tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/dermatologie-24495/articlesdermatologie – The Conversation2023-09-01T13:14:34Ztag:theconversation.com,2011:article/2115702023-09-01T13:14:34Z2023-09-01T13:14:34ZVoici comment vous débarrasser de vos pellicules, selon la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542623/original/file-20230706-25-n7njvh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C995%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les pellicules sont principalement causées par la levure _Malassezia_. Cette levure vit sur la peau de la plupart des gens, soit à la surface, soit dans l’ouverture du follicule pileux, la structure qui entoure la racine et la mèche d’un cheveu.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/dander-that-causes-itching-scalp-373934782">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Les pellicules peuvent être sèches, comme des flocons de neige, ou grasses, avec des amas jaunes. Jusqu’à la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK551707/">moitié</a> des adultes ont souffert de cette affection du cuir chevelu à un moment ou à un autre ; vous connaissez donc certainement ces squames et les démangeaisons qu’elles provoquent. </p>
<p>Les pellicules peuvent être <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1439-0507.2008.01624.x">embarrassantes</a>. Elles peuvent affecter de nombreux aspects de la vie des gens, tels que leurs relations sociales, la façon dont ils se coiffent et les vêtements qu’ils portent.</p>
<p>Ce problème ne date pas d’aujourd’hui. En fait, les pellicules existent depuis des millénaires et ont été <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2181905/">décrites</a> par des médecins grecs. Nous ne savons pas avec certitude si nos ancêtres étaient aussi gênés par les pellicules que nous le sommes maintenant. Mais ils se sont intéressés aux causes de cette affection.</p>
<h2>Qu’est-ce qui cause les pellicules ?</h2>
<p>Les pellicules sont principalement causées par la levure <a href="https://www.cell.com/cell-host-microbe/pdf/S1931-3128(19)30106-4.pdf"><em>Malassezia</em></a>. Cette levure vit sur la peau de la plupart des gens, soit à la surface, soit dans l’ouverture du follicule pileux, la structure qui entoure la racine et la mèche d’un cheveu.</p>
<p>La levure se nourrit de sébum, l’hydratant naturel sécrété par les glandes sébacées pour empêcher le dessèchement de la peau. Ces glandes sont attachées à chaque follicule pileux et les cheveux fournissent un micro-environnement sombre et couvert, idéal pour la prolifération de la levure.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Schéma d’une coupe transversale de la peau montrant le follicule pileux et d’autres structures cutanées" src="https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543334/original/file-20230817-41912-ipasla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La levure responsable des pellicules vit à la surface de la peau et dans l’ouverture du follicule pileux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>En se développant, la levure libère des molécules qui irritent la peau et perturbent son processus normal de renouvellement. Les cellules se regroupent et apparaissent sous forme de flocons blancs. En cas d’excès de sébum, celui-ci peut se mélanger aux cellules et donner aux pellicules un aspect jaune.</p>
<p>Le lien entre les pellicules et la levure a été établi il y a près de 150 ans. La première personne à avoir identifié et décrit cette levure en <a href="https://www.cell.com/cell-host-microbe/pdf/S1931-3128(19)30106-4.pdf">1874</a> est Louis-Charles Malassez (dont elle porte le nom).</p>
<h2>Pourquoi ai-je des pellicules ?</h2>
<p>Comme la <em>Malassezia</em> est présente chez la plupart des gens, pourquoi certaines personnes ont-elles des pellicules et d’autres non ? Cela dépend d’une série de facteurs.</p>
<p>Il s’agit notamment de la qualité de la barrière cutanée. La levure peut pénétrer plus profondément si la peau est endommagée d’une manière ou d’une autre, par exemple en cas de coup de soleil. D’autres facteurs incluent votre immunité et des causes externes, tels que les produits de soins capillaires que vous utilisez.</p>
<p>La façon dont la <em>Malassezia</em> se développe dépend également de l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4864613/">équilibre</a> des autres micro-organismes qui vivent sur votre peau, tels que les bactéries.</p>
<h2>Comment se débarrasser des pellicules ?</h2>
<p>Les pellicules sont principalement traitées avec des shampooings <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0939641123000292?via%3Dihub">antifongiques</a> et des traitements du cuir chevelu pour freiner la croissance de la <em>Malassezia</em>. Ces shampooings contiennent le plus souvent de la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34575891/">pyrithione de zinc</a> (ou ZnPT). Le sulfure de sélénium, le kétoconazole et le goudron de houille sont d’autres antifongiques couramment présents dans les shampooings. </p>
<p>Vous pouvez également traiter les pellicules à l’aide de masques et de gommages qui contribuent à restaurer la barrière du cuir chevelu en réduisant l’inflammation et l’irritation. Mais comme ces produits n’ont pas d’action antifongique, les pellicules risquent de réapparaître.</p>
<p>Les remèdes maison <a href="https://www.healthline.com/nutrition/ways-to-treat-dandruff#7.-Omega-3s">comprennent</a> l’huile d’arbre à thé, la noix de coco ou d’autres huiles, et le miel. Il existe des preuves à l’appui de leur utilisation, principalement des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35642120/">études</a> qui montrent que les extraits d’ingrédients botaniques peuvent réduire la croissance de la levure en laboratoire. Mais la qualité et la composition de ces ingrédients varient considérablement.</p>
<p>Il subsiste également un risque d’aggraver le problème en fournissant davantage d’huiles que la levure appréciera, ce qui déséquilibrera encore plus les micro-organismes du cuir chevelu et entraînera une plus grande irritation.</p>
<p>Il est donc préférable de s’en tenir aux produits commerciaux.</p>
<h2>Pourquoi mes pellicules reviennent-elles ?</h2>
<p>Vos pellicules risquent de réapparaître si les principes actifs de votre shampooing n’atteignent pas le bon endroit, à la bonne concentration, pendant le temps nécessaire pour tuer la levure. </p>
<p>Nos <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36842718/">recherches</a> sur les produits à base de pyrithione de zinc ont montré que ceux-ci parvenaient à atteindre la surface de la peau. En revanche, ils se retrouvent de manière moins fiable dans les follicules pileux, un endroit plus difficile d’accès.</p>
<p>Nous avons constaté que la pyrithione de zinc semblait <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35631659/">cibler</a> la partie supérieure des follicules plutôt que leur profondeur. </p>
<p>Ce phénomène peut donc permettre d’expliquer pourquoi les pellicules reviennent sans cesse. Il se peut que le principe actif de votre shampooing soit incapable d’atteindre la levure à l’origine de vos pellicules.</p>
<p>Nous ne savons pas encore comment faire en sorte que les formulations existantes pénètrent plus profondément.</p>
<h2>Qu’en est-il des traitements futurs ?</h2>
<p>Nous verrons probablement de nouvelles formulations de shampooings antipelliculaires et de traitements du cuir chevelu qui délivreront mieux le principe actif là où il est requis, c’est-à-dire au cœur des follicules pileux.</p>
<p>Nous pouvons aussi nous attendre à de nouvelles substances actives, telles que les enzymes <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28766952/">anhydrases carboniques</a>. Celles-ci pourraient cibler la croissance de la levure d’une manière différente des principes actifs actuels.</p>
<p>Nous commençons également à assister à la mise au point de crèmes et de lotions visant à renforcer l’équilibre de la flore cutanée, à l’instar de produits similaires pour l’intestin. Il s’agit notamment de prébiotiques (compléments ou nutriments pour la flore cutanée) ou de probiotiques (produits qui contiennent de la flore cutanée). Cependant, nous avons encore <a href="https://www.mdpi.com/2079-9284/8/3/90/htm">beaucoup à apprendre</a> sur ces types de formulations.</p>
<h2>En bref</h2>
<p>Les pellicules sont gênantes, le traitement est efficace, mais il peut nécessiter des séances répétées. Nous espérons pouvoir mettre au point des shampooings améliorés qui délivrent mieux le principe actif là où il est requis.</p>
<p>Mais nous devons trouver un équilibre. Nous ne voulons pas éliminer tous les micro-organismes de notre peau.</p>
<p>Ceux-ci sont importants pour notre immunité, notamment en empêchant les microbes pathogènes de s’installer. Ils aident également la peau à produire des peptides antimicrobiens (protéines courtes) qui nous protègent de ces agents pathogènes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211570/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sean Mangion est également étudiant en médecine à l'Université de Sydney.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lorraine Mackenzie ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les pellicules existent depuis des milliers d’années. Voici comment vous débarrasser des vôtres.Lorraine Mackenzie, Associate Professor, Clinical and Health Sciences, University of South AustraliaSean Mangion, PhD Candidate, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/881402017-11-29T20:38:37Z2017-11-29T20:38:37ZUne nouvelle piste pour expliquer les effets indésirables du Levothyrox<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/196399/original/file-20171126-21795-180u4g8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ancienne et nouvelle formule du levothyrox, un médicament notamment prescrit dans l'hypothyroïdie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/marseille-france-august-23-2017-new-703213291?src=QcTqPYfc_7RkT5PIjyL-KQ-1-0">Gerard Bottino/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Environ 3 millions de personnes prennent, en France, du Levothyrox. On a réalisé à quel point ces patients étaient nombreux à l’occasion de la crise déclenchée par le <a href="https://eurekasante.vidal.fr/actualites/21000-levothyrox-levothyroxine-sodique-comprime-secable-nouvelle-formule-nouvelles-couleurs.html">changement de la formule de ce médicament</a> au mois de mars. 2 500 dossiers ont déjà été enregistrés dans une action collective pour « défaut d’information » <a href="http://www.leparisien.fr/aef/chutier/levothyrox-une-action-collective-s-organise-a-marseille-29-11-2017-7421556.php">qui sera engagée au civil contre le fabricant, Merck</a>, tandis que des plaintes ont <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/levothyrox/levothyrox-c-est-l-urgence-qui-me-fait-deposer-plainte-rapidement-selon-l-avocate-des-plaignants_2372603.html">été déposées</a> au pénal pour « non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui ».</p>
<p>De nombreux patients se plaignent d’effets secondaires avec ce médicament, destiné à remplacer l’hormone produite par la thyroïde en cas <a href="https://www.forum-thyroide.net/">d’ablation de cette glande</a> située à la base du cou, ou bien à compenser une baisse de cette hormone – ce qu’on nomme l’<a href="https://eurekasante.vidal.fr/maladies/metabolisme-diabete/hypothyroidie.html">hypothyroïdie</a>. En attendant que les enquêtes menées par la justice aboutissent, plusieurs pistes <a href="http://sante.lefigaro.fr/article/levothyrox-des-pistes-pour-comprendre-la-crise/">ont été avancées</a> pour tenter de comprendre la survenue, avec la formule modifiée, de troubles du rythme cardiaque, de crampes musculaires, de problèmes intestinaux, de maux de tête ou de vertiges, par exemple une <a href="http://www.atoute.org/n/article362.html">différence dans la biodisponibilité</a> du médicament c’est-à-dire dans la diffusion du principe actif dans l’organisme. Mais à ce jour, ces hypothèses peinent à expliquer l’ampleur du phénomène.</p>
<p>Notre expérience dans le suivi à l’hôpital, sur 22 années, de plus de 5 000 patients touchés par une maladie héréditaire méconnue, le <a href="http://www.vivre-avec-le-sed.fr/le-sed-article-prof-hamonet.html">syndrome d’Ehlers-Danlos</a>, nous amène à formuler une nouvelle hypothèse. Des personnes traitées par Levothyrox pour une hypothyroïdie pourraient être porteuses de ce syndrome, sans avoir été diagnostiquées. Cette maladie serait alors à l’origine des effets indésirables observés, du moins pour certains patients.</p>
<h2>Le syndrome d’Ehlers-Danlos, maladie méconnue mais fréquente</h2>
<p>Le syndrome d’Ehlers-Danlos est fréquent, bien qu’il soit encore rangé par certains chercheurs dans les <a href="http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=287">maladies rares</a>. Il concerne environ 2 % de la population <a href="http://claude.hamonet.free.fr/fr/sed_commentaires-classification-geneticiens.htm">selon l’estimation</a> de notre groupe de médecins, le <a href="http://www.gersed.com/notre-association">Groupe d’étude et de recherche du syndrome Ehlers-Danlos</a>, même si cette proportion peut varier en <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28906340">fonction de la classification retenue</a>. La maladie touche l’ensemble des tissus conjonctifs, qui représentent environ 80 % des tissus du corps humain, par exemple la peau ou les os. Ces tissus sont plus fins et plus fragiles, en raison notamment d’une modification du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Collag%C3%A8ne">collagène</a>, l’armature de ces tissus. Les symptômes apparaissent habituellement dans les premières années de la vie ; pourtant ces signes ne conduisent jamais au diagnostic, ou alors avec un retard considérable de… <a href="http://www.gersed.com/">21 ans en moyenne</a>.</p>
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<p>Les difficultés à reconnaître le syndrome d’Ehlers-Danlos chez un patient sont liées à la <a href="http://www.vivre-avec-le-sed.fr/cariboost_files/Plaquette__20symptome_2016.pdf">diversité des symptômes</a> et à l’absence de test biologique, à l'exception de certaines formes particulières.</p>
<p>Les descriptions initiales de la maladie ont été réalisées par des dermatologues, d’abord Nicolai Alexandrovich Chernogubow à Moscou (Russie) en 1891, puis Edvard Ehlers à Copenhague (Danemark) en 1900. Elles se concentraient <a href="http://www.gersed.com/images/doc-technique/doc-actu/SEDACTION_Def.pdf">sur l’hypermobilité des articulations</a> – une souplesse articulaire bien supérieure à la moyenne – et l’étirabilité de la peau.</p>
<p>Au cours des vingt dernières années, la conception de la maladie a beaucoup évolué sous l’influence de chercheurs de plusieurs pays, notamment Rodney Grahame à l’université de Londres (Grande-Bretagne), Daniel Manicourt à l’Université catholique de Louvain (Belgique), Antonio Bulbena à l’université autonome de Barcelone (Espagne) et Pradeep Chopra à l’université de Brown, à Rhode Island (États-Unis). Leurs travaux ont permis d’identifier de nombreuses autres manifestations de la maladie, par exemple des difficultés respiratoires qui peuvent être confondues avec l’asthme, ou des manifestations cardiaques comme la tachycardie. Le système endocrinien, dont la thyroïde fait partie, est aussi concerné.</p>
<h2>Un diagnostic fondé sur neuf signes caractéristiques</h2>
<p>La présence, chez un patient, de 5 au moins des 9 signes caractéristiques du syndrome d’Ehlers-Danlos permet de poser le diagnostic de manière fiable, comme montré <a href="http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2017/03/17.2.28-HAMONET-site.pdf">dans notre communication à l’Académie de médecine</a>, le 28 février. L’absence de l’un d’entre eux ne peut l’éliminer, étant donnée la variabilité des tableaux cliniques.</p>
<p>Nous reprenons ici la description de ces neuf signes.</p>
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<li><p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28186390">Des douleurs</a> des articulations et autour des articulations, avec des localisations multiples (cou, épaules, coudes, poignets, doigts, dos, bassin, hanches, genoux, chevilles, pieds) de type chronique ou, à l’inverse, brèves et très violentes. Elles sont variables en intensité (souvent très fortes) selon la localisation, évoluant habituellement par crises sur un fond continu. Elles sont aggravées par l’activité physique, avec souvent un décalage au lendemain, et peuvent persister longtemps.</p></li>
<li><p>Une sensation de fatigue importante, présente dès le réveil, avec l’impression de pesanteur du corps, exagérée lors de crises imprévisibles, avec parfois des accès de somnolence dans la journée.</p></li>
<li><p>Des troubles du contrôle des mouvements volontaires, avec des maladresses et des heurts d’obstacles comme le chambranle de la porte, une déviation de la marche et parfois des chutes.</p></li>
<li><p>Une instabilité des articulations responsable de pseudo entorses (qui ne durent pas, contrairement aux entorses véritables), de blocages articulaires, de luxations ou de subluxations c’est-à-dire des débuts de luxation (incluant les craquements des articulations).</p></li>
<li><p>Une peau amincie, pâle, transparente, laissant voir le réseau veineux sur les avant-bras, au-dessus des seins et dans le dos. La peau est douce au toucher. Elle ne protège pas contre l’électricité statique, ce qui entraîne des sensations de décharge électrique au contact d’objets métalliques comme la portière d’une voiture, un caddy, ou lors du contact physique avec une autre personne.</p></li>
<li><p>Une hypermobilité des articulations, au moins dans l’enfance. Elle est plus ou moins diffuse, permettant par exemple de mettre un pied derrière la tête ou de faire le grand écart facial. Cette souplesse extrême a pu disparaître par la suite, ou bien être masquée par les douleurs ou les contractures. Son absence n’exclut pas le diagnostic. Des rétractions des muscles, par exemple des muscles fléchisseurs des genoux, des triceps ou des muscles fléchisseurs plantaires, sont même fréquentes, surtout chez l’enfant.</p></li>
<li><p>Des reflux gastro-œsophagiens, ou vomissements, qui peuvent survenir tôt dans la vie, par exemple lors de la prise des biberons.</p></li>
<li><p>Des ecchymoses étendues, ce qu’on appelle des « bleus », survenant pour des traumatismes minimes bien souvent passés inaperçus, ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Purpura">du purpura</a>, un semis de petites taches rouges sur la peau.</p></li>
<li><p>Des sens exacerbés, ce qu’on nomme l’hypersensorialité. Cela se traduit notamment par une intolérance aux bruits et une perception très fine des sons, ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hyperacousie">hyperacousie</a>. Cela entraîne également des vertiges, survenant aux changements de position de la tête, compromettant l’équilibre postural.</p></li>
</ol>
<h2>Les pieds et les mains froids, des fièvres inexpliquées, des vergetures</h2>
<p>D’autres signes peuvent coexister et contribuent à l’identification du syndrome d’Ehlers-Danlos. Les pieds et les mains froids, signe d’une <a href="http://dictionnaire.academie-medecine.fr/?q=dysautonomie">dysautonomie</a>, souvent confondus avec un syndrome de Raynaud ; des palpitations, des sueurs, de la frilosité, des fièvres inexpliquées ; une grande sensibilité olfactive et au toucher ; une constipation ; des douleurs dans l’abdomen ou dans les côtes ; des troubles du sommeil ; de la dystonie, c’est-à-dire des tremblements ou des secousses musculaires, des contractures ; de la fragilité cutanée avec des troubles de cicatrisation ou des vergetures ; une étirabilité cutanée excessive ; des gencives qui saignent facilement ; des blocages respiratoires, des essoufflements ; des troubles de la vision binoculaire (capacité à utiliser les deux yeux pour voir nettement) ; des dents mal positionnées ou qui bougent ; le besoin d’uriner souvent ; pour les femmes, des douleurs lors des rapports sexuels, des accidents lors des accouchements ; des troubles cognitifs liés à la mémoire, l’attention, la concentration, l’orientation ; des troubles de l’affectivité ou du comportement comme l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8464956">anxiété</a>, l’émotivité ; des troubles du spectre autistique.</p>
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<p>Si nous avons dressé ici cette longue liste, c’est dans le but de mettre des personnes concernées – ou leurs médecins – sur la piste du syndrome. L'absence de diagnostic peut en effet avoir de <a href="https://juniperpublishers.com/tbd/pdf/TBD.MS.ID.555591.pdf">lourdes conséquences</a> pour la santé de ces personnes. Quand d’autres membres de la famille présentent des tableaux identiques – plus ou moins expressifs – cela vient renforcer la suspicion.</p>
<p>On le voit, les manifestations cliniques sont multiples et de ce fait, aboutissent à bien des erreurs de diagnostic. Certaines personnes touchées par la maladie ont un diagnostic psychiatrique, comme montré dans notre article <a href="https://www.omicsonline.org/open-access/ehlersdanlostschernogobow-syndrome-a-frequent-rarely-diagnoseddisease-whose-patients-are-often-the-victim-of-an-abusivepsychiatriz-2167-1044-1000275.php?aid=86653">publié en mars dans la revue <em>Journal of Depression and Anxiety</em></a> ou encore un diagnostic, là aussi erroné, d’une autre maladie physique. </p>
<p>Un diagnostic de fibromyalgie peut aussi être posé. Il s'agit en fait d'une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/BF03007247">appellation impropre</a> donnée par les rhumatologues au syndrome d’Ehlers-Danlos. Cette catégorisation a été réalisée par des chercheurs abusés par une conception ancienne du syndrome d’Ehlers-Danlos, longtemps vu comme une simple curiosité de la nature permettant de faire des numéros de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Contorsion">contorsionnisme</a>, et sans douleurs. Et malheureusement, elle perdure. </p>
<h2>L’hypothèse d’une confusion diagnostique entre deux maladies</h2>
<p>Pour en revenir à la crise du Levothyrox, il convient donc de se poser la question suivante : pourrait-il exister une confusion diagnostique entre l’hypothyroïdie et le syndrome d’Ehlers-Danlos ? Un nombre important des symptômes décrits se retrouvent en effet dans les deux maladies.</p>
<p>L’hypothyroïdie est caractérisée par la fatigue importante dès le réveil, les troubles du sommeil, les ronflements nocturnes, les troubles de la thermorégulation (extrémités froides, frilosité, hypothermie), la sécheresse de la peau et les modifications des phanères (ongles cassants, chute des cheveux), la constipation, la prise de poids, les douleurs articulaires, les crampes musculaires, les difficultés à avoir un enfant et la fréquence des fausses couches, les troubles de la sexualité, l’anémie, les troubles de la mémoire, de la concentration, un état dépressif.</p>
<p>Ces symptômes sont tous retrouvés, plus ou moins groupés, chez des patients avec un syndrome d’Ehlers-Danlos. Leur présence peut être à l’origine d’une erreur d’interprétation donnant lieu à un diagnostic erroné d’insuffisance thyroïdienne.</p>
<p>A l'inverse, on observe dans le syndrome d’Ehlers-Danlos des modifications morphologiques visibles à l’échographie, comme l’atrophie de la thyroïde. Par ailleurs, des nodules sont très banals dans cette maladie du conjonctif, tout comme les kystes. Il est donc possible que des diagnostics d’hypothyroïdie soient posés à tort devant un tableau de syndrome d’Ehlers-Danlos, notamment chez les sujets les plus jeunes.</p>
<h2>L’hypothyroïdie, l’une des expressions du syndrome d’Ehlers-Danlos ?</h2>
<p>Notre expérience auprès des patients et nos publications scientifiques nous conduisent à proposer, en plus, une autre hypothèse. L’hypothyroïdie pourrait être, en fait, l’une des modalités d’expression du syndrome d’Ehlers-Danlos. Autrement dit, la première relèverait du second, il ne s’agirait pas de deux maladies différentes. Le tissu conjonctif serait peut-être, là aussi, en cause.</p>
<p>En effet, arrêtons-nous un instant sur les principaux symptômes décrits par une partie des patients après la prise du nouveau Levothyrox. Ils ont été rendus publics en octobre par l’Agence nationale de sécurité du médicament <a href="http://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Point-d-actualite-sur-le-Levothyrox-et-les-autres-medicaments-a-base-de-levothyroxine-Communique">sur la base des déclarations de pharmacovigilance envoyées par les patients</a>. Fatigue, insomnie, maux de tête, vertiges, douleurs articulaires et musculaires, chute des cheveux : ces signes se retrouvent dans le syndrome d’Ehlers-Danlos. On observe également parmi les déclarants une nette prédominance des femmes (<a href="http://www.leparisien.fr/societe/levothyrox-les-effets-indesirables-ne-sont-pas-dus-a-la-nouvelle-formule-selon-l-ansm-11-10-2017-7325268.php">soit 90,7 %</a>), comme dans le syndrome.</p>
<p>Il convient donc de s’interroger : les effets indésirables observés chez certains avec le nouveau Levothyrox ne sont-ils pas le fait de patients ayant un syndrome d’Ehlers-Danlos méconnu ? Il resterait, encore, à comprendre pourquoi ces réactions n’ont été signalées qu’avec le changement de formule. Étant donnée la population très importante de personnes atteintes non diagnostiquée en France, l’hypothèse mérite en tout cas d’être explorée. Les médecins formés à cette maladie voient en effet venir à eux de nombreux patients qui ont trouvé seuls, avec l’aide d’Internet, l’explication à leurs douleurs et autres problèmes de santé. Les interrogations autour de la nouvelle formule du Levothyrox sont, peut-être, une occasion de mettre certains patients sur la bonne voie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88140/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Hamonet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les effets observés avec le changement de formule de ce médicament pourraient être, chez certains patients, en lien avec un diagnostic d’hypothyroïdie erroné.Claude Hamonet, Professeur émérite de médecine, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/864152017-11-23T21:30:23Z2017-11-23T21:30:23ZSexualité au féminin : quand les rapports font mal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/195715/original/file-20171121-6031-rs08f6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Becca Tapert/Unsplash</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est extrait du livre <a href="http://www.payot-rivages.fr/payot/livre/les-femmes-et-leur-sexe-9782228917575">« Les femmes et leur sexe »</a> (Editions Payot), de Heidi Beroud-Poyet et Laura Beltran, psychologues cliniciennes et sexologues.</em></p>
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<p>Toutes les femmes ont dit « aïe » un jour pendant un rapport sexuel, sans que cela ne les inquiète plus que ça. Une petite gêne, une maladresse, une douleur qui passe – jusque-là, rien de grave. Il y a un problème quand la douleur se répète et qu’elle devient une souffrance. Faire l’amour n’est pas censé faire mal.</p>
<p>La dyspareunie correspond à un rapport sexuel douloureux, le plus souvent lors de la pénétration. Les dyspareunies affectent 8 à 22 % des femmes à un moment au cours de leur vie, selon l’<a href="http://www.em-consulte.com/en/article/832272">article publié en 2013</a> par la dermatologue Clarence de Belilovsky.</p>
<p>Lorsqu’une femme a mal au sexe, celui-ci se verrouille. La femme se débranche alors de cette partie de son corps et de l’activité sexuelle. Une femme peut avoir mal tout le temps, ou seulement quand on touche son sexe. Certaines se sentent irritées, d’autres ressentent une douleur aiguë à un endroit très précis. La diversité des cas est infinie, mais une chose est sûre : la douleur n’est jamais complètement physique ou complètement psychologique. Le plus souvent, c’est une combinaison des deux. Et pour la majorité des femmes, cette douleur <a href="https://francais.medscape.com/voirarticle/3590583#vp_1">se soigne</a>.</p>
<h2>C’est « foutu », pensent certaines femmes</h2>
<p>Certaines femmes pensent que c’est « foutu » parce qu’elles n’ont jamais pu être pénétrées. Elles n’ont pas voulu, elles n’ont pas osé, elles n’ont pas pu… Cela n’a jamais marché, ça ne passe pas, c’est fermé. Les tampons ne sont jamais rentrés. Même chez le gynécologue, c’est impossible.</p>
<p>D’autres ont toujours eu mal. La première fois, passe encore, mais la douleur n’est jamais partie ; être pénétrée, pour elles, c’est avoir mal. Ces femmes ont la sensation d’avoir un vagin trop petit, serré, étroit, « anormal ». Elles serrent les dents dès qu’elles ont un rapport, elles se mettent la pression : « Est-ce que ça va passer cette fois ? Est-ce que ça va faire mal ? »</p>
<p>D’autres encore ont suivi de nombreux traitements parce que leur sexe gratte, ou brûle, ou pique. Leur sexualité dépend du rythme des infections, des traitements, des ordonnances médicales.</p>
<p>D’autres, enfin, n’ont jamais rien ressenti pendant l’amour. À force de ne rien ressentir, et de s’ennuyer, elles perdent de l’intérêt pour la sexualité. Comme il n’est pas simple de dire à l’autre : « Je m’ennuie ferme pendant nos câlins ! », dire « j’ai mal » leur permet de fournir une raison objective et d’éviter la « corvée ».</p>
<h2>Elles se disent que ça va passer</h2>
<p>Au début, quand les rapports sexuels sont douloureux, les femmes ne s’inquiètent pas ; elles se disent que ça va passer, elles pensent qu’il est normal d’avoir mal. Et puis, au bout de quelque temps, elles finissent par consulter.</p>
<p>Quand <a href="http://www.cwhn.ca/fr/node/16977">elles en parlent</a>, elles évoquent une « gêne » très importante et leurs descriptions sont souvent imagées. Il y a la brûlure-coupure : des sensations de coups de couteau, de lames de rasoir. Il y a la brûlure-blessure : sensation d’une écorchure, d’une plaie à vif, d’une déchirure. Il y a la brûlure-piqûre : comme le dit l’une d’elles, « J’ai l’impression d’avoir un oursin dans ma culotte ».</p>
