tag:theconversation.com,2011:/global/topics/agriculture-urbaine-25614/articlesagriculture urbaine – The Conversation2023-11-30T16:49:59Ztag:theconversation.com,2011:article/2178532023-11-30T16:49:59Z2023-11-30T16:49:59ZJardinage urbain : quand les citadins de 30-40 ans renouent avec la nature<p>Ces dernières années, les jardins urbains se sont multipliés dans plusieurs villes et agglomérations de France. On recense aujourd’hui à peu près 400 fermes urbaines, portées par une panoplie de structures telles des associations professionnelles, ainsi que <a href="https://www.inrae.fr/actualites/sols-nourrir-monde">1 303 jardins collectifs</a> sur près de 1 000 hectares en Île-de-France, dont 697 jardins familiaux et 338 jardins partagés.</p>
<p>Ces chiffres montrent que, durant les dernières années, ces initiatives rencontrent une forte popularité qui témoigne d’une évolution significative des modes de vie et d’une envie d’intégration des espaces verts au cœur même des environnements urbains.</p>
<p>Cela est particulièrement vrai dans la tranche d’âge des 30-40 ans, qui a développé une <a href="https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/talents-et-ressources-humaines/articles/millenial-survey-2020.html">conscience accrue vis-à-vis des enjeux de développement durable</a> et de leur impact sur les territoires au sein desquels ils évoluent. Dans ce sens, le jardinage urbain permet de contribuer à la durabilité environnementale en cultivant localement de la flore ou des herbes comestibles. Ainsi, c’est une action que les 30-40 ans conçoivent comme permettant de réduire leur empreinte carbone et de promouvoir la biodiversité en milieu urbain à leur niveau.</p>
<h2>Améliorer le bien-être</h2>
<p>Ce besoin de reconnexion à la nature de la génération Y peut aussi être expliqué par le fait que cette génération a grandi et évolué dans un cadre ultra urbanisé où la nature est devenue un élément lointain, souvent accessible seulement en dehors des zones urbaines. Cette rupture spatiale les pousse à chercher des moyens de se reconnecter à la nature au sein même des villes.</p>
<p>Pour la Génération Y, la santé mentale et le bien-être sont aussi devenus des priorités. Ainsi, se reconnecter à la nature devient un moyen de <a href="https://journals.openedition.org/bagf/10316">réduire le stress et d’améliorer le bien-être</a> à travers des actions peu contraignantes. Autrement dit, dans un monde de plus en plus urbanisé, ce loisir devient une échappatoire à la vie citadine.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Ces jardins et fermes urbaines leur permettent ainsi retrouver le plaisir du jardinage en cultivant des micro-parcelles en potagers ou en espaces fleuris. D’ailleurs, <a href="https://www.lesentreprisesdupaysage.fr/les-francais-et-leur-jardin-barometre-2022/">75 % des Français considèrent le jardinage comme une activité de plaisir</a>, toutes tranches d’âge confondues, même si cette préférence est plus marquée chez les femmes (31 %) que chez les hommes (25 %).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue d’un jardin urbain" src="https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559641/original/file-20231115-15-nrb84t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Environ 75 % des Français considèrent le jardinage comme une activité plaisir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/arselectronica/7485805680">Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Samantha, médecin généraliste de Montreuil (Seine-Saint-Denis), apprécie par exemple de se rendre tous les samedis matin dans l’un des <a href="https://www.montreuil.fr/environnement/montreuil-est-notre-jardin/jardins-familiaux-jardins-partages">39 jardins urbains partagés</a> de la ville, à quelques mètres de son domicile :</p>
<blockquote>
<p>« J’aime toucher la terre, ça me transporte ailleurs où c’est plus vert, plus propre et plus apaisant. En plus, il y a toujours quelqu’un pour papoter de choses simples de la vie. »</p>
</blockquote>
<p>Nelly, agent dans un établissement, abonde dans le même sens :</p>
<blockquote>
<p>« Ces jardins c’est la preuve qu’on peut faire ressortir de la terre des aliments si on prend juste le temps de venir. C’est un beau sentiment. Je n’y connaissais rien avant mais vu que dans les quartiers il y a des fans de jardinage, ils m’ont appris pas mal de choses et partagé quelques conseils. »</p>
</blockquote>
<p>Au-delà de cette envie de se reconnecter avec la terre, le jardinage urbain et les fermes urbaines permettent en effet de renforcer également la création de liens sociaux, ce qui est particulièrement apprécié des usagers. Ainsi, ces espaces deviennent des lieux qui reflètent une aspiration collective à construire des communautés au sein des métropoles françaises.</p>
<p>Damien, en recherche d’emploi, en atteste :</p>
<blockquote>
<p>« C’est beau de voir qu’un groupe de personnes s’occupe d’une parcelle. On est tous différents mais quand on parle de jardinage, on ne sent pas cette différence. On veut tous la même chose, faire pousser des fleurs et des herbes comestibles. »</p>
</blockquote>
<p>Ces témoignages illustrent les atouts des jardins urbains, non seulement sur le volet environnemental mais aussi sur le volet social avec la création de liens entre personnes ne se connaissant pas et venants d’horizons différents.</p>
<h2>Une enveloppe de 17 millions d’euros</h2>
<p>Dans ce contexte, les acteurs publics, à travers différentes actions, vont pousser vers la démocratisation des jardins et des fermes urbaines. Dans le cadre du plan « France relance » et plus spécifiquement sur le volet « agriculture », le gouvernement a ainsi alloué, au niveau national, une <a href="https://www.prefectures-regions.gouv.fr/ile-de-france/Region-et-institutions/L-action-de-l-%C3%89tat/Agriculture-foret-developpement-rural-et-alimentation/France-relance-3-59-M-pour-soutenir-les-projets-de-jardins-partages-et-d-agriculture-urbaine">enveloppe de 17 millions d’euros</a> dont 3,59 millions d’euros pour l’Île-de-France et une contribution de 500 000 euros dédiées spécifiquement à la ville de Paris.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue d’un jardin urbain dans le parc de Bercy à Paris" src="https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559637/original/file-20231115-25-cpq059.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les acteurs de l’agriculture urbaine ont reçu une aide de 17 millions d’euros dans le cadre du plan « France relance ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Parc_de_Bercy_@_Paris_%2827157351173%29.jpg">Guilhem Vellut/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour conclure, au cœur de cités urbaines envahies par le béton et un rythme de vie effréné, les jardins et les fermes urbaines arrivent comme un élan de liberté et un nouveau souffle pour les citadins en quête de verdure pour renouer avec la terre. Ce plaisir retrouvé à travers une immersion dans une biodiversité en pleine ville permet aussi aux citadins de créer des liens entre eux, loin des différences de points de vue et de catégories socioprofessionnelles.</p>
<p>L’implication de l’État à travers des mesures d’encouragement sur le plan financier vient en soutien de cet engouement de la génération Y qui a ainsi toutes les chances de perdurer ces prochaines années.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217853/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ouiam Kaddouri ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les citadins de la génération Y apprécient de se reconnecter à la nature à proximité de leur domicile mais aussi de tisser des liens sociaux dans leur quartier.Ouiam Kaddouri, Enseignante-chercheuse en gestion et en stratégie, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2073962023-07-10T15:46:20Z2023-07-10T15:46:20ZQuand la petite couronne de Paris était maraîchère<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/533757/original/file-20230623-27-54axia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C2%2C845%2C556&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Famille de maraîchers à Bobigny, sans doute au début du XXe siècle, pratiquant la culture sous cloche.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.bobigny.fr/fileadmin/bobigny/MEDIA/decouvrir_bobigny/expo_maraichers/galerie_promo/img781.jpg">Archives communales de Bobigny</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>À l’heure où le ministère de l’Agriculture met en avant la nécessité d’augmenter notre <a href="https://theconversation.com/quatre-pistes-pour-une-souverainete-alimentaire-respectueuse-de-la-sante-et-de-lenvironnement-206947">souveraineté alimentaire en fruits et légumes</a>, le recensement décennal de l’agriculture de 2020 montrait un résultat encourageant pour l’Île-de-France.</p>
<p>Le nombre d’exploitations maraîchères a ainsi doublé depuis 2010, passant de 74 à 139, tout comme les surfaces en maraîchage diversifié (au moins 30 espèces différentes sur une même exploitation), qui sont passées de 1140 à 2040 ha.</p>
<p>Cela ne représente toutefois que <a href="https://driaaf.ile-de-france.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/RA2020_Etude_1ers_resultats_IDF_202112_cle85a54e.pdf">3 % des exploitations et moins de 0,4 % des surfaces</a>. Et on reste encore très loin de satisfaire les besoins en légumes (et encore plus en fruits !) de la région parisienne, qui <a href="https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1222">dépassent les 800 000 tonnes annuelles</a>.</p>
<p>Cependant, ce frémissement maraîcher est prometteur et se poursuit, souvent appuyé par des collectivités soucieuses de satisfaire une aspiration de consommation locale de leurs habitants. De même, se développent depuis une quinzaine d’années des formes de <a href="https://theconversation.com/agriculture-urbaine-en-france-le-jeu-des-sept-familles-107381">maraîchages intra-urbains</a> (y compris des jardins collectifs) qui <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03767150/document">témoignent aussi de cet intérêt renouvelé</a> pour le maraîchage de proximité.</p>
<h2>La petite couronne, historiquement maraîchère</h2>
<p>Renouvelé, car la déconnexion entre les citadins et le maraîchage en Île-de-France est finalement très récente. Les mouvements actuels retissent les liens d’une histoire multiséculaire, lorsque les jardins maraîchers étaient situés dans les interstices d’un tissu urbain en voie de densification.</p>
<p>L’urbanisation de la capitale s’est en effet faite dans de nombreux quartiers par une phase de transition entre le rural et l’urbain, la période maraîchère, où des champs ou des prés accueillent des activités maraîchères, avant d’être urbanisés.</p>
<p>Ainsi, 800 maraîchers œuvraient quotidiennement au XVIII<sup>e</sup> siècle, 1 800 en 1860, 2 500 en 1912 !</p>
<p>Plus de cinquante communes de l’actuel grand Paris ont été marquées par l’empreinte des maraîchers, avec une occupation géographique hétérogène. Si l’expression de « ceinture maraîchère » est communément admise, l’emprise maraîchère touchait essentiellement le nord, le sud et l’est de la capitale et très peu l’ouest.</p>
<p>Pour s’installer, un maraîcher a besoin d’un terrain relativement plat, très drainant, proche d’un axe de circulation et peu cher à l’achat. Il aime également se trouver à proximité de collègues, voire aménager un lotissement maraîcher. Ces conditions étaient réunies dans les banlieues nord et sud, mais pas à l’ouest (aux terrains très convoités par l’industrie et les rentiers et aux prix dissuasifs) ou à l’est (où les coteaux de Belleville, Bagnolet et Montreuil, ainsi que la taille très réduite des parcelles, empêchaient les installations).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Six cartes de 1859 à 1959 ; il y une croissance du nombre d’exploitations jusqu’à 1912, puis une décroissance rapide au XXᵉ siècle" src="https://images.theconversation.com/files/533753/original/file-20230623-25-jq63y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/533753/original/file-20230623-25-jq63y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/533753/original/file-20230623-25-jq63y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/533753/original/file-20230623-25-jq63y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/533753/original/file-20230623-25-jq63y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/533753/original/file-20230623-25-jq63y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/533753/original/file-20230623-25-jq63y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Évolution de l’implantation des maraîchers en Île-de-France, avec une installation préférentielle au nord et au sud.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Michel Roy</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En quittant les XII<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> arrondissements de Paris dans la seconde moitié du XIX<sup>e</sup> siècle (chassés par l’urbanisation), les maraîchers se sont donc installés au nord à Asnières, Clichy, Aubervilliers et Bobigny, et au sud entre Issy-les-Moulineaux et Créteil. Parmi l’ensemble de ces villes, Bobigny et Créteil ont été marquées durablement par des implantations maraîchères de centaines d’exploitations.</p>
<h2>Les maraîchers, rouage de l’économie circulaire périurbaine</h2>
<p>Gens de la ville et du <a href="https://theconversation.com/agriculture-urbaine-en-france-le-jeu-des-sept-familles-107381">périurbain</a> depuis le Moyen Âge, les maraîchers s’intégraient parfaitement dans une économie circulaire, utilisant les ressources de la ville, cherchant sans cesse à produire mieux et plus et à moindre coût.</p>
<p>Ils pouvaient ainsi s’adapter aux changements de consommations, à l’évolution des goûts et de la demande… mais aussi à l’expansion des villes, notamment en se déplaçant. Contrairement aux cultivateurs de légumes ou arboriculteurs installés et liés à leurs terroirs, les maraîchers peuvent en effet changer d’emplacement au gré des opportunités en emportant leur terreau pour recommencer sur des terrains vierges.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Les maraîchers parisiens avaient ainsi élevé la culture des légumes au rang d’un art, d’une esthétique relationnelle entre le cultivateur, la terre, la nature et les innombrables légumes cultivés <a href="https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/000pack2/Etude_2435/NR_868_web.pdf">tout au long de l’année</a>. Ils ont décuplé le produit du sol, cultivé de façon quasi permanente au prix d’un investissement considérable en matériel, de quantités phénoménales de fumier et d’eau, et d’un savoir-faire unique (cloches à salades ou melons, couches chaudes, etc.).</p>
<p>À la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, sur des surfaces de souvent moins d’un hectare, les maraîchers arrivaient ainsi à produire l’équivalent de 250 tonnes par hectare. À titre d’exemple, 100 millions de salades sortaient annuellement des exploitations avant la Première Guerre mondiale. Leur production était destinée aux marchés et bonnes tables de la capitale ou des capitales européennes, et parfois considérée comme un produit de luxe (carottes ou navets, primeurs, salades en plein hiver…).</p>
<p>Ainsi, la croissance de la population aux XVIII<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> siècles s’est accompagnée de l’augmentation de l’effectif des chevaux (on comptera jusqu’à 100 000 chevaux dans Paris à la fin du XIX<sup>e</sup>). Pour les maraîchers, cela se traduit par plus de fumier pour faire des couches chaudes, et produire des primeurs l’hiver. Et quand les effectifs de chevaux viennent à chuter au XX<sup>e</sup> siècle, ils cherchent d’autres matières premières, des meules de champignons, par exemple.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vu de la plaine de Créteil, montrant des exploitations maraichères" src="https://images.theconversation.com/files/535035/original/file-20230630-15-wue7l3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/535035/original/file-20230630-15-wue7l3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/535035/original/file-20230630-15-wue7l3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/535035/original/file-20230630-15-wue7l3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/535035/original/file-20230630-15-wue7l3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/535035/original/file-20230630-15-wue7l3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/535035/original/file-20230630-15-wue7l3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En 1969, la plaine de Créteil et de la Courneuve était encore maraîchère.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean Michel Roy</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Leur itinérance, leur ingéniosité, leurs connaissances techniques et leur infatigable labeur leur ont permis de s’adapter durant des siècles aux mutations de la ville et aux transformations des consommations.</p>
<h2>Pour un retour vers une petite couronne maraîchère ?</h2>
<p>Porteuse de nombreuses innovations techniques en son temps, d’économie circulaire, contributrice majeure à l’alimentation de Paris, la ceinture maraîchère de Paris pourrait aujourd’hui être réactivée pour des raisons de sécurisation alimentaire et environnementale.</p>
<p>Certes pas aux mêmes endroits, souvent urbanisés de nos jours, mais selon une logique voisine de production maraîchère de qualité en proximité, orientée vers les besoins et les marchés de la ville : c’est donc surtout vers du périurbain qu’il faut s’orienter.</p>
<p>Il faut ainsi poursuivre l’installation de maraîchers sur les fonciers détenus par la puissance publique, sur des friches agricoles (plus de 4200 ha en Île-de-France), mais aussi inciter les exploitations de grande culture à se diversifier en maraîchage ou en légumes de plein champ.</p>
<p>Parallèlement, et avec une visée plus éducative que strictement productive, il faut poursuivre la multiplication des formes de jardinage potager, individuel et collectif, ou l’installation de microfermes maraîchères participatives, de préférence en milieu urbain dense où elles sont très demandées.</p>
<p>Il est probable que si reconquête maraîchère il y a en Île-de-France, elle prendra divers visages, des petites fermes maraîchères diversifiées en circuits courts à des exploitations de plus grande taille, individuelles et collectives, orientées notamment vers la satisfaction des besoins de la restauration collective.</p>
<p>C’est par une connaissance fine des leçons de l’histoire, en adaptant les techniques d’alors à nos possibilités, contraintes et objectifs d’aujourd’hui, bref en apprenant du passé avec les yeux du présent, que l’on pourra réaliser cette reconstruction. Cela porte un nom aujourd’hui, la « French method » en matière de cultures urbaines, selon le terme accolé outre-Atlantique à ce maraîchage parisien du passé.</p>
<p>Localiser ces zones de production au cœur des métropoles pourrait permettre de contribuer à réduire les îlots de chaleur, de retraiter les déchets urbains, de séquestrer du carbone, de réduire les émissions de CO<sub>2</sub> dues au transport alimentaire. Et de retrouver la joie ancienne de pouvoir déguster des produits ultra frais, sans intermédiaires, et locaux.</p>
<hr>
<p><em>Jean-Michel Roy, historien et anthropologue, spécialiste de l’agriculture urbaine, est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207396/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christine Aubry ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Leur itinérance, leur ingéniosité, leurs connaissances et leur infatigable labeur auront permis aux maraîchers de s’adapter des siècles durant aux mutations de la ville et des consommations.Christine Aubry, Fondatrice de l’équipe de recherche « Agricultures urbaines », UMR Sadapt, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2006722023-04-17T15:56:02Z2023-04-17T15:56:02ZCultiver les sols d’une métropole au lourd passé industriel, est-ce une bonne idée ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514479/original/file-20230309-14-2odhkm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C18%2C876%2C634&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les étudiants du MSc Urban Agriculture & Green Cities en visite à la ferme pédagogique du Champ des Bruyères.</span> <span class="attribution"><span class="source">Autrice</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le nouveau grand défi des villes qui se veulent durables, écologiques et résilientes est de concilier deux mondes, agricole et urbain. Même si tout semble séparer ces formes d’espace, l’agriculture et la ville sont davantage pensées ensemble dans les <a href="https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/30422">modèles de développement urbain moderne, intégré et durable</a>.</p>
<p>Des démarches sont ainsi déjà à l’œuvre pour renforcer la fonction alimentaire des sols urbains, selon une logique de retour à une production végétale au plus près des lieux de consommation en ville. Les sols urbains présentent cependant des surprises : il faut s’assurer de leur qualité et de l’absence de contaminants avant d’oser les cultiver et y produire des végétaux en pleine terre.</p>
<p>Il faut aussi faire taire les idées reçues selon lesquelles sol urbain rime avec sol pollué. Ceci est parfois le cas, <a href="https://theconversation.com/le-sol-urbain-un-sol-fertile-a-rouen-des-etudiants-les-mains-dans-la-terre-163037">mais pas toujours</a> !</p>
<p>Malgré son lourd passé industriel (pétrochimie), la Métropole Rouen Normandie s’est engagée pour une agriculture durable et de proximité. Elle a initié une politique ambitieuse de transition de l’agriculture et des systèmes alimentaires, notamment au travers de son <a href="https://www.metropole-rouen-normandie.fr/projet-alimentaire-territorial">Projet alimentaire territorial</a>.</p>
<p>L’agriculture urbaine fait partie intégrante de cette réflexion avec un objectif de multiplier les lieux où elle se pratique selon une diversité de formes, de systèmes techniques et de modèles économiques : ferme pédagogique, micro-ferme multifonctionnelle ou productive, <a href="https://theconversation.com/lexperience-du-jardinage-urbain-des-habitants-de-la-ville-de-rouen-145897">jardins partagés</a>, maraîchage, éco-pâturage, ruches, etc.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<h2>Une ferme urbaine de la fourche à la fourchette</h2>
<p>Parmi ces initiatives, la <a href="https://www.lechampdespossibles-rouen.org/les-lieux/les-bruyeres/">ferme citoyenne, pédagogique et en agroécologie du Champ des Bruyères</a> excelle dans l’expérimentation et la transmission du savoir-faire et des valeurs d’un système alimentaire de la fourche à la fourchette. Ancien hippodrome, le site a été métamorphosé par un effort conjoint entre la métropole et l’association du Champ des Possibles pour offrir aux habitants un écrin de verdure où il fait bon flâner.</p>
<p>Installée sur une parcelle de 2 hectares, la ferme s’est dotée de multiples dispositifs de production : serre, jardins partagés, potager, vergers, etc, et offre des opportunités d’approvisionnement en fruits et légumes frais cultivés en pleine terre. Aujourd’hui, l’enjeu pour cette ferme n’est de produire pour vendre mais de faire de la pédagogie autour de la transition alimentaire avec deux axes majeurs : jardiner et cuisiner.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514480/original/file-20230309-435-1bzzvh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">image.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il s’agit davantage d’encourager et de sensibiliser à l’autoproduction et le jardinage urbain, ce qui est différent de la pratique du maraîchage comme pratiqué par l’association à ses débuts sur le <a href="https://theconversation.com/le-sol-urbain-un-sol-fertile-a-rouen-des-etudiants-les-mains-dans-la-terre-163037">site de Repainville</a>.</p>
<p>Même si le sol et tous les services écosystémiques qu’il rend occupent une place privilégiée dans ce projet, ils n’ont hélas pas été suffisamment pensés lors de la phase de conception de ce dernier. Nous avons donc proposé, dans le cadre du cursus du <a href="https://www.unilasalle.fr/formations/msc-urban-agriculture-green-cities">Master of Science Urban Agriculture and Green Cities</a>, d’accompagner l’association dans la démarche d’analyse et de compréhension du potentiel du sol de la ferme urbaine.</p>
<h2>Décortiquer la composition des sols</h2>
<p>Il s’est agi d’abord de définir des points de prélèvements, de façon à quadriller l’ensemble de la parcelle en tenant compte de l’historique de ces sols, notamment leur provenance (terre agricole apportée lors du démarrage des cultures), les différents amendements ainsi que les précédents culturaux. Il fallait aussi tenir compte des deux agrosystèmes pratiqués en pleine terre : sous abri ou en plein air.</p>
<p>Cinq prélèvements de sol ont ainsi été analysés pour leurs propriétés physico-chimiques et leurs activités biologiques. La physico-chimie a été déterminée selon un protocole très simplifié et facilement reproductible par les membres de l’association conviés aux séances d’analyse au laboratoire d’UniLaSalle Campus de Rouen.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514481/original/file-20230309-16-5jgl9j.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514481/original/file-20230309-16-5jgl9j.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514481/original/file-20230309-16-5jgl9j.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514481/original/file-20230309-16-5jgl9j.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514481/original/file-20230309-16-5jgl9j.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514481/original/file-20230309-16-5jgl9j.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514481/original/file-20230309-16-5jgl9j.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">image.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les propriétés physicochimiques du sol (pH, granulométrie par sédimentation, détermination de la matière organique et du carbonate de calcium et détermination de la capacité d’échange cationique) ont été mesurées. Les composants biologiques du sol en interaction avec les plantes (colonisation endomycorhizienne des racines, symbiose rhizobienne et abondance des vers de terre) ont aussi été mis en évidence.</p>
<h2>Un pH un peu élevé</h2>
<p>Tous les sols se sont révélés argileux et très sablonneux. Cette présence de sable en quantité non négligeable est un premier indicateur que la terre n’est pas optimale pour la culture. La nature drainante de ce type de sol limite en effet la rétention de l’eau de pluie ou d’irrigation, ce qui génère un gaspillage des ressources en eaux. Le choix du sol agricole lors de la phase de mise en place du projet n’a donc pas tenu compte des propriétés de cette texture.</p>
<p>Deuxième indicateur de la qualité des sols, la mesure du pH. Les résultats se sont révélés peu homogènes avec une tendance d’un pH plutôt élevé – supérieur à 7. La majorité des prélèvements ne montre pas de présence de calcaire, sauf dans la parcelle du verger (avec le pH le plus élevé). Un pH trop élevé complique la culture en réduisant les échanges ioniques et, en conséquence, les chances de l’établissement de la vie du sol.</p>
<p>En ce qui concerne la capacité d’échange cationique, elle a été mesurée en utilisant le bleu de méthylène. Cette mesure plutôt favorable n’est toutefois pas optimale pour encourager les échanges de nutriments du sol vers la plante, en raison du pH.</p>
<h2>De la vie dans les sols</h2>
<p>Quant à la présence de la matière organique, elle a été mesurée en utilisant de l’eau oxygénée. Les parcelles étudiées ont révélé la présence de quantités variables de matière organique. Ceci peut être expliqué par les différents amendements organiques apportés au démarrage de l’activité de la ferme.</p>
<p>La composante biologique est révélée par l’existence de champignons autour des plantes et par l’existence de bactéries abritées dans des nodules. Malheureusement, lors des prélèvements, la sécheresse du sol n’a pas permis de vérifier la présence de vers de terre.</p>
<p>En ce qui concerne la composante fongique, nous n’avons pas observé de mycorhizes, mais nous retrouvons des vésicules et des hyphes qui sont autant de marqueurs de l’établissement d’une vie biologique du sol bénéfique pour la plante.</p>
<p>Quant à la composante bactérienne, elle a été observée à partir de racines de fabacées implantées dans l’ensemble des parcelles. De nombreux nodules ont été mis en évidence dénotant une activité bactérienne intense permettant la fixation de l’azote atmosphérique par les plantes : un plus pour les plantes et le sol.</p>
<h2>Des sols prometteurs à améliorer</h2>
<p>Cultiver des sols urbains demeure à ce jour une aventure dont les conditions de réussite résident dans la prise en compte de la dimension « sol ». Même si l’adage sol urbain rime réellement avec sol pollué, nombre d’entre eux demeurent d’excellents supports de culture à condition de les observer, de les analyser et de les améliorer.</p>
<p>L’analyse détaillée plus haut permet de tirer certaines conclusions sur leur état à la ferme des Bruyères. Le sol est effectivement très drainant, les paramètres physico-chimiques ne sont pas extrêmes et peuvent être améliorés (plantation d’arbre, amendement organique, semis de trèfle, moutarde, éviter le travail du sol et la dispersion de la composante biologique, etc.).</p>
<p>La texture sablonneuse du sol renforce enfin un autre problème structurel de la ferme pédagogique, qui est celui de l’accès à l’eau. Même si la récupération d’eaux de pluie est déjà en place, elle ne suffit pas compte tenu de la texture du sol. Avoir recours à l’eau potable du réseau pour l’arrosage pose de sérieuses questions éthiques.</p>
<p>Dans ce dispositif joli et ingénieux, des fruits et légumes poussent d’ores et déjà et trouvent une demande de la part de consommateurs motivés par la composante locale et environnementale de ces produits. Cette expérimentation constitue un point de départ, qu’il faudra poursuivre pour mesurer les effets à court, moyen et long terme des pratiques d’amélioration du sol.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200672/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La Métropole Rouen Normandie entend développer une agriculture durable et de proximité. Mais un tel projet implique de bien analyser la composition des sols, marqués par de nombreuses pollutions.Marie Asma Ben-Othmen, Enseignante-chercheuse Responsable du Master of Science Urban Agriculture & Green Cities, UniLaSalleMarie-Pierre Bruyant, Sciences végétales, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1673112021-11-16T16:23:28Z2021-11-16T16:23:28ZUne BD sur l’importance des potagers en ville<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/422473/original/file-20210921-27-foatga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5085%2C2310&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Extrait du reportage BD «Agriculture urbaine, une tomate à la fois».</span> <span class="attribution"><span class="source">Éric Duchemin</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Dans les pays industrialisés, l’agriculture urbaine se positionne à la croisée de mouvements pour un changement du système alimentaire globalisé, pour le développement d’une nouvelle fonction alimentaire de nos villes ou encore pour la défense d’une justice sociale, environnementale et alimentaire. La grande diversité des initiatives d’agriculture urbaine en fait un vaste champ d’études dont les enjeux continuent d’être appréhendés.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lextraordinaire-ascension-de-lagriculture-urbaine-126969">L’extraordinaire ascension de l’agriculture urbaine</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Depuis quelques années, l’agriculture urbaine suscite un intérêt croissant pour les politiques publiques, mais aussi pour la recherche. Par contre, les potagers domestiques restent encore fortement délaissés par cette dernière, malgré qu’ils représentent la forme la plus présente dans les villes.</p>
<p>Le projet de recherche <a href="http://www.au-lab.ca/recherche/au-infrastructure-verte-resilience/">Évaluation de l’agriculture urbaine comme infrastructure verte de résilience individuelle et collective face aux changements climatiques et sociaux</a>, auquel j’ai participé, visait à éclairer l’apport de ceux-ci autant dans la lutte à l’insécurité alimentaire, que pour la transition écologique et la résilience des villes.</p>
