tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/coaching-31135/articlescoaching – The Conversation2023-09-06T17:29:19Ztag:theconversation.com,2011:article/2126242023-09-06T17:29:19Z2023-09-06T17:29:19ZEn reconversion professionnelle ? Oui, il est utile de vous faire aider !<p>Depuis les années 1980 en France, on observe davantage d’instabilité et de <a href="https://hal.science/hal-02336253">discontinuités dans les parcours professionnels</a>. Outre les raisons économiques, ces ruptures interviennent de plus en plus lorsque les individus veulent reprendre le contrôle sur leur carrière en optant pour une reconversion.</p>
<p>Les mobilités professionnelles volontaires sont en effet fréquemment inspirées par <a href="https://theconversation.com/et-si-vous-profitiez-de-lete-pour-reflechir-au-sens-de-votre-travail-210914">l’insatisfaction quant au sens du travail</a>. D’ailleurs, quand les salariés dont le travail perd de son sens ne quittent pas leur emploi, ils connaissent une augmentation significative du nombre de jours d’absence pour maladie.</p>
<p>C’est notamment pourquoi, en 2009, la France se dotait d’une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000021312490">loi</a> relative à l’orientation et à la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/formation-professionnelle-26101">formation professionnelle</a> tout au long de la vie. Plus généralement, dans les mentalités, il apparaît que la <a href="https://theses.hal.science/tel-01280612">carrière incombe désormais à l’individu</a> plus qu’à l’organisation dans laquelle il évolue.</p>
<h2>L’adaptabilité, une capacité à activer</h2>
<p>Depuis les années 2010, on assiste ainsi en parallèle à une multiplication des acteurs de <a href="https://theconversation.com/le-coaching-en-entreprise-une-mode-des-paradoxes-168006">l’accompagnement professionnel</a>. Cette aide apparaît essentielle car les individus aujourd’hui ont besoin de cultiver une compétence qui ne leur a pas été transmise par leur scolarité ni par leur éducation : celle de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/j.2161-0045.1997.tb00469.x">l’adaptabilité</a>, qui regroupe un ensemble de ressources psychosociales qui permettent à l’individu de rebondir face à des situations imprévues ou complexes.</p>
<p>Ce dernier peut alors mobiliser une conscience forte qui l’amène à se préoccuper de ce qui l’intéresse le plus, il met en œuvre des stratégies pour connaître ses besoins et dévoiler ses aspirations profondes, il recourt à l’aide extérieure pour identifier des ressources, collecter de l’information, confronter des scénarios divers de son devenir et cultiver un sentiment de préférence entre ces scénarios. Il a aussi l’aptitude de se mobiliser entièrement dans la réalisation concrète de ce qui va servir son équilibre et lui assurer un échange harmonieux avec son environnement.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s'interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
<p><em><a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-entreprise-s-153/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a></em></p>
<p>Toutes ces capacités devront être mobilisables à chaque fois que la personne se trouve face à un choix à faire, à une solution à trouver pour préserver son bien-être en se donnant les moyens de répondre à ses aspirations.</p>
<h2>Confiance accrue</h2>
<p>Dans le cadre de nos recherches, nous avons pu établir que cette capacité est malléable chez les adultes. Autrement dit, même quand elle n’a pas été stimulée par le contexte socioculturel pendant les années de jeunesse, elle peut toujours être activée chez les adultes grâce à des interventions bien calibrées. Nous avons notamment mené une étude d’impact (à paraître dans la revue <em>Humain et Organisation</em>) d’un programme de formation conçu et proposé par la structure spécialisée dans l’accompagnement professionnel Primaveras (dont l’autrice de cet article est co-fondatrice et directrice pédagogique). Cette formation est conçue selon les principes de l’apprentissage <a href="http://www.fullerton.edu/cice/_resources/pdfs/sl_documents/ExperientialLearning--ExperienceAsTheSourceOfLearningandDevelopment.pdf">expérientiel</a>. Elle est proposée sous forme d’ateliers en présentiel et de séances d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/accompagnement-115550">accompagnement</a> en individuel. Les exercices et actions sont orientés vers la prise d’autonomie et le développement du pouvoir d’agir des participants.</p>
<p>Les participants qui entreprennent ce programme le font généralement à l’occasion d’un passage nébuleux dans leur vie professionnelle. Ils sont souvent diplômés de l’enseignement supérieur et ont pour la majorité d’entre eux une expérience professionnelle de plusieurs années. L’âge dans la population étudiée variait de 27 à 59 ans avec un âge moyen à 42 ans. Les participants sont souvent issus de parcours linéaires les ayant amenés à exercer des rôles de responsabilité, d’encadrement ou de production intellectuelle. Au moment de l’étude, 30 % d’entre eux étaient au chômage. Les autres occupaient un poste à temps plein.</p>
<p>Pour évaluer l’impact du programme des participants, nous avons utilisé le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0001879112000139?via=ihub">questionnaire « Career Adapt-Abilities Scale »</a> qui mesure l’adaptabilité de carrière à partir de quatre dimensions indépendantes : la conscience de l’importance de se préoccuper de son parcours, le sentiment de contrôle sur ses choix, la curiosité pour explorer ce qui est possible, et la confiance dans sa capacité à résoudre des situations nouvelles. Chaque dimension rassemble 6 items sous forme d’échelles en 5 points. Pour chaque item, le participant évalue avec quelle force la dimension en question est présente chez lui, allant de 1, « l’aptitude n’est pas une force », à 5 « c’est l’aptitude la plus forte ».</p>
<p><iframe id="kVrFL" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/kVrFL/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Sur une période de deux ans, au cours de laquelle la formation a pris place, le questionnaire a été soumis à une petite centaine d’individus à trois reprises, au début, au milieu et à la fin du programme de formation. La conclusion de l’analyse est limpide : les participants perçoivent globalement une nette augmentation de leur niveau de préoccupation de leur avenir, une augmentation de leur sentiment de contrôle sur ce qui peut leur arriver, une meilleure aisance à s’imaginer dans des contextes professionnels et de vie variés et à rechercher et intégrer des informations nouvelles sur leur environnement ou sur des évolutions possibles de leur situation.</p>
<p>Les participants perçoivent également une confiance accrue dans leur capacité à rebondir, à faire face aux aléas et à résoudre de nouveaux problèmes. Cette amélioration de leur niveau de conscience, de contrôle, de curiosité et de confiance est relevée dès le milieu du programme et se renforce jusqu’à sa fin.</p>
<h2>Plusieurs questions restent ouvertes</h2>
<p>Ce travail a donc permis de rendre objectifs des constats empiriques et des témoignages spontanés des participants au programme. Le plus souvent, ces constats sont documentés pour permettre un suivi de l’évolution des compétences des apprenants. Ils sont alors nombreux à prendre conscience de leur propre apprentissage au fil du programme grâce à ce suivi.</p>
<p>Il n’en reste pas moins que, d’un point de vue scientifique, de nombreuses questions restent ouvertes et permettent une suite d’investigation minutieuse. Parmi elles, la question de la pérennité des apprentissages. Car là aussi, nombreux sont les témoignages sur la permanence de l’activation de l’adaptabilité des anciens apprenants. Une étude quantitative permettrait d’apporter la démonstration scientifique de ce constat.</p>
<p>Une autre question intéressante du point de vue de la connaissance, c’est l’étude de l’impact précis des composantes du programme sur chacune des compétences. Cette connaissance apportera à l’ensemble des acteurs de ce domaine une meilleure visibilité sur les conditions d’efficacité d’une intervention d’accompagnement des choix professionnels.</p>
<p>Enfin, nous voyons également une perspective très ambitieuse à ce premier travail qui réside dans l’élucidation des conditions d’activation de l’adaptabilité. Ce sujet est bien plus vaste et mériterait d’être poursuivi en lançant l’étude de formats d’accompagnement variés avec des principes qui découleraient de cette première étude. En effet, parmi les hypothèses qui devraient être étudiées figure principalement celle qui stipule que la relation pédagogique a un impact fort sur l’activation des compétences. Nous voyons également une seconde hypothèse à vérifier : celle de la pertinence du choix de la pédagogie expérientielle comme mode d’accompagnement. Ces deux hypothèses feront l’objet d’études séparées pour isoler leurs effets.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212624/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Asma Ghaffari est co-fondatrice et directrice pédagogique de Primaveras.</span></em></p>La capacité d’adaptabilité aux situations nouvelles constitue une compétence qui se travaille et se développe.Asma Ghaffari, Fondatrice de Primaveras, l'école pragmatique pour l'éducation au choix professionnel, Maître de Conférences en Aide à la Décision, CentraleSupélec – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2013272023-04-24T10:29:27Z2023-04-24T10:29:27ZComment penser un accompagnement « durable » sur les inégalités de genre ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520211/original/file-20230411-16-2y20ky.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C363%2C2558%2C1493&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bien coacher implique de considérer les personnes accompagnées dans toutes leurs dimensions, ce qui n’est pas toujours le cas.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/4xe-yVFJCvw">Toa Heftiba / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Accompagner ses cadres, dans le privé ou le public, s’avère un enjeu majeur aujourd’hui pour les organisations prises dans de complexes évolutions sociétales, écologiques et géopolitiques. Pourtant, nombre d’organisations se limitent souvent à la mise en place de programmes sans mesurer leurs impacts ou avec une vision court-termiste et simpliste.</p>
<p>Au-delà de l’effet à chaud, ou effet « waouh », comment vérifier les manières dont un dispositif a été vécu et ses effets produits ? C’est dans une telle démarche à horizon temporel plus lointain qu’un programme de recherche a été mis en place pour suivre et évaluer le programme <a href="https://insp.gouv.fr/programme-talentueuses">« Talentueuses »</a> qui s’attelle aux défis de l’accompagnement de la réduction des inégalités entre hommes et femmes dans la haute fonction publique. Lancé en septembre 2021 par la ministre Amélie de Montchalin et repris par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, ce dispositif vise à soutenir les hautes fonctionnaires publiques dans leurs carrières, au travers de la combinaison de différentes pratiques comme le coaching, le mentorat, le co-développement et des séminaires ciblés.</p>
<p>Une recherche-action avec les équipes conceptrices et auprès des participantes a permis d’identifier des enseignements clés pour mettre en place un accompagnement durable, c’est-à-dire pour éviter les écueils et <a href="https://theconversation.com/coaching-en-entreprise-les-nouveaux-defis-dune-industrie-en-plein-boom-124934">dérives</a> de programmes d’accompagnement. Il s’agit alors de penser les conditions et modalités d’accompagnement que nous appelons « durables », c’est-à-dire qui visent à soutenir des évolutions ou transformations positives et de long terme pour les acteurs ciblés par ces programmes. Avec les concepteurs du programme Talentueuses, nous avons donc éclairé différents points de vigilance et sommes arrivés à plusieurs recommandations pour guider la conception de tels programmes d’accompagnement de publics discriminés.</p>
<h2>Éviter l’effet « discriminations bien intentionnées »</h2>
<p>Un premier enjeu est de concilier la prise en compte de caractéristiques (ici, être une femme) sans pour autant que cela n’enferme dans une catégorie, ne résume ou ne réduise une personne en niant les autres composantes de son expérience comme ses origines sociales, géographiques, ou sa religion. Une participante le formule ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Il faut trouver cette articulation entre ce qui relève d’une problématique commune et ce qui relève d’une problématique spécifique. »</p>
</blockquote>
<p>Des chercheurs, et notamment Laurence Romani, professeur à la <em>Stockholm School of Economics</em>, embrassent ce phénomène qui guette des programmes de lutte contre des publics discriminés à partir du concept de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1350508418812585">« discrimination bien intentionnée »</a>. Il désigne cet ensemble de mécanismes et effets contre-productifs de programmes qui visent pourtant à lutter contre les discriminations.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=734&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=734&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=734&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520497/original/file-20230412-18-kowfcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Laurence Romani, qui a théorisé le concept de « discrimination bien intentionnée ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Juliana Wiklund/Handelshögskolan i Stockholm</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aveuglés par le souhait de bien faire, des concepteurs pourraient être peu conscients de leurs propres biais et des limites de leurs approches et des pratiques mises en place.Par exemple, un programme monogenré, s’il crée un entre-soi propice à la sécurité affective et psychologique, peut aussi réduire l’analyse des explications causales à la dimension du genre, en niant d’autres caractéristiques.</p>
<p>Il peut aussi, en consignant l’expérience des femmes à celle de la femme, créer indirectement une pression de se conformer à une expérience similaire de genre vers le modèle de femme ambitieuse. Associer des chercheurs, c’est-à-dire des tiers qui proposent un pas de côté et une prise de recul scientifique, dans la conception ou l’évaluation de tels programmes, permet de développer la réflexivité des acteurs et réduire les risques de biais.</p>
<h2>L’accompagnement, pas qu’une « parenthèse enchantée »</h2>
<p>De même, aborder les problèmes uniquement sous l’angle de la confiance en soi, comme le font de nombreux programmes d’accompagnement, peut détourner d’une analyse plus structurelle et politique des questions, les problématiques de <a href="https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-03460215v1/document">plafond de verre</a> par exemple. C’est le constat dressé par Shani Orgad et Rosalind Gill, respectivement chercheuses à la <em>London School of Economics</em> et à la <em>City University London</em>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513971/original/file-20230307-121-6ppp05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Elles pointent du doigt les dérives psychologisantes de la <a href="https://www.dukeupress.edu/confidence-culture">« culture de la confiance »</a>. Celle-ci regroupe l’ensemble des normes d’attitudes et de comportements poussant à « croire en soi » et à « célébrer l’amour de soi ». On les retrouve au travers de hashtags bien établis à destination des femmes comme <em>#MotivationMonday</em>, <em>#WellnessWednesday</em>, et <em>#SelfLoveSunday</em>. L’injonction à ce travail sur soi, pour se muscler subjectivement, dissimule en fait des rapports de pouvoir et des structures inégalitaires qui expliquent pour partie les difficultés des femmes à accéder à certains postes prisés.</p>
<p>Certaines participantes du programme Talentueuses ont aussi été sensibles à cet écueil de « vendre du rêve », une « parenthèse enchantée » après laquelle :</p>
<blockquote>
<p>« On se retrouve très vite, de nouveau, le nez à la fois dans le guidon et face aux contradictions et à l’incapacité de bouger tout seul ou faire bouger le système ».</p>
</blockquote>
<h2>Avoir des accompagnateurs lucides</h2>
<p>Au travers d’un partenariat avec des chercheurs, les acteurs terrain peuvent mieux comprendre le contexte et obtenir un véritable diagnostic pour une lecture complexe et plurielle des enjeux. Il s’agit alors de faire bouger les personnes et leur système.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s’interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
<p><a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-entreprise-s-153/"><em>Abonnez-vous dès aujourd’hui</em></a></p>
<hr>
<p>Pour éviter ces biais, la <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/psychologie-generale/denouer-les-noeuds-sociopsychiques_9782738151414.php">sociologie clinique</a> fournit un cadre utile. Elle invite à croiser différents niveaux de lecture (individuel, relationnel, social), différentes dimensions de l’expérience (rationnelle, émotionnelle, morale) et de voir en quoi ces dimensions se chevauchent, se répondent, produisent des tensions et contradictions.</p>
<p>Intégrer la « durabilité » dans la conception d’un programme d’accompagnement des femmes revient par exemple à observer qu’il y a une injonction de la réussite « au féminin » dans un contexte institutionnel sous contraintes. Les accompagnateurs doivent avoir une certaine lucidité sur ce système dans lequel ils sont eux-mêmes pris. Comme nous le montrons, c’est comme cela que l’accompagnement peut véritablement s’avérer <a href="https://rfg.revuesonline.com/articles/lvrfg/abs/2023/01/rfg308.37-54/rfg308.37-54.html">émancipateur</a>. Et c’est le sens du travail de transformation durable en cours avec les concepteurs du programme « Talentueuses ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201327/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>La recherche-action menée par Pauline Fatien et Fabien Moreau sur le programme Talentueuses a bénéficié de soutien financiers de la part de la DIESE. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>La recherche-action menée par Pauline Fatien et Fabien Moreau sur le programme Talentueuses a bénéficié de soutien financiers de la part de la DIESE. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Antoni ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une recherche co-menée avec les concepteurs du programme « Talentueuses », qui vise à soutenir les hautes fonctionnaires, fait le point sur les bonnes pratiques, et les écueils à éviter.Pauline Fatien Diochon, Professeur Associé en Management, Grenoble École de Management (GEM)Anne Antoni, Enseignant-chercheur, Grenoble École de Management (GEM)Fabien Moreau, Docteur en Sciences de Gestion (Ressources Humaines), Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1680062021-09-19T18:42:29Z2021-09-19T18:42:29ZLe coaching en entreprise : une mode, des paradoxes<p>Recourir au coaching semble être un véritable phénomène de mode. Les entreprises, depuis une dizaine d’années, font de plus en plus appel à des coachs pour accompagner ses dirigeants, quelle que soit leur position dans la hiérarchie.</p>
<p>Désormais, dès que quelqu’un change de poste, prend une nouvelle fonction (un ingénieur qui devient manager par exemple), ou dès qu’il rencontre une difficulté dans son activité, on envisage un coaching.</p>
<p>Preuve de ce succès en chiffres, <a href="https://www.coachfederation.fr/">l’International Coaching Federation</a>, la plus ancienne fédération internationale de coachs professionnels, comptait 1 500 adhérents en 1999, 16 000 en 2011, et 42 700 en 2020, répartis dans 140 pays.</p>
<p>Pour certains critiques, cela serait la conséquence des <a href="https://journals.openedition.org/communicationorganisation/1029">souffrances qu’engendre la pression</a> à la performance du capitalisme. D’autres chercheurs pensent au contraire identifier un <a href="https://www.researchgate.net/publication/253963423_A_Theory_of_Team_Coaching">bon usage du coaching</a>.</p>
<p>Mais qu’est-ce que le coaching ? Nos récents <a href="http://annales.org/gc/2021/gc145/2021-09-04.pdf">travaux de recherche</a> explorent notamment le paradoxe suivant : en dépit des difficultés à définir le terme et à lui trouver un fondement théorique, la pratique s’avère extrêmement cadrée.</p>
