tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/meteo-29507/articlesmétéo – The Conversation2024-02-04T15:35:29Ztag:theconversation.com,2011:article/2209772024-02-04T15:35:29Z2024-02-04T15:35:29ZPourquoi il est si difficile de prévoir les orages d'été<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/572862/original/file-20240201-17-rw4i15.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C2640%2C1742&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les orages, des phénomènes imprévisibles ? </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/photo-de-lile-et-du-tonnerre-E-Zuyev2XWo">Johannes Plenio/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les orages surviennent partout dans le monde et à tout moment de l’année, mais ils sont plus intenses et plus fréquents dans les régions tropicales, et, sous nos latitudes, en été. En effet, les orages et la canicule sont étroitement liés, car la chaleur accumulée pendant les périodes de beau temps est le carburant qui alimente les orages les plus intenses.</p>
<p>Néanmoins, pendant les vagues de chaleur, les modèles atmosphériques et les météorologues prévoient souvent des orages « dans les prochains jours »… mais ces tempêtes ne se produisent pas et semblent éternellement repoussées.</p>
<p>Alors, les météorologues souffrent-ils d’hallucinations ? Et bien non – il ne s’agit pas seulement d’une impression due à l’impatience du public qui aspire à un rafraîchissement. Il y a de vraies raisons scientifiques qui rendent particulièrement difficile de prévoir quand une vague de chaleur sera finalement interrompue par un épisode orageux, rafraîchissant mais parfois destructeur.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1671283528418435075"}"></div></p>
<h2>La recette des orages : chaleur, humidité… et complexité</h2>
<p>Pour comprendre ce qui se passe, il faut d’abord comprendre ce qu’est un orage. Les orages sont une valve utilisée par la nature pour dissiper l’énergie excessive accumulée près de la surface de la terre sous forme de chaleur et d’humidité. Cette énergie est stockée dans la « couche limite planétaire », dont l’épaisseur varie de quelques centaines de mètres à 2-4 kilomètres l’été.</p>
<p>On le voit très bien si l’on regarde un orage d’en haut en accéléré : il ressemble à des bulles émergeant du fond d’une casserole lorsque l’eau commence à bouillir et que la vapeur, plus légère que l’eau liquide, veut s’échapper vers la surface.</p>
<figure> <img src="https://www.weather.gov/images/dlh/StormSummaries/2020/July8/78satloop3.gif"><figcaption>Le 8 juillet 2020, de sévères orages frappent les États-Unis. Images du satellite GOES-East, prises à intervalles de une minute. Source : NOAA </figcaption></figure>
<p>En été, notamment pendant les vagues de chaleur, la température monte près de la surface de la Terre. Souvent une grande quantité d’humidité y est également piégée, qu’elle provienne de la mer toute proche ou qu’elle s’évapore de la végétation. Cet air chaud et humide est moins dense que l’air en altitude (donc plus léger), et il veut s’élever vers le sommet de l’atmosphère – une élévation qui libérerait l’énergie accumulée à basse altitude.</p>
<p>Mais les choses ne sont pas si simples : les vagues de chaleur sont liées à des systèmes de haute pression, également appelés « anticyclones ». Ces systèmes de haute pression compriment l’air vers le sol, supprimant tout mouvement ascendant et empêchant donc l’air de monter.</p>
<p>L’énergie dans la couche limite planétaire s’accumule… et se prépare à être libérée de manière explosive comme un pistolet chargé. « Loaded gun », c’est d’ailleurs le terme utilisé par les météorologues américains pour communiquer sur les situations météorologiques particulièrement dangereuses qui conduisent aux vagues d’orages extrêmes et de tornades, et qui affectent les États-Unis plus que toute autre région de la planète.</p>
<p>Un exemple emblématique est la <a href="https://www.nssl.noaa.gov/about/history/2011/">vague d’orages et de tornades</a> qui a frappé les États-Unis du 25 au 28 avril 2011 : ces jours-là, 200 tornades ont frappé cinq États du sud, causant plus de 300 morts. Des conséquences fatales, alors même que la tempête avait été bien prévue à l’avance, et que les météorologues avaient reconnu le terrible potentiel d’une atmosphère en « pistolet chargé » (<em>loaded gun</em>).</p>
<h2>Quels détonateurs pour les « pistolets chargés » atmosphériques</h2>
<p>De <a href="https://www.weather.gov/source/zhu/ZHU_Training_Page/thunderstorm_stuff/Thunderstorms/thunderstorms.htm">multiples phénomènes peuvent servir de détonateur pour libérer l’énergie et déclencher les orages</a>. Dans certains cas, la présence d’une montagne suffit : agissant comme un trampoline, la montagne oblige l’air à monter, parfois suffisamment pour atteindre des altitudes où il est alors capable de continuer seul, et enfin de libérer l’énergie. C’est la raison pour laquelle, dans des régions comme les Alpes et le Massif central, les orages estivaux se produisent souvent alors que le reste du pays est encore sous un temps très chaud et sec.</p>
<p>Parfois, l’anticyclone devient simplement très vieux et commence à se dégrader, ou bien il est remplacé par un système dépressionnaire : le premier jour où la pression a suffisamment baissé, le soleil de l’après-midi chauffe la surface au point que l’air sort enfin de sa prison anticyclonique.</p>
<p>Une autre cause fréquente de déclenchement d’orages est l’arrivée d’une masse d’air froid : beaucoup plus dense que l’air chaud sous le dôme anticyclonique, elle agit comme un coin pour fendre le bois, en soulevant abruptement l’air chaud près du sol.</p>
<p>Un autre élément déclencheur possible est le passage de forts courants de vent en altitude, dans lesquels la direction du vent diverge, comme une route à quatre voies qui se divise en deux routes à deux voies allant dans des directions légèrement différentes. Cela crée une sorte de vide dans la haute atmosphère, qui doit être compensé par une remontée d’air près du sol.</p>
<p>La plupart du temps, on observe une combinaison de phénomènes.</p>
<p>Par exemple, nous pouvons examiner la situation météorologique présente sur la France le 20 juin 2023, telle que vue par la <a href="https://www.ecmwf.int/en/forecasts/dataset/ecmwf-reanalysis-v5">réanalyse</a> du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF). Ce jour-là, des <a href="https://www.keraunos.org/actualites/fil-infos/2023/juin/orages-grele-supercellules-vent-pays-basque-gers-tarn-et-garonne-20-juin-foudre">orages violents se sont développés sur la France</a>, produisant de gros grêlons, des tempêtes de vent, de nombreux éclairs et des nuages spectaculaires.</p>
<p>Ce jour-là, un fort anticyclone était encore présent sur l’Europe centrale, tandis que la France était approchée par un système de basse pression entre le Royaume-Uni et l’Islande. De plus, le gradient de pression sur la France était également lié à un couloir de vents divergents dans les niveaux supérieurs de l’atmosphère, tandis que de l’air plus chaud que la normale s’attardait encore sur le pays : une recette parfaite pour la formation d’orages.</p>
<h2>Pourquoi tant de difficultés à prévoir un phénomène tout à fait commun</h2>
<p>Les météorologues savent donc ce que sont les orages et comment ils fonctionnent. Alors, pourquoi avons-nous du mal à les prévoir ?</p>
<p>Parce que le fait que de multiples facteurs concourent à la formation des orages implique également de multiples sources d’erreur.</p>
<p>En effet, les modèles de prévision météorologique sont très fiables à un horizon de quelques jours, après quoi leurs performances tendent à diminuer. En cas d’anticyclone anormalement persistant, le modèle produit souvent une prévision erronée de son affaiblissement (avec orages associés), et cette prévision se voit corrigée au fur et à mesure, repoussant les prédictions d’orages plus loin dans le futur. Parfois, lorsque l’anticyclone s’affaiblit effectivement, les conditions ont changé par rapport à la prévision précédente, de sorte que la fin de la vague de chaleur n’est plus associée à des orages. C’est un peu un « effet mirage ».</p>
<p>Dans de nombreux cas, la situation est encore plus compliquée. Bien qu’ils soient puissants et spectaculaires, les orages sont assez petits en taille par rapport à l’ensemble d’un système de haute pression. Certains des éléments que nous avons évoqués et qui les produisent peuvent être affectés par des variations environnementales même minimes. Par exemple, le vent de haute altitude peut être un peu plus faible ou moins divergent, ou le ciel un peu plus nuageux le matin, ce qui suffit à consommer l’énergie avant que les orages ne se déclenchent.</p>
<p>Les orages ont toujours été considérés comme peu prévisibles et volatils, et ce pour de bonnes raisons. Les progrès scientifiques futurs, notamment les efforts continus pour améliorer la description de la physique de l’atmosphère, mais aussi l’<a href="https://www.ecmwf.int/en/about/media-centre/science-blog/2023/rise-machine-learning-weather-forecasting">essor de l’intelligence artificielle</a> dans le domaine des prévisions météorologiques permettront de les prévoir de mieux en mieux au fil du temps.</p>
<p>Cependant, les prévisions ne seront jamais parfaites, en raison de la <a href="https://theconversation.com/leffet-papillon-quest-ce-qui-se-cache-derriere-la-theorie-du-chaos-179878">nature chaotique de l’atmosphère</a>, qui amplifie même la plus petite (et inévitable) erreur affectant les conditions initiales de la prévision.</p>
<p>Les canicules interminables et les orages imprévus (ou mal prévus) sont ainsi une occasion de s’émerveiller encore de la nature… et d’être un peu indulgent envers votre météorologue favori !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220977/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Flavio Pons ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la météorologie est capable de prévoir de plus en plus finement le temps qu’il fera, la prévision des orages est encore complexe.Flavio Pons, Post-doctorant au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE), CEA, CNRS, UVSQ, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1965302023-11-22T14:17:17Z2023-11-22T14:17:17ZAu Québec, les feuillus pourraient se déplacer vers le nord. Voici les conséquences potentielles sur le paysage forestier boréal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557106/original/file-20231101-23-x790gm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C2%2C994%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'impact combiné de l'augmentation des températures (de 2 à 8°C d'ici 2100) et de l'aménagement forestier dans la forêt boréale mixte pourrait modifier la croissance et la distribution des espèces tempérées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au Québec, on retrouve deux types de forêt distincts : la forêt tempérée nordique au sud et la forêt boréale au nord. </p>
<p>Ces écosystèmes forestiers fournissent une <a href="https://doi.org/10.1126/science.abf3903">diversité de services importants</a> au fonctionnement global de la planète et de notre économie. On peut par exemple penser au stockage de grandes quantités de carbone atmosphérique, aux habitats pour de nombreuses espèces, ainsi qu’à la fourniture de matière première pour l’industrie du bois, qui est un pilier de l’économie québécoise et canadienne.</p>
<p>Étudiant au doctorat à l’UQAT, je travaille sur le potentiel de colonisation de l’érable à sucre, du bouleau jaune et de l’érable rouge au nord de leur aire de répartition, dans la forêt boréale mixte. Ces trois espèces emblématiques des forêts d’Amérique du Nord sont d’une importance capitale au niveau économique (bois d’œuvre, fabrication de contreplaqué, pâte, ou sirop d’érable pour l’érable à sucre) et contribuent à la diversité des forêts québécoises.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
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<h2>La forêt mixte, entre biome tempéré et boréal</h2>
<p>La forêt mixte est située au niveau de la zone de transition (écotone) entre les forêts boréale et tempérée. </p>
<p>Elle désigne la région où ces deux forêts se rencontrent, créant une zone dans laquelle les <a href="https://mffp.gouv.qc.ca/nos-publications/zones-vegetation-domaines-bioclimatiques/">caractéristiques de ces deux types de forêts s’entremêlent</a>. Cet amalgame se caractérise par une coexistence complexe entre les espèces feuillues tempérées et les conifères typiques de la forêt boréale. </p>
<p>C’est dans cet écotone que les feuillus tempérés atteignent la limite nord de leur répartition. </p>
<h2>Un futur incertain pour la forêt boréale mixte</h2>
<p>L’impact combiné de l’augmentation des températures (de 2 à 8 °C d’ici 2100) et de l’aménagement forestier dans la forêt boréale mixte pourrait <a href="https://doi.org/10.1111/gcb.16014">modifier la croissance et la distribution des espèces tempérées</a>. Les services écosystémiques fournis par ces espèces pourraient être alors altérés.</p>
<p>Cette transformation pourrait être profonde. Car les espèces de feuillus tempérés pourraient migrer vers le nord et même devenir des <a href="https://doi.org/10.1111/ecog.06525">espèces dominantes au sein des peuplements de la forêt boréale mixte</a>.</p>
<p>Un tel changement dans la composition forestière de la forêt boréale mixte pourrait avoir des conséquences majeures pour l’industrie forestière, les régimes de perturbations naturelles et la biodiversité associée aux espèces d’arbres dominantes dans les forêts. Cependant, l’incertitude entourant l’implication des facteurs qui influencent le succès de l’établissement et de la croissance des feuillus tempérés dans la forêt boréale mixte reste considérable. </p>
<p>Il est essentiel de comprendre comment la croissance et la capacité d’établissement des feuillus tempérés au sein des peuplements de la forêt mixte sont influencées par des facteurs tels que le climat, les caractéristiques du sol et les interactions de compétition entre les arbres pour obtenir une vision complète de l’avenir de la forêt boréale mixte.</p>
<h2>Des feuillus dans la forêt boréale mixte ?</h2>
<p>Dans le cadre de mes travaux de doctorat, nous avons tenté de modéliser les interactions de compétition entre les arbres en tenant en compte des effets des changements climatiques sur leur croissance. Ce modèle simule chaque arbre dans un peuplement. Chaque année, les arbres croissent, se reproduisent et peuvent éventuellement mourir. La croissance de chaque arbre dépend de la lumière que l’arbre reçoit, de la compétition pour les nutriments et pour l’espace, et du climat. </p>
<p>Dans notre étude, <a href="https://doi.org/10.1111/ecog.06525">publiée dans la revue <em>Ecography</em></a>, nous avons exploité ce modèle pour évaluer la capacité des feuillus tempérés à s’établir au sein de peuplements de la forêt boréale mixte. Pour ce faire, nous avons procédé à la modélisation de peuplements typiques de la forêt boréale mixte, auxquels nous avons intégré des espèces de feuillus tempérés, offrant l’opportunité de coloniser ces peuplements. </p>
<p>Nous avons montré que les trois espèces de feuillus tempérés pouvaient coloniser le peuplement. Le bouleau jaune avait une meilleure capacité de colonisation, avec ses graines plus nombreuses et plus légères qui peuvent se disperser plus loin. L’érable rouge et l’érable à sucre présentaient quant à eux des capacités similaires pour coloniser les peuplements mixtes boréaux. Cependant, l’érable à sucre montrait une meilleure capacité à coloniser les forêts plus vieilles, en raison de sa croissance supérieure sous une canopée fermée.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="forêt enneigée" src="https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557904/original/file-20231106-27-ukk16g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les espèces de feuillus tempérés pourraient migrer vers le nord et même devenir des espèces dominantes au sein des peuplements de la forêt boréale mixte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>La capacité d’établissement des feuillus tempérés dans la forêt boréale mixte était plus élevée dans les peuplements les plus jeunes, ainsi que dans les peuplements après une coupe totale. Par conséquent, l’aménagement forestier et les feux de forêts, en rajeunissant les paysages de la forêt mixte boréale, pourraient accélérer la migration des espèces d’arbres tempérés vers le nord. </p>
<p>L’augmentation des températures due aux changements climatiques ne devrait pas augmenter la capacité des feuillus tempérés à coloniser les peuplements de la forêt boréale mixte, que ce soit dans le climat actuel ou dans des scénarios de forçage climatique élevé. Cela signifie que le climat ne serait pas un facteur influençant la limite nord de répartition des espèces de feuillus tempérés, et que les changements climatiques ne devraient pas avoir d’effet immédiat sur la distribution nordique des feuillus tempérés.</p>
<p>Les types de sols de la forêt boréale mixte pourraient cependant être une limite à la croissance des feuillus tempérés. Dans des sols argileux, la croissance de l’érable rouge et de l’érable à sucre serait faible et ne leur permettrait pas d’être compétitifs avec les espèces déjà présentes, qui tolèrent très bien l’argile. </p>
<p>Les facteurs régissant la croissance des arbres tels que le climat, le sol et la compétition interagissent ensemble et peuvent <a href="https://doi.org/10.1139/cjfr-2019-0319">rendre les prédictions concernant la distribution future des différentes espèces d’arbres très complexes</a>. </p>
<h2>Des effets tant positifs que négatifs</h2>
<p>L’établissement des feuillus tempérés dans la forêt boréale mixte pourrait accroître la complexité et la diversité dans les peuplements. Cela pourrait renforcer la <a href="https://doi.org/10.1111/1365-2435.13257">résistance et la résilience de la forêt boréale mixte face aux perturbations</a>. </p>
<p>La présence des feuillus tempérés en forêt boréale mixte pourrait notamment atténuer les épidémies de tordeuse des bourgeons de l’épinette, car la proportion de sapins et d’épinettes serait plus faible et ces espèces seraient <a href="http://link.springer.com/10.1007/s004420050441">davantage dispersées dans les peuplements</a>. </p>
<p>L’établissement des feuillus tempérés provoquera une augmentation de la proportion de feuillus dans le paysage. Ce phénomène, connu sous le nom « d’enfeuillement », est observé dans la forêt boréale mixte depuis les 100 dernières années et est principalement dû à l’aménagement forestier. Cet enfeuillement pourrait rendre les épidémies de <a href="https://mffp.gouv.qc.ca/les-forets/protection-milieu-forestier/protection-forets-insectes-maladies/fiches-insectes/livree-forets/">livrée des forêts</a> plus sévères. Cet insecte défoliateur s’attaque aux feuillus et spécialement au peuplier faux-tremble, au bouleau à papier et à l’érable à sucre.</p>
<p>Enfin, les régimes de feux de forêt pourraient être modifiés par les différences d’inflammabilité des feuillus et des conifères. La présence de feuillus tempérés, qui sont moins inflammables que les conifères, pourrait rallonger les cycles de feu. Cet effet positif sera cependant associé à un défi majeur pour l’industrie forestière qui aménage la forêt boréale mixte, puisque la filiale est actuellement tournée majoritairement vers les conifères.</p>
<h2>On ne peut s’arrêter là</h2>
<p>D’autres études de modélisation sont nécessaires pour explorer l’impact d’autres facteurs susceptibles d’influencer la capacité des feuillus tempérés à coloniser la forêt boréale mixte. </p>
<p>On peut notamment penser à l’impact du sol et des mycorhizes (symbiose entre les racines des plantes et des champignons) sur la germination et la croissance des arbres. Mais aussi à la prise en compte des phénomènes météorologiques, tels que les gelées tardives, qui peuvent affecter la survie et la croissance des jeunes arbres tempérés. </p>
<p>De plus, une modélisation à l’échelle du paysage serait bénéfique pour prendre en considération la topographie du terrain, un facteur potentiellement influent sur la capacité des feuillus tempérés à s’établir plus au nord.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196530/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gennaretti Fabio a reçu des financements grâce à la Chaire de Recherche du Canada en dendroécologie et dendroclimatologie (CRC-2021-00368) et par le ministère des Ressources Naturelles et des Forêts (contrat no. 142332177-D), et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (Subvention à la Découverte no. RGPIN-2021-03553 et Subvention Alliance no. ALLRP 557148-20, obtenue en partenariat avec le MRNF et Produits forestiers Résolu).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maxence Soubeyrand ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des recherches montrent que la distribution des feuillus tempérés (érable à sucre, érable rouge et bouleau jaune) pourrait se décaler vers le nord, entraînant de lourdes conséquences sur la forêt boréale.Maxence Soubeyrand, Doctorant en écologie forestière, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Fabio Gennaretti, Professeur en sciences forestière, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2165162023-11-01T13:34:50Z2023-11-01T13:34:50ZLes feux de forêt de l’été 2023 ont été les plus dévastateurs en 50 ans. Le pire reste-t-il à venir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556341/original/file-20231027-23-ya6je6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C6%2C2032%2C1066&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les incendies de forêt ont majoritairement été déclenchés par la foudre. Leur propagation a ensuite été exacerbée par un manque de précipitations et des températures anormalement élevées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Victor Danneyrolles)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Après une saison estivale marquée par des incendies exceptionnels, les forêts québécoises s’apprêtent à connaître un bref répit avec le retour des températures plus fraîches et des précipitations neigeuses. </p>
<p>Mais pour combien de temps ? De tels événements <a href="https://www.ledevoir.com/societe/793624/incendies-de-foret-des-feux-records-depuis-100-ans-au-quebec">deviendront-ils plus fréquents ?</a>.</p>
<p>Experts des dynamiques de perturbations en milieu boréal, nous proposons ici de dresser un bilan des feux ayant eu lieu en 2023 au Québec, et d’apporter un éclairage sur leurs causes et conséquences.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
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<h2>Des millions d’hectares affectés</h2>
<p>Selon la Société de protection des forêts contre le feu (<a href="https://sopfeu.qc.ca/">SOPFEU</a>), près de 700 incendies ont ravagé environ 5,1 millions d’hectares (soit la superficie du Costa Rica), au nord comme au sud de la limite nordique des forêts attribuables, soit la ligne qui sépare le Nord québécois du sud, où les forêts sont soumises à des coupes forestières.</p>
<p>Au début du mois d’octobre, quinze incendies étaient encore actifs depuis l’été dans l’ouest du Québec. Trois d’entre eux, bien que sous contrôle, avaient brûlé ensemble près de 700 000 hectares dans la <a href="https://sopfeu.qc.ca/lintervention-de-la-sopfeu-dans-les-differentes-zones-de-protection/">zone de protection intensive</a>, où la SOPFEU combat systématiquement tous les incendies. </p>
<p>Dans la <a href="https://sopfeu.qc.ca/lintervention-de-la-sopfeu-dans-les-differentes-zones-de-protection/">zone nordique</a>, douze incendies étaient sous surveillance constante, certains ne dépassant pas 20 hectares, d’autres atteignant plus d’un million d’hectares. De la superficie totale brûlée en 2023 au Québec, trois quarts (3,8 millions d’hectares) se trouvaient en zone nordique. Au sud du 50<sup>e</sup> degré nord de latitude, dans la zone de protection intensive, environ 1,4 million d’hectares a brûlé, soit plus de 80 fois la moyenne annuelle des dix dernières années.</p>
<p>Lorsqu’on compare la saison des feux de 2023 aux <a href="https://www.donneesquebec.ca/recherche/dataset/feux-de-foret">données disponibles depuis les années 1970</a>, il est assez clair que cette année fut inhabituelle au regard des dernières décennies. Mais, bien qu’impressionnants et difficiles à contenir, ces incendies demeurent vraisemblablement dans la plage de la « variabilité naturelle » observée au cours des siècles précédents. </p>
<p>Plusieurs <a href="https://doi.org/10.1071/WF22090">études</a> ont montré que les cycles de feux particulièrement intenses étaient courants au Québec dans les années 1910-1920. Et encore plus fréquents aux XVIII<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> siècles, lorsque les conditions climatiques chaudes et sèches étaient particulièrement propices aux feux de forêt. </p>
<h2>Des conditions météorologiques exceptionnelles</h2>
<p>À l’image des incendies de forêt historiques, les départs de feu au Québec en 2023 ont été alimentés par des <a href="https://www.worldweatherattribution.org/climate-change-more-than-doubled-the-likelihood-of-extreme-fire-weather-conditions-in-eastern-canada/">conditions météorologiques intenses</a>. Dès le mois de juin et après un mois de mai déjà sec, une multiplication significative des incendies a été observée dans la zone intensive. La zone nordique a quant à elle été touchée tout au long des trois mois d’été. </p>
<p>Ces incendies ont majoritairement été déclenchés par la foudre. Leur propagation a ensuite été exacerbée par un manque de précipitations et des températures anormalement élevées. Les températures ont en effet dépassé de <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/climat/faits-saillants/2023/juin.htm">+2,3 °C la moyenne de la période 1981-2010 pour le mois de juin</a>, établissant un record du mois de juin le plus chaud enregistré au Québec depuis au moins cent ans. </p>
<p>Ces conditions météorologiques exceptionnelles ont été en partie influencées par le phénomène El Niño, un réchauffement cyclique de l’océan Pacifique connu pour son impact sur les conditions météorologiques terrestres. La tendance s’est poursuivie en juillet, avec des températures moyennes exceptionnellement élevées, dépassant largement les normales (+2,7 °C).</p>
<h2>Des conséquences multiples</h2>
<p>Le déclenchement simultané de nombreux incendies et leur propagation rapide ont eu des effets multiples sur la faune et les forêts, le climat, ainsi que sur les populations humaines. </p>
<p>Les feux ont altéré la structure et la composition de la végétation, entraînant des perturbations pour les habitats fauniques, ainsi que des <a href="https://www.ledevoir.com/societe/792940/la-faune-est-elle-aussi-affectee-par-les-incendies-de-foret-et-la-fumee">déplacements et une mortalité chez les animaux</a>. En conséquence, les territoires de chasse, de pêche et de récolte des communautés autochtones ont été affectés. </p>
<p>En plus de représenter une menace directe pour la sécurité publique, la fumée des incendies, à l’origine de problèmes respiratoires, a forcé <a href="https://www.journaldequebec.com/2023/06/06/feux-de-foret-evacuation-obligatoire-a-chibougamau">l’évacuation de milliers de personnes dans plusieurs régions du Québec</a>. La dégradation de la qualité de l’air a été ressentie non seulement à l’échelle du Canada et des <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1986201/villes-fumee-usa-jeudi-2023">États-Unis</a>, mais également en <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/06/27/feux-de-foret-les-francais-sont-ils-vraiment-impactes-par-la-fumee-qui-arrive-du-quebec">Europe</a>. Fort heureusement, les évacuations se sont déroulées à temps, sans entraîner de victimes, malgré certains dégâts matériels.</p>
<p>Sur le plan climatique, les grands incendies ont libéré plusieurs mégatonnes de dioxyde de carbone stockées dans les arbres et les sols, <a href="https://doi.org/10.1139/er-2013-0062">ce qui a contribué à accroître les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre</a> (CO<sub>2</sub>, CH<sub>4</sub>).</p>
<p>Bien que les feux aient entraîné des conséquences importantes, <a href="https://theconversation.com/les-forets-boreales-nord-americaines-brulent-beaucoup-mais-moins-quil-y-a-150-ans-198635">ils sont parfois bénéfiques pour certains organismes</a>. On peut penser à des espèces d’arbres, comme le pin gris, qui en dépendent pour se régénérer ou à de nombreuses espèces animales qui affectionnent les forêts brûlées.</p>
<h2>À quoi s’attendre à l’avenir ?</h2>
<p>Les forêts du Québec brûlent et se régénèrent de manière cyclique depuis des millénaires. Cependant, il est impératif de reconnaître que <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-031-15988-6_2">ces cycles peuvent évoluer au cours du temps</a>. </p>
<p>La saison des feux de 2023 souligne l’urgence de se préparer à des changements importants dans les dynamiques de perturbation, et notamment à la possibilité que de tels événements se reproduisent plus fréquemment. </p>
<p>À mesure que les changements climatiques progressent, les épisodes de sécheresse pourraient devenir plus fréquents si les précipitations ne parviennent pas à compenser l’augmentation des températures, comme cela a été observé au XX<sup>e</sup> siècle. </p>
<p>Cette combinaison de facteurs accroît la probabilité d’une augmentation du nombre, de la taille et de l’intensité des feux de forêt. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-forets-boreales-nord-americaines-brulent-beaucoup-mais-moins-quil-y-a-150-ans-198635">Les forêts boréales nord-américaines brûlent beaucoup, mais moins qu’il y a 150 ans</a>
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<p>De tels changements menacent la régénération naturelle des forêts et pourraient conduire à la formation de zones sans arbres, victimes d’incendies trop fréquents <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2024872118">pour que la végétation ait le temps de se régénérer</a>. </p>
<p>Ces conditions pourraient également être exacerbées par l’expansion continue de l’exploitation forestière. <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/796885/de-vastes-pans-de-la-foret-boreale-quebecoise-n-arriveront-pas-a-se-regenerer">Des analyses préliminaires</a> ont montré que plus de 300 000 hectares de forêts brûlées en 2023 pourraient ne pas se régénérer, principalement en raison de l’exploitation forestière des dernières décennies. </p>
<p>Les conséquences des grands feux de forêt soulignent les défis climatiques auxquels nous sommes confrontés. Elles mettent en évidence la nécessité de développer des mesures d’atténuation et d’adaptation, visant à protéger les écosystèmes forestiers vulnérables et leurs habitants. </p>
<p>Il est donc impératif de tirer des leçons de la saison des feux de 2023 afin de renforcer la résilience des forêts et des communautés face aux changements climatiques et limiter les dommages causés par les feux. Cela passe à la fois par une réduction du risque, une protection des zones les plus vulnérables et une sensibilisation des populations locales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216516/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yves Bergeron a reçu des financements de FRQNT,CRSNG,MRNF</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Dorian M. Gaboriau, Jonathan Lesven et Victor Danneyrolles ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les feux de forêt de l’été 2023 au Québec ont été très impressionnants – et ravageurs. Il s’agit même de la pire année depuis 50 ans. Et avec les changements climatiques, le pire semble à venir.Dorian M. Gaboriau, Postdoctorant en paléoécologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Jonathan Lesven, Doctorant en paléoécologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Victor Danneyrolles, Professeur-chercheur en écologie forestière, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Yves Bergeron, Professeur écologie et aménagement forestier, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2147792023-10-04T18:39:57Z2023-10-04T18:39:57ZMaladies transmises par les moustiques, météo et climat : des liaisons dangereuses<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551419/original/file-20231002-17-o3uqig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C1024%2C671&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aedes aegypti est une espèce d'insectes diptères, un moustique qui est le vecteur principal de la dengue, de l'infection à virus Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune.</span> <span class="attribution"><span class="source">U.S. NAVY </span></span></figcaption></figure><p>Lors de la crise sanitaire liée au SARS-CoV-2, nos sociétés ont pris conscience de l’importance et de l’utilité des outils mathématiques et statistiques pour <a href="https://theconversation.com/comment-estimer-levolution-du-Covid-19-malgre-des-donnees-de-contaminations-de-qualite-limitee-177777">caractériser la propagation d’une maladie</a> dans la population générale, prévoir ses conséquences en termes de santé publique et anticiper les répercussions économiques à court terme. Au-delà du Covid-19, les maladies propagées par les moustiques, dont <a href="https://theconversation.com/podcast-zootopique-des-maladies-qui-sacclimatent-208678">l’aire de répartition s’élargit régulièrement</a> sous l’influence du changement climatique, représentent aujourd’hui une menace émergente. </p>
<p>Dans notre dernier travail, récemment publié dans la revue <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adf7202"><em>Science Advances</em></a>, nous avons revisité l’analyse des liens entre maladies transmises par des moustiques, météorologie et climat. À la clé, un enjeu de santé publique : la mise en place de systèmes d’alerte précoce aiderait à mieux se préparer à ces épidémies.</p>
<h2>Dengue et chikungunya de plus en plus au nord</h2>
<p>Avec le réchauffement climatique et la survenue <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">d’évènements El Niño</a> plus fréquents, l’augmentation des cas de <a href="https://theconversation.com/les-changements-globaux-aggravent-le-risque-dexpansion-du-paludisme-115951">maladies transmises par des moustiques</a> devient un sujet brûlant. Longtemps cantonnées dans les régions tropicales ou équatoriales, elles commencent à pointer leur nez sous des latitudes plus tempérées.</p>
<p>Quelques exemples :</p>
<ul>
<li><p>Épidémie de chikungunya <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/chikungunya">dans le nord de l’Italie en 2007 et en 2017</a></p></li>
<li><p>Flambée de <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/dengue">dengue en 2012 sur l’archipel de Madère</a> avec de nombreux cas de dengue importés en Europe</p></li>
