tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/anatomie-25743/articlesanatomie – The Conversation2024-01-15T15:22:20Ztag:theconversation.com,2011:article/2200042024-01-15T15:22:20Z2024-01-15T15:22:20ZLa pilule contraceptive a aussi un effet sur le cerveau et la régulation des émotions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567188/original/file-20231221-19-oxth15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C988%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, peuvent accéder au cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les contraceptifs oraux, aussi appelés pilules contraceptives, sont <a href="https://doi.org/10.18356/1bd58a10-en">utilisés par plus de 150 millions de femmes à travers le monde</a>. Environ un tiers des adolescentes en <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/82-003-x/2015010/article/14222-eng.pdf">Amérique du Nord</a> et en <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">Europe</a> les utilisent, ce qui en fait le médicament le plus prescrit aux adolescentes.</p>
<p>Il est bien connu que les contraceptifs oraux ont le pouvoir de modifier le cycle menstruel des femmes. Mais ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils ont aussi accès au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>En tant qu’étudiante au doctorat et professeure en psychologie à l’UQAM, nous nous sommes intéressées à l’influence des contraceptifs oraux sur les régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous avons publié nos <a href="https://doi.org/10.3389/fendo.2023.1228504">résultats dans le journal scientifique <em>Frontiers in Endocrinology</em></a>.</p>
<h2>La pilule, comment ça fonctionne ?</h2>
<p>Il existe plusieurs méthodes de contraception hormonale, mais le type le plus courant en Amérique du Nord est la pilule contraceptive, plus spécifiquement les <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">contraceptifs oraux combinés</a> (COC). Ils sont constitués de deux hormones artificielles simulant un estrogène (généralement l’éthinyl estradiol) et la progestérone.</p>
<p>Comme les hormones naturelles, dites endogènes, les hormones artificielles contenues dans la pilule, dites exogènes, <a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2022.101040">peuvent accéder au cerveau</a>. Elles se lient à des récepteurs dans différentes régions et signalent au cerveau de diminuer la production d’hormones sexuelles endogènes. C’est ce phénomène qui mène à l’arrêt de la cyclicité menstruelle, empêchant l’ovulation.</p>
<p>C’est donc dire que tout au long de l’utilisation des COC, le corps et le cerveau des utilisatrices ne sont pas exposés aux fluctuations d’hormones sexuelles typiquement observées chez les femmes naturellement cyclées.</p>
<h2>Les effets cérébraux de la pilule : les neurosciences à la rescousse !</h2>
<p>Lorsqu’elles commencent la prise de COC, les adolescentes et les femmes sont informées de divers effets secondaires, principalement physiques (nausées, maux de tête, variations de poids, sensibilité à la poitrine). Pourtant, il n’est généralement pas abordé que les hormones sexuelles accèdent au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.</p>
<p>Des études ont d’ailleurs associé l’utilisation de COC à de <a href="https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2018.02.019">moins bonnes performances de régulation émotionnelle</a> et à un <a href="https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2016.2387">risque plus élevé de développer des psychopathologies</a>.</p>
<p>De plus, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir de <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpsychires.2011.03.006">troubles liés à l’anxiété et au stress chronique</a>. L’utilisation des COC étant très répandue, il importe de mieux comprendre leurs effets sur l’anatomie des régions du cerveau qui sous-tendent la régulation émotionnelle.</p>
<p>Nous avons ainsi conduit une étude ayant pour objectif d’examiner les effets des COC sur l’anatomie des régions cérébrales impliquées dans les processus émotionnels. Nous nous sommes intéressées aux effets liés à leur utilisation actuelle, mais aussi aux effets possiblement durables, à savoir si les COC pouvaient affecter l’anatomie du cerveau – même après avoir cessé leur utilisation.</p>
<p>Pour ce faire, nous avons recruté quatre profils d’individus en santé, soit des femmes qui utilisent actuellement des COC, des femmes qui ont utilisé des COC dans le passé, des femmes qui n’ont jamais utilisé quelconque méthode de contraception hormonale et des hommes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="imagerie résonance magnétique" src="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567191/original/file-20231221-24-r2t5pd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de faire l’analyse de la morphologie de certaines régions du cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>À l’aide de l’imagerie cérébrale, nous avons trouvé que seules les femmes qui utilisent actuellement des COC présentaient un cortex préfrontal ventromédian légèrement plus mince que les hommes. Cette partie du cerveau est reconnue comme étant essentielle à la régulation des émotions comme la peur. La littérature scientifique montre que <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0502441102">plus cette région est épaisse, meilleure est la régulation émotionnelle</a>.</p>
<p>De ce fait, les COC pourraient altérer la régulation des émotions chez les femmes. Bien que nous n’ayons pas testé directement le lien entre la morphologie cérébrale et la santé mentale, notre équipe se penche actuellement sur d’autres aspects du cerveau et de la santé mentale, ce qui permettra de mieux comprendre les découvertes anatomiques actuelles.</p>
<h2>Un effet actuel, mais pas durable : une histoire de dose</h2>
<p>Nous avons tenté de mieux comprendre ce qui pourrait expliquer l’effet de l’utilisation actuelle des COC sur cette région du cerveau. Nous avons découvert que cela était associé à la dose d’éthinyl estradiol. En effet, parmi les utilisatrices actuelles de COC, seules celles qui utilisaient un COC à faible dose (10-25 microgrammes), mais pas à dose plus élevée (30-35 microgrammes), étaient associée à un cortex préfrontal ventromédian plus mince.</p>
<p>Cela peut sembler surprenant : une plus faible dose était liée à un effet cérébral…</p>
<p>Sachant que tous les COC réduisent les concentrations d’hormones sexuelles endogènes, nous proposons que les récepteurs à estrogènes de cette région cérébrale pourraient être insuffisamment activés lorsque de faibles niveaux d’estrogène endogène sont combinés à un faible apport en estrogène exogène (éthinyl estradiol).</p>
<p>À l’inverse, des doses plus élevées d’éthinyl estradiol pourraient aider à obtenir une liaison adéquate aux récepteurs à estrogènes dans le cortex préfrontal, simulant ainsi une activité modérée à élevée similaire à celle des femmes ayant un cycle menstruel naturel.</p>
<p>Il est important de noter que cette plus faible épaisseur de matière grise était spécifique à l’utilisation actuelle des COC : les femmes ayant utilisé des COC dans le passé ne présentaient pas d’amincissement comparativement aux hommes. Notre étude soutient donc la réversibilité de l’influence des COC sur l’anatomie cérébrale, notamment sur l’épaisseur du cortex préfrontal ventromédian.</p>
<p>En d’autres termes, l’utilisation de COC pourrait affecter l’anatomie cérébrale, mais de manière réversible.</p>
<h2>Et maintenant ?</h2>
<p>Bien que notre recherche n’ait pas d’orientation clinique directe, elle contribue à faire progresser notre compréhension des effets anatomiques liés à l’utilisation des COC.</p>
<p>Loin de nous l’idée de vouloir que les femmes cessent d’utiliser leur COC : il serait beaucoup trop hâtif et alarmant d’avoir ce genre de discours.</p>
<p>Il importe également de se rappeler que les effets répertoriés dans notre étude semblent réversibles.</p>
<p>Notre objectif est de promouvoir la recherche fondamentale et clinique, mais également d’accroître l’intérêt scientifique en matière de santé de la femme, un domaine encore trop peu étudié.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220004/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Brouillard est membre étudiante du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Elle détient une bourse d'études doctorales des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-France Marin est chercheure régulière au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, professeure au département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal et professeure associée au département de psychiatrie et d'addictologie de l'Université de Montréal. Elle a été soutenue par une bourse salariale du Fonds de recherche du Québec - Santé (2018-2022) et est actuellement titulaire d'une Chaire de recherche du Canada sur la modulation hormonale des fonctions cognitives et émotionnelles (2022-2027). Le projet dont il est question dans l'article est subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada et a reçu l'appui de fonds de projets pilotes du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et du Réseau de bio-imagerie du Québec. </span></em></p>Les contraceptifs oraux modifient le cycle menstruel ; ce qu’on sait peut-être moins, c’est qu’ils accèdent aussi au cerveau, notamment dans les régions importantes pour la régulation des émotions.Alexandra Brouillard, Doctorante en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Marie-France Marin, Professor, Department of Psychology, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2132672023-10-25T16:01:34Z2023-10-25T16:01:34ZCe que vos mains disent de votre santé<p>Nos mains en disent beaucoup sur l’état de notre santé, c’est un fait connu au moins depuis l’époque d’Hippocrate.</p>
<p>Au V<sup>e</sup> siècle avant notre ère, le célèbre philosophe et médecin grec, considéré comme le « père de la médecine moderne », décrivit pour la première fois une malformation digitale qui porte aujourd’hui son nom, <a href="https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/14401/1/Hippocratisme.rmdl.pdf">l’hippocratisme digital (ou clubbing, pour les anglo-saxons)</a>. Il avait remarqué la forme étrange des doigts de l’un de ses patients, par ailleurs atteint d’<a href="https://www.chuv.ch/fr/chirurgie-thoracique/cht-home/patients-et-famille/affections-du-thorax/infections-pleuro-pulmonaires/empyeme-pleural">empyème pleural</a> (une infection de la cavité pleurale, qui se traduit par la présence de pus dans l’espace situé entre les poumons et la membrane qui les entoure). Les ongles du malade ressemblaient à des cuillères posées à l’envers (<em>les dernières phalanges des personnes atteintes d’hippocratisme digital sont épaissies, et leurs ongles sont bombés et luisants, en « verre de montre », ndlr</em>).</p>
<p>Aujourd’hui encore, cette apparence est reconnue comme une caractéristique associée à diverses maladies : le doigt en baguette de tambour est associé non seulement à l’empyème, mais aussi <a href="https://my.clevelandclinic.org/health/symptoms/24474-nail-clubbing">à la fibrose kystique, à la cirrhose du foie et à des problèmes de thyroïde</a>.</p>
<p>Une autre modification de l’ongle qui peut être symptomatique d’une maladie est celle dite des « ongles de Lindsay » (ou <a href="https://www.larevuedupraticien.fr/image/ongles-equisegmentes-ou-ongles-de-lindsay">ongles équisegmentés</a>). Ces ongles sont à moitié blancs et à moitié brun rougeâtre. Environ <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/ccr3.4426">50 % des personnes atteintes de maladie rénale chronique</a> présentent ce type d’ongles, mais cette apparence peut aussi être un signe de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8183706/">cirrhose du foie</a> ou de la <a href="https://journal.chestnet.org/article/S0012-3692(15)41065-7/fulltext">maladie de Behçet</a>, une affection rare se traduisant notamment par une inflammation des vaisseaux sanguins.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/13153107/">Les ongles de Terry</a> sont une autre modification d’apparence des ongles pouvant être associée à diverses pathologies, telles que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6025669/">cirrhose du foie</a>, le diabète de type 2, l’insuffisance rénale ou encore l’infection par le VIH. Dans ce cas, un <a href="https://www.ccjm.org/content/ccjom/81/10/603.full.pdf">ou plusieurs ongles</a> des patients prennent un aspect de « verre dépoli ».</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Les ongles de Terry" src="https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539806/original/file-20230727-23-j6jvf4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Aspect typique de verre dépoli des ongles de Terry.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22101599">Hojasmuertas/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Si les « ongles de Lindsay » ou les « ongles de Terry » évoquent davantage une enseigne de salon de manucure que la salle d’attente d’un généraliste, avec les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK559136/">« ongles de Muehrcke »</a>, plus de doute possible, nous sommes bien dans le domaine médical… Cette dénomination désigne des ongles traversés par une ou plusieurs lignes horizontales. Ces marques sur les ongles, qui indique une diminution de la concentration de protéine la plus abondante du sang, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK459198/">l’albumine</a>, peuvent être indicatrices, là encore, d’une <a href="https://www.amjmed.com/article/S0002-9343(10)00297-4/fulltext/%22">maladie rénale</a>.</p>
<p>Mais pas de panique : il arrive que les changements de couleur et de motif des ongles ne soient pas associés à de sinistres pronostics, et ne fassent que traduire le vieillissement. C’est par exemple le cas des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3038811/">ongles napolitains</a>, ainsi dénommés en raison de la présence de trois zones de couleur distinctes. Souvent observés chez les personnes de plus de 70 ans, ils ne sont pas source de préoccupation.</p>
<h2>Les paumes de la main</h2>
<p>Les ongles ne sont pas la seule partie de nos mains à même de révéler un état de santé dont il faut se préoccuper. Les paumes de nos mains ont aussi parfois des histoires à nous raconter.</p>
<p>Si vous constatez que vos paumes deviennent moites sans que vous ne vous sentiez particulièrement nerveux, sans avoir fait d’exercice physique, ou alors que les températures ambiantes ne sont pas particulièrement élevées, le problème vient peut-être de vos glandes sudoripares, et plus précisément des signaux nerveux qui les activent. Cela peut être bénin, auquel cas on parle d’<a href="https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2017/revue-medicale-suisse-556/evaluation-et-prise-en-charge-de-l-hyperhidrose">hyperhidrose primaire</a>. Mais des paumes anormalement moites – en parallèle d’une sudation excessive du visage, du cou et des aisselles – peuvent être le signe de problèmes thyroïdiens.</p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK279480/">L’hyperthyroïdie</a> est une affection résultant d’une production trop importante de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK500006/">thyroxine</a>, une hormone produite par la glande thyroïde, située à la base du cou. Un excès de thyroxine accélère les processus physiologiques, et peut être la cause de paumes trop moites. Heureusement, c’est facilement traité en administrant les bons médicaments.</p>
<p>Un changement plus préoccupant d’apparence des paumes des mains est l’apparition de petites zones de décoloration rouge ou violette, qui peuvent aussi être constatées sur les doigts. Ces traces peuvent être un signe d’<a href="https://www.nhs.uk/conditions/endocarditis/">endocardite bactérienne</a> (une inflammation de l’endocarde, la couche de cellules la plus interne du cœur), une maladie dont le <a href="https://bmccardiovascdisord.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12872-021-01853-6/%22">taux de mortalité est élevé</a>.</p>
<p>Ces décolorations se présentent sous deux formes : les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3603816/">nodosités d’Osler</a> et les <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.112.127787/">lésions de Janeway</a>. Les <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php">nodosités d’Osler</a> sont typiquement douloureuses, de couleur rouge et mesurent de 1 à 10 mm. Elles apparaissent sur les doigts durant quelques heures à quelques jours. Les lésions de Janeway sont quant à elles de <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=Janeway%20%28l%C3%A9sions%20de%29">forme irrégulière et de tailles variables</a>. On les observe typiquement sur les paumes durant quelques jours à quelques semaines, et elles ne sont pas douloureuses.</p>
<p>Ces deux modifications d’apparence des paumes des mains doivent être prises très au sérieux, et nécessitent de consulter rapidement son médecin.</p>
<h2>Fourmillements</h2>
<p>Des fourmillements dans la main qui ne passent pas peuvent être un signe de <a href="https://www.nhs.uk/conditions/carpal-tunnel-syndrome/">syndrome du canal carpien</a>. Cet inconfort est le signe que le nerf médian, un nerf majeur passant dans le poignet, est comprimé, ce qui provoque <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/syndrome-canal-carpien/comprendre-syndrome-canal-carpien">engourdissements, picotements ou douleurs</a>.</p>
<p>Le syndrome du canal carpien s’améliore généralement sans traitement, mais porter une attelle de poignet peut aider à soulager la pression qui s’exerce sur le nerf. Les personnes en surpoids ou enceintes sont plus à risque développer ce syndrome.</p>
<p>Les fourmillements de la main peuvent également être un signe de diabète. L’élévation du taux de sucre dans le sang qui survient dans cette pathologie provoque en effet des <a href="https://www.webmd.com/diabetes/peripheral-neuropathy-risk-factors-symptoms/">lésions nerveuses</a> se manifestant par des <a href="https://www.nature.com/articles/s41572-019-0092-1/%22">picotements ou des engourdissements</a> au niveau des extrémités des membres (« neuropathie diabétique »).</p>
<p>Tout le monde peut, à un moment donné, ressentir des fourmillements dans les mains. Mais si cela se produit fréquemment, ou si les fourmillements persistent dans le temps, il faut consulter un médecin.</p>
<h2>Longueur des doigts ?</h2>
<p>La longueur des doigts pourrait donner certaines indications sur le risque qu’un individu peut avoir de développer certaines maladies au fil du vieillissement.</p>
<p>Le ratio entre la longueur de l’index et celle de l’annulaire diffère en effet entre hommes et femmes. Chez les femmes, ces deux doigts sont de longueur sensiblement égale. Chez les hommes, en revanche, l’annulaire est généralement plus long que l’index. Certains auteurs ont émis l’hypothèse que cela pourrait être le résultat de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5296424/">différences d’exposition hormonale au cours du développement dans l’utérus</a>.</p>
<p>(<em>très débattue, <a href="https://twitter.com/jsmoliga/status/1471215934585151504">cette théorie est désormais contestée</a>, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15113628/">travaux initiaux</a> qui l’ont fondée <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-developmental-origins-of-health-and-disease/article/abs/digit-ratio-2d4d-and-amniotic-testosterone-and-estradiol-an-attempted-replication-of-lutchmaya-et-al-2004/6405DAB5B8788F047685858C1436CD44">n’ayant pas pu être répliqués</a>, ndlr</em>)</p>
<p>Cette relation annulaire plus longue que l’index pourrait être associée à de meilleures performances dans un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16403410/%22">certain nombre de sports</a>, chez les hommes comme chez les femmes. Mais elle pourrait aussi être associée à un risque plus élevé, chez les femmes uniquement cette fois, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18163515/">développer une ostéoarthrite du genou et de la hanche</a>.</p>
<p>Vous ne pouvez rien faire pour changer la longueur de vos doigts, mais vous pouvez limiter le risque de survenue de l’ostéoarthrite en veillant à maintenir un poids de forme, en pratiquant de l’activité physique, et en surveillant votre taux de sucre sanguin. Ces conseils de prévention sont d’ailleurs également valables pour la plupart des maladies…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213267/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Taylor ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Déjà à l’époque d’Hippocrate, les médecins examinaient les mains de leurs patients pour détecter certaines maladies. Aujourd’hui encore, elles peuvent refléter notre état de santé.Adam Taylor, Professor and Director of the Clinical Anatomy Learning Centre, Lancaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2129012023-10-12T17:21:14Z2023-10-12T17:21:14ZCourse à pied : les « supershoes » permettent-elles de courir plus vite… sans danger ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548808/original/file-20230918-15-v2yyks.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C1420%2C554&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Visualisation des contraintes mécaniques lors de la course à pied.</span> <span class="attribution"><span class="source">Guillaume Rao</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Sur les cinq dernières années, la quasi-totalité des records du monde sur demi-fond, du 5 000 mètres au marathon, a été battue.</p>
<p>Si les recherches récentes ont amené à une meilleure connaissance des spécificités de chacune des disciplines d’endurance et également à une <a href="https://doi.org/10.1123/ijspp.2023-0131">individualisation de plus en plus marquée des différents facteurs de performance</a> (planification des séances d’entraînement et de récupération, suivi du sommeil, nutrition, programmes de prévention des blessures, aspects mentaux…), ce qui a permis d’optimiser les entraînements, cette pluie de record est aussi probablement due à l’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération de chaussures, les « supershoes ».</p>
<p>En effet, une étude récente qui synthétise les performances d’un grand nombre de coureurs a montré que les 100 meilleurs temps au marathon ont significativement et régulièrement baissé entre 2015 (date d’arrivée des supershoes sur le marché) et 2019 et que les coureurs possédant des supershoes courraient, en moyenne, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8599511/">significativement plus vite que les autres</a>. Les études notent aussi une <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-023-01818-z">augmentation de certaines blessures qui étaient autrefois beaucoup plus rares</a>.</p>
<p>Alors, entre performance et blessures, comment utiliser au mieux des supershoes ?</p>
<h2>Le principe des « supershoes »</h2>
<p>Classiquement, une chaussure de course à pied vise à la fois à favoriser la performance et à prévenir le risque de blessure, en protégeant le pied et en dissipant l’énergie générée par l’impact au sol.</p>
<p>Les supershoes apparues récemment renferment une semelle en mousse assez épaisse, à la fois légère et plus élastique que les mousses classiques, et une plaque carbone sur l’ensemble de la semelle. La plaque carbone pouvant jouer un rôle de « balançoire » et ainsi <a href="https://doi.org/10.1136/bjsports-2020-102550">favoriser la bascule du pied vers l’avant et la propulsion du talon vers le haut</a>.</p>
<p>De nombreuses études, réalisées par des instituts de recherche publique ou internes aux services R&D des fabricants, ont visé à développer et améliorer ces supershoes. Ces études peuvent concerner différents champs scientifiques. Côté chaussure, on étudie aussi bien les nouvelles formulations chimiques des mousses, et la raideur de la plaque de carbone, ainsi que sa <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14763141.2019.1607541?journalCode=rspb20">forme et son positionnement dans la semelle</a>. Côté humain, les recherches portent sur les modifications <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-018-1024-z">biomécaniques et physiologiques suite à l’utilisation de ces supershoes</a>.</p>
<p>Au global, on remarque une amélioration de l’« économie de course », c’est-à-dire la capacité du coureur à maintenir une vitesse élevée sur un temps long, ainsi que des modifications du « patron biomécanique » de la course : cadence de course plus faible, foulées plus longues, force verticale au sol plus élevée notamment.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="prototype de supershoe et schéma" src="https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=672&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=672&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=672&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=844&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=844&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548033/original/file-20230913-25-5j50r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=844&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Illustration d’un prototype utilisé lors des recherches sur l’effet du positionnement de la semelle sur les performances biomécaniques et physiologiques. Les deux positions différentes (<em>high</em> et <em>low</em>) induisent des influences différentes au niveau de l’articulation métatarsophalangienne (MTP) et donc des adaptations biomécaniques différentes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Guillaume Rao</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Malgré ces avantages hautement attirants pour les sportifs, les recherches ont soulevé au moins deux points à creuser : tout d’abord, les <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-023-01816-1">augmentations de performances ne sont pas observées pour l’ensemble des coureurs</a>. Ensuite, on a remarqué <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-023-01818-z">l’apparition de nouveaux types de blessures, en particulier chez les coureurs jeunes.</a></p>
<h2>Certains coureurs ne tirent pas avantage des supershoes</h2>
<p>Bien que les bénéfices de ces supershoes aient été montrés à l’échelle d’un groupe de coureurs, cela n’est pas vérifié pour chacun d’entre eux. Ainsi, on observe certains coureurs qui améliorent leur économie de course de 14 % alors que d’autres voient leur économie de course dégradée de 11 % avec l’utilisation de ces supershoes. Ces résultats sont visibles autant pour des coureurs de très haut niveau (capables de courir un semi-marathon de 21 kilomètres en moins d’une heure) que pour des coureurs amateurs.</p>
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<p>Ces résultats très variables selon les individus ne sont pour l’instant pas encore bien expliqués. Un facteur semble se dessiner et concerne la vitesse de course. En effet, le bénéfice engendré par ces supershoes serait plus grand pour des vitesses de course plus élevées, probablement du fait des modifications du patron de course induites par une course rapide.</p>
<h2>D’où viennent les blessures liées aux supershoes ?</h2>
<p>Ces nouvelles chaussures peuvent apporter un gain de performance à certains coureurs, mais elles semblent entraîner également des blessures qui étaient jusqu’à présent rencontrées épisodiquement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue 3D des os du pied" src="https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1118&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1118&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1118&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1406&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1406&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548811/original/file-20230918-19-j37dgm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1406&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’os naviculaire du pied est sujet à des fractures de fatigue.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/bc/Navicular_bone03.png/2048px-Navicular_bone03.png">BodyParts3D, DBCLS</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>En effet, l’utilisation de supershoes modifierait les contraintes mécaniques subies par les différentes structures anatomiques et entraînerait une sursollicitation de certaines zones anatomiques spécifiques, notamment l’os naviculaire, au point d’entraîner des blessures nouvelles. Une étude récente a en effet rapporté un <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-023-01818-z">nombre élevé de fractures de fatigue au niveau de l’os naviculaire</a>. L’arrivée des supershoes est relativement récente et les études épidémiologiques sur les blessures engendrées sont encore peu nombreuses, ces résultats visent donc à être confirmés.</p>
<p>Au vu de ces résultats, il est donc recommandé d’augmenter très progressivement l’utilisation des supershoes, afin de laisser au corps le temps d’assimiler ces nouvelles répartitions de contraintes mécaniques internes et donc éviter les blessures. Classiquement, une augmentation progressive consiste à incrémenter le temps d’utilisation des chaussures entre 5 et 10 % par semaine. Ainsi, il faudrait laisser au corps entre 10 et 20 semaines pour arriver à une utilisation complète de ces supershoes.</p>
<h2>Des modèles biomécaniques pour estimer les contraintes sur les membres inférieurs lors de la course</h2>
<p>Les blessures chroniques en lien avec la course à pied (tendinopathies, fractures de fatigue…) sont principalement dues à un déséquilibre entre les (sur) contraintes mécaniques subies par les structures anatomiques et leurs capacités de récupération et d’adaptation. D’un point de vue anatomique, des travaux récents permettent d’<a href="https://www.nature.com/articles/s41598-022-08177-1">estimer les contraintes mécaniques subies par les structures anatomiques (les os, les tendons, les ligaments) lors de la course à pied</a>.</p>
<p>Ces résultats reposent sur des modélisations biomécaniques qui intègrent différents facteurs individuels et connus pour affecter les contraintes mécaniques (forme des os, intensités des forces musculaires, patron biomécanique de course à pied, intensité de l’impact au sol…).</p>
<p>Ces nouvelles générations de modèles biomécaniques permettront de prendre en compte, à une échelle individuelle, l’influence des supershoes et donc de potentiellement prédire les augmentations de performance et les risques de blessures associés à leur utilisation.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212901/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Rao ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une nouvelle génération de chaussures de course à pied, les « supershoes », permet parfois d’augmenter ses performances… à quel prix ?Guillaume Rao, Professeur des Universités en Sciences du Sport, spécialisé en biomécanique, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2055312023-10-05T13:26:38Z2023-10-05T13:26:38ZLa Banque de cerveaux Douglas-Bell Canada : une mine d’or pour la recherche sur les maladies du cerveau<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/552342/original/file-20231005-26-rmh9lm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4000%2C1508&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les méthodes expérimentales à notre disposition aujourd’hui permettent ni plus ni moins de « déconstruire » le cerveau en ses composantes élémentaires afin d’en comprendre les fonctions et les dysfonctions.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le cerveau fascine les humains depuis toujours. </p>
<p>Mais nos connaissances scientifiques sur ces quelques 1,3 kg de substance fragile enchâssée dans la boîte crânienne ont longtemps été fragmentaires. Or, les percées techniques fulgurantes des dernières années ont inauguré en quelque sorte l’âge d’or des neurosciences moléculaires. </p>