<p>Les entretiens et les observations que nous avons menés nous invitent à le résoudre en considérant que le coaching se révèle être à la fois une relation d’aide qui unit le coach à la personne qu’il accompagne, et une relation marchande entre ce même coach et l’entreprise qui achète ses services. Ce qui n’est pas sans suggérer de nouvelles problématiques…</p>
<h2>Chacun sa référence</h2>
<p>Pour les chercheurs qui l’étudient, le coaching apparaît comme une <a href="https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2008-2-page-193.htm">pratique très hétérogène</a>, et difficile à définir. Un coach nous explique :</p>
<blockquote>
<p>« Le coaching, ça se définit de façon négative. Ce n’est pas de la thérapie, ce n’est pas de la formation, ce n’est pas du conseil. En même temps, c’est un peu tout ça. »</p>
</blockquote>
<p>Les sources dont la pratique peut se réclamer s’avèrent plurielles et elles n’ont souvent rien à voir entre elles. Socrate, Montaigne, Freud, mais aussi Jung, Eriksson, les groupes Ballint ou Lacan et même la Gestalt ou l’école de Palo Alto… Chaque professionnel semble avoir sa référence.</p>
<h2>Etablissement d’un contrat</h2>
<p>Une telle diversité d’inspirations devrait conduire à une pratique revêtant une multitude d’approches. Or, il n’en est rien. Cette pratique est au contraire extrêmement cadrée.</p>
<p>Ainsi, après s’être assuré que le coaché s’engage de son plein gré et non sur demande de sa hiérarchie, le parcours commence-t-il par le choix d’un coach par l’accompagné. Ce choix se fait après entretien avec le futur accompagnateur, sur la base de la confiance.</p>
<p>Il donne lieu à l’établissement d’un contrat. Un professionnel explique :</p>
<blockquote>
<p>« On définit au départ le pourquoi de la relation, pourquoi on va se rencontrer. Je fais définir par mon coaché ce qu’il attend. Il faut un engagement mutuel autour d’un contrat et une confiance. Contrat, engagement, confiance. »</p>
</blockquote>
<p>Le contrat prévoit aussi, en plus des objectifs à atteindre, la fin de la relation :</p>
<blockquote>
<p>« Je n’ai pas pour vocation de rester dans la vie des gens, même si j’adore recevoir des nouvelles. Cela fait partie de la posture saine de coach d’être là à un moment et de disparaître de la vie des gens. Ça participe de ce présupposé que la personne a toutes les ressources. »</p>
</blockquote>
<p>Le parcours se poursuit par un nombre de séances fixé au départ, avec des exercices entre chaque. Certaines se tiennent entre le coach et le salarié accompagné uniquement, certaines impliquent un représentant de l’entreprise. Ce dernier est notamment présent lors de la séance conclusive durant laquelle on évalue si les objectifs fixés lors de la première séance ont été atteints.</p>
<h2>Une condition pour être certifié</h2>
<p>Les codes de déontologie précis et stricts qui sont élaborés par les associations de professionnels participent également de l’encadrement de la pratique. Ils portent notamment sur la confidentialité des échanges. Le coaché reste en effet une personne à protéger. Par ailleurs, un même coach n’accompagne pas deux personnes unies par une relation hiérarchique.</p>
<p>Durant nos entretiens, plusieurs coachs ont ainsi souligné un souci éthique :</p>
<blockquote>
<p>« Lors de la rédaction du contrat, un coaché fixe un objectif : ‟Je veux que les gens fassent ce que je leur demande de faire". Là, j’ai refusé. L’objectif était manipulatoire. Il a réfléchi, et il a revu son objectif. On a finalement travaillé ensemble. »</p>
</blockquote>
<p>En raison des problèmes déontologiques qui peuvent se poser, des difficultés et impasses qui peuvent se produire dans la relation, un coach doit normalement être supervisé. Tous les coachs certifiés par une association le sont, et c’est d’ailleurs une condition de la certification.</p>
<h2>Le problème d’Akerlof et le coaching</h2>
<p>Comment comprendre que cette relation d’aide puisse être autant cadrée alors que ses fondements semblent si disparates ? Sans doute faut-il chercher du côté de la nature marchande de la relation.</p>
<p>On ne dispose pas de chiffres fiables, mais il est probable que 90 à 95 % du coaching se fasse sur demande d’une entreprise. Pour une firme, la question est : comment être sûr de faire appel à une prestation de qualité ?</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421325/original/file-20210915-15-sf4jm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les conclusions des travaux de l’économiste George Akerlof sur l’asymétrie d’information peuvent s’appliquer au cas du choix d’un coach.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est ici le problème classique de l’asymétrie d’information, soulevé dans les années 1970 par l’économiste <a href="https://www.economie.gouv.fr/facileco/georges-akerlof">George Akerlof</a>. Son exemple est le suivant : si j’achète un véhicule d’occasion, comment puis-je être sûr que le vendeur ne tente pas de m’arnaquer ? Il possède en effet des informations que je n’ai pas sur ce qu’il me cède. Idem pour l’entreprise qui s’octroie les services d’un coach : comment être sûr qu’il est vraiment bon ?</p>
<p>Le problème se pose d’autant plus dans notre cas que les échanges avec les salariés seront confidentiels, et que les professionnels sont de plus en plus nombreux à proposer leurs services.</p>
<h2>Cadrage décisif</h2>
<p>La question peut être ainsi reformulée : comment faire se rencontrer une offre et une demande autour d’un prix ? La relation marchande, pour simplement exister, a dû se structurer autour de trois éléments fondamentaux.</p>
<p>Le premier est la formation des coachs. Certaines écoles prestigieuses, à l’instar de HEC, proposent désormais des cursus spécialisés en la matière. Viennent ensuite la certification et, aussi et surtout, le cadrage de la relation.</p>
<p>Un coach explique pourquoi ce dernier élément se révèle particulièrement décisif :</p>
<blockquote>
<p>« On est dans un rapport tripartite, l’entreprise qui paie, le coach, et le coaché. Pour que les choses se déroulent bien, il faut poser un cadre pour que l’entreprise soit rassurée. »</p>
</blockquote>
<p>Ainsi comprend-on comment une pratique aussi difficile à définir peut se voir en même temps autant cadrée. Là n’est toutefois pas l’unique paradoxe autour de ce phénomène grandissant.</p>
<h2>Victime de son succès ?</h2>
<p>Deux évolutions se font en effet jour et pourraient bouleverser tant le marché tel qu’il s’est aujourd’hui structuré que la pratique elle-même. Il est ainsi loisible de se demander si le coaching ne va pas être victime de son succès.</p>
<p>Un professionnel nous explique la première d’entre elles :</p>
<blockquote>
<p>« Grand thème aujourd’hui : devenez un manager coach. Comme s’il n’y avait plus de relation hiérarchique… »</p>
</blockquote>
<p>Le dirigeant coacherait ainsi son équipe, davantage qu’il ne la dirige. Mais n’y aurait-il pas là une contradiction ? Par définition, le coaching est une relation non hiérarchique. Comment, dès lors, pourrait-elle se confondre avec une relation managériale ?</p>
<p>Lors d’un entretien, une seconde évolution, attendue et redoutée, a également été évoquée : celle de l’intelligence artificielle. Sa capacité à fournir de l’information en temps réel sur ce qui se passe dans la relation, à suggérer des questions, à permettre au coach de vérifier ou d’infirmer ses intuitions, à l’aider à réfléchir sur la manière dont il conduit une séance, pourrait bien aussi faire évoluer profondément les pratiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168006/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comment comprendre qu’une pratique si difficile à définir se voie pourtant strictement cadrée ? Derrière une relation d’aide, sans doute faut-il aussi considérer la présence d’un échange marchand…Magali Ayache, Maître de Conférences en Sciences de Gestion, CY Cergy Paris UniversitéHervé Dumez, Professeur, directeur du Centre de recherche en gestion et de l’Institut interdisciplinaire de l’innovation, président de la Société française de management, École polytechniqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1470822020-10-01T18:52:27Z2020-10-01T18:52:27ZCe que révèle la crise sanitaire de notre conception de l’enfant : regard de sociologue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361209/original/file-20201001-19-1nmzoxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C8%2C6000%2C3979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/vKuEhorbvYI">Alvin Mahmudov</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre du colloque <a href="https://lenval.org/wp-content/uploads/2020/09/Bulletin-dInscription-2-octobre-2020-ALTER-et-MGEN.pdf">« Interdisciplinarité et Psychotraumas - Penser la continuité dans le temps des pandémies »</a>, organisé par la Fédération Alter et la MGEN.</em></p>
<hr>
<p>La crise sanitaire que nous vivons actuellement est la première de cette ampleur et de cette durée à se produire dans un contexte où les témoignages, les récits d’expériences vécues sont à ce point l’objet d’une démocratisation, technologique notamment, et d’une valorisation collective. Désormais, chacun peut raconter « sa » pandémie, « son » confinement, autrement dit, son équation personnelle, qui n’est finalement jamais tout à fait comparable à celle de quelqu’un d’autre.</p>
<p>Dans un contexte où le témoignage se voit lui-même doté de vertus thérapeutiques, il est logique que l’on se penche sur ceux qui y ont un accès plus limité : les enfants. Les « petits » seraient-ils les « grands oubliés » de la gestion de la crise de la Covid-19 ? </p>
<p>Il ne s’agit pas ici de trancher quant à l’impact psychologique de l’épidémie en cours sur les plus jeunes, mais plutôt d’examiner, avec l’œil du sociologue, le vocabulaire employé pour traiter de cette question. Celui-ci est en effet révélateur de l’image que nous nous faisons de ce qu’est un enfant et du rôle de l’adulte.</p>
<h2>Traumatisme et résilience</h2>
<p>Dès le 19 mars, la <a href="https://www.larevuedupraticien.fr/article/confinement-des-enfants-un-vrai-traumatisme-ne-pas-negliger">revue du praticien</a> alertait : « Les mesures de confinement prises pour limiter la propagation du SARS-CoV-2 peuvent être un réel traumatisme pour les enfants ». Dans les premières semaines qui ont suivi ces mesures, plusieurs études ont été lancées en France afin de mesurer la survenue de potentiels stress post-traumatiques, mais aussi d’évaluer les capacités de résilience des enfants dans un tel contexte (<a href="https://m.facebook.com/chudetoulouse/photos/a.1390496611199431/2546852715563809/?type=3&source=57&__tn__=EH-R">E-coccon</a> à Toulouse ou ConfeAdo, lancée par le <a href="https://www.psychotrauma.fr/">Cn2r</a>).</p>
<p>À en croire le nombre impressionnant d’occurrences de ces termes dans des titres de presse relatant <a href="https://www.letemps.ch/opinions/ados-grands-oublies-cette-crise">les inquiétudes de professionnels</a> <a href="https://www.rtbf.be/info/opinions/detail_carte-blanche-de-plusieurs-pediatres-les-enfants-sont-les-oublies-du-deconfinement?id=10504760">à propos</a> <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/05/05/coronavirus-je-suis-inquiet-de-la-persistance-d-un-stress-chronique-chez-les-enfants_6038735_1650684.html">de la santé mentale des enfants</a>, une pièce dramatique continuerait de se jouer alors que l’attention restait principalement concentrée sur la santé physique de populations vulnérables. Ses deux actes : le traumatisme, et la résilience.</p>
<p>Trauma et résilience appartiennent au même langage. Définie par ses promoteurs comme la capacité à se développer positivement <a href="https://journals.openedition.org/sociologies/6633">« en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative »</a>, la résilience suppose d’avoir été préalablement traumatisé. </p>
<p>Néanmoins, dans le même geste que la psychologie positive et les neurosciences, la notion de résilience invite à changer de regard sur le trauma et celui qui le subit. D’agent de destruction, le trauma devient potentielle ressource. De victime passive et plaintive, la personne devient « survivant résilient ». Si elle ne peut rien faire <em>à</em> ce qui lui arrive, elle peut <em>en</em> faire quelque chose. Cette trame, socialement prestigieuse, du « trauma qui révèle » et de « la réussite contre toute attente », n’est pas propre à la résilience, elle s’inscrit au cœur de la logique du développement personnel et des conceptions actuelles de la santé mentale.</p>
<p>Mais quel est l’opérateur de cette transformation alchimique du handicap en atout ? Il s’agit du potentiel de ressources cachées, logé par hypothèse en chacun, et en particulier chez les enfants. </p>
<h2>La difficulté n’est plus une catastrophe</h2>
<p>Cet idéal s’exprime aujourd’hui souvent dans les termes des neurosciences et prend notamment forme dans l’étonnement toujours renouvelé pour le cerveau de l’enfant, qui se manifeste dans une impressionnante production audiovisuelle. </p>
<p>Parmi les exemples récents citons la série <em>Babies</em>, le documentaire « Demain l’école », le film « Le cerveau des enfants – un potentiel infini », la <a href="https://www.unicef.fr/contenu/espace-medias/fete-des-peres-lappel-de-lunicef">campagne « Super-papa »</a> d’Unicef-France pour « Développer le cerveau de votre bébé », ou encore les émissions de La maison des maternelles sur les merveilles du cerveau des enfants. En quelques mois, pas moins de 7 émissions y ont été consacrées, avec des intitulés évocateurs : « les bébés savants », « percer les mystères du cerveau des bébés », « l’incroyable cerveau des bébés », « le cerveau des bébés – un énorme potentiel », etc.</p>
<p>L’un des messages véhiculés est que, grâce notamment à la plasticité cérébrale, la difficulté n’est plus une catastrophe. Mieux : lorsqu’elle est productive, elle devient même la clé de l’apprentissage. La perspective universaliste et anti-déterministe qui sous-tend l’idéal du potentiel caché permet de ne pas lire les inégalités observables entre enfants de façon essentialiste, mais d’y voir le résultat de stimulations sous-optimales. </p>
<p>Ceci a une conséquence morale majeure : il est toujours possible de rattraper, au moins partiellement, un retard dans le développement d’un individu. Quitte à ce que cela donne lieu à des différences qui ne devront alors plus être comprises comme des handicaps, mais, par exemple, comme des styles cognitifs différents.</p>
<h2>Des représentations contradictoires ?</h2>
<p>D’un point de vue sociologique, le succès des grilles de lecture du trauma et de la résilience pour évaluer le bien-être/la santé mentale des enfants en ces temps particuliers est intéressante. </p>
<p>Elle fournit en effet une porte d’entrée pour comprendre ce qu’on met, aujourd’hui, derrière l’idée d’« être un enfant », doté de ce potentiel caché. Elle permet également de mettre en lumière ce qui est attendu d’un parent ou d’un professionnel à l’égard de l’enfant.</p>
<p>Même lorsqu’elles ne formulent pas explicitement de conseils, les façons de présenter l’enfant et ses capacités impliquent une vision de la façon dont il convient de traiter avec celui-ci. Or, ces représentations de l’enfant peuvent sembler véhiculer des idées apparemment contradictoires. </p>
<p>Ainsi, les enfants seraient des éponges (à émotions), mais pas des pages blanches. Ils « partent dans la vie avec des informations extrêmement organisées », selon Stanislas Dehaene dans <a href="https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/09/15/demain-l-ecole-une-histoire-de-classes_5355625_1655027.html">« Demain l’école »</a>, mais il est nécessaire d’entraîner une série de compétences essentielles, telles que l’auto-inhibition). Ils peuvent être traumatisés par l’adversité, mais celle-ci est en même temps indispensable à leur câblage neuronal. Ils sont tous différents, mais tous capables. Ils sont fragiles, mais solides.</p>
<p>Dans ce contexte, que signifie alors « éduquer » ou « aider » un enfant ? </p>
<h2>La montée en puissance d’une logique du <em>coaching</em></h2>
<p>Le rôle attendu de l’adulte, parent comme professionnel, est à lire en creux de ces hésitations entre un enfant qui est déjà cablé mais qui reste à activer, entre une capacité de résilience universelle, mais à « entraîner », comme le souligne Mathieu Ricard dans <a href="https://www.jupiter-films.com/film-cerveau-des-enfants-le-88.php">« Le cerveau des enfants »</a>. Entre l’impression que tout est déjà là et que tout est à construire. </p>
<p>L’adulte n’a certainement pas pour rôle de transmettre, contraindre, dicter ou forcer, car cela risquerait de compromettre le développement du potentiel créatif « toujours-déjà-là » de l’enfant. Sa responsabilité est au contraire d’offrir, d’une part, un environnement stimulant, permettant à l’enfant de s’impliquer et d’exercer ses capacités grâce à des difficultés transformées en <em>challenges</em>, l’invitant (sans jamais le forcer) à l’expression et à la connaissance de soi et de ses émotions, lui donnant l’occasion de profiter de <em>feedback</em> qui favorisent l’apprentissage. D’autre part, cet environnement doit être sécurisant et offrir une continuité, ce qui suppose d’abraser les côtés « ingérables » des difficultés pour les (tout-)petits, ainsi que de l’adversité et des incertitudes, en particulier sur le plan émotionnel.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/guides-sur-la-parentalite-une-infinie-course-au-bien-etre-142441">Guides sur la parentalité : une infinie course au bien-être ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Pour reprendre l’expression du psychanalyste britannique Donald Woods Winnicott, ce travail d’enveloppement et de stimulation pourrait s’apparenter à l’attitude d’un adulte « suffisamment bon ». Mais on peut faire une autre hypothèse : il témoigne, dans une société qui valorise l’autonomie sur la dépendance et l’activité sur la passivité, de la montée en puissance d’une logique du <em>coaching</em>, en particulier dans les champs de l’éducation, de la parentalité et des soins de santé mentale. Le succès des méthodes éducatives alternatives à partir des <a href="https://www.celinealvarez.org/">“lois naturelles de l’enfant”</a>, et le marché de la <a href="https://www.psychologies.com/Famille/Enfants/Epanouissement-de-l-enfant/Interviews/Nicolas-Marquis-L-enfant-est-devenu-un-capital-a-faire-fructifier">parentalité positive</a> en sont des indices.</p>
<p><a href="https://dailyscience.be/03/09/2019/le-coaching-ses-rites-et-ses-impacts-sous-la-loupe-du-pr-marquis/">Des recherches sont actuellement lancées</a> afin d’étudier comment, dans ces trois champs, le rapport vertical de transmission est aujourd’hui progressivement désavoué au profit d’une relation plus horizontale d’accompagnement <em>à partir de l’enfant</em>, jugée à la fois plus respectueuse moralement, et plus efficace sur le plan du développement de l’autonomie individuelle. Elles devront permettre d’éclairer ce que être enfant et devenir adulte dans <a href="https://journals.openedition.org/anthropologiesante/6059">une société du potentiel caché</a> veulent dire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147082/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Marquis a reçu des financements de l'European Research Council (ERC Starting Grant). </span></em></p>Le vocabulaire employé pour évaluer le bien-être ou la santé mentale des enfants en ces temps de pandémie est révélateur d’un certain esprit du temps, imprégné de la logique du coaching.Nicolas Marquis, Chargé de cours en sociologie, méthodologie et méthodes quantitatives à l'USL-B, co-directeur du CASPER, Université Saint-Louis - Bruxelles,, Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1447572020-08-24T19:09:15Z2020-08-24T19:09:15ZBonnes feuilles : « Le coaching scolaire : un marché de la réalisation de soi »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/353891/original/file-20200820-20-1ortqa7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C8%2C997%2C657&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La durée d'un accompagnement en coaching est beaucoup plus courte que celle d'une thérapie. </span> </figcaption></figure><p><em>Qu’est-ce que le coaching scolaire ? Pourquoi cette pratique émerge-t-elle et qui y a recours ? Telles sont les questions qu’explore Anne-Claudine Oller dans son livre <a href="https://www.puf.com/content/Le_coaching_scolaire_0">« Le coaching scolaire : un marché de la réalisation de soi »</a>, publié aux Presses universitaires de France en juin 2020. À l’heure où reviennent les crispations autour des résultats scolaires et les questions de choix d’orientation, nous vous en proposons un extrait.</em></p>