<li><p><a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">Invasion du sud de la France</a> par <em>Aedes Albopictus</em>, le célèbre moustique tigre, connu pour transmettre des <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=arbovirose">arboviroses</a> c’est-à-dire des maladies, transmises par des arthropodes dont les moustiques, comme la dengue, Zika ou le chikungunya.</p></li>
</ul>
<p>Tous ces exemples témoignent d’une montée de risques sanitaires qui nous étaient jusque-là étrangers. En 2022, Santé Publique France, a recensé <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/dengue/documents/article/surveillance-des-arboviroses-en-france-metropolitaine-nette-augmentation-des-cas-de-dengue-autochtone-en-2022">près de 70 cas autochtones de dengue dans le sud de la France</a>.</p>
<p>Il y a quelques jours à peine, les Parisiens du 15<sup>e</sup> ont eu dû faire face à une <a href="https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/cas-de-dengue-a-paris-une-operation-de-demoustication-prevue-dans-la-nuit_60085898.html">démoustication en règle de leur arrondissement</a> pour réduire les risques de transmission, du virus de la dengue importé, par les nombreux moustiques tigres qui ont colonisé cet arrondissement. </p>
<h2>Climat, météo, facteurs socio-économiques… des épidémies complexes</h2>
<p>Pour anticiper les épidémies de maladies propagées par les moustiques et mettre en place des systèmes d’alerte précoce efficaces, nous devons comprendre le rôle que jouent les principaux facteurs environnementaux dans les épidémies passées, notamment celles qui ont été observées dans les pays où ces maladies sont endémiques.</p>
<p>Or, la dynamique de ces maladies résulte de relations complexes entre vecteurs (moustiques), humains, leur statut immunitaire, les facteurs socio-économiques, les effets de l’environnement sur les moustiques… Malgré cette complexité, il existe un consensus dans la communauté scientifique sur le fait que les facteurs climatiques, la température, l’humidité et les précipitations sont des déterminants importants de ces épidémies. </p>
<ul>
<li><p>Les précipitations sont nécessaires pour créer des habitats propices aux larves de moustiques. </p></li>
<li><p>Une humidité adéquate permet une activité élevée des moustiques adultes et améliore les taux de survie.</p></li>
<li><p>La température affecte aussi le taux de piqûre et le développement du pathogène dans les populations de moustiques, ce qui va influencer le taux de transmission de la maladie.</p></li>
</ul>
<p>En plus de ces variables climatiques locales, le climat global, notamment les oscillations à grande échelle de type El Niño, influence aussi la dynamique de ces maladies.</p>
<h2>Des maladies cycliques</h2>
<p>Pour mieux comprendre les dynamiques épidémiques de ces maladies, l’approche méthodologique consiste à suivre dans le temps l’évolution du nombre d’individus atteints, ce qui est souvent fait par les systèmes de santé. Cela permet, dans un second temps, d’analyser les motifs temporels récurrents. </p>
<p>Et de fait, l’étude de nombreuses séries temporelles a montré que ces dynamiques sont marquées par une forte saisonnalité : on observe une épidémie chaque année, plus ou moins au même moment de l’année, mais d’intensité variable. De manière tout aussi systématique, des composantes multiannuelles de deux à quatre ans ont été mises en évidence.</p>
<p>Une fois ces composantes périodiques estimées, des approches statistiques vont permettre de déterminer la présence de corrélations avec les composantes trouvées sur les séries temporelles météorologiques et/ou climatiques.</p>
<h2>Quand la corrélation ne suffit pas</h2>
<p>Au cours de notre recherche, nous avons été confrontés à deux problèmes méthodologiques. Le premier est qu’il n’est pas toujours simple de quantifier ces liens, notamment parce qu’ils peuvent fortement évoluer dans le temps. Par exemple, en utilisant les données mensuelles de cas de dengue en Thaïlande sur 34 années, nous n’avons pas détecté de corrélations significatives entre le nombre de cas et les oscillations El Niño, car ces corrélations apparaissent seulement lors des évènements El Niño de forte ampleur. </p>
<p>Pour pallier ce problème, des outils statistiques appropriés sont nécessaires. Nous avons proposé d’utiliser la <a href="https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/apprentissage-face-la-malediction-de-la-grande-dimension/transformees-et-bases-ondelettes">décomposition en ondelettes</a>, qui permet de déterminer quelles sont les composantes récurrentes dans un signal et surtout comment ces composantes évoluent dans le temps. L’approche peut se généraliser avec deux signaux, et permet de déterminer quelles composantes et quelle récurrence temporelles ils partagent, <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.0020106">comme l’expliquait notre article paru en 2005</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Graphe de gauche : Incidence de la dengue en Thaïlande entre 1982 et 2016. Graphe de Droite : Composantes périodiques obtenues. Ce graphe représente le spectre d’ondelette, c’est-à-dire la répartition de la variance simultanément dans le domaine temporel (axes des abscisses) et dans le domaine des périodes (axe des ordonnées). Les fortes variances sont codées en rouge et les faibles en blanc. Les valeurs statistiquement significatives sont à l’intérieur des courbes pointillées. Cette figure montre qu’il y a une forte composante périodique à 1 an, la composante saisonnière, présente pendant quasiment toute la période d’observation, mais aussi des composantes temporelles récurrentes à 2-3 ans et à 3-4 ans qui sont elles plus discontinues.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Le second problème est que l’analyse d’ondelette met en évidence des liens aussi bien avec les variables climatiques locales qu’avec les variables climatiques globales, sans pouvoir distinguer le rôle de chacune. Il est bien connu en statistiques que si A est corrélé à B et si A est corrélé à C, alors B et C sont corrélés, du fait qu’ils sont tous les deux corrélés à A. Pour regarder le véritable lien entre B et C, il faut donc corriger l’effet de A en faisant appel à la « corrélation partielle ».</p>
<h2>Distinguer l’influence locale et globale du climat</h2>
<p>Nous avons généralisé cette démarche en utilisant la « cohérence partielle », calculée avec les ondelettes. Cela nous a permis de quantifier les liens non stationnaires (c’est-à-dire, évoluant dans le temps) entre le nombre de malades observés et une variable climatique locale donnée, en contrôlant les effets des variables climatiques globales. Et inversement, de quantifier les liens non stationnaires entre le nombre de malades et une variable climatique globale en contrôlant les effets des variables climatiques locales.</p>
<p>Une fois ces deux problèmes techniques résolus, nous avons appliqué notre méthodologie à plus de 200 séries temporelles de dengue et de malaria observées à travers le monde (Asie, Amérique Centrale, Amérique du Sud, Afrique subsaharienne). Nous avons ainsi analysé les composantes temporelles de ces séries, que nous avons comparées avec les facteurs climatiques globaux et locaux. Et nous montrons que le climat local (température, précipitations ou humidité) influence seulement la composante saisonnière de la maladie, alors que les composantes multiannuelles sont, quant à elles, associées au climat global (El Niño par exemple).</p>
<p>Ce résultat est très général : il se vérifie quel que soit la maladie étudiée (dengue, malaria), quel que soit le continent considéré, quel que soit l’échelle géographique utilisée (ville, sous-provinces, provinces, sous-régions, régions, pays) et reste vrai pour quasi tous les nombreux couples de variables climatiques locale-globale analysés.</p>
<p>En plus d’une approche méthodologique originale, ce travail met en lumière qu’il y a des informations complémentaires dans les variables climatiques locales et les variables climatiques globales comme El Niño. Ces informations devront être prises en considération dans l’amélioration des systèmes d’alerte précoce. Par exemple, avec nos résultats, nous nous attendons à ce que la température ait des effets différents lors d’une année El Niño par rapport à une année La Niña.</p>
<p>Bien sûr, il faut garder à l’esprit que ces facteurs climatiques ne sont pas les seuls à fortement influencer ces épidémies. Les facteurs socio-économiques comme la disponibilité de l’eau courante et l’urbanisation, ainsi que le statut immunitaire de la population sont importants. Toutes ces informations devront être prises en considération pour l’amélioration des systèmes d’alerte précoce.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214779/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Cazelles a reçu des financements de l'Agence National de la Recherche (ANR). </span></em></p>Les maladies transmises par les moustiques progressent sous l’influence du climat. Des analyses statistiques poussées des données épidémiologiques permettraient de mieux prévoir les flambées.Bernard Cazelles, Ecologie, Epidemiologie, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2139302023-09-20T10:05:16Z2023-09-20T10:05:16ZEffondrement des barrages en Libye : un expert en ingénierie s'interroge sur la gestion de l'ouvrage<p><em>Plus de <a href="https://www.leparisien.fr/faits-divers/inondations-meurtrieres-en-libye-les-deux-barrages-de-derna-etaient-fissures-16-09-2023-ZYN4XYYZBJCGLJOQH2UKKC3F24.php">11 000 personnes</a> ont été tuées et des dizaines de milliers sont portées disparues à la suite de l'effondrement catastrophique de <a href="https://www.arabiaweather.com/fr/content/infographie-les-causes-combines-de-la-catastrophe-de-derna">deux barrages</a> dans la ville de Derna, dans l'est de la Libye. L'effondrement du barrage s'est produit après qu'une tempête extrême, la tempête Daniel, s'est abattue sur ce pays d'Afrique du Nord. Moina Spooner, de The Conversation Africa, a demandé à Nadhir Al-Ansari, expert en ressources en eau et en ingénierie, qui a effectué des recherches sur la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1001627916000020">conception</a> et la <a href="https://www.researchgate.net/publication/342270305_Dam_Safety_General_Considerations">sécurité</a> des barrages, d'apporter des éclairages sur cette catastrophe.</em></p>
<h2>Comment les conditions météorologiques extrêmes affectent-elles la stabilité des barrages ?</h2>
<p>Les barrages sont généralement construits pour résister à de fortes précipitations ou à la sécheresse. La conception et la construction d'un barrage tiennent compte de tous les effets possibles. Tous les facteurs sont pris en considération lors de la planification d'un barrage, notamment le type de matériaux de construction, la conception des fondations et la stabilité d'un barrage, ainsi que les inondations et les tremblements de terre prévus, voire même les opérations militaires.</p>
<p>Outre la construction du barrage, des mesures de sécurité doivent être mises en place. Par exemple, en cas de tempête, les ingénieurs doivent libérer l'eau pour s'assurer que la capacité de stockage maximale du barrage n'est pas dépassée.</p>
<p>Dans le cas de la Libye, je pense que la gestion des barrages n'était pas adéquate. L'ingénieur responsable du barrage aurait dû s'assurer que l'eau ne dépassait pas la capacité de stockage maximale du barrage. Lorsqu'il a remarqué qu'un énorme volume d'eau entrait dans le réservoir, il aurait dû libérer de grandes quantités d'eau pour maintenir le niveau du réservoir en dessous de sa limite maximale. </p>
<p>Les recherches montrent que les <a href="https://www.researchgate.net/publication/342270305_Dam_Safety_General_Considerations">principales causes de défaillance des barrages</a> sont les problèmes de fondation (40 %), un déversoir inadéquat (23 %), une mauvaise construction (12 %) et un tassement irrégulier (10 %). Le site d'un barrage n'est pas toujours plat, car les barrages sont construits dans des zones montagneuses, mais les concepteurs doivent en tenir compte. La conception du barrage doit être adaptée à la topographie. Parmi les causes plus rares de rupture de barrage, on trouve les actes de guerre (3 %), les matériaux défectueux (2 %) et les tremblements de terre (1 %). </p>
<p>Dans le cas de la Libye, une mauvaise gestion semble avoir été la cause de l'effondrement du barrage.</p>
<h2>Cette tragédie aurait-elle pu être évitée ?</h2>
<p>Oui, si les responsables de l'exploitation des barrages avaient ouvert les vannes pour libérer l'eau. Lorsque les responsables de la gestion de l'eau du barrage ignorent les fortes précipitations, on peut s'attendre à ce que de telles catastrophes se produisent. </p>
<p>Les gestionnaires de barrages doivent également connaître la zone de captage de chaque barrage et les prévisions de précipitations. Cela nécessite une coordination entre les météorologues et le personnel responsable de la gestion des barrages. Lorsque de fortes précipitations sont attendues, le service météorologique doit en informer les gestionnaires des barrages, qui peuvent alors prendre des dispositions pour libérer de l'eau afin de les maintenir dans leurs limites opérationnelles. C'est la pratique habituelle dans tous les barrages que j'ai <a href="http://www.diva-portal.org/smash/record.jsf?dswid=-6381&pid=diva2%3A1370665">étudiés en Irak</a>. </p>
<p>En l'occurrence, il doit y avoir eu un dysfonctionnement dans la communication entre les services de météorologie et les ingénieurs chargés de la gestion des barrages.</p>
<h2>Comment les ingénieurs et les autorités contrôlent-ils généralement l'intégrité structurelle des barrages ?</h2>
<p>Les barrages doivent bénéficier d'un programme d'inspection régulier qui prend en compte toutes les parties du barrage. <a href="https://www.researchgate.net/publication/342270305_Dam_Safety_General_Considerations">Tous les pays</a> dotés de barrages, qu'il s'agisse États-Unis, de l'Irak ou de la Suède, effectuent des inspections régulières. Il devrait y avoir des instruments pour surveiller les fissures dans les parois d'un barrage et tout changement dans sa structure. Une fois identifiés, ils doivent faire l'objet d'une intervention immédiate. </p>
<p>Dans le cas de la Libye, si les vannes avaient été ouvertes pour maintenir l'eau dans les limites de la capacité de stockage du barrage, l'effondrement des barrages aurait causé moins de dégâts.</p>
<h2>Existe-t-il de nouvelles technologies ou des innovations permettant d'améliorer la sécurité ?</h2>
<p>Il existe un certain nombre de modèles et de techniques, et chaque barrage dispose de son propre modèle ou sa propre technique que le concepteur propose. La planification des événements météorologiques extrêmes se fait généralement dans la phase de conception du barrage. Le concepteur est censé fournir un rapport détaillé sur la stabilité du barrage en fonction de différents facteurs, y compris les conditions météorologiques. </p>
<p>Différents scénarios sont établis en fonction du niveau d'eau dans le réservoir du barrage afin d'éviter des défaillances. Le gouvernement concerné doit savoir ce qu'il faut faire en cas de défaillance du barrage, en s'appuyant sur les informations fournies par le concepteur. Par exemple, dans <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10706-020-01355-w">mon étude</a> du barrage irakien de Mossoul, qui a eu lieu après la construction du barrage, j'ai suggéré qu'un barrage de protection soit construit en aval pour assurer la sécurité de la zone en aval et de sa population. Des mesures de sécurité peuvent être prises même après la construction du barrage.</p>
<p>Les autres mesures de sécurité concernent les habitations et les autres constructions dans les zones situées en aval. Dans le cas de la Libye, il y a eu une mauvaise planification. Les zones situées en aval des barrages n'auraient pas dû être utilisées <a href="https://apnews.com/article/libya-floods-derna-storm-daniel-11c33a12418149f761fe79a47ea7289c">pour la construction d'habitations</a>.</p>
<p>En définitive, la rupture du barrage en Libye aurait pu être évitée, ou du moins les pertes auraient pu être minimisées, si les ingénieurs sur place avaient libéré l'eau du réservoir dès le début de la tempête.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213930/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nadhir Al-Ansari does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Les barrages sont généralement construits pour résister aux fortes pluies ou à la sécheresse.Nadhir Al-Ansari, Professor, Luleå University of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2077492023-09-05T13:21:26Z2023-09-05T13:21:26ZLes canicules engendrent des coûts. Voici pourquoi il est important de les quantifier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542402/original/file-20230811-19-98uwkx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C983%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les impacts sanitaires et économiques de la chaleur sont souvent invisibles et silencieux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Parmi les différents événements météorologiques extrêmes (inondations, tempêtes, feux de forêt), ce sont les canicules qui causent les impacts les plus importants sur la santé humaine.</p>
<p>Pour preuve, l’événement météorologique le plus meurtrier de l’histoire du Canada est un dôme de chaleur, c’est-à-dire des températures anormalement chaudes qui durent plusieurs jours, qui a touché la Colombie-Britannique en 2021 et qui a causé <a href="https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/birth-adoption-death-marriage-and-divorce/deaths/coroners-service/statistical/heat_related_deaths_in_bc_knowledge_update.pdf">au moins 600 décès</a>. En plus d’une augmentation de la mortalité, les chaleurs extrêmes causent davantage de consultations à l’urgence, de transports en ambulance, d’hospitalisations, d’appels aux lignes d’informations de santé, d’accidents de travail, ainsi qu’une mobilisation accrue des équipes d’intervention. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=435&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541747/original/file-20230808-15-vi1j62.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Anomalies de températures pendant le dôme de chaleur en Colombie-Britannique en 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NASA</span></span>
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</figure>
<p>Les changements climatiques rendront les canicules de <a href="https://doi.org/10.1126/science.1098704">plus en plus longues et de plus en plus intenses</a>. Leurs impacts futurs seront d’ailleurs exacerbés par le <a href="https://doi.org/10.1016/j.amepre.2008.08.021">vieillissement de la population et par l’urbanisation croissante</a>. </p>
<p>Dans ce contexte, il est primordial de pouvoir évaluer le fardeau sanitaire et économique que représentent les canicules d’aujourd’hui, mais aussi celles de demain. Or, à ce jour, on n’en connaît encore que très peu sur les impacts économiques de la chaleur extrême.</p>
<h2>Pourquoi en savons-nous si peu ?</h2>
<p>Les catastrophes naturelles comme les inondations, les ouragans ou les feux de forêt causent des dommages matériels aux résidences, aux entreprises et aux cultures agricoles. Comme ces pertes sont souvent remboursées par les assureurs ou par les gouvernements en cas de catastrophe, les données financières associées à ces événements sont plus facilement accessibles et connues. </p>
<p>À l’inverse, les chaleurs extrêmes affectent plutôt la santé de la population. Ces coûts sont donc enfouis dans les dépenses du système de santé ou assumés par l’ensemble de la société, ce qui les rend beaucoup plus difficiles à quantifier. D’ailleurs, on rapporte souvent que la <a href="https://doi.org/10.1289%2Fehp.1206025">chaleur extrême est un « tueur silencieux »</a>, tellement ses impacts sont méconnus et invisibles par rapport aux autres catastrophes naturelles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="inondation dans la rue" src="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542372/original/file-20230811-29-ltbvjq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les autres catastrophes naturelles, comme les inondations, causent des dommages matériels plus facilement quantifiables.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les dernières années, de plus en plus d’études ont tenté d’estimer les coûts associés à la chaleur extrême au Canada et ailleurs dans le monde. Par exemple, les prévisions des coûts annuels des décès prématurés liés à la chaleur ont été estimés à <a href="https://climatechoices.ca/wp-content/uploads/2021/06/ClimateChoices_Health-report_Final_June2021.pdf">3,0 à 3,9 milliards de dollars par année d’ici 2050 et de 5,2 à 8,5 milliards d’ici 2080 au Canada</a>. </p>
<p>Bien qu’importantes et pertinentes, les recherches existantes ne s’intéressent souvent qu’à un seul impact de la chaleur sur la santé, soit la mortalité. Or, ses impacts sont divers et nombreux. De plus, l’échelle spatiale de l’analyse est souvent très grande (pays ou province), ce qui limite la possibilité d’effectuer des analyses coûts-bénéfices à des échelles plus locales. Finalement, les approches méthodologiques utilisées dans les études existantes pourraient être améliorées. </p>
<p>Possédant des expertises multidisciplinaires (science des données, hydrométéorologie, santé publique, actuariat), nous cherchons à évaluer les coûts de santé de la chaleur au Québec et au Canada avec des approches novatrices. Par exemple, nous avons récemment utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour traiter les grandes bases de données météorologiques et médico-administratives, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969723032837">dans l’optique de mieux modéliser les impacts sanitaires de la chaleur</a>. Ces travaux seront mis à profit et poursuivis pour quantifier le fardeau économique de la chaleur.</p>
<h2>Pourquoi est-ce si important ?</h2>
<p>Estimer les coûts de santé historiques et futurs de la chaleur extrême s’avère essentiel pour la mise en place de mesures efficientes et cohérentes dans la lutte climatique. </p>
<p>Du côté de l’atténuation, c’est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), des projections fiables des coûts de santé de la chaleur extrême permettraient d’exposer ce que doivent s’attendre à payer les autorités de santé ou la société en général si les émissions de GES continuent d’augmenter. Ainsi, la réduction des émissions polluantes pourrait être convertie en coûts de santé évités, et donc, en économies potentielles pour les gouvernements et la société. Un argument supplémentaire en faveur de la diminution des GES.</p>
<p>Du côté de l’adaptation, soit les actions à entreprendre pour limiter les conséquences des changements climatiques, les estimations des coûts de santé de la chaleur peuvent servir d’entrées pour des analyses coûts-bénéfices de mesures d’adaptation à mettre en place comme le verdissement ou la lutte aux îlots de chaleur. Dans ces analyses, les bénéfices seraient quantifiés par les coûts de santé de la chaleur évités grâce à ces mesures. D’ailleurs, comme ces actions sont souvent mises en place à l’échelle des quartiers ou des municipalités, des estimations de coûts aussi locales que possible sont nécessaires. À la clé, l’adaptation permettra de réduire les coûts maintenant, mais aussi dans le futur.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541995/original/file-20230809-15-6g0v7m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un parc aménagé en ville comme mesure de lutte contre la chaleur urbaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Pixabay)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’estimation des coûts de santé des canicules est d’une grande importance, mais a souvent été négligée dans le passé en comparaison aux autres catastrophes naturelles. De nouvelles recherches multidisciplinaires, basées sur des approches méthodologiques avancées, permettront de fournir des données plus complètes et précises sur les impacts économiques de la chaleur extrême. </p>
<p>Ces chiffres représentent une manière efficace de convaincre les décideurs. Comme nos gouvernements comprennent généralement très bien le langage économique, il est impératif d’adapter notre discours afin d’influencer les politiques publiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207749/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jeremie Boudreault a reçu des financements de la part du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du consortium sur la climatologie régionale (Ouranos) ainsi que de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Celine Campagna et Fateh Chebana ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>De nouvelles recherches doivent être menées afin de quantifier adéquatement les coûts de la chaleur extrême afin de réduire ses effets délétères actuels et futurs.Jérémie Boudreault, Étudiant-chercheur au doctorat en science des données et santé environnementale, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Celine Campagna, Adjunct professor, Institut national de santé publique du Québec, Université LavalFateh Chebana, Professor in Data Science applied to the Environment and Environmental Health, Institut national de la recherche scientifique (INRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1986352023-05-10T13:07:55Z2023-05-10T13:07:55ZLes forêts boréales nord-américaines brûlent beaucoup, mais moins qu’il y a 150 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507202/original/file-20230130-24-x2gfim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C2%2C1637%2C755&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Image satellite d’un feu de forêt en juillet 2021 au Nord du Saskatchewan (Wapawekka Hills). L'image correspond à une zone d’environ 56 kilomètres de large et a été réalisée à partir de la base de données Copernicus Sentinel.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Pierre Markuse), CC BY 2.0</span></span></figcaption></figure><p>Les conditions météorologiques <a href="https://cwfis.cfs.nrcan.gc.ca/maps/fw?type=fdr&year=2023&month=5&day=5">anormalement chaudes et sèches</a> de ce début de mois de mai 2023 ont engendré des dizaines de départ de feux de forêt <a href="https://earthobservatory.nasa.gov/images/151313/fires-scorch-western-canada">dans l’Ouest canadien</a>. Dès le 6 mai, le gouvernement albertain déclarait l’état d’urgence. Et, au moment d’écrire cet article, <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/edmonton/alberta-wildfires-environment-weather-extreme-1.6835352">près de 30 000 personnes ont dû être évacuées</a>. Bien qu’il soit trop tôt pour établir un bilan précis de cet épisode extrême, des recherches récentes nous permettent de le replacer contexte plus large.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
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<p>Dans les forêts boréales Nord-américaines, plusieurs millions d’hectares peuvent partir en fumée en une seule année. En contrepartie, ces feux de forêt peuvent paraître presque négligeables pendant plusieurs années consécutives. Depuis le début des années 1960, la <a href="https://doi.org/10.1139/cjfr-2018-0293">tendance générale est à la hausse</a>, vraisemblablement en raison des changements climatiques. Du moins, en partie.</p>
<p>Cependant, il est important de prendre un pas de recul pour mieux comprendre les tendances sur le long terme. C’est le travail qu’a récemment réalisé notre équipe, composée de spécialistes en feux de forêt et en écologie forestière. </p>
<p><a href="https://doi.org/10.1071/WF22090">Nos résultats</a> vont à l’encontre des idées communément reçues : les forêts boréales Nord-américaines brûlaient davantage dans le passé qu’aujourd’hui. Mais avant de dévoiler plus de détails, quelques éléments de contexte et de mise au point nous semblent nécessaires.</p>
<h2>Qu’est-ce qui cause un feu de forêt ?</h2>
<p>Les scientifiques se sont depuis longtemps posé cette question. Grâce aux recherches des dernières décennies, on peut aujourd’hui résumer la réponse par le trio végétation – météo – déclencheur.</p>
<p>La végétation, ou autrement dit le combustible, <a href="https://doi.org/10.1111/nph.12322">est déterminante</a>. Par exemple, les vastes massifs de forêts conifériennes denses sont plus à risque de brûler, en comparaison à des forêts feuillues au sous-bois plus humide, ou à des forêts moins denses.</p>
<p><a href="https://www.rncan.gc.ca/changements-climatiques/impacts-adaptation/changements-climatiques/indicateurs-des-changements-forestiers/conditions-meteorologiques-propices-feux-foret/17777?_gl=1*1iwf1bi*_ga*MTQ2MTk5MDQwMC4xNjc0MTU5Nzcy*_ga_C2N57Y7DX5*MTY3NTA5MTAwNC4yLjAuMTY3NTA5MTAwNC4wLjAuMA..">L’aspect météorologique influence aussi l’inflammabilité du combustible</a>, avec des conditions sèches et venteuses très propices au départ et à la propagation du feu. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507205/original/file-20230130-15993-d5dj3a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paysage de forêt brûlée en 2010 dans la région de Radisson (Nord du Québec).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Guillaume Avajon)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Mais l’accumulation de conditions favorables ne suffit pas à engendrer un feu de forêt, il manque un élément déclencheur. Il existe deux types de déclencheurs : la foudre et l’humain. Dans les dernières décennies au Canada, même si l’humain est à l’origine du plus grand nombre de départs de feux, <a href="https://doi.org/10.1038/nclimate3329">c’est la foudre qui cause les plus grandes superficies brûlées</a>.</p>
<h2>Des impacts sur la société</h2>
<p>Quand on entend parler de feux de forêt dans les médias, c’est malheureusement souvent de manière tragique pour les communautés. On se rappelle par exemple de la <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/national/201612/20/01-5053139-lincendie-de-foret-de-fort-mcmurray-est-la-nouvelle-de-lannee-2016.php">catastrophe de Fort McMurray en 2016</a>, et ses 600 000 hectares partis en fumée et plus de 88 000 personnes évacuées. </p>
<p>Les feux représentent également un enjeu économique pour l’industrie forestière, puisqu’ils consument des millions d’arbres qui étaient destinés à alimenter les usines. Ils accélèrent aussi les changements climatiques, puisque la combustion de la végétation entraîne un relargage massif de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère.</p>
<h2>Une forte influence sur les écosystèmes, mais pas forcément négative !</h2>
<p>Le paysage qu’on observe quelques semaines après un feu nous paraît bien souvent apocalyptique. Les feux de forêt laissent en effet des traces impressionnantes sur les écosystèmes et la biodiversité. C’est le cas pour certaines espèces comme le Caribou forestier, qui dépend de la présence de forêts matures de conifères pour survivre. Les feux <a href="https://doi.org/10.1016/j.gecco.2022.e02294">représentent donc une menace pour sa survie</a>.</p>
<p>Mais, d’un autre côté, les feux ont toujours fait partie du décor, et sont même parfois indispensables au bon fonctionnement écologique des forêts. La plupart du temps, le paysage brûlé va peu à peu laisser place à de jeunes arbres vigoureux, qui vont croître pour reformer une forêt mature <a href="https://doi.org/10.1126/science.abf3903">après 50 à 100 ans environ</a>. Certaines espèces d’arbres sont même dépendantes du feu <a href="https://doi.org/10.1111/brv.12855">pour se régénérer et donc se maintenir</a>. C’est par exemple le cas du <a href="https://doi.org/10.1139/x92-062">pin gris et de l’épinette noire</a>, dont l’industrie forestière raffole.</p>
<p>De nombreuses espèces animales affectionnent aussi les forêts brûlées. Les troncs calcinés permettent à <a href="https://doi.org/10.1071/WF08109">certaines espèces d’insectes de se nourrir</a>, par exemple le <a href="https://cfs.nrcan.gc.ca/publications?id=35962&lang=fr_CA">longicorne noir</a>. Les insectes fournissent à leur tour une nourriture abondante pour les oiseaux, comme les <a href="https://doi.org/10.1016/j.biocon.2009.01.022">pics à dos noir</a>, qui vont même utiliser les chicots (arbre mort dont les racines sont encore ancrées au sol) restés debout pour pouvoir nicher.</p>
<p>Les feux ne sont donc pas nécessairement bons ou mauvais, tout dépend du point de vue. Et, comme bien souvent, il s’agit aussi d’une question d’équilibre…</p>
<h2>Comment reconstituer l’histoire des feux des derniers siècles</h2>
<p>Les données précises permettant de reconstituer les feux sur l’ensemble du Canada ne remontent qu’aux années 1960. Alors, comment est-il possible de reconstituer l’historique des surfaces brûlées des derniers siècles ? Grâce à l’information contenue dans les arbres eux-mêmes, et plus particulièrement dans leur âge. </p>
<p>En forêt boréale, les feux représentent la principale perturbation naturelle des forêts. En connaissant l’âge des arbres les plus vieux d’une forêt, à condition qu’elle n’ait pas été coupée, <a href="https://doi.org/10.1078/1125-7865-00015">on peut donc savoir la dernière fois qu’elle a brûlé</a>.</p>
<h2>Une tendance à la baisse des surfaces brûlées au cours des derniers siècles</h2>
<p>Nous avons réuni 16 études qui avaient appliqué indépendamment cette même méthode, à différents territoires répartis dans toute la forêt boréale Nord-américaine, de l’Alaska jusqu’au Québec. En réanalysant toutes ces données dans ce que les scientifiques appellent une « méta-analyse », les <a href="https://doi.org/10.1071/WF22090">résultats</a> sont frappants : les forêts boréales Nord-américaines brûlaient bien plus il y a 150 ans qu’aujourd’hui. Sur la période la plus ancienne couverte par nos données, soit entre 1700 et 1850, les surfaces brûlées annuellement étaient de 2 à plus de 10 fois plus importantes par rapport à ce qu’on a pu observer au cours des 40 dernières années.</p>
