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Fête de la science 2018 – The Conversation
2018-10-12T13:28:26Z
tag:theconversation.com,2011:article/103934
2018-10-12T13:28:26Z
2018-10-12T13:28:26Z
Le théâtre peut vous faire aimer les sciences !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240298/original/file-20181011-154567-agkmr2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C0%2C4181%2C2571&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">_Galilée, le mécano_ au théâtre de la Reine Blanche.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pascal Gély</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Alors que bon nombre de nos concitoyens, traumatisés dès l’école par <a href="https://theconversation.com/nul-en-maths-ce-nest-pas-toujours-de-votre-faute-64996">leurs difficultés avec les disciplines scientifiques</a>, a fini par accepter de se voir privé de cette partie de la culture, le monde de l’art tente, depuis quelques années, de la lui restituer. Le théâtre, pour lequel, longtemps, les relations avec la science se sont cantonnées aux évolutions des arts de la scène rendues possibles par les progrès technologiques, semble finalement découvrir une nouvelle source d’inspiration.</p>
<h2>Questions éthiques et philosophiques</h2>
<p>Les questions éthiques, celles de Bertold Brecht dans <em>La vie de Galilée</em>, ou de Friedrich Dürrenmatt dans <em>Les physiciens</em>, furent longtemps centrales : la science restait quelque chose dont il faut avant tout se méfier ! Plus récemment, le grand Simon McBurney a trouvé dans la science une source d’inspiration poétique. Mémoire et imagination sont les thèmes de <em>Mnemonic</em>, alors que dans <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/Table-Ronde/Theatre/Apologie-d-un-mathematicien"><em>Apologie d’un mathématicien</em></a>, il évoque le destin singulier et tragique de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=FymSz3bFbWk">Srinivasa Ramanujan</a>, mathématicien indien génial et autodidacte des années 1910.</p>
<p>Le théâtre, comme le cinéma, semble d’ailleurs découvrir la science et sa portée philosophique à travers les personnages de grands chercheurs. Stephen Hawking a eu deux fois les honneurs du cinéma (<em>Une merveilleuse histoire du temps</em> de James Marsh, et <em>Hawking</em> de Philip Martin). Quant à Alan Turing, il a inspiré lui aussi plusieurs films (<em>Breaking the code</em> d’Herbert Wise, et <em>The imitation game</em> de Morten Tyldum, entre autres), et plusieurs pièces (<em>Turing Machine</em>, de Jean‑François Peyret, et la toute récente <em>Machine de Turing</em> de Benoît Solès).</p>
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<h2>Marie Curie et Galilée</h2>
<p>Marie Curie, portée à l’écran l’année dernière par Marie Noëlle, est également le personnage central du <em>Paradoxe des jumeaux</em>, écrite en collaboration avec Jean‑Louis Bauer, et mise en scène par Bernadette Le Saché. Voir derrière la grande scientifique habillée de noir, qui semblait ne jamais sourire (en tout cas sur les photos), dépeinte en femme vivante, capable de désir, de jalousie, de générosité ou de colère, contribue à rendre ce qu’elle représente, c’est-à-dire la science, et, qui plus est, la <a href="https://theconversation.com/manhattan-science-en-fiction-75523">science au féminin, plus accessible</a>, et, de ce fait, plus proche. Cette femme-là a aussi plus de chances d’attirer des jeunes filles vers les carrières scientifiques que l’image traditionnelle, beaucoup trop austère, à laquelle on n’a certes pas envie de se mesurer, mais pas non plus envie de ressembler.</p>
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<span class="caption">« Le paradoxe des jumeaux »</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pascal Gely</span></span>
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<p>Citons également <em>Galilée, le mécano</em>, de trois auteurs italiens (Marco Paolini,Francesco Niccolini et Michela Signori), qui illumine en ce moment-même la scène du théâtre de La Reine Blanche. Le texte, mis en scène par Gloria Paris et joué par Jean Alibert, est dense, sans concessions, et pourtant, on rit beaucoup. C’est le « théâtre de narration » italien, très influencé par Dario Fo, qui, fait de théâtre classique, de conte et de « stand up », permet ce mélange des genres. Les anachronismes y sont nombreux : « Padoue ? C’était l’université où tous les fils de roi voulaient aller faire un Erasmus. », ou encore : « Ah ! Le rêve de tous les professeurs. Être professeur sans professer ! D’accord, Galilée, pour vous, on inventera le CNRS. » L’humour, d’ailleurs, ne tient pas qu’à cela : « Quand le ministre de l’Éducation nationale s’appelle Charlemagne, tu ne changes pas facilement de programme. ». On rit, et cela nous rapproche du personnage, et de son époque pourtant bien lointaine.</p>
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<span class="caption">« Galilée, le mécano »</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pascal Gély</span></span>
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<p>On a un peu peur, aussi, et souvent, on a l’impression d’y être, dans ce seizième siècle encore embourbé dans l’obscurantisme le plus crasseux. D’ailleurs, très vite, au début de la pièce, <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/philosophes-emprisonnes-2-parce-quelle-tourne-giordano-bruno-et">on nous rappelle que l’Inquisition a brûlé Giordano Bruno</a>… On a peur du sort qu’elle réserve à Galilée lui-même. De cet obscurantisme, en assistant au spectacle, on est tous bien certains de ne plus vouloir. C’est salutaire…</p>
<p>L’émotion a cela de formidable qu’elle entraîne l’adhésion du public. Parce qu’on est ému, on comprend… et on aime ! On aime Galilée, ce personnage génial qui a mauvais caractère. On mesure à quel point il a bouleversé l’histoire de la pensée, et, qui plus est, à un âge avancé. On prend définitivement son parti, c’est-à-dire celui de la science.</p>
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<span class="caption">Le système du monde selon Copernic, planche extraite d’un atlas de Andrea Cellarius, édition de 1661.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Le_syst%C3%A8me_du_monde_selon_Copernic/1314155">Ph. Coll. Archives Larbor</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On se dit aussi, sans doute, que la culture scientifique existe, et qu’elle va nous donner des clés pour décrypter le monde. Il n’est guère besoin, probablement, d’énumérer les grandes questions qui se posent à tous, pour lesquelles un éclairage scientifique est essentiel : genre, procréation, changement climatique, partage des ressources, énergies propres… Comme toute forme de culture, celle-ci nous apporte aussi un plaisir profond : le public vit la joie qui envahit le chercheur au moment de la découverte, en comprenant la différence entre théorie de Lamarck et théorie de Darwin avec <em>Tout le monde descend</em> de Marie-Charlotte Morin, ou pourquoi la chimie des métaux est utile pour soigner certaines maladies chroniques de l’intestin avec <em>Les métaux, la vie et le chimiste</em> de Clotilde Policar. C’est cette culture-là, trop peu divulguée, qu’il faut donner en partage au plus grand nombre.</p>
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<p>L’acteur, je crois, est un <em>passeur</em>. C’est aussi un passeur de science. Pour <em>passer la science</em>, l’acteur ne demande pas seulement au spectateur de raisonner. Il ne fait pas appel à ses capacités de déduction, ou à sa faculté d’abstraction. Il fait appel à ce que tous les êtres humains ont en commun : la capacité d’être émus.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240313/original/file-20181011-154583-1qzbr7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240313/original/file-20181011-154583-1qzbr7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240313/original/file-20181011-154583-1qzbr7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240313/original/file-20181011-154583-1qzbr7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240313/original/file-20181011-154583-1qzbr7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240313/original/file-20181011-154583-1qzbr7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240313/original/file-20181011-154583-1qzbr7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Galilée devant le Saint-Office au Vatican (1632).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.photo.rmn.fr/archive/02-013887-2C6NU0GOQB9O.html">Robert-Fleury Joseph Nicolas (1797-1890), Paris, musée du Louvre</a></span>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/103934/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elisabeth Bouchaud est directrice du Théâtre de la Reine Blanche à Paris.</span></em></p>
Pour accéder au goût des sciences et à la connaissance, l’émotion théâtrale se révèle un vecteur précieux.
Elisabeth Bouchaud, Physicienne, actrice et écrivaine de pièces de théâtre, ESPCI Paris
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/103799
2018-10-12T09:40:01Z
2018-10-12T09:40:01Z
Les maladies auto-immunes, quand le système immunitaire se trompe de cible
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240307/original/file-20181011-154539-1adhtz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C345%2C2604%2C1618&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parfois le système immunitaire confond le soi et le non-soi.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/M19QtooXPKs">Noah Buscher / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Sclérose en plaque, diabète de type 1, psoriasis, maladie de Crohn, polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux disseminé… Il existe plus de <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/maladies-auto-immunes">80 maladies auto-immunes</a> qui touchent entre 5 et 10 % de la population mondiale. Parmi les personnes atteintes, environ 75 % sont des femmes. Retour sur les mécanismes à l’origine de ces affections, qui représentent aujourd’hui la troisième cause de morbidité après les maladies cardio-vasculaires et les cancers.</p>
<h2>Une origine multifactorielle</h2>
<p>Les maladies auto-immunes sont généralement des maladies chroniques. Il existe toutefois des formes transitoires qui sont induites par un facteur environnemental, comme un traitement thérapeutique, et disparaissent avec la suppression de ce facteur.</p>
<p>Ces affections sont classées en deux groupes. Elles sont dites spécifiques quand un seul tissu ou organe est touché. Si différentes régions du corps sont atteintes, on parle de maladies auto-immunes systémiques.</p>
<p>Ces maladies sont multifactorielles : elles sont provoquées par différents facteurs interagissant entre eux.</p>
<p>Les facteurs à l’origine des maladies auto-immunes peuvent être regroupés en trois catégories :</p>
<ul>
<li><p>les facteurs génétiques ;</p></li>
<li><p>Les facteurs endogènes (internes à l’organisme), que sont par exemple le microbiote ou le genre auquel appartient l’individu (masculin ou féminin) ;</p></li>
<li><p>Les facteurs exogènes, qui sont liés à l’hygiène de vie, ou au type de pathogène rencontré (virus, bactérie, parasite).</p></li>
</ul>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/virus-bacterie-parasite-connaissez-vos-microbes-sur-le-bout-des-doigts-57157">Virus, bactérie, parasite ? Connaissez vos microbes sur le bout des doigts !</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Un coupable : le système immunitaire</h2>
<p>Les maladies auto-immunes sont des pathologies du système immunitaire causées par un manque de tolérance au soi.</p>
<p>Pour mémoire, le système immunitaire fonctionne grâce à la distinction entre le « soi », c’est-à-dire tout ce qui fait partie de l’organisme, et le « non-soi », c’est-à-dire tout ce qui lui est étranger. En cas d’infection par un agent pathogène, les cellules du système immunitaire vont détecter l’anomalie et réagir. Cette détection a lieu grâce à la reconnaissance d’« antigènes », des substances (protéines, sucres…) portées par les envahisseurs (qu’il s’agisse d’un grain de pollen, d’un organe greffé, d’un virus…). Ces antigènes sont reconnus comme étrangers à l’organisme par les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=TVoqiqwtbsA">agents du système immunitaire</a>.</p>
<p>L’organisme a également ses propres antigènes, appelés « auto-antigènes ». Ceux-ci sont des « marqueurs du soi » : ils sont reconnus comme étrangers par les systèmes immunitaires des autres organismes mais sont tolérés, en temps normal, par le système immunitaire de l’organisme dont ils sont les marqueurs.</p>
<p>Dans les maladies auto-immunes, certaines cellules impliquées dans la défense immunitaire, des globules blancs appelés lymphocytes, vont s’activer au contact de ces antigènes marqueurs du soi. De tels lymphocytes qui s’attaquent aux auto-antigènes, sont dits « auto-réactifs ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Qu’est-ce qu’un lymphocyte ?</span></figcaption>
</figure>
<h2>Apprendre à reconnaître le soi</h2>
<p>Comment, en temps normal, les lymphocytes font-ils la distinction entre les composants qui constituent l’organisme et les envahisseurs potentiels ? En apprenant à reconnaître le « soi ».</p>
<p>Deux « écoles » permettent aux cellules du système immunitaire d’apprendre à tolérer le soi, c’est-à-dire à ne pas le considérer comme un danger. Il y a une école centrale et une école périphérique. L’école centrale est localisée dans le thymus et la moelle osseuse. L’école périphérique est principalement localisée dans les ganglions lymphatiques, la rate, les amygdales et les plaques de Peyer, situées dans l’intestin grêle.</p>
<p>Dans ces organes dits <a href="http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/immunite-et-vaccination/thematiques/cellules-immunes-et-organes-lymphoides/fiches-organes-et-tissus-lymphoides/les-organes-lymphoides">« lymphoïdes »</a>, des milliers d’auto-antigènes sont présentés aux lymphocytes. Si ceux-ci n’ont pas de forte affinité avec ces auto-antigènes, en d’autres termes, s’ils ne les « reconnaissent » pas, ils poursuivront leur développement et rejoindront l’armada de lymphocytes qui surveilleront l’organisme pour détecter les intrus, sans risque de s’attaquer à l’organisme qu’ils sont censés défendre.</p>
<p>Dans le cas contraire, si le lymphocyte réagit au contact des antigènes marqueurs du soi, on dit qu’il est auto-réactif. Il risque de s’attaquer à la mauvaise cible, le corps qu’il doit protéger. Afin d’éviter que ce lymphocyte et ses descendants ne s’en prennent à la mauvaise cible, un processus correctif va alors se mettre en place.</p>
<p>Ces stratégies correctives sont au nombre de quatre. La correction la plus radicale consiste à faire entrer le lymphocyte dans un programme de mort cellulaire appelée <a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doscel/decouv/xtxt/zvie/apopNiv2_1.htm">apoptose</a>. De façon moins expéditive, le lymphocyte peut être « mis en veille », on parle alors d’anergie. Le lymphocyte auto-réactif peut aussi être contrôlé par d’autres facteurs du système immunitaires, comme les lymphocytes T régulateurs (LTreg), une catégorie de lymphocytes qui inhibent la prolifération des autres lymphocytes. Enfin, la dernière stratégie pouvant être adoptée est de modifier le lymphocyte auto-réactif pour réduire son affinité avec l’auto-antigène (pour qu’il le « reconnaisse » moins bien).</p>
<h2>Quand les lymphocytes font l’école buissonnière</h2>
<p>Malgré ces points de contrôle et ces processus correctifs, de nombreuses défaillances peuvent survenir, entraînant l’apparition de maladies auto-immunes.</p>
<p>L’apprentissage des lymphocytes peut être incomplet. En effet, tous les auto-antigènes de l’organisme ne sont pas présentés aux lymphocytes. Il se peut aussi que la quantité d’auto-antigènes présentée soit trop faible. Par ailleurs, certains lymphocytes auto-réactifs qui s’étaient retrouvés en état d’anergie peuvent se réactiver, redevenant de ce fait dangereux pour l’organisme.</p>
<p>Des dysfonctionnements peuvent aussi affecter les lymphocytes T régulateurs. Or ces derniers sont essentiels pour moduler l’activité du système immunitaire. Une mutation dans le gène FOXP3 peut par exemple entraîner une altération de la fonction des LTreg, voire leur absence complète. Cette carence est à l’origine du <a href="https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=37042">Syndrome de dérèglement immunitaire-polyendocrinopathie-entéropathie lié à l’X</a>.</p>
<p>La défaillance peut provenir également d’une dérégulation de l’activité cellulaire. Ainsi, la surproduction de certaines molécules impliquées dans la communication entre les cellules du système immunitaire peut favoriser la survie et la différentiation des lymphocytes B, et notamment des dangereux lymphocytes B auto-réactifs.</p>
<p>Enfin, le système immunitaire peut également être amené à produire des lymphocytes contre des auto-antigènes qu’il n’aurait jamais dû rencontrer. En effet, dans certains tissus, les auto-antigènes sont cloisonnés. Il arrive cependant qu’au cours d’une infection le tissu soit endommagé et que les auto-antigènes soient libérés, entrant en contact avec les lymphocytes qu’ils n’auraient jamais croisé en temps normal.</p>
<h2>Comment soigner les maladies auto-immunes ?</h2>
<p>Les traitements appliqués dans le cadre des maladies auto-immunes ont pour but de contrôler, voire de rétablir une bonne réponse immunitaire. Les angles d’attaque sont nombreux mais les traitements ne sont pas toujours sans risque.</p>
<p>On distingue deux types de traitements : spécifiques et non spécifiques.</p>
<p>Les traitements non spécifiques présentent l’inconvénient de calmer tout le système immunitaire, et rendent ainsi l’organisme plus vulnérable aux agents pathogènes. C’est le cas des <a href="http://www.chu-rouen.fr/page/mesh-descripteur/agents-immunosuppresseurs">immunosuppresseurs</a> qui vont inhiber la prolifération des lymphocytes.</p>
<p>Au nombre des traitements spécifiques figurent les thérapies basées sur des <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-du-lundi-05-mars-2018">anticorps monoclonaux</a>. Ces derniers sont confectionnés de manière à neutraliser la cible thérapeutique, et uniquement elle (récepteurs ou autres molécules). Ces anticorps monoclonaux présentent l’avantage de ne pas être toxiques pour l’organisme. L’ablation chirurgicale du tissu atteint (thymus, intestin…) peut également être conduite.</p>
<p>De nouvelles solutions basées sur la thérapie cellulaire commencent aussi à se mettre en place. Il s’agit d’injecter des cellules saines dans l’organisme, pour rétablir le bon fonctionnement du système immunitaire. Il est par exemple possible d’injecter des LTreg pré-activés, de manière à moduler la réponse immunitaire. Dans certains cas, le patient présente une complète rémission.</p>
<p>Des cellules souches hématopoïétiques (cellules qui sont à l’origine de tous les types cellulaires présents dans le sang dont les globules blancs), peuvent aussi être greffées. Mais ce traitement, lourd, est réservé aux patients présentant une forme sévère de la maladie, une résistance aux traitements déjà suivis ou une diminution de l’espérance de vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103799/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cécile Lecoeur ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Lorsque le système immunitaire se retourne contre l’organisme qu’il est censé défendre, les conséquences peuvent être dramatiques. Explication des mécanismes à l’origine des maladies auto-immunes.
Cécile Lecoeur, Bio-statisticienne, Inserm U1019, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
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tag:theconversation.com,2011:article/104280
2018-10-12T09:27:05Z
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Une chambre à étincelles pour voir les muons cosmiques
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240049/original/file-20181010-133328-ingz6k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Simulation d’une gerbe cosmique arrivant sur terre. </span> <span class="attribution"><span class="source">CEA Irfu</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Chaque seconde, sans que nous nous en apercevions, des centaines de rayons cosmiques traversent notre corps. Que sont ces rayons venus du cosmos ? Comment les a-t-on découverts ? Comment les détecte-t-on ? Cette histoire commence par une erreur d’interprétation, et quelques voyages en ballon, pour finir par des technologies de pointe, permettant aujourd’hui de radiographier pyramides et volcans.</p>
<p>Nous sommes au début du XX<sup>e</sup> siècle. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Radioactivit%C3%A9">radioactivité</a> vient d’être découverte par Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie, et les savants se passionnent pour l’infiniment petit. Ils découvrent que l’atmosphère est continuellement ionisée, c’est-à-dire que des électrons sont régulièrement arrachés aux atomes qui la composent. L’explication la plus plausible est que cette ionisation est le résultat de la radioactivité naturelle. En effet, les éléments radioactifs émettent des particules (électrons, rayon alpha et gamma) qui peuvent entrer en collision avec les électrons des atomes de l’atmosphère, et ils ont une énergie suffisante pour « décrocher » ces derniers. Cela dit, cet effet semble trop important par rapport à la radioactivité naturelle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240044/original/file-20181010-72130-tico93.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240044/original/file-20181010-72130-tico93.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=798&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240044/original/file-20181010-72130-tico93.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=798&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240044/original/file-20181010-72130-tico93.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=798&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240044/original/file-20181010-72130-tico93.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1003&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240044/original/file-20181010-72130-tico93.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1003&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240044/original/file-20181010-72130-tico93.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1003&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma de principe d’un électromètre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikipedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>L’ionisation de l’atmosphère est observable à l’aide d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lectrom%C3%A8tre">électromètre</a>. Cet appareil, conçu à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle, permet de mesurer la charge électrique d’un corps. Le dispositif est composé de deux feuilles de métal suspendues à une électrode dans une chambre à vide. Si l’on met en contact l’électrode avec un objet chargé électriquement, les feuilles se chargent à leur tour, et se repoussent donc, avec un angle d’autant plus grand que la charge de l’objet est importante.</p>
<p>Si l’on déconnecte l’électrode et qu’elle se retrouve isolée, les charges sont piégées, et les deux feuilles doivent rester écartées… Pourtant, petit à petit, elles se rapprochent, prouvant ainsi que la charge diminue. Une explication plausible de ce phénomène est que la radioactivité naturelle agit sur les plaques pour les décharger, de la même façon qu’elle est supposée ioniser l’atmosphère.</p>
<p>Comment le démontrer ? La meilleure façon serait de s’affranchir de la radioactivité naturelle pour voir si l’électromètre reste chargé. Et pour cela, il faut s’éloigner du sol. Ce n’est pas ce qui effraie <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Franz_Hess">Victor Hess</a>, un physicien allemand. Il ne va pas hésiter à risquer sa vie pour emmener des électroscopes dans des ballons. Il va mener ainsi plusieurs missions en 1912 et 1913, de jour comme de nuit, montant jusqu’à 5300 m d’altitude. Il constate que la décharge des électromètres augmente avec l’altitude au lieu de diminuer ! De plus, les vols de jour et de nuit donnent les mêmes résultats, ce qui prouve que le soleil n’est pas responsable du phénomène. Il en conclut que la décharge de l’électromètre, comme l’ionisation de l’atmosphère, sont dus à un rayonnement provenant de source cosmique, et non de la radioactivité terrestre. Cette découverte fondamentale lui vaudra le prix Nobel en 1936. Et ouvre la voie à l’étude des rayons cosmiques.</p>
<p>Ces rayons se révéleront très utiles. Ils sont en effet une source gratuite de particules, à toute heure du jour et de la nuit : un avantage précieux pour les physiciens des particules ! Grâce à eux, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_David_Anderson">Carl Anderson</a> va découvrir une particule de charge positive, et ayant la même masse que l’électron : le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Positron">positron</a> (ou antiélectron), prédit par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Dirac">Paul Dirac</a> quelques années auparavant. Pour cette découverte, il partagera le prix Nobel de 1936 avec Hess.</p>
<h2>Gerbe cosmique</h2>
<p>En poursuivant ses études, Anderson va découvrir une nouvelle particule, semblable à l’électron, mais 200 fois plus lourde : le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Muon">muon</a>. Nous savons maintenant qu’il s’agit de la composante majeure du rayonnement cosmique au niveau du sol. L’origine de ces rayons est l’interaction d’une particule (généralement un proton) venue de l’univers avec les hautes couches de l’atmosphère. Il s’opère alors une matérialisation de l’énergie de cette particule, donnant naissance à d’autres particules, moins énergétiques, qui vont, soit se désintégrer, soit interagir à leur tour. Dans les deux cas, elles donnent naissance à de nouvelles particules, et ainsi de suite. Cela crée une gerbe de particules que l’on appelle <a href="http://www.laradioactivite.com/site/pages/Gerbes_Cosmiques.htm">gerbe cosmique</a>. Dans ces gerbes, les muons sont les seules particules à avoir une durée de vie suffisante pour arriver au sol. Il en arrive en moyenne 1 par 10 cm<sup>2</sup> et par seconde.</p>
<p>Il existe de nombreux types de détecteur de muons. Pour l’édition 2018 du <a href="http://festivalparticule.com/">festival Particule.com</a>, l’Institut de physique nucléaire de Lyon (IPNL) a décidé de présenter une chambre à étincelles permettant de mettre en évidence leur passage. C’est une technologie des années 1960, qui présente l’avantage d’être très visuelle et donc parfaitement appropriée aux démonstrations grand public.</p>
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<figcaption><span class="caption">Antoine Cazes présente une chambre à étincelles.</span></figcaption>
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<p>Ces détecteurs de particules ont donc été utilisés dans les années 1960-1970. Ils ont été progressivement remplacés par les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chambre_%C3%A0_fils">chambres à fils</a> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Charpak">Georges Charpak</a>, car ils ne pouvaient compter que quelques particules par seconde. Ils ont cependant permis plusieurs découvertes, les plus notables étant celles du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Muon_neutrino">neutrino du muon</a> (1962) et du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tau_(particule)">lepton tau</a> (1975), qui ont donné lieu à l’attribution à deux prix Nobel de physique. Des chambres à étincelles ont également été employées en astrophysique, pour l’étude des sources de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rayon_gamma">rayons gamma</a>, notamment sur le premier satellite artificiel destiné à l’étude de ces rayonnements très énergétiques issus de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pulsar">pulsars</a> (1972).</p>
<h2>Voir la trajectoire des particules</h2>
<p>Le principe de fonctionnement des chambres à étincelles est relativement simple. La chambre est remplie d’un mélange de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_noble">gaz nobles</a> (néon et hélium en général). Une série de plaques métalliques parallèles, séparées de 1 cm, est placée dans l’enceinte. Ces plaques sont branchées alternativement sur une haute tension (8000 volts) ou à la masse. Les muons cosmiques traversent la chambre et ionisent le gaz durant quelques microsecondes, c’est-à-dire qu’ils vont arracher sur leur passage des électrons des atomes du gaz. À ces endroits là, le gaz ionisé devient conducteur. Le courant passe donc entre les plaques formant de petites étincelles (c’est le même phénomène qui produit les éclairs lors des orages). On peut ainsi voir à l’œil nu la trajectoire des particules !</p>
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<span class="caption">Trajectoire d’un muon détecté par la chambre à étincelle de l’IPNL.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IPNL (CNRS)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Pour que le détecteur fonctionne, il faut un système de déclenchement, car on ne peut pas laisser les plaques continuellement à 8000V. Il est constitué de deux plaques de scintillateurs, placées au-dessus et en dessous de la chambre. Ce sont des détecteurs qui émettent une très faible quantité de lumière au passage d’une particule. Cette lumière n’est pas visible, mais elle est transformée en impulsion électrique par deux photomultiplicateurs. Quand une particule passe à travers les deux plaques, c’est qu’elle a aussi traversé la chambre, et les deux photomultiplicateurs envoient un signal en coïncidence, qui va déclencher la haute tension.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Schéma de fonctionnement de la chambre à étincelles de l’IPNL.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IPNL (CNRS)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
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<p>Les rayons cosmiques sont toujours étudiés de nos jours, pour comprendre la provenance des protons les plus énergétiques qui les produisent. Ils sont aussi utilisés comme source de particules gratuites, pour tester, aligner, calibrer et mettre en service des détecteurs. Leur utilisation dépasse même la physique des particules avec les techniques de muongraphie.</p>
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<figcaption><span class="caption">La muongraphie.</span></figcaption>
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<p>En effet, les muons sont plus ou moins absorbés par la matière en fonction sa densité. Si on instrumente un volcan ou une pyramide avec des détecteurs capables de compter les muons provenant d’une direction choisie, on aura la possibilité de « voir » à l’intérieur de la même façon qu’un médecin voit l’intérieur de notre corps grâce à la radiographie par rayons X. Cela permet d’obtenir des informations sur la densité des roches observées, et d’observer d’éventuelles cavités.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104280/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Pour détecter ces particules invisibles que l’on appelle des muons, l’Institut de physique nucléaire de Lyon fait découvrir au public une chambre à étincelles à l’occasion de la Fête de la Science.