<p>Les douleurs ou les brûlures apparaissent le plus souvent au toucher, ou encore au contact des vêtements, ou des tampons. Elles sont ressenties au niveau des organes génitaux externes et s’associent parfois à une douleur au moment des relations sexuelles.</p>
<h2>Des sensations de brûlure, ou vulvodynie</h2>
<p>Dès lors qu’une femme se plaint de douleurs sur la région vulvaire, et qu’il n’y a pas de cause évidente à l’examen médical, elle est susceptible d’entendre le <a href="http://sciencessociales.uottawa.ca/recherche-sexualite-humaine/troubles-douleur-sexuelle-genitale/vulvodynie">diagnostic de vulvodynie</a>. Ces sensations de brûlure ont chacune hérité d’un « petit nom » scientifique en fonction de la zone où elles se situent : quand ça fait mal sur tout le sexe, c’est la <a href="http://www.cngof.asso.fr/d_livres/2005_GM_115_quereux.pdf">vulvodynie</a> ; à l’entrée du vagin, c’est la vestibulodynie ; sur le clitoris, c’est la clitoridynie.</p>
<p>Environ 15 % des femmes souffrent de vulvodynie, selon une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15909152">étude allemande publiée en 2005</a> et une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1646569">autre</a>, plus ancienne. Or elles sont rarement bien diagnostiquées, comme le montre une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3779055/">étude américaine de 2011</a>. Ces douleurs commencent tôt. Dans une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17286072">étude australienne publiée en 2007</a>, 75 % des patientes avaient moins de 35 ans. Le délai moyen entre le début de la douleur et le diagnostic était d’environ 6 ans. « Or les patientes pensent que le retard au diagnostic a contribué à la sévérité de leurs symptômes », écrit la dermatologue Clarence de Belilovsky, dans l’article déjà cité.</p>
<p>Assez souvent, les femmes repèrent une période de leur cycle menstruel qui est plus douloureuse. Certaines décrivent une gêne pour s’asseoir. Les douleurs jouent également sur leur style vestimentaire : les femmes remisent leurs pantalons serrés et préfèrent des vêtements amples ou des matières souples.</p>
<h2>Les femmes limitent la durée des rapports</h2>
<p>Les femmes qui souffrent d’une vulvodynie n’interrompent pas forcément leur vie sexuelle, elles l’adaptent en évitant de stimuler les zones sensibles ou en limitant la durée des rapports. Cependant, si les douleurs sont très fortes ou durent trop longtemps, la vulvodynie peut mettre à mal l’estime de soi et influencer négativement le désir.</p>
<p>Prenons l’exemple de Céline (les prénoms ont été changés), 27 ans. Ses douleurs ont débuté il y a trois ans, alors qu’elle faisait l’amour avec Olivier, son premier et unique partenaire sexuel. Ils sont en couple depuis quatre ans. « Avant, ça m’arrivait d’avoir une mycose ou d’être irritée, dit-elle, mais ça passait vite. Maintenant, c’est à chaque rapport. J’ai l’impression que je vais tomber folle avec ma douleur. J’ai des brûlures super fortes, du coup je n’ai plus envie et j’évite tout rapport sexuel. »</p>
<p>Elles consulte trois gynécologues. L’un d’eux lui dit qu’elle a une vulvodynie et lui conseille de faire des séances de kiné pour détendre le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9rin%C3%A9e">périnée</a>, le muscle situé entre le vagin et l’anus. Cela l’aide à mieux se connaître, mais le désir ne revient pas et Céline appréhende toujours de faire l’amour. Son copain ne lui met pas la pression : </p>
<blockquote>
<p>« Il est patient, mais à force d’essayer et de se faire rembarrer, il n’essaie même plus. Ça fait plus d’un an qu’on n’a rien fait, ce n’est plus naturel, on ne sait plus comment s’y prendre. »</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195716/original/file-20171121-6039-1nl293k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/195716/original/file-20171121-6039-1nl293k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/195716/original/file-20171121-6039-1nl293k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/195716/original/file-20171121-6039-1nl293k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/195716/original/file-20171121-6039-1nl293k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/195716/original/file-20171121-6039-1nl293k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/195716/original/file-20171121-6039-1nl293k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les douleurs peuvent avoir des répercussions négatives sur le désir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/3oyeaivM_fE">quin stevenson/unsplash</a></span>
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<p>Céline doute de sa relation, elle se demande si les problèmes sexuels sont liés à ses doutes. Elle est aussi très stressée par le travail, elle a un niveau d’exigence élevé et ne se laisse pas souvent aller. Elle aime sentir qu’elle maîtrise ce qui lui arrive. Elle n’en peut plus de cette vulvodynie qui ne passe pas, qui l’amène à consulter jusque chez le psychologue-sexologue. Elle aurait voulu un traitement et basta ! Mais cela semble un peu plus compliqué…</p>
<h2>Ces femmes n’ont pas « rien »</h2>
<p>« Le pire, c’est de se sentir incomprise, regardée comme une fille douillette », confie une patiente. L’examen gynécologique des femmes qui souffrent de vulvodynie est le plus souvent normal, et c’est cela qui les inquiète. Or, elles n’ont pas « rien », elles ont mal pour de vrai.</p>
<p>C’est justement cela, la vulvodynie : l’examen visuel est normal, mais l’examen au toucher fait mal. En général, le médecin spécialiste examine sa patiente en utilisant un coton-tige, ce qui lui permet d’identifier avec précision la zone douloureuse à partir de la sensation.</p>
<p>Les causes précises de la vulvodynie sont mal identifiées. Mais il existe fort heureusement des manières de s’en sortir. Pour cela, il faut penser à trois choses : la muqueuse, le muscle, et le mental – ce qu’on nomme les « 3 M ».</p>
<p>Il existe des consultations spécialisées dans lesquelles les médecins connaissent bien ces symptômes. Pour avoir de bonnes chances de guérir, nous conseillons aux femmes de rencontrer un médecin spécialiste (dermatologue vulvaire ou gynécologue spécialisé) qui travaille en réseau avec des kinésithérapeutes et des psychologues sexologues. Si une femme sort de chez le médecin en ayant l’impression qu’il ne sait pas trop ce qu’elle a ou qu’il n’a pas manifesté la moindre empathie, alors il faut changer d’adresse.</p>
<h2>Des crèmes et la détente du périnée</h2>
<p>Commençons par la « muqueuse », le premier des trois M. Si c’est une vulvodynie, les médecins peuvent prescrire des traitements locaux, <a href="http://www.jogc.com/article/S1701-2163(16)34987-8/pdf">des crèmes</a>, afin que la zone soit bien hydratée, et parfois des anesthésiques. Ils peuvent aussi proposer des traitements qui agissent contre les douleurs chroniques.</p>
<p>Si le problème est une mycose, c’est-à-dire une affection causée par un champignon parasite, un prélèvement doit être effectué et analysé pour être sûr du diagnostic. Dans ce cas-là, les crèmes et les ovules sont adaptés. Si l’on traite sans avoir fait de prélèvement, le risque est de « sur-traiter » sans raison. Dans les cas de mycose à répétition, des traitements par voie orale sur un long terme peuvent être très efficaces.</p>
<p>Le « muscle », le deuxième M, peut aussi être en cause. Dans le cas d’une hypertonie du périnée, le traitement majeur est la kinésithérapie. La relaxation périnéale doit impérativement être pratiquée avec des kinésithérapeutes ou des sages-femmes spécialisées. Ces spécialistes connaissent les symptômes et pourront aider les femmes à prendre conscience de cette zone du corps grâce à des exercices et des massages. Les muscles qui entourent le vagin se détendront et apporteront du confort et un soulagement. Les mêmes professionnels peuvent aussi proposer une approche de relaxation plus « globale », sans nécessairement se focaliser sur le périnée.</p>
<h2>Quand le mental est en jeu</h2>
<p>Le « mental » est le troisième M. Nous recommandons aux femmes de se tourner vers un professionnel de santé (médecin ou psychologue clinicien) qui soit spécialisé en sexologie. L’intérêt de cette spécialisation est que le thérapeute aura une connaissance solide de la « mécanique sexuelle ». Ainsi il pourra s’en distancier et déchiffrer les aspects personnels et inconscients d’un symptôme. Une consultation avec un thérapeute sexologue se déroule le plus souvent sous la forme d’un entretien en face à face pendant une demi-heure ou trois quarts d’heure, en séance individuelle ou en couple.</p>
<p>La première piste pour comprendre le problème est physiologique, car bien des douleurs, des brûlures ou des démangeaisons ont pour origine un problème gynécologique qui a déclenché une inflammation. Mais une femme qui a des douleurs n’est pas qu’un corps. La deuxième piste amène donc à visiter l’histoire personnelle, l’éducation, les croyances, les propres représentations des hommes et des femmes.</p>
<p>Les douleurs, les brûlures ou les démangeaisons s’entretiennent bien souvent chez des femmes qui n’ont pas eu l’occasion de faire l’apprentissage de leur sexualité. Sans un « savoir minimum » sur leur fonctionnement sexuel, elles s’ennuient très vite dans cette activité. Le problème est qu’elles n’ont pas les « cartes » pour s’en sortir, car elles n’ont jamais vraiment appris à être bien avec leur sexe et dans leur sexualité.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=975&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=975&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=975&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1225&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1225&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/192193/original/file-20171027-13319-1abcr8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1225&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">« Les Femmes et leur sexe », de Heidi Beroud-Poyet et Laura Beltran, éditions Payot.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Se pose aussi la question des traumatismes sexuels vécus personnellement ou encore indirectement, via le récit d’un proche. On recherche, encore, du côté des troubles psychologiques : une anxiété démesurée, des troubles alimentaires comme l’anorexie ou la boulimie, ou encore une dépression.</p>
<p>Enfin, il faut s’intéresser au couple, se demander comment il fonctionne, si la communication est bonne, si les sentiments sont sécurisants. Il est important de voir comment la sexualité marche pour le partenaire, et comment il ou elle réagit face aux difficultés.</p>
<p>Ces douleurs se soignent, et il faut le dire. Dans notre expérience, la majorité des femmes guérissent ou voient leur état s’améliorer considérablement grâce à l’association des différentes approches que nous venons de décrire.</p>
<p>L’amélioration se produit dans des délais variables. Les femmes attendent souvent un déclic qui va tout changer du jour au lendemain. Mais le plus souvent il s’agit d’une démarche progressive, un parcours avec des étapes. Plus que jamais dans les cas de vulvodynie, les femmes ont à traiter un symptôme qui est multifactoriel. Elles gagneront à bénéficier d’une approche pluridisciplinaire au sein d’une équipe à l’écoute de ces causes multiples.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86415/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laura Beltran ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Chez certaines femmes, faire l’amour peut provoquer douleurs ou brûlures, au point d’y renoncer. Les causes de la dyspareunie sont généralement physiques et psychologiques. Et se soignent.Laura Beltran, Psychologue clinicienne et sexologue, chargée d'enseignement pour le diplôme universitaire de sexologie, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/797752017-07-16T22:10:47Z2017-07-16T22:10:47ZIl y a 300 ans, un navigateur breton apportait une étrange maladie en Afrique du Sud<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/177743/original/file-20170711-14468-bnvnu4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le port et la rade de Lorient, aquarelle anonyme, vers 1800. Parti de Lorient il y a trois siècles, François Renier Duminy a transmis à sa descendance en Afrique du Sud une affection héréditaire de la peau.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://theconversation.com/asset_images/177743/edit?content_id=79775">Musée de la Compagnie des Indes</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Nuit Sciences et Lettres: « Les Origines », qui se tiendra le 8 juin 2018 à l'ENS, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez le programme complet <a href="http://www.nuit.ens.fr/">sur le site de l'événement</a>.</em></p>
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<p><a href="http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=50943">L’érythème kératolytique hivernal</a> (<em>Keratolytic winter erythema</em>, en anglais) est une maladie génétique de la peau qui affecte la <a href="http://www.clinicaladvisor.com/dermatology/erythrokeratolysis-heimalis-keratolytic-winter-erythema-oudtshoorn-disease/article/595007/">paume des mains et la plante des pieds</a>. En Afrique du Sud, on l’appelle aussi, plus familièrement, la <a href="http://www.samj.org.za/index.php/samj/article/view/7253/5697">maladie d’Oudtshoorn</a>, du nom de la ville rurale du Cap occidental où vivaient la majorité des individus qui en souffraient lorsqu’elle a été décrite pour la première fois. Des travaux scientifiques nous apprennent que cette affection, très rare en France, a pourtant été introduite il y a environ trois siècles en Afrique du Sud… par un navigateur breton.</p>
<p>La maladie n’affecte pas le corps entier mais se manifeste par des rougeurs suivies de la perte d’épais morceaux de peau sur les paumes et la plante des pieds.</p>
<p>Il n’existe pas de traitement efficace. Si la maladie n’a pas de graves conséquences sur la santé, elle peut créer un inconfort social. Elle peut également se révéler problématique dans l’exercice de certaines professions. Sa sévérité varie selon les cas, entraînant le plus souvent des cycles récurrents de rougeurs et de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Desquamation">desquamation</a>, c’est-à-dire une perte des couches superficielles de l’épiderme.</p>
<h2>Un Afrikaner touché sur 7 200</h2>
<p>Une étude menée au milieu des années 1980 suggérait qu’en Afrique du Sud, un Afrikaner (groupe ethnique des Sud-Africains blancs descendants des Européens) sur 7 200 souffrait d’érythème kératolytique hivernal (EKH). Mais il est probable que la prévalence soit inégale à travers le pays. La maladie affecterait également une personne sur 90 000 au sein de la population métisse en Afrique du Sud.</p>
<p>Des cas d’EKH ont également été décrits dans des familles allemandes et norvégiennes. Le rude climat sud-africain pourrait avoir exacerbé les symptômes de la maladie, et donc rendu son diagnostic plus évident dans ce pays. Plusieurs dermatologues à travers le monde ont également relevé des cas au sein de la diaspora sud-africaine, au Royaume-Uni et au Canada notamment.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/177127/original/file-20170706-14401-1x9xo0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/177127/original/file-20170706-14401-1x9xo0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/177127/original/file-20170706-14401-1x9xo0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/177127/original/file-20170706-14401-1x9xo0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/177127/original/file-20170706-14401-1x9xo0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/177127/original/file-20170706-14401-1x9xo0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/177127/original/file-20170706-14401-1x9xo0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Il n’existe, pour le moment, pas de traitement contre l’EKH et ses effets sur la peau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://cdn.theconversation.com/files/168728/width926/file-20170510-28075-1d2qucl.jpg">Supplied</a></span>
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<p>Les recherches que nous avons menées sur la maladie nous ont permis de faire d’<a href="https://www.wits.ac.za/news/latest-news/research-news/2017/2017-05/scientists-find-genetic-mutation-responsible-for-rare-skin-disease-in-afrikaners.html">importantes découvertes</a> qui pourraient aider à un meilleur diagnostic. Ces progrès pourraient, à leur tour, permettre d’évaluer avec précision la prévalence de l’EKH et ouvrir la porte à la recherche d’un éventuel traitement.</p>
<p>Nous pensons également que nos découvertes pourraient aider à comprendre en quoi le gène sur lequel nous avons identifié une mutation particulière pourrait jouer un rôle dans <a href="http://www.therapeutique-dermatologique.org/spip.php?page=article&id_article=1172#paragraphe-2">d’autres maladies de la peau ou problèmes de desquamation</a>.</p>
<h2>Les enseignements d’une étude généalogique sur les familles concernées</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/177128/original/file-20170706-10491-1lah62j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/177128/original/file-20170706-10491-1lah62j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/177128/original/file-20170706-10491-1lah62j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/177128/original/file-20170706-10491-1lah62j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/177128/original/file-20170706-10491-1lah62j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/177128/original/file-20170706-10491-1lah62j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/177128/original/file-20170706-10491-1lah62j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’EKH a une chance sur deux de se manifester chez un enfant dont l’un des parents est touché par la maladie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/-f7bKsvOgwU">Bonnie Kittle/Unsplash</a></span>
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<p>L’EKH a été décrit pour la première fois dans les années 1970 par George Findlay, un dermatologue sud-africain de l’université du Witwatersrand à Johannesburg, qui a reçu de nombreux patients en consultation ainsi que leurs familles. George Findlay a montré que si un parent était touché par l’EKH, la maladie avait 50 % de chances de se manifester chez l’enfant. Ce qui indiquait que cette maladie génétique relevait du mode de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Transmission_autosomique_dominante">transmission autosomique dominante</a>.</p>
<p>C’est un autre dermatologue, Peter Hull, qui a découvert les origines, plutôt surprenantes, de la maladie pour l’Afrique du Sud. Au début des années 1980, il décide de mener une étude généalogique. Celle-ci le fait remonter jusqu’à un navigateur français, le capitaine François Renier Duminy, qui s’était installé dans le pays à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle. Dans ses recherches, le médecin est allé jusqu’à rendre visite aux familles touchées par la maladie, pour mener ensuite une enquête approfondie sur leur ascendance.</p>
<p>Toutes les familles auxquelles le dermatologue s’est intéressé étaient liées à François Renier Duminy. Né à Lorient (Morbihan) en 1747 de parents inconnus, celui-ci avait été recueilli, peu après sa naissance, par la famille d’Antoine Lebre Duminy. Ce marin avait été nommé quelques années plus tard commandant de la citadelle de Port-Louis, gardienne de l’entrée du port de Lorient. Le fils adoptif était devenu membre de la Compagnie française des Indes orientales, entreprise de négoce colonial <a href="http://musee.lorient.fr/musee/les-compagnies-des-indes/lorient-et-la-compagnie-des-indes/">basée à Lorient</a>. Puis il avait quitté cette société pour poursuivre ses activités commerciales de façon indépendante.</p>
<h2>L’installation de François Renier Duminy au cap de Bonne-Espérance</h2>
<p>C’est dans ce cadre que François Renier Duminy a navigué jusqu’au cap de Bonne-Espérance, au sud de l’actuelle Afrique du Sud, et décidé de s’y installer. Les recherches de Peter Hull ont montré que l’EKH s’est répandue à travers la descendance du capitaine breton. Il a transmis la maladie à certains, au moins, de ses six enfants, nés en Afrique du Sud de son mariage avec Johanna Margaretha Nötlingh – sauf un, illégitime. Tous les Sud-Africains atteints d’EKH peuvent remonter, dans leur généalogie, jusqu’à Renier Duminy ou sa descendance.</p>
<p>La forte présence de la maladie en Afrique du Sud est la conséquence de ce qui, en génétique, porte le nom « d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_fondateur">effet fondateur</a> » : lorsqu’une population nouvelle s’établit à partir d’un très petit nombre d’individus, ceux-ci contribuent pour une large part au patrimoine génétique commun. Leurs gènes sont ensuite surreprésentés au sein de la population actuelle, ici les Afrikaners. Ce phénomène explique donc que l’EKH soit plus répandue en Afrique du Sud que partout ailleurs dans le monde.</p>
<p>Il nous a fallu 32 années pour identifier la mutation génétique à l’origine de la maladie. Mais ce n’est que grâce à notre toute dernière découverte que nous avons enfin compris pourquoi nous avons eu toutes les peines du monde à la trouver.</p>
<p>Il y a 20 ans, nous avions mené une <a href="http://www.cell.com/ajhg/pdf/S0002-9297%2807%2964063-4.pdf">étude génétique</a> sur la population atteinte de l’érythème kératolytique hivernal. Nous avions alors repéré la région dans laquelle se trouvait la mutation : le bras court du chromosome 8. Pendant les années qui ont suivi, nous avons analysé les gènes de cette région. Mais impossible de savoir lequel était à l’origine de la maladie.</p>
<h2>Une avancée majeure grâce au décryptage du génome humain</h2>
<p>Grâce au décryptage du génome humain et aux technologies de la génomique, nous avons pu aller plus loin et analyser la région identifiée du chromosome 8 dans sa totalité, y compris des parties qui ne comprenaient pas de gènes.</p>
<p>Nous avons d’abord mené une analyse conventionnelle en nous concentrant sur les gènes, sans résultat. C’est lorsque nous avons regardé les zones intergéniques que nous avons obtenu un début de réponse sur les origines de l’EKH. Une large région entre les gènes était en fait dupliquée, c’est-à-dire présente en deux exemplaires. Cette séquence dupliquée pouvait être notre explication, avons-nous alors pensé.</p>
<p>Au moment même où nous menions ce travail, un chercheur norvégien de l'université de Bergen a découvert une autre mutation dans la même région du chromosome. Il y avait là aussi une section dupliquée, qui se chevauchait avec la nôtre.</p>
<p>Il devenait alors possible, en joignant nos forces, de consolider nos travaux et d’essayer de comprendre comment des mutations chez des individus de deux familles différentes pouvaient causer la même maladie. Nous avons alors prélevé et analysé les fragments de peau de quelques personnes atteintes d’EKH, ainsi que de volontaires qui ne l’étaient pas, afin d’identifier le gène qui subissait l’influence de la mutation présente dans la région intergénique. Nous avons ainsi testé trois gènes très proches de la localisation de la mutation.</p>
<p>Nous avons constaté que l’un de ces trois gènes, la cathépsine B, produisait cette protéine en trop grande quantité chez les patients atteints d’EKH, comme expliqué dans notre article <a href="http://www.cell.com/ajhg/abstract/S0002-9297(17)30144-1">publié dans la revue Cell au mois de mai</a>. C’est cette surproduction qui entraînait la desquamation.</p>
<h2>Une découverte qui permet un diagnostic simple de la maladie</h2>
<p>Cette découverte est importante pour deux raisons. Tout d’abord, elle pourrait aider les scientifiques à comprendre l’origine d’autres maladies de la peau ou de problèmes de desquamation. Il n’est pas impossible que ce même gène y soit pour quelque chose.</p>
<p>Ensuite, elle facilitera le diagnostic de la maladie par les dermatologues, puisqu’un simple test ADN permet d’identifier la mutation.</p>
<p>De nombreuses pièces du puzzle, néanmoins, restent encore à assembler. L’une d’entre elles, par exemple, consistera à expliquer pourquoi la maladie apparaît et disparaît chez certaines personnes. Une autre, à comprendre pourquoi les symptômes de la maladie n’affectent que la paume des mains et la plante des pieds.</p>
<p>Pour les scientifiques, la prochaine étape sera de mettre en place des cultures de cellules de peau, afin de connaître l’élément déclencheur de la maladie. Plusieurs indices laissent à penser que ses effets seraient multipliés en cas de stress ou d’infection.</p>
<p>L’objectif ultime sera de parvenir à un traitement. Mais d’ici à ce que nos découvertes débouchent sur un médicament pour les personnes atteintes d’érythème kératolytique hivernal, la route est encore longue.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/79775/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michèle Ramsay a reçu des financements de NRF, SA MRC, NHLS RT et NIH.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thandiswa Ngcungcu ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’érythème kératolytique hivernal, maladie de peau affectant les mains et les pieds, est plus répandue en Afrique du Sud qu’ailleurs. Les personnes touchées descendent toutes d’un marin français.Michèle Ramsay, Director of the Sydney Brenner Institute for Molecular Bioscience, Professor in the Division of Human Genetics , University of the WitwatersrandThandiswa Ngcungcu, PhD candidate in the Division of Human Genetics, Faculty of Health Sciences, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/809272017-07-16T22:07:10Z2017-07-16T22:07:10ZHoméoplasmine, attention danger !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/177895/original/file-20170712-19636-p0s5yt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lésion de la peau</span> <span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>En cosmétique, deux clans s’affrontent : « ceux qui ont peur de tout » et « ceux qui n’ont peur de rien ». Les premiers voient dans les cosmétiques de véritables bombes à retardement, dangereuses pour notre santé. Des ingrédients d’une grande nocivité (paraffine, parabens, silicones, PEG…) y seraient introduits pour notre plus grand malheur ! La toxicologie des ingrédients des produits est ainsi passée au crible par des blogueuses-beauté qui s’autoproclament spécialistes du domaine sans avoir jamais étudié sérieusement le sujet sur les bancs de la Faculté ! </p>
<p>« Ceux qui ont peur de tout » se tournent, du coup, vers les cosmétiques biologiques (qui sont, pourtant, loin d’être les meilleurs), suivent des recettes trouvées sur Internet, suivent les conseils les plus divers, à la condition expresse qu’ils émanent de non-spécialistes… On retrouve la même naïveté, la même crédulité chez certains parents qui en consultation à l’hôpital font part de leur angoisse à l’idée d’utiliser un dermocorticoïde et qui exhibent fièrement la recette-miracle (qui a complètement « nettoyée » la peau de leur enfant) achetée sur quelque marché et dont ils ne connaissent absolument pas la composition !</p>
<p>De l’autre côté, « ceux qui n’ont peur de rien » sont des consommateurs qui ne se posent pas de questions, qui ne s’embarrassent pas de polémiques, qui choisissent leurs cosmétiques de manière instinctive, voire compulsive, sans retourner le produit dans tous les sens…</p>
<p>« Ceux qui ont peur de tout » et « ceux qui n’ont peur de rien » ont déjà utilisé, au moins une fois, un tube d’Homéoplasmine.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/177902/original/file-20170712-19689-gmotk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/177902/original/file-20170712-19689-gmotk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/177902/original/file-20170712-19689-gmotk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/177902/original/file-20170712-19689-gmotk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/177902/original/file-20170712-19689-gmotk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/177902/original/file-20170712-19689-gmotk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/177902/original/file-20170712-19689-gmotk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ampoule.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.google.fr/search?site=imghp&tbm=isch&q=ampoules+pieds&tbs=sur:fm&gws_rd=cr&ei=fzxmWa29GIf2aKP7h5gE#gws_rd=cr&imgrc=WlXfpMs4Jw9oxM:">C. Personne/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il faut dire que celui-ci est présenté comme le produit de soin incontournable. Hommes et femmes peuvent utiliser cette crème pour réparer des mains blessées par le bricolage, des coupures dues au rasoir, des lèvres gercées, des talons fendillés, des ampoules au pied, pour apaiser les coups de soleil, les effets de l’épilation… Que sais-je encore ?</p>
<p>De plus, appliqué sur les lèvres, ce produit hydrate et comble les ridules des lèvres, évitant au rouge à lèvres de filer dans ces petits canaux si disgracieux. Sur les cils, il joue le rôle de fixateur (pour discipliner ceux que l’on juge en broussaille). Sur les cheveux, il nourrit les pointes sèches. Au niveau des paupières, il « régénère » et renforce la tenue des fards. Au niveau des ongles, il exerce un rôle de nutrition. Il <a href="http://www.femmeactuelle.fr/beaute/soins-beaute/soins-du-visage/homeoplasmine-astuces-beaute-29983">fait briller les pommettes</a> du visage (effet <em>glow</em>). </p>