<hr>
<p>Pour revendiquer leur spécificité en matière d’accompagnement de la scolarité, les coachs cherchent logiquement à distinguer leur rôle de celui des autres acteurs qui entourent les enfants et les jeunes dans une optique éducative. Alors qu’ils s’appuient […] pleinement sur ces figures pour justifier leur expertise, ils présentent le principal atout du coaching comme résidant notamment dans le fait que le coach, tout en s’en approchant, n’est ni parent, ni enseignant, ni conseiller d’orientation psychologue, ni « psy ».</p>
<p>Ainsi, tout en mobilisant des outils issus de la psychologie comportementale dans le cadre de leur orientation dominante vers le développement personnel, les coachs cherchent à se distinguer de la figure du « psy » et des représentations négatives qu’en ont les parents et aussi les jeunes :</p>
<blockquote>
<p>Vendre un travail avec un psy à son ado, c’est quelque chose qui ne passe pas très bien. Ce qui est plus vendable entre guillemets, c’est « Écoute, si tu avais un coach pour t’aider… » Parce que le coach a une connotation peut-être un peu plus positive, ça fait peut-être moins peur, ça remet moins les choses en cause ! Le coach, il est dans l’action ! Il est moins dans le « pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » (Clara B.)</p>
</blockquote>
<p>Pour beaucoup de jeunes, en effet, consulter un psychologue ou un thérapeute fait prendre le risque de basculer objectivement, mais surtout par rapport au regard des autres, vers l’univers paramédical ou de la pathologie. En revanche, à la différence d’un médecin, d’un psychologue ou d’un thérapeute, on ne « consulte » pas un coach et y avoir recours implique seulement d’avoir besoin d’un « petit coup de pouce » :</p>
<blockquote>
<p>« J’avais un a priori vis-à-vis des psys. J’ai dit : « De toute façon, je ne veux pas aller voir de psy ! » Pour moi, je ne vais pas chez un psy, donc je ne suis pas complètement tarée ! » (Anaïs)</p>
</blockquote>
<h2>Accompagnement pratique</h2>
<p>La durée de l’accompagnement, plus courte que dans une thérapie « classique », ainsi que la dimension très pratique du coaching, car centrée sur la dimension comportementale du jeune, sont également considérées comme des atouts :</p>
<blockquote>
<p>« Les gens n’ont pas envie d’une thérapie, ils ont envie d’avoir quelque chose de concret, de rapide. » (Lucie M.)</p>
<p>« Je pense que la psychothérapie peut faire peur ! Souvent, on a un problème et on se dit : « Si je vais aller en psychothérapie, ça va être plus long ! Il ·ne va pas y avoir de l’effet avant x temps ! Je veux quelque chose qui fasse de l’effet plus rapidement. » Je pense que dans certaines situations, oui, on a envie que ça change rapidement ! Et donc on va moins en profondeur, mais il y a des réponses qui viennent plus vite ! » (Juliette A.)</p>
</blockquote>
<p>« Ne pas avoir l’étiquette de », c’est ce qui, aux yeux des jeunes et de leurs parents, fait toute la différence avec un psychologue, et participe à certains égards au développement du marché du coaching scolaire. C’est également ce qu’a relevé Scarlett Salman <a href="https://journals.openedition.org/travailemploi/6713">à propos des coachs en entreprise</a>, pour qui « se présenter comme coach permet […] d’échapper aux stéréotypes dévalorisants dont pâtit, au sein des entreprises, le titre de psychologue ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/353895/original/file-20200820-20-1rr20oh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/353895/original/file-20200820-20-1rr20oh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/353895/original/file-20200820-20-1rr20oh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/353895/original/file-20200820-20-1rr20oh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/353895/original/file-20200820-20-1rr20oh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/353895/original/file-20200820-20-1rr20oh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/353895/original/file-20200820-20-1rr20oh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pour les jeunes qui s’adressent à un coach, le fait que ce professionnel se démarque de l’univers paramédical est important.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour autant, l’ensemble des coachs scolaires que nous avons rencontrés (tout comme une partie de ceux étudiés par <a href="https://journals.openedition.org/travailemploi/6713">Scarlett Salman</a>) mentionnent leur attrait pour « l’accompagnement » et l’analyse de leurs propos met en exergue les liens ténus entre le conseil et la psychothérapie.</p>
<p>Ainsi, « le coaching peut être […] envisagé comme une manière d’exercer une pratique clinique sans pâtir d’une activité faiblement rémunérée et dévalorisée » – tout particulièrement pour les coachs en entreprise qui n’ont pas les mêmes revenus que les coachs scolaires, dont l’activité est plus récente et moins développée. « Le coaching sert alors de transition haut de gamme entre le conseil en ressources humaines et la psychothérapie […] » (Scarlett Salman, <a href="https://journals.openedition.org/travailemploi/6713"><em>Le temps des coachs ?</em></a>).</p>
<p>La proximité qu’entretiennent les coachs avec l’approche clinique tient non seulement aux outils mobilisés, mais aussi au fait que l’ensemble des coachs rencontrés « font un travail sur eux-mêmes » avec l’aide d’un psychologue, psychothérapeute ou psychanalyste.</p>
<p>Afin de pallier l’image de « gourou » qui peut être associée aux coachs dans les discours de sens commun, les écoles privées dans lesquelles les coachs ont été formés tentent d’asseoir leur légitimité en imposant aux futurs coachs de suivre une thérapie ou un autre accompagnement personnel, à l’instar des professionnels du champ de la psychologie.</p>
<p>Ainsi, « ces exigences d’un travail sur soi participent de la formation de l’identité professionnelle, de la “fabrication” du coach : c’est ce travail sur soi qui assure la transmission de “compétences” non directement rationalisables. Là encore, comme l’a montré <a href="https://journals.openedition.org/teth/694">Hughes</a> dans son étude sur les médecins (1958), plus que de compétences à transmettre, il s’agit bien de la “fabrication” d’une identité professionnelle indispensable à la constitution du métier de coach » (<a href="https://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux-2003-1-page-140.htm">Salman</a>).</p>
<h2>Profils d'apprentissage</h2>
<p>Les coachs scolaires cherchent également à se démarquer des enseignants, tant dans la posture qu’ils déclarent adopter que dans la nature de leur accompagnement. En effet, ils considèrent être dans une position « basse », présentée comme opposée à celle de l’enseignant, qui adopterait traditionnellement, selon eux, une position surplombante, de « sachant » :</p>
<blockquote>
<p>« La posture de coach n’est pas une position haute, de dire ce qu’il faut faire, mais une posture basse, c’est-à-dire d’aider la personne à avancer elle-même sur son chemin et à construire son propre processus de compréhension et de réponse à sa problématique. » (Florence P.)</p>
</blockquote>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/-SOyooezUgY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Reportage de 2017 dans les pas d’une coach scolaire (France 3 Bretagne).</span></figcaption>
</figure>
<p>Considérer ne pas savoir par avance ce qui va fonctionner et chercher à s’adapter à chaque jeune accompagné, principe communément partagé par les coachs scolaires, les conduisent à mobiliser notamment le concept de « profil d’apprentissage » développé par <a href="https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1981_num_57_1_2252_t1_0079_0000_1">Antoine de La Garanderie</a>. En s’opposant à la figure de l’enseignant, les coachs scolaires se mettent également à distance, du moins en apparence, de la compétition et de la pression scolaires incarnées par les notes, qu’ils jugent trop fortes, allant jusqu’à provoquer un mal-être scolaire chez les jeunes.</p>
<p>C’est pourtant ce mal-être qui constitue le terreau du coaching puisque c’est ce qui conduit les jeunes et leurs parents à se tourner vers un coach scolaire. Opposer ainsi la posture du coach à celle de l’enseignant est bien un moyen pour les coachs de se positionner sur ce que l’institution scolaire et ses membres ne font pas, et par là même de s’épanouir dans son ombre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144757/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Claudine Oller ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que les enjeux scolaires s’intensifient, une nouvelle forme d’accompagnement émerge en marge de l’école. Ni psychologues ni profs, que proposent vraiment ces coachs scolaires ?Anne-Claudine Oller, Maîtresse de conférences en sciences de l'éducation, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1269572019-11-18T19:55:30Z2019-11-18T19:55:30ZL’aspect psychologique, l’angle mort de l’accompagnement entrepreneurial<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301843/original/file-20191114-26229-knzfos.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C11%2C889%2C630&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La création d'entreprise implique une forte intensité opérationnelle et émotionnelle qu'il est important de ne pas gérer seul(e). </span> <span class="attribution"><span class="source">nd3000 / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Alors que les structures d’accompagnement éclosent <a href="https://www.maddyness.com/2019/09/16/futur-structures-accompagnement/">plus vite que les projets de création</a> sur le territoire français, l’importance de l’accompagnement des entrepreneurs et a fortiori d’un <a href="https://bpifrance-creation.fr/accompagnement-creation-entreprise">accompagnement adapté</a> n’est plus à démontrer. Ces dispositifs ont en effet un <a href="https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/aides-reseaux/10025981-accompagnement-conseil-seuls-39-des-chefs-d-entreprise-se-font-aider-35334.php">réel impact positif</a> sur les chances de réussite des entreprises créées.</p>
<p>Cet article reflète le questionnement sur l’accompagnement que nous avons pu avoir en tant que chercheure et accompagnante d’entrepreneurs. Nos observations sont basées notamment sur une <a href="https://www.theses.fr/2016STRAB008">recherche-action de plus de 3 ans</a> comprenant 75 interviews d’entrepreneurs et de structures d’accompagnement, une trentaine de témoignages et 130 entrepreneurs, hommes et femmes, accompagnés sur la période.</p>
<p>La question principale est la suivante : comment accompagner les entrepreneurs à travers les phases de changements, les montagnes russes opérationnelles et émotionnelles que génère la démarche entrepreneuriale ? Ce questionnement est d’autant plus d’actualité dans la mesure où nous évoluons aujourd’hui dans un monde <a href="https://cursus.edu/articles/28110/vuca-former-les-managers-a-lincertitude#.XcLU-tXjJPY">volatile, incertain, complexe et ambigu (VICA)</a>, et qu’il semble que la logique d’accompagnement basée sur un seul accès à l’information et à la formation soit dépassée depuis quelques années.</p>
<p>Bien que la notion de « monde VICA » <a href="https://philippesilberzahn.com/2017/05/29/organisation-et-son-environnement-probleme-avec-acronyme-vuca/">fasse débat</a>, elle illustre plutôt bien les challenges auxquels les managers et les entrepreneurs doivent faire face aujourd’hui en se basant sur la vision et la compréhension d’un <a href="https://www.ressources-et-pedagogie.com/monde-vica-limprobable-futur-emergent/">futur émergent</a>, plutôt que sur les anciennes manières de faire ; « old ways won’t open new doors ».</p>
<h2>Multiplicité des besoins d’accompagnement</h2>
<p>L’accompagnement est <a href="https://www.cairn.info/penser-l-accompagnement-adulte--9782130562115-page-251.htm">multiple</a> : il recouvre de nombreux acteurs et prend différentes formes – comme le mentorat, le conseil, le coaching ou encore l’<a href="https://www.researchgate.net/publication/319342707_An_understanding_of_peer_support_in_an_effectual_entrepreneurial_process_case_of_French_wine-entrepreneurs">accompagnement par les pairs</a> – chacune présentant des spécificités. Ces différentes formes d’accompagnement sont appliquées et étudiées en dehors du monde de l’entrepreneuriat : l’éducation et la formation, le travail social, le secteur de la santé, le monde du travail et en particulier la gestion des emplois et des compétences.</p>
<p>Différentes études appellent à ce que les pratiques d’accompagnement ne soient pas uniformisées, afin de pouvoir intégrer et répondre à la diversité des entrepreneurs, puisqu’ils présentent des profils singuliers, et donc des besoins particuliers. Les besoins <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00094470/">techniques et méthodologiques</a> sont traités par les structures et dispositifs existants, en se basant sur la <a href="https://www.maddyness.com/2019/02/19/maddybasics-5-cles-pour-bien-choisir-accompagnement-mentor/">phase de développement du projet</a>.</p>
<p>Mais l’accompagnement centré sur l’entrepreneur·e plutôt que sur le projet est parfois (souvent) oublié ou mis de côté, par manque de temps ou de ressources disponibles – alors qu’il est fondamental dans ces phases d’évolution, de changement et d’adaptation, inhérentes au processus entrepreneurial. Cela est d’autant plus vrai dans un environnement VICA. Certains dispositifs d’accompagnement éphémère privilégient <a href="https://theconversation.com/le-piege-du-pitch-124230">parfois la forme plutôt que le fond</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1182024661741256707"}"></div></p>
<p>Nous avons souvent entendu ce type de phrases prononcé par des entrepreneurs :</p>
<blockquote>
<p>« L’entrepreneuriat, c’est un choix de vie, ça bouleverse toutes les sphères ; ça change ton rapport au travail, à l’argent, aux vacances, etc. »</p>
</blockquote>
<p>Ou encore :</p>
<blockquote>
<p>« Tu te poses mille questions quand tu entreprends. Tu prends des décisions, tu es dans l’opérationnel et dans la vision stratégique. Tu es toujours dans l’évolution. Il faut donc être soutenu, dans les moments de doutes, dans ta réflexion, c’est hyper important. »</p>
</blockquote>
<p>Cela illustre bien l’enjeu de l’accompagnement de l’individu au-delà du projet, pour l’entrepreneur, mais également pour garantir la réalisation du plein potentiel de l’entreprise en création.</p>
<h2>Se centrer sur l’indidivu</h2>
<p>Dans la continuité de ces questionnements, nos recherches montrent que le besoin d’accompagnement est présent pour une grande majorité des porteurs de projets, mais l’intensité et surtout la nature de ce besoin varient. Afin de permettre une identification plus précise des besoins d’accompagnement et permettre une adaptation plus fine, nos travaux de recherche proposent de classifier la nature du besoin d’accompagnement à la lumière des apports du psycho-sociologue <a href="https://journals.openedition.org/osp/741">Albert Bandura</a>.</p>
<p>Selon lui, le fonctionnement humain peut se développer à travers 4 processus majeurs incluant le processus cognitif (ce qui se rapporte à la pensée), décisionnel (en lien avec la sélection et la construction de l’environnement dans lequel l’individu évolue), affectif (se rapportant aux émotions, aux sentiments) et motivationnel (en lien avec la motivation).</p>
<p>Après avoir identifié la nature du besoin d’accompagnement, nous avons décliné la forme, ou la combinaison de formes d’accompagnement pouvant y répondre – en nous basant sur l’analyse des résultats de nos observations et des entretiens menés :</p>
<ul>
<li><p>Besoin cognitif : formation et conseil</p></li>
<li><p>Besoin décisionnel : conseil et mentorat</p></li>
<li><p>Besoin affectif : mentorat ou accompagnement par les pairs et coaching</p></li>
<li><p>Besoin motivationnel : conseil et mentorat ou accompagnement par les pairs</p></li>
</ul>
<p>Ainsi, il est important que les pratiques d’accompagnement ne se centrent pas uniquement sur le projet de création ou sur les connaissances techniques à maîtriser, mais qu’elles prennent également en compte les caractéristiques propres aux individus accompagnés, et leurs besoins psychologiques fondamentaux.</p>
<h2>Une démarche contextualisée</h2>
<p>À titre d’exemple, nos travaux portent initialement sur l’<a href="https://www.cairn.info/revue-entreprendre-et-innover-2018-1-page-29.htm?contenu=resume">accompagnement des entrepreneures</a>. Bien qu’elles ne constituent pas une population homogène, il a été observé que les femmes évoluant dans des secteurs traditionnellement masculins présentent un sentiment d’auto-efficacité moins fort, et qu’elles entretiennent des croyances limitantes en lien avec une norme sociale perçue comme décourageante. Ces éléments vont influer sur l’intensité et la nature du besoin d’accompagnement dont nous parlons dans cet article.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1153164940422864896"}"></div></p>
<p>Dans ce contexte global marqué par de <a href="https://www.researchgate.net/publication/260288729_Vers_de_nouvelles_formes_d%27accompagnement">nouvelles exigences de personnalisation et de socialisation</a>, la création et l’étude de nouvelles formes d’accompagnement semble nécessaire. De même que l’exploration de la possibilité d’engager de nouveaux acteurs, afin de compléter et enrichir la palette des accompagnements disponibles pour pouvoir répondre à la diversité des attentes et des besoins des entrepreneurs accompagnés.</p>
<p>Cela invite à <a href="https://theconversation.com/entrepreneuriat-des-femmes-pourquoi-les-roles-modeles-sont-si-importants-120611">adopter une démarche globale et contextualisée</a> dans la manière d’aborder l’entrepreneuriat. D’autant plus que les changements à gérer sont et seront de plus en plus nombreux, et que managers comme entrepreneurs sont contraints d’apprendre <a href="https://www.ulaval.ca/les-etudes/mooc-formation-en-ligne-ouverte-a-tous/le-management-responsable.html">à être agiles et à s’adapter, de manière responsable</a>, pour pouvoir naviguer entre les contraintes, les opportunités et les paradoxes générés dans les sphères sociétale, économique et environnementale de notre monde VICA.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Ql2lnAxEYmo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation du MOOC « Management responsable » de l’Université Laval (2019).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/126957/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juliane Santoni accompagne des entrepreneurs et anime des ateliers/conférences dans différents programmes d'incubation et de mentorat, notamment pour l'Université d'Adelaide en Australie et le Mouves. </span></em></p>Porter un projet, ce n’est pas seulement maîtriser les outils et la méthodologie, c’est faire face aux montagnes russes opérationnelles et émotionnelles indissociables de la démarche entrepreneuriale.Juliane Santoni, Chercheure associée, spécialisée en Entrepreneuriat et Innovation, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1249342019-10-13T19:00:37Z2019-10-13T19:00:37ZCoaching en entreprise : les nouveaux défis d’une industrie en plein boom<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/296041/original/file-20191008-128644-1whfbla.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=397%2C3%2C1638%2C930&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le coaching représente aujourd'hui une industrie de plusieurs milliards d’euros. </span> <span class="attribution"><span class="source">Life and Times / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis les années 2000, le coaching a gagné ses lettres de noblesse en entreprise. Comment expliquer ce succès ? Une hypothèse que nous avançons est que cet engouement est lié au ton très positif de son discours : le coaching vous promet de voir la vie du bon côté, de transformer les obstacles en opportunités, les erreurs en sources d’apprentissage. En bref, le coaching met en valeur et vous fait paraître sous votre meilleur jour !</p>