<p>Ces percées ont aussi été permises grâce aux banques de cerveaux, qui conservent des cerveaux humains dans les meilleures conditions pour la recherche scientifique. Nous avons ici à Montréal l’une des plus importantes au monde, la Banque de cerveaux Douglas-Bell Canada (BCDBC), qui a été <a href="https://douglasbrainbank.ca/fr/a-propos">fondée en 1980 à l’Hôpital Douglas</a>. </p>
<p>La BCDBC, qui reçoit plusieurs cerveaux chaque mois, a récolté à ce jour plus de 3 600 spécimens. Son équipe traite chaque année des dizaines de requêtes de tissus provenant de scientifiques du Québec, du Canada, et de l’étranger, préparant ainsi environ 2 000 échantillons pour la recherche. </p>
<p>Ces efforts ont permis, au cours des 40 dernières années, un nombre considérable de découvertes sur différentes maladies neurologiques et psychiatriques. </p>
<p>Professeur titulaire au Département de psychiatrie de l’Université McGill, chercheur au Centre de recherche Douglas et directeur de la BCDBC depuis 2007, je travaille en étroite collaboration avec le <a href="https://douglas.research.mcgill.ca/fr/gustavo-turecki-2/">Dr Gustavo Turecki</a>, codirecteur de la BCDBC et responsable du volet consacré aux maladies psychiatriques et au suicide.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C2%2C1535%2C1231&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="hémisphère cérébral" src="https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C2%2C1535%2C1231&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=475&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=475&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=475&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552153/original/file-20231004-17-mdh992.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La Banque de cerveaux Douglas-Bell Canada, qui reçoit plusieurs cerveaux à chaque mois, a récolté à ce jour plus de 3 600 spécimens.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Naguib Mechawar)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Une petite histoire de la recherche sur le cerveau humain</h2>
<p>Ce n’est que vers la seconde moitié du XIX<sup>e</sup> siècle que les scientifiques commencent à identifier les éléments microscopiques qui composent le cerveau.</p>
<p>À cette époque, on le conserve pour la première fois dans le formol, une solution qui préserve les tissus biologiques afin de pouvoir les manipuler plus facilement et de les garder à long terme. </p>
<p>Parallèlement, on développe des instruments de précision et des protocoles permettant d’examiner les caractéristiques microscopiques du tissu nerveux. </p>
<p>Jusqu’au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, on se contente surtout de conserver des cerveaux de patients, prélevés à l’autopsie, dans le but d’identifier de possibles changements macroscopiques ou microscopiques en lien avec leurs symptômes neurologiques ou psychiatriques. </p>
<p>C’est notamment ce que fait le neurologue allemand Alois Alzheimer, qui analyse le cerveau d’une de ses patientes atteintes de démence. En 1906, il décrit alors, pour la première fois, les lésions microscopiques qui caractérisent la maladie portant aujourd’hui son nom. </p>
<p>Ainsi, jusqu’à la fin des années 1970, de nombreuses collections de spécimens de cerveaux conservés dans le formol se bâtissent dans des milieux hospitaliers, un peu à la façon des anciens cabinets de curiosités. </p>
<p>Vers la fin du XX<sup>e</sup> siècle, les approches expérimentales permettant l’analyse à haute résolution de cellules et de molécules au sein de tissus biologiques se multiplient. </p>
<p>Il devient alors nécessaire de recueillir et de conserver des cerveaux humains, obtenus grâce au consentement de la personne ou de sa famille, dans des conditions compatibles avec les techniques scientifiques modernes.</p>
<p>On se met à congeler l’un des hémisphères cérébraux afin, notamment, de pouvoir en mesurer les différentes composantes moléculaires. L’autre hémisphère est fixé dans le formol pour des études anatomiques macroscopiques et microscopiques.</p>
<p>C’est dans ce contexte que fut créée la Banque de cerveaux Douglas-Bell Canada.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Les locaux de la BCDBC" src="https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552154/original/file-20231004-25-z5k7jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">À Montréal se trouve l’une des plus importantes banques de cerveaux au monde, la Banque de cerveaux Douglas-Bell Canada, qui fut fondée en 1980 à l’Hôpital Douglas.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Naguib Mechawar)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>De nouvelles approches expérimentales qui portent fruit</h2>
<p>Des chercheurs de pointe de nombreuses universités à travers le monde bénéficient des échantillons de la BCDBC pour faire progresser leurs recherches. Cela inclut, il va sans dire, plusieurs équipes québécoises.</p>
<p>C’est ainsi que le <a href="https://douglas.research.mcgill.ca/fr/judes-poirier-2/">Dr Judes Poirier</a>, du Centre de recherche Douglas, affilié à l’Université McGill, et son équipe ont découvert que le gène APOE4 constitue un <a href="https://doi.org/10.1016/0140-6736(93)91705-Q">facteur de risque de la maladie d’Alzheimer</a>. Plus récemment, l’équipe du <a href="https://crhmr.ciusss-estmtl.gouv.qc.ca/fr/chercheur/gilbert-bernier">Dr Gilbert Bernier</a>, professeur au Département de neurosciences de l’Université de Montréal, a découvert que les lésions caractéristiques de cette maladie sont associées à une <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-018-37444-3">expression anormale du gène BMI1</a>.</p>
<p>Du côté des maladies psychiatriques, et plus particulièrement de la dépression, des progrès importants ont été réalisés tout récemment par le <a href="https://douglas.research.mcgill.ca/fr/groupe-mcgill-detudes-sur-le-suicide/">Groupe McGill d’Études sur le Suicide</a>. </p>
<p>Ainsi, en utilisant des méthodes de pointe permettant d’isoler et d’analyser les cellules du cerveau humain, l’équipe du Dr. Turecki est parvenue à identifier précisément les types de cellules dont la fonction est affectée chez des hommes <a href="https://doi.org/10.1038/s41593-020-0621-y">ayant souffert de dépression majeure</a>, puis de découvrir que les types cellulaires en cause dans cette maladie diffèrent <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-023-38530-5">entre les hommes et les femmes</a>. </p>
<p>Ces approches expérimentales donnent lieu à des ensembles de données gigantesques pouvant être interrogés dans le cadre d’études subséquentes. C’est le cas, par exemple, de travaux menés dans mon laboratoire et ayant identifié des signes de changements persistants dans la neuroplasticité au sein du cortex préfrontal de personnes ayant un historique de <a href="https://doi.org/10.1038/s41380-021-01372-y">maltraitance infantile</a>. En effet, les études citées ci-dessus nous ont permis de découvrir au moins un des types cellulaires impliqués dans ce phénomène. </p>
<p>En somme, les méthodes expérimentales à notre disposition aujourd’hui permettent ni plus ni moins de « déconstruire » le cerveau en ses composantes élémentaires afin d’en comprendre les fonctions et les dysfonctions.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Hémisphères cérébraux conservés dans le formol" src="https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552155/original/file-20231004-27-62uc6y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des chercheurs de pointe de nombreuses universités à travers le monde bénéficient des échantillons de la BCDBC pour faire progresser leurs recherches.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Naguib Mechawar)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Identifier, prévenir, dépister et traiter</h2>
<p>C’est grâce au travail acharné et au dévouement de toute l’équipe de la BCDBC, ainsi qu’au soutien indéfectible de tous ses partenaires, de mécènes (souvent anonymes) et d’organismes subventionnaires, et particulièrement le FRQS et son <a href="https://reseausuicide.qc.ca/fr/">Réseau québécois sur le suicide, les troubles de l’humeur et les troubles associés</a>, que cette ressource inestimable a non seulement réussi à survivre, mais à se développer et à se hisser au rang des plus importantes banques de cerveaux au monde. </p>
<p>Il est permis de croire que la BCDBC aura dans les années à venir un rôle important à jouer dans l’identification de plus en plus précise des causes biologiques des maladies du cerveau, et donc de nouvelles cibles en vue de meilleures approches de prévention, de dépistage et de traitement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205531/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Naguib Mechawar a reçu des financements des IRSC, du CRSNG, de HBHL (Apogée) et du FRQS (ERA-NET NEURON et RQSHA). </span></em></p>À Montréal se trouve l’une des plus importantes banques de cerveaux au monde, la Banque de cerveaux Douglas-Bell Canada. Elle permet des découvertes sur différentes maladies neurologiques et psychiatriques.Naguib Mechawar, Neurobiologiste, Institut Douglas; Professeur titulaire, Département de psychiatrie, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2120792023-08-28T17:54:59Z2023-08-28T17:54:59ZLes chiens ne voient pas la vie en rose. Ni en noir et blanc<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/544316/original/file-20230823-23-qmzzxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C995%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Contrairement à l'humain, les yeux des chiens sont situés plutôt sur le côté du crâne. Ils possèdent donc un champ visuel plus étendu.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Samuel est un jeune patient de 6 ans que je traite depuis quelques mois pour une myopie qui débute. C’est un garçon très éveillé pour son âge. Il me pose souvent des questions sur les tests, sur ce que je vois dans son œil. </p>
<p>Mais la dernière m’a plutôt surpris. </p>
<p>Il sait que certaines personnes ne voient pas bien les couleurs, comme son père. Mais qu’en est-il pour son petit caniche, Scotch ?</p>
<p>Je ne suis pas vétérinaire et ne veux pas empiéter sur leurs compétences. Mais comme optométriste, j’ai peut-être en poche quelques éléments qui peuvent répondre à la question de Samuel. </p>
<h2>Des cônes et des bâtonnets</h2>
<p>La lumière ambiante est composée de <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/photon">particules (photons)</a>, qui s’alignent en rayons. Les rayons de lumière voyagent et frappent les objets. Certains rayons sont absorbés, et d’autres sont réfléchis selon les caractéristiques de leurs surfaces et de la composition de leur matière. Les longueurs d’onde des rayons réfléchis déterminent la couleur de l’objet perçue par l’œil. </p>
<p>Comme tout ce qui touche la vision chez l’humain, la perception de cette couleur est complexe. La rétine, partie sensible qui tapisse le fond de l’œil, contient deux types de récepteurs aux photons : les cônes et les bâtonnets. Les cônes, au centre de la rétine (fovéa), perçoivent la lumière vive et sont donc <a href="https://www.alloprof.qc.ca/zonedentraide/discussion/6916/question/p1">responsables de la perception des couleurs</a>.</p>
<p>Il existe trois types de cônes. Chaque type contient un photo-pigment en particulier, nommé opsine, qui en définit donc la nature. Cette opsine est produite sous l’influence de certains gènes spécifiques. L’opsine la plus courte (« Cône S » pour <em>short</em>) réagit surtout lorsque la lumière bleue (420 nm) est présente. Celle la plus longue (« Cône L ») est davantage sensible au rouge orangé (560 nm), et celle entre les deux (« Cône M », pour <em>middle</em>) <a href="https://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_02/a_02_m/a_02_m_vis/a_02_m_vis.html">s’actionne en présence du vert (530 nm)</a>.</p>
<p>Ceci étant dit, chaque cône réagit à chacun des rayons qui entrent dans l’œil. Par exemple, une balle rouge entraînera une réponse faible du cône S (3/10), un peu plus marquée du cône M (5/10) et une <a href="https://e-cours.univ-paris1.fr/modules/uved/envcal/html/compositions-colorees/2-lumiere-visible-couleurs/3-3-vision-couleurs.html">grande réaction du cône L</a> (8/10). </p>
<p>Le cerveau recombine les signaux émis par chacun de ces cônes afin de former la couleur à percevoir. Ainsi, dans l’exemple précédent, la couleur perçue aurait le code 3-5-8, qui correspond à ce que la personne sait être le rouge. Un rose aurait peut-être un code 4-6-6, et un bleu 8-6-3. Chacune de ces combinaisons de 3 signaux des cônes est donc unique et permet d’apprécier toutes les teintes et leurs variations. </p>
<p>Du moins, tant que le code génétique est intact. </p>
<p>Les gènes associés à la vision des couleurs peuvent être mutés ou défectueux : la personne présentera alors une déficience, partielle ou complète. Plusieurs anomalies de ce type existent, la plus connue étant le daltonisme (déficience rouge-vert).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="perception d’une plante selon une personne daltonienne" src="https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544341/original/file-20230823-249-j6j8jf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le daltonisme est associé à une difficulté à percevoir le rouge et le vert.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Et les animaux, dans tout ça ?</h2>
<p>La vision des couleurs, chez l’humain comme chez les animaux, <a href="https://blog.defi-ecologique.com/vision-animale/">s’est développée par évolution</a>. Elle résulte donc des besoins de chaque espèce selon l’environnement dans lequel elle vit, en fonction des proies à chasser ou des menaces à éviter. </p>
<p>Par exemple, les oiseaux possèdent une 4<sup>e</sup> opsine qui leur permet de voir la lumière ultra-violette (UV). De son côté, l’humain ne peut la percevoir, car notre cristallin (lentille interne) <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biologie-animale/ce-que-voient-les-oiseaux-2196.php">filtre les rayons UV</a>. Les rayons UV influencent les décisions comportementales des oiseaux, notamment pour la recherche de nourriture et le choix du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0065345408601059#:%7E:text=Publisher%20Summary,light%2C%20depending%20on%20the%20species.">partenaire</a>. </p>
<p>La vision des couleurs des oiseaux est donc davantage complexe. À ce titre, le pigeon, qui peut percevoir une myriade de couleurs, est celui qui remporte la <a href="http://visionanimale.fr/l%C5%93il-animal-principales-affections/la-vision-animale/# :%7E :text=Beaucoup %20d%E2%80%99oiseaux %20peuvent %20voir,de %20d %C3 %A9tection %20de %20la %20couleur.">palme de toutes les espèces !</a></p>
<p>Les insectes perçoivent également les UV. Cette fonction leur est essentielle au repérage du pollen, bien que leur vision des couleurs soit très modeste. Leurs yeux sont composés de multiples lentilles (ommatidies) qui perçoivent <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/zoologie-voit-mouche-5982/">davantage les mouvements que la couleur</a> Plus pratique en plein vol rapide !</p>
<p>La plupart des mammifères qui vivent en forêt n’ont que deux opsines. Ils ont perdu, au cours de l’évolution, celle qui est associée au rouge orangé. C’est ce qui explique qu’ils ne perçoivent pas les dossards oranges des chasseurs, contrairement à nous. </p>
<p>Les serpents sont quant à eux plus sensibles au rouge et à l’infrarouge, grâce à des récepteurs thermiques. Un avantage pour repérer les proies à chasser, car <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/les-secrets-de-la-vision-thermique-des-serpents_22551">ils peuvent distinguer leur chaleur même la nuit</a>. </p>
<p>Sans surprise, c’est le singe qui se rapproche le plus de l’humain, avec ses trois opsines. On dit qu’il est trichromate. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="gros plan sur les yeux d’un chien noir" src="https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544344/original/file-20230823-19-pd8rjz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les chiens ne perçoivent que le vert jaune et le bleu violet. Les couleurs sont perçues plus pâles, comme des pastels.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Revenons à Scotch</h2>
<p>La vision des chiens – et donc celle de Scotch – est <a href="https://ophtalmoveterinaire.com/maladies_oculaires/vision-comment-voit-mon-chien/#:%7E:text=Pour%20r%C3%A9sumer%2C%20la%20vision%20du,pour%20sa%20vie%20de%20chien.">bien différente</a>. </p>
<p>Contrairement à l’humain, leurs yeux sont situés plutôt sur le côté du crâne. Conséquence : le chien possède un champ visuel plus étendu (250 à 280 degrés), mais moins de vision simultanée. </p>
<p>Sa vision des mouvements est bien développée dans tout son champ visuel. Mais sa vision centrale est bien plus faible que la nôtre, soit six fois moins bonne. C’est l’équivalent de la vision d’une personne très myope, sans lunettes. Pourquoi ? Parce que la rétine du chien ne contient pas de fovéa, et donc moins de cônes. </p>
<p>Moins de cônes, mais plus de bâtonnets. Et en prime, une couche supplémentaire de la rétine, le tapetum lucidum – ou tapis. Tous ces ingrédients combinés le font mieux voir en pénombre et la nuit. Cette couche reçoit la lumière et la réfléchit à nouveau sur la rétine pour une 2<sup>e</sup> exposition. C’est ce qui explique que vous avez l’impression que les yeux de votre chien brillent la nuit.</p>
<p>Pour ce qui est des couleurs, les chiens sont dichromates. Ils ne perçoivent que le vert jaune et le bleu violet. Les couleurs sont perçues plus pâles, comme des pastels. Et certaines couleurs ne font pas de contraste : c’est pourquoi une balle rouge sur un gazon vert leur apparaîtra comme jaune pâle sur fond gris, avec peu de contraste. </p>
<p>Il est donc possible, selon la couleur de la balle, que Scotch ne la voie pas… et qu’il regarde Samuel d’un air perdu. Pour ce qui est de l’infrarouge, il perçoit la chaleur par son nez, et non par ses yeux. </p>
<p>Les chats, quant à eux, sont également dichromates. Leur vision est donc semblable, mais leur palette de couleur est différente – elle est orientée vers le violet et le vert. Aucune perception du rouge-vert, ils sont donc daltoniens ! Leur vision claire se limite à quelques mètres devant eux. Ils sont très myopes eux aussi.</p>
<p>Leur évolution a fait que leurs autres sens compensent. Entre autres, bien qu’ils ne perçoivent que certains contrastes, ils sont <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/2013/10/21/01008-20131021ARTFIG00486-comment-les-chats-voient-le-monde.php">redoutables à percevoir le mouvement</a>. Une souris, ça bouge vite ! </p>
<p>Toute espèce s’adapte à son milieu et les humains ne font pas exception. Qui sait quelle sera notre vision des couleurs dans 500 ans, après avoir été exposés à de plus en plus d’appareils électroniques et de couleurs artificielles ? </p>
<p>À Samuel d’y répondre, lorsqu’il sera plus grand !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212079/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Langis Michaud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La vision du monde de votre fidèle compagnon est différente de la vôtre, mais il est faux de croire qu’ils ne voient que le noir, le blanc et les nuances de gris.Langis Michaud, Professeur Titulaire. École d'optométrie. Expertise en santé oculaire et usage des lentilles cornéennes spécialisées, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2006262023-03-17T14:12:35Z2023-03-17T14:12:35ZLes serpents peuvent entendre nos cris, selon une nouvelle étude<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/512090/original/file-20230223-644-axvk6k.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C10%2C3335%2C2218&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bien que la vue et le goût soient les principaux sens par lesquels les serpents perçoivent leur environnement, notre étude permet de constater que l’ouïe joue un rôle important dans le répertoire sensoriel des serpents.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Christina Zdenek)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les spécialistes savent depuis longtemps que les serpents peuvent ressentir les vibrations sonores dans le sol – ce qu’on appelle détection « tactile » –, mais nous nous sommes demandé s’ils peuvent également entendre les vibrations sonores aériennes, et surtout, comment ils réagissent aux sons.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-serpents-ont-un-clitoris-196641">Les serpents ont un clitoris</a>
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<hr>
<p>Dans un <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0281285">nouvel article</a> publié dans PLOS One, nous arrivons à la conclusion que les serpents utilisent l’ouïe pour interpréter le monde, et nous réfutons le mythe selon lequel les serpents sont sourds aux sons aériens.</p>
<p>Notre étude, qui a porté sur 19 serpents de sept espèces, révèle que les serpents ont une ouïe aérienne, mais que les espèces ne réagissent pas toutes de la même manière aux sons.</p>
<h2>Comment les serpents réagissent-ils aux sons aériens et terrestres ?</h2>
<p>Bien que la vue et le goût soient les principaux sens par lesquels les serpents perçoivent leur environnement, notre étude permet de constater que l’ouïe joue un rôle important dans le répertoire sensoriel des serpents.</p>
<p>D’un point de vue évolutif, c’est tout à fait logique. Les serpents sont menacés par des prédateurs, notamment les varans, les chats, les chiens et d’autres serpents. L’ouïe sert à éviter les attaques ou les blessures (par exemple, en se faisant piétiner).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un taipan côtier se trouve au centre d’une grande grille noire et blanche sur le sol" src="https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le taïpan côtier était l’une des espèces étudiées dans le cadre de notre recherche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Christina Zdenek)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Pour nos expériences, nous avons collaboré avec la <a href="https://www.qut.edu.au/about/our-university/organisational-structure/faculty-of-creative-industries,-education-and-social-justice-old/school-of-creative-practice"><em>School of Creative Practice</em></a> de l’Université de technologie du Queensland pour aménager une salle insonorisée et tester les serpents un par un.</p>
<p>En utilisant le silence comme condition témoin, nous avons fait jouer un son parmi trois, chacun couvrant une gamme de fréquences : 1-150Hz, 150-300Hz et 300-450Hz. À titre de comparaison, la voix humaine varie généralement entre 100 et 250 Hz, et les oiseaux gazouillent à environ 8 000 Hz.</p>
<p>Dans une <a href="https://journals.biologists.com/jeb/article/205/19/3087/9027/Response-of-western-diamondback-rattlesnakes">étude précédente</a>, des chercheurs ont suspendu des crotales diamantins de l’Ouest (<em>Crotalus atrox</em>) dans un panier en maille d’acier et ont observé leurs comportements en réaction à des fréquences sonores situées entre 200 et 400 Hz. Dans une <a href="https://journals.biologists.com/jeb/article/222/14/jeb198184/20779/Underwater-hearing-in-sea-snakes-Hydrophiinae">autre étude</a>, on a implanté par chirurgie des électrodes dans le cerveau de serpents sous anesthésie partielle afin de détecter des potentiels électriques en réponse à des sons allant jusqu’à 600 Hz.</p>
<p>Notre recherche est la première à étudier comment plusieurs espèces de serpents réagissent aux sons dans un espace où ils peuvent se déplacer librement. Nous avons également utilisé un accéléromètre pour déterminer si les sons produisaient des vibrations au sol. Cela nous a permis de confirmer que les serpents ne ressentaient pas seulement les vibrations du sol et enregistraient bel et bien les sons aériens.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un taïpan côtier près d’une ferme de canne à sucre dans le Queensland.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Chris Hay), Fourni par l’auteure</span></span>
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<h2>Les serpents se rapprochent-ils ou s’éloignent-ils des sons ?</h2>
<p>La plupart des serpents ont manifesté des comportements très différents dans les essais avec son par rapport aux moments de silence.</p>
<p>Le python de Ramsay (<em>Aspidites ramsayi</em>) – un serpent non venimeux que l’on trouve dans toute la zone aride du centre de l’Australie – s’est mis à bouger davantage en réponse au son et s’en est même approché. Il a présenté un comportement intéressant appelé « périscopique », qui consiste à lever le tiers avant de son corps d’une manière qui évoque la curiosité.</p>
<p>En revanche, trois autres espèces – Acanthophis (vipère de la mort), Oxyuranus (taïpan) et Pseudonaja (serpent brun) – ont plutôt eu tendance à s’éloigner du son, signe d’un possible comportement d’évitement.</p>
<p>Les vipères de la mort sont des prédateurs en embuscade. Elles attendent que leur proie vienne à elles en utilisant le <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2435.2008.01466.x">leurre sur leur queue</a> (qu’elles agitent pour faire penser à un ver), et elles ne peuvent se déplacer rapidement. Il est donc logique qu’elles s’éloignent du son. Pour survivre, elles doivent éviter de se faire piétiner par de grands vertébrés comme les kangourous, les wombats ou les humains.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une vipère de la mort (<em>Acanthophis antarcticus</em>) en position d’embuscade au Mount Glorious, dans le Queensland.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Christina N. Zdenek), Fourni par l’auteure</span></span>
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<p>Les serpents bruns et les taïpans chassent activement et poursuivent leurs proies le jour. Cela signifie qu’ils risquent d’être victimes de prédateurs diurnes tels que les rapaces. Lors de nos expériences, ces deux serpents semblaient avoir les sens aiguisés. Les taïpans, en particulier, avaient tendance à manifester une attitude défensive et méfiante en réponse à un son.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CY26uRzqsS4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les taïpans côtiers ont eu des réactions méfiantes en réponse aux sons.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Les serpents nous entendent-ils ?</h2>
<p>Notre étude réfute le mythe selon lequel les serpents sont sourds. Ils peuvent entendre, mais pas aussi bien que vous et moi. Les serpents ne distinguent que les basses fréquences, soit moins de 600 Hz environ, alors que la plupart des humains entendent un <a href="https://hypertextbook.com/facts/2003/ChrisDAmbrose.shtml">spectre beaucoup plus large</a>. Les serpents perçoivent probablement des versions étouffées de ce que nous entendons.</p>
<p>Alors, les serpents peuvent-ils nous entendre ? La fréquence de la voix humaine se situe entre 100 et 250Hz. Les sons utilisés au cours de notre étude comprenaient ces fréquences et étaient diffusés à une distance de 1,2 m des serpents à 85 décibels. C’est à peu près le volume d’une voix forte.</p>
<p>Les serpents ont réagi à ces sons, et plusieurs ont eu une forte réponse. On peut donc dire que les serpents peuvent percevoir la voix des gens qui parlent fort ou qui crient. Cela ne signifie pas qu’ils n’entendent pas quelqu’un qui parle (une conversation normale est d’environ 60 décibels) – nous n’avons tout simplement pas fait de tests à ce niveau sonore.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200626/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christina N. Zdenek reçoit des fonds du Conseil australien de la recherche et travaille pour l'Australian Reptile Academy.</span></em></p>Les spécialistes savent depuis longtemps que les serpents peuvent ressentir les vibrations sonores dans le sol. Or, une nouvelle étude démontre qu’ils peuvent également percevoir les sons aériens.Christina N. Zdenek, Post-doctoral Research Fellow, Venom Evolution Lab, The University of QueenslandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1998442023-03-07T18:23:14Z2023-03-07T18:23:14ZLes Grecs et les Romains avaient-ils peur du clitoris ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/513703/original/file-20230306-16-7q0cfx.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C555%2C372&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vulve et clitoris, mosaïque de la maison de Ménandre, Pompéi, Iᵉ siècle apr. J.-C.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/Pompeii_-_House_of_Menander_-_Caldarium_-_Mosaic_1.jpg">Wikipédia</a></span></figcaption></figure><p>Si la description anatomique du clitoris n’est apparue dans certains manuels scolaires français qu’en 2017, c’est que cet organe du plaisir féminin, bien que connu sous ce nom <a href="https://www.cairn.info/magazine-sciences-humaines-2016-8-page-26.html">au moins depuis 1559</a>, a longtemps fait l’objet d’une véritable omerta.</p>
<p>Au cours de l’histoire, les éléments concernant le plaisir sexuel des femmes ont été souvent effacés, présentés comme dangereux <a href="https://theconversation.com/depuis-quand-la-vulve-est-elle-obscene-124820">ou obscènes</a>. Et l’Antiquité, à ce titre, ne fait pas exception.</p>
<p>Aujourd’hui, à rebours de ces antiques représentations négatives, des artistes exaltent au contraire la puissance clitoridienne, devenue un symbole de revendication féminine. À l’image, par exemple, des sculptures, bijoux et autres œuvres de Sophia Wallace glorifiant la <a href="https://yescliteracy.com/">cliteracy</a>.</p>
<p>Mais le chemin a été long.</p>
<h2>Le clitoris et le poète</h2>
<p>Dans la série <em>Rome</em> (2005-2007), le légionnaire Titus Pullo donne quelques conseils au centurion Lucius Vorenus qui souhaite faire plaisir à sa femme, Niobé :</p>
<p>« – Dis-lui qu’elle est belle, tout le temps, même quand elle ne l’est pas.<br>
– Autre chose ? demande Vorenus.<br>
– Oui, réplique Pullo, quand tu fais l’amour avec elle, touche le bouton qu’elle a entre les cuisses, elle s’ouvrira alors comme une fleur.<br>
– Comment sais-tu que Niobé a ce bouton ?<br>
– Toutes les femmes en ont un. »</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/zMV-GdAeBpU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>La scène parodie <a href="https://remacle.org/bloodwolf/poetes/Ovide/art.htm"><em>L’Art d’aimer</em></a> du poète latin Ovide, chef d’œuvre de la littérature érotique, conçu comme un manuel de séduction.</p>
<p>Dans une première partie, l’auteur livre ses recettes destinées aux hommes qui ont l’intention de conquérir une femme : petits gestes attentionnés, baisers, mots tendres, compliments… Le prétendant doit, par tous les moyens, chercher à être agréable à la femme et lui procurer du plaisir.</p>
<p>Le poète ne parle pas du clitoris dans son ouvrage. Peut-être y fait-il néanmoins allusion, lorsqu’il écrit : </p>
<blockquote>
<p>« La pudeur interdit à la femme de provoquer certaines caresses, mais il lui est agréable de les recevoir quand un autre en prend l’initiative. » (<em>L’art d’aimer</em> I, 705-706)</p>
</blockquote>
<h2>Nymphe et clitoris : la vision des médecins antiques</h2>
<p>S’il n’est pas explicitement mentionné par Ovide, le clitoris est, par contre, bien présent dans la littérature médicale grecque et latine. Soranos d’Éphèse, auteur au début du II<sup>e</sup> siècle apr. J.-C. d’un traité de gynécologie (<em>Gynaikeia</em>), propose une description des organes génitaux féminins. Le clitoris y est nommé <em>numphé</em> ou « nymphe », mot qui désigne une fille vierge ou une jeune mariée. Ce terme n’est pas anodin : il traduit une représentation subjective du clitoris, qui devrait normalement être voilé par la chair qui l’entoure, à l’image de la tête d’une jeune mariée. « Si on nomme cette partie la nymphe, explique l’auteur, c’est parce qu’elle se dissimule sous les lèvres comme les jeunes filles sous leur voile ».</p>
<p>Le mot <em>kleitoris</em> est employé par Rufus d’Éphèse, contemporain de Soranos, auteur d’un traité d’anatomie (<em>Du nom des parties du corps</em>). Sans doute étymologiquement en lien avec le verbe <em>kleiô</em> (« je ferme »), le terme présuppose lui aussi l’idée d’un organe non visible, prisonnier d’un espace clos.</p>