<p>Tout cela est bien joli. Une analyse de la composition de ce médicament (car il est bon de rappeler au passage que cette pommade est un médicament et non un cosmétique) s’impose. La pommade Homéoplasmine contient les ingrédients suivants : des substances actives (teinture de souci des jardins 0,1 %, teinture de phytolaque 0,3 %, teinture de bryone 0,1 %, teinture de benjoin du Laos 0,1 %, acide borique 4,0 %), toutes incorporées dans de la vaseline.</p>
<h2>Acide borique</h2>
<p>« Ceux qui ont peur de tout » n’ont, en fait, pas lu la composition. De la vaseline (dérivé pétrochimique) tant décriée (à tort) est présente ! La teinture de benjoin, allergisante l’est aussi ! « Ceux qui n’ont peur de rien » n’ont, bien évidemment, pas lu non plus l’étiquette. Ils auraient dû. L’acide borique est un antiseptique dont le profil toxicologique n’est pas si sympathique que cela. Pour s’en persuader, il suffit de consulter la <a href="https://ansm.sante.fr/uploads/2022/07/07/20201027-mise-en-garde-25072013acide-borique-preparations-hospitalieres-2.pdf">mise en garde</a> de l’Ansm mise en ligne en juillet 2013.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/177906/original/file-20170712-19701-bybqvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/177906/original/file-20170712-19701-bybqvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/177906/original/file-20170712-19701-bybqvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/177906/original/file-20170712-19701-bybqvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/177906/original/file-20170712-19701-bybqvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=550&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/177906/original/file-20170712-19701-bybqvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=550&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/177906/original/file-20170712-19701-bybqvn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=550&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Représentation de la molécule d’acide borique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Acide_borique.jpg">Clovis Darrigan/Wilimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’industrie cosmétique est parfaitement au fait de cet avertissement, c’est pourquoi elle a exclu progressivement l’acide borique et le borate de sodium ou borax de ses préparations. Placé en tête de l’Annexe III (Liste des substances que les produits cosmétiques ne peuvent contenir en dehors des restrictions prévues) du Règlement (CE) N°1223/2009, le formulateur aura du mal à ignorer cet ingrédient.</p>
<p>Les cosmétiques en contenant doivent signaler qu’ils ne peuvent pas être utilisés chez l’enfant de moins de 3 ans et sur des peaux irritées ou excoriées. Selon que l’on a affaire à un talc, à un produit d’hygiène bucco-dentaire, à un produit pour le bain, à un produit pour les cheveux ou à tout autre produit destiné à une zone d’application non citée, la concentration maximale en acide borique varie. Dans le cas où le produit risque d’être avalé (produits d’hygiène bucco-dentaire) la concentration maximale en acide borique est fixée à 0,1 %. On est bien loin des 4 % badigeonnés consciencieusement, le soir, en couche épaisse, avant d’aller se coucher !</p>
<p>Les laboratoires Boiron désignent ce médicament comme un protecteur cutané (utilisé en dermatologie) pour le traitement d’appoint des irritations de la peau. Les études réalisées ne prennent, bien évidemment, pas en compte la notion d’absorption par voie orale. Il est assez peu courant d’utiliser les pommades médicamenteuses comme baumes à lèvres…</p>
<p>Une application sur une peau lésée (contre-indiquée dans le domaine cosmétique), une application sur les lèvres (à une dose beaucoup plus importante que ce qui est envisageable dans ce domaine), le détournement d’un médicament (destiné à traiter une pathologie) à des fins esthétiques… Cela fait beaucoup de points à mentionner dans le procès-verbal concernant l’emploi à tort et à travers de ce qui nous est présenté comme un « produit de beauté miracle ». Convainquons « ceux qui ont peur de tout » et « ceux qui n’ont peur de rien » d’abandonner un produit qui pourrait s’avérer nocif pour eux !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/80927/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Protectrice de la peau, la pommade Homéoplasmine est utilisée à tort et à travers, notamment à des fins esthétiques. Non sans risques.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation FranceLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/766802017-05-14T20:03:29Z2017-05-14T20:03:29ZDes crèmes qui nourrissent… Un concept à boire et à manger<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/166797/original/file-20170426-2834-1n0dz98.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C22%2C738%2C533&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Madame Blanche, publicité pour une crème de beauté datant de 1940.</span> <span class="attribution"><span class="source">Moestika. R. Ogawa & Co.: Semarang, Malang./ Wikimedia</span></span></figcaption></figure><p>Les crèmes nourrissantes sont toujours présentées comme les cosmétiques de choix pour les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peau">peaux</a> sèches, autrement dit en cas de déficit en lipides cutanés. Or l’adjectif « nourrissant » a de quoi intriguer. Chacun y voit ce qu’il veut bien y voir. Mais l’emploi d’un terme plus adapté au domaine nutritionnel qu’au domaine cosmétique n’est sans doute pas anodin. Baptiser les cosmétiques d’aliments destinés à la peau est une volonté que certains ne manquent pas d’afficher. Et si aujourd’hui, les fruits et légumes ont été incorporés dans les recettes cosmétiques, ils ont été propulsés sur le devant de la scène à la fin du XX<sup>e</sup> siècle. Petit retour sur l’histoire d’une appellation qui en trouble plus d’un…</p>
<h2>Des cosmétiques beaux et bons</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/166802/original/file-20170426-2825-w6x9l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/166802/original/file-20170426-2825-w6x9l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=928&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/166802/original/file-20170426-2825-w6x9l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=928&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/166802/original/file-20170426-2825-w6x9l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=928&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/166802/original/file-20170426-2825-w6x9l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1166&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/166802/original/file-20170426-2825-w6x9l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1166&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/166802/original/file-20170426-2825-w6x9l7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1166&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">G. Clarks, .</span>
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<p>En 1912, <a href="http://www.biblioparfum.net/details-livre-Petit-manuel-de-l-art-d-acquerir-et-de-conserver-la-beaute-791.html"><em>Le nouveau bréviaire de la beauté</em></a> de Geoffroy Henri Gaillard, signé sous le pseudonyme G. Clarks, est sans surprise un ouvrage à la gloire des cosmétiques de la société du même nom. Clarks dispose d’un laboratoire et d’un magasin à Paris, et conçoit, fabrique et vend des produits de beauté, crèmes, sels, lotions, parfums… Les noms évocateurs de « crème aux œufs » et « crème spéciale suprême de Clarks » excitent les papilles de la consommatrice avant de venir au secours de sa peau « assoiffée ». Ces crèmes sont décrites comme « une préparation idéale tout spécialement destinée à nourrir les peaux imparfaitement propres à sucer et pomper dans le sang leur substance alimentaire » et comme un « aliment merveilleux des cellules. » Un beau programme !</p>
<h2>René Cerbelaud et les mérites de la « skin food »</h2>
<p>Le cosmétique-aliment est donc déjà tendance. En 1933, le pharmacien René Cerbelaud enfonce le clou. Dans le tome II de son <em>Formulaire de Parfumerie</em>, il donne la formule de la crème de lanovaseline américaine dite « skin food américain ». Elle se compose, comme son nom l’indique, de lanoline (20 g) et de vaseline blanche (57 g), mais aussi de paraffine (3 g), d’eau distillée de fleur d’oranger (20 g) et de parfum (0,6 g). En fait, ce n’est qu’une pommade, dont la formulation s’appuie majoritairement sur des substances lipophiles. Reste que baptisée « skin food », elle acquiert immédiatement ses lettres de noblesse. Le terme « aliment » est lâché. On cherche à nourrir la peau de l’extérieur et non plus de l’intérieur…</p>
<h2>Quand Arthur Burrows met les pieds dans le plat</h2>
<p>En 1937, dans la très sérieuse revue médicale <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673600884925"><em>The Lancet</em></a>, Arthur Burrows, un tantinet irrité, s’interroge sur la notion de crèmes nourrissantes alors très en vogue. Ce dermatologue qui s’intéresse de près aux cosmétiques et à leur contenu – il classe, en particulier, les ingrédients en différentes catégories selon leur toxicité systémique, leur effet irritant ou allergisant – n’arrive pas à trouver de réponse satisfaisante. Pour lui, les crèmes nourrissantes sont des crèmes qui « font se sentir belles » ! Rien de bien scientifique en somme. Le terme très employé dans le domaine esthétique laisse donc le domaine médical plus que perplexe, voire parfois franchement agacé.</p>
<h2>Du cosmétologue au nutritionniste</h2>
<p>À l’époque, les crèmes nutritives ou nourrissantes sont définies par certains comme des « mixtures grasses auxquelles on incorpore des hormones, du cholestérol, des lécithines. » Et les hormones, bien que <a href="https://books.google.fr/books?id=ze6-GwAACAAJ&dq=Florentin.+Cosm%C3%A9tiques+et+produits+de+beaut%C3%A9,+1938&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj419m73cHTAhUJ7RQKHZZaCOAQ6AEIJTAA">considérées</a> à la fin des années 1930 comme des ingrédients « mal connus sécrétés par certaines glandes », sont la base de ce type de cosmétiques. On est, alors, encore assez peu regardant en ce qui concerne le profil toxicologique des produits mis sur le marché. Il n’est qu’à lire les propos de Marceline Sébalt.</p>
<p>On peut la considérer comme l’une des <a href="http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/billets-d-humeur/">premières esthéticiennes</a>. Mais elle se pique également d’être hygiéniste. Marceline Sébalt définit ainsi avec précision ce qu’est une hormone : « substance produite dans un organe et transportée par la circulation sanguine dans un autre organe dont elle excite le fonctionnement. » Tout en ajoutant : « Les hormones s’utilisent dans certaines préparations cosmétiques, tolérées par le corps médical. » Bien sûr, l’esthéticienne entend faire des émules. Et elle se targue donc d’avoir « un travail passionnant, une profession rémunératrice » ! Entre l’hygiéniste et la nutritionniste, la limite est alors floue. Et Marceline Sébalt touche au lyrisme lorsqu’elle dispense ses conseils-beauté : « Si cette noble beauté est à tendance sèche, nourrissons-là […] ».</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/166805/original/file-20170426-2838-18w26th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/166805/original/file-20170426-2838-18w26th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=700&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/166805/original/file-20170426-2838-18w26th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=700&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/166805/original/file-20170426-2838-18w26th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=700&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/166805/original/file-20170426-2838-18w26th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/166805/original/file-20170426-2838-18w26th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/166805/original/file-20170426-2838-18w26th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=880&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Rene Maurice Gattefossé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span></span>
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<p>Autres discours, mais même ton avec Marcelle Auclair et son ouvrage, <em>La beauté de A à Z</em>, paru en 1949. Elle fait sienne la théorie de René-Maurice Gattefossé, l’inventeur de l’aromathérapie pour qui « Hormones, vitamines, huiles essentielles s’absorbent plus facilement par la peau que par voie digestive : elles ne subissent pas, dans ce cas, l’attaque des sucs stomacaux ou intestinaux et agissent directement sur les centres à reconstituer. »</p>
<p>René-Maurice Gattefossé croit en une « alimentation par la peau » plus qu’à une « alimentation de la peau ». Les cosmétiques de la marque Skinfood reprendront ce concept en 1957 et seront présentés comme de « délicieux produits cosmétiques faits à base de bons aliments ». Le concept est simple : « les aliments qui sont bons pour votre santé, sont également bons pour votre peau ».</p>
<h2>La beauté dans le potager</h2>
<p>Le concept est toujours bien vivant et le programme nutrition santé initié en 2001 n’a sans doute fait que le renforcer. Avec pour ambition d’améliorer l’état de santé des Français en changeant leurs habitudes alimentaires et en réhabilitant les produits naturels, ce programme a inventé un slogan – « cinq fruits et légumes par jour » – qui met à l’honneur des produits simples, mais parfois délaissés. Fruits et légumes sont dès lors promus au rang de thérapeutes. Avec, de nouvelles stars : des fruits exotiques, qui à l’instar des baies de goji sont réputés pour leurs « remarquables » propriétés antioxydantes et font l’objet de nombreuses publications. On ne s’étonnera donc pas de les voir valorisés tant dans le domaine agroalimentaire que cosmétique…</p>
<p>Corps gras, extraits de fruits, minéraux… les ingrédients qui ont été ou sont désormais inclus dans la composition des crèmes nourrissantes (ou nutritives ou riches ou relipidantes) sont nombreux. Crèmes de jour, crèmes de nuit… ces crèmes désaltéreront, sans nul doute, les peaux les plus assoiffées !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76680/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Utiliser des termes réservés au domaine de la nutrition pour désigner des cosmétiques n’est pas vraiment nouveau. La crème qui nourrit est un concept déjà présent au début du XXᵉ siècle.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/712062017-01-16T21:48:52Z2017-01-16T21:48:52ZPourquoi hommes et femmes ne sont jamais d’accord sur la température idéale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/152714/original/image-20170113-11831-zlcxnz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=77%2C0%2C587%2C365&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tandis que le thermomètre chute, les couples se disputent le réglage du thermostat dans les maisons. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.shutterstock.com/pic-162686723/stock-photo-hand-turning-dial-on-thermostat.html?src=sHYvtoHSv_e7dyS0WIKVVw-1-6">Lolostock</a></span></figcaption></figure><p>L’hiver est installé et tandis que le thermomètre descend, les couples se disputent le réglage du thermostat pour le chauffage dans la maison. Car les préférences personnelles diffèrent en fonction des individus, et on entend souvent dire que les hommes et les femmes ne sont jamais d’accord sur la température ressentie. Mais pourquoi cette différence entre les genres quand il est question de température ?</p>
<p>Dans cette histoire, le facteur qui joue le rôle le plus important, c’est la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dermatologie-24495">peau</a>. La peau est l’organe le plus grand du <a href="http://science.nationalgeographic.com/science/health-and-human-body/human-body/skin-article/">corps humain</a> et remplit de nombreuses fonctions. C’est une barrière protectrice contre les agents pathogènes et les rayons ultraviolets du soleil, mais aussi une barrière pour retenir l’eau. Elle aide également le corps à synthétiser la <a href="http://www.nhs.uk/Livewell/Summerhealth/Pages/vitamin-D-sunlight.aspx">vitamine D</a> issue des rayons du soleil pour renforcer nos os, et régule notre température interne. La peau est aussi, chez nous, le premier organe qui détecte la température extérieure.</p>
<p>La peau est constituée de <a href="https://www.aad.org/public/kids/skin/the-layers-of-your-skin">trois couches distinctes</a> : l’épiderme, le derme et l’hypoderme. L’hypoderme est la couche la plus profonde (pensez à l’aiguille « hypodermique » que l’on utilise pour faire des injections) et on le nomme aussi tissu ou graisse sous-cutanée. C’est une couche isolante qui est conçue pour maintenir notre chaleur corporelle. Au-delà de ces trois couches, on trouve le muscle.</p>
<p>Les cellules de la peau ne sont pas les seules à détecter la température extérieure et à relayer l’information jusqu’au cerveau. Les terminaisons nerveuses libres participent également à ce processus. Ces terminaisons sont placées tout près de l’endroit où la couche externe de la peau (l’épiderme) rencontre la couche suivante (le derme).</p>
<h2>Est-ce que toutes les peaux sont les mêmes ?</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue en coupe des trois principales couches de la peau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Peau_modifie.png">CNRS/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il existe de nombreuses différences entre les peaux des individus – sa couleur étant la plus visible. Le derme et l’épiderme sont <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20429833">plus épais</a> sur les fesses et plus fins sur les cuisses et au milieu du dos. De même, l’épaisseur de la couche de graisse sous-cutanée diffère selon les endroits du corps. Elle est plus épaisse sur les fesses, mais plus fine sur les bras et les cuisses.</p>
<p>L’épaisseur de la peau diffère aussi en fonction du genre. La couche de graisse sous-cutanée est presque <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11706283">deux fois plus épaisse</a> chez les femmes que chez les hommes. Chez les hommes, la graisse se concentre autour des organes, dans l’abdomen, tandis que chez les femmes elle se trouve un peu partout, sous leur peau.</p>
<p>Mais la graisse est aussi réputée être un isolant, alors pourquoi tant d’avis divergents sur la température idéale ? La réaction naturelle du corps, quand il a froid, consiste à trembler, c’est-à-dire que les muscles se contractent involontairement pour générer de la chaleur. Ce phénomène est contrôlé par le système nerveux. On sait que les hommes sont dotés d’une <a href="http://jap.physiology.org/content/89/1/81">masse musculaire plus importante</a> grâce à laquelle ils peuvent mieux se réchauffer quand il fait froid, qu’ils soient en action ou qu’ils se reposent. Les hommes ont aussi un <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1038/oby.2009.162/full">métabolisme de base plus élevé</a> – c’est-à-dire qu’ils dépensent davantage d’énergie quand leur corps est au repos. Ces deux facteurs leur permettent de maintenir une température plus élevée, même quand ils ne bougent pas.</p>
<p>Si l’on observe la distribution de la graisse sous-cutanée, le corps féminin devrait mieux maintenir la chaleur que le corps masculin, mais il ne semble pas que ce soit le cas. Même si les muscles féminins ont la même capacité à trembler que ceux des hommes, le fait que la couche de graisse isolante des femmes soit plus épaisse signifie que la chaleur que ces contractions génèrent met potentiellement plus longtemps à parvenir jusqu’aux couches externes de la peau, là où se situent les fameuses terminaisons nerveuses libres.</p>
<p>Les hormones jouent également un rôle clé au moment d’évaluer la température idéale, et elles sont source de variations plus importantes <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11706289">chez les femmes que chez les hommes</a>, en raison des cycles menstruels. Il y a aussi des différences flagrantes en termes de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2728780/">quantité de graisse corporelle</a> entre les femmes en fonction de leur origine ethnique. Le lieu de vie peut avoir un impact très important sur la nécessité de disposer d’importantes couches de graisse sous-cutanée pour maintenir une bonne température corporelle. Certains Inuits vivant au Groenland, par exemple, voient leur corps composé jusqu’à <a href="http://care.diabetesjournals.org/content/36/10/2988">34 % de graisse</a>, ce qui les aide à maintenir la température de leur corps, sachant que les températures extérieures varient entre – 8 °C et 7 °C au cours de l’année.</p>
<h2>Toujours gelés ?</h2>
<p>Pensez plutôt aux nourrissons, qui ne peuvent pas trembler pour se réchauffer. Le système nerveux n’est pas assez développé, à la naissance, pour leur permettre de réguler leur température. Cependant, pour compenser, ils sont dotés d’une autre forme de graisse, en abondance. Cette graisse brune (ou tissu adipeux brun) se situe autour des organes vitaux (le cœur, les reins) et aussi le long de leur colonne vertébrale, et elle permet aux organes du bébé de rester au chaud. C’est une graisse <a href="http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa0810780">thermogénique</a>, qui crée de la chaleur. Mais en vieillissant, nous perdons cette graisse, remplacée par la graisse dite blanche (qui en fait est jaune) qui joue le rôle d’isolant et se comporte comme une réserve d’énergie.</p>
<p>Aussi, tandis que la nuit approche et que la température chute, souvenez-vous qu’il y a des différences dans la façon dont nos corps sont conçus, qui expliquent pourquoi nous ressentons tous différemment les changements de température.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71206/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Taylor is affiliated with the Anatomical Society</span></em></p>De nombreuses raisons physiologiques expliquent pourquoi il est parfois si difficile de se mettre d’accord sur la température idéale dans un couple.Adam Taylor, Professor and Director of the Clinical Anatomy Learning Centre, Lancaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/705582016-12-18T21:22:36Z2016-12-18T21:22:36ZL’adolescent, cible de choix pour les vendeurs de cosmétiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/150576/original/image-20161217-26082-nasmc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Teens_sharing_a_song.jpg">Svenska Cellulosa Aktiebolaget/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Peaux à problèmes, peaux jeunes, peaux à imperfections, peaux à tendance acnéique… Les appellations sont nombreuses pour désigner la peau de l’adolescent, qui, à partir d’un certain âge, se met à bourgeonner joyeusement. Un seul mot est tabou : acné. Ce mot ne devra pas être prononcé puisqu’il s’agit d’une pathologie et que l’on sait bien qu’un cosmétique n’est pas un médicament et qu’il ne peut donc, en aucun cas, prétendre prévenir ou guérir une pathologie quelle qu’elle soit.</p>
<p>Du côté des services marketing, il convient donc d’être imaginatif afin de suggérer la notion d’acné sans toutefois dépasser les limites autorisées. Les attentions cosmétiques dont on entoure, de nos jours, les adolescents sont relativement récentes dans le domaine cosmétique. Le mot « spot » a fait récemment son apparition sur les emballages. Désormais, on ne fait plus la guerre aux boutons mais la chasse aux « spots ». Un certain nombre de sociétés ont basé ou basent toujours leur marketing sur ce consommateur en puissance qu’est l’adolescent.</p>
<p>Cela n’a toujours pas été ainsi. Au tout début de l’industrialisation des cosmétiques, l’adolescent est un être totalement ignoré. La cible des publicités est clairement identifiée. Il s’agit principalement de la femme, voire de la mère de famille. À cette cible marketing on propose des cosmétiques anti-âge, des crèmes amincissantes (la marque Ixennol continue même à traquer les rondeurs pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que le régime en vigueur n’est guère propice aux épanchements adipocytaires !), des teintures capillaires (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Schueller">Eugène Schueller</a> leur propose même des teintures inoffensives, ce qui paraît de nos jours des plus légitimes), des rouges à lèvres incandescents (le rouge à lèvres Rouge baiser et ses qualités de tenue est magnifié par les superbes publicités de René Gruau), des mascaras très pratiques dans leur conditionnement moderne (le cake humidifié à l’aide de salive n’a rien de très <em>glamour</em>, microbiologiquement parlant…), des produits d’hygiène… Les talcs, savons et crèmes pour le siège s’adressent à la maman qui rêve d’un beau bébé, au visage et aux fesses uniformément roses. Pour les hommes, c’est le savon à barbe qui est mis en avant, un point c’est tout.</p>
<h1>La peau jeune, terrain d’expérimentation</h1>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/150575/original/image-20161217-26133-kqykaz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/150575/original/image-20161217-26133-kqykaz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=796&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/150575/original/image-20161217-26133-kqykaz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=796&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/150575/original/image-20161217-26133-kqykaz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=796&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/150575/original/image-20161217-26133-kqykaz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1000&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/150575/original/image-20161217-26133-kqykaz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1000&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/150575/original/image-20161217-26133-kqykaz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1000&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Helena Rubinstein (1870-1965).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Helena_Rubinstein#/media/File:Helena_Rubinstein_2.jpg">George Grantham Bain Collection (Library of Congress)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Helena_Rubinstein">Helena Rubinstein</a>, en formidable touche à tout, est, sans doute, l’une des premières à s’être penchée sur cette peau en pleine ébullition. Se targuant d’une connaissance pointue de la dermatologie, Helena Rubinstein fait de la peau jeune un terrain d’expérimentation à sa mesure. Sa nièce Mala en rendit plus tard témoignage. Lycéenne complexée par l’apparition sur son visage des signes caractéristiques de l’acné, Mala profitera des bons conseils de sa tante Helena pour faire peau neuve.</p>
<p>La jeune fille témoigne, dans son ouvrage <em>Le livre de la beauté</em>, publié en 1972 :</p>
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<p>« Pour moi, tout s’arrangea pour le mieux : ma tante Helena Rubinstein, ayant travaillé avec de nombreux dermatologues européens, était déjà connue pour ses produits pour “peaux à problème”, qui, d’ailleurs, allaient bientôt se retrouver dans le commerce. Elle vint en Pologne au moment où ma peau était on ne peut plus abîmée. A peine arrivée, elle me fit une ordonnance de ses nouveaux produits (Helena Rubinstein ou le complexe du dermatologue), et me les fit venir de Paris (Helena Rubinstein ou les prémices du made in France). À ma grande joie, et malgré mon scepticisme de départ (on n’est jamais prophète en son pays même lorsque l’on s’appelle Helena Rubinstein !), je pus constater, que, progressivement, l’état de ma peau s’améliorait ».</p>
</blockquote>
<p>Helena Rubinstein établit un diagnostic, rédige des ordonnances. La fibre médicale qui sommeille en elle se réveille. Elle adopte les attitudes des dermatologues qu’elle aime à côtoyer. Etonnante Helena qui sauve la peau (au sens propre) de sa jeune nièce avant d’en faire l’une des pièces maîtresses de son empire cosmétique. Mala racontera :</p>
<blockquote>
<p>« Je débutais “au bas de l’échelle” dans la société Helena Rubinstein – me familiarisant avec toutes les facettes du métier. Je travaillais au Salon, au bureau, au laboratoire, dans les magasins, dix à douze heures par jour et des week-ends entiers. Il me fallut sacrifier beaucoup sur le plan personnel. On me proposait souvent un travail que d’autres auraient refusé ; ma tante savait que je ne dirais pas non. Etre de la famille se payait cher – mais j’appris des choses qui n’avaient pas de prix ».</p>
</blockquote>
<p>Comme quoi, l’on ne sait jamais vraiment jusqu’où peut entraîner un conseil cosmétique !</p>
<h2>La belle histoire d’une ado mal dans sa peau</h2>
<p>Avant d’être à la tête d’un empire cosmétique, femme de radio et business woman aux États-Unis, Paula Begoun a été une jeune fille pleine de boutons. Donner à voir la <a href="https://60andsensational.wordpress.com/dont-go-to-the-cosmetics-counter-without-me-8th-edition-by-paula-begoun/">photographie qui orne son site</a>à une adolescente manquant d’estime de soi constituerait certainement une excellente thérapie ! Paula Begoun situe le début de sa vocation durant sa prime jeunesse. Voyant que rien de ce qu’elle utilise contre les boutons « ne fonctionne », la jeune fille se dit qu’il faudra un jour créer des produits efficaces pour ce public jeune en attente de résultats concrets. Les rêves de l’adolescente se concrétiseront plus tard. Paula Begoun publie des livres, crée une gamme de cosmétiques, lance des modes (dont celle toujours tenace des produits de soin ou de maquillage affichant un SPF)… Bref, l’adolescente complexée a fait place à une femme d’affaires hors pair.</p>
<p>Les histoires racontées sont touchantes et font mouche à tout coup, parlant encore et toujours à l’adolescent qui sommeille en chacun de nous.