<p>Pourquoi cette tendance à la diminution sur le long terme ? Difficile à dire dans l’état des recherches actuelles. Évidemment, le climat fait partie des suspects. La période 1700 à 1850, c’était la fin de la Petite Période glaciaire, une période bien connue pour être plus froide, mais aussi probablement plus sèche et donc plus propice aux feux. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="carte" src="https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507203/original/file-20230130-26-cydcyu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cartographie des feux (en rouge sur la carte) dans les forêts boréales nord-américaines (zone verte sur la carte) depuis 1960. Le graphique à gauche montre le total des superficies brulées par année en millions d’hectares. Au cours de cette période récente, on observe à la fois une grande variabilité d’une année à l’autre, mais aussi une légère tendance à la hausse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Victor Danneyrolles)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>La végétation aurait aussi pu changer et devenir moins inflammable, notamment à cause des coupes de l’industrie forestière qui sont apparues au cours du XX<sup>e</sup> siècle. Toujours au cours du XX<sup>e</sup> siècle, les moyens technologiques et financiers alloués à la lutte contre les incendies n’ont pas cessé d’augmenter et culminent dans les années 1970 avec l’apparition des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Avion_bombardier_d%27eau">avions bombardiers d’eau</a>. Ces politiques de suppression des feux auraient donc aussi pu jouer un rôle dans la diminution des feux de certaines régions. </p>
<p>Cependant, les feux ont commencé à diminuer dès le XIX<sup>e</sup> siècle, donc bien avant que les communautés humaines exercent un impact significatif sur l’environnement des forêts boréales Nord-américaines. Il semble alors plus vraisemblable que le climat a principalement engendré une telle diminution des feux, sur laquelle les impacts humains se sont ensuite superposés.</p>
<p>Ces questions, nous espérons bientôt pouvoir y répondre avec de nouvelles recherches. Mieux comprendre pourquoi les feux ont diminué ou augmenté au cours des derniers siècles, c’est nous donner une longueur d’avance pour mieux prévoir ce qui nous attend avec les changements climatiques futurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198635/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël Chavardès a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yves Bergeron a reçu des financements de
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG)
Fonds de recherche du Québec nature et technologies (FRQNT) </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Victor Danneyrolles ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les forêts boréales Nord-américaines brûlent beaucoup, sûrement de plus en plus depuis les 60 dernières années. Pourtant, la tendance à long terme indique qu’elles brûlent moins qu’il y a 150 ans.Victor Danneyrolles, Professeur-chercheur en écologie forestière, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Raphaël Chavardès, Postdoctoral fellow, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Yves Bergeron, Professeur écologie et aménagement forestier, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2019892023-03-30T19:33:19Z2023-03-30T19:33:19ZQue sont les rivières atmosphériques ? Leurs effets de l’Europe aux pôles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/516990/original/file-20230322-26-ipk2ph.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1495%2C746&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Carte mondiale de l'eau pouvant produire des précipitations le 24 juin 2021.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://doi.org/10.1038/s43247-022-00459-w">Ruping Mo, Hai Lin and Frédéric Vitart, Commun Earth Environ.</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/03/16/la-californie-frappee-par-une-accumulation-de-catastrophes-meteorologiques_6165703_3244.html">récentes inondations de janvier 2023 en Californie</a> ont médiatisé un phénomène atmosphérique d’intensité extrême : les rivières atmosphériques.</p>
<p>Celles-ci sont caractérisées par des flux d’humidité très intenses dans la partie basse de l’atmosphère, c’est-à-dire dans la troposphère (les dix premiers kilomètres d’atmosphère environ), qui s’écoulent de façon presque linéaire, comme si elles étaient contraintes à suivre le lit d’une rivière imaginaire.</p>
<p>Les rivières atmosphériques sont accompagnées de vents violents et de très fortes précipitations. En Californie, où elles ont été initialement décrites, ces pluies diluviennes provoquent le débordement des rivières et la houle et l’onde de tempête aggravent les inondations le long des régions côtières.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="rivière en crue sous un pont" src="https://images.theconversation.com/files/517001/original/file-20230322-26-nkabkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/517001/original/file-20230322-26-nkabkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/517001/original/file-20230322-26-nkabkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/517001/original/file-20230322-26-nkabkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/517001/original/file-20230322-26-nkabkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/517001/original/file-20230322-26-nkabkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/517001/original/file-20230322-26-nkabkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une rivière en crue à Nevada City, en Californie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://newsroom.ucla.edu/releases/warming-california-future-floods-reservoirs">Kelly M. Grow/California Department of Water Resources</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Néanmoins, leurs impacts sont aussi forts en Europe. Le cyclone extratropical Alex en 2020 s’était dirigé vers le nord de la France et avait, au sud, produit un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212094722001219">flux intense de vapeur d’eau</a> traversant la Méditerranée du détroit de Gibraltar au sud-est de la France et au nord-ouest de l’Italie. Cette rivière atmosphérique, renforcée par l’évaporation de la mer Méditerranée et par l’interaction avec le relief, avait provoqué des pluies torrentielles et des <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/tempete/tempete-alex/italie-la-tempete-alex-n-a-pas-epargne-plusieurs-regions-italiennes_4128143.html">crues dévastatrices des régions de la Ligurie et du Piémont italiens</a> dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020 et le décès de 15 personnes.</p>
<p>Le coût des destructions occasionnées en Europe et aux États-Unis depuis les années 2000 se compte en milliards d’euros.</p>
<p>Malgré cela, les rivières atmosphériques <a href="https://theconversation.com/une-plongee-pleine-denseignement-dans-deux-si%C3%A8cles-dinondations-60389">ne sont pas un phénomène nouveau</a> : elles participent au cycle de l’eau, et sous nos latitudes, leurs effets sont assez bien connus. Mais <a href="https://www.nature.com/articles/s41561-019-0460-1">nos recherches récentes montrent que les rivières atmosphériques existent aussi dans les régions polaires</a>, où elles ont un impact important sur la calotte glaciaire.</p>
<h2>Comme une rivière flottant dans l’air</h2>
<p>Une rivière atmosphérique est un flux atmosphérique très intense, qui s’écoule généralement sur des milliers de kilomètres avec une forme « filamentaire », telle une immense rivière dans le ciel.</p>
<p>En raison de la forme de la rivière atmosphérique, le flux se déplace rapidement et concentre les précipitations dans une région de faible étendue (contrairement aux dépressions classiques dont on entend parler à la météo, qui sont en forme de grands « tourbillons » et ont tendance à « étaler » les précipitations sur des zones plus grandes à la surface de la Terre). Le flux d’air chaud et humide subit généralement une ascendance vers le haut de la troposphère lors de son déplacement vers les hautes latitudes, ce qui provoque une forte condensation (générant des gouttes d’eau et des flocons de neige), et des précipitations très intenses.</p>
<p>L’intensité et la forme du flux d’humidité ont justifié leur nom métaphorique de « rivières ». Il faut dire aussi que la quantité d’eau transportée, sous forme de vapeur d’eau et de gouttelettes, <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/92GL02916">excède parfois celle du débit annuel des plus grands fleuves</a>.</p>
<p>Les rivières atmosphériques peuvent provoquer de violentes inondations et ce fut le cas en lors des pluies diluviennes de janvier 2023 en Californie. Les autorités <a href="https://www.nytimes.com/2023/01/17/us/california-weather.html">semblent</a> avoir été surprises par la violence des événements. Pourtant, des phénomènes similaires avaient déjà transformé les rivières (terrestres) descendant de la Sierra Nevada en torrents déchaînés emportant tout avec elles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="photo satellite avec des couleurs dégradées" src="https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=496&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=496&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=496&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516987/original/file-20230322-26-qi7z9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une rivière atmosphérique frappe la Californie. En couleurs surimposées, l’intensité des précipitations.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.energy.gov/science/doe-explainsatmospheric-rivers">US Department of Energy Office of Science, Energy Exascale Earth System Model (E3SM) project</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En décembre 1861-janvier 1862, pendant un moins et de demi, une <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-018-0140-y">série de rivières atmosphériques</a> avait transformé la vallée de Sacramento en un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S003358949690054X">immense lac de 400 kilomètres sur 30, dévastant les villes, l’agriculture et le quart du bétail de la région</a>. Or, aussi dramatique que semble avoir été la méga-inondation de 1861-1862, une <a href="https://www.waterboards.ca.gov/waterrights/water_issues/programs/bay_delta/deltaflow/docs/exhibits/ccwd/spprt_docs/ccwd_malamud_roam_etal_2006.pdf">crue d’ampleur similaire se serait produite tous les deux siècles environ dans cette même région</a>.</p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-plongee-pleine-denseignement-dans-deux-siecles-dinondations-60389">Une plongée pleine d’enseignement dans deux siècles d’inondations</a>
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</em>
</p>
<hr>
<h2>Les rivières atmosphériques ont aussi des effets positifs</h2>
<p>Les rivières atmosphériques ont donc toujours existé, seul le nom de « rivière atmosphérique » est récent. Elles ont d’abord été étudiées en raison leur impact souvent catastrophique sur nos sociétés.</p>
<p>Pourtant, toutes les rivières atmosphériques ne sont pas la cause de grandes destructions. La majorité d’entre elles ont même plutôt des effets positifs sur l’agriculture et les écosystèmes. Ainsi, elles fournissent <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/hydr/14/6/jhm-d-13-02_1.xml">30 à 50 % de la pluie et de la neige chaque année le long de la côte ouest des États-Unis.</a></p>
<p>Elles constituent aussi une composante cruciale du cycle hydrologique mondial. Par exemple, pour les moyennes latitudes, elles représentent <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/mwre/126/3/1520-0493_1998_126_0725_apafmf_2.0.co_2.xml">environ 90 % du transport dit « méridional » de vapeur d’eau</a> (du sud vers le nord dans l’hémisphère nord et du nord vers le sud dans l’hémisphère sud), alors qu’elles ne couvrent que 10 % environ de la surface du globe. Il a aussi été <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/mwre/126/3/1520-0493_1998_126_0725_apafmf_2.0.co_2.xml">calculé que quatre ou cinq rivières atmosphériques dans chaque hémisphère peuvent suffire pour transporter le flux d’humidité des basses vers les hautes latitudes</a> sur le globe.</p>
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<h2>Les effets des rivières atmosphériques sur les calottes polaires</h2>
<p>Bien que les recherches se soient initialement concentrées sous nos latitudes, il a été <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/2014GL060881">récemment découvert que les rivières atmosphériques touchaient aussi l’Antarctique</a> et le <a href="https://doi.org/10.1029/2018JD028714">Groenland</a>, où elles sont peu fréquentes mais jouent un <a href="https://www.nature.com/articles/s43247-022-00422-9">rôle encore plus primordial</a>. Nous décrivons ici les effets observés en Antarctique, mais leur impact au Groenland est <a href="https://doi.org/10.1175/JCLI-D-19-0835.1">similaire</a>.</p>
<p>En Antarctique, entre deux et dix rivières atmosphériques atteignent chaque région du continent chaque année. Pourtant, les rivières atmosphériques sont responsables des précipitations neigeuses les plus intenses, contrôlant de ce fait la variabilité interannuelle et la tendance d’évolution de l’accumulation de neige sur une grande partie du continent.</p>
<p>Elles ont par contre des effets contradictoires sur le « bilan de masse » de la calotte antarctique, c’est-à-dire le bilan des gains et pertes de neige à l’échelle de l’Antarctique. En effet, les flux d’air d’origines tropicale ou subtropicale sont aussi très chauds. Ils produisent ainsi un effet radiatif très fort (une forme d’effet de serre) le temps de la rivière. Cet apport de chaleur est à l’origine de la majorité des températures maximales en péninsule et sur l’Antarctique de l’Ouest.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/oui-la-vapeur-deau-est-un-gaz-a-effet-de-serre-et-a-un-impact-sur-le-rechauffement-climatique-199017">Oui, la vapeur d’eau est un gaz à effet de serre et a un impact sur le réchauffement climatique</a>
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<h2>Les rivières atmosphériques font fondre la glace antarctique</h2>
<p>Ces températures élevées provoquent la fonte des glaces à faible altitude, sur les immenses étendues planes de glace coincées dans d’immenses baies le long du pourtour de l’Antarctique, appelées « plateformes de glace ».</p>
<p>La fonte peut favoriser une éventuelle désintégration des plates-formes, mais elle n’est pas le seul processus en jeu. En effet, en raison de la fonte en surface, les bulles d’air présentes dans la neige vont se remplir d’eau liquide, puis l’eau va s’écouler en surface de la glace sous-jacente et s’accumuler dans des lacs et remplir les crevasses, qu’elle va aider à élargir.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="photo satellite et lignes montrant l’étendue de Larsen B par le passé" src="https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=978&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=978&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=978&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1229&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1229&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/517008/original/file-20230322-419-ge9p64.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1229&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La plate-forme de glace Larsen B, en Antarctique, observée par le satellite Envisat en 2007, et son évolution depuis 1992.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.esa.int/ESA_Multimedia/Images/2007/04/Envisat_image_of_Larsen-B_Ice_shelf#.ZBsbcqearmQ.link"> ESA</a></span>
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<p>De plus, les vents violents associés à la rivière atmosphérique peuvent disperser vers le large la glace de mer (banquise) présente à l’avant des plates-formes de glace. En l’absence de banquise, la houle océanique peut atteindre les plates-formes et les déstabiliser par mouvements de flexion. C’est ce qui s’est produit lors de la désintégration des plates-formes de Larsen A (fin janvier 1995) et Larsen B (en février-mars 2002), provoquant la disparition de plusieurs milliers de kilomètres carrés de glace en quelques jours seulement.</p>
<p>Les rivières atmosphériques ont donc des conséquences positives et négatives à nos latitudes comme aux pôles. L’évolution future de l’amplitude des rivières atmosphériques aura donc des conséquences bien au-delà de la Californie.</p>
<p>Comment évolueront les rivières atmosphériques en Antarctique et au Groenland, face au changement climatique ? Les glaces des hautes latitudes risquent-elles de reculer à cause des rivières atmosphériques ? Répondre à ces questions est tout l’enjeu de nos recherches menées dans le cadre du <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-20-CE01-0013">projet ARCA</a>, soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Project-ANR-20-CE01-0013">Atmospheric River Climatology in Antarctica – ARCA</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201989/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Favier a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche, pour le financement du projet ARCA (Atmospheric River Climatology in Antarctica).</span></em></p>Les rivières atmosphériques participent au cycle de l’eau et provoquent des précipitations intenses. Bien connues à nos latitudes, elles affectent aussi les pôles.Vincent Favier, Glaciologue à l’institut des géosciences de l’environnement (IGE), Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1984692023-02-02T11:41:32Z2023-02-02T11:41:32ZProduction de neige : le piège de la dépendance pour les stations de ski ?<p>Les polémiques se multiplient autour de la production de la « neige artificielle ». Rien qu’en 2022, plusieurs événements ont mis en lumière ce recours de plus en plus décrié à ce que l’on appelle également la « neige de culture ».</p>
<p>Citons par exemple les <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2022/02/01/jo-de-pekin-2022-des-jeux-sans-neige-naturelle-et-a-l-empreinte-carbone-sujette-a-caution_6111861_3242.html">Jeux olympiques d’hiver de Pékin</a>, assurés à 100 % grâce à la production de neige ; mais aussi la mobilisation organisée à la Clusaz pour contester la mise en place d’une <a href="https://theconversation.com/extinction-rebellion-a-la-clusaz-quand-la-zad-gagne-la-montagne-174358">retenue d’eau d’altitude</a>, ou encore le stockage et le transport de neige pour les <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2022/12/07/tempete-de-critiques-a-la-suite-du-transport-de-milliers-de-metres-cubes-de-neige-au-grand-bornand_6153391_3242.html">championnats du monde de biathlon au Grand-Bornand</a>. Enfin, les effets de la grande douceur du début de la <a href="https://www.lefigaro.fr/flash-eco/faute-de-neige-la-moitie-des-pistes-de-ski-francaises-sont-fermees-20221227">saison d’hiver 2022/23</a>, conduisant à un enneigement très déficitaire. </p>
<p>Pour produire de la neige, il faut des billes de glace d’un diamètre de quelques dixièmes de millimètres, en pulvérisant des micro-goutelettes d’eau qui se solidifient avant d’atteindre le sol. La consistance de cette neige s’approche de celle de la neige damée. </p>
<p>Les critiques à l’égard de cette production s’observent depuis le milieu des années 2000, bien que l’équipement des stations se soit développé dès la fin des années 1980. Dans un contexte de changement climatique, la pertinence de l’adaptation technique est questionnée alors même que l’industrie des sports d’hiver l’intègre de manière courante dans ses pratiques. </p>
<p>Dans un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13683500.2022.2151876">article scientifique récemment publié</a>, nous avons décrypté les mécanismes de dépendance présents dans l’industrie des sports d’hiver vis-à-vis de cette production de neige. Voici les principaux enseignements de notre recherche. </p>
<h2>Se libérer des « mauvais hivers »</h2>
<p>Après des <a href="https://www.ledauphine.com/environnement/2013/02/27/il-y-a-40-ans-les-pionniers-de-la-neige-de-culture-a-flaine">phases d’essai commencées en 1973</a>, la production de neige s’est développée dans l’industrie française des sports d’hiver. </p>
<p>Un temps vantée comme argument commercial, cette technologie s’est progressivement imposée comme un outil courant pour améliorer les conditions d’exploitation des domaines skiables. L’installation est désormais systématiquement envisagée, notamment lors du renouvellement des remontées mécaniques. </p>
<p>Entre 2005 et 2016, la production de neige a absorbé <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00484-020-01933-w">20 % de la capacité d’investissement</a> des gestionnaires de domaines skiables, en faisant le second poste d’investissement derrière l’achat de nouvelles remontées mécaniques. </p>
<p>Aujourd’hui, cette production n’intéresse plus uniquement les exploitants de domaines skiables, mais bien l’ensemble des acteurs de l’industrie des sports d’hiver. Promoteurs immobiliers proposant des hébergements « skis aux pieds », tour-opérateurs sécurisant leurs ventes de forfaits, communes de montagne souhaitant un retour en ski au village, etc. Tous souhaitent que la production de neige contribue à la réussite de leurs projets. </p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<p>Malgré <a href="https://journals.openedition.org/rga/2840">l’essor de cette technologie</a> et les progrès techniques accomplis, l’affranchissement de la variabilité des conditions météorologiques reste toutefois limité. </p>
<p>En effet, l’adaptation technique que représente la production de neige ne libère pas les exploitants de certaines contraintes telles que le besoin de températures négatives et la nécessité de <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-une-de-la-science/l-eau-des-canons-a-neige-1568818">disposer de ressources en eau</a>. Aujourd’hui, les effets du changement climatique réduisent l’épaisseur du manteau neigeux ainsi que les <a href="https://theconversation.com/verra-t-on-la-fin-du-ski-des-2050-107246">opportunités pour produire de la neige</a>. </p>
<p>En limitant sa météo-dépendance, l’industrie des sports d’hiver a parallèlement accru sa dépendance à la production de neige. </p>
<p>Bien que les contraintes climatiques futures risquent de limiter l’efficacité de cette production, s’en détourner semble difficile pour l’industrie des sports d’hiver. Cette situation, souvent qualifiée de <a href="https://www.outside.fr/le-ski-cest-fini-comment-les-stations-francaises-sentetent-ou-se-reinventent/">« fuite en avant »</a> n’a été que <a href="https://theses.hal.science/tel-03555501">récemment analysée</a>.</p>
<h2>Un véritable « sentier de dépendance »</h2>
<p>En nous appuyant sur la théorie des « sentiers de développement », utilisée dans le domaine de la <a href="https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2014-3-page-193.htm">géographie économique évolutionniste</a>, nous montrons dans nos travaux que la production de neige a conduit l’industrie des sports d’hiver sur un authentique <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-pourquoi-du-comment-economie-et-social/qu-est-ce-que-la-dependance-au-sentier-5228788">« sentier de dépendance »</a> : les choix antérieurs d’investir dans cette production et les <a href="https://tc.copernicus.org/articles/16/863/2022/">gains d’enneigements permis par le passé</a> encouragent la poursuite des investissements, en privant d’autres activités des ressources mobilisées, qu’elles soient économiques ou naturelles, comme la ressource en eau. </p>
<p>Ce sentier de dépendance peut aussi bien amener le tourisme de ski sur une voie dite « d’extension » qu’une voie dite de « contraction », aux implications bien différentes pour les territoires de montagne.</p>
<p>Vu comme voie d’extension, l’investissement dans la production de neige a permis de renforcer une activité saisonnière météo-dépendante qui présente les caractéristiques d’une industrie lourde. En effet, l’exploitation d’un domaine skiable repose sur d’importants capitaux, notamment pour le renouvellement du parc de remontées mécaniques, avec des charges fixes qui renforcent l’exposition au risque économique liée à la variabilité naturelle de l’enneigement. </p>
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<img alt="Vue de la station de ski de Montalbert en Savoie" src="https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Production de neige à Montalbert, en Savoie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lucas Berard-Chenu</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>À cela s’ajoutent des savoir-faire et une technicité grandissante de la gestion de la neige, accompagnés par <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405880721000261">l’essor de services dédiés</a>. </p>
<p>Enfin, la production de neige a sécurisé une offre touristique française sur un marché européen du ski mature et compétitif. La production de neige permet de consolider les parts de marché de la France, 3<sup>e</sup> marché mondial des sports d’hiver derrière les États-Unis et l’Autriche avec 50 millions de journées skieurs, dont <a href="https://vanat.ch/international-report-on-snow-mountain-tourism.shtml">27 % de skieurs internationaux</a>. </p>
<p>On estime que <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/23/sports-d-hiver-sports-de-riches-moins-d-un-francais-sur-dix-part-en-vacances-au-ski_5261604_4355770.html">10 % des Français partent aux sports d’hiver</a> chaque année, représentant <a href="https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/Chiffres_cles/Tourisme/2018-Chiffres-cles-du-tourisme.pdf">7 % des nuitées réalisées par les Français</a> sur le territoire métropolitain. Les 250 stations que compte la France assurent par ailleurs 120 000 emplois.</p>
<h2>Des changements nécessaires, mais retardés</h2>
<p>Mais la production de neige peut tout autant conduire à une voie de contraction. </p>
<p>Les investissements dans la production de neige sont non seulement très spécifiques, et, pour partie uniquement, dédiés à la poursuite de l’activité ski, mais surtout contribuent à entretenir une logique sectorielle focalisée sur l’économie du tourisme de neige. </p>
<p>Ce risque de surspécialisation peut également déborder sur les territoires de montagne supports de station. L’ensemble des capitaux spécifiques (infrastructures, main-d’œuvre spécialisée, savoir-faire technique, etc.), ainsi que les dispositifs qui les accompagnent, comme des <a href="https://journals.openedition.org/rga/10434">politiques publiques dédiées</a>, retardent d’éventuels changements et peuvent limiter l’effet de dispositifs orientés vers la <a href="https://revue-set.fr/article/view/6835">diversification des économies montagnardes</a>. </p>
<p>Un verrouillage défavorable s’enclenche alors : le soutien en faveur de l’investissement dans les installations en production de neige captant des ressources qui pourrait initier d’<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2021/04/DESCAMPS/62973">éventuelles transitions</a>.</p>
<p>Cette dépendance a des effets ambivalents sur les territoires touristiques de montagne et s’en extraire nécessite une <a href="https://theconversation.com/ski-la-pandemie-ne-permettra-pas-forcement-de-reinventer-le-tourisme-de-montagne-154654">coordination à la fois économique et institutionnelle</a>. </p>
<p>Les politiques publiques ont donc un rôle à jouer. Si l’action de l’État a su par le passé doter les territoires de montagne d’une industrie des sports d’hiver, se pose aujourd’hui la question de la gestion de cet héritage. L’action publique peut-elle contribuer à dépasser la dépendance au ski, voire au tourisme, en tenant compte des causes et conséquences de l’évolution climatique et de l’environnement ?</p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/ProjetIA-15-IDEX-0002">IDEX UGA</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198469/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lucas Berard-Chenu a reçu des financements conjoints de l’Agence nationale de la recherche dans le cadre du programme « Investissements d’avenir » (référence ANR-15-IDEX-02) et de Météo-France. Lucas Berard-Chenu a également bénéficié du financement d’un programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne (730203). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle George a reçu, en réponse à des appels à projets, des financements venant des échelles européennes, nationales, régionales ou départementales. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hugues François a reçu des financements de diverses organisations publiques ou privées dans le cadre de ses projets de recherche</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Samuel Morin a reçu des financements de diverses organisations publiques ou privées dans le cadre de ses projets de recherche.</span></em></p>En cherchant à limiter sa météo-dépendance, l'industrie des sports d'hiver a accru sa dépendance à la production de neige. Avec quelles conséquences ?Lucas Berard-Chenu, Enseignant-chercheur en géograpgie à l'Institut conjoint de l'Université de Ningbo (Chine) et d'Angers, Université d'AngersEmmanuelle George, Chercheuse en aménagement touristique, InraeHugues François, Ingénieur de recherche tourisme et système d'information, InraeSamuel Morin, Chercheur et directeur du Centre national de recherches météorologiques (Météo-France - CNRS), Météo FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1980392023-01-26T13:56:30Z2023-01-26T13:56:30ZL’humain n’est pas fait pour vivre dans le froid. Voici comment il s’est adapté – et fort bien !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/506200/original/file-20230124-14-m9zcbj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=43%2C0%2C4898%2C3262&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">CP</span> </figcaption></figure><p>L’être humain est une espèce tropicale. Nous avons vécu dans des climats chauds pendant la majeure partie de notre évolution, ce qui pourrait expliquer pourquoi nous sommes nombreux à passer en rêvant à l’été.</p>
<p>Toutes les espèces de singes habitent des régions tropicales. Les plus anciens fossiles connus de la lignée humaine (homininés) proviennent <a href="https://www.researchgate.net/publication/242882028_erratum_A_new_hominid_from_the_Upper_Miocene_of_Chad_Central_Africa">d’Afrique centrale</a> et <a href="https://afanporsaber.com/wp-content/uploads/2017/08/First-hominid-from-the-Miocene-Lukeino-Formation-Kenya.pdf">orientale</a>. Les homininés qui se sont déplacés vers le nord, sous des latitudes plus élevées, ont rencontré des températures glaciales, des jours plus courts qui réduisaient le temps pour chercher de la nourriture, de la neige qui rendait la <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/688579">chasse plus difficile</a> et un vent glacial qui <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8889744/">accentuait la perte de chaleur</a> de leur corps.</p>
<p>Compte tenu de sa capacité limitée d’adaptation au froid, comment se fait-il que notre espèce soit devenue dominante, non seulement dans les régions chaudes de nos ancêtres, mais aussi partout sur la planète ? La réponse réside dans notre habileté à développer des solutions culturelles complexes pour relever les défis de la vie.</p>
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<img alt="Une femme se réchauffe les mains avec un chat à côté d’un chauffage électrique" src="https://images.theconversation.com/files/503268/original/file-20230105-16-nc2xj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C32%2C5426%2C3590&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503268/original/file-20230105-16-nc2xj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503268/original/file-20230105-16-nc2xj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503268/original/file-20230105-16-nc2xj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503268/original/file-20230105-16-nc2xj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503268/original/file-20230105-16-nc2xj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503268/original/file-20230105-16-nc2xj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nombreux humains redoutent le froid de l’hiver.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/using-heater-home-winter-woman-warming-1254492208">Mariia Boiko/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Les premiers signes de la présence d’homininés en Europe du Nord ont été découverts à <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0088329">Happisburgh, dans le Norfolk</a>, dans l’est de l’Angleterre. Il s’agit d’empreintes de pas et d’outils en pierre vieux de 900 000 ans. À cette époque, Happisburgh était une région de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0277379118306863">forêts de conifères aux hivers froids</a>, comme le sud de la Scandinavie aujourd’hui. Il existe peu de preuves que les homininés de Happisburgh sont restés longtemps sur le site, ce qui laisse penser qu’ils n’ont pas eu le temps de s’y adapter physiquement.</p>
<p>La façon dont ces homininés ont survécu aux conditions difficiles si différentes de celles de leurs terres ancestrales d’Afrique demeure un mystère. Il n’y a pas de grottes dans la région ni de traces d’abris. Les artefacts de Happisburgh sont simples et ne témoignent d’aucune technologie complexe.</p>
<p>Les preuves de <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1018116108">l’utilisation de feux de camp</a> à cette époque sont controversées. Les outils permettant de confectionner des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S004724841830085X">vêtements ajustés et résistants aux intempéries</a> n’apparaissent en Europe occidentale que près de 850 000 ans plus tard. De nombreux animaux migrent pour éviter le froid saisonnier, mais les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1040618211005957">homininés de Happisburgh</a> auraient dû parcourir environ 800 km vers le sud pour un réel changement de climat.</p>
<p>Il est difficile d’imaginer que les homininés ont pu survivre aux hivers du Norfolk sans feu ni vêtements chauds. Pourtant, le fait qu’ils ont vécu <a href="https://www.researchgate.net/publication/349378194_Robert_Hosfield_2020_The_earliest_Europeans_a_year_in_the_life_seasonal_survival_strategies_in_the_Lower_Palaeolithic_Oxford_Oxbow_9781785707612_paperback_2499">si loin au nord</a> signifie qu’ils ont dû trouver un moyen de survivre au froid, alors qui sait ce que les archéologues découvriront à l’avenir.</p>
<h2>Les chasseurs de Boxgrove</h2>
<p>Les sites de peuplement plus récents, comme celui de Boxgrove dans le West Sussex, dans le sud de l’Angleterre, offrent davantage d’indices sur la façon dont nos ancêtres ont survécu aux climats nordiques. Le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047248498902159">site de Boxgrove</a> date d’il y a près de 500 000 ans, une des périodes les plus froides de l’histoire de l’humanité.</p>
<p>De nombreuses preuves, comme des marques de coupure sur des os ou une omoplate de cheval qu’on pense avoir été percée par une lance en bois, attestent que ces homininés <a href="https://www.researchgate.net/publication/344449964_The_Horse_Butchery_Site_A_High_Resolution_Record_of_Lower_Palaeolithic_Hominin_Behaviour_at_Boxgrove_UK_Spoil_Heap_Monograph">chassaient des animaux</a>. Ces découvertes concordent avec les études menées sur des chasseurs-cueilleurs d’aujourd’hui, qui montrent que les habitants des régions froides <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21745624/">dépendent davantage des proies animales</a> que leurs semblables des régions chaudes. La viande contient les calories et les graisses nécessaires pour affronter le froid.</p>
