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Étudiant-entrepreneur : un statut d’avenir ?

Qui sera le prochain Mark Zuckerberg ? Son histoire inspire aujourd'hui des millions d’étudiants. Priscilla Chan/Wikimedia, CC BY

Étudier et entreprendre en même temps : telle est l’ambition du [Statut national étudiant-entrepreneur](http://www.dailymotion.com/video/x1zwdlk_statut-d-etudiant-entrepreneur_tech, lancé en 2014. Le dispositif est inédit en France, sans équivalent à l’international, piloté par le Programme Étudiants pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat](http://www.pepite-france.fr) annoncé en novembre 2013 (Pépite) et financé par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique et la Caisse des Dépôts.

C’est une première à l’échelle d’un pays pour favoriser une culture de l’entrepreneuriat et de l’innovation ainsi que le comportement entrepreneurial. La Belgique reprend d’ailleurs largement ce dispositif à la rentrée 2016. Le guide de l’« Université et entrepreneuriat étudiant »](http://www.cpu.fr/actualite/universite-et-entrepreneuriat-etudiant-le-guide-de-la-cpu-vient-de-sortir/) que vient d’ailleurs éditer la Conférence des Présidents d’Université offre une bonne vision du changement opéré. Concrètement de quoi s’agit-il ?

Etudier et entreprendre : les mesures phares

Plusieurs mesures donnent accès à tout étudiant (universités et grandes écoles) à des modules de formation en entrepreneuriat et en innovation intégrés aux maquettes pédagogiques, du bac à bac +8, dans toutes les disciplines. Au 30 juin 2015, 120 000 étudiants ont eu accès à ce type de formation (100 000 en 2014). Il est estimé que 25 % des étudiants seront impactés en 2016-2017 dans leur cursus de formation dans l’enseignement supérieur.

Point crucial, la création de SNEE s’adresse à deux catégories de public. D’une part, les étudiants inscrits à l’université souhaitant, comme les sportifs de haut niveau, développer leur projet professionnel. Celui-ci pourra notamment participer au parcours scolaire en se substituant par équivalence au stage. D’autre part, les jeunes diplômés de moins de 28 ans qui pourront eux aussi conserver un statut social étudiant pendant la période de création d’entreprises.

Au 30 juin 2016, 1427 étudiants étaient enregistrés sous le statut SNEE (2,2 %), sur 1884 candidats (923 candidats en 2014-2015, dont 645 SNEE attribués).

Le programme Pépite a également permis la création d’un prix national Pépite mis en œuvre avec la Caisse des Dépôts dans le cadre du concours ILab (MENESR-BPI) avec une subvention lors des créations d’entreprise. Les critères portaient sur l’ambition du projet et sur l’innovation : on comptait 150 lauréats régionaux, 53 lauréats nationaux pour la troisième édition (soit 587 candidats, 30 % de plus que les années précédentes).

Enfin la mise en place de 29 pôles Pépite sur les sites d’enseignement supérieur ont soutenu la mise en place du dispositif et permis d’accompagner les étudiants-entrepreneurs dans leurs projets. Ils présentent chacun un réseau avec les acteurs de leur écosystème territorial afin de mutualiser au mieux les actions avec les structures d’accompagnement et de financement.

Accompagner et former au-delà de la création d’entreprise

L’âge médian et moyen des étudiants-entrepreneurs est de 23-24 ans. Cette maturité se traduit par des étudiants (substitution au stage ou césure) ou des jeunes diplômés engagés à temps plein sur leur projet. Ces jeunes ont, eux, des attentes en matière d’encadrement de leur projet. Il va falloir donc renforcer cet accompagnement. Dans cet esprit, deux tuteurs sont attribués à l’étudiant-entrepreneur : un enseignant et un praticien.

Les outils numériques de sensibilisation et de formation à l’entrepreneuriat et à l’innovation constituent un premier palier. Cependant, si le SNEE répond aux attentes des étudiants et des jeunes diplômés, il faut aussi réfléchir jusqu’où l’on veut aller. Il serait ainsi très réducteur de mesurer son efficacité sur la seule base du taux de transformation en création d’entreprise à très court terme. Le SNEE doit permettre aux étudiants de porter d’autres projets entrepreneuriaux que la seule création d’entreprise (reprise d’entreprise, création et transmission des activités associatives).

Repousser les limites du terrain, du genre, des pratiques

Il convient ainsi de mettre à disposition des étudiants-entrepreneurs des espaces de coworking interétablissements afin de constituer un réseau territorial et national des étudiants-entrepreneurs en favorisant la mobilité nationale et internationale. Les premières ouvertures de ce type de lieu s’avèrent très concluantes, mais nécessitent du transfert d’expérience (choix des lieux, fonctionnement des lieux, animation des lieux). 60 % des projets des étudiants-entrepreneurs sont menés en équipe, ce qui renforce le besoin de centres de coworking.

Espace de co-working entre étudiants. Manuel Schmalstieg/Flickr, CC BY

Les étudiants-entrepreneurs engagés à temps plein sur leurs projets ont aussi besoin d’un suivi renforcé afin d’être en capacité d’avoir des échéances et des prises de décision sur le lancement ou non de leur projet (go/no go). Dans cet esprit, en 2016-2017, différents Pépite expérimenteront le programme « Pépite starter d’accélération de l’accompagnement des projets ». La mise en réseau avec des investisseurs sera renforcée.

Cependant, on observe également des limites au dispositif, sur lesquelles il faut réfléchir et travailler. Ainsi, seuls 26 % des étudiants-entrepreneurs sont des femmes et la reprise d’entreprise reste une pratique marginale. Dans le contexte du papy boom des dirigeants d’activités artisanales et commerciales de petites tailles, il faut développer des contrats d’alternance favorisant la transmission d’activités, en particulier avec des jeunes issus de formation technique courte (Bac Pro et Techno, BTS, DUT, licence Pro).

Cette expérience de conduite de projets est aussi un gage de maturation des étudiants-entrepreneurs pour leur insertion professionnelle y compris comme salarié. C’est dans cet esprit qu’il va falloir développer des outils de certification des compétences entrepreneuriales acquises par les étudiants et repousser les limites des possibles.

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