Si cet âge de la vie n’est pas la période la plus propice pour un état cutané serein, on lui doit, toutefois, quelques belles carrières et histoires cosmétiques. Alors vivent les produits pour peau à problèmes qui aident nos adolescents à affronter le regard d’autrui plus vaillamment !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70558/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les ados et leurs peaux à problèmes, un marché rêvé pour les vendeurs de crèmes et lotions. Mais dans l’argumentaire marketing, chut… Surtout, ne jamais prononcer le mot acné…Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/681032016-12-11T20:58:53Z2016-12-11T20:58:53ZSèche ou grasse, attention à votre peau !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/149253/original/image-20161208-31391-1sjaypv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Soins du matin.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Quels que soient les individus, leur peau présente des caractéristiques communes. On y trouve différentes populations cellulaires possédant des rôles bien spécifiques. Au niveau de l’épiderme (la couche cutanée la plus externe), on retrouve quatre grandes catégories de cellules : les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/K%C3%A9ratinocyte">kératinocytes</a> (cellules prédominantes) qui synthétisent la kératine, une molécule qui joue un rôle important dans la fonction barrière exercée par l’épiderme, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9lanocyte">mélanocytes</a>, quant à eux, synthétisent des pigments clairs (phaeomélanines) ou foncés (eumélanines) responsables de la couleur de la peau et de sa capacité plus ou moins grande à développer un bronzage protecteur. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cellule_de_Merkel">Cellules de Merkel</a> (cellules du sens du toucher) et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cellule_de_Langerhans">cellules de Langehrans</a> (cellules du système immunitaire) viennent compléter le tableau.</p>
<p>Sous l’épiderme… le derme, un tissu formé de cellules (les fibroblastes) prisonnières d’une substance gélifiée. Le derme a pour but de soutenir l’épiderme. Est-il amené à s’effondrer (du fait de l’âge et d’un défaut de synthèse du collagène), les rides apparaîtront inéluctablement. Le troisième étage ou hypoderme (tissu graisseux) est composé d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Adipocyte">adipocytes</a>. C’est au niveau du derme que l’on trouvera les glandes sébacées (qui sont à l’origine du sébum) et les glandes sudoripares (dont la fonction est de produire la sueur).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=603&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149255/original/image-20161208-31364-1k1v748.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=757&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue en coupe de la peau, sont représentés les kératynocytes, les mélanocytes, l’élastine et le collagène ainsi que les trois principales couches de la peau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Peau_modifie.png">CNRS/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sébum (sécrétion de nature lipidique) et sueur de nature aqueuse forment à la surface de la peau un enduit protecteur. Ce dernier appelé film hydrolipidique (FHL) ou film cutané de surface (FCS) revêt un caractère esthétique important. En effet, en cas d’hyperactivité des glandes sébacées la peau sera grasse ; en cas d’un défaut d’activité de ces mêmes glandes, la peau sera sèche. L’eau contenue dans les couches cutanées superficielles aura tendance à s’évaporer et ce d’autant plus que le film gras présent en surface sera plus mince. La peau dite normale est la peau idéale. Il n’y a ni hyper- ni hypofonctionnement des glandes sébacées. La peau mixte est une peau mi-figue, mi-raisin. Trop grasse au niveau de certaines zones (menton, nez, front), elle est sèche par ailleurs ! Ces quatre types de peau sont bien connus des cosmétologues qui concoctent depuis une centaine d’années des préparations spécifiques.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149257/original/image-20161208-31379-13tmz1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Surtout, ne pas brusquer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>En 1886, le Dr Monin, médecin spécialiste des « questions relatives à l’hygiène du teint et à la santé de la peau » rédige un vade-mecum cosmétique à l’attention des femmes. Ce recueil, dont il est prudent de ne pas se séparer, s’intitule sobrement « L’hygiène de la beauté ». Des conseils adaptés sont prodigués aux femmes à peau grasse (se laver à l’aide d’une eau alcaline mêlée ou non de quelques gouttes d’alcoolat ou d’un vinaigre alcoolique de « bonne qualité ») et à peau sèche (qui « pourront employer la lanoline pure, ou un peu de la mousse d’un savon bien neutre et incapable d’offenser la fleur si sensible de l’épiderme »).</p>
<p>En 1902, dans sa boutique de Melbourne, Helena Rubinstein prend « l’habitude de séparer les femmes en trois groupes, bien distincts, suivant les caractéristiques […] de la nature de leur peau. » Celle qui retracera les grandes lignes de sa carrière dans un ouvrage intitulé « Je suis esthéticienne » se présente comme une avant-gardiste :</p>
<blockquote>
<p>« Déjà, s’était imposée à moi l’évidence de la nécessité de varier les traitements suivant que la peau est sèche, neutre ou grasse, et j’apportai de légères modifications à la fabrication de ma Crème Valaze, en fonction de ces caractéristiques ».</p>
</blockquote>
<h2>Du vinaigre pour la peau</h2>
<p>En 1910, Colette Villiers décrit de manière poétique les deux types de peaux (<em>De la beauté chez la femme – soins – hygiène – recettes pratiques</em>). « Les personnes dont la peau est grasse, onctueuse au toucher, riche en enduits sébacés (propriétés absolument indépendantes de l’état de maigreur ou d’obésité générale) » et « les peaux sèches » […] qui desquament et s’irritent facilement » doivent recevoir des soins spécifiques. Du lever au coucher, les règles appliquées seront différentes. Les femmes à peau grasse pourront réaliser leurs ablutions à l’aide d’eau chaude additionnée de vinaigre. Ce dernier est alors une forme cosmétique à part entière et non un simple ingrédient. Le vinaigre de Bully composé d’eau, d’alcool à 85°, de diverses substances aromatiques (benjoin, tolu…) et de vinaigre (bien entendu) est, sans doute, l’un des exemples le plus célèbre. Les peaux sèches, quant à elles, utiliseront pour leur toilette de la vaseline ou un cold-cream. Dans les deux cas, les produits proposés pour la toilette du matin font sourire et témoignent de l’évolution en matière d’hygiène du visage.</p>
<p>En 1930, le pharmacien René Cerbelaud (<em>Formulaire de Parfumerie – Tome II</em>) préconise un « choix et un emploi judicieux des crèmes ». S’il insiste surtout sur l’exclusion des matières premières toxiques des cosmétiques (céruse, chlorure de mercure…), il n’en reste pas moins conscient qu’il n’est pas tout d’avoir « des crèmes de bonne composition et honnêtement préparées », encore faut-il les appliquer « à bon escient ». Utilisée sans discernement la crème la plus performante pourra s’avérer « nuisible ». Il conviendra donc de définir son type de peau (peau grasse, sèche ou neutre) en premier lieu. Le terme « neutre » est alors largement utilisé pour désigner la peau « normale ».</p>
<p>En 1949, en écho à son illustre prédécesseur, la journaliste Marcelle Auclair, dans un dictionnaire à destination du public féminin (<em>La beauté de A à Z</em>), pose, elle aussi, comme postulat de base, la nécessité de « se connaître ». À la question : « Votre peau est-elle grasse, sèche ou normale ? », la lectrice de l’ouvrage en question doit être en mesure d’apporter une réponse :</p>
<blockquote>
<p>« Votre peau est grasse, lorsqu’elle présente un brillant moite, particulièrement aux ailes du nez ; lorsqu’elle laisse des traces luisantes sur le papier absorbant que vous y appliquez. […] Votre peau est sèche, si elle ride facilement, si elle présente un brillant qui rappelle celui du taffetas. […] Vous avez une peau normale, si vous n’éprouvez ni les inconvénients des peaux grasses ni ceux des peaux sèches. La peau normale est la peau parfaite, c’est l’état dans lequel se trouvent, lorsqu’elles sont en excellente santé, les femmes jeunes dont on admire le joli teint ».</p>
</blockquote>
<p>C’est à l’aide d’images très parlantes (le dépôt d’un film gras sur un papier absorbant, la comparaison avec le taffetas, un tissu d’aspect sec qui craque au toucher) que la chroniqueuse du journal <em>Elle</em> apporte des solutions aux femmes qui s’interrogent sur leur type de peau.</p>
<p>Apprendre à se connaître, mais aussi garder le cap. Marcelle Auclair prône la fidélité… cosmétique. « Soyez fidèles… Soyez fidèles à votre expérience ; soyez fidèles au spécialiste qui vous a bien conseillée, soyez fidèles aux produits qui vous donnent de bons résultats. » À la manière du pharmacien qui met en garde le patient qui pense se servir pour lui-même de tel ou tel médicament qui « donne de bons résultats » chez un membre de sa famille, Marcelle Auclair met en garde les téméraires qui essayent « les crèmes qui réussissent à leurs amies ». Le cosmétique doit être choisi avec discernement. Peau sèche, peau grasse, il faut choisir !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68103/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Déterminer le caractère d'une peau, sèche ou grasse, relève de la science mais aussi de l'empirisme des esthéticiennes.
Revue de détail historique et pratiques des variations épidermiques.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/668162016-10-12T19:49:56Z2016-10-12T19:49:56ZS’arracher les cheveux : parfois ce n’est pas qu’une expression<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/141136/original/image-20161010-3906-1hhjzvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C437%2C2758%2C2002&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/idhren/8561756693/in/photolist-e3zeYH-8UsCmM-5iUhB2-9HPdFW-7JcHa6-e1LdxT-dB7RA2-bRHAfk-e3zdGk-cC5jHW-p6bWRx-qDBJMY-p855Fm-99Z3Pw-bYaSUU-bmLCAj-3YLfE8-5FdGPo-SX3YQ-dhzoag-bkF6TV-4WyXfH-kkvcWe-aggLDM-9FT1Er-676DF7-4ywEv6-6cLo5q-73N1PP-5TdRX-927PfN-6i5s7o-71KE2U-6j8WdG-9cCm39-5jMt8m-qW2QR-4p3Dkf-7rQLMh-dwqKaE-7ursAB-4zJo9P-fm6FeZ-7YHn8B-4WVSQC-dgWdwN-4KBT4r-7YHn1c-b39Jj4-6xHxB1">Maria Morri/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Face aux problèmes de la vie courante, nombreuses sont les personnes à s’arracher les cheveux, au sens figuré. On sait moins que certaines le font vraiment. Au sens propre. Répertorié sous le nom de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Trichotillomanie">trichotillomanie</a>, ce geste peut être rangé dans la catégorie plus vaste des actes auto-agressifs, où l’individu porte atteinte à lui-même. Se gratter la peau à répétition, se laver les mains compulsivement au point de s’abîmer la peau, se scarifier : il existe des degrés de gravité divers dans ces comportements. Certains peuvent paraître – à tort – anodins. Tous méritent de s’en préoccuper.</p>
<p>Pourquoi diable s’arracher les cheveux ? Par masochisme ? Cette explication triviale, sans être complètement absurde, est un peu courte. Les « manies corporelles » et les automutilations sont des conduites pathologiques relevantes de mécanismes variés, mêlant neurobiologie et psychopathologie. Un décryptage de ces comportements troublants peut être utile pour mieux les comprendre et tenter de les modifier.</p>
<h2>Tics ou TOC</h2>
<p>Beaucoup de conduites répétitives et excessives, centrées sur le corps, pourraient s’apparenter à des tics ou éventuellement à des <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Trouble-obsessionnel-compulsif-TOC">troubles obsessionnels-compulsifs</a> (TOCs). En simplifiant, les tics sont des gestes répétitifs, réalisés consciemment mais de manière presque automatique, et sans objectif précis autre que de soulager le besoin de le faire ; une sensation de tension précède en effet l’exécution du tic.</p>
<p>Dans les TOCs, les actes <a href="https://www.youtube.com/watch?v=2hAfoE8oPCg">sont réalisés de manière excessive et inadaptée</a>, mais avec une intention assez bien définie : nettoyer, vérifier, ranger, compter, etc. On parle de compulsion car ces actions sont volontaires, bien que la personne les considère comme absurdes et inutiles, utilisant volontiers l’expression « c’est plus fort que moi ». Elle connaît ainsi un déchirement interne, avec une partie de sa volonté qui lutte contre une autre partie de celle-ci pour faire ou ne pas faire ces gestes.</p>
<h2>Monsieur Propre</h2>
<p>Dans le cadre d’un TOC, les compulsions ou les rituels parfois néfastes pour le corps sont initialement des actes de protection, qui deviennent dangereux à force d’être répétés exagérément. L’exemple le plus courant est celui des rituels de nettoyage et de toilette, comme le lavage des mains. À cause d’une impression intolérable de souillure, les malades se sentent obligés de se laver les mains un très grand nombre de fois dans la journée, et sur des durées très longues, parfois jusqu’à 2 ou 3 heures au total.</p>
<p>L’exposition prolongée à l’eau et au savon et la propension à frotter fort sont rapidement dommageables et abrasives pour la peau. Surtout en cas d’utilisation de produits particulièrement détergents comme des antiseptiques ou de l’eau de javel – ce qu’on voit parfois. Les mains et les avant-bras sont alors à vif en permanence, et peuvent présenter des gerçures ou des crevasses en période hivernale. Ces lésions peuvent être aggravées par d’autres compulsions de ménage très répétitives, avec manipulations de produits nettoyants et frottages énergiques prolongés.</p>
<p>De la même manière, certains tics peuvent être dangereux pour leur auteur. C’est le cas surtout des personnes souffrant du <a href="https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/GillesdelaTourette-FRfrPub43.pdf">syndrome de Gilles de la Tourette</a>, qui se manifeste par des tics complexes, c’est-à-dire plus élaborés et longs que les tics banals. En plus de proférer des bruits de gorge ou des insultes, la fameuse « coprolalie », certains tics sont constitués de véritables séquences de mouvements dirigés vers un but.</p>
<p>Une composante auto-agressive peut être présente, comme le fait de taper sur une surface dure, se frapper soi-même au visage, se mordre ou encore s’enfoncer les doigts dans les yeux. Ces gestes, dangereux quand ils se répètent violemment, sont réalisés sans aucun objectif ni mentalisation, ce qui les différencie des compulsions liées aux TOCs, effectuées avec un but précis.</p>
<h2>S’auto-crêper le chignon</h2>
<p>D’autres symptômes, à la frontière entre TOC et tics, portent directement sur la peau et les phanères : cheveux, poils, sourcils. Le syndrome le mieux décrit est la trichotillomanie, qui consiste à s’arracher les cheveux de manière répétitive, sans but réel, avec parfois quelques manipulations (jouer avec les cheveux avant ou après, cheveu par cheveu ou par mèches entières, les porter à la bouche, etc.). Les arrachages ont lieu en général par crises de quelques minutes à quelques heures, surtout dans les moments d’ennui ou de stress.</p>
<p>Ces gestes sont parfois accompagnés d’une sensation de plaisir, et le besoin d’arracher est vécu comme irrépressible, ce qui ressemble assez fortement à des tics. La trichotillomanie touche en majorité des femmes, plutôt jeunes en général, et peut s’intégrer à une pathologie psychique comme une dépression, un trouble de la personnalité voire à une schizophrénie. Mais elle peut être aussi isolée, sans autre symptôme. Les conséquences physiques sont souvent très importantes, certaines patientes perdant des plaques entières ou la quasi-totalité de leurs cheveux. Elles cherchent le plus souvent à dissimuler cette alopécie particulière, vécue dans la honte et la culpabilité, sous des perruques ou des couvre-chefs.</p>
<p>L’arrachage peut également concerner d’autres phanères comme les poils du corps, notamment du pubis, les cils ou les sourcils. Là aussi, ces gestes sont réalisés de manière presque automatique, consciente mais sans raison particulière. L’anxiété ressentie est plus ou moins forte. Dans certains cas, se rapprochant plus des TOCs que des tics, les personnes décrivent le besoin de rendre leur apparence « propre » en faisant disparaître toute trace de poil, cette obsession s’accompagnant aussi de vérifications permanentes.</p>
<h2>Se triturer la peau</h2>
<p>La dermatillomanie est un diagnostic nouvellement intégré à la classification d’origine américaine des troubles psychiques, le DSM-5, au carrefour des troubles impulsifs et compulsifs. Il s’agit là aussi d’un besoin irrépressible de gratter ou de « triturer » la peau et plus particulièrement toute imperfection à sa surface, comme des boutons, des croûtes ou des irrégularités. Ces actes sont précédés d’une vérification minutieuse et quasi-obsessionnelle de la peau, directement ou à l’aide d’un miroir quand il s’agit du visage, et d’une tension nerveuse qui n’est soulagée que par le triturage ou l’excoriation.</p>
<p>Ces troubles se rapprochent des <a href="http://www.psycom.org/Troubles-psychiques/Troubles-anxieux">dysmorphophobies</a>, autres obsessions corporelles basées sur la conviction erronée d’avoir une anomalie physique inesthétique. Ces comportements peuvent paraître banals. En fait, on parle de réelle pathologie quand ils sont à l’origine d’une souffrance forte pour la personne ou de conséquences délétères certaines : niveau d’angoisse élevé, sentiment de honte, beaucoup de temps perdu, lésions cutanées persistantes et à risque de mauvaise cicatrisation ou de surinfections.</p>
<p>L’onychophagie, tendance compulsive à se ronger les ongles, s’apparente à la trichotillomanie ou à la dermatillomanie, en moins problématique généralement, et peut leur être associée. On regroupe aussi sous l’appellation « comportements répétitifs centrés sur le corps » (CRCC) les habitudes obsessionnelles de morsure des lèvres ou de l’intérieur des joues, l’arrachage et la morsure de la peau des ongles (onychotillomanie), et aussi l’étonnant syndrome du « refoulement maniaque de la cuticule ». Il s’agit d’une des causes comportementales des lésions de l’ongle du pouce, liées à la pression régulière de l’index ou du majeur pour repousser la petite peau (cuticule) présente à la base de l’ongle.</p>
<h2>Des gestes instinctifs</h2>
<p>Les comportements pathologiques ont toujours des causes multiples. Mais beaucoup des actes de lavage ou de manipulation compulsive de son propre corps relèvent d’un dysfonctionnement neurobiologique, qui exacerbe les gestes normaux d’auto-nettoyage. En effet, le <em>grooming</em> (toilettage, épouillage) s’observe dans toutes les espèces animales et vise à maintenir une bonne hygiène corporelle. Il s’agit d’un instinct essentiel à la survie, contrôlé par des structures très archaïques de notre cerveau, les ganglions de la base.</p>
<p>Des dysfonctionnements de ce système conduisent à des actes non régulés et donc répétitifs, que l’on peut observer dans des espèces animales aussi différentes que les singes, les souris ou les oiseaux (léchage ou frottage compulsif, arrachage des poils ou des plumes). Il peut s’agir de comportements spontanés, mais on peut aussi les déclencher en laboratoire avec des substances ou des micro-courants électriques appliqués dans les ganglions de la base pour en dérégler le fonctionnement.</p>
<p>Chez les êtres humains, les TOC et les tics <a href="http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/troubles-obsessionnels-compulsifs">sont associés à des dysfonctionnements de ces mêmes structures</a>, que l’on peut corriger souvent avec des médicaments. Dans <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5006197/">certains cas sévères de TOC résistants</a> ou de maladie de Gilles de la Tourette, on réalise désormais des <a href="http://incr.fr/maladies/13-maladie-de-parkinson/145-la-chirurgie-de-la-stimulation-cerebrale-profonde">stimulations électriques des ganglions de la base du cerveau</a>, à l’aide d’électrodes intracérébrales reliées à un générateur implanté sous la peau. </p>
<p>L’existence d’un dysfonctionnement biologique n’exclut pas, bien sûr, celle de facteurs psychologiques, venant révéler ou aggraver une vulnérabilité innée. Tout facteur de stress intense, toute fragilité de la personnalité, peuvent jouer le rôle de déclencheur, surtout chez des personnes particulièrement sensibles à l’état de leur corps ou à leur apparence physique. La peau est en effet à la fois l’enveloppe qui définit une grande partie de son identité et de son intimité (le moi-peau), et un élément de visibilité et de contact avec autrui. Elle est tout particulièrement sensible au stress, comme en témoignent les eczémas, les allergies diverses ou les rougissements du visage. On peut ainsi comprendre que cet organe puisse être au centre de préoccupations et de comportements pathologiques, comme en témoigne l’expression populaire « ne pas être bien dans sa peau »…</p>
<h2>Jusqu’à l’auto-mutilation</h2>
<p>Se scarifier avec une lame de rasoir ou un cutter, se brûler avec une cigarette, ou encore « s’ouvrir les veines » sont autant de blessures auto-infligées, de gravité croissante, relativement fréquentes chez les personnes en souffrance. Il peut s’agir d’actes à visée partiellement ou complètement suicidaires, dans le contexte d’une dépression, mais le plus souvent le désir de mort n’est pas au premier plan. La dimension sociale de l’acte n’est pas à négliger, car ces lésions sont suffisamment spectaculaires pour que l’entourage affectif se sente fortement interpellé, ce qui peut être une des motivations, conscientes ou non, de leur auteur.</p>
<p>Mais les <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Automutilations">automutilations</a>, particulièrement quand elles sont répétées, résultent surtout de mécanismes psychiques en rapport avec des angoisses profondes et insupportables. La recherche d’une douleur physique intense, de la vue du sang, ou de toute autre sensation corporelle forte répond alors au besoin d’atténuer une douleur morale débordante, vécue comme plus intolérable encore que la douleur physique. Des travaux de recherche ont d’ailleurs montré que, dans certains troubles psychiques, la sensibilité à la douleur physique était atténuée, possiblement en rapport avec des anomalies des molécules cérébrales véhiculant ou régulant les sensations douloureuses (neurotransmetteurs, opiacés endogènes).</p>
<p>La maltraitance du corps peut aussi faire suite à des angoisses associées à un sentiment de vide intérieur profond, notamment dans les troubles de la personnalité « état-limite » (ou <em>borderline</em>), très souvent marqués par des automutilations répétées, en plus des gestes suicidaires.</p>
<h2>L’aide des thérapies comportementales</h2>
<p>Les traitements dépendent bien sûr des diagnostics, et une évaluation par un médecin ou un psychologue est indispensable. Le plus souvent, une aide psychologique, voire une véritable psychothérapie, est la réponse la plus adaptée pour tenter de comprendre et de traiter <a href="http://www.psy-journal.com/article/S0165-1781(15)30147-5/abstract">les troubles psychiques en cause</a>. Pour les TOC ou les tics, une <a href="http://www.aftcc.org/">thérapie comportementale et cognitive</a> peut être très efficace pour apprendre à identifier les déclencheurs des comportements pathologiques et à les contrôler.</p>
<p>Une aide médicamenteuse, avec des <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Antidepresseurs">antidépresseurs</a> ou des <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Neuroleptiques">antipsychotiques</a>, est souvent utile en complément, quand les symptômes sont sévères. Les solutions sont du même ordre pour les autres CRCC comme la trichotillomanie ou la dermatillomanie, avec recours à des techniques plus spécifiques et à des médicaments différents réduisant l’impulsivité.</p>
<p>Les automutilations à visée suicidaire ou inscrites dans le cadre d’un trouble de la personnalité relèvent d’une prise en charge psychiatrique et psychothérapeutique complète. Celle-ci peut donner de bons résultats à condition de pouvoir établir une relation de confiance sur la durée. Les médicaments utilisés sont là aussi des antidépresseurs, des antipsychotiques ou des anti-impulsifs, en complément d’une psychothérapie adaptée. Ainsi, les comportements auto-agressifs les plus sévères justifient un accompagnement suivi dans le temps. Mais les plus légers ne doivent pas non plus être négligés, s’ils deviennent sources de souffrance ou de handicap.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66816/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Pelissolo a reçu ces trois dernières années des financements (rémunérations pour des travaux de recherche ou de formation, ou invitations à des réunions scientifiques) des laboratoires pharmaceutiques Biocodex, Lundbeck, Servier, Janssen-Cilag, Astra-Zeneca, Medtronic France et de la société de communication en santé Pascaleo.</span></em></p>Se gratter le visage, se mordre l’intérieur des joues, s'arracher les cheveux : certains gestes anodins relèvent de la pathologie dès lors qu’ils deviennent compulsifs.Antoine Pelissolo, Professeur de psychiatrie, Inserm, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/651402016-09-13T04:37:32Z2016-09-13T04:37:32ZDe l’eau dans l’huile ? Ce que contient vraiment cette star du domaine cosmétique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/137287/original/image-20160911-13348-joq1t1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C4744%2C2980&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Cosmetiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/cosm%C3%A9tiques-l-huile-race-perl-huile-293293/">stux/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Les huiles végétales sont bien connues des cosmétologues depuis l’Antiquité.