<p>Si cette nymphe n’est pas suffisamment dissimulée mais plus ou moins protubérante, <a href="https://odilefillod.wixsite.com/clitoris/histoire">Soranos considère</a> qu’il s’agit d’une anomalie que la chirurgie doit corriger. Le médecin préconise de la couper au moyen d’un scalpel, en veillant toutefois à éviter une trop forte hémorragie.</p>
<p>Cette amputation était couramment pratiquée en Égypte, comme l’écrit le géographe Strabon (<em>Géographie</em> XVII, 2, 5). L’auteur ne nomme pas le clitoris, mais parle d’une forme d’excision des filles, exprimée <a href="https://www.lhistoire.fr/livres/hommes-et-femmes-d%C3%A9gypte-ive-si%C3%A8cle-av-notre-%C3%A8re-ive-si%C3%A8cle-de-notre-%C3%A8re-droit-histoire">par le verbe <em>ektemnein</em></a> « enlever en coupant ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513714/original/file-20230306-26-5s6ipt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513714/original/file-20230306-26-5s6ipt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513714/original/file-20230306-26-5s6ipt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513714/original/file-20230306-26-5s6ipt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513714/original/file-20230306-26-5s6ipt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513714/original/file-20230306-26-5s6ipt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513714/original/file-20230306-26-5s6ipt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Niobé (Indira Varma) dans la série <em>Rome</em>.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>« Prends ça dans le clitoris ! »</h2>
<p>En latin, <em>numphé</em> est traduit par <em>landica</em>, terme que l’on trouve dans l’adaptation latine du traité de Soranos <a href="https://books.google.fr/books?id=GDP9VHGbF1AC">par le médecin Caelius Aurelianus</a>, au V<sup>e</sup> siècle apr. J.-C. Étymologiquement, le mot pourrait évoquer un petit gland (<em>glandicula</em>).</p>
<p>Le mot apparaît aussi <a href="https://archaeotrasimeno.wordpress.com/2022/07/03/archaeological-museum-of-perugia-the-glandes-perusinae-41-40-bc/">sur une balle de fronde en plomb découverte à Pérouse</a>, en Italie centrale, où eut lieu, en 41-40 av. J.-C., une importante bataille qui opposa Fulvie, épouse de Marc Antoine, à Octave, futur empereur Auguste. Lors des guerres, il était d’usage de graver les pires insultes sur les projectiles destinés à l’ennemi.</p>
<p>Sur la balle de Pérouse, on peut lire <em>FVLVIAE LANDICAM PETO</em> : « Je cherche à atteindre le clitoris de Fulvie » ; ou plus trivialement : « Fulvie, prends ça dans le clitoris ! » Octave cherchait à atteindre son ennemie dans ce qu’elle avait de plus intime.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513706/original/file-20230306-28-30sx50.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513706/original/file-20230306-28-30sx50.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=700&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513706/original/file-20230306-28-30sx50.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=700&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513706/original/file-20230306-28-30sx50.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=700&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513706/original/file-20230306-28-30sx50.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513706/original/file-20230306-28-30sx50.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513706/original/file-20230306-28-30sx50.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Balle de fronde en plomb, 41-40 av. J.-C. Représentation de la foudre et inscription : FVLVIAE LANDICAM PETO (Musée archéologique, Pérouse).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dessin : Christian-Georges Schwentzel</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un graffiti découvert à Pompéi va dans le même sens. Il est écrit d’une main rageuse, un peu à la manière des inscriptions que l’on peut lire aujourd’hui sur les murs de nos toilettes publiques. L’auteur, évidemment anonyme, <a href="https://erenow.net/ancient/thejoyofsexus/6.php">injurie</a> une certaine Eupla qu’il déteste : « Eupla laxa landicosa » ; « Eupla est large et a un gros clitoris » (<em>CIL</em> IV, 10004). L’image suppose une vulve dilatée dominée par un monstrueux clitoris, en forme de pénis factice. Une vision <a href="https://books.google.fr/books?id=GDP9VHGbF1AC">obscène pour l’auteur</a>, comme sans doute pour beaucoup de Romains.</p>
<h2>Obscénité vulvaire</h2>
<p>Une mosaïque de la riche maison dite de Ménandre, également à Pompéi, nous en offre une transposition iconographique. Elle orne l’entrée du <em>caldarium</em>, salle réservée aux bains chauds. On y voit quatre strigiles, racloirs en bronze, disposés autour d’une fiole d’huile suspendue à des lanières. Des objets habituellement utilisés par les Grecs et les Romains lors de leurs activités sportives.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513715/original/file-20230306-1360-snc4l3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513715/original/file-20230306-1360-snc4l3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=827&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513715/original/file-20230306-1360-snc4l3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=827&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513715/original/file-20230306-1360-snc4l3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=827&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513715/original/file-20230306-1360-snc4l3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1040&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513715/original/file-20230306-1360-snc4l3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1040&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513715/original/file-20230306-1360-snc4l3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1040&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Mosaïque de l’entrée du <em>caldarium</em> de la maison de Ménandre à Pompéi, Iᵉʳ siècle apr. J.-C.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/Pompeii_-_House_of_Menander_-_Caldarium_-_Mosaic_1.jpg">Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le baigneur entrant dans la pièce n’était peut-être pas totalement surpris par cette image, bien que la disposition des objets ait pu d’emblée paraître étonnante. Ce n’est sans doute qu’en sortant qu’il saisissait pleinement l’intention de l’artiste. En effet, vue dans le sens inverse, l’image évoque une vulve. Autour du clitoris figuré par la fiole d’huile, les racloirs prennent la forme des grandes et petites lèvres.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513717/original/file-20230306-24-oc4slg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513717/original/file-20230306-24-oc4slg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=192&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513717/original/file-20230306-24-oc4slg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=192&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513717/original/file-20230306-24-oc4slg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=192&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513717/original/file-20230306-24-oc4slg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=242&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513717/original/file-20230306-24-oc4slg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=242&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513717/original/file-20230306-24-oc4slg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=242&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Mosaïque du <em>caldarium</em> de la maison de Ménandre, Pompéi, Iᵉʳ siècle. Fiole d’huile entre des racloirs ou bien clitoris entouré de lèvres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dessin : Christian-Georges Schwentzel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans la partie supérieure de la mosaïque, un jeune serviteur africain accourt, tenant deux vases de forme phallique, tandis que son pénis, imposant, dépasse de son pagne serré. Certainement une manière de provoquer le rire le spectateur par l’association entre cette représentation triplement virile et l’image d’une féminité factice, constituée d’instruments sportifs masculins.</p>
<h2>« Le cochon a une redoutable épine »</h2>
<p>Contrairement au phallus, véritable porte-bonheur aux vertus bénéfiques selon l’imaginaire de l’époque, le clitoris était perçu comme un <a href="https://theconversation.com/depuis-quand-la-vulve-est-elle-obscene-124820">danger potentiel pour les hommes</a>.</p>
<p>Sur la mosaïque, la fiole d’huile, vue à l’envers, prend l’aspect d’une arme pointue, sorte de poignard. Elle rejoint ainsi la définition du clitoris que donne le poète grec Nicarque, auteur d’épigrammes satiriques, au I<sup>e</sup>ʳ siècle apr. J.-C. Critiquant un certain Démonax, adepte du cunnilingus, il écrit : « Le cochon (<em>khoïros</em>) a une redoutable épine (<em>akantha</em>) » (<em>Anthologie grecque</em> XI, 329).</p>
<p>Le « cochon » est un terme familier désignant la vulve, tandis que l’« épine » représente le clitoris, perçu comme un petit pénis constituant une menace pour les lèvres de l’homme. Démonax, le lécheur de vulves, risque fort de s’y blesser et d’ensanglanter sa bouche.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/depuis-quand-la-vulve-est-elle-obscene-124820">Depuis quand la vulve est-elle obscène ?</a>
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<p>A l’inverse, le clitoris est censé perdre toute dangerosité dès lors que le sexe féminin est pénétré par un phallus, forcément vainqueur de la confrontation et unique arme permettant de maintenir en respect la dangereuse épine. D’où la condamnation unanime dans l’Antiquité de la pratique du cunnilingus.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1008&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1008&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1008&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1267&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1267&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513716/original/file-20230306-22-kcfe6q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1267&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La magicienne Circé, tableau de John William Waterhouse, 1891.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d9/Circe_Offering_the_Cup_to_Odysseus.jpg%20%22%22">Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’attribut d’une domination féminine suspecte</h2>
<p>Dans l’<em>Odyssée</em> (X, 389), Circé l’ensorceleuse possède un <a href="http://remacle.org/bloodwolf/poetes/homere/odyssee/livre10.htm">petit sceptre</a> nommé <em>rhabdos</em>, ancêtre des baguettes magiques des sorcières.</p>
<p>L’objet ne représente pas le clitoris de Circé, mais symbolise la puissance de la magicienne. Circé séduit les hommes ; elle les attire en son palais où elle leur fait perdre leur humanité, en les transformant en porcs. Elle les soumet, de manière symbolique, au pouvoir de son « cochon », sa vulve, dont ils deviennent les serviteurs.</p>
<p>Heureusement pour la phallocratie grecque, Ulysse finit par la vaincre et la soumettre. Il la possède, usant de son phallus, et réprime la détentrice de la baguette, symbole de nocivité.</p>
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<p><em>Christian-Georges Schwentzel a publié <a href="https://www.editions-vendemiaire.com/catalogue/collection-chroniques/debauches-antiques-christian-georges-schwentzel/">« Débauches antiques. Comment la Bible et les Anciens ont inventé le vice »</a>, aux éditions Vendémiaire.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199844/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian-Georges Schwentzel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>S’il n’est pas explicitement mentionné par le poète Ovide, le clitoris est, par contre, bien présent dans la littérature médicale grecque et latine.Christian-Georges Schwentzel, Professeur d'histoire ancienne, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1966412022-12-19T15:18:12Z2022-12-19T15:18:12ZLes serpents ont un clitoris<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/501397/original/file-20221215-21-nnxaqr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1899%2C1260&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La découverte de ce qui semble être un clitoris fonctionnel offre une nouvelle perspective sur l'accouplement des serpents.
</span> <span class="attribution"><span class="source">(Luke Allen)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les serpents ont un clitoris – et, pour la première fois, nous en avons donné une description anatomique complète.</p>
<p>Dans <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2022.1702">notre étude</a>, publiée dans la revue scientifique <em>Proceedings of the Royal Society B</em>, nous décrivons la taille et la forme du clitoris (ou hémiclitoris) des serpents chez neuf espèces.</p>
<p>Nous avons également étudié de près la composition cellulaire du clitoris des couleuvres de la mort australiennes (<em>Acanthophis antarcticus</em>), et constaté qu’il était composé de tissu érectile et de faisceaux de nerfs.</p>
<p>La découverte de ce qui semble être un clitoris fonctionnel offre une nouvelle perspective sur l’accouplement des serpents.</p>
<h2>Trouver le clitoris des serpents</h2>
<p>Dans le cadre de ses recherches doctorales, notre étudiante Megan Folwell, de l’Université d’Adélaïde, avait disséqué des spécimens de serpents dans des musées. Elle est tombée sur une structure en forme de cœur dans la queue de la femelle, nichée entre deux glandes odorantes, qu’elle pensait être le clitoris (ou l’hémiclitoris, comme on l’appelle chez les serpents). Comme elle n’était pas certaine, elle m’a demandé d’y jeter un coup d’œil.</p>
<p>Comme j’avais également certains doutes, nous avons contacté Patricia Brennan du Mount Holyoke College aux États-Unis, qui est une experte de l’évolution des organes génitaux chez les vertébrés.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une animation montrant un dessin filaire de la moitié inférieure du corps d’un serpent avec le clitoris mis en évidence" src="https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le clitoris du serpent est une structure en forme de cœur, située dans la queue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Folwell et al</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En y regardant de plus près, nous avons constaté qu’il s’agissait d’une structure pleine de globules rouges et de tissu nerveux, comme on pourrait s’y attendre pour un tissu érectile. Cela suggère qu’il s’agit bien du clitoris, qui peut gonfler et être stimulé pendant l’accouplement.</p>
<p>Nous avons ensuite examiné neuf espèces différentes de serpents représentant les principales branches de l’évolution. Toutes avaient un clitoris, bien que la taille et la forme variaient.</p>
<h2>Pourquoi ne le savions-nous pas déjà ?</h2>
<p>Chez toutes les espèces, historiquement, les chercheurs ont accordé <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35353194/">beaucoup</a> <a href="https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1001851">moins</a> d’attention aux organes génitaux féminins que ceux des mâles.</p>
<p>De plus, il est difficile d’avoir un bon aperçu des organes génitaux des serpents. Toutes les structures sont internes à la queue du serpent, pour la plupart, bien que le pénis du serpent (ou hémipénis) se gonfle pour l’accouplement.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=788&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=788&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=788&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le clitoris d’une vipère de la mort australienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Folwell et al</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le pénis des serpents a fait l’objet de nombreuses recherches, mais le clitoris des serpents a été oublié.</p>
<p>Bien qu’il existe des rapports antérieurs, la plupart se réfèrent en fait à des lézards, ou décrivent par erreur le pénis ou les glandes odorantes, ou encore ne comportent que de vagues descriptions sans références anatomiques. Des études portant sur des espèces chez lesquelles les individus hermaphrodites sont relativement courants ont accentué cette confusion.</p>
<p>Cependant, nous avons montré que le clitoris du serpent, bien qu’il partage ses origines développementales avec le pénis, est très différent de ce dernier – et notre description anatomique détaillée devrait permettre d’éviter ce type de confusion à l’avenir.</p>
<h2>Un élément crucial de l’anatomie</h2>
<p>Chez d’autres espèces, nous savons que le clitoris a des <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/articleSelectSinglePerm?Redirect=https%3A%2F%2Fwww.sciencedirect.com%2Fscience%2Farticle%2Fpii%2FS0065345420300012%3Fvia%253Dihub&key=22f7498e0cabf6da1cbf5bbec791b299065c7bd7">fonctions importantes</a> dans la reproduction.</p>
<p>De nombreux scientifiques ont supposé que les serpents femelles n’avaient pas de clitoris, et donc aucune capacité d’excitation. Il a donc généralement été présumé que l’accouplement chez les serpents est en grande partie une question de mâles contraignant les femelles.</p>
<p>Mais un élément crucial de l’anatomie était absent de cette conversation. Notre découverte suggère que l’excitation féminine – et une certaine forme de séduction – pourrait jouer un rôle.</p>
<p>Nous avons encore beaucoup à apprendre. Il se peut que les variations du clitoris d’une espèce à l’autre soient corrélées aux comportements de parade nuptiale et d’accouplement et nous aident à comprendre comment les femelles choisissent leurs compagnons.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196641/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jenna Crowe-Riddell ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La première description du clitoris des serpents pourrait changer ce que nous pensons savoir sur l’accouplement et la parade nuptiale chez les reptiles rampants.Jenna Crowe-Riddell, Postdoctoral Researcher in Neuroecology, La Trobe UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1874942022-09-13T19:20:50Z2022-09-13T19:20:50ZPaul : « Pourquoi la peau se relâche lorsqu’on vieillit ? »<p>Et si, pour répondre à cette question, on rentrait à l’intérieur de notre peau ?</p>
<p>La peau est faite de trois couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme, de l’extérieur vers l’intérieur de notre corps. Elles sont toutes affectées par le vieillissement mais c’est au niveau du derme que se produit le relâchement cutané (de la peau).</p>
<p>Le derme, la couche du milieu, est un tissu dit conjonctif, c’est-à-dire qui sert de soutien. Il est composé de cellules appelées « fibroblastes » qui baignent dans un gel, la matrice extracellulaire. Les fibroblastes fabriquent deux types de protéines qui constituent cette matrice extracellulaire : le collagène et l’élastine. L’élastine rend le derme souple et extensible : c’est elle qui permet à la peau de reprendre sa forme quand elle est pincée ou étirée. Le collagène, quant à lui, est le soutien mécanique de la peau. En effet, un peu comme pour un matelas à ressorts, la peau doit sa résistance à l’organisation et la structure des fibres de collagène !</p>
<p>Mais rien ne dure, pas même le meilleur des matelas avec les meilleurs ressorts…</p>
<p>Eh oui, quand on vieillit, les fibroblastes deviennent moins nombreux et moins efficaces. En conséquence, le collagène se fait plus rare au niveau du derme… Reprenons l’image du matelas à ressorts, imagine que tu enlèves progressivement la moitié des ressorts à l’intérieur. Que se passe-t-il ? Le matelas est moins ferme : il s’affaisse ! C’est ce qu’il se passe pour notre peau. À partir de 30 ans, on perd en moyenne 1 % de collagène par an. C’est pourquoi la peau se relâche quand on vieillit.</p>
<p>Mais attention, nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement cutané ! En général, on différencie le vieillissement intrinsèque (c’est-à-dire naturel, simplement dû au temps qui passe) du vieillissement extrinsèque. Celui-ci est induit par un ensemble de facteurs environnementaux, par exemple les rayons ultraviolets du soleil, le stress, la pollution, l’alimentation, le tabac ou l’alcool… qui accélèrent le vieillissement naturel.</p>
<p>Le point commun entre tous ces facteurs environnementaux, c’est la production de « radicaux libres ».</p>
<p>Un radical libre, c’est un atome ou une molécule qui possède un ou plusieurs électrons célibataires. Comme ces électrons sont seuls, ils se baladent partout pour trouver leur moitié ! Le problème, c’est qu’ils n’hésitent pas à piquer des électrons à d’autres molécules et atomes qui, à leur tour, deviennent des radicaux libres. Durant cette quête, les radicaux libres causent des dommages aux protéines – dont le collagène, à l’ADN et aux membranes cellulaires.</p>
<p>Si ce phénomène est naturel, sous l’effet de l’exposition au soleil, de la pollution atmosphérique, de certains aliments, d’une sédentarité excessive, du tabac et du stress, ces molécules sont produites en quantité très importante par les fibroblastes.</p>
<p>Pour ne pas arranger les choses, plus on vieillit, moins notre corps peut se défendre, permettant alors aux radicaux libres de faire des ravages ! Ils s’attaquent aux fibroblastes, endommageant ainsi la fabrication des protéines de collagène qui donne la résistance à la peau. C’est ce qu’on appelle le « stress oxydatif », principale cause de vieillissement prématuré de la peau.</p>
<p>Heureusement, il y a une solution : les <a href="https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doschim/decouv/peau/radicaux_libres.html">« antioxydants »</a>, qui neutralisent les radicaux libres en leur donnant de leurs électrons, ce qui <a href="https://www.jdsjournal.com/article/S0923-1811(10)00078-2/fulltext">ralentit le vieillissement de la peau</a>.</p>
<p>Le seul inconvénient des antioxydants, c’est qu’on a besoin de les trouver à l’extérieur de notre corps. On les trouve notamment dans l’alimentation qui doit être équilibrée, riche en vitamines (A, C, E) et en minéraux comme les oligoéléments et les polyphénols. Et bonne nouvelle, le chocolat est un super antioxydant !</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-breve-histoire-du-chocolat-et-de-ses-surprenantes-vertus-pour-la-sante-152026">Une brève histoire du chocolat et de ses surprenantes vertus pour la santé</a>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187494/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Coralie Thieulin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement cutané.Coralie Thieulin, Enseignant chercheur en physique à l'ECE, docteure en biophysique, ECE ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1593632021-06-09T18:46:58Z2021-06-09T18:46:58ZSommes-nous tous des cannibales ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/405314/original/file-20210609-14884-aroa5z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C434%2C4594%2C2793&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photographie du « Cradle of Humankind » en Afrique du Sud, la région dans laquelle a été trouvé le fossile Stw 53.</span> <span class="attribution"><span class="source">Raphaël Hanon</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Il s’agit de l’ultime transgression, celle qui consiste en la consommation d’un individu de sa propre espèce. Au-delà de l’acte en lui-même, un symbolisme sous-jacent lui est parfois attribué, pouvant représenter une assimilation de l’autre et de ses spécificités. L’usage du cannibalisme est alors considéré comme inhumain, conduisant à une <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=cACjDwAAQBAJ">déshumanisation</a> et une condamnation des peuples qui le pratiquent.</p>
<p>Toutefois, les experts s’accordent sur ce point, le phénomène cannibale est un système complexe. Mais d’où provient cette pratique ?</p>
<p>Au cours de l’année 2000, trois éminents chercheurs américains ont publié la description de traces observées à la surface d’un os d’Hominina vieux de 2,4 millions d’années. Dans <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/(SICI)1096-8644(200004)111:4%3C579::AID-AJPA12%3E3.0.CO;2-Y">l’article publié au sein de l’<em>American Journal of Physical Anthropology</em></a>, les auteurs émettent l’hypothèse qu’il s’agirait des plus anciennes traces avérées de la pratique du cannibalisme dans la lignée humaine.</p>
<h2>Australopithèques ou <em>Homo</em> : les premiers cannibales ?</h2>
<p>En août 1976, les paléoanthropologues Alan R. Hughes et Philip V. Tobias découvrirent un crâne, <a href="https://www.nature.com/articles/265310a0">nommé Stw 53</a>, partiellement conservé provenant du célèbre site de Sterkfontein en Afrique du Sud. Il s’agit en réalité d’un véritable puzzle puisque neuf pièces sont identifiées comme appartenant au même spécimen incomplet.</p>
<p>À partir de l’étude de son anatomie, l’individu appartient vraisemblablement à la sous-tribu des Hominina (la sous-tribu des Hominina regroupe l’ensemble des taxons appartenant à la lignée humaine depuis sa séparation avec celle des chimpanzés). Avec la sous-tribu des Panina, correspondant à notre groupe frère qui regroupe les représentants de la lignée des chimpanzés, ils forment la tribu des Hominini. Les spécialistes ne sont pas encore certains de devoir placer la séparation des deux lignées au niveau de la tribu Hominini/Panini ou de la sous-tribu Hominina/Panina. Toutefois, l’identification exacte du crâne fait débat. Au moment de sa découverte, il fut attribué au genre <em>Homo</em>, appartenant probablement à l’espèce <em>H</em>. <em>habilis</em>. </p>
<p>Par la suite, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047248499903925">d’autres travaux</a> suggérèrent qu’il serait en réalité plus proche du genre <em>Australopithecus</em>. Mais à partir <a href="https://journals.openedition.org/bmsap/586">d’études cladistiques</a>, qui permettent la reconstruction d’arbres phylogénétiques, croisées à des approches <a href="https://d1wqtxts1xzle7.cloudfront.net/49387466/2006_Curnoe___Tobias_JHE.pdf">d’anatomie comparée</a>, il semblerait bien que nous soyons face à un représentant de l’espèce <em>H</em>. <em>habilis</em>.</p>
<p>Au-delà de son attribution taxonomique, la datation du crâne est également incertaine. Cela est notamment dû à la difficulté que nous avons à dater correctement les dépôts à la stratigraphie très complexe, c’est-à-dire l’empilement des couches sédimentaires, souvent bouleversé, que nous retrouvons dans les grottes sud-africaines. En prenant en compte l’ensemble des âges proposés pour ce fossile, il apparaît que ce dernier se serait enfoui au sein de la grotte entre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047248499903925">2,6</a> et <a href="http://www.archaeomagnetism.com/wp-content/uploads/2011/03/Herries-and-Shaw-2011.pdf">1,5</a> millions d’années.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404037/original/file-20210602-13-rs9fn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404037/original/file-20210602-13-rs9fn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=618&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404037/original/file-20210602-13-rs9fn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=618&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404037/original/file-20210602-13-rs9fn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=618&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404037/original/file-20210602-13-rs9fn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=776&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404037/original/file-20210602-13-rs9fn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=776&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404037/original/file-20210602-13-rs9fn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=776&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Proposition de reconstruction du crâne Stw 53 selon les travaux de Curnoe et Tobias (2006).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span></span>
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<p>Au cours de la fin des années 1980 et des années 1990, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/(SICI)1096-8644(200004)%20111 :4 %3C579 : :AID-AJPA12 %3E3.0.CO ;2-Y">trois chercheurs américains ont examiné le crâne à la loupe</a>. Ils découvrirent alors une série de courtes stries linéaires sur la face interne de l’os zygomatique (la nomenclature anatomique varie selon le groupe taxinomique étudié. Chez les vertébrés non humains, l’os zygomatique est communément appelé l’os jugal ou malaire. Il correspond à l’os des pommettes. Selon eux, ces stries correspondent à des « marques de découpe infligées par un outil lithique tel que le bord tranchant d’un éclat ». Les stries sont situées sur la région d’insertion du muscle masséter (<em>masseter</em>) qui participe au mouvement de la mandibule (appareil manducateur) et permet ainsi la mastication.</p>
<p>La présence de stries dans cette région bien précise du crâne indiquerait alors une volonté de désarticulation de la mandibule. Les auteurs suggèrent plusieurs hypothèses pour expliquer la présence de ces stries comme le cannibalisme, un acte d’entretien du corps et/ou un acte funéraire. Ces hypothèses ont d’importantes implications concernant les comportements des premiers représentants du genre <em>Homo</em> car ces stries représenteraient les premières modifications osseuses d’origine anthropique observées sur des fossiles humains. Hormis Sterkfontein, le plus ancien site ayant livré des restes d’Hominina avec de telles traces proviennent du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S004724849990324X">site de Gran Dolina, à Atapuerca en Espagne</a>, et sont datés seulement entre 900 000 et 800 000 ans.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=903&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=903&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=903&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1135&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1135&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/396129/original/file-20210420-19-teejda.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1135&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Détails des marques observés à la surface du fossile Stw 53.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Prat (CNRS)</span></span>
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<p>C’est pourquoi en 2015, nous avons décidé de percer à jour le <a href="https://bmsap.revuesonline.com/articles/lvbmsap/pdf/2018/02/lvbmsap2018301p49.pdf">mystère de Stw 53</a>. Notre question était donc la suivante : les traces observées à la surface du fossile sont-elles bien des marques de découpe d’origine anthropique ? Afin de tester l’hypothèse de l’équipe américaine, nous devions mettre en place un protocole visant à vérifier si ces traces peuvent être uniquement créées par l’intervention humaine ou bien également par d’autres processus. En d’autres termes, est-il envisageable que ces marques soient créées par des phénomènes physiques naturels ou biologiques ?</p>
<p>Parmi ces phénomènes, nous pensons notamment aux carnivores, qui ont joué un rôle majeur dans l’accumulation et la modification des restes osseux retrouvés dans les grottes sud-africaines. Les grands rongeurs, comme le porc-épic, peuvent aussi laisser des traces sur les os en les rongeant. Enfin, le fossile aurait pu subir une compression importante dû à l’accumulation des sédiments au sein de la grotte (compression sédimentaire) ou du passage répété d’animaux (piétinement), couplé à la présence de nombreux petits éclats de pierre autour de lui, et ainsi conserver la cicatrice éternelle du temps passé.</p>