<p>Le reportage BD « Agriculture urbaine, une tomate à la fois » est le récit de cette recherche réalisée pendant quatre ans dans la région de Montréal sur les potagers individuels. Vous y découvrirez l’importance que ceux-ci représentent pour l’alimentation, pour la ville, mais aussi pour les jardiniers et jardinières.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419277/original/file-20210903-23-1nzatuk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419277/original/file-20210903-23-1nzatuk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=633&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419277/original/file-20210903-23-1nzatuk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=633&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419277/original/file-20210903-23-1nzatuk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=633&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419277/original/file-20210903-23-1nzatuk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419277/original/file-20210903-23-1nzatuk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419277/original/file-20210903-23-1nzatuk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419281/original/file-20210903-27-1uwx8fb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419281/original/file-20210903-27-1uwx8fb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419281/original/file-20210903-27-1uwx8fb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419281/original/file-20210903-27-1uwx8fb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419281/original/file-20210903-27-1uwx8fb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419281/original/file-20210903-27-1uwx8fb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419281/original/file-20210903-27-1uwx8fb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419276/original/file-20210903-13-eyv9bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419276/original/file-20210903-13-eyv9bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419276/original/file-20210903-13-eyv9bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419276/original/file-20210903-13-eyv9bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419276/original/file-20210903-13-eyv9bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419276/original/file-20210903-13-eyv9bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419276/original/file-20210903-13-eyv9bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419279/original/file-20210903-15-1gdc45g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419279/original/file-20210903-15-1gdc45g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419279/original/file-20210903-15-1gdc45g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419279/original/file-20210903-15-1gdc45g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419279/original/file-20210903-15-1gdc45g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419279/original/file-20210903-15-1gdc45g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419279/original/file-20210903-15-1gdc45g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419278/original/file-20210903-23-1vus2kl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419278/original/file-20210903-23-1vus2kl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419278/original/file-20210903-23-1vus2kl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419278/original/file-20210903-23-1vus2kl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419278/original/file-20210903-23-1vus2kl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419278/original/file-20210903-23-1vus2kl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419278/original/file-20210903-23-1vus2kl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419280/original/file-20210903-13-nha3bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419280/original/file-20210903-13-nha3bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419280/original/file-20210903-13-nha3bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419280/original/file-20210903-13-nha3bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419280/original/file-20210903-13-nha3bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419280/original/file-20210903-13-nha3bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419280/original/file-20210903-13-nha3bj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419282/original/file-20210903-13-1t6evcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419282/original/file-20210903-13-1t6evcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419282/original/file-20210903-13-1t6evcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419282/original/file-20210903-13-1t6evcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419282/original/file-20210903-13-1t6evcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419282/original/file-20210903-13-1t6evcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419282/original/file-20210903-13-1t6evcv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419284/original/file-20210903-25-10zfzw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419284/original/file-20210903-25-10zfzw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419284/original/file-20210903-25-10zfzw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419284/original/file-20210903-25-10zfzw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419284/original/file-20210903-25-10zfzw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419284/original/file-20210903-25-10zfzw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419284/original/file-20210903-25-10zfzw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419286/original/file-20210903-23-1uyp6ip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419286/original/file-20210903-23-1uyp6ip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419286/original/file-20210903-23-1uyp6ip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419286/original/file-20210903-23-1uyp6ip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419286/original/file-20210903-23-1uyp6ip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419286/original/file-20210903-23-1uyp6ip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419286/original/file-20210903-23-1uyp6ip.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419285/original/file-20210903-27-1u3h30x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419285/original/file-20210903-27-1u3h30x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419285/original/file-20210903-27-1u3h30x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419285/original/file-20210903-27-1u3h30x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419285/original/file-20210903-27-1u3h30x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419285/original/file-20210903-27-1u3h30x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419285/original/file-20210903-27-1u3h30x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419290/original/file-20210903-21-ccvcet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419290/original/file-20210903-21-ccvcet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419290/original/file-20210903-21-ccvcet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419290/original/file-20210903-21-ccvcet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419290/original/file-20210903-21-ccvcet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419290/original/file-20210903-21-ccvcet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419290/original/file-20210903-21-ccvcet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419287/original/file-20210903-27-eh3zud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419287/original/file-20210903-27-eh3zud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=354&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419287/original/file-20210903-27-eh3zud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=354&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419287/original/file-20210903-27-eh3zud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=354&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419287/original/file-20210903-27-eh3zud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419287/original/file-20210903-27-eh3zud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419287/original/file-20210903-27-eh3zud.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419291/original/file-20210903-23-m3c3mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419291/original/file-20210903-23-m3c3mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419291/original/file-20210903-23-m3c3mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419291/original/file-20210903-23-m3c3mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419291/original/file-20210903-23-m3c3mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419291/original/file-20210903-23-m3c3mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419291/original/file-20210903-23-m3c3mq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419288/original/file-20210903-17-l7pg8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419288/original/file-20210903-17-l7pg8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419288/original/file-20210903-17-l7pg8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419288/original/file-20210903-17-l7pg8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419288/original/file-20210903-17-l7pg8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419288/original/file-20210903-17-l7pg8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419288/original/file-20210903-17-l7pg8d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419292/original/file-20210903-15-12dkg7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419292/original/file-20210903-15-12dkg7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419292/original/file-20210903-15-12dkg7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419292/original/file-20210903-15-12dkg7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=776&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419292/original/file-20210903-15-12dkg7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419292/original/file-20210903-15-12dkg7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419292/original/file-20210903-15-12dkg7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=976&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419293/original/file-20210903-27-1ojb5tm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419293/original/file-20210903-27-1ojb5tm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=548&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419293/original/file-20210903-27-1ojb5tm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=548&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419293/original/file-20210903-27-1ojb5tm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=548&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419293/original/file-20210903-27-1ojb5tm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=689&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419293/original/file-20210903-27-1ojb5tm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=689&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419293/original/file-20210903-27-1ojb5tm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=689&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/167311/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Duchemin a reçu des financements de Gouvernement du Québec, Ouranos, FRQ. </span></em></p>Le reportage BD « Agriculture urbaine, une tomate à la fois » explore le monde des potagers domestiques urbains, qui connaissent un engouement extraordinaire.Éric Duchemin, Adjunct professor - Professeur associé - Directeur Scientifique AU/LAB et CRETAU, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1630372021-07-06T17:21:47Z2021-07-06T17:21:47ZLe sol urbain, un sol fertile ? À Rouen, des étudiants les mains dans la terre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/409849/original/file-20210706-21-1u1a4io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1376%2C808%2C1937%2C1315&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Prélèvements dans le jardin de Repainville pour analyser la composition du sol urbain.</span> <span class="attribution"><span class="source">UniLaSalle</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Dans les grandes métropoles, l’usage des sols fait depuis longtemps l’objet de fortes tensions entre artificialisation et agriculture. Les usages artificialisés et très lucratifs du sol, centrés sur la rente foncière et le prix du foncier bâti et constructible, ne cessent de progresser, convertissant continuellement autour des villes des terres agricoles en sols constructibles.</p>
<p>Malheureusement, ces transformations de l’usage du sol se font souvent au détriment de la qualité de vie des citadins, occultant de fait <a href="http://www.fao.org/resources/infographics/infographics-details/fr/c/294324/">ses principales fonctions</a>.</p>
<p>Au-delà de sa fonction nourricière – de support des cultures vivrières –, le sol offre une <a href="https://theconversation.com/les-mycorhizes-reseaux-sociaux-des-ecosystemes-terrestres-146335">diversité de services écosystémiques</a> allant de la fonction de régulation (stockage du carbone et climat…) à celle de support (l’eau) en passant par celle d’approvisionnement (la nutrition et la défense des plantes ainsi que le maintien de la biodiversité du sol).</p>
<p>Le sol urbain est aussi reconnu pour <a href="https://www.afes.fr/wp-content/uploads/2019/06/EGS-2018-25-4-Guilland-59-78.pdf">sa grande fertilité et sa forte biodiversité</a>. Aujourd’hui, l’<a href="https://theconversation.com/lexperience-du-jardinage-urbain-des-habitants-de-la-ville-de-rouen-145897">engouement pour des projets d’agriculture urbaine</a> portés par les citoyens et soutenus par les pouvoirs publics, témoigne d’une prise de conscience des fonctions originelles des sols en milieu urbain.</p>
<p>Cependant, la transition d’un sol de ville empreint de connotations négatives (pollution, contamination…) en un sol productif et nourricier n’est pas chose aisée et la tâche peut se révéler infructueuse. Il s’agit de bousculer les mentalités…</p>
<h2>Le Champ des possibles</h2>
<p>Même si un pas est franchi sur l’acceptabilité par les citadins de ces îlots de verdure au regard de leurs différentes fonctions paysagères, sociales, thérapeutiques et éducatives, l’approche scientifique quant à elle, demeure un défi que plusieurs associations ont tenté de relever.</p>
<p>Dans les jardins de Repainville, à Rouen, l’une d’elles nommée le Champ des possibles, a bénéficié du soutien du campus de Rouen d’UniLaSalle pour mettre en œuvre une telle approche, dans l’objectif de valider la qualité des sols et par conséquent la sécurité des fruits et légumes qu’ils produisent.</p>
<p>L’association cultive dans ses serres et dans son jardin de la moutarde, des fleurs comestibles, du persil, des tomates, des laitues, des fraises, des radis, des poireaux, des plantes aromatiques et arbres fruitiers (pommiers, framboisiers…).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/407337/original/file-20210620-35700-1ib8kuq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/407337/original/file-20210620-35700-1ib8kuq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/407337/original/file-20210620-35700-1ib8kuq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/407337/original/file-20210620-35700-1ib8kuq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/407337/original/file-20210620-35700-1ib8kuq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/407337/original/file-20210620-35700-1ib8kuq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/407337/original/file-20210620-35700-1ib8kuq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Plan d’expérience et stratégie d’échantillonnage dans les trois agrosystèmes du site de Repainville (jardin potager, serre et exploitation maraîchère.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UniLaSalle</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/407338/original/file-20210620-35447-dmti2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/407338/original/file-20210620-35447-dmti2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/407338/original/file-20210620-35447-dmti2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/407338/original/file-20210620-35447-dmti2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/407338/original/file-20210620-35447-dmti2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/407338/original/file-20210620-35447-dmti2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/407338/original/file-20210620-35447-dmti2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Plan d’expérience et stratégie d’échantillonnage dans les trois agrosystèmes du site de Repainville (jardin potager, serre et exploitation maraîchère.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UniLaSalle</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Elle ambitionne d’être un démonstrateur des alternatives écologiques de l’usage des sols urbains et un lieu de partage des vertus de l’agriculture urbaine. Elle propose notamment des ateliers cuisine nature afin de reconnecter les citadins avec la nature et l’agriculture locale.</p>
<p>Dans le cadre du Master of science « agriculture urbaine et villes vertes » (MAUV), dix étudiants du campus de Rouen ont réalisé un protocole d’expérimentation en deux étapes, intitulé « sol-plante-climat dans les jardins de Repainville ».</p>
<h2>Démarche expérimentale simplifiée</h2>
<p>Lors d’une campagne de prélèvement sur le site de Repainville, les étudiants ont dans un premier temps établi un plan d’expérience et une stratégie d’échantillonnage. Un travail mené à la suite d’une analyse de lecture de paysage (orientation, relief, vent dominant, flore et faune spontanées, aménagement des cultures, espaces bâtis…) et d’une approche sensible (odeur, bruit, ressenti…).</p>
<p>Ils ont prélevé du sol et des racines de plantes sur trois agrosystèmes différents : le jardin (pleine terre, plein air, agriculture biologique), la serre (pleine terre, sous-abris, agriculture biologique) et l’exploitation maraîchère (pleine terre, plein air, agriculture raisonnée). Un prélèvement de vers de terre a également été réalisé pour étayer les observations.</p>
<h2>Approches paysagère et sensible</h2>
<p>Exposés au sud et situés aux pieds des falaises creusées par la Seine, les jardins de Repainville sont parcourus par un petit ruisseau. Ils sont abrités du vent et du soleil par des arbres générant un microclimat favorable à la culture et offrant un refuge à une biodiversité spécifique. C’est le royaume des Lamiaceae, Fabaceae, Brassicaceae et des oiseaux à proximité du centre-ville de Rouen ! Un lieu paisible et plaisant où la rumeur de la ville est somme toute perceptible.</p>
<h2>Approche scientifique</h2>
<p>Dans un second temps, les échantillons ont été observés au laboratoire d’analyse de sol de l’école. Les étudiants ont mesuré d’une part, les propriétés physicochimiques du sol (pH, granulométrie par sédimentation, détermination de la matière organique et du carbonate de calcium et détermination de la capacité d’échange cationique : CEC), d’autre part, les composants biologiques du sol en interaction avec les plantes (colonisation endomycorhizienne des racines, symbiose rhizobienne et abondance des vers de terre).</p>
<p>L’approche scientifique a permis de consolider l’approche sensible issue de la lecture du paysage. Les résultats des propriétés physicochimiques dans les trois agrosystèmes ont révélé un pH un peu élevé variant de 7,6 à 7,8, toutefois favorable à la culture maraîchère. Cette valeur pourrait être expliquée par la grande quantité de calcaire mesurée dans les prélèvements et mise en évidence par la très forte effervescence en présence d’acide. Les valeurs de CEC obtenues soulignent par ailleurs que le pH n’impacte pas négativement les échanges sol-plante.</p>
<p>En outre, la teneur en matière organique est plus que satisfaisante compte tenu de toutes les variables physicochimiques mesurées. Enfin, la granulométrie indique un sol limono-argileux, une texture très favorable à la circulation d’eau, des nutriments et au développement de la vie biologique du sol.</p>
<h2>Mycorhizes, <em>Rhizobium</em> et vers de terre</h2>
<p>Les résultats des composants biologiques ont montré une forte colonisation mycorhizienne (association entre une plante et un champignon favorisant l’absorption d’eau et de minéraux en particulier le phosphore) et rhizobienne (association entre une plante et une bactérie favorisant l’absorption de l’azote) des racines des plantes prélevées dans les trois agrosystèmes. Un résultat très encourageant, synonyme d’un sol vivant et en bonne santé.</p>
<p>D’ailleurs, la présence d’une forte abondance de vers de terre (aérateurs et mélangeurs du sol) conforte ces observations.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/407339/original/file-20210620-26-1yq9yh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/407339/original/file-20210620-26-1yq9yh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/407339/original/file-20210620-26-1yq9yh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/407339/original/file-20210620-26-1yq9yh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/407339/original/file-20210620-26-1yq9yh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/407339/original/file-20210620-26-1yq9yh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/407339/original/file-20210620-26-1yq9yh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ateliers d’analyses au laboratoire sur les propriétés physicochimiques du sol (à gauche) et les composants biologiques du sol en interaction avec les plantes (à droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">UniLaSalle</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Discussion et perspectives</h2>
<p>Pas forcément si difficile de bousculer les mentalités, donc, mais plus complexe en revanche de lutter contre la monétarisation du sol urbain au-delà de sa seule vocation de terrain constructible et sa valeur foncière.</p>
<p>Les vertus des sols urbains offrent une multitude de bénéfices aux citadins dont la valeur est non marchande. Il est ainsi important d’arbitrer les dynamiques de l’occupation des sols et des transformations de leur usage autour et au sein même des villes.</p>
<p>Cette étude permet d’attirer l’attention sur la nécessité de concilier l’approche scientifique à celle paysagère dans d’autres jardins et fermes urbaines à l’échelle de la ville.</p>
<p>Même si des analyses préalables ont en l’occurrence montré l’absence dans la terre de tout contaminant dommageable à la santé humaine, il est indispensable d’acquérir des données supplémentaires d’inventaire dans le cadre d’une évaluation environnementale ou sanitaire des activités des projets d’agricultures urbaines.</p>
<p>Ces données permettraient <em>in fine</em> de dégager des typologies de jardins et fermes urbaines en fonction des caractéristiques des sols à l’échelle de la ville de Rouen.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163037/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs remercient Stéphanie Gomis et Anne Delisle (Association du Champ des possibles) et Odile Morvan (enseignante-chercheure de l’université de Rouen), qui ont participé à la mise en œuvre ; ainsi que les étudiants du MSc agriculture urbaine et villes vertes d’UniLaSalle. Un grand merci à Magali Maniez, ingénieure d’étude à UniLaSalle pour la préparation des analyses en laboratoire.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Babacar Thioye et Marie-Pierre Bruyant ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Dans les jardins de Repainville, à Rouen, des étudiants ont aidé une association d’agriculture urbaine locale à analyser la qualité des sols avec des résultats très encourageants.Marie Asma Ben-Othmen, Enseignante-chercheuse en agroéconomie et économie de l’environnement, UniLaSalleBabacar Thioye, Enseignant-chercheur en agroécologie, unité de recherche AGHYLE, UniLaSalleMarie-Pierre Bruyant, Sciences végétales, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1605732021-06-15T18:26:11Z2021-06-15T18:26:11ZConsommer local, verdir la ville ou récupérer les déchets sont-ils des actions politiques ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/406203/original/file-20210614-102344-19jcssl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C744&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un potager érigé en pleine ville. Jardiner, verdir les espaces ou manger local peuvent-ils être considérés comme des gestes politiques ? </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis deux décennies, de plus en plus de personnes choisissent de transformer leurs pratiques quotidiennes pour des raisons politiques et collectives.</p>
<p>C’est le cas des personnes engagées dans les mouvements de <a href="http://www.simplicitevolontaire.org/la-simplicite-volontaire/definition/">simplicité volontaire</a>, de <a href="https://www.alimentsduquebec.com/fr/blogue/achat-local/manger-local-c-est-quoi">« manger local »</a> ou de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1795033/gastronomie-agriculture-locavore-archives">« slow food »</a>. Elles utilisent ainsi leur mode de vie comme un espace de transformation sociale pour mettre en pratique les valeurs politiques qu’elles chérissent.</p>
<p>On pense aussi aux personnes qui pratiquent le glanage urbain (le <a href="https://journalmetro.com/actualites/montreal/2309409/dumpster-diving-un-etat-desprit-pour-enrayer-le-gaspillage-alimentaire/"><em>dumpster-diving</em></a>) et qui consiste à fouiller dans les poubelles des épiceries pour en extraire des aliments encore consommables. Ou encore, le <a href="https://www.ledevoir.com/vivre/jardinage/532749/qui-sont-les-bucherons-de-l-asphalte">verdissement de l’espace public</a>. Les jardiniers créent de nouveaux lieux de sociabilité et de biodiversité dans des espaces inusités de la ville.</p>
<p>Mais est-ce que cela veut dire que jardiner est foncièrement une action politique ? Manger ? S’approvisionner ? <a href="https://oxfordre.com/politics/view/10.1093/acrefore/9780190228637.001.0001/acrefore-9780190228637-e-68">Tout serait alors politique</a> ?</p>
<p>Si ces mouvements permettent de voir autrement des pratiques jusque-là considérées banales ou intimes, cela pose également des questions sur la nature de l’action politique. Le risque est grand que le terme de « politique » ne signifie plus rien en englobant autant de pratiques. Comment s’y retrouver ?</p>
<p>Avec notre équipe de recherche, nous avons été à la rencontre de citoyens qui s’engagent dans le verdissement et le glanage urbain pour mieux comprendre les conditions de réalisation de leurs actions et leurs motivations. Nous avons découvert qu’elles ne sont pas forcément engagées et politisées. Le contexte dans lequel se déploient ces pratiques influence la façon dont le jardinier ou le glaneur envisage ses actions. C’est ce que nous avons voulu montrer dans <a href="https://www.capedmontreal.com/blog">cette bande dessinée illustrée et scénarisée par Saturnome</a> qui explique comment des actions banales peuvent devenir politiques pour ceux qui les pratiquent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un jardin érigé en ville" src="https://images.theconversation.com/files/406490/original/file-20210615-21-kp6hqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406490/original/file-20210615-21-kp6hqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406490/original/file-20210615-21-kp6hqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406490/original/file-20210615-21-kp6hqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406490/original/file-20210615-21-kp6hqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406490/original/file-20210615-21-kp6hqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406490/original/file-20210615-21-kp6hqy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le Jardin pour tous, situé dans l’arrondissement Rosemont Petite-Patrie à Montréal, est un jardin ouvert qui a réuni des jardiniers pendant trois ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laurence Bherer</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une définition conventionnelle de l’engagement politique</h2>
<p>Traditionnellement, la participation politique englobe toute action située dans la sphère politique et institutionnelle <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/P/bo3637096.html">qui associe la participation politique au fait de chercher à influencer le gouvernement</a>. Cela inclut voter, s’engager dans une campagne électorale, signer une pétition, contacter son député, participer à des processus de consultation publique, etc. Avec le temps, la conception du politique et de la participation ont été élargies à des activités contestataires, comme la manifestation ou le boycottage.</p>
<p>Jusqu’à maintenant, la compréhension des politologues de l’action politique équivalait à établir un classement des pratiques. Selon cette logique, une action est politique si elle est reconnue par les acteurs politiques comme fondamentalement politique. Cette approche ne fonctionne pas pour le jardinage ou le glanage qui se situent à l’extérieur du cadre usuel. Ce ne sont pas des actions politiques par essence.</p>
<p>Mais elles peuvent le devenir.</p>
<h2>Expérimenter</h2>
<p>La signification politique d’une activité intime ou banale est en fait découverte au fur et à mesure qu’une personne la pratique, entre en interaction avec d’autres et y associe un récit qui permet de <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2006-1-page-5.htm?contenu=resume">faire le lien entre son action et un enjeu collectif</a>.</p>
<p>Au fur et à mesure que son action évolue, cette personne est <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1467-9558.2008.00319.x">susceptible de découvrir des espaces de pouvoir</a> qu’elle n’avait pas envisagé au départ. Il peut s’agir d’autorités publiques ou d’organisations dont elle ignorait l’existence ou les compétences jusque-là. Ou encore, elle prend conscience de normes sociales fortes contre lesquelles elle se butte dans sa pratique.</p>
<p>Les glaneurs doivent souvent combattre les préjugés sociaux associés au fait de rechercher la nourriture dans les poubelles. Ils découvrent aussi des pratiques déconcertantes, comme le déchiquetage et la javellisation que certains commerçants adoptent pour éviter toute récupération. De la même façon, certains jardiniers urbains désapprouvent les pratiques de déneigement qui ont pour effet de compacter les carrés d’arbre et ainsi ruiner les efforts de verdissement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme fouille dans un conteneur" src="https://images.theconversation.com/files/406205/original/file-20210614-66119-vwu2m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406205/original/file-20210614-66119-vwu2m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406205/original/file-20210614-66119-vwu2m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406205/original/file-20210614-66119-vwu2m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406205/original/file-20210614-66119-vwu2m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406205/original/file-20210614-66119-vwu2m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406205/original/file-20210614-66119-vwu2m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les glaneurs doivent souvent combattre les préjugés sociaux associés au fait de rechercher la nourriture dans les poubelles. Ils découvrent aussi des pratiques déconcertantes des commerçants qui veulent éviter la récupération.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>S’engager politiquement équivaut ainsi à identifier les espaces de pouvoir associés à une pratique. Mais ce n’est pas un exercice facile. Dans l’exemple du déneigement, qui est responsable de cet état de fait : le conducteur ? L’entreprise sous-traitante ? L’arrondissement ? Ces espaces de pouvoir sont découverts, compris au fur et à mesure que le citoyen « négocie » son engagement dans sa vie quotidienne. Il s’agit d’un processus de découverte où la personne engagée expérimente de nouvelles pratiques, découvre des enjeux insoupçonnés et les espaces de pouvoir qui y sont associés.</p>
<p>Ce processus d’expérimentation ne se fait pas en vase clos. Il dépend des rencontres, des tensions, des contradictions que vivra cette personne à travers la réalisation de sa pratique. Celle-ci suscite des réactions, peut déranger et même être contestée. La personne engagée peut aussi rencontrer des résistances individuelles ou réglementaires qu’elle n’avait pas prévues. Une pratique qui se voulait alors relativement simple ou personnelle prendra ainsi une autre couleur.</p>
<h2>Un environnement de solidarités</h2>
<p>Il est aussi possible que des solidarités se créent, entre voisins par exemple, et que celles-ci conduisent l’engagement initial dans une autre direction. Si ces liens sont épars et éphémères, le processus d’expérimentation politique restera relativement peu développé. Mais si ces interactions se répètent, sous différentes formes avec plusieurs personnes ou organisations, la continuation de l’activité prend une autre ampleur. Cet environnement de solidarités peut aussi emmener la personne à adopter d’autres formes de participation clairement politiques pour compléter son action.</p>
<p>En se mobilisant autour du verdissement dans un terrain vacant, les résidents définissent progressivement et collectivement leur conception d’un milieu de vie agréable et l’expérimentent directement. Par exemple, dans Rosemont Petite-Patrie à Montréal, un petit collectif de voisins ont animé pendant trois ans le Carré Casgrain, un jardin situé sur un terrain privé abandonné dans un bout de quartier qui manque de verdure. Ils ont appris à collaborer, à partager et à gagner en confiance mutuelle.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des gens sont regroupés autour d’un jardin, dans une zone industrielle de la ville" src="https://images.theconversation.com/files/406492/original/file-20210615-3839-s3uns9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406492/original/file-20210615-3839-s3uns9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406492/original/file-20210615-3839-s3uns9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406492/original/file-20210615-3839-s3uns9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406492/original/file-20210615-3839-s3uns9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406492/original/file-20210615-3839-s3uns9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406492/original/file-20210615-3839-s3uns9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le Carré Casgrain, situé dans l’arrondissement Rosemont Petite-Patrie à Montréal. Des voisins organisent un concert dans cette petite oasis urbaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexander Cassini</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les jardiniers urbains, comme ceux du Carré Casgrain, sont également confrontés à un ensemble d’enjeux (restriction de la réglementation, difficulté de l’action collective, pérennité de l’action, conflits de voisinage) qui permettent de renforcer leur récit d’engagement et d’articuler leur action avec un enjeu plus grand que ce soit la lutte contre la gentrification du quartier, les changements climatiques ou la promotion de la justice alimentaire.</p>
<p>Ce processus d’expérimentation n’est pas forcément le même pour tous. Il est très fortement dépendant du contexte dans lequel il se déploie et des interactions qui s’en suivent.</p>
<h2>Un déplacement de l’action politique</h2>
<p>Cela veut aussi dire qu’une action peut être à un moment politique et ne plus l’être à un autre moment. Au fur et à mesure du processus d’expérimentation, cette couleur politique peut se confirmer pour la personne qui la pratique ou au contraire, ne jamais dépasser le stade épisodique.</p>
<p>Autrement dit, la signification de la pratique d’engagement n’est pas fixe, elle évolue. C’est véritablement l’expérience qui fera qu’une action plutôt anodine comme le jardinage prend une portée différente pour celui ou celle qui la pratique. C’est ce processus d’expérimentation qui est illustrée dans notre <a href="https://www.capedmontreal.com/blog">bande dessinée</a>.</p>
<p>Cette discussion sur l’expérimentation politique permet de mieux comprendre que notre rapport à la politique se construit comme un processus, qui ne dépend pas de l’objet lui-même (jardiner ou non), mais du contexte dans lequel la pratique du jardinage s’inscrit.</p>
<p>Dans cette perspective, l’action politique est loin de se limiter aux sphères partisanes et institutionnelles. Il est alors possible de se poser des questions sur les analyses qui voudraient que la défection des citoyens et citoyennes <a href="https://www.electionsquebec.qc.ca/francais/provincial/vote/taux-participation.php">lors des élections</a> soit un signe d’apathie politique. Plutôt que de conclure au rejet de la politique, il faut plutôt s’interroger sur le déplacement de l’action politique vers des pratiques jusque-là considérées comme intimes, mais qui, dans certaines circonstances, correspondent à un engagement politique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160573/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Bherer a reçu des financements du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada pour financer le projet "La participation informelle: une voie alternative vers l'engagement politique" (CRSH-890-2015-0107). Elle fait également partie du Collectif de recherche Action politique et démocratie (CAPED), une équipe de recherche financée par le Fonds de recherche culture et société du Québec. Elle est également co-chercheure dans différents projets financés par le CRSH et le FQRSC.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pascale Dufour a reçu des financements du Fonds de recherche, culture et société du Québec pour le Collectif de recherche Action Politique et Démocratie (CAPED), une équipe de recherche interuniversitaire qu'elle dirige ainsi que du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, pour différents projets de recherche (subvention partenariale; subvention développement de partenariat et subvention savoir), comme chercheure principale et co-chercheure.</span></em></p>Jardiner, manger ou s’approvisionner local sont-elles des actions politiques ? Si oui, tout devient-il politique ? Cela dépend du contexte dans lequel la pratique s’inscrit.Laurence Bherer, Professeure agrégée de science politique, Université de MontréalPascale Dufour, Professeure titulaire - spécialiste des mouvements sociaux et de l'action collective, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1559692021-03-03T17:56:17Z2021-03-03T17:56:17ZPression foncière, verdissement, révolution cellulaire : les ingrédients de l’agriculture de demain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/387461/original/file-20210303-15-1sn556l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/MOwl8X32SNI">Ngobeni Communications/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Covid-19 oblige, le Salon international de l’agriculture n’aura pas eu d’édition 2021… mais les sujets de débat et d’interrogation autour du devenir agricole ne manquent pas !</p>
<p>L’agriculture connaît des mutations rapides qui questionnent sur ses possibles évolutions : quels sont les tendances émergentes et les scénarios prospectifs que l’on peut imaginer pour un secteur qui semble peser peu en matière d’emploi mais dont l’importance est majeure dans notre quotidien et notre économie ?</p>
<p>Ce travail de prospective n’a rien de la cartomancie : il s’appuie <a href="http://www.laprospective.fr/methodes-de-prospective.html">sur des outils et des méthodes logiques</a>, rationnelles, permettant de dégager des « futurs probables ». Un des éléments clés de la discipline consiste à prendre en compte les signaux faibles présents, dont certains sont annonciateurs de possibles évolutions, voire de révolutions.</p>
<p>Tout l’enjeu étant d’arriver à distinguer, parmi ces signaux, ceux vecteurs de changements importants. En complément, une analyse portant sur l’historique et les tendances lourdes du présent permet de dessiner des pistes et tendances probables.</p>
<p>C’est la combinaison de tous ces points qui permet d’esquisser des scénarios prospectifs pour le futur.</p>
<h2>Une seule planète (en surchauffe)</h2>
<p>Parmi les premiers éléments concernant l’évolution de l’agriculture, certains font consensus.</p>
<p>Il y a d’abord la dimension démographique : nous serons, selon les estimations de différents organismes, autour de 10 milliards d’humains sur la planète en 2050 (entre 9 et 12 milliards <a href="https://population.un.org/wpp/">selon la fourchette retenue</a>). Cela va évidemment constituer un défi en matière de production et de logistique ; mais cela représente aussi une opportunité pour nombre d’acteurs agricoles et de filières agroalimentaires. Une sorte de garantie d’un marché mondial en progression régulière.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/8-milliards-dhumains-sommes-nous-trop-nombreux-sur-terre-81225">8 milliards d’humains : sommes-nous trop nombreux sur Terre ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Dans ce contexte, un des défis prévisibles concerne un possible goulet d’étranglement côté production. On sait que l’augmentation de la population implique une urbanisation croissante, avec un étalement qui se produit souvent au détriment des terres agricoles (c’est le phénomène d’<a href="https://www.cerema.fr/fr/actualites/artificialisation-sols-quelle-dynamique">« artificialisation des sols »</a>). La France perdrait ainsi l’équivalent d’un département <a href="https://www.science-et-vie.com/nature-et-enviro/urbanisation-contre-terres-agricoles-la-france-en-pleine-guerre-des-sols-41853">tous les 10 ans</a>.</p>
<p>La conséquence est facilement imaginable : comment nourrir plus d’humains alors que la <a href="http://www.fao.org/3/CA1553FR/ca1553fr.pdf">ressource en terres diminue</a> ? Si <a href="https://theconversation.com/fr/topics/agriculture-urbaine-25614">l’agriculture urbaine ou verticale</a> peut apporter des réponses, celles-ci restent toutefois partielles face à la demande globale.</p>
<p>Autre élément majeur : le réchauffement climatique et son cortège d’effets perturbateurs pour les écosystèmes. Certaines régions vont devenir de plus en plus arides alors que d’autres seront gagnées par une inéluctable montée des eaux. Cette situation aura pour double conséquence une pression foncière accrue (il faudra bien reloger les populations) et des terres arables perdues ou rendues impropres à la production agricole. <a href="http://www.fao.org/3/a-i6881f.pdf">Selon la FAO</a>, cela pourrait entraîner à terme une modification de notre mix alimentaire, avec davantage de protéines végétales consommées et moins de protéines animales.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1231979600294694912"}"></div></p>
<h2>Des champs plus verts</h2>
<p>Autre élément tangible : la conscience écologique, qui progresse et s’invite désormais dans les programmes politiques et les orientations agricoles. Il en résulte un « verdissement » des politiques du secteur (à l’image du <a href="https://ec.europa.eu/info/food-farming-fisheries/sustainability/sustainable-cap_fr">Green Deal de la prochaine PAC</a>) et des objectifs plus ou moins contraignants, associés à une demande de produits plus respectueux de l’environnement de la part des consommateurs.</p>
