faculte/centres-et-chaires/edhec-newgen-talent-centre">NewGen Talent Centre</a>, centre d’expertise de l’EDHEC sur les aspirations, comportements et compétences des nouvelles générations de diplômés. Nous y explorons ce qui développe les compétences et façonne la personnalité des jeunes générations pour favoriser leur investissement et épanouissement professionnels.</p>
<h2>Des différences de genre</h2>
<p>Les jeunes générations définissent presque à l’unanimité leur rapport au sport comme un plaisir et comme une pression stimulante. Trois jeunes sur quatre le pratiquent de façon régulière, ce pour se dépasser plus que pour gagner. Ils sont deux tiers à savoir se motiver seuls, sans besoin d’un coach. S’ils préfèrent néanmoins concourir pour un club, c’est notamment pour le lien social.</p>
<p><iframe id="DdtHh" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/DdtHh/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Quelques différences de genre apparaissent dans le rapport que les jeunes générations entretiennent avec le sport : les jeunes femmes s’y adonnent plus encore que les hommes pour se dépasser plutôt que pour gagner. Les hommes exercent de façon plus régulière et concourent plutôt pour un club que pour eux-mêmes.</p>
<h2>Quels sports pour quelles compétences ?</h2>
<p>Pour identifier des compétences clés, les sports ont été regroupés par catégorie selon la façon de les pratiquer : en équipe pour les sports collectifs (football, basketball, rugby…) ; à deux ou en double face-à-face pour les sports de combats ou d’adversaires (tennis, judo, escrime…) ; individuels et évalués sur une mesure physique (temps, distance) pour les sports chronométrés ou mesurés (natation, athlétisme, tir à l’arc…) ; individuels et notés par un jury pour les sports artistiques ou acrobatiques (danse, patinage artistique, plongeon…).</p>
<p>Globalement, les sports individuels, notamment les sports chronométrés ou mesurés, ont été plus structurants pour les femmes et les sports d’opposition ou collectifs pour les hommes. Un étudiant explique :</p>
<blockquote>
<p>« L’esprit d’équipe retrouvé dans le football m’a appris à savoir défendre mes intérêts personnels tout en œuvrant à l’accomplissement d’un collectif. De plus, les notions de dépassement de soi d’un point de vue physique, accompagné à la créativité nécessaire, notamment pour le dribble, m’ont permis d’acquérir des valeurs qui me sont aujourd’hui indispensables. »</p>
</blockquote>
<p><iframe id="PxyKu" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/PxyKu/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le sport semble agir comme catalyseur du développement des compétences en management chez les jeunes diplômés. Résilience, enthousiasme et agilité sont les compétences que les jeunes générations nous indiquent avoir les plus développées quel que soit le sport, des traits recherchés par les recruteurs. Ce trio de compétences est celui que les pratiquants du tennis ont le plus développé. À noter également que 38 % des joueurs de tennis ont renforcé leur pensée critique</p>
<p>Le football renforce avant tout les qualités collaboratives pour 83 % des joueurs et la fiabilité pour près de la moitié des pratiquants. Quant à la danse, elle développe l’attention aux détails de 80 % des adeptes et la précieuse créativité de 55 % d’entre eux.</p>
<p><iframe id="o7SKj" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/o7SKj/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Selon les étudiants, si tous les sports développent enthousiasme et agilité, chaque type de sports est plus particulièrement propice à l’acquisition de certaines compétences en particulier.</p>
<p><iframe id="lV9f0" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/lV9f0/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<h2>Quel positionnement sur le terrain ?</h2>
<p>En imaginant, l’entreprise comme un sport d’équipe, 32 % des répondants se projettent dans le rôle de capitaine, 27 % dans le rôle d’entraîneur, 19 % seraient attaquant, 14 % défenseur et 8 % arbitre.</p>
<p>Pour mieux comprendre les ambitions que sous-entendent ces choix, il leur a aussi été demandé de s’identifier selon trois profils d’ambition professionnelle issus d’une <a href="https://www.edhec.edu/sites/default/files/2022-10/ETUDE_NEWGEN-Newgen_newjob_rapport_detude-Mars2022.pdf">étude précédente</a>. Le premier, les compétiteurs, est centré sur le développement ambitieux de sa carrière, motivé par la perspective d’un poste de dirigeant, une responsabilité hiérarchique et une rémunération attractive. Le second, les engagés, est orienté sur les enjeux du monde, motivé par l’intérêt général, la culture et les valeurs de l’entreprise, l’utilité de sa mission. Le dernier profil est animé de l’envie d’innover, motivé par le challenge, la liberté d’action, l’autonomie dans les missions confiées et la conduite de projets. Il s’agit des entrepreneurs.</p>
<p>En fonction de leur genre et de leurs profils d’ambition, les étudiants se positionnent ainsi :</p>
<p><iframe id="fu059" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/fu059/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223765/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Par les compétences qu’il permet de développer, le sport que vous pratiquez entre aussi en interaction avec vos aspirations professionnelles.Geneviève Houriet Segard, Docteur en démographie économique, Directrice adjointe et ingénieur de recherche à l’EDHEC NewGen Talent Centre, EDHEC Business SchoolManuelle Malot, Directrice Carrières et NewGen Talent Centre, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2190322024-02-28T15:45:30Z2024-02-28T15:45:30ZJeux olympiques et sports freestyle : je t’aime… moi non plus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/578558/original/file-20240228-30-qobf8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C26%2C5973%2C3961&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, des passionnés de glisse toujours plus nombreux.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/jeune-patineur-faisant-ollie-stunt-sur-rampe-dans-skate-park-5159250/">Budgeron Bach / pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Tirant ses origines du surf et du skateboard nés de la <a href="https://www.decitre.fr/livres/la-contre-culture-9782862606972.html">contre-culture américaine des années 1960</a>, le <a href="https://www-cairn-info.eu1.proxy.openathens.net/reveil-du-sport-citoyen-des-valeurs-en-partage--9791031201375-page-57.htm"><em>freestyle</em></a> est une <a href="https://www.cairn.info/revue-corps-dilecta-2007-1-page-67.htm">pratique sportive protéiforme aux valeurs alternatives</a> qui s’applique aujourd’hui à de nombreuses activités plus conventionnelles (football, canoë-kayak, <em>etc</em>.). Le phénomène est étonnant en raison du caractère libre, créatif et anti-compétition du <em>freestyle</em>, jadis souvent décrié comme incontrôlable et dangereux par les mêmes structures fédérales qui désormais cherchent à l’intégrer afin de redynamiser leurs sports. </p>
<p>Ainsi le surf, le skateboard, le BMX ou encore le <em>breaking</em> seront représentés aux <a href="https://www.paris2024.org/fr/sports-olympiques/">Jeux olympiques de Paris 2024</a>, et ce au grand désarroi d’une partie de la communauté <em>freestyle</em> qui <a href="https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/skateboard/paris-2024-pourquoi-l-entree-du-skateboard-aux-jo-n-est-pas-une-affaire-qui-roule-pour-les-amateurs_5645102.html">s’inquiète pour sa culture</a> menacée d’être dévoyée par les politiques fédérales. L’intégration du <em>freestyle</em> aux JO demeure donc un <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0038038511413427">processus social contesté</a>.</p>
<h2>Des pratiques sportives traditionnelles bouleversées</h2>
<p>Depuis les années 2000, le sport institutionnel français voit son attractivité s’essouffler. <a href="https://www.agencedusport.fr/sites/default/files/2022-05/220509_Etude_besoins_attentes_acteurs_sport_VF.pdf">Dans une étude de 2022</a>, le <a href="https://cdes.fr/">CDES</a> constate un plafonnement du nombre de licenciés et une désinstitutionnalisation des pratiques qui se sont accélérés depuis la crise sanitaire. Le modèle traditionnel d’une monopratique axée sur la compétition et encadrée est mis à mal par les sportifs hédonistes. Conséquence : le monde fédéral a perdu 70 000 licenciés en 2018 ; la tendance s’est confirmée en 2020 (-7 % de licences).</p>
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<p>Parallèlement, les sports autonomes, hors compétition et en pleine nature se démocratisent. L’après-Covid a vu se multiplier le nombre de surfeurs (environ 1 million en France) et de skateboarders (entre 1 et 2 millions). En 2022, <a href="https://injep.fr/wp-content/uploads/2023/10/Chiffres-cles-sport-2023.pdf">49 % des collégiens déclaraient faire du skateboard, du roller ou de la trottinette</a> contre, par exemple, 41 % pour le Tennis. Selon l’<a href="https://injep.fr/">Injep</a>, la glisse urbaine figure dans le Top 5 des activités les plus prisées des jeunes.</p>
<p>Mais si les sports dits <em>freestyle</em> se sont popularisés, <a href="https://injep.fr/donnee/recensement-des-licences-et-clubs-sportifs-2022/">leurs fédérations ne semblent pas en avoir pleinement profité</a>. Étonnamment, la Fédération française de roller skating n’a connu une hausse de ses licenciés que de 3,8 % depuis 2016 (63 231 en 2022) et ne représente que 2,86 % des licenciés en sports individuels, loin derrière le golf et la natation. La division skateboard ne rassemblerait qu’environ 3 000 licenciés et 150 clubs alors que la France compte plus de 2 500 skateparks et que la <a href="https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/skate-a-bordeaux-la-ville-est-passee-d-une-politique-repressive-a-une-politique-bienveillante-11636864.php">ville de Bordeaux rassemble à elle seule environ 35 000 skateurs</a>. De son côté, la Fédération française de surf a connu une baisse de -15,1 % de ses licenciés (14 947 en 2022) alors que l’ensemble des fédérations des sports de nature ont enregistré une baisse de seulement -1,7 %. Le surf ne représente que 0,74 % des licenciés en sports nature… Mais donc quelles sont les raisons d’un si faible encadrement fédéral du freestyle ?</p>
<h2>Le freestyle : une révolution culturelle</h2>
<p><a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006547532">L’établissement et le respect d’un code réglementaire</a> sont l’essence même du sport fédéral. Car sans règle, il ne peut y avoir ni d’enjeu sportif, ni de classement, de record, de victoire ou de défaite. Selon le sociologue Pierre Parlebas, le <a href="https://www.proquest.com/openview/1fea4de3ab286c2d748456d3b3fc01ce/1">sport concerne des situations motrices codifiées sous forme de compétition et institutionnalisées</a>. Or le <em>freestyle</em> ne se définit pas exclusivement par des activités physiques et encore moins par des règles.</p>
<p>Dans son ouvrage <a href="https://www.decitre.fr/livres/generation-glisse-9782862605357.html"><em>Génération glisse</em></a>, le sociologue Alain Loret date l’origine d’une révolution sportive à partir des années 1950 lorsque certaines communautés, comme les <a href="https://www.cairn.info/revue-communication-et-langages-2018-1-page-43.htm">« surfers vagabonds »</a> de Californie, ont associé à leur pratique physique un désir de marginalisation, de déviance et de contestation sociales. Progressivement, une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/9781405165518.wbeoss230.pub2">nouvelle (contre) culture sportive s’est diffusée avec comme valeurs la créativité, la liberté et la fraternité</a>. L’écrivain <a href="https://www.cairn.info/kerouac-et-la-beat-generation--9782130592952.htm?contenu=presentation">Jack Kerouac</a>, le surfeur rebelle <a href="https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/guethary/sur-le-banc-de-miki-dora-8653515.php">Miki Dora (alias Da Cat)</a> ou encore le skateboarder <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2014/08/15/jay-adams-legende-du-skateboard-est-mort_4472374_3242.html">Jay Adams des Z-Boys</a> incarnent dans le monde entier cette nouvelle vague. En France, Alain Loret évoque le navigateur et écrivain Bernard Moitessier qui refuse de passer la ligne d’arrivée pour remporter la première course autour du monde à la voile en solitaire, préférant « se laisser porter » vers le Pacifique en déclarant « Ils ne comprendront pas. […] sauront-ils sentir que les règles du jeu ont changé peu à peu, que les anciennes ont disparu dans le sillage pour laisser la place à de nouvelles, d’un autre ordre ? » Ainsi, au-delà des innovations techniques et de l’avènement de l’image, le <a href="https://www.cairn.info/sociologie-du-sport--9782715400146.htm"><em>freestyle</em> est né</a> via la recherche de la découverte, du hors-piste, de l’extrême et par la volonté d’opter pour des modèles alternatifs rompant avec le cadre du sport traditionnel.</p>
<h2>Freestyle et olympisme sont-ils compatibles ?</h2>
<p>À l’issue de nombreuses années d’incompréhension et de tensions (suscitées par exemple par le <a href="https://www.lefigaro.fr/bordeaux/bordeaux-la-mairie-ne-veut-plus-interdire-la-pratique-du-skateboard-20230323">détournement de l’espace urbain comme terrain de pratique</a>, le <em>freestyle</em> a acquis une reconnaissance sociale protéiforme (économie, art, mode, médias, <em>etc.</em>). Certains concluront que les <a href="https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Tous-sports/Actualites/2020-une-annee-olympique-pour-les-sports-extremes-outdoor/1091801">JO de 2020</a> en sont la meilleure récompense sociale et économique.</p>
<p>Le combat autour de l’authenticité du <em>freestyle</em> pourrait donc se révéler plus idéologique que réaliste. Pour preuve <a href="https://www.revue-interrogations.org/Pour-une-relecture-historique-des">l’industrie du <em>freestyle</em> n’a pas attendu les JO pour développer la médiatisation, la professionnalisation et la commercialisation de ses</a> <a href="https://www.revue-interrogations.org/Pour-une-relecture-historique-des">pratiques</a> dans <a href="https://www.revue-interrogations.org/Pour-une-relecture-historique-des">les</a> années 1990 à travers de grands évènements comme les <a href="https://www.xgames.com/">X-Games</a>. Dans la foulée, le <a href="https://olympics.com/cio">CIO</a> a logiquement intégré ces pratiques, <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/10/16/jeux-olympiques-de-los-angeles-2028-le-cricket-et-quatre-nouveaux-sports-au-programme_6194769_3242.html">tout comme de nombreux autres sports</a>, pour récupérer l’audience perdue des jeunes générations sur les JO. Dès lors, si le phénomène d’institutionnalisation du <em>freestyle</em> (certes tardif) n’apparaît pas comme une aberration sociale et historique, son originalité vient plutôt de la <a href="https://www.theriderpost.com/disciplines/urban/les-skaters-disent-non-aux-jeux-olympiques/">contestation qu’il provoque</a>.</p>
<p>Deux raisons principales peuvent l’expliquer et témoigner d’une crispation des positions de part et d’autre. Premièrement, le modèle alternatif porté par les <em>freestylers</em>, plus proche d’une philosophie de vie que d’un sport, est difficilement conciliable avec le régime disciplinaire et indifférencié des JO dont la devise est « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble ». Ainsi, nombreux sont ceux qui voient dans les JO la menace d’une normalisation du <em>freestyle</em> au détriment de sa créativité et de sa liberté. La maîtresse de conférences Magali Sizorn s’interroge sur <a href="https://www.cairn.info/revue-panard-2022-2-page-132.htm?contenu=resume">l’avenir du surf, du skateboard et du breaking</a> qui pourraient connaître le même sort que le patinage et la gymnastique jadis uniformisés par des règles fédérales rendant des pratiques plus athlétiques qu’artistiques.</p>
<p><a href="https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Les-raisons-de-la-fronde-des-skateurs-francais-contre-la-federation-de-roller-et-skateboard/1422040">Certains conflits éclatent</a> encore entre la communauté <em>freestyle</em> et certaines fédérations à l’orée des JO Paris 2024 (gestion des entraînements, sélection des riders, port exigé de la tenue officielle, architecture des installations sportives, etc.). Ils révèlent des oppositions sur les valeurs (différenciation versus uniformisation), sur l’exercice des pratiques (expression libre versus critères d’évaluation) ou sur l’objectif final visé (plaisir collectif versus performance individuelle).</p>
<p>Deuxièmement, l’intégration du <em>freestyle</em> aux JO dès la fin des années 1990 s’est réalisée sans considérer ses particularités culturelles. Le snowboard fut inclus comme discipline du ski, le windsurf encadré par la voile et le BMX par le cyclisme. Les instances se voient donc reprocher leur ignorance et leur manque d’écoute aboutissant à l’établissement d’une vision fédérale déconnectée. Comment des pratiques traditionnellement autonomes peuvent-elles être intégrées harmonieusement dans des structures fédérales avec lesquelles des désaccords endémiques persistent à ce jour ?</p>
<p>Si la volonté (nécessaire) de moderniser les JO dans un nouveau contexte socioculturel et économique favorise l’inclusion de nouvelles pratiques, le mariage semble encore compliqué entre une communauté inquiète pour l’avenir de son <em>lifestyle</em> et un monde fédéral qui ne reconnaît pas le <em>freestyle</em> comme une réelle opportunité de réformer en profondeur son modèle pourtant chahuté par de nouveaux acteurs plus agiles et disruptifs sur le marché du sport (comme la <a href="https://www.lesechos.fr/thema/articles/sportech-une-filiere-a-haut-potentiel-dans-les-starting-blocks-1952075">SportTech</a>. L’institutionnalisation du <em>freestyle</em> n’a donc pas fini de susciter les débats autour de l’équilibre délicat à établir entre reconnaissance officielle et intégrité culturelle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219032/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Sébastien Lacam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quelles sont les raisons du faible encadrement fédéral du freestyle en France ?Jean-Sébastien Lacam, Enseignant en Sciences de gestion, ESSCA School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2232442024-02-12T16:08:48Z2024-02-12T16:08:48ZUltra-trail du Mont-Blanc : pourquoi l’appel au boycott a échoué<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/574663/original/file-20240209-26-xv4gn0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C67%2C1995%2C1465&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le nombre de participants à l’édition 2024, prévue à la fin de l’été, a bondi de 34 % par rapport à l’année précédente.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mammaoca2008/5458694967">Flickr/Simona</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le 15 janvier 2024, Kilian Jornet et Zach Miller, deux grands champions d’ultra-trail, discipline de course à pied longue distance dans la nature, appelaient les meilleurs coureurs du monde à boycotter la prochaine édition de l’épreuve du Mont-Blanc, prévue à la fin de l’été. Cet appel, lancé par un <a href="https://jogging-international.net/actualites/kilian-jornet-et-zach-miller-appellent-au-boycott-de-lutmb-mont-blanc-2024/">e-mail</a> adressé à une centaine de coureurs appartenant à l’élite ainsi qu’à des membres de leur encadrement, a enflammé la toile la semaine qui a suivi.</p>
<p>Après avoir reconnu le rôle joué par l’Ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB) dans la reconnaissance mondiale de la discipline, les champions se disent particulièrement inquiets des dérives économiques, environnementales et éthiques de l’épreuve.</p>
<blockquote>
<p>« Il y a une multitude de choses que nous pourrions citer qui nous préoccupent, mais l’essentiel est que nous pensons qu’ils ne se gèrent pas et ne gèrent pas leur(s) évènement(s) d’une manière qui soit dans le meilleur intérêt du sport et de ses pratiquants. »</p>
</blockquote>
<p>La diffusion de ce mail a dans un premier temps provoqué un coup de tonnerre dans l’univers du trail, car elle faisait suite à de nombreux éclairs annonciateurs qui avaient émaillé la presse l’été dernier sous forme de critiques. Ces dernières visaient principalement le <a href="https://piochemag.fr/pas-de-sport-sur-une-planete-morte-lultra-trail-du-mont-blanc-divise-le-monde-du-trail/">gigantisme de l’évènement</a>, le <a href="https://www.lefigaro.fr/sports/autres-sports/l-ultra-trail-du-mont-blanc-un-mythe-a-l-epreuve-des-critiques-20230831">contresens écologique</a> du contrat de sponsoring avec la marque automobile low cost Dacia, ou encore le modèle de gestion mercantile <a href="https://www.outside.fr/hors-serie-utmb-le-sport-business-a-t-il-eu-raison-de-lesprit-trail/">inspiré par la société organisatrice de compétitions d’élite du triathlon IronMan</a>.</p>
<h2>34 % d’inscrits en plus</h2>
<p>De nombreuses réactions ont suivi cette annonce dans la presse et sur les réseaux sociaux, alimentant une véritable controverse et obligeant les organisateurs de cet évènement <a href="https://www.lequipe.fr/Ultra-trail/Actualites/Catherine-poletti-cofondatrice-de-l-utmb-on-est-obliges-de-faire-des-choix-et-des-compromis/1444989">à clarifier leur position</a>. Puis, aussi rapidement que la polémique avait enflé, elle s’est dissipée dans les limbes du massif du Mont-Blanc. Début février, les demandes d’inscriptions pour l’édition 2024 étaient en effet en <a href="https://www.esprit-trail.com/utmb-mont-blanc-2024-34-dinscrits-en-plus-les-elites-au-rendez-vous/">hausse de 34 %</a> par rapport à 2023 et plusieurs grands athlètes de la discipline avaient confirmé leur présence.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1749487956249706736"}"></div></p>
<p>Que s’est-il passé ? Pourquoi cette tentative a-t-elle avorté ? Plusieurs raisons peuvent être invoquées. D’abord, parce qu’il n’est jamais facile de prendre à revers le <a href="https://books.google.fr/books/about/Sports_et_sciences_sociales.html?hl=fr&id=cDoTAQAAIAAJ">système qui organise le sport de haut niveau</a> entre performance, spectacle, médias, partenaires, argent, visibilité et notoriété. En effet, tous les acteurs composant l’univers du trail de compétition (coureurs, organisateurs d’évènements, équipementiers, médias, partenaires, institutions, collectivités territoriales, etc.) restent dépendants financièrement les uns des autres en raison d’intérêts multiples et variés à préserver.</p>
<p>Il n’est donc pas aisé de sortir du sillon dominant et de se priver de la vitrine UTMB à Chamonix, malgré les dysfonctionnements pointés par Kilian Jornet et Zach Miller. D’ailleurs, d’autres champions reconnus se sont montrés plus nuancés et des voix se sont élevées pour condamner le fait que ces deux athlètes profitaient de leur statut pour prendre la course en otage.</p>
<p>Deuxième raison : l’UTMB est devenu aujourd’hui plus qu’une course, plus qu’un évènement sportif. Il s’apparente à un véritable fait social total qui s’est diffusé en dehors de la sphère sportive et intéresse de plus en plus de personnes. La foule compacte présente à chaque départ et à chaque arrivée du premier en apporte la preuve, car il s’agit de ne manquer sous aucun prétexte ces moments, afin d’avoir le sentiment de faire partie du monde.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Foule au départ de l’édition 2013" src="https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’épreuve constitue un levier de retombées touristiques précieux pour la vallée de Chamonix.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Start_UTMB_2013_in_Chamonix-Mont-Blanc.jpg">PaulasBunt/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>L’UTMB est un véritable mythe aujourd’hui, et écorner un mythe fait toujours réagir. En effet, comme nous le montrions dès 2012 dans <a href="https://books.google.fr/books/about/The_North_Face_Ultra_Trail_du_Mont_Blanc.html?id=sdvWMgEACAAJ">l’ouvrage</a> <em>The North Face Ultra-Trail du Mont-Blanc. Un mythe, un territoire, des Hommes</em> (éditions Le Petit Montagnard &Autour du Mont-Blanc), l’épreuve peut être considérée comme un évènement pourvoyeur de rêve pour des milliers de personnes – en plus de constituer un <a href="https://www.cairn.info/une-montagne-dinnovations--9782706126970-page-189.htm">levier de retombées touristiques</a> pour la vallée de Chamonix.</p>
<h2>Culte de la performance</h2>
<p>Enfin, l’UTMB incarne un avatar de la <a href="https://www.cairn.info/l-individu-hypermoderne--9782749203126.htm">société « hypermoderne »</a> bercée par la mondialisation économico-technologique, le culte de la spectacularisation de soi et l’illimitisme consommatoire. Tout le monde s’y retrouve car cet évènement symbolise une société au sein de laquelle chacun cherche à se forger un destin, <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/la_performance_une_nouvelle_ideologie_-9782707144430">à être performant</a> et à concrétiser ses rêves.</p>
<p>L’UTMB est à la fois le produit et le reflet de cette société car cet évènement est en phase avec les attentes identitaires de ces nouveaux conquérants de l’extrême, désireux de s’explorer, de se défier et de <a href="https://www.cairn.info/la-vie-intense--9782746747623.htm">vivre une expérience pour le moins intense</a>. Véritable métaphore de la vie, l’UTMB apparaît comme un moyen de <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/resonance-9782707193162">réenchantement de son existence</a> car cette épreuve en situation limite favorise une résonance à la fois corporelle, sociale et écologique qui génère une vibration existentielle.</p>
<p>Pour les participants, terminer l’UTMB <a href="https://www.editions-orphie.com/guides-et-randonnees-/1180-le-grand-raid-de-la-reunion-une-folle-diagonale-9791029806254.html">comme d’autres courses du même type</a> procure des bénéfices à fort rendement symbolique qui permet d’écrire une page particulièrement valorisante de son histoire personnelle et d’en sortir grandi. Il répond ainsi à une nouvelle façon de se penser dans notre société hypermoderne, comme nous l’avions souligné dans un <a href="https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/10465">article de recherche</a> publié en 2021.</p>
<p>Et pourtant, les raisons d’agir pour obliger les organisateurs à envisager l’avenir de l’UTMB autrement font sens. L’évènement doit-il continuer à attirer toujours plus de concurrents et de public ? La vallée de Chamonix peut-elle accueillir autant de monde sans perdre son âme ?</p>
<p>Ralentir le rythme, diminuer la voilure et faire preuve de davantage de sobriété, en bref trouver un meilleur équilibre entre intérêts économiques, enjeux socioculturels et exigences environnementales, tel est le défi à relever par UTMB Group afin de proposer un événement vraiment éco-responsable qui rassurerait les coureurs et les institutions mais aussi valoriserait durablement le territoire du Mont-Blanc. La puissance publique est ici interpellée puisqu’elle est censée jouer son rôle de régulateur en travaillant à une meilleure acceptabilité sportive, sociale et environnementale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223244/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Bessy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Malgré les prises de position des champions de la discipline, le nombre de participants à la prochaine édition atteint des niveaux records.Olivier Bessy, Professeur émérite, chercheur au laboratoire TREE-UMR-CNRS 6031, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2216732024-02-09T17:48:18Z2024-02-09T17:48:18ZSur fond de guerre, le Qatar orchestre son soft power autour de la cause palestinienne<p>Depuis octobre et l’enclenchement de la <a href="https://legrandcontinent.eu/fr/themes/guerre/la-guerre-de-soukkot/">« guerre de Soukkot »</a> en représailles à l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël, les tarmacs des aéroports de Doha sont au cœur d’un <a href="https://www.lemonde.fr/comprendre-en-3-minutes/video/2023/12/07/israel-hamas-comment-le-qatar-s-est-il-impose-comme-un-interlocuteur-incontournable-comprendre-en-trois-minutes_6204360_6176282.html">intense ballet diplomatique</a>. L’émirat est, en effet, devenu un acteur incontournable dans la gestion des crises régionales.</p>
