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personnes âgées – The Conversation
2024-03-19T09:25:34Z
tag:theconversation.com,2011:article/225375
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Pour limiter les troubles du sommeil liés à l’âge, il faut s’exposer à la lumière naturelle
<p>La lumière est essentielle à la vision. Mais on sait aujourd’hui qu’elle joue également un rôle clé dans le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sommeil-20272">sommeil</a>. Des études ont montré que la lumière naturelle est le troisième régulateur du sommeil, avec l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/chronobiologie/">horloge circadienne</a> qui synchronise le sommeil sur l’alternance jour/nuit et l’<a href="https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/">homéostasie</a>, un ensemble de mécanismes qui accroît le besoin de sommeil quand la période de veille se prolonge.</p>
<p>Le fait que la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/lumiere-32399">lumière</a> naturelle joue un rôle aussi important dans le sommeil est une bonne nouvelle parce que la lumière naturelle n’est pas un médicament. Tout le monde y a accès. Elle est gratuite et disponible à l’extérieur. Pour en bénéficier, il suffit de sortir !</p>
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<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><a href="https://www.crnl.fr/fr/user/165">Notre équipe</a> qui mène des travaux de recherche dans ce domaine vient d’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jpi.12930">identifier un nouveau mécanisme d’adaptation de la rétine au vieillissement</a>. Notre étude suggère que, lorsqu’on prend de l’âge, il faut s’exposer plus longtemps à la lumière naturelle pour limiter les troubles du sommeil et bien dormir. Explications :</p>
<h2>La rétine synchronise l’horloge biologique et le sommeil</h2>
<p>Avant tout, il est indispensable de décrire la composition de la lumière naturelle. Elle est constituée de plusieurs longueurs d’ondes, et celles qui se situent entre 400 et 700 nm (le nanomètre ou nm correspond à l’unité de mesure des longueurs d’ondes) sont visibles par l’œil humain.</p>
<p>En dessous de 400 nm, on est dans l’ultra-violet et, au-dessus de 700 nm, dans l’infrarouge. Si la lumière naturelle est blanche, c’est parce qu’elle est composée par toutes les longueurs d’ondes (couleurs du spectre) dans la même quantité (le bleu, le vert, le rouge, le jaune, etc.).</p>
<p>Notre rétine a évolué sous l’influence de cette lumière naturelle pour optimiser notre vision (composantes bleu, vert et rouge de la lumière via des cellules appelées les cônes et les bâtonnets). Les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jpi.12562">travaux</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32342043/">récents</a> nous ont appris qu’elle a aussi évolué pour synchroniser notre horloge biologique et notre sommeil, via des cellules très spécifiques de la rétine (les cellules à mélanospine), spécifiquement sensibles à la lumière bleue du spectre lumineux.</p>
<h2>Quand la rétine s’adapte au vieillissement</h2>
<p>En accord avec la littérature scientifique récente, nos résultats suggèrent qu’un sujet jeune pourrait se contenter d’être exposé à une lumière qui correspond au bleu du ciel, pour que ses rythmes biologiques soient bien synchronisés à la journée de 24 heures et que le sommeil soit nocturne. Chez le sujet plus âgé en revanche, ce n’est pas aussi simple.</p>
<p>Au court du vieillissement, le cristallin – la lentille de l’œil qui permet à la lumière de converger sur la rétine – brunit, et diminue ainsi la quantité de lumière bleue qui atteint la rétine. Nos résultats montrent qu’avec l’âge, pour que la lumière naturelle continue à jouer son rôle de régulateur du sommeil de manière efficace, la rétine doit recevoir une lumière naturelle plus riche.</p>
<p>A noter que dans notre étude, les sujets les plus âgés avaient environ 60 ans et les plus jeunes, autour de 25 ans. Il est également important de comprendre que le vieillissement de la rétine et le brunissement du cristallin sont des continuums, même si on observe une accélération entre 35-40 et 60 ans.</p>
<p>Quand on vieillit, il semble que l’horloge biologique et le sommeil ne se contentent plus du bleu mais doivent percevoir une lumière présentant des couleurs additionnelles (dans les longueurs d’ondes rouge et vert).</p>
<p>Ainsi, nous proposons qu’un mécanisme adaptatif pourrait s’être mis en place au cours de l’évolution afin de maintenir une bonne sensibilité à la lumière avec l’âge, et donc une bonne synchronisation de l’horloge biologique et du sommeil, pour faire face au brunissement inéluctable du cristallin.</p>
<h2>Des résultats à prendre en compte dans la vraie vie</h2>
<p>Il est impossible d’empêcher le vieillissement de la rétine. En revanche, nos résultats suggèrent qu’il est important de s’exposer plus longtemps et à des lumières plus riches quand on est plus âgés, surtout dans nos sociétés modernes où nous passons 80 % de nos journées dans des bâtiments, sous des lumières artificielles.</p>
<p>Notre équipe travaille chez l’humain depuis toujours. Nous faisons le lien entre les mécanismes fondamentaux de la physiologie, et la santé dans la vraie vie. En pratique, différents paramètres influencent les comportements. En l’occurrence, l’hiver, la durée du jour plus courte et le froid représentent de réels freins à une exposition suffisante à la lumière naturelle.</p>
<p>Le manque de lumière est corrélé à la saisonnalité. En France, nous bénéficions d’une exposition à la lumière de 16 heures l’été ; elle est limitée à 8 heures l’hiver. L’intensité lumineuse varie aussi : elle est comprise entre 2 000 et 20 000 lux à l’extérieur l’hiver, entre 10 000 et 100 000 lux l’été. Toutefois, même en hiver, nous conservons une intensité lumineuse qui est suffisante pour le bon fonctionnement de l’horloge biologique.</p>
<p>Néanmoins, si le jour est deux fois plus court en hiver qu’en été, cela ne signifie pas pour autant qu’il convient de s’exposer à des lumières deux fois plus intenses durant cette saison. Les relations ne sont pas linéaires.</p>
<h2>Mieux dormir en Ehpad en apportant plus de lumière</h2>
<p>Nos résultats peuvent aussi avoir des implications concrètes pour nos parents et grands-parents qui résident dans des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ehpad-52036">Ehpad</a>. Quand nous leur rendons visite, nous voyons bien que les locaux sont souvent peu lumineux, et cela peut avoir des conséquences sur la qualité de leur sommeil la nuit.</p>
<p>Nous recommandons donc aux responsables d’établissements de soin (Ehpad et hôpitaux) de prendre en compte l’importance de la lumière. Il est en effet indispensable d’apporter une certaine intensité lumineuse à l’intérieur des locaux, en installant des éclairages de plus forte intensité, même quand la vue des résidents ou des patients est très affaiblie.</p>
<p>L’intensité lumineuse moyenne dans les Ehpad américains est en moyenne de 70 lux. C’est évidement très insuffisant et les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18544724/">études</a> montrent que ce niveau de lumière trop faible explique, en partie, à la fois les troubles du sommeil nocturne, la somnolence diurne, et le déclin cognitif.</p>
<p>L’éclairage devrait dépasser les 500 lux et sans doute atteindre au moins 1 000 lux durant la journée. À titre de comparaison, l’intensité lumineuse d’une lampe de chevet n’est que de 30 lux, celle du soleil au lever du jour de 10 000 lux.</p>
<p>Et dans la mesure du possible, même en fauteuil roulant, il faut que les résidents des Ehpad bénéficient de la lumière extérieure en journée, surtout s’ils sont somnolents pendant la journée et/ou dorment mal la nuit.</p>
<h2>Pourquoi certains sont « couche-tard » et « lève-tard », d’autres « couche-tôt » et « lève-tôt »</h2>
<p>On découvre aujourd’hui l’importance de la lumière naturelle pour réguler le sommeil, alors que le rôle de l’horloge circadienne, cette petite structure localisée dans le cerveau, est lui connu depuis longtemps. L’horloge circadienne pulse avec une oscillation de presque 24 heures.</p>
<p>L’<a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199501053320102">étude des personnes non voyantes</a> nous a appris que la synchronisation de l’horloge circadienne passe par la rétine à laquelle est connectée. La rétine capte la lumière qui est responsable de la synchronisation de l’horloge circadienne. Cette horloge biologique est en permanence synchronisée, c’est-à-dire remise à l’heure, sous l’effet de l’environnement, et en particulier de la lumière.</p>
<p>L’horloge circadienne des personnes que l’on classe dans la catégorie des « couche-tard » ou « lève-tard » est lente et peut osciller avec une période de 24h30. Chaque jour, si les conditions lumineuses sont suffisantes, elle va être avancée de 30 minutes et permettre une physiologie au bon moment, sinon les horaires de coucher et de lever seront plus tardifs chaque jour, jusqu’à 30 minutes, par exemple chez l’aveugle.</p>
<p>En revanche, l’horloge circadienne des « couche-tôt » et « lève-tôt » est rapide. Elle peut osciller sur 23h30 et doit être retardée quotidiennement. Là encore, c’est un cycle lumière-obscurité suffisant et stable qui va permettre la remise à l’heure de l’horloge biologique, et des horaires de sommeil réguliers.</p>
<p>Encore une fois, il faut comprendre que la lumière ne sert pas qu’à la vision. On comprend désormais combien elle est au cœur de la santé humaine, pour le sommeil comme dans d’autres domaines.</p>
<hr>
<p><em>Nos travaux de recherche ont été soutenus par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets, dans le cadre des programmes <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-12-TECS-0005">TecSAN</a> et <a href="https://anr.fr/ProjetIA-16-IDEX-0005">IDEXLYON</a>. L’ANR a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>. Ces recherches ont également reçu des financements de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’université Claude Bernard de Lyon</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225375/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Gronfier est Président de la Société francophone de chronobiologie. Il a reçu des financements de la part de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’Université Claude Bernard de Lyon.</span></em></p>
Des travaux de recherche suggèrent que, lorsqu’on prend de l’âge, s’exposer davantage à la lumière naturelle aide à limiter les troubles du sommeil. Des résultats à appliquer, par exemple, en Ehpad.
Claude Gronfier, chercheur neurobiologiste à l'Inserm, Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL, Inserm/CNRS/Université Claude-Bernard Lyon 1), Inserm
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tag:theconversation.com,2011:article/214608
2024-02-13T18:03:31Z
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Est-ce normal d’oublier des mots quand on parle ? Quand doit-on s’inquiéter ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/553710/original/file-20231013-15-roq5c6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C2%2C979%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lorsqu’un locuteur en bonne santé ne parvient pas à trouver un mot de son lexique qu’il a l’impression de connaître, les spécialistes du langage parlent du phénomène du « mot sur le bout de la langue ».</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>On a tous vécu cette situation où, au milieu d’une phrase, on est incapable de trouver le mot qu’on veut utiliser, même si on sait très bien qu’on le connaît.</p>
<p>Pourquoi cela se produit-il ?</p>
<p>Et doit-on considérer qu’il s’agit d’un signe qu’il y a un problème ?</p>
<p>Tout le monde éprouve occasionnellement des difficultés à trouver ses mots. Mais si cela arrive très souvent avec un large éventail de mots, de noms et de chiffres, cela peut être le signe d’un trouble neurologique.</p>
<h2>Les étapes de la production de la parole</h2>
<p>La formulation d’un mot nécessite plusieurs <a href="https://doi.org/10.1093/oxfordhb/9780190672027.013.19">étapes de traitement</a> : </p>
<ol>
<li><p>déterminer le sens voulu ;</p></li>
<li><p>choisir le mot juste dans son « lexique mental » (un dictionnaire mental du vocabulaire du locuteur) ;</p></li>
<li><p>récupérer sa structure sonore (appelé « forme ») ;</p></li>
<li><p>exécuter les mouvements des organes de la parole pour formuler son idée.</p></li>
</ol>
<p>La difficulté à trouver des mots peut survenir à chacun de ces stades.</p>
<p>Lorsqu’un locuteur en bonne santé ne parvient pas à trouver un mot de son lexique qu’il a l’impression de connaître, les spécialistes du langage parlent du phénomène du « mot sur le bout de la langue ».</p>
<p>Souvent, le locuteur frustré tentera de donner quelques informations sur le sens du mot qu’il souhaite utiliser, « tu sais, ce truc avec lequel tu frappes sur un clou », ou sur son orthographe, « ça commence par un M ! »</p>
<p>Ce type de problème est relativement commun et se produit généralement lors de la récupération de la structure sonore d’un mot (étape 3 ci-dessus).</p>
<h2>Qu’est-ce qui peut faire qu’on cherche un mot ?</h2>
<p>Les difficultés à trouver des mots surviennent à tout âge, mais elles sont plus fréquentes à mesure qu’on vieillit. Chez les personnes âgées, elles peuvent être source de frustration et d’anxiété quant à la possibilité de développer une démence. Mais il n’y a pas toujours lieu de s’inquiéter.</p>
<p>Pour étudier ce phénomène, les chercheurs peuvent demander aux personnes de tenir un journal afin de noter la fréquence et le contexte dans lequel il se produit. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2015.01190/full">L’examen de journaux de bord</a> a montré qu’on a davantage tendance à chercher certains types de mots, tels que les noms de personnes et de lieux, les substantifs concrets (de choses, comme « chien » ou « bâtiment ») et les substantifs abstraits (de concepts, comme « beauté » ou « vérité ») <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2015.01190/full">que les verbes et les adjectifs</a>.</p>
<p>Les termes qu’on utilise peu sont aussi plus susceptibles d’engendrer le phénomène du « mot sur le bout de la langue ». On suppose que c’est dû au fait que les liens entre leur signification et leur sonorité sont plus faibles que pour les mots fréquents.</p>
<p>Des études en laboratoire ont également montré que ce phénomène se produit plus souvent dans des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13825585.2019.1641177">situations sociales stressantes</a>, par exemple lorsque l’on fait l’objet d’une évaluation, et ce, quel que soit son âge. Ainsi, de nombreuses personnes déclarent avoir connu ce type de problème dans le cadre d’entretiens d’embauche.</p>
<h2>Quand doit-on craindre un problème sérieux ?</h2>
<p>Des échecs répétés avec un large éventail de mots, de noms et de chiffres sont susceptibles d’indiquer des problèmes plus graves.</p>
<p>Les spécialistes du langage utilisent les termes « anomie » ou <a href="https://www.aphasia.com/aphasia-library/aphasia-types/anomic-aphasia/">« aphasie anomique »</a> pour décrire cette condition. Elle peut être due à des lésions cérébrales causées par un accident vasculaire cérébral, une tumeur, un traumatisme crânien ou une démence telle que la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>La famille de l’acteur Bruce Willis a récemment révélé qu’il était atteint d’une maladie dégénérative connue sous le nom d’aphasie primaire progressive, dont l’un des premiers symptômes est la difficulté à trouver les mots plutôt que la perte de mémoire.</p>
<p>L’aphasie primaire progressive est généralement associée à la démence frontotemporale ou à la maladie d’Alzheimer, bien qu’elle puisse être causée par d’autres <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3637977/">pathologies</a>.</p>
<p>L’aphasie anomique peut être due à des problèmes survenant à différents stades de la production de la parole. Une évaluation par un neuropsychologue clinicien ou un orthophoniste peut clarifier quel stade est affecté et quelle est la gravité du problème.</p>
<p>Par exemple, si quelqu’un est incapable de nommer l’image d’un objet courant tel qu’un marteau, la personne qui l’évalue lui demandera de décrire à quoi sert l’objet (la réponse pourrait être « c’est quelque chose qui sert à frapper sur des choses » ou « c’est un outil »).</p>
<p>Si cela ne fonctionne pas, on lui dira de faire un geste ou de mimer la façon dont on l’utilise. On pourra aussi lui donner un indice, comme la première lettre (M) ou la première syllabe (mar).</p>
<p>Les résultats de la plupart des personnes atteintes d’aphasie anomique s’améliorent lorsqu’on leur propose des indices, ce qui montre qu’elles ont surtout des difficultés aux derniers stades, soit la récupération des formes de mots et les aspects moteurs de la parole.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1699457147673682242"}"></div></p>
<p>Cependant, si la personne est incapable de décrire ou de mimer l’utilisation de l’objet, et que les indices ne l’aident pas, cela incite à penser qu’il y a perte de la connaissance ou de la signification des mots. C’est généralement le signe d’un problème plus grave, tel que l’aphasie primaire progressive.</p>
<p>Des études d’imagerie menées sur des adultes en bonne santé et des personnes souffrant d’aphasie anomique ont montré que ce ne sont pas les mêmes zones du cerveau qui causent la difficulté à trouver les mots.</p>
<p>Chez les <a href="https://direct.mit.edu/jocn/article-abstract/35/1/111/113588/Neural-Correlates-of-Naturally-Occurring-Speech">adultes en bonne santé</a>, des échecs occasionnels à nommer l’image d’un objet courant sont liés à des changements dans l’activité des zones du cerveau qui contrôlent les aspects moteurs de la parole, ce qui pourrait indiquer un problème ponctuel d’articulation plutôt qu’une perte de mots.</p>
<p>Dans le cas d’une anomie causée par une aphasie primaire progressive, les régions du cerveau qui traitent le sens des mots présentent une perte de cellules nerveuses et de connexions ou une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0148707">atrophie</a>.</p>
<p>Bien que l’aphasie anomique soit fréquente après un accident vasculaire cérébral survenu dans l’hémisphère gauche du cerveau, les difficultés à trouver des mots qui y sont associées ne semblent pas pouvoir être distinguées selon des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010945215003299">zones précises</a>.</p>
<p>Il existe des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02687030244000563">thérapies</a> pour l’aphasie anomique. En général, un orthophoniste entraîne la personne à nommer des choses à l’aide de différents types d’indices ou d’amorces. Les indices peuvent être des caractéristiques d’un objet ou d’une idée, des caractéristiques sonores d’un mot ou une combinaison des deux. Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S002199241730014X">applications pour tablettes</a> et téléphones intelligents donnent des résultats prometteurs lorsqu’on s’en sert pour compléter le traitement par des exercices à domicile.</p>
<p>Le type d’indice utilisé dépend de la nature de la déficience. La réussite de la thérapie est associée à des changements dans l’activité des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0093934X14000054">zones du cerveau</a> connues pour contribuer à la production de la parole. Malheureusement, il n’existe pas de traitement efficace pour l’aphasie primaire progressive, bien que <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13607863.2019.1617246">certaines études</a> indiquent que l’orthophonie peut apporter des bénéfices temporaires.</p>
<p>Si vous êtes préoccupé par vos difficultés, ou celles d’un proche, à trouver des mots, vous pouvez consulter votre médecin généraliste qui vous orientera vers un neuropsychologue clinicien ou un orthophoniste.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214608/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Greig de Zubicaray est financé par l'Australian Research Council et la National Health and Medical Research Foundation.</span></em></p>
Nous avons tous déjà oublié le mot dont nous avions besoin au milieu d’une phrase, et nous connaissons la sensation de l’avoir sur le bout de la langue. Mais quand est-ce que l’on doit s’inquiéter ?
Greig de Zubicaray, Professor of Neuropsychology, Queensland University of Technology
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tag:theconversation.com,2011:article/220827
2024-02-08T16:21:09Z
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La musculation a des bienfaits insoupçonnés sur la santé, surtout avec l'âge
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568477/original/file-20231222-21-ph8fgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=455%2C14%2C8365%2C5662&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’entraînement musculaire est à peu près aussi efficace que les exercices aérobiques pour tous les aspects importants de la santé, y compris la santé cardiovasculaire.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Tout le monde s’accorde à dire que l’exercice physique est bon pour la santé. Parmi ses nombreux avantages, on peut noter l’amélioration des fonctions cardiaques et cérébrales, la régulation du poids, le ralentissement des effets du vieillissement et la réduction des risques de souffrir de plusieurs <a href="https://perspectivesinmedicine.cshlp.org/content/8/7/a029694">maladies</a> chroniques.</p>
<p>Cependant, on a trop longtemps considéré qu’une façon de se maintenir en forme, par les exercices aérobiques, était supérieure à l’autre, par la musculation, pour favoriser la santé. En réalité, elles sont aussi valables l’une que l’autre et elles peuvent toutes deux nous permettre d’atteindre le même objectif, c’est-à-dire une bonne forme physique générale.</p>
<p>Les exercices aérobiques, tels que la course à pied, la natation et le vélo, sont populaires parce qu’ils sont très bénéfiques. De nombreuses <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1001335">données scientifiques</a> le confirment.</p>
<p>Ce qu’on sait moins, c’est que l’entraînement contre résistance – que ce soit avec des haltères, des appareils d’haltérophilie ou de simples pompes, fentes et tractions – fonctionne à peu près aussi bien que les exercices aérobiques pour tous les aspects importants de la santé, y compris la santé cardiovasculaire.</p>
<p>Les exercices de résistance offrent un autre avantage : le développement de la force et de la puissance, qui devient de plus en plus important <a href="https://doi.org/10.1007/s12603-021-1665-8">avec l’âge</a>.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/843867756" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo sur les différentes formes de musculation et leur efficacité pour améliorer sa force.</span></figcaption>
</figure>
<p>Comme mes collègues et moi-même l’expliquons dans un <a href="https://doi.org/10.1249/FIT.0000000000000916">article récemment publié</a> par l’<em>American College of Sports Medicine</em>, le développement et le maintien de la force musculaire permettent de se lever facilement d’une chaise, de préserver son équilibre et sa posture et d’activer son métabolisme.</p>
<p>Alors, si les exercices aérobiques et l’entraînement contre résistance offrent à peu près autant des bienfaits, comment se fait-il que nous voyions tellement plus de coureurs et de cyclistes que d’haltérophiles ?</p>
<p>C’est le fruit d’une combinaison de facteurs tels que le timing, la commercialisation et les stéréotypes.</p>
<h2>La montée de l’aérobique</h2>
<p>La préférence pour les exercices aérobiques remonte à <a href="https://www.cooperinstitute.org/research/ccls">l’étude longitudinale du Cooper Centre</a>, qui a joué un rôle essentiel dans la démonstration de l’efficacité de ce type d’entraînement. Le Dr Ken Cooper a inventé – ou du moins popularisé – le terme avec son livre <a href="https://www.cooperaerobics.com/About/Aerobics.aspx">« Aerobics »</a>, incitant les baby-boomers rivés à leur bureau à faire de l’exercice pour se mettre en forme.</p>
<p>Pendant ce temps, on ne s’intéresse pas à la musculation, en <a href="https://www.cnet.com/health/fitness/does-lifting-weights-make-women-bulky/">particulier chez les femmes</a>, en raison de l’idée erronée qui veut que ce type d’entraînement soit réservé aux hommes qui aspirent à être super musclés. <a href="https://www.britannica.com/biography/Charles-Atlas">Charles Atlas</a>, ça vous dit quelque chose ?</p>
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<img alt="A smiling man holding small blue dumbbells" src="https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les exercices de résistance ne gonflent pas forcément les muscles et ne nécessitent pas de soulever des charges lourdes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Des influences culturelles ont consolidé la prédominance des exercices aérobiques dans le domaine de la forme physique. En 1977, Jim Fixx a popularisé la course à pied et le jogging en publiant <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Complete_Book_of_Running">« Jogging : courir à son rythme pour vivre mieux »</a>. Dans les années 1980, la vidéo <a href="https://www.janefonda.com/shop/fitness-videos/jane-fondas-complete-workout/">« Complete Workout »</a> de Jane Fonda et des émissions d’exercices telles qu’<a href="https://www.imdb.com/title/tt0268895/">« Aerobicize »</a> et <a href="https://www.imdb.com/title/tt0299431/">« 20 Minute Workout »</a> ont contribué à renforcer l’idée que pour s’entraîner, on doit augmenter sa fréquence cardiaque.</p>
<p>Le mot « aérobique », auparavant confiné au lexique de la science et de la médecine, est entré dans la culture populaire à peu près en même temps que les jambières, les survêtements et les bandeaux absorbants. De nombreuses personnes trouvaient logique l’idée que respirer fort et transpirer pendant une longue séance d’exercices vigoureux était le meilleur moyen de se mettre en forme.</p>
<p>Pendant ce temps, la musculation attendait qu’on braque les projecteurs sur elle.</p>
<h2>Reconnaître le mérite des exercices de résistance</h2>
<p>Si l’aérobique est le lièvre, la musculation est la tortue. L’entraînement aux poids et haltères se rapproche maintenant de son rival et se prépare à le dépasser, car les athlètes et les gens ordinaires reconnaissent désormais sa valeur.</p>
<p>La musculation n’est entrée dans les mœurs qu’au cours des 20 dernières années, et ce, même pour les sportifs de haut niveau. Aujourd’hui, elle renforce le corps et prolonge la carrière des joueurs de soccer ou de tennis, des golfeurs et de <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-016-0486-0">bien d’autres sportifs</a>.</p>
<p>L’intérêt croissant pour l’entraînement contre résistance doit beaucoup au <a href="https://www.livestrong.com/article/545200-the-fall-of-fitness/">CrossFit</a>, qui, malgré certaines controverses, a contribué à briser les stéréotypes et à initier de nombreuses personnes, en particulier des femmes, à la pratique de la musculation.</p>
<p>Il est important de savoir que les exercices de résistance ne gonflent pas forcément les muscles et ne nécessitent pas l’utilisation de charges lourdes. Comme l’ont montré les recherches de notre équipe, soulever des poids légers jusqu’au point de défaillance en plusieurs séries procure de <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/japplphysiol.00154.2016">réels bienfaits</a>.</p>
<h2>Force et vieillissement</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="An older couple in sweatshirts using small dumbbells" src="https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La musculation peut aider au maintien de l’autonomie et de la fonctionnalité globale du corps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Les bienfaits de la musculation ne se limitent pas à une amélioration de la force. Elle offre un aspect souvent négligé dans l’entraînement aérobique traditionnel : la capacité d’exercer une force rapidement, ou ce que l’on appelle la puissance. Avec l’âge, les activités de la vie quotidienne telles que se lever, s’asseoir et monter les escaliers demandent <a href="https://doi.org/10.1186/s11556-022-00297-x">plus de force et de puissance</a> que d’endurance cardiovasculaire.</p>
<p>Ainsi, la musculation peut être essentielle au maintien de l’autonomie et de la fonctionnalité globale du corps.</p>
<h2>Revoir le discours sur la mise en forme</h2>
<p>Le but n’est pas d’opposer la musculation à l’exercice aérobique, mais de reconnaître qu’ils se complètent. Il est préférable de pratiquer les deux types d’exercice plutôt que de se contenter d’une seule. L’<a href="https://doi.org/10.1161/CIR.0000000000001189"><em>American Heart Association</em></a> a récemment déclaré que</p>
<blockquote>
<p>« … l’entraînement contre résistance est une approche sûre et efficace pour améliorer la santé cardiovasculaire chez les adultes avec ou sans maladie cardiovasculaire… »</p>
</blockquote>
<p>Il est essentiel d’adopter une position nuancée, en particulier lorsque nous guidons des <a href="https://doi.org/10.1016/j.arr.2021.101368">personnes âgées</a> qui peuvent associer l’exercice physique principalement à la marche et ignorer qu’en négligeant la force et la puissance, elles seront de plus en plus limitées.</p>
<p>L’entraînement contre résistance peut être très varié, il offre un <a href="https://doi.org/10.1016/j.jshs.2023.06.005">éventail d’activités</a> pour répondre aux capacités de chacun.</p>
<p>Il est temps de revoir le discours sur la mise en forme pour faire davantage de place à la musculation. Il ne s’agit pas de la considérer comme un substitut à l’exercice aérobique, mais plutôt comme un élément essentiel d’une approche holistique de la <a href="https://doi.org/10.1249/ESM.0000000000000001">santé et de la longévité</a>.</p>
<p>En éliminant les stéréotypes, en démystifiant la pratique et en prônant l’inclusion, la musculation peut devenir accessible et attrayante pour un vaste public, ce qui conduira à une nouvelle façon de percevoir et de prioriser les avantages de cette forme d’entraînement pour la <a href="https://doi.org/10.1136/bjsports-2021-105061">santé et la forme physique</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220827/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stuart Phillips reçoit des fonds des IRSC, du CRSNG, des NIH américains et de plusieurs bailleurs de fonds industriels. Il est affilié à Exerkine Corporation.</span></em></p>
Les exercices aérobiques devraient partager la vedette avec l’haltérophilie en tant que forme d’exercice qui favorise la santé et qui peut être indispensable au fur et à mesure que nous vieillissons.
Stuart Phillips, Professor, Kinesiology, Tier 1 Canada Research Chair in Skeletal Muscle Health, McMaster University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/215353
2023-12-17T15:37:58Z
2023-12-17T15:37:58Z
« L’envers des mots » : Âgisme
<p>Si le terme d’âgisme reste, en France, peu employé en comparaison avec d’autres pays francophones, il a commencé à se diffuser au cours de ces dernières années.</p>
<p>Sa définition ne fait pas consensus. Pour les uns, à l’instar du gérontologue américain <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/d-ou-ca-sort/d-ou-ca-sort-du-lundi-02-janvier-2023-3600079">Robert Butler</a> qui a forgé la notion en 1969 par analogie avec celles de racisme et de sexisme, il s’agit d’un « processus de stéréotypage et de discrimination systématiques contre les personnes, parce qu’elles sont vieilles ». Pour d’autres, comme <a href="http://www.agisme.fr/">l’Observatoire de l’âgisme</a>, elle désigne les discriminations fondées sur l’âge, quel que soit l’âge.</p>
<p>Ces deux acceptions ne sont cependant pas irréconciliables. On peut, en effet, considérer que les traitements inégaux selon l’âge peuvent concerner tant les jeunes que les vieux, tout en reconnaissant que, dans les sociétés modernes marquées par des changements technologiques et sociaux de plus en plus rapides et par l’obsolescence accélérée des connaissances, l’âgisme anti-vieux est structurellement accentué.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vieillir-lage-est-il-un-bon-repere-200760">Vieillir : l’âge est-il un bon repère ?</a>
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<hr>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-mouvements-2009-3-page-11.htm">L’âgisme</a> opère à différents niveaux. Tout d’abord, il imprègne les représentations, qu’elles soient conscientes ou inconscientes. Le test d’association implicite de Harvard montre ainsi que la grande majorité des gens, y compris les plus âgés, ont tendance à associer spontanément des <a href="https://implicit.harvard.edu/implicit/france/">qualificatifs positifs à des visages jeunes</a> et des qualificatifs négatifs à des visages âgés.</p>
<p>L’âgisme prend ensuite une forme institutionnalisée à travers des dispositifs de politique sociale qui ouvrent (et ferment) des droits sur un critère d’âge et créent donc des inégalités de traitement fondées sur ce seul critère. Que l’on songe au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/revenu-de-solidarite-active-rsa-25071">revenu de solidarité active</a> (RSA), qui est réservé, sauf dans des cas particuliers, aux plus de 25 ans. Que l’on songe aussi aux systèmes de retraite, organisés autour de critères d’âge qui se révèlent ambivalents : d’un côté, ils déclenchent l’ouverture de droits sociaux protecteurs et, de l’autre, ils peuvent être facteurs d’exclusion du marché du travail, comme lorsque, dans les années 1980, les possibilités de cumul entre emploi et retraite ont été fortement limitées.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-vieillir-est-peu-a-peu-devenu-synonyme-de-travailler-plus-124936">Comment vieillir est peu à peu devenu synonyme de travailler plus</a>
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<p>L’âgisme institutionnel peut aussi être indirect lorsqu’une politique apparemment neutre est en fait désavantageuse pour certains groupes d’âge (comme c’est le cas, par exemple, avec la dématérialisation des services publics, qui exclut de fait une partie de la population âgée de services auxquels elle avait auparavant accès).</p>
<p>Enfin, l’âgisme se déploie à travers tout un ensemble de pratiques individuelles qui relèvent d’intentionnalités différentes. Les unes sont peu réfléchies et se nourrissent des représentations négatives, homogénéisantes et dépréciatives (comme lorsque les jeunes sont considérés comme pas assez engagés dans leur travail et les plus âgés incapables de s’adapter). D’autres pratiques témoignent d’une sorte d’indifférence aux besoins et au point de vue des plus jeunes ou des plus âgés dont la parole se trouve dépréciée car pèse sur eux une présomption d’incompétence.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-numerisation-des-administrations-produit-tensions-et-exclusion-207049">La numérisation des administrations produit tensions et exclusion</a>
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<p>Certaines pratiques encore relèvent d’un âgisme « bienveillant » : partant d’une bonne intention et cherchant à venir en aide à des personnes du fait de leur âge, elles n’en sont pas moins discriminantes (par exemple lorsque, dans le bus ou le métro, quelqu’un se lève pour céder sa place à un autre voyageur qu’il perçoit comme âgé, suscitant l’incompréhension, voire la colère de celui-ci qui se sent traité comme un « vieux »).</p>
<p>L’âgisme reste en France relativement bien toléré et suscite moins souvent l’indignation que le racisme et le sexisme. Sa réalité est même parfois contestée au motif que les retraités sont, dans notre pays, plutôt bien traités d’un point de vue économique, leur niveau de vie étant équivalent à celui des actifs. Il importe cependant de souligner, à la suite de la sociologue <a href="https://cems.ehess.fr/membres/juliette-rennes">Juliette Rennes</a>, que <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2020-6-page-725.htm">l’âgisme se joue en fait sur un autre plan</a>, celui de l’oppression culturelle.</p>
<hr>
<p><em>Cet article s’intègre dans la série <strong><a href="https://theconversation.com/fr/topics/lenvers-des-mots-127848">« L’envers des mots »</a></strong>, consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?</em></p>
<p><em>De <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-validisme-191134">« validisme »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-silencier-197959">« silencier »</a>, de <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-bifurquer-191438">« bifurquer »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-degenrer-191115">« dégenrer »</a>, nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public. À découvrir aussi dans cette série :</em></p>
<ul>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-technoference-199446"><em>« L’envers des mots » : Technoférence</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-ecocide-200604"><em>« L’envers des mots » : Écocide</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-neuromorphique-195152"><em>« L’envers des mots » : Neuromorphique</em></a></p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/215353/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Caradec ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Discrimination contre les personnes âgées ou discriminations fondées sur l’âge, quel qu’il soit ? La définition du terme « âgisme » ne fait pas consensus.