<p>Dans un premier temps, nous avons obtenu un moulage du crâne en résine de haute précision que nous avons observé à l’aide de loupe binoculaire ainsi que de microscope électronique à balayage. Cela nous a permis d’obtenir des photos de très haute résolution et ainsi décrire au mieux les caractéristiques morphologiques des traces.</p>
<p>Dans un deuxième temps, nous avons appliqué la même méthode d’observation à des restes osseux conservés au sein de la taphothèque de l’Institut de Paléontologie humaine (IPH) de Paris (une taphothèque est une collection d’objets biologiques ou minéraux documentant l’action de divers phénomènes). Dans le cas de la taphothèque de l’IPH, il est possible d’observer des ossements portant des traces d’outils en silex (marques de boucherie), de crocs de carnivore, de dents de rongeurs ou encore de racines de plantes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/404039/original/file-20210602-17-mub5dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/404039/original/file-20210602-17-mub5dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=799&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/404039/original/file-20210602-17-mub5dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=799&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/404039/original/file-20210602-17-mub5dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=799&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/404039/original/file-20210602-17-mub5dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1004&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/404039/original/file-20210602-17-mub5dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1004&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/404039/original/file-20210602-17-mub5dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1004&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Mise en place de l’expérimentation de piétinement. Des ossements de porc ont été placés au sein de différents sédiments, ici de la farine qui est un sédiment neutre non abrasif, dans lesquels sont disposés des éclats de silex.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous avons sélectionné des restes portant des marques anthropiques, de carnivores et de rongeurs. Dans un troisième temps, nous avons conçu une expérimentation visant à recréer des marques de piétinement et de boucherie. Pour cela, nous avons disposé des ossements de porcs dans des bacs de sédiments dans lesquels nous avions parfois mélangé des éclats de silex. Puis, nous avons volontairement marché à de multiples reprises dans ces bacs afin de recréer un effet de « piétinement » à plus petite échelle. La boucherie a également été effectuée à l’aide d’éclats de silex provenant de la région où a été découvert le fossile, afin de se rapprocher le plus possible des conditions originelles. Les marques issues de l’expérimentation ont ensuite été analysées à l’aide de la même méthodologie que celle appliquée pour le fossile Stw 53. Les résultats issus de notre analyse montrent que la variation morphologique des marques observées sur Stw 53 sont cohérents avec une origine naturelle, non anthropique.</p>
<p>D’autres sources d’information, contextuelles cette fois-ci, convergent également vers notre hypothèse. <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-94-007-5919-0_7">Clarke</a> a notamment mis en avant la présence d’un bloc de silex proche du crâne lors de sa découverte, qui pourrait être la cause de l’origine des marques. De plus, s’il s’agit bien d’un acte de désarticulation de la mandibule, pourquoi ne retrouvons-nous pas des marques également sur l’os temporal conservé ? Une ablation du muscle masséter nécessiterait un traitement de ces deux attaches, sur le temporal et le zygomatique, ce qui ne semble pas être le cas ici. </p>
<p>Enfin, nous observons une absence de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S004724849990324X">traces anthropiques sur restes d’Hominina jusqu’à 900–800 000 ans</a>, ainsi, la validation d’une hypothèse exceptionnelle demande des faits exceptionnels. Nous faisons face ici à une étonnante convergence de preuves vers une origine naturelle des marques observées sur ce crâne. En prenant le parti d’appliquer le principe du rasoir d’Ockham, ou du principe de parcimonie, il est préférable de conserver l’hypothèse la plus économique en supposition.</p>
<h2>Aujourd’hui, tous cannibales ?</h2>
<p>Le titre de cet article est librement inspiré d’un <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=cACjDwAAQBAJ">texte publié en 1993</a> par Claude Lévi-Strauss. Apostrophé « Nous sommes tous des cannibales », l’article abordait les différentes modalités du cannibalisme et questionnait son instrumentalisation, sa barbarisation, de la part des sociétés occidentales pour servir leurs intérêts.</p>
<p>Il évoquait ainsi, d’un point de vue ethnologique, la place que pourraient avoir les greffes ou les transfusions sanguines dans une définition large du cannibalisme. Il en venait ainsi à la conclusion que le cannibalisme avait été revêtu d’un habit diabolique, parfois sans raison, devenant ainsi un outil de jugement et de justification envers l’asservissement de certaines populations humaines. On en vient donc à justifier un acte violent par un autre.</p>
<p>Claude Lévi-Strauss écrivait dans cet article :</p>
<blockquote>
<p>« Inversons cette tendance et cherchons à percevoir dans toute leur extension les faits de cannibalisme. Sous des modalités et à des fins extraordinairement diverses selon les temps et les lieux, il s’agit toujours d’introduire volontairement, dans le corps d’êtres humains, des parties ou des substances provenant du corps d’autres humains. Ainsi exorcisée, la notion de cannibalisme apparaîtra désormais assez banale. »</p>
</blockquote>
<p>Comment le cas archéologique du crâne Stw 53 s’articule-t-il au sein de ce débat ? L’attribution d’un acte cannibalique aux australopithèques, ou bien même aux premiers représentants du genre <em>Homo</em>, c’est en partie accepter l’hypothèse d’un enracinement du cannibalisme au sein de notre histoire évolutive, que celui-ci soit à des fins alimentaires, politiques, rituelles et/ou culturelles. Toutefois, comme nous l’avons vu, cette hypothèse se confronte <em>de facto</em> à notre vision déformée du phénomène cannibale, souvent imaginé à tort comme un phénomène extrêmement violent. Ce passé violent et sanguinaire de l’humanité n’est pas sans rappeler la théorie du <a href="https://theconversation.com/la-chasse-est-elle-a-lorigine-de-lemergence-du-genre-humain-145745">« singe tueur »</a> de Raymond A. Dart.</p>
<p>Toutefois, les données archéologiques et ostéologiques ne permettent pour le moment pas d’affirmer l’existence de la pratique d’un cannibalisme chez les premiers représentants du genre <em>Homo</em>. Le registre fossile indique donc que le cannibalisme n’est pas une pratique commune à l’ensemble de la lignée humaine, ni même au sein du genre <em>Homo</em>. Cette pratique apparaît, selon les données actuelles, aux alentours de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S004724849990324X">800 000 ans chez <em>Homo antecessor</em></a>, et sera plus intensément mise en œuvre par <em>H. neanderthalensis</em>.</p>
<p>Ainsi, presque trente ans après l’article de Lévi-Strauss, nous pouvons toujours nous poser cette question : sommes-nous, <em>in fine</em>, tous cannibales ? L’archéologie a ses limites et nous laissons à partir d’ici la question ouverte à la philosophie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159363/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël Hanon a reçu des financements du DST-NRF Centre of Excellence in Palaeosciences.</span></em></p>Quand la pratique du cannibalisme est-elle apparue chez le genre humain ? Nous avons vérifié si un crâne datant de 2 millions d’années en était la première trace connue.Raphaël Hanon, Post-doctorant en archéozoologie et taphonomie, Université du Witwatersrand, Johannesburg, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1568182021-03-15T18:03:43Z2021-03-15T18:03:43ZImages de science : Les entrailles d’un poisson-lune passées au scanner<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/388590/original/file-20210309-19-1usd42d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C1196%2C709&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">CT scan d’un poisson-lune de 1,42&nbsp;mètre de long, pour voir ses organes internes.</span> <span class="attribution"><span class="source">Bruno Chanet, MNHN</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Le format « Images de science » vous propose de décrypter une photographie particulièrement signifiante d’un point de vue scientifique, de la décrire et d’en comprendre les enjeux.</em></p>
<hr>
<p>Voici une coupe virtuelle dans un animal étrange : un poisson-lune ou « môle ». Ce poisson est énorme, il <a href="https://books.google.fr/books?id=GAsHEAAAQBAJ">peut mesurer</a> plus de 3 mètres et peser plus d’une tonne. On le rencontre dans les eaux marines du monde entier, en zone tropicale ou tempérée. Cette coupe, réalisée avec un scanner, est « virtuelle », car elle a été obtenue sans ouvrir ni disséquer l’animal, par imagerie.</p>
<p>Cette image fait partie d’une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S163106911200279X">série d’études</a> qui a contribué à montrer que les lophiiformes (groupe de la baudroie) et les tétraodontiformes (groupe du poisson-lune) ont un ancêtre commun proche, ce qui était loin d’être évident, car ils ne se ressemblent pas du tout. En effet, les résultats de travaux moléculaires récents avaient proposé que les espèces de ces deux différents groupes partageaient un ancêtre commun proche. Une parenté jugée tout d’abord étrange, voire risible par certains, avant d’être corroborée par des données issues de l’anatomie externe sur des larves et interne sur des adultes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/388794/original/file-20210310-16-wo9dc1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/388794/original/file-20210310-16-wo9dc1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/388794/original/file-20210310-16-wo9dc1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/388794/original/file-20210310-16-wo9dc1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/388794/original/file-20210310-16-wo9dc1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=354&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/388794/original/file-20210310-16-wo9dc1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=354&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/388794/original/file-20210310-16-wo9dc1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=354&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Entre poisson-lune et baudroie, pas facile de voir les points communs !</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean‑François Dejouannet, MNHN</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Comparer les organes internes sans dissection</h2>
<p>Le but d’un tel examen s’inscrit dans une étude d’anatomie comparée. Cette discipline étudie et établit des correspondances entre des parties d’organismes appartenant à des espèces différentes. Elle cherche donc à déterminer qui est proche de qui en s’intéressant à l’aspect et la disposition des organes (foie, tissus nerveux, muscles…). Le plus souvent destructrice par nécessité, l’anatomie comparée repose sur des résultats de dissections mettant à mal certaines parties du corps des organismes afin d’en mettre d’autres en exergue.</p>
<p>Toutefois, les techniques médicales modernes en termes d’imagerie sont à la fois non invasives et non destructrices. L’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Imagerie_par_r%C3%A9sonance_magn%C3%A9tique">imagerie par résonance magnétique</a> (IRM) et le scanner, encore appelé CT-scan ou <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/mesures-analyses-th1/cnd-methodes-globales-et-volumiques-42585210/tomographie-a-rayons-x-p950/">tomographie par rayons X</a>, comme ici, permettent d’obtenir des coupes de l’intérieur des organismes sans les dégrader.</p>
<p>Cela est particulièrement intéressant pour des spécimens rares ou historiques, à grande valeur patrimoniale. Dans ce cadre, différents travaux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1631069111002812">ont permis</a> d’étudier l’anatomie interne de spécimens conservés dans l’alcool, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1631069108003302">sans ouvrir les bocaux</a>. Dans le cas de notre poisson-lune, l’intérêt d’utiliser ces techniques est qu’il est peu courant d’en pêcher, rendant les spécimens précieux.</p>
<p>Ainsi, nos scanners de poisson-lune et de baudroie ont <a href="http://sfi-cybium.fr/fr/evidence-close-phylogenetic-relationship-between-teleost-orders-tetraodontiformes-and-lophiiformes">permis</a> de <a href="http://www.acanthoweb.fr/content/troite-parent-lophiiformes-t-traodontiformes-corrobor-e-anatomie-compar.e">montrer</a> qu’ils ont tous deux un orifice operculaire réduit, des reins arrondis et situés antérieurement dans la cavité abdominale ; une glande thyroïde compacte incluse dans un sinus veineux ; une moelle épinière très courte, un foie asymétrique et des groupes de neurones particuliers situés au-dessus de la moelle épinière, ce qui indique qu’ils ne sont pas si dissemblables qu’ils en ont l’air.</p>
<hr>
<p><em>Le site <a href="http://www.acanthoweb.fr/">AcanthoWeb</a> vous permettra de plonger en détail dans la diversité et la classification des acanthomorphes, de la morue à la sole, de la perche au sandre, du guppy au poisson-ange…</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156818/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Guintard est membre de l'Association de Anatomistes vétérinaires Européens, vice-président de la Société des Sciences Naturelle de l'Ouest de la France, membre de la commission zootechnique et des standards de la Société Centrale Canine, membre de la commission des standards de la Fédération Cynologique Internationale, et président d'honneur du Syndicat International pour l'Elevage, la Reconnaissance et le Développement de l'Aurochs-reconstitué.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bruno Chanet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour comprendre comment les espèces évoluent et se différentient, il faut parfois les imager en profondeur.Bruno Chanet, Chercheur attaché-honoraire, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Claude Guintard, Maître de conférences en anatomie comparée et responsable de l'unité d'anatomie de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes, OnirisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1278712020-02-02T19:03:50Z2020-02-02T19:03:50ZOù est stockée notre mémoire ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/311849/original/file-20200124-81341-1dbdh32.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/byp5TTxUbL0">Photo bNatasha Connell/ Unsplash</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>La mémoire est une fonction passionnante et encore mystérieuse, et si l’on peut aisément trouver des lieux <em>de mémoire</em>, sait-on à quel endroit, dans le cerveau, est stockée notre mémoire ?</p>
<p>Nous l’avons vu, elle est <a href="https://theconversation.com/mais-quest-ce-que-la-memoire-127869">plurielle</a>. On ne peut donc l’associer à un seul lieu. Il y a toutefois un lieu de « passage » obligé : l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hippocampe_(cerveau)">hippocampe</a>, impliqué à travers le circuit dit de <a href="https://sites.google.com/site/amnesieetmemoire/home/fonctionnement-de-la-memoire/les-zones-de-la-memoire/circuit-de-papez-et-systeme-limbique">Papez</a>. Et des techniques d’imagerie cérébrale permettent d’identifier quelques structures particulièrement impliquées dans les processus mnésiques, dont l’hippocampe, mais aussi l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Amygdale_(cerveau)">amygdale</a> et le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cortex_pr%C3%A9frontal">cortex préfrontal</a>. Elles fonctionnent en systèmes qui interagissent constamment, et sont liés à nos émotions : il n’y a pas de souvenir qui ne soit lié au contexte émotionnel dans lequel il a été enregistré.</p>
<h2>La mémoire fugace des organes sensoriels</h2>
<p>Notre cerveau est le centre stratégique des circuits de la mémoire. En permanence sollicités, nos <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sens_(physiologie)">cinq sens</a> envoient en effet leurs informations à l’hippocampe. Celles-ci passent par le filtre du cerveau émotionnel, ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_limbique">système limbique</a>, pour être projetées vers les aires du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cortex_c%C3%A9r%C3%A9bral">cortex cérébral</a> qui leur sont dédiées. Reste que sur le très court terme, différentes <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Registre_sensoriel">mémoires sensorielles</a> (visuelles, olfactives, tactiles, gustatives, auditives) sont gérées par les organes sensoriels.</p>
<p>Ainsi, le fond de la rétine est impliqué dans le phénomène de <a href="https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_02/i_02_s/i_02_s_vis/i_02_s_vis.html">persistance rétinienne</a>, conservant une information quelques centaines de millisecondes, quand le nerf auditif et les cellules du fond de l’oreille gardent sur ce même laps de temps le souvenir d’un son. Il en va de même pour les trois autres sens, avec toujours ce principe : retenir l’information le temps nécessaire pour y sélectionner les éléments importants. Sachant que ce filtrage intervient en amont de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_%C3%A0_court_terme">mémoire à court terme</a>, pour saisir et encoder un « bon » message, il importe donc de corriger un éventuel déficit sensoriel. Quant aux mémoires à court et à long terme, elles sont totalement prises en charge par le cerveau.</p>
<p>Plusieurs arguments plaident en faveur d’un rôle important d’une région située à l’avant du cerveau – le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cortex_pr%C3%A9frontal">cortex préfrontal</a> – dans la mémoire à court terme. Notamment, quand il s’agit de maintenir disponibles des données nécessaires au raisonnement. Quant à l’encodage de l’information dans la mémoire à long terme, il met en jeu l’hippocampe, les lobes temporaux et les structures du système limbique qui leur sont reliées.</p>
<h2>L’hippocampe : un carrefour obligé</h2>
<p>Composé de différentes structures enfouies profondément au centre du cerveau, le système limbique joue un rôle important dans la peur, le plaisir, la douleur, l’agressivité ou autres comportements liés aux émotions. Mais plusieurs de ses composantes participent aussi à la mise en mémoire de certains souvenirs. C’est en particulier le cas de deux structures : l’hippocampe, et l’amygdale.</p>
<p>L’hippocampe est formé par plusieurs couches de neurones. Il intervient grandement dans la consolidation de la mémoire à long terme, en particulier dans un type de mémoire que l’on peut faire émerger par le langage (on la dit <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_d%C3%A9clarative">déclarative</a>), et plus précisément celle des faits et des lieux (dite <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_%C3%A9pisodique">épisodique</a>, car gardant traces d’épisodes de vie). Son rôle est tel qu’on l’examine attentivement en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Imagerie_par_r%C3%A9sonance_magn%C3%A9tique">IRM</a> en cas de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_d%27Alzheimer">maladie d’Alzheimer</a>. Car un signe radiologique d’atrophie des hippocampes, liée à la maladie d’Alzheimer est visible en <a href="https://www.vaincrealzheimer.org/2016/02/26/stades-et-symptomes-de-la-maladie-dalzheimer/">IRM</a> et nous permet de grader ainsi l’évolution de la maladie.</p>
<p>Les souvenirs d’événements divers et variés ne sont toutefois pas stockés dans l’hippocampe : les informations ne font que transiter dans cette structure, comme dans un carrefour où elles sont associées avant de rejoindre d’autres zones du cortex cérébral (région occipitale pour les souvenirs visuels, temporale pour les souvenirs auditifs, etc.) où elles seront conservées. À l’inverse, notre <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_spatiale">mémoire spatiale</a> est en partie archivée dans l’hippocampe.</p>
<h2>Au cœur du cerveau émotionnel</h2>
<p>Autre structure du système limbique impliquée dans la mémorisation, l’amygdale a la forme d’une mûre et se trouve en avant de l’hippocampe. Des études en neuro-imagerie ont montré que son activité augmente lorsque l’individu visualise une scène chargée en émotions, et d’autant plus en cas de stress post-traumatique, ou de peurs. Mais à l’instar de l’hippocampe, elle n’est en revanche pas concernée par un autre type de mémoire à long terme, dite implicite ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_proc%C3%A9durale">procédurale</a>.</p>
<p>Inconsciente, c’est-à-dire automatique, cette mémoire émotionnelle est la plus longtemps mobilisable. De plus cette mémoire implicite est celle des savoir-faire – lacer une chaussure, nouer une cravate, conduire sa voiture, etc. Et elle est plutôt associée à des modifications dans le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cervelet">cervelet</a> (structure cérébrale très liée au contrôle moteur) ou encore dans les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ganglions_de_la_base">ganglions de la base</a> (aussi appelés noyaux gris centraux) et le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cortex_moteur">cortex moteur</a>.</p>
<h2>Les deux hémisphères du cerveau</h2>
<p>Le cortex, aussi qualifié de matière grise, correspond à la couche la plus externe du cerveau et englobe toutes les autres structures. Il est composé de deux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9misph%C3%A8re_c%C3%A9r%C3%A9bral">hémisphères cérébraux</a>. Séparés par un sillon, ils ne sont toutefois pas isolés et communiquent entre eux par le biais de fibres nerveuses portant le nom de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Corps_calleux">corps calleux</a>. On sait qu’ils s’entraident et s’échangent en permanence des informations. Mais depuis les travaux de l’Américain Roger Sperry (prix Nobel de physiologie ou médecine en 1981), il est classique de considérer qu’ils ont chacun leurs spécialités – chaque hémisphère recevant en outre des informations sensorielles et commande les réponses motrices de la moitié opposée du corps.</p>
<p>Ainsi, lorsqu’il se produit une <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/accident-vasculaire-cerebral-avc">AVC</a> de l’hémisphère gauche, le coté droit du corps est paralysé (hémiplégie) et il peut se produire une <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=aphasie-les-symptomes-de-l-aphasie-et-traitement-de-l-aphasie">aphasie</a>, c’est-à-dire une difficulté à parler ou comprendre le langage. L’hémisphère gauche prendrait en effet majoritairement en charge ce qui est analytique : les chiffres, les calculs et tous les processus liés à la numération. Mais à lui reviendrait aussi l’essentiel du traitement du langage, à l’oral comme à l’écrit. Le savoir nous permet de stimuler et de rééduquer la parole et la mémoire grâce à l’orthophonie, par exemple quand un malade souffre de formes particulières d’<a href="https://www.francealzheimer.org/maladie-dalzheimer-maladies-apparentees-similitudes-differences/aphasies-primaires-progressives/">Alzheimer</a>, ou lorsqu’il présente des signes vasculaires en plus de la neurodégénéresce.</p>
<p>L’hémisphère droit, lui, serait plus impliqué dans la gestion de la nouveauté, des apprentissages, des aptitudes visuospatiales, de la perception des visages ou de la compréhension d’expressions communes, de métaphores ou de sous-entendus. D’où de potentielles difficultés à organiser sa chambre, écrire des dissertations ou analyser un tableau d’art abstrait en cas de lésion dans l’hémisphère droit. In fine, si localiser la mémoire reste du domaine de la recherche, connaître les circuits impliqués nous aide à mieux appréhender et prendre en charge ses défaillances.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127871/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Lefebvre des Noettes ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il n’y pas une seule région cérébrale dévolue à la mise en mémoire, mais plusieurs. Et il importe de mieux les connaître dès lors qu’on souhaite prendre en charge ceux dont la mémoire défaille.Véronique Lefebvre des Noettes, Psychiatre du sujet âgé, chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d'étude du politique Hannah Arendt, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1287082019-12-11T19:00:06Z2019-12-11T19:00:06ZLa parole ne serait pas apparue avec Homo sapiens, et ce sont les singes qui nous le disent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/306340/original/file-20191211-95138-oiguxk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C0%2C4905%2C3260&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">« Puisqu'on vous dit que vous avez tort. »</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Z05GiksmqYU">Jamie Haughton/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avec sept collègues chercheurs, nous venons de réaliser un travail inédit : <a href="https://advances.sciencemag.org/content/5/12/eaaw3916">une revue de question pluridisciplinaire publiée dans <em>Science Advances</em></a>, présentant les 50 dernières années de recherche et de controverses concernant la capacité des singes à produire des vocalisations comparables à des voyelles, avec une question en point d’orgue : depuis quand nos ancêtres ont-ils commencé à utiliser leur conduit vocal pour parler ?</p>
<p>Parmi tous les primates, les humains sont les seuls à posséder un système de communication qui, en combinant un petit nombre d’unités sonores (les voyelles et les consonnes), permet de générer une infinité d’énoncés porteurs de sens. Pour cerner l’émergence de cet <em>Homo sapiens</em>, les fossiles permettent de dater approximativement son existence à quelques 200 000 ans ; mais, pour la parole, on ne dispose pas, hélas, d’enregistrements de cette l’époque. Depuis peu, l’analyse des vocalisations des singes permet de déceler les prémices de l’émergence de la communication grâce à un répertoire de sons et de faire de nouvelles hypothèses.</p>
<h2>Des singes qui n’arrivent pas à parler</h2>
<p>Les chimpanzés qui sont proches de nous dans l’arbre de l’évolution peuvent-ils apprendre à parler ? Pour répondre à cette question, des couples de chercheurs américains ont imaginé le protocole du chimpanzé élevé à la maison, comme et avec leur bébé du même âge.</p>
<p>En 1933, Gua, élevée avec et comme Donald, l’enfant de la <a href="http://s-f-walker.org.uk/pubsebooks/pdfs/The-Ape-and-the-Child--Kelloggs.pdf">famille Kellog</a>, n’arrive pas à produire un seul mot après neuf mois de bain linguistique. <a href="https://psycnet.apa.org/record/1953-04901-001">En 1952 le couple Hayes</a> élève Viki avec et comme leur bébé. Elle est plus loquace que Gua : elle babille, mais peu, puis s’arrête à cinq mois et n’arrivera finalement à prononcer approximativement que cinq mots – <em>papa</em>, <em>mama</em>, <em>cup</em>, <em>up</em>, <em>tea</em> – sans toujours les utiliser à bon escient, et sans arriver à les assembler en une phrase.</p>
<h2>Un verrou anatomique ?</h2>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/4976883">À partir de 1969</a>, dans une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/5005941">série d’articles</a>, un chercheur américain <a href="https://www.jstor.org/stable/pdf/4177625.pdf">Philip Lieberman</a> a proposé, avec la théorie de la descente du larynx, une raison anatomique simple pour expliquer cet échec. En comparant le conduit vocal de l’humain à celui des singes, il fait remarquer que, par rapport à leur bouche, ces derniers ont un petit pharynx, lié à la position haute de leur larynx. Au cours de l’évolution, le larynx de l’homme moderne est descendu (par rapport à la colonne vertébrale) alors que celui du singe est resté haut perché, ce qui l’empêcherait de produire des sons de parole différenciés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306279/original/file-20191211-95138-1ut9x4e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306279/original/file-20191211-95138-1ut9x4e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306279/original/file-20191211-95138-1ut9x4e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306279/original/file-20191211-95138-1ut9x4e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306279/original/file-20191211-95138-1ut9x4e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306279/original/file-20191211-95138-1ut9x4e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306279/original/file-20191211-95138-1ut9x4e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Position comparée du larynx chez le singe et chez l’humain.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sans un grand pharynx les singes ne pourraient pas produire les trois voyelles <em>/i a u/</em> comme dans les mots fi, fa, fou qui sont les trois voyelles les plus différenciées, présentes dans la quasi-totalité des langues du monde. En fait cette théorie ne résiste pas à l’analyse que l’on peut faire à la lumière des connaissances actuelles sur la production de la parole.</p>
<h2>Comment produit-on des voyelles ?</h2>
<p>La production de la parole recrute tout un ensemble anatomique qui sert d’abord à assurer les fonctions vitales : respirer, téter, sucer, mastiquer et avaler (sans s’étouffer en fermant nos cordes vocales). Au cours de l’évolution, ces parties du corps ont été détournées, tout en les conservant intactes, pour jouer de l’instrument vocal.</p>
<p>Les sons de la parole sont produits par la vibration des cordes vocales qui sont au bas du pharynx, ce signal source est modifié par la forme du conduit vocal et émis au niveau des lèvres. En fait ce ne sont pas les cavités anatomiques invoquées par Philip Lieberman (bouche et pharynx) qui sont à relier avec la production des voyelles, c’est la forme globale du conduit vocal. Celle-ci est déterminée, pour l’essentiel, par la position de la langue, de la mandibule et des lèvres grâce à un contrôle précis au niveau des zones marquées par un point bleu dans la figure ci-dessous, c’est-à-dire le rétrécissement dans le conduit vocal et l’ouverture aux lèvres.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=187&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=187&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=187&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=234&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=234&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306280/original/file-20191211-95125-8qopcl.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=234&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les différents sons en fonction de la position du conduit vocal et des lèvres.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’analyse acoustique des sons de parole permet de représenter les voyelles comme un triangle, avec <em>/i a u/</em> à ses extrémités : ce sont les voyelles les plus éloignées les unes des autres (d’un point de vue acoustique, perceptif et d’opposition des positions du conduit voval et des lèvres). Les autres voyelles sont disposées sur les bords du triangle et aussi l’intérieur quand il y en plus de sept.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=523&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=523&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=523&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306281/original/file-20191211-95135-1hmrkkm.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Représentation des différentes voyelles.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Les vocalisations des singes : des fossiles audio ?</h2>