Antoine Cazes, Physicien, Maitre de Conférence Institut de Physique Nucléaire de Lyon , Université de Lyon
Peter Calabria, Ingénieur de recherche Institut de Physique Nucléaire de Lyon, Université de Lyon
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104599
2018-10-12T09:26:19Z
2018-10-12T09:26:19Z
Rentrée 2018 très invasive pour la punaise diabolique
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240083/original/file-20181010-72130-9bida3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C675%2C3288%2C2316&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jeune larve sur une pomme (Paris, juillet 2018).</span> <span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a> et dans le cadre de la rubrique <a href="https://theconversation.com/fr/topics/en-direct-des-especes-53472">« En direct des espèces »</a> présentée par les chercheurs de l’ISYEB (Institut de systématique, évolution, biodiversité, Muséum national d’Histoire naturelle, Sorbonne Universités). Ils proposent chaque mois une chronique scientifique de la biodiversité. Objectif : comprendre l’intérêt de décrire de nouvelles espèces et de cataloguer le vivant.</em></p>
<hr>
<p>En octobre 2016, nous <a href="https://theconversation.com/la-punaise-diabolique-cette-creature-urbaine-66752">signalions la découverte fortuite</a> de la punaise diabolique <em>Halyomorpha halys</em> à Paris, espèce hautement invasive, pendant la rédaction d’un <a href="http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/hemipteres-de-france/9782603020722">ouvrage</a> sur les hémiptères. En ce début d’automne 2018, elle semble être partout en France, et notamment dans Paris et une partie de la banlieue (KB, etc.). La punaise diabolique ? C’est ce gros insecte gris qui tente d’entrer par vos fenêtres ou se trouve déjà chez vous caché quelque part.</p>
<p>Grâce à un programme de sciences participative lancé par l’<a href="https://www.mnhn.fr/fr/recherche-expertise/expertise/service-patrimoine-naturel/inventaire-national-patrimoine-naturel">Inventaire national du patrimoine naturel</a> (une structure du Museum national d’histoire naturelle), l’INRA, et le soutien de l’<a href="http://www.sorbonne-universites.fr/actions/recherche/instituts-de-sorbonne-universites/su-ite.html">ITE-SU de Sorbonne Université</a> nous sommes en train d’essayer de comprendre les modalités de cette invasion.</p>
<p>Depuis la moitié du mois de septembre, nous sommes submergés d’appels et de signalements de la part d’habitants de presque tous les arrondissements de Paris et de nombreux départements en France, du nord au sud. C’est en effet pour cette punaise, la période de recherche de sites d’hivernation des adultes. Nos maisons bientôt chauffées et abritées sont parfaitement accueillantes.</p>
<p>Et pourtant, la problématique de cette punaise invasive semble ne pas mobiliser les décideurs de nos villes ou de nos territoires. Pourtant c’est bien dans les centres urbains que l’augmentation rapide des populations de <em>Halyomorpha halys</em>, avec ses nuisances associées, est en train de se mettre en place. Parfois, les inquiétudes se transforment en angoisse pour certains citadins phobiques. Mais qui ne serait pas effrayé lorsque des dizaines de ces punaises s’invitent sur vos balcons et jardins, et cherchent à rentrer dans vos maisons en cette saison automnale, après avoir pondu sur vos plantes favorites ? Des centaines ont été vues dans un jardin à Neuilly ou dans le Var, début octobre. Et que l’on sait que l’invasion peut être encore plus intense, comme cela a été observé aux États-Unis.</p>
<p>L’impact pour les cultures, majeur concernant cette espèce, devrait se voir rapidement dans les vergers de pommiers, poiriers, pêchers, les cultures maraîchères, le maïs, la vigne, le soja… La liste des cultures potentiellement impactées est impressionnante. On l’a en tout cas repéré dans des vergers de la vallée du Rhône et la punaise a peut-être commencé à sévir ailleurs en France, sans qu’on le sache encore. C’est ce qui a été observé un peu partout dans le monde avec des incidences économiques très importantes, augmentation radicale des traitements chimiques et nécessité de changer les pratiques culturales.</p>
<p>Les publications se multiplient sur les dégâts en Italie, USA, Europe, Asie, et des premiers signalements en Amérique du Sud. Des travaux sont réalisés un peu partout pour trouver des méthodes et des stratégies de lutte, des piégeages efficaces, des agents de lutte biologique. Pas à notre connaissance en France.</p>
<h2>Goût de punaise</h2>
<p>Mi-septembre j’ai observé des individus sur de la vigne dans le Var. Observations faite avant et après la vendange, mécanique : des punaises viennent « grapiller » après la récolte et continuent de se développer. Et leur passage dans les machines à vendanger ? Le goût de la punaise va-t-il se rajouter au goût des pesticides ?</p>
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<span class="caption">Punaise adulte sur raisin (Var, septembre 2018).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’exemple des vergers de noisetiers en Italie et en France, également en Asie-Caucase (Turquie et surtout <a href="https://jam-news.net/?p=61766">Géorgie</a> est édifiant. Dans ce dernier pays, la punaise diabolique est responsable de pertes presque totale de récolte, au grand dam de la société Ferrero (quand vous penserez au Nutella, vous y associerez la punaise diabolique qui a déclaré la guerre aux noisetiers pour l’industrie agroalimentaire). Il y a un plan national de lutte contre cette espèce, avec l’aide des États-Unis et des piégeages massifs ont été réalisés. Lassée des noisetiers, la punaise a alors dévasté les champs de maïs.</p>
<p>Maintenant c’est l’Abkhazie proche qui fait les frais de l’invasion.</p>
<h2>Que faut-il savoir sur la punaise diabolique ?</h2>
<p>Il s’agit d’une grosse punaise brun-gris qui se nourrit de la sève des végétaux, sur les feuilles, fruits, bourgeons : plus de 120 espèces hôtes connues, notamment des arbres, peuvent servir d’hôte pour sa reproduction.</p>
<p>À Paris, ce sont les Paulownia, les Ailanthes, les frênes et en théorie les érables (non encore observé) mais aussi les « lauriers cerises » (<em>Prunus laurocerasus</em> mais en fait sur tous les Prunus cultivés) qui servent d’abri (hôte) à cet insecte indésirable. Et bien sûr les noisetiers. Elles semblent aussi affectionner les façades avec de la vigne vierge.</p>
<p>C’est une espèce très adaptable, mobile (larves), volant facilement (adultes). Probablement avec deux générations par an à Paris et autour de 200 œufs par femelles. Après la période de reproduction, les adultes vont entrer en hivernation et cherchent un abri pour l’hiver. Mais ils n’aiment pas la solitude et se rassemblent parfois massivement devants les fenêtres, sur des bâtiments, les maisons, s’introduisent dans les intérieurs où ils se logent dans les encadrements de fenêtres, derrière les tableaux, sous les tapis, etc. Dans les bâtiments du Jardin des Plantes à Paris on en retrouve çà et là presque tout l’hiver. On les retrouve ensuite au printemps à l’intérieur devant les fenêtres où elles cherchent à sortir pour aller se reproduire.</p>
<p>Elle est inoffensive pour l’homme (elle ne pique pas, ne transmet pas de pathogènes), peut être manipulée à la main, mais les rassemblements importants peuvent générer des allergies, y compris chez les animaux domestiques. Par exemple lorsque plusieurs punaises déclenchent leurs défenses chimiques. C’est la fameuse odeur de punaise que tout le monde connaît et qui est déjà intense à l’échelle d’un individu ; imaginez des dizaines de punaises voire plus <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22828257">qui les déclenchent ensemble</a>.</p>
<h2>Ne pas confondre avec les espèces natives</h2>
<p>L’une des raisons de la détection tardive de cette espèce tient à sa ressemblance avec plusieurs espèces natives de punaises. Cette ressemblance, poussée dans le cas de la punaise <em>Raphigaster nebulosa</em>, qui adopte le même comportement en ce début d’automne a certainement été un facteur retardant dans sa détection. Ou de son caractère silencieux. Dans nos données « citoyennes », environ 15 % des signalements concernent cette espèce. D’autres espèces moins ressemblantes sont quelquefois confondues.</p>
<p>En absence de programmes d’étude adapté à chaque contexte, notamment urbain, il faut bien pouvoir répondre aux questions, notamment : « comment puis-je m’en débarrasser ». Dans le cadre de l’entomologie appliquée, des méthodes sont testées, voire des formulations de pesticides adaptées. Comme nous l’avons dit il s’agit d’insectes inoffensifs excepté lors des grands rassemblements et il est possible de les manipuler à la main pour les rejeter à l’extérieur, ou les détruire mécaniquement. Comme il s’agit d’une espèce invasive et potentiellement nuisible, il semble acceptable de limiter leurs populations, mais sans polluer son intérieur, son jardin, les espaces verts publics et privés, ainsi que les cultures.</p>
<p>Le recours aux insecticides présente toujours le danger de l’intoxication des personnes, et celui de l’environnement. Une phéromone d’agrégation a été synthétisée et est utilisée pour le piégeage. On pourrait imaginer une application de cette méthode de lutte non polluante dans les villes où la punaise diabolique prend ses aises depuis maintenant plusieurs années sans être le moins du monde inquiétée.</p>
<p>Pour l’instant nous sommes démunis face à l’invasion et une certaine passivité des décideurs. Alors, <a href="https://www.mnhn.fr/fr/participez/actualites/lancement-projet-collaboratif-65-millions-observateurs">participez</a> aux inventaires, nous avons besoin de naturalistes-citoyens !</p>
<hr>
<p><em>L’auteur remercie vivement les personnes qui se sont manifestées dans le cadre du programme de sciences participatives de recueil de données sur la punaise depuis son lancement par l’INPN (<a href="https://inpn.mnhn.fr/programme/especes-exotiques-envahissantes">programme EEE-FF</a>) et l’INRA. Merci d’avoir pris le temps de nous contacter et d’envoyer des images pour permettre d’authentifier la punaise diabolique, fort ressemblante avec quelques espèces natives à ne pas confondre (et à laisser tranquille). Le programme est <a href="https://inpn.mnhn.fr/actualites/lire/5181/">toujours d’actualité</a> et nous enregistrons toujours les signalements (départements de l’ouest et du centre par exemple). Et recherchons des images de pullulations spectaculaires.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104599/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste a reçu des financements de MNHN, CNRS, LABEX BCDiv, ANR, Sorbonne Universités, National Geographic, Ministères des Affaires Etrangères, etc.</span></em></p>
Depuis la mi-septembre, les scientifiques sont submergés d’appels et de signalements de la punaise diabolique, à Paris et dans de nombreux départements. Nouvelles du front.
Romain Garrouste, Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 MNHN-CNRS-UPMC-EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104030
2018-10-12T09:14:20Z
2018-10-12T09:14:20Z
Une maison « intelligente » pour faire des économies d’électricité
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240323/original/file-20181011-154555-ff2drf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock </span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>En France, le bâtiment, qu’il soit tertiaire ou résidentiel, reste de loin le plus gros consommateur d’énergie devant les transports, l’industrie et l’agriculture.</p>
<p>Selon les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique et solidaire, cela représente <a href="http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/2764/969/chiffres-cles-lenergie-edition-2018.html">près de 45 %</a> de la consommation finale d’énergie. Paradoxalement, le bâtiment est l’un des secteurs les moins émetteurs de gaz à effet de serre (20 %). L’industrie (29 %) et les transports (28 %) sont de bien plus mauvais élèves.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240306/original/file-20181011-154561-hh2jpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Répartition de la consommation finale d’énergie en France par secteurs d’activités.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Datalab/2018/datalab-43-chiffres-cles-de-l-energie-edition-_2018-septembre2018.pdf">Ministère de la Transition écologique et solidaire</a></span>
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<p>Dans un contexte de transition énergétique – qui vise notamment à préparer « l’après-pétrole » – et pour faire face aux enjeux d’approvisionnement en énergie, à l’épuisement des ressources, à l’augmentation des prix et aux impératifs de la protection de l’environnement, il est primordial que chacun d’entre nous parvienne à mieux gérer sa consommation d’électricité.</p>
<p>Quels sont les moyens pour y parvenir ? On peut commencer chez soi !</p>
<h2>Les systèmes de gestion de l’électricité</h2>
<p>Les <a href="http://eduscol.education.fr/sti/ressources_techniques/revue-3ei-sommaire-du-ndeg-89">systèmes de gestion de l’énergie électrique</a> offrent aujourd’hui la possibilité de maîtriser de manière dite « intelligente » aussi bien la consommation d’un bâtiment que le coût de cette consommation.</p>
<p>Ces systèmes ont pour but d’économiser l’électricité et d’optimiser le confort des usagers en adaptant le fonctionnement des équipements. Par exemple, lorsque le bâtiment est inoccupé, le système peut arrêter le chauffage de manière automatique ou le ralentir durant la nuit. Ces actions « intelligentes » peuvent intervenir en toute transparence pour les usagers afin de donner de la priorité de fonctionnement à certains équipements.</p>
<p>Cette hiérarchisation du fonctionnement des appareils permet de diminuer la puissance appelée par l’installation électrique et ainsi soulager le réseau de distribution lors des pointes de consommation.</p>
<h2>Un exemple concret de gestion « intelligente »</h2>
<p>Dans le cadre du <a href="https://certem.univ-tours.fr/activites-scientifiques/axes-de-recherche-et-projets/ecco-581684.kjsp?RH=GREMAN">projet « ECCO »</a> financé par la région Centre Val-de-Loire, le groupe de recherche en matériaux, microélectronique, acoustique et nanotechnologies de l’Université de Tours (<a href="https://greman.univ-tours.fr/">GREMAN</a>) travaille sur l’optimisation du coût de la consommation d’électricité dans l’habitat individuel.</p>
<p>Ce dispositif est réalisé à l’aide d’un système de stockage (des batteries), un convertisseur d’énergie, des capteurs (de température, de présence, etc.), un <a href="https://www.mdpi.com/1996-1073/10/11/1701">système de prédiction et de gestion de l’électricité</a> (un algorithme informatique est mis en œuvre) ainsi que des prises « intelligentes » pour piloter tous les équipements présents dans la maison.</p>
<p>Deux objectifs sont ici visés : « effacer » la consommation électrique ou la reporter via un système de stockage.</p>
<p>Durant les périodes « creuses », l’utilisateur fait fonctionner ces équipements électriques directement sur le réseau de distribution. Durant les périodes de pointe de consommation, le système de stockage « soulage » le réseau de distribution.</p>
<p>Ce système permet ainsi de garantir, à tout instant, un équilibre entre la production d’électricité et sa consommation. Le dialogue entre le système de stockage et le réseau de distribution est réalisé dans ce cas par l’intermédiaire d’un <a href="http://www.icrepq.com/icrepq18/257-18-bissey.pdf">convertisseur statique d’énergie</a>. Ce dernier est bidirectionnel, car l’électricité doit pouvoir transiter dans les deux sens : du système de stockage vers le réseau de distribution et du réseau de distribution vers le système de stockage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=371&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=371&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240309/original/file-20181011-154539-1j8ktbi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=371&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Système de prédiction et de gestion de la consommation d’électricité proposé par le groupe de recherche en matériaux, microélectronique, acoustique et nanotechnologies (GREMAN) de l’université de Tours.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sebastien Jacques/Université Tours</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des prises « intelligentes »</h2>
<p>Dans ce système mis au point par les chercheurs du GREMAN, le pilotage des appareils électriques d’un logement peut être réalisé à l’aide d’un petit appareil, appelé « prise intelligente » (ou <em>smart plug</em>), que l’on branche directement sur les prises électriques « classiques ». Son utilisation ne nécessite aucune modification de l’installation électrique de la maison.</p>
<p>L’ordre de commande de cette prise « intelligente » provient du système de prédiction et de gestion de l’électricité. Le <em>smart plug</em> doit donc pouvoir être commandé à distance de deux façons.</p>
<p>Dans un premier cas, l’utilisateur donne lui-même l’ordre de pilotage à partir d’une application installée sur son <em>smartphone</em> ou sa tablette numérique. Il pourra par exemple créer une ambiance sonore, baisser les volets roulants de sa chambre ou encore simuler une présence en allumant et en éteignant une lumière à des intervalles de temps réguliers.</p>
<p>Dans un second cas, l’usager n’intervient pas dans la gestion du coût de la consommation d’électricité. Lors des périodes de pointe par exemple (notamment entre 19h et 22h), le réfrigérateur pourra s’éteindre quelques minutes, sans que son utilisateur s’en aperçoive, pour diminuer la puissance appelée à ce moment-là par l’installation électrique.</p>
<h2>Les défis scientifiques</h2>
<p>La mise en œuvre des systèmes « intelligents » de gestion de l’électricité ne repose pas uniquement sur les prises « intelligentes ». Trois défis scientifiques doivent être aujourd’hui relevés.</p>
<p>Il y a d’abord la maîtrise du stockage de l’électricité à des coûts d’installation raisonnables pour l’usager ; celle du système de prédiction et de gestion de l’électricité ; enfin, la mise au point d’un convertisseur bidirectionnel à hautes performances énergétiques.</p>
<p>L’équipe du GREMAN tente d’apporter des solutions pour répondre à ces défis. Et la maquette d’une maison « intelligente » <a href="https://www.univ-tours.fr/site-de-l-universite/fete-de-la-science-2018-633931.kjsp">sera présentée par les chercheurs</a> au public lors de cette 27e édition de la Fête de la science.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240320/original/file-20181011-154577-nrje7i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Démonstrateur d’une maison connectée « intelligente ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sebastien Jacques/Université Tours</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/104030/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Jacques a reçu des financements de la région Centre Val-de-Loire (projet de recherche d’intérêt régional n°2015-00099656). </span></em></p>
Des chercheurs travaillent sur des systèmes de gestion de la consommation d’électricité pour l’habitat.
Sébastien Jacques, Enseignant-chercheur en génie électrique, Université de Tours
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/103581
2018-10-12T09:14:18Z
2018-10-12T09:14:18Z
Ces virus qui manipulent les plantes
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Des souris qui n’ont plus peur des chats, des crustacés qui se laissent flotter à la surface de l’eau au lieu de s’abriter sous les roches, des fourmis qui se déguisent en baies pour se faire dévorer par les oiseaux, des humains qui émettent des odeurs attirant les moustiques… ces comportements inattendus, parfois suicidaires, paraissent presque fantaisistes.</p>
<p>Ils sont pourtant présents dans la nature, et ils ont tous un point commun : ils sont le résultat d’infections parasitaires. En effet, de nombreux parasites dits « manipulateurs » sont capables d’altérer le comportement et même la physionomie de leur hôte pour faciliter leur survie et leur propagation.</p>
<p>Les plantes n’échappent pas à la règle. Les virus qui les parasitent se montrent souvent très ingénieux pour passer outre leur immobilité, utilisant à cette fin des organismes intermédiaires mobiles appelés vecteurs.</p>
<p><a href="https://www6.colmar.inra.fr/svqv/Recherches/Equipes-de-recherche/Equipe-Virologie-Vection">L’unité de virologie</a> de l’INRA de Colmar a ainsi récemment mis en évidence un cas de manipulation de la plante <em>Camelina sativa</em> par le virus de la jaunisse du navet (<em>Turnip yellows virus</em> ou TuYV). Ce virus possède la particularité d’être transporté de plante en plante uniquement par un vecteur aérien, le puceron. Le virus se propage donc plus efficacement si les pucerons sont attirés vers les plantes infectées avant que celles-ci ne succombent à l’infection.</p>
<h2>Rendre la plante plus goûtue</h2>
<p>Les chercheurs ont en effet démontré que le TuYV provoque chez les plantes l’<a href="https://www.mdpi.com/1422-0067/19/8/2316">émission d’odeurs qui attirent le puceron</a>. Ce même virus modifie également la composition chimique de la plante, la rendant plus appétante – en un mot, plus goûtue – pour le puceron. Disposant d’une nourriture plus adaptée, ce dernier s’y nourrit plus et ingère ainsi plus de virus, un bénéfice net pour le pathogène qui peut alors s’accumuler dans le puceron et être plus efficacement <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1744-7917.12508">propagé vers d’autres plantes</a>.</p>
<p>Les exemples abondent de telles « manipulations » des plantes par les virus, et les études révèlent que ces altérations de la plante induites par le virus peuvent varier selon le virus en question et surtout <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29908590">selon leur mode de transport</a> par les vecteurs.</p>
<p>Par exemple, le TuYV est un virus dit « circulant » : pour qu’il soit efficacement transmis, le puceron doit atterrir sur la plante infectée et se nourrir de manière prolongée pour ingérer le virus qui chemine dans la sève. Le pathogène est ensuite entraîné avec la sève dans le tractus digestif de l’insecte puis traverse les cellules de l’intestin, avant de rejoindre les glandes salivaires, d’où il est réinjecté à une nouvelle plante.</p>
<p>Les virus « circulants » ont tout intérêt à induire des modifications dans la plante permettant d’attirer les pucerons et de stimuler leur alimentation.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240248/original/file-20181011-154549-cedtm6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240248/original/file-20181011-154549-cedtm6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240248/original/file-20181011-154549-cedtm6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240248/original/file-20181011-154549-cedtm6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240248/original/file-20181011-154549-cedtm6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240248/original/file-20181011-154549-cedtm6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240248/original/file-20181011-154549-cedtm6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Illustration montrant l’attraction des pucerons par les Camelines infectées et non les Arabidopsis infectées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.mdpi.com/1422-0067/19/8/2316">Véronique Brault/INRA</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Optimiser la transmission</h2>
<p>Il existe une autre catégorie de virus de plante, dits « non-circulants, » qui ne traversent pas les cellules de l’insecte mais sont retenus dans l’appareil buccal au niveau du stylet ou de l’œsophage du vecteur.</p>
<p>Dans ce groupe se trouve, par exemple, le virus de la mosaïque du concombre (<em>Cucumber mosaic virus</em>, CMV) également transmis par puceron. Ce virus entraîne chez les plantes infectées la production de substances volatiles qui attirent les pucerons mais réduit la qualité nutritionnelle des plantes infectées, <a href="http://www.pnas.org/content/107/8/3600.short">poussant les pucerons à émigrer rapidement</a>.</p>
<p>Ces deux phénomènes contrastés sont cependant parfaitement adaptés au mode de transmission du CMV : ce dernier ne requiert en effet que de brèves piqûres dans les cellules superficielles de la plante pour être retenu par le vecteur. Le virus optimise donc son processus de transmission en encourageant dans un premier temps les pucerons à se poser sur les plantes infectées, puis en les incitant à quitter ces plantes rapidement après les avoir juste goûtées.</p>
<p>Plus surprenant encore, il a été observé que des pucerons de l’espèce <em>Rhopalosiphum padi</em> porteurs du virus de la jaunisse nanisante de l’orge (<em>barley yellow dwarf virus</em> ou BYDV) préfèrent les plantes non-infectées, alors que les pucerons dépourvus de virus sont <a href="https://www.nature.com/articles/srep00578">attirés par les plantes infectées</a> (Ingwell et coll., 2012).</p>
<p>Cet exemple démontre que le virus peut non seulement manipuler indirectement la plante pour attirer les pucerons, mais aussi agir directement sur les pucerons pour modifier leur comportement.</p>
<h2>Sur la piste des molécules impliquées</h2>
<p>Ces observations soulèvent de nombreuses questions toujours non résolues.</p>
<p>Pourquoi ces exemples de manipulation ne s’appliquent-ils pas à toutes les plantes infectées par un même virus ? Pourquoi existe-t-il également des variations de comportement selon l’espèce de puceron considérée même vis-à-vis d’une même plante infectée ?</p>
<p>Les études en cours visent donc à identifier les molécules dans la plante infectée responsables des changements de comportement des vecteurs, qu’il s’agisse des composés attirant les pucerons ou de ceux qui la rendent plus appétissante. Cette identification permettrait d’envisager de nouvelles méthodes de lutte visant à inhiber la production des molécules en question par les plantes infectées, pour que celles-ci ne présentent plus ce pouvoir attractif pour les pucerons.</p>
<p>À ce jour, l’utilisation d’insecticides reste la méthode de choix des agriculteurs pour réduire les populations de vecteurs et limiter les pertes liées aux virus qu’ils transportent.</p>
<p>Une nouvelle méthode de lutte basée sur la non-attraction, voire la répulsion des pucerons, pour les plantes infectées permettrait de réduire la propagation des virus au champ. Pour enrayer la dispersion des virus circulants, il serait également envisageable de sélectionner des variétés de plantes produisant naturellement peu, voire pas, de composés responsables de l’ingestion soutenue de sève nécessaire à l’acquisition de ces virus.</p>
<p>La compréhension des mécanismes fins permettant aux virus transmis par puceron de manipuler leur plante hôte pour faciliter leur propagation représente un front de science prometteur pour l’élaboration de nouvelles méthodes de lutte plus respectueuses de la santé humaine et de l’environnement.</p>
<hr>
<p><em>Simon Bourdin, étudiant en master « Communication scientifique » à l’université de Strasbourg a participé à l’élaboration de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103581/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Brault a reçu des financements de l’ANR. </span></em></p>
Les organismes les plus simples peuvent faire preuve d’une grande ingéniosité. C’est le cas des virus des plantes.