Vincent Caradec, Sociologue, Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/214348
2023-12-11T16:34:17Z
2023-12-11T16:34:17Z
Combien de temps vivra un être cher ? La réponse est difficile à entendre, mais ne pas savoir est encore pire
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550115/original/file-20230922-27-gg4746.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=201%2C70%2C6508%2C4054&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Même pour un professionnel de la santé expérimenté, estimer l'espérance de vie d'un patient atteint d'une maladie grave est un défi.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Il est difficile pour les personnes atteintes d’une maladie qui limite l’espérance de vie de planifier leur avenir. Les cliniciens, en fonction de leur expérience, peuvent donner une estimation générale du temps qu’il reste à vivre à une personne — de quelques jours à quelques semaines, de quelques semaines à quelques mois, ou de quelques mois à quelques années. </p>
<p>Cependant, les patients et leurs partenaires de soins souhaitent souvent obtenir une estimation plus précise pour pouvoir prendre les dispositions et les décisions nécessaires en matière de soins.</p>
<p>Une prédiction précise de l’espérance de vie peut devancer la tenue de discussions sur les préférences et les souhaits en fin de vie, ainsi que la mise en place des soins palliatifs.</p>
<p>Mais même pour un clinicien expérimenté, <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0161407">il peut être difficile d’estimer l’espérance de vie</a> d’un <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.320.7233.469">patient atteint d’une maladie grave</a>. Cette évaluation doit reposer non seulement sur de grandes quantités de données, mais aussi sur une compréhension de la relation entre l’état de santé de base du patient, la complexité de ses problèmes de santé et la façon dont il réagit au traitement ou évolue sous celui-ci. </p>
<p>Voilà où les algorithmes prédictifs peuvent être utiles.</p>
<h2>Un outil pour avoir des discussions et planifier en temps opportun</h2>
<p><a href="https://www.projectbiglife.ca/respect-elder-life">RESPECT (Risk Evaluation for Support : Predictions for Elder life in their Communities Tool) est un outil de communication sur les risques</a> qui est alimenté par des algorithmes de prédiction estimant l’espérance de vie d’une personne — c’est-à-dire combien de temps cette dernière vivra. Cet outil a été mis au point par l’équipe de recherche du projet Big Life, et validé <a href="https://doi.org/10.1503/cmaj.200022">au moyen des données de soins de santé recueillies sur près d’un million d’aînés ayant reçu des soins à domicile et en milieu communautaire</a>, ou dans une maison de soins en Ontario.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/539710931" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">RESPECT a pour but d’aider les gens à planifier leurs soins palliatifs et leurs soins de fin de vie.</span></figcaption>
</figure>
<p>RESPECT a été conçu en tenant compte des besoins des patients en matière d’information et dans l’intention de donner aux patients et à leurs partenaires de soins les moyens d’agir. En leur fournissant des données sur l’espérance de vie et les expériences d’autres personnes ayant connu un parcours semblable, cet outil peut aider les patients à comprendre la trajectoire de leur maladie, à devancer les discussions concernant leurs préférences et leurs souhaits, et à demander le soutien dont ils ont besoin. </p>
<h2>Un outil pour les patients, les partenaires de soins et les cliniciens</h2>
<p><a href="https://www.projectbiglife.ca/respect-elder-life">RESPECT</a> a été lancé publiquement sur ProjectBigLife.ca en juillet 2021. <a href="https://www.projectbiglife.ca/">Ce site web</a> présente plusieurs calculateurs santé mis au point par l’équipe de recherche pour traduire les données probantes en outils susceptibles d’aider les Canadiens à réfléchir à leur santé et à planifier leurs soins.</p>
<p>Les gens doivent répondre à 17 questions sur leur santé et leur capacité à prendre soin d’eux-mêmes. RESPECT utilise ensuite les réponses fournies pour leur donner une estimation de leur espérance de vie, et ce, sur la base de renseignements recueillis sur des personnes présentant des caractéristiques semblables aux leurs. Les aînés peuvent utiliser le calculateur pour mieux comprendre leur déclin. Il en va de même pour leurs partenaires de soins et les professionnels de la santé qui ne peuvent prédire avec certitude l’espérance de vie d’une personne atteinte d’une maladie grave.</p>
<p>En plus de donner une estimation de l’espérance de vie, RESPECT fournit des mesures du déclin fonctionnel — par exemple, si le patient est capable de se déplacer dans sa maison et de se livrer aux activités de la vie quotidienne, comme se laver et cuisiner, sans aucune aide.</p>
<p>Un patient peut utiliser ces renseignements pour discuter de ses besoins en matière de soins avec ses partenaires de soins et ses fournisseurs de soins de santé. De même, les fournisseurs de soins de santé peuvent utiliser cet outil pour discuter avec leurs patients de ce à quoi ils peuvent s’attendre en fin de vie, et prévoir les mesures de soutien appropriées.</p>
<p>RESPECT est également utilisé activement dans les maisons de retraite et les foyers de soins de l’Ontario. De nombreux résidents de ces établissements ont une espérance de vie inférieure à deux ans. Lorsque les discussions sur les objectifs et les souhaits des aînés au regard du chemin qu’il leur reste à parcourir ont lieu en temps opportun, l’équipe de soins peut offrir aux personnes dont elle s’occupe la meilleure qualité de vie et de soins possible.</p>
<h2>Infrastructure durable</h2>
<p>L’un des objectifs de RESPECT est de fournir une infrastructure durable pour l’étude, l’apprentissage et l’amélioration de la façon dont nous utilisons les algorithmes prédictifs dans la prestation des soins de fin de vie.</p>
<p>Malgré les avantages qui sont observés dans le cadre des premières utilisations de RESPECT, de nombreuses questions subsistent en ce qui concerne le meilleur moment pour l’utiliser et la meilleure manière de le faire. Par exemple, une faible capacité de calcul — c’est-à-dire la compréhension des chiffres, des mathématiques et des statistiques — pourrait entraîner une mauvaise interprétation de l’estimation fournie par RESPECT. Bien que les ressources à l’appui de RESPECT aient été élaborées en collaboration avec les patients et leurs partenaires de soins, davantage de recherches sont encore nécessaires pour réduire ces inconvénients potentiels.</p>
<p>Pour assurer l’optimisation des avantages qui peuvent être tirés des algorithmes de prédiction tels que RESPECT, les épidémiologistes cliniques Douglas Manuel et Justin Presseau, ainsi que les co-auteurs du présent article, ont créé le système de santé apprenant RESPECT — un réseau de partenaires de soins, de chercheurs et de professionnels de la santé qui collaborent pour surmonter ces défis. Nous combinons la recherche et la pratique pour étudier et améliorer durablement les soins et l’expérience de fin de vie grâce à des algorithmes prédictifs.</p>
<h2>Prendre conscience de la situation n’est que le début</h2>
<p>Seulement <a href="https://www.cihi.ca/sites/default/files/document/access-to-palliative-care-in-canada-2023-report-fr.pdf">58 % des gens qui meurent au Canada</a> reçoivent une forme de soins palliatifs avant de mourir. Peu de personnes (13 %) ont la possibilité de mourir chez elles, avec le soutien d’une équipe de soins palliatifs à domicile.</p>
<p>Grâce à l’amélioration de notre compréhension de la fragilité et du déclin, RESPECT pourrait aider les cliniciens, les patients et leurs partenaires de soins à se préparer à un mauvais pronostic, et à élaborer un plan personnalisé en matière de soins.</p>
<p>Cependant, pour améliorer la prestation des soins de fin de vie au Canada et permettre aux Canadiens de mourir dans la dignité, il faut investir davantage dans notre système officiel de soins de santé pour répondre aux besoins des personnes en fin de vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214348/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lysanne Lessard reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada pour des recherches liées au système d'apprentissage en santé RESPECT. Elle est membre de l'Institut de recherche LIFE de l'Université d'Ottawa.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Amy T. Hsu reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada pour la recherche liée au calculateur RESPECT.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Peter Tanuseputro reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada pour la recherche liée au calculateur RESPECT.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sampath Bemgal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Une prédiction précise de l’espérance de vie peut devancer la tenue de discussions sur les préférences et les souhaits de fin de vie, ainsi que la mise en place des soins palliatifs.
Lysanne Lessard, Associate Professor, Telfer School of Management, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa
Amy T. Hsu, Brain and Mind-Bruyère Research Institute Chair in Primary Health Care in Dementia, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa
Peter Tanuseputro, Associate Professor, Division of Palliative Care, Department of Medicine, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa
Sampath Bemgal, Assistant Professor, Information Systems, University of New Brunswick
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/213792
2023-12-06T17:40:36Z
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Froid et douleurs articulaires : en hiver, mieux vaut bouger que ne rien faire
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548766/original/file-20230518-18-uq5uhz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C453%2C8155%2C5003&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/senior-man-holds-his-hands-knees-2139454187">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.health.gov.au/topics/chronic-conditions/what-were-doing-about-chronic-conditions/what-were-doing-about-musculoskeletal-conditions">Un Australien sur trois</a> souffre d’une affection musculosquelettique impliquant des douleurs articulaires (<em>en France, en 2016, une <a href="https://presse.inserm.fr/1-francais-sur-2-souffre-de-douleurs-articulaires/25303/">personne interrogée sur deux déclarait avoir déjà eu des douleurs articulaires</a>, ndlr</em>).</p>
<p>À l’origine de ces maux figure le plus souvent l’arthrose, une pathologie qui affecte aujourd’hui environ <a href="https://arthritisaustralia.com.au/1in7witharthritis/">3,6 millions</a> de personnes en Australie, et pourrait en toucher jusqu’à <a href="https://www.arthritiswa.org.au/arthritis/australians-in-the-dark-with-arthritis-one-of-our-most-prevalent-and-costly-diseases/">5,4 millions d’ici 2030</a> (<em>en France, on estime à l’heure actuelle que plus de 12 millions de personnes souffrent de rhumatismes, dont <a href="https://presse.inserm.fr/1-francais-sur-2-souffre-de-douleurs-articulaires/25303/">9 millions d’arthrose et 600 000 de rhumatismes inflammatoires chroniques</a> comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite, ndlr</em>).</p>
<p>Pour certaines de ces personnes, le temps froid <a href="https://doi.org/10.1186/1471-2474-15-66">semble aggraver la situation</a>. Mais <a href="https://doi.org/10.1016/S0304-3959(99)00010-X">ce n’est probablement pas qu’une question de température</a>. Divers facteurs pourraient en effet être susceptibles d’influencer et de <a href="https://doi.org/10.1097/j.pain.0000000000001776">renforcer la perception de telles douleurs</a>. Certains travaux suggèrent par exemple que la perception plus aiguë de la douleur en hiver pourrait être liée à des <a href="https://doi.org/10.1093/rheumatology/kel414">fluctuations saisonnières de la maladie</a>, à un manque de <a href="https://doi.org/10.1016/j.sjpain.2010.05.030">vitamine D</a>, voire <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0216902">à l’influence sur notre organisme des basses pressions</a>. Mais les données manquent encore pour tirer des conclusions sur les liens entre météo et douleurs, et <a href="https://journals.lww.com/pain/fulltext/2020/04000/are_weather_conditions_associated_with_chronic.3.aspx">d’autres recherches seront nécessaires</a> pour confirmer ou infirmer ces résultats. </p>
<p>Quoi qu’il en soit, nous n’avons de toute façon pas beaucoup de marge de manœuvre en ce qui concerne la météo. En revanche, nous pouvons agir sur d’autres paramètres qui influencent la douleur et sa perception. C’est notamment le cas <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00702-019-02067-z">de la qualité du sommeil, de l’humeur</a> ou <a href="https://link.springer.com/content/pdf/10.1038/s41598-019-44664-8.pdf">du niveau d’activité physique</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/contre-larthrose-de-la-hanche-lactivite-physique-adaptee-est-votre-alliee-215019">Contre l’arthrose de la hanche, l’activité physique adaptée est votre alliée</a>
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<p>Ce dernier point est très important : <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">l’exercice physique</a> permet en effet d’améliorer le fonctionnement de notre organisme, notre force et notre mobilité. Il est également <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">bénéfique pour notre santé mentale</a>, et permet de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1466853X21000304">réduire le risque de survenue de nombreuses maladies chroniques</a>.</p>
<p>Il ne faut donc surtout pas que les douleurs ressenties constituent un prétexte pour éviter de faire de l’exercice, faute de quoi un cercle vicieux qui pourrait accentuer lesdites douleurs risquerait de se mettre en place. Comment y parvenir ?</p>
<h2>La douleur, ou comment notre cerveau tente de nous protéger</h2>
<p>On peut considérer la douleur est le moyen employé par notre cerveau pour protéger le reste de notre corps : elle agit en effet comme une sorte de système d’alarme intégré dont le rôle est de nous avertir d’un danger imminent, ou de la survenue d’un préjudice, afin que nous puissions réagir de manière adéquate.</p>
<p>Mais outre le fait que nous ne soyons <a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">pas tous égaux face à elle</a>, la douleur <a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">n’est pas toujours un indicateur fiable</a> des dommages réellement subis par notre peau, nos muscles ou nos os. En effet, dans certains cas, ce système d’alerte peut engendrer des faux positifs, autrement dit, sonner l’alarme quand ce n’est pas nécessaire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">Pourquoi certaines personnes sont-elles plus douillettes que d’autres ?</a>
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<p>Ainsi, les douleurs articulaires et la raideur peuvent sembler s’aggraver par temps froid, alors que ce n’est pas forcément le cas. Cela peut susciter des <a href="https://doi.org/10.1177/26335565221100172">inquiétudes</a> et nous amener à moins pratiquer d’exercice, de crainte de risquer d’<a href="https://doi.org/10.1002/jor.25151">aggraver la situation</a>. </p>
<p>Or, un tel comportement <a href="https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2017.07.007">peut s’avérer contre-productif</a> : éviter toute activité physique peut en effet aggraver la douleur plutôt que l’atténuer. Ce qui peut être particulièrement problématique en hiver, alors que nous sommes déjà moins actifs.</p>
<h2>Nous avons tendance à faire moins d’exercice quand il fait froid</h2>
<p>Les saisons <a href="https://doi.org/10.1016/j.jshs.2016.07.007">influencent notre niveau d’activité physique</a>. Lorsque les journées s’allongent et que les températures redeviennent clémentes, comme durant les mois d’été, les gens ont tendance à sortir davantage. Une météo plus chaude suscite également des sentiments positifs, et l’amélioration de l’humeur qui en résulte est aussi plus susceptible d’entraîner un regain d’activité physique.</p>
<p>Au contraire, durant les mois les plus frais de l’année, nous avons tendance à passer plus de temps à l’intérieur, afin de profiter de davantage de confort, et notre niveau d’activité physique tend de ce fait à diminuer. </p>
<p>Cette réduction de nos mouvements, conjuguée à une exposition moindre à la lumière, peut mener à une augmentation des douleurs articulaires, et être également associée à une dégradation de notre sensation de bien-être et de notre humeur. Se met alors en place un cercle vicieux qui peut aggraver les symptômes au fil du temps.</p>
<p>Il est cependant possible, en s’appuyant sur quelques connaissances et avec un peu d’assistance, de <a href="https://doi.org/10.1080/08870446.2022.2126473">rester actif durant ces périodes</a>. Le recours à des professionnels de la santé, médecins ou spécialistes en <a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">activité physique adaptée</a>), qui seront à même de nous aider à nous fixer des objectifs et à mettre en place les programmes nécessaires pour les atteindre, peut être appréciable.</p>
<p>Et certaines petites stratégies du quotidien peuvent aussi être s’avérer efficaces pour ne pas trop se laisser aller en hiver.</p>
<h2>Se motiver pour rester actif</h2>
<p>Lorsque l’on souhaite rester actif durant la période hivernale (et au-delà), il est utile dans un premier temps de faire le point sur les <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">nombreux facteurs interconnectés qui affectent notre santé</a>. Pour résumer, il s’agit principalement :</p>
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<li><p>de facteurs biologiques (notre bagage génétique, les maladies éventuelles qui peuvent nous affecter) ;</p></li>
<li><p>de facteurs psychologiques (notre façon de penser, de ressentir et de réagir) ;</p></li>
<li><p>de facteurs sociaux (quelles sont nos relations sociales, quel soutien nous pouvons en retirer…).</p></li>
</ul>
<p>Il faut aussi avoir conscience que trop se focaliser sur l’objectif final à accomplir n’est peut-être pas la meilleure des choses à faire. En effet, s’il est trop élevé, cela peut s’avérer démotivant. Mieux vaut procéder par étapes, en se fixant des objectifs intermédiaires facilement atteignables.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-mettre-en-avant-ses-benefices-pour-la-sante-ne-suffit-pas-a-promouvoir-une-activite-physique-reguliere-195481">Pourquoi mettre en avant ses bénéfices pour la santé ne suffit pas à promouvoir une activité physique régulière</a>
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<p>Il peut par exemple s’agir de ne plus se garer juste devant la porte du magasin dans lequel on souhaite faire ses courses, mais à une certaine distance, que l’on prendra soin d’augmenter progressivement, afin d’augmenter sa tolérance à l’exercice. Ou de monter quelques marches plutôt que de prendre systématiquement l’ascenseur ou l’escalator. </p>
<p>De même, mieux vaut pratiquer quelques minutes par jour, plutôt que de s’astreindre à une seule longue séance éprouvante une fois par semaine. Il est aussi important d’établir des objectifs qui ont une signification personnelle, et qui pourront faire l’objet d’une petite célébration entre amis ou d’une petite récompense (comme un bon repas) lorsqu’ils auront été accomplis. Pour prendre une image, il s’agit de grimper progressivement chaque barreau de sa propre échelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/nous-sommes-programmes-pour-la-paresse-113770">Nous sommes programmés pour la paresse</a>
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<p>Si vous ne savez pas par où commencer, parlez-en à vos amis, ou prenez contact avec un professionnel de la santé qui pourra vous aider à déterminer des objectifs réalistes et qui correspondent à votre situation. <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">Bénéficier d’un accompagnement adapté</a>, qui tient compte de son niveau de douleur et de sa tolérance à sa survenue, permet de se concentrer sur le but à atteindre. Débarrassé de vos craintes, il vous sera plus facile de garder votre motivation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213792/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charlotte Ganderton est financée par Arthritis Australia, Physiotherapy Research Foundation, Swinburne University of Technology, National Institute of Circus Arts et La Trobe University. Charlotte Ganderton est membre de l'Australian Physiotherapy Association et de Sports Medicine Australia.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Inge Gnatt a reçu un financement du DVCR Writing Award de l'université de Swinburne et est bénéficiaire d'une bourse du programme de formation à la recherche du gouvernement australien.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Matthew King reçoit des fonds de la Physiotherapy Research Foundation, de l'Australian Physiotherapy Association, de l'Université La Trobe et de la Transport Accident Commission.Il est affilié à l'Australian Physiotherapy Association, à Sports Medicine Australia et à l'International Hip-related Pain Research Network.</span></em></p>
Le froid peut parfois aggraver chez certaines personnes le ressenti des douleurs articulaires. Face à une telle situation, il est tentant d’abandonner toute activité physique. Mauvaise idée…
Charlotte Ganderton, Senior Lecturer (Physiotherapy), RMIT University
Inge Gnatt, Lecturer (Psychology), Provisional Psychologist, Swinburne University of Technology
Matthew King, Lecturer, Research Fellow, and Physiotherapist, La Trobe University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/216217
2023-12-06T14:34:42Z
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Vieillir en milieu rural est un enjeu collectif qui doit être pris au sérieux
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/560212/original/file-20231117-25-r47fsf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C994%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes aînées vivant en milieu rural doivent composer quotidiennement avec la rareté des services de proximité, de longues distances à parcourir pour accéder aux services sans réelle alternatives à l’automobile et une pauvreté d’offres de logement adapté.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cours des deux prochaines décennies, toutes les régions du Québec connaîtront une <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-830-01W.pdf">augmentation de la proportion de leurs citoyennes et citoyens âgés de 65 ans et plus</a>. Les petites municipalités rurales seront toutefois les <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/98-200-x/2021002/98-200-x2021002-eng.cfm">plus touchées par cette tendance</a>.</p>
<p>Comment expliquer ce phénomène? En partie par l’exode des jeunes vers les villes, par l’attrait des milieux ruraux pour certaines personnes retraitées et par la nette préférence des personnes immigrantes pour les milieux urbains. </p>
<p>La plupart des personnes âgées souhaitent vivre le plus longtemps possible dans leur domicile ou, à tout le moins, dans leur communauté et <a href="https://bmcpalliatcare.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12904-022-01023-1">y décéder</a>. Or, la possibilité de demeurer chez soi jusqu’à la fin se révèle intimement liée au statut <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7314918/">socio-économique et à des facteurs en lien avec l’aménagement du territoire</a>.</p>
<p>Respectivement stagiaire postdoctorale, cotitulaire de la <a href="https://www.uqar.ca/recherche/la-recherche-a-l-uqar/unites-de-recherche/chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales/presentation-objectifs-et-mission-chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales">Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’Université du Québec à Rimouski</a> et interniste gériatre dans la région de Montmagny-L’Islet au <a href="https://www.cisssca.com/accueil">CISSS de Chaudière-Appalaches</a>, nous sommes trois des trois chercheures au sein du <a href="https://labvivantmosaic.ca/">laboratoire vivant MOSAIC</a> dans lequel s’impliquent plusieurs citoyennes et citoyens et chercheur.es du <a href="http://www.crcisssca.com/accueil-centre-de-recherche">Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches</a>. Le laboratoire vivant MOSAIC vise à codévelopper des solutions innovantes pour soutenir le vieillir en communauté rurale dans cette région du Québec. </p>
<p>Dans cet article, nous introduisons le fonctionnement du laboratoire vivant MOSAIC.</p>
<h2>Portrait de la ruralité</h2>
<p>Les personnes aînées vivant en milieu rural doivent composer quotidiennement avec la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2022/22-830-52W.pdf">rareté des services de proximité, de longues distances à parcourir pour accéder aux services, sans réelle alternative à l’automobile, et une pauvreté d’offres de logement adapté</a>. </p>
<p>Malgré ces contraintes, nombre de ces personnes affirment que certaines dimensions de la vie en milieu rural, telles que <a href="https://unece.org/fileadmin/DAM/pau/age/Policy_briefs/ECE-WG1-25.pdf">l’attachement à la communauté et au territoire, la participation sociale et la familiarité, créent un sentiment d’appartenance qui l’emporte largement sur les aspects plus négatifs</a>. </p>
<p>Pour implanter des solutions collectives, innovantes, adaptées aux besoins et aux priorités des personnes aînées vivant en milieu rural, il apparaît nécessaire de mobiliser la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/ainee/F-5234-MSSS.pdf">collaboration intersectorielle et le dynamisme des communautés rurales</a>. </p>
<p>La collaboration intersectorielle vise à susciter des interdépendances entre une diversité d’actrices et d’acteurs issus de secteurs variés (société civile, communautaire, municipal, gouvernemental) afin de développer des réponses mieux adaptées à une problématique complexe. <a href="https://chairecacis.org/fichiers/intersectorialite_partenariat_2019.pdf">La mise en commun des différentes expertises et des ressources permet d’innover là où l’action d’un seul secteur serait jugée insuffisante</a>. </p>
<p>Pour favoriser cette collaboration intersectorielle, l’approche des laboratoires vivants s’avère prometteuse. En effet, les laboratoires vivants <a href="https://timreview.ca/sites/default/files/Issue_PDF/TIMReview_November2017.pdf">favorisent le développement d’innovations techniques et sociales durables, et ce, à grande échelle</a>.</p>
<h2>Le laboratoire vivant MOSAIC</h2>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées des milieux ruraux est actuellement en effervescence dans la région de Chaudière-Appalaches. <a href="https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3200274?docref=zW69gy-cg4bgW4VeViBQUw">Située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, cette région s’étend sur 16 130 km²</a>, soit 34 fois la superficie de l’île de Montréal. </p>
<p>En 2023, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent déjà 25 % de la population de Chaudière-Appalaches. Parmi ces personnes aînées, 56 % ont entre 65 à 74 ans, 32 % ont entre 75 à 84 ans et 12 % ont 85 ans et plus. <a href="https://www.cisssca.com/clients/CISSSCA/Surveillance_infogram/Documents/RAP_DSPu_Portrait%20aines_2023-10-23_VF.pdf">Près d’une personne aînée sur trois (31 %) de ce territoire ne détient aucun diplôme, 26 % habitent seules et 21 % jouissent d’un faible revenu</a>. </p>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC réunit des partenaires de quatre parties prenantes de même importance, soit des personnes aînées et leurs proches, des personnes représentantes des municipalités et de la collectivité, des organisations offrant des services aux personnes aînées (Centre intégré de santé et de services sociaux de la région, organismes privés ou communautaires) et des personnes du milieu de la recherche et de l’enseignement incluant étudiantes et étudiants de la relève en recherche. </p>
<p>Toutes et tous sont mobilisés afin de cibler et tester des solutions innovantes et inclusives favorisant le vieillir en milieu rural. </p>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC poursuit les objectifs suivants : </p>
<ul>
<li><p>Créer des opportunités de rencontres et des espaces de discussion sécuritaires pour explorer avec les personnes aînées des pistes de solutions à leurs besoins ; </p></li>
<li><p>Expérimenter des idées et solutions innovantes dans une approche de cocréation et en contextes de vie réels ;</p></li>
<li><p>Favoriser un dialogue durable entre les personnes aînées des milieux ruraux et les autres partenaires du laboratoire vivant MOSAIC.</p></li>
</ul>
<h2>Les cinq thèmes du laboratoire vivant MOSAIC</h2>
<p>Cinq grands thèmes favorisant le vieillir en milieu rural ont émergé dès les premiers échanges entre les parties prenantes à l’automne 2022, soit la participation sociale, les milieux de vie agréables et inclusifs, la réminiscence et la santé cognitive, les soins et services de santé et la préparation de la fin de vie.</p>
<p>Depuis l’hiver 2023, ces thèmes font l’objet de rencontres de groupes de travail tenues principalement en ligne et visant à dégager les besoins prioritaires, à cibler des pistes de solution innovantes et ultimement, à les tester et à les implanter en contextes de vie réels. À ce moment-ci de la démarche, les pistes retenues sont le développement d’un programme d’aide favorisant la maîtrise des technologies des communications en soutien à la participation sociale, la mise en place d’un réseau sécuritaire d’aide aux menus travaux, la création d’un réseau bien traitant pour dépister les personnes aînées vulnérables à domicile, un projet misant sur les technologies pour favoriser la santé cognitive via la réminiscence du quotidien en ruralité et des activités pour démystifier la fin de vie en milieux ruraux.</p>
<p>Des constats généraux se dégagent de ces premiers mois d’expérimentation, soit une forte mobilisation des personnes aînées, de leurs proches et des représentantes et représentants d’organismes communautaires, ainsi qu’un désir commun de (re)créer des relations de confiance durable entre les membres des communautés rurales de différentes générations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216217/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le laboratoire vivant MOSAIC est financé par les Fonds de recherche Québec- Santé</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lily Lessard est membre chercheure du Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches et de l'Assemblée des chercheur.es du CISSS du Bas-St-Laurent. Elle est cotitulaire de la chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales (Chaire CIRUSSS). Elle est chercheure principale sur Laboratoire vivant MOSAIC (financé par le Fonds québecois de recherche-Santé-Plateforme vieillissement) avec la Dre Michèle Morin et superviseure principale du stage postdoctoral de mme Ariane Plaisance. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Michèle Morin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées vivant en milieu rural, a pour mission de développer des innovations sociales facilitant le vieillir dans la communauté d’attache.