<p>Ces jours-ci, les projecteurs de son théâtre du <em>soft power</em> sont à nouveau braqués vers l’aéroport Hamad international. L’élite du football asiatique y a défilé depuis le 12 janvier, avec un seul but en tête : soulever la Coupe d’Asie des Nations. Une compétition que le Qatar organise un peu plus d’un an après avoir accueilli la Coupe du monde, et dont il espère, au-delà d’une victoire finale de son équipe nationale (qui affrontera la Jordanie en finale ce samedi), qu’elle lui permettra d’entretenir son rang international.</p>
<h2>Le Hamas à Doha</h2>
<p>L’histoire du <em>soft power</em> qatarien pourrait se résumer aux arrivées sur ses tarmacs. Ces lieux de passage symbolisent la centralité de l’émirat sur l’échiquier moyen-oriental, particulièrement sensible lorsqu’il s’agit de gérer d’épineux dossiers tel celui du conflit israélo-palestinien.</p>
<p>La crise qui s’est ouverte à Gaza offre au Qatar une nouvelle occasion de jouer un rôle crucial. Si issue favorable au sujet des otages israéliens détenus par le Hamas il y a, ce sera probablement grâce à <a href="https://www.iris-france.org/180462-israel-hamas-comment-le-qatar-sest-il-impose-comme-mediateur-du-conflit/">sa médiation</a>.</p>
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<p>Ce caractère central, Doha l’a forgé en se positionnant comme un relais auprès d’acteurs régionaux souvent jugés infréquentables par les puissances occidentales. C’est ainsi qu’une partie de la branche politique du Hamas est <a href="https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-que-va-t-il-advenir-des-dirigeants-du-hamas-installes-au-qatar">officiellement installée dans la capitale</a> depuis 2012. À cette époque, le mouvement palestinien, alors basé à Damas, ne cautionne pas la répression exercée par son protecteur Bachar Al-Assad à l’encontre de sa propre population. Face à cette discorde majeure, son bureau politique <a href="https://www.nytimes.com/2012/01/28/world/middleeast/khaled-meshal-the-leader-of-hamas-vacates-damascus.html">cherche un nouveau point de chute</a>.</p>
<p>Les États-Unis y voient une occasion de renouer discrètement leurs relations avec le Hamas, rompues de manière officielle en 1997, quand Washington l’avait inclus dans sa <a href="https://www.state.gov/foreign-terrorist-organizations/">liste des organisation terroristes</a>. Le tournant de 2012 est pour l’administration américaine une nouvelle occasion à saisir, une aubaine pour instaurer une nouvelle voie d’échanges avec cet acteur incontournable sur l’échiquier palestinien, qui administre pleinement depuis 2007 la bande de Gaza. Aux yeux de Washington, Doha apparaît comme le parfait entremetteur, et les Américains incitent l’émirat à proposer l’hospitalité aux dirigeants palestiniens. Voir ces derniers quitter Damas pour leur autre sponsor, Téhéran, aurait grandement compromis tout canal de discussions.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1715763608787841427"}"></div></p>
<p>Échanger avec le Hamas passe désormais avant tout par l’émirat, où la confrérie des Frères musulmans, persécutée par les différents régimes nationalistes arabes, <a href="https://www.sciencespo.fr/ceri/fr/oir/les-pays-du-golfe-face-la-question-freriste">est influente depuis les années 1960</a>. La diplomatie américaine perçoit le Qatar comme son seul allié en mesure d’exercer ce rôle.</p>
<p>De son côté, Doha considère que la présence sur son sol du Hamas renforce sa capacité à peser davantage dans l’arène internationale. Ce ressort diplomatique est un point crucial dans l’essor d’un <em>soft power</em> à multiples facettes fréquemment présenté comme l’assurance vie d’un émirat de prime abord fragile. Cette stratégie initiée à partir de 1995 à l’issue d’un coup d’État de palais qui amène au pouvoir Hamad ben Khalifa Al-Thani (lequel abdiquera en 2013 au profit de son fils Tamim ben Hamad Al Thani) résulte d’un environnement régional incertain.</p>
<h2>Un rôle clé au cœur du Proche-Orient</h2>
<p>Hamad ben Khalifa Al-Thani a le dessein de garantir la sécurité de son pays en mettant en place un système basé sur l’interdépendance. Son architecture repose sur l’investissement de multiples champs, allant de <a href="https://gfmag.com/country-report/qatar-spending-cash-abroad/">l’entrée au capital de grands groupes</a> à une présence soutenue sur le marché de l’art. La modernisation de son infrastructure gazière et l’exploitation de riches gisements constituent le noyau de sa stratégie.</p>
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<p>Fort de <a href="https://www.lesechos.fr/2017/06/comment-le-petit-qatar-est-devenu-si-riche-si-rapidement-172941">ressources financières rapidement devenues abondantes</a>, le pays cultive des alliances plurielles. Depuis 1995, il accueille de nombreux événements, <a href="https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20210717-afghanistan-des-discussions-%C3%A0-doha-entre-taliban-et-gouvernement-malgr%C3%A9-les-combats">politiques</a> comme <a href="https://journals.openedition.org/emam/3402">sportifs</a>, et <em>Al-Jazeera</em>, son média panarabe, s’affirme dans le même temps comme un moyen privilégié d’offrir à l’opinion arabe une vision de l’actualité régionale conforme aux intérêts de Doha.</p>
<p>Après le 7 octobre dernier, le Qatar propose ses services à Tel-Aviv pour faciliter la libération des centaines d’otages aux mains du mouvement islamiste. Dans un exercice où il excelle, sa diplomatie prend activement part aux négociations d’échanges d’otages et de cessez-le-feu. Elle doit aussi composer avec la stratégie jusqu’au-boutiste d’un premier ministre israélien qui voit dans la poursuite de la guerre la seule condition de sa survie politique et de son immunité judiciaire. Doha et sa posture médiatrice sont à présent <a href="https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20240125-isra%C3%ABl-benjamin-netanyahou-remettrait-en-cause-la-m%C3%A9diation-du-qatar">sous le feu des critiques de Benyamin Nétanyahou</a>.</p>
<h2>Une cérémonie d’ouverture aux sons de la Palestine</h2>
<p>Le 12 janvier dernier, l’ouverture de la Coupe d’Asie à Lusaïl, ville nouvelle située dans le nord de la métropole de Doha, réaffirme une fois de plus l’omniprésence de l’émirat. Ses stades, construits en vue de la Coupe du monde 2022, ont été conçus comme un arsenal, armé pour entretenir ce pilier de son <em>soft power</em> actif.</p>
<p>L’attribution de la Coupe du monde avait pourtant fait jaser, du fait de rumeurs insistantes de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/26/coupe-du-monde-2022-le-qatari-mohamed-ben-hammam-vise-par-un-mandat-d-arret-de-la-justice-francaise_6191047_3224.html">corruption</a> de certains membres de la FIFA ; par la suite, la construction des stades avait mis en lumière le <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/coupe-du-monde/football-coupe-du-monde-2022-6-500-ouvriers-seraient-morts-dans-les-chantiers-au-qatar-7164865">sort inhumain réservé aux ouvriers étrangers</a> travaillant sur les chantiers qatariens ; et l’attention accrue portée au Qatar dans les mois et années précédant la compétition mondiale avait suscité la mise en avant de nombreuses interrogations sur son <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/05/ingerence-etrangere-pourquoi-un-lobbyiste-et-un-specialiste-du-qatar-sont-mis-en-examen-dans-une-affaire-tentaculaire_6192618_3224.html">ingérence</a> dans les affaires de ses partenaires, notamment occidentaux. Des accusations illustrant le fait que l’arme première du Qatar réside dans l’argent.</p>
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<p>Tout cela ne semble pas, pour l’heure, freiner la progression de Doha. Dans un système mondialisé avant tout régi par la norme monétaire, le Qatar l’a bien compris : sa prospérité économique le protège. Un an après une finale de Coupe du monde légendaire, l’émir et Gianni Infantino, le président de la FIFA, aux mêmes places, assistent côte à côte à la cérémonie d’ouverture de la Coupe d’Asie des nations.</p>
<p>Et en ces temps de guerre, à la manière d’<em>Al-Jazeera</em>, le Qatar conçoit à nouveau son événement comme une caisse de résonance de son discours international – en l’occurrence, celui d’un appui complet à la cause palestinienne. L’émirat fête ainsi la Palestine – et cette fois-ci, une sélection palestinienne meurtrie mais qualifiée <a href="https://www.la-croix.com/sport/football-cinq-choses-a-savoir-sur-l-equipe-de-palestine-qui-se-distingue-a-la-coupe-dasie-20240129">est sur le terrain</a>.</p>
<p>Le temps de la cérémonie d’ouverture, la pelouse de l’Iconic Stadium prend des airs d’étendue désertique. Sur les dunes, les acteurs et danseurs entrent en scène pour une évocation de <a href="https://www.imarabe.org/fr/rencontres-debats/kalila-dimna-ou-la-fable-fertile"><em>Kalila et Dimna</em></a>, œuvre littéraire majeure du répertoire indien. Ce faisant, Doha rappelle les âges d’or de grandes civilisations asiatiques, de l’Inde à la Bagdad des Abbassides. Ces multiples livres réunissent des fables ayant pour but d’enseigner l’art de gouverner. Écrits en sanskrit au IV<sup>e</sup> siècle, ces textes ont été par la suite traduits en pehlavi dans la Perse sassanide, puis en arabe sous les Abbassides. <em>Kalila et Dimna</em> intègre ainsi la culture arabe. Par le recours à ces traits artistiques, le Qatar crée du liant entre sociétés asiatiques d’horizons divers.</p>
<p>Place au jeu ; comme la tradition le veut, le capitaine de la sélection du pays hôte entre sur le terrain. Hassan Al-Haydoos salue l’émir, puis rappelle que de coutume il revient au capitaine de la sélection hôte de prêter serment pour lancer le tournoi… mais annonce que pour cette édition extraordinaire il réserve cet honneur à la Palestine et à son capitaine. Sous les vivats du stade, Musab Al-Batat prend le micro et déclame le serment.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1745825395784442101"}"></div></p>
<p>Le symbole est fort : la parole est donnée à la Palestine, qui donne le coup d’envoi de cette Coupe d’Asie. À présent, une voix résonne dans l’enceinte : « Lil-madinat al-salat usaly – Pour la ville de la prière je prie ». Sur ces paroles empruntées à la grande diva libanaise, Fayrouz, la chanteuse qatarienne Dana Al-Mir entonne ce vers de sa célèbre chanson <a href="https://www.imarabe.org/fr/actualites/bibliotheque/2018/jerusalem-zahrat-al-mada-in">« Al-Zaharat al-mada’ïn »</a>, un hommage à Jérusalem, restée pour l’opinion arabe la capitale de la Palestine.</p>
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<p>S’ensuit un chant symbolique de la résistance des femmes palestiniennes, le <em>tarwideh</em>, également appelé <em>al-malulah</em>. Dana Al-Mir est rejointe sur scène par un groupe de femmes sorti de l’ombre, portant l’habit traditionnel palestinien, <em>al-thowb al-falestiny</em>. Rassemblées, elles reprennent en cœur une poésie cryptée visant à déjouer la surveillance de l’ennemi. Forgé par les femmes palestiniennes au cours du XX<sup>e</sup> face aux oppressions successives subies par la société palestinienne, ce genre musical repose sur l’inversion des lettres de la phrase ou du cœur de la dernière lettre de chaque mot. Les paroles interprétées à Lusaïl signifient littéralement : <a href="https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=urLTg-3eImU">« Et je suis pour envoyer avec le vent du nord »</a>. L’emploi de ce vers au sens caché vise à donner une orientation géographique au détenu qui l’entend. Puis les danseuses avancent en rythme vers la sortie. Une chanson retentit pour les accompagner : « Bilady, bilady, bilady, ya ardy, ya ard al-jadoud – Mon pays, mon pays, mon pays, ô ma terre, ô la terre des ancêtres ». L’hymne de la Palestine, « Fedayi », ponctue cette cérémonie d’ouverture imprégnée de géopolitique.</p>
<p>Deux semaines plus tard, le Qatar rencontrera la Palestine en huitième de finale et la vaincra de justesse ; mais au-delà du résultat sportif, la plus grande victoire pour Doha sera probablement l’impact symbolique de la solidarité affichée à cette occasion, comme tout au long de la Coupe d’Asie, par les footballeurs et les autorités du petit émirat à l’égard des Palestiniens. Se voyant comme un leader arabe, le Qatar continue de jouer sur la corde sensible de la cause palestinienne qui, loin des palais, demeure le trait d’union entre sociétés de Casablanca à Bagdad.</p>
<h2>La FIFA sous pression, une fois de plus confrontée à la géopolitique moyen-orientale</h2>
<p>À l’abri des regards, les loges et salons de Doha auront vraisemblablement été des lieux d’échanges poussés. Alors que la Coupe d’Asie touche à sa fin, en coulisses, derrière le prince Ali ben Al-Husseïn, l’influent président de la fédération jordanienne, se rangent douze de ses homologues de pays membres de la Fédération d’Asie de l’Ouest de football. Ils formulent auprès de la FIFA une demande d’exclusion de la fédération israélienne de toute instance du football mondial. Cette requête « choc », <a href="https://news.sky.com/story/amp/israel-faces-calls-for-football-ban-from-nations-in-the-middle-east-but-urges-fifa-not-to-involve-politics-13066461">révélée par <em>Sky News</em></a>, montre que ces États décident de pleinement politiser le football mondial pour tenter de peser sur la situation à Gaza. Comptant en son sein de puissants acteurs, parmi lesquels le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, cette union entend jouer sur leur stature pour accroître la pression sur le gouvernement Nétanhyaou. La FIFA fait face une nouvelle fois à ses contradictions. Vantée comme « apolitique », l’enceinte sportive se révèle, encore une fois, intrinsèquement politique…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221673/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël Le Magoariec a reçu des financements de Fondation de France. </span></em></p>La Coupe d’Asie organisée au Qatar est pour l’émirat un nouveau moment de soft power – spécialement dans le contexte actuel, quand l’ensemble des sociétés arabes a les yeux braqués sur la Palestine.Raphaël Le Magoariec, Géopolitologue, spécialiste des sociétés de la péninsule Arabique et du sport, CITERES-EMAM, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2230562024-02-08T16:56:38Z2024-02-08T16:56:38ZChanger de stade, tout un enjeu pour les clubs sportifs s’ils veulent éviter la grogne des supporters<p>Coup de tonnerre dans le monde du <a href="https://theconversation.com/topics/football-20898">football</a> français. Après plusieurs mois de négociations avec la mairie de Paris concernant un éventuel rachat du Parc des Princes, son résident historique, le <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/football/paris-sg/le-psg-et-le-parc-des-princes-cest-termine-f2707268-c67e-11ee-8011-b976796527e7">Paris Saint-Germain annonce quitter son stade de toujours</a>. Le club, qui souhaitait racheter l’enceinte afin notamment de porter sa capacité de 48 000 à 60 000 places, a vu sa demande rejetée par le Conseil de Paris mardi 6 février et son président Nasser Al-Khelaifi a déclaré à la presse ce jeudi 8 février :</p>
<blockquote>
<p>« C’est fini maintenant, on veut bouger du Parc des Princes. »</p>
</blockquote>
<p>Une déclaration non sans susciter l’émotion des supporters.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1755620691980759150"}"></div></p>
<p>Ce n'est pas non plus sans émotion que les fans du <a href="https://rmcsport.bfmtv.com/basket/jeep-elite/les-emouvants-adieux-du-paris-basket-a-la-halle-carpentier_AV-202402080205.html">Paris Basket</a> ont, cette semaine, dit « au revoir » et « merci ! » à la Halle Carpentier du 13<sup>e</sup> arrondissement, salle qu'ils laissent pour la flambant neuve Adidas Arena, Porte de la Chapelle.</p>
<p>Le choix de quitter une infrastructure n’est pas toujours voulu. Cas récent, le 25 décembre dernier, le complexe Sportica, demeure du BCM Gravelines, club de l’élite nationale de <a href="https://theconversation.com/topics/basket-50855">basketball</a>, était ravagé par les flammes. Tristes fêtes de fin d’année. Les hommages envers ce qui n’était matériellement qu’une <a href="https://theconversation.com/topics/stade-107030">salle de sport</a> ont vite afflué sur la toile, du plus haut sommet de l’État, avec un post sur X d’Amélie Oudéa-Castéra – alors ministre des Sports –, aux anonymes venus afficher leur soutien, habitants de Gravelines, autres clubs sportifs, et même supporters rivaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1739328593027571839"}"></div></p>
<p>Dans tous les cas le mouvement n’est jamais anodin et différentes parties prenantes, supporters en tête, doivent être accompagnées pour que la transition s’opère au mieux.</p>
<h2>« Comme à la maison »</h2>
<p>Ce qui a pu frapper ces dernières semaines dans les messages liés au Sportica et ces dernières heures au Parc des Princes et à la Halle Carpentier est la dimension quasi humaine qui leur est donnée. L’article paru dans <a href="https://www.lequipe.fr/Basket/Article/Incendie-de-sportica-a-gravelines-le-cauchemar-de-noel/1438910"><em>L’Équipe</em></a> le lendemain de l’incendie à Gravelines est assez éloquent : on y lit ainsi, pêle-mêle, des expressions comme « le mal au cœur »,« un état de choc »,« le choc à peine digéré »,« reconstruction »,« surmonter tout ça ».</p>
<p>Il est vrai que ce complexe, inauguré en 1986 était un lieu de vie qui assurait un lien social indéniable dans cette ville de 12 000 habitants située entre Dunkerque et Calais. Cette petite salle de 3 003 places qui devait faire l’objet d’une modernisation et d’un agrandissement à l’horizon 2027 avait accueilli près d’un millier de matches de Pro A, division que le BCM, marque sportive de premier plan dans le Nord, n’a jamais quittée depuis 1988. Un projet de déménagement vers Dunkerque avait été envisagé il y a quelques années mais le projet était « mort dans l’œuf » tant il avait suscité d’émotions chez les amoureux du club, réticents à abandonner le centre-ville de Gravelines.</p>
<p>La <a href="https://www.tutor2u.net/psychology/reference/bowlbys-theory-of-maternal-deprivation">théorie de l’attachement</a>, que nous avons reprise et appliquée au sport dans nos <a href="https://hal.science/tel-03585446/document">travaux</a>, met l’accent sur le lien affectif et durable qui unit l’enfant avec certaines figures. Par extrapolation, les sciences de gestion s’en sont servi pour explorer d’autres contextes plus éloignés, comme les relations qui unissent les consommateurs aux <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2006-3-page-95.htm">biens possédés</a>, aux <a href="https://www.researchgate.net/publication/281474999_L%E2%80%99attachement_a_la_marque_Proposition_d%E2%80%99une_echelle_de_mesure">marques</a> ou encore aux <a href="https://www.researchgate.net/publication/271631149_Creating_consumer_attachment_to_retail_service_firms_through_sense_of_place">lieux de consommation</a>. Plus spécifiquement sur les enceintes sportives, la recherche a montré combien elle contribue à l’<a href="https://www.researchgate.net/publication/288267205_Which_senses_matter_more_The_impact_of_our_senses_on_team_identity_and_team_loyalty">expérience sensorielle</a> des spectateurs et participe à l’identification des individus à l’équipe.</p>
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<p>Les supporters développent un sentiment de fierté et d’attachement au stade ou au gymnase, notamment lorsque celui-ci revêt une <a href="https://www.researchgate.net/publication/327400976_Sport_Fans_The_Psychology_and_Social_Impact_of_Fandom">dimension historique</a>. Certaines personnes considèrent les enceintes sportives comme des <a href="https://www.researchgate.net/publication/283867613_The_Shrines_of_Sport_Sacred_Space_and_the_World%E2%80%99s_Athletic_Venues">lieux sacrés</a> et y entrent de manière quasi religieuse. Le stade n’est pas un lieu comme les autres : c’est le symbole le plus durable d’une équipe ou d’un club et même un repère pour la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0272494408000522">communauté locale</a>. Après tout, ne parle-t-on pas de « match à la maison », de « victoire à domicile » et de « l’avantage de recevoir chez soi » ?</p>
<h2>Déménager, c’est reconstruire une identité</h2>
<p>Construire le lien entre une communauté et un lieu est un processus dynamique : il a un début et une fin. Si l’attachement au lieu se développe lentement, tout peut s’arrêter brutalement et entraîner une longue période pendant laquelle l’individu va essayer de gérer cette perte, de la réparer ou de créer de nouveaux liens d’attachement avec d’autres personnes ou d’autres lieux.</p>
<p>Lorsque le lieu est amené à changer, les réactions sont bien souvent liées aux <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4684-8753-4_13">causes du mouvement</a>. Le déménagement peut être volontaire, auquel cas le changement suit un processus en trois phases. Avant le déménagement, l’individu commence à se détacher de son domicile et des obligations qui lui sont inhérentes. Puis il se projette et essaye d’anticiper et d’établir une connexion avec sa nouvelle résidence. Le déménagement en lui-même est généralement générateur de stress. Une fois celui-ci effectué, l’individu peut éprouver un mal du pays et une manière de se sortir de cet état est de maintenir des liens avec son ancien domicile et de fournir des efforts pour afficher son appartenance à une identité personnelle et collective au nouveau lieu. D’autres déménagements sont subis et suivent d’autres processus dans lesquels il s’agit parfois de gérer un traumatisme.</p>
<p>Tout cela explique pourquoi les supporters se sont souvent montrés réticents à ce que leur club change de stade. Lorsqu’ils y sont contraints, soit en raison d’accidents comme à Gravelines, soit par politique du club comme cela a été le cas, avant peut-être donc le PSG, ces dernières années en football pour l’Olympique lyonnais ou les Girondins de Bordeaux, l’urgence pour les clubs est de trouver des leviers pour créer de l’attachement au nouveau lieu. Nos <a href="https://www.theses.fr/2021TOUR1002">travaux</a> se sont notamment intéressés au déménagement du club de rugby du Racing 92, qui, en 2017, a migré depuis le stade Yves du Manoir de Colombes vers la salle flambant neuve de la Paris la Défense Arena.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1034836770456776706"}"></div></p>
<p>Nous montrions dans pareil cas que la <a href="https://bpifrance-creation.fr/moment-de-vie/comment-ameliorer-valeur-percue-vos-produits-services">valeur perçue</a> du stade, celle qui existe dans l’esprit du consommateur, est un antécédent de l’attachement au lieu. D’où l’importance pour les clubs de bien la soigner en travaillant notamment sur les émotions ressenties lorsqu’on se retrouve dans le stade.</p>
<h2>Construire une continuité</h2>
<p>Comme toute étude de cas, l’exemple du Racing 92 présente des singularités. Le projet de déménager porté par le président Jacky Lorenzetti n’avait pas fait l’objet d’une résistance féroce de la part des supporters. Seuls les <a href="https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/nanterre-92000/a-nanterre-c-est-le-grand-soir-pour-la-u-arena-et-ses-riverains-18-10-2017-7341396.php">riverains</a> de la nouvelle infrastructure montraient une forme d’hostilité.</p>
<p>D’autres projets de relocalisation d’enceinte ont fait l’objet d’études : <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13606719.2011.532600">Arsenal</a>, club londonien de football, qui avait quitté son antre historique d’Highbury pour l’Emirates Stadium en 2006, par exemple, ou, plus récemment, sur le projet de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14660970.2024.2303851">déménagement du club d’Aberdeen vers le quartier de Westhill</a>. Ces études – peu nombreuses dans un contexte européen et quasi inexistantes en France (une étude est en cours sur le processus de déménagement du Stade Brestois 29 du stade Francis le Blé vers l’Arkéa Park à l’horizon 2027) – s’accordent pour dire que la réussite d’un projet de changement de stade passe par l’identification puis l’accompagnement des parties prenantes avant, pendant et après la réalisation du déménagement.</p>
<p>Cet accompagnement passe par des réunions publiques et des visites de chantier en amont, par exemple, mais aussi par des actions marketing concrètes : la commercialisation de produits dérivés à l’effigie des deux enceintes par exemple, ou pourquoi pas, la mise en vente de « reliques ». C’est ce qu’a fait West Ham en 2016, avec des pièces de son stade de Boleyn Ground, situé dans le quartier d’Upton Park et démoli depuis. Certains éléments de l’ancien stade peuvent aussi être incorporés dans le nouveau pour instaurer de la continuité, comme la célèbre horloge d’Highbury qui trône désormais au sommet d’une tribune de l’Emirates Stadium.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223056/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Boissel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Qu’il soit choisi ou contraint, un changement d’enceinte sportive exige pour les clubs un accompagnement de leurs supporters qui peuvent se montrer particulièrement attachés aux lieux.Jérôme Boissel, Professeur Associé et Responsable de la Filière Passion Sport, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2208272024-02-08T16:21:09Z2024-02-08T16:21:09ZLa musculation a des bienfaits insoupçonnés sur la santé, surtout avec l'âge<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568477/original/file-20231222-21-ph8fgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=455%2C14%2C8365%2C5662&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’entraînement musculaire est à peu près aussi efficace que les exercices aérobiques pour tous les aspects importants de la santé, y compris la santé cardiovasculaire.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Tout le monde s’accorde à dire que l’exercice physique est bon pour la santé. Parmi ses nombreux avantages, on peut noter l’amélioration des fonctions cardiaques et cérébrales, la régulation du poids, le ralentissement des effets du vieillissement et la réduction des risques de souffrir de plusieurs <a href="https://perspectivesinmedicine.cshlp.org/content/8/7/a029694">maladies</a> chroniques.</p>
<p>Cependant, on a trop longtemps considéré qu’une façon de se maintenir en forme, par les exercices aérobiques, était supérieure à l’autre, par la musculation, pour favoriser la santé. En réalité, elles sont aussi valables l’une que l’autre et elles peuvent toutes deux nous permettre d’atteindre le même objectif, c’est-à-dire une bonne forme physique générale.</p>
<p>Les exercices aérobiques, tels que la course à pied, la natation et le vélo, sont populaires parce qu’ils sont très bénéfiques. De nombreuses <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1001335">données scientifiques</a> le confirment.</p>
<p>Ce qu’on sait moins, c’est que l’entraînement contre résistance – que ce soit avec des haltères, des appareils d’haltérophilie ou de simples pompes, fentes et tractions – fonctionne à peu près aussi bien que les exercices aérobiques pour tous les aspects importants de la santé, y compris la santé cardiovasculaire.</p>