<p>Pour comprendre cette connotation laudative, faisons un détour historique et revenons à ses racines étymologiques. Le mot « coach » est apparu au XV<sup>e</sup> siècle en Hongrie pour désigner un <a href="http://www.hpcoaching.be/hp-coaching-origine.htm">carrosse</a>, un véhicule qui offre un moyen de transport alternatif à la marche. Dès le début, il servait donc une élite qui avait les moyens de s’offrir ce service. Le coaching a une saveur de prestige, comme en témoigne son utilisation comme logo pour les marques de luxe (Hermès par exemple).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=358&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=358&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=358&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=450&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=450&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296039/original/file-20191008-128661-1cn2akt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=450&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Objectifs ambitieux</h2>
<p>Aujourd’hui, dans les entreprises, le coaching fait de grandes promesses, telles qu’une augmentation de l’estime de soi, des relations harmonieuses, un engagement renouvelé et l’on a envie de croire que cela s’appliquera à chaque individu et à chaque organisation.</p>
<p>Plus précisément, pour les individus, le coaching répond souvent à un besoin de développement individuel et de réalisation de soi. Il fait espérer l’atteinte d’objectifs ambitieux de développement aussi bien professionnel que personnel.</p>
<p>Au niveau organisationnel, il répond à un besoin de croissance continue et promet une efficacité accrue de l’entreprise et une performance organisationnelle améliorée. Sur le plan social, il aide à s’orienter dans l’océan de possibilités et apparaît parfois comme remplaçant le rôle d’institutions classiques (telles que la famille, la religion) dont le rôle a évolué.</p>
<p>En bref, ce discours attrayant et positif a fait du coaching, en quelques décennies à peine, une industrie de plusieurs milliards d’euros.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296036/original/file-20191008-128677-18j7umi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Extrait de l’étude ICF Global Coaching Study (2016).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.coachfederation.fr/images/Communiqués/US_-_2016_ICF_Global_Coaching_Summary.pdf">International coaching federation.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les défis d’une croissance rapide</h2>
<p>Cette croissance rapide du coaching présente cependant des inconvénients. C’est une pratique bien en avance sur la théorie qui est censée assurer ses soubassements, ses fondations, et ainsi contribuer à sa professionnalisation et sa légitimité. De plus, la recherche dans le domaine du coaching a été jusqu’à présent principalement descriptive et instrumentale, c’est-à-dire préoccupée par les processus, les outils et les résultats du coaching.</p>
<p>Bien qu’essentielle pour documenter comment et pourquoi le coaching fonctionne, cette recherche laisse souvent sous silence la complexité sous-jacente et certains enjeux cachés de cette pratique. La recherche que nous essayons de développer appartient à un corpus de littérature émergent qui adopte une perspective que nous qualifierons de plus critique.</p>
<p>Nous examinons des sujets sous-explorés dans le coaching, tels que les dynamiques de pouvoir, les agendas multiples et cachés, ainsi que les enjeux organisationnels, notamment politiques et éthiques, de son implémentation.</p>
<p>Plus concrètement, parmi les situations complexes que nous avons rencontrées dans notre recherche et qui questionnent les praticiens, citons par exemple l’organisation cliente qui a l’intention de licencier le coaché, et utilise le coaching comme une « excuse » pour mettre en évidence des lacunes dans la performance de ce dernier. On peut dire ici que les fonctions RH sont externalisées sur les épaules du coach.</p>
<p>Un autre exemple est l’entreprise qui déclare que le coaching a un but de développement mais qui tente en réalité de l’utiliser pour façonner l’identité et les comportements du coaché. Ici, le coaching apparaît comme un outil permettant de « réguler l’identité de l’employé » et éventuellement de l’aligner aux uniques intérêts de l’entreprise. Par conséquent, on ne peut parler que de « développement instrumenté », loin du « développement authentique » professé.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1120469442884972549"}"></div></p>
<p>D’autre part, le coaché pourrait également essayer d’utiliser le coaching à des fins autres que les objectifs de développement énoncés et convenus. Par exemple, une coaché qui utilise les séances de coaching payées par son entreprise pour préparer son départ vers un nouvel employeur. Même les coachs les plus expérimentés peuvent se retrouver dans de telles situations, malgré toutes les précautions de cadrage et de contractualisation. Les coachs se retrouvent alors confrontés à des dilemmes éthiques épineux, jusqu’à être coincés dans leur intervention de coaching, incertains du rôle qu’on leur fait jouer et de la ligne de conduite à suivre.</p>
<h2>Faire face à la complexité du coaching</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296405/original/file-20191010-188802-1vxjzr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Bien qu’il n’existe pas de solutions toutes faites pour appréhender cette complexité, quelques bonnes pratiques peuvent aider. Par exemple, reconnaître la complexité d’une intervention de coaching. Loin d’une solution miracle, le coaching doit s’intégrer dans un écosystème. Ici nous pensons en particulier à ceux qui achètent ou prescrivent du coaching. Par exemple, les DRH jouent un rôle déterminant dans la mise en place des conditions de succès du coaching. Nous recommandons de mettre en place une culture de coaching afin qu’une intervention fasse partie d’un système plus vaste, une palette de pratiques d’accompagnement, par opposition à une action isolée.</p>
<p>Si nous nous adressons aux coachs, nous pensons qu’il est utile d’adopter une approche critique et réflexive dans la pratique. Cela signifie prêter attention à des questions telles que : quels intérêts est-ce que je sers au cours de mon intervention ? Qui est mon principal bénéficiaire ? Quels sont mes positions personnelles et mon histoire par rapport sur à sujet particulier (comme le burn-out, le harcèlement, etc.) ? Y répondre aidera à se positionner dans le système client et être plus au clair avec le rôle que l’on souhaite y jouer.</p>
<hr>
<p><em>Cet article s’appuie sur le livre en anglais « Complex Situations in Coaching : A Critical Case-Based Approach » (Éditions Routledge), qui invite les chercheurs et les praticiens à engager un dialogue autour de situations classiques et complexes dans la pratique du coaching, mais souvent peu abordés : argent, pouvoir, violence, émotions, etc.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124934/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La recherche s’est pour le moment focalisée sur les processus et les résultats, passant généralement sous silence certains enjeux moins visibles de cette pratique.Dima Louis, Assistant Professor in People, Organizations, and Society department, Grenoble École de Management (GEM)Pauline Fatien Diochon, Professeur Associé en Management, SKEMA Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1147562019-04-22T20:43:11Z2019-04-22T20:43:11ZLe succès du coaching à l’épreuve du professionnalisme<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/268339/original/file-20190409-2918-7dyoeq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=28%2C26%2C970%2C634&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'essor du coaching vise à répondre au besoin de réflexivité des sociétés contemporaines.</span> <span class="attribution"><span class="source">Fizkes/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’émoi suscité par l’<a href="https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-17-novembre-2018">émission de France Inter</a>, diffusée en novembre 2018, sur « les dérives du coaching », met en exergue l’enjeu de la professionnalisation des coachs. Dans ce secteur en pleine expansion, la certification par les associations professionnelles (ICF, SF Coach…) ou écoles est un premier pas, mais elle n’est pas suffisante à la formation de professionnels compétents. Ceux-ci ont besoin de s’ouvrir à des approches leur permettant de mieux comprendre les contextes dans lesquels ils interviennent et d’instruire les dilemmes et tensions qui surgissent de leur pratique.</p>
<h2>Un management centré sur le psychique</h2>
<p>Le formidable <a href="https://lejournaldeleco.fr/news_abonnes/le-marche-du-coaching-personnel-en-plein-essor/#.XKxbnafpOL8">essor du marché</a> du coaching est à mettre en regard de l’appétence à la réflexivité des sociétés contemporaines. La réflexivité, c’est pouvoir réfléchir sur soi-même, se prendre comme objet d’analyse et de connaissance pour améliorer ou infléchir sa capacité à agir. Dans le monde du travail, la montée des incertitudes, des épreuves, des bifurcations et reconversions, active cette appétence à la réflexivité pour se (re)positionner et agir. Le coaching se présente comme un dispositif de réflexivité <em>pour autrui</em>, visant à soutenir et étayer cette demande sociale.</p>
<p>Pour autant, et c’est en cela que son expansion est paradoxale, le coaching court aussi le risque de participer à « l’obligation de réflexivité » qui caractérise un management centré non plus, comme dans le taylorisme, sur le contrôle et la discipline des corps, mais sur le psychique. Il s’agit à présent de mobiliser les subjectivités pour produire une adhésion des individus aux normes et valeurs organisationnelles.</p>
<p>Dès lors, trois critiques alimentent de manière récurrente les analyses sociologiques du coaching. La première met l’accent sur la <a href="https://socioeco.hypotheses.org/892">psychologisation des rapports de travail</a>, où les difficultés et problèmes sont lus sous un angle qui met uniquement l’accent sur la personnalité, au détriment d’une lecture plus organisationnelle. La seconde alerte sur l’<a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Les_managers_de_l__me-9782707156235.html">intériorisation des contraintes</a>, des normes d’efficacité et de performance à laquelle contribue le coaching. La dernière souligne la déconflictualisation des rapports de travail que produisent ces dispositifs, en évitant de questionner les pratiques managériales qui sont à la source des problèmes vécus dans le travail.</p>
<p>C’est ainsi que la réflexivité <em>pour soi</em> intervient comme une compétence nécessaire pour construire une posture de coach et développer la pratique professionnelle.</p>
<h2>La réflexivité comme compétence</h2>
<p>Les métiers à forte composante relationnelle (formation, éducation, santé, travail social, etc.) ont tous intégré, depuis une vingtaine d’années, la réflexivité comme compétence distinctive, dans leurs référentiels métier comme dans leurs dispositifs de formation.</p>
<p>Les professionnels des métiers relationnels sont toujours pris entre un mandat qui leur est confié par leur institution (l’école, l’hôpital, l’entreprise, etc.) et une demande qui est celle de la personne accompagnée. Cet entre-deux provoque inévitablement des décalages, des questionnements, des incertitudes, que la stricte application des savoirs acquis en formation ne peut résoudre. La compétence professionnelle tient à une capacité à s’ajuster en situation aux aléas, imprévus, évènements qui se déroulent, bref aux incertitudes de la relation, pour résoudre les problèmes pratiques qui surgissent. La compétence se joue aussi dans l’après-coup, dans une analyse rétrospective de l’action permettant d’identifier les savoirs professionnels implicites, tacites, cachés, que le professionnel a mobilisés en situation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268335/original/file-20190409-2931-mp3y75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268335/original/file-20190409-2931-mp3y75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268335/original/file-20190409-2931-mp3y75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268335/original/file-20190409-2931-mp3y75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268335/original/file-20190409-2931-mp3y75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268335/original/file-20190409-2931-mp3y75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268335/original/file-20190409-2931-mp3y75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans les métiers à forte composante relationnelle, la capacité à réfléchir sur soi-même est considérée comme une compétence à part entière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fizkes/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La professionnalisation du coaching et la limitation de certaines dérives passent par ce travail réflexif concernant différentes dimensions de la pratique. Les coachs gagneraient tout d’abord à <strong>décrypter les contextes d’organisations</strong> dans lesquels ils interviennent et à en reconstituer les logiques politiques, culturelles et systémiques. Cette opération de diagnostic pour soi invite à élargir les référentiels d’analyse mobilisés, pour leur permettre de traiter les questions suivantes : jusqu’où le diagnostic de la situation est-il pertinent ? Les problèmes désignés comme nécessitant un accompagnement par le mandataire sont-ils réellement purement individuels ? Si le problème est plus collectif ou institutionnel, que comprend-on de ses différentes dimensions ?</p>
<h2>Préserver la « bonne distance »</h2>
<p>La construction et le maintien au long cours d’une <strong>position de tiers</strong> invitent également à un questionnement spécifique. Il portera sur les relations dans lesquels le coach est pris et sur ses marges de manœuvre et d’action pour construire et maintenir un positionnement à équidistance de l’ensemble des acteurs. Ce travail réflexif démarre dès les premières rencontres au cours desquelles la commande est adressée au coach : au-delà de la commande telle qu’elle se présente initialement, que comprend-on des demandes sous-jacentes ? Quelles sont les attentes des uns et des autres à l’égard d’un coaching ? Ces demandes convergent-elles ? Et si ce n’est pas le cas, que faut-il faire ? Est-on en mesure de répondre à ces demandes, compte tenu de ce qu’on sait faire et de son éthique personnelle ? Quelles sont les marges de manœuvre et d’action pour proposer une reformulation de la commande initiale ?</p>
<p>La réflexivité peut conduire ainsi à développer une compétence d’analyse de la demande, centrale dans les pratiques d’intervention (l’ergonomie, la sociologie, la psychosociologie, etc.), qui ne s’inscrivent pas dans une stricte exécution de la commande du prescripteur, et considèrent que l’apport de l’intervenant réside dans sa capacité à questionner et reformuler les problèmes tels qu’ils se présentent initialement.</p>
<p>Cette analyse de la demande et des relations entre système-intervenant et système-client mérite d’être menée tout au long de l’intervention pour tenter de préserver ce qui pour soi est la « bonne distance » avec les différents acteurs et leurs enjeux. Elle suppose de se clarifier sur ses propres enjeux et son autonomie dans la situation : quelles sont les tentatives d’instrumentalisation dont on fait l’objet ? A-t-on l’autonomie hiérarchique et professionnelle suffisante pour les juguler ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268338/original/file-20190409-2909-1tz5nnm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268338/original/file-20190409-2909-1tz5nnm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268338/original/file-20190409-2909-1tz5nnm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268338/original/file-20190409-2909-1tz5nnm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268338/original/file-20190409-2909-1tz5nnm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268338/original/file-20190409-2909-1tz5nnm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268338/original/file-20190409-2909-1tz5nnm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’analyse des relations entre coach et coaché doit être menée tout au long de l’intervention.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Photographee.eu/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au-delà des aspects relationnels et de positionnement, le caractère tripartite de la relation de coaching invite enfin à se clarifier sur des <strong>dimensions éthiques et identitaires</strong> inhérentes à la pratique de l’intervention. La réflexivité peut ainsi porter sur deux dimensions au moins :</p>
<ul>
<li><p><em>La finalité et la visée sociopolitique de l’action</em> : pour qui le coach intervient-il (le prescripteur, le coaché, les deux) ? Pour quoi, c’est-à-dire au nom de quelle finalité ? Avec quelle visée sociopolitique (s’agit-il de restaurer des individus, de les soutenir dans leur émancipation, de les aider à s’adapter, à être plus performants, à atteindre des objectifs précis et mesurables, etc.) ? Est-elle partagée par les acteurs auprès desquels il intervient ? Faut-il alors ou non intervenir ?</p></li>
<li><p><em>L’éthique et la responsabilité personnelle</em> : quand il intervient, quels risques fait-il prendre à l’autre ? Que produit-il pour lui, avec lui ? Quelles conséquences de son action ? À quelles conditions peut-on intervenir sans nuire à autrui ?</p></li>
</ul>
<p>Le travail mené par les associations professionnelles pour produire des dispositifs formels (accréditations, certifications, labels, codes de déontologie…) visant à assurer la qualité des pratiques de coaching est une première manière de réguler le marché. Le développement du professionnalisme repose également sur la formation à des approches, comme la sociologie du travail et des organisations, permettant de dépasser des lectures trop psychologisantes des situations de travail et d’étayer sa pratique par une analyse des dilemmes qui structurent fondamentalement toute relation d’intervention.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114756/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Claude Hinault est membre de l'association SAFIR : Sociologues Associés pour la Formation, l'Intervention et la Recherche, qui propose des formations pour les coachs à la sociologie des organisations et des entreprises</span></em></p>La capacité à analyser les contextes dans lesquels ils interviennent permettra notamment aux coachs d’asseoir la légitimité d’une profession encore récente.Anne-Claude Hinault, Sociologue, Professeure associée, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1107262019-02-10T23:22:09Z2019-02-10T23:22:09ZLes sept défis de la mobilité internationale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/257472/original/file-20190206-174861-1nms94r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C10%2C980%2C655&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une expérience à l'étranger présente un certain nombre de risques qui peuvent compromettre son succès.</span> <span class="attribution"><span class="source">Zodiacphoto / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les entreprises multinationales et globales proposent fréquemment une expérience internationale à leurs gestionnaires talentueux, en mettant en avant des perspectives d’évolution de carrière. Pour ces entreprises, la mobilité internationale constitue un levier essentiel pour transmettre les valeurs de la firme et accompagner les acteurs locaux (filiales) dans le développement de leurs activités (transfert de compétences, expertises, contrôle des opérations, coordination).</p>
<p>Pourtant, en dépit d’avantages réciproques, la question de la mobilité internationale <a href="https://journals.openedition.org/formationemploi/3172">continue de diviser</a>, tant dans ses fondements que dans son impact réel sur la gestion de carrière des cadres ayant fait le choix de l’international. Une telle opportunité présente en effet un certain nombre de risques qui peuvent compromettre le succès de l’expérience.</p>
<p>Pour contourner ces obstacles et réussir cette expérience, nous avons identifié sept défis à relever pour tout collaborateur engagé dans une mobilité internationale, ainsi que les actions à prévoir pour chacune de ces dimensions. Voici les éléments de cette grille d’analyse.</p>
<p><strong>Variable contextuelle</strong></p>