À cette période, l’huile (il est alors inutile d’adjoindre le mot « végétale » puisqu’il n’existe que cette sorte) est la base de tout cosmétique qui se respecte. Mélangée à de la cire et à des parfums, nos ancêtres obtenaient des préparations plus ou moins onctueuses, plus ou moins cireuses dans lesquelles ils incorporaient, à l’envi, des actifs (plus étonnants les uns que les autres) pour un effet éclaircissant du teint ou des pigments pour le maquillage de la peau ou des muqueuses. Huiles de moringa ([huile de myrobolan] dans les temps anciens (http://uses.plantnet-project.org/fr/Myrobolan)), de lin, de carthame, de sésame, d’olives, de Balanites, de ricin… autant d’huiles qui ont traversé les âges pour se retrouver sur les épidermes les plus délicats.</p>
<h2>Les huiles, cosmétiques à tout faire</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137289/original/image-20160911-13359-bikhrw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137289/original/image-20160911-13359-bikhrw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=585&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137289/original/image-20160911-13359-bikhrw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=585&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137289/original/image-20160911-13359-bikhrw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=585&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137289/original/image-20160911-13359-bikhrw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=735&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137289/original/image-20160911-13359-bikhrw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=735&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137289/original/image-20160911-13359-bikhrw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=735&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les huiles sont déclinées à tous les usages en cosmétique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/naomi_king/7798556096/in/photostream/">Naomi King/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Huiles pour les cheveux, huiles démaquillantes, huiles anti-âge, huiles régénérantes (même la célèbre Crème de la mer change de texture et devient huileuse pour plaire au plus grand nombre), huiles de soin sublimatrices, huiles de soin réparatrices, huiles sèches ultra-nourrissantes, huiles miraculeuses (La Eight hour cream d’Elizabeth Arden se fluidifie pour prendre l’aspect d’une « Huile miracle universelle »), huiles défatigantes qui se proposent de donner un « coup de fouet » aux peaux les plus déprimées… Ces produits s’imposent dans les actes cosmétiques réalisés au fil de la journée. Vingt-et-un ans après L’huile Prodigieuse de Nuxe (huile sèche multi-fonction visage, corps et cheveux au nom alléchant), l’une des plus célèbres, les laboratoires Garnier mettent sur les rangs leur Huile Merveilleuse, cosmétique aux qualificatifs hyperboliques, qui, en « une seule pression », apporte « nutrition, souplesse, brillance, protection, douceur, définition et parfum ». On ne dénombre pas moins de sept allégations pour ce seul et unique produit présenté comme multi-fonction !</p>
<h2>Des huiles dans le vernis à ongles</h2>
<p>On connaissait les vernis à ongles classiques composés de différents solvants organiques (acétate d’éthyle, acétate de butyle…), les vernis à ongles à l’eau (peu plaisants à appliquer et d’une tenue limitée dans le temps), on découvre en 2016, les vernis à l’huile (L’Oréal). Présentés comme les premiers vernis incorporant cet ingrédient à la mode, ceux-ci ne manquent pas de créer l’évènement.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137290/original/image-20160911-13359-5didsy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137290/original/image-20160911-13359-5didsy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137290/original/image-20160911-13359-5didsy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137290/original/image-20160911-13359-5didsy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137290/original/image-20160911-13359-5didsy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137290/original/image-20160911-13359-5didsy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137290/original/image-20160911-13359-5didsy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Stars de l’été 2016, les vernis à ongles à base d’huile.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/pieds-fille-vernis-%C3%A0-ongles-dix-492549/">Counselling/Pixabay</a></span>
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<p>Mais si l’on se penche sur la composition de ces vernis présentés comme révolutionnaires, on se rend compte rapidement qu’ils sont, en fait, tout à fait ordinaires. Un mélange d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ac%C3%A9tate_d%27%C3%A9thyle">acétate d’éthyle</a>, d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ac%C3%A9tate_de_butyle">acétate de butyle</a>, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nitrocellulose">nitrocellulose</a>… On ne peut plus classique… Il faut attendre les 16<sup>e</sup>, 17<sup>e</sup> et 18<sup>e</sup> ingrédients pour voir apparaître les huiles d’argan, de graines de thé et d’églantier, annoncées à grand renfort marketing ! En résumé, le vernis à l’huile L’Oréal est un vernis de composition très classique dont l’originalité est à relativiser. Tout ne baigne donc pas dans l’huile !</p>
<h2>Questions de composition</h2>
<p>Tout le monde parle des huiles et de leurs multiples actions sans jamais s’enquérir de leur composition précise. Or, si l’on étudie d’un peu plus près la composition de ces produits à la mode, on se rend compte que des produits qui portent un même nom possèdent pourtant des compositions bien différentes. Prenons comme exemple le cas des huiles nettoyantes : on sera surpris de trouver les huiles en question au fin fond de la liste des ingrédients. </p>
<p>C’est le cas, par exemple, de l’huile de douche Mixa qui n’a rien d’une huile puisque les ingrédients qui la composent sont majoritairement des tensioactifs (tel le <a href="http://leflacon.free.fr/ingredient.php?fiche=77">laureth sulfate de sodium</a> qui émarge en troisième position). L’huile d’amande douce qui déclenche sûrement l’achat n’est présente qu’à la toute fin de la liste des ingrédients. Il en est de même, pour l’Huile lavante relipidante XeraCalm A.D. des laboratoires Avène, pour l’huile lavante relipidante anti-irritations La Roche Posay, pour l’huile nettoyante émolliente Exomega Aderma, pour l’huile nettoyante apaisante Xémose Uriage, pour l’huile bain et douche veloutante Rogé Cavaillès… L’ingrédient majoritaire est l’eau (aqua) !</p>
<h2>Tensioactifs de rigueur</h2>
<p>Dans quelques rares cas, la composition de l’huile nettoyante répond bien à ce que l’on est en droit d’attendre. L’huile nettoyante AtoControl Eucerin en est un bon exemple : l’eau est en fin de formule et le fabricant met en avant (c’est le tout premier ingrédient) l’huile de soja. Il y a tout de même quelques tensioactifs. Leur présence est obligatoire dès lors que l’on introduit de l’eau ou des substances hydrosolubles dans la préparation. D’ailleurs, se laver à l’huile, sans l’aide d’aucun tensioactif est impossible…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137291/original/image-20160911-13348-1ir8a74.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137291/original/image-20160911-13348-1ir8a74.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137291/original/image-20160911-13348-1ir8a74.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137291/original/image-20160911-13348-1ir8a74.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137291/original/image-20160911-13348-1ir8a74.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137291/original/image-20160911-13348-1ir8a74.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137291/original/image-20160911-13348-1ir8a74.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Fabrication de l’huile d’Argan. Bien souvent, l’ingrédient est en faible quantité dans le produit fini.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/yak4yak/6229898433">Danilo Tic/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
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<p>Dans le cas des huiles de soin, plusieurs possibilités. On trouvera des mélanges d’huiles végétales et synthétiques. Les huiles végétales sont en général en fin de liste afin d’éviter un effet gras sur la peau. Les silicones volatiles des débuts sont remplacées progressivement par d’autres dérivés de synthèse moins controversés. L’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Myristate_d%27isopropyle">isostéarate d’isopropyle</a>, émollient initialement présent en grande quantité dans l'Huile Prodigieuse Nuxe a été remplacé par un mélange d'émollients de synthèse (coco-caprylate/caprate,
dicaprylyl ether) et d'huiles végétales (macadamia, amandes douces,
noisettes, graines de thé).</p>
<p>L’huile sèche Extraordinaire L’Oréal compte sur trois huiles de synthèse pour le toucher inimitable et sur une avalanche d’huiles végétales tant fixes (huile d’églantier, huile de jojoba, huile d’argan…) qu’essentielles (huiles essentielles de clou de girofle, de lavande…) pour le plaisir de la peau et de l’odorat. Originale, l’huile sèche teintée corps Sunlight élixir Bourjois se propose de laisser sur le corps un voile hâlé. Deux esters de synthèse sont associés à de l’alcool afin de constituer l’excipient pour des filtres UV (un SPF 15 est revendiqué) et des pigments. Les huiles de soja et de tournesol sont en fin de liste. Attention à ne pas confondre ce produit avec un produit de protection solaire !</p>
<h2>En mode huileux</h2>
<p>On l’aura compris, à la simple évocation du mot « huile », le visage du consommateur s’illumine. Les encarts publicitaires et les argumentaires marketing sont clairs, la forme huileuse est à privilégier. Que faut-il en penser ? Le commissaire Maigret avait l’habitude de répondre à son adjoint qui lui posait ce genre de question : « <em>rien</em> ». Il en est de même dans le domaine cosmétique. Il est impossible de donner une réponse globale à la question : « Que pensez-vous des huiles cosmétiques ? » il convient de détailler précisément les formules afin de voir ce qui se cache derrière un nom utilisé, à l’heure actuelle, à tort et à travers.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65140/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les huiles, utilisées en cosmétiques depuis la nuit des temps, ont fait cet été un retour remarqué sur scène, dans les magazines et les boutiques. Mais que vaut ce produit, et que contient-il ?Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/623092016-07-26T20:53:14Z2016-07-26T20:53:14ZJoyeux anniversaire ! Notre réglementation cosmétique a 40 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/130208/original/image-20160712-9264-19qagoy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Cosmétiques et produits d’hygiène.</span> <span class="attribution"><span class="source">Aksenova Natalya/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La réglementation cosmétique, née en 1976 sous la forme d’une Directive européenne (76/768/CEE) est une quadragénaire tout juste liftée… Bien sûr, différents « replâtrages » avaient été effectués au fil du temps, mais ceux-ci, bien qu’utiles, avaient alourdi le texte.</p>
<p>En 2009, cette « belle » n’était carrément plus visible – ni lisible – à force d’avoir superposé les couches de maquillage, comprendre des modifications successives qui apportaient pourtant des précisions d’importance. Un brin de chirurgie esthétique s’imposait donc !</p>
<p>Cette année-là, la directive meurt après 33 ans de bons et loyaux services. Elle sera remplacée par le Règlement (CE) N°1223/2009, un document unique qui compile l’ensemble des éléments à prendre en compte lorsque l’on souhaite se lancer dans la fabrication et la distribution de produits cosmétiques.</p>
<p>Ce lifting signe une véritable renaissance. Il est si bien réussi que certains industriels en viennent à ne plus reconnaître leur chère vieille directive. Ceux-là s’ébaudissent à chaque page en découvrant des notions vieilles de plusieurs années ! Tout semble parfait… Mais il y a un mais…</p>
<p>En effet, les annexes (listes de substances autorisées) ne sont pas à jour. On trouve par exemple dans la liste des filtres UV le PABA (acide para-aminobenzoïque) bien qu’il soit interdit depuis 2008 (Directive 2008/123/CE) ! Le règlement, document unique, fut donc un beau rêve. La réglementation étant par définition « vivante » c’est-à-dire capable de s’adapter aux connaissances du moment, il est impossible de graver les informations dans le marbre une fois pour toutes. Les ajouts modifiant le Règlement (CE) N°1223/2009 ont donc commencé à sortir…</p>
<h2>Premiers pas en 1976</h2>
<p>Retour aux origines, au début des années 1970. Il aura fallu attendre la mort de nourrissons pour bien prendre la mesure de la nécessité de mettre en place une réglementation cosmétique. En 1972, la France est sous le choc de l’affaire du <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673682902252">talc Morhange</a> qui vient de provoquer la mort de 36 nourrissons et de nombreux cas d’intoxications. L’hexachlorophène, un conservateur antimicrobien, s’est retrouvé accidentellement surdosé dans des lots de produits mis sur le marché. Une erreur de fabrication a abouti à cette teneur excessive en conservateur dans le talc incriminé.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/130204/original/image-20160712-13847-3rx9ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/130204/original/image-20160712-13847-3rx9ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/130204/original/image-20160712-13847-3rx9ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/130204/original/image-20160712-13847-3rx9ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/130204/original/image-20160712-13847-3rx9ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1734&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/130204/original/image-20160712-13847-3rx9ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1734&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/130204/original/image-20160712-13847-3rx9ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1734&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Simone Veil, quand elle était ministre de la Santé, a fait évoluer la réglementation cosmétique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Simone_Veil#/media/File:Simone_Veil02b.jpg">Roland Godefroy/Wikipédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Simone Veil, alors ministre de la Santé du gouvernement Chirac, soumet un projet de loi modifiant le Livre V du Code de la Santé publique et concernant la fabrication, l’importation et la mise sur le marché des produits cosmétiques et des produits d’hygiène corporelle, le 2 avril 1975. On se soucie enfin de la qualité des produits cosmétiques par l’instauration d’une réglementation des ingrédients et des pratiques de fabrication.</p>
<p>La France joue alors un rôle moteur au niveau européen, en proposant une directive au conseil de la CEE, le 6 octobre 1972 : c’est la Directive 76/768/CEE qui pose les bases réglementaires de la cosmétologie moderne. Désormais, le cosmétique possède une toute nouvelle définition et on abandonne le terme de produit de beauté. En effet, on peut lire à l’article L658-1 du Code de la Santé publique que les produits cosmétiques et les produits d’hygiène corporelle sont définis comme « toutes les substances ou préparations autres que les médicaments destinées à être mises en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain ou avec les dents et les muqueuses, en vue de les nettoyer, de les protéger, de les maintenir en bon état, d’en modifier l’aspect, de les parfumer ou d’en corriger l’odeur ».</p>
<p>Les décennies suivantes vont voir apparaître des compléments importants au texte d’origine. Des versions successives vont, par exemple, rendre obligatoire la réalisation de tests permettant d’apporter la preuve d’un effet vanté par le marketing (Directive 93/35/CEE du Conseil du 14 juin 1993).</p>
<h2>Définitions</h2>
<p>L’article premier de cette directive qui modifie pour la sixième fois la Directive 76/768/CEE nous indique que l’« on entend par produit cosmétique toute substance ou préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue exclusivement ou principalement de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect et/ou de corriger les odeurs corporelles et/ou de les protéger ou de les maintenir en bon état ». On constate que cette définition diffère peu de la définition d’origine.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/130206/original/image-20160712-9289-khv6qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/130206/original/image-20160712-9289-khv6qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/130206/original/image-20160712-9289-khv6qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/130206/original/image-20160712-9289-khv6qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/130206/original/image-20160712-9289-khv6qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/130206/original/image-20160712-9289-khv6qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/130206/original/image-20160712-9289-khv6qn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Quelle définition pour un cosmétique ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/swim-shower-body-care-take-bath-95735/">Efraimstochter/Pixabay</a></span>
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<p>Une version légèrement différente se retrouve à l’article L. 5131-1 du Code de la Santé publique : « on entend par produit cosmétique toute substance ou préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles ». L’ajout de l’adverbe « notamment » est savoureux et relève de la science-fiction : est-il prévu que l’être humain bénéficie un jour d’appendices particuliers qu’il faudra nettoyer, parfumer… Outre cette modification de la définition, la Directive 93/35/CEE introduit l’obligation de faire figurer sur l’emballage des produits leur composition qualitative ainsi que l’interdiction, à partir du 1<sup>er</sup> janvier 1998, de la mise sur le marché d’ingrédients ou de mélanges d’ingrédients ayant été testés sur les animaux.</p>
<p>Ces différentes modifications surviennent souvent dans un contexte lié à des scandales sanitaires telles que l’affaire du sang contaminé, par exemple.</p>
<h2>Molécules allergisantes</h2>
<p>La Directive 2003/15/CE, quant à elle, portera obligation de faire figurer sur l’emballage des produits cosmétiques la présence d’un certain nombre de molécules, pour la plupart d’origine végétale, connues pour leurs propriétés allergisantes (c’est l’établissement de la liste des 26 allergènes). Cette Directive qui sonne aussi le glas de l’utilisation des animaux pour tester l’absence d’effet irritant pour la peau, l’œil ou les muqueuses des produits apporte également un changement dans la manière de communiquer sur la péremption des produits. Pour la première fois, on va se servir d’un petit logo pour informer le consommateur sur la PAO (période après ouverture), délai exprimé en mois pendant lequel il est possible d’utiliser un produit sans risquer de problème (cette notion reste sans doute floue dans l’esprit du public).</p>
<h2>Des vœux pour la belle quadragénaire</h2>
<p>Après avoir feuilleté brièvement l’album de famille de cette réglementation cosmétique, il est temps de passer aux vœux. Ses fondamentaux restent les mêmes depuis 40 ans : fabriquer les cosmétiques en respectant les Bonnes Pratiques de Fabrication, assurer la traçabilité en rédigeant un Dossier Information Produit irréprochable, contrôler les produits fabriqués afin de s’assurer qu’aucune anomalie n’est survenue… Mais le vocabulaire évolue : une compilation régulière des modifications survenues s’est avérée indispensable. Ainsi est né le Règlement (CE) N°1223/2009. Le but ultime reste toujours la préservation de la santé du consommateur. Un lifting, de temps en temps, sera donc conseillé. Pour les 40 ans à venir, espérons que cette réglementation devienne le livre de chevet de tout industriel qui se respecte. Longue vie aux Règlements… qui offrent un cadre strict pour la production de produits qui font toujours rêver.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/62309/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La règlementation des cosmétiques, comme celles des produits alimentaires ou des médicaments, a une histoire riche en rebondissements. Tout commence dans les années 1970…Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/619992016-07-25T20:27:48Z2016-07-25T20:27:48ZBientôt, c’est votre peau qui sera connectée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/131808/original/image-20160725-26566-1aht7jt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Christodu69/YouTube</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre de la première édition du <a href="http://www.sorbonne-paris-cite.fr/fr/vie-de-campus/uspc-et-la-cite/festival-des-idees-paris-16-19-novembre-2016">Festival des idées</a>, un événement organisé du 15 au 19 novembre 2016 par <a href="http://www.sorbonne-paris-cite.fr/fr">USPC</a> et dont The Conversation est partenaire.</em></p>
<p>La technologie peut se révéler fâcheuse. Nos poches s’alourdissent de smartphones de plus en plus gros au point de devenir difficiles à extirper lorsque nous sommes pressés. Et jusqu’à présent, les tentatives de rendre nos appareils plus facilement accessibles avec des montres connectées <a href="https://theconversation.com/apple-delivers-smart-watch-but-you-might-want-to-think-twice-about-getting-one-31526">ont échoué</a>. Mais qu’arriverait-il si une partie de votre corps devenait votre ordinateur, grâce à un écran sur votre bras, voire un lien direct à votre cerveau ?</p>
<p>Un jour, la peau artificielle électronique (e-skin) pourrait rendre cela possible. Les chercheurs sont en train de mettre au point des circuits électroniques flexibles, faciles à courber, voire à étirer, et même susceptibles d’être appliqué directement sur l’épiderme. Tout en transformant votre peau en écran, le procédé peut aussi aider à restituer les sensations si vous avez souffert de brûlures ou d’atteintes au système nerveux.</p>
<p>La version la plus simple de cette technologie, c’est le tatouage électronique. En 2004, des chercheurs <a href="http://informationdisplay.org/IDArchive/2014/JanuaryFebruary/FrontlineTechnologyImperceptibleElectronic.aspx">américains et japonais</a> ont levé le voile sur un circuit de capteurs de pression. Construit de fines lamelles de silicium préalablement étirées, il pouvait être appliqué sur l’avant-bras. Mais des matériaux non organiques comme le silicium sont rigides alors que la peau est flexible et élastique. Les scientifiques sont donc à la recherche, pour cette e-skin, de circuits électroniques que l’on fabriquerait à partir de matériaux organiques (comme des plastiques spéciaux ou des formes de carbone comme le graphène, bon conducteur d’électricité).</p>
<p>La e-skin classique est une matrice de divers composants électroniques – transistors flexibles, LED organiques, capteurs, cellules photovoltaïques (solaires) organiques – reliés les uns aux autres par des fils conducteurs <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4531887/">étirables ou flexibles</a>. Ces appareils sont souvent fabriqués à partir de très minces couches de matériaux vaporisés ou évaporés sur une base flexible, afin de former un circuit électronique étendu (jusqu’à des dizaines de cm<sup>2)</sup> et <a href="http://pubs.rsc.org/en/content/articlehtml/2014/cs/c3cs60235d">semblable à de la peau</a>.</p>
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<p>Durant ces dernières années, bien des efforts entrepris pour créer cette technologie ont été rendus possibles par la robotique et le désir de donner aux machines des capacités sensorielles analogues à celles des humains. <a href="https://spie.org/membership/spie-professional-magazine/spie-professional-archives-and-special-content/2011jan-archive/better-electronic-sensors-skin">Nous avons désormais</a> des dispositifs de e-skin qui peuvent détecter des objets à l’approche, mesurer la température, et faire sentir une pression. Cela peut aider les robots à travailler plus sûrement en étant plus attentifs à leur environnement (et à toute personne humaine qui se trouverait là). Mais, intégrés dans une <a href="https://micro.seas.harvard.edu/papers/Menguc_ICRA13.pdf">technologie portable</a>, ces appareils pourraient rendre le même service aux humains en détectant, par exemple, des mouvements dangereux pendant la pratique du sport.</p>
<p>La technologie a aussi conduit à la création d’<a href="https://theconversation.com/why-are-flexible-computer-screens-taking-so-long-to-develop-53143">écrans flexibles</a> tandis qu’au moins une <a href="http://www.cicret.com">société</a> espère faire de la peau un écran tactile utilisant des capteurs et un « pico-projecteur » plutôt qu’un affichage visuel.</p>
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<p>Mais allons-nous un jour intégrer cette technologie directement dans notre corps et est-ce que cela sera courant ? Pour l’instant, le problème, avec l’électronique organique, c’est qu’elle n’est pas très fiable et n’apporte qu’une performance électronique relativement médiocre. Tout comme la peau véritable, l’e-skin <a href="http://www.mdpi.com/1424-8220/14/7/11855/pdf">se ride</a>, finalement. Voilà qui conduit à la dislocation des couches qui la composent et à la faillite de ses circuits. De plus, l’organisation des atomes dans les matériaux organiques est plus chaotique que dans les matériaux inorganiques utilisés dans l’électronique traditionnelle. Cela signifie que les électrons bougent <a href="http://inside.mines.edu/%7EZhiwu/research/papers/G02_charge_transfer.pdf">mille fois plus lentement</a> dans ces matériaux organiques. Résultat : les appareils conçus à partir de ces matériaux fonctionneront beaucoup plus lentement et seront moins performants pour gérer la chaleur que les circuits génèrent.</p>
<h2>Bio-compatibilité</h2>
<p>L’autre grande question est de savoir comment intégrer l’e-skin au corps humain pour qu’elle ne provoque pas de problèmes de santé et pour qu’elle puisse interagir avec le système nerveux. Les matériaux organiques sont faits à partir de carbone (comme notre corps). Donc, ils sont plus susceptibles d’être biocompatibles et de ne pas être rejetés par l’organisme. Mais les particules de carbone se débrouillent très bien pour passer dans les cellules de notre corps et cela pourrait conduire à une inflammation, entraînant une réponse immunitaire pouvant même, selon <a href="http://www.materialstoday.com/carbon/articles/s1369702112701013/">certaines théories non vérifiées</a>, générer des tumeurs.</p>
<p>Cependant, les scientifiques ont d’ores et déjà connu un certain succès en reliant des appareils électroniques au système nerveux. <a href="https://www.researchgate.net/publication/285999946_Ultrathin_short_channel_thermally-stable_organic_transistors_for_neural_interface_systems">Des chercheurs de l’université d’Osaka</a> sont à la pointe d’une recherche qui vise à faire fonctionner un implant dans le cerveau. Élaboré à partir d’une matrice flexible de transistors organiques minces comme un film, cet implant serait activé, juste en y pensant. La difficulté est qu’une approche aussi invasive pourrait conduire à de futurs problèmes, surtout quand elle commencera à être testée sur les humains.</p>