<p>Les exercices de résistance offrent un autre avantage : le développement de la force et de la puissance, qui devient de plus en plus important <a href="https://doi.org/10.1007/s12603-021-1665-8">avec l’âge</a>.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/843867756" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo sur les différentes formes de musculation et leur efficacité pour améliorer sa force.</span></figcaption>
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<p>Comme mes collègues et moi-même l’expliquons dans un <a href="https://doi.org/10.1249/FIT.0000000000000916">article récemment publié</a> par l’<em>American College of Sports Medicine</em>, le développement et le maintien de la force musculaire permettent de se lever facilement d’une chaise, de préserver son équilibre et sa posture et d’activer son métabolisme.</p>
<p>Alors, si les exercices aérobiques et l’entraînement contre résistance offrent à peu près autant des bienfaits, comment se fait-il que nous voyions tellement plus de coureurs et de cyclistes que d’haltérophiles ?</p>
<p>C’est le fruit d’une combinaison de facteurs tels que le timing, la commercialisation et les stéréotypes.</p>
<h2>La montée de l’aérobique</h2>
<p>La préférence pour les exercices aérobiques remonte à <a href="https://www.cooperinstitute.org/research/ccls">l’étude longitudinale du Cooper Centre</a>, qui a joué un rôle essentiel dans la démonstration de l’efficacité de ce type d’entraînement. Le Dr Ken Cooper a inventé – ou du moins popularisé – le terme avec son livre <a href="https://www.cooperaerobics.com/About/Aerobics.aspx">« Aerobics »</a>, incitant les baby-boomers rivés à leur bureau à faire de l’exercice pour se mettre en forme.</p>
<p>Pendant ce temps, on ne s’intéresse pas à la musculation, en <a href="https://www.cnet.com/health/fitness/does-lifting-weights-make-women-bulky/">particulier chez les femmes</a>, en raison de l’idée erronée qui veut que ce type d’entraînement soit réservé aux hommes qui aspirent à être super musclés. <a href="https://www.britannica.com/biography/Charles-Atlas">Charles Atlas</a>, ça vous dit quelque chose ?</p>
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<img alt="A smiling man holding small blue dumbbells" src="https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les exercices de résistance ne gonflent pas forcément les muscles et ne nécessitent pas de soulever des charges lourdes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Des influences culturelles ont consolidé la prédominance des exercices aérobiques dans le domaine de la forme physique. En 1977, Jim Fixx a popularisé la course à pied et le jogging en publiant <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Complete_Book_of_Running">« Jogging : courir à son rythme pour vivre mieux »</a>. Dans les années 1980, la vidéo <a href="https://www.janefonda.com/shop/fitness-videos/jane-fondas-complete-workout/">« Complete Workout »</a> de Jane Fonda et des émissions d’exercices telles qu’<a href="https://www.imdb.com/title/tt0268895/">« Aerobicize »</a> et <a href="https://www.imdb.com/title/tt0299431/">« 20 Minute Workout »</a> ont contribué à renforcer l’idée que pour s’entraîner, on doit augmenter sa fréquence cardiaque.</p>
<p>Le mot « aérobique », auparavant confiné au lexique de la science et de la médecine, est entré dans la culture populaire à peu près en même temps que les jambières, les survêtements et les bandeaux absorbants. De nombreuses personnes trouvaient logique l’idée que respirer fort et transpirer pendant une longue séance d’exercices vigoureux était le meilleur moyen de se mettre en forme.</p>
<p>Pendant ce temps, la musculation attendait qu’on braque les projecteurs sur elle.</p>
<h2>Reconnaître le mérite des exercices de résistance</h2>
<p>Si l’aérobique est le lièvre, la musculation est la tortue. L’entraînement aux poids et haltères se rapproche maintenant de son rival et se prépare à le dépasser, car les athlètes et les gens ordinaires reconnaissent désormais sa valeur.</p>
<p>La musculation n’est entrée dans les mœurs qu’au cours des 20 dernières années, et ce, même pour les sportifs de haut niveau. Aujourd’hui, elle renforce le corps et prolonge la carrière des joueurs de soccer ou de tennis, des golfeurs et de <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-016-0486-0">bien d’autres sportifs</a>.</p>
<p>L’intérêt croissant pour l’entraînement contre résistance doit beaucoup au <a href="https://www.livestrong.com/article/545200-the-fall-of-fitness/">CrossFit</a>, qui, malgré certaines controverses, a contribué à briser les stéréotypes et à initier de nombreuses personnes, en particulier des femmes, à la pratique de la musculation.</p>
<p>Il est important de savoir que les exercices de résistance ne gonflent pas forcément les muscles et ne nécessitent pas l’utilisation de charges lourdes. Comme l’ont montré les recherches de notre équipe, soulever des poids légers jusqu’au point de défaillance en plusieurs séries procure de <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/japplphysiol.00154.2016">réels bienfaits</a>.</p>
<h2>Force et vieillissement</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="An older couple in sweatshirts using small dumbbells" src="https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La musculation peut aider au maintien de l’autonomie et de la fonctionnalité globale du corps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Les bienfaits de la musculation ne se limitent pas à une amélioration de la force. Elle offre un aspect souvent négligé dans l’entraînement aérobique traditionnel : la capacité d’exercer une force rapidement, ou ce que l’on appelle la puissance. Avec l’âge, les activités de la vie quotidienne telles que se lever, s’asseoir et monter les escaliers demandent <a href="https://doi.org/10.1186/s11556-022-00297-x">plus de force et de puissance</a> que d’endurance cardiovasculaire.</p>
<p>Ainsi, la musculation peut être essentielle au maintien de l’autonomie et de la fonctionnalité globale du corps.</p>
<h2>Revoir le discours sur la mise en forme</h2>
<p>Le but n’est pas d’opposer la musculation à l’exercice aérobique, mais de reconnaître qu’ils se complètent. Il est préférable de pratiquer les deux types d’exercice plutôt que de se contenter d’une seule. L’<a href="https://doi.org/10.1161/CIR.0000000000001189"><em>American Heart Association</em></a> a récemment déclaré que</p>
<blockquote>
<p>« … l’entraînement contre résistance est une approche sûre et efficace pour améliorer la santé cardiovasculaire chez les adultes avec ou sans maladie cardiovasculaire… »</p>
</blockquote>
<p>Il est essentiel d’adopter une position nuancée, en particulier lorsque nous guidons des <a href="https://doi.org/10.1016/j.arr.2021.101368">personnes âgées</a> qui peuvent associer l’exercice physique principalement à la marche et ignorer qu’en négligeant la force et la puissance, elles seront de plus en plus limitées.</p>
<p>L’entraînement contre résistance peut être très varié, il offre un <a href="https://doi.org/10.1016/j.jshs.2023.06.005">éventail d’activités</a> pour répondre aux capacités de chacun.</p>
<p>Il est temps de revoir le discours sur la mise en forme pour faire davantage de place à la musculation. Il ne s’agit pas de la considérer comme un substitut à l’exercice aérobique, mais plutôt comme un élément essentiel d’une approche holistique de la <a href="https://doi.org/10.1249/ESM.0000000000000001">santé et de la longévité</a>.</p>
<p>En éliminant les stéréotypes, en démystifiant la pratique et en prônant l’inclusion, la musculation peut devenir accessible et attrayante pour un vaste public, ce qui conduira à une nouvelle façon de percevoir et de prioriser les avantages de cette forme d’entraînement pour la <a href="https://doi.org/10.1136/bjsports-2021-105061">santé et la forme physique</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220827/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stuart Phillips reçoit des fonds des IRSC, du CRSNG, des NIH américains et de plusieurs bailleurs de fonds industriels. Il est affilié à Exerkine Corporation.</span></em></p>Les exercices aérobiques devraient partager la vedette avec l’haltérophilie en tant que forme d’exercice qui favorise la santé et qui peut être indispensable au fur et à mesure que nous vieillissons.Stuart Phillips, Professor, Kinesiology, Tier 1 Canada Research Chair in Skeletal Muscle Health, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2225662024-02-06T14:38:38Z2024-02-06T14:38:38ZCoupe d’Afrique des nations : les diasporas, une aubaine pour le football africain ?<p>Qui remportera la <a href="https://theconversation.com/topics/coupe-dafrique-des-nations-can-137997">Coupe d’Afrique des nations</a> (CAN) dimanche prochain ? Ce mercredi, en demi-finales, le Nigeria s'est qualifié aux dépens de l’Afrique du Sud, et affrontera en finale le pays organisateur, la Côte d’Ivoire, venue à bout de la République démocratique du Congo.</p>
<p>À l’issue de <a href="https://www.theguardian.com/football/2022/feb/06/senegal-egypt-africa-cup-of-nations-final-match-report">l’édition précédente</a>, en 2022, c’est le capitaine du Sénégal, Kalidou Koulibaly, qui avait soulevé le trophée. En 2019, le capitaine Riyad Mahrez avait mené l’Algérie à la victoire. Aucun de ces deux joueurs n’est né en Afrique. En cas de victoire du Nigeria, le trophée ne serait, une fois de plus, pas soulevé par un natif du continent africain : <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Article/Troost-ekong-capitaine-du-nigeria-a-la-can-la-plus-belle-decision-de-ma-vie/1446178">William Troost-Ekong</a>, l’actuel capitaine des Super Eagles, est né aux Pays-Bas. Sur les <a href="https://www.thecitizen.co.tz/tanzania/news/sports/the-allure-of-the-diaspora-at-afcon-2024-4491490#">630 joueurs</a> convoqués, 200 sont nés en dehors du continent. La carte ci-dessous indique leurs lieux de naissance.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573538/original/file-20240205-25-o9305y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Lieu de naissance hors Afrique des joueurs engagés à la CAN. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le pays non africain qui a vu naître le plus grand nombre de joueurs présents à la CAN est la France, avec 104 joueurs, suivie de l’Espagne avec 24 joueurs, puis du Royaume-Uni avec 15 joueurs. Des natifs de l’Irlande et de l’Arabie saoudite participent aussi au tournoi cette année.</p>
<p>L’équipe nationale marocaine était celle comptant le plus grand nombre de joueurs issus de la <a href="https://theconversation.com/topics/diaspora-72162">diaspora</a> : 18 d’entre eux sont nés hors du pays qu’ils représentaient, alors que seuls 9 membres de l’équipe sont nés dans le pays. La Guinée équatoriale et la République démocratique du Congo comptent, elles, respectivement 17 et 16 joueurs issus de la diaspora.</p>
<h2>Choix du cœur ou de la raison ?</h2>
<p>Une intense bataille visant à attirer les talents se dispute actuellement dans le monde du football. Elle implique souvent la <a href="https://www.migrationpolicy.org/article/international-athletes-world-cup-nationality">naturalisation de footballeurs</a>, qui se retrouvent parfois à jouer pour une équipe nationale alors qu’ils ont déjà joué pour une autre (ce qui est possible depuis 2020, avec toutefois des <a href="https://rmcsport.bfmtv.com/football/fifa-la-nouvelle-regle-pour-les-changements-d-equipe-nationale-a-ete-votee_AV-202009190237.html">restrictions importantes</a>). Certains États effectuent même un <a href="https://www.thenationalnews.com/fifa-world-cup-2022/2022/12/07/every-moroccan-is-moroccan-regraguis-fight-to-include-foreign-born-players-vindicated/">ciblage spécifique</a> de joueurs susceptibles de renforcer leur sélection nationale dans des pays du monde entier.</p>
<p>Le cas de l’Afrique reste cependant bien à part. Il reflète à la fois son passé colonial et l’importance de ses diasporas présentes en de nombreux points du monde. <a href="https://www.theguardian.com/football/2015/sep/12/leicester-city-riyad-mahrez-father-dream-algeria-world-cup">Riyad Mahrez</a>, par exemple, est né à Paris de parents d’origine algérienne et marocaine. La capitale française compte 331 000 Algériens et 254 000 Marocains. Les parents de <a href="https://onefootball.com/en/news/chelsea-defender-koulibaly-explains-choosing-senegal-over-france-35927795">Kalidou Koulibaly</a>, natif de Saint-Dié-des-Vosges, sont tous deux nés au Sénégal ; et les chiffres indiquent qu’il y a plus de 100 000 Sénégalais en France.</p>
<p>Il ne s’agit pas seulement d’une histoire française : l’attaquant nigérian <a href="https://dailypost.ng/2023/02/09/no-regrets-choosing-nigeria-over-england-lookman/">Ademola Lookman</a> est né à Londres ; le Ghanéen <a href="https://www.bbc.co.uk/sport/africa/62549049">Inaki Williams</a> a quasiment toujours vécu à Bilbao et a porté une fois le maillot de la sélection espagnole ; les Marocains <a href="https://blogs.lse.ac.uk/mec/2023/01/16/the-political-dimension-of-moroccos-success-in-the-world-cup/">Sofyan Amrabat et Hakim Ziyech</a> sont passés par les équipes de jeunes des Pays-Bas.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1745694217509458131"}"></div></p>
<p>L’identité personnelle et la dynamique familiale comptent souvent parmi les raisons principales pour lesquelles les joueurs choisissent de représenter les équipes du lieu de naissance de leurs parents plutôt que celles du pays où ils sont nés eux-mêmes. <a href="https://www.irishtimes.com/sport/soccer/2022/12/10/hakim-ziyech-a-magician-at-the-heart-of-moroccan-love-story/">Hakim Ziyech</a>, par exemple, a déclaré :</p>
<blockquote>
<p>« Le choix d’une équipe nationale ne se fait pas avec le cerveau mais avec le cœur. Je me suis toujours senti marocain, même si je suis né aux Pays-Bas. Beaucoup de gens ne comprendront jamais. »</p>
</blockquote>
<p><a href="https://www.goal.com/en-gb/news/inaki-williams-made-right-choice-ghana-over-spain/blt005c8219a89b044e">Inaki Williams</a> a, lui, évoqué l’influence de ses grands-parents :</p>
<blockquote>
<p>« Je n’étais pas sûr de mon choix, mais un voyage au Ghana m’a aidé à comprendre ce que mes grands-parents en pensaient. Tout m’a semblé plus simple en voyant les gens et ma famille m’encourager à devenir un Black Star. »</p>
</blockquote>
<p>Les cyniques affirment que certains de ces joueurs ne sont tout simplement pas assez bons pour être sélectionnés dans l’équipe nationale du pays où ils sont nés. Présenté dans ses jeunes années comme une future star du football anglais alors qu’il impressionnait sous les couleurs d’Arsenal, <a href="https://www.completesports.com/ex-everton-star-ball-iwobi-not-good-enough-to-play-for-toffees/">Alex Iwobi</a>, 27 ans, joue aujourd’hui pour Fulham, équipe de milieu de tableau, et compte 72 sélections avec le Nigeria.</p>
<h2>S’appuyer davantage sur les natifs du continent ?</h2>
<p>D’autres observateurs s’inquiètent néanmoins de l’impact négatif que le recours aux diasporas peut avoir sur le football africain. Pour eux, faire venir des talents d’Europe et d’ailleurs ne serait qu’une stratégie cherchant à obtenir des résultats immédiats au détriment du <a href="https://www.africanews.com/2018/09/11/is-africas-football-talent-finally-coming-back-home-football-planet/">développement à long terme du football sur le continent</a>.</p>
<p>Une telle stratégie peut effectivement porter ses fruits rapidement : lors de la Coupe du monde au Qatar en 2022, le Maroc est devenu la première nation africaine à atteindre les demi-finales du tournoi. Cette performance lui a permis d’obtenir la meilleure place jamais enregistrée par une équipe africaine dans le classement de la FIFA (13<sup>e</sup> place). Le Sénégal se trouve également dans le Top 20 mondial.</p>
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<p>Les performances récentes du Cap-Vert, éliminé aux tirs au but au stade des quarts de finale de la Coupe d’Afrique cette année, ont aussi montré que tout était possible, même pour des nations traditionnellement plus discrètes sur la planète football. L’équipe nationale de ce chapelet de dix îles de l’océan Atlantique, dont la population est inférieure à celle de la ville de Marseille, a terminé en tête d’un groupe difficile comprenant l’Égypte et le Ghana et a éliminé la Mauritanie en huitième de finale. Là aussi, de nombreux binationaux ont été <a href="https://www.flashscore.fr/actualites/football-can-pico-lopez-et-logan-costa-l-irlandais-et-le-toulousain-du-cap-vert-a-la-can-2024/AkwY50Ck/">remarqués et sollicités</a> par la fédération capverdienne.</p>
<p>L’ancien gardien de but du Cameroun et de l’Olympique de Marseille <a href="https://www.lemonde.fr/en/sports/article/2022/11/25/world-cup-2022-the-problem-with-african-football-is-the-leaders_6005649_9.html">Joseph-Antoine Bell</a> ne s’enthousiasme pas outre mesure. Selon lui, la possibilité d’avoir recours à de nombreux joueurs issus de la diaspora rend le travail des dirigeants, des managers et des entraîneurs du continent africain trop facile, ce qui provoquerait une forme de passivité. Il a ajouté que ce phénomène démotiverait les joueurs nés, éduqués et vivant en Afrique.</p>
<p>Bien que la pratique de la sélection de joueurs issus des diasporas semble <a href="https://www.versus.uk.com/articles/diaspora-fc-why-its-time-for-this-generation-to-go-back-to-their-motherlands">s’intensifier</a> (l’impact de la <a href="https://sports-chair.essec.edu/resources/research-reports/sport-and-national-eligibility-criteria-in-the-era-of-globalization">mondialisation</a> se faisant aussi ressentir), quelques pays continuent de s’appuyer fortement sur des joueurs nés et élevés sur le territoire national. L’Égypte, la Namibie et l’Afrique du Sud en sont des exemples. Joseph-Antoine Bell approuverait sans doute, lui qui a déjà appelé l’Afrique à développer des solutions internes en matière d’identification et de développement des talents. Le problème, c’est que cela demande du temps, de l’argent et de la patience – des denrées précieuses dans le football en général, et pas seulement en Afrique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222566/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>De nombreux joueurs des sélections africaines sont nés et ont grandi en Europe. Leur choix d’évoluer pour une nation africaine est-il un signe positif pour le football africain ?Simon Chadwick, Professor of Sport and Geopolitical Economy, SKEMA Business SchoolPaul Widdop, Associate Professor, Manchester Metropolitan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2224762024-02-05T15:34:07Z2024-02-05T15:34:07ZPlus haut, plus vite : qu’est-ce qui influence l’aérodynamisme du ballon de football ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/573218/original/file-20240203-27-i63qjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3579&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au-delà du talent des joueurs à lancer un ballon, plusieurs facteurs influenceront son vol, à commencer pas ses dimensions, sa pression et sa texture.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Avec <a href="https://www.nfl.com/news/super-bowl-lvii-averages-audience-of-113-million-viewers-fox-sports">113 millions de téléspectateurs et téléspectatrices aux États-Unis</a> et 40 millions d’autres à travers le monde, le Super Bowl est la grand-messe sportive la plus prisée en Amérique du Nord. L’événement de dimanche, avec en sus une <a href="https://www.lapresse.ca/sports/football/2024-01-31/chiefs-de-kansas-city/travis-kelce-remercie-taylor-swift-d-avoir-embarque-dans-le-club.php">idylle sous les projecteurs</a>, s’annonce tout aussi suivi.</p>
<p>Au Canada, la plus récente finale de la Coupe Grey a pour sa part atteint une <a href="https://twitter.com/RDS_RP/status/1726722586816430330">audience record</a> de 3,7 millions de personnes, rivées à leur téléviseur en novembre dernier pour voir la victoire des Alouettes de Montréal.</p>
<p>Les deux ligues n’ont pas la même popularité, tant s’en faut, ni les mêmes règles. Mais il y a une autre différence : bien que similaires en apparence, les fameux ballons ovales présentent, de part et d’autre de la frontière, certaines particularités qui affectent leur aérodynamisme, c’est-à-dire les forces exercées par l’air sur le ballon tout au long de son vol. La conception et les caractéristiques du ballon ont un impact sur l’ampleur de ces forces.</p>
<p>N’en déplaise aux joueurs, malgré leur talent à lancer le ballon le plus loin possible, son aérodynamisme variera non seulement en raison de sa fabrication et du niveau de son gonflement, mais aussi en fonction de plusieurs autres facteurs.</p>
<p>Professeur au Département de génie mécanique de l’École de technologie supérieure, je m’intéresse à la dynamique des fluides expérimentale. J’étudie la physique des écoulements de fluides et certaines applications (par exemple, la propulsion de véhicules aquatiques, les applications aérodynamiques). La dynamique des fluides est un vaste domaine et affecte de nombreux aspects de nos vies. Qu’il s’agisse du flux sanguin dans le cœur, du vol des avions, des magnifiques motifs tourbillonnants de l’atmosphère de Jupiter ou… d’un lancer de football impeccable pour un touché.</p>
<h2>La dimension du ballon a un effet sur la stabilité du vol</h2>
<p>La NFL et la LCF disposent des mêmes <a href="https://cfldb.ca/faq/equipment/#:%7E:text=The%20CFL%20football%20dimensions%20are,to%2028%201%2F2%20inches.">règlements</a> concernant les dimensions du ballon. Celui-ci doit mesurer entre 11 po et 11,25 po de long. Il doit aussi être gonflé à une pression comprise entre 12,5 psi et 13,5 psi, ce qui doit lui conférer une circonférence maximale allant de 28 po à 28,5 po pour ce qui est de sa longueur, et de 21 po à 21,25 po pour sa largeur.</p>
<p>Ces dimensions ont leur importance. Le ballon de football agit, en fait, comme un gyroscope. Plus la vitesse de rotation est élevée, plus le ballon sera stable pendant son vol. Des dimensions différentes peuvent donc avoir un certain effet sur la stabilité du vol du ballon.</p>
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<img alt="Un joueur de football américain attrape un ballon en plein vol sur un terrain" src="https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La dimension du ballon de football a son importance. Le ballon agit comme un gyroscope. Plus la vitesse de rotation est élevée, plus le ballon sera stable pendant son vol..</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Une circonférence plus grande suggère qu’une plus grande partie de la masse du ballon est éloignée de sa ligne centrale. Cela signifie qu’il a un moment d’inertie (résistance à la rotation) plus élevé et, donc, que la même force appliquée pour le faire tourner entraînera une vitesse de rotation plus faible.</p>
<h2>Deux bandes et un lacet qui font une différence</h2>
<p>On trouve deux bandes blanches sur le ballon canadien, en plus d’un lacet : le règlement américain ne prévoit rien à ce propos.</p>
<p>Ces différences entre les ballons canadien et américain ont un effet sur sa traînée. Une force de traînée est la résistance qui s’oppose à un objet en mouvement dans un fluide. Dans ce cas-ci, il s’agit principalement de la résistance entraînée par l’air (qui est un fluide), qu’on appelle la traînée de forme ou de pression.</p>
<p>Prenons l’exemple d’une balle de golf. Ses alvéoles favorisent les turbulences, qui permettent au flux d’air de rester collé à la balle et d’en réduire la traînée totale. Moins de traînées signifie que la balle pourrait voler plus loin pour la même force appliquée.</p>
<p>Les lacets d’un ballon de football et toute autre modification importante de sa surface (un logo, une valve), en combinaison avec la rotation du ballon, auront le même effet dans une certaine mesure. Il serait intéressant d’étudier en quoi <a href="https://www.engineering.com/story/the-aerodynamics-of-a-football">ces différences</a> entre les ballons de football de la NFL et de la LCF affectent leur traînée respective.</p>
<h2>NFL ou LCF, quel ballon est meilleur ?</h2>
<p>Pour ce faire, nous pourrions, dans une soufflerie (une installation expérimentale sous forme de tunnel avec soufflage d’air contrôlé), simuler le mouvement de l’air (écoulement du fluide) autour des deux ballons qui seraient fixés dans l’espace, puis mis en rotation avec une poussée d’air servant à imiter la vitesse de vol du ballon.</p>
<p>Une balance aérodynamique mesurerait les différences de traînée entre les deux ballons, soumis aux mêmes conditions. Idéalement, les deux ballons auraient les mêmes dimensions pour supprimer d’autres facteurs de variabilité.</p>
<p>Le passage de l’air autour du ballon pourrait être visualisé à l’aide de la fumée ou de la technique de vélocimétrie par image ou par suivi de particules. C’est une ne méthode où on ensemence l’air avec des particules (des gouttelettes ou bulles de savon). Le mouvement de ces particules pourrait être capté à l’aide d’une caméra pour quantifier la vitesse de l’air en tous points autour du ballon. Cela permettrait de voir des régions de décollement et de recirculation d’air et d’avoir une idée de la répartition des forces aérodynamiques autour du ballon.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une main gantée tient un ballon de football sur une surface gazonnée" src="https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un ballon sur le point d’être botté. Plusieurs facteurs vont influencer l’aérodynamisme du ballon..</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Différentes vitesses de rotation et vitesses de vol pourraient être examinées, car il existe toujours la possibilité de développer des instabilités d’écoulement de l’air, ce qui entraînerait une modification de son comportement autour du ballon. </p>
<p>On pourrait ainsi déterminer quel ballon, celui de la NFL ou celui de la LCF, est le meilleur.</p>
<h2>La texture du ballon influence sa traînée</h2>
<p>Il existe un autre type de traînée, attribuable celle-là au frottement de l’air avec la surface du ballon. On l’appelle traînée de frottement.</p>
<p>Elle dépend pour sa part principalement de la texture du ballon et de sa vitesse. Plus la texture du ballon est rugueuse, plus la traînée de frottement est élevée pour une même vitesse. De même, une vitesse de ballon plus rapide aura une traînée de frottement plus élevée.</p>
<p>En réduisant la traînée de forme, on réduit davantage la traînée totale du ballon, qui peut ainsi aller plus loin et plus vite sur le terrain de football.</p>
<h2>Et puis il y a… la météo !</h2>
<p>La météo joue aussi un rôle sur l’aérodynamisme du ballon de football.</p>
<p>Les températures froides ou chaudes peuvent affecter la taille du ballon en diminuant ou en augmentant la pression de l’air à l’intérieur de celui-ci.</p>
<p>De même, la température peut avoir un certain effet sur les propriétés matérielles du ballon, une température plus froide le rendant plus rigide et une température plus chaude, plus souple.</p>
<p>La température et l’humidité jouent également un rôle dans les propriétés physiques de l’air en modifiant sa masse volumique et sa viscosité.</p>
<p>La pluie affectera également directement la traînée puisque, dans un sens, elle affecte la texture de la surface du ballon telle que ressentie par l’air.</p>