<p>La première variable à prendre en compte est la variable contextuelle que l’on a trop souvent tendance à associer à la dimension culturelle (présentée ci-après), alors même qu’elle relève de caractéristiques distinctives. Cette variable se rapporte au contexte du pays d’accueil, au moment où le candidat à une mobilité internationale va y vivre et y travailler : stabilité/instabilité politique, niveau de richesse, conjoncture économique, moyens de transport et de communication, etc.</p>
<p><strong>Variable organisationnelle</strong></p>
<p>La variable organisationnelle s’intéresse quant à elle à la situation stratégique et managériale de l’entreprise et à ses liens avec le pays d’accueil (relation siège-filiales, collaborations antérieures, niveau de performance attendue, attentes du personnel local, etc.).</p>
<p>Sous-estimées, ces deux dimensions qui opèrent à différents niveaux peuvent fortement modifier la portée et la valeur d’une mobilité internationale, en pouvant annihiler les performances du candidat en proie à une situation potentiellement délicate. On voit par exemple que <a href="https://theconversation.com/chute-de-carlos-ghosn-les-raisons-de-la-colere-107536">« l’affaire Carlos Ghosn »</a> est en train de profondément changer la <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0600197953872-renault-nissan-ou-la-crise-des-nationalismes-2224001.php">gestion internationale des ressources humaines</a> du groupe Renault (réorganisation interne et changement d’affectations).</p>
<p>Ainsi, les variables contextuelle et organisationnelle demandent une analyse méthodique et précise de la situation du pays et des relations siège-filiale. Dans ce domaine, une plus forte sensibilisation aux risques constitue le meilleur moyen d’établir un <a href="https://promettreenentreprise.wordpress.com/2016/01/19/la-notion-de-contrat-psychologique/">contrat psychologique</a> fiable entre l’employeur et son salarié (c’est-à-dire fondé sur les attentes implicites des deux parties), notamment en ce qui concerne les questions de sécurité et de protection sociale (couverture retraite, santé, prévoyance). Elle doit également donner lieu à une veille sur les caractéristiques du pays (géographie, histoire, contexte politique, conditions de travail et de vie, modes de vie, etc.), ainsi qu’à une analyse du rôle de la filiale dans la stratégie du groupe. Dans cette optique, des études et des visites sur site avant affectation peuvent se révéler efficaces.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/257475/original/file-20190206-174883-m9fgms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/257475/original/file-20190206-174883-m9fgms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/257475/original/file-20190206-174883-m9fgms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/257475/original/file-20190206-174883-m9fgms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/257475/original/file-20190206-174883-m9fgms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/257475/original/file-20190206-174883-m9fgms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/257475/original/file-20190206-174883-m9fgms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les candidats à la mobilité doivent être sensibilisés aux risques à gérer dans le pays d’accueil.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Halfpoint/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>Variable personnelle</strong></p>
<p>Le troisième défi à relever concerne la variable personnelle, c’est-à-dire les caractéristiques physiques et mentales d’une personne, qu’il s’agisse de sa personnalité (écoute, empathie, aisance relationnelle), de ses qualités physiques (énergie, résistance, santé), de ses attentes (réalisations, reconnaissance) ou de ses dispositions psychologiques (peur, angoisse, inhibitions), qui, si elles sont mal évaluées, peuvent transformer une opportunité en déconvenue. Il serait par exemple périlleux d’envoyer un collaborateur sujet au stress dans une zone à risques pour cause de révolution, d’attentats ou d’épidémies.</p>
<p><strong>Variable expérientielle</strong></p>
<p>La quatrième variable, expérientielle (histoire et vécu de l’individu), revient à apprécier de quelle manière les expériences du candidat peuvent éclairer sur sa capacité à s’adapter et à agir dans le cas d’une mobilité internationale.</p>
<p>La variable expérientielle peut ici être analysée à deux niveaux : d’abord sur un plan général, en étudiant le comportement de la personne dans certaines situations critiques (rapport aux risques, tolérance à l’incertitude, relation à la complexité, etc.) ; puis sur un plan plus spécifique, en lien avec le pays concerné (expérience antérieure, connaissance du pays, degré de proximité).</p>
<p>Concernant les variables personnelle et expérientielle, au-delà des formations classiques, le recours au coaching personnel (à distance ou en présentiel) peut être une solution pertinente en termes de suivi et d’accompagnement. De même, le mentoring, en tant qu’intervention d’un prédécesseur pouvant rendre compte de son vécu, de son expérience, de ses difficultés et mieux ressentir les appréhensions ou problèmes du candidat, peut s’avérer fort utile. Le coaching et le mentoring peuvent également être une aide précieuse pour sensibiliser le candidat à la « gestion du retour », facteur fréquent d’insatisfaction.</p>
<p><strong>Variable familiale</strong></p>
<p>La variable familiale est directement associée à la sphère intime du candidat (situation maritale, enfants, carrière du conjoint, soutien psychologique de l’entourage). Elle constitue un enjeu essentiel, qui a fait l’objet d’une attention accrue ces dernières années, face au défi des couples à double carrière (où chacun des conjoints souhaite mener une carrière prometteuse). La variable familiale pose aussi la question cruciale du logement, des soins de santé et d’éducation des enfants qui, en fonction du pays, peuvent s’avérer un problème.</p>
<p>Cette dimension doit donc être traitée avec le plus grand soin, en mettant en place une assistance logistique et administrative au service du collaborateur et de sa famille (agence de relocation, mise en relation avec des organismes et associations, démarches d’inscription, etc.), à l’instar de ce que pratique par exemple l’<a href="https://www.myrhline.com/actualite-rh/quels-outils-rh-pour-preparer-ses-equipes-a-la-mobilite-internationale.html">enseigne Leroy Merlin</a>.</p>
<p><strong>Variable culturelle</strong></p>
<p>Une autre variable sur laquelle nombre d’experts insistent à juste titre est la dimension culturelle. En effet, comme l’ont montré des chercheurs éminents (à l’instar d’<a href="https://www.hofstede-insights.com/product/compare-countries/">Hofstede</a> ou de <a href="https://www.mindtools.com/pages/article/seven-dimensions.htm">Trompenaars</a>), elle témoigne de la difficulté pour tout nouvel arrivant à s’adapter à une nouvelle culture, que cela soit pour des raisons de représentation du monde (rapport au temps et à l’espace), de traditions, de modes de vie, de pratiques religieuses, de relation à la société (distance hiérarchique, système de valeur, relation à l’autre).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/257474/original/file-20190206-174873-15o13v1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/257474/original/file-20190206-174873-15o13v1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/257474/original/file-20190206-174873-15o13v1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/257474/original/file-20190206-174873-15o13v1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/257474/original/file-20190206-174873-15o13v1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/257474/original/file-20190206-174873-15o13v1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/257474/original/file-20190206-174873-15o13v1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Certaines expériences demandent de se conformer à codes de communication bien particuliers.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Imtmphoto/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>Variable linguistique</strong></p>
<p>La variable culturelle doit être enrichie et complétée par une septième variable qui mérite d’être étudiée en tant que telle : la variable linguistique. Là encore, ce serait une erreur de confondre ces variables qui renvoient fondamentalement à des logiques et à des considérations différentes. Alors que la variable culturelle permet d’étudier les proximités en termes de croyances, de valeurs et de comportements, la variable linguistique va davantage apprécier la capacité du candidat à maîtriser les subtilités d’une communication au quotidien (humour, connotations, ironie, références historiques ou cinématographiques), qui va bien au-delà du simple langage (idiomes, expressions, intonations, accents, choix des mots, etc.) et favorise l’intégration du collaborateur.</p>
<p>En ce qui concerne ces questions culturelles et linguistiques, la mise en place de formations sous forme de simulation/mise en situation, sont particulièrement importante, pour dépasser la barrière de la langue et faire face au choc culturel. Ces formations peuvent à la fois s’opérer en amont mais également pendant la mobilité (formations séquentielles), afin de véritablement accompagner les cadres dans leurs missions.</p>
<p>Il existe donc des solutions face aux sept grandes difficultés que peut rencontrer un candidat à la mobilité internationale. Des difficultés qu’il s’agit de considérer dans leur ensemble. En effet, l’agrégation en elle-même de ces défis constitue un obstacle de taille à une mobilité internationale, et la difficulté majeure reste sans doute avant tout le caractère multidimensionnel de ces politiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/110726/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Meier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cet article récapitule les sept principales difficultés que peut rencontrer un cadre engagé dans une mobilité internationale, ainsi que les actions à prévoir pour les surmonter.Olivier Meier, PROFESSEUR DES UNIVERSITES, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1056282018-11-07T21:47:34Z2018-11-07T21:47:34ZRalentir… ou trouver son rythme ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/243868/original/file-20181105-83638-1sqz71h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=54%2C90%2C5466%2C3890&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De nombreux Français estiment manquer de temps pour faire tout ce qu’ils voudraient dans une journée. </span> <span class="attribution"><span class="source">Thanakorn_pae / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article se fonde sur une recherche publiée dans la revue <a href="http://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0767370118768649">« Recherche et Applications en Marketing »</a> répertoriant et synthétisant les travaux de chercheurs en marketing depuis 25 ans sur le rapport au temps et son influence sur les comportements de consommation.</em></p>
<hr>
<p>« Arrêtez le <em>multitasking</em> pour être plus productif », « Ralentir pour réussir », tels sont les titres accrocheurs des <a href="http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Comportement/Articles-et-Dossiers/Comment-ralentir/Le-jour-ou-j-ai-decelere">magazines</a>, des programmes des organismes de formation, des coachs en développement personnel ou encore des bloggeurs/<a href="https://www.youtube.com/watch?v=c0cz8SDZ6Ac">youtubeurs</a> qui nous proposent de nous apprendre à mieux gérer notre temps, pour retrouver une certaine sérénité dans notre vie quotidienne.</p>
<p>Certes, certaines statistiques mettent en évidence un besoin de conseils en matière de gestion du temps : dans une enquête réalisée début 2018, <a href="http://harris-interactive.fr/opinion_polls/les-francais-et-leur-rapport-au-temps/">Harris Interactive</a> indique que 53 % des Français déclarent qu’ils aimeraient ralentir leur rythme de vie. Cette aspiration se heurte au fait que 65 % d’entre eux estiment manquer souvent de temps pour faire tout ce qu’ils voudraient dans une journée. Aussi, cette tendance à la <em>slow life</em> (ralentissement du rythme de vie) et à éviter le <em>multitasking</em> (ne pas faire plusieurs choses à la fois) semble se dresser comme une offensive à la société où tout s’accélère, telle que décrite par le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa en 2010 dans son ouvrage <a href="https://www.scienceshumaines.com/acceleration_fr_26169.html"><em>Accélération. Une critique sociale du temps</em></a>. Mais devons-nous tous ralentir ?</p>
<h2>Connais-toi toi-même</h2>
<p>Tout comme l’éloge de la rapidité, celui de la lenteur part d’une d’une injonction basique de type : <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/des-idees-pour-demain/des-idees-pour-demain-14-juillet-2018">« tout le monde devrait ralentir »</a> ! Dans la société actuelle, tout est fait pour que nous allions plus vite (des moyens de transport en passant par le débit Internet ou plus récemment les assistants virtuels, etc.). De plus en plus connectés, sollicités, nous voyons les tâches se succéder rapidement, sans avoir le temps de répondre à toutes les sollicitations. Faut-il alors tous ralentir ? Peut-on vraiment se le permettre ?</p>
<p>Cette injonction au ralentissement néglige un point essentiel : l’aspect individuel de notre rapport au temps. Nous ne sommes pas tous égaux face au temps qui passe et son ressenti : certains aiment faire plusieurs choses à la fois, pourquoi les en empêcher ? Certains n’aiment pas planifier leurs activités, pourquoi les forcer ? Certains aiment aller vite, pourquoi les forcer à ralentir ?</p>
<p>Face à toutes ces tendances antagonistes, d’un <em>multitasking</em> encensé puis décrié, d’une accélération à une <em>slow life</em>, il apparaît normal d’être perdu. C’est tout simplement parce que le rapport au temps est complexe, pas uniquement lié à la société mais également à l’individu lui-même et aux situations qu’il est amené à vivre. Autrement dit, chacun a son propre rapport au temps : mieux vaut se connaître plutôt que succomber à des modes qui ne nous correspondent pas (ex : la « slow life » pour quelqu’un aimant être pressé, le multitasking pour quelqu’un aimant faire qu’une chose à la fois).</p>
<h2>Test : êtes-vous polychronique ?</h2>
<p>Quel est votre rapport au temps qui passe ? Êtes-vous plutôt orienté vers le futur, le passé ? Aimez-vous faire plusieurs choses en même temps ? Parce que le rapport individuel de chacun au temps qui passe influence le comportement, les chercheurs en sciences de gestion ont développé des échelles mesurant ce rapport individuel au temps.</p>
<p>Ainsi, pour savoir si vous ne devez faire qu’une chose à la fois, ou plusieurs tâches en même temps, vous pouvez tout simplement vous poser la question de ce que vous aimez, c’est-à-dire dans ce cas, d’évaluer votre degré de polychronicité. Pour ce faire, rien de plus simple, il suffit d’indiquer votre degré d’accord avec chacune des phrases suivantes sur une échelle de 1 (pas du tout d’accord) à 5 (tout à fait d’accord) :</p>
<hr>
<ul>
<li><p>Je préfère travailler sur plusieurs projets chaque jour, plutôt qu’en finir un seul puis passer au suivant.</p></li>
<li><p>Quand j’ai plusieurs missions, j’aime passer de l’une à l’autre plutôt que d’en réaliser une à la fois.</p></li>
<li><p>Je m’implique bien plus dans ce que je fais si je peux basculer entre diverses tâches.</p></li>
<li><p>Je préfère travailler sur plusieurs projets que de concentrer mes efforts sur un seul.</p></li>
<li><p>Lorsque je dois terminer une tâche, j’aime bien le faire en alternant avec d’autres tâches</p></li>
</ul>
<p>(<em>Test adapté de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08959285.2010.487843">Multitasking Preference Inventory</a> de Popowski et Oswald (2010)</em>)</p>
<hr>
<p>Plus votre score est élevé, plus vous vous retrouvez dans les phrases présentées et donc plus vous êtes ce que l’on appelle un polychronique. C’est-à-dire que vous prenez plaisir à être multitâches. C’est votre nature profonde, indépendamment des circonstances. Dans ce cas, vous avez tout intérêt à choisir un mode d’action multitâche. Inversement, si majoritairement vous n’êtes pas d’accord avec ces phrases, vous devriez vous concentrer sur une tâche à la fois, car vous êtes un monochronique.</p>
<p>Notre rapport au temps est personnel mais également multifacettes. Les exemples concernant la notion de ralentissement, de <em>multitasking</em>, de planification des activités sont aujourd’hui ceux qui posent le plus question dans notre vie quotidienne. Or, ils ne constituent qu’une partie de notre rapport au temps individuel.</p>
<h2>Un rapport au temps qui dicte nos comportements</h2>
<p>En 2018, nous avons cherché à effectuer un <a href="http://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0767370118768649">tour d’horizon</a> des multiples facettes de notre rapport au temps. Il en ressort que bon nombre de nos comportements sont dictés par notre rapport individuel au temps qui passe de manière générale, ou spécifiquement au passé, au présent ou au futur.</p>
<p>Par exemple, donner de son temps à autrui (bénévolat) une fois à la retraite, dépendrait de la manière dont on perçoit le temps restant à vivre lorsque l’on vieillit. Il en va de même pour l’achat de produits d’épargne, impliquant nécessairement une projection dans le futur, lorsque nous viendrons à disparaître et qu’il faudra ainsi transmettre un patrimoine. Concernant le temps présent, aimer faire deux choses en même temps (la polychronie), ou encore se sentir stimulé par le fait d’être pressé (ou inversement, détester être pressé) aura un impact sur le choix d’un format de magasin pour les courses alimentaires.</p>
<p>De nombreux choix de notre quotidien sont, bien souvent inconsciemment, dictés par notre rapport au temps individuel, par ces « traits de personnalité liés au temps » que nous venons d’évoquer. Ils sont ancrés plus ou moins profondément en nous. Ainsi, certaines tendances en matière de gestion du temps peuvent aller à l’encontre de notre personnalité ! D’où nos difficultés à suivre certains conseils : chassez le naturel, il revient au galop !</p>
<h2>Les effets du temps d’attente</h2>
<p>Parallèlement, la perception d’une durée qui s’écoule varie également selon le contexte et l’activité dans lesquels l’individu se trouve. Le plus souvent, elle n’a rien à voir avec la durée réellement écoulée. Schématiquement, le temps inoccupé paraît plus long. Pensez par exemple au temps d’attente en caisse. La musique, les couleurs, la présentation de l’information (exemple : temps d’attente estimé), influencent également grandement la durée perçue. Enfin, les activités complexes ou nouvelles entraînent une surestimation du temps pour les effectuer.</p>
<p>Mais là encore, il est difficile de généraliser les effets de ce temps d’attente, car tout est fonction de notre rapport individuel au temps. Dans la file d’attente d’une caisse de supermarché, ceux qui aiment planifier leurs tâches s’impatienteront peut-être, au vu du retard pris dans leur <em>to-do list</em> du jour (liste de tâches à faire), tandis que les polychroniques, adeptes du <em>multitasking</em>, en profiteront peut-être pour répondre à leurs e-mails !</p>
<p>Alors, que faire ? Ralentir ? Faire plusieurs choses en même temps ? Accélérer ? Finalement, dans la société moderne qui nous propose de ralentir à tous prix, c’est sans doute plus l’adéquation entre son temps individuel et son comportement qui est la source de la satisfaction.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105628/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’injonction au ralentissement néglige un point essentiel : l’aspect individuel de notre rapport au temps. Et vous, êtes-vous polychronique ou monochronique ? Faites le test !Andréa Gourmelen, Maître de conférences en sciences de gestion (marketing), Université de MontpellierJeanne Lallement, Maitre de conférences en Sciences de Gestion (Marketing), Vice présidente Université La Rochelle, La Rochelle UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/936832018-04-05T20:23:20Z2018-04-05T20:23:20ZLa philosophie contre l’entreprise ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/213446/original/file-20180405-189821-ki35pt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C42%2C2564%2C1664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">A l’instar de la chouette de Minerve évoquée par Hegel, qui ne prend son vol qu’«&nbsp;au début du crépuscule&nbsp;», la philosophie vient-elle «&nbsp;toujours trop tard&nbsp;» pour être utile à l’entreprise&nbsp;?