Véronique Brault, Directrice de recherche en virologie, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/102899
2018-10-11T18:59:08Z
2018-10-11T18:59:08Z
Des vers pour traquer la pollution aux microplastiques dans l’estuaire de la Seine
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240296/original/file-20181011-154549-1ek9n2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au laboratoire, dépuration des vers prélevés dans l’estuaire de la Seine. </span> <span class="attribution"><span class="source">Messika Revel/UCO</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié à l’occasion de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>L’utilisation de plastique n’a cessé <a href="https://committee.iso.org/files/live/sites/tc61/files/The%20Plastic%20Industry%20Berlin%20Aug%202016%20-%20Copy.pdf">d’augmenter depuis les années 1950</a> avec notamment la production massive d’emballages à usage unique comme les bouteilles, les sachets ou encore les sacs plastiques.</p>
<p>Ces plastiques se retrouvent dans l’environnement et les scientifiques s’interrogent sur les effets nocifs pour la faune et l’être humain. D’après une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0111913">étude parue en 2014</a>, plus de 5 000 milliards de microplastiques flotteraient dans les océans, ce qui représente près de 269 000 tonnes de plastique. Même si ce chiffre est impressionnant il est très loin des <a href="https://www.plasticseurope.org/application/files/5715/1717/4180/Plastics_the_facts_2017_FINAL_for_website_one_page.pdf">322 millions de tonnes produits</a> et les scientifiques se demandent toujours où se trouve le reste du plastique (sous forme de nanoplastiques ou dans les fonds marins ?).</p>
<p>De nombreuses études ont mis en évidence la présence de ces particules dans les océans et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749113001140">divers organismes</a> (des phoques, des poissons, des moules, des huîtres, etc.) mais encore très peu se sont intéressées au milieu d’eau douce. C’est pour cette raison que l’impact des microplastiques à long terme et leur accumulation le long de la chaîne alimentaire jusqu’aux humains doivent être éclaircis.</p>
<h2>Dans l’estuaire de la Seine</h2>
<p>C’est <a href="http://science.sciencemag.org/content/185/4150/491">dans les années 1970</a> que les premiers débris de plastiques ont été identifiés dans le milieu marin mais le terme microplastique n’apparaît lui qu’au début des années 2000 pour désigner ces particules dont la taille est inférieure à 5 mm. Les microplastiques proviennent essentiellement de la <a href="http://rstb.royalsocietypublishing.org/content/364/1526/1985.short">fragmentation des macrodéchets</a> de plastiques et peuvent prendre la forme de fragments, films ou fibres.</p>
<p>Contrairement aux macrodéchets de plastiques, visibles à l’œil nu – notamment au niveau des gyres océaniques, aussi appelées « soupes de plastiques » –, les microplastiques, également très présents dans ces zones, doivent être collectés à l’aide de filets pour pouvoir être identifiés. Ceci a bien été mis en évidence lors de l’expédition Tara, réalisée entre 2009 et 2013, où des microplastiques ont été observés jusqu’en Antarctique !</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/2KBQ5bxBfsU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Tara Océans : en direct du continent plastique. (Fondation Tara Expéditions/Youtube, 2011).</span></figcaption>
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<p>Notre laboratoire étudie actuellement la présence des microplastiques <a href="https://www.seine-aval.fr/projet/plastic-seine/">dans l’estuaire de la Seine</a>, en collaboration avec de nombreux partenaires nationaux, et plus particulièrement chez un animal clé de l’écosystème estuarien (cette zone entre le milieu marin et l’eau douce) : le ver <em>Hediste diversicolor</em>, aussi appelé gravette.</p>
<p>Pourquoi avoir choisi la Seine ? Parce que cette rivière et son estuaire sont susceptibles d’être très contaminés par les microplastiques, en raison des pressions urbaines et des activités industrielles et portuaires au niveau de l’estuaire. D’ailleurs, <a href="http://maldeseine.free.fr/index.html">plusieurs zones d’accumulation</a> de déchets plastiques y ont déjà été observées.</p>
<h2>Comment bien récolter les gravettes ?</h2>
<p>Ces animaux sont très présents sur les littoraux et vivent dans des galeries qu’ils creusent dans les <a href="http://doris.ffessm.fr/Especes/Hediste-diversicolor-Nereis-multicolore-715">sédiments vaseux ou sableux</a>. Ces vers jouent un rôle majeur car ils représentent une source de nourriture importante pour des oiseaux et des poissons. La gravette constitue également un excellent indicateur biologique pour évaluer l’état de santé des écosystèmes estuariens au regard de la pollution chimique. Espèce abondante et peu mobile, elle subit une double exposition aux polluants, via le sédiment et l’eau qui s’y infiltre lorsqu’elle creuse des galeries.</p>
<p>Pour les récolter il faut nous équiper de combinaisons de plongée, aller sur les vasières Nord au niveau de l’estuaire de la Seine, au Havre, et éviter de rester debout pour ne pas s’enfoncer jusqu’au genou ! Selon la composition du sédiment, il nous faut creuser plus ou moins profondément pour trouver des vers. Une fois repérés, il faut manuellement et (surtout) délicatement les prélever et les déposer dans des seaux contenant du sédiment et un peu d’eau du terrain.</p>
<p>De retour au laboratoire, les vers sont récupérés manuellement et (toujours) délicatement des seaux du terrain. Chaque gravette est ensuite déposée dans un petit récipient en verre contenant de l’eau de mer reconstituée (sans microplastiques) pendant plusieurs heures, ce qui permettra aux vers de vider le contenu de leur tube digestif. Cette étape est appelée dépuration ; le lendemain, chaque ver sera récupéré, de même que le contenu de son tube digestif pour évaluer la présence de particules de plastique dans leur corps et le contenu de leur tube digestif. Le lendemain, les vers et les contenus des tubes digestifs sont récupérés et conservés au congélateur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’une des vasières du Havre où les scientifiques prélèvent les gravelles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Messika Revel</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« Hediste diversicolor ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Messika Revel/UCO</span></span>
</figcaption>
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<h2>Identification des microplastiques dans les vers</h2>
<p>Pour identifier les particules de plastique dans les vers, il faut « digérer » leur corps puis le contenu de leur tube digestif. Pour cela, nous utilisons de l’hydroxyde de potassium qui permet de dissoudre la matière organique <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11356-017-8862-3">sans altérer les particules plastiques</a>.</p>
<p>Après agitation à 60° pendant plusieurs heures, la solution obtenue est filtrée et le filtre conservé dans une boîte en verre pour éviter la contamination extérieure aux fibres synthétiques <a href="https://www-sciencedirect-com.buadistant.univ-angers.fr/science/article/pii/S2468584417300119">présentes dans l’air</a>. Les filtres sont ensuite observés à la loupe binoculaire pour évaluer la présence de particules et décrire leur forme, leur couleur ou encore leur aspect. Pour valider et identifier le type de plastique auquel correspondent les particules (polyéthylène, polypropylène, polystyrène, etc.), il faut avoir recours à des outils plus performants, tels que la spectroscopie infrarouge ou Raman.</p>
<p>Nos premiers résultats indiquent qu’il y aurait des microplastiques dans les vers récoltés, au niveau du corps et du contenu du tube digestif. Il s’agit ensuite de savoir si ces particules peuvent avoir un impact sur la santé des vers (survie, reproduction, énergie, etc.) et si ces particules peuvent se retrouver à d’autres niveaux de la chaîne alimentaire, comme celui de leurs prédateurs pour potentiellement s’accumuler dans les animaux et avoir également des effets sur leur santé.</p>
<h2>Impact des micro et nanoplastiques</h2>
<p>La préoccupation des scientifiques sur l’impact des microplastiques pour la santé environnementale et humaine grandit. Selon une <a href="https://www.sudouest.fr/2018/08/28/des-microplastiques-decouverts-dans-des-mollusques-du-sel-et-des-crustaces-5341900-706.php">étude européenne publiée en 2018</a> par le magazine <em>Que Choisir</em> plus de deux tiers des 102 échantillons d’aliments analysés tels que du sel, des mollusques et des crustacés, contenaient des microplastiques. Bien que discuté, il existe actuellement trop peu d’études pour nous permettre de répondre à la question du risque de la consommation humaine d’aliments contaminés en <a href="https://biosciences.exeter.ac.uk/documents/Micro-and_Nano-plastics_and_Human_Health_Galloway.pdf">microplastiques</a></p>
<p>Les recherches se poursuivent et de nombreuses autres questions restent en suspens, notamment sur l’impact des nanoplastiques qui proviendraient de la fragmentation des macroplastiques. De par leur taille très réduite (<0,001mm), ces particules pourraient <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-10813-0">pénétrer les tissus</a>, altérer plus de mécanismes et se diffuser davantage dans la chaîne alimentaire.</p>
<p>D’autres équipes travaillent également sur le développement de nouvelles alternatives au plastique afin de limiter sa diffusion à la source.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102899/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Messika Revel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Dans l’estuaire de la Seine, des scientifiques ont recours au ver « Hediste diversicolor » pour détecter la présence de microplastiques.
Messika Revel, Postdoctorante en écotoxicologie, Université catholique de l’Ouest
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/102737
2018-10-11T18:57:30Z
2018-10-11T18:57:30Z
Quand des chercheurs partent sur la piste du bonheur
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238989/original/file-20181002-85602-lov953.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C7%2C2345%2C1753&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À la recherche du bonheur (Reflective Distortions 3D)</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/msvg/5505031142/in/photolist-9osHY3-E4gQEV-b9VjTX-a4cgsw-XWNbF-HMzqvM-9DVapi-g8HEdq-fVTn1u-a48za4-89eAKH-g1DkeH-fXt45Y-U84ez3-gTvD2X-223cBYS-oaj3C7-btADGD-6Uz6oj-fZ3R73-ninwA2-dhEPg1-93iA5s-WtBEGw-aTgvz-a4behQ-o7kgrE-5kbaBD-WYfHYh-8BsM6P-H17KEx-TeGYNY-e88dga-fYSWKM-fVWwow-fbVDcr-fVN8Q3-g8FS8i-b9Vkt6-ddp8hP-qBvyZu-fTvheT-btAdy6-fZ58MW-asd3Dx-5eqG9s-8iMdCp-b9Vm2H-28stCBt-gasNDi">Michael / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de la prochaine Fête de la science (qui aura lieu du 1<sup>er</sup> au 11 octobre 2021 en métropole et du 5 au 22 novembre 2021 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Eureka ! L'émotion de la découverte ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>La question du « bonheur » a toujours été parmi les plus discutées. Un nombre croissant de disciplines des sciences humaines et sociales a depuis longtemps investi le sujet ; les sciences économiques, notamment, ayant rejoint sur ce point les études effectuées en philosophie, psychologie, histoire ou même sociologie. </p>
<p>Plus récemment, des sciences « dures » (biologie et neurosciences) ont montré leur intérêt pour cette thématique.</p>
<p>Il surprend en revanche que la recherche juridique ait donné le sentiment de s’en désintéresser. Certainement parce que la notion est empreinte d’une grande subjectivité, si bien qu’elle apparaît à beaucoup comme un domaine de non-droit. Ce qui explique l’indigence des écrits en la matière. La perspective est pourtant trompeuse, car la question du bonheur est depuis longtemps au cœur de la problématique juridique, au point de prétendre qu’elle est au principe des droits de l’Homme.</p>
<h2>Bonheur, droit et politique</h2>
<p>Qu’on se réfère à la <a href="http://mjp.univ-perp.fr/constit/us1776.htm">Déclaration d’indépendance américaine</a> évoquant « la recherche du bonheur », à la <a href="http://mjp.univ-perp.fr/constit/pl1791.htm">Constitution polonaise du 3 mai 1791</a> ou aux <a href="https://www.histoire-image.org/fr/etudes/declaration-droits-homme-citoyen">déclarations françaises de 1789 et 1793</a> qui assignent le bonheur en but de la société.</p>
<p>À regarder de près, les notions de bonheur et de bien-être figurent aujourd’hui dans de nombreuses constitutions, en prenant place dans les préambules et diverses dispositions d’ordre général. Certes la normativité de ces dispositions est discutée, et sans doute n’a-t-on pas encore affaire à un droit immédiatement invocable devant les tribunaux. Pour l’heure, il ne convient de parler que de <em>soft law</em>.</p>
<p>Mais en dehors même du droit interne, l’émergence de ce droit se lit également à l’aune du droit international : ainsi la <a href="http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/RES/65/309&Lang=F">résolution 65/309 du 19 juillet 2011</a> votée par l’Assemblée générale des Nations unies qui invite les États membres « à élaborer de nouvelles mesures qui tiennent mieux compte de l’importance de la recherche du bonheur et du bien-être afin d’orienter leur politique de développement. »</p>
<p>Les travaux des économistes sur la <a href="https://www.cairn.info/revue-economique-2009-4-page-905.htm">mesure et les critères du bonheur</a> et du bien-être, repris et amplifiés par les organisations internationales incitent à prendre au sérieux cet objectif d’amélioration de la qualité de vie dans les États.</p>
<h2>Le projet BonDroit</h2>
<p>En prenant appui sur les différentes disciplines des sciences humaines et sociales, l’ambition du <a href="http://bondroit.univ-angers.fr/fr/index.html">projet BonDroit</a> est d’étudier comment le droit et les politiques publiques tentent d’objectiver la recherche du bonheur en essayant, concrètement, de satisfaire les droits sociaux élémentaires (santé, éducation, alimentation, logement, etc.), pour le bien-être du plus grand nombre. Parce que la question du bonheur et du « bien-être social » excède toutefois les seuls droits-créances, le projet ne manque pas également de s’intéresser à l’effectivité des libertés individuelles et libertés-participation.</p>
<p>Trois temps forts principaux jalonnent le projet <em>BonDroit</em> : le première rencontre d’Angers « Doctrines et réalité(s) du Bonheur » qui a eu lieu les 8 et 9 décembre 2016, le colloque pluridisciplinaire <a href="http://bondroit.univ-angers.fr/fr/activites/manifestations/colloques/penser-et-construire-le-bonheur-regards-croises.html">« Penser et construire le bonheur : regards croisés »</a> qui s’est tenu les 22 et 23 mars 2018 et le colloque international qui se tiendra en novembre 2019. Outre ces trois évènements importants, un certain nombre de manifestations sont organisées tout au long du projet par les différents axes de recherche.</p>
<ul>
<li><p>Droit au travail et protection sociale</p></li>
<li><p>Droit à l’éducation et protection de l’enfance</p></li>
<li><p>Doctrines, droit constitutionnel comparé et justiciabilité</p></li>
<li><p>Droit, économie et politiques publiques du bien-être</p></li>
<li><p>Sensibilisation au bonheur et mobilisation des acteurs territoriaux ligériens.</p></li>
</ul>
<p>Trois pistes de débouchés du projet sont privilégiées :</p>
<ul>
<li><p><strong>Propositions d’initiatives juridiques et sociales au niveau régional et local</strong> – dans le cadre d’expérimentations destinées à améliorer le bien-être (mesures permettant par exemple de mieux concilier travail et famille, santé et loisir, travail et formation, la nécessité ou pas de nouvelles prestations sociales, ou de règles contraignantes en matière de logement…) ;</p></li>
<li><p><strong>Mise en place de formations</strong> favorisant la structuration du lien social, aussi bien dans l’entreprise, les secteurs de l’éducation ou de la santé, qu’auprès de Pôle emploi et des associations concernées par les problèmes d’exclusion et du logement ;</p></li>
<li><p><strong>Diffusion d’éléments de recherche</strong>, sous forme de podcasts de courte durée (« leçons sur le bonheur et le droit »), auprès des étudiants et du grand public (ex : la place prise par le bonheur dans les systèmes politiques au fil des époques ; les constitutions faisant référence au bonheur ; son évocation dans les révolutions ; les implications par thématiques du « droit au bonheur » – logement, travail, éducation, alimentation, etc.).</p></li>
</ul>
<h2>Des recherches pluri-disciplinaires</h2>
<p>Outre l’élargissement du consortium à des chercheurs de disciplines autres que le droit, l’économie ou la science politique, les diverses actions ont permis de rassembler autour du projet des membres d’institutions, d’associations et d’entreprises privées. Un « fab lab BonDroit » a été créé dès la conception du projet regroupant des universitaires du projet et des représentants de la « société civile » afin de construire conjointement des propositions d’initiatives juridiques et sociales ainsi que des formations à l’intention des acteurs locaux. Après six séances de travail et des échanges multiples lors des diverses manifestations, deux principales actions voient le jour autour d’un guide juridique à l’intention des entreprises et un projet d’expérimentation au sein des établissements scolaires sur la co-éducation et l’implication des familles.</p>
<p>On l’a compris : si la notion de bonheur est difficile à appréhender, c’est parce qu’elle diffère selon les individus, selon leur disposition d’esprit, leur capacité, leur santé, selon la place accordée aux plaisirs, à la richesse, au bien-être matériel, à la condition sociale et aux données liées au contexte politique, économique et social. Pour autant, il est important pour les chercheurs d’essayer de donner une forme de rationalité à cette notion, tout en intégrant les données subjectives.</p>
<p>Pour le juriste, spécialement, l’objet n’est pas de déterminer ou d’imposer aux individus les lignes directrices de leur bonheur mais d’essayer de définir les conditions juridiques et sociales propices à la poursuite du bonheur individuel et collectif ; de voir comment l’individu peut trouver ou pas à être inséré dans des démarches plus collectives, notamment par le biais de politiques publiques.</p>
<p>Avec l’appui des sociologues, historiens, psychologues et économistes, les animations, proposées à la fête de la science, visent à permettre aux visiteurs d’appréhender ces notions de bonheur et bien-être. L’objectif est de favoriser leur capacité à faire le lien avec les applications concrètes de ces recherches dans leur quotidien, de participer à une enquête sociologique et leur permettre ainsi de voir concrètement comment travaillent les chercheurs.</p>
<hr>
<p><em>Le projet BonDroit (bonheur et droit), soutenu par la Région Pays de la Loire dans le cadre des « paris scientifiques », regroupe une quarantaine de chercheurs qui s’associent autour de la thématique du bonheur et du bien-être. Le responsable scientifique est Félicien Lemaire, professeur de droit public à l’Université d’Angers et directeur du Centre Jean Bodin, laboratoire de recherche juridique et politique de l’Université d’Angers, porteur du projet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102737/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Félicien Lemaire est responsable scientifique du projet BonDroit (Bonheur et Droit), soutenu par la Région Pays de la Loire dans le cadre des « Paris Scientifiques ».</span></em></p>
Le projet BonDroit regroupe une quarantaine de chercheurs de plusieurs disciplines autour de la thématique du bonheur et du bien-être.
Félicien Lemaire, Professeur de droit public, Université d'Angers
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104123
2018-10-11T18:51:55Z
2018-10-11T18:51:55Z
Des défauts dans une aile d’avion ? C’est parfait !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240020/original/file-20181010-72106-17n7659.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aile.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pxhere</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Le laboratoire <a href="http://simap.grenoble-inp.fr/">SIMaP (« Science et Ingénierie des Matériaux et Procédés »)</a> participe régulièrement à la Fête de la Science, à Grenoble. Il présente cette année au public un atelier qui déconstruit l’idée reçue qu’un « défaut » dans la matière serait nécessairement une mauvaise chose. La démonstration du groupe de recherche <a href="http://simap.grenoble-inp.fr/physique-du-metal/">« Physique du Métal »</a> s’articule autour de la fabrication d’une aile d’avion.</p>
<p>Les ailes des avions sont le plus souvent construites en aluminium : ce matériau métallique de faible densité permet de garder la structure de l’appareil suffisamment légère afin de limiter la consommation de carburant nécessaire à un vol. Mais l’aluminium, pour tout un chacun, c’est aussi le fameux « papier d’alu ». Alors, imagineriez-vous embarquer dans un avion dont les ailes seraient constituées d’une épaisse couche de ce papier argenté, particulièrement malléable ? L’idée n’est pas très rassurante…</p>
<h2>Dislocations</h2>
<p>Comment se fait-il donc que l’aluminium soit plébiscité pour cette application industrielle pour laquelle la résistance mécanique est importante ? La réponse est simple : alors qu’il est naturellement plutôt mou, il est durci par différentes méthodes. Les métaux sont cristallins, c’est-à-dire qu’ils sont constitués d’atomes ordonnés les uns par rapport aux autres de façon régulière et géométrique. Mais la plupart du temps, ils ne sont pas parfaits : on y trouve des défauts appelés « dislocations », des décalages dans l’organisation des atomes induits par un ou plusieurs atomes qui ne sont pas à leur place. Ces dislocations, lorsqu’elles peuvent bouger, conduisent à la déformation du métal. Pour durcir celui-ci, il faut donc les empêcher de se déplacer !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240062/original/file-20181010-133328-yuhnh9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240062/original/file-20181010-133328-yuhnh9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240062/original/file-20181010-133328-yuhnh9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240062/original/file-20181010-133328-yuhnh9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240062/original/file-20181010-133328-yuhnh9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240062/original/file-20181010-133328-yuhnh9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240062/original/file-20181010-133328-yuhnh9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un défaut dans un cristal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span></span>
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<p>On empêche les dislocations de se déplacer par différents procédés :</p>
<ul>
<li><p>L’alliage : au lieu d’utiliser un métal pur composé d’un seul type d’atomes, on ajoute des éléments afin d’introduire des atomes d’une autre nature, plus grands, plus petits, avec des caractéristiques différentes… Qui permettront de stopper ou ralentir les dislocations qui les rencontrent. Dans le cas de l’aluminium utilisé en aéronautique, on ajoute souvent du cuivre.</p></li>
<li><p>L’introduction de précipités : en utilisant le bon alliage et un traitement thermique adapté, on peut créer des précipités, ou sortes d’agrégats d’atomes de quelques nanomètres, qui stoppent ou ralentissent les dislocations à leur rencontre.</p></li>
<li><p>La déformation : on déforme le matériau au préalable, avant son utilisation, pour y introduire davantage de dislocations. En effet, lorsque différentes dislocations se rencontrent, elles s’empêchent mutuellement d’avancer. L’aluminium ainsi déformé est donc plus dur. Cette déformation peut se faire par exemple par « laminage » (faire passer le matériau entre deux rouleaux compresseurs).</p></li>
<li><p>Ajouter des joints de grains : les « grains » sont des zones dans le matériau dans lesquels le cristal est orienté dans une même direction. Quand on change de grain, il s’agit toujours d’un cristal (les atomes sont bien rangés les uns par rapport aux autres) mais on change de direction. Le passage d’un grain à un autre, par franchissement du « joint de grain », l’interface, peut ralentir ou stopper la dislocation.</p></li>
</ul>
<p>C’est donc en intégrant de nouveaux défauts (atomes étrangers, précipités, dislocations, joins de grain…) qu’on durcit d’aluminium. Les défauts dans un matériau, cela peut donc être un atout pour ses propriétés mécaniques !</p>
<h2>Expérimentez !</h2>
<p>Sur le stand « Aile d’avion » du laboratoire SIMaP, ces concepts sont illustrés et expliqués par des expériences pratiques : on pourra y évaluer la densité de différents métaux ; tenter de simuler un cristal parfait, des joints de grains, ou des dislocations à partir d’un jeu de billes ; tester la résistance d’une pièce d’aluminium pur et celle d’un alliage ; zoomer au plus profond de la matière grâce à une vidéo réalisée à partir d’images de microscopie électronique, et encore d’autres expérimentations.</p>
<p>Ce sera aussi l’occasion pour le public de jouer à l’apprenti métallurgiste. Pour cela, un groupe d’étudiants et de passionnés de science ou d’informatique ont imaginé un jeu vidéo : <a href="https://nickel-chrome.itch.io/forgeronbaston">« Forgeron Baston »</a>. Développé par l’équipe « Nickel-Chrome » à l’occasion de la <a href="https://www.grenoblegamelab.com">Scientific Game Jam 2017</a>, il est disponible en téléchargement en ligne et s’inscrit dans la lignée des <a href="https://theconversation.com/scientific-game-jam-comment-mettre-la-science-en-jeu-81698">« jeux sérieux »</a> à visée éducative.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240017/original/file-20181010-72100-15xt8tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240017/original/file-20181010-72100-15xt8tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240017/original/file-20181010-72100-15xt8tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240017/original/file-20181010-72100-15xt8tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240017/original/file-20181010-72100-15xt8tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240017/original/file-20181010-72100-15xt8tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240017/original/file-20181010-72100-15xt8tn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jeu ForgeronBaston.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Forgeron Baston permet de faire le lien entre l’élaboration et les propriétés des matériaux. Forgez une meilleure épée que votre adversaire en choisissant une combinaison de minerais, éléments d’alliage et traitements thermomécaniques afin de trouver le meilleur compromis entre dureté (capacité à éviter la déformation), ténacité (capacité à éviter la rupture) et légèreté… Les jeux développés lors des différentes éditions de la Scientific Game Jam auront également leur <a href="https://www.fetedelascience.fr/pid35201/fiche-evenement.html?identifiant=65512854">propre espace de démonstration</a> dans le village « 28 nuances de science ».</p>
<hr>
<p><em>Le 13 octobre 2018, SIMaP sera présent au village « 28 nuances de Science » sur le domaine universitaire de Saint-Martin-d’Hères avec l’atelier <a href="https://www.fetedelascience.fr/pid35201/fiche-evenement.html?identifiant=77870335">« De la simple touche esthétique à la production de lumière, les revêtements sont partout… »</a> et la rencontre <a href="https://www.fetedelascience.fr/pid35201/fiche-evenement.html?identifiant=35488971">« Des défauts dans une aile d’avion ? C’est parfait ! »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104123/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Zélie Tournoud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Et si un défaut accouchait d’une immense qualité : c’est le cas des ailes d’avions. A base d’aluminium, elles se plieraient sans de petits défauts dans leur structure.