Ariane Plaisance, Stagiaire post-doctorale, Université du Québec à Rimouski (UQAR)
Lily Lessard, infirmière, Ph.D. santé communautaire, Université du Québec à Rimouski (UQAR)
Michèle Morin, Interniste gériatre, CISSS Chaudière-Appalaches ; Professeure agrégée de clinique, Département de médecine, Faculté de médecine, Université Laval; Directrice responsable scientifique, Centre d'excellence sur le vieillissement de Québec, Université Laval
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
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2023-11-07T17:29:17Z
2023-11-07T17:29:17Z
Si la société française déprime, est-ce vraiment « la faute aux vieux » ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557696/original/file-20231106-25-sbc2pc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C62%2C1180%2C727&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon une étude de l’Ipsos, 72&nbsp;% des plus de 60&nbsp;ans mais aussi 70&nbsp;% des moins de 35&nbsp;ans estiment que «&nbsp;c’était mieux avant&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/wili/3559309194">Ville Miettinen/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La France a tendance à regarder dans le rétro. Selon la dernière livraison de l’enquête annuelle <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/fractures-francaises-2023-tableau-dune-france-en-colere">« Fractures françaises »</a> de l’Institut Ipsos en octobre 2023, 73 % des Français disent que « c’était mieux avant ». Ils n’étaient « que » 69 % l’année précédente. Est-ce en raison du vieillissement de la population ? Pas forcément. En effet, l’âge ne semble pas être la variable explicative dominante puisque 70 % des moins de 35 ans et 72 % des plus de 60 ans sont d’accord avec cette affirmation. Deux points d’écart seulement. Les 35-59 ans sont les plus nostalgiques avec un score de 75 %.</p>
<p>Concernant le regard sur l’avenir du pays, 44 % de la population estiment qu’il « est plein d’opportunités et de nouvelles possibilités ». Sur ce point, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/seniors-38909">seniors</a> sont franchement les plus pessimistes, ce qui est le plus souvent le cas depuis 2013. Ils sont 39 % à se déclarer de cet avis, alors que les moins de 35 ans sont 55 % à se déclarer optimistes. On peut donc former l’hypothèse que les seniors comparent plus facilement que les plus jeunes la situation d’aujourd’hui à celle d’hier.</p>
<iframe src="https://www.slideshare.net/slideshow/embed_code/key/vGQNhx964UvT9F" width="100%" height="485" frameborder="0" marginwidth="0" marginheight="0" scrolling="no" style="border:1px solid #CCC; border-width:1px; margin-bottom:5px; max-width: 100%;" allowfullscreen=""> </iframe>
<p></p><div style="margin-bottom:5px"> <strong> <a href="//www.slideshare.net/IpsosFrance/fractures-franaises-dition-2023" title="Fractures françaises - Édition 2023" target="_blank">Fractures françaises - Édition 2023</a> </strong> de <strong><a href="//www.slideshare.net/IpsosFrance" target="_blank">Ipsos France</a></strong> </div><p></p>
<p>Une autre <a href="https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2023-10/Ipsos-Cese-%C3%89tat-de-la-France-septembre-2023%201.pdf">étude</a>, également menée par l’Ipsos avec le Conseil économique social et environnemental (CESE) et publiée en septembre 2023, montre que cette forte nostalgie sociale s’appuie sur le pessimisme des Français quant à l’avenir du pays ou de la planète. Concernant la France, en moyenne seulement 29 % des Français se disent optimistes. Le vieillissement démographique viendrait-il renforcer ce pessimisme ? Là encore, la réponse est non : les plus de 60 ans sont les plus optimistes (37 %) tandis qu’ils ne sont que 26 % chez les moins de 35 ans et 25 % chez les 35-59 ans. Un écart de 11 et 12 points.</p>
<p><iframe id="bIQ43" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/bIQ43/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>De même, les seniors sont les plus optimistes (ou les moins pessimistes) concernant l’avenir de la planète et de la nature : 28 % d’optimistes contre 23 % chez les plus jeunes. Une différence de 5 points qui est moindre que l’écart selon les catégories socioprofessionnelles : les CSP – sont 28 % à être optimistes pour la planète contre 21 % chez les CSP+. Soit une différence de 7 points. Une <a href="https://www.institut-viavoice.com/dereglement-climatique-et-societe-enquete-viavoice-septembre-2023/">étude</a> récente de l’institut ViaVoice, confirme le poids de la situation sociale : 76 % des CSP – s’inquiètent du dérèglement climatique mais 89 % chez les cadres.</p>
<p>La différence entre les sexes est aussi à prendre en compte. Selon Ipsos, concernant l’avenir de la planète, les femmes, sont optimistes à seulement 21 %, et les hommes à 30 %. Un écart de 9 points. Aucun écart en revanche en ce qui concerne le sentiment concernant l’avenir de la France (29 % d’optimistes). Bref, concernant la planète, les plus pessimistes sont les femmes de moins de 50 ans issues des catégories les plus favorisées… Et les plus âgés se distinguent par (un peu) plus d’optimisme.</p>
<h2>La confiance, une question d’âge ?</h2>
<p>L’une des caractéristiques majeures de la société française concerne le manque de confiance entre les gens et envers les institutions. Chaque année, l’étude Fractures françaises montre la puissance de cette défiance.</p>
<p>À la question « peut-on faire confiance à la plupart des gens ? », depuis 2013, le score reste en effet significativement faible. En 2023, seulement 26 % de la population répond par l’affirmative. Notons que c’est le point le plus haut depuis 10 ans. Contrairement aux dix années précédentes, cette année, les retraités sont les plus négatifs avec seulement 22 % de réponses positives. Généralement, seuls les cadres se disaient plus confiants que les retraités. Cette fois, même les ouvriers sont plus confiants. La crise sociale autour de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reforme-des-retraites-82342">réforme des retraites</a>, la hausse de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/inflation-28219">l’inflation</a> et le retour de la guerre en Europe constituent autant d’éléments qui ont pu jouer sur le moral des seniors.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>L’une des questions les plus passionnantes de l’étude Fractures françaises concerne l’autoévaluation par les Français de leur satisfaction à propos de leur vie. La moyenne des Français se situe à un médiocre 6/10. Les retraités s’autoévaluent à 6,2, alors que les ouvriers sont à 5,3 et les cadres à 6,8. Sur ce point, la question sociale joue un rôle plus important que l’âge. Les très satisfaits sont 11 % chez les cadres et 1 % chez les ouvriers… On en compte 8 % chez les retraités. En termes d’âge, les moins de 35 ans et les plus de 60 ans se situent au même niveau de 6,2. Les 35-59 ans étant encore un peu moins satisfaits, à 5,8. Le fait d’être en plein dans l’activité professionnelle et dans la vie de famille explique sans doute ce résultat très moyen.</p>
<h2>Comment ça va ?</h2>
<p>On retrouve dans L’état de la France, des chiffres assez proches : si 78 % des Français se disent satisfait de leur « état de bien-être » (physique, moral, social), les « très satisfaits » sont que 19 %. Il n’y a guère d’écart entre les moins de 35 ans (81 % de satisfaits) et les plus de 60 ans (83 %). En revanche, les 35-59 ans ne sont que 73 % à se dire satisfaits. Les CSP – étant 9 points en dessous en termes de satisfaction que les CSP+. Et les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/femmes-27381">femmes</a> se situent 4 points en dessous des hommes. À gros traits, les femmes de catégories modestes et ayant 35 – 59 ans, affichent donc, en moyenne un bien-être bien moindre que les autres types de population.</p>
<p>Ce bien être dépend d’abord des « relations avec (sa) famille » pour 57 % des Français, puis de sa santé, et, bien après, de son cadre de vie. Pour l’importance de la famille, l’écart reste peu significatif selon l’âge et à peine plus en terme social, mais très conséquent selon le sexe : les femmes le situent dans les trois critères les plus essentiels, à 64 %, contre seulement 50 % pour les hommes.</p>
<p><iframe id="ISl3i" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/ISl3i/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le deuxième item, l’état de santé, est mis en avant par 51 % des Français. Assez logiquement, l’écart le plus net se réalise entre les « jeunes » et les « seniors » : 30 points de différences ! De 35 % pour les moins de 35 ans à 65 % pour les plus de 60 ans. L’écart est de 8 points entre femmes et hommes comme entre CSP – et CSP+. Les hommes issus des classes populaires sont donc les moins enclins à prendre en considération leur santé et donc la prévention. Ce sont, en même temps, ceux dont l’espérance de vie reste la plus faible.</p>
<p>Les politiques de prévention doivent ainsi mieux prendre en compte les différences de perceptions et de représentation des catégories populaires, en inscrivant aussi la question de l’âge et du sexe.</p>
<h2>Le fait social est têtu</h2>
<p>Toujours selon l’étude de l’Ipsos sur l’état de la France, le sujet qui préoccupe le plus la population à titre personnel reste le pouvoir d’achat (40 %). Là encore la question sociale est prédominante même si les écarts sont aussi élevés selon les âges. C’est un sujet majeur pour 58 % des familles monoparentales, 52 % des CSP – et 46 % des moins de 35 ans.</p>
<p>On terminera en signalant la grande différence de « manque » majeur selon les classes sociales. Pour les CSP+, le manque de temps présente à 50 % le premier frein pour vivre bien, alors que c’est le manque d’argent, qui arrive, avec 48 %, en premier chez les CSP-. La comparaison à front renversé peut se poursuivre car en deuxième position les CSP+ situent le manque d’argent, à 35 %, et les catégories populaires, le manque de temps, à 36 %. Le fait social est têtu…</p>
<p>Est-il surprenant que la société continue dans sa majorité à mal vivre l’évolution économique, culturelle et sociale du pays ? L’âge des répondants n’est pas nécessairement le premier facteur explicatif de cet imaginaire négatif, les questions sociales et culturelles restent prédominantes. Dans d’autres cas, comme la représentation de l’avenir ou l’importance des relations avec la famille, le sexe apparait comme une variable forte de la différenciation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217106/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Guérin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
L’analyse d’études récentes sur la perception des Français concernant l’état de pays permet de nuancer l’importance de la fracture générationnelle comme facteur explicatif de la grande déprime.
Serge Guérin, Professeur INSEEC GE. Sociologue, directeur de MSc « Directeur des établissements de santé », INSEEC Grande École
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tag:theconversation.com,2011:article/214799
2023-10-18T17:03:33Z
2023-10-18T17:03:33Z
Proches aidants: comment rebondir professionnellement et socialement
<p>Il y a un peu plus d’un an que le projet de loi plein emploi a été présenté en conseil des ministres le 7 septembre 2022 par Olivier Dussopt, ministre du Travail et par Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.</p>
<p><a href="https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2018/06/rapport_gillot_-_tome2-_preserver_nos_aidants-_une_responsabilite_nationale.pdf">Ce projet</a> vise à autoriser « les proches aidants à faire valoir les compétences acquises dans la prise en charge de la dépendance ou de la fin de vie d’un membre de la famille », et prévoit également « la comptabilisation des périodes de mise en situation en milieu professionnel au titre de la durée minimale d’expérience requise pour prétendre à la VAE ». Ce type de déclarations publiques et politiques régulières depuis le Covid montrent qu’il y a un vrai engouement pour les questions de l’aidance en France.</p>
<p>Ainsi, en 2019, après le premier confinement à la suite du Covid, le président de la République évoque les aidants dans son discours du 25 avril 2019 :</p>
<blockquote>
<p>« Nous devons d’abord les [aidants] reconnaître, les nommer, mais aussi dans nos politiques publiques, leur bâtir une place dans notre réforme des retraites, leur construite des droits. »</p>
</blockquote>
<p>Puis, en 2020 le même déclarait sur Twitter (6 octobre 2020)</p>
<blockquote>
<p>« Il est souvent difficile pour les aidants de concilier vie personnelle et professionnelle, de souffler, de trouver un moment de répit, de penser à soi. Chacun a un rôle à jouer pour les soutenir, pour les soulager, pour alléger leur quotidien. La solidarité est à portée de tous. »</p>
</blockquote>
<p>En 2021, la <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/765490/jean-castex-annonce-des-investissements-dans-les-ehpad-et-laide-a-domicile/">déclaration d’intention du premier ministre Jean Castex</a>, accompagné d’Olivier Véran alors ministre de la Santé et de Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’Autonomie, souhaitaient renforcer le financement de l’aide à domicile et en institution, avec l’engagement de recrutement de 10 000 soignants supplémentaires d’ici 2025.</p>
<p>Concrètement, ces déclarations conduisent à la Loi n°2019-485 visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants, au Décret n° 2022-88 du 28 janvier 2022 relatif à l’allocation journalière du proche aidant et à l’allocation journalière de présence parentale et, depuis la rentrée universitaire 2023, la revalorisation de quatre points de bourses pour les étudiants présentant un handicap et à ceux qui aident un <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16754">parent en situation de handicap</a>.</p>
<h2>L’aidance : vers des compétences indiscutables…</h2>
<p>À partir des données recueillies dans le cadre d’un projet de recherche qui vise à faire ressortir le vécu des aidants de malades d’Alzheimer au travers d’entretiens réguliers, on constate que les aidants mobilisent quotidiennement de nombreuses compétences en termes de démarches administratives, de soins et nursing, de vigilance, de soutien psychologique, de communication, d’activité domestiques et d’aménagement du domicile.</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/671328529" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Entretiens réalisés en 2021.</span></figcaption>
</figure>
<blockquote>
<p>Anatolie [aidante de son père] : « Alors on a demandé aux infirmiers, pour être plus indépendants et pour pouvoir aller se promener avec papa sans se soucier de l’heure de leur passage.., alors on met un bocal dans la boîte aux lettres un petit post-it hop « Merci de mettre les médicaments dans le bocal parce que nous sommes absents » et voilà ça marche comme ça, et ça a changé notre organisation du week-end. »</p>
<p>Valérie [aidante de sa mère] : « Ma mère sortait la nuit alors on la suivait sur son téléphone et à la fin on a mis un détecteur d’ouverture de porte qui nous envoyait des alertes sur nos téléphones et donc les derniers mois je me rappelle à la fin on se relayait avec mes sœurs pour assurer une sorte de permanence la nuit parce il fallait prendre la voiture à trois ou quatre heures du matin pour aller chez elle et le pire c’est qu’elle ouvrait la porte mais elle sortait pas et ça du coup on était bien embêtées parce qu’on s’était déplacée et on a fini, contre vraiment notre volonté, par laisser allumée la webcam de l’ordinateur et comme l’appartement était assez petit, on pouvait voir ce qu’elle faisait. »</p>
</blockquote>
<h2>Des compétences peu (ou pas) valorisées</h2>
<p>Une étude menée en 2023 sur des <a href="https://hal.science/hal-03893834v1/document">profils LinkedIn</a> mentionnant une expérience d’aidance montre que cette dernière est loin d’être une expérience d’emploi comme les autres car elle n’a pas son équivalent en prestige et en revenu, elle est d’ailleurs souvent reléguée au second plan à la rubrique « expérience » et bénévolat et lorsqu’elle est mentionnée dans la rubrique « expérience professionnelle », elle n’est pas autant mise en avant que pourrait l’être une expérience dans le secteur privé.</p>
<p>Dans les profils où cette expérience est mise en avant, c’est pour valoriser le versant humaniste et de <em>care</em> de l’aidant (prise en charge, soin, empathie…) via le recours à l’énumération de savoir-faire et de savoir-être. D’ailleurs, cette expérience <a href="https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2022-4.htm">modifie et réoriente</a> parfois les trajectoires professionnelles dans le secteur de la prise en charge ou du soin porté aux autres dans le milieu associatif notamment. Cette expérience, si marquante pour certains, rend parfois difficile d’imaginer de devenir aidant pour autrui après le décès du proche.</p>
<blockquote>
<p>Arthur [aidant de sa grand-mère] : « Ben c’est un truc que j’ai pu faire parce que c’était ma famille parce que ben j’ai pu aider ma famille mais j’en ferais pas mon métier […] je pense qu’il faut avoir quand même du recul, de la maîtrise un minimum de soi parce que ça peut être énervant d’être face à du non-sens […] je pense pas que j’aurais été aussi patient et aussi compréhensif si elle n’avait pas été de ma famille, c’est ça que je veux dire, et j’aurais pas été méchant mais j’aurais pas pu faire la même chose parce qu’il me manquerait une certaine perméabilité, surtout que je suis un hypersensible donc euh ça aide pas les choses. »</p>
<p>Cécile [aidante de sa mère] et reconnue en qualité de travailleuse handicapée (RQTH) : « Pour moi c’est un plaisir [d’aider les autres], ça m’apporte, ça me nourrit, c’est comme les livres […] j’avais eu le projet d’aller vers Jalmalv – fédération <a href="https://www.jalmalv-federation.fr/">« Jusqu’à la mort accompagner la vie »</a> association reconnue d’utilité publique – et j’y suis toujours adhérente, et j’avais entamé une formation initiale qui était celle d’accompagnante et en fait, ma santé s’est dégradée et je m’demande si ça m’a pas rendu service parce que je me suis aperçue que tout compte fait, j’étais incapable de reproduire cela pour quelqu’un d’autre. »</p>
</blockquote>
<h2>Vers une reconnaissance des compétences acquises (VAE) de l’aidant</h2>
<p>Cette expérience, si marquante pour d’autres, conditionne des trajectoires de vie et après le décès du proche, l’aidant peut poursuivre son chemin vers l’aide à la personne en voulant faire reconnaître ses compétences par un parcours de VAE qui permet de valider les acquis de son expérience tout au long de sa vie pour favoriser son insertion ou son évolution professionnelle.</p>
<p>Aux côtés de l’enseignement scolaire et de la formation professionnelle continue, elle constitue un levier d’accès à la certification accessible à tous, sans condition d’âge, de nationalité, de statut, de niveau de formation ou de qualification. Bien qu’elle ne soit pas une formation à proprement parler, la VAE relève du champ de la formation professionnelle continue au même titre que les bilans de compétences.</p>
<blockquote>
<p>Pauline [aidante de sa mère jeune atteinte de la maladie d’Alzheimer] : « Ma mère avait 50 ans et une maison de retraite pour son âge, c’était pas du tout adapté, ça c’était sûr, et puis un pôle Alzheimer ou quelque chose comme ça enfin, il y avait pas là où on habitait, donc je l’ai gardée à la maison pendant 5 ans. […] et puis j’avais plaqué mon travail parce qu’il me plaisait pas pour m’occuper de ma mère et quand elle est morte, j’étais essoufflée, épuisée. Et puis il a bien fallu que je me remette à bosser et c’est là que ça s’corse. J’ai galéré, vous pouvez pas imaginer ! J’aurais bien voulu reprendre des études mais c’était compliqué, j’me voyais pas avec des jeunes de 20 ans. Et puis ben pour bosser dans le privé, j’avais un trou de cinq ans dans le cv donc vous passez pour une grosse fainéante. Donc j’me suis dit pourquoi pas devenir famille d’accueil. »</p>
</blockquote>
<p>Au regard des nombreuses compétences acquises au cours d’une expérience d’aidance et de la très forte tension dans le recrutement dans les métiers en relation à l’aide à la personne (aide à domicile, aide-soignant…), on peut espérer que le politique s’appuie sur ces deux constats pour mettre en place un dispositif qui valoriserait celles et ceux qui s’épanouissent dans l’accompagnement et/ou qui offrirait des possibilités de reconversion professionnelle, à celles ou ceux qui sont peu ou pas diplômés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214799/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Pugniere-Saavedra a reçu des financements de l'Iresp,(Inserm).</span></em></p>
Les personnes accompagnant et aidant leurs proches face à des difficultés de santé pourraient faire requalifier leur expérience en compétences professionnelles.
Frédéric Pugniere-Saavedra, Maître de conférences en sciences du langage, Université Bretagne Sud
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tag:theconversation.com,2011:article/214925
2023-10-13T13:32:56Z
2023-10-13T13:32:56Z
Indicateurs précoces de la démence : 5 changements de comportement à surveiller après 50 ans
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551837/original/file-20230929-24-as88uw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=146%2C251%2C6514%2C4290&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des changements de comportement tels que l’apathie, la difficulté à maîtriser ses pulsions ou une attitude socialement inappropriée peuvent indiquer un risque de démence chez les personnes âgées de plus de 50 ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>On relie souvent la démence à des troubles de la mémoire, notamment lorsqu’une personne âgée pose les mêmes questions ou égare des objets. En réalité, les individus atteints de démence présentent non seulement des problèmes dans d’autres domaines de la cognition, comme l’apprentissage, la réflexion, la compréhension et le jugement, mais aussi des <a href="https://www.alzint.org/u/World-Alzheimer-Report-2021.pdf">changements de comportement</a>. </p>
<p>Il est important de comprendre ce qu’est la démence et comment elle se manifeste. Je n’imaginais pas que les comportements étranges de ma grand-mère étaient le signe avant-coureur d’une maladie bien plus grave. </p>
<p>Elle devenait facilement agitée si elle ne parvenait pas à accomplir des tâches telles que la cuisine ou la pâtisserie. Elle prétendait voir une femme dans la maison, alors qu’en réalité, il n’y avait personne. Elle se méfiait également des autres et cachait des objets dans des endroits bizarres. </p>
<p>Ces comportements ont persisté pendant un certain temps avant qu’un diagnostic de démence ne soit posé.</p>
<h2>Troubles cognitifs et comportementaux</h2>
<p>Lorsque les changements cognitifs et comportementaux interfèrent avec l’autonomie fonctionnelle d’un individu, celui-ci est considéré comme atteint de démence. En revanche, si ces changements n’entravent pas l’indépendance d’une personne, mais qu’ils affectent néanmoins ses relations et son rendement au travail, on parle respectivement de <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/maladies-apparentees_trouble-cognitf-leger.pdf">troubles cognitifs légers (TCL)</a> et de <a href="https://doi.org/10.1186/s13195-021-00949-7">trouble du comportement léger</a>. </p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9169943/">Les troubles légers cognitifs et comportementaux peuvent se produire ensemble</a>, mais chez un tiers des personnes qui développent une démence de type Alzheimer, les symptômes associés au comportement surgissent <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.jagp.2019.01.215">avant le déclin cognitif</a>. </p>
<p>Il peut être utile de repérer ces changements de comportement, qui apparaissent plus tard dans la vie (50 ans et plus) et marquent un changement persistant par rapport à des habitudes bien ancrées, afin de mettre en œuvre des traitements préventifs avant que des symptômes plus graves ne se manifestent. En tant que doctorante en sciences médicales, mes recherches se concentrent sur les comportements problématiques qui surviennent à un âge avancé et qui indiquent un risque accru de démence. </p>
<h2>Cinq signes comportementaux à rechercher</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Illustration de cinq changements de comportement pouvant indiquer un risque de démence" src="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La détection des changements de comportement peut être utile pour mettre en œuvre des traitements préventifs avant l’apparition de symptômes plus graves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Daniella Vellone)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous pouvons observer <a href="https://doi.org/10.3233%2FJAD-160979">cinq comportements principaux</a> chez nos amis et parents plus âgés qui <a href="https://doi.org/10.1186/s13024-023-00631-6">peuvent justifier une attention particulière</a>. </p>
<h2>1. Apathie</h2>
<p>L’<a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12370">apathie</a> est une baisse d’intérêt, de motivation et de dynamisme.</p>
<p>Une personne apathique peut négliger ses amis, de sa famille ou de ses activités. Elle peut manquer de curiosité pour des sujets qui l’auraient normalement intéressée, perdre la motivation d’agir en fonction de ses obligations ou devenir moins spontanée et énergique. Elle peut également sembler manquer d’émotions par rapport à ce qui la caractérise et donner l’impression que plus rien ne lui importe.</p>
<h2>2. Dysrégulation affective</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2023.03.074">dysrégulation affective</a> comprend des symptômes d’humeur ou d’anxiété. Une personne qui présente une dysrégulation affective peut développer une tristesse ou une instabilité de l’humeur ou devenir plus anxieuse ou préoccupée par des choses routinières telles que des événements ou des visites.</p>
<h2>3. Maîtrise des pulsions</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12016">perte de maîtrise des pulsions</a> est l’incapacité à retarder la satisfaction et à gérer son comportement ou ses pulsions.</p>
<p>Une personne qui présente une incapacité à gérer ses pulsions peut devenir agitée, agressive, irritable, capricieuse, contestataire ou facilement frustrée. Elle peut se montrer plus têtue ou rigide, au point de ne pas vouloir considérer d’autres points de vue et d’insister pour obtenir ce qu’elle veut. Parfois, elles peuvent développer une désinhibition sexuelle ou des agissements intrusifs, présenter des comportements répétitifs ou des compulsions, se lancer dans les jeux d’argent ou le vol à l’étalage, ou éprouver des difficultés à réguler leur consommation de substances telles que le tabac ou l’alcool.</p>
<h2>4. Inadaptation sociale</h2>
<p>L’<a href="http://dx.doi.org/10.1017/S1041610217001260">inadaptation sociale</a> comprend les difficultés à respecter les normes sociétales dans les interactions avec les autres.</p>
<p>Une personne socialement inadaptée peut perdre le discernement dont elle disposait auparavant quant à la façon de s’exprimer ou de se comporter. Elle peut cesser de se préoccuper des conséquences de ses paroles ou de ses actes sur les autres, discuter ouvertement de sujets intimes, parler à des inconnus comme s’ils lui étaient familiers, dire des grossièretés ou manquer d’empathie dans ses interactions avec autrui.</p>
<h2>5. Anomalies de perception ou de pensée</h2>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1038/s44220-023-00043-x">anomalies de perception ou de pensée</a> renvoient à des croyances et à des expériences sensorielles fortement ancrées dans l’esprit des gens.</p>
<p>Un individu dont les perceptions ou les pensées sont perturbées peut se méfier des intentions d’autrui ou craindre que d’autres lui fassent du mal ou lui volent ses biens. Il peut aussi dire qu’il entend des voix, parler à des personnes imaginaires ou voir des choses qui n’existent pas.</p>
<p>Avant de considérer l’un de ces comportements comme le signe d’un problème plus grave, il est important d’exclure certaines causes potentielles de changement de comportement, telles que les drogues ou les médicaments, d’autres maladies ou infections, les conflits interpersonnels ou le stress, ou encore la réapparition de symptômes psychiatriques associés à un diagnostic antérieur de troubles mentaux. En cas de doute, il est peut-être temps de consulter un médecin. </p>
<h2>Les effets de la démence</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un jeune homme entourant de ses bras un homme plus âgé" src="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains types de changements de comportement méritent une attention particulière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Beaucoup d’entre nous connaissent quelqu’un qui a souffert de démence ou qui s’est occupé d’une personne atteinte de démence. Ce n’est pas surprenant, car on prévoit que cette maladie touchera un <a href="https://www.ctvnews.ca/health/nearly-one-million-canadians-will-live-with-dementia-by-2030-alzheimer-society-predicts-1.6056849#:">million de Canadiens d’ici 2030</a>.</p>
<p>Les personnes âgées de 20 à 40 ans peuvent penser qu’il leur reste des dizaines d’années avant de souffrir d’une telle pathologie, mais il est important de comprendre qu’il s’agit d’un processus qui implique plusieurs personnes. En 2020, des partenaires de soins – y compris des membres de la famille, des amis ou des voisins – ont consacré <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/Landmark-Study-1-Path-Forward-Alzheimer-Society-of-Canada-2022-wb.pdf">26 heures par semaine</a> à aider les Canadiens âgés atteints de démence. Cela équivaut à 235 000 emplois à temps plein ou à 7,3 milliards de dollars par an. </p>
<p>Ces chiffres devraient tripler d’ici 2050. Il est donc important de chercher des moyens de compenser ces prévisions en prévenant ou en retardant la progression de la démence.</p>
<h2>Identifier les personnes à risque</h2>
<p>Bien qu’il n’existe actuellement aucun moyen de guérir la démence, des progrès ont été réalisés dans la <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/comment-traiter-les-troubles-neurocognitifs">mise au point de traitements</a> qui <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/suis-je-atteint-dun-trouble-neurocognitif/comment-obtenir-un-0">peuvent être plus efficaces à un stade précoce de la maladie</a>. </p>
<p>D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre les symptômes de la démence au fil du temps ; par exemple, l’<a href="https://www.can-protect.ca/">étude en ligne CAN-PROTECT</a> évalue de nombreux facteurs contribuant au vieillissement du cerveau. </p>
<p>En identifiant les personnes à risque de démence par la détection des changements cognitifs, fonctionnels et comportementaux survenant plus tard dans la vie, on peut non seulement prévenir les conséquences de ces changements, mais aussi éventuellement la maladie ou sa progression.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214925/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniella Vellone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La démence ne se manifeste pas uniquement par des troubles de la mémoire. Les personnes qui en sont atteintes peuvent également présenter des problèmes d’apprentissage, de compréhension et de jugement, mais aussi des changements de comportement.
Daniella Vellone, Medical Science and Imaging PhD Candidate, University of Calgary
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/215024
2023-10-06T13:01:01Z
2023-10-06T13:01:01Z
Vieillissement : favoriser l’exercice physique pour prévenir le risque de dépendance
<p>En France, l’espérance de vie <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/graphiques-cartes/graphiques-interpretes/esperance-vie-france/">a presque doublé au cours du XXᵉ siècle</a>. En 2022, elle s’établissait <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/mortalite-cause-deces/esperance-vie/">à 79,4 ans pour les hommes, et 85,3 pour les femmes</a>.</p>
<p>Cette augmentation de la longévité, bien qu’elle soit un indicateur positif du progrès en matière de santé publique, apporte son lot de défis. En particulier, l’allongement de la durée de vie ne garantit pas nécessairement une vie plus longue en bonne santé. </p>
<p>En outre, parallèlement à cette augmentation de l’espérance de vie, la sédentarité s’est insidieusement installée dans nos modes de vie. Les auteurs d’une étude publiée en 2016 estimaient que plus d’un quart de la population mondiale <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27475271/">est sédentaire</a> et que l’activité physique pouvait partiellement et sous certaines conditions contrer ces effets négatifs. Cependant, la sédentarité associée à l’inactivité physique entraîne une augmentation significative des risques de maladies chroniques et à une perte d’autonomie.</p>
<p>Résultat : accroissement de la sédentarité et allongement de la durée de vie se conjuguent et accentuent le risque de dépendance chez les personnes âgées. Dans un tel contexte, la prévention de la perte d’autonomie devient non seulement une stratégie judicieuse pour améliorer la qualité de vie des aînés, mais aussi une nécessité pour faire face aux coûts socio-économiques croissants associés au vieillissement de la population. </p>
<p>En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soulignait que l’adoption de stratégies efficaces de prévention, parmi lesquelles la promotion de l’activité physique, peut retarder, voire prévenir, l’apparition de maladies chroniques. Cela permettant ainsi de renforcer la capacité des individus à maintenir leur autonomie et leur qualité de vie à mesure qu’ils avancent en âge. </p>
<p>Cependant, si l’urgence de la prévention fait consensus, la manière de la concevoir et de la déployer efficacement suscite encore de nombreuses interrogations et débats. L’efficacité de la prévention repose sur plusieurs piliers cruciaux, nécessitant une attention particulière pour garantir non seulement l’adoption, mais aussi la pérennisation des initiatives de prévention. </p>
<p>Nous en aborderons ici trois principaux : l’accessibilité, l’<em>empowerment</em> (ou la motivation) et la personnalisation.</p>
<h2>L’accessibilité</h2>
<p>L’accessibilité des programmes de prévention est une pierre angulaire indispensable pour garantir une prévention efficace de la perte d’autonomie chez les personnes âgées. Celle-ci peut revêtir plusieurs formes : géographique, numérique ou sociale.</p>
<p>L’accessibilité géographique reste un défi majeur, en particulier pour les personnes âgées résidant dans des zones rurales ou isolées. Des solutions innovantes, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22390503/">comme les cliniques mobiles</a>, les programmes communautaires locaux et la télémédecine peuvent contribuer à réduire la distance entre les seniors et les services de santé. Bien que ces solutions aient été validées et déployées avec succès dans la prise en charge médicale et la gestion des maladies chroniques, leur application dans le domaine de la prévention de la perte d’autonomie est encore marginale et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36307764/">mérite d’être davantage explorée et développée</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des femmes âgées font de l’exercice dans une piscine" src="https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’accessibilité des programmes de prévention est un point important à prendre en compte.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rawpixel.com/image/9658084">Rawpixel</a></span>
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<p>À l’ère du digital, l’accessibilité numérique s’avère cruciale. Or, chez les 60 ans et plus, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7633654">une personne sur trois est en situation d’« illectronisme »</a> (non-usage prolongé d’Internet et/ou manque de compétences numériques). Parallèlement, de plus en plus de services de prévention migrent en ligne, notamment depuis la pandémie de Covid-19, il est alors impératif d’assurer que tous les seniors puissent naviguer et utiliser efficacement les plates-formes digitales. Cela passe par la création d’interfaces intuitives et <em>user-friendly</em>, l’offre de formations au numérique pour les seniors, et la mise à disposition d’assistances techniques dédiées.</p>
<p>Enfin, l’accessibilité sociale est tout aussi vitale. Les obstacles socio-économiques peuvent sérieusement empêcher l’accès à la prévention. Par exemple, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23252574/">les contraintes financières entravent l’accès des individus à des services de santé préventifs et à des ressources de qualité</a>.</p>
<p>L’isolement social peut également limiter l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie en entravant la réception d’informations, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20658322/">en diminuant la motivation à participer, et en créant des barrières psychologiques et logistiques</a>.</p>
<p>Par conséquent, il est essentiel de développer des programmes inclusifs et d’adopter des stratégies proactives pour atteindre et impliquer les communautés défavorisées ou marginalisées, en tenant compte des différences socio-économiques et culturelles. Ces dernières modulent en effet l’accès aux programmes de prévention pour les aînés : certaines cultures, valorisant la sagesse des aînés, facilitent leur inclusion, tandis que d’autres, accentuant l’autonomie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22930600/">pourraient limiter leur participation à ces initiatives</a>. </p>
<p>Alors que l’accessibilité aux services de soins est sérieusement prise en compte par les autorités, l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie n’est pas suffisamment priorisé, malgré leur rôle central reconnu dans la promotion du bien vieillir. Ce déséquilibre nécessite une attention et un engagement accrus en faveur de l’accessibilité à la prévention comme pilier essentiel du bien vieillir. Il sera ainsi plus facile d’impliquer les personnes âgées, mais aussi tous les acteurs de la prévention, et de les engager dans cette démarche préventive.</p>
<h2>L’« empowerment », ou comment rendre autonomes les seniors</h2>
<p>L’empowerment, ou motivation, des seniors constitue un axe stratégique clé dans la prévention de la perte d’autonomie. Il s’agit d’un processus par lequel les individus acquièrent plus de contrôle sur leur santé et leurs décisions de vie, favorisant ainsi une participation active et informée aux stratégies préventives. </p>
<p>En premier lieu, l’empowerment implique l’éducation et la sensibilisation des seniors aux enjeux liés à leur santé et bien-être. En étant mieux informés, ils sont davantage en mesure de faire des choix éclairés, de participer activement à la définition de leurs objectifs de santé et <a href="https://doi.org/10.1007/978-981-15-6968-5">d’adopter des comportements favorables à la préservation de leur santé et de leur autonomie</a>.</p>
<p>Ensuite, l’empowerment vise également à renforcer la confiance et l’estime de soi chez les personnes âgées. Des programmes de prévention efficaces doivent ainsi inclure des composantes psychosociales, fournissant aux seniors les outils nécessaires pour gérer le stress, surmonter les obstacles et rester engagés et motivés dans le maintien de leur santé et de leur indépendance. </p>
<p>Enfin, l’empowerment se concrétise par l’implication des seniors dans la conception, le développement et l’évaluation des programmes de prévention. Cette approche participative garantit non seulement que les initiatives répondent adéquatement aux besoins et attentes des personnes âgées, mais également <a href="https://doi.org/10.1007/s12062-019-09247-5">qu’elles bénéficient de l’adhésion et de l’engagement des principaux intéressés</a>.</p>
<h2>Adapter la prévention au « chemin de vieillissement » de chacun</h2>
<p>La médecine personnalisée moderne fonctionne selon un paradigme qui reconnaît et exploite l’hétérogénéité des patients. Ce modèle s’appuie sur des approches basées sur des données afin d’optimiser les décisions de traitement, assurant ainsi que chaque patient reçoive le traitement approprié au moment opportun. </p>
<p>En partant du principe préventif « mieux vaut prévenir que guérir », la personnalisation de la prévention émerge comme une priorité incontestable pour favoriser un vieillissement en bonne santé. Loin d’être une simple option, la personnalisation est un impératif, surtout quand on considère la nature profondément individuelle et variée du processus de vieillissement. </p>
<p>Chaque senior traverse un chemin de vieillissement distinct, influencé non seulement par des facteurs génétiques – qui affectent la longévité, la résistance à certaines maladies et la conservation des fonctions motrices et cognitives – mais également par le mode de vie et les antécédents médicaux.</p>
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<img alt="Femme d’âge mûr en train de faire un exercice sur une machine, dans une salle de sport." src="https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’activité physique doit être adaptée à chaque personne, car les parcours de vieillissement ne sont pas identiques pour tout le monde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/dHHcDjMcN_I">Unsplash</a></span>
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<p>Des facteurs tels que la <a href="https://www.aging-us.com/article/204668/text">diététique, l’exercice</a>, le sommeil et la gestion du stress jouent des rôles cruciaux dans ce processus, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31573833/">tout comme l’environnement dans lequel chaque individu a évolué</a>. La prévention de la perte d’autonomie chez les personnes âgées peut être adaptée en ciblant les faiblesses individuelles, par exemple, en recommandant des activités physiques spécifiques pour ceux qui sont déconditionnés ou sédentaires. Mais elle doit également être ajustée <a href="https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/PIIS2589-5370(23)00100-1/fulltext">selon les objectifs personnels, les facteurs socio-économiques, la familiarité avec les technologies numériques, ou la personnalité de chaque senior</a>.</p>
<p>La prévention de la perte d’autonomie requiert donc d’adopter une approche centrée sur l’individu. Cela implique d’engager les seniors et leurs familles dans la planification et l’exécution des plans préventifs, afin d’appréhender de manière plus précise leurs besoins spécifiques, et ainsi de développer des interventions sur mesure et plus adaptées.</p>
<h2>De la théorie à la pratique, l’utilité du numérique</h2>
<p>Élaborer des programmes de prévention accessibles, personnalisés, et centrés sur la personne, c’est très bien en théorie. Malheureusement, dans le contexte économique actuel, cela semble relever d’une certaine utopie. </p>
<p>En effet, la mise en place de programmes efficaces de prévention est coûteuse en ressources humaines : elle nécessite la contribution de divers professionnels tels que professeurs en activité physique adaptée (APA), diététiciens ou infirmiers. Cette exigence impose une contrainte significative sur le système de santé, qui se trouve dans l’incapacité de proposer un accompagnement professionnel individuel et régulier pour chaque senior qui le nécessite. </p>
<p>Les outils numériques apparaissent comme une solution majeure à cette problématique. Ils permettent une gestion judicieuse des ressources humaines limitées, tout en assurant un niveau élevé de service. Par exemple, certaines plateformes de gestion des parcours patients peuvent optimiser les parcours de prévention en dirigeant les ressources humaines vers les individus qui en ont le plus besoin, permettant ainsi une intervention ciblée et efficiente. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-outils-digitaux-partenaires-du-bien-vieillir-des-seniors-143567">Les outils digitaux, partenaires du bien-vieillir des seniors</a>
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<p>De plus, les outils numériques offrent des possibilités d’éducation en santé (e-santé), favorisant ainsi l’augmentation de la <a href="https://theconversation.com/la-litteratie-medicale-permet-aux-patients-de-mieux-comprendre-leur-etat-de-sante-et-favorise-leur-bien-etre-210772">littératie en santé</a> chez les personnes âgées, ce qui est crucial pour la prévention de la perte d’autonomie. Ces outils peuvent également faciliter l’évaluation des fonctions motrices et cognitives des seniors de manière automatisée et précise, réduisant ainsi la nécessité d’une intervention humaine constante et spécialisée. </p>
<p>De nombreux aînés montrent une capacité et une volonté d’intégrer ces outils dans leur quotidien, à condition qu’ils soient spécifiquement conçus pour répondre à leurs besoins, notamment en termes de facilité d’utilisation.</p>
<h2>Le programme « Bien Vieillir ensemble »</h2>
<p>Partant de ces divers constats, l’Université Côte d’Azur, le CHU de Nice, l’Université de Nîmes et l’Université Grenoble Alpes ont décidé d’unir leurs forces et expertises pour mener à bien un programme ambitieux et novateur nommé « Bien Vieillir Ensemble ». Dans le cadre de ce programme, le projet Pré.S.Age (Prévention du Sujet Agé) a été sélectionné par l’Agence nationale de la Recherche, qui lui a attribué un financement exceptionnel de 3,5 millions d'euros.</p>
<p>Situé à la confluence du soin, de la recherche et de l’innovation, ce projet sera déployé auprès de 30 000 participants résidant dans les Alpes-Maritimes. Chacun d’entre eux bénéficiera d’interventions et de suivis personnalisés, élaborés avec soin pour répondre à leurs besoins spécifiques en matière de prévention et de bien-être. </p>
<p>Le but est de créer des solutions adaptées et innovantes pour favoriser un vieillissement en bonne santé, actif et autonome. Grâce à cette initiative, nous espérons améliorer la qualité de vie des seniors dans la région des Alpes-Maritimes. </p>
<p>Les outils mis en place et les connaissances accumulées pourront ensuite être utilisés et adaptés dans d’autres contextes et régions, pour améliorer la prévention sur l’ensemble du territoire.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://newsroom.univ-cotedazur.fr/actualites-evenements/universite-cote-dazur-et-le-chu-de-nice-laureats-de-lappel-a-projet-%C2%AB-autonomie-vieillissement-et-situations-de-handicap-%C2%BB-lance-dans-le-cadre-du-plan-france-2030-par-lagence-nationale-de-la-recherche">Pré.S.Age (Prévention du Sujet Agé)</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215024/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
De nos jours, la sédentarité augmente et la durée de vie s’allonge, ce qui accentue le risque de dépendance chez les personnes âgées. Promouvoir l’activité physique pourrait limiter l’ampleur du problème.
