Travail : territoires du conflit, conflits de territoires

un regard historique

Par Claude Didry, Sociologue, Centre Maurice Halbwachs, ENS Campus Jourdan, Paris

Mardi 27 Mars 2018 de 13h30 à 15h30

Agro Paris Tech, 16 Rue Claude Bernard, Paris V^ème (Métro Censier Daubenton)

Salle Delage

Résumé : En quoi le droit du travail bouleverse-t-il la grammaire et les territoires des conflits sociaux ? La Révolution fait de la France un pays durablement rural : la suppression des corporations conforte la diffusion des activités productives dans les campagnes environnant les centres urbains. Le territoire pertinent des conflits sociaux devient celui de ces espaces productifs, où la réalisation de produits spécifiques suppose une succession d’interventions d’ouvriers à la matière des « corps de métier ». Sous ce régime, les ouvriers rémunérés à la pièce sont « considérés comme entrepreneurs en la partie qu’ils traitent » selon l’article 1799 du Code civil. Les conflits sociaux se déploient alors à l’échelle de la ville et du village, tout au long du 19^ème siècle, en donnant lieu à des cortèges prenant parfois des dimensions insurrectionnelles voire révolutionnaires (1830 ou 1848). Ils influencent des mouvements ruraux, comme ceux du midi rouge autour de l’emploi des migrants espagnols. Avec le droit du travail adopté en 1910, c’est autour du chef d’établissement, considéré comme employeur, que se nouent les conflits du travail, aboutissant à la grande occupation des usines de mai-juin 1936. Qu’en est-il aujourd’hui, dans une entreprise globalisée coordonnant un ensemble d’établissements ou un réseau de sous-traitance, à l’échelle nationale, voire internationale, et alors que les mobilisations agricoles contre la grande distribution suggèrent une forme de rémanence de la conflictualité, tout en questionnant l’idéologie de la petite entreprise de paysans indépendants ?

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