<p>Pour le dire de façon caricaturale (une large palette de pratiques existant), les cultures de type bio vont continuer leur progression. On peut s’en féliciter tout en ayant conscience que cela peut parfois impliquer une baisse des rendements ou une plus grande variabilité de la production. La volatilité des marchés agricoles, tant côté volume que prix, demeurera ainsi certainement une problématique essentielle.</p>
<p>Dans un <a href="https://agriculture.gouv.fr/telecharger/109015?token=97bdecb42c925fd3441c17479801f7b42842834dea845118593e9af75f8fcfc1">document paru en 2020</a>, le ministère de l’Agriculture avait envisagé quatre scénarios prospectifs à ce sujet, en fonction de l’articulation entre écologie, libéralisation des marchés agricoles et circuits de production/distribution. Une ligne de crête se dessine, à condition de jouer sur quelques paramètres importants : l’évolution des pratiques culturales des agriculteurs, une évolution des habitudes de consommation (au niveau des circuits et des produits) et un nouvel équilibre productif à trouver entre volumes/prix/types de production.</p>
<h2>La « révolution cellulaire » est-elle en marche ?</h2>
<p>Ces différents scénarios nous conduisent à évoquer une tendance émergente dans le domaine agricole, qui dessine peut-être un virage important. Alors que l’agriculture connaît des évolutions techniques continues (on améliore les semences, les machines, le travail humain), une possible révolution scientifique émerge, en lien avec des tendances sociétales nouvelles.</p>
<p>Il s’agit de « l’agriculture cellulaire », fruit de différentes innovations scientifiques permettant de proposer, par exemple, de la viande ou du lait de synthèse. En 2013, un premier steak est produit en laboratoire… au coût exorbitant de 45 000 euros ! Depuis, les avancées se sont multipliées et l’on a vu <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/02/singapour-autorise-la-vente-de-viande-artificielle-une-premiere-mondiale_6061926_3244.html">apparaître fin 2020 à Singapour</a> les premiers morceaux de poulet de synthèse, développés par Eat Just et vendus autour de 60 dollars.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1122718732143464455"}"></div></p>
<p>À l’heure actuelle, ce sont près de 500 sociétés, en général des start-up, qui travaillent sur des projets de produits alimentaires de synthèse : viande (Future Meat, Mosa Meat, Just, Aleph Farm, Memphis Meats), lait (Remilk), glaces (Perfect Day), produits associant légumineuses et viandes, etc.</p>
<p>De nombreux entrepreneurs de renom – dont beaucoup de la Silicon Valley à l’image de Sergey Brin (Google) ou de Bill Gates – ne s’y trompent pas et se sont rués dans ce secteur, pensant avoir découvert un nouvel eldorado. Les investissements affluent, accélérant le développement de cette agriculture de synthèse.</p>
<p>Pour certains, il s’agit d’une solution potentiellement magique aux problèmes et goulets d’étranglement évoqués plus haut. D’autres y voient une <a href="https://www.inrae.fr/actualites/viande-vitro-voie-exploratoire-controversee">fuite en avant technologique</a> qui ne résout pas tous les problèmes, notamment ceux relatifs au réchauffement climatique (il faut beaucoup d’énergie pour produire des aliments de synthèse) ou à la production de masse (les laboratoires ne sont pas encore en mesure de produire de façon industrielle) ; le passage à l’échelle (la « scalabilité ») du modèle semble encore illusoire.</p>
<p>Dans la perspective de cette agriculture cellulaire, nous pourrions nous passer à la fois des terres agricoles et des paysans qui les exploitent. Une sorte d’agriculture « hors sol », faite en labos et salles blanches.</p>
<p>Assisterons-nous dans les prochaines années, les prochaines décennies, à un basculement impulsé par cette révolution technologique ? Sachant qu’une autre bataille se jouera dans les rayons et étals de supermarchés : les consommateurs seront-ils prêts en effet à faire évoluer leur alimentation en soutenant, par leurs achats, une agriculture technologique et moins « terrienne » ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155969/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Xavier Hollandts ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans un secteur agricole en plein questionnement face aux défis conjugués du changement climatique et des attentes sociétales, des tendances se dessinent.Xavier Hollandts, Professeur de stratégie et entrepreneuriat, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1536072021-01-28T22:01:58Z2021-01-28T22:01:58ZDu fermier au citadin : la pandémie accélère l’agriculture soutenue par la communauté<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/380490/original/file-20210125-15-1e17gcr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un marché fermier en ville. La pandémie a accéléré l'attrait de la consommation locale et de l'agriculture soutenue par la communauté.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la question de l’autonomie alimentaire a refait surface avec une plus grande acuité.</p>
<p>Déjà, il y a un an, la FAO (Food and Agricultural Organisation) s’inquiétait d’un <a href="http://www.fao.org/news/story/fr/item/1268772/icode/">bouleversement de la chaîne alimentaire</a> mondiale en raison de cette pandémie. Au Québec, la dépendance aux importations, particulièrement celles des <a href="https://www.lesoleil.com/affaires/autonomie-alimentaire-canada-et-etats-unis-comme-un-seul-pays-1e423201af92567f802f0804bd6ee5b3">États-Unis</a>, pose un vrai enjeu de sécurité alimentaire.</p>
<p>Selon les sources, c’est entre <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1741053/autonomie-alimentaire-carbone-agriculture-quebec-semaine-verte">35 %</a> et la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1751016/agriculture-fruits-legumes-achats-local-producteurs">moitié</a> des produits consommés au Québec qui proviennent d’ici. Le gouvernement en appelle à la responsabilité des consommateurs pour encourager le local ; notamment au travers de l’initiative du <a href="https://www.lepanierbleu.ca/a-propos">panier bleu</a>.</p>
<p>Les petits maraîchers n’ont pas attendu le coup de sifflet du gouvernement pour travailler vers l’autonomie alimentaire. Et cette année plus que jamais, leur engagement a été couronné de succès. Le <a href="https://www.fermierdefamille.org/reseau">Réseau des Fermiers de Famille</a> (RFF), qui vend des paniers directement aux consommateurs, a bénéficié fin mai d’une <a href="https://www.laterre.ca/actualites/alimentation/lengouement-pour-les-paniers-bio-bat-tous-les-records">augmentation de 94 %</a> de ses abonnements par rapport à la même période l’an dernier. Suite à l'engouement printanier, le RFF nous rapporte qu'à la fin de l'année, la croissance effective des abonnements s'est situé à près de 45% pour 2020. <a href="https://www.npr.org/2020/05/10/852512047/as-food-supply-chain-breaks-down-farm-to-door-csas-take-off">Un phénomène que l’on retrouve aussi aux États-Unis</a>.</p>
<p>Cet été, et durant l’automne, notre équipe du département d’études urbaines de l’Université du Québec à Montréal s’est penchée sur l’Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC) à Montréal. L’objectif était d’observer et de caractériser les points de livraison (PDL), où agriculteurs et abonnés se rencontrent chaque semaine durant la saison des récoltes.</p>
<p>Les visites de sites nous ont permis de tâter le pouls des opérations, de manière à comprendre les impacts de la pandémie et des restrictions sanitaires sur l’ASC à Montréal.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/380488/original/file-20210125-19-5a95kj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/380488/original/file-20210125-19-5a95kj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=569&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/380488/original/file-20210125-19-5a95kj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=569&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/380488/original/file-20210125-19-5a95kj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=569&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/380488/original/file-20210125-19-5a95kj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=716&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/380488/original/file-20210125-19-5a95kj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=716&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/380488/original/file-20210125-19-5a95kj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=716&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le mois de septembre se veut savoureux pour les abonnés du Réseau des Fermiers de Famille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">XXX</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une communauté alimentaire</h2>
<p>Avec l’Agriculture Soutenue par la Communauté, le consommateur achète d’avance à un producteur sa part des récoltes pour la saison. Il offre ainsi au fermier une assurance de revenus dès le début de la saison et s’engage à partager les aléas du maraîchage (météo, insectes nuisibles, etc.). En contrepartie, il s’assure un panier hebdomadaire de légumes frais.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/379620/original/file-20210119-13-16gmln9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/379620/original/file-20210119-13-16gmln9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=182&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/379620/original/file-20210119-13-16gmln9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=182&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/379620/original/file-20210119-13-16gmln9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=182&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/379620/original/file-20210119-13-16gmln9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/379620/original/file-20210119-13-16gmln9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/379620/original/file-20210119-13-16gmln9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=228&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Fonctionnement pratique de l’ASC. Plusieurs formules de paniers existent : on peut choisir des légumes à hauteur du montant hebdomadaire prévu ; ou récupérer un panier au contenu prédéfini. (https://www.fermierdefamille.org/lagriculture-soutenue-par-communaute)</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce modèle favorise une certaine « éducation alimentaire » pour les abonnés. Ils bénéficient d’informations de première main quand ils discutent avec leurs fermiers : réalités du métier, conservation, recettes. De nombreuses fermes produisent du contenu pédagogique ou documentent l’actualité de la ferme par des blogues ou lettres de nouvelles. Certains fermiers produisent même des <a href="http://jardinbiomatteo.com/2020/11/23/les-recoltes-se-poursuivent-cet-automne/">vidéos</a> ou des <a href="http://lejardindesfunambules.com/balado">podcasts</a>.</p>
<p>Les points de livraison où se rencontrent familles et fermiers demeurent un espace privilégié de communication qui permet de développer une réelle communauté alimentaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/379623/original/file-20210119-15-82st3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/379623/original/file-20210119-15-82st3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/379623/original/file-20210119-15-82st3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/379623/original/file-20210119-15-82st3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=443&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/379623/original/file-20210119-15-82st3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=556&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/379623/original/file-20210119-15-82st3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=556&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/379623/original/file-20210119-15-82st3w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=556&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un fermier tend une botte de carotte à un enfant d’une famille abonnée, venue en vélo.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Lancé en 1995 sur une initiative d’<a href="https://www.equiterre.org/">Équiterre</a>, le Réseau des fermiers de famille met aujourd’hui en contact 132 fermes avec plus de 20 000 familles. Depuis 2020, c’est la <a href="https://www.cape.coop/">Coopérative pour l’Agriculture de Proximité Écologique</a> (CAPÉ) qui gère le Réseau.</p>
<p>En période estivale, on compte plus de 500 points de livraison, principalement concentrés dans le sud de la province. Près d’un cinquième sont situés sur l’île de Montréal. Dans le cadre de notre étude, plus de la moitié de ces PDL ont été visités.</p>
<h2>Augmentation importante de clients : nouvelle normale ou bulle éphémère ?</h2>
<p>Plus de 90 % des fermes de notre échantillon ont augmenté leurs abonnements cette année, dans certains cas du simple au double. Nombreuses sont celles qui ont dû clore les inscriptions au début de l’été, alors que celles-ci pouvaient demeurer ouvertes toute la saison auparavant.</p>
<p>En revanche, beaucoup de nouveaux abonnés sont vraisemblablement arrivés par conjoncture et non par conviction. Les fermiers estiment que le climat actuel d’incertitudes renforce l’intérêt pour le local. Mais ils observent des comportements en décalage avec la solidarité cultivée dans l’ASC. Une fermière nous a raconté qu’un client lui a demandé de rompre son engagement, car « il y a de la terre sur les carottes ». Les fermiers se questionnent sur le taux de réabonnement à anticiper.</p>
<p>En cette année de pandémie, de nouvelles logistiques de livraison alourdissent une organisation qui l’est déjà en temps normal. Pour les nouveaux abonnés, elles pourraient fragiliser leur intérêt pour les saisons à venir. En effet, les files d’attente systématiques et la distanciation ont remplacé la proximité sociale et les interactions. Pour éviter les manipulations de légumes, certaines fermes ont mis à disposition des pinces, désinfectées entre chaque abonné ; et l’usage de sacs plastiques permet de préfaire des proportions, au désarroi des fervents du « zéro déchet ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/379624/original/file-20210119-19-8closg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/379624/original/file-20210119-19-8closg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/379624/original/file-20210119-19-8closg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/379624/original/file-20210119-19-8closg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/379624/original/file-20210119-19-8closg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/379624/original/file-20210119-19-8closg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/379624/original/file-20210119-19-8closg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une longue file d’attente se forme au parc Prévost, avenue Christophe-Colomb.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un manque de fermes</h2>
<p>Si l’engouement pour l’ASC devait se maintenir, la demande pourrait dépasser les capacités des fermes du Réseau. En effet, près de la moitié des fermes de notre échantillon déclare ne plus vouloir accepter plus d’abonnés afin de respecter leur capacité de production. Les appels du gouvernement à consommer local finiront par sonner creux, si, en parallèle, il n’agit pas assez pour <a href="https://plus.lapresse.ca/screens/649b8188-70ae-4086-8711-321cb492c009__7C___0.html">encourager la production</a>.</p>
<p>Qu’ils soient établis ou en devenir, la contribution des petits maraîchers québécois à l’autonomie alimentaire de la province est limitée, entre autres, par un accès restreint à la terre. Selon un <a href="https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Publications/Monographiegrain.pdf">rapport de 2020</a> du ministère de l’Agriculture, l’essentiel des terres agricoles sert à nourrir du bétail. De plus, les maraîchers qui veulent se lancer ou étendre leurs cultures <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1751049/releve-agricole-acces-terre-difficile">sont en compétition avec les citadins</a>, qui investissent de plus en plus la campagne.</p>
<h2>Les villes doivent davantage s’impliquer</h2>
<p>À l’échelle urbaine, favoriser l’ASC pourrait passer par une plus grande implication des villes dans l’identification de lieux pour la collecte.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/379629/original/file-20210119-13-xzfat0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/379629/original/file-20210119-13-xzfat0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/379629/original/file-20210119-13-xzfat0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/379629/original/file-20210119-13-xzfat0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=474&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/379629/original/file-20210119-13-xzfat0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/379629/original/file-20210119-13-xzfat0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/379629/original/file-20210119-13-xzfat0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=596&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une fermière aidée de bénévoles déploie le chapiteau. Ce PDL, la fermière l’a trouvé en appelant l’arrondissement, qui a fait le pont avec l’organisme responsable de cette friche urbaine aménagée en parc de ruelle.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>À ce jour, on constate que seulement trois des 52 sites étudiés sur l’île ont bénéficié d’un appui de la Ville. Un lieu accessible, verdoyant et fourni de tables à pique-nique est invitant. Il apporte à la livraison une dimension sociale importante à l’ASC. Peut-être le Réseau pourrait-il collaborer avec la Ville dans son effort d’identification de sites, voire, un jour, d’aménagement urbain dédié ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/379627/original/file-20210119-13-yl17yp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/379627/original/file-20210119-13-yl17yp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/379627/original/file-20210119-13-yl17yp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/379627/original/file-20210119-13-yl17yp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/379627/original/file-20210119-13-yl17yp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/379627/original/file-20210119-13-yl17yp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/379627/original/file-20210119-13-yl17yp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La majorité des fermiers dégote leur PDL eux-même ou avec l’aide du RFF. Parfois, un bout de trottoir fait l’affaire.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>On pourrait, par exemple, aménager des configurations propices (sentiers, tables, ombrage, accès) dans des parcs ou dans des lieux d’animations estivaux. L’objectif étant de faciliter le travail de fidélisation pour les fermiers et fermières du Réseau, et de permettre aux citadins d’avoir accès à un panier de légumes frais, dont ils connaissent la provenance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153607/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ugo Lachapelle received funding from Social Sciences and Humanities Research Council of Canada (SSHRC) for this project. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Axel Chiche ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une meilleure collaboration entre fermiers et villes pourrait permettre de localiser les points de livraison dans des sites attrayants et conviviaux et de renforcer la distribution alimentaire.Axel Chiche, M.Sc. - Sciences de l’Environnement, Université du Québec à Montréal (UQAM)Ugo Lachapelle, Associate professor of urban studies and planning, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1433322020-10-04T18:08:04Z2020-10-04T18:08:04ZBD « Sciences en bulles » : Ils sont bio mes déchets !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/356413/original/file-20200903-22-ho6kl3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C5%2C1252%2C550&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Peb&Fox/Syndicat national de l’édition</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet extrait de la BD « Sciences en bulles » est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Quelle relation entre l’Homme et la Nature ? ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Si les déchets sont partout, s’ils constituent aujourd’hui des preuves irréfutables de l’impact de l’Homme sur la Nature, ils demeurent le plus souvent invisibles à ceux qui les ont générés. Nos déchets de cuisine, déchets organiques ou biodéchets, représentent aujourd’hui plus du tiers de nos déchets quotidiens.</p>
<p>En 2015, la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte est votée, définie par le Ministère de la Transition écologique et solidaire. Cette loi définit l’objectif de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=JORFARTI000031044647&cidTexte=LEGITEXT000031047847&categorieLien=id">développer le tri à la source</a> des déchets organiques jusqu’à sa généralisation en 2025.</p>
<p>Concrètement, d’ici à 2025, nous devrions donc tous disposer d’une solution pour les gérer sur place. Le <a href="https://www.ademe.fr/compostage-paillage">compostage</a> est la solution idéale qui se pratique de plus en plus à domicile ou dans son quartier.</p>
<p>Ma thèse (titre original : « Conceptions initiales d’enfants de cinq ans sur la décomposition de la matière organique. Influence des pratiques de compostage domestique sur la compréhension des mécanismes scientifiques en jeu ») porte sur les pratiques de compostage en œuvre dans les familles, et ce que les enfants de cinq ans en comprennent.</p>
<p>Transmises dès les premières années de la vie, les pratiques d’abandon des déchets peuvent être effectuées sans même y réfléchir : si on apprend à jeter, on ne réfléchit pas pour autant à la portée de son geste ni aux conséquences directes et indirectes sur l’environnement.</p>
<p>À travers une centaine d’entretiens avec parents et enfants, je cherche à identifier les idées initiales des enfants sur la dégradation des déchets dans le composteur. Comment appréhendent-ils ce processus de chaîne alimentaire en jeu dans le composteur, alors qu’à cinq ans, ils sont en train de construire leur langage et leur compréhension du monde ?</p>
<p>Mon objectif est de montrer l’importance de s’intéresser aux sciences dès la maternelle, car ce que les jeunes enfants apprennent du monde du vivant leur servira au quotidien, et les aidera donner du sens à des pratiques citoyennes et respecter leur environnement.</p>
<p>Les conclusions de mon étude seront publiées en 2021 : vous pouvez déjà découvrir une version vulgarisée mise en BD pour « Sciences en Bulles » !</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356388/original/file-20200903-22-127ftv8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=293&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=293&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=293&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=368&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=368&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356389/original/file-20200903-18-k59of.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=368&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=75&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=75&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=75&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=94&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=94&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356390/original/file-20200903-14-77t4h9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=94&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356391/original/file-20200903-14-1kglx8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=296&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=372&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=372&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356392/original/file-20200903-24-1q8rrps.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=372&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356393/original/file-20200903-16-cd5yo9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356393/original/file-20200903-16-cd5yo9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356393/original/file-20200903-16-cd5yo9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356393/original/file-20200903-16-cd5yo9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356393/original/file-20200903-16-cd5yo9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356393/original/file-20200903-16-cd5yo9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356393/original/file-20200903-16-cd5yo9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Peb&Fox/Syndicat national de l’édition</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<hr>
<p><em>Retrouvez les créations dessinées du duo Peb & Fox <a href="http://www.pebfox.com/blog/">sur leur blog</a>.</em> » !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143332/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Marchal Gaillard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Zoom sur un sujet de thèse, mis en BD dans le cadre de « Sciences en bulles » : la compréhension du compostage par des enfants de 5 ans.Valérie Marchal Gaillard, Doctorante en sciences de l'éducation, Université de Bretagne occidentale Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1471442020-10-04T18:03:02Z2020-10-04T18:03:02ZAgriculture urbaine : peur sur la campagne !<p>La profession agricole s'inquiète du développement d’un nouveau modèle d’agriculture : celui porté par des start-up. Dénommées Cultivate, Agricool, Les Nouveaux Fermiers ou Ÿnsect, ces jeunes entreprises connaissent un fort développement depuis quelques années.</p>
<p>Certaines d’entre elles ont réussi le tour de force de réunir plusieurs millions d’euros en quelques mois pour financer leur développement, tandis que l’agriculture traditionnelle peine à réunir les financements pour créer, ici, un atelier de transformation et là, une unité de méthanisation.</p>
<p>Elles bousculent ainsi le monde agricole rural qui subit déjà les assauts répétés d’associations de défense des animaux et qui est désormais attaqué sur le terrain de l’offre alimentaire. Peur justifiée ou nervosité ambiante ?</p>
<h2>Un phénomène nouveau</h2>
<p>Ces entreprises agricoles de nouvelle génération font partie de la <a href="https://lafrenchtech.com/fr/">FrenchTech</a>, un mouvement chargé d’accompagner le développement des start-up en France. Plus précisément, elles font partie de la FoodTech ou de l’AgriTech.</p>
<p>Toutes ces entreprises proposent, selon les cas, des aliments innovants (comme les insectes ou les steaks à base de protéines), des nouveaux processus de production agricole (comme les fermes urbaines ou les mini-fermes connectées), des nouveaux équipements pour l’agriculture (comme les drones) ou encore des services aux agriculteurs (plateformes de crowdfunding comme MiiMOSA).</p>
<p>Ce sont surtout les start-up de l’agriculture connectée (Naïo Technologies par exemple) et celles proposant des services (MiiMOSA, Agriconomie…) qui ont lancé le mouvement avec notamment la création en 2016 de la Ferme Digitale, association regroupant des start-up partenaires des agriculteurs.</p>
<p>Les entreprises produisant de nouveaux aliments, c’est-à-dire celles qui concurrencent directement ou indirectement les agriculteurs et leurs partenaires industriels ou coopératifs, se sont fait connaître plus récemment avec d’importantes levées de fonds. C’est le cas de Ÿnsect, producteur d’insectes destinés à l’alimentation, qui a levé 125 millions de dollars en 2019 et, plus récemment, d’Infarm qui a levé <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/infarm-leve-170-millions-de-dollars-pour-ses-fermes-urbaines-et-connectees.N1005954">170 millions de dollars</a>.</p>
<p>Cette dernière ne propose pas de produits alimentaires mais elle commercialise des mini-fermes connectées qui permettent de cultiver des salades et des herbes aromatiques chez les commerçants en ville. Il s’agit donc d’une activité concurrente aux fermes rurales maraîchères.</p>
<h2>Une génération connectée et verte</h2>
<p>Comme nous l’avons montré dans une <a href="https://www.sfer.asso.fr/event/view/39">recherche récente</a>, ces nouveaux modèles d’agriculture reposent essentiellement sur de l’agriculture urbaine. Cela signifie que les produits agricoles (essentiellement du maraîchage pour l’instant) sont produits en ville, parfois dans des lieux insolites comme les parkings ou les friches industrielles.</p>
<p>Certains projets sont grandioses : l’exemple le plus parlant étant la ferme verticale d’AeroFarms à Newark, dans le New Jersey aux États-Unis, qui produit plusieurs centaines de tonnes de fruits et de légumes par an. Ce sont également des projets portés par de jeunes entrepreneurs issus de la génération start-up qui ont une vision à la fois innovante et écologique de l’agriculture. Leur but est d’approvisionner les villes en produits agricoles cultivés sur place.</p>
<p>Les modèles d’affaires reposent donc sur une logistique courte et une recherche d’autosuffisance alimentaire des bassins de consommation. Avec de nouveaux produits à forte valeur ajoutée comme les steaks à base de protéines végétales ou la très controversée <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/agroalimentaire-biens-de-consommation-luxe/viande-de-laboratoire-levee-de-fonds-record-pour-la-start-up-memphis-meats-838068.html">viande produite en laboratoire</a>, ces start-up surfent également sur une demande sociétale de produits moins carnés ou allant dans le sens du bien-être animal.</p>
<p>Ces start-up présentent ainsi des différences mais aussi des points communs : elles reposent sur des valeurs et des pratiques rompant avec celles des agriculteurs traditionnels qui possèdent une vision de l’agriculture, de l’alimentation et de la relation à l’animal différente. Ce faisant, elle s’adresse à de nouvelles cibles de clientèle, plus jeunes et plus citadines.</p>
<h2>Du scepticisme à l’inquiétude</h2>
<p>Au départ, le monde agricole était assez sceptique à l’égard de ces nouvelles formes d’agriculture. Inquiétée par la pression foncière exercée par certains investisseurs et menacée par des associations de défense des animaux et de la biodiversité, la profession agricole n’a pas vu arriver cette cavalerie de start-up.</p>
<p>Mais les récentes levées de fonds leur font prendre conscience que de nouveaux entrants sont bien en train d’arriver, et vite. Ces nouvelles formes d’agriculture représentent ainsi une menace pour l’agriculture traditionnelle.</p>
<p>La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), syndicat majoritaire en agriculture, estime notamment qu’en cherchant à faire adhérer la population à ces nouveaux aliments, les investisseurs attisent des « brasiers » comme le bien-être animal ou l’écologie. Or, alors que les agriculteurs sont victimes <em>d’agribashing</em>, la manière de procéder des start-up serait <a href="https://www.lafranceagricole.fr/actualites/elevage/anti-elevage-la-fnsea-riposte-face-aux-patrons-du-net-1,15,1942186101.html">jugée peu éthique</a>, voire dangereuse.</p>
<p>Si le lien entre <em>agribashing</em> et démarche marketing des start-up reste à démontrer, il ne fait pas de doutes que les levées de fond constituent un signal fort de passage à l’échelle supérieure de ces nouvelles formes d’agriculture. La levée de fonds annonce la création de « licornes », c’est-à-dire d’entreprises capables de produire des volumes impensables il y a quelques années et donc susceptibles de concurrencer sérieusement les acteurs en place.</p>
<p>Au-delà d’un combat de valeurs, c’est donc bien un <a href="https://www.lenouveleconomiste.fr/mythe-de-ceinture-maraichere-francilienne-61040/">combat économique</a> qui s’annonce, avec notamment une remise en question de certaines productions locales en plein champ comme le maraîchage en ceinture urbaine.</p>
<h2>Renforcer les points forts de l’agriculture rurale</h2>
<p>Mais l’agriculture rurale (ou périurbaine) n’est pas morte, loin de là. D’abord, elle produit des biens alimentaires naturels (cultivés ou produits dans leur environnement naturel ou originel), ce que ne fera probablement jamais l’agriculture urbaine qui restera hors-sol.</p>
<p>Ensuite, pour des raisons de distance avec la ville et de structuration de ses circuits de distribution, elle aura toujours du mal à approvisionner en masse les habitants des grandes villes. Plus agiles, plus citadins, mieux armés et plus structurés, les agriculteurs urbains ont la capacité de répondre à la demande massive des villes tandis que les agriculteurs traditionnels sont les maîtres de la ruralité.</p>
<p>Le risque principal du développement de l’agriculture urbaine est finalement plus sociétal qu’économique : celui d’une société toujours plus divisée, entre d’un côté des citadins rompus à l’écologie et au digital et de l’autre des populations rurales plus traditionnelles, en quête d’authenticité. Il faut néanmoins rester attentif à l’essor des start-up et, plus que jamais, se montrer entrepreneurs pour relever les défis de l’agriculture de demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147144/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Roland Condor a reçu des financements de Cerfrance, Groupama Centre Manche et Crédit Mutuel Normandie.</span></em></p>En ville, les start-up agricoles, connectées et écologiques, entrent de plus en plus en concurrence avec l’agriculture traditionnelle.Roland Condor, Titulaire de la chaire « Modèles entrepreneuriaux en agriculture », EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1421072020-07-16T17:24:29Z2020-07-16T17:24:29ZBD : Pourquoi mettre des fermes dans les villes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347596/original/file-20200715-37-lvck1v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Mathieu Ughetti</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Objet de recherche récent pour les scientifiques, les microfermes urbaines sont aujourd’hui en plein essor, portées par un mouvement associatif, citoyen, entrepreneurial et politique relativement important.</p>
<p>Ces lieux associent différentes activités : projets éducatifs, production alimentaire, loisirs, etc. Ils constituent au cœur des villes des espaces végétalisés d’un nouveau type, susceptibles de fournir de multiples services écosystémiques (soit les avantages que la nature apporte à la société).</p>
<p>Mais le manque de connaissances actuel ne permet pas d’appréhender précisément l’importance de ces services.</p>
<p>Dans notre reportage BD, vous découvrirez cette forme étonnante d’agriculture en suivant les travaux du <a href="https://www6.versailles-grignon.inrae.fr/ecosys/Recherche/Projets/SEMOIRS">programme de recherche « SEMOIRS »</a> qui a étudié deux années durant les services écosystémiques rendus par six microfermes dans Paris et sa petite couronne.</p>