Raphael Zory, Professeur des universités - Membre de l'institut universitaire de france (IUF) - Administrateur du GCS CARES - Directeur du Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS - UPR 6312), Université Côte d’Azur
Frédéric Prate, Chercheur - Médecin en santé publique, centre hospitalier universitaire de Nice, Clinique Gériatrique du Cerveau et du Mouvement, Université Côte d’Azur
Meggy Hayotte, Maîtresse de conférences - Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS - UPR 6312), Université Côte d’Azur
Olivier Guérin, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier en gériatrie, chef du pôle Réhabilitation Autonomie Vieillissement du centre hospitalier universitaire de Nice, Université Côte d’Azur
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tag:theconversation.com,2011:article/213813
2023-09-27T20:18:41Z
2023-09-27T20:18:41Z
Les ouvriers vivent moins longtemps que les cadres : combien de temps passent-ils vraiment à la retraite ?
<p>Les catégories socioprofessionnelles présentent en moyenne des durées d’emploi, d’inactivité et de chômage différentes, du fait d’âges d’entrée dans la carrière et de parcours variables. En partie prises en compte par les dispositifs de solidarité du système de retraite, ces différences déterminent non seulement l’éligibilité aux droits de retraite, mais aussi les <a href="https://theconversation.com/retraites-pourquoi-de-nombreuses-pensions-resteront-inferieures-a-1-200-euros-malgre-la-reforme-201726">montants des pensions perçues</a>. Par ailleurs, les inégalités sociales s’expriment en termes de durées de vie. Il existe donc des écarts importants dans les chances d’atteindre l’âge de la retraite et dans la durée passée à bénéficier de celle-ci.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2023-5-page-1.htm">Dans une étude récente</a>, nous avons cherché à quantifier ces durées et l’ampleur des différences, à partir de données statistiques portant sur des individus nés en France, issues de l’<a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/serie/s1166">Échantillon démographique permanent</a>. L’EDP est particulièrement précieux car il suit depuis 2008 4 % de la population française.</p>
<h2>Les hommes cadres vivent en moyenne 6 ans de plus que les ouvriers après 35 ans</h2>
<p>En 2018, si une femme a atteint l’âge de 35 ans, on estime qu’elle peut espérer vivre 51,5 années supplémentaires. Pour les hommes, c’est 46,5 ans. Mais on peut vivre presque 6 ans de plus lorsqu’on exerce un métier de <a href="https://theconversation.com/comment-les-cadres-se-projettent-ils-dans-leur-retraite-203773">cadre</a> plutôt que d’ouvrier chez les hommes, et plus de 3 ans supplémentaires chez les femmes. Ces écarts restent importants à 62 ans : 3,5 ans chez les hommes et 2,7 ans chez les femmes. Ces résultats viennent confirmer des résultats antérieurs publiés par <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1908110">l’Insee</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Figure 1" src="https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=290&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=290&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=290&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=365&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=365&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548863/original/file-20230918-17-ka1au3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=365&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2023-5-page-1.htm">Bonnet et coll., 2023, Population et Sociétés n° 611</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>En termes d’espérance de vie, entre les cadres et les ouvriers, se trouvent les indépendants (artisans, commerçants, chefs d’entreprise, exploitants agricoles), les professions intermédiaires, puis les employés. Chez les femmes, le gradient est similaire, mais les indépendantes ont une espérance de vie plus faible que les professions intermédiaires.</p>
<p>Les catégories socioprofessionnelles (CSP) se distinguent aussi dans les chances d’atteindre les âges élevés. Sur 100 hommes de 35 ans, 96 peuvent espérer atteindre 62 ans parmi les cadres, mais seulement 89 parmi les ouvriers. Ces chiffres sont respectivement de 97 et 94 chez les femmes.</p>
<h2>Le même nombre d’années à la retraite pour les femmes ouvrières et cadres ?</h2>
<p>Les années de vie des femmes cadres, après 35 ans, se répartissent en un peu plus de 27 ans d’emploi, environ 1 an de chômage et 1 an d’inactivité (y compris invalidité). Leur durée de retraite dépasse légèrement 24 ans. Pour les <a href="https://theconversation.com/ce-que-les-feministes-doivent-aux-ouvrieres-de-glasgow-182866">ouvrières</a>, c’est environ 20 années d’emploi, 4 ans de chômage, 3 ans d’inactivité et un peu moins de 24 ans de retraite. L’inactivité des ouvrières est pour moitié environ déclarée comme « au foyer », correspondant à des interruptions souvent associées à la maternité, pour s’occuper des enfants, de la maison… L’autre moitié s’explique, en partie, par des difficultés à conserver ou trouver un emploi, parfois du fait d’invalidités reconnues ou non (une situation également fréquente pour les hommes ouvriers).</p>
<p>Les différences entre CSP dans les durées « en » et « hors » emploi sont assez similaires pour les deux sexes, mais les hommes passent une plus grande proportion de leur vie en emploi. Par ailleurs, les ouvriers partent à la retraite plus tôt que les cadres, mais ils y passent 2 années de moins. Ils passent également un peu plus de 3 années supplémentaires au chômage ou en inactivité au-delà de 35 ans.</p>
<h2>Proche de la retraite, des différences majeures de statut d’activité selon la CSP</h2>
<p>Avant même d’atteindre l’âge légal de départ à la retraite, qui était de 62 ans lors de l’enquête en 2018, les hommes qui sont employés ont déjà accumulé plusieurs années de vie à la retraite. Cette spécificité est notamment liée à l’existence de dispositifs de départ anticipé pour certains métiers de cette catégorie. Parmi les femmes, ce sont les professions intermédiaires qui profitent le plus des départs anticipés. Les ouvriers et ouvrières ont aussi des années de retraite avant l’âge légal, mais passent surtout bien plus de temps que les cadres en inactivité <a href="https://theconversation.com/seniors-comment-travailler-plus-longtemps-quand-personne-ne-vous-recrute-plus-198464">ou au chômage</a>. Les hommes cadres passent près d’un an et demi en activité entre 60 et 62 ans : c’est trois fois plus que les ouvriers.</p>
<p>Entre 62 et 63 ans enfin, la possibilité de prendre sa retraite diminue les durées de chômage et d’inactivité. Sur les presque deux années vécues à ces âges, les ouvrières, employées et professions intermédiaires passent entre 18 et 20 mois à la retraite. Pour les indépendantes, c’est 16 mois et pour les cadres, moins de 14 mois. Les durées d’activité des cadres sont encore quatre fois plus élevées que celles des ouvrières. Au sein de chaque CSP, les situations des hommes et des femmes se ressemblent, avec des durées de vie passées à la retraite et en activité similaires.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quels-effets-sur-la-sante-des-seniors-dun-report-de-lage-legal-de-depart-en-retraite-200019">Quels effets sur la santé des seniors d’un report de l’âge légal de départ en retraite ?</a>
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<p>Pour conclure, on rappellera donc que les années à vivre en emploi après 35 ans sont plus nombreuses chez les cadres que chez les ouvriers, en partie du fait d’années de vie travaillées avant 35 ans plus nombreuses parmi ces derniers. Les années de retraite sont par ailleurs plus nombreuses pour les cadres que pour les ouvriers (2 ans chez les hommes, 8 mois chez les femmes), en raison notamment de leur espérance de vie plus élevée.</p>
<p>Par ailleurs, l’espérance de vie plus longue des femmes se traduit par davantage de temps de retraite (3 à 4 ans de plus que les hommes selon la CSP), mais aussi d’inactivité (1 à 2 ans de plus selon la CSP) que les hommes ; les durées en emploi sont par ailleurs proches au sein de chaque CSP selon le sexe.</p>
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<p>Les dispositifs de départ anticipé permettaient en 2018 en partie de gommer les différences d’espérance de vie : les employés et ouvriers étaient déjà nombreux à la retraite avant l’âge légal. Cependant, ces CSP présentaient aussi des périodes plus longues de chômage ou d’inactivité que les autres. Elles sont probablement en partie liées à des difficultés à <a href="https://www.ipp.eu/publication/les-agesde-depart-a-la-retraite-depuis-2010-quels-enseignementspour-la-reforme-a-venir/">conserver ou trouver un emploi</a>. Ce résultat fait écho aux années de vie en incapacité, déjà présentes entre 50 et 65 ans, qui s’avèrent plus fréquentes pour les ouvriers et employés que pour les cadres, ainsi que pour les <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-etsocietes/la-double-peine-des-ouvriers-plus-d-annees-dincapacite-au-sein-d-une-vie-plus-courte/">femmes comparées aux hommes d’âge égal</a>.</p>
<p>Les périodes hors emploi au seuil de la retraite témoignent de fins de carrière complexes et exposent à des niveaux de pension moindres. Avec les paramètres d’âge et de durée de cotisation, les dispositifs protégeant les personnes ayant des difficultés de maintien en emploi au cours et à la fin de leur carrière constituent des enjeux majeurs du système de retraite, et plus généralement de protection sociale, pour les générations présentes et futures.</p>
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<p><em>Ce texte est adapté d’un article publié par les auteurs dans Population et Sociétés n° 611, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2023-5-page-1.htm">« Les ouvriers vivent moins longtemps que les cadres : combien de temps passent-ils à la retraite et en (in) activité ? »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213813/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les cadres ont une espérance de vie plus longue que les ouvriers, mais partent en moyenne plus tard à la retraite. Quelle catégorie sociale passe le plus de temps à la retraite ?
Florian Bonnet, Agregé d'économie, chargé de recherches, Institut National d'Études Démographiques (INED)
Carlo Giovanni Camarda, Docteur, spécialiste des méthodes de prévision (mortalité, longévité, etc.), Institut National d'Études Démographiques (INED)
Emmanuelle Cambois, Directrice de recherche, Institut National d'Études Démographiques (INED)
Ophélie Merville, Doctorante, Inserm
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/212150
2023-09-06T14:07:45Z
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De saines habitudes de vie peuvent prévenir jusqu’à 40 % des cas de démence
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545116/original/file-20230828-155659-vtkf7i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C8%2C1888%2C1270&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les facteurs de risque modifiables de la démence sont l'hypertension artérielle, l'obésité, la sédentarité, le diabète, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool et le manque de contacts sociaux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une femme de 65 ans consulte plusieurs professionnels de la santé au sujet de ses problèmes de mémoire. On lui dit d’abord qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Un an plus tard, on lui indique qu’il s’agit d’un phénomène normal lié au vieillissement. Jusqu’au jour où le diagnostic tombe enfin. Il s’agit de la maladie d’Alzheimer, contre laquelle il n’existe aucun traitement.</p>
<p>Les cas comme celui-là sont trop fréquents.</p>
<p>En effet, la démence demeure largement sous-diagnostiquée, même dans un pays développé, comme le Canada, où la <a href="https://doi.org/10.1136/bmjopen-2016-011146">proportion de cas non détectés dépasse 60 %</a>. La croyance selon laquelle les troubles cognitifs sont normaux chez les personnes âgées et le manque de connaissances, chez les médecins, sur les symptômes de démence et les critères de diagnostic <a href="https://doi.org/10.1590/S1980-57642011DN05040011">expliquent en grande partie les cas manqués et les retards de diagnostic</a>.</p>
<p>Les pertes de mémoire liées à l’âge ne doivent pas être considérées comme un aspect normal du vieillissement. Bien sûr, il peut arriver à tout le monde d’oublier où la voiture est stationnée ou d’égarer ses clés, mais lorsque ces situations deviennent fréquentes, il est important de consulter.</p>
<p>Si une légère altération de la capacité à penser et à retenir de l’information ne se transformera pas forcément en démence, chez certaines personnes, ces déclins représentent des signes avant-coureurs. Des recherches ont d’ailleurs révélé <a href="https://doi.org/10.1111/acps.12336">que les personnes présentant de légers changements cognitifs</a> couraient un risque accru d’être atteintes de démence plus tard dans leur vie.</p>
<p>Il a même été démontré que la <a href="https://doi.org/10.3390/ijms20225536">modification de la structure et du métabolisme du cerveau liée à la maladie</a> s’amorçait des décennies avant l’apparition de symptômes comme la perte de mémoire. Par ailleurs, il est de <a href="https://doi.org/10.1038/s43587-022-00269-x">plus en plus reconnu dans le milieu scientifique</a> que les interventions visant à ralentir ou à <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(15)60461-5">prévenir</a> la dégradation de l’état du patient sont plus susceptibles d’être efficaces lorsqu’elles ont lieu tôt dans l’évolution de la maladie.</p>
<p>Or, les protocoles de détection précoce <a href="https://canadiantaskforce.ca/lignesdirectrives/lignes-directrices-publiees/deficience-cognitive/?lang=fr">ne sont pas courants</a> au sein du milieu médical, en partie parce que les mécanismes de la démence demeurent mal compris.</p>
<h2>Démence et vieillissement de la population</h2>
<p>Dans le cadre de mes recherches, j’emploie des méthodes d’IRM cérébrale avancées pour caractériser la santé du cerveau des personnes âgées qui présentent un risque élevé de démence. Mon objectif est de trouver de nouveaux biomarqueurs de pathologie précoce en vue d’améliorer les méthodes de détection.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme aux cheveux gris accompagnée d’une professionnelle de la santé" src="https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">D’ici 2050, le nombre de Canadiens atteints de démence devrait dépasser 1,7 million.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>La proportion de personnes âgées augmente au sein de la population canadienne. La démence étant fortement associée au vieillissement, le nombre de diagnostics de démence, y compris la maladie d’Alzheimer, devrait donc augmenter considérablement au cours des prochaines décennies. On estime que <a href="https://www.ctvnews.ca/health/nearly-one-million-canadians-will-live-with-dementia-by-2030-alzheimer-society-predicts-1.6056849">1,7 million</a> de Canadiens en seront atteints d’ici 2050, soit un nombre supérieur à celui de la <a href="https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1710000901&request_locale=fr">population du Manitoba</a>.</p>
<p>Si aucune mesure importante n’est prise pour renverser la tendance, cette hausse attendue exercera une pression énorme sur nos systèmes de santé déjà surchargés. Nous avons donc besoin de stratégies de prévention efficaces, maintenant plus que jamais.</p>
<p>Des <a href="https://www.ctvnews.ca/health/promising-new-drug-to-treat-alzheimer-s-in-pipeline-of-approval-in-canada-1.6443850">annonces récentes au sujet de médicaments prometteurs</a> pour traiter la maladie d’Alzheimer mettent encore plus en évidence la nécessité d’un dépistage précoce. Des <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMoa2212948">essais cliniques</a> ont montré que ces médicaments étaient plus efficaces pour ralentir le déclin cognitif lorsqu’ils étaient administrés aux premiers stades de la maladie.</p>
<p>Bien que l’émergence de ces nouveaux traitements représente une avancée dans le domaine de la maladie d’Alzheimer, la recherche doit se poursuivre. En réduisant les niveaux d’amyloïde, une substance considérée comme toxique pour les neurones, ces thérapies n’agissent que sur un seul processus pathologique. Elles ne peuvent donc ralentir le déclin cognitif que chez un <a href="https://doi.org/10.1093/braincomms/fcad175">sous-ensemble restreint de patients</a>. Une caractérisation adéquate des autres processus, sur une base personnalisée, est nécessaire pour combiner ces traitements à d’autres stratégies.</p>
<p>Il faut également tenir compte de la hausse importante des ressources humaines et financières qui seront nécessaires pour administrer ces nouveaux traitements. Ces coûts pourraient en limiter l’accès, particulièrement dans les pays à revenus faibles ou moyens, où les <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30367-6">cas de démence augmentent le plus</a>.</p>
<h2>Mode de vie et santé cérébrale</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Cinq personnes âgées assises, faisant des exercices avec les bras" src="https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Personnes âgées participant à une séance d’exercices assis. La sédentarité est un facteur de risque modifiable de démence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>En revanche, il a été démontré que des changements de mode de vie pouvaient réduire le risque de démence à peu de frais et sans effets secondaires. Ainsi, si l’évaluation du risque de démence faisait partie des examens médicaux de routine des personnes âgées, les personnes les plus à risque pourraient être identifiées et conseillées sur les moyens de maintenir leur santé cérébrale et leur cognition.</p>
<p>Ces personnes à risque sont sans doute celles qui ont le plus à gagner de ces interventions, potentiellement fondées sur une approche pharmaceutique combinée à des changements de mode de vie. Mais tout le monde peut bénéficier de l’adoption de saines habitudes de vie, qui protègent non seulement le cerveau, mais aussi le cœur et d’autres organes.</p>
<p>Selon un <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(20)30367-6/fulltext">rapport phare</a> publié dans <em>The Lancet</em> en 2020, 40 % des cas de démence seraient attribuables à 12 facteurs de risque modifiables. Ceux-ci comprennent l’hypertension artérielle, l’obésité, la sédentarité, le diabète, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et le manque de contacts sociaux.</p>
<p>Les conclusions de ce rapport signifient donc qu’en adoptant de saines habitudes de vie, nous pourrions théoriquement prévenir environ 40 % des cas de démence. Bien qu’il n’existe aucun moyen de se prémunir complètement contre tout déclin cognitif, nous pouvons réduire considérablement notre risque de démence en faisant de l’activité physique, en étant mentalement actifs, en augmentant la fréquence de nos contacts sociaux, en évitant de fumer et en limitant notre consommation d’alcool.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un groupe de personnes âgées dans un cours d’arts plastiques avec leur enseignante" src="https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certaines données probantes indiquent également qu’un <a href="https://doi.org/10.3945/an.117.015495">régime de type méditerranéen</a>, combinant une consommation élevée d’aliments d’origine végétale (en particulier les légumes-feuilles) et une consommation limitée de gras saturés et de viande, <a href="https://doi.org/10.1093/ajcn/nqx070">peut aussi être bénéfique pour la santé du cerveau</a>.</p>
<p>Bref, en encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.</p>
<h2>Obstacles aux saines habitudes de vie</h2>
<p><a href="https://aaic.alz.org/downloads2020/2020_Race_and_Ethnicity_Fact_Sheet.pdf">On observe une prévalence plus élevée de démence</a> au sein des <a href="https://content.iospress.com/articles/journal-of-alzheimers-disease/jad201209">minorités ethniques</a> et des populations vulnérables. L’adoption de nouvelles politiques peut apporter des solutions aux inégalités sociétales conduisant à l’apparition de plusieurs facteurs de risque. Car même s’il dispose d’un système de santé universel, le Canada connaît encore des inégalités en matière de santé. Les personnes appartenant aux classes socioéconomiques inférieures, les personnes handicapées, les Autochtones, les personnes racisées, les immigrants, les minorités ethniques et les membres de la communauté LGBTQ2S sont en effet <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/promotion-sante/sante-population/est-determine-sante.html">plus susceptibles d’éprouver des problèmes de santé</a>.</p>
<p>Nous pouvons nous attaquer à ces inégalités non seulement en faisant la promotion de saines habitudes de vie, mais aussi en agissant pour améliorer les <a href="https://doi.org/10.1016/j.joclim.2021.100035">conditions de vie des membres de ces groupes</a>. À titre d’exemples, mentionnons <a href="https://doi.org/10.1093/heapro/dav022">l’élargissement de l’accès aux centres sportifs</a> et aux cliniques de prévention pour les personnes à faible revenu ainsi que l’aménagement de lieux publics favorisant un mode de vie actif. Les autorités publiques doivent évaluer et lever les obstacles qui empêchent les membres de certains groupes d’adopter de saines habitudes de vie.</p>
<p>En matière de prévention, nous devons être ambitieux. L’avenir du système de santé et de notre santé individuelle en dépend.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212150/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stefanie Tremblay est financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Elle est affiliée à Dragonfly Mental Health, un organisme sans but lucratif qui milite en faveur d'une meilleure santé mentale dans le milieu universitaire.</span></em></p>
En encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.
Stefanie Tremblay, PhD candidate in medical physics, studying MRI biomarkers of declining brain health in aging, Concordia University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/204939
2023-07-05T17:35:12Z
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Aide active à mourir : de la difficulté du travail législatif à accomplir
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531613/original/file-20230613-27-1ee1k9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=42%2C6%2C3983%2C2257&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En droit français, le concept de "souveraineté sur son corps" n'est pas reconnu. Plusieurs facteurs de ce type pourraient compléxifier la rédaction d'une loi encadrant la fin de vie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/ZfRMc1_RUuA">Vita Leonis / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Un projet de loi sur la fin de vie devrait être présenté d’ici la fin de l’été 2023. La convention citoyenne sur la fin de vie (CCFDV) s’est prononcée en avril dernier en <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/documents/CCFV/Conventioncitoyenne_findevie_Rapportfinal.pdf">faveur de la légalisation d’une aide active à mourir</a>, comme l’avait fait précédemment le <a href="https://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/2022-09/Avis%20139%20Enjeux%20%C3%A9thiques%20relatifs%20aux%20situations%20de%20fin%20de%20vie%20-%20autonomie%20et%20solidarit%C3%A9.pdf">Comité consultatif national d’éthique</a>.</p>
<p>Dans un contexte français <a href="https://journals.openedition.org/droitcultures/4467">traditionnellement hostile à l’euthanasie</a>, l’impression d’une évolution consensuelle vers la reconnaissance d’un droit à décider du moment de sa mort est à tempérer. Le rapport de la CCFDV exprime bien une opinion majoritaire en faveur de l’aide active à mourir. Mais elle n’est pas unanime : parmi les 76 % des participant·e·s favorables à celle-ci, les <a href="https://theconversation.com/comment-penser-la-mort-en-france-200562">opinions sont diverses</a>. Les multiples modèles d’assistance à mourir proposés dans le rapport en témoignent. Ils attestent également de la difficulté future à légiférer.</p>
<p>Deux idées l’emportent assez largement : d’une part, le <a href="https://theconversation.com/faire-evoluer-les-conditions-de-la-fin-de-vie-prenons-le-temps-dy-travailler-202563">cadre législatif actuel serait inadapté</a>, conduisant à l’impératif d’accorder un plus grand pouvoir décisionnel à la personne.</p>
<p>D’autre part, il serait nécessaire d’encadrer juridiquement ce pouvoir. Or, l’autorisation et la dépénalisation de l’aide active à mourir posent des questions légales liées au consentement de la personne et à l’autonomie personnelle. Et si l’aide active à mourir doit être strictement encadrée, les conditions auxquelles elle doit être soumise sont difficiles à définir tant elles font peu consensus.</p>
<h2>Un plus grand pouvoir de la personne sur elle-même ?</h2>
<p>Depuis la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000227015/">loi Kouchner de 2002</a>, il revient au patient de prendre, avec le médecin, les décisions médicales le concernant. Elle reconnaît le droit de refuser tout acte médical et l’impératif pour le médecin de respecter ce refus.</p>
<p>Avec les lois <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000446240/">Léonetti de 2005</a> et <a href="https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/les-soins-palliatifs-et-la-fin-de-vie/la-prise-en-charge-palliative-et-les-droits-des-personnes-malades-et-ou-en-fin/article/comprendre-la-loi-claeys-leonetti-de-2016">Clayes-Léonetti de 2016</a>, le législateur a renforcé les droits des patients en fin de vie. Ont été consacrés les droits de refuser tout traitement, d’accéder aux soins visant à soulager la souffrance, de pouvoir exprimer des directives anticipées. Enfin, le législateur a reconnu un droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès, en cas de souffrances réfractaires.</p>
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<p>Toutefois, <a href="https://theconversation.com/faire-evoluer-les-conditions-de-la-fin-de-vie-prenons-le-temps-dy-travailler-202563">ces dispositions demeurent d’application inégale sur le territoire</a>. Par ailleurs, les soins palliatifs, même s’ils étaient correctement mis en œuvre, ne sont pas adaptés à toutes les situations, particulièrement lorsque le décès ne peut survenir qu’à moyen, voire à long terme.</p>
<p>Ainsi, accéder à la demande de mort, au nom de la liberté de la personne à choisir pour elle-même, commence à apparaître légitime. Les implications juridiques de cette question sont nombreuses.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518712/original/file-20230331-16-bbmx2i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://theconversation.com/fr/topics/controverses-133629">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em><a href="https://theconversation.com/fr/topics/controverses-133629">« Controverses »</a> est un nouveau format de The Conversation France. Nous avons choisi d’y aborder des sujets complexes qui entraînent des prises de positions souvent opposées, voire extrêmes. Afin de réfléchir dans un climat plus apaisé et de faire progresser le débat public, nous vous proposons des analyses qui sollicitent différentes disciplines de recherche et croisent les approches</em>.</p>
<p><em>Notre première série sur la « fin de vie » s’inscrit dans les débats qui agitent en ce moment la convention citoyenne. Derrière cette expression et son éventuel prolongement législatif, des propositions – suicide assisté, euthanasie, mort choisie – mais aussi des réalités difficiles à appréhender comme celle de la souffrance morale des personnes âgées.</em></p>
<hr>
<h2>Vers une autorisation légale de consentir à sa propre mort ?</h2>
<p>À l’heure actuelle, toute atteinte au corps, même consentie, est une atteinte susceptible d’engager la responsabilité pénale.</p>
<p>De fait, toute atteinte au corps réalisée dans un cadre médical fait l’objet d’une autorisation de la loi pour ne pas tomber sous le coup de la loi pénale. Pour exemple, l’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006419297">article 16-3 du code civil</a> autorise l’acte médical (qui, dès lors, ne peut pas tomber sous le coup de violences volontaires) en prévoyant qu’« il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre exceptionnel dans l’intérêt thérapeutique d’autrui ». L’article ajoute que le consentement doit être recueilli préalablement, hors le cas où l’état du patient rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir.</p>
<p>Encore, pour tous les actes spéciaux, la loi intervient expressément pour autoriser ce qui, en principe, relèverait d’une infraction pénale (il en va par exemple de l’interruption de grossesse, des stérilisations à visée contraceptive, etc.). Il serait dès lors nécessaire de procéder à un choix législatif qui permettrait de justifier un comportement théoriquement réprimé pénalement.</p>
<h2>La redéfinition des contours de l’autonomie personnelle</h2>
<p>Actuellement, le système juridique français ne reconnaît pas l’autonomie personnelle. Le droit ne considère pas la personne comme souveraine quant aux décisions sur son corps. Ce terme de « souveraineté » apparaît dans le <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/documents/CCFV/Conventioncitoyenne_findevie_Rapportfinal.pdf#page=%5B60%5D">rapport de la convention</a>, il ne renvoie pourtant à aucune notion juridique. Pour autant, quand bien même elle est juridiquement fausse, l’idée est assez communément admise que l’individu est titulaire d’un pouvoir de disposer de son corps. La question est ici de savoir si ce pouvoir est recevable en droit. Poussée à sa dimension la plus absolue, elle revient à savoir si cette recevabilité est susceptible de donner lieu à un droit d’exiger la mort.</p>
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<p>La Cour européenne des droits de l’Homme <a href="https://hudoc.echr.coe.int/fre#%7B%22itemid%22:%5B%22001-65003%22%5D%7D">considère</a> que le droit à la vie ne peut s’analyser comme ayant un versant négatif de droit à la mort. Dans le même arrêt, rendu en 2002, la cour <a href="https://hudoc.echr.coe.int/fre#%7B%22itemid%22:%5B%22001-65003%22%5D%7D">affirme</a> également que « la façon dont elle la [requérante] choisit de passer les derniers instants de son existence fait partie de l’acte de vivre et elle a le droit de demander que cela soit aussi respecté ».</p>
<h2>Quelles conditions d’accès à l’aide active à mourir ?</h2>
<p>Au-delà de ces deux aspects cruciaux se posent de nombreuses questions relatives au cadre et aux conditions posées pour accéder à une assistance à mourir. Pas moins de 17 modèles sont proposés par la convention. Ils vont d’une autorisation du suicide assisté à l’admission d’une exception d’euthanasie, en passant par la liberté laissée à la personne de choisir l’une ou l’autre.</p>
<p>Si le suicide assisté ne requiert pas l’acte d’un tiers, l’euthanasie nécessite une intervention active du médecin à qui revient de réaliser l’acte létal. Il n’y a donc pas d’accord sur l’objet du droit qu’il est question de reconnaître.</p>
<p>En outre, au sein même de ces modèles, des <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/documents/CCFV/Conventioncitoyenne_findevie_Rapportfinal.pdf#page=%5B78%5D">divergences subsistent à propos du champ d’application de l’assistance</a>. Seul un petit nombre de citoyens défendent un droit absolu à bénéficier d’une aide active à mourir, avec pour seule et unique condition le discernement de la personne. La majorité préconise de poser des conditions médicales à l’existence d’un tel droit mais se divise au sujet de celles-ci. Est-il nécessaire de la limiter aux personnes en phase avancée d’une maladie grave et incurable ? Est-il souhaitable de l’étendre aux mineurs, aux personnes atteintes d’affections psychiatriques, à celles dont les souffrances sont uniquement existentielles ? Faut-il fixer une condition quant au délai prévisible de survenue du décès pour les personnes atteintes d’une affection grave et incurable ? Quelle place conférer aux directives anticipées en ce sens ?</p>
<p>Pour répondre à ces questions, il sera précieux de s’attacher aux législations existantes ayant admis l’assistance à mourir. La <a href="https://www.bnds.fr/edition-numerique/revue/rds/rds-66/la-loi-concernant-les-soins-de-fin-de-vie-au-quebec-dans-le-contexte-legal-canadien-5777.html">législation québécoise</a> est à ce titre une source inspirante. Elle reconnaît la primauté de la personne, et conçoit la prise en charge de la fin de vie à travers le soin. Refusant de faire référence à la notion d’euthanasie ou de suicide assisté, elle fait état de la notion d’aide médicale à mourir. Cette approche a néanmoins été modifiée par une <a href="https://www.justice.gc.ca/fra/jp-cj/am-ad/di-bk.html">loi postérieure</a> qui, quant à elle, autorise l’euthanasie et le suicide assisté.</p>
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<figcaption><span class="caption">Au Québec, l’aide médicale à mourir est légale. Entretien avec Véronique Hivon, ancienne ministre québécoise responsable du dossier « Mourir dans la dignité ».</span></figcaption>
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<p>Il sera également nécessaire de penser la place et les contours de la <a href="https://theconversation.com/la-clause-de-conscience-chez-les-professionnels-de-sante-quelle-application-pour-la-fin-de-vie-199427">clause de conscience</a> qui permet aux médecins, dans certaines limites, de refuser de réaliser un acte médical.</p>
<p>Certains aspects du projet de loi – attendu d’ici au 21 septembre 2023 – ont déjà été dévoilés. S’il n’est pas encore précisé le ou les modèles choisis, il apparaît qu’une autorisation au « droit à mourir » serait rendue possible pour les patients atteints d’une maladie engageant le pronostic vital à moyen terme. Seraient exclus les mineurs et les personnes souffrant de maladies psychiques.</p>
<p>Pour l’heure, le rapport de la convention citoyenne présente la grande qualité de dresser un panorama sans doute très proche de l’exhaustivité de toutes les manières possibles de légaliser l’aide active à mourir, c’est-à-dire d’encadrer un nouveau droit qui pourrait être accordé à la personne. Il fait aussi apparaître que le travail législatif sera éminemment ardu et que son résultat ne sera jamais unanimement considéré comme satisfaisant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204939/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
L’autorisation de l’aide active à mourir pose de multiples questions légales. Conditions d’accès, consentement, droit à disposer de son corps… Le point sur les dimensions juridiquement sensibles.