<p>Le crâne des fossiles des singes <a href="https://journals.plos.org/plosone/article/figure?id=10.1371/journal.pone.0133361.t001">n’a pratiquement pas évolué</a> depuis plusieurs millions d’années. Les vocalisations des singes actuels seraient donc en quelque sorte des vocalisations fossiles. Ce sont de bons candidats pour tenter de comprendre comment elles ont pu se transformer en un système de parole.</p>
<p>On peut raisonnablement faire l’hypothèse qu’un système de communication, à l’aide de vocalisations, s’est mis en place au cours des 20 millions d’années d’évolution qui nous séparent des ancêtres communs que nous partageons avec les singes.</p>
<p>Des <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0169321">publications</a> <a href="https://advances.sciencemag.org/content/2/12/e1600723">récentes</a> ont fait la preuve que les singes ont un système de communication qui associent des vocalisations différenciées à des situations éthologiques différentes. L’analyse de ces vocalisations est délicate car les babouins font vibrer leurs cordes vocales dans une gamme de fréquences beaucoup plus grande que celle des hommes, des femmes et même des enfants ; d’autre part leur conduit vocal est plus court. Il est très difficile à la simple écoute de comparer ces vocalisations à des sons humains.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le cri « wahoo » d’un babouin (Katherine Kenneth).</span></figcaption>
</figure>
<p>Seule l’analyse acoustique avec un traitement de normalisation peut révéler de quelles voyelles ces sons sont proches. Nos résultats montrent que les vocalisations des différents « cris » appelés par les primatologues <em>grunts</em> (grognements), <em>copulation calls</em> (appels à copulation), <em>wahoo</em> (décomposé en wa- et -hoo), <em>yak</em> (sorte de caquetage) et <em>bark</em> (sorte d’aboiement) se répartissent dans l’espace des voyelles entre <em>/i a u/</em> : leur conduit vocal a bien été modifié pour générer des sons correspondant à des voyelles différentes dans des situations différentes, cela malgré un larynx en position haute, ce qui invalide la théorie de la descente du larynx.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/306282/original/file-20191211-95159-1pesngi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/306282/original/file-20191211-95159-1pesngi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=487&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/306282/original/file-20191211-95159-1pesngi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=487&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/306282/original/file-20191211-95159-1pesngi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=487&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/306282/original/file-20191211-95159-1pesngi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=612&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/306282/original/file-20191211-95159-1pesngi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=612&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/306282/original/file-20191211-95159-1pesngi.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=612&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vocalisation de chimpanzés.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Pourquoi 50 ans de controverses ?</h2>
<p>D’abord, la théorie de Philip Lieberman est tombée à pic pour proposer une explication à l’échec du protocole du chimpanzé élevé à la maison. Les primatologues ont, dans leur très grande majorité, adopté la théorie. Elle s’est propagée aussi dans le milieu des anthropologues dans la mesure où au début des années 1970, Neandertal était encore considéré comme un rustre qui ne pouvait pas être doué de parole. Alors que maintenant ses capacités cognitives ont été réévaluées sans qu’on ait fait vraiment la preuve qu’il pouvait échanger par la parole avec son cousin et sa cousine <em>Homo sapiens</em>.</p>
<p>À cette époque aussi, les vocalisations des bébés, très difficiles à analyser acoustiquement, n’étaient pas bien connues. Pour pouvoir mettre en défaut cette théorie, il fallait réunir plusieurs équipes pluridisciplinaires, couvrant tous les domaines auxquels elle faisait appel (pour le moins : sciences de la parole, primatologie, anthropologie physique, anatomie, modélisation du conduit vocal), domaines de la recherche qui restent encore très cloisonnés.</p>
<p>Avec le recul, cette théorie peut être considérée comme un cas d’école de la <a href="https://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1996_num_14_77_3744">contagion des idées</a>, étudiée par des spécialistes de la représentation mentale.</p>
<p>Il reste maintenant à relancer les études sur la production vocale des singes qui manifestement ont encore beaucoup à nous apprendre sur l’émergence de la parole et <a href="https://www.college-de-france.fr/media/stanislas-dehaene/UPL6632272713346942166_dehaene___Se__minaire_M._DEHAENE_17_18.pdf">l’évolution des capacités cognitives</a>.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs on aussi écrit une <a href="https://theconversation.com/examining-how-primates-make-vowel-sounds-pushes-timeline-for-speech-evolution-back-by-27-million-years-128514">version de cet article en anglais</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128708/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Depuis plus de 50 ans, on pensait que les singes n'étaient pas capables de parler à cause d'une différence anatomique au niveau de la gorge. Les études récentes prouvent que cette théorie est fausse.Louis-Jean Boë, Chercheur en Sciences de la parole au GIPSA-lab (CNRS), Université Grenoble Alpes (UGA)Thomas R. Sawallis, Visiting Scholar in New College, University of AlabamaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1240492019-09-27T02:18:46Z2019-09-27T02:18:46ZEnquête chez le seul mammifère herbivore devenu aquatique : une sirène préhistorique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/294390/original/file-20190926-51429-1iv31dh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C837%2C618&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Reconstitution de Sobrarbesiren dans son paléoenvironnement.</span> <span class="attribution"><span class="source">Rosa Alonso. D’après Diaz-Berenguer et al. 2019</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>La conquête du milieu terrestre a été un évènement majeur de l’histoire évolutive des tétrapodes (vertébrés à pattes). Grâce à l’acquisition de l’œuf amniotique (à coquille), les amniotes – regroupant les reptiles non-aviens, oiseaux et mammifères – se sont complètement libérés du milieu aquatique. Cependant, certains d’entre eux sont secondairement retournés à ce milieu.</p>
<p>C’est le cas de nombreux reptiles marins, tels que les mosasaures, plésiosaures (aujourd’hui éteints), serpents et tortues marins, mais aussi de mammifères, tels que les pinnipèdes (otaries, phoques), cétacés (baleines, dauphins), et siréniens.</p>
<p>Ce dernier groupe inclut aujourd’hui le lamantin et le dugong qui peuplent des eaux tropicales peu profondes – côte et eau douce, essentiellement dans l’hémisphère sud. Les trois espèces de lamantin vivent le long des côtes atlantiques et dans des fleuves d’Amérique latine et d’Afrique de l’ouest ; le dugong vit dans les océans Indien et Pacifique (sud-ouest).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/294376/original/file-20190926-51463-1hka658.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/294376/original/file-20190926-51463-1hka658.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/294376/original/file-20190926-51463-1hka658.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/294376/original/file-20190926-51463-1hka658.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/294376/original/file-20190926-51463-1hka658.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/294376/original/file-20190926-51463-1hka658.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/294376/original/file-20190926-51463-1hka658.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cartes de répartition géographique des trois espèces de lamantin (vert : lamantin des Caraïbes ; rouge : lamantin d’Amazonie ; orange : lamantin d’Afrique) et du dugong (bleu).</span>
<span class="attribution"><span class="source">source</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Une seule espèce connue de sirénien a peuplé des eaux froides. Il s’agit de la Rhytine de Steller, qui vivait dans le nord de l’océan Pacifique, mais qui s’est malheureusement éteinte au XVIII<sup>e</sup> siècle, peu après sa découverte, du fait de la prédation humaine.</p>
<h2>De drôles de sirènes</h2>
<p>Les siréniens modernes sont exclusivement aquatiques. Ils présentent un corps fusiforme, avec des membres antérieurs transformés en palettes natatoires (membres aplatis dont la forme se rapproche de celle d’une nageoire) tandis que les membres postérieurs ont régressé, et leur queue, qui est une nageoire horizontale, assure la propulsion. Arrondie chez les lamantins, elle est bilobée (composée de deux lobes) chez le dugong. Ce sont des animaux herbivores qui broutent des plantes aquatiques. Leur taille varie entre 2,8 et 4 mètres.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/294378/original/file-20190926-51405-ulgu71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/294378/original/file-20190926-51405-ulgu71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/294378/original/file-20190926-51405-ulgu71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/294378/original/file-20190926-51405-ulgu71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/294378/original/file-20190926-51405-ulgu71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/294378/original/file-20190926-51405-ulgu71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/294378/original/file-20190926-51405-ulgu71.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Photographie de dugong.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/geoffspiby/3496456401/in/set-72157617637762678">Geoff Spiby/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>De la terre à la mer</h2>
<p>Les siréniens sont de proches parents des éléphants et des damans. Leur radiation évolutive (diversification à partir de leur ancêtre commun) débute au début de l’ère tertiaire en Afrique. Trois familles de siréniens sont connues à l’Éocène (34-56 millions d’années), parmi lesquelles des formes quadrupèdes (prorastomidés et protosirénidés) dont certaines semblent avoir été capables de se mouvoir sur terre, et des formes exclusivement aquatiques aux membres postérieurs vestigiaux (dugongidés) (membres atrophiés dont la fonction a été perdue).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/294379/original/file-20190926-51434-hb0y12.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/294379/original/file-20190926-51434-hb0y12.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=179&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/294379/original/file-20190926-51434-hb0y12.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=179&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/294379/original/file-20190926-51434-hb0y12.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=179&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/294379/original/file-20190926-51434-hb0y12.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=225&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/294379/original/file-20190926-51434-hb0y12.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=225&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/294379/original/file-20190926-51434-hb0y12.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=225&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Reconstitution du squelette de <em>Pezosiren</em> (longueur : env. 2,1 mètres) ; d’après Domning, 2001.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Domning</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/294380/original/file-20190926-51463-1m56w1e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/294380/original/file-20190926-51463-1m56w1e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/294380/original/file-20190926-51463-1m56w1e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/294380/original/file-20190926-51463-1m56w1e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=159&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/294380/original/file-20190926-51463-1m56w1e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/294380/original/file-20190926-51463-1m56w1e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/294380/original/file-20190926-51463-1m56w1e.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=200&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Squelette de <em>Dugong dugon</em>.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Source</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La transition entre le milieu terrestre et le milieu aquatique au cours de leur histoire évolutive a imposé des modifications morphologiques et physiologiques importantes et la découverte de spécimens fossiles permet de retracer les étapes de ce processus évolutif.</p>
<h2>Un nouveau quadrupède européen</h2>
<p>Récemment un <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-018-23355-w">nouveau genre de sirénien a été découvert en Espagne</a> : <em>Sobrarbesiren</em>. Il correspond au plus vieux sirénien d’Europe de l’Ouest et serait le proche cousin des dugongidés. C’est le premier sirénien quadrupède d’Eurasie dont quasiment l’intégralité du squelette soit connue (des restes d’au moins six individus ont été retrouvés).</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Reconstitution de <em>Sobrarbesiren</em>,En gris, les os connus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Diaz-Berenguer et al. 2018</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Sobrarbesiren</em> est considéré comme représentant potentiellement un stade intermédiaire entre les formes quadrupèdes amphibies (prorastomidés) et aquatiques (protosirénidés). Il reste cependant toujours très difficile d’estimer les capacités locomotrices d’organismes disparus. Ceci requiert notamment le recours à l’anatomie comparée.</p>
<h2>Des indices à déchiffrer</h2>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10914-019-09482-9?wt_mc=Internal.Event.1.SEM.ArticleAuthorOnlineFirst&utm_source=ArticleAuthorOnlineFirst&utm_medium=email&utm_content=AA_en_06082018&ArticleAuthorOnlineFirst_20190907">Une étude récente</a> a réalisé une analyse comparée de l’anatomie du bassin et du membre postérieur chez différents siréniens afin de préciser le mode de locomotion possible de <em>Sobrarbesiren</em>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/294383/original/file-20190926-51421-8yj5fn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/294383/original/file-20190926-51421-8yj5fn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/294383/original/file-20190926-51421-8yj5fn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/294383/original/file-20190926-51421-8yj5fn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/294383/original/file-20190926-51421-8yj5fn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/294383/original/file-20190926-51421-8yj5fn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/294383/original/file-20190926-51421-8yj5fn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dégagement de côtes et de l’os coxal (bassin) de <em>Sobrarbesiren</em>.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ester Diaz-Berenguer.</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Au cours de la transition entre le milieu terrestre et le milieu aquatique, le membre se réduit et perd son articulation avec la colonne vertébrale via la ceinture pelvienne (bassin). En effet il n’est plus nécessaire de porter le poids du corps à l’aide des membres dans ce milieu à faible gravité. Le registre fossile documente les différentes étapes de cette réduction du membre postérieur et du bassin, depuis des morphologies proches de celles d’organismes terrestres, jusqu’à une réduction extrême.</p>
<p>Un des principaux indices permettant d’estimer si l’animal était aquatique ou amphibie est la morphologie du bassin. L’absence de sacrum fonctionnel (vertèbres sacrales fusionnées qui, unies aux os coxaux, forment le bassin) montre l’impossibilité d’une locomotion quadrupède sur terre et suggère un mode de vie exclusivement aquatique. La présence d’un sacrum suggère le contraire mais ce n’est pas parce que l’animal semble avoir été capable de se mouvoir sur terre que c’était réellement le cas ! La forme de nombreux os (notamment les os des membres) doit être observée en suivant la même démarche comparative. De plus, une morphologie intermédiaire reste parfois très ambiguë et d’autres indices sont alors à rechercher.</p>
<p>C’est notamment le cas des études de microanatomie osseuse. En effet, si la morphologie est supposée rendre compte de ce que l’animal était susceptible de faire, la structure interne des os renseigne sur ce que l’animal a réellement fait. Elle est en effet très plastique et s’adapte aux contraintes subies par les organismes. Chez les organismes aquatiques, une spécialisation osseuse est particulièrement répandue chez les nageurs peu actifs ayant recours à un contrôle hydrostatique (passif) de leur flottabilité : l’augmentation de la masse des os. Elle permet de contrecarrer la poussée d’Archimède pour pouvoir plonger et rester à une faible profondeur avec le minimum d’effort. Les siréniens montrent cette spécialisation, notamment au niveau de leurs côtes, très massives et compactes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/294385/original/file-20190926-51425-vmvp72.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/294385/original/file-20190926-51425-vmvp72.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/294385/original/file-20190926-51425-vmvp72.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/294385/original/file-20190926-51425-vmvp72.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=270&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/294385/original/file-20190926-51425-vmvp72.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/294385/original/file-20190926-51425-vmvp72.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/294385/original/file-20190926-51425-vmvp72.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Coupe d’humérus de sanglier (gauche) et de dugong (droite) illustrant la très forte augmentation de compacité observable chez le dugong. Noir : tissu osseux ; blanc : cavités. Échelles : 5 mm.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Amphibien ou aquatique ?</h2>
<p>La structure interne du fémur et de l’os coxal (bassin) de <em>Sobrarbesiren</em> a été analysée. Les os ont été scannés aux rayons X (<a href="http://mateis.insa-lyon.fr/fr/content/micro-tomographie-aux-rayons-x">microtomographie</a>) afin de pouvoir visualiser la distribution du tissu osseux dans l’os. La très forte compacité observée n’est pas compatible avec une locomotion terrestre car des os très compacts sont très susceptibles de se fracturer sur terre.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/294386/original/file-20190926-51421-1uc7013.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/294386/original/file-20190926-51421-1uc7013.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/294386/original/file-20190926-51421-1uc7013.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/294386/original/file-20190926-51421-1uc7013.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/294386/original/file-20190926-51421-1uc7013.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/294386/original/file-20190926-51421-1uc7013.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/294386/original/file-20190926-51421-1uc7013.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Coupes transverses du fémur (gauche) et de l’os coxal (droite) de <em>Sobrarbesiren</em> montrant une structure extrêmement compacte (les cavités sont en noir et en blanc). Echelle : 1 cm.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Ainsi cette étude couplant données anatomiques et microanatomiques a permis de suggérer que, malgré une morphologie potentiellement compatible avec une locomotion partiellement terrestre, <em>Sobrarbesiren</em> devait vraisemblablement être plutôt exclusivement aquatique. La position intermédiaire de <em>Sobrarbesiren</em> par rapport au degré d’adaptation au milieu aquatique est confirmée.</p>
<p>Comme précédemment observé au sein de la lignée des cétacés, il semble bien que les adaptations liées au retour à un mode de vie aquatique se produisent d’abord au niveau microanatomique puis au niveau anatomique chez les siréniens.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124049/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Houssaye a reçu des financements de l'ERC (European Research Council), du CNRS et du MNHN</span></em></p>On a longtemps pensé que la vie avait évolué de l’eau à la terre, mais certains animaux auraient fait le chemin inverse. Rencontrez cette drôle de sirène.Alexandra Houssaye, Chercheuse Paleobiologie/Morphologie fonctionnelle, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1153462019-04-22T20:43:14Z2019-04-22T20:43:14ZL’étrange cœlacanthe passé aux rayons X<p>Espèce menacée vivant dans les profondeurs marines, le cœlacanthe <em>Latimeria chalumnae</em> est un animal mystérieux proche parent des tétrapodes, les vertébrés à pattes munis de doigts (amphibiens, mammifères, reptiles et oiseaux).</p>
<p>Notre <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-019-1117-3">récente étude</a> publiée dans la revue <em>Nature</em> décrit pour la première fois le développement du crâne et du cerveau de ce curieux animal.</p>
<h2>80 ans de curiosités scientifiques</h2>
<p>C’est avec stupéfaction que le monde prit connaissance, en 1939, de la <a href="https://www.nature.com/articles/143455a0">découverte d’un cœlacanthe vivant</a>. La surprise était de taille car les scientifiques pensaient jusqu’alors que le groupe avait disparu depuis 70 millions d’années. Le cœlacanthe actuel, <em>Latimeria</em>, suscite depuis lors l’engouement des scientifiques et du grand public car il représente une pièce importante pour reconstituer le puzzle de nos origines.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">Le coelacanthe fossile Trachymetopon du Jurassique d’Allemagne. Ce spécimen est conservé dans les collections du Museum der Universität Tübingen.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hugo Dutel</span></span>
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</figure>
<p><em>Latimeria</em> occupe en effet une position particulière dans l’évolution des vertébrés. Il est, avec les <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/zoologie-dipneuste-9361/">dipneustes</a>, le seul exemple actuel de poissons à nageoires charnues, et est étroitement apparenté aux tétrapodes (amphibiens, reptiles et mammifères).</p>
<p>Les caractéristiques de <em>Latimeria</em> en font ainsi un élément important pour comprendre l’origine des tétrapodes et l’évolution de leurs proches cousins ichthyens, les poissons à nageoires charnues, au cours du Dévonien (419-358 millions d’années).</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Arbre des relations de parenté entre les ostéichtyens (vertébrés à squelette osseux). Le cœlacanthe et les dipneustes sont les seuls poissons à nageoires charnues actuels. Ils sont proches parents des tétrapodes, les vertébrés terrestres. L’articulation intracrânienne est un caractère primitif des sarcoptérygiens, le groupe qui inclut les poissons à nageoires charnues et les tétrapodes. Cette articulation du crâne se retrouve chez des nombreux poissons à nageoires charnues du Dévonien mais a été indépendamment perdue chez les dipneustes actuels et les tétrapodes. Le cœlacanthe est le seul vertébré actuel à posséder une articulation intracrânienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hugo Dutel</span></span>
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</figure>
<p>L’une des caractéristiques remarquables de <em>Latimeria</em> est la séparation du crâne en deux portions articulées, par une articulation intracrânienne. Celle-ci ne se retrouve que chez la grande majorité des poissons à nageoires charnues du Dévonien, mais a été perdue chez les tétrapodes et les dipneustes.</p>
<p>Par ailleurs, l’arrière de son crâne repose sur une énorme notochorde (un tube qui s’étend sous le cerveau et la moelle épinière chez les embryons de tous les vertébrés). Quant au cerveau de <em>Latimeria</em>, ce dernier ne représente chez l’adulte que 1 % du volume de la cavité qui l’abrite !</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Modèle 3D du crâne de Latimeria en vue latérale droite, avec les structures osseuses en beige et cartilagineuses en bleu. Gauche : vue d’ensemble du crâne. Droite : la boîte crânienne isolée et virtuellement sectionnée afin de faire apparaître le cerveau (jaune) et la notochorde (vert).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hugo Dutel</span></span>
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</figure>
<p>Comment le crâne et le cerveau de <em>Latimeria</em> se développent, depuis les tout premiers stades de la vie jusqu’à l’âge adulte, demeurait encore une énigme 80 ans après sa découverte. C’est précisément cette question qui a motivé notre étude publiée dans <em>Nature</em>.</p>
<h2>À la recherche de jeunes cœlacanthes</h2>
<p><em>Latimeria</em> est ovovivipare, ce qui signifie que les œufs se développent dans l’oviducte de la femelle qui donne ensuite naissance à des jeunes autonomes.</p>
<p>Cependant, étudier son développement n’est pas une mince affaire. <em>Latimeria</em> n’a jamais pu être élevé en aquarium, ce qui rend difficile la collecte d’embryons et de fœtus. En outre, il est interdit de capturer des spécimens dans la nature car les cœlacanthes sont en grand danger d’extinction.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270143/original/file-20190419-28087-cyby5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270143/original/file-20190419-28087-cyby5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270143/original/file-20190419-28087-cyby5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270143/original/file-20190419-28087-cyby5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270143/original/file-20190419-28087-cyby5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270143/original/file-20190419-28087-cyby5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270143/original/file-20190419-28087-cyby5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les cinq stades de développement réunis et scannés pour notre étude.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hugo Dutel</span></span>
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</figure>
<p>Par chance pour nous, des stades précoces du développement étaient cependant conservés dans trois collections d’histoire naturelle (en Allemagne, en Afrique du Sud et au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris). Les embryons et ces fœtus demeurent cependant très rares, car provenant de captures accidentelles de femelles en gestation. Hors de question donc de disséquer de tels spécimens !</p>
<p>Nous avons utilisé des techniques d’imagerie à rayon X au <a href="http://www.esrf.eu/">synchrotron européen</a> et d’imagerie par résonance magnétique (IRM) à l’<a href="https://icm-institute.org/fr/cenir-human-mri-nueroimaging-core-facility-for-clinical-research/">Institut du cerveau et de la moelle épinière</a> afin de visualiser l’anatomie interne de ces spécimens de manière non invasive. Grâce à ces données, nous avons généré des modèles virtuels 3D de différentes parties de la tête à chaque stade de développement, d’un petit fœtus de 5 cm à un adulte de 1,30 m.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270141/original/file-20190419-1403-300ilb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270141/original/file-20190419-1403-300ilb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270141/original/file-20190419-1403-300ilb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270141/original/file-20190419-1403-300ilb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270141/original/file-20190419-1403-300ilb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270141/original/file-20190419-1403-300ilb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270141/original/file-20190419-1403-300ilb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À intérieur de la ligne ID19 de l’ESRF, le fœtus de 5 cm (dans le tube au centre) est fin prêt à être scanné durant plusieurs heures.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hugo Dutel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le développement du cerveau en 3D</h2>
<p>Pour la première fois, nous avons observé comment la taille relative du cerveau diminue de façon spectaculaire au cours du développement, et les changements de forme du crâne qui accompagnent ce processus. Le cerveau grossit, mais de manière plus limitée que les structures qui l’entourent.</p>
<p>Contrairement au cerveau, la notochorde grossit considérablement et devient 50 fois plus grosse que ce dernier chez les adultes ! Ceci n’a pas d’égal au sein des vertébrés actuels, chez qui la notochorde dégénère habituellement au cours du développement. Nous pensons que la manière dont cet organe se développe cause justement la formation de l’articulation intracrânienne.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=128&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=128&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=128&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=161&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=161&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270211/original/file-20190421-28119-1k8gohq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=161&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Modèles virtuels 3D de la boîte crânienne (bleu) et du cerveau (jaune) à différents stades de développement de Latimeria.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hugo Dutel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces aspects du développement renforcent le caractère insolite de <em>Latimeria</em>, en particulier comparés à notre espèce et aux autres primates chez qui le cerveau grossit énormément.</p>
<p>Pourquoi le cerveau devient-il proportionnellement si petit au cours du développement ? Comme souvent, il n’y a sans doute pas qu’une seule explication. Le volume occupé par la notochorde limite sans doute à un certain point la taille du cerveau. Sa taille et sa position pourraient également être contraintes par le fonctionnement de l’articulation intracrânienne, qui joue un rôle dans la prise alimentaire. Enfin, le coût énergétique de l’<a href="https://www.nature.com/articles/srep08962">organe rostral</a>, un énorme organe électrosensible situé au bout du museau, pourrait limiter la taille du cerveau.</p>
<h2>De nouvelles pistes pour comprendre l’évolution</h2>
<p>Ces nouveaux résultats nous renseignent non seulement sur la biologie de <em>Latimeria</em>, mais nous permettrons aussi de mieux comprendre l’évolution des cœlacanthes et des autres poissons à nageoires charnues.</p>
<p>Les cœlacanthes forment un groupe souvent considéré comme n’ayant quasiment pas évolué au cours des temps géologiques. En s’intéressant aux nombreux cœlacanthes fossiles, il est cependant facile de constater que cette légende urbaine est fausse. Leur <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rspb.2005.3316?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori%3Arid%3Acrossref.org&rfr_dat=cr_pub%3Dpubmed&">morphologie</a> a en effet changé de manière notable au cours de l’évolution. En témoigne notamment un surprenant <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-13796-0">fossile récemment découvert en Suisse</a> par Lionel Cavin et ses collègues, dont l’aspect rappelle plus les poissons chirurgiens que <em>Latimeria</em> !</p>