<p>Mais la question ne se posera pas à Las Vegas, dimanche, pour le match du Super Bowl, puisque le stade Allegiant est couvert.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222476/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Giuseppe Di Labbio ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dimensions du ballon de football, sa pression et sa texture affectent son aérodynamisme, c’est-à-dire les forces exercées par l’air sur le ballon tout au long de son vol.Giuseppe Di Labbio, Professeur adjoint, École de technologie supérieure (ÉTS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2210462024-02-05T15:13:19Z2024-02-05T15:13:19ZLe basketball, élément majeur de l’affirmation nationale de la Lituanie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/572443/original/file-20240131-27-19vs3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C5%2C3458%2C2004&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le 24&nbsp;février 2002, jour du début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des supporters du Zalgiris Kaunas brandissent des drapeaux lituaniens et un drapeau ukrainien, ainsi qu’une banderole proclamant en ukrainien «&nbsp;Ukrainiens&nbsp;! La Lituanie est avec vous&nbsp;!&nbsp;» Le club a toujours intégré une dimension politique dans son action.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/bczalgiris/status/1496795504742739971?lang=ar-x-fm">Compte X (anciennement Twitter) du Zalgiris Kaunas</a></span></figcaption></figure><p>La date du 15 juillet 1410 est aussi bien connue des écoliers lituaniens que celle de la bataille de Marignan l’est des écoliers français. Ce jour-là, lors de la <a href="https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/192516">bataille de Zalgiris</a> (prononcer Jalgiris) (Grunwald pour les Polonais, Tannenberg pour les Allemands), l’alliance du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie y écrasa les chevaliers teutoniques et mit un coup d’arrêt à leurs visées expansionnistes. Dès lors, il y a une dimension symbolique à ce que le principal club lituanien de basketball, fondé le 15 avril 1944, pendant l’occupation nazie, à Kaunas (la deuxième ville du pays) se nomme précisément <a href="https://zalgiris.lt/">« Zalgiris »</a>.</p>
<p><a href="https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/08/05/le-basket-en-lituanie-un-symbole-de-liberte-face-a-la-russie-on-se-disait-que-si-on-battait-l-equipe-de-l-armee-rouge-on-pouvait-devenir-independants_6184495_4500055.html">Le basketball</a> joue un rôle important dans l’histoire nationale de la Lituanie. Ce sport a été l’un des premiers moyens d’affirmation de ce petit État balte, indépendant de 1918 à 1940, grâce aux victoires de l’équipe nationale lors des championnats d’Europe de 1937 et 1939, sous la conduite de Pranas Lubinas (Frank Lubin). Né aux États-Unis de parents lituaniens, il gagne la médaille d’or au sein de l’équipe nationale américaine aux Jeux olympiques de 1936, avant de rejoindre le pays de ses parents l’année suivante ; son rôle de joueur et d’entraîneur lui vaudra le surnom de <a href="https://www.lrt.lt/en/news-in-english/19/1056268/godfather-of-lithuanian-basketball-lubinas-to-be-memorialized-in-us">« père fondateur du basketball lituanien »</a>, même s’il devra fuir devant l’avancée nazie et revenir aux États-Unis.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/569050/original/file-20240112-25-hhrkk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569050/original/file-20240112-25-hhrkk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569050/original/file-20240112-25-hhrkk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569050/original/file-20240112-25-hhrkk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569050/original/file-20240112-25-hhrkk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569050/original/file-20240112-25-hhrkk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569050/original/file-20240112-25-hhrkk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pranas Lubinas sous le maillot lituanien au Championnat d’Europe 1939.</span>
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<p>Avant la guerre, et plus encore après, que ce soit durant l’appartenance à l’URSS ou à partir de la nouvelle indépendance effective en 1990, le basketball s’est affirmé comme le sport numéro un du pays, pour ne pas dire une seconde religion.</p>
<h2>Époque soviétique : le Zalgiris, incarnation du patriotisme lituanien</h2>
<p>Devenue à son corps défendant une république de l’URSS après la Seconde Guerre mondiale, à l’instar des deux autres pays baltes (l’Estonie et la Lettonie), la Lituanie a vu son identité nationale menacée par la soviétisation, laquelle s’est notamment traduite par la <a href="https://gulag.online/articles/soviet-repression-and-deportations-in-the-baltic-states">déportation de centaines de milliers de personnes</a> dans la seconde moitié des années 1940.</p>
<p>Il est significatif que le basketball ait été populaire à la fois dans les camps de réfugiés d’Europe occidentale et dans les goulags de Sibérie. Ce sport est devenu un symbole d’identification et d’expression personnelle pour les communautés lituaniennes émigrées en <a href="https://www.researchgate.net/publication/233157721_A_Revitalized_Dream_Basketball_and_National_Identity_in_Lithuania">Australie, en Amérique du Sud et aux États-Unis</a>.</p>
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<p>Pendant la période d’occupation, le Zalgiris Kaunas a été intégré au système sportif soviétique, remportant pour la première fois le championnat d’URSS dès 1947. Le basketball soviétique était marqué par une forte rivalité entre les clubs baltes, géorgiens, ukrainiens et les équipes russes de Moscou et de Saint-Pétersbourg (Leningrad à l’époque). Au-delà des querelles de clocher locales, le Zalgiris s’est solidement affirmé comme une fierté nationale dépassant le cadre sportif.</p>
<p>Jusqu’au milieu des années 1980, c’est le CSKA Moscou qui remporte régulièrement la palme. En tant que club de l’Armée rouge, il bénéficie du réservoir humain des forces armées et symbolise la mainmise moscovite sur les républiques soviétiques. Mais à partir de 1985, le Zalgiris Kaunas gagne plusieurs fois le championnat d’URSS (1985/1986/1987), ainsi que la <a href="https://www.fiba.basketball/intercontinentalcup/2020/news/long-rich-history-of-fiba-intercontinental-cup">Coupe intercontinentale</a> en 1986, à Buenos Aires.</p>
<p>Les témoignages des joueurs et du staff de l’équipe à propos de cette dernière victoire sont édifiants : c’est à cette occasion qu’ils ont pu voir pour la première fois le <a href="https://www.taurillon.org/de-rejet-en-rejet-jusqu-a-la-continuite-histoire-mouvementee-du-drapeau">véritable drapeau de leur pays</a> (brandi par des expatriés lituaniens en Argentine) et non celui imposé par Moscou. L’entraîneur de l’époque se fera même confisquer la cassette du match par un agent du KGB à son retour <a href="https://www.youtube.com/watch?v=IJUw3elgEbk">car on y voyait ces drapeaux</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/569052/original/file-20240112-15-qefiua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569052/original/file-20240112-15-qefiua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569052/original/file-20240112-15-qefiua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569052/original/file-20240112-15-qefiua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569052/original/file-20240112-15-qefiua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569052/original/file-20240112-15-qefiua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569052/original/file-20240112-15-qefiua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’équipe du Žalgiris Kaunas après la victoire en finale de 1986.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.15min.lt/24sek/naujiena/lietuva/jie-nugaledavo-cska-ka-dabar-veikia-auksines-karstliges-laiku-zalgirieciai-875-1610784">15min.lt</a></span>
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<p>Ces succès ont eu un impact significatif sur le moral des Lituaniens et ont renforcé leur identité nationale. De fait, dans cette période de transformation de la fin des années 1980, les matchs entre le CSKA et Žalgiris ont attiré plus que jamais l’attention du public et ont même donné lieu à des manifestations antisoviétiques.</p>
<p>Ces rencontres – et spécialement les victoires remportées par l’équipe lituanienne dans le sillage notamment de sa star Arvydas Sabonis, sans doute à ce jour le sportif lituanien le plus célèbre de l’histoire – ont été considérées comme des étapes majeures dans le processus de reconquête de l’indépendance de la Lituanie dans la mesure où elles ont donné au peuple lituanien une plate-forme pour réaliser que la grande Union soviétique pouvait être vaincue, même si ce n’était que métaphoriquement.</p>
<p>En réalité, le succès de Žalgiris et l’intensité du soutien dont le club bénéficie en Lituanie ont constitué une arme à double tranchant pour les autorités soviétiques, qui <a href="https://www.jstor.org/stable/43212193">tentaient d’utiliser le sport comme outil de rapprochement entre les peuples de l’Union soviétique</a>.</p>
<p>En cas de victoire l’enthousiasme et la mobilisation des Lituaniens étaient incommensurables, à tel point qu’à leur retour victorieux de Moscou en 1987, l’avion des joueurs n’a pas pu se poser sur la piste de l’aéroport de Kaunas envahie par des milliers de supporters.</p>
<p><a href="https://www.dukeupress.edu/big-game-small-world">Selon l’ancien président de la République de Lituanie Valdas Adamkus</a> (1998-2003 et 2004-2009), « pendant les 50 années d’occupation, le basketball était une expression de la liberté. Le pays tout entier essayait de battre les Russes et de montrer que nous étions supérieurs dans ce domaine. Le jeu reflétait notre volonté de gagner contre nos oppresseurs et soutenait notre espoir et notre détermination ».</p>
<h2>L’ouverture sur le monde occidental</h2>
<p>Par ailleurs, la victoire obtenue en championnat en 1986, qui a permis à l’équipe lituanienne de participer à la coupe d’Europe, a constitué une fenêtre sur le monde occidental que les joueurs emblématiques (Arvydas Sabonis, mais aussi Valdemaras Chomicius ou encore Rimas Kurtinaitis) de l’époque ont su saisir. L’équipe, tout comme la sélection nationale pas la suite (médaillée de bronze aux Jeux olympiques de 1992), a acquis une importance culturelle majeure en raison des restrictions que les Lituaniens avaient subies pendant les longues années du régime soviétique. Elle symbolisait une équipe générationnelle qui cherchait à faire valoir les orientations, les systèmes de valeurs et l’éthique de son pays d’origine.</p>
<p>Naturellement, le basketball n’a pas été l’unique élément de l’identité nationale lituanienne : des mouvements artistiques, intellectuels et scientifiques ont existé à côté de lui et ont également eu un impact notable. En outre, la politique de russification et de soviétisation n’a pas été entièrement menée à bien, de sorte que la langue lituanienne a été préservée dans les écoles et l’église.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-le-rugby-est-devenu-un-element-majeur-de-lidentite-irlandaise-216467">Comment le rugby est devenu un élément majeur de l’identité irlandaise</a>
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<p>Néanmoins, le basketball a influencé la formation de l’identité nationale depuis son introduction en Lituanie jusqu’à aujourd’hui. Il a fourni à l’ensemble du peuple, et pas seulement aux fans de sport, des héros nationaux emblématiques qui ont promu la Lituanie dans le monde entier, ainsi que des symboles forts. Le club de Zalgiris peut indéniablement être considéré comme l’un de ces symboles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569055/original/file-20240112-21-va5dfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Soutien affiché à l’Ukraine lors d’un match d’Euroleague.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Après l’indépendance de la Lituanie en 1990, le Zalgiris s’est rapidement intégré dans les compétitions sportives continentales, remportant l’EuroLeague, la plus prestigieuse compétition de basketball en Europe en 1999.</p>
<p>Désormais, c’est au sein de la Zalgirio Arena, une arène ultramoderne à Kaunas, que le club a élu domicile et continue à faire passer des messages, spécialement au voisin russe, comme en témoigne le <a href="https://basketnews.com/news-167248-zalgiris-organized-a-shipment-of-medicines-to-ukrainian-people.html">soutien indéfectible à l’Ukraine</a> qui y est déployé à chaque match.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221046/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud Serry ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le Zalgiris de Kaunas est un symbole majeur de l’identité nationale du petit pays balte, et porte depuis l’époque soviétique de nombreux combats qui dépassent le cadre du sport.Arnaud Serry, Maitre de conférences en géographie, Université Le Havre NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2216432024-01-30T16:10:04Z2024-01-30T16:10:04ZPourquoi a-t-on des courbatures après une séance de sport ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/571180/original/file-20240124-25-k5hu7q.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=1265%2C0%2C3305%2C2771&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Descendre des escaliers est particulièrement délicat lorsqu'on a des courbatures aux cuisses...</span> <span class="attribution"><span class="source">Fourni par les auteurs</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure>
<p><em>Chaque semaine, nos scientifiques répondent à vos questions.</em></p>
<p><em><a href="https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdior67a7Z5bsoJKoMtltxJ-q9EUW1WneDbrNIWpNZUMJsxkA/viewform">N'hésitez pas à nous écrire</a> pour poser la vôtre et nous trouverons la meilleure personne pour vous répondre.</em></p>
<p><em>Et bien sûr, les questions bêtes, ça n'existe pas !</em></p>
<hr>
<p>C’est décidé, cette année vous reprenez la course à pied. Chaussures lacées, écouteurs branchés, vous êtes paré. 15 kilomètres plus tard, et même pas un point de côté, vous êtes rentré. Mais voilà, 2 jours après, impossible de monter les escaliers, vous avez des courbatures aux mollets. Pourtant avant de vous coucher hier soir ça allait, alors qu’a-t-il bien pu se passer ?</p>
<h2>Des mécanismes complexes qui restent à élucider</h2>
<p>Les courbatures désignent des douleurs musculaires diffuses qui apparaissent généralement les jours suivant un effort intense et qui disparaissent progressivement. Aussi étrange que cela puisse paraître pour un phénomène aussi commun, la communauté scientifique n’a pas déterminé de façon définitive les mécanismes qui sous-tendent les courbatures. Comme toute question qui traite de la sensation de douleur, la compréhension des courbatures implique de s’intéresser à des processus biologiques complexes.</p>
<p>La douleur est avant tout une expérience subjective qui résulte de l’interprétation par le système nerveux de signaux sensoriels, qu’il y ait des lésions physiques associées ou non. De nombreux mécanismes biologiques ont été proposés pour expliquer l’origine des courbatures, et le consensus actuel est que plusieurs phénomènes seraient impliqués. Et contrairement à ce que vous auriez pu entendre, « l’acide lactique » n’y est pour rien !</p>
<p>Après un exercice intense et inhabituel, et notamment après des contractions excentriques (des contractions qui impliquent de résister à un étirement, par exemple lorsque l’on descend des escaliers), on peut observer des microlésions musculaires au plus petit niveau des éléments contractiles du muscle : les sarcomères.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572396/original/file-20240131-17-98ji68.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dessin de cellules musculaires telles qu'observées par micrographie électronique. À gauche, un muscle sain. Les sarcomères (visibles ici en tant que bandes grises séparées par des lignes sombres) sont continus et alignés. À droite, le même muscle après la réalisation d'un exercice intense et inhabituel. On voit que la continuité des sarcomères est compromise, ce qui correspond à des dommages musculaires microscopiques. Les zones orangées représentent le déchirement des protéines qui structurent les sarcomères.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Mais ce ne sont pas ces lésions elles-mêmes qui sont douloureuses, car elles sont déjà bien présentes juste après l’effort alors que les courbatures, elles, n’apparaissent que 24 à 48h après en général.</p>
<p>En revanche, ces microlésions entraînent une cascade de phénomènes physiologiques durant les heures et jours suivant l’exercice physique intense ou inhabituel. Certains de ces phénomènes sont quasi immédiats, comme la fuite de composants, notamment des enzymes et des protéines contenues dans la cellule musculaire qui diffusent vers l’extérieur des membranes cellulaires endommagées. D’autres sont plus tardifs, comme les <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/japplphysiol.00971.2016">réactions inflammatoires et immunitaires, qui peuvent s’étaler sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines</a>.).</p>
<p>En plus de ces phénomènes physiologiques, les microlésions induisent également des altérations fonctionnelles, comme une perte de force, une raideur accrue, ou encore un gonflement visible du muscle. Toutefois, aucun de ces marqueurs ne semble parfaitement corrélé avec la sensation de douleur. Il est donc probable que de <a href="https://link.springer.com/article/10.2165/00007256-200333020-00005">multiples mécanismes interagissent pour donner naissance aux courbatures</a>.</p>
<p>Le système nerveux lui-même joue également un rôle central dans l’apparition des courbatures. La sensation de douleur en tant que telle n’existe pas dans le muscle. Elle résulte de l’interprétation des signaux nociceptifs (les signaux d’alerte) reçus par le cerveau. Par ailleurs, plusieurs mécanismes proposés pour expliquer les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1526590001833095">courbatures mettent directement en jeu les différents capteurs sensoriels situés dans le muscle</a>.</p>
<hr>
<p><em>Pour satisfaire votre curiosité :</em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/comment-un-bebe-peut-il-apprendre-deux-langues-en-meme-temps-225929">Comment un bébé peut-il apprendre deux langues en même temps ?</a></em></p>
<p><em>- <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-biere-mousse-t-elle-moins-quand-on-penche-le-verre-223691">Pourquoi la bière mousse-t-elle moins quand on penche le verre ?</a></em></p>
<hr>
<h2>Comment faire pour éviter les courbatures ?</h2>
<p>Les courbatures ne sont pas graves, généralement la douleur disparaît en quelques jours. En revanche, les déficits fonctionnels, comme la perte de force, peuvent parfois durer un peu plus longtemps (notamment lorsque l’effort a été particulièrement rude), et la disparition des courbatures n’est pas forcément un bon indicateur de la récupération musculaire.</p>
<p>La meilleure solution pour se prémunir des courbatures est de se préparer à cette sollicitation inhabituelle, en étant progressif dans son entraînement. Le muscle étant un organe très adaptable, avoir déjà été confronté à un exercice le rend beaucoup plus résistant aux dommages musculaires occasionnés par d’autres contraintes dans le futur. Contrairement à ce que l’on peut entendre, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21735398/">étirements avant ou après une séance n’ont en revanche pas de réel impact sur les courbatures</a>. Et malheureusement, si c’est trop tard et que les courbatures sont déjà là, aucune solution n’a véritablement fait ses preuves pour améliorer tous les symptômes ; le mieux est de rester patient. On peut tout de même continuer à pratiquer à des intensités plus faibles, cela pourrait même améliorer un peu les symptômes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221643/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Début d’année, bonnes résolutions, jogging… courbatures. Que se passe-t-il dans nos muscles ? Peut-on éviter ce désagrément ?François Dernoncourt, Doctorant en Sciences du Mouvement Humain, Université Côte d’AzurClément Naveilhan, Doctorant en Sciences du Mouvement Humain, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2216742024-01-30T15:22:15Z2024-01-30T15:22:15ZFootball : le premier échec économique de la Chine moderne<p>Le football <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/mondial-et-si-le-football-etait-une-invention-chinoise_3068889.html">aurait été inventé par les Chinois</a> : le cuju, un jeu similaire au football, aurait été créé pour la formation militaire, plusieurs siècles avant notre ère. Malgré cette histoire lointaine et, surtout, malgré ses importants efforts récents, la Chine n’est aujourd’hui guère à l’honneur dans le sport le plus populaire du monde.</p>
<p>En termes de championnat domestique, d’abord. Alors que <a href="https://theconversation.com/football-le-modele-de-la-saudi-pro-league-peut-il-simposer-214296">l’Arabie saoudite vient de faire signer plusieurs superstars planétaires pour des sommes astronomiques</a>, le championnat de la République populaire peine toujours à émerger sur la scène internationale et ses recrutements ne sont plus à la hauteur de ses ambitions.</p>
<p>En termes d’accueil de grandes compétitions, ensuite : la Chine rêve depuis longtemps d’accueillir une Coupe du monde, mais depuis qu’elle se consacre sérieusement à ce projet les organisations ont été confiées à la Russie (2018), au Qatar (2022), aux trios États-Unis/Mexique/Canada (2026), puis Maroc/Espagne/Portugal (2030) et à l’Arabie saoudite (2034).</p>
<p>En termes de résultats de sa sélection nationale, enfin : l’un des objectifs affichés par la Chine est de remporter une Coupe du monde d’ici à <a href="https://neogeopo.com/fra-archives/chine-x-futur-vers-lhegemonie-de-la-chine-en-2049-avec-10-priorites-strategiques">2049, année du centenaire de la RPC</a>. Mais le football est un domaine où les coûts d’entrée sont très élevés et Pékin l’a appris à ses dépens. Malgré les investissements colossaux consentis dans les années 2000, le bilan sportif est maigre : une seule participation à la Coupe du monde (en 2002, profitant de la qualification directe du Japon et de la Corée co-organisateurs ; la Chine perd ses trois matchs et ne marque aucun but) ; deux finales seulement en Coupe d’Asie (et une <a href="https://www.vietnam.vn/fr/bi-loai-som-o-asian-cup-2023-tuyen-trung-quoc-ngay-lap-tuc-sa-thai-hlv/">élimination piteuse dès les phases de poule cette année, avec zéro but marqué</a>) ; et un classement FIFA qui stagne entre la 70<sup>e</sup> et la 100<sup>e</sup> place depuis une quinzaine d’années.</p>
<p>Les seuls succès enregistrés par le football chinois l’ont été au niveau des clubs, le Guangzhou Evergrande remportant deux fois la Ligue des champions d’Asie, en 2013 et 2015, et au niveau du <a href="https://www.lequipiere.com/le-football-feminin-chinois-en-quete-de-renouveau/">football féminin</a> (neuf victoires en coupe d’Asie et finale de Coupe du monde en 1999).</p>
<p>Cet échec est surprenant pour un pays qui a réussi dans beaucoup de domaines à rattraper son retard, voire à <a href="https://theconversation.com/la-chine-est-elle-re-devenue-la-premiere-puissance-economique-mondiale-181872">dépasser les leaders mondiaux</a>. Un échec auquel Pékin ne se résigne pas : en 2021, l’agence gouvernementale en charge du sport lançait un <a href="https://www.sportstrategies.com/comment-la-chine-veut-toujours-devenir-un-geant-du-football/">nouveau plan sur 15 ans pour faire de la Chine une grande nation de football</a>. Pour la Chine comme pour d’autres pays, le football fait en effet partie aujourd’hui des enjeux géopolitiques et peut même être qualifié d’<a href="https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2017-5-page-134.htm">élément majeur du « soft power »</a>.</p>
<h2>L’investissement massif des années 2000</h2>
<p>Après <a href="https://www.researchgate.net/publication/310037292_An_economic_history_of_Chinese_football_1994_-_2016">l’arrivée du football professionnel en 1994</a> et le lancement de la « Chinese Super League » en 2004, les années 2010 ont vu apparaître des clubs dotés de moyens considérables pour développer le football.</p>
<p>En avril 2016, un <a href="https://footpol.fr/la-chine-et-le-football-le-grand-bond-en-avant-la-geopolitique-chinoise-au-prisme-du-premier-sport-global#">« plan de développement du football à moyen et long terme (2016-2050) » est lancé</a> et le président Xi Jinping (amateur de football) déclare « en avoir assez d’être un nain footballistique alors que la Chine est un géant politique et économique ». L’idée, pour la RPC, est de ne plus accepter d’être battue sur le terrain par des pays voisins de petite taille. Le développement du football est ainsi, pour le pouvoir, un moyen d’affirmer la puissance du pays. L’investissement dans ce domaine relève donc d’une volonté politique de placer la Chine au premier rang des nations dans le sport le plus populaire sur la planète.</p>
<p>Plusieurs recrutements symboliques ont lieu : au premier sélectionneur étranger à prendre les commandes de l’équipe nationale en 1997 (l’Anglais Bon Houghton), succéderont, entre autres, des vedettes de la profession comme le Serbe Bora Milutinovic en 2000, l’Espagnol José Antonio Camacho en 2011, et l’Italien Marcello Lippi en 2016 (vainqueur de la Coupe du monde à la tête de la sélection de son pays dix ans plus tôt).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"789790886007803904"}"></div></p>
<p>Au niveau des clubs, l’année 2012-2013 est marquée par l’arrivée de stars mondiales comme l’Ivoirien Didier Drogba et du Français Nicolas Anelka au club de Shanghai Shenhua, avec des salaires d’un million d’euros par mois (un record pour l’époque).</p>
<p>En 2017-2018, c’est au tour de l’Argentin Carlos Tevez de rejoindre le même club, suivi du Brésilien Hulk au Shanghai Port FC <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/football/mercato-le-bresilien-hulk-rejoint-la-chine-pour-55-millions-deuros-4331206">(pour un transfert à 55 millions d’euros)</a>. Dans la plupart des cas, <a href="https://www.sofoot.com/articles/anelka-et-drogba-le-constat-dechec-du-foot-chinois-chine-chinese-super-league-mercato">l’aventure se termine mal</a> : les joueurs repartent, les supporters sont déçus et le bilan financier est désastreux.</p>
<p>En matière d’investissement, l’avancée de la Chine s’est également faite, à la même période, avec le rachat de clubs européens par des groupes privés (néanmoins liés à l’État). En 2016, le <a href="https://www.lexpress.fr/sport/le-milan-ac-officiellement-vendu-a-un-groupe-d-investisseurs-chinois_1898802.html">Milan AC est racheté pour 740 millions d’euros</a> (mais finalement, faute de paiement, le club est repris par des Américains). La même année, <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/football/italie/football-linter-milan-rachete-70-par-le-groupe-chinois-suning-4280181">l’Inter de Milan est acheté à hauteur de 70 % par le groupe Suning</a> (pour 270 millions d’euros). En Angleterre, toujours en 2016, <a href="https://www.rtbf.be/article/west-bromwich-rachete-par-un-investisseur-chinois-9369853">West Bromwich Albion est racheté par le groupe Yunyi Guoka</a> et <a href="https://www.lepoint.fr/sport/angleterre-aston-villa-rachete-par-un-groupe-chinois-18-05-2016-2040301_26.php">Aston Villa par le groupe Recon</a>. En Espagne, c’est <a href="https://www.lindependant.fr/2015/11/03/l-espanyol-barcelone-passe-aux-mains-des-chinois,2108093.php">l’Espanyol Barcelone qui a été racheté en 2015</a> pour 64 millions d’euros.</p>