Sophie Dumas-Lavenac, Maîtresse de conférences en droit privé, Université de Lorraine
Chloé Liévaux, droit pénal, santé, bioéthique, Université de Lorraine
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/207036
2023-06-25T14:58:27Z
2023-06-25T14:58:27Z
Vulnérabilité à la chaleur : sommes-nous tous égaux ?
<p>Les vagues de chaleurs de l’été 2022 ont marqué l’esprit des Français, avec un mois de juillet qui a été le plus chaud jamais mesuré à l’échelle mondiale. Avec une hausse de 16,7 % des décès et des températures <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/canicule-intense-et-durable-de-juillet-2022-que-faut-il-retenir">ayant atteint plus de 42 °C</a> durant cette période, il est majeur d’identifier les personnes les plus vulnérables pour faire face au changement climatique et à l’augmentation de l’intensité et de la fréquence de ce phénomène.</p>
<p>Dans ce contexte et face au dernier rapport du <a href="https://theconversation.com/le-giec-une-boussole-scientifique-pour-le-climat-93624">GIEC</a> qui alerte sur l’accélération du changement climatique, on peut s’interroger sur quels sont les facteurs de vulnérabilités auxquels font face certains groupes de la population.</p>
<p>Certains sont assez évidents, comme l’âge ou la localisation : celle-ci joue un rôle important dans des régions davantage exposées aux vagues de chaleurs extrêmes – comme l’Auvergne-Rhône-Alpes <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6522912">exposée à plus de 20 journées anormalement chaudes par an au cours des mois de juin, juillet et août ces dernières années</a>. Ce sont les facteurs que l’on dit tangibles, que l’ont peut mesurer ou quantifier.</p>
<p>Mais d’autres facteurs, plus surprenants et plus intangibles, <a href="https://theconversation.com/comment-la-chaleur-perturbe-notre-sante-mentale-188913">tels que la santé mentale</a>, sont aussi mis en avant par la littérature en économie.</p>
<h2>Âge, mal-logement… des facteurs tangibles</h2>
<p>Sans surprise, l’âge joue un rôle prépondérant dans cette vulnérabilité : les personnes âgées courent bien sûr un risque plus fort en cas de vague de chaleur.</p>
<p>Ainsi, durant l’été caniculaire de 2022, les décès ont augmenté de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/fortes-chaleurs-canicule/documents/bulletin-national/bulletin-de-sante-publique-canicule.-bilan-ete-2022">20,2 % chez les personnes de plus de 75 ans</a> en raison de leur fragilité liée aux maladies chroniques.</p>
<p>Les personnes qui déclarent souffrir de la chaleur en été habitent quant à elles souvent des logements mal isolés, difficiles à ventiler, avec des températures maximales atteintes en été dans le logement dépassant les 30 °C – elles sont <a href="https://theconversation.com/canicule-et-urbanisme-arretons-de-densifier-nos-villes-142504">également victimes de surpeuplement</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=181&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=181&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=181&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/531299/original/file-20230612-220400-z4bb7z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Qui souffre le plus de la chaleur ? Les scores d’anxiété et de dépression ont été calculés par les auteures en suivant la méthode de DUKE qui permet de calculer un score allant de 0 à 100 en se basant sur une série de questions. Un score de 0 indique une absence d’anxiété ou de dépression tandis qu’un score de 100 révèle une grande fragilité. Pour le score de santé mentale, c’est l’inverse, plus le score est proche de 100, meilleure est la santé mentale de l’individu.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.irege.univ-smb.fr/pepsi-3/">Calculs des autrices, enquête PEPSI</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le concept de confort thermique prend tout son sens. La qualité des logements et la présence d’équipement de confort qui permettent de s’adapter face aux vagues de chaleur comme les systèmes de climatisation vont influencer le degré de vulnérabilités de ses occupants. <a href="https://www.irege.univ-smb.fr/pepsi-3/">Les données d’une enquête que nous avons menée</a> révèlent que seuls 22,7 % des ménages disposent d’un système de climatisation (mobiles ou fixes) en 2020 alors que 7 personnes sur 10 vont être exposées chaque année à des chaleurs intenses.</p>
<h2>Adaptation, santé mentale… des facteurs intangibles</h2>
<p>Quant aux facteurs intangibles, dont la relation avec les vagues de chaleur semble moins évidente, la littérature à la fois économique et psychologique se penche de plus en plus sur le lien entre capacités cognitives et adaptation aux évènements extrêmes. L’habileté cognitive d’un individu va influencer son processus de décision, de réflexion mais aussi sa perception de certaines situations et sa capacité à adopter des comportements adéquats.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Plus précisément, l’état de dépression a été identifié comme exerçant un effet négatif sur la probabilité de réagir avec un comportement adéquat face aux vagues de chaleurs extrêmes. Constat qui peut être expliqué par des facultés exécutives ou de mémoire réduites mais aussi par un processus de décision fortement guidé par les émotions. En générant un sentiment pessimiste, d’impuissance et de fatalité face à sa vie et à son avenir, les personnes en état de dépression vont à la fois restreindre leur adaptation face aux vagues de chaleur et augmenter ainsi leur vulnérabilité.</p>
<p>Ce point est d’autant plus important que les capacités cognitives des individus diminuent avec l’âge et qu’actuellement près d’une personne sur cinq <a href="https://www.inserm.fr/dossier/depression/">a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/531300/original/file-20230612-254009-qbp36v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Probabilité d’avoir un système de climatisation selon son score de santé mentale. La figure met en évidence ce phénomène, en montrant qu’à mesure que le score psychologique de l’individu augmente, sa probabilité d’avoir un système de climatisation s’accroît (la climatisation étant ici un comportement d’adaptation pour diminuer l’impact de la chaleur).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Enquête PEPSI, calcul des autrices</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des inégalités accentuées</h2>
<p>Par ailleurs, dans ce contexte où l’adaptation va être un outil pour faire face à sa vulnérabilité, la question de <a href="https://theconversation.com/chauffage-les-plus-aises-sont-aussi-ceux-qui-realisent-le-moins-deconomies-denergie-190582">l’accentuation des inégalités se pose</a>. Que ce soit par la rénovation thermique de son logement, l’acquisition d’un système de climatisation ou par l’augmentation de sa facture d’énergie pour se rafraîchir, l’écart avec les ménages les plus modestes va se creuser.</p>
<p>Le coût de cette adaptation ne va pas être à la portée de tous les ménages et va laisser certains foyers dans des situations critiques où ils seront grandement exposés aux conséquences sanitaires des vagues de chaleur. On constate ainsi des écarts selon les quintiles de revenus et les taux d’équipement des ménages pour faire face au changement climatique. Le constat est sans appel : les ménages les plus aisés seront plus en mesure de faire face aux vagues de chaleur extrêmes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/531303/original/file-20230612-220125-5dnjdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Comportement d’adaptation en fonction du quintile de revenu.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Enquête Pepsi, calcul des autrices</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malheureusement, les inégalités économiques ne sont pas les seules qui pourraient être exacerbées. Les problèmes d’accès aux soins peuvent aussi être des sources d’inégalités face aux vagues de chaleur. Les personnes malades, physiquement et mentalement, vivant dans des déserts médicaux et exposées aux vagues de chaleur risquent de voir leur état de santé se dégrader.</p>
<p>Il va donc être plus que nécessaire de trouver des solutions pérennes dans la décennie à venir pour combler ces facteurs de vulnérabilité, en assurant le confort thermique tout en veillant à ne pas creuser les inégalités.</p>
<hr>
<p><em>Margot Zambon, stagiaire à l’IAE/IREGE, a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207036/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dorothée Charlier est membre de l’IREGE et de la Solar Academy. Elle a reçu des financements et le soutien de ces organisations ainsi que de la Région Auvergne Rhône-Alpes pour mener à bien ses recherches. </span></em></p>
La fragilité vis-à-vis des vagues de chaleur dépend de l’âge, de la région où l’on vit, mais aussi d’autres facteurs économiques et psychologiques.
Dorothée Charlier, Maîtresse de conférences en économie de l’énergie et de l’environnement, IAE Savoie Mont Blanc
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/204497
2023-06-11T16:17:24Z
2023-06-11T16:17:24Z
Mobilité : les papy-boomers dans une impasse ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/530103/original/file-20230605-27-ef72ll.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C48%2C6526%2C4288&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La génération des 'baby-boomers' s'est habituée à la voiture comme mode de déplacement privilégié au risque d'en devenir complètement dépendant, au détriment de transports collectifs, dont l'usage, avec le tout numérique, est devenu parfois trop complexe.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/gens-voiture-vehicule-senior-6647024/">rdne stock project/pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Les mêmes raisons démographiques qui ont fait de la France un pays jeune au sortir de la guerre en font mécaniquement un pays vieux jusqu’en 2045. Un Français sur quatre a aujourd’hui plus de 60 ans ; <a href="https://www.mobiliteinclusive.com/wp-content/uploads/2020/07/Article-RF-familles-face-au-grand-%C3%A2ge-Dreyfuss-003.pdf">ils seront un tiers en 2060</a>. L’année 2014 a été marquée par un tournant symbolique où les personnes de plus de 60 ans, en France métropolitaine, sont <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/3353488/TEF2018.pdf">devenues plus nombreuses</a> que les moins de 20 ans. Sans nier la persistance de situations de pauvreté, ces désormais « papy-boomers » qu’on qualifie parfois aussi « d’enfants gâtés des trente glorieuses », ont bénéficié d’une mobilité sociale ascendante dans l’ensemble. Mais qu’en est-il de leur mobilité quotidienne ?</p>
<h2>Une méconnaissance des alternatives à la voiture</h2>
<p>Les premiers résultats d’une <a href="https://www.cerema.fr/fr/actualites/mobilite-personnes-agees-territoire-metropole-lille-cerema">enquête longitudinale</a> sur la métropole lilloise soulèvent un certain nombre d’inquiétudes sur l’avenir des déplacements des personnes âgées. Notre enquête pointe une méconnaissance des alternatives à la voiture dont la maîtrise pourrait pourtant s’avérer utile dans un avenir proche. Comment mieux accompagner les seniors dans l’anticipation de leurs mobilités quotidiennes sans voiture ?</p>
<p>On distingue en sociologie les notions de strate d’âge et de groupe d’âge de celle de génération. La première permet de différencier la succession des étapes physiologiques qui constituent un parcours de vie ; la seconde désigne l’ensemble des personnes appartenant à une même tranche d’âge à un instant T. Quant à la <a href="https://www.puf.com/content/Vieillir_apr%C3%A8s_la_retraite">notion de génération</a>, elle <a href="https://journals.openedition.org/lectures/612">« met davantage l’accent sur le partage d’une même vision du monde du fait d’une socialisation commune »</a> au sein d’une cohorte. </p>
<p>Pour les personnes qui font partie de la génération du baby-boom, la liberté individuelle est placée haut dans la <a href="https://theconversation.com/lautomobile-est-toujours-la-et-encore-pour-longtemps-169211">hiérarchie des valeurs</a>. Ainsi, l’automobile, conduite par toutes et tous, largement démocratisée après-guerre, a-t-elle tenu lieu d’emblème pour cette génération.</p>
<p>Les enquêtés le formulent en ces termes :</p>
<blockquote>
<p>« À l’époque [dans les années 60] c’était LA voiture. Ça donnait l’espace de liberté, ça nous permettait aussi d’élargir notre champ d’action… ce que font les jeunes aujourd’hui avec les avions. Moi, je faisais des rallyes. J’ai pratiquement fait 1 million de kilomètres en voiture, à raison de 50 000 km par an. J’ai eu pas mal de véhicules. » (M. A., 78 ans, Lille)</p>
<p>« Les années 60 étaient des années exceptionnelles, c’était quand même autre chose par rapport à la liberté, l’insouciance. Je plains les jeunes d’aujourd’hui. Déjà mes filles c’était déjà plus pareil. La voiture, c’est vraiment : faire ce que je veux, quand je veux, aller où j’ai envie, pas de contrainte. » (Mme B, 75 ans, Lille)</p>
<p>« Notre génération c’était en plein… la découverte de la voiture. Nos parents n’ont pas connu cette explosion. On est en plein dedans. L’utilisation de l’automobile nous a permis d’être très indépendants, très libres par rapport aux générations antérieures. » (Mme E., 75 ans, Roncq)</p>
</blockquote>
<h2>Le piège de l’indépendance à tout prix</h2>
<p>L’ascension sociale des « papy boomers » a permis à plusieurs d’entre eux d’accéder à la propriété et d’assouvir leurs rêves pavillonnaires, parfois isolés dans des territoires périurbains exclusivement accessibles en voiture. Mais, à trop espérer continuer à conduire, les baby-boomers se fourvoient-ils dans une impasse qu’ils contribuent eux-mêmes à refermer ?</p>
<p>Sur la métropole lilloise, <a href="https://data.progedo.fr/studies/doi/10.13144/lil-1152">nos données</a> montrent qu’entre 2006 et 2016, la baisse de la mobilité à pied, avec transfert vers la voiture, est nette chez les seniors, y compris pour des déplacements courts.</p>
<p>En 2016, les métropolitains âgés de 55 ans et plus (près de 300 000 personnes) réalisent chaque jour 120 000 déplacements en voiture de plus qu’en 2006 (+ 30 % d’augmentation). Cela s’expliquerait par le poids démographique plus important des « 55 ans et plus » (+ 9 %), leur mobilité en augmentation (+ 6 %) et leur utilisation plus forte de la voiture (dont la part modale gagne 11 %). Ils réalisent plus de 6 déplacements sur 10 en voiture (62 %), c’est au-delà de la <a href="https://participation.lillemetropole.fr/processes/concertationplandemobilite">moyenne des métropolitains (57 %)</a>. La perspective d’une politique publique de mobilité durable ciblant explicitement les seniors justifie notre enquête.</p>
<h2>Les personnes âgées captives de la voiture</h2>
<p>L’image d’Épinal de personnes âgées « captives » de la marche et des transports en commun est surannée sinon trompeuse. Les nouvelles personnes âgées sont plutôt devenues « captives » de leurs déplacements en voiture.</p>
<p>Certaines personnes sont évidemment adeptes – plus ou moins souvent – de la marche et des transports en commun. Notamment, des femmes n’ayant pas le permis ou ayant définitivement laissé le volant à leur conjoint. Mais nous constatons que plusieurs personnes refusent d’envisager des alternatives à la voiture aussi longtemps que leurs capacités de conduire le leur permettent.</p>
<p>Pour beaucoup, les transports en commun sont en effet synonyme d’âgisme : sentir le regard des autres sur son rythme de marche plus lent, à la moindre hésitation face à un automate ou en cas d’incapacité à rester debout longtemps. Elle se double d’un sentiment général d’insécurité largement suscité par le manque de propreté du métro et le risque de bousculades.</p>
<h2>Réapprendre à se déplacer sans voiture</h2>
<p>Nous faisons ainsi face à une impréparation des seniors à se tourner vers les transports en commun quand ils ne les prennent plus depuis longtemps. Cela supposerait d’en réapprendre les rudiments de fonctionnement. Or, les compétences requises pour prendre les transports en commun ont fortement évolué.</p>
<p>Certains de nos enquêtés regrettent qu’il faille désormais disposer d’un smartphone et de l’application en ligne pour consulter le plan du réseau, être informé d’un retard ou d’une déviation de ligne ; ils regrettent le temps des tickets en cartons qu’il suffisait de compter contrairement à la carte magnétique qui ne « dit » pas facilement combien de titres elle contient encore ni leur date de validité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Jour de grève RER A" src="https://images.theconversation.com/files/530973/original/file-20230608-25-9lenas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530973/original/file-20230608-25-9lenas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530973/original/file-20230608-25-9lenas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530973/original/file-20230608-25-9lenas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530973/original/file-20230608-25-9lenas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530973/original/file-20230608-25-9lenas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530973/original/file-20230608-25-9lenas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Retards sur les lignes, grèves, usage de billets électronique, sentiment d’insécurité, foule : de nombreux facteurs découragent les plus âgés à prendre les transports en commun.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dalbera/4193632442">Jean-Pierre Dalbéra/WIkimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ils expliquent ne pas bien faire la différence entre « abonnement » et « carte individuelle » et leurs propos trahissent leur perplexité face aux <a href="https://www.ilevia.fr/fr/18-les-offres-65-ans-et-">10 tarifs d’abonnement différents proposés rien qu’aux 65 ans et + par Ilévia</a> (le délégataire du service public de transport sur la métropole lilloise).</p>
<h2>Des ateliers dédiés</h2>
<p>Des ateliers de réapprentissage des transports en commun à destination de seniors faisant un usage exclusif de leur voiture voient le jour pour faire face à ce nouveau phénomène. Ils demeurent cependant peu nombreux. L’association <a href="https://compagnons.com/">Les Compagnons du voyage</a>, à Paris, ou <a href="https://www.ate-ge.ch/">ATE</a>, à Genève, offrent par exemple ce genre de services. À Lille, un organisme comme <a href="https://www.admr.org/aide-et-accompagnement-domicile">l’association ADMR</a> pourrait se montrer compétent également.</p>
<p>La pratique de la marche est très liée à la préférence pour les transports en commun (qui y invite) ou pour la voiture (qui la décourage). Chez les seniors, nous constatons que la marche reste valorisée, à défaut d’être pratiquée. Pour les personnes valides, elle s’envisage y compris sur des distances relativement longues (de l’ordre du kilomètre) pour garder la santé.</p>
<p>Il y aurait matière à innover en créant de vastes réseaux de trottoirs larges et aménagés de bancs qui relieraient villes, bourgs et villages, jusque dans les territoires périurbains. L’impréparation des seniors à remplacer leur mobilité automobile par la marche est surtout remarquable en ce qui concerne le transport de charges lourdes. Malheureusement, à moins qu’elles en aient fait l’acquisition tôt, plus les personnes vieillissent, plus elles renâclent à se doter de chariots à roulettes qu’elles jugent souvent stigmatisants.</p>
<h2>Valoriser l’autopartage et le covoiturage</h2>
<p>L’impréparation aux alternatives à la voiture solo concerne aussi l’autopartage. Déjà largement possesseurs de véhicules, les seniors interrogés ne voient pas quel pourrait être leur intérêt de s’impliquer dans un système d’autopartage.</p>
<p>C’est pourtant une excellente façon de réduire progressivement son usage de la voiture. L’autopartage convient en effet aux personnes qui parcourent peu de kilomètres, qui ont peu d’occasions d’utiliser la voiture, pour qui l’amortissement et l’assurance d’un véhicule deviennent démesurés ; des personnes qui accordent de l’importance à rouler avec des véhicules bien entretenus et pour qui la garantie du stationnement gratuit (en station) est un plus. Si les seniors répondent tout à fait à ce profil d’usager, ils en méconnaissent souvent l’existence et admettent accorder de l’importance à la propriété de leur véhicule.</p>
<p>Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a mis un coup d’arrêt aux mobilités collaboratives en général, au covoiturage en particulier. Le covoiturage suscite une opinion positive chez les baby-boomers à qui elle rappelle le stop, dont certains parlent avec nostalgie, favorables à l’idée d’un service qui vient en aide à des personnes non motorisées et plus jeunes.</p>
<p>Aux États-Unis, L’<a href="https://www.itnamerica.org/about">Independent Transportation Network</a>) (ITN) est un réseau fédéral de conducteurs volontaires pour les personnes âgées et malvoyantes basé sur un système de crédits cumulables et s’appuyant sur la solidarité intergénérationnelle entre 3<sup>e</sup> et 4<sup>e</sup> âge. Il contribue à l’anticipation par les seniors d’un avenir moins autonome, le conducteur d’hier se préparant sans difficulté à devenir le passager de demain. En France, il conviendrait sans doute d’imaginer aussi des systèmes de covoiturage d’entraide entre jeunes seniors (encore actifs) et personnes du quatrième âge (plus dépendantes) éventuellement selon les principes des <a href="https://www.jstor.org/stable/40989995">systèmes d’échanges locaux</a>).</p>
<h2>Tenir compte du handicap</h2>
<p>L’impréparation la plus flagrante, enfin, concerne la mobilité en situation de handicap. En France, on utilise encore volontiers la voiture quand, à l’étranger, on adopte des véhicules adaptés à situation de handicap équivalente. En Grande-Bretagne et de façon générale <a href="https://www.neurotech.org.nz/resources/publications/85/Sullivan_The_New_Zealand_Medical_Journal_2014.pdf">dans le monde anglo-saxon,</a> les chercheurs constatent l’essor des fauteuils roulants électrique (ou scooters) pour personnes âgées, appropriés pour des déplacements de quelques centaines de mètres quand on ne peut plus marcher.</p>
<blockquote>
<p>« Mon épouse a du mal à marcher. Même pour aller à 300 mètres, elle est trop essoufflée. Elle a fait un AVC il y a 15 ans et elle n’a plus beaucoup de résistance. Mais elle a toujours sa voiture. On a deux voitures ! Elle conduit au moins toutes les semaines, elle va faire une séance de kiné.
A-t-elle envisagé un fauteuil ? Non, elle se déplace avec sa canne… Et puis sinon, c’est moi qui suis chauffeur. » (M. M., 83 ans, Bondues).</p>
<p>« En France, il y a un remboursement de base pour le fauteuil électrique mais très vite, la Sécurité sociale considère que votre besoin relève du luxe. » (M. Ü, 69 ans, Marcq-en-Baroeul)</p>
</blockquote>
<p>Nos interlocuteurs méconnaissent ou renâclent à se déplacer en fauteuil ou tricycles (motorisés ou non) alors que ces véhicules pourraient pourtant répondre à certaines de leurs attentes. Étant donné <a href="https://www.google.com/search?client=firefox-b-e&q=scooter+for+elderly">leur prix</a>, sans doute qu’une meilleure prise en charge par la Sécurité sociale pourrait changer la donne.</p>
<h2>Anticiper devient une urgence</h2>
<p>Quant aux pratiques des deux-roues motorisés, du vélo et des trottinettes en ville, elles sont très largement impopulaires, jugées dangereuses tant pour soi que pour autrui et catégoriquement exclues. Militants mis à part, ces modes de déplacement sortent des champs du possible et ne constituent aucunement une alternative à l’usage de la voiture aux yeux des seniors.</p>
<p>Les processus de démotorisation liés à l’avancée en âge continuent – heureusement pour la sécurité routière – de se produire. Enfants et médecins sont autant de prescripteurs précieux pour convaincre et accompagner les personnes concernées. Mais l’arrivée des représentants de la génération du baby-boom dans les strates d’âges les plus élevées augure de difficultés supplémentaires. Si l’anticipation n’est pas suffisante, les ruptures de mobilité seront brutales et potentiellement douloureuses pour les personnes concernées.</p>
<hr>
<p><em>Pour le compte de la Métropole européenne de Lille, nous réalisons actuellement une enquête longitudinale sur la mobilité des seniors et ses évolutions sur la période 2020-2024. Cette enquête comporte un volet par quota (échantillon annuel de 1000 seniors de 65 ans et plus) ; un volet autoadministré auprès d’un panel de 243 personnes ; et un volet qualitatif par entretiens compréhensifs semi-directifs annuellement répétés auprès d’un panel diversifié de 27 ménages de plus de 65 ans.</em></p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204497/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joël Meissonnier n'a reçu aucun financement à titre personnel. La recherche à laquelle il contribue a tiré parti des données d'une étude co-financée par le CEREMA et la Métropole Européenne de Lille.</span></em></p>
Les premiers résultats d’une enquête sur la métropole lilloise soulèvent un certain nombre d’inquiétudes sur l’avenir des déplacements des personnes âgées, trop dépendantes à la voiture.