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/dk27_eMaoPk">Mathew Schwartz/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>La philosophie et l’entreprise n’ont, <em>a priori</em>, pas grand-chose en commun. L’image d’Épinal du philosophe le dépeint solitaire. La tête entre les mains, cloîtré dans sa chambre ou errant par les chemins creux et sauvages, il pense, songe, médite… L’entrepreneur – mais aussi le manager ou le simple salarié –, au contraire, n’a pas de temps à perdre avec le doute, fût-il méthodique. Il est là pour bosser, lui. Décider et agir. Contrairement au philosophe, qui serait déconnecté d’un réel complexe et chaotique, il se frotte au concret, il connaît les organisations…</p>
<h2>La philosophie en prise avec le monde de l’entreprise ?</h2>
<p>Plusieurs voix se sont pourtant déjà élevées pour affirmer que la philosophie peut être bénéfique à l’entreprise. Ce sont, parmi d’autres, celle de Ghislain Deslandes, qui prend acte de cet apparent éloignement de la philosophie et du management, avant de les rapprocher en un <a href="https://theconversation.com/philosophie-et-management-un-couple-fecond-56580">« couple fécond »</a>, celles d’Isabelle Barth et Yann-Hervé Martin dans leur ouvrage <a href="https://www.le-passeur-editeur.com/les-livres/essais/la-manager-et-le-philosophe/"><em>La manager et le philosophe</em></a>, celles d’<a href="http://thae.fr/">agences spécialisées</a> ou de consultants philosophes ou encore celle de la <a href="http://spsg.fr/">Société de philosophie des sciences de gestion</a>.</p>
<p>La philosophie peut être en prise avec l’entreprise donc. Soit, mais comment ? Quel est l’intérêt de la philosophie pour l’entreprise (ou de l’entreprise pour la philosophie) ? Il n’y a pas de réponse consensuelle à cette question. Normal, pourrait-on dire : les philosophes détestent le consensus. Il nous semble cependant que trois grandes logiques (parfois entremêlées) sous-tendent ces tentatives de rapprochement : le « <em>coaching</em> philo », la philosophie « savante » et la philosophie critique. Des logiques qui ne sont pas toutes encouragées ou simplement tolérées en entreprise, loin s’en faut…</p>
<h2>La <em>philo</em> comme outil de développement personnel (et marketing)</h2>
<p>D’un côté, la philosophie vulgarisée se vend bien, comme en témoigne notamment le succès rencontré par les « cafés philos ». De l’autre, les salariés, nous dit-on, <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/23/travail-ce-que-veulent-les-francais_1633134_3234.html">réclament du sens</a>. Faisons donc d’une pierre deux coups : voici inventé le « <em>coaching</em> philo », qui met à contribution les grands philosophes ! Salariés, managers et PDG sont invités à se faire <em>coacher</em>, qui par Spinoza, qui par Socrate ou Montaigne. Si ces démarches peuvent être critiquables, comme toute démarche de <a href="http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Les_managers_de_l__me-9782707156235.html">développement personnel</a>, elles peuvent sans doute aussi avoir leur intérêt et leur utilité. La <em>philo</em> cependant, est-ce encore de la philosophie ?</p>
<h2>La philosophie « savante » : l’entreprise passée au crible</h2>
<p>A l’autre bout du spectre, la philosophie savante est celle du spécialiste, celui qui a fait des études de philosophie, connaît ses auteurs, ses écoles, maîtrise son vocabulaire. Il entend passer l’entreprise au crible de l’analyse philosophique, l’interroger à l’aune de grands systèmes de pensée afin de renouveler sa compréhension. Sont ainsi convoqués les philosophes qui ont pensé l’économie politique et/ou le libéralisme, comme Aristote, Jean‑Jacques Rousseau, Adam Smith, John Stuart Mill, ou encore Hannah Arendt, Jürgen Habermas, Michel Foucault, Amartya Sen, Iris Marion Young (pour n’en citer que quelques-uns), mais aussi des penseurs qu’on penserait <em>a priori</em> éloignés du monde des organisations. Ainsi Ghislain Deslandes propose-t-il par exemple dans son <a href="https://www.puf.com/content/Essai_sur_les_donn%C3%A9es_philosophiques_du_management"><em>Essai sur les données philosophiques du management</em></a> d’analyser l’intuition managériale sous le prisme de l’<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/bergson-la-pensee-et-le-mouvant-34-lintuition-philosophique">intuition philosophique de Bergson</a>, ou d’éclairer « le côté sombre des organisations à la lumière de l’éthique pascalienne ».</p>
<p>La recherche de connaissance désintéressée se double parfois de la volonté de fournir une <a href="http://www.cnrtl.fr/definition/praxis"><em>praxis</em></a>, un guide pour l’action, et d’engager l’entreprise à adopter une démarche plus responsable. Cette dimension pratique, inspirée des stoïciens, de Socrate et d’Aristote, a été remise au goût du jour par des philosophes contemporains comme Pierre Hadot ou Martha Nussbaum. Elle met en avant le rôle de la philosophie pour questionner les manières de faire et penser la cohérence entre discours et pratiques. La recherche en <em>business ethics</em>, très dynamique dans le monde académique (davantage chez les Anglo-Saxons qu’en France, où elle progresse cependant) s’inscrit aussi dans cette logique.</p>
<p>Ces approches sont non seulement passionnantes, mais se veulent aussi utiles puisque certaines d’entre elles n’entendent rien moins que changer l’entreprise pour le bénéfice de la société tout entière. C’est dans cet esprit qu’il faut lire les ouvrages de Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/refonder-l-entreprise-blanche-segrestin/9782021064285"><em>Refonder l’entreprise</em></a> ou de Cécile Renouard et Swann Bommier, <a href="http://www.eclm.fr/ouvrage-394.html"><em>L’entreprise comme commun</em></a>. Mais cet objectif ne peut être que de long terme. L’actuel débat (voir par exemple <a href="https://theconversation.com/vers-la-loi-pacte-consensus-et-ambigu-tes-92155">ici</a> ou <a href="https://theconversation.com/loi-pacte-vers-une-reforme-purement-cosmetique-93557">là</a>) sur la réforme du statut de l’entreprise montre aisément la portée et l’actualité de ces réflexions, mais aussi les <a href="http://www.medef.com/fr/communique-de-presse/article/modification-de-lobjet-social-des-entreprises-ne-jouons-pas-avec-le-feu">résistances concrètes</a> qu’elles peuvent rencontrer.</p>
<p>Le risque est en effet que ces réflexions ne demeurent enfermées dans une bulle académique, et que, si elles font certes progresser la connaissance sur l’entreprise, elles ne laissent l’écrasante majorité des acteurs professionnels indifférents. Ou, au mieux, intéressés sur le principe mais incapables de convertir cet intérêt en action…</p>
<h2>La méfiance de l’entreprise envers la philosophie réflexive</h2>
<p>Une troisième logique considère la philosophie essentiellement comme questionnement, démarche de réflexivité, de mise en doute de ce qui paraît tenu pour acquis. Comme l’exprime Vladimir Jankélévitch,</p>
<blockquote>
<p>« Philosopher revient donc, en somme, à ceci : se comporter à l’égard de l’univers et de la vie comme si rien n’allait de soi »</p>
</blockquote>
<p>Cette démarche de remise en cause utilise les ressources de la logique et de la raison, et notamment l’approche dialectique, par définition fondamentalement critique. Mais cela signifie-t-il que sans philosophie, les acteurs de l’entreprise sont incapables de faire preuve d’esprit critique ? Pourtant beaucoup d’entreprises s’interrogent sur leur mission, questionnent leur modèle économique, remettent en cause procédés et routines, repensent- « libèrent » ? – leur organisation… Il est même des entreprises pour <a href="https://www.nytimes.com/2015/08/16/technology/inside-amazon-wrestling-big-ideas-in-a-bruising-workplace.html">exalter l’esprit critique de tous contre chacun au nom de l’innovation</a>. On peut donc comprendre que les acteurs de l’entreprise ressentent parfois de l’agacement devant certains discours leur contestant toute capacité critique. La philosophie n’a pas le monopole de la réflexion, et peut-être même peut-on espérer en trouver un minimum dans les organisations, où toute prise de décision se veut autant « rationnelle » que possible. Employer le terme de réflexion « philosophique », alors qu’on entend seulement réflexion logique et critique, serait-il donc un abus de langage ?</p>
<p>Peut-être… À moins que l’on considère qu’une réflexion de nature philosophique ne peut mener qu’à une critique fondamentale, continue et radicale de l’entreprise. Or ce type de critique est évidemment difficile à concilier avec une adhésion à un projet d’entreprise, généralement soumis <em>in fine</em>, au moins à une exigence minimale de performance et de rentabilité, quand ce n’est pas à celle de la maximisation de la valeur actionnariale… Difficile également à concilier avec l’exigence d’action <a href="https://books.google.fr/books?id=e55kgqiMET8C&pg=PA40&dq=Principes+de+la+philosophie+du+droit+kaan&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiuo5Dg2aPaAhWhsKQKHYmoDkMQ6AEIJzAA#v=onepage&q=%22Pour%20dire%20encore%20un%20mot%20sur%20la%20pr%C3%A9tention%20d'enseigner%20comment%20le%20monde%20doit%20%C3%AAtre%22&f=false">si l’on admet avec Hegel que</a>, lorsqu’il s'agit d'enseigner comment doit être le monde,</p>
<blockquote>
<p>« […] la philosophie vient toujours trop tard. […] Lorsque la philosophie peint sa grisaille dans la grisaille, une manifestation de la vie achève de vieillir. On ne peut pas la rajeunir avec du gris sur gris, mais seulement la connaître. Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son vol. »</p>
</blockquote>
<p>Autrement dit, la philosophie permet de connaître, mais n'aide pas à agir. La philosophie ne serait-elle pas alors le ver dans le fruit, qu’il conviendrait mieux de laisser à la porte de l’entreprise ? Ne risquerait-elle pas de conduire celle-ci à la destruction – et avant cela, ceux qui empruntent son chemin à la dépression… et/ou à la rupture conventionnelle ? Bref, philosophie et « mauvais esprit » ne seraient-ils que les deux faces d’une même pièce ?</p>
<h2>La philosophie, dangereuse pour l’entreprise ?</h2>
<p>Comme l’écrivent à juste titre les auteurs d’un article sur les <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-de-psychosociologie-de-gestion-des-comportements-organisationnels-2016-Supplement-p-43.htm?1=1&DocId=474216&hits=7818+7816+7815+7811+7810+7809+7804+7756+7754+7753+7751+7749+9+7+6+4+2+">risques de la philosophie en entreprise</a>, « le discernement critique n’est pas sans risque pour la paix sociale organisationnelle ». Pour certains, rejeter toutes ces démarches en bloc, en mettant dans le même sac ceux qui dénoncent des pratiques néfastes, démontent quelques <em>process</em> absurdes ou se moquent de mantras managériaux creux, ce serait donc en définitive le prix à payer pour qu’une organisation, objet complexe s’il en est, puisse fonctionner…</p>
<p>La philosophie qui voudrait se frotter à l’entreprise semble donc se heurter au fait qu’elle oscille entre discipline de spécialiste et démarche critique. Entre indifférence et méfiance, on comprend alors pourquoi elle n’est pas souvent encouragée dans l’entreprise, sauf éventuellement sous la forme rassurante et superficielle du « <em>coaching</em> philo ».</p>
<p>Faut-il conclure sur cette aporie déprimante ? Existe-t-il une démarche philosophique qui resterait authentique et puisse néanmoins avoir droit de cité en entreprise ? Répondre par l’affirmative, c’est penser qu’une véritable critique réflexive y aurait sa place, sans mettre au jour une contradiction insurmontable, et que de surcroît, cette critique pourrait avoir un effet positif pour l’entreprise.</p>
<h2>Savoir, faire, espérer</h2>
<p>Chacune des trois <em>Critiques</em> de Kant vise à répondre à une question essentielle : « Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? » Ces questions sont autant de portes ouvertes pour faire entrer la philosophie dans l’entreprise…</p>
<ul>
<li><strong>Que puis-je savoir ?</strong></li>
</ul>
<p>L’entreprise est un univers complexe, qui manque parfois de transparence et de cohérence, pour le plus grand malheur des opérationnels eux-mêmes. La philosophie, associée aux autres sciences humaines, peut contribuer à décrypter les jeux d’acteurs, à retrouver le sens de l’action, à mettre en cohérence la stratégie et les opérations. Paul Ricoeur défendait d’ailleurs fermement cette position selon laquelle il faut <a href="https://www.scienceshumaines.com/paul-ricoeur-1913-2005-expliquer-plus-pour-comprendre-mieux_fr_34536.html">« expliquer plus pour comprendre mieux »</a> et ainsi parvenir à agir.</p>
<ul>
<li><strong>Que dois-je faire ?</strong></li>
</ul>
<p>N’est-ce pas la question que l’on se pose en permanence en entreprise ? Puis-je investir dans une activité qui pollue même si elle est rentable à court terme ? Quelles sont mes responsabilités vis-à-vis de mes sous-traitants ? Puis-je continuer à optimiser mes taxes tout en restant une entreprise « citoyenne » ? Si je suis témoin de malversations, dois-je lancer l’alerte et sous quelle forme ? Suis-je indigne de fournir cette attestation aux prud’hommes pour témoigner contre ce collaborateur que j’ai pourtant apprécié pendant trente ans avant de m’en séparer ? Face à ces interrogations ou à ces dilemmes, la philosophie invite à aller plus loin. Elle ne recule pas devant les contradictions, le <em>statu quo</em> ou les impostures de toutes sortes, mais propose au contraire une démarche pour les dépasser.</p>
<ul>
<li><strong>Que m’est-il permis d’espérer ?</strong> Quand la <a href="http://xaviergorce.blog.lemonde.fr/2018/03/26/agenda-agricole/">survie même des hommes paraît menacée</a>, quand des entreprises vont dans le mur, quand les salariés s’épuisent, quelle transformation espérer ? Ici, Kant lui-même (dans « Sur le lieu commun […] ») nous invite à ne pas baisser la garde, c’est même le devoir de tout philosophe digne de ce nom que de « travailler à réaliser l’impossible ». D’autant qu’il existe de nombreuses pistes d’actions, et de plus en plus d’expérimentations concrètes fructueuses. Elles sont simplement trop peu diffusées notamment là où elles seraient effectivement utiles.</li>
</ul>
<p>La philosophie pourrait peut-être alors cesser d’être « contre » l’entreprise pour avoir une petite chance de venir, en paraphrasant Guitry, « tout contre »…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93683/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Pierre Vaslet collabore régulièrement avec Entreprise&Personnel. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cécile Ezvan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La démarche philosophique se voudrait parfois en prise avec le monde de l’entreprise. Mais peut-elle l’être vraiment ?Marie-Pierre Vaslet, Doctorante en sciences de gestion, IAE de Paris (école doctorale de management Panthéon-Sorbonne). ATER, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Cécile Ezvan, Enseignant-chercheur à Excelia, chercheur associée à l'Université de Lyon, ExceliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/898352018-01-09T20:26:20Z2018-01-09T20:26:20ZDemain, je ne procrastinerai plus !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/201221/original/file-20180108-83553-lyafkr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">C'est sûr, demain je commence plus tôt.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels</span></span></figcaption></figure><p><em>Cette chronique est dans la droite ligne et se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site <a href="http://www.cahiersdelimaginaire.com/votrelaboratoirecreatif-sylviegendreau/">Les cahiers de l’imaginaire</a></em>.</p>
<hr>
<p>C’est le premier article de l’année ! J’ai mis du temps à faire une pause pendant les fêtes tant j’avais des retards à rattraper. Du coup, je ne suis pas très empressée de reprendre le travail. J’ai un peu la flemme. Et pourtant, il y a encore ces dossiers à terminer et ces beaux projets à entreprendre. Malgré mes bonnes intentions, je procrastine !</p>
<p>Lorsque vous avez un blog et que vous cessez de publier pendant les fêtes ou les vacances, certains lecteurs vous écrivent pour vous demander si tout va bien. Ils s’inquiètent de ne pas avoir de vos nouvelles ! Vos abonnés deviennent vos <a href="http://www.cahiersdelimaginaire.com/votrelaboratoirecreatif-sylviegendreau/comment-changer-?rq=fauteurs%20de%20">« fauteurs de troubles agréables »</a>. Un excellent remède contre la procrastination. Ils attendent, donc vous trouvez la discipline de vous remettre au travail et d’écrire votre billet de la semaine.</p>
<p>Mais pourquoi procrastine-t-on au juste ? Les personnes déprimées ont, semble-t-il, davantage tendance à procrastiner comme l’expliquent des chercheurs anglais et italiens en psychologie et en neuroscience dans leur étude <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0165032716315051">« Un modèle métacognitif de la procrastination »</a>.</p>
<h2>Procrastination et dépression</h2>
<p>D’ailleurs, un nombre important d’étudiants procrastinent parce qu’ils sont dans un état dépressif. On peut se demander pourquoi plusieurs étudiants qui ont le privilège d’être admis dans une université prestigieuse comme Harvard, avec des professeurs réputés, dans un environnement conçu, en principe, pour favoriser l’étude et la recherche souffrent de dépression.</p>
<p>Le stress, l’esprit de compétition, la peur de l’échec, l’incertitude face à l’avenir prendraient pour certains des proportions telles qu’ils se rendent la vie misérable pendant leurs études. Bien que cela ne mène pas forcément à l’échec. Steve Jobs qui ne voulait pas gaspiller l’argent de ses parents a préféré abandonner ses études ou Tim Ferriss, l’auteur du best-seller, <em>La semaine de quatre heures</em>, confie dans son livre <a href="https://toolsoftitans.com/"><em>Tools of Titans</em></a>, ses difficultés pendant ses études qui l’ont emmené à avoir une double vie.</p>
<p>Même si les moutons noirs deviennent souvent des entrepreneurs à succès, le fait que tant d’étudiants soient déprimés pendant leurs études est un sujet qui préoccupe les chercheurs depuis fort longtemps.</p>
<p>C’est d’ailleurs en voulant comprendre les causes de l’état dépressif chez les étudiants à l’université Harvard que des professeurs du département de psychologie ont eu l’idée d’inverser la question comme l’explique Shawn Achor dans son livre, <em>The Hapiness Advantage</em> ou <a href="https://www.amazon.fr/Comment-devenir-optimiste-contagieux-Shawn/dp/2266239023/"><em>Comment devenir un optimiste contagieux</em></a> (en version française). Ils se sont demandés, quel était le secret des étudiants qui réussissent mieux que les autres ?</p>
<p>Ils ont découvert, contrairement à ce qu’on nous a dit lorsque nous étions petits, que ce n’est pas la réussite qui rend heureux, mais plutôt le bonheur qui permet de réussir. Depuis, des milliers d’études confirment que les personnes qui ont des natures joyeuses et positives réussissent mieux que les autres.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/201216/original/file-20180108-83563-15at88d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/201216/original/file-20180108-83563-15at88d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/201216/original/file-20180108-83563-15at88d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/201216/original/file-20180108-83563-15at88d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/201216/original/file-20180108-83563-15at88d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/201216/original/file-20180108-83563-15at88d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/201216/original/file-20180108-83563-15at88d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pas envie…</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Que peuvent faire les pessimistes ?</h2>