<p>Des prises de participation sont également opérées dans de grands clubs, sans en prendre le contrôle, comme <a href="https://investir.lesechos.fr/actu-des-valeurs/la-vie-des-actions/le-groupe-chinois-dalian-wanda-prend-20-de-latletico-madrid-1688376">l’Atletico Madrid</a> (20 % pour 45 millions d’euros en 2015). En France, les investisseurs chinois ont également racheté des clubs, comme <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/yonne/auxerre/yonne-le-proprietaire-chinois-james-zhou-nomme-president-du-club-de-l-aj-auxerre-2085133.html">l’ AJ Auxerre</a> (en 2016 pour 7 millions d’euros « seulement »), le <a href="https://www.francebleu.fr/sports/football/fc-sochaux-le-chinois-nenking-devient-officiellement-proprietaire-du-club-1587997600">FC Sochaux</a> (en 2015 pour 7 millions d’euros également), ou des parts de <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/fonds-chinois-rachete-20-parts-olympique-lyonnais-1154327.html">l’Olympique lyonnais</a> (20 % en 2016) ou de <a href="https://www.liberation.fr/sports/2016/06/11/des-investisseurs-chinois-entrent-au-capital-de-l-ogc-nice_1458809/">l’OGC Nice</a> (80 % en 2016).</p>
<p>Enfin, la Guangzhou Evergrande Football Academy de Qingyan est devenue la <a href="https://www.lefigaro.fr/le-scan-sport/2017/01/12/27001-20170112ARTFIG00210-l-academie-de-foot-chinoise-de-la-demesure-a-canton.php">plus grande académie de football au monde</a> avec 280 millions d’euros d’investissements par l’entreprise Evergrande et un partenariat avec le Real Madrid qui envoie des entraîneurs espagnols comme conseillers.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/6sSNKXF8xSk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Au niveau des structures, le plan de Xi JinPing prévoyait le développement d’un championnat de haut niveau avec des stades de qualité. Une ambition affichée est d’organiser une Coupe du monde (la Chine ayant déjà accueilli la Coupe du monde féminine de football en 2007). Les stades ont été construits ou agrandis avec l’implication des entrepreneurs chinois.</p>
<p>Les dix plus gros entrepreneurs chinois ont tous acheté un club du championnat. Par exemple, Alibaba a pris 50 % des parts du Guangzhou Evergrande. L’État a également participé en soutenant directement des clubs (comme Shanghai Port FC). Les droits télévisuels sont passés de 7 millions de dollars en 2014-2015 à 140 millions en 2015-2016. Aujourd’hui, les stades sont là. En plus de dizaines de stades d’environ 30000 places, onze stades plus grands, d’une capacité située entre 57 000 et 80 000 places ont été construits ces 20 dernières années.</p>
<p><a href="https://www.francetvinfo.fr/sports/le-football-comme-axe-majeur-du-developpement-sportif-de-la-chine-l-ambition-demesuree-d-une-nation-mineure_4450289.html">Le plan de Xi Jinping</a> prévoyait aussi de rendre le football obligatoire à l’école, de créer 50 000 académies de foot (accueillant 50 millions d’enfants) et de faire en sorte que le football représente 1 % du PIB de la Chine. Son prédécesseur, Hu Jintao, voulait passer « d’un pays de premier plan en termes d’organisations sportives à une puissance sportive de renommée mondiale ».</p>
<p>La professionnalisation a engendré une transformation des instances. Depuis 2020, l’organisation de la Chinese Super League est confiée par la Fédération chinoise de football aux clubs, dans un souci de développement commercial sur le modèle de la Premier League anglaise. Les sponsors se sont développés, avec notamment Ping An (société d’assurance), Nike, Ford, DHL, Shell, Tsingtao ou encore Tag Heuer.</p>
<h2>Le repli actuel</h2>
<p>Les investissements ont été freinés à partir de la fin des années 2010 et une nouvelle politique prônée afin de limiter le « gaspillage ». Certains grands clubs, comme Jiangsu Suning ou Tianjin Tainhai, <a href="https://lucarne-opposee.fr/index.php/actualite/afc/archives/chine/8408-chine-chinese-super-league-2021-le-monde-d-apres">mettent la clé sous la porte en 2020</a>. Le premier, racheté en 2015 par le Suning Appliance Group pour 68 millions d’euros, avait recruté à prix d’or des joueurs internationaux brésiliens (Ramires pour 30 millions d’euros et Teixeira pour 50 millions), ainsi que l’entraîneur italien Fabio Capello. Le second avait recruté le Belge Witsel pour 20 millions d’euros et le Brésilien Pato pour 18 millions d’euros.</p>
<p>Ces disparitions vont de pair avec la crise Covid qui a considérablement affaibli financièrement le football chinois. Même si le repli des investissements avait légèrement anticipé la crise sanitaire, les effets ont été catastrophiques pour la plupart des clubs.</p>
<p>Dès 2017, une <a href="https://www.letemps.ch/economie/football-chinois-somme-mettre-lordre-finances">« luxury tax » avait été imposée par le gouvernement</a> : tout club dépensant plus 6 millions d’euros d’achat d’un joueur doit payer une taxe égale à 100 % de l’indemnité de transfert (réinjectée dans le développement du football en Chine).</p>
<p>Cette mesure, accompagnée d’une surveillance accrue des finances des clubs et de leur solvabilité, a freiné ces derniers dans leur développement. La Chinese Super League a ensuite fixé de nouvelles règles avec un « salary cap » (masse salariale maximale par équipe) et un salaire maximum par joueur afin de limiter la dérive financière.</p>
<p>Les récentes <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/football/equipe-chine/football-lex-president-de-la-federation-chinoise-juge-pour-corruption-cced04e4-be71-11ee-8a7d-fa3ec2db0626">affaires de corruption</a> révélées au sein de la fédération chinoise de football ne font que renforcer les craintes (Chen Xuyuan, président de l’Association chinoise de football, fait l’objet d’une enquête, après l’arrestation de Li Tie, ancien entraîneur de l’ACF et Chen Yongliang, secrétaire général).</p>
<p>Aujourd’hui, le championnat chinois a une valeur marchande (prix estimé de tous les joueurs) très éloignée des plus grands championnats, avec une somme de 154 millions d’euros qui le situe à la <a href="https://www.transfermarkt.fr/wettbewerbe/asien/wettbewerbe">sixième place sur le continent asiatique</a> mais loin des européens (3,5 milliards pour la Ligue 1 en France ou 10,5 milliards pour la Premier League en Angleterre). Même le championnat des États-Unis est presque dix fois plus coté (1,3 milliard).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/571860/original/file-20240129-19-kebv5p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571860/original/file-20240129-19-kebv5p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571860/original/file-20240129-19-kebv5p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571860/original/file-20240129-19-kebv5p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571860/original/file-20240129-19-kebv5p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571860/original/file-20240129-19-kebv5p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571860/original/file-20240129-19-kebv5p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Valeur des championnats asiatiques en prix des joueurs y évoluant.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.transfermarkt.fr/wettbewerbe/asien/wettbewerbe">Transfermarkt.de</a></span>
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<p>Concernant le nombre de spectateurs dans les stades, les deux années Covid ont faussé les statistiques et la dernière saison redonne des <a href="https://www.transfermarkt.fr/chinese-super-league/besucherzahlenentwicklung/wettbewerb/CSL">chiffres un peu inférieurs à ceux des années précédentes</a> – autour de 20 000 spectateurs en moyenne par match, en stagnation depuis 2014, après une montée rapide de 2009 à 2015 (passant de 14 000 à 22 000). Ces chiffres sont à rapprocher de ceux d’un championnat majeur comme la Ligue 1, où l’on recense 24 000 spectateurs en moyenne.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/571861/original/file-20240129-27-j24r8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/571861/original/file-20240129-27-j24r8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=703&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/571861/original/file-20240129-27-j24r8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=703&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/571861/original/file-20240129-27-j24r8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=703&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/571861/original/file-20240129-27-j24r8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=883&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/571861/original/file-20240129-27-j24r8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=883&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/571861/original/file-20240129-27-j24r8a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=883&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nombre de spectateurs dans le championnat de République de Chine par année.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.transfermarkt.fr/chinese-super-league/besucherzahlenentwicklung/wettbewerb/CSL">Transfermakt.de</a></span>
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<h2>L’un des rares échecs internationaux de la Chine de Xi Jinping</h2>
<p>La Chine a beaucoup investi dans le football dans l’optique de gagner une place importante sur la scène internationale permettant d’asseoir sa stature de grande puissance et de développer son soft power.</p>
<p>Les résultats n’ont pas été au rendez-vous et les sommes investies n’ont pas été rentabilisées, si bien qu’aujourd’hui la Chine semble avoir reculé, pour ne pas dire renoncé. Dans ce domaine, elle est désormais largement devancée par d’autres nations asiatiques (Qatar, Arabie saoudite) dont les premiers succès seront toutefois à confirmer.</p>
<p>Cet échec d’un investissement colossal est étonnant dans le paysage économique actuel, tant les succès sont nombreux pour les projets chinois sur des domaines où la Chine partait de loin à l’échelle internationale : éolien, ferroviaire, universités, etc. La Chine semble en avoir tiré les leçons en misant davantage sur la formation (académies de football), et plus généralement en se montrant plus patiente, espérant en tirer profit plus tard avec l’éclosion de talents. Elle paraît avoir réussi à sortir suffisamment tôt de l’emballement et de la folie des grandeurs qui caractérisent les pays du Golfe et qui peuvent conduire à des pertes importantes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221674/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Aymard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le championnat chinois ne fait plus recette, l’équipe nationale est très faible, le pays n’a pas obtenu l’organisation de la Coupe du monde 2030 qu’il convoitait…Stéphane Aymard, Ingénieur de Recherche, La Rochelle UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2204002024-01-28T16:08:40Z2024-01-28T16:08:40ZSport, nature et empreinte carbone : les leçons du trail pour l’organisation des compétitions sportives<p>Dans un contexte international marqué par des préoccupations de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sobriete-35704">sobriété</a> et de durabilité, l’organisation d’événements sportifs de grande échelle pose question. La soutenabilité des Jeux olympiques (JO) n’échappe pas à la règle : leur impact sur l’environnement <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-021-00696-5">a déjà fait l’objet d’une évaluation détaillée de 1990 à 2021</a>.</p>
<p>À titre d’exemple, selon les <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/15/15/11820">estimations scientifiques</a>, les JO émettraient l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de CO<sub>2</sub>, contre 2,75 estimés pour la Coupe du monde de football.</p>
<p>Comment réduire l’impact environnemental des mégaévénements sportifs et des championnats professionnels ? Les scientifiques suggèrent quelques pistes. Il s’agirait en premier lieu de réduire drastiquement la taille des événements ; de quoi restreindre les besoins en ressources, ainsi que l’empreinte carbone liée aux déplacements des spectateurs et limiter la taille et le coût des nouvelles infrastructures requises.</p>
<p>Mais il existe une autre catégorie d’événements sportifs sur lesquels nous souhaiterions déplacer la focale : les sports de plein air, notamment les courses en montagne de types trails ou ultra-trails.</p>
<h2>« Dissonance culturelle » et sports de plein air</h2>
<p>Ces événements, se déroulant dans un environnement naturel avec un minimum de routes goudronnées, concernent un spectre très hétérogène de pratiquants, allant des athlètes de haut niveau jusqu’aux coureurs amateurs.</p>
<p>Ces disciplines ont connu une <a href="https://hal.science/hal-03162125">croissance significative à travers le monde</a> au tournant du XXI<sup>e</sup> siècle. Par exemple l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, fondé en 2003, a vu la participation de 10 000 participants – suivis par 50 000 spectateurs – pour son édition 2023. Durant l’année 2018 en France, il y aurait eu près d’un million de pratiquants de trail running – pour plus de 20 millions à travers le monde – rassemblés autour de 4 500 événements.</p>
<p>Pour la première fois en 2022, davantage d’épreuves de trail ont été organisées en France que de courses sur route. Il nous semble donc logique de nous concentrer sur ce type d’événements <em>outdoor</em> en pleine émergence, d’une part parce qu’ils se massifient et d’autre part du fait d’une certaine contradiction dans les valeurs qu’ils défendent.</p>
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<img alt="Compétition internationale de bodyboard en 2010, aux Canaries." src="https://images.theconversation.com/files/567441/original/file-20231228-25-j5n4no.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567441/original/file-20231228-25-j5n4no.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567441/original/file-20231228-25-j5n4no.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567441/original/file-20231228-25-j5n4no.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567441/original/file-20231228-25-j5n4no.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567441/original/file-20231228-25-j5n4no.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567441/original/file-20231228-25-j5n4no.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La quête de la vague parfaite par les surfeurs contribue à augmenter leur budget voyage… ainsi que leur empreinte carbone. » zoomable = « true.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Azuaje/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Pratiqués par des athlètes passionnés de nature <a href="https://hal.science/hal-02479352">désireux d’entrer en contact avec elle</a> voire de la préserver, ces sports s’avèrent extrêmement impactants sur l’environnement. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fspor.2021.695048/full">Certains chercheurs</a> évoquent ainsi une « dissonance culturelle » chez les surfeurs professionnels. En effet, ces derniers se réclament massivement d’une attitude pro-environnementale tout en étant, dans les faits, parmi les sportifs à l’empreinte carbone la plus élevée du fait de leur quête mondialisée des vagues les plus spectaculaires.</p>
<p>Les activités de nature apparaissent ainsi, de manière un peu paradoxale, parmi les disciplines sportives les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1441352318300184">plus polluantes</a>.</p>
<h2>Empreinte carbone et impacts sur la faune locale</h2>
<p>Pour ce qui concerne le trail et l’ultra-trail, une <a href="https://www.outside.fr/grande-enquete-de-lutmb-au-marathon-des-sables-quel-est-limpact-">grande enquête</a> s’est récemment efforcée d’évaluer l’impact écologique des courses les plus réputées à l’échelle mondiale. Force est tout d’abord de regretter l’absence d’un bilan carbone systématique, qui serait réalisé par un cabinet indépendant.</p>
<p>L’impact sur la faune montagnarde mais aussi sur la flore sauvage – à travers l’importation d’espèces végétales envahissantes au sein des écosystèmes parcourus – doit également être pris en compte, même s’il s’agit de perturbations moins facilement quantifiables.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567440/original/file-20231228-510735-w5kftd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567440/original/file-20231228-510735-w5kftd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567440/original/file-20231228-510735-w5kftd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567440/original/file-20231228-510735-w5kftd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567440/original/file-20231228-510735-w5kftd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567440/original/file-20231228-510735-w5kftd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567440/original/file-20231228-510735-w5kftd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ski de randonnée dans les Alpes tyroliennes » zoomable = « true.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gael Varoquaux/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une étude réalisée auprès de skieurs de randonnée montre que si une large majorité d’entre eux considèrent le dérangement de la faune comme une réalité, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2213078023000051">seulement 26 % pensent avoir personnellement dérangé un animal lors de leur sortie</a>.</p>
<p>Autrement dit, nombre de sportifs admettent que leur pratique comporte potentiellement un impact environnemental tout en se déchargeant quelque peu de leur responsabilité. Dans le domaine du trail, des progrès substantiels ont toutefois pu être constatés sur d’autres plans, notamment :</p>
<ul>
<li><p>l’utilisation de transports collectifs pour les participants,</p></li>
<li><p>l’obligation d’apporter ses propres gobelets et couverts réutilisables,</p></li>
<li><p>la réduction, le ramassage et le triage systématiques des déchets,</p></li>
<li><p>la diminution voire la disparition des marquages directionnels au sol au profit de rubalises plus écologiques,</p></li>
<li><p>la priorité donnée aux producteurs locaux pour les ravitaillements en nourriture et la suppression des bouteilles en plastique,</p></li>
<li><p>enfin, la disparition des <em>goodies</em> en plastique non recyclables.</p></li>
</ul>
<h2>Les athlètes de haut niveau comme influenceurs de la durabilité ?</h2>
<p>Il convient également de s’intéresser aux têtes d’affiche, c’est-à-dire aux athlètes de très haut niveau, dont les prises de parole, les décisions et les actions peuvent contribuer à inspirer des dynamiques plus responsables et soutenables. De là à en faire les inspirateurs de nouvelles modalités de pratiques plus écoresponsables ?</p>
<p>On peut d’abord évoquer la trajectoire de Kilian Jornet, star de l’ultra-trail qui, <a href="https://www.lexpress.fr/monde/j-ai-ete-le-plus-mauvais-exemple-avoue-kilian-jornet-qui-lance-sa-fondation-pour-l-environnement_2136580.html">admettant avoir adopté un mode de vie extrêmement impactant sur l’environnement</a>, a décidé de s’inscrire dans une pratique moins énergivore.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567444/original/file-20231228-21-v8xl96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Kilian Jornet en 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ssu/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce revirement s’est opéré, explique-t-il, sur la base de constats répétés des « effets du changement climatique et de l’impact des actions de l’homme sur la nature », d’un besoin de cohérence avec son amour de la nature, et enfin d’une volonté de transmettre à sa descendance.</p>
<p>De façon concrète, son engagement se traduit par :</p>
<ul>
<li><p>une réduction des transports en avion,</p></li>
<li><p>une participation accrue à des courses locales,</p></li>
<li><p>la création d’une <a href="https://www.outside.fr/kilian-jornet-cree-sa-fondation-de-preservation-de-lenvironnement-et-des-montagnes-et-lance-un-premier-chantier/">fondation de préservation de l’environnement</a>,</p></li>
<li><p>et le lancement d’une <a href="https://www.nnormal.com/fr_FR/content/mission/engagement">marque de trail</a> engagée dans la transition énergétique.</p></li>
</ul>
<p>Régulièrement, le sportif se fend de prises de position engagées, par exemple contre le <a href="https://www.outside.fr/hors-serie-utmb-le-sport-business-a-t-il-eu-raison-de-lesprit-trail/">choix des sponsors de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc</a>, lequel s’était associé à la marque Dacia commercialisant de nombreux modèles de SUV, dans le prolongement des actions entreprises par l’association <a href="https://thegreenrunners.com/">The Green Runners</a>.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.</em> <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>François D’Haene, autre superstar de la galaxie ultra-trail, a lui aussi pris sa part de responsabilité en matière de durabilité en créant, avec sa femme Carline, son propre événement de course en montagne, <a href="https://www.ultra-spirit-dhaene-family.com/ultra-engages/">l’ultra-spirit</a>, qui se veut responsable.</p>
<p>Dès la première édition, l’athlète-organisateur a commandité et publié une <a href="https://www.ultra-spirit-dhaene-family.com/wp-content/uploads/2023/01/Rapport-Evaluation-Impact-Environnemental-Rapport-ULTRA-SPIRIT-2022.pdf">évaluation d’impact environnemental</a>.</p>
<p>Pour tenter de réduire le bilan carbone, la compétition mise sur :</p>
<ul>
<li><p>le choix d’un mode de transport bas carbone vers le lieu de la course intervenant dans la sélection des équipes et la détermination de leur ordre de départ,</p></li>
<li><p>un nombre de participants volontairement réduit,</p></li>
<li><p>une offre végétarienne et végétalienne renforcée, avec 90 % d’aliments locaux et 100 % d’aliments de saison,</p></li>
<li><p>des actions forestières vertueuses et la réhabilitation de sentiers de randonnée,</p></li>
<li><p>une signalétique de course pérenne, sans captation vidéo en hélicoptère ni communication papier,</p></li>
<li><p>une dimension ludique affirmée : la course se réalise par équipe de trois avec des défis, sans chronomètre ni dispositif numérique de quantification, avec une intention de rusticité.</p></li>
</ul>
<p>Kilian Jornet et François D’Haene – auxquels nous pourrions ajouter <a href="https://www2.u-trail.com/les-engagements-de-thevenard-jornet-pour-l-ecologie/%22%22">Xavier Thévenard</a> – sont des sportifs aguerris et reconnus. Au fil de leur carrière, ils ont pu observer les changements profonds dans leur environnement de pratique sportive, auquel ils sont affectivement attachés, au point de vouloir devenir des acteurs responsables.</p>
<p>Cette trajectoire militante allant de <a href="https://knowledgecommons.lakeheadu.ca/handle/2453/4954">la pratique régulière en nature vers l’activisme écologique</a> a été mise en évidence à plusieurs reprises par la littérature scientifique, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/10126902231209226?icid=int.sj-abstract.citing-articles.3">y compris pour les sports d’hiver</a>.</p>
<p>Mentionnons enfin les prises de position de l’espoir britannique du demi-fond <a href="https://www.lequipe.fr/Athletisme/Actualites/Innes-fitzgerald-la-prodige-ecolo-qui-fait-une-croix-sur-les-mondiaux/1378231">Innes FitzGerald</a>, âgée de 16 ans, qui a demandé à sa fédération de ne pas la sélectionner pour les championnats du monde de cross-country en Australie afin de ne pas alourdir son bilan carbone.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1601881243670675456"}"></div></p>
<h2>Pratiquer autrement les sports de nature pour les préserver</h2>
<p>L’événementiel sportif, notamment dans la sphère de l’outdoor, est-il compatible avec la préservation de l’environnement ? Pour répondre à cette question, on ne peut faire l’économie d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-juridique-de-l-environnement-2015-HS15-page-95.html">raisonnement complexe</a>. En effet, organiser des événements dans une finalité lucrative, qu’il s’agisse de trails en montagne ou de Jeux olympiques, va indéniablement impacter l’environnement aux niveaux local et global. Mais, en parallèle, ils peuvent générer d’autres formes de bénéfices, aussi bien en termes économiques, sociaux que géopolitiques, culturels et sanitaires.</p>
<p>Une solution évidente consisterait à réduire le nombre des événements, leur taille ainsi que le volume de déplacements. Or, ces transformations semblent aller à contre-courant des tendances contemporaines à <a href="https://www.researchgate.net/publication/357687878_Vivre_ses_multiples_micro-carrieres_sportives_en_accelere_Reflexions_sur_la_voracite_la_versatilite_et_l%E2%80%99impatience_sportives_contemporaines">l’« extrême de masse » et à la « voracité sportive »</a> où il s’agit, à l’inverse, de consommer et d’accumuler, de son vivant, un maximum d’expériences toujours plus intenses et exceptionnelles.</p>
<p>Il faudrait aussi prendre en considération la grande variété des formats de course. Aux compétitions massifiées et fortement impactantes, répondent des organisations de courses plus locales et de taille restreinte.</p>
<p>La question est cruciale, car si les événements outdoor impactent indéniablement les changements environnementaux et climatiques, ces derniers ont également, en retour, des répercussions sur la possibilité même de pratiquer l’activité physique en milieu naturel. En cause : l’augmentation de la pollution de l’air, de la fréquence et de l’intensité des pics de chaleur et des catastrophes naturelles, comme le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33689139/">rappelait une revue de littérature en 2021</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220400/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Brice Favier-Ambrosini a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec - Société et Culture (FRQSC) pour un projet: « Identifier l’essentiel, éliminer le reste » : analyse de la tendance au minimalisme dans la consommation de loisirs sportifs. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Guillaume Dietsch et Matthieu Quidu ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>À l’heure du changement climatique et des injonctions à la durabilité, comment limiter les impacts des grands événements sportifs ? Éléments de réponse au prisme du trail et de l’ultra-trail.Guillaume Dietsch, Enseignant en STAPS, Agrégé d'EPS, UFR SESS-STAPS, Université Paris-Est Créteil, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Brice Favier-Ambrosini, Professor, Educational sciences, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Matthieu Quidu, Maître de conférences en sociologie du sport, Université Claude Bernard Lyon 1Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2201662024-01-17T16:47:02Z2024-01-17T16:47:02ZL’éducation physique et sportive à l’école : quels défis en année olympique ?<p>Si des programmes comme les « 30 minutes d’activité quotidienne » à l’école mettent l’accent sur la lutte contre la sédentarité, la mission des cours d’éducation physique et sportive va bien au-delà.</p>
<p>La promotion de l’activité physique et sportive a été décrétée <a href="https://www.grandecause-sport.fr/">« Grande cause nationale en 2024 »</a> en France. L’objectif est de tirer profit de l’organisation des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/jeux-olympiques-21983">Jeux olympiques et paralympiques</a> (JOP) en France pour insuffler une dynamique dans le pays et « améliorer l’éducation, la santé, l’inclusion et de rendre notre société plus solidaire ».</p>
<p>L’ambition est de faire du sport un bien culturel commun et un levier des politiques publiques permettant de garantir un <a href="https://theconversation.com/le-futur-heritage-des-jo-de-paris-2024-deja-en-question-90761">héritage immatériel</a>, afin d’inciter la population à davantage d’activité physique et de pratique sportive.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-jeux-olympiques-de-2024-suffiront-ils-a-donner-le-gout-du-sport-aux-jeunes-193815">Les Jeux olympiques de 2024 suffiront-ils à donner le goût du sport aux jeunes ?</a>