<p>Un tibia d’homininé fossilisé trouvé à Boxgrove est plus robuste que celui des humains actuels, ce qui suggère qu’il appartenait à un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047248499902956">homininé grand et trapu</a>. Un <a href="https://www.digitale-sammlungen.de/en/view/bsb10306637?page=,1">corps volumineux</a> avec des <a href="http://people.wku.edu/charles.smith/biogeog/ALLE1877.htm">membres relativement courts</a> réduit la perte de chaleur en minimisant la surface.</p>
<p>La meilleure silhouette pour éviter la perte de chaleur étant une sphère, les animaux et les humains des climats froids se rapprochent le plus possible de cette forme. Nous avons également des <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1018116108">preuves</a> de l’existence de feux de camp à cette époque.</p>
<h2>Spécialistes des climats froids</h2>
<p>Les Néandertaliens, qui vivaient en Eurasie il y a environ 400 000 à 40 000 ans, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/%28SICI%291096-8644%28199710%29104%3A2%3C245%3A%3AAID-AJPA10%3E3.0.CO%3B2-%23">habitaient des climats glaciaires</a>. Par rapport à leurs ancêtres d’Afrique et à nous, ils avaient des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1002/ajpa.1330370605">membres courts et forts</a>, et des corps larges et musclés adaptés à la production et à la conservation de la chaleur.</p>
<p>Pourtant, le visage proéminent et le nez large et saillant des néandertaliens sont à l’opposé de ce que l’on pourrait imaginer être adapté à une période glaciaire. Comme les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277379117308211">macaques japonais</a> vivant dans des régions froides et les <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2006.3629">rats de laboratoire</a> élevés dans des conditions froides, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047248417300921">humains des climats froids</a> ont généralement un nez relativement haut et étroit et des pommettes larges et plates.</p>
<p>La <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2018.0085">modélisation informatique</a> des squelettes anciens nous indique que le nez de l’humain de Neandertal était plus efficace que celui de ses ancêtres des climats chauds pour conserver la chaleur et l’humidité. Il semble que la structure interne soit aussi importante que la taille globale du nez.</p>
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<img alt="Un bœuf musqué debout dans la neige" src="https://images.theconversation.com/files/503266/original/file-20230105-14-yxyovj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503266/original/file-20230105-14-yxyovj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503266/original/file-20230105-14-yxyovj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503266/original/file-20230105-14-yxyovj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503266/original/file-20230105-14-yxyovj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503266/original/file-20230105-14-yxyovj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503266/original/file-20230105-14-yxyovj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le bœuf musqué était bien adapté aux climats froids.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/muskox-looking-your-eyes-standing-snow-1079290970">Fitawoman/Shutterstock</a></span>
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<p>Même avec leur physique adapté au froid, les Néandertaliens avaient gardé des caractéristiques de leurs ancêtres tropicaux. Ainsi, ils n’avaient pas <a href="https://www.academia.edu/4570677/Parasitic_lice_help_to_fill_in_the_gaps_of_early_hominid_history">l’épaisse fourrure</a> des autres mammifères de l’Europe glaciaire, comme le rhinocéros laineux ou le bœuf musqué. Ils ont plutôt développé une culture complexe.</p>
<p>On possède des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/evan.21894">preuves archéologiques</a> que les Néandertaliens confectionnaient des vêtements et des abris avec des peaux d’animaux. Des traces de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3021051/">cuisson</a> et de l’utilisation du feu pour préparer de la <a href="https://pure.tudelft.nl/ws/portalfiles/portal/82720614/Kozowyk2020_Article_UnderstandingPreservationAndId.pdf">colle à base d’écorce</a> de bouleau pour fabriquer des outils montrent que l’humain de Neandertal avait une excellente maîtrise du feu.</p>
<p>Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0003552120300832">archéologues affirment</a>, même si c’est controversé, que les ossements de Néandertaliens trouvés sur le site de Sima de los Huesos, dans le nord de l’Espagne, vieux de 400 000 ans, présentent des lésions causées par le ralentissement de leur métabolisme pour hiberner. Selon les chercheurs, ces os montrent des cycles de croissance interrompue et de guérison.</p>
<p>Seules quelques espèces de primates hibernent, comme certains lémuriens du Madagascar et le galago moholi, ainsi que le <a href="https://rdcu.be/c3hVi">loris paresseux pygmée</a> du nord du Vietnam.</p>
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<img alt="Un petit galago moohli se nourrissant de résine d’arbre lors d’un safari de nuit en Afrique du Sud" src="https://images.theconversation.com/files/503267/original/file-20230105-24-zrjt92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503267/original/file-20230105-24-zrjt92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503267/original/file-20230105-24-zrjt92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503267/original/file-20230105-24-zrjt92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503267/original/file-20230105-24-zrjt92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503267/original/file-20230105-24-zrjt92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503267/original/file-20230105-24-zrjt92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le galago moohli est l’un des rares primates qui hibernent.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/lesser-bushbaby-seen-feeding-on-tree-1892296174">Rudi Hulshof/Shutterstock</a></span>
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<p>Cela pourrait nous inciter à croire que les humains auraient la possibilité d’hiberner. Mais la plupart des espèces qui hibernent ont un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/brv.12137">petit corps</a>, à quelques exceptions près, comme les ours. Les humains sont peut-être trop grands pour hiberner.</p>
<h2>Capacité d’adaptation</h2>
<p>Les plus anciens fossiles de la lignée <em>Homo sapiens</em> datent d’il y a 300 000 ans, <a href="https://www.nature.com/articles/nature22335">au Maroc</a>. Nous ne sommes sortis d’Afrique qu’<a href="https://www.nature.com/articles/s41586-021-03244-5">il y a environ 60 000 ans</a>, pour ensuite coloniser toutes les régions du globe. Nous sommes donc relativement nouveaux dans la plupart des habitats où nous nous trouvons aujourd’hui. Au cours des milliers d’années qui se sont écoulées depuis, les personnes des régions froides se sont adaptées biologiquement à leur environnement, mais pas parfaitement.</p>
<p>Un exemple bien connu de cette adaptation est que dans les régions peu ensoleillées, <em>Homo sapiens</em> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10896812/">a développé des teintes de peau claires,</a> qui permettent de mieux synthétiser la vitamine D. Les génomes des Inuits du Groenland montrent une adaptation physiologique à un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26383953/">régime marin riche en graisses</a>, bénéfique dans le froid. Des preuves plus directes proviennent de l’ADN d’un cheveu conservé dans le pergélisol au Groenland. Ce cheveu vieux de 4 000 ans laisse entrevoir des <a href="https://www.nature.com/articles/nature08835">modifications génétiques</a> qui ont conduit à une forme corporelle trapue maximisant la production et la rétention de chaleur, à l’instar de l’homininé de Boxgrove dont nous n’avons qu’un seul tibia.</p>
<p>Notre héritage tropical fait en sorte que nous sommes toujours incapables de vivre dans des lieux froids sans concevoir des moyens pour affronter ce climat. Il suffit de penser au <a href="https://www.jstor.org/stable/26974873">parka traditionnel des Inuits</a>, qui offre une meilleure isolation que l’uniforme d’hiver de l’armée canadienne moderne.</p>
<p>Notre capacité d’adaptation comportementale a été <a href="https://www.nature.com/articles/s41562-018-0394-4">déterminante pour notre succès évolutif</a>. Si <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-47202-8">on le compare aux autres primates</a>, l’humain fait montre d’une moindre adaptation physique au climat. L’adaptation comportementale est plus rapide et plus flexible que l’adaptation biologique. Les êtres humains sont des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11303338/">champions de l’adaptation</a>, ce qui leur permet d’habiter presque toutes les niches écologiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198039/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Vous n’aimez pas l’hiver ? La réponse se trouve peut-être dans notre évolution.Laura Buck, Senior Lecturer in Evolutionary Anthropology, Liverpool John Moores UniversityKyoko Yamaguchi, Senior Lecturer in Human Genetics, Liverpool John Moores UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1940792022-11-22T19:26:07Z2022-11-22T19:26:07ZImages de science : se protéger de vagues de plus en plus hautes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/493776/original/file-20221107-15-pveimj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C1006%2C733&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une vague se brise sur une structure en béton dans une simulation numérique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Julien Réveillon</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Lors d’une tempête, une digue peut subir des pics de pression très variables, en particulier lorsque des poches d’air sont emprisonnées entre l’eau et le béton. <a href="https://www.theses.fr/2021PAUU3022">Par exemple</a>, des pressions proches de cinq bars menant à des forces de 400 000 newtons par mètre – soit l’équivalent du crash d’un SUV allant à 80 km/h – ont déjà été mesurées sur la digue Artha de Saint-Jean-de-Luz.</p>
<p>Les digues actuelles sont dimensionnées pour ce type d’impact mais la question se pose de leur renforcement face à l’intensification en force et en fréquence des <a href="https://www.geo.fr/environnement/les-tempetes-extremes-prevues-pour-2080-sont-deja-la-210231">tempêtes extrêmes</a> accompagnant le changement climatique. Les simulations numériques visent à adapter au mieux les installations du littoral face aux transformations à venir.</p>
<h2>Les mesures de défense face à la montée des eaux</h2>
<p>L’<a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/">élévation du niveau de la mer</a> est une conséquence directe de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, ainsi que de l’expansion thermique des océans. C’est une menace majeure pour les régions côtières, car elle provoque la submersion et l’érosion du trait de côte (la limite terre/mer), l’inondation et la destruction des habitations ou encore la contamination des terres agricoles.</p>
<p>La mise en place de mesures de défense est déjà au cœur des préoccupations des décideurs en charge de l’aménagement du territoire et des bâtisseurs d’ouvrages maritimes. Des <a href="https://theconversation.com/elevation-du-niveau-de-la-mer-quels-littoraux-voulons-nous-pour-demain-180711">stratégies nouvelles sont explorées</a> en se basant sur l’état de la mer au large de nos côtes dans plusieurs dizaines d’années afin d’estimer les surcotes provoquées par les tempêtes – des <a href="https://doi.org/10.4000/vertigo.10947">prédictions extrêmement difficiles</a>.</p>
<p>La solution (dite « dure ») de défense la plus commune consiste à tenter de fixer le trait de côte et de construire ou renforcer les ouvrages de défense. Une autre solution (dite « souple ») consiste à préparer le territoire à l’arrivée de la mer. Par exemple, la commune de Quiberville en Normandie – une des <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045726134">126 communes françaises</a> citées au journal officiel en avril 2022 comme devant s’adapter en priorité – a pris la décision de <a href="https://reporterre.net/Face-a-la-montee-des-eaux-s-adapter-plutot-que-betonner">laisser entrer la mer dans les zones basses de la commune et de réorganiser son agencement</a>.</p>
<h2>Quelle sera la force des vagues dans le futur ?</h2>
<p>Les phénomènes de submersion marine se produisent généralement lors d’événements climatiques extrêmes. Il est très difficile d’en prévoir l’intensité car outre le niveau moyen du niveau d’eau et les effets de la marée, ils dépendent de <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.envsoft.2015.07.021">paramètres locaux</a> tels l’intensité du vent s’appuyant sur l’eau, la baisse de pression locale ou la fréquence de succession des vagues déferlantes. L’ensemble de ces phénomènes surélèvent l’eau auprès des ouvrages de protection.</p>
<p>À ce jour, pour estimer leur impact futur sur les structures côtières, on les reproduit expérimentalement à petite échelle dans un canal à houle, ou on les modélise grâce à la simulation numérique, dans une succession d’impacts représentant trois heures de vagues d’une tempête « centennale » (c’est-à-dire dont la probabilité d’apparition est d’une année sur cent).</p>
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<p>Dans les modélisations, les effets de certains paramètres sont encore très difficiles à caractériser, tels que la présence d’air dans l’eau, sous forme de bulles, résultant de l’écume des vagues précédentes ou de poches et tubes d’air capturés par le déferlement ou encore de coussins d’air se formant entre l’eau et la paroi des digues. En fonction des circonstances, cet air va <a href="https://ascelibrary.org/doi/10.1061/%28ASCE%290733-950X%281993%29119%3A4%28381%29">amortir le choc ou encore l’amplifier</a>. Le pire des scénarios est de piéger une petite poche d’air entre l’eau et la paroi : la masse de la vague en cours de déferlement écrase brutalement la poche et augmente très fortement la pression de l’air et donc les forces que subira l’ouvrage.</p>
<p>Grâce au développement de <a href="https://doi.org/10.1146/annurev-fluid-010816-060121">modèles physiques et numériques adéquats</a>, les futurs aménagements du littoral envisagés pourront être soumis virtuellement à tous les évènements climatiques imaginables afin d’évaluer leur efficacité et résistance. Mais ces simulations numériques doivent sortir du cadre strict de la physique car elles resteront inutiles si elles n’intègrent pas une vision globale, comprenant notamment des dimensions de construction durable et d’<a href="https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001">assentiment des populations concernées</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Réveillon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Avec des tempêtes plus fréquentes et plus dures, l’adaptation au changement climatique passe aussi par la construction de structures résistantes à la pression des vagues.Julien Réveillon, Enseignant-Chercheur, énergie et mécanique des fluides numérique, Chargé de mission DDRS, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1908492022-11-13T16:33:59Z2022-11-13T16:33:59ZL’impact du changement climatique sur la Polynésie française<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485561/original/file-20220920-15-ajs1mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C7538%2C5006&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Polynésie française compte 120 îles réunies en 5 archipels selon lesquels le climat varie. Il est donc compliqué de mesurer les conséquences du réchauffement climatique sur l’ensemble de la région.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/tropical-beach-palm-trees-on-moorea-2099393887">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Pour observer le changement climatique, <a href="https://public.wmo.int/en">l’Organisation mondiale de la Météorologie</a> recommande d’évaluer le dérèglement climatique sur une période d’au moins 50 ans afin de s’affranchir des biais liés à d’autres variabilités temporelles du climat, tels que la dérive climatique, qui se calcule sur 30 ans, le phénomène <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/el-nino-southern-oscillation/2-l-oscillation-australe/">ENSO</a> (El Niño Southern Oscillation), qui modifie le climat sur une échelle de 2 à 7 ans, ou encore l’<a href="https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Oscillation-decennale-du-Pacifique.html">oscillation interdécennale du Pacifique</a> (IPO), qui varie sur 40 ans et influence durablement les pluies en Polynésie française.</p>
<p>La communauté des climatologues s’est donc lancée dans un vaste programme de sauvegarde des données afin de constituer de longues séries de données de pluies et de températures. En Polynésie française, les premières mesures de pluies remontent à 1853 et la première station météorologique implantée sur les hauteurs du mont Faiere, à Sainte Amélie, a été inaugurée en 1935.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485533/original/file-20220920-15-rj7tve.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les archives du service climatique de Météo-France en Polynésie française.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Après avoir inventorié et numérisé les données anciennes, il est nécessaire d’homogénéiser ces longues séries de données pour supprimer les erreurs ou ruptures dues à des évolutions de capteurs ou des conditions de la mesure. À partir de ces longues séries homogénéisées et fiables, on cherche à détecter le signal du changement climatique et à le quantifier.</p>
<h2>Des signes du changement climatique</h2>
<p>La Polynésie française, qui comptabilise 120 îles réparties en 5 archipels, a un <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/climat__les_climats_du_monde/185927#:%7E:text=%E2%80%93%20le%20climat%20tropical%20humide%20avec,autour%20de%2030%20%C2%B0C.">climat tropical humide</a> mais avec des différences notables en raison de la grande étendue latitudinale de ce territoire (plus de 20° du nord au sud). On identifie d’un archipel à l’autre un climat bien spécifique : chaud et sec aux Marquises, mais frais et humide aux Australes, ou encore plus humide sur la Société que sur les Tuamotu.</p>
<p>En analysant les longues séries de données de températures, on peut affirmer que le climat polynésien <a href="https://www.pacificmet.net/pacific-climate-change-monitor-report-2021">s’est réchauffé au cours de ces dernières décennies</a>. Selon les archipels, on calcule une élévation moyenne entre +0,6 °C et +1,55 °C cohérente avec le réchauffement global sur cette période.</p>
<p>Cette augmentation des températures est plus importante la nuit que la journée. Ainsi à la station météorologique de Faaa (Tahiti), l’élévation moyenne des températures minimales, observées habituellement en fin de nuit, est pratiquement deux fois plus importante que l’élévation moyenne des températures maximales, généralement observées en journée, avec respectivement +2 °C et +1,3 °C en 58 ans. Ce dérèglement climatique a également un impact sur les vagues de chaleur dont le nombre total de cas a significativement augmenté entre 1964 et 2021.</p>
<p>Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a peu d’impact du changement climatique sur le cumul annuel des pluies, en dehors de postes isolés comme Omoa, poste pluviométrique des Marquises, et Rapa, station météorologique des Australes. Cette absence de signal pluviométrique du changement climatique se confirme également sur d’autres îles du Pacifique Sud. Sur le territoire polynésien, les tendances linéaires de pluies calculées sur une période minimale de 50 ans varient en moyenne entre +5mm/an et -6mm/an, mais ces variations sont à expliquer par d’autres influences que celle du changement climatique, comme celle de l’IPO et de l’ENSO citées plus haut.</p>
<p>L’activité cyclonique est considérée en moyenne faible sur le bassin polynésien. En 50 ans, on a comptabilisé 23 cyclones tropicaux, 17 dépressions tropicales fortes et 10 dépressions modérées. Le dernier cyclone qui a touché la Polynésie française est <a href="https://www.ouest-france.fr/europe/france/polynesie-le-cyclone-oli-sest-renforce-et-fait-un-mort-635337">Oli</a> en février 2010, avec une pression minimale de 937hPa (l’hectopascal est l’unité de mesure pour la pression atmosphérique) et un vent maximum de 250km/h, loin des records détenus par le cyclone tropical Orama de février 1983, avec une pression minimale de 898hPa et un vent maximum de 280 km/h.</p>
<p>L’analyse depuis 1970 de l’activité cyclonique montre qu’elle est en diminution sur les deux dernières décennies et que cette baisse est plus marquée pour les cyclones tropicaux.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=175&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=175&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485541/original/file-20220920-3592-l4elwo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=175&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DTM (Dépression tropicale modérée), DTF (Dépression tropicale forte), CT (cyclone tropical).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les projections climatiques récemment réalisées et analysées maintiennent pour la fin du siècle cette diminution de l’activité cyclonique sur le sud du Pacifique et ne montrent pas de signal clair d’une évolution de la fréquence des cyclones de catégorie 5 (dans le Pacifique, la catégorie 5 correspond aux cyclones tropicaux intenses avec des vents moyens sur 10 minutes supérieurs ou égaux à 166km/h). Cependant, les simulations montrent une augmentation des pluies dans un rayon de 200 km autour du centre du cyclone.</p>
<p>Au niveau de l’océan, contrairement à l’atmosphère, les climatologues ne disposent pas de longues séries de données pour quantifier l’effet du changement climatique même si depuis les années 1990, l’information océanique est plus importante grâce aux données collectées par les <a href="https://oecsmap.org/les-satellites/">satellites</a>. Pour quantifier l’impact sur les températures de surface de la mer et la montée des eaux en Polynésie française, on peut se référer aux tendances climatiques.</p>
<p>Tout comme les températures de l’air, les eaux de surface de l’océan Pacifique se sont réchauffées de +0,9 °C depuis 1982, contribuant à l’élévation du niveau de la mer <a href="https://wwz.ifremer.fr/L-ocean-pour-tous/Nos-ressources-pedagogiques/Comprendre-les-oceans/Ocean-et-climat/Surchauffe-des-oceans.-quelles-consequences-sur-le-niveau-des-mers#:%7E:text=%C3%89l%C3%A9vation%20du%20niveau%20de%20la%20mer&text=Le%20niveau%20de%20la%20mer,glaces%20et%20des%20calottes%20polaires.">par dilatation</a>.</p>
<p>Globalement, le niveau de la mer augmente plus rapidement au cours de ces dernières décennies mais à des vitesses différentes selon les archipels. Selon les données des images satellites LEGOS/CLS on retient que depuis 1992, le niveau de la mer a augmenté à une vitesse moyenne de +2,9mm/an à Tahiti et de +1mm/an à Mangareva, des tendances qui nous conduiraient en 2050 à des élévations bien plus importantes que celles proposées dans le 5<sup>e</sup> rapport du GIEC.</p>
<p><a href="https://services.meteofrance.com/outre-mer/etudes-et-conseils-outre-mer/atlas-climatologique-de-la-polynesie-francaise">L’atlas climatologique de la Polynésie française</a> sorti fin 2019 consacre tout un chapitre au changement climatique et, récemment, un rapport sur l’état des connaissances du climat des îles du Pacifique et son évolution a été mis en ligne.</p>
<h2>Projections et projets futurs</h2>
<p>Dans l’état actuel de nos connaissances, on peut raisonnablement avancer que le dérèglement climatique sur la Polynésie française à l’horizon 2050 va entraîner une hausse sensible des températures et une diminution des quantités de pluies sur certaines îles, augmentant la vulnérabilité à la disponibilité d’eau. Le risque de feux de végétation sur les îles hautes pourrait s’accroître avec des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus longues.</p>
<p>Au niveau de l’océan, la principale vulnérabilité engendrée par l’évolution climatique est l’augmentation du risque de submersion marine. À l’instar de ce qui s’est passé sur l’atoll de Tikehau lors du passage de la forte houle de 1996, les structures en bord de mer seraient plus vulnérables aux risques de submersion.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485532/original/file-20220920-3514-35icih.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Aéroport de Tikehau (Tuamotu), submergé par la forte houle de 1996.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Selon la morphologie des îles et la température de l’océan, les côtes exposées aux houles extrêmes seraient menacées par l’augmentation du niveau de la mer. Pour les atolls, ces submersions marines se traduiraient par la salinisation et donc la contamination des lentilles d’eau douce, fragilisant leur sécurité alimentaire et sanitaire.</p>
<p>À l’échelle des îles de la Polynésie française, nous n’avons pas toutes les réponses sur l’évolution du climat pour la fin de ce siècle. <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/">Les projections du GIEC</a> étant réalisées à une résolution de 100 km, les îles ne sont pas représentées. C’est sur cette problématique que le projet <a href="https://umr-entropie.ird.nc/index.php/portfolio/projets-en-cours/projet-clipssa">CLIPSSA</a> (CLImat du Pacifique Savoirs locaux et Stratégie d’Adaptation) a démarré en 2021, pour une durée de trois ans. Par des méthodes de descente d’échelle, les acteurs de ce projet vont produire des simulations climatiques à l’échelle de 2,5 km, afin de répondre aux problématiques à long et très long terme des acteurs locaux, et permettre ainsi la mise en place de stratégies d’adaptation en tenant compte des spécificités culturelles de ces îles.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190849/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Victoire Laurent ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le changement climatique en Polynésie française se mesure grâce à des séries de données récoltées depuis 50 ans, mais la spécificité culturelle des îles et leur morphologie compliquent les prévisions.Victoire Laurent, Météorologue, Responsable de la division Études et climatologie, Météo-France/Direction Interrégionale pour la Polynésie française, Université de la Polynésie FrançaiseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1847922022-06-14T22:23:11Z2022-06-14T22:23:11ZTroisième vague de chaleur : une sécheresse sans précédent cet été 2022<p>Selon les prévisions pour le mois d'août, la France devrait connaître une <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/08/07/la-vague-de-chaleur-va-se-poursuivre-un-pic-caniculaire-attendu-en-fin-de-semaine_6137431_3244.html">troisième forte vague de chaleur</a>, sans précédent, avec un pic caniculaire qui va s’étendre sur tout l’Hexagone à partir de mercredi 10 août. </p>
<p><a href="https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-mai-2022">Quel risque de sécheresse</a> menace les nappes d’eau souterraine – on parle à ce propos de sécheresse hydrogéologique – en France métropolitaine ?</p>
<p>Ce risque se définit par la possibilité d’atteindre, d’ici août-septembre 2022 : des niveaux bas à très bas, une situation plutôt rare ; des niveaux <a href="http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluvia/faces/index.jsp">sous les seuils d’alerte</a> définis par arrêtés préfectoraux sur des piézomètres représentatifs.</p>
<p>Les prévisions sur les nappes se révèlent assez pessimistes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte de France métropolitaine montrant les risques de sécheresse pour l’été 2022" src="https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=630&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=630&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=630&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=792&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=792&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468804/original/file-20220614-15-s8xe54.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=792&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte du risque sécheresse sur les nappes d’eau pour l’été 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Le risque de sécheresse (en rouge foncé sur la carte, « risque très fort ») est en effet avéré sur le Sud-Est et concerne les nappes des calcaires karstifiés de la Provence, les nappes alluviales et des formations tertiaires de la Côte d’Azur. Ce risque affecte également le Centre-Ouest, dont les nappes des calcaires jurassiques de Charentes, de la Brenne et du Poitou ; la nappe des sables cénomaniens du Perche et du Maine et la nappe de la craie séno-turonienne de Touraine.</p>
<p>Sur ces secteurs, des <a href="https://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluviapublic/voir-carte">restrictions d’eau souterraine</a> ont déjà été mises en place et il est peu probable que la situation s’améliore durant les prochaines semaines.</p>
<p>Les secteurs à « risque « fort » (en rouge clair sur la carte) abritent des nappes dont les niveaux sont déjà sous les normales. Leur situation pourrait se dégrader rapidement, en conséquence soit de l’absence de pluies suffisantes, soit d’une forte sollicitation par pompages.</p>
<p>Enfin, les niveaux des nappes identifiées comme à risque « très faible » (en vert foncé sur la carte) à « faible » (vert clair) devraient rester satisfaisants durant tout l’été. Il s’agit de nappes inertielles peu sensibles à la sécheresse de l’année en cours, ou de nappes réactives ayant bénéficié d’une recharge satisfaisante.</p>
<p>Des tensions pourraient cependant apparaître localement, en cas de forte sollicitation des eaux souterraines par les prélèvements.</p>
<p>En complément, les données issues de cette carte <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/secheresse-reunion-du-comite-danticipation-et-suivi-hydrologique">ont été compilées à l’échelle départementale</a> avec les données sur le déficit pluviométrique, la sécheresse des sols et la sécheresse hydrologique par le ministère de la Transition écologique, afin de définir les territoires présentant un risque de sécheresse.</p>
<h2>Gros plan sur l’état des nappes au 1ᵉʳ mai 2022</h2>
<p>La situation des nappes en fin de période de recharge, soit au 1<sup>er</sup> mai 2022, dépend de la situation des nappes au début de la période de recharge (entre octobre et novembre 2021), des pluies infiltrées en profondeur durant l’automne et l’hiver 2021-2022 (recharge apparente) et de la cyclicité des nappes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Série de cartes pour montrer la dynamique de recharge des nappes d’eau souterraine" src="https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468803/original/file-20220614-17-xc5uhc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Impact de la recharge sur la situation des nappes au 1ᵉʳ mai 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>L’année 2021 s’est caractérisée par une période de recharge 2020-2021 excédentaire et par plusieurs épisodes inhabituels de recharge de mai à juillet.</p>
<p>À l’automne 2021, la situation des nappes, alors en début de période de recharge, était favorable avec des niveaux au-dessus des normales (voir sur la carte de gauche ci-dessus, les secteurs bleus et verts). Seules la Corse, la Provence et la région de Montpellier-Nîmes affichaient des niveaux sous les normales, du fait de l’absence de recharge conséquente depuis 2020 (sur la carte de gauche, les secteurs jaunes et orange).</p>
<p>Les nappes se rechargent essentiellement durant l’automne et l’hiver, lorsque la végétation est en dormance. Or, la recharge apparente 2021-2022 a été déficitaire sur la plupart des nappes (voir sur la carte du haut ci-dessus, les nuances de rouge). À l’échelle du territoire, elle n’a été que de 70 % de la recharge apparente normale. La période de recharge s’est terminée en janvier-février 2022 sur une grande partie du territoire, soit avec 2 à 3 mois d’avance. Seules les nappes du sud de l’Occitanie ont bénéficié d’une recharge légèrement excédentaire (sur la carte du haut, les nuances de bleu).</p>
<p>Le bénéfice provisoirement engrangé dans les nappes grâce à la recharge excédentaire de 2020-2021 s’est donc estompé avec les déficits pluviométriques enregistrés durant l’hiver et le printemps 2021-2022.</p>
<p>Cependant, l’impact de ce déficit de recharge est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie.</p>
<p>Les nappes inertielles (craie, formations tertiaires et formations volcaniques) ont une cyclicité pluriannuelle (voir sur la carte du bas ci-dessus, la couleur verte). Leur inertie, caractérisée par des écoulements lents, permet de conserver des niveaux peu dégradés à la sortie de l’hiver malgré la recharge déficitaire.</p>
<p>Au contraire, les nappes réactives à cyclicité annuelle (alluvions, calcaires jurassiques et crétacés, grès triasiques et socle) sont très sensibles au déficit de pluie efficace (voir sur la carte du bas ci-dessus, la couleur bleue). Leur situation s’est donc dégradée rapidement en fin d’hiver et durant le printemps.</p>
<p>En conséquence, seules les nappes inertielles et les nappes réactives ayant bénéficié d’une recharge proche des normales (75 à 125 %) montrent des niveaux proches, voire supérieurs aux normales, au 1<sup>er</sup> mai 2022 (sur la carte de droite ci-dessus, les secteurs verts et bleus). Une grande partie des nappes enregistrent des niveaux modérément bas à très bas, conséquence de la recharge déficitaire (sur la carte de droite ci-dessus, les secteurs oranges et rouges).</p>
<h2>Comment la carte de la sécheresse est élaborée</h2>