Zélie Tournoud, Doctorante en science des matériaux au SIMAP, Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104121
2018-10-11T18:51:53Z
2018-10-11T18:51:53Z
Histoire et futur des fibres optiques et de leurs capteurs
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239899/original/file-20181009-72130-isrqt6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C5760%2C3819&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les fibres optiques sont aujourd'hui partout dans nos vies.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Kj2SaNHG-hg">Christopher Burns / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Elles ont envahi le monde de la télécommunication en quelques années, et la plupart des données que vous émettez et recevez avec Internet circulent par elles : les fibres optiques sont au cœur des échanges de données à l’échelle mondiale. Mais dès leur apparition, il y a une quarantaine d’années, au-delà même du transport de la lumière, leurs potentialités dans le domaine de l’instrumentation et de la mesure en milieu sévère (notamment des environnements dangereux pour l’homme : haute température, fort rayonnement électomagnétique, rayonnements dangereux, milieux difficilement accessibles…) ont été pressenties. Et depuis quelques années, avec le développement des technologies, les capteurs à fibres optiques sont devenus une réalité scientifique et industrielle, dans des domaines aussi variés que le génie civil, le médical, l’aéronautique, voire la préservation du patrimoine. Parmi les technologies diverses mises en œuvre, celle des capteurs à réseau de Bragg est probablement la plus répandue…</p>
<h2>Du cylindre en verre à la Fibre optique…</h2>
<p>Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le principe de la fibre optique est connu et appliqué depuis la nuit des temps : déjà dans l’Antiquité, les <a href="http://myinfomag.fr/2017/08/02/lhistoire-de-fibre-optique/">Grecs anciens</a> réalisaient des objets décoratifs en verre qui déviaient la lumière.</p>
<p>C’est bien plus tard, en 1854, qu’un physicien irlandais, John Tyndall, démontrera le principe de la réflexion totale, qui est à la base de la fibre optique. Son expérience est simple : de l’eau est versée dans un récipient dont la paroi est percée. L’eau sort donc par le trou. En éclairant ce trou depuis l’intérieur du récipient, les faisceaux lumineux qui y entrent sont piégés dans le jet d’eau. Cette expérience a ensuite été reproduite et améliorée, notamment grâce à l’apparition des lasers, et est connue sous le nom de « Fontaine lumineuse » ou « Fontaine laser ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Une fontaine lumineuse. Unisciel.</span></figcaption>
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<p>Il faudra attendre les années 1950 pour que les premières fibres optiques soient utilisées en médecine, principalement en endoscopie. Mais les travaux qui marqueront un tournant dans l’histoire de la fibre optique sont ceux de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Kao">Charles Kao</a>, qui en 1966, avec son collègue George A. Hockham, associera laser et fibre optique pour réaliser la <a href="http://digital-library.theiet.org/content/journals/10.1049/piee.1966.0189?crawler=true&mimetype=application/pdf">première communication par fibre optique</a>, et montrera par la suite que la silice vitreuse (SiO2), matériau de très grande pureté, était un candidat idéal pour la réalisation de fibre de verre à faible perte en ligne. Considéré comme le « père des communications par fibre optique », il reçu le prix Nobel de Physique en 2009 « pour ses réalisations remarquables en matière de transmission de la lumière dans les fibres pour la communication optique. ». Depuis ses travaux, les procédés de fabrication des fibres optiques ont été fortement améliorés afin de minimiser les pertes de signal en ligne. Aujourd’hui, les fibres optiques ont une atténuation proche de l’atténuation théorique des oxydes de silicium.</p>
<h2>Principe et constitution d’une fibre optique</h2>
<p>L’indice de réfraction du vide est 1 : la célérité de la lumière y est de 299 792 458 m/s, soit environ 300 000 km/s : c’est la plus grande vitesse qui puisse exister, selon la théorie d’Einstein. Dans l’eau, d’indice de réfraction proche de 1,33, la vitesse de la lumière est plus faible : 225 410 km/s ; dans le verre de silice, d’indice de réfraction 1,46, elle est approximativement de 205 340 km/s.</p>
<p>Le phénomène physique exploité dans les fibres optiques s’appelle la réflexion totale. Prenons un rayon lumineux qui se propage dans un milieu transparent (l’air, l’eau, ou le verre, par exemple), et qui atteint un second milieu transparent. Ces milieux ont tous deux un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_r%C3%A9fraction">indice de réfraction</a> donné, caractéristique de la vitesse de la lumière dans le milieu. À l’interface entre les deux milieux, le rayon lumineux peut soit passer dans le second milieu en étant dévié (réfraction), soit « rebondir » sur l’interface (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9flexion_(optique)">réflexion</a>). Dans une fibre optique, on cherche à minimiser et idéalement à annuler la réfraction, pour que toute la lumière soit réfléchie : dans ce cas la réflexion est dite totale. Mais pour cela, une condition impérative : la réflexion doit se faire d’un milieu plus réfringent vers un milieu moins réfringent (milieu d’indice supérieur vers milieu d’indice plus faible).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239896/original/file-20181009-72121-10ipyhj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239896/original/file-20181009-72121-10ipyhj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239896/original/file-20181009-72121-10ipyhj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239896/original/file-20181009-72121-10ipyhj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239896/original/file-20181009-72121-10ipyhj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=307&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239896/original/file-20181009-72121-10ipyhj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=307&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239896/original/file-20181009-72121-10ipyhj.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=307&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fibre_optique">fibre optique</a> se compose donc essentiellement de deux parties : un cœur, généralement en silice vitreuse, assurant la propagation du signal lumineux, et une gaine optique en silice dopé, d’indice de réfraction inférieur à celui du cœur pour assurer la réflexion totale du signal, sous réserve d’un angle adéquat en entrée de fibre. Le tout est recouvert d’une ou plusieurs gaines protectrices, généralement en plastique, qui n’interviennent en rien dans la propagation de la lumière.</p>
<h2>Les fibres à réseaux de Bragg</h2>
<p>Les avantages des fibres optiques sont nombreux : disponibilité à faible coût, immunité électromagnétique, faible intrusivité, faibles pertes du signal, fonctionnement en environnement difficile, sécurité intrinsèque. Ils en ont rapidement fait des candidats pour la mesure et la surveillance à distance et à haute résolution, et de nombreuses technologies, associées à l’essor des lasers, ont été développées : interférométriques, à diffusion Brillouin ou Raman, ou <a href="https://www.hbm.com/fr/4596/quest-ce-quune-fiber-bragg-grating/">à réseaux de Bragg</a>.</p>
<p>Le principe des réseaux de Bragg a été découvert en 1978 par Ken O’Hill : en faisant interférer deux faisceaux laser dans la fibre, il a constaté une perte d’intensité du signal due à la formation d’un réseau au cœur même de la fibre. Il faudra ensuite attendre 1988 et les travaux de Meltz et Morey pour voir apparaître la photoinscription par rayonnement UV (« insolation ») de réseaux de Bragg directement dans le cœur de la fibre depuis l’extérieur.</p>
<p>En 1993, <a href="https://www.researchgate.net/publication/224430478_Bragg_Gratings_Fabricated_in_Mono-Mode_Photosensitive_Optical_Fibre_by_UV_Exposure_Through_a_Phase_Mask">O’Hill et son équipe</a> proposent une nouvelle technique, qui est devenue aujourd’hui la plus employée en production en raison de sa bonne reproductibilité et de sa « simplicité » de mise en œuvre : les masques de phase, systèmes interférentiels par division d’amplitude basés sur l’utilisation d’un réseau gravé sur une lame de silice (le masque !) placée au quasi-contact de la fibre à insoler.</p>
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<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Un réseau de Bragg est une structure microscopique réalisée dans le cœur d’une fibre optique, et qui consiste en une modulation périodique et longitudinale de l’indice de réfraction du cœur de la fibre. Une telle structure se comporte comme un miroir sélectif, pour une bande spectrale très fine centrée autour d’une longueur d’onde caractéristique, alors qu’il reste transparent pour tout le reste du spectre. Cette longueur d’onde caractéristique appelée « longueur d’onde de Bragg », dépend directement à la fois de la période de la microstructure (pas du réseau) et de l’indice de réfraction effectif dans le cœur de la fibre.</p>
<p>Un tel réseau de Bragg possède des caractéristiques uniques pour travailler comme capteur, puisque toute déformation de la fibre, modifiera de façon intrinsèque la longueur d’onde de Bragg en influant sur un de ses deux paramètres : une extension, une compression ou une torsion de la fibre modifiera le pas du réseau de la fibre ; une variation de température modifiera essentiellement l’indice du cœur, et dans une moindre mesure la pas du réseau du fait de la dilatation thermique de la fibre. Dans tous les cas, la modification de la longueur d’onde de Bragg générée par la contrainte, pourra être mesurée en réflexion, voire en transmission, par le passage d’une source lumineuse dans la fibre, et corrélée à la cause de cette contrainte.</p>
<p>Un des principaux avantages de ce type de capteur optique, est la possibilité de les multiplexer, en en inscrivant plusieurs sur une même fibre optique, rapprochés ou très éloignés, tous actifs simultanément, qu’ils mesurent la même grandeur physique ou non, avec la seule condition que chacun soit adapté à une longueur d’onde de Bragg différente. Autrement dit, il est possible de former plusieurs réseaux de Bragg, réfléchissant des longueurs d’onde différentes, sur une seule et même fibre. Cela permet de mesurer avec une même source lumineuse à large bande, plusieurs grandeurs avec la même fibre, ou de mesurer une grandeur à plusieurs endroits simultanément.</p>
<p>De par leurs caractéristiques, et en utilisant un conditionnement approprié, les fibres à réseau de Bragg permettent ainsi de mesurer avec une résolution élevée, des grandeurs comme la température ou la contrainte, mais aussi la pression, l’accélération, la force, l’inclinaison, le déplacement, la courbure, etc., et ont su trouver bon nombre d’applications. Citons par exemple le suivi de l’état des infrastructures : En intégrant une fibre à réseau de Bragg dans du béton, il devient possible de mesurer et surveiller les déformations subies par une structure (c’est par exemple le cas du Pont Saint Jean, à Bordeaux). Il devient alors possible de détecter des défauts de structure simplement en émettant un faisceau de lumière à large bande dans la fibre.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239898/original/file-20181009-133328-oktalh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239898/original/file-20181009-133328-oktalh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239898/original/file-20181009-133328-oktalh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239898/original/file-20181009-133328-oktalh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239898/original/file-20181009-133328-oktalh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239898/original/file-20181009-133328-oktalh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239898/original/file-20181009-133328-oktalh.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>À une échelle bien différente, les toiles anciennes sont des pièces d’art fragiles, sensibles à leur environnement. En 2012, des <a href="http://opticaapplicata.pwr.edu.pl/article.php?id=2012300503">chercheurs de Cracovie</a> (Pologne) ont montré que, en raison de leur faible temps de relaxation et malgré certains inconvénients liés notamment à la fixation du capteur sans perturbation ni endommagement du support, les fibres optiques à réseau de Bragg étaient utilisables comme capteurs de déformation pour surveiller les textiles historiques ou les peintures sur toile. Il s’agissait pour eux d’évaluer les risques environnementaux sur ces œuvres d’art (température et humidité relative de l’air ambiant, contraintes mécaniques extérieures lors de transport) et d’utiliser les informations obtenues pour prévenir leurs dégradations en conditions réelles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104121/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Le principe de la fibre optique est connu depuis l’antiquité. C’est un fantastique outil de communication et de mesure présent partout autour de nous. Découvrez leur histoire et leur futur !
Stéphane Pellerin, Professeur, Université d’Orléans
Maxime Wartel, Maître de Conférences, Université d’Orléans
Véronique Massereau, Professeur 2nd classe, Université d’Orléans
William Desdions, Doctorant, Université d’Orléans
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/103129
2018-10-11T18:47:18Z
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En Sologne, la biodiversité est-elle menacée par les clôtures ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240275/original/file-20181011-154586-imz659.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C12%2C4281%2C3196&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une coulée de sangliers (la coulée désigne passage intense d'un même gibier sur la même piste) au domaine de Chalès, en Sologne. </span> <span class="attribution"><span class="source">Christophe Baltzinger</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>La moitié de la Sologne (500 000 ha) est couverte de forêts et les deux tiers de ce territoire sont classés au titre de la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A31992L0043">directive Habitats</a>, une directive européenne pour la conservation des espaces naturels et des espèces de faune et de flore sauvage. Sur une image satellite, la Sologne située entre les cours de la Loire et du Cher, se repère aisément. Elle couvre 126 communes sur 3 départements : le Cher, le Loir-et-Cher et le Loiret de la région Centre–Val de Loire. Cette région naturelle est aussi caractérisée par un statut foncier majoritairement privé et une forte dynamique d’engrillagement, phénomène qui prend de l’ampleur et la caractérise, avec notamment l’apparition du néologisme « solognisation » qui signe le morcellement du territoire par la multiplication des clôtures.</p>
<h2>L’émergence d’un débat de société autour des clôtures de Sologne</h2>
<p>De 2010 à 2012, le débat de société était particulièrement animé autour de cette question. Un article en 2010 <a href="http://docplayer.fr/48883612-Fragmentation-du-territoire-par-les-clotures-une-dynamique-preoccupante-dans-le-loiret-etude-d-impact-sur-le-cerf-elaphe.html">dans la revue <em>Faune Sauvage</em></a> décrit ainsi « une dynamique préoccupante dans le Loiret » liée à la fragmentation du territoire par les clôtures et à ses conséquences pour les mouvements du cerf. Un reportage « Sciences » sur TF1 en février 2011, intitulé « Ces animaux sauvages victimes des clôtures » fait état de 1 600 km de clôtures. La même année dans la presse régionale, une série d’articles alimentent un dossier spécial dans <em>Le Petit Solognot</em> sur les grandes clôtures. Ce contexte aboutit à une étude confiée au cabinet de médiation territoriale <a href="https://sites.google.com/site/sitetfc/nous-sommes/yves-froissart">Trans-formation Consultants</a> par le Syndicat mixte du Pays de Grande Sologne (28 communes) et qui s’intitule « Faire face aux engrillagements en Grande Sologne ». Elle fait état de 670 km de clôtures visibles du bord de route. En 2012, le documentaire <em>Une maille de trop</em> rassemble 350 personnes lors de son avant-première à La Ferté-Imbault.</p>
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<p>Dans le même temps, l’association <a href="http://www.lesamisdescheminsdesologne.com/actions/grandes-clotures">« Les amis des chemins de Sologne »</a> lutte localement pour la sauvegarde des chemins ruraux. Par ailleurs, la politique publique nationale <a href="http://www.trameverteetbleue.fr/">Trame verte et bleue</a>, issue du Grenelle de l’Environnement en 2007 et destinée à enrayer le déclin de la biodiversité, se met en place à l’échelle du territoire au travers des Schémas régionaux de cohérence écologique afin de <a href="http://www.trameverteetbleue.fr/presentation-tvb/qu-est-ce-que-trame-verte-bleue/definitions-trame-verte-bleue">favoriser les continuités écologiques</a>, c’est-à-dire pour que les espèces puissent circuler librement. Un premier constat en région Centre–Val de Loire montre que ces continuités écologiques sont contraintes par la présence des clôtures.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240276/original/file-20181011-154580-1m82e67.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240276/original/file-20181011-154580-1m82e67.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240276/original/file-20181011-154580-1m82e67.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240276/original/file-20181011-154580-1m82e67.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240276/original/file-20181011-154580-1m82e67.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240276/original/file-20181011-154580-1m82e67.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240276/original/file-20181011-154580-1m82e67.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une clôture à Brinon-sur-Sauldre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christophe Baltzinger/Irstea</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Le projet Dysperse</h2>
<p>Ce contexte général nous a mené, <a href="http://www.irstea.fr/accueil">à Irstea</a>, à proposer le projet de recherche <a href="https://dysperse.irstea.fr/">Dysperse</a>, financé de 2012 à 2015 par la région Centre–Val de Loire. Notre objectif était de fournir des données écologiques objectives sur la biodiversité pour alimenter le débat citoyen sur la fragmentation du territoire par les clôtures en Sologne, contribuer à la concertation au sujet de l’engrillagement en Sologne et aider les élus locaux et acteurs du territoire face à cette dynamique d’engrillagement (<a href="https://www.nss-journal.org/articles/nss/abs/2016/02/nss160017/nss160017.html">Baltzinger et coll. 2016a</a>). Comme notre équipe de recherche s’intéresse au rôle des ongulés sauvages (cerf, chevreuil et sanglier) dans le fonctionnement des écosystèmes forestiers, nous avons décidé de tirer profit du réseau de clôtures en Sologne pour comprendre comment ces clôtures affectaient différents compartiments des écosystèmes forestiers, à savoir : i) les déplacements des ongulés sauvages, ii) leur abondance et la pression alimentaire qu’ils exercent sur les plantes, iii) la diversité des plantes du sous-bois et des oiseaux qui dépendent de la végétation à la fois pour se nourrir et se reproduire.</p>
<h2>L’impact des clôtures sur les déplacements des ongulés sauvages</h2>
<p>Comment étudier l’effet des clôtures sur les déplacements des ongulés sauvages ? Premièrement, nous avons analysé les facteurs expliquant les collisions pour chacun des trois ongulés sauvages : cerf, chevreuil et sanglier. À l’échelle des communes, plus les clôtures que les animaux ne peuvent pas sauter sont abondantes, plus elles limitent le risque de collisions pour le cerf, alors que nous observons une tendance inverse pour le sanglier, pour lequel ces clôtures de 1,20m de hauteur restent tout de même perméables à leur base et les piègent la nuit sur la chaussée. Le risque de collisions avec le chevreuil quant à lui ne dépend pas de la densité de ces clôtures – sans que l’on puisse l’expliquer pour le moment.</p>
<p>Dans un second temps, avec l’aide des chasseurs de Sologne, nous avons analysé la diversité génétique des populations de cerfs de Sologne pour définir si les clôtures limitaient leurs déplacements et ainsi la reproduction. Nous avons pu montrer que les principaux freins aux déplacements des cerfs en Sologne était l’axe nord-sud constitué par la voie ferrée, la départementale D2020 et l’autoroute A71, et que les clôtures autour des propriétés n’avaient qu’un effet marginal.</p>
<p>Finalement, à l’échelle d’un territoire d’environ 2 000 ha, nous avons étudié l’utilisation de l’habitat forestier par les cerfs, et nous avons pu montrer qu’au lieu de limiter les déplacements de ces animaux, les propriétés privées partiellement clôturées leur servaient de zones de tranquillité, qu’ils utilisaient pour se reposer <a href="https://trace.journal.fi/article/view/67671">(Baltzinger et coll. 2018)</a> et qu’ils quittaient pour aller s’alimenter en milieu non clôturé, principalement la nuit.</p>
<h2>Pression sur les écosystèmes</h2>
<p>Nous avons pu montrer que des propriétés partiellement clôturées hébergeaient de fortes populations d’ongulés sauvages. Certaines propriétés privées totalement clôturées servent de parcs de chasse ou d’enclos cynégétiques soit pour le cerf, soit pour le sanglier. Sous certaines conditions réglementaires, ces espaces clos permettent la pratique de la chasse toute l’année et hébergent des populations très abondantes de cerfs et/ou de sangliers. Cependant d’autres propriétés sont aussi clôturées pour éviter une trop grande abondance d’ongulés sauvages. Ces différentes situations nous ont permis d’étudier différents niveaux de pression des ongulés sauvages en termes de végétation consommée (par les cerfs et les chevreuils principalement) et de surface de sol retournée par le sanglier.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240282/original/file-20181011-154577-1itw29d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240282/original/file-20181011-154577-1itw29d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240282/original/file-20181011-154577-1itw29d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240282/original/file-20181011-154577-1itw29d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240282/original/file-20181011-154577-1itw29d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240282/original/file-20181011-154577-1itw29d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240282/original/file-20181011-154577-1itw29d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans le domaine de Villechaise, à Loreux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christophe Baltzinger</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Quid des plantes et des oiseaux ?</h2>
<p>Au sein d’un réseau de 19 propriétés privées pour lesquelles nous avons obtenu l’autorisation de réaliser nos mesures pour compter et quantifier l’abondance des plantes et des oiseaux, nous avons pu étudier l’effet de différents niveaux de pression exercés par les ongulés sauvages sur le fonctionnement de l’écosystème forestier.</p>
<p>Nous avons ainsi pu montrer que les propriétés où le niveau de consommation de la végétation et le retournement du sol par le sanglier étaient les plus forts hébergeaient une plus grande diversité de plantes, principalement des plantes herbacées et des graminées. Les plantes favorisées dans ce cas de figure sont des plantes de début de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6RsuqxreHag">succession forestière</a>, adaptées aux fortes abondances d’ongulés sauvages et aux perturbations induites par ces animaux.</p>
<p>Pour les oiseaux, nous avons réalisé des points d’écoute qui permettent d’identifier les espèces à partir de leur chant pendant la saison de reproduction.</p>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="62" data-image="" data-title="Chants d’oiseaux en Sologne." data-size="1443901" data-source="" data-source-url="" data-license="Author provided" data-license-url="">
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<div class="audio-player-caption">
Chants d’oiseaux en Sologne.
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span><span class="download"><span>1,38 Mo</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/1323/fdlsnum2.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p>
<p>Nous avons différencié les oiseaux en fonction de leurs sites de reproduction (au sol, dans les arbustes, dans des cavités), de leur régime alimentaire et de leur hauteur d’alimentation (au sol, dans les arbustes pour les chenilles ou dans la canopée). Nous avons ainsi montré qu’aucun groupe d’oiseaux n’était défavorisé par les fortes populations d’ongulés sauvages mais qu’au contraire les oiseaux qui nichaient au sol bénéficiaient de leur présence (<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1439179116300172?via%3Dihub">Baltzinger et coll. 2016b</a>).</p>
<p>De quoi mettre à mal l’idée selon laquelle les sangliers seraient les principaux prédateurs des œufs d’oiseaux nichant au sol.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103129/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Baltzinger a reçu des financements de la Région Centre - Val de Loire dans le cadre de l'Appel à Proposition de Recherche d'Intérêt Régional 2011.</span></em></p>
L’engrillagement décrit la délimitation de propriétés par des clôtures (fils de fer, mailles serrées ou espacées …) de hauteur variable pour intervenir sur les flux d’animaux et d’humains.
Christophe Baltzinger, Chargé de recherches, interactions plantes - ongulés, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104682
2018-10-11T18:47:04Z
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L’activité solaire influence-t-elle le réchauffement climatique ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239973/original/file-20181009-72121-15dr3ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C32%2C1440%2C873&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aurore polaire observée depuis la station spatiale internationale (ISS). Ces aurores sont produites par l’arrivée brutale d’électrons rapides dans l’atmosphère terrestre.
</span> <span class="attribution"><span class="source">ESA</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>La question surgit fréquemment : le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Soleil">Soleil</a>, cette prodigieuse source d’énergie, ne contribuerait-il pas au réchauffement climatique observé depuis le XX<sup>e</sup> siècle ?</p>
<p>Ce qui aurait pu être un débat scientifique est hélas devenu une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_sur_le_r%C3%A9chauffement_climatique">controverse idéologique</a>. Pour mieux répondre à cette question, nous vous proposons un petit travail d’enquête.</p>
<p>Notre climat est entièrement tributaire du Soleil, dont une infime variation suffirait à le bouleverser. Le Soleil fournit en effet à lui seul 99,99 % de l’énergie qui pénètre dans notre environnement terrestre. Cette énergie abondante nous parvient principalement sous forme de <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/11316">rayonnement</a> constitué de lumière visible et de rayonnement infrarouge et ultraviolet. Pour le mesurer, il est indispensable de se placer hors de l’atmosphère terrestre.</p>
<h2>Étoile plutôt placide</h2>
<p>Les <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/climatologie-tsi-9967/">premières mesures</a> du rayonnement par satellite (au demeurant très délicates) ont débuté 1978 ; elles indiquent une variation de l’ordre de 1 W/m<sup>2</sup> sur 1361 W/m<sup>2</sup>, ce qui est extrêmement faible.</p>
<p>Le Soleil se comporte donc comme une étoile plutôt placide et ne montre aucune tendance à la hausse susceptible d’expliquer le réchauffement actuel. Au contraire, depuis une dizaine d’années, le Soleil a plutôt tendance à perdre un peu de son éclat alors que le réchauffement climatique va en s’accélérant.</p>
<p>On pourrait être tenté de classer ici l’affaire et d’innocenter le Soleil. Or ce serait trompeur car 40 années d’observations ne nous donnent pas assez de recul pour bien conclure. Il est indispensable de remonter plus loin dans le temps et déterminer ce que fut le niveau d’activité solaire avant l’ère spatiale.</p>
<p>Le défi est de taille car les observations sont rares et nous devons nous contenter de quelques indices indirects d’activité solaire.</p>
<h2>Que nous disent les taches ?</h2>
<p>Le plus connu de ces indices est le nombre de <a href="https://theconversation.com/en-attendant-les-decouvertes-de-parker-solar-probe-un-petit-tour-de-notre-etoile-79255">taches solaires</a>, dont les premières observations systématiques remontent au XVII<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Ce nombre nous apprend que l’activité solaire est <a href="http://www.encyclopedie-environnement.org/climat/variabilite-de-activite-solaire-impacts-climatiques/">cyclique</a>, avec un regain d’activité tous les 10 à 12 ans. De longue date l’existence de <a href="http://cdsads.u-strasbg.fr/cgi-bin/nph-iarticle_query?1997C%26T...113...73B&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf">cycles comparables dans les données climatiques</a> a intrigué. <a href="http://www.lefigaro.fr/sciences-technologies/2010/04/03/01030-20100403ARTFIG00015-rechauffement-quand-le-soleil-s-en-mele-.php">Certains</a> voient dans cette corrélation la preuve de l’impact climatique de l’activité solaire. Toutefois, la grande majorité des scientifiques a <a href="https://www.lemonde.fr/cop21/article/2015/10/15/hoax-climatique-2-le-rechauffement-c-est-a-cause-du-soleil_4790439_4527432.html">réfuté</a> les conclusions tirées de ce genre de comparaisons de cycles.</p>
<p>La méthode consistant à tirer des conclusions générales à partir de corrélations souffre en effet d’un défaut : elle ne prouve généralement pas l’existence d’un lien de causalité et au final nous apprend peu sur les mécanismes en présence. Par ailleurs, le <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/11316">système climatique</a> fluctue en permanence ; certains de ses cycles internes ont une période voisine de 10 ans ce qui les rend faciles à confondre avec le cycle solaire.</p>
<p>Pour progresser, la méthode la plus fiable consiste à analyser chacun des <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/11463?lang=fr">mécanismes susceptibles d’avoir un impact sur le climat</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=596&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=596&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=596&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=749&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=749&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239979/original/file-20181009-72106-1ker9fc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=749&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Images du Soleil prises simultanément en lumière ultraviolette (à gauche) et visible (à droite) par le satellite Solar Dynamics Observatory. Notez comment les taches solaires observées en lumière visible lors de forte activité s’accompagnent dans l’ultraviolet d’une plus forte émission.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Dudok de Wit</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Moyenne annuelle du nombre de taches solaires de 1700 à aujourd’hui.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Dudok de Wit</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Rayonnements et particules</h2>
<p>Dans le rayonnement que reçoit la Terre, la lumière visible et la composante infrarouge dominent et ont pour principal effet de chauffer le sol et les océans. Leur impact climatique est ainsi relativement facile à quantifier. En revanche, le <a href="http://www.meteofrance.fr/prevoir-le-temps/meteo-et-sante/les-ultraviolets">rayonnement ultraviolet</a> est absorbé plus haut dans l’atmosphère où, par tout un enchaînement de processus, il finit par modifier légèrement le climat à l’échelle régionale. Les modèles et les observations montrent, par exemple, qu’une variation du rayonnement ultraviolet change la probabilité d’observer en Europe des périodes hivernales froides et sèches avec un vent du nord.</p>
<p>Une infime fraction de l’énergie solaire nous parvient sous la forme de particules subatomiques (protons, électrons) qui pénètrent par bouffées dans la haute l’atmosphère lorsque le Soleil est actif. Il est bien établi que ces particules sont la cause des aurores polaires. En revanche, leur impact climatique a été longtemps ignoré. Or nous savons aujourd’hui que ces particules finissent par affecter la circulation atmosphérique dans les régions polaires et donc le climat. Au final leur impact serait comparable à celui dû aux variations du rayonnement ultraviolet.</p>
<h2>Des gouttelettes aux nuages</h2>
<p>Un mécanisme fortement médiatisé est celui du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rayon_cosmique">rayonnement cosmique</a>. Ce dernier est principalement constitué de protons de très haute énergie. Ces particules proviennent des confins de l’univers et leur flux est modulé par l’activité solaire. Dans une atmosphère humide, elles favorisent le développement de gouttelettes d’eau qui donnent naissance aux nuages et influencent ainsi le climat.</p>
<p>Une expérience portant le nom de <a href="https://home.cern/fr/about/experiments/cloud">CLOUD</a> a récemment été montée au <a href="https://home.cern/fr">CERN</a>, le grand accélérateur européen de particules dans le but de tester cette hypothèse. Si ses résultats confirment bien l’existence de ce mécanisme de formation de gouttelettes, en revanche ils montrent que l’impact climatique reste fort modeste.</p>
<h2>Des recherches complexes</h2>
<p>La liste des mécanismes est encore longue… Tous sont d’une grande complexité et font intervenir une variété de processus physiques et chimiques. Comme leur impact climatique est faible (si on les compare aux variations naturelles du climat), il est souvent difficile de les mettre en évidence.</p>
<p>Dans ce contexte, la méthode scientifique et la recherche de la compréhension fine des mécanismes prennent une grande importance. En effet, il est vital de pouvoir tester les hypothèses et les réfuter si nécessaire. De même, les données font souvent l’objet de traitements complexes dont la transparence est un gage important de leur reproductibilité.</p>
<p>À ce jour, aucun des mécanismes connus ne permet de reproduire l’ampleur du réchauffement climatique à partir de variations d’activité solaire. Si le Soleil a régné en maître absolu avant l’ère industrielle, de nombreux indices montrent qu’il a depuis été détrôné par les gaz à effet de serre dont nous sommes responsables.</p>
<hr>
<p><em>Thierry Dudok de Wit a fait paraître, en 2015 avec Jean Lilensten et Katja Matthes, <a href="https://laboutique.edpsciences.fr/produit/818/9782759818495">« Earth’s climate response to a changing Sun »</a> (EDP Sciences).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104682/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Dudok de Wit a reçu des financements de la Commission européenne et du CNES.</span></em></p>
À ce jour, aucun des mécanismes connus ne permet de reproduire l’ampleur du réchauffement climatique à partir de variations de l’activité solaire.