<blockquote>
<p>« Si on peut élever le niveau de positivité de quelqu’un dès maintenant, son cerveau ressent ce qu’on appelle un atout bonheur, c’est-à-dire que <strong>le cerveau, en mode positif, est nettement plus efficace qu’en mode négatif, neutre, ou stressé</strong>. L’intelligence, la créativité, le niveau d’énergie augmentent. En fait, on a découvert que les résultats professionnels s’améliorent. Le cerveau en mode positif est 31 % plus productif qu’en mode négatif, neutre ou stressé. On améliore les ventes de 37 %. Les médecins sont plus rapides et précis de 19 % dans l’établissement d’un diagnostic exact, en mode positif plutôt qu’en mode négatif, neutre ou stressé. Ce qui veut dire qu’on peut inverser la recette. Si on trouve un moyen pour être positif au présent, alors nos cerveaux réussiront encore mieux, car nous pourrons travailler plus vite et plus intelligemment. »</p>
</blockquote>
<p>Dans sa conférence TED, Shawn Achor ajoute : </p>
<blockquote>
<p>« L’absence de maladie n’est pas la santé. Voici comment obtenir la santé : Il faut inverser la recette du bonheur et du succès. Ces trois dernières années, j’ai voyagé dans 45 pays différents, j’ai travaillé avec des écoles et des sociétés en plein milieu d’une récession économique. Et j’ai découvert que la plupart des sociétés et des écoles suivent la recette du succès suivante : Si je travaille plus dur, je réussirai mieux. Et si je réussis mieux, alors je serai heureux. C’est à la base de la plupart de nos modes d’éducation, de management, c’est la façon dont on se motive.</p>
<p>« Le problème, c’est que c’est scientifiquement invalide et inversé, pour deux raisons. Premièrement, chaque fois que notre cerveau réussit quelque chose, on ne fait que repousser les limites de la réussite. Vous avez eu de bonnes notes, il vous en faut maintenant de meilleures, vous avez intégré une bonne école, et après avoir en intégré une encore meilleure, vous avez obtenu un bon travail, mais vous devez en obtenir un meilleur, vous avez atteint vos objectifs de vente, on va vous les changer. Si le bonheur est de l’autre côté du succès, votre cerveau n’y arrive jamais. Nous avons repoussé le bonheur au-delà de l’horizon cognitif, dans notre société. Et c’est parce que nous croyons qu’il faut réussir, avant d’être heureux. »</p>
<p>« <strong>Il nous faut inverser la recette, pour découvrir ce dont sont vraiment capables nos cerveaux</strong>. Parce que la dopamine, qui inonde notre système lorsque nous sommes positifs, a deux fonctions. Non seulement elle vous rend plus heureux, mais elle met en route vos fonctions d’apprentissage, et vous permet de vous adapter au monde d’une façon différente. »</p>
</blockquote>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/LqeAiz691-s?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La conférence TED de Shawn Achor.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Sept principes de psychologie positive</h2>
<p>Dans son ouvrage, Shawn Achor présente sept principes pour obtenir plus de succès et une meilleure performance au travail et dans ses études.</p>
<p><strong>1. L’atout bonheur</strong></p>
<p>Parce que les esprits positifs ont un avantage biologique, apprendre à voir la vie de la manière la plus positive positive possible est un avantage important. Le premier principe consiste à reprogrammer notre cerveau dans l’optique de créer cet atout bonheur pour améliorer notre productivité et notre performance.</p>
<p><strong>2. Le point d’appui et le levier</strong></p>
<p>Notre façon d’expérimenter le monde et notre capacité à réussir changent constamment en fonction de notre état d’esprit. Ce principe enseigne comment nous pouvons ajuster notre état d’esprit (notre point d’appui) d’une manière qui nous donne le pouvoir (le levier) d’être plus épanouis et tirer parti de situations qui, à première vue, n’étaient pas à notre avantage.</p>
<p><strong>3. L’effet Tetris</strong></p>
<p>Qu’arrive-t-il lorsque notre cerveau se coince dans un modèle qui met l’accent sur le stress, la négativité et l’échec ? Nous nous mettons alors en situation d’échec ! Apprendre à détourner notre manière habituelle de fonctionner pour repérer ces blocages et se focaliser sur les aspects positifs plutôt que les aspects négatifs.</p>
<p><strong>4. Le rebond</strong></p>
<p>Au milieu d’une défaite ou d’une crise, nos cerveaux tracent des chemins différents pour nous aider à y faire face. Ce principe nous invite à trouver le chemin mental qui nous conduit non seulement hors de l’échec et de la souffrance, mais nous enseigne à être plus heureux et à apprendre de nos échecs. Comment changer nos parcours mentaux ? Apprendre à voir nos échecs comme des opportunités.</p>
<p><strong>5. Le cercle de Zorro</strong></p>
<p>Lorsque les défis surgissent et que nous sommes submergés, notre raison peut être détournée par nos émotions. Ce principe enseigne comment reprendre le contrôle en se concentrant d’abord sur de petits objectifs gérables, puis en élargissant progressivement notre cercle pour atteindre nos grands objectifs. C’est le fameux <em>baby step</em>, un premier pas, puis un autre et un autre et on s’étonne, à la fin, d’avoir réalisé ces objectifs qui, au départ, nous semblaient trop ambitieux pour nous.</p>
<p><strong>6. La règle des 20 secondes</strong></p>
<p>Certaines mauvaises habitudes sont difficiles à déloger. Soutenir un changement durable est souvent impossible parce que notre volonté est limitée. Et quand la volonté échoue, nous retombons facilement dans nos vieilles habitudes. Ce principe montre comment, en faisant de petits ajustements, on peut réorienter le chemin de la moindre résistance et substituer de bonnes habitudes à la place des mauvaises. Commençons par ranger une armoire avant de ranger la maison et réjouissons-nous de ces premières 20 secondes dans la bonne direction.</p>
<p><strong>7. L’investissement social</strong></p>
<p>Au milieu des défis et du stress, certaines personnes choisissent de se replier sur elles-mêmes. Pour l’auteur, c’est un vrai danger. Les personnes les plus prospères investissent du temps avec leurs amis, leurs pairs et les membres de leur famille pour réussir et imaginer un futur serein. Ce principe encourage à ne pas négliger son réseau de soutien social. Plus nos projets nous accaparent, plus nous nous coupons de nos amis et de notre famille. Shawn Anchor insiste sur les réseaux « en personne », il exclut les réseaux sociaux en ligne.</p>
<p>Ensemble, ces sept principes ont aidé les étudiants de Harvard (et plus tard des dizaines de milliers de personnes dans le monde) à surmonter les obstacles, à transformer les mauvaises habitudes en de meilleures habitudes, à devenir plus efficaces et productifs, à tirer parti des opportunités et à atteindre des objectifs plus ambitieux.</p>
<p>Ces conseils sont d’autant plus utiles dans un monde en mutation rapide. L’étude des chercheurs Bin-Bin Chen et Wexiang Qu de l’Université Fudan en Chine montre que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0191886917303653">nous sommes portés à procrastiner davantage dans un milieu où les incertitudes sont nombreuses.</a></p>
<h2>La pratique de la visualisation peut-elle réduire la procrastination ?</h2>
<p>Une étude récente menée au Canada par des chercheurs de l’université Carleton montre que oui. <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/apps.12088/abstract">Deux approches ont été comparées et testées auprès de 193 participants :</a></p>
<ul>
<li><p>La méditation axée sur la concentration sur le moment présent.</p></li>
<li><p>La visualisation centrée sur une projection.</p></li>
</ul>
<p>Après quatre semaines, l’approche basée sur l’imagerie mentale s’est avérée nettement plus efficace pour réduire la tendance à la procrastination.</p>
<p>La procrastination est en partie due à une connexion relâchée avec le moi futur. Par conséquent, les exercices de visualisation mettent l’accent sur un renforcement de l’image du moi telle que projetée dans un avenir plus ou moins éloigné (dans le cas de l’étude, quelques mois environ). Un script audio permet aux participants de visualiser clairement l’image de ce qu’ils seront en train d’accomplir au terme de leur semestre : leur assiduité et leur détermination dans la préparation de leurs examens et de leurs travaux, et le réalisme dans la construction de l’image mentale (celle-ci devait mentalement prendre forme dans leur environnement pour susciter le plus d’empathie possible).</p>
<p>Le groupe de contrôle a été assujetti à des exercices de méditation. La méditation, en effet, est censée induire un état de bien-être physique et mental propice à la concentration et à la pleine conscience, et favoriser ainsi une diminution de la procrastination.</p>
<p>Dans mon pays froid, certains de mes étudiants commencent l’année avec des signes avant-coureurs de procrastination, j’espère que ces conseils les aideront ainsi qu’à vous, chers lecteurs, que je n’ai qu’à imaginer pour vaincre la procrastination !</p>
<h2>Comment être aussi prolifique que Simenon ?</h2>
<p>Aux artistes, je dis toutefois que les plus grands créateurs sont parfois de grands procrastinateurs pour certaines activités quotidiennes. Ils s’éloignent de toutes activités, pendant un certain temps, pour se concentrer sur la rédaction d’un livre par exemple. Tous se souviennent de Simenon qui a écrit 192 romans et 158 nouvelles. <a href="http://www.trussel.com/maig/match55f.htm">Il a confié ses secrets de création en 1955 !</a></p>
<p>Il s’isolait pendant 8 ou 10 jours et écrivait un chapitre par jour ! Pas mal, n’est-ce pas ? Une activité de création sous haute tension !</p>
<p>Si tout va bien la veille de se mettre au travail, Simenon accomplit seul une promenade dans un lieu écarté. Il cherche à se « mettre en train, à créer en lui un vide qui permet à n’importe quoi d’entrer ». Car il sait qu’il doit écrire, mais n’a aucune idée du sujet ni des personnages. Seul en lui un instinct puissant s’est éveillé, exigeant et presque fatal qui va déclencher des forces subconscientes. »</p>
<p>Et après avoir déterminé, le nom, l’âge, l’adresse, voire le bilan de santé, de ses personnages, il se pose la question pour son personnage principal :</p>
<p>« Ètant donné cet homme, l’endroit où il se trouve, sa profession, sa famille, que peut-il arriver qui l’obligera à aller au bout de lui-même ? »</p>
<p>Bref, à chacun ses méthodes et ses rituels !</p>
<p>Soyez heureux et bonne création !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89835/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
La pratique de la visualisation peut-elle réduire la procrastination ? Une étude récente menée au Canada montre que oui.Sylvie Gendreau, Chargé de cours en créativité et innovation, Polytechnique MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/801712017-10-16T20:52:04Z2017-10-16T20:52:04ZMon appli santé, bientôt remboursée par la Sécu ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/180564/original/file-20170801-3124-1umjy5d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Depuis quelques années, on assiste à une explosion des applications mobiles ou tablettes dédiées à la santé.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/134647712@N07/20008816309">Integrated Change/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>« Avis favorable » : voilà un an que la Haute autorité de santé (HAS) a rendu une conclusion positive quant <a href="https://www.has-sante.fr//portail/jcms/c_2669661/fr/avis-n2016-0055/seap-du-7-septembre-2016-du-college-de-la-haute-autorite-de-sante-relatif-a-l-inscription-sur-la-liste-des-actes-et-prestations-mentionnee-a-l-article-l-162-1-7-du-code-de-la-securite-sociale-de-l-acte-telesurveillance-medicale-du-patient-diabetique-traite-par-insuline-muni-d-un-carnet-de-suivi-electronique">au remboursement par l'Assurance-maladie</a> de l’application <a href="https://itunes.apple.com/fr/app/diabeo-t%C3%A9l%C3%A9sage/id595993009?mt=8">Diabeo</a>. Celle-ci est destinée à aider les patients diabétiques dans le dosage et le suivi de leur traitement. Pour une application mobile, <a href="http://lecrip.org/2016/05/24/diabeo-premiere-application-remboursee-lassurance-maladie/">c'est une première</a> !</p>
<p>La décision effective de remboursement est cependant conditionnée à la publication des résultats de l’étude médicale et économique menée sur ce dispositif. Lancée en 2015, l’<a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1262363614722839">étude Telesage</a>, impliquant 700 patients diabétiques en France doit permettra de valider, ou non, l’efficacité du dispositif.</p>
<p>Ces dernières années, on assiste à une explosion, à travers le monde, des applications mobiles destinées à la santé. Research 2 Guidance, une société spécialisée dans l’analyse de ce marché, <a href="https://research2guidance.com/mhealth-app-market-getting-crowded-259000-mhealth-apps-now/">estimait leur nombre à 259 000 en 2016</a>, contre 100 000 un an plus tôt.</p>
<h2>Applis pour l’exercice physique, le compte des calories, la prise de rendez-vous médicaux</h2>
<p>Leurs usages sont multiples : <a href="http://www.lexpress.fr/styles/forme/5-applications-pour-un-coaching-sportif-personnalise_1840658.html">coaching pour inciter à l'exercice physique</a> ou à une <a href="https://play.google.com/store/apps/details?id=com.wsl.noom&hl=fr">saine alimentation</a>, <a href="https://itunes.apple.com/fr/app/myfitnesspal-moniteur-de-calories-et-r%C3%A9gime/id341232718?mt=8">compteur de calories</a>, <a href="https://itunes.apple.com/fr/app/doctolib/id925339063?mt=8">prise de rendez-vous médicaux</a>, <a href="https://www.challenges.fr/high-tech/test-high-tech/fitbit-samsung-withings-runtastic-endomondo-faut-il-craquer-pour-un-e-coach_428015">suivi des performances sportives</a>, <a href="https://play.google.com/store/apps/details?id=com.unbound.android.cqdzl&hl=fr">proposition d'un diagnostic</a>, suivi de maladies chroniques comme le diabète ou bientôt le cancer avec Moovcare, une application <a href="http://sante.lefigaro.fr/article/des-smartphones-contre-le-cancer">destinée à détecter les rechutes après une tumeur au poumon</a>.</p>
<p>Toutes ces applications n’ont pas vocation à être un jour remboursées par la Sécurité sociale. Déjà, celles reconnues par les autorités de santé comme des <a href="http://www.desmarais-avocats.fr/blog/mon-app-est-elle-un-dispositif-medical/">dispositifs médicaux</a> sont rares. Il s’agit d’applications ayant reçu un <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Le-marquage-CE">marquage CE</a>, délivré par l’ANSM, Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Leur utilisation est réservée à des fins diagnostiques ou thérapeutiques.</p>
<p>Pour de telles applis, les <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-sante/20160427.RUE2761/les-applis-de-sante-des-medicaments-comme-les-autres.html">exigences techniques sont plus fortes</a> car la santé des patients est en jeu. Par exemple, une application qui proposait de prendre en photo un grain de beauté afin d’évaluer le risque de mélanome (cancer de la peau) n’a pas été considérée comme un dispositif médical, car l’éditeur ne s’engageait à aucune validité du résultat et précisait que l’application n’avait qu’un rôle éducatif.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/180565/original/file-20170801-15290-13cw8xf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/180565/original/file-20170801-15290-13cw8xf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/180565/original/file-20170801-15290-13cw8xf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/180565/original/file-20170801-15290-13cw8xf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/180565/original/file-20170801-15290-13cw8xf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/180565/original/file-20170801-15290-13cw8xf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/180565/original/file-20170801-15290-13cw8xf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les applications de suivi des performances sportives sont très prisées des adeptes de la course à pied.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-fitness-woman-running-forest-trail-215193178">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Diabéo, une appli utilisée à la fois par le patient et les soignants</h2>
<p>L’application pour le suivi du diabète Diabeo est un dispositif médical dit de <a href="https://www.aviesan.fr/aviesan/accueil/menu-header/vademecum-reglementaire/dispositif-medical-definition">classe IIb</a>, disponible uniquement sur ordonnance. Elle a été développée par l’entreprise française <a href="http://www.voluntis.com/fr">Voluntis</a>, en collaboration avec le Centre d’études et de recherches pour l’intensification du traitement du diabète (<a href="http://ceritd.fr/">CERIDT</a>) et le laboratoire pharmaceutique français <a href="http://www.sanofi.fr/l/fr/fr/index.jsp">Sanofi-Aventis</a>. Elle propose au patient un carnet de suivi connecté de son taux de sucre dans le sang, la glycémie. L’application est couplée à un patch collé sur le bras et à un petit appareil, un <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/diabete/diabete-plus-besoin-de-piqure-pour-mesurer-sa-glycemie_102280">lecteur de glycémie</a>. Elle est utilisée à la fois par le malade et par l’équipe soignante.</p>
<p>Côté patient, Diabeo lui permet d’ajuster la dose d’insuline à s’injecter, notamment au moment des repas, en se fiant au traitement prescrit par son médecin. L’application agit également sur le plan de la motivation, en fournissant des conseils d’hygiène de vie qui aident à garder la maladie sous contrôle.</p>
<p>Quant à l’équipe soignante, elle reçoit en temps réel les rapports de glycémie du patient. Des alertes sont déclenchées lorsque certains seuils sont franchis. Ce système permet de suivre le patient en continu, et de programmer des rendez-vous avec lui quand le besoin de rééquilibrer le traitement se fait sentir.</p>
<p>C’est particulièrement utile à l’heure où le <a href="https://www.lesechos.fr/06/04/2016/lesechos.fr/021821070117_hausse-alarmante-du-nombre-de-diabetiques.htm">nombre de diabétiques explose</a>, tandis que le nombre de médecins, lui, est <a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/05/30/20002-20170530ARTFIG00347-le-nombre-de-medecins-a-baisse.php">plutôt à la baisse</a>.</p>
<h2>L’<em>empowerment</em> du patient</h2>
<p>L’exemple de Diabeo illustre les bénéfices que l’on peut retirer de la santé mobile ou <a href="http://www.mbadmb.com/transfo-digital/2016/12/06/m-sante/">« m-santé »</a>. Celle-ci permet, en premier lieu, d’améliorer l’efficacité des traitements grâce à un suivi sur mesure et à l’implication plus grande du patient dans son traitement, ce qu’on qualifie <a href="http://www.chu.ulg.ac.be/upload/docs/application/pdf/2016-09/empowerment_bb_jmb_cm_10-01-2014.pdf">d’<em>empowerment</em> du patient</a>. Elle améliore aussi sa qualité de vie, voire celle de son entourage.</p>
<p>Ensuite, la santé mobile peut faciliter la transmission d’informations au corps médical, et ainsi permettre aux professionnels de se concentrer sur leur cœur de métier, les soins. Le suivi en continu du patient permet, enfin, de réduire son risque d’hospitalisation et si cela survient, la durée moyenne de son séjour. Ce qui peut avoir un impact important sur les dépenses publiques, à l’heure où l’<a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/11/02/20002-20161102ARTFIG00089-securite-sociale-le-detail-des-mesures-pour-le-budget-2017.php">hôpital est prié de se serrer la ceinture</a>.</p>