<p>L’élaboration de la carte du risque sécheresse repose sur l’état initial des nappes <a href="https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-mai-2022">après la période de recharge hivernale 2021-2022</a>, sur des <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/climat/nos-dernieres-previsions-saisonnieres">prévisions saisonnières de Météo France</a>, sur les prévisions saisonnières issues de modèles hydrogéologiques ainsi que sur l’expertise des hydrogéologues régionaux du BRGM.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Série de cartes expliquant la méthodologie des hydrogéologues" src="https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468802/original/file-20220614-17-4h9n2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Détail de la méthodologie utilisée pour élaborer la carte du risque sécheresse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne. L’évolution de la situation des nappes dans les prochains mois de 2022 dépendra donc de pluies efficaces qui parviendront à s’infiltrer en profondeur, des prélèvements en eau et de la résistance des nappes à la sécheresse.</p>
<p>Concernant les nappes inertielles, les précipitations ne devraient pas engendrer une recharge notable, sauf événements pluviométriques très exceptionnels. La situation des nappes inertielles devrait se dégrader lentement durant les prochains mois, ou plus rapidement sur les secteurs fortement sollicités.</p>
<p>Sur les nappes réactives, en cas de précipitations insuffisantes, la vidange devrait se poursuivre et la situation devrait alors continuer à se dégrader. Les épisodes pluviométriques importants pourront néanmoins provoquer des recharges momentanées, permettant alors de soutenir les niveaux (pause temporaire de leur baisse) voire, très ponctuellement, d’entraîner une hausse des niveaux.</p>
<p>Les prévisions saisonnières de Météo France privilégient un scénario plus chaud que la normale sur l’ensemble du territoire et plus sec que la normale sur la moitié Sud.</p>
<p>En conséquence, la carte du risque sécheresse a été construite sur une hypothèse pessimiste, en considérant que la situation des nappes devrait continuer à se dégrader durant les prochains mois. Il n’est cependant pas exclu que des perturbations océaniques traversent la France et engendrent des épisodes de recharge importante. Les campagnes d’irrigation pourraient également influencer la situation des nappes.</p>
<p>Afin de protéger nos ressources en eau, il est indispensable de <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/secheresse-economiser-leau">suivre les mesures d’économie de cette ressource vitale</a>. Ces mesures permettent de garantir des niveaux d’eau dans les nappes suffisants pour alimenter en eau potable la population et pour réguler le débit des cours d’eau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184792/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comment s’élabore la cartographie de ce risque en France ?Violaine Bault, Ingénieur hydrogéologue, BRGMMarc Laurencelle, Chercheur en hydrogéologie, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1833732022-05-20T16:48:28Z2022-05-20T16:48:28ZInde et Pakistan : se préparer à des canicules encore plus intenses<p>Une vague de chaleur frappe l’Inde et le Pakistan – l’une des régions les plus densément peuplées du monde – depuis avril, obligeant plus d’un milliard de personnes à affronter des températures bien supérieures à 40 °C. Ces températures ne constituent pas encore des records historiques pour ces régions, mais la période la plus chaude de l’année reste à venir.</p>
<p>Alors que la canicule met déjà en <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/inde-pakistan-temperature-atteint-deja-le-seuil-fatal-a-lhomme_fr_627bc8ade4b03ca8364a11fc">danger la vie des populations</a>, et provoque de<a href="https://www.humanite.fr/monde/inde/inde-les-temperatures-extremes-pesent-sur-les-recoltes-748866">mauvaises récoltes</a> et des <a href="https://www.bfmtv.com/international/nous-vivons-en-enfer-l-inde-et-le-pakistan-confrontees-a-une-canicule-extreme-manquent-d-eau-et-d-electricite_AN-202205170579.html">pannes d’électricité</a>, la situation pourrait s’aggraver : si l’on se base sur ce qui se passe <a href="https://theconversation.com/ce-que-nous-reserve-le-climat-pour-les-100-prochaines-annees-52278">ailleurs</a>, l’Inde est vouée à connaître une canicule encore plus intense.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1525541330755145729"}"></div></p>
<p>Notre équipe de climatologues s’est récemment intéressée aux vagues de chaleur les plus extrêmes dans le monde au cours des 60 dernières années, mais en prenant en considération les écarts par rapport aux températures attendues dans cette zone, plutôt que la simple température maximale. L’Inde et le Pakistan ne figurent pas dans nos résultats, publiés dans la revue <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abm6860"><em>Science Advances</em></a>. Bien que les températures et les niveaux de stress thermique montent régulièrement à des niveaux très élevés en valeurs absolues, les vagues de chaleur en Inde et au Pakistan n’ont pas été si extrêmes jusqu’à présent si l’on compare aux normales régionales.</p>
<p>De fait, la région se caractérise par un historique d’extrêmes météorologiques plutôt modeste. Dans les <a href="https://www.ecmwf.int/en/forecasts/datasets/reanalysis-datasets/era5">données que nous avons examinées</a>, nous n’avons trouvé aucune vague de chaleur en Inde ou au Pakistan s’écartant de plus de trois <a href="http://files.meteofrance.com/files/glossaire/FR/glossaire/designation/1234_initie_view.html">écarts types</a> par rapport à la moyenne, alors que statistiquement, un tel événement serait attendu une fois tous les 30 ans environ. La vague de chaleur la plus sévère que nous ayons identifiée, en Asie du Sud-Est en 1998, s’éloignait à cinq niveaux de la moyenne. Une vague de chaleur aussi extraordinaire en Inde aujourd’hui équivaudrait à atteindre des températures de plus de 50 °C sur de larges pans du pays – de telles températures n’ont été observées qu’en <a href="https://gizmodo.com/it-hit-123-degrees-fahrenheit-in-india-this-weekend-1835203136">points localisés</a> jusqu’à présent.</p>
<p>Nos travaux suggèrent donc que l’Inde pourrait connaître des chaleurs encore plus extrêmes. Considérant que la répartition statistique des températures maximales quotidiennes est globalement la même dans le monde entier, il est probable, toujours d’un point de vue statistique, qu’une vague de chaleur record frappe l’Inde à un moment donné ; la région n’a pas encore eu l’occasion de s’adapter à de telles températures et serait donc particulièrement vulnérable.</p>
<h2>Récoltes et santé</h2>
<p>Bien que la vague de chaleur actuelle n’ait pas battu de records historiques, elle reste exceptionnelle. De nombreuses régions de l’Inde ont connu leur <a href="http://french.peopledaily.com.cn/International/n3/2022/0501/c31356-10091567.html">avril le plus chaud jamais enregistré</a>. Une telle chaleur si tôt dans l’année aura des effets dévastateurs sur les cultures dans une région où beaucoup dépendent de la récolte de blé pour se nourrir et gagner leur vie. Habituellement, les chaleurs extrêmes dans cette région sont suivies de près par des moussons rafraîchissantes – mais celles-ci n’arriveront pas avant plusieurs mois.</p>
<p>Les cultures ne seront pas les seules à être affectées par la canicule, qui touche aussi les infrastructures, les écosystèmes et la santé humaine. Les répercussions sur la santé humaine sont complexes, car des facteurs météorologiques (chaleur et humidité) et socio-économiques (mode de vie et capacité d’adaptation) entrent en jeu. Nous savons que le stress thermique peut entraîner des problèmes de santé à long terme tels que des maladies cardiovasculaires, une insuffisance rénale, une détresse respiratoire et une insuffisance hépatique, mais nous ne pourrons pas savoir exactement combien de personnes mourront pendant cette vague de chaleur en raison d’un <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-021-01058-x">manque de données sanitaires</a> de la part de l’Inde et du Pakistan.</p>
<h2>Ce que l’avenir nous réserve</h2>
<p>Pour envisager l’impact de la chaleur extrême au cours des prochaines décennies, nous devons nous pencher à la fois sur le changement climatique et sur la croissance démographique, car c’est la combinaison des deux qui amplifiera les impacts des canicules sur la santé humaine dans le sous-continent indien.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="carte du monde avec certains pays ombragés en jaune" src="https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461278/original/file-20220504-26-xsy9bk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les zones d’augmentation importante de la population au cours des 50 prochaines années (cercles rouges), coïncident toutes avec des endroits où il n’existe aucune donnée quotidienne sur la mortalité (jaune).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/s41558-021-01049-y/figures/1">Mitchell, _Nature Climate Change_ (2021)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans notre nouvelle étude, nous avons cherché à comprendre comment les extrêmes devraient évoluer à l’avenir. En utilisant un vaste ensemble de simulations de modèles climatiques, nous avons obtenu beaucoup plus de données que celles disponibles en réalité. Nous avons constaté que le réchauffement climatique global sous-jacent n’affectait pas la répartition statistique des extrêmes. Dans les modèles climatiques, les extrêmes de température quotidiens augmentent de la même façon que le climat moyen. Le <a href="https://www.ipcc.ch/assessment-report/ar6/">dernier rapport du GIEC</a> indique que les vagues de chaleur deviendront plus intenses et plus fréquentes en Asie du Sud au cours de ce siècle. Nos résultats le confirment.</p>
<p>La vague de chaleur actuelle touche plus de 1,5 milliard de personnes tandis que la population du sous-continent indien devrait encore <a href="https://www.cger.nies.go.jp/gcp/population-and-gdp.html">s’accroître de 30 %</a> au cours des 50 prochaines années. Cela signifie que des centaines de millions de personnes supplémentaires naîtront dans une région amenée à connaître des vagues de chaleur plus fréquentes et plus graves. Étant donné qu’un nombre encore plus important de personnes sera affecté par des canicules encore plus intenses, les mesures de réponse au changement climatique doivent être accélérées – de toute urgence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183373/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vikki Thompson reçoit des fonds du Natural Environment Research Council (NERC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alan Thomas Kennedy-Asser reçoit des fonds du Natural Environment Research Council (NERC).</span></em></p>La vague de chaleur actuelle n’est pas anormale par rapport aux températures usuelles. Les suivantes risquent d’être plus intenses encore, alors que les populations sont déjà vulnérables.Vikki Thompson, Senior Research Associate in Geographical Sciences, University of BristolAlan Thomas Kennedy-Asser, Research Associate in Climate Science, University of BristolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1749232022-01-20T14:49:48Z2022-01-20T14:49:48ZBien se couvrir et s’hydrater : comment faire de l’exercice l’hiver en toute sécurité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/441544/original/file-20220119-21-9sncz6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=43%2C0%2C5747%2C3904&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’exercice par temps froid aide à rester en santé, mais il faut en connaître les risques.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Soyons réalistes, l’hiver est impossible à ignorer au Canada. Et pour beaucoup d’entre nous, cela veut dire sortir et affronter le froid pour le travail, les obligations et… l’exercice.</p>
<p>Mais il existe des moyens d’améliorer son confort et sa sécurité lorsqu’on est actif à l’extérieur par temps froid.</p>
<p>Pour commencer, le « froid » est, selon les physiologistes (ceux qui étudient les fonctions et la structure humaines), un « facteur de stress », ce qui signifie que le corps reconnaît le froid comme quelque chose à quoi il doit s’adapter pour rester en homéostasie (lorsque les fonctions corporelles sont stables).</p>
<p>On peut s’immerger dans différents types de froid – comme l’air froid et l’eau froide –, et la sensation de froid est accentuée par le vent, la neige ou la pluie. Voici quelques conseils pour faire de l’exercice dans l’air froid – il existe aussi de recommandations pour <a href="https://doi.org/10.1186/2046-7648-3-12">nager dans l’eau froide</a>.</p>
<p>Si vous souffrez de problèmes cardiaques ou d’hypertension artérielle, demandez à votre médecin combien de temps vous pouvez rester à l’extérieur et quels types d’activités vous sont recommandés en hiver.</p>
<h2>Maintenir la température centrale du corps</h2>
<p>Il est bon de savoir que, si on est nu ou à moitié nu, le corps commence à reconnaître la température comme un facteur de stress à environ 28,5 °C. À cette température de l’air, les mécanismes d’adaptation du corps entrent en jeu pour assurer le maintien de la température centrale. C’est pourquoi, lorsqu’on sort de la douche ou qu’on est légèrement vêtu (comme sur une plage en été), on a tendance à frissonner.</p>
<p>En enfilant des vêtements isolants, on abaisse la température à laquelle on commence à ressentir le stress dû au froid. Dans les environnements froids, le corps produit beaucoup de chaleur lorsqu’il utilise son énergie pour faire bouger ses muscles dans le cadre d’activités comme pelleter de la neige ou faire du ski de fond. Si on porte des vêtements isolants appropriés et qu’on fait suffisamment de travail musculaire, on peut se sentir tout à fait à l’aise – ce qu’on appelle confort thermique – par temps froid ou très froid.</p>
<p>Cependant, il existe différents moyens de réduire les risques et d’améliorer son bien-être lorsqu’on fait de l’exercice en plein air par temps froid. Voici quelques éléments dont il faut tenir compte.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="A group of people in winter athletic gear stretch" src="https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">S’habiller de manière adaptée aux conditions météorologiques permet de rester en sécurité et de profiter davantage des activités extérieures.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Se couvrir la peau</h2>
<p>On doit réduire la surface de la peau exposée, partout où c’est possible. Selon les <a href="https://doi.org/10.1249/JSR.0000000000000907">directives de l’American College of Sports Medicine</a> mises à jour récemment, les engelures, qui sont des lésions directes de la surface de la peau dues au froid, peuvent se produire dès que la température est de – 3 °C. Les tissus où la circulation sanguine est moins importante, comme ceux des mains, des pieds et de la tête, sont plus vulnérables, surtout lorsque le froid est extrême (température de l’air inférieure à – 15 °C ou refroidissement éolien de – 27 °C).</p>
<p>Le contact avec des matériaux froids (métal, neige, glace) et une peau mouillée augmentent les risques d’engelures. On recommande de porter des vêtements isolants qui ont une grande capacité d’évacuation de l’humidité de la peau et de garder la tête, les pieds et les mains couverts en permanence !</p>
<p>Le visage doit également être couvert pour plusieurs raisons. Couvrir ses joues, son front, son nez et son cou améliore la régulation du confort thermique, surtout par temps venteux, ce qui rend des activités comme la luge ou le ski alpin plus agréables. La peau du visage peut être mise à rude épreuve, car même par vent modéré, la <a href="https://doi.org/10.1007/s004210050060">température de la peau du visage peut diminuer de 25 °C</a>.</p>
<p>Les personnes qui souffrent de certaines maladies chroniques sous-jacentes, notamment d’hypertension artérielle, ou de maladies cardiaques, doivent se couvrir le visage. L’exposition d’un visage nu au froid – à parti de -5 °C – sollicite des parties du système nerveux qui peuvent augmenter la pression artérielle, mais il suffit de porter une tuque et un foulard pour <a href="https://doi.org/10.1007/s00421-009-1176-5">pallier ce problème</a>.[</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un jeune enfant aux mains nues et au bout des doigts rougis dans la neige" src="https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les engelures peuvent avoir de graves conséquences sur la santé si elles ne sont pas traitées rapidement avec des soins médicaux appropriés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Protéger les poumons et la respiration</h2>
<p>Les poumons sont particulièrement vulnérables à l’air froid, et l’exercice physique augmente le stress sur les poumons en hiver. Ainsi, les poumons veulent réchauffer l’air que l’on inspire à la température du corps et le ramener à 100 % d’humidité. Ils y parviennent très bien au repos, mais, pendant l’exercice, il faut faire plus d’efforts pour conditionner l’air qu’on respire.</p>
<p>Si l’on ajoute l’air froid à un rythme respiratoire élevé (ce qu’on observe quand on fait de l’exercice), on met les poumons à rude épreuve pour réchauffer et humidifier chaque respiration. Le refroidissement des voies respiratoires est associé à une réponse du système nerveux et l’assèchement de celles-ci est associé à une réponse inflammatoire, les deux pouvant <a href="http://dx.doi.org/10.1136/bjsports-2012-091292">causer une contraction du poumon (on parle de bronchoconstriction par temps froid</a>).</p>
<p>L’activité à moins de 0 °C à une intensité modérée (rythme de marche rapide) <a href="https://doi.org/10.1080/22423982.2019.1583528">entraîne également des symptômes respiratoires</a>, comme le banal nez qui coule ou de l’irritation nasale (démangeaison, sensation de brûlure). Si l’exercice est plus intense (par exemple, de la course à pied ou du ski de fond), les symptômes augmentent et peuvent inclure un excès de mucus, une toux grasse (avec évacuation de mucus) ou sèche (toux irritante), une oppression thoracique (difficulté à respirer), une respiration sifflante et un mal de gorge ; ces symptômes peuvent durer <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.resp.2019.103262">jusqu’à 24 heures après un exercice intense par temps froid</a>.</p>
<p>Il existe plusieurs moyens de réduire ces symptômes. Tout d’abord, en diminuant l’intensité de l’exercice, on donne au corps la possibilité de conditionner l’air à chaque respiration. Deuxièmement, en se couvrant le visage avec un cache-nez, un foulard ou un <a href="https://skiwax.ca/collections/airtrim">masque à air froid</a>, on retient l’humidité, ce qui permettra d’humidifier la prochaine inspiration. Troisièmement, on recommande de réduire la durée totale de l’exposition à l’air froid, car même 30 minutes d’exercice modéré peuvent augmenter les symptômes et la constriction des voies respiratoires. Enfin, il est important de boire suffisamment d’eau pendant les sorties prolongées, puisqu’on perd jusqu’à 100 millilitres d’eau par heure si on fait un exercice respiratoire intense par temps froid.</p>
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<figcaption><span class="caption">La clinique Mayo donne des conseils pour faire de l’exercice par temps froid.</span></figcaption>
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<h2>La préparation</h2>
<p>Par temps froid, un manque de préparation augmente le risque global d’hypothermie et d’autres blessures liées au froid. En fait, plus de la moitié des décès associés aux phénomènes météorologiques naturels sont dus au froid – par hypothermie accidentelle directe (chute sévère de la température centrale entraînant la mort) ou par <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMra1114208">exacerbation d’une condition préexistante</a> découlant de l’hypothermie. Il convient de noter qu’il arrive que l’hypothermie accidentelle se produise par un froid modéré, ce qui peut <a href="https://doi.org/10.1139/H07-041">mettre en danger les amateurs de plein air</a>.</p>
<p>Il est également bien documenté que la consommation d’alcool est un important facteur de risque d’hypothermie accidentelle, de même qu’une <a href="https://www.cdc.gov/nchs/data/nhsr/nhsr076.pdf">exposition prolongée et des vêtements inadéquats</a>. Les autres blessures dues au froid sont les gelures et les engelures, qui peuvent avoir de graves conséquences sur la santé si elles <a href="https://www.aafp.org/afp/2019/1201/p680.html">ne sont pas traitées rapidement par des soins médicaux appropriés</a>.</p>
<p>J’espère que cet article vous permet de mieux comprendre la physiologie des interactions entre les humains et les environnements d’air froid. Plus important encore, je souhaite que vous puissiez utiliser certains de ces conseils pour avoir du plaisir en hiver en toute sécurité, en particulier lorsque la température descend bien en dessous de 0 °C.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174923/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michael Kennedy a reçu des financements de Mitacs. </span></em></p>Se préparer à être actif par temps froid peut nous aider à rester en sécurité et à augmenter notre plaisir.Michael Kennedy, Associate professor, Kinesiology, Sport, and Recreation, University of AlbertaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1710442021-11-22T21:35:17Z2021-11-22T21:35:17ZSix idées reçues sur le rhume (et comment s’en débarrasser) passées au crible des experts<p><em>Alors que nous retrouvons peu à peu une vie sociale et des échanges proches de ceux précédant le Covid et les confinements qui ont suivi, les rhumes (re)commencent à se faire bien trop courants. Cet été, une vidéo TikTok est même <a href="https://www.tiktok.com/tag/garlicinnose">devenue virale</a> alors qu’elle proposait une technique pour le moins originale pour faire face au nez qui coule : à savoir se mettre de l’ail dans le nez… Un exemple parmi de nombreux autres de prétendus traitements ou remèdes.</em></p>
<p><em>Pour faire la part des choses, nous avons demandé à deux experts d’examiner certaines des croyances les plus répandues sur le rhume.</em></p>
<hr>
<p><strong>1. Est-ce que je peux attraper un rhume en « prenant froid » ?</strong></p>
<p>Il n’aura échappé à personne que les rhumes sont plus fréquents en hiver… Comme d’autres infections des voies respiratoires supérieures (du nez, de la gorge et de la trachée), ils sont normalement causés par un virus.</p>
<p>Il y a, peut-être, une part de vérité dans l’idée que le fait d’avoir froid peut favoriser le développement de ces microbes – et donc d’un rhume : les changements de température saisonniers peuvent modifier la paroi de notre gorge et de notre trachée, <a href="http://www.giargianese.it/wp-content/uploads/2018/04/Exposure-to-cold-and-acute-upper-respiratory-tract-infection.pdf">ce qui peut éventuellement</a> faciliter l’infection des cellules locales par les virus.</p>
<p>Cependant, la raison principale pour laquelle nous attrapons plus de rhumes en hiver est bien que nous passons plus de temps à l’intérieur, dans des milieux confinés, au contact d’autres personnes – soit les circonstances et l’environnement parfaits pour se transmettre des virus.</p>
<p><strong>2. Est-ce que mettre de l’ail dans son nez, ça aide ?</strong></p>
<p>Ça a été une grosse tendance sur TikTok récemment : se mettre des gousses d’ail dans le nez pour soi-disant bénéficier de leur vertu décongestionnante… Le fait de placer quelque chose dans ses narines va effectivement bloquer l’écoulement naturel du mucus, mais lorsque l’on enlève l’obstacle, l’écoulement reprend comme simple goutte à goutte ou avec plus de vigueur.</p>
<p>Ce barrage temporaire n’est pas une bonne idée : le mucus aide en effet non seulement à piéger et à éliminer les agents pathogènes, y compris les virus, mais il contient également des anticorps et peut contribuer à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4752725/">réduire certains traits des virus</a>, comme leur infectiosité et leur transmissibilité. À éviter donc.</p>
<p>De plus, si l’ail contient certains composés anti-inflammatoires notamment, il regorge également de toute une série d’éléments susceptibles d’irriter la peau, le nez, les yeux, etc. Cela pourrait endommager les muqueuses locales très sensibles (et aggraver la congestion), entraîner des saignements ou même se coincer. Cela n’aide donc pas vraiment et peut même être dangereux. Se mettre quelque chose dans le nez n’est, de façon générale, jamais une bonne solution.</p>
<p><strong>3. Les remèdes à base de plantes peuvent-ils avoir un effet préventif ?</strong></p>
<p>Diverses plantes médicinales prétendent prévenir ou accélérer la guérison d’un rhume. Les gens <a href="https://www.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/echinacees-echinacea-angustifolia.html">mentionnent souvent l’échinacée</a>, des plantes de la famille des astéracées qui poussent en Amérique du Nord.</p>
<p>Certains essais ont suggéré un léger effet préventif, mais les <a href="https://www.cochrane.org/CD000530/ARI_echinacea-for-preventing-and-treating-the-common-cold">études de grandes ampleurs</a> ne montrent pas de réduction statistiquement significative des niveaux de maladie.</p>
<p>Le curcuma est également présenté comme un médicament préventif, or il n’existe pas non plus de preuves solides de son efficacité. Ses <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4910474/">potentielles activités antibiotiques sont toujours à l’étude</a>, mais les antibiotiques n’ont aucun effet sur les virus…</p>
<p><strong>4. Est-ce que la vitamine C peut aider ?</strong></p>
<p>Le prix Nobel de Chimie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9350474/">Linus Pauling</a> avait suggéré, dans les années 1970, que la vitamine C à haute dose pourrait être un traitement efficace pour de nombreuses infections virales.</p>
<p>Mais une <a href="https://www.cochrane.org/">revue Cochrane</a>, un système très robuste dans lequel les chercheurs évaluent les preuves, a révélé que la vitamine C <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23440782/">ne prévenait pas les rhumes</a> mais pouvait par contre en réduire la durée, chez certaines personnes. Les suppléments de vitamine C d’environ 200 mg par jour étant considérés comme peu risqués, certains suggèrent qu’il s’agit d’une stratégie raisonnable pour raccourcir les effets d’un rhume. Attention toutefois aux surdosages, qui n’apportent aucun bénéfice supplémentaire.</p>
<p><strong>5. La vitamine D prévient-elle le rhume ?</strong></p>
<p>La vitamine D est passée du statut de « vitamine du soleil » associée à la santé des os à celui de vitamine associée à la réduction des risques liés aux maladies cardiaques, au diabète et aux virus. On s’est notamment beaucoup intéressé à la vitamine D pour nous aider à lutter contre la grippe et, plus récemment, au Covid-19.</p>
<p><a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/5/1248/htm">Des expériences en laboratoire</a> montrent qu’elle joue un rôle important dans le soutien de l’immunité, ce qui est essentiel pour combattre les virus. Le problème pourrait être que certaines personnes ont un taux de vitamine D insuffisant. Le soleil nous permet de fabriquer notre propre vitamine D, mais l’hiver y est peu propice.</p>
<p>Il est donc probable qu’il soit judicieux de prendre des suppléments de vitamine D, comme le conseille le <a href="https://www.gov.uk/government/publications/vitamin-d-for-vulnerable-groups/vitamin-d-and-clinically-extremely-vulnerable-cev-guidance">gouvernement britannique</a>, pendant l’hiver, afin d’avoir un apport suffisant, ce qui <a href="https://www.bmj.com/content/356/bmj.i6583">peut aider</a> à prévenir les rhumes.</p>
<p><strong>6. Et qu’en est-il des soupes au poulet ?</strong></p>
<p>Remède de grand-mère par excellence, la soupe au poulet est auréolée de nombreux bienfaits contre les rhumes. <a href="https://ebm.bmj.com/content/26/2/57">Comme le miel</a>, elle pourrait avoir certains intérêts dans la gestion des symptômes… Mais il est peu probable qu’elle ait un réel impact pour chasser l’infection.</p>
<p>Des études ont été menées sur son effet sur nos <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0012369215377217">cellules du système immunitaire</a>, mais les résultats sont loin d’être concluants. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut oublier le fameux potage ! L’eau contenue dans la soupe favorise notre hydratation, qui est <a href="https://mrmjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40248-019-0200-9">souvent un problème</a> lorsque l’on est enrhumé. Et comme la plupart des boissons chaudes, elle peut aussi aider à soulager des sinus douloureux.</p>
<p>Malheureusement, il n’existe donc <strong>pas</strong> de remèdes miracles contre le rhume…</p>
<p>Certaines suggestions peuvent être utiles et ne sont généralement pas nocives, comme prendre suffisamment de vitamines C et D. Mais d’autres ne méritent absolument pas d’être essayées et peuvent être risquées, comme mettre de l’ail dans le nez. La meilleure chose à faire, lorsque nous sommes cloués par un nez qui coule et des yeux rougis, est de prendre du repos, de rester au chaud et de boire beaucoup pour rester hydraté.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171044/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Duane Mellor a été consultant pour la société Kinerva et est membre de la British Dietetic Association.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>James Brown a précédemment reçu des financements de Seven Seas Ltd (UK).</span></em></p>La « mauvaise » saison revient, avec son cortège de nez qui coulent… et de remèdes pour y échapper. Quel est l’effet réel d’un coup de froid ? Des vitamines ? Deux experts font la part des choses.Duane Mellor, Lead for Evidence-Based Medicine and Nutrition, Aston Medical School, Aston UniversityJames Brown, Associate Professor in Biology and Biomedical Science, Aston UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1691422021-11-03T19:23:05Z2021-11-03T19:23:05ZDans les Cévennes, les pluviomètres tombent d’accord : les pluies extrêmes s’intensifient<p>Le 14 septembre 2021, puis à nouveau le 3 octobre, des pluies diluviennes <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/orages-des-pluies-diluviennes-touchent-le-gard">ont frappé le Gard</a>. Dans l’article qu’elle a publié pour commenter l’événement de septembre, Météo France mentionne que ces épisodes exceptionnels semblent se répéter et que leur intensité moyenne s’est accrue dans la région, de 22 % entre 1960 et 2010.</p>
<p>Cette évolution couvre des situations disparates. Sous un climat méditerranéen dont l’une des plus importantes caractéristiques est la <a href="https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2012JApMC..51..429M/abstract">très grande variabilité de la pluie</a>, chaque point du territoire connaît des historiques de pluie extrême différents, dans lesquels il est difficile de distinguer une tendance générale.</p>
<p>Mais nous allons montrer ici comment les pluviomètres cévenols ont permis de mettre en évidence une intensification de ces pluies diluviennes au fil des années. Pour ce faire, nous nous sommes mis dans la situation d’un climatologue qui aurait conduit cette analyse, d’année en année, depuis 1970.</p>
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<figcaption><span class="caption">Gard : 112 personnes mises en sécurité en Cévennes après les crues et inondations, des routes coupées (France 3 Occitanie, 4 octobre 2021).</span></figcaption>
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<h2>Réseau de 75 pluviomètres</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Pluviomètre" src="https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/430748/original/file-20211108-17-73eghh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Pluviomètre situé à Mirabel (Ardèche).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Brice Boudevillain/IGE</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le pluviomètre est un instrument rudimentaire, simple réservoir collectant la pluie pour en calculer l’intensité – c’est-à-dire la quantité tombée à intervalles réguliers. Pourtant, il est le seul capable, au regard de l’évolution climatique, de fournir des mesures directes de la pluie de qualité homogène et cela depuis longtemps.</p>
<p>Pris individuellement, l’outil ne fournit qu’une vision ponctuelle de la pluie. En réseau, il rend compte des énormes variations de la pluie dans l’espace, multipliant les chances de capter des valeurs extrêmes. Il devient ainsi un observateur climatique très efficace, même si il donne une <a href="https://theconversation.com/nimes-3-octobre-1988-et-le-radar-devint-un-temoin-climatique-essentiel-103656">description des champs de pluie moins complète que le radar météorologique</a>.</p>
<p>Les 75 pluviomètres du réseau utilisé pour notre analyse sont installés et ont fonctionné depuis les années 1950 dans la partie méridionale du Massif central.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/426016/original/file-20211012-23-viqn3s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte de la région cévenole et de son réseau de 75 pluviomètres Météo-France employés dans notre analyse (coordonnées Lambert II étendues).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Observer un changement de régime pluviométrique</h2>
<p>Les séries de mesures utilisées correspondent aux cumuls journaliers de pluie dont on ne retient qu’une valeur par an – la plus forte. C’est une manière d’échantillonner des valeurs rares, indépendantes les unes des autres, et d’éviter d’introduire un seuil arbitraire de sélection.</p>
<p>La manière classique d’analyser statistiquement ces séries consiste à considérer que toutes ces valeurs maximales sont tirées aléatoirement d’une même urne. Mathématiquement, l’urne est représentée par une fonction de répartition des valeurs, qu’on appelle abusivement « loi statistique » – ce n’est en effet pas une loi au sens physique mais plutôt une hypothèse de travail.</p>
<p>Sachant que le climat change, on est conduit à imaginer que la composition de l’urne dans laquelle est effectué le tirage aléatoire des valeurs maximales évolue au cours des années. La réponse semble simple : il suffit de faire varier les paramètres de la fonction de répartition avec le temps.</p>
<p>On suppose, par exemple, pour ces paramètres que la valeur moyenne et la dispersion des valeurs maximales évoluent linéairement avec le temps. En pratique, ajuster un tel modèle aux données <a href="https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2018ClDy%E2%80%A651..799B/abstract">est délicat</a>. Cette approche fait de chaque pluviomètre un instrument de mesure de l’évolution vers des pluies extrêmes plus ou moins sévères.</p>
<p>Voyons comment, au fil des années, ces témoins climatiques se sont en quelque sorte progressivement accordés entre eux pour pointer une intensification des extrêmes.</p>
<h2>Recueillir l’avis d’un réseau de pluviomètres</h2>
