tag:theconversation.com,2011:/fr/topics/performance-26548/articlesperformance – The Conversation2024-01-23T15:45:43Ztag:theconversation.com,2011:article/2207372024-01-23T15:45:43Z2024-01-23T15:45:43ZLes femmes désirent gravir les échelons des grandes entreprises. Mais pas à n’importe quel prix<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569414/original/file-20240115-27-31qawf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C994%2C538&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les femmes veulent bien accéder aux plus hautes fonctions. Mais pas à n’importe quel prix.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le cabinet d’experts-conseils <a href="https://www.spencerstuart.com/">Spencer Stuart</a> publiait récemment une étude sur la <a href="https://www.spencerstuart.com/-/media/2023/december/f500-profiles/fortune-500-csuite-snapshot-profiles-in-functional-leadership.pdf">composition de la très haute direction des entreprises membres du Fortune 500</a>, soit les 500 entreprises américaines les plus riches.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/direction-dentreprise-les-femmes-perdent-du-terrain-elles-doivent-etre-strategiques-mais-la-culture-doit-aussi-changer-195508">Direction d'entreprise : les femmes perdent du terrain. Elles doivent être stratégiques, mais la culture doit aussi changer</a>
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<p>L’analyse portait notamment sur le genre des titulaires de tels postes, leurs fonctions et la source de leurs nominations, soit de l’interne ou de l’externe de l’organisation.</p>
<p>L’étude de la composition de la très haute direction, souvent appelée la <em>C-Suite</em> en anglais, revêt une importance particulière puisqu’elle permet d’identifier la réalité de la relève féminine au poste de PDG d’une organisation.</p>
<p>Respectivement doyenne de l’École de gestion John Molson, et experte depuis plusieurs décennies de la place des femmes dans les hautes sphères du milieu des affaires, nous discuterons des principaux constats émanant de l’étude menée par Spencer Stuart.</p>
<h2>Les prémisses de départ</h2>
<p>Trois conclusions ont particulièrement attiré notre attention :</p>
<ul>
<li><p>les hommes représentent 60 % du groupe sélect qu’est la très haute direction. Ils se retrouvent principalement dans les fonctions qui offrent le plus de possibilités de nomination à la fonction de PDG, <a href="https://www.spencerstuart.com/-/media/2021/december/lastmile/the-last-mile-to-the-top-future-ceos-who-beat-the-odds.pdf">selon l’historique des nominations à de telles fonctions</a>. On parle par exemple des postes de chef des opérations, chef de division et chef des finances ;</p></li>
<li><p>de plus en plus présentes dans les fonctions de très haute direction (40 %), les femmes se retrouvent toutefois dans les fonctions de cheffe des ressources humaines, cheffe des communications, cheffe de la diversité et de l’inclusion, ou cheffe du développement durable. En d’autres termes, ce sont des fonctions dites de support, importantes pour les organisations, quoique malheureusement perçues comme ayant peu d’impact sur l’avoir des actionnaires et leur performance financière ;</p></li>
<li><p>les nominations aux postes de haute direction propulseurs à la fonction de PDG proviennent principalement de l’interne. Qu’est-ce que ça implique ? Qu’une connaissance intime de l’organisation sur une longue période est valorisée et qu’un processus de promotion est généralement en place pour alimenter le vivier de relève.</p></li>
</ul>
<h2>Portrait mondial de la situation</h2>
<p>Notre expérience des dernières décennies nous permet de faire un constat similaire au Canada. Nous avons donc souhaité vérifier si cette situation était similaire dans d’autres pays.</p>
<p>Un rapport de l’Organisation internationale du travail intitulé <a href="https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/---publ/documents/publication/wcms_700953.pdf">« The Business Case for Change »</a> permet de donner un aperçu du positionnement des femmes dans les hautes sphères du pouvoir auprès de 13 000 entreprises opérant sur tous les continents.</p>
<p>À l’instar des États-Unis et du Canada, ce clivage selon les sexes entre les fonctions qui sont de support et d’apport direct à la profitabilité de l’organisation paraît généralisé. Il est également qualifié, selon les auteurs de cette étude, de « mur de verre » puisqu’il limite le vivier des candidatures féminines potentielles à la fonction de PDG.</p>
<p>Mais comment expliquer ce phénomène ?</p>
<h2>Stéréotypes, biais et préjugés</h2>
<p>Dans un premier temps, les stéréotypes et les préjugés liés au sexe jouent dès l’enfance.</p>
<p>Ils ont un impact sur les jouets avec lesquels les enfants jouent, les matières qu’ils étudient, leur vie et leurs carrières futures.</p>
<p>Les filles – de manière générale – aspirent à devenir médecins, enseignantes, infirmières, psychologues et vétérinaires. Quant aux garçons, ils veulent devenir ingénieurs, <a href="https://www.unesco.org/fr/articles/combattre-les-prejuges-et-les-stereotypes-lies-au-genre-dans-et-par-leducation">travailler dans les TIC et dans la mécanique</a>.</p>
<h2>Culture des organisations</h2>
<p>Dans un second temps, la culture des organisations est un <a href="https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/---publ/documents/publication/wcms_700953.pdf">miroir de notre société et de ses traditions</a>.</p>
<p>Elle véhicule donc des biais quant au potentiel de leadership des femmes comparativement aux hommes.</p>
<p>Selon l’enquête de l’Organisation internationale du travail citée plus haut, 91 % des femmes interrogées sont d’accord ou tout à fait d’accord avec le fait que les femmes dirigent aussi efficacement que les hommes. Or, seulement 77 % des hommes sont d’accord avec cet énoncé.</p>
<p>Il est permis de penser que ce biais à l’égard du leadership a un impact sur les processus de recrutement, de nomination, de développement, de talents et d’affections enrichies (affectations qui permettent à un employé d’enrichir ses habiletés, ou <em>stretch assignment</em> en anglais) qui pavent la voie aux progressions de carrière.</p>
<p>Il est également permis de penser que ces biais sont aussi présents au sein des conseils d’administration qui ont pour responsabilité de nommer les PDG et qui sont encore aujourd’hui composés majoritairement d’hommes.</p>
<h2>Des objectifs de vie différents</h2>
<p>Enfin, les femmes et les hommes ont des préférences et des objectifs de carrière différents.</p>
<p>Selon une étude réalisée par les professeures de la Harvard Business School Francesca Gino et Alison Wood Brooks et intitulée <a href="https://hbr.org/2015/09/explaining-gender-differences-at-the-top">« Explaining the Gender Differences at the Top »</a>, les femmes considèrent les occasions d’avancement avec autant d’intérêt que les hommes. Par contre, elles les trouvent moins atteignables en raison de leur emploi du temps chargé. Elles doivent donc évaluer plus sérieusement les compromis et les sacrifices qu’elles doivent faire pour occuper des postes de haute responsabilité et de pouvoir.</p>
<p>Les auteures prennent soin de préciser que ces résultats ne signifient pas que les femmes sont moins ambitieuses, mais que le succès professionnel a une signification différente selon les individus. Pour certains, celui-ci prend la forme du pouvoir. Pour d’autres, il peut signifier rendre ses collègues heureux et contribuer à rendre le monde meilleur dans un environnement de collaboration et d’entraide.</p>
<p>Cette recherche va dans le même sens que celle de Viviane de Beaufort, professeure à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). Elle a constaté, dans le cadre d’une étude menée auprès de 295 femmes françaises dirigeantes sur leurs aspirations professionnelles, que les femmes veulent bien accéder aux plus hautes fonctions. <a href="https://www.academia.edu/80171918/WP_CERESSEC_CEDE_ESSEC_Viviane_de_Beaufort_2022_avec_le_collectif_WOMEN_BOARD_READY_ESSEC">Mais pas à n’importe quel prix</a>.</p>
<h2>Qu’est-ce qui détermine les parcours professionnels ?</h2>
<p>Le présent article soulève donc la question suivante :</p>
<p>Peut-on espérer, en tant que femme, être un jour PDG ou réaliser nos rêves professionnels malgré les biais, les préjugés, les stéréotypes et les barrières que nous devons surmonter ?</p>
<p>Simone de Beauvoir écrivait en 1949 dans son essai « Le deuxième sexe » :</p>
<blockquote>
<p>La femme se détermine et se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle : elle est inessentielle en face de l’essentiel. Il est le sujet, il est l’absolu, elle est l’autre.</p>
</blockquote>
<p>Cet extrait nous rappelle que les compétences et les connaissances requises pour atteindre les fonctions stratégiques ont, depuis toujours, été définies en fonction de l’exercice du pouvoir au masculin dans un environnement où la performance des organisations est jugée quasi uniquement par les succès financiers et l’appréciation de la valeur pour l’actionnaire.</p>
<p>Il est temps de penser à de nouvelles trajectoires et compétences professionnelles non définies par le genre, mais plutôt par la mission et les objectifs des organisations. Celles-ci doivent tout autant tenir compte de leur apport aux succès financiers des organisations <a href="https://hbr.org/2022/07/the-c-suite-skills-that-matter-most">qu’à leur contribution à la création d’un monde meilleur</a>.</p>
<p>Il faut ainsi valoriser autant les compétences fonctionnelles que les compétences plus douces telles que l’intelligence émotionnelle, l’empathie, le sens du collectif et l’audace.</p>
<p>Abaisser les murs de verre veut aussi dire que les organisations et leur conseil d’administration ont la responsabilité d’identifier et d’encourager les femmes à occuper des postes où elles prennent de l’expérience et développent leur leadership au sein de fonctions de première ligne plutôt que de soutien.</p>
<p>Dans un tel contexte, les femmes, tout autant que les hommes, pourront avoir une meilleure chance d’atteindre les plus hautes fonctions tout en demeurant fidèles à elles-mêmes. Et ce, à part entière.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220737/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les femmes sont de plus en plus présentes dans les fonctions de très haute direction, mais elles se retrouvent dans des fonctions dites de support, qui mènent rarement aux postes de PDG.Louise Champoux-Paillé, Cadre en exercice, John Molson School of Business, Concordia UniversityAnne-Marie Croteau, Dean, John Molson School of Business, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2191762023-12-12T18:47:36Z2023-12-12T18:47:36ZLes entreprises « nées mondiales » : quels dispositifs d’aide publique faut-il privilégier ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/563385/original/file-20231204-28-htf506.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1366&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le stand BPI France, au salon Vivatech</span> <span class="attribution"><span class="source">Pierre Métivier / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Fin août 2023, le gouvernement français lançait le plan <a href="https://www.cci.fr/actualites/lancement-du-plan-osez-lexport">« Osez l’export »</a> avec l’objectif de passer de 150 000 à 200 000 <a href="https://theconversation.com/topics/exportations-28791">entreprises exportatrices</a> d’ici 2030. L’initiative découle du constat suivant : les <a href="https://theconversation.com/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">PME françaises</a> ne seraient pas assez présentes sur les marchés étrangers, autrement dit, pas assez compétitives à l’international. L’enjeu est aussi celui de la <a href="https://theconversation.com/topics/reindustrialisation-86098">réindustrialisation</a> de la France.</p>
<p>Aussi pourrait-on commencer par interroger sur l’efficacité des <a href="https://theconversation.com/topics/aides-detat-107629">aides publiques</a> déjà déployées en faveur des petites entreprises présentes à l’international. Tel a été l’objectif de notre <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7661148">étude récente</a>, publiée dans <em>Économie et Statistique</em>, la revue de l’Insee. Nous y examinons le lien entre différents dispositifs d’aide publique octroyés par la Banque publique d’investissement (Bpifrance) et les performances des entreprises « nées mondiales » dans le secteur manufacturier en France.</p>
<p>Ces entreprises, autrement appelées « born globals » dans la littérature anglo-saxonne, sont celles qui réalisent au moins 20 % de leur chiffre d’affaires grâce à l’export dès leurs trois premières années d’existence. Ce sont aussi celles qui intéressent le plus les pouvoirs publics dans la mesure où elles incarnent l’espoir d’un fort potentiel de compétitivité et de croissance. Ces entreprises ont par ailleurs été pointées par de grandes institutions telles que l’<a href="https://www.oecd-ilibrary.org/sites/400c491d-en/index.html?itemId=/content/component/400c491d-en">OCDE</a> ou l’<a href="https://www.eurofound.europa.eu/en/publications/2013/born-global-potential-job-creation-new-international-businesses">Eurofound</a>, qui plaident depuis le début des années 2010 en faveur de mécanismes visant à promouvoir l’internationalisation des PME et en particulier des jeunes entreprises innovantes.</p>
<p>Nous nous sommes concentrées, dans nos travaux, sur la période 1998-2015, celle pour laquelle la désindustrialisation a été particulièrement marquée dans l’Hexagone.</p>
<h2>Les <em>born globals</em>, des entreprises plus performantes</h2>
<p>Ces jeunes entreprises ne sont pas très nombreuses en France. Sur notre période d’observation, elles représentent environ 3 % des nouvelles entreprises. Par comparaison, les entreprises non exportatrices représentent environ 85 % des entreprises nouvellement créées que nous observons. Les 12 % restants sont soit des entreprises qui deviennent exportatrices précocement mais de manière moins intense (les <em>born exporters</em> dans notre terminologie), soit des entreprises qui deviennent exportatrices mais plus tardivement (les <em>late exporters</em> dans notre terminologie).</p>
<p>Même si leur nombre est faible, les entreprises dites <em>born globals</em> méritent l’attention que leur accordent les pouvoirs publics. En effet, du fait de leur précoce insertion internationale, ces entreprises pourraient être plus à même d’endiguer la perte de compétitivité du secteur manufacturier français responsable de la désindustrialisation particulièrement marquée sur notre période d’étude. Un soutien plus fort des pouvoirs publics aux entreprises <em>born globals</em> manufacturières serait-il à même de relancer certains secteurs industriels, notamment les plus intensifs en technologie ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1730601498675937615"}"></div></p>
<p>Pour y répondre, nous combinons des données d’entreprises issues de l’Insee et des Douanes et des données sur les aides d’État octroyées aux entreprises françaises fournies par Bpifrance. Nous nous concentrons sur les entreprises opérant dans le secteur manufacturier français, un secteur pour lequel les enjeux de pertes de compétitivité sont particulièrement forts.</p>
<p>La comparaison des performances des <em>born globals</em> avec celles des entreprises non exportatrices, mais aussi avec les <em>born exporters</em> et <em>late exporters</em>, conforte l’a priori selon lequel ces entreprises sont en moyenne plus performantes que leurs homologues qui n’exportent pas ou qui exportent de manière moins intense ou moins précoce. Du point de vue de la performance économique, il ressort que les entreprises <em>born globals</em> ont en moyenne des chiffres d’affaires, des emplois salariés et des productivités du travail plus élevés. Sans surprise, l’écart de performance le plus fort est observé vis-à-vis des entreprises non exportatrices. Du point de vue de la performance commerciale, les <em>born globals</em> sont également plus performantes en moyenne que les autres exportatrices. Elles exportent vers plus de destinations, plus de variétés de produits et ces produits sont en moyenne de qualité supérieure.</p>
<h2>Moins susceptibles d’accéder aux financements les plus efficaces</h2>
<p>De nombreuses contraintes peuvent freiner l’internationalisation d’une entreprise et même empêcher une « née mondiale » d’entrer sur le marché. Ces entreprises sont en règle générale innovantes en plus d’être jeunes. Elles ont donc de forts besoins en matière de financement externe mais elles font face également à plus de contraintes de financement que les autres entreprises. Par nature moins capables d’offrir des garanties nationales que les entreprises qui s’établissent d’abord localement avant de s’étendre à l’étranger, elles pourraient aussi être les moins aptes à fournir les collatéraux nécessaires pour accéder aux financements externes.</p>
<p>Dans ce cadre-là, les aides publiques peuvent apparaître comme un réel soutien aux <em>born globals</em> sous réserve qu’elles soient effectivement adaptées à leurs besoins.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Dans notre étude, nous analysons la probabilité qu’ont ces jeunes pousses d’obtenir différents types de fonds publics : des subventions à l’innovation, des prêts publics ciblant des projets innovants ou internationaux, et enfin des prêts non ciblés soutenant l’investissement dans les capacités productives de l’entreprise. Il ressort que les entreprises <em>born globals</em> ont une probabilité plus forte de recevoir des aides à l’innovation et des aides à l’internationalisation. Elles sont en revanche moins susceptibles de recevoir des prêts d’investissement.</p>
<p>Il peut paraître paradoxal que des entreprises qui cherchent à s’étendre rapidement sur de nombreux marchés internationaux aient moins recours aux prêts d’investissements visant précisément à étendre les capacités productives. Une explication potentielle est que ces entreprises pourraient être les moins aptes à fournir les collatéraux nécessaires pour accéder aux financements externes, incluant les prêts publics.</p>
<p>Surtout que, parmi toutes les aides accordées, il ressort de notre étude que l’outil le plus efficace est le prêt d’investissement. Son rendement global s’avère élevé, tant en matière de chiffre d’affaires que d’emploi, quand celui des autres instruments est parfois proche d’être nul. Autrement dit, les entreprises « nées mondiales » obtiennent de meilleures performances après avoir reçu cette aide. Ce dernier résultat nous conforte dans l’idée que ces entreprises, en dépit de leur déficit de collatéral domestique, devraient bénéficier d’un meilleur accès aux prêts d’investissement et non pas seulement aux prêts ciblés sur leurs projets d’innovation ou d’internationalisation.</p>
<p>Nos résultats suggèrent ainsi qu’il serait possible d’améliorer l’efficacité de l’allocation des aides publiques en réorientant une partie des aides sous forme de prêts d’investissement vers les <em>born globals</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219176/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Pommet a reçu des financements de la part de Bpifrance pour des projets de recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Laffineur a reçu des financements de la BPIfrance. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Flora Bellone a reçu des financements de Bpifrance pour l'accès aux données</span></em></p>Les entreprises qui s’internationalisent rapidement ont beau être les plus performantes, elles rencontrent plus de difficultés que les autres à accéder aux dispositifs de financement efficaces.Sophie Pommet, Maître de Conférences en Sciences économiques, Université Côte d’AzurCatherine Laffineur, Maître de conférences en sciences économiques à l'Université Nice Sophia Antipolis - Groupe de Recherche en Droit, Economie, Gestion (GREDEG), Université Côte d’AzurFlora Bellone, Professeure des Universités en Sciences économiques, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2186592023-11-28T16:20:03Z2023-11-28T16:20:03ZTélétravail : Québec doit négocier avec ses fonctionnaires, mais sans données ni études sur son impact<p>Dans le bras de fer qui oppose à l’heure actuelle le gouvernement du Québec et ses fonctionnaires, il y a un enjeu qui passe inaperçu, mais qui est fondamental : la <a href="https://spgq.qc.ca/2023/11/le-teletravail-et-le-personnel-professionnel-du-secteur-public-quebecois/">gestion du télétravail</a>.</p>
<p>Les employés de bureau le réclament, et <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/12/09/granby-des-enseignants-manifestent-pour-le-teletravail">même les enseignantes lors de leur journée pédagogique</a>.</p>
<p>C’est le <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/ministere/secretariat-conseil-tresor/organigramme/bureau-negociation-gouvernementale">Bureau de la négociation gouvernementale</a> qui agit pour le compte du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec dans les échanges avec les syndicats. Ce secrétariat a pour fonction de soutenir les ministères et les organismes dans la gestion des ressources dans la fonction publique.</p>
<p>Le Bureau de la négociation gouvernementale doit entre autres décider si le télétravail sera conventionné. Comment ces négociateurs décideront-ils de modifier ou non le nombre de jours de travail au bureau versus à la maison ? </p>
<p>Ils seront pour ainsi dire dans le néant. Car le Bureau ne peut pas compter sur des analyses des ministères ni du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec. Il n’y en a pas, et ce malgré le fait que la politique-cadre en matière de télétravail stipule que « la ou le sous-ministre doit évaluer, à intervalles réguliers, l’évolution du télétravail au sein de son organisation ». </p>
<p>Dans ces circonstances, comment négocier en toute connaissance de cause ? </p>
<h2>Des décisions prises durant la Cpandémie n’ont pas été revues depuis</h2>
<p>Le rendement des télétravailleurs peut s’apprécier par l’atteinte des cibles et mandats qui leur sont confiés ou par des logiciels de surveillance. La première approche est habituellement privilégiée à la deuxième. Comme chercheurs en Administration publique, nous voulions établir un portrait de ces deux approches dans la fonction publique canadienne. Dans une étude actuellement en évaluation par les pairs, nous avons envoyé 166 demandes d’accès à l’information à 88 ministères et organismes des gouvernements du Canada et de cinq provinces. Trente-deux demandes d’accès visaient les directions de ressources humaines et des technologies de l’information de seize ministères du Gouvernement du Québec. </p>
<p>Au Québec, deux ministères ont ignoré les deux demandes d’accès à l’information, même après un an : le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Trois autres ont ignoré les demandes en lien avec le télétravail et le travail hybride, ou la demande au sujet des logiciels de surveillance au travail. </p>
<p>Au Québec, seuls deux ministères ont déployé des logiciels de surveillance sur les postes de travail de ses télétravailleurs, mais seulement pour des essais connus et à petite échelle, avec des volontaires. Le tableau pour les ressources humaines est moins convaincant. Trois ministères ignoraient le nombre de leurs employés en télétravail ! Un seul a été en mesure d’offrir une raison sur le choix du nombre de jours devant être travaillé au bureau. Aucun ministère québécois n’a produit d’analyse sur l’efficacité, l’efficience ou l’équité du télétravail ou du travail hybride. Plusieurs ministères nous ont signalé que le Secrétariat du Conseil du trésor aurait en main de telles analyses. Ils avaient tort.</p>
<p>Nous ne nous attendions pas à ce que des études et des projets pilotes soient mis de l’avant dans l’urgence de l’hiver 2020. Les instances des ministères ont travaillé fort pour maintenir la continuité des services aux Québécois. Néanmoins, des décisions prises dans l’incertitude n’ont pas été revues depuis. De nouvelles embauches ont été effectuées, sans savoir si le niveau global de performance des ministères s’était maintenu. </p>
<p>Le Québec n’est pas seul. Le gouvernement fédéral, la Colombie-Britannique, l’Ontario, l’Île-du-Prince-Édouard font à peine mieux, ou sont sensiblement dans la même situation.</p>
<h2>Terre-Neuve ne gère pas dans le brouillard</h2>
<p>Cependant, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a évalué le travail hybride et à distance de ses employés. </p>
<p>Au ministère de l’Enfance, des personnes âgées et du Développement social, deux unités ont sélectionné 42 employés afin d’examiner leurs performances en matière de télétravail à temps plein, par rapport aux données de référence antérieures à la pandémie. Une unité a montré des performances accrues en mode télétravail par rapport à la base de référence en personne, et l’autre unité a montré des résultats mitigés. </p>
<p>Le Secrétariat du Conseil du Trésor de Terre-Neuve-et-Labrador a mené un projet pilote au sein d’un service informatique. Les 313 employés de ce service ont participé à un cycle d’une semaine au bureau, deux semaines à la maison pendant une période de six mois, et ont mesuré la productivité en fonction du nombre de demandes traitées par mois, du nombre d’heures de travail, du nombre d’évènements indésirables, ainsi que de la satisfaction des employés. </p>
<p>Ces données ont été comparées à celles des deux années précédant l’étude pilote. Les résultats n’indiquent aucun effet observable du télétravail sur la performance. Enfin, le ministère de l’Éducation de cette province a également mené une étude pilote de six mois en 2022 au sein de sa division des services financiers aux étudiants. Quinze postes principaux travaillaient à distance et 22, au bureau. On a mesuré les résultats en termes de respect des normes de service, d’expériences des étudiants, d’utilisation des heures supplémentaires et de commentaires de la direction et du personnel.</p>
<p>À moins que la négociation ne s’éternise, il pourrait être difficile pour les analystes du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec d’offrir rapidement au Bureau de la négociation gouvernementale des arguments probants quant aux modalités du travail hybride et du télétravail pour les fonctionnaires qui en bénéficient. </p>
<p>Il n’y a pas de doute que de travailler à la maison est populaire chez les fonctionnaires. Il facilite la vie des parents. Il dégage du temps pour les proches aidants, dont la majorité de femmes qui travaille dans le service public. Néanmoins, la performance du télétravail est tenue pour acquise par la partie patronale, sans preuve à l’appui, allant à l’encontre de la politique du gouvernement du Québec.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218659/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Étienne Charbonneau a reçu des financements du programme de Chaires de recherche du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carey Doberstein ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Québec doit négocier avec ses fonctionnaires la gestion du télétravail, mais il ne peut s’appuyer sur aucune donnée. La performance du télétravail est tenue pour acquise, sans preuve à l’appui.Étienne Charbonneau, Professeur titulaire, École nationale d'administration publique (ENAP)Carey Doberstein, Assistant Professor of Political Science, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2149782023-10-10T21:15:28Z2023-10-10T21:15:28ZLes athlètes de haut niveau sont-ils plus intuitifs que les autres ?<p>Un lob bien placé de Serena Williams, une reprise de volée magique de Zinédine Zidane… Dans le sport, un geste parfaitement exécuté dans le bon timing nous procure des émotions intenses.</p>
<p>Comment expliquer cette capacité des athlètes à agir de façon pertinente, rapide, adaptée dans des situations à enjeux et sous forte pression temporelle ?</p>
<p>Les travaux en psychologie du sport sur la prise de décision intuitive chez les sportives et sportifs permettent de trouver des réponses à cette question et de comprendre comment ils et elles utilisent leur intuition dans des environnements particulièrement complexes.</p>
<h2>Le coup d’œil décisif</h2>
<p>Pour atteindre les plus hautes performances, les athlètes sont confrontés à de fortes exigences relatives aux situations compétitives rencontrées (charge physique et mentale, pression temporelle, incertitude, pression sociale, enjeux économiques). Sur le terrain, ils évaluent en un coup d’œil la situation à partir de détails infimes et identifient instantanément la réponse à apporter en allant puiser dans leur répertoire d’expériences. Plus leur expertise est solide, plus cette intuition est fiable et le coup d’œil rapide.</p>
<p>Les premiers travaux qui se sont intéressés à l’intuition en action remontent aux années 1960 et concernaient les joueurs d’échecs. Les chercheurs ont montré que les maîtres ne regardaient pas chaque pièce individuellement mais repéraient plutôt des groupes de pièces partageant certaines caractéristiques (nature offensive ou défensive, couleur). La reconnaissance de ces configurations permet aux experts de décider instantanément du coup à jouer et des suivants… si bien qu’ils savent qu’ils ont gagné bien avant la fin de la partie !</p>
<p>Dans les années 1980, c’est le domaine des situations d’urgence qui est devenu un terrain d’étude privilégié de l’intuition. Le <a href="https://www.psychologytoday.com/us/contributors/gary-klein-phd">psychologue américain Gary Klein</a> a suivi des chefs pompiers sur 150 opérations. Dans 80 % des cas, les décisions importantes étaient prises en moins d’une minute, ce qui ne laisse pas le temps d’avoir recours à des processus rationnels. Dès lors, pour ce chercheur, les experts confrontés à des situations dynamiques ne peuvent fonder leurs choix sur la base d’une évaluation rationnelle ou d’une analyse exhaustive des possibilités offertes par la situation. Au contraire, et notamment en sport, c’est bien l’intuition qui permet aux experts de répondre spontanément à des situations complexes, en articulant des éléments pertinents de la situation et des expériences passées.</p>
<p>Chez les sportifs experts, les premiers travaux sur les décisions intuitives renvoient <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S074959780300027X">à une étude auprès de handballeurs professionnels</a>. Les chercheurs allemands ont présenté des vidéos de scènes de match et demandé aux participants ce qu’ils auraient fait à la place du joueur en moins de 3 secondes. Puis ils avaient 45 secondes pour réfléchir à toutes les options possibles et les hiérarchiser. Les résultats montrent que la première option était en moyenne meilleure que les actions choisies après réflexion. Chez les sportifs de haut niveau, la première intuition semble ainsi être la meilleure !</p>
<h2>Trois modalités pour la prise de décision</h2>
<p>Fondateur de l’approche naturaliste de la prise de décision, Gary Klein a identifié <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1518/155534310X12844000801203">trois modalités de prise de décision intuitive</a>. Une première modalité dite de « reconnaissance simple » consiste à associer une première option plausible à une configuration de la situation reconnue comme familière. Une seconde modalité fait appel à la « simulation mentale » pour évaluer l’effet d’une ou deux options potentielles : l’expert simule mentalement des actions habituelles et leur devenir sur le déroulement de la situation. Une troisième modalité dite de « diagnostic » consiste à rechercher dans son répertoire une option plausible proche de la situation rencontrée.</p>
<p>Les études menées en psychologie du sport ont cherché à identifier ces modalités chez des sportifs experts dans divers sports (football, <a href="https://johk.pl/?p=5359">handball</a>, <a href="https://journals.openedition.org/activites/2341">hockey sur glace</a>, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10413200802575759">volleyball</a>, judo, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02640414.2015.1122824">karaté</a>. Selon la revue de littérature <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.1201/9781351060073-12/decision-making-sport-anne-claire-macquet">menée par A.C. Macquet</a> sur ces modalités de décision intuitive, 60 à 81 % des décisions des experts sont classées comme une reconnaissance simple, environ 13 à 28 % des décisions des experts sont liées au diagnostic, et environ 3 à 24 % renvoient à la simulation mentale. Dans les différentes situations sportives étudiées, les décisions des experts reposaient majoritairement sur la priorité donnée à « la première option », issue d’une simple reconnaissance de la situation courante. Cependant, en étudiant les <a href="https://johk.pl/?p=5359">décisions d’un gardien de but au handball</a> ou celle de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1555343414527968">défenseurs de football</a>, les travaux ont montré que lorsque les athlètes étaient éloignés du ballon, ils disposaient de plus de temps pour la simulation mentale et le diagnostic de la situation. La perception de l’urgence de la situation semble ainsi jouer un rôle médiateur, comme point de bascule d’une modalité à l’autre.</p>
<h2>Une diversité d’éléments pris en compte pour décider</h2>
<p>La prise de décision intuitive repose sur la reconnaissance de la situation en y associant quatre types d’éléments qui sont les attentes, les indices pertinents, les actions typiques et les buts plausibles. Des études en hockey sur glace, football, volleyball et handball ont montré que les indices pertinents pour prendre une décision intuitive étaient principalement issus de l’environnement (de 38 % à 52 %). Par exemple, dans l’étude en football réalisée auprès de défenseurs experts, les caractéristiques spatiales (les lignes du jeu, les distances, les positions dans l’espace) et temporelles (la vitesse d’un adversaire, le mouvement d’un partenaire) de la situation courante constituent des indices pertinents pour la reconnaissance de la situation.</p>
<p>Ensuite, les actions typiques potentielles au sein du répertoire de chaque athlète constituent un élément particulièrement important dans l’évaluation de la situation courante (de 18 à 35 %). Ce résultat conforte l’influence des techniques maîtrisées sur les décisions intuitives quel que soit le sport étudié. Zinédine Zidane pouvait marquer des buts en reprise de volée parce qu’il maîtrisait ce geste technique dans des conditions <a href="https://www.dailymotion.com/video/x2qa9b7">qu’il considérait comme favorables</a>.</p>
<p>Enfin, les attentes relatives à l’évolution de la situation et les buts plausibles s’avèrent être des éléments secondaires influençant la reconnaissance de la situation. La proportion de ces éléments est très variable d’une étude à l’autre, ce qui conforte l’influence du lieu et du moment du jeu (phase offensive ou défensive, distance au ballon, etc.) sur la décision intuitive. Par exemple, quand l’équipe adverse prépare une attaque par une circulation du ballon à distance de la cible, le gardien de but de handball exprime des attentes relatives à l’évolution de la situation pour deviner le(s) tireur(s) potentiel(s), il anticipe ainsi en permanence le déroulement futur de l’action.</p>
<p>Les travaux menés sur les décisions intuitives et présentés dans cet article permettent de mieux comprendre les ressorts de la performance experte en sport. Pour autant, d’autres perspectives de recherche animent et <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2022.936140/full">animeront les futurs travaux dans le domaine du sport</a> : quels sont les liens entre prise de décision rationnelle et intuitive ? Entre prise de décision intuitive et créativité ? Et les émotions ? Comment développer la prise de décision intuitive chez les sportifs ? Existe-t-il une intuition collective ?</p>
<p>Le projet <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-wfKkOqgejw&t=307s">« Train Your Brain »</a> financé dans le cadre du programme prioritaire de recherche <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/programme-prioritaire-de-recherche-ppr-sport-de-tres-haute-performance-92142">« Sport de très haute performance »</a> et mené en collaboration avec la Fédération française d’escrime, actuellement en cours devrait fournir quelques réponses.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214978/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cyril Bossard est membre de la Société Française de Psychologie du Sport. </span></em></p>Comment expliquer les décisions intuitives des sportives et sportifs de haut niveau ?Cyril Bossard, Maitre de Conférences en STAPS, Université de Bretagne occidentale Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2029712023-03-30T19:26:56Z2023-03-30T19:26:56ZMarathon de Paris 2023 : pourquoi un tel engouement ?<p>Le doute avait un temps plané sur sa tenue en raison du mouvement social contre la réforme des retraites : le départ du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/marathon-78773">marathon</a> de Paris <a href="https://www.francebleu.fr/sports/tous-les-sports/mobilisation-contre-la-reforme-des-retraites-le-marathon-de-paris-est-maintenu-ce-dimanche-7657589">sera bien donné</a> ce dimanche 2 avril. L’édition 2023 affiche complet avec plus de 50 000 coureurs. De nombreuses inscriptions ont même dû être refusées.</p>
<p>En 2022 ils n’étaient pourtant que 37 000 à se présenter aux ordres du starter, une forte baisse par rapport à l’édition 2019 avant pandémie qui comptait 49 155 partants. Il s’agissait peut-être d’un effet conjoncturel lié au coronavirus, à la guerre en Ukraine et à la crise économique, là où l’on pouvait aussi voir une évolution plus structurelle de la demande, avec des aficionados tentés par des événements moins positionnés dans la démesure et davantage pensés dans une démarche écoresponsable.</p>
<p>Cependant il n’y a que sur le plan sanitaire que les choses ont véritablement évolué depuis un an. Le relatif retour à la normale de ce point de vue explique notamment la venue en nombre de coureurs étrangers (32 % en 2023 d’après l’organisation) qui renouent avec des formes différentes de tourisme sportif.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1641085717022486530"}"></div></p>
<p>Pourquoi un tel intérêt ? Y répondre nécessite de croiser des facteurs macro et micro sociologiques comme nous le faisons dans nos <a href="https://www.editions-cairn.fr/brand/500-bessy-olivier">travaux repris dans un ouvrage récent</a>. Participer au marathon de Paris, c’est autant une manière d’échapper à son quotidien en le préparant, d’être partie prenante d’un événement aux multiples facettes et de se mettre en scène, aux yeux de la société, comme quelqu’un de performant dans un décor de rêve. Néanmoins, certains aspects pourraient bien, à l’avenir, devenir plus rebutants.</p>
<h2>Entre performance et mise en scène</h2>
<p>La première hypothèse est que le contexte sociétal actuel, teinté d’une grande vulnérabilité, d’une forte incertitude et d’une fragmentation des repères identitaires, est, au bout du compte, plutôt favorable à un surinvestissement des coureurs dans ce type d’épreuve. Préparer le marathon de Paris (et a fortiori le finir), permet à tout chacun d’oublier un quotidien morose, de se sentir vivant et de prendre en main son destin. Ne constituerait-il pas une des façons les plus remarquables de tracer son chemin d’existence ? Cela expliquerait en partie, et en partie seulement, son engouement renouvelé, car de nombreuses épreuves (autres marathons, triathlon, ultra-trails…) remplissent aujourd’hui aussi cette fonction.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518425/original/file-20230330-390-7yolln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Courir dans Paris véhicule tout un imaginaire culturel.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Maïlys Henriet</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La seconde hypothèse réside selon nous dans le concept proposé par les organisateurs. En effet, d’après une <a href="http://publis-shs.univ-rouen.fr/rmt/index.php?id=767">enquête</a> que nous avons menée en 2018 auprès des coureurs, organisateurs et partenaires, le marathon de Paris véhicule un imaginaire métissé à la fois culturel et sportif. Nous avons analysé les mots revenant le plus fréquemment dans les entretiens et l’exercice a mis en évidence l’importance des représentations culturelles. Le récit est souvent marqué par la construction d’une urbanité événementielle principalement structurée autour des dimensions patrimoniales, hédonistes et conviviales.</p>
<p>Cependant, la représentation sportive s’avérait aussi très significative. Tout se passe comme si les marathons quelle que soit leur géographie culturelle, et c’est le cas de Paris, étaient aussi pensés pour favoriser la confrontation à soi ou aux autres, en réponse à une demande de chrono chez les participants soucieux de leurs performances même en courant dans un musée à ciel ouvert. Le <a href="https://www-cairn-info.fr/revue-science-et-motricite-2009-3-page-83.htm">culte de la performance</a> reste aujourd’hui très présent dans les pelotons, ce qui n’est pas sans influencer aussi le tracé du parcours, avec de grandes avenues, pas ou peu de dénivelé, et un kilométrage important en dehors de la zone historique au cœur de la capitale. Partout les marathons semblent s’homogénéiser ainsi.</p>
<p>La majorité des coureurs possède bien cette double représentation sportivo-culturelle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518490/original/file-20230330-20-z8no2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">« Lulu » peut dire qu'il l'a fait.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurine Buffière</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La troisième hypothèse vise à considérer que ce marathon occupe une place à part dans l’imaginaire des coureurs attirés par la notoriété de cette épreuve et l’expérience intense proposée. C’est l’effet capitale qui jouerait à plein ici. Pour beaucoup de marathoniens et même de simples coureurs ordinaires, faire « <em>Paris</em> », 42,795 km dans la plus belle ville du monde, est un rêve qu’il faut transformer en réalité, quelque chose à faire au moins une fois dans sa vie. L’objectif suprême est de poster un selfie sur les réseaux sociaux, au départ sur les Champs-Élysées ou à l’arrivée avec la médaille autour du cou devant l’Arc de Triomphe. Mieux, de pouvoir dire « <em>je l’ai fait</em> », le lundi matin en arrivant au bureau. Le décor sublime la mise en spectacle de soi-même et garantit des profits symboliques supérieurs aux autres marathons.</p>
<p>Cette triple logique rend compte notamment du pourcentage de néo-participants très important, 43 % des inscrits, car ils sont plus enclins à rechercher ces profits dans un souci de reconnaissance sociale et ils en capitalisent davantage en courant Paris. Ils sont prêts pour cela à oblitérer de leur conscience les potentielles dérives économiques, environnementales et sociales de l’événement.</p>
<h2>Un charme menacé par trop de marchandisation ?</h2>
<p>De ce point de vue, la durabilité de l’attrait de l’événement est questionnable. Les coureurs se montrent ainsi très critiques envers Amaury Sport Organisation, l’organisateur de l’événement : « <em>prix trop cher du dossard</em> », « <em>un marathon qui respire trop l’argent</em> », qui est « <em>trop business</em> », « trop mercantile », qui est en train « <em>de perdre son âme</em> » avec « <em>des sponsors hors sport</em> » à l’image de Schneider Electric et un « <em>Marathon Expo trop centré sur le fric</em> ». Quentin, coureur venu de Bordeaux, nous l’expliquait avec ces mots :</p>
<blockquote>
<p>« Le business est trop présent dans ce marathon et plus particulièrement au Marathon Expo. J’ai ressenti une sensation de dégoût presque lorsque j’ai découvert, il y a cinq ans, pour la première fois ce salon du running. J’ai eu une impression lourde et repoussante de me trouver là que pour consommer, être obligé presque d’acheter, avec la multiplicité des gros stands de marque, des vendeurs tous habillés pareils. »</p>
</blockquote>
<p>L’enquêté se réfère ici également au <a href="https://www.paris-friendly.fr/sortie-a-paris-salon-running-gratuit.html">salon « Run Expérience »</a> qui se tient en amont de l’événement à la Porte de Versailles. Chaque année il semble accentuer son caractère marchand, visible dans l’architecture pensée avant tout pour les équipementiers qui sont les grands argentiers du marathon. Le nombre de mètres carrés occupés, leur place privilégiée à l’entrée, la signalétique affichée et le cheminement rendu obligatoire par l’organisation, ainsi que les animations proposées, tout semble pensé pour ces derniers. L’espace dédié aux organisateurs d’autres marathons s’est trouvé parqué lors des dernières éditions au fin fond du hall. Ces derniers se sont d’ailleurs plaints du sort qui leur est réservé.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518423/original/file-20230330-29-8wgjsz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Cette marchandisation du marathon de Paris risque à moyen terme de dissuader un certain nombre de personnes de s’inscrire. Il est aussi notable que l’événement ne soit pas aujourd’hui considéré comme une épreuve écoresponsable par les coureurs. Si des actions sont en train d’être initiées et des annonces faites depuis cinq ans par les organisateurs et notamment le partenaire titre Schneider Electric, elles ne sont du moins pas évoquées par les inscrits. La synergie avec Paris comme ville durable est loin d’être atteinte et l’impression de « greenwashing » domine.</p>
<p>Le marathon de Paris amplifie la « dramaturgie moderne » propre à l’épreuve car il est en mesure de proposer à tous les participants un rêve éveillé en harmonie avec la splendeur de l’écrin patrimonial qui le magnifie. Il contribue aussi à intensifier l’expérience urbaine en provoquant une communion nourrie par différentes animations et promesses d’innombrables relations sociales tissées sur le moment. Des participants de tout pays convoquent le monde dans la ville et contribuent à son rayonnement touristique planétaire. Tous ces éléments laissent entrevoir encore de beaux jours pour l’événement.</p>
<p>Néanmoins, la dérive économique semble patente et prendre au sérieux les enjeux environnementaux de plus en plus crucial. La production d’un événement plus sobre et vraiment écoresponsable sera demain une obligation. Il faudra peut-être accepter de décélérer en limitant le nombre d’inscriptions. Les temps insouciants des pelotons chamarrés semblent être derrière nous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202971/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Bessy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les organisateurs ont même dû refuser des inscriptions. Beaucoup rêvent de dire « je l’ai fait » le lundi matin en arrivant au bureau, montrant des photos de leur performance dans un cadre unique.Olivier Bessy, Professeur émérite à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA), Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1884022022-08-10T17:35:26Z2022-08-10T17:35:26ZComment le surf fabrique des stéréotypes de genre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/478303/original/file-20220809-17-kifdqz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C24%2C5422%2C3606&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans l'imaginaire du surf, les femmes sont souvent hypersexualisées et correspondent à des normes esthétiques bien précises.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/_EBv1BKtbvs">Unsplash / Jeremy Bishop</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les incendies en Gironde rappellent aux vacanciers de la côte atlantique combien la canicule et la sécheresse marquent un inéluctable dérèglement climatique. Pourtant, la saison bat son plein dans le sud aquitain, berceau du surf européen, avec cette année des eaux aux températures quasi tropicales. L’odeur de menthe des mojitos se confond avec le parfum de la wax et du monoï. Les animations socioculturelles célèbrent la culture surf à travers des expositions, des festivals, des compétitions sportives, des actions de prévention liées aux menaces d’ordre écologique qui affectent l’intégrité environnementale des océans. La musique résonne et les surfeurs professionnels enchaînent, au cœur de décors paradisiaques, les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=OQGBN6s8EfE">tubes</a> et les <a href="https://ma.surf-report.com/videos/surf/albee-layer-alley-oop-540-aerial-526186895.html">aérials</a> sur les écrans de télévision des surf shops ou des établissements de nuit. Les stations balnéaires du littoral sud aquitain ont toutes revêtu leur costume californien.</p>
<p>Mais en marge des stéréotypes socioculturels liés à la mise en tourisme du surf qui constituent le paysage idyllique véhiculé sur les cartes postales et dans la plupart des médias nationaux – qui, chaque été, consacrent un reportage au surf sur la côte atlantique – quelles sont les limites de ce développement touristique articulé autour de la promotion d’une activité sportive ? En d’autres termes, quel est le revers de la médaille d’une discipline sportive désormais inscrite au panthéon des jeux olympiques ?</p>
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<p>Les recherches en sciences sociales sur le surf se multiplient depuis les travaux précurseurs initiés en 1994 par <a href="https://books.openedition.org/msha/16041?lang=fr">Jean-Pierre Augustin</a>, professeur de géographie à l’Université Bordeaux Montaigne, décédé à Lacanau en juin 2022 et auquel il s’agit ici de rendre un vibrant hommage. Même si elles n’embrassent pas les mêmes cadres paradigmatiques, <a href="https://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/actualites/nouvelles-publications/surf-a-contre-courant.html">ces recherches scientifiques</a> mettent en exergue, dans une <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-l_univers_du_surf_et_strategies_politiques_en_aquitaine_christophe_guibert-9782296017085-22413.html">féconde complémentarité</a>, le fait que la pratique du surf et les <a href="https://www.arkhe-editions.com/livre/histoire-du-surf/">cultures sportives</a> qui leur sont associées sont beaucoup plus complexes que la manière dont elles sont scénarisées dans les médias.</p>
<h2>Un sport esthétisé à l’extrême</h2>
<p>Le surf est une pratique sportive exigeante. Elle requiert une excellente condition physique, patience, abnégation, et une connaissance fine du milieu océanique. Pour parvenir à ses fins, c’est-à-dire accomplir un <em>ride</em> sur la vague, le surfeur doit entrer en syntonisation avec la vague, s’immerger dans le mouvement provoqué par la houle, être placé au bon endroit ; au bon moment. Le surf est une rencontre, une <a href="https://www.surfersjournal.fr/surf-change-monde-itv-de-gibus-de-soultrait/">« opportunité opportune »</a> avec la vague. C’est ce que mettent en scène les vidéos consacrées au surf où les surfeurs atteignent une forme d’excellence tant sportive, qu’esthétique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comprendre-la-formation-des-vagues-et-comment-les-surfeurs-les-domptent-186414">Comprendre la formation des vagues, et comment les surfeurs les domptent</a>
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<p>Cette esthétisation de la performance sportive suscite la fascination et le désir mimétique chez une grande partie des néo-pratiquants qui s’inscrivent auprès des écoles de surf pour prendre des cours. En revanche, les accomplissements éprouvés lors des leçons sont parfois loin de correspondre aux fantasmes qu’ils nourrissent.</p>
<p>En effet, en période estivale, les nouveaux pratiquants ne pourront s’initier que dans des vagues de bord, dans les mousses, qui atteignent rarement une taille qui va au-delà de leurs épaules. Ils n’ont pas les ressources physiques et la connaissance du milieu océanique nécessaire, et les moniteurs sont les garants de leur intégrité physique et psychologique. Ils seront également confrontés à la cohabitation avec d’autres néophytes, ainsi exposés à la surfréquentation des spots induite par la démocratisation du surf qui se caractérise par une très forte densité d’écoles de surf sur les spots les plus emblématiques comme à la côte des basques à Biarritz ou à la plage du Santocha à Capbreton.</p>
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<p>En d’autres termes, rares seront celles et ceux qui parviendront à expérimenter la glisse dans toute son intensité, goûteront les joies de reproduire les performances sportives accomplies par les professionnels dont ils s’abreuvent sur les réseaux sociaux. À défaut de vivre la glisse dans sa déclinaison sportive, ces néophytes, non sans manifester une frustration légitime auprès des moniteurs, se rattrapent, la nuit tombée, dans une <a href="https://www.editionslatableronde.fr/le-temps-des-tribus/9782710390305">tribalisation</a> des interactions sociales établies dans un contexte festif où la culture surf occupe une place hégémonique.</p>
<h2>Surfeur apollinien et surfeuse amphitrite</h2>
<p>Plus problématique encore, la mise en tourisme et la médiatisation du surf véhiculent des stéréotypes de genre. En effet, la mise en scène de l’excellence sportive est essentiellement réservée à la gent masculine. Elle s’orchestre par le biais des <a href="https://www.codezero.fr/le-sportif-mis-en-scene-par-lui-meme/">réseaux sociaux</a> ou des spots publicitaires.</p>
<p>Dans ce contexte, le surfeur se doit d’être performant, de répondre aux diktats de la réussite sportive. Il endosse ainsi les attributs de l’héroïsme sportif. L’Ulysse de la glisse doit se montrer courageux, fort, être musclé et développer une aptitude à affronter les éléments naturels. Il s’agit pour ce surfeur de fracasser, de déchirer la vague. Comme dans la plupart des univers sportifs, le monde du surf se fait ainsi l’écho de l’apologie d’une domination masculine où les faibles, les mélancoliques, les romantiques <a href="https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2014-1-page-161.htm?contenu=resume">n’ont pas leur place</a>. Dans ce contexte, les pratiques de surf se radicalisent. Les figures réalisées sur la vague se doivent d’illustrer l’animalité masculine alors, qu’originellement, le surf est une cosmogonie c’est-à-dire une consécration de la vague accomplie dans une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/07053436.2014.881097">perspective ontologique</a>. Ainsi, plusieurs styles de pratiques du surf se superposent c’est-à-dire que certains surfeurs, inscrits dans une perspective méditative, privilégient la contemplation océanique, là où d’autres s’emploient à affronter la vague dans une approche compétitive et sportive.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-surfeurs-sauvent-des-vies-sur-les-plages-francaises-184091">Comment les surfeurs sauvent des vies sur les plages françaises</a>
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<p>A ce rythme, les affrontements et les accidents se multiplient sur les spots. Les plus enclins à répondre à cette injonction lancinante à incarner une forme de suprématie sur la nature et sur les autres ne partagent pas la moindre vague, se montrent agressifs, s’évertuent à « scorer » toutes les vagues.</p>
<p>Et si ce que les médias rangent derrière le <a href="https://blog.surf-prevention.com/conseils-surf-prevention/localisme-et-psychopathie/">terme de localisme</a> était l’expression d’un mal être existentiel de surfeurs masculins pris au piège de leur stéréotype de genre, pas encore assurés qu’il existe d’autres espaces d’expression, plus sensibles, plus pacifiques, pour incarner la figure du mâle ?</p>
<p>Quant aux surfeuses, elles sont circonscrites dans un périmètre au sein duquel seul leur capital érotique compte. Au risque de verser dans un registre plus trivial, la plupart des surfeuses sont successivement passées du rôle de muse à <a href="https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2011-3-page-521.htm">celui de fille facile, hypersexualisée</a>. En effet, là encore, la médiatisation du surf féminin met en scène les attributs corporels de celles qui répondent aux canons esthétiques de la beauté non sans convoquer des <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2019-v32-n1-rf04777/1062228ar/">imaginaires érotiques</a>. Pour toutes celles qui n’entrent pas dans ces standards de beauté, et malgré le fait qu’elles accomplissent des <a href="https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Surf/Actualites/Surf-xxl-awards-justine-dupont-remporte-le-trophee-de-la-meilleure-performance-de-l-annee/1159813">performances sportives remarquables</a>, il est très difficile d’occuper une place sur la scène médiatique ou bien encore d’obtenir un soutien financier de la part des <a href="https://www.lepoint.fr/sport/surf-johanne-defay-une-pepite-reunionnaise-sans-sponsor-04-10-2015-1970620_26.php">principaux sponsors</a> qui gravitent dans l’économie du surfwear.</p>
<h2>Des corps discriminés</h2>
<p>Là encore, les observations ethnographiques engagées sur les plages de la côte atlantique mettent en évidence que ce processus d’érotisation de la surfeuse trouve une résonance dans les <a href="https://www.payot.ch/Detail/sur_la_plage-jean_didier_urbain-9782228889827">sociabilités plagiques</a>, c’est-à-dire que, par mimétisme, de manière insidieuse, sont plébiscitées une sensualité et une érotisation des corps dont sont exclus toutes celles et tous ceux dont l’apparence physique pose la question de <a href="https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2017-3-page-10.htm?contenu=resume">la légitimité</a> de leur présence sur la plage. Dans ce contexte, les stéréotypes de genre véhiculés dans le monde du surf fondés sur la célébration d’un surfeur apollinien et sur la sexualisation d’une amphitrite contemporaine à la merci du désir masculin introduit des processus discriminatoires au cœur des logiques sociales propres à l’univers de la plage initialement établies sur l’émergence, au dix-neuvième siècle, <a href="https://editions.flammarion.com/le-territoire-du-vide/9782081423831">du désir de rivage</a>, sur la contemplation, la rêverie, le romantisme. Or, ces dispositions sociales initiales des usages de la plage sont situées aux antipodes d’un paradigme érotico-sportif des espaces maritimes qui traduit aujourd’hui l’incapacité de ceux qui se considèrent comme habilités à jouir de l’océan à dépasser l’appropriation nombriliste de leurs territoires de pratique.</p>
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<p>Le surf est donc peut-être devenu une discipline sportive à part entière dans la mesure où il dispose d’un pouvoir d’aliénation des masses confrontées à une réelle difficulté quant au fait d’élaborer des logiques d’émancipation vis-à-vis des normes de la <a href="https://www.cairn.info/revue-politix-2021-4-page-103.htm">bicatégorisation sexuée</a>. Et si le potentiel réenchantement du caractère contre-culturel du surf résidait, et aussi paradoxal que ce choix sémantique puisse le laisser entendre, dans l’émergence d’une glisse plus « terrienne » pour reprendre une expression latourienne, c’est-à-dire davantage située dans la connivence océanique afin que le surf puisse renouer avec sa puissance de transformation de l’être-au-monde ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188402/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ludovic Falaix ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les fantasmes liés à l’imaginaire du surf transforment la pratique en compétition, contraignent les corps et reconduisent des stéréotypes de genre souvent caricaturaux.Ludovic Falaix, Maître de conférences, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1860592022-07-05T18:51:01Z2022-07-05T18:51:01ZDans une entreprise, des employés satisfaits rendent aussi les investisseurs heureux<p>Le volume des actifs sous gestion qui intègrent un élément d’investissement socialement responsable (<a href="https://theconversation.com/fr/topics/investissement-socialement-responsable-isr-61559">ISR</a>) a connu une croissance exponentielle au cours de la dernière décennie, dépassant aujourd’hui <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/marches-financiers-l-esg-en-attente-d-un-signal-clair-916127.html">35 000 milliards de dollars</a>, soit environ 40 % de tous les actifs gérés professionnellement.</p>
<p>Ces investissements sont motivés par des stratégies qui prennent en compte au moins une dimension liée aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (<a href="https://theconversation.com/fr/topics/esg-88758">ESG</a>) dans la sélection du portefeuille. La question de savoir si ces stratégies d’investissement sont plus performantes que les autres reste une source de débat entre les universitaires et les praticiens.</p>
<p>Dans notre récente <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/0015198X.2022.2074241">recherche</a>, publiée dans le <em>Financial Analysts Journal</em>, nous nous concentrons sur un aspect de la responsabilité sociale des entreprises : la satisfaction des employés. En utilisant quatre décennies de données, de 1984 à 2020, nous constatons qu’un portefeuille orienté vers les entreprises dont la satisfaction des employés est la plus élevée surperforme de 2 à 2,7 % par an par rapport à un portefeuille moyen.</p>
<h2>Une prime de satisfaction ?</h2>
<p>C’est ce que montre la figure ci-dessous, qui compare la performance d’un investissement initial de 1 000 dollars dans un portefeuille de référence par rapport à un autre orienté dans des entreprises des employés les plus satisfaits.</p>
<p>Pour construire ce dernier portefeuille, nous avons utilisé la liste des « 100 meilleures entreprises pour lesquelles travailler » établie par le <a href="https://www.greatplacetowork.fr">Great Place to Work Institute</a>, parmi lesquels figurent par exemple Hilton, Cisco, Dropbox ou encore Delta Air.</p>
<p>Nous constatons en outre que cette surperformance s’observe pendant la plupart des périodes, mais qu’elle est la plus élevée pendant les périodes économiques difficiles, comme la crise financière.</p>
<p>Ces résultats sont cohérents avec l’idée que la satisfaction des employés reste sous-évaluée par le marché boursier, bien qu’ils soient bénéfiques pour l’entreprise et ses actionnaires – en particulier dans les périodes de crise. En effet, rendre les employés heureux implique des politiques coûteuses à court terme mais rentables à long terme, ce qui n’est pas forcément l’horizon des investisseurs.</p>
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<p>Les prix sur le marché boursier n’intègrent donc pas pleinement ces avantages à horizon plus long. Cependant, nos résultats montrent bien qu’investir dans des sociétés dotées d’une excellente culture d’entreprise permet d’obtenir un rendement nettement supérieur lorsque les avantages finissent pas se concrétiser.</p>
<h2>Le « E » et le « G » plus que le « S »</h2>
<p>Compte tenu de la surperformance significative des entreprises dont la satisfaction des employés est élevée, les fonds pourraient ainsi exploiter davantage cette information. Il existe d’ailleurs au moins un fonds de ce type. Le fondateur de l’un des premiers fonds socialement responsables, Jerome Dodson, avait lancé en 2005 le Parnassus Workplace Fund (devenu ensuite le Parnassus Endeavor Fund), dont les principaux critères d’investissement sont les facteurs de qualité du lieu de travail. Selon <a href="https://www.morningstar.com/funds/xnas/parwx/quote">Morningstar</a>, la performance du fonds est classée, depuis son lancement, parmi les meilleures de tous les fonds de croissance à grande capitalisation.</p>
<p>Dans une <a href="https://www.fastcompany.com/3006150/proof-profits-americas-happiest-companies-also-fare-best-financially">interview</a> de 2013, Dodson explique la raison de la grande différence de performance de son fonds autour de la crise financière, par rapport au marché :</p>
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<p>« Lorsque vous avez une satisfaction sur le lieu de travail, les employés sont prêts à faire plus d’efforts pendant les périodes difficiles. Je pense que chaque organisation a ses hauts et ses bas, mais les bas ne sont pas aussi prononcés parce que tout le monde se serre les coudes pour essayer de traverser la crise. Et, bien sûr, cette performance constamment plus engagée se révèle inévitablement dans les résultats de l’entreprise. »</p>
</blockquote>
<p>Nos résultats apparaissent cohérents avec ces idées. Cependant, une question importante reste sans réponse : pourquoi la surperformance de cet investissement socialement responsable basé sur la satisfaction des employés persiste-t-elle dans le temps ? L’une des raisons pourrait être que la plupart des fonds et des investisseurs se sont concentrés sur un filtrage d’exclusion/négatif (par exemple, l’exclusion des compagnies pétrolières) plutôt qu’un filtrage positif ou meilleur de la catégorie.</p>
<h2>Prendre en compte les facteurs qualitatifs</h2>
<p>Une autre raison pourrait être que les fonds responsables se sont davantage concentrés sur les dimensions « E » (environnement) et « G » (gouvernance) de la responsabilité sociale plutôt que sur l’aspect « S » (social). Et au sein de la dimension S, les investisseurs ont peut-être ciblé des facteurs tels que le ratio de rémunération et la diversité (de genre) plutôt que le bonheur des employés. En outre, la plupart des approches de l’investissement ESG sont principalement basées sur des scores ESG et des facteurs facilement quantifiables. Ces approches ignorent donc des facteurs qualitatifs importants tels que l’équité, le respect, la fierté et la camaraderie qui sont utilisés pour mesurer la satisfaction des employés.</p>
<p>Bien sûr, si les acteurs du marché se rendent compte de la valeur d’employés heureux et que le marché boursier l’évalue correctement, la surperformance des lieux de travail exceptionnels pourrait diminuer ou disparaître à l’avenir. Étant donné que les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304405X11000869">premières preuves</a> de la surperformance des lieux de travail exceptionnels ont été documentées il y a déjà plus de dix ans et qu’elles n’ont pas encore disparu, on peut cependant penser qu’elles ne sont pas près de disparaître.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186059/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une étude récente montre qu’un portefeuille orienté dans les entreprises réputées pour la satisfaction de leurs équipes enregistre une performance supérieure de 2 % à 2,7 % par an.Hamid Boustanifar, Professor of Finance, EDHEC Business SchoolYoung Dae Kang, Chief Vice Chairman, Bank of Korea Labor Union, PhD in finance, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1840192022-06-17T16:51:04Z2022-06-17T16:51:04ZChampions sportifs : anticiper pour mieux performer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/469527/original/file-20220617-15-86f16f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le champion de F1 Max Verstappen, de l'écurie Red Bull, lors du Grand Prix de Montréal. L'anticipation est un facteur de performance en sport et peut être caractérisée par une rapidité et une justesse de réponses, et par des recherches visuelles spécifiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La capacité à anticiper l’action de son adversaire, lors de la pratique d’un sport, est un facteur déterminant de la performance.</p>
<p>On parle ici, par exemple, de l’interception d’un ballon (d’une balle ou d’un volant) ou de l’évitement d’un adversaire. Ces actions, qui découlent directement d’une anticipation, sont essentielles et caractéristiques des meilleurs sportifs. Ces derniers répondent ainsi plus rapidement et plus justement aux situations auxquelles ils font face.</p>
<p>Chercheure postdoctorale en sciences du sport au <a href="https://www.etsmtl.ca/laboratoires/lio">Laboratoire de recherche en imagerie et orthopédie</a> de l’ÉTS et à l’<a href="https://www.insquebec.org">Institut National du Sport du Québec</a>, mes recherches portent sur l’anticipation et la prise de décision en sport, en condition réelle et virtuelle.</p>
<h2>L’importance de l’anticipation en sport</h2>
<p>L’anticipation peut se définir comme un <a href="https://doi.org/10.1080/17461391.2014.957727">jugement de reconnaissance</a> d’une action effectuée par un adversaire avant que celle-ci ne soit réalisée. Ainsi, la difficulté à anticiper réside dans le fait, qu’à première vue, aucune information de mouvement ne nous permet de comprendre ce qu’il va se passer.</p>
<p>L’anticipation peut également se définir comme la capacité à intercepter un objet en mouvement en sport, en devinant à quel endroit et à quel moment l’objet va arriver. On parle alors d’<a href="https://doi.org/10.1097/OPX.0000000000001727">« anticipation-coïncidence »</a>. Cet objet peut être un ballon (une balle ou un volant), mais également le coup d’un adversaire.</p>
<p>Ces deux définitions peuvent être complémentaires et montrent l’ensemble des mécanismes nécessaires pour anticiper dans un contexte dynamique comme le sport : lecture de son environnement, prédiction des évènements et mise en action de son corps pour répondre aux évènements.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="2 hommes dans un combat de boxe" src="https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466950/original/file-20220603-20-urkh8b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’anticipation peut être déterminée par plusieurs aspects et est caractéristique de l’expertise.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Tous les sports n’ont pas l’anticipation comme un facteur déterminant de la performance. L’anticipation ne semble pas déterminante pour la pratique de la course ou du tir à l’arc, par exemple. L’intérêt de comprendre l’anticipation en sports collectifs, duels et de raquette est d’autant plus important puisque les environnements sont constamment modifiés et incertains avec la présence d’une pression temporelle (déplacement des joueurs partenaires/adversaires et du ballon/balle/volant).</p>
<h2>La mesure de l’anticipation</h2>
<p>Aborder la mesure de l’anticipation permet de comprendre les facteurs qui la définissent. Ce jugement implique plusieurs déterminants. Dans le cadre de ma <a href="http://www.theses.fr/s184039">thèse</a> au <a href="https://labos-recherche.insep.fr/fr/laboratoire-sport-expertise-et-performance">laboratoire Sport, Expertise, Performance de l’INSEP</a> à l’Université Paris Cité, j’ai relevé quatre déterminants majeurs de l’anticipation. Les <a href="https://doi.org/10.3389/fspor.2021.725625">mesures</a> ont été effectuées sur le terrain, afin d’être au plus proche de la réalité de la pratique, à partir de lunettes <em>eye-tracker</em> (suivi oculaire), pour enregistrer le mouvement des yeux, et d’un caméscope, pour enregistrer les actions motrices.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="4 hommes jouant au soccer" src="https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466984/original/file-20220603-20-lj121z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comment peut-on mesurer l’anticipation ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p><strong>Les comportements moteurs.</strong> L’anticipation est largement mesurée par les temps de réaction, c’est-à-dire le délai entre le début d’un évènement et le moment où vous réagissez à cet évènement. À ce temps de réaction, il est intéressant de considérer les comportements moteurs en réponse aux évènements. Par exemple, en sport de raquette, ces comportements peuvent être les reprises d’appui (sursaut où les deux pieds ne sont pas en contact avec le sol) puis les coups réalisés ; en sport de combat, ces comportements peuvent être l’évitement ou le coup réalisé en réponse à l’évènement. Ainsi, on lie l’anticipation à la performance réalisée.</p></li>
<li><p><strong>Les comportements visuels.</strong> L’anticipation est possible grâce à des processus visuels qui permettent de regarder son environnement et de prélever les informations jugées pertinentes par l’athlète. Ces informations peuvent concerner les adversaires, les partenaires ou l’objet à intercepter.</p></li>
<li><p><strong>L’attention visuelle.</strong> Elle permet de se concentrer sur un élément de son choix. Sans l’attention visuelle sur des éléments de son environnement, l’athlète ne pourrait pas prélever d’information lui permettant d’anticiper.</p></li>
<li><p><strong>Les informations sur le contexte.</strong> Ces informations font entre autres référence au score, à la position des joueurs sur le terrain et aux connaissances que l’athlète possède sur ses adversaires et sur le sport. Elles sont dynamiques, c’est-à-dire en continuel changement au cours d’un match ou d’un combat.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme en train de jouer au badminton" src="https://images.theconversation.com/files/469528/original/file-20220617-23-ma9rqf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/469528/original/file-20220617-23-ma9rqf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/469528/original/file-20220617-23-ma9rqf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/469528/original/file-20220617-23-ma9rqf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/469528/original/file-20220617-23-ma9rqf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/469528/original/file-20220617-23-ma9rqf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/469528/original/file-20220617-23-ma9rqf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les comportements moteurs et visuels font partie des quatre déterminants majeurs de l'anticipation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>L’anticipation des grands champions</h2>
<p>On entend souvent que les grands champions sont meilleurs pour anticiper. Parmi les déterminants expliqués précédemment, qu’est-ce qui caractérise les grands champions ?</p>
<ul>
<li><p><strong>Les comportements moteurs.</strong> Les athlètes sont capables de répondre plus rapidement et de manière plus juste à la situation rencontrée. Cependant, il a <a href="https://doi.org/10.1016/j.psychsport.2019.05.004">récemment</a> été mis en évidence que les athlètes pouvaient prendre plus de temps à répondre, ce qui leur permet de prendre davantage d’informations sur la situation. Ces différents comportements dépendent des situations rencontrées, notamment si elles sont spécifiques au domaine d’expertise de l’athlète ou non.</p></li>
<li><p><strong>Les comportements visuels.</strong> Les athlètes développent des stratégies visuelles, c’est-à-dire qu’ils regardent à des endroits particuliers dans leur environnement. Ces endroits, également appelés zones d’intérêt, sont spécifiques à chaque sport. Par exemple, en <a href="https://doi.org/10.5232/ricyde2019.05802">sport de combat</a>, les athlètes alternent de manière non homogène leur regard sur différentes parties du corps de leur adversaire.</p></li>
<li><p><strong>L’attention.</strong> Les athlètes sont capables d’utiliser leur vision périphérique à partir de <a href="https://doi.org/10.1080/1750984X.2019.1582082">points d’ancrage</a>, permettant notamment de diminuer les coups liés au déplacement du regard. Ils modulent cette attention au cours d’un match.</p></li>
<li><p><strong>Les informations sur le contexte.</strong> Par leur expérience en termes d’années, de temps et de conditions de pratique, les athlètes ont développé des connaissances sur leur sport, sur les situations rencontrées et sur leurs adversaires (par exemple, leurs coups favoris). Toutes ces connaissances permettent aux athlètes d’anticiper les comportements effectués par leurs adversaires.</p></li>
</ul>
<h2>L’impact de la fatigue sur l’anticipation</h2>
<p>Lors de la réalisation d’un match ou d’un combat, une certaine fatigue s’installe. Cette fatigue pourrait être un frein à l’anticipation. En effet, une trop grande fatigue peut perturber la lecture de l’environnement, la prédiction des évènements et la mise en action du corps.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="2 hommes jouant au hockey" src="https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466952/original/file-20220603-15-wbtb6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La réalisation d’un match ou d’un combat peut entraîner une fatigue pouvant modifier le jugement d’anticipation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>La littérature actuelle ne s’accorde pas sur les effets de la fatigue sur l’anticipation. D’une part, parce que la fatigue possède différentes définitions et, d’autre part, parce que les contextes de mesure sont très variés (laboratoire <em>versus</em> terrain, tâche spécifique <em>versus</em> tâche libre). Ainsi, la généralisation des résultats reste difficile. Globalement, la fatigue peut impacter l’anticipation par une <a href="https://doi.org/10.1080/02640414.2020.1855747">diminution des réponses justes</a> et une <a href="https://doi.org/10.1080/14763141.2016.1217347">augmentation des temps de réaction</a>.</p>
<p>L’anticipation est donc essentielle pour réussir en sport et implique différents déterminants. Les athlètes et l’équipe les entourant peuvent utiliser les déterminants de l’anticipation pour améliorer les performances en compétition.</p>
<p>Ainsi, l’anticipation pourrait être une clé pour obtenir une médaille lors des prochains Jeux olympiques à Paris en 2024.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184019/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mildred Loiseau Taupin a reçu des financements pour la réalisation de son postdoctorat par le programme Mitacs Accélération et par le programme Synergique de la Fédération québécoise de boxe olympique. </span></em></p>L’anticipation est un facteur à prendre en compte dans la réalisation des performances sportives en vue des prochaines grandes compétitions.Mildred Loiseau Taupin, Postdoctorante en sciences du sport, École de technologie supérieure (ÉTS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1833932022-05-26T18:58:18Z2022-05-26T18:58:18ZBonnes feuilles : « Addicts. Comprendre les nouvelles addictions et s’en libérer »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/465002/original/file-20220524-16-kadbp9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=116%2C3%2C1798%2C894&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans cette scène du film « Le Loup de Wall Street », le trader Mark Hanna (Matthew McConaughey) explique à Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio) que la cocaïne lui permet d’être plus affuté et plus rapide.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.allocine.fr/film/fichefilm-127524/photos/detail/?cmediafile=21061129">« Le Loup de Wall Street », de Martin Scorcese / Metropolitan FilmExport</a></span></figcaption></figure><p><em>La consommation de cocaïne est en hausse depuis les années 1990. Ce psychostimulant est particulièrement prisé dans certains secteurs d’activité, où il est vu considéré par certains salariés comme un moyen de « doper » ses performances. Avec quelles conséquences ? Médecin psychiatre dans le service d’addictologie de l’hôpital Saint Antoine (AP-HP), à Paris, le Dr Jean-Victor Blanc répond à cette question dans son nouvel ouvrage « Addicts : comprendre les nouvelles addictions et s’en libérer », aux éditions Arkhé. En voici un extrait.</em></p>
<hr>
<h2>Se droguer plus pour travailler plus</h2>
<blockquote>
<p>« – Vous pouvez vous défoncer en journée et rester opérationnel ?<br>
– Comment faire autrement ? Cocaïne et putes, mon ami […]. Deuxième clé du succès dans ce trafic : ce bébé. La cocaïne. Ça booste entre les oreilles. On numérote plus vite. Et devine quoi ? C’est bon pour moi tout ça. »</p>
</blockquote>
<p>Dans <a href="https://www.youtube.com/watch?v=GT9UfSqBz9o"><em>Le Loup de Wall Street</em></a>, de Martin Scorsese, Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio) va appliquer scrupuleusement le conseil inaugural de son supérieur. Le film, inspiré d’une histoire vraie, suit la grandeur et la décadence d’un trader dans les années 1980. Le milieu de la finance y est mis en scène, dans un cocktail de masculinité toxique (concours de jetés de nains inclus) et de cocaïne. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=y0CVT5fmFZs">On sniffe la poudre blanche</a> pour se divertir, faire l’amour, travailler et supporter tout ça à une cadence infernale. Jordan mélange coke, alcool et médicaments détournés de leur usage. Il navigue dans un état second, au gré de ses arnaques et autres malversations financières, jusqu’au naufrage qui le laisse ruiné.</p>
<p>Le milieu du travail peut favoriser la consommation de drogues, de manière plus ou moins volontaire et fréquente. Ce qui paraît étonnant, dans cet univers, c’est l’usage « professionnel » que les courtiers font de cette substance, proche du dopage. « Tout le monde en prend pour tenir le rythme, sans ça je vais me laisser distancer » m’expliquait angoissée cette patiente qui débutait dans un prestigieux cabinet de conseil.</p>
<h2>L’usage de psychotropes au travail est contre-productif</h2>
<p>La drogue qui donnerait des ailes aux travailleurs est une idée reçue répandue, c’est ce qu’énonce d’ailleurs le N+1 de Jordan. C’est en réalité l’inverse qui advient. L’usage de substances au travail diminue la productivité, favorise l’absentéisme et les risques d’accidents. Et, dans un <em>material world</em>, on sait que cela coûte des centaines de milliards d’euros chaque année dans le monde. 16 milliards de dollars <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31792845/">partent ainsi annuellement en fumée</a> à cause de la baisse de productivité liée au <em>pot</em> (<em>cannabis, ndlr</em>) et autres drogues au Canada.</p>
<p>Il n’y a pas que les cols blancs et les mannequins qui font usage de stupéfiants pour travailler, bien au contraire. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16834510/">Aux États-Unis, 10 % des femmes et 30 % des hommes de moins de 30 ans ont déjà pris de la drogue sur leur lieu de travail</a> dans l’hôtellerie-restauration, la construction, les médias et les arts et spectacles. On manque de données précises sur le sujet en France, mais rien n’indique que la situation y soit très différente.</p>
<p>Plusieurs raisons expliquent la fréquence de cet usage dans certains secteurs. Pour les métiers physiques, les substances sont un moyen de tenir sur le court terme. La surcharge de travail, l’insécurité de l’emploi, la pénibilité, les horaires irréguliers et décalés sont autant de facteurs associés à la consommation sur le lieu du travail. Sont ainsi concernés 20 % des employés dans le secteur de l’hôtellerie/restauration et du bâtiment, la substance la plus consommée restant l’alcool.</p>
<p>Mais les stupéfiants n’ont évidemment rien de la potion magique qui permet aux ouvriers de finir le palais de Numérobis en un temps record dans Astérix et Cléopâtre. L’usage de l’alcool sur les chantiers est au contraire à l’origine de nombreux accidents. Il est pourtant <a href="https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxcpva.pdf#page=4">souvent sous-déclaré dans les enquêtes</a>, ce silence témoigne de la difficulté à aborder le sujet. Ces tabous ne profitent à personne et, pour les employés ayant un problème d’addiction, c’est la double peine.</p>
<p>Car, s’il est parfois permissif vis-à-vis de la consommation en elle-même, le monde du travail n’est pas tendre avec les collaborateurs dont le trouble se répercute sur la productivité. Dans la série « Succession », Kendall Roy (Jeremy Strong) est considéré comme peu fiable par les pontes du conglomérat familial. Tout fils de milliardaire qu’il soit, son problème avec la cocaïne semble le discréditer dans son projet d’occuper la tête tant convoitée de la compagnie.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ja94XSFlXTo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Se droguer pour travailler plus est toléré, mais les problèmes qui vont de pair avec la consommation sont, eux, priés de rester sur le seuil de l’entreprise. Ces injonctions contradictoires dictent des attitudes intenables et renforcent le mal-être des travailleurs souffrants d’addiction.</p>
<p>[…]</p>
<h2>Enjoy Cocaïna</h2>
<p>Ce puissant psychostimulant a vu sa popularité grimper en flèche depuis la chute des prix dans les années 1990. C’est aujourd’hui le deuxième produit illicite le plus consommé en France après le cannabis 89. La poudre blanche procure une sensation d’acuité intellectuelle, d’euphorie et d’indifférence à la fatigue. Le revers de la médaille, c’est la descente, une tristesse, une anxiété, une violente mésestime de soi et une profonde irritabilité lorsque les effets stimulants s’estompent. Cette séquence <em>up and down</em> peut induire une dépendance psychique, car la cocaïne suscite un fort effet de <em>craving</em> (<em>envie irrésistible de consommer, ndlr</em>).</p>
<p>Lorsqu’elle est consommée sous forme de crack, les effets sont encore plus intenses, rapides, mais aussi fugaces. Ce mode de consommation entraîne un rapprochement des prises, avec des conséquences dramatiques. Ces effets ont été fustigés, en connaissance de cause, par Keith Haring dans son œuvre Crack is Wack (« le crack c’est nul »). La formule fut reprise en interview par Whitney Houston quelques années plus tard. Elle semblait alors davantage vexée qu’on la suspecte de consommer un produit à l’image « cheap » que de consommer tout court. C’est dire si « l’épidémie du crack » a durablement marqué les esprits dans la communauté afro-américaine.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/464053/original/file-20220518-16-5reprg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/464053/original/file-20220518-16-5reprg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/464053/original/file-20220518-16-5reprg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/464053/original/file-20220518-16-5reprg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/464053/original/file-20220518-16-5reprg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/464053/original/file-20220518-16-5reprg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/464053/original/file-20220518-16-5reprg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La fresque de Keith Harring, « Crack is Wack ».</span>
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<p>Le magnifique film Moonlight met en scène ses ravages à travers l’histoire de Chiron dont la mère est dépendante du crack. Aujourd’hui, ce produit reste associé en France à une grande précarité, visible au quotidien dans les rues du quartier de Stalingrad à Paris. Le fait qu’il s’agisse de cocaïne de mauvaise qualité est souvent méconnu et l’idée (fausse) qu’on ne développe pas d’addiction à la cocaïne est encore très répandue.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/crack-que-faut-il-savoir-sur-cette-drogue-169338">« Crack » : que faut-il savoir sur cette drogue ?</a>
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<p>Les risques de la consommation pour la santé physique sont cardiologiques (infarctus cardiaques), neurologiques (accidents vasculaires cérébraux) et esthétique, la cloison nasale étant endommagée lors de la prise. La cocaïne peut aussi induire des épisodes délirants et des troubles du comportement parfois violents.</p>
<p>Lorsque les montagnes russes liées au stress professionnel se télescopent avec les fluctuations mentales provoquées par les psychotropes, le cocktail est dévastateur. Dans le film Netflix « Le Beau Rôle », Drew Barrymore interprète Candy Black, une actrice très populaire, qui déteste les comédies abêtissantes dans lesquelles elle joue. La star sniffe des quantités massives de cocaïne pour s’anesthésier l’esprit. Dans un état de fureur cocaïnique, elle se donne un jour tristement en spectacle en s’en prenant à sa partenaire de jeu. La scène est filmée à son insu et aussitôt diffusée sur les réseaux sociaux.</p>
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<p>Ce profil fort peu flatteur jeté en pâture au public qui l’adule pour ses rôles comiques, signe sa mort médiatique. C’est alors que sa doublure, Paula, lui propose de prendre sa place, tout d’abord en cure de désintoxication, puis dans sa vie publique. Paula y prend un plaisir fou, elle qui appelle de tous ses vœux la célébrité honnie par Candy Black.</p>
<p>Au-delà de la peinture des ravages de la cocaïne et de l’alcool dans le milieu du cinéma, l’un des principaux intérêts du film est d’être produit et interprété par Drew Barrymore. Son charme et son humour n’occultent en rien la vision cynique qui est donnée de l’industrie du divertissement, faisant peu cas de la santé mentale. L’actrice a d’ailleurs raconté combien, en lien avec son histoire personnelle, elle avait mis d’elle-même dans ce rôle.</p>
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<h2>Vers une nouvelle éthique du travail</h2>
<p>Au-delà des aspects liés à la pénibilité du travail, l’attitude de l’environnement professionnel vis-à-vis des produits va peser sur la consommation. Comme pour Jordan Belfort, la consommation peut être perçue comme un moyen d’identification dans l’entreprise. Si un N + 1 ou N + 2 incite à consommer, cela peut être perçu comme corporate de l’imiter. Les plus jeunes, ou les derniers arrivés, sont alors priés de suivre ces role models en acceptant ce qu’on leur propose.</p>
<p>Ceci est d’autant plus vrai lorsque l’environnement est compétitif, comme celui de la série « Industry ». On y suit l’arrivée de jeunes stagiaires aux dents longues dans le monde impitoyable de la finance londonienne. Tous les coups sont permis, et les impétrants sont soumis au harcèlement et aux discriminations, le tout bien arrosé d’alcool et de drogues.</p>
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<p>Une culture d’entreprise valorisant les substances peut pousser les plus jeunes à la consommation et aggraver la vulnérabilité des plus fragiles. Comme dans la banque d’investissement d’Industry, c’est souvent le reflet d’une ambiance de travail toxique, pour tous les employés. Un environnement professionnel permissif vis-à-vis des drogues est vécu comme moins sûr, plus stressant et provoquant davantage de souffrance morale, même pour les abstinents.</p>
<p>Une amélioration globale des conditions de travail dans les secteurs les plus touchés permettrait de diminuer la consommation de produits. Il est révoltant qu’il soit indispensable de prendre des substances pour supporter des conditions de travail délétères. L’information et l’éducation des collaborateurs sur leur santé est donc primordiale. Pour les manageurs, repérer des signes de vulnérabilités et savoir comment réagir sans moraliser ni banaliser est aujourd’hui indispensable.</p>
<p>[…]</p>
<p><strong>LES RED FLAGS</strong> <em>(signaux d’alerte, ndlr)</em><strong> :</strong></p>
<ul>
<li><p>Avez-vous déjà consommé une substance psychoactive avant ou pendant votre journée de travail ?</p></li>
<li><p>Étiez-vous seul ?</p></li>
<li><p>Avez-vous déjà eu un problème (accident, trouble du comportement, absentéisme) sur votre lieu de travail en rapport avec la consommation de substances psychoactives ?</p></li>
<li><p>Avez-vous déjà été absent au travail parce que vous aviez trop consommé ?</p></li>
<li><p>Avez-vous déjà ressenti un besoin violent et irrépressible de prendre une substance pendant une journée de travail à la suite d’une contrariété ?</p></li>
</ul>
<h2>Le cas de Giacomo</h2>
<p>Giacomo est serveur dans un établissement huppé de la capitale. Lors de notre première consultation, il m’a raconté quel était son menu quotidien dans le « monde d’avant » : cocaïne en début de service pour être en forme, verres avec collègues et les habitués pendant le service et cannabis seul chez lui pour faire redescendre la pression. Après 10 ans de ce régime, il est exténué. C’est suite au premier confinement qu’il fait la démarche de consulter. Les habitudes qu’il avait prises et la dépendance qui en résultait ne pouvaient alors plus se fondre dans le décor branché du milieu dans lequel il travaillait. Il se retrouve seul dans son appartement parisien, sans excuse du type « coup de feu en cuisines ».</p>
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<img alt="Couverture de l’ouvrage « Addicts : comprendre les nouvelles addictions et s’en libérer », de Jean-Victor Blanc, aux éditions Arkhé" src="https://images.theconversation.com/files/464058/original/file-20220518-3314-1wssqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/464058/original/file-20220518-3314-1wssqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=869&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/464058/original/file-20220518-3314-1wssqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=869&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/464058/original/file-20220518-3314-1wssqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=869&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/464058/original/file-20220518-3314-1wssqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1093&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/464058/original/file-20220518-3314-1wssqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1093&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/464058/original/file-20220518-3314-1wssqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1093&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>Nous avons alors établi une cartographie de ses consommations : les produits, les fréquences, et un classement en fonction de ceux qui posaient le plus de problèmes. Au chômage partiel, Giacomo prenait de la cocaïne le matin pour se « donner de la force », puis buvait de la bière tout au long de la journée pour se détendre et « ne pas penser à ses soucis ». Cette période de mise à l’arrêt forcée, propice à l’introspection, est particulièrement difficile pour lui, qui vivait auparavant dans un tourbillon de travail, de fêtes et de voyages.</p>
<p>L’enjeu du suivi est de progressivement arrêter la cocaïne et de diminuer l’alcool. Ceci fait, son amélioration psychique lui permet désormais d’envisager la suite de sa vie professionnelle. Il prend conscience qu’évoluer de nouveau dans la restauration, où les produits circulent beaucoup, peut poser problème. Il ne supporte plus ce stress, et ne veut plus se détruire la santé en consommant. Il s’engage actuellement dans une reconversion professionnelle dans le secteur de la santé, ce qui est courageux de sa part. Au-delà des efforts phénoménaux d’un patient pour ne pas consommer, des réaménagements supplémentaires sont parfois nécessaires à son rétablissement. Se réinventer ainsi est très exigeant, et me rend particulièrement admiratif.</p>
<hr>
<p><em><strong>Pour en savoir plus :</strong></em><br></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512285/original/file-20230225-1996-vykri1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512285/original/file-20230225-1996-vykri1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512285/original/file-20230225-1996-vykri1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512285/original/file-20230225-1996-vykri1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512285/original/file-20230225-1996-vykri1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512285/original/file-20230225-1996-vykri1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512285/original/file-20230225-1996-vykri1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>● Blanc, JV. (2022) « Addicts : comprendre les nouvelles addictions et s’en libérer », collection Vox, éditions Arkhé ;<br>
● Blanc, JV. (2021) « Pop & psy : comment la pop culture nous aide à comprendre les troubles psychiques », éditions PLON ;<br>
● Cycle de conférences dans les <a href="https://www.mk2.com/evenements/7895-culture-pop-psychiatrie">cinéma Mk2 Beaubourg tous les mois</a> et <a href="https://www.lebrady.fr/">ciné club mensuel au Brady</a>._</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183393/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Victor Blanc est membre du conseil scientifique de la start up Kwit. </span></em></p>Dans l’imagerie populaire, la cocaïne est associée à la notion d’augmentation des performances, non seulement festives, mais aussi professionnelles. Mais la réalité est beaucoup moins reluisante.Jean-Victor Blanc, Psychiatre, praticien hospitalier, chargé de cours en faculté de médecine, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1748542022-02-25T14:38:46Z2022-02-25T14:38:46ZComment garder les employés performants tout en optimisant leur bien-être psychologique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/442996/original/file-20220127-6424-3fs6v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C4%2C986%2C616&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le contexte pandémique actuel, la santé psychologique a davantage été mise de l'avant au sein des organisations.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La pandémie de la Covid-19 a entraîné beaucoup de stress, de fatigue et de précarité chez les employés. Il est important pour les gestionnaires de ne pas négliger l’influence que leurs comportements et leurs attitudes ont sur leur équipe. Des employés motivés, performants, mais surtout, en santé, tant mentalement que physiquement, sont indispensables afin d’atteindre un succès organisationnel optimal.</p>
<p>La santé psychologique et le fonctionnement optimal sont facilités dans un contexte où <a href="https://doi.org/10.1207/S15327965PLI1104_01">l’on perçoit exercer du contrôle sur nos actions, où l’on se sent compétent et connecté aux autres</a>. Par exemple, il va de soi que l’on se sent davantage motivé lorsque l’on choisit de prendre en charge un contrat dans lequel on se sent efficace et supporté par nos collègues.</p>
<p>En effet, les employés travaillant dans un milieu comblant ces trois besoins démontrent davantage d’émotions positives, de satisfaction au travail et de bien-être ainsi que moins de détresse psychologique. Ces employés sont également plus <a href="https://doi.org/10.1007/s11031-018-9698-y">engagés et motivés</a>, ce qui les amène à performer davantage et à augmenter l’efficacité organisationnelle.</p>
<p>Or, certaines questions persistent : comment un gestionnaire peut-il être un levier de développement optimal pour ses employés ? Comment peut-il optimiser leur performance au travail sans négliger leur santé psychologique ?</p>
<p>Doctorante en psychologie du travail et des organisations, je m’intéresse aux comportements managériaux que les gestionnaires peuvent adopter afin de garder leur équipe tant motivée que performante. Les constats que j’en tire proviennent d’une <a href="https://doi.org/10.1111/j.1468-2419.2009.00325.x">étude publiée en 2009</a> dans laquelle des gestionnaires d’entreprises américaines faisant partie du <a href="https://fortune.com/fortune500/2009/"><em>Fortune 500</em></a> ont suivi une formation leur permettant d’adopter un style de gestion soutenant l’autonomie de leurs employés. Lesdits employés ont également été sondés pour mesurer l’effet de ce type de gestion sur leur motivation et leur engagement au travail.</p>
<h2>Combiner le travail avec les intérêts des employés</h2>
<p>Tout d’abord, il est important de prendre connaissance des intérêts et compétences des employés et de coordonner les tâches organisationnelles en les gardant en tête. En d’autres termes, le gestionnaire doit tenter de <em>joindre l’utile à l’agréable</em>. Par exemple, si un employé se dit bon orateur et exprime aimer parler en public, il serait pertinent d’exploiter cette force en lui octroyant des tâches qui lui permettent de communiquer avec les médias, les clients, les fournisseurs ou même les autres secteurs de l’organisation.</p>
<p>De plus, il est bénéfique de maximiser les opportunités des employés de manière à ce qu’ils puissent prendre des décisions et résoudre des problématiques dans des projets stimulants. De façon générale, plus un individu maîtrise son travail et peut exercer un contrôle sur l’exécution de ses tâches, plus il est épanoui, motivé et performant.</p>
<p>Enfin, reconnaître et féliciter les initiatives et contributions des employés et leur offrir des opportunités de nouveaux défis sont généralement des sources de motivation plus efficaces qu’offrir des bonus ou autres récompenses. Laquelle des options suivantes paraît la plus motivante ? Un bonus de 5 000 $ à la fin d’une année où ses tâches étaient répétitives et peu stimulantes, ou de nouveaux projets mensuels qui concordent à la fois avec ses expertises et ses intérêts ?</p>
<h2>Adopter un style de communication informationnel</h2>
<p>Une autre manière de soutenir le bien-être et la performance de vos employés est d’adopter un langage informationnel. Il s’agit de communiquer avec l’employé en l’informant sur la justesse et les conséquences de ses comportements ou de ses perspectives. Il est important de demeurer flexible et ouvert d’esprit en s’engageant avec l’employé. De plus, encourager ce type de communication entre les employés est nécessaire, puisque les relations et le soutien perçu entre collègues influencent également le bien-être et la performance d’un individu. Effectivement, les rapports entre collègues doivent être tout autant valorisés que les rapports « gestionnaires-employés ».</p>
<p>L’adoption d’un langage informationnel est utile pour discuter des attentes, procédures et nouveaux objectifs, mais elle est particulièrement essentielle au moment de répondre aux problématiques ou aux performances réduites des employés. Effectivement, il est beaucoup plus bénéfique de solutionner les mauvaises performances que de les critiquer. Par exemple, discuter ouvertement avec un employé de ses performances en élaborant avec lui des pistes de solutions est plus efficace que de lui demander de <em>travailler plus fort la prochaine fois</em>. Cette méthode permet à l’employé de conserver ses sentiments de compétence et d’autonomie.</p>
<h2>Justifier les demandes organisationnelles</h2>
<p>Malgré le fait qu’un individu choisisse généralement son emploi en fonction de ses champs d’intérêt et ses compétences, il importe de demeurer réaliste et d’accepter que ce ne soient pas toutes les tâches organisationnelles qui le stimuleront. Ces tâches restent toutefois essentielles à l’efficacité de l’organisation et doivent être accomplies. Pour cette raison, il est important d’expliquer aux employés l’importance et la valeur de chaque tâche, particulièrement les moins stimulantes.</p>
<p>En prenant conscience de la pertinence d’une tâche, l'employé sera davantage motivé à contribuer au succès organisationnel. Il faut également reconnaître l’ennui ou le manque de stimulation lié à ces tâches et s’assurer de les équilibrer dans les agendas de chaque membre de l’équipe afin d’accorder suffisamment de temps aux tâches plus intéressantes.</p>
<h2>Reconnaître et accepter les émotions négatives</h2>
<p>Faisant face à des tâches moins stimulantes ou à des problèmes organisationnels occasionnels, il est tout à fait normal que les employés puissent ressentir un manque de motivation ou des émotions négatives à certains moments. Les gestionnaires doivent écouter, accepter et valider leurs réactions. Il importe d'user d'empathie.</p>
<p>Il est difficile d’avoir une synergie parfaite entre les demandes organisationnelles et les préférences de <em>chaque</em> employé. Ainsi, il est normal que certains se plaignent ou résistent au changement. Plutôt que de demander aux employés de faire fi de leurs insatisfactions et de continuer à travailler, il est davantage bénéfique de discuter ouvertement avec eux afin de déterminer s’ils ont des suggestions pour améliorer la situation ou s’ils ont besoin de ressources additionnelles. En reconnaissant et en acceptant leurs émotions négatives, le gestionnaire peut diminuer les tensions et augmenter la productivité.</p>
<p>Étant donnée l'évolution de l'ère pandémique, il est fort probable que la prochaine année réserve plusieurs surprises et revirements de situation au sein des organisations québécoises. La fatigue et le manque de motivation des employés se feront certainement ressentir, si ce n'est pas déjà le cas. Le gestionnaire n'a aucun contrôle sur le virus. Toutefois, il a le pouvoir de devenir un levier de développement optimal pour ses employés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174854/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Jauvin a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec - Société et Culture. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jacques Forest ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pandémie affecte la motivation et la santé psychologique des travailleurs. Heureusement, les gestionnaires peuvent servir de levier de développement pour leurs employés.Florence Jauvin, Doctorante en psychologie du travail et des organisations, Université du Québec à Montréal (UQAM)Jacques Forest, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1767292022-02-10T14:42:55Z2022-02-10T14:42:55ZVoici comment les athlètes utilisent le stress de manière bénéfique, et comment vous pouvez vous en inspirer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/445127/original/file-20220208-13-1k6g07i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=67%2C0%2C7479%2C4971&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les athlètes qui considèrent les situations stressantes comme un défi ont une meilleure santé mentale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Alessandra Tarantino)</span></span></figcaption></figure><p>Qui ne veut pas réduire son stress ? Après tout, ses effets sur la santé physique et mentale ne sont plus à démontrer. Or, les recherches actuelles attestent que l’on peut mieux gérer son stress en altérant la façon dont le perçoit. Le cas des athlètes, en particulier, nous enseigne qu’il est possible d’accroître son bien-être physique et mental, et même de s’épanouir dans des situations stressantes.</p>
<p>La façon dont un individu envisage le stress est généralement une affaire d’attitude ou de mentalité. Certaines personnes le considèrent comme une chose négative à éviter complètement. Ceux qui le perçoivent positivement lui trouvent des effets bénéfiques sur leur santé, leur travail et leurs résultats.</p>
<p>Selon des études américaines et australiennes, les personnes qui considèrent le <a href="https://psycnet.apa.org/record/2013-06053-001">stress comme bénéfique</a> sont plus productives au travail, ont une meilleure santé mentale et obtiennent de meilleurs résultats scolaires. Ces individus auront tendance à percevoir les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4792825/">tâches difficiles</a> comme un défi plutôt que comme une menace.</p>
<p>Mais jusqu’à présent, on avait peu étudié cette attitude chez les athlètes, qui sont pourtant confrontés au stress quotidiennement dans des situations qu’ils ne contrôlent pas — face aux médias ou en compétition. Notre équipe a donc cherché à savoir comment leur idée du stress affecte leur santé mentale.</p>
<p>Nous avons recueilli des données dans plusieurs pays auprès de plus de 400 athlètes pratiquant divers sports à tous les niveaux. À l’aide de questionnaires, nous avons évalué leur attitude face au stress et leur santé mentale. Nous avons ensuite analysé la relation entre les deux, en tenant compte de l’âge, du sexe et du niveau compétitif.</p>
<p>Nous avons constaté que les athlètes qui considèrent le stress comme <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1469029221001382">positif ou amélioratif</a> étaient plus susceptibles de considérer les situations stressantes comme un défi. En moyenne, ils présentaient également une meilleure santé mentale, avec notamment plus d’énergie et moins de symptômes dépressifs.</p>
<p>Cela dit, il est important de ne pas dépeindre le stress comme <a href="https://doi.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Femo0000678">étant uniquement</a> positif : le stress chronique est lié à toute une série de problèmes de santé. Néanmoins, les athlètes qui sont amenés à penser qu’il est possible de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2019.02962/full">répondre de manière utile</a> à un stress aigu sont plus susceptibles de voir leurs performances et leur santé mentale s’améliorer. Par exemple, un athlète qui perçoit les bénéfices du stress de la compétition sera plus concentré et motivé pour la réussite.</p>
<h2>L’attitude face au stress</h2>
<p>Bien sûr, les athlètes ne sont pas tout à fait comme vous et moi. Mais les gens ordinaires peuvent tout de même apprendre à modifier leur propre attitude face au stress afin d’améliorer leur santé mentale.</p>
<p>Diverses études montrent qu’il est possible d’induire un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10615806.2016.1275585">changement de mentalité</a> simplement à l’aide de vidéos expliquant la mécanique du stress et ses effets positifs. Selon certaines études, les personnes ayant visionné de telles vidéos <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10615806.2016.1275585">performent mieux</a> durant des entrevues d’embauche fictives en étant plus concentrées.</p>
<p><a href="https://doi.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Femo0000678">Une autre étude</a> a également montré qu’il est possible d’améliorer son bien-être et ses résultats scolaires du simple fait de considérer sa réponse au stress de manière positive (plutôt que négative) — par exemple, en percevant ses crampes au ventre comme étant le signe que l’on est excité plutôt que stressé.</p>
<p>La meilleure façon de s’y exercer consiste à visualiser la situation stressante et la façon d’y répondre — exactement comme le ferait un athlète.</p>
<p>Par exemple, imaginez-vous sur le point de faire une présentation au travail. Il faut d’abord accepter les manifestations normales du trac, comme l’accélération du rythme cardiaque. Par la suite, il s’agit de reconnaître que cette réaction physiologique sert à vous concentrer et à augmenter votre énergie.</p>
<p>La visualisation vous permet donc de faire le choix de considérer le stress comme utile afin d’employer les réactions physiologiques normales pour atteindre votre plein potentiel sous la pression. Réinterpréter ainsi le stress peut sembler difficile au début, mais cela s’apprend et se pratique — comme le font les athlètes couramment, mais aussi les artistes de scène.</p>
<p>En acceptant et en embrassant les aspects positifs du stress, il est possible d’améliorer notre santé mentale, nos performances et notre productivité. Si stress et détresse riment, faisons-en des antonymes plutôt que des synonymes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176729/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Paul Mansell ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La façon dont on envisage le stress est une affaire d’attitude. Certains veulent l’éviter complètement. D’autres lui trouvent des effets bénéfiques sur leur santé, leur travail et leurs résultats.Paul Mansell, PhD Candidate, Stress in Sport, University of BirminghamLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1703392021-11-01T18:27:22Z2021-11-01T18:27:22ZBonnes feuilles : « L’art de la performance »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/427819/original/file-20211021-17-19mvuwq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1536&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le chef Alain Ducasse doit ses étoiles à son talent, mais aussi à des pratiques qui peuvent inspirer chacun d’entre nous.
</span> <span class="attribution"><span class="source">kattebelletje / FlickR</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’Art de la performance, <em>publié par Jérôme Brisebourg, Christophe Hannezo et Thierry Picq aux éditions Dunod, souhaite vous faire plonger dans divers univers de haute performance. Les auteurs partent à la rencontre de l’ex-leader de la patrouille de France Bertrand Nivard, s’adressent à des virtuoses, cuisiniers étoilés, chefs d’orchestre, sportif de haut niveau à l’instar du basketteur Tony Parker ou de l’athlète handisport multimédaillée olympique Amélie le Fur…</em></p>
<p><em>Nombreux sont ceux qui ont bien voulu livrer leurs pratiques d’excellence. Elles semblent riches d’inspirations et d’enseignements pour des organisations plus ordinaires confrontées à des impératifs de performance. L’ouvrage ambitionne aussi de permettre à chacun de trouver dans ces témoignages exceptionnels des clés de réflexion et d’action dans sa vie personnelle. Nous vous en proposons quelques bonnes feuilles, à thématique culinaire.</em></p>
<hr>
<p>Lundi matin, 9 h 30. La réunion de cadrage commercial dans cette grande entreprise de distribution de matériel industriel commence juste. Jean, le directeur commercial, a réuni son équipe pour faire le point sur l’activité. Les résultats sont décevants. « Vous ratez beaucoup trop d’affaires ! », lance-t-il à froid sur un ton sec.</p>
<p>Dans les jours qui ont suivi, chaque commercial s’est exécuté et a rappelé méthodiquement chacun de ses interlocuteurs. Ces derniers, plutôt gênés de se justifier, ont souvent évoqué les raisons suivantes : « trop chers », « solutions proposées pas suffisamment pertinentes », « concurrents mieux placés ».</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=824&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=824&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=824&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1035&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1035&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427821/original/file-20211021-17-103d8ln.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1035&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p>Comme il arrive souvent dans les organisations commerciales, certains collaborateurs, découragés, ont fini par partir et le directeur commercial a été finalement remplacé. Son successeur, ancien sportif de haut niveau, a proposé une autre approche : « Vous avez déjà réussi un certain nombre de ventes. Je vous propose d’aller questionner vos clients, ceux qui vous ont choisis, pour savoir ce qui a motivé leur choix. Peut-être que ça nous permettra d’identifier deux ou trois points qu’il faudra mettre en œuvre pour conquérir de nouveaux clients… »</p>
<p>Les commerciaux, se sentant plus à l’aise avec la démarche, ont sondé leurs clients. Les retours étaient très positifs, les interlocuteurs se sont largement ouverts. Forts de ces constats, plutôt source de confiance, les commerciaux ont cherché à systématiser leurs bonnes pratiques et les ventes ont décollé !</p>
<p>Quels enseignements peut-on tirer de cette situation, somme toute assez fréquente dans les entreprises ? Il fallait juste qu’ils comprennent que savoir identifier les bonnes pratiques pour les reproduire est bien plus efficace que de concentrer son attention et énergie sur les dysfonctionnements et les points faibles.</p>
<p>Ce principe, simple dans sa formulation mais souvent oublié dans les entreprises, est pourtant intégré depuis longtemps chez certaines populations qui font de la confiance un moteur de leur action : les sportifs de haut niveau, les explorateurs ou tous ceux qui sont confrontés à des situations extrêmes ou nécessitant des performances hors normes. Et pourquoi ne pas aller chercher d’autres enseignements de ce type auprès de ces populations ?</p>
<p>Quand on observe avec quelle vitesse et précision Kilian Mbappé dribble ses adversaires, comment Mike Horn enchaîne les projets les plus extrêmes, comment le quatuor Amadeus parvient à dégager autant d’harmonie et d’émotion, comment Alain Ducasse invente de nouveaux plats… on est ébloui, voire on se sent un peu démuni devant tant de virtuosité.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=753&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=753&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=753&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=947&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=947&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427814/original/file-20211021-19-1ryp3dc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=947&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’ancien basketteur Tony Parker, devenu multi-entrepreneur a signé la préface de l’ouvrage avec Denis Mercier qui s’est lui aussi reconverti en dirigeant d’entreprise après avoir été pilote de chasse et chef d’état major de l’armée de l’air.</span>
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<p>On se doute bien qu’ils ont aussi beaucoup travaillé pour arriver à une telle maîtrise de leur discipline. Mais au-delà de ces compétences innées et acquises, et de leurs traits de caractère, comment font les meilleurs ? Que font-ils au quotidien pour exploiter tout leur talent ? Nous avons voulu en savoir plus et, depuis quelques années, nous avons eu la chance de pouvoir les rencontrer de façon régulière, dans le cadre de nos activités.</p>
<p>Plutôt que de nous appuyer sur des études conceptuelles, nous avons préféré interroger directement les virtuoses qui nous paraissaient les plus performants dans leur milieu. Pris individuellement, nous avons collecté leurs secrets – très concrets – et nous avons voulu vous les faire découvrir, et vous inspirer pour les mettre en œuvre dans votre quotidien professionnel et personnel.</p>
<p>Chacune des personnes rencontrées nous a impressionnés par sa parfaite connaissance de soi. Les virtuoses ne se reposent pas sur leur supposé talent, ne font pas les choses au feeling, mais mettent en place des actions très concrètes, quotidiennes, pour exploiter tout leur potentiel.</p>
<p>Six univers sont abordés au travers de six chapitres. Cet article se concentre sur l’un d’entre eux : la Grande Cuisine.</p>
<h2>Les pratiques de haute performance de la gastronomie</h2>
<p><strong>Pratique #1 : Entretenir la motivation et la passion</strong></p>
<p>Guy Martin est un fan absolu des Rolling Stones. Adolescent, il rêvait de devenir musicien, guitariste plus particulièrement, pour « imiter » ses idoles. Heureusement pour les fins gourmets, il se rendit à l’évidence, il n’avait pas le talent de Keith Richards.</p>
<blockquote>
<p>« J’étais jeune et je voulais travailler »</p>
</blockquote>
<p>Il commença donc son voyage dans l’univers de la restauration en tant que pizzaiolo. En parallèle, tous les soirs, il s’essayait à réaliser une recette du livre d’Ali Bab, <em>Gastronomie pratique</em>, en suivant l’ordre alphabétique. À l’instar de Guy Martin, la grande majorité des chefs ont commencé leur relation « d’amour » avec la gastronomie en se centrant sur l’acquisition de bases techniques.</p>
<p>Ils répètent leurs gammes encore et encore, que ce soit dans le cadre de leur formation initiale mais aussi et surtout en côtoyant des chefs différents au cœur des cuisines des restaurants gastronomiques […].</p>
<p>Une deuxième étape est extrêmement marquée chez les grands chefs : développer sa propre signature, sa singularité, sa différence. Alain Ducasse raconte ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Quand je pars en voyage, je fais le pari d’être surpris une fois par voyage : ce qui m’intéresse c’est ceux qui ont créé une identité propre dans cette planète mondialisée. Cultiver sa différence dans un monde globalisé : ne pas raconter une histoire mais raconter son histoire. »</p>
</blockquote>
<p>Cette question de la singularité est légitime également en entreprise : qu’est-ce qui fait ma différence, ma valeur ajoutée ? Qu’est-ce que j’apporte de plus ou de différent ? Quel est mon propre style et comment le mettre en œuvre ?</p>
<p>Il existe une autre phase, encore plus motivante : mettre en correspondance, en relation, son travail avec une thématique qui nous inspire, qui nous est chère, qui dépasse notre intérêt personnel.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427812/original/file-20211021-17-vluc8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La majorité du personnel des cafés joyeux est atteinte de trisomie 21.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cafés Joyeux</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les <em>Cafés Joyeux</em>, créés par Yann Bucaille-Lanrezac, ont pour objectif de « remettre les personnes porteuses d’un handicap mental ou cognitif au cœur de nos villes et de nos vies ». Le slogan de ces cafés résume la démarche : « Servi avec le cœur ».</p>
<p>Si vous souhaitez développer votre motivation, vous pouvez vous inspirer de ces chefs qui ont su associer leur métier à des projets qui leur tiennent à cœur. La passion n’en est que renforcée.</p>
<p><strong>Pratique #5 : Affiner son propre processus créatif</strong></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427813/original/file-20211021-25-leu6u6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">C’est loin des fourneaux que le Meilleur ouvrier de France Éric Frechon puise son inspiration.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Twitter</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>La question nous brûle les lèvres. Quel est le processus mis en œuvre par ces chefs pour créer des plats signatures qui feront un jour peut-être partie de notre patrimoine culinaire ?</p>
<p>Nous avons commencé à y répondre. Nous allons maintenant chercher à y ajouter la touche personnelle qui en fera un plat à part.</p>
<p>La cheffe canadienne Marie-Chantal Lepage a ainsi tenté de répondre, à sa façon, à la question : d’où provient l’inspiration ?</p>
<blockquote>
<p>« Mes inspirations culinaires jaillissent quant à moi lors de moments de plaisir, souvent entre amis, dans l’effervescence d’une conversation, un verre de vin dans une main pendant que, de l’autre, je saisis les aliments comme on s’empare de précieux trésors, tentant de les marier les uns aux autres pour qu’ils explosent de nuancées saveurs sur le palais de mes convives. Ces douces soirées mitonnent l’amitié. Pour la servir bien chaude dans un large bol de complicité, et jamais je ne m’en lasserai ! »</p>
</blockquote>
<p>Pour d’autres, il s’agit avant tout de s’évader, de laisser fonctionner son imaginaire, souvent de façon solitaire. Éric Frechon précise :</p>
<blockquote>
<p>« On peut créer à partir d’une photo, d’un tableau, d’une pièce, d’un produit. On se dit : “Tiens, mais je pourrais faire ça avec ça… ” Ça n’a souvent rien à voir avec la cuisine. »</p>
</blockquote>
<p>L’ouverture d’esprit, la curiosité peuvent aussi faire toute la différence. Alain Ducasse dit notamment :</p>
<blockquote>
<p>« Je suis curieux de tout, pas seulement dans mon métier. »</p>
</blockquote>
<p>Aussi étonnant que cela puisse paraître, la plupart des chefs précisent enfin que l’inspiration ne surgit pas dans les cuisines de leur restaurant. Et encore moins pendant le service. L’inspiration se déclenche surtout lors de moments de détente, de plaisir, lorsque le stress, la précision et la rigueur ne sont pas de mise. Autrement dit, un chef doit s’éloigner de son restaurant, du coup de feu, rompre avec la perfection attendue sur chacun des plats qui seront servis à ses convives pour s’ouvrir au monde, se retrouver avec ses proches, se détendre, se laisser surprendre, laisser son imaginaire s’envoler, voire enfin s’amuser à cuisiner.</p>
<p>Et vous ? Dans quelles conditions surgissent vos meilleures idées ?</p>
<hr>
<p><em>Les pratique #2 (se créer ou s’appuyer sur un écosystème d’exception), #3 (proposer une expérience totale) et #4 (manager avec son temps) sont à retrouver au chapitre 4 de l’ouvrage</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170339/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Picq ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Sportifs médaillés, chefs étoilés, musiciens, pilote de chasse, stars de l’antenne… Quelles leçons tirer de ces virtuoses dans notre quotidien, souvent soumis à des impératifs de performance ?Thierry Picq, Professeur et Directeur de l'Innovation, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1684332021-10-28T18:53:42Z2021-10-28T18:53:42ZLes « fake performances » en sport : un fléau ou une aubaine ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/429103/original/file-20211028-13-ffzlpw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3000%2C1989&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le cyclisme fait régulièrement l'objet de soupçons de dopage.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/SJWPKMb9u-k">Maico Amorim / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La société contemporaine est de plus en plus aspirée par <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-QDk6zNHSj0">le culte de la performance</a>. Partout dans le monde, les organisations et les individus sont fortement influencés par cette norme puissante et la performance prônée génère une sérieuse concurrence à tous les niveaux.</p>
<p>Dans cette course effrénée à l’atteinte des résultats et à l’amélioration continue, toutes les performances ne se valent pas et ce, en dépit des apparences. Le milieu sportif représente un laboratoire vivant exceptionnel pour étudier le côté lumineux – performances intègres – et le côté sombre – <a href="https://theconversation.com/dopage-pourquoi-plutot-raisonner-a-partir-du-concept-de-fake-perfs-111387">fake perfs</a> – des performances humaines. En bref, être performant soit en respectant les règles du jeu soit en trichant. Le milieu sportif est effectivement encadré par un <a href="https://www.wada-ama.org/fr/nos-activites/le-code">règlement clair</a> où les contrôles sont omniprésents, et rares sont les autres milieux à être contrôlés de la sorte. </p>
<p>Malgré tout l’arsenal mis en place, les soupçons de fake perfs et celles avérées y sont légion. Face à ce paradoxe persistant, il convient de se demander si elles sont un fléau comme on le prétend ou bien une aubaine comme on n’oserait le penser. Une fois exploité, cet impensé offrirait en effet de grandes opportunités à ceux qui enfreignent les règles à la dérobée. </p>
<p>Pour se positionner sur la question, il est judicieux de parcourir successivement trois oppositions.</p>
<h2>La scène versus les coulisses</h2>
<p>Sur le devant de la scène, les fake perfs en sport sont présentées comme un <a href="https://www.rts.ch/archives/dossiers/7248053-un-fleau-nomme-dopage.html">fléau</a>. Tout concourt donc à les combattre avec fermeté. Bon nombre d’athlètes s’affichent publiquement comme d’ardents défenseurs du sport intègre. La <a href="https://www.journaldemontreal.com/2021/06/24/jean-pascal-bel-et-bien-dope-selon-les-tests">déclaration</a> du boxeur canadien Jean Pascal “Je ne prendrais jamais de substances illégales. Je me suis toujours battu pour un sport propre et je continuerai de le faire” est monnaie courante. Il martela ce refrain durant toute sa carrière jusqu'au jour où <a href="https://www.lapresse.ca/sports/sports-de-combat/2021-07-10/boxe/jean-pascal-je-suis-tellement-embarrasse.php">il fut contrôlé positif</a>.</p>
<p>Les médias exposent les actions fortes déployées. À titre d’exemples, des enquêtes préliminaires ont été ouvertes et des perquisitions ont été effectuées sur le Tour de France <a href="https://www.ouest-france.fr/tour-de-france/affaire-arkea-samsic-nairo-quintana-n-a-rien-a-cacher-les-deux-gardes-a-vue-toujours-en-cours-6985424">en 2020</a> et <a href="https://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Actualites/Bahrain-victorious-visee-par-une-enquete-preliminaire-pour-suspicion-de-dopage/1270607">en 2021</a>, sans aucun résultat probant pour le moment. Depuis 2015, la Grande Boucle rend une copie parfaite puisqu’<a href="https://www.francetvinfo.fr/tour-de-france/dossier-dopage-comment-fonctionne-la-lutte-antidopage-sur-le-tour-de-france-2021_4695687.html">aucun</a> fake performeur n’y a été recensé. Dans la même veine, les entraîneurs de chevaux de course irlandais se sont enorgueillis de l’<a href="https://www.irishtimes.com/sport/racing/trainers-body-says-doping-is-not-a-major-problem-in-irish-horseracing-1.4592283">absence</a> de tests positifs parmi leurs chevaux ce qui prouve, selon eux, que les fake perfs ne sont pas un problème en Irlande.</p>
<p>Cela conduit des personnalités telles que la reine Silvia de Suède à affirmer <a href="https://royalcentral.co.uk/europe/sweden/queen-silvia-of-sweden-opens-a-webinar-on-doping-and-public-health-161034/">solennellement</a> lors d'un séminaire organisé par le prestigieux Institut Karolinska que “l’objectif d’avoir des sports propres et équitables a été largement atteint”.</p>
<p>Le grand public perçoit ainsi chaque discipline sportive comme étant plus ou moins immunisée contre les fake perfs, conformément aux <a href="https://www.economist.com/graphic-detail/2021/08/05/russia-and-kenya-take-the-podium-in-the-athletics-doping-contest">classements communiqués</a>. </p>
<p>Dans les coulisses, les fake perfs en sport s’assimilent à une aubaine. À l’abri des regards indiscrets, beaucoup d'athlètes trichent. Des <a href="https://www.dailymail.co.uk/sport/sportsnews/article-9533383/Former-heavyweight-boxer-Larry-Olubamiwo-slams-totally-incompetent-UK-Anti-Doping-agency.html">témoignages</a> et des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-014-0247-x">études</a> le prouvent. En guise d’<a href="https://www.economist.com/science-and-technology/2021/07/14/sport-is-still-rife-with-doping">illustration</a>, il a été estimé qu’ “entre 10 et 40% des athlètes à Tokyo pourraient tricher”. Même confondus, les fake performeurs perdent rarement leurs titres et leurs gains glanés auparavant et certains d’entre eux se permettent de récidiver après leur suspension.</p>
<p>En outre, certaines substances interdites bénéficient, de manière <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3892473/">fondée</a>, <a href="https://www.spe15.fr/dopage-lhormone-de-croissance-efficace-et-indetectable/">longtemps</a> et <a href="https://www.bbc.com/sport/athletics/29510575">très longtemps</a>, à leurs utilisateurs après les avoir consommées sans pouvoir les détecter.</p>
<p>Après leur carrière sportive, plusieurs fake performeurs dont les cyclistes <a href="https://www.liberation.fr/sports/2015/07/21/michael-rasmussenmon-fils-de-10-ans-a-le-potentiel-pour-gagner-le-tour-de-france_1351656/">Michael Rasmussen</a>, <a href="https://www.news24.com/sport/othersport/cycling/international/di-luca-regrets-nothing-about-doping-20160505">Danilo Di Luca</a> et <a href="https://www.foxnews.com/sports/lance-armstrong-no-regrets-doping-tour-de-france">Lance Armstrong</a> ont avoué ne rien regretter et qu’ils réitéreraient leurs actes passés pour gagner. D’ailleurs, nombre d’anciens fake performeurs restent dans le circuit en y occupant diverses responsabilités.</p>
<p>Pour tricher, il est aisé de s’approvisionner abondamment sur le <a href="https://www.sportsintegrityinitiative.com/spanish-police-dismantle-major-steroid-laboratory/">marché noir</a> et le <a href="https://www.dovepress.com/doping-knowledge-attitude-and-practice-of-pharmacists-in-dessie-northe-peer-reviewed-fulltext-article-IPRP">marché légal</a> de façon plus ou moins dissimulée.</p>
<p>Les fake perfs représentent aussi un business florissant pour les avocats qui sont mobilisés pour tenter de réduire ou d’annuler les sanctions encourues par leurs clients. La défense de certains sportifs va beaucoup plus loin en attaquant directement l’Agence mondiale antidopage (AMA) et en requérant par exemple <a href="https://www.lequipe.fr/Lutte-libre/Actualites/Le-tas-rejette-l-appel-de-zelimkhan-khadjiev-suspendu-quatre-ans-pour-dopage/1249604">un million</a> d’euros en raison du préjudice causé à leur client.</p>
<p>Globalement, l’industrie du sport s’élève à plus de <a href="https://www.xerficanal.com/strategie-management/emission/Le-sport-business-mondial,-c-est-plus-de-800-milliards-!_3747390.html">800 milliards</a> de dollars. Dans ce vaste ensemble hyperconcurrentiel, chaque fédération sportive met tout en oeuvre pour améliorer ou préserver sa réputation, et certaines fédérations entretiennent une relation <a href="https://www.francetvinfo.fr/sports/dopage/pressions-politiques-manoeuvres-des-federations-coups-tordus-des-champions-les-coulisses-de-la-lutte-antidopage-dans-le-sport_4366825.html">pour le moins</a> ambiguë avec leurs fake performeurs. </p>
<p>La justice sportive fait preuve d’indulgence, y compris dans les affaires gravissimes telles que les fake perfs industrielles en <a href="https://www.nytimes.com/2020/12/17/sports/olympics/russia-doping-wada.html">Russie</a>. La justice traditionnelle, quant à elle, ne facilite pas toujours la découverte de la vérité en s’opposant par exemple à l’identification des propriétaires de plus de 100 poches de sang congelé dans <a href="https://www.theguardian.com/sport/2013/apr/30/doping-doctor-eufemiano-fuentes-sentence-shock">l’affaire Puerto</a>.</p>
<h2>La régulation versus l’innovation</h2>
<p>La mission du <a href="https://www.wada-ama.org/fr/a-propos">régulateur</a> est de réduire à néant les fake perfs vu qu’elles représentent un fléau pour l’intégrité du sport. Sa responsabilité est énorme pour garantir ce que les anglophones nomment un ‘level playing field’, c'est-à-dire que les conditions d'une compétition sont équitables pour tous les sportifs. En effet, les <a href="https://www.ski-nordique.net/les-chambres-hypoxiques-autorisees-en-norvege.6390722-72348.html">athlètes</a> et leurs <a href="https://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Article/-les-equipes-doivent-faire-le-choix-strategique-de-la-performance-d-apres-frederic-grappe/1269793">employeurs</a> cherchent constamment à améliorer les performances sportives d'une manière ou d'une autre.</p>
<p>Pour tenir tête aux fake performeurs, les moyens du régulateur sont extrêmement faibles. Fin 2019 juste avant sa nomination, l’actuel président de l’AMA avait <a href="https://ici.radio-canada.ca/sports/1376393/dopage-ama-budget-witold-banka-montreal">déclaré</a> “Je trouve ridicule qu’une organisation avec un statut de régulateur mondial dispose d’un budget inférieur à 40 millions de dollars. Un club moyen de football a un budget plus important”. </p>
<p>Pour visualiser cette réalité à l’échelle d’<a href="https://theconversation.com/doping-has-become-inevitable-at-the-olympics-and-who-wins-gold-in-tokyo-might-not-be-certain-until-2031-163881">un seul pays</a>, le budget de l’organisation nationale antidopage australienne indique 20,2 millions de dollars alors que l’industrie du sport en Australie pèse 14,5 milliards de dollars. Il est ainsi délicat pour l’AMA d’avoir gain de cause surtout quand le budget de l’employeur de <a href="https://www.lemonde.fr/tour-de-france/article/2018/07/03/la-couteuse-victoire-de-christopher-froome_5324955_1616918.html">l’athlète incriminé</a> est supérieur au sien. De surcroît, les règles en vigueur sont appliquées de manière disparate selon les fédérations et les pays concernés.</p>
<p>Sur le terrain, la détection des fake performeurs s’apparente à un sport de haut niveau qui requiert <a href="https://www.france24.com/en/live-news/20210705-cas-upholds-doping-ban-on-russian-high-jumper-lysenko">une approche chirurgicale</a> et, en fin de compte, très peu de fake performeurs sont détectés. <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/dopage/dopage-l-agence-francaise-antidopage-devoile-son-rapport-le-mma-et-le-cyclisme-mauvais-eleves-8b5f718c-c861-11eb-8f1f-3b7d990d69f5">En 2020</a>, 0.5% des 9676 échantillons analysés par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) se sont révélés positifs. <a href="https://www.uefa.com/returntoplay/news/026b-12de8d91740c-f6010faf47e2-1000--no-anti-doping-rule-violations-at-uefa-euro-2020/">En 2021</a>, aucun des 1616 échantillons prélevés dans le cadre du championnat d’Europe masculin de football ne s'est révélé positif. Tous sports confondus, le régulateur se trouve donc dans l’obligation de grandement s’améliorer.</p>
<p>Fort heureusement, il bénéficie de la proactivité de quelques individus et de quelques organisations pour combattre ce fléau. Qui a dévoilé les fake perfs industrielles russes <a href="https://www.liberation.fr/sports/2014/12/04/le-dopage-sport-national-en-russie_1156553/">en 2014</a> et les fake perfs couvertes par la fédération internationale d’haltérophilie <a href="https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/L-ancien-president-de-la-federation-internationale-d-halterophilie-inculpe-de-complicite-et-falsification/1265533">en 2020</a> ? Le journaliste allemand Hajo Seppelt et la chaîne allemande ARD. Malgré tout, le régulateur mondial (<a href="https://www.france24.com/en/live-news/20210622-increased-doping-in-pandemic-not-a-particular-worry-says-wada-chief">AMA</a>), l’autorité de contrôle internationale (<a href="https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/tokyo-2020/jo-2021-plus-de-30-des-athletes-ont-ete-testes-contre-le-dopage-pendant-ces-jeux-indique-valerie-fourneyron_4731365.html">ITA</a>) et les fédérations sportives dont l’<a href="https://www.20minutes.fr/sport/tour-de-france/3087235-20210720-tour-france-2021-dopage-sanguin-technologique-tadej-pogacar-selon-president-uci">UCI</a> se montrent confiants en toutes circonstances.</p>
<p>La société a pour maître-mot l’<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile/si-reflechissait-5mn-ce-que-innover-veut-dire">innovation</a> et les fake perfs représentent une <a href="https://www.cairn.info/les-processus-strategiques--9782376871224-page-133.htm">aubaine</a> pour se développer coûte que coûte. Dans le milieu sportif, les fake perfs sont d’origine physiologique et/ou d’origine technologique. La tricherie physiologique peut augmenter artificiellement la performance d’<a href="https://www.spe15.fr/la-cera-le-dopage-a-lepo-haut-de-gamme/">environ 10%</a> et la tricherie technologique peut aussi améliorer <a href="https://www.chinadaily.com.cn/a/202107/27/WS60ff74bea310efa1bd664adb.html">significativement</a> la performance sportive. De façon combinée ou non, cela change radicalement la donne là où tout se joue généralement dans un mouchoir de poche.</p>
<p>Dans le monde des affaires, l’innovation est vitale et certaines entreprises telles que Nike connaissent peu de limites pour booster les performances sportives. Le récent documentaire intitulé <a href="https://www.outside.fr/nike-la-victoire-a-tout-prix-le-doc-inedit-sur-laffaire-salazar-ou-lhistoire-du-coach-suspendu-pour-dopage/">« Nike, la victoire à tout prix »</a> explicite comment procède le leader mondial de l'équipement sportif pour ce faire. Depuis sa diffusion, la situation s'est aggravée pour l'entraîneur Alberto Salazar et, dans une moindre mesure, pour la firme Nike. Concernant l'homme, sa suspension pour violation de plusieurs règles antidopage <a href="https://www.wsj.com/articles/alberto-salazar-doping-ban-nike-11631810981">a été confirmée</a> par le Tribunal Arbitral du Sport. De plus, il vient d'être <a href="https://www.si.com/olympics/2021/07/26/alberto-salazar-permanently-ineligible-safesport-investigation-sexual-emotional-misconduct">suspendu à vie</a> de ses fonctions de coach pour abus physiques et émotionnels sur ses protégées par une institution états-unienne. Concernant l'entreprise, la marque à la virgule s'est finalement résolue à <a href="https://www.nytimes.com/2021/08/17/sports/nike-alberto-salazar-building.html">renommer son bâtiment</a> ‘The Alberto Salazar Building’ en ‘Next%’. En faisant référence à sa nouvelle ligne de chaussures de running, Nike mise tout sur la technologie après avoir mis fin à <a href="https://www.nytimes.com/2019/10/10/sports/nike-oregon-project-salazar.html">‘NOP’</a>, son groupe d'entraînement d'élite.</p>
<p>Du côté du marché noir, l’innovation <a href="https://www.paulickreport.com/news/the-biz/defendant-in-federal-doping-case-sentenced-to-12-months-of-home-detention/">délictueuse</a> se sophistique et prospère. En amont, la recherche scientifique évolue rapidement et certaines avancées en <a href="https://www.thesundaily.my/home/advances-in-gene-technology-set-to-haunt-anti-doping-efforts-EG7945161">génétique</a> par exemple profitent, même avant l’heure, aux fake performeurs sans que quasiment personne s’en aperçoive.</p>
<p>Dans ces conditions, on as siste à deux phénomènes disruptifs. Tout d'abord, une surmédicalisation des <a href="https://www.liberation.fr/sports/cyclisme/tour-de-france-2021-la-difficile-lutte-contre-le-dopage-et-la-surmedicalisation-20210626_KW2G3BILGVEQ5EDPZXZWPJXFSE/">sportifs</a> et des <a href="https://www.bloomberg.com/news/features/2021-07-01/inside-the-doping-scandal-that-rocked-horse-racing">animaux</a> pour vaincre jusqu’à parfois en mourir. Celle-ci peut d'ailleurs difficilement se faire sans le concours de médecins et de vétérinaires peu scrupuleux. Ensuite, une surenchère technologique terriblement sous-estimée. Lorsque l'on associe les deux, les cartes sont brouillées et la confusion atteint son apogée.</p>
<h2>La raison versus les émotions</h2>
<p>L’approche raisonnable distingue les invraisemblances et laisse ainsi peu de place aux fake perfs, synonymes pour elle de <a href="https://www.ukad.org.uk/news/new-survey-shows-doping-causing-parents-consider-if-sport-safe-kids">fléau</a>. L’histoire du sport se répète inlassablement et offre un enseignement robuste aux esprits avides de savoir <a href="https://vimeo.com/503612840">vraiment</a>. Pour comprendre le pourquoi du comment, il existe des experts qui analysent chaque jour depuis des années les performances sportives. Lors du dernier Tour de France, Antoine Vayer (pourfendeur du dopage aux multiples casquettes) <a href="https://www.francebleu.fr/sports/cyclisme/tour-de-france-antoine-vayer-ancien-entraineur-mayennais-de-festina-doute-des-performances-de-1625369439">a contesté</a> le bien-fondé des performances du vainqueur Tadej Pogačar en s’appuyant principalement sur le calcul indirect de la puissance développée <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/07/19/pour-tout-comprendre-sur-le-calcul-des-watts_3450148_3242.html">en watts</a>. Au niveau physiologique, Pierre Sallet (docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives) a mis en place le programme <a href="https://ici.radio-canada.ca/sports/1172735/dopage-programme-quartz-suspicion-athletes-agence-mondiale-antidopage">Quartz</a>. Il s’agit d’un suivi médical permanent et complet qui garantit la probité des performances et la surveillance de la santé sur la base du volontariat.</p>
<p>Les experts intègres refusent de cautionner les performances incroyables et le font savoir ouvertement. Prenons deux cas caractéristiques pour étayer ce point : Christopher Froome puis Taoufik Makhloufi. Lors de la quinzième étape du Tour de France 2013, l’expert Cédric Vasseur (ancien coureur professionnel et à l'époque consultant) est consterné par la vitesse et le comportement du cycliste Christopher Froome en pleine montagne. Ses nombreux commentaires remettent en cause cette performance <a href="https://www.youtube.com/watch?v=D79V5h81WF4">“surréaliste”</a>. Lors des Jeux olympiques de Londres 2012, les experts en athlétisme Bernard Faure et Stéphane Diagana sont tellement indignés par la vitesse et le comportement du coureur Taoufik Makhloufi en finale du 1500 mètres qu’ils répètent plus de dix fois <a href="https://www.youtube.com/watch?v=vvrp3ygA5Ew">“non”</a>. Sérieusement inquiétés à plusieurs reprises, ces deux sportifs restent à ce jour innocents.</p>
<p>L’approche émotionnelle privilégie les sensations fortes et accorde ainsi de l’espace aux fake perfs, synonymes pour elle d’aubaine. Pour les médias, les émotions sont un ingrédient de choix parce qu’elles captivent l’<a href="https://www.arretsurimages.net/articles/dopage-et-tour-de-france-les-medias-tournent-autour-du-pot">intérêt</a> et font <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-9569053/Australian-swimmer-Shayna-Jack-pool-two-year-doping-ban.html">vendre</a>. Pour les personnes juges et parties, les émotions priment le reste. Par conséquent, poser des questions au directeur du Tour de France sur les fake perfs n’a aucun sens et <a href="https://www.ouest-france.fr/tour-de-france/video-le-dopage-sur-le-tour-de-france-gardons-la-lumiere-allumee-lance-christian-prudhomme-e662b336-cf4c-11eb-a53e-cc3087557efe">aucune valeur</a>. Pour le grand public, les fake performeurs <a href="https://www.letribunaldunet.fr/sport/sportifs-dopage-carriere-tennis-cyclisme-athletisme.html">demeurent</a> avant tout des champions.</p>
<p>Pour les pays, les émotions éclipsent les signaux contraires. Lorsque Marcell Jacobs est récemment devenu champion olympique du 100 mètres à la surprise générale, un vent de <a href="https://rmcsport.bfmtv.com/jeux-olympiques/jo-2021-athletisme-l-ancien-nutritionniste-de-marcell-jacobs-vise-par-une-enquete-liee-au-dopage_AV-202108070022.html">suspicion</a> se propagea. Néanmoins, les <a href="https://www.rte.ie/sport/athletics/2021/0803/1238840-tokyo-2020-italy-chief-blasts-jacobs-doping-suspicions/">autorités sportives</a> et la <a href="https://www.courrierinternational.com/article/vu-ditalie-dopage-chaussures-laissez-marcell-jacobs-tranquille">presse</a> en Italie prirent fait et cause pour leur champion national.</p>
<p>Pour les fake performeurs, les émotions structurent leur défense avec <a href="https://www.lefigaro.fr/sports/athletisme/actualites/ophelie-claude-boxberger-je-risquais-huit-ans-donc-je-pourrais-etre-contente-mais-non-car-j-ai-toujours-demande-la-relaxe-1039664">plus</a> ou <a href="https://olympics.nbcsports.com/2021/07/04/brianna-mcneal-suspension-olympics/">moins</a> de réussite. Pour la justice sportive, les émotions rendent les sanctions plus clémentes. À titre d’exemple, Ophélie Claude-Boxberger risquait une suspension de huit ans suite à un contrôle positif à l’EPO et sa sanction non définitive a été ramenée à <a href="https://www.spe15.fr/lafld-fait-appel-de-la-suspension-dophelie-claude-boxberger/">deux ans</a>. Une décision qui a poussé l'AFLD à faire appel de la sanction décidée par la Commission des sanctions devant le Conseil d'État. Pour la justice traditionnelle, les émotions peuvent quelquefois se montrer plus convaincantes que les preuves les plus solides. En guise d'illustration, un juge italien <a href="https://www.lequipe.fr/Athletisme/Actualites/L-agence-mondiale-antidopage-se-defend-a-nouveau-dans-l-affaire-alex-schwazer/1245430">a innocenté</a> l'athlète italien Alex Schwazer en dépit d'un dossier scientifique accablant et de son passé de fake performeur.</p>
<h2>Le triptyque ‘coulisses/innovation/émotions’ dame le pion au triptyque ‘scène/régulation/raison’</h2>
<p>Après avoir parcouru ces trois oppositions, on constate que les intérêts des uns ne sont pas les intérêts des autres et que les fake perfs en tant qu’aubaine remportent le rapport de force haut la main. La priorité désormais serait de ne plus (se) mentir de façon éhontée ou alors de changer radicalement l’état actuel des choses. Pour la seconde possibilité, pourquoi ne pas mesurer et récompenser l’intégrité sportive ? La société contemporaine valorise quasiment tout en termes monétaires. Pourquoi les athlètes qui respectent les règles du jeu ne seraient-ils pas également valorisés ? Le jour où les fake perfs deviendront un véritable fléau, le milieu sportif se transfigurera. Assisterons-nous à sa transfiguration un jour ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168433/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien M. Gargam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La triche en sport devrait être éliminée car elle nuit à son intégrité, mais la recherche constante d'amélioration des performances a tendance à la favoriser.Fabien M. Gargam, Assistant Professor of Management, Renmin University of China et Chercheur Associé, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1652712021-07-30T13:02:05Z2021-07-30T13:02:05ZTokyo 2020 : la pandémie a mis à mal la santé mentale des athlètes olympiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/413958/original/file-20210730-20-1bgv4gd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=78%2C0%2C4686%2C3078&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
La Canadienne Margaret Mac Neil nage vers la médaille d’or lors de la finale du 100 mètres papillon féminin aux Jeux olympiques de Tokyo.
</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Frank Gunn </span></span></figcaption></figure><p>La première semaine des Jeux olympiques de Tokyo a déjà donné lieu à d’incroyables performances : la Canadienne <a href="https://www.ledevoir.com/sports/620547/la-nageuse-maggie-mac-neil-remporte-la-medaille-d-or-au-100-metres-papillon">Maggie Mac Neil a remporté l’or</a> au 100 mètres papillon et les <a href="https://www.lapresse.ca/sports/jeux-olympiques/2021-07-26/le-bronze-pour-catherine-beauchemin-pinard/je-savais-que-j-etais-capable-d-aller-chercher-une-medaille.php">Canadiennes sont montées sur le podium pour la première fois en judo</a>, et ce, dans une compétition qui présente des défis sans précédent pour tous les athlètes.</p>
<p>On a beaucoup parlé de l’absence de spectateurs à ces Jeux olympiques en pleine pandémie, ainsi que des risques liés au fait de réunir des milliers d’athlètes à proximité les uns des autres alors que Tokyo est en état d’urgence en raison de la transmission de la Covid-19. Mais les athlètes ont dû affronter d’autres défis qui sont moins apparents.</p>
<p>Ayant participé aux Jeux d’été de 1984, je connais la préparation nécessaire pour se rendre aux Jeux olympiques et la pression qu’on subit une fois sur place. Mais ces Jeux sont encore plus exceptionnels, étant donné l’impact que la pandémie de Covid-19 a eu sur les athlètes au cours des 18 derniers mois – non seulement sur leur entraînement physique, mais aussi sur leur état mental.</p>
<h2>Anxiété et incertitude</h2>
<p>L’incertitude et l’imprévisibilité causées par la pandémie ont engendré une grande détresse psychologique chez les athlètes. <a href="https://www.proquest.com/openview/a327df7798a0b17e5ccda2433b703fb9/1?pq-origsite=gscholar&cbl=27519">Des athlètes d’élite ont affirmé</a> que l’incertitude quant à leur avenir, la baisse de leurs revenus, la modification des procédures d’enseignement universitaire, la fermeture des installations et l’annulation des compétitions ont été d’importants facteurs de stress psychologique.</p>
<p>La Française Clarisse Agbegnenou, médaillée d’argent en judo aux Jeux olympiques de Rio en 2016, <a href="https://olympics.com/tokyo-2020/en/news/how-has-covid-19-affected-the-mental-health-of-athletes">a déclaré à Eurosport</a> : « L’incertitude quant au moment où on pourra s’entraîner et participer à des compétitions est très difficile à gérer… J’aime programmer les choses à l’avance. Le fait d’être dans le brouillard m’a vraiment abattue. » Dans le même article, Makis Chamalidis, psychologue du sport, a affirmé que la combinaison de l’isolement social et de l’anxiété a engendré du repli sur soi et de la dépression chez des athlètes.</p>
<p>Un <a href="https://www.fifpro.org/en/health/coronavirus-covid-19-page/coronavirus-shutdown-sharp-rise-in-players-reporting-depression-symptoms">rapport de la FIFPro</a>, l’organisation qui représente 65 000 joueurs de soccer professionnels, a révélé que les symptômes d’anxiété et de dépression avaient doublé chez ces derniers depuis le début de la pandémie en décembre 2020. Le principal facteur contributif était l’inquiétude quant à leur avenir dans le sport.</p>
<p>D’autres facteurs, comme le fait d’être confiné chez soi avec un équipement d’entraînement minimal, de ne pas avoir de calendrier de retour au sport et d’être isolé socialement, ont amené de nombreux athlètes à exprimer leur anxiété et leur stress en ligne et dans le cadre d’entretiens.</p>
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<img alt="Catherine Beauchemin-Pinard lève son poing droit en signe de victoire alors que son adversaire est au tapis" src="https://images.theconversation.com/files/413340/original/file-20210727-19-15fxy2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413340/original/file-20210727-19-15fxy2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413340/original/file-20210727-19-15fxy2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413340/original/file-20210727-19-15fxy2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413340/original/file-20210727-19-15fxy2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413340/original/file-20210727-19-15fxy2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413340/original/file-20210727-19-15fxy2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Canadienne Catherine Beauchemin-Pinard, à droite, réagit après avoir battu Anriquelis Barrios du Venezuela pour remporter la médaille de bronze dans la compétition de judo féminin chez les 63 kg aux Jeux olympiques de Tokyo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Nathan Denette</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7201218/">détresse émotionnelle accrue</a> a été corrélée à un manque de communication et de soutien de la part des entraîneurs, des supporters, des médias et des autres. Pendant la pandémie, les psychologues du sport ont signalé une augmentation des demandes de consultation en ligne ainsi qu’une hausse des diagnostics de troubles psychologiques chez les athlètes.</p>
<h2>Le temps est crucial</h2>
<p>Le report ou l’annulation des saisons et des épreuves de qualification <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1941738120918876">a entraîné</a> « beaucoup de chagrin, de stress, d’anxiété et de tristesse » chez les athlètes.</p>
<p><a href="https://sportaide.ca/">Sport’Aide</a>, une organisation à but non lucratif qui vise à éliminer la violence et les abus dans les sports, remarque que le temps est crucial pour la carrière des athlètes. La majorité d’entre eux ne participent qu’à une seule édition des Jeux olympiques et il est très peu probable que des athlètes participent à des compétitions après l’âge de 40 ans. Le report des Jeux olympiques peut avoir des <a href="https://sportaide.ca/blog/2020/03/27/consequences-meconnues-du-covid-19-sur-les-sportifs/">conséquences désastreuses</a> pour certains athlètes à cause de la durée limitée de leur carrière.</p>
<p>Sport’Aide a constaté que l’isolement, la soudaine augmentation du temps libre et l’accroissement de l’inactivité, en plus de sentiments de déception et d’incertitude causés par le report des Jeux, ont provoqué de l’anxiété, de la détresse psychologique et des symptômes dépressifs chez des athlètes.</p>
<p>Les athlètes ont affirmé que le manque d’activité physique pendant la quarantaine était la principale raison de la détérioration de leur bien-être mental. En outre, comme les athlètes olympiques passent la majeure partie de leur temps à s’entraîner, la diminution de l’activité physique peut avoir engendré un déficit en dopamine et en endorphine, d’où une baisse des sentiments de plaisir et de bonheur.</p>
<h2>Mécanismes d’adaptation</h2>
<p>Chaque athlète a réagi différemment à la pandémie, selon sa résilience et ses mécanismes d’adaptation.</p>
<p>Dans un premier temps, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/1612197X.2020.1754616">on a constaté</a> que les professionnels de la santé mentale qui ont travaillé avec des athlètes les ont encouragés à rechercher le soutien de leur famille et de leurs amis. Cela leur a permis d’améliorer, entre autres, leur hygiène de vie, leur alimentation, leur sommeil et leur capacité de penser.</p>
<p>Après le report officiel des Jeux olympiques, les athlètes ont eu le sentiment que tout leur travail et leur planification sont devenus incertains, et les recommandations ont alors changé pour inciter les athlètes à travailler sur leurs faiblesses.</p>
<p>Des méthodes telles que la pleine conscience, la fixation d’objectifs et le recadrage ont été encouragées par le biais de vidéos et de téléconsultations. Cependant, tous les athlètes n’ont pas pu mettre à profit ces suggestions, car certains ne disposaient pas du soutien nécessaire. En conséquence, certains athlètes sont devenus inactifs et désorientés et ont souffert d’un stress psychologique important.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux plongeuses sont sur le point d’entrer dans l’eau simultanément" src="https://images.theconversation.com/files/413212/original/file-20210726-21-1tmnkc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413212/original/file-20210726-21-1tmnkc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413212/original/file-20210726-21-1tmnkc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413212/original/file-20210726-21-1tmnkc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413212/original/file-20210726-21-1tmnkc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413212/original/file-20210726-21-1tmnkc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413212/original/file-20210726-21-1tmnkc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les Canadiennes Jennifer Abel et Melissa Citrini Beaulieu lors de la compétition qui leur a permis de remporter la médaille d’argent en plongeon synchronisé au tremplin de 3 mètres aux Jeux olympiques de Tokyo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Dmitri Lovetsky)</span></span>
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<p>Une étude a révélé que les <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/17/22/8385">médias sociaux peuvent promouvoir le bien-être</a> en diffusant des messages positifs, en encourageant les comportements sains à la maison et en permettant aux athlètes de rester en contact virtuel avec leur famille, leurs amis et leurs entraîneurs. Mais ils ont aussi leur lot d’inconvénients. Ainsi, la pandémie a donné lieu à beaucoup d’informations négatives, ce qui a <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7219846/">engendré des émotions difficiles</a>, un déficit de sommeil et de la détresse mentale.</p>
<h2>Les finances</h2>
<p>Les athlètes olympiques s’entraînent sans relâche pendant quatre ans avant de participer aux Jeux olympiques. Habituellement, les athlètes répartissent leur financement sur ces quatre années, mais le report des Jeux de Tokyo a mis de nombreux athlètes <a href="https://www.cbc.ca/radio/costofliving/the-price-of-delaying-the-olympic-dream-the-cost-of-wildfires-and-why-we-re-hoarding-cash-1.5661507/olympics-delayed-means-finances-frayed-for-many-athletes-1.5661556">dans une situation financière difficile</a>, de sorte qu’il leur manque une année de financement.</p>
<p>On croit souvent à tort que les athlètes olympiques sont riches. La vérité est que la <a href="http://vocatio.com/2018/02/21/the-olympics-is-a-side-gig-these-olympians-have-day-jobs/">plupart d’entre eux ne disposent pas d’un soutien financier</a> suffisant et se retrouvent à devoir trouver des emplois d’appoint.</p>
<p>Pendant que nous continuons à regarder et à encourager les athlètes à Tokyo, gardez à l’esprit ce qu'ils ont dû endurer au cours des 18 derniers mois pour pouvoir participer à ces Jeux olympiques hors du commun.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165271/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Angela Schneider reçoit un financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p>Les 18 derniers mois ont mis à l’épreuve les limites mentales et physiques des athlètes olympiques dans leur quête des Jeux de Tokyo. C’est ce qui rend les performances encore plus remarquables.Angela Schneider, Director, The International Centre for Olympic Studies, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1647392021-07-23T14:32:06Z2021-07-23T14:32:06ZComment les athlètes se servent des technologies portables pour s’entraîner… et gagner<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/412551/original/file-20210721-13-bplt03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C14%2C4852%2C3239&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La technologie portable peut aider les athlètes d'élite, mais parfois, accumuler trop de données peut aussi poser problème.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>L’un des plaisirs qu’il y a à regarder les Jeux olympiques est d’admirer la vitesse, la force et la grâce des athlètes. Il est étonnant de voir à quel point cela semble facile pour eux. Mais quiconque a expérimenté la pratique d’un sport en particulier est en mesure d’apprécier le travail acharné, les sacrifices et le dévouement nécessaires pour gagner des médailles.</p>
<p>Compte tenu du niveau élevé des compétitions olympiques, il n’est pas surprenant que les entraîneurs et les athlètes essaient de mettre toutes les chances de leur côté – des régimes alimentaires aux innovations en matière d’équipement en passant par les nouvelles méthodes d’entraînement – pour maximiser les possibilités de remporter une médaille.</p>
<p>L’un des outils les plus récents de l’arsenal olympique est la technologie « portable », que beaucoup d’entre nous connaissent. Des appareils tels que Fitbit, Garmin, Polar et la montre Apple nous permettent de mesurer et de suivre divers aspects de notre état de santé et de nos performances sportives.</p>
<p>Les technologies portables ont été particulièrement utiles pour suivre les athlètes lorsque les lieux d’entraînement étaient fermés à cause de la pandémie. La Premier League anglaise s’en est servie pour <a href="https://www.cnn.com/2021/03/05/tech/statsports-performance-tracking-spt-spc-intl/index.html">suivre ses joueurs</a> lors d’entraînements à distance après la fermeture des frontières du pays.</p>
<p>En termes simples, la « technologie portable » désigne tout ce qui est attaché au corps et qui mesure un aspect de la performance pendant des activités physiques telles que la course, le vélo, la marche ou la natation.</p>
<h2>Comment les capteurs surveillent le mouvement</h2>
<p>La plupart des dispositifs actuels font appel à des systèmes microélectromécaniques, qui intègrent des capteurs permettant de quantifier certains aspects du mouvement comme la fréquence cardiaque, la vitesse, la force ou l’accélération.</p>
<p>L’un des principaux avantages des systèmes portables est qu’ils sont relativement peu coûteux et suffisamment petits pour être fixés à n’importe quelle partie du corps. En tant que chercheur en biomécanique, j’analyse généralement les mouvements dans un laboratoire à l’aide de caméras 3D coûteuses. Si cette méthode offre un haut degré de précision, elle limite le type et la quantité de mouvements pouvant être analysés.</p>
<p>La technologie des vêtements, sur laquelle je concentre actuellement mes recherches, offre de nouvelles possibilités passionnantes de mesurer les performances sous un angle entièrement nouveau, qu’il s’agisse de mesures de base, comme le nombre de pas ou de coups de bras, ou de mesures très avancées, comme le taux d'harmoniques (analyse de fréquence dans un signal) et la reconnaissance de motifs fractaux (des motifs similaires qui se répètent dans un même objet).</p>
<p>Par conséquent, les technologies portables sont en mesure de fournir un large éventail de mesures aux entraîneurs et aux athlètes dans de nombreux sports différents – de la cadence des foulées et de la vitesse de déplacement en course à pied, en natation et en aviron, au temps de contact avec le sol et à l’analyse de la force en patinage de vitesse et en saut.</p>
<h2>Des données en continue</h2>
<p>L’un des avantages les plus évidents des technologies portables est leur capacité à fournir des informations qui n’étaient pas disponibles auparavant. Par exemple, des détecteurs de force et de résistance placés dans les chaussures, les chaussures de ski ou les pédales de vélo peuvent fournir un flux continu de données pour des sessions d’entraînement entières.</p>
<p>De même, les entraîneurs de volley-ball qui souhaitent suivre le nombre de sauts effectués au cours d’une période donnée (à chaque entraînement ou pendant une semaine) afin de contrôler le volume d’entraînement, et ainsi prévenir les blessures au genou, devaient auparavant visionner des heures de vidéo pour obtenir cette information.</p>
<p>Actuellement, un simple dispositif portable appelé <a href="https://www.myvert.com/">(VERT)</a> peut extraire automatiquement ces informations à l’aide d’un accéléromètre. L’un de mes <a href="https://www.sportsnet.ca/olympics/wearable-tech-designed-canadian-swimmers-spawns-swimlytics/">récents projets de recherche</a> a utilisé le même capteur pour déterminer le nombre de coups de bras et le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14763141.2020.1760923">roulis des épaules chez les nageurs d’élite</a>, car ces deux facteurs contribuent aux mécanismes de blessure à l’épaule.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Nageuse en bonnet de bain se tenant sur un cable dans un couloir de natation" src="https://images.theconversation.com/files/410658/original/file-20210709-15-17kh6cs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/410658/original/file-20210709-15-17kh6cs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/410658/original/file-20210709-15-17kh6cs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/410658/original/file-20210709-15-17kh6cs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/410658/original/file-20210709-15-17kh6cs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/410658/original/file-20210709-15-17kh6cs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/410658/original/file-20210709-15-17kh6cs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’athlète olympique canadienne Penny Oleksiak lors des Championnats du monde de natation 2019, en Corée du Sud.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP/Lee Jin-man)</span></span>
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</figure>
<h2>Doit être précis et fiable</h2>
<p>Pour contribuer à améliorer les performances, les données recueillies par les technologies portables doivent être à la fois valides (précises) et fiables (mesurées de manière cohérente).</p>
<p>Ce n’est pas aussi facile qu’il paraît, car les algorithmes utilisés pour extraire des mesures de performance significatives sont capricieux. Pour que les informations soient utiles aux entraîneurs afin d’évaluer les performances et de prendre des décisions liées à l’entraînement (telles que des modifications techniques), elles doivent être fiables.</p>
<p>Les données doivent également être placées dans le contexte approprié pour avoir un sens. Par exemple, un capteur peut indiquer à un entraîneur la vitesse moyenne d’un nageur pendant toute une course (ou une séance d’entraînement), mais cela n’est pas aussi révélateur que de savoir quand et comment cette vitesse a varié pendant la course.</p>
<p>Comprendre les données dans le contexte approprié peut fournir des informations sur les tactiques de course, les stratégies pour maintenir une bonne allure et la préparation, mais sans ces informations, les données sont souvent dénuées de sens.</p>
<h2>La quantité de données peut être ingérable</h2>
<p>La quantité de données générées est un autre élément à prendre en considération pour l’utilisation des technologies portables par les athlètes olympiques.</p>
<p>Les technologies portables produisent de grandes quantités de données qui doivent être analysées et mises en contexte avec d’autres types d’informations, comme les séries, les répétitions, les intensités et les temps d’intervalle. La quantité de données recueillies peut facilement devenir ingérable lorsque plusieurs athlètes et séances d’entraînement sont concernés.</p>
<p>Bien qu’il s’agisse d’un défi, le potentiel des technologies portables pour offrir aux athlètes olympiques de nouvelles possibilités d’optimiser leurs performances est illimité, d’autant plus que les chercheurs en sciences du sport continuent de créer de nouvelles méthodes (comme l’IA) pour explorer les possibilités offertes par la technologie.</p>
<p>Dans un avenir pas si lointain, il n’est pas irréaliste d’imaginer que de petits capteurs discrets placés dans une chaussure ou une lunette de natation seront non seulement capables d’améliorer les performances sportives, mais aussi d’indiquer à un coureur récréatif le niveau de risque de blessure associé à une foulée particulière ou à un médecin le niveau de risque associé à la démarche d’une personne âgée.</p>
<p>Il est à espérer que, de cette manière, la technologie portable apportera à l’avenir de nombreux avantages importants à la société.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164739/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le Dr. John Barden offre des services de consultation en sciences du sport et en analyse de données aux entraîneurs et aux athlètes par l'entremise de son entreprise, Performance Insight. De 2015 à 2018, il a reçu un financement d'«À nous le podium» pour développer un système d'analyse de la performance basé sur des capteurs pour Natation Canada.
</span></em></p>Les technologies portables et leur potentiel futur offrent aux athlètes d’élite des possibilités illimitées d’optimiser et d’améliorer leurs performances sportives.John Barden, Professor of Biomechanics, University of ReginaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1316212021-06-11T16:14:57Z2021-06-11T16:14:57ZPeut-on devenir meilleur au football en regardant des vidéos ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/405028/original/file-20210608-21-1j2k37n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C1274%2C901&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme d’autres footballeurs de sa génération, le n°7 du Borussia Dortmund Jadon Sancho (ici en train de marquer contre le RB Leipzig) est à la fois jeune, doué et à n’en pas douter gros consommateur de vidéo, ne serait-ce que lors des entraînements.</span> <span class="attribution"><span class="source">Martin Meissner / POOL / AFP</span></span></figcaption></figure><p>Kylian Mbappé, Jadon Sancho, Phil Foden… Les sélections nationales qui participeront en juin 2021 à l’Euro masculin de football comportent de nombreux jeunes joueurs très performants, voire, pour certains, déjà décisifs. Plus largement, le football mondial voit l’émergence, en sélection ou en club, de <a href="https://www.eurosport.fr/football/top-30-talents-les-plus-grands-espoirs-du-football-mondial-30-26_sto7755719/story.shtml">nombreux espoirs</a> tels que Ryan Cherki ou Amine Gouiri, dont les qualités footballistiques, éclatantes pour leur jeune âge, leur permettent de s’imposer. </p>
<p>Ces joueurs aussi juvéniles que doués appartiennent à la <a href="https://theconversation.com/generation-reine-des-neiges-contre-generation-z-159368">génération Z</a>, autrement dit celle des personnes nées entre 1997 et 2010, à une époque où <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ration_Z">« le numérique était déjà bien installé dans la société »</a>. Le développement des nouvelles technologies pourrait-il avoir influé sur leurs performances footballistiques ? </p>
<p>On sait que ces jeunes consomment d’importants volumes de contenus numériques. Or, le développement de l’offre vidéo en ligne permet aux passionnés de football d’accéder à une quantité sans précédent de contenus techniques. En outre, dans les centres d’entraînement, la vidéo fait désormais partie des outils utilisés par les formateurs. Au point qu’en mai 2021, le journaliste de L’Équipe, Pierre Prugneau s’interrogeait : <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Article/Faut-il-regarder-du-foot-pour-etre-bon-footballeur/1251114">« Faut-il regarder du foot pour être bon footballeur ? »</a>. </p>
<p>Peut-on vraiment imaginer qu’il existe un lien entre cette révolution numérique et les performances footballistiques de cette génération ? Pour examiner la crédibilité de cette hypothèse, penchons-nous sur la façon dont fonctionnent des neurones particuliers : les neurones miroirs.</p>
<h2>La vidéo, un outil pour les entraîneurs</h2>
<p>En moyenne, la génération Z passe plus de <a href="https://www.meta-media.fr/2021/04/23/la-gen-z-generation-de-la-video-mobile-mais-pas-seulement.html">4,7 heures par jour</a> devant l’écran. Or s’agissant de football, elle a accès à une offre importante, avec des matchs de tous niveaux, mais aussi du contenu tels qu’<a href="https://www.youtube.com/channel/UCnmXSqqGTDg-2jYfuGdF-iQ?app=desktop&ucbcb=1">entraînements</a>, gestes techniques, <a href="https://www.youtube.com/user/wassfreestyle">freestyle</a>, etc. En outre, les jeux vidéo de football à succès comme Pro Evolution Soccer ou FIFA, vendus à des millions d’exemplaires, sont de plus en plus réalistes, tant par leurs graphismes qu’en termes de tactique. </p>
<p>In fine, les passionnés de foot disposent donc de nombreux outils pour observer actions, situations tactiques et gestes techniques. Cela a-t-il un impact sur les capacités des joueurs ? Les entraîneurs semblent le penser : les séances de vidéos sont de plus en plus utilisées dans les programmes d’entraînement, en vue d’améliorer les performances individuelles et collectives des footballeurs. Elles font aujourd’hui partie du quotidien du footballeur professionnel et de l’aspirant footballeur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/402417/original/file-20210524-13-psu2m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les jeunes footballeurs ont davantage de moyens d’observer des situations de jeu que n’en avaient leurs aînés.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Régis le Bris, ancien joueur du Stade lavallois, responsable du centre de formation de Lorient et par ailleurs titulaire d’un doctorat en sciences et techniques des activités physiques, propose ainsi quatre à cinq séances de vidéos hebdomadaires <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Article/Faut-il-regarder-du-foot-pour-etre-bon-footballeur/1251114">aux jeunes footballeurs</a>. Selon lui, « le mimétisme est une méthode d’apprentissage qui a fait avancer beaucoup de joueurs. » </p>
<p>Peut-on vraiment apprendre en regardant ? Que se passe-t-il au niveau cérébral lors de l’observation d’une action, d’un mouvement ?</p>
<h2>Sous le jeu des neurones miroirs ?</h2>
<p>La pratique du football requiert plusieurs qualités liées aux habiletés motrices, sollicitant notamment la composante technique (maîtrise des contacts du ballon avec son pied, dribble…), la composante athlétique (endurance, vitesse, force…), la composante mentale et psychologique. De plus, à partir d’une perception (observation de scène), le joueur de football doit rapidement prendre une décision pertinente (habileté stratégique), dans des situations variées et fluctuantes, puis élaborer une réponse motrice et la réaliser correctement (habileté technique).</p>
<p>Comme tout athlète de haut niveau, le footballeur doit, dès l’amorce de mouvement de son adversaire, en anticiper l’intention et les conséquences, pour planifier sa propre réponse motrice. En d’autres termes, il doit « comprendre » rapidement l’action de son adversaire pour anticiper et être performant.</p>
<p>Lorsqu’une personne observe le geste d’un tiers, des neurones associés à l’exécution de ce même geste sont activés dans son cerveau, bien qu’elle ne l’effectue pas. Une des composantes cérébrales impliquées dans ce phénomène est désignée par le terme de « neurones miroir ». Ces neurones ont <a href="https://cogsci.ucsd.edu/%7Epineda/COGS260Mirroring/readings/Gallese%20et%20al.%20-%20action%20recognition%20in%20the%20premotor%20cortex.pdf">d’abord été découverts chez le singe</a> au milieu des années 1990. Des chercheurs qui étudiaient l’activité neuronale chez cet animal via des microélectrodes ont découvert que certains neurones de leur cortex prémoteur s’activaient non seulement lorsque les singes faisaient des mouvements de la main et de la bouche, mais aussi lorsqu’ils observaient leurs congénères faire ces mêmes mouvements.</p>
<p>Les neurones miroirs ont en effet pour propriété de s’activer à la fois lorsque le sujet effectue une action dirigée vers un but, et quand il observe cette même action sans l’exécuter. Le caractère invasif de l’exploration des caractéristiques physiologiques des « neurones miroirs » (implantations de microélectrodes) rend bien évidemment difficile l’étude de ces derniers chez l’être humain ; cependant, certaines données en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21782846/">imagerie cérébrale (IRMf)</a> suggèrent leur existence. </p>
<p>Ces neurones seraient impliqués dans l’exécution, la reconnaissance de l’action ainsi que dans sa compréhension. Le système miroir serait activement impliqué dans des tâches d’imitation. Il constituerait l’un des substrats de l’apprentissage moteur. </p>
<h2>Et au-delà des neurones miroirs ?</h2>
<p>Plus largement, l’observation d’une action entraîne, outre l’activation des neurones miroirs, des activations d’autres types de neurones, appartenant à un réseau appelé « réseau de l’observation de l’action » (« action-observation network »). De nombreuses <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30098990/">études</a> ont validé l’existence d’une activation de ce réseau et aussi du cortex moteur lors de l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4981639/pdf/nihms-774049.pdf">observation du mouvement</a>. Leurs résultats permettent d’affirmer que le fait d’observer quelqu’un en train de réaliser une action se traduit par une activation « automatique » des réseaux moteurs cérébraux sous-tendant la réalisation de cette action chez l’observateur, même en cas de lésion cérébrale, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23584173/">comme pour la paralysie cérébrale</a>. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-paralysie-cerebrale-premiere-cause-de-handicap-moteur-de-lenfant-123944">La paralysie cérébrale, première cause de handicap moteur de l’enfant</a>
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<p>L’ensemble des neurones activés par l’observation de l’action sont appelés parfois neurones visuomoteurs (les neurones miroirs sont une catégorie particulière de ce type de neurones). Il existe une autre catégorie de neurones, situés au niveau du sillon temporal supérieur du cerveau, qui participent aussi à ce lien visuomoteur en s’activant lors de l’observation de postures corporelles, de mouvements uniquement biologiques, et non lors de mouvement mécanique (mouvement d’une voiture par exemple). Ces neurones ne s’activent que lors de l’observation du mouvement biologique et non pas pendant l’exécution de ce dernier. Ils sont appelés « les neurones de détection du mouvement biologique ». </p>
<p>Ces propriétés visuomotrices, lors de l’observation d’action, permettraient de soutenir les phénomènes de « résonnance motrice » en permettant de prédire les conséquences de l’action observée (« motor prediction ») mais aussi de comprendre cette action (« motor understanding »). L’efficience de ces phénomènes visuomoteurs semble importante dans la performance des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/hbm.22455">athlètes de haut niveau</a> </p>
<h2>Que se passe-t-il pendant l’observation d’une action ?</h2>
<p>Des travaux d’imagerie ont montré que la réponse de notre cerveau à l’observation d’une action dépend directement de notre aptitude à réaliser celle-ci. Plus on la connaît, mieux on sait l’exécuter, et plus les réseaux cérébraux impliqués dans l’observation (action-observation network et les neurones miroirs) sont activés – <a href="https://discovery.ucl.ac.uk/id/eprint/3041/1/1243.pdf">alors qu’ils le sont peu si l’action est inconnue</a>. De même, plus nous sommes experts de l’action observée (autrement dit, plus cette action appartient à notre répertoire moteur) et plus nous comprenons celle-ci lorsque nous la regardons. Nous pouvons donc anticiper d’autant plus facilement et rapidement la réponse à apporter.</p>
<p>Par ailleurs, les activations des neurones visuomoteurs sont différentes en fonction de l’intention de l’observateur. Le niveau d’activation du réseau lié à l’observation du mouvement est en effet dépendant de l’intention de l’observateur face à cette action observée (imitation, reconnaissance ou suppression). Si nous observons une action dans le but de l’imiter, nos neurones seront plus activés lors de cette observation que si nous l’observons celle-ci « passivement », sans but. </p>
<p>Pour imaginer que le visionnage de scènes de football dans le cadre « d’entraînements vidéo » puisse influer sur la performance, il faut non seulement que les joueurs soient déjà assez experts dans les différents paramètres du football visionnés, mais aussi que ce visionnage soit « actif », c’est-à-dire avec l’intention de reproduire le geste technique, la scène visualisée, dans l’ambition de s’améliorer. Ce qui fait dire <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Article/Faut-il-regarder-du-foot-pour-etre-bon-footballeur/1251114">à Régis Le Bris</a> que « le mimétisme est une méthode d’apprentissage qui a fait avancer beaucoup de joueurs. Mais il faut qu’ils posent les bons critères d’analyse ». En effet, un visionnage « passif » n’entraîne pas d’apprentissage moteur. </p>
<h2>L’observation répétée pour favoriser la plasticité cérébrale ?</h2>
<p>Au cours des apprentissages, la structure du cerveau se modifie, en donnant plus de poids à certaines connexions entre neurones qu’à d’autres : c’est ce qu’on appelle la <a href="https://theconversation.com/quest-ce-que-la-plasticite-cerebrale-141907">plasticité cérébrale</a>. Celle-ci est façonnée en fonction des expériences vécues et de différents stimuli externes, comme la pratique répétée du geste. Plus un réseau cérébral est sollicité, plus il est plastique, et plus il est performant (c’est le principe de l’apprentissage moteur notamment). </p>
<p>Il apparaît que l’observation répétée d’un geste simple, d’un mouvement, influence positivement la plasticité, et la rend <a href="https://www.jneurosci.org/content/25/41/9339.long"> plus efficiente</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7x4am1tC7oo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Cette propriété, liée à l’influence de l’observation du mouvement sur la plasticité cérébrale, est aujourd’hui exploitée dans le champ de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6517007/">rééducation neurologique de l’hémiplégie</a> faisant suite à un accident vasculaire cérébral. Outre des techniques classiques de rééducation motrices (mobilisations actives, passives…), certaines équipes proposent des thérapies par le miroir ou de l’observation d’actions via des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22708612/">vidéos</a>. </p>
<h2>Et chez le footballeur ?</h2>
<p>L’observation d’un tir ou de passes au football n’échappe pas aux règles énoncées précédemment, et lorsqu’une personne regarde un footballeur réaliser une passe ou un tir, son réseau neuronal d’observation de l’action (« action-observation network ») et son système <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7171376/">visuomoteur sont donc activés</a>. Cette activation cérébrale dépend ici aussi du <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnhum.2013.00851/full">niveau d’expertise « footballistique » de l’observateur</a>. </p>
<p>Sachant que le niveau d’activation des neurones visuomoteurs dépend à la fois de l’expertise et des intentions de l’observateur, on peut supposer que si des joueurs de football ont déjà une certaine expérience, et s’ils observent une action, un geste technique, à l’aide d’une vidéo avec l’intention de les reproduire, ils ont des chances d’améliorer leurs performances via un « entraînement » de leurs réseaux cérébraux visuomoteurs. </p>
<p>Un footballeur expert « comprend » mieux une action de football observée sur un écran qu’un footballeur novice. De ce fait, il anticipe mieux la réponse à donner. Autrement dit, l’observation passive d’une action, sans réelle expertise, est probablement peu efficace pour favoriser la plasticité cérébrale ; elle risque donc d’avoir peu d’effet sur l’amélioration des performances. En définitive, inutile d’espérer devenir le prochain Kylian Mbappé en vous contentant de regarder l’Euro sur votre écran !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131621/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mickaël Dinomais ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Visionner des vidéos de foot fait aujourd’hui partie intégrante de l’entraînement des joueurs, et certains coachs pensent que leurs performances en sont améliorées.Mickaël Dinomais, Professeur de médecine en Médecine Physique et Réadaptation, Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1595722021-04-28T18:06:36Z2021-04-28T18:06:36ZLa dimension sociale, levier de performance financière des cryptomonnaies<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/396814/original/file-20210423-21-v8rslc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6016%2C4016&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le prix du bitcoin ne cesse de s’envoler, dépassant les 60&nbsp;000&nbsp;dollars au cours du mois d’avril.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/new-york-usa-july-14-2017-677490325">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Cette année, le marché des cryptomonnaies ne cesse de battre des records en matière de valorisation mais également d’impact environnemental et social. En effet, le prix de la cryptomonnaie la plus emblématique, le bitcoin, a de nouveau atteint, courant décembre, son record précédent de 20 000 dollars.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/396812/original/file-20210423-21-15a1w13.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Graphique : Cours du bitcoin (en euros) entre novembre 2020 et avril 2021.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://bitcoin.fr/le-cours-du-bitcoin/">Bitcoin</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Depuis, le prix s’est envolé vers les <a href="https://coinmarketcap.com/">60 000 dollars</a> et en parallèle, sa <a href="https://cbeci.org/">consommation énergétique</a> a dépassé un degré alarmant. Elle atteint des niveaux semblables à la consommation de pays, tel que les Pays-Bas. Cet engouement pour la performance financière est-il au détriment des externalités sociétales ?</p>
<p>Actuellement, les comportements relatifs à l’environnement, au social et à la gouvernance (ESG) sont scrutés par le <a href="https://theconversation.com/les-criteres-esg-suscitent-un-interet-grandissant-chez-les-investisseurs-151302">milieu financier</a>. Les préoccupations sont désormais intégrées dans les choix d’investissement avec comme objectif de financer un monde plus durable.</p>
<p>L’enthousiasme est souligné, d’une part, par l’attrait de la finance responsable auprès des investisseurs et d’autre part, par la hausse des régulations concernant les divulgations extrafinancières par les entreprises. Les investisseurs éthiques utilisent ces informations afin de déterminer le comportement ESG d’une entreprise et auront tendance à exclure les profils les plus controversés. Quant aux investisseurs des cryptomonnaies, la majorité semble encore peu soucieuse de ces problématiques.</p>
<h2>Les cryptomonnaies au regard des trois piliers de l’ESG</h2>
<p>Pourtant les chercheurs ont montré que la consommation du réseau associé au bitcoin est <a href="https://theconversation.com/le-bitcoin-et-la-blockchain-des-gouffres-energetiques-62335">colossale</a>. De surcroît, les émissions carbones associées sont estimées à <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-019-0533-6.pdf">69 millions</a> de tonnes, soit plus que le Portugal à lui seul. Si ces émissions ne sont pas radicalement réduites, l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés sera <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-018-0321-8">inatteignable</a>.</p>
<p>Par ailleurs, la concentration de l’actionnariat pose de sérieux <a href="https://theconversation.com/bitcoin-lintenable-promesse-dune-monnaie-pour-tous-158475">problèmes de gouvernance</a>. En effet, un nombre réduit d’investisseurs détient quasiment la moitié des bitcoins en circulation. D’autre part, les instances françaises et européennes rencontrent des <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/25/monnaies-virtuelles-les-sherifs-de-la-regulation-debarquent_5480952_3234.html">difficultés</a> à réguler le marché. Les comportements opportunistes n’étant pas sanctionnés, des recherches estiment <a href="https://www.researchgate.net/publication/330922954_Crypto-Currencies_and_ICOs_Are_They_Scams_An_Empirical_Study">qu’environ 80 %</a> des projets en lien avec les cryptomonnaies sont frauduleux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1201962921837965313"}"></div></p>
<p>Néanmoins, les cryptomonnaies ont un potentiel élevé de réduction des coûts. La technologie sous-jacente, la <em>blockchain</em>, permet d’échanger dans un système décentralisé <a href="https://theconversation.com/comment-la-blockchain-va-changer-la-gouvernance-des-entreprises-84079">sans tiers de confiance</a>. Le troisième pilier de l’ESG, à savoir l’aspect social, est quant à lui sous-représenté dans les études actuelles.</p>
<p>Toutefois, la dimension sociale fait partie intégrante du fonctionnement des cryptomonnaies. En effet, cet écosystème intègre diverses parties prenantes telles que les développeurs, les mineurs, les utilisateurs, les plates-formes d’échange, les autorités publiques, les médias ainsi que l’environnement.</p>
<p>Dans la théorie des parties prenantes appliquée au cadre des entreprises, maintenir des relations privilégiées avec ces entités est source davantage compétitif et donc de performance accrue. Dès lors, une question se pose : les cryptomonnaies avec des aspects sociaux renforcés enregistrent-elles une performance supérieure aux autres ?</p>
<h2>Un potentiel social innovant</h2>
<p>Dans notre dernier <a href="https://www.researchgate.net/publication/346723476_Social_Features_and_Cryptocurrency_Returns">article de recherche</a>, nous nous concentrons sur deux parties prenantes au cœur du pilier social : les utilisateurs et les mineurs. Les premiers sont les individus qui échangent des cryptomonnaies et peuvent être considérés comme des actionnaires. Les mineurs, quant à eux, sont des utilisateurs particuliers qui permettent la validation des transactions et peuvent être considérés comme des employés d’une société « ubérisée ».</p>
<p>Afin de mesurer la performance sociale d’une cryptomonnaie, trois indicateurs peuvent être utilisés, à savoir la rémunération des mineurs, l’inclusion financière et la transparence. Les mineurs sont rémunérés pour leur travail effectué. Ils <a href="https://theconversation.com/bitcoin-des-montants-record-et-apres-71046">reçoivent une quantité de cryptomonnaies</a> pour chaque bloc confirmé. Cette rémunération est variable et fluctue en fonction du prix des cryptomonnaies.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation du minage de bitcoin.</span></figcaption>
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<p>L’inclusion financière fait référence aux barrières à l’entrée. Ces barrières sont de nature technologique, à savoir la puissance de calcul requise pour miner. Plus elles sont élevées, moins de mineurs (principalement non professionnels) participeront au fonctionnement du système. Enfin, la transparence évalue l’accès à l’historique des transactions en cryptomonnaies. Les plus transparentes assurent un accès équitable aux informations de marchés pour l’ensemble des utilisateurs.</p>
<h2>Un possible investissement responsable</h2>
<p>En utilisant un échantillon des 20 principales cryptomonnaies entre 2015 et 2020, nous trouvons que les plus transparentes sont favorisées par le marché. En effet, un portefeuille de cryptomonnaies transparentes enregistre une rentabilité annuelle deux fois supérieure à celle d’un portefeuille de cryptomonnaies moins transparentes. Ainsi, les investisseurs du marché des cryptomonnaies semblent valoriser cet aspect.</p>
<p>Nos résultats quant aux dimensions de rémunération et d’inclusion financière démontrent qu’elles ne sont pas coûteuses en termes de performance financière. Il est vrai que ces résultats pourraient être biaisés par la dominance du bitcoin. Or, nos constats restent inchangés lorsque ce biais est neutralisé.</p>
<p>Suite à ces analyses, nous suggérons que réaliser un investissement socialement vertueux ne détruit pas de rentabilité pour les investisseurs des cryptomonnaies, et peut même s’avérer source d’enrichissement. Pour les développeurs, créer des cryptomonnaies favorisant l’aspect social – rémunération, inclusion et/ou transparence – pourrait améliorer la valorisation lors du processus d’introduction sur le marché : les <a href="https://theconversation.com/ico-des-levees-de-fonds-en-cryptomonnaie-84956">Initial Coin Offering</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/396816/original/file-20210423-19-15wpenx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/396816/original/file-20210423-19-15wpenx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/396816/original/file-20210423-19-15wpenx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/396816/original/file-20210423-19-15wpenx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/396816/original/file-20210423-19-15wpenx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/396816/original/file-20210423-19-15wpenx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/396816/original/file-20210423-19-15wpenx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un investissement vertueux socialement en cryptomonnaie peut être une source d’enrichissement pour les investisseurs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/modern-social-banking-crypto-currency-technology-1890038995">Shutterstock</a></span>
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<p>Si l’aspect social est source de richesse, les deux autres dimensions de l’ESG – environnement et gouvernance – peuvent elles aussi avoir un impact sur la performance des cryptomonnaies. Une extension de ce type d’étude aux deux autres piliers pourrait s’avérer pertinente pour les investisseurs et bénéfique pour la promotion de l’investissement responsable.</p>
<p>Pour qu’une étude sur l’aspect environnemental soit réalisée, la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre pour un plus grand nombre de cryptomonnaies doivent être mesurées. L’aspect gouvernance requiert quant à lui une analyse qualitative approfondie pour chacune des cryptomonnaies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159572/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Selon une étude, les monnaies virtuelles qui maintiennent une relation privilégiée avec les développeurs, les utilisateurs ou encore les autorités se créent un avantage.
urce d’avantage compétitifElise Alfieri, Maître de conférences en finance, IAE Gustave Eiffel, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Yann Ferrat, Doctorant, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1584412021-04-26T17:34:15Z2021-04-26T17:34:15ZLe syndrome de « l’excusite aiguë » dans le milieu sportif<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/397057/original/file-20210426-15-r4m9t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3500%2C2331&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour performer, certains sportifs peuvent basculer dans la triche.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/SQvRd2EVqLM"> Philip Strong / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’excuse est consubstantielle à la nature humaine et reste tolérable jusqu’à un certain point. Au-delà se développe une culture de l’excuse où l’irresponsabilité prévaut.</p>
<p>Dans le milieu sportif, le syndrome de l’excusite aiguë a pris racine. Ce mal chronique affecte tout particulièrement les parties prenantes de l’entreprise du raccourci. Par cette expression, il faut entendre un processus dévoyé permettant la production de résultats sportifs plus rapidement ou hors d’atteinte naturellement. Son objet consiste à préparer les fake performeurs à <a href="https://theconversation.com/quelle-est-la-formule-gagnante-pour-produire-des-fake-performances-en-sport-145801">délivrer des fake perfs</a>. Cette entreprise rarement unipersonnelle implique la tricherie en employant des moyens physiologiques et/ou technologiques interdits pour être artificiellement <a href="https://www.cyclismactu.net/news-dopage-danilo-di-luca-je-voulais-gagner-des-courses-tout-prix-96164.html">plus performant</a> toutes disciplines sportives confondues.</p>
<p>Bien que ce syndrome touche un grand nombre d’individus et d’organisations dans le milieu sportif à l’échelle mondiale, il demeure non formalisé à ce jour et nécessite donc une introduction explicite. L’adoption irréfléchie et l’emploi inconditionnel des termes dopage, dopé et leurs dérivés dénaturent la réalité et bloquent toute avancée. La mise à disposition d’un nouveau lexique incluant les concepts de <a href="https://theconversation.com/dopage-pourquoi-plutot-raisonner-a-partir-du-concept-de-fake-perfs-111387">fake perfs</a>, <a href="https://theconversation.com/dope-un-qualificatif-trouble-vehiculant-le-bien-et-le-mal-129383">fake performeur</a>, producteur de fake performeurs et entreprise du raccourci ouvre la voie à la formalisation de phénomènes inconnus au bénéfice de l’intégrité sportive.</p>
<h2>Des symptômes reconnaissables</h2>
<p>Dès que la plupart des fake performeurs sont formellement confondus de <a href="https://www.sowetanlive.co.za/sport/2021-02-06-kenyas-kibet-gets-four-year-ban-for-violating-anti-doping-rules/">manière directe</a> ou <a href="https://citizentv.co.ke/sports/2020-review-no-respite-as-doping-cases-plague-kenyan-athletes-3343397/">indirecte</a>, ils nient l’évidence et se trouvent une ou plusieurs <a href="https://www.news.com.au/sport/olympics/shayna-jacks-bizarre-blender-defence-for-failed-doping-test/news-story/e882b335e1a169491e4781dc351a2b68">excuses</a> pour justifier l’état de fait.</p>
<p>Dans le domaine, il existe deux types d’excuses : l’excuse improvisée et l’excuse préméditée.</p>
<p>La première nommée représente une tentative de couverture ex post et la seconde, une tentative de couverture ex ante. Les excuses sont si courantes dans le milieu sportif qu’un ouvrage vient d’en publier un <a href="https://www.estrepublicain.fr/insolite/2020/10/31/sexe-mensonge-et-epo-les-plus-belles-excuses-du-dopage-rassemblees-dans-un-livre">recueil</a>. Ensuite, ces tricheurs prennent généralement la posture de <a href="https://sports.yahoo.com/david-moore-central-michigan-ncaa-suspension-drug-test-203838119.html">victime</a> en mobilisant le registre émotionnel de manière plus ou moins spectaculaire. Enfin, ils peuvent faire appel à un ou plusieurs <a href="https://sport.francetvinfo.fr/auto-moto/moto/motogp-le-pilote-andrea-iannone-suspendu-4-ans-pour-dopage-par-le-tribunal-arbitral">avocats</a> pour viser l’annulation totale ou partielle des sanctions qu’ils encourent.</p>
<p>Comment expliquer leurs comportements mimétiques ?</p>
<h2>Un diagnostic saisissant</h2>
<p>Les fake performeurs incarnent le dernier maillon de la chaîne de l’entreprise du raccourci donc ils subissent inévitablement l’influence des autres maillons en amont. Leur entourage direct composé de conseillers occultes, de médecins ou d’entraîneurs joue un rôle déterminant dans <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/sport-et-sante/sportifs-amateurs-attention-au-dopage_3719539.html">leurs faits et gestes</a>. Ces derniers endossent le costume de professeur et initient progressivement les apprentis tricheurs à la production de fake perfs. Durant cette (dé)formation, les producteurs de fake performeurs veillent à ce que leurs élèves connaissent par cœur le chapitre consacré à l’anticipation.</p>
<p>Pour entrer dans le vif du sujet, voici une pièce à conviction rarissime et accablante. Bernard Sainz, alias « Docteur Mabuse », est un conseiller occulte de renom opérant dans le monde des <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/dopage/cyclisme-dopage-peine-confirmee-pour-bernard-sainz-6959295">courses cyclistes et hippiques</a>. Déjà condamné dans le passé, il s’est fait prendre la main dans le sac durant ses cours individuels de manière irréfutable. Dans l’émission de télévision <a href="https://www.youtube.com/watch?v=uvxR36ScTis"><em>Cash Investigation</em></a>, ce personnage sulfureux enseigne discrètement à un fake performeur muni d’une caméra cachée comment maquiller la prise d’une substance interdite au moyen d’une prescription médicale parfaitement légale en cas de contrôle positif. Il lui sert ainsi sur un plateau un argumentaire crédible pour échapper totalement ou partiellement à ses responsabilités si jamais les choses tournent mal.</p>
<p>De même, le docteur Richard Freeman vient d’être condamné et <a href="https://www.theguardian.com/sport/2021/mar/19/former-british-cycling-and-team-sky-chief-doctor-richard-freeman-struck-off">radié de sa profession le 19 mars 2021</a> par l’Ordre des médecins Britannique (GMC) pour fautes graves lorsqu’il occupait les fonctions de médecin de la fédération cycliste britannique (BC) et de l’équipe cycliste Sky.</p>
<p>Ce producteur de fake performeurs n’a pas hésité lors des audiences à mentir sur tous les points liés aux fake perfs. À titre d’exemple, il a soutenu qu’il ne connaissait pas les effets positifs de la testostérone <a href="https://www.cyclismactu.net/news-dopage-l-ex-medecin-de-sky-ignorait-effets-de-testosterone-96673.html">sur la performance sportive</a>. Pour ne pas être démasqué, ce médecin a même fait <a href="https://www.skysports.com/more-sports/cycling/news/21683/12131838/dr-richard-freeman-denies-putting-his-own-ambition-before-the-safety-of-riders">disparaître les preuves</a> en sa possession en prétextant diverses raisons (premier ordinateur soi-disant volé, deuxième ordinateur détruit par lui-même pour cause de mal-être, troisième ordinateur inaccessible et messages supprimés sur son téléphone portable pour cause de cession).</p>
<p>Enfin, le coach <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NLfbqqAEKwo">Alberto Salazar</a> associé au docteur Jeffrey Brown ont été suspendus quatre ans par l’agence antidopage états-unienne (USADA), le 30 septembre 2019, pour avoir enfreint plusieurs règles contre les <a href="https://www.usada.org/sanction/aaa-panel-4-year-sanctions-alberto-salazar-jeffrey-brown/">fake perfs</a>. Ce scandale éclaboussa <a href="https://fortune.com/longform/nike-running-win-at-all-costs-book-matt-hart/">Nike</a>, le premier équipementier sportif au monde, et son PDG de l’époque Mark Parker. Plusieurs expériences interdites à visée performative sur des athlètes ont été réalisées dans leur centre d’entraînement (NOP) ce qui provoqua la <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/11/athletisme-nike-arrete-l-oregon-project-apres-la-suspension-pour-dopage-de-salazar_6015086_3242.html">fermeture de celui-ci</a>. Acculés, le coach et le PDG affirmèrent que leurs essais avaient été menés pour éviter qu’une personne malintentionnée ne contamine <a href="https://www.lalsace.fr/sport/2019/10/02/affaire-salazar-pourquoi-nike-est-eclabousse-par-le-scandale">leurs propres athlètes</a>.</p>
<p>Résultat des courses, le retour sur investissement des excuses du docteur Richard Freeman et du coach Alberto Salazar et consorts s’avère mirifique. Effectivement, aucun de leurs protégés n’a été déclaré <a href="https://www.spe15.fr/salazar-et-freeman-dopeurs-dathletes-fantomes/">fake performeur à ce jour</a>.</p>
<h2>Un traitement inopérant</h2>
<p>La sous-estimation des fake performeurs et des producteurs de fake performeurs est une <a href="https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-sport/20121209.RUE4102/un-sportif-de-tres-haut-niveau-est-forcement-intelligent.html">grave erreur d’appréciation</a>.</p>
<p>Trois membres de l’agence française de lutte contre le dopage (AFLD) en ont fait <a href="https://www.dalloz-actualite.fr/flash/diffamation-deux-ans-apres-faits-j-ai-un-sentiment-d-une-tres-grande-violence#.YDEUo-gzbIU">l’amère expérience</a> lors du contrôle inopiné de l’athlète Clémence Calvin au Maroc qui s’est soldé par <a href="https://sport.francetvinfo.fr/antidopage-clemence-calvin-definitivement-deboutee-par-le-conseil-detat">sa fuite puis sa condamnation</a>. Quand un contrôle intervient dans la fenêtre de détection, les fake performeurs savent sur-le-champ que leur carrière sportive est en grand danger donc ils ne lésineront sur aucun moyen pour la sauvegarder.</p>
<p>Dans ce contexte, la force anticipatrice de leurs excuses crédibilise leurs mensonges et désarçonne le plus grand nombre au bénéfice du doute. Avec un grand sang-froid, certains d’entre eux atteignent les <a href="https://psycnet.apa.org/record/1976-27199-001">sommets de l’escalade de l’engagement</a>. Paradoxalement, cela peut leur rapporter plus ou moins gros en obtenant l’annulation ou la réduction de leurs sanctions.</p>
<p>Deux réalités consternantes révèlent l’incapacité de traiter le syndrome de l’excusite aiguë dans le milieu sportif. Premièrement, les nombreuses exceptions aux règles tuent les règles. <a href="https://www.wada-ama.org/fr/ressources/le-code/code-mondial-antidopage">En théorie</a>, </p>
<blockquote>
<p>« Il incombe personnellement aux sportifs de s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre dans leur organisme. Les sportifs sont responsables de toute substance interdite ou de ses métabolites ou marqueurs dont la présence est décelée dans leurs échantillons. Par conséquent, il n’est pas nécessaire de faire la preuve de l’intention, de la faute, de la négligence ou de l’usage conscient de la part du sportif pour établir une violation des règles antidopage en vertu de l’article 2.1. »</p>
</blockquote>
<p>Dans les faits, combien de décisions ont scrupuleusement respecté cette règle fondamentale ? Deuxièmement, le pourcentage de fake performeurs effectivement sanctionnés <a href="https://www.wada-ama.org/sites/default/files/resources/files/2017_adrv_report.pdf">(entre 0 % et 1 %)</a> par rapport au pourcentage de fake performeurs dans la nature <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-014-0247-x">(entre 14 % et 39 %)</a> met en évidence un écart abyssal.</p>
<h2>Comment le soigner autrement ?</h2>
<p>Le syndrome de l’excusite aiguë dans le milieu sportif perdure parce qu’il bénéficie de conditions propices à son développement. Ne jamais perdre de vue qu’il faut être deux pour danser le tango.</p>
<p>Jusqu’à preuve du contraire, l’entreprise du raccourci est présente dans <a href="https://www.europe1.fr/emissions/linterview-de-5h40/dopage-il-y-a-une-omerta-dans-le-football-assure-jean-pierre-verdy-4036511">tous les sports</a> et partout dans le monde. La sophistication des fake performeurs et des producteurs de fake performeurs exige que la lutte contre les fake perfs soit également <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00207727008920220">sophistiquée</a> et ce n’est pas le cas.</p>
<p><a href="https://lequotidien.lu/sport-national/dopage-aucun-athlete-licencie-au-luxembourg-controle-positif-en-2020/">Le laxisme ambiant</a>, la non-indépendance de l’agence mondiale antidopage <a href="https://www.insidethegames.biz/articles/1103313/michael-ask-guest-blog">(AMA)</a>, la fracture actée de la <a href="https://www.sportsintegrityinitiative.com/will-roda-replace-wada-in-2021/">gouvernance mondiale</a> et la corruption de <a href="https://www.20minutes.fr/sport/2964011-20210128-dopage-prostituees-parties-chasse-pots-vin-comment-russie-achete-ancien-president-federation-biathlon">fédérations sportives internationales</a> entre autres permettent de saisir pourquoi le rapport de force entre le côté lumineux et le côté obscur tend irrémédiablement vers le sacro-saint statu quo.</p>
<p>Comment faire alors ? Dans le domaine des fake perfs, les beaux mots sont vides donc il convient de se fier aux actions effectivement menées dans la durée pour croire encore en quelque chose. Depuis 2017, l’unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU) combat en son sein les dérives dont les fake perfs, indépendamment de la fédération internationale d’athlétisme (WA).</p>
<p><a href="https://www.theguardian.com/sport/blog/2021/jan/18/athletics-66-doping-bans-showcase-a-winning-way-other-sports-should-follow">Le remarquable tableau de chasse</a> de cette petite unité aux moyens financiers limités s’explique par le fait qu’ils emploient des <a href="https://www.lequipe.fr/Athletisme/Actualites/Brett-clothier-directeur-de-l-agence-antidopage-athletics-integrity-unit-nous-avons-carte-blanche/1224556">moyens sophistiqués</a> pour lutter d’égal à égal. Si tous les sports se dotaient d’une telle structure indépendante, on pourrait commencer à comparer le comparable et le grand public découvrirait médusé le véritable paysage des fake perfs <a href="https://www.cyclingweekly.com/news/racing/cycling-moves-down-sports-doping-list-three-places-to-8th-with-18-recorded-cases-in-2020-489189">par sport et par pays</a>. Finalement, qui sont les premières victimes du syndrome de l’excusite aiguë ? Non pas les personnes atteintes de cette pathologie mais les athlètes intègres, une majorité silencieuse et négligée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158441/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien M. Gargam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quand un sportif est pris la main dans le sac de la tricherie, il est forcé de s’excuser, mais comment peut-il faire ?Fabien M. Gargam, Assistant Professor of Management, Renmin University of China et Chercheur Associé, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1580872021-04-05T16:26:07Z2021-04-05T16:26:07ZUne fonction achats qui priorise l’écologie dans ses indicateurs dynamise la performance économique de l’entreprise<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/392289/original/file-20210329-23-63i9l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5568%2C3700&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certaines entreprises tentent de prendre en compte les enjeux écologiques de leurs activités via un compte de résultat environnemental.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/light-bulb-coins-beside-young-plant-1681483996">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En période économique difficile, le premier réflexe des entreprises est d’exiger de la <a href="https://www.economie.gouv.fr/facileco/fonction-achats#:%7E:text=La%20fonction%20Achats%20est%20charg%C3%A9e,besoins%20de%20l%E2%80%99entreprise">fonction achats</a> de la <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/01/14/la-reduction-des-couts-redevient-une-priorite-des-directeurs-d-achats_6066215_3234.html">performance économique</a>, à travers des demandes de <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/territoire-de-belfort/coronavirus-covid-19-ge-demande-ses-fournisseurs-baisser-leurs-prix-scandale-patron-pme-1822864.html">réductions des coûts supplémentaires auprès des fournisseurs</a>, voire des <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/un-tiers-des-entreprises-controlees-par-la-repression-des-fraudes-ne-respectent-pas-les-delais-de-paiement-1292538">allongements des délais de paiement</a>… Ce réflexe est celui de « l’ancien monde » : pervers, contreproductif et anachronique.</p>
<p>Vis-à-vis de leurs fournisseurs, certaines entreprises deviennent des répulsifs à force d’exigences incessantes de réductions de coûts. En rognant leurs marges, elles limitent leur capacité d’autofinancement et donc leur capacité d’innovation. Des secteurs complets de sous-traitance sont ainsi affaiblis.</p>
<p>Il est indéniable que les entreprises ont besoin de rétablir leur santé financière. Mais pour ce faire, il convient de prioriser l’écologie dans les stratégies d’achats, comme condition sine qua non de la performance économique.</p>
<p>Certes, l’écologie n’apparaît pas (encore !) dans les comptes des entreprises (à l’exception de quelques pionniers, Kering, par exemple, qui propose un <a href="https://www.kering.com/fr/news/partage-sa-methodologie-compte-resultat-environnemental-promouvoir-comptabilite-environnementale-entreprises">Compte de résultat environnemental</a>). Mais, comme l’a souligné Henri de Castries, ancien PDG d’Axa, les entreprises ne survivront pas dans un monde à +4 °C, invivable et accessoirement inassurable.</p>
<p>À partir de quatre études de cas, nous proposons quatre explications qui montrent que mettre l’écologie au cœur de la fonction achats permet d’améliorer les performances de l’entreprise.</p>
<h2>Augmentation de la performance des acheteurs</h2>
<p>Dans bon nombre d’entreprises, le premier indicateur de performance achats est la réduction des coûts, puis suivent les indicateurs de qualité, de livraison, etc.</p>
<p>De nombreux acheteurs ne se sentent pas légitimes vis-à-vis de leurs fournisseurs par rapport à cette exigence prioritaire de coûts, d’où une perte de sens dans leur travail. Il en résulte de la souffrance, car leurs valeurs personnelles ne sont pas alignées avec leurs actions. Nous avons ainsi observé des scores d’engagement, au sein de département achats d’entreprises du CAC 40, inférieurs à ceux des autres départements.</p>
<p>Il existe, certes, des indicateurs RSE (responsabilité sociale des entreprises) dans la performance achats, mais il s’agit majoritairement d’indicateurs de respect des réglementations ou de conformité des fournisseurs. Ils sont plutôt déresponsabilisants en faisant peser la responsabilité de la RSE sur les fournisseurs.</p>
<p>Prioriser des indicateurs écologiques dans la performance achats, tels que la diminution des émissions de CO<sub>2</sub>, des consommations énergétiques, la préservation de la biodiversité ou la valorisation des déchets, va redonner de la légitimité aux acheteurs et créer du sens. Ces derniers seront plus engagés et donc plus performants.</p>
<h2>Favorisation de l’intelligence collective</h2>
<p>Donner la priorité à l’écologie dans les indicateurs Achats va augmenter les interactions de cette fonction avec les autres départements de l’entreprise, car l’écologie est un objectif légitime partagé par tous.</p>
<p>Cela va par conséquent l’amener à travailler davantage en transversal avec des fonctions avec lesquelles elle était peu impliquée jusqu’à présent (en particulier, le commercial, la recherche & développement (R&D) et l’innovation).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1229269478350970880"}"></div></p>
<p>Le décloisonnement accroît non seulement la productivité, mais favorise surtout une intelligence collective vectrice d’innovation et de performance économique. Preuve en est des résultats obtenus par Sagemcom, leader dans les terminaux communicants.</p>
<p>Son directeur achats explique :</p>
<blockquote>
<p>« Notre objectif est de diminuer l’usage des ressources tout au long du cycle de vie des produits. Pour ce faire, nous avons énormément collaboré avec la R&D et nos fournisseurs et nous nous sommes engagés dans l’écoconception. Sur notre dernier décodeur, on a réussi, non seulement, à utiliser 100 % de plastique recyclé pour la coque inférieure, mais on a aussi diminué sa surface, du coup la taille de la coque, celle des emballages. On a alors augmenté le nombre de produits par palettes. C’est une baisse des coûts totaux et 186 000 tonnes de CO<sub>2</sub> économisées lorsque l’ensemble du parc aura été remplacé. Toutes nos innovations environnementales contribuent à diminuer les coûts totaux et elles constituent aussi un avantage concurrentiel pour remporter les appels d’offres ».</p>
</blockquote>
<h2>Abandon des conflits avec les fournisseurs</h2>
<p><a href="https://www.cerag.org/publications/enrichir-lanalyse-relations-client-fournisseur-motivation-cas-dun-equipementier-automobile-0">Comme nous l’avons déjà montré</a>, les demandes régulières de réduction de coûts sont conflictuelles et nuisent à la qualité de la relation. Elles signifient souvent un enrichissement de l’une des parties au détriment de l’autre.</p>
<p>Partir d’un indicateur écologique permet aux deux parties de partager un objectif d’ordre supérieur et d’œuvrer ensemble pour le bien commun et non plus pour les intérêts d’une seule partie. Dans l’écologie, les deux bénéficient de la valeur créée.</p>
<p>S’agissant de la révision des indicateurs, le directeur achats de Blédina, numéro un français de l’alimentation infantile, souligne :</p>
<blockquote>
<p>« La certification “B Corp” nous a incités à revoir nos traditionnels indicateurs Achats (Coût-Qualité-Délai) et à valoriser des indicateurs d’impact sur notre écosystème agricole local (<em>sourcing</em> local, soutien des agriculteurs, préservation des ressources, biodiversité…). Le soutien dans la durée d’agriculteurs facilite le déploiement d’une agriculture régénératrice et la conversion de parcelles au bio, pour répondre à une demande croissante de nos clients. Ces nouveaux indicateurs nous permettent de réconcilier le bien commun avec le business ».</p>
</blockquote>
<p>Pour Blédina comme pour les agriculteurs, cela se traduit par une plus grande performance économique en termes de chiffre d’affaires et de pérennité de business.</p>
<p>Pour l’entreprise belge Spadel d’eaux minérales embouteillées, la priorité est d’être neutre en carbone à court terme en limitant les démarches de compensation. Il a été décidé que la réduction des émissions de CO<sub>2</sub> conditionne une partie de la rémunération variable des acheteurs.</p>
<p>Le responsable des achats du groupe souligne :</p>
<blockquote>
<p>« Si on envisage un achat impactant négativement notre bilan carbone, il faut le justifier auprès du Comex et trouver des solutions alternatives ».</p>
</blockquote>
<p>La direction des achats a alors priorisé un fournisseur de préformes, Plastipak, capable de proposer une réduction du poids des bouteilles PET (Polyéthylène Téréphtalate). Entre 2018 et 2019, ce sont plus de 2 000 tonnes de matières plastiques économisées et 4 600 tonnes de CO<sub>2</sub>. Au final, être neutre en carbone signifie une baisse des coûts pour Spadel et du chiffre d’affaires supplémentaire pour son fournisseur Plastipak.</p>
<h2>Stimulation de l’innovation</h2>
<p><a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-94-024-1144-7_16">Les recherches montrent</a> que les contraintes écologiques obligent à appréhender les choses sous un angle neuf. Elles stimulent la créativité, a fortiori l’innovation, pour réduire les ressources utilisées, améliorer les procédés, trouver des débouchés aux sous-produits… Au final, les coûts baissent, la productivité augmente et parfois même les revenus s’accroissent.</p>
<p>Prenons l’exemple du constructeur PSA. Sur son site de Charleville-Mézières, PSA travaille avec son fournisseur Dalkia sur l’optimisation énergétique. La mise en place d’un contrat de performance énergétique avec partage des gains est déjà une approche innovante, lorsque l’on sait que le <a href="https://www.stateofflux.co.uk/ideas-insights/reports-and-publications/2019-global-srm-research-report">partage des gains est utilisé par moins de 30 % des clients</a>. Le projet aurait pu s’arrêter à ce stade.</p>
<p>Mais l’idée a été de récupérer la chaleur fatale de la fonderie pour alimenter en chaleur bas carbone des logements sociaux de la ville, où résident les salariés de PSA. La vente de cette énergie devient un complément de revenus pour PSA. Le coût de revient de ses pièces diminue. De son côté, Dalkia fournit la ville en chaleur bas carbone avec un prix du kWh réduit de 15 % pour le consommateur et évite le rejet de 7 000T de CO<sub>2</sub> par an. De cette démarche créative, il en résulte un impact positif sur l’environnement, l’économique et le social.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/392288/original/file-20210329-15-15obmg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392288/original/file-20210329-15-15obmg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392288/original/file-20210329-15-15obmg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392288/original/file-20210329-15-15obmg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392288/original/file-20210329-15-15obmg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392288/original/file-20210329-15-15obmg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392288/original/file-20210329-15-15obmg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">À Charleville-Mézières, PSA récupère la chaleur de sa fonderie pour chauffer les logements sociaux de la ville.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/blast-furnace-smelting-liquid-steel-mills-683130262">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les acheteurs sont très rarement moteurs sur ces projets alors que ce sont eux qui achètent la maintenance industrielle, l’énergie, etc. Prioriser des indicateurs écologiques plutôt que des indicateurs de coûts les poussera à réfléchir différemment avec les fournisseurs.</p>
<p>Nous sommes convaincus que c’est en changeant d’indicateurs que nous pourrons changer notre vision du monde. La <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-et-investisseurs-mieux-informer-des-risques-qui-pesent-sur-la-stabilite-financiere-57064">finance s’inscrit dans cette dynamique</a> : un « groupe de travail sur les informations financières relatives au climat » (<a href="https://www.fsb-tcfd.org/about/"><em>Task Force on Climate-related Financial Disclosures</em></a>, TCFD) a notamment été créé pour repenser les indicateurs financiers des entreprises.</p>
<p>Pourquoi la fonction achats ne créerait-elle pas également un groupe de réflexion sur ses indicateurs de performance au vu des enjeux climatiques ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158087/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Natacha Tréhan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plusieurs exemples montrent qu’une stratégie plus responsable légitime les acheteurs, limite les conflits avec les fournisseurs, favorise l’intelligence collective et stimule l’innovation.Natacha Tréhan, Maître de conférences en management des achats, Grenoble IAE Graduate School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1555172021-02-25T18:01:40Z2021-02-25T18:01:40ZLe trail-running à l’épreuve des crises<p>Avec près de 20 millions de pratiquants estimés à travers le monde, le trail-running est l’un des sports qui connaît la plus forte croissance au monde depuis 2010 selon la <a href="https://www.worldathletics.org/disciplines/trail-running/trail-running">fédération internationale d’Athlétisme</a>. Cependant, face à la pandémie mondiale de la Covid-19 et avec la crise écologique en toile de fond, le développement de la discipline se trouve présentement entravé. Les acteurs de la discipline sont pleinement mobilisés pour faire en sorte que les traileurs retrouvent leurs dossards au sein des sentiers.</p>
<h2>Une discipline récente au succès incontestable</h2>
<p>Le trail-running est un sport de plein air offrant une immersion dans la nature au cœur de paysages diversifiés : en pleine montagne ou près des côtes océaniques, dans l’aridité des déserts ou au cœur des forêts.</p>
<p>Officiellement, le trail-running se <a href="https://itra.run/content/definition-trail">définit</a> comme une compétition pédestre ouverte à tous dans un environnement naturel, les passages sur les routes cimentées ou goudronnées ne devant pas excéder 20 % de la distance totale. Cette définition a été formulée en <a href="https://itra.run/content/presentation-itra">2013</a> par l’internationale Trail-Running Association (ITRA), instance créée par les principaux acteurs du trail-running pour structurer la discipline et promouvoir son développement à travers le monde. Le trail dans sa version moderne existait pour autant bien en amont de la création de l’ITRA, à partir des années 1970 dans <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19915499/">l’Ouest américain</a> et dans les années <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/07053436.2019.1583425">1980-1990</a> en Europe.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XlKWDV2M6d0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Ultra-Trail du Mont-Blanc, comment vaincre la fatigue ?</span></figcaption>
</figure>
<p>C’est cependant au tournant du XXI<sup>e</sup> siècle que ce sport de plein air va connaître un réel essor avec une croissance significative du nombre de ses évènements sportifs et de ses adeptes. Pour témoigner de ce succès indéniable, de 2013 à 2019, l’ITRA a enregistré plus de <a href="https://itra.run/documents/Infographics/EN-ITRA-Trail-Running-Infographics-2020.pdf">25 700 courses</a> dans 195 pays à travers le monde pour plus 1,77 million de pratiquants en compétition.</p>
<h2>Une crise sanitaire brutale</h2>
<p>Depuis le début de l’année 2020, le secteur de l’événementiel sportif fait face à une crise sans précédent avec la pandémie mondiale de la Covid-19. La crise sanitaire a imposé le déploiement de mesures de confinements touchant près de la moitié de l’humanité fin mars 2020 (<a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/30/coronavirus-quels-pays-sont-confines_6034936_3244.html">3,9 Md de personnes</a>).</p>
<p>Ces mesures ont eu pour effet une <a href="https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Ultra-trail/Actualites/La-liste-des-ultra-trails-annules-a-cause-du-corona-virus/1120490">annulation</a> en série des épreuves de trail-running, voire de certains <a href="https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Ultra-trail/Actualites/Trail-running-comment-le-covid-19-a-t-il-impacte-les-trois-grands-circuits/1138071">circuits internationaux</a> : en 2020, l’Ultra-trail World Tour n’a pas décerné de titre et la Golden Trail World Series et de la Skyrunning World Series ont été annulées.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1356939995962101760"}"></div></p>
<p>Si l’ensemble des conséquences de cette crise ne sont à ce jour connues, les répercussions seront nombreuses pour les organisateurs – allant jusqu’à <a href="https://distances.plus/international/ultra-trails-andorre-disparition-discorde-ronda-euforia/">l’arrêt de certains évènements</a>. Plus largement, ce sont les acteurs socio-économiques des territoires où les épreuves prennent place qui pâtissent de ces annulations. Ces évènements sportifs de plein air sont structurants pour l’économie locale en étant de réels outils <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/le-trail-nouvel-outil-dattractivite-territoriale">d’attractivité territoriale</a> et <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14775085.2018.1432410">touristique</a>. Les retombées économiques générées par certains évènements se comptent en millions d’euros (près de <a href="https://www.lyoncapitale.fr/actualite/coronavirus-et-trail-quel-impact-sur-l-utmb/">7,5 millions d’euros pour l’UTMB en 2017</a>).</p>
<p>Pour les athlètes élites et amateurs, rester en mouvement a représenté un moyen de faire face à cette période d’incertitudes où les déplacements ont été fortement restreints. De nombreux défis inédits ainsi ont été réalisés pendant le confinement, tant pour la performance sportive, que par solidarité pour récolter des fonds pour lutter contre le Covid-19. Ainsi, des coureurs se sont par exemple aventurés à courir la distance d’un <a href="https://www.midilibre.fr/2020/03/27/pour-oublier-le-confinement-ils-vont-courir-un-marathon-sur-leur-balcon,8821451.php">marathon sur leur balcon</a>, à gravir l’équivalent du dénivelé positif de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc à leur domicile, ou encore de courir la distance d’un ultra-trail de <a href="https://actu.fr/ile-de-france/colombes_92025/colombes-163km-55-000-marches-realise-ultra-trail-chez-lui-plein-confinement_32687784.htm">160km chez eux</a> ou autour d’un <a href="https://www.widermag.com/news-un-japonais-court-ultra-trail-160-km-autour-un-arbre">arbre</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/vj7pnidbURE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un marathon sur un balcon, c’est possible !</span></figcaption>
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<p>Les marques sportives (<a href="https://www.parismatch.com/Actu/Sport/United-We-Run-courir-pour-une-noble-cause-1687578">Asics</a>, <a href="https://www.trail-session.fr/strava-appelle-sa-communaute-a-etre-solidaires/">Strava</a>, etc.) et les organisateurs d’évènements ont aussi été nombreux à opter pour de nouvelles solutions digitales en proposant des <a href="https://www.leparisien.fr/sports/running-les-courses-virtuelles-en-plein-boom-06-06-2020-8330952.php">challenges ou courses virtuelles</a>. Ces évènements « phygital » ont permis aux coureurs d’y participer depuis chez eux ou à proximité de leur domicile (la trace GPS des appareils connectés garantissant que la performance a été réalisée). Ce nouveau type d’évènement sportif a gagné en popularité durant la crise du Covid-19 et essaimé aux quatre coins du monde avec succès. Cela a permis aux principaux protagonistes de l’industrie du trail-running de maintenir le lien avec leur communauté de pratiquants, de compenser l’impossibilité d’organiser des courses en présentiel et d’être <a href="https://veilletourisme.ca/2020/09/08/adaptation-en-temps-de-pandemie-le-cas-ultra-trail-harricana/">solidaire</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1302898678261309441"}"></div></p>
<p>Autre phénomène marquant pour le trail-running, le regain d’intérêt pour la pratique des <a href="https://www.20minutes.fr/sport/2817879-20200709-ultra-trail-omnipresents-apres-crise-coronavirus-defis-off-graal-discipline">défis</a> dits « off » ou en « FKT » (<em>fastest known time</em>) à <a href="https://distances.plus/communaute/fastest-known-time-fkt-2020/">l’issue du confinement</a>. Ces défis hors des compétitions traditionnelles ne sont pourtant pas nouveaux et correspondent à des tentatives de records sur des sentiers de grande randonnée (GR) ou l’ouverture de nouveaux itinéraires en courant en pleine nature. </p>
<p>Les tentatives ont été nombreuses durant <a href="https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Ultra-trail/Actualites/Trail-running-les-nombreux-defis-et-records-en-fkt-fastest-known-time-le-recap-de-l-ete/1167982">l’été 2020</a> à l’image de <a href="https://www.francebleu.fr/sports/tous-les-sports/pas-de-record-pour-xavier-thevenard-sur-le-gr-20-en-corse-1594132979">Xavier Thévenard</a> sur le GR 20 en Corse (180km et 14 000m de D+) et <a href="https://www.outside.fr/trail-650-km-ultra-sauvages-au-quebec-ou-le-defi-du-gr-a1/">Mathieu Blanchard</a> avec la traversée du sentier international des Appalaches au Québec (650 km et 40 000m de D+). Faute de déplacements internationaux, ces défis alternatifs ultra locaux sont l’occasion (re)découvrir et d’investir des espaces de course à proximité de leurs régions ou pays de résidence.</p>
<h2>L’impératif de la crise écologique</h2>
<p>L’enjeu écologique, voilà l’autre crise à laquelle le secteur du trail-running est confronté. Les courses s’établissent en effet au sein d’espace naturel fréquemment protégé (Parcs nationaux, Réserves naturelles, Zone Natura 2000, etc.). Le passage de centaines, voir milliers de coureurs dans les sentiers a un impact sur la végétation, la faune et les sols. Il ne faut donc pas sous-estimer <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/ldr.2863">l’impact environnemental</a> d’une épreuve de trail-running et ce à divers titres : modes de transports pour arriver jusqu’à l’épreuve, <a href="https://publicaciones.unirioja.es/ojs/index.php/cig/article/view/3826">dégradation des sols</a> due au piétinement des participants, gestion des déchets, etc.</p>
<p>Les évènements, qu’ils soient petits ou grands, s’interrogent quant aux changements nécessaires qu’impose la crise écologique et sur l’évolution de leurs pratiques. Les organisateurs sont donc attentifs aux <a href="https://journals.openedition.org/tourisme/pdf/1277">enjeux écologiques</a> et partagent les valeurs promues par la discipline et l’ITRA de <a href="https://itra.run/content/charte_ethique">respect de l’environnement et de développement durable</a>. </p>
<p>L’éthique et l’écoresponsabilité sont ainsi au cœur du projet de nombreux évènements. Les organisateurs limitent autant que possible l’impact de leurs évènements sur l’environnement : restreindre le nombre de participants, sensibilisation et actions écoresponsables, réduction des déchets, actions de préservation de l’environnement, etc. Les athlètes eux aussi s’interrogent sur leur empreinte carbone et son porteur d’<a href="https://www.outside.fr/xavier-thevenard-sassocie-a-la-fondation-kilian-jornet-pour-lenvironnement/">initiatives</a> : sensibilisation, création de fondations, actions avec les équipementiers, etc.</p>
<h2>Les enjeux de l’après Covid-19</h2>
<p>La traversée des crises écologique et sanitaire constitue pour la discipline du trail-running un instant de vérité. Ces principaux acteurs ont fait preuve de créativité et d’adaptation pour faire face à ces enjeux inédits. Au cœur des expériences du trail-running, deux éléments restent en définitive fondamentaux, l’immersion en <a href="https://33274736-4a46-420c-bf43-1921f35e27ca.filesusr.com/ugd/edad85_df927c32e90c4a77b999b803db5aa75b.pdf">pleine nature</a> et les <a href="https://www.researchgate.net/publication/265122725_It %27s_Not_About_Taking_the_Easy_Road_The_Experiences_of_Ultramarathon_Runners">relations sociales</a>. Ces évènements sportifs constituent donc assurément des espaces de rencontres pluriels avec l’environnement et les autres participants.</p>
<p>De ce fait, il y a peu de chance que les courses virtuelles et autres défis « Off » prennent le pas à terme sur ces courses. Le temps nous dira si toutefois ces alternatives resteront éphémères ou s’ancreront plus durablement dans les pratiques de la discipline.</p>
<p>Enfin, concernant la crise écologique, les politiques et mesures écoresponsables des parties prenantes témoignent d’une prise de conscience manifeste. À moyen et long terme, l’enjeu sera de garantir les bienfaits du trail-running pour les adeptes et les territoires sans omettre de limiter l’impact environnemental de la pratique. Le défi d’avenir pour l’industrie du trail running sera d’assurer le développement pérenne et durable de ce sport de plein air.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155517/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathilde Plard a reçu des financements de la Région des Pays de la Loire (RFI AngersTourismLab) et de l'Université du Québec à Montréal - Chaire de Tourisme Transat. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Martineau Aurélien a reçu des financements du RFI Tourisme et de l'UQAM, Université du Québec à Montréal - Chaire de Tourisme Transat.</span></em></p>Entre pandémie du Covid-19 et crise écologique, le trail-running fait face à deux crises majeures dans sa jeune histoire. Tour d’horizon des enjeux auxquels est confrontée actuellement la discipline.Mathilde Plard, Chercheuse CNRS - UMR ESO, Université d'AngersAurélien Martineau, Chercheur Postdoctorant en Géographie sociale, Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1522532021-01-08T10:34:05Z2021-01-08T10:34:05ZVendée Globe : pour gagner, il faut apprendre à ne pas perdre<p>Depuis le 8 novembre dernier, départ du <a href="https://www.vendeeglobe.org/">Vendée Globe</a> (VG), course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, l’Everest de la mer, il n’est pas un jour sans que l’on ne soit étonné du tournant haletant que prend la course.</p>
<p>Ceci résulte en partie du choix de la direction de course d’équiper les concurrents de voiliers prototypes appartenant à la <a href="https://www.imoca.org/fr/imoca/jauge">classe Imoca</a>.</p>
<p>Cette décision s’oppose au choix de la monotypie, où les skippers naviguent sur des bateaux en tous points identiques, ce qui ne laisse pas de place aux choix architecturaux des équipes et limite de fait la variété des voiliers utilisés. La monotypie s’impose dans de grandes courses autour du monde comme les précédentes éditions de la Volvo Ocean Race.</p>
<p>La jauge réglemente strictement le design et les choix architecturaux des bateaux, mais autorise aussi une variété importante de mises en œuvre. Les skippers naviguent, donc, sur des prototypes qui ne peuvent pas être testés dans toutes les conditions possibles rencontrées sur un tour du monde. Les occasions de tests en grandeur nature sont d’ailleurs limitées par un calendrier clairsemé des courses autour du monde à la voile et en solitaire (un VG tous les quatre ans). Les skippers reconnaissent d’ailleurs volontiers, lors des vacations radio, que le VG signifie pour eux, au mieux une avarie ou un problème à résoudre par jour.</p>
<p>Ce que <a href="https://sport.francetvinfo.fr/voile/vendee-globe/loeil-de-francois-gabart-le-vendee-globe-cest-une-course-par-elimination.amp">François Gabart</a>, ancien vainqueur du VG, traduit par le fait qu’un VG est une course « qui se gagne (avant tout) par élimination ». Comment dès lors, se préparer à affronter la course, les mers du Sud, la complexité du solitaire dans une course autour du monde sans assistance ?</p>
<h2>Des skippers en solitaire, mais épaulés par des équipes à terre</h2>
<p>Les solitaires ne sont pas seuls, ils sont le maillon clé de la réussite des projets et sont généralement épaulés par une <a href="https://www.lequipe.fr/Voile/Actualites/Qui-sont-les-33-participants-du-vendee-globe-2020-2021/1191705">équipe technique</a> à terre plus ou moins fournie qui va insuffler l’énergie et la force qui leur permettra de boucler la course. Ces équipes mettent en œuvre des stratégies de gestion des risques contrastées, pour répondre à ces questions.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le Vendée Globe, une course pas si solitaire.</span></figcaption>
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<p>Elles se caractérisent par des moyens, une maturité, mais aussi des personnalités de skippers différentes. On peut dresser de l’étude de ces équipes, une typologie des deux grandes approches de la gestion des risques et des projets que nous allons exposer maintenant.</p>
<h2>Des projets conçus pour gagner le Vendée Globe</h2>
<p>Dans cette première moitié de course, les favoris, qui s’étaient préparés à remporter la victoire – par exemple avec la barre d’un bateau de dernière génération à <a href="https://www.ouest-france.fr/vendee-globe/vendee-globe-mais-au-fait-a-quoi-servent-les-foils-7044144">foils</a> (sorte d’ailes sous-marines permettant de limiter les frottements de l’eau sur la coque et de fait d’augmenter la vitesse) – ont soit abandonné, soit accusent un retard irréversible, soit naviguent aujourd’hui avec un bateau qui est loin de son potentiel optimal du fait d’avaries diverses.</p>
<h2>Alex Thomson : Gagner à tout prix le Vendée Globe</h2>
<p>L’objectif de l’équipe d’Alex Thomson (ATR), par exemple, a été clairement énoncé dès le début de leur campagne : construire le bateau idéal pour <a href="https://www.vendeeglobe.org/fr/skippers/122/alex-thomson">remporter la course</a>. Pour cela, l’équipe a opéré, en relation avec le skipper, des choix architecturaux audacieux pour son Imoca « Hugo Boss » (cockpit fermé, foils escamotables, forme de la coque originale) qui devaient être l’arme ultime pour gagner le Vendée Globe.</p>
<p>Le début de la course a donné raison au skipper gallois, qui a mené en tête la descente de l’Atlantique sud, jusqu’à la survenue d’une première avarie. Celle-ci, loin d’interrompre les ambitions du skipper, l’ont amené à réparer des dégâts structurels importants à l’avant de son Imoca et a ainsi révélé à tous que Alex Thomson, surnommé « The Boss », avait embarqué avec lui une quantité extravagante de carbone et de résine pour permettre cette réparation, en navigation. De plus, le skipper a su mobiliser des ressources mentales et techniques pour répondre à cette situation de crise.</p>
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<figcaption><span class="caption">Alex Thomson, le Vendée Globe à tout prix.</span></figcaption>
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<p>Au-delà de cette constatation, cela suppose, encore, qu’en bon gestionnaire des risques, l’équipe ATR a anticipé qu’une défaillance structurelle sur le voilier était suffisamment probable et grave pour qu’il faille préparer le skipper à la possibilité d’avoir à la réparer, en naviguant. Le « Boss » se remet en course deux jours plus tard avec un bateau revenu à son niveau de performance initial mais, comble de malchance, il heurte un <a href="https://www.lequipe.fr/Voile/Article/Ofni-la-menace-permanente-pour-les-voiliers-du-vendee-globe/1201046">OFNI</a> (Objet flottant non identifié) qui <a href="https://www.bateaux.com/article/35452/fin-de-vendee-globe-2020-pour-alex-thomson-sur-hugo-boss">détruit son safran</a> (partie immergée du gouvernail). Or, celui-ci est irréparable et l’équipe ATR n’a malheureusement pas prévu d’embarquer safran de remplacement. C’est alors, l’abandon, inéluctable.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1330427260973756422"}"></div></p>
<p>L’équipe d’Alex Thomson a adopté une <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00159463/">approche ingénierique des risques</a> en focalisant son analyse sur un niveau de moyens à mettre en place pour générer un niveau de performances souhaité. Or, avec des moyens financiers et cognitifs limités, ils ont anticipé un nombre important d’avaries possibles mais n’ont pu les envisager toutes. Ils ont alors fait « comme si » la liste des événements auxquels le coureur devrait faire face était exhaustive et ont « fait le pari » de fixer un niveau de moyens techniques et humains pour garder le voilier dans un état optimal de performances.</p>
<h2>Kevin Escoffier : la prudence ne suffit pas toujours</h2>
<p><a href="https://www.ouest-france.fr/vendee-globe/vendee-globe-le-skipper-naufrage-kevin-escoffier-en-visite-chez-prb-7090199">Kevin Escoffier</a>, skipper malheureux du <a href="https://www.imoca.org/fr/bateaux/prb">PRB</a> (Produits de revêtement du bâtiment), raconte qu’il a mis 200 kg de carbone et fait tout ce qui lui semblait juste pour renforcer la structure de son bateau. Celui-ci s’est pourtant disloqué en quelques secondes sous ses yeux alors qu’il était monté à bord de son radeau de survie.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1338808260900610050"}"></div></p>
<p>On voit ici qu’une bonne gestion des risques ne suffit pas à la réussite d’un VG. Il faut avoir, en plus, <strong>la capacité</strong> (les raisonnements et les moyens d’action) <strong>pour gérer une incertitude</strong> d’autant plus radicale qu’elle trouve sa source à la fois dans le matériel, le skipper et son environnement.</p>
<p>Dès lors, si l’objectif de gagner la course n’est pas possible dans une seule logique de moyens, quelle autre approche peuvent adopter les skippers pour faire le VG ?</p>
<h2>Pour une approche vertueuse de gestion des risques</h2>
<p>D’autres équipes, à l’instar du <a href="https://www.voile.banquepopulaire.fr/news">Team Banque Populaire</a>, développent une approche moins centrée sur les résultats et plus sur une logique de fiabilité des processus. Cette approche en <a href="https://www.researchgate.net/publication/49133500_Lost_Roots_How_Project_Management_Came_to_Emphasize_Control_Over_Flexibility_and_Novelty">management de projet</a> permet de s’affranchir de la seule logique de moyens en se concentrant sur le chemin à parcourir pour achever la course en prenant en compte de manière dynamique la question de l’environnement. Cette stratégie semble payante puisque l’équipe a déjà terminé deux VG avec des bateaux qui étaient encore fonctionnels et sûrs à leur arrivée aux Sables-d’Olonne.</p>
<p>Il est probable qu’il en sera de même pour <a href="https://www.ouest-france.fr/vendee-globe/vendee-globe-clarisse-cremer-s-apprete-a-franchir-le-cap-leeuwin-sous-bonne-escorte-7088896">Clarisse Cremer</a>, skippeuse de l’équipe pour l’édition 2020-21 du VG.</p>
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<figcaption><span class="caption">Interview Clarisse Crémer, jeune skippeuse, à la veille du départ du Vendée Globe 2020.</span></figcaption>
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<p>Ce qui est intéressant c’est que cette attention à toutes les dimensions de la fiabilité infuse aussi dans les comportements et l’engagement des skippers. <a href="https://voilesetvoiliers.ouest-france.fr/course-au-large/vendee-globe/video-vendee-globe-balcon-arriere-arrache-pour-isabelle-joschke-elle-continue-la-course-10ea0520-2be5-11eb-94c1-4b98b0618ba6">Isabelle Joschke</a>, skippeuse de MACSF, a mis sa course entre parenthèses dans la descente de l’Atlantique pour tenter de remplacer son balcon arrière (garde au corps) arraché lors d’un fort coup de vent. L’idée-force est de penser au processus qui contribue à la performance plutôt que de se focaliser sur le résultat de la performance à atteindre.</p>
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<figcaption><span class="caption">Balcon arrière arrachée pour MACSF sur le Vendée Globe.</span></figcaption>
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<p>Ici la skippeuse préfère trouver une solution qui ne sera pas optimale, mais qui lui permettra de poursuivre son tour du monde. On voit que la vision du projet par les processus, plus que par les moyens va placer les skippers dans une perspective vertueuse et changer leur vision de la course ou de l’aventure. Il ne s’agit plus de gravir <a href="https://www.researchgate.net/publication/257094625_Escalating_commitment_in_the_death_zone_New_insights_from_the_1996_Mount_Everest_disaster">l’Everest</a> coûte que coûte et le plus rapidement possible mais plutôt d’accepter de le gravir sans la contrainte de devoir d’y arriver le premier.</p>
<h2>Entre fiabilité et performance en situation extrême</h2>
<p>Les équipes qui adoptent cette approche, embrassent l’idée que pour gagner le VG, il faut d’abord le terminer, au prix de ne pas avoir un bateau qui soit capable de le gagner. C’est-à-dire en faisant le deuil d’un bateau qui soit au mieux de ses performances intrinsèques. Il y a de fait dans les attitudes des skippers, un changement de perspective, où il ne s’agit plus de les préparer à gagner, mais de leur assurer des capacités de raisonnement et d’action dans des situations extrêmes et face à de l’incertitude radicale rencontrées sur le <a href="https://www.vendeeglobe.org/fr/cartographie">parcours</a>. Peu importe l’avarie (ou presque), ces skippers et leurs équipes mettent en œuvre des raisonnements et des processus qui portent en eux les gènes de la fiabilité et qui les mènent, <em>in fine</em>, sur la voie de la performance.</p>
<p>Ainsi, concevoir un projet de course au tour du monde pour le gagner, en se concentrant uniquement sur le résultat et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir, semble, dans la plupart des cas, voué à l’échec. Car, ce faisant, les équipes raisonnent à risques donnés alors même que les skippers et les bateaux vont devoir affronter des situations où l’incertitude est généralisée. S’intéresser à la fiabilisation des projets en tant que processus permet de renverser la perspective naturelle : <em>pour gagner une course, il faut d’abord et avant tout apprendre à ne pas la perdre et, bien sûr… avoir un peu de chance</em>.</p>
<p>Ces exemples illustrent les difficultés couramment rencontrées lorsqu’on conduit des projets dans des situations extrêmes où règne une incertitude importante. Un parallèle peut être fait dans des organisations plus classiques, lors de la construction de projets dans les organisations et les entreprises, par exemple, où la question n’est finalement, plus de savoir comment gagner tel appel d’offres, mais plutôt de s’engager dans un processus qui permet de ne pas le perdre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152253/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Je suis le skipper remplaçant de Jérémie Beyou pour le Vendée globe 2020.
Je suis aussi directeur de la société MARSAIL qui propose des formations management et leadership
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathias Szpirglas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une fois de plus, cette épreuve mythique nous montre que la victoire s’obtient grâce à un savant équilibre entre gestion des risques, performance et travail d’équipe.Mathias Szpirglas, Maitre de conférences, chercheur à l'Institut de Recherche en Gestion, IAE Gustave Eiffel, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1525952021-01-04T19:16:10Z2021-01-04T19:16:10ZNoter son livreur de pizza ou son chauffeur de taxi : pour une fois, l’école serait-elle la voie de la raison ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/376838/original/file-20201231-49872-mpv75r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C998%2C658&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">notes shutterstock</span> </figcaption></figure><p>En matière d’évaluation, l’école deviendrait-elle sage alors que le reste de la société devient fou ? On constate, en effet, la coexistence de deux mouvements de sens contraire.</p>
<p>L’un, touchant les évaluations scolaires, qui s’efforce de mieux expliquer les objets d’évaluation (nouveaux programmes, <a href="https://eduscol.education.fr/139/le-socle-commun-de-connaissances-de-competences-et-de-culture">socle de compétences</a>), prône une utilisation plus raisonnable des notes (voire une <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/07/appel-a-la-suppression-des-notes-retour-sur-un-debat_1448716_3232.html">suppression de la notation</a>), et met en œuvre de nouveaux outils de diagnostic personnalisé, tels les « échelles descriptives », qui listent les caractéristiques de la production attendue, en définissant pour chacune des niveaux de progression.</p>
<p>L’autre touchant le travail, et de multiples secteurs de l’économie marchande, dans le sens d’un <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/18/en-assignant-la-tache-d-evaluer-leurs-travailleurs-aux-consommateurs-les-entreprises-se-defaussent-sur-eux-de-cette-besogne_5410814_3232.html">déchaînement des notations</a>, sans aucune précaution d’ordre méthodologique ou éthique, quand il s’agit par exemple de noter un livreur de repas à domicile, l’opérateur d’une entreprise de télécommunications, ou un chauffeur de taxi. </p>
<p>Les évaluateurs scolaires seraient-ils en situation de faire la leçon aux autres, et pour quelles raisons ?</p>
<h2>Intérêt des élèves</h2>
<p>En fait, à l’école comme dans le reste de la société, les mêmes dangers guettent, les mêmes pulsions sont à l’œuvre, et les <a href="https://www.eyrolles.com/Droit/Livre/le-defi-d-une-evaluation-a-visage-humain-9782710142836/">mêmes garde-fous</a> doivent être mis en place. Mais, on pourrait faire l’hypothèse que le fait qu’ils opèrent dans le champ d’une activité éducative rend les évaluateurs plus spontanément vertueux !</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-notes-ont-elles-pris-tant-dimportance-dans-le-systeme-scolaire-142440">Comment les notes ont-elles pris tant d’importance dans le système scolaire ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>L’intérêt des élèves ne pouvant jamais être totalement perdu de vue, la nécessité pour <a href="https://www.eyrolles.com/Droit/Livre/le-defi-d-une-evaluation-a-visage-humain-9782710142836/">l’évaluation</a> d’être au service des apprentissages des élèves est toujours plus ou moins présente dans l’esprit des enseignants. Cela les motive pour rechercher et mettre en œuvre des modalités d’évaluation moins sensibles aux facteurs de biais, en particulier d’origine psychosociale ; et plus justes, en se gardant de la tentation d’abus de pouvoir.</p>
<p>Toutefois, la vertu ne va pas immédiatement de soi, et l’évaluation scolaire n’est pas à l’abri des dérives ou des absurdités. Des logiques contestables peuvent être à l’œuvre, comme celle consistant à tout miser sur la sélection d’une élite, à travers la multiplication de concours, qui classent et éliminent ; ou des admissions sur dossiers et bulletin de notes, qui privilégient de fait certains parcours. Et l’on peut poursuivre des finalités discutables, comme d’établir une hiérarchie d’établissements.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"852835269174738944"}"></div></p>
<p>La tentation du palmarès n’est jamais bien loin, et beaucoup de maladresses sont commises, voire de coups portés, au nom de la recherche de l’excellence. Le combat pour une évaluation « formative », qui serait au service de l’élève en l’aidant à progresser par une meilleure perception de ses points forts et de ses points faibles, n’est jamais gagné d’avance. Mais il faut bien reconnaître que cela n’a rien à voir avec le spectacle offert par le monde économique.</p>
<h2>Juges consommateurs</h2>
<p>S’agissant de l’évaluation, le champ socio-économique est devenu un <a href="https://www.fayard.fr/1001-nuits/la-folie-evaluation-9782755506310">véritable « Far West »</a>. La notation est une arme à feu, que l’on dégaine à tout moment, et à tout propos. Et de même qu’au Far West chacun est tout à la fois tireur et cible, de même chaque citoyen est aujourd’hui constamment en position de juge/jugé, notateur/noté.</p>
<p>Ici, on vous demande d’ajouter, ou de retrancher, des étoiles ; là, de noter sur 5 un produit d’ameublement, ou le travail de celui qui a changé les roues de votre auto. Comme l’avantage est toujours à celui qui tire le plus vite, les affaires se délectent d’évaluations rapides.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1219371552237674499"}"></div></p>
<p>La fabrication des notes ne repose sur aucune règle claire. Ce qu’on est en droit d’attendre des objets, ou des personnes, évalués, n’est jamais précisément défini. Mais le système perdure, et se développe, car tout le monde y trouve son compte. La recherche des profits est facilitée.</p>
<p>En contribuant à établir des hiérarchies de « produits », les consommateurs font le travail des vendeurs. Ils tirent leur bénéfice de l’impression qui leur est donnée de devenir des acteurs efficaces de la vie économique, ayant toujours leur mot à dire. Ce qui, soit dit au passage, vérifie l’adage de Rousseau (<a href="https://gallica.bnf.fr/essentiels/rousseau/contrat-social"><em>Du Contrat Social</em></a>, livre 1, chap. 1) : « Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux ».</p>
<h2>L’évaluation, un besoin ?</h2>
<p>On peut rendre compte de l’expansion et de l’inflation évaluatives en évoquant trois grandes raisons, ce qui place les pratiques évaluatives au confluent de trois grandes pulsions. La première est d’ordre épistémique ; la deuxième axiologique ; la troisième économique.</p>
<p><strong>Une pulsion d’ordre épistémique :</strong> on évalue pour satisfaire le désir légitime de savoir où l’on en est, par rapport à des buts, ou des objectifs. De ce premier point de vue, vivre sans évaluer reviendrait à avancer en terrain difficile en gardant les yeux fermés. Le recours à l’évaluation est ici salutaire. Telle est la principale et légitime raison d’être de l’évaluation des actions éducatives, comme des actions sociales.</p>
<p><strong>Une pulsion d’ordre axiologique :</strong> on évalue pour dire la valeur, des biens comme des gens. L’homme est un animal qui voit tout à travers des échelles de valeurs, et qui produit de la valeur en portant des jugements sur les choses, et les êtres : c’est bon ; c’est bien. L’ambiguïté du terme même de valeur alerte sur les périls qui guettent cette activité d’« envalorisation », c’est-à-dire de création de valeur par le moyen d’un <a href="https://www.persee.fr/doc/refor_0988-1824_2001_num_36_1_1702_t1_0213_0000_2">simple jugement</a>. Une attribution de valeur non fondée, et injuste, est sans doute le plus grand péril pour l’évaluation scolaire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ecole-levaluation-capable-du-meilleur-coupable-du-pire-104650">École : l’évaluation, capable du meilleur, coupable du pire</a>
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<p><strong>Une pulsion d’ordre économique :</strong> on évalue pour faciliter les mécanismes producteurs de profit. On pourrait dire : pour mettre de l’huile dans les rouages d’un fonctionnement commercial, et mieux faire tourner l’économie de marché.</p>
<p>L’évaluation sert à orienter la frénésie de consommation vers les meilleurs produits, services, mais aussi personnes (procédures de recrutement). On comprend pourquoi, dans un contexte d’« ubérisation » de l’économie, les pratiques d’évaluation sauvages et sommaires se multiplient.</p>
<p>La prolifération d’évaluations simplistes, voire enfantines, dans le champ social actuel, s’explique ainsi par la rencontre entre une pulsion économique totalement débridée, et une pulsion axiologique n’ayant plus ni frein ni garde-fou, tandis que l’on néglige ou oublie l’exigence épistémique. Et le meilleur état de l’évaluation scolaire, par le fait qu’un éducateur ne peut pas se permettre de négliger les exigences d’ordres épistémique ou éthique, sous peine d’ôter tout sens à son travail. Car éduquer oblige !</p>
<p>Telle est la grande leçon que <a href="https://enseignants.nathan.fr/catalogue/l-evaluation-a-l-ecole-pour-la-reussite-de-tous-les-eleves-cycles-1-2-et-3-livre-de-pedagogie-9782091246376.html">l’évaluation scolaire</a> est en droit d’adresser à tous ceux qui se prétendraient évaluateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152595/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charles Hadji ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Avoir un recours plus raisonnable à la notation, voilà une demande qui se renforce à l’école, alors même que l’évaluation s’infiltre au quotidien dans les gestes des citoyens et consommateurs.Charles Hadji, Professeur honoraire (Sciences de l’éducation), Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1490842020-11-08T17:31:16Z2020-11-08T17:31:16ZFemmes dans les conseils d’administration : le contexte socio-culturel compte plus que les quotas<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/366388/original/file-20201029-23-2lf69u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2516%2C1659&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les femmes n’occupent aujourd’hui que 16,9&nbsp;% des sièges des conseils d’administration dans le monde, selon une étude de Deloitte.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/741898">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le rapport <a href="https://www2.deloitte.com/global/en/pages/risk/articles/women-in-the-boardroom-global-perspective.html"><em>Women in the Boardroom</em></a> du cabinet Deloitte établit que les femmes n’occupent que 16,9 % des sièges des conseils d’administration dans le monde et estime à 30 ans la période nécessaire pour atteindre la parité.</p>
<p>La plupart des rapports et articles de presse traitant la question privilégie l’analyse d’un point de vue éthique. Ils présentent de fait l’augmentation de la part des femmes dans les conseils d’administration comme une fin en soi et ne soulèvent que rarement la question des conditions effectives dans lesquelles elles exercent leur mission ni celle des effets potentiels sur la performance.</p>
<p>Une <a href="https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2019/12/28700-pourquoi-nommer-une-femme-au-conseil-dadministration-fait-chuter-le-cours-de-laction/">étude récente</a>, basée sur un échantillon d’entreprises américaines de 1998 à 2011, a d’ailleurs montré que la chute du cours de l’action enregistrée pendant 2 ans à la suite de la nomination d’une femme au conseil d’administration s’expliquait par l’interprétation faite par les investisseurs. Une telle nomination était vue, selon eux, comme la mise en priorité d’objectifs sociaux au détriment de la maximisation de la valeur actionnariale.</p>
<p>Ce n’est donc que si les entreprises et leurs actionnaires sont convaincus qu’ils peuvent en attendre un effet positif sur leurs performances tant économique, financière que boursière, que plus de femmes auront de chances de siéger dans les conseils d’administration.</p>
<h2>Repenser le rôle des femmes</h2>
<p>Il y a plus de 20 ans, Karen J. Curtis, vice-présidente exécutive de Bank of America, l’exprimait déjà en ces termes :</p>
<blockquote>
<p>« Il existe un véritable débat entre ceux qui pensent que nous devrions être plus diversifiés parce que c’est la bonne chose à faire et ceux qui pensent que nous devrions être plus diversifiés parce que cela augmente réellement la valeur des actionnaires. Si nous ne faisons pas passer le deuxième point de vue, et si les gens y croient, nous n’aurons que du <a href="https://journalmetro.com/techno/1186742/le-tokenisme-ou-comment-utiliser-les-femmes-comme-cache-misere/">tokénisme</a> (<a href="https://www.conference-board.org/publications/publicationdetail.cfm?publicationid=411">efforts symboliques</a>).</p>
</blockquote>
<p>Or, les seules mesures adoptées à ce jour par les autorités pour accroître la représentation des femmes sont l’instauration de quotas ou l’introduction de recommandations dans les codes de gouvernance nationaux.</p>
<p>Certes, ces mesures contribuent à limiter les traitements discriminatoires envers les femmes, en particulier dans les sociétés où les résistances culturelles sont fortes, mais elles ne garantissent pas que ces dernières, une fois nommées, participent de façon effective et efficace aux décisions prises.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/366389/original/file-20201029-13-17j3r4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/366389/original/file-20201029-13-17j3r4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/366389/original/file-20201029-13-17j3r4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/366389/original/file-20201029-13-17j3r4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/366389/original/file-20201029-13-17j3r4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/366389/original/file-20201029-13-17j3r4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/366389/original/file-20201029-13-17j3r4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Si les entreprises attendent de la présence des femmes un effet positif sur leurs performances économique, financière et boursière, elles auront plus de chances de siéger dans les conseils d’administration.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1282006">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Même si les qualités communément attribuées aux femmes font consensus, les résultats des études empiriques concernant l’effet de leur présence dans les conseils d’administration sur la performance restent contradictoires.</p>
<p>Nous interprétons cette ambiguïté par le fait qu’il n’y a pas d’impact sur la performance dans l’absolu car la présence des femmes ne signifie pas qu’elles soient réellement représentées, ce que présupposent les travaux quantitatifs.</p>
<p>Nous nous appuyons pour cela sur l’étude récente que nous avons réalisée à partir d’un échantillon de 1 986 entreprises de 25 pays sur les 12 <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0969593120300822">dernières années</a>.</p>
<p>Nous montrons que la relation entre la présence de femmes au conseil d’administration et la performance dépend du contexte socio-culturel du pays, dont l’une des manifestations est l’égalité hommes – femmes. Notre mesure de l’égalité des sexes couvre l’accès à la santé, à la politique, aux affaires, au monde du travail et à l’éducation, ainsi que l’égalité de traitement par le système juridique (par le biais des lois sur l’héritage et le divorce).</p>
<h2>L’importance de l’égalité des sexes</h2>
<p>L’étude nous a ainsi permis de voir que l’égalité des sexes amplifie l’impact positif de la présence des femmes sur les performances économique et financière. En effet, lorsque les femmes ont voix au chapitre et que leur présence s’accompagne d’une réelle représentation, la diversité d’approches qu’elles apportent au conseil d’administration est susceptible d’améliorer la qualité des décisions prises.</p>
<p>Ainsi, en Suède, la nomination d’une femme de plus au conseil d’administration s’accompagne d’une augmentation des performances économique et boursière correspondant à quatre fois celle des pays où l’égalité des sexes se situe au niveau médian (la France et l’Australie). En Chine, au Japon, en Thaïlande et en Inde, où l’égalité des sexes est faible, l’impact est inexistant ou négatif.</p>
<p>Par ailleurs, en ce qui concerne la mission de contrôle du conseil d’administration, nous observons que ce n’est que dans les sociétés les plus égalitaires que la présence des femmes s’accompagne d’une plus faible propension à la manipulation des comptes, en cohérence avec un sens plus aigu de l’éthique qu’on leur attribue communément. Une meilleure qualité de l’information financière permet une transparence accrue pour les actionnaires qui améliore leur contrôle sur les décisions managériales et leurs conséquences financières.</p>
<p>C’est également dans les sociétés où l’égalité des sexes est la plus forte que la présence des femmes s’accompagne d’une tendance moindre à une prise de risque excessive. Celle-ci est notamment associée à des comportements de « construction d’empires » de la part de managers soucieux de faire croître l’entreprise et leurs avantages privés au détriment de la création de valeur.</p>
<h2>Promouvoir l’égalité pour plus d’efficacité</h2>
<p>En somme, le moyen le plus efficace et le plus pérenne pour les autorités d’aboutir à une meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration serait de promouvoir l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes dans la société.</p>
<p>Ce n’est que si les femmes ont autant accès que les hommes à l’éducation, au monde des affaires et ne sont pas seules à assumer les obligations familiales, qu’elles pourront développer une expertise, saisir les opportunités professionnelles et construire un réseau social afin de jouir d’une crédibilité comparable à celle de leurs collègues masculins, essentielle pour peser sur les décisions du conseil d’administration.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1230228419465633795"}"></div></p>
<p>Sans cela, les femmes ne seront que des gages de diversité dont la présence n’aura pour seule vocation que de permettre aux entreprises de se conformer aux exigences réglementaires. Les entreprises ont donc intérêt à nommer des femmes ayant les compétences techniques et le capital social nécessaires à leur mission de consultation (sans traitement préférentiel par rapport aux hommes) en leur permettant de peser sur les décisions au même titre que leurs collègues masculins.</p>
<p>L’entreprise y gagnerait par une efficacité accrue du conseil d’administration tant dans son rôle consultatif que dans celui de contrôle de l’action des dirigeants, en ligne avec l’objectif de maximisation de la valeur actionnariale et dans le respect d’une éthique faisant prévaloir l’équité sur l’égalité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149084/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une égalité de traitement dans l’ensemble d’une société permettrait une meilleure représentation des femmes dans la gouvernance dans entreprise, selon une étude réalisée dans 25 pays.Samia Belaounia, Professeure associée en finance, Neoma Business SchoolHong Zhao, Assistant professor of finance, Neoma Business SchoolRan Tao, Assistant professor of economics, Neoma Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1481312020-10-25T16:45:07Z2020-10-25T16:45:07ZPourquoi travaille-t-on plus et mieux en télétravail ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/364791/original/file-20201021-17-1m5rtzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=37%2C8%2C961%2C649&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le télétravail peut même avoir l’effet paradoxal de renforcer les collectifs.</span> <span class="attribution"><span class="source">Travelpixs </span></span></figcaption></figure><p>En France, jusqu’à l’actuelle crise sanitaire, le télétravail était relativement peu pratiqué en comparaison d’autres pays occidentaux. Pourtant, il est démontré que le <a href="http://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/effets-positifs-potentiels-du-teletravail-sur-la-productivite-a-l-ere-post-Covid-19-quelles-politiques-publiques-peuvent-aider-a-leur-concretisation-a43c958f/#section-d1e247">télétravail a un impact positif</a> non seulement sur les performances des entreprises et des organisations, mais aussi sur le développement durable et le bien-être. Le télétravail <a href="https://www.youtube.com/watch?v=USvO5-SnBj0">améliore le confort de travail</a>, ainsi que les conditions et les temps de déplacement.</p>
<p>Le télétravail est victime de beaucoup de <a href="https://www.mlcadvisory.com/10-mythes-sur-le-teletravail/">préjugés et de clichés</a>. Il isolerait des salariés démotivés, qui ne seraient plus joignables et qui feraient semblant d’exercer leur fonction alors qu’ils se consacrent à leur famille ou à leurs loisirs. S’ils font l’effort de travailler, c’est en pyjama, dans leur canapé, sans réel engagement ou ambition.</p>
<p>Cependant, une <a href="https://www.lefigaro.fr/decideurs/management/teletravail-les-salaries-a-distance-travaillent-en-moyenne-48-minutes-de-plus-par-jour-20201014">nouvelle étude</a> de chercheurs de la Harvard Business School et de l’Université de New York contredit cette vision négative et démontre que les salariés en télétravail consacrent 48,5 minutes de plus par jour à leur profession. Pendant le confinement, même les managers les plus perplexes ont constaté que le télétravail leur avait permis de maintenir leurs activités sans réel impact négatif.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1296919260418256896"}"></div></p>
<p>Beaucoup d’entreprises dont la culture était hostile au télétravail ont pu continuer à fonctionner tout à fait normalement pendant le confinement. Cette prise de conscience a changé en profondeur la perception de nombreux managers qui voient désormais le télétravail comme une solution d’avenir pour être plus efficace, faire des économies surtout en temps de crise, et <a href="https://www.marieclaire.fr/teletravail-les-drh-preconisent-un-modele-hybride-pour-faire-perdurer-la-cohesion-entre-salaries,1351699.asp">recruter de nouveaux talents</a> grâce une marque employeur plus attractive. C’est aussi un moyen de <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=5NPkDwAAQBAJ">gagner en agilité et de réduire les risques</a>.</p>
<h2>Des performances remarquables</h2>
<p>Bien que le télétravail ne soit adapté ni à tous les métiers, ni à tous les profils, et que certains y soient complètement réfractaires, <a href="https://www.revuegestion.ca/teletravail-entre-resistance-et-changement">il présente de nombreux avantages</a> et les personnes qui le pratiquent sont globalement plus performantes. Avec la crise de la Covid-19, cette contrainte est peut-être devenue une opportunité pour les entreprises qui réalisent le potentiel de création de valeur du télétravail.</p>
<p>Après avoir été forcées de l’expérimenter par des circonstances qu’elles ont subies, de nombreuses start-up, mais aussi de grands groupes comme Accenture ou <a href="https://www.20minutes.fr/societe/2774675-20200507-coronavirus-apres-crise-psa-veut-perenniser-teletravail-employes-hors-production">PSA, ont choisi de pérenniser le télétravail</a> sous des formes diverses.</p>
<p>Ces entreprises ont constaté des <a href="https://www.revuegestion.ca/teletravail-entre-resistance-et-changement">performances égales ou même supérieures</a>, pour des frais de déplacement et d’immobilier réduits, avec moins de congés maladie et une meilleure empreinte carbone. Le télétravail fidélise les employés qui expriment leur satisfaction et en attire de nouveau qui souhaitent en bénéficier. Il décentralise l’activité et produit des organisations plus horizontales, plus agiles et plus efficientes.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/F4pR_nmwFpw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le groupe PSA met en place le télétravail partout dans le monde et 80 000 salariés sont concernés (L’info du vrai, mai 2020).</span></figcaption>
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<p>Le télétravail a donc fait ses preuves pendant la crise sanitaire. C’est ce que l’entreprise Twitter a constaté au mois de mai dans un communiqué qui annonce que certains de ses salariés pourront <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/twitter-autorise-le-teletravail-a-vie-pour-certains-de-ses-employes-1202583">rester en télétravail indéfiniment</a> s’ils le souhaitent. Le groupe s’est montré très satisfait des premiers mois d’expérimentation et a décidé de faire tous les <a href="https://blog.twitter.com/en_us/topics/company/2020/covid-19.html">entretiens de recrutement par vidéo-conférence</a>.</p>
<p>Le 21 mai, Mark Zuckerberg a déclaré que <a href="https://www.zdnet.com/article/facebook-ceo-zuckerberg-announces-permanent-remote-work-option-for-employees/">50 % des employés de Facebook</a> pourront travailler chez eux en permanence d’ici 5 à 10 ans. Il précise que ce n’est pas un objectif, mais une possibilité qui est offerte au personnel. Comme pour Twitter, les entretiens à distance vont devenir la norme. En octobre, c’est <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/emploi-microsoft-autorise-le-teletravail-a-vie-sous-condition-1382764">Microsoft qui a annoncé</a> qu’une partie de ses salariés pourront continuer à travailler depuis leur domicile de manière partielle ou totale.</p>
<h2>De meilleurs conditions de travail à la maison</h2>
<p>Beaucoup de salariés arrivent sur leur lieu de travail en étant déjà fatigués, surtout dans les grandes agglomérations et en région parisienne, après un long trajet où ils ont dû affronter le froid, la <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-teletravail-est-efficace-pour-reduire-la-pollution_133785">pollution, les embouteillages</a> ou les transports en commun bondés, quand ce ne sont pas les grèves. Ils commencent leur journée de travail avec <a href="https://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/le-teletravail-une-economie-de-fatigue-et-de-stress_1744926.html">plus de stress et moins d’énergie</a> que quand ils ont quitté leur domicile, en ayant perdu un temps précieux qu’ils auraient préféré utiliser autrement.</p>
<p>En plus d’éviter les risques actuels de contamination, travailler chez soi permet de préserver son temps, son énergie et son calme, tout en faisant des économies. Le télétravail nécessite d’avoir à son domicile un <a href="https://fr.treated.com/blog/teletravail-conseils-ergonomie-travail-domicile">espace dédié</a> qui permette d’exercer sa profession dans de bonnes conditions. Ce lieu aménagé selon les goûts de chacun est propice à la concentration et évite les interruptions. Le télétravail permet alors de travailler dans des conditions plus confortables et plus agréables, donc de ressentir <a href="https://mba-rh.dauphine.fr/fileadmin/mediatheque/site/mba_rh/pdf/Travaux_anciens/Bien_etre_et_la_performance_au_travail.pdf">plus de plaisir et de facilité</a> dans la réalisation de ses missions.</p>
<p>L’entreprise fournit un budget annuel qui permet de s’équiper avec les matériels et logiciels les mieux adaptés aux pratiques individuelles et collectives. Le cadre de travail ne contraint plus le cadre de vie et le <a href="https://books.google.fr/books/about/Le_t%C3%A9l%C3%A9travail.html?id=n71qDwAAQBAJ&redir_esc=y">bien-être personnel se ressent sur les performances professionnelles</a>. Les salariés peuvent habiter où ils le souhaitent et les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Q7OlauS_Gsc">entreprises déménagent dans des locaux</a> bien plus petits, moins coûteux et aménagés comme d’accueillants lieux de rencontre.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Q7OlauS_Gsc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Avec le télétravail, les entreprises comme les salariés déménagent » (BFM Lyon, septembre 2020).</span></figcaption>
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<p>Certaines <a href="https://www.myrhline.com/actualite-rh/pourquoi-les-jeunes-sont-ils-moins-a-laise-avec-le-teletravail.html">personnes réticentes au télétravail</a>, souvent sans jamais l’avoir essayé, considèrent que l’aspect social de leur métier serait menacé et ont peur de perdre tout contact avec leurs collègues. Cependant, ceux qui <a href="https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/cns/ressources/Teletravail_Rapport_du_ministere_de_Mai2012.pdf">craignent un isolement</a> qui les rendrait moins efficaces sont parfois aussi ceux qui ne communiquent que par téléphone ou par mail avec des collègues qui sont dans des bureaux à quelques mètres du leur. Par ailleurs, le télétravail permet d’éviter les ambiances toxiques et les rapports de domination abusifs, et il favorise de nouvelles formes de solidarité entre collègues.</p>
<p>Avec les <a href="https://www.cairn.info/revue-rimhe-2017-3-page-3.htm">nouvelles technologies et les réseaux sociaux</a>, les jeunes générations ont l’habitude de créer des relations fortes et durables avec des personnes jamais rencontrées. Beaucoup d’entreprises utilisent des systèmes de messageries instantanées pour permettre des conversations impromptues entre les salariés. Le télétravail peut même avoir l’effet paradoxal de <a href="https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2020-2-page-159.htm">renforcer les collectifs de travail</a>. Même les pauses café réputées être des moments d’échanges informels, riches et créatifs, <a href="https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2020-2-page-159.htm">peuvent être recréées à distance</a>.</p>
<p>Il existe des solutions spatio-temporelles intermédiaires comme n’être en télétravail que quelques jours par semaine et/ou dans un télécentre proche du domicile de plusieurs collègues. Cependant, sous l’impulsion de la Covid-19, de <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-ces-entreprises-ont-decide-de-deserter-leurs-bureaux-et-de-passer-au-teletravail-a-temps-plein_4101689.html">nombreuses entreprises françaises</a> suivent l’exemple des firmes américaines, brésiliennes ou suédoises où le télétravail constitue une pratique courante et ancienne.</p>
<p>Cependant, le télétravail n’est <a href="https://www.lefigaro.fr/decideurs/management/organisation-en-teletravail-ni-une-planque-ni-une-solution-miracle-20200531">pas une solution miracle</a>. Il peut engendrer un sentiment de solitude et limiter les opportunités de carrière chez ceux qui le pratiquent. Il peut également amplifier des dimensions négatives du poste occupé et si la relation est déjà mauvaise entre un salarié et son employeur, le télétravail risque d’aggraver le problème plutôt que de le résoudre. La puissance du lien entre employé et employeur apparaît plus faible, ce qui <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Jo0jHF0d6Pc">facilite les licenciements, eux aussi à distance</a>.</p>
<h2>Une approche différente du temps de travail</h2>
<p>La part des Français ayant expérimenté le télétravail est <a href="https://www.youtube.com/watch?v=hhwVcRD4f10">passé de 7 % à 40 %</a> depuis le début de la crise. Le retard de la France par rapport aux pays nordiques ou anglo-saxons s’explique non seulement par une approche très conservatrice du travail, fondée sur la hiérarchie et le contrôle, mais aussi par un plus faible niveau de transformation digitale des organisations.</p>
<p>En effet, un déploiement maîtrisé et à grande échelle du télétravail nécessite une certaine maturité numérique et une <a href="https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2020-2-page-159.htm">nouvelle approche du management</a> plus centrée sur le bien-être et l’épanouissement individuel.</p>
<p>Le télétravail présente de nombreux bienfaits en termes d’efficacité et de performance. <a href="https://www.journaldunet.com/management/direction-generale/1006146-employeurs-oubliez-les-idees-recues-sur-le-teletravail.amphtml/">Contrairement aux idées reçues</a>, les personnes en télétravail ne sont pas des personnes qui fuient le travail ou qui cherchent à travailler moins. Ce sont surtout des personnes qui travaillent quant il faut et qui font preuve de beaucoup plus de flexibilité. En particulier, elles peuvent travailler très tôt ou très tard pour se synchroniser avec des équipes en Asie ou en Amérique, et se libérer du temps dans la journée.</p>
<p>Sans horaire pour aller déjeuner ou pour rentrer à la maison, un salarié n’est pas obligé de s’interrompre au milieu d’une tâche et peut terminer ce qu’il a commencé sans avoir à se soucier de son repas ou des embouteillages. Les activités sont <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=5NPkDwAAQBAJ">mieux définies, priorisées et réparties</a>. Les réunions sont moins nombreuses, plus courtes et plus efficaces. Elles s’appuient sur un ordre du jour précis, font l’objet de moins d’interruptions ou interventions inopinées, et aboutissent à des décisions.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7sma3lg4RPM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La France et le télétravail : une histoire compliquée (France 24, septembre 2020).</span></figcaption>
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<p>Les salariés ont <a href="https://www.youtube.com/watch ?v=hhwVcRD4f10">massivement exprimé leur satisfaction</a> et trois quarts d’entre eux souhaiteraient prolonger le télétravail au-delà de la crise au moins quelques jours par semaine. Certaines entreprises sont donc confrontées aux réticences d’un retour au bureau de leur personnel, non seulement en raison du contexte sanitaire, mais surtout du désir de rester travailler chez soi.</p>
<h2>Une forme de reconnaissance</h2>
<p>Le télétravail permet de rester proche de sa famille et d’avoir une vie sociale plus développée. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est meilleur car le télétravail permet de sortir de la routine et du métro-boulot-dodo qui a un effet déprimant et démotivant. Le télétravail permet <a href="https://www.hbrfrance.fr/magazine/2015/01/5933-pour-augmenter-la-productivite-laissez-plus-de-salaries-travailler-de-chez-eux/">d’accorder plus de temps</a>, plus d’attention et plus de moyens à la gestion de ses problèmes privés. Il réduit donc les préoccupations parasites et diminue le stress pendant le temps où l’on travaille. C’est d’autant plus vrai pour les Parisiens qui partent en province en gardant le même niveau de salaire, ou les citadins qui partent à la campagne pour profiter du grand air.</p>
<p>Le télétravail permet aux salariés de gagner du temps et de l’argent : parfois plusieurs heures par jour et plusieurs centaines d’euros par mois, ce qui est une grande source de satisfaction. Or, une <a href="https://www.upslide.net/en/happiness-at-work-recipe/#_ftn1">étude menée conjointement par Harvard et le MIT</a> démontre que les salariés heureux sont deux fois moins malades, six fois moins absents, neuf fois plus loyaux, 31 % plus productifs et 55 % plus créatifs.</p>
<p>Être en télétravail, c’est <a href="https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2020-1-page-91.htm">être responsabilisé</a> par son entreprise, gagner en autonomie et avoir la confiance de son manager dans un contexte où le contrôle de la présence et des horaires n’est plus la garantie que les salariés accomplissent bien leurs missions. Ils se sentent privilégiés et valorisés, et ils expriment leur reconnaissance par un <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/tribune-teletravail-et-productivite-vers-la-fin-du-presenteisme.N979176">engagement professionnel plus élevé et un fort attachement institutionnel</a>.</p>
<p>Managers et salariés semblent donc avoir <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/social/sondage-exclusif-les-francais-seduits-par-le-teletravail-1204045">adopté massivement et durablement le télétravail</a>. La pandémie aura au moins eu quelques effets positifs en réduisant les déplacements professionnels et en permettant à certains d’accéder à un meilleur confort de vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148131/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oihab Allal-Chérif ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le télétravail produit des performances remarquables grâce à de meilleures conditions de travail, à une gestion du temps mieux adaptée, et au bien-être qui amène reconnaissance et loyauté.Oihab Allal-Chérif, Business Professor, Neoma Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1458012020-10-14T18:57:53Z2020-10-14T18:57:53ZQuelle est la formule gagnante pour produire des « fake performances » en sport ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363447/original/file-20201014-19-x7mnpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">josh nuttall uNQ TTg qNY unsplash</span> </figcaption></figure><p>Il est communément admis que les voleurs ont toujours un temps d’avance sur les forces de l’ordre. Le sport ne déroge pas à cette réalité puisque les <a href="https://theconversation.com/dope-un-qualificatif-trouble-vehiculant-le-bien-et-le-mal-129383">fake performeurs</a> ont toujours un coup d’avance sur la lutte antidopage.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dope-un-qualificatif-trouble-vehiculant-le-bien-et-le-mal-129383">Dopé : un qualificatif trouble véhiculant le bien et le mal</a>
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<p>Habituellement, on concentre notre attention sur les moyens déployés pour confondre les tricheurs. Dans cet article, j’adopte un raisonnement inverse en conceptualisant la manière dont les fake performeurs et leur entourage procèdent pour mener l’entreprise du raccourci. L’expression signifie un processus dévoyé permettant la production de résultats sportifs plus rapidement ou hors d’atteinte naturellement. Cette contribution remet en question les moyens traditionnels utilisés par la lutte antidopage et valorise l’approche indirecte à sa juste valeur pour démasquer les plus aguerris d’entre eux.</p>
<h2>Premier composant de la formule : le détournement</h2>
<p><a href="https://www.wada-ama.org/sites/default/files/resources/files/wada_anti-doping_code_2019_french_final_revised_v1_linked.pdf">Le Code mondial antidopage</a> stipule une règle de base fondamentale. « Il incombe à chaque sportif de faire en sorte qu’aucune substance interdite ne pénètre dans son organisme et qu’aucune méthode interdite ne soit utilisée ». La <a href="https://www.wada-ama.org/sites/default/files/wada_2020_french_prohibited_list.pdf">liste des interdictions</a> répertorie les substances concernées de S0 à S9 et les méthodes concernées de M1 à M3. Ces substances pharmacologiques sont littéralement accessibles dans les médicaments humains et vétérinaires.</p>
<p>Le TLFi (Trésor de la langue française informatisé) définit le terme <em>médicament</em> de manière explicite : « Substance employée à des fins thérapeutiques pour rétablir l’équilibre dans un organisme perturbé ». Les tricheurs emploient ces médicaments et/ou ces méthodes (manipulation sanguine, manipulation chimique et physique, dopage génétique et cellulaire) à des fins performatives pour booster artificiellement leur système.</p>
<p>Agir de la sorte est strictement défendu excepté dans le cadre spécifique d’une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT). En somme, les fake performeurs détournent des moyens thérapeutiques et les utilisent illégalement. Quelques substances sont si répandues parmi les tricheurs qu’on les associe directement à un <a href="https://innovationorigins.com/epo-doping-drug-appears-to-ease-severe-cases-of-covid-19/">usage interdit</a> alors qu’à la base elles servent à soigner des pathologies. Par exemple, l’érythropoïétine (EPO) de synthèse est prisée pour augmenter l’oxygénation du sang de certains athlètes alors qu’elle est destinée à traiter l’anémie de certains malades.</p>
<p>Le détournement de médicaments est un <a href="https://www.lci.fr/population/une-fois-qu-on-a-commence-c-est-dur-de-s-en-passer-quand-le-dopage-gangrene-le-sport-amateur-2157490.html">phénomène massif</a>, savamment camouflé, tant chez les sportifs amateurs que chez les professionnels. Récemment, plusieurs individus dont un médecin ont poussé le vice jusqu’à vouloir se faire rembourser par l’assurance maladie les <a href="https://www.24heures.ch/la-justice-punit-des-achats-de-dopants-sur-ordonnance-360902670928">médicaments détournés</a>.</p>
<p>En complément des moyens physiologiques, les fake performeurs peuvent aussi détourner des moyens technologiques à leur profit, ce qui complexifie grandement la préservation du sport intègre. Par exemple, des cyclistes ont déjà été pris en flagrant délit de fake perfs d’origine mécanique. Cela consiste à détourner une assistance électrique pour motoriser un vélo et bénéficier ainsi d’un avantage écrasant, interdit en compétition. Le spectre de la fraude technologique plane toujours sur les pelotons <a href="https://www.velonews.com/news/technological-doping-department-cut-at-uci/">aujourd’hui</a>.</p>
<h2>Second composant de la formule : le contournement</h2>
<p>Les fake performeurs tentent de contourner la lutte antidopage pour ne pas se faire démasquer. Ceux qui y parviennent dans la durée connaissent les règles en vigueur sur le bout des doigts. Le contournement se déroule principalement avant les contrôles.</p>
<p>De nos jours, le constat est sans appel : la lutte antidopage traditionnelle s’avère <a href="https://spe15.fr/des-controles-anti-dopage-chers-et-pas-efficaces/">inefficace et coûteuse</a>. En effet, très peu de tricheurs se font attraper par rapport au nombre d’échantillons analysés. Plus précisément, les <a href="https://www.wada-ama.org/sites/default/files/resources/files/2017_adrv_report.pdf">rapports de la lutte antidopage</a> déclarent que les cas positifs oscillent entre 1 % et 2 % et que les cas effectivement sanctionnés varient entre 0 % et 1 %. Ces très faibles pourcentages consternent au regard de la réalité et dans la mesure où une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-014-0247-x">étude scientifique de référence</a> estime que les fake performeurs parmi les athlètes de haut niveau fluctuent entre 14 % et 39 %.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1314946800768385026"}"></div></p>
<p>Les tricheurs contournent rarement les contrôles seuls car il s’agit d’un exercice subtil et périlleux. Les plus sophistiqués d’entre eux se reposent donc sur une organisation clandestine qui inclut au minimum un médecin. À son époque, Lance Armstrong était déjà un <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/dopage/dopage-lance-armstrong-difficile-de-prendre-de-l-epo-apres-avoir-fait-face-la-mort-non-6845438">modèle du genre</a>. De plus, certains athlètes se rendent indisponibles à certains moments clés parce que leur organisme est artificiellement chargé. Le règlement leur permet deux manquements en l’espace d’une année mais au-delà la <a href="https://www.lapresse.ca/sports/tokyo-2020/2020-07-23/dopage-introuvable-lors-de-tests-le-kenyan-elijah-manangoi-suspendu.php">sanction tombe</a>.</p>
<p>Dans un registre technologique, Nike a semé la zizanie chez les équipementiers en athlétisme. La semelle ultraperformante de ses chaussures conférait aux athlètes qui en bénéficiaient un avantage concurrentiel démesuré jusqu’à ce que la Fédération internationale <a href="https://www.rtbf.be/sport/autres/athletisme/detail_chaussures-world-athletics-decrete-le-statu-quo-technologique-jusqu-a-tokyo?id=10550927">s’en mêle</a>.</p>
<p>Par ailleurs, le contournement se déroule aussi dans une moindre mesure après les contrôles. Même testés positifs, certains sportifs ne s’avouent pas vaincus pour autant. Ces derniers peuvent invoquer la <a href="https://www.airdrietoday.com/national-sports/canadian-ufc-fighter-denies-doping-charge-points-to-tainted-supplements-2616834">contamination alimentaire</a> ou <a href="https://ici.radio-canada.ca/sports/1713564/dopage-transmission-alibi-boxeuse-americaine-virginia-fuchs">sexuelle</a>.</p>
<p>Ils peuvent aller plus loin en créant des <a href="https://www.lesechos.fr/sport/omnisport/dopage-le-marathonien-kenyan-wilson-kipsang-suspendu-quatre-ans-1221128">preuves de toutes pièces</a> ou en <a href="https://www.lequipe.fr/Lutte-libre/Article/Le-francais-zelimkhan-khadjiev-s-attaque-a-l-ama-apres-sa-suspension-pour-dopage/1154191">contestant juridiquement</a> la validité des faits pour lesquels ils sont incriminés. Enfin, le <a href="https://www.rtbf.be/sport/autres/detail_dopage-la-federation-internationale-d-halterophilie-a-dissimule-40-controles-positifs?id=10515692">recours à la corruption</a> demeure le nec plus ultra pour eux.</p>
<h2>Détournement sans contournement, c’est probablement perdu</h2>
<p>Il est vain d’espérer empêcher les sportifs de tricher mais il est vital d’identifier et de sanctionner ceux qui le font. Les sportifs qui usent exclusivement du détournement prennent l’énorme risque de se faire prendre la main dans le sac <a href="https://www.rtbf.be/sport/tennis/detail_dopage-le-chilien-nicolas-jarry-positif-et-suspendu-11-mois?id=10485890">en</a> et <a href="https://swimswam.com/uruguayan-national-runner-up-nicolas-culela-given-4-year-doping-suspension/">hors</a> compétition. Ce cas de figure facilite grandement la tâche de la lutte antidopage car il s’agit généralement de <a href="https://www.sport.fr/cyclisme/dopage-et-harcelement-sexuel-la-double-peine-pour-marion-sicot-695345.shtm">fake perfs artisanales</a>. Néanmoins, ses filets ne contiennent ici majoritairement que de petits poissons.</p>
<h2>Détournement avec contournement, c’est probablement gagné</h2>
<p>Lorsque les sportifs utilisent la formule complète de la tricherie, ils minimisent puissamment le <a href="https://www.abc.net.au/news/2020-06-24/kyle-chalmers-cant-trust-half-his-opponents-due-to-doping/12387624">risque de se faire démasquer</a>. Dans ce cas de figure, les affaires se corsent pour la lutte antidopage car il s’agit souvent de <a href="https://www.theguardian.com/sport/2020/apr/23/doping-charges-against-top-trainers-leave-us-horse-racing-desperate-to-clean-up-sport">fake perfs industrielles</a>. Cependant, le jeu en vaut la chandelle puisque ses filets peuvent contenir ici de <a href="https://www.oregonlive.com/trackandfield/2020/06/christian-coleman-case-highlights-the-intrusiveness-of-the-anti-doping-fight-oregon-track-field-rundown.html">gros poissons</a>.</p>
<h2>Lutter indirectement pour combattre des agissements indirects</h2>
<p>En se bornant à l’analyse des échantillons fraîchement prélevés, la lutte antidopage traditionnelle identifie très peu de tricheurs par rapport à ceux qui sévissent en <a href="https://www.dailymail.co.uk/sport/othersports/article-8607891/Whistleblower-Grigory-Rodchenkov-makes-astonishing-new-claims-doping-sports.html">réalité</a>.</p>
<p>Cette situation persistante permet aux fake performeurs de conserver un <a href="https://www.cairn.info/les-processus-strategiques--9782376871224-page-133.html">avantage foudroyant</a> vis-à-vis des athlètes intègres, relégués de facto au rang de <a href="https://www.liberation.fr/sports/2020/06/10/dopage-les-athletes-propres-sont-des-victimes_1790848">victimes non reconnues</a>.</p>
<p>Pour contrecarrer ce fléau, il convient de s’adapter et de développer l’approche indirecte pour faire jeu égal avec les tricheurs et leur entourage. Certes, il existe une panoplie d’outils et de méthodes pour les surprendre et les confondre mais encore faut-il la déployer et la généraliser massivement à tous les sports au niveau mondial.</p>
<p>Les analyses d’anciens échantillons révèlent que certaines réalités du passé n’avaient <a href="https://www.eurosport.fr/athletisme/london-2012/2012/jo-2012-mingir-disqualifiee-pour-dopage-huit-ans-apres_sto7737063/story.shtml">pas lieu d’être</a>.</p>
<p>Les passeports biologiques décèlent au fil du temps des anormalités manifestes chez <a href="https://www.cyclingnews.com/features/biological-passport-have-dopers-found-ways-to-beat-it/">quelques athlètes</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1130890579200679936"}"></div></p>
<p>Les trois défauts de localisation constatés en l’espace de douze mois trahissent de temps à autre les <a href="https://sport24.lefigaro.fr/athletisme/fil-info/dopage-18-mois-de-suspension-pour-la-sprinteuse-americaine-stevens-1007685">illusionnistes sportifs</a>.</p>
<p>Les lanceurs d’alerte tirent rarement la sonnette d’alarme à propos de fake perfs <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/russia-doping-scandal-the-whistleblower-couple-who-risked-their-lives-wdjslls5r">artisanales ou industrielles</a>.</p>
<p>Les enquêtes policières démantèlent occasionnellement des réseaux de trafic de médicaments et d’autres <a href="https://www.cyclingweekly.com/news/latest-news/doping-trafficking-ring-involving-professional-athletes-dismantled-in-italy-456104">produits interdits</a>.</p>
<p>Les investigations au long cours débouchent parfois sur de belles prises. Pour preuve, le département des enquêtes et du renseignement de l’agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a attrapé dans ses filets, non sans difficulté au Maroc, un couple de gros poissons, <a href="https://sport.francetvinfo.fr/omnisport/le-president-de-la-commission-des-sanctions-de-lafld-frappe-par-la-legerete-des">Clémence Calvin et Samir Dahmani</a>.</p>
<p>En fin de compte, combien d’organisations nationales antidopage (ONAD) disposent d’un département spécialisé pour lutter indirectement ? Parmi celles qui possèdent la structure adéquate, ont-elles vraiment les moyens de leurs ambitions ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145801/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien M. Gargam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au jeu du chat et de la souris, les tricheurs semblent toujours avoir une longueur d’avance.Fabien M. Gargam, Assistant Professor of Management, Renmin University of China et Chercheur Associé, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.