Joël Meissonnier, Chargé de recherche en sociologie des transports et des pratiques de mobilité, Cerema
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tag:theconversation.com,2011:article/204250
2023-06-02T14:18:17Z
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Le jus de canneberge peut prévenir les infections urinaires récurrentes, mais pas pour tous
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522212/original/file-20230420-24-ca81ra.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C1905%2C1273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les Premières Nations d’Amérique du Nord connaissent depuis longtemps les bienfaits de la consommation de canneberges, notamment en ce qui concerne les problèmes de vessie</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Beaucoup d’entre nous connaissent les canneberges comme un condiment savoureux pour agrémenter la dinde de Noël, ou le jus qu’on mélange à la vodka dans un Cosmopolitan. Vous avez peut-être aussi entendu dire que ces petits fruits <a href="https://www.phc.ox.ac.uk/news/blog/cranberry-for-acute-urinary-tract-infection-2013-an-old-wives2019-tale-or-mother-nature2019s-cure-1">préviennent les infections des voies urinaires</a> (IVU).</p>
<p>Bien que cela soit souvent considéré comme un mythe, notre <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD001321.pub6/full">nouvelle analyse des preuves</a> montre que la consommation de jus de canneberge ou de suppléments réduit le risque d’IVU à répétition chez les femmes, les enfants et les personnes qui y sont plus sensibles en raison d’interventions médicales. </p>
<p>En revanche, cela ne concerne pas les personnes âgées, les femmes enceintes ou les individus ayant des dysfonctionnements des mécanismes d’évacuation de la vessie. </p>
<p>L’étude n’a pas abordé l’utilisation de la canneberge pour le traitement de l’infection urinaire, et son jus <a href="https://kidney.org.au/uploads/resources/KHA-Factsheet-urinary-tract-infections-2018.pdf">ne peut pas guérir une IVU à lui seul</a>. Par conséquent, si vous avez une IVU, assurez-vous de consulter votre médecin généraliste ou un autre professionnel de la santé.</p>
<h2>Mais au fait, qu’est-ce qu’une infection urinaire ?</h2>
<p>Les infections des voies urinaires sont désagréables et très fréquentes. Environ un <a href="https://kidney.org.au/your-kidneys/what-is-kidney-disease/types-of-kidney-disease/utis">tiers des femmes</a> en souffriront à un moment ou à un autre de leur vie. Elles sont également courantes chez les personnes âgées et celles qui présentent des troubles de la vessie dus à une lésion de la moelle épinière ou à d’autres affections. </p>
<p>En général, une IVU donne l’impression d’uriner des lames de rasoir et la miction peut être malodorante, trouble et parfois teintée de sang. Parmi les autres symptômes, citons l’envie fréquente d’uriner, une sensation de picotement ou de brûlure lors de la miction et des douleurs dans le bas-ventre ou le bassin. </p>
<p>Les IVU sont causées par des bactéries. En principe, les bactéries ne vivent pas dans les voies urinaires, mais lorsqu’elles y parviennent, elles adhèrent à la paroi de la vessie, se multiplient et peuvent provoquer une infection. </p>
<p>Lorsqu’une IVU n’est pas soignée, elle peut se propager aux reins et entraîner des complications, telles que des douleurs intenses ou une septicémie (infection du sang) dans les cas les plus graves. </p>
<p>La plupart des IVU sont traitées efficacement et facilement par des antibiotiques. Parfois, une seule dose suffit à résoudre l’infection. Malheureusement, pour certaines personnes, les IVU sont récurrentes. </p>
<h2>Quelles sont les propriétés médicinales de la canneberge ?</h2>
<p>Les <a href="https://www.nationalgeographic.com/science/article/131127-cranberries-thanksgiving-native-americans-indians-food-history">Premières Nations d’Amérique du Nord</a> connaissent depuis longtemps les bienfaits de la consommation de canneberges, notamment en ce qui concerne les problèmes de vessie. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Canneberges sur un buisson" src="https://images.theconversation.com/files/521738/original/file-20230418-24-v1evw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521738/original/file-20230418-24-v1evw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521738/original/file-20230418-24-v1evw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521738/original/file-20230418-24-v1evw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521738/original/file-20230418-24-v1evw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521738/original/file-20230418-24-v1evw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521738/original/file-20230418-24-v1evw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La canneberge est un fruit originaire d’Amérique du Nord.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/cranberry-wild-bunch-red-berries-cranberries-2079933316">(Shutterstock)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plus récemment, dans les années <a href="https://www.auajournals.org/doi/10.1016/S0022-5347%2817%2950751-X">1980</a> et <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/366888">1990</a>, les chercheurs de laboratoire ont commencé à explorer plusieurs interprétations plausibles de ces avantages. </p>
<p>L’explication la plus communément admise est leur forte concentration d’antioxydants les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0753332219305359">proanthocyanidines</a>. Les canneberges (<em>Vaccinium macrocarpon</em>) – un fruit originaire d’Amérique du Nord – ont une concentration élevée en proanthocyanidines, qui protège le plant contre les microbes. </p>
<p>Les chercheurs pensent que ce composé empêche également la bactérie la plus courante à l’origine des infections urinaires – <em>Escherichia coli</em> (<em>E.coli</em>) – d’adhérer à la paroi de la vessie. </p>
<p>C’est cette capacité apparente qui, selon les chercheurs, est à l’origine des propriétés médicinales de la canneberge. </p>
<p>Toutefois, en l’absence de preuves solides de l’efficacité de la canneberge, les prestataires de soins de santé ne disposaient pas d’indications claires quant aux personnes susceptibles de bénéficier des bienfaits de ce fruit. En conséquence, le débat en cours dans la littérature didactique persiste depuis plus de 30 ans.</p>
<h2>L’évolution des preuves</h2>
<p>Périodiquement, les essais, traitements et interventions pour toutes sortes de problèmes de santé sont examinés par des chercheurs pour déterminer s’ils sont fondés sur des données probantes.</p>
<p>La preuve de l’efficacité est devenue une priorité et des essais randomisés ont commencé à être publiés à partir de 1994. La première compilation Cochrane de quatre essais cliniques sur ce sujet – <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD001322/full">publiée en 1998</a> – a conclu que les preuves étaient trop faibles pour en déterminer l’efficacité. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme se tient le bassin, en proie à la douleur" src="https://images.theconversation.com/files/521743/original/file-20230419-22-eipspl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521743/original/file-20230419-22-eipspl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521743/original/file-20230419-22-eipspl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521743/original/file-20230419-22-eipspl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521743/original/file-20230419-22-eipspl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521743/original/file-20230419-22-eipspl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521743/original/file-20230419-22-eipspl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les chercheurs étudient depuis longtemps le rôle de la canneberge dans la prévention des IVU.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/abdominal-pain-woman-stomachache-illness-menstruation-1840882021">(Shutterstock)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une revue Cochrane comprend l’identification de toutes les preuves académiques disponibles, évaluées par des pairs, sur un sujet de soins ou de politique de santé. Les données probantes sont examinées de manière indépendante et impartiale par les membres du <a href="https://www.cochrane.org/">Réseau Cochrane</a>, un réseau de chercheurs indépendants, de professionnels, de patients et de soignants désireux de répondre à des questions de santé.</p>
<p>Les mises à jour de 2004 et 2008 suggèrent que les produits à base de canneberge réduisent le risque de récidive d’infection urinaire chez les femmes, mais la plupart des études n’étaient pas considérées comme des preuves de haute qualité et les résultats ne se sont donc pas avérés concluants. </p>
<p>En 2012, le <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD001321.pub5/full">volume de preuves avait augmenté</a> pour atteindre 24 essais cliniques, mais les données étaient imprécises et les conclusions laissaient entendre que le jus de canneberge n’apportait aucun bénéfice. </p>
<p>Comme il s’agit de l’une des revues Cochrane les plus populaires et que le volume de données probantes ne cesse d’augmenter, il était important de la mettre à jour. </p>
<p>Au fil du temps, la recherche a permis d’améliorer la cohérence du mode de consommation de la canneberge – sous forme de jus ou de comprimés – ainsi que la mesure du dosage efficace et l’estimation de la quantité de principes actifs (proanthocyanidine) dans les différents produits. </p>
<h2>Quoi de neuf ?</h2>
<p>La mise à jour de notre <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD001321.pub6/full">revue Cochrane</a>, publiée récemment, comprend désormais 50 essais cliniques portant sur des produits à base de canneberge. </p>
<p>Plus de 8 800 personnes ont participé à ces essais cliniques, dans le cadre desquels des individus ont été assignés de manière aléatoire à prendre soit des produits à base de canneberge, soit un traitement factice – un placebo (une substance qui n’a pas d’effet thérapeutique) ou les « soins habituels » (les participants pouvant recevoir un autre produit préventif, tel que des probiotiques).</p>
<p>L’augmentation récente du nombre de preuves de haute qualité a montré que les produits à base de canneberge sont efficaces pour les personnes qui souffrent d’infections urinaires récurrentes ou qui sont susceptibles d’en souffrir. On parle de récurrence lorsque les IVU surviennent <a href="https://www1.racgp.org.au/ajgp/2021/april/recurrent-utis-and-cystitis-symptoms-in-women">deux fois ou plus en six mois</a>, ou trois fois ou plus en un an. </p>
<p>Les produits à base de canneberge réduisent le risque d’infections urinaires symptomatiques répétées, vérifiées par culture (testées en laboratoire) chez les femmes (d’environ 26 %), les enfants (d’environ 54 %) et les personnes susceptibles d’avoir des infections urinaires à la suite d’interventions médicales (d’environ 53 %).</p>
<p>Ces résultats ne concernent pas les personnes qui ne souffrent qu’occasionnellement d’infections urinaires, mais qui souhaitent les éviter. </p>
<p>La formulation et le dosage des produits à base de canneberge ne sont toujours pas clairs. Les données disponibles n’ont pas permis de déterminer si les comprimés ou les liquides sont plus efficaces, quel est le meilleur dosage de canneberge, ni pendant combien de temps les personnes doivent prendre ces produits pour en tirer tous les bénéfices. Les essais cliniques ont porté sur des durées variables de consommation de canneberges, allant de quatre semaines à 12 mois. </p>
<p>Parmi les nombreuses questions complexes abordées dans cette mise à jour figure celle du financement. Chaque essai clinique a été classé comme étant soit soutenu par des fonds provenant d’organisations commerciales (des fabricants de jus), soit mené par des organisations à but non lucratif (des universités ou des hôpitaux) qui ont payé pour leur propre produit à base de canneberge. </p>
<p>Toutefois, nous n’avons trouvé aucune différence dans les résultats des essais cliniques subventionnés par des entreprises de jus de fruits par rapport à ceux conduits par des établissements universitaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204250/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jacqueline Stephens reçoit des fonds du NHMRC, de la Channel 7 Children's Research Foundation, de Ferring Pharmaceuticals et de la Flinders Foundation.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabrielle Williams ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Une nouvelle étude montre que la consommation de produits à base de canneberge réduit le risque d’infections urinaires à répétition chez les femmes, les enfants et les personnes qui y sont plus sensibles en raison d’interventions médicales.
Jacqueline Stephens, Epidemiologist & Senior Lecturer in Public Health, Flinders University
Gabrielle Williams, Epidemiologist, University of Sydney
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/201827
2023-04-04T17:35:42Z
2023-04-04T17:35:42Z
Le « vieillir chez soi », une alternative aux Ehpad ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/515235/original/file-20230314-3245-hqredc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C7%2C1226%2C750&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une grande majorité des personnes âgées de plus de 65 ans déclarent ne pas souhaiter être prises en charge en établissement si elles devenaient dépendantes. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Elderly_Woman,_B%26W_image_by_Chalmers_Butterfield.jpg">Wikimedia commons</a></span></figcaption></figure><p>En France, on compte entre 1,3 et 3,9 millions de personnes âgées en perte d’autonomie, qui correspond à l’impossibilité totale ou partielle de réaliser seul un ensemble d’activités du quotidien. De nos jours, la probabilité d’atteindre un âge élevé est bien plus importante que par le passé. Il faut donc s’attendre à une forte <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4196949">croissance de la population âgée en perte d’autonomie</a>.</p>
<p>La publication début 2022 du livre-enquête <em>Les fossoyeurs</em>, le <a href="https://theconversation.com/grand-age-et-dependance-un-an-apres-l-affaire-orpea-ou-en-est-on-199431">scandale Orpea</a> ainsi que les vagues de l’épidémie de Covid-19 ont fait surgir sur la scène publique la question de la qualité de vie des personnes âgées en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (<a href="https://theconversation.com/fr/topics/Ehpad-52036">Ehpad</a>).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/grand-age-et-dependance-un-an-apres-l-affaire-orpea-ou-en-est-on-199431">Grand âge et dépendance : un an après l’« affaire Orpea », où en est-on ?</a>
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</p>
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<p>Pour respecter à la fois le souhait de la majorité des personnes âgées de « vieillir chez soi » et éviter ces situations catastrophiques en Ehpad, les politiques publiques ont pris un <a href="https://www.fondation-mederic-alzheimer.org/plfss-2022-le-gouvernement-accelere-le-virage-domiciliaire">« virage domiciliaire »</a>, visant à favoriser la prise en charge à domicile et la désinstitutionnalisation du grand âge.</p>
<h2>Une solution pas toujours idéale</h2>
<p>Cette idée que l’Ehpad doit être évité repose sur plusieurs éléments. D’abord, l’idée que les gens ne veulent pas aller vivre en établissement. Selon le <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2020-10/ER1148.pdf">baromètre</a> de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 60 % des personnes âgées de 65 ans ou plus n’envisagent pas d’être prises en charge en établissement si elles devenaient dépendantes.</p>
<p>Une prise en charge à domicile n’est pourtant pas toujours la solution idéale, et cela pour plusieurs raisons. D’abord parce que la réticence des personnes âgées ne concerne pas seulement la prise en charge en établissement mais aussi l’intervention de professionnels à leur domicile. Des <a href="https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2019-3-page-47.htm">travaux</a> indiquent que la temporalité des interventions peut contribuer à limiter l’adhésion à une aide pourtant essentielle lorsque l’autonomie se dégrade.</p>
<p>Deuxièmement, parce que les personnes sollicitent fréquemment leur entourage, lui aussi indispensable à une prise en charge à domicile. Les travaux de la Drees montrent que, pour rester à domicile lorsqu’on est dépendant, la <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/er1103.pdf">présence de l’entourage est incontournable</a> et son implication conséquente. Or, il apparaît que, dans les années à venir, davantage d’hommes vont vieillir sans conjointe ni enfant, et auront donc un <a href="https://www.ipp.eu/publication/vieillir-a-domicile-disparites-territoriales-enjeux-et-perspectives/">nombre d’aidants potentiels beaucoup plus réduit</a>.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd'hui</a>]</p>
<p>Comment feront ces personnes si elles souhaitent rester à leur domicile ? Les seniors les plus isolés socialement et fragiles économiquement <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/les-dossiers-de-la-drees/qui-vit-domicile-qui-vit-en-etablissement-parmi-les-personnes">qui se tournent aujourd’hui vers les Ehpad</a> pourront-ils trouver à domicile le soutien nécessaire ? Enfin, il faut souvent procéder à des travaux dans son logement, réorganiser les pièces pour éviter les chutes et l’aggravation de l’état de santé. Or, on se rend compte que les personnes ont plutôt tendance à s’adapter à leur logement <a href="https://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe-2017-3-page-15.htm">plutôt qu’adapter leur logement</a> à leur état de santé.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Flickr" src="https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/515246/original/file-20230314-3582-p4a85s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Dans le cadre d’une prise en charge à domicile, l’entourage reste incontournable.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le deuxième chiffre avancé est que le coût en établissement est plus élevé, à la fois pour les personnes et pour la dépense publique. La Direction de la sécurité sociale évalue qu’une personne dépendante paye de sa poche en moyenne <a href="https://www.securite-sociale.fr/files/live/sites/SSFR/files/medias/CCSS/2021/FICHES%20ECLAIRAGE%20SEPTEMBRE%202021/2021%20Septembre-Co%C3%BBt%20de%20la%20prise%20en%20charge%20des%20personnes%20%C3%A2g%C3%A9es%20selon%20leur%20degr%C3%A9%20d%E2%80%99autonomie%20et%20leur%20lieu%20de%20r%C3%A9sidence.pdf">50 euros par mois à domicile contre 1 025 euros par mois en établissement</a>, tandis que la dépense publique est en moyenne de 975 euros par mois à domicile contre 1 883 euros par mois en établissement.</p>
<h2>Des solutions alternatives onéreuses</h2>
<p>Mais les différences de coût domicile/établissement proviennent d’abord du fait que certains coûts à domicile ne sont pas pris en compte dans cette comparaison : c’est le cas, principalement, de l’aide de l’entourage et des aménagements du logement. C’est aussi lié au fait qu’on ne sait pas ce que serait le coût de la dépendance si les personnes les moins autonomes, plus isolées socialement, aux troubles souvent multiples, qui sont actuellement accueillies en établissement… restaient à domicile.</p>
<p>Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) estime qu’en faisant appel à des services d’aide à domicile dès qu’une personne est très sévèrement dépendante et a besoin de plus de 2,4 heures d’aide par jour, il est <a href="https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/notecoutselonlieuxdevie16.11.2021.pdf">moins coûteux pour elle de vivre en établissement</a>. 2,4 heures par jour, c’est relativement peu pour les personnes ayant besoin d’une assistance permanente, en cas de maladie d’Alzheimer par exemple.</p>
<p>Les solutions alternatives <a href="https://matieres-grises.fr/nos_publication/quand-les-babyboomers-auront-85-ans-projections-pour-une-offre-dhabitat-adapte-a-lhorizon-2030-2050/">actuellement mises en avant</a> (résidences services seniors, habitats partagés, etc.) restent pour autant peu développées, peu connues, n’apportent que peu de solutions médicales et restent souvent assez onéreuses. Par exemple, le groupe Domitys, acteur majeur du secteur des résidences services pour seniors, précise sur son <a href="https://www.domitys.fr/faq/residence-domitys/cout-vie-residence">site Internet</a> que, « pour une personne seule, habitant un deux-pièces et déjeunant au restaurant tous les midis, il faut compter 1 709 euros par mois » pour une place dans sa résidence à Poitiers. Or, 68 % des retraités ont actuellement une pension inférieure à 1 700 euros par mois.</p>
<p>Il apparaît donc essentiel d’évaluer les véritables besoins des personnes âgées afin de proposer des solutions adéquates, accessibles géographiquement et financièrement, et qui rencontreront l’adhésion des personnes concernées.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/519000/original/file-20230403-24-b0f4c4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre du <a href="https://www.printempsdeleco.fr/programme">Printemps de l’économie 2023</a>, qui se déroule du 5 au 7 avril au Conseil économique social et environnemental à Paris et dont The Conversation France est partenaire</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201827/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Un « virage domiciliaire » est actuellement prôné pour la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées. Non sans risques, si ce « virage » est pris dans de mauvaises conditions.
Amélie Carrère, Economiste, Institut National d'Études Démographiques (INED)
Delphine Roy, Directrice du programme "Santé et autonomie" de l'IPP, Paris School of Economics – École d'économie de Paris
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/185652
2023-03-28T14:22:33Z
2023-03-28T14:22:33Z
Pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, il faut retenir les professionnels plus âgés en emploi. Voici comment
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514990/original/file-20230313-2324-ji8h2b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=60%2C0%2C6720%2C4466&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bien des professionnels plus âgés souhaitent demeurer en emploi plus longtemps. Mais à certaines conditions.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le secteur de la finance et des assurances est confronté à d’énormes pressions, dont celui de la pénurie de main-d’œuvre <a href="https://www.revuegestion.ca/penurie-de-main-douvre-la-catastrophe-annoncee">qui touche aussi d’autres secteurs d’activité au Québec</a>. </p>
<p>Or, une partie de cette main-d’œuvre quitte leur emploi parfois à contrecœur, n’ayant guère d’autres options : les professionnels plus âgés, qui ont le sentiment que leurs besoins ne sont pas comblés par leurs gestionnaires. </p>
<p>Comme chercheurs en management, les incidences du vieillissement de la population sur les pratiques de gestion des ressources humaines s’avèrent cruciales à investiguer. Ma collègue Marie-Ève Beauchamp-Legault et moi-même <a href="https://doi.org/10.3390/su14010484">avons mené une étude par entrevues auprès de 19 professionnels âgés entre 51 et 62 ans du secteur de la finance</a> afin de comprendre ce qui les motive à rester en emploi plus longtemps, ou les démotive à le faire. </p>
<p>On sait qu’une <a href="https://www.lesoleil.com/2022/03/11/penurie-de-main-duvre-des-incitatifs-pour-favoriser-le-retour-au-travail-des-aines-f3e6c09cbd4b943cc30786447869db53">meilleure rétention sur le marché du travail des travailleurs plus âgés</a> figure parmi les solutions pour atténuer la pénurie actuelle de main-d’œuvre. Mais comment faire ? Nos résultats confirment <a href="https://doi.org/10.1146/annurev-orgpsych-032516-113108">l’importance de satisfaire leurs besoins de compétences, d’autonomie et de relations</a> ainsi <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2018.01157/full">que celui de bienfaisance</a>. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quelles-solutions-pour-prolonger-la-vie-professionnelle-des-travailleurs-plus-ages-183177">Quelles solutions pour prolonger la vie professionnelle des travailleurs plus âgés ?</a>
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</em>
</p>
<hr>
<h2>Répondre aux besoins d’autonomie</h2>
<p>Nos résultats montrent que les professionnels âgés ont besoin d’accommodements personnalisés tant sur le plan du contenu du travail (charge, rythmes, tâches) que des horaires et du temps de travail (exemption des heures supplémentaires ou des quarts de nuit, congés supplémentaires, travail partagé, horaire flexible, temps partiel). </p>
<p>On peut penser ici que le travail entièrement ou partiellement à distance, très fréquent dans cette industrie, devrait favoriser le prolongement de la vie active des professionnels âgés. Évidemment, ces derniers doivent pouvoir bénéficier de ces pratiques sur une base volontaire pour satisfaire leur besoin d’autonomie. Si ces pratiques sont imposées, elles peuvent précipiter leur départ. </p>
<p>Voici quelques extraits à ces sujets, provenant de nos interviewés, hommes et femmes, âgés entre 51 ans et 62 ans. </p>
<blockquote>
<p>D’ici un an, je vais ralentir ou arrêter parce qu’il est clair que je ne veux pas continuer à 110 %. J’aimerais avoir la possibilité de travailler à distance, de ne pas être obligé d’être physiquement au bureau. Si l’organisation n’est pas en mesure de répondre à ce besoin-là, je devrai trouver une réponse à l’extérieur de l’organisation.</p>
<p>Un élément important pour la rétention en emploi, c’est la conciliation travail-famille. Les jeunes cherchent une flexibilité parce que l’enfant est à la garderie, puis à l’école. Pour les personnes plus âgées, leur conciliation travail-famille, c’est quelquefois avec un conjoint plus âgé qui est malade et qui a besoin d’attention.</p>
<p>J’ai un nouvel emploi depuis l’an passé qui est peu moins accaparant. Avant, je travaillais six jours par semaine. On m’a offert un emploi moins exigeant […] mais j’ai encore un défi intéressant et j’apprends encore.</p>
<p>J’ai demandé ouvertement de ralentir un an avant. […] j’ai demandé de ralentir, de diminuer mes responsabilités. J’ai demandé de me faire travailler à temps partiel, mais ils n’ont pas voulu. Je suis partie. </p>
</blockquote>
<p>Comme on sait <a href="https://www.jstor.org/stable/24883701">que les employés plus âgés peuvent aussi continuer à travailler par nécessité financière</a>, il importe de leur offrir une rémunération suffisante en reclassant leurs postes, en leur octroyant des primes, des congés plus nombreux ou plus long, des prestations d’assurance maladie ou d’autres avantages (conseils financiers ou de retraite, centres sportifs). </p>
<p>Il importe aussi de revoir les modalités de retraite (retraite progressive ou différée) ou la possibilité de continuer à travailler après l’âge de la retraite (prestations de transition supplémentaires, pensions accrues). </p>
<h2>Répondre aux besoins de compétences</h2>
<p>Comme le manque de compétences peut inciter les professionnels âgés à prendre une retraite anticipée, il importe d’investir dans leur perfectionnement, de leur offrir des défis ainsi que des promotions afin de signaler la valeur de leurs contributions. </p>
<p>On peut alors penser à revoir le contenu de leur travail de manière à ce qu’ils puissent maintenir ou améliorer leurs compétences au cours d’une deuxième carrière, des transferts, des affectations particulières comme la consultation, le mentorat ou l’encadrement de jeunes recrues. </p>
<blockquote>
<p>J’ai la chance de pouvoir bénéficier de formations. J’essaie de me tenir informée justement pour ne pas me sentir dépassée.</p>
<p>Il y a beaucoup de personnes qui ont quitté trop rapidement l’organisation. Ils n’ont pas eu le temps de transmettre ce qu’ils savaient […]. Un plus grand transfert des compétences du personnel âgé qui ont une valeur pour l’organisation favoriserait leur implication et leur rétention. </p>
</blockquote>
<h2>Répondre aux besoins de relation des travailleurs âgés</h2>
<p>Malgré l’absence de preuves empiriques, les stéréotypes négatifs à l’égard des travailleurs âgés peuvent persister (ils sont moins compétents, résistent au changement, ont moins de capacité d’apprendre) et les inciter à prendre leur retraite. </p>
<p>Selon certains participants, les professionnels de la finance sont susceptibles d’être considérés comme « vieux » plus tôt que ceux d’autres secteurs. Confronté à d’importants changements technologiques, le secteur des services financiers pourrait être plus vulnérable à l’âgisme, à la discrimination liée à l’âge et à la stigmatisation. Il importe de veiller à déployer une culture et un climat de travail où les contributions des employés plus âgés sont respectées et valorisées.</p>
<blockquote>
<p>Il faut savoir utiliser leur savoir pour les inciter à rester plus longtemps au travail. Il faut mêler les générations. Sinon, le travailleur âgé finit par décrocher un peu. Il ne se retrouve pas comme tout ce qu’il a mis en place n’est plus pareil. </p>
</blockquote>
<h2>Répondre aux besoins de se sentir utile</h2>
<p>Les participants à notre étude expriment également ressentir un besoin de bienfaisance, c’est-à-dire de se sentir utile et de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2018.01157/full">faire une différence en mettant leurs expériences, compétences et temps aux services des autres</a>. Il importe alors de faire en sorte que le travail des employés âgés ait un sens ou soit significatif à leurs yeux.</p>
<blockquote>
<p>Pour moi, ce qui m’incite à poursuivre, c’est de me rendre utile, de servir à quelque chose. </p>
<p>Rendu à un certain âge, la chose la plus importante, c’est de se sentir utile pour la société. C’est ce qui m’incite à continuer à travailler. </p>
</blockquote>
<h2>À la recherche de nouvelles solutions</h2>
<p>Cette étude n’est pas sans certaines limites. Nos participants sont tous des professionnels âgés du secteur canadien des services financiers, de sorte que les résultats ne peuvent pas être généralisés à l’ensemble des secteurs. De plus, les comportements des employés âgés dépendent de mesures gouvernementales qui ne sont pas sous le contrôle des employeurs, ni celui des employés. </p>
<p>Des mesures fiscales doivent aussi encourager, du moins ne pas décourager, l’extension de la vie professionnelle. De plus, il est possible que nos participants minimisent ou sous-estiment l’importance de facteurs hors de leur contrôle et de celui de leur employeur, qui peuvent les inciter à prendre une retraite ou encore, à aller travailler ailleurs ou à leur compte. Pensons, par exemple, aux problèmes de santé d’un ou d’une proche, une fusion, une restructuration ou un licenciement massif. </p>
<p>Les employeurs doivent trouver de nouvelles solutions à leur problème de pénurie de main-d’œuvre et répondre aux travailleurs âgés en bonne santé qui souhaitent continuer à travailler. Les employés âgés veulent plus qu’une relation économique. Il importe de considérer leurs besoins afin de les retenir sur le marché de l’emploi plus longtemps <a href="https://doi.org/10.3917/rs1.078.0045">pour le bénéfice de tous : les employés, les employeurs et la société</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185652/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cette étude s'inscrit dans un programme de recherche financé par le Conseil de la recherche en sciences humaines (CRSH). Il a aussi été appuyé par Finance Montréal et MITACS.</span></em></p>
Avec la pénurie de main-d’œuvre, la rétention au travail des employés plus âgés est essentielle. Pour ce faire, il importe de satisfaire leurs besoins de compétences, d’autonomie et de relations.
Sylvie St-Onge, Professeur titulaire de Management et GRH/ Ph. D., ASC, CRHA Distinction Fellow et Chercheuse Fellow à CIRANO, HEC Montréal
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/200760
2023-03-19T16:16:32Z
2023-03-19T16:16:32Z
Vieillir : l’âge est-il un bon repère ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/512869/original/file-20230301-26-mmrbwy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">A 65 ans, en France, il vous reste à vivre entre onze et treize années en bonne santé en moyenne.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/lesperance-de-vie-sans-incapacite-65-ans-est">Ravi Patel / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>La nouvelle réforme des retraites a provoqué des débats houleux dans tout le pays depuis de longues semaines et une même formule est revenue comme un mantra : « les chiffres le disent : la <a href="https://theconversation.com/vieillissement-demographique-de-la-france-a-quoi-sattendre-dici-un-demi-si%C3%A8cle-177935">population vieillit</a> ». Et c’est vrai.</p>
<p>L’espérance de vie à la naissance a quasiment doublé au cours du XX<sup>e</sup> siècle et s’accroît toujours de manière continue. L’espérance de vie à la naissance, à 1 an, à 20 ans, à 40 ans, ou à 60 ans a même <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2416631">augmenté de quelques mois depuis 10 ans</a>. L’espérance de vie sans incapacité, c’est-à-dire sans être limité dans la vie quotidienne, augmente parallèlement à celle de l’espérance de vie. </p>
<p>La récente <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/lesperance-de-vie-sans-incapacite-65-ans-est">étude</a> publiée par la Drees l’atteste, les années de vie gagnées le sont surtout en bonne santé. La <a href="https://theconversation.com/pile-ou-face-ce-que-les-modeles-statistiques-nous-enseignent-sur-la-probabilite-de-vivre-au-dela-de-110-ans-182834">longévité maximale</a> (durée de vie maximale jamais observée) semble également avoir atteint un <a href="https://theconversation.com/depasser-le-cap-des-100-ans-les-scientifiques-tentent-de-percer-le-mystere-172660">plateau élevé</a>. Depuis les années 1990, l’âge de décès de ceux qu’on appelle désormais les <a href="https://www.nature.com/articles/nature19793">super-centenaires</a> s’est stabilisé aux alentours de 110 ans.</p>
<p>Mais, que nous disent réellement ces chiffres ? Et pourquoi renvoyer à tel ou tel indicateur ? Il est certes nécessaire de <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/jeux/l-esperance-de-vie/">comprendre ce qu’ils sous-tendent</a>, mais aussi de ne pas penser uniquement le vieillissement à partir de l’âge chronologique. Ce repère ne peut décrire l’hétérogénéité des situations vécues. En reposant sur la seule référence chronologique, le discours se rend perméable à des interprétations biaisées et perd de sa valeur.</p>
<h2>Repenser le vieillissement</h2>
<p><a href="https://academic.oup.com/ageing/article/49/5/692/5831206">La crise Covid l’a rappelé</a>, utiliser l’âge chronologique comme seul critère est une simplification qui s’appuie sur des <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-de-Covid-19-a-aggrave-lagisme-dans-notre-societe-168460">représentations stéréotypées</a>. L’âge avait alors pu être utilisé comme critère de <a href="https://www.liberation.fr/planete/2020/03/19/la-selection-des-malades-divise-le-corps-medical-italien_1782400/">sélection des bénéficiaires de soins urgents</a>, établissant une rupture avec le principe d’équité pour l’accès aux soins.</p>
<p>En France, ces <a href="https://theconversation.com/seniors-comment-travailler-plus-longtemps-quand-personne-ne-vous-recrute-plus-198464">stéréotypes âgistes</a> auraient pour partie été favorisés par la construction d’une <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/assurer-la-vieillesse-la-longue-histoire-des-retraites-5133032">représentation négative de la vieillesse associée aux régimes des retraites</a> (à partir de la loi de 1905, première grande loi sociale à s’intéresser aux « vieux »). Simone de Beauvoir le soulignait déjà en 1970 dans <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/la-vieillesse-de-simone-de-beauvoir-1560429"><em>La Vieillesse</em></a> :</p>
<blockquote>
<p>« Ce qui caractérise l’attitude pratique de l’adulte à l’égard des vieillards, c’est sa duplicité. Il se plie jusqu’à un certain point à la morale officielle que nous avons vu s’imposer dans les derniers siècles et qui lui enjoint de les respecter. Mais il a intérêt à les traiter en êtres inférieurs et à les convaincre de leur déchéance. » (les comportements de discrimination à l’égard des plus âgés étant supposément destinés à favoriser une relation d’autorité de la part des adultes plus jeunes.)</p>
</blockquote>
<p>Depuis, la recherche sur les stéréotypes âgistes a montré qu’ils peuvent être intégrés dès le plus jeune âge, pour exister tout au long de la vie, y compris à un âge avancé. On sera toujours le vieux de quelqu’un, quel que soit son âge. Or, l’âgisme a des <a href="https://www.who.int/fr/news/item/18-03-2021-ageism-is-a-global-challenge-un">conséquences majeures sur l’accès à l’emploi ou sur la santé</a>. L’Organisation mondiale de la santé <a href="https://www.who.int/fr/news/item/18-03-2021-ageism-is-a-global-challenge-un">estime</a> notamment que 6,3 millions de cas de dépression dans le monde sont dus à l’âgisme.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Y3YJDxK-GFg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Edgar Morin : « La vieillesse est dévaluée ».</span></figcaption>
</figure>
<h2>Sortir d’une vision purement décliniste</h2>
<p>Les recherches menées en gérontologie apportent des connaissances désormais solides et utiles pour adopter un positionnement plus éclairé sur ces questions.</p>
<p>Depuis les travaux de <a href="https://ia600708.us.archive.org/view_archive.php?archive=/28/items/crossref-pre-1923-scholarly-works/10.1037%252Fh0070848.zip&file=10.1037%252Fh0071260.pdf">Foster et Taylor</a> (1920), on sait que les résultats aux tests d’intelligence déclinent avec l’avancée en âge. Pourtant, garder cette perspective décliniste n’est pas juste. On considère en effet aujourd’hui qu’il existe un profil différentiel du vieillissement cognitif : les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/tops.12078">compétences de raisonnement déclinent plus précocement et plus rapidement que les connaissances verbales</a>. Les situations qui demandent de traiter rapidement plusieurs informations de manière simultanée sont celles qui sont le plus affectées par le vieillissement, contrairement à celles qui s’appuient sur les connaissances et les compétences issues de l’expérience, qui sont bien préservées. Un <a href="https://sls.psychiatry.uw.edu/">suivi longitudinal</a> mené pendant 35 ans – à partir de 1956 – auprès d’un échantillon d’environ 2 500 personnes à Seattle (États-Unis) a également montré que l’avancée en âge se traduit par une augmentation des différences entre les individus. Vieillir c’est devenir différent les uns des autres.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Les données citées, parmi bien d’autres, soulignent la nécessité de reconnaître que chaque personne âgée possède des compétences bien présentes, qui doivent être objectivement appréhendées. Il ne s’agit pas seulement d’individus caractérisés par leurs limites. Ce sont des citoyens qui peuvent partager, à partir de connaissances souvent solides.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Personne âgée en train de bricoler" src="https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les connaissances issues de l’expérience sont bien préservées et beaucoup moins affectées par le vieillissement que d’autres types de connaissances et compétences.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/tnYWFvk-frU">Carter Yocham/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Penser la coopération tout au long de la vie</h2>
<p>Alors oui, « les chiffres le disent », le vieillissement de la population devient de plus en plus prégnant, ce qui, pour certains, peut paraître inquiétant. Et le vieillissement de la population modifie la vie telle qu’elle était connue jusqu’à présent.</p>
<p>Dans le contexte professionnel, les personnes les <a href="https://academic.oup.com/gerontologist/article/58/2/e1/2894393">plus âgées sont fréquemment décrites</a> comme loyales et fiables, mais aussi moins capables de s’adapter au changement. Quand elles sont confrontées aux attitudes qui découlent de ces représentations âgistes, elles se sentent plus stressées et <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/canadian-journal-on-aging-la-revue-canadienne-du-vieillissement/article/abs/la-sante-en-peril-repercussions-de-la-communication-agiste-sur-le-desengagement-psychologique-et-lestime-de-soi-des-infirmiers-de-45-ans-et-plus/66EAD0342A32CB99D304F25B4DBF1340">moins engagées dans leur environnement de travail</a>. Elles peuvent même avoir l’intention de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01973530903435763?journalCode=hbas20">prendre plus précocement leur retraite</a>.</p>
<p>Le vieillissement est pourtant une opportunité, qui s’appuie sur le développement de compétences socio-émotionnelles fortes. À partir des recherches qu’elle a initiées au milieu des années 1980, Laura Carstensen, professeure de psychologie à l’université Stanford (États-Unis), a mis en évidence les formidables capacités d’adaptation sociale des personnes qui vieillissent. En avril 2020, son <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956797620967261">équipe de recherche a interrogé 945 personnes, de 18 à 76 ans</a>. Leurs conclusions sont claires : l’avancée en âge est associée à un meilleur bien-être émotionnel, y compris dans le contexte de la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Le vieillissement de la population met au premier plan le besoin de repenser les relations sociales pour qu’elles deviennent des relations de coopération qui associent toutes les générations. Au-delà de la reconnaissance des compétences des personnes qui vieillissent, il s’agit certainement aussi de reconnaître mieux une valeur à l’engagement durant toute l’existence, qu’il s’agisse d’un engagement professionnel ou informel. On peut à titre d’exemple citer les nombreuses activités de l’association <a href="https://www.oldup.fr/">Old’up</a>, qui ambitionne de rendre compte de la variété des actions menées par les personnes âgées.</p>
<p>Vieillir, c’est – pour reprendre l’<a href="https://www.ourcivilisation.com/smartboard/shop/fowlerjh/chap17.htm">allégorie de Mirza</a> – parcourir collectivement un pont, parsemé de trappes, dans lesquelles on peut tomber, mais que l’on peut aussi éviter. Penser le vieillissement implique donc de s’intéresser à l’évolution des capacités tout au long de la vie, en réponse à des exigences de plus en plus nombreuses. Le processus de vieillissement est complexe, hétérogène et adaptatif. Cette réalité peine à prendre sa place dans le discours public. Il est pourtant urgent de l’intégrer à celui-ci, et ne plus se contenter d’arguments trop simplificateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200760/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Monfort est vice-présdent de la Société Auvergne Rhône Alpes de Gérontologie. </span></em></p>
Le processus de vieillissement est complexe, hétérogène et dynamique. Cela peine à prendre sa place dans le discours public, où une approche par l’âge, trop simplificatrice, prédomine encore.