<p>Dans un réseau de pluviomètres, chaque instrument va donc avoir sa propre vision du régime pluviométrique et de son évolution. Cette vision intègre des caractéristiques spécifiques du régime des pluies sur l’ensemble de la région et propres aux circonstances locales de chaque station, à leurs historiques. Chaque pluviomètre a, disons, « son avis » sur l’intensification des extrêmes en fonction de son expérience personnelle. Il est alors logique que la réponse apportée par un panel d’instruments ne soit pas unique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=572&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=572&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=572&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=719&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=719&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/425684/original/file-20211011-28-134a2dz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=719&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure chronologique montrant l’évolution du pourcentage d’intensification des pluies maximales annuelles entre 1960 et 2020. La courbe rouge représente la moyenne des points, c’est-à-dire l’intensification moyenne qu’on aurait estimée sur les Cévennes au fil des années en fonction des données disponibles. Chaque point du graphe représente l’intensification déduite de la série de mesures d’un pluviomètre allant de l’année 1958 à l’année indiquée en abscisse. Lorsque la densité des points est trop forte pour être lue, elle est remplacée par une boîte à moustache. La boîte recouvre environ 70 % des points qui diffèrent de la valeur moyenne en rouge d’un écart-type au plus. La zone en tirets recouvre 95 % des points soit deux écarts-types.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Tel un climatologue qui aurait synthétisé les réponses de cet ensemble de pluviomètres d’année en année, nous montrons dans la figure ci-contre les pourcentages d’intensification mis en avant par les 75 pluviomètres depuis 1970. Cette figure révèle que la dispersion des avis au fil du temps a considérablement évolué. Les séries de données se sont en effet allongées dans le temps, couvrant progressivement une période où le changement climatique s’exprimait de manière de plus en plus large.</p>
<h2>Une intensification d’abord invisible en Méditerranée</h2>
<p>Trois périodes ressortent dans le « consensus » de ces témoins climatiques.</p>
<p>Jusqu’au milieu des années 1980, les pluviomètres donnaient des avis largement dispersés. Nombre d’entre eux annonçaient ainsi une baisse d’intensité entre 1960 et 2020 dans des proportions allant de 0 à 100 %. Les séries de données disponibles – une petite vingtaine d’années – étaient trop courtes pour faire des statistiques fiables et le changement n’était pas encore perceptible.</p>
<p>C’est la situation embarrassante dans laquelle se trouvent les climatologues au moment où les premiers rapports d’évaluation du GIEC en 1990 et 1995 mentionnent déjà le rôle du réchauffement climatique sur la <a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/publications/">fréquence des extrêmes</a>.</p>
<p>À l’évidence, la tendance n’est alors pas visible en région méditerranéenne à cette époque.</p>
<h2>Depuis vingt ans, des pluviomètres unanimes</h2>
<p>Dans les années 1990, un basculement spectaculaire s’opère. La divergence des changements annoncés entre pluviomètres diminue de moitié du fait de l’allongement de la durée d’observation – baisse de moitié de l’amplitude de la zone représentée par les tirets (95 % des pluviomètres).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1443557848882028555"}"></div></p>
<p>Plus important encore, la grande majorité des pluviomètres se range vers un même avis d’intensification – les boîtes verticales (qui représentent 70 % des pluviomètres) passent dans le camp de l’intensification dans des proportions allant de 0 à 40 %.</p>
<p>Depuis les années 2000, cette unanimité est stable. Les boîtes verticales sont toutes positives et tendent à se resserrer autour d’une augmentation moyenne d’environ 20 %.</p>
<p>Au regard de nos analyses, l’intensification des pluies diluviennes exceptionnelles apparaît incontestable dans la région qui nous intéresse, et ce depuis une bonne dizaine d’années.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169142/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’analyse des pluviomètres cévenols révèle que la région connait bien une intensification des pluies extrêmes depuis deux décennies.Jean-Dominique Creutin, Hydrométéorologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Juliette Blanchet, Chargée de recherche, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1656552021-08-06T12:41:17Z2021-08-06T12:41:17ZCinq points à surveiller dans le rapport du GIEC sur le climat<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/414872/original/file-20210805-13-1nmkqhv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4624%2C2602&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des feux de forêt brûlent sur l'île d'Evia, au nord d'Athènes, en Grèce, le 3 août 2021, alors que le pays fait face à la pire vague de chaleur depuis des décennies. Les températures ont atteint 41°C dans certaines parties d'Athènes. </span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Michael Pappas) </span></span></figcaption></figure><p>Le 9 août, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat">Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat</a> (GIEC) publie son rapport le plus complet sur la science du changement climatique <a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/">depuis 2013</a>. Il s’agit du premier des quatre rapports publiés dans le cadre du dernier cycle d’évaluation du GIEC, les rapports suivants devant l'être en 2022.</p>
<p>Au cours des huit dernières années, les climatologues ont amélioré les méthodes qu’ils utilisent pour mesurer différents aspects du climat et pour modéliser (ou projeter) ce qui pourrait se passer à l’avenir. Ils ont également observé les changements qui se sont produits sous nos yeux.</p>
<p>Cette évaluation actualisée survient trois mois avant que les dirigeants mondiaux ne se réunissent à Glasgow, en Écosse, afin de trouver des moyens d’éviter les pires effets du changement climatique et renouveler leurs engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre. Elle intervient également au milieu d’une nouvelle année marquée par <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1812817/changements-climatiques-catastrophes-naturelles-rechauffement">d’intenses vagues de chaleur, des sécheresses, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sans-des-mesures-plus-ecologiques-une-hausse-du-rechauffement-planetaire-limitee-a-1-5-c-sera-hors-datteinte-153967">Sans des mesures plus écologiques, une hausse du réchauffement planétaire limitée à 1,5 °C sera hors d’atteinte</a>
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<p>Le rapport fournira aux décideurs politiques les meilleures informations disponibles concernant la science du changement climatique. Cela est essentiel pour la planification à long terme dans de nombreux secteurs, des infrastructures à l’énergie en passant par le bien-être de la société.</p>
<p>Voici cinq éléments à surveiller dans le nouveau rapport :</p>
<h2>1. Dans quelle mesure le climat est-il sensible à l’augmentation du dioxyde de carbone ?</h2>
<p>Les niveaux de dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) dans l’atmosphère sont plus élevés aujourd’hui qu’ils ne l’ont été en 800 000 ans, <a href="https://research.noaa.gov/article/ArtMID/587/ArticleID/2764/coronavirus-response-barely-slows-rising-carbon-dioxide">atteignant 419 parties par million (ppm) en mai 2021</a>. La température moyenne de la planète augmente avec chaque augmentation de la concentration de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère, mais l’ampleur de cette augmentation dépend de nombreux facteurs.</p>
<p>Les climatologues utilisent des modèles pour comprendre l’ampleur du réchauffement qui se produit lorsque les concentrations de CO<sub>2</sub> doublent par rapport aux niveaux préindustriels — de 260 ppm à 520 ppm — un concept appelé <a href="https://archive.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/syr/fr/mains2-3.html">« sensibilité du climat »</a>. Plus le climat est sensible, plus les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites rapidement pour demeurer sous les 2 C.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="La sensibilité du climat est plus grande dans le projet d’intercomparaison des modèles couplés 6 (CMIP6) que dans les précédentes intercomparaisons de modèles" src="https://images.theconversation.com/files/414193/original/file-20210802-18-19bqb14.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/414193/original/file-20210802-18-19bqb14.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/414193/original/file-20210802-18-19bqb14.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/414193/original/file-20210802-18-19bqb14.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/414193/original/file-20210802-18-19bqb14.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/414193/original/file-20210802-18-19bqb14.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/414193/original/file-20210802-18-19bqb14.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Sensibilité du climat à l’équilibre à partir des trois dernières grandes intercomparaisons de modèles climatiques. (Note : il n’y a pas eu de CMIP4 »).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Data : IPCC, Graph : Alex Crawford)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les modèles climatiques plus anciens estimaient qu’un doublement du CO<sub>2</sub> atmosphérique entraînerait une augmentation de la température de <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WG1AR5_Chapter09_FINAL.pdf">2,1 C à 4,7 C</a>. Les derniers modèles climatiques, <a href="https://www.carbonbrief.org/cmip6-the-next-generation-of-climate-models-explained">appelé CMIP6</a> (pour « projet d’intercomparaison des modèles couplés »), a élargi la fourchette entre <a href="https://www.doi.org/10.1126/sciadv.aba1981">1,8 C à 5,6 C</a>, ce qui signifie que le climat est au moins aussi sensible à un doublement du dioxyde de carbone que ne le montraient les modèles précédents, mais qu’il pourrait, en fait, <a href="https://doi.org/10.1029/2019GL085782">l'être encore plus</a>.</p>
<p>Cette fourchette est influencée par les incertitudes liées à un certain nombre de facteurs, notamment la vapeur d’eau et la couverture nuageuse, et la manière dont ils vont augmenter ou diminuer les effets du réchauffement. Les scientifiques s’efforcent de réduire la fourchette des projections climatiques afin de mieux savoir à quel rythme nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter les pires effets du changement climatique et nous adapter aux autres.</p>
<h2>2. Que se passe-t-il avec les nuages ?</h2>
<p>Les nuages sont un joker dans le jeu du changement climatique. Ils créent des <a href="https://climate.nasa.gov/nasa_science/science/">rétroactions sur le réchauffement</a> : celui-ci modifie la couverture nuageuse, mais <a href="http://www.climate.be/textbook/chapter4_node8.html">cette dernière peut également accélérer ou ralentir le réchauffement</a> dans différentes situations.</p>
<p>Les nuages réfléchissent environ un <a href="https://earthobservatory.nasa.gov/features/EnergyBalance">quart de la lumière solaire entrante</a> loin de la Terre. Ainsi, si un réchauffement plus important entraîne une augmentation des nuages, on peut s’attendre à ce que davantage de lumière solaire soit réfléchie, ce qui ralentit le réchauffement. Cependant, les nuages isolent également la Terre, en retenant la chaleur dégagée par la surface. Ainsi, l’augmentation de la couverture nuageuse (par exemple pendant la nuit) pourrait amplifier le réchauffement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Différents types de nuages " src="https://images.theconversation.com/files/414192/original/file-20210802-22-1kxulbf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/414192/original/file-20210802-22-1kxulbf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/414192/original/file-20210802-22-1kxulbf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/414192/original/file-20210802-22-1kxulbf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/414192/original/file-20210802-22-1kxulbf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/414192/original/file-20210802-22-1kxulbf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/414192/original/file-20210802-22-1kxulbf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les propriétés de rétroaction des nuages dépendent en partie du type et de l’altitude du nuage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Alex Crawford)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://e360.yale.edu/features/why-clouds-are-the-key-to-new-troubling-projections-on-warming">Deux questions s’imposent</a> : d’abord, de nombreux facteurs, dont le type de nuage, l’altitude et la saison, déterminent l’effet global d’un nuage sur le réchauffement. Puis les nuages sont extrêmement difficiles à modéliser : la façon dont les modèles tiendront compte de ces facteurs est la clé pour évaluer la gamme de sensibilité du climat.</p>
<h2>3. Les changements climatiques ont-ils alimenté les récents phénomènes météorologiques extrêmes ?</h2>
<p>Depuis le dernier rapport du GIEC, notre capacité à évaluer l’impact du réchauffement climatique sur les événements extrêmes s’est considérablement améliorée. <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/09/AR6_WGI_outlines_P46.pdf">Le chapitre 11 du dernier rapport</a> y est consacré.</p>
<p>Le réchauffement climatique se traduit par des <a href="https://www.worldweatherattribution.org/western-north-american-extreme-heat-virtually-impossible-without-human-caused-climate-change/">vagues de chaleur estivales plus fortes</a> et des <a href="https://climateatlas.ca/map/canada/tropicalnights_2060_85#">nuits tropicales plus fréquentes</a> (températures supérieures à 20 °C) aux latitudes moyennes, comme au Canada et en Europe.</p>
<p><a href="https://news.climate.columbia.edu/2019/09/23/climate-change-impacts-water/">L’air plus chaud peut contenir plus d’eau</a>. Cela peut entraîner une plus grande évaporation des terres et provoquer des sécheresses et des incendies de forêt. En outre, une atmosphère contenant plus d’eau peut produire davantage de précipitations et d’inondations.</p>
<p>Il y a plusieurs décennies, les scientifiques prévoyaient que ces changements dans le cycle de l’eau <a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/">se produiraient</a>. Mais il est devenu évident aujourd’hui qu’ils <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-018-0673-2">se produisent déjà</a>.</p>
<h2>4. Les projections climatiques régionales se sont-elles améliorées ?</h2>
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<img alt="tête du glacier Shamrock, avec des pics montagneux dénudés derrière elle" src="https://images.theconversation.com/files/414197/original/file-20210802-28-1fyf84o.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/414197/original/file-20210802-28-1fyf84o.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/414197/original/file-20210802-28-1fyf84o.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/414197/original/file-20210802-28-1fyf84o.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/414197/original/file-20210802-28-1fyf84o.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/414197/original/file-20210802-28-1fyf84o.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/414197/original/file-20210802-28-1fyf84o.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le glacier Shamrock, comme de nombreux autres glaciers en Alaska, s’amincit et recule depuis les années 1950.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Alex Crawford)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les modèles climatiques évalués par le GIEC <a href="https://www.climate.gov/maps-data/primer/climate-models">sont des modèles globaux</a>. Cela est essentiel pour saisir les liens entre les tropiques et les pôles ou entre la terre et l’océan. Cependant, cela a un coût : les modèles ont du mal à simuler de nombreux éléments d’une taille inférieure à 100 kilomètres, comme les petites îles, ou des événements comme des petites tempêtes.</p>
<p>Les relations régionales peuvent être complexes : par exemple, les tempêtes extrêmes contribuent à <a href="https://doi.org/10.1175/JCLI-D-19-0925.1">briser la glace de la mer arctique, en été</a>, mais la réduction de la couverture de glace de mer peut également <a href="https://doi.org/10.1029/2020JD034366">entraîner des tempêtes plus fortes</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mauvaise-nouvelle-pour-la-planete-larctique-na-pas-ete-aussi-chaud-depuis-3-millions-dannees-147228">Mauvaise nouvelle pour la planète: l’Arctique n’a pas été aussi chaud depuis 3 millions d’années</a>
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<p>Depuis le dernier rapport du GIEC, les <a href="https://www.gfdl.noaa.gov/climate-model-downscaling/">techniques permettant d’exploiter ces informations à grande échelle et de les affiner</a> ont montré comment le climat régional et local a changé et pourrait changer à l’avenir. D’autres expériences portent sur des questions régionales, comme les <a href="https://www.wcrp-climate.org/modelling-wgcm-mip-catalogue/cmip6-endorsed-mips-article/1303-modelling-cmip6-pamip">répercussions de la perte de la banquise arctique</a> sur les tempêtes.</p>
<h2>5. Comment les calottes glaciaires de l’Antarctique contribueront-elles à l’élévation du niveau de la mer ?</h2>
<p><a href="https://sealevel.nasa.gov/understanding-sea-level/global-sea-level/overview">Le niveau mondial de la mer augmente</a> parce que <a href="https://www.carbonbrief.org/explainer-how-climate-change-is-accelerating-sea-level-rise">l’eau se dilate légèrement lorsqu’elle se réchauffe</a>. <a href="https://www.nps.gov/glac/learn/nature/climate-change.htm">Les glaciers de montagne</a> et la <a href="https://nsidc.org/greenland-today/">calotte glaciaire du Groenland</a> fondent et ajoutent de l’eau aux océans.</p>
<p>Mais la plus grande source potentielle d’élévation du niveau de la mer au cours du prochain siècle est l’Antarctique. <a href="https://www.carbonbrief.org/studies-shed-new-light-on-antarcticas-future-contribution-to-sea-level-rise">Les modèles concernant les calottes glaciaires montrent</a> que leur fonte en Antarctique ajoutera entre 14 et 114 centimètres à l’élévation du niveau de la mer d’ici 2100. Il s’agit d’une fourchette énorme, et tout dépend si la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental reste relativement stable ou si elle commence à s’effondrer lentement mais sûrement.</p>
<p>La façon dont le GIEC communique ses connaissances scientifiques aura un impact sur la manière dont les <a href="https://www.ducks.ca/stories/conservator/rising-sea-levels-on-canadas-coasts/">communautés côtières planifient l’élévation du niveau de la mer</a>. Les villes de faible altitude, comme <a href="https://www.cnn.com/2021/08/01/africa/lagos-sinking-floods-climate-change-intl-cmd/index.html">Lagos, au Nigeria</a>, pourraient devenir inhabitables d’ici la fin du siècle en raison de l’élévation du niveau de la mer, en particulier si les estimations les plus élevées des modèles s’avèrent justes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-rechauffement-des-eaux-modifie-la-relation-que-les-communautes-cotieres-entretiennent-avec-locean-123409">Le réchauffement des eaux modifie la relation que les communautés côtières entretiennent avec l'océan</a>
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<img alt="Bord de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental" src="https://images.theconversation.com/files/414187/original/file-20210802-19-13frmz4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/414187/original/file-20210802-19-13frmz4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/414187/original/file-20210802-19-13frmz4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/414187/original/file-20210802-19-13frmz4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/414187/original/file-20210802-19-13frmz4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/414187/original/file-20210802-19-13frmz4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/414187/original/file-20210802-19-13frmz4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le sort de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental repose sur le glacier Thwaites. Si le front du glacier Thwaites se brise, une masse de glace encore plus grande se mêlera aux eaux chaudes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Karen Alley)</span></span>
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<p>Le rapport du GIEC permettra aux décideurs de mieux comprendre comment le changement climatique nous affecte aujourd’hui. Cela sera particulièrement utile pour mettre en place des stratégies d’adaptation à court terme.</p>
<p>Mais à mesure que la science s’améliore, les perspectives de changements climatiques deviennent plus sombres. Les grandes incertitudes qui subsistent signifient que les climatologues ont devant eux un travail considérable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165655/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alex Crawford reçoit un financement dans le cadre des programmes Canada-150, Chaire d'excellence en recherche du Canada (CERC) et Chaire de recherche du Canada (CRC), ainsi que du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG).</span></em></p>Le dernier rapport sur la science du climat aidera les décideurs politiques à agir sur les plans de réduction des émissions ou d’adaptation au changement climatique.Alex Crawford, Research Associate at the Centre for Earth Observation Science, Clayton H. Riddle Faculty of Environment, Earth, and Resources, University of ManitobaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1646772021-07-18T08:23:41Z2021-07-18T08:23:41ZPrévisions, climat, gestion des risques… Les crues mortelles d’Allemagne et de Belgique en sept questions<p>Selon un dernier bilan provisoire, établi ce dimanche 18 juillet, plus de 175 personnes ont péri dans les violentes intempéries qui ont touché une partie de l’Europe centrale en ce début juillet. L’Allemagne paie le plus lourd tribut avec plus de 150 morts ; suivie par la Belgique, où l’on compte des dizaines de décès. Les recherches pour retrouver les disparus sont toujours en cours, laissant présager un bilan plus lourd.</p>
<p>Comment une catastrophe naturelle peut-elle faire autant de victimes quand elle a été prévue avec autant d’anticipation ? Quel est le rôle du dérèglement climatique dans cette situation ? Comment anticiper au mieux ce type d’événements ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter d’apporter des réponses.</p>
<h2>1. Comment expliquer ces crues subites en Allemagne, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas ?</h2>
<p>Elles s’expliquent par les très fortes pluies qui se sont produites les 13 et 14 juillet sur ces régions. À titre d’exemple, le Deutsche Wetterdienst (<a href="https://www.dwd.de/DE/Home/home_node.html">DWD</a>, le service météorologique allemand) a enregistré 154 mm de pluie à Cologne le 14 juillet, ce qui correspond à 154 litres d’eau tombée par mètre carré ! Un véritable déluge qui, en raison de sa forte intensité, ne peut s’infiltrer, alimentant directement les cours d’eau par ruissellement.</p>
<p>Pour aggraver le tout, cette pluie succédait à une journée du 13 juillet particulièrement pluvieuse, avec des sols déjà humidifiés donc par les pluies des derniers jours.</p>
<p>Quant à la situation météorologique qui a permis de telles pluies, elle est relativement classique pour l’Europe centrale, même si sa durée est exceptionnelle.</p>
<p>Il s’agit d’une poche d’air froid isolée – les météorologues l’appellent « goutte froide » – qui a une tendance naturelle à se bloquer au-dessus d’une large zone. Ce blocage favorise des cumuls pluviométriques très importants sur un espace restreint. Autour de la dépression froide, l’air chaud (avec un fort contenu en vapeur d’eau) vient se condenser et occasionne des chutes d’eau importantes.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/bODnGIdMZsI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Près de 130 morts et de nombreux disparus dans des crues dévastatrices en Allemagne et en Belgique (France 24, 17 juillet 2021).</span></figcaption>
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<h2>2. Comment expliquer de telles inondations en été ?</h2>
<p>Pour un Français, ce qui frappe dans ces inondations – au-delà du lourd bilan humain – c’est avant tout la saison : nous associons en effet plutôt les inondations à l’hiver (rappelons que la grande crue de 1910 dans le Nord de la France a eu lieu en janvier), éventuellement à l’automne en zone méditerranéenne.</p>
<p>Mais avant de s’exclamer qu’il n’y a plus de saisons, il faut accepter de regarder au-delà de nos frontières pour voir que les grandes crues d’Europe centrale se produisent bien généralement en été : on peut citer récemment la grande crue de l’Elbe de juin 2013, les grandes crues du Danube de juin 1965 et de juin 2013, la grande crue de l’Oder de juillet 1997. Dans la vallée de la rivière Ahr, particulièrement touchée par les inondations de ces derniers jours, les grandes crues de référence datent de juillet 1804, juin 1910 et juin 2016.</p>
<p>L’hydrologue français Maurice Pardé avait créé pour ces événements une classe spéciale – <a href="https://doi.org/10.3406/geo.1967.14998">« les crues de type Europe centrale »</a> – qu’il expliquait déjà par un phénomène de « goutte froide » semblable à celui observé ces derniers jours.</p>
<h2>3. Le changement climatique joue-t-il un rôle dans cette situation ?</h2>
<p>Le phénomène qui s’est produit ces derniers jours peut être dit « classique », aussi bien du point de vue météorologique qu’hydrologique. À première vue, pas besoin d’invoquer le rôle du changement climatique pour l’expliquer.</p>
<p>En revanche, ce qui peut et doit retenir notre attention, c’est que les intensités de pluies relevées (et les cumuls) sont à proprement parler « extra-ordinaires ».</p>
<p>Cette évolution correspond à ce que les météorologues prévoient comme conséquence de l’élévation des températures, en <a href="https://www.climat-en-questions.fr/focus/relation-clausius-clapeyron">vertu de la loi de Clausius Clapeyron</a> qui relie la quantité maximale de vapeur d’eau que peut contenir l’atmosphère et la température de cette dernière ; et qui laisse prévoir une augmentation de 7 % de la quantité totale de vapeur d’eau dans l’atmosphère par degré Celsius supplémentaire : c’est cette augmentation que l’on peut redouter pour les fortes pluies.</p>
<p>D’autres travaux récents sur les crues peuvent également nous éclairer : dans un article <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-2478-3">publié en juillet 2020 dans la revue <em>Nature</em></a>, le professeur Günther Blöschl (Université technique de Vienne) a ainsi montré que si la période actuelle n’est pas unique dans l’histoire de l’Europe par l’abondance des phénomènes de crues et d’inondations, elle est unique par sa température.</p>
<p>En effet, si d’autres périodes relativement « riches » en crues ont existé en Europe dans le passé (1560–1580, 1760–1800 et 1840–1870), elles étaient toutes plus froides que la moyenne, alors que la période récente se démarque par une température nettement en hausse par rapport aux moyennes de long terme.</p>
<h2>4. Cet événement extrême avait-il été prévu ?</h2>
<p>Ce qui frappera sans doute le plus les spécialistes dans cet événement de juillet 2021, c’est que le caractère exceptionnel des pluies qui se sont abattues sur l’Ouest de l’Allemagne et la Belgique avait été prévu dès le 12 juillet : le Centre européen de prévision du temps à moyenne échéance (<a href="https://www.ecmwf.int">ECMWF</a>) avait en effet annoncé la très forte probabilité de pluies exceptionnelles et émis une alerte transmise au service météorologique allemand (DWD).</p>
<p>Ces prévisions paraissaient d’autre part particulièrement fiables, ce qui est assez inhabituel.</p>
<p>Voici ce qui nous permet de l’affirmer : en raison de la grande difficulté de la modélisation atmosphérique, les prévisions du temps s’appuient sur des « ensembles » (on dit que la prévision est probabiliste). On obtient ces ensembles en perturbant légèrement les conditions initiales du calcul et en générant simultanément plusieurs dizaines de prévisions, ce qui permet d’en évaluer le degré de certitude.</p>
<p>Dès lundi 12 juillet, plus de la moitié des scénarios indiquaient la possibilité de pluies extrêmes, ce qui est rare et a certainement attiré l’attention des prévisionnistes allemands. On peut ainsi se demander si le message d’alerte (et surtout, le caractère exceptionnel des précipitations à venir) est bien arrivé à l’échelon local. D’autant plus qu’il ne suffit pas d’alerter, il faut que la population puisse se mettre à l’abri et que les autorités locales déclenchent les actions de protection et secours. Or s’assurer de la bonne communication des alertes et de l’organisation des services de secours reste une prérogative locale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/411730/original/file-20210717-23-ia8mcb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/411730/original/file-20210717-23-ia8mcb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/411730/original/file-20210717-23-ia8mcb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/411730/original/file-20210717-23-ia8mcb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/411730/original/file-20210717-23-ia8mcb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/411730/original/file-20210717-23-ia8mcb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/411730/original/file-20210717-23-ia8mcb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le 16 juillet 2021, à Pepinster en Belgique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.afpforum.com/AFPForum/Search/Results.aspx?pn=1&smd=8&mui=1&q=1443422627412464482_0&fst=belgique&fto=1&t=8.2.5.9.7.11.10">Bruno Fahy/Belga/AFP</a></span>
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<h2>5. Et du côté français, doit-on s’inquiéter ?</h2>
<p>Les crues en cours dans l’Est de la France sont d’une amplitude bien moins importante qu’en Allemagne même si, près de la Belgique, on a parfois atteint des niveaux historiques. Ces crues ont en général été bien prévues par les Services de prévision des crues (SPC) qui en ont la responsabilité.</p>
<p>Sur le site <a href="http://www.vigicrues.gouv.fr">vigicrues.gouv.fr</a>, les crues ont été anticipées plusieurs jours à l’avance, même si les niveaux extrêmes des pointes de crue n’ont pu être évalués que 24 heures à l’avance sur les petits bassins ; les cumuls mesurés se sont en effet révélés être les plus élevés parmi ceux qu’indiquaient les prévisions d’ensemble.</p>
<h2>6. Peut-on empêcher les crues exceptionnelles ?</h2>
<p>Il n’existe aucun moyen de retenir les pluies diluviennes, et dès lors que ces pluies sont tombées, stocker l’eau pour écrêter les crues devient un problème technique et économique.</p>
<p>Il n’est clairement pas possible d’imaginer construire des barrages ou des digues pour écrêter les crues sur toutes les petites rivières, et il faut donc se résoudre à n’y avoir que des systèmes d’alerte, et à mettre en place des mesures de prévention – ne construire que hors des zones inondables, travailler à diminuer la vulnérabilité des constructions déjà présentes en zone inondable, mieux informer les populations sur la conduite à tenir en cas de crue…</p>
<p>Sur des rivières plus importantes, à l’amont de plus grandes agglomérations, il est possible de limiter les débordements grâce à des barrages-réservoirs et des digues. Ces solutions ont un coût, elles consomment de l’espace, et il faut donc raisonner leur construction en comparant coûts et bénéfices.</p>
<p>L’aménagement du territoire, notamment lorsqu’il s’agit d’interdire la construction en zone inondable, est la solution « de bon sens »… qui se heurte cependant aux intérêts particuliers.</p>
<p>Quant aux solutions dites « d’hydraulique douce », prônées par les défenseurs de la nature (plantation de haies, bandes enherbées, etc.), elles n’ont aucun effet sur des crues de grande ampleur causées par les pluies exceptionnelles, comme celles que l’Allemagne a connues ces derniers jours.</p>
<h2>7. Comment faire face à ce type d’événements ?</h2>
<p>Comme on l’a vu, parvenir à prévoir (même plusieurs jours à l’avance) des crues exceptionnelles ne suffit pas : étant donné l’incertitude qui accompagnera toujours les prévisions hydrologiques et météorologiques, le défi principal est celui de mettre en place une véritable culture du risque, afin de garantir une réaction rapide à des phénomènes auxquels la population n’a jamais été confrontée.</p>
<p>Garder une population mobilisée et prête à réagir est possible si le risque est fréquent (c’est le cas pour les tremblements de terre au Japon par exemple). Cela semble plus difficile à organiser pour des événements réellement exceptionnels de crue.</p>
<p>Il semble donc essentiel de poursuivre les efforts dans plusieurs directions : amélioration des systèmes de prévision, amélioration de l’usage de ces prévisions, de la communication de crise. Et en dehors des crises, il reste essentiel de poursuivre les efforts sur le bâti en zone inondable.</p>
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<p><em>Maria-Helena Ramos (hydrologue, Inrae) et Charles Perrin (ingénieur de l’agriculture et de l’environnement, Inrae) sont co-auteurs de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164677/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vazken Andréassian ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que le bilan des victimes des graves intempéries qui ont touché l’Europe ces derniers jours ne cesse de s’alourdir, décryptage de la situation et de ses causes.Vazken Andréassian, Hydrologue, directeur de l’unité de recherche HYCAR, ingénieur en chef des ponts, eaux & forêts, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1639602021-07-07T14:43:40Z2021-07-07T14:43:40ZLes records de chaleur signifient qu’il faut changer le discours sur l’urgence climatique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/410167/original/file-20210707-21-1bgpof6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C5%2C3976%2C2556&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des baigneurs à Chestermere, en Alberta, durant la dernière vague de chaleur dans l’Ouest canadien. </span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh </span></span></figcaption></figure><p>Nouvelle normalité. Record battu. Sans précédent.</p>