<p>Bonne lecture !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347576/original/file-20200715-35-w59y6b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347576/original/file-20200715-35-w59y6b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=885&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347576/original/file-20200715-35-w59y6b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=885&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347576/original/file-20200715-35-w59y6b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=885&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347576/original/file-20200715-35-w59y6b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1112&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347576/original/file-20200715-35-w59y6b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1112&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347576/original/file-20200715-35-w59y6b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1112&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347577/original/file-20200715-25-1fs1hy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347577/original/file-20200715-25-1fs1hy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347577/original/file-20200715-25-1fs1hy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347577/original/file-20200715-25-1fs1hy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347577/original/file-20200715-25-1fs1hy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347577/original/file-20200715-25-1fs1hy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347577/original/file-20200715-25-1fs1hy7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347578/original/file-20200715-29-1q6s9hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347578/original/file-20200715-29-1q6s9hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=950&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347578/original/file-20200715-29-1q6s9hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=950&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347578/original/file-20200715-29-1q6s9hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=950&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347578/original/file-20200715-29-1q6s9hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1193&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347578/original/file-20200715-29-1q6s9hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1193&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347578/original/file-20200715-29-1q6s9hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1193&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347579/original/file-20200715-37-1xe3olt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347579/original/file-20200715-37-1xe3olt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=957&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347579/original/file-20200715-37-1xe3olt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=957&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347579/original/file-20200715-37-1xe3olt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=957&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347579/original/file-20200715-37-1xe3olt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1203&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347579/original/file-20200715-37-1xe3olt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1203&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347579/original/file-20200715-37-1xe3olt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1203&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347580/original/file-20200715-19-2xlfz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347580/original/file-20200715-19-2xlfz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=861&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347580/original/file-20200715-19-2xlfz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=861&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347580/original/file-20200715-19-2xlfz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=861&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347580/original/file-20200715-19-2xlfz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1082&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347580/original/file-20200715-19-2xlfz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1082&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347580/original/file-20200715-19-2xlfz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1082&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347581/original/file-20200715-19-1avgbpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347581/original/file-20200715-19-1avgbpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347581/original/file-20200715-19-1avgbpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347581/original/file-20200715-19-1avgbpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=856&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347581/original/file-20200715-19-1avgbpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347581/original/file-20200715-19-1avgbpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347581/original/file-20200715-19-1avgbpl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347583/original/file-20200715-35-qvkj8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347583/original/file-20200715-35-qvkj8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=916&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347583/original/file-20200715-35-qvkj8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=916&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347583/original/file-20200715-35-qvkj8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=916&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347583/original/file-20200715-35-qvkj8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1150&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347583/original/file-20200715-35-qvkj8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1150&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347583/original/file-20200715-35-qvkj8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1150&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347592/original/file-20200715-15-1p7mrj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347592/original/file-20200715-15-1p7mrj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1777&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347592/original/file-20200715-15-1p7mrj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1777&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347592/original/file-20200715-15-1p7mrj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1777&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347592/original/file-20200715-15-1p7mrj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=2232&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347592/original/file-20200715-15-1p7mrj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=2232&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347592/original/file-20200715-15-1p7mrj4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=2232&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347586/original/file-20200715-25-1ydzku6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347586/original/file-20200715-25-1ydzku6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=890&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347586/original/file-20200715-25-1ydzku6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=890&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347586/original/file-20200715-25-1ydzku6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=890&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347586/original/file-20200715-25-1ydzku6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1118&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347586/original/file-20200715-25-1ydzku6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1118&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347586/original/file-20200715-25-1ydzku6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1118&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347591/original/file-20200715-19-1w2hem5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347591/original/file-20200715-19-1w2hem5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1803&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347591/original/file-20200715-19-1w2hem5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1803&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347591/original/file-20200715-19-1w2hem5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1803&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347591/original/file-20200715-19-1w2hem5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=2265&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347591/original/file-20200715-19-1w2hem5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=2265&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347591/original/file-20200715-19-1w2hem5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=2265&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Mathieu Ughetti</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<hr>
<p><em>Claire Chenu, Claire-Sophie Haudin, Sabine Houot, Sophie Boulanger-Joimel, Laure Vieuble (Université Paris-Saclay, Inrae, AgroParisTech, UMR Ecosys) ; Christine Aubry, Patrick Stella (Université Paris-Saclay, Inrae, AgroParisTech, UMR SAD-APT) ; Giulia Giacche (Exp’AU, AgroParisTech Innovation) ; Nastaran Manouchehri (Université Paris-Saclay, Inrae, AgroParisTech, UMR SayFood) ; Apolline Auclerc, Geoffroy Séré (Laboratoire « sols et environnement », UMR 1120, Inrae, Université de Lorraine) ; Jean‑Noël Consales (Université Aix Marseille, CNRS, UMR Telemme) ; Antoine Lagneau (Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France) et Anne-Cécile Daniel (Association française d’agriculture urbaine professionnelle) ont contribué à l’élaboration de la bande-dessinée.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142107/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Baptiste Grard a reçu, dans le cadre de différents travaux, des financements de l’Ademe (projet SEMOIRS), de l’ANR (projet FEW-Meter), de la région Île-de-France (DIM ASTREA) et du « Lab recherche en environnement » (dans le cadre du projet T4P). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti a reçu des financements de l’Inrae. </span></em></p>Découvrez dans ce reportage BD inédit tous les apports que les microfermes peuvent apporter à nos villes.Baptiste Grard, Chercheur postdoctoral, AgroParisTech – Université Paris-SaclayMathieu Ughetti, Illustrateur, vulgarisateur scientifique, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1378272020-05-13T18:57:01Z2020-05-13T18:57:01ZSolidaires car autonomes : loin des grandes villes, la promesse d’une autre vie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/334634/original/file-20200513-156679-oldrsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=187%2C187%2C20645%2C15406&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ballots de foin. Le travail de la terre et les solidarités locales ouvrent de nouveaux horizons, notamment en temps de crise.</span> <span class="attribution"><span class="source">Isabelle Favre</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Lors de toute crise, la solidarité et l’entraide réapparaissent comme facteurs premiers d’interdépendance sociale et de « résilience » humaine.</p>
<p>C’est le cas aujourd’hui avec la pandémie du Covid-19. Or, les lieux et les <a href="https://theconversation.com/la-crise-du-covid-19-laube-dune-nouvelle-ere-pour-les-territoires-136861">territoires</a> jouent un rôle plus que déterminant dans l’émergence d’élans de solidarité. Il existe en fait, géographiquement, des potentiels différenciés de solidarité et d’entraide. Ils s’expriment en termes sociaux par une proximité bouleversée par le confinement, en termes économiques par les échanges également modifiés, ou encore écologiques, par le bien-être clairement altéré.</p>
<p>Or, par les contraintes engendrées, ce confinement lie étroitement l’ancrage spatial des formes de solidarité et d’entraide à l’autonomie. La racine grecque de l’autonomie, <em>nomos</em>, vient du verbe <em>nemô</em> qui signifie distribuer tout autant que partager.</p>
<p>Ici, les grands espaces périphériques, éloignés des grandes agglomérations et de leurs banlieues de plus en plus étendues, largement extérieurs aux tumultes métropolitains, et siège du mouvement des « gilets jaunes », semblent afficher dans leur diversité quelques singularités. Et si solidarité et entraide incitaient, par l’autonomie, à reconsidérer nos règles écologiques de vie, et ce faisant à inverser les priorités politiques entre les centres urbains choyés et les fameuses périphéries ?</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/gilets-jaunes-une-fracture-nord-sud-126962">« Gilets jaunes » : une fracture nord-sud ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Le confinement comme perte d’autonomie</h2>
<p>Qu’il s’agisse du refuge possible dans des lieux au grand air, ou, à l’inverse de l’exiguïté et de la vétusté des logements, les mesures de confinement ont mis à nu les constats sans appel d’inégalité selon les <a href="https://politiquedulogement.com/2018/07/menages-pauvres-du-mal-logement-au-mal-habitat">groupes sociaux</a>.</p>
<p>Dans le contexte actuel, l’autonomie revêt une dimension psychologique et sociale singulière : satisfaire par soi-même quelques besoins vitaux permet de recouvrer un peu de sentiments de capacité et de liberté. Or, nous ne sommes pas tou.te.s égaux en la matière.</p>
<p>Les territoires et les lieux de vie déterminent largement les potentialités de l’autonomie, y compris les formes d’entraide et de solidarité pouvant en découler, du voisinage au quartier, de la place de marché au bourg villageois. Tout cela au croisement des appartenances de classe et de leurs habitudes coopératives, des fonctionnements institutionnels de l’aide, voire des <a href="https://www.humanite.fr/solidarites-et-conflit-687846">solidarités organiques</a> que l’on est amené à redécouvrir en ces temps confinés.</p>
<h2>Les métropoles contre l’autonomie vitale</h2>
<p>Dans ce registre spatial, force est d’admettre que les villes, singulièrement les plus grandes, présentent quelques traits à ce jour éclairés d’une lumière vive par l’enfermement.</p>
<p>Si le confinement est la réponse autoritaire à la densité des peuplements – donc aux risques de la contagion par la promiscuité – la dépendance des citadins aux dispositifs techniques et supports économiques pour satisfaire aux besoins premiers saute également aux yeux. D’où certainement des réflexions réenclenchées il y a peu : rapprocher les emplois pour moins se déplacer, ou encore promouvoir des systèmes alimentaires territorialisés <a href="https://theconversation.com/lurgence-de-systemes-alimentaires-territorialises-136445">pour moins importer</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334633/original/file-20200513-156651-qra1e5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334633/original/file-20200513-156651-qra1e5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334633/original/file-20200513-156651-qra1e5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334633/original/file-20200513-156651-qra1e5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334633/original/file-20200513-156651-qra1e5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334633/original/file-20200513-156651-qra1e5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334633/original/file-20200513-156651-qra1e5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">S’asseoir et observer. Pour écouter, pour sentir, pour vivre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Isabelle Favre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces réflexions sur la relocalisation impliquent certes la mondialisation économique, mais plus encore son visage géographique premier : les <a href="https://www.franceculture.fr/oeuvre/les-metropoles-barbares-demondialiser-la-ville-desurbaniser-la-terre">métropoles</a>.</p>
<p>Par exemple, avec des densités croissantes et une artificialité grandissante, les 100 plus grandes villes françaises n’ont que trois à cinq jours d’autonomie alimentaire, à la différence d’il y a encore <a href="https://theconversation.com/nourrir-paris-en-temps-de-crise-et-apres-135971">quelques dizaines d’années</a>.</p>
<p>À Sheffield, en Angleterre, cultiver à des fins vivrières la totalité des espaces de terre, privés et publics, jardins et parcs, friches et pieds d’arbres, ne permettrait de nourrir au mieux que <a href="https://anthropocenemagazine.org/2020/04/researchers-calculated-how-much-food-urban-green-spaces-could-produce/">30 % de la population</a>. À suivre les nombreux tenants de la grande ville et défenseurs de la mondialité urbaine, nous gagnerions en convivialité et en urbanité par la densité. Mais au détriment d’un besoin vital de terres pour des cultures.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/94bzP8-Ra6w?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une mise en garde contre l’agriculture « urbaine » comme seule solution (Vox Pop, Arte).</span></figcaption>
</figure>
<p>En fait, la métropolisation a réduit l’autonomie de chacun·e au profit de comportements dont on peut interroger les vertus écologiques. Nous y avons troqué le vivant contre les commodités du mouvement incessant, du divertissement permanent ou encore des connexions continues. Le <em>New York Times</em> <a href="https://www.nytimes.com/2020/03/17/world/europe/coronavirus-city-life.html">questionne d’ailleurs</a>, en lien à la pandémie, l’adaptation des styles de vie urbains. On parle même aux États-Unis de la <a href="https://www.msn.com/en-us/news/us/the-great-american-migration-of-2020-on-the-move-to-escape-the-coronavirus/ar-BB11QAma">« Great American Migration of 2020 »</a>.</p>
<p>S’interroger sur de tels styles de vie, voilà certainement un <a href="https://aoc.media/opinion/2020/03/29/imaginer-les-gestes-barrieres-contre-le-retour-a-la-production-davant-crise/">geste barrière signifiant</a>.</p>
<p>Dès lors s’agirait-il de recouvrer de l’autonomie en faisant peut-être autrement solidarité. Et cette proposition dépasse le seul registre de la dépendance institutionnelle (aide sociale, dispositifs de soins…), de l’organisation municipale des gestes « civiques » (distribution de masques et d’attestations…) et du maintien des <a href="https://www.bippop.com/">liens sociaux</a> : livraison de courses, portage de repas, soutiens psychologiques par téléphone.</p>
<h2>Une nouvelle géographie de la solidarité</h2>
<p>Dans l’auto-organisation de la solidarité face à la pandémie du Covid-19, les grandes périphéries interviennent particulièrement. En effet, la solidarité s’y déploie là aussi de manière spontanée ou en appui de structures existantes.</p>
<p>On pense ainsi au réseau des <em>voisineurs</em> de <a href="https://www.famillesrurales.org/1407/covid-19-familles-rurales-se-mobilise">« Familles rurales »</a>, largement mobilisé actuellement.</p>
<p>Les périphéries se distinguent par de nombreuses initiatives reposant sur les circuits courts pour assurer, aux habitants, des produits de qualité plus écologiques et, aux agriculteurs et paysans, un réseau de vente quand les marchés sont fermés ou contraints. Ainsi se dessine une nouvelle géographie de la solidarité.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/OUtlo_z80Js?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Depuis 2012, l’association Familles rurales du Tarn fait vivre une friperie ambulante, qui se pose régulièrement dans sept communes tarnaises.</span></figcaption>
</figure>
<p>Des cartes émergent qui traduisent cette mise en proximité des mondes paysans et habitants, à l’exemple de la carte de la <a href="https://presselib.com/les-4-chambres-dagriculture-du-bassin-de-ladour-sont-a-la-manoeuvre-pour-permettre-aux-consommateurs-de-sapprovisionner-en-produits-fermiers-frais-locaux-et-de-qualite/?cn-reloaded=1">Confédération paysanne mettant en relation des producteurs avec des surplus et des magasins</a> ou encore celle de points de vente de produits locaux à l’échelle nationale par la <a href="https://communaute.panierlocal.org/infos-covid-19/">Fédération nationale d’Agriculture biologique</a> (CNAVB).</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/333454/original/file-20200507-49579-kx51r3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/333454/original/file-20200507-49579-kx51r3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=263&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/333454/original/file-20200507-49579-kx51r3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=263&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/333454/original/file-20200507-49579-kx51r3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=263&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/333454/original/file-20200507-49579-kx51r3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=330&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/333454/original/file-20200507-49579-kx51r3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=330&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/333454/original/file-20200507-49579-kx51r3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=330&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Carte de distribution des paniers fournie par la Fédération nationale d’Agriculture biologique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://communaute.panierlocal.org/infos-covid-19/">FNAB</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les périphéries viennent aussi en appui des territoires plus denses, comme en attestent les paniers de produits locaux à l’adresse des <a href="https://www.lefonddeshirondelles.org/">quartiers populaires</a> ou l’appel de collectifs à augmenter les cultures d’automne en perspective de la disette économique <a href="https://coopalterterri42.wordpress.com/2020/04/24/produisons-patates-et-courges-en-quantite-pour-celles-et-ceux-qui-auront-faim-a-lautomne/">pour les plus démunis</a>. Avec la rupture de certains réseaux d’approvisionnement, la fragilité des territoires les plus denses s’est imposée comme perspective de réorganisation socioterritoriale.</p>
<h2>Des périphéries loin des clichés</h2>
<p>Loin de l’imaginaire de périphéries isolées par la pauvreté ou l’égoïsme généralisé, la solidarité des périphéries vers les territoires denses constitue une réalité pérenne, par exemple avec des ateliers itinérants de transformation de <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/conserverie-itinerante-et-solidaire-pour-consommer-des-legumes-locaux-26">surplus agricoles à destination des quartiers populaires</a>.</p>
<p>Ces pratiques de solidarité à différentes échelles sont facilitées par un terreau social et écologique, propre aux périphéries. L’entraide dans les campagnes – notamment par des pratiques informelles quotidiennes (partage de récoltes, troc de produits, échanges de services…) – a fondé de nombreux <a href="https://presses-universitaires.univ-amu.fr/utopies-culturelles-contemporaines">imaginaires sociaux</a> qui, par delà la disqualification moderne de l’isolement ou de la relégation, perdurent.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334135/original/file-20200511-31175-1pfy9xu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334135/original/file-20200511-31175-1pfy9xu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=907&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334135/original/file-20200511-31175-1pfy9xu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=907&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334135/original/file-20200511-31175-1pfy9xu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=907&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334135/original/file-20200511-31175-1pfy9xu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334135/original/file-20200511-31175-1pfy9xu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334135/original/file-20200511-31175-1pfy9xu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dessin d’un adhérent de l’association « Les jardins de Lucie » (Communay).</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Durbec</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Jusqu’à nourrir depuis quelques années nombre de choix résidentiels et reconversions socioprofessionnelles des urbains vers les territoires ruraux ou <a href="https://reporterre.net/Les-neo-paysans">simplement suburbains</a>.</p>
<h2>La culture de la terre comme droit solidaire</h2>
<p>Prenant appui sur des revendications d’assez longue date de ralentissement voire <a href="https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=29721">dé-consommation</a>, des styles de vie s’y construisent essentiellement autour d’une aspiration partagée, celle du « retour » à la terre, qui se traduit par une acception singulière de la solidarité : s’entraider dans une <a href="https://theconversation.com/contre-la-metropole-barbare-les-francais-es-a-la-recherche-d-espaces-pirates-133376">quête solidaire d’autonomie</a>.</p>
<p>Du potager familial à l’occupation agraire de terres vouées à l’artificialisation, en passant par la reconversion paysanne, les <a href="http://jardinsdelucie.reseaucocagne.asso.fr/">fermes sociales</a> et les <a href="https://bluebees.fr/fr/project/662-ferme-la-martiniere">fermes collectives</a>… la culture de la terre s’impose comme une activité personnellement et socialement partagée.</p>
<p>C’est par exemple ce que nous dit le <a href="https://www.nddl-poursuivre-ensemble.fr/la-zad-de-notre-dame-des-landes">carnet de bord</a> de zadistes de Notre-Dame-des-Landes en cette période de confinement :</p>
<blockquote>
<p>« La Zad se porte plutôt bien en ces temps de confinement. Nous faisons partie de celles et ceux qui bénéficient d’espace autour d’elles.eux et les formes de vie collective que nous avons choisies nous préservent de l’isolement, facilitent les solidarités, tout en n’empêchant pas les attentions particulières aux personnes plus fragiles. Les activités agricoles, qui n’ont pas vocation à s’arrêter, se déploient avec le printemps, ainsi qu’un certain nombre de travaux sur les lieux de vies et espaces communs, là aussi avec les précautions nécessaires vis-à-vis de la diffusion de la pandémie. »</p>
</blockquote>
<p>Ainsi, plus encore qu’un <a href="https://www.jssj.org/article/le-droit-au-village/">« droit au village »</a> qui viendrait à rebours d’un « droit » à des grandes villes de moins en moins vivables, se dessine l’idée d’un « droit à la terre », c’est-à-dire d’un droit à faire valoir des conditions de réalisation de pratiques culturales. Et tout ceci n’est pas sans écho avec les revendications pour une meilleure répartition des terres (à laquelle <a href="https://terredeliens.org/">Terres de Liens</a> par exemple contribue amplement) et une reconnaissance de certaines pratiques en rupture avec les logiques productivistes soutenues par les grandes institutions agricoles ou pharmacoles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334142/original/file-20200511-49589-auw4o3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334142/original/file-20200511-49589-auw4o3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334142/original/file-20200511-49589-auw4o3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334142/original/file-20200511-49589-auw4o3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334142/original/file-20200511-49589-auw4o3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334142/original/file-20200511-49589-auw4o3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334142/original/file-20200511-49589-auw4o3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Balade en forêt de Rohanne (ZAD – NDDL), 2018. La Zad promeut des modes de vie en accord avec le respect des terres.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nddl/8526278222">Non À L’aéroport NDDL/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si l’accès à un foncier cultivable est pensé comme un droit, se pose alors la question de sa possibilité durable pour tou.te.s, par des pratiques culturales (et d’aménagement) respectueuses des écosystèmes. Le partage de savoir-faire visant l’autonomie apparaît alors comme la première forme d’entraide pour l’accès à des ressources vivrières, cultivées ou sauvages.</p>
<h2>L’entraide par le partage de savoir-faire</h2>
<p>En atteste la multiplication depuis quelques années des formations accélérées à la permaculture et ses différentes <a href="https://www.formationsbio.com/microferme">techniques</a> proposées par des <a href="https://www.permaterra.fr">fermes expérimentales ou ordinaires</a>, revêtant une forme plus dématérialisée ces derniers mois de manière spontanée. On pense ainsi aux débats sur la plate-forme <a href="https://covid-entraide.fr/">Covid-Entraide</a> sur les techniques permacoles ou à l’accès <a href="https://colibris-universite.org/mooc-permaculture/?I11Bienvenue">au MOOC des Colibris sur la permaculture</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1253666835515531264"}"></div></p>
<p>Les réseaux sont dorénavant <a href="https://permaculture-upp.org/">constitués</a>, les expériences maillent tout le <a href="http://www.lagraineindocile.fr">territoire national</a>, comme à <a href="http://fraternitesouvrieres.over-blog.com/">l’étranger</a>, et donnent lieu à une <a href="https://librairie-permaculturelle.fr/">littérature abondante</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Nuxc0TCn9rc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Si nous faisions la révolution et du potager ?: la chaîne YouTube permaculture agro-écologie compte 255,000 abonnés.</span></figcaption>
</figure>
<p>À cet égard, la création en 2019 d’une <a href="https://reseaudesterritorialistes.fr/2020/04/17/luniversite-rurale-des-cevennes/">Université Rurale des Cévennes</a> constitue un exemple éloquent des capacités d’organisation territoriale périphérique d’une entraide structurée autour de pratiques culturales, notamment pour accueillir les <a href="https://www.midilibre.fr/2019/12/10/creation-dune-universite-rurale-en-cevennes,8593187.php">déçus des fonctionnements urbains</a>. Elle a réuni pour son lancement plus d’une soixantaine de participants, très anciennement installés ou fraîchement arrivés dans les Cévennes.</p>
<h2>Vers une économie endogène des solidarités écologiques</h2>
<p>Ce sont en fait de véritables systèmes économiques locaux qui naissent de l’autonomie et de l’entraide permises par l’accès à la terre. Reposant sur des instruments de commercialisation intégrant circuits courts, vente directe, stages, monnaies complémentaires… cette économie se traduit par une attention remarquée à l’écologie des milieux, mais aussi au partage informel à usage ponctuel.</p>
<p>C’est le cas bien connu des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) qui existent grâce à l’engagement de consommateurs sur la durée pour acheter et établir des contacts personnalisés avec chaque producteur (visite de la ferme, connaissance des aléas de l’exploitation et appui ponctuel).</p>
<p>Plus encore, telle personne prêtera son séchoir de plantes chaque année à un producteur de légumes, tel autre utilisera un système d’échange local comme une grainothèque ou certains privilégierons la propriété partagée : moulin, atelier de transformation, four à pain communal ou encore des ateliers collectifs de <a href="http://www.ateliersdetransformationcollectifs.fr">transformation agricole</a>…</p>
<p>Ces pratiques dépassent ainsi les seuls cadres de la culture de la terre, pour s’ouvrir non seulement à la culture de soi, mais aussi à <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_d__mocratie_aux_champs-9782359251012.html">l’organisation du rapport vital aux autres</a> (humains, animaux, végétaux).</p>
<p>Cette économie endogène est alors loin de signifier une fermeture sociale de ces territoires, comme en atteste l’engouement pour des pratiques apportant de l’aide aux paysans de manière informelle ou formelle, tel le <em>woofing</em> <a href="https://wwoof.fr/">bénévolat dans les fermes</a>, ou encore par des chantiers participatifs (récolte de gros légumes, plantation de haies…).</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/zdauNn_lEKM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Centrale villageoise dans le Vercors.</span></figcaption>
</figure>
<p>Plus largement, nous avons affaire à une économie des modes de vie se traduisant par une diversité des pratiques d’entraide par la terre : production d’énergie (produits dérivés de l’agro-foresterie, centrale villageoise…), comportements de limitation des besoins en ressources (auto-construction, réusage), en consommation (sobriété, frugalité, simplicité…) ou en équipements (phyto-épuration naturelle plutôt qu’en équipement lourd…).</p>
<p>Non sans liens étroits avec les écrits d’Ivan Illich <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/la-convivialite-ivan-illich/9782757842119">sur les outils conviviaux</a> et d’André Gorz sur les <a href="https://www.puf.com/content/ %C3 %89loge_du_suffisant">besoins qualitatifs</a>.</p>
<h2>L’expérience de la terre comme puissance d’autonomie</h2>
<p>Dans une grande créativité, toutes ces initiatives ont en fait en commun des manières de « faire », par soi-même, dans le souci de soi et de celui des milieux vivants, qui invitent à notre « reliance » aux cultures locales et paysannes. Ces dernières ont été <a href="https://www.lechappee.org/collections/pour-en-finir-avec/le-sacrifice-des-paysans">largement malmenées puis oubliées</a> comme modalités renouvelées de l’occupation de la terre, avec ce qu’elles peuvent apporter en <em>matière</em> d’autonomie et de coopération pour <a href="https://journals.openedition.org/lectures/6339">« s’engager dans cette époque obscure »</a>.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334136/original/file-20200511-49569-1wmomd0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334136/original/file-20200511-49569-1wmomd0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=575&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334136/original/file-20200511-49569-1wmomd0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=575&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334136/original/file-20200511-49569-1wmomd0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=575&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334136/original/file-20200511-49569-1wmomd0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=723&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334136/original/file-20200511-49569-1wmomd0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=723&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334136/original/file-20200511-49569-1wmomd0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=723&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Extrait de la brochure « L’agriculture paysanne expliquée aux urbains », Confédération paysanne, FADEAR et Envie de paysans !</span>
<span class="attribution"><span class="source">Claire Robert</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cela, on l’a vu, concerne nos façons de demeurer, de recouvrer une relation socialement et écologiquement tenable (<a href="https://journals.openedition.org/critiquedart/19306">Augustin Berque</a>, <em>Recouvrance. Retour à la terre et cosmicité en Asie orientale</em>, Bastia, éditions éoliennes : à paraître), loin de l’artificialisation des sols ou des cultures de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=PScQo8_uZxA">l’urbain</a> densifié.</p>
<p>La solidarité passe bien par un réarmement de la puissance de chacun·e à faire entraide par l’autonomie, en reconsidérant assez fondamentalement l’expérience directe, à la fois sensitive et intellective, des formes de vie… périphériques.</p>
<blockquote>
<p>« On est dans un système où il faut de plus en plus courir, après l’argent, après le travail. C’est pas positif. Il faut se calmer. On ne peut pas observer en courant. Il faut s’asseoir et observer. Pour écouter, pour sentir, pour vivre. Et quand je me tourne et que je vois ce que je vois, là je vis. »</p>
</blockquote>
<p>Cet agriculteur interviewé dans le film <a href="https://reseau-agriville.com/film-recherche/"><em>À l’ombre des champs</em></a>(2020) réalisé sur les pratiques de l’agroforesterie, rappelle <a href="http://www.ensfea.fr/wp-content/uploads/2020/04/CP_agroforesterie-paysage.pdf">l’engagement des corps dans l’expérience de la terre</a>.</p>
<p>Les paysans évoquent souvent une pause dans leur travail, pour regarder le résultat de leur activité, pour prêter attention à la campagne environnante, repères sonores tels que des chants d’oiseaux ou bonne aubaine pour une cueillette de champignons. Moments de liberté dans un travail qu’ils organisent eux-mêmes dans sa variété, au fil des saisons. Loin des tumultes métropolitains.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/QkhfjuW7eFk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bande-annonce du film-recherche <em>À l’ombre des champs</em>, réalisé par Olivier Bories, Jean‑Pascal Fontorbes, 2020 (UMR CNRS 5193 LISST Dynamiques rurales, ENSFEA).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/137827/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans le contexte actuel, satisfaire par soi-même quelques besoins vitaux permet de recouvrer un peu de sentiments de capacité et de liberté. Les espaces loin des villes le permettent.Guillaume Faburel, Professeur, chercheur à l'UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 Isabelle Favre, Doctorante, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)Mathilde Girault, Docteure en études urbaines, Collegium de Lyon – RFIEALicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1359712020-04-21T16:33:38Z2020-04-21T16:33:38ZNourrir Paris en temps de crise… et après ?<p>En ces temps d’épidémie et de confinement, où les activités économiques sont à l’arrêt, assurer l’approvisionnement alimentaire des grandes villes apparaît encore plus que d’habitude comme une nécessité vitale.</p>
<p>Mais les mutations du système agro-alimentaire au cours des 50 dernières années l’ont-elles rendu plus sûr ou plus vulnérable face aux aléas et aux crises ?</p>
<p>Jusqu’au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, Paris était approvisionné pour l’essentiel par un <em>hinterland</em> nourricier, un territoire d’une centaine de kilomètres entourant la ville. Sa capacité à produire des excédents par rapport aux besoins de sa propre population a progressé au même rythme que la croissance <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10113-011-0244-7">démographique urbaine</a>.</p>
<p>Le système agricole qui a permis une telle évolution, c’est celui de la <a href="http://vertigo.revues.org/16438">polyculture-élevage</a> ; ici, l’épandage des déjections animales permet de restituer aux sols cultivés des nutriments exportés par la récolte. Ces déjections proviennent principalement du broutage par les troupeaux de légumineuses fourragères, tels le trèfle ou la luzerne, capables à l’inverse des autres végétaux de fixer l’azote de l’air, essentiel à la croissance des plantes.</p>
<p>La toute proche banlieue parisienne s’était spécialisée, elle, dans les fruits et légumes frais fertilisés aux <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3348654h.texteImage">engrais urbains</a> – excréments humains, fumier de cheval et déchets alimentaires.</p>
<h2>Le tournant des années 1950</h2>
<p>Avec l’avènement de l’agriculture industrielle, à partir de 1955, et la généralisation de l’usage des engrais azotés de synthèse produits industriellement, <a href="https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-01822741/document">l’agriculture céréalière</a> a pu se passer de l’élevage et de ses précieuses déjections.</p>
<p>Le centre du bassin parisien s’est alors spécialisé dans les grandes cultures céréalières d’où les troupeaux avaient disparu. Sa production agricole a bien vite dépassé les besoins en grain de l’agglomération parisienne, bien que la population urbaine ait doublé dans le même temps. 80 % de cette production est aujourd’hui destinée à l’exportation.</p>