<p>Dans ce contexte, notre travail permettra de mieux comprendre les mécanismes développementaux à l’origine de la diversité morphologique observée au cours de l’évolution des cœlacanthes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270180/original/file-20190420-28106-dgxvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270180/original/file-20190420-28106-dgxvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270180/original/file-20190420-28106-dgxvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270180/original/file-20190420-28106-dgxvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270180/original/file-20190420-28106-dgxvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=226&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270180/original/file-20190420-28106-dgxvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=226&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270180/original/file-20190420-28106-dgxvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=226&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le cœlacanthe fossile Foreyia découvert dans le Trias de Suisse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Illustration : Alain Bénéteau</span></span>
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</figure>
<p>De plus, nos observations faites sur le développement du cœlacanthe actuel pourront sans doute contribuer à mieux comprendre l’évolution du cerveau et du crâne chez les poissons à nageoires charnues et les premiers tétrapodes.</p>
<p>Nos résultats, ainsi qu’une <a href="https://www.nature.com/articles/ncomms9222">récente étude sur la croissance du poumon</a> (qui est couvert de petites plaques osseuses) représentent tout ce que nous savons sur le développement de <em>Latimeria</em>. Ce dernier demeure l’un de nos cousins les plus mystérieux, car de nombreux aspects de sa biologie et de son écologie restent inconnus.</p>
<p>Cependant, ce seul survivant d’un <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rsbl.2006.0470">groupe apparu il y a 400 millions d’années</a> et son environnement sont désormais en danger et doivent être plus que jamais protégés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115346/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Dutel receives funding from the Natural Environment Research Council (NE/P013090/1). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>John Long receives funding from The Australian Research Council.</span></em></p>Espèce menacée vivant dans les profondeurs marines, le cœlacanthe passionne depuis sa découverte en 1938.Hugo Dutel, Research associate, University of BristolJohn Long, Strategic Professor in Palaeontology, Flinders UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1119682019-03-14T22:22:22Z2019-03-14T22:22:22ZLa saga du nombre d’or : conversation avec Jean Mawhin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/263210/original/file-20190311-86690-d2fs59.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C34%2C1263%2C753&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Polyèdre régulier, illustration du traité de géométrie _De Divina proportione_. </span> <span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span></span></figcaption></figure><p><em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mawhin">Jean Mawhin</a>, professeur émérite en mathématiques à l’Université Catholique de Louvain et membre de l’Académie Royale de Belgique a échangé sur le nombre d’or avec El Haj Laamri, enseignant-chercheur en mathématiques à l’occasion de sa conférence du 31 janvier dans le cadre du <a href="http://www.iecl.univ-lorraine.fr/Cycle-Conferences-Sciences-et-Societe/lanceur.php?action=accueil.">cycle de conférences Sciences et Société</a> de l’université de Lorraine.</em></p>
<hr>
<p><strong>El Haj Laamri :</strong> On célèbre cette année les 500 ans de Léonard de Vinci, célèbre pour avoir inscrit le nombre d’or dans la prospérité, notamment à travers son utilisation dans ses peintures et planches. Mais d’où vient cet étrange nombre « parfait » ?</p>
<p><strong>Jean Mawhin :</strong> Son histoire est une véritable saga qui court sur plusieurs millénaires. Les premières traces écrites du nombre d’or se trouvent dans les célèbres <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89l%C3%A9ments_d%27Euclide">« Éléments » d’Euclide</a>, au 3<sup>e</sup> siècle avant JC, qui proposent un état structuré des mathématiques de l’époque. Trois siècles auparavant, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_pythagoricienne">pythagoriciens</a> avaient cherché (on ne dispose pas d’écrits, cette secte ayant le goût du secret), à expliquer le cosmos par des nombres entiers ou des quotients de tels nombres. Ils avaient découvert qu’il était impossible d’exprimer de la sorte le rapport de la longueur de la diagonale d’un carré avec celle de son côté. Auraient-ils plus de chance avec le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentagone">pentagone</a>, la version étoilée étant leur signe de ralliement ?</p>
<p>Cet intérêt pour les polygones réguliers (côtés égaux) conduisit au problème de leur inscription dans un cercle en utilisant seulement la règle et le compas. Si la construction est facile pour le triangle, le carré ou l’hexagone, elle s’avère plus difficile pour le pentagone ou le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cagone">décagone</a>. Sa solution requiert la possibilité, dans les mêmes conditions, de découper un segment de droite en deux morceaux inégaux de sorte que la longueur du segment divisée par celle du grand morceau soit égale à la longueur du grand morceau divisée par celle du petit morceau. Cette valeur commune des deux rapports est le futur nombre d’or.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/263238/original/file-20190311-86699-1swnznc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/263238/original/file-20190311-86699-1swnznc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/263238/original/file-20190311-86699-1swnznc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/263238/original/file-20190311-86699-1swnznc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/263238/original/file-20190311-86699-1swnznc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/263238/original/file-20190311-86699-1swnznc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/263238/original/file-20190311-86699-1swnznc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les triangles OAB et OCA sont semblables si et seulement si les longueurs a et b respectent la proportion d’or.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikipedia</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Euclide l’appelle la « division en moyenne et extrême raison » ou la « section ». Il montre comment résoudre le problème et applique le résultat pour inscrire dans une sphère deux des cinq polyèdres réguliers (les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Solide_de_Platon">« solides platonicien »</a>)), le dodécaèdre (douze faces pentagonales égales) et l’icosaèdre (vingt faces triangulaires égales).</p>
<p>Ce n’est qu’aux XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles que des mathématiciens, avec le développement de la notation décimale et de l’algèbre, vont donner la valeur numérique du rapport de la division en moyenne et extrême raison : 1,618… = (1+√5)/2. Ce n’est qu’au XX<sup>e</sup> siècle qu’on le baptise Phi (Φ) en l’honneur de Phydias, l’architecte du Parthénon.</p>
<p><strong>Comment le nombre d’or s’exprime-t-il dans la peinture et l’architecture ?</strong></p>
<p>Au Moyen-âge, des cathédrales gothiques comme celles d’Amiens et d’Auxerre attestent de la présence du pentagone et du décagone. Il semble que ces figures fascinent les compagnons tailleurs de pierre et maçons qui souhaitent ainsi montrer leur savoir et savoir-faire tout en gardant secret les procédés de fabrication de leurs œuvres.</p>
<p>À la renaissance italienne, un moine voyageur et exalté, Luca Pacioli, réunit, dans un style enthousiaste, tout ce qu’Euclide contient sur la section, en un livre intitulé <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/De_divina_proportione">« La divine proportion »</a>. Son ami Léonard de Vinci en réalise les illustrations. Le style particulier et ronflant de l’écrit remet le concept du nombre d’or au goût du jour. Son auteur, en proposant même un lien avec Dieu et la Sainte Trinité, fait un pas vers une interprétation ésotérique avec sa « théologie géométrique ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/263235/original/file-20190311-86713-ygc945.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/263235/original/file-20190311-86713-ygc945.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/263235/original/file-20190311-86713-ygc945.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/263235/original/file-20190311-86713-ygc945.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/263235/original/file-20190311-86713-ygc945.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/263235/original/file-20190311-86713-ygc945.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/263235/original/file-20190311-86713-ygc945.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans ce portrait de Luca Pacioli, auteur de <em>De divina proportione</em>, un dodécaèdre régulier est exposé en bas à droite.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jacopo de’ Barbari</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au XIX<sup>e</sup> siècle, l’Allemagne voit l’essor d’une esthétique scientifique qui cherche à caractériser la beauté par un minimum de nombres. Sous l’impulsion d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Zeising">Adolph Zeising</a>, la section d’or, nouvel intitulé de la divine proportion, devient la norme esthétique. Le philosophe allemand produit un manifeste assez radical qui prétend que la section d’or est omniprésente – dans le corps humain, la structure des animaux, l’architecture, la peinture, la sculpture – et que sa présence rend les choses plus belles. En quelque sorte, il encapsule la beauté dans un seul nombre. Ses affirmations et ses mesures (notamment celles de la pyramide de Khéops et du Parthénon, en ruine) sont toutefois considérées comme approximatives et sujettes à caution.</p>
<p>Certains artistes utiliseront par la suite le nombre d’or de façon affirmée et assumée. L’architecte Le Corbusier a ainsi défini un système de mesure (concept architectural avec les rapports en lien avec le nombre d’or) appelé le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Modulor">Modulor</a>. Le peintre Salvador Dali l’a volontairement introduit dans certaines de ses œuvres, comme sa <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9da_atomique"><em>Leda Atomique</em></a> ou sa <a href="https://www.salvador-dali.org/fr/oeuvre/catalogue-raisonne/1940-1951/524/demi-tasse-geante-volante-avec-appendice-incomprehensible-de-cinq-metres-de-long">Demi-tasse géante volante</a>. D’autres peintres auraient aussi cédé aux charmes du nombre d’or, sans que l’on sache véritablement si leurs utilisations étaient volontaires, fortuites, inconscientes ou intentionnelles, ou s’il s’agit de fractions proches de Phi. C’est le cas notamment de Botticelli et de… Léonard de Vinci !</p>
<p><strong>Le nombre d’or a aussi un côté sombre…</strong></p>
<p>Certaines références au nombre d’or relèvent de dérives regrettables, erreurs et propos douteux. Par exemple, un ingénieur tourné astrologue, Maurice Rougie, a publié en 1946 sous le pseudonyme de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dom_N%C3%A9roman">Dom Neroman</a>, « Le nombre d’or à la portée de tous ». Cet ouvrage, non seulement propose des relations entre Phi et d’autres nombres célèbres aussi séduisantes que fausses, et contient des affirmations dépourvues de sens comme « le nombre d’or est à la fois irrationnel et entier ». Bien pire, en partant d’un canon de la beauté humaine imposant un rapport entre taille et hauteur du nombril égal à Phi, Dom Neroman a avancé certaines conclusions racistes.</p>
<p>La beauté ne peut pas se réduire à un seul nombre : c’est réductionniste, triste et dangereux. Le nombre d’or est un concept intéressant qui a joué et joue encore un grand rôle dans divers domaines mathématiques, mais il faut rester vigilant face à certaines conséquences que certains en tirent, à sa prétendue universalité et aux considérations occultes dont il peut faire l’objet.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111968/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>El Haj Laamri ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Après la journée de Pi, hier, voici un autre monument mathématique à l’honneur : le nombre d’or.El Haj Laamri, enseignant-chercheur en mathématiques, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/916892018-02-20T19:46:46Z2018-02-20T19:46:46ZSept organes dont nous pourrions nous passer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/206932/original/file-20180219-75974-yyywi2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C700&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lorsque les chirurgiens retirent l’estomac, ils attachent directement l’œsophage à l’intestin grêle.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/anatomy-human-body-model-on-white-524547064?src=n9Kv7_25AhXwLEqGfwOyBw-1-10">Komsan Loonprom/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le corps humain est incroyablement résistant. Lorsque vous donnez un demi-litre de sang, vous perdez environ 3,5 billions (millions de million) de globules rouges, mais votre organisme les remplace rapidement. Vous pouvez perdre de gros morceaux d’organes vitaux et rester en vie malgré tout. Par exemple, certaines personnes mènent une vie relativement normale avec seulement la <a href="https://www.scientificamerican.com/article/strange-but-true-when-half-brain-better-than-whole/">moitié du cerveau</a>. D’autres organes peuvent être intégralement retirés sans que leur ablation n’ait trop d’impact sur votre vie.</p>
<h2>La rate</h2>
<p>Cet organe est situé sur le côté gauche de l’abdomen, vers l’arrière, sous les côtes. Il est le plus souvent retiré à la suite de <a href="http://www.mayoclinic.org/tests-procedures/splenectomy/basics/definition/prc-20014837">blessures</a> : sa proximité des côtes le rend vulnérable aux traumatismes abdominaux. La rate est entourée d’une sorte de capsule aussi fine que du papier de soie, qui se déchire facilement. En cas de déchirure, le sang s’échappe de la rate endommagée. Non diagnostiquée et traitée, cette blessure entraîne une mort certaine.</p>
<p>Si vous regardez à l’intérieur d’une rate, vous observerez deux couleurs – du rouge foncé et des petites poches de blanc – qui correspondent à deux <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25827019">fonctions</a>. La partie rouge gère le stockage et le recyclage des globules rouges, tandis que la blanche est liée au stockage des globules blancs et des plaquettes.</p>
<p>Vous pouvez vivre confortablement sans rate, car le <a href="https://www.nature.com/nm/journal/v22/n8/abs/nm.4146.html">foie</a> intervient dans le recyclage des globules rouges et de leurs composants. De même, d’autres tissus <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3912742/">lymphoïdes</a> assurent la fonction immunitaire de la rate.</p>
<h2>L’estomac</h2>
<p>L’estomac remplit quatre fonctions principales : la digestion mécanique en se contractant pour broyer la nourriture, la digestion chimique en libérant de l’acide pour décomposer la nourriture, l’absorption et la sécrétion. L’estomac est parfois retiré à la suite d’un cancer ou d’un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23299691">traumatisme</a>. En 2012, une femme britannique a dû se le faire enlever après avoir ingéré dans un bar un cocktail contenant de <a href="https://www.theguardian.com/uk-news/2015/sep/17/oscars-wine-bar-lancaster-gaby-scanlon-stomach-liquid-nitrogen">l’azote liquide</a>.</p>
<p>Lorsque les chirurgiens retirent l’estomac, ils attachent directement l’œsophage à l’intestin grêle. Une fois rétablis, les patients peuvent conserver une alimentation normale avec des suppléments de vitamines.</p>
<h2>Les organes reproducteurs</h2>
<p>Les organes reproducteurs primaires du mâle et de la femelle sont les testicules et les ovaires. Puisque ces organes sont jumelés – un mâle a deux testicules et une femelle a deux ovaires –, un homme ou une femme peut toujours avoir des enfants avec un seul testicule ou ovaire en état de fonctionnement.</p>
<p>Le retrait d’un ou des deux organe(s) reproducteur(s) primaire(s) survient généralement à cause d’un cancer, ou chez les hommes, d’un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28181114">traumatisme</a> provoqué le plus souvent par des <a href="http://www.thesaurus.com/">sports violents et des accidents de la route</a>. Chez les femmes, l’utérus peut également être retiré. Après une hystérectomie, les femmes ne peuvent plus avoir d’enfant et le cycle menstruel des femmes pré-ménopausées s’arrête.</p>
<p>La recherche suggère que l’espérance de vie des femmes à qui l’on a ôté les ovaires <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0015028211026707?via%3Dihub">ne diminue pas</a>. Fait intéressant, chez certaines populations masculines, l’ablation des deux testicules peut entraîner une <a href="http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822(12)00712-9">augmentation</a> de l’espérance de vie.</p>
<h2>Le côlon</h2>
<p>Le côlon (ou gros intestin) est un tube d’environ 1,8 mètre de long et comporte quatre segments : ascendant, transverse, descendant et sigmoïde. Ses fonctions principales consistent à <a href="http://gut.bmj.com/content/43/2/294">réabsorber l’eau</a> et à compacter les matières fécales. La présence d’un cancer ou d’autres maladies peut nécessiter l’ablation de tout ou partie du côlon.</p>
<p>La plupart des patients <a href="http://www.macmillan.org.uk/information-and-support/bowel-cancer/colon/treating/surgery/surgery-explained/bowel-function-after-surgery.html#10376">se remettent bien</a> de cette opération, malgré un changement dans leur transit intestinal. Un régime d’aliments mous est recommandé dans un premier temps pour faciliter le processus de guérison.</p>
<h2>La vésicule biliaire</h2>
<p>La bile, produite en permanence par le foie, contribue à la décomposition des graisses. Lorsqu’elle n’est pas nécessaire à la digestion, elle est stockée dans la vésicule biliaire. Cet organe se trouve sous le foie, sur le côté supérieur droit de l’abdomen, juste sous les côtes.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/189172/original/file-20171006-25779-1xhjb78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/189172/original/file-20171006-25779-1xhjb78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/189172/original/file-20171006-25779-1xhjb78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/189172/original/file-20171006-25779-1xhjb78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/189172/original/file-20171006-25779-1xhjb78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1079&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/189172/original/file-20171006-25779-1xhjb78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1079&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/189172/original/file-20171006-25779-1xhjb78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1079&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Calculs biliaires.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/confirm/402377269?src=nMNoBd-xTXOiy6me9B-njg-1-28&size=medium_jpg">Martin Charles Hatch/Shutterstock</a></span>
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<p>Lorsque les intestins détectent des graisses, une hormone est libérée. Cela provoque la contraction de la vésicule biliaire, qui conduit la bile dans les intestins pour favoriser la dégradation des graisses. Mais l’excès de cholestérol dans la bile peut former des calculs biliaires, susceptibles de bloquer les minuscules tuyaux conducteurs de bile. Lorsque cela arrive, il faut parfois retirer la vésicule biliaire par une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmedhealth/PMHT0025032/">cholécystectomie</a>. Chaque année, environ <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK262451/pdf/Bookshelf_NBK262451.pdf">70 000</a> personnes au Royaume-Uni subissent cette intervention.</p>
<p>Si beaucoup de gens ont des calculs biliaires qui ne causent aucun symptôme, certains ne sont pas aussi chanceux. En 2015, une femme indienne a dû se faire retirer <a href="http://www.huffingtonpost.co.uk/2015/11/30/gall-stones-removed-woman_n_8680178.html">12 000</a> calculs biliaires – un record mondial.</p>
<h2>L’appendice</h2>
<p>L’appendice est un petit organe en forme de ver situé à la jonction du gros intestin et de l’intestin grêle. Longtemps considéré comme vestigial – c’est-à-dire dont la fonction initiale a été perdue au cours de l’évolution –, il est maintenant vu comme un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17936308">« refuge »</a> où les bonnes bactéries de l’intestin peuvent se repeupler en cas de besoin.</p>
<p>En raison de la forme de l’appendice – ouvert d’un seul côté et fermé de l’autre, tel un cul-de-sac –, lorsque des contenus intestinaux y pénètrent, il peut être compliqué pour eux d’en ressortir. Cela provoque une inflammation de l’appendice : c’est l’appendicite. Dans les cas graves, l’organe doit être ôté au cours d’une appendicectomie. Les personnes dont l’appendice a été retiré ne remarquent aucune différence dans leur vie.</p>
<p>Cependant, l’appendicectomie n’immunise pas forcément le patient contre une nouvelle appendicite. Il arrive parfois que le moignon de l’appendice n’ait pas complètement disparu lors de l’opération et qu’il s’enflamme de nouveau, provoquant une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3183543/">« appendicite sur moignon appendiculaire »</a>.</p>
<h2>Les reins</h2>
<p>La plupart des gens ont deux reins, mais vous pouvez survivre <a href="https://theconversation.com/le-rein-un-organe-qui-se-fait-trop-souvent-oublier-83379">avec un seul</a> et même sans. Le rôle de ces organes est de filtrer le sang pour maintenir l’<a href="http://www.ifsidijon.info/v2/wp-content/uploads/2014/11/13-l-equilibre-hydrique-electrolytique-et-acidobasique-2014.pdf">équilibre hydrique et électrolytique</a>, ainsi que l’équilibre acido-basique. Un rein agit comme un tamis en appliquant une série de processus qui permettent de garder les éléments utiles tels que les protéines, les cellules et les nutriments dont le corps a besoin. Plus important encore : il se débarrasse de beaucoup de choses inutiles en les laissant passer à travers le tamis et sortir sous forme d’urine.</p>
<p>Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on doit se faire enlever un rein – ou les deux : une <a href="https://patient.info/doctor/inherited-kidney-diseases">maladie héréditaire</a>, des dommages causés par les drogues et l’alcool, voire même une infection. Si les deux reins sont défaillants, le patient est placé sous <a href="http://www.nhs.uk/Conditions/Dialysis/Pages/Introduction.aspx">dialyse</a> afin d’évacuer les déchets hors de son corps. Il y en a <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmedhealth/PMHT0022165/">deux types</a> : l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. Dans le premier cas, une machine contenant une solution de dextrose nettoie le sang. Dans le second, un cathéter est inséré dans l’abdomen, permettant de contrôler manuellement entrées et sorties de la solution de dextrose dans le corps.</p>
<p>L’espérance de vie d’une personne sous dialyse dépend de nombreux facteurs : le type de dialyse qu’elle suit, son sexe, son âge, les éventuelles autres maladies dont elle souffre. Des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5203814/">recherches récentes</a> ont montré qu’un patient placé sous dialyse à l’âge de 20 ans peut vivre pendant 16-18 ans, alors qu’un sexagénaire peut ne vivre que 5 ans.</p>
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<p><em>Traduit de l’anglais par Diane Frances</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91689/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Taylor is affiliated with The Anatomical Society. </span></em></p>Les organes du corps humain ne sont pas tous vitaux. En voici sept dont nous pouvons nous passer tout en continuant à vivre.Adam Taylor, Director of the Clinical Anatomy Learning Centre and Senior Lecturer, Lancaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/846252017-10-10T19:30:58Z2017-10-10T19:30:58ZComment la 3D permet aux étudiants d’apprendre l’anatomie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/187575/original/file-20170926-10403-n34d56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1553%2C994&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Croquis anatomiques des muscles du corps humain, réalisés par le médecin espagnol Juan Valverde de Amusco (début du XVIIᵉ siècle).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://wellcomeimages.org/indexplus/image/L0011864.html">Juan Valverde de Amusco/Wellcome</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2017 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Comprendre l’anatomie, c’est savoir se repérer dans les <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00167263/document">3 dimensions</a> (3D) de l’espace de notre organisme, et c’est aussi posséder une bonne capacité à réaliser des images et des rotations mentales. Pour autant, ces prérequis ne sont pas forcément maîtrisés par les étudiants en début de formation universitaire. L’anatomie serait-elle une science difficile ?</p>
<h2>Des dessins d’anatomie à la 3D numérique</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=751&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=751&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=751&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/187605/original/file-20170926-28228-17qmfxn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Planche illustrant les muscles de la tête (<em>Myologie complète en couleur et grandeur naturelle</em>, 1746).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Gautier_d%27Agoty#/media/File:Jacques_Gautier_d%27Argoty_-_Anatomical_plate.jpg">Jacques Gautier d’Agoty/Joseph-Guichard Du Verney/Wikimedia</a></span>
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<p>Si les premiers manuscrits d’anatomie se limitaient à décrire le corps humain avec des mots, au XVI<sup>e</sup> siècle, <a href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Andr%C3%A9_V%C3%A9sale/148695">André Vésale</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Gautier_d%27Agoty">Jacques Gautier d'Agoty</a> imagèrent leurs manuscrits de magnifiques dessins que l’on admire encore aujourd’hui pour leur réalisme. Les modèles en cire étant chers, le docteur <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Auzoux#cite_note-1">Louis Auzoux</a> réalisa, au début du XIX<sup>e</sup>, les premières modélisations en papier mâché peint à la main, qui connurent un vif succès jusqu’à la fabrication de modèles en plastique.</p>
<p>En <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Anatomie_fonctionnelle">anatomie fonctionnelle</a>, c’est dans les années 1960 que <a href="http://data.bnf.fr/11909401/adalbert_ibrahim_kapandji/">Adalbert Ibrahim Kapandji</a> traduisit en croquis simples dessinés à la main le fonctionnement de l’<a href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/appareil_locomoteur/14247">appareil locomoteur</a> en suivant le principe : un croquis = une information. Aujourd’hui encore, la craie et le tableau noir n’abandonnent pas la partie, avec des enseignants doués pour le dessin.</p>
<p>Mais à l’heure où l’on déplore une <a href="https://www.lesechos.fr/17/03/2014/LesEchos/21648-047-ECH_pourquoi-les-jeunes-delaissent-les-sciences.htm">désaffection des jeunes générations pour les sciences</a> et où les enseignants sont incités à la <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01282890/document">création de ressources grâce aux nouvelles technologies</a>, pourquoi ne pas utiliser les ressources 3D ?</p>
<p>Jeux vidéo et animations 3D font partie du quotidien des étudiants et – nos évaluations le montrent – tous pressentent son intérêt dans l’apprentissage de l’anatomie.</p>
<h2>Les ressources 3D comme support à l’enseignement</h2>
<p>De fait, les fonctionnalités de la 3D permettent aux étudiants qui ne maîtrisent pas les prérequis de remédier à leurs difficultés. La 3D permet, virtuellement, de tourner autour des organes et de se repérer, de mettre en scène des images mentales simples qui se complexifient progressivement, ou encore de montrer l’organisme en action avec un degré de précision adapté aux exigences d’une formation.</p>
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<p>Depuis 2006, à l’université Lyon 1, des ressources 3D sont créées par un service commun, <a href="http://icap.univ-lyon1.fr/">iCAP</a> (Innovation, conception et accompagnement pour la pédagogie). L’objectif initial étant la production d’animations 3D couvrant un programme complet d’anatomie fonctionnelle de l’appareil locomoteur. L’objectif est aujourd’hui atteint et cette réalisation est unique dans le monde universitaire français (le projet « Anatomie 3D » est d’ailleurs <a href="https://www.univ-lyon1.fr/actualites/projet-anatomie-3d-laureat-du-prix-peps-categorie-recherche-en-pedagogie--912335.kjsp#.WczRNmi0M2w">lauréat du Prix PEPS 2017</a>).</p>
<p>La réutilisation des objets 3D créés par les infographistes (un os ou un muscle sont des objets 3D) permet une <a href="http://www.letudiant.fr/educpros/enquetes/portrait-d-universite-lyon-1-comment-les-tice-ont-revolutionne-la-pedagogie-1/lyon-1-le-numerique-au-service-de-la-pedagogie.html">ingénierie pédagogique innovante</a> : production d’animations 3D sonorisées ou non, QCM intégrant des séquences extraites des vidéos, fichiers pour impression 3D de modèles mécaniques, <a href="https://theconversation.com/les-MOOC-symboles-de-lecole-du-futur-71721">MOOC</a> regroupant ces ressources, etc.</p>
<p>Cette production est utilisée au sein des enseignements. À l’<a href="http://istr.univ-lyon1.fr/">Institut des sciences et techniques de la réadaptation</a>, des cours magistraux sont basés sur la projection de ces animations 3D ; des TD préparent également les futurs <a href="http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-Metier/Metiers/ergotherapeute">ergothérapeutes</a> à une évolution de leur cœur de métier : l’impression 3D de petits appareillages adaptés aux besoins de personnes handicapées.</p>
<p>Conformément aux missions de l’Université, toutes ces ressources sont mises en accès libre au fur et à mesure de leur production, et une charte éditoriale rigoureuse a été définie.</p>
<p>De nombreux enseignants sollicitent l’autorisation d’utiliser ces ressources. Les statistiques montrent que les visiteurs (<a href="http://anatomie3d.univ-lyon1.fr/">sur le site</a>, <a href="https://www.Facebook.com/anatomy3D/">sur Facebook</a>, et <a href="https://www.youtube.com/user/Anatomie3DLyon">sur YouTube</a> – bientôt 10 millions de vues) sont essentiellement des étudiants, et une communauté se constitue ainsi progressivement. Ces statistiques montrent également qu’une technologie nouvelle peut constituer une aide à l’apprentissage et à l’enseignement, tout en assurant la promotion d’une science et d’une université, et la diffusion du savoir et des pratiques.</p>
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<h2>Une ingénierie pédagogique mutualisable</h2>
<p>Ainsi, les objets 3D imprimés peuvent être prêtés ou échangés, et des collaborations inter-universitaires permettent la création de ressources mutualisables. Les universités Lille 2 et Lyon 1 collaborent à un <a href="http://anatomie3d.univ-lyon1.fr/mobileapp/website/website.html?id=3346735&pageId=288262">projet « organes pelviens-accouchement »</a> ; quant aux universités de Grenoble, Lyon 1, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand, elles collaborent et lancent un projet de « Création de Ressources 3D communes aux formations Staps et paramédicales ».</p>