<p>Ces derniers jours, alors que l’Ouest canadien et les États-Unis cuisaient sous une canicule sous le signe des changements climatiques, les superlatifs se multipliaient pour décrire un phénomène inouï : dans la communauté britanno-colombienne de Lytton, le thermomètre a atteint un <a href="https://mobile.twitter.com/ECCCWeatherBC/status/1410017678216024067">niveau ahurissant</a> de 49,5 °C, le 29 juin, battant tous les records de chaleur trois jours de suite.</p>
<p>On peut comprendre que pareil chiffre effraie ou choque. Mais quelqu’un pouvait-il réellement s’en étonner ? Non. Depuis plus de 40 ans, les <a href="https://www.washingtonpost.com/weather/2021/06/28/climate-pacific-northwest-heat-wave/">scientifiques nous préviennent</a> : les changements climatiques entraîneront des canicules de plus en plus longues et intenses. Parler de « normales » et de « nouveaux records » n’a plus beaucoup de sens.</p>
<p>Mais si l’on veut faire face à la crise climatique, il ne sert à rien d’appuyer sur l’idée que l’humanité « aurait dû savoir », « aurait dû agir plus tôt » ou que nous devrions « avoir honte de notre inaction ». Au strict plan de la communication, ça ne marche pas.</p>
<h2>Parlons climat</h2>
<p>Quelle serait la meilleure approche pour communiquer sur le changement climatique ?</p>
<p>D’abord, en <a href="https://twitter.com/EndClimtSilence/status/1303799681227653123">parler davantage</a>. Le réchauffement planétaire est la plus grande urgence à laquelle la planète ait jamais été confrontée, mais on ne le saurait pas à en juger par le <a href="https://thetyee.ca/Mediacheck/2019/05/28/Start-Reporting-Climate-Change-Emergency/">contenu des médias</a>.</p>
<p>En 2020, les reportages sur le changement climatique ne représentaient <a href="https://www.mediamatters.org/broadcast-networks/how-broadcast-tv-networks-covered-climate-change-2020">que 0,4 % des informations diffusées</a> à la télé et à la radio américaines. Soit presque <a href="https://www.mediamatters.org/broadcast-networks/how-broadcast-tv-networks-covered-climate-change-2019">moitié moins</a> qu’en 2019 à 0,7 %. En 2021, même au milieu d’une canicule sans précédent frappant tout l’axe des Rocheuses de la Californie au Yukon, <a href="https://twitter.com/DrMRFrancis/status/1409651317547565058">on y faisait rarement référence</a>.</p>
<h2>Un « modèle du déficit » en déficit</h2>
<p>Ironiquement, le plus grand angle mort tient à la manière dont on informe le public.</p>
<p>L’approche conventionnelle repose le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13549839908725599">« modèle du déficit d’information »</a>. Selon ce principe, le public agira sur le changement climatique <a href="https://oxfordre.com/climatescience/view/10.1093/acrefore/9780190228620.001.0001/acrefore-9780190228620-e-301">si on leur donne des faits</a>.</p>
<p>Cette approche fondée sur l’information façonne toute la communication, aussi bien les campagnes de lutte contre l’alcool au volant que les changements climatiques.</p>
<p>Sauf que le lien entre ce que les gens savent et <a href="https://scholarship.law.gwu.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1298&context=faculty_publications">leurs actions n’est pas toujours linéaires</a>. Fournir davantage de faits à une personne politiquement motivée au climatoscepticisme n’aura aucun effet.</p>
<p>L’information, quoique cruciale, ne suffit pas devant un sujet difficile à appréhender. Pour un individu pris isolément, le problème du changement climatique peut paraître immense, effrayant et insoluble. Si l’on veut que l’individu s’engage et, par extension, induise une action politique, la crise climatique doit prendre une dimension personnelle, immédiate, compréhensible et résoluble.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/408966/original/file-20210629-23-ndc642.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/408966/original/file-20210629-23-ndc642.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/408966/original/file-20210629-23-ndc642.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/408966/original/file-20210629-23-ndc642.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/408966/original/file-20210629-23-ndc642.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/408966/original/file-20210629-23-ndc642.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/408966/original/file-20210629-23-ndc642.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Estimation du pourcentage d’adultes qui pensent que la Terre se réchauffe. Le programme de communication sur le changement climatique de Yale n’est pas responsable des analyses ou des interprétations des données présentées ici._.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://climatecommunication.yale.edu/visualizations-data/ccom/">Cartes des opinions climatiques canadiennes 2018, YPCCC</a></span>
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<p>Les diagrammes, les graphiques et même les photos d’ours polaires n’y changeront rien. <a href="https://climatecommunication.yale.edu/visualizations-data/ccom/">Au Canada, 83 % de la population convient que la Terre se réchauffe</a>. Mais 47 % pensent que cela ne leur causera aucun préjudice personnel.</p>
<p>Pour toucher les gens, il faut alimenter la conversation <a href="https://www.ted.com/talks/katharine_hayhoe_the_most_important_thing_you_can_do_to_fight_climate_change_talk_about_it?language=fr">avec des histoires de personnes qui s’attaquent au problème</a> et, ce faisant, améliorent leur qualité de vie là où ils vivent. Ces exemples transforment une matière jugée abstraite et effrayante en un sujet tangible et quotidien – et « réglable ».</p>
<p>Ça ne sert à rien de parler un climatosceptique en ressassant les mêmes données et les mêmes faits qu’on expose depuis des années, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-BvcToPZCLI">affirme la climatologue Katharine Hayhoe</a>.</p>
<h2>Des solutions qui comptent</h2>
<p>Les spécialistes de la communication environnementale soulignent depuis longtemps que <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1075547008329201">l’un des principaux obstacles</a> à la mobilisation est une communication trop orientée sur la peur.</p>
<p>Le défi consiste plutôt à associer l’alarmisme et la capacité d’agir. La combinaison de la peur et de l’aptitude à agir induit ce qu’on appelle la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0963662515595348">« maîtrise du danger »</a>, c’est-à-dire des actions visant à atténuer le danger. C’est l’inverse de la « maîtrise de la crainte », qui tend plutôt au déni et à l’inaction.</p>
<p>Avec la Covid-19, la communication était fortement centrée sur l’aptitude de chacun à influer le cours des choses : lavage des mains, distanciation physique, masque. Dans le cas du changement climatique, les informations sur l’aptitude individuelle sont beaucoup moins évidentes.</p>
<p>On affirme souvent que les grands émetteurs, notamment les producteurs de combustibles fossiles, sont les premiers responsables et qu’il leur incombe de réparer les dégâts. D’après le <a href="https://www.theguardian.com/sustainable-business/2017/jul/10/100-fossil-fuel-companies-investors-responsible-71-global-emissions-cdp-study-climate-change">quotidien The Guardian</a>, seulement 100 entreprises seraient responsables de 71 % des émissions.</p>
<p>Oui, il est clair que le monde doit cesser de brûler des combustibles fossiles – pétrole, gaz et charbon. Mais pour y parvenir, les individus peuvent aussi afficher des exemples de comportement pro-environnemental.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Trois hommes font un égoportrait pendant une randonnée" src="https://images.theconversation.com/files/409122/original/file-20210630-13-q7zax4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/409122/original/file-20210630-13-q7zax4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/409122/original/file-20210630-13-q7zax4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/409122/original/file-20210630-13-q7zax4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/409122/original/file-20210630-13-q7zax4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/409122/original/file-20210630-13-q7zax4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/409122/original/file-20210630-13-q7zax4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">On peut afficher des photos de comportements favorables à l’environnement, susceptibles d’inspirer ceux qui vous suivent.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Il peut s’agir d’un geste aussi simple que de publier sur les médias sociaux des photos de campagnes de nettoyage communautaires, de randonnée ou de messages sur l’utilisation des transports en commun, par exemple. Cette forme de communication – en contrepied d’un mode de vie à forte intensité de carbone – normalise l’urgence et l’importance de protéger la Terre, mais aussi la capacité individuelle d’agir.</p>
<p>Certains des <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/bams/101/2/bams-d-18-0225.1.xml">communicateurs les plus efficaces</a> sont les météorologues de la télévision, qui ont un auditoire fidèle. La plupart abordent la question en <a href="https://grist.org/climate/weathercasters-are-talking-about-climate-change-and-how-we-can-solve-it/">relation avec le vécu de leur public</a>.</p>
<h2>Il faut le voir pour le croire</h2>
<p>La communication sur les risques <a href="https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.433.5428&rep=rep1&type=pdf">s’appuie souvent sur une injonction morale</a> – « faites ceci ou cela, sinon… »</p>
<p>Par exemple, dans un parc, une affiche intime de ne pas nourrir les canards parce que la nourriture humaine est mauvaise pour eux. Et les visiteurs continuent de nourrir les canards.</p>
<p>Or, une bonne communication devrait plutôt s’appuyer sur des normes sociales dites « tacites », qui invitent à se conformer au bon comportement d’autrui qui leur est bénéfique.</p>
<p>Au Royaume-Uni, en 2015, une <a href="https://www.anthropocenemagazine.org/2018/09/can-we-hack-our-tribal-brains-to-protect-the-planet/">campagne</a> invitait les gens à « ramener leurs déchets à la maison, d’autres le font ». Avec un tel message, une personne sera moins susceptible de jeter ses détritus que si les panneaux indiquent « Garder votre parc propre. Ne jetez pas vos déchets. »</p>
<p>L’un des moyens les <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315668734-6/contesting-conflict-efficacy-advocacy-alternative-media-british-columbia-1-shane-gunster">plus efficaces</a> de communiquer l’urgence climatique consiste simplement l’histoire de personnes et de communautés agissantes.</p>
<p>On en trouve un excellent exemple dans la série « En avant, les Premières Nations », <a href="https://www.nationalobserver.com/special-reports/first-nations-forward">du webzine Canada’s National Observer</a>. Ses reportages expliquent comment les communautés ouvrent la voie vers un avenir fondé sur les énergies renouvelables.</p>
<p>Certains grands médias d’information, comme Global News, où je travaille, y consacrent plus de temps et repensent <a href="https://globalnews.ca/news/7785615/alberta-renewable-energy-wind-solar/">leur couverture climatique</a>. Récemment, un grand reportage rapportait la transition énergétique profonde en cours en Alberta.</p>
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<img alt="des panneaux solaires sur une ferme" src="https://images.theconversation.com/files/409124/original/file-20210630-27-sry356.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/409124/original/file-20210630-27-sry356.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=195&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/409124/original/file-20210630-27-sry356.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=195&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/409124/original/file-20210630-27-sry356.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=195&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/409124/original/file-20210630-27-sry356.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=244&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/409124/original/file-20210630-27-sry356.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=244&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/409124/original/file-20210630-27-sry356.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=244&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains médias consacrent plus de temps aux reportages sur des solutions climatiques, comme la transition vers les énergies renouvelables.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Ces reportages sur des transformations en cours envoient le message que l’action pour atténuer la crise climatique est possible, normale, valorisante et souhaitable. Ces exemples concrets, qui montrent la voie, dynamisent et mobilisent ceux qui sont prêts à l’action.</p>
<p>Ils déplacent aussi la conversation, qui vise habituellement les sceptiques et les négationnistes, vers des valeurs et des habitudes favorables chez les <a href="https://climatecommunication.yale.edu/about/projects/global-warmings-six-americas/">gens de plus en plus sensibilisés et inquiets devant l’urgence climatique</a>.</p>
<p>Au lieu d’alimenter le récit de la peur, les histoires de solutions climatiques renforcent le sentiment du public quant à sa capacité d’agir. Elles l’y éveillent en se fondant sur le principe de toute bonne communication : joindre les gens là où ils en sont à travers une histoire mobilisatrice.</p>
<p>C’est le principe de narration 101 pour rallier le public au lieu de le repousser comme le font encore trop de comptes-rendus sur le climat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163960/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>En plus d'être un candidat au doctorat à SFU, Kamyar Razavi est également producteur de nouvelles nationales pour Global News.
</span></em></p>Le réchauffement de la planète est la plus grande urgence à laquelle la Terre ait été confrontée. Nous devons passer plus de temps à parler des solutions pour faire face à la crise du climat.Kamyar Razavi, PhD candidate in the School of Communication, Simon Fraser UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1633792021-07-05T18:12:55Z2021-07-05T18:12:55ZLa nécessaire préservation des savoirs météorologiques traditionnels en Afrique<p>Les sociétés africaines traditionnelles ont toujours considéré la nature comme un objet de communion et ont su trouver dans leurs traditions des explications aux changements observés dans leur environnement.</p>
<p>Ce patrimoine de savoirs se transmet de génération en génération sous formes diverses : chants, contes, mysticisme… Avec les pertes de repères dues aux changements environnementaux et le manque de supports écrits, une bonne partie de ces connaissances sont en train d’être perdues, d’où la nécessité de les préserver, notamment celles utilisées dans le secteur agricole.</p>
<h2>L’agriculture, un poids lourd économique soumis aux aléas météorologiques</h2>
<p>En Afrique subsaharienne, l’agriculture représente toujours un <a href="http://www.fao.org/3/bo092f/bo092f.pdf">secteur économique prépondérant</a> (15,6 % du PIB et 53 % des emplois, entre autres).</p>
<p>Les cultures qu’on y trouve (coton, maïs, mil, cacao, igname, mangue…) sont très diverses et dépendent beaucoup des conditions agroclimatiques. Cependant, elles possèdent des traits communs comme la forte dépendance à la variabilité pluviométrique : plus de 95 % des superficies cultivées sont en effet non irriguées.</p>
<p>Les activités agricoles (et non agricoles d’ailleurs) sont ainsi intimement liées aux pluies, à leur qualité, leur répartition, etc. Par exemple, l’imminence des premières pluies en début de saison pluvieuse demande une préparation des champs spécifique. En fin de saison, en revanche, lorsque les cultures sont en phase de dessiccation, l’arrivée d’une pluie importante invitera l’agriculteur à hâter sa récolte pour éviter des pertes par pourrissement et re-germination.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1286433427479126016"}"></div></p>
<p>Si la saison est attendue comme plutôt humide (ou sèche) par rapport à d’habitude, les exploitants vont également utiliser telle ou telle variété plus adaptée et adapter leurs achats d’engrais en fonction (les engrais azotés ayant une moindre efficacité en cas d’année plutôt sèche).</p>
<p>Il existe encore beaucoup d’exemples de ce type qui montrent qu’une grande partie de l’activité des agriculteurs en Afrique subsaharienne est régie par les événements météorologiques – comme c’est d’ailleurs le cas pour bon nombre d’agriculteurs dans le monde.</p>
<h2>L’observation et l’interprétation de phénomènes naturels</h2>
<p>Pour pouvoir anticiper ces phénomènes météorologiques, les agriculteurs ont développé depuis des générations des savoirs traditionnels qui se fondent généralement sur l’observation et l’interprétation de phénomènes naturels. Ils utilisent par exemple les changements phénologiques de certaines plantes, le comportement de certains animaux, la présence/position de corps célestes, ou encore l’observation de certains paramètres climatiques à un moment donné pour en prédire d’autres.</p>
<p>Ces connaissances, qui se transmettent de génération en génération par voie orale, permettent de prévoir aussi bien la pluie dans les prochains jours que les grandes tendances des mois à venir, ce qu’on appelle des prévisions saisonnières. Par exemple, les Afar en Éthiopie observent que la floraison de plusieurs <a href="https://doi.org/10.1186/s13570-019-0143-y">types d’acacias indique l’arrivée prochaine des pluies</a> ; des prévisions de ce type impliquant la floraison – ou l’apparition de fruits – pour des espèces locales se retrouvent d’ailleurs dans plusieurs régions africaines.</p>
<p>Le comportement de nombreux animaux est également scruté avec attention : dans le bassin arachidier sénégalais, le coassement des grenouilles après une pluie importante indique que la <a href="https://hal.inria.fr/EHESS-THESE/tel-00874724">pluie va continuer dans les jours à venir</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"979300881756717057"}"></div></p>
<p>En termes de prévisions saisonnières, les températures lors de la saison sèche sont un indicateur souvent utilisé : des températures anormalement élevées pendant la période de fin février à début mai sont un indicateur d’une saison pluvieuse (quelques mois plus tard) <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08941920252866774">pour les agriculteurs burkinabè de Bonam</a>.</p>
<p>Les prévisions sont ainsi très dépendantes du contexte local, où jouent d’autres facteurs comme les sols, l’orographie, la végétation. Enfin, les astres permettent également de se situer dans le calendrier cultural. Au Burkina Faso, la position de la Grande Ourse, qui ressemble à une houe de plantation, indique la bonne période pour semer le sorgho : elle commence quand la houe est orientée vers le sol en juin et se termine lorsqu’elle est positionnée comme appuyée au mur début août. Ces savoirs liés aux étoiles requièrent cependant une grande expérience et sont pour cette raison plutôt réservés aux anciens.</p>
<h2>Ces prévisions sont-elles fiables ?</h2>
<p>La question de la fiabilité de ces prévisions traditionnelles, difficiles à quantifier et donc à évaluer, se pose souvent quand elles sont analysées au travers du prisme des connaissances météorologiques scientifiques et la difficulté se trouve aussi sur leur quantification. Leurs usagers reconnaissent sans problème qu’une erreur est toujours possible.</p>
<p>En Tanzanie, 55,8 % des personnes interrogées jugent cependant les systèmes de prévision traditionnels comme fiables (<a href="https://ccafs.cgiar.org/resources/publications/integrating-indigenous-knowledge-scientific-seasonal-forecasts-climate">24,7 % les considèrent plutôt fiables et 15,6 % pas fiables</a>) alors que les agriculteurs du Nord du Ghana soulignent que leurs prévisions saisonnières sont de <a href="https://research.wur.nl/en/publications/best-of-both-worlds-co-producing-climate-services-that-integrate-">bien plus mauvaise qualité que celles sur quelques jours</a>. Au Zimbabwe, une <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/DPM-02-2014-0032/full/html">évaluation</a> des savoirs traditionnels a montré une précision de qualité, avec même plus de fiabilité au niveau local que les prévisions scientifiques.</p>
<p>Pourtant, plusieurs études soulignent que ces connaissances traditionnelles ont tendance à être de plus en plus remises en question localement. Les explications à ce phénomène varient : on invoque souvent le dérèglement climatique qui rend invalides les connaissances et les repères locaux, la <a href="https://doi.org/10.1186/s13570-019-0143-y">détérioration des écosystèmes qui fait disparaître les indicateurs</a> ou les rend caducs, ou bien encore les systèmes éducatifs changeants et le poids de plus en plus important de la culture occidentale, ce qui rend les connaissances traditionnelles <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/apme/56/8/jamc-d-17-0012.1.xml">peu attirantes pour les nouvelles générations</a>.</p>
<h2>Combiner prévisions scientifiques et traditionnelles</h2>
<p>Dans ce contexte, on comprend que des prévisions scientifiques telles que véhiculées par les services météorologiques nationaux ont un rôle à jouer pour compléter la gamme d’outils à la disposition des agriculteurs africains.</p>
<p>Loin de les percevoir comme des prévisions se substituant à leurs connaissances traditionnelles, ceux-ci y voient plutôt, lorsque l’intégration est bien faite, une nouvelle source d’information qui pourrait enrichir leur panel d’indicateurs fondés sur la tradition. Ces indicateurs se fondent sur les variations de phénomènes naturels, liées à la variation du climat à échelle grande ou locale. Et la science moderne, à travers ses instruments, capte ces mêmes variations. Les deux peuvent bien être combinés si des études comparatives sont menées. Cette combinaison pourrait augmenter le taux d’adoption par les communautés et la confiance qu’elles portent aux stratégies d’adaptation y afférant.</p>
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<p>Ainsi, lorsque les prévisions saisonnières scientifiques sont accessibles aux agriculteurs, elles sont utilisées dans <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/wcc.586">74 % des cas, selon la moyenne établie par six études</a>. Mais dans la plupart des cas, les agriculteurs n’abandonnent pas leurs systèmes traditionnels car cela leur permet de tirer <a href="https://research.wur.nl/en/publications/best-of-both-worlds-co-producing-climate-services-that-integrate-">« le meilleur des deux mondes »</a>.</p>
<p>Comme le démontrent certaines études, la combinaison des deux systèmes de prévision en un seul permet d’obtenir in fine une prévision que 93 % des agriculteurs ghanéens sondés préfèrent aux prévisions traditionnelles ou scientifiques, prises isolément : le scepticisme de beaucoup de scientifiques par rapport à ces connaissances endogènes de nature orale, non quantitative et parfois mystique est finalement l’une des barrières majeures <a href="https://idl-bnc-idrc.dspacedirect.org/bitstream/handle/10625/46185/132676.pdf">à l’utilisation effective des prévisions traditionnelles</a>. C’est pourquoi il est fondamental, pour les projets cherchant à développer l’utilisation des prévisions scientifiques de ne plus opposer sciences et traditions et de commencer cette intégration en documentant les savoirs traditionnels, leurs modes d’apprentissage et leur rôle dans la société.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163379/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ousmane Ndiaye est Directeur de l’Exploitation de la Météorologie à de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM) du Sénégal.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Roudier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Combiner les savoirs traditionnels de certaines sociétés d’Afrique subsahariennne avec la météorologie scientifique moderne peut être d’une grande utilité pour l’agriculture du continent.Philippe Roudier, Chargé de recherche agriculture, climat et sécurité alimentaire, Agence française de développement (AFD)Ousmane Ndiaye, Chercheur associé à l'International Research Institute for Climate and Society (IRI), Columbia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1626282021-06-16T17:33:56Z2021-06-16T17:33:56ZAmateurs de Bordeaux, les cuvées 2020 ne devraient pas être beaucoup plus chères que les cuvées 2019<p>À Bordeaux, chaque année se déroule suivant un rythme immuable, ou presque. Récolte du dernier millésime à la fin de l’été, et mise sur le marché au printemps suivant lors de la campagne des primeurs constituent deux temps forts incontournables.</p>
<p>La campagne des primeurs constitue un système finement organisé, qui reste néanmoins soumis à d’importantes sources d’incertitude car le produit n’est pas fini et sa qualité ne peut qu’être estimée. Les conditions économiques et la situation sur le marché du vin peuvent notamment changer entre le moment de la vente en primeur et celui de la livraison. Ainsi la question du juste prix auquel un vin doit être vendu sur le marché primeur semble-t-elle autant fondamentale que complexe.</p>
<p>Pour y répondre, nous avons proposé dans une <a href="https://doi.org/10.1111/ecin.12997">étude récente</a> un modèle permettant d’estimer le juste prix de 69 vins prestigieux de Bordeaux au moment de leur mise en vente.</p>
<h2>Confinement et paradoxe des prix</h2>
<p>Ces dernières années témoignent de la variabilité des prix, de la demande et du succès des vins de Bordeaux vendus en primeur. Après une période de baisse des prix entre 2011 et 2016, le marché bordelais a ensuite rebondi sous l’impulsion d’un grand millésime, celui de 2015, suivi d’un 2016 encore meilleur. Pour ce dernier, les prix ont augmenté sensiblement mais sans excès. L’année 2017 a été marquée par le gel et une récolte restreinte qui a encouragé les châteaux à maintenir des prix proches de ceux de 2016 malgré une qualité moindre.</p>
<p>À Bordeaux, la demande dépend principalement de la qualité et moins de la quantité. De mauvaises ventes ont ainsi, sans surprise, caractérisé la campagne primeur 2017. Le millésime 2018, vendu comme exceptionnel, a connu des hausses de prix importantes, alors que les niveaux de prix sur le marché étaient déjà très élevés. La qualité aurait dû générer une demande solide, ce ne fut pas le cas, la faute à des châteaux trop gourmands.</p>
<p>L’an dernier, les confinements ont failli entraîner l’annulation de la campagne primeur. Celle-ci a finalement eu lieu, mais reportée et raccourcie. Grâce à une qualité remarquable et des prix raisonnables, elle s’est avérée un succès. La pandémie a obligé les châteaux à faire un effort sur les prix tout en leur donnant une excellente excuse pour le faire.</p>
<p>C’est là que réside le paradoxe : il fallait baisser les prix pour assurer le succès de la campagne, tout en veillant à ne pas envoyer un signal trop fort au marché au risque de rendre invendables les nombreux vins de 2017 et 2018 encore disponibles à des prix élevés.</p>
<h2>Une phase de rééquilibrage</h2>
<p>Le millésime 2020 bénéficie, lui, de conditions externes plus favorables que 2019. Il reste cependant difficile de parler de normalité, puisque les dégustations ont eu lieu à distance avec des échantillons envoyés à des experts du monde entier. La qualité du vin s’annonce à nouveau excellente mais sans doute hétérogène, avec quelques très grands vins qui focaliseront l’attention du marché lors de leur sortie.</p>
<p>Il est difficile d’anticiper comment les acheteurs vont réagir à cette succession de trois excellents millésimes d’affilée. Cette situation sans précédent pose la question de la capacité du marché à absorber un volume considérable de grands crus de façon rapide.</p>
<p>Il ne faut pas non plus négliger l’équilibre interrégional au sein du marché. Après une longue période de contraction des prix à Bordeaux, alors même que la Bourgogne et les vins italiens (Piémont et Toscane) s’inscrivaient en forte hausse, nous sommes dans une phase de rééquilibrage et on est en droit de se demander si le phénomène de « <a href="https://www.ouest-france.fr/le-mag/vin/vin-pourquoi-le-bordeaux-bashing-7130229">Bordeaux bashing</a> » est terminé.</p>
<h2>Déterminer le juste prix</h2>
<p>Devant ces incertitudes, notre modèle tente de mettre en évidence l’effet de différentes variables sur le prix d’un vin. Divers indices concernant la qualité du vin de l’année ou celui de la précédente, la variabilité historique de son prix ou encore les dynamiques sur les marchés secondaires (qui concernent des vins plus anciens que les marchés primeurs) et le contexte général nous permettent d’expliquer environ 80 % des prix des vins sur les millésimes 2004 à 2019.</p>
<p>Nous observons par exemple que, selon les châteaux, un millésime meilleur que le précédent entraîne une hausse comprise entre 3 et 17 % des prix. Certains vins, généralement les plus chers, ont tendance à être plus sensibles aux variables du modèle.</p>
<p>Outre l’explication des prix passés, la solidité statistique des estimations nous permet d’envisager avec fiabilité les prix à attendre pour cette année.</p>
<h2>Rattraper les baisses de l’an dernier ?</h2>
<p>Il semble raisonnable d’anticiper une stabilisation des prix par rapport au millésime 2019. De manière générale, notre modèle montre que sauf pour quelques rares vins de Pomerol, certains premiers crus et les grandes réussites du millésime, les prix des primeurs 2020 ne devraient pas excéder 10 % de hausse par rapport au millésime 2019.</p>
<p>Le tableau ci-dessous indique les prix prédits par le modèle et les oppose aux prix effectifs des vins sortis avant le 7 juin 2021. Tous les vins, sauf un, ont été mis en vente à des prix supérieurs, ce qui peut s’expliquer par des conditions de mise en vente particulière avec la crise sanitaire.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les différences restent en général raisonnables, mais certaines hausses semblent néanmoins excessives. Cela peut parfois s’expliquer par une volonté de rattrapage, notamment dans le cas de La Mondotte dont le prix avait fortement baissé l’année dernière. Les premiers retours du marché suggèrent cependant que ces augmentations ont réduit la demande, sachant qu’il est encore possible de trouver le 2019 à un prix inférieur à celui de 2020.</p>
<p>Certains, d’ailleurs, qui avaient drastiquement diminué leurs prix l’année dernière n’ont pas beaucoup augmenté cette année. C’est le cas de Malartic-Lagravière qui, après une baisse de plus de 20 % se contente d’une augmentation de 9 % cette année.</p>
<p>Avec l’afflux de grands millésimes à Bordeaux et ailleurs en Europe, il serait judicieux pour les châteaux n’ayant pas encore mis leurs vins en vente de ne pas être trop gourmands et de maintenir des prix attractifs pour assurer le succès de la campagne. Ce serait le meilleur moyen de ramener l’intérêt du marché du vin à Bordeaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162628/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un modèle testé sur plus de quinze ans prédit des hausses de prix ne dépassant pas 10 % alors que la qualité semble au rendez-vous. De plus fortes augmentations apparaîtraient d’ailleurs excessives.Jean-Philippe Weisskopf, Associate Professor of Finance, École hôtelière de Lausanne, Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO)Philippe Masset, Professeur associé, Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1620492021-06-09T18:46:26Z2021-06-09T18:46:26ZEffet de la météo sur le Covid, ce que disent les scientifiques<p>Alors que les terrasses des bars et des restaurants ont rouvert et que les restrictions sanitaires s’allègent, une bonne nouvelle supplémentaire pourrait venir de l’arrivée de l’été et de ses températures plus chaudes.</p>
<p>De nombreux travaux scientifiques ont en effet montré que la plupart des épidémies et des maladies infectieuses sont caractérisées par des mouvements saisonniers – on parle de « saisonnalité » : les saisons chaudes seraient plus propices à la disparition ou la réduction des épidémies nées en saisons froides.</p>
<p>C’est le cas par exemple de la grippe dite « saisonnière ». Pour les chercheurs Jeffrey Shaman and Melvin Kohn, <a href="https://www.pnas.org/content/106/9/3243">l’intensité de la grippe augmente durant les périodes froides</a>, quand les températures et l’humidité sont à leurs niveaux les plus bas. À ce titre, le virus Covid-19 ne serait pas très différent, comme en témoigne sa dynamique selon les saisons et les hémisphères au cours des trois dernières vagues.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/8mo8rWWJZkc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo de l’OMS datant de 2015 sur la grippe (WHO/Youtube).</span></figcaption>
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<p>Mais qu’en est-il des études scientifiques portant spécifiquement sur le Covid-19 ? Et peut-on vraiment compter sur un coup de pouce de l’été, conjugué à la vaccination, pour faire tomber les masques ?</p>
<h2>L’effet de l’humidité et de la radiation solaire</h2>
<p>Il a été démontré par plusieurs études menées en laboratoire – notamment <a href="https://www.journalofhospitalinfection.com/article/S0195-6701(20)30046-3/fulltext">celle de Günter Kampf et de ses collègues</a> parue en 2020 – que la résistance des coronavirus humains auxquels appartient le SARS-CoV-2, à la fois dans l’air par le biais des gouttelettes et sur des <a href="https://virologyj.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12985-020-01418-7">surfaces</a>, est significativement réduite par des conditions chaudes et humides.</p>
<p>Au contraire, dans des conditions plus sèches, l’eau contenue dans les gouttelettes s’évapore plus rapidement et laisse le virus stagner dans l’air, ce qui augmente sa transmission, particulièrement dans un environnement peu ventilé et confiné.</p>
<p>Les résultats des études menées sur d’autres coronavirus humains vont dans le sens d’une <a href="https://www.journalofhospitalinfection.com/article/S0195-6701(20)30046-3/fulltext">persistance réduite dans les atmosphères chaudes</a>. En 2011, le chercheur K. H. Chan et ses collègues ont par exemple confirmé, pour le SARS-CoV, que la viabilité du virus s’altère rapidement <a href="https://www.hindawi.com/journals/av/2011/734690/">à des températures et des niveaux d’humidité relative élevés</a>.</p>