<p>Le bétail, exclu de ces zones centrales du bassin, s’est concentré dans les régions périphériques : le Grand Est où s’est maintenue la polyculture-élevage, et surtout le Grand Ouest, spécialisé depuis les années 1980 dans un élevage intensif, basé sur l’importation massive de soja d’Amérique latine. Les fruits et légumes sont issus de régions toujours plus lointaines de la capitale, la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10113-011-0244-7">distance moyenne d’approvisionnement</a> passant de 100 km à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle à 790 km au début du XXI<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>La dépendance en ressources fossiles (les hydrocarbures pour la production d’azote, phosphates et potassium miniers), situées hors de l’Union européenne, est devenue extrême et le <a href="https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-01821635/document">taux de recyclage</a> des engrais urbains est désormais proche de zéro.</p>
<h2>Une concentration d’acteurs</h2>
<p>Parallèlement à cet éloignement géographique des zones d’approvisionnement, le système de transformation et de distribution alimentaire s’est profondément concentré.</p>
<p>Quelques grands groupes contrôlent des filières entières, telles que la collecte, le négoce et la transformation du lait, des céréales, des oléagineux et de la betterave. La grande distribution – c’est-à-dire sept grandes enseignes (Auchan, Carrefour, Cora, Leclerc, Casino, Système U, Les Mousquetaires) – et quelques centrales d’achat se taillent la part du lion des ventes alimentaires.</p>
<p>Le commerce de détail, les marchés, la vente directe, ou les modes plus coopératifs d’approvisionnement, comme les AMAP ou les épiceries solidaires, ne concernent aujourd’hui qu’une fraction mineure de l’approvisionnement des particuliers.</p>
<h2>Les conséquences de la pandémie</h2>
<p>La crise sanitaire que nous traversons aujourd’hui pourrait encore renforcer la position hégémonique de la grande distribution.</p>
<p>La fermeture des marchés, décrétée au début de la période de confinement, renforce par exemple cette idée que seules les grandes enseignes sont capables d’assurer l’approvisionnement dans des conditions sanitaires sécurisées. Pourtant, sous la pression des consommateurs, des marchés de plein air s’ouvrent à nouveau et se montrent capables d’assurer des conditions de sécurité sanitaire sans doute égales à celles qu’on rencontre en faisant ses achats dans un hypermarché. Il en va de même du commerce de détail et des ventes directes qui voient parfois leur <a href="https://www.liberation.fr/terre/2020/04/02/alimentation-le-boom-des-reseaux-de-circuits-courts_1783577">demande exploser</a>.</p>
<p>Ce qui se joue aujourd’hui est donc très révélateur d’une tension qui existe de plus en plus entre les tenants d’un système agro-alimentaire toujours plus spécialisé et intégré aux marchés mondiaux, et ceux qui cherchent à reconnecter davantage production agricole et consommateurs.</p>
<h2>Deux scénarios pour nos assiettes</h2>
<p>Dans le cadre du programme de recherche <a href="https://www.piren-seine.fr/">PIREN-Seine</a>, ces visions opposées ont été prises comme base pour l’établissement de deux scénarios prospectifs du système agro-alimentaire français à l’horizon 2050, à <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1462901116301083">l’échelle territoriale</a> et <a href="https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-01957492/document">nationale</a>.</p>
<p>Le premier scénario (dit « Ouvert et spécialisé ») consiste dans la poursuite du mouvement de spécialisation, de déconnexion de l’élevage d’avec l’agriculture et d’ouverture sur les marchés internationaux.</p>
<p>Il est dans la droite ligne des objectifs de croissance et de mondialisation affirmés par la plupart des politiques publiques nationales et européennes. Dans un discours au monde agricole, en 2018, le Président Emmanuel Macron ne dit-il pas :</p>
<blockquote>
<p>« Il n’y a pas d’avenir de notre agriculture s’il n’y a pas une <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2018/02/22/discours-du-president-de-la-republique-emmanuel-macron-a-la-nouvelle-generation-agricole">ouverture raisonnée</a>, organisée en matière commerciale. […], il ne faut pas avoir peur de cette ouverture, il faut s’organiser pour en être les <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2018/01/25/discours-des-v-ux-a-l-agriculture-du-president-de-la-republique-emmanuel-macron-a-saint-genes-champanelle">gagnants</a>. »</p>
</blockquote>
<p>Le second scénario (dit « Autonome, reconnecté, <a href="http://www.nine-esf.org/node/280/index.html">demitarien</a> ») suppose au contraire une réorganisation profonde du système agro-alimentaire français. Il s’agit d’accroître l’autonomie en intrants des exploitations et des territoires, de diversifier les rotations culturales en y intercalant des légumineuses fixatrices d’azote, fourragères (luzerne, trèfle…) ou à graines (lentilles, pois…), selon les principes de l’agriculture biologique.</p>
<p>Il s’agit aussi de réintroduire l’élevage dans les régions où il a disparu et de reconnecter la production agricole avec une consommation alimentaire moitié moins riche en protéines animales (le régime « demitarien »).</p>
<p>La valorisation agricole des engrais urbains, principalement les urines humaines mais aussi les biodéchets alimentaires et les matières fécales, permettant également de renforcer la fourniture <a href="https://theconversation.com/de-lurine-recyclee-pour-les-futurs-engrais-129945">d’engrais local</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/FjzK-dgE4Os?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Fabien Esculier lors du concours « Ma thèse en 180 secondes » 2019 sur l’utilisation des excrétions humaines en agriculture.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Des options contrastées</h2>
<p><a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02193910/document">Ces deux scénarios</a> se révèlent l’un comme l’autre capables de nourrir la population française à l’horizon 2050. L’accroissement de la production agricole dans le scénario d’ouverture et de spécialisation rendant possible un doublement des exportations de céréales.</p>
<p>L’augmentation du cheptel permet aussi un accroissement très significatif des exportations de produits animaux, mais la part d’herbe et de production fourragère locale dans l’alimentation du bétail diminue très fortement, au profit des aliments importés, ce qui conduit à des importations de soja quatre fois plus élevées qu’actuellement.</p>
<p>En termes de protéines contenues dans les produits agricoles, la France passe ainsi d’exportatrice nette (-100 kilotonnes d’azote par an, ktN/an) à importatrice nette (+600 ktN/an).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=925&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=925&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=925&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1162&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1162&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/328620/original/file-20200417-192715-3htvfs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1162&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les flux de transport longue distance de céréales, de produits animaux (viande et lait) et d’aliments pour animaux (soja et tourteaux) principalement impliqués dans l’approvisionnement de l’agglomération parisienne, actuellement et dans deux scénarios prospectifs à l’horizon 2050. En haut : Production de céréales et flux commerciaux exprimés en contenu en protéines ; en bas : part de la superficie agricole occupée par les prairies permanentes, flux de viande et lait et flux d’aliments pour bétail, également exprimés en contenu en protéines.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après Le Noë et coll. (2016) et Billen et coll. (2018)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans le scénario d’autonomie et de reconnexion, avec l’abandon du recours aux engrais et aux pesticides de synthèse, la production protéique des terres arables diminue de 20 %, ce qui n’empêche toutefois pas la France de disposer d’un excédent de production céréalière disponible pour une exportation à hauteur de 40 % du niveau actuel.</p>
<p>Le cheptel, réduit de moitié, suffit à couvrir les besoins en viande et lait de la population de 75 millions d’habitants demitariens. La France n’exporte plus de poudre de lait, mais peut encore fournir le marché international en fromages AOC !</p>
<p>En matière de contamination des eaux par les <a href="https://www.mdpi.com/2076-3263/9/10/441">nitrates</a> et les pesticides, ainsi qu’en ce qui concerne les <a href="https://c-cascades.ulb.ac.be/images/FichiersPDF/publi/Garnier_STOTEN_2019.pdf">émissions de gaz</a> à <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2019.00019/full">effet de serre</a>, la comparaison est largement en faveur de ce second scénario.</p>
<h2>Pour une nouvelle sécurité alimentaire</h2>
<p>Plus que jamais en ces temps de crise, ces deux modèles s’opposent irrémédiablement. Mais la situation mondiale inédite que nous vivons en ce printemps 2020 rend plus sensibles les risques que fait courir à l’approvisionnement alimentaire sa trop grande dépendance aux marchés lointains.</p>
<p>Rompant avec les convictions néolibérales qu’il professait naguère, Emmanuel Macron affirmait ainsi, le 12 mars dernier :</p>
<blockquote>
<p>« Déléguer notre alimentation et notre cadre de vie à d’autres est une folie. Nous devons en <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/12/adresse-aux-francais">reprendre le contrôle</a>. »</p>
</blockquote>
<p>Reprendre le contrôle de notre alimentation suppose un changement radical de l’ensemble du système agro-alimentaire actuel, tant au niveau des systèmes agricoles eux-mêmes que de la transformation, de la distribution et de la consommation.</p>
<p>De nombreuses initiatives montrent la voie : diversification des productions, <a href="http://www.reseau-amap.org/">AMAP</a>, <a href="https://www.monepi.fr/">épiceries solidaires</a>, <a href="https://www.siresco.fr/fr">restauration collective re-territorialisée</a>… Les propositions politiques pour une meilleure résilience de nos systèmes alimentaires étaient déjà mises en avant par certains <a href="https://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppr18-588.html">sénateurs</a> ou <a href="https://resiliencealimentaire.org/">associations</a> à l’occasion des élections municipales.</p>
<p>La mise en place de la sécurité sociale française est intervenue juste après la Seconde Guerre mondiale : ne peut-on pas transformer la crise actuelle en une opportunité d’étendre notre sécurité sociale à l’alimentation, en suivant l’ambitieuse proposition de l’association <a href="https://www.isf-france.org/articles/pour-une-securite-sociale-alimentaire">Ingénieurs sans frontières</a> ?</p>
<hr>
<p><em>Pour aller plus loin : une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=LTfyGD66dvo">vidéo</a>, le <a href="https://www.piren-seine.fr/sites/default/files/PIREN_documents/phase_7/rapports_synthese/PIREN_rapport_synthese_phase7_Volume_1.pdf">rapport du PIREN-Seine</a> et la <a href="https://www.leesu.fr/ocapi/bibliotheque/les-productions-docapi/">thèse de Fabien Esculier</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135971/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le programme PIREN-Seine et la Zone Atelier Seine sont financés par 14 partenaires publics et privés (liste complète sur <a href="http://www.piren-seine.fr/partenaires">www.piren-seine.fr/partenaires</a>) ainsi que par le CNRS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Le programme OCAPI reçoit ou a reçu des financements et contributions de 18 partenaires majoritairement publics (<a href="http://www.leesu.fr/ocapi/partenaires/">www.leesu.fr/ocapi/partenaires/</a>).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Outre celui de son organisme d'affiliation (CNRS), Josette Garnier a bénéficié des soutiens du programme PIREN-Seine et de l’Observatoire ABAC (AESN, Eau de Paris, Région Ile-de-France).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julia Le Noë a reçu des financements via l’École doctorale « Géosciences, Ressources Naturelles et Environnement » pour l’obtention d’une bourse de thèse de 36 mois.</span></em></p>Portrait-robot d’un système alimentaire durable et résilient pour la capitale française.Gilles Billen, Directeur de recherche CNRS émérite, biogéochimie territoriale, Sorbonne UniversitéFabien Esculier, Chercheur, coordonnateur du programme de recherche-action OCAPI au LEESU, École des Ponts ParisTech (ENPC)Josette Garnier, Directrice de recherche CNRS, Sorbonne UniversitéJulia Le Noë, Postdoctoral research associate, University of Natural Resources and Life Science (BOKU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1269692020-01-06T14:30:37Z2020-01-06T14:30:37ZL’extraordinaire ascension de l’agriculture urbaine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/307173/original/file-20191216-123983-1cidz67.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des plants de chou bok choy mauve poussant dans une serre sur un toit à Montréal.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock </span></span></figcaption></figure><p>Voici quelques semaines, l’entreprise Les Fermes Lufa annonçait l’ouverture, dès mars 2020, de la <a href="https://novae.ca/2019/12/lufa-prepare-plus-grande-serre-urbaine-toit-monde/">plus grande serre sur toit au monde</a> à Montréal. Avec cette quatrième serre, installée dans l’arrondissement Saint-Laurent, l’entreprise, pionnière de l’agriculture hydroponique construite sur les toits de bâtiments industriels, vise à doubler sa production de fruits et de légumes.</p>
<p>Les Fermes Lufa font partie d’une industrie en croissance exponentielle : l’agriculture urbaine.</p>
<p>Elles transforment la ville, mais elles ont aussi un impact sur les systèmes alimentaires locaux. Montréal bien sûr, mais aussi Toronto, New York, Paris, Bruxelles ou Portland n’échappent pas au phénomène.</p>
<p>La culture de plantes comestibles, de végétaux horticoles ou l’élevage d’animaux en ville se distingue généralement de l’agriculture pratiquée en milieu rural par ses plus petites surfaces cultivées et surtout par ses modes de culture, souvent sur toit ou en intérieur.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/agriculture-urbaine-en-france-le-jeu-des-sept-familles-107381">Agriculture urbaine en France, le jeu des sept familles</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/307205/original/file-20191216-124009-16p9jjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/307205/original/file-20191216-124009-16p9jjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/307205/original/file-20191216-124009-16p9jjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/307205/original/file-20191216-124009-16p9jjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/307205/original/file-20191216-124009-16p9jjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/307205/original/file-20191216-124009-16p9jjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/307205/original/file-20191216-124009-16p9jjd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=356&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ferme urbaine sur toit du Laboratoire sur l’agriculture urbaine à la Centrale Agricole, sur la rue Legendre, à Montréal, un incubateur et accélérateur coopératif d’entreprises agricoles urbaines. Projet porté par le CRETAU.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eric Duchenin, AU/LAB</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis quelques années, on voit apparaître une séparation entre une agriculture urbaine sociale (les jardins potagers) et une agriculture urbaine commerciale (des fermes ou projets à vocation économique qu’ils soient de nature privée ou sociale).</p>
<p>Dans les entreprises, la pratique de l’agriculture est un métier et une activité économique à part entière. Si elles prennent de plus en plus d’espace, les jardins potages restent plus présents. Ainsi, on recense plus de <a href="https://agriurbain.hypotheses.org/4042">10 hectares de potagers</a> sur le territoire montréalais, tandis que l’agriculture urbaine commerciale couvre moins de cinq hectares.</p>
<p>Mais qu’elle soit sociale ou commerciale, l’agriculture urbaine est utilisée comme un <a href="https://journals.openedition.org/factsreports/113">outil pour répondre à de nombreux enjeux sociaux et environnementaux urbains</a> du 21e siècle, dont l’insécurité alimentaire, la réappropriation de l’espace urbain par les citoyens, le verdissement, la santé mentale, l’autonomisation, la réinsertion économique, etc.</p>
<p>Elle est aussi perçue comme un vecteur potentiel de résilience urbaine individuelle et collective <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/16513">dans le cas de crise économique, environnementale</a> ou encore lors de l’augmentation des prix des aliments frais, comme on l’observe actuellement dans de très nombreux pays, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1139627/prix-aliments-nourritures-rapport-legumes-viande-previsions-2019">dont le Canada</a>.</p>
<p>Dans le cadre de son mandat visant l’émergence de pratiques innovantes, avec l’équipe du <a href="http://cretau.ca/">Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine</a> (CRETAU), notre équipe a réalisé le premier <a href="http://cretau.ca/wp-content/uploads/2019/06/Portrait-AU-commerciale-2018-final.pdf">portrait de l’agriculture urbaine commerciale au Québec</a>. Il s’agit d’une première étape pour mieux comprendre l’importance de cette forme d’agriculture sur la transition des villes. <a href="http://cretau.ca/index.php/ressources/bottin-des-producteurs-et-productrices">Malgré sa popularité grandissante</a>, cette forme d’agriculture urbaine reste encore très peu étudiée.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301687/original/file-20191114-77331-1tswl3o.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301687/original/file-20191114-77331-1tswl3o.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301687/original/file-20191114-77331-1tswl3o.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301687/original/file-20191114-77331-1tswl3o.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301687/original/file-20191114-77331-1tswl3o.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301687/original/file-20191114-77331-1tswl3o.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301687/original/file-20191114-77331-1tswl3o.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ferme sur le toit de la Centrale agricole, sur la rue Legendre, à Montréal, un incubateur et accélérateur coopératif d’entreprises agricoles urbaines. Projet porté par le CRETAU.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eric Duchemin</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’agriculture urbaine commerciale au Québec</h2>
<p>Le premier portrait du CRETAU, a permis d’identifier une cinquantaine d’entreprises d’agriculture commerciale (production ou élevage) urbaines au Québec. Trente-cinq d’entre elles sont situées dans la grande région de Montréal.</p>
<p>Les villes du Québec se comparent très avantageusement aux autres grandes villes nord-américaines et européennes. Montréal se démarque sur le plan international : avec ses 35 exploitations urbaines, la région dépasse largement <a href="https://agriurbain.hypotheses.org/4104">Vancouver</a> qui en compte 13 et la <a href="https://www.goodfood.brussels/sites/default/files/etude_baseline_2018_final_0.pdf">région bruxelloise</a> qui en compte 29. Elles seraient une <a href="https://theconversation.com/les-projets-dagriculture-urbaine-peuvent-ils-etre-viables-107385">centaine sur l’ensemble de la France</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301685/original/file-20191114-77291-aji040.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301685/original/file-20191114-77291-aji040.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301685/original/file-20191114-77291-aji040.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301685/original/file-20191114-77291-aji040.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301685/original/file-20191114-77291-aji040.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301685/original/file-20191114-77291-aji040.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301685/original/file-20191114-77291-aji040.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les jardins Cra-Terre, sur la rue Durocher, à Montréal. Une ferme urbaine sociale, locale et biologique, faisant partie de la coop Bioma.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Claudia Atomei</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si près de 60 pour cent des entreprises agricoles urbaines au Québec sont des productrices de légumes frais – 28 maraîchers sur 50 –, les entreprises de production de micropousses arrivent au deuxième rang en 2018 – huit sur les 50 identifiés. Des entreprises répertoriées, 40 pour cent font une production en intérieur, tandis que 28 pour cent utilisent des toits.</p>
<h2>Une filière agricole en croissance</h2>
<p>La ferme Pousse-menu, une des pionnières dans le domaine au Québec, a démarré ses activités en 1988. De leur côté, les Fermes Lufa ont érigé la première serre commerciale du monde sur le toit d’un immeuble en 2011. Montréal compte depuis 2017 la plus grande ferme urbaine bio sur toit au Canada. Plus d’une dizaine de nouvelles entreprises agricoles urbaines s’enregistrent chaque année.</p>
<p>Si le portrait du CRETAU est assez fidèle, il faut souligner qu’il ne concerne que les entreprises agricoles urbaines existantes. Les projets en gestation ou en idéation n’en font pas partie.</p>
<p>De multiples indicateurs suggèrent qu’il y a de nombreux projets en démarrage. De plus, le développement des producteurs urbains offre des opportunités aux entreprises de services d’aménagement paysager et de fournitures. Ainsi, à côté des 50 producteurs urbains on trouve une trentaine d’entreprises offrant des services divers, allant de l’accompagnement, de la construction de toits verts comestibles, de modules de production et de mise en marché. Sans compter que de nombreux producteurs urbains offrent aussi de tels services.</p>
<h2>Une filière d’innovation technologique</h2>
<p>Jusqu’à tout récemment pionnière en la matière, le Québec a désormais de la compétition : des investissements majeurs en soutien aux fermes urbaines innovantes se font aux États-Unis et en Europe. Des projets d’envergure s’y développent, particulièrement dans la R&D et le développement de technologies, de modules de production ou de nouvelles filières (insectes).</p>
<p>Au Québec, il existe quelques exemples de fermes en innovation, comme La boîte Maraichère, la ferme O’Plant, les Fermes In.Genius, Inno-3B ou TriCycle. Mais elles restent encore loin des projets états-uniens ou européens en matière de financement, donc de capacité de développement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301684/original/file-20191114-77310-eqc7yw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301684/original/file-20191114-77310-eqc7yw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301684/original/file-20191114-77310-eqc7yw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301684/original/file-20191114-77310-eqc7yw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301684/original/file-20191114-77310-eqc7yw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301684/original/file-20191114-77310-eqc7yw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301684/original/file-20191114-77310-eqc7yw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Module de production intérieur Inno-3B dans le supermarché Avril.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eric Duchemin, CRETAU</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce type d’investissements en projets innovants sert à la production alimentaire, mais également au développement de nouvelles technologies, au perfectionnement de ressources humaines compétentes en techniques de production alimentaire, en création de systèmes automatisés, ou en ingénierie.</p>
<p>Nicholas Clinton, du Arizona State University, et ses co-auteurs ont réalisé une première tentative de <a href="https://doi.org/10.1002/2017EF000536">quantifier l’apport de l’agriculture urbaine</a> en 2018. Sans faire une évaluation précise des services offerts par l’AU, ils ont tenté plutôt d’introduire un cadre (framework) afin d’estimer cet apport.</p>
<p>Il apparaît qu’il y a un manque de recherche structurée qui évalue l’impact des fermes urbaines sur l’empreinte écologique du système alimentaire et des villes. Cet impact est-il significatif ? À quel niveau de développement le serait-il ? (un pour cent de couvertures des toits par exemple) et comment peut-il être amélioré ? (insertion dans un système local de gestion des ressources).</p>
<h2>Une filière de production agricole qui prend forme</h2>
<p>Le premier portrait du CRETAU montre que la filière de production agricole naissante a besoin de soutien tant au niveau des modèles économiques, des besoins en service-conseil adapté et d’une meilleure adéquation entre les programmes/soutien gouvernementaux et leur activité.</p>
<p>Cette filière devra être accompagnée par de la recherche et de la formation. Mentionnons la mise sur pied d’un <a href="https://www.cegepvicto.ca/programme/gtea-agriculture-urbaine/">volet agriculture urbaine</a> dans le cadre du programme de gestion et technologies d’entreprise agricole au cégep de Victoriaville, le développement d’un <a href="http://cretau.ca/index.php/espaces/la-centrale-agricole/">incubateur pour les entreprises agricoles urbaines</a> en démarrage et l’existence d’une <a href="http://cretau.ca/index.php/espaces/laboratoire-du-palais-des-congres/">ferme expérimentale de recherche et d’innovation</a> sur le toit du Palais des congrès de Montréal.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301682/original/file-20191114-77295-1ndlsq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301682/original/file-20191114-77295-1ndlsq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301682/original/file-20191114-77295-1ndlsq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301682/original/file-20191114-77295-1ndlsq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301682/original/file-20191114-77295-1ndlsq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301682/original/file-20191114-77295-1ndlsq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301682/original/file-20191114-77295-1ndlsq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Laboratoire sur l’agriculture urbaine au Palais des congrès de Montréal, une ferme expérimentale et une vitrine de l’agriculture urbaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Palais des congrès de Montréal</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il reste à se demander comment réussir à établir un système efficace d’identification et de suivi des entreprises agricoles urbaines. C’est entre autres pour répondre à ce défi que le CRETAU a lancé le <a href="http://cretau.ca/index.php/ressources/bottin-des-producteurs-et-productrices">premier bottin des producteurs urbains du Québec</a>.</p>
<p>En mettant en ligne ce bottin et en le diffusant, l’idée est de rejoindre les entreprises qui n’auraient pas été répertoriées jusqu’ici.</p>
<p>[<em>Ne manquez aucun de nos articles écrits par nos experts universitaires</em>. <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126969/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Duchemin reçoit des financements du Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), de la Ville de Montréal, du Fonds de recherche du Québec (FRQ) et de plusieurs autres organismes.
En plus d'être directeur scientifique du Carrefour de recherche, d'expertise et de transfert en agriculture urbaine, il est professeur associé à l'Institut des sciences de l'environnement et chercheur à l'Université du Québec à Montréal. </span></em></p>Les entreprises en agriculture urbaine transforment la ville et notre vision de l’alimentation. Mais nous en savons peu sur ses impacts, tant environnementaux qu’économiques.Éric Duchemin, Adjunct professor - Professeur associé - Directeur Scientifique AU/LAB et CRETAU, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1268852019-11-27T19:17:29Z2019-11-27T19:17:29ZAgriculture urbaine : les leçons de la faillite d’Urban Farmers à La Haye<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/303155/original/file-20191122-74580-ini1py.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Culture de légumes dans l’une des fermes urbaines gérées par Urban Farmers. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/UrbanFarmers/photos/a.509665029082338/509665279082313/?type=3&theater">Compte Facebook Urban Farmers</a></span></figcaption></figure><p>Juillet 2018 : <a href="https://www.nivolet.com/2016/03/uf002-de-schilde-la-plus-grande-ferme-urbaine-en-aquaponie-deurope-demarre-sa-production-le-31-mars-2016/">UF002 De Schilde</a>, l’une des plus grandes serres en toiture d’Europe, située à La Haye (Hollande), déclare faillite. Initié en 2016, ce projet était porté par Urban Farmers, une entreprise suisse pionnière dans le domaine de l’agriculture urbaine.</p>
<p>Sous une serre de 1 200 m<sup>2</sup>, la production y était de type aquaponique, misant sur la synergie entre la production végétale et l’élevage de poissons. Tomates, aubergines, poivrons et légumes feuilles cultivés sous serre côtoyaient ainsi une production piscicole – des Tilapias, une espèce de poissons originaire du continent africain – à l’étage inférieur. Le coût d’installation du projet atteignait les 2,7 millions d’euros (2 250 €/m<sup>2</sup>).</p>
<p>Pourtant créé par des agriculteurs urbains expérimentés, ce projet connaît, en 2018, une faillite rapide. Comment l’expliquer ? Quels enseignements en tirer <a href="http://www.groof.eu">à l’heure de l’essor</a> des serres sur toiture en Europe ?</p>
<p>En nous appuyant sur des documents disponibles et des interviews réalisées dans le cadre du projet <a href="http://www.groof.eu">Interreg NWE GROOF</a>, nous avons découvert que la stratégie, la mésentente entre des actionnaires ainsi que des problèmes techniques de production, <a href="http://www.nweurope.eu/projects/project-search/groof/#tab-3">rendaient compte de cet échec</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"730863628434444289"}"></div></p>
<h2>Une stratégie incertaine</h2>
<p>Nous avons pu mettre à jour et analyser plusieurs incohérences concernant l’élaboration de la stratégie commerciale du projet.</p>
<p>Tout d’abord, le site pilote se trouvait en Suisse, une zone géographique différente de La Haye, où la ferme a été implantée. Cette forte disparité culturelle et économique a pesé.</p>
<p>On peut également souligner que dans leur tentative de déterminer si une stratégie B2B (<em>business to business</em>, c’est-à-dire de la vente à des transformateurs) conviendrait à leur projet, les initiateurs d’UF002 De Schilde n’ont pas rencontré suffisamment de restaurants et de cantines à La Haye (une douzaine seulement). C’est donc sur des informations plutôt fragiles que la vente de légumes et de poissons locaux et frais aux clients professionnels a été décidée.</p>
<p>Cette stratégie B2B n’a pas rencontré le succès escompté, pour les raisons suivantes : les prix de vente étaient trop élevés ; la qualité des produits n’était pas conforme aux attentes (pour les grossistes et les restaurants) ; la distribution n’était pas adaptée aux circuits courts et nécessitait un processus de conservation des légumes plusieurs jours avant la valorisation finale pour les consommateurs. Les produits perdaient donc leur fraîcheur, ainsi que leur goût.</p>
<p>Face à cette situation, les porteurs du projet ont décidé de changer de stratégie, se lançant alors dans la commercialisation aux particuliers (B2C, business to consumer, soit la vente directe au consommateur final). Pour ce faire, ils ont diversifié leurs offres en proposant des services « originaux » (voir ci-dessous).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nweurope.eu/projects/project-search/groof/">Interreg NWE GROOF</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mais cette stratégie B2C n’a pas fonctionné non plus ; cela pour trois raisons principales. Tout d’abord, la non-adhésion des consommateurs locaux. L’offre de produits haut de gamme dans l’un des quartiers les plus populaires des Pays-Bas n’était pas cohérent.</p>
<p>La non-compréhension de la compétition locale, ensuite. Les prix de vente restaient trop élevés. Par exemple, les tomates étaient vendues entre 6,5 € et 8 €/kg contre 2 €/kg sur les marchés locaux. À quelques kilomètres à peine, de nombreux producteurs conventionnels commercialisent déjà des légumes hors sol, tout particulièrement des tomates, produites sous des millions de m<sup>2</sup> de serres. En outre, dû à la proximité de la mer, des poissons frais sont disponibles à la Haye, alors même que les poissons de l’espèce Tilapia sont peu connus en Europe et difficiles à commercialiser à des prix élevés.</p>
<p>Toutes ces raisons expliquent pourquoi le panier moyen d’un client du magasin s’élevait seulement à 9€.</p>
<h2>Des difficultés de production</h2>
<p>L’exploitation d’un système combinant la production de poissons et de plantes est un défi technique. Comme le projet prévoyait de générer la moitié de ses revenus via la production sur faible surface (environ 1 000 m<sup>2</sup>), le rendement constituait un facteur clé. Or, il est difficile de viser des rendements élevés durant les premières saisons de production lorsque les techniques sont trop innovantes et souvent complexes à maîtriser, ce qui est le cas de l’aquaponie, encore rare dans la région de La Haye.</p>
<p>Dans le projet Urban Farmers, les rendements pour les tomates grappes étaient ainsi relativement faibles – avec seulement 20-25 kg/m<sup>2</sup>/an, contre un rendement pour les tomates grappes produites plus classiquement hors sol aux Pays-Bas de l’ordre de 60 kg/m<sup>2</sup>/an.</p>
<p>D’autres contraintes techniques spécifiques doivent également être signalées. Elles concernent notamment le système aquaponique qui réclame un personnel hautement qualifié, assez rare sur le marché du travail actuel ; la culture spécifique des plantes sur une membrane innovante en plastique et multicouches ; la consommation énergétique, avec des difficultés au niveau des échanges d’énergie et de CO<sub>2</sub> ; enfin, un accès difficile à la toiture.</p>
<h2>Des désaccords entre actionnaires et collaborateurs</h2>
<p>L’équipe des débuts affiche une belle complémentarité en termes de compétences pour ce type de projet : on y trouve des experts en aquaponie, en développement de business et un responsable des opérations. Mais avant même l’achèvement de la construction, des désaccords apparaissent, causant des frictions au sein de l’équipe. Peu de temps après son ouverture, presque tous les membres de l’équipe initiale avaient quitté l’entreprise, à l’exception de l’un des fondateurs.</p>
<p>De plus, le siège social en Suisse a <a href="https://www.hortidaily.com/article/6044864/urban-f-ers/">fait faillite</a> quelques mois avant celui de La Haye. Un contexte qui a affaibli un peu plus la société hollandaise.</p>
<h2>Ce que disent les chiffres</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">tableau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nweurope.eu/projects/project-search/groof/">Interreg NWE GROOF</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À la lumière du <a href="https://insolventies.rechtspraak.nl/Services/VerslagenService/getPdf/09_dha_18_225_F_V_04">rapport public de faillite</a>, il apparaît clairement (voir le tableau ci-contre) que plus le chiffre d’affaires augmentait, plus la <a href="http://www.hortidaily.com/article/6045789/The-Hague-urban-greenhouse">perte était importante</a> (la structure visait un chiffre d’affaires de 500 000 € par an).</p>
<p>En termes d’effectifs, l’équipe comptait 6 employés à temps plein et 3 stagiaires. Au vu du chiffre d’affaires dégagé, le nombre d’employés était certainement trop élevé.</p>
<p>Enfin, le volume de vente était trop faible. Avec une marge de 20 % par produit, ils devaient vendre au minimum 80 % de leur production pour ne pas faire de perte… ce qui représente un vrai défi dans le domaine des légumes frais.</p>
<h2>Les enseignements à tirer</h2>
<p>L’analyse de cette faillite nous enseigne nombre de choses.</p>
<p>Sur le plan commercial, il convient de toujours prendre en compte l’environnement dans lequel le projet évolue et de s’assurer que les produits et services sont en cohérences avec les besoins des clients. En ce qui concerne la gestion interne et la communication entre les différents actionnaires, il est essentiel d’avoir une vision à long terme ; cela protège d’un changement fréquent de stratégie qui peut être fatal à l’entreprise. Il est ainsi préférable d’instaurer autant que possible la stratégie avant le lancement plutôt qu’après. Sans pour autant continuer une stratégie tête baissée et oublier de s’adapter à un marché évolutif.</p>
<p>Il est d’autre part vital que les techniques de production soient gérées efficacement, afin d’offrir de bons rendements et de garantir une qualité de production de poisson et de légumes. L’agriculture urbaine constitue un superbe outil de démonstration agricole, en familiarisant les urbains aux activités rurales. Mais il existe un risque que les consommateurs associent « l’échec » de l’entreprise d’Urban Farmers à l’échec plus global d’une agriculture originale et durable.</p>
<p>L’agriculture urbaine sous serre et sur toiture doit ainsi tirer les leçons des échecs et continuer à construire des projets. Les modèles économiques doivent être remis en question, en particulier quand il s’agit de la multifonctionnalité qui pourrait permettre des revenus non conventionnels (monétisation de services écosystémiques ou culturels). Ces revenus pourraient en effet représenter un moyen de surmonter l’investissement sans recourir absolument à des économies d’échelle.</p>
<hr>
<p><em>Retrouvez l’étude complète <a href="http://hdl.handle.net/2268/241639">en ligne</a>.</em></p>