<p>Avec l’amélioration des traitements et l’allongement de la durée de la vie, les <a href="http://www.sudouest.fr/2017/05/31/depenses-de-sante-l-assurance-maladie-face-aux-defis-des-maladies-chroniques-3492871-705.php">maladies chroniques</a> représentent une part grandissante, et maintenant majoritaire, de nos dépenses de santé. Cela nécessite de faire passer la santé publique d’une logique du soin pur à une logique de prévention et de coordination du parcours de soins.</p>
<p>Les solutions de santé mobile peuvent favoriser cette transition. Ainsi, la Belgique a débloqué 3,5 millions d’euros début 2017 pour expérimenter pendant six mois le <a href="http://www.businessinsider.fr/les-technologies-de-sante-font-officiellement-partie-du-systeme-de-soins-en-belgique-24-applis-seront-remboursees-des-2017/">remboursement de 24 applications santé</a> et appareils mobiles permettant de suivre ou de traiter les patients à distance. L’objectif du gouvernement belge est de tirer les leçons de ces projets pilotes avant <a href="http://www.lecho.be/monargent/budget/L-Etat-rembourse-24-applis-sante-un-premier-pas/9846395?ckc=1&ts=1504186348">d'élargir le remboursement en 2018</a>.</p>
<h2>L’Ordre des médecins se positionne</h2>
<p>La France, jusqu’à présent plutôt à la traîne dans le déploiement de la santé numérique ou e-santé, semble prête à changer de logique. En témoignent l’avis de la HAS pour Diabeo, ainsi que le <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i4362.asp">rapport remis à l'Assemblée nationale en janvier</a>, préconisant une prise en charge partielle par la Sécurité sociale du coût des objets connectés pour les populations à risque. Dans la même ligne, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) <a href="https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/debatsanteconnecteecnom2015_0.pdf">se positionne en faveur d'une prise en charge</a> par l’Assurance-maladie si l’évaluation des applications et objets connectés démontre des bénéfices sur la santé.</p>
<p>Néanmoins, plusieurs conditions seront nécessaires pour que les applications mobiles puissent générer les bénéfices attendus en matière de santé. Du côté de l’État, un préalable incontournable est la <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-165315-e-sante-les-defis-de-la-regulation-face-a-linnovation-2059672.php">régulation des données de santé</a>, afin d’assurer leur confidentialité.</p>
<p>Par ailleurs, les autorités sanitaires devront s’efforcer d’évaluer les dispositifs médicaux connectés dans un délai plus court. Il se sera écoulé au total dix ans entre la mise au point de Diabeo (dont les tests cliniques ont débuté dès 2007) et l’avis favorable de son remboursement par la Haute autorité de santé (HAS). Les durées actuelles d’évaluation sont déconnectées du rythme rapide des progrès technologiques dans le numérique. Une problématique <a href="http://www.economist.com/news/business/21719841-scott-gottlieb-close-pharma-industry-knows-its-tactics-nominee-run-americas">que rencontre également</a> l’équivalent américain de la HAS, la Food and Drug Administration (FDA).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/180567/original/file-20170801-9618-10cxvgx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/180567/original/file-20170801-9618-10cxvgx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/180567/original/file-20170801-9618-10cxvgx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/180567/original/file-20170801-9618-10cxvgx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/180567/original/file-20170801-9618-10cxvgx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/180567/original/file-20170801-9618-10cxvgx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/180567/original/file-20170801-9618-10cxvgx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L'application Diabeo est destinée aux personnes souffrant de diabète, mais également aux médecins, qui peuvent ainsi recevoir en temps réel les rapports de glycémie de leur patient.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-woman-doctor-sitting-your-phone-529297099">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Introduire le numérique dans la formation des médecins</h2>
<p>Il s’agit aussi d’amender le système de rémunération des professionnels de santé. Le paiement à l’acte, tel que pratiqué aujourd’hui, s’inscrit dans une logique de soin, et n’incite guère à s’investir dans la prévention.</p>
<p>Enfin, le déploiement de solutions de santé mobile nécessite de réorganiser les filières de formation, en introduisant par exemple l’enseignement du numérique dans les études de médecine et en créant des cursus de formation pour les futurs métiers de la santé numérique. Par exemple, dans le cas de Diabeo, il faudra former des infirmières au suivi à distance du diabète.</p>
<p>Du côté des entreprises, il faudra tout d’abord continuer à structurer la filière. La France dispose d’un <a href="http://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/dix-startups-qui-disruptent-dans-l-e-sante-745522.html">vivier dynamique de start-up dans le secteur de l'e-santé</a>, qui gagneraient sans doute à mieux se coordonner. La constitution de structures telles que l’alliance <a href="http://ehealthfrance.com/">e-Health France</a> ou la <a href="http://www.france-ehealthtech.org/">France eHealthTech</a> est un premier pas pour permettre aux entreprises françaises de gagner en visibilité à l’étranger, et de structurer le dialogue avec les pouvoirs publics en France.</p>
<h2>L’alliance de start-up avec des laboratoires pharmaceutiques</h2>
<p>Plus fondamentalement, au-delà de l’innovation technologique, ces entreprises doivent aussi innover par leur modèle économique. Cela peut par exemple passer par l’alliance avec de grands laboratoires pharmaceutiques, qui sont, de leur côté, à la recherche de relais de croissance. C’est la stratégie suivie avec succès par Voluntis, qui collabore de façon étroite avec Sanofi pour Diabeo, mais aussi avec <a href="http://www.roche.fr/">Roche</a> et <a href="https://www.astrazeneca.fr/">AstraZeneca</a> dans d’autres domaines thérapeutiques.</p>
<p>De nouveaux modèles économiques pourraient solliciter essentiellement des payeurs privés, comme les mutuelles et les assurances santé. Ceux-ci pourraient mettre en place des taux de remboursement variables, en fonction des résultats obtenus par les éditeurs de l’application auprès de la population ciblée sur des critères définis à l’avance, par exemple une baisse des hospitalisations ou une meilleure stabilité de l’état du patient.</p>
<p>Gageons que l’État, en faisant évoluer le cadre législatif, et les entreprises, en bouleversant les modèles économiques traditionnels, sauront profiter, et faire profiter les citoyens, du potentiel de ces avancées techniques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/80171/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La France accuse un certain retard dans le développement de la santé mobile. Le remboursement d’une application destinée aux patients diabétiques pourrait changer la donne.Charlotte Krychowski, Maître de conférence en management stratégique, Institut Mines-Télécom Business School Meyer Haggège, Postdoctorant, chercheur en management stratégique et de l'innovation, Grenoble École de Management (GEM)Myriam Le Goff-Pronost, Maître de conférences en économie, IMT Atlantique – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/649432016-09-12T04:44:30Z2016-09-12T04:44:30ZManager le changement : l’Éducation nationale décroche<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/137258/original/image-20160909-13356-1arqzse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Et si les techniques de soutien au management dans le privé s'adaptaient aux enseignants de l'Education natonale ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.shutterstock.com/pic-391000690/stock-photo-coach-is-coaching-children-training-in-soccer-team.html?src=CtQhsIt-RWX5yVF8lyOnFA-1-70">www.shutterstock.com</a></span></figcaption></figure><p>Les réformes successives proposées au sein de l’Éducation nationale suscitent à chaque fois discussions et clameurs, animant ministère et corps enseignant pour de longues palabres. Je ne rentrerai pas dans le débat de la « réformyte » car il me semble honnête de réformer une institution pour la faire coller au plus près des réalités sociales dans lesquelles elle se situe.</p>
<p>Mais, côtoyant depuis quelque temps le monde de l’entreprise privée, je m’interroge. Pourquoi les professeurs ne reçoivent-ils pas le même soutien que les autres organisations dans des situations similaires ? Pourquoi les entreprises (même publiques) bénéficient-elles de soutiens extérieurs en faisant appel à des cabinets de conseil et d’accompagnement spécialisés ? S’ils existent et s’approprient la plupart des domaines entrepreneuriaux aujourd’hui, pourquoi en priver les écoles ?</p>
<p>Mon interrogation émane de trois constats. Les deux premiers se fondent sur une étude menée par le laboratoire C3S (Université de Franche-Comté) à laquelle j’ai participé sur les souffrances des enseignants du secteur secondaire, pointant les manques de formation et de soutien hiérarchique. Le troisième est issu d’une enquête désormais ancienne et néanmoins célèbre car riche d’enseignements dans le monde des psychosociologues : l’<a href="https://archive.org/details/managementworker00roet">enquête de la Western Electric en 1938</a>.</p>
<h2>Problème de la vocation des enseignants versus la formation professionnelle</h2>
<p>Les enseignants pâtissent d’un corps de métier fondé sur la vocation et non sur l’apprentissage solide d’un métier, ce qui est source de nombreuses tensions quotidiennes. Comme le souligne une enquêtée : « Pour savoir ce qu’est un établissement difficile, la seule formation que j’ai eue, c’était de regarder une vidéo sur un collège de région parisienne […]. On apprend sur le tas ! » De ce fait, tout incident est vécu et doit être géré personnellement, le masque du statut et du rôle professionnels ne pouvant servir de <a href="http://www.leseditionsdeminuit.com/livre-La_Pr%C3%A9sentation_de_soi._La_Mise_en_sc%C3%A8ne_de_la_vie_quotidienne_I-2089-1-1-0-1.html">rempart protecteur dans ce cas</a>. L’absence de soutien hiérarchique provoque, à ce titre, des conséquences terriblement violentes, non pas du fait de chefs d’établissements désinvoltes ou malveillants mais à cause d’un système organisationnel « tronçonné ».</p>
<p>On remarque ainsi un effet de <em>double bind</em> ou double contrainte, conforme à la théorie communicationnelle de <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/vers-une-ecologie-de-l-esprit-gregory-bateson/9782020532334">Gregory Bateson</a>. Il s’agit d’un dysfonctionnement des interactions en cas de situation de messages contradictoires où « quoi qu’[il] fasse, un individu pris dans [cet engrenage] “ne peut pas être gagnant” ». Le <a href="http://cha.unsa-education.com/spip.php?rubrique41">rapport du laboratoire C3S</a> sur les « enseignants décrocheurs » le souligne au travers des analyses de Gilles Ferréol, Benjamin Castets-Fontaine et Audrey Tuaillon Demésy:</p>
<blockquote>
<p>« Cette théorie, que Bateson applique initialement à la maladie mentale, peut être transposée au contexte organisationnel de la profession enseignante. En effet, de nombreux messages délivrés dans ce cadre entrent en conflit, créant des injonctions paradoxales, avec lesquelles il devient difficile de pouvoir composer ».</p>
</blockquote>
<p>Le cas des dispositifs d’aide mis en place par les rectorats en est une bonne illustration. D’un côté les formateurs doivent guider les profs sans leur imposer des pratiques miraculeuses. Et en même temps, ces derniers sont appelés à changer des façons de faire contre-productives.</p>
<h2>Un manque de reconnaissance organisationnel hiérarchique</h2>
<p>Je dis bien que le problème est organisationnel car je ne voudrais incriminer aucune individualité. Le corps enseignant n’a pas besoin que les chercheurs fassent encore porter le fardeau des effets pervers de l’institution.</p>
<p>Il ressort des entretiens avec des enseignants (collèges et lycées) que le manque de considération de la hiérarchie à l’égard de leur souffrance – ou ne serait-ce que de leur condition quotidienne d’exercice de leurs fonctions – est un point crucial de tension. L’un des enquêtés raconte s’être vu confier, pour la première fois, une classe de terminale : « Ça s’est bien passé pendant quinze jours, et puis ces jeunes ont fini par dire qu’ils auraient préféré mon collègue […]. Le proviseur a donc dit : “Je sais… Ma foi, je vous plains, mais ce sera comme ça.” Du coup, ils se sont acharnés contre moi. Quand vous êtes traités comme ça… » Sans parler des proviseurs préférant contenter les parents d’élèves, quitte à « enfoncer le prof » au point que « si les élèves sont choyés, pour les profs, le syndicat devient le seul recours ».</p>
<p>Et l’isolement face à la hiérarchie en cas de litige n’est que la cristallisation d’un phénomène latent intrinsèque à l’organisation.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137259/original/image-20160909-13379-rg0z7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137259/original/image-20160909-13379-rg0z7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137259/original/image-20160909-13379-rg0z7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137259/original/image-20160909-13379-rg0z7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137259/original/image-20160909-13379-rg0z7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137259/original/image-20160909-13379-rg0z7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137259/original/image-20160909-13379-rg0z7p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La solitude et l’isolement des enseignants accompagnent un système qui serait de plus en plus désincarné et tourné vers le clientélisme de l’usager.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/legs-shoes-shadow-alone-person-1031660/">Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’Éducation nationale est désincarnée par un fonctionnement systémique dispersé entre directives nationales et réalités de terrain, ce qui conduit à des contradictions quotidiennes pour les enseignants.</p>
<p>L’exemple des inspections académiques est révélateur à ce propos. Les rapports pointent les paradoxes entre des préconisations fondées sur l’observation de lacunes du professeur et des missions contradictoires entre un devoir d’efficacité et de justice. Mais comment être efficace et juste avec une classe d’une trentaine d’élèves aux capacités et aux rythmes d’acquisition différents ? :</p>
<blockquote>
<p>« On se fait engueuler si on n’atteint pas nos 80 % de réussite au bac. Un établissement qui est en dessous des barèmes se fait remonter les bretelles et nous derrière ! _[…] _L’inspecteur est venu voir les corrections pour faire en sorte que la prochaine fois, “ça se passe bien"… S’il y a des questions auxquelles les [élèves] n’ont pas bien répondu, au pire, on va les enlever ou on va revoir le barème. C’est l’"harmonisation de notes” ».</p>
</blockquote>
<p>Des méthodes d’enseignement alternatives, moins fondées sur les résultats d’apprentissage de type transmissif, seraient peut-être à penser car, dans l’état actuel des choses, les enseignants sont plutôt esseulés face à ce dilemme. Aussi se sentent-ils démunis de leur capacité d’évaluation et ont le sentiment de participer à un abaissement du niveau scolaire contre lequel ils se battent.</p>
<h2>L’effet Hawthorne ou l’importance de la considération des personnes au travail</h2>
<p>Un premier secours consiste à écouter les enseignants et leur accorder un soutien bienveillant contrebalançant les sempiternels qualificatifs qui accompagnent leur fonction : « fonctionnaires paresseux et râleurs », « privilégiés de la fonction publique, payés par les contribuables et garantis de leur emploi à vie », « profs toujours en vacances ». Sur le terrain, j’ai constaté que la seule écoute menée dans le cadre du travail l’enquête sociologique procurait un soulagement à nombre d’entre eux, pourtant, sur des laps de temps réduits (entretiens d’une 1h30 maximum). Comme s’ils se sentaient enfin valorisés, rien qu’un peu, rien qu’une heure, pas très exigeants.</p>
<p>Je pense alors à l’expérience Hawthorne et l’enquête de la Western Electric. Sollicitée par la Western Electric Company en 1924 pour des mécontentements exprimés par de l’absentéisme, du freinage ou encore de la mauvaise qualité, une équipe de psychosociologues observait le paradoxe ente ces comportements des salariés et leurs bonnes conditions matérielles, avantages sociaux élevés et discours globalement satisfaits de l’entreprise. Restée six ans en immersion, l’équipe a rendu l’enquête – dite « du <em>test room</em> » – célèbre à travers notamment « l’effet Hawthorne » (du nom des ateliers), selon lequel les gens aiment être valorisés par des <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/la-sociologie-des-organisations-philippe-bernoux/9782757840030">actions d’attention</a> à leurs bonnes conditions de travail. Un bémol doit être apporté concernant la durée de l’effet produit qui ne serait pas pérenne, mais le levier reste intéressant à utiliser, au moins comme premier <em>boost</em> de mieux-vivre au travail.</p>
<p>Ainsi, dans l’entreprise, les managers ont compris que des actions ponctuelles de valorisation de leurs collaborateurs sont bénéfiques à l’efficacité et à la rentabilité de l’organisation. La plupart des interventions de soutien et d’accompagnement aux changements se fondent sur ce principe. L’efficacité à long terme et les gains de pratiques sont souvent une plus-value certes souhaitée et affichée mais souvent secondaire.</p>
<p>Alors, finalement, pourquoi les enseignants ne bénéficient-ils pas des mêmes accompagnements ? Peut-être qu’un élément de réponse se trouve dans la structure de l’Éducation nationale.</p>
<p>De plus en plus calquée sur le mode entrepreneurial dans ses directives, elle emploie désormais des termes d’efficacité, de bilans chiffrés, de résultats, voire de rentabilité ; si bien que l’on voit se développer un clientélisme de ses usagers, parents comme élèves : « Je paie, je veux de bonnes notes ! » Pour autant, le traitement de l’institution ne suit pas le modèle organisationnel des entreprises qui ont compris, pour leur part, que le soutien en situation difficile passe par un décentrage du regard. C’est ce que font les consultants sur le terrain. Ils apportent leur aide par des connaissances techniques et par leur détachement des problématiques quotidiennes. C’est en utilisant les ressources internes en co-création que l’on se renouvelle : <a href="http://www.cahiers-pedagogiques.com/Entre-pragmatisme-et-ideal">« Si vous voulez voir émerger le monde de demain, allez sur les confins, les marges, les fronts pionniers »</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/64943/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Audrey Valin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour pallier le manque de soutien hiérarchique et psychologique dont souffrent certains enseignants, le recours à des conseils extérieurs pourrait apporter des solutions.Audrey Valin, Sociologue, membre du laboratoire C3S (EA 4660), Université de Franche-Comté – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.