Thierry Dudok de Wit, Professeur en physique des relations Soleil-Terre, Université d’Orléans
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104029
2018-10-10T17:12:21Z
2018-10-10T17:12:21Z
Le théâtre du XVIIIᵉ siècle, plus vivant que jamais
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239799/original/file-20181008-72106-1g1a81e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=59%2C37%2C4932%2C3705&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Modélisation 3D de l'intérieur d'un théâtre de marionnettes à la Foire Saint-Germain vers 1762.</span> <span class="attribution"><span class="source">Paul François - VESPACE</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Qui connaît encore les théâtres de la foire ? Ils constituent pourtant un pan passionnant de l’histoire culturelle française. Au XVIII<sup>e</sup> siècle, tandis que la Comédie-Française détient le monopole des représentations, certaines troupes tentent néanmoins de donner des spectacles lors des deux grandes foires saisonnières de Paris, la foire Saint-Germain (en hiver) et la foire Saint-Laurent (en été).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240122/original/file-20181010-72110-sr6rqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240122/original/file-20181010-72110-sr6rqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240122/original/file-20181010-72110-sr6rqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240122/original/file-20181010-72110-sr6rqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240122/original/file-20181010-72110-sr6rqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240122/original/file-20181010-72110-sr6rqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240122/original/file-20181010-72110-sr6rqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La foire Saint-Germain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_de_la_foire#/media/File:Foire_saint-germain.jpg">Wikipédia</a></span>
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<p>Le <a href="http://vespace.univ-nantes.fr">projet Vespace</a> (<em>virtual early-modern spectacles and publics, active and collaborative environment</em>) a pour objectif d’immerger aussi bien les chercheurs que le grand public dans l’atmosphère des théâtres de la foire. Il ne s’agit pas seulement de proposer une visite passive d’un environnement bâti, mais de revivre les interactions sociales et culturelles qui s’y déroulaient en créant un nouveau type d’expérience numérique entre jeu vidéo, outil de recherche et restitution historique.</p>
<p>Vespace résulte de la collaboration entre le <a href="http://cethefi.org">Centre d’étude des théâtres de la foire et de la Comédie-Italienne</a> (Cethefi), l’<a href="https://www.iea-nantes.fr">Institut d’études avancées de Nantes</a> (IEA), le <a href="https://www.iea-nantes.fr">Laboratoire des sciences du numérique de Nantes</a> (LS2N) et le département de <em>French studies</em> de la <a href="https://www.lsu.edu">Louisiana State University</a> (LSU). Il est soutenu par le <a href="https://www.ouestindustriescreatives.fr">RFI Ouest Industries Créatives</a> et l’<a href="https://www.ec-nantes.fr">École Centrale Nantes</a>.</p>
<h2>En immersion dans un théâtre de la foire</h2>
<p>Aujourd’hui, assis dans le confortable fauteuil de velours d’une salle de théâtre, plongé dans le noir et le silence pendant une représentation, comment imaginer l’animation qui régnait à l’époque pendant une représentation ? Partout dans le théâtre, les spectateurs pouvaient boire, manger, chanter, crier, se livrer à des jeux de séduction, voler ou se faire voler… Des spectacles très divers étaient proposés : marionnettes, pantomimes, opéras-comiques, pièces par écriteaux, autant de dispositifs scéniques et littéraires employés alors pour contourner les interdits et s’assurer le succès auprès du public.</p>
<p>L’idée d’une immersion dans un théâtre de la foire est née de la rencontre entre des chercheurs en histoire culturelle et des chercheurs en sciences numériques. L’outil numérique, notamment grâce à la formidable vitrine qu’est le jeu vidéo, a paru d’emblée un excellent moyen pour recréer les espaces et les ambiances associées aux théâtres de la foire Saint-Germain. Il faut dire qu’il ne subsiste plus rien des lieux de spectacle de cette époque : rasée au début du XIX<sup>e</sup> siècle, la foire qui attirait des marchands de l’Europe entière n’a pas survécu aux mutations de la ville de Paris. L’emplacement est aujourd’hui occupé par le <a href="http://marchesaintgermain.com">Marché Saint-Germain</a> et son Apple store.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239803/original/file-20181008-72117-dxay8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Miniature de Louis-Nicolas von Blarenberghe montrant un petit théâtre de marionnettes, foire Saint-Germain, circa 1762.</span>
<span class="attribution"><span class="source">METMuseum</span></span>
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<p>Dans l’expérience Vespace, vous choisirez votre avatar de spectateur lors d’une soirée à la foire Saint-Germain : vous pourrez incarner une femme noble avec son imposante robe à panier ou un laquais accompagnant son maître. Vous constaterez alors comment le monde de l’époque réagit à votre classe sociale et apprendrez par vous-même, grâce aux regards et aux commentaires des avatars vous entourant, les bonnes manières de l’époque. Alors que vous aurez acheté votre billet, vous faufilant parmi les spectateurs, vous pourrez par exemple observer la manière dont les gens se saluent où s’évitent en fonction de leur rang. Mais si vous avez malheureusement bousculé le limonadier et provoqué la ruine du costume de votre voisin, il vous faudra alors montrer que vous savez les bonnes manières en usage. L’interaction avec les autres avatars dépendra des milliers de phrases et de gestes qui nourrissent l’intelligence artificielle spécifiquement conçue pour ce projet par les spécialistes du XVIII<sup>e</sup> siècle.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239804/original/file-20181008-72130-tu2jag.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Miniature de Louis-Nicolas von Blarenberghe montrant deux entrées de théâtre dans la foire Saint-Germain, circa 1762.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wallace Collection</span></span>
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</figure>
<p>L’usage des technologies d’informatique de pointe (recours massif aux bases de données, entre autres), a déjà fait ses preuves pour l’étude du théâtre. À Nantes, le Cethefi a obtenu deux projets ANR permettant la construction de la base de données Theaville (<a href="http://www.theaville.org/kitesite/index.php">theaville.org</a>) qui regroupe 200 parodies d’opéra et 2000 airs de vaudevilles, source d’analyses nouvelles, et du projet Recital (<a href="http://recital.univ-nantes.fr/#/">recital.univ-nantes.fr</a>), plate-forme de crowdsourcing pour intégrer les données des nombreux registres de comptes de la Comédie-Italienne.</p>
<h2>Des avatars réalistes</h2>
<p>Ce nouveau projet d’humanités numériques, Vespace, ajoute la dimension multi-sensorielle liée, entre autres, aux avatars, ces spectateurs virtuels qui vont entendre, voir, et se toucher. Pour réaliser des avatars historiquement renseignés, il est indispensable d’étudier la morphologie des gens du XVIII<sup>e</sup> siècle, la couleur de leur peau (le bronzage est proscrit dans l’aristocratie), leur manière de se maquiller, de se tenir… mais également leurs coiffures et leurs costumes. Dans ce contexte, nous avons fait appel à l’atelier de costumes d’Angers-Nantes Opéra, qui depuis des décennies produit des costumes historiques et détient un savoir-faire unique dans ce domaine. La restitution implique ainsi une grande variété de disciplines : costumiers, architectes, historiens, littéraires, musicologues, marionnettistes, acteurs, ingénieurs, game-designers et bien d’autres sont amenés à partager leur expertise dans le projet.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=846&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239805/original/file-20181008-72133-166aksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1063&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Représentation schématique de la diversité des thématiques et des disciplines convoquées dans le projet Vespace.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Paul François et Françoise Rubellin/Vespace</span></span>
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<p>Il s’agit de produire un outil non seulement de recherche pour la communauté scientifique, grâce aux possibilités de simuler des hypothèses, mais également de découverte pour le grand public. Ce double objectif est envisagé non pas comme deux faces d’une même application, mais bien comme un continuum permettant d’aborder des questions aussi bien génériques qu’extrêmement spécifiques en fonction des attentes de chacun.</p>
<p>Le grand public, qui découvre l’existence de ce contexte fascinant, pourra expérimenter les mœurs du XVIII<sup>e</sup> siècle, découvrir les échanges entre scène et spectateurs dans certains genres littéraires, ou ressentir comment l’espace du théâtre est propice à des jeux de pouvoir et de séduction. Les plus curieux pourront aussi bien expérimenter les interactions sociales que visualiser les données qui ont permis de modéliser l’espace dans lequel ils sont immergés et y faire des commentaires ou des annotations. Dans un premier temps, cette démarche permettra d’abord d’améliorer l’expérience elle-même, puis à terme de tester des hypothèses architecturales et/ou comportementales.</p>
<h2>Un projet en devenir</h2>
<p>Toutes ces possibilités nécessitent de mettre en place des modalités d’interaction, d’extraction de données, d’annotation qui n’existent pas ou n’en sont qu’à leurs balbutiements dans le domaine de l’immersion en réalité virtuelle. Dans le cadre de la collaboration internationale liée au projet Vespace, un des aspects clés est donc de pouvoir s’appuyer sur les compétences des laboratoires de chaque côté de l’Atlantique.</p>
<p>Alors que le projet n’en est qu’à ses balbutiements, puisque les visiteurs ne parcourent pour le moment qu’un espace sans vie, il est incontestable que nous connaissons mieux les théâtres de la foire Saint-Germain à ce jour que lors du lancement du projet. Les découvertes viennent avant tout des opportunités qu’offre le travail dans des équipes multidisciplinaires, où de nouveaux angles d’attaque d’une problématique donnée sont abordés régulièrement.</p>
<p>Plus largement, le projet entend démontrer que, tout en abandonnant les formes purement discursives, on peut avancer et défendre une hypothèse scientifique avec autant de force que dans le cadre plus traditionnel d’ une monographie ou d’un article. On peut également s’appuyer sur un support visuel et auditif immersif, mais aussi sur la performance imprévisible du joueur. Si cette approche soulève des questions aussi bien d’ordre méthodologique qu’épistémologique, sur la validité des résultats que l’on pourra tirer d’une telle expérience, elle a le mérite d’intégrer très en amont l’objectif de vulgarisation tout en se voulant un terrain privilégié pour le décloisonnement des recherches.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104029/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Revivre l’expérience d’un spectateur à la Foire Saint-Germain dans le Paris des Lumières, c’est désormais possible !
Françoise Rubellin, Professeur de littérature française du XVIIIe siècle, Université de Nantes
Paul François, Architecte-Ingénieur, Doctorant, Université de Nantes
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104364
2018-10-10T16:27:46Z
2018-10-10T16:27:46Z
Faut-il croire les statistiques ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239927/original/file-20181009-72106-zg6pla.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C76%2C2984%2C1793&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dés, et des statistiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photo by Jonathan Petersson on Unsplash</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Ce matin, j’allume la télévision et je tombe sur un chroniqueur politique qui commente des pourcentages de confiance en tel ou tel parti politique. Le ton est assuré, les valeurs bien affichées sur le petit écran, la thèse implacable. Au fur et à mesure qu’il déroule son discours, l’esprit peut-être en alerte car je savais que je consacrerais une partie de ma journée à écrire un article sur les statistiques, je me dis qu’avec exactement les mêmes chiffres, je pourrais tout à fait étayer la thèse opposée de celle que le chroniqueur développe.</p>
<p>Nous sommes assaillis de statistiques diverses et variées, résultats de sondage, indicateurs… Mais les conclusions que nous en tirons sont-elles justes ? Et que comprenons-nous vraiment de ces chiffres ? Très souvent, on nous présente un résultat statistique, un pourcentage, une moyenne, mais sans le contexte, sans la définition de la grandeur qui a été mesurée. La valeur donnée, souvent juste bien que mal remise dans son contexte, ne peut pas être mise en cause. Mais son interprétation, qui, elle, est parfois erronée, est également acceptée comme vérité par l’auditeur.</p>
<p>Cette année encore, à la fête de la science à Grenoble, des chercheurs en mathématiques vont initier collégiens et lycéens aux pièges des statistiques. Par des expériences répétées, ils toucheront du doigt le fait que parfois les chiffres contredisent le sens commun.</p>
<h2>Jeux de dés non transitifs</h2>
<p>Je vous propose un premier exemple avec un jeu de dés où les dés sont un peu atypiques. Sur les six faces du dé que nous appellerons A, il y a les nombres 1, 1, 3, 3, 8 et 8. Sur le dé B, il y a 0, 0, 5, 5, 7 et 7. Et sur le dé C, 2, 2, 4, 4, 6 et 6. À chaque fois, la somme des faces fait 24. Quel dé choisissez-vous pour gagner des duels ?</p>
<p>On peut faire le calcul, ou, ce que feront les élèves de collège et lycée, faire suffisamment de tirages pour se forger une idée. Le dé A bat le dé B avec une probabilité de 5/9 soit à peu près 56 %. Le dé B bat le dé C avec aussi une probabilité de 5/9. « Bon, c’est facile, je prends le dé A, il bat les deux autres ». Et bien non, faites le calcul, le dé C bat le dé A avec une probabilité de 5/9 aussi ! C’est une sorte de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-papier-ciseaux">jeu pierre-feuille-ciseaux</a>. C’est ce que l’on appelle des dés non transitifs.</p>
<p>Présentons le même problème, mais sous forme statistique. Nous n’avons plus un jeu de dés, mais quelque chose de sérieux, des médicaments. Reprenons le chiffre de 56 %. Nous savons que le médicament A obtient de meilleurs résultats que le médicament B sur 56 % des patients, et que le médicament B obtient de meilleurs résultats que le médicament C sur 56 % des patients. Peut-on en déduire que le médicament A est meilleur que le médicament C ? Et bien, pas forcément.</p>
<h2>Paradoxe de Simpson</h2>
<p>Les collégiens seront certainement intéressés par les résultats de réussite au brevet que nous allons leur présenter. Dans un collège (fictif), le pourcentage de réussite au brevet est plus bas en 2018 qu’en 2017. Le principal du collège se désespère, il veut comprendre. Il regarde de plus près les chiffres et se rend compte que les filles ont mieux réussi en 2018. Ah, elles sont plus sérieuses les filles, ce sont donc les garçons qui plomberaient le résultat ? Il fait le calcul pour les garçons et là, à son grand étonnement, les garçons ont aussi mieux réussi en 2018.</p>
<p>Comment cela est-il possible ? C’est ce que l’on appelle le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Simpson">paradoxe de Simpson</a>. Un effet statistique qui intervient uniquement si les effectifs des deux populations concernées, ici les filles et les garçons, varient fortement d’une année sur l’autre. Que va donc faire le principal ? Communiquer sur des résultats en baisse ? Ou sur des résultats en hausse ? Les deux sont vrais finalement, cela dépend du point de vue que l’on prend.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239928/original/file-20181009-72124-162r89b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239928/original/file-20181009-72124-162r89b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239928/original/file-20181009-72124-162r89b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239928/original/file-20181009-72124-162r89b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239928/original/file-20181009-72124-162r89b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239928/original/file-20181009-72124-162r89b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239928/original/file-20181009-72124-162r89b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Illustration du paradoxe de Simpson pour un échantillon de données : alors que des tendances positives apparaissent dans les échantillons rouge et bleu, l’union des deux échantillons présente une tendance négative (représentée par la droite pointillée noire).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Schutz/Wikipedia</span></span>
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<p>Devant des résultats de sondage, ou comme ici pour des indicateurs, les résultats sont parfois sans appel, mais pas toujours, lorsque vient le moment d’en faire la synthèse au grand public ou à des décideurs. De manière consciente ou non, on peut avoir une interprétation biaisée des résultats. Si on est persuadé dans son for intérieur que les résultats du brevet baissent, on présente le résultat global, en baisse, assorti du commentaire « nouvelle baisse des résultats au brevet ». Si notre leitmotiv est que les filles sont meilleures en classe, on va se concentrer sur le meilleur résultat des filles, laissant presque penser que ce n’est pas le cas pour les garçons. Et ce, parfois de bonne foi. Les personnes qui prennent connaissance de ces statistiques n’ont pas accès aux chiffres de départ mais uniquement à quelques pourcentages. En outre, elles ne connaissent pas le plus souvent ces biais d’interprétation, Et comme on l’a vu plus haut avec les trois médicaments, il est facile de déduire des choses fausses à partir des pourcentages.</p>
<h2>Double anniversaire</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239930/original/file-20181009-72130-3tnx9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239930/original/file-20181009-72130-3tnx9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239930/original/file-20181009-72130-3tnx9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239930/original/file-20181009-72130-3tnx9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239930/original/file-20181009-72130-3tnx9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239930/original/file-20181009-72130-3tnx9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239930/original/file-20181009-72130-3tnx9d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Deux anniversaires le même jour dans la classe ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">AdinaVoicu/Pixabay</span></span>
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<p>Un autre travers est de déduire de résultats statistiques une conclusion pour soi-même. Nous présentons à ce même stand le fameux paradoxe des anniversaires, qui comme tout bon paradoxe va à l’encontre de l’intuition, mais qu’un calcul de dénombrement assez simple permet de justifier rigoureusement : « Dans une population de plus de 23 personnes, typiquement une classe de collège ou de lycée, il y a au moins une chance sur deux que deux personnes aient le même jour anniversaire. » Parfois cette statistique se vérifie exactement. En juin 2014, un journaliste annonce que « la moitié des équipes du Mondial ont deux joueurs nés le même jour ». Outre le fait qu’il peut paraître totalement incongru de s’intéresser à une telle statistique qui n’a rien d’un résultat sportif, elle illustre parfaitement le paradoxe des anniversaires, puisqu’il y a exactement 23 sélectionnés dans chaque équipe. Mais parfois, les statistiques nous jouent des tours. L’an dernier sur le même stand de la fête de la science, tous les élèves étaient incités à cocher leur date anniversaire : il a fallu attendre le milieu de l’après-midi, après le passage de bien plus de cent élèves, pour en trouver deux avec le même jour anniversaire.</p>
<p>Cette année, nous présenterons le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Probl%C3%A8me_de_Monty_Hall">dilemme de Monty Hall</a>, une sombre histoire de chèvres et de voiture de luxe cachées derrière trois portes, pour lequel si on adopte la bonne stratégie, on a une chance sur deux de tomber sur la voiture. Mais nos visiteurs auront peut-être beaucoup de malchance et partiront après de nombreux essais avec un beau troupeau de chèvres et pas la moindre voiture…</p>
<p>Présenter cela aux élèves n’a évidemment pas pour objectif de les détourner des statistiques. Mais de leur apprendre qu’un mauvais usage, volontaire ou non, des outils statistiques comme les pourcentages, mais aussi les représentations graphiques, les moyennes… peut mener à des conclusions erronées. La prévalence des conditions favorables à des paradoxes comme le paradoxe de Simpson est très forte dans des domaines comme la médecine ou les sciences sociales, des sujets qui intéressent le grand public, pour lesquels les producteurs de statistiques influencés par leurs préjugés ou par l’action de lobbies peuvent facilement déraper.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104364/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Brigitte Bidegaray-Fesquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Notre société moderne produit des statistiques à tout va. Savons-nous les comprendre ?
Brigitte Bidegaray-Fesquet, Chargée de Recherche CNRS, laboratoire Jean Kuntzmann, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
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tag:theconversation.com,2011:article/104676
2018-10-10T16:24:31Z
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Pour dissiper les infox sur le climat, prenons le train !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239966/original/file-20181009-72103-1oe8wx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le « Train du climat » propose des expositions et des rencontres dans quatre voitures d’un TER aménagé pour l'occasion. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/trainduclimat/photos/a.787562418114178/787562368114183/?type=1&theater">Compte Facebook Train du climat </a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p><a href="https://trainduclimat.fr/">La tournée du « Train du climat »</a> a débuté le 5 octobre dernier à Angoulême et se poursuit ces jours-ci avec la présence du train en gare le 12 octobre à Poitiers, le 18 octobre à Limoges, le 21 octobre à Bordeaux, le 25 octobre à Biarritz et le 5 novembre à Agen.</p>
<p>Les visites du train sont accompagnées des <a href="https://trainduclimat.fr/les-messagers/">« messagers du climat »</a>, un collectif interdisciplinaire de scientifiques, rattachés à une vingtaine d’établissements ou laboratoires de recherche. Un programme de conférences participatives et d’animation, impliquant des acteurs locaux, accompagne pendant 3 jours le passage du train en gare.</p>
<p>Deux de ces conférences permettent d’aborder la question des <em>fake news</em> ou « infox » (nouvelle expression française pour désigner les informations fallacieuses), qui est l’un des thèmes principaux de la <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fête de la science 2018</a>.</p>
<h2>Du « climategate »…</h2>
<p>Sur les questions climatiques, les controverses ont parfois été vives avec leur lot de fausses nouvelles, en particulier aux périodes clés de publication des rapports du groupe d’experts sur l’évolution du climat (le GIEC) ou encore avant les conférences internationales qui devaient marquer un tournant dans les engagements des États en faveur de la lutte contre le changement climatique.</p>
<p>Le <a href="https://www.nature.com/collections/synrzkgmlf">« climategate »</a>, comme il a été nommé par certains puis repris dans les médias, est à ce propos emblématique puisqu’il a coïncidé avec la « vague » climatosceptique qui a immédiatement précédé et suivi la <a href="https://theconversation.com/cop-50019">COP</a> de Copenhague en 2009. L’origine du vol des courriels privés, échangés entre scientifiques qui l’avait déclenché, importait alors beaucoup moins que ce que ces messages étaient supposés révéler.</p>
<p>Il s’agissait, par l’interprétation de certains de ces messages, de faire croire à une falsification des données par les scientifiques du GIEC pour exagérer l’ampleur du réchauffement climatique. Des commissions d’enquête indépendantes ont par la suite montré qu’au-delà de maladresses dans la présentation de certains résultats dans un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (et non dans le rapport du GIEC), les données n’avaient pas été falsifiées dans le but de tromper et que la rigueur et l’honnêteté des scientifiques concernés ne faisaient aucun doute.</p>
<h2>… au « Groenland vert »</h2>
<p>Aujourd’hui encore, de fausses nouvelles sur le climat continuent à être accessibles sur Internet, et ce plusieurs années après avoir été diffusées et sans qu’un nouveau lecteur puisse toujours les dater. Fort heureusement, l’argumentation permettant de démonter des fausses affirmations est aussi souvent accessible sur la toile, comme dans le cas du supposé <a href="https://news.nationalgeographic.com/2016/06/iceland-greenland-name-swap/">« Groenland vert »</a> au Moyen Âge.</p>
<p>Cette fausse affirmation a un intérêt particulier puisqu’on peut la considérer comme l’une des premières « infox » sur le climat qui soit parvenue jusqu’à nous.</p>
<p>Elle aurait pourtant été diffusée pour la première fois par le célèbre chef norvégien <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/4440/reader/reader.html?t=1500394674424#!preferred/1/package/4440/pub/6091/page/17">Érik le Rouge</a> peu avant l’an mil, pour convaincre ses compatriotes de venir coloniser cette terre. Il ne s’agissait bien sûr alors que d’une région côtière, puisqu’environ 80 % de l’île était, comme aujourd’hui, recouverte par un glacier.</p>
<p>À cette époque, comme à la nôtre, un esprit critique se doit de se poser la question de savoir qui prononce une affirmation douteuse et quelle intention peut l’animer. Ceci représente une difficulté sur Internet, qui défend la liberté de l’anonymat au détriment de la connaissance des sources.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1047118507379441664"}"></div></p>
<h2>Distinguer le vrai du faux</h2>
<p>Comment dès lors faire part du « vrai » et du « faux », la non-intention de nuire de l’intention de manipuler ?</p>
<p>C’est une question qui dépasse l’objet de cet article mais qui n’a pas manqué d’être posée au <a href="https://theconversation.com/profiles/eric-guilyardi-311545">climatologue Éric Guilyardi</a>, intervenu sur le sujet à Angoulême, lors de la première étape du « Train du climat » 2018. Il aura justement répondu que la communauté climatique s’est dotée d’un outil inégalé d’expertise avec le GIEC, qui offre dans ses rapports l’essentiel des réponses (dans la limite des connaissances du moment).</p>
<p>Mais c’est bien là aussi que le « bât blesse » car les climatosceptiques (les « négateurs » comme les appelle Éric Guilyardi) se sont toujours engouffrés dans les failles des connaissances datées d’une époque, évoluant dans leurs affirmations au fur et à mesure que ces mêmes connaissances se sont étendues.</p>
<p>Qui peut aujourd’hui contester la réalité du réchauffement climatique comme c’était le cas au début des années 2000, en utilisant l’argument de mesures contradictoires faites par les satellites dont on sait aujourd’hui qu’elles étaient erronées ? Qui peut aussi contester, sur des arguments scientifiques, la réalité du rôle dominant des activités humaines sur le réchauffement climatique récent, quand les preuves se sont multipliées ces toutes dernières années ?</p>
<h2>Aussi une question de confiance</h2>
<p>Mais démonter ces fausses vérités – qui sont d’autant plus séduisantes que leur formulation est souvent simple et qu’elles semblent tomber sous le sens – auprès du public peut s’avérer, comme dans le cas de l’attribution du réchauffement climatique aux activités humaines, une tâche bien plus ardue. Dès lors, le travail de conviction ne peut être basé que sur la confiance que le public accordera aux scientifiques, une confiance qui peut aussi être attaquée par les « semeurs » de doute.</p>
<p>Apporter des connaissances au plus grand nombre, discuter directement avec des scientifiques qui travaillent dans le domaine du climat, voici les deux objectifs des « messagers du climat » qui accompagnent les visiteurs au cours de l’exposition du « Train du climat ». Il ne vous reste plus qu’à monter à bord !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104676/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Planton est vice-président de l’association « Train du climat ». </span></em></p>
Un collectif interdisciplinaire de scientifiques anime des conférences et des rencontres autour du changement climatique à bord du « Train du climat ».
Serge Planton, Climatologue, Météo France
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tag:theconversation.com,2011:article/103260
2018-10-10T16:19:50Z
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Pint of Science : quelques gorgées de science pour tous
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239741/original/file-20181008-72113-193sdv0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C10%2C721%2C492&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Permettre au grand public de venir interroger des chercheurs sur leurs travaux, tel est le but de Pint of Science.</span> <span class="attribution"><span class="source">© David Grandmougin</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article a été publié dans le cadre de la <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fête de la Science 2018</a> dont The Conversation France est partenaire. La prochaine édition de <a href="https://pintofscience.fr/">Pint of Science</a> se déroule du 20 mai au 22 mai 2019.</em></p>
<hr>
<p>Pratiquée de façon systématique dans le monde scientifique, la communication est un exercice central, complexe, et qui répond à des codes propres au monde académique, avec des spécificités d’une discipline à l’autre. Véritables « fourches caudines » de la recherche, les colloques, conférences, congrès, de niveau national, européen ou international obligent à transmettre des connaissances complexes, parfois le fruit de longues années de recherche, en seulement quelques minutes.</p>
<p>Ainsi, restituer ses travaux dans un temps généralement inférieur à 20 minutes constitue bien souvent la première épreuve qu’affronte un jeune chercheur. Cependant, ces évènements conduisent aux regroupements d’experts d’un ou plusieurs domaines, qui possèdent, pour la plupart du temps, un bagage scientifique solide ainsi qu’une bonne connaissance de la méthodologie de recherche. C’est lorsque le public est novice en la matière que le problème se corse.</p>
<h2>Varier les publics</h2>
<p>Comme le disait le philosophe Fontenelle dans ses <em>Entretiens sur la pluralité des mondes</em>, s’il s’agit de « divertir » ceux qui ont « quelque connaissance en leur présentant d’une manière un peu plus agréable et plus égayée ce qu’ils savent déjà plus solidement », le défi est double vis-à-vis de « ceux pour qui ces matières sont nouvelles » : il s’agit à la fois de les instruire tout en leur donnant envie d’aller plus loin dans cette exploration de la connaissance.</p>
<p>Né en 2012 en Angleterre, importé deux années plus tard en France par Élodie Chabrol, et aujourd’hui présent dans 21 pays dont la Suisse, l’Irlande, les États-Unis et l’Australie, <a href="https://pintofscience.fr">Pint of Science</a> (PoS) vise cette pluralité de publics. Dans l’Hexagone, le festival est organisé chaque année en mai, et reprend le temps de la <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fête de la Science</a> en octobre.</p>
<p>Le principe ? Permettre au grand public de rencontrer des acteurs de la science autour d’une bière (à consommer avec modération) ou de toute autre boisson de votre choix ! Plusieurs rencontres se passent en simultané dans différents bars proposant chacun des thématiques variées. Pour cela (presque) tout est permis : illustrations, vidéos, théâtre, quiz, <em>time’s up</em>, brainstorming, devinettes… Des sciences naturelles aux sciences humaines, l’objectif est de rendre le contenu dynamique et accessible, tout en favorisant les échanges dans un cadre décontracté et convivial.</p>
<h2>Tour d’ivoire ou tournée au bar ?</h2>
<p>En 2019, le Festival Pint of Science est organisé dans une quarantaine de villes de France avec plus de 400 évènements proposés sur tout le territoire. Le succès de PoS témoigne bien des rapports riches entre la recherche et ses publics, loin du mythe du chercheur enfermé dans sa tour d’ivoire. </p>
<p>En abordant des thématiques aussi spécifiques que « les parasites zombificateurs », « les mesures de stress en impesanteur » ou encore « les interfaces tangibles pour l’enseignement » (une partie du programme Pos 2018, à Metz et Nancy) et dans des évènements bien souvent à guichets fermés, PoS montre bien que la recherche est loin de faire peur au grand public, bien au contraire ! </p>
<p>Parmi les participants ayant répondu aux enquêtes des soirées PoS sur les villes de Metz et Nancy, 77,8 % ont fait/font des études scientifiques. Pas loin d’un quart du public n’a aucune notion en matière de Science et pourtant s’y intéresse.</p>
<p>En réalité, ce sont les évènements restreints « aux experts » qui créent cette fracture entre société et recherche. Pourtant, la recherche émane des demandes sociétales : elles ne forment qu’un. Les inventeurs de Pint of Science l’ont bien compris. Les Drs Michael Motskin et Praveen Paul, deux chercheurs londoniens ont découvert la curiosité et la fascination que les citoyens portent aux sciences en ouvrant les portes de leur laboratoire. </p>
<p>Le festival PoS témoigne de l’envie des chercheurs de rencontrer et d’échanger avec la société, mais également l’intérêt et l’attachement que porte le grand public à la recherche publique et à ceux qui l’exercent.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239481/original/file-20181005-72106-12wim45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239481/original/file-20181005-72106-12wim45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239481/original/file-20181005-72106-12wim45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239481/original/file-20181005-72106-12wim45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239481/original/file-20181005-72106-12wim45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239481/original/file-20181005-72106-12wim45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239481/original/file-20181005-72106-12wim45.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Evolution PoS FR.</span>
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<p>Si l’exercice permet la rencontre entre chercheurs et grand public, il permet aussi de mettre en lien des chercheurs de disciplines différentes. Les soirées étant sur des thématiques particulières, le but est aussi de réunir des experts de différents domaines autour d’un sujet commun. Naissent alors des collaborations d’un soir qui permettent d’enrichir les débats, débouchant parfois même sur des collaborations à plus long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103260/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Vicente est coordinatrice bénévole du festival "Pint of Science" pour la ville de Metz</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Allard-Huver et Laura Déléant ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Venir interroger des scientifiques sur leurs recherches autour d’un verre, tel est le principe de Pint of Science. Et il séduit un public plus large que le cercle des initiés.