<p><em>Maria Rosa Rovira Val, Franz Schreier, Boris Solecki, Nicolas Zita, Nathalie Crutzen et M. Haïssam Jijakli sont co-auteurs de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126885/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Ancion a reçu des financements de INTERREG NWE. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Guillaume Morel-Chevillet a reçu des financements de Interreg NWE Europe pour le projet GROOF. </span></em></p>Décryptage de l’échec d’une ferme urbaine lancée en Hollande en 2016.Qui ne signe toutefois pas l’échec de l’agriculture urbaine.Nicolas Ancion, Chargé de projet GROOF - Greenhouses to reduce CO2 on roofs, Université de LiègeGuillaume Morel-Chevillet, Chercheur, agriculture urbaine, Astredhor (Institut technique de l’horticulture)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1074522018-11-29T19:46:10Z2018-11-29T19:46:10ZÀ la rencontre des petites bêtes des toitures végétalisées<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/247973/original/file-20181129-170241-18xps22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C603%2C5038%2C2224&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Collembole. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/deuterosminthurus-globular-springtail-769787803?src=T1M-JY69Sgi9KJfixEzSOg-3-7">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Reconnus pour leur rôle environnemental – régulation de l’eau, lutte contre les îlots de chaleur urbain, production alimentaire de proximité –, les espaces végétalisés se multiplient en ville. Ils constituent aujourd’hui un outil clef des collectivités pour aménager et rendre les villes plus durables et vivables.</p>
<p>Parmi ces espaces, les toitures végétalisées ont connu un développement sans précédent en France avec 1,3 million de m<sup>2</sup> <a href="http://www.adivet.net/images/stories/texte/brochure2018-HD-planches.pdf">installés durant l’année 2014</a>.</p>
<p>Si ces toitures reçoivent de plus en plus d’attention, leurs sols et la biodiversité qu’ils abritent – comme les vers de terre, coléoptères et autres bactéries – demeurent en revanche peu étudiés. Cette biodiversité joue pourtant un rôle environnemental essentiel, notamment pour la fertilité des sols et la régulation de l’eau.</p>
<p>Dans le but de mieux connaître cet aspect, nous avons étudié un ensemble de toitures végétalisées – qu’elles produisent des aliments ou non. Ces espaces accueillent-ils une forte biodiversité des sols ? D’où proviennent les organismes qu’on y observe ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"966933453101940736"}"></div></p>
<h2>À la recherche de la biodiversité urbaine</h2>
<p>On distingue aujourd’hui différentes formes de toitures végétalisées, en fonction des usages, du type et de l’épaisseur du sol ou encore de la végétation. Nous nous sommes intéressés plus particulièrement à deux d’entre elles : les toitures « extensives » et les toitures potagères « intensives ».</p>
<p>Les toitures extensives possèdent un sol – appelé « Technosol » en référence à leur origine technique ou humaine – d’une profondeur de 5 à 15 cm. Ils sont composés de substrats minéraux grossiers (typiquement de la pouzzolane/roche volcanique en mélange avec du terreau), non irrigués et la plupart du temps couverts par des espèces ornementales succulentes (comme <em>Sedum sp</em>).</p>
<p>Les toits verts productifs ont été conçus pour produire des aliments (principalement des légumes) sur plus de 50 % de leur surface, avec un Technosol plus profond (de 15 à 30 cm de profondeur) construit grâce à des substrats majoritairement organiques (compost, résidus de champignonnière, par exemple).</p>
<p>Parmi les toitures végétalisées, les formes extensives sont majoritaires, tandis que les potagers émergent progressivement – grâce notamment à des appels à projets comme celui de la mairie de Paris, <a href="http://www.parisculteurs.paris/fr">Parisculteurs</a> dont l’objectif est de végétaliser 100 hectares de toitures et murs, dont 30 hectares pour l’agriculture urbaine. Les <a href="https://www.researchgate.net/publication/248907325_Soil_formation_on_green_roofs_and_its_contribution_to_urban_biodiversity_with_emphasis_on_Collembolans">rares</a> études réalisées sur la faune du sol des toits végétalisés concernent uniquement les toitures extensives.</p>
<p>Ces études mettent en évidence une forte abondance d’invertébrés répartis au sein d’un petit nombre d’espèces d’<a href="http://www.academia.edu/13023526/A_comparison_of_3_types_of_green_roof_as_habitats_for_arthropods">arthropodes</a> et de <a href="https://www.researchgate.net/publication/257369238_Soil_microarthropod_community_dynamics_in_extensive_green_roofs">collemboles</a>, petites bêtes du sol de 2 mm. Les collemboles, un des groupes taxonomiques les plus abondants dans le sol, constituent des indicateurs bien connus de la qualité des sols (fertilité, pollution…). Par ailleurs, ils jouent un rôle majeur dans la fertilité des sols grâce à leur implication dans le recyclage de matière organique (nutriments) ou encore la création de microporosités (aération et enracinement).</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/147126953" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Planète collemboles, la vie secrète des sols. (Philippe Lebeaux/Vimeo, 2015).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Écosystèmes urbains</h2>
<p>Plusieurs hypothèses sur le rôle des toitures végétalisées dans la circulation de la biodiversité en milieu urbain ont été avancées, même si les données restent encore <a href="https://research.utwente.nl/en/publications/understanding-biodiversity-ecosystem-service-relationships-in-urb">trop peu nombreuses</a>. Les toits végétalisés pourraient ainsi participer à la <a href="https://www.iau-idf.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_900/La_multifonctionnalite_des_trames_verte_et_bleue_en_zones_urbaines_et_periurbaines.pdf">trame verte</a> urbaine, cet outil d’aménagement urbain qui a pour objectif de protéger la biodiversité en améliorant la connectivité entre les espaces de nature.</p>
<p>Pour en savoir davantage, nous avons donc étudié les communautés de collemboles de 15 toits végétalisés – 7 extensifs et 8 potagers – à Paris et dans la petite couronne au cours du printemps 2016. Notre étude, publiée dans la revue scientifique <a href="https://prodinra.inra.fr/?locale=en#!ConsultNotice:415642"><em>Ecological Engineering</em></a> en 2018, a également permis de comparer les niveaux de biodiversité observés sur les toits à ceux d’autres types d’espaces végétalisés – jardins familiaux, forêt, terre arable.</p>
<p>Notre recherche a porté sur la diversité taxonomique des communautés – quelles espèces sont présentes ? en quelles quantités ? – et sur leurs « traits fonctionnels » – taille, forme du corps ou pigmentation.</p>
<h2>44 espèces de collemboles</h2>
<p>Sur l’ensemble des toitures étudiées, 44 espèces de collemboles ont été identifiées, avec des densités variant entre 3 500 et 152 000 individus par m<sup>2</sup>. Cette forte variabilité n’est pas réellement dépendante du type de toiture, potagère ou extensive, bien que cette dernière ait tendance à avoir une diversité et une densité de collemboles légèrement plus faible.</p>
<p>En France, ces niveaux de densité dans les toits végétalisés sont respectivement deux et onze fois supérieurs à ceux des jardins familiaux et des terres arables. En termes de diversité, le nombre d’espèces est deux fois plus faible dans les toits que dans les jardins familiaux mais reste trois fois supérieur à ceux des terres arables.</p>
<p>On le voit, les Technosols utilisés pour les toitures végétalisées sont aptes à accueillir des collemboles, que ce soit dans le cas d’un potager ou d’une toiture extensive. La présence de ces espèces indique que ces espaces peuvent héberger une forte biodiversité des sols.</p>
<p>Les Technosols abritent un mélange hétéroclite d’espèces communes, mais aussi d’espèces plus rares. La présence de ces dernières est sans doute liée à leur capacité de résistance à la sécheresse sur les toits extensifs – qui ne sont pas irrigués à l’inverse des toits potagers – ou à leur préférence pour les sols riches en matière organique (toits potagers).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/247967/original/file-20181129-170220-hhsuf5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/247967/original/file-20181129-170220-hhsuf5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/247967/original/file-20181129-170220-hhsuf5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/247967/original/file-20181129-170220-hhsuf5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/247967/original/file-20181129-170220-hhsuf5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/247967/original/file-20181129-170220-hhsuf5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/247967/original/file-20181129-170220-hhsuf5.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Toiture potagère sur un des immeubles parisiens de la RATP.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sophie Joimel</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Trames vertes urbaines</h2>
<p>Nous avons avancé dans notre étude deux hypothèses pour expliquer le peuplement des toitures par les collemboles.</p>
<p>Cette colonisation peut s’expliquer soit par les apports de compost sur les toits potagers, soit par une dissémination due au vent sur les deux types de toits étudiés. D’autres possibilités de colonisation sont également envisageables, comme l’apport involontaire d’œufs via les mottes de plantations ou la phorésie, lorsqu’un collembole utilise un organisme plus large pour se disperser, par exemple un carabe… ou même un humain.</p>
<p><a href="https://prodinra.inra.fr/?locale=en#!ConsultNotice:415642">Notre étude</a> montre ainsi que les toits végétalisés sont capables d’abriter une grande biodiversité de collemboles. Si ces résultats confirment le rôle important que peuvent jouer les toits végétalisés comme support de biodiversité en ville, ils soulèvent aussi d’importantes questions concernant la connexion des toits végétalisés aux autres espaces de nature, qui permettrait d’améliorer l’accueil de la biodiversité en ville.</p>
<p>L’arrivée des collemboles s’effectuant notamment grâce au vent, il est nécessaire que d’autres espaces verts, refuge pour ces organismes, soient proches des toits végétalisés pour en permettre la colonisation.</p>
<hr>
<p><em>Les travaux évoqués dans cet article ont été réalisés en collaboration avec Apolline Auclerc, Mickaël Hedde, Nolwenn Le Doaré et Sandrine Salmon. Les auteurs remercient les porteurs de projets qui ont ouvert les portes de leurs toits : Association Espace, RATP, Topager et Veni Verdi.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107452/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Joimel a reçu des financements du labex BASC et de l’Ademe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Baptiste Grard a reçu des financements de la chaire « Eco-conception ParisTech », du labex BASC, de la région Ile-de-France (DIM ASTREA) et de l’Ademe (projet de recherche SEMOIRS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Claire Chenu a reçu des financements du labex BASC et de l’Ademe.</span></em></p>Les toits potagers se multiplient dans les villes françaises et fournissent de nouveaux supports à la biodiversité urbaine.Sophie Joimel, Enseignante-chercheuse en écologie des sols, InraeBaptiste Grard, Chercheur postdoctoral, AgroParisTech – Université Paris-SaclayClaire Chenu, Enseignante chercheure à AgroParisTech, science du sol, biogéochimie, matières organiques, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1055142018-11-28T20:33:07Z2018-11-28T20:33:07ZDéraciner le patriarcat : genre et agriculture urbaine en Afrique du Sud<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/241834/original/file-20181023-169804-17jzo6k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C0%2C2032%2C1361&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ferme urbaine au Rwanda. En Afrique, les femmes constituent la majorité des agriculteurs urbains.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/106872707@N03/40395772851/in/photolist-24xCTUg-bUBfWv-aoadJY-zRqoW-cbMF3Q-pMRYoh-21MCYBG-55s2hZ-21MDmy7-7r6eUi-dRaW8U-dRawjq-dR52vD-dR5icM-dRaaRo-WcavPP-dR5gbv-dRbjxN-dR444B-dekFWQ-dRaMnE-dR4mht-dRa2vL-9BiETN-q2GfZv-bUAAZz-7yfBCT-ETrZZp-bZzApE-h9Zm7t-K3F211-9BirHJ-dib3C3-bUAF7F-9gXMwP-cbXKMb-gSoZ8E-24tFmHh-pcCti1-CyjGxq-gHrQpL-VbPcEG-dR9PLd-dRa7RJ-dR4AGt-24tFnTo-278UbUu-ETs18k-dR5yMk-qu12xV">International Potatoe Center Sub Saharian Africa</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les discussions autour de l’agriculture urbaine en Afrique se concentrent souvent sur la pauvreté, la faim ou l’accès à la nourriture. De fait, près de 40 % de la population urbaine africaine pratique une forme d’<a href="http://www.ruaf.org/urban-agriculture-what-and-why">activité</a> agricole. Si la grande majorité cultive des <a href="https://www.google.co.za/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=5&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjnv_vCm7HLAhWGj3IKHaBVAtsQFgg3MAQ&url=http%3A%2F%2Fwww.fao.org%2Fdocrep%2F016%2Fi3002e%2Fi3002e.pdf&usg=AFQjCNEOOrz6TQORfVoHO66QEp8wnsdKKQ&sig2=0xbbD_7zHnA5OeDZZLnAqA&bvm=bv.116274245,d.bGs">légumes</a>, certains produisent aussi des oeufs, du lait ou des fruits.</p>
<h2>Une voie d’insertion pour les plus marginalisés</h2>
<p>Dans des pays comme le Cameroun, le Malawi ou le Ghana, plus d’un quart des ménages fait pousser ses <a href="https://www.google.co.za/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiZtuGp3a7LAhXEE5oKHQdABwMQFggbMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.fao.org%2Fdocrep%2F016%2Fi3002e%2Fi3002e.pdf&usg=AFQjCNEOOrz6TQORfVoHO66QEp8wnsdKKQ&sig2=R6z4ywgShCR6ICO4Qgakew">légumes</a>, se protégeant ainsi des pénuries saisonnières ou des hausses de prix alimentaires. Afin de s’assurer une viabilité de long terme, il leur est toutefois nécessaire de développer des réseaux communautaires et des liens relationnels solides. En d’autres termes, du <a href="http://staskulesh.com/wp-content/uploads/2012/11/prosperouscommunity.pdf">capital social</a>, c’est-à-dire l’ensemble des relations et des réseaux qui se créent au sein d’une société et sont la condition à son bon fonctionnement.</p>
<p>En partageant leur production, les agriculteurs construisent un réseau, sur lequel ils s’appuient en cas de besoin – pour la recherche de travail, de nourriture ou d’un <a href="https://www.researchgate.net/profile/Courtney_Gallaher/publication/257511452_Urban_agriculture_social_capital_and_food_security_in_the_Kibera_slums_of_Nairobi_Kenya/links/54ad5e6e0cf24aca1c6f26ee.pdf">coup de main</a>. Des bénéfices sociaux qui aident les plus pauvres à rebondir face aux chocs économiques, à la suite d’inondations, de restrictions budgétaires ou de maladies.</p>
<p>Cet aspect concerne tout particulièrement les femmes, qui constituent la majorité des <a href="https://www.google.co.za/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=5&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjnv_vCm7HLAhWGj3IKHaBVAtsQFgg3MAQ&url=http%3A%2F%2Fwww.fao.org%2Fdocrep%2F016%2Fi3002e%2Fi3002e.pdf&usg=AFQjCNEOOrz6TQORfVoHO66QEp8wnsdKKQ&sig2=0xbbD_7zHnA5OeDZZLnAqA&bvm=bv.116274245,d.bGs">cultivateurs</a> urbains d’Afrique. Réduire l’agriculture en ville à sa dimension de maximisation économique est donc insuffisante, voire nuit au processus d’émancipation de ces <a href="http://www.jstor.org/stable/525171?seq=1#page_scan_tab_contents">agricultrices</a>.</p>
<p>La formation au capital social est indispensable pour ces femmes souvent marginalisées économiquement. En tenir compte dans le développement d’initiatives communautaires intégrant de l’agriculture urbaine est donc essentiel.</p>
<h2>À Cape Town, des mesures favorables aux agricultrices</h2>
<p>La ville côtière de Cape Town, en Afrique du Sud, offre un exemple inédit de reconnaissance des bénéfices et des défis spécifiques aux agricultrices urbaines. La ville a mis en œuvre une <a href="http://www.capetown.gov.za/en/Policies/All%20Policies/Urban%20Agricultural%20Policy%20for%20the%20City%20of%20Cape%20Town%20-%20approved%20on%2007%20December%202006.pdf">politique</a> de culture urbaine ciblant ces femmes qui travaillent en majorité dans les Cape Flats, ces larges plaines situées à l’est de la ville. Ces mesures aident à leur fournir des infrastructures, des ressources et du matériel.</p>
<p>La zone des <a href="https://www.google.co.za/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwidt8L18rDLAhWI0RQKHdu9D2cQFggkMAE&url=http%3A%2F%2Frepository.uwc.ac.za%2Fxmlui%2Fbitstream%2Fhandle%2F10566%2F296%2FPuoaneUrbanPoverty2005.pdf%3Fsequence%3D4&usg=AFQjCNFFrjQs7Nf6fHlrhMHYA8l7H8TfFw&sig2=kCGBy0REbUbiw_s2ECZPRA&bvm=bv.116274245,d.bGs">Cape Flats</a> connaît en effet des taux de chômage plus importants et un accès aux services basiques significativement plus bas que les banlieues voisines du nord et du sud. <a href="http://mg.co.za/article/2015-12-03-daily-brutality-numbs-the-misery-of-cape-flats-living">Dans cette région</a>, le quotidien des femmes est marqué par des problèmes sociaux profondément ancrés, parmi lesquels la violence conjugale.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/YCKijG-rTGs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La région des Cape Flats, en Afrique du Sud, compte près de 6 000 agriculteurs urbains.</span></figcaption>
</figure>
<p>La majorité des 6 000 <a href="https://www.google.co.za/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiHmIa04a7LAhVDJ5oKHdiLBOgQFggsMAE&url=http%3A%2F%2Fscholar.sun.ac.za%2Fbitstream%2Fhandle%2F10019.1%2F96907%2Folivier_physical_2015.pdf%3Fsequence%3D1&usg=AFQjCNFLgpuPyM7E-_ePBX2JxT4_poMbsw&sig2=MQPMZbXFnXF4knllJLWepQ">agriculteurs</a> urbains que comptent les Cape Flats sont des femmes. La plupart d’entre elles cultivent à toute petite échelle, dans leur propre jardin ; d’autres s’organisent en groupes et vendent une part de leur surplus.</p>
<h2>Les agricultrices urbaines assurent la sécurité alimentaire locale</h2>
<p>Selon une <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10130950.2008.9674996#aHR0cDovL3d3dy50YW5kZm9ubGluZS5jb20vZG9pL3BkZi8xMC4xMDgwLzEwMTMwOTUwLjIwMDguOTY3NDk5NkBAQDA">étude menée en 2011</a> dans la région, les agricultrices utilisent davantage leur production pour nourrir leur famille que ne le font les agriculteurs.</p>
<p>Elles choisissent souvent de donner une portion significative de leur surplus, plutôt que de la vendre, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire locale. Les groupes d’agricultrices donnent en moyenne 25 % de leur production aux crèches, aux cliniques et aux écoles, et en conservent 40 % pour nourrir leur famille.</p>
<p>À l’inverse, les membres de l’un des rares groupes composés exclusivement d’agriculteurs ne gardent que 20 % de leur <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10130950.2008.9674996#aHR0cDovL3d3dy50YW5kZm9ubGluZS5jb20vZG9pL3BkZi8xMC4xMDgwLzEwMTMwOTUwLjIwMDguOTY3NDk5NkBAQDA=">récolte</a> pour leur famille, et vendent la majorité de leurs produits. Les aliments cultivés par les femmes sont ainsi bien plus accessibles à ceux qui n’ont pas les moyens de les payer.</p>
<p>Partager ainsi la nourriture est une contribution puissante à la <a href="https://www.researchgate.net/publication/257511452_Urban_agriculture_social_capital_and_food_security_in_the_Kibera_slums_of_Nairobi_Kenya">formation</a> du capital social, qui joue un rôle vital dans le développement des communautés. Pour les agriculteurs urbains, ce capital diminue la vulnérabilité en créant des réseaux d’entraide et en élargissant les opportunités – formation, accès à la terre ou contributions d’ONG. Ces réseaux permettent de développer des liens entre fermiers et de construire des relations solides avec les organisations de la <a href="https://www.researchgate.net/profile/Courtney_Gallaher/publication/257511452_Urban_agriculture_social_capital_and_food_security_in_the_Kibera_slums_of_Nairobi_Kenya/links/54ad5e6e0cf24aca1c6f26ee.pdf">région</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/241879/original/file-20181023-169804-1pas5xw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/241879/original/file-20181023-169804-1pas5xw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/241879/original/file-20181023-169804-1pas5xw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/241879/original/file-20181023-169804-1pas5xw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/241879/original/file-20181023-169804-1pas5xw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/241879/original/file-20181023-169804-1pas5xw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/241879/original/file-20181023-169804-1pas5xw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La prévalence des femmes dans l’agriculture urbaine sud-africaine bénéficie à la sécurité alimentaire locale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/soilforlife/photos/a.10150256776720650/10152182365220650/?type=3&theater">Soil for Life/Facebook</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un outil d’émancipation pour les femmes</h2>
<p>Pour les agricultrices, se réunir est aussi l’occasion de défier des normes patriarcales très enracinées, allant de la violence sexiste à l’accès inégal aux ressources. À Cape Town, un de ces groupes a aidé l’une de ses membres à poursuivre en justice son <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03768350120097478#aHR0cDovL3d3dy50YW5kZm9ubGluZS5jb20vZG9pL3BkZi8xMC4xMDgwLzAzNzY4MzUwMTIwMDk3NDc4QEBAMA==">mari</a> qui abusait d’elle sexuellement.</p>
<p>Dans un autre <a href="http://abalimi.org.za/wp-content/uploads/2014/03/NL37.pdf">groupe</a> d’agriculteurs, mixte cette fois, où les hommes intimidaient les femmes pour obtenir leur obéissance, elles se sont alliées pour les évincer de la coopérative.</p>
<p>Ces exemples soulignent combien l’oppression patriarcale y est généralisée et intériorisée par les hommes comme une norme. Ils soulignent aussi les moyens de défense qu’offre aux femmes l’agriculture urbaine en renforçant leur capital social.</p>
<p>Elles y trouvent une voie d’accès à leurs droits et la capacité d’élever leur famille dans des conditions saines. Ces avancées ne sont toutefois possibles que si l’environnement institutionnel encourage spécifiquement les femmes.</p>
<p>À Cape Town, les ONG et le gouvernement local ont mis en place une série de mesures, parmi lesquelles un accès facilité à la terre, des ressources, des formations, ainsi que des services de vulgarisation, dont le rôle est d’intervenir auprès des agriculteurs pour les aider à maximiser leur rendement et mettre en place de nouvelles techniques agricoles. Elles permettent à toutes les femmes, y compris les plus marginalisée économiquement, d’accéder via l’agriculture urbaine à des moyens de subsistance viables.</p>
<h2>Des obstacles à surmonter</h2>
<p>La ville de Cape Town et les ONG locales ont fait en ce sens des progrès considérables depuis 1984, lorsque le gouvernement a commencé à tenir compte de l’agriculture urbaine dans les Cape Flats. Désormais, des milliers de femmes ont été formées et soutenues, et de nouvelles ONG se sont établies dans la région.</p>
<p>Celles-ci emploient prioritairement des femmes des communautés locales, et souvent à des postes-clés : agents de vulgarisations, gestionnaires de projets, <a href="http://scholar.sun.ac.za/handle/10019.1/96907">directrices</a> de groupes agricoles ou de programmes.</p>
<p>À Cape Town, l’avenir de l’agriculture urbaine et son rôle auprès des femmes suppose encore de surmonter certains obstacles. Il faudrait, entre autres, faciliter l’accès à la terre aux personnes peu éduquées et en difficulté face à la bureaucratie, et stabiliser les budgets des ONGs, très volatiles du fait de leur dépendance aux donateurs.</p>
<p>Il existe un potentiel réel pour créer des modes de subsistance résilients chez les ménages de Cape Town les plus marginalisés économiquement. Pour cela, il faudra développer l’agriculture urbaine à plus grande échelle.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105514/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David W. Olivier est chercheur au sein d'un programme de la Africa Climate Change Adaptation Initiative (ACCAI) intitulé "Co-produire de la connaissance sur les systèmes alimentaires pour le développement en Afrique". Ce programme est financé par l'Open Society Foundation, via le Global Change and Sustainability Research Institute. Les résultats empiriques présentés dans l'article sont basés sur une recherche financée par la National Research Foundation.</span></em></p>En Afrique du Sud, les réseaux d’entraide créés grâce à l’agriculture urbaine sont devenus un outil d’émancipation pour les femmes.David W. Olivier, Postdoctoral Research Fellow, Global Change Institute, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1073852018-11-27T20:19:18Z2018-11-27T20:19:18ZLes projets d’agriculture urbaine peuvent-ils être viables ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/247495/original/file-20181127-76758-1tjiylu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le container aménagé de la startup Agricool qui produit des fraises. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.instagram.com/p/9LdEXVpr5K/">Compte Instagram Agricool</a></span></figcaption></figure><p>Si l’agriculture en milieu urbain <a href="https://www.metropolitiques.eu/L-agriculture-en-ville-un-projet.html">a toujours existé</a>, son essor et son engouement actuels sont mondiaux, et le territoire français n’est pas en reste. Les urbains attendent aujourd’hui une production agricole locale respectueuse de l’environnement et de la santé humaine, ce à quoi cette agriculture se propose de répondre.</p>
<p>Le « visage » de l’agriculture urbaine <a href="https://theconversation.com/agriculture-urbaine-en-france-le-jeu-des-sept-familles-107381">apparaît complexe</a>. Celle-ci possède en effet des caractéristiques très variées, que ce soit en termes de localisation (en pied d’immeuble, sur les toits, dans les parkings désaffectés, etc.), de type de production (culture végétale ou élevage de petits animaux), de support de culture (pleine terre, substrat, hydroponie), de l’activité (production et commercialisation ou services culturels ou évènementiels, etc.), de sa gouvernance impliquant des acteurs très variés (associations citoyennes, agriculteurs, collectivités, architecte, promoteurs, etc.) ou encore de sa <a href="https://agriurbain.hypotheses.org/2705">raison économique</a>.</p>
<p>Nous allons nous intéresser dans cet article à l’agriculture urbaine sous l’angle économique, en distinguant deux catégories : les lieux de production non marchands (jardins familiaux ou partagés, dits jardins collectifs ou communautaires) ; les fermes marchandes dont l’objectif est de produire et commercialiser leurs productions ou leurs services de façon rentable.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1066816446792122368"}"></div></p>
<h2>L’agriculture urbaine non marchande, un fort enjeu social</h2>
<p>En France, depuis les années 2000, les espaces urbains publics (pieds des arbres, trottoirs, interstices, dents creuses, etc.) ont été progressivement « colonisés » par des cultures de légumes et/ou de fleurs, réalisées sous l’impulsion de citoyens et d’associations de quartiers, de municipalités (Paris et le <a href="https://www.paris.fr/permisdevegetaliser">permis de végétaliser</a>) ou encore d’associations internationales telles les <a href="http://lesincroyablescomestibles.fr/">Incroyables Comestibles</a>.</p>
<p>Les enjeux ne sont ici pas économiques ; ils relèvent plutôt d’un mouvement à visée sociale (mettre de la nourriture à partager ou accessible à tous), éducative et sanitaire pour reconnecter les citadins à la saisonnalité de la production de leurs aliments. Une production alimentaire vivrière n’est pas attendue, même si la culture de végétaux comestibles dans les espaces privés (jardins, balcons, terrasses) <a href="https://www.editions-france-agricole.fr/livres-et-ebooks/droit-et-gestion/agriculteurs-urbains.html">se développe fortement</a>.</p>
<p>Une autre forme, représentée par les jardins collectifs (jardins partagés et jardins familiaux), assure des productions régulières et possède une gouvernance plus organisée. Les objectifs sont également non marchands, les productions de légumes et/ou de petits fruits ou de miel étant destinées aux jardiniers ou aux bénévoles.</p>
<p>Les jardins familiaux, descendants des <a href="https://www.ville-hazebrouck.fr/decouvrir-hazebrouck/patrimoine/la-maison-musee-de-labbe-lemire/">jardins ouvriers de l’abbé Lemire</a>, comportent des parcelles individuelles pouvant aller de 40 m<sup>2</sup> à quelques centaines de m<sup>2</sup>, alors que les jardins partagés occupent des interstices dans les villes, avec des parcelles le plus fréquemment communes de quelques dizaines de m<sup>2</sup>.</p>
<p>Les jardins partagés apparaissent dans les années 2000, portés par des associations de quartiers et accompagnés par les collectivités qui permettent l’occupation des espaces publics pour du jardinage. Quelques subventions permettant l’achat d’outils ou de semences ou de plants leur sont octroyées en échange de services tels que l’organisation de visites pour les écoles, la participation à des évènements promouvant le zéro déchet, une meilleure alimentation, etc.</p>
<p>Le nombre de jardins partagés est aujourd’hui en pleine croissance en France : d’une poignée dans les années 2000, on en compte plus de 400, dix ans plus tard. Et ce chiffre ne cesse de croître. Pour la seule métropole de Bordeaux, on en compte plus de 150, et <a href="https://www.iau-idf.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1461/NR_773_web.pdf">255 en Île-de-France en 2018</a> alors qu’ils étaient inexistants en 2000.</p>
<p>Concernant les jardins familiaux, bien que l’engouement soit là, leur croissance est bien moindre, le foncier nécessaire étant plus important. Deux associations nationales <a href="http://www.jardinot.org">Jardinot</a> et la <a href="http://www.jardins-familiaux.asso.fr">FNJF</a> gèrent respectivement pour l’une 75 centres de jardins familiaux (avec environ 100 parcelles pour chaque centre) sur le territoire national et pour l’autre plus de trois mille parcelles en région francilienne.</p>
<p>Les bienfaits de ces formes d’agriculture pour les urbains (contact physique avec la nature, lutte contre le stress, alimentation saine, développement des relations sociales avec les autres jardiniers, insertion) sont reconnus depuis longtemps. L’investissement des municipalités pour créer ces jardins étant peu onéreux (de 15 à 500 euros par m<sup>2</sup>), leur entretien et exploitation revenant aux jardiniers, leur existence et pérennité sont essentiellement fragilisées par la pression sur le foncier.</p>
<p>Car la démographie des villes ne cesse de croître, entraînant spéculation et compétition entre les usages habitat et jardinage collectif, et ceci malgré une réglementation protectrice due notamment à différentes lois (du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000693167&categorieLien=id">26 juillet 1952</a>, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000888301&categorieLien=cid">10 novembre 1976</a> et la proposition de loi du 10 juillet <a href="https://www.senat.fr/leg/ppl01-368.html">faite par le Sénat 2002</a> favorisant la création de jardins. Ces dernières accordent aux sociétés d’aménagement foncier</p>
<p>et d’établissement rural (<a href="http://www.safer.fr/">Safer</a>) et aux collectivités locales le droit de préemption pour acquérir et aménager ces jardins, tout en permettant aux associations expropriées d’exiger la mise à disposition d’un terrain équivalent.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"969050486363054082"}"></div></p>
<h2>Une centaine d’entreprises porteuses de valeurs</h2>
<p>Les formes d’agriculture urbaine évoquées jusqu’à présent ont des visées essentiellement sociales, leur production alimentaire n’étant pas vendue – même si les jardiniers y trouvent « une nourriture saine et de qualité <a href="https://www.cairn.info/revue-pour-2012-3-page-333.htm?try_download=1">qu’ils n’auraient pas les moyens d’acheter</a> ».</p>
<p>En parallèle se développent en ville des projets de fermes urbaines à visée marchande, revendiquant les mêmes externalités positives sur le plan environnemental, social, sanitaire ou éducatif que leurs cousines à but non lucratif. L’apparition de ces nouvelles structures professionnelles, start-up, TPE ou entreprise de <a href="http://www.barricade.be/sites/default/files/publications/pdf/2018_l_agriculture_urbaine-deja_a_la_croisee_des_chemins_1.pdf">plus grande taille</a> impliquent de nombreux changements et transitions de la production à l’insertion dans la ville, de nombreux acteurs – des architectes, des urbanistes, des paysagistes, des collectivités, des scientifiques, etc.</p>
<p>On dénombre ainsi une centaine d’entreprises d’agriculture urbaine en France, dont la plupart sont fédérées au sein de l’<a href="http://www.afaup.org">AFAUP</a>. La région parisienne est actuellement la plus dynamique, sous l’impulsion sans aucun doute de l’<a href="http://www.parisculteurs.paris/">opération « Parisculteurs »</a>, mais de nombreuses municipalités se mobilisent.</p>
<p>Ces fermes urbaines marchandes d’un genre nouveau occupent des petites surfaces, de quelques centaines à quelques milliers de m<sup>2</sup>. Quel que soit leur statut juridique, elles ont une vocation véritablement entrepreneuriale et visent une production de biens (aliments, équipement agricole) et/ou de services leur assurant viabilité et compétitivité. Ces nouvelles fermes productives sont portées très souvent par des personnes non issues du monde agricole, en reconversion ou ayant suivi des formations supérieures en management.</p>
<p>Indépendamment de leur lieu d’implantation (friches, toit, etc.), ces organisations productives et marchandes utilisent des techniques très variées. Il y a celles que l’on qualifie de low-tech : elles cultivent en pleine terre, dans des bacs ou sur substrat, toujours en plein air ou sous abri simple (Veni-verdi, Le Paysan urbain, Cycloponics, Mugo, Terreauciel, Topager, etc.).</p>
<p>Viennent ensuite les fermes high-tech : on les trouve en container et utilisant la lumière artificielle (Agricool, Hydroponic, Agriloops), à la verticale (FUL) et parfois sur des murs composés de matériaux recyclés (Sous les fraises). Elles peuvent recourir à des technologies comme l’hydroponie ou l’aéroponie (Agripolis, Aéromates, Refarmers, Les Sourciers) en y associant des technologies « connectées » dans l’aquaponie, par exemple (AMP, L’Eau à la bouche, Urbanleaf) pour contrôler précisément les milieux de culture.</p>
<p>À cela s’ajoutent d’autres types d’acteurs : fabricants de compost à partir de déchets organiques urbains des ménages et des restaurateurs (les Alchimistes, Moulinot Compost, les Detritivores, etc.), fournisseurs de plants et de semences (bio ou paysannes).</p>
<p>Suivant la technologie utilisée ou la surface (toit, dalles, pied d’immeuble), l’installation de ces fermes nécessite tout d’abord de passer la barrière juridique spécifique au foncier urbain. Il faut ensuite mobiliser des investissements importants – de quelques dizaines de milliers d’euros à plusieurs centaines de milliers d’euros, voire plusieurs millions pour des serres verticales high-tech (comme à Romainville) ou sur les toits (Lufa Farm à Montréal) avant d’avoir la première récolte.</p>
<h2>De nouveaux modèles économiques</h2>
<p>Pour être viables économiquement, ces organisations marchandes inventent de nouveaux modèles économiques.</p>
<p>On constate que les « agriculteurs urbains » (sachant que ce statut n’existe toujours pas) ne sont pas seulement des agriculteurs. En plus d’une production alimentaire, les activités recensées dans ce secteur sont multiples : vente d’équipements agricoles, services d’installation et d’entretien de fermes urbaines, formation au jardinage ou aux nouvelles pratiques au sein des entreprises, animation d’ateliers pédagogiques et thérapeutiques, etc.</p>
<p>Selon notre enquête réalisée en 2017, dont les résultats seront publiés prochainement, sur 26 organisations marchandes, 64 % produisent et vendent des produits alimentaires, 20 % des équipements et 16 % créent et commercialisent <a href="https://www.youtube.com/watch?v=RsQJOJC6zcY">des services</a>. Cependant, seulement 24 % d’entre elles ont une seule activité (4 produisent et vendent des légumes et 2 vendent des services), les 76 % restants développent un modèle hybride de pluriactivités entre production et services.</p>
<p>La seule vente de leur production ne suffit pas à rendre leur entreprise rentable par manque de volume, les surfaces exploitées étant faibles et les pratiques culturales n’ayant pas encore atteint leur taux maximum de productivité.</p>
<p>Si le marché pour des produits locaux et sans pesticides de synthèse est là, selon une étude de la Fondation Carrasso, 70 % des Français déclarent favoriser l’achat de <a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/cuisine/consommation-les-francais-privilegient-de-plus-en-plus-les-produits-locaux_1911261.html">produits locaux</a>, le prix reste un handicap pour bon nombre. C’est notamment pour cela que les productions alimentaires de l’agriculture urbaine sont souvent à forte valeur ajoutée, s’adressant à des clients à haut pouvoir d’achat et des restaurateurs en quête de saveurs spécifiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1061329546891460609"}"></div></p>
<h2>Le champ des possibles</h2>
<p>Le jeune secteur économique de l’agriculture urbaine doit trouver ses propres modes de fonctionnement. Dans la littérature scientifique, on trouve peu de données concernant les facteurs de réussite – seuls <a href="http://www.geonika.cz/EN/research/ENMGRClanky/2017_3_POLLING.pdf">4 à 5 modèles économiques</a> étant identifiés. Mais il y a d’autres possibles, comme ceux de l’économie circulaire ou de la mise en réseau, que les agriculteurs urbains ne manquent pas de mettre en œuvre.</p>