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<p>À l’école, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse cherche à <a href="https://theconversation.com/les-cours-deducation-physique-et-sportive-consistent-ils-seulement-a-faire-du-sport-203804">encourager les jeunes à « bouger »</a> pour lutter contre la sédentarité. Le choix a été fait d’expérimenter des dispositifs comme les <a href="https://theconversation.com/30-minutes-dactivite-physique-a-lecole-un-dispositif-contre-la-sedentarite-a-questionner-212817">« 30 minutes d’activité physique quotidienne »</a> plutôt que de renforcer les heures d’éducation physique et sportive (EPS) obligatoires.</p>
<p>Mais pour (re)donner envie aux <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807359161-les-jeunes-et-le-sport">jeunes de faire du sport</a> de manière durable, il ne s’agit pas simplement de le décréter. Les Jeux peuvent-ils impulser une révolution culturelle du sport en France ? Quel est le rôle de l’éducation physique et sportive pour faire face aux défis d’aujourd’hui ?</p>
<h2>Donner aux jeunes le goût de disciplines sportives, au-delà de l’envie de « bouger »</h2>
<p>Les campagnes de communication concernant les bienfaits de l’activité sportive sur la santé se multiplient et les décideurs politiques <a href="https://journals.openedition.org/sociologies/15612">s’appuient prioritairement sur des savoirs médicaux</a> pour justifier ces discours. Cette visée hygiéniste ne peut suffire <a href="https://www.researchgate.net/publication/320991568_Eduquer_a_la_sante_par_l%27activite_physique_quelles_connaissances_et_quels_modeles_de_sante_en_EPS">au développement global et à long terme des enfants et des adolescents</a>.</p>
<p>Le goût pour une activité physique ou sportive nécessite de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36334885/">percevoir le plaisir associé à cette expérience</a>. C’est la clé d’un engagement durable mais cela n’a rien d’automatique et suppose des expériences positives régulières. En éducation physique et sportive, il s’agirait donc de multiplier les situations valorisantes afin de laisser des <a href="https://hal.univ-lille.fr/hal-02525815v2/document">« traces positives et mémorables »</a> aux élèves. Celles-ci doivent alors être source d’émotions mais aussi d’apprentissages, permettant aux élèves de tisser un rapport durable à l’activité physique.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/T2uEjyfl8e4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Faire bouger les ados c’est pas évident. Mais les encourager c’est important (Santé publique France, 2022).</span></figcaption>
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<p>Les enseignants jouent donc un rôle fondamental d’autant que l’engagement durable dans le sport est marqué par d’importantes inégalités, les aspirations et les goûts sportifs variant <a href="https://www.theses.fr/2019AIXM0624">selon le milieu social ou encore le sexe</a>.</p>
<p>Le système éducatif français donne à l’éducation physique et sportive (EPS) un rôle essentiel, puisque cette discipline scolaire est obligatoire pour l’ensemble d’une génération d’élèves de la maternelle au lycée. C’est à travers elle que les corps des jeunes vont être façonnés, à partir d’une culture ouverte à différentes activités sportives.</p>
<h2>Promouvoir l’égalité face au sport</h2>
<p>Les <a href="https://www.paris2024.org/fr/dates-jeux-olympiques-paris-2024/">Jeux de Paris</a> seront les premiers totalement paritaires (10 500 athlètes, 50 % de femmes, 50 % d’hommes). Cette avancée ne doit pas masquer des réalités sociales, se traduisant par une appropriation inégale de la pratique sportive par les jeunes filles et les jeunes garçons. Malgré une volonté politique revendiquant la parité dans le sport, <a href="https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2023_etat_du_sexisme_en_france.pdf">l’égalité peine à se traduire en actes</a>.</p>
<p>Le choix et l’investissement dans les activités culturelles et sportives sont <a href="https://www.cairn.info/revue-science-et-motricite-2005-1-page-63.htm">liés pour partie à la socialisation familiale</a>. Se pose alors la question de l’éducation et de l’accès à la pratique sportive pour les enfants ne bénéficiant pas d’un environnement social favorable ni de <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2022-1-page-58.htm">l’héritage culturel et sportif de leurs parents</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-competition-eloigne-t-elle-les-filles-du-sport-212207">La compétition éloigne-t-elle les filles du sport ?</a>
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<p>L’EPS s’appuie sur des disciplines sportives comme le basket-ball ou l’athlétisme très fortement connotées sur le plan de la <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-sports_ecole_societe_la_difference_des_sexes_feminin_masculin_et_activites_sportives_annick_davisse_catherine_louveau-9782738465801-130.html">construction des identités sexuées</a>. Cela a pour conséquence une meilleure réussite des garçons par rapport aux filles.</p>
<p>Les inégalités de réussite en EPS peuvent s’expliquer par le <a href="https://journals.openedition.org/rfp/146">poids des représentations et des normes socioculturelles</a>. Les modalités d’évaluation ne peuvent nier les différences naturelles entre les sexes. Des barèmes différenciés sur les niveaux de performance sont ainsi proposés pour des activités comme l’athlétisme.</p>
<p>Mais les enseignants cherchent aussi à déconstruire les discours socioculturels pouvant normaliser les corps sexués. Les cours d’EPS sont l’occasion pour toutes et tous de pratiquer des activités ensemble et de lutter contre les croyances et les préjugés.</p>
<p>En EPS, les formes de pratiques mixtes se développent et se diffusent au sein de fédérations sportives comme celle du handball. Par exemple, en <a href="https://www.aeeps.org/productions/1673-atelier-de-pratique-handball-avec-pascale-jeannin.html">« Hand à 4 »</a>, l’objectif est de permettre à chacune et chacun d’accéder aux mêmes chances de réussite, donc d’être capable de tirer et de marquer. Pour cela, le contact entre les joueurs est aménagé. Il est autorisé mais la neutralisation est supprimée afin que chacun puisse s’exprimer sans appréhension. Autre règle adaptée, le tir indirect est obligatoire. Le tir avec rebond est autorisé comme la « roucoulette », le lob ou « chabala » pour réduire la « charge affective » du gardien de but.</p>
<p>Le but est ainsi de favoriser l’inclusion de toutes et tous – en tenant compte des différences morphologiques et physiques des élèves. L’EPS participe à cet enjeu d’égalité des chances.</p>
<h2>Le sport pour mieux se connaître</h2>
<p>Dans la société, se diffuse une <a href="https://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education-2011-2-page-17.htm">« sportivisation des mœurs et des corps »</a> influençant la construction identitaire et sportive de soi. L’adolescence constitue une période délicate concernant le rapport au corps, particulièrement exposé à l’ère des réseaux sociaux.</p>
<p>L’enseignement de l’EPS vise alors à former des citoyens ayant un esprit critique quant aux dérives potentielles du sport et de l’individualisme. En musculation par exemple, il convient d’endiguer cette dérive narcissique et égocentrique en proposant des formes de pratiques centrées sur l’idée de <a href="https://hal.science/hal-03160626">« faire ensemble »</a> pour s’entraîner et progresser.</p>
<p>La finalité de l’EPS consiste à rendre progressivement l’élève autonome au niveau de sa motricité, à lui donner des clés pour pratiquer seul ou à plusieurs dans sa vie future. L’EPS cherche ainsi à favoriser l’épanouissement individuel de l’élève en lui permettant de s’accomplir, d’agir, mais aussi de mieux se connaître. En musculation, l’élève doit être capable d’analyser son ressenti en lien avec une charge soulevée pour comprendre si son programme est adapté à son thème d’entraînement ainsi qu’à ses ressources et s’il maîtrise les paramètres du mouvement, les contenus sécuritaires.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sport-comment-les-reseaux-sociaux-transforment-les-pratiques-des-jeunes-207440">Sport : comment les réseaux sociaux transforment les pratiques des jeunes</a>
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<p>Il s’agit d’un véritable apprentissage par le « corps » répondant à une visée d’émancipation de tous. En effet, l’inégale maîtrise du corps chez les jeunes a pour conséquence une forme de hiérarchisation sociale. Les individus les plus à l’aise avec leur corps sont valorisés, au détriment des autres pouvant être <a href="http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Stigmate-2092-1-1-0-1.html">stigmatisés</a> ou exclus.</p>
<p>Aujourd’hui, les jeunes sont nombreux à visionner quotidiennement des vidéos sur <em>Youtube</em>, à se connecter à des applications offrant des programmes d’entraînement de culture physique. Le numérique interroge donc le modèle de transmission du savoir à l’école et en EPS.</p>
<p>L’objet connecté a pris une place considérable au sein des habitudes des sportifs. La technologie demeure un outil qu’il est utile de savoir maîtriser. Cela représente un véritable enjeu en termes d’éducation. En EPS, il est nécessaire pour les élèves de développer un regard critique et lucide sur les programmes proposés, sur la manière d’aborder les informations.</p>
<p>L’école participe à la formation du futur citoyen en lui permettant de faire des choix éclairés par rapport aux évolutions des loisirs sportifs. Les enseignants transmettent ainsi une culture motrice et des outils nécessaires plus tard à la pratique régulière et pérenne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220166/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Dietsch ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si des programmes comme les « 30 minutes d’activité quotidienne » à l’école mettent l’accent sur la lutte contre la sédentarité, la mission des cours d’éducation physique et sportive va bien au-delà.Guillaume Dietsch, Enseignant en STAPS, Agrégé d'EPS, UFR SESS-STAPS, Université Paris-Est Créteil, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2196912024-01-17T14:46:59Z2024-01-17T14:46:59ZComment un simple vélo peut changer la vie des jeunes en milieu défavorisé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568465/original/file-20240109-19-24agn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C989%2C717&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’organisme Cyclo Nord-Sud a mis sur pied, en 2023, le projet pilote Construis ton vélo!.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Notre état de santé dépend en partie de nos modes de déplacement. Le temps que l’on consacre à nos trajets en vélo, en voiture ou en transport en commun peut en effet avoir un effet positif ou négatif sur notre santé physique et mentale.</p>
<p>Or, l’organisation de notre quartier favorise certains modes de transport plus que d’autres.</p>
<p>C’est le <a href="https://urbanisme.umontreal.ca/fileadmin/amenagement/URB/Realisations-etudiantes/Expo-des-finissants/EFFA-2012/Analyser/SICG.pdf">cas du quartier Saint-Michel à Montréal</a>, dont la planification urbaine est centrée sur la voiture. De plus, il s’agit de l’un des quartiers les plus défavorisés du Québec. Ainsi, les personnes qui ne possèdent pas de voiture dépendent des transports publics, ce qui leur impose des trajets plus longs et plus éprouvants.</p>
<p>En raison d’une circulation mal adaptée et dangereuse pour les déplacements actifs, le vélo est le grand absent des modes de transport dans Saint-Michel. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les habitants, puisque ce mode de transport favorise la participation sociale et présente de nombreux bénéfices pour la santé physique et mentale.</p>
<p>C’est dans cette visée que l’organisme <a href="https://cyclonordsud.org/">Cyclo Nord-Sud</a> a mis sur pied, en 2023, le projet pilote <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8WP3JOv963g"><em>Construis ton vélo !</em></a>, lauréat de l’Incubateur civique de la <a href="https://www.mis.quebec/">Maison de l’innovation sociale</a>.</p>
<p>Il s’agit d’un programme parascolaire offert aux jeunes d’une école secondaire du quartier Saint-Michel, encadré par des bénévoles responsables, soit leur professeur d’éducation physique et un coach en mécanique. Les élèves ont été amenés à construire leur vélo de A à Z en binôme pendant 18 semaines. Ils ont donc terminé le programme avec, en poche, un vélo assemblé et de multiples connaissances pratiques en mécanique vélo.</p>
<p>Notre équipe de chercheurs en kinésiologie du <a href="https://sap.uqam.ca/">département des sciences de l’activité physique</a> de l’UQAM a collaboré avec Cyclo Nord-Sud pour comprendre les effets du projet du point de vue des participants. Concrètement, nous avons mené des groupes de discussion avec les élèves et analysé ce qui a été exprimé. Ce travail a d’ailleurs fait l’objet d’une <a href="https://osf.io/preprints/osf/vys83">publication académique</a> dans la revue <em>Santé Publique</em>.</p>
<h2>L’approche humaine et le sentiment d’accomplissement</h2>
<p>Une retombée importante du programme est le sentiment de fierté et d’accomplissement. Ces sentiments, nourris par les relations que les jeunes ont entretenues avec les bénévoles encadrants, ont permis d’instaurer un climat d’apprentissage agréable non seulement entre les élèves, mais aussi avec le coach mécanique et l’enseignant.</p>
<p>Par exemple, un des jeunes exprimait avoir ressenti de la fierté lors des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Tout ce que je fais ici j’étais fier […] t’es tout le temps en train d’avancer et j’étais tout le temps près de finir mon vélo, j’étais fier de ça.</p>
</blockquote>
<h2>Un environnement d’apprentissage bienveillant</h2>
<p>Les jeunes ont souvent évoqué la différence entre être dans une salle de classe ou à l’école en général. L’ambiance plus libre des ateliers s’opposait ainsi à l’atmosphère scolaire plus rigide.</p>
<p>Ils ont également souligné l’effet relaxant des ateliers, et son rôle parfois thérapeutique. Le fait que ce soit une activité parascolaire pourrait expliquer le sentiment de bien-être exprimé par les jeunes.</p>
<p>Un participant exprimait d’ailleurs l’effet positif de l’attitude des bénévoles encadrants :</p>
<blockquote>
<p>Ce que j’apprécie aussi, c’est qu’il (l’enseignant) était là pour nous soutenir […] tu te sens pas inférieur et il est là pour t’aider, mais en même temps il est là pour apprendre avec toi, c’est ça que je trouvais très important.</p>
</blockquote>
<h2>Faire les choses pour soi, pas pour un vélo</h2>
<p>Les jeunes ont soulevé qu’avant de débuter le programme, leur motivation principale à y participer était d’avoir un vélo gratuit.</p>
<p>Or, leur motivation à se présenter aux ateliers a évolué au fil du temps : au-delà du vélo, l’ambiance agréable leur donnait envie de revenir chaque semaine.</p>
<p>Un jeune témoigne d’ailleurs qu’il revenait chaque semaine, car il avait toujours du plaisir pendant des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Moi, je dirais au début, c’était compliqué […] on savait pas beaucoup de choses […] mais y’avait la plupart de nos amis qui étaient là […] et ça veut dire que je savais que quand j’allais arriver ici, j’allais rigoler et m’amuser.</p>
</blockquote>
<h2>Être plus autonome pour bouger</h2>
<p>Plusieurs jeunes ont soulevé certaines difficultés à se déplacer en transport en commun, souvent dû au fait qu’ils habitent loin des lieux fréquentés.</p>
<p>En effet, les participants ont rapporté que les horaires d’autobus du quartier sont complexes et que les trajets sont longs.</p>
<p>Leur nouveau vélo est alors devenu un élément essentiel qui contribue positivement à leur autonomie de déplacement. Ils ont aussi identifié le vélo comme étant un moyen de favoriser leur participation sociale et leurs opportunités de participer à diverses activités.</p>
<p>À la question <em>Qu’allez-vous faire de votre vélo maintenant ?</em>, l’un des jeunes a répondu :</p>
<blockquote>
<p>Je sais que ça va m’être utile parce que je travaille pas loin, et ça peut me permettre de m’y rendre pendant l’été, de me prendre moins de temps, ou même d’aller au parc si j’ai envie, c’est utile dans la vie de tous les jours.</p>
</blockquote>
<p>Le programme <em>Construis ton vélo</em> désire se développer à plus grande échelle au Québec (sous réserve de financements) et s’améliorer.</p>
<p>À travers cette initiative, le vélo permet de réunit l’éducation et la santé. Et les participants gagnent en autonomie ainsi qu’en compétences.</p>
<p>Gageons que ce genre de programme, combiné à davantage d’infrastructures cyclables agréables et sécuritaires, pourrait contribuer à la santé et au bien-être de tout un chacun.</p>
<img src="https://counter.theconversation.com/content/219691/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Célia Kingsbury a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada. Elle travaille en collaboration avec l'organisme Cyclo Nord-Sud. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Paquito Bernard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cet article explore les retombées d’un projet pilote offert à des élèves en milieu défavorisé par l’organisme Cyclo Nord-Sud visant à promouvoir l’utilisation du vélo comme mode de transport.Célia Kingsbury, Candidate au doctorat en promotion de la santé, Université de MontréalPaquito Bernard, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2197602024-01-11T16:40:06Z2024-01-11T16:40:06ZCoupe d’Afrique des Nations de football : la « diplomatie des stades » chinoise sort le grand jeu<p>La Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le plus grand tournoi de football par équipes nationales d’Afrique, débutera le 13 janvier par un match entre la Guinée-Bissau et la Côte d’Ivoire, pays hôte de l’édition 2024, au stade Alassane-Ouattara d’Abidjan. Ce stade ultramoderne, également connu sous le nom de Stade olympique d’Ebimpé, a été inauguré en 2020 et figure parmi les <a href="https://footballgroundguide.com/news/afcon-stadiums-ivory-coast-afcon-2023">six enceintes retenues pour le tournoi</a>.</p>
<p>Sa construction a débuté en 2016 dès que le premier ministre de l’époque, Daniel Kablan Duncan, a donné le premier coup de pioche, entouré de plusieurs représentants de l’ambassade de Chine en Côte d’Ivoire. Le stade a été conçu par l’Institut de conception architecturale de Pékin et construit par le Beijing Construction Engineering Group, <a href="https://2017-2021.state.gov/communist-chinese-military-companies-listed-under-e-o-13959-have-more-than-1100-subsidiaries/">deux entités publiques</a> chinoises.</p>
<p>Le stade d’Abidjan n’est pas le seul site de la compétition à avoir fait l’objet d’une implication considérable de la part de la Chine. À San Pedro (sud-ouest du pays), le stade Laurent-Pokou a été construit par la China Civil Engineering Construction Corporation (là encore, propriété de l’État), tandis que la China National Building Material (dont les principaux directeurs ont des liens étroits avec le Parti communiste chinois) a été l’entrepreneur général du stade Amadou-Gon-Coulibaly à Korhogo (nord).</p>
<h2>Du Costa Rica au Cameroun</h2>
<p>L’implication de la Chine dans la CAN n’est pas nouvelle, elle s’inscrit dans une politique à long terme de <a href="https://www.policyforum.net/china-fuelling-african-cup-nations/">« diplomatie des stades »</a> qu’elle déploie à travers l’Afrique. Dans le cadre des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/nouvelles-routes-de-la-soie-36140">« nouvelles routes de la soie »</a> qui vise à promouvoir le commerce est-ouest, des stades ont souvent été offerts à des nations africaines ou construits à l’aide de <a href="https://apnews.com/article/china-debt-banking-loans-financial-developing-countries-collapse-8df6f9fac3e1e758d0e6d8d5dfbd3ed6">prêts bonifiés</a> (prêts accordés à des taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché).</p>
<p>Lorsque le Gabon a co-organisé (avec la Guinée équatoriale) la Coupe des Nations en 2012 par exemple, la Chine a participé à la construction de ses deux stades. Cinq ans plus tard, en 2017, le Gabon a de nouveau organisé le tournoi (seul cette fois), pour lequel la Chine a construit deux autres stades. Entretemps, les présidents gabonais Ali Bongo et chinois Xi Jinping se sont rencontrés pour convenir que le pays du premier deviendrait un <a href="https://thediplomat.com/2023/04/china-gabon-relations-get-an-upgrade/">partenaire de coopération global</a> du second. Aujourd’hui, le Gabon exporte aujourd’hui environ <a href="https://oec.world/en/profile/bilateral-country/gab/partner/chn">15 % de toutes ses exportations vers la Chine</a>, dont le pétrole brut et le minerai de manganèse constituent la plus grande part.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1648950102583648256"}"></div></p>
<p>Peu après le moment où la construction du stade Alassane-Ouattara démarrait, le président ivoirien du même nom rendait visite à Xi Jinping à Pékin pour finaliser les détails d’un <a href="https://www.africanews.com/2021/04/28/china-is-gabon-s-most-profitable-trading-partner-from-2009-to-2020/">partenariat stratégique de coopération</a>. La Chine aura finalement investi 1,5 milliard de dollars américains en Côte d’Ivoire entre 2018 et 2020. Aujourd’hui, la nation africaine exporte pour 700 millions de dollars de ressources naturelles et de biens vers son partenaire d’Asie de l’Est, soit sept fois plus qu’en 2016.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1034394441627459584"}"></div></p>
<p>La diplomatie chinoise des stades, que l’on observe également dans des pays allant du <a href="https://diplomatist.com/2020/11/03/chinas-stadium-diplomacy-all-that-glitters-is-not-gold/">Costa Rica</a> en Amérique latine au <a href="https://africachinareporting.com/chinese-stadia-in-cameroon-revive-football-and-smes/">Cameroun</a>, est officiellement présentée comme bilatérale et consensuelle. Certains critiques assimilent néanmoins cette politique à du <a href="http://jpinyu.com/wp-content/uploads/2015/12/Submission2.pdf">néocolonialisme</a>. Certes, les nations africaines obtiennent de nouvelles infrastructures sportives pour impressionner le monde, des garanties d’investissements étrangers et des destinations pour leurs exportations. Cependant, des questions subsistent quant aux <a href="https://indepthsolomons.com.sb/the-negative-impacts-of-chinas-global-stadium-diplomacy/">coûts économiques et politiques</a> de ces échanges et à l’utilité des stades une fois les événements terminés.</p>
<h2>Rivalité saoudienne</h2>
<p>Pour la Chine, les avantages sont évidents : cette « diplomatie des stades » lui permet d’étendre sa sphère d’influence en Afrique, créant souvent des <a href="http://jpinyu.com/wp-content/uploads/2015/12/Submission2.pdf">interdépendances asymétriques</a> qui placent les nations africaines sous l’autorité du gouvernement de Pékin. Dans le même temps, l’Afrique est devenue une <a href="https://www.brookings.edu/articles/chinas-engagement-with-africa-from-natural-resources-to-human-resources/">source de matières premières</a> qui contribuent à soutenir la croissance économique de la Chine et à lui donner un avantage stratégique dans des secteurs tels que la fabrication de batteries.</p>
<p>Les nations africaines y sont désormais habituées ; après tout, le Royaume-Uni et la France, anciennes puissances coloniales, ont déjà utilisé des tactiques similaires. D’une certaine manière, ces pays restent présents ; par exemple, l’entreprise française <a href="https://totalenergies.com/fr/news/totalenergies-et-le-football-africain">TotalEnergies sponsorise la Coupe d’Afrique des Nations</a> et reste impliquée dans <a href="http://www.cadtm.org/French-fossil-imperialism-South-African-subimperialism-and-anti-imperial">d’importantes activités de prospection pétrolière</a> sur le continent. Mais la Chine doit désormais compter avec un nouveau rival plus conséquent : l’Arabie saoudite, qui s’engage également dans la diplomatie du football.</p>
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<img alt="Vue du stade Laurent Pokou à San Pedro" src="https://images.theconversation.com/files/565235/original/file-20231212-15-74mwg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565235/original/file-20231212-15-74mwg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565235/original/file-20231212-15-74mwg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565235/original/file-20231212-15-74mwg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565235/original/file-20231212-15-74mwg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565235/original/file-20231212-15-74mwg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565235/original/file-20231212-15-74mwg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue du stade Laurent Pokou à San Pedro.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stade_Laurent_Pokou#/media/Fichier:Stade_de_San-P%C3%A9dro_(Bosson).jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>La puissance du Golfe est en pleine transformation et en plein développement économique. Et l’un de ses aspects consiste à investir des <a href="https://nepf.org.au/index.php/playing-for-power-a-deep-dive-into-saudi-arabias-global-sports-ambitions/">centaines de millions de dollars dans le sport</a>. Au cœur des plans du gouvernement saoudien se trouve son intention de positionner le pays comme un centre afro-eurasien, ce qui a déjà commencé à avoir un impact sur le football. À un moment donné, en 2023, il semblait que le royaume se porterait <a href="https://nepf.org.au/index.php/saudi-arabia-china-red-sea-geopolitics-the-2030-world-cup/">candidat à l’organisation de la Coupe du Monde de football 2030</a>, aux côtés de l’Égypte et de la Grèce. Dans le cadre de l’accord proposé, l’Arabie saoudite aurait offert de construire de nouveaux stades dans chacun des pays partenaires.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/apres-le-qatar-larabie-saoudite-joue-la-carte-du-soft-power-par-le-sport-201513">Après le Qatar, l’Arabie saoudite joue la carte du « soft power » par le sport</a>
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<p>Finalement, l’Arabie saoudite a décidé de se porter seule candidate à l’organisation de l’édition 2034, bien que l’implication potentielle des nations africaines ne soit pas à négliger. En effet, pour Neom, un mégaprojet de ville nouvelle futuriste dans le nord-ouest du pays, l’Arabie saoudite prévoit une <a href="https://www.al-monitor.com/originals/2022/08/saudi-arabias-neom-project-bring-huge-investments-egypt">collaboration avec l’Égypte</a>. En outre, Visit Saudi, l’office du tourisme du royaume, s’est engagé comme <a href="https://www.sportspromedia.com/news/african-football-league-visit-saudi-sponsorship-caf-visa-afc/">sponsor de la Ligue africaine de football</a>, tandis que la Fédération saoudienne de football a conclu un accord avec la Fédération mauritanienne de football.</p>
<p>Au moment où ce dernier accord a été conclu, le prince saoudien Mohammed ben Salmane a reçu un message écrit du président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz concernant le <a href="https://www.arabnews.com/node/2341281/saudi-arabia">renforcement des relations et de la coordination bilatérales</a>.</p>
<h2>Le Qatar se rapproche du Rwanda</h2>
<p>Cependant, les critiques affirment que le gouvernement de Riyad tente de <a href="https://www.theguardian.com/environment/2023/nov/27/revealed-saudi-arabia-plan-poor-countries-oil">rendre l’Afrique « accro » au pétrole</a> pour compenser la baisse de la demande ailleurs dans le monde. D’autres assurent que, comme la Chine, le royaume a besoin d’accéder aux ressources naturelles de l’Afrique (telles que le lithium, le cobalt et le cuivre) pour mener à bien ses réformes économiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1729215309486415903"}"></div></p>