Laura Déléant, Doctorante en Ergonomie Cognitive, Université de Lorraine
Anne Vicente, Doctorante en écotoxicologie microbienne, Université de Lorraine
François Allard-Huver, Maître de conférences, Université de Lorraine
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/103874
2018-10-09T16:16:52Z
2018-10-09T16:16:52Z
Déficiences intellectuelles : quand la génétique s’en mêle
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239338/original/file-20181004-52681-1tuul89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C5760%2C3811&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Objectif : lever la zone d'ombre sur les déficiences intellectuelles.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Of8C-QHqagM">Gift Habeshaw / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Les déficiences intellectuelles (DI) représentent un ensemble de pathologies affectant le développement du cerveau et concerneraient 1 à 2 % de la population générale, soit 600 000 à 1,2 million d’individus en France, posant un véritable problème de santé publique.</p>
<p>En 2016, un rapport issu d’une <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/expertises-collectives/deficiences-intellectuelles">expertise scientifique collective</a> au sein de l’<a href="http://www.inserm.fr/">Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale</a> (Inserm) a souligné l’importance des enjeux concernant le dépistage, le diagnostic et l’état des connaissances sur les DI, et propose une série de recommandations et de propositions pour une meilleure prise en charge des patients et pour une organisation des passerelles entre soin et recherche.</p>
<p>Notre équipe de recherche basée à l’Université et au CHRU de Tours (<a href="https://ibrain.univ-tours.fr">iBrain, Inserm U1253</a>), travaille sur les causes génétiques des DI, depuis le recrutement et l’examen clinique des patients jusqu’à l’analyse des gènes et des conséquences des mutations sur le développement neuronal. Grâce à des projets collaboratifs nationaux via les filières de santé <a href="http://anddi-rares.org">AnDDI-Rares</a> et <a href="http://www.defiscience.fr">DéfiScience</a>, ainsi que des réseaux de recherche nationaux (HUGODIMS) et européens (GENCODYS), ces travaux ont permis d’obtenir de nouvelles avancées génétiques et moléculaires permettant de mieux comprendre les causes biologiques des DI.</p>
<h2>Une constellation de gènes qui illustre la grande variabilité clinique</h2>
<p>Les plus fréquentes et les plus connues des maladies génétiques avec DI sont la trisomie 21 et le <a href="https://www.xfra.org/syndrome-x-fragile/">syndrome de l’X fragile</a>. Cependant, avec l’avènement des nouvelles technologies de séquençage haut débit de l’ADN qui permettent de décoder nos 20 à 25 000 gènes, l’architecture génétique des DI s’est révélée de plus en plus complexe, avec une grande hétérogénéité car des mutations ont été identifiées dans au moins 700 gènes. En outre, chacun de ces gènes concerne un nombre limité d’individus. L’identification de la cause d’une DI chez un patient est donc difficile mais est primordiale pour le conseil génétique.</p>
<p>Notre équipe a participé à un projet collaboratif international soutenu par l’Europe intitulé <a href="http://www.gencodys.eu">GENCODYS (Genetic and epigenetic networks in cognitive disorders)</a>. En regroupant l’expertise de cliniciens et chercheurs fondamentaux, ce projet rassemblant 16 équipes a produit des travaux de recherche majeurs et pionniers sur l’identification de nouveaux facteurs génétiques dans les DI (plus de 60 gènes découverts), et sur la caractérisation de mécanismes moléculaires affectant la morphologie et l’activité des synapses, ces sites de communication entre les neurones essentiels pour assurer une activité cérébrale fonctionnelle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/239337/original/file-20181004-52669-1awswl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/239337/original/file-20181004-52669-1awswl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/239337/original/file-20181004-52669-1awswl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/239337/original/file-20181004-52669-1awswl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/239337/original/file-20181004-52669-1awswl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/239337/original/file-20181004-52669-1awswl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/239337/original/file-20181004-52669-1awswl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma d’une synapse : lieu de connexion entre deux neurones.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fotolia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Certaines de ces anomalies génétiques ou chromosomiques peuvent également causer différents troubles neuro-développementaux comme les troubles du spectre de l’autisme (TSA), la schizophrénie, et les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). On parle alors de comorbidité génétique.</p>
<p>En combinant des approches d’analyse de l’ADN et de mesure de l’activité du cerveau par électroencéphalographie chez des patients porteurs d’une mutation identique mais présentant une DI ou un TSA, nous avons récemment mis en évidence que cette variabilité clinique pouvait être expliquée par la contribution d’autres gènes, et être associée à une activité cérébrale distincte. Cette étude, publiée en 2016 dans <a href="https://www.nature.com/articles/mp201575">Molecular Psychiatry</a>, a permis de proposer un <a href="https://presse.inserm.fr/autisme-de-linteret-dune-approche-integree-pour-son-diagnostic/19660/">modèle intégré</a> pour étudier les comorbidités génétiques retrouvées dans les DI et les TSA, et a démontré que des réseaux neuronaux distincts peuvent être impactés.</p>
<h2>Les synapses glutamatergiques, des acteurs majeurs dans les DI</h2>
<p>La formation des synapses et l’activité neuronale représentent des processus fondamentaux pour l’établissement des fonctions cognitives et de communication, ainsi que pour l’apprentissage et la mémoire. L’organisation structurale et la dynamique fonctionnelle des cellules neuronales, impliquant notamment l’activité synaptique, sont particulièrement touchées dans les DI.</p>
<p>Notre équipe étudie notamment les <a href="https://www.cell.com/ajhg/fulltext/S0002-9297(07)62679-2?code=ajhg-site">1 200 gènes</a> qui permettent la production de protéines localisées dans les structures synaptiques des neurones stimulés par le glutamate, neurotransmetteur (molécule chimique libérée par un neurone pour stimuler un autre neurone) majoritaire au sein du cerveau. Ces synapses glutamatergiques sont particulièrement touchées, sur les plans morphologique et fonctionnel, par des mutations situées dans ces gènes et associées à différents <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278584617303895?via%3Dihub">troubles neuro-développementaux</a>.</p>
<p>Des analyses fonctionnelles sur des cellules neuronales permettent de modéliser le rôle normal et pathogène des mutations d’un gène candidat pour déchiffrer les mécanismes physiopathologiques perturbant le développement du neurone.</p>
<p>Cette stratégie nous a permis de découvrir la fonction d’un nouveau récepteur dont le gène, <em>PTCHD1</em> (Patched Homolog Domain 1), est porteur de mutations chez des sujets présentant un trouble neuro-développemental (DI et/ou TSA). Ce travail, publié dans le journal <a href="https://presse.inserm.fr/autisme-et-deficiences-intellectuelles-la-communication-entre-les-neurones-mise-en-cause/28209/">Molecular Psychiatry</a> en collaboration avec l’équipe du docteur Yann Hérault à Strasbourg, a révélé que la protéine PTCHD1 est un nouvel acteur dans les synapses glutamatergiques et a décrit que son inactivation chez la souris entraîne des modifications de la structure et de l’activité de ces synapses au niveau de l’hippocampe, une région du cerveau majeure pour la mémoire et l’apprentissage.</p>
<p>Ces travaux ont défini une <a href="https://www.revmed.ch/RMS/2017/RMS-N-564/Autisme-et-deficiences-intellectuelles-progressions-sur-la-piste-d-un-gene">nouvelle « maladie » des synapses</a> (ou synaptopathie) causée par la déficience du gène <em>PTCHD1</em>. La compréhension des mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent les DI est une étape essentielle pour proposer des stratégies thérapeutiques.</p>
<h2>Des progrès essentiels pour des perspectives thérapeutiques</h2>
<p>L’intégration des données de séquençage de l’ADN avec une caractérisation exhaustive de l’impact que des mutations découvertes dans les gènes codant les protéines synaptiques ont sur le développement neuronal, est une stratégie pertinente pour envisager le développement de nouvelles approches thérapeutiques.</p>
<p>Dans ce contexte, notre défi actuel consiste à combiner l’identification des défauts dans les protéines synaptiques associées aux DI avec la compréhension des mécanismes moléculaires responsables de leur physiopathologie.</p>
<p>Par ailleurs, la caractérisation de bio-marqueurs spécifiques, génétiques et métaboliques, constitue un enjeu majeur en santé publique et une priorité dans la recherche biomédicale sur les DI. Notre participation dans un projet collaboratif inter-régional soutenu par la <a href="https://fondation-maladiesrares.org">Fondation Maladies Rares</a> et le <a href="https://www.girci-go.org">Groupement Interrégional de Recherche Clinique et d’Innovation (GIRCI) Grand-Ouest</a> va prochainement débuter et utilisera des stratégies dites <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/222/?sequence=30">« multi-omiques »</a> visant à améliorer le diagnostic de formes rares de DI.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103874/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Laumonnier a reçu des financements de l'Inserm, de l'Université de Tours, l'Union Européenne (FP7, projet Gencodys), de la Fondation de France, de la DGOS, de la Fondation Jérôme Lejeune, de l'Association pour le Développement de la Neurogénétique, de la Région Centre Val de Loire (Bourses de thèse). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annick Toutain a reçu des financements de
Fondation Maladies Rares
Université de Tours</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Laure Vuillaume Winter ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La recherche génétique sur ces troubles du développement cérébral qui concernent environ 2 % de la population générale met en lumière des défauts convergeant vers les synapses neuronales.
Frédéric Laumonnier, Chargé de recherche de l'Inserm, Université de Tours
Annick Toutain, Professeur de Génétique Médicale, Université de Tours
Marie-Laure Vuillaume Winter, Docteur ès Sciences en Génétique Moléculaire, Inserm
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/100202
2018-10-09T16:16:47Z
2018-10-09T16:16:47Z
À Fleury-sur-Orne, une archéologie de l’enfermement-volontaire
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/236924/original/file-20180918-158243-ab7v9a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C3%2C2351%2C1456&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Objets épars abandonnés sur le sol de la carrière Saingt.</span> <span class="attribution"><span class="source">Cyril Marcigny/Inrap</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a></em></p>
<hr>
<p>La redécouverte en 2014 de l’une des nombreuses carrières-refuges utilisées par les civils prise sous les bombes lors de la Bataille de Caen (juin-juillet 1944), a offert l’opportunité de mettre en place une opération archéologique à caractère expérimental permettant de confronter différents types d’analyses, au croisement de l’archéologie, de l’histoire et de la sociologie. Ce programme de recherche, débuté en 2015 (sous la codirection de C. Marcigny et L. Dujardin), associe des chercheurs de l’Inrap, du CNRS, de l’INSA-Strasbourg et des spéléologues.</p>
<h2>Un site emblématique du martyre des civils lors de la bataille de Normandie</h2>
<p>Le 8 mai 2016 a été inauguré à Falaise, haut lieu des combats de la bataille de Normandie, un <a href="http://www.memorial-falaise.fr/node/2">mémorial des victimes civiles</a>. Il s’agit du premier musée entièrement dédié à la vie des civils dans la guerre. L’archéologie de la Seconde Guerre mondiale y est mise à l’honneur : les ruines d’une maison détruite pendant les bombardements, mises au jour et fouillé en 2015 par l’Inrap (fouille B. Guillot), y seront présentées au public sous un sol transparent. Lieu témoin des événements, le Mémorial de Falaise sera ainsi également un « musée de site ».</p>
<p>La récente émergence de la thématique du sort des civils au cours de la Seconde Guerre mondiale, est à l’origine de cette décision. En 2004, le 60<sup>e</sup> anniversaire du Débarquement en marque une première avancée en Normandie, avec la tenue d’u <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00015678">n important colloque dédié aux populations civiles</a> au cours de la bataille de Normandie. Dix ans plus tard, elle est de nouveau à l’honneur grâce à l’<a href="http://www.orepeditions.com/926-article-les-civils-dans-la-bataille-de-normandie.html">ouvrage de Françoise Passera et Jean Quellien</a>, <em>Les civils dans la bataille de Normandie</em>, offert au président de la République lors des commémorations internationales du 6 juin 1944, au Mémorial de Caen.</p>
<p>Cet ouvrage rappelle la violence et le caractère décisif des combats livrés dans cette région du 6 juin au 12 septembre 1944, responsables de la mort de quelque 14 000 civils, tandis que plus de 100 000 hommes, femmes et enfants ont été contraints de se réfugier dans les granges, les étables, les caves et les carrières, et que 150 000 personnes ont connu l’exode. Or, si les sources militaires abondent, il en va tout autrement pour les civils.</p>
<p>Aussi, afin de ressusciter ce pan disparu de l’histoire du conflit, les historiens enquêtent-ils aujourd’hui à travers les nombreux témoignages, oraux ou écrits, laissés par les particuliers et conservés par leurs familles, journaux intimes, carnets ou lettres, contemporains ou postérieurs aux événements.</p>
<p>Dans ce processus, l’archéologie joue un rôle déterminant en contribuant, elle aussi, à la fabrique de l’histoire. C’est ce que démontre l’exemple dont il sera question ici, celui de la carrière-refuge de la brasserie Saingt, à Fleury-sur-Orne (voire la photo en tête de cet article).</p>
<h2>Dans la carrière-refuge de Fleury-sur-Orne, juin-juillet 1944</h2>
<p>Cette carrière souterraine se trouve au sud de Caen, en bordure de la route d’Harcourt, sur la commune de Fleury-sur-Orne (Calvados). Creusée au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle afin d’en extraire de la pierre à bâtir, elle est réutilisée dans l’entre-deux-guerres par les propriétaires de la brasserie Saingt, qui y entreposent leur stock. Puis la guerre survient. Entre le Débarquement allié du 6 juin 1944 et la fin du mois de juillet, plusieurs centaines d’habitants de Caen et de Fleury-sur-Orne trouvent refuge dans cette carrière d’environ 2 hectares, dont l’accès leur a été ouvert par les brasseurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/236930/original/file-20180918-158219-17cf7x8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/236930/original/file-20180918-158219-17cf7x8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/236930/original/file-20180918-158219-17cf7x8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/236930/original/file-20180918-158219-17cf7x8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/236930/original/file-20180918-158219-17cf7x8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=761&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/236930/original/file-20180918-158219-17cf7x8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=761&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/236930/original/file-20180918-158219-17cf7x8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=761&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les réfugiés de la carrière Saingt lors de leur libération en juillet 1944. Un drapeau français de fortune composé de vêtements assemblés trône au-dessus de la tirée, accès initial de la carrière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Archives nationales du Canada/DR</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est dans le contexte des gigantesques bombardements alliés dirigés sur Caen que la carrière Saingt accueille ses réfugiés. Dès le 5 juin 1944, comme d’autres propriétaires de carrières de Fleury-sur-Orne, les frères Saingt, prévenus par la Résistance et la BBC de l’imminence du Débarquement, ouvrent les portes de leurs caves aux sans-abri qui fuient la ville pilonnée sans relâche par les avions alliés.</p>
<p>Au bout de quelques jours, près d’un millier de personnes y sont installées pour survivre sous terre, dans des conditions rudimentaires. Une cuisine collective est mise en place et l’on puise largement dans le stock de bière des frères Saingt. Sur place, des aires damées sont réparties aux familles réfugiées autour de cheminements délimités par des pierres ou des planches. Des tiges métalliques fichées dans les parois ou les piliers de la carrière, servent de supports à des étagères ou retiennent des draps tendus afin de garantir un semblant d’intimité entre les paillasses.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/236932/original/file-20180918-158234-29ap97.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/236932/original/file-20180918-158234-29ap97.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/236932/original/file-20180918-158234-29ap97.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/236932/original/file-20180918-158234-29ap97.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/236932/original/file-20180918-158234-29ap97.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/236932/original/file-20180918-158234-29ap97.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/236932/original/file-20180918-158234-29ap97.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">quelques vestiges visibles à la surface des sols d’occupation lors des relevés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cyril Marcigny/Inrap</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’issue des combats, les parties souterraines sont abandonnées, même si la brasserie continue son activité en surface. Durant cette époque, la carrière est close, conservant ainsi sur son sol les aménagements et les vestiges liés à l’occupation des lieux au cours des deux longs mois de l’été 1944. À l’heure actuelle, les vestiges les mieux conservés occupent une aire de plusieurs milliers de mètres carrés. D’autres zones ne recèlent que peu de traces connues mais des investigations plus poussées restent nécessaires.</p>
<p>En définitive, au cours des trente dernières années, aucune atteinte notable des vestiges archéologiques n’est à déplorer. Les lieux n’ont été fréquentés que par un public extrêmement restreint depuis la Libération, en particulier du fait de la volonté des brasseurs eux-mêmes. Les nombreuses observations réalisées au cours de presque trois décennies confirment que ce qui est encore visible actuellement coïncide, à peu de différence près, avec l’état du site en juillet 1944.</p>
<h2>Reprise des fouilles en 2015-2018</h2>
<p>Véritable conservatoire archéologique, le site de la carrière Saingt offre un champ d’investigations relativement étendu, que ce soit sous l’angle des modalités d’occupation des lieux au cours des événements de 1944, des comportements sociaux en milieu confiné ou de l’archéologie industrielle.</p>
<p>Dans le but de préserver l’intégrité de ce site exceptionnel, les méthodes d’acquisition de données utilisées à Fleury-sur-Orne favorisent le recours à des techniques d’enregistrement et de prise de mesures non destructives, sans contact (balayage laser et photogrammétrie), travaux réalisés en collaboration avec Albane Burens (laboratoire GEODE), Pierre Grussenmeyer et Samuel Guillemin (INSA-Strasbourg, laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie).</p>
<p>Ces relevés permettent non seulement de produire des données 2D (coupes ou élévations), mais aussi des vues en perspective photoréalistes, et surtout des modèles 3D calculés à partir des nuages de points, donnant la possibilité de naviguer en leur sein au moyen d’outils dédiés à la visualisation de l’environnement (fig. 5 à 7). Les objets archéologiques sont également géoréférencés et numérisés afin d’être associés au MNT global. Les modèles ainsi conçus forment des outils de recherche, de documentation et de visualisation communs, utilisables par tous les partenaires de l’équipe scientifique.</p>
<p>Ce vaste programme de recherche affiche principalement une double ambition. D’une part, celle de proposer une « archéologie du refuge » ou « de l’enfermement », confrontée aux sources écrites et orales, livrant ainsi un référentiel utile à l’examen <em>a posteriori</em> de sites plus anciens (grotte-refuges de la protohistoire ancienne, par exemple), et offrant ainsi de nouvelles clefs d’interprétation. D’autre part, celle de développer des outils de relevés et d’analyse performants pour l’examen de sols d’occupation (taphonomie, techniques 3D…).</p>
<p>Parallèlement à l’archéologie proprement dite, une enquête historique et documentaire est conduite en partenariat avec les historiens du Mémorial de Caen, tandis que la collecte des derniers témoignages et archives est en cours.</p>
<p>Dernier aspect du travail, une des ambitions qui a sous-tendu ce travail a été la mise en place d’une production numérique virtuelle permettant à tout un chacun d’explorer et de comprendre ces lieux. Les enregistrements effectués à Fleury, qu’il s’agisse de la volumétrie/géométrie de la carrière ou des objets et aménagements qui structurent le site, viennent tous alimenter la production d’une vidéo en réalité virtuelle qui permet de visiter la carrière et de venir observer les objets en place (avec accès à certains champs de la base de données).</p>
<p>Cette production numérique interactive est un objet de valorisation du site qui devrait être achevé en 2019. Elle sera associée à la base de données conçue à partir de 2014 et constituera un outil précieux pour assurer une communication large autour du travail réalisé qui permettra de revenir, dans les prochaines années, sur l’examen du site.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100202/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cyril Marcigny a reçu des financements de l'Etat et du Conseil Déparetemental du Calvados.</span></em></p>
Véritable conservatoire archéologique, ce site offre un champ d’investigations étend sur les modalités d’occupation des lieux en 1944, et des comportements sociaux en milieu confiné.
Cyril Marcigny, Directeur-adjoint scientifique et technique de Normandie, Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104184
2018-10-09T16:15:55Z
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Les bactéries, nos alliées pour vieillir beau ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239936/original/file-20181009-72100-y8qzav.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C6%2C4645%2C3089&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La vieillesse n'est plus ce qu'elle était...</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article a été co-écrit avec le Dr Isabelle Krolikiewicz-Renimel.</em></p>
<hr>
<p>Il y a 30 ans seulement, on s’extasiait devant la photo de famille avec une grand-mère au centre, ridée, cheveux gris, tenant sur ses genoux ses petits-enfants. Aujourd’hui, cette même scène ne fait rêver que s’il s’agit de l’arrière-grand-mère !</p>
<p>À 50 ans, nos grands-mères étaient de vieilles femmes. De nos jours, la femme de 60 ans incarne la beauté mature, voire une certaine forme de jeunesse, comme en témoignent les unes de médias où figurent des <a href="https://twitter.com/simplystreep/status/929018147386032129">actrices</a> ou <a href="https://www.theguardian.com/fashion/2016/sep/25/yazemeenah-rossi-sexy-means-alive">mannequins</a> affichant une soixantaine resplendissante. Le vieillard d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui.</p>
<h2>« Vieillir beau », une nouvelle préoccupation</h2>
<p>Selon une étude récente de l’Insee, en 2050 en France, un habitant sur trois aura plus de 60 ans, contre 1 sur 5 aujourd’hui. Une petite fille sur trois née en 2003 sera centenaire. Notre espérance de vie augmente donc, et notre volonté de « vieillir beau » aussi.</p>
<p>L’emprise du temps sur notre horloge biologique est toujours la même, mais grâce aux progrès de la médecine, les grands fléaux ont disparu de nos latitudes. De plus, notre mode de vie a changé : l’exposition déraisonnée au soleil des années 1970 tend à disparaître, nous surveillons notre alimentation (<a href="http://www.mangerbouger.fr/Les-9-reperes/Les-9-reperes-a-la-loupe/Fruits-et-Legumes">« 5 fruits et légumes par jour »</a>), nous faisons plus d’activité physique et redevenons moins sédentaire.</p>
<p>Tous ces changements de comportement sont étroitement liés aux avancées scientifiques qui ont permis d’acquérir une meilleure connaissance de l’impact de l’environnement sur nos fonctions vitales, sur nos organes et notre peau.</p>
<h2>Évaluer les effets de l’environnement sur la santé grâce à l’exposome</h2>
<p>Le vieillissement, qui commence <a href="https://books.google.fr/books?id=IYVxCQAAQBAJ&pg=PT11&lpg=PT11&dq=vieillissement+%22commence+avant+la+naissance%22&source=bl&ots=A42pdcH7Qb&sig=R_Bm1B6EAtfvvkDtB8lDic7XkF0&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiSrt2QjOrdAhVSalAKHYWKDEcQ6AEwAHoECAkQAQ#v=onepage&q=vieillissement%20%22commence%20avant%20la%20naissance%22&f=false">avant même la naissance</a>, n’est pas uniquement le fait de notre horloge biologique. Il résulte aussi de l’interaction de multiples facteurs dont il est difficile d’apprécier l’influence isolée. Cet ensemble de facteurs est communément appelé l’<a href="https://www.jle.com/download/ers-311980-lexposome_ou_en_est_on_--W7SyX38AAQEAAAhRfPgAAAAO-a.pdf">exposome</a>.</p>
<p>Le terme <em>exposome</em> est apparu officiellement en <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/l-exposome-entre-dans-la-loi-francaise_19165">2015 dans le cadre de la loi Touraine</a>. Pour la première fois, une approche multifactorielle des effets de notre environnement sur notre santé est envisagée. L’exposome regroupe en effet tous les types d’exposition que notre organisme subit tout au long de son existence : les rayonnements ultraviolets (UVs), la pollution, les variations extrêmes de températures (exposition prolongée aux infrarouges par exemple), les perturbateurs endocriniens… L’association de ces différents facteurs contribue à précipiter le vieillissement.</p>
<h2>La pollution, accélérateur de vieillissement</h2>
<p>Véritable problème de santé publique, la pollution est un catalyseur de troubles pour notre organisme. Connue pour ses méfaits sur la santé humaine (maladies respiratoires, cardio-vasculaires), ses méfaits sur la peau étaient jusqu’à récemment occultés.</p>
<p>En sa qualité d’enveloppe corporelle, la peau subit directement les affronts du temps et de l’environnement. Le vieillissement cutané fait partie du processus général du vieillissement de l’organisme. De par son caractère visible, il en constitue souvent un marqueur précoce. Notre beauté extérieure, notre âge apparent sont les reflets de notre âge physiologique.</p>
<p>Les agressions liées à la pollution ont un point commun : elles augmentent le stress oxydant dans nos cellules, avec pour conséquence un statut micro-inflammatoire, quasiment silencieux, responsable de l’altération de nos cellules, de nos organes, de notre peau.</p>
<h2>Le microbiote cutané à la rescousse</h2>
<p>L’Homme est un écosystème à part entière. En effet, il cohabite avec environ 100 milliards de bactéries, dont 10 millions vivent sur ses mains. Ce microbiote joue un rôle fondamental dans notre santé. Il participe à l’homéostasie du corps humain, cet équilibre qui le protège contre une invasion massive d’importuns peu recommandables : les micro-organismes pathogènes.</p>
<p>Contrairement au microbiote intestinal, le <a href="http://pepite-depot.univ-lille2.fr/nuxeo/site/esupversions/32a3f93d-da47-46ec-9b22-94dbf6d021a0">microbiote cutané</a> a été jusqu’à récemment ignoré, voir considéré comme indésirable (chez nombre de personnes, le lavage des mains tourne parfois au trouble obsessionnel compulsif !). Des études récentes ont pourtant montré combien son équilibre était primordial <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28095528">pour la qualité de la peau et son intégrité</a>.</p>
<p>En raison de la pollution et de l’emploi de produits de soins de corporels plus ou moins agressifs, on observe une augmentation drastique des problèmes cutanés tels que des hypersensibilités ou des <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/dermatite-atopique-eczema-atopique">dermatites atopiques</a> se traduisant par l’apparition de rougeurs, de démangeaisons. Si on analyse alors le microbiote, on constate que celui-ci est perturbé. Dans ces zones abimées, certaines espèces de « bonnes » bactéries commensales disparaissent au profit d’espèces potentiellement pathogènes. Qui plus est, des bactéries généralement présentes dans les zones hydratées migrent vers d’autres endroits, amplifiant ainsi les sensations d’inconfort des peaux fragilisées.</p>
<p>Il est possible dans certains cas de « réconcilier » notre peau avec son environnement en ayant recours à des produits cosmétiques capables de préserver le microbiote tout en protégeant la peau contre les agressions extérieures : produits solaires protégeant des UVA et B, crèmes anti-âge luttant contre les radicaux libres…</p>
<p>L’être humain est donc un écosystème vivant dans une écosphère potentiellement hostile. La légendaire fontaine de Jouvence pourrait demain prendre la forme d’une union harmonieuse entre l’Homme, son environnement et son microbiote. Une chose est sûre : désormais, vieillir beau n’est plus tout à fait une utopie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104184/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Percheron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
L’allongement de la durée de vie s’accompagne d’une volonté de « vieillir beau » le plus longtemps possible. Pour réaliser ce souhait, les bactéries pourraient être de précieuses alliées.