<p>Certaines organisations marchandes sont viables aujourd’hui, d’autres ont de fortes chances de réussite. Le succès passe par une multiplicité de facteurs à prendre en compte : vision de l’entrepreneur, compétences et valeurs de l’équipe, capacité à mobiliser un écosystème et à rendre des services à la ville (réduire les îlots de chaleur par exemple) et à l’ensemble des urbains (insertion, alimentation saine et accessible, etc.).</p>
<p>La réussite d’un tel projet dépend également de la capacité à créer des partenariats, avec la formation et la recherche notamment ; et à chercher des soutiens du côté des municipalités (pour un accès à un moindre coût des surfaces) ou des promoteurs immobiliers, qui peuvent devenir des partenaires apportant fonciers et réseaux de clients. La réussite vient aussi du rapprochement avec d’autres activités locales – restauration, fabricant de boissons, apiculteurs, etc. – et de partage d’expériences et des pratiques.</p>
<p>Comme toute autre entreprise, les organisations marchandes de l’agriculture urbaine ont toutes les chances de réussite si elles prennent en compte la réalité des conditions de production, de commercialisation et savent mettre en adéquation les attentes du marché avec les valeurs qu’elles portent. Dans ces conditions, elles ont toute leur place en milieu urbain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107385/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Saint-Ges ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>On dénombre en France une centaine d’entreprises d’agriculture urbaine. La région parisienne est actuellement la plus dynamique sous l’impulsion de l’opération « Parisculteurs ».Véronique Saint-Ges, Économiste, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1049482018-11-26T20:23:17Z2018-11-26T20:23:17ZNon, tout ce qui pousse en ville n’est pas pollué<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/247316/original/file-20181126-140540-34sx1x.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C1196%2C747&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sur le toit d’AgroParisTech. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www2.agroparistech.fr/Galerie-photo-du-toit.html">AgroParisTech</a></span></figcaption></figure><p>Les projets d’<a href="https://theconversation.com/lagriculture-urbaine-quest-ce-que-cest-55900">agriculture urbaine</a> se multiplient dans l’Hexagone, comme en Île-de-France où l’on recense actuellement 367 hectares d’initiatives <a href="http://agricultureurbaine-idf.fr/">dans ce domaine</a>. La mairie de Paris s’est emparée de cette thématique pour en faire une promesse politique : en 2020, la ville souhaite comptabiliser 100 hectares de toitures et façades végétalisées, dont 30 hectares productifs, grâce notamment aux <a href="http://www.parisculteurs.paris/">appels à projets Parisculteurs</a>.</p>
<p>Cette médiatisation s’accompagne d’une prise de conscience croissante concernant la qualité sanitaire des cultures en ville – où la pollution est une préoccupation omniprésente – et les risques associés pour les usagers.</p>
<p>Est-il possible de produire sainement en zone urbaine ? C’est la question à laquelle un ensemble de travaux de recherche – initié en 2012 dans le cadre du <a href="http://www2.agroparistech.fr/T4P-un-Projet-de-recherche-innovant-pour-des-Toits-Parisiens-Productifs.html">projet de recherche T4P</a> et réalisé par une équipe de chercheurs d’AgroParisTech et de l’Inra, en lien avec les porteurs de projets d’agriculture urbaine – tente de répondre en s’appuyant plus particulièrement sur la qualité sanitaire des cultures conduites sur les <a href="https://theconversation.com/bd-sur-le-toit-des-legumes-et-de-la-science-107386">toits potagers</a>.</p>
<h2>Sources de contamination en ville</h2>
<p>Il existe deux voies principales de contamination susceptibles d’affecter les cultures urbaines.</p>
<p>Il y a tout d’abord la terre – dit sol ou substrat – dans laquelle les cultures poussent ; celle-ci peut les contaminer via le transfert racinaire du sol à la plante. Cette voie de contamination dépend du type de légume, des propriétés du sol et de la nature du polluant. Les légumes feuilles (salades, choux, épinards, etc.) et racines (carottes, radis, etc.) y sont ainsi plus sensibles que les légumes fruits (tomates, poivron, etc.).</p>
<p>Du côté des polluants, on notera par exemple que le plomb est un élément moins mobile que le cadmium, et que son transfert du sol à la plante s’avère plus important lorsque le sol est acide et pauvre en matière organique. La concentration totale d’un polluant dans le sol n’est donc pas un indicateur du risque, d’autres paramètres entrant en jeu pour que le polluant migre vers la culture.</p>
<p>Seconde voie de contamination, les dépôts atmosphériques et l’absorption des polluants par les parties aériennes des végétaux. Les légumes feuilles, comme la salade, sont plus facilement affectés que d’autres légumes, du fait de leur grande surface aérienne qui les expose davantage aux retombées atmosphériques.</p>
<p>À cela s’ajoute la voie d’ingestion directe de terre, lors du travail du sol par certaines populations (agriculteurs urbains, visiteurs jardiniers). Leur activité peut les exposer considérablement lorsque le sol utilisé est riche en polluants.</p>
<p>Notons enfin que le risque sanitaire relatif à la présence des polluants en agriculture urbaine ne dépend pas uniquement des teneurs en polluants dans les produits ou dans le sol ; le taux d’exposition des usagers via l’ingestion de légume ou de sols contaminés compte aussi.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1066816446792122368"}"></div></p>
<h2>Polluants urbains et risques sanitaires</h2>
<p>En matière de polluants atmosphériques, nous nous sommes intéressés plus particulièrement à deux types de polluants préoccupants pour leur effet potentiel sur la santé de l’homme – qu’ils soient cancérogènes ou provoquant le dysfonctionnement d’un organe.</p>
<p>Citons d’abord les éléments trace métalliques (ETM), souvent étudiés en agriculture urbaine car ils sont présents dans l’air, le sol et l’eau des villes. Dans l’air, on les retrouve dans des particules émises par les activités humaines – industrie ou trafic routier notamment.</p>
<p><a href="http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lessentiel/ar/227/0/pollution-lair-metaux-lourds.html">Depuis 2000</a>, ces émissions ont largement baissé en raison des <a href="https://bit.ly/2DmyF6u">évolutions réglementaires</a>. <a href="http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lessentiel/ar/227/0/pollution-lair-metaux-lourds.html">En 2017</a>, la concentration dans l’air des ETM les plus nocifs pour la santé humaine – comme le cadmium, le plomb, l’arsenic et le nickel – respectaient majoritairement les normes fixées par ces réglementations.</p>
<p>L’autre catégorie de polluants que nous avons étudiée – rarement suivie en agriculture urbaine – concerne les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ces polluants organiques peuvent être rejetés dans l’air à l’issue de combustions incomplètes. Leurs principales sources sont le chauffage au bois et le trafic routier.</p>
<p>Ces molécules sont classifiées par <a href="http://www.cancer-environnement.fr/284-Classification-des-HAP.ce.aspx">différentes autorités de santé</a>, en fonction de leur caractère nocif pour la santé humaine. La molécule benzo(a)pyrène (BaP), par exemple, a un effet cancérogène avéré. <a href="http://www.cancer-environnement.fr/235-Hydrocarbures-aromatiques-polycycliques-HAP.ce.aspx">Trois autres HAP</a> sont considérés comme cancérogènes probables.</p>
<p>Pour les ETM, la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:02006R1881-20180319">réglementation européenne</a> n’impose de seuils maximums dans les légumes et les fruits que pour le plomb et le cadmium. Les autres ETM, comme le mercure et l’arsenic, sont eux réglementés dans les produits alimentaires.</p>
<p>En ce qui concerne les HAP, les plus dangereux (le BaP et la somme des quatre molécules les plus dangereuses, dite HAP4) font l’objet de la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:02006R1881-20180319">réglementation européenne</a> pour les produits alimentaires transformés, comme les huiles, les herbes séchées ou la préparation d’aliments et de lait pour les nourrissons. Les seuils les plus bas fixés concernent les aliments pour les nourrissons. Aujourd’hui, il n’existe pas de seuil réglementaire pour les teneurs en HAP dans les légumes et les fruits.</p>
<h2>Toits végétalisés à Paris</h2>
<p>Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi d’étudier les toits potagers, cette forme d’agriculture urbaine se développant aujourd’hui rapidement.</p>
<p>Ces toits visent la production de <a href="https://cityfarmer.info/solutions-from-above-using-rooftop-agriculture-to-move-cities-towards-sustainability/">fruits et de légumes</a>, d’herbes et de fleurs comestibles pour une consommation locale. De nombreuses entreprises ou associations, comme <a href="http://topager.com/">Topager</a>, <a href="http://culturesenville.fr/">Cultures en ville</a> ou <a href="https://www.veniverdi.fr/">Veni Verdi</a>, installent ce type de toitures à Paris.</p>
<p>Les cultures sur toits sont essentiellement concernées par la pollution liée aux retombées atmosphériques ; les voies de contamination par les sols/substrats évoquées précédemment restent à la marge dans la mesure où les toits potagers utilisent des substrats d’origine et de qualité connues. Ici, les terres sont constituées à partir de matériaux apportés par l’homme, comme du compost de déchets verts, du bois broyé, du marc de café, etc. Ces substrats sont souvent très peu chargés en polluants, tenus qu’ils sont de répondre à des normes de qualité, telle que la norme <a href="https://certification.afnor.org/qualite/nf-supports-de-culture">NF U44-551</a> relatives aux supports de culture.</p>
<p>Pour les mêmes raisons, l’ingestion de substrat par les personnes qui travaillent le sol (agriculteurs ou jardiniers) n’est a priori pas une source d’exposition notable – contrairement aux formes d’agriculture urbaine en pleine terre ou aux cultures en serre sur sol parfois contaminé.</p>
<h2>Dix potagers expérimentaux</h2>
<p>Dans le cadre de nos recherches, nous avons étudié dix potagers installés en région parisienne : quatre d’entre eux se trouvent sur le toit de centres commerciaux (Porte de Versailles, Vélizy-Villacoublay, La Défense et Levallois-Perret) ; quatre autres couvrent les toits de sites de la <a href="http://www.leparisien.fr/paris-75012/paris-une-ferme-maraichere-pousse-sur-le-toit-du-local-ratp-10-07-2017-7124610.php">RATP</a> ; un potager expérimental a vu le jour sur le <a href="https://theconversation.com/toits-potagers-en-ville-ce-nest-pas-que-pour-faire-joli-88457">toit d’AgroParisTech</a> ; enfin, un potager productif est situé sur le toit du parking du magasin <a href="http://www.carrefour.fr/magasin/villiers-en-biere/actualites/un-potager-sur-le-toit-du-magasin-villiers-36207">Carrefour à Villiers-en-Bière</a>.</p>
<p>Les expérimentations sont menées dans des bacs remplis de substrat constitué de bois broyé, de déchets de champignonnières – <a href="https://www.laboiteachampignons.com/">marc de café et de mycélium de pleurotes</a> – et de compost de déchets verts.</p>
<p>L’intensité du trafic routier à proximité des sites est très contrastée. La circulation oscille en effet entre 1 000 voitures par jour pour le toit d’AgroParisTech et 250 000 voitures par jour pour les axes routiers majeurs des autres sites. Par ailleurs, la hauteur des bâtiments varie entre 3 et 20 mètres.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/246646/original/file-20181121-161621-bt8snj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/246646/original/file-20181121-161621-bt8snj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/246646/original/file-20181121-161621-bt8snj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/246646/original/file-20181121-161621-bt8snj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/246646/original/file-20181121-161621-bt8snj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/246646/original/file-20181121-161621-bt8snj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/246646/original/file-20181121-161621-bt8snj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Potagers expérimentaux.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des blettes, des choux et des poivrons</h2>
<p>Les concentrations des deux ETM réglementés – plomb et cadmium – ainsi que celles relatives au mercure, ont été mesurées dans trois types de légumes (feuilles, fruits et racines) pour chaque expérimentation.</p>
<p>En analysant 30 à 45 échantillons par type de légume lavé – tomates, carottes, radis, fraises, laitues, blettes, choux, poivrons – nous avons constaté que les teneurs des trois ETM restaient en moyenne entre 3 à 5 fois en dessous des seuils réglementaires européens pour l’ensemble des sites étudiés.</p>
<p>De même, les concentrations en BaP et HAP4 ont été mesurées dans les légumes feuilles sur les toits de la RATP et d’AgroParisTech. Les 45 échantillons de légumes lavés – salades, batavias et blettes – ont révélé des teneurs en HAP les plus dangereux en dessous des limites de quantification mais aussi en dessous des seuils réglementaires les plus bas fixés par la Commission européenne – ceux de préparations pour nourrissons.</p>
<p>Les résultats mettent en évidence l’effet du lavage et de l’épluchage des légumes sur les teneurs en polluants.</p>
<p>Nous avons aussi constaté l’effet du site (présence de barrières physiques et hauteur) sur les teneurs en polluants. Plus on s’éloigne du niveau du sol, plus celles-ci diminuent. Quant à la présence de barrières physiques et leur positionnement par rapport à la source de pollution, ils peuvent aussi réduire les teneurs en polluants.</p>
<p>Ces résultats de recherches, hormis ceux du <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs13593-017-0474-2">toit d’AgroParisTech</a> déjà publiés en partie, sont en cours de valorisation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"966933453101940736"}"></div></p>
<h2>Écosystèmes innovants et bienfaits sociaux</h2>
<p>À Paris, dans les conditions précises que nous venons d’évoquer et pour les polluants étudiés, les légumes classiques issus de potagers sur les toits respectent la réglementation en vigueur. À condition, on l’a vu, d’appliquer les bonnes pratiques de consommation : lavage et épluchage des légumes.</p>
<p>Mais avec l’émergence de nouvelles cultures, pour lesquelles on dispose de très peu de données, il est indispensable d’étudier leur sensibilité vis-à-vis des retombées atmosphériques. On pense ici aux herbes aromatiques – omniprésentes dans les projets des agriculteurs urbains ou bien encore le <a href="https://www.paris.fr/actualites/houblon-saison-1-les-8-laureats-sont-5541">houblon</a>, utilisé pour brasser de la bière, une nouvelle spécialité parisienne.</p>
<p>Il faut également considérer les <a href="https://theconversation.com/toits-potagers-en-ville-ce-nest-pas-que-pour-faire-joli-88457">services rendus</a> par ces écosystèmes innovants – comme la rétention d’eau de pluie, l’accueil de la biodiversité – et leurs bienfaits sociaux (actions pédagogiques, accueil des citoyens).</p>
<p>Enfin, compte tenu des différentes voies possibles de contamination, il est nécessaire de s’assurer de la qualité des substrats utilisés – notamment les déchets verts en raison de la présence de végétaux cultivés en zones urbaines – dans ces formes agricoles afin de limiter les voies de transfert racinaire et de l’ingestion de sols. Ces deux voies sont notamment à considérer lors des installations d’agriculture urbaine en pleine terre sur les sites pollués.</p>
<p>Notre programme de recherche participative <a href="http://www.inra.fr/Entreprises-Monde-agricole/Resultats-innovation-transfert/Toutes-les-actualites/REFUGE">Refuge</a> (« risque en fermes urbaines : gestion et évaluation ») propose une méthodologie pour évaluer et gérer le risque dans les <a href="http://www.chaire-eco-conception.org/fr/content/192-fonctionnement-et-durabilite-des-micro-fermes-urbaines">micro-fermes urbaines</a> face à la problématique de la pollution du sol.</p>
<hr>
<p><em>Stéphane Besançon, Anne-Cécile Daniel, François Nold, Laura Bessouat, Antoine Juvin et Anne Barbillion ont participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104948/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Est-il possible de produire sainement en zone urbaine ? C’est la question à laquelle un ensemble de travaux de recherche tente de répondre depuis 2012.Nastaran Manouchehri, Chercheur en chimie de l'environnement et risque sanitaire, AgroParisTech – Université Paris-SaclayBaptiste Grard, Chercheur postdoctoral, AgroParisTech – Université Paris-SaclayChristine Aubry, Responsable de l’équipe de recherche « Agricultures urbaines », AgroParisTech – Université Paris-SaclayEmeline Becq, Responsable RSE, AgroParisTech – Université Paris-SaclayPhilippe Cambier, Chercheur en science des sols, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1056762018-11-25T20:06:17Z2018-11-25T20:06:17ZLumière artificielle et plantations hors-sol, les nouvelles méthodes des agriculteurs urbains<p>La popularité de l’agriculture urbaine est plus ancienne qu’on ne le pense. Son émergence date du lendemain de la Seconde Guerre mondiale : dans un contexte de lourdes pénuries, elle s’affirmait alors comme un mode de subsistance privilégié pour les habitants des villes.</p>
<p>Au cours des décennies suivantes, des parcelles cédées à l’agriculture urbaine ont progressivement été récupérées pour le développement urbain. Aujourd’hui, et pour des raisons différentes d’autrefois notamment liées aux préoccupations environnementales, le secteur connaît un fort <a href="https://theconversation.com/urban-farms-wont-feed-our-cities-but-theyre-still-a-great-idea-heres-why-66107">regain d’intérêt</a>.</p>
<h2>Rôle social de l’activité urbaine</h2>
<p>En participant à un <a href="http://www.urbanallotments.eu/">projet de recherche récent</a> sur l’évolution des fermes urbaines en Europe, j’ai découvert que de nombreux projets innovants ont récemment émergé en matière de production de nourriture. Particulièrement dans les pays historiquement marqués par ce mode d’agriculture. Dans des États, comme la Grèce ou la Slovénie qui n’ont pas une telle tradition, quelques <a href="http://www.fupress.net/index.php/ri-vista/article/view/17588/16480">projets communautaires</a> ont aussi vu le jour, mais à plus petite échelle.</p>
<p>Aujourd’hui, les agriculteurs des villes ne cultivent plus la nourriture à des seules fins de subsistance ; ils considèrent aussi leur activité comme un moyen d’enrichir la biodiversité des villes, de créer du lien entre les communautés, d’améliorer leur santé mentale et physique, et parfois même de revitaliser des quartiers abandonnés.</p>
<h2>Recours à des technologies industrielles</h2>
<p>Les projets de fermes urbaines connaissent souvent des difficultés à dénicher un espace adapté pour leurs plantations. Face à ce défi, des solutions inventives se développent peu à peu. On cultive dans des <a href="https://www.kingscross.co.uk/skip-garden">bennes</a> ou sur des toits, au sein d’espaces temporairement libres ou sur des plates-formes surélevées dans des <a href="http://www.edibleeastside.net/">friches industrielles délaissées</a>. Certains cultivateurs ont même recours à des technologies comme l’aquaculture, l’aquaponie ou l’hydroponie, qui permettent d’optimiser l’espace.</p>
<p>Les systèmes hydroponiques, mode d’agriculture qui optimise l’espace et les ressources, constituent aujourd’hui une source de production industrielle considérable. Selon une récente estimation, le marché mondial des légumes hydroponiques avait en 2016 une valeur d’un peu plus de <a href="https://www.prnewswire.com/news-releases/hydroponic-vegetables-market-to-reach-us121065-mn-by-2025-growing-concerns-about-food-security-ups-demand-for-hydroponics-says-tmr-626494961.html">six milliards d’euros</a>.</p>
<h2>Des rendements supérieurs</h2>
<p>Cette méthode permet aux agriculteurs de cultiver leur nourriture hors-sol et sans lumière naturelle : les racines des plantes poussent dans des blocs poreux, sous des ampoules type LED à basse consommation. Les cultures hydroponiques requièrent ainsi davantage d’électricité. Selon une étude effectuée sur des productions de laitue, le système s’avère toutefois <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4483736/">moins gourmand en eau</a> et offre des rendements bien supérieurs que les pratiques conventionnelles.</p>
<p>Si cette méthode s’appuie sur une technologie sophistiquée, des compétences précises et un matériel coûteux, des versions simplifiées et plus abordables existent désormais.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206178/original/file-20180213-44639-8u181p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206178/original/file-20180213-44639-8u181p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206178/original/file-20180213-44639-8u181p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206178/original/file-20180213-44639-8u181p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206178/original/file-20180213-44639-8u181p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206178/original/file-20180213-44639-8u181p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206178/original/file-20180213-44639-8u181p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ces systèmes permettent une pousse très rapide des plantes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mandy Zammit/Grow Up</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Outil pour les communautés locales</h2>
<p>Basée en Suède dans la ville de Malmö, l’organisation <a href="http://www.hemmaodlat.se/">Hemmaodlat</a> est installée au sein d’un quartier initialement habité par des personnes à faible revenu et des migrants. La zone, densément peuplée et sans espaces verts disponibles, ne sied pas vraiment aux cultures, d’autant moins dans un pays où l’été ne dure pas. Pour promouvoir malgré ces contraintes l’agriculture, Hemmaodlat encourage les communautés locales à utiliser des systèmes hydroponiques low-cost afin de faire pousser leurs légumes dans le quartier.</p>
<p>D’autres projets comparables ont vu le jour. À Bristol, une <a href="https://bristolfish.org/">ferme aquaponique</a> élève du poisson et utilise les déchets organiques pour fertiliser les plantes qu’elle cultive grâce à un système hydroponique. Dans un entrepôt de l’est de Londres, le projet aquaponique <a href="http://growup.org.uk/">GrowUp</a> cultive de la nourriture et des poissons d’élevage en utilisant exclusivement de la lumière artificielle. De même, une entreprise baptisée à raison <a href="http://growing-underground.com/">Growing Underground</a> fait pousser des légumes dans des tunnels londoniens, anciens abris antiaériens pendant la Seconde Guerre mondiale !</p>
<h2>Défauts de ces systèmes</h2>
<p>Si ces techniques offrent des possibilités intéressantes dans un contexte urbain, elles présentent aussi l’inconvénient de soustraire ces productions agricoles au cycle naturel des saisons et confinent le travail à l’intérieur.</p>
<p>Les systèmes hydroponiques requièrent par ailleurs des nutriments souvent synthétisés chimiquement, bien que des alternatives plus naturelles naissent peu à peu. De nombreux agriculteurs urbains suivent d’ailleurs déjà des principes bio dans leurs cultures, car l’usage excessif d’engrais chimique nuit à la <a href="http://www.fao.org/tc/exact/sustainable-agriculture-platform-pilot-website/nutrients-and-soil-fertility-management/organic-fertilizers-including-manure-and-compost/en/">fertilité du sol</a> et pollue les <a href="http://www.fao.org/docrep/w2598e/w2598e06.htm">nappes phréatiques</a>.</p>
<h2>Acceptation sociale</h2>
<p>Pour évaluer si les défauts de ces systèmes pourraient pousser les agriculteurs urbains à les abandonner, nous avons conduit avec mes collègues une étude pilote <a href="http://portsmoutharchitecture.tumblr.com/post/166777033590/nature-or-nurturing-an-investigation-into-the">à Portsmouth</a>, ville portuaire du sud de l’Angleterre. Après avoir installé de petites unités hydroponiques dans deux jardins communautaires locaux, nous avons interrogé les volontaires et visiteurs qui passaient par là. Une grande partie des personnes avec qui nous avons discuté connaissaient cette technologie, et étaient conscients que certains légumes vendus en supermarchés aujourd’hui sont produits grâce à ce système.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206182/original/file-20180213-44657-16vtjaz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Installation hydroponique simplifiée à Portsmouth.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Silvio Caputo/University of Portsmouth</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Souvent fascinés par l’idée de cultiver de la nourriture hors sol dans leurs projets communautaires, ils exprimaient cependant une réticence à consommer ces produits, du fait des nutriments chimiques utilisés. Quelques personnes interrogées ont exprimé leur malaise à l’idée que la nourriture ne poussait pas naturellement. Nous comptons réitérer l’expérience bientôt, pour étudier comment l’opinion publique évoluera au cours du temps.</p>
<h2>Des technologies bientôt incontournables</h2>
<p>Les systèmes hydroponiques ne remplaceront sûrement pas le plaisir de cultiver le sol. Ils ont toutefois l’avantage d’économiser de l’eau et de produire de la nourriture saine. Ce qui, dans un monde aux ressources de plus en plus rares, n’est pas négligeable. Apprendre à utiliser ces technologies et les intégrer aux projets d’agriculture urbaine existants contribuera donc à cultiver en grandes quantités une alimentation durable.</p>
<p>De même que pour la majorité des innovations technologiques, la lente acceptation dont font aujourd’hui l’objet ces systèmes sera peut-être suivi d’un décollage fulgurant. Le fait qu’IKEA vende des <a href="http://www.ikea.com/gb/en/products/indoor-gardening/">kits hydroponiques mobiles</a>, et qu’il existe sur le marché des <a href="http://www.urbancultivator.net/">systèmes de cuisine</a> intégrant des meubles hydroponiques, prouve que cette approche se généralise peu à peu.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105676/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Silvio Caputo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans de nombreux pays européens, des projets d’agriculture urbaine s’appuyant sur des méthodes sophistiquées comme l’hydroponie voient le jour.Silvio Caputo, Senior Lecturer, University of PortsmouthLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1073862018-11-25T20:06:11Z2018-11-25T20:06:11ZBD : Sur le toit, des légumes et de la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/246925/original/file-20181122-182040-cyqrg2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1130%2C2655%2C1240&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Mathieu Ughetti</span></span></figcaption></figure><p>Lancé en 2012, le projet de recherche <a href="http://www2.agroparistech.fr/T4P-un-Projet-de-recherche-innovant-pour-des-Toits-Parisiens-Productifs.html">T4P</a> (pour « Toit parisien productif projet pilote ») vise à tester la faisabilité de culture maraîchère citadine en toiture, en respectant trois contraintes : utiliser en tant que sol uniquement des résidus issus du milieu urbain ; ne pas utiliser de fertilisant organique ou minéral ; répondre au cahier des charges d’une agriculture biologique. De premiers résultats, publiés en décembre 2017 dans la revue <em>Agronomy for Sustainable Development</em>, tirent un <a href="https://theconversation.com/toits-potagers-en-ville-ce-nest-pas-que-pour-faire-joli-88457">bilan positif pour ce dispositif</a> de toit potager en ville.</p>
<p>Ce projet se déroule sur la toiture de l’école d’ingénieur <a href="http://www2.agroparistech.fr/">AgroParisTech</a>, dans le V<sup>e</sup> arrondissement de Paris. Il a été mené par une équipe de recherche AgroParisTech-INRA et a notamment donné lieu à la <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01779723">thèse de Baptiste Grard</a> présentée au travers de cette bande dessinée. Bonne visite !<br></p>
<p><br></p>
<figure>
<img src="http://mathieuughetti.com/images/img/bd-toit-web.jpg" align="centre">
</figure>
<hr>
<p><em>Dessin et couleurs : Mathieu Ughetti</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107386/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Ughetti a reçu des financements de la région Île-de-France, via le dispositif du DIM ASTREA pour la réalisation de cette bande-dessinée. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Baptiste Grard a reçu des financements de la région Île-de-France, via le dispositif du DIM ASTREA, et de la Chaire Éco-conception pour ses travaux de recherche. Il tient à remercier les partenaires de l’expérimentation T4P : Topager, Cultures en ville, la Boite à champignons, BioYvelinesServices et l’ensemble des chercheurs/chercheuses, techniciens/techniciennes et équipe support impliqués de près ou de loin dans le projet.
</span></em></p>On grimpe à 25 mètres au dessus du bitume parisien pour découvrir les travaux de recherche sur les toits potagers.Mathieu Ughetti, Illustrateur, vulgarisateur scientifique, InraeBaptiste Grard, Chercheur postdoctoral, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1073812018-11-25T20:05:31Z2018-11-25T20:05:31ZAgriculture urbaine en France, le jeu des sept familles<p><a href="https://theconversation.com/fr/topics/agriculture-urbaine-25614">L’agriculture urbaine</a>, on en parle beaucoup, mais qu’est-ce que c’est exactement ? Quelle différence avec l’agriculture « classique » ? Quelles différences entre fermes rurales et fermes urbaines ?</p>
<p>Si plusieurs définitions – comme celle du Canadien <a href="https://idl-bnc-idrc.dspacedirect.org/bitstream/handle/10625/26429/117785.pdf?sequence=12">Luc J.A. Mougeot</a> (2000) et celle des Français <a href="https://journals.openedition.org/eue/437">Paula Nahmias et Yvon Le Caro</a> (2012) – et plusieurs typologies – comme celles proposées par le <a href="https://www.cerema.fr/fr/actualites/agriculture-urbaine-ecoquartier">Cerema</a>, <a href="http://www.afaup.org/exp-au/">Exp’AU</a> ou l’<a href="https://www.iau-idf.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1478/NR_779_web.pdf">IAU</a> – ont été avancées ces dernières années, nous nous référerons ici à la définition de Mougeot, qui définit l’agriculture urbaine comme :</p>
<blockquote>
<p>« Une production située dans (intra-urbaine) ou à la frange (péri-urbaine) d’une ville, cité ou métropole qui produit, élève, transforme et distribue une diversité de produits alimentaires ou non, (ré)utilisant largement les ressources humaines et matérielles, produits et services trouvés dans et autour de la zone urbaine et fournissant des ressources humaines et matérielles, produits et services majoritairement à cette zone urbaine. »</p>
</blockquote>
<p>Pour présenter ces formes variées, nous avons choisi de jouer au jeu des sept familles, chaque catégorie d’agriculture urbaine correspondant à un groupe. Nous décrirons pour chacune l’histoire de ses formes anciennes (ancêtres et parents) et celles de ses formes actuelles (enfants).</p>
<p>Commençons les présentations sans plus tarder.</p>
<h2>1. La famille « Pieds dans le sol »</h2>
<p>Famille historique du milieu urbain, celle-ci a bien les pieds sur terre… mais les fermes de cette catégorie subissent aujourd’hui de plein fouet deux problématiques récurrentes : l’accès au foncier et la pollution.</p>
<p>On pourrait faire remonter l’ancêtre de ce premier ensemble aux potagers des nobles, à l’image du <a href="https://www.versailles-tourisme.com/visiter-et-explorer-versailles/versailles-une-ville-a-decouvrir/le-potager-du-roi">célèbre « Potager du Roy »</a>, créé au XVII<sup>e</sup> siècle à Versailles pour fournir fruits et légumes à la cour de Louis XIV.</p>
<p>Les parents en constitueraient une déclinaison populaire et commerciale, à l’image des marais du centre de Paris, qui donnèrent au XVIII<sup>e</sup> siècle naissance au mot <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/mara%C3%AEchage/68128">« maraîchage »</a>. Ces maraîchers ont été de grands initiateurs et inventeurs de techniques agricoles <a href="https://ecosociete.org/livres/le-jardinier-maraicher">encore utilisées aujourd’hui</a>. Pratiquant une agriculture intensive sur de petites surfaces, ils avaient recours aux châssis ou aux cloches en verre pour cultiver plus tôt dans la saison. Le fumier de cheval, alors abondant en ville, ou les boues urbaines faisaient partie des ressources qu’ils utilisaient couramment ; ces usages témoignent des nombreux services rendus à la ville par les maraîchers.</p>
<p>Leur descendance est aujourd’hui multiple et variée. Citons les fermes périurbaines – souvent repoussées à l’extérieur des villes à cause de la densification et de l’hygiénisation urbaines – mais qui continuent à alimenter de leurs productions les citadins, principalement en maraîchage et en petits animaux (poules, œufs, etc.). Depuis une quinzaine d’années, ces fermes connaissent un regain d’intérêt avec le développement des circuits courts et locaux, on pense ici au <a href="http://www.reseau-amap.org/amap.php">réseau des AMAPs</a>. Ces structures occupent généralement quelques hectares chacune. Dès 2010, près de la moitié des fermes françaises productrices de légumes et de miel vendaient en <a href="http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_primeur275.pdf">circuit court</a>.</p>
<p>Des exploitations ont toutefois réussi à s’établir ou même (mais c’est plus rare) à survivre à l’intérieur des villes grâce à une diversification de leurs activités. Certaines assument une fonction sociale, en menant par exemple des actions d’insertion pour les personnes éloignées de l’emploi (comme dans les jardins de l’<a href="https://aurore.asso.fr/documents/325">association Aurore</a>) ; d’autres s’investissent dans la pédagogie (<a href="https://www.veniverdi.fr/">Veni Verdi</a> pour la production maraîchère, <a href="https://www.bergersurbains.com/">Bergers urbains</a> pour le pastoralisme urbain) ou l’événementiel culturel (<a href="http://www.lafermedubonheur.fr/">La ferme du bonheur</a>).</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/182117098" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le jardin du collège Pierre Mendès France, à Paris, suivi par l’association Veni Verdi. (Michèle Foin/Vimeo, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<p>Les descendants les plus proches des maraîchers d’antan travaillent dans des fermes à fonction productive (comme <a href="https://www.unidivers.fr/perma-grennes-ferme-rennes/">Perma G’Rennes</a>), situées sur d’anciennes terres agricoles, dans des écoles ou des parcs dotés de surfaces plus ou moins importantes (de quelques centaines de m<sup>2</sup> à 1 ou 2 hectares).</p>
<h2>2. La famille « Tête en l’air »</h2>
<p>Une famille nouvelle ? Que nenni, on recensait déjà des terrasses hébergeant des végétaux sur les toits égyptiens, comme en témoignent certaines images du livre <a href="https://books.openedition.org/iremam/3078?lang=fr"><em>Palais et Maisons du Caire</em></a>, consacré à l’architecture du XIII<sup>e</sup> au XVI<sup>e</sup> siècles. Plus proche de nous, ce sont les ruches qui ont colonisé les toits de nombreux bâtiments publics ou privés, assurant une <a href="http://www.naturabee.com/">production de miel urbain</a>.</p>
<p>On observe depuis les années 1980, un intérêt grandissant pour les toitures végétalisées (non productives d’aliments). Aujourd’hui, la descendance « agricole » de cette famille comprend notamment les fermes à visée sociale – que ce soit avec une dimension d’insertion (<a href="https://www.fondation.veolia.com/fr/culticime-est-un-accelerateur-d-insertion">Culticimes</a>), de pédagogie et d’expérimentation (le toit d’<a href="http://www2.agroparistech.fr/Galerie-photo-du-toit.html">AgroParisTech</a>) ou d’événementiel (<a href="https://www.lejardinsuspendu.paris/">Jardins suspendus</a>). On y retrouve aussi des fermes à fonction productive (<a href="https://aeromate.fr/">Aéromate</a>, <a href="http://agripolis.eu/">AgriPolis</a>).</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/LZt_6gH0Vis?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Interview de Louise Doulliet, co-fondatrice de la startup Aéromate. (Supbiotech/YouTube, 2017).</span></figcaption>
</figure>
<p>En raison de leur localisation en toiture et du fait que ces surfaces ne sont pas aussi étendues que celles au sol, les fermes « Têtes en l’air » ont des besoins spécifiques. Aujourd’hui, les potagers en toiture peuvent être vus comme une solution face aux problématiques d’accès au foncier et de sols pollués, si bien que dans un nombre croissant de villes d’ailleurs, les nouvelles constructions anticipent leur présence. Néanmoins, de nombreuses questions subsistent, notamment au sujet de leur conception et aux <a href="https://theconversation.com/toits-potagers-en-ville-ce-nest-pas-que-pour-faire-joli-88457">supports de culture utilisés</a>.</p>
<h2>3. La famille « Verticale »</h2>
<p>Se servir des parois pour cultiver, la tâche semble périlleuse et pourtant les <a href="http://www.montreuil.fr/la-ville/histoire-de-la-ville/histoire-des-murs-a-peches/">murs à pêches de Montreuil</a> étaient mondialement connus <a href="https://www.liberation.fr/debats/2018/06/01/pour-que-vivent-les-murs-a-peches_1655867">au XIXᵉ siècle</a> pour leur production de qualité ; ces fruits étaient exportés jusqu’à la cour du Tsar de Russie. Quant à la vigne, elle se plaît à grimper sur les murets et autres treilles depuis l’Antiquité.</p>