<p>Un autre pays du Golfe, le Qatar, a mis en place un modèle d’engagement avec l’Afrique. Après avoir gagné le droit d’organiser la Coupe du Monde de football 2022, le <a href="https://www.qatar-tribune.com/article/93860/sports/generation-amazing-launches-sports-for-development-programme-in-rwanda">Qatar a fait du Rwanda un partenaire privilégié</a> : plusieurs projets de développement du football ont été financés par le gouvernement de Doha. Parallèlement, l’entreprise publique Qatar Airways a fait une offre pour <a href="https://www.mininfra.gov.rw/updates/news-details/qatar-to-take-60-stake-in-rwandas-new-international-airport">acquérir des participations importantes dans Air Rwanda</a> et dans le nouvel aéroport international de Kigali.</p>
<p>Quand le premier match de la CAN débutera à Abidjan le 13 janvier, la concurrence diplomatique en dehors du terrain risque donc d’être tout aussi intense que la bataille sur le terrain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219760/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Des entreprises publiques chinoises financent de plus en plus d’enceintes sportives à travers le continent. La Côte d’Ivoire, pays-hôte de l’édition 2024 de la CAN, ne fait pas exception.Simon Chadwick, Professor of Sport and Geopolitical Economy, SKEMA Business SchoolChris Toronyi, PhD Candidate and Lecturer, Loughborough UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2208912024-01-11T16:39:04Z2024-01-11T16:39:04ZFootball : au Qatar, coup d’envoi de la Coupe d’Asie des tensions<p>À peine plus d’un an après avoir accueilli la Coupe du Monde, le Qatar s’apprête à accueillir à nouveau l’une des plus grandes compétitions de football, la Coupe d’Asie des nations. Le petit pays du Golfe lancera la compétition face au Liban, le 12 janvier, au stade Lusail, près de Doha, où <a href="https://www.aljazeera.com/news/2022/12/18/tears-of-relief-and-joy-as-messi-lifts-world-cup-for-argentina">Lionel Messi avait mené l’Argentine à la victoire</a> en décembre 2022.</p>
<p>Le Qatar espère <a href="https://www.cnbc.com/2019/01/30/qatar-thrashes-uae-4-0-in-politically-charged-asia-cup-semi-final--.html">conserver son titre acquis en 2019</a> face au Japon, aux Émirats arabes unis. Les cinq dernières années ont été mouvementées, turbulentes et donc incertaines : la <a href="https://www.reuters.com/lifestyle/sports/china-gives-up-2023-asian-cup-hosting-rights-afc-2022-05-14/">Chine aurait dû accueillir l’événement</a>, mais une combinaison de raisons politiques et sanitaires (sa politique « zéro Covid ») a <a href="https://asia.nikkei.com/Business/Business-Spotlight/Chinese-soccer-plunges-deeper-into-crisis">réduit les ambitions du pays</a> qui <a href="https://www.espn.co.uk/football/story/_/id/37628437/china-withdraw-afc-asian-cup-2023-hosts">a finalement renoncé en 2022</a> à accueillir le tournoi.</p>
<p>Quand elle a gagné le droit d’organiser la Coupe d’Asie, en 2019, la Chine aspirait à devenir l’une des principales nations de football au monde. Or, ces rêves ont été contrariés par des joueurs peu performants, des politiciens qui s’immiscent dans le jeu et la prudence apparente des officiels chinois.</p>
<h2>Le Qatar à nouveau au centre de l’attention</h2>
<p>La Confédération asiatique de football (AFC) a donc rouvert les candidatures et reprogrammé la compétition en 2024, une opportunité fortuite pour le Qatar. Ayant dépensé <a href="https://publika.skema.edu/qatar-saudi-arabia-sport-is-also-a-means-to-accumulate-power-and-build-control/">240 milliards de dollars pour accueillir la Coupe du monde</a>, le pays pourra réutiliser ses nouvelles infrastructures et démontrer que l’organisation d’un tournoi peut avoir des retombées positives. Sur le plan régional, cela est d’autant plus important que, depuis 2019, l’Arabie saoudite voisine est devenue un sérieux <a href="https://www.thisdaylive.com/index.php/2023/08/30/sports-and-entertainment-tourism-saudi-arabias-ambitious-plan-to-host-major-events-and-attract-global-audiences">rival pour les projets d’accueil d’événements sportifs</a> du Qatar.</p>
<p>Néanmoins, le Qatar se retrouve une fois de plus au centre de l’attention, une position que le gouvernement du pays souhaite perpétuer. Lors de la Coupe du monde 2022, il s’est imposé comme un <a href="https://www.cityam.com/size-matters-why-tiny-qatar-decided-it-needed-to-host-the-world-cup/">hôte fiable</a>, capable d’organiser des événements avec succès, comme un point focal pour communiquer une <a href="https://time.com/6237673/arab-nationalism-world-cup-qatar/">vision de l’unité arabe</a> et pour démontrer qu’il est un membre légitime et digne de confiance de la communauté internationale. Cette année, les responsables de Doha rechercheront sans aucun doute le même objectif, surtout au vu des récentes turbulences au Moyen-Orient.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue du stade Lusail de Doha au Qatar" src="https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568637/original/file-20240110-29-8ndfnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le stade Lusail de Doha, où s’est déroulé la finale de la Coupe du monde 2022, accueille le match d’ouverture, le 12 janvier.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://zh.wikipedia.org/zh-cn/File:Lusail_Iconic_Stadium,_Qatar.jpg">Ilus/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Ces dernières années, le <a href="https://edition.cnn.com/2023/11/01/middleeast/qatar-mediation-israel-hamas-intl/index.html">Qatar s’est engagé dans la diplomatie</a> entre les États-Unis et le gouvernement taliban en Afghanistan, a organisé un échange d’otages entre l’Iran et les États-Unis et a joué un rôle déterminant dans la négociation de la libération d’otages palestiniens et israéliens. Lors de la Coupe d’Asie, les responsables qataris <a href="https://apnews.com/article/qatar-palestinians-israel-negotiation-hostages-6a11f09dd0968de8eb232260d7aca90d">devront déployer pleinement leur « soft power »</a> (puissance douce) et leur diplomatie, notamment en raison de l’identité de plusieurs équipes qualifiées pour le tournoi.</p>
<h2>Football et politique se mélangent</h2>
<p>Les événements actuels au Proche-Orient ont entraîné la <a href="https://www.aljazeera.com/sports/2023/10/30/israelis-war-on-gaza-hits-palestinian-football">mort de plusieurs joueurs de football</a> et la guerre a posé des problèmes à la sélection palestinienne pour se préparer au tournoi. Pour son premier match, l’équipe affrontera l’Iran, <a href="https://www.chathamhouse.org/2023/11/irans-regional-strategy-raising-stakes-hamas-israel-war">pays accusé par Israël, les États-Unis et leurs alliés</a> d’être à l’origine des attaques du Hamas en Palestine et de soutenir le Hezbollah au Liban. Ce dernier participera également au tournoi, dans le même groupe que le Qatar et la Chine, à un moment de tensions croissantes, comme en témoigne la <a href="https://edition.cnn.com/2024/01/03/middleeast/iran-explosions-soleimani-ceremony-intl/index.html">récente explosion terroriste</a> à Téhéran.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1719136639170056311"}"></div></p>
<p>Lors de la Coupe du monde 2022, <a href="https://www.npr.org/2022/11/29/1139548119/iran-protests-2022-world-cup">l’Iran s’était attiré les foudres du monde entier</a>, car à l’époque, des femmes du pays étaient arrêtées et battues pour avoir refusé de se couvrir la tête en public. Cette question pourrait resurgir une fois de plus, bien que l’apparition des Émirats arabes unis dans le même groupe que l’Iran et que la sélection palestinienne suggère que des questions plus importantes pourraient être soulevées – idéalement, le football et la politique ne devraient pas se mélanger, mais c’est très souvent le cas.</p>
<p>Tout au long du récent conflit au Moyen-Orient, Etihad Airways d’Abu Dhabi a été <a href="https://gulfnews.com/business/aviation/uaes-etihad-resumes-israel-flights-emirates-suspends-all-tel-aviv-flights-until-october-20-1.1696997020113">l’une des rares compagnies aériennes internationales à continuer à desservir Tel-Aviv</a>. Cela fait suite à la normalisation de ses relations avec Israël en 2020, un processus qui a ensuite donné lieu à <a href="https://news.sky.com/story/beitar-jerusalem-emirati-sheikh-invests-in-football-club-with-reputation-for-anti-arab-racism-12155293">plusieurs accords dans le domaine du football</a>. Mais le Qatar, pays hôte du tournoi, a toujours refusé de suivre le mouvement, tandis que l’Arabie saoudite est <a href="https://www.reuters.com/world/middle-east/saudi-arabia-puts-israel-deal-ice-amid-war-engages-with-iran-sources-say-2023-10-13/">revenue sur sa volonté de normalisation</a> à la suite de l’action militaire d’Israël à Gaza.</p>
<h2>Une édition particulière</h2>
<p>La Coupe d’Asie de cette année se déroulant dans un contexte de conflit et d’incertitude, l’Arabie saoudite s’y rend en essayant de se forger une <a href="https://www.ft.com/content/a619d07c-70e3-453c-83b3-3ce2ff903a78">réputation internationale plus progressiste et plus responsable</a>. Cela n’a jamais été aussi évident qu’à travers ses <a href="https://theconversation.com/saudi-arabia-and-sport-a-strategic-gamble-aiming-for-economic-political-and-social-goals-199233">récents investissements sportifs</a>, en particulier dans le football. Il y a cinq ans, le royaume était arrivé deuxième de son groupe et avait quitté la compétition en huitièmes de finale, une performance décevante comparée à celle de ses petits voisins, le Qatar et les Émirats arabes unis (qui ont atteint les demi-finales).</p>
<p>Cette fois-ci, l’Arabie saoudite, qui a <a href="https://www.middleeasteye.net/news/saudi-arabia-football-huge-spending-reshape-middle-east">beaucoup investi dans l’acquisition de joueurs étrangers</a> pour son championnat national, espère mieux jouer, voire remporter le tournoi, et projeter une image du pays qui attire l’attention de manière positive plutôt que négative. La Coupe d’Asie ne sera pas un test décisif pour évaluer le retour sur investissement de l’Arabie saoudite dans le football, mais les performances de l’équipe dans le tournoi donneront une indication de l’évolution du football dans le royaume.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/football-le-modele-de-la-saudi-pro-league-peut-il-simposer-214296">Football : le modèle de la Saudi Pro League peut-il s’imposer ?</a>
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<p>En ce qui concerne le soft power et l’attractivité, les pays du Golfe se retrouveront <a href="https://theconversation.com/world-cup-2022-who-won-the-prize-for-soft-power-195867">face à certains des meilleurs dans ce domaine</a>, notamment le Japon et la Corée du Sud. Tous deux participeront au tournoi et ont une réputation bien établie pour ce qui est de séduire le public dans le monde entier, qu’il s’agisse des supporters japonais qui <a href="https://timesofindia.indiatimes.com/life-style/spotlight/japanese-fans-cleaning-stadiums-its-cool-but-why-are-they-doing-it/articleshow/95993013.cms">nettoient les stades après leur passage</a> ou du Sud-Coréen Son Heung-min, véritable <a href="https://www.korea.net/NewsFocus/Culture/view?articleId=226199">ambassadeur de la « vague Hallyu »</a>, qui désigne la politique de soft power du pays.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1595475389257760768"}"></div></p>
<p>À ce mélange de tensions, d’attraction et d’intrigues s’ajoutent l’Australie et la Syrie, qui s’affrontent, même si <a href="https://www.smh.com.au/politics/federal/australia-to-end-air-strikes-in-iraq-and-syria-following-victory-over-islamic-state-20171222-h090x4.html">leurs relations en dehors du terrain restent tendues</a> (la première ayant bombardé la seconde au cours de la dernière décennie). L’Indonésie sera également présente, pays qui ambitionnait d’accueillir la Coupe du monde <a href="https://www.espn.co.uk/football/story/_/id/38687241/saudi-given-2034-wc-bid-boost-indonesia-show-support">mais qui se serait retiré</a> pour permettre à l’Arabie saoudite de devenir le favori pour l’organisation du tournoi de 2034. Il y a aussi l’Inde, une nation traditionnellement peu performante dans le domaine du football mais qui <a href="https://www.firstpost.com/sports/football-news/indian-football-2023-year-in-review-13526702.html">s’éveille peu à peu</a> aux avantages économiques et politiques de ce sport.</p>
<p>Contrairement aux éditions précédentes, la Coupe d’Asie 2024 revêt une importance particulière. Certaines régions du continent sont en proie à des conflits, tandis que d’autres sont en train de devenir des puissances mondiales. Cela illustre la façon dont le <a href="https://knowledge.skema.edu/future-sport-asia-khanna-soft-power/">monde pivote du Nord vers le Sud</a>. Dans le même temps, le tournoi nous rappelle que ce pivot ne se fait pas nécessairement sans heurts, surtout en ces temps difficiles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220891/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un peu plus d’un an après le Mondial, le Qatar accueille le tournoi international continental dans un contexte de rivalités avec le voisin saoudien et du risque d’embrasement de la région.Simon Chadwick, Professor of Sport and Geopolitical Economy, SKEMA Business SchoolPaul Widdop, Reader of Sport Business, Manchester Metropolitan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2097322024-01-04T15:49:00Z2024-01-04T15:49:00ZL’activité physique, un outil thérapeutique pour traiter la dépendance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541260/original/file-20230804-15-8qg771.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=55%2C0%2C6189%2C4095&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Notre revue scientifique indique que les personnes qui intègrent des activités physiques dans leur traitement pour la dépendance connaissent une réduction plus significative de leur consommation de substance par rapport à celles qui n'en incluent pas.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Pexels cottonbro studio)</span>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>L’activité physique est reconnue pour ces nombreux bienfaits, <a href="https://www.acsm.org/docs/default-source/publications-files/acsm-guidelines-download-10th-edabf32a97415a400e9b3be594a6cd7fbf.pdf">autant au niveau de la santé physique que mentale</a>. Elle peut, entre autres, réduire le taux de mortalité, le risque de nombreuses maladies chroniques ainsi qu’améliorer les symptômes de dépression et d’anxiété.</p>
<p>Il existe aussi un autre aspect bénéfique à considérer : nous avons observé que l’activité physique peut également contribuer à diminuer la consommation de drogue et d’alcool. </p>
<p>En tant que kinésiologue et candidate au doctorat en science de l’activité physique, cette découverte a renforcé ma passion pour ce domaine de recherche. Dans cet article, je vais vous expliquer comment notre équipe de recherche sommes parvenus à ce résultat. </p>
<p>Nous avons d’abord conduit une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0283861#pone.0283861.ref014">revue systématique de la littérature</a> scientifique, c’est-à-dire une compilation et analyse de toutes les études portant sur l’activité physique et la dépendance. </p>
<p>Nous avons choisi de ne pas inclure le tabac dans notre revue en raison de sa sur-représentation dans les études <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1360-0443.2012.04034.x">liées à l’effet de l’activité physique</a>. Nous nous sommes concentrés sur l’alcool et les autres drogues, car bien que le tabac puisse mener à une dépendance, celle-ci est singulièrement différente des autres substances au niveau fonctionnel ainsi qu’au niveau des traitements.</p>
<p>Ainsi, un total de quarante-trois articles incluant plus de 3 135 personnes suivant un traitement pour la dépendance ont été analysés. La plupart des études proposaient des interventions en activité physique trois fois par semaine, pendant une heure. L’activité physique la plus utilisée a été la course, suivie par l’entraînement en musculation, le vélo et le yoga. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/contre-la-depression-lexercice-peut-etre-plus-efficace-que-les-therapies-ou-la-medication-201257">Contre la dépression, l’exercice peut être plus efficace que les thérapies ou la médication</a>
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<h2>Des dépendances communes</h2>
<p>Pour des raisons complexes et encore mal comprises, la consommation de drogue et d’alcool, courante en Occident, peut parfois amener à un état de dépendance. Cet état se nomme <a href="https://mcc.ca/fr/objectifs/expert/key/103/">trouble de l’usage de substance</a>. Il s’agit d’un trouble de santé mentale diagnostiqué et défini par le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3767415/">DSM-5</a> comme étant la persistance de la consommation de substances malgré l’apparition de symptômes cognitifs, comportementaux et physiologiques. On note par exemple l’incapacité de remplir ses obligations majeures au travail, à l’école ou au domicile ; des symptômes de sevrage lors de la cessation ou encore une haute tolérance lors de la consommation.</p>
<p><a href="https://bdso.gouv.qc.ca/docs-ken/multimedia/PB01671FR_portrait_sante_mentale2015H00F00.pdf">Les dépendances touchent environ 18 % de la population québécoise</a>. Les <a href="https://bdso.gouv.qc.ca/docs-ken/multimedia/PB01671FR_portrait_sante_mentale2015H00F00.pdf">plus courantes</a> sont celles liées à l’alcool (53 %), au cannabis (5 %), et aux autres drogues telles que les opioïdes ou l’héroïne par exemple (13 % des dépendances). </p>
<p>Sortir d’une situation de dépendance, seul ou accompagné, peut être difficile. <a href="https://nida.nih.gov/publications/drugs-brains-behavior-science-addiction/treatment-recovery">On estime qu’entre 40 à 60 % des personnes vont rechuter plusieurs fois avant d’atteindre leur objectif personnel de consommation</a>. En effet, certaines peuvent vouloir diminuer leur consommation sans vouloir nécessairement atteindre la complète sobriété. Les traitements psychologiques ou pharmacologiques restent encore peu efficaces sur la diminution des symptômes de dépendance. On estime qu’entre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0376871616308675?via%3Dihub">35 à 54 % des personnes vont atteindre une rémission complète à la suite d’un traitement</a> tout dépendant de la sorte de traitement suivi. </p>
<p>C’est pourquoi il est important de trouver de nouvelles façons de soigner les personnes ayant des dépendances. </p>
<h2>Les trois-quarts des études observent une amélioration à la suite de la pratique d’une activité physique</h2>
<p>Parmi les traitements pour contrer les dépendances, l’activité physique est considérée comme une avenue thérapeutique potentielle, vu ses bienfaits au niveau physiologique, psychologique ou encore social. </p>
<p>Nous avons ainsi découvert que 75 % des études montraient une plus grande diminution de la consommation de substance chez les personnes qui pratiquaient des activités physiques pendant leur traitement de dépendance comparativement à celles qui n’en pratiquent pas. </p>
<p>Par ailleurs, un effet a aussi été observé au niveau du <em>craving</em>, un symptôme central dans la dépendance et qui peut grandement influencer la rechute. Il est défini comme un manque intense souvent ressenti pendant le sevrage d’une substance. Les trois-quarts des études montraient que les personnes pratiquant de l’activité physique pendant leur traitement ressentaient moins de symptômes de manque. </p>
<p>Ce dernier résultat est très important, car il montre l’importance de l’activité physique d’un point de vue thérapeutique, soit le pouvoir d’aider concrètement les personnes pendant leur traitement et d’améliorer l’issue de celui-ci. </p>
<h2>Meilleure pour la santé mentale</h2>
<p>Un deuxième point que nous avons relevé est le fait que le traitement pour la dépendance incluant de l’activité physique s’avérait plus efficace pour la santé mentale. L’activité physique en complémentarité avec le traitement pour la dépendance a amélioré les symptômes de dépression et d’anxiété. </p>
<p>En effet, les symptômes de dépression se sont améliorés dans plus de la moitié des études, et les symptômes anxieux, dans plus de 70 %. Ces résultats sont cliniquement utiles, car ces troubles sont souvent présents chez cette population, et peuvent fortement influencer le rétablissement. </p>
<h2>Un outil peu coûteux</h2>
<p>Les équipes en dépendance vont prioriser les symptômes reliés directement à la dépendance (comme le <em>craving</em>) souvent par manque de temps ou de ressources, une réalité incontournable dans les centres de dépendances. Ainsi, l’activité physique pourrait être un outil peu coûteux, demandant peu de ressources et apportant des bénéfices considérables, tant pour contrer la dépendance elle-même que la dépression et l’anxiété.</p>
<p>Notre recherche montre l’importance, autant pour les personnes ayant une dépendance que pour les intervenants et les professionnels de la santé qui travaillent avec cette clientèle, d’ajouter de l’activité physique dans les traitements. </p>
<p>Il s’agit d’une option thérapeutique efficace, peu coûteuse, faisable et bénéfique pour les personnes souhaitant diminuer leur consommation et améliorer, en même temps, leur santé mentale et physique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209732/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Piché est membre de la fédération des Kinésiologues du Québec. Elle a reçu des financements de l'Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal, des Fonds de recherche en Santé du Québec et de l'Institut universitaire sur les dépendances. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ahmed Jerome Romain a reçu des financements de la Fondation de l'Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal et du Fonds de Recherche en Santé du Québec</span></em></p>L’activité physique pourrait influencer le traitement des personnes ayant une dépendance. Il s’agit d’une option thérapeutique efficace et peu coûteuse.Florence Piché, Phd candidat, Université de MontréalAhmed Jerome Romain, Professeur adjoint en promotion de l'activité physique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2173292024-01-01T15:47:17Z2024-01-01T15:47:17ZTous en salle ? Comprendre l’obsession contemporaine pour les corps musclés<p><em>Façonner son corps, le rendre plus performant… Une pratique qui suscite un engouement croissant, en particulier chez les millennials, adeptes de la salle de sport. Une génération qui a connu des crises fréquentes, caractéristiques d’un « capitalisme des vulnérabilités ». Et si, au -delà des bénéfices pour la santé, cette obsession pour le sport constituait un moyen de faire face et de lutter contre un sentiment de dépossession ? Un nouvel article de notre série « Nos vies mode d'emploi ».</em></p>
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<p>Vos collègues sont accros au <a href="https://www.passeportsante.net/fr/forme/sport/Fiche.aspx?doc=quest-ce-que-crossfit">CrossFit</a> et il arrive que les discussions sur la « prise de masse » s’invitent à la cantine ? Vous avez peut-être noté, autour de vous, un engouement croissant pour la salle de sport.</p>
<p>Au total, en 2020, on en comptait <a href="https://additimedia.ouest-france.fr/le-marche-de-la-salle-de-sport-etat-des-lieux-et-enjeux-de-marche/">4 540 en France, réalisant un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros</a>.</p>
<p>Il s’agit, de fait, d’un marché en <a href="https://ac-franchise.com/article/quel-avenir-attend-le-secteur-des-salles-de-sport-dici-2025">pleine croissance</a>, en Europe comme dans l’Hexagone, marqué par une offre de plus en plus diversifiée, ciblée et technologisée.</p>
<p>En effet, il est possible de s’abonner dans des salles low cost comme de luxe, les adhérentes et adhérents peuvent s’adonner à une diversité des pratiques, et ces lieux proposent une offre digitalisée de plus en plus marquée (cours en ligne, coaching réel ou virtuel, conseils nutritionnels notamment). Ce sont ainsi 6,2 millions de Français qui ont souscrit à un abonnement <a href="https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/consumer-business/articles/european-health-and-fitness-market-report-2023.html">(avec une augmentation de 16 % du nombre d’abonnés entre 2015 et 2022)</a>. Les salles sont de véritables lieux de <a href="https://www.lechappee.org/collections/pour-en-finir-avec/la-fabrique-du-muscle">« fabrique du muscle »</a>.</p>
<p>Un phénomène sur lequel j’ai enquêté pendant cinq ans pour ma thèse de sociologie et que je continue à analyser depuis, à travers l’observation participante.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Comment habiter ce monde en crise, comment s’y définir, s’y engager, y faire famille ou société ? Notre nouvelle série « Nos vies modes d'emploi » explore nos rapports intimes au monde induits par les bouleversements technologiques, féministes et écologiques survenus au tournant du XXIe siècle.</em>
<em>À lire aussi :</em></p>
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<li><p><a href="https://theconversation.com/les-amis-notre-nouvelle-famille-217162"><em>Les amis, notre nouvelle famille ?</em></a></p></li>
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<li><p><a href="https://theconversation.com/yoga-chamanisme-sorcellerie-etes-vous-ouvert-aux-nouvelles-spiritualites-217164">Yoga, chamanisme, sorcellerie… Êtes-vous ouvert aux nouvelles spiritualités ?</a></p></li>
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<p>Les 25-45 ans <a href="https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/05/10/la-fabrique-du-muscle-chez-les-jeunes-s-il-faut-choisir-entre-les-devoirs-et-aller-a-la-salle-je-prefere-m-entrainer_6172716_4401467.html">constituent la grande majorité des abonnés</a>, avec notamment des adhérents appartenant à la génération Y (nés après 1981), à savoir les 30-45 ans. En France, en 2023, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381474">cette tranche d’âge comptait plus de 12,5 millions d’individus</a>.</p>
<h2>Façonnés par le « capitalisme des vulnérabilités »</h2>
<p>Dans un <a href="https://theconversation.com/sport-quand-le-corps-devient-une-ressource-a-valoriser-173271">précédent article</a>, j’évoquais le fait que le capitalisme structure notre vision du monde. La génération Y a été façonnée par une de ses formes particulières, <a href="https://www.lechappee.org/collections/pour-en-finir-avec/la-fabrique-du-muscle">« le capitalisme des vulnérabilités »</a>, qui constitue notre cadre de vie depuis les années 1980.</p>
<p>Ses caractéristiques : des crises de plus en plus fréquentes et systémiques – économiques, financières comme sanitaires. Ces crises <a href="https://www.researchgate.net/publication/326805024_Vulnerability_in_Health_Trajectories_Life_Course_Perspectives">exposent les individus à des vulnérabilités</a>, c’est-à-dire à un manque de ressources pour faire face à leur environnement.</p>
<p>Or elles <a href="https://injep.fr/publication/vulnerabilite-des-jeunes-et-action-publique/">touchent plus particulièrement la jeunesse</a> - âge de la vie marqué par une phase de transition de statut social qui accroît les difficultés d’accès aux ressources. Et, en premier lieu, les difficultés d’accès à l’emploi, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2569338?sommaire=2587886">qui frappent toujours plus durement les jeunes</a>, et ont marqué profondément ceux qui ont débuté leur vie professionnelle dans les années 2000 à 2010.</p>