<p>Cette ingénierie est également applicable à d’autres sciences, en particulier celles où une bonne structuration de l’espace est nécessaire, comme en géologie. L’université Lyon 1 a ainsi lancé une collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology <a href="http://web.mit.edu/">(MIT)</a> dans le cadre du projet <a href="http://geosciences3d.univ-lyon1.fr/">« Géosciences 3D »</a>.</p>
<p>Les recherches du <a href="https://www.univ-lyon1.fr/recherche/entites-de-recherche/laboratoire-interuniversitaire-de-biologie-de-la-motricite-libm--831814.kjsp">Laboratoire Interuniversitaire de Biologie de la Motricité</a> (LIBM) de l’université Lyon 1, publiées dans des revues scientifiques, confirment l’intérêt de la 3D <a href="http://anatomie3d.univ-lyon1.fr/webapp/website/website.html?id=3346735&pageId=291702">dans l'apprentissage</a> <a href="http://anatomie3d.univ-lyon1.fr/webapp/website/website.html?id=3346735&pageId=299262">et l'enseignement</a>.</p>
<h2>Vers des outils numériques interactifs en 3D temps réel</h2>
<p>Cependant, certaines études restent peu convaincantes et ne montrent pas toujours une amélioration des résultats des étudiants. D’une part, l’apprentissage requiert une forte interaction avec l’outil numérique, et, d’autre part, malgré la 3D, nos étudiants éprouvent toujours des difficultés à comprendre certaines informations liées à l’anatomie fonctionnelle, qui emploie très souvent des verbes et des termes d’actions.</p>
<p>Or, l’observation passive des animations 3D ne facilite pas toujours l’accès à de telles informations. En effet, l’apprentissage et la mémorisation d’une phrase décrivant une action <a href="https://www.researchgate.net/publication/288516043_Quel_role_pour_les_supports_multimedias_dans_un_contexte_d%27apprentissage_De_la_naissance_a_la_validation_scientifique_d%27une_ingenierie_pedagogique">sont plus efficaces</a> si l’encodage de l’information est physiquement incarnée, plutôt que verbalement.</p>
<p>En effet, la récupération des informations stockées en mémoire est plus rapide quand les régions motrices ont été sollicitées. Ainsi, l’importance de l’encodage physique de l’information (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Embodiment"><em>embodiment</em></a>) et de l’interaction nous poussent à développer des outils numériques interactifs en 3D temps réel. Ces outils permettent de travailler sur une nouvelle approche de l’implication de l’utilisateur afin d’améliorer l’apprentissage.</p>
<hr>
<p><em>D’autres questions ? La réponse se trouve sans doute sur le <a href="http://anatomie3d.univ-lyon1.fr/">site du programme « Anatomie 3D Lyon 1 »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/84625/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patrice Thiriet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La modélisation numérique en trois dimensions (3D) permet aux étudiants qui ne disposent pas de certains prérequis d’apprendre l’anatomie différemment.Patrice Thiriet, Enseignant-chercheur, Université Claude Bernard Lyon 1Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/847572017-09-29T00:29:20Z2017-09-29T00:29:20ZPodcast : Les étudiants n’aiment pas l’anatomie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/187759/original/file-20170927-24167-wd62js.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C900%2C572&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Anatomie.</span> </figcaption></figure><p><strong>Idée reçue</strong> : Les étudiants n’aiment pas l’anatomie. Depuis 10 ans, Patrice Thiriet, maître de conférences à l’université Lyon-1, fait mentir cette sentence. Il utilise la 3D pour faciliter l’apprentissage de l’anatomie, science qui requiert de fortes capacités mentales de structuration dans l’espace. Son enseignement vient d’être <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid118790/laureats-de-la-seconde-edition-du-prix-peps-l-innovation-au-service-de-la-transformation-pedagogique.html">récompensé par le prix PEPS</a>.</p>
<ul>
<li>L’anatomie de Vesale à la 3D, une exposition, des conférences, des ateliers de <strong>Patrice Thiriet</strong> dans le cadre de la Fête de la Science, du 10 octobre 2017 au 6 janvier 2018 à la bibliothèque universitaire de Lyon.</li>
</ul>
<p>Retrouvez toutes les informations sur la <a href="https://www.fetedelascience.fr/pid35365/auvergne-rhone-alpes.html">Fête de la Science en Auvergne Rhône-Alpes</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/189372/original/file-20171009-6984-1foegk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/189372/original/file-20171009-6984-1foegk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=686&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/189372/original/file-20171009-6984-1foegk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=686&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/189372/original/file-20171009-6984-1foegk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=686&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/189372/original/file-20171009-6984-1foegk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=862&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/189372/original/file-20171009-6984-1foegk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=862&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/189372/original/file-20171009-6984-1foegk6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=862&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Illustration : Océane Sandon.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<hr>
<p><em>Réalisation : <strong>Hervé Marchon</strong>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/84757/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patrice Thiriet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Idée reçue : Les étudiants n’aiment pas l’anatomie. Patrice Thiriet, de l’université Lyon-1, fait mentir cette sentence. Il enseigne cette science par la 3D.Patrice Thiriet, Enseignant-chercheur, Université Claude Bernard Lyon 1Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/753512017-04-18T20:06:31Z2017-04-18T20:06:31ZLe cerveau, cet artiste<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164886/original/image-20170411-26712-1fvgb00.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C177%2C714%2C399&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">« Theatrum anatomicum van Leidse Academie », 1609, Bartholomeus Willemsz.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rijksmuseum.nl/nl/collectie/RP-P-1887-A-12041">Rijksmuseum.nl</a></span></figcaption></figure><p>En 1489, bien que cela soit interdit, <a href="http://next.liberation.fr/culture/2012/05/22/vinci-devoile-son-anatomie_820572">Léonard de Vinci</a> parvient à obtenir quelques crânes humains. Il les dissèque afin d’étudier la forme et la structure du cerveau et des nerfs sensoriels puis confronte ses observations aux théories élaborées un siècle plus tôt.</p>
<p>Pour lui, ces connaissances sont la clé de sujets qu’il souhaite approfondir comme les émotions et la nature des sens. Dès lors, l’art et la science prennent deux chemins différents, non pour le degré d’imagination ou de logique employées, ni pour les instruments utilisés, mais plutôt pour la manière dont ces deux disciplines sont étudiées et valorisées ; et ce n’est que depuis le XX<sup>e</sup> siècle que ces deux domaines recommencent à s’entrecroiser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=564&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=564&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=564&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=708&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=708&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/162968/original/image-20170328-3806-flonwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=708&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une coupe de crâne par Leonard de Vinci.</span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="http://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_2001_num_127_1_3061">À la Renaissance</a>, la curiosité anatomique favorise une nouvelle visibilité du corps par la représentation de son ouverture. Figure visible cachant les secrets du vivant, le corps comme <em>mirabilia</em> suscite la <em>libido sciendi</em> : on ouvre pour voir et pour savoir. Le recours à l’illustration gravée joue un rôle majeur : il s’agit de mettre en image ce qui n’a encore jamais été vu, de « lever le voile », dans une rhétorique de l’<em>evidentia</em> qui valorise le geste de la monstration. Mais cette dynamique de curiosité scientifique ne parvient pas à neutraliser le pouvoir d’inquiétude de l’image du corps anatomisé, qui, en mettant en scène la dimension matérielle de l’enveloppe charnelle, la renvoie à son néant, faisant de la leçon d’anatomie un emblème de la vanité humaine (A. Gimaret https://episteme.revues.org/501). `</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/162970/original/image-20170328-3815-1yww9cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/162970/original/image-20170328-3815-1yww9cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/162970/original/image-20170328-3815-1yww9cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/162970/original/image-20170328-3815-1yww9cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/162970/original/image-20170328-3815-1yww9cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/162970/original/image-20170328-3815-1yww9cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/162970/original/image-20170328-3815-1yww9cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Michiel Jansz van Mierevelt, <em>La leçon d’anatomie du Dr Willem van der Meer</em>, en 1617.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2e/Michiel_Jansz_van_Mierevelt_-_Anatomy_lesson_of_Dr._Willem_van_der_Meer.jpg">Wikipédia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’art dans le cerveau et le cerveau comme objet d’art</h2>
<p>Le cerveau humain est la structure vivante la plus complexe que nous connaissons. Son hétérogénéité et sa complexité s’expriment par la juxtaposition de différents « territoires » dont les fonctions sont plus ou moins bien spécifiées. Il comprend des milliards de neurones (de 1011 à 1012 répartis localement en circuits) et de même, les états mentaux sont plus nombreux que les particules élémentaires de l’univers connu. Il semble incroyable que toutes nos sensations, émotions, pensées, ambitions, sentiments, et même le Soi intime soient uniquement le fruit de l’activité de ces cellules gélatineuses présentes à l’intérieur de notre crâne.</p>
<p>Conçue à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, la distinction entre sciences de la nature et sciences de l’homme transparaît dans l’incapacité des premières à produire du sens et dans l’incapacité des secondes à produire des signifiés. L’opposition entre science et philosophie sera démolie par la naissance des sciences cognitives. Désormais la rationalité est émotive et la pensée logique de l’homme devient incarnée.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=888&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=888&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=888&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1116&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1116&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/162973/original/image-20170328-3782-ft6646.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1116&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une planche anatomique du cerveau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/149521109@N03/31916375216/in/photolist-QCkLpj-7TtVBd-7E2M3U-mWLXp8-8jhMBU-rj1Zm-4ZbqFK-bAQmKj-qYb7DE-4f7MKH-7ffTeg-7fjLwG-5kqVhz-7ffTqp-HTM2WX-9xYj87-7V7EG8-9fyFEW-7LTPZm-w47XzY-yC1du3-yC1dLL-z8miqX-pEZw5b-QAwpJF-7F3fRz-7ffTv8-9MB9ya-7ffTzP-3nppup-EPTGt-9EUfZS-4iJjQ-awUFev-EU69R-3hDaLN-bTu47g-atosbL-H2aWW-4iHwQ-8zb4Pp-Ps7jup-RabY9s-rzvkaL-rJCHry-NnbGYp-rQgdZs-Nb43oq-sYBfGa-sj4anu">Flickr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le brainstorming des neurosciences</h2>
<p>On parle souvent de la « neuro-quelque chose »… le préfixe « neuro » connote la plupart du savoir contemporain y compris le secteur humaniste et artistique.</p>
<p>On parle désormais de « neuroculture », qui intègre notamment des séries comme <em>Urgences</em>, <em>Les Experts</em>, <em>Dr House</em> qui ouvrent le monde de la neurologie aux téléspectateurs, comme le firent en leur temps les théâtres anatomiques.</p>
<p>En 1983, <em>Vogue</em> est la première revue populaire à publier quelques images d’un TEP (tomographie par émission de positons) du cerveau. Aujourd’hui, ce sont les sciences cognitives qui nous racontent comment les hommes vivent, interagissent et se meuvent dans le monde. L’art lui-même est maintenant reconnu simultanément comme le produit de nos émotions et comme une tentative de les satisfaire.</p>
<h2>Le relatif est dans la science ; le définitif est dans l’art</h2>
<p>En 1897, Oscar Wilde écrit dans <em>De profundis</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Les grands péchés du monde sont commis dans le cerveau, mais c’est bien dans le cerveau que tout se produit et c’est dans le cerveau que le pavot est rouge, que la pomme est parfumée et que chante l’alouette. »</p>
</blockquote>
<p>Cent ans plus tard, les travaux neuroscientifiques confirment la pensée de Wilde et montrent que nous ne voyons pas avec les yeux mais avec l’écorce cérébrale. Selon le neurobiologiste britannique <a href="http://www.vislab.ucl.ac.uk/a_vision_of_the_brain.php">Semir Zeki</a> – un des pionniers de cette discipline ayant mené de nombreuses expériences d’imagerie cérébrale – la vision n’est pas un processus passif mais, au contraire, une opération dynamique et active.</p>
<p>Le cerveau, à travers les impressions perceptives qui arrivent de l’œil, construit le monde autour de nous et nous le présente, <a href="http://theconversation.com/conversation-avec-lydia-danglot-et-giuseppe-gangarossa-la-beaute-du-cerveau-74968">comme un vrai artiste</a>, avec formes et diverses couleurs. C’est pourquoi les paysages, les visages, les sculptures ou peintures nous procurent émotion et plaisir. L’affirmation de Wittgenstein, selon laquelle la science produit la connaissance tandis que l’art engendre seulement le plaisir, est donc dépassée.</p>
<h2>Le statut d’objet d’art</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/162965/original/image-20170328-3815-jel3a8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Gros plan sur l’œuvre de marcel Duchamp, <em>À regarder d’un œil, de près, pendant presque une heure</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/icathing/3566080872/in/photolist-6r86AY-dHx85x-8GKz7P-b3nFK8-r9GPT9-57HqFA-9o4jxg-57yU2x-57yX1F-aXu2mk-9L2V5e-5KyMAf-8EjL6F-57yWo8-6Yyg2X-5BDVmV-H4Sspc-8nrWeV-kTzwV-6Yyfqv-dzae29-bmwrv7-8EnVtj-7su9pw-dNeHmW-7cHbW7-q5rsht-RC7Fqz-eAywzT-9hkk3D-RMtapr-QVrSzD-Rwathq-b4pRVZ-RVCLKq-5NrRDE-61Bchs-JRWU-HqTs-MBe45-5QF5pU-9RFdHr-41Modz-9UAb6G-9GYtGQ-4HdZg1-oN1K4H-6YCfAs-9UYSWA-drtWnS">Bill Stilwell/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-ArtConcept/ENS-ArtConcept.htm#quappelleton">L’Art conceptuel</a> de Duchamp nous a enseigné que le sens de l’œuvre n’est pas uniquement conféré par l’artiste qui la crée, mais aussi par le spectateur qui la regarde. Le spectateur est engagé dans un dialogue à trois, entre l’artiste, l’œuvre et lui-même. Il est amené à compléter ou à reconstruire le processus de création à travers son regard et à élaborer ainsi de nouveaux signifiés. </p>
<p>Parce que le spectateur est totalement inclus dans l’acte créateur, l’œuvre contemporaine nous confronte à nous-mêmes : c’est elle qui nous regarde. L’art devient vie, c’est le réel. Pour Platon déjà, l’art était élan, impulsion de recherche : de même que l’on apprend à se reconnaître en aimant l’autre, l’art conduit à sortir de soi pour se connaître.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75351/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ester Fuoco receives funding from University of Gene (Italie)</span></em></p>Le cerveau, à travers les impressions perceptives associées à la vue, construit le monde autour de nous et nous le présente, comme le ferait un artiste.Ester Fuoco, Doctorante en Digital Humanities, Art et Spectacle, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/751802017-03-28T21:28:23Z2017-03-28T21:28:23ZParlez-vous biologie ? Secrets de cellules…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/162754/original/image-20170327-3273-1efo3cu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C143%2C2803%2C1816&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Cellule sanguine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/melodyyys/5348668814">Meowlody/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>On évalue de 10 000 à 100 000 milliards le nombre de cellules de notre organisme. Quel plan guide l’agencement de cet immense puzzle ? Peut-on même parler de puzzle ? Dans ce jeu de patience, initialement, on voit toutes les pièces qui composent l’image, chacune avec son identité. D’où cette différence : l’embryon ne comporte au début qu’une seule cellule, l’œuf, alors que l’organisme sera composé de types cellulaires différant les uns des autres, hématies, neurones, cellules musculaires ou épithéliales… L’architecte doit non seulement construire sa « cathédrale », mais aussi tailler les pierres de différentes formes !</p>
<h2>Mémoire moléculaire</h2>
<p>La permanence des formes et des fonctions entre les générations indique que la génétique, notre mémoire moléculaire, joue un rôle important. Mais comment dirige-t-elle la construction ? Si elle est nécessaire, est-elle suffisante ? L’analogie avec le puzzle souffre d’une autre faiblesse : ce jeu est à deux dimensions et l’élaboration de nos formes, de nos structures compliquées suggère plutôt l’intervention d’un sculpteur. Il devra déformer la matière cellulaire, lui imposer des contraintes, tout en respectant les propriétés du matériau.</p>
<p>À quel moment les cellules filles deviennent-elles différentes de leur mère et par quel mécanisme ? <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/August_Weismann">August Weismann</a>, un chercheur germanique, avait proposé une théorie expliquant l’évolution du destin des cellules filles. La cellule mère, l’œuf, aurait dans son noyau toute une collection de « déterminants » et, au cours de leurs divisions, les filles n’hériteraient que d’une partie de ceux-ci. La nouvelle configuration des déterminants fixerait leur destin.</p>
<p>Quoiqu’astucieuse, cette théorie n’est pas juste comme le montrent des expériences de transplantation de noyau, effectuées par l’Anglais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Gurdon">John B Gurdon</a>, dans les années 1960. Des noyaux de cellules de tissus adultes, parfaitement déterminées, ont été implantés dans des œufs fécondés (zygotes), préalablement énucléés. Dans un certain nombre de cas, les chercheurs ont observé un développement normal, aboutissant à des adultes normaux :le noyau d’une cellule adulte, dont le destin est fixé, possède toute la compétence pour développer un nouvel organisme.</p>
<p>La question est de savoir comment la cellule mère, le zygote, engendre les différents types cellulaires. Chaque cellule est une « entreprise » capable de remplir des missions et les ouvriers de cette entreprise sont les « protéines ». Chaque cellule a ses équipes d’ouvriers. Le globule rouge, qui doit transporter l’oxygène, a l’hémoglobine, la cellule musculaire confie la contraction à un système de fibres, l’actomyosine, le neurone transmet ses messages grâce à des récepteurs et des canaux ioniques. On dit qu’il y a 200 types cellulaires et chacun a des protéines particulières.</p>
<p>Mais si les cellules filles sont très différentes de leur mère dans leur forme et dans leurs capacités, elles possèdent tous ses gènes, elles ont en commun la même « bibliothèque sacrée » où sont inscrits les plans de toutes les protéines, comme l’a prouvé l’expérience de John Gurdon. En fait, la question est la suivante : comment, dans la bibliothèque sacrée, choisit-on les volumes qui caractérisent un type cellulaire ?</p>
<h2>Lire l’ADN</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/162756/original/image-20170327-3291-1k3ozwy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/162756/original/image-20170327-3291-1k3ozwy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/162756/original/image-20170327-3291-1k3ozwy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/162756/original/image-20170327-3291-1k3ozwy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/162756/original/image-20170327-3291-1k3ozwy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/162756/original/image-20170327-3291-1k3ozwy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/162756/original/image-20170327-3291-1k3ozwy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Structure de l’ADN.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Epicxnausea/Wikipédia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Voyons l’opération sous un jour un peu quantitatif. L’ADN, ainsi que les protéines, sont de grosses molécules portant de l’information dans leur séquence. L’ADN est une suite de quatre signaux différents qui, selon leur agencement représentent les lettres des volumes sacrés. Les protéines sont aussi des suites de signaux, mais ces signaux sont différents et ils sont au nombre de vingt. On ne sort pas un volume d’ADN de la bibliothèque sacrée : ils restent dans le noyau. Pour fabriquer une protéine, il faut lire l’information d’un livre : on dit d’un gène. À la séquence d’ADN de ce livre, on associe une séquence d’acides aminés, les vingt signaux des protéines. Pour faire cette lecture, il faut un code, maintenant bien connu.</p>
<p>Allons plus loin. Auriez-vous imaginé que la longueur de l’ADN humain est de l’ordre du mètre ? Chaque signal est séparé du suivant par une distance infime mais le nombre des signaux est astronomique ! Chacune de vos cellules possède ce mètre d’ADN qu’il lui faut ranger dans son noyau, ce qui est fait sous forme de chromosomes où l’ADN est enroulé en bobines, elles-mêmes entortillées en figures compliquées. Voilà pour la bibliothèque.</p>
<p>Définir un type cellulaire, c’est choisir l’ensemble des gènes qui seront utilisés par cette cellule, qui les exprimera sous forme de protéines. Mais comment s’effectue ce choix ? Pour faire une protéine moyenne, on estime que l’information, le plan nécessaire, requiert une longueur d’ADN d’une fraction de millionième de mètre. Comment accomplir une tâche si difficile ? Tout d’abord, toutes les parties de cet ADN n’ont pas même valeur. Bien sûr, il y a les gènes, riches de sens, mais il y aussi une longueur énorme de séquences intraduisibles en protéines. Il y a chez l’homme seulement une vingtaine de milliers de gènes : l’ADN correspondant ne représente que quelques pourcents du mètre en stock.</p>
<h2>Moines copistes et traducteurs</h2>
<p>L’ADN intraduisible est horriblement mélangée à l’ADN traduisible. Il existe dans chaque cellule des « moines copistes » capables de trouver les « volumes » qui ont un sens dans les archives ADN et qui les transcrivent dans un langage plus facile à traduire en protéines, ce langage c’est l’ARN. Le vrai nom de ces machines complexes est « ARN polymérase », mais moines copistes leur convient très bien.</p>
<p>Tout d’abord, ils recherchent le début d’une séquence lisible, d’un livre sur laquelle ils se fixent (l’ARN polymérase se fixe sur le promoteur), puis ils doivent attendre l’autorisation de la copier et c’est là l’opération la plus complexe. Cette autorisation leur est apportée par un facteur, le « facteur de transcription » ; celui-ci doit trouver au voisinage du gène, généralement en amont, une séquence « boîte aux lettres », (séquence régulatrice). La conjonction « boîte aux lettres – facteur » donne l’instruction au « moine copiste » : soit démarrage de la transcription, soit transcription interdite.</p>
<p>Sur le plan moléculaire, les choses peuvent être très complexes. Les facteurs sont très nombreux, ce sont des protéines et un facteur peut reconnaître plusieurs gènes et, inversement, un gène peut posséder plusieurs « boîtes aux lettres » et être contrôlé par plusieurs facteurs. Il vous faut imaginer une machinerie de contrôle très complexe, permettant de commencer ou d’arrêter la lecture d’un gène, et donc l’apparition ou la disparition d’une protéine. En jouant ainsi sur les « facteurs de transcription », on façonne une cellule, jusqu’à obtenir toute l’écurie cellulaire dont nous avons parlé.</p>
<p>L’Écossais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%27Arcy_Wentworth_Thompson_(1860-1948)">D’Arcy Thompson</a>, mathématicien et biologiste a écrit : « La forme d’un objet reflète le diagramme des forces qui l’on engendré ». Cette remarque décrit bien le travail du sculpteur modelant la glaise, elle est plus difficile à introduire dans la morphogénèse (l’apparition des formes) des organismes animaux. La biologie, en effet, s’appuie beaucoup sur la génétique et reste souvent éloignée des forces, c’est-à-dire de la physique. Cependant, ignorer cette science est maintenant impossible.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/162757/original/image-20170327-3308-1m5uiyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/162757/original/image-20170327-3308-1m5uiyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/162757/original/image-20170327-3308-1m5uiyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/162757/original/image-20170327-3308-1m5uiyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/162757/original/image-20170327-3308-1m5uiyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/162757/original/image-20170327-3308-1m5uiyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/162757/original/image-20170327-3308-1m5uiyz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Gastrulation : schéma du développement embryonnaire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pidalka44/Wikipédia</span></span>
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<p>La gastrulation, une étape importante du développement de l’embryon, s’accompagne de mouvements spectaculaires des cellules et ces mouvements révèlent l’existence de forces. D’où viennent-elles ? Pour le comprendre, nous devons retourner à la cellule et à son organisation. C’est la présence d’un squelette interne (cytosquelette) et de muscles (actomyosine) qui permet à cette dernière de changer de forme et de se déplacer. Voilà l’origine de ces mystérieux mouvements !</p>
<p>Par les mêmes mécanismes, au cours du développement, les cellules changent de forme, passent d’un prisme à un tronc conique, diminuent leur surface et se déplacent, mais la particularité de ces étapes chez l’embryon tient à l’aspect collectif de ces changements. Ces mouvements collectifs ont été observés à l’aide de techniques sophistiquées de microscopie qui ont dévoilé le rôle des myosines, « des muscles cellulaires ». Qui commande aux muscles ? D’abord les gènes, comme le montre des mutations qui bloquent ce système d’extension, mais les forces physiques qui interviennent dans ces mouvements peuvent aussi être prises en compte par la signalisation et ainsi participer à l’expression des gènes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75180/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Pierre Henry a publié : « La mécanique du vivant, de la cellule à la pensée » aux Editions Albin Michel. Cet article est adapté du chapitre 4 de cet ouvrage. </span></em></p>De quoi sommes-nous constitués ? De milliers de milliards de cellules, qui s’agencent selon des règles dictées par nos gènes. Retour sur quelques principes de la biologie.Jean-Pierre Henry, Professeur, Laboratoire Matière et Systèmes Complexes (MSC), Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/730112017-03-20T22:54:36Z2017-03-20T22:54:36ZDéformation crânienne : pratiquée par les Incas, elle est aussi coutume universelle<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/161212/original/image-20170316-10902-18tdupm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lithographie de John Collins (1839) d'après « Crania Americana » de Samuel Norton.</span> <span class="attribution"><span class="source">Bibliothèque de Médecine de Paris</span></span></figcaption></figure><p>Barbarie, torture, sauvagerie, telles sont les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsque les déformations crâniennes sont évoquées. En 1931, l’anthropologue anglais J. Dingwall <a href="https://web.archive.org/web/20150224151221/http://www.bioanth.org/bioanth/Dingwall/">a cette réflexion</a> : « Il est probable que cette curieuse coutume, pourtant généralisée, de déformer artificiellement le crâne est la moins comprise de toutes les mutilations ethniques qui ont été transmises depuis la lointaine antiquité ».</p>
<p>En effet, elles suscitent réprobation et horreur, dégoût et effarement et portent en elles les signes – supposés – de sociétés peu évoluées et surtout exotiques, éloignées de nos contrées européennes.</p>
<h2>Crânes d’aliens</h2>
<p>Au-delà d’une répulsion quasi épidermique, les déformations inspirent également de nombreux fantasmes et excitent l’imaginaire. Elles seraient la preuve de l’existence de races extraterrestres à l’intelligence supérieure qui auraient colonisé notre planète en de lointaines époques.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/nzL-kAsF4Is?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Robert Connolly, <em>Search for Ancient Wisdom</em>, programme télévisé, 1995.</span></figcaption>
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<p>En 2012, un journal titrait <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/12/30/squelettes-aliens-mexique-cranes-cones-cimetiere_n_2383227.html">« Des squelettes d’aliens ? »</a> à propos de la découverte au Mexique de restes humains au crâne déformé. Au XIX<sup>e</sup> siècle, des anthropologues comme von Tschudi <a href="http://books.googleusercontent.com/books/content?req=AKW5QadWp67GmyxldSPQmCoI0NN9L4eIb8ZVa-WpuRTe6tkUZ5BQ9yZRglelaXzPhYA400RNZE2pZRDdkuqongfxhD9cBc-gAV2N4E15-esI7sOsqWgfQ9-wD-0HeVycCmlW42gP5pMRTbUB4EdkXS_HaYTZBFUq520N1kOCfruaTCbYc0hk0BkIQpfvKTFOftDn_WNpQPjALwpRKi-1Cc-Z9MRWiOtcCFhA_5WMt6-e66G8V7uz-%C3%80_wKjQKjmI6n0qs0YjFGKOR">ont même contesté</a> le caractère artificiel des déformations crâniennes.</p>
<p>Loin de ces clichés et de ce sensationnalisme, les <a href="http://www.jstor.org/stable/pdf/972149.pdf">manipulations de l’occiput</a> offrent au contraire un vaste champ d’études sur le rapport au corps dans ses dimensions culturelles, sociales, ethniques, religieuses.</p>
<p>Agir sur la croissance de la tête afin d’en modifier de manière volontaire la forme est une coutume largement diffusée chez les humains.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/160352/original/image-20170310-19251-1m6g5hl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Répartition des pratiques de modifications des crânes dans le monde.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.Thomas</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Une pratique ancienne et universelle</h2>
<p>La déformation artificielle du crâne des nouveau-nés est une antique tradition universelle. De l’Europe aux Amériques en passant par l’Afrique, l’Asie, l’Océanie, aucune région n’échappa au modelage crânien.</p>
<p>Les plus anciennes traces de cette pratique <a href="http://www.journals.uchicago.edu/doi/10.1086/202808">remonteraient</a> aux environ de 45000 av. J.-C. en Irak. Mais les chercheurs débattent toujours d’éventuelles déformations sur les fragments de crânes découverts.</p>