<p>Les <a href="http://www1.rfi.fr/francefr/articles/113/article_81462.asp">murs végétalisés</a> à visée décorative se multiplient depuis les années 1990-2000, dans les musées, les hôpitaux ou sur les grands magasins. Aujourd’hui, on retrouve des <a href="http://www.souslesfraises.com/">murs productifs</a> pour du maraîchage ou <a href="http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-un-mur-de-houblon-sur-l-opera-bastille-28-03-2018-7633710.php">du houblon</a>, en accompagnement du développement des micro-brasseries urbaines. Les murs sont aussi utilisés par les fermes événementielles sur les toits. Cette famille reste néanmoins plus discrète que les deux précédentes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"965272724624035844"}"></div></p>
<h2>4. La famille « Sous cloche »</h2>
<p>Les productions sous serre permettent d’étendre la période de production des fruits et légumes. Les nobles auront été les premiers à en profiter, avec les orangeries et les jardins d’hiver. Au XIX<sup>e</sup> siècle, les serres d’Auteuil et <a href="https://www.mnhn.fr/fr/collections/ensembles-collections/collections-vivantes/jardin-plantes">celles du Jardin des plantes</a> seront elles construites pour assurer la conservation des variétés et espèces constituant des collections végétales.</p>
<p>Aujourd’hui, les serres sont toujours très utilisées en agriculture – qui n’a pas entendu parler des immenses <a href="https://www.nationalgeographic.fr/photography/2017/10/les-pays-bas-centre-de-toutes-les-innovations-agricoles?image=14_hunger_solution_sidebars_MM8473_170228_20170">productions en Hollande</a> – mais elles s’étendent également en ville à des fins productives, directement au sol (<a href="https://www.skygreens.com">Skygreen</a>) ou sur des immeubles (<a href="https://montreal.lufa.com/fr/">Les Fermes Lufa</a>, <a href="http://thenewfarm.nl/en/the-building/">The New Farm</a>). Elles peuvent aussi avoir une fonction pédagogique et expérimentale ou d’insertion et de pédagogie alimentaire (comme à la <a href="http://www.ville-romainville.fr/1076-tour-maraichere.htm">Cité maraîchère</a> de Romainville).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/247042/original/file-20181123-149326-1q9ugpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/247042/original/file-20181123-149326-1q9ugpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/247042/original/file-20181123-149326-1q9ugpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/247042/original/file-20181123-149326-1q9ugpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/247042/original/file-20181123-149326-1q9ugpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/247042/original/file-20181123-149326-1q9ugpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/247042/original/file-20181123-149326-1q9ugpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Culture de chou kale sous serre dans les Fermes de Loufa, à Montréal.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/lesfermeslufa/photos/a.541716065891648/2044177178978855/?type=3&theater">Page Facebook Les Fermes Lufa</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une autre forme de serre concerne l’aquaponie, qui allie production maraîchère et élevage de poissons. Cette production peut se faire sur substrat vivant (à pouvoir fertilisant pour les plantes) dans des bacs, mais elle se fait surtout sur substrat neutre, dans des systèmes hydroponiques où l’on apporte, via l’eau, les éléments nécessaires aux plantes (et aux poissons quand il y en a). Cette production fait actuellement l’objet d’un <a href="https://projetapiva.wordpress.com/">projet national de recherche</a>.</p>
<h2>5. La famille « À l’ombre »</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/247043/original/file-20181123-149326-ufvu1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/247043/original/file-20181123-149326-ufvu1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/247043/original/file-20181123-149326-ufvu1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/247043/original/file-20181123-149326-ufvu1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/247043/original/file-20181123-149326-ufvu1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/247043/original/file-20181123-149326-ufvu1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/247043/original/file-20181123-149326-ufvu1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Boîte à champignons.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Agnès Lelièvre</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les ancêtres de cette famille se sont développés en sous-sol, avec les champignonnières et la production d’endives. On les appelle « produits de cave », très répandus en <a href="https://www.iledefrance.fr/toutes-les-actualites/profession-champignonniste">Île-de-France</a>. Les parents ont très peu évolué concernant leurs produits, mais davantage sur les systèmes de production. Leurs enfants ont repris l’affaire familiale en la diversifiant (on pense au système des micro-pousses) et surtout en valorisant les nouveaux déchets organiques de la ville, tel le marc de café. L’orientation est majoritairement productive (<a href="https://www.laboiteachampignons.com/">Boîte à champignons</a>, <a href="https://lacaverne.co/">La Caverne</a>).</p>
<p>Un parent <em>high tech</em> en bâtiment est apparu ces dernières années : ici, tout est contrôlé (lumière, atmosphère…) en s’appuyant sur les progrès réalisés dans la recherche spatiale. Ses enfants ont, de leur côté, adopté des bâtiments déjà existants ou recyclés à partir de containers (<a href="https://agricool.co/">Agricool</a>, <a href="http://lafarmbox.com/">Farmbox</a>). Cette famille connaît un fort développement dans certains pays où la densité urbaine est intense ou le climat très contraignant. En France, il permet de recoloniser certains espaces, comme des parkings inutilisés, ou de mettre en place des fermes mobiles selon les besoins.</p>
<h2>6. La famille « Vivement dimanche »</h2>
<p>L’ancêtre du jardin individuel a donné naissance aux jardins privés, mais aussi au jardinage de groupe avec les jardins ouvriers de la fin du XIX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Les enfants de cette famille poursuivent la pratique du jardin privé (balcon, terrasse, au sol) qui peut être <a href="https://www.bastamag.net/L-extraordinaire-productivite-d-un-petit-potager-de-50-m2-un-exemple-pour">très productive</a> et du jardinage en groupe qui rassemble les <a href="https://www.nantes.fr/jardins-collectifs">jardins partagés</a>, les jardins <a href="http://www.jardins-familiaux.asso.fr/nos-associations.html">familiaux</a> et de multiples <a href="https://www.regiedequartier.org/chantiers/si-tes-jardin/">expériences hybrides</a>. Si le jardinage privé a une dimension productive, le jardinage de groupe ajoute une dimension sociale et pédagogique à l’expérience.</p>
<p>Cette famille a connu un fort développement depuis le XX<sup>e</sup> siècle et un <a href="https://editions.educagri.fr/livres/4715-jardins-collectifs-urbains-parcours-des-innovations-potageres-et-sociales.html">intérêt grandissant aujourd’hui</a>, tout particulièrement concernant le jardinage de groupe. On compte ainsi plus de 1000 sites de jardins collectifs en Île-de-France, occupant <a href="https://www.iau-idf.fr/savoir-faire/nos-travaux/edition/la-renaissance-des-jardins-collectifs-franciliens.html">au moins 900 hectares</a>, alors que le maraîchage professionnel n’occupe plus qu’environ <a href="http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/R1118C01.pdf">5000 hectares</a>. Un vrai succès même s’il reste aujourd’hui difficile d’obtenir un espace où cultiver en ville ou à ses abords, comme en témoignent les longues listes d’attente pour accéder à un jardin familial ou partagé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/247045/original/file-20181123-149308-1v2erh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/247045/original/file-20181123-149308-1v2erh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/247045/original/file-20181123-149308-1v2erh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/247045/original/file-20181123-149308-1v2erh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/247045/original/file-20181123-149308-1v2erh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/247045/original/file-20181123-149308-1v2erh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/247045/original/file-20181123-149308-1v2erh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jardins familiaux dans le parc des Lilas à Vitry-sur-Seine (94).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Agnès Lelièvre</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>7. La famille « Libre-service »</h2>
<p>Portée par des mouvements comme <a href="http://guerilla-gardening-france.fr/wordpress/">Guerrilla gardening</a>, qui dans les années 1970 aux États-Unis lançait la reconquête du béton par la végétation, cette dernière famille est revendicative, inventive et conquérante.</p>
<p>Elle a donné naissance à une progéniture active qui cherche à mettre en place une production végétale dans les espaces publics pour que chacun puisse en profiter. On y retrouve des mouvements internationaux, comme les <a href="https://www.incredibleedible.org.uk/">Incroyables comestibles</a>, mais aussi des initiatives des villes elles-mêmes (<a href="https://www.paris.fr/permisdevegetaliser">permis de végétaliser</a>, réintroduction d’arbres fruitiers dans les parcs). Si cette famille demeure encore modeste, son avenir semble radieux à mesure que les collectivités s’emparent de ses idées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107381/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Murs végétaux, toits potagers, champignons dans les parkings ou brebis dans les rues d’Aubervilliers, l’agriculture urbaine adopte des formes multiples. Décryptage d’un monde en pleine germination !Agnès Lelièvre, Maître de conférences en agronomie, AgroParisTech – Université Paris-SaclayBaptiste Grard, Chercheur postdoctoral, AgroParisTech – Université Paris-SaclayChristine Aubry, Responsable de l’équipe de recherche « Agricultures urbaines », AgroParisTech – Université Paris-SaclayVéronique Saint-Ges, Économiste, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1046492018-11-13T23:08:36Z2018-11-13T23:08:36ZIl y a de la vie dans nos sols urbains<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/245253/original/file-20181113-194491-1v7u1c6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C17%2C2305%2C1527&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Rémi Malingrey</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Au même titre qu’un homme présente des caractéristiques distinctes d’un autre, il existe une large diversité de sols. Ressource vivante aux propriétés physiques, chimiques et biologiques en constante évolution, les sols contribuent largement à la viabilité des sociétés humaines. À condition que celles-ci en prennent soin.</p>
<p>Entre autres services rendus, les sols hébergent un <a href="http://www.fao.org/soils-portal/soil-biodiversity/fr">quart</a> de la biodiversité de la planète. La taille des organismes qui l’habitent varie de quelques microns pour les microorganismes (bactéries, champignons) et la microfaune (tardigrades), à plusieurs mètres pour la macrofaune (certains vers de terre).</p>
<p>Un seul gramme de sol <a href="http://www.fao.org/soils-portal/soil-biodiversity/fr">peut contenir</a> des milliards de microorganismes, et un mètre carré de sol forestier peut accueillir mille espèces d’invertébrés !</p>
<h2>Une biodiversité méconnue</h2>
<p>Une grande partie de cette biodiversité demeure pourtant méconnue. On estime par exemple que les 7 000 espèces de vers de terre identifiées <a href="https://globalsoilbiodiversity.org/node/271">ne correspondent qu’à 23 %</a> de celles qui existent effectivement.</p>
<p>De nombreux invertébrés vivant dans les sols et à leur surface sont en effet de petite taille. En soulevant cailloux, bouts de bois mort ou feuilles, on découvre un monde merveilleux, composé d’araignées, de vers de terre, de cloportes, de mille-pattes, de carabes…</p>
<p>Cette faune du sol, dite « pédofaune », participe à la décomposition de la matière organique – en l’ingérant en tant que source de nourriture et en la transformant en nutriments directement utilisables par les plantes pour croître –, à la structuration du sol (régulation des flux d’eau et de gaz) et à la régulation des populations (biocontrôle, prédation, activation des micro-organismes comme les bactéries activées par passage dans l’intestin d’un ver de terre).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"937897941141983232"}"></div></p>
<h2>Nos sols urbains, vivants eux aussi ?</h2>
<p>L’artificialisation des milieux, liée à l’urbanisation des sols, induit des défis environnementaux auxquels les aires urbaines tentent de répondre. Les villes accordent, par exemple, une importance croissante à la création d’espaces verts : parcs publics, jardins privatifs et partagés, arbres d’alignement ou toitures végétalisées. Des espaces de vie qui constituent, pour bon nombre d’organismes, des habitats idéaux.</p>
<p>Compte tenu de la <a href="https://journals.openedition.org/eue/1809">variété d’usages</a> des terrains en milieu urbain, les sols subissent des modifications plus ou moins profondes : imperméabilisation, tassement après le passage de machines, pollution… Les conséquences de ces multiples pressions sur la survie des organismes qui y vivent demeurent peu connues.</p>
<h2>Prise de conscience environnementale</h2>
<p>Contre toute attente, nous sommes en ville dans une constante interaction avec la biodiversité. Parfois, cette rencontre se réduit à l’élimination par le citoyen du petit invertébré, jugé à tort gênant, voire répugnant.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/242254/original/file-20181025-71032-deetk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/242254/original/file-20181025-71032-deetk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/242254/original/file-20181025-71032-deetk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/242254/original/file-20181025-71032-deetk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/242254/original/file-20181025-71032-deetk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/242254/original/file-20181025-71032-deetk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/242254/original/file-20181025-71032-deetk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En ville, l’homme agit en permanence avec la biodiversité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Apolline Auclerc</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’inverse, certains citoyens prennent conscience de l’importance de ces organismes. Jardiniers, maraîchers urbains, ou personnes engagées pour la défense de l’environnement, ils développent des méthodes participant à protéger la pédofaune, tout en tirant profit des services qu’elle peut leur rendre – comme la régulation du cycle des nutriments et de la fertilité du sol par apport d’engrais naturels aux plantes, la régulation de ravageurs par prédation, l’aération du sol…</p>
<p>Du fait de cette diversité, la ville est un lieu passionnant à étudier, qui questionne les écologues : combien d’invertébrés ont-ils su s’adapter à la vie urbaine ? Quels impacts a l’activité humaine sur cette biodiversité urbaine ?</p>
<h2>Un outil de partage sur la vie des sols urbains</h2>
<p>C’est dans ce contexte que l’outil numérique et participatif <a href="http://ephytia.inra.fr/fr/P/165/jardibiodiv">Jardibiodiv</a> a été créé à l’été 2017 grâce aux recherches conduites sur l’écologie et la biologie des invertébrés des sols au sein du <a href="http://lse.univ-lorraine.fr/laboratoire-sols-et-environnement-accueil/">Laboratoire sols et environnement</a>.</p>
<p><a href="http://www.sciences-participatives.com/Rapport">Les sciences participatives</a>, qui établissent des collaborations durables entre la communauté scientifique et la société civile, offrent une approche particulièrement pertinente en milieu urbain.</p>
<p>Outil ludique, Jardibiodiv permet à tout citadin de découvrir les organismes présents dans les sols urbains et leurs rôles. En introduisant un verre en plastique – « pot piège » – dans le sol de son jardin et en y ajoutant du vinaigre blanc, on peut capturer au bout de sept jours les organismes présents dans le sol (actifs principalement au printemps et en automne).</p>
<p>L’utilisateur de Jardibiodiv compte et associe un nom à chaque organisme récolté, grâce à une aide en ligne simple, sous forme d’images et de clés de détermination. Il les partage ensuite via le site Internet, ce qui aide les chercheurs dans leurs travaux.</p>
<p>Une adaptation plus « éthique » de la méthode, sans utilisation du vinaigre, a été mise au point : par dépôt d’un coton humidifié au fond du verre, elle permet de conserver les organismes vivants tout en récoltant de la même manière des données utilisables par les scientifiques.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CBwhVJJAyEI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un outil numérique pour que les citoyens découvrent la biodiversité des sols urbains.</span></figcaption>
</figure>
<h2>La construction d’une base de données</h2>
<p>Les connaissances produites dans le cadre de ces recherches citoyennes permettent notamment de créer des bases de données, encore trop rares aujourd’hui : il s’agit par exemple d’établir des seuils d’abondances (pour répondre à la question « Ai-je beaucoup ou peu d’invertébrés dans mon sol, par rapport à la moyenne, pour lui permettre un fonctionnement durable ? »), des données sur la diversité ou encore des atlas de biodiversité communale.</p>
<p>La constitution de tels référentiels pourra permettre, par exemple, d’intégrer la trame « brune » (réseau formé de continuités écologiques entre les sols) dans les stratégies du développement urbain, en prenant en compte des corridors pédologiques – ces liaisons entre des habitats importants pour les organismes du sol.</p>
<p>Depuis son lancement, une centaine de pots pièges ont été installés, donnant lieu au recensement de plus de 6 000 individus répartis dans 28 groupes d’invertébrés par les habitants grâce à Jardibiodiv. Les participants, de tous horizons, sont des jardiniers amateurs, des citoyens engagés, des élèves, des parents cherchant des activités nature à partager avec leurs enfants, des maraîchers bio, ou encore des étudiants en agronomie.</p>
<h2>Cloportes et fourmis</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/244538/original/file-20181108-74787-j6fqnw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/244538/original/file-20181108-74787-j6fqnw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/244538/original/file-20181108-74787-j6fqnw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/244538/original/file-20181108-74787-j6fqnw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/244538/original/file-20181108-74787-j6fqnw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/244538/original/file-20181108-74787-j6fqnw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/244538/original/file-20181108-74787-j6fqnw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La France compte plus de 160 espèces de cloportes ; il en existe plus de 3 000 dans le monde.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Apolline Auclerc</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les premiers résultats mettent en avant la dominance des cloportes et des fourmis dans les jardins urbains ; un gradient d’urbanisation semble se confirmer : la biodiversité serait plus importante dans les milieux plus verts en périphérie des villes que dans les centres urbains, plus minéraux.</p>
<p>Plus les citoyens participeront, plus les résultats de ces études seront rigoureux. Ils permettront ainsi à terme de définir des pratiques offrant une meilleure gestion et protection de la biodiversité des sols.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104649/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Face aux menaces pesant sur la biodiversité, une prise de conscience émerge dans les villes. Parmi les initiatives existantes, l’outil Jardibiodiv s’intéresse plus particulièrement aux sols urbains.Apolline Auclerc, Maître de conférences en écologie des sols, Université de LorraineAnne Blanchart, PhD Student, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1028972018-10-07T18:54:03Z2018-10-07T18:54:03ZLes biofilms, une alternative aux traitements chimiques des cultures<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/239383/original/file-20181004-52695-144pj5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les biofilms ont été utilisés en test sur des champignons de Paris. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/125349922@N05/14557643464/in/photolist-obpJdQ-8eprL7-8bXQP3-XdJ7Yr-jM3od4-i8Z2ue-nsAuZo-26tpcHP-GLRRSx-6XCYYD-TymCpV-o9GZDs-29LcJej-Yv46w6-s7emTJ-27NFQSh-HhwCQp-6z3GJ9-TDvkRZ-e8Pw4w-jgvy5e-9WfDsg-Z2w4YW-gVWFH4-213i4Bv-2bbTJ4W-3g18cB-2a7SUwX-59PHoW-2brdvkh-s7ma7T-nWrf63-ocCQ7-6NVogX-UtiNwB-2a9vVyX-27Mhkg6-er8isc-coL4gA-28KkHpN-2bvZVzf-27osCa3-Z8sNvq-87t1y-HD12tE-25yQdpv-2a482XK-K2ndZ2-VYXvjy-aoEYyK">Alison Harrington/Flickr</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre du séminaire « Agro-écologie et systèmes alimentaires durables en Ile-de-France : Quels acquis et quels besoins pour la recherche ? », organisé par la Région IdF, l’INRA, l’Irstea et AgroParisTech et dont The Conversation France est partenaire. Cet événement aura lieu le <a href="https://www.dim-astrea.fr/Accueil/Actualites/Seminaire-DIM-ASTREA-PSDR">mercredi 10 octobre 2018</a> à Paris.</em></p>
<hr>
<p>L’agriculture intensive a recours aux pesticides chimiques et médicaments synthétiques pour protéger les cultures ; or ces substances représentent autant de facteurs de pollution environnementale. Les conséquences de cette pollution peuvent contribuer, entre autres, à l’émergence de nouvelles maladies ou à l’extinction de certaines espèces animales.</p>
<p>Une des alternatives aux traitements chimiques des cultures pourrait consister à utiliser des micro-organismes anti-pathogènes organisés sous forme de « biofilms », <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28205337">indique notre étude</a> publiée en 2017 dans la revue <em>Microbial Biotechnology</em>.</p>
<p>Qu’ils soient bénéfiques ou non, les biofilms sont présents partout dans la nature. D’après l’Institut national de la santé (NIH), ils seraient responsables de 80 % des infections chez l’être humain. Dans ce cas, l’infection est d’ailleurs plus difficile à traiter, cette organisation étant tolérante aux anti-microbiens.</p>
<p>Les biofilms agissent en effet comme une bulle de protection pour les micro-organismes, les préservant de la sécheresse, des composants toxiques et polluants, leur permettant ainsi de se diversifier et de se développer. Une propriété qui les rend très intéressants pour la protection des champs.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/zQLrMB95bu4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Pesticides : pourquoi la France en consomme de plus en plus. (Le Monde/YouTube, 2018).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Un biofilm, quèsaco ?</h2>
<p>Un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28775718">biofilm consiste en une communauté de micro-organismes spatialement organisée</a>, évoluant dans une matrice principalement composée d’eau et de biopolymères (polysaccharides, protéines, ADN et lipides), vivant sur une surface vivante (plante ou animale) ou inerte (roche).</p>
<p>Dans cette collectivité cohabitent différents types de micro-organismes, comme les bactéries, les champignons. Certains disposent de particularités pouvant être utiles contre les pathogènes. Ces micro-organismes deviennent alors ce que les scientifiques appellent des « agents de biocontrôle », utiles pour la préservation des cultures.</p>
<p>Les biomolécules de la matrice extracellulaire, qui maintiennent l’intégrité de la structure du biofilm, empêchent la dilution des molécules anti-pathogènes produites par les agents de biocontrôle. Cette cohésion rend l’action des agents de biocontrôle plus efficace et plus virulente contre les maladies attaquant les plantes agricoles que s’ils étaient dispersés.</p>
<p>Certains agents de biocontrôle sont déjà présents sur les marchés agricoles, en Europe et en Amérique du nord principalement. Des biofongicides, biobactéricides et biofertiliseurs sont ainsi produits à partir de bactéries comme <em>Bacillus velezensis</em> ou <em>Bacillus subtilis</em>, sécrétant des substances comme la surfactine, la fengycine ou l’iturine, qui peuvent être utilisés sur nombre de cultures (blés, champignons de Paris, avocats, fleurs, arbres fruitiers, vignes) pour les protéger des maladies.</p>
<h2>Rediriger les mécanismes naturels</h2>
<p>Chaque année, c’est environ <a href="https://doi.org/10.1017/S0021859605005708">30 % des cultures</a> qui sont perdues à cause des maladies dues à des parasites, adventices (mauvaises herbes) et autres micro-organismes pathogènes. Face à ces menaces, le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28205337">biofilm pourrait offrir une protection des récoltes</a>, tout en garantissant un impact minimum sur l’environnement – la technique du biofilm redirigeant et concentrant les mécanismes anti-pathogènes des agents de biocontrôle.</p>
<p>Malgré ce potentiel considérable, cette organisation particulière des micro-organismes en biofilms a été jusqu’à présent plutôt ignorée dans le domaine du biocontrôle agricole.</p>
<p>En outre, les biofilms, à travers les bactéries qui les peuplent, produisent des phytohormones et des stimuli qui vivifient la croissance des plantes et donc le rendement des terres agricoles. Une <a href="https://doi.org/10.1094/MPMI-19-0924">étude de 2006</a> a ainsi montré que la surface des feuilles de tabac a augmenté (de 36 % environ) lorsque les plantes étaient exposées au 2,3-butanediol, substance produite par la bactérie <em>Pseudomonas chlororaphis</em>.</p>
<h2>Sur les champignons de Paris</h2>
<p>Nous avons identifié de nombreuses études démontrant l’action favorable des biofilms sur l’expression de certains gènes utiles de bactéries : chez <em>Bacillus</em> (déjà commercialisé comme agent de biocontrôle), par exemple, les chercheurs <a href="https://doi.org/10.1186/s12864-015-1825-5">ont démontré</a> une surexpression du gène responsable de la production de bacilysine (un antibiotique).</p>
<p>Il est maintenant nécessaire de prendre en compte la capacité des agents de biocontrôle à vivre sous forme de biofilms pour augmenter l’efficacité de ce système de protection des récoltes. Pour les chercheurs, il s’agit aussi de mettre en évidence les gènes responsables de cette organisation complexe ainsi que l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1049964418305371">effet de biocontrôle mis en jeu par ces micro-organismes</a>.</p>
<p>Comme dans n’importe quelle société, certains organismes collaborent ensemble plus facilement que d’autres. Il nous faut ainsi identifier les souches microbiennes travaillant plus volontairement en synergie pour mettre au point les cocktails microbiologiques les plus efficaces. Notre équipe de recherche s’essaie actuellement, avec des résultats prometteurs, à l’étude de la formation de biofilms par un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29702132">agent de biocontrôle utilisé pour protéger les cultures des champignons de Paris</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102897/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Briandet a reçu des financements de la région Ile-de-France (DIM Astrea). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Caroline Pandin a bénéficié d’une bourse doctorale de la région Ile-de-France via le dispositif d’aide à la recherche DIM Astrea.</span></em></p>L’utilisation de micro-organismes anti-pathogènes organisés en « biofilms » pourrait permettre de protéger les cultures des maladies.Romain Briandet, Directeur de recherche, spécialiste des biofilms microbiens, InraeCaroline Pandin, Doctorante en microbiologie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/956632018-04-26T21:44:48Z2018-04-26T21:44:48ZL’agriculture urbaine, un modèle agricole pas comme les autres<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/216491/original/file-20180426-175058-14xtehd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C12%2C3533%2C1659&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La ville et la campagne partageant un même espace. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jonathanvlarocca/243280738/in/photolist-nuSTu-eWzmsQ-dXXsGi-J2piRz-nwvHm-burzGH-euWHeP-3QWCKp-cxhvZA-TunQPC-JkHqkE-dBmJPD-bkWnUh-byRff6-eDkoHY-ZRPATL-9HXi7f-bxt7E8-eE3tPu-R8svVZ-cD55Rs-byRfdg-9csBbt-cD55gJ-d742K5-cxhxLb-21BjoV4-6zRvWS-YbHDts-cromD7-burzxr-cxhtQY-oT1EDt-bqetYg-pd9mve-5QVnou-SbjmjH-21yuEbZ-XYea28-drZzhZ-cxhv2j-aBYLiR-btMwK5-df56q8-Wgum5W-nf1xhJ-ai6FSz-8dXMqT-VM6Gn4-fsq7hK">Jonathan V. Larocca/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>L’agriculture connaît actuellement de <a href="https://theconversation.com/lagriculture-francaise-a-la-croisee-des-chemins-91100">profondes mutations</a>. Des formes variées se développent : <em>smart agriculture</em>, <a href="https://theconversation.com/aux-origines-de-la-permaculture-86590">permaculture</a>, agroécologie, etc. Il existe aujourd’hui une compétition idéologique entre ces formes d’agriculture, comme en témoignent nombre d’ouvrages qui proposent des voies d’amélioration de l’agriculture telle qu’elle se pratique actuellement, sans se questionner sur les fondements de ces modèles.</p>
<p>Le livre de Benoît Biteau, <a href="https://www.fayard.fr/paysan-resistant-9782213706092"><em>Paysan résistant</em></a>, prône ainsi le bien-fondé du modèle de l’agroforesterie biologique. L’ouvrage montre les bienfaits de ce type d’agriculture, tant pour des raisons économiques pour les agriculteurs, qu’écologiques pour la société. De son côté, l’ouvrage de Xavier Beulin (ancien président de la FNSEA) persiste dans un modèle conventionnel mais amélioré (ce qu’on pourrait appeler une <em>smart agriculture</em>) dans son ouvrage <a href="https://www.tallandier.com/livre-9791021019539.htm"><em>Notre agriculture est en danger, ce qu’il faut faire</em></a>. Ou encore le livre <a href="https://www.muscadier.fr/catalogue/agriculture-biologique-espoir-ou-chimere/"><em>Agriculture biologique, espoir ou chimère</em></a> présentant un débat entre deux contradicteurs, pro et antibio, qui campent chacun sur leurs positions.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"967329599930687488"}"></div></p>
<h2>Des pratiques en « simple boucle »</h2>
<p>Malgré leur intérêt pour l’amélioration des pratiques agricoles, ces formes d’agriculture ne proposent en réalité qu’un apprentissage <a href="https://hbr.org/1977/09/double-loop-learning-in-organizations">« en simple boucle »</a>, c’est-à-dire un ajustement des pratiques qui améliorent la façon dont l’agriculture est mise en œuvre, sans remettre toutefois en cause les cadres de référence dans lesquels elle se développe.</p>
<p>Dès lors, la compétition entre ces diverses formes se fonde toujours sur les mêmes arguments : pour ou contre l’utilisation des produits phytosanitaires (les fameux pesticides) et ses conséquences pratiques, les rendements à l’hectare, le respect de l’environnement, etc. Les principes fondateurs ne sont eux jamais interrogés par leurs partisans, rendant le dialogue improductif.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/216497/original/file-20180426-175038-snev1h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/216497/original/file-20180426-175038-snev1h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/216497/original/file-20180426-175038-snev1h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/216497/original/file-20180426-175038-snev1h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/216497/original/file-20180426-175038-snev1h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/216497/original/file-20180426-175038-snev1h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/216497/original/file-20180426-175038-snev1h.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le modèle d’apprentissage en simple boucle et double boucle, selon Argyris et Schön (1978).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré leurs divergences, ces courants de pensée reposent sur trois piliers partagés : il faudrait nécessairement de la terre pour produire des denrées agricoles ; l’agriculture se pratique « à l’horizontale », dans des champs ; enfin, l’agriculture nécessite des parcelles dédiées, séparées des parcelles d’habitation.</p>
<h2>Le nouveau modèle de l’agriculture urbaine</h2>
<p>Un modèle agricole semble toutefois mettre en œuvre ce qu’on appelle un apprentissage en « double boucle » ; c’est-à-dire une correction des erreurs passées, en réexaminant les processus de raisonnement, les manières de poser les problèmes, les valeurs sous-jacentes et les buts visés.</p>
<p>Ce modèle, c’est celui de l’agriculture urbaine. Celle-ci s’extrait en effet des fondements évoqués plus haut : utilisation nécessaire de la terre, agriculture horizontale et séparation des parcelles agricoles et d’habitation. Et, au-delà de la remise en cause de ces cadres de référence, elle intègre dans sa réflexion d’autres paramètres partagés par la communauté scientifique : la consommation de CO<sub>2</sub> lié au transport de produits agricoles ; le taux d’urbanisation sans cesse croissant ; l’appauvrissement des sols ou encore le besoin de consommer moins d’eau.</p>
<p>En combinant la remise en cause de certains facteurs et en y ajoutant d’autres, basés sur des constats empiriques, un nouveau modèle a émergé avec l’agriculture urbaine, qui propose un futur différent. Il permet de repenser la façon dont l’agriculture peut se développer aujourd’hui.</p>
<p>Ce mode d’agriculture repose également sur des formats variés : agriculture à domicile, agriculture décentralisée dans des modules destinés à la production (locaux à l’intérieur de bâtiment, containers, jardins au sol ou sur des toits, etc.), fermes verticales urbaines.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/216473/original/file-20180426-175044-1dahwwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/216473/original/file-20180426-175044-1dahwwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/216473/original/file-20180426-175044-1dahwwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/216473/original/file-20180426-175044-1dahwwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/216473/original/file-20180426-175044-1dahwwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/216473/original/file-20180426-175044-1dahwwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/216473/original/file-20180426-175044-1dahwwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Sensibiliser les citadins aux problématiques de la production alimentaire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://bit.ly/2r1F92T">artefatica/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Quel développement ?</h2>
<p>Ce modèle inédit casse les codes de l’agriculture… au point qu’une entreprise comme <a href="https://agricool.co/">Agricool</a> – qui produit des fraises dans des conteneurs urbains en n’utilisant aucun pesticide chimique – ne peut prétendre au label bio du fait qu’elle n’utilise pas de terre !</p>
<p>On voit ici que les cadres définis par les pouvoirs publics deviennent obsolètes. Ces derniers devront s’adapter aux nouvelles pratiques qui s’inventent chaque jour dans ce secteur : car le consommateur ne comprendrait pas qu’un produit de la même qualité qu’un autre, bio, ne puisse pas à terme bénéficier du même label.</p>
<p>L’agriculture urbaine n’a, bien évidemment, pas que des avantages : un coût de production actuellement au-dessus de la moyenne du marché, un fort besoin en énergie, une impossibilité d’exploiter de très grandes parcelles (bien que le rendement annuel des fraises dans 30m<sup>2</sup> des containers chez Agricool soit l’équivalent de 4 000m<sup>2</sup> en plein champ), la difficulté d’assurer l’élevage animal, etc.</p>
<p>Mais elle contribue à modifier en profondeur les cadres de référence classiques de l’agriculture moderne. Tout en ne s’interdisant pas de miser sur de nouvelles ressources, en utilisant, par exemple, des données numériques issues de capteurs pour mieux gérer la consommation d’eau.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"968504122654838785"}"></div></p>
<p>Le développement de l’agriculture urbaine ne passera pas uniquement par l’entrain d’une population de niche et le développement de startups telles qu’Agricool, <a href="http://aerofarms.com/">AeroFarms</a>, <a href="http://topager.com/">Topager</a> (réalisation de potagers sur les toits) ou <a href="https://www.toittoutvert.fr/">Toit Tout Vert</a> (qui ouvrira prochainement une ferme verticale dans Paris).</p>
<p>Elle passera aussi par l’intérêt que pourront trouver des grandes entreprises du secteur de la construction immobilière, de l’énergie ou de la gestion des données pour ce type de débouchés. C’est aussi là l’intérêt de ce nouveau modèle : développer des dispositifs qui permettent de faire se rapprocher des acteurs qui jusqu’ici se rencontraient peu, tout en reconnectant la population urbaine avec la problématique de la production alimentaire.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été réalisé à partir de l’étude menée par les <a href="http://master101.dauphine.fr/fr.html">étudiants du master 101</a> « Politique générale et stratégies des entreprises » de l’Université Paris-Dauphine dans le cadre du trophée de l’Intelligence économique qui s’est déroulé le 9 avril 2018.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95663/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lionel Garreau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En s’affranchissant des principes établis dans le secteur agricole, l’agriculture urbaine offre une authentique alternative qui connaît un succès grandissant.Lionel Garreau, Maître de conférences HDR en stratégie & organisation, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.