Emmanuelle Percheron, Manager Administratif et Scientifique Cosmétosciences, Université d’Orléans
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tag:theconversation.com,2011:article/104153
2018-10-08T16:36:19Z
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Votre cerveau est-il grignoté par les neuromythes ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238954/original/file-20181002-85623-1yeono4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Professeur Ciboulot vous invite à participer à un neurogame pour découvrir des neuromythes. </span> <span class="attribution"><span class="source">S. Mortaud, C.Dubourg, MY Ardourel, CNRS Orleans</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>C’est quoi un neuromythe ? C’est une fausse croyance concernant les capacités de notre cerveau. <a href="https://eduveille.hypotheses.org/5698">Le neuromythe</a> est souvent basé sur des résultats scientifiques mal interprétés ou trop vieux.</p>
<p>À l’occasion de la fête de la science, une équipe de chercheurs en Neurosciences du CNRS et de l’Université d’Orléans, propose d’invalider quelques neuromythes. Dans cette optique, nous organisons une animation sous forme d’un « escape game », concept de jeu très à la mode.</p>
<p><strong>Synopsis du jeu :</strong> panique au laboratoire de Neurosciences ! Le professeur Ciboulot a découvert que les neuromythes se répandent très rapidement dans la population et provoquent un dysfonctionnement du cerveau de toutes les personnes atteintes. Il faut agir vite avant que les neuromythes ne se propagent et que les dégâts soient irréversibles.</p>
<p>Le professeur Ciboulot a besoin de vous. Vous incarnerez un chercheur en Neurosciences et votre mission, si vous l’acceptez, sera d’aider le professeur à découvrir différents neuromythes et de les exterminer.</p>
<p>Vous devrez faire preuve de logique, d’observation et d’esprit critique pour découvrir la vérité sur les neuromythes.</p>
<h2>Mythe n°1 : le volume du cerveau influence-t-il l’intelligence ?</h2>
<blockquote>
<p>« Tu as un petit pois dans la tête ! Tu as une cervelle de moineau ! »</p>
</blockquote>
<p>Voilà des expressions que nous utilisons pour exprimer à une personne son étourderie, sa stupidité. L’origine de ces expressions remonte à une croyance ancestrale selon laquelle il existe une relation entre le volume du cerveau et l’intelligence.</p>
<p>Le cerveau des éléphants pèse 5 kilos et celui des cachalots 7 kilos, soit près de 5 fois plus que le poids de notre cerveau qui pèse en moyenne 1,3 kilos.</p>
<p>Et si nous reportions le poids du cerveau par rapport au poids du corps, nous sommes encore battus ! Cette fois-ci par les <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/photos/biologie-homme-vs-animal-plus-fort-703/cerveau-homme-meme-pas-cervelle-moineau-5034/">moineaux dont le cerveau représente 7 % du poids du corps</a> alors que pour l’homme, le cerveau ne représente que de 2,5 % du poids total.</p>
<p>Maintenant, comparons le poids du cerveau de l’homme moderne par rapport à ses ancêtres. En 7,5 millions d’années, la <a href="https://www.hominides.com/html/dossiers/cerveau.php">taille du cerveau</a> a été multipliée par trois. Mais chez notre espèce <em>Homo sapiens</em> son volume est en constante diminution. En effet, le cerveau de l’homme moderne est de 15 à 20 % plus petit que celui de Cro-Magnon.</p>
<p>Y’aurait-il des différences entre les hommes et les femmes ? Concernant la taille du cerveau, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149763413003011">plusieurs études</a> montrent que le cerveau des hommes est, en moyenne, 13 % plus gros que celui des femmes.</p>
<p>Oui, mais il faut aussi savoir que le poids du cerveau du célèbre physicien <a href="https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/est-il-vrai-que-einstein-etait-un-cerveau-10359">Albert Einstein</a> était 10 % inférieur à la moyenne.</p>
<p>Alors d’après vous, votre intelligence dépend-elle de la taille de votre cerveau ?</p>
<h2>Mythe n°2 : Après 20 ans, c’est le déclin !</h2>
<p>Selon un dogme « 20 ans est l’âge qui correspond au début de la perte de neurones et par conséquent, le début du déclin de nos capacités intellectuelles. »</p>
<p>Penser cela, c’est oublier que nous avons déjà perdu une grande quantité de neurones bien avant, dès notre naissance. Comment cela se passe-t-il ? Au cours du développement embryonnaire, les neurones sont produits en surnombre. Ensuite une mort naturelle se produit conduisant à l’élimination de plus de 50 % de neurones. <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/perdons-nous-vraiment-des-neurones-des-la-fin-de-ladolescence_2096303.html">L’élimination des neurones</a> surnuméraires est en grande partie terminée à la naissance. Cette perte de neurones pendant le développement est une étape essentielle à la maturation du cerveau.</p>
<p>Des nouveaux neurones dans le cerveau adulte, est-ce possible ? Pendant des décennies, les neurobiologistes étaient persuadés que nous naissions avec un stock définitif de neurones et que toute perte était irrémédiable. En 1998, une découverte <a href="https://www.nature.com/articles/nm1198_1313">a révolutionné les neurosciences</a> : Le cerveau humain produit des neurones.</p>
<p>De nombreuses études ont montré que la production de neurones dans une région particulière de notre cerveau <a href="http://www.observatoireb2vdesmemoires.fr/sites/default/files/sites/default/files/imce/commun/fiche_pedagogique_neurogenese.pdf%20%20">ne s’arrête jamais</a>. Cette région, l’hippocampe, appelée ainsi pour sa ressemblance de forme avec l’animal marin, produirait environ 700 nouveaux neurones par jour chez l’adulte.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238917/original/file-20181002-85623-g3p3mu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238917/original/file-20181002-85623-g3p3mu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238917/original/file-20181002-85623-g3p3mu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238917/original/file-20181002-85623-g3p3mu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238917/original/file-20181002-85623-g3p3mu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238917/original/file-20181002-85623-g3p3mu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238917/original/file-20181002-85623-g3p3mu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Coupe de cerveau humain montrant l’hippocampe en vert. Il est le site de production de nouveaux neurones et aussi de nouveaux souvenirs.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Neurones sensibles à l’environnement</h2>
<p>La production de nouveaux neurones à partir de cellules souches, est appelée neurogenèse. Cette neurogenèse aux stades embryonnaire et adulte est très sensible à l’environnement notamment à l’exposition aux pesticides. L’équipe de <a href="https://www.univ-orleans.fr/es/inem/neurotoxicit%C3%A9-et-d%C3%A9veloppement">« Neurotoxicité et développement »</a>“ du laboratoire INEM étudie les effets d’une exposition à un pesticide sur le développement du cerveau et notamment sur la neurogenèse.</p>
<p>Elle a récemment montré qu’une exposition chronique à faible dose induisait <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4977287/">des perturbations</a> au niveau des régions cérébrales qui produisent de nouveaux neurones.</p>
<p>L’environnement peut aussi avoir des <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/comment-fabriquer-et-garder-de-nouveaux-neurones-les-reponses-du-professeur-pierre-marie-lledo_112667">effets positifs sur la neurogenèse</a>. L’activité intellectuelle et physique, ainsi que les relations sociales la favoriseraient. Apportons tout de même un petit bémol, le pouvoir de notre cerveau de créer de nouveaux neurones diminue vraisemblablement avec l’âge.</p>
<p>Cependant, l’important pour le cerveau, ce n’est pas le nombre de neurones mais le fait qu’ils soient bien connectés. La perte de neurones n’est pas si dramatique si les connexions entre les neurones « restants » demeurent efficaces.</p>
<h2>Apprendre, c’est créer des connexions plus rapides</h2>
<p>Mais de quoi dépend l’efficacité des connexions neuronales ? Les neurones sont connectés entre eux au niveau de synapse. Plus les messages passent souvent entre deux neurones, plus les synapses entre eux se renforcent. Apprendre, c’est créer des connexions plus rapides entre ces neurones. Les chemins « nerveux » fréquemment empruntés deviennent alors des voies rapides et ainsi facilitent la résolution de problèmes, l’exécution de mouvements et sont alors à l’origine de l’apprentissage et de la formation de nouveaux souvenirs. Ce processus correspond à la plasticité cérébrale. Il est clairement établi que cette plasticité cérébrale a lieu tout au long de notre vie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238918/original/file-20181002-85614-ysfd1p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238918/original/file-20181002-85614-ysfd1p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238918/original/file-20181002-85614-ysfd1p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238918/original/file-20181002-85614-ysfd1p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=504&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238918/original/file-20181002-85614-ysfd1p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238918/original/file-20181002-85614-ysfd1p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238918/original/file-20181002-85614-ysfd1p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Neurones connectés entre eux au niveau des synapses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Mortaud, CNRS Orleans</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Quels sont les mécanismes qui régulent cette plasticité cérébrale ? Parmi les nombreux mécanismes, les neurotransmetteurs, petites molécules chimiques présentes dans le cerveau, jouent un rôle important. Ces neurotransmetteurs sont libérés au niveau de la synapse et permettent la communication entre deux neurones. Il existe de nombreux neurotransmetteurs comme le glutamate, la dopamine, l’acétylcholine et la sérotonine…</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238921/original/file-20181002-85611-i8g0zu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238921/original/file-20181002-85611-i8g0zu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=536&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238921/original/file-20181002-85611-i8g0zu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=536&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238921/original/file-20181002-85611-i8g0zu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=536&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238921/original/file-20181002-85611-i8g0zu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238921/original/file-20181002-85611-i8g0zu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238921/original/file-20181002-85611-i8g0zu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Libération de sérotonine au niveau d’une synapse.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il faut savoir que la sérotonine bien connue pour contrôler l’équilibre psycho-affectif est impliquée dans la régulation de l’humeur des personnes. D’ailleurs, certains antidépresseurs régulent la quantité de sérotonine dans le cerveau. La sérotonine intervient également dans les processus de mémorisation. En effet, la sérotonine agit sur des récepteurs présents à la surface des neurones pour contrôler leur forme, le nombre des synapses et par de là, la plasticité synaptique. Ainsi, les chercheurs du groupe <a href="http://cbm.cnrs-orleans.fr/spip.php?article7020">« Cibles pharmacologiques et biomarqueurs »</a> du CBM à Orléans s’intéressent plus particulièrement à ce neurotransmetteur et son action sur ses récepteurs. Ils ont en particulier montré qu’un <a href="https://www.cnrs.fr/inc/communication/direct_labos/morissey.htm">défaut au niveau de l’activité d’un de ces récepteurs</a> pourrait être impliqué dans l’apparition de troubles d’apprentissage dans une maladie génétique humaine.</p>
<p>Comme nous venons de le voir, la plasticité neuronale et la neurogenèse sont des mécanismes complexes. Ceux-ci perdurent tout au long de notre vie et sont à l’origine de notre adaptation et de notre apprentissage à chaque nouvelle situation de la vie quotidienne.</p>
<p>Le mythe selon lequel le cerveau commence son déclin à l’âge de 20 ans, vous y croyez encore ?</p>
<hr>
<p><em>L’escape-game « neuromythes » aura lieu le 13 et 14 octobre à l’Université d’Orléans, événement ouvert à tous.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104153/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Céline Dubourg travaille à l'Université d'Orléans et au CNRS. Les projets sur lesquels elle travaille ont reçu le soutien de la Région Centre Val de Loire (projet EISPoR) et de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR) (projet Neuropest, 2010 et projet NeuroTEM, 2018).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maryvonne Ardourel est membre de l'association Action Science Jargeau qui a pour objectif de promouvoir les sciences auprès du grand public.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Séverine Morisset Lopez travaille au CNRS. Les projets sur lesquels elle travaille ont reçu le soutien de la Région Centre Val de Loire (projet PAIN) et de l'ANR (Sero6Cognet).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stéphane Mortaud travaille à l'Université d'Orléans et au CNRS. Les projets sur lesquels il travaille ont reçu le soutien de la Région Centre Val de Loire (projet EISPoR) et de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR) (projet Neuropest, 2010 et projet NeuroTEM, 2018).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Flora Reverchon-Assadi, Olivier Richard et Vanessa Larrigaldie ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Qu’est-ce qu’un neuromythe ? À l’occasion de la Fête de la science, profitez d’un jeu pour démonter clichés et rumeurs scientifiques.
Céline Dubourg, enseignant chercheur en neurosciences, Université d’Orléans
Flora Reverchon-Assadi, Neurobiologiste, CNRS, Université d’Orléans
Maryvonne Ardourel, Enseignant-chercheur en biochimie-biologie moléculaire, Université d’Orléans
Olivier Richard, Maître de conférences en physiologie animale et neurophysiologie, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Severine Morisset Lopez, Neurobiologiste, CNRS, Université d’Orléans
Stéphane Mortaud, Professeur neurosciences, CNRS, Université d’Orléans
Vanessa Larrigaldie, Neuroscientifique, CNRS, Université d’Orléans
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/100129
2018-10-08T16:34:39Z
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Les asticots, unis face à la mort
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/235654/original/file-20180910-123107-1pfslt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C6%2C2032%2C1511&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tous ensemble, on est plus forts !</span> <span class="attribution"><span class="source">DR</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de la prochaine Fête de la science (qui aura lieu du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Peut-être les avez-vous déjà vus, grouillant sur la carcasse d’un animal décédé : des centaines, ou plus souvent des milliers d’asticots proliférant sur le cadavre jusqu’à l’avoir complètement nettoyé. Si ce n’est eux, vous connaissez assurément leurs parents : les mouches vertes ou bleues, connues des scientifiques sous le nom de Calliphoridae, et du commun des mortels sous l’appellation plus prosaïque de « mouches à merdes ».</p>
<p>Ce sont elles qui, sitôt la mort venue, vont repérer le cadavre et venir y déposer leurs œufs. Toujours à la recherche de chair fraîche, elles peuvent parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre un nouveau défunt à qui elles confieront leur progéniture. C’est qu’il faut être rapide : la mort n’attend pas, et le cadavre est une ressource très convoitée. Bactéries, moisissures, insectes et grands charognards (corbeaux, renards, sangliers) se disputent le morceau. Premier arrivé, premier servi !</p>
<h2>La bataille pour l’accaparement des ressources</h2>
<p>Les bactéries sont déjà sur place : dans le sol, sur les vêtements, la peau et même à l’intérieur du cadavre, notamment dans le tube digestif. Sans système immunitaire pour les réguler, elles se multiplient à toute vitesse. Ce sont elles qui provoquent la putréfaction, transformant la viande fraîche en une bouillie verdâtre et nauséabonde peu appétissante. C’est d’ailleurs probablement l’objectif : une <a href="http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/281/1782/20133320">théorie suppose</a> que ce « gâchage » serait un mécanisme d’accaparement des ressources, un moyen de repousser les animaux plus gros. Mais la décomposition microbienne n’empêche pas de nombreux insectes de coloniser le cadavre pour se nourrir et se reproduire.</p>
<p>Les nécrophores ont pour ce faire développé une stratégie d’évitement originale : le fossoyage. Ces discrets coléoptères orange et noir se sont fait une spécialité des cadavres de petits animaux : oiseaux, souris et autres rongeurs sont leurs choix de prédilection. Leur méthode est simple : arriver les premiers, prendre possession de la carcasse pour y pondre leurs œufs, et surtout empêcher les autres d’y accéder. Pour ce faire, ils commencent par préparer l’animal en l’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1420-9101.2012.02486.x">enduisant de sécrétions antibactériennes</a>.</p>
<p>Puis ils l’enterrent. Plusieurs individus peuvent coopérer à cette tâche, creusant de concert sous la dépouille jusqu’à l’avoir <a href="https://www.e-fabre.com/e-texts/souvenirs_entomologiques/necrophores.htm">ensevelie</a>. Si le sol est trop dur, la carcasse sera déplacée jusqu’à un endroit plus propice. Une fois le cadavre en sécurité, les femelles pondent quelques œufs, sur lesquels elles veillent avec l’aide des mâles jusqu’à ce que les larves soient autonomes.</p>
<p><a href="https://natureecoevocommunity.nature.com/users/40075-benjamin-jarrett/posts/17243-cooperation-and-the-pace-of-evolution">Cet investissement parental dans la reproduction</a>, rare chez les insectes, est une marque de socialité inattendue en ces lieux. Mais d’autres espèces nécrophages, en apparence plus limitées, présentent également des stratégies comportementales extrêmement efficaces. C’est le cas des mouches.</p>
<h2>Les asticots, des animaux sociaux</h2>
<p>Durant leur développement sur le cadavre, les asticots se regroupent et forment de gigantesques masses larvaires pouvant regrouper plusieurs milliers à plusieurs millions d’individus. Il y a là quelques frères et sœurs (chaque mouche pondant environ 200 œufs, les familles sont nombreuses), mais aussi de la parentèle éloignée, et surtout de parfaits inconnus, voir des étrangers. Car les larves ne sont pas sectaires : bien que capables de reconnaître leurs congénères, elles n’hésitent pas à se <a href="http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/283/1824/20152676">joindre à d’autres espèces</a> pour grossir leur rangs, quitte à les préférer à leur propre fratrie. Comme nous le verrons, l’union fait leur force.</p>
<p>À première vue, ces flaques de larves semblent totalement désordonnées, grouillantes et ondulantes dans une frénésie anarchique ou le <em>chacun pour soi</em> semble être la règle. Pourtant, de puissants mécanismes comportementaux maintiennent ici une organisation sociale rudimentaire mais terriblement efficace. L’agrégation, première forme de socialité, est élevée en véritable stratégie de développement par les asticots.</p>
<p>Car seul, l’asticot est impuissant : lent, fragile, sans défense, il est exposé à de nombreux prédateurs. Il a du mal à s’alimenter si la viande est trop dure, et souffre du soleil, du froid et de la dessiccation. Bref, ses chances de survie sont faibles. Mais en groupe, les choses sont bien différentes. Rares sont les charognards prêts à ingérer un cadavre grouillant d’asticots : un danger de moins.</p>
<p>Mais surtout, le groupe est en mesure de contrôler son environnement, de le façonner selon ses besoins. L’action conjointe de milliers de bouches crachant des enzymes <a href="https://www.researchgate.net/publication/326128313_Collective_exodigestion_favours_blow_fly_colonization_and_development_on_fresh_carcasses">permet de liquéfier la nourriture</a>, transformant les muscles riches en protéines en une soupe facile à aspirer. Ce processus d’exodigestion est amplifié par l’action mécanique des larves, qui casse les chairs et leur permet d’accéder à de nouvelles ressources.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/235858/original/file-20180911-144488-tgshgr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/235858/original/file-20180911-144488-tgshgr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/235858/original/file-20180911-144488-tgshgr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/235858/original/file-20180911-144488-tgshgr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/235858/original/file-20180911-144488-tgshgr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/235858/original/file-20180911-144488-tgshgr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/235858/original/file-20180911-144488-tgshgr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La viande, plat de résistance des mouches vertes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
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<p>Et ce n’est pas tout : en s’agitant, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0379073811002015?via%3Dihub">asticots génèrent de la chaleur</a>. Si cette quantité de chaleur est infime pour une larve isolée, elle devient significative lorsque des milliers d’individus sont réunis. Au sein des grands agrégats, la température atteint les 45°C : de quoi booster le métabolisme des asticots, et réduire leur temps de développement. On passe ainsi de 8 jours à une température ambiante de 17°C à moins de 4,5 jours lorsque les larves sont agrégées. Bien que très rudimentaire, cette stratégie est donc payante. À l’échelle de l’individu et plus généralement de la population, le regroupement permet d’optimiser le développement et de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/bulletin-of-entomological-research/article/physiological-tradeoffs-of-forming-maggot-masses-by-necrophagous-flies-on-vertebrate-carrion/E8860319CE62400AE814CA92010C08DC">réduire la mortalité</a>.</p>
<h2>Des implications en médecine légale</h2>
<p>En se comportant comme un véritable super-organisme, une sorte d’estomac géant, les larves de mouches sont capables de consommer un cadavre en seulement quelques jours. Carl Von Linné, le biologiste qui classa les espèces, n’en disait pas moins : « Trois mouches consomment le cadavre d’un cheval aussi vite que le ferait un lion. »</p>
<p>Cette stratégie est fascinante d’un point de vue écologique, car elle illustre comment, dans un environnement particulièrement difficile, l’évolution a favorisé des solutions originales et des comportements inhabituels (coopération entre espèces). Mais parallèlement à ces aspects fondamentaux, ces résultats trouvent une application directe dans un cadre bien plus prosaïque : les enquêtes judiciaires.</p>
<p>Lors de la découverte d’un cadavre, les larves nécrophages peuvent en effet être utilisées pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Entomologie_m%C3%A9dico-l%C3%A9gale">dater le décès</a>. En calculant leur âge, on peut reconstituer l’arrivée des mouches sur le cadavre, et ainsi déterminer le moment de la mort. Cette méthode de datation, l’entomologie médico-légale, est utilisée en France depuis les années 70. Elle repose sur des bases scientifiques solides, et notamment une parfaite connaissance de la vitesse de développement des larves.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/235859/original/file-20180911-144467-1qn27es.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/235859/original/file-20180911-144467-1qn27es.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/235859/original/file-20180911-144467-1qn27es.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/235859/original/file-20180911-144467-1qn27es.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/235859/original/file-20180911-144467-1qn27es.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/235859/original/file-20180911-144467-1qn27es.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/235859/original/file-20180911-144467-1qn27es.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’objet du délit.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
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<p>Cependant, ces données proviennent d’élevages réalisées en laboratoires, et portent en elles un biais fondamental. Elles postulent que les larves sont des organismes passifs, qui subissent leur environnement, et notamment les changements de température. Selon cette vision, les larves se contenteraient donc de grandir à la vitesse que leur impose le climat environnant. Or, comme nous l’avons vu, les asticots peuvent adapter leur comportement afin de se développer plus vite. Ils peuvent notamment se regrouper pour mieux s’alimenter, et augmenter localement la température. Ils sont également capables de se déplacer en groupe, par exemple pour s’abriter à l’intérieur du corps lorsque la température baisse durant la nuit.</p>
<p>L’étude détaillée du comportement des insectes nécrophages a ainsi permis de démontrer que de telles questions n’intéressaient pas seulement de la science fondamentale, mais devaient également être intégrées aux méthodes de datation du décès.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100129/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Damien Charabidze ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La mort n’attend pas, et le cadavre est une ressource très convoitée. Bactéries, moisissures, insectes et grands charognards (corbeaux, renards, sangliers) se disputent le morceau.