<p>Le froid, les conditions sèches – particulièrement dans des environnements utilisant l’air conditionné et/ou pollués – <a href="https://science.sciencemag.org/content/362/6410/75">augmentent de leur côté la transmission du virus</a>.</p>
<h2>Des labos aux analyses statistiques</h2>
<p>Les résultats des études menées en laboratoire se vérifient-ils statistiquement en conditions réelles ?</p>
<p>Pour la chercheuse <a href="https://sites.kowsarpub.com/iji/articles/104142.html">Florence Tushabe</a>, ce serait bien le cas :</p>
<blockquote>
<p>« La sévérité de la maladie en termes d’infection et de décès est 6 fois plus élevée pour les pays localisés dans la région tempérée. Les infections dans les pays tropicaux ne représentent que 4 % des infections globales avec même moins de décès (2,5 %). »</p>
</blockquote>
<p>Pour Simiao Chen et son équipe, comme l’indiquent leurs travaux publiés dans <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-87692-z"><em>Scientific Reports</em></a>, la proximité de l’équateur jouerait en faveur d’une réduction du nombre de cas de Covid par million d’habitants.</p>
<p>Il existerait selon d’autres études une fourchette de conditions météorologiques pour lesquelles le virus serait particulièrement transmissible, correspondant à des niveaux tempérés, comme cela a été évoqué pour <a href="https://www.medrxiv.org/content/medrxiv/early/2020/12/08/2020.03.23.20040501.full.pdf">l’Italie</a>, au début de l’épidémie à l’hiver 2020.</p>
<p>Or, précisément, les pays de l’hémisphère Nord industrialisés (Europe et États-Unis) possèdent des conditions météorologiques et donc des températures qui se situent en moyenne dans cette fourchette et pour laquelle les effets météorologiques sur le virus sont faibles.</p>
<p>Cela a pu concourir au développement de l’épidémie au sein de ces pays, notamment lors de la première vague et plus particulièrement, dans les villes où la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969720321215">qualité de l’air était dégradée</a>, comme en Lombardie et dans la région de Madrid.</p>
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<figcaption><span class="caption">Reportage à Nembro, le village de Lombardie le plus touché par le virus (C dans l’air/Youtube, juillet 2020).</span></figcaption>
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<p>La relation entre les facteurs climatiques et le Covid-19 pourrait être néanmoins plus complexe. Des relations statistiques « non linéaires » peuvent exister pour les niveaux de température et les <a href="https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.05.05.20092627v3">ultra-violets</a> notamment : des températures très négatives ou très positives réduisent la survie du virus, mais des températures modérées n’ont qu’un impact modéré ou nul.</p>
<p>George Luo et ses collègues <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7310725/">sont plus sceptiques</a> sur l’existence de relations significatives entre l’humidité et le taux de survie du virus en Chine.</p>
<p>D’autres études vont dans le même sens : <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969720323287">pour l’Espagne par exemple</a>, Álvaro Briz-Redón et Angel Serrano-Aroca ne trouvent aucun effet significatif des températures, en contrôlant – comprendre ici « en incorporant les variables » – pourtant pour la densité de population ou encore le nombre de voyageurs qui auraient pu biaiser les résultats des études précédentes.</p>
<p>Au-delà du rôle des températures et de l’humidité, des études plus récentes se sont penchées sur le rôle joué par les ultraviolets, la radiation solaire et la vitesse du vent.</p>
<p>En janvier 2021 dans la revue <a href="https://www.pnas.org/content/118/1/e2012370118"><em>PNAS</em></a>, Tamma Carleton et ses collègues ont montré, pour un panel de 173 pays, qu’un niveau journalier plus élevé des ultraviolets réduit le taux de croissance cumulé des cas de Covid-19 jusqu’à un horizon deux semaines et demie ; ils n’obtiennent en revanche pas d’effet significatif des niveaux de température et d’humidité.</p>
<p>Au final, le lien entre les conditions climatiques et le Covid-19 serait significatif, mais de faible ampleur, comme <a href="https://science.sciencemag.org/content/369/6501/315.abstract">l’écrivait déjà la spécialiste Rachel Baker</a> dans la revue <em>Science</em> dès l’été 2020.</p>
<p>Même si les températures élevées et les forts niveaux UV en été peuvent aider à réduire la circulation du virus, la sensibilité du SARS-CoV-2 aux conditions météorologiques ne serait pas assez forte pour réduire suffisamment sa circulation dans la population sans qu’il soit nécessaire de conserver des politiques de distanciation sociale.</p>
<p>Ainsi, le climat jouerait un rôle favorable, mais modeste, dans la lutte contre le Covid-19, comme l’ont récemment souligné <a href="https://www.pnas.org/content/118/1/e2012370118">Tamma Carleton et ses collègues</a>.</p>
<h2>Un impact qui reste marginal</h2>
<p>C’est également ce que nous montrons <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0252405">dans un article qui vient tout juste de paraître dans la revue <em>Plos One</em></a>, et qui porte sur un échantillon de 37 pays industrialisés de l’OCDE observés durant la première vague de l’épidémie de Covid-19.</p>
<p>Nos résultats suggèrent que l’élévation des températures, des niveaux de radiation solaire et d’humidité réduit le nombre de cas et de décès dus au Covid-19 de manière certes significative, mais marginale.</p>
<p>Les effets ont été mesurés prioritairement à 7 jours pour le nombre de cas, ce qui correspond à la période d’incubation minimale, mais prennent également en compte les périodes de consolidation et d’hospitalisation jusqu’à 28 jours.</p>
<p>Dans un travail annexe – non encore évalué par les pairs –, ces résultats sont confirmés pour les taux d’hospitalisation en France, à partir de données récoltées dans une quinzaine de grandes villes pour la première vague.</p>
<p>Le climat pourrait ainsi expliquer en partie, bien que faiblement, pourquoi le Nord et l’Est de la France ont été davantage touchés lors de la première vague de l’épidémie.</p>
<p>Nous montrons également que la qualité de l’air serait un déterminant additionnel important du virus, dans la mesure où la pollution aggraverait sa prévalence dans les villes françaises couvertes par notre étude.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1338592691349753859"}"></div></p>
<h2>La question de la mobilité</h2>
<p><a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0252405">Dans notre étude parue dans <em>Plos One</em></a>, et conduite rappelons-le sur un échantillon de pays de l’OCDE, nous avons été plus loin que la littérature existante, en prenant en compte la façon dont les conditions météorologiques étaient susceptibles d’affecter la transmission du Covid-19 selon les niveaux de mobilité individuels.</p>
<p>Nous nous sommes en effet demandé si nos déplacements (voiture, marche, etc.) étaient eux-mêmes affectés par les conditions météo et si oui, comment cela pouvait aussi avoir des conséquences sur la transmission du virus.</p>
<p>À partir de données couvrant la période allant de janvier à début septembre 2020, la mobilité tend à accroître la diffusion du virus : plus les individus se déplacent, se regroupent, sortent, interagissent, et plus le taux de transmission est susceptible d’augmenter, ce qui est peu surprenant.</p>
<p>Néanmoins, les effets ne sont visibles que trois semaines plus tard dans notre modèle. Cela signifie qu’il est nécessaire de prendre en compte les périodes d’incubation et de confirmation du virus pour bien identifier empiriquement les effets de la météo sur le Covid. La relation à très court terme n’est, en revanche, pas nette.</p>
<p>Or, des conditions météorologiques favorables (ensoleillement, températures) ont tendance à augmenter notre propension à sortir (terrasses, amis, supermarchés, parcs, etc.), ce qui mécaniquement augmente la circulation du virus.</p>
<h2>Le double effet des températures</h2>
<p>Surtout, ce que nous montrons, c’est que l’effet bénéfique des conditions météo sur le Covid-19, compte tenu de son interaction avec la mobilité des individus, est partiellement amoindri par cette mobilité accrue : une belle journée chaude et ensoleillée permet certes de mieux aérer son intérieur, et donc de réduire la persistance du virus, mais elle incite aussi à sortir davantage, que ce soit à la terrasse d’un café ou dans un parc par exemple, et d’interagir davantage avec les autres, en augmentant le nombre de contacts, ce qui réduit d’autant la distanciation sociale.</p>
<p>Tout ceci peut conduire à une augmentation de la circulation du virus et du nombre de cas. Ce mécanisme est encore plus prononcé si tout ou partie des interactions sociales se déroule en intérieur, dans des endroits confinés et mal ventilés – et avec de la climatisation, comme en été, ce qui contribue à augmenter la transmission du virus.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le relâchement de la population fait craindre un rebond épidémique (C dans l’air/Youtube, mai 2021).</span></figcaption>
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<p>Nous montrons ainsi que la mobilité individuelle tend à accroître la circulation du virus lorsque les conditions météorologiques sont favorables, venant ainsi réduire l’effet bénéfique de ces dernières sur cette circulation.</p>
<p>Notons que l’absence de distanciation sociale et de port du masque ayant été probablement plus marquée l’an passé, les effets indirects que nous avons identifiés devraient donc être moins dramatiques en 2021.</p>
<p>Il convient néanmoins de rester prudent face aux effets indirects que pourrait provoquer un relâchement trop rapide des conditions sanitaires, couplé à des conditions météorologiques propices à la hausse des interactions sociales.</p>
<p><a href="https://www.liberation.fr/checknews/comment-va-fonctionner-lappli-meteo-pour-se-premunir-du-covid-19-20210430_RZIX672ZY5C3ZITORUY3WJD4ZM/">L’application en cours de développement par Météo France, <em>MyPredict</em></a>, devrait pouvoir alerter ses utilisateurs quand les conditions météorologiques seront favorables à la propagation du virus ; elle pourrait s’avérer une aide complémentaire utile pour la population française dans les prochains mois et les aider à prendre leurs précautions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162049/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>De nombreux travaux scientifiques ont montré que la plupart des épidémies sont caractérisées par des mouvements saisonniers. Qu’en est-il pour le Covid ?Olivier Damette, Professeur en sciences économiques, associé à la chaire « Économie du climat » (Université Paris Dauphine), Université de LorraineClément Mathonnat, Maître de conférences en sciences économiques, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1614822021-05-26T18:51:34Z2021-05-26T18:51:34ZEn France, les pluies de mai permettront-elles de mieux affronter la sécheresse estivale ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/402817/original/file-20210526-21-1ky2hy4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1286%2C0%2C4321%2C3732&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le mois de mai 2021 est particulièrement pluvieux en France métropolitaine. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’eau qui circule sous nos pieds, en profondeur dans les interstices et les fractures de la roche, est invisible. Et pourtant, c’est grâce à cette eau souterraine (appelée « nappe ») que durant les étés secs, les cours d’eau coulent et les marais ne s’assèchent pas. Rappelons que l’eau souterraine assure <a href="https://bnpe.eaufrance.fr/">65 % de notre alimentation en eau potable</a>.</p>
<p>Si le mois de mai a été particulièrement frais et humide, avec des pluies abondantes, ces pluies permettront-elles de recharger les nappes d’eau souterraines ? On parle ici des nappes qu’on appelle communément « phréatiques », c’est-à-dire celles qui se trouvent juste sous nos pieds, à la différence de celles dites « captives », profondes et recouvertes d’une épaisse couche d’argile (comme dans le Bassin aquitain).</p>
<p>Et bien, pas vraiment : en cette fin mai, les niveaux des nappes restent en effet majoritairement en baisse par rapport à avril. Les eaux infiltrées dans les sols suite aux pluies de mai auront surtout servi à humidifier les sols, au profit de la végétation.</p>
<p>Ces apports pluviométriques devraient toutefois permettre de repousser les campagnes d’irrigation et d’alléger, pour les prochaines semaines, la pression exercée par les prélèvements agricoles.</p>
<p>D’après la Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau, l’irrigation représente <a href="https://bnpe.eaufrance.fr/">15 à 23 % des volumes pompés</a> dans les nappes, soit entre 0,8 et 1,3 milliard de mètres cubes par an pour la période 2012-2018 ; le reste des prélèvements concerne l’eau potable (61 à 67 %) et les usages industriels (16 à 18 %).</p>
<p>On le comprend, le volume d’eau pompé est variable selon le besoin en eau des cultures et dépend donc de la sécheresse des sols.</p>
<h2>Trois mois secs et chauds à l’horizon</h2>
<p>Certes, les pluies de mai ont bien eu des impacts localement, sur des secteurs très arrosés, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Provence-Côte-d’Azur par exemple, et uniquement sur les nappes dites « réactives », c’est-à-dire où les écoulements souterrains sont rapides (comme les alluvions du Rhône, les calcaires karstifiés du Jura et de Provence).</p>
<p>Ces hausses sont cependant ponctuelles et les niveaux se stabilisent, voire repartent à la baisse, dès que les apports pluviométriques ne sont plus suffisants pour compenser la vidange.</p>
<p>Sur les secteurs moins arrosés et sur les nappes plus « inertielles » – où les eaux souterraines s’écoulent lentement (recharge et vidange lentes) –, il faudra attendre encore plusieurs jours à semaines pour savoir si les eaux sont parvenues à s’infiltrer en profondeur. Les tendances dépendront des cumuls pluviométriques locaux, de l’évapotranspiration et des demandes en eau. Ainsi, certaines nappes réactives, comme les nappes du socle du Massif central, observent une stabilisation des niveaux.</p>
<p>En sachant que plus la nappe est inertielle et profonde, plus l’impact sera faible. Il sera même probablement inexistant sur les nappes très inertielles de la craie et des formations tertiaires du Bassin parisien.</p>
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<span class="caption">Tendances des niveaux des nappes courant mai 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span></span>
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<p>Rappelons enfin que Météo France a annoncé que les <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/climat/nos-dernieres-previsions-saisonnieres">mois de juin, juillet et août 2021 seraient plus chauds et plus secs</a> que les normales saisonnières. Dans ce contexte, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a <a href="https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-mai-2021-risques-secheresse-estivale">réalisé des prévisions sur les nappes d’eau souterraine pour l’été 2021</a>. Les prévisions se révèlent assez pessimistes, avec des niveaux probablement bas pour cet été ; on redoute même un risque de sécheresse très fort sur l’Est – de l’Alsace à la Provence.</p>
<p>Seules les nappes inertielles du centre du Bassin parisien et de l’Artois, ainsi que certaines nappes du Bassin aquitain, seront épargnées.</p>
<h2>Comprendre le chemin de l’eau</h2>
<p>Pour mieux appréhender ces phénomènes complexes – et notamment les raisons pour lesquelles des pluies abondantes ne peuvent pas toujours « recharger » les nappes d’eau souterraines – il faut connaître le chemin de l’eau, de la surface jusqu’à la nappe.</p>
<p>En France, seuls 20 à 23 % des précipitations annuelles moyennes arrivent à s’infiltrer en profondeur. Cette recharge des nappes a lieu essentiellement en automne et en hiver. Au printemps et en été, comme nous allons le voir, toutes les conditions sont réunies pour piéger l’eau de pluie, l’empêcher de s’infiltrer en profondeur pour recharger la nappe.</p>
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<span class="caption">Alimentation des nappes par les précipitations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<h2>Le rôle du soleil et du ruissellement</h2>
<p>Partons de ce qui se passe à la surface : la pluie vient tout juste de quitter son nuage qu’elle peut être interceptée et de nouveau évaporée vers l’atmosphère. L’ensoleillement et la température de l’air agissent en effet sur les eaux tombées en surface – feuilles, toits, sols, étangs, mer… – et cela jusqu’à plusieurs centimètres dans le sol.</p>
<p>Arrivée au sol, une part de l’eau va ruisseler vers les cours d’eau ; une autre part va s’infiltrer dans le sol. Le choix du type d’écoulement est déterminé par la pente du terrain, par la perméabilité et par la saturation en eau de la couche superficielle du sol.</p>
<p>Ces deux derniers paramètres sont régis par la texture (argile, limon, sable) et par la structure (organisation des grains) du sol. Les eaux s’infiltrent si elles ont la possibilité de stagner et s’il existe des espaces connectés et libres.</p>
<p>Un <a href="https://doi.org/10.1016/j.jhydrol.2020.125609">indicateur spatial a été conçu par le BRGM</a> pour évaluer la capacité du sol à laisser ruisseler ou s’infiltrer les eaux de surface. Cette approche permet de traduire la part d’eau qui s’infiltre et qui ruisselle.</p>
<p>Les terrains les plus infiltrant concernent les sols limoneux du nord de la France et les sols développés sur les roches calcaires (Lorraine, Côte-des-Bars, Jura, Berry, Bassin de la Sarthe, Brenne, Poitou, Charentes, Périgord, Causses du Quercy, Grands Causse, bordure cévenole, Provence).</p>
<p>À l’inverse, les secteurs les plus ruisselants sont constitués des marnes, tourbes ou argiles peu perméables, des terrains en forte pente des Alpes et des Pyrénées et des sols saturés en eau situés en vallées – plaine d’Alsace et des grandes rivières, par exemple – et en zones humides – Camargues et marais atlantiques.</p>
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<span class="caption">Les territoires favorables à l’infiltration des eaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Plusieurs éléments, comme l’intensité et la quantité des pluies, la couverture végétale, l’activité biologique et les aménagements liés aux activités humaines, peuvent agir sur la capacité du sol à absorber l’eau.</p>
<p>Les orages estivaux ne sont, par exemple, pas favorables à une infiltration efficace. Les pluies violentes impactent tout d’abord la texture des sols : elles désagrègent la terre en surface et créent une couche superficielle imperméable, appelée « croûte de battance », qui favorise le ruissellement.</p>
<p>Ensuite, en cas de pluies importantes, le sol n’est plus en capacité d’absorber toute l’eau, les pores étant saturés. Notons que le couvert végétal permet d’atténuer l’intensité des pluies, en créant une barrière aux eaux de ruissellement et maintient une bonne structuration du sol.</p>
<p>Rappelons enfin que les aménagements humains ont intensifié l’imperméabilisation des sols, créant de nouvelles « barrières à eaux » : routes bitumées, urbanisation, déforestation ou compaction des sols agricoles.</p>
<p>Des actions sont actuellement mises en œuvre pour permettre aux eaux pluviales de retrouver leur chemin naturel. De plus en plus de métropoles mettent en place une politique d’infiltration des eaux pluviales à la parcelle (comme à Rennes ou Paris). Les agriculteurs modifient également leurs pratiques afin de ne pas laisser le sol nu (cultures d’hiver), de décompacter les sols et de bloquer le ruissellement grâce aux haies et bandes enherbées.</p>
<h2>La rétention des sols et les végétaux</h2>
<p>Une fois franchie la couche superficielle, l’eau circule dans les pores du sol et rencontre de nouveaux obstacles.</p>
<p>Évidemment, la perméabilité du sol et la saturation en eau jouent toujours un rôle important dans la circulation des eaux dans les couches plus profondes du sol.</p>
<p>Les particules du sol exercent des forces de capillarité capables de retenir l’eau. Celle-ci est emprisonnée sous forme d’humidité et sa mobilité devient très réduite. La capacité de rétention d’un sol dépend de sa texture et de sa porosité. Les argiles et les sols riches en matière organique, ainsi que les sols faiblement poreux retiennent plus fortement les eaux.</p>
<p>Une partie de ces eaux immobilisées peut être restituée aux plantes. Cette eau est puisée par les racines et dirigée vers les tiges et les feuilles.</p>
<p>Elle est alors évaporée par transpiration vers l’atmosphère. L’évapotranspiration reprend la quasi-totalité des eaux infiltrées lorsque la végétation est active, soit habituellement d’avril à octobre-novembre.</p>
<h2>Le labyrinthe de l’écoulement gravitaire</h2>
<p>On le comprend, il faut que le sol soit saturé d’eau pour permettre un écoulement gravitaire vers les couches inférieures. Cet excédent – non retenu par les sols et non absorbé par les végétaux – peut enfin percoler vers la profondeur.</p>
<p>Seule la force de gravité s’exerce alors sur l’écoulement de l’eau. Au printemps et en été, la part d’eau qui s’infiltre en profondeur est inexistante, sauf lors d’un évènement pluviométrique exceptionnel.</p>
<p>Cependant, l’eau ne circule pas verticalement en ligne droite et peut emprunter différents chemins à travers la roche pour atteindre la nappe. La distance réelle parcourue dépend de la porosité efficace de la roche traversée, c’est-à-dire à l’existence de vides interconnectés.</p>
<p>La vitesse de l’eau peut être très lente si l’eau circule au sein de pores peu connectés, rapide si l’eau circule à travers des fissures, des fractures ou des karts. La vitesse d’infiltration peut être ainsi de l’ordre du mètre par an (craie du Bassin parisien), d’un mètre par mois (calcaires de Beauce), d’un mètre par jour (alluvions) et de plusieurs dizaines de mètres par jour pour les systèmes très fissurés de type karstique (calcaire karstifié de la bordure cévenole).</p>
<p>Le temps de transfert jusqu’à la nappe dépend également de l’épaisseur de la zone non saturée traversée. Les nappes d’accompagnement de cours d’eau, appelées nappes alluviales, sont proches de la surface du sol en vallée humide. La profondeur maximale d’une nappe libre en France métropolitaine est d’environ 80 mètres sur la craie du plateau picard.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/402811/original/file-20210526-17-1825gn0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les différents types de porosité d’une roche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">BRGM</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Quand l’eau atteint la nappe</h2>
<p>Après avoir franchi tous ces obstacles, l’eau de pluie aura mis de quelques heures à plusieurs mois pour atteindre la nappe.</p>
<p>Au printemps et en été, un épisode pluviométrique important pourra provoquer un épisode de recharge momentanée, permettant de soutenir les niveaux, voire ponctuellement d’y observer une hausse.</p>
<p>Les tendances dépendront des cumuls pluviométriques locaux, de l’évapotranspiration et des demandes en eau. Cependant, ces nappes sont également sensibles à une sécheresse prolongée. Elles se vidangent rapidement et peuvent atteindre des niveaux bas en quelques semaines en absence d’apports pluviométriques notables.</p>
<p>Les écoulements entre la surface et la nappe sont plus lents sur les nappes inertielles, jusqu’à 2 à 3 mois pour les nappes de la craie et les nappes de formations tertiaires. Ces nappes sont peu sensibles à une sécheresse prolongée. Au printemps et en été, les précipitations n’engendrent pas de recharge des nappes inertielles, sauf événements pluviométriques très exceptionnels.</p>
<p>En effet, les eaux n’arrivent pas d’un coup (comme une chasse d’eau) à la nappe mais de façon dispersée dans le temps. Ce phénomène se traduit alors par un ralentissement de la vidange, plusieurs semaines après l’épisode pluviométrique, difficilement décelable sur les niveaux de la nappe.</p>
<p>L’estimation de la part des pluies infiltrée en profondeur demeure complexe et difficilement quantifiable. Il est donc préférable d’attendre, de quelques jours à plusieurs semaines, pour observer l’impact d’un épisode pluviométrique sur les niveaux des puits surveillés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161482/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Violaine Bault ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’enchaînement de semaines pluvieuses laisse espérer une recharge des réserves d’eau souterraines… Mais c’est ignorer les multiples obstacles que rencontre la pluie pour rejoindre les nappes !Violaine Bault, Ingénieur hydrogéologue, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1563472021-03-15T13:38:53Z2021-03-15T13:38:53ZPourquoi il faut se méfier des dépressions polaires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/389149/original/file-20210311-13-4g84zi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C52%2C4386%2C3156&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pendant des siècles, les marins des mers nordiques ont raconté des rencontres inattendues avec des tempêtes violentes sortant de nulle part et qui semaient le chaos sur les mers.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Bien connues des populations côtières de la Norvège, les dépressions polaires passent souvent inaperçues au Canada. Courtes, mais intenses et difficiles à prévoir, elles n’en sont pas moins dangereuses et peuvent causer des dégâts importants. Il est impératif de savoir mieux les prévoir.</p>
<p>Le 28 février dernier, l’Institut météorologique norvégien a émis un <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1365998630356873221/photo/1">avertissement de dépression polaire</a>, prévenant la population de s’attendre à des changements abrupts de la météo. Une semaine plus tard, une <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1368170775182778371/photo/1">autre dépression polaire menaçait la Norvège</a>.</p>
<p>Plus près de nous, le phénomène serait sans doute passé inaperçu. À titre d’exemple, le 7 mars 2019, une majestueuse dépression polaire s’est formée au-dessus de la mer du Labrador, sans que les communautés côtières en aient connaissance. Si les dépressions polaires sont bien connues des Norvégiens et fréquentes là-bas chaque hiver, elles le sont moins dans <a href="https://www.grida.no/resources/13337">cette région peu peuplée</a>.</p>
<p>Mes recherches en tant que doctorante en sciences de l’atmosphère se concentrent sur ces phénomènes météorologiques, pour lesquels il reste encore beaucoup de questions à répondre. Je réalise des simulations de dépressions polaires avec le Modèle régional canadien du climat au sein du <a href="https://escer.uqam.ca/">Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale</a> (ESCER), et je constate que ces phénomènes sont particulièrement difficiles à prévoir du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-18 le 7 mars 2019. On peut voir la signature nuageuse (en blanc) d’une dépression polaire qui se trouve à l’est de la région du Labrador.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Environnement et Changements climatiques Canada</span></span>
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</figure>
<p>Plusieurs questions vont probablement vous venir à l’esprit : qu’est-ce qu’une dépression polaire ? Pourquoi n’ai-je jamais entendu parler d’elles alors qu’elles se développent parfois près du Canada ? Après avoir fait une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/16000870.2021.1890412">révision exhaustive de la littérature sur les dépressions polaires</a>, je crois être en mesure de répondre à la majorité de ces questions sur ces mystérieux systèmes météorologiques.</p>
<h2>Petites, mais intenses !</h2>
<p>Les dépressions polaires sont des tempêtes maritimes intenses qui se développent près des pôles pendant la saison froide. Avec un diamètre de moins de 1000 km et une durée de vie qui normalement ne dépasse pas 48 heures, les dépressions polaires sont des tempêtes plus petites et de plus courte durée que les tempêtes hivernales qui frappent souvent le Québec.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Images infrarouge acquises par les instruments (a) AVHRR et (b) MODIS. En fonction de la forme de leur signature nuageuse, on peut diviser les dépressions polaires en deux types principaux : (a) nuage en forme de virgule et (b) nuage spiraliforme. Image tirée de Tellus A : 2021, 73, 1890412. Article sous licence CC BY-NC 4.0.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Taylor & Francis Group</span></span>
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<p>Les dépressions polaires sont associées à des conditions météorologiques sévères, notamment des vents forts (atteignant parfois la force d’un ouragan !) et des chutes de neige importantes. Les <a href="https://www.barentswatch.no/en/services/polar-lows-explained/">changements de météo</a> associés aux dépressions polaires sont abrupts.</p>
<p>Par conséquent, elles posent un risque pour les populations côtières, le transport maritime et aérien, et les plates-formes pétrolières et gazières. À tel point qu’il y a quelques cas documentés de dépressions polaires qui ont causé la perte de vies humaines. Par exemple, en octobre 2001, la <a href="https://projects.met.no/polarlow/polar_lows/torsvaag/">dépression polaire Torsvåg</a>, qui s’est développée près de la Norvège, a provoqué le chavirage d’une embarcation et le décès d’un de ses deux membres d’équipage.</p>
<h2>Plus près qu’on pense</h2>
<p>Les dépressions polaires se développent <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/qj.3309">dans les hémisphères nord et sud</a>, entre les pôles et une latitude d’environ 40°N et 50°S, respectivement. Elles se forment près de la lisière des glaces (démarcation entre la glace marine – la glace qui se forme sur les océans – et l’eau libre de glace) et près des continents enneigés, quand l’air très froid situé au-dessus de la surface se déplace au-dessus de l’océan, qui est relativement chaud.</p>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=H5VNPfHIgpE">L’océan fournit de la chaleur et de l’humidité à cet air froid</a>, ce qui constitue une source d’énergie pour le développement des dépressions polaires. Les dépressions polaires se dissipent quand elles arrivent sur terre ou sur la glace marine, car cette source d’énergie disparaît.</p>
<p>Près du Canada, on observe des dépressions polaires qui se développent au-dessus de la mer de Labrador, du détroit de Davis et de la baie d’Hudson. Ces régions étant de faible densité démographique, le risque d’impact sur la population est faible. Cependant, dans d’autres parties du globe, les dépressions polaires peuvent vite s’avérer dangereuses. Par exemple, la Norvège et le Japon sont les principaux pays qui subissent les impacts de ces tempêtes, car ils ont d’importants bassins de population situés dans les zones côtières affectées par ces tempêtes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-19, le 1ᵉʳ mars 2021. L’image montre la dépression polaire qui s’est développée à l’ouest de la Norvège (en blanc).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Meteorologisk institutt</span></span>
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<p>Avec les changements climatiques, on peut s’attendre à ce que la distribution spatiale des dépressions polaires et leur fréquence soient modifiées. Les résultats de quelques études indiquent que dans l’Atlantique Nord, les régions de formation de dépressions polaires se déplaceront vers le nord avec le retrait de la lisière des glaces, et la <a href="https://doi.org/10.1175/JCLI-D-16-0255.1">fréquence des dépressions polaires diminuera</a>. Cependant, il reste encore beaucoup de questions à répondre sur l’impact des changements climatiques sur la fréquence et la distribution spatiale des dépressions polaires.</p>
<h2>Des tempêtes difficiles à prévoir</h2>
<p>Bien prévoir les dépressions polaires est indispensable afin d’éviter, dans la mesure du possible, les dommages et les dégâts. Malheureusement, la prévision des dépressions polaires est un vrai défi du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
<p>Comme pour toute prévision météorologique, les <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-un-impact-sur-les-previsions-meteo-137046">ingrédients essentiels pour la prévision correcte</a> des dépressions polaires sont un modèle atmosphérique performant et de bonnes conditions initiales. Or le manque d’observations conventionnelles (comme les observations des stations de surface) au-dessus des océans et près des pôles fait en sorte que les conditions initiales ne sont pas toujours assez bonnes.</p>
<p>Grâce au développement des modèles atmosphériques à haute résolution, les dépressions polaires sont mieux capturées qu’auparavant. Cependant, ces modèles doivent être améliorés afin de mieux représenter certains processus clés pour la formation des dépressions polaires, tels que les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte d’analyse du Centre météorologique canadien (CMC) correspondante au 1ᵉʳ mars 2021 à 06:00 UTC. Les flèches montrent la direction et l’intensité du vent, et les couleurs montrent l’intensité du vent en km/h. Les lignes noires continues sont des isobares, qui rejoignent des points de pression égaux. Les cercles concentriques avec un « L » au centre représentent des cyclones. La dépression polaire est représentée par le petit cercle à l’ouest de la côte nord de la Norvège.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MétéoCentre</span></span>
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<p>Malgré le fait que les modèles à haute résolution nous permettent de prévoir correctement certaines dépressions polaires, il reste du travail à faire pour réussir à prévoir correctement tous ces systèmes météorologiques. D’ici là, restez à l’affût : la saison des dépressions polaires dans l’hémisphère nord n’est toujours pas finie !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156347/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marta Moreno Ibáñez est membre individuel du Conseil de l'Association of Polar Early Career Scientists (APECS) et membre de la Société canadienne de météorologie et d'océanographie (SCMO). Elle a reçu une bourse d'excellence de la Fondation familiale Trottier.</span></em></p>Les dépressions polaires, qui sont des tempêtes maritimes intenses et parfois dangereuses, se forment près du Canada sans que personne ne s’en rende compte. Comment les prévoir ?Marta Moreno Ibáñez, PhD candidate in Earth and atmospheric sciences, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.