<p>Sur le continent américain, cette coutume accompagne le développement des communautés andines depuis au moins le VI<sup>e</sup> millénaire av. J.-C. et devient une pratique quasi généralisée. Sur une collection de 500 squelettes d’origine péruvienne conservés à Paris, seuls 60 ne présentent pas de déformation. Dans de nombreux sites fouillés en Mésoamérique, les individus au crâne déformé constituent <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17538389">plus de 90 % des cas observés</a>. Au Mexique, le plus ancien crâne déformé découvert par les archéologues daterait de 8500-7000 av. J.-C.</p>
<p>En Amérique du Sud, les déformations crâniennes se seraient plus sûrement développées sur la côte pacifique <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/oa.1390030205/pdf">vers 3500-3000 av. J.-C</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/161318/original/image-20170317-6127-lyzpeb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/161318/original/image-20170317-6127-lyzpeb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/161318/original/image-20170317-6127-lyzpeb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/161318/original/image-20170317-6127-lyzpeb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/161318/original/image-20170317-6127-lyzpeb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/161318/original/image-20170317-6127-lyzpeb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/161318/original/image-20170317-6127-lyzpeb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Différents types de crânes déformés dans la culture Paracas.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Museo Nacional de Arqueología, Antropología e Historia del Perú de Lima</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Certaines sociétés en firent un usage remarquable. La <a href="http://ngm.nationalgeographic.com/1995/03/chinchorro-mummies/arriaza-text">culture Chinchorro</a> (v. 7000 av. J.-C. à v. 1100 av. J.-C.), établie de l’extrême nord du Chili et au sud du Pérou, pratiqua une forme très prononcée de déformation à partir du III<sup>e</sup> millénaire. Plusieurs groupes ethniques adoptèrent ces coutumes dont les plus connues sont les <a href="http://historiaperuana.pe/periodo-autoctono/cultura-paracas/">cultures Paracas</a> (600 av.-100 ap. J.-C.), <a href="http://www.unmuseum.org/nazca.htm">Nazca</a> (200 av.-600 ap. J.-C.) ou encore <a href="http://whc.unesco.org/en/list/567">Tiwanaku</a> (v.700-v.1200 ap. J.-C.) autour du lac Titicaca.</p>
<p>Ces pratiques restent toujours vivaces dans ces régions lorsque les Incas dominent une grande partie de la Cordillère <a href="http://www.biblioteca.org.ar/libros/211665.pdf">à partir du milieu du XVᵉ siècle</a>. Un certain nombre de communautés sous leur domination avaient depuis longtemps pour habitude de déformer artificiellement l’occiput des nourrissons, à l’instar de leurs vainqueurs.</p>
<p>En 1557, le philosophe italien <a href="https://archive.org/details/dererumvarietate00card">Girolamo Cardano</a> énumère les régions où elles se pratiquent toujours : Cuba, le Mexique, Cumana (Vénézuéla), Porto Velho (Brésil) et le Pérou. Dans les années 1550, le <a href="http://www.biblioteca.org.ar/libros/211665.pdf">religieux Cieza de León mentionne</a> qu’au nord de Cali, en Colombie, vit un peuple dont il décrit les têtes longues et larges et il ajoute qu’en maintes régions les enfants ont la tête déformée, ce qui réjouit leurs parents.</p>
<p>Les Espagnols furent fortement impressionnés par cette coutume qui leur semblait tellement étrange. En effet, au XVI<sup>e</sup> siècle, elle ne se pratiquait plus que de manière exceptionnelle et résiduelle dans quelques régions d’Europe du Nord..</p>
<p>Les Espagnols luttèrent férocement contre cette pratique. Ils subodorèrent plus qu’ils ne comprirent cette dimension religieuse des déformations. Lors du III<sup>e</sup> concile de Lima (1585), les autorités religieuses décident d’interdire plus fermement les déformations crâniennes et de les punir sévèrement : 20 coups de fouet si une personne se déforme la tête. Pourtant, elles perdurèrent longtemps.</p>
<h2>Comment faisait-on chez les Incas ?</h2>
<p>Plusieurs techniques sont mises en œuvre pour déformer les crânes. Elles sont universelles. Le crâne de l’enfant est très malléable et cette souplesse permet d’envisager un modelage avant que la forme définitive ne se mette en place. La voûte crânienne est remarquablement plastique et prête bien à ce genre de manipulations. Ce n’est pas avant l’âge de six ans que se produit l’ossification définitive. Les sutures de la voûte crânienne permettent une certaine mobilité entre les os et les forces de compression externes, planchettes ou bandelettes, déterminent cet accroissement des sutures qui <a href="https://books.google.fr/books?id=Rf2PBwAAQBAJ&amp;pg=PA79&amp;lpg=PA79&amp;dq=Agha+%22Artificial+Cranial+Modification%22+%22Society+%26+Culture%22&amp;source=bl&amp;ots=D6uSSz0Ka_&amp;sig=L2NpLii8snQdo2F4oYFsNBNDq1E&amp;hl=fr&amp;sa=X&amp;ved=0ahUKEwinl5ilzabSAhXHExoKHbkPCjsQ6AEIITAA#v=onepage&amp;q=Agha%20%22Artificial%20Cranial%20Modification%22%20%22Society%20%26%20Culture%22&amp;f=false">subissent directement leurs effets</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/161215/original/image-20170316-10898-sc6d1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/161215/original/image-20170316-10898-sc6d1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/161215/original/image-20170316-10898-sc6d1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/161215/original/image-20170316-10898-sc6d1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/161215/original/image-20170316-10898-sc6d1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/161215/original/image-20170316-10898-sc6d1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/161215/original/image-20170316-10898-sc6d1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Types d’appareillages utilisés par les Mayas pour déformer le crâne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.T</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les têtes étaient déformées selon plusieurs méthodes, l’aplatissement affectant soit le haut du crâne, soit les côtés. Les appareils déformateurs mis en œuvre sont de trois types : le berceau dans lequel la déformation est obtenue par la pression exercée sur la tête du nouveau-né couché et immobilisé dans un berceau de bois ; les planchettes où la tête est enserrée entre deux morceaux de bois disposées sur le front et la nuque, aplatissant ainsi le crâne d’avant en arrière. C’est l’aplatissement appelé « type tabulaire » ; enfin, des liens ou des bandeaux, souvent appelés <em>chuco</em>, où le crâne est comprimé dès la naissance à l’aide d’un bandage très serré. C’est le type « annulaire ou circulaire ». Cette dernière technique est la plus souvent décrite par les Espagnols dans ce qui fut l’Empire inca.</p>
<h2>Déformer les crânes pour fixer l’âme au corps</h2>
<p>Mais pourquoi les Incas déformaient-ils les crânes ?</p>
<p>Le modelage crânien permet de distinguer les peuples entre eux, imprime de manière indélébile dans le corps l’appartenance à un groupe, pare et embellit les individus, marque le statut social, renvoie vers la religion, la cosmologie, les croyances et les rites d’initiation.</p>
<p>Cependant, les chercheurs se sont essentiellement intéressés aux dimensions culturelles, sociales et ethniques de ces pratiques alors que la dimension <a href="https://www.academia.edu/4031812/La_deformaci%C3%B3n_craneana_como_marcador_de_diferenciaci%C3%B3n_social?auto=download">religieuse s’avère fondamentale</a>.</p>
<p>La tête représente le centre de la vie spirituelle de l’individu. C’est le siège de la force vitale et elle symbolise l’esprit. La <a href="https://ateliers.revues.org/9627?lang=en">force animique</a>, c’est-à-dire une puissance bénéfique et spirituelle, présente dans la tête est perçue comme une puissance bénéfique qui procure force, autorité et vitalité à celui qui la détient et que l’on peut s’approprier à condition qu’elle soit contrôlée. La tête peut être associée à deux caractéristiques principales : elle représente métaphoriquement le cosmos et c’est écrin de l’âme.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-corps-dilecta-2006-1-page-73.htm">Dans la cosmologie inca</a>, il existe une opposition corporelle : devant/derrière – les Incas associent le devant du corps avec le passé et la clarté/et l’arrière avec le futur et l’obscurité – et une opposition haut/bas, la tête correspondant au monde supérieur, <a href="https://archive.org/details/vocabulariodelal01gonz">celui du corps idéal représenté par les corps célestes</a>. Enfin, plusieurs principes spirituels entourent et animent le corps humain. L’un des plus importants est <em>l’animu</em>, terme emprunté à l’espagnol anima, « âme », qui est une « force animique », spirituelle et pas seulement <a href="https://books.google.fr/books?id=HuiLU6fzigMC&amp;pg=PA36&amp;lpg=PA36&amp;dq=Mod%C3%A8les+d'enfances.+Successions,+transformations,+croisements,+Editions+des+archives+contemporaines+palmira&amp;source=bl&amp;ots=M_jsErCvTJ&amp;sig=zF8EDtbQ8-TMOWVBUikMdUcIa5Q&amp;hl=fr&amp;sa=X&amp;ved=0ahUKEwjd-ZXps7XSAhUmKcAKHWXyA_QQ6AEILTAD#v=onepage&amp;q=Mod%C3%A8les%20d'enfances.%20Successions%2C%20transformations%2C%20croisements%2C%20Editions%20des%20archives%20contemporaines%20palmira&amp;f=false">humaine</a> ».</p>
<p>L’animu est réparti dans tout le corps mais il peut être concentré dans certaines zones et substances corporelles : essentiellement la tête, le sang, le cœur. L’animu est une force vitale qui anime toute chose, que ce soient les êtres humains, les plantes, les animaux, les éléments du paysage. L’animu naît au niveau du plexus solaire, circule dans tout le corps et sort par la tête à la mort. Bien serrer la tête de l’enfant à naissance devient par conséquent une démarche impérieuse et vitale car l’âme est encore peu fixée au corps du nouveau-né ce qui peut provoquer cette perte de l’animu. En effet, la <a href="http://www.santemagazine.fr/les-fontanelles-du-nouveau-ne-sont-elles-vraiment-fragiles-59223.html">fontanelle</a> n’est pas bien refermée chez le nourrisson.</p>
<p>Afin de fixer l’âme au corps, la mise en œuvre de moyens techniques, comme les déformations crâniennes, s’avère indispensable et impérieuse. Déformer la tête c’est durcir et fermer le corps, solidifier, remettre en ordre au moins une de ses ouvertures.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=801&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=801&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=801&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1006&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1006&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/161217/original/image-20170316-10898-1bf4meq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1006&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dessins des différentes techniques employées pour déformer le crâne dans le Pérou et le Chili précolombien.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.T</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Aujourd’hui disparues, même si elles étaient encore pratiquées dans les Andes par les Chama, communauté établie au nord-est du Pérou, au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, les déformations crâniennes témoignent d’une pratique universelle repérable dans tous les espaces sociaux.</p>
<p>Si dans nos sociétés contemporaines, les pratiques de modifications du corps sont perçues comme des <a href="https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2006-3-page-115.htm">marqueurs de la construction identitaire</a> et l’affirmation d’un « moi souverain », il ne faut pas utiliser cette grille d’interprétation pour les civilisations plus anciennes et celles des Andes en particulier. Il manquerait un élément primordial pour les appréhender : leur dimension cosmologique et religieuse. Symboliquement, dans ces sociétés, la manipulation de l’occiput comme toute forme de parure corporelle tient un rôle primordial puisqu’elle distingue, orne et protège. Elle prémunit contre les mauvaises influences étrangères et défend des sortilèges le corps et ses parties les plus vulnérables. Manipuler la tête, partie la plus visible et la plus exposée du corps, est un signal fort. C’est un langage symbolique extrêmement important et les populations péruviennes n’y firent pas exception.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73011/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérome Thomas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les déformations crâniennes portent en elles les stigmates de sociétés dites « peu évoluées » ; en réalité, il s’agit d’une pratique universelle dont la connotation spirituelle est indéniable.Jérome Thomas, Chercheur, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/681032016-12-11T20:58:53Z2016-12-11T20:58:53ZSèche ou grasse, attention à votre peau !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/149253/original/image-20161208-31391-1sjaypv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Soins du matin.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Quels que soient les individus, leur peau présente des caractéristiques communes. On y trouve différentes populations cellulaires possédant des rôles bien spécifiques. Au niveau de l’épiderme (la couche cutanée la plus externe), on retrouve quatre grandes catégories de cellules : les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/K%C3%A9ratinocyte">kératinocytes</a> (cellules prédominantes) qui synthétisent la kératine, une molécule qui joue un rôle important dans la fonction barrière exercée par l’épiderme, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9lanocyte">mélanocytes</a>, quant à eux, synthétisent des pigments clairs (phaeomélanines) ou foncés (eumélanines) responsables de la couleur de la peau et de sa capacité plus ou moins grande à développer un bronzage protecteur. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cellule_de_Merkel">Cellules de Merkel</a> (cellules du sens du toucher) et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cellule_de_Langerhans">cellules de Langehrans</a> (cellules du système immunitaire) viennent compléter le tableau.</p>
<p>Sous l’épiderme… le derme, un tissu formé de cellules (les fibroblastes) prisonnières d’une substance gélifiée. Le derme a pour but de soutenir l’épiderme. Est-il amené à s’effondrer (du fait de l’âge et d’un défaut de synthèse du collagène), les rides apparaîtront inéluctablement. Le troisième étage ou hypoderme (tissu graisseux) est composé d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Adipocyte">adipocytes</a>. C’est au niveau du derme que l’on trouvera les glandes sébacées (qui sont à l’origine du sébum) et les glandes sudoripares (dont la fonction est de produire la sueur).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue en coupe de la peau, sont représentés les kératynocytes, les mélanocytes, l’élastine et le collagène ainsi que les trois principales couches de la peau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Peau_modifie.png">CNRS/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sébum (sécrétion de nature lipidique) et sueur de nature aqueuse forment à la surface de la peau un enduit protecteur. Ce dernier appelé film hydrolipidique (FHL) ou film cutané de surface (FCS) revêt un caractère esthétique important. En effet, en cas d’hyperactivité des glandes sébacées la peau sera grasse ; en cas d’un défaut d’activité de ces mêmes glandes, la peau sera sèche. L’eau contenue dans les couches cutanées superficielles aura tendance à s’évaporer et ce d’autant plus que le film gras présent en surface sera plus mince. La peau dite normale est la peau idéale. Il n’y a ni hyper- ni hypofonctionnement des glandes sébacées. La peau mixte est une peau mi-figue, mi-raisin. Trop grasse au niveau de certaines zones (menton, nez, front), elle est sèche par ailleurs ! Ces quatre types de peau sont bien connus des cosmétologues qui concoctent depuis une centaine d’années des préparations spécifiques.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Surtout, ne pas brusquer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>En 1886, le Dr Monin, médecin spécialiste des « questions relatives à l’hygiène du teint et à la santé de la peau » rédige un vade-mecum cosmétique à l’attention des femmes. Ce recueil, dont il est prudent de ne pas se séparer, s’intitule sobrement « L’hygiène de la beauté ». Des conseils adaptés sont prodigués aux femmes à peau grasse (se laver à l’aide d’une eau alcaline mêlée ou non de quelques gouttes d’alcoolat ou d’un vinaigre alcoolique de « bonne qualité ») et à peau sèche (qui « pourront employer la lanoline pure, ou un peu de la mousse d’un savon bien neutre et incapable d’offenser la fleur si sensible de l’épiderme »).</p>
<p>En 1902, dans sa boutique de Melbourne, Helena Rubinstein prend « l’habitude de séparer les femmes en trois groupes, bien distincts, suivant les caractéristiques […] de la nature de leur peau. » Celle qui retracera les grandes lignes de sa carrière dans un ouvrage intitulé « Je suis esthéticienne » se présente comme une avant-gardiste :</p>
<blockquote>
<p>« Déjà, s’était imposée à moi l’évidence de la nécessité de varier les traitements suivant que la peau est sèche, neutre ou grasse, et j’apportai de légères modifications à la fabrication de ma Crème Valaze, en fonction de ces caractéristiques ».</p>
</blockquote>
<h2>Du vinaigre pour la peau</h2>
<p>En 1910, Colette Villiers décrit de manière poétique les deux types de peaux (<em>De la beauté chez la femme – soins – hygiène – recettes pratiques</em>). « Les personnes dont la peau est grasse, onctueuse au toucher, riche en enduits sébacés (propriétés absolument indépendantes de l’état de maigreur ou d’obésité générale) » et « les peaux sèches » […] qui desquament et s’irritent facilement » doivent recevoir des soins spécifiques. Du lever au coucher, les règles appliquées seront différentes. Les femmes à peau grasse pourront réaliser leurs ablutions à l’aide d’eau chaude additionnée de vinaigre. Ce dernier est alors une forme cosmétique à part entière et non un simple ingrédient. Le vinaigre de Bully composé d’eau, d’alcool à 85°, de diverses substances aromatiques (benjoin, tolu…) et de vinaigre (bien entendu) est, sans doute, l’un des exemples le plus célèbre. Les peaux sèches, quant à elles, utiliseront pour leur toilette de la vaseline ou un cold-cream. Dans les deux cas, les produits proposés pour la toilette du matin font sourire et témoignent de l’évolution en matière d’hygiène du visage.</p>
<p>En 1930, le pharmacien René Cerbelaud (<em>Formulaire de Parfumerie – Tome II</em>) préconise un « choix et un emploi judicieux des crèmes ». S’il insiste surtout sur l’exclusion des matières premières toxiques des cosmétiques (céruse, chlorure de mercure…), il n’en reste pas moins conscient qu’il n’est pas tout d’avoir « des crèmes de bonne composition et honnêtement préparées », encore faut-il les appliquer « à bon escient ». Utilisée sans discernement la crème la plus performante pourra s’avérer « nuisible ». Il conviendra donc de définir son type de peau (peau grasse, sèche ou neutre) en premier lieu. Le terme « neutre » est alors largement utilisé pour désigner la peau « normale ».</p>
<p>En 1949, en écho à son illustre prédécesseur, la journaliste Marcelle Auclair, dans un dictionnaire à destination du public féminin (<em>La beauté de A à Z</em>), pose, elle aussi, comme postulat de base, la nécessité de « se connaître ». À la question : « Votre peau est-elle grasse, sèche ou normale ? », la lectrice de l’ouvrage en question doit être en mesure d’apporter une réponse :</p>
<blockquote>
<p>« Votre peau est grasse, lorsqu’elle présente un brillant moite, particulièrement aux ailes du nez ; lorsqu’elle laisse des traces luisantes sur le papier absorbant que vous y appliquez. […] Votre peau est sèche, si elle ride facilement, si elle présente un brillant qui rappelle celui du taffetas. […] Vous avez une peau normale, si vous n’éprouvez ni les inconvénients des peaux grasses ni ceux des peaux sèches. La peau normale est la peau parfaite, c’est l’état dans lequel se trouvent, lorsqu’elles sont en excellente santé, les femmes jeunes dont on admire le joli teint ».</p>
</blockquote>
<p>C’est à l’aide d’images très parlantes (le dépôt d’un film gras sur un papier absorbant, la comparaison avec le taffetas, un tissu d’aspect sec qui craque au toucher) que la chroniqueuse du journal <em>Elle</em> apporte des solutions aux femmes qui s’interrogent sur leur type de peau.</p>
<p>Apprendre à se connaître, mais aussi garder le cap. Marcelle Auclair prône la fidélité… cosmétique. « Soyez fidèles… Soyez fidèles à votre expérience ; soyez fidèles au spécialiste qui vous a bien conseillée, soyez fidèles aux produits qui vous donnent de bons résultats. » À la manière du pharmacien qui met en garde le patient qui pense se servir pour lui-même de tel ou tel médicament qui « donne de bons résultats » chez un membre de sa famille, Marcelle Auclair met en garde les téméraires qui essayent « les crèmes qui réussissent à leurs amies ». Le cosmétique doit être choisi avec discernement. Peau sèche, peau grasse, il faut choisir !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68103/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Déterminer le caractère d'une peau, sèche ou grasse, relève de la science mais aussi de l'empirisme des esthéticiennes.
Revue de détail historique et pratiques des variations épidermiques.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/555212016-03-14T05:43:55Z2016-03-14T05:43:55ZUn corps de rêve (et pourquoi vous le voulez)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/114859/original/image-20160311-11302-1m3hyje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un idéal de beauté qui varie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/biscotte/432640010">Sophie & Cie/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Douze pour cent des femmes, selon une étude britannique de 2011, donneraient dix ans de leur vie juste pour obtenir un poids idéal, tandis que <a href="http://www.theguardian.com/lifeandstyle/2012/jan/06/body-image-concerns-men-more-than-women">29 % des hommes</a> pensent, au moins cinq fois par jour, à leur apparence physique. Alors, en quoi consiste un corps idéal et pourquoi en voulons-nous un à tout prix ?</p>
<p>Commençons par ce point de départ : l’examen de corps féminins « hyper idéaux », à savoir les représentations que notre culture considère comme idéales. Nous avons pris les mesures de mannequins lors de défilés, celles des <a href="http://trove.nla.gov.au/work/6538965?q&versionId=7537648">mannequins de vitrine</a>, celles des supermodèles, celles des stars du porno (OK, nous n’avons pas réellement calculé celles des supermodèles et des stars du porno. C’est sur Internet que nous avons eu leurs mensurations). Nous sommes même allés jusqu’à soumettre à cet examen les <a href="http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF01544300#page-1">figurines articulées de Barbie</a> et de G.I. Joe (et non leurs poupées) que nous avons mesurées avec des règles à calcul et du fil dentaire.</p>
<h2>Formes et minceur</h2>
<p>Qu’y a-t-il de commun à toutes ces représentations du corps ? Pour les femmes, cela peut se résumer en deux mots : formes et minceur. Pour une Australienne, en moyenne, l’indice de masse corporelle (IMC) – le poids en kilogrammes divisé par le carré de la taille en mètres – est d’à peu près 27. Plus précisément, celui d’étudiantes en sciences se situe à 22, celui des mannequins de défilés à 20, celui des stars du porno à 18, celui des supermodèles à 17,5, celui des mannequins de vitrine à 17 et celui de Barbie à 14,5 (un niveau atteint en Australie par une femme sur 100 000, généralement au prix de privations menaçant leur vie).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110072/original/image-20160203-6926-1bw6zsp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Barbie, un corps impossible.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/myeye/3152213285/">MyEyeSees/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Le corps féminin « hyper idéal » est non seulement mince, mais doté de formes. Cela rend la chose difficile car les femmes minces n’ont en général, pas de formes et les femmes qui ont des formes ne sont pas habituellement minces.</p>
<p>Le rapport tour de hanches/tour de taille est une estimation simple et un élément pertinent pour apprécier la façon dont les hommes séduisants (et aussi les femmes) jugent les corps féminins. S’il est bas, c’est mieux, mais à travers des limites. Les hommes convoitent les femmes dotées de mensurations d’environ 0,6 ou 0,7, une catégorie incluant Kim Kardashian (0,65), Angelina Jolie (0,66) et Scarlett Johansson (0,72). En moyenne, une jeune femme atteint à peu près 0,75, les mannequins 0,70, les stars du porno et les supermodèles 0,69, et Barbie 0,56.</p>
<p>Les lecteurs avertis de The Conversation, j’en suis sûr, ne seront pas étonnés d’apprendre que la taille du buste entre également en ligne de compte. Chez Barbie, le rapport du buste à la taille est de 13 fois supérieur à la moyenne.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=687&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=687&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=687&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=864&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=864&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110076/original/image-20160203-6919-8sy2cm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=864&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">The Conversation parle de Kim Kardashian. Mais où va-t-on ! .</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/intimatetoys/16382609841">Elizabeth Hilton/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Nous avons mis au point, sous le nom d’index du sablier, une mesure simple de la plénitude des formes du corps féminin tout entier. Elle consiste à diviser le taux buste-taille par celui de la taille aux hanches. Plus le rapport est élevé, mieux c’est. Encore mieux avec un chiffre astronomique ! Pour des jeunes femmes athlétiques, l’index du sablier s’établit à 1,8. Il grimpe à 1,9 pour les mannequins de défilé, à 2 pour les mannequins de vitrine, à 2,1 pour les stars du porno, à 2,2 pour les supermodèles et au chiffre vertigineux de 3,5 pour Barbie.</p>
<p>La mode récente pour les <a href="http://www.glamourmagazine.co.uk/news/celebrity/2014/11/12/kim-kardashian-naked-for-papermag-break-the-Internet">derrières proéminents</a> a conduit à des chiffres impressionnants en termes de silhouette mesurée par l’index du sablier : 2,2 pour Mme Kardashian, 2,3 pour notre représentante australienne Iggy Azalea, 2,4 pour Angelina Jolie, 2,9 pour Nicki Minaj. La mannequin et actrice Coco Austin, à ce qu’on dit, atteindrait 3,0.</p>
<h2>Le visage idéal</h2>
<p>La science a émis quelques observations intéressantes sur la beauté du visage. Une <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v394/n6696/full/394884a0.html">célèbre étude</a> a demandé à des personnes de noter la beauté des visages féminins. À la fois en Angleterre et au Japon, les différences-clé entre de beaux visages et des visages ordinaires ont été les mêmes : le bas du visage plus arrondi, une courbe de sourcils plus prononcée, de grands yeux et un écart réduit entre la pointe du menton et la lèvre inférieure. Même chose pour la distance entre la lèvre supérieure et le bas du nez.</p>
<p>La <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7924253">symétrie du visage</a> compte aussi : les hommes, les femmes et les enfants préfèrent des visages plus symétriques. Les hommes ayant ce type de visage déclarent avoir eu plus de partenaires sexuels et des couples dotés de la même caractéristique font état de <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/000334729580014X">davantage d’orgasmes</a>. L’asymétrie faciale augmente avec l’âge.</p>
<p>L’une des raisons possibles ? La symétrie serait peut-être le signe de la capacité du corps à résister aux infections et aux blessures, constituant donc une « honnête publicité » pour un bon matériel génétique. Hélas, quand nous avons mesuré la symétrie faciale dans notre laboratoire, j’avais le visage le moins asymétrique de nous tous. Au moins, ma femme peut-elle être rassurée quant à ma fidélité.</p>
<h2>La beauté des mâles</h2>
<p>Mais assez parlé de seins et de derrières, qu’en est-il des garçons ? Les <a href="http://www.amazon.com/The-Adonis-Complex-Identify-Obsession/dp/068486911X">mâles souffrent</a> eux aussi : 30 % des jeunes Finlandais se déclarent profondément <a href="http://www.cpementalhealth.com/content/2/1/6">insatisfaits de leur musculature</a> et 12 % d’entre eux utilisent des compléments alimentaires ou des stéroïdes.</p>
<p>La séduction masculine, aux yeux à la fois des hommes et des femmes, se définit par la forme d’un corps triangulaire : un torse large, des hanches étroites, un ratio élevé torse/taille. Les mannequins masculins des vitrines ne sont pas spécialement musclés, en fait, ils sont plutôt minces, mais anormalement grands (à peu près 1 m 87) avec des épaules larges et des hanches minces. Ce qui plaît aux hommes – mais moins aux femmes –, c’est une musculature impressionnante. La taille moyenne des <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.515.2280&rep=rep1&type=pdf">biceps de G.I. Joe</a> a plus que doublé entre 1965 et 1995.</p>
<h2>Pourquoi est-ce cela, l’idéal ?</h2>
<p>Alors, pourquoi sommes-nous attirés par la minceur et les formes accentuées ? La discussion se trouve en première ligne des batailles culturelles. Les théoriciens de la culture soutiennent que la beauté est <a href="https://en.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/The_Second_Sex">socialement construite</a> (qu’est-ce qui ne l’est pas, de nos jours ?) et qu’elle se trouve soumise à un relativisme culturel, au même titre que les préférences en matière de mode ou de nourriture. À l’appui de leur thèse, ces théoriciens rappellent que nos préférences en ce domaine ont connu <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Xrp0zJZu0a4">des hauts et des bas</a> au fil de l’histoire, allant des fossettes voluptueuses des Rubens jusqu’à la silhouette brindille de Twiggy.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Xrp0zJZu0a4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’évolution du corps idéal féminin.</span></figcaption>
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<p>Nous sommes conditionnés, disent ces mêmes théoriciens par les modèles qui nous entourent. Et la rotation permanente de l’image du corps dans l’histoire s’effectue de telle façon qu’elle nous laisse perpétuellement insatisfaits, ce qui arrange bien les industries de la mode et du fitness. Les relativistes, pour leur part, prétendent que nous pourrions idolâtrer une boîte en carton si Rupert Murdoch s’y employait.</p>
<p>Les sociobiologistes, de leur côté, affirment que la minceur, la plénitude des formes et la symétrie sont des <a href="http://www.femininebeauty.info/i/singh.pdf">marques de jeunesse et de fécondité</a> – la disponibilité des femmes pour enfanter ainsi que la virilité et la puissance des hommes – et que nous sommes programmés pour trouver ces traits attractifs.</p>
<p>Les formes idéales des corps féminins et masculins ne font qu’accentuer les caractéristiques sexuelles stéréotypées : pour les femmes, des seins volumineux, des arrière-trains qui ne le sont pas moins, et des tailles fines ; pour les hommes, des torses larges et des biceps développés. Il y a eu des sociétés qui penchaient pour les formes opulentes, d’autres pour la minceur, mais il n’y en a jamais eu qui idéalisaient les corps sans formes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55521/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tim Olds ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Connaissez-vous l’index du sablier ? Il mesure la plénitude des formes du corps féminin, taille de guêpe et généreux postérieur. Ainsi définie, l’image du corps idéal n’en est pas moins variable.Tim Olds, Professor of Health Sciences, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.