Damien Charabidze, Docteur en Biologie, Expert judiciaire, Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/102691
2018-10-08T16:34:35Z
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Les idées reçues : entre mythe et réalité, les schémas de notre pensée
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238962/original/file-20181002-85602-i7mobg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C1187%2C979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les Mémoires d'un saint (1960), René Magritte.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/23416307@N04/6587599813">Omega/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Lorsque Jérémy a quitté Aurore pour une femme quinze ans plus jeune que lui, son entourage a logiquement évoqué la crise de la quarantaine. Les colères à répétitions de papy Jean ? Cela ne fait aucun doute qu’elles sont liées à l’insatisfaction qui vient en vieillissant. Quant à l’ulcère du cousin Stéphane, pas étonnant chez quelqu’un d’aussi stressé ! Que Camille stresse avant son examen, cela va lui faire perdre ses moyens et échouer ! Et puis cette personne agressée dans la rue par un « déséquilibré » ! Rien de moins surprenant, on sait bien que les personnes atteintes de maladie mentale sont dangereuses…</p>
<p>Autant d’explications apparemment satisfaisantes qui permettent de répondre à la complexité de ces différentes situations. Mais ces explications, aisément admises par tout un chacun, sont-elles scientifiquement corroborées ou s’agit-il uniquement d’idées reçues ?</p>
<h2>Naissance et développement des idées reçues</h2>
<p>Les situations que nous rencontrons au quotidien possèdent un caractère plus ou moins complexe et, de ce fait, entaché d’un certain degré d’incertitude. Plus une situation est complexe, plus il est difficile d’en appréhender les causes et donc de l’expliquer ou de se l’expliquer. Or, s’adapter à notre environnement et à ce que nous sommes en train de vivre, nécessite que nous puissions trouver du sens, que nous puissions expliquer les choses.</p>
<p>Ainsi, face à ces situations dont la complexité compromet l’accès aux causes profondes et réelles, il arrive que nous fabriquions des explications apparemment rationnelles qui permettent de réduire cette complexité et l’incertitude qui souvent l’accompagne. Ces explications ont pour caractéristique d’être acceptées par toute une collectivité d’individus ; mais pour rationnelles qu’elles paraissent, elles s’apparentent dans certains cas à des idées reçues parce que fondées sur l’intuition plutôt que sur des faits analysés et vérifiés.</p>
<p>Ces idées reçues, pour le moins non vérifiées selon les standards scientifiques, mais néanmoins fortement crédibles, apportent une certaine réassurance face à la complexité et l’incertitude en clarifiant et simplifiant nos idées. Ces idées, totalement admises nous sont transmises par notre environnement socio-culturel et leur degré de véracité est testé selon la logique de la coïncidence au cours de la vie de l’individu.</p>
<h2>La carte d’identité des idées reçues</h2>
<p>En psychologie, une idée reçue est définie comme un ensemble de connaissances à propos d’un objet donné. Par exemple, les connaissances que nous possédons sur la propagation du son. Ces connaissances – certaines vraies (le son se déplace en ondes sonores), d’autres fausses (les vaisseaux spatiaux font de très beaux bruits dans l’espace) – s’agglomèrent pour former une structure (ou un schéma) de connaissances qui, comme nous l’avons vu, peut être utilisée afin de trouver une explication rationnelle face à une situation dont les causes réelles nous échappent.</p>
<p>La carte d’identité des idées reçues comporte quatre caractéristiques qui lui sont propres.</p>
<ul>
<li><p>Sa fréquence : une idée reçue a la particularité d’être répandue.</p></li>
<li><p>Son caractère d’évidence : elle apparaît comme quelque chose de démontré.</p></li>
<li><p>La facilité avec laquelle elle peut être admise qui la rend agréable.</p></li>
<li><p>Enfin, elle revêt souvent une forme anecdotique, voire amusante, qui contribue à la facilité avec laquelle elle est acceptée et véhiculée.</p></li>
</ul>
<h2>Un ancrage profond</h2>
<p>On peut ajouter, en outre, qu’une idée reçue sera d’autant mieux acceptée et ancrée dans le système de croyance d’un individu que celle-ci convient à notre façon de penser ou de voir les choses et se conforme à nos dispositions. De fait, l’idée reçue est captée au travers d’un filtre émotionnel qui l’ancre littéralement dans notre vision du monde sans jugement critique.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238967/original/file-20181002-85611-1mu62uh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238967/original/file-20181002-85611-1mu62uh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=747&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238967/original/file-20181002-85611-1mu62uh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=747&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238967/original/file-20181002-85611-1mu62uh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=747&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238967/original/file-20181002-85611-1mu62uh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=939&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238967/original/file-20181002-85611-1mu62uh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=939&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238967/original/file-20181002-85611-1mu62uh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=939&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« Ceci n’est pas une pomme », René Magritte (1959).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/centralasian/5501618347">Cea/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Les idées reçues s’imposent généralement de façon non consciente. Autrement dit, elles naissent et se construisent de manière implicite, sans que nous ayons un réel contrôle sur la façon dont nous les adoptons et encore moins sur leur contenu. La conséquence principale en est que leur fondement n’est pas, ou rarement, mis en doute.</p>
<p>Pour le dire plus simplement, lorsque nous croyons à une idée particulière, il est difficile, sinon impossible de nous en détourner. En outre, leur ancrage profond dans la culture réduit à néant toute tentative de les contrer et cela même lorsque des preuves solides démontrent qu’il s’agit de contre-vérités. On peut alors se demander quelles sont les raisons qui font que ces idées, ces schémas de pensées, ces croyances se maintiennent contre vents et marées ?</p>
<h2>Pourquoi les idées reçues ont-elles la peau dure ?</h2>
<p>La réponse à cette question se trouve en partie dans les éléments que nous venons d’évoquer, à savoir le caractère agréable, évident (voire simpliste) et souvent amusant des idées reçues, ainsi que leur installation par des processus d’apprentissage non conscients. Mais cela n’est pas suffisant pour expliquer qu’elles puissent s’imposer et surtout perdurer face aux arguments scientifiquement étayés.</p>
<p>Une bonne partie de l’explication résiderait dans les caractéristiques émotionnelles liées aux idées reçues. Pour qu’une idée s’impose, pour qu’elle devienne une véritable croyance populaire, il lui faut au départ une dimension émotionnelle suffisamment importante pour résister aux assauts conjugués de la logique et de la rationalité.</p>
<p>Le degré auquel nous croyons – ou pas – à une idée donnée est largement influencé par la propension que nous avons à l’attachement. Nous nous attachons aux personnes, aux animaux, aux objets, mais aussi aux idées. Et cela non pas de manière froide et raisonnée, mais souvent de façon tout à fait irrationnelle. Dans le cas des idées, nous nous attachons à celles que nous jugeons émotionnellement plaisantes et rejetons en bloc la plupart de celles auxquelles nous sommes émotionnellement « allergiques », et ce d’autant que l’objet ciblé est complexe.</p>
<p>Cette dimension émotionnelle du jugement s’exprime à travers un biais auquel nous sommes tous sensibles : le <a href="http://psy2.ucsd.edu/%7Emckenzie/nickersonConfirmationBias.pdf">biais de confirmation</a>. Ce biais nous conduit à accorder plus d’attention, mais aussi plus de crédit, aux informations dans notre environnement qui soutiennent nos croyances actuelles. Autrement dit nous sélectionnons, de façon majoritairement non consciente, les preuves qui étayent les idées auxquelles nous croyons déjà et inversement nous dépensons une énergie folle à ignorer celles qui pourraient contredire ces idées.</p>
<p>La nouvelle conquête de Jérémy n’est-elle pas une preuve flagrante que la crise de la quarantaine est une réalité ? Que quinze autres couples de mon entourage aient atteint cet âge sans encombre ne constitue aucunement une preuve du contraire. Le biais de confirmation pourrait être un élément fondamental pour expliquer la persistance des idées reçues et la difficulté à les combattre. Mais finalement, est-il vraiment nécessaire de les combattre et pourquoi ?</p>
<h2>Pourquoi combattre les idées reçues ?</h2>
<p>Combattre les idées reçues laisse à penser qu’elles sont unanimement fausses, ce qui n’est pas le cas : le croire serait une idée reçue ! Plus exactement, dans la mesure où une idée reçue est, comme nous l’avons vu, une agglomération de connaissances, certaines de ces connaissances peuvent être parfaitement exactes.</p>
<p>Nous avons préalablement souligné le fait que nous vivons dans un environnement complexe et notre organisme lui-même est une structure complexe. Prenons le stress par exemple ; qu’il puisse – en fonction de sa nature, de son intensité, de sa durée, de nos capacités de résistance, voire de son interprétation – être impliqué dans les ulcères n’est pas complètement faux. Pour autant, le stress n’a pas que des conséquences négatives, loin s’en faut. La confrontation au stress et les réactions physiologiques qui en découlent sont en elles-mêmes nécessaires et inhérentes à la vie, et dans les situations difficiles telles qu’un examen par exemple, ces réactions s’avèrent plutôt vertueuses, tout dépend de la <a href="http://doi.org/10.1037/a0025719">manière dont on interprète</a> la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3410434/">situation</a>.</p>
<p>Par ailleurs, les idées reçues présentent une fonction intéressante à souligner qui consiste à renforcer l’homogénéité d’un groupe social donné en favorisant l’interaction des individus qui composent ce groupe autour d’une croyance donnée sous la forme d’une norme social et/ou culturel. Ceci d’autant plus qu’elles vont donner du sens à des phénomènes dont la complexité est importante. Par exemple, considérer que le vieillissement est responsable de la diminution des capacités de mémoire permet de simplifier un phénomène qui implique bien d’autres causes que le simple vieillissement biologique. Alors, pourquoi combattre ces idées ?</p>
<p>Outre le rétablissement de la vérité qui à elle seule apparaît comme une raison suffisante, combattre les idées reçues s’avère nécessaire lorsqu’elles conduisent les individus à adopter des comportements ou des attitudes néfastes. En l’occurrence, certaines de nos croyances peuvent conduire à la stigmatisation d’un groupe ethnique particulier, d’une catégorie d’âge particulière ou à des attentes particulières en fonction du genre de l’individu.</p>
<p>Ainsi, continuer de penser que les garçons réussissent mieux que les filles dans les filières scientifiques, que les personnes atteintes de troubles mentaux sont dangereuses ou que les homosexuels sont psychologiquement malades constituent des idées qu’il faut combattre. Il faut les combattre parce qu’elles sont fausses, mais aussi et surtout parce qu’elles contribuent à maintenir une inégalité d’une injustice profonde entre les individus.</p>
<p>Ainsi, combattre les idées reçues nécessite de développer sons sens critique, de savoir se documenter auprès de sources sérieuses et d’apprendre à remettre en question ses propres croyances.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102691/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les explications, aisément admises par tout un chacun, sont-elles scientifiquement corroborées ou s’agit-il uniquement d’idées reçues ?
Thierry Atzeni, Maître de Conférences en Psychologie, Université Savoie Mont Blanc
Sonia PELLISSIER, Enseignant-chercheur, Maître de Conférences en Psycho-Physiologie, Université Savoie Mont Blanc
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tag:theconversation.com,2011:article/103261
2018-10-08T16:34:24Z
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« Tout le monde descend » : pourquoi j’ai choisi de parler de science au théâtre
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239327/original/file-20181004-52681-1n4brhu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=68%2C0%2C768%2C472&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Après avoir réfléchi à des communications en vidéo, Marie-Charlotte Morin a opté pour les planches et le contact direct avec le public.</span> <span class="attribution"><span class="source">"Tout le monde descend"</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Curieuse de nature, j’ai toujours été passionnée par les sciences. Au fil de mes études, il m’a donc semblé naturel de me tourner vers la recherche. Comme la majorité des doctorants, mon enthousiasme a été quelque peu ébranlé par la réalité du laboratoire, entre les expériences qui ne marchent pas, les hypothèses balayées au bout de plusieurs mois d’expérimentation, ainsi que les protocoles répétitifs. Bref, arrivée en troisième année de thèse, j’ai ressenti le besoin d’ouvrir mes horizons.</p>
<p>En parallèle de mon doctorat, je nourrissais un intérêt poussé pour la vulgarisation et j’aimais participer à des événements tels que <a href="https://www.fetedelascience.fr/">La Fête de la science</a>, une véritable bouffé d’air entre deux expériences de labo. C’est alors que j’ai eu vent du concours « Ma thèse en 180 secondes », qui met les doctorants au défi de présenter leur sujet de recherche de la manière accessible au grand public. Mon amour pour la transmission a visiblement convaincu, puisque j’ai remporté le prix du public, de la sélection régionale à la finale internationale. Une expérience qui m’a donné envie de poursuivre dans la voie de la médiation scientifique.</p>
<h2>Le choix de l’humour</h2>
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<span class="caption">Affiche de la pièce de Marie-Charlotte Morin, représentée à Paris, Strasbourg et Bruxelles.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Après le concours, j’ai d’abord pensé au format vidéo, la vulgarisation rencontrant un certain succès sur YouTube. Mais une rencontre avec le metteur en scène Alexandre Taesch m’a convaincue de rester sur les planches, où « l’on respire le même air que le public ». Nous avons peaufiné ensemble un scénario que j’avais écrit quelques semaines plus tôt sur la théorie de Darwin. <em>Tout le monde descend !</em> était née. Le but de <a href="http://www.toutlemondedescend.com/">cette comédie scientifique</a> est d’utiliser l’humour noir pour lutter contre l’obscurantisme.</p>
<p>Pourquoi Darwin ? Parce que la théorie de l’évolution est un formidable prétexte pour aborder des sujets bien plus profonds : développer les fondements de la méthode scientifique, expliquer pourquoi la science n’est pas une croyance, reparler de la place du hasard dans les mécanismes de transformation du vivant. Si les hommes ont cru par le passé que la terre était plate et que le soleil tournait autour de leur planète, ils ont tous autant de mal à admettre que les mutations à l’origine de l’évolution soient apparues par hasard, sans l’intervention d’une intelligence supérieure. Et les attaques qui touchent cette théorie restent légion.</p>
<p>Je voulais réaliser un spectacle drôle, accessible, pour attirer un public qui n’irait pas forcément voir une conférence scientifique. J’aurais pu écrire une pièce de 5h tant il y a a dire sur le sujet. Alexandre m’a aidée à éviter les monologues et à réécrire des passages entiers pour introduire de nouveaux personnages, des dialogues et des scènes plus dynamiques. Il était fondamental de garder le fil de l’humour pour que les néophytes se laissent ensuite séduire par le fond.</p>
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<figcaption><span class="caption">Pourtant reconnue par toute la communauté scientifique, la théorie de l’évolution reste contestée par les religieux les plus obscurantistes.</span></figcaption>
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<h2>Un projet qui voyage</h2>
<p>Quand on se lance dans un projet complètement inconnu (je n’étais ni auteure, ni comédienne, ni manager de tournée), la transition n’est pas toujours évidente. Il a fallu aller chercher des fonds, convaincre des salles de nous accueillir, réaliser tous les supports de communication, de l’affiche aux tracts, en passant par le site web et les mailings. Réaliser cette pièce m’a apporté une solide expérience en gestion de projets. Deux ans et quarante-cinq représentations plus tard, je dois avouer que nous sommes fiers du chemin parcouru. La pièce a été incroyablement bien reçue par le public et par la presse, et après nos représentations à Paris, Strasbourg et Bruxelles, c’est à Liège que nous nous apprêtons à jouer en 2019.</p>
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<span class="caption">La pièce mise sur l’interactivité et l’humour pour faire passer des notions scientifiques complexes.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Mon virage vers la vulgarisation scientifique a été amorcé par ces trois petites minutes à parler de ma thèse en 2014, mais mes perspectives de carrière se sont consolidées avec le succès de cette comédie. Depuis cet été, j’ai définitivement arrêté la recherche pour me concentrer sur plusieurs projets de communication scientifique, notamment un projet de livre illustré en lien avec le sujet de la pièce. Je vais pouvoir ainsi assouvir ma passion secrète pour l’illustration tout en défendant la méthode scientifique. La mission de ce livre sera d’illustrer les conflits entre science et dogmes séculaires. Une opposition ô combien d’actualité, surtout aux États-Unis où seul un quart des Américains sont convaincus par la théorie de Darwin et où le réchauffement climatique est nié par un gouvernement manifestement anti-science.</p>
<p>Les obscurantistes vont convaincre les gens avec des mots très simples, il est urgent de les combattre sur le terrain avec une approche didactique, engagée et résolument drôle. Si, je vous assure, on peut parler de choses très sérieuses sans se prendre au sérieux, voilà où se situe ma valeur ajoutée et je compte bien continuer dans cette voie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103261/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Charlotte Morin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Docteure en biologie et lauréate du concours « Ma thèse en 180 secondes », Marie-Charlotte Morin a réalisé une comédie « scientifique » pour lutter contre les idées reçues et l’obscurantisme.Témoignage.
Marie-Charlotte Morin, Docteure en biologie, Université de Strasbourg
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/101846
2018-10-07T19:20:39Z
2018-10-07T19:20:39Z
La vie en développement : se construire sans ou sur une erreur
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/235863/original/file-20180911-144461-1f32b7v.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C3%2C1187%2C849&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’erreur, source de diversité.
</span> <span class="attribution"><span class="source"> C.Spriet /UGSF</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Les cellules d’un organisme se développent selon un programme précis dicté par son ADN et influencé par l’environnement. Le processus de duplication de l’ADN ou une modification de l’environnement des cellules peuvent être à l’origine d’erreurs altérant le comportement normal de la cellule. Certaines de ces erreurs peuvent être corrigées (réparation de l’ADN), devenir fatales (apoptose) ou provoquer des anomalies de développement (malformation des organes). Certaines de ces erreurs peuvent conférer des avantages aux cellules et organismes qui les portent, et être recherchées, voire sélectionnées.</p>
<p>Comment se produisent les erreurs ? Parmi les agents créant des erreurs au niveau de l’ADN, on recense les agents mutagènes chimiques, les rayonnements ultraviolets et les rayonnements ionisants. Ces agents modifient les bases de l’ADN, ou brisent la structure physique de l’hélice d’ADN ou provoquent des erreurs lors de la réplication de l’ADN. Si la lésion de l’ADN n’est pas corrigée, l’information génétique peut être altérée de façon permanente, créant une mutation. Ces agents sont dits génotoxiques.</p>
<h2>Se construire sans erreur</h2>
<p>Les brins d’ADN peuvent donc être cassés ou modifiés. La plupart de ces lésions moléculaires sont détectées et corrigées quelques secondes après leur création, avant qu’elles ne causent des anomalies définitives. Les systèmes de détection des erreurs, sensibles aux mauvais appariements des bases ou aux altérations de la structure physique de l’ADN, évitent ainsi aux cellules de transmettre des informations erronées, dont les répercussions peuvent avoir des effets au niveau de la cellule ou de l’organisme. Des agents génotoxiques sont impliqués dans des processus de cancérisation où l’accumulation de mutations conduit à la transgression des règles de la vie cellulaire avec pour conséquence une prolifération anarchique, l’évitement de la mort cellulaire.</p>
<figure class="align-left ">
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<span class="caption">Têtard de Xenopus laevis âgés de 6 jours.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Slaby, C. Spriet/UGSF</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par ailleurs, si ces mutations se produisent lors de la vie embryonnaire, elles peuvent avoir des effets sur le développement. La chorégraphie qui préside à l’édification d’un organisme à partir d’une unique cellule œuf demande une régulation fine. Toute dérégulation peut compromettre sévèrement le développement de l’individu ou altérer des fonctions cellulaires capitales.</p>
<p>Ainsi chez l’homme, la consommation d’alcool, de drogue, la prise de médicaments et les infections virales (rubéole) au cours de la grossesse ont des effets visibles sur le développement embryonnaire et la vie de l’individu.</p>
<p>La thalidomide est un agent pharmacologique qui constitue un cas d’école : prescrit aux femmes enceintes pour lutter contre les nausées et les troubles nerveux, ce médicament est à l’origine de graves malformations congénitales. La thalidomide fait désormais partie de ce que l’on appelle les agents tératogènes, c’est-à-dire qui peuvent provoquer des effets néfastes sur le fœtus lorsque celui-ci y est exposé pendant la grossesse. Le type de malformation ou de défaut de développement embryonnaire sera conditionné par la durée, le moment de l’exposition et la nature des agents dits tératogènes.</p>
<p>Certains modèles animaux, comme les amphibiens, peuvent aider à comprendre les facteurs environnementaux qui conduisent aux anomalies de développement.</p>
<h2>Se construire sur une erreur</h2>
<p>Certaines de ces erreurs liées à la multiplication de l’ADN sont à l’origine de l’apparition de nouveaux caractères ou de nouvelles propriétés indispensables à l’évolution des organismes. Dans la nature, ces nouvelles propriétés vont, par exemple, permettre à l’individu de mieux s’adapter à son environnement. L’homme tire parti de ces erreurs notamment en sélectionnant des espèces adaptées à différentes situations.</p>
<p>La domestication du maïs en est un bon exemple. Elle commence il y a 9 000 ans au Mexique lorsque l’homme sélectionne des plants mutés de téosinte, l’ancêtre du maïs tel que nous le connaissons aujourd’hui. De façon étonnante, les différences morphologiques majeures entre la téosinte et le maïs sont dues à un très petit nombre de gènes dont les mutations ont permis au maïs de prendre un rôle central dans l’alimentation d’Amérique centrale depuis plus de 5 000 ans. Depuis, l’homme n’a cessé d’optimiser le maïs dans le but d’améliorer son rendement de production ou d’adapter ses caractéristiques aux différentes applications industrielles. Ainsi, plusieurs dizaines de nouvelles variétés sont actuellement développées chaque année en France.</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Grain de maïs à éclater.</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Spriet/UGSF</span></span>
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</figure>
<p>L’utilisation du maïs se décline aujourd’hui dans trois grands domaines d’applications. La grande majorité de la production est dévolue à l’alimentation animale. Viennent ensuite l’alimentation humaine, mais également les industries non-alimentaires où le maïs pourra être décliné du biocarburant au bioplastique.</p>
<p>Cette grande variété d’applications nécessite des maïs présentant des caractéristiques très différentes, notamment en ce qui concerne la composition et la morphologie du grain. Le grain de maïs est composé de différentes parties :</p>
<ul>
<li><p>l’embryon, situé à la base du grain ;</p></li>
<li><p>l’albumen principalement composé de grains d’amidons et d’eau ;</p></li>
<li><p>l’enveloppe extérieure ou péricarpe.</p></li>
</ul>
<p>Même si les variétés actuelles de maïs produisent des grains de couleur jaune, il existe en réalité une multitude de couleurs possibles allant du violet au jaune, en passant par le rouge ou le rose. Ces variations de couleurs sont dépendantes de l’accumulation de pigments (carotènes et anthocyanes) dans les différentes couches cellulaires des grains.</p>
<p>Les différences entre les variétés de maïs sont liées à la présence de modification de l’ADN de la plante. Certaines variétés ont ainsi été sélectionnées pour un usage spécifique, c’est le cas, par exemple du maïs à éclater ou <em>Zea mays var. everta</em> qui possède une enveloppe externe très épaisse indispensable à la fabrication du popcorn.</p>
<p>Lorsqu’on chauffe de tels grains à une température optimale de 180°C, l’eau présente dans l’albumen va entrer en ébullition et se concentrer au cœur du grain. L’enveloppe extérieure de cette variété de maïs est alors suffisamment épaisse pour permettre une montée en pressions de l’eau qui va cuire le grain d’amidon, le rendre visqueux et permettre son agglutination. La vapeur d’eau occupant un plus grand volume que sous forme liquide, elle va enfin rompre brutalement l’enveloppe et l’amidon prendra alors la forme caractéristique du popcorn. Le popcorn peut alors être savouré, mais également être utilisé pour le conditionnement biodégradable d’objet fragile, le popcorn présentant des propriétés élastiques équivalentes à celles du polystyrène expansé.</p>
<p>Ainsi, l’erreur fait partie de la vie de toutes les cellules. Si elle n’est pas réparée, elle peut être source de diversité, d’apparition de malformations ou de nouveaux caractères. Si les erreurs lors du développement peuvent être associées à des événements dramatiques, elles peuvent également être moteurs de l’évolution. Elles peuvent par ailleurs être sélectionnées par l’homme pour l’amélioration variétale.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit par trois chercheurs de l’Unité de Glycobiologie structurale et fonctionnelle de Lille (le docteur Corentin Spriet, le professeur Jean‑François Bodart et le docteur Fabrice Wattebled) dans le contexte du village des sciences de Lille ou ces thèmes seront développés au travers de différents stands d <a href="http://www.cue-lillenorddefrance.fr/?q=culture-patrimoine/culture-scientifique/culture-fete-de-la-science">u 11 au 14 octobre 2018</a>. N’hésitez pas à nous rendre visite pour en savoir plus !</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/101846/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Corentin Spriet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Si les erreurs lors du développement peuvent être associées à des événements dramatiques, elles sont également moteurs de l’évolution.
Corentin Spriet, PhD en Instrumentation et Analyse Avancée, HDR en Biologie et Santé., Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/104214
2018-10-07T19:18:36Z
2018-10-07T19:18:36Z
Pourquoi les enseignants-chercheurs devraient tweeter
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239110/original/file-20181003-52695-1ievpi5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=68%2C4%2C823%2C464&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Twitter permet aux chercheurs d'élargir leurs réseaux et d'enrichir leurs échanges avec élèves et pairs.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a></em></p>
<hr>
<p>Si Twitter est le <a href="http://sircome.com/usage-des-medias-sociaux-par-les-organismes-de-recherche/">réseau social préféré</a> des institutions scientifiques, les chercheurs qui y tiennent un compte en leur nom propre sont encore minoritaires, comme le soulignait dès 2014 une <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/02/05/twitter-et-les-chercheurs-l-exception-francaise_4360491_1650684.html">étude du CNRS</a>. Une défaillance à corriger désormais sans tarder ? Nous proposons ici une revue des principaux avantages pour la recherche, pour les chercheurs et pour la société civile d’un médiateur tel que Twitter.</p>
<p>S’il est certain que nos revues spécialisées (<a href="http://www.xerfi-precepta-strategiques-tv.com/emission/Michel-Volle-Albert-David-Les-revues-academiques-sont-elles-utiles-_3746111.html">dont le ranking est d’ailleurs discuté fréquemment</a>) sont essentielles à la conversation scientifique, pour repousser les limites de la connaissance, à quoi toutes ces réflexions serviraient-elles si l’on n’en fait rayonner les apports ?</p>
<p>Twitter, le réseau social qui gazouille, très utilisé par les jeunes, permet de rapprocher la culture scientifique, et plus simplement la science, de ceux qui n’y sont pas confrontés au quotidien dans les laboratoires, mais qui y ont néanmoins affaire dans leurs choix de tous les jours, qu’il s’agisse de consommation, de mobilité ou encore de soins de santé.</p>
<h2>De nouveaux terrains de recherche</h2>
<p>Au-delà de ces enjeux de diffusion vers le grand public, n’oublions pas que Twitter permet aussi de toucher plus spécifiquement les entreprises, très présentes sur le réseau. Un aspect non négligeable pour la recherche en gestion, où la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=1EieWVz0nKo">question de l’impact</a> est fondamentale, presque structurelle, puisque cette science n’a d’avenir que si elle se nourrit du terrain et que le terrain peut se nourrir d’elle. Et n’est-ce pas finalement le cas, à des degrés et sur des échelles de temps divers, de toutes les sciences ?</p>
<p>Les discussions qui naissent des gazouillis permettent ainsi de se rapprocher de ses objets d’études. Prenons un exemple peu représentatif, le nôtre. Suite à un <a href="https://theconversation.com/les-rappeurs-sont-ils-des-leaders-en-puissance-pour-que-le-management-entre-dans-le-cercle-100927">simple tweet que nous avions écrit pour relayer un article)</a>, nous nous sommes retrouvés, avec deux collègues, en plein milieu du tournage d’un pipeline de talents musical, pour y étudier les liens entre hip-hop et management. Une expérience que nous avons pu partager ensuite sur les réseaux sociaux, rapprochant fans de musiques urbaines et fans de management.</p>
<p>Par les voies de communication classique, jamais ces terrains de recherche atypiques n’auraient été accessibles. Twitter a donné l’impulsion de cette conversation scientifique inattendue. En parallèle d’un travail de médiation, il a donc servi de creuset à l’innovation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1025422491777474562"}"></div></p>
<h2>Des opportunités pédagogiques</h2>
<p>Twitter offre aussi aux enseignants que nous sommes l’occasion inespérée de proposer à nos étudiants une information complémentaire, plus interactive que la très traditionnelle « Bibliographie indicative », qui finit souvent au fond d’un sac (pour les plus chanceuses) ou d’une poubelle. Nous testons régulièrement la mise à disposition d’un #Halshtag pour chaque cours, que chaque promotion s’approprie à sa manière. Certains vont même transmettre leurs plans d’exposés ou questions de cours par ce canal.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1038355633744035840"}"></div></p>
<p>Plus décalé, le ton sur Twitter laisse aussi davantage place à l’opinion, ce qui peut concourir au développement d’un raisonnement critique. Autre apport, la réduction des distances entre enseignant et étudiant, ce qui est particulièrement vrai dans les universités de grande taille, où les amphis peuvent regrouper plus de 300 étudiants. Avec un vrai potentiel d’échanges en matière de culture générale.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1039068185201278976"}"></div></p>
<h2>Des retours de pairs</h2>
<p>La distance se trouve également réduite entre les collègues, ou encore entre les doctorants et les enseignants chercheurs titulaires, ce qui peut aider à « tester » son approche auprès d’un professeur référent dans son domaine d’étude, en encore de signaler et ancrer sa présence en tant que chercheur débutant sur un sujet donné.</p>
<p>Enfin, prendre le pouls d’une conférence via un #Halshtag est beaucoup plus aisé via Twitter que via un traditionnel questionnaire post événement. Les LiveTweet permettent de figer des instants de communication et d’ancrer l’éphémère échange en colloque dans le temps. Il est également possible comme le fait fréquemment l’AFM de mettre en avant un chercheur afin de discuter sont travail sur Twitter.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1044972644389605377"}"></div></p>
<p>Attention tout de même, à l’heure ou chaque ligne, chaque lettre écrit par les individus peut se retourner contre lui, il faudra être capable, en tant que chercheur, d’assumer jusqu’au plus ancien Tweet de sa carrière, <a href="https://hitek.fr/actualite/elon-musk-condamnation-amende-20-millions-dollars-demission-conseil-administration-tesla_17436">avec les conséquences que l’on peut observer dans tous les métiers</a>. Cela nous annonce des débats d’anthologie par gazouillis interposés.</p>
<h2>Un défi à relever</h2>
<p>Si en 2017, nous avions été nombreux à <a href="http://www.lepoint.fr/societe/on-a-marche-pour-les-sciences-dans-plus-d-une-vingtaine-de-villes-en-france-22-04-2017-2121749_23.php">marcher pour les sciences</a>, en postulant que celles-ci pouvaient contribuer à éclairer la société, pourquoi ne pas essayer un petit peu de lumière bleue ?</p>
<p>Il y aura certainement autant d’usages de Twitter que de chercheurs, mais la société a en tout cas besoin d’une science qui s’assume et de chercheurs qui éclairent, comme ils l’ont toujours fait. « Si vous n’êtes pas capable d’expliquer quelque chose à un enfant de 6 ans, c’est que vous ne le comprenez pas vous-même. »</p>
<p>Cette citation que l’on attribue à Albert Einstein pourrait plus rapidement que prévu se transformer en la formule suivante : « Si vous n’êtes pas capables de résumer votre travail en un Tweet ou 140 caractères, c’est que vous ne l’avez pas compris vous-même, ou que vous serez obligés d’utiliser le #Thread »</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104214/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Gaillard est membre de l'Institut du pluralisme religieux et de l’athéisme (IPRA). Il conseille en parallèle de son travail de recherche des entreprises et administrations sur les questions de faits religieux et de laïcité au travail, de GRH et d'insertion professionnelle.</span></em></p>
Twitter est certes un bon outil de diffusion et de vulgarisation de la recherche. Mais le réseau ouvre aussi aux chercheurs de nouveaux terrains d’enquête.
Hugo Gaillard, Doctorant en Sciences de Gestion et chargé de cours en GRH, Le Mans Université
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.