<p><a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/adma.201303349/full">Dans les années à venir</a>, nous pourrions bien voir apparaître des prototypes de e-skin sous forme de capteurs à porter sur soi, qui seraient capables de puiser leur énergie à partir des mouvements du corps. Ce qui va prendre davantage de temps, ce sont les circuits plus compliqués comme ceux que l’on trouve dans les smartphones. Et l’autre grande question à laquelle nous devons encore répondre se résume ainsi : combien de personnes voudront accepter sur elles des implants électroniques permanents ou semi-permanents ? Seriez-vous partant pour devenir vraiment un cyborg ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61999/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Luca Santarelli a reçu des financements de : EC Marie Curie ITN-CONTEST project </span></em></p>Foin du smartphone XXL qui vous encombre ! Si on pouvait téléphoner, visionner des images ou surfer à partir du corps humain ? Les recherches autour de la peau électronique, la e-skin, progressent.Luca Santarelli, PhD Candidate, UCLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/601432016-07-04T04:39:13Z2016-07-04T04:39:13ZProduits de protection solaire : le vrai et le faux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/128821/original/image-20160630-30638-lhabup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sous le soleil, un produit de protection solaire est conseillé. Mais lequel ? </span> <span class="attribution"><span class="source">Dimitrisvetsikas1969/Pixabay</span></span></figcaption></figure><p>L’utilisation d’un produit de protection solaire (PPS) ne relève pas d’un souci esthétique, mais bien d’un enjeu de santé publique tant les dommages dus à une exposition excessive au soleil sont graves. Pour faire un choix en toute connaissance de cause, voici tout d’abord quelques conseils.</p>
<h2>Les règles de base</h2>
<p>Un PPS doit être choisi en fonction du phototype du sujet (capacité à « brûler » ou à l’inverse à développer « un bronzage protecteur ») et en fonction du niveau d’ensoleillement. Il faudra pour ce faire s’enquérir de la météo afin de <a href="http://www.meteofrance.fr/prevoir-le-temps/meteo-et-sante/les-ultraviolets">connaître l’index UV</a>.</p>
<p>Proposer un patch connecté comme celui des laboratoires La Roche Posay mis sur le marché sous le nom de <a href="http://www.loreal.fr/media/press-releases/2016/jan/loreal-lance-le-tout-premier-capteur-electronique-flexible-danalyse-du-rayonnement-uv">« My UV Patch »</a> est une bonne idée pour connaître la dose d’UV reçue, en temps réel, où que l’on soit. Pour les sujets qui ne développent pas de bronzage protecteur, des PPS très hautement protecteurs s’imposent lors des expositions solaires.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128833/original/image-20160630-30627-lipbyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128833/original/image-20160630-30627-lipbyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128833/original/image-20160630-30627-lipbyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128833/original/image-20160630-30627-lipbyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128833/original/image-20160630-30627-lipbyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128833/original/image-20160630-30627-lipbyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128833/original/image-20160630-30627-lipbyc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bronzer oui, mais protégé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jerome1976/370916582/in/photolist-yM3zu-9wFRv3-a2m94j-245hiX-868tgB-8X88iT-8vS9b7-6Bt5dC-i238C-8JzzoR-abMiAy-6KrmyY-2S7tpi-d878Zb-6Bt63W-foM683-5xVxx3-8j1cB6-ks6dip-bJ6y16-5xNyo7-9do8Vb-rng6PK-qZZxFL-e1MJnY-a2m8Wf-5NpZY7-7zxi1q-a2iffn-9xLALg-aiAcLw-a2m97b-soCKAU-9W2DGN-4jyoQq-91k7df-fNkoBA-bwLRUs-4RFi6-6D4dW6-8yhA6n-2ffMQn-amfbCS-hRGeC-dwVgzz-6Ub3sE-8z3qLa-8F3UD3-8ykBFG-6VEaw4">Jerome Strauss/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les idées à combattre</h2>
<ul>
<li><p>Un PPS doit être appliqué 20 minutes avant l’exposition solaire. FAUX. Le PPS est efficace dès son application sur la peau.</p></li>
<li><p>Il faut faire pénétrer le produit dans la peau pour obtenir une action optimale. FAUX. La formule doit, au contraire, rester le plus possible à la surface de la peau afin de protéger les cellules cutanées.</p></li>
<li><p>Un film blanc opaque est garant d’une très haute protection. FAUX. Les filtres inorganiques ou minéraux de taille pigmentaire qui, une fois incorporés dans un excipient, laissent un film blanc sur la peau (ce que l’on appelait autrefois l’effet « masque de Pierrot ») sont inefficaces.</p></li>
<li><p>Les PPS « tout minéral » ou « biologiques » doivent être conseillés pour la protection des enfants. FAUX. Ces produits ne sont à conseiller à personne. Si la réduction de la taille des particules (formes nanoparticulaires) a permis d’augmenter le niveau d’efficacité des PPS en contenant, ils ne peuvent, toutefois, à eux seuls, être l’équivalent en matière de protection d’un mélange composé de 5 ou 6 filtres UV.</p></li>
<li><p>La forme galénique du produit (eau, gel, huile, émulsion sprayable, crème, stick) est sans influence sur le niveau d’efficacité atteint. FAUX. Pour un mélange filtrant, la protection assurée sera différente selon l’excipient choisi. Les formes liquides (eaux, huiles) et fluides (gels, émulsions sprayables) ne conviendront pas si l’on souhaite <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26806467">atteindre un très haut niveau de protection</a>. Si l’on souhaite être hautement protégé, il faut utiliser une crème de texture épaisse. L’efficacité est proportionnelle à la quantité de produit présent sur la peau.</p></li>
<li><p>On ne trouve pas d’ingrédients à caractère anti-inflammatoire dans les PPS. FAUX. Les filtres UV autorisés par la Réglementation Européenne possèdent, dans la grande majorité des cas, un <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23284607">caractère anti-inflammatoire marqué</a>. Celui-ci permet de masquer l’<a href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/%C3%A9ryth%C3%A8me_solaire/12920">érythème solaire</a> alors même que les <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25269004">filtres ne sont plus protecteurs du fait de leur dégradation par les UV</a>. Par ailleurs, <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22707250">certaines molécules</a> (bisabolol, allantoïne) ou extraits végétaux (extrait de réglisse, de Pongamia, de thé…) sont ajoutés aux formules pour inhiber la formation de l’érythème.</p></li>
</ul>
<h2>Une formule à examiner à la loupe</h2>
<p>Afin de se faire une idée du niveau d’efficacité du PPS choisi, il convient de lire attentivement la liste des ingrédients. Les filtres UV doivent être d’autant plus nombreux que l’indice est élevé. Ils doivent être en concentration suffisante. Plus ils sont placés haut dans la liste des ingrédients, plus le niveau d’efficacité sera élevé.</p>
<p>Il existe une liste des filtres autorisés dans l’Union européenne. Le
tableau suivant présente les principaux :</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128989/original/image-20160701-18300-aaots6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128989/original/image-20160701-18300-aaots6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128989/original/image-20160701-18300-aaots6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128989/original/image-20160701-18300-aaots6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128989/original/image-20160701-18300-aaots6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=796&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128989/original/image-20160701-18300-aaots6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=796&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128989/original/image-20160701-18300-aaots6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=796&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Principaux filtres UV autorisés en Europe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Céline Couteau et Laurence Coiffard</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces filtres présentent des niveaux d’efficacité très variables. Par exemple, l’homosalate incorporé à 8 % dans une émulsion ne permet d’obtenir qu’un SPF de 4 alors que la bis-éthylhexyloxyphénol méthoxyphényl triazine permet d’atteindre à 10 % un SPF de 20. Afin d’atteindre un SPF supérieur ou égal à 50, il faudra donc réaliser une association de différents filtres UV.</p>
<h2>Des ingrédients à proscrire</h2>
<p>L’alcool est un solvant fréquemment utilisé dans les PPS. Sa présence est inopportune. Il s’agit, en effet, d’un exhausteur de pénétration (il peut favoriser la pénétration des filtres UV dans la peau ce qui n’est évidemment pas souhaitable). Les huiles végétales riches en acide oléique ne sont pas non plus les bienvenues dans les PPS. Certaines huiles exotiques au capital sympathie important ne devraient pas trouver place dans les PPS.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128835/original/image-20160630-30642-onaqvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128835/original/image-20160630-30642-onaqvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128835/original/image-20160630-30642-onaqvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128835/original/image-20160630-30642-onaqvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128835/original/image-20160630-30642-onaqvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128835/original/image-20160630-30642-onaqvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128835/original/image-20160630-30642-onaqvw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’huile des graines du baobab doit être proscrite en protection solaire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/47108884@N07/8750413322">Ton Rulkens/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>On peut citer le cas d’<em>Adansonia digitata</em>, nom botanique du baobab ou arbre à palabre, un arbre africain majestueux et emblématique. L’huile extraite de ses graines est riche en vitamines A, E et D3. On lui prête des propriétés anti-âge et cicatrisantes. Notons également que cette huile est riche en acide oléique (un acide gras mono-insaturé possédant 18 atomes de carbones). On en retrouve entre 30 et 42 % dans les huiles du commerce. Ceci est un inconvénient dans le cas précis des produits de protection solaire. En effet, on souhaite exercer une action locale. Les filtres doivent rester en surface pour exercer leur action et non pas pénétrer au travers des différentes couches cutanées. Dans le domaine médical, l’acide oléique est connu depuis bien longtemps pour sa capacité à augmenter le passage transdermique d’un certain nombre de principes actifs. Pour toutes ces raisons, l’huile de baobab ne constitue pas un ingrédient de choix pour la formulation des produits de protection solaire.</p>
<p>Certains extraits végétaux à caractère photosensibilisant sont, bien sûr, à proscrire. Le <a href="http://www.observatoiredescosmetiques.com/pro/actualite/leffet-miroir/concepts-oublies-la-couleur-de-la-peau-au-travers-des-ingredients-3393">scandale de l’affaire Bergasol</a> reste encore dans la mémoire de bons nombres d’entre nous. Cette affaire qui a abouti à l’interdiction des psoralènes dans les PPS doit nous servir de leçon. Des végétaux tels que le millepertuis (<em>Hypericum perforatum</em>) ou bien l’angélique (<em>Angelica archangelica</em>) ne devraient pas être retrouvés dans les PPS.</p>
<p>On l’aura compris : dans le domaine de la photoprotection topique, le choix d’un PPS ne doit pas résulter de l’impulsion. Une texture légère et fluide n’augure pas d’un effet protecteur important. Une formule simple, riche en filtres UV et ne contenant ni alcool, ni extraits végétaux est à privilégier. Une application en couche épaisse sur les zones découvertes, une application renouvelée toutes les deux heures associée au port d’un chapeau et de lunettes solaires sont à conseiller. Loin de toute polémique, il faut garder à l’esprit que l’utilisation d’un PPS relève d’une démarche de santé publique, et qu’il faut proposer aux consommateurs des produits performants, d’une totale innocuité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60143/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’été revient et avec lui la nécessité de se munir d’un produit efficace pour se protéger du soleil : il s’agit là d’une question de santé ! Voici comment bien choisir votre protection solaire.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/591762016-05-12T04:34:27Z2016-05-12T04:34:27ZLes mirages de l’acide hyaluronique, vecteur de rêve anti-âge<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/122135/original/image-20160511-18157-42oco1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Capital jeunesse à préserver.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.youtube.com/watch?v=hSwV7I996PQ">YouTube</a></span></figcaption></figure><p>L’acide hyaluronique a été découvert en 1934 dans l’humeur vitrée de l’œil de bœuf par <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/9781118695920.ch1/summary">Karl Meyer et John Palmer</a>. Son nom est lié à son lieu de découverte (la hyaloïde) et à sa structure chimique.</p>
<p>Il s’agit, en effet, d’un polymère formé par la répétition de deux motifs de base, acide glucuronique et N-acétylglucosamine. Il faut compter environ 30 000 unités pour former une molécule. Le poids moléculaire en résultant est donc élevé. Il se situe entre 5 et 10 millions de grammes par mole, selon le nombre d’unités de base comptabilisé.</p>
<p>L’acide hyaluronique est présent dans de nombreux organes et liquides biologiques (peau, cartilage, liquide synovial…). On considère que 12 grammes d’acide hyaluronique sont présents dans l’organisme d’un adulte pesant 60 kilogrammes. Cette molécule est facilement soluble dans l’eau ; elle possède des propriétés gélifiantes ainsi que des propriétés lubrifiantes et hémostatiques.</p>
<h2>L’acide hyaluronique en chirurgie esthétique</h2>
<p>Dans les années 1980, l’effet cicatrisant de l’acide hyaluronique a été très étudié. Il a été montré que cette macromolécule favorise la <a href="http://www.chups.jussieu.fr/polys/histo/histoP2/POLY.Chp.5.6.html">ré-épithélialisation</a> des brûlures. Son caractère hygroscopique lui confère une grande capacité de rétention d’eau ; on parle de propriétés volumatrices mises à profit dans le traitement des pertes au niveau des lèvres et du visage. Il active, en outre, la synthèse de collagène, protéine responsable de la tonicité du derme et inhibe des enzymes, les métalloprotéinases, impliquées dans la dégradation des fibres de collagène. Cela lui confère des propriétés anti-âge intéressantes.</p>
<p>L’acide hyaluronique est utilisé à ces fins à partir des années 1990, lorsqu’il est injecté localement, dans le cadre d’une pratique de chirurgie esthétique. La spécialité Restylane constitue l’une des premières à avoir été proposée. L’acide hyaluronique présente l’avantage par rapport au collagène d’être constant d’un point de vue structural quelle que soit son origine, associée à une absence de pouvoir allergisant, ce qui est appréciable. On utilise pour le désigner le nom de <em>filler</em> qui peut se traduire en français par matériel de comblement.</p>
<h2>Applications cosmétiques</h2>
<p>Fascinée par le succès remporté par cette molécule dans le domaine de la chirurgie esthétique, l’industrie cosmétique ne tarde pas à s’en emparer. À peine les injections de collagène et d’acide hyaluronique sont-elles popularisées que l’on voit déferler sur le marché des cosmétiques à base de ces biopolymères. Jeanne Gatineau est l’une des pionnières dans le domaine avec un sérum surconcentré (bien sûr ! – voir à ce sujet <a href="https://theconversation.com/la-veritable-histoire-du-serum-elixir-de-jeunesse-qui-ne-tient-pas-toujours-ses-promesses-55958">notre article sur les sérum</a>) associant vitamine A et acide hyaluronique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/121962/original/image-20160510-20713-mjrreh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/121962/original/image-20160510-20713-mjrreh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/121962/original/image-20160510-20713-mjrreh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/121962/original/image-20160510-20713-mjrreh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/121962/original/image-20160510-20713-mjrreh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/121962/original/image-20160510-20713-mjrreh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/121962/original/image-20160510-20713-mjrreh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un sérum se doit d’être fluide.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/hydrolat-flacon-aromath%C3%A9rapie-939215/">xaviervandeputte0/Pixabay</a></span>
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<p>Pour obtenir un sérum suffisamment fluide, il est impossible d’un point de vue galénique d’incorporer de forts pourcentages d’acide hyaluronique. Cette molécule de haut poids moléculaire est, en effet, un gélifiant hors pair qui épaissit à merveille toutes les préparations trop fluides. Dans les années 1990, La Prairie décide d’associer l’acide hyaluronique aux <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12553851">céramides</a> (très en vogue à l’époque) et à des ingrédients plus intemporels tels que le miel ou les algues.</p>
<p>Le sérum en question baptisé « Age management » s’adresse clairement aux femmes actives qui managent des équipes. Le langage employé parle donc tout naturellement à la femme de pouvoir et d’action auquel il s’adresse. Le management de sa peau à l’aide de ce sérum « précieux » lui semble tout à fait crédible tant elle est habituée à être obéie au doigt et à l’œil…</p>
<p>En 2011, l’acide hyaluronique est toujours une valeur sûre. Il apparaît, en effet, au catalogue des Actifs purs, actifs commercialisés par les laboratoires Etat Pur (gamme de cosmétiques sur mesure du groupe Bioderma/Esthederm). L’actif A06 dosé à moins de 1 % en acide hyaluronique (contraintes galéniques obligent) pourra être incorporé dans une crème de base (dite biomimétique) adaptée au type de peau de la consommatrice.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/120745/original/image-20160430-28125-1ivg2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/120745/original/image-20160430-28125-1ivg2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/120745/original/image-20160430-28125-1ivg2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/120745/original/image-20160430-28125-1ivg2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/120745/original/image-20160430-28125-1ivg2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=344&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/120745/original/image-20160430-28125-1ivg2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=344&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/120745/original/image-20160430-28125-1ivg2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=344&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Molécule d’acide hyaluronique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_hyaluronique#/media/File:Hyaluronan.png">Edgar181/Wikipédia</a></span>
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<p>La marque Skeen se présente quant à elle comme la championne toutes catégories avec un gel-crème aux fortes doses ( ! ! !) d’acide hyaluronique pur. La presse féminine s’émerveille, parlant d’une véritable « bombe cosmétique » et n’hésitant pas à comparer les résultats obtenus avec ceux d’une injection en cabinet. La concurrence suit : By Terry propose une base teintée de comblement « Hyaluronic Face Glow » aux molécules d’acide hyaluronique fouettées ! ! ! Pas de doute, cette molécule utilisée dans les cosmétiques depuis les années 1980 est encore pleine de ressources et les services marketing sauront toujours nous la présenter comme un actif particulièrement innovant.</p>
<p>L’utilisation de cosmétiques à base d’acide hyaluronique est et sera certainement toujours plébiscitée par les femmes soucieuses de paraître jeunes mais peu enclines à passer le pas de la chirurgie esthétique. Obtenir un résultat analogue à celui obtenu avec une injection en s’appliquant journellement un sérum ou une crème anti-âge de texture agréable et au parfum divin paraît tout de suite beaucoup plus sympathique que de devoir passer entre les mains d’un chirurgien.</p>
<h2>L’acide hyaluronique, en injection ou en crème ?</h2>
<p>Il faut noter que les résultats escomptés ne peuvent être atteints que lorsque l’on injecte ce matériau de comblement. On sort alors résolument du domaine des cosmétiques puisque ces derniers ne peuvent en aucun cas être administrés de cette manière. Soyons claires : une utilisation topique ne sera qu’illusoire ! La peau pourra être lissée par un effet mécanique de façon temporaire, elle ne pourra en aucun cas être régénérée en profondeur. L’acide hyaluronique restant à la surface de la peau, du fait de son poids moléculaire élevé, il ne pourra sûrement pas exercer une action repulpante en profondeur.</p>
<p>Et malgré tout, en 2016, l’acide hyaluronique est encore très présent dans les formules à visée anti-rides. Citons par exemple la gamme Rexaline dont le nom n’est pas sans rappeler celui du dispositif médical Restylane (forme injectable). À défaut de repulper la peau, comme certains argumentaires le laissent habilement supposer, ces produits de soin constituent, sans nul doute, d’excellents agents hydratants que l’on aurait tort de bouder.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/59176/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’acide hyaluronique a de réelles propriétés anti-âge. Le seul problème est que cela ne fonctionne qu’en injections. Et non pas en crèmes, comme tente de le faire croire les fabricants de cosmétiques.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/571412016-04-05T04:35:32Z2016-04-05T04:35:32ZLes mystères du savon sans savon<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/117278/original/image-20160404-27131-1ag0xa5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bulles de savon.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/soap-bubbles-colorful-balls-1106870/">Alexas_Fotos/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Si vous entrez chez un charcutier-traiteur et que vous demandez des « carottes râpées sans carottes » ou de la « choucroute sans choux », l’on vous regardera d’un air passablement étonné et l’on risque fort d’agiter discrètement l’index au niveau du front pour montrer au reste de la clientèle que la demande formulée est tout simplement farfelue !</p>
<p>Faites la même expérience chez un pharmacien, entrez dans son officine et demandez un « savon sans savon » : loin de s’offusquer, ce dernier vous entraînera vers le rayon hygiène et vous proposera différents cosmétiques pouvant se retrouver sous ce vocable. L’histoire peut paraître étonnante. Mais non, le pharmacien n’est pas fou, il utilise une expression consacrée par l’industrie. Pour y voir clair, il convient de s’intéresser à la composition chimique de ces produits d’hygiène un peu particuliers.</p>
<h2>Le savon, une histoire millénaire</h2>
<p>Une tablette sumérienne aurait proposé l’une des toutes premières recettes de savon. Une légende romaine rapportait que la première saponification aurait eu lieu fortuitement dans un lieu proche de Rome (lieu où l’on sacrifiait des animaux), le Mont Sapo – la graisse animale s’étant, en effet, mélangée aux cendres végétales pour former avec l’eau de pluie un mélange savonneux : l’histoire des savons balance entre faits avérés et belles histoires à raconter au coin du feu.</p>
<p>Phéniciens, Romains, Gaulois se sont tour à tour attribué la paternité d’une réaction chimique qui fait toujours recette. Au XIX<sup>e</sup> siècle, le savon est promu au rang de médicament. Convulsions, croûtes de lait, brûlures… sont des indications classiques pour un produit omniprésent dans les ménages. Certains dermatologues, tel <a href="https://en.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Paul_Gerson_Unna">Paul Gerson Unna</a> très connu à l’époque, ont recours au savon comme excipient pour constituer le véhicule « idéal » pour un certain nombre de principes actifs tels que l’ichtyol, l’acide salicylique, le soufre ou le résorcinol. C’est alors le produit de référence tant au niveau hygiène (le savon sert à tout, lavage du visage, du corps, des cheveux…) qu’au niveau ménager. Plus récemment, on a constaté un engouement pour certains types de savon, savon d’Alep et <a href="http://www.chu-rouen.fr/page/formulaire-pharmaceutique">liniment oléocalcaire</a> en tête !</p>
<h2>Le savon, une entité chimique</h2>
<p>Pour bien comprendre la notion de « savon sans savon », il est important de faire appel à des notions de chimie. Le savon est un sel d’acide gras obtenu par saponification d’un corps gras (une huile végétale ou une graisse d’origine animale, le suif) par une base forte (soude ou potasse). Utilisez de la soude, vous obtiendrez un savon solide, utilisez de la potasse vous obtiendrez un savon liquide. Ces savons se caractérisent par leur détergence (capacité à éliminer les salissures), leur effet moussant marqué (cet effet est très apprécié du public qui associe dans son esprit la quantité de mousse produite à l’efficacité du produit considéré), leur pH alcalin et leur effet irritant (ces deux dernières propriétés étant étroitement liées).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/117281/original/image-20160404-27139-8mcx0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/117281/original/image-20160404-27139-8mcx0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/117281/original/image-20160404-27139-8mcx0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/117281/original/image-20160404-27139-8mcx0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/117281/original/image-20160404-27139-8mcx0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/117281/original/image-20160404-27139-8mcx0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/117281/original/image-20160404-27139-8mcx0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Savon fait maison.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mommyknows/7468313382">Kim/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Le savon n’est donc pas une forme galénique. Le grand public n’en a cure et confond allègrement savon (petit bloc solide rencontré le plus souvent au bord des baignoires ou des lavabos) et syndet (autre nom du « savon sans savon »). Pour résumer, tout ce qui de près ou de loin ressemble physiquement à un savon est appelé savon, sans autre forme de procès ! Seule la lecture des compositions pourra renseigner sur la nature du cosmétique en question. Des ingrédients tels que « sodium tallowate » (savon obtenu par saponification du suif par la soude), « sodium palm kernelate » (savon obtenu par saponification de l’huile de palmiste par la soude), « sodium cocoate » (savon obtenu par saponification de l’huile de coco par la soude) sont la signature d’un « vrai » savon.</p>