<p>Par ailleurs, dans un contexte de désengagement de l’État en matière de politiques publiques et de <a href="https://philosciences.com/philosophie-generale/ontologie-reel-realite/151-ideologie-neoliberal">progression des idées néolibérales</a>, l’injonction à trouver en soi les ressources pour apporter des réponses aux difficultés réelles ou ressenties est forte.</p>
<h2>Reprendre la main</h2>
<p>Ainsi, dans un monde incertain, où le sentiment de dépossession peut être puissant, le travail sur le corps permet de reprendre la main, de planifier un projet à soi et pour soi.</p>
<p>Le corps, sur lequel chacun a prise, est perçu comme la ressource ultime à valoriser. Une ressource qui permettra même d’exercer une forme de pouvoir, via sa transformation en capital, que ce soit sur le marché du travail, le marché amoureux ou plus largement le marché symbolique des interactions sociales. Surtout aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, où la <a href="https://www.cairn.info/revue-societes-2017-4-page-99.htm">projection de l’image de soi est devenue déterminante</a>.</p>
<p>Au regard des éléments précédents, c’est en analysant leur <a href="https://www.cairn.info/la-socialisation--9782200601423.htm">socialisation primaire</a> – <a href="https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2009-4-page-53.htm">marqueur indélébile de l’identité d’un individu</a> – que l’on peut comprendre l’engouement actuel des 30-45 ans pour la « fabrique du muscle ». La socialisation primaire renvoie à l’acquisition des principales normes d’une société au cours de l’enfance et de l’adolescence, réinterprétées selon le milieu social, le genre, etc.</p>
<p>D’un côté, cette socialisation a été marquée par des facteurs forts de vulnérabilité tels que le développement du chômage de masse, la progression de l’épidémie du sida ou les premières angoisses relatives aux effets du changement climatique.</p>
<p>De l’autre, les 30-45 ans actuels font partie des générations marquées par la sportivisation de l’existence, <a href="https://theconversation.com/sport-quand-le-corps-devient-une-ressource-a-valoriser-173271">sacralisant le sportif comme modèle d’entrepreneur</a> : les membres de cette tranche d’âge considèrent alors l’activité physique comme une voie de réussite professionnelle, en tous les cas personnelle.</p>
<p>De même, ils ont connu les films à succès des années 1980 et 1990 mettant en scène des corps « parfaits » aux muscles sculptés, renvoyant à un imaginaire de pouvoir sur soi et sur les autres. C’est particulièrement vrai pour les hommes, qui ont pu prendre comme modèle, dans l’enfance, des acteurs comme Arnold Schwarzenegger ou Sylvester Stallone. Les dessins animés japonais de la même époque – tels que Cobra ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=EV_aHdpj23g">Nicky Larson</a> - valorisaient des héros au même profil.</p>
<p>Au total, cette tranche d’âge est sensible à la fabrique d’un corps performant, incarné par des muscles visibles, signes de santé et de productivité apparentes. Rappelons aussi que notre système économique offre une place de plus en plus grande à la présentation de soi dans les interactions (société de services), renforçant l’importance de l’image.</p>
<h2>Logique de l’extrême appliquée au corps</h2>
<p>Cette génération frappe par un investissement dans le corps omniprésent, quasi excessif, puisque ses frontières physiques seraient sans cesse à repousser.</p>
<p>Pour certains adeptes de la salle, le corps est ainsi au centre de la vie, et c’est pour cette raison que les individus lui appliquent la logique de l’extrême, de la douleur et du travail – qui forment système – en lien avec les valeurs de leur socialisation primaire.</p>
<p>À travers ma recherche, j’ai pu observer que pour les personnes dont la vie professionnelle ne fait pas sens, le travail du corps est un substitut qui permet de reprendre le contrôle sur le processus de production (l’entraînement), comme sur le résultat final du travail (le corps musclé).</p>
<p>Pour d’autres, être performant à la salle permet de l’être dans le milieu professionnel car des <a href="https://shs.hal.science/tel-01258493/document">similitudes existent</a> : organisation du temps, planification du rendement, etc.</p>
<h2>Se muscler pour « faire face et être prêt »</h2>
<p>Ces muscles construits ont certes une dimension esthétique par leur visibilité, mais dans la phase actuelle du « capitalisme des vulnérabilités », ils possèdent aussi un versant fonctionnel : être prêt à lutter, à s’adapter, à faire face. D’où l’engouement pour des pratiques mêlant cardio et musculation (CrossFit par exemple), ainsi que pour les sports de combat.</p>
<p>En cela, les 30-45 ans sont sans doute influencés par les plus jeunes générations qui arrivent désormais en masse dans les salles : les activités de forme et de gymnastique sont les plus plébiscitées par les 15-24 ans (<a href="https://injep.fr/publication/barometre-national-des-pratiques-sportives-2022/">41 % pratiquent contre 26 % des Français en moyenne</a>.</p>
<p>Or mes observations révèlent un trait marquant semblant caractériser ces derniers : l’envie de se confronter. Cette caractéristique est visible à travers leur engagement dans les sports de combat : par exemple, en 2020, 57 % des pratiquants de boxe, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boxe_pieds-poings">pieds-poings</a> et déclinaisons <a href="https://injep.fr/wp-content/uploads/2023/03/ENPPS_chap13_Combat-arts-martiaux.pdf">appartiennent à la tranche d’âge 15-29 ans</a>.</p>
<p>Un tel attrait pour la lutte renverse alors l’ordre de la socialisation, puisque ce sont les plus jeunes générations qui inculquent des techniques aux plus anciennes, créant de nouvelles formes de pratiques sportives, et plus largement de mixité sociale, dans les salles. L’engagement dans une pratique assidue, extrême des 30-45 ans s’en trouve alors renforcé.</p>
<p>Certes, comme toute catégorie sociale, cette génération est diverse en interne, et la pluralité plutôt que l’uniformité des pratiques corporelles la caractérise. Mais son engouement très fort pour les transformations du corps transcende ces différences. C’est pourquoi la « fabrique du muscle » a de beaux jours devant elle, même si sa signification ultime interpelle : espérer lutter contre des vulnérabilités qui deviennent de plus en plus oppressantes et sources d’inégalités.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Vallet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pourquoi un tel engouement pour les salles de sport ? Pour les personnes élevées dans un monde en crise, façonner son corps permet de lutter contre le sentiment de vulnérabilité et de dépossession.Guillaume Vallet, Professeur des Universités, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2188862024-01-01T15:43:17Z2024-01-01T15:43:17ZComment pratiquer le sport en compétition peut réduire les inégalités de genre<p>Sur le marché du travail, un esprit de compétition semble recherché par de nombreux employeurs. C’est sans doute pour cela que l’on remarque que les anciens <a href="https://theconversation.com/topics/sport-20624">athlètes</a> bénéficient souvent de certaines faveurs lorsqu’ils sont employés. Elles peuvent prendre la forme d’un <a href="https://www.jstor.org/stable/2109580">bonus salarial</a>, variant de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00036846.2016.1197369">5 % à 20 %</a> selon les études, d’<a href="https://www.researchgate.net/publication/247739717_The_Labor_Market_Effects_of_High_School_Athletic_Participation_Evidence_From_Wage_and_Fringe_Benefit_Differentials">avantages sociaux</a> ou encore d’une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0014292120300064">plus grande employabilité</a>. Plusieurs travaux ont également montré que la pratique du sport en compétition <a href="https://www.researchgate.net/publication/351355816_Personality_profile_of_individual_sports_champions#:%7E:text=Results%20Individual%20sports%20champions%20were,in%20relation%20to%20other%20athletes">façonne les comportements</a>, quel que soit le type de sport pratiqué. Exposés à une compétition intense, la tolérance au risque des athlètes serait amplifiée et leur envie de gagner constituerait le moteur fondamental qui les anime.</p>
<p>Aurait-on là une voie permettant de réduire les <a href="https://theconversation.com/topics/inegalites-hommes-femmes-136794">écarts de genre</a> ? Si les femmes développaient, grâce à la pratique du sport en compétition, un profil plus enclin à la prise de risque et à l’esprit de compétition, auraient-elles davantage d’opportunités d’emploi et des perspectives de revenus plus élevés ?</p>
<p>Pour le démontrer, nous avons réalisé une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/15270025221108189">expérience</a> comparant athlètes et non-athlètes dans leurs attitudes face au risque et selon leur goût pour la compétition. Les résultats mettent en évidence des similarités entre athlètes féminines et non-athlètes masculins.</p>
<h2>Une pratique du sport qui réduit les écarts</h2>
<p>Comment mesurer si quelqu’un est compétitif ou non ? Nous avons pour cela utilisé une variante du <a href="https://web.stanford.edu/%7Eniederle/Niederle.Vesterlund.QJE.2007.pdf">protocole</a> développé par deux femmes, Muriel Niederle de l’université de Stanford et Lise Vesterlund de l’université de Pittsburgh. Celles-ci se sont intéressées aux écarts de genre en la matière : un déficit de compétitivité chez les femmes et une compétitivité excessive chez les hommes, en comparaison à leurs performances respectives. Dans notre expérience, les participants étaient ainsi invités à réaliser successivement deux tâches : une tâche de comptage et une tâche de lancer de balles.</p>
<p>Dans la première tâche, il fallait compter, en cinq minutes, le nombre de « 1 » présents dans une succession de tableaux où ils étaient mélangés à des « 0 ». Dans la seconde, il fallait envoyer trois balles en mousse dans une corbeille à papier distante de deux mètres.</p>
<p>Dans chaque cas, participantes et participants avaient le choix entre deux modes de rémunération. Première option, le « paiement à la pièce », qui garantit au participant d’être rémunéré selon sa performance : chaque comptage correct ou chaque balle dans le panier rapportant 50 centimes. Il était aussi possible d’opter pour un « paiement au tournoi » : ce mode de rémunération met le participant en compétition avec d’autres participants ayant également fait ce choix. Cette option permet de recevoir un gain plus élevé, 2 euros par comptage correct ou par balle dans le panier si on est vainqueur. Il comporte néanmoins un risque : seul le participant qui réalise le meilleur score dans son groupe est rémunéré. Les autres ne gagnent rien. En choisissant le paiement au tournoi, les participants révèlent leur goût pour la compétition et leur appétence pour la prise de risque, qui a également été mesurée de façon indépendante à partir d’une tâche spécifique de prise de risque individuelle.</p>
<p>78 athlètes pratiquant un sport individuel et participant régulièrement (au moins chaque mois) à des compétitions nationales et/ou internationales ont été sélectionnés pour se prêter au jeu, avec 77 autres participants non impliqués dans des championnats sportifs. Environ 85 % des participants étaient des étudiants. Les deux échantillons sont comparables en termes de distribution par âge, genre et niveau d’étude. Tous les participants étaient volontaires.</p>
<p><iframe id="Okw4F" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/Okw4F/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p><iframe id="JC9Bu" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/JC9Bu/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>61 % des athlètes ont choisi le tournoi pour la tâche de jet de balles contre seulement 27 % de non-athlètes. Pour la tâche de comptage, 57 % des athlètes ont choisi le tournoi contre 41 % des non-athlètes. Les femmes sportives se révèlent moins compétitives que leurs homologues masculins, mais plus compétitives que les hommes non-sportifs. Dans la tâche de jet de balles, 50 % des athlètes féminines ont opté pour le tournoi contre 36 % des hommes non-athlètes et seulement 20 % des femmes non-athlètes. De même pour la tâche de comptage, 50 % des athlètes féminines ont opté pour le tournoi contre 42 % des hommes non-athlètes.</p>
<p>Un résultat similaire est observé pour la tolérance au risque. Les femmes sportives ont un niveau de tolérance au risque comparable à celui des hommes non-sportifs, alors qu’en population générale la quasi-totalité des travaux conclut à une plus grande tolérance au risque chez les hommes que chez les femmes.</p>
<p>Ces observations suggèrent que la pratique du sport en compétition fait que les athlètes féminines ressemblent davantage aux hommes en ce qui concerne leur appétence pour le risque et leur compétitivité, ce qui réduit les écarts entre les sexes concernant ces deux dimensions de leurs préférences.</p>
<h2>Un esprit de compétition à développer dès l’école ?</h2>
<p>Quels facteurs explicatifs ? Quatre hypothèses sont envisageables.</p>
<p>Tout d’abord, les athlètes féminines pourraient performer mieux dans les tâches compétitives que les non-athlètes. Elles pourraient préférer être rémunérées en tournoi parce qu’elles pensent pouvoir obtenir des scores plus élevés sous la pression de la compétition. Deuxièmement, les athlètes féminines pourraient avoir une plus grande appétence pour le risque et pour cette raison opter plus fréquemment pour le tournoi que les non-athlètes. Troisièmement, elles seraient moins prosociales que les non-athlètes : elles se soucieraient moins des conséquences négatives infligées à autrui par le choix du tournoi, c’est-à-dire le fait qu’il y ait des perdants qui ne soient pas récompensés pour leurs efforts dans les tâches. Enfin, quatrièmement les athlètes féminines auraient développé un goût affirmé pour la compétition.</p>
<p>Les deux premières hypothèses sont clairement rejetées par nos données. Les scores des athlètes féminines pour les deux tâches expérimentales ne sont pas meilleurs que ceux des non-athlètes. Bien qu’elles soient légèrement plus enclines à prendre des risques que les non-athlètes, la tolérance au risque a un effet négligeable sur la probabilité de choisir le tournoi.</p>
<p>La troisième hypothèse concernant la pro-socialité est également écartée. Ce facteur se mesure grâce à des expériences forgées par l’économie expérimentale : le jeu du dictateur et le jeu du dilemme du prisonnier. Dans le premier, les participants sont associés en binômes de façon anonyme. Un des membres du binôme, le dictateur, reçoit 10€ de la part de l’expérimentateur, l’autre ne reçoit rien. Le dictateur peut transférer tout ou partie de la somme reçue à son homologue, ou bien choisir de tout conserver.</p>
<p>Les jeux du <a href="https://www.iconomix.ch/fr/modules/a054/a006/article-specialise/">« dilemme du prisonnier »</a> sont inspirés de la situation suivante. Deux criminels sont attrapés et jetés en prison, dans des cellules séparées. Interrogés, ils ont le choix entre se taire ou faire reposer la faute sur leur complice. Parler si l’autre se tait offre la liberté pour le premier et une lourde peine pour le deuxième. Si les deux parlent, la peine sera néanmoins plus lourde que s’ils s’étaient tous les deux tus.</p>
<p><iframe id="vZNzT" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/vZNzT/4/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Certes, nous avons pu mettre en évidence que les athlètes féminines sont moins généreuses dans le jeu du dictateur et moins coopératives dans le dilemme du prisonnier. Néanmoins, la pro-sociabilité mesurée ainsi n’affiche pas de corrélation significative avec la probabilité de choisir le tournoi.</p>
<p>Nous concluons donc que le goût pour la compétition des athlètes féminines est le facteur déterminant de leur propension à choisir le tournoi, conclusion soutenue par les réponses à un questionnaire indépendant mesurant la compétitivité. Notons également que le fait de choisir le tournoi permet de se comparer aux autres et de savoir si son propre score a été meilleur que celui d’autres personnes choisies au hasard, une information particulièrement prisée et recherchée par les athlètes.</p>
<p>La pratique sportive incorporant une forte composante de compétition, semble ainsi rendre les athlètes féminines plus compétitives et développer leur goût pour le risque, deux vertus appréciées et recherchées par de nombreux employeurs. L’implication des femmes dans la compétition sportive apparaît ainsi comme un moyen de réduire certains écarts de genre, une voie qui pourrait être favorisée dans l’<a href="https://academic.oup.com/jeea/article-abstract/17/4/1147/5107544?redirectedFrom=fulltext">éducation des jeunes filles dès le plus jeune âge</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218886/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Willinger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une expérience montre que la pratique du sport en compétition permet aux femmes de développer des traits de personnalité particulièrement appréciés des employeurs.Marc Willinger, Professeur d'Economie, économie comportementale et expérimentale, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2188772023-12-21T17:37:23Z2023-12-21T17:37:23Z« Bouge 30 minutes chaque jour » : la campagne manque-t-elle sa cible ?<p>« <a href="https://www.gouvernement.fr/les-priorites/bouge-30-minutes">Bouge 30 minutes chaque jour !</a> », tel est le slogan de la <a href="https://www.grandecause-sport.fr">Grande cause nationale 2024</a>, <a href="https://www.sports.gouv.fr/presentation-de-la-grande-cause-nationale-2024-par-amelie-oudea-castera-ministre-des-sports-et-des">récemment dévoilée par la ministre des Sports</a>, et massivement diffusé par les médias, avec des <a href="https://youtu.be/X81WD4JfA9I?feature=shared">ambassadeurs sportifs</a> de <a href="https://youtu.be/nHHQW4OKYTk?feature=shared">renom</a>. L’argumentaire est clair : la <a href="https://theconversation.com/gare-a-la-sedentarite-deux-semaines-sans-bouger-peuvent-ruiner-la-sante-151081">sédentarité</a> est le <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=1211">mal du siècle et augmente le risque de décès prématurés de 20 à 30 %</a>. Pratiquer une activité physique régulière est essentiel pour prévenir les pathologies chroniques et les accidents cardiaques et cérébraux, mais aussi pour préserver la <a href="https://theconversation.com/bouger-dehors-cet-hiver-sera-plus-que-jamais-necessaire-pour-garder-le-moral-149950">santé mentale</a>. Des recherches biomédicales très développées en attestent, <a href="https://www.inserm.fr/expertise-collective/activite-physique-prevention-et-traitement-maladies-chroniques/">avec un niveau de preuve très élevé</a>.</p>
<p>Pour autant, un regard sociologique sur ces orientations gouvernementales montre les paradoxes de ces campagnes de promotion de la santé par les activités physiques et sportives. Là aussi, la littérature scientifique est très avancée, mais malheureusement peu prise en compte.</p>
<h2>Entrepreneur de sa santé</h2>
<p>Les campagnes de communication privilégiées par l’État posent question. Leur vision de la prévention est à questionner. La démarche proposée est basée sur les théories du <a href="https://theconversation.com/comment-tenir-vraiment-vos-bonnes-resolutions-en-2017-70802">changement comportemental</a> : la motivation individuelle est au cœur du processus. Il s’agit de convaincre et mobiliser le sujet afin de créer des routines personnelles pour changer de modes de vie. L’idée est d’amener la population à se prendre en charge, à être entrepreneuse de soi-même pour chaque jour intégrer l’activité physique et/ou le sport dans son emploi du temps. L’auto-responsabilisation est de mise, avec son corollaire, la culpabilisation.</p>
<p><a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_conversion_des_corps_bouger_pour_etre_sain_gilles_vieille_marchiset-9782343189260-64511.html">Nos enquêtes dans plusieurs pays européens</a> révèlent la diffusion de ce paradigme gestionnaire, très éloigné de la vie quotidienne des populations socialement défavorisées (celles qu’il faut convaincre en priorité), souvent débordées par l’urgence du quotidien.</p>
<p>Cette vision néo-libérale, qui irrigue les hautes sphères gouvernementales de la plupart des pays occidentaux, privilégie des campagnes de communication généralistes, notamment des spots publicitaires dans les grands médias (en déléguant l’action de l’État à des entreprises de communication privées). Là où L’État pourrait avoir une approche privilégiant des actions de proximité, il choisit une action par le haut et déplace la responsabilité vers les populations, appelées à se prendre en charge. Cette approche se révèle souvent improductive.</p>
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<figcaption><span class="caption">Pour aller plus loin, un documentaire Arte éclairant.</span></figcaption>
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<h2>Un message peu clair et inefficace ?</h2>
<p>Tout d’abord, l’ambiguïté demeure dans la définition des termes : sport et/ou activité physique. Les messages sont constamment brouillés. D’un côté, l’activité physique quotidienne est préconisée dans sa version la plus large : <a href="https://youtu.be/ZXoTVmyGLSk?feature=shared">mobilités, ménage, jardinage</a>. De l’autre, les bienfaits du sport sont également défendus <a href="https://youtu.be/X81WD4JfA9I?feature=shared">par des champions</a>, dont le niveau de pratique et le mode de vie sont inaccessibles pour la grande majorité de la population.</p>
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<p>Certes, la pratique sportive est en hausse en France (<a href="https://injep.fr/publication/les-chiffres-cles-du-sport-2023/">60 % en 2023 contre 54 % en 2018</a>), mais les inégalités sociales et territoriales restent très fortes. Le sport demeure très éloigné des modes de vie des populations sédentaires, souvent marquées par des expériences sportives désagréables (à l’école ou en club) ou socialement défavorisées.</p>
<p>Le sport reste en effet moins accessible pour les classes populaires, <a href="https://injep.fr/publication/les-chiffres-cles-du-sport-2023/">notamment chez les femmes</a>. Les personnes que nous avons interrogées connaissent parfois les slogans, mais ont des difficultés à les appliquer au jour le jour : les urgences du quotidien (travail, alimentation, transport, aide aux devoirs) priment. Une mère de famille interviewée dans un quartier populaire de Strasbourg précise :</p>
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<p>“J’essaie d’y aller, au fitness… j’ai failli y aller aujourd’hui, mais bon j’avais aussi les lessives. Toutes ces choses, pour qu’après la semaine, j’arrive à suivre le rythme normal !”</p>
</blockquote>
<p>Dès lors, même si les messages sont répétés continuellement, notamment lors d’événements promotionnels (challenges sportifs, collecte de matériels, festivals, etc.), comme pour les appels à la consommation de fruits et de légumes, <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_conversion_des_corps_bouger_pour_etre_sain_gilles_vieille_marchiset-9782343189260-64511.html">ces slogans peinent à être appliqués</a>, surtout par les populations éloignées des modes de vie sain défendus. Comme le montrent <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_conversion_des_corps_bouger_pour_etre_sain_gilles_vieille_marchiset-9782343189260-64511.html">nos enquêtes dans quatre pays européens</a>, seuls les plus avertis, déjà actifs, intègrent finalement les messages de santé publique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/30-minutes-dactivite-physique-a-lecole-un-dispositif-contre-la-sedentarite-a-questionner-212817">« 30 minutes d'activité physique » à l’école : un dispositif contre la sédentarité à questionner</a>
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<h2>Des solutions existent !</h2>
<p>La démarche de promotion de la santé par les activités physiques doit prendre en compte les modes de vie difficiles des personnes sédentaires : des freins culturels, économiques et environnementaux sont à lever. La question des équipements de proximité est cruciale : le manque d’équipements sportifs est criant, notamment dans les grandes agglomérations. Le soutien de l’entourage et l’accompagnement par des professionnels de l’activité physique bien formés (à l’université) est primordiale. Le tissu associatif local doit être mobilisé dans la durée.</p>
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<figcaption><span class="caption">Un programme de recherche européen sur la promotion de la santé par l’activité physique et leur réception par les classes populaires.</span></figcaption>
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<p>Il est indispensable donc de valoriser une approche territorialisée, de partir des ressources locales pour construire des projets locaux de développement de l’activité physique et sportive pour toutes et tous (la <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/279107-loi-2-mars-2022-democratiser-le-sport-en-france#:%7E:text=La%20loi%20porte%20sur%20trois,mod%C3%A8le%20%C3%A9conomique%20vertueux%20au%20secteur.">loi du 2 mars 2022</a> visant à démocratiser le sport en France, prévoit le développement de plans sportifs locaux). Les recherches-formations collaboratives menées en Seine-Saint-Denis (<a href="https://www.professionbanlieue.org/Innovation-pedagogie-par-le-sport-un-heritage-social-des-Jeux-Olympiques-et">Profession banlieue</a>) ou en Alsace (<a href="https://vimeo.com/796675913/7e34c7425a">Les Olympiades des ainés</a>) ouvrent de belles perspectives. L’idée est de créer des environnements physiques et humains favorables à la pratique du plus grand nombre.</p>
<p>A ce niveau, la participation sociale des populations locales est à intégrer dans les dispositifs innovants. Il convient de construire des eco-systèmes reliant toutes les parties prenantes dans chaque ville ou communauté de communes rurales. L’aménagement urbain peut ainsi être combiné à la mobilisation des associations, mais aussi des habitants. Des expérimentations sont en cours, <a href="https://www.francetvinfo.fr/france/ilsontlasolution/en-haute-marne-saint-dizier-veut-faire-bouger-ses-habitants-avec-le-design-actif_5397037.html">comme à Saint Dizier</a>.</p>
<p>Bien que critiques, les travaux sociologiques sont aussi forces de propositions pour faire de la promotion des activités physiques une grande cause nationale réussie. Néanmoins, un changement de perspective est indispensable pour lever les paradoxes mis en avant. Les solutions existent. Une vision écosystémique et territorialisée est à organiser en mobilisant les collectivités locales, les clubs sportifs, les associations socioculturelles, les entreprises et surtout les populations. Cette démarche pourrait même être un héritage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. La balle est dans le camp des élus locaux pour agir au plus près des populations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218877/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles VIEILLE MARCHISET est vice-président de l'Institut de recherche collaborative sur l'activité physique et la promotion de la santé (ReCAPPS). Il a reçu des financements de l'Université de Strasbourg (Initiative d'Excellence), de l'Agence régionale de santé Grand Est et de la Collectivité européenne d'Alsace. </span></em></p>La promotion de l’activité physique et sportive sera la grande cause nationale de 2024. Mais la communication interroge : seules les personnes déjà actives semblent intégrer les messages.Gilles Vieille Marchiset, Professeur de sciences sociales, directeur de l'Unité de recherche Sport et Sciences sociales, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.