Emmanuel Monfort, Maître de conférences en Psychologie, Université Grenoble Alpes (UGA)
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tag:theconversation.com,2011:article/200019
2023-02-15T23:12:40Z
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Quels effets sur la santé des seniors d’un report de l’âge légal de départ en retraite ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/510378/original/file-20230215-22-l1en85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C15%2C924%2C598&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Après la réforme de 2010, le coût des indemnités journalières liées à l’absence pour maladie a augmenté en moyenne chaque année de 4,2%.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pour une deuxième semaine, la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reforme-des-retraites-82342">réforme du système de retraite</a> voulue par le gouvernement est débattue par les parlementaires. Une semaine marquée ce jeudi 16 février par une <a href="https://www.ouest-france.fr/economie/retraites/greve-du-jeudi-16-fevrier-contre-la-reforme-des-retraites-a-quoi-faut-il-sattendre-67ec3fb0-ac43-11ed-b6e3-38da84828b93">quatrième journée de mobilisation intersyndicale</a>.</p>
<p>En attendant l’examen des amendements portant sur le recul de l’âge légal de 62 à 64 ans, les députés d’opposition ont fait échec à la proposition gouvernementale de création d’un <a href="https://www.bfmtv.com/politique/parlement/reforme-des-retraites-l-assemblee-nationale-rejette-l-article-2-sur-l-index-seniors-dans-les-entreprises_AD-202302140801.html">index senior</a>, au grand dam des ministres en charge du dossier.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1625622449797603328"}"></div></p>
<p>L’idée était d’obliger les entreprises à publier leurs statistiques d’embauche de salariés en fin de carrière pour les inciter à embaucher ou garder en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/emploi-20395">emploi</a> des salariés plus âgés, sans toutefois les y contraindre, en réponse à des <a href="https://theconversation.com/reforme-des-retraites-des-craintes-pour-lemploi-des-seniors-a-nuancer-198540">craintes pour l’emploi des seniors</a>. Des participants au débat, pensifs quant à l’utilité du dispositif, ont notamment avancé que les travailleurs seniors ont un risque assez élevé de se retrouver en <a href="https://twitter.com/LCP/status/1625153970992709633">congés maladie</a> de longue durée ou en situation d’invalidité.</p>
<p>C’est sur ce point que nos <a href="https://ceet.cnam.fr/publications/connaissance-de-l-emploi/age-legal-de-depart-en-retraite-et-absences-maladie-quels-effets-du-passage-a-62-ans-en-2010--1394102.kjsp?RH=1507626697168">travaux</a> récents ont porté, proposant une évaluation des effets de la réforme de 2010 sur les absences maladie des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/seniors-38909">seniors</a>.</p>
<h2>Une équation financière pas systématiquement positive</h2>
<p>La principale mesure de cette réforme avait été l’augmentation de 2 ans des âges légaux, d’ouverture des droits comme d’annulation de la décote. Ils sont passés respectivement de 60 et 62 à 62 et 64 ans, et ce, dans un délai remarquablement court, 5 ans.</p>
<p>Étaient visées une réduction de la charge des pensions et une augmentation du taux d’activité des seniors pour limiter le déficit des caisses d’assurance-retraite. Le nouveau texte a, de fait, induit une augmentation des taux d’activité des seniors. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la proportion des personnes âgées de 60 ans en emploi s’est accrue de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2546882">17 points de pourcentage pour les hommes et de 16 points pour les femmes</a> tandis que la proportion au chômage s’est accrue de 7 et 6 points de pourcentages, respectivement.</p>
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<p>En fin de carrière, cette hausse du chômage est même mesurée à 13 points de pourcentages par d’autres <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-pension-economics-and-finance/article/abs/employment-and-substitution-effects-of-raising-the-statutory-retirement-age-in-france/4286104DFC75D283D1652996120C2B1C">études</a>. Combiné à une hausse de l’invalidité de 6 points, cela pèse sur les régimes d’assurance sociale alternatifs à la retraite. La Cour des comptes n’a pas manqué de le relever dans un <a href="https://www.ccomptes.fr/fr/publications/securite-sociale-2019">rapport de 2019</a>. Elle pointe une croissance notable des dépenses pour le risque maladie : dans les années qui ont suivi la réforme, le coût des indemnités journalières liées à l’absence pour maladie a augmenté en moyenne chaque année de <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-10/20191008-synthese-rapport-securite-sociale-2019.pdf#page=19">4,2 %</a> pour atteindre <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-10/20191008-rapport-securite-sociale-2019-2.pdf#page=20">8 milliards d’euros</a> en 2017. Une part non négligeable de cette hausse est attribuée au <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-10/20191008-rapport-securite-sociale-2019-2.pdf#page=20">vieillissement</a> de la population des salariés.</p>
<p>En même temps qu’elle prolonge la durée de cotisations à l’assurance-retraite, l’allongement de la vie semble en même temps augmenter, dans une moindre mesure toutefois, d’autres dépenses. Au-delà d’un enjeu financier pour des organismes publics, c’est aussi, pour les entreprises, des absences plus fréquentes de salariés qu’il leur faut pallier.</p>
<h2>Des arrêts maladie plus fréquents, plus longs et plus nombreux après 60 ans</h2>
<p>Pour le documenter, nous avons, dans nos <a href="https://ceet.cnam.fr/publications/connaissance-de-l-emploi/age-legal-de-depart-en-retraite-et-absences-maladie-quels-effets-du-passage-a-62-ans-en-2010%E2%80%931394102.kjsp?RH=1507126380703">travaux</a>, mobilisé une base de données administratives dans laquelle les mêmes individus sont suivis sur plusieurs années : le panel <a href="https://www.irdes.fr/recherche/partenariats/hygie-systeme-d-information-sur-les-indemnites-journalieres/actualites.html">Hygie</a> sur la période 2005-2015, mis en place par l’<a href="https://www.irdes.fr/recherche/partenariats/hygie-systeme-d-information-sur-les-indemnites-journalieres/actualites.html">Irdes</a> après un appel d’offres de la Drees, direction statistique du ministère de la Santé. Il combine des données administratives de la Caisse nationale de l’assurance vieillesse avec celles de la Caisse nationale de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/assurance-maladie-21865">assurance maladie</a>.</p>
<p>Pour mesurer l’impact d’un décalage de l’âge légal de départ sur la fréquence des absences maladie, il faudrait pouvoir observer ce qui se serait passé chez ceux qui ont pu prendre leur retraite à 60 ans s’ils avaient travaillé jusqu’à l’âge 62 ans, ce qui est impossible. On peut néanmoins trouver moyen de trouver une approximation pour cet élément de comparaison que l’on appelle, en statistique, le contre-factuel.</p>
<p>En comparant les toutes premières générations concernées par la retraite à 62 ans (les individus nés entre 1952 et 1954) avec les toutes dernières à y avoir échappé (1946-1951), on peut ainsi réduire un certain nombre de biais. On peut en effet supposer plus de ressemblance entre la trajectoire réelle des individus nés en 1952 avec celle, fictive, des individus nés en 1950 que si l’on comparait les générations 1940 et 1958.</p>
<p>L’idée est la suivante. Avec des départs en retraite, une génération voit logiquement le nombre d’individus concernés par un ou plusieurs arrêts maladie chuter (puisqu’on n’est pas arrêté pour maladie lorsque l’on est retraité). Cela survient à 60 ans avant l’entrée en vigueur de la réforme de 2010, à 62 ans après. Si l’on compare donc nos deux groupes entre 60 et 62 ans, l’un aura connu cette chute et pas l’autre. La différence s’expliquera donc a priori largement par un décalage de l’âge légal.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510342/original/file-20230215-22-1kbvdr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La méthode dite de « régression avec discontinuité ».</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour rendre les deux groupes aussi comparables que possible du point de vue de leurs caractéristiques individuelles, toute autre que l’âge de départ en retraite, on va également tenir compte de ces dernières dans nos calculs. Parmi ces caractéristiques figurent le salaire des individus, le temps qu’ils ont passé au chômage durant l’ensemble de la carrière ou encore leur catégorie socioprofessionnelle.</p>
<p>Nous avons ainsi pu mettre en regard entre nos deux groupes, la probabilité de connaître au moins un arrêt de travail sur une année, la durée annuelle cumulée d’arrêts-maladie et le nombre d’épisodes d’arrêts-maladie dans l’année d’observation. Les analyses économétriques confirment bien que la hausse de l’âge d’ouverture des droits explique une large part de l’augmentation significative de la probabilité, après 60 ans, d’être arrêté pour maladie sur une année de l’ordre de 1,7 point de pourcentage. Le nombre annuel cumulé de jours d’arrêt augmenterait, lui, d’un peu plus d’un jour et le nombre annuel d’arrêts maladie, de 0,02.</p>
<h2>Des populations plus sensibles que d’autres</h2>
<p>De manière générale, une grande hétérogénéité apparaît au-delà de ces moyennes. Il s’avère notamment que la réforme des retraites de 2010 a effectivement eu un effet plus fort sur la probabilité d’arrêt pour les individus considérés en mauvaise santé et ayant connu des événements de santé comme les accidents de travail et maladies professionnelles conduisant à des absences maladie de longue durée par le passé (hausse de 2,2 points de pourcentage contre 1,2 point de pourcentage pour ceux en bonne santé). L’effet de la réforme sur le nombre de jours annuel de maladie est également plus important pour ces individus en mauvaise santé avant le report de l’âge légal d’ouverture des droits entraînant une augmentation de 1,8 jour environ.</p>
<p><iframe id="rksVm" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/rksVm/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les différences semblent, en outre, plus marquées pour les femmes que pour les hommes s’agissant de la probabilité d’arrêt ou du nombre d’épisodes d’arrêt. Elles restent toutefois moins importantes en ce qui concerne le nombre annuel de jours d’arrêt.</p>
<p>Pareilles observations suggèrent l’importance pour des projets d’évolution des paramètres de retraite, comme la réforme en débat actuellement, de mesures permettant de tenir compte de l’hétérogénéité des situations parmi la population active, avec une prise en compte de la pénibilité et de l’état de santé des salariés. Cela peut passer par des mesures de prévention, une amélioration des conditions de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/travail-20134">travail</a> ou par une possibilité laissée aux salariés fragilisés par leur état de santé ou par leur parcours professionnel d’accéder à la retraite plus tôt. Il pourrait aussi s’agir d’assouplir le temps de travail des seniors, avec des possibilités de départs progressifs à la retraite, et de les affecter aux postes les moins pénibles.</p>
<p>Rappelons enfin qu’un recul de l’âge de départ n’influence pas seulement les absences maladie des seniors : il induit également un <a href="https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2022-01/Doc10_D%C3%A9penses%20rel%C3%A8vement%20%C3%A2ge_DREES.pdf">effet de déversement</a> vers d’autres dispositifs alternatifs de protection sociale tels que le chômage ou l’invalidité. Seule la prise en compte de l’ensemble de ces effets éclairerait le décideur public quant à l’ensemble des retombées de réformes telles que celle actuellement en débat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200019/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Évaluer la réforme de 2010 montre qu'une fin d'activité retardée, c'est, certes, plus de recettes pour le système de retraites, mais c'est aussi un peu plus de dépenses pour l'assurance maladie.
Mohamed Ali Ben Halima, Maître de conférences, économiste santé au travail, MESuRS, CEET, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Ali Skalli, Maître de conférences de sciences économiques, Laboratoire d’Economie Mathématique et de Microéconomie Appliquée (LEMMA), Université Paris-Panthéon-Assas
Malik Koubi, Chercheur associé au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/197640
2023-02-09T23:41:56Z
2023-02-09T23:41:56Z
Silence, déclassement et dépendance : la vie des personnes âgées vivant avec le VIH au Sénégal
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/506615/original/file-20230126-35203-3amwxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1288%2C598&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Réunion de personnes âgées organisée par le Conseil national des Aînés du Sénégal, sur le rôle des aidants dans la prise en charge des maladies chroniques à Dakar, 2023.
</span> <span class="attribution"><span class="source">S. Sagne, CNAS</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>En Afrique, grâce à l’efficacité des traitements antirétroviraux (ARV) qui ont été généralisés à partir des années 2000, de plus en plus de personnes vieillissent avec le VIH. On estime que le nombre de personnes vivant avec le VIH âgées de plus 50 ans devrait tripler d’ici 10 ans, et atteindre <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28831864/">6 à 10 millions en Afrique sub-saharienne</a>. Elles subissent les effets physiologiques universels du vieillissement, cumulés avec ceux des traitements médicamenteux et de l’infection virale sur le long terme. Vieillir avec le VIH en Afrique devient une expérience – somatique et sociale, individuelle et collective – de plus en plus fréquente.</p>
<p>Le Sénégal fut le <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers20-10/010064279.pdf">premier pays d’Afrique francophone</a> à avoir rendu disponibles les antirétroviraux (ARV), dès 1998. En 2022, les personnes âgées de plus de 50 ans vivant avec le VIH (PAVVIH) représentent plus du tiers des 31 637 personnes traitées. Certaines le sont depuis plus de 20 ans.</p>
<p>Comment ces personnes et leurs proches vivent-ils le vieillissement avec le VIH ? Comment la société gère-t-elle leur santé ? Une étude anthropologique <a href="https://crcf.sn/grand-age-et-vih-au-cameroun-et-au-senegal-anthropologie-du-vieillissement-et-de-la-maladie/">« Grand âge et VIH »</a> est actuellement en cours à Dakar et à Yaoundé (Cameroun) auprès de personnes âgées de plus de 70 ans, vivant avec de VIH, de leurs proches et des soignants pour analyser le vécu et les perceptions du vieillissement avec le VIH. Les premiers résultats de l’étude à Dakar sont ici présentés.</p>
<h2>Vivre avec le VIH dans la longue durée</h2>
<p>« On vit avec ça, cela ne nous pose plus de problème, on s’est habitué, on oublie presque que l’on est malade », déclare Aminata, âgée de 70 ans, qui reçoit un traitement antirétroviral depuis 21 ans (tous les prénoms sont fictifs).</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Dans les années 2000, la prise des traitements contre le VIH était très contraignante. Le nombre des comprimés était élevé – jusqu’à 20 comprimés par jour – et certains traitements avaient des effets secondaires éprouvants. Vingt ans après, ces traitements, rendus gratuits, ont été simplifiés et se résument souvent à la prise quotidienne d’un seul comprimé. Généralement dépistées alors qu’elles étaient dans un état grave, ces personnes ont retrouvé santé et vie « normale » ; certaines se qualifient de « survivantes ». Elles font preuve d’une très bonne adhésion aux soins et au traitement ARV.</p>
<p>Mais avec l’âge, elles sont confrontées à diverses pathologies liées au vieillissement qui surviennent plus précocement que chez les personnes non infectées par le VIH. Les plus fréquentes sont l’hypertension artérielle, le diabète et leurs complications (maladies cardiaques, oculaires, AVC, etc.) Ces maladies complexifient leur suivi médical et les contraignent à fréquenter diverses structures de santé, en plus de leur visite semestrielle pour le VIH. Certaines PAVVIH témoignent de difficultés à suivre les traitements pour ces autres maladies qu’elles jugent moins prioritaires, d’autant que les médicaments sont souvent coûteux.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xjMvQjz7pM8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>Secret, silence, partage</h2>
<p>Au moment du diagnostic, les personnes se sont parfois confiées à quelques proches : le conjoint, la personne qui les accompagnait aux consultations ou qui finançait les soins. Par la suite, rares sont celles qui l’ont révélé à d’autres personnes.</p>
<p>D’une manière générale, les personnes considèrent que « le VIH est une maladie qu’il ne faut pas divulguer », car « cette maladie n’est pas jolie ». La crainte d’un jugement moral sur les circonstances de la contamination demeure le principal motif du maintien du secret. En 2022, le VIH demeure une maladie stigmatisante.</p>
<p>Les femmes âgées vivant avec le VIH sont souvent veuves parce que leur conjoint est décédé du VIH et en raison de la différence d’âge liée au contexte de polygamie. Elles subissent une pression au remariage de la part de la famille et de la société, mais peu d’entre elles acceptent de se remarier, de crainte que leur nouveau conjoint divulgue leur maladie.</p>
<p>Les enfants des PAVVIH sont également peu informés, même si ce sont des adultes. « Je vis comme si je n’avais pas cette maladie, je la garde pour moi, même à mes enfants, je n’ai rien dit » témoigne Ibrahima, âgé de 72 ans ; d’autres s’accommodent d’une forme de non-dit : « Je n’ai jamais discuté de la maladie avec mes enfants ; ils savent parce qu’en 2000 c’est ma fille aînée qui m’accompagnait à l’hôpital, mais je n’ai jamais fait face à eux pour en parler », explique Ousseynou, 84 ans, traité par ARV depuis 22 ans. Ces réticences sont majorées chez les personnes dépistées à un âge avancé, en raison du tabou portant sur la sexualité des personnes âgées.</p>
<p>Mais la survenue d’incapacités fonctionnelles (cécité, difficultés à se déplacer, etc.) nécessitant une aide pour les activités quotidiennes (prise des médicaments ou trajets pour les consultations) oblige à revoir ces choix. Au mieux, l’annonce à l’un des enfants clarifie un non-dit ou suscite une sollicitude ; mais parfois, cela ravive des conflits anciens et des accusations de dissimulation.</p>
<h2>Déclassement économique et précarité</h2>
<p>Avec l’avancée en âge, l’arrêt de toutes activités professionnelles se traduit pour la majorité des personnes âgées par une diminution majeure de leurs ressources économiques. Au Sénégal, seules 24 % des personnes de plus de 60 ans ont une pension de retraite, au montant souvent modeste, le <a href="https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2016-1-page-91.htm?ref=doi">minimum étant de 53 € par mois</a>. À travers les dispositifs de réversion, les veuves reçoivent des pensions encore plus faibles, notamment dans les cas de partage lié à la polygamie.</p>
<p>Les personnes qui avaient une activité professionnelle dans le secteur informel, et qui n’ont plus de revenu, constatent avec inquiétude l’érosion de leur capital économique. Certaines se retrouvent contraintes à des déménagements successifs qui les repoussent progressivement vers la périphérie urbaine pour trouver des loyers moins onéreux.</p>
<p>Les PAVVIH tentent de travailler tant que leur condition physique le leur permet, afin de repousser le moment où elles n’auront plus d’autonomie économique. Cette perte d’autonomie se traduit pour toutes par un déclassement économique et par l’exacerbation de situations de précarité et de dépendance qui ont un impact direct sur leur santé physique et psychologique.</p>
<p>Dans le même temps, leurs dépenses de santé augmentent. En effet, au Sénégal, si les médicaments ARV et certains examens biologiques sont gratuits depuis 2003, une partie des coûts des soins liés au VIH et ceux des autres maladies sont supportés par les patients. Or la moitié des PAVVIH présentent au moins une comorbidité qui nécessite un traitement régulier. <a href="https://theconversation.com/au-senegal-quelle-couverture-de-sante-des-personnes-agees-souffrant-de-diabete-et-dhypertension-174180">Une étude réalisée en 2021 à Dakar</a> évalue entre 34 et 40 € le reste à charge d’une consultation pour des patients âgés présentant une hypertension artérielle ou un diabète, ce à quoi s’ajoutent les coûts du transport pour se rendre dans les structures de soins. Alors que le dispositif de protection sociale prévu pour les plus de 60 ans – le <a href="https://www.agencecmu.sn/plan-sesame-0">Plan Sésame</a> – fonctionne mal, ces dépenses de santé constituent souvent un véritable casse-tête pour les PAVVIH et leur famille.</p>
<h2>Dépendance</h2>
<p>Le manque de ressources place les personnes âgées, et notamment les PAVVIH, en situation de dépendance économique à l’égard de leurs proches. Les aides dont elles peuvent bénéficier sont fonction de la nature et de la qualité des liens, une forme d’héritage des relations familiales sur l’ensemble de leur vie.</p>
<p>Les personnes le plus souvent sollicitées sont les enfants, les frères et sœurs utérins, puis les descendants indirects (neveux et nièces) ; moins souvent, des relations amicales anciennes ou des parents aisés plus éloignés ; plus rarement encore, le voisinage. Les PAVVIH déploient parfois toute une stratégie pour éviter la honte de devoir quémander (la <a href="https://www.cairn.info/revue-autrepart-2015-1-page-181.htm">sutura</a>) et ne pas solliciter trop souvent les proches au risque de les « fatiguer ».</p>
<p>« Je vis avec l’aide des gens et la grâce divine », reconnaît Habib, 84 ans, traité depuis 20 ans qui précise que ce sont ses voisins qui financent le déplacement pour se rendre à l’hôpital (2 €). Le code d’honneur est souvent évoqué : « Mon fils gère la vie dans la maison : s’il me donne, je vais prendre, mais ma dignité ne me permet pas de lui demander. »</p>
<p>Au Sénégal, la cohabitation intergénérationnelle est fréquente, la taille moyenne des ménages étant de dix personnes. Cette situation peut favoriser une entraide au bénéfice des personnes âgées. Mais les difficultés d’accès à l’emploi conduisent souvent à ce que ce soient les personnes âgées disposant d’une pension de retraite qui entretiennent la maisonnée. Il leur faut alors choisir entre les dépenses familiales et celles concernant leurs dépenses médicales, souvent au détriment de leur santé.</p>
<h2>Une entrée « digne » dans les rôles sociaux du grand âge avec le VIH</h2>
<p>Les PAVVIH ne vivent heureusement pas toutes dans des situations dramatiques. Notre étude a permis d’identifier les conditions favorisant une entrée « digne », pour les personnes vivant avec le VIH, dans les rôles sociaux du grand âge.</p>
<p>Fatou, 74 ans, veuve, est traitée par ARV depuis 2006 ; elle habite avec ses deux fils, ses belles-filles et cinq petits-enfants scolarisés. Seul son fils aîné est informé de sa maladie. Elle dit vivre une vieillesse heureuse. Ses enfants la prennent en charge et elle s’occupe de ses petits-enfants : « Je ne fais rien comme activité à part garder mes petits-enfants qui me tiennent compagnie, je suis la « yaay » (mère de famille) ».</p>
<p>Dans le contexte actuel de dépendance économique de la plupart des PAVVIH, ces rôles sociaux sont rendus possibles lorsque leurs enfants sont socialement insérés, à travers un emploi et des revenus stables. Ils peuvent alors se répartir la prise en charge financière de leurs parents ; en retour, ceux-ci peuvent s’investir dans leur rôle au sein de la famille ou de la communauté.</p>
<p>À défaut du soutien familial, il est de la responsabilité collective d’assurer une vie digne aux PAVVIH. Des associations de personnes vivant avec le VIH commencent à se mobiliser en faveur de leurs ainés. Plus largement, des collectifs comme le <a href="http://archives.aps.sn/article/144413?lightbox%5Bwidth%5D=75p&lightbox%5Bheight%5D=90p">Conseil national des Ainés du Sénégal</a> militent pour un meilleur fonctionnement du Plan Sésame et la création d’un minimum vieillesse pour les personnes démunies. Au Sénégal, les personnes de plus de 60 ans ne représentent que 6 % de la population. Dans un pays où le <a href="https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2019-1-page-85.htm">grand âge est valorisé</a>, s’occuper des aînés devrait être l’une des valeurs cardinales d’une société solidaire, tout comme cela devrait l’être dans le reste du monde.</p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://crcf.sn/grand-age-et-vih-au-cameroun-et-au-senegal-anthropologie-du-vieillissement-et-de-la-maladie/">« Grand âge et VIH au Cameroun et au Sénégal, anthropologie du vieillissement et de la maladie »</a> est financé par Sidaction-Ensemble Contre le Sida. Les investigateurs principaux sont au Cameroun : Laura Ciaffi, Marie-José Essi, Antoine Socpa ; au Sénégal : Gabrièle Laborde-Balen, Khoudia Sow, Bernard Taverne ; au Sénégal, les enquêtes ont été réalisées par Seynabou Diop, Catherine Fall et Marcel Ndiana Ndiaye</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197640/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabriele Laborde-Balen a reçu des financements de Sidaction-Ensemble Contre le Sida, Expertise France, ANRS I Maladies Infectieuses Emergentes</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bernard Taverne a reçu des financements de Sidaction-Ensemble Contre le Sida, Expertise France, ANRS I Maladies Infectieuses Emergentes</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Khoudia Sow a reçu des financements de Sidaction-Ensemble Contre le Sida, Expertise France, ANRS I Maladies Infectieuses Emergentes.</span></em></p>
Au Sénégal, le VIH reste largement tabou, ce qui a un impact direct sur les personnes qui en sont porteuses, et particulièrement sur les seniors.
Gabriele Laborde-Balen, Anthropologue, Centre Régional de Recherche et de Formation à la prise en charge Clinique de Fann (CRCF, Dakar), Institut de recherche pour le développement (IRD)
Bernard Taverne, Anthropologue, médecin, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Khoudia Sow, Chercheuse en anthropologie de la santé (CRCF)/TransVIHMI, Institut de recherche pour le développement (IRD)
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2023-02-07T19:29:47Z
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Grand âge et dépendance : un an après l’« affaire Orpea », où en est-on ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/508656/original/file-20230207-27-xzodlq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">shutterstock</span> </figcaption></figure><p>« Les vieillards sont-ils des hommes ? À la manière dont notre société les traite, il est permis d’en douter » écrivait <a href="https://www.librairiedalloz.fr/livre/9782070444151-la-vieillesse-simone-de-beauvoir/">Simone de Beauvoir</a> dans son essai la vieillesse publiée en 1970.</p>
<p>L’<a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/01/24/maisons-de-retraite-un-livre-denonce-de-graves-defaillances-dans-les-ehpad-du-groupe-orpea-qui-denonce-des-accusations-mensongeres_6110796_3224.html">« affaire Orpea »</a> (du nom du groupe français leader mondial des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les fameux Ehpad), déclenchée en 2022 par dans <a href="https://www.fayard.fr/documents-temoignages/les-fossoyeurs-9782213716558">l’ouvrage « Les Fossoyeurs »</a> du journaliste Victor Castanet, en semble une triste illustration.</p>
<p>Un an après la révélation de ce scandale, dont les répliques sont encore perceptibles, une version augmentée et mise à jour du livre les Fossoyeurs est publiée. L’occasion de faire le point sur la question des Ehpad et du grand âge avec dépendance.</p>
<h2>Une situation qui n’était pas nouvelle</h2>
<p>Les situations de maltraitances dans le domaine de la gestion du grand âge existaient déjà avant le scandale Orpea. Déjà en 2007, <a href="https://www.babelio.com/livres/Escribano-On-acheve-bien-nos-vieux/2873">Jean-Charles Escribano</a>, infirmier en Ehpad, livrait son témoignage et faisait partager l’horreur, les souffrances et les émotions d’une maison de retraite ordinaire.</p>
<p>En mai 2021, plusieurs mois avant la publication du livre-enquête de Victor Castanet, la défenseure des droits Claire Hedon pointait dans un rapport la <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/rap-ehpad-num-29.04.21.pdf">maltraitance systémique qui pouvait se rencontrer dans certains Ehpad</a>. Y étaient constatés les privations arbitraires des droits fondamentaux comme la liberté d’aller et venir, le consentement à l’entrée en institutions, les carences de l’organisation liées à la pénurie de personnel, à la rotation importante, à l’épuisement des professionnels mal rémunérés et insuffisamment valorisés ou au manque d’encadrement. Il en résultait des situations de violences physiques, verbales, de manquements au soin, à l’hygiène…</p>
<p>La maltraitance, selon ce rapport, pouvait être qualifiée d’« institutionnelle » à chaque fois que l’institution laissait les faits perdurer sans réagir, après de multiples signalements des familles des victimes, ou lorsqu’elle résultait du manque de moyens de l’établissement.</p>
<p>Après la sidération de la révélation du scandale Orpea, l’Inspection générale des affaires sociales (<a href="https://www.igas.gouv.fr/spip.php?article849">IGAS</a>) et l’Inspection générale des finances (<a href="https://www.igf.finances.gouv.fr/sites/igf/accueil.html">IGF</a>) ont déclenché des enquêtes, tandis que les <a href="https://www.midilibre.fr/2022/04/04/scandale-des-ehpad-orpea-80-plaintes-de-familles-deposees-pour-mise-en-danger-de-la-vie-dautrui-10214441.php">familles des personnes hébergées dans les Ehpad du groupe portaient plainte</a>. Mais les avancées demeurent marginales. D’autres groupes privés lucratifs <a href="https://www.hospimedia.fr/actualite/articles/20220302-societe-korian-et-domusvi-sont-epingles-pour-leurs">sont eux aussi épinglés pour leur utilisation de la dotation publique</a>, de leur optimisation fiscale et de leur management comptable.</p>
<p>Il ne s’agit bien entendu pas de faire d’amalgame ni de mettre tous les Ehpad au même niveau. Il existe en effet aussi en France des Ehpad associatifs et publics qui, malgré, de grosses difficultés en termes de recrutement, et de ratio de soignants (<a href="https://www.senat.fr/questions/base/2022/qSEQ220701112.html">3 soignants pour 10 résidents</a>) sont de véritables lieux de vie.</p>
<p>Même s’il est urgent de repenser le modèle économique, et managérial des Ehpad au profit de petites structures à taille humaine telles que celle-ci, nous ne pourrons nous passer de ce type d’accueil, du fait du vieillissement de la population française. En effet, dans nombre de situations, le maintien au domicile n’est ni possible, ni <a href="https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/preserver-son-autonomie-s-informer-et-anticiper/les-mesures-de-protection/abus-de-faiblesse-des-personnes-agees-dans-quelles-situations">exempt d’abus</a> : l’analyse des appels au <a href="https://3977.fr/">3977</a>, le numéro national dédié à lutter contre les maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap, révèle que 79 % des appels concernent des personnes âgées en priorité au domicile.</p>
<h2>Qui sont les résidents des Ehpad ?</h2>
<p>En 2019, la Direction de la recherche, des études et de l’évaluation et des statistiques (Drees) dénombrait 770 000 places réparties dans 11 000 structures d’hébergement pour personnes âgées. Les Ehpad se taillaient la part du lion, puisqu’ils représentaient 70 % desdites structures d’hébergement, totalisant <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-01/Fiche%2017%20-%20Les%20%C3%A9tablissements%20d%E2%80%99h%C3%A9bergement%20pour%20personnes%20%C3%A2g%C3%A9es.pdf">79 % des places installées</a> (avec une capacité d’accueil de 81 places installées, en moyenne).</p>
<p>Les résidents sont en général des <a href="http://ash.tm.fr/dependance-handicap/enquete-sur-les-profils-des-residents-des-etablissements-pour-personnes-agees-701684.php">personnes âgées de plus de 85 ans, affectées par plusieurs pathologies (« polypathologiques »)</a> et touchées par des troubles cognitifs. 88 % d’entre elles sont totalement dépendantes (elles sont catégorisées <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1229">« GIR 1 »</a> sur la <a href="https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/preserver-son-autonomie-s-informer-et-anticiper/perte-d-autonomie-evaluation-et-droits/comment-fonctionne-la-grille-aggir">grille nationale « aggir »</a>, qui comporte 6 degrés et permet d’évaluer le niveau de perte d’autonomie).</p>
<p>Une situation qui n’est pas amenée à s’améliorer dans les prochaines années, puisque la part des 75 ans ou plus devrait passer à 14,6 % de la population en 2040 (elle était de 9,1 % en 2015). De plus, <a href="http://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/02/19/la-france-mal-classee-pour-l-esperance-de-vie-en-bonne-sante_5425315_1650684.html">l’espérance de vie en bonne santé en France</a> est plus faible que dans d’autres pays d’Europe.</p>
<h2>Une situation qui ne s’est pas réellement améliorée</h2>
<p>Priorisation des malades en réanimation, arrêt des visites en Ehpad et en service gériatrique, circonstances de décès parfois indignes…</p>
<p>Avant le scandale Orpea, la pandémie de Covid-19 avait déjà jeté une lumière crue sur les discriminations liées à l’âge. Rappelons que plus de 90 % des personnes décédées depuis son déclenchement avaient plus de 60 ans, la <a href="https://fr.statista.com/statistiques/1104103/victimes-coronavirus-age-france/">tranche d’âge la plus touché étant celle des 80-89 ans</a>…</p>
<p>Par ailleurs, en 2018, L’avis <a href="https://www.ccne-ethique.fr/node/175">128 du CCNE</a> portant sur les enjeux éthiques du vieillissement dénonçait des situations de ghettos. Le rapport <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/268954-rapport-libault-comment-reformer-la-politique-du-grand-age">Libault (2019)</a>, élaboré après une concertation citoyenne sur le grand âge, propose 175 leviers pour améliorer la prise en charge des personnes âgées dépendantes, les besoins financiers étant estimés à 9,2 milliards d’ici à 2030.</p>
<p>Pourtant, en <a href="https://www.ash.tm.fr/dependance-handicap/le-gouvernement-enterre-definitivement-la-loi-grand-age-et-autonomie-676088.php">septembre 2021, la loi grand âge et autonomie</a>, promesse du président de la République plusieurs fois reportée, a néanmoins été définitivement enterrée, au grand dam des familles et des acteurs du grand âge.</p>
<p>Où en est-on début 2023 ? Dans la version augmentée de son livre, <a href="https://www.francetvinfo.fr/societe/prise-en-charge-des-personnes-agees/maltraitance-dans-les-ehpad/maltraitance-dans-les-ehpad-fuites-pressions-victor-castanet-devoile-les-coulisses-de-son-enquete-dans-une-version-augmentee-de-son-livre-les-fossoyeurs_5621186.html">Victor Castanet</a> écrit que seuls <a href="https://www.notretemps.com/famille/autonomie/maltraitance-en-ehpad-les-engagements-du-gouvernement-64912">1 400 Ehpad</a> (moins de 20 %) ont été contrôlées par les ARS en France.</p>
<p>La seule promesse actuelle sur ce sujet brûlant semble se résumer à une <a href="https://www.doctissimo.fr/famille/preparer-sa-retraite/maisons-de-retraite/ehpad-maison-de-retraite-medicalisee/ehpad-bientot-une-plateforme-numerique-pour-signaler-les-maltraitances/14f1e2_ar.html">nouvelle plate-forme pour signaler les maltraitances en Ehpad</a>.</p>
<p>Les instances de contrôles existent, les propositions concrètes sont connues et chiffrées, mais pourtant, comme le souligne la <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2023/01/residents-accueillis-en-ehpad-les-5-points-dalerte-de-la-defenseure">défenseure des droits Claire Hédon dans un nouveau rapport</a>, il existe encore beaucoup de manquements, qui concernent notamment le ratio de personnel auprès des résidents, la liberté d’aller et venir, le renforcement des contrôles et la restauration de la confiance entre les familles et les personnels.</p>
<p>Quels sont les mécanismes de résistance à la traduction des discours politiques en actions de terrain ?</p>
<h2>Éthique, politiques publiques et évolutions sociétales</h2>
<p>En 2021, l’<a href="https://www.who.int/fr/news/item/18-03-2021-ageism-is-a-global-challenge-un">OMS</a> alertait sur le fait qu’une personne âgée sur deux dans le monde était l’objet d’une discrimination. Elle déclarait faire de la lutte contre l’âgisme une grande cause mondiale. Notre société, en effet, ne porte pas un regard bienveillant <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1627483017300673">sur les personnes âgées dépendantes</a>, qui renvoient non seulement l’image d’un vieillissement avec handicaps, inutilement coûteux, mais aussi celle de notre finitude, que personne ne veut réellement envisager.</p>
<p>Or, si les valeurs d’autonomie, de dignité et de liberté sont au cœur des débats actuels sur la fin de vie, il faut les interroger quand le grand âge avec dépendance advient. Rappelons que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, et que la dignité est intrinsèque à tout être humain. Si l’on peut perdre le sentiment de dignité, du fait de situation d’accueil et de soins indignes, la dignité elle-même n’est jamais intrinsèquement perdue. Enfin, soulignons que l’autonomie est une valeur très relative dans les soins, car la maladie nous transforme. </p>
<p>De la naissance à la fin de vie, nous ne pouvons pas ne pas dépendre d’autrui, de la solidarité, d’une main qui se tend, d’un regard bienveillant, d’une entraide de proximité, d’une <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-2010-12-page-631.htm">éthique du « care »</a> et non du seul <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1957255720300456">« cure »</a>, le « cure » étant le soin au sens purement médical, tandis que le « care » est un concept recouvrant une prise en charge plus globale, humaine, avec sollicitude vis-à-vis de la personne vulnérable.</p>
<p>Mue par la peur de mal vieillir puis de mal mourir, la pression sociétale utilitariste et consumériste pousse les personnes très âgées et dépendantes à disparaître. Elle les assigne à résidence dans des Ehpad qu’elles n’ont pas choisis. Implicitement, se sentant de trop, un poids, une charge, les personnes âgées sont parfois amenées à se suicider (<a href="https://www.ouest-france.fr/sante/le-suicide-des-personnes-agees-un-sujet-encore-tabou-et-sous-estime-315736fa-116a-11ec-aae0-4d1212b14fe9">un tiers des décès, soit 3 000 morts/an des plus de 65 ans</a>), ou à se laisser glisser vers la mort (<a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/er1141.pdf">1/3 des personnes âgées</a> en institutions gériatriques souffrent de troubles psychiques).</p>
<p>Sur les <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5347349">668 800 décès survenus en 2020 en France</a>, 79 % se sont produits après 70 ans et concernaient donc les personnes âgées les plus fragiles et dépendantes.</p>
<p>Après <a href="https://www.ccne-ethique.fr/node/529">l’avis 139 du CCNE</a> en rupture totale avec les précédents, le président de la République a décidé d’organiser un débat national sur l’euthanasie et le suicide assisté (rappelons que dans le cas de l’euthanasie, le produit létal est injecté par un médecin, tandis que dans le cas du suicide assisté, c’est la personne demandeuse qui se l’administre). Mais la question du grand âge, et celle d’un développement enfin optimal des soins palliatifs, n’ont pas été abordées. </p>
<p>Pourtant, depuis 1999, et malgré un <a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/sante-publique/fin-de-vie-le-tres-attendu-5e-plan-national-de-developpement-des-soins-palliatifs-sera-lance-en">5ᵉ plan annoncé</a> en 2021, ces derniers demeurent insuffisamment dotés (financièrement et en moyens humains), et inégalement répartis sur le territoire (<a href="https://www.essentiel-sante-magazine.fr/sante/acces-aux-soins/soins-palliatifs-inegalites-acces-france">26 départements n’ont aucune unité de soins palliatifs</a>.).</p>
<h2>Grand âge et prévention de la dépendance</h2>
<p>Pour faire humainement et politiquement avancer la cause des aînés, qui ne sont jamais réductibles à des pertes cumulées, il faut aussi savoir que l’on peut <a href="https://solidarites.gouv.fr/grand-age-le-gouvernement-engage-en-faveur-du-bien-vieillir-domicile-et-en-etablissement">bien vieillir</a>, et anticiper pour améliorer les conditions de sa fin de vie.</p>
<p>Pour cela les politiques publiques doivent se déployer en faveur de la prévention du vieillissement avec dépendance. Il faut qu’une loi grand âge soit enfin promulguée, et que les lois sur la fin de vie (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000446240/">2005</a>, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000031970253">2016</a>) soient mieux connues et appliquées.</p>
<p>Les maltraitances envers les personnes âgées, du fait de leurs vulnérabilités et de leurs difficultés à faire valoir leurs droits, sont aussi rendues possibles en raison de leur invisibilisation sociétale et d’une volonté politique qui peine à se traduire sur le terrain. Si l’on pense, comme <a href="https://www.cairn.info/la-vieillesse--9782070444151.htm">Simone de Beauvoir</a>, que « l’on reconnaît le degré d’une civilisation d’une société à la place qu’elle accorde à ses personnes âgées », alors on ne peut que se dire que notre société a encore beaucoup à faire pour mériter le qualificatif de « civilisée ».</p>
<hr>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre du colloque <a href="https://www.collegedesbernardins.fr/content/en-finir-avec-la-fin-de-vie">« En finir avec la fin de vie ? – Une rupture anthropologique ? »</a> organisé par le département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins, le jeudi 9 février 2023.</em></p>
<p><strong>Pour aller plus loin :</strong></p>
<p><em>– Lefebvre des Noettes, Véronique (2021) <a href="https://www.editionsdurocher.fr/product/124194/vieillir-n-est-pas-un-crime/?9782268105222">« Vieillir n’est pas un crime : pour en finir avec l’âgisme »</a>, éditions du Rocher ;</em></p>
<p><em>– Lefebvre des Noettes, Véronique (2022), <a href="https://www.editionsdurocher.fr/product/127061/la-force-de-la-caresse/">« La force de la caresse »</a>, éditions du Rocher.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199431/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Lefebvre des Noettes ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Un an après les révélations du livre « Les Fossoyeurs », et malgré une enquête administrative aux conclusions sans équivoque, la situation des Ehpad peine à s’améliorer. Des pistes existent pourtant.
Véronique Lefebvre des Noettes, Psychiatre du sujet âgé, chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d'étude du politique Hannah Arendt (Université Paris-Est Créteil), co-directeur du département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins, Collège des Bernardins
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tag:theconversation.com,2011:article/198102
2023-02-02T19:01:02Z
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L’épuisement chez l’aidant du malade d’Alzheimer
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507619/original/file-20230201-8719-eo1eu6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C24%2C2038%2C1330&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Très souvent les aidants de parents ou proches vieillissants ou malades n'alertent leur entourage que lorsqu'ils atteignent un état d'épuisement extrême. Image d'illustration.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/yvelines/49983833958/in/photostream/">Département des Yvelines © Nicolas DUPREY/ CD 78</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Quelque 9,3 millions de personnes étaient considérées comme <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/02/02/handicap-et-dependance-qui-sont-les-9-millions-d-aidants-en-france_6160276_4355770.html">« proches aidants »</a> en 2021 en France, d’après <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-02/ER1255EMB.pdf">une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques</a> (Drees) publiée jeudi 2 février.</p>
<p>L’aidant est une figure sociale qui prend des formes différentes selon que l’on aide un enfant handicapé, une personne âgée, une personne atteinte de maladie neuro-dégénérative… Ce n’est que depuis 2015, que la loi (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000031700731/">dite ASV</a>) reconnaît l’importance du rôle joué par les aidants familiaux (ou proche aidant) qui prennent en charge une personne âgée dépendante. </p>
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<p>« Est considéré comme proche aidant d’une personne âgée son conjoint, le partenaire avec qui elle a conclu un pacte civil de solidarité ou son concubin, un parent ou un allié, définis comme aidants familiaux, ou une personne résidant avec elle ou entretenant avec elle des liens étroits et stables, qui lui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne. » (CASF, L113-1-3, 2015)</p>
</blockquote>
<p>Parmi ces aidants, on estime à 3 millions le nombre concernés par <a href="https://www.inserm.fr/dossier/alzheimer-maladie/">la maladie d’Alzheimer</a>. Ce constat nous a amenés à construire un <a href="https://vimeo.com/671328529">projet de recherche</a> auprès de 76 aidants qui résident dans le Grand-ouest et à qui nous proposons un <a href="https://www-aidant-alzheimer.univ-ubs.fr/fr/index.html">entretien tous les six mois</a> pour confronter leur expérience, leur vécu, leurs contradictions aux injonctions morales et sociales dont ils font l’objet.</p>
<p>Nous constatons que la notion d’épuisement et/ou ses formes dérivées (épuisé, épuise, épuisant, épuiser) est très présente dans le discours de la presse qui relaye la décision politique et, dans une moindre mesure, dans le discours des aidants eux-mêmes. Or les termes utilisés ne reflètent pas les enjeux dramatiques qu’implique ce statut.</p>
<h2>Un détour par une exploration dans la presse nationale et régionale</h2>
<p>Le contexte actuel est fortement ancré dans les problématiques politiques et sanitaires du fait qu’elles questionnent la prise en charge du vieillissement de la population. La presse évoque l’aidant de malades d’Alzheimer au travers de la construction figée l’<em>épuisement de l’aidant</em>, décrivant l’aidant dans la relation de soin, de prise en charge, et réduisant et état normalement éphémère à une caractéristique essentielle. Cette construction fonctionnant comme pré-construit confirme la représentation de l’aidant dans l’opinion générale.</p>
<blockquote>
<p>« Autre objectif également, alerter sur l’épuisement de l’aidant. Dans certains cas, il arrive que ce soit lui qui parte en premier. » (Le Monde, avril 2016)</p>
<p>« Il favorise le maintien à domicile des personnes fragilisées tout en limitant le risque d’épuisement de l’aidant. » (Le Progrès, juillet 2017)</p>
<p>« Le répit est maintenant proposé dans chaque département comme solution pour réduire l’épuisement de l’aidant. » (Le Figaro, décembre 2019)</p>
<p>« L’objectif du répit est de lutter contre l’épuisement de l’aidant, mais aussi contre le repli sur soi et l’isolement du couple aidant. » (Sud-Ouest, avril 2021)</p>
</blockquote>
<h2>Ce que disent les aidants de leur épuisement</h2>
<p>L’aidant, quant à lui, évoque l’épuisement comme résultat d’un long processus de prise en charge qui aboutit à une fatigue extrême et à un point de non-retour. Dans l’exemple suivant, la gradation des attitudes et des émotions (peur de la maltraitance, énervement et épuisement) fait revenir l’aidante à la raison en privilégiant l’encadrement du malade par des professionnels en institution.</p>
<p>Florence, aidante de son conjoint :</p>
<blockquote>
<p>« Il faut apprendre à l’habiller, à enfiler les chaussettes, à l’aider à se lever du lit et tout et tout, tout ça c’est des techniques en fait, personne ne vous apprend il faut s’adapter, alors on se bousille le dos, j’aurais 20 ans de plus que mon mari, comment est-ce que j’aurais fait ? je n’aurais pas été capable et donc j’avais peur justement de devenir maltraitante, j’étais au bord de l’épuisement et donc c’est pour ça que je me dis qu’il est mieux là-bas (en Ehpad) même si on s’en occupe pas trop. Bon, il est à l’abri, il mange, c’est le principal. »</p>
</blockquote>
<p>Dans l’exemple suivant, c’est l’hypervigilance de l’aidante sur sa mère qui conduit à l’épuisement et à une prise de conscience du placement en institution.</p>
<p>Valérie, aidante avec ses deux sœurs, de leur mère :</p>
<blockquote>
<p>« Ma mère, elle sortait la nuit alors on la suivait sur son téléphone, on avait mis un détecteur d’ouverture de porte qui nous envoyait des alertes sur nos téléphones, donc les derniers mois je me rappelle à la fin on se relayait pour avoir des nuits pour dormir et puis on s’est rendue compte que des fois avec le détecteur, elle ouvrait la porte mais elle sortait pas et ça du coup on était bien embêtées et on a fini vraiment, contre notre volonté, on a mis la caméra, la webcam sur l’ordinateur. L’appartement était assez petit pour se dire est-ce qu’elle est vraiment sortie ou est-ce qu’elle a juste ouvert les portes, enfin de toute façon, peu importe on était réveillées, l’ouverture de porte avait été déclenchée et combien de fois du coup j’ai pris la voiture à 4 heures du matin, j’allais chercher dans le quartier et c’est vrai qu’à ce moment-là j’étais rendue à un niveau d’épuisement total, la journée j’étais en zombie au boulot, en permanence avec mon téléphone qui m’envoyait des alertes et l’angoisse qui montait… et là, on a dit, bon faut faire quelque chose parce que ça peut plus durer. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505584/original/file-20230120-16-rmmstq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1 : Répartition des segments épuisement, épuisé·e, épuisant·e·s, épuise, épuiser au sein des entretiens.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une recherche des termes <em>épuisement, épuisé, épuiser, épuisant</em> dans tout le corpus d’entretiens montre que, pour exprimer l’<em>épuisement</em>, les aidants privilégient la construction verbale (épuiser, épuisé, épuisant) qui implique celui qui prend la parole plutôt que la construction substantive qui se limite à évoquer un état et qui s’inscrit peut-être davantage dans le champ médico-social. </p>
<p>On peut également émettre l’hypothèse que la notion d’épuisement serait plutôt employée à l’écrit et serait alors remplacée par une forme plus familière dans les entretiens « Je suis crevée », « j’en peux plus… », ce qui justifierait la sous-représentativité de cette notion dans les entretiens.</p>
<h2>Constructions et sens de la notion d’épuisement</h2>
<p>Dans les entretiens, les aidants abordent cette notion avec les verbes suivants :<em>Éviter, limiter, atteindre, prévenir, anticiper, mener, conduire (à), déboucher (sur), se prémunir (de), retarder l’épuisement</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Vous savez, il faudrait que nos décideurs fassent quelque chose pour prévenir l’épuisement par qu’une fois qu’il est là, il est trop tard. »</p>
</blockquote>
<p>Avec les adverbes <em>jusqu’à, tel point que, au seuil de, au bord de</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Elle voulait partir de là-bas sans doute et elle marchait jusqu’à l’épuisement et à ce moment-là, boom, donc il a fallu la placer. »</p>
<p>« Sa compagne qui l’aide est au bord de la dépression, au seuil de l’épuisement, à deux doigts de perdre le contrôle. »</p>
</blockquote>
<p>À partir de la définition de l’<a href="https://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9puisement">épuisement</a> proposée dans le dictionnaire en ligne Atilf, on constate que dans le contexte de l’aidant de malade d’Alzheimer, la notion d’<em>épuisement</em> va bien au-delà de la mobilisation d’une ressource individuelle. Lorsque cette ressource individuelle est consommée, l’<em>épuisement</em> caractérisé constitue un point paroxystique à partir duquel la bascule est irréversible et débouche en général sur un placement en institution du malade et sur une prise en charge de l’aidant.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-defis-detre-une-personne-proche-aidante-en-milieu-rural-pendant-la-pandemie-178959">Les défis d’être une personne proche aidante en milieu rural pendant la pandémie</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Dans ce contexte et face à l’épuisement de l’aidant (d’ailleurs, un aidant qui ne serait pas épuisé serait-il un bon aidant aux yeux d’autrui ?), les discours de prévention de l’action publique avancent le <a href="https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/solutions-pour-les-aidants/soutien-financier/laide-au-repit-dans-le-cadre-de-lapa">droit au répit</a> pour répondre de manière curative et universelle et malheureusement non préventive et non particularisante. </p>
<p>L’aidant est une figure hétérogène, on n’est pas aidant de la même manière au début de l’apparition de la maladie ou lorsque la maladie est déjà installée, on n’est pas aidant de la même manière selon que l’on aide son conjoint, un parent ou un ami. Pourtant l’épuisement, qu’il n’est pas facile de reconnaître car il est chargé d’impensés, de normes morales et sociales, est inéluctable quand la maladie de la personne aidée s’aggrave.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ce projet est financé par l’IReSP dans le cadre de l’appel à projet « Handicap et perte d’autonomie‑session 10 ». Il a, par ailleurs, reçu un large soutien financier et logistique de la MSH Ange Guépin de Nantes et de l’Université Bretagne Sud.</span></em></p>
L’épuisement que les aidants de malades d’Alzheimer vivent au quotidien est souvent minoré par les termes utilisés, masquant les enjeux dramatiques qu’implique ce statut.
Frédéric Pugniere-Saavedra, Maître de conférences en sciences du langage, Université Bretagne Sud
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tag:theconversation.com,2011:article/198464
2023-01-30T19:06:17Z
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Seniors : comment travailler plus longtemps quand personne ne vous recrute plus ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507075/original/file-20230130-18-jfvv4y.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5784%2C3850&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une personne ayant entre 48 et 55 ans a trois fois moins de chance d'être rappelée pour un entretien qu'un 23-30 ans.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/personne-femme-telephone-mobile-depression-8871524/">Pexels/Kampus</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Il est impossible d’avoir un débat pertinent sur la réforme du système de retraites sans prendre en compte la difficulté française à employer des travailleurs âgés. Les mesures déjà prises pour inciter au maintien en emploi ou au recrutement des seniors ont été très insuffisantes : comme le montrent plusieurs <a href="https://populationandeconomics.pensoft.net/article/49760/">comparaisons internationales</a>, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0146167220950070?journalCode=pspc">stéréotypes négatifs vis-à-vis des seniors</a> sont particulièrement forts en France.</p>
<p>La France fait partie des pays où la population a le plus <a href="https://conseil-recherche-innovation.net/articles/les-tests-d%E2%80%99associations-implicites">d’a priori négatifs inconscients</a> à l’encontre des seniors : elle se classe <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0146167220950070?journalCode=pspc">61ᵉ sur 68 pays</a>. Cet <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-de-Covid-19-a-aggrave-lagisme-dans-notre-societe-168460">âgisme</a> ne peut rapidement changer, ni être aisément surmonté. Le rejet des seniors est considérable lors des embauches, et cette discrimination perdure d’autant qu’elle est fréquemment passée sous silence ou considérée comme compréhensible et acceptable.</p>
<p>Cette vision négative des salariés âgés, notamment de leur performance au travail, est profondément injuste car les <a href="https://academic.oup.com/workar/article/8/2/208/6574297?login=false">travaux scientifiques en psychologie la contredisent</a>. Par exemple, les seniors ne sont <a href="https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/joop.12031">pas moins créatifs</a> et pas plus <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/peps.12003">rétifs aux changements</a>. Malgré <a href="https://theconversation.com/les-seniors-sont-plus-nombreux-que-jamais-a-creer-des-entreprises-voici-leurs-cinq-grandes-motivations-163477">ces qualités</a>, en entreprise, les seniors se sentent stigmatisés.</p>
<h2>L’âgisme français et la stigmatisation au travail</h2>
<p>En France, 78 % des salariés ont le sentiment d’avoir une caractéristique qui peut les marginaliser ou les pénaliser au travail. En 2022, après l’origine sociale (citée par 22 % des salariés), c’est le <a href="https://www.medef.com/uploads/media/default/0019/100/14755-guide-synthese-barometre-diversite-2022.pdf">fait d’être senior</a> qui est le plus mentionné (21 %).</p>
<p>Au-delà des moqueries, des mises à l’écart ou du harcèlement, la moitié des salariés craignent d’être un jour victime de discrimination au travail. La <a href="https://www.medef.com/uploads/media/default/0019/100/14755-guide-synthese-barometre-diversite-2022.pdf">première crainte</a> pour ceux-ci est de très loin l’âge (43 % l’indiquent), devant l’apparence (23 %), le diplôme (23 %) puis le sexe (21 %).</p>
<p>Cette inquiétude est compréhensible quand on observe la catastrophe que représente pour eux la perte d’emploi. À cause de leur âge chronologique et souvent de leur apparence physique, il leur sera en effet <a href="https://www.researchgate.net/publication/278683210_Looking_Too_Old_How_an_Older_Age_Appearance_Reduces_Chances_of_Being_Hired">difficile de retrouver un travail</a>. Sauf à être proche de la retraite, ils risquent en cas de chômage de longue durée de perdre leurs indemnités (les <a href="https://www.unedic.org/indemnisation/vos-questions-sur-indemnisation-assurance-chomage/jai-plus-de-50-ans-y-t-il-des">durées d’indemnisation</a> des plus de 50 ans ont été réduites en 2022). Une crainte d’autant plus grande que pour quatre recruteurs sur dix on est déjà <a href="https://acompetenceegale.com/wp-content/uploads/2022/10/ETUDE_EMPLOI_SENIORS_A-COMPETENCE-EGALE116007.pdf">senior à 45 ans, voire à 40 ans</a>.</p>
<h2>La discrimination des seniors au recrutement</h2>
<p>La difficulté des seniors à retrouver un emploi est parfaitement identifiée par les Européens et les Français : ils considèrent qu’avoir plus de 55 ans est le <a href="https://op.europa.eu/en/publication-detail/-/publication/d629b6d1-6d05-11e5-9317-01aa75ed71a1">premier motif de rejet lors des embauches à compétences égales</a>.</p>
<p>Le Défenseur des Droits a montré que l’âge est le <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/ddd_etu_20140201_barometreoit_etudes.pdf">premier critère de discrimination</a> dont considèrent être victimes les demandeurs d’emploi (35 % des chômeurs discriminés disent l’être pour ce motif), devant l’apparence physique (25 %) et l’origine (20 %). Avoir plus de 55 ans est rarement un atout pour trouver un travail. Après le fait d’être enceinte, c’est le critère le plus rédhibitoire aux yeux des salariés comme des chômeurs (<a href="https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=7975">8 salariés et 9 demandeurs d’emploi sur 10 le déclarent</a>).</p>
<p>Par ailleurs, les seniors sont fréquemment discriminés pour des motifs liés au vieillissement comme la prise de poids, les problèmes de santé ou le handicap. Ceux-ci ont un fort impact sur les <a href="https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/03/2939-1-study_file.pdf">chances d’embauche</a>. L’apparence physique, et en particulier le poids, est le deuxième critère de discrimination à l’embauche. Or, la prise de poids est très corrélée à l’âge. <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/anthropologie-ethnologie/societe-du-paraitre_9782738134325.php">Jeunesse, beauté et bonne santé</a> sont valorisés en emploi. Il faut examiner ensemble ces facteurs aggravants pour comprendre les obstacles rencontrés par les seniors lors des recrutements.</p>
<h2>Un ressenti corroboré par les faits</h2>
<p>Le nombre des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a nettement augmenté, passant de 312 000 en 2008 (cat. A) à <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/les-demandeurs-demploi-inscrits-pole-emploi-France-metro">809 000 fin 2022</a> (il a baissé chez les moins de 25 ans, passant de 355 000 à 311 000 demandeurs). De surcroit, il s’agit beaucoup plus souvent de chômeurs de longue durée : la durée moyenne de chômage des plus de 50 ans était de 370 jours début 2008. Elle atteint 665 jours fin 2022 (celle des moins de 25 ans est passée de 123 jours à 143 jours).</p>
<p>Des « testings », qui permettent de juger de la réaction des recruteurs face à des candidatures factices montrent une situation désastreuse et qui ne change pas. En 2006, un candidat de 48-50 ans avait en moyenne <a href="https://www.observatoiredesdiscriminations.fr/_files/ugd/9274d5_e8fb9a2d09b54d59acafc225711592b8.pdf">trois fois moins de chance</a> qu’un candidat de 28-30 ans de passer le stade du tri de CV. Un candidat au nom maghrébin avait aussi à cette date environ trois fois moins de chances de recevoir une réponse positive qu’un autre.</p>
<p>En 2022, le <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/fc5a96e5fc19ccdcf46fd9d55339591b/Dares%20Analyses_testing_discrimination_embauche.pdf">résultat est quasiment le même</a> s’agissant des candidats seniors. Une personne ayant entre 48 et 55 ans a trois fois moins de chance d’être rappelée pour un entretien qu’un 23-30 ans (75 % de réponses positives de moins). La discrimination en raison du nom porté (les origines nationales) a diminué (33 % de réponses positives de moins au lieu 75 % en 2006). Ces « testings » sur l’âge révèlent là encore les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014292122001957">médiocres résultats</a> de la France par rapport aux autres pays européens et aux États-Unis.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/6qnD1NJ6S9A?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Comment booster l’emploi des seniors ? Un débat sur Public Sénat.</span></figcaption>
</figure>
<p>Les progrès dans la lutte contre les discriminations ont été très insuffisants s’agissant des seniors. Une des raisons qui l’explique est le fait que la question de la discrimination des <a href="https://theconversation.com/personne-ne-devient-soudainement-vieux-et-improductif-a-65-ans-il-faut-repenser-les-lois-sur-lage-de-la-retraite-183762">candidats âgés</a> à l’embauche suscite peu d’intérêt. On peut même parler d’une véritable « invisibilisation ».</p>
<h2>La statistique publique peut mieux faire</h2>
<p>Bien que la discrimination en raison de l’âge soit le <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/ddd_etu_20140201_barometreoit_etudes.pdf">premier motif de discrimination</a> mentionnée par les demandeurs d’emploi, les pouvoirs publics ont eu d’autres priorités. Le gouvernement a mesuré les discriminations à l’embauche au moyen de « testings ». Il en a même fait un outil pour amener les grandes entreprises à modifier leurs pratiques en donnant les noms de celles ayant de mauvais résultats (stratégie dite du <a href="https://www.novethic.fr/lexique/detail/name-and-shame.html">« name and shame »</a>, littéralement « nommer pour faire honte »). Mais ces tests concernaient les discriminations en raison des origines nationales, du sexe et du lieu de résidence. Ils n’ont jamais porté sur l’âge avancé.</p>
<p>Le ministère du Travail ne diligente pas non plus de « testings » concernant spécifiquement les seniors et si, incidemment, une discrimination sur ce critère apparaît, elle n’est ni relevée ni analysée lors de la publication des résultats. Seuls l’effet des <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/fc5a96e5fc19ccdcf46fd9d55339591b/Dares%20Analyses_testing_discrimination_embauche.pdf">origines</a> ou du <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/7c0b731072830d6f4663376d66ae5746/Discrimination_embauche_femmes-hommes.pdf">sexe</a> suscitent l’attention.</p>
<p>La France n’est pas le seul pays concerné par cet oubli. Une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014292122001957">méta-analyse</a> publiée en 2023 recense les « testings » publiés de 2005 à 2020 dans le monde : 143 de ces tests portent sur les questions ethno-raciales (<a href="https://osf.io/preprints/socarxiv/5z6a2/">surtout en France</a> d’ailleurs, et 17 seulement sur les seniors.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quelles-solutions-pour-prolonger-la-vie-professionnelle-des-travailleurs-plus-ages-183177">Quelles solutions pour prolonger la vie professionnelle des travailleurs plus âgés ?</a>
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<p>Autre exemple, lorsque l’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6473349">Insee</a> et l’<a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19134/466.fr.pdf">INED</a> communiquent depuis plusieurs années sur les discriminations que vivent les Français, notamment au travail, en utilisant l’enquête trajectoire et origines (TEO), ils ne risquent pas de montrer que la France maltraite ses seniors en emploi ou ses personnes retraités. Ceci pour une raison simple : lors de la première enquête, en <a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19558/dt168_teo.fr.pdf">2008</a>, on n’avait pas interrogé assez d’individus de plus de 49 ans. En conséquence, les exploitations de l’enquête pour rendre compte des <a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19134/466.fr.pdf">inégalités et discriminations</a> vont exclure des données ceux qui ont 50 ans et plus, soit la moitié des Français de plus de 18 ans.</p>
<p>De leur côté, les statistiques en entreprise devraient enfin progresser grâce à l’index senior annoncé par le gouvernement – s’il fixe des obligations de résultat concernant le maintien dans l’emploi et les recrutements. Il risque néanmoins d’être construit de telle sorte que les entreprises obtiennent aisément de très bons résultats, à l’instar de ce qui se passe pour l’index égalité femmes/hommes.</p>
<p>Mesurer et s’attaquer aux discriminations à l’encontre des seniors est un impératif de justice sociale. C’est aussi <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0220857&utm_source=STAT+Newsletters&utm_campaign=d15b0efe12-MR_COPY_02&utm_medium=email&utm_term=0_8cab1d7961-d15b0efe12-149563537">un [enjeu de santé publique]</a> et économique : les discriminations que les seniors connaissent sur le marché du travail ont des effets sur leur <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468266719300350">santé physique</a> et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/21568693221116139?journalCode=smha">mentale</a>. C’est enfin un moyen pour augmenter le taux d’activité des seniors et financer les retraites. Les débats sur le recul de l’âge de départ à la retraite auront peut-être ainsi le mérite de finalement sortir les discriminations à l’encontre des seniors de la pénombre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198464/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Amadieu ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La France fait partie des pays où la population a le plus d’a priori négatifs inconscients à l’encontre des seniors. Cela a un impact fort (et peu mesuré ou combattu) sur leur employabilité.
Jean-François Amadieu, Professeur d'université, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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