<p>Fabriqué à Nantes (selon le procédé marseillais) ou à Marseille, un savon de Marseille reste un savon. La question à se poser est : le savon est-il fabriqué en France ou bien en Malaisie ? Là est la vraie question. C’est sur ce point et pas sur un autre que devrait porter le débat relatif à ce produit d’hygiène qui suscite tant de passion.</p>
<h2>Le savon, sur tous les tons</h2>
<p>On appelle donc « syndet » le « savon sans savon » car il résulte de l’association de plusieurs tensioactifs de synthèse. Ce « pain dermatologique », terme à coloration médicale, a fait son apparition sur le marché de l’hygiène au début du XX<sup>e</sup> siècle. Un pH adaptable (légèrement acide ou neutre) constitue son point fort. Il sera indiqué pour les sujets à peaux intolérantes et atopiques.</p>
<p>Le savon surgras est un savon (sel d’acide gras ou tensioactif de synthèse) renfermant un excès de corps gras (huiles, beurres…) non saponifiés. Ceux-ci ont pour but de pallier l’effet desséchant des détergents qui par définition décapent la peau en éliminant sans distinction salissures et film hydrolipidique protecteur naturellement présent à la surface cutanée. Il est à noter que la plupart des savons du commerce, qu’ils le mentionnent ou non, possèdent ce caractère surgraissant.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/117282/original/image-20160404-27115-1vh6uaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/117282/original/image-20160404-27115-1vh6uaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/117282/original/image-20160404-27115-1vh6uaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/117282/original/image-20160404-27115-1vh6uaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/117282/original/image-20160404-27115-1vh6uaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/117282/original/image-20160404-27115-1vh6uaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/117282/original/image-20160404-27115-1vh6uaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le laurier, un ingrédient contesté.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Aleppo_soap#/media/File:Cold_process_Aleppo_Soap.jpg">Pdacortex/Wikipédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Quant au savon d’Alep, un ingrédient pose problème. Il s’agit de l’huile de laurier. En effet, si l’on se réfère à la liste des substances interdites dans les cosmétiques, on voit figurer sous le numéro d’ordre 359 « huile de graines de Laurus nobilis L ». Il est donc étonnant de voir sur le marché ce type de savon. Un autre élément à prendre en compte est le mode de fabrication de ce produit qui est loin de respecter les bonnes pratiques de fabrication applicables dans l’industrie cosmétique.</p>
<p>Le liniment oléocalcaire est, enfin, un savon qui cache bien son nom. Très à la mode depuis quelque temps, il convient de rappeler que comme tout savon, il devra être rincé après emploi, contrairement à ce que l’on peut lire parfois.</p>
<p>Difficile pour le consommateur de se repérer dans cette forêt d’appellations. Une chose est, toutefois, importante à retenir. Le savon constitue, sous quelque forme que ce soit, le produit d’hygiène de base. Il ne peut en rien rivaliser avec un médicament. Les allégations « traitement du psoriasis, de l’eczéma »… ou de toute autre pathologie sont totalement trompeuses, et à écarter.</p>
<p>Enfin, un mot sur les gels hydro-alcooliques (éthanol, eau et glycérine)
très en vogue actuellement. Ils possèdent un caractère antiseptique que
ne possède pas le savon. Ils sont, toutefois, réservés aux périodes d’épidémies, de grippe par exemple, du fait de leur caractère irritant et asséchant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57141/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Se laver les mains, un acte banal mais un produit, le savon, qui l’est moins. Savon surgras, savon d’Alep, liminent oléocalcaire ou savon sans savon, savez-vous vous y retrouvez ?Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/566562016-03-23T21:04:51Z2016-03-23T21:04:51ZDes produits d’hygiène doux, extra-doux, ultra-doux… mais avec agents irritants<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/116251/original/image-20160323-28201-9vbx4k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Boules de coton.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Dans le domaine des cosmétiques destinés à l’hygiène du corps et des cheveux, la notion de douceur est un argument marketing de poids. Les shampooings, en particulier, témoignent d’une inventivité linguistique déconcertante visant à rassurer le consommateur quant à la tolérance optimale obtenue avec ce produit qui peut être d’usage quotidien. Si les produits destinés au corps sont le plus souvent « doux », les shampooings sont, quant à eux, extra-doux, ou mieux, ultra-doux… On ne peut s’empêcher de penser au sketch de Coluche ironisant sur une lessive lavant plus blanc que blanc.</p>
<p>Dans l’esprit du public, pourtant, l’apposition de ces mentions constitue un repère permettant un choix éclairé. Nul doute, un produit « ultra-doux » doit être beaucoup plus doux qu’un produit présenté sobrement comme étant « doux ». Est-il possible de formuler un produit « plus doux que doux » ? Nous nous proposons de répondre aujourd’hui à cette question, en détaillant, à la loupe, les compositions des produits présents dans nos salles de bain.</p>
<h2>Les tensioactifs, ingrédients de base</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/116252/original/image-20160323-28215-ahjtly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/116252/original/image-20160323-28215-ahjtly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/116252/original/image-20160323-28215-ahjtly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/116252/original/image-20160323-28215-ahjtly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/116252/original/image-20160323-28215-ahjtly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/116252/original/image-20160323-28215-ahjtly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/116252/original/image-20160323-28215-ahjtly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les dentifrices contiennent des tensioactifs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Toothpaste#/media/File:Toothpasteonbrush.jpg">Wikipédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les tensioactifs sont des matières premières que l’on trouve très couramment dans les cosmétiques. Ils sont incorporés aussi bien dans les émulsions (crèmes de jour, fonds de teint, mascaras, BB crèmes…), que dans les suspensions (masques, pâtes dentifrices…) afin de stabiliser les formules et de permettre leur tenue dans le temps. Ces tensioactifs constituent, en outre, la base des produits nettoyants (visage, corps, cheveux), quelle que soit la forme sous laquelle ils se présentent (solutions, gels, mousses, laits…). Ils représentent alors environ 50 % de la formule.</p>
<p>Ces tensioactifs présentent autant de dénominations que d’applications… On parlera d’agents de surface, d’émulsionnants, de surfactants ou de surfactifs pour les anglophones… Le terme « tensioactif » sera préféré car il témoigne du mode d’action de cette matière première qui est capable d’abaisser la tension interfaciale entre eau et corps gras, permettant à la fois de stabiliser les émulsions (par formation de globules de l’une des phases dans l’autre) et d’assurer une fonction de nettoyage. Cette dernière fonction est mise à profit aussi bien dans les lessives que dans les cosmétiques destinés à l’hygiène.</p>
<h2>Quatre familles chimiques</h2>
<p>Les tensioactifs appartiennent selon leur nature chimique à l’une ou l’autre des quatre familles que sont :</p>
<ul>
<li><p>Les tensioactifs anioniques (l’anion libéré en solution aqueuse est plus volumineux que le reste de la molécule).</p></li>
<li><p>Les tensioactifs cationiques (le cation libéré en solution aqueuse est plus volumineux que le reste de la molécule).</p></li>
<li><p>Les tensioactifs amphotères (selon le pH de la préparation, c’est-à-dire son caractère plus ou moins acide ou plus ou moins alcalin, la partie la plus volumineuse de la molécule sera un anion ou bien un cation).</p></li>
<li><p>Les tensioactifs non ioniques (molécules ne libérant ni anion ni cation en solution aqueuse).</p></li>
</ul>
<p>Chaque molécule est caractérisée par une valeur dite de HLB (Hydrophile – Lipophile Balance) qui rend compte de sa capacité à orienter les émulsions dans un sens ou un autre (H/E ou E/H). La notion de détergence (propriété permettant la dissolution des graisses et l’élimination des salissures présentes à la surface de la peau dans le cas des cosmétiques) est reliée à des valeurs de HLB élevées. Plus un produit est détergent, plus il sera efficace d’un point de vue de sa capacité de nettoyage… Et plus il sera irritant.</p>
<p>Détergence, effet moussant et caractère irritant vont de pair. Il est donc logique que de manière intuitive l’on associe la mousse à la notion de propreté. L’on occulte toutefois le caractère irritant associé. Celui-ci n’est pas à redouter dans la grande majorité des cas. Mais il faudra l’éviter chez les sujets <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Atopie">atopiques</a> (personnes susceptibles de développer des allergies cutanées), à peaux réactives…</p>
<h2>Les moins irritants sont…</h2>
<p>Les tensioactifs non ioniques (les esters de sorbitanne polyoxyéthylénés ou non, les esters de sucre, les éthers d’alcools aliphatiques et de macrocogols type laureth, céteth, stéareth, cétéareth, oleth…) et amphotères (bétaïnes) sont sur la première marche du podium. En effet, ils sont très peu irritants. On a imputé, pendant un certain temps, un caractère allergisant à la cocamidopropyl bétaïne. Au fil du temps, on s’est rendu compte que cette matière première était hors de cause. La molécule allergisante est en réalité une impureté dont on vérifie désormais l’absence.</p>
<p>Les tensioactifs anioniques (alkyléther sulfates type lauryl sulfate de sodium et laureth sulfate de sodium, savons type stéarate de sodium…) possèdent un caractère irritant contrasté. Le lauryl sulfate de sodium (LSS) est un irritant notoire utilisé comme molécule de référence lorsque l’on souhaite étudier, par comparaison, le caractère irritant de telle ou telle molécule. Il est donc logique de s’abstenir de l’incorporer dans quelque cosmétique que ce soit. Le changement de cation (l’ion sodium remplacé par l’ion ammonium pour former un lauryl sulfate d’ammonium, molécule favorite des cosmétiques biologiques) ne change en rien le caractère irritant du tensioactif. L’éthoxylation de l’alcool laurique permet de diminuer le caractère irritant du LSS. Côté savon, ce tensioactif utilisé depuis des millénaires possède un caractère délipidant et irritant bien connu des sujets à peau sensible.</p>
<p>Enfin les tensioactifs cationiques de première génération (chlorure ou bromure de cétyl pyridinium ou de cétrimonium…) s’inscrivent également dans la catégorie des tensioactifs irritants. Mais ces tensioactifs désormais évités en tant qu’émulsionnants, sont redécouverts à l’heure actuelle du fait de leurs propriétés antimicrobiennes. Pour faire face aux nombreuses polémiques visant les conservateurs, les laboratoires optent pour ces « conservateurs déguisés » et en incorporent même dans des solutions micellaires destinées aux peaux sensibles ou aux bébés !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/116254/original/image-20160323-28178-1vmdokt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/116254/original/image-20160323-28178-1vmdokt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/116254/original/image-20160323-28178-1vmdokt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/116254/original/image-20160323-28178-1vmdokt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/116254/original/image-20160323-28178-1vmdokt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/116254/original/image-20160323-28178-1vmdokt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/116254/original/image-20160323-28178-1vmdokt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Savon jasmin et lait de coco… Pas plus doux pour autant.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.publicdomainpictures.net/view-image.php?image=131920&picture=&jazyk=FR">Publicdomainpictures</a></span>
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<h2>Des ingrédients d’une « douceur » toute relative</h2>
<p>Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’on constate, à la lecture des listes d’ingrédients des cosmétiques revendiquant une notion de « douceur », la présence de tensioactifs à caractère irritant (LSS, laureth sulfate de sodium et autres irritants s’affichent en tête de liste des ingrédients). On trouve même des laits nettoyants « garantis sans savons » en renfermant tout de même. Ces produits « sans savon » sont très difficiles à obtenir dans la mesure où les corps gras de la phase lipophile de l’émulsion sont saponifiés, dans la grande majorité des cas, par une base telle que la soude, la potasse ou la triéthanolamine. Quelques sociétés jouent, cependant, le jeu et proposent des formules à base de dérivés bétaïques et/ou d’esters de sucre.</p>
<p>Retenons que les termes « doux », « extra-doux » et « ultra-doux » ne sont, à l’heure actuelle, que des arguments marketing n’entraînant aucune restriction d’emploi de tensioactifs reconnus comme irritants. Gardons-nous toutefois de sombrer dans les extrêmes (telles ces adeptes du « <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/No_poo">No Poo</a> » qui, par peur des tensioactifs, ne se lavent plus les cheveux qu’à l’eau claire) et rappelons que, pour la plupart d’entre nous, ces composés irritants ne posent pas de problème particulier. Restent les populations les plus sensibles, les sujets à peaux atopiques ou réactives qui nécessitent l’usage de formules irréprochables et pour lesquels il serait bon de clarifier la situation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/56656/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Pour les produits d’hygiène, du shampooing aux crèmes, le doux et l’ultra-doux sont de beaux arguments marketing… Sans contenu scientifique.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/559582016-03-09T05:46:11Z2016-03-09T05:46:11ZLa véritable histoire du sérum, élixir de jeunesse qui ne tient pas toujours ses promesses<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/114267/original/image-20160308-22138-1llgt2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C31%2C1500%2C732&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les flacons ne font pas forcement l'ivresse.</span> <span class="attribution"><span class="source">Reliance Machinery Co/You Tube</span></span></figcaption></figure><p>Il ne s’agit pas ici de traiter des sérums de vérité qui délient les langues les plus rebelles, mais bien des sérums de jeunesse utilisés par voie topique par toute femme souhaitant conserver le plus longtemps possible les signes visibles d’une jeunesse éclatante.</p>
<p>Ces cosmétiques ont une histoire amusante qui est peu connue et qu’il est bon de rappeler si l’on ne veut pas tomber trop facilement dans le piège tendu par les services marketing des sociétés qui les vendent. Le sérum est présenté dans toute école esthétique qui se respecte comme une forme galénique à part entière, comme une préparation extrêmement riche, comme un cosmétique sur-concentré en actifs. Nous nous proposons, aujourd’hui, de tordre le cou à cette légende qui se transmet de génération en génération.</p>
<h2>Le rêve du Russe Bogomoletz</h2>
<p>Afin d’y voir clair dans cette ténébreuse histoire, faisons un flash-back qui va nous ramener quelque 70 ans en arrière. Après la Seconde Guerre mondiale, on veut oublier, on veut rêver à tout prix… Et on est prêt à croire à tout ! On ne parle plus que du sérum de jeunesse de <a href="https://en.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Alexander_A._Bogomolets">Bogomoletz</a>. Ce chercheur russe a mis au point le <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2616100/">« sérum anti-réticulaire cytotoxique »</a> qui est censé stimuler les défenses et permettre de prolonger la vie jusqu’à 150 ans (quand même !) si un certain nombre de conditions (bonne hygiène de vie, alimentation équilibrée, limitation des conditions sources de stress) sont réunies (tout de même !). Bogomoletz publie le résultat de ces travaux en 1943. Guerre oblige, ce n’est qu’après celle-ci que le fameux sérum devient populaire. Mais celui-ci est rapidement contesté : Bogomoletz est voué aux oubliettes et les espoirs de longévité sont rangés de côté… tout du moins temporairement.
`</p>
<h2>Du sérum de cheval dans des ampoules</h2>
<p>Font alors leur apparition sur le marché des sérums d’un tout autre genre, se classant cette fois-ci dans la catégorie des cosmétiques. Il est bon de préciser toutefois que ce type de produit n’est pas, initialement, une forme galénique particulière. Il s’agit tout simplement de sérum de cheval, c’est-à-dire d’un liquide sanguin dépourvu de cellules et de certaines protéines à fonctions spécifiques, et conditionné dans des ampoules.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/114271/original/image-20160308-22120-5nlznb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/114271/original/image-20160308-22120-5nlznb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=777&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/114271/original/image-20160308-22120-5nlznb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=777&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/114271/original/image-20160308-22120-5nlznb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=777&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/114271/original/image-20160308-22120-5nlznb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=977&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/114271/original/image-20160308-22120-5nlznb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=977&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/114271/original/image-20160308-22120-5nlznb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=977&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le sérum de cheval était vanté pour ses effets sur la peau, mais aussi pour son action fortifiante.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/zigazou76/5415662126">Frédéric Bisson/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Les publicités mettent à l’honneur ces cosmétiques très « biologiques ». Mais le sens donné à ce terme est totalement différent de ce que l’on entend aujourd’hui. Il ne s’agit aucunement de produits végétaux issus d’une agriculture soucieuse de l’environnement. On est « biologique » dans le sens où on raffole de tout ce qui est issu du corps humain (hormones, placenta…) ou du corps animal (embryons de poulet, crête de coq…). Tout ce qui, de nos jours, fait pousser les hauts cris à bon nombre de consommatrices est alors gage de qualité ! Sans se soucier d’un quelconque aspect toxicologique, l’on aime à se tartiner d’extraits hormonaux. Quoi de mieux que le placenta humain ou les extraits embryonnaires animaux pour conserver une peau de bébé le plus longtemps possible ?</p>
<h2>Du sang sur les mains, gage d’une belle peau</h2>
<p>Le sérum est très en vogue dans les années 1950 où il est considéré comme « un produit total, un agent de beauté complet ». Nul besoin de formulation galénique, on puise à l’abattoir le précieux cosmétique. Les mentalités sont alors aux antipodes des nôtres. La consommatrice d’alors ne s’offusque ni du mode d’obtention, ni de l’origine des préparations qui finiront sur sa peau. Partant du constat que les employés des abattoirs qui travaillent au contact du sang plusieurs heures par jour possèdent une peau magnifique au niveau de leurs mains, les magazines féminins de l’époque décident de faire l’apologie du précieux sérum. Celui-ci est conditionné dans des ampoules en verre qui donne à la préparation un cachet pharmaceutique bien appréciable.</p>
<p>Ainsi paré, le sérum semble ressembler à un véritable traitement d’attaque ! Le produit « Hormosein » (véritable sérum de cheval) de Jeanne Gatineau est un bon exemple (le <a href="http://patrimoine.editionsjalou.com/lart-et-la-mode-numero_6-page_166-detailp-55-6363-166.html">numéro 6</a> du journal <em>L’art et la mode</em> l’évoque en 1960). Il viendra au secours des poitrines les plus flagada.</p>
<h2>Des sérums de compositions variées</h2>
<p>Petit à petit, apparaissent sur le marché des « sérums » qui n’ont rien à voir avec une quelconque fraction du sang de quelque animal que ce soit. Toutefois, leur origine biologique (placenta, embryons renfermant des biostimulines selon la <a href="http://www.drjanka.fr/le-laboratoire/">théorie du Dr Filatov</a> ) plaidera longtemps en faveur de cette appellation. On les présente alors comme de « véritables concentrés » puisqu’aucun additif mis à part les conservateurs ne vient altérer la formule. L’actif, sans fioriture aucune, est directement disponible pour la peau.</p>
<p>Le sérum est alors le roi des cosmétiques du fait d’une teneur extrêmement élevée (voisine de 99 %) en actifs. Il en a découlé, pendant longtemps, une véritable suprématie du sérum sur l’émulsion. Dans celle-ci, l’actif est généralement à faible concentration. Il est, pourrait-on dire, de façon imagée, noyé dans une mer d’excipient. L’excipient correspond à l’ensemble des matières premières capables de « porter » les actifs. Il s’agit de l’eau, des corps gras (cires, graisses et huiles de diverses origines).</p>
<h2>Et aujourd’hui ?</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/114274/original/image-20160308-22111-mqo0nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/114274/original/image-20160308-22111-mqo0nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/114274/original/image-20160308-22111-mqo0nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/114274/original/image-20160308-22111-mqo0nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/114274/original/image-20160308-22111-mqo0nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/114274/original/image-20160308-22111-mqo0nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/114274/original/image-20160308-22111-mqo0nc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le principal composant des sérums d’aujourd’hui.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.publicdomainpictures.net/view-image.php?image=71358&picture=&jazyk=FR">Public domain pictures</a></span>
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</figure>
<p>Demandez à un professionnel de la beauté, en 2016, quelle est la différence entre un sérum et une crème. Il vous donnera la même réponse que celle que l’on donnait dans les années 1950 ou 1970 : « le sérum est beaucoup plus concentré que la crème ». Il est donc beaucoup plus actif. FAUX ! Les sérums de 2016 ne sont pas les sérums des années 1950 – 1970. Ce sont le plus souvent des gels fluides dont le composant principal est… l’eau, comme l’indiquent les listes d’ingrédients figurant sur les emballages. Cherchez la composition des sérums suivants : Visionnaire (Lancôme), Vinexpert fermeté visage (Caudalie), Capture totale one essential (Dior), Bio-Performance super corrective (Shiseido), Crème fraîche de beauté (Nuxe)… vous trouverez l’eau comme ingrédient principal. Que d’eau, que d’eau… comme aurait dit Mac Mahon !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55958/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Bidons, les sérums de jeunesse ? Ces cosmétiques coûteux sont riches, en effet, mais en eau ! Ça n’a pas toujours été le cas. Dans les années 1960, sang de cheval et placenta étaient de mise…Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/531332016-02-04T05:42:27Z2016-02-04T05:42:27ZLes dermocosmétiques, qu’est-ce que c’est ?<p>Un dermocosmétique, c’est avant tout un formidable concept marketing… Tout le monde en parle… Mais personne n’est capable d’en donner une définition précise. Et pour cause : le dermocosmétique n’est pas défini légalement.</p>
<p>Cette catégorie de cosmétiques née de l’imagination du pharmacien Pierre Fabre est totalement absente des 151 pages du <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/fr/ALL/?uri=CELEX%3A32009R1223">Règlement (CE) N°1223/2009</a>, la bible de tout service réglementaire. Vous n’y trouverez aucune définition du dermocosmétique. IL n’en reste pas moins un concept marketing qui a tellement bien fonctionné que le terme est passé dans le langage courant, sans pour autant que l’on sache exactement ce qu’il sous-entend. En un seul mot ou en deux mots, l’orthographe variant au gré des sociétés et des sites qui y font référence, le dermocosmétique est présenté comme une innovation utile, presque une panacée. Qu’en est-il vraiment ?</p>
<h2>« Conseil pharmaceutique »</h2>
<p>En toute transparence et en poursuivant l’œuvre de leur fondateur, les laboratoires dermatologiques Avène du groupe Pierre Fabre proposent sur leur site Internet dans un <a href="http://www.eau-thermale-avene.fr/le-lexique#/d">lexique</a> et à la lettre D les éléments suivants : « Dermo-cosmétique – Il n’existe pas de définition légale des produits de dermo-cosmétique. Les produits cosmétiques répondent en raison de leur technicité et de leur qualité à un problème particulier de peau ou de cheveu. Ils appartiennent, pour la plupart, à la catégorie des produits de « conseil pharmaceutique » et font parfois l’objet d’une recommandation de la part de médecins de type dermatologues, auprès de leurs patients ».</p>
<p>Le groupe L’Oréal, quant à lui, propose sa propre <a href="http://www.loreal.fr/media/beauty-in/beauty-in-cosm%C3%A9tique-active/le-march%C3%A9-mondial-de-la-dermo-cosm%C3%A9tique">définition</a>. Selon ce groupe :</p>
<blockquote>
<p>La dermo-cosmétique représente les produits qui répondent à des attentes spécifiques des peaux en alliant sécurité et efficacité et faisant l’objet d’une recommandation de la part des professionnels de la santé (médecins dermatologues, pédiatres, médecins esthétiques et pharmaciens). Traditionnellement, la distribution de ces produits se fait dans les circuits de distribution de la santé c’est-à-dire les pharmacies, les para-pharmacies, les drugstores, les cabinets médicaux ou les « médispas ».</p>
</blockquote>
<p>Cela laisse supposer au consommateur que les dermocosmétiques sont destinés aux sujets souffrant de pathologies cutanées (c’est ce que nous entendons par l’expression « attentes spécifiques ») et sont plus fiables que les cosmétiques vendus hors circuit médical.</p>
<p>Le même groupe tente une seconde définition, dans un glossaire mis en ligne sur le site des laboratoires de La Roche Posay. « Un produit dermocosmétique s’applique localement sur la peau, le cuir chevelu et les cheveux. Il conjugue une action cosmétique et dermatologique. Les soins dermocosmétiques sont formulés pour préserver la santé et la beauté de la peau et des cheveux. Ils aident à hydrater les peaux sèches, traiter un état pelliculaire, soulager le psoriasis. »…</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110167/original/image-20160203-5865-1sk5lna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Cedrick Ledesma/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>La dermatologie est la branche de la médecine qui s’intéresse aux pathologies à manifestations cutanées ; le dermocosmétique, comme n’importe quel autre cosmétique, ne peut aucunement exercer d’action dermatologique. La définition légale du cosmétique (Chapitre I – article 2 du Règlement (CE) N°1223/2009) précise le lieu où il peut être appliqué et l’action qu’il peut exercer. Il n’est nullement fait mention d’une quelconque action dermatologique. Cette définition, propre à la marque, vise à induire le professionnel de santé en erreur en lui faisant croire que le dermocosmétique est une entité particulière, reconnue à part entière par le législateur et/ou les autorités de santé.</p>
<p>Enfin, toujours pour examiner la stratégie du leader mondial des cosmétiques dans ce domaine, notons que pour se démarquer de ses concurrents, L’Oréal a baptisé « Division cosmétique active », l’ensemble des marques du groupe vendues en pharmacie (Vichy, La Roche Posay, Skinceuticals, Roger&Gallet et Sanoflore). « La Division Cosmétique Active répond aux besoins des peaux « frontières », à mi-chemin entre « peaux saines et peaux à problèmes », dans tous les circuits de santé du monde entier : pharmacies, parapharmacies, drugstores, « médispas ».</p>
<p>L’évocation des « peaux à mi-chemin entre peaux saines et peaux à problèmes » peut faire sourire, relevant du concept évoqué par Jules Romains dans son ouvrage, <em>Knock ou le triomphe de la médecine</em> : « Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ». La médecine rationnelle n’obéissant qu’à la loi du « tout ou rien », une peau sera saine ou ne le sera point ! Pas de mi-chemin possible ! L’Oréal n’a cependant pas le monopole dans le domaine de la dermo-cosmétique dite active, en sont témoins, par exemple, les Laboratoires Dr Pierre Ricaud, du groupe Yves Rocher.</p>
<h2>Les dermocosmétiques sont-ils meilleurs que les autres ?</h2>
<p>Il est impossible de déclarer péremptoirement qu’un dermocosmétique est meilleur qu’un cosmétique. Il convient d’étudier scrupuleusement sa composition pour se faire une idée de son de son innocuité d’une part, de son efficacité d’autre part.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110191/original/image-20160203-5819-1l5avs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vendu en grandes et moyennes surfaces.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nivéa</span></span>
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<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/110192/original/image-20160203-5830-16glf2c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Commercialisé en tant que dermocosmétique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eucerin</span></span>
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</figure>
<p>En ce qui concerne le domaine de la protection solaire, la comparaison des ingrédients utilisés permet de se faire une idée de la qualité des produits en question. A la lecture des listes d’ingrédients apposées sur les emballages de deux cosmétiques, Nivea Sun spray protecteur hydratant 5O+ et Eucerin Sun spray 50+ (ce dernier étant le dermocosmétique), on se rend compte que les compositions sont totalement similaires… Les huit filtres utilisés sont exactement les mêmes. Les dix premiers ingrédients sont strictement identiques. La liste des ingrédients est plus longue côté cosmétique vendu en grande surface car le parfum est source de nombreux allergènes (listés comme le veut la réglementation). Les deux produits renferment de l’alcool, en quantité non négligeable ce qui est regrettable. La différence entre ces deux cosmétiques semble donc bien mince…</p>
<p>La même analyse peut être faite dans d’autres domaines. Si l’on compare des produits d’hygiène (shampooings, eaux micellaires…) en fonction du créneau de vente, on constatera que les compositions sont parfois extrêmement similaires voire carrément copier-coller.</p>
<p>L’atout certain des laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent des dermocosmétiques réside dans leur rigueur et leur capacité à respecter les <a href="http://www.cvo-europe.com/fr/qualite-reglementation/bpf-cosmetiques-iso-22716-une-nouvelle-exigence-reglementaire-avec-des-enjeux-majeurs">Bonnes Pratiques de Fabrication</a> qu’ils connaissent depuis longtemps et appliquent dans le cadre de la fabrication des médicaments. Une excellente technicité peut leur être reconnue. L’appellation dermocosmétique ne constitue pas pour autant un blanc-seing. L’analyse des ingrédients utilisés doit toujours prévaloir sur l’argumentaire marketing, aussi séduisant soit-il.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53133/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Vous avez dit dermo-cosmétiques ? Le terme, élément essentiel du marketing des sociétés du domaine, n’a en fait aucune définition légale. Rien ne prouve qu’ils sont meilleurs que les autres.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/531322016-01-20T06:07:26Z2016-01-20T06:07:26ZLes cosmétiques biologiques, est-ce vraiment mieux pour la santé ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/108548/original/image-20160119-29756-buwj6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Salt_(chemistry)#/media/File:Potassium-dichromate-sample.jpg">Benjah-bmm27/Wikimedia</a></span></figcaption></figure><p>Pendant longtemps, l’homme a utilisé ce qu’il avait à sa disposition pour réaliser des cosmétiques, plus ou moins efficaces, plus ou moins dangereux. Les différents sels de plomb utilisés pour blanchir la peau ou bien maquiller les pommettes ou les yeux de l’<a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doschim/decouv/couleurs/loupe_lang_fards.html">Antiquité</a> jusqu’au début de l’ère industrielle en sont un exemple emblématique. Les ingrédients puisés dans la nature, contrairement à ce que l’on voudrait bien nous faire croire, ne sont pas tous bons pour la santé ! A contrario, les ingrédients de synthèse ne sont pas non plus tous aussi épouvantables pour la santé humaine qu’un certain marketing le laisse supposer !</p>
<h2>Les produits biologiques, un concept qui évolue</h2>
<p>Des années 1950 aux années 1970, parler de produits biologiques revient à évoquer des ingrédients d’origine humaine (placenta, liquide amniotique) ou animale (sérum, hormones…). On est bien loin de l’agriculture biologique mise à l’honneur dans les cosmétiques bio (bio pour biologique) de nos jours. La crème régénératrice Amnioderm du Dr Payot est un bon exemple. Formulée à base de liquide amniotique, « produit biologique naturel sélectionné et prélevé de manière aseptique selon une technique spéciale », aux dires de la marque, cette crème est présentée dans les années 1970 comme le produit « parfait ».</p>
<p>En 1995, une autre marque, Dr Pierre Ricaud, nous vante son Stimulateur biologique, un cosmétique renfermant trois acides de fruits « qui préparent le terrain aux autres soins ». Les années 2000 voient se multiplier les sociétés misant sur le côté naturel des produits formulés. Il faut dire que les ingrédients de synthèse sont assez malmenés : conservateurs antimicrobiens, filtres UV, autant de matières premières présentées comme de « dangereux <a href="https://www.anses.fr/fr/content/perturbateurs-endocriniens-1">perturbateurs endocriniens</a> ». De nouvelles mentions apparaissent sur les emballages cosmétiques.</p>
<p>Désormais, le label « bio » ou « eco » peut être apposé sur les emballages à condition que le cosmétique renferme un pourcentage suffisant d’ingrédients naturels issus de l’agriculture biologique. Ce label est décerné par des associations type <a href="http://www.cosmebio.org/">Cosmebio</a> ; celle-ci date de 2002. Un organisme certificateur comme <a href="http://www.ecocert.fr/">Ecocert</a> entérine la véracité de l’assertion, vérifiant que le cahier des charges est bien respecté. Un certain nombre d’ingrédients sont ainsi mis à l’index.</p>
<h2>Du produit naturel au produit biologique</h2>
<p>De nombreux créateurs de laboratoires cosmétiques ont été inspirés par la nature et sont les précurseurs de nos sociétés de cosmétiques biologiques actuelles. Quelques dates-clés sont à retenir. En 1921, l’association de 3 personnalités, un chimiste, Oskar Schmiedel, un médecin, Ita Wegman et un philosophe, Rudolph Steiner, aboutit à la création de la société Weleda. En 1962, Rudolf Hauschka étend son activité au domaine cosmétique après avoir créé tout d’abord une société pharmaceutique spécialisée en phytothérapie (Wala) en 1935. 1972, la société Phyt’s naît de la rencontre de Jean-Paul Llopart, naturopathe et de Rosanne Verlé, esthéticienne. En 1992, Gérard Wolf réalise des élixirs floraux selon la théorie du Dr Bach et les incorpore dans « ses cosmétiques » sous la marque « Les fleurs de Bach ». Et en 1993, Charles Kloboukoff propose « une alternative naturelle aux produits agrochimiques de santé, d’alimentation, de beauté, d’hygiène » avec sa société Lea Nature.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108552/original/image-20160119-29756-1va3fw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108552/original/image-20160119-29756-1va3fw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108552/original/image-20160119-29756-1va3fw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108552/original/image-20160119-29756-1va3fw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108552/original/image-20160119-29756-1va3fw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108552/original/image-20160119-29756-1va3fw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108552/original/image-20160119-29756-1va3fw2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’image du naturel est un bon argument commercial.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/soins-de-la-peau-de-luxe-cr%C3%A8me-1050979/">saponifier/Pixabay</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De nombreuses marques verront ainsi le jour : Floressance, Les premiers soins bio, So’Bio’Etic, Lift Argan, Natessance… En 2002, Caroline Wachsmuth, ex-mannequin, ex-journaliste et adepte de l’aromathérapie lance la marque « Doux me », première marque certifiée bio par Ecocert. À partir de cette date, les sociétés spécialisées dans le biologique se multiplient, chaque créateur d’entreprise apportant sa touche personnelle. On pourra noter que tous ces laboratoires développent un lien fort ou un attrait particulier pour le domaine médical. Certains sont médecins, d’autres pharmaciens, d’autres encore adeptes de telle ou telle branche de la pharmacie (phytothérapie, aromathérapie, homéopathie…).</p>
<h2>Le produit biologique, un produit « sans… sans… »</h2>
<p>Le cosmétique biologique se définit en premier lieu par l’absence de certains ingrédients pointés du doigt avec insistance. Sont ainsi mis au pilori les dérivés du pétrole. Paraffine et vaseline sont exclues péremptoirement des formules. C’est grand dommage ! Rappelons, pour mémoire, que c’est Karl Ludwig von Reichenbach (1788-1869), un chimiste allemand, qui découvre, au début du XIX<sup>e</sup> siècle, la paraffine, obtenue par distillation de produits organiques (goudron de hêtre, de charbon). Il choisit ce nom, composé à partir du latin pour qualifier l’inertie chimique de l’ingrédient découvert. Ce caractère est commun à tous les ingrédients de cette famille et présente un intérêt non négligeable en formulation.</p>
<p>Inertes, qui ne rancissent pas, non susceptibles de pénétrer au travers de la peau, ces ingrédients présentent de nombreux avantages. Dénuées de toute toxicité, ces matières premières forment un film à la surface de la peau, permettant ainsi de lutter contre le phénomène de déshydratation. Ces dérivés pétrochimiques très appréciés – à juste titre – de l’industrie pharmaceutique (on en retrouve dans la célèbre crème Biafine et dans de nombreuses préparations topiques) et de l’industrie des cosmétiques conventionnels (la crème Nivea en est le meilleur exemple) sont présentés comme des ingrédients indésirables.</p>
<p>Les <a href="http://ec.europa.eu/health/scientific_committees/docs/citizens_parabens_fr.pdf">parabènes</a> (conservateurs injustement accusés d’être cancérigènes), les filtres UV (actifs nécessaires pour la réalisation de produits de protection solaire à hauts indices, présentés comme des perturbateurs endocriniens), les PEG (des molécules utilisées pour éviter la dessiccation du cosmétique), la plupart des tensioactifs (molécules indispensables pour la réalisation des émulsions), l’EDTA (un séquestrant entrant entre autres dans la composition des produits d’hygiène afin d’éviter le dépôt de calcaire sur la peau ou les cheveux)… autant d’ingrédients accusés à tort d’être dangereux pour la santé.</p>
<p>L’accent est mis sur l’aspect naturel des ingrédients incorporés. Il faut, toutefois, faire attention à ne pas faire l’amalgame entre produit naturel et totale innocuité. Des concentrations importantes en métaux lourds retrouvées dans une argile (ô combien naturelle !) sont la preuve que la nature n’est pas toujours aussi douce qu’on veut bien nous le faire croire.</p>
<p>Le naturel est présenté comme un argument de vente, c’est pourquoi l’on vous précisera que la glycérine utilisée est végétale. La glycérine est de la glycérine, quel que soit son mode d’obtention ! Précisons que la glycérine retrouvée dans les cosmétiques conventionnels est également d’origine végétale et que cette glycérine est un sous-produit de la savonnerie.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108555/original/image-20160119-29766-i62jth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108555/original/image-20160119-29766-i62jth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108555/original/image-20160119-29766-i62jth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108555/original/image-20160119-29766-i62jth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108555/original/image-20160119-29766-i62jth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=562&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108555/original/image-20160119-29766-i62jth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=562&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108555/original/image-20160119-29766-i62jth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=562&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La glycérine, un ingrédient de base du savon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/chrysti/2416849183">Chrysti/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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<p>Pour ceux que le terme « réaction chimique » affole, il est bon de relativiser les choses. La glycérine végétale est le fruit d’une réaction chimique, la réaction de saponification réalisée en traitant des corps gras (huiles végétales ou suif) par une base forte (soude ou potasse). En ce qui concerne l’alcool, largement utilisé comme conservateur et solvant dans les cosmétiques biologiques, sa présence est, à notre sens, une aberration. L’astérisque précisant qu’il provient de « culture biologique » ne constitue en rien un argument. Cet ingrédient cytotoxique et exhausteur de pénétration devrait être utilisé avec parcimonie par l’industrie cosmétique.</p>
<h2>Attention aux huiles essentielles</h2>
<p>Enfin, nous souhaitons mettre en lumière le cas de l’utilisation des <a href="http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/599485607ae049abfac313b71943d612.pdf">huiles essentielles</a>. Celles-ci sont les ingrédients phares d’un grand nombre de cosmétiques biologiques. Il convient de les regarder avec circonspection. En effet, ces huiles essentielles sont bien souvent source d’allergènes (le fait de préciser sur les emballages cosmétiques que les allergènes cités dans la liste des ingrédients sont « naturellement présents dans les huiles essentielles » ne diminue en rien leur caractère allergisant). Certaines huiles essentielles sont, par ailleurs, contre-indiquées chez la femme enceinte (tératogénicité, caractère abortif) ou l’enfant (effet pouvant provoquer des convulsions). Certaines sont photo-sensibilisantes, d’autres incompatibles avec certains traitements médicamenteux (c’est le cas de l’huile essentielle de gaulthérie, très à la mode actuellement). Ces huiles essentielles, loin d’être simples à manipuler, ne conviennent pas à tous les produits, ni à tous les publics. Il convient donc d’être prudent quant à leur utilisation comme ingrédient cosmétique.</p>
<h2>Aucun cosmétique n’est testé sur l’animal</h2>
<p>L’apposition sur les emballages des cosmétiques biologiques d’un logo particulier, type « leaping bunny » et/ou de l’expression « non testé sur animaux » laisse à penser que ceci constitue une spécificité caractéristique de ce type de produit. Il convient de rétablir la vérité en rappelant que les tests sur animaux sont interdits depuis 1998 ! Aucun cosmétique (qu’il soit conventionnel ou biologique) n’ayant plus recours à ce type de tests, il n’est pas éthique de se servir de ce levier pour capter l’attention de consommateurs trop crédules.</p>
<p>Pour conclure, il apparaît que l’argumentaire marketing des cosmétiques biologiques présente des failles qu’il serait bon de combler. L’abandon de termes discriminatoires vis-à-vis d’ingrédients autorisés par la réglementation européenne traduisant le retour à une « positive attitude » serait la bienvenue. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, le cosmétique biologique n’est pas meilleur pour la santé qu’un cosmétique conventionnel. Il est donc nécessaire de détailler les listes d’ingrédients utilisés sans se prendre dans les fils tendus par des services marketing performants !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53132/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Maquillage et produits de soins, le bio a la cote dans les parapharmacies et les grandes surfaces. Mais, pour notre santé, est-il réellement supérieur aux produits conventionnels ? Rien ne l’indique.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/512892015-11-27T06:21:16Z2015-11-27T06:21:16ZÉclaircissants et dépigmentants, attention aux ingrédients<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/103329/original/image-20151126-28284-im4hcl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un salon en Afrique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/paulscott56/767240341/in/photolist-a7Hw3Z-9wPcJH-9wPenZ-9wSf9J-4mW8d4-fkm7Z5-4mXEJu-4n17US-4mX2rW-pFGzAK-6gZUaW-6gVJBc-3GEXhw-2aNiPg-2aNiPK-5kf5CU-6bWA9T-6bWAiP-6bWAm2-6c1KDu-6c1KbW-6c1KBm-6c1KGS-6BEjhR-bCrjjd-52kFwu-9Yas6v-52grHp-osC5eM-9g1kPi-caGfRA-91GaLf-91GryZ-cbZX1N-dYeVeB-5o49Jv-b8bDan-91Gija-5o4aqK-5o8tby-5o4dze-57xwiu-aTFn2v-5Jwuo2-cEkdpm-4TfyaX-3GAXux-4Tfyhk-5oaUoz-4xviQK">Paul Scott/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La recherche du teint « pur », sans imperfections visibles occupe indifféremment Européennes, Asiatiques et Africaines. C’est un must pour les coquettes qui s’appliquent à conserver le teint le plus naturel possible. Les produits de maquillage dits « nude » s’inscrivent dans cette logique.</p>
<p>Rien d’étonnant, alors, qu’Européennes et Asiatiques soient friandes de cosmétiques éclaircissants. Les produits disponibles sur ce marché répondent à la réglementation en vigueur, même si, en pratique, quelques arrangements avec la législation peuvent être observés. Les Africaines se tournent, quant à elles, vers des solutions plus radicales, et plus dangereuses : elles utilisent des principes actifs médicamenteux détournés de leur indication et incorporés dans des « cosmétiques » qui, du coup, ne le sont pas d’un point de vue réglementaire. Ces produits illicites sont pourtant en vente libre dans de nombreuses boutiques ethniques.</p>
<p>Ces « cosmétiques » appliqués sur la peau ont un effet de dépigmentation. Qu’on la désigne sous le nom de « khessal » (au Sénégal), « tcha-tcho » (Mali) ou « ambi » (Gabon), la dépigmentation est très pratiquée en Afrique subsaharienne (25 à 67 % des femmes résidant en zones urbaines sont concernées). Mais la France métropolitaine est également concernée (20 % des femmes à peau noire y ont recours). Schématiquement, on peut affirmer qu’une molécule dépigmentante efficace ne peut être dénuée de toxicité. Le législateur l’a bien compris, le consommateur nettement moins…</p>
<h2>Quels sont les actifs utilisés dans les produits éclaircissants ?</h2>
<p>Dans le but d’éclaircir sa peau, on peut procéder de différentes façons. On cherchera, par exemple, à éliminer les couches épidermiques superficielles pigmentées à l’aide d’actifs exfoliants. Pour cela, on utilise les acides de fruit (acide glycolique, mandélique, citrique…). Leur effet kératolytique, c’est-à-dire susceptible d’entraîner un phénomène de desquamation, est proportionnel à la dose que l’on emploie. Il est bon de rappeler que les préparations à base d’acide de fruits présentent un pH très acide et qu’elles peuvent donc entraîner des phénomènes d’irritation. On peut regretter que ces produits ne soient pas réglementés en termes de limite d’emploi.</p>
<p>Face à ce vide réglementaire, on compte sur la prudence des industriels. Mais au fil du temps, on se rend compte qu’ils sont devenus de plus en plus hardis. Utilisés à 10 % dans les années 1990 (l’âge d’or de l’utilisation des acides de fruit), il n’est pas inhabituel de les voir incorporés, aujourd’hui, à 20 % ou plus dans certains cosmétiques.</p>
<p>L’acide salicylique constitue une autre possibilité pour dépigmenter la peau. Cet ingrédient est réglementé (on le trouve sur la liste des conservateurs autorisés dans les cosmétiques en Europe et sur la liste des substances à usage restreint) : il faut garder à l’esprit que l’usage de préparations fortement dosées en acide salicylique peut conduire à des intoxications aiguës. Ceci peut survenir, par exemple, avec des préparations dosées à 6 % (interdites par la réglementation en vigueur) appliquées sur une surface corporelle de l’ordre de 40 %. La littérature scientifique rapporte 25 cas d’intoxications (dont 4 décès) de 1966 à nos jours.</p>
<p>Comment agit l’acide salicylique ? Il permet de diminuer la cohésion des cellules cutanées superficielles, les cornéocytes, et de réduire l’épaisseur de l’épiderme en diminuant la capacité des cellules à se multiplier. Il est donc traditionnellement utilisé en dermatologie (préparations contenant des pourcentages en acide salicylique allant de 10 à 40 %) pour traiter les pathologies cornées telles que les cors et les durillons. En cosmétologie, les pourcentages sont bien moindres, mais restent efficaces. Une étude datant de 2005 fait état d’un effet kératolytique de l’acide salicylique à partir d’un pourcentage de 2 % (acceptable dans le domaine cosmétique).</p>
<p>Mais la grande majorité des actifs éclaircissants agissent en interférant avec le processus de mélanogenèse, processus de formation des mélanines, les pigments responsables de la coloration de la peau. En empêchant d’une façon ou d’une autre la synthèse des mélanines, on éclaircit, théoriquement, la peau. Si beaucoup de ces actifs sont efficaces <em>in vitro</em>, ils le sont beaucoup moins <em>in vivo</em>. Parmi tous les composés destinés à éclaircir la peau, on trouve tout d’abord des dérivés de vitamine C présents dans divers extraits végétaux : ce sont des agents « réducteurs », capables de bloquer la chaîne d’oxydation conduisant à la transformation d’un acide aminé, la tyrosine, en mélanine.</p>
<p>On a aussi à disposition des molécules qui inhibent l’action de la tyrosinase, l’enzyme-clé du processus de mélanogenèse. L’arbutine est également un ingrédient à signaler. Cette molécule libère <em>in situ</em> de l’hydroquinone, une substance pourtant interdite en cosmétologie. Autre actif, l’acide azélaïque. Il est produit naturellement par un champignon, <em>Malassezia furfur</em>. Son activité inhibitrice de la tyrosinase se traduit par l’apparition de taches claires sur la peau des sujets atteints d’une mycose appelée le <em>Pityriasis versicolor</em>. Une étude _in vivo _réalisée en 1991 démontre l’équivalence, en termes de résultats, entre des préparations comportant 20 % d’acide azélaïque et celles formulées à l’aide de 4 % d’hydroquinone. On peut donc considérer l’acide azélaïque comme l’un des actifs éclaircissants parmi les plus efficaces.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/103315/original/image-20151126-28303-t23h8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/103315/original/image-20151126-28303-t23h8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/103315/original/image-20151126-28303-t23h8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/103315/original/image-20151126-28303-t23h8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/103315/original/image-20151126-28303-t23h8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/103315/original/image-20151126-28303-t23h8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/103315/original/image-20151126-28303-t23h8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une molécule de rétinol.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Autre curiosité réglementaire, le rétinol (vitamine A). Celui-ci est susceptible d’être oxydé au niveau cutané en rétinaldéhyde, puis en acide rétinoïque. On observe une augmentation du processus de renouvellement cellulaire et, par là même, d’une élimination plus rapide des couches ternes de l’épiderme. Notons que l’acide rétinoïque ou trétinoïne est un principe actif fréquemment prescrit en cas d’acné mais interdit dans les cosmétiques. Il est, en effet, susceptible d’engendrer des malformations embryonnaires ce qui exclut son usage à des fins esthétiques.</p>
<h2>Ingrédients illicites</h2>
<p>Dérivés du mercure, hydroquinone (molécule évoquée précédemment et interdite pour un usage cutané en cosmétologie depuis mars 2000 du fait de son caractère toxique pour les mélanocytes), corticoïdes (principes actifs réservés au domaine médical), peroxyde d’hydrogène (à des concentrations excluant un usage cosmétique)… Tous ces ingrédients dangereux sont la base de préparations dépigmentantes illicites susceptibles d’être retrouvées sur le marché.</p>
<p>Isabelle Mananga, créatrice de l’association <a href="https://www.facebook.com/ONG-Label-Beaut%C3%A9-Noire-275425214913/">Label Beauté Noire</a>, est à l’origine de la prise de conscience des dégâts occasionnés par ce type de produits. C’est à son instigation qu’ont été organisées par la mairie de Paris des campagnes contre la dépigmentation. Malgré ces campagnes à destination des utilisatrices, le problème reste entier dans la mesure où il est toujours possible de se procurer, très facilement sur notre territoire, des préparations illicites.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/51289/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un irrépressible désir de teint parfait… En Afrique, en Asie, et même en Europe, les produits qui éclaircissent et dépigmentent sont très demandés. Mais certains d’entre